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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

ANNALES DE DROIT CIVIL -


LICENCE II

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PREFACE
Ce manuel "Annales de droit civil - Droit des obligations" prend en compte 38
sujets d'examen entièrement corrigés. Ces exercices sont variés. Il s'agit de
dissertations, de cas pratiques, et de questions-réponses. Ce document va vous
aider à renforcer vos acquis dans cette matière (Droit Civil des Obligations)
grâce à ses nombreux exercices entièrement traités.

Le droit civil des obligations, encore appelé droit des contrats est l'une des
disciplines de bases enseignées en Licence 2 de droit ivoirien. Ces annales
corrigées constituent aussi, un excellent guide de révision pour les participants
aux différents concours de la Magistrature.

NB : La mise à jour de ce document a porté sur l’actualisation de certaines


dispositions en fonction des textes en vigueur. Aucun nouvel exercice corrigé n’a
été ajouté.

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Table des matières

EXERCICES CORRIGES DE DROIT CIVIL DES OBLIGATIONS ......................................................... 6

QUESTIONNAIRES .................................................................................................................................. 7

DISSERTATIONS .................................................................................................................................... 20

CAS PRATIQUES .................................................................................................................................... 49

DOCUMENTS RECOMMANDES ....................................................................................................... 121

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EXERCICES ET CORRIGES
DE DROIT CIVIL DES
OBLIGATIONS

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QUESTIONNAIRES

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QUESTIONNAIRE - NOTION D'OBLIGATION

1- Qu'est-ce qu'une obligation ?

C'est un lien de droit entre deux personnes en vertu duquel l’une appelée le
créancier est en droit de réclamer d’une autre appelée le débiteur,
l’accomplissement d’une prestation appelée créance.

2- Quels sont les principaux caractères de l'obligation ?

- L'obligation a un caractère obligatoire : le débiteur doit exécuter l'obligation


sinon le créancier pourra le contraindre grâce à l'action en justice.

- L'obligation a un caractère personnel : celui qui souscrit l'obligation est le seul à


devoir l’exécuter.

- L'obligation a un caractère patrimonial : elle est évaluable en argent.

3- Qu'est-ce que la source de l'obligation ?

La source d'une obligation, c'est l'acte ou le fait qui lui donne naissance.

Exemple 1 : Un emprunteur est tenu de rembourser le crédit dont il est tenu ; la


source de son obligation de remboursement est le contrat de prêt.

Exemple 2 : L'automobiliste est tenu d'indemniser le piéton qu’il a renversé par


imprudence ; la source de l'obligation est la faute de l'automobiliste.

4- Qu'est-ce qu'un acte juridique ?

Un acte juridique est une manifestation de volonté destinée à créer des effets de
droit. C'est un acte que l'on pose avec intention de faire ou de participer. Ex :
Conclure un contrat en apposant sa signature, montre son intention claire et nette

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de participer au contrat et d'en assumer les conséquences juridiques. En cas


d'inexécution du contrat, la responsabilité contractuelle est engagée.

5- Qu'est-ce qu'un fait juridique ?

C'est un acte que l'on pose sans intention de le faire. Ex : un chauffeur qui
éclabousse un passant. Dans ce cas, on engage la responsabilité délictuelle.

6- Qu'est-ce que l'obligation légale ?

L'obligation légale ou la loi est l'ensemble des règles émanant de l'autorité publique
et assorties de sanctions.

7- Quel est l'objet de l'obligation de résultat ?

L'obligation de résultat a pour objet un résultat déterminé.

Le débiteur garanti le résultat. Il ne peut se délier de cette responsabilité que si ce


résultat est atteint.

Ex : l'obligation pour le conducteur de descendre le passager et ses bagages sains


et sauf à destination.

8- Qu'est-ce que l'obligation de moyen ?

L'obligation de moyen est une obligation de prudence et de diligence. Le débiteur


s'engage à faire de son mieux pour obtenir le résultat ; mais il ne garantit pas le
résultat attendu par le créancier. Il est cherché à obtenir le résultat, mais il n'est pas
tenu de l'obtenir.

L'absence de résultat à atteindre caractérise l'obligation de moyen. La différence


entre l'obligation de moyen et l'obligation de résultat réside dans le fait que : dans
l'obligation de résultat, le seul fait de ne pas atteindre ce résultat engage la

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responsabilité civile du débiteur à l'égard du créancier, alors que l'obligation de


moyen, le débiteur ne garantit pas le résultat attendu par le créancier.

9- Qu'est-ce qu'une obligation naturelle ?

L'obligation naturelle, c'est une obligation qui n'est pas assortie de sanction ; elle
ne peut donner lieu à une action en justice.

10- Qu'est-ce qu'une obligation civile ?

L'obligation civile, c'est lorsque le débiteur s'engage à exécuter un devoir moral.


Dans ce cas, son obligation devient une obligation juridique, créant des effets de
droits.

11- Le principe de l'autonomie de la volonté

a- Le fondement : C'est au courant philosophique que l'autonomie de la volonté a


pris ses racines. L'idée fondamentale de base est la croyance en la liberté naturelle
de l'homme « l'homme naît libre ». En tant que tel, seules les obligations que
l'individu a librement consenties peuvent l'assujettir et s'imposer à lui.

b- Les conséquences du principe de l'autonomie de la volonté :

- La liberté contractuelle : elle signifie que chaque individu est libre de contracter
comme ne pas le faire de choisir la personne du cocontractant et de déterminer par
lui-même le contenu du contrat, la formation du contrat est soumise au principe du
consensualisme.

- La force obligatoire du contrat : signifie que ce que les parties ont décidé en toute
volonté et en toute souveraineté s'impose à elles dans les conditions voulues par
elles. Il s'impose au juge qui doit le respecter et le faire respecter.

- Le principe de l'effet relatif du contrat : il signifie que les conventions ne lient


que les parties contractantes. Le contrat exclu donc toutes les personnes étrangères

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à sa conclusion. La liberté des autres ne saurait subir la souveraineté de la volonté


des contractants.

c- Les limites du principe de l'autonomie de la volonté : Les limites se révèlent


par les articles 6 et 1131 du code civil qui disposent : « On ne peut déroger par des
conventions particulières aux lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs
». Le principe de l'autonomie de la volonté ne peut s'exprimer que dans les limites
définies par la loi.

12- Quelle est l'importance du droit des obligations ?

Le droit des obligations est important :

- En pratique, car il concerne la mise en œuvre juridique des rapports économiques


qui s’établissent entre les individus, c'est-à-dire au cours de notre existence, on ne
peut pas échapper au droit des obligations.

On peut échapper par exemple, au droit du mariage, du divorce, de la tutelle, de


l'adoption, mais pas au droit des contrats.

- Sur le plan théorique, car on le retrouve dans tous les domaines de l'activité
juridique (droit des affaires, commercial, bancaire, du travail ou droit administratif).

13- Un majeur peut-il contracter tout seul ?

Pour les majeurs, le principe est la capacité sauf s'il y a exception, c'est-à-dire qu’il
est frappé d'une décision de justice et qu’il soit placé sous tutelle ou curatelle.

S'il est sous curatelle, il peut lui-même conclure le contrat, mais avec autorisation
du curateur.

S'il est sous tutelle, il devra se faire représenter par son tuteur.

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14- L'incapacité du mineur s'oppose-t-elle à la validité du contrat de travail


qu'il a conclu ?

L'article 37 de la loi de 2019 relative à la minorité prévoit la réponse à la question


posée en distinguant deux hypothèses :

- Si l'acte accompli irrégulièrement par le mineur non-émancipé est de ceux que


son représentant légal aurait pu lui-même faire seul, l'acte est valable.

Mais cet acte est rescindable en faveur du mineur en cas de lésion quelle qu'en soit
l'importance.

Si l'acte accompli irrégulièrement par le mineur est de ceux que le représentant


légal n'aurait pu faire qu'avec une autorisation, il est nul de plein droit.

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QUESTIONNAIRE - LE MECANISME DE L'OFFRE ET DE


L'ACCEPTATION

A- L'OFFRE

1- Qu'est-ce que l'offre ?

L'offre est définie comme la manifestation de volonté par laquelle une personne
exprime son intention d'être liée si le destinataire de la manifestation l'accepte.

2- Quels sont les caractères de l'offre ?

L'offre doit être précise et ferme.

- L'offre est précise quand elle contient les éléments essentiels du futur contrat,
c'est-à-dire, ceux qui permettent de concevoir, de définir le contrat.

Ex : pour un contrat de vente, les éléments essentiels sont la chose et le prix.

Pour un contrat de bail, les éléments essentiels : le bien loué, le loyer et la durée
du bail.

- L'offre doit être ferme, c'est-à-dire, elle doit exprimer une volonté non-équivoque.

- Une proposition est différente d'une offre si elle contient des réserves.

Si dans les déclarations de volonté, on introduit des réserves comme un délai de


réflexion, cela signifie que celui qui répond, devient offrant.

Si dans la déclaration de volonté, il y a des réserves, ce n'est pas une offre, mais
une invitation à entrer en pourparler.

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Celui qui répond émet une offre et l'auteur de l'initiative pourra accepter ou pas
cette offre. On peut recevoir une réponse qui sera elle aussi une invitation à
pourparler.

Une fois que les deux caractères sont réunis, toutes les formes d’expression de
l'offre sont admissibles.

L'offre peut être une expression tacite et peu importe la qualité du destinataire de
l'offre.

3- Quels sont les effets de l'offre ?

C'est la question de la révocation de l'offre et la question de la caducité de l'offre.

4- L'offre peut-elle être révoquée à tout moment ?

- Si l'offre est assortie d'un délai, elle doit être maintenue pendant la durée de ce
délai.

- Si l'auteur de l'offre se rétracte pendant la durée de ce délai, il engage sa


responsabilité sur le fondement de l'article 1382 du Code Civil et sera amené à
payer des dommages et intérêts (Arrêt de la Cour de Cassation 10 / 03 / 1968).

- Si l'offre ne comporte pas de délai, elle doit être maintenue dans un délai
raisonnable fixe par le juge.

- Si l'auteur de l'offre se rétracte pendant le délai raisonnable, ici aussi, il engagera


sa responsabilité délictuelle. Il pourra être amené à payer des dommages et intérêt
(Cour de cassation du 22 avril 1958).

5- Quelles sont les causes de la caducité de l'offre et ses effets ?

Une offre déjà contractée devient caduque dans deux hypothèses :

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- Le décès de l'auteur de l'offre rend l'offre caduque arrêt Cour de cassation 10 mai
1989.

- Lorsqu'on est arrivé au terme du délai fixé dans l'offre ou le délai raisonnable
(arrêt de la Cour de cassation 20 mai 1992).

Une fois caduque, l'offre ne produit plus d'effet juridique

B - L'ACCEPTATION

1- La principale question qui se pose est de savoir si l'acceptation peut résulter


d'un silence ? Faut-il appliquer l'adage « qui ne dit mot consent » ?

La réponse de principe est qu'en droit des contrats, le silence ne vaut pas
acceptation, car le silence ne permet pas de déceler une volonté de contracter.

On considère qu'il ne vaut pas acceptation.

Cependant, il y a des exceptions :

- Il y a des lois spéciales qui prévoient que le silence correspond à une réponse
positive. C'est notamment le cas en droit des assurances.

- Le silence vaut acceptation lorsque les usages d'une profession vont dans ce sens
(Ex du droit bancaire).

- Lorsque les parties sont en relations d'affaires depuis un certain temps et qu'elles
ont un gros volume de transaction entre elles.

- Lorsque l'offre est faite dans l'intérêt exclusif du destinataire.

2- Comment se manifeste l’acceptation ?

La plupart du temps, le simple « oui » suffi à former le contrat, mais certaines


situations sont plus complexes. Il faut constater une concordance entre l'offre et
l’acceptation. Il faut que l'acceptation soit conforme à l'offre.

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Si l'acceptant fait une réponse différente par rapport aux termes et au contenu de
l'offre, il s’agit d'une contre-proposition. On rentre donc dans le système du
marchandage.

Une fois l'offre acceptée, peut-on la révoquer ? Qu'en est-il des contrats entre
absents ?

Il y a deux théories :

- La théorie de l'émission : Le contrat est conclu dès que l'acceptant a émis son
acceptation.

- La théorie de la réception : le contrat est conclu lorsque l'offrant a eu


connaissance de l'acceptation.

Selon la première théorie (émission), on ne peut pas revenir sur l'acceptation.

C'est avec la deuxième théorie (celle de la réception) que l'on peut éventuellement
revenir sur l’acceptation. Encore faut-il que l'offrant ait connaissance de la
révocation avant la connaissance de l’acceptation.

Selon la matière, les juges appliqueront l'une ou l'autre des théories avec une
préférence pour la théorie de l'émission.

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QUESTIONNAIRE - L'INITIATIVE, LA CONDUITE ET LA FIN DES


NEGOCIATIONS.

1- La rupture brutale des pourparlers est-elle une attitude fautive susceptible


d'engager la responsabilité civile de son auteur ?

Sur ce terrain, la rupture des pourparlers n'est pas en elle-même fautive.

Elle ne le devient que si elle s'accompagne de circonstances particulières, c'est-à-


dire s'il y a rupture abusive ou bien rupture de mauvaise foi, ou rupture avec
intention de nuire.

2- Lorsqu'une partie est l'auteur de rupture fautive et que la partie fautive


conclut le contrat avec un tiers est-ce que la partie victime de la rupture peut
engager la responsabilité du tiers au motif qu'il connaissait l'existence des
pourparlers ?

La réponse de principe de la Cour de Cassation est que l'on ne peut pas engager la
responsabilité du tiers, sauf si la victime arrive à démontrer que le tiers a agi à son
égard avec intention de nuire.

3- Quel est le préjudice à réparer ?

Pour la Cour de Cassation le préjudice comprend :

- Les faits engagés par la négociation : « frais de déplacement ou de réception et


dans le préjudice, il peut y avoir le prix d'un certain nombre d'études ». La Cour de
Cassation indique que ce préjudice n'inclut pas les profits espérés de la conclusion
du contrat.

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4- Les termes des négociations s'imposent-ils aux parties en négociation ?

L'obligation essentielle de l'accord de principe est celui de négocier de bonne foi,


mais les parties n'ont pas l'obligation de conclure le contrat.

Par exemple dans le cas d'un licenciement, l'employeur peut prendre l'engagement
d'examiner la réintégration d'un salarié si la conjoncture économique s'améliore, il
a l'obligation d'examiner la candidature du salarié, mais il n’aura pas l'obligation de
l'embaucher.

5- Qu'est-ce qu'un contrat cadre ?

Dans les relations entre un débit de boissons et un brasseur, il y a souvent un


contrat-cadre qui définit l'essentiel des relations commerciales, c'est-à-dire :

- Le prix et le volume annuel de bière ;

- Et tous les trimestres les parties concluent des conventions d'applications qui vont
permettre au bar de s'approvisionner régulièrement pour le trimestre à venir.

6- Quelles sont les formes de promesses unilatérales de contrat ?

La première forme est le pacte de préférence : Dans le pacte de préférence, une


partie que l'on appelle le promettant s'engage envers une autre partie, le
bénéficiaire, à conclure ultérieurement un contrat par préférence à d'autres
personnes, les tiers.

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7- Quelle est la sanction si le promettant contracte avec un tiers en


méconnaissance de son engagement ?

La sanction sera des dommages et intérêts : le bénéficiaire obtiendra des


dommages et intérêts de la part de celui qui a violé l'engagement de préférence.

8- Est-ce que le bénéficiaire peut-il faire annuler le contrat ?

Il peut obtenir l'annulation du contrat à condition de démontrer que le tiers avait


connaissance du pacte de préférence et qu'il avait connaissance de l'intention du
bénéficiaire de s'en prévaloir.

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DISSERTATIONS

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DISSERTATION

Sujet : L'annulation du contrat

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

La nullité est l'anéantissement à titre de sanction d'un acte juridique et notamment,


d’un contrat qui ne satisfait pas aux conditions exigées par la loi (art 1108 et
suivant du Code civil).

L'annulation intervient lorsqu'un des éléments du contrat fait défaut. Ce peut être
l'objet, la cause, la forme, la capacité. Elle doit être prononcée par le tribunal (à
moins que les parties soient d'accord pour la constater). Nous exposerons donc
dans une première partie, quelques notions générales sur la nullité (I), avant de
traiter dans une seconde partie, de la distinction entre nullité relative et nullité
absolue ainsi que des effets qui en découlent (II).

I- QUELQUES NOTIONS GENERALES SUR LA NULLITE

A- Qu'est-ce que la nullité ?

On dit d'un contrat qu'il est nul lorsque du fait de l'absence d'un de ses éléments
constitutifs (comme par exemple la cause ou l'objet), ou encore, du fait de
l'incapacité de l'une des parties, le contrat se trouve dépourvu de ce qui peut le
faire exister ou, est affecté d'un vice qui ne lui permet pas de normalement se
constituer.

Lorsqu'une annulation est prononcée, le contrat est anéanti et il l'est


rétroactivement : ce qui veut dire qu'on fait table rase de tout ce qui a pu être fait
jusqu'ici en application du contrat. Ce contrat est censé n'avoir jamais existé.

Ainsi, toute nullité a en principe un effet rétroactif. Cependant, la nullité ne produit


aucun effet lorsqu'elle est la conséquence de la faute de la personne qui l'invoque.

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B- Distinction entre annulation et rescision ; nullité et révolution du contrat ;


nullité et résiliation ; nullité et opposabilité.

1- Distinction entre nullité et rescision

En principe, en cas de nullité, il y a anéantissement rétroactif du contrat.


Cependant, la rescision pour lésion est un cas particulier de nullité.

En effet, ce cas est soumis à des règles originales puisqu'en particulier, notamment,
l'annulation d'un contrat de vente rescindable peut être écartée si l'acquéreur
consent à verser un supplément de prix.

2- Nullité et résolution du contrat

a- Distinction dans leur origine

- La nullité : On annule un contrat lorsqu'un de ses éléments constitutifs fait défaut


(Ex : l'objet) ou lorsqu'il y a un vice affectant l'un de ses éléments ou lorsqu'il y a
incapacité ou violation des formes.

Autrement dit, le défaut considéré est contemporain de la formation du contrat.

- La résolution : il s'agit d'une défaillance de l'un des contractants. Défaillance qui


est postérieure à la formation du contrat. La résolution répond à une idée : en effet,
on vise le cas particulier où l'une des parties ne satisfait point à son engagement.

Exemple : Une personne traite avec une autre pour l'acquisition d'un important lot
de marchandises. En cours de l'exécution du contrat, il apparaît que la plus grosse
partie de la marchandise est avariée. L'acheteur demande alors la résolution du
contrat pour inexécution par l'une des parties (le vendeur) de son obligation.

C'est donc en considération de l'inexécution par l'une des parties de son obligation
que la résolution sera demandée.

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b- Rapprochement dans leurs effets

Pour l'une comme dans l'autre, l'anéantissement n'a pas plein droit. L'intervention
du juge est nécessaire. Lorsqu'elles sont prononcées (nullité et résolution), elle
entraîne l'une et l'autre rétroactivement l'anéantissement du contrat.

3- Nullité et résiliation

Quand on parle de résiliation, on vise le cas très particulier d'un contrat à


exécution successive.

Il existe donc deux sortes de contrat :

- Les uns sont à exécution instantanée (c'est le cas en général de la vente).

- Les autres sont à exécution successive : c'est le cas du bail.

On ne doit pas dire d'un bail qu'il est résolu lorsque par exemple, le bailleur en
demande l'anéantissement par suite du non-paiement du loyer par le locataire.

On doit dire que le bail est « résilié ».

Pourquoi prononce-t-on la résiliation et non la résolution ?

Dans les deux cas, le contrat est anéanti. Quelle est alors la différence ?

Avec la résolution comme avec l'annulation, le contrat est anéanti rétroactivement.


En ce qui concerne la résiliation, au contraire, parce qu'il s'agit d'un contrat à
exécution successive, la décision ne produit ses effets que pour l'avenir.

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4- Nullité et inopposabilité

En général, l'inopposabilité sanctionne le caractère occulte d'un acte : défaut de


publicité foncière, simulation...

Exemple : X vend un immeuble à Y, le lundi. Le même X vend le même immeuble


à Z le mercredi. Or, en matière de vente d'immeubles, pour que cette vente soit
opposable aux tiers, il faut qu'elle soit publiée à la conservation foncière.

Supposons que Z, qui a acquis l'immeuble deux jours plus tard que Y soit plus
diligent que ce dernier. De ces deux ayants cause particuliers du même vendeur, va
l'emporter celui qui l'aura publié le premier.

Cela veut dire que la vente consentie par X à Y n'est pas opposable à Z, qui est un
tiers. Pour simple raison qu'Y a trop tardé à faire la publicité de son titre.

II- LES DIFFERENTES CATEGORIES DE NULLITES ET LEURS EFFETS

A- Les différentes catégories de nullité

Elles sont au nombre de deux : nullité absolue ; nullité relative. Elles doivent
toutes être prononcées par le juge.

1- La nullité absolue

Une nullité est absolue lorsque l'un des éléments du contrat fait défaut :
notamment le consentement, l'objet ou la cause est illicite ou immorale ; ou encore
s'il y a fraude ou violation de l'ordre public.

C'est ce qui indique que toute personne intéressée puisse invoquer cette nullité
absolue. Il n'y a pas de possibilité de confirmation, car la nullité est trop grave. On
fait ici jouer la prescription de droit commun, c'est-à-dire la prescription trentenaire
(30 ans).

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2- La nullité relative

C'est le cas par exemple lorsque l'une des parties n'avait pas la capacité requise, ou
encore lorsque son consentement a été vicié.

Quels sont les caractères de cette nullité relative que l'on oppose à la nullité
absolue ?

La nullité relative ne peut être demandée que par la personne concernée, c'est-à-
dire celle pour laquelle le consentement a été vicié. C'est pour cela que l'on parle
de nullité relative. Cette nullité peut être l'objet d'une confirmation, c'est-à-dire que
celui qui est directement concerné va pouvoir expressément ou tacitement renoncer
à demander l'annulation pour les vices dont l'acte est entaché et rétroactivement.

À cet effet, tout d'abord, il peut avoir régularisation. Auquel cas, l'acte va se voir
complété par l'insertion de l'élément qui lui faisait défaut jusqu'ici : c'est le cas
notamment pour les sociétés, ou de l'acte de vente immobilière atteint de lésion
dont le prix sera augmenté.

Cependant, la véritable confirmation consiste en une renonciation à se prévaloir du


vice dont l'acte litigieux est atteint. Elle peut être réalisée à l'aide d'un acte très
précis qui vise le vice qui va disparaître : c'est la confirmation expresse.

Mais, l'intéressé peut tacitement, par exemple en exécutant l'acte vicié, faire
disparaître toute cause d'annulation. La prescription ici est quinquennale (5 ans ; et
le délai commence à courir à partir du jour où le contractant aurait pu confirmer).

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B- Effets des nullités

1- principe : anéantissement rétroactif du contrat ; l'acte a existé, des prestations


ont été accomplies ou anéanties ; tout doit être normalement rétablir dans l'état où
les contractants avaient trouvé la situation en fonction de laquelle ils s'étaient
rapprochés pour conclure leur contrat.

2- Exception : La règle Nemo Auditur

Certes, il y a nullité, mais il n'y aura pas restitution rétroactive.

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DISSERTATION

Sujet : Interpréter l'article 1321 du Code


Civil : « Les contre-lettres... n'ont point
d'effet contre les tiers ».

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

Définition de la contre-lettre : la contre-lettre est une forme de simulation. En quoi


elle consiste ?

Elle consiste à dissimuler le contrat véritable derrière un acte apparent.

- Les règles de droit commun relatives à l'effet des contrats : un contrat n'a pas
d'effet à l'égard des tiers (Art 1165 C.Civ). L'art 1321 C.Civ n'est-il donc qu'une
application de droit commun ?

- Distinction entre l'effet et l'opposabilité du contrat : un contrat n'a pas, en


principe d'effet à l'égard des tiers, mais il leur est opposable.

- La situation des ayants cause particuliers : dans des cas exceptionnels, le contrat
produit effet à leur égard.

La contre-lettre n'est pas opposable aux tiers et elle est toujours sans effet à l'égard
des ayants cause particuliers.

I- LE SENS DU MOT « TIERS »

Le mot « tiers » dans l'article 1321 C.Civ désigne les ayants cause particuliers, les
créanciers chirographaires.

Un contrat, lorsqu'il constitue une contre-lettre n'a donc en principe d'effet qu'à
l'égard des parties contractantes et de leur ayant-cause universel et à titre universel
(sauf nullité édictée dans certains cas par le législateur), et il n'est opposable à
aucun autre.

Des ayants cause particuliers et les créanciers chirographaires ont le droit d'ignorer
la contre-lettre et de s'en tenir à l'acte apparent. Mais il faut qu'ils n'aient pas eu
connaissance de la contre-lettre quand ils ont traité, sinon il n'y aurait pas

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apparence. Or, les règles de la contre-lettre sont une consécration de la théorie de


l'apparence.

II- LE SENS DE L'EXPRESSION « CONTRE LES TIERS »

La raison pour laquelle la contre-lettre n'a jamais d'effet à l'égard des ayants cause
particuliers, et pour laquelle elle est inopposable aux ayants cause particuliers et
aux créanciers chirographaires est que, si la simulation est en principe permise, elle
ne doit pas causer de préjudices aux tiers.

Ceux-ci doivent être protégés. Mais une mesure de protection ne doit pas se
retourner contre eux. Ils ont donc le choix entre l'opposabilité de l'acte réel (contre-
lettre) selon le droit commun, et l'opposabilité de l'acte apparent par exception au
droit commun. Tel est le sens de l'expression « contre les tiers ». La contre-lettre ne
peut pas être invoquée contre les tiers, mais ils peuvent s'en prévaloir.

En cas de conflit entre les tiers qui ont intérêt à invoquer la contre-lettre et ceux qui
ont intérêt à se prévaloir de l'acte apparent, ces derniers (acte apparent) l'emportent
par application de la théorie de l'apparence.

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DISSERTATION

Sujet : L'acquéreur d'une habitation peut-il


obtenir l'annulation du contrat de vente au motif
que le vendeur lui a caché la création d'une
porcherie future à proximité ?

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

Une réponse positive à cette question suppose que l'acheteur a été victime d'un vice
de consentement, particulièrement, sa volonté n'a pas été sainement éclairée dans la
jouissance de la maison.

Il a donc été victime d'une illusion provoquée par le silence des vendeurs sur cet
élément important pour une maison d'habitation. Il y a donc une erreur provoquée
par le cocontractant. Il s'agit d'un dol. Encore faut-il que ce vice soit réellement
constitué (I) ; et qu'il remplisse les conditions légales d'annulation (II).

I- LA CONSTITUTION DU DOL DU VENDEUR

Pour que le dol soit constitué, il faut deux éléments :

- l'élément matériel ;

- l'élément moral ou psychologique.

A- L'élément matériel

La réticence d'un vendeur qui, ayant connaissance de la création future d'une


porcherie à proximité de la maison à vendre, et ayant gardé cette information,
constitue en l'espèce l'élément matériel du dol.

Le silence est dolosif dans la mesure où l'acquéreur ne peut être connu de celui-ci
par ses propres moyens parce qu'il s'agit d'un projet.

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B- L'élément moral et psychologique

Le dol tétant une erreur provoquée, suppose un élément intentionnel, c'est-à-dire la


volonté de son auteur d'induire son cocontractant en erreur et l'amener ainsi à
conclure la convention proposée.

Dans notre espèce, cette intention malveillante des vendeurs transparaît dans deux
éléments de fait.

D'abord, dans la connaissance qu'ont les vendeurs de la future nuisance


qu'engendra la création de la porcherie future.

Ensuite, dans l'insertion dans le contrat sur leur demande, d'une clause par laquelle
l'acheteur a accepté de supporter les servitudes de toute nature pouvant grever les
biens vendus. C'est assurément parce qu'ils avaient connaissance du projet de
création de la porcherie et partant, des troubles graves que cela causeraient aux
habitants riverains que les vendeurs ont pris soin non seulement de garder le
silence, mais en plus d'imposer à l'acheteur, cette clause de non garantie. Leur
intention de tromper est donc évidente. Le dol étant constitué, il faut voir s'il réunit
les conditions d'annulation du contrat.

II- LES CONDITIONS D'ANNULATION DU CONTRAT POUR DOL

Elles sont au nombre de deux : le dol doit être déterminant et émaner du


cocontractant du dol.

A- Le caractère déterminant du dol

Analyser le caractère déterminant, c'est démonter que sans les manœuvres (ici la
réticence), la victime n'aurait pas consenti à conclure le contrat litigieux. Le dol
déterminant est principal par opposition au dol incident qui lui, n'est pas
déterminant de la volonté de la victime.

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Ici, le caractère déterminant de la réticence dolosive dont a été victime l'acquéreur,


tient à l’importance de la porcherie, donc de la nuisance qu'il subira en occupant la
maison.

Il est évident que s'il avait su lors de la signature de l'acte sous seing privé qu'il y
avait un projet de création de porcherie, il n'aurait pas acheté cette maison ou
l'aurait fait à un prix nettement moins élevé.

En effet, la nature, insalubre de la porcherie et l'incommodité qu'elle créera, vont


nécessairement diminuer la valeur des habitations riveraines dont celle vendue à
l'acheteur. C'est ce qui explique qu'il ait informé les vendeurs de sa renonciation à
conclure dès qu'il a eu connaissance du projet de création de la porcherie.

Le dol est d'autant plus déterminant dans notre espèce, car l'on va s'installer dans la
campagne pour rechercher de l'air pur, naturel et non respirer des odeurs
nauséabondes comme celles que dégagera inévitablement la porcherie.

B- Le dol doit émaner du cocontractant

Les faits sont sur ce point assez clairs : le silence dolosif dont l'acheteur a été
l'objet sont l'œuvre de ses cocontractants, à savoir les vendeurs.

Ceux-ci, en trompant l'acquéreur par leur silence par la réticence coupable pour
l'amener à conclure un contrat désavantageux, commettent une faute.

Donc, en agissant sur le terrain du dol par réticence, l'acheteur pourra obtenir le
remboursement versé aux vendeurs.

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DISSERTATION

Sujet : La représentation

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

INTRODUCTION

Les ou les contractants ne sont pas toujours personnellement présents à l'acte ; on


dit qu'ils sont « représentés ».

La représentation peut être :

- légale (autorité parentale, tutelle) ;

- judiciaire (vente au tribunal) ;

- conventionnelle (mandat).

Ainsi, le « mandant » donne procuration au « mandataire » pour accomplir en son


nom un ou plusieurs actes qui produiront leurs effets dans le patrimoine du
mandant.

I- LES CONDITIONS DE LA REPRESENTATION

A- Le représentant doit avoir l'aptitude à agir pour le compte d'autrui

1- Représentation légale

- Parents

- Tuteur

- Mari

- Femme

- Exploitants agricoles.

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2- La représentation conventionnelle : le mandat ; la commission

- Représentation parfaite : le mandat ;

- Représentation imparfaite : la commission

B- Volonté du représentant : intention de représenter autrui

II- LES EFFETS DE LA REPRESENTATION

A- Représentation parfaite

En principe, le contrat produit ses effets en la personne du représenté ; cependant,


il existe des situations spéciales :

1- Le représentant agit sans pouvoir ou a dépassé ses pouvoirs

Le contrat sera inopposable au représenté ; sauf deux réserves (Art 1898, al 2


C.Civ).

- Ratification ultérieure,

- Dépassement habituel (théorie du mandat apparent).

2- Le représentant a agi malgré l’expiration de ses pouvoirs

La théorie du mandat apparent joue encore là ses effets.

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B- Représentation imparfaite

Les droits et obligations se forment en deux temps, et on parle alors d'effets


indirects : le représenté ne se trouve engage qu'en seconde ligne en quelque sorte.

Conclusion : La représentation est utile : tout d'abord, c'est un remède à


l'incapacité ; d'autre part, elle réduit l'obstacle de la distance ; elle permet aussi le
fonctionnement des personnes morales.

Cependant, elle est dangereuse : contrat avec soi-môme (exemple du tuteur qui
achèterait un bien du mineur).

Le contrat avec soi-même est interdit pour les représentants légaux. De même, le
courtier ne peut faire des opérations de commerce pour son compte.

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DISSERTATION

Sujet : Le principe de l'autonomie de la


volonté en matière contractuelle ou le rôle de
la volonté individuelle dans le domaine des
contrats.

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

L'article 1101 du code civil définit le contrat comme : « La convention par


laquelle une ou plusieurs personnes s'obligent, envers une ou plusieurs autres,
à faire ou à ne pas faire quelque chose ».

Le contrat ainsi créé, emporte restriction aux droits des personnes. Et pour que
cette restriction soit tolérable, il faut qu'elle résulte de la volonté de la personne
engagée, car aucune personne ne peut être obligée à l'égard d'une autre, sans qu'il
ne se trouve une volonté de s'engager. Des considérations philosophiques et
économiques expliquent un tel principe.

En effet, les hommes étant nés libres et égaux, ils ne peuvent se lier que s'ils le
veulent, dans la mesure où ils le veulent. Ce rôle prépondérant de la volonté dans la
conclusion du contrat (I), connaît cependant quelques exceptions (II).

I- LE ROLE PREPONDERANT DE LA VOLONTE : C'EST LE PRINCIPE


DE L'AUTONOMIE DE LA VOLONTE

A- Le fondement du principe

Deux fondements : Un fondement philosophique et un fondement économique

1- Le fondement philosophique

La philosophie individualiste, philosophie des lumières, professe que chaque


homme est fondamentalement libre. Dès lors, comment admettre que des individus
puissent être assujettis à d'autres individus ?

Que par exemple, certains soient des créanciers et d'autres débiteurs ? La réponse
est simple en faisant de la volonté, la source essentielle de ces situations.

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Poser que l'homme est obligé parce qu'il l'a voulu et dans la mesure où il l'a voulu,
c'est encore respecter sa liberté.

De là, deux propositions :

- un individu ne saurait être assujetti à des obligations qu'il n'a pas voulues, car il
se pourrait qu’elles soient tyranniques ;

- un individu doit respecter toutes les obligations auxquelles il a librement consenti.

Dans cette conception, le contrat tire sa force contraignante de la rencontre des


volontés. Aussi bien pour désigner cette analyse, a-t-on utilisé à partir de la fin du
XIVe siècle, l'expression « autonomie de la volonté ».

2- Le libéralisme économique

Source de droit par excellence en ce qu'il respecte la liberté des individus, le


contrat l'est aussi en ce qu'il permet d'établir les rapports individuellement les plus
justes et socialement les plus utiles. On reconnaît les thèses du libéralisme
économique.

En premier lieu, le libre jeu des volontés individuelles ne peut que réaliser la
justice.

Chaque individu étant le meilleur juge de ses intérêts, on peut présumer que ceux-
ci sont parfaitement respectés par les engagements qu'il a volontairement souscrit.
En effet, si une obligation imposée peut être injuste, une obligation acceptée ne
peut l'être. Pour emprunter la formule de FOUILLEE : « Qui dit contractuel dit
juste ». En second lieu, le libre jeu des volontés individuelles assure l'équilibre
économique et la prospérité générale. La loi du marché permettant l'ajustement de
la production aux besoins, il faut laisser faire les automatismes économiques.

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B- Les conséquences juridiques

La liberté contractuelle, la force obligatoire du contrat, l'effet relatif du contrat.

1- La liberté contractuelle

Elle a une double dimension de fond et de forme

a- quant au fond

Elle s'exprime à travers une triple faculté : Liberté de contracter ou de ne pas


contracter ; liberté de choisir librement son cocontractant ; liberté de déterminer le
contenu de son contrat.

b- quant à la forme

La liberté contractuelle postule le consensualisme : l'échange des consentements


suffit pour la conclusion du contrat. Peu importe la forme dans laquelle il est
constaté. En effet, la volonté ne serait plus souveraine si son efficacité était
subordonnée au respect d'un certain formalisme.

2- La force obligatoire du contrat

Rien n'oblige les parties à contracter. Mais dès qu'elles l'ont fait, elles sont tenues
de respecter leurs engagements. Ce qu'elles ont convenu s'impose à elles sans qu'il
soit besoin du renfort d'aucune norme.

L'accord des volontés est par lui-même créateur d'obligations. Il en résulte


qu'aucune des parties ne pourrait se délier par sa seule volonté, sans engager sa
responsabilité. Seul le consentement mutuel peut dénouer ce qu'il a noue.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

Aussi, les parties doivent bien évidemment exécuter fidèlement les obligations
nées du contrat.

Obligation pour les parties et pour le juge. La convention l'est aussi pour le juge :
elle s'impose à lui. Il doit la respecter et la faire respecter. « Ministre de la volonté
des parties », le juge doit être un serviteur respectueux du contrat.

S'il lui est demandé de l'interpréter, il recherchera qu'elle a été la commune


intention des parties ;

S'il lui est demandé de le modifier, de le réviser, il s'y refusera alors même qu'un
changement imprévisible du contexte économique, social ou politique en aurait
déséquilibré l'économie. En cas de défaillance d'une des parties, il peut la
contraindre à exécuter ses obligations.

3- L'effet relatif du contrat

Parce que le contrat repose sur la volonté des parties, il n'a pas d'effets à l'égard des
tiers : Les parties ne peuvent par un contrat, ni engager ni faire naître à son profit
une créance. Les postulats sur lesquels repose la théorie de l'autonomie de la
volonté l'expliquent au demeurant fort bien. La volonté des uns ne saurait entraver
la liberté des autres. Si chaque homme est le meilleur juge de ses intérêts, il ne l'est
pas de ceux d'autrui.

II- LES LIMITES AU ROLE PREPONDERANT DE LA VOLONTE


INDIVIDUELLE

A- Les limites légales

1- Tout d'abord les limites à la liberté de contracter ou de ne pas contracter

a- Obligation faite aux parties de contracter

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Exemples : l'assurance obligatoire pour les automobiles et engins terrestres ; le


refus de vente par un commerçant en état d'offre est sanctionné.

b- L'interdiction de contracter

Ex : l'art 6 C.civ : « On ne peut pas déroger par des conventions particulières aux
lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs ».

b-1- L'ordre public étatique

Quelques matières d'ordre public : la personne humaine ; la liberté matrimoniale


(le droit au mariage est un droit individuel d'ordre public qui ne peut se limiter, ni
s'aliéner à moins de raisons impérieuses évidentes) ; le régime monétaire (les textes
sur le contrôle des changes ont pour objet la défense des intérêts nationaux).

Leurs dispositions sont impératives et d'ordre public. L'interdiction des pactes sur
succession future.

b-2- Les bonnes mœurs ou respect de la morale sociale

EX : Louer une maison pour y faire de la prostitution.

b-3- L'ordre public civil

Qui tend à la protection de l'individu et de la famille par les droits de la


personnalité et surtout les droits extra-patrimoniaux.

2- Ensuite il y a les limites tenant à la libre détermination du contenu du


contrat

Quelques fois, les pouvoirs publics interviennent : il peut y avoir intervention


réglementaire, intervention législative.

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D'abord, sur un élément essentiel du contrat. Exemple : le prix des produits


(l'essence), le prix des services, des salaires... au moyen de la taxation. On parle
d'ordre public économique de direction, Ensuite, la loi intervient pour imposer un
cocontractant. Exemple : Le droit de préemption du fermier, c'est-à-dire, le droit
pour le fermier d'être préféré comme cocontractant en cas de désir de vente de la
ferme ; le droit au maintien du locataire dans les lieux loués par le bailleur.

Il y a aussi intervention sur l'ensemble du contrat de bail, d'assurance, du travail,


où on note une réglementation impérieuse.

B- Les limites judiciaires et conventionnelles

1- Les limites judiciaires

L'intervention du Juge peut avoir pour effet, la modification d'une clause du contrat.
Ex : la clause exonératoire de responsabilité, la clause pénale, la clause de célibat.

L'intervention du Juge peut aussi avoir pour objet, l'adjonction de clauses non
prévues par les parties. Exemple : l'obligation de sécurité dans le contrat de
transport ; l'obligation de conseils et de renseignements dans le contrat de vente.

2- Les limites conventionnelles

Il y a les contrats d'adhésion où on note la supériorité de l'un des contractants ; la


rédaction unilatérale par une seule partie ; l'absence de débat (refus ou acceptation
en bloc avec l'offrant).

Les conventions d'exclusivité ; les pactes de préférence.

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DISSERTATION

Sujet : Un mineur peut-il tout seul


contracter ?

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CORRECTION DE LA DISSERTATION

I- EN PRINCIPE, LES MINEURS NE PEUVENT CONCLURE SEULE

Il faut que ce soit le représentant légal qui intervienne.

En effet, l’article 32 de la loi de 2019 relative à la minorité pose le principe


général de l'incapacité d'exercice du mineur non émancipé en ces termes : « Le
mineur est incapable d’accomplir seul les actes de la vie civile ».

II- LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE L'INCAPACITE GENERALE


D'EXERCICE DU MINEUR

a- Les exceptions concernant les mineurs non émancipés

Le mineur, même non émancipé peut accomplir tout seul certains actes.

Le mineur peut accomplir seul, les actes que le représentant peut faire seul
notamment : les actes de vie la courante, les actes d'administration et les actes
conservatoires, à l'exclusion des actes de disposition.

Les actes de la vie courante sont les menus achats que peut effectuer un mineur
non émancipé.

Les actes d'administration sont les actes de gestion courante d'un patrimoine (actes
qui ne modifient pas substantiellement la consistance d'un patrimoine).

Les actes conservatoires sont les actes qui conservent, des actes ayant pour objet
d'éviter au patrimoine une perte.

Les actes de disposition sont les actes d'aliénation qui modifient substantiellement
la consistance du patrimoine.

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Selon l'article 35 de la loi de 2019 relative à la minorité, le mineur de 16 ans ou


plus, conclut son contrat de travail et le rompt, avec l'assistance de son représentant
l'égale.

b- Les exceptions concernant les mineurs émancipés

Les mineurs émancipés : il a d'abord atteint l'âge de 16 ans révolus et a fait l'objet
d’une décision d’émancipation de la part du juge.

Les mineurs émancipés peuvent contracter (mariage), mais ne peuvent pas être
commerçant.

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CAS PRATIQUES

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CAS PRATIQUE

N'DOUBA âgé maintenant de 16 ans a acquis d'un héritage à lui léguer par son
grand-père, un magasin de pagnes et une villa. Il les met en location, le magasin
pour un loyer mensuel de 150 000 F CFA et de 300 000 F CFA pour la villa.

À la suite de difficultés de paiement du loyer par le locataire de la villa, il la vend à


50 000 000 F CFA.

À son père, M Bogoss mécontent veut annuler les actes effectués par son fils.
Il vient solliciter votre avis.

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

N'DOUBA, mineur âgé de 16 ans a mis en location à 150 000 F CFA, un magasin
de pagnes et vendu à 50 000 000 F CFA, une villa acquise d'un héritage à lui
léguer par son grand-père. Son père mécontent veut annuler ces actes.

Il se pose alors le problème juridique suivant : Un père peut-il annuler les actes
accomplis par son fils mineur ?

La solution à cette question appelle un principe (I) et des exceptions (II).

I- LE PRINCIPE DE L'INCAPACITE GENERALE DU MINEUR NON


EMANCIPE

Le fondement de ce principe et son application à N'DOUBA

A- N'DOUBA est-il émancipé ?

L’article 32 de la loi de 2019 relative à la minorité pose le principe général de


l'incapacité d'exercice du mineur non émancipé en ces termes : «Le mineur est
incapable d’accomplir seul les actes de la vie civile. ».

Le mineur est dit émancipé lorsqu'il a atteint l'âge de 16 ans et a fait l'objet d'une
émancipation par décision de justice.

En l'espèce, N'DOUBA est un mineur de 16 ans. Les faits ne précisent pas qu'il a
fait l'objet d'une émancipation de la part du juge. N'DOUBA est donc un mineur
non émancipé.

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B- Le régime des actes accomplis par N'DOUBA

Il ne peut donc contracter. Les actes qu'il a accomplis (vente, location), sont en
principe nuls. Mais ce principe admet des exceptions.

II- LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE L'INCAPACITE GENERALE


D'EXERCICE DU MINEUR NON EMANCIPE

Le mineur peut accomplir les actes que le représentant légal peut faire seul
notamment : les actes de la vie courante, les actes d'administration et les actes
conservatoires, à l'exclusion des actes de disposition.

Les actes de la vie courante sont les menus achats que peut effectuer un mineur
non émancipé.

Les actes d’administration sont les actes de gestion courante d'un patrimoine (actes
qui ne modifient pas substantiellement la consistance d'un patrimoine).

Les actes conservatoires sont les actes qui conservent, des actes ayant pour objet
d'éviter au patrimoine une perte. Les actes de disposition sont les actes d'aliénation
qui modifient substantiellement la consistance du patrimoine.

À quelle catégorie correspondent les actes passés par le mineur N'DOUBA ?

1- La location du magasin

La location du magasin fait entrer de l'argent dans le patrimoine du mineur. Il s'agit


donc d'un acte de gestion de patrimoine, précisément un acte d’administration que
le représentant légal peut faire seul.

Le mineur peut donc lui aussi l'accomplir seul. La location du magasin effectuée
par le mineur est valable, et son père ne peut donc la faire annuler.

Cependant, la location peut être annulée pour cause de lésion. En effet, l'article 37
alinéa 2 de la loi de 2019 sur la minorité, dispose que l'acte accompli par le

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mineur non émancipé est rescindable en faveur du mineur pour cause de lésion
quelle qu'en soit l'importance.

En l'espèce, aucun élément des faits ne permet de soutenir une telle hypothèse.

Le loyer de la location nous encourage plutôt à l'écarter. Le père ne peut donc faire
annuler la location du magasin.

2- La vente de la villa

La vente fait sortir la villa du patrimoine du mineur. Il s'agit d'un acte qui modifie
la substance du patrimoine du mineur, donc un acte de disposition que le
représentant légal ne peut conclure seul.

Le mineur ne peut également le conclure seul. Il a besoin de l'assistance de son


représentant légal.

La vente conclue par le mineur seul est donc nulle. Le sieur Bogoss peut donc
obtenir en justice, l'annulation de la vente effectuée par son fils mineur sans son
assistance.

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CAS PRATIQUE

Monsieur Yao, riche homme d'affaires ivoirien a reçu en provenance de Marseille,


une missive de M Assi son fournisseur et ainsi libellée : « Cher ami, j'ai en stock
100 tonnes de blé que je tiens à ta disposition ; s'agissant du prix de vente, je
demeure persuadé que nous trouverons comme d'habitude, un terrain d'entente...».

Le 15 septembre, 2012 M. Yao répond ceci par écrit : « Je suis d'accord pour
acquérir la marchandise que tu me proposes au prix de 100 000 francs la tonne ».

Las d'attendre une réponse, M. Yao relance le 20 décembre 2012. Le 30 janvier


2013, il reçoit un courrier lui annonçant que M. Assi est décédé depuis le 26
octobre 2012, à la suite d'un accident de la circulation.

Ses héritiers prétendent n'avoir aucun engagement contractuel à l'égard de M. Yao.


Ils seraient cependant disposés à livrer la marchandise litigieuse, mais au prix de
300 000 Fr la tonne.

M. Yao vient vous consulter pour savoir s'il lui est possible d'obliger les héritiers
de M. Assi à exécuter le montant au prix de 100 000 Fr la tonne. Indiquez-lui en
justifiant la solution juridique.

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Les faits (à résumer)

Le problème de droit : Existe-t-il un contrat entre M. Yao et M. Assi ?

Pour qu'il y ait contrat, il faut l'existence des volontés des parties (consentement)
d'une part (I), et la rencontre des volontés d'autre part (II).

I- L'EXISTENCE DU CONSENTEMENT

Le consentement se manifeste à travers : une offre et une acceptation.

A- L'offre

1- La proposition de M. Assi peut-elle s'analyser en une offre ?

Pour qu'il y ait offre, il faut que la proposition de contracter soit complète et
précise. En d'autres termes, il faut que la proposition contienne suffisamment
d'indications sur les éléments essentiels que sont la chose et le prix. Or, en l'espèce,
le prix n'est pas indiqué ; donc la proposition de M. Assi ne peut être qualifiée
d'offre.

Quid de la contre-proposition de M Yao ?

2- La proposition de M. Yao

M. Yao propose le prix de 100 000 Francs la tonne de blé. Sa proposition contient
des indications sur les éléments essentiels du contrat de vente à savoir : La chose
(blé), et le prix (100.000F / tonne). En l'espèce, l'offre de M. Yao a-t-elle été
acceptée par M. Assi ?

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

B- L'acceptation de l'offre M. Yao

M. Assi n'a pas répondu à l'offre de M. Yao. En principe, le silence de M. Assi, ne


peut s'analyser en une acceptation. Cependant, la jurisprudence admet que le
silence peut valoir acceptation lorsque les parties sont en relation d'affaires
antérieures. Il résulte des faits que les deux parties étaient en relation ; d'où le
silence peut être ici considéré comme une acceptation tacite.

L'offre et l'acceptation ainsi établies, ce sont-elles rencontrées pour former le


contrat ?

II- LA RENCONTRE DES VOLONTES

Il convient de déterminer la date éventuelle de la rencontre des volontés (A) pour


en dégager les conséquences juridiques (B).

A- La date de formation du contrat

M. Assi est en France et M. Yao en Côte d'Ivoire. Les deux parties ne sont donc
pas en face l'un de l'autre pour la négociation du contrat : c'est le contrat dit entre
absents.

Lorsque le contrat est conclu par correspondance comme c'est le cas en l'espèce, on
hésite sur le moment de la conclusion. Deux théories en présence :

1- Les théories qui se contentent de la simple coexistence des volontés : théorie


dite de l'acceptation, ou encore de l'émission :

- Acceptation pure et simple par celui à qui l'offre a été adressée ;

- Acceptation, disent certains, qui doit se manifester d'une certaine façon : soit par
une déclaration quelconque, soit par une expédition (on prend en compte
simplement la date à laquelle la lettre d'acceptation a été postée par l'acceptant).

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2- Les théories qui exigent le concours des volontés : théories dites de la


réception (La théorie réception et celle de l'information)

Controverse doctrinale :

- Réception pure et simple, selon les uns ;

- La théorie dite de l'information : Il faut, disent les autres, que le destinataire de


l'acceptation, c'est-est-à-dire celui qui a exprimé une offre à l'origine, ait été tenu
au courant de la réponse exacte de son correspondant.

(On prend en compte non pas la date de l'émission de l'acceptation par l'acceptant,
mais surtout le jour où l'offrant a reçu et pris contact avec le contenu de la lettre
d'acceptation.

La Cour de Cassation, après plusieurs controverses doctrinales, a opté pour la


théorie de l'émission. Ainsi, le contrat est formé à la date de l'expédition par
l'acceptant, de sa lettre d’acceptation. (On prend en compte simplement la date à
laquelle la lettre d'acceptation a été postée par l'acceptant).

En l’espèce, M. Yao a relancé depuis le 20 décembre 2012 (date d’émission de


l'offre), sa proposition à M. Assi.

Celui-ci n'a pas émis son acceptation. Malheureusement, il décède le 26 octobre


2012, soit plus d'un mois que l'offre lui a été faite. S'agissant d'une acceptation
tacite (silence, mais relations d’affaires antérieures), on peut considérer qu'après un
délai raisonnable (plus d'un mois), l'offrant était en droit de considérer son offre
comme acceptée. Le contrat serait donc formé avant le 26 octobre 2012 (date de
décès de M. Assi). Quels sont alors les effets de ce contrat ?

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B- Les effets du contrat

Le contrat étant formé avant la mort de M. Assi, ses héritiers ne peuvent se


prévaloir de la caducité de l'offre de M Yao. Dès lors, ils sont tenus d'exécuter le
contrat aux conditions acceptées tacitement par le de cujus à savoir 100.000F la
tonne de blé.

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CAS PRATIQUE

Après son succès à l'examen de Maîtrise, Mlle Look a adressé à Ano, voisin de
quartier, une invitation à dîner. Ano accepta aussitôt cette proposition sans aucune
hésitation.

Look qui tenait à faire plaisir à son invité, engagea de nombreuses dépenses
notamment pour l'achat d'un mouton, de plusieurs bouteilles de champagne et de
biens d'autres délices de tables. Mais lorsqu’arriva le jour prévu pour la réception,
Ano fit savoir par téléphone à Look, qu'il ne pouvait participer au dîner. Celle-ci
est désemparée, car elle se trouve toute seule avec les nombreux mets qu'elle a
préparés et pour lesquels elle a déjà dépensé beaucoup d'argent et d'énergie.

Look voudrait intenter une action contre Ano. Éclairez là !

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Ano, après avoir accepté l'invitation à dîner chez Mlle Look, l'a déclinée le jour de
la réception. Mlle Look qui a déjà effectue d'énormes dépenses voudrait poursuivre
Ano en justice. L'acceptation d'invitation à dîner emporte-t-elle naissance d'un
contrat ?

I- L'EXISTENCE D'UN ACCORD DE VOLONTE

De la définition du contrat donné par l'art. 1101 du Code Civil, on admet


traditionnellement aussi bien en doctrine qu'en jurisprudence, que le contrat est un
acte juridique formé par l'accord de deux ou plusieurs volontés individuelles. En
l'espèce, il faut se décider s'il y a eu :

- expression de la volonté des deux parties ;

- si oui, est-ce que ces volontés se sont-elles rencontrées.

La réponse à chacune de ces interrogations fera l'objet de nos sous-divisions.

A- L'expression des volontés individuelles

Pour qu'il y ait contrat, il est nécessaire que chacune des parties exprime sa volonté.
Dans l'affaire qui nous est soumise, cette condition est bien remplie : En effet, Mlle
Look, en invitant son voisin Ano à dîner a clairement exprimé sa volonté. De
même, Ano a expiré la sienne (volonté) lorsqu'il accepte cette invitation à dîner. La
manifestation des volontés individuelles étant insuffisantes pour la naissance des
contrats, aussi, convient-il de se demander si ces deux volontés se sont-elles
rencontrées ?

60
Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

B- La rencontre des volontés individuelles

Le contrat étant un accord de volonté, son existence suppose forcément que celles-
ci se rencontrent. Cela signifie que les parties doivent avoir voulu la même chose,
tant en ce qui concerne la nature de leur futur accord, qu'en ce qui concerne son
objet, ainsi que ses conditions essentielles.

Il ne fait aucun doute qu'Ano et Look s'étaient entendus sur la nature de leur accord,
en l'occurrence une invitation. Pareillement, ils étaient d'accord sur son objet à
savoir le dîner que doit organiser Look à l'honneur d'Ano.

Ce qui reste en revanche moins sûr, c'est de dire ou d'affirmer qu'ils ont entendu
faire naître par cet accord, un rapport juridique.

II- L'ABSENCE DE RAPPORT JURIDIQUE

Cette absence de rapport juridique tient à la nature de l'accord intervenu entre Look
et Ano, qui ne semblent avoir voulu établir entre eux, une véritable obligation
juridique.

A- La nature de l'accord

L'accord conclu par Look et Ano est faut-il le rappeler, une invitation à dîner. Or,
de manière constante et humaine, on admet qu'une telle invitation ne constitue pas
un contrat.

C'est un simple acte de courtoisie ou de complaisance par lequel les parties se


promettent quelque chose, sans véritable intention de s'engager. Il est hors de doute
qu'en l'espèce, Look et Ano ont, en programmant l'invitation à dîner et en
acceptant, n'ont pas voulu contracter l'un envers l'autre. C'est dire qu'ils n'ont pris
aucun engagement au sens juridique du terme.

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B- Défaut d'obligation

Si leur accord n'a pu engendrer d'engagement proprement dit, alors Ano et Look ne
sont tenus d'aucune obligation juridique l'un envers l'autre. Cela veut dire que
chacun d'eux est libre de ne pas tenir à la promesse qu'il a faite à l'autre au moment
de l'invitation.

En conséquence, les parties n'ont nullement l'intention de se reconnaître


mutuellement le fait d'exiger le respect de leurs promesses respectives.

Dès lors, le refus d'Ano de participer au dîner organisé par Mlle Look, au mépris
de son acceptation initiale n'ouvre droit à aucune sanction juridique au profit de
celle-ci.

En d'autres termes, Ano n'engage pas sa responsabilité contractuelle vis-à-vis de


Mlle Look. Il faut donc déconseiller à cette dernière, une action judiciaire en
remboursement de ses dépenses contre Ano. Car cette action a de forte chance
d'être rejetée au fond pour faute d'obligation juridique proprement dite, contractée
par son voisin à son égard.

NB : Cette action peut aboutir en matière de responsabilité civile - responsabilité


morale.

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CAS PRATIQUE

La Société « Tombaz », ayant son siège central à Paris, 65, avenue des Champs-
Elysées, prend contact avec le sieur Cluron demeurant à Lyon, 10, rue de la
Fonderie. Elle a l'intention de lui confier un poste de représentant de commerce
dans le secteur du Sud-Est.

Des échanges de lettres ont lieu entre la société pollicitante et M. Cluron,


bénéficiaire de l'offre.

Le 16 décembre 2011, M. Cluron écrit à la société « Tombaz » qu'il est d'accord


sur les propositions faites et qu'il accepte, en conséquence, le poste de représentant.

Le 18 février 2012, la société « Tombaz » décide de rompre le contrat de


représentation qui l'unit à M. Cluron.

Ce dernier riposte en traduisant la société devant le Conseil des "prud'hommes" de


Lyon. La société « Tombaz » soulève alors l'incompétence de ce tribunal en
prétendant que le Conseil des "prud'hommes" compétent est celui de Paris, et non
celui de Lyon.

Qu'en pensez-vous ? À votre avis, quel est le tribunal compétent ?

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

La question qui est posée est en relation avec celle du moment de la formation du
contrat.

Autrement dit, il s'agit de savoir à quel moment et en quel lieu le contrat de


représentation peut être considéré comme ayant été formé entre la société «
Tombaz » et M. Cluron.

Est-ce le moment où M. Cluron a donné son acceptation ou est-ce celui où cette


acceptation est parvenue entre les mains de la société « Tombaz » ?

Quelle théorie doit-on appliquer ?

Celle de l'émission ou celle de la réception ?

Solution : La Cour de Cassation a pris position dans plusieurs arrêts, concernant la


question précise qui nous est posée, en faveur de la théorie de l'émission.

Ainsi, le contrat est formé à la date et au lieu de l'expédition par l'acceptant, de sa


lettre d'acceptation. (On prend en compte simplement la date à laquelle la lettre
d'acceptation a été postée par l'acceptant).

Date : date d'expédition par M. Cluron de son acceptation : Le 16 décembre 2011

Tribunal compétent : Lieu d'expédition de la lettre d'acceptation : Lyon.

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CAS PRATIQUE

M. Hitier engage des pourparlers avec M. Bistre, au sujet de la vente d'un fonds de
commerce.

À un moment donné, M. Hitier fait une offre précise à M. Bistre. Il lui envoie une
lettre en date du 17 janvier 2012 et l'adresse à son domicile : 3 rue Georges-Mandel
à Bordeaux.

Le 28 janvier 2012, M. Hitier envoie à M. Bistre un télégramme, posté à Paris, où


il lui indique qu'il retire son offre.

M. Bistre assigne M. Hitier devant le tribunal de commerce de Bordeaux, en


soutenant que M. Hitier devait maintenir son offre pendant un délai raisonnable.
Que pensez-vous des prétentions de M. Bistre ?

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Il est certain que surtout lorsqu'il s'agit d'une affaire commerciale, l'offre doit être
maintenue pondant un certain temps, selon les usages du commerce. Mais on peut
répondre ici à M. Bistre que, dans son cas, il ne s'agit pas de rapports entre deux
commerçants. D'autre part, seul le juge pourra dire ce qu'il faut entendre
exactement par « délai raisonnable ». Ce qui laisse planer un doute sur le son de
l'action exercée par M. Bistre, puisque du 17 janvier 2012 au 28 janvier 2012, cela
fait 11 jours. Ce délai de retrait peut être considéré comme raisonnable par le juge.

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CAS PRATIQUE

M. Héric, courtier en vins, a écrit le 30 octobre 2012 au Président de la cave


coopérative de Génissac pour lui demander s'il est vendeur de tout ou partie de sa
récolte de vin et, dans l'affirmative quelles sont ses conditions de prix et de
livraison, ainsi que la quantité approximative de la récolte.

Le 31 octobre, le Président de la coopérative, qui connaît d'ailleurs fort bien M.


Heric, avec lequel il a traité à différentes reprises, lui a répondu qu'il est
effectivement vendeur de sa récolte estimée à environ 30 000 hectolitres au prix de
X. ....F CFA, l'hectolitre de vin courant titrant 10°.

Le 2 novembre, M. Héric a écrit de nouveau lui indiquant qu'il avait noté le prix
qu'il voudrait bien s'entendre avec lui le surlendemain. Effectivement, une
conversation eut lieu ce jour-là, ce que les deux parties reconnaissent.

Le 6 novembre, le Président de la coopérative a envoyé à Héric, le télégramme


suivant : « Maintenons prix et conditions ».

Le 7 novembre, M. Héric a envoyé un télégramme dans la matinée en indiquant


qu'il serait le lendemain à Génissac pour signer le contrat. Que pensez-vous des
conditions de ce marché ?

1- Y a-t-il eu ou non offre de la part de la coopérative ?

2- Dans l'affirmative, peut-on considérer que le contrat a été formé par suite
de l'acceptation de M. Heric de cette offre ?

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

La difficulté provient du fait que la coopérative n'a pas fait le premier pas. Son
intervention, dans cette affaire a été provoquée par la démarche du courtier.

I- PEUT-ON DIRE QU'IL Y A VRAIMENT OFFRE DE LA PART DE LA


COOPERATIVE ?

Les circonstances exposées plus haut permettent d'affirmer qu'il y a vraiment eu


offre : le fait tout d'abord que le courtier était en relations d'affaires avec la
coopérative, les précisions contenues dans la réponse du 31 octobre et en
particulier celles données par la quantité et le prix de la marchandise ainsi que
l'affirmation que le Président de la coopérative, était bien, vendeur.

Les discussions qui ont eu lieu ensuite et surtout le télégramme du 6 novembre ;


enfin, le 7 novembre, le télégramme envoyé par M. Héric.

II- L'OFFRE A-T-ELLE OU NON ETE ACCEPTEE ET LE CONTRAT A-T-


IL ETE FORME ?

L'offre a bien été acceptée, mais peut-on en déduire que le contrat a été formé ? Il
s'agit d'un contrat entre absents, dénommé contrat par correspondance. Ainsi, deux
conceptions s'affrontent :

1- Les uns estiment que la simple coexistence des volontés suffit

Pour ceux-ci, dans cette affaire, le contrat sera formé à partir du moment où M.
Héric a rédigé son télégramme et l'a expédié (théorie de l'émission).

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

2- Les autres exigent le concours des volontés.

Pour ceux-là, le contrat ne se serait formé qu'à partir du moment où le Président de


la coopérative a reçu ce télégramme et peut-être même à partir du moment où il en
a pris connaissance (théorie de la réception).

La question est d'autant plus délicate qu'entre le moment où le télégramme a été


envoyé et sa réception par le Président de la coopérative, ce dernier avait déjà
traité avec un autre courtier, sans toutefois rétracter l'offre faite à M. Héric.

Solution : Si l'on tient compte de la jurisprudence la plus récente, en particulier des


derniers arrêts rendus par la Cour de Cassation, la simple coexistence des volontés
(théorie de l'émission) suffit.

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CAS PRATIQUE

M. Yao consent à son locataire, promesse de vente portant sur les immeubles
faisant l'objet du bail. La vente sera réalisée par acte authentique dès que M.
Kouadio en fera la demande. Il devra toutefois manifester sa volonté d'acheter au
plus tard le 31 janvier 2013. La promesse précise que le prix de vente s'élève à 25
000 000 de Francs CFA et prévoit des modalités de paiement.

Le 31 janvier 2013, M. Kouadio expédie de la poste de son lieu de résidence, une


lettre adressée à M. Yao. Dans cette lettre, il se déclare prêt à acheter les
immeubles aux conditions prévues, mais se réserve le droit de se substituer un
autre acquéreur.

Cette lettre dont le cachet de la poste indique "31-01-2013", est reçue par M. Yao,
le 10 février 2013.

M. Yao refuse de considérer la vente comme conclue.

M. Kouudio vient alors vous consulter. Il souhaiterait savoir s'il peut


contraindre M. Yao à signer l'acte de vente.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

M. Yao a consenti une promesse de vente à son locataire. Les conditions détaillées
de la vente ont été fixées et M. Kouadio avait jusqu'au 31 janvier 2013 pour lever
l'option. M. Kouadio envoie en temps utile, sa lettre par laquelle il manifeste sa
volonté de lever l'option, mais avec réserve. Laquelle lettre parvient au promettant
hors délai.

Il refuse alors de se considérer comme lié. M. Kouadio peut-il contraindre M. Yao


à signer l'acte de vente ?

1er Problème : La réserve non envisagée initialement par les parties rend-elle
la levée de l'option sans effet ?

2e Problème : La lettre de levée d'option ayant été reçue par le promettant


après l'expiration de la levée d'option, le contrat a-t-il pu se former ?

I- LA RESERVE NON ENVISAGEE INITIALEMENT PAR LES PARTIES


REND-ELLE LA LEVEE DE L'OPTION SANS EFFET ?

En principe, la levée de l'option tout comme l'acceptation, assortie d'une réserve


n'en vaut pas une. Il s'agirait plutôt d'un refus de la proposition ou de la promesse,
plus une nouvelle proposition ou une contre proposition en la matière.

Les juges du fond ont un pouvoir souverain d'appréciation tenant compte de


l'intuitu personae dans les contrats : si la promesse a été faite en considération de la
personne, la réserve rend inefficace la levée de l'option. Si tel était le cas en
l'espèce, la levée de l'option faite par M. Kouadio est sans effet. Yao n'étant pas lié.

Par contre, si la promesse a été faite sans aucune considération de la personne, la


levée de l'option faite est valable et dans ce cas, M. Kouadio pourra condamner M.
Yao le promettant à signer l'acte de vente.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

Il se pose cependant, un problème concernant la date de la réception de la lettre de


levée de l'option par le promenant, celle-ci étant parvenue après l'expiration du
délai d'option. Ceci pose le problème de la date de conclusion des contrats par
correspondance.

II- LE CONTRAT EST-IL CONCLU ALORS QUE LA LETTRE EST


PARVENUE AU PROMETTANT APRES L'EXPIRATION DU DELAI
D'OPTION ?

Un contrat est réputé conclu dès lors que les volontés des contractants se sont
rencontrées. Mais, une controverse est apparue à propos de la date ou du moment
de la conclusion des contrats par correspondance.

Plusieurs solutions ont été défendues et la jurisprudence a dû se prononcer.

Deux théories sont en présence :

1- La théorie de l'émission

a- Le système de la déclaration

Système dans lequel le bénéficiaire de la promesse manifeste par écrit, sa volonté


de lever l'option. Mais, il se pourrait que le bénéficiaire ne se dessaisisse pas de
cette volonté exprimée. Aussi a-t-on prévu le système de l'expédition.

b- Le système de l'expédition

Dans ce cas, le bénéficiaire de la promesse rend sa volonté irrévocable en


expédiant sa lettre. L'intérêt de cette théorie est que la date de l'expédition pourra
se prouver par le cachet de la poste.

En appliquant cette théorie au cas d'espèce, on peut enfin affirmer que le contrat
ayant été conclu le 31 janvier, M. Yao est par conséquent lié.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

2- La théorie de la réception

Cette théorie, quant à elle, contient :

a- Le système de la réception

Dans ce cas, le promettant reçoit la lettre contenant la manifestation de volonté du


bénéficiaire. Mais il peut arriver qu'il n'en prenne pas connaissance, d'où le
développement du système de l'information.

b- Le système de l'information

C'est le système par lequel le promettant prend effectivement connaissance du


contenu de la lettre. En appliquant cette théorie à l'espèce, le contrat a été conclu
hors du délai prévu au moment de la promesse. Le contrat n'étant pas conclu, M.
Yao pourra considérer qu'il n'est pas lié.

3- La position du droit positif

Pour déterminer le moment de formation du contrat par correspondance, la


jurisprudence a varié dans les positions : La Cour de Cassation, après avoir penché
pour la théorie de l'émission, avait laissé la solution à l'appréciation des Juges du
fond, en fonction de la volonté le plus souvent tacite des parties.

Mais en 1981, la Cour de Cassation en sa Chambre Commerciale s'est prononcée


nettement en faveur de théorie de l'émission, sauf stipulation contraire.

Par conséquent, nous pouvons dire qu'en l'espèce, le contrat est conclu. La
manifestation de volonté étant intervenue dans le délai prévu.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

Ben, vendeur de tissus reçoit depuis 2010, des pagnes en coton d'un fournisseur
hollandais, M. Van Buck, et ceci à raison d'une livraison par trimestre. Chaque fois,
M. Ben précise par lettre, la quantité dont il a besoin. Or, le dernier arrivage
comporte des lots défectueux et M. Ben décide de ne plus passer de nouvelles
commandes à son fournisseur habituel.

Trois mois s'écoulent au cours desquels notre commerçant réussit à trouver un


autre fournisseur. Mais la semaine dernière, M. Ben envoie une lettre à Van Buck
où il lui écrit en substance qu'il ne recevra pas le dernier lot de pagne, mais qu'il
accepte de recevoir les robes au prix proposé.

Cinq jours après avoir posté la lettre, M. Ben réalise qu'il n'aurait pas dû accepter
l'offre de lot de robes (qui n'est pas encore arrivé).

Désemparé, il vient vous voir. Peut-il valablement renvoyer le dernier lot de


pagnes sans les payer ? Peut-il encore annuler la commande du lot de robes ?

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

Deux problèmes :

- Le silence dans la formation du contrat ;

- Le moment de la formation du contrat.

I- LE SILENCE DANS LA FORMATION DU CONTRAT

A- La solution de principe

Le silence ne vaut pas acceptation parce que le silence est équivoque. En


appliquant cette solution de principe, en l'espèce, le silence (de trois mois) gardé
par M. Ben ne vaut pas acceptation des marchandises livrées par M. Van Buck ; M.
Ben peut valablement le renvoyer à son fournisseur, bien entendu sans payer le
prix. Cette solution de principe connaît des exceptions. Il convient de voir si notre
espèce rentre dans l'une d'elles.

B- Les exceptions au principe

Deux types d'exceptions sont retenus : Des exceptions légales et des exceptions
jurisprudentielles.

C'est cette dernière exception qui nous intéresse ici, notamment les exceptions
tirées de l'acte des relations d'affaires continue entre les parties. Dans une telle
hypothèse, la jurisprudence tient compte du silence gardé par le destinataire des
marchandises envoyées à la fin des termes prévus pour les mêmes quantités et
qualités desdites marchandises. Bien que dans notre cas d'espèce, ces conditions ne
sont pas précisées, il faut déduire de la non contestation de ces conditions par Ben,

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

que les marchandises envoyées par son fournisseur correspondent aux conditions
habituelles. En l'espèce, le silence gardé par Ben vaut acceptation de la dernière
livraison de pagne, d'autant plus qu'ils sont en relation d'affaires depuis une
douzaine d'années.

Dès lors, Ben ne peut valablement retourner les marchandises (puisque le contrat
est formé), sans engager sa responsabilité contractuelle. Il est tenu de payer le prix.

II- LE MOMENT DE LA FORMATION DU CONTRAT

Le problème du moment de la formation du contrat se pose lorsque l'offrant et le


destinataire de l'offre sont en des lieux différents. On parle alors de contrat entre
absents dont le type même est le contrat par correspondance. Du fait que Ben,
après acceptation de l'offre veut rétracter celle-ci, il se pose le problème de savoir :
À quel moment le contrat s'est formé ? Et s'il peut par conséquent se rétracter ou
non ? Pour répondre à cette question, des critères ont été dégages par la
jurisprudence.

A- Critère de détermination de la date de formation du contrat

Deux critères ont été en définitive retenus par la jurisprudence :

1- la théorie de l'émission

a- Déclaration

b- Expédition

2- La théorie de la réception

a- Réception

b- information

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

La Cour de cassation, Chambre commerciale (1981) a opté pour la prévalence, la


théorie de l'émission.

B- La solution d'espèce

Par application de la jurisprudence mentionnée, donc de la théorie de l'émission, le


contrat de vente de robes entre Van Buck et M. Ben est conclu à la date de
l'expédition de la lettre d'acceptation de Ben. En d'autres termes, le contrat est
formé, il y a de cela cinq jours par rapport à la date où M. Ben veut se rétracter.
Ben ne peut annuler la commande des robes.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

En date du 16 novembre 2009, M. Ratou consent la vente de sa villa sis à Abobo et


construite en 2008 par l'entreprise RATCO, au sieur Toura pour une valeur de 10
000 000 de F CFA. Il avait été convenu que M. Toura avait jusqu'au 15 janvier
2010 pour lever l'option.

Informé de cette opération en vue, M. Jaloux prend contact avec Ratou le 30


novembre 2009 et lui fait croire que celui à qui il veut vendre sa villa est un
mauvais payeur et qu'il aurait par conséquent intérêt à réfléchir par deux fois avant
de lui céder sa villa qu'au surplus, lui-même était prêt à acheter la même Villa
immédiatement au prix de 12.000.000 Frs.

Face à de tels arguments, M. Ratou se laisse convaincre et cède sa villa le 15


décembre au sieur Jalou. Le 14 janvier 2010, M. Toura saisit M. Ratou pour lui
dire qu'il lève l'option et se tient à sa disposition pour l'accomplissement des
formalités que nécessite la cession d'un immeuble.

M. Ratou lui explique que la Villa a été cédée au sieur Jaloux.

M. Toura souhaite obtenir réparation du préjudice subi par lui du fait de la


non réalisation du projet et vient vous consulter.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

M. Ratou consent le 16 novembre 2009, une promesse unilatérale de vente de sa


villa construite en 2008 par l'entreprise RATCO au profit du sieur Toura. Avant la
date prévue pour la levée de l'option par Toura, M. Ratou trompé par le sieur
Jaloux sur la solvabilité du sieur Toura lui vend la villa au prix de 12 000 000 F
CFA. Toura ayant appris au moment de la levée de l'option que l'immeuble a été
cédé à un tiers, le sieur Jaloux, il souhaite avoir des dommages et intérêts pour
préjudice subit.

Le problème juridique : Le bénéficiaire d'une promesse de vente peut-il obtenir


réparation du préjudice subi du fait de la vente de la chose à un tiers avant
l'expiration du délai pour la levée de l'option.

La réparation du préjudice subit par le bénéficiaire de la promesse unilatérale peut


être demandée :

- Tant au promettant Ratou ;

- Qu'au tiers acquéreur de la villa, Jaloux.

I- LA REPARATION PAR LE PROMETTANT RATOU

La promesse unilatérale de vente est un avant contrat par lequel une personne (le
promettant), s'engage à vendre une chose déterminée à un prix fixe à une autre
personne (le bénéficiaire), si celui-ci lève l'option d'acheter dans un certain délai.

Il naît de ce contrat unilatéral, l'obligation par le promettant de ne pas vendre


l'objet de la promesse à un tiers autre que le bénéficiaire avant l'expiration du délai
impartit pour la levée de l'option.

M. Ratou promettant, en ne respectant pas cette obligation par la cession de la


maison au tiers Jaloux commet une faute contractuelle à l'égard du bénéficiaire de
la promesse, M. Toura, puisque celui-ci estime avoir subi un préjudice du fait de
l'inexécution de l'obligation de Ratou. Ce dernier lui doit réparation sous forme de
dommages intérêts.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

II- LA REPARATION PAR LE TIERS ACQUEREUR JALOUX

Bien que le contrat ne produise ses effets obligatoires qu'à l'égard des parties
contractantes en vertu du principe de l'effet relatif des contrats, le contrat en tant
que fait social et juridique, est opposable aux tiers

Ceux-ci sont donc tenus de le respecter et ne doivent rien faire pour s'opposer à
l'exécution des obligations qui en résultent ou participer par leur fait et faute, à son
inexécution. En l'espèce, M. Jaloux, tiers à la promesse unilatérale de contrat et
complice de l'inexécution de l'obligation de M. Ratou engage sa responsabilité
délictuelle vis-à-vis du créancier M. Toura. Il en résulte que Jaloux sera condamné
avec Ratou, en réparation du dommage subit par le sieur Toura.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

Monsieur Iks, riche propriétaire immobilier, s'était enrichi en s'emparant d'une


cargaison entière de drogue par l'élimination physique de l'une de ses relations
d'affaires. Mis au courant de ce forfait par ses informations, le sieur Igrec homme
d'affaires peu scrupuleux, faute de le dénoncer pour meurtre, lui impose le rachat le
15 février 2012 de son château familial (appartenant à Iks), immeuble auquel il
tenait par-dessus tout. Igrec emprunte pour ce faire, l'argent nécessaire à une
banque en présentant comme caution Zed, une de ses relations d'affaires à présent
ruinée. Usant de ses relations pour convaincre la banque de la solvabilité de Zed,
Igrec fournit de connivence avec sa caution, un dossier comptable falsifié.

Le 10 février 2012, Iks meurt, faisant de son fils aîné Jean, l'héritier gérant de
toutes ses affaires. Jean Iks est alors informé par l'homme de confiance de son père,
de tout ce qui s'est passé.

Il décide de saisir la justice en nullité du contrat de vente d'immeuble. Au cours


des enquêtes judiciaires, les autorités bancaires découvrent à leur tour, le 13 mars
2012, la nullité de l'acte de cautionnement.

Les différentes actions des demandeurs ont-elles des chances d'aboutir ?

80
Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

La formation des actes juridiques est souvent entachée de nombreuses irrégularités,


notamment de vices de consentement. Dans le cas qui nous est soumis, Monsieur
Iks s'est illicitement enrichi. Monsieur Igrec, au courant de cette affaire lui impose
contre son gré, la conclusion d'un contrat de vente portant sur son château.
(Château appartenant à Iks)

Igrec, pour acheter le château, emprunte de l'argent à une banque en présentant


comme caution, Zed ruiné.

Pour convaincre la banque de la solvabilité de Zed, il fournit avec la complicité de


ce dentier, un dossier comptable falsifié. Informés des actes de Igrec, Monsieur
Jean Iks, héritier de Iks et la banque veulent actionner ce dernier en justice.

De l'analyse des faits, il ressort deux problèmes : l'un relatif à la violence de


Monsieur Iks contre Monsieur Igrec (I), l'autre relatif au dol de Monsieur Igrec à
l'égard de la banque (II).

I- JEAN IKS PEUT-IL OBTENIR LA NULLITE DU CONTRAT POUR


VIOLENCE ?

Il ressort des faits que Monsieur Igrec " impose " le rachat de l'appartenant de Iks,
immeuble auquel ce dernier tenait par-dessus tout. Igrec a donc contraint Iks à
conclure le contrat de vente. Juridiquement, il s'agit d'une violence qui se définit
comme la pression exercée contre une personne raisonnable, quand celle-ci lui
inspire une crainte d'exposer sa personne ou sa fortune à un mal considérable et
présent. Il ressort de cette définition, deux éléments pour qu'il y ait violence. Elle
doit être déterminante (A) et illégitime (B).

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

A- La violence doit être déterminante

La violence est déterminante puisque sans elle, la victime n'aurait pas contracté. En
l'espèce, il ne fait aucun doute qu'Iks n'aurait pas conclu le contrat de vente, s'il
n'avait pas craint d'être dénoncé par Igrec.

B- La violence doit être illégitime

La violence est illégitime lorsqu'elle est non fondée en droit. En l'espèce, la


violence exercée par Igrec est-elle non fondée en droit ?

Monsieur Igrec, même si cela ne transparaît pas dans le cas, pourrait menacer Iks
de dénonciation. En principe, menacer de dénoncer quelqu'un qui a commis une
infraction est légalement justifié. Mais, pour que la menace d'exercer un droit soit
considérée comme légitime, encore faut-il que rien ne puisse être reproché à
l'auteur de la menace.

Cela implique que la voie de droit qu'on prétend exercer doit avoir un caractère
régulier et non vexatoire. De plus, elle doit menacer d’exercer une voie de droit qui
a un rapport direct avec le contrat qu’elle cherche à conclure. En l'espèce, la voie
de droit n'est pas correcte, car elle visait à intimider principalement Iks pour
l'amener à conclure le contrat. En outre, l'achat du château n'est pas en rapport avec
l'exercice de la voie de droit. Jean Iks peut obtenir la nullité du contrat pour
violence.

Il doit pour se faire, exercer son action dans les dix années qui suivent la cessation
de la violence.

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II- LA BANQUE PEUT-ELLE OBTENIR LA NULLITE DE L'ACTE DE


CAUTIONNEMENT POUR DOL ?

Il ressort des faits qu'Igrec a trompé la banque pour l'amener à conclure le contrat
de cautionnement.

Juridiquement, il s'agit d'un dol qui se définit comme toute manœuvre ou artifice
dans le but d'induire une personne en erreur pour l'amener à conclure un contrat
désavantageux. Pour répondre à la préoccupation de la banque, il faut rechercher
les éléments constitutifs de dol et voir s'ils ont un caractère opérant.

A- Les éléments constitutifs du dol

Il s'agit d'un élément matériel et d'un élément intentionnel.

1- L'élément matériel

En l'espèce, le sieur Igrec a usé de manœuvres et d'artifices. Il a produit un dossier


falsifié qui ne correspond pas à la réalité. La réalité est que Zed est ruiné et par
conséquent insolvable.

2- L'élément intentionnel

Les manœuvres et les artifices d'Igrec doivent être faites dans l'intention de
tromper la banque. L'intention est donc la volonté manifeste et manifestée d'induire
son cocontractant en erreur. Il ne fait point de doute en l'espèce que Igrec a fourni
un dossier falsifié pour amener la banque à conclure le contrat de cautionnement.

En plus des éléments constitutifs du dol, celui-ci doit être déterminant et émaner du
cocontractant de la victime.

83
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B- Les caractères du dol opérant

1- Le dol doit être déterminant

Cela veut dire que sans le dol, la victime n'aurait pas conclut le contrat ou l'aurait
fait à des conditions plus avantageuses. En l'espèce sans le dol, la banque n'aurait
en aucun cas, accepté la caution sachant que Zed est insolvable.

2- Le dol doit émaner du cocontractant de la victime

En l'espèce, nous sommes en présence d'un contrat de cautionnement par lequel


une personne s'engage à l'égard d'une autre au cas où une tierce personne
généralement le débiteur principal se révèle insolvable. Le débiteur principal qui
est un tiers au contrat est en l'espèce Igrec.

Or, nous savons qu'en matière de dol, le dol d'un tiers n'entraîne pas la nullité d'un
contrat. Donc, en principe, la banque ne peut pas obtenir la nullité de l'acte de
cautionnement.

Mais, ce principe souffre d'exception, car le dol d'un tiers peut entraîner la nullité
de la convention si ce tiers est complice du débiteur principal.

En conclusion, la banque peut obtenir la nullité de l'acte, car Igrec était de


connivence avec Zed.

La banque a dix ans pour agir en nullité de la convention.

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CAS PRATIQUE

Le 31 décembre 2009, M. Kouassi promet de vendre son terrain à une dame, suite
à des menaces et sous la contrainte de le dénoncer pour exercice illégal de la
profession de commerçant.

Cette promesse est-elle valable ?

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

La nullité pour violence.

Les conditions d'une annulation pour violence sont-elles réunies ?

Caractères de la violence (I) ; délai de prescription de l'action (II).

I- LES CARACTÈRES DE LA VIOLENCE

Deux caractères sont à prendre en compte :

- le caractère déterminant de la violence ;

- le caractère illégitime de la violence.

A- La violence a-t-elle été déterminante ?

La menace d'une condamnation à une peine d'emprisonnement, et même celle


d'une interdiction d'exercer la profession de commerçant sont graves et paressent
avoir déterminé le consentement du promettant.

B- La violence est-elle illégitime ?

La menace d'exercer un droit (comme c'est le cas en l'espèce), bien que non prévue
expressément par un texte, a depuis fort longtemps été admise par la jurisprudence,
comme un cas de violence légitime. Mais, pour que la menace d'exercer un droit
soit considérée comme légitime, encore faut-il que rien ne puisse être reproché à
l'auteur de la menace. Cela implique que la voie de droit qu'on prétend exercer doit
avoir un caractère régulier et non vexatoire.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

De plus, elle doit menacer d'exercer une voie de droit qui a un rapport direct avec
le contrat qu'elle cherche à conclure (ce qui est loin d'être le cas en l'espèce).

Bien que ce soit une question laissée à l'appréciation souveraine des juges du fond,
on peut considérer que la violence ici est illégitime.

II- LE DELAI DE PRESCRIPTION

A- La nullité pour violence est une nullité relative (expliquer).

B- Le délai de prescription de l'action en nullité est de 10 ans

En l'espèce, le délai de prescription de l'action en nullité n'est pas encore écoulé.

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CAS PRATIQUE

Le 25 mars 2012, M. Belvez a vendu aux époux Jean, une propriété dénommée "
La Boucherie " sans indication de sa contenance à 50.000 francs.

D'après les indications données par M. Belvez aux deux agences chargées de la
vente, cette propriété avait une superficie de 8.500 m2, alors qu'en réalité, il n'y
avait que 4.875 m2 au plus.

D'autre part, les époux Jean avaient procédé à cette acquisition dans le but unique
connu du vendeur, de revendre la propriété après l'avoir morcelée.

Pensez-vous que le contrat puisse être annulé pour erreur sur la substance au
sens de l'article 1110 du Code civil ?

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CORRECTION DE CAS PRATIQUE

INTRODUCTION

I- L'ERREUR SUR LA SUBSTANCE

En l'espèce, le défaut de contenance rend bien la propriété de "La Boucherie"


impropre à la destination en vue de laquelle elle est acquise.

Il s'agit de savoir si l'erreur sur la contenance constitue précisément une erreur sur
les qualités substantielles de la chose.

La contenance constitue bien surtout dans ce cas particulier, une qualité


substantielle de l'objet du contrat, étant donné que les époux ont acheté "La
Boucherie" dans le but unique de la revendre après l'avoir morcelée.

II- L'ERREUR DOIT ETRE COMMUNE ET EXCUSABLE

1- L'erreur commune : En effet, M. Belvez ayant été tenu au courant des intentions
des époux Jean, savait que pour ces derniers, la contenance était une condition
essentielle du contrat (chose que normalement, il aurait pu ignorer).

Il reste à écarter du débat, l'article 1619 du Code Civil. En effet, selon ce texte, le
défaut de contenance d'un immeuble ne semble pouvoir donner lieu qu'à une
diminution du prix, lorsque la différence en moins, excède 1/20e ; ce qui est ici le
cas.

Mais à cela, on peut répondre que par application de l'article 1110 C.Civ, il en va
autrement lorsque ce défaut de contenance rend le bien acquis impropre à la
destination en vue de laquelle la vente a été réalisée.

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2- L’erreur excusable

L'erreur est excusable quand elle n'a pas été commise avec légèreté ou par
négligence.

Lorsqu'elle a été commise par légèreté, on considère que l'erreur n'est pas
excusable, et sa victime n'est pas protégée par la loi et le contrat demeure valable.
L'exemple type de l'erreur non excusable est l'erreur sur les simples mobiles
personnels ayant conduit l'une des parties à s'engager.

La contenance constitue bien surtout dans ce cas particulier, une qualité


substantielle de l'objet du contrat étant donné que les époux ont acheté "La
boucherie" dans le but unique de la revendre après l'avoir morcelée.

Dans notre espèce, en n'informant pas réellement l'acheteur sur la contenance, M.


Belvez a commis une erreur non excusable, alors qu'il avait été tenu au courant des
intentions des époux Jean.

L'erreur étant commune et inexcusable, le contrat peut être annulé pour erreur sur
la substance au sens de l'article 1110 du Code Civil.

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CAS PRATIQUE

La société commerciale TOCOA exploitant un magasin de libre-service a acheté à


la société VAPRIM une calculatrice électronique au prix convenu de 8 122 508 F
CFA dont la moitié devait être payée le 27 novembre 2012, le solde devant être au
mois de février suivant.

La première moitié a été payée, sans difficulté par la société TOCOA. Mais, celle-
ci refuse de régler l'autre moitié lorsque vient l'échéance, quelques mois plus tard.

Elle évoque que l'appareil ne répond plus à ses besoins (avec l'évolution de la
situation, elle n'en n'avait plus besoin ; son problème de gestion étant différent).

La société VAPRIM peut-elle contraindre la société TOCOA à effectuer le


deuxième versement ?

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Introduction

Problème de droit : L'acheteur peut-il refuser le paiement de l'autre moitié du prix


après s'être trompé sur l'évolution de ses besoins en gestion ?

D'emblée, l'acheteur peut-il obtenir l'annulation du contrat pour erreur ?

Pour répondre à cette question, nous allons vérifier l'existence de l'erreur de


l'acheteur et voir si l'erreur n'est pas différente.

I- L'EXISTENCE DE L'ERREUR DE L'ACHETEUR

A- L'appréciation inexacte de la réalité de l'erreur par l'auteur

On démontre que l'acheteur s'est trompé sur l'évaluation de ses besoins par rapport
au futur. Une mauvaise appréciation de la réalité, donc c'est une erreur.

B- La gravité de l'erreur

L'erreur est grave lorsque sans cette erreur, l'autre contractant qui s'est trompé
n'aurait pas consentit à la conclusion du contrat. L'erreur grave est l'erreur
déterminante de la volonté de la victime. En l'espèce, l'erreur est-elle grave ?

Oui, car si elle savait que l'appareil ne répondait plus à ses besoins, elle n'aurait pas
acheté cette marchandise.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

II- L'ERREUR NE DOIT PAS ETRE INDIFFERENTE

A- L'erreur doit porter sur les éléments de l'article 1110 du Code Civil.

Au terme de cette disposition, l'erreur pour entraîner l'annulation du contrat en tant


que vice du consentement doit porter sur la personne du contrat. On déduit que
l'erreur sur un motif déterminant autre que ceux visés par l'article 1110 du C. Civ,
est indifférente à la validité du contrat.

Ex : L'erreur sur les simples mobiles personnels ayant déterminé le


consentement de l'autre.

Or, dans notre espèce, l'erreur de la société TOCOA a porté sur ses besoins
personnels. Cette solution est consacrée par la jurisprudence dominante qui décide
que l'erreur sur les motifs déterminés n'est pas une cause de nullité du contrat.

En attaquant la solution de notre espèce, nous pouvons dire que l'erreur sur les
motifs déterminant commises par la société TOCOA, ne saurait invalider la vente
la vente de la calculatrice.

Le contrat étant valable, la société TOCOA doit payer l'autre moitié du prix à la
société VAPRIM. En cas de refus d'exécution volontaire, la société VAPRIM peut
obtenir du Tribunal, une décision de condamnation à un paiement forcé.

B- L'erreur doit être commune et excusable

1- L'erreur commune

L'erreur n'est pas commune lorsque la qualité substantielle ou les motifs


déterminants, autres que ceux visés par l'article 1110 du C.Civ ne sont pas portés
à la connaissance du cocontractant de celui qui s'est tromper.

Dans notre espèce, la société TOCOA qui a acheté la calculatrice litigieuse l'avait
fait en considération de l'évolution de ses besoins de gestion, lesquels n'ont pas été
portés à la connaissance du vendeur.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

Ce motif déterminant n'est pas entré dans le champ contractuel ; et l'erreur


commise par l'acheteur n'est pas commune. L'acheteur est donc tenu de payer le
prix (l'autre moitié). À défaut, il sera contraint par la voie judiciaire.

2- L'erreur doit être excusable

L'erreur est excusable quand elle n'a pas été commise avec légèreté ou par
négligence. Lorsqu'elle a été commise par légèreté, on considère que l'erreur n'est
pas excusable, et sa victime n'est pas protégée par la loi. Aussi, le contrat demeure
valable. L'exemple type de l'erreur non-excusable est l'erreur sur les simples
mobiles personnels ayant conduit l'une des parties à s'engager.

En l'espèce, en n'informant pas le vendeur sur l'évolution de ses besoins en gestion,


le gérant de la société TOCOA fait preuve de négligence. Ainsi, l'erreur qu'il a
commise est une erreur inexcusable qui n'a aucune influence sur la validité de la
machine.

Celle-ci étant valide, la société TOCOA doit payer l'autre moitié du prix. En cas de
refus, elle sera contrainte par la justice.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

Une personne X promet à une autre Y de lui vendre sa voiture quand elle achètera
une autre.

Ayant signé avec le vendeur pour la nouvelle voiture, X meurt dans un accident de
la route. Son fils Z décide de vendre l'ancienne voiture à son ami.

Le peut-il valablement ?

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Le problème qui se pose ici est relatif à la caducité d'une promesse unilatérale de
vente par le décès du promettant. Si en principe la mort de l'offrant rend l'offre
caduque, le décès du promettant ne rend pas la promesse unilatérale de vente
caduque, car en faisant la promesse, le promettant prend un engagement
contractuel d'ores et déjà né.

À son décès, cette obligation se transmet à ses héritiers qui sont à leur tour tenu de
l'exécuter.

En l'espèce, en promettant à Y de lui vendre sa voiture au cas où il en achèterait


une autre, X fait une promesse unilatérale de vente. Il a donc à l'égard de Y,
l'obligation de lui céder sa voiture. À sa mort, cette obligation est passée à son fils
Z qui est tenu de l'honorer.

En conséquence, Z ne peut donc prétendre être délié de son engagement du fait du


décès de son père. Il doit conclure avec Y et ne peut donc vendre la voiture à son
ami.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

X de Bouaké passe le 10/06/2011 dans un journal local, l'annonce suivante : «Vend


maison grand standing, 4 pièces, 10.000.000 F CFA ; offre valable pendant 7 jours
». Le 15/06/2011, Y écrit à X. La lettre est reçue le 18/06/2011 et X découvre que
Y souhaiterait acheter la maison à 9.000.000 F CFA.

Peut-on considérer le contrat comme conclu ?

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Pour cet exercice, le problème de droit est celui de l'acceptation avec réserves. En
principe, en droit contractuel, l'acceptation n'est valable que si l'acceptant accepte
les conditions de l'offre sans réserves.

En cas de réserves sur l'une des conditions, il n'y a pas acceptation, mais
expression d’une nouvelle offre.

Cette mutation ne se produit que si la réserve constitue un élément essentiel de


l'offre. Dans ce cas l'acceptant initial devient un nouvel offrant et l’offrant initial,
le nouvel acceptant. Et il n'y a pas encore formation du contrat envisagé.

En l'espèce, X l'offrant affecte une offre précise à Y. Mais ce dernier a remis en


cause, un élément essentiel de l'offre, c'est-à-dire qu'il a remis en cause le prix de la
chose proposée en vente. Cette situation change Y en nouvel offrant et X en nouvel
acceptant. Le contrat en cours n'est donc pas juridiquement formé.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

X présente son véhicule comme étant en très bon état. Y, mécanicien très
expérimenté, l'achète. Après essai, il découvre quelque temps après que le véhicule
ne fonctionne pas correctement.

Peut-il obtenir la nullité de l'achat ?

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Le cas pratique fait penser à une hypothèse d'erreur. Y achète la voiture en espérant
pouvoir s'en servir bon état. Or, celle-ci se révèle défectueuse. Y s'est donc mal
représenté la réalité sur l'état de la voiture. Il y a donc nullité pour erreur.

Trois (3) conditions doivent être remplies pour que l'erreur puisse conduire à
la nullité de l'achat :

1- L'erreur doit être grave et déterminante, c'est-à-dire qu'elle doit porter sur
une qualité essentielle de la chose, objet du contrat (substance), de sorte que sans
elle, Y n'aurait pas contracté.

2- L'erreur doit être excusable.

C'est-à-dire que l'erreur doit être pardonnable. Celui qui commet l'erreur ne doit
pas être en faute. Ex : l'erreur commise par un professionnel n'est pas excusable.

3- L'erreur doit être commune. L'erreur n'est pas commune lorsque la qualité
substantielle ou les motifs déterminants, autres que ceux visés par l'article 1110
du Code Civil n'étaient pas portés à la connaissance du cocontractant de celui qui
s'est trompé.

Dans une telle hypothèse, on admet que « l'erreur n'est pas rentrée dans le champ
contractuel », et donc ne doit pas être pris en compte. Le contrat reste donc valable
même si l'erreur a été déterminante de la volonté de la victime.

Qu'en est-il du cas d'espèce ?

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

1- L'erreur est-elle grave et déterminante ?

En l'espèce, on peut penser qu'Y désirait une voiture en bon état. Or, c'est plutôt
l'inverse qui se produit. Y s'est donc trompé sur la qualité substantielle de la
voiture. Il y a erreur grave. Par ailleurs, si Y avait su l'état réel de la voiture, il ne
l'aurait pas acheté : l'erreur déterminante.

2- L'erreur est-elle excusable ?

En l'espèce, Y est un mécanicien très expérimenté. L'erreur commise par un


professionnel en la matière n'est pas excusable. Ainsi, en tant que mécanicien
expérimenté, il aurait pu éviter cette erreur. Il n'est donc pas pardonnable.

3- L'erreur est-elle commune ?

Vraisemblablement, vendeur et acheteur savaient que la voiture devrait être en bon


de marche. L'erreur est donc commune, c'est-à-dire qu'elle est entrée dans le champ
contractuel.

Les trois conditions énoncées étant cumulatives, et comme il manque une


condition (erreur excusable), l'erreur n'est donc pas constituée.

Il n'y a par conséquent pas de nullité. Y, mécanicien très expérimenté ne pourra


donc pas obtenir la nullité du contrat pour erreur.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

Recherchant une montre de précision, Y vend à Z, une excellente montre dorée. Au


bout d'un an, la montre commence à s'oxyder. Z découvre alors qu'elle n'est pas en
or.

Peut-il obtenir la nullité selon que Y lui a menti ou non au moment de la


conclusion du contrat ?

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Le cas pratique nous expose une hypothèse de dol ou d'erreur, selon qu'Y a menti
ou non.

1- Y a menti à Z au moment de la vente : Si nous admettons qu'Y a menti au


moment de la vente, alors il faut envisager l'hypothèse du dol. En doit, il y a dol
lorsqu'un contractant induit l'autre contractant en erreur pour l'obliger à conclure
un contrat désavantageux. Mais, pour qu'il y ait nullité pour dol, il faut deux
conditions : le dol doit être constitué et être opérant.

a- Le dol est constitué lorsqu'il respecte d'une part, un élément matériel, c'est-à-dire
la manœuvre (la fraude dont use l'auteur du dol pour tromper sa victime) mais
aussi le mensonge ou la réticence, d'autre part, un élément intentionnel c'est-à-dire
l'intention même de mentir.

b- le dol est opérant à deux conditions : d'une part, il doit être déterminant, c'est-à-
dire que sans le dol, la victime n'aurait pas contracté et d'autre part, il doit émaner
de la part de la partie contractante.

En l'espèce, on peut penser que Z désirait une montre de précision. Y lui vend au
contraire, une montre qui selon lui est en or, mais qui en réalité ne l'est pas. En
l'espèce, il y a manœuvre, fraude et mensonge. L'élément matériel et l'élément
intentionnel sont donc fondés.

Mais le dol est-il opérant ? En l'espèce, Z voulait une montre de précision et non
une montre en or. Il y a dol déterminant, c'est-à-dire que sans le dol, la victime
n'aurait pas contracté. D'autre part, le dol émane de Y, l'autre partie contractante.
Les éléments constitutifs du dol étant réunis, il y a donc dol et elle entraîne nullité
du contrat.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

2- L'hypothèse où Y n'a pas menti : En admettant qu’Y ne ment pas, cela suppose
l'hypothèse de l'erreur, c'est-à-dire que Z s'est trompé lui-même sur la qualité de la
montre. Mais peut-il y avoir nullité du contrat ?

En droit, l'erreur entraîne nullité à 3 conditions :

- elle doit être grave et déterminante ;

- elle doit être excusable ;

- elle doit être commune.

En l'espèce, Z désirait une montre de précision et Y lui vend une montre en or.
Supposons que Z s'est lui-même trompé sur la qualité de la montre et que surtout
cette erreur n'a pas été un obstacle à la conclusion du contrat.

On peut dire que cette erreur n'est pas grave et déterminante. Elle aurait été grave
si Z avait demandé une montre en or et que cette condition n'aurait pas été remplie.

Dans ce cas, l'erreur aurait porté sur une qualité substantielle de la chose objet du
contrat. Et il n'y aurait donc pas contrat.

Cette première condition n'étant pas remplie et étant donné que les trois conditions
de l'erreur sont cumulatives, il est inutile de parler des deux autres (erreur
excusable et commune). Il n'y a donc pas nullité pour erreur.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

Koudou, richissime vendeur de tableau de marque propose à Mama, collectionneur


très avisé dans ce domaine, deux tableaux présentés comme étant ceux de Picasso
et coûtant chacun 50 million de F CFA. Mama téléphone le 15/09/2017 à Koudou
pour lui dire qu'il accepte. Ces alors qu'on lui apprend la mort de Koudou le
13/09/2017.

Djezeur, son seul et unique héritier décide alors de doubler lu prix de chaque
tableau. Après hésitation, Mama accepte. Mais après expertise des tableaux par
deux cabinets de réputation commerciale, ceux-ci se révèlent de faux parfaits
difficilement décelables par des moyens d'investigation ordinaire. Mama vient
vous voir. Il vous dit :

- Qu'il voudrait savoir si Djezeur avait le droit de revenir sur la proposition


faite par son oncle.

- Qu'il doute de la sincérité de Djezeur et demande quelles seraient ses


possibilités d'action selon que Djezeur lui a volontairement caché ou non la
situation réelle des tableaux.

- Que se passerait-il si au lieu de 100 millions, l'annonceur avait marqué 10


millions et que l'acceptant s'était fondé sur ce prix pour l'accepter ?

103
Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

INTRODUCTION (A FAIRE)

Le cas pratique soulève en réalité trois problèmes :

I- DJEZEUR PEUT-IL REVENIR SUR L'OFFRE FAITE PAR KOUDOU ?

Cette situation pose le problème de la caducité de l'offre. En droit, pour que l'offre
soit caduque ou tombe, il faut que trois conditions soient remplies :

- Le décès de l'offrant ;

- L'incapacité de l'offrant ;

- L'écoulement du délai.

Dans un tel cas, l'offre n'existe plus juridiquement et ne peut donc pas lier ni
l'offrant, ni les héritiers.

En l'espèce, au moment où Mama acceptait l'offre de Koudou, ce dernier était déjà


décédé. L'offre ainsi faite, devient automatiquement caduque et ne saurait lier
l'héritier Djezeur qui a le droit de la maintenir ou de ne plus vendre, ou de le faire à
des conditions différentes.

On peut donc dire à Mama que Djezeur est bien fondé à revenir sur les
propositions faites par Koudou.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

II- LES POSSIBILITES D'ACTION DE MAMA, SELON QUE DJEZEUR


LUI A VOLONTAIREMENT CACHE OU NON LA SITUATION REELLE
DES TABLEAUX.

A- Djezeur lui a volontairement caché la situation réelle des tableaux.

Si nous admettons que Djezeur a volontairement caché la situation réelle des


tableaux, il y a réticence de sa part. Or, la réticence est l'un des éléments
constitutifs de l'élément matériel du dol. Ce qui veut dire qu'il y a dol. Cependant,
il faut se demander si ce dol peut entraîner nullité du contrat.

Il faut donc analyser les deux conditions du dol à savoir : Le dol constitué et le dol
opérant.

a- Le dol constitué

Le dol est constitué à deux conditions : une condition matérielle et une condition
intentionnelle.

- La condition matérielle se déduit de la manœuvre frauduleuse, la réticence ou le


mensonge. En l'espèce, il y a eu mensonge, puisqu'il a tu maladroitement la réalité
des tableaux qu'il savait. Il y a également réticence et la condition matérielle est
donc remplie.

- La condition intentionnelle se déduit de la condition matérielle fondée à titre


principal sur le mensonge, c'est-à-dire l'intention délibérée de tromper l'autre partie.

En conclusion, le dol est constitué. Mais est-il opérant ?

b- Le dol opérant

Le dol est opérant à deux (2) conditions également : Il doit être déterminant et
provenir de l'autre partie contractante.

105
Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

1- Le dol est dit déterminant quand sans celui-ci, la victime n'aurait pas
contracté.

En l'espèce, si les deux tableaux n'avaient pas été présentés comme étant ceux de
Picasso, Mama n'aurait pas contracté. Il s'agit donc d'un dol déterminant.

2- La 2e condition est également remplie puisque Djezeur, l'auteur du dol est


l'autre partie contractante.

En conclusion, le dol est opérant de même qu'il est constitué. Dans ces conditions,
le dol entraîne nécessairement nullité du contrat.

B- Djezaeur n'a pas volontairement caché la situation réelle des tableaux

Si nous admettons que Djezeur n'a pas volontairement tu la situation réelle des
tableaux, cela suppose qu'il ne savait pas ou qu'il ignorait lui-même la réalité des
tableaux en question. On peut analyser l'hypothèse de l'erreur, puisque Djezeur
s'est trompé ou a méconnu la réalité desdits tableaux. Le problème est donc de
savon si cette erreur vaut nullité du contrat.

En droit, trois conditions cumulatives doivent être forcément remplies pour que
l'erreur puisse entraîner nullité :

1- L'erreur grave et déterminante

L'erreur est grave et déterminante lorsque non seulement elle porte sur la qualité
essentielle de la chose objet du contrat, mais aussi, lorsque sans l'erreur, la victime
n'aurait pas contracté. En l'espèce, l'erreur est grave et déterminante, car elle porte
absolument sur la qualité essentielle de la chose objet du contrat. C'est en effet,
l'appartenance ou non des tableaux à Picasso qui devrait déterminer le choix de
Mama. La conclusion du contrat n'aurait pas été possible sans cela.

L'erreur est-elle excusable ?

106
Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

2- L'erreur est-elle excusable ?

L'erreur est dite excusable quand elle émane d'une personne qui n'a aucune
compétence dans le domaine considéré. En l'espèce, Mama (acheteur) est présenté
comme un collectionneur très avisé dans le domaine des tableaux de valeur et est
donc censé reconnaître et apprécier la qualité et la valeur réelle des tableaux qui lui
sont présentée par quelqu'un. Cela veut dire qu'il n'a pas en principe droit à l'erreur.

Cependant, le cas pratique nous rapporte une autre précision de taille disant que les
tableaux selon l'expertise d'un cabinet de réputation commerciale, sont des faux
parfaits difficilement décelables par des moyens d'investigation ordinaires.

Cela veut dire que l'appréciation de tels tableaux dépasse largement la compétence
de Mama. Il n'est donc pas censé découvrir et savoir une telle erreur.

3- L'erreur commune

L'erreur est commune lorsque le cocontractant (Djezeur) de celui qui a commis


l’erreur (Mama) savait l'importance que ce dernier (acheteur) attachait à la qualité
qui fait défaut. Les deux parties étaient d'accord pour le tableau de Picasso.
L'erreur, c'est-à-dire, les défauts constatés sont donc entrés dans le champ
contractuel.

L'erreur est donc commune.

En conclusion générale, les conditions de l'erreur étant réunies, elles entraînent


nullité du contrat.

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III- QUE SE PASSERAIT-IL SI AU LIEU DE 100 MILLIONS,


L'ANNONCEUR AVAIT MARQUE 10 MILLIONS ET QUE
L'ACCEPTANT S'ETAIT FONDE SUR CE PRIX POUR L'ACCEPTER ?

Une telle préoccupation nous fait admettre une erreur sur le prix réel des tableaux,
due à la méconnaissance de l'identité réelle de la chose objet du contrat.

Il s'agit d'une erreur obstacle qui entraîne la nullité du contrat. Selon la


Jurisprudence, lorsque les parties se trompent sur la chose objet du contrat, l'erreur
est tellement grave que l'on considère qu'il n'y a pas eu de consentement. En effet,
il y a obstacle à la formation du contrat.

En pratique, une telle erreur est sanctionnée comme étant de nullité relative
puisqu'il n'y a que les parties au contrat à pouvoir s'en prévaloir.

En l'espèce, alors que le vendeur entendait vendre à 100 millions, l'annonceur avait
marqué 10 millions. L'acceptant s'étant fondé sur ce prix pour l’accepter. C'est
donc une erreur due à l'annonceur.

Dans un tel cas, il y a erreur sur le prix, valant erreur obstacle sur l'identité de la
chose objet du contrat, il n'y a donc pas contrat.

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CAS PRATIQUE

Koffi et Touré, tous deux repris de justice, récemment libérés, ont le 15 mars 2012
conclu avec Jacques un contrat de bail portant sur une superficie de 500 m2. Ils ont
aménagé cet appartement en maison de passe et à cette fin :

1- Ils ont emprunté à leur banquier, Mansana, la somme de 10.000.000 F CFA.

2- Ils ont acheté à Paul, des tables et des fauteuils pour une somme globale de
4.000.000 F CFA.

3- Ils ont fait effectuer par Atoh, des travaux de peinture et de décoration pour une
somme de 1.000 000 F CFA.

4- Ils ont embauché comme employés Arsène et Alain, respectivement âgé de 16 et


18 ans, leur promettant un salaire mensuel de 50.000 f.

Après quelques semaines de fonctionnement de cette maison de passe, Koffi et


Touré sont envahis de remords et souhaitant mettre fin à leur activité, ils
envisagent la nullité de l'ensemble des contrats qu'ils ont conclu. Ils vous
demandent votre avis. Ils vous interrogent sur les conséquences de l'éventuelle
annulation de ces conventions en vous précisant qu'ils n'ont encore rien payé à
aucun de leurs cocontractants.

Votre réponse, motivée, devra tenir compte du fait suivant : Mansana


connaissait parfaitement l'usage auxquelles était destinés les fonds empruntés
par Koffi et Touré.

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

- Résumé les faits essentiels

- Le problème de droit est relatif à la nullité des contrats.

Afin donner un avis motivé, il convient de chercher les cas de nullité éventuelle (I),
pour ensuite en dégager les conséquences (II).

I- LES CAS DE NULLITE

En l'espèce, deux cas de nullité qui peuvent être envisagés :

- nullité pour cause immorale (A) ;

- nullité pour incapacité (B).

A- Nullité pour cause immorale

Deux questions : l'existence de l'immoralité ; la preuve de l'immoralité.

1- Existence de l'immoralité

Pour déterminer l'immoralité, on cherche les mobiles déterminants qui ont poussé
les parties à contracter. La cause est immorale lorsqu'elle est contraire aux bonnes
mœurs.

En l'espèce, l'ouverture d'une « maison de passe » est contraire aux bonnes mœurs.

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2- La preuve

Pour les contrats à titre onéreux (prêt par banquier), il faut établir que le
cocontractant avait connaissance des motifs immoraux. Cette preuve peut être
rapportée par tous moyens. En l'espèce, preuve facile à apporter par Touré et Koffi.

B- La nullité pour incapacité

L'art 32 de la loi de 2019 sur la minorité pose en principe que le mineur non
émancipé est incapable d’accomplir seul les actes de la vie civile.

Donc, en principe, les contrats de travail sont nuls. Cependant, l'art 1er de la loi sur
la minorité, permet au majeur (à partir de 18 ans) de conclure seul un contrat de
travail.

Dès lors, si le travail d'Alain (18 ans) peut être valable, en revanche, celui d'Arsène
(16 ans) peut être annulé.

Mais s'agissant d'une nullité relative, seule la personne à protéger (Arsène) peut
valablement ester en justice.

Reste à étudier les conséquences de la nullité.

II- LES CONSEQUENCES DE LA NULLITE

Pour les autres contrats liant les requérants à Paul et à Atoh, la nullité n'est pas
possible, car ces derniers n'avaient pas connaissance (en principe) de l'immoralité.

Qu'en est-il des contrats liant les requérants aux deux mineurs (incapable) ?

Qu'il s'agisse de nullité absolue ou relative, les effets sont les mêmes : effacement
rétroactif du contrat et répétition des prestations fournies. Mais en l’espèce, il y a
des difficultés pratiques et théoriques de la répétition des prestations.

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A- Difficultés pratiques

S'agissant du contrat de travail d'Arsène (au cas où il demandait la nullité), il sera


difficile de rétablir le statut, car ces un contrat à exécution successive portant sur
une obligation de faire. Dans ce cas, l'annulation opère sans rétroactivité.

Koffi et Touré seraient contraints de payer une indemnité équivalente aux salaires
dus.

B- Difficultés théoriques

S'agissant du contrat de prêt, il est possible d'évoquer la maxime « Nemo Auditur ».


S'agissant de nullité absolue, l'action peut être introduite par toute personne y ayant
intérêt, à charge pour elle d'en apporter la preuve.

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CAS PRATIQUE

M. Groto est décédé en 2012. Il vivait en concubinage avec la dame Christiane.


Avant son décès, il avait donné à celle-ci, un certain nombre de biens au détriment
de sa famille légitime.

Aujourd'hui, des représentants de cette famille viennent vous consulter pour savoir
s'il ne serait pas possible de faire prononcer l'annulation des libéralités litigieuses.
Ils vous font remarquer en particulier, le caractère déraisonnable de ces actes
accomplis par M. Groto qui, d'après eux, aurait agi sous l'empire de la passion que
lui inspirait une maîtresse de beaucoup moins âgée que lui.

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CORRECTION DU CAS PRATIQUE

I- Si nous considérons ici uniquement la cause de l'obligation, nous serons conduits


à écarter la demande en annulation formulée par les héritiers de M. Groto.

En effet, ce dernier a certainement manifesté une intention libérale à l’égard de la


dame Christiane, sa concubine.

Évidemment, on pourrait peut-être faire intervenir l'art. 7 C.Civ : « Pour faire une
donation entre vifs ou un testament, il faut être sain d'esprit. ».

Encore faut-il préciser que la simple captation, c'est-à-dire l'emploi de moyens


propres à se rendre agréable au donateur ou au testateur, ne suffit pas pour faire
annuler les dispositions faites en faveur de la personne qui en a usé.

II- Il convient donc, pour que les demandeurs puissent avoir satisfaction, de faire
appel à la cause du contrat, c'est-à-dire au mobile non plus abstrait mais concret.
On recherchera ce que l'on appelle « la cause impulsive et déterminante » des
libéralités consenties par le sieur Groto à la dame Christiane.

L'annulation s'imposera d'autant plus en l'espèce, que ces libéralités consenties par
le sieur Groto à sa concubine avaient pour mobile, le maintien et la rémunération
de relations immorales.

Il y eut été autrement, si le sieur Groto, après avoir abandonné sa maîtresse, avait
voulu réparer le préjudice causé à celle-ci. À cet effet, un legs aurait été sans doute
traité autrement.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

La dernière question posée par la famille au sieur Groto est certainement la plus
délicate : Comment fourniront-ils la preuve de l'immortalité de ces libéralités ?
Devront-ils utiliser uniquement la preuve intrinsèque, c'est-à-dire les quelques
éléments tirés de l'acte lui-même ou bien pourront-ils invoquer la preuve
extrinsèque au juge, c'est-à-dire en dehors même des énonciations des libéralités,
tous les moyens de preuve autorisés par la loi ?

C'est cette dernière solution qu'à adoptée la Cour de Cassation.

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CAS PRATIQUE

M. Félix a remis à sa maîtresse, la Dame Jacky, des bijoux d'une valeur


considérable.

Une rupture s'étant produite entre eux au cours de l'année 2012, le sieur Félix vient
vous consulter pour savoir s'il est en droit d'obtenir la restitution de ses bijoux.

Il reconnut qu'il a fait ce don manuel en vue d'inciter sa maîtresse à poursuivre


leurs relations immorales.

Que répondre au sieur Félix ?

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

Si le sieur Félix était décédé, ses héritiers devraient en principe obtenir gain de
cause, à condition de prouver que les bijoux ont bien été remis pour la poursuite
des relations immorales, et non à l'occasion de la rupture.

S'agissant d'une action exercée par le donateur lui-même, et le contrat étant par
ailleurs immoral, il y a lieu de faire jouer la maxime "Nemo auditur".

En effet, le sieur Félix voudrait exercer ici, l'action en répétition de ce qui a été
donné par lui, à la dame Jacky pour une cause honteuse. Or, cette action ne saurait
être accueillie pour une cause honteuse, non seulement à l'égard de celui qui a reçu,
mais encore à l'égard de celui qui a donné.

Cette règle Nemo auditur n'est évidemment inscrite dans aucun texte. D'autre part,
le refus de faire produire à la nullité son effet habituel (annulation rétroactive de
l'acte incriminé), va avoir pour résultat dans la plupart des cas, de maintenir une
situation injustement acquise.

En somme, en refusant aux concubins tout accès devant les tribunaux à l'effet
d'obtenir quoique que ce soit (exécution, résiliation, répétition), on les abandonne
sans aucun recours aux conséquences de leur déloyauté et de leur immoralité
réciproques.

La dame Jacky a pu ainsi, faire pression sur son amant pour obtenir ces bijoux,
puis après les avoir eus entre ses mains, rompre le concubinage et reprendre des
relations immorales avec un autre, de qui elle obtiendra les mêmes avantages.

Il sera donc très difficile à M. Félix d’obtenir gain de cause, surtout qu'il reconnaît
personnellement que ce don manuel était en vue d'inciter sa maîtresse à poursuivre
leurs relations immorales.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

CAS PRATIQUE

En 2011, est décédé le sieur Apo. Il a laissé un testament dans lequel il gratifie sa
femme, conjoint survivant, mais en prévoyant la résolution de cette libéralité au
cas de convoi de la légataire en seconde lieu. La dame Apo désire savoir s'il est
possible de faire jouer à son profit, l'art 7 de Code Civil selon lequel : « dans toutes
dispositions, entre vifs ou testamentaires, les conditions impossibles, celles qui
sont contraires aux lois et aux bonnes mœurs sont réputées non écrites ».
Autrement dit, la dame Apo voudrait savoir s'il lui est possible de conserver les
biens légués sans respecter la condition de viduité.

CORRECTION DU CAS PRATIQUE

La jurisprudence estime que la condition de viduité qui trouve sa justification en


principe soit dans l'intérêt de la légataire, soit dans l'affection du testateur pour sa
famille personnelle, n'a rien de contraire à la morale. Certains pensent cependant
qu'en agissant comme il l'a fait, le sieur Apo a porté atteinte à la liberté individuelle
de sa femme en l'exposant à tomber dans l'inconduite ou le concubinage.

Aussi, révèle-t-on dans les arrêts les plus récents, une tendance à faire jouer l'art 7
de la loi de 1964 relative aux donations entre vifs et aux testaments, selon
lequel : « dans toutes dispositions, entre vifs ou testamentaires, les conditions
impossibles, celles qui sont contraires aux lois et aux bonnes mœurs sont
réputées non écrites ».

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CAS PRATIQUES (NON CORRIGE)

Cas pratique 1 :

En 1995 Sagittaire, Verso et Mogo qui ont bénéficié de fonds sociaux, se lancent
dans l'entrepreneuriat. Ils créent une entreprise de confection de vêtements
féminins. La société "Merveilles d’Eburnie". Encensés par la critique pour leur
ingéniosité et leur audace, les trois amis ne tardent pas à conquérir la sous-région et
bientôt toute l'Afrique.

Contactée par le célèbre couturier Di Alpha pour participer à un grand évènement


culturel, la société "Merveilles d'Eburnie”, réputée pour son avant-gardisme,
commande en juillet 2007, à la société "Sud-Verso", pour fabriquer des pantalons,
du tissu d'ameublement en velours.

Le tissu s'étant révélé par la suite impropre à l'usage pour lequel il avait été acquis,
la société “Merveilles d'Eburnie” refuse de payer le prix au vendeur, et demande
l'anéantissement de la vente. Elle considère en effet que le tissu devait servir à la
confection de pantalons, ce que savait parfaitement le vendeur et que ce tissu
devait en conséquence présenter les qualités de solidité requises pour cet usage.
Apprécier la prétention de la société "Merveilles d'Eburnie".

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

Cas pratique 2 :

La dame RIENEUSE fut blessée au moment où elle montait dans un taxi de la


société Wouroufato qui stationnait sur un emplacement réservé, graine de
compteur non mise. Le chauffeur ayant desserré le frein à main, la voiture s'était
mise en mouvement, entraînée par la déclivité du sol et la dame RIENEUSE qui
montait à bord du taxi fut blessée. Elle demande à la société employant le
chauffeur, réparation du préjudice qu'elle a subi.

La Cour d’appel fit droit à sa demande et retint la responsabilité contractuelle de la


société, en relevant l'existence d'un contrat de transport. La société forma un
pourvoi en Cassation. Elle fit valoir qu'un contrat de transport n'aurait pu être
conclu que si le transporteur avait eu conscience de l'ouverture de la portière et
avait été d'accord pour contracter.

Quel est à votre avis le sens de la décision de la Cour de cassation ?

RÉPONDRE AUX QUESTIONS

1- L'offre ne lie pas son auteur.

2- La nullité relative peut être demandée par l'une des parties au contrat.

3- Le promettant dans une promesse unilatérale de contrat est tenu d'une obligation
de donner.

4- La cause est une notion sans intérêt juridique.

5- La règle nemo auditur est un obstacle à l'action en nullité quand le contrat est
susceptible d'être annulé pour immoralité.

6- L'action en nullité est ouverte à toute personne intéressée.

7- Dans toute obligation il y a un devoir ; mais tout devoir n’est pas une obligation.

8- Entre le devoir moral et l'obligation civile se trouve l'obligation naturelle.

9- Le contrat de dépôt est un contrat synallagmatique imparfait.

10- Le décès de l'offrant entraîne la caducité de l'offre.

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Exercices + corrigés de droit Civil - LICENCE II - Ivoire-Juriste

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- ANNALES DE DROIT ADMINISTRATIF GENERAL ;

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