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UNIVERSITÉ DE NGAOUNDÉRÉ

FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

Licence III- Droit Privé

REDACTION DES ACTES DE PROCEDURES

Cours dispensé

Par :

Me KASSIYA
-Avocat au Barreau du Cameroun
-Représentant du Président de l’Assemblée Générale de l’Ordre des
Avocats au Barreau du Cameroun pour la Région de l’Adamaoua
-Membre de la Commission de Recours de la Fédération
Camerounaise de Football (FECAFOOT)
B.P. : 276 NGAOUNDERE

Année académique :
2022-2023

1
Plan du Cours
REDACTION DES ACTES DE PROCEDURES
------------------

Chapitre I : LES ACTES PREALABLES A LA SAISINE DES JURIDICTIONS

Section I.- Les actes préalables à la saisine des juridictions civiles et pénales

Section II.-Les actes préalables à la saisine des juridictions administratives : le Recours


gracieux préalable et le recours hiérarchique

Section III : Les préalables à la saisine des juridictions en matière sociale : la Requête
aux fins de tentative de conciliation

Chapitre II.- LES ACTES DE SAISINE ET D’INTERVENTION DEVANT UNE


JURIDICTION

Section I.- Les actes de saisine des juridictions d’instance : le Tribunal de Première
Instance, le Tribunal de Grande Instance et le Tribunal de Première Instance statuant
en matière de droit local

Section II : Les actes de saisine des juridictions sur voies de recours : Cour d’Appel,
Cour Suprême et Cour Commune de Justice et d’Arbitrage

CHAPITRE III : LES ACTES DE PROCEDURE PERMETTANT DE PRENDRE


POSITION DEVANT UNE JURIDICTION

Section 1 : Les actes de procédure permettant de prendre position devant les


juridictions d’instance

Section II : Les actes de procédure permettant de prendre position devant les


juridictions supérieures : les Mémoires

2
Introduction1

«Verba volant. Scripta manent».


Les mots s’envolent, les écrits restent. Cette expression d’Horace2 a imposé à travers les
siècles l’idée que, pour transmettre le savoir, il fallait retranscrire les connaissances. L’expression va
cependant plus loin, car elle signifie aussi que seul l’écrit peut garantir la fidélité des hommes à
honorer leurs engagements et que seul l’écrit peut acter une situation avec certitude. Enfin, écrire
permet de ne pas oublier, de figer dans le temps avec précision ce qui a été dit ou pensé.
En effet, l’écriture est, selon Le Robert, «la représentation de la parole et de la pensée par
des signes graphiques conventionnels, destinés à durer»; elle est indissociable de la justice et les
«écritures» sont «des actes de procédure nécessaires à la soutenance d’un procès».
Définition de l’écrit juridique et de l’écrit judiciaire
Les actes de procédures sont constatés par des écritures juridiques et judiciaires.
L’évolution de l’écrit judiciaire et sa dématérialisation ont été voulues pour des raisons
pratiques, notamment le souci d’accélérer le cours du procès et d’en préciser les contours.
L’écrit juridique peut se définir comme tout acte qualifiant juridiquement une situation
de fait et dont la rédaction a pour but de produire des effets de droit. Les écrits juridiques sont
nombreux. Certains vont acter une situation (procès-verbal, certificat, attestation...), d’autres vont
aboutir à transiger un litige en germe (transaction), acter un accord (contrat, acte d’avocat...), analyser
un problème de droit (consultation, note juridique...) ou encore correspondre professionnellement ou
mettre en demeure. L’écrit judiciaire peut se définir comme tout acte rédigé pour le compte d’un
justiciable devant une juridiction. Les écrits judiciaires sont aussi nombreux. Certains développent
une demande devant une juridiction avec une argumentation contentieuse constituée de l’exposé des
faits, de leur qualification juridique et de la synthèse des moyens de droit justifiant la demande
(assignation, requêtes, conclusions). D’autres sont informatifs (constitution, intervention volontaire,
désistement, etc.) et actent une situation juridique ou procédurale (acquiescement, transaction, etc.)
ou servent de support au débat oral (dossier de plaidoirie). Il s’agit d’actes techniques qui ne laissent
place ni à l’imprécision, ni à la fantaisie1. Les actes doivent être exacts, précis, de manière à éviter
toute confusion.
La connaissance du droit et de la procédure
La compétence juriste se caractérise par son savoir-faire et notamment sa maîtrise du droit
et de la procédure.
Il existe de nombreux textes qui imposent une forme spécifique pour un acte. Il n’est donc
pas possible de rédiger clairement un acte sans connaître préalablement les textes régissant sa forme.
Parallèlement, le juriste ne peut donc faire l’économie d’une solide connaissance du droit lorsqu’il
rédige. Ses consultations juridiques engagent à ce titre sa responsabilité civile professionnelle. La
connaissance du droit l’amènera à connaître, lorsque la loi le précise, la forme des actes qu’il doit

1
L’introduction consacrée à la ‘‘Rédaction des actes de Procédures’’ renvoie à une théorie générale des actes de
procédures. La plupart des conseils théoriques donnés sont tirés du livre de Pascal CRÉHANGE, intitulé : Guide pratique,
Introduction à la rédaction des actes judiciaires et juridiques, Scripta Manent, Lextenso éditions, Gazette du Palais, 2e
édition, 2019.
2
Horace est un poète latin né à Vénose dans le sud de l’Italie, le 8 décembre 65 av.J.-C. et mort à Rome le 27novembre
8 av.J.-C.
3
rédiger, mais aussi les limites qu’il ne doit pas franchir dans sa rédaction. Le juriste doit donc lire et
relire tant les textes de loi que la jurisprudence, vérifier que le texte qu’il envisage d’appliquer est à
jour et n’a subi ni une réforme de fond, ni une évolution jurisprudentielle. Pour maitriser son sujet, le
juriste doit toujours douter et ne jamais commencer à conseiller ou rédiger en se basant uniquement
sur ses habitudes ou certitudes. À chaque fois, il faudra relire le texte à jour avant de rédiger. Ceci
étant, le juriste peut aussi faire preuve de créativité et, après avoir analysé le droit positif, œuvrer à
obtenir un revirement de jurisprudence. De même, l’avocat doit parfaitement connaître la procédure.
Chaque Juriste sait qu’il n’est pas rare qu’une affaire mauvaise soit gagnée uniquement grâce à la
procédure. L’inverse est aussi vrai et est toujours vécu difficilement par les professionnels. La
procédure est dans un procès une arme de destruction massive. Comme pour le fond du droit, celle
ou celui qui souhaite maîtriser la procédure devra se méfier de se laisser aller à la facilité. La pire
tyrannie est ici aussi celle de l’habitude. Nos textes de procédure évoluent chaque année. Il faudra
donc à chaque fois vérifier que la règle procédurale n’a pas évolué, que des mentions obligatoires
n’ont pas été ajoutées à peine de nullité, etc.
Par ailleurs, le rédacteur devra être très attentif à la précision des termes procéduraux.
Ainsi, les exceptions de procédure ne sont pas des fins de non-recevoir et ne suivent pas le même
régime procédural. En effet, les exceptions de procédure, comme l’incompétence matérielle ou
territoriale, doivent être soulevées in limine litis, là où les fins de non-recevoir peuvent l’être en tout
état de cause elles-mêmes en appel. Il est d’ailleurs recommandé de vérifier les questions de fins de
non-recevoir et les questions de prescriptions avant de commencer à rédiger. De même, dans les
dispositions communes du Code de procédure civile, les mots «jugement» ou «juges» peuvent
s’appliquer à toutes les juridictions et à toutes les décisions. Il ne faut donc pas croire que dans les
dispositions communes le «juge» ne signifie pas le «tribunal» ou la «cour d’appel» ou que le
«jugement» ne signifie pas «l’arrêt». De même, la «loi» peut signifier le «décret». Il faudra en relisant
les textes procéduraux, avoir la curiosité de lire les articles précédents et suivants pour obtenir la
certitude que la procédure envisagée est la bonne et que le texte lu s’insère dans la bonne action. Les
mécanismes procéduraux comme «l’autorité de chose jugée», «l’exécution provisoire de plein droit»
ou encore le jugement «avant dire droit» devront être parfaitement maîtrisés avant de commencer à
rédiger.
La connaissance du dossier
Le professionnel doit parfaitement connaître son dossier. Il doit en avoir lu chaque détail,
le posséder, le maîtriser avec exactitude. Une connaissance sommaire ou incomplète du dossier se
perçoit assez rapidement dans les écritures. En général, un dossier du juriste est composé d’au moins
trois parties: la correspondance, la procédure, les pièces. La lecture attentive de la procédure, pour
avoir la vision globale du dossier et comprendre les points de désaccord entre les parties, puis
l’observation méticuleuse des pièces, permet de connaître rapidement le dossier. Pour ne rien omettre
avant de rédiger un acte, il faudra se référer aux six fidèles amis3deRudyard Kipling et dont les noms
sont:
Quoi? Pourquoi? Quand? Comment? Où? Et Qui?
À chacun de ces mots, correspond une règle de droit que le juriste doit garder en mémoire
avant de rédiger:

3
«I keep six honest serving-men. (They taught me all I knew); their names are What and Why and When And How and
Where and Who» (Rudyard KIPLING, The elephant’s Child, Ed. Price Stern Sloan, 1988).
4
– Quoi?: De quoi parle-t-on? Quels sont exactement les faits en cause? Il est généralement
recommandé de commencer par faire une chronologie des faits. Il faut ensuite faire la liste des
arguments exposés ou échangés entre les parties;
– Pourquoi?: Que vais-je demander à la juridiction? Quel est le but de mon action? Quel
est l’enjeu?
– Quand?: Quelles sont les éventuelles prescriptions, péremption, forclusion, délais qui
peuvent rendre l’acte irrecevable ou inutile?
– Comment?: Quelle est la qualification juridique des faits et les règles de droit
applicables? Il faut alors trouver les textes applicables et les jurisprudences correspondantes;
– Où?: Quelle est la juridiction compétente et quelle est la compétence territoriale?
– Qui?: Qui sont les parties à l’acte? Quels sont leurs qualités et intérêts à agir? Y a-t-il
un conflit d’intérêt? Faut-il un mandat pour intervenir en justice ou non?
Une fois ces questions posées, le rédacteur devra demander quel est l’enjeu de l’acte qu’il
doit rédiger, quel en est le status causae, quel est le point précis à débattre. Puis, le rédacteur devra
lier les arguments, les rapporter, les raccrocher à cet objectif, en le considérant comme une cible à
atteindre4. En rédigeant, le juriste doit toujours garder à l’esprit l’enjeu de son dossier pour éviter les
digressions. Il existe un enjeu dans chaque affaire, qu’elle soit simple ou complexe. Il faut ensuite
s’en servir dans son propos comme d’un guide, d’un halo de lumière qui illuminera et mettra en valeur
les pièces présentées au juge.
L’écrit est souvent un éclairage des faits ou du droit que le magistrat conservera et qui lui
servira de guide dans l’examen des pièces. Dans le choix des arguments qui viennent à son esprit
quand il prépare son dossier, le juriste doit faire un tri et ne garder que ceux qui paraissent pertinents
ou judicieux, même si l’on ne peut jamais vraiment savoir par avance quel argument portera le plus:
«Vous n’invitez pas le juge à un buffet chinois, vous devez plutôt lui présenter une table d’hôte»5.
De manière générale, si on y prête attention, tout procès ne soulève en réalité que quelques
questions réellement fondamentales à la résolution du litige. Il faut les identifier et s’en servir pour
bâtir l’argumentation. Dans les écrits judiciaires, les moyens doivent «être soulevés (...) en partant de
celui qui met le plus rapidement un terme au litige, à celui qui va le plus profondément dans l’étude
du litige. Les écritures sont un entonnoir inversé. Dans l’ordre, ce sont donc les moyens in limine litis
qui doivent être exposé, puisqu’ils mettent un terme immédiat au litige sans qu’il soit besoin d’étudier
le dossier. Puis, si elles existent, ce sont les fins de non-recevoir qu’il convient de soulever à titre
principal puisque, quand bien même elles constituent des moyens de défense au fond, elles
n’impliquent pas d’examiner le contenu des relations entre les parties. Enfin, à titre subsidiaire (ou à
titre principal s’il n’y a pas eu de fin de non-recevoir), l’on examine le moyen de pur fond qui est le
plus fort ou le plus décisif, puis on descend aussi loin que possible jusqu’à ce que l’on ne dispose plus
d’aucun moyen pour obtenir gain de cause ou pour limiter la condamnation à laquelle le client est
exposé»6.

4
«L’avocat n’est pas un théoricien. Il fait en sorte que, par son action, son client obtienne un résultat conforme à ses
intérêts. À cet effet, il vise une cible, judiciaire ou juridique, tantôt fixe, tantôt mobile, en fonction de la conjoncture, de
la volonté des hommes ou de l’érosion du temps. Force est donc pour lui de définir ce but afin de reconstituer, à rebours,
dans le respect des règles juridiques applicables et de ses règles déontologiques, la chaîne des opérations qui permettent
d’y conduire» (Jean-Claude WOOG, Pratique professionnelle de l’avocat, Litec, 1993, p.18).
5
Luc CHAMBERLAND, Manuel de plaidoirie: techniques et stratégies d’un procès civil, Yvon Blais, 2000, citépar Pascal
SOURIS in Tactiques etstratégies judiciaires, Bruylant, 2009.
6
Aliénor KAMARA-CAVARROC (dir.), Guide pratique de procédure à l’usage de l’avocat, p. 21.
5
Avant de rédiger, l’avocat doit aussi élaborer une stratégie. Robert Badinter rappelle
7
qu’un procès, «c’est d’abord une stratégie» . C’est souvent grâce à la stratégie imaginée par le juriste
que le procès se gagne. La stratégie se construit en amont. Une erreur stratégique ne peut jamais être
rattrapée par un acte, aussi brillant soit-il. Il faut donc distinguer le principal du subsidiaire. Se
demander s’il faut demander le rejet (ou «débouté») des prétentions adverses ou solliciter une
nouvelle demande à titre reconventionnel... En matière civile, comme en matières pénale ou
administrative, l’écrit doit être utilisé comme une arme au soutien de la stratégie développée. La
stratégie, «c’est ensuite la conscience du temps, de ces temps, qui menaçants, se dressent et imposent
un calendrier ou de ces temps qui, en sens inverse, referment un facteur important de variabilité. La
stratégie c’est, enfin, préparer la décision dans les phases successives que sont la conception et
l’exécution; en même temps qu’est définit le but, il faut à la fois mesurer les conséquences, rechercher
les causes, pour déterminer les moyens utiles d’action. Comme toute action humaine, la stratégie
serait dépourvue de valeur si elle n’était pas soumise à l’exigence première que constitue la précision
du but de désigner: l’architecte doit construire un pont et non pas seulement un presque-pont»8. Le
choix stratégique est un pari fait par le juriste.
Il faut renoncer à tout écrire pour être efficace, choisir et ordonner les meilleurs
arguments, oublier ou renoncer aux pires, trouver le levier, la pierre angulaire du dossier. Il est parfois
judicieux de ne pas tout dire dès son assignation, pour garder de quoi répondre à la réplique que
l’adversaire adressera. Parmi les clefs stratégiques d’une affaire, la maîtrise de la procédure et des
temps de procédure sont donc essentiels. Par exemple, afin de pousser le raisonnement aussi loin que
possible, il faut toujours conclure en présentant les arguments dans l’ordre d’importance. On conclut
donc «à titre principal», puis dans l’hypothèse où l’argument principal ne serait pas retenu, on conclut
ensuite «à titre subsidiaire», «à titre plus subsidiaire» et le cas échéant «à titre infiniment subsidiaire».
Conclure sur le subsidiaire ou l’infiniment subsidiaire affaiblit certes le principal. Pour autant, cela
est indispensable de le faire, car si le magistrat ne fait pas droit à la demande principale, le client
risque d’être condamné sans qu’une solution subsidiaire n’ait été proposée. En termes de
responsabilité professionnelle, le fait de ne pas conclure à titre subsidiaire peut aboutir à une perte de
chance pour le client et donc à l’engagement de responsabilité professionnelle pour l’avocat.

L’identification du destinataire de l’acte


Identifier le destinataire de l’acte est une étape fondamentale. En effet, écrire c’est avant
tout communiquer. Il faut donc déterminer qui va lire l’acte que l’on est en train de rédiger, puis une
fois la rédaction terminée, relire l’acte en se mettant à la place de son destinataire. Ainsi, si on rédige
des conclusions pour une cour d’appel, on ne doit pas conclure à la condamnation de la partie adverse,
mais à la confirmation ou l’infirmation du jugement attaqué devant la cour. En relisant l’acte comme
si l’on était celui qui le découvre, on perçoit assez rapidement les erreurs de fond comme de forme.
Cette règle doit être appliquée pour chaque rédaction. Ainsi, s’il faut adresser un courrier à une
société, il faut déterminer si l’on s’adresse à son directeur général, son président, son gérant, etc. Il
faut donc se demander quelle est la fonction exercée dans l’entreprise par le destinataire de l’acte.
Selon son niveau de connaissances du droit et de la procédure, il faudra adapter le vocabulaire. Devant
un non juriste, il faudra éviter d’utiliser des termes juridiques trop complexes afin de permettre au
lecteur de parfaitement comprendre la situation exposée par l’avocat. Il faut donc faire un travail de

7
Robert BADINTER, L’exécution, Le livre de poche, 1989, p.45.
8
Jean-Claude WOOG, Pratique professionnelle de l’avocat, Litec, 1993, p.13.
6
vulgarisation du droit lorsque l’on s’adresse à un destinataire non juriste. Pour les lettres,
l’identification du destinataire de l’acte permettra de trouver la formule de politesse appropriée. Il
faut également se demander quelles sont les attentes du destinataire. Attend-il un simple conseil, un
renseignement, la réponse à une question précise ou une consultation détaillée? Enfin, il est
recommandé de toujours s’interroger sur l’usage qui pourra être fait de l’acte rédigé par un juriste.
Les recherches juridiques
Ne pas vérifier le texte applicable à la situation revient à partir du vide. Rédiger sans avoir
fait préalablement de sérieuses recherches juridiques aboutit à faire des actes irréalistes et aux
conséquences qui peuvent être hasardeuses, voire très lourdes. Les recherches juridiques doivent être
globales et ne peuvent se limiter à la lecture du texte ou d’une recherche dans Google. À partir du
texte de loi applicable à la situation, il faut approfondir son analyse par la doctrine et son application
par la jurisprudence afin de connaître exactement quel est l’état du droit positif. L’analyse juridique
de ces éléments doit être critique, car il peut être important de pressentir une évolution. Les recherches
vont permettre à l’avocat de qualifier juridiquement les faits qui lui sont soumis par une chaîne de
déductions.
Le déroulement logique des déductions ainsi faites va permettre d’arriver au résultat au
moyen d’une succession de syllogismes9. Chaque syllogisme se compose d’une majeure, qui est la
règle de droit applicable, et d’une mineure, qui est le fait que l’on doit analyser. L’assemblage de ces
raisonnements aboutira à des recherches juridiques complètes permettant une appréhension parfaite
du dossier avant de rédiger. À chaque maillon du raisonnement, il est conseillé de douter.
Les conseils de rédaction
Il est recommandé de commencer à rédiger en gardant sous les yeux la chronologie des
faits. Puis le rédacteur pourra s’aider selon qu’il sera en demande ou défense, appelant ou intimé,
d’un plan de vol très simple. Pour éviter les écueils d’une rédaction incertaine, il suffit en effet d’avoir
une grille de lecture du dossier avant de rédiger.
La grille de lecture d’un dossier en demande est la suivante:
– Quelles sont les demandes du client?
– Quels moyens juridiques peuvent être trouvés ou imaginés pour qu’il obtienne gain de
cause?
– Lire les textes correspondant à ces moyens juridiques, la jurisprudence qui en est issue
et éventuellement les travaux parlementaires.
– Quelles sont les preuves dont je dispose ou que je dois obtenir de mon client?
La grille de lecture d’un dossier en défense est la suivante:
– Quelles sont les demandes du client?
– Que dit l’adversaire? Quels sont ses arguments?
– L’analyse factuelle, juridique et jurisprudentielle de l’adversaire est-elle juste?
– Les pièces de l’adversaire correspondent-elles à ce qu’il avance?
– Quels moyens juridiques peuvent être trouvés ou imaginés pour contrer l’adversaire et
réfuter ses arguments?
– Lire les textes correspondant à ces moyens juridiques, la jurisprudence qui en est issue
et éventuellement les travaux parlementaires.

9
Le syllogisme est un raisonnement logique à deux propositions (également appelées prémisses) conduisant à une
conclusion qu’Aristote a été le premier à formaliser. Par exemple, Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un
homme donc Socrate est mortel est un syllogisme.
7
– Quelles sont les preuves dont je dispose ou que je dois obtenir de mon client?
La grille de lecture d’un dossier lorsque l’on est appelant est la suivante:
– Quelles sont les demandes du client?
– Quelles est l’analyse juridique faite par le premier juge?
– Quels moyens juridiques peuvent être trouvés ou imaginés pour critiquer le jugement
rendu?
– Lire les textes correspondant à ces moyens juridiques, la jurisprudence qui en est issue
et éventuellement les travaux parlementaires.
– Quelles sont les preuves dont je dispose ou que je dois obtenir de mon client?
La grille de lecture d’un dossier lorsque l’on est intimé est la suivante:
– Quelles sont les demandes du client?
– Quelles est l’analyse juridique faite par l’appelant?
– Quels moyens juridiques peuvent être trouvés ou imaginés pour critiquer
l’argumentation de l’appelant?
– Lire les textes correspondant à ces moyens juridiques, la jurisprudence qui en est issue
et éventuellement les travaux parlementaires.
– Quelles sont les preuves dont je dispose ou que je dois obtenir de mon client?
– Est-il utile de faire un appel incident?
Dans la rédaction, le style doit être simple est direct et il est recommandé de ne pas mettre
plus d’une idée ou d’un fait par phrase. Enfin, pour des écrits assez longs, il est recommandé de créer
un plan ou du moins des paragraphes correspondant à un nouvel argument ou à un nouveau fait non
encore traité. Les phrases devront être aérées. Pour simplifier la lecture, le rédacteur pourra d’utiliser
des sous-titres ou séparer les arguments avec des formules comme «premièrement», puis
«deuxièmement» ou «à titre principal», puis «à titre subsidiaire» ou plus simplement «déjà», puis
«ensuite» et «enfin» pour trois arguments qui se suivent. Si cela est possible, il faut toujours relire ce
qui était rédigé comme si l’on était le destinataire et ne pas hésiter à échanger sur les points du dossier
sur lesquels un doute subsiste. Le brainstorming est souvent utile en matière de pratique du droit.
L’acte devra comporter une typologie et une typographie uniformes et permettant une lecture sans
difficulté. Le rédacteur ne devra pas hésiter à souligner, encadrer ou mettre en caractère gras les
éléments sur lesquels il souhaite que l’œil du lecteur soit attiré. Chaque page devra être numérotée
afin d’éviter toute perte, toute erreur de copie recto d’un document recto-verso ou tout simplement
pour pouvoir citer la page dans laquelle un argument est visé.

L’architecture traditionnelle des actes judiciaires


Il est indispensable, lorsque l’on doit rédiger un acte, de vérifier préalablement si celui-ci
ne se voit pas imposer une forme particulière par les textes. Les actes judiciaires, sauf quand la loi
impose une forme spécifique, obéissent généralement à la même construction.
La structure est la suivante:
– mentions obligatoires (s’il y en a);
– exposé des faits;
– discussion en droit reprenant les différents moyens discutés;
– dispositif;
– bordereau de communication des pièces qui fondent la demande (s’il y en a).

8
En définitive, il est à relever l’existence des actes de procédures préalables à la saisine des
juridictions (Chapitre I), les actes de saisine d’une juridiction (Chapitre II) et les actes permettant de
prendre position devant une juridiction (Chapitre III).

Chapitre Ier.-

LES ACTES PREALABLES A LA


SAISINE DES JURIDICTIONS

Plusieurs actes interviennent avant la saisine des juridictions. Il s’agit des actes préalables
à la saisine des juridictions civiles et pénales (S1), des actes préalables à la saisine des juridictions
administratives en l’occurrence le Recours Gracieux préalable (S2) et des préalables à la saisine des
juridictions en matière sociale à l’instar de la Requête aux fins de tentative de conciliation (S3).

Section I.- Les actes préalables à la saisine des juridictions civile et pénales

Ce sont des actes extrajudiciaires par lequel le requérant fait intimer un ordre ou une
défense à l’adresse de son destinataire avant tout procès. Ils sont caractérisés par un formalisme
comme celui de l’Assignation: il s’agit de la Sommation (1) et de la Mise en demeure (2).

I. La Sommation

On distingue ainsi plusieurs types de sommations : la sommation de payer qu’on adresse


généralement à son débiteur qui tarde à payer sa dette dont l’échéance est arrivée à expiration, la
sommation de restituer à celui qui retient sans droit la chose du créancier, la sommation de libérer en
cas de résiliation de bail… La sommation a son siège à l’article 1139 du Code Civil et aux termes
desquels « Le débiteur est constitué en demeure, soit par une sommation ou par autre acte équivalent,
soit par l'effet de la convention, lorsqu'elle porte que, sans qu'il soit besoin d'acte et par la seule
échéance du terme, le débiteur sera en demeure ».

N°______ /REP
SOMMATION INTERPELLATIVE
L’An Deux mille Vingt deux
Et le
A la requête conjointe de :
9
1.- Monsieur--------------------, Commerçant, né le--------------------à Garoua, fils de-------
--------------------- et de --------------------, titulaire de la CNI N°------------ délivrée le-------------------- à-
----------------
2.- Madame----------------------, Ménagère, née le-------------------à-------------------------,
fille de----------------------- et------------------, tous demeurant à-----------------
Tous ayant pour Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun avec Résidence
Professionnelle à Ngaoundéré BP : 276, Tél : 699 90 72 96 // 676 43 72 96 au Cabinet duquel ils
élisent domicile ainsi qu’en mon Etude aux fins du présent exploit ;
J’ai Maître ----------------------------------------, Huissier de Justice près la Cour d’Appel du
NORD et les Tribunaux de GUIDER, BP :__________, Tél :________________________, y demeurant et
domicilié, soussigné :
DIT ET DECLARE A :
Maître------------------------------, Notaire au siège de la Cour d’Appel du Nord installé
à Guider, B.P :------- GUIDER, Tél.---------------------/------------------------, Email : -----------------------------,
en son Etude où étant et parlant à :

Qu’il ne saurait nier ni disconvenir sauf mauvaise foi de sa part avoir procédé en date du
02 Mars 2021 à la vente de l’immeuble objet du Titre Foncier n°---/Bénoué, Vol.-----établi au profit de
Dame---------------------- et de Sieur----------------- ;
Qu’il ne saurait également nier ni disconvenir que « Les Notaires ont le monopole des actes
devant être passés dans la forme notariée dans le ressort du Tribunal de Première Instance du siège de leur
étude. Ce monopole s’étend au ressort des Tribunaux de Première Instance du siège de l’étude dépourvu de
notaire, mais compris dans le territoire de la Cour d’Appel du ressort » (Article 47, Décret N°95/034 du 24
Février 1995 modifié et complété par le Décret n°2002/255 du 01 Novembre 2002 portant statut et
organisation de la profession de notaire) ;
Qu’aussi ne saurait-il nier encore moins disconvenir qu’ « il est interdit au Notaire
d’instrumenter hors de son ressort ou de passer des actes relatifs à l’état des personnes domiciliées ou des
biens situés hors de son ressort. Tout acte établi en violation des dispositions de l’alinéa 1er du présent article
est nul et de nul effet. Le Notaire qui contrevient aux dispositions des alinéas 1 et 2 du présent article engage
sa responsabilité civile. En outre, il encourt trois (03) mois des suspensions, et en cas de récidive, la
destitution » (Article 48, Décret N°95/034 du 24 Février 1995 modifié et complété par le Décret
n°2002/255 du 01 Novembre 2002 portant statut et organisation de la profession de notaire) ;
Que de ces dispositions légales, il ressort en substance que le Notaire a une compétence
arrondissementale, il n’est habilité à poser des actes juridiques relevant de sa profession que dans
l’étendue territoriale du Tribunal de Première Instance auquel il est rattaché, le contraire ne pouvant
s’analyser que sous le prisme de l’illégalité ;
Que dans le cas d’espèce, ce Notaire instrumentaire est installé à Guider et la sphère de
compétence territoriale de son Etude est circonscrit dans la limite territoriale du Tribunal de Première
Instance de Guider qui couvre naturellement l’Arrondissement de Guider ;
Que l’immeuble pour lequel il a accompli les formalités de vente est quant à lui situé à
Garoua, hors de l’Arrondissement de Guider et dans la sphère territoriale du Tribunal de Première
Instance de Garoua ;

10
Que de ce fait, il n’avait nullement compétence pour procéder aux actes de ventes d’un
immeuble situé en dehors de sa sphère de compétence, en l’occurrence Garoua, ressort territorial dans
lequel se trouvent pourtant une foultitude des Notaires ;
Que plus grave, il n’a pas été remis, ne serait-ce qu’une Expédition de l’acte de vente de
leur immeuble, ni à la pauvre mère illettrée, Madame---------------------------, ni à son fils------------------
---------- détenu au moment de la vente à la Prison Régionale du Nord à Garoua ;
En conséquence, et à mêmes, requête, demeure et élection de domicile que dessus, j’ai,
Huissier de Justice susdit et soussigné ;
FAIT SOMMATION AU REQUIS SUSNOMME
1.- DANS LES VINGT QUATRE HEURES de la présente pour tout délai à remettre l’acte
de vente de l’immeuble soit aux requérants soit à leur Conseil ou encore à l’Huissier instrumentaire ;
2.- Et de, IMMEDIATEMENT, me dire séance tenante :
a.- S’il a le droit de poser des actes juridiques relevant de sa profession en dehors de son ressort
de compétence comme dans le cas d’espèce ?
b.- Si les requérants ont été par devant lui pour signer l’acte de vente de leur immeuble surtout
que la pauvre mère, Madame------------------, est illettrée et son fils---------------------------, détenu au moment
de cette vente du 02 Mars 2021 à la Prison Régionale du Nord à Garoua ?
CE A QUOI IL M’A ETE REPONDU
a.-
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
____________________
b.-
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
____________________
SOUS TOUTES RESERVES
Et afin qu’il n’en ignore, je lui ai où étant et parlant comme ci-dessus, remis et laissé copie
du présent exploit dont le coût est de : _________Francs ;
Employé pour copie, deux (02) feuilles de papier de la dimension du timbre à 1000 francs
F CFA plus 2000 francs de timbre sur l’original soit 3000 francs somme incluse dans le coût de l’acte ;
E…………………
T…………………. L’HUISSIER DE JUSTICE
O………………….
CE………………...
Tr………………..
V…………………
D………………….

TOTAL_______________ FCFA

11
2. La mise en demeure
La mise en demeure est un acte formel, juridique, par lequel un créancier interpelle son
débiteur et lui indique son intention de recouvrer sa créance. Si la mise en demeure est souvent utilisée
en matière de recouvrement de dettes, elle intervient aussi pour indiquer ou rappeler à une personne
ce que l’on croit être en droit d’exiger d’elle.

Tout comme la sommation, la mise en demeure a son fondement dans les dispositions
entre autres de l’article 1139 du Code Civil et aux termes desquels « Le débiteur est constitué en
demeure, soit par une sommation ou par autre acte équivalent, soit par l'effet de la convention,
lorsqu'elle porte que, sans qu'il soit besoin d'acte et par la seule échéance du terme, le débiteur sera
en demeure ».

Aussi trouve-t-elle sa base légale à l’article 133 de l’Acte uniforme OHADA du 15


décembre 2010 portant sur le droit commercial général : « Le preneur et le bailleur sont tenus chacun
en ce qui le concerne au respect de chacune des clauses et conditions du bail sous peine de résiliation.

La demande en justice aux fins de résiliation du bail doit être précédée d’une mise en demeure d’avoir
à respecter la ou les clauses ou conditions violées. La mise en demeure est faite par acte d’huissier ou
notifiée par tout moyen permettant d’établir sa réception effective par le destinataire.
A peine de nullité, la mise en demeure doit indiquer la ou les clauses et conditions du bail non
respectées et informer le destinataire qu’à défaut de s’exécuter dans un délai d’un mois à compter de
sa réception, la juridiction compétente statuant à bref délai est saisie aux fins de résiliation du bail et
d’expulsion, le cas échéant, du preneur et de tout occupant de son chef.
Le contrat de bail peut prévoir une clause résolutoire de plein droit. La juridiction compétente statuant
à bref délai constate la résiliation du bail et prononce, le cas échéant, l’expulsion du preneur et de tout
occupant de son chef, en cas d’inexécution d’une clause ou d’une condition du bail après la mise en
demeure visée aux alinéas précédents.
La partie qui entend poursuivre la résiliation du bail doit notifier aux créanciers inscrits une copie de
l’acte introductif d’instance. La décision prononçant ou constatant la résiliation du bail ne peut
intervenir qu’après l’expiration d’un délai d’un mois suivant la notification de la demande aux
créanciers inscrits » ;

Exemples de mise en demeure

A
Monsieur le Directeur Général de
SOGEA SATOM
--YAOUNDE—

Objet : Mise en demeure avant poursuites judiciaires.


Monsieur le Directeur Général,

12
Monsieur-----------------------, Pharmacien-gérant de la Pharmacie , Expert Judiciaire
en toxicologie Clinique et Pharmacologie Cinétique, B.P.------ Ngaoundéré Tél :-------------------/----
---------, demeurant à Ngaoundéré, m’a confié un dossier duquel il ressort que vous lui êtes redevable
de la somme de 7 800 000 (sept millions) FCFA.
En effet, le dossier révèle que dans l’affaire opposant le Ministère Public et Mme X et
la Société SOGEA SATOM pour activités dangereuses et violences par devant le Tribunal de Première
instance de TIBATI, il a été produit un rapport médical du 28 Mai 2021 soulignant que Mme X souffre
d’un syndrome confusionnel et des douleurs dus à la prise de certains médicaments (tramadol,
diazepan et vitamine B complex) administrés par l’infirmerie de votre Société.
Pour s’exonérer de cette responsabilité, vous avez sollicité auprès du Juge une
expertise médicale afin d’avoir un second avis médical et le Juge a accéder à votre demande
conformément aux dispositions de l’article 319 du Code de Procédure Pénale aux termes duquel « Si
la juridiction estime qu’une expertise est nécessaire à la manifestation de la vérité, il est procédé
conformément aux dispositions des articles 203 et suivants ».
C’est ainsi que le Tribunal, par Jugement n°----/ADD/COR rendu en date du 26 Avril
2022 et notifié au concerné en date du 25 Mai 2022, a commis mon client en sa qualité d’expert en
pharmacologie et toxicologie aux fins de déterminer notamment :
- Si Dame Mme X souffre ou a souffert du syndrome confusionnel de douleurs
initialement localisées à des points d’injection de Tramadol, de Diazepam et de
Vitamine B ;
- Si l’administration de ces médicaments en est la cause ;
- L’impact du choix de la voie intraveineuse (IV) pour l’administration de ces
traitements ;
- si l’état actuel de la patiente présumée victime est lié à ces trois (03) médicaments ;
Ce même Jugement précisait que cette mesure d’instruction ayant été sollicitée par la
Société SOGEA SATOM, le tribunal mettait à sa charge tous les frais d’expertise (Pièce n°1).
A la suite de cette désignation par le Tribunal de Première Instance de TIBATI, mon client a
accompli sa mission en quatre phases :
- d’abord, il a procédé à des investigations et recueil d’information qui se sont
matérialisés par des voyages à Tibati et à Yaoundé ;
- ensuite, il a entrepris d’examiner les pièces du dossier de façon méthodique et
minutieuse et d’interroger un certain nombre de personnes qui pouvait l’éclairer sur
l’affaire ;
- en outre, il procédé aux opérations de l’expertise proprement dite en apportant
au vues des différentes recherches effectuées des réponses aux différents chefs de
l’expertise ;
- bien plus, compte tenu de la complexité de l’expertise, il a fait intervenir d’autres
cabinets d’expertises externes en l’occurrence Inserm UMR-S 1144 Université de
Paris Cité (Optimisation Thérapeutique en Neuropsychopharmacologie) et
Thériaque Info, dont les expertises sont ci-jointes (Pièce n°2) ;
- enfin, grâce à tout ce travail de fond qu’il a effectué, il a fait une conclusion.
Après avoir terminé la mission à lui assignée par le Tribunal, mon client a fait un Rapport
d’expertise dans lequel est incluse sa note d’honoraire dont le montant total s’élève à 7 800 000 (sept
millions huit cent mille) FCFA qu’il a déposé au greffe de la juridiction l’ayant désigné comme expert
en date du 28 Juillet 2022 (Pièce n°3).

13
Chose curieuse, mon client n’a pas reçu jusqu’à l’heure actuelle le règlement de ses frais
d’honoraires pourtant vous avez bien été notifié de son rapport d’expertise.
La surprise générale c’est que, vos services ont plutôt opté de se calfeutrer dans un mutisme
révoltant, mon client s’est vu ridicule à la limite face au refus injustifié de payer ses honoraires.
Mon client en sa qualité de créancier à votre égard tient à vous rappeler que « A défaut
d’exécution volontaire, tout créancier peut, quelle que soit la nature de sa créance, dans les conditions
prévues dans le présent Acte uniforme, contraindre son débiteur défaillant à exécuter son obligation à son
égard ou pratiquer une mesure conservatoire pour assurer la sauvegarde de ses droits » (article 28 de
l’Acte uniforme OHADA portant organisation de Procédures Simplifiées de Recouvrement et des
Voies d’Exécution).
Sur ces manquements flagrants et sur le point de perdre patience, il m’a confié ce dossier
pour que je déclenche toute procédure judiciaire idoine visant à réparation des faisceaux de
préjudices que vos services lui ont fait subir sans ambages et mettre fin à cette situation
outrancièrement choquante ;
Il sollicite à titre des dommages et intérêts la somme totale de 20 800 000 FCFA ventilée
comme suit :

---Principal …………………………….. 7 800 000F


---Préjudice moral ……………………… 10 000 000 F
---Frais de procédure…………………… 3 000 000 F
TOTAL : 20 800 000 FCFA

Mais, sensible à l’adage selon lequel « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon
procès », j’ai pris sur moi l’initiative de vous saisir par les présentes pour un arrangement amiable et
plus précisément la libération des fonds à lui destinés et la réparation du préjudice souffert, SOUS
HUITAINE, à compter de la réception des présentes.
Votre prompte réaction m’obligerait.
Veuillez recevoir, Monsieur le Directeur Général, l’expression de mes sentiments de
profondes déférences.

MISE EN DEMEURE D’AVOIR À RESPECTER LES CLAUSES DU


CONTRAT DE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL.
A la requête de Monsieur XXX, Opérateur économique, née vers….. à Ngaoundéré, titulaire
de la CNI N°……………délivrée le …/…/…. à Ngaoundéré, domicilié à Ngaoundéré et ayant pour
Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun avec Résidence Professionnelle à
Ngaoundéré BP : 276, Tél : 699 90 72 96 // 676 43 72 96 au Cabinet duquel elle élit domicile ainsi
qu’en mon Etude aux fins du présent exploit ;

J’ai Maître YOUSSOUFOU IBRAHIM, Huissier de Justice près la Cour d’Appel de


l’Adamaoua et les Tribunaux de Ngaoundéré, BP : 182, Tél : 699 81 18 44, y demeurant et domicilié,
soussigné :

DIT ET DECLARE A :
14
La Société YYYYYYYY, Société Anonyme à Capital Public (SCAP), dont le Siège Social
est à Douala, B.P……, représentée par son Directeur Général, Monsieur XXYY, prise en la
personne de son représentant à Ngaoundéré, en ses services où étant et parlant à

Qu’elle ne saurait nier, ni disconvenir sauf mauvaise foi de sa part, qu’elle est locataire du
requérant comme en fait foi le bail à usage professionnel conclu le 21 Novembre 2018 sur un
immeuble urbain bâti, sis au Centre Commercial de la ville de Ngaoundéré en contrepartie d’un loyer
mensuel de 500 000 (cinq cent mille) francs CFA payable annuellement chaque 1er Décembre sur
facture établie par le bailleur ;

Que curieusement depuis le 1er Décembre 2018, date à laquelle devait s’effectuer le paiement
des loyers de la première année, aucune somme n’a été reçue par le bailleur ;

Que cette situation perdure au point où jusqu’à ce jour aucun loyer n’a été reversé par
YYYYYYYY.

Que pourtant dès la signature du contrat de bail, Monsieur XXX, en tant bailleur a rempli sa
principale obligation à savoir délivrer les locaux loués en bon état matérialisé par la remise des clés
du local au locataire ;

Qu’il y a lieu de relever que le paiement de loyers est la principale obligation du preneur en
contrepartie de la jouissance des lieux loués tel que dispose l’article 112 de l’Acte Uniforme
OHADA pourtant Droit Commercial Général « En contrepartie de la jouissance des lieux loués,
le preneur doit payer le loyer aux termes convenus entre les mains du bailleur ou de son
représentant dûment mandaté » ;

Que l’article 133 alinéa 1er du texte suscité quant à lui précise que « Le preneur et le bailleur
sont tenus chacun en ce qui le concerne au respect de chacune des clauses et conditions du bail
sous peine de résiliation » ;

Que le requérant met en demeure YYYYYYYY de respecter les clauses du contrat de bail en
procédant au paiement des loyers échus afin de lui permettre de jouir de ses droit en tant que
propriétaire immobilier ;

Que ces loyers échus qui vont du 1er Décembre 2018 au 30 Novembre 2021, soit 36
mensualités, s’élèvent à 18 000 000 (dix-huit millions) francs CFA ;

Qu’il rappelle qu’à défaut de s’exécuter dans un délai de 30 (trente) jours à compter de
la réception de la présente, la juridiction compétente sera saisie aux fins de réparation du
préjudice matériel c'est-à-dire le paiement des loyers échus, du préjudice économique, du
préjudice moral et des frais de procédure ;

Que par ailleurs, au-delà de ce délai, la juridiction compétente sera saisie aux fins de
constater la résiliation du bail et l’expulsion du preneur et de tout occupant de son chef, en
application de l’article 133 alinéa 4 du texte suscité qui dispose que « Le contrat de bail peut
prévoir une clause résolutoire de plein droit. La juridiction compétente statuant à bref délai

15
constate la résiliation du bail et prononce, le cas échéant, l’expulsion du preneur et de tout
occupant de son chef, en cas d’inexécution d’une clause ou d’une condition du bail après mise en
demeure visée aux alinéas précédents » ;

EN CONSEQUENCE

Et à même, demeure et élection de domicile que ci-dessus, j’ai Huissier susdit MIS EN
DEMEURE LA REQUISE SUS NOMMEE d’avoir dans un délai de 30 (trente) à compter de
la réception de la présente, de respecter les clauses du contrat notamment en payant les loyers
échus et à échoir ;
Formel avertissement lui étant donné que faute par lui d’obtempérer à la présente MISE
EN DEMEURE et le délai ci-haut expiré, mon requérant saisira la juridiction compétente aux fins
de de constater la résiliation du bail et prononcer l’expulsion de la requise et de tout occupant
de son chef et aux fins de la condamner au paiement des dommages et intérêts ;

SOUS TOUTES RESERVES

Et afin que nul n’en ignore, je lui ai où étant et parlant comme dessus remis et laissé copie
du présent exploit dont le coût est de VINGT MILLE FRANCS ;
Emploi pour copie 01 feuille de papier de dimension du timbre à 1000 FCFA plus 1000
FCFA de droit de timbre sur l’original soit au total 2000 FCFA, la somme incluse dans le coût de
l’acte.

L’HUISSIER DE JUSTICE.
E................................. 4000
T................................. 2000
O................................. 1000
CE............................... 1000
P.................................. 300
TR...............................250
IR …………………. 270
HON………………. 11 180

TOTAL ...............20 000 FCFA

Section II.-Les actes préalables à la saisine des juridictions administratives :


Le Recours Gracieux Préalable
Préalable à tout contentieux, le droit camerounais oblige les justiciables à négocier avec
l’administration en la saisissant d’une requête appelée « Recours gracieux préalable ». Cet acte vise
à protéger l’administration qui ne peut directement être traduite en justice sans que la possibilité ne
lui ait été donnée de revoir éventuellement la mesure querellée. Il protège les justiciables en les
empêchant d’exercer les recours qui pourraient s’avérer superfétatoire, notamment contre les mesures
sur lesquelles l’autorité administrative serait disposée à donner satisfaction.
16
Pour la rédaction du recours gracieux préalable, il faut mettre en référence la décision
qui fait problème, identifier l’autorité destinataire qui doit être l’auteur de la décision faisant
problème, énoncer les reproches fait à la décision justifiant son retrait. L’autorité administrative
dispose de trois mois pour répondre. Son silence vaut rejet et le requérant peut saisir la juridiction
administrative

« EXTRAIT DE LA LOI N°2006/022 DU 29 DECEMBRE 2006 FIXANT L’ORGANISATION ET


LE FONCTIONNEMENT DES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS

ARTICLE 17 (1) Le recours devant le tribunal administratif n’est recevable qu’après rejet d’un
recours gracieux adressé l’autorité auteur de l’acte attaqué ou à celle statutairement habilitée à
représenter la collectivité publique ou l’établissement public en cause. (2) Constitue un rejet .du
recours gracieux, le silence gardé par l’autorité pendant un délai de trois mois sur une demande ou
réclamation qui lui est adressée Ce délai court à compter de la notification du recours gracieux. (3)
Le recours gracieux doit, sous peine de forclusion, être formé : a) dans les trois mois de publication
ou de notification de la décision attaquée b) en cas de demande -d’indemnisation, dans les six mois
suivant la réalisation du dommage ou sa connaissance c) en cas d’abstention d’une autorité ayant
compétence liée, dans les quatre ans à partir de la date à laquelle ladite autorité était défaillante.

ARTICLE 18 (1) Sous peine de forclusion, les recours contre les décisions administratives, doivent
être introduits dans un délai de soixante (60) jours à compter de la décision de rejet du recours
gracieux visé à l’article 17 ci-dessus. (2) Ce délai court du lendemain du jour de la notification à
personne ou à domicile élu.

ARTICLE 19 (1) Les délais ci-dessus son prorogés si le requérant a, dans L’intervalle: a) déposé une
demande d ‘assistance judiciaire b) saisi une juridiction, incompétente. (2) Dans ce cas, le recours
contentieux est valablement introduit dans les soixante (60) jours qui suivent la notification de la
décision statuant sur la demande d’assistance judiciaire ou sur la compétence ».

Exemples de recours gracieux préalable (I) et du recours hiérarchique (II)

I.- RECOURS GRACIEUX PREALABLE


A
Monsieur le Ministre du Commerce
--YAOUNDE—

Objet : Recours Gracieux Préalable


V/REF
- Décision n°…../MINCOMMERCE du….. portant suspension d’un responsable dans les
Services Déconcentrés du Ministère du Commerce

Monsieur le Ministre,

17
Madame XY, née le……… à………, fille de…………. Et de………………, titulaire de la CNI N°….
du…. A…..., Contrôleur Adjoint des Prix, Poids et Mesures, Matricule……., Vérificateur Assistant à la
Brigade Départementale des Contrôles et de la Répression des Fraudes de….., domiciliée à
Ngaoundéré, et ayant pour Conseil Me KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun avec Résidence
professionnelle à Ngaoundéré, BP 276, Tél. 699 907 187/676 437 296, au cabinet duquel elle élit
domicile ;

A LE REPECTUEUX HONNEUR DE VOUS EXPOSER

Qu’elle est fonctionnaire et occupe un poste de travail permanent, et est titularisée


dans un cadre de la hiérarchie des Administration de l’Etat, en l’occurrence le Ministère du
Commerce ;

Qu’en effet, elle a été admise au concours du…. pour le recrutement de….
Contrôleurs Adjoints des Prix, Poids et Mesures ;

Que dès le…., date effective de sa prise de service, elle a été intégrée en qualité de
Contrôleurs Adjoints des Prix stagiaire (indice 180) catégorie « C » de la Fonction Publique (Pièce
n°1) ;

Qu’affectée par Décision n°……… du….., à la Délégation….., elle a régulièrement pris


service comme l’atteste le Certificat de Prise de Service signé par le Délégué Départemental le 23
Août 2010 (Pièce n°2) ;

Qu’en Février 2010, ayant accompli de manière satisfaisante son année de stage
règlementaire, elle est titularisée dans son poste suscité en 2ème classe 1er échelon (indice 185) suivant
Arrêté N°…… (Pièce n°3) ;

Qu’elle prête serment à l’audience du Tribunal de…, Section Civile et Commerciale,


comme en fait foi le Procès-verbal de prestation de serment N°… du…. (Pièce n°4) ;

Que par Arrêté N°…/MINCOMMERCE du…. de Monsieur le Ministre du


Commerce, elle est nommée Vérificateur-Assistant à la Brigade Départementale des Contrôles et
de la Répression des Fraudes de…. (Pièce n°5) ;

Qu’elle prend effectivement service dès sa nomination et a toujours occupé son poste
jusqu’à ce jour (Pièce n°6) ;

Qu’elle a régulièrement bénéficié de différents avancements allant du 2ème échelon de


la 2ème classe (indice 200) au 6ème échelon de la 2ème classe (indice 250) (Pièce n°7) ;

Qu’elle a toujours exercé ses fonctions dans le stricte respect de la règlementation en


vigueur ;

Qu’en début du mois de Septembre 2022, des bruits de couloirs circulant dans son
lieu de service vont lui faire écho de ce qu’une sanction ministérielle a été prononcée à son encontre ;

18
Qu’intriguée, elle va vérifier cette information sur le site du MINCOMMERCE, et
elle est surprise de découvrir effectivement qu’une procédure disciplinaire est ouverte contre elle
sans même qu’elle ne soit au courant ;

Que c’est ainsi que s’étant rapproché du Délégué Départemental, elle va découvrir à
son plus grand désarroi, la Décision n°… du…. portant sa suspension de ses fonctions pour une
durée de trois mois, pour manquements graves contraires à l’éthique et à la déontologie
professionnelles (Pièce n°8) ;

Que chose encore plus curieuse, elle découvre une correspondance du Ministre à
elle adressée pour notification de sa Décision de suspension dans laquelle il est mentionné le rapport
de Mission N°….. du….. de l’Inspection Générale du MINCOMMERCE ;

Que pourtant, elle n’a jamais fait l’objet de quelle que procédure disciplinaire que ce soit
depuis sa prise de service en 2010 ;

Qu’il est évident que la Décision N°… fait montre d’un excès de pouvoir de l’Autorité
Administrative qui l’a prise et doit être rapportée en ce qu’elle est entachée de vice de forme flagrant
(I), qu’elle viole des dispositions législatives ou règlementaires (II) ;

I. SUR LE VICE DE PROCEDURE ENTÂCHANT LA DECISION


N°…./MINCOMMERCE.
Attendu que la Jurisprudence a consacré le vice de procédure qui affecte le processus
d’élaboration d’un Acte Administratif et est constitué en cas de violation d’une des règles organisant la
procédure d’élaboration des décisions administratives ;

Que la prise d’une Décision administrative comporte un certain nombre d’étapes dont la
procédure du contradictoire ;

Que la Jurisprudence impose même le respect du principe du contradictoire dans les cas où
l’autorité compétente prend une sanction disciplinaire comme elle l’a si bien énoncée dans l’affaire
NYAM Charles C/ Etat du Cameroun (MINESUP) en ces termes « Attendu qu’il n’a même pas été
donné à NYAM Charles l’occasion de s’expliquer pour établir son innocence ; que cette violation du
principe du contradictoire, qu’avoue par ailleurs le représentant de l’Etat, n’est rien d’autre que
l’arbitraire ; d’où il suit que la décision attaquée encourt annulation pour excès de pouvoir » ;

Que dans la même optique, elle va jusqu’à étendre le domaine d’application des droits de la
défense à toute mesure qui « porte atteinte assez grave à une situation individuelle (…) même si ladite
mesure ne constitue pas une mesure disciplinaire » (CS/CA, Jugement n°54 du 29 Août 2002, MAMA
BILOA Sandrine C/ Etat du Cameroun in C. KEUTCHA TCHPNGA, Précis contentieux
administratif au Cameroun, P.202) ;

Qu’en l’occurrence, l’autorité administrative est tenue d’informer l’intéressé qu’une sanction est
en train d’être prise à son égard et se doit même d’entendre utilement ses observations sur les faits qui
lui sont reprochés ;

Que ce principe dit des « droits de la défense », oblige l’Autorité répressive à instaurer des
véritables débats contradictoires avant de prononcer une sanction administrative ou disciplinaire ;
19
Qu’en l’espèce, Dame XY n’a jamais eu l’occasion d’être entendue sur les faits qui lui sont
reprochés et de ce fait aucune chance ne lui a été laissée de défendre sa cause ;

Qu’elle n’a même pas été au courant qu’une procédure disciplinaire était engagée contre elle ;

Que la Décision N°… viole gravement le droit de la défense et heurte les règles organisant la
procédure d’élaboration des décisions administratives en l’occurrence la procédure du contradictoire ;

Qu’il échet de rapporter cette Décision ;

II. SUR LA VIOLATION D’UNE DISPOSITION LEGALE OU REGLEMENTAIRE


PAR LA DECISION N°….
Qu’il ressort en substance des dispositions de l’article 2 alinéa 3 a de la Loi N°2006/022 du 29
décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement des tribunaux administratifs qu’est constitutif
d’excès de pouvoir au sens du présent article la violation d’une disposition légale ou règlementaire ;

Que la Jurisprudence est constante que « toute Décision administrative doit avoir des
empreintes de légalité qui permettent à la Chambre administrative d’exercer son contrôle sur la
régularité de cette décision…il en résulte qu’une décision administrative intervenue en violation des
dispositions légales encourt annulation »(CS/CA, Jugement n°39 du 30Août 2001, Organisation
Nationale de l’Enseignement Privé Islamique du Cameroun (ONEPI), n°24 du 14 Janvier 2009,
WAFO Philippe, n°67 du 11 mars 2009, Boulangerie CALAFATAS S.A C/ CNPS, n°107 du 03 Juin
2009, SOTRADICAM, in C. KEUTCHA TCHPNGA, Précis contentieux administratif au
Cameroun, P.206) ;

Que dans le cas d’espèce, la Décision N°… a violé l’article 95 du Décret N°2000/287 du 12
Octobre 2000 modifiant et complétant certaines dispositions du Décret n°94/199 du 07 Octobre 1994
portant Statut Générale de la Fonction Publique de l’Etat sur le manque de motivation (A) et sur la
double sanction (B) ;

A. SUR L’ABSENCE DE MOTIVATION DANS LA DECISION N°…


Attendu que l’article 95 du Décret N°2000/287 du 12 Octobre 2000 modifiant et complétant
certaines dispositions du Décret n°94/199 du 07 Octobre 1994 portant Statut Générale de la Fonction
Publique de l’Etat dispose que « Toute sanction disciplinaire doit être motivée, à peine de nullité
absolue. Elle est obligatoirement versée au dossier personnel du fonctionnaire qui en est frappé. Une
même faute disciplinaire ne peut plus être sanctionnée plus d’une fois » ;

Que contrairement à ce que prévoit l’article suscité, la Décision querellée n’est pas motivée ;

Que la formulation par l’autorité Administrative « pour manquements graves contraires à


l’éthique et à la déontologie professionnelles » ne constitue aucunement une motivation au sens de
l’impératif de la Loi et de la Jurisprudence suscitées ;

Qu’en effet, il ne ressort nulle part dans la Décision attaquée les actes qualifiés, constitutifs de
ce qui a été appelé « Manquements graves contraires à l’éthique et à la déontologie professionnelles »
qu’aurait posé la requérante ;

20
Que de ce fait, cette Décision mérite d’être annulée et de nullité absolue car n’ayant pas respecté
l’article 95 sus évoqué ;

B. SUR LA DOUBLE SANCTION


Attendu qu’il ressort de l’examen du dossier que la recourante a découvert auprès des membres
de la commission de contrôle descendue dans leur Délégation courant Août 2022, qu’elle aurait fait
l’objet des avertissements, elle ne devrait plus faire l’objet d’une autre sanction disciplinaire pour les
mêmes faits tel qu’il ressort de l’article 95 du Décret N°2000/287 du 12 Octobre 2000 modifiant et
complétant certaines dispositions du Décret n°94/199 du 07 Octobre 1994 portant Statut Générale de
la Fonction Publique de l’Etat ;

Qu’en effet, d’après cet article « Une même faute disciplinaire ne peut être sanctionnée plus
d’une fois » ;

Qu’en l’espèce, à la date du 23 Août 2022, lors de la descente effectuée par une équipe de
l’Inspection Générale au niveau de la Délégation Régionale du Commerce de…., pour effectuer une
mission de trois (03) jours sur les cas de récidive d’indiscipline et d’insubordination sur l’ensemble du
personnel de ladite Délégation, celle-ci lui a présenté des documents à la requérante parmi lesquels
une lettre d’avertissement adressée à son encontre par sa hiérarchie ;

Que l’Avertissement est une sanction disciplinaire du premier groupe tel qu’il ressort de l’article
94 du Décret N°2000/287 du 12 Octobre 2000 sus évoqué ;

Que au regard de la loi, la requérante ne saurait subir pour la même faute un Avertissement qui
est sanction disciplinaire de premier groupe et une suspension qui est une sanction disciplinaire du
troisième groupe ;

Qu’au regard de la Loi et de la Jurisprudence susvisées, cette Décision suspendant la requérante


de ses fonctions ne s’analyse qu’exclusivement sous l’angle de nuisance et qu’il y a lieu de la rapporter ;

Que la recourante a l’honneur de vous informer qu’en cas de réponse négative de votre part,
elle se trouvera dans l’obligation d’intenter un recours contentieux devant la Juridiction administrative
compétente à l’effet d’y faire constater ses droits ;

PJ :

II.- RECOURS HIERARCHIQUE


Ngaoundéré, le 16 Juillet 2021
A
MONSIEUR LE GOUVERNEUR
DE LA REGION DE L’ADAMAOUA
--NGAOUNDERE—
Objet : Recours hiérarchique

Affaire : XX
21
C/
YY

Ref : Compte rendu de la descente du 23 février 2021 à


MOUMOU.

Monsieur XX, Berger, né vers 1948 à Ngaoundéré, fils de… et de…., demeurant au quartier
NORD-CIFAN à Ngaoundéré, ayant pour Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du
Cameroun avec Résidence Professionnelle à Ngaoundéré BP : 276, Tél : 699 90 72 96/676 43 72 96
au Cabinet duquel il élit domicile ;

A LE RESPECTUEUX HONNEUR DE VOUS EXPOSER :

Qu’en 1979, il lui été attribué par des services compétents un terrain estimé à 1096 ha
relevant du domaine national et qu’il a toujours occupé et exploité comme pâturage de ses bétails,
des bovins et autres;
Qu’il s’agit naturellement d’un domaine national relevant de la première catégorie définit
par l’article 15 (1,2) de l’Ordonnance n° 74-1 du 06 juillet 1974 fixant le régime foncier modifiée et
complétée par l’Ordonnance N°77/1 du 10 janvier 1977 aux termes desquels : «Les dépendances du
domaine national sont classées en deux catégories : les terrains d’habitation, les terres de culture, de
plantation, de pâturage et de parcours dont l’occupation se traduit par une emprise évidente de
l’homme sur la terre et une mise en valeur probante… » ;
Que cette dépendance fait aujourd’hui l’objet de convoitise par certains individus parmi
lesquels YAYA BANDAM qui serait le Chef Traditionnel de 3ème Degré d’un village dénommé
MOUMOU;
Que ce dernier se fait accompagner par certaines personnes pour fomenter des troubles
sur les lieux, détruisent tout sur leur passage, mettent à mal le requérant dans la jouissance paisible
de l’espace dont il exerce son droit de propriété coutumière ;
Qu’il s’est retrouvé dans la pénible obligation de saisir les autorités judiciaires à l’effet
de faire entendre sa cause et par Arrêt confirmatif N°21/COR du 25 février 2021 rendu par la Cour
d’Appel de l’Adamaoua à Ngaoundéré statuant en matière correctionnelle, Sieurs YAYA BANDAM
et ses acolytes MOHAMADOU, et AHMADOU ont été poursuivis pour les faits de troubles de
jouissances et de destruction des biens et condamnés pour la dernière infraction;

Que mécontent de cette Décisions répressive, sieur YAYA BANDAM a cru devoir faire
recours à l’autorité administrative de votre ressort de compétence et certainement en application de
l’article 2 du Décret N° 2016-1430 PM du 27 mai 2016 fixant les modalités d'organisation et de
fonctionnement de la commission consultative en matière foncière et domaniale qui dispose
que : « La commission consultative est un organe collégial chargé d’assister les autorités compétentes
dans le cadre de la gestion du domaine national. À ce titre, elle … examine et règle le cas échéant,
tous les litiges fonciers se rapportant aux terrains non immatriculés du domaine national » ;

Qu’accédant légalement et légitimement à sa requête, le Préfet de la Vina a mis sur pied


une Commission ayant à sa tête le Sous-préfet de l’Arrondissement de Bélel à l’effet d’exécuter les
22
Recommandations contenues dans le Procès-verbal (02 octobre 2020) de la descente relative à
l’examen et au règlement du litige foncier sur une superficie d’environ 1096 ha opposant Monsieur
YAYA BANDAM (Chef Traditionnel de 3ème Degré de MOUMOU), aux Sieurs ABBA et NANA
ISMAILA, dans le village MOUMOU, Arrondissement de MBE, Département de la Vina, Région de
l’Adamaoua;

Mais attendu que quoique légale et légitime, le requérant a le sentiment que les
Recommandations qui pourtant étaient claires n’ont pas été exécutées à la lettre lors de la descente
du 23 février 2021 sanctionnée par le Compte rendu repris en référence ;

Que ces Recommandations à exécuter ont été les suivantes :

« 1. Que le Ranch s’étende sur sa superficie initiale ;

2. Monsieur NANA ISMAILA ouvre la barrière permettant de desservir le village se trouvant


au-delà ;

3. Le Chef de MOUMOU signe un protocole d’accord dans lequel il s’engage à ne pas porter
atteinte aux biens et personnes se trouvant dans le Ranch »;

Qu’advenu à la descente, les Recommandations prescrites et qu’auraient dues exécuter


intégralement la Commission d’exécution ayant à sa tête le Sous-préfet de l’Arrondissement de Bélel
en la présence des parties en litige et des riverains, ont été exécutées partiellement ;
Que si les deux dernières Recommandations ont été bien exécutées, il n’en a pas été ainsi
de la première qui est par ailleurs la véritable pomme de discorde et aux termes desquels « 1.- Que le
Ranch s’étende sur sa superficie initiale » ;
Qu’en effet, conformément au Procès-verbal de la tenue de palabre du 23 mars 1981, de
l’attestation de propriété du N°003/AP/H52.02/BAEF, la superficie de son ranch s’étendait sur une
superficie d’environ 800 (huit cent) hectares ;
Que l’Attestation d’Occupation et d’Exploitation d’une dépendance du domaine national
du 06 septembre 2017, après les différentes mesures sur les mêmes limites que celles mentionnées
sur Procès-verbal de la tenue de palabre du 23 mars 1981 indiquait une superficie exacte et non
estimative de 1096 (mille quatre vingt seize) hectares ;
Que le requérant souligne que l’espace sur lequel s’étend le ranch (qui date de 1979) ne
relevait pas de la chefferie de MOUMOU comme le prétend YAYA, mais plutôt de Tourningal, avec
qui aucune contestation n’a jamais existé, la correspondance du Djaouro AMADOU ABBO, Chef de
3ème degré de Tourningal du 24 Avril 2021 à l’attention du Sous-préfet de MBE l’illustre à suffisance.
Qu’il attire davantage l’attention du dépositaire de l’autorité de l’Etat dans la Région que
vous êtes que le village MOUMOU n’existait pas encore en 1979 lorsqu’il lui a été attribuée cette
dépendance et ne vient à l’existence que suivant Arrêté préfectoral N°182/AP/H-52/SP du 11 juin
1986 ;

23
Que c’est dire que l’attitude du Chef de MOUMOU est réfractaire à la législation
foncière et domaniale, illégale, illégitime, outrancièrement frustrante à la limite, son attitude n’étant
que pure provocation et machination vu l’antériorité d’occupation paisible du requérant ;
Que le requérant relève avec regret que la Commission d’exécution a suivi YAYA dans
ses velléités, écartant des débats toutes pièces justifiant la superficie de 1096 Ha et a décidé
finalement sur des virtualités, l’espace qui lui revient désormais à l’issu de la descente ne s’étend
qu’à peine sur une superficie d’environ 300 (trois cent) hectares alors même que plusieurs documents
versés dans ce dossier font état d’une superficie préalablement estimée 800 (huit cent) hectares et que
le service cadastral l’a circonscrit avec exactitude à 1096 hectares ;
Qu’il est donc indéniable que la Commission a violé flagramment la première
Recommandation : « 1.- Que le Ranch s’étende sur sa superficie initiale » ;
Que par ailleurs, le Sous-préfet à l’issu des travaux à accordé un délai de trois (03) mois
à Sieur ABBA ABDOULAYE pour libérer le Ranch qui ne l’appartient plus depuis la cession
consentie au requérant, une décision créant un flou et entraînant une incompréhension qui mérite
clarification ;
Qu’il n’est pas superfétatoire de préciser que l’exécution approximative de la première
Recommandation laissé des germes de trouble à l’ordre public dans cette zone, preuve de ce que dès
le lendemain de la descente de la Commission, M. YAYA, le Chef de MOUMOU et ses caporaux se
sont à nouveau introduits dans le Ranch du requérant, détruisant les plantes et y ont entrepris des
travaux champêtres;
Que cette situation perdure et l’ordre public et la tranquillité pourraient en être impactés,
c’est pourquoi, et en vertu de l’article 4 (1) du Décret n° 2008/377 du 12 novembre 2008 fixant les
attributions des chefs de circonscriptions administratives et portant organisation et fonctionnement
de leurs services qui dispose que : « le gouverneur haut fonctionnaire nommé par décret du président
de la République, est dépositaire de l’autorité de l’Etat dans la région. A ce titre, il : - assure le
maintien de l’ordre public, en application des lois et règlement en vigueur ; - prend les mesures
nécessaires à la préservation de la paix sociale et au bon fonctionnement des services déconcentrés
de l’état dans la Région » ;
Que sous l’empire des dispositions de l’article 35 (2) du Décret n° 2008/377 du 12
novembre 2008 fixant les attributions des chefs de circonscriptions administratives et portant
organisation et fonctionnement de leurs services mentionné plus-haut, le requérant a bon espoir et
confiance en votre sens élevé de justice pour être rétabli sur la superficie initiale de 1096 ha qui lui
revient de bon droit et de lever tout équivoque, car à l’heure actuelle, le Chef de MOUMOU et ses
caporaux sont rentrés sur le Ranch et y mènent des activités ;
Qu’il insiste entrer en possession de la totalité de son terrain dont il a la pleine propriété
coutumière ;
Que pour ce faire, votre intervention hiérarchique est nécessaire et indispensable pour
qu’il soit restauré dans ses droits et dont l’instruction de la présente requête nécessite une nouvelle
descente sur le terrain de la Commission Consultative ;

24
Veuillez croire, Monsieur le Gouverneur, à l’expression de mes sentiments de profondes
déférences et fidèlement dévoués.

Pièces jointes :

- Compte rendu de la descente du 23 février 2021 MOUMOU;


- Procès-verbal de la descente relative à l’examen et au règlement du litige foncier sur une
superficie d’environ 1096 ha opposant Monsieur YAYA, Chef Traditionnel de 3ème degré
de MOUMOU, aux Sieurs ABBBA ABDOULAYE et NANA ISMAILA, dans le village
MOUMOU, Arrondissement de MBE, Département de la Vina, Région de l’Adamaoua ;
- Procès-verbal de la tenue de palabre N°24/PV/TP/ANG du 23/03/1981 ;
- Attestation de propriété N°AP/H52.02/BAEF ;
- l’Attestation d’Occupation et d’Exploitation d’une dépendance du domaine national du 06
septembre 2017 ;
- Arrêt N° 21/COR du 25 février 2021 de la Cour d’Appel de l’Adamaoua statuant en
matière Correctionnelle ;
- Correspondance du Djaouro AMADOU, Chef de 3ème degré de MOUMOU du 24 Avril
2021 à l’attention du Sous-préfet de MBE

SOUS TOUTES RESERVES

Section III : Le Préalable à la saisine des juridictions en


matière sociale : La Requête aux fins de tentative de
conciliation
Le législateur de 1992 a privilégié à la fois le règlement à l’amiable des conflits
individuels de travail d’une part et une approche plus négociée des conflits collectifs d’autre part,
optant ainsi pour les moyens pacifiques et non à la grève dans la recherche des solutions aux conflits
de travail. On se situe dans ce cadre, sous une sorte de premier degré de règlement des conflits en
matière sociale. La procédure judiciaire doit être précédée par une phase administrative de règlement
amiable confiée à un fonctionnaire à savoir un Inspecteur de travail. L’agent administratif fait
figuration ici de conciliateur agissant par référence à une prescription législative. Cette situation
s’apparente beaucoup plus à une sorte de recours administratif.

Le Code du Travail prescrit un préalable de conciliation, c’est-à-dire une tentative de


règlement amiable du litige. Pour la Cour Suprême, le caractère obligatoire de ce préliminaire de
conciliation tient à l’essence même de l’institution. Ce n’est qu’après l’échec de la tentative de
conciliation, ou après une conciliation partielle, que la juridiction compétente en matière sociale
pourra être saisie par la partie la plus diligente, uniquement sur les seuls chefs de demandes qui ont
été préalablement présentés à la tentative de conciliation. La tentative de conciliation préalable a un
caractère obligatoire dont le défaut est sanctionné par la nullité de la procédure.

Textes :
1.- Code du Travail.
25
Art.139.- 1) Tout travailleur ou tout employeur doit demander à l’inspection du travail du lieu de
travail de régler le différend à l’amiable. 2) Les modalités de convocation et de comparution des
parties sont fixées par arrêté du ministre chargé du Travail, pris après avis de la Commission nationale
consultative du travail

2.- ARRETE N°05O/MINTSS/CAB FIXANT LES MODALITES DE CONVOCATION ET LA


COMPARUTION DES PARTIES DEVANT L’INSPECTION DU TRAVAIL LE MINISTRE DU
TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE,

Vu la constitution ;
Vu la loi n°92/007 du 14 août1992 portant Code du Travail en son article 139
Vu le décret n°2004/320 du 08 Décembre 2004 portant organisation du gouvernement
Vu le décret n°2005/085 du 29 mars 2005 portant organisation du ministère du Travail et de la
Sécurité Sociale
Vu le décret n°2009/223 du 30 Juin 2009 portant réaménagement du gouvernement
Vu le décret n°93/084/PM du 26Janvier 1993 fixant l’organisation et le fonctionnement de la
Commission Nationale Consultative du Travail
Vu l’avis émis par la commission Nationale Consultative du Travail
Après avis de la Commission Nationale Consultative du Travail en sa session du 16 Septembre
2009.
ARRETE:
Article 1er : Le présent arrêté fixe les modalités de convocation et de comparution des parties
devant l’Inspection du travail dans le cadre de la procédure du règlement des conflits individuels du
travail
Article 2 : Au plus tard dans les cinq (5) jours suivant le dépôt d’une plainte, l’Inspecteur du travail
ou son délégué doit convoquer les parties pour une tentative de conciliation ;
2- La convocation doit être datée, signée et comporté les mentions suivantes pour chacune des
parties,
– nom, prénoms et profession (ou raison sociale)
– adresse exacte
– date de la tentative de conciliation (jour, mois, année et heures)
– lieu avec indication précis du bureau
3-Elle est adressée aux parties par tous moyens de transmission laissant trace écrite, au moins dix
(10) jours francs avant la date fixée pour la comparution.
Article 3
1- Les parties doivent comparaître en personne ou se faire valablement représenter;
2-Hormis les avocats, les autres représentants des parties doivent être munis d’un mandat
Article 4 : Dans le cas ou I ’une ou les deux parties ne se présentent pas au jour et heure indiqués,
une seconde convocation leur est immédiatement adressée dans les forme et délai prévues aux
alinéas 2 et 3 de l’article 2 ci-dessus.
Article 5 Sauf cas de force majeure, si le demandeur ne comparait pas après la deuxième
convocation ou ne se fait pas valablement représenter conformément aux dispositions de l’article 3
paragraphes 2 ci-dessus et s’il est prouvé que la convention lui est effectivement parvenue, la
plainte est classée purement et simplement.
Article 6
l- Sauf cas de force majeure, si le défendeur ne comparait pas après la deuxième convocation ou ne
se fait pas valablement représenter conformément aux dispositions de l’article 3 paragraphe 2 ci-
dessus et s’il est prouvé que la convocation lui est effectivement parvenue, l’Inspecteur du Travail
dresse un procès-verbal de non conciliation par défaut.
2- Dans les conditions visées à l’alinéa I ci-dessus, le défendeur défaillant est passible des peines
26
prévues à l’article 169 du code du Travail, pour entrave à l’exercice des pouvoirs qui incombent aux
inspecteurs du Travail.
Article 7 A l’issue de la tentative de conciliation, un procès-verbal constatant soit la conciliation
totale ou partielle, soit la non conciliation, est signé par les parties et contresigné par I ‘inspecteur
du travail ou son délégué.
Article 8 : Le présent arrêté sera enregistré et publié au Journal Officiel en Français et en anglais.
Yaoundé, le 06 Octobre 2009
Le Ministre du Travail et de la Sécurité sociale
Professeur Robert NKIL

REQUETE AUX FINS DE TENTATIVE DE CONCILIATION


A
Madame le Délégué Régional du
Travail et de la Sécurité Sociale de
l’Adamaoua à
NGAOUNDERE
Madame le Délégué Régional,
Monsieur X, ayant pour Conseil Me Y, Avocat au Barreau du Cameroun, au Cabinet duquel il élit
domicile ;
A L’ HONNEUR DE VOUS EXPOSER :

Qu’il a été embauché comme responsable d’Agence de Ngaoundéré Grand-Marché par la Société
er
……., dont le siège social est à Z, B.P …., le 1 Janvier 2015 à NGAOUNDERE comme en fait foi
le contrat de travail ci-joint ;
Qu’il a été classé en VI catégorie, échelon B avec un salaire mensuel de 160 226 FCFA comme en
fait foi ses bulletins de paie ci-joints ;
Qu’or, en tant que Directeur ou Chef d’Agence et donc Cadre, il devrait au moins être classé en 10ème
Catégorie et selon la grille salariale de son secteur d’activité (ASSURANCE), le salaire est de
283 978 FCFA ;
Qu’il est opportun de reconstituer sa carrière en lui payant les reliquats de 123 752 F de ses salaires
mensuels illégalement retenus par l’employeur ;
Que si au départ l’exécution du contrat n’a pas connu des difficultés, aujourd’hui elle en connaît à
cause de l’attitude peu orthodoxe de son employeur ;
Que non seulement il a été interdit d’accéder dans son lieu de service mais aussi et surtout ses salaires
ont été suspendus ;
Qu’il accuse ainsi des arriérés de salaire de 04 mois, son dernier salaire date de d’Octobre 2016 ;

27
Qu’il s’agit en réalité d’un licenciement abusif;
Qu’il réclame en conséquence ses droits suivants :
- Reliquats ou différence de salaire de Janvier 2015 à Octobre 2016 (écart entre le salaire de la grille
et celui perçu) : (283 978 F – 160 226 F) x 22 mois ………… 2 722 544 F ;
- Arriérés des salaires (Novembre 2016 – Février 2017) : 283 978 F x 4 …. 1 135 912 F
- Dommages et intérêts pour licenciement abusif : 283 978 F x 3 ans = 851 934 F;
- Préavis (3 mois) : 283 978 F x 3 mois ……………………….………… 851 934 F ;
- Indemnité de licenciement : 283 978 F x 30% x 2 ………………..… 170 386,8 F ;
- Prime d’ancienneté (dont on devrait tenir compte à partir du 25ème mois, donc Janvier 2017) :
283 978 x 4/100 x 2 …………………………………………. 22 718, 24 F ;
- Congés payés : (283 978 F x 1/16) x 12 mois ……………………….. 212 983, 5 F
- 13ème mois ………………………………..…………………………….. 283 978 F ;
TOTAL : 6 252 390, 54 FCFA.
Qu’il sollicite en outre la condamnation de son ex-employeur à lui délivrer un Certificat de Travail
sous astreintes de 100 000 FCFA par jour de retard ;
Que ce pourquoi, il vous requiert, Madame le Délégué Régional, de faire comparaître les parties
devant vous aux fins de tentative de conciliation.

Chapitre II.-
LES ACTES DE SAISINE ET D’INTERVENTION DEVANT UNE
JURIDICTION

Les codes de procédure indiquent quels types d’acte doivent être utilisés pour saisir une
juridiction. Ils ne prévoient pas toujours de forme particulière pour ces actes. Si rien n’est prévu, le
rédacteur pourra établir l’acte selon son propre style, à condition toutefois qu’il respecte les
28
prescriptions légales. On distingue les actes de saisine des juridictions et les actes d’intervention dans
une procédure.

Section I.- Les actes de saisine des juridictions d’instance

I.- Sur le plan civil

A. - L’Assignation
L’Assignation est l’acte d’huissier de justice par lequel un demandeur cite son adversaire
à comparaître devant un juge statuant en matière civile ou commerciale. Elle est prévue dans les
articles 6 et 17 du Code de procédure civile. L’Assignation se construit selon l’architecture
traditionnelle des actes judiciaires. Elle interrompt les délais de prescription dès qu’elle est enrôlée
au greffe et vaut mise en demeure. Devant le Tribunal de Premier ou de Grande Instance, elle vaut
conclusions pour le demandeur dès lors qu’il n’existe aucun doute sur l’identité de ce dernier.
L’Assignation peut être utilisée dans des circonstances différentes : pour introduire l’instance, pour
réassigner un défendeur qui ne comparaît pas, pour reprendre l’instance, pour appeler en garantie ou
en intervention forcée une partie, etc.

L’Assignation est nulle entre autres motifs si elle n’indique pas le fondement juridique de
la demande. Celui-ci devra être précis, car l’invocation des fondements en des termes trop généraux
ne permet pas à la partie à laquelle l’Assignation s’adresse de répondre à la prétention du demandeur.
Lorsque l’acte est délivré au nom de plusieurs demandeurs et qu’au jour de l’Assignation l’un d’eux
est décédé ou incapable, le défaut de capacité de l’une des parties au nom desquelles est signifié l’acte
n’affecte pas la validité de cet acte à l’égard des autres parties au nom desquelles l’acte est
régulièrement notifié. L’huissier de justice qui est chargé de la notification de l’Assignation doit
vérifier que le destinataire de son acte est bien domicilié au lieu précisé par son mandant. Il est donc
indispensable de prendre un soin particulier à être précis dans sa rédaction et à indiquer l’état civil
exact ou l’immatriculation précise d’une personne morale et les coordonnées certaines des parties.
Toute erreur peut être lourde de conséquences, notamment lorsque l’Assignation est faite au dernier
jour d’une prescription. Par exemple, à défaut d’avoir réalisé la notification au lieu où le destinataire
est domicilié, l’Assignation est nulle et ne peut donc saisir la juridiction avec toutes les conséquences
que cela induit...

Lorsque l’on rédige une Assignation, il ne faut jamais oublier que le juge va se référer
aux demandes formulées dans l’Assignation pour déterminer la liste des demandes dont il est saisi
afin d’éviter de se trouver dans les situations de l’omission de statuer ou de la Décision ultra petita.
Ainsi, une attention particulière est portée par le rédacteur au dispositif de l’Assignation.
L’Assignation n’a pas à être à tout prix signée par son concepteur.

Extrait du Code de procédure civile et commerciale

Article 5 — Sous réserve de ce qui sera dit aux articles 18 et suivants, les instances en matière civile
et commerciale sont introduites par assignations.
Article 6 — L'assignation contiendra :
1° La date des jours, mois et an, les nom, profession et domicile du demandeur ;
29
2° Les nom, demeure et matricule de l'huissier ou de l'agent d'exécution, les nom et demeure du
défendeur, et mention de la personne à laquelle copie de l'exploit sera laissée ;
3° L'objet de la demande, l'exposé sommaire des moyens ;
4° L'indication du tribunal qui doit connaître de la demande, la date et l'heure de l'audience.
Article 7 — Toutes assignations seront faites à personne ou domicile, mais si l'huissier ou l'agent
d'exécution ne trouve au domicile, ni la partie, ni aucun de ses parents ou serviteurs, ou si ceux-ci
refusent de recevoir la copie, il remettra sans délai la copie au maire ou adjoint de la commune ou au
fonctionnaire en faisant fonction, au chef de l'unité administrative locale (chef de subdivision, de
poste, etc.) ou encore à défaut de ceux-ci, aux chefs de groupement ou de village. Celui qui aura reçu
la copie visera l'original sans frais.
Toutefois, les huissiers ou agents d'exécution ne sont tenus de se déplacer que lorsque la personne
assignée sera domiciliée dans un rayon de 20 kilomètres de leur résidence. Ils peuvent également en
être dispensés par ordonnance du président lorsque la personne à citer réside dans une localité située
à plus de 7 kilomètres de toute voie carrossable.
Dans ces cas, l'huissier ou l'agent d'exécution fait parvenir sous pli recommandé les pièces nécessaires
à l'assignation à l'autorité administrative la plus proche du domicile de la partie à assigner. Cette
autorité fait remettre dans le plus bref délai l'assignation contre récépissé. Le récépissé daté est signé
par la personne intéressée si elle le peut et le sait, sinon mention en est faite. Il fait foi de la remise de
l'assignation et est retourné à l'huissier ou à l'agent d'exécution par pli recommandé.
Dans le cas d'assignation faite conformément aux dispositions qui précèdent, le délai de l'article 14
est majoré de quinze jours.
Lorsque la copie sera remise à toute autre personne que la partie elle-même ou le Procureur de la
République, elle sera délivrée sous enveloppe fermée, ne portant d'autre indication, d'un côté, que les
nom et demeure de la partie et, de l'autre, que le cachet de l'étude de l'huissier ou de l'agent
d'exécution, apposé sur la fermeture du pli.
L'huissier ou l'agent d'exécution fera mention du tout, tant sur l'original que sur la copie.
Article 8 — (D. 21 novembre 1933). - En matière personnelle, le défendeur sera assigné devant le
tribunal de son domicile ; s'il n'a pas de domicile, devant le tribunal de sa résidence.
En matière de pension alimentaire, l'instance peut être portée devant le tribunal du domicile de
l'ascendant demandeur.
Les contestations relatives à des fournitures, travaux, locations, louages d'ouvrage ou d'industrie,
peuvent être portées devant le juge du lieu où la convention a été contractée ou exécutée, lorsqu'une
des parties sera domiciliée dans ce lieu.
S'il y a plusieurs défendeurs, devant le tribunal du domicile de l'un d'eux, au choix du demandeur.
En matière réelle, devant le tribunal de la situation de l'objet litigieux.
En matière mixte, devant le juge de la situation, ou devant le juge du domicile du défendeur.
En matière de société, tant qu'elle existe, devant le juge du lieu où elle est établie.
En matière de succession :
1° Sur les demandes entre héritiers, jusqu'au partage inclusivement ;
2° Sur les demandes qui seraient intentées par des créanciers du défunt, avant le partage ;
3° Sur les demandes relatives à l'exécution des dispositions à cause de mort, jusqu'au jugement
définitif, devant le tribunal du lieu où la succession est ouverte.
En matière de faillite, devant le Juge du domicile du failli.
En matière de garantie, devant le Juge où la demande originaire sera pendante.
30
Enfin, en cas d'élection de domicile pour l'exécution d'un acte, devant le tribunal du domicile élu, ou
devant le tribunal du domicile réel du défendeur, conformément à l'article 111 du code civil.
La demande en réparation de dommage causé par un délit, une contravention, un quasi-délit, pourra
être portée devant le tribunal du lieu où le fait dommageable s'est produit.
Article 9 — En matière commerciale, le demandeur pourra assigner à son choix :
- Devant le tribunal du domicile du défendeur ;
- Devant celui dans le ressort duquel la promesse a été faite et la marchandise livrée ;
- Devant celui dans le ressort duquel le paiement devait être exécuté.
Article 10 — Dans les affaires maritimes où il existe des parties non domiciliées, et dans celles où il
s'agit d'agrès, victuailles, équipages et radoubs de vaisseaux prêts à lever l'ancre, et autres matières
urgentes et provisoires, l'assignation de jour à jour, ou d'heure à heure pourra être donnée sur
ordonnance et le défaut pourra être jugé sur-le-champ.
Article 11 — Toutes assignations données à bord à la personne assignée seront valables.
Article 12 — Les demandes formées pour frais par les avocats-défenseurs, huissiers, agents
d'exécution ou officiers ministériels, seront portées au Tribunal où les frais ont été faits.
Article 13 — Seront assignés
1° L'Etat et le Territoire en la personne ou au bureau du Haut-Commissaire.
2° Les administrations ou établissements publics, en leurs bureaux, dans le lieu où réside le siège de
l'administration ; dans les autres lieux, en la personne et au bureau de leur préposé.
3° Les communes, en la personne ou au domicile du maire ou du fonctionnaire en faisant fonctions.
Dans les cas ci-dessus, l'original sera visé de celui à qui copie de l'exploit sera laissée ; en cas
d'absence ou de refus, le visa sera donné, soit par le juge de Paix à compétence étendue, soit par le
procureur de la République près le Tribunal de Première Instance auquel, en ce cas, la copie sera
laissée.
4° Les sociétés de commerce, tant qu'elles existent en leur maison sociale, et, s'il n'y en a pas, en la
personne ou au domicile de l'un des associés.
5° Les unions et directions de créanciers, en la personne ou au domicile de l'un des syndics ou
directeurs.
6° Ceux qui n'ont aucun domicile connu au Cameroun, au lieu de leur résidence actuelle : si le lieu
n'est pas connu, l'exploit sera affiché à la principale porte de l'auditoire du tribunal où la demande est
portée, une seconde copie sera donnée au procureur de la République, lequel visera l'original.
7° Ceux qui habitent le territoire français, c'est-à-dire la France, l'Algérie, les départements d'outremer
et les autres territoires d'outre-mer et ceux qui sont établis au Togo, dans les pays placés sous
protectorat de la France, y compris la Tunisie, au parquet du Procureur de la République près le
tribunal où la demande est portée, lequel visera l'original et enverra directement la copie au chef du
service judiciaire qui la transmettra directement : en France, dans les départements d'outre-mer, en
Algérie et en Tunisie, au parquet du Procureur de la République de l'arrondissement où demeure la
personne à laquelle elle est destinée ; dans les territoires d'outre-mer, Togo et pays de protectorat
autres que la Tunisie, au chef du service judiciaire.
Dans les justices de Paix à compétence étendue ou ordinaires, c'est le Juge qui visera l'original et
transmettra la copie.
8° Ceux qui habitent à l'étranger, au même parquet qui, dans les mêmes conditions, enverra la copie
au Ministre des Affaires étrangères ou à toute autre autorité déterminée par les conventions
diplomatiques.
31
Article 14 — Le délai ordinaire d'assignation sera de huit jours pour ceux qui sont domiciliés dans le
lieu où siège le tribunal ou la justice de Paix compétents ; de trente jours pour ceux qui sont domiciliés
dans les autres parties du Cameroun. Hors du territoire, l'article 15 sera appliqué. Dans les cas qui
requerront la célérité, le président pourra par ordonnance rendue sur requête, permettre d'assigner à
bref délai.
Article 15 — Si celui qui est assigné demeure hors du territoire, le délai sera :
1° De deux mois pour ceux qui demeurent en France métropolitaine, en Europe, en Afrique, à
Madagascar et à la Réunion ;
2° De trois mois pour ceux qui demeurent en Amérique ;
3° De quatre mois pour ceux qui demeurent dans tous les autres pays.
Les délais ci-dessus seront doublés en cas de guerre.
Article 16 — Lorsqu'une assignation à une partie domiciliée hors du Cameroun sera donnée à sa
personne au Cameroun, elle n'emportera que les délais ordinaires, sauf au tribunal à les prolonger, s'il
y a lieu.
Article 17 — Si, par application des dispositions de l'article 603, un exploit est déclaré nul par le fait
de l'huissier ou de l'agent d'exécution, ceux-ci pourront être condamnés aux frais de l'exploit et de la
procédure annulée, sans préjudice de dommages et intérêts de la partie, suivant les circonstances. »
SECT. III De l'obligation de faire ou de ne pas faire.
Art. 1142. - Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et intérêts, en cas
d'inexécution de la part du débiteur.
Art. 1143. - Néanmoins le créancier a le droit de demander que ce qui aurait été fait par contravention
à l'engagement, soit détruit; et il peut se faire autoriser à le détruire aux dépens du débiteur, sans
préjudice des dommages et intérêts, s'il y a lieu.
Art. 1144. - Le créancier peut aussi, en cas d'inexécution, être autorisé à faire exécuter lui même
l'obligation aux dépens du débiteur.
Art. 1145. - Si l'obligation est de ne pas faire, celui qui y contrevient doit des dommages et intérêts
par le seul fait de la contravention.
SECT. IV Des dommages et intérêts résultant de l'inexécution de l'obligation.
Art. 1146. - Les dommages et intérêts ne sont dus que lorsque le débiteur est en demeure de remplir
son obligation, excepté néanmoins lorsque la chose que le débiteur s'était obligé de donner ou de faire
ne pouvait être donnée ou faite que dans un certain temps qu'il a laissé passer.
Art. 1147. - Le débiteur est condamné, s'il y a lieu, au payement de dommages et intérêts, soit à raison
de l'inexécution de l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution, toutes les fois qu'il ne justifie
pas que l'inexécution provient d'une cause étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu'il n'y ait
aucune mauvaise foi de sa part.
Art. 1148. - Il n'y a lieu à aucuns dommages et intérêts lorsque, par suite d'une force majeure ou d'un
cas fortuit, le débiteur a été empêché de donner ou de faire ce à quoi il était obligé, ou a fait ce qui lui
était interdit.
Art. 1149. - Les dommages et intérêts dus au créancier sont, en général, de la perte qu'il a faite et du
gain dont il a été privé, sauf les exceptions et modifications ci-après.
Art. 1150. - Le débiteur n'est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus ou qu'on a pu
prévoir lors du contrat, lorsque ce n'est point par son dol que l'obligation n'est point exécutée.
Art. 1151. - Dans le cas même où l'inexécution de la convention résulte du dol du débiteur, les
dommages et intérêts ne doivent comprendre, à l'égard de la perte éprouvée par le créancier el du gain
32
dont il a été privé, que ce qui est une suite immédiate et directe de l'inexécution de la convention.
Art. 1152. - Lorsque la convention porte que celui qui manquera de l'exécuter payera une certaine
somme à titre de dommages-intérêts, il ne peut être alloué à l'autre partie une somme plus forte, ni
moindre.
Art. 1153. - Dans les obligations qui se bornent au payement d'une certaine somme, les dommages et
intérêts résultant du retard dans l'exécution ne consistent jamais que dans la condamnation aux intérêts
fixés par la loi; saur les règles particulières au commerce et au cautionnement. Ces dommages et
intérêts sont dus sans que le créancier soit tenu de justifier d'aucune perte. Ils ne sont dus que du jour
de la demande, excepté dans les cas où la loi les fait courir de plein droit.
Art. 1154. - Les intérêts échus des capitaux peuvent produire des intérêts, ou par une demande
judiciaire, ou par une convention spéciale, pourvu que, soit dans la demande, soit dans la convention,
il s'agisse d'intérêts dus au moins pour une année entière.
Art. 1155. - Néanmoins les revenus échus, tels que fermages, loyers, arrérages de rentes perpétuelles
ou viagères, produisent intérêt du jour de la demande ou de la convention. La même règle s'applique
aux restitutions de fruits, et aux intérêts payés par un tiers aux créanciers en acquit du débiteur ».
CHAP. II Des délits et des quasi-délits.
Art. 1382. - Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la
faute duquel il est arrivé, à le réparer.
Art. 1383. - Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore
par sa négligence ou par son imprudence.
Art. 1384. - On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a
sous sa garde. Toutefois, celui qui détient, à un titre quelconque, tout ou partie de l'immeuble ou des
biens mobiliers dans lesquels un incendie a pris naissance ne sera responsable, vis-à-vis des tiers, des
dommages causés par cet incendie que s'il est prouvé qu'il doit être attribué à sa faute ou à la faute
des personnes dont il est responsable. Cette disposition ne s'applique pas aux rapports entre
propriétaires et locataires, qui demeurent régis par les art. 1733 et 1734 du Code civil. Le père et la
mère, après le décès du mari, sont responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant
avec eux; Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans
les fonctions auxquelles ils les ont employés; Les instituteurs et les artisans, du dommage causé par
leurs élèves et apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance. La responsabilité ci-
dessus a lieu, à moins que les père et mère et les artisans ne prouvent qu'ils n'ont pu empêcher le fait
qui donne lieu à cette responsabilité. En ce qui concerne les instituteurs, les fautes, imprudences ou
négligences invoquées contre eux comme ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées
conformément au droit commun, par le demandeur à l'instance.
Art. 1385. - Le propriétaire d'Un animal, ou celui qui s'en sert, pendant qu'il est à son usage, est
responsable du dommage que l'animal a causé, soit que l'animal fût sous sa garde, soit qu'il fût égaré
on échappé.
Art. 1386. - Le propriétaire d'un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu'elle
est arrivée par une suite du défaut d'entretien ou par le vice de sa construction ».

Exemples d’Assignation

33
a. - N°……… /Rép ASSIGNATION EN DOMMAGES ET INTERETS
L’an Deux Mille Vingt Deux
Et le
A la requête de Monsieur XXX, né le…. A…., fils de… et de…., titulaire de
la CNI N°… délivrée le… à…., Enseignant à l’Université de…, demeurant à… et ayant
pour Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun avec Résidence
professionnelle à Ngaoundéré, BP : 276, Tel : 699 90 71 84, au Cabinet duquel il élit
domicile ainsi qu’en mon Etude aux fins du présent exploit ;
J’ai Maître YOUSSOUFOU IBRAHIM, Huissier de Justice près la Cour d’Appel
de l’Adamaoua et les Tribunaux de Ngaoundéré, BP : 182, Tel : 699 81 18 44, y
demeurant et domicilié, soussigné ;
DONNE ASSIGNATION A :
La Société YYY ayant son siège social à Douala, BP…, représentée par
son Directeur Général, Monsieur Y, agissant poursuites et diligences de ses
représentants légaux en son Agence de Ngaoundéré où étant et parlant à :

D’avoir à se trouver et comparaître le Mardi le 25 Octobre 2022


à 07h30 mn du matin, par devant le Tribunal de Grande Instance de la Vina à
Ngaoundéré, statuant en matière civile et commerciale siégeant en la salle ordinaire
de ses audiences publiques sis au palais de Justice de ladite ville ;
POUR :
Attendu que le requérant a ouvert auprès de la Société YYY, un compte
d’épargne N°… logé à l’agence de Ngaoundéré ;
Que pendant longtemps, il a régulièrement approvisionné ce compte et y
a effectué des opérations sans incident.
Que contre toute attente, courant Septembre 2021, alors qu’il était en
séjour en République Démocratique du Congo (RDC), il a voulu effectuer un retrait dans
ce compte mais sans succès ;
Que c’est ainsi qu’il a été obligé, pour remédier à cette situation, de
recourir à d’autres mécanismes qui lui ont coûté cher pour financer son séjour et ses
différentes autres opérations.
Que de retour au Cameroun en fin septembre 2021, il s’est immédiatement
rapproché de la Société YYY pour avoir une idée claire de la situation de son compte,
mais les responsables de cette agence l’ont orienté vers son gestionnaire de
Ngaoundéré.
34
Que courant Mai 2022, il s’est rendu à l’Agence YYY de Ngaoundéré où il a
été reçu par les responsables de cette Agence qui lui ont demandé un certain nombre
de documents qu’il a produit.
Qu’en Août 2022, il est revenu à Ngaoundéré et a essayé en vain une fois
de plus d’effectuer un retrait dans son compte et personne n’a pu lui donner aucune
explication jusqu’à ce jour si ce n’est de lui dire que son compte est bloqué.
Que pour le frustrer d’avantage, les services de YYY Agence de Ngaoundéré
lui ont fait remplir plusieurs tas de papiers, lui faisant croire que c’était pour résoudre
son problème, mais curieusement, il s’est vu une fois de plus renvoyé aux calendriers
grecs.
Que malgré tous ses efforts, il n’a pu avoir ni des informations sur les motifs
de blocage de son compte, ni le déblocage de son compte devant lui permettre d’entre
en possession de ses fonds retenus depuis plus de deux ans dans ce compte, soit environ
2 000 000 (deux millions) FCFA ;
Qu’exaspéré par cette situation fort préjudiciable pour lui, il a procédé à un
constat par un Huissier de Justice (Pièce n°1).
Attendu que le requérant, en sa qualité de consommateur de services
cambiaires tient à rappeler que le fonctionnement du compte met à la charge du
banquier un certain nombre d’obligations envers son client parmi lesquelles l’obligation
de diligence et la politique nationale de protection des consommateurs s’inspire, dans
le cadre des traités, lois et règlements en vigueur notamment le principe de satisfaction
selon lequel les consommateurs ont droit à la satisfaction des besoins élémentaires ou
essentiels dans les domaines concernant les services financiers, bancaires (Article 7,
Directive n°02/19-639-CM-33 du 22 Mars 2019 Harmonisant la protection des
consommateurs au sein de la CEMAC ; Article 3, Loi-cadre N°2011/012 du 06 Mai
2011 portant Protection du Consommateur au Cameroun) ;
Que d’ailleurs, la non observation de ces obligations par les professionnels,
mieux les opérateurs économiques est sévèrement sanctionné par la Directive n°02/19-
639-CM-33 du 22 Mars 2019 Harmonisant la protection des consommateurs au sein
de la CEMAC qui prévoit en son article 160 (1) que « Les Etats membres prévoient que
tout manquement aux dispositions nationales adoptées en application de la présente
directive oblige l’opérateur économique responsable à réparer le dommage causé au
consommateur » ;
Qu’à cet effet, l’article ( 3 ) de la Loi-cadre N°2011/012 du 06 Mai 2011
dispose que « La politique nationale de protection des consommateurs s’inspire, dans le
cadre des traités, lois et règlements en vigueur notamment…le principe d’équité selon
lequel les consommateurs ont droit à la réparation complète des torts pour les dommages
subis et qui, au terme des dispositions de la présente loi ou d’autres règlements en vigueur
sont imputables aux fournisseurs ou prestataires » ;

35
Que pour les modalités procédurales tendant à la réparation du dommage
subi l’article 27 de la Loi-cadre N°2011/012 du 06 Mai 2011 suscitée dispose que
« L’action tendant à la défense des intérêts des consommateurs est introduites devant les
juridictions compétentes ou introduite devant les instances arbitrales soit par le
consommateur lésé ou par ses ayants droits, soit par l’une des structures visées à l’alinéa 3
de l’article 26 ci-dessus » ;
Qu’il est à rappeler que « L’action réparatrice est celle qui résulte d’une atteinte
aux droits d’un consommateur ... » comme dans le cas d’espèce (Article 2 7, al.4, Loi-
cadre N°2011/012 du 06 Mai 2011 suscitée) ;
Qu’une mise en demeure adressée à la requise en date du 03 Août 2022 et
déchargée par celle-ci le lendemain est restée infructueuse, elle n’a pas pu déterminer
cette dernière non seulement à régulariser le compte devenu son terrain de jeux mais
aussi et surtout à réparer le préjudice souffert par le requérant (Pièce N°5);
Que dès lors, au regard de l’énorme préjudice subi, le requérant sollicite à
titre des dommages et intérêts la somme totale de 13 000 000 FCFA ventilée comme
suit :
---Principal …………………………….. 2 000 000 F
---Préjudice moral ……………………… 10 000 000 F
---Frais de procédure…………………… 1 000 000 F
TOTAL : 13 000 000 FCFA
Attendu que celui qui succombe paie les dépens (Article 50, Code de
Procédure Civile et Commerciale) ;
Qu’il échet de la condamner aux dépens et dont distraction au profit de
Me KASSIYA, Avocat aux offres de droit.

PAR CES MOTIFS :


Et tous autres à déduire, suppléer ou ajouter même d’office ;
Y venir la requise à la barre ;
Recevoir le requérant en sa demande et l’y dire fondé ;
Ordonner la régularisation de son compte N°… logé à l’agence de
Ngaoundéré ;
Condamner la Société YYY à payer à sieur XXX la somme de 13 000 000 FCFA
à titre des dommages et intérêts ventilée comme suit :
---Principal …………………………….. 2 000 000 F
---Préjudice moral ……………………… 10 000 000 F
---Frais de procédure…………………… 1 000 000 F
TOTAL : 13 000 0000 FCFA

Condamner également la requise aux dépens et dont distraction au profit de


Me KASSIYA, Avocat aux offres de droit.
36
TOUTES RESERVES

Et afin qu’elle n’en ignore, je lui ai où étant et parlant comme ci-dessus, remis
et laissé copie du présent exploit dont le coût est de
Employé pour copie 02 feuilles de papier de dimension du timbre à 1000
FCFA plus 2 000 FCFA de droit de timbre sur l’original soit au total 3 000 FCFA, somme
incluse dans le coût de l’acte.

E………………
T……………… L’HUISSIER DE JUSTICE
O………………
CE…………….
CP……………
P………………
TR……………
R/D…………
--------------
FCFA

B. - La Requête

Lorsque la loi n’impose pas que le tribunal soit spécifiquement saisi par un acte d’huissier,
l’instance peut être introduite soit par une déclaration faite au greffe, soit encore par une requête. En
toute matière, les parties peuvent saisir la juridiction compétente par requête. La requête est
également le moyen d’introduire une demande en matière gracieuse. La requête peut être simple ou
conjointe. Sauf quand elle est conjointe, la requête est un acte non contradictoire. Elle suit
l’architecture classique des actes judiciaires tels que prévu à l’article 6 du code de procédure civile.
Elle est aussi utilisée lorsqu’une mesure est sollicitée pour être exécutée par surprise lorsqu’il s’agit
d’éviter la disparition de preuves ou de biens. Elle permet également d’agir dans l’urgence. Il s’agit
donc d’un acte à manier avec précaution.

Le rédacteur devra justifier et motiver dans le texte de sa requête les raisons pour lesquelles le
contradictoire ne doit pas être respecté. Souvent, c’est la qualité des pièces présentées au magistrat
qui aboutira à la signature de l’ordonnance sur requête. La requête est donc généralement sobre et
courte. Il faut généralement être cartésien, objectif et complet. Le souci du juge est de ne pas
compromettre de façon irrémédiable les droits de l’adversaire. La demande en sera examinée qu’avec

37
plus de rigueur. Il faut montrer au juge que la demande a été conçue et formulée avec la rigueur
qu’imposent les circonstances.

L’acte doit préciser au visa de quels articles de loi il est fait référence pour fonder la compétence
du magistrat. Elle est généralement présentée avec un projet d’ordonnance y faisant droit. Il est
indispensable d’être très attentif à la rédaction du dispositif de l’ordonnance en s’assurant que celui-
ci est parfaitement clair et qu’il pourra être ensuite exécuté. On distingue différents types de requêtes :

1. La requête aux fins de Jugement d’hérédité

REQUETE AUX FINS DE JUGEMENT D’HEREDITE


A
Monsieur le Président du
Tribunal de Première Instance
(Chambre de droit local)
--Ngaoundéré—
Monsieur le Président,
Dame veuve Y, ménagère demeurant à Ngaoundéré, Tél. , ayant pour Conseil Maître
KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun, BP. 276 Ngaoundéré, Tél. 699 60 71 84, Email :
info@cabinetmekassiya.org, et au Cabinet duquel elle élit domicile ;
A LE RESPECTUEUX HONNEUR DE VOUS EXPOSER
Qu’elle a convolé en juste noce avec Sieur X comme en fait foi l’acte de mariage N°……. dressé le
12 mars 2012 par l’Officier d’Etat Civil du Centre d’Etat Civil de Ngaoundéré 1er ;
Qu’il est issu de ce mariage quatre enfants à savoir : AX, BX, DX et DXY ;
Que malheureusement en date du 27 octobre 2020, son époux X est décédé à Ngaoundéré de suite
de maladie ;
Qu’il a laissé ainsi une veuve et quatre orphelins ;
Que jusqu’à l’heure actuelle, il n’a été retrouvé quelque part que le défunt avait organisé sa
succession de son vivant ;
Que c’est ainsi qu’en date du 1ER Mars 2021 s’est tenu dans le domicile du défunt un Conseil de
Famille pour sa dévolution successorale et lequel a pris les résolutions suivantes :
1- Tous les enfants (AX, BX, DX et DXY) sont cohéritiers de leur père ;
2- La veuve Y est désignée administratrice des biens de la succession ;
3- La veuve Y a un droit d’usufruit sur les biens de la succession du de cujus ;
4- La veuve Y est tutrice des enfants mineurs laissés à sa charge ;
Que la requérante sollicite que ledit Procès-verbal de Conseil de famille soit entériné par le Tribunal
de céans ;

C’EST POURQUOI LA REQUERANTE SOLLICITE QU’IL


VOUS PLAISE MONSIEUR LE PRESIDENT
38
De bien vouloir ordonner la dissolution de la communauté ayant existé entre les époux ;
De déclarer ouverte la succession de Feu X décédé le 27 octobre 2020 à Ngaoundéré ;
D’homologuer le Procès-verbal de Conseil de famille dressé le 1er Mars 2021 à Ngaoundéré dans
le cadre de la succession de feu X et dire que :
- Tous les enfants (AX, BX, DX et DXY) sont tous cohéritiers de leur défunt père ;
- La veuve Y est désignée administratrice des biens de la succession ;
- La veuve Y a un droit d’usufruit sur les biens de la succession du de cujus ;
- La veuve Y est tutrice des enfants mineurs laissés à sa charge ;
Dire les frais avancés pour la présente procédure acquis au Trésor Public ;

SOUS TOUTES RESERVES


PJ : Les copies certifiées conformes de l’acte de décès, de l’acte de mariage, des différents actes
de naissances des enfants

2- La Requête aux fins d’allocation de pension alimentaire

Ngaoundéré, le 28 Septembre 2022


A
Monsieur le Président de la
Tribunal de Grande Instance de la Vina
(Chambre Civile et Commerciale)
--NGAOUNDERE--

REQUETE AUX FINS D’ALLOCATION DE


PENSION ALIMENTAIRE

Monsieur le Président
Madame XX, Ménagère, née le… à…, fille de… et de…., titulaire de la CNI N°… du… à…,
domiciliée à Ngaoundéré et ayant pour Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun
avec Résidence Professionnelle à Ngaoundéré, BP 276, Tél. : 699 90 71 84, au Cabinet duquel elle élit
domicile ;

À L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER :


Qu’elle vivait maritalement depuis 2017 avec Sieur YY, Agent Communal en service à la Communauté
Urbaine de…
Que de cette union libre, est issu un enfant de sexe masculin nommé EMMANUAL TCHOPWE
NGOMNA, né le 24 Décembre 2018 à Ngaoundéré ;
Que depuis le 06 Mai 2022, il a abandonné la requérante et l’enfant dans un état piteux, sans
aucun subside ;

39
Que la situation est actuellement plus grave et désolante car, cet enfant de 04 ans n’est pas
encore inscrit dans une école alors que l’année scolaire a bel et bien débuté ;

Que pourtant cet enfant a droit à l’éducation comme tout enfant, reconnu par la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948 (article 26) et la Charte Africaine des
Droits et du Bien-être de l'Enfant (article 11) ;

Attendu qu’aux termes de l’article 76 alinéas 1 de l’Ordonnance N°81/02 du 29 Juin 1981 portant
Organisation de l’état civil la femme abandonnée, peut saisir la juridiction compétente aux fins
d’obtenir une pension alimentaire pour l’enfant laissé à sa charge ;

Attendu que l’alinéa 3 de l’article 76 de l’Ordonnance susvisée dispose que la pension


alimentaire doit être allouée toutes les fois qu’un parent qui la sollicite est dans le besoin et que
l’autre est en état de la lui fournir ;

Attendu que l’article 4 alinéa 1 de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'Enfant
dispose que : « Dans toute action concernant un enfant, entreprise par une quelconque personne
ou autorité, l'intérêt supérieur de l'enfant sera la considération primordiale. » ;

Que la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'Enfant, récrimine les abus
psychologiques et des négligences, les abus contre desquels il faut préserver l’enfant ;

Qu’en l’espèce, la requérante vivote et est sans ressource car n’ayant pas encore
d’emploi, ni d’activité professionnelle contrairement à Sieur BALWE Bosco qui est un Agent
Communal ;

Que compte tenu de tout ce qui vient d’être ci-dessus rapporté et de l’irresponsabilité
de Sieur BALWE Bosco, il est particulièrement urgent qu’une pension alimentaire d’une somme
mensuelle de 150 000 FCFA leur soit accordée pour leur permettre de survivre et de faire face aux
multiples frais de logement, de nutrition, de scolarité et de la santé de l’enfant ;

C’EST POURQUOI LA REQUERANTE SOLLICITE QU’IL VOUS PLAISE MONSIEUR LE


PRESIDENT

Vu l’article 76 alinéas 1 et 3 de l’Ordonnance N°81/02 du 29 Juin 1981 portant Organisation


de l’état civil ;

Vu l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948 ;

Vu l’article 4 alinéa 1 et l’article 11 de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de


l'Enfant ;

Bien vouloir recevoir Dame FENSANG Antoinette en sa demande ;

L’y dire fondée ;

Bien vouloir condamner Sieur BALWE Bosco à lui verser la somme mensuelle de 150.000
FCFA à titre de pension alimentaire pour leur enfant ;

Dire votre jugement exécutoire sur minute et avant enregistrement ;

40
Bien vouloir le condamner également aux dépens et dont distraction au profit de Me
KASSIYA, Avocat aux offres de droit ;

SOUS TOUTES RESERVES

P.J.

- Copie certifiée conforme de l’acte de naissance de l’enfant ;

2. Requête aux fins de divorce

REQUETE AUX FINS DE DIVORCE


A
MONSIEUR LE PRÉSIDENT DU TRIBUNAL DE
GRANDE INSTANCE DE LA VINA
(Juge des requêtes)
NGAOUNDERE

Monsieur le Président,
Madame FATOUMATA épouse JAURES BOUNOU, née le ---------- à --------------, Fille
de xxxx Et de xxxxxxxxx, titulaire de la CNI N°------ , délivrée le ----- à --------, Cadre contractuel
au MINSANTE, domiciliée à Ngaoundéré, Tél. : 000000000, et ayant pour Conseil Me KASSIYA,
Avocat au Barreau du Cameroun avec résidence professionnelle à Ngaoundéré au Cabinet duquel elle
fait élection de domicile ainsi qu’en sa demeure aux fins des présentes et ses suites;
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER :
Qu’elle est unie à sieur JAURES BOUNOU par le lien du mariage monogamique comme en
fait foi l’acte de mariage N°2018/CE6111/M établi le 11/05/2018 par l’Officier d’Etat Civil
secondaire de NKOULOU, Région du Centre, Département de la MEFOU AFAMBA;
Qu’ils ont eu 3 enfants, les nommés :
- xxxxxxxxx, né le 02/12/1995 à Ngaoundéré ;
- xxxxxxxxx, née le 24/04/2002 à Ngaoundéré ;
- xxxxxxxxxx, né le 08/08/2005 ;
Attendu que si les débuts de leur mariage ont été relativement calmes, l’atmosphère s’est
constamment dégradée à cause du comportement blâmable de l’époux ;
Que la requérante n’arrive pas jusqu’aujourd’hui à cerner avec exactitude l’objectif et le
contour de ce mariage contracté ;

41
Qu’elle se trouve dans la pénible obligation de demander le divorce entre autres pour
abandon de foyer, excès, sévices et injures qu’il excipe et offre de prouver ultérieurement ;
Que ces faits qui ont rendu intolérable le maintien du lien conjugal, sont des violations
graves et renouvelées des devoirs et obligations nés du mariage, et constituent en droit, notamment
les articles 212 et 215 du Code Civil, des causes de divorce ;
Que pourtant l’article 212 du Code Civil exige que « Les époux se doivent mutuellement
fidélité, secours, assistance » et ils doivent vivre ensemble, dans une même résidence (article 215,
Code Civil) ;
Que dans le cas d’espèce, l’époux a bousculé au passage ces dispositions légales;
Qu’en tout état de cause un constat d’abandon de foyer a été établi pour préserver les
droits et intérêts de l’épouse;
Qu’en dehors de l’abandon de foyer, de la non consommation du mariage, du manque de
secours et d’assistance à l’épouse des articles 212 et 215 du Code Civil suscité, elle fonde également
sa demande de divorce sur excès, sévices et injures prévus par l’article 232 du même Code;
Que par ailleurs, le requis est le prototype d’un violent incomparable au point où en
Janvier 2016, il a voulu mettre un terme à la vie de leur premier fils, le nommé xxxxxx ;
Qu’un certificat médico-légal fut établi à cet effet ;
Attendu que ces faits constituent des violations graves et renouvelées des devoirs et
obligations du mariage et ont rendu intolérables le maintien du lien conjugal ;
Qu’ils forment en droit écrit des causes de divorce ;
Que cette situation outrancièrement ridicule ne pouvant perdurer éternellement, la
requérante se trouve ce jour dans la pénible obligation de solliciter le divorce d’avec son époux et,
à ses torts et griefs exclusifs ;
Qu’elle sollicite, en attendant l’issue de cette procédure, la séparation légale de résidence en
application de l’article 236 du Code Civil ;
Qu’elle sollicite par ailleurs la pension alimentaire mensuelle de 100 000 FCFA ainsi que
les frais de première installation à la somme de 3 000 000 FCFA ;
Que son époux soit enjoint de lui remettre ses effets personnels ;
CE POURQUOI, ELLE DEMANDE QU’IL VOUS PLAISE, MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
-De lui donner acte de la présentation de sa requête en divorce;
-D’ordonner la séparation de résidence des époux JAURES BOUNOU en autorisant
légalement le départ de l’épouse du domicile conjugal ;
-Autoriser celle-ci à faire citer son époux devant vous aux jours et heures qu’il vous plaise
de fixer aux fins de la tentative de conciliation prévue par la loi et sur les mesures provisoires
Sous Toutes Réserves.
Pièces jointes :
-Copie certifiée conforme d’acte de mariage ;
-Copie certifiée conforme des actes de naissance des enfants ;
-Constat d’Huissier ;
42
-Certificat Médico- Légal N°…….. ;

À Ngaoundéré, le 11 Octobre 2021.

ORDONNANCE N°______/ORD/ CAB/PTGI/VINA/NG.

Nous,________________________Président du Tribunal de Grande Instance de la


Vina à Ngaoundéré ;
Vu la requête qui précède et les pièces à l’appui ;
Vu les articles 212, 215, 232, 234 et suivants du Code Civil ;
- Donnons acte à Madame FATOUMATA, ayant pour Conseil Me KASSIYA, Avocat
au Barreau du Cameroun avec résidence professionnelle à Ngaoundéré au Cabinet duquel elle
fait élection de domicile ainsi qu’en sa propre demeure à Ngaoundéré de la présentation de sa
requête en divorce ;
- Constatons que malgré nos observations elle persiste dans son intention ;
-L’ autorisons par conséquent à faire citer son époux, JAURES BOUNOU, Cadre
Contractuel au MINDUH, Tél. : XXXXXXX devant nous en notre Cabinet au palais de justice
le ________________ à _______ heures________
-Ordonnons la séparation de résidence des époux JAURES BOUNOU en autorisons le
départ de l’épouse du domicile conjugal ;
- Interdisons à chaque conjoint de troubler la jouissance de l’autre ;
- Commettons pour délivrer la Citation tout Huissier de Justice territorialement
compétent ;
-Disons notre Ordonnance exécutoire sur minute et avant enregistrement.

Fait en notre Cabinet sis au Palais de Justice

À Ngaoundéré, le_______________

Le Président du Tribunal de Grande Instance de la Vina,

4. La requête aux fins d’injonction de payer

43
La procédure d’injonction de payer est règlementée par les articles 1 à 18 de l’Acte
Uniforme OHADA portant Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies
d’Exécution. C’est une procédure rapide qui permet à un créancier d’obtenir plus simplement un titre
exécutoire en vue du recouvrement forcé de sa créance. La requête aux fins d’ordonnance d’injonction
de payer est formée auprès du Président du Tribunal de Première Instance lorsque la demande
recouvrement est inférieure ou égale à dix millions (10 000 000) et auprès du Président du Tribunal
de Grande Instance lorsque la demande est supérieure à dix millions (10 000 000) ou si l’engagement
résulte de l’émission ou de l’acceptation de tout effet de commerce, ou d’un chèque dont la provision
s’est révélée inexistante ou insuffisante du lieu où demeure effectivement le débiteur.

L’injonction de payer ayant pour finalité le recouvrement, elle ne peut porter selon
er
l’article 1 du texte suscité que sur une créance remplissant des conditions tenant aussi bien à ses
caractères (certitude, liquidité et exigibilité), qu’à son origine ou à sa cause (créance ayant une cause
contractuelle, créance résultant de l’émission ou de l’acceptation d’effets de commerce ou de chèque
sans provision.

La requête aux fins d’injonction de payer, à peine d’irrecevabilité, doit être accompagnée
de pièces justificatives et contenir les noms, prénoms, profession et domicile des parties ou pour les
personnes morales, leur forme, dénomination et siège social, l’indication précise du montant de la
somme réclamée avec le décompte des différents éléments de la créance ainsi que le fondement de
celle-ci.

Exemple de requête aux fins d’injonction de payer :

REQUETE AUX FINS D’INJONCTION DE PAYER


A
Monsieur le Président du
Tribunal de Grande Instance
(Juge des Requêtes)
--Ngaoundéré--

Monsieur le Président,

La Société XXX, dont siège social est basé à Douala, agissant poursuites et diligences de
son représentant légal le nommé X, chef d’Agence de l’Adamaoua à Ngaoundéré, laquelle a pour
Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun, BP 276 Ngaoundéré, au Cabinet duquel
elle élit domicile aux fins de la présente et ses suites ;

A LE RESPECTUEUX HONNEUR DE VOUS EXPOSER :


Que de leurs relations d’affaires, elle est créancière de la Société YYY S.A, BP
NGAOUNDERE, de la somme totale de FCFA 26 367 000 (vingt-six millions trois cent soixante-
sept mille francs CFA) en principal ;

44
Que cette créance résulte du refus injustifié par la Société YYY de payer des prestations
effectuées issues d’un contrat de mise à disposition tel qu’il ressort des dispositions des articles 06,
07, 08 et 15 du Décret n°93/572/PM du 15 juillet 1993 relatif aux entreprises de travail temporaire ;
Qu’en effet, la Société YYY a sollicité de la requérante la mise en disposition dans sa
structure de 06 (six) vigiles moyennant une rémunération mensuelle de 270 000 FCFA (deux cent
soixante-dix mille francs CFA) ;
Que le contrat de partenariat de Gardiennage a été donc signé des parties le 11 mai 1996
et complété par l’Avenant du 15 juin 1996;
Que malheureusement, si cette relation de partenariat a été exécutée de bonne foi au début,
er
depuis le 1 Mai 2019, la société YYY ne s’est plus acquittée de son obligation de payer à la société
requérante la contrepartie de ses prestations exécutées ;
Que cette situation non confortable a perduré jusqu’au 30 septembre 2020, date à laquelle
la requérante s’est retrouvée dans la pénible obligation de résilier le contrat sus indiqué (pièce n°1) ;
Qu’à ce jour, la société YYY a cumulé en tout une somme de FCFA 26 367 000 (vingt-
six millions trois cent soixante-sept mille francs CFA) ;
Que cette créance dont se prévaut la requérante ne souffre d’aucune contestation et est
exigible depuis 25 septembre 2020 date à laquelle la requérante a notifié à sa débitrice, la Société
YYY, d’avoir à payer la somme de FCFA 26 367 000 (vingt-six millions trois cent soixante-sept mille
francs CFA) suivant Facture contresignée de la représentante de Société YYY (pièce n°2) ;
Que de ce fait, pour le recouvrement de ladite créance, la requérante l’avait déjà relancé
pour la première fois par une correspondance datée du 18 décembre 2019 malencontreusement
demeurée sans suite ;
Qu’une mise en demeure amiable de payer lui a été une fois de plus servie par le
Ministère de Maître xxxx, Huissier de Justice à Ngaoundéré en date du 26 février 2020, mais sans
succès également (pièce n°3) ;
Que toujours dans un élan de règlement amiable, une seconde relance datée du 1er Août
2020 lui a été notifiée, restant malheureusement infructueuse ;
Qu’elle toujours restée indifférente face à cette situation qui ne peut que s’analyser dans
le sens de ne pas payer cette dette ;
Qu’elle est pourtant sans ignorer qu’aux termes de l’article 1134 du Code civil « Les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites … Elles doivent être
exécutées de bonne foi. » ;
Que ces multiples relances et mises en demeures à lui servies n’ont pas pu briser sa
résistance, laissant aisément entrevoir sa mauvaise foi ;
Attendu que cette situation fort préjudiciable à la requérante exige des actions judiciaires ;
Qu’il ressort de la lecture combinée des articles 1 et 2 de l’Acte Uniforme portant
Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution que « Le
recouvrement d’une créance certaine, liquide et exigible peut être demandé suivant la procédure
d’injonction de payer » « La procédure d’injonction de payer peut être introduite lorsque …La
45
créance a une cause contractuelle …L’engagement résulte de l’émission ou de l’acceptation de tout
effet de commerce, ou d’un chèque dont la provision s’est révélée inexistante ou insuffisante. » ;
Que la jurisprudence est d’ailleurs constante sur le fait que « Les conditions liées à
l’origine de la créance issues du présent article n’étant pas cumulatives, il suffit que l’une d’elles soit
satisfaite pour que la procédure d’injonction de payer soit introduite par le titulaire d’une créance
remplissant les conditions de l’article 1er du même Acte uniforme » (Voir CCJA, 1ère ch., Arr.
n°014/2011, 29 nov. 2011, Aff. IPANDA François de Paul C/ AKONO Eyinga Jean, in Actes
uniforme annoté de 2020, p.665, pièce n°4)
Que dans le cas d’espèce, cette créance fondée en son principe et remplissant l’un des
critères de l’article 2 suscité et la mauvaise foi de la requise pour le paiement de la somme due oblige
la requérante à faire recours à la procédure d’injonction de payer pour contraindre cette dernière à lui
payer sa créance ;
C’EST POURQUOI, LA REQUERANTE SOLLICITE TRES RESPECTUEUSEMENT
MONSIEUR LE PRESIDENT,

Vu l’article 15 (2) de la loi N°2006/015 du 29 décembre 2006 modifiée et complétée par la


loi n°2011/027 du 14 décembre 2011 portant organisation judiciaire ;
Vu les dispositions de articles 06, 07, 08 et 15 du Décret n°93/572/PM du 15 juillet 1993
relatif aux entreprises de travail temporaire ;
Vu les articles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 31 et suivants de l’Acte Uniforme OHADA portant
Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement de Créances et des Voies d’Exécution ;
Bien vouloir prendre acte de la présente de sa requête ;
Bien vouloir rendre une Décision faisant injonction à la société YYY dont le siège social se
trouve à Ngaoundéré, à payer à la Société XXX les sommes ci-après :
- Principal……………………….26 367 000 Francs CFA,
- Frais de procédure……………..5 000 000 Francs CFA.
Soit au total sur la somme de FCFA 31 367 000 FCFA (vingt-sept millions trois cent
soixante-sept mille francs CFA) , pour sûreté et garantie ;
Dire votre ordonnance exécutoire sur minute avant enregistrement.
Profonds Respects.
PJ : Un Bordereau de 04 pièces suscitée

Pour la requérante, son Conseil

ORDONNANCE N°______/CAB/PTPI/NDERE/2021

Nous,___________________________ Président du Tribunal de Première Instance de


Ngaoundéré, Juge des Requêtes ;
Vu la requête qui précède et les pièces y annexées ;
Vu l’article 15 (2) de la loi N°2006/015 du 29 décembre 2006 modifiée et complétée par la
loi n°2011/027 du 14 décembre 2011 portant organisation judiciaire ;

46
Vu les dispositions de articles 06, 07, 08 et 15 du Décret n°93/572/PM du 15 juillet 1993
relatif aux entreprises de travail temporaire ;
Vu les articles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 31 de l’Acte Uniforme OHADA portant Organisation des
Procédures Simplifiées de Recouvrement de Créances et des Voies d’Exécution ;
Attendu que le motif développé dans la présente requête parait fondé en son principe
Rendons une Décision faisant injonction à la société YYY dont le siège social se trouve à
Ngaoundéré, à payer à la Société XXX les sommes ci-après :
Principal……………………….26 367 000 Francs CFA,
Frais de procédure ……………5 000 000 Francs CFA.
Soit au total sur la somme de FCFA 31 367 000 FCFA (vingt-sept millions trois cent soixante-
sept mille francs CFA) ;
Rappelons que par application des dispositions combinées des articles 9 et 10 de l’Acte
uniforme sur le recouvrement que le recours contre la Décision d’injonction de payer est l’opposition.
Celle-ci est portée devant la juridiction compétente dont le président a rendu la décision d’injonction
de payer. L’opposition doit être formée dans les quinze jours qui suivent la signification de la
Décision portant Injonction de payer. Le délai est augmenté éventuellement des délais de distance.
Toutefois, si le débiteur n’a pas reçu personnellement la signification de la décision portant injonction
de payer, l’opposition est recevable jusqu’à l’expiration du délai de quinze jours suivant le premier
acte signifié à personne ou, à défaut, suivant la première mesure d’exécution ayant pour effet de
rendre indisponible en tout ou partie des biens du débiteur.
Commettons tout huissier de justice, territorialement compétent, pour y procéder ;
Disons notre ordonnance exécutoire sur minute avant enregistrement.
Fait en notre Cabinet sis au palais de Justice de ladite ville,

Le--------------------------------------
LE PRESIDENT,

5. La Requête aux fins de saisie conservatoire de créance

C’est une requête qui permet au créancier de demander au juge d’être autorisé de saisir
les comptes en banque de son débiteur. En effet, toute personne justifiant d’une créance paraissant
fondée en son principe et de circonstances susceptibles d’en menacer le recouvrement peut solliciter
du Juge de l’exécution l’autorisation de pratiquer une mesure conservatoire sur les biens du débiteur.
La saisie conservatoire a un caractère provisoire. Elle empêche le débiteur d’organiser
son insolvabilité, suite à un éventuel jugement qui pourrait être prononcé, le condamnant à payer ses
dettes. Cette saisie rend les biens indisponibles, c’est-à-dire que les biens mobiliers faisant l’objet de
la saisie ne pourront plus être vendus, donnés, détériorés ou simplement utilisés. Elle peut porter sur
tous les biens mobiliers appartenant au débiteur à l’exception des biens insaisissables.

Exemple de saisie conservatoire de créance :

47
REQUETE AUX FINS DE SAISIE CONSERVATOIRE DE CREANCES

A
Monsieur le Président du
Tribunal de Première Instance
(Juge des Requêtes)
--Ngaoundéré--

Monsieur le Président,

La Société XXX, dont siège social est basé à Douala, agissant poursuites et diligences de son
représentant légal le nommé X, chef d’agence de l’Adamaoua à Ngaoundéré, tel : ……., laquelle a
pour conseil Me KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun, BP 276 Ngaoundéré ; au cabinet
duquel elle élit domicile aux fins de la présente et ses suites ;

A LE RESPECTUEUX HONNEUR DE VOUS EXPOSER :

Qu’elle est créancière de la Société YYY de la somme totale de FCFA 26 367 000 (vingt-six
millions trois cent soixante-sept mille francs CFA) en principal ;

Que cette créance est fondée sur l’inexécution par la Société YYY des prestations issues d’un contrat
de mise à disposition tel qu’il ressort des dispositions des articles 06, 07, 08 et 15 du Décret
n°93/572/PM du 15 juillet 1993 relatif aux entreprises de travail temporaire ;

Qu’en effet, suivant le partenariat de Gardiennage du 11 mai 1996, complété par l’Avenant du 15
juin 1996 signé entre les deux sociétés, et, en exécution de ces derniers, la requérante a mis à la
disposition de la requise 06 (six) vigiles de la requise moyennant une rémunération mensuelle de
270 000 FCFA (deux cent soixante-dix mille francs CFA) ;

Que malheureusement, si cette relation de partenariat a été paisible au début, depuis le 1er Mai
2019, la société YYY ne s’est plus acquittée de son obligation de payer à la société requérante la
contrepartie de ses prestations exécutées ;

Que cette situations non confortable a perduré jusqu’au 30 septembre 2020, date à laquelle la
requérante a régulièrement résilié le contrat sus indiqué (pièce n°1) ;

Qu’à ce jour, la société YYY a cumulé en tout une somme de FCFA 26 367 000 (vingt-six
millions trois cent soixante-sept mille francs CFA)

Que cette créance dont se prévaut la requérante ne souffre d’aucune contestation et est exigible
depuis 25 septembre 2020 date à laquelle la requérante a notifié à sa débitrice la Société YYY d’avoir
à payer la somme de FCFA 26 367 000 (vingt-six millions trois cent soixante-sept mille francs CFA)
suivant Facture contresignée de la représentante de Société YYY (pièce n°2) ;

Que de ce fait, pour le recouvrement de ladite créance, la requérante a saisi la requise par une
première correspondance en date 18 décembre 2019 ;

48
Que cette première correspondance étant demeurée sans suite, une mise en demeure amiable
de payer lui a été servie par le Ministère de Maitre BABA ISSA, Huissier de Justice à Ngaoundéré
en date du 26 février 2020, mais sans succès (pièce n°3) ;

Que toujours dans un élan de règlement amiable, une seconde correspondance datée du 1er Août
2020 lui a été notifiée, restant malheureusement, elle aussi sans réponse ;

Qu’il apparaît clairement que la Société YYY fait preuve de mauvaise foi en refusant de payer ;

Qu’il est dès lors établi, sans l’ombre d’un doute, que le recouvrement de cette créance est
notoirement menacé d’autant plus que la requise use de toutes manœuvres pour se soustraire à ses
engagements ;

Attendu que l’article 54 de l’Acte Uniforme OHADA portant Organisation des Procédures
Simplifiées de Recouvrement de Créances et des Voies d’Exécution dispose que « toute personne
dont la créance parait fondée en son principe peut, par requête, solliciter de la juridiction compétente
du domicile ou du lieu où demeure le débiteur, l’autorisation de pratiquer une mesure conservatoire
sur tous les biens mobiliers corporels ou incorporels de son débiteur, sans commandement préalable,
si elle justifie de circonstances de nature à en menacer le recouvrement. » ;

Qu’en ce sens, la jurisprudence est d’ailleurs restée constante que « Les conditions énoncées par
l’article 54 de l’Acte Uniforme renvoient à des éléments de pur fait dont l’appréciation relève du
pouvoir souverain des juges du fond. En conséquence, le juge fait un bon usage de son pouvoir
souverain d’appréciation de la menace de recouvrement lorsqu’il considère que cette menace peut
s’analyser en l’attitude de la débitrice, malgré sa solvabilité, de ne pas vouloir depuis sa
condamnation, s’exécuter spontanément (…). Ainsi, l’inertie du débiteur, caractérisée par son
attitude délibérée de refus de payer spontanément sa dette constitue une menace mettant en péril le
recouvrement de la créance (Voir CCJA, 3ème ch., Arr. n°169/2016, Aff. CIE C/ Sté Tropical Bois,
SGBCI, TRAITE ACTES UNIFORMES, REGLEMENTS DE PROCEDURE D’ARBITRAGE,
JURISPRUDENCE ANNOTEE, édition 2020, p.781-782, Pièce n°4) ;

Qu’en conséquence la Société XXX est fondée de pratiquer une saisie conservatoire sur les
comptes appartenant à la société YYY ;

C’EST POURQUOI, LA REQUERANTE SOLLICITE TRES RESPECTUEUSEMENT


MONSIEUR LE PRESIDENT,

Vu les articles 54, 57 et suivant de l’Acte Uniforme OHADA portant Organisation des Procédures
Simplifiées de Recouvrement de Créances et des Voies d’Exécution ;

Bien vouloir prendre acte de la présentation de sa requête ;

Bien vouloir autoriser la Société XXX, dont siège société se trouve à Douala, à faire pratiquer
une saisie conservatoire des créances sur les comptes appartenant à la société YYY dont le siège
social se trouve à Ngaoundéré pour avoir garantie et paiement des sommes ci-après :

- Principal……………………….26 367 000 Francs CFA,


- Frais de procédure……………..5 000 000 Francs CFA.

49
Soit au total sur la somme de FCFA 31 367 000 FCFA (vingt-sept millions trois cent soixante-sept
mille francs CFA) ;

Dire votre ordonnance exécutoire sur minute avant enregistrement.

Profonds Respects.

Pour la requérante, son conseil

PJ : Un Bordereau de 04 pièces suscitées

ORDONNANCE N°………../CAB/PTPI/NDERE/2021
Nous,…………………………….., Président du Tribunal de Première Instance de Ngaoundéré, Juge
des Requêtes ;

Vu la requête qui précède et les pièces y annexées ;

Vu les dispositions de la Loi notamment les articles 06, 07, 08 et 15 du Décret n°93/572/PM du
15 juillet 1993 relatif aux entreprises de travail temporaire, les articles 31, 54, 56 et suivants de l’Acte
Uniforme OHADA portant Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement de Créances
et des Voies d’Exécution ;

Attendu que le motif développé dans la présente requête parait fondé en son principe ;

Autorisons en conséquence la Société XXX, dont le siège social se trouve à Douala à faire
pratiquer une saisie conservatoire de créances sur les comptes appartenant à la Société YYY S.A, BP
basée à Ngaoundéré pour avoir paiement des sommes ci-après :

- Principal……………………….26 367 000 Francs CFA,


- Frais de procédure ……………5 000 000 Francs CFA.
Soit au total sur la somme de FCFA 31 367 000 FCFA (vingt-sept millions trois cent soixante-sept
mille francs CFA) ;

Disons que notre ordonnance sera caduque en cas d’inexécution dans un délai de 03 mois à
compter de ce jour ;

Disons qu’à peine de caducité de la saisie ainsi ordonnée et pratiquée, le créancier devra dans un
délai d’un mois introduire une procédure ou d’accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un
titre exécutoire définitif ;

Disons notre ordonnance exécutoire sur minute avant enregistrement.

Fait en notre Cabinet sis au Palais de justice de


Ngaoundéré le……………………………

Le Président du Tribunal
50
7. La Requête aux fins d’intervention volontaire
L’intervention est une demande incidente dont l’objet est de rendre une tierce partie au
procès engagé entre les parties originaires. Celui qui souhaite intervenir doit se prévaloir de la qualité
de tiers. La seule nécessité préalable est qu’une procédure ait déjà été engagée. Eu égard à sa finalité,
l’intervention nécessite que le tiers satisfasse aux règles relatives à l’action au premier rang desquelles
se trouvent l’intérêt, lequel relève de l’appréciation souveraine des juges de fond.

En tant que demande incidente, une requête en intervention volontaire ne peut être formée
qu’à l’occasion d’une instance principale en cours. Elle ne peut être admise que si elle se rattache aux
prétentions des parties par un lien suffisant, ce pour garantir le principe de l’immutabilité du litige.

Exemple de requête aux fins d’intervention volontaire :

REQUETE AUX FINS D’INTERVENTION VOLONTAIRE

A
Monsieur le Président du
Tribunal Administratif
De la Région de l’Adamaoua
--NGAOUNDERE--
AFFAIRE : XXXX
c/

YYYY

Monsieur le Président,
Monsieur XXXX, Chauffeur domicilié à Ngaoundéré, né le 02-09-1964 à Ngaoundéré,
fils de X et de Y, Titulaire de la CNI n° du 15/09/2011 délivrée à et ayant pour conseil Me
KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun, B.P 276 Ngaoundéré, au Cabinet duquel il élit domicile ;
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER
Que la famille XX est propriétaire coutumier d’un terrain qu’elle occupe et exploite depuis de
nombreuses années à travers une grande concession familiale ;

Qu’en utilisant des procédés frauduleux Sieur YYZ a obtenu un Titre Foncier sur ledit
terrain ;
Que fort heureusement, ayant découvert la supercherie, le Ministre des Domaines, du
Cadastre et des Affaires Foncières s’est rétracté et a retiré ledit Titre Foncier (Voir Arrêté
n°…./Y.7/MINDCAF/SG/D6/S200/TC du 13 décembre 2019, pièce n°1) ;

51
Qu’à la suite du ministre le Tribunal de céans, en date du 08 décembre 2020, rendait
une Décision annulant ledit Titre Foncier (Pièce n°2) ;
Que curieusement, les mêmes personnes reviennent devant le même Tribunal pour
solliciter l’annulation de l’Arrêté N°…./Y/7/MINDCAF/SG/DG/S200/TC du 13 décembre 2019 rendu par
le Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières alors qu’une Décision avait déjà été prise
dans cette affaire ;
Qu’au soutien de son action Sieur YYYY prétend que le Recours de la succession XX
est irrecevable pour cause de forclusion de la succession XX et d’autorité de chose jugée ;
Mais attendu qu’une telle action ne peut juridiquement prospérer et que cette action de
Sieur YYYY doit être déclarée irrecevable du fait de l’application de l’autorité de chose jugée (II) ou
rejetée pour absence d’irrégularité sur l’Arrêté querellé dans le cas où ce recours serait examiné au fonds
(III) ;
Qu’avant d’analyser les différents points sus évoqués, il échet de déclarer recevable la
présente Requête en Intervention Volontaire (I).
EN LA FORME
SUR LA RECEVABILITE DE LA REQUETE AFIN D’INTERVENTION VOLONTAIRE.
Attendu qu’il ressort des dispositions combinées des articles 95 et 97 de la Loi N°
2006/022 fixant l’organisation et le fonctionnement des Tribunaux administratifs,
que l’intervention est admise de la part de tous ceux qui ont un intérêt au jugement du litige ;
la demande d’intervention est introduite par requête ; elles sont recevables en en tout état de
cause jusqu’au prononcé de la décision ;
Que l’article 94 de la même Loi ajoute que « Les demandes incidentes sont introduites
par mémoire. Elles sont jugées en même temps et suivant les mêmes règles que les demandes
principales. »
Qu’en tant que demande incidente, l’intervention volontaire du requérant dont la
conséquence directe est l’acquisition de la qualité de partie au procès, remplit toutes les
conditions de recevabilité prévues par la loi ;
Que les arguments développés par la Commune d’Arrondissement de Ngaoundéré IIe
sur la base de la doctrine de 1990 relative à l’irrecevabilité de la requête aux fins d’intervention
volontaire sont puérils au regard des dispositions des articles 94, 95 et 97 de la Loi N° 2006/022
du 29 Décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement des Tribunaux administratifs.
AU FOND

I.- AU PRINCIPAL : SUR L’IRRECEVABILITE DE L’ACTION DE SIEUR XXXXX POUR CAUSE


D’AUTORITE DE CHOSE JUGEE

Attendu que le Tribunal de céans devant lequel a été le Recours Contentieux en


annulation de l’Arrêté N°…./Y.7/MINDCAF/SG/DG/S200/TC du 13 décembre rendu par le Ministre des

52
Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières de Sieur YYYY est le même qui avait déjà statué sur la
même affaire ;
Que selon la règle « non bis in idem » qui est un principe général énoncé par le droit
camerounais, le Tribunal ne peut plus juger une affaire dans laquelle il a déjà rendu une Décision ;
Qu’en vertu de cette règle, il y a autorité de chose jugée qui désigne l’impossibilité de
revenir judiciairement sur un fait précédemment jugé ;
Qu’il ressort de la doctrine que, « L’autorité de chose jugée des Décisions des
juridictions administratives signifie que l’on ne peut plus remettre en question ce qui a été jugé. C’est le
dispositif de toute décision juridictionnelle qui confère cette autorité de chose jugée, laquelle décision revêt
une force de vérité légale et par voie de conséquence une force obligatoire » (Voir NGOLE Philip
NGWESE, Joseph BINYOUM, Eléments de contentieux administratif camerounais, L’Harmattan, P.100,
pièce n°3) ;
Qu’en ce sens, l’article 1351 du Code Civil dans l’énoncé des conditions de l’autorité
de chose jugée prévoit que l’ « Autorité de la chose jugée n’a lieu qu’à l’égard de ce qui a fait l’objet du
jugement. Il faut que la chose demandée soit la même cause ; Que la demande soit entre les mêmes parties
et formée par elles et contre elles en la même qualité » ;
Que dans un Arrêt de la Cour d’Appel de Yaoundé, il a été décidé que
« Considérant…qu’en raison de l’existence en la cause de la triple identité des parties, d’objet et de cause,
le recours de sieur EKWALA se heurte au principe de l’autorité de chose jugée et doit de ce fait être
déclarée irrecevable » (Voir Arrêt n°42/CFJ/CAY du 30 avril 1968, EKWALA EDOUBE Stéphane c/ Etat
du Cameroun oriental, in NGOLE Philip NGWESE, Joseph BINYOUM, Eléments de contentieux
administratif camerounais, L’Harmattan, P.101, pièce n°4) ;
Que dans le cas d’espèce, le recours contentieux de Sieur YYYY concerne les mêmes
parties bien que déguisées, a la même cause et porte sur le même objet, le Titre Foncier n°4703/Vina établi
au nom de TSAFACK Dieudonné qui avait déjà été annulé par la même juridiction par le Jugement
N°50/TA/2020 du 08 décembre 2020 qui décide en son article 2 que « Le Recours de HAMADOU YAYA
est au fond justifié. Le titre foncier N°4703/Vina établi au nom de XXXXX est par conséquent annulé ; »
(voir le 6e rôle de la Décision) ;
Qu’il apparaît clairement ici qu’il y a autorité de chose jugée ;
Que par conséquent cette autorité de chose jugée doit être constatée et appliquée par
tous ;
Que d’ailleurs pour cette application, la jurisprudence est constante sur le fait que
« Les questions de droit, tranchées par les juridictions administratives camerounaises bénéficient d’une
présomption de vérité légale. Celle-ci s’impose aux administrés, aux autres juges et enfin à
l’administration » (Voir Jugement N31/CS/CA du 28.09.1978, NDOUGSA Bernard c/ Etat du Cameroun
in NGOLE Philip NGWESE, Joseph BINYOUM, Eléments de contentieux administratif camerounais,
L’Harmattan, p.102, pièce n°5) ;
Que par ailleurs, lorsqu’une partie n’est pas satisfaite de la Décision rendu en premier
ressort elle peut faire appel et lorsqu’il s’agit d’une Décision rendue en premier et en dernier ressort, elle
peut se pourvoir en cassation ;

53
Que dans le cas d’espèce, la Décision du Tribunal Administratif du 08 décembre 2020
portant annulation du Titre Foncier N°…./VINA établi au nom YYZ a été rendu en premier et en dernier
ressort ;
Qu’à cet effet, la seule voie qui reste ouverte à toute personne concernée et non
satisfaite, c’est le pourvoi en cassation ;
Qu’en ce sens, l’article 116 de la Loi de 2006/022 du 19 décembre 2006 fixant
l’Organisation et le Fonctionnement des Tribunaux Administratifs énonce que « Les Décisions rendues en
premier et en dernier ressort par le Tribunal administratif sont susceptibles de pourvoi devant la Chambre
Administrative dans les formes et délais prévus par le texte fixant l’Organisation de la Cour Suprême » ;
Qu’en conclusion, ce recours de Sieur YYYY doit être déclaré irrecevable par le
Tribunal de céans, pour autorité de chose jugée ;
Que néanmoins, en dépit de l’irrecevabilité qui vient d’être relevée, si le Tribunal
venait à entrer dans le fonds, il y a lieu de soulever l’absence d’irrégularités de l’Arrêt querellé ;

II.- SUR L’ABSENCE D’IRREGULARITE DE L’ARRETE N°0198/Y/7/MINDCAF/SG/DG/S200/TC


DU 13 DECEMBRE 2019
Attendu que L’Arrêté n°0198/Y.7/MINDCAF/SG/DG/S200/TC du 13 décembre 2019
portant rétractation de l’Arrêté n°000174/K.6.I/MINUH/D320 du 04 juin 2003 portant attribution en
concession définitive d’une dépendance du domaine national sise à Ngaoundéré et retrait du titre foncier
n4703/Vina établi au profit de TSAFACK Dieudonné a été pris sur la base d’une procédure sérieuse et
rigoureuse ;
Que, contrairement aux prétentions de Sieur YYYY, le Ministre des Domaines du
Cadastre et des Affaires foncières ne s’est pas uniquement appuyé sur les déclarations du concluant pour
fonder sa décision ;
Qu’il a lui-même cherché a manifestation de la vérité en ordonnant une mission
d’enquête foncière contradictoire qui a effectué une descente sur les lieux en l’occurrence le terrain
querellé, pour démêler le vrai du faux (Pièce n°6) ;
Qu’au terme de cette mission d’enquête, constat a été fait que Sieur YYZ a usé de
manœuvres frauduleuses pour obtenir ce Titre foncier telle que cela ressort de l’Arrêté querellé en son
article 1er qui énonce que « Acte est pris :
-du non-respect de l’article 2 du cahier de charge ;
-de l’incompétence du chef traditionnel, membre de la commission
consultative ayant constaté les mises en valeur de Sieur YYZ dans le cadre de la procédure
d’immatriculation indirecte
-de l’appropriation par le bénéficiaire de ce titre foncier des mises en valeur
des tiers en violation des dispositions de l’article 9 du Décret n°76/165 du 27 avril 1976 fixant
les conditions d’obtention du titre foncier, modifié et complété par le Décret n°2005/481 du 16
décembre 2005 » ;
Qu’au regard de ces faits cités, il y a fraude du bénéficiaire du titre foncier, ce qui ne
pouvait qu’entraîner une rétractation du titre foncier par le Ministre conformément à l’article 2 alinéa 3 du
Décret n°76/165 du 27 avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier, modifié et complété
54
par le Décret n°2005/481 du 16 décembre 2005 qui énonce que « Toutefois, le Ministre chargé des affaires
foncières peut, en cas de faute de l’Administration, résultant notamment d’une irrégularité commise au
cours de l’obtention du titre foncier et au vu des actes authentiques produits, procéder au retrait du titre
foncier irrégulièrement délivré » ;
Que la jurisprudence est d’ailleurs restée constante sur le fait que « les titres fonciers
obtenus par fraude, c’est-à-dire ceux que les intéressés ont provoqué par des manœuvres frauduleuses ou
des procédés frauduleux, doivent être annulés par le Juge administratif saisi à cette fin, en application de
l’article 2 alinéa 5 du décret n°76/165 fixant les conditions d’obtention du titre foncier, sans condition ni
délai » (Voir CS CA, Jugement n°76 du 27 avril 2005, YONGO Marc c/ Etat du Cameroun MINUH) et
DELANGUE KOLOKO Michel, in Les Grandes Décisions annotées de la Juridiction Administrative,
Célestin KEUTCHA TCHAPNGA, 1ère édition 2017 p. 319-328, pièce n°7) ;
Que pour caractériser la fraude, la jurisprudence admet que la fraude peut être retenue
par « le fait de faire immatriculer, en usant d’artifices, un terrain qui appartient à une autre personne »
(Voir CS CA, Jugement n°74 du 28 septembre 2000, Succession NDEFO MBEWOU c/ Etat du Cameroun,
in Celestin KEUTCHA TCHAPNGA, 1ère édition 2017 p. 325, pièce n°8) ;
Qu’il échet d’aller dans le sens de l’arrêt querellé et confirmer l’annulation du Titre
Foncier n°4703/VINA établi au nom TSAFACK Dieudonné ;

PAR CES MOTIFS


SUR LA FORME

Déclarer recevable l’intervention volontaire de Sieur SOULEYMANOU


OUMAROU en application de l’article 95 de la Loi de 2006/022 du 19 décembre 2006 fixant
l’Organisation et le Fonctionnement des Tribunaux Administratifs aux termes desquels l’intervention
est admise de la part de tous ceux qui ont un l’intérêt au jugement du litige ;

AU FOND

Bien vouloir constater que le Tribunal de céans devant lequel a été le Recours
Contentieux en annulation de l’Arrêté N°0198/Y.7/MINDCAF/SG/DG/S200/TC du 13 décembre
rendu par le Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières de Sieur FOLFACK est le
même qui avait déjà statué sur la même affaire ;

Bien vouloir dire et juger que selon la règle « non bis in idem » qui est un principe
général énoncé par le droit camerounais, le Tribunal ne peut plus juger une affaire dans laquelle il a
déjà rendu une Décision ;

Bien vouloir constater qu’en vertu de cette règle, il y a autorité de chose jugée
qui désigne l’impossibilité de revenir judiciairement sur un fait précédemment jugé

Bien vouloir dire et juger qu’il ressort de la doctrine que, « L’autorité de chose
jugée des Décisions des juridictions administratives signifie que l’on ne peut plus remettre en question
ce qui a été jugé. C’est le dispositif de toute décision juridictionnelle qui confère cette autorité de

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chose jugée, laquelle décision revêt une force de vérité légale et par voie de conséquence une force
obligatoire » ;

Bien vouloir dire et juger qu’en ce sens, l’article 1351 du Code Civil dans
l’énoncé des conditions de l’autorité de chose jugée prévoit que l’ « Autorité de la chose jugée n’a
lieu qu’à l’égard de ce qui a fait l’objet du jugement. Il faut que la chose demandée soit la même
cause ; Que la demande soit entre les mêmes parties et formée par elles et contre elles en la même
qualité » ;

Bien vouloir dire et juger que dans un Arrêt de la Cour d’Appel de Yaoundé, il a
été décidé que « Considérant…qu’en raison de l’existence en la cause de la triple identité des parties,
d’objet et de cause, le recours de sieur EKWALA se heurte au principe de l’autorité de chose jugée
et doit de ce fait être déclarée irrecevable » ;

Bien vouloir constater que dans le cas d’espèce, le recours contentieux de Sieur
XXXX concerne les mêmes parties bien que déguisées, a la même cause et porte sur le même objet,
le Titre Foncier n°4703/Vina établi au nom de XXXXXX qui avait déjà été annulé par la même
juridiction par le Jugement N°50/TA/2020 du 08 décembre 2020 qui décide en son article 2 que « Le
Recours de XXXX est au fond justifié. Le titre foncier N°4703/Vina établi au nom de XXXXXX est
par conséquent annulé » ;

Bien vouloir constater ici qu’il y a autorité de chose jugée ;

Bien vouloir dire et juger par conséquent que cette autorité de chose jugée doit
être constatée et appliquée par tous ;

Bien vouloir dire et juger que, la jurisprudence est constante sur le fait que « Les
questions de droit, tranchées par les juridictions administratives camerounaises bénéficient d’une
présomption de vérité légale. Celle-ci s’impose aux administrés, aux autres juges et enfin à
l’administration » ;

Bien vouloir constater que lorsqu’une partie n’est pas satisfaite de la Décision
rendu en premier ressort elle peut faire appel et lorsqu’il s’agit d’une Décision rendue en premier et
en dernier ressort, elle peut se pourvoir en cassation ;

Bien vouloir constater que dans le cas d’espèce, la Décision du Tribunal


Administratif du 08 décembre 2020 portant annulation du Titre Foncier N°4703/VINA établi au nom
XXXXX a été rendu en premier et en dernier ressort ;

Bien vouloir constater qu’à cet effet, la seule voie qui reste ouverte à toute
personne concernée et non satisfaite, c’est le pourvoi en cassation ;

Bien vouloir dire et juger qu’en ce sens, l’article 116 de la Loi de 2006/022 du
19 décembre 2006 fixant l’Organisation et le Fonctionnement des Tribunaux Administratifs énonce
que « Les Décisions rendues en premier et en dernier ressort par le Tribunal administratif sont
susceptibles de pourvoi devant la Chambre Administrative dans les formes et délais prévus par le
texte fixant l’Organisation de la Cour Suprême » ;

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Bien vouloir en conclusion déclarer ce recours de Sieur XXXXXX
irrecevable par le Tribunal de céans, pour autorité de chose jugée ;

Bien vouloir constater néanmoins qu’en dépit de l’irrecevabilité qui vient


d’être relevée, si le Tribunal venait à entrer dans le fonds, il y a lieu de soulever l’absence
d’irrégularités de l’Arrêt querellé ;

Bien vouloir de ce fait, constater que L’Arrêté


n°0198/Y.7/MINDCAF/SG/DG/S200/TC du 13 décembre 2019 portant rétractation de l’Arrêté
n°000174/K.6.I/MINUH/D320 du 04 juin 2003 portant attribution en concession définitive d’une
dépendance du domaine national sise à Ngaoundéré et retrait du titre foncier n4703/Vina établi au
profit de XXXXXX a été pris sur la base d’une procédure sérieuse et rigoureuse ;

Bien vouloir constater que, contrairement aux prétentions de Sieur XXXXXX, le


Ministre des Domaines du Cadastre et des Affaires foncières ne s’est pas uniquement appuyé sur les
déclarations du concluant pour fonder sa décision ;

Bien vouloir constater qu’il a lui-même cherché a manifestation de la vérité en


ordonnant une mission d’enquête foncière contradictoire qui a effectué une descente sur les lieux en
l’occurrence le terrain querellé, pour démêler le vrai du faux (Pièce n°3) ;

Bien vouloir dire et juger qu’au terme de cette mission d’enquête, constat a été
fait que Sieur XXXXXX a usé de manœuvres frauduleuses pour obtenir ce Titre foncier telle que cela
ressort de l’Arrêté querellé en son article 1er qui énonce que « Acte est pris :

- Du non-respect de l’article 2 du cahier de charge ;


- De l’incompétence du chef traditionnel, membre de la commission
consultative ayant constaté les mises en valeur de Sieur XXXX dans le cadre de la procédure
d’immatriculation indirecte
- De l’appropriation par le bénéficiaire de ce titre foncier des mises
en valeur des tiers en violation des dispositions de l’article 9 du Décret n°76/165 du 27 avril
1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier, modifié et complété par le Décret
n°2005/481 du 16 décembre 2005 » ;
Bien vouloir dire et juger qu’au regard de ces faits cités, il y a fraude du
bénéficiaire du titre foncier, ce qui ne pouvait qu’entraîner une rétractation du titre foncier par le
Ministre conformément à l’article 2 alinéa 3 du Décret n°76/165 du 27 avril 1976 fixant les conditions
d’obtention du titre foncier, modifié et complété par le Décret n°2005/481 du 16 décembre 2005 qui
énonce que « Toutefois, le Ministre chargé des affaires foncières peut, en cas de faute de
l’Administration, résultant notamment d’une irrégularité commise au cours de l’obtention du titre
foncier et au vu des actes authentiques produits, procéder au retrait du titre foncier irrégulièrement
délivré » ;

Bien vouloir dire et juger que la jurisprudence est d’ailleurs restée constante sur
le fait que « les titres fonciers obtenus par fraude, c’est-à-dire ceux que les intéressés ont provoqué
par des manœuvres frauduleuses ou des procédés frauduleux, doivent être annulés par le Juge
administratif saisi à cette fin, en application de l’article 2 alinéa 5 du décret n°76/165 fixant les
conditions d’obtention du titre foncier, sans condition ni délai » ;

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Bien vouloir dire et juger que pour caractériser la fraude, la jurisprudence admet
que la fraude peut être retenue par « le fait de faire immatriculer, en usant d’artifices, un terrain qui
appartient à une autre personne » ;

EN CONSEQUENCE
Vu la Décision du Tribunal Administratif du 08 décembre 2020 portant
annulation du Titre Foncier N°4703/VINA établi au nom TSAFACK Dieudonné et rendu en premier
et en dernier ressort ;

Vu le principe de L’autorité de chose jugée ;

Vu les lois citées (l’article 1351 du Code Civil, l’article 116 de la Loi de 2006/022
du 19 décembre 2006 fixant l’Organisation et le Fonctionnement des Tribunaux Administratifs,
l’article 2 alinéa 3 du Décret n°76/165 du 27 avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre
foncier, modifié et complété par le Décret n°2005/481 du 16 décembre 2005) ;

Vu la jurisprudence invoquée (Arrêt n°42/CFJ/CAY du 30 avril 1968,


EKWALA EDOUBE Stéphane c/ Etat du Cameroun oriental, Jugement N31/CS/CA du 28.09.1978,
NDOUGSA Bernard c/ Etat du Cameroun, CS CA, Jugement n°76 du 27 avril 2005, YONGO Marc
c/ Etat du Cameroun MINUH) et DELANGUE KOLOKO Michel, CS CA, Jugement n°74 du 28
septembre 2000, Succession NDEFO MBEWOU c/ Etat du Cameroun) ;

AU PRINCIPAL :

Déclarer le Recours contentieux de Sieur YYYY irrecevable pour autorité de


chose jugée ;

SUBSIDIAIREMENT :

- Débouter le recourant de ses prétentions l’y dire non fondé ;

- Confirmer l’Arrêté n°…./Y.7/MINDCAF/SG/DG/S200/TC du 13 décembre 2019 portant


rétractation de l’Arrêté n°…./K.6.I/MINUH/D320 du 04 juin 2003 portant attribution en
concession définitive d’une dépendance du domaine national sise à Ngaoundéré et retrait du
titre foncier n4703/Vina établi au profit de YYZ ;

PJ : Bordereau de pièces contenant les pièces sus-citées.

SOUS TOUTES RESERVES

II. Pour la saisine des juridictions administratives

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En cas de litige à caractère administratif la loi N° 2006/022 portant Organisation et
Fonctionnement des Tribunaux administratifs au Cameroun commande en son article 17 de saisir
l’administration fautive via un Recours Gracieux Préalable. Et ce n’est qu’en cas du rejet de ce recours
que le justiciable va saisir le Tribunal Administratif par une requête.
Il s’agit ici du recours contentieux qui reprend les éléments énoncés dans le recours
gracieux préalable, sauf qu’ici la requête est adressée au Juge. Il peut également s’agir du référé
d’heure à heure qui lui intervient quand il y a urgence.

La requête qui saisit la juridiction doit indiquer les faits et les moyens ainsi que l’énoncé
des conclusions soumises au juge. Ainsi, les requêtes suivent la même architecture générale que les
actes judiciaires. Les actes sont accompagnés de la décision administrative attaquée et également des
pièces produites. L’acte doit être signé par son rédacteur.

EXTRAIT DE LA LOI N°2006/022 DU 29 DECEMBRE 2006 FIXANT L’ORGANISATION ET


LE FONCTIONNEMENT DES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS

« ARTICLE 17 (1) Le recours devant le tribunal administratif n’est recevable qu’après rejet d’un
recours gracieux adressé l’autorité auteur de l’acte attaqué ou à celle statutairement habilitée à
représenter la collectivité publique ou l’établissement public en cause. (2) Constitue un rejet .du
recours gracieux, le silence gardé par l’autorité pendant un délai de trois mois sur une demande ou
réclamation qui lui est adressée Ce délai court à compter de la notification du recours gracieux. (3)
Le recours gracieux doit, sous peine de forclusion, être formé : a) dans les trois mois de publication
ou de notification de la décision attaquée b) en cas de demande -d’indemnisation, dans les six mois
suivant la réalisation du dommage ou sa connaissance c) en cas d’abstention d’une autorité ayant
compétence liée, dans les quatre ans à partir de la date à laquelle ladite autorité était défaillante.

ARTICLE 18 (1) Sous peine de forclusion, les recours contre les décisions administratives, doivent
être introduits dans un délai de soixante (60) jours à compter de la décision de rejet du recours
gracieux visé à l’article 17 ci-dessus. (2) Ce délai court du lendemain du jour de la notification à
personne ou à domicile élu.

ARTICLE 19 (1) Les délais ci-dessus son prorogés si le requérant a, dans L’intervalle: a) déposé une
demande d ‘assistance judiciaire b) saisi une juridiction, incompétente. (2) Dans ce cas, le recours
contentieux est valablement introduit dans les soixante (60) jours qui suivent la notification de la
décision statuant sur la demande d’assistance judiciaire ou sur la compétence ».

Exemple de Recours contentieux :

A
Monsieur le Président du
Tribunal Administratif
De NGAOUNDERE

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RECOURS CONTENTIEUX EN ANNULATION DES TITRES FONCIERS N°…/VINA VOLUME…,
FOLIO… ETABLI AU PROFIT DE MONSIEUR…., LE…. ET N°…. VOLUME… FOLIO… ETABLI AU
PROFIT DE YY LE… PAR LE CONSERVATEUR FONCIER DU DEPARTEMENT DE LA VINA A
NGAOUNDERE

Monsieur le Président,
La Société XXXX de… représentée par Madame XX, Présidente de gestion de la Société
Coopérative Simplifiée XXXX, née le…. A…., de…. CNI N°… du… à…, demeurant à Ngaoundéré et
ayant pour Conseil Me KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun avec Résidence professionnelle
à Ngaoundéré, BP 276, Tél. :699 90 71 84, au Cabinet duquel elle élit

A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER


Qu’en date du…., elle a saisi le Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières par
un Recours Gracieux Préalable aux fins de constatation de la nullité absolue et de retrait des Titres Fonciers
N°…/Vina Volume… Folio…, le…. au profit de…. et N°…/VINA Volume… Folio…, établi au profit de… le… par
le Conservateur Foncier du Département de la Vina à Ngaoundéré (Pièce n°1) ;
Que ce Recours Gracieux Préalable a été déposé contre décharge dans ce Ministère le… (Pièce n°2)
;
Que jusqu’à l’heure actuelle, cette autorité a gardé le silence, d’où le présent recours contentieux ;
Que compte tenu de ce qui précède d’une part, et des termes des Articles 2(7) du Décret N°76/165
du 27 avril 1976 fixant les Conditions d’obtention du Titre Foncier au Cameroun modifié et complété par le
Décret N°2005/481 du 16 Décembre 2005 qui disposent que La décision du Ministre « est susceptible de
recours devant la juridiction administrative compétente », d’autre part, elle vous demande d’annuler avec toutes
les conséquences de droit les Titres Fonciers N°…/Vina Volume… Folio…, le…. au profit de…. et N°…/VINA
Volume… Folio…, établi au profit de… le… par le Conservateur Foncier du Département de la Vina à
Ngaoundéré au regard des faits (I), de la loi et de la jurisprudence (II) ;
I. LES FAITS
Attendu que la parcelle querellée est une dépendance du domaine national occupé et exploité
depuis les années 60 par Sieur XYX ;
Qu’à son départ à la retraite en 2013, celui-ci lègue cette parcelle à la Société Coopérative XXXX
qui va immédiatement l’occuper et l’exploiter par un projet communautaire durable, objet d’un Arrêté sous-
préfectoral d’exploitation du Domaine national (Certificat de jouissance paisible) (Pièce n°3) ;
Qu’après avoir régulièrement occupé et exploité la parcelle ainsi héritée des constructions servant de
bureaux et des plantations d’avocatiers et autres, elle a initié une procédure d’immatriculation, dès le… (Pièce
n°4) ;
Que d’ailleurs, suite à cette demande, le Sous-préfet de l’Arrondissement de Ngaoundéré 1er a
pris la Décision N°… fixant les dates de constat d’occupation et exploitation de certaines dépendances du
domaine national dans l’Arrondissement de Ngaoundéré 1er (Pièce n°5) ;
Que cette Décision fixait la date de la descente de la Commission consultative sur la parcelle de
terrain occupée par la requérante le… ;
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Que c’est ainsi qu’en date du…, la descente de la Commission consultative a bien eu lieu et un
Procès-verbal de bornage a été dressé auquel ont été joints les plans des différentes parcelles occupées et
exploitées par la requérante (Pièce n°6) ;
Qu’il ressort d’ailleurs de ces procès-verbaux de bornage qu’aucun titre foncier n’a encore été
établi sur ces parcelles occupées et exploitées par la requérante ;
Que curieusement, en date du…., la requérante a étonnamment constaté la présence des tiers sur
son domaine ;
Qu’intriguée par cette situation, elle s’est rapprochée des services techniques du cadastre pour
en savoir d’avantage sur cette curiosité, elle fut renseignée de ce qu’en effet, il a été établi sur cet immeuble,
les Titres Fonciers N°…/Vina Volume… Folio…, le…. au profit de…. et N°…/VINA Volume… Folio… (Pièce
n°7) ;
Qu’il s’agit là d’une situation paradoxale puisque la requérante et son cessionnaire ont toujours
été les seuls à occuper et exploiter cette parcelle de terrain ;
Qu’il est clair que ledit titre foncier a été obtenu par des procédés frauduleux et mérite d’être
annulé pour fautes graves de l’Administration et fraude du bénéficiaire ;
II. LES MOYENS JURIDIQUES
A. SUR LES FAUTES GRAVES DE L’ADMINISTRATION EN CHARGE DES DOMAINES,
DU CADASTRE ET DES AFFAIRES FONCIÈRES.
1. Sur le premier moyen de nullité des Titres fonciers n°…/Vina et n°…/Vina tiré de la
non disponibilité de l’immeuble querellé

Attendu que l’article 31 du Décret n°2005/481 du 16 Décembre 2005 dispose que « Avant de
procéder à toute transformation des actes en titres fonciers, le Conservateur Foncier doit vérifier sous
sa responsabilité les pièces déposées et s’assurer en outre de l’identité et de la capacité des parties, de
la disponibilité de l’immeuble » ;

Qu’il ressort de cette disposition légale que le titre foncier ne peut être établi que sur un immeuble
disponible c'est-à-dire n’appartenant à personne et n’étant occupé ni exploité par personne ;

Que dans le cas d’espèce, il apparaît clairement que les titres fonciers n°…/Vina et n°… établis au
profit des Sieurs…. sont intervenus alors que la parcelle était depuis longtemps occupées par Sieur XYX
et par la suite par la recourante ;

Que de ce fait une vérification par les services déconcentrés de l’Etat (MINDCAF) de la Vina
aurait permis de constater que l’immeuble sur lequel a été établi les titre fonciers querellés n’étaient
plus disponibles car étant déjà la propriété privée de la requérante ;

Que c’est une faute grave de l’administration de ne pas procéder à la vérification de la


disponibilité de l’immeuble avant d’établir un titre foncier, justifiant le retrait de ce titre foncier ;

Que selon l’article 2 alinéa 3 du Décret n°76-165 du 27 Avril 1976 fixant les conditions
d’obtention du titre foncier « Le Ministre chargé des affaires foncières peut, en cas de faute de
l’administration, résultant notamment d’irrégularité commise au cours de la procédure d’obtention du

61
titre foncier, et au vu des actes authentiques produits procéder au retrait du titre foncier irrégulièrement
délivré » ;

Que le MINDCAF n’ayant pas retiré le titre foncier obtenu sur un terrain déjà immatriculé dans
les délais impartis par la loi, la recourante n’a d’autre alternative que de saisir le Tribunal Administratif
de céans ;

Qu’au regard de l’irrégularité de la procédure ayant conduit à l’établissement des titres fonciers
n°…./Vina et n°…./Vina établis au profit des Sieurs…, il ya lieu de prononcer la nullité d’ordre public
du titre querellé ;

2. Sur le second moyen de nullité des Titres fonciers n°…/Vina et n°…/Vina tiré de
l’absence de descente effective de la commission consultative

Attendu que l’article 5 du Décret N°76/165 du 27 Avril 1976 modifié et complété par le Décret
n°2005/481 du 16 Décembre 2005 fixant les conditions d’obtention du titre foncier énonce que « Le
bornage est effectué en présence des voisins, par un géomètre assermenté du cadastre » ;

Que curieusement dans le cas d’espèce, les Titre Fonciers querellés ont été établi sans descente effective
d’un géomètre du cadastre pour le bornage qui aurait certainement associé le Chef du quartier et les
riverains tel que prévu par l’article 16 de l’Ordonnance n°74/1 du 6 Juillet 1974 fixant régime foncier qui
dispose que « … sont crées des commissions consultatives présidées par les autorités administratives et
comprennent obligatoirement les représentants des autorités traditionnelles. » ;

Que pourtant, la descente sur le terrain est une formalité essentielle dans la procédure
d’immatriculation qui demande la présence des riverains et le non-respect de celle-ci rend la procédure
irrégulière ;

Que pour relever le caractère impératif de cette formalité, le Ministre des Domaines et des Affaires
Foncières, qui avait constaté à un moment donné que les descentes faites par la Commission Consultative
pour constat d’occupation ou d’exploitation d’une dépendance du domaine nationale étaient n’étaient pas
effectives, elles étaient simulées, ce qui ternissait l’image du Ministère dont il avait la charge et, par
INSTRUCTION N°000006-Y.18-MINDAF-D300 du 29 Décembre 2005 relative au fonctionnement de la
Commission Consultative, a martelé que : « La descente sur le terrain doit être effective et non simulée » ;

Que dans le cas d’espèce, les descentes de la Commission sur l’immeuble litigieux a été simulée et
les procès verbaux de constat d’occupation et d’exploitation a été certainement établi dans un bureau,
dévoilant au grand jour l’irrégularité de la procédure ayant conduit à l’obtention desdits titres fonciers ;

Qu’il est évident que les bénéficiaires de ces titres fonciers ont déterminé l’Administration à leur faire
établir un Titre Foncier par des déclarations mensongères que l’Administration n’a certainement pas vérifiées
par une descente effective sur les lieux ;

Que si la descente avait effectivement eu lieu, l’administration aurait constaté que ces parcelles était
déjà occupée et exploitée la requérante

62
Qu’il est pourtant clair, aux termes de que « En vertu des dispositions de l’article 16 de
l’Ordonnance n°74/1 du 06 Juillet 1974, fixant le régime foncier, seule la Commission consultative est
compétente pour établir les constats d’occupation ou d’exploitation des dépendances du domaine
national de 1ère catégorie en vue de l’obtention du Titre Foncier » (article 13 alinéa 4 du Décret n°76-165
du 27 Avril 1976 fixant les conditions d’obtention du Titre Foncier modifié et complété par le Décret
N°2005/481 du 16 Décembre 2005) ;
Que l’article 2 du Décret n°2016/1430/PM du 27 Mai 2016 fixant les modalités d’organisation et
de fonctionnement de la commission consultative en matière foncière et domaniale, renchérit dans ce
sens que « La Commission Consultative (…) constate la mise en valeur pour l’obtention du titre foncier » ;
Qu’il ressort de tout ce qui précède que les Titres Fonciers n°…/Vina et n°…./Vina établis au
profit de… ont été délivrés arbitrairement sans suivi d’une quelconque procédure ou du moins obtenu
par une procédure autre que celle prévue à cet effet ;
Qu’or l’article 2 alinéa 6 b du Décret n°76-165 du 27 Avril 1976 fixant les conditions
d’obtention du titre foncier modifié et complété par le Décret N°2005/481 du 16 Décembre 2005
dispose que « Un titre foncier est nul d’ordre public (…) lorsque le titre foncier est délivré arbitrairement
sans suivi d’une quelconque procédure, ou obtenu par une procédure autre que celle prévue à cet effet » ;
Que saisi, le MINDCAF n’a pas cru devoir se prononcer sur ces irrégularités et a gardé le
silence au-delà du délai légal d’où la saisine du Tribunal Administratif de céans ;
Qu’il échet de prononcer la nullité d’ordre public des titres fonciers querellés ;
B. SUR LA FRAUDE DES BENIFICIAIRES DES TITRES QUERELLES.
Attendu que l’article 11 nouveau du Décret N°76/165 du 27 avril 1976 fixant les Conditions
d’obtention du Titre Foncier au Cameroun modifié et complété par le Décret N°2005/481 du 16
Décembre 2005 prévoit en substance l’obtention du Titre foncier est subordonnée à l’établissement de
la preuve de l’occupation et de l’exploitation de celui-ci ;
Que curieusement dans le cas d’espèce, les bénéficiaires des titres fonciers querellés n’ont jamais
occupé, encore moins exploité la parcelle, toute chose prouvant que l’immatriculation a été irrégulièrement
obtenue ;
Que seules les mises en valeur de la requérante sont visibles sur la parcelle car ayant depuis très
longtemps occupé et exploité cette parcelle par des bureaux et une plantation d’avocatiers en rapport avec
son projet ;
Que les bénéficiaires des titres fonciers querellés ne sont d’ailleurs connus d’aucun voisin ;
Que ces titres fonciers a été obtenu par des manœuvres frauduleuses de la part des
bénéficiaires qui sans preuve d’occupation ou d’exploitation s’est limitée à présenter les mises en valeur
de la requérante ;
Qu’au vu des déclarations faites par les sus nommés à l’effet de tromper l’administration,
ils ont commis une fraude justifiant ainsi le retrait ministériel et l’annulation de ces titres fonciers ;
Que selon l’article 2 du Décret N°2005/485 du 16 Décembre 2005, le retrait ministériel
des titres fonciers irrégulièrement délivrés est possible dans deux hypothèses : la faute de
l’administration et la fraude du bénéficiaire ;

63
Qu’un des grands principes généraux du droit consacré par le droit camerounais est « Faus
omnia corrompit » selon lequel la fraude est une action faite de mauvaise foi dans le but de tromper,
ou encore une falsification punie par la loi, « un comportement trompeur » ;
Que la jurisprudence est également constante sur le fait que « les titres fonciers obtenus par
fraude, c’est-à-dire ceux que les intéressés ont provoqué par des manœuvres frauduleuses ou des
procédés frauduleux, doivent être annulés par le Juge administratif saisi à cette fin, en application de
l’article 2 alinéa 5 du décret n°76/165 fixant les conditions d’obtention du titre foncier, sans condition
ni délai » (Voir CS CA, Jugement n°76 du 27 avril 2005, YONGO Marc c/ Etat du Cameroun MINUH)
et DELANGUE KOLOKO Michel, in Les Grandes Décisions annotées de la Juridiction
Administrative, Célestin KEUTCHA TCHAPNGA, 1ère édition 2017 p. 319-328) ;
Que pour caractériser la fraude, la jurisprudence admet que la fraude peut être retenue par
« le fait de faire immatriculer, en usant d’artifices, un terrain qui appartient à une autre personne » (Voir
CS CA, Jugement n°74 du 28 septembre 2000, Succession NDEFO MBEWOU c/ Etat du Cameroun,
in Célestin KEUTCHA TCHAPNGA, 1ère édition 2017 p. 325) ;
Que saisi, le MINDCAF a opté de garder le silence d’où le présent recours contentieux ;
Qu’il y a donc lieu de déclarer nul et de nullité d’ordre public les Titres Fonciers querellés qui
a été obtenu par des procédés frauduleux.

PAR CES MOTIFS

PLAISE AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF

Article 1er : Déclarer recevable le recours de la Société Coopérative Simplifiée SCOOPS-


BEKA comme fait dans les forme et délai légaux.

Article 2 : L’y disant fondée, annuler avec toutes les conséquences de droit les Titres
Fonciers N°…./Vina Volume… Folio…, le… établi au profit de… et N°…/Vina Volume… Folio… le… au
profit de… par le Conservateur Foncier du Département de la Vina à Ngaoundéré.

Article 3 : Condamner l’Etat du Cameroun aux dépens.

Pièces jointes :…

SOUS TOUTES RESERVES


64
III. Les actes de saisine des juridictions pénales

A. La Plainte et la Plainte avec constitution de partie civile

La plainte est l’acte par lequel une personne qui s’estime victime d’une infraction pénale
en informe le procureur de la République, directement ou par un service de police, ou en demandant
à l’autorité judiciaire la condamnation pénale de l’auteur (peine d’emprisonnement, d’amende, ...).
Elle peut être déposée contre une personne identifiée ou contre X, si l’identité de l’auteur des faits est
inconnue. La forme de la plainte simple est libre. Elle n’a pas à répondre à l’architecture classique
des actes judiciaires. Ainsi, la plainte est une lettre, généralement avec accusé de réception, adressée
à un chef d’une Unité de Commandement (Commissaire de Police, Commandant de Brigade…) ou
au Procureur de la République près le Tribunal de Première ou de Grande Instance du lieu de la
commission de l'infraction, soit du lieu du domicile du prévenu ou encore du lieu de l'arrestation du
prévenu. On y expose les faits dont on a été victime. Il n’est pas nécessaire de qualifier juridiquement
l’infraction et de désigner le texte du Code pénal applicable. Il n’est pas superflu de souligner que la
plainte en soi ne saisit pas la juridiction répressive, elle ne met pas en mouvement l’action publique.
C’est au bout de l’enquête menée à la suite de la plainte que le Ministère public met en mouvement
et exerce l’action publique.

La plainte avec constitution de partie civile met en mouvement l’action publique. Elle est
prévue à l’article 157 du Code procédure pénale et est déposée par toute personne qui se prétend lésée
par un crime ou par un délit devant le Juge d’Instruction. Elle impose pour sa recevabilité le dépôt
d’une consignation au greffe du Tribunal de Première ou de Grande Instance équivalent aux frais de
procédure. Cette somme est fixée par Ordonnance du Juge d’instruction. L’information judiciaire
terminée, le Juge d’Instruction rend soit une Ordonnance de renvoi soit une Ordonnance de non-lieu
ou encore une Ordonnance de non-lieu partiel. C’est l’Ordonnance de renvoi ou de non-lieu partiel
qui saisit la juridiction répressive.

EXTRAITS DU CODE DE PROCEDURE PENALE

DES ATTRIBUTIONS DU PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE


Article 135 — (1)
(a) Le Procureur de la République est saisi soit par :
- une dénonciation écrite ou orale ;
- une plainte ;
- un procès-verbal établi par une autorité compétente.
(b) Il peut également se saisir d'office.
(2) Toute personne ayant connaissance d'une infraction qualifiée crime ou délit, est tenue d'en aviser
directement et immédiatement, soit le Procureur de la République, soit tout officier de police
judiciaire, ou à défaut, toute autorité administrative de la localité.
(3) L'autorité administrative ainsi informée est tenue de porter cette dénonciation à la connaissance
du Procureur de la République ou de l'officier de police judiciaire le plus proche.
65
(4)
a) Lorsqu'une déclaration écrit ou verbale émane de la partie lésée par l'infraction, elle est qualifiée
plainte; elle est qualifiée dénonciation lorsqu'elle émane d'un tiers.
b) Les dénonciations et les plaintes ne sont assujetties à aucune forme et sont dispensées du droit de
timbre. Les autorités visées à l'alinéa (2) ne peuvent refuser de les recevoir.
(5) Tout fonctionnaire au sens de l'article 131 du Code Pénal qui, dans l'exercice de ses fonctions, a
connaissance d'un crime ou d'un délit, est tenu d'en aviser le Procureur de la République en lui
transmettant, le cas échéant, tout procès-verbal ou tout acte y relatif.
Article 136 — L'inobservation des dispositions des alinéas 2, 3, 4 et 5 de l'article 135 est passible des
peines de l'article 171 du Code Pénal.
Article 137 — (1) Le Procureur de la République dirige et contrôle les diligences des officiers et
agents de police judiciaire.
(2) Il peut, à tout moment, se transporter dans les locaux de police ou de gendarmerie pour procéder
au contrôle de la garde à vue prévue à l'article 124 (3). Au cours de ce contrôle, les personnes dont il
ordonne la libération d'office ou en vertu d'une ordonnance d'habeas corpus, doivent être
immédiatement libérées, sous peine de poursuites judiciaires pour détention illégale contre l'officier
de police judiciaire responsable du local où s'effectue la garde à vue.
(3) Le Procureur de la République peut, à tout moment, agir aux lieu et place de tout officier de police
judiciaire.
Article 138 — (1) Le Procureur de la République a, dans l'exercice de ses fonctions, le droit de
requérir directement les forces de maintien de l'ordre.
(2)
a) Il peut, pour l'accomplissement de ses fonctions, requérir également le concours de toute personne
susceptible d'aider à la manifestation de la vérité.
b) La personne requise perçoit une indemnité dans les conditions fixées par les textes en vigueur.
Article 139 — Le Procureur de la République est destinataire de l'original de tout procès-verbal relatif
aux infractions commises dans son ressort et relevant des juridictions de droit commun.
Article 140 — (1) Est compétent, le Procureur de la République :
a) soit du lieu de commission de l'infraction ;
b) soit du lieu du domicile du suspect ;
c) soit du lieu d'arrestation du suspect.
(2) En cas de saisine concurrentielle, la priorité revient au Procureur de la République du lieu de
commission de l'infraction.
Article 141 — Le Procureur de la République saisi, dans les conditions prévues aux articles 135, 139
et 140, peut:
a) transmettre la dénonciation ou la plainte pour enquête à un officier de police judiciaire;
b) faire retour des procès-verbaux d'enquête à la police judiciaire pour complément d'enquête;
c) décider du classement sans suite d'une affaire et le faire notifier au plaignant; copie de
toute décision de classement sans suite est transmise dans le mois au Procureur Général près
la Cour d'Appel;
d) décider du dépôt aux archives des procès-verbaux concernant les contraventions ayant fait
l'objet d'amendes forfaitaires payées;
e) décider de la poursuite du suspect ».
Chapitre II
DE LA PLAINTE AVEC CONSTITUTION DE PARTIE CIVILE
Article 157 — (1) Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou par un délit peut, en portant
plainte, se constituer partie civile devant le Juge d'Instruction compétent.
(2) La plainte avec constitution de partie civile met en mouvement l'action publique.
(3) La règle édictée à l'alinéa (1) n'est applicable ni aux contraventions, ni aux infractions dont la
poursuite est réservée au seul Ministère Public.

66
Article 158 — (1) La personne qui met en mouvement l'action publique conformément à l'article 157
(1) est tenue, à peine d'irrecevabilité, de consigner au greffe du Tribunal de Première Instance
compétent la somme présumée suffisante pour le paiement des frais de procédure.
Cette somme est fixée par ordonnance du Juge d'Instruction.
(2) Un supplément de consignation peut être fixé au cours de l'information.
Article 159 — (1) Lorsque le plaignant n'est pas domicilié dans le ressort du Tribunal où se déroule
l'information judiciaire, il doit y élire domicile par acte du greffe de ce Tribunal.
(2) A défaut de l'élection de domicile, il ne peut opposer le défaut de notification des actes qui auraient
dû lui être notifiés en vertu de la loi.
Article 160 — (1) Dès que la partie civile a versé la consignation visée à l'article 158, le Juge
d'Instruction communique la plainte au Procureur de la République pour son réquisitoire.
(2) Le réquisitoire du Procureur de la République peut tendre :
a) à l'irrecevabilité de la constitution de partie civile ;
b) à ce qu'il soit informé contre personne dénommée ou non dénommée.
(3) Le Procureur de la République peut également requérir, si la plainte n'est pas suffisamment
motivée ou que les pièces produites ne l'étayent pas suffisamment que l'individu visé soit entendu
comme témoin par le Juge d'Instruction.
Article 161 — Dans le cas où le Juge d'Instruction saisi n'est pas territorialement compétent, il rend,
après le réquisitoire du Ministère Public, une ordonnance d'incompétence et renvoie la partie civile à
mieux se pourvoir.
Article 162 — Lorsqu'une plainte avec constitution de partie civile aboutit à une ordonnance de non-
lieu, l'inculpé peut saisir la juridiction civile pour demander des dommages intérêts pour constitution
de partie civile abusive.
Article 163 — (1) Le Procureur de la République n'est pas lié, dans son réquisitoire, par la
qualification donnée aux faits par l'auteur de la plainte avec constitution de partie civile.
(2) Le Juge d'Instruction n'est pas lié par la qualification donnée aux faits dans la plainte ou par le
réquisitoire du Procureur de la République.

Exemple de plainte :
ENTETE DU CABINET
A
Monsieur le Procureur de la République
Près les Tribunaux de Grande Instance Vina
Et de Première Instance
--NGAOUNDERE--

Objet : Plainte contre X et Y, tous domiciliés à Ngaoundéré, pour atteinte à la propriété


foncière (articles 2(a) et 3 de la loi n° 80-22 du 14 juillet 1980 portant répression des atteintes à la
propriété foncière et domaniale, 316 du Code pénal), violation de domicile (article 299), menaces
(article 301 du Code pénal) et diffamation (article 305 du Code Pénal)

Monsieur le Procureur de la République,


Monsieur S, Commerçant-Transporteur, né vers à , fils de et de ,
domicilié à Ngaoundéré B.P. et, ayant pour Conseil Maître , Avocat au Barreau du Cameroun
67
avec Résidence Professionnelle à Ngaoundéré BP , Tél : , au Cabinet duquel il élit
domicile ;
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER
Qu’il est propriétaire, d’une parcelle de terre d’une superficie de 2921 m², sise au quartier
MBIDENG dans l’arrondissement de Ngaoundéré 1er, en vertu du titre foncier N° /Vina Vol.
F° établi le 08 Octobre 1987, dans le Livre de la propriété foncière du Département de la Vina
qu’il a racheté le 28 Septembre 1992 ;
Qu’il occupe et exploite paisiblement sa parcelle depuis plus de deux décennies ;
Qu’il y a d’ailleurs récemment entrepris des travaux de construction d’une mosquée en procédant
notamment à des travaux d’implantation du chantier et de fabrication des parpaings ;
Que curieusement, dans l’après-midi du samedi 09 Octobre 2021, alors qu’il travaillait sur ledit
chantier avec quelques ouvriers, les nommés X et Y y ont fait irruption animés d’une colère leur
ordonnant d’arrêter tous travaux sur le site prétextant être les véritables propriétaires de cette parcelle ;
Que ces actes d’intimidation ont été accompagnés de menaces d’emprisonnement et de mort à
l’endroit du plaignant et de ses ouvriers ;
Que mettant à exécution leurs menaces, le lundi 12 Octobre, ils ont saisi les services de
gendarmerie, en prétextant être les légitimes propriétaires, qui ont immédiatement embarqué tous les
ouvriers du chantier et les détiennent jusqu’à présent ;
Attendu que cette irruption inopportune perpétrée par les sus nommés sur le chantier du requérant
est une violation grave de son droit de propriété et les différentes actions menées contre ses ouvriers et
lui, une atteinte à leur tranquillité ;
Que ces fauteurs de troubles sont sans ignorer que leurs agissement tombent sous le coup des
infractions qualifiées en droit d’atteinte à la propriété foncière, de violation de domicile, de menaces
et de diffamation faits prévus et réprimés par les articles 2 alinéa a 3 de la loi N°80/22 du 14 Juillet
1980 portant répression des atteintes à la propriété foncière et domaniale, 316, 301 et 305 du Code
Pénal ;

Que la Loi n°80-22 du 14 Juillet 1980 portant répression des atteintes à la propriété foncière et
domaniale au Cameroun en son article 2 alinéa a énonce que « Sont passibles d’une amende de 50 000
à 200 000 F et d’un emprisonnement de 2 mois à 3 ans ou de l’une de ces deux peines seulement, ceux
qui exploitent ou se maintiennent sur un terrain sans l’autorisation préalable du propriétaire » ;
Que le Code Pénal renchérit en son article 316 que « Est puni d’un emprisonnement de quinze (15)
jours à trois (03) ans et d’une amende de cinq mille (5000) à cent mille (100 000) francs ou de l’une de
ces deux peines seulement, celui qui détruit, même partiellement, tout bien appartenant, en tout ou en
partie, à autrui, ou grevé d’une charge en faveur d’autrui. La peine d’emprisonnement est de deux (02)
à dix (10) ans et de l’amende de dix mille (10 000) à cinq cent mille (500 000) francs ou de l’une de ces
deux peines seulement, si la destruction porte sur des édifices, ouvrages, navires ou installations. » ;
Que la violation de domicile est réprimée par l’article 299 du Code Pénal qui dispose que « Est
puni d’un emprisonnement de dix (10) jours à un (01) an et d’une amende de cinq mille (5000) à

68
cinquante mille (50 000) francs ou de l’une de ces deux peines seulement, celui qui s’introduit ou se
maintient dans le domicile d’autrui contre son gré » ;
Que pour ce qui est des menaces l’article 301 du Code Pénal prévoit que « Est puni d’un
emprisonnement de dix (10) jours à trois (03) ans et d’une amende de cinq mille (5000) à cent cinquante
mille (150 000) francs, celui qui, oralement ou par tous écrits ou images, menace autrui soit de violences
ou de voies de fait, soit de destruction de tout bien, soit de pénétrer par effraction à l’intérieur de son
domicile » ;
Que l’article 305 du Code Pénal quant à lui dispose que « Est puni d’un emprisonnement de six
(06) jours à six (06) mois et d’une amende de cinq mille (5000) à deux millions (2 000 000) de francs
ou de l’une de ces deux peines seulement, celui qui, par l’un des moyens prévus à l’article 152 du présent
Code, porte atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne en lui imputant directement ou
non les faits dont il ne peut rapporter la preuve »
Que la justice existe et le plaignant a une foi ardente en elle et, c’est pourquoi il porte plainte
entre vos mains pour que vous puissiez en donner la suite légale qu’elle comporte.

SOUS TOUTES RESERVE

Exemple de plainte avec constitution de partie civile :

ENTETE DU CABINET

PLAINTE AVEC CONSTITUTION DE PARTIE CIVILE

A
Monsieur le Juge d’Instruction du Tribunal de
Première Instance de XXXXXXXXXXX

OBJET : Plainte avec constitution de partie civile,


Contre le nommé XXXXXXXXXXXXXXX
Pour fraude fiscal, corruption et violence en matière électorale

Monsieur le Juge d’Instruction,


XXXXXXXXXXXXXX, Parti Politique créé par Décision N°
XXXXXXXXX/D/MINATD/DAP/SDE/SPP du XXXXXXXXXXX et dont le siège Social est à
XXXXXXXXXXXXXXXXX, représenté par en la personne du XXXXXXXXXXXXX et, ayant
pour Conseil Me KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun, avec Résidence professionnelle à
Ngaoundéré, BP 276, au Cabinet duquel il élit domicile
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER
69
Que le 9 février 2020, se sont tenues, sur toute l’étendue du territoire national, les
élections en vue de la désignation des conseillers municipaux et des députés ;
Que pour ces élections, XXXXXXXXXXXXXX a présenté des candidats dans plusieurs
circonscriptions, entre autres, celle de la XXXXXXXXXXXX, pour les législatives, et celle de Bikok,
localité située dans le Département de la XXXXXXXXXXXXXXX, s’agissant des municipales ;
Que le jour du scrutin, les représentants du Parti XXXXXXXXXXXXXX ont été victimes
de menaces et d’intimidation, de la part de certaines autorités administratives ;
Que des sources concordantes révèlent que des représentants du Parti
XXXXXXXXXXXXX ont été éconduits des Bureaux de vote sous le fallacieux prétexte qu’ils
n’avaient pas le droit de siéger dans les Commissions locales de vote car ne pouvant pas être « juges
et parties » ;
Qu’au-delà de ces abus, beaucoup de fraudes ont été relevés au cours de la même journée,
notamment la corruption de certains électeurs et certains membres des Commissions locales de vote
par un membre de l’élite locale qui, ce jour-là, en compagnie de Monsieur XXXXXXXXXXX, ,
distribuait de l’argent à qui voulait bien le prendre, dans l’optique de fausser les résultats du vote ;
Que particulièrement dans le Bureau de vote de XXXXXXXXXXXXXX, Monsieur
XXXXXXXXXXXX, ira plus loin en menaçant de représailles la présidente du bureau de vote, si
celle-ci ne modifiait pas les résultats qui, au départ, était en faveur du Parti UNIVERS ;
Que la dénonciation dans ce cas été faite par Mademoiselle XXXXXXXXXXXXXX,
Présidente dudit Bureau de vote, dont les déclarations ont été consignées dans un acte d’Huissier de
Justice ;
Qu’XXXXXXXXXXXXXX dispose en ce moment d’autres informations qui
permettrons de confondre le nommé XXXXXXXXXXX dans son entreprise de fraude électorale ;
Qu’en le faisant, il tombe sous le coup des délits électoraux, faits prévus et réprimés par
les articles 122 (1g et 2) et 123 du Code Pénal, respectivement ainsi conçus :
« DES DELITS ELECTORAUX
Article 122. – FRAUDES FISCALES
« (1) Est puni d’un emprisonnement de trois (03) mois à deux (02) ans et d’une amende de cinquante
mille (50 000) à cinq cent mille (500 000) francs ou de l’une de ces deux peines seulement, celui qui
:
g) A l’aide de fausses nouvelles, de propos calomnieux ou autres manœuvres frauduleuses, supprime
ou détourne des suffrages, détermine un ou plusieurs électeurs à s’abstenir de voter ;
h) Avant, pendant ou après un scrutin, par inobservation des dispositions législative ou
réglementaires, ou par tout autre acte frauduleux, viole le secret, porte atteinte à la sincérité, empêche
les opérations du scrutin ou en modifie le résultat ;
« (2) Si l’auteur ou son complice est fonctionnaire au sens de l’article 131 du présent Code, il est
passible d’un emprisonnement de un (01) à cinq (05) ans.
Article 123. – CORRUPTION ET VIOLENCE EN MATIERE ELECTORALE
« Est puni d’un emprisonnement de trois (03) mois à deux (02) ans et d’une amende de dix mille (10
000) à cent mille (100 000) francs ou de l’une de ces deux peines seulement, celui qui :
c) Par dons, libéralités, faveurs, promesses d’octroi d’emplois publics ou privés ou d’autres avantages
particuliers faits en vue d’influencer le vote d’un ou de plusieurs électeurs, obtient leur suffrage soit
directement, soit par l’entremise d’un tiers … »;
70
Qu’en tout état de cause, la justice existe et XXXXXX a une foi ardente en la justice qu’il
est obligé de saisir pour être restauré dans ses droits ;
Qu’il échet de bien vouloir renvoyer l’inculpé devant la juridiction de jugement pour
répondre de ces faits ;
Attenu que les faits sus relater ont causé des préjudices criards au plaignant dont il se
constitue d’ores et déjà partie civile et sollicite la réparation des préjudices soufferts à hauteur de F
CFA 50.000.000 (quinze millions), somme ventilée comme suit :
- Principal (perte d’une chance électorale) :..... 45 000 000 F CFA
- Frais de procédure : ………………………… 5 000 000 FCFA
Total : 15 000 000 FCFA.

QUE CE POURQUOI, IL VOUS SAISIT PAR CETTE PLAINTE AVEC CONSTITUTION DE


PARTIE CIVILE, MONSIEUR LE JUGE D’INSTRUCTION

Et vous prie de bien vouloir :


Au regard des articles 157 et suivants du Code de Procédure Pénale ;
Au regard des articles 74, 122 et 123 du Code Pénal ;
Bien vouloir renvoyer l’inculpé devant la juridiction de jugement pour répondre des
faits de fraude fiscal, de corruption et de violence en matière électorale;
Bien vouloir prendre acte de la constitution de partie civile du plaignant;
Sous Toutes Réserves
P.J. Toutes les pièces suscitées

B. La Dénonciation

D’après, le Petit Larousse illustré 2007, dénoncer c’est signaler comme coupable à la
justice ou à l’autorité compétente. La dénonciation apparaît comme une déclaration, ou une
signification par tout moyen (écrit ou oral) d’un fait ou d’un acte aux autorités policières, judiciaires
ou administratives. Les dispositions de l’article 135 du Code de Procédure Pénale précisent que la
dénonciation doit émaner d’un tiers.

EXTRAIT DU CODE DE PROCEDURE PENALE

DES ATTRIBUTIONS DU PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE


Article 135 — (1)
(a) Le Procureur de la République est saisi soit par :
- une dénonciation écrite ou orale ;
- une plainte ;
- un procès-verbal établi par une autorité compétente.
(b) Il peut également se saisir d'office.

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(2) Toute personne ayant connaissance d'une infraction qualifiée crime ou délit, est tenue d'en aviser
directement et immédiatement, soit le Procureur de la République, soit tout officier de police
judiciaire, ou à défaut, toute autorité administrative de la localité.
(3) L'autorité administrative ainsi informée est tenue de porter cette dénonciation à la connaissance
du Procureur de la République ou de l'officier de police judiciaire le plus proche.
(4)
a) Lorsqu'une déclaration écrit ou verbale émane de la partie lésée par l'infraction, elle est qualifiée
plainte; elle est qualifiée dénonciation lorsqu'elle émane d'un tiers.
b) Les dénonciations et les plaintes ne sont assujetties à aucune forme et sont dispensées du droit de
timbre. Les autorités visées à l'alinéa (2) ne peuvent refuser de les recevoir.
(5) Tout fonctionnaire au sens de l'article 131 du Code Pénal qui, dans l'exercice de ses fonctions, a
connaissance d'un crime ou d'un délit, est tenu d'en aviser le Procureur de la République en lui
transmettant, le cas échéant, tout procès-verbal ou tout acte y relatif.

C. La Citation Directe
La citation directe est la saisine directe des juridictions pénales de jugement par laquelle
l’auteur supposé de l’infraction est cité à comparaître à l’audience du jugement. C’est donc une
procédure rapide et expéditive qui évite la phase d’enquête. Elle peut être faite par la victime partie
civile ou par le ministère public par acte d’huissier de justice. L’acte devra préciser avec beaucoup
de détail les faits visés, la qualification pénale des faits et l’indemnisation demandée. Pour ce qui est
de la sanction pénale, celle-ci est laissée à l’appréciation de la juridiction.

EXTRAIT DU CODE DE PROCEDURE PENALE

Article 40 :
(1) La citation est une sommation à comparaître devant une juridiction.
(2) Elle est délivrée par exploit d'huissier à l'inculpé, au prévenu, à l'accusé, à la partie civile, aux
témoins, au civilement responsable et éventuellement à l'assureur.
(3) La citation est délivrée à la requête du Ministère Public, de la personne lésée par l'infraction ou
de toute personne intéressée.
(4) Elle est servie à personne, au lieu de travail, à domicile, à mairie ou à parquet.

Article 41 :
(1) La citation mentionne outre la date de sa délivrance, les nom, prénoms, les filiation, date et lieu
de naissance, profession, adresse, résidence et éventuellement le domicile élu du requérant, les nom,
prénoms et adresse de l'huissier, les nom, prénoms, filiation et l’adresse complète du destinataire,
particulièrement son domicile ou son lieu de travail.
(2) La citation énonce les faits incriminés et vise le texte de loi qui les réprime.
Elle indique en outre, suivant le cas, le Juge d’Instruction ou la juridiction de jugement saisie,
détermine les lieu, heure et date de l’audition et précise que la personne est citée en qualité
d’inculpé, de prévenu, d’accusé, de partie civile, de civilement responsable, de témoin ou
d’assureur.
(3) La citation délivrée à un témoin doit également mentionner que la non comparution , le refus de
témoigner et le faux témoignage sont punis par la loi.

72
Article 42 :La partie civile qui met en mouvement l’action publique par voie de citation directe,
doit faire élection de domicile dans le ressort de la juridiction saisie si elle n’y est pas domiciliée.

Article 43 :
(1) L’huissier doit faire toujours diligences pour servir la citation à la personne même du
destinataire. Il mentionne sur l’original ainsi que sur la copie laissée au destinataire de la citation,
ses diligences et les réponses faites à ses éventuelles interpellations.
(2) Le ministère public, le juge d’instruction ou la juridiction de jugement peut prescrire à
l’huissier de nouvelles diligences s’il estime incomplète celles qui ont été effectuées.

Article 44 :
(1) La personne citée signe l’original et les copies.
(2) Si elle ne sait, ne veut ou ne peut signer, mention en est faite par l’huissier sur l’original et les
copies.

Article 45 :
(1) Lorsque l’huissier ne trouve la personne à citer, ni à son domicile, ni à sa résidence, ni à son
lieu de travail, il laisse copie de la citation à toute personne trouvée sur les lieux. Sous réserves
des dispositions de l’article 44 alinéa 2, la personne qui reçoit l’acte signe sur l’original et les
copies.
(2) L’huissier indique dans la citation les nom, prénoms et adresse de la personne à laquelle copie
de la citation est remise, ainsi que sa qualité par rapport au destinataire.
(3) Dans le cas visé aux paragraphes 1 et 2, la copie doit être délivrée sous enveloppe fermée ne
portant sur une face, que les nom, prénoms et adresse du destinataire et sur l’autre, le cachet de
l’étude de l’huissier apposé sur la fermeture du pli.

Article 46 :
(1) Lorsque l’huissier ne trouve personne à l’adresse du destinataire de l’acte ou lorsque les
personnes y trouvées refusent de recevoir l’acte, il vérifie immédiatement l’exactitude de ladite
adresse.
(2) Lorsque l’adresse est exacte, l’huissier mentionne sur l’original et les copies ses diligences et
constatations, puis les fait viser par le maire ou celui qui le remplace ou à défaut, par le chef de
village ou de quartier. Une copie est remise sous enveloppe fermée dans les formes prévues à
l’article 45.

Article 47 :
(1) Dans les cas prévus aux articles 45 et 46, l'huissier informe sans délai, la personne citée, par
lettre recommandée avec accusé de réception, de la remise effectuée.
(2) Lorsqu'il résulte de l'avis de réception que la personne citée a reçu la lettre recommandée dans
le délai prévu à l'article 52, la citation est réputée avoir été servie à personne.

Article 48 : Lorsque la personne à citer est sans domicile, résidence, ou lieu de travail connu,
l'huissier fait viser l'original et les copies de la citation par le Procureur de la République et lui en
laisse copie pour affichage aux portes du Palais de Justice.

Article 49 :
(1) Lorsqu'il n'est pas établi que la personne citée a reçu la lettre recommandée à lui adressée par
l'huissier conformément aux dispositions de l'article 47, ou lorsque la citation a été délivrée à
parquet ou à mairie, un officier de police judiciaire peut être requis par le Ministère Public à l'effet
de procéder à de nouvelles recherches en vue de notifier effectivement la citation à la personne
concernée.
73
(2) Dans tous les cas, l'officier de police judicaire dresse procès-verbal de ses diligences et le
transmet sans délai au Ministère public.
(3) Lorsque l'officier de police judiciaire a effectivement notifié la citation à la personne
concernée, celle-ci est réputée avoir été citée à personne.

Article 50 :
(1) Les personnes résidant à l'étranger sont citées à parquet.
(2) Le Ministère Public transmet une copie sous enveloppe fermée au Ministère chargé des
Affaires étrangères, lequel la fait notifier sans délai au destinataire par voie diplomatique.
(3) Lorsqu'il existe une convention judiciaire entre le Cameroun et le pays dans lequel réside la
personne citée, le Ministère Public transmet directement copie sous enveloppe fermée à l'autorité
visée dans la convention.

Article 51 :
(1) L'original de toute citation est adressé sans délai au requérant.
(2) Si la citation a été délivrée à la requête du Ministère Public, une copie doit être jointe à
l'original.
(3) L'huissier est tenu d'indiquer le coût de l'acte, au pied tant de l'original que des copies, sous
peine d'une amende civile de 5.000 à 25.000 francs. Cette amende est prononcée par ordonnance
du Président de la juridiction saisie, soit d'office, soit sur réquisitions du Ministère Public.

Article 52 :
(1) Le délai entre le jour où la citation est délivrée et le jour fixé pour la comparution est de 5 jours
au moins si la personne citée réside dans la ville ou la localité où a lieu son audition ou son
interrogatoire.
(2)
a) Le délai est de cinq jours, plus un délai de distance d'un jour pour 25 kilomètres, lorsque la
personne citée réside hors de la ville ou de la localité où a lieu l'audition ou l'interrogatoire.
b) Ces délais sont calculés sur la distance séparant la résidence de la personne citée du lieu de
l'audition ou de l'interrogatoire.
(3) Le délai est de quatre-vingt-six (90) jours si elle réside à l'étranger.

Article 53 : En cas d'inobservation des délais prescrits à l'article 52 ci-dessus, les règles suivantes
sont applicables :
a) Si la personne citée ne se présente pas, la citation doit être déclarée nulle par la juridiction
ou le Juge d'Instruction, lequel ordonne une nouvelle citation.
b) Si la personne citée se présente, elle doit être informée de ce qu'elle a été irrégulièrement
citée et qu'elle peut demander un délai ou accepter d'être entendue ou jugée.

Article 54 : La nullité d'une citation peut être prononcée lorsque les omissions ou les erreurs
relevées par une partie ont porté atteinte à ses intérêts.

Article 55 : Lorsque la citation est déclarée nulle du fait de l'huissier, celui-ci en supporte les frais.
Il est en outre condamné aux dépens de la décision d'annulation.

Exemple de Citation Directe :

N°_____/ Rép CITATION DIRECTE


L’An Deux Mille Vingt et un
74
Et le :

A la requête de Madame Y, ménagère, née vers 1970 à SADEOL YAYA, domiciliée à


GALDI et ayant pour Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun avec Résidence
Professionnelle à Ngaoundéré BP : 276, Tél : 699 90 72 96 // 676 43 72 96 au Cabinet duquel elle élit
domicile ainsi qu’en mon Etude aux fins du présent exploit ;

J’ai Maître MBOUBA BAKARY, Huissier de Justice près la Cour d’Appel de l’Adamaoua et
les Tribunaux de Ngaoundéré, BP : 777, Tél : 699 85 07 68, y demeurant et domicilié, soussigné :

DONNE CITATION A :

1- X né le ………………… à ……………….., fils de ………………… et


de…………………….., titulaire de la CNI N°……………… du …………… à, Tél ………………,
profession : ………………….. ; domicilié à GALDI, en son domicile où étant et parlant à

2- XX né le ……………………………. à ………………., fils de …………………… et de


………………….., titulaire de la CNI N°…………………….. du ……………….. à
…………………, Tél :………………….., Profession…………………, domicilié à GALDI, en son
domicile où étant et parlant à

D’avoir à se trouver et comparaître personnellement le jeudi 08 juillet 2021 par devant le


Tribunal de Première Instance de Ngaoundéré statuant en matière correctionnelle et siégeant en la
salle ordinaire de ses audiences publiques sise au Palais de justice de ladite ville ;

POUR :

Attendu que sans vérifier les faits, les requis propagent depuis un certain temps que la
requérante Y se livre à la pratique la sorcellerie faisant ainsi d’elle la risée du village ainsi que toute
sa famille (1) ;
Qu’ils ont fait irruption dans le domicile de cette dernière en vandalisant sa maison (3) ;
Que pire encore, ils l’ont menacée de mort si elle n’avouait pas les faits qui lui étaient imputés
d’autorité à savoir de se livrer à la pratique de la sorcellerie (2) ;
Qu’en continuant leur sale besogne, malgré les supplications de la requérante, ils sont allés
jusqu’à porter atteinte à son intégrité physique (4).

1.- SUR LES FAITS DE DIFFAMATION:

Attendu que les requis ont publiquement et faussement accusé la requérante de sorcellerie
sur la base d’aucune preuve ;
Que mal intentionnés, les prévenus n’ont pas cessé de propager cette information non avérée,
atteignant ainsi profondément à l’honneur de la requérante et rendant impossible sa vie dans le village;
Que ce comportement dégradant des requis, est qualifié dans le Code pénal de Diffamation,
et prévu à l’article 305 aux termes duquel :
75
« Est puni d’un emprisonnement de six (06) jours à six (06) mois et d’une amende de cinq
mille (5 000) à deux millions (2.000 000) francs ou de l’une de ces deux peines seulement, celui qui,
par l’u des moyens prévus à l’article 152 du présent code porte atteinte à l’honneur et à la
considération d’une personne en lui imputant directement ou non des faits dont il ne peut rapporter
la preuve » ;
Que dans le cas d’espèce, les prévenus se sont rendus coupables de ces faits ;
Qu’il convient de les en déclarer coupables.
2.- SUR LES FAITS DE MENACES SIMPLES:

Attendu que la requérante a été menacée de mort si elle n’avouait pas se livrer à la pratique
de la sorcellerie, fait qu’elle jure n’avoir jamais pratiqué ;

Que c’est ainsi que pour matérialiser ces menaces, ses assaillants s’écriaient : « Tuons la avec
ce couteau » ;

Que ce comportement peu orthodoxe des requis qui consiste à exercer une violence morale
sur la requérante par ces menaces, est qualifié en droit pénal de Menaces simples, faits prévus et
réprimés par l’Article 301 du Code Pénal aux termes desquels :

« Est puni d’un emprisonnement de dix (10) jours à trois (03) ans et d’une amende de cinq mille (5
000) à cent cinquante mille (150 000) francs, celui qui, oralement ou par écrits ou images, menace
autrui soit de violences ou de voies de fait, soit de la destruction de tout bien, soit de pénétrer par
effraction à l’intérieur de son domicile»;
Que dans le cas d’espèce, les prévenus se sont rendus coupables de ces faits ;
Qu’il échet de les en déclarer coupables.
3.- SUR LES FAITS DE VIOLATION DE DOMICILE:

Attendu que les requis, ont fait irruption chez la requérante après avoir cassé la porte principale
de son domicile ;

Que cette intrusion s’est faite dans la nuit, avec des menaces et l’usage de la violence contre
la requérante ;

Que ces actes d’intrusion forcée chez autrui sont qualifiés en droit de violation de domicile,
faits prévus et réprimés par l’article 299 du Code pénal qui dispose qu’ « … est puni d’un
emprisonnement de dix (10) jours à un (01) ans et d’une amende de cinq mille (5.000) à cinquante
mille (50.000) francs ou de l’une de ces deux peines seulement, celui qui s’introduit ou se maintient
dans le domicile d’autrui contre son gré.

(2) Les peines prévues à l’alinéa 1 ci-dessus sont doublées si l’infraction est commise pendant
la nuit ou à l’aide des menaces, violences ou voies de fait. » ;

Qu’il y a lieu de dire l’infraction constituée et de retenir les prévenus dans les liens de la
prévention.

4.- SUR LES FAITS DE BLESSURES LEGERES :


Attendu que dans la nuit du 26 octobre 2020, alors qu’elle s’apprêtait à faire la prière de
18heures 40 minutes, la requérante a été assaillie par les sus nommés qui se sont jetés sur elle ;
76
Qu’ils l’ont alors copieusement battue après l’avoir ligotée pieds et mains ;
Que de cette bastonnade, la requérante en est sortie avec des céphalées, des douleurs lombaires
et cervicales avec contracture des muscles para vertébraux avec impotence fonctionnelle et des
douleurs aux poignets et aux pieds pour une incapacité de 21 jours (voir CERTIFICAT MEDICO-
LEGAL N° 980) ;
Que ces actes des tortures sont qualifiés en droit de blessures légères, faits prévus et réprimés
par l’Article 281 du Code Pénal ;
Que mieux, cet article dispose que :
« Est puni d’un emprisonnement de six (6) jours à deux (2) ans et d’une amende cinq mille
(5000) à cinquante mille (50.000) francs ou de l’une de ces peines seulement, celui qui, par des
violences ou des voies de fait, cause, même involontairement à autrui, une maladie ou une incapacité
de travail de plus huit (8) jours et jusqu’à trente (30) jours » ;
Qu’il échet de dire l’infraction constituée et de déclarer les prévenus coupables de ces faits.

Attendu qu’il ressort de l’Article 385 (1 et 2) du Code de Procédure Pénale que toute
personne qui prétend avoir subi un préjudice du fait d'une infraction peut se constituer partie civile à
l'audience, par conclusions écrites ou déclarations orales et la partie civile précise le montant des
dommages-intérêts qu'elle réclame ;
Que dans le cas d’espèce, la requérante a souffert atrocement des forfaitures des prévenus
pour lesquels elle se constitue d’ores et déjà partie civile et sollicite la somme totale de FCFA 9
150 000 (neuf millions cent cinquante mille) ventilée comme suit :
- Préjudice matériel (frais pharmaceutiques, médicaux et hospitaliers et remplacement de
la porte cassée) …… 150 000 FCFA
-Préjudice moral : …………………………….. 7 000 000 FCFA
-Frais de procédure :…….…………………….2 000 000 FCFA
Total : 9.150. 000 FCFA
Qu’il échet de condamner solidairement les prévenus X, XX, XXX, XXXX, XXXXX,
XXXXXX, XXXXXXX, XXXXXXXX, XXXXXXXXX à payer cette somme à la requérante;

PAR CES MOTIFS :

Y venir les requis à la barre ;


Les déclarer coupables des faits de blessures légères, de violation de domicile, de
menaces simples et de diffamation, faits prévus et réprimés respectivement par les articles 281, 299,
301 et 305 du Code Pénal ;
Les condamner à telles peines prévues par la loi ;
Recevoir la constitution de partie civile de Dame xxxxxx et l’y dire intégralement fondée ;
Condamner solidairement les prévenus X, XX, XXX, XXXX, XXXXX, XXXXXX,
XXXXXXX, XXXXXXXX, XXXXXXXXX à lui payer la somme totale de FCFA 9 150 000 (neuf
millions cent cinquante mille) ventilée comme suit :
- Préjudice matériel (frais pharmaceutiques, médicaux et hospitaliers et remplacement de
la porte cassée)……150 000 FCFA
-Préjudice moral : ………………………….. 7 000 000 FCFA
-Frais de procédure : ………………….. 2 000 000 FCFA
Total : 9 150 000 FCFA
77
Les condamner en outre aux dépens.

SOUS TOUTES RESERVES

Et afin qu’ils n’en ignorent, je leur ai où étant et parlant comme dessus remis et laissé à
chacun copie du présent exploit dont le coût est de…………………………..FCFA

Employé pour copie 02 feuilles de papier de dimension du timbre à 1000 FCFA plus
2 000 FCFA de droit de timbre sur l’original soit au total 3 000 FCFA, somme incluse dans le coût
de l’acte.
L’HUISSIER DE JUSTICE.
E.................................4000
T.................................3000
O.................................1000
CE...............................800
P..................................300
TR...............................250
IR ………………….
HON………………. 16650

TOTAL .................... 26000 FCFA

SECTION II : LES ACTES DE SAISINE DES JURIDICTIONS D’APPEL ET DE


CASSATION

I.- Les actes de saisine de la Cour d’Appel


La Cour d’Appel est une juridiction de second degré qui connaît par voie d’Appel les
demandes tendant à la réformation partielle ou à l’infirmation des jugements rendus par les
juridictions de premier degré. Ici s’applique aisément le principe du double degré de juridiction qui
voudrait qu’une Décision de justice soit portée devant une autre instance autre qui lui est supérieure
en vue d’affirmer ou d’infirmer la première Décision. Cela implique en même temps de discuter sur
les points de droit et les faits.
La Cour d’appel juge ainsi en fait et en droit. On dit qu’il a un pouvoir d’évocation. Elle
examine les éléments matériels de l’affaire et vérifie qu’il n’y a pas eu d’erreurs en droit lors du
premier jugement devant la juridiction d’instance. Selon l’article 19 de la Loi N°2006/015 du 29
Décembre 2006 modifiée et complétée par la Loi N°2011/027 du 14 Décembre 2011 portant
Organisation Judiciaire, elle a une compétence territoriale Régionale. Cependant selon les nécessités
de service, le ressort d’une cour d’Appel peut être, par Décret du Président de la République, étendu
à plusieurs Régions
La saisine de la Cour d’Appel se fait par une déclaration d’appel dans les délais qui varient
selon le type de procédure suivi de la requête d’appel en matière civile, commerciale et sociale ou du
mémoire d’appel en matière pénale.

78
Elle peut être également saisie par voie d’Assignation dans le cadre d’une intervention
10
volontaire ou forcée . Aussi l’est-elle en contestation d’une sentence arbitrale.

A. La Requête d’Appel

La requête d’appel est l’acte par lequel une partie conteste une Décision de justice en saisissant la
Cour d’Appel statuant en matière civile, commerciale ou sociale.

Exemple de Requête d’Appel

REQUETE D’APPEL
A
Monsieur le Président de la
Cour d’Appel de l’Adamaoua
(Chambre Civile et Commerciale)
--NGAOUNDERE--

POUR : XYX…………………………………………………Me KASSIYA


CONTRE : YXY SA………………………………………………..

Monsieur le Président,
Monsieur XXXXXXXX, né vers 1948 à XXXXXXX, fils de XXXXXXX et de
XXXXXXXX, CNI N°…Commissaire de Police à la retraite, domicilié à GUERE-GUIBI ayant pour
Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun, E-mail info@cabinetmekassiya.org
cabinetmekassiya2020@gmail.com, Tél : (+237) 699 907 184 / 676 437 296 BP. 276 Ngaoundéré,
au Cabinet duquel il élit domicile

A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER

Que le Tribunal de Grande Instance de la Vina statuant en matière civile et commerciale, a rendu dans la
cause l’opposant au YXY SA, un Jugement N° et dont le dispositif est ainsi libellé :
« Le Tribunal,
---Statuant publiquement, contradictoirement à l’égard de toutes les parties, en matière de saisie
immobilière, en premier ressort ;
---Avant-dire-droit ;
---Fixe la nouvelle date d’adjudication au 03 Novembre 2021 à 10 heures après accomplissement des
formalités de publicité légale ;
---Réserve les dépens » (Pièce n°1) ;

Article 143 du Code de Procédure Civile et Commerciale —


10

L'intervention sera formée par assignation qui contiendra les moyens et conclusions.

79
Attendu que c’est la décision dont appel ;

EN LA FORME :
Attendu que cet appel est recevable comme fait avant toute signification prévue par les articles
274 et conformément aux prescriptions de l’article 300 de l’Acte Uniforme OHADA portant Organisation
des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution ;
Qu’il échet de le déclarer recevable.

AU FOND :
Attendu que le Jugement querellé sera infirmé intégralement pour violation de la loi, dénaturation
des faits de la cause ou des pièces de la procédure et le manque de base légale de l’arrêt attaqué.

I.- FAITS DE LA CAUSE


Attendu que, suivant la Convention d’ouverture de crédit amortissable avec affectation
hypothécaire N°1199 du 06 août 2010 entre le YXY et Sieur XYX, l’appelant, ce dernier obtenait un crédit
amortissable de 38 000 000 FCFA, dont le remboursement s’étalait sur une période de trente-six (36) mois
allant du 20 août 2020 au 13 juillet 2013 (Pièce n°2) ;
Que sur ces 38 000 000 de FCFA, d’autres frais ont été exorbitamment ajoutés en
l’occurrence l’intérêt de 10 767 140 FCFA et la taxe de 2 072 665 FCFA, ce qui fait un total de 50 839 805
tel qu’il ressort de ladite Convention de Crédit ;
Que cette créance est affectée d’hypothèque avec dépossession curieusement du Titre
Foncier N°3230 du Département de la Vina, appartenant en toute propriété au débiteur Sieur XYX ;
Que l’appelant a remboursé sa dette tel que le révèle l’historique du compte bancaire
N°40-4003517-002-1du 12 juin 2012 qui présente d’ailleurs un solde créditeur de 193 148 FCFA au 17
mai 2012 (pièce n°3) ;
Que contre toute attente, le 21 juillet 2014, le YXY porte à sa connaissance qu’il lui
doit encore la somme de 33 052 196 FCFA ;
Que finalement par des braquages de certains calculs, l’assiette de la saisie
immobilière a été portée à 38 000 000 de FCFA et c’est sur cette base que le créancier a engagé la
réalisation forcée de l’hypothèque le 05 novembre 2014 par un commandement aux fins de saisie
immobilière (pièce n°4) ;
Que pour obtenir l’annulation de cette saisie immobilière abusive, l’appelant a saisi la
juridiction compétente en l’occurrence le Tribunal de Grande Instance de la Vina statuant en matière civile
et commerciale ;
Que dans son Jugement N° /CIV/ADD le Tribunal n’a pas tenu compte des arguments
de l’appelant qui prouvent pourtant à suffisance que cette procédure de réalisation forcée de l’hypothèque
engagée par le YXY est tant irrégulière qu’abusive sans fondement juridique tel qu’il sera développé plus
bas ;
80
II. DISCUSSION JURIDIQUE

1. Sur le premier moyen de nullité tiré de la violation des articles 247 de l’Acte uniforme
portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution
et 201 de l’Acte uniforme portant organisation des Sûretés
Qu’il ressort de l’article 247 de l’AUPSVE que « La vente forcée d’un immeuble ne
peut être poursuivie qu’en vertu d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible » ;
Que de cet article on peut en déduire que l’extinction de la créance qui est l’obligation
rend la procédure de vente forcée de l’immeuble hypothéqué nulle ;
Qu’à cet effet l’article 201 de l’acte uniforme portant organisation des sûretés dispose
que « L’extinction de l’hypothèque conventionnelle ou judiciaire résulte :
- De l’extinction de l’obligation principale ;
- De la renonciation du créancier à l’hypothèque ;
- De la péremption de l’inscription attestée, sous sa responsabilité, par le conservateur du registre
de la publicité immobilière, cette attestation devant mentionner qu’aucune prorogation ou
nouvelle inscription n’affecte la péremption ;
- De la purge des hypothèques résultant du procès-verbal de l’adjudication sur expropriation forcée
et du paiement ou de la consignation de l’indemnité définitive d’expropriation pour cause
d’utilité publique » ;
Que c’est d’ailleurs en ce sens que la Jurisprudence a décidé que « L’hypothèque
disparaît avec l’extinction de la créance garantie et seulement lorsque celle-ci est éteinte » (Cass. Civ. 25-
5-1987: Bull. civ. II p.66, in Code Pratique OHADA 20-21, éd. FRANCIS LEFEBVRE, p.1970)
Que dans le cas d’espèce, l’appelant a prouvé, à travers l’historique de son compte bancaire
N°… du 12 juin 2012 qui présente un solde créditeur de 193 148 FCFA au 17 mai 2012, qu’il a apuré
totalement sa créance envers le YXY ;
Que cet apurement de la dette éteint la créance garantie et par voie de conséquence
l’hypothèque disparaît ;
Que c’est à tort que le Jugement N° /CIV/ADD n’a pas tenu compte de cet élément
essentiel qui est la disparition de la créance sous l’effet du paiement total ;
Qu’en le faisant, il a violé la loi et a dénaturé les faits de la cause ;
Qu’il échet d’infirmer le Jugement querellé pour défaut de créance ;

2. Sur le second moyen de nullité tiré de la violation des articles 254 et 269 de l’Acte uniforme
portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement des Voies d’Exécution
En ce que le Jugement N° /CIV/ADD est passé outre le fait que la procédure de réalisation
forcée de l’hypothèque engagée par son créancier n’a pas respecté les formalités de signification ou de
notification prescrites à peine de nullité par le texte OHADA ;
Qu’il ressort pourtant de l’article 254 de l’AUPSVE qu’ « A peine de nullité, toute poursuite
en vente forcée d’immeubles doit être précédée d’un commandement aux fins de saisie.
A peine de nullité, ce commandement doit être signifié au débiteur et le cas échéant au débiteur et le cas
échéant au tiers détenteur de l’immeuble… »
81
Qu’en application de ce texte, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage est constante que
« l’expression « …doit être signifié au débiteur… » ne signifie pas que la signification doit être faite
exclusivement à la personne même du débiteur, mais plutôt selon les formes de signification prévues par
les textes en vigueur » (CCJA, 1ère ch., Arr. n°033/2007, 22 novembre 2007, Aff. 1°/ COTRACOM, 2°/
Aminata YOUSSOUF C/ BIAO-CI, in Acte uniforme OHADA Commenté 2020, p.919) ;
Que lorsqu’on se réfère aux textes applicables au Cameroun, l’article 396 du Code de
Procédure Civile et Commerciale énonce que « Le créancier qui entend faire procéder à la vente forcée
d’un immeuble, doit faire signifier un commandement au débiteur à personne ou à domicile… » ;
Qu’or dans le cas d’espèce, la signification du commandement n’a été faite ni à personne ni
à domicile ;
Que d’ailleurs, ce commandement a été signifié à un individu inconnu du débiteur nommé
ZZZ, non identifié, prétextant être le neveu de l’appelant ;
Que le non-respect des modalités de signification rend nulle la procédure de vente forcée
entreprise par le créancier ;
Attendu par ailleurs que certains actes, à l’instar de la sommation de prendre connaissance
du cahier de charges n’ont jamais été signifiés jusqu’ici à l’appelant ;
Qu’il ne ressort en effet ni du dossier, ni de la liste des pièces qui ont accompagné le dépôt
du cahier des charges que cette diligence a été accomplie ;
Que pourtant, l’article 269 de l’AUPSVE dispose que « Dans les huit jours, au plus tard,
après le dépôt du cahier des charges, le créanciers saisissant fait sommation au saisi et aux créanciers
inscrits de prendre communication au greffe, du cahier des charges et d’y faire insérer leurs dires.
A peine de nullité, cette sommation est signifiée au saisi, à personne ou à domicile et au créanciers
inscrits à domicile élu » ;
Qu’en ce sens la Jurisprudence est constante que « Sommation de prendre communication
du Cahier des charges doit être faite au créancier dans les 8 jours au plus tard après le dépôt du cahier
des charges. Le respect de toutes les formalités de la sommation entraîne la régularité du commandement
de saisie ainsi que la continuation des poursuites » (CCJA, 1ère ch., Arrêt n°004/2008, 28 février 2008,
Aff. COBACI C/ 1°/ Epoux AHORE, 2°/ Epoux MIEZAN ; CCJA, 1ère ch., Arr. n°009/2015, 23 juillet
2015, Aff. SONIBANK SA C/ Mahaman Rabiou MOUSSA, in Actes uniformes Ohada Commenté
2020, p.928) ;
Que le créancier saisissant n’a pas respecté les prescriptions de l’article 269 suscité rendant
ainsi nulle la suite de la procédure ;
Qu’il y a lieu d’infirmer le Jugement querellé en ce qu’il viole la loi et manque de base
légale ;
PAR CES MOTIFS

Vu les dispositions légales citées :

- les articles 14 alinéas 1 et 3, 28 et 28 bis du Règlement de la Procédure de la CCJA du 18


avril 1996, modifié le 30 janvier 2014 ;
- les articles 247, 254, 269 de l’AUPSVE ;
82
- l’article 201 nouveau de l’acte uniforme portant organisation des sûretés ;
- l’article 396 du Code de Procédure Civile et Commerciale) ;
Vu les jurisprudences invoquées :

- CCJA, 2ème ch., n°008, 27-3-2008 : D. c/ B. ;


- CCJA, 3ème ch., n°215, 23-11-2017 : STCG, Mbele Ntsame Patrice c/ BGFI Bank Cameroun ;
- CCJA, 3ème ch., n°214, 23-11-2017 : Omaïs Jawad c/ Entreprise Dossou, Vidjanagni Dossou
Antoine ;
- Cass. Civ. 25-5-1987 ; CA OUAGADOUGOU (BURKINA FASO), ch. Civ. Et com., Arr.
n°53, 06 juillet 2001, Aff. EROF C/ SGBB ; CCJA, 1ère ch., Arr. n°033/2007, 22 novembre
2007, Aff. 1°/ COTRACOM, 2°/ Aminata YOUSSOUF C/ BIAO-CI ;
- CCJA, 1ère ch., Arrêt n°004/2008, 28 février 2008, Aff. COBACI C/ 1°/ Epoux AHORE, 2°/
Epoux MIEZAN ;
- CCJA, 1ère ch., Arr. n°009/2015, 23 juillet 2015, Aff. SONIBANK SA C/ Mahaman Rabiou
MOUSSA ;

EN LA FORME

Bien vouloir déclarer recevable le présent appel comme et fait dans les forme et délai
légaux.

AU FOND

Bien vouloir constater que la créance sur laquelle est fondée la procédure de réalisation
forcée de l’hypothèque engagée par le YXY a déjà été apurée comme en fait foi l’historique de son
compte bancaire N°… ;
Bien vouloir relever que le Jugement querellé n’ pas tenu compte des arguments et des
pièces produites par l’appelant pour justifier l’apurement de sa dette ;
Bien vouloir dire et juger que le Jugement querellé a violé les articles 247 de l’Acte
uniforme portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution et
201 de l’Acte uniforme portant organisation des Sûretés
Bien vouloir en outre dire et juger qu’il y a violation des articles 254 et 269 de l’Acte
uniforme portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution
qui prescrivent les modalités de signification ou de notification du Commandement aux fins de saisie
immobilière ;
Bien vouloir constater que le Jugement attaqué n’a pas tenu compte de toutes ces
irrégularités qui entachent la procédure de réalisation forcée de l’hypothèque engagée par le créancier
EN CONSEQUENCE
Au principal, infirmer le jugement entrepris et ordonner la discontinuation des poursuites
de l’adjudication de l’immeuble de créance et ordonner dès lors mainlevée dudit commandement pour
extinction de l’obligation principale emportant extinction de l’hypothèque et pour défaut de signification
ou de notification à personne ou à domicile du Commandement aux fins de saisie immobilière ;
Subsidiairement, surseoir à l’adjudication dudit immeuble ;

83
Bien vouloir condamner le YXY SA aux dépens et dont distraction au profit de Me KASSIYA,
Avocat aux offres de droit.

SOUS TOUTES RESERVES

PJ : Un bordereau de pièces contenant :


- Le Jugement N°52/CIV/ADD du Tribunal de Grande Instance de la Vina à Ngaoundéré
- La Convention de Crédit N°1199 du 06 août 2010
- L’historique du compte bancaire N°40-4003517-002-1du 12 juin 2012
- Le commandement aux fins de saisie immobilière du 05 novembre 2014
- L’attestation d’exercice professionnel de Me KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun
- Mandat spécial donné à Me KASSIYA par Sieur xxxxxxxx

B. Le Mémoire d’Appel

En matière pénale, tout jugement y compris ceux rendus par un tribunal militaire est, sauf
disposition contraire de la loi, susceptible d’appel. Selon l’article 441 du Code de Procédure Pénale,
à peine d’irrecevabilité, l’appel est interjeté au greffe du Tribunal qui a rendu la Décision, soit par
déclaration, soit par lettre recommandée avec accusé de réception, soit par télégramme avec récépissé
ou par tout autre moyen laissant trace écrite et ayant date certaine, adressée au Greffier en chef de
cette juridiction. Il doit être fait dans les 10 jours à compter du lendemain du Jugement contradictoire,
sauf cas spéciaux (voir article 440 du Code de Procédure Pénale).

Une fois la déclaration d’appel faite au greffe, le greffier qui la reçoit dresse sur le champ
un procès-verbal et notifie par tout moyen laissant trace écrite ou par exploit d’huissier à l’appelant,
qu’il est tenu, dans un délai de quinze jours à compter du jour de l’enregistrement de l’appel, à peine
d’irrecevabilité de celui-ci, lui faire parvenir un mémoire d’appel contenant ses moyens et ses
conclusions ainsi que toutes autres pièces justificatives. Le mémoire d’appel est donc ce document
qui accompagne la déclaration d’appel et qui permet de renseigner les juges d’appel sur les motifs et
les arguments de l’appelant.

Exemple de Mémoire d’appel

MEMOIRE D’APPEL
A
Monsieur le Premier Président
De la Cour d’Appel de l’Adamaoua
(Chambre Correctionnelle)
S/C

84
Monsieur le Greffier en Chef du
Tribunal de Première Instance de la Vina
(Chambre Correctionnelle)
--NGAOUNDERE--

Pour : XXXX....….……………………………Me KASSIYA


Contre : YYYY……………………….….Me xxxxxxxx

PLAISE A LA COUR
Attendu que le 12 AVRIL 2021, le Tribunal de Première Instance de Ngaoundéré, statuant en matière
correctionnelle dans l’affaire MP et YYYY C/ XXXX a rendu le Jugement N° /COR/SP/MIN du
12/04/2021 reconnaissant ce dernier coupable des faits d’abus de confiance et autres et le condamnant
à 2 ans d’emprisonnement avec sursis de 5 ans et à verser la somme de 9 297 958 FCFA à la partie
civile et aux dépens de 480 350 FCFA dont la contrainte par corps en cas de non-paiement est fixée
à 18 mois et pour lequel est décerné mandat d’incarcération ;
Que c’est le Jugement contre lequel appel est interjeté;
EN LA FORME :
Attendu que cet appel fait le 13 avril 2021 et déchargé le même jour au Greffe du Tribunal de
Première Instance de Ngaoundéré, contre le Jugement rendu le 12 avril 2021 est recevable comme relevé
dans les 10 jours prévus par l’article 440 du Code de Procédure Pénale ;
Qu’il échet de le déclarer recevable comme fait dans les forme et délai légaux ;
Attendu en outre que l’exposant a fait parvenir son Mémoire d’Appel au Greffe de la juridiction
compétente dans les 15 jours suivant notification, et ce en application de l’article 443 du Code de Procédure
Pénale ;
Qu’il échera de recevoir le présent Mémoire comme fait dans les forme et délai légaux ;
AU FOND :
Attendu que le 12 avril 2021, le Tribunal de Première Instance de Ngaoundéré, statuant en matière
correctionnelle a déclaré l’appelant coupable des faits d’abus de confiance aggravée et a alloué à la partie
civile des dommages et intérêts ;
Mais attendu que ce Jugement doit être intégralement infirmé pour mauvaise appréciation des faits
de la cause par le premier Juge et ayant entraîné conséquemment une mauvaise application de la loi ;
Qu’il est d’ordre public au sens de l’article 307 du Code de Procédure Pénale qu’il incombe à la
partie qui met en mouvement l’action publique de rapporter la preuve de ses allégations ;
Que ce principe a d’ailleurs été clairement énoncé et rappelé par la Cour Suprême par l’Arrêt
n°123/P du 28 juin 1966, B.A.C.S., n°14, p.1276 dont l’attendu mérite d’être cité ici « Attendu qu’en
matière pénale c’est au Ministère public et à la partie civile, qui a déclenché l’action publique, qu’il
appartient d’établir que sont réunis les éléments constitutifs de l’infraction….» (in Le Code de Procédure
Pénale annoté et commenté Tome I, 1ère éd. 2007, p.125, );
Attendu que lors des débats, la victime n’a pas pu rapporter la preuve de ses allégations comme
l’exige l’article 307 du Code de Procédure Pénale ;

85
Que les débats ont révélé que l’appelant n’était impliqué ni de près ni de loin dans cette affaire de
faux et usage de faux, d’abus de confiance et de tentative d’escroquerie ;
Qu’en effet, lors des débats à l’audience et fort de ce qu’aucune preuve n’a été rapportée par YYYY
démontrant une quelconque implication de l’appelant dans ces faits suscités, il est évident que celui-ci n’est
ni de près ni de loin impliqué dans cette affaire ;
Que c’est malheureusement par mauvaise appréciation des faits de la cause que le 1er Juge l’a
déclaré coupable des faits de faux et usage de faux, d’abus de confiance et de tentative d’escroquerie et a
alloué des dommages et intérêts à YYYY ;
Qu’en application de l’article 395 du Code de Procédure Pénale qui énonce en son alinéa 1er que
« Lorsque les faits ne constituent aucune infraction, le Tribunal relaxe le prévenu et se déclare incompétent
sur l’action civil.
Il en est de même lorsque la preuve des faits n’a pas été rapportée ou que le fait établi n’est pas
imputable au prévenu. », il échet d’infirmer intégralement le Jugement intervenu et relaxer le prévenu
XXXX au principal pour infractions non constituées et subsidiairement pour faits non établis ;
Qu’en tout état de cause et conformément à l’article 449 du Code de Procédure Pénale, l’exposant
entend davantage développer devant la Cour, ses moyens et conclusions de nature à infirmer le Jugement
intervenu ;
PAR CES MOTIFS

EN LA FORME :

Bien vouloir déclarer l’appel de l’exposant recevable comme fait dans les forme et délai
légaux ;

Bien vouloir également déclarer le présent Mémoire recevable comme fait dans le délai de
15 jours suivant notification ;

AU FOND :

Bien vouloir infirmer le Jugement intervenu dans toutes ses dispositions ;

EVOQUANT ET STATUANT A NOUVEAU

Bien vouloir constater que lors des débats, la victime n’a pas pu rapporter la preuve de ses
allégations comme l’exigent les articles 307 et 310 du Code de Procédure Pénale ;

Bien vouloir dire et juger que ce principe a d’ailleurs été clairement énoncé et rappelé par la
Cour Suprême par l’Arrêt n°123/P du 28 juin 1966, B.A.C.S., n°14, p.1276 dont l’attendu mérite
d’être cité ici « Attendu qu’en matière pénale c’est au Ministère public et à la partie civile, qui a
déclenché l’action publique, qu’il appartient d’établir que sont réunis les éléments constitutifs de
l’infraction….» ;

86
Bien vouloir constater que les débats ont révélé que l’appelant n’était impliqué ni de près ni
de loin dans cette affaire de faux et usage de faux, abus de confiance et tentative d’escroquerie ;

Bien vouloir constater qu’en effet, lors des débats à l’audience et fort de ce qu’aucune
preuve n’a été rapportée par YYYY démontrant une quelconque implication de l’appelant dans ces
faits suscités, il est évident que celui-ci n’est ni de près ni de loin impliqué dans cette affaire ;

Bien vouloir dire et juger que c’est malheureusement par mauvaise appréciation des faits de
la cause que le 1er Juge l’a déclaré coupable des faits de faux et usage de faux, d’abus de confiance et
de tentative d’escroquerie et a alloué des dommages et intérêts à YYYY ;

Bien vouloir en application de l’article 395 du Code de Procédure Pénale, infirmer


intégralement me Jugement intervenu ;

Bien vouloir déclarer XXXX non coupable des faits de faux et usage de faux, d’abus de
confiance et de tentative d’escroquerie au principal pour infractions non constituées et
subsidiairement pour faits non établis ;

Bien vouloir se déclarer incompétent à statuer sur les intérêts civils ;

Bien vouloir mettre les dépens à la charge du Trésor Public ;

SOUS TOUTES RESERVES

Section II : Les actes saisine des juridictions de cassations


I. Les actes saisine de la Cour Suprême
La juridiction de cassation par excellence au Cameroun est la Cour Suprême. Elle est la plus haute
juridiction de l’Etat. Elle comprend une chambre judiciaire, une Chambre administrative et une
Chambre des comptes.

La Chambre judiciaire statue souverainement sur les recours en cassation contre les Décisions rendues
en dernier ressort par les cours et les tribunaux de l’ordre judiciaire ainsi que sur les décisions des
juridictions inférieures de l’ordre judiciaires devenues définitives dans les cas où l’application du
droit est en cause.

La Chambre administrative connaît des pourvois formés contre les décisions rendues en dernier
ressort par les juridictions inférieures ainsi que des exceptions préjudicielles soulevées en matière de
voie de fait et d’emprise devant les juridictions inférieures en matière de contentieux administratif.
Elle connaît en appel du contentieux des élections régionales et municipales.

La Chambre des comptes est compétente pour contrôler et statuer sur les comptes publics et ceux des
entreprises parapubliques.

87
La Cour suprême est saisie par un Pourvoi. Les cas d’ouverture du pourvoi sont énumérés à l’article
35 de la Loi N°2006 du 29 Décembre 2006 modifiée et complétée par la Loi N°2017/014 du 12 Juillet
2017 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême qui sont :

- L’incompétence ;
- La dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure ;
- Le défaut, la contradiction ou l’insuffisance des motifs
- Le vice de forme ;
- La violation de la loi
- La non réponse aux conclusions des parties ou aux réquisitions du ministère public

A. La Chambre Judiciaire

En matière judiciaire, le pourvoi est formé à peine d’irrecevabilité, par déclaration au Greffe de la
juridiction dont émane la décision. Après avoir déclarer le pourvoi contre une décision dûment
enregistrée, le Greffier en chef met en demeure le recourant qu’il dispose d’un délai de 30 jours11 à
compter de la notification de la mise en demeure par voie d’huissier, pour déposer au Greffe de ladite
Cour, un mémoire ampliatif. Le mémoire ampliatif est le moyen qui permet de renseigner la cours
sur les motifs et arguments du pourvoi.

Exemple de Mémoire Ampliatif devant la Chambre judiciaire

MEMOIRE AMPLIATIF

Ngaoundéré, le 05 Janvier 2020

----------------
A
Monsieur le Premier Président de
la Cour Suprême du Cameroun

11
LOI N°2006/016 DU 29 DECEMBRE 2006 FIXANT L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DE LA COUR SUPREME
ARTICLE 44 : (1) Le délai de pourvoi en matière pénale est de dix (10) jours francs pour les décisions rendues au fond
et de sept (7) jours francs pour les décisions avant dire droit. Ce délai est de trente (30) jours en toutes autres
matières, (2) Le délai prévu à l'alinéa 1er ci-dessus commence à courir, en matière pénale, le lendemain du jour de
l'arrêt s'il est contradictoire. Lorsque la signification est prévue, ce délai court à compter du lendemain du jour de la
signification s'il est réputé contradictoire et le lendemain du jour où le jugement est devenu définitif lorsqu'il s’agit
des décisions rendues en dernier ressort par les Tribunaux. 3) Le demandeur, est tenu de verser une taxe de pourvoi
de dix mille (10.000) francs ainsi 'qu'une somme suffisante, à titre de consignation, au Greffe de la juridiction dont
émane la décision attaquée. 6 Sont dispensés du paiement de la taxe de pourvoi: - l'Etat. -les établissements publics à
caractère administratif; - les collectivités publiques territoriales décentralisées. (4) La consignation est destinée à
couvrir les frais de production du dossier de procédure en autant d'exemplaires qu'il y a de parties plus cinq (5). (5) Le
montant de la consignation est fixé par ordonnance du Président de la juridiction qui a rendu la décision attaquée. (6)
La taxe de pourvoi n'est pas due en matière pénale et en matière sociale.
88
(Chambre Judiciaire, Section Pénale)
s/c
Monsieur le Greffier en Chef de ladite Cour
YAOUNDE
DOSSIER N°332/P/2019.

POUR : xxxxxxxxxxxxxxxxx …………………………………..……. Me KASSIYA


(Avocat à NGAOUNDERE)
CONTRE : MP et xxxxxxxxxx…………………………………

Plaise à la Cour
Vu l’Arrêt N°58/COR du 07 Septembre 2017 rendu par la Cour d’Appel de l’Adamaoua à
Ngaoundéré statuant en matière correctionnelle;
Vu le pourvoi formé par le recourant contre ledit Arrêt le 08 Septembre 2017;
Vu la procédure en cours;

EN LA FORME
Attendu qu’une mise en demeure du Greffier en Chef de la Cour Suprême de céans a
été adressée au recourant et d’avoir à déposer à son Greffe un Mémoire ampliatif ;
Que cette mise en demeure lui a été notifiée par le biais de son Conseil le 10 Décembre
2019 par exploit de Me MAHI Jean Pierre, Huissier de Justice à NGAOUNDERE;
Que le présent Mémoire Ampliatif est fait dans les 30 jours à compter du lendemain de
ladite notification comme l’exige les dispositions des articles 53 et 54 de la loi N°2006/016 du 29
Décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême;
Qu’il échet de déclarer le présent recours recevable.

AU FOND
Attendu que l’Arrêt N°58/COR du 07 Septembre 2017 rendu par la Cour d’Appel de
l’Adamaoua à Ngaoundéré statuant en matière correctionnelle doit être nécessairement cassé et
annulé par la Cour Suprême de céans pour violation de l’article 35 (1 b, e) de la loi N°2006/016 du
29 Décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême et 485 (1 b, i) du
Code de Procédure Pénale :
---Article 35 de la loi N°2006/016 du 29 Décembre 2006 fixant l’organisation et le
fonctionnement de la Cour Suprême : « ARTICLE 35. (1) Les cas d'ouverture à pourvoi sont:
a) l'incompétence ; b) la dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure; c)
le défaut, la contradiction ou l'insuffisance de motifs; d) le vice de forme ; - Sous réserve des
dispositions de l'article 470 (1) du code de procédure pénale, lorsque la décision attaquée n'a
pas été rendue par le nombre de juges prescrit par la loi ou l'a été par des juges qui n’ont pas
siégé à toutes les audiences; - lorsque la parole n'a pas été donnée au Ministère Public ou que
89
celui-ci n'a pas été représenté; - lorsque la règle relative à la publicité de l'audience, sous
réserve des exceptions prévues par la loi, n'a pas été observée; e) la violation de la loi; f) la
non réponse aux conclusions des parties ou aux réquisitions du Ministère Public; g) le
détournement de pouvoir; h) la violation d'un principe général de droit; i) le non-respect de
la jurisprudence de la Cour Suprême ayant statué en Sections Réunies d'une Chambre ou en
Chambres Réunies. (2) Ces moyens peuvent être soulevés d'office par la Cour » ;

---Article 485 du Code de Procédure Pénale : « Article 485 — (1) Les cas d'ouverture à cassation sont,
notamment :a) l'incompétence ;b) la dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la
procédure ;c) le défaut, la contradiction ou l'insuffisance de motifs ;d) la non-réponse aux
conclusions des parties ou aux réquisitions du Ministère Public ;e) le vice de forme, en particulier
sous réserve des dispositions de l'article 470 (1), lorsque la décision attaquée n'a pas été rendue par
le nombre de juges prescrit par la loi ou l'a été par des juges qui n'ont pas siégé à toutes les
audiences ;f) lorsque la parole n'a pas été donnée au Ministère Public ou que celui-ci n'a pas été
représenté ;g) lorsque la règle relative à la publicité de l'audience, sous réserve des exceptions
prévues par la loi, n'a pas été observée ;h) l'excès de pouvoir ;i) la violation de la loi ;j) la violation
d'un principe général du droit ;k) le non-respect de la jurisprudence de la Cour Suprême ayant statué
en Sections Réunies d'une Chambre ou en Chambres Réunies.(2) La Cour Suprême peut soulever
d'office tout moyen de cassation fondé sur les cas d'ouverture prévus à l'alinéa (1) ci-dessus » ;

I.--SUR LE 1er MOYEN TIRE DE LA VIOLATION DE L’ARTICLE 388 DU CODE DE


PROCEDURE PENALE
En ce,
L’article 388 du Code de Procédure Pénal dispose que :
« Article 388 — (1) Le jugement est rendu, soit immédiatement, soit dans un délai de quinze (15)
jours après la clôture des débats. En cas de mise en délibéré de l'affaire, le Président informe les
parties de la date à laquelle le jugement sera prononcé ».

Attendu que les débats dans cette affaire ont été déclarés clos le 03 Août 2017 mais
l’Arrêt attaqué n’a été rendu que le 07 Septembre 2017 soit plus 34 jours (cf recto du 2e rôle de
l’Arrêt) ;
Qu’or et conformément au texte visé au moyen, l’Arrêt querellé devrait être rendu soit
immédiatement, soit dans un délai de quinze (15) jours après la clôture des débats ;
Que ne l’ayant pas fait, la Cour d'Appel de l'Adamaoua a exposé sa décision à la censure ;
Qu'au bénéfice de ce qui précède il y'a lieu de casser et annuler l’arrêt déféré à la haute
juridiction pour violation du texte susvisé;

II.-SUR LE 2e MOYEN TIRE DE LA DENATURATION DES FAITS DE LA CAUSE (article


35 (1 b) de la loi n°2006/016 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de
la cour suprême et 485 (1 b) du code de procédure pénale)
90
En ce que,
Les intimés ont été relaxés à tort alors que les faits étaient établis;
Que le recourant a pourtant pertinemment expliqué à l’audience du 03 Août 2017 ainsi
que les témoins que les prévenus ont été retrouvés dans son champ ensemble leurs bétails après
avoir sectionné les fils barbelés qui servaient de clôture ; qu’ils ont dévasté ses cultures vivrières et
que des constatations par voie d’Huissier de Justice ont été faits, constats admis comme pièces à
conviction par la Cour (cf recto du 3e et 4e rôle de l’Arrêt) ;
Mais attendu que contre toute attende, la Cour d’Appel de l’Adamaoua a relaxé tous les
prévenus aux motifs que ce sont les bœufs qui ont occasionné les destructions de cultures vivrières
et non les prévenus, elle s’est tue curieusement sur la destruction des clôtures (verso, 5e rôle de
l’Arrêt attaqué) ;
Qu’en le faisant, elle a dénaturé les faits de la cause et l’Arrêt attaqué viole les
dispositions visées au moyen ;
Qu’il échet de casser et d’annuler l’arrêt déféré à la haute juridiction pour violation du
texte susvisé;

Par ces motifs


Vu l’article 35 (1 b, e) de la loi N°2006/016 du 29 Décembre 2006 fixant l’organisation
et le fonctionnement de la Cour Suprême ensemble les articles 485 (1 b, i) et 389 du Code de
Procédure Pénale :
Vu l’article 388 et 437 du Code de Procédure Pénale ;
Vu les articles 316 et 317 du Code Pénal ;
Annuler et casser l’Arrêt N°58/COR du 07 Septembre 2017 rendu par la Cour d’Appel
de l’Adamaoua à Ngaoundéré statuant en matière correctionnelle pour violation de la loi et
dénaturation des faits de la cause;
STATUANT A NOUVEAU

Bien vouloir dire et juger qu’il y a eu dénaturation des faits de la cause et que les faits de
destruction des biens et de destruction de clôture prévus aux articles 316 et 317 du Code Pénal sont
établis dans le cas d’espèce ;

EN CONSÉQUENCE :
Bien vouloir déclarer les prévenus DAOUDA, SOULEY et BIA MAMOUDOU coupable
des faits de destruction des biens et de destruction de clôture prévus aux articles 316 et 317 du Code
Pénal ;
Bien vouloir recevoir la constitution de la partie civile en ce qu’il sollicite la somme totale
de 8 840 000 FCFA à titre des dommages et intérêts ventilée comme suit :
Principal………………………. 4 840 000 FCFA
91
Préjudice moral ………………. 3 000 000 FCFA
Frais de procédure ……………. 1 000 000 FCFA
TOTAL : 8 840 000 FCFA
Bien vouloir condamner solidairement les prévenus à payer cette somme ;
Bien vouloir en outre les condamnés aux dépens.

B. La Chambre Administrative
La saisine de la Chambre Administrative de la Cour Suprême qu’elle statue en appel12 ou en cassation13
se fait par déclaration au greffe de la juridiction inférieure dont émane la décision attaquée. Cette
déclaration se fait 15 jours14 à compter du lendemain de la notification de la décision de la juridiction15.
Le demandeur dispose alors de 15 jours pour déposer son mémoire faisant l’exposé des motifs du
pourvoi et des arguments.

Exemple de Mémoire ampliatif devant la Chambre administrative

MEMOIRE AMPLIATIF

A
Monsieur le Président de la
Chambre Administrative de la Cour
Suprême (Section du Contentieux de
l’Annulation et des questions diverses)
--YAOUNDE--

MEMOIRE AMPLIATIF

Pour : XXXX………………………..…..…………………………Me KASSIYA


Contre : YYYY………………………………………….………….Me Henri

12 12
LOI N°2006/016 DU 29 DECEMBRE 2006 FIXANT L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DE LA COUR
SUPREME ARTICLE 75 : Dans les quinze (15) jours de la déclaration d'appel, le demandeur dépose contre récépissé,
son mémoire au Greffe de la Chambre Administrative.
13
LOI N°2006/016 DU 29 DECEMBRE 2006 FIXANT L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DE LA COUR SUPREME
PARAGRAPHE II : DE LA CHAMBRE ADMINISTRATIVE STATUANT EN CASSATION ARTICLE 89 : Sauf dispositions spéciales
contraires, le pourvoi doit, à peine de forclusion, être formé dans un délai de quinze (15) jours à compter du
lendemain de la notification de la décision de la juridiction inférieure en matière de contentieux administratif.

15
LOI N°2006/022 DU 29 DECEMBRE 2006 FIXANT L’ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DES TRIBUNAUX
ADMINISTRATIFS, ARTICLE 51 (1) Le tribunal administratif doit statuer immédiatement par décision avant-dire-droit
distincte, sur les exceptions d’incompétence fondées sur l’article 2 ci-dessus, sans pouvoir en aucun cas joindre
l’incident au fond. (2) Il peut d’office, relever une incompétence dans les mêmes formes. (3) Les décisions rendues en
application des alinéas l et 3 du présent article peuvent, dans un délai de dix (10) jours à compter de leur notification
faire l’objet de la part de toutes les parties, y compris le Ministère Public, d’un pourvoi devant la Chambre
Administrative de la Cour Suprême. ARTICLE 116.- Les décisions rendues en premier et dernier ressort par le tribunal
administratif sont susceptibles de pourvoi devant la Chambre Administrative dans les formes et délais prévus par le
texte fixant l’organisation de la Cour Suprême.
92
PLAISE A LA COUR SUPREME
Vu le Jugement N° /FOND/TA/2021 du 23 Mars 2021 rendu en premier et en dernier ressort
par le Tribunal Administratif de Ngaoundéré ;
Vu la notification dudit Jugement en date du 24 Juin 2021 ;
Vu le pourvoi formé contre ce Jugement en date du 24 Juin 2021;
Attendu que le Tribunal Administratif de Ngaoundéré, vidant son délibéré dans l’affaire opposant
l’Etat du Cameroun (MINDCAF) et le requérant à Sieur YYYY a rendu, à son audience du 23 Mars
2021 le Jugement

« Par ces Motifs

Statuant publiquement, contradictoirement à l’égard des parties, en matière administrative, à l’unanimité


des voix des membres de la collégialité, en premier et en dernier ressort ;
Décide :
Article 1 : le recours contentieux d’YYYY de même que la requête en intervention volontaire de Sieur
XXXX sont recevable en la forme.
Article 2 : Au fond, le recours contentieux est justifié. Les titres fonciers n° / Vina et n°2889/Vina
établis respectivement aux noms de ZZ et MM sont par conséquent annulés de même que celui n°
/Vina issu de la fusion des deux titres et délivré à XXXX ;
Article 3 : Les dépens sont mis à la charge de l’Etat (MINDCAF)
----Ainsi jugé et prononcé par le Tribunal administratif de Ngaoundéré en son audience publique
ordinaire en matière pré-électorale du 23 Mars 2021.
----En foi de quoi le présent Jugement a été signé par le Président, les Juges et le Greffier en approuvant-
---------mots-------------ligne(s) rayé(s), nul(s) ainsi ----------renvoi(s) en marge » (Pièce n°1) ;
EN LA FORME
Attendu que le pourvoi du requérant intervient dans le délai fixé par l’article 89 de la Loi n°2006/16
du 29 décembre 2006 modifiée et complétée par la Loi n°2017/014 du 12 Juillet 2017 fixant l’organisation
et le fonctionnement de la Cour Suprême ;
Qu’il est alors recevable comme fait dans les forme et délai ;
Attendu qu’en date du 24 Juin 2021, une notification du Greffier en Chef du Tribunal Administratif
de Ngaoundéré, faite par Procès-verbal de pourvoi, a été adressée au recourant d’avoir à déposer à son
Greffe un Mémoire ampliatif dans le délai de trente (30) jours (Pièce n°2) ;
Que le présent Mémoire Ampliatif est fait dans les 30 jours à compter du lendemain de ladite
notification comme l’exige les dispositions de l’article 90 de la Loi n°2006/16 du 29 décembre 2006
modifiée et complétée par la Loi n°2017/014 du 12 Juillet 2017 fixant l’organisation et le fonctionnement
de la Cour Suprême ;
Qu’il échet de déclarer le présent Recours recevable.

93
AU FOND
Attendu que le Jugement dont pourvoi encourt cassation pour mauvaise appréciation des faits
de la cause et fausse application de la loi tel qu’il ressort de l’article 35 (1e)de la loi N°2006/016 du
29 Décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour Suprême selon lequel : « Les
cas d’ouverture à pourvoi sont :

a) L’incompétence ;
b) La dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure ;
c) Le défaut la contradiction ou l’absence de motifs
d) Le vice de forme :
- Sous réserve des dispositions de l’article 470 (1) du code de procédure pénale, lorsque la
Décision attaquée n’a pas été rendue par le nombre de juges prescrit par la loi ou l’a été
par des juges qui n’ont pas siégé à toutes les audiences ;
- Lorsque la parole n’a pas été donnée au Ministère Public ou que celui-ci n’a pas été
représenté ;
- Lorsque la règle relative à la publicité de l’audience, sous réserve des exceptions prévues
par la loi, n’a pas été observée ;
e) La violation de la loi ;
f) La non réponse aux conclusions des parties et aux réquisitions du Ministère Public ;
g) Le détournement de pouvoir ;
h) La violation d’un principe général de droit ;
i) Le non-respect de la jurisprudence de la Cour Suprême ayant statué en Sections réunies d’une
Chambre ou en Chambres réunies. » ;
Qu’avant d’y arriver, il échet de revenir sur les faits ;

LES FAITS :

Attendu que le requérant, Sieur XXXX est propriétaire d’un immeuble objet du titre foncier N°
du département de la Vina, valablement acquis de la fusion de deux autres titres fonciers N° et du
Département de la Vina d’une superficie totale de 11996 m² (Pièce n°3) ;
Qu’en Novembre 2005, il a vendu une partie de cet immeuble, soit 4271 m², à XY par acte notarié
N° du 16 Septembre 2005 du ministère de Maître TCHIA KOUA Michel Notaire à Ngaoundéré (Pièce
n°4) ;
Qu’ayant estimé que le requérant a incorporé dans l’immeuble immatriculé en son nom une parcelle
du domaine national qu’il croit lui appartenir, Sieur YYYY , par Citation Directe à particulier du 08
Novembre 2012 a saisi le Tribunal de Première Instance de Ngaoundéré statuant en matière correctionnelle,
qui par Jugement avant dire droit N° du 05 Août 2013 a ordonné l’expertise cadastrale pour délimiter
les réelles dimensions de l’immeuble appartenant au requérant et vérifier s’il y’a une bande de terre non
immatriculée incluse dans cet immeuble (Pièce n°5) ;
Qu’en exécution de ce Jugement avant dire droit, Monsieur le Chef de Brigade topographique du
service départemental du cadastre de la Vina a produit le plan d’état des lieux et d’expertise cadastrale
établi le 02 Octobre 2013 duquel il ressort que la partie morcelée du titre foncier N° vendue à XY est
de 4271 m², la partie restante dudit titre foncier est de 7725 m² et la partie revendiquée par YYYY non
titrée et donc non incorporée dans le titre foncier N° est de 814 m² (Pièce n°6) ;
Qu’au vue de tout cela, le requérant a été relaxé des faits de complicité d’escroquerie qui lui étaient
reprochés par cette juridiction par le Jugement N° /COR (Pièce n°7) ;
94
Que curieusement et sans tenir compte du Jugement N° /COR du 07 Juillet 2014 reconnaissant le
requérant BAKARI ABOUBAKARI non coupable des faits de complicité d’escroquerie foncière, Sieur
ABOUBAKAR ALIFA a saisi la Tribunal administratif pour annulation du titre foncier N° /Vina délivré
au requérant ;
Que contre toute attente, et sans tenir compte des arguments et des éléments de preuve produits par
le requérant, le Tribunal Administratif a cru devoir annuler le titre foncier N°4656/Vina délivré au
requérant ;
Que de ce fait, cette Décision mérite annulation de la loi et dénaturation des faits de la cause ;

II. LES MOYENS JURIDIQUES


A.SUR LE PREMIER MOYEN TIRE DE LA VIOLATION DE L’ARTICLE 2 DU DECRET
N°76/165 DU 27 AVRIL 1976 FIXANT LES CONDITIONS D’OBTENTION DU TITRE FONCIER
MODIFIE ET COMPLETE PAR LE DECRET N°2005/481 DU 16 DECEMBRE 2005
Attendu que l’article 2 (3) du Décret N°76/165 du 27 Avril 1976 fixant les conditions d’obtention du
titre foncier dispose que « …. Le ministre chargé des affaires foncières peut, en cas de faute de
l’administration, résultant notamment d’une irrégularité commise au cours de la procédure d’obtention du
titre foncier, et au vu des actes authentique produits, procéder au retrait du titre foncier » ;
Qu’il ressort de cet article que la faute de l’administration doit être prouvée par des actes
authentiques et l’exigence d’un fait fautif de l’administration fondant le retrait ou l’annulation du titre
foncier querellé est ainsi formelle ;
Que ce le fait fautif qui est reproché à l’administration ne doit pas être déduit mais doit être établi
par des preuves non contestables, authentiques ;
Que dans le cas d’espèce, la faute de l’administration dans la procédure d’établissement du titre
foncier N° /Vina, fondant la Décision du Juge de fond, n’a nullement été prouvée par des actes
authentiques ;
Attendu par ailleurs que l’article 2 (5) du texte susvisé énonce que « Le retrait du titre foncier prévu
à l’article 3 du présent article ne peut sauf cas de fraudes du bénéficiaire, intervenir que dans le délai du
recours contentieux » ;
Que dans le cas d’espèce, aucune fraude du requérant n’a pu être rapportée et établie ;
Qu’en dehors de ces cas suscités devant être prouvés l’alinéa 6 du même texte établi une liste limitée
dans lesquels le titre foncier peut être annulé : « Un titre foncier est nul et d’ordre public dans les cas
suivants :- lorsque plusieurs titres fonciers sont délivrés sur un même terrain ; - lorsque le titre foncier est
délivré arbitrairement sans suivi d’une quelconque procédure ou obtenu par une procédure autre que celle
prévue à cet effet ; - lorsque le titre foncier est établi en totalité ou en partie sur une dépendance du domaine
public ; - lorsque le titre foncier est établi en partie ou en totalité sur une parcelle du domaine privé de
l’Etat… » ;
Que le recours contentieux d’YYYY contre le titre foncier N° établi au nom de XXXX ne rentre
pas dans ces cas énumérés par le texte susvisé.

95
Que cette exigence de preuve de la faute de l’administration et de la fraude du bénéficiaire et
l’établissement d’une liste restrictive des cas d’annulation du titre foncier s’explique par la nécessité de
protéger le titre foncier du fait de son caractère intangible, inattaquable et définitif et éviter l’insécurité
juridique qui pourrait en découler ;
Que pour matérialiser cette protection, l’article 2 (1) du Décret N°79/165 du 27 Avril 1976 fixant
les conditions d’obtention du titre foncier modifié et complété par le Décret N°2005/481 du 16 Décembre
2005 prévoit que « Toute personne dont les droits ont été lésés par suite d’une immatriculation n’a pas de
recours sur l’immeuble, mais seulement en cas de dol, une action personnelle en dommages-intérêts contre
l’auteur du dol » ;
Attendu qu’en annulant le titre foncier N° /Vina établi au profit de Sieur XXXX, le Tribunal
administratif de Ngaoundéré n’a pas donné de base légale à sa décision ;

Qu’il échet d’annuler le Jugement entrepris pour violation de l’article 2 suscité ;

B. SUR LE SECOND MOYEN TIRE DE L’ABSENCE D’INCORPORATION


FRAUDULEUSE DANS LE TITRE FONCIER N°4656/Vina
Attendu que Monsieur le Chef de Brigade topographique du service départemental du cadastre de
la Vina a produit un plan d’état des lieux et d’expertise cadastrale ainsi qu’un compte rendu annexé à ce
plan qui révèlent que le titre foncier N° est d’une superficie de 01ha 19a 96ca soit 11996 m² ;
Que ce même plan révèle que la superficie vendue ou morcelée est de 4271m² et la superficie
restante par calcul simple est de 7725m² ;
Que contrairement aux allégations de YYYY dans son recours contentieux en annulation du titre
foncier N°4656 selon lesquelles « pour pouvoir affirmer et obtenir un certificat de propriété conforme à
l’actuelle superficie du titre foncier N° /V du département de la Vina qui est 7725m², XXXX a dû
incorporer dans l’immeuble immatriculé en son nom une partie C qui a été découverte le 02 Octobre 2013
par Monsieur le Chef de Brigade topographique du service départemental du cadastre de la Vina », le plan
d’état des lieux et d’expertise cadastrale a démontré que cette partie vendue C est non titrée et celle vendu
est d’une superficie de 4271m² conformément à l’acte de vente notariée N° du 16 Septembre 2005 ;
Que de tout ce qui précède, il ressort alors que la superficie de 7725m² est conforme au titre foncier
N° du département de la Vina établi au nom du requérant et la partie C du plan d’état des lieux et
d’expertise cadastrale du 02 Octobre 2013 n’y est pas incluse ;
Attendu que sans tenir compte de cette absence d’incorporation frauduleuse dans le titre foncier N°
/Vina contrairement aux prétentions de Sieur YYYY dans son recours contentieux, le Tribunal
administratif de Ngaoundéré a quand même annulé le titre foncier ci-dessus ;
Qu’il échet de casser cette Décision pour violation de la loi et dénaturation des faits de la cause ;
PAR CES MOTIFS

EN LA FORME

Recevoir le présent Mémoire Ampliatif comme fait dans les forme et délai légaux ;

96
AU FONDS

Vu la loi citée (article 2 du Décret N°79/165 du 27 Avril 1976 fixant les conditions
d’obtention du titre foncier modifié et complété par le Décret N°2005/481 du 16 Décembre) ;

Bien vouloir constater qu’aucune faute de l’Administration n’a été prouvée et aucune fraude
du bénéficiaire n’a été rapportée ;

Bien vouloir constater par ailleurs qu’aucune incorporation frauduleuse n’a été faite dans le
titre foncier N° du Département de la Vina établi au nom de XXXX ;

Bien vouloir dire et juger que le Jugement entrepris a violé la loi notamment l’article 2 du
Décret N°79/165 du 27 Avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier modifié et
complété par le Décret N°2005/481 du 16 Décembre et a dénaturé des faits de la cause ;

STATUANT A NOUVEAU

Annuler le Jugement N° /FOND/TA/2021 intervenu sur le recours contentieux


d’annulation du titre foncier N°4656/Vina ;

Condamner YYYY au pourvoi aux entiers dépens et dont distraction au profit de Me


KASSIYA, Avocat aux offres de droit.

PJ : Bordereau de pièces

SOUS TOUTES RESERVES

II. Le Pourvoi devant la Cour Commune de Justice et


d’arbitrage : Le Recours en cassation
La Cour Commune de Justice et d’arbitrage est une juridiction de cassation en droit
OHADA. La saisine de cette juridiction se fait par un pourvoi introduit à son Greffe dans les deux
mois de la signification ou de la notification de la Décision attaquée par l’Avocat du requérant
dans les conditions fixées à l’article 23 du Règlement de procédure de la CCJA. Le ministère d’un
Avocat est impératif devant cette juridiction. Celui-ci devra alors justifier de sa qualité d’Avocat
inscrit au Barreau d’un des Etats membres de l’OHADA sous peine d’irrecevabilité du recours.

Selon l’article 28 bis du Règlement, le recours en cassation est fondé sur :

- la violation de la loi
- l’incompétence et l’excès de pouvoir
- la violation des formes prescrites par la loi à peine de nullité ;
- le défaut, l’insuffisance ou la contrariété des motifs ;
- l’omission ou le refus de répondre à des chefs de demandes
- la dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure
- le manque de base légale
- la perte de fondement juridique
97
- le fait de statuer sur une chose non demandée ou d’attribuer une chose au-delà de ce qui a
été demandé

Exemple de recours en cassation :

RECOURS EN CASSATION
A
Monsieur le Président de la
Cour Commune de Justice
Et d’Arbitrage (CCJA)
--ABIDJAN--

RECOURS EN CASSATION

POUR : XXXX…………………………………………………………Me KASSIYA


CONTRE : YYYY SA………………………………….Me X, Avocat au Barreau du Cameroun, BP
638 Tél. 222 25 17 42/699923141/674143677 E-mail njanpou@yahoo.fr, Ngaoundéré

Monsieur le Président,
Monsieur XXXX, né vers à , fils de X et de Z, CNI N°…Commissaire de Police à la retraite,
domicilié à ayant pour Conseil Maître KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun, E-
mail info@cabinetmekassiya.org cabinetmekassiya2020@gmail.com, Tél : (+237) 699 907 184 /
676 437 296 BP.276 au Cabinet duquel il élit domicile ;

A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER


Que la Cour d’Appel de l’ADAMAOUA statuant en matière civile et commerciale, a rendu dans
la cause l’opposant au YYYY SA, un Arrêt N° /CIV du 04 septembre 2018 et dont le dispositif est ainsi
libellé :
« La Cour,
---Statuant publiquement, contradictoirement à l’égard de toutes les parties, en matière civile et
commerciale, en formation collégiale, à l’unanimité des membres et en dernier ressort ;
---En la forme :
---Reçoit l’appel de XXXX ;
---Au fond :
---Confirme le jugement entrepris en toutes ses dispositions :
---Condamne l’appelant aux dépens… » (Pièce n°1) ;
Attendu que c’est la décision dont recours en cassation ;
EN LA FORME :

98
Attendu que l’article 14 (1 et 3) du Règlement de Procédure de la CCJA prévoit que « La Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage assure l’interprétation et l’application communes du Traité ainsi que
des règlements pris pour son application, des actes uniformes et des décisions…
Saisie par voie du recours en cassation, la Cour se prononce sur les décisions rendues par les juridictions
d’Appel des Etats parties dans toutes les affaires soulevant des questions relatives à l’application des actes
uniformes et des règlements prévus au présent Traité à l’exception des décisions appliquant des sanctions
pénales. » ;
Que la Jurisprudence de cette illustre Cour est d’ailleurs constante que « La CCJA est compétente
pour statuer…dès lors que les questions soulevées se rapportent à la saisie immobilière et entrent bien dans
le champ d’application de l’AUPSRVE » (CCJA, 2ème ch., n°008, 27-3-2008 : D. c/ B., Juris-Ohada n°3,
juil.-sept. 2008, p.14, Rec. Jur. CCJA, n°11, janv.- juin 2008, p.86, Ohadata J-09-40 ; CCJA, 3ème ch.,
n°215, 23-11-2017 : STCG, Mbele Ntsame Patrice c/ BGFI Bank Cameroun ; CCJA, 3ème ch., n°214, 23-
11-2017 : Omaïs Jawad c/ Entreprise Dossou, Vidjanagni Dossou Antoine, in CODE PRATIQUE
OHADA 20-21, éd. FRANCIS LEFEBVRE, p.28-29) ;
Que dans le cas d’espèce, il s’agit d’une décision rendue par la Cour d’Appel de l’ADAMAOUA
(Cameroun) sur une question de saisie immobilière nécessitant l’application de l’acte uniforme portant
organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution ;
Qu’il y a lieu de déclarer ce recours en cassation recevable parce que relevant du domaine de
compétence de cette illustre Cour ;
Attendu par ailleurs qu’il ressort des dispositions de l’article 28 du Règlement de la Procédure de
la CCJA du 18 avril 1996, modifié le 30 janvier 2014 que « Lorsque la Cour est saisie par l’une des parties
à l’instance par la voie de recours en cassation prévu au troisième ou quatrième alinéa de l’article 14 du
Traité, le recours est présenté au greffe dans les deux mois de la signification ou de la notification de la
décision attaquée par l’Avocat du requérant dans les conditions fixées à l’article 23 du présent
Règlement… » ;
Que, dans le cas d’espèce, l’Arrêt attaqué a été rendu le 04 septembre 2018 et n’a pas été encore
signifié ou notifié au recourant ;
Que du fait de l’absence de Signification ou de notification à personne ou à domicile réel ou
d’élection, les délais de deux mois prévus à l’article 28 du Règlement de Procédure de la CCJA suscité,
n’ont pas encore commencé à courir ;
Qu’un recours avant la signification ou la notification de la Décision est comme fait dans les
forme et délai légaux ;
Qu’il échet de le déclarer recevable.

AU FOND :
Attendu que l’Arrêt attaqué mérite annulation pure et simple sur le fondement de l’article 28 bis
du Règlement de Procédure de la CCJA aux termes duquel : « Le recours en cassation est fondé sur :
• La violation de la loi ;
• L’incompétence et l’excès de pouvoir ;
99
• La violation des formes prescrites par la loi à peine de nullité ;
• Le défaut, l’insuffisance et la contrariété des motifs ;
• L’omission ou le refus de répondre à des chefs de demandes ;
• La dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure ;
• Le manque de base légale ;
• La perte de fondement juridique ;
• Le fait de statuer sur une chose non demandée ou d’attribuer une chose au-delà de ce qui a été
demandé » ;
Que dans le cas d’espèce, le présent recours se fonde sur la violation de la loi, la dénaturation des
faits de la cause ou des pièces de la procédure et le manque de base légale de l’arrêt attaqué.
I.- FAITS DE LA CAUSE
Attendu que, suivant la Convention d’ouverture de crédit amortissable avec affectation
hypothécaire N° du 06 août 2010 entre le YYYY et Sieur XXXX, le recourant, ce dernier obtenait un
crédit amortissable de 38 000 000 FCFA, dont le remboursement s’étalait sur une période de trente-six (36)
mois allant du 20 août 2020 au 13 juillet 2013 (Pièce n°2) ;
Que sur ces 38 000 000 de FCFA, d’autres frais ont été exorbitamment ajoutés en
l’occurrence l’intérêt de 10 767 140 FCFA et la taxe de 2 072 665 FCFA, ce qui fait un total de 50 839 805
tel qu’il ressort de ladite Convention de Crédit ;
Que cette créance est affectée d’hypothèque avec dépossession curieusement du Titre
Foncier N° du Département de la Vina, appartenant en toute propriété au débiteur Sieur XXXX ;
Que le recourant a remboursé sa dette tel que le révèle l’historique du compte bancaire
N°…. du 12 juin 2012 qui présente d’ailleurs un solde créditeur de 193 148 FCFA au 17 mai 2012 (pièce
n°3) ;
Que contre toute attente, le 21 juillet 2014, le CCA porte à sa connaissance qu’il lui
doit encore la somme de 33 052 196 FCFA ;
Que finalement par des braquages de certains calculs, l’assiette de la saisie
immobilière a été portée à 38 000 000 de FCFA et c’est sur cette base que le créancier a engagé la
réalisation forcée de l’hypothèque le 05 novembre 2014 par un commandement aux fins de saisie
immobilière (pièce n°4) ;
Que pour obtenir l’annulation de cette saisie immobilière abusive, le recourant a saisi
la juridiction compétente en l’occurrence le Tribunal de Grande Instance de la Vina statuant en matière
civile et commerciale ;
Que malheureusement, sans tenir compte des arguments développés et des pièces
produites par Sieur XXXX, ce Tribunal l’a débouté et a ordonné l’adjudication de l’immeuble;
Que relavant appel du jugement intervenu, la Cour d’Appel de l’Adamaoua à
Ngaoundéré a confirmé ledit Jugement ;
Que ces Décisions ont été prises sans tenir compte des arguments du recourant qui
prouvent pourtant à suffisance que cette procédure de réalisation forcée de l’hypothèque engagée par le
CCA est tant irrégulière qu’abusive sans fondement juridique tel qu’il sera développé plus bas ;

100
II. DISCUSSION JURIDIQUE: LES MOYENS DU RECOURS EN CASSATION

1.Sur le premier moyen de nullité tiré de la violation des articles 247 de l’Acte uniforme portant
organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution et 201 de
l’Acte uniforme portant organisation des Sûretés
En ce que l’Arrêt de la Cour d’Appel de l’Adamaoua a confirmé le Jugement N°
/RG/GCA/AD/NG du 05 mars 2017 alors que la créance entre Sieur XXXX et le YYYY SA n’existait
plus ;
Qu’il ressort de l’article 247 de l’AUPSVE que « La vente forcée d’un immeuble ne
peut être poursuivie qu’en vertu d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible » ;
Que de cet article on peut en déduire que l’extinction de la créance qui est l’obligation
rend la procédure de vente forcée de l’immeuble hypothéqué nulle ;
Qu’à cet effet l’article 201 de l’acte uniforme portant organisation des sûretés dispose
que « L’extinction de l’hypothèque conventionnelle ou judiciaire résulte :
- De l’extinction de l’obligation principale ;
- De la renonciation du créancier à l’hypothèque ;
- De la péremption de l’inscription attestée, sous sa responsabilité, par le conservateur du registre
de la publicité immobilière, cette attestation devant mentionner qu’aucune prorogation ou
nouvelle inscription n’affecte la péremption ;
- De la purge des hypothèques résultant du procès-verbal de l’adjudication sur expropriation forcée
et du paiement ou de la consignation de l’indemnité définitive d’expropriation pour cause
d’utilité publique » ;
Que c’est d’ailleurs en ce sens que la Jurisprudence a décidé que « L’hypothèque
disparaît avec l’extinction de la créance garantie et seulement lorsque celle-ci est éteinte » (Cass. Civ. 25-
5-1987: Bull. civ. II p.66, in Code Pratique OHADA 20-21, éd. FRANCIS LEFEBVRE, p.1970)
Que dans le cas d’espèce, le recourant a prouvé, à travers l’historique de son compte
bancaire N°…. du 12 juin 2012 qui présente un solde créditeur de 193 148 FCFA au 17 mai 2012, qu’il a
apuré totalement sa créance envers le CCA ;
Que cet apurement de la dette éteint la créance garantie et par voie de conséquence
l’hypothèque disparaît ;
Que c’est à tort que l’Arrêt N° /CIV du 04 septembre 2009 a confirmé la Décision
du premier Juge sans tenir compte de cet élément essentiel qui est la disparition de la créance sous l’effet
du paiement total ;
Qu’en le faisant, il a violé la loi et a dénaturé les faits de la cause ;
Qu’il échet de casser et d’annuler cet Arrêt querellé pour défaut de créance ;

2.Sur le second moyen de nullité tiré de la violation des articles 254 et 269 de l’Acte uniforme portant
organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement des Voies d’Exécution
En ce que l’Arrêt de la Cour d’Appel de l’Adamaoua a confirmé le Jugement N°
/RG/GCA/AD/NG du 05 mars 2017 alors même que la procédure de réalisation forcée de l’hypothèque

101
engagée par son créancier n’a pas respecté les formalités de signification ou de notification prescrites à
peine de nullité par le texte OHADA ;
Qu’il ressort en effet de l’article 254 de l’AUPSVE qu’ « A peine de nullité, toute poursuite
en vente forcée d’immeubles doit être précédée d’un commandement aux fins de saisie.
A peine de nullité, ce commandement doit être signifié au débiteur et le cas échéant au débiteur et le cas
échéant au tiers détenteur de l’immeuble… »
Qu’en application de ce texte, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage est constante que
« l’expression « …doit être signifié au débiteur… » ne signifie pas que la signification doit être faite
exclusivement à la personne même du débiteur, mais plutôt selon les formes de signification prévues par
les textes en vigueur » (CCJA, 1ère ch., Arr. n°033/2007, 22 novembre 2007, Aff. 1°/ COTRACOM, 2°/
Aminata YOUSSOUF C/ BIAO-CI, in Acte uniforme OHADA Commenté 2020, p.919) ;
Que lorsqu’on se réfère aux textes applicables au Cameroun, l’article 396 du Code de
Procédure Civile et Commerciale énonce que « Le créancier qui entend faire procéder à la vente forcée
d’un immeuble, doit faire signifier un commandement au débiteur à personne ou à domicile… » ;
Qu’or dans le cas d’espèce, la signification du commandement n’a été faite ni à personne ni
à domicile ;
Que d’ailleurs, ce commandement a été signifié à un individu inconnu du débiteur nommé
Z, non identifié, prétextant être le neveu du recourant ;
Que le non-respect des modalités de signification rend nulle la procédure de vente forcée
entreprise par le créancier ;
Attendu par ailleurs que certains actes, à l’instar de la sommation de prendre connaissance
du cahier de charges n’ont jamais été signifiés jusqu’ici au recourant ;
Qu’il ne ressort en effet ni du dossier, ni de la liste des pièces qui ont accompagné le dépôt
du cahier des charges que cette diligence a été accomplie ;
Que pourtant, l’article 269 de l’AUPSVE dispose que « Dans les huit jours, au plus tard,
après le dépôt du cahier des charges, le créanciers saisissant fait sommation au saisi et aux créanciers
inscrits de prendre communication au greffe, du cahier des charges et d’y faire insérer leurs dires.
A peine de nullité, cette sommation est signifiée au saisi, à personne ou à domicile et au créanciers
inscrits à domicile élu » ;
Qu’en ce sens la Jurisprudence est constante que « Sommation de prendre communication
du Cahier des charges doit être faite au créancier dans les 8 jours au plus tard après le dépôt du cahier
des charges. Le respect de toutes les formalités de la sommation entraîne la régularité du commandement
de saisie ainsi que la continuation des poursuites » (CCJA, 1ère ch., Arrêt n°004/2008, 28 février 2008,
Aff. COBACI C/ 1°/ Epoux AHORE, 2°/ Epoux MIEZAN ; CCJA, 1ère ch., Arr. n°009/2015, 23 juillet
2015, Aff. SONIBANK SA C/ Mahaman Rabiou MOUSSA, in Actes uniformes Ohada Commenté
2020, p.928) ;
Que le créancier saisissant n’a pas respecté les prescriptions de l’article 269 suscité rendant
ainsi nulle la suite de la procédure ;

102
Que l’Arrêt N° /CIV du 40 septembre 2018 en confirmant le Jugement N°
……/RG/GCA/AD/NG du 05 mars 2017 n’a pas tenu compte des prescriptions de l’article 269 ;
Qu’il y a lieu de casser et d’annuler cet Arrêt querellé en ce qu’il viole la loi et manque de
base légale ;

PAR CES MOTIFS

Vu les dispositions légales citées :

- les articles 14 alinéas 1 et 3, 28 et 28 bis du Règlement de la Procédure de la CCJA du 18


avril 1996, modifié le 30 janvier 2014 ;
- les articles 247, 254, 269 de l’AUPSVE ;
- l’article 201 nouveau de l’acte uniforme portant organisation des sûretés ;
- l’article 396 du Code de Procédure Civile et Commerciale) ;
Vu les jurisprudences invoquées :

- CCJA, 2ème ch., n°008, 27-3-2008 : D. c/ B. ;


- CCJA, 3ème ch., n°215, 23-11-2017 : STCG, Mbele Ntsame Patrice c/ BGFI Bank Cameroun ;
- CCJA, 3ème ch., n°214, 23-11-2017 : Omaïs Jawad c/ Entreprise Dossou, Vidjanagni Dossou
Antoine ;
- Cass. Civ. 25-5-1987 ; CA OUAGADOUGOU (BURKINA FASO), ch. Civ. Et com., Arr.
n°53, 06 juillet 2001, Aff. EROF C/ SGBB ; CCJA, 1ère ch., Arr. n°033/2007, 22 novembre
2007, Aff. 1°/ COTRACOM, 2°/ Aminata YOUSSOUF C/ BIAO-CI ;
- CCJA, 1ère ch., Arrêt n°004/2008, 28 février 2008, Aff. COBACI C/ 1°/ Epoux AHORE, 2°/
Epoux MIEZAN ;
- CCJA, 1ère ch., Arr. n°009/2015, 23 juillet 2015, Aff. SONIBANK SA C/ Mahaman Rabiou
MOUSSA ;

EN LA FORME

Bien vouloir déclarer recevable le présent recours comme et fait dans les forme et délai
légaux.

AU FOND

Bien vouloir casser et annuler l’Arrêt N° /CIV du 04 septembre 2018 rendu par la
Cour d’Appel à Ngaoundéré statuant en matière civile et commerciale pour violation de la loi et
dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure ;
Bien vouloir prendre acte de ce que l’Avocat de Sieur XXXX en l’occurrence Maître
KASSIYA consent à ce que les significations lui soient adressées par courrier électronique , télécopieur ou
tout autre moyen technique de communication laissant trace ;
Evoquant et statuant à nouveau
Bien vouloir prendre acte que la créance sur laquelle est fondée la procédure de réalisation
forcée de l’hypothèque engagée par le YYYY a déjà été apurée comme en fait foi l’historique de son
compte bancaire N°…. ;

103
Bien vouloir relever que l’Arrêt querellé n’ pas tenu compte des arguments et des pièces
produites par le recourant pour justifier l’apurement de sa dette ;
Bien vouloir dire et juger que l’Arrêt attaqué a violé les articles 247 de l’Acte uniforme
portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution et 201 de
l’Acte uniforme portant organisation des Sûretés
Bien vouloir en outre dire et juger qu’il y a violation des articles 254 et 269 de l’Acte
uniforme portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution
qui prescrivent les modalités de signification ou de notification du Commandement aux fins de saisie
immobilière ;
Bien vouloir relever que l’Arrêt attaqué n’a pas tenu compte de toutes ces irrégularités qui
entachent la procédure de réalisation forcée de l’hypothèque engagée par le créancier ;
Bien vouloir en conséquence déclarer nulle la procédure de de réalisation forcée de
l’hypothèque engagée par le Crédit Communautaire d’Afrique (CCA) SA pour extinction de
l’obligation principale emportant extinction de l’hypothèque et pour défaut de signification ou de
notification à personne ou à domicile du Commandement aux fins de saisie immobilière ;
Bien vouloir condamner le YYYY SA aux dépens et dont distraction au profit de Me
KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun.
SOUS TOUTES RESERVES

PJ : Un bordereau de pièces contenant :


- L’Arrêt N°09/CIV du 04 septembre 2018 rendu par la Cour d’Appel de l’Adamaoua à
Ngaoundéré
- La Convention de Crédit N°1199 du 06 août 2010
- L’historique du compte bancaire N°40-4003517-002-1du 12 juin 2012
- Le commandement aux fins de saisie immobilière du 05 novembre 2014
- L’attestation d’exercice professionnel de Me KASSIYA, Avocat au Barreau du Cameroun
- Mandat spécial donné à Me KASSIYA par Sieur XXXXXXXX

CHAPITRE III :
Les actes de procédure permettant
de prendre position devant une juridiction

Section 1 : Les actes de procédure permettant de prendre position devant les juridictions d’instance
I. Les conclusions
Conclure, dans le langage courant, c’est terminer un exposé ou un raisonnement que l’on
résume en quelques phrases voire en quelques mots. Devant tout organe juridictionnel, les avocats
104
des parties sont amenés à remettre aux juges un document de synthèse qui contient l’exposé des
moyens de fait ou de droit sur lesquels ils fondent les prétentions et la défense de leurs clients. Ce
document se dénomme des conclusions. En fait, quelle que soit la juridiction, il est rare que les
avocats se limitent à échanger un seul jeu de conclusions. Souvent, celui qui reçoit des conclusions
souhaitera répondre (ou répliquer) à tout ou partie des arguments de son adversaire, par l’envoi
de nouvelles conclusions (dites responsives).

Il arrive qu’au fil des débats les conseils des parties modifient les prétentions de leurs
clients et les moyens sur lesquels elles les fondent. Il est alors difficile de savoir si, à la clôture de
l’instruction de l’affaire, elles ont ou non abandonné certaines de leurs premières demandes ou si
elles ont abandonné une partie des moyens qui les fondaient initialement. Les demandes et les
moyens qui ne sont pas repris dans les conclusions récapitulatives sont alors considérés comme
ayant été abandonnés. Les conclusions peuvent contenir des demandes incidentes telles qu’une
demande additionnelle ou reconventionnelle.

Dans les affaires civiles dans lesquelles il intervient, le procureur de la République dépose
également des « conclusions ».Devant les juridictions administratives et la Cour Suprême, les
avocats aux conseils qui représentent les parties remettent non pas des « conclusions », mais des
« mémoires ».

Les conclusions suivent l’architecture traditionnelle des actes judiciaires. Dans le rubrum,
il est précisé le nom de la juridiction et les mentions identifiant l’affaire, les date et heure de
l’audience et l’identité de chacune des parties (précédée des mentions POUR et CONTRE et
suivie des mentions DEMANDEUR et DÉFENDEUR). Il incombe au demandeur de présenter
dès l’instance relative à la première demande l’ensemble des moyens qu’il estime de nature à
fonder celui-ci ». Ce principe de concentration des moyens fait ainsi obstacle à ce que le défendeur
ou son ayant droit puisse introduire une autre action tendant aux mêmes fins que l’instance initiale
au cours de laquelle il s’est défendu. Peu importe qu’un fondement juridique différent soit invoqué
dès lors que l’objet de la demande est identique. La structuration des écritures permet une
construction logique des écritures et d’éviter les répétitions. Les conclusions doivent être signées
par leur rédacteur.

Exemple de conclusions :
A
Monsieur le Président de la
Tribunal de Grande Instance de la Vina
(Juge du Contentieux de l’Exécution)
--NGAOUNDERE--
Audience du 03 Octobre 2022

CONCLUSIONS
Pour : XXXXX……………………………………………….…(Défenderesse)
Ayant pour Conseil ………………………….. Me KASSIYA (Avocat)
Contre :Société YYYYY…………………………………………...…. (Demandeur)
105
Ayant pour Conseil.… Me LONTSIE GLODOMER Claude (Avocat)

PLAISE AU JUGE DU CONTENTENTIEUX DE L’EXECUTION

Vu l’Opposition à saisie contenant Assignation en annulation, en mainlevée et en


distraction biens de la YYYYY du… du ministère de Maître MANGUELE Marie Noël, Huissier
de Justice ;

Attendu que la YYYYY a saisi Monsieur le Président du Tribunal de céans, Juge du


Contentieux de l’Exécution de ses propres Décisions, aux fins de contestation de la saisie-vente
pratiquée sur ses biens en date du 05 Juillet 2022 ;

Que cette saisie-vente faisait suite au Commandement d’exécution du Jugement


N°…/CIV du…. du Tribunal de Grande Instance de céans statuant en matière civile et commerciale
;

Qu’au soutien de son action, elle prétend que cette saisie pratiquée sur ses biens
serait nulle et de nuls effets en ce que non seulement les biens saisis ne lui appartiendrait pas, mais
aussi et surtout, ceux-ci seraient insaisissables au regard de la loi ;

Mais attendu que cette action ne pourra pas prospérer, Monsieur le Président du
Tribunal de céans, Juge du Contentieux de l’Exécution des Décisions de son Tribunal est
incompétent à connaître de l’exécution de ses propres Décisions ;

SUR LE MOYEN UNIQUE TIRE DE L’INCOMPETENCE DU PRESIDENT DU TRIBUNAL DE


GRANDE INSTANCE STATUANT COMME JUGE DU CONTENTIEUX DE L’EXECUTION DES
DECISIONS DE SON TRIBUNAL

EN CE QUE

Aux termes de l’article 13 du Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des


Affaires en Afrique (OHADA), fait à Port Louis, le 17 octobre 1993 et modifié par le Traité de
Québec du 17 octobre 2008 : « Le contentieux relatif à l’application des actes uniformes est réglé
en première instance et en appel par les juridictions des Etats-Parties » ;

Que pris sous cet angle, l’article 49 de l’Acte Uniforme OHADA portant
organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution dispose que :
« La juridiction compétente pour statuer sur tout litige ou toute demande relative à une mesure
d’exécution forcée ou à une saisie conservatoire est le président de la juridiction statuant en matière
d’urgence ou le magistrat délégué par lui. Sa décision est susceptible d'appel dans un délai de
quinze jours à compter de son prononcé. Le délai d'appel comme l'exercice de cette voie de
recours n'ont pas un caractère suspensif, sauf décision contraire spécialement motivée du président
de la juridiction compétente. » ;

Qu’en se basant sur les dispositions de l’article 49 suscité, la Haute Juridiction de


cassation de l’OHADA, la COUR COMMUNE DE JUSTICE ET D’ARBITRAGE (CCJA) est

106
constante que « La demande en distraction des objets saisis est une demande relative à une mesure
d’exécution forcée qui relève exclusivement de la compétence du Président de la juridiction statuant
en matière d’urgence ou le magistrat délégué par lui » (CCJA, 2ème ch., Arr. n°043/2013 du 16 Mai
2013, Aff. SOCIMAT C/ M. ROAMBA Tinga, in Code OHADA 2020, P. 766) (Pièce n°1);

Qu’elle martèle d’avantage que « Seul le Président de la juridiction statuant en


matière d’urgence ou le magistrat délégué par lui demeure compétent pour connaître d’un litige
relatif à l’exécution forcée d’une saisie vente engagée dès la signification d’un commandement,
laquelle exécution ne peut plus être suspendue par une ordonnance de sursis à exécution » (CCJA,
Arrêt n°017/2003 du 09 Octobre 2003, Affaire SIB c/ Complexe Industriel d’Elévage et de
Nutrition Animale dit CIENA, in Code OHADA 2020, p. 767) (Pièce n°2);

Que la CCJA l’a également illustrée par son Arrêt N°339/2019 du 19 Décembre
2019 dans l’Affaire CREDIT DU SAHEL C/ SACOP SA lorsqu’il prescrit que « Le juge de l’article
49 de l’AUPSVRE a, nonobstant toute législation nationale contraire, compétence préalable pour
statuer sur toute contestation relative à une mesure d’exécution forcée. Aucune loi nationale
d’organisation judiciaire ou de procédure civile ne peut déroger à cette règle impérative de
compétence instituée par le législateur OHADA. Ainsi, quelque soit l’origine du titre exécutoire en
vertu duquel l’exécution forcée est poursuivie, les contestations relatives à ladite exécution relèvent
exclusivement de la compétence du Président de la juridiction statuant en matière d’urgence et en
premier ressort ou du magistrat délégué par lui » (in Code OHADA Commenté 2020 p. 768, Pièce
n°3);

Qu’elle émerge également de son Avis N°0012/99/EP du 13 octobre 1999 qui


relevait d’ores et déjà qu’il est du devoir du juge national du fond de priver d’effet toute disposition
de droit interne qui vient en concurrence avec celle du droit uniforme qui, naturellement, lui est
supérieur (Pièce n°4);

Qu’il ressort de la combinaison de ces énonciations de la législation


communautaire étayée par des Jurisprudences et Avis de la CCJA la création de compétences
nouvelles que les Etats Parties se doivent de greffer à celles déjà existantes dans leurs arsenaux
juridiques respectifs du juge chargé de connaître de l’urgence et des difficultés de mise en œuvre
d’une mesure d’exécution forcée ;

Qu’il s’agit là de la consécration de la supranationalité judiciaire dans le cadre de


toutes les affaires, de toutes les causes impliquant l’OHADA ;

EN L’ESPECE

Pour contester la saisie-vente pratiquée sur ses biens et dont le Procès-verbal a été
dressé par l’Huissier instrumentaire à la requête de Sieur XXXXX, la YYYYY a saisi Monsieur le
Président du Tribunal de céans, statuant comme Juge du Contentieux de l’Exécution des Décisions
de son Tribunal et certainement sous l’empire de la loi nationale camerounaise ;

Que la loi nationale stipule que : « Le Juge du Contentieux de l’exécution des


décisions judiciaires nationales est le président de la juridiction dont émane la Décision contestée,
statuant en matière d’urgence, ou le magistrat qu’il délègue à cet effet » (Article 3 (1) de la Loi n°
107
2007/001 du 19 avril 2007 instituant le juge du contentieux de l’exécutif et fixant les conditions de
l’exécution au Cameroun des décisions judiciaires et actes publics étrangers ainsi que les sentences
arbitrales étrangères) ;

MAIS ATTENDU QU’EN SAISISSANT MONSIEUR LE PRESIDENT DU TRIBUNAL DE GRANDE


INSTANCE DE LA VINA A NGAOUNDERE

Et, au regard de l’Article 49 de l’Acte uniforme OHADA portant organisation des


Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution, des Décisions de la Haute
Juridiction de Cassation de l’OHADA, la COUR COMMUNE DE JUSTICE ET D’ARBITRAGE
(CCJA) ensemble son Avis N°0012/99/EP du 13 octobre 1999, sus cités, l’exercice par Monsieur le
Président du Tribunal de Grande Instance de la Vina des fonctions de juge du contentieux de
l’exécution des Décisions émanant de sa juridiction viole gravement la suprématie du texte OHADA
sur les lois internes ;

Que vu sous l’angle de la législation communautaire, cette vision du


fonctionnement de la Justice, ne saurait s’accommoder d’un alourdissement néfaste que contribue
à provoquer à la procédure de recouvrement de créances, les Lois camerounaises en l’occurrence
la Loi n° 2007/001 du 19 avril 2007 instituant le juge du contentieux de l’exécutif et fixant les
conditions de l’exécution au Cameroun des décisions judiciaires et actes publics étrangers ainsi que
les sentences arbitrales étrangères ensemble celle N° 2011/027 du 14 décembre 2011 Modifiant et
complétant certaines dispositions de la loi n°2006/015 Du 29 décembre 2006 portant organisation
judiciaire ;
Que le concluant rappelle que l’Acte Uniforme portant Organisation des
Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution « abroge toutes les dispositions
relatives aux matières qu’il concerne dans les Etats parties » et notamment le contentieux de
l’exécution comme dans le cas d’espèce (Article 336, Acte Uniforme portant Organisation des
Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution);
Qu’elle rappelle en outre que :« Les Actes Uniformes sont directement
applicables et obligatoires nonobstant toute disposition contraire en droit interne, ANTERIEURE
OU POSTERIEURE » (Article 10, Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique
(OHADA), fait à Port Louis, le 17 octobre 1993 et modifié par le Traité de Québec du 17 octobre
2008) ;
Que dans ce contexte et tirant avantage de la hiérarchie des normes juridiques qui
classe les Traités et Conventions Internationales avant toute autre considération de droit interne, il
y a lieu de se convaincre que seul l’article 49 de l’Acte Uniforme OHADA organisant les procédures
simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution s’applique aux difficultés d’exécution d’un titre
exécutoire ;
Que de par cet arsenal juridique, il faut entendre que le Président du Tribunal de
Première Instance institué comme Juge de l’urgence par le droit national est le seul compétent en
cas de contestation relative à une exécution forcée ;
Qu’en saisissant le Président du Tribunal de Grande Instance de la connaissance
par Assignation en annulation, en mainlevée et en distraction des biens saisis, la partie adverse a

108
violé les dispositions des articles 49 et 336 de l’Acte uniforme portant organisation des Procédures
Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution, de même que les articles 10 et 13 du Traité
OHADA suscités ensemble l’Avis évoqué et la Jurisprudence de la CCJA qui s’impose aux
juridictions inférieures des Etats parties ;
Que les justiciables ont une foi ardente en la justice et croit sans réserves que
Monsieur le Président du Tribunal de Grande Instance de la Vina à Ngaoundéré se déclarera
incompétent dans la présente cause ;

Que si par extraordinaire, et, au cas où cette fin de non recevoir ne retiendrait pas
l’attention du Juge de céans, le défendeur se réserve le droit de conclure au fond dans la cause ;

PAR CES MOTIFS


Bien vouloir constater qu’en contestation de la saisie pratiquée sur ses biens
par Me MBOUBA BAKARI, Huissier de Justice à Ngaoundéré à la requête de Sieur XXXXX,
la YYYYY a cru devoir saisir par voie d’Assignation Monsieur le Président du Tribunal de Grande
Instance à Ngaoundéré pour s’entendre déclarer nulle et de nuls effets ladite saisie-vente ;

Bien vouloir constater que cette saisie-vente faisait suite au Commandement


d’exécution du Jugement N°…/CIV du… du Tribunal de Grande Instance de céans statuant en
matière civile et commerciale ;

BIEN VOULOIR DIRE ET JUGER

SUR LE MOYEN UNIQUE TIRE DE L’INCOMPETENCE DU PRESIDENT DU TRIBUNAL DE


GRANDE INSTANCE STATUANT COMME JUGE DU CONTENTIEUX DE L’EXECUTION DES
DECISIONS DE SON TRIBUNAL

Bien vouloir dire et juger qu’aux termes de l’article 13 du Traité relatif à


l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA), fait à Port Louis, le 17 octobre 1993 et
modifié par le Traité de Québec du 17 octobre 2008 : « Le contentieux relatif à l’application des actes
uniformes est réglé en première instance et en appel par les juridictions des Etats-Parties » ;

Bien vouloir dire et juger que pris sous cet angle, l’article 49 de l’Acte Uniforme
OHADA portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies
d’Exécution dispose que : « La juridiction compétente pour statuer sur tout litige ou toute demande
relative à une mesure d’exécution forcée ou à une saisie conservatoire est le président de la
juridiction statuant en matière d’urgence ou le magistrat délégué par lui. Sa décision est susceptible
d'appel dans un délai de quinze jours à compter de son prononcé. Le délai d'appel comme
l'exercice de cette voie de recours n'ont pas un caractère suspensif, sauf décision contraire
spécialement motivée du président de la juridiction compétente. » ;

Bien vouloir dire et juger qu’en se basant sur les dispositions de l’article 49 suscité,
la Haute Juridiction de cassation de l’OHADA, la COUR COMMUNE DE JUSTICE ET
D’ARBITRAGE (CCJA) est constante que « La demande en distraction des objets saisis est une
demande relative à une mesure d’exécution forcée qui relève exclusivement de la compétence du
109
Président de la juridiction statuant en matière d’urgence ou le magistrat délégué par lui » (CCJA, 2ème
ch., Arr. n°043/2013 du 16 Mai 2013, Aff. SOCIMAT C/ M. ROAMBA Tinga, in Code OHADA
2020, P. 768) ;

Bien vouloir dire et juger qu’elle martèle d’avantage que « Seul le Président de la
juridiction statuant en matière d’urgence ou le magistrat délégué par lui demeure compétent pour
connaître d’un litige relatif à l’exécution forcée d’une saisie vente engagée dès la signification d’un
commandement, laquelle exécution ne peut plus être suspendue par une ordonnance de sursis à
exécution » (CCJA, Arrêt n°017/2003 du 09 Octobre 2003, Affaire SIB c/ Complexe Industriel
d’Elévage et de Nutrition Animale dit CIENA, in Code OHADA 2020, p. 768) ;

Bien vouloir dire et juger que la CCJA l’a également illustrée par son Arrêt
N°339/2019 du 19 Décembre 2019 dans l’Affaire CREDIT DU SAHEL C/ SACOP SA lorsqu’il
prescrit que « Le juge de l’article 49 de l’AUPSVRE a, nonobstant toute législation nationale
contraire, compétence préalable pour statuer sur toute contestation relative à une mesure
d’exécution forcée. Aucune loi nationale d’organisation judiciaire ou de procédure civile ne peut
déroger à cette règle impérative de compétence instituée par le législateur OHADA. Ainsi, quelque
soit l’origine du titre exécutoire en vertu duquel l’exécution forcée est poursuivie, les contestations
relatives à ladite exécution relèvent exclusivement de la compétence du Président de la juridiction
statuant en matière d’urgence et en premier ressort ou du magistrat délégué par lui » ;

Bien vouloir dire et juger qu’elle émerge également de son Avis N°0012/99/EP du
13 octobre 1999 qui relevait d’ores et déjà qu’il est du devoir du juge national du fond de priver
d’effet toute disposition de droit interne qui vient en concurrence avec celle du droit uniforme qui,
naturellement, lui est supérieur ;

Bien vouloir dire et juger qu’il ressort de la combinaison de ces énonciations de


la législation communautaire étayée par des Jurisprudences et Avis de la CCJA la création de
compétences nouvelles que les Etats Parties se doivent de greffer à celles déjà existantes dans leurs
arsenaux juridiques respectifs du juge chargé de connaître de l’urgence et des difficultés de mise en
œuvre d’une mesure d’exécution forcée ;

Bien vouloir dire et juger qu’il s’agit là de la consécration de la supranationalité


judiciaire dans le cadre de toutes les affaires, de toutes les causes impliquant l’OHADA ;

Bien vouloir dire et juger qu’en l’espèce, pour contester la saisie-vente pratiquée sur ses
biens et dont le Procès-verbal a été dressé par l’Huissier instrumentaire à la requête de Sieur
XXXXX, la YYYYY a saisi Monsieur le Président du Tribunal de céans, statuant comme Juge du
Contentieux de l’Exécution des Décisions de son Tribunal et certainement sous l’empire de la loi
nationale camerounaise ;

Bien vouloir dire et juger que la loi nationale stipule que : « Le Juge du
Contentieux de l’exécution des décisions judiciaires nationales est le président de la juridiction dont
émane la Décision contestée, statuant en matière d’urgence, ou le magistrat qu’il délègue à cet
effet » (Article 3 (1) de la Loi n° 2007/001 du 19 avril 2007 instituant le juge du contentieux de
l’exécutif et fixant les conditions de l’exécution au Cameroun des décisions judiciaires et actes
publics étrangers ainsi que les sentences arbitrales étrangères) ;
110
Bien vouloir dire et juger qu’au regard de l’Article 49 de l’Acte uniforme OHADA
portant organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution, des
Décisions de la Haute Juridiction de Cassation de l’OHADA, la COUR COMMUNE DE
JUSTICE ET D’ARBITRAGE (CCJA) ensemble son Avis N°0012/99/EP du 13 octobre 1999, sus
cités, l’exercice par Monsieur le Président du Tribunal de Grande Instance des fonctions de juge
du contentieux de l’exécution des Décisions émanant de sa juridiction viole gravement la suprématie
du texte OHADA sur les lois internes ;

Bien vouloir dire et juger que vu sous l’angle de la législation communautaire,


cette vision du fonctionnement de la Justice, ne saurait s’accommoder d’un alourdissement néfaste
que contribue à provoquer à la procédure de recouvrement de créances, les Lois camerounaises en
l’occurrence la Loi n° 2007/001 du 19 avril 2007 instituant le juge du contentieux de l’exécutif et
fixant les conditions de l’exécution au Cameroun des décisions judiciaires et actes publics étrangers
ainsi que les sentences arbitrales étrangères ensemble celle N° 2011/027 du 14 décembre 2011
Modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2006/015 Du 29 décembre 2006 portant
organisation judiciaire ;
Bien vouloir dire et juger que le concluant rappelle que l’Acte Uniforme portant
Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution « abroge toutes
les dispositions relatives aux matières qu’il concerne dans les Etats parties » et notamment le
contentieux de l’exécution comme dans le cas d’espèce (Article 336, Acte Uniforme portant
Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution);
Bien vouloir dire et juger qu’il rappelle en outre que :« Les Actes Uniformes sont
directement applicables et obligatoires nonobstant toute disposition contraire en droit interne,
ANTERIEURE OU POSTERIEURE » (Article 10, Traité relatif à l’harmonisation du droit des
affaires en Afrique (OHADA), fait à Port Louis, le 17 octobre 1993 et modifié par le Traité de
Québec du 17 octobre 2008) ;
Bien vouloir dire et juger que dans ce contexte et tirant avantage de la hiérarchie
des normes juridiques qui classe les Traités et Conventions Internationales avant toute autre
considération de droit interne, il y a lieu de se convaincre que seul l’article 49 de l’Acte Uniforme
OHADA organisant les procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution s’applique
aux difficultés d’exécution d’un titre exécutoire ;
Bien vouloir dire et juger que de par cet arsenal juridique, il faut entendre que le
Président du Tribunal de Première Instance institué comme Juge de l’urgence par le droit national
est le seul compétent en cas de contestation relative à une exécution forcée ;
Bien vouloir dire et juger qu’en saisissant le Président du Tribunal de Grande
Instance de la connaissance par Assignation en annulation en mainlevée et en distraction des biens
saisis, la partie adverse a violé les dispositions des articles 49 et 336 de l’Acte uniforme portant
organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution, de même que
les articles 10 et 13 du Traité OHADA suscités ensemble l’Avis évoqué et la Jurisprudence de la
CCJA qui s’impose aux juridictions inférieures des Etats parties ;

111
Bien vouloir dire et juger qu’il revient à Monsieur le Président du Tribunal de
céans de constater qu’une telle dichotomie constitue une violation de la Hiérarchie des normes
juridiques et se déclarer incompétent à connaître du Contentieux de l’Exécution à lui soumis ;

EN CONSEQUENCE

Vu les articles 10 et 13 du Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en


Afrique (OHADA), fait à Port Louis, le 17 octobre 1993 et modifié par le Traité de Québec du
17 octobre 2008 ;

Vu les articles 49 et 336 de l’Acte uniforme portant organisation des Procédures


Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution ;

Vu l’article 183 du Code de Procédure Civile et Commerciale ;

Vu les Jurisprudences évoquées :

--- CCJA, 2ème ch., Arr. n°043/2013 du 16 Mai 2013, Aff. SOCIMAT C/ M. ROAMBA Tinga , in
Code OHADA 2020 ;

--- CCJA, Arrêt n°017/2003 du 09 Octobre 2003, Affaire SIB c/ Complexe Industriel d’Elévage et
de Nutrition Animale dit CIENA, in Code OHADA 2020 ;

--- Arrêt N°339/2019 du 19 Décembre 2019 dans l’Affaire CREDIT DU SAHEL C/ SACOP SA ;

Vu l’Avis N°0012/99/EP du 13 octobre 1999 selon lequel qu’il est du devoir du juge national du
fond de priver d’effet toute disposition de droit interne qui vient en concurrence avec celle du droit
uniforme qui, naturellement, lui est supérieur ;

Bien vouloir se déclarer incompétent à statuer en matière de Contentieux de l’Exécution


des Décisions du Tribunal de Grande Instance ;

Bien vouloir dire et juger que le défendeur se réserve le droit de conclure au fond, au cas
où par extraordinaire cette fin de non recevoir ne retiendrait pas l’attention du Juge de céans ;

Bien vouloir condamner la YYYYY aux dépens et dont distraction au profit de Me


KASSIYA, Avocat aux offres de droit.

SOUS TOUTES RESERVES

III. Les notes de plaidoiries

A
Monsieur le President du Tribunal de
Première Instance
112
(Chambre Correctionnelle)
Poli
Audience du 25 Mars 2021
NOTES DE PLAIDOIRIES
POUR : A, B, C, D et E………..………………………………………Me KASSIYA

Contre : Y………….………………………………………………………Lui-même

PLAISE AU TRIBUNAL

Vu la plainte de Sieur Y datée du 07 Mai 2019 et enregistrée à la Division Régionale de la Police


Judiciaire (DRPJ) du Nord en date du 10 Mai 2019 ;

Vu le Procès-verbal d’enquête préliminaire du 12 Août 2019 ;

Vu la procédure en cours ;

Attendu qu’à la suite de cette plainte, le Ministère public, par Citation Directe à Parquet, a cru devoir
traduire les prévenus devant le Tribunal de céans pour répondre des faits de coaction de violation de domicile
aggravée ;

Mais attendu que cette action ne saurait emporter la religion du Tribunal de céans pour aboutir à la
condamnation des prévenus ;

Que L’infraction pour laquelle les prévenus ont été traduits le Tribunal de céans ets-elle constituée ?

Qu’un rappel des faits de la cause (I), permettra de se rendre compte que les l’infraction pour laquelle
les prévenus sont poursuivis n’est pas constituée (II).

I-LES FAITS DE LA CAUSE

Attendu que courant Octobre 2018, la prévenue B a eu la vision selon laquelle madame X et dame M
se livraient en permanence à des pratiques de sorcellerie et qui ont été de nature à troubler l’ordre et la tranquillité
publique de la communauté villageoise de XXX ;

Que les enfants de la plaignante et d’autres du même village ont été particulièrement touchés, victimes
de ces pratiques ;
Que sur autorisation du lamido de la localité, elle s’est rendue au domicile en compagnie de ses
progénitures xxxxxx ET xxxxxx pour aller déterrer les âmes des personnes que l’épouse du plaignant la
nommée KONSO a enfouie mystiquement dans le sol et sous le lit ;

Que pour l’exorcisme, elle était munie d’un petit couteau pour lui permettre de creuser le sol et non
pour faire du mal ni au plaignant et encore moins à son épouse, auteur des pratiques de sorcellerie ;

Qu’y étant, la victime, après avoir demandé les raisons de la présence de cette dernière, va lui permettre
d’accéder à ladite chambre ;

Que voyant le nombre des victimes augmenté, le Lamido va dénoncer ces faits au Procureur de la
République près les Tribunaux d’Instance de Poli qui recommandera au Chef traditionnel de demander aux
113
deux dames de donner des potions pour délivrer les âmes humaines enfouies dans leurs domicile respective et
se référer à lui en cas de résistances ;

Que suite à cette instruction du Procureur de la République, le lamido à fait convoquer par devant lui
les nommées X (épouse de la victime) et M pour leur transmettre les ordres de cette autorité ;

Que déferrant à la convocation du chef, seule dame X a accepté l’idée d’aller composer le remède de
délivrance à son domicile ;

Que c’est ainsi que le chef traditionnel a dépêché D pour jouer le rôle d’interprète entre la prévenue B
et l’épouse du plaignant, ceci en compagnie de deux notables de la chefferie, à savoir C et E ;

Qu’à leur arriver sur les lieux, ils seront accueilli par la partie civile et qui leur a permis d’effectuer
leur mission en toute quiétude ;

Attendu qu’il y’a lieu de préciser que les deux dames ont été concomitamment livrées entre les mains de
la justice pour répondre de leurs actes macabres et, courant 2019, le Tribunal de Première Instance de Poli
statuant en matière correctionnelle les avaient déclaré coupable des faits de pratiques de sorcellerie des articles
74 et 251 du Code Pénal et les a condamné à un (1) an d’emprisonnement ferme chacune ;

Que l’épouse condamnée, le requis, sieur ZZ n’a pas cru devoir digérer cette situation, la peine infligée
à son épouse était quant à lui affligeante et infamante et ignoble ;
Que pour traduire son mécontentement, sieur ZZ va à son tour, en date du 10 Mai 2019, déposer
plainte contre les personnes ayant assistées à l’exorcisme, pour, dit-il, coaction violation de domicile aggravée,
d’où la présente procédure.

II-SUR LE CARACTERE NON CONSTITUE DES FAITS DE COACTION DE VIOLATION DE


DOMICILE

Attendu qu’aux termes des dispositions de l’article 299 du Code Pénal : « 1) Est puni d’un
emprisonnement de dix jours à un an et d’une amende de 5 000 à 50 000 francs ou l’une de ces deux peines
seulement celui qui s’introduit ou se maintient dans le domicile d’autrui contre son gré.

2). Les peines sont doublées si l’infraction est commise pendant la nuit ou à l’aide de menace, violences
ou voies de fait » ;

Qu’il transpire de l’économie de cette disposition que constitue une violation de domicile, le fait de
s’introduire ou de se maintenir dans le domicile d’autrui contre son gré ;

Mais attendu que les prévenus ne se sont jamais introduits encore moins se sont maintenus dans le
domicile de la partie civile contre son gré;

Que l’infraction de violation de domicile exige qu’il y’ait opposition du maitre de lieu ;

Que dans le cas d’espèce, la partie civile ne s’est pas opposé à l’intrusion des prévenus, elle les a mêmes
bien accueilli ;

114
Que bien plus ce dernier a contribué à la manifestation de la vérité en permettant aux prévenus
d’accéder à son domicile sans inquiétude ;

Que dans ces conditions l’infraction de violation de domicile ne saurait être caractérisée ;

Attendu qu’aux termes des dispositions de l’article 395 du Code de Procédure Pénale : « 1 a) Lorsque
les faits ne constituent pas une infraction, le Tribunal relaxe le prévenu et se déclare incompétent sur l’action
civile.

b) Il en est de même lorsque la preuve des faits n’a pas été rapportée ou que le fait établi n’est pas
imputable au prévenu » ;

Qu’il echet de déclarer les prévenus non coupable de coaction de violation de domicile aggravée pour
infraction non constituée.

PAR CES MOTIFS

Bien vouloir constater que la partie civile se plaint de violation de domicile aggravée en coaction;

Bien vouloir dire et juger qu’aux termes des dispositions de l’article 299 du Code Pénal : « 1) Est puni
d’un emprisonnement de dix jours à un an et d’une amende de 5 000 à 50 000 francs ou l’une de ces deux
peines seulement celui qui s’introduit ou se maintient dans le domicile d’autrui contre son gré.

2). Les peines sont doublées si l’infraction est commise pendant la nuit ou à l’aide de menace, violences
ou voies de fait » ;

Bien vouloir dire et juger qu’il transpire de l’économie de cette disposition que constitue une violation
de domicile, le fait de s’introduire ou de se maintenir dans le domicile d’autrui contre son gré ;

Bien vouloir dire et juger que les prévenus ne se sont jamais introduits encore moins se sont maintenus
dans le domicile de la partie civile contre son gré ;

Bien vouloir dire et juger que l’infraction de violation de domicile exige qu’il y’ait opposition du maitre
des lieux ;

Bien vouloir dire et juger que dans le cas d’espèce, la partie civile ne s’est pas opposé à l’intrusion des
prévenus, elle les a même très bien accueilli ;

Bien vouloir dire et juger que dans ces conditions l’infraction de violation de domicile ne saurait être
caractérisée ;

Bien vouloir dire et juger qu’aux termes des dispositions de l’article 395 du Code de Procédure Pénale :
« 1 a) Lorsque les faits ne constituent pas une infraction, le Tribunal relaxe le prévenu et se déclare incompétent
sur l’action civile.

b) Il en est de même lorsque la preuve des faits n’a pas été rapportée ou que le fait établi n’est pas
imputable au prévenu » ;

Bien vouloir en conséquence déclarer les prévenus non coupables de coaction de violation de domicile
aggravée et les en relaxer pour infraction non constituée ;
115
Bien vouloir mettre les dépens à la charge du Trésor Public.

Sous Toutes Réserves

Section II : Les actes de procédure permettant de prendre position devant les juridictions supérieures : Les
Mémoires

I. Le mémoire en réponse, en réplique ou en duplique


Il intervient en réponse à une requête déposée contre l’auteur du mémoire ou en réponse à un mémoire
ampliatif. Le Greffe porte la requête à la connaissance de la partie adverse. Celle-ci dispose d’un délai pour
déposer un mémoire en réponse dans lequel elle peut contester la recevabilité du recours et défendre la
régularité de la décision.

MEMOIRE EN REPONSE

A
Monsieur le Premier Président
De la Cour Suprême du Cameroun
(Chambre Judiciaire Section pénale)
--YAOUNDE--
MEMOIRE EN REPONSE
Pour : XXX….………………………………………………...………Me KASSIYA
Contre : A, B, C……………………………………………………….……xxxxxxx
PLAISE A LA COUR SUPREME
Vu l’Arrêt n° /COR rendu le 23 mai 2019 par la Cour d’Appel de l’Adamaoua à Ngaoundéré ;
Vu le pourvoi formé contre cet Arrêt ;
Vu les Mémoires Ampliatifs des différents Conseils de la partie adverse déposé au niveau de la Cour
Suprême

Vu la Notification Mémoire Ampliatif du 25 janvier 2021 déclarant à Sieur XXX qu’il disposait de 30
jours à compter du lendemain de cette notification, pour adresser au greffe de la Cour Suprême, un
Mémoire en réponse ;
Attendu qu’il ressort de leurs Mémoires respectifs que l’Arrêt n° /COR rendu le 23 mai 2019 par
la Cour d’Appel de l’Adamaoua soit cassé et annulé au motif qu’il aurait violé plusieurs dispositions
légales ;

116
Qu’en effet, au soutien de leurs prétentions, ils soulèvent le fait que le véritable bénéficiaire des
dommages et intérêts serait la S et Sieur XXX ne saurait être le bénéficiaire de ces dommages et intérêts
car il n’est que le Gérant de cette société ;
Qu’en outre, ils ont expliqué, chacun en des mots différents, qu’étant donné que le Groupe AK n’a
pas été cité en Instance et en Appel, il ne pouvait être civilement responsable ;
Qu’ils ont poursuivis en chœur que l’Arrêt contesté n’a été pas suffisamment motivé en droit et en
fait comme cela est prévu à l’article 7 de la loi de 2006/015 du 29 décembre 2006 portant Organisation
Judiciaire ;
Mais attendu que de telles prétentions ne peuvent juridiquement prospérer en ce que l’analyse de
l’Arrêt contesté permet de constater que toutes les parties d’une Décision judiciaire tel que prescrit par
l’article 7 de la Loi de 2006 ont été respectées (I), que l’attribution des dommages et intérêts à Sieur XXX
par la Cour d’Appel est justifiée (II) et également qu’il est justifié d’appeler le Groupe AK à payer ces
dommages et intérêts en tant que civilement responsable (III) ;
I- SUR LE CARACTERE SUFFISANT DES MOTIFS DE L’ARRÊT N°48/COR DU 23
MAI 2019 RELATIF A LA CULPABILITE DES PREVENUS
Attendu qu’il est fait grief à l’Arrêt querellé qu’il n’a pas suffisamment motivé sa décision quant à
la déclaration de culpabilité des prévenus ;
Mais attendu que les Juges d’Appel se sont appuyés sur des preuves concrètes et convaincantes
produites au cours des débats leur permettant d’asseoir leur intime conviction ;
Que mieux, l’article 310 alinéas 1 et 3 du Code de Procédure civile prévoient que « Le juge décide
d’après la loi et son intime conviction…Elle ne peut être fondée que sur les preuves administrées au
cours des débats » ;
Qu’il ressort de l’Arrêt querellé que le Juge d’Appel a tenu compte des preuves apportées pour
fonder sa Décision ;
Que l’arrêt querellé a bel et bien respecté les dispositions de l’articles 389 alinéa 3 du code de
procédure pénale qui énonce que : « la partie du Jugement appelée « motifs » énonce les raisons de fait
et de droit qui servent de base au jugement. Elle porte sur l’action publique, et le cas échéant sur l’action
civile » ;
Que l’analyse de cet Arrêt nous montre à suffisances les motifs justifiant la position des juges De
fond qui ont connu cette affaire ;
Qu’il échet de déclarer cet Arrêt conforme au canevas imposé par la procédure et de le confirmer dans
toutes ses dispositions

II- SUR LE BENEFICIAIRE DES DOMMAGES ET INTERÊTS ATTRIBUES PAR LA


COUR D’APPEL

Attendu qu’il est fait grief à l’Arrêt querellé que Sieur XXX ne saurait être bénéficiaire des
dommages et intérêts étant entendu que seule la S s’est constituée partie civile ;

117
Attendu que Sieur XXX est le Promoteur, Associé unique et Gérant de la S ;
Qu’à travers ce titre, il représente civilement et juridiquement ladite société car il agit en son nom
et pour son propre compte ;
Que c’est d’ailleurs ce qui ressort des dispositions de l’article 329 alinéa premier de l’Acte
Uniforme sur le Droit des Sociétés Commerciales selon lesquelles « Dans les rapports avec les tiers, le
gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société, sous
réserve des pouvoirs que le présent Acte uniforme attribue expressément aux associés » ;
Que c’est à juste cause que c’est le nom de son représentant légal, en l’occurrence Sieur XXX, qui
apparaissent sur la Décision des juges de fond ;
Qu’en tout état de cause, la Cour Suprême appliquera la loi telle que précitée au cas d’espèce ;
Qu’il y a lieu de dire que l’exposant, Sieur XXX, est fondé à recevoir les dommages et intérêts au
nom de la société qu’il représente ;
Qu’il échet de rejeter les prétentions de la partie adverse et confirmer l’Arrêt entrepris dans toutes
ses dispositions ;
III- SUR LA QUALITE DE CIVILEMENT RESPONSABLE DU GROUPE AK
Attendu que Sieurs A et B, prévenus condamnés par l’Arrêt contesté, sont des préposés ou
employés du groupe AK tel qu’ils l’ont eux-mêmes affirmé au cours des débats en application de l’article
322 alinéa 2 du Code de Procédure Pénale;
Que c’est dans le cadre de l’exécution de leurs missions pour le compte dudit Groupe qu’ils ont
causé le dommage pour la réparation duquel ils ont été condamnés ;
Que conformément à l’article 353 du Code de Procédure Pénale « La partie civile, le civilement
responsable et l’assureur peuvent se faire représenter. Dans ce cas, le jugement à intervenir est
contradictoire à leur égard » ;
Qu’il ressort même de l’Arrêt attaqué que le civilement responsable a été représenté valablement
par son conseil ;
Que c’est pourquoi l’Arrêt a été rendu contradictoire à leur encontre ;
Que sous l’empire de ces textes légaux, c’est à tort que le Groupe AK qui est civilement
responsable, veuille se soustraire à cette responsabilité qui lui incombe de répondre civilement des actes
posés par ses employés dans l’exercice de leur fonction ;
Qu’il y a lieu de rejeter les prétentions de la partie adverse sur la question ;
Qu’il échet de confirmer l’arrêt querellé dans toutes ses dispositions ;
PAR CES MOTIFS

EN LA FORME

Recevoir le présent mémoire en défense comme fait dans les formes et les délais légaux ;

AU FONDS

Vu l’ l’article 310 alinéas 1 et 3 du Code de Procédure civile ;


118
Vu l’article 389 alinéa 3 du code de procédure pénale ;

Vu l’article 329 alinéa premier de l’Acte Uniforme sur le Droit des Sociétés Commerciales ;

Vu l’article 322 alinéa 2 du Code de Procédure Pénale;

Vu enfin l’article 353 du Code de Procédure Pénale ;

Bien vouloir rejeter les prétentions de la partie adverse comme non fondées

Bien vouloir confirmer l’Arrêt n° /COR du 23 mai 2019 rendu la Cour d’Appel de
l’Adamaoua statuant en matière correctionnelle dans toutes ses dispositions;

SOUS TOUTES RESERVES

II. Le Mémoire en défense


A
Monsieur le Premier Président
De la Cour Suprême du Cameroun
Chambre Administrative
(Section du Contentieux de l’annulation
et des questions diverses)
--YAOUNDE--

MEMOIRE EN DEFENSE

Pour : X………………………..…..….…………………………………Me KASSIYA


Contre : Y……………………………………………..……….xxxxxxxxxxxxxxxx
PLAISE A LA COUR SUPREME
Vu le pourvoi formé par Y en date du 1er octobre 2020 contre le jugement n° …./TA/2020 rendu en date
du 28 juillet 2020 par le Tribunal Administratif de Ngaoundéré;
Vu son Mémoire Ampliatif de la partie adverse déposé au niveau de la Cour au niveau de la Cour Suprême
le 06 Novembre 2020 ;
Attendu qu’il sollicite de la Cour d’une part l’annulation du jugement susvisé, au motif qu’il aurait violé
la loi et d’autre part la régularisation de la Décision n° /H/SCG/CAB du 09 novembre 2018 portant
affectation du défendeur au pourvoi en complément d’effectif au Centre de Santé Intégré de K ;
Mais attendu que de telles prétentions ne peuvent juridiquement prospérer dans ce cas, en ce qu’il
reste établi que la décision n° /H/SDG/CAB du 09 novembre 2018 est manifestement illégale car prise
en violation de l’article 130 alinéa 2 et 6a du Code du Travail camerounais (I), et par conséquence cette
décision du Gouverneur de l’Adamoua ne pouvait qu’être annulée par le Juge Administratif en vertu de
l’obligation du respect de la légalité par les décisions administratives(II) ;
I.SUR LE CARACTERE IRREGULIER ET ILLEGAL DE LA DECISION N° /H/SDG/CAB
du 09 novembre 2018
119
Attendu que les alinéas 2 et 6(a) de l’article 130 de la loi n°92/007 du 14 août 1992 portant Code
du Travail énoncent successivement que : « L’inspecteur du travail doit, après enquête contradictoire
s’assurer que le licenciement envisagé n’est pas motivé par les activités du délégué du personnel dans
l’exercice de son mandat » « Les dispositions ci-dessus sont applicables aux délégués du personnel pour
lesquels est envisagée une mutation mettant dans l’impossibilité d’exercer leur mandat dans leur
établissement d’origine, sauf accord des intéressés devant l’inspecteur du travail »;
Qu’il ressort clairement de l’analyse des faits que l’administration du travail s’est refusée à tort
d’effectuer une enquête contradictoire préalable à cette décision de Y afin de se rendre compte elle-même
de la réalité du contexte dans lequel intervient la demande de mutation déposée par le Directeur de l’Hôpital
à leur service ;
Qu’en outre, il demeure constant et avéré que Sieur X n’a pas donné son accord devant l’Inspecteur
du Travail pour autoriser cette mutation ;
Qu’il apparait clairement que cette Décision n’a pas respecté le principe de la légalité des Décisions
administratives ;
Que ce principe a d’ailleurs été clairement énoncé et rappelé par la Chambre administrative de la
Cour Suprême par le Jugement n°62 du 25 septembre 1980 dans l’affaire Société Assureurs Conseil
Franco-Africains C/ Etat du Cameroun dont l’attendu mérite d’être cité ici « Attendu que…les actes
administratifs sont soumis au principe de la légalité… Que ce principe signifie que l’acte administratif doit
respecter les lois formelles et cela, du reste, en deux points de vue : d’une part, il ne doit pas enfreindre
une disposition de la loi, d’autre part, il doit s’appuyer sur la loi, c’est-à-dire que l’autorité administrative
qui l’édicte doit en avoir reçu de la loi compétence ….» (in Les grandes décisions annotées de la juridiction
administrative du Cameroun, 1ère éd. 2017, sous la Direction de Célestin KEUTCHA TCHAPNGA, p.182,
pièce n°1);
Qu’il s’agit incontestablement, dans le cas d’espèce, d’une décision administrative non seulement
irrégulière mais surtout illégale ;
Qu’il est donc constant que les prétentions de la partie adverse ne sont que des manœuvres dilatoires
sans aucun fondement juridique ;
Que c’est d’ailleurs pourquoi cette Décision ne pouvait que subir une annulation de la part du Juge
Administratif qui est le gardien de cette légalité;
Qu’en tout état de cause la jurisprudence appliquera sa jurisprudence au cas d’espèce ;
Qu’il y a lieu de dire que Y n’est pas fondée dans son pourvoi et confirmer le jugement entrepris
sur ce point ;
II.SUR LA LEGITIME ANNULATION DE LA DECISION CONTESTEE ET LA NECCESSITE
D’OCTROYER LES DOMMAGES ET INTERETS
Attendu que selon l’article 15 alinéa 2 de la Loi n°2006/022 du 29 décembre 2006 fixant
l’Organisation et le Fonctionnement des Tribunaux Administratifs, « Le tribunal administratif du siège de
l’autorité ayant pris la décision attaquée, est également compétent pour connaître de l’action en indemnité
imputable à la décision querellée, ainsi que des recours en interprétation et appréciation de la légalité de
l’acte litigieux intervenant sur renvoi de l’autorité judiciaire » ;

120
Que dans le cas d’espèce le juge administratif a été saisi pour apprécier la légalité de la Décision
n° /H/SDG/CAB du 09 novembre 2018 portant affectation de l’exposant en complément d’effectif au
Centre de Santé Intégré de K et octroyer des dommages et intérêts à Sieur X pour le préjudice subi du fait
de cette Décision ;
Que c’est ainsi que le juge administratif agissant en exécution de la loi précitée et de l’article 130
alinéas 2 et 6 (a) du code du travail s’est vu contraint d’annuler cette décision manifestement illégale en
vertu de son rôle de « garant de la légalité de l’action administrative » ;
Que pour l’indemnisation de l’exposant le premier juge l’a trouvée non justifiée et l’a rejetée ;
Qu’il convient de relever toutefois, à la lecture de l’article15 alinéa 2 précité, que c’est à tort que le
premier juge a estimé la demande en dommages et intérêts de X n’est pas justifiée et l’a maladroitement
rejetée ;
Que pourtant pour la même affaire le juge a octroyé une indemnisation de 1 500 000 francs CFA à
Sieur MONTHE Thierry pourtant plaignant dans la même affaire et pour les mêmes motifs que
l’exposant comme le montre l’Extrait du Plumitif de l’audience du 08 décembre 2020 (pièce n°2) ;
Que la jurisprudence est restée constante sur le point qu’ : «il appartient à l’autorité administrative
de s’entourer de toutes les garanties légales à l’effet d’assurer à la décision qu’elle prend une espérance de
la vie longue dans le paysage juridique. La violation de l’une quelconque de ces garanties ne
pouvant…qu’entraîner la sanction du droit, que les juridictions ont principalement la lourde charge » (voir
jugement N°75 rendu le 30 juin 2004, Affaire AMENCHI Martin c/ Etat du Cameroun, in Les grandes
décisions annotées de la juridiction administrative du Cameroun, 1ère éd. 2017, sous la Direction de Célestin
KEUTCHA TCHAPNGA, p.182, Pièce n°3),
Qu’il apparaît irrévocable toujours pour la jurisprudence que « toute décision administrative doit
avoir des empreintes de légalité (qui permettent) à la chambre administrative d’exercer son contrôle sur la
légalité de cette décision. Qu’il en résulte qu’une décision administrative intervenue en violation des
dispositions légales et règlementaires est entachée d’irrégularité et encourt annulation » (voir CS. CA,
Jugement n°39 du 30 août 2001 dans l’affaire Organisation Nationale de l’Enseignement Privé Islamique
du Cameroun (ONEPI), in Les grandes décisions annotées de la juridiction administrative du Cameroun,
1ère éd. 2017, sous la Direction de Célestin KEUTCHA TCHAPNGA, p.183, pièce n°4) ;
Que la Cour Suprême ne tergiversera pas à appliquer également sa jurisprudence dans le cas
d’espèce ;
Qu’il échet de rejeter les prétentions de Y et de confirmer partiellement le jugement entrepris ;
Qu’il y a lieu d’infirmer le jugement intervenu sur le point de l’indemnisation de l’exposant et de
lui allouer des dommages et intérêts ;
PAR CES MOTIFS
EN LA FORME
Recevoir le présent mémoire en défense comme fait dans les formes et les délais légaux ;

AU FONDS

121
Vu la loi (article 130 alinéas 2 et 6 (a) du Code du Travail, article 15 alinéa 2 de la Loi
n°2006/022 du 29 décembre 2006 fixant organisation et fonctionnement de Tribunaux
Administratifs) ;

Vu la jurisprudence (CS Jugement n°62 du 25 septembre 1980 Affaire Société Assureurs


Conseil Franco-Africains C/ Etat du Cameroun, CS Jugement n°75 rendu le 30 juin 2004 Affaire
AMENCHI Martin c/ Etat du Cameroun, CS CA Jugement n°39 du 30 août 2001 Affaire Organisation
Nationale de l‘Enseignement Privé Islamique du Cameroun ONEPI) ;

Bien vouloir constater que la décision régionale n° /DR/SDG/CAB du 09 novembre 2018


portant affectation de l’exposant en complément au Centre de Santé Intégré de K nulle ;

Confirmer le Jugement n° /TA/2020 rendu le 27 mars 2019 par le Tribunal Administratif


de Ngaoundéré qui n’a fait que sanctionner une décision administrative manifestement illégale ;

EVOQUANT ET STATUANT A NOUVEAU

Infirmer le Jugement intervenu sur la demande en indemnisation de Sieur X et lui allouer


des dommages et intérêts d’un montant de 20 000 000 FCFA comme initialement sollicité dans le
Recours Gracieux Préalable ensemble le Recours Contentieux ;

Condamner le demandeur au pourvoi aux entiers dépens et dont distraction au profit de Me


KASSIYA, Avocat aux offres de droit.

PJ : Bordereau de pièces (jurisprudences citées dans le présent Mémoire)

SOUS TOUTES RESERVES

122

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