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L’ordre social est-il troublé par une infraction qui est commise ? Dans l’affirmation, il
faut punir le coupable. Pour aboutir à la sanction, à la peine légale, il faut connaître la
procédure à suivre. De même, le titulaire d’un droit subjectif qui se trouve lésé dans son droit et
qui veut obtenir la réparation du préjudice subi doit savoir comment procéder pour y aboutir.
Nous pouvons donc dire, que le droit judiciaire est la voie nécessaire et obligatoire par
laquelle doit passer, celui qui veut obtenir justice. Sans l’existence du droit judiciaire, la justice
ne peut être rendue à moins évidemment d’admettre le système archaïque et anarchique du
recours à la vengeance privée. Le droit judiciaire est donc le canal d’expression de toutes
contestations qui nait au sein de la société.
Généralement, il est admis que le droit judiciaire se subdivise en deux branches, d’une
part la procédure pénale et, d’autre part, la procédure civile.
1
H. SOLUS, R. PERROT, Droit Judiciaire Privé, T.1, Paris, Sirey, 1961, p.4.
1
La procédure pénale ou le droit pénal de forme, étudie l’ensemble des règles sur la
recherche de l’infraction, la poursuite et la condamnation du délinquant ;
La procédure civile étudie, quant à elle, l’ensemble des règles permettant à un
titulaire de droit lésé d’obtenir, soit le rétablissement de son droit, soit la réparation du
préjudice que lui cause la dépossession de son droit.
Nous pensons pour notre part, qu’en plus de ces deux grandes branches du droit
judiciaire, il faut encore ajouter : « l’organisation et la compétence judiciaires », qui est
l’objet du présent cours. Il s’agit de l’étude des principes d’organisation et de fonctionnement
des services judiciaires et des services de la justice. Nous dirons, que c’est l’étude des
structures tant matérielles qu’humaines sur lesquelles est bâtie la justice en République
démocratique du Congo.
Par source, l’on entend, l’ensemble des procédés par lesquels les règles de droit
naissent. Le droit judiciaire a plusieurs sources. Elles sont constitutionnelles, internationales,
légales, réglementaires, coutumières, etc..
La lecture de l’art. 215 de la Constitution du 18/02/2006 telle que modifiée par la loi
du 20 janvier 2011 révèle que, les traités et accords internationaux régulièrement ratifiés ont
une autorité supérieure à celle des lois, à la condition qu’ils soient également appliqués par
2
A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome I, le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaires,
Kinshasa-Universisté Lovanium-Bruxelles, Maison Ferdinand Larcier S.A., 1970 n°24.
3
Art.149 al. 1. de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011 portant révision
de certains articles de la constitution.
4
Article 20 de la constitution du 18 février 2006.
5
Art.19, in fine de la Constitution du 18 février 2006.
6
Art.21. al.1 de la Constitution du 18 février 2006.
7
Art. 20. al.1 de la Constitution du 18 février 2006.
8
Art. 17, in fine de la Constitution du 18 février 2006.
2
l’autre partie. Et l’article 153 alinéa 3, fait application aux juges civils et militaires d’appliquer,
les traités et accords régulièrement signés, les lois, les actes règlementaires, la coutume pour
autant qu’elle ne soit pas contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Ainsi par exemple, les
traités conclus en matière d’extradition et d’exécution des commissions rogatoires, d’arbitrage
et d’exécution des jugements et actes, peuvent avoir une incidence remarquable sur
l’organisation et le fonctionnement de la justice.
En tant qu’actes relevant du pouvoir législatif, la loi est une source importante du droit
judiciaire. Selon la matière qu’elle vise, la loi peut être organique ou ordinaire. Actuellement, il
y a plusieurs lois ordinaires et lois organiques relatives à l’organisation de la justice en RDC.
On peut à titre illustratif citer :
- la loi organique n°13/11-B du 11 avril 2013 relative à l’organisation, au
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire
- la loi organique n° 13/012 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour
de cassation ;
- La loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
La constitution du 18 février 2006 dispose en son article 129 que le gouvernement
peut, pour l’exécution urgente de son programme d’action, demander à l’assemblée nationale
ou au sénat de prendre par ordonnances lois, pendant un délai limité et sur des matières
déterminées, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. C’est cette catégorie
d’actes qu’on appelle acte ayant force de loi.
Les actes ayant force de loi se rapportent également au domaine judiciaire. Nous
pouvons citer, l’ancien code d’organisation et de compétence judiciaire du 31 mars 1982 ;
l’ordonnance-loi relative à la procédure devant la Cour suprême de justice de la même date.
Cette ordonnance n’est en vigueur à ce jour, qu’en ce qui concerne les dispositions relatives à
la matière administrative, ce en attendant l’adoption de la loi sur les juridictions de l’ordre
administratif et l’organisation et le fonctionnement du Conseil d’Etat.
9
Art. 79 alinéa 3 de la Constitution du 18 février 2006.
10
Art. 87 in fine de la Constitution du 18 février 2006
3
E. Le pouvoir réglementaire du 1er Ministre
Statuant par voie de décret12, le Premier Ministre peut obtenir de par la loi certaines
prérogatives qui rentrent dans le domaine de la justice. Au regard du régime politique consacré
par la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée, le pouvoir réglementaire est exercé
par le premier ministre sous réserve des prérogatives dévolues au président de la épublique13.
On peut citer notamment :
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal pour enfant14 ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal de paix15 ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal de grande
16
instance ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort de la cour d’appel17.
Outre ces divers pouvoirs, il sied de mentionner l’autorité que le Ministre de la justice
exerce sur le parquet. Mais, ce pouvoir était mis en cause par la constitution du 18 février 2006.
En effet, aux termes de l’article 149, al.2 une problématique sur l’appartenance du parquet au
pouvoir judiciaire lequel est indépendant du pouvoir exécutif et législatif, a vu le jour. L’article
149 al.1 disposait : « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir
11
Art 87in fine de la Constitution du 18 février 2006.
12
Art. 92, al.2, constitution du 18 février 2006
13
Art. 92 alinéa 1 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011.
14
Art. 84, loi portant protection de l’enfant
15
Art. 7, al.3, loi organique de 2013 sur l’OCJ
16
Art. 14, al. 2, idem
17
Art. 19, al.2, ibidem
18
Art. 46, al.1, loi organique de 2013 sur OCJ.
19
Art. 86, loi portant protection de l’enfant
20
Art. 85, idem
21
Art. 5, al.2, loi organique de 2013 sur l’OCJ
22
Arrêté interministériel n°213/CAB/MIN/J/2009 et n°253/CAB/MIN/FINANCES/2009 du 23 décembre 2009
23
Arrêté interministériel n°25/CAB/MIN/R.I-J& GS FIN/98 du 14 décembre 1998
4
exécutif. Il est dévolu aux Cours et Tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de
cassation, le Conseil d’Etat, la Haute Cour militaire, les cours et tribunaux civils et militaires
ainsi que les parquets rattachés à ces juridictions…».
Pourtant, il faut relever que la nature des attributs du ministère public emmène ce
dernier à se situer plus près du pouvoir exécutif que du pouvoir judiciaire. En effet, le ministère
public veille au respect des actes législatifs et réglementaires censés être exécutés par
l’administration, qui relève du pouvoir exécutif. A ce titre, il remplit les mêmes fonctions qu’un
fonctionnaire de l’Etat. En outre, en vue de l’exécution des décisions judiciaires dont il est
chargé par la loi, le ministère public doit recourir aux unités de la force publique, qui relèvent
également du pouvoir exécutif. Ainsi, aussi bien en amont qu’en aval, les fonctions du
ministère public le mettent en rapport plus direct avec le pouvoir exécutif.
Mais depuis la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de
la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, dont l'article 149
introduit un amendement qui consiste en la suppression du Parquet dans l'énumération des
titulaires du pouvoir judiciaire. Celui-ci est dévolu aux seuls cours et tribunaux. Cet
amendement remet ainsi en harmonie l'article 149 avec les articles 150 et 151 qui proclament
l'indépendance du seul magistrat du siège dans sa mission de dire le droit ainsi que son
inamovibilité24.
De ce qui précède, on peut affirmer que, tout en étant séparés, les pouvoirs
institutionnels ne sont pas pour autant isolés les uns des autres. Le ministre de la Justice
conserve son pouvoir d’injonction à l’égard du ministère public sans que ce pouvoir ne se
transforme en un droit de veto, de telle sorte que, la parole étant libre, le magistrat du parquet
continue à jouir pleinement de son pouvoir d’appréciation pouvant aboutir, le cas échéant, à la
relaxation, au classement sans suite ou à l’acquittement de la personne poursuivie.
L’autorité du Ministre de la justice se limite à ordonner les poursuites, à donner
l'impulsion aux poursuites et à exercer un droit de regard sur les officiers du ministère public
sans porter préjudice au pouvoir du Conseil supérieur de la magistrature en matière
disciplinaire.
24
Exposé des motifs de la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la constitution du
18 février 2006.
25
R. KAMIDI OFIT, Le système judiciaire congolais : organisation et compétence, Kinshasa, éd. Fito, 1999, p.18.
5
magistrat.
Le dédoublement fonctionnel tire sa source du droit public. Il désigne le fait pour une
autorité publique d’agir au nom de deux personnes publiques différentes26. C’est le cas du
gouverneur qui agit tantôt au nom de sa province, tantôt au nom de l’Etat. Transposé au
domaine judiciaire, ce concept s’applique au magistrat président de juridiction qui exerce les
fonctions administratives et judiciaires bien que dans les deux cas il serve un seul maître, l’Etat,
qui est son commettant.
En effet, les deux fonctions ne s’excluent et ne sont pas incompatibles, mais
complémentaires27. Les présidents de juridiction en font une application pratique.
Le Premier président de la Cour de cassation est chargé de l’administration de la Cour.
Il fixe par ordonnance le règlement d’ordre intérieur de cette juridiction28.
Le Premier président de la Cour d’appel est chargé de la répartition des services
internes de cette juridiction. Il a en outre la responsabilité de réglementer les services d’ordre
intérieur des juridictions inférieures29.
Le président du Tribunal de grande instance est chargé de la répartition des services
internes de sa juridiction30.
Le Président du Tribunal de paix est également chargé de la répartition des services de
sa juridiction31.
H. La coutume
La coutume est une règle de droit qui se dégage lentement et spontanément des faits et
des pratiques habituellement suivi dans un milieu social donné, qui devient obligatoire
indépendamment de toute intervention expresse ou approbation même tacite, du législateur32.
‘Les contestations peuvent être tranchées suivant la coutume, et ce, tant devant les
tribunaux coutumiers que devant les juridictions de droit écrit. En ce cas, les cours et tribunaux
l’appliquent pour autant qu’elle soit conforme aux lois, à l’ordre public et aux bonnes
mœurs’33.
Les articles 10, 110, 118 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ prévoient que si une
contestation doit être tranchée suivant la coutume, celles-ci s’applique [pour autant qu'elle soit
conforme aux lois et à l'ordre public]. Les cours et tribunaux s'inspirent des principes généraux
du droit qui, comme les autres sources du droit judiciaire, suppléent au silence de la loi dans
les matières judiciaires.
Les articles 17 et 77 du code de procédure pénale permettent respectivement à
l’officier du ministère public et au juge d’imposer au témoin une forme de serment dont
l’emploi, d’après les coutumes locales, paraît le plus propre à garantir la sincérité de la
déposition. Devant les juridictions coutumières, la procédure applicable est certes fixée par la
loi, mais les règles procédurales coutumières s’appliquent également dans la mesure où elles ne
sont pas contraires à l’ordre public.
26
S. GUINCHARD et alii, op. cit., p.276.
27
L. YUMA BIABA, Manuel de Droit administratif général, Kinshasa, éd. CEDI, 2012, pp. 21-22.
28
Art. 26, loi organique n°13/011-B, précitée.
29
Art. 21, idem.
30
Art. 18, idem.
31
Art. 11, loi organique n°13/011-B, précitée.
32
M. FONTAINE, Principes & techniques du Droit, T.1, Droit civil et Droit commercial, Paris, Foucher, 1986
33
Art. 153 al.4 de la constitution du 18 février 2006, art.118, loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013, précité
6
I. Les principes généraux du droit
Les principes généraux sont des principes directeurs qui servent de guide voire même
de source du droit en cas de silence de la loi.
La base légale des principes généraux du droit est l’art. 1 de l’ordonnance de
l’Administrateur Général du Congo, du 14 mai 1886 approuvée par le décret du 12 novembre
1886.
Cet article dispose : « Quand la matière n’est pas prévue par un décret, un arrêté ou
une ordonnance déjà promulguée, les contestations qui sont de la compétence des tribunaux du
Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes généraux du droit et
l’équité »34.
Cette disposition demeure d’application aujourd’hui. A l’époque coloniale, s’était
établie une opinion selon laquelle, par principes généraux du droit, il fallait entendre
« principes généraux du droit belge » ; cette interprétation ne peut être de mise depuis
l’indépendance de la R.D.C.
La loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose : « Si une contestation doit
être tranchée suivant la coutume, les Cours et tribunaux appliquent celle-ci, pour autant qu'elle
soit conforme aux lois, à l'ordre public et aux bonnes mœurs.
En cas d'absence de coutume ou lorsque celle-ci n'est pas conforme aux lois, à
l'ordre public et aux bonnes mœurs, les Gours et tribunaux s'inspirent des
principes généraux du droit »35.
Souvent, les principes généraux du droit sont contenus dans les adages. Exemples de
quelques principes généraux du droit :
- Le pénal tient le civil en état ;
- In dubio pro reo (le doute doit profiter au prévenu) ;
- Nul n’est censé ignorer la loi ;
- Electa una via, non datur recursus ad alteram;
- Actori incumbit probatio.
J. L’équité
K. La jurisprudence
34
Voir Pierre PIRON et Jacques DEVOS, code civil, préliminaire in codes et lois du Congo-Belge, Tome I, matière
civile, commerciales et pénales, Bruxelles, Larcier, 1960, p.49.
35
Article 118, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
36
Emile Lamy, Le droit privé zaïrois, Kinshasa, 1975 p.118.
37
Raymond GUILLIEN et Jean Vincent, Lexique de termes juridiques, Dalloz, 6ème éd, 1985.
7
La jurisprudence peut revêtir plusieurs épithètes38 :
- elle est constante lorsqu’elle acquiert une certaine permanence par le fait conjuguer
de la répétition et de la confirmation par les juridictions supérieures (Cours d’Appel et Cour de
cassation) ;
- elle est constante et définitive lorsque la Cour de cassation agissant en cassation est
intervenue pour départager des jurisprudences diverses ;
- l’on parle aussi de jurisprudence « ancienne » en raison de sa vétusté ;
- la jurisprudence est dite récente, lorsqu’elle est encore hésitante et mal établie ;
- l’on parle également de jurisprudence isolée, lorsqu’elle va dans le sens contraire
de la jurisprudence habituelle ; ou encore la signale alors par la référence « contra » ;
- l’on dit aussi que la jurisprudence est partagée, incertaine ou flottante lorsque les
tribunaux tranchent différemment une question de droit.
Il y a lieu de noter qu’un seul arrêt de cassation peut fixer d’une manière constante et
définitive la jurisprudence surtout lorsqu’il s’agit d’un arrêt de principe.
La jurisprudence peut être source de droit judiciaire à la condition qu’elle soit
constante car, en ce cas, elle fait partie du droit et l’on ne peut pas s’en écarter sans mettre en
cause la sécurité juridique qui est un facteur du maintien de l’ordre et de la paix sociale.
Notons que, la jurisprudence permet d’admettre en droit les pratiques judiciaires, les
principes généraux du droit et l’équité.
L. La doctrine
M. Les usages
38
E. LAMY, Op. cit., p.124
39
Lire à ce sujet Emile LAMY, op.cit., p.131, n°81.
40
A. RUBBENS, Le Droit Judiciaire Congolais, Tome I. Le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaires,
Bruxelles, Larcier, 1970, p. 41.
8
5. L’INTERPRETATION DES LOIS DE PROCEDURE
Nous utilisons l’expression lois de procédure dans un sens large. Ce sens permet d’y
inclure les règles d’organisation et de compétence judiciaires.
Le droit judiciaire est soumis à une stricte interprétation, les juges ne peuvent se
permettre de se livrer à une interprétation analogique ou à une large interprétation des textes de
lois organisant le droit judiciaire. Toutefois, les règles de procédure pénale peuvent faire l’objet
d’interprétation extensive en faveur du justiciable41.
En aucun cas, le silence de la loi ne peut servir de prétexte pour ne pas dire le droit, ce
serait s’exposer à commettre un déni de justice, car, nous avons déjà vu qu’en cas de silence de
la loi, les juges recourent à la coutume, aux principes généraux du droit ou à l’équité.
41
A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome III, l’instruction criminelle et la procédure pénale, Bruxelles-
Kinshasa 1965, n°8, p. 36.
42
A. RUBBENS, op.cit., Tome I n° 29B ; Jean Vincent et Serge GUINCHARD, Procédure civile, 22ème éd., Dalloz,
1991 n° 13, p.26.
43
L’art. 119 de loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
9
Ce sont des tribunaux de grande instance qui sont compétents pour l’exéquatur des
décisions des juridictions étrangères.
Ajoutons que, les actes authentiques en formes exécutoires qui ont été dressés par
l’autorité étrangère sont aussi exéquaturés par les tribunaux de grande instance moyennant le
respect des conditions suivantes44 :
- les dispositions dont l’exécution est poursuivie ne doivent avoir rien de contraire à
l’ordre public congolais ;
- ces actes doivent d’après la loi du pays où ils ont été passés, réunir les conditions
nécessaires à leur authenticité.
L’acte juridique est celui qui est relatif au droit ou qui est fondé sur le droit, il
englobe l’acte judiciaire et l’acte juridictionnel.
L’acte judiciaire est donc un acte juridique mais qui a trait au domaine de la justice.
L’acte juridictionnel est un acte juridique et même judiciaire qui concerne un
domaine spécifique de la justice : le domaine de la fonction qui consiste à dire le droit,
(fonction réservée aux juges) du latin : jus = droit et dicere = dire. Ainsi, l’acte juridique est
plus vaste que l’acte judiciaire tandis que l’acte judiciaire est vaste à son tour, que l’acte
juridictionnel.
44
L’art. 121 de loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
10
Dans la troisième partie, après avoir maîtrisé les structures tant matérielles
qu’humaines des cours et tribunaux, il pourra alors être étudié le pouvoir judiciaire. Celui-ci
nous conduira à l’analyse : la saisine d’un tribunal, le jugement, les différentes actions que l’on
peut porter devant un tribunal, le jugement, son exécution et les voies de recours pour
l’attaquer.
11
PREMIERE PARTIE
12
CHAPITRE 1. LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION
JUDICIAIRE
Le bon fonctionnement de la justice requiert que les 4 organes qui, chacun dans sa
sphère, concourt à l’administration de la justice, soient indépendants.
La Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011 en
son art.149 garantit l’indépendance des cours et tribunaux vis-à-vis d’autres pouvoirs. En effet,
l’article précité dispose que : « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du
pouvoir exécutif » ; l’art. 150 de la même Constitution renchérit à son al. 2 que : « les juges ne
sont soumis dans l’exercice de leurs fonctions qu’à l’autorité de la loi ».
L’indépendance du pouvoir judiciaire ne signifie pas « séparation », car la justice doit
compter sur la coopération avec les autres pouvoirs ; l’indépendance ne doit donc pas être
absolue, car ce qui importe est qu’il n’y ait ni entrave ni pression dans la mission propre de
l’organe judiciaire. La même affirmation peut valoir pour les autres organes judiciaires. Les
organes judiciaires doivent s’abstenir d’empiéter sur les prérogatives et pouvoirs de l’exécutif
et du législatif.
45
Jean Vincent, Serge Guinchard, Gabriel Montagnier et André Varinand, La justice et les institutions, 3ème édition,
Dalloz, Paris 1991, n°69
13
ordonner ou pour leur interdire un certain comportement ;
Le principe de l’interdiction des arrêts de règlement, qui est formulé en France par
l’art. 4 du code civil, signifie qu’il est interdit au juge de se prononcer par voie des dispositions
générales ou réglementaires sur les causes qui leurs sont soumises46.
Au Congo, cette interdiction des arrêts du règlement s’applique en droit congolais en
tant que principe général du droit47.
- le juge a l’obligation d’appliquer la loi ; mais, il ne peut tirer prétexte des lacunes ou
des imperfections de la loi pour refuser de statuer a peine de déni de justice. Cependant, le juge
a le pouvoir d’interpréter les textes de lois obscurs par recherche de la volonté du législateur à
travers l’analyse des débats parlementaires ;
- le juge exerce un contrôle juridictionnel de la constitutionnalité des lois.
Ce contrôle peut intervenir par voie d’action : on demande au juge, à titre principal de
constater l’inconstitutionnalité de la loi pour la remettre à néant. Au Congo, c’est la Cour de
cassation, toutes sections réunies, qui exerce le contrôle. Ce contrôle peut aussi s’exercer par
voie d’exception d’inconstitutionnalité soulevée par un plaideur devant tout tribunal.
46
J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINAND, op.cit., n°70.
47
E. LAMY, op. cit, p.74.
48
J. VINCENT , S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER & A. VARINARD, op.cit. 78.
49
Idem, n°85.
14
Constitution du 24 juin 1967. L’Acte Constitutionnel de la Transition ne le garantissait pas ;
mais, le projet de Constitution de la 3ème République élaboré par la C.N.S l’avait néanmoins
garanti (art 132).
Le monopole du pouvoir judiciaire est garanti par la Constitution. En effet, celle-ci est
hostile à la création de toute juridiction en dehors de la hiérarchie unique des cours et
tribunaux.
L’art. 149 al. 4 de la Constitution du 18/02/2006 dispose en effet qu’ : « il ne peut être
créé des tribunaux extraordinaires ou d’exception sous quelque dénomination que ce soit ». Par
contre la même disposition confère expressément à la loi le pouvoir de créer des juridictions
spécialisées50.
Dans certains textes de lois et de règlements, on trouve mentionnée l’expression
« juridiction de droit commun », l’usage de cette expression laisse entendre qu’il existerait dans
le droit congolais des juridictions d’exception ; certains juristes soutiennent ce point de vue,
que nous ne pouvons pas partager pour des raisons suivantes :
1° L’expression « juridictions d’exception » est inconstitutionnelle et anachronique ;
elle est inconstitutionnelle au regard de l’article 149, al.5 de la Constitution du 18 février 2006.
Elle est anachronique pour les motifs suivants : durant les cinq premières années de
son indépendance, le Congo a connu des graves troubles politiques, caractérisés notamment par
la sécession de certaines provinces du pays.
Le Gouvernement central, pour faire face à cette grave situation, avait eu recours à une
mesure politique exceptionnelle : l’état d’exception ; qui fut proclamé dans certaines provinces,
qui de ce fait, étaient placées sous le commandement d’un commissaire général extraordinaire,
nanti de pleins pouvoirs. Pendant l’état d’exception, les juridictions ordinaires étaient mises en
veilleuse ; elles furent remplacées par les juridictions dites « d’exception », créées pour les
besoins de la circonstance ; ces juridictions furent célèbres pour le caractère partial et excessif
de leurs décisions et pour leurs abus fort nombreux. C’est pourquoi, elles furent supprimées en
1964, par la Constitution dite de Luluabourg, enterrant ainsi définitivement le régime
d’exception ; d’où, l’interdiction qui figure jusqu’aujourd’hui dans la Constitution de créer des
tribunaux de circonstances, qu’ils soient appelés « juridictions d’exception » ou « tribunaux
extraordinaires ».
2° L’expression « juridiction d’exception » entendue au sens du droit français, est
aussi incorrecte si l’on veut introduire son usage en droit Congolais ; en effet, en droit français,
cette expression couvre trois notions ; elle vise :
- les juridictions politiques ;
- les juridictions spéciales notamment les juridictions des enfants et les juridictions
militaires ;
- les juridictions extraordinaires.
Entendue au sens de juridiction politique, l’usage de cette expression est
50
Article 149, tel modifié par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de la constitution du 18 février
2006
15
incorrecte, parce qu’au Congo, les hommes politiques ne sont pas comme en France, jugés par
des juridictions politiques, c’est-à-dire des organes dont le plus souvent, le personnel est
politique et dont les procédures suivies ne sont pas celles des codes ordinaires51.
Au Congo, les hommes politiques sont jugés, selon le cas, soit par la Cour
Constitutionnelle, soit par la Cour de Cassation qui applique au jugement des prévenus, les
règles de la procédure pénale, du droit pénal et de la loi organique sur l’organisation,
fonctionnement et compétence des juridiction de l’ordre judiciaire.
- Entendue au sens de juridiction extraordinaire, c’est-à-dire des juridictions
caractérisées par le fait qu’elles sont temporaires en ce sens qu’elles disparaissent avec les
circonstances qui les ont motivées52.
Le monopole du parquet n’est pas garanti par la Constitution, mais il ne fait pas de
doute : le Ministère Public a bien le monopole de l’exercice de l’action publique. En procédure
pénale, on étudiera cependant que dans certains cas, le Ministère Public est limité, parfois
empêché d’exercer l’action publique, qui peut être dévolue à d’autres organes. Le monopole du
greffe est évident.
Le monopole du barreau est affirmé par l’art. 6 de l’Ordonnance-Loi n°79/08 du 28
septembre 1979 ; mais ce même article prévoit que la loi peut dans des cas et selon les modes
prévus, déroger à ce monopole. Par ailleurs, les parties ont toujours le droit de se défendre
elles-mêmes (art. 21 al. 3 de la Constitution de la Transition).
Il nous faut ajouter, que le monopole du barreau et du corps des défenseurs judiciaires
en matière d’assistance et de représentation se trouve remis en cause par l’art. 19 al. 4 de la
Constitution du 18/02/2006 qui prévoit le droit pour toute personne poursuivie d’être entendue
en présence de son avocat, de son défenseur judiciaire ou de toute personne de son choix.
L’égalité en droit est entendue comme, un principe d’après lequel tous les individus de
part leur création, doivent être considérés comme semblables, sans distinction de personne, race,
religion, classe ou de fortune53. En ce sens, il est interdit une quelconque discrimination quelle
qu’elle soit à l’égard des membres de la communauté. Il s’agit là d’une question consubstantielle
et inhérente à la nature humaine.
Dans le domaine judiciaire, le concept égalité de tous se traduit par la règle de
traitement identique devant la justice. Celle-ci exige que tous les justiciables, se trouvant dans les
mêmes conditions, sans considération de leur moyen, origine ; soient jugés par les mêmes
juridictions selon les mêmes règles de procédure et de fond. Le juge appelé à trancher le litige
doit, dans sa conduite, se passer de toute considération subjectiviste liée à la personne. Il doit,
dans sa fonction juridictionnelle, s’en tenir qu’aux faits qui lui sont soumis.
Cette égalité se trouve garantie, notamment, par la Constitution du 18 février 2006
telle que modifiée à ce jour, à son article12. Mais égalité n’est pas synonyme d’identité, car
tous en étant égaux, les congolais peuvent relever de deux ordres juridiques différents : droit
écrit ou droit coutumier. Certes l’unité juridique se trouve aujourd’hui réalisée en matière du
51
R. MERLE & A. VITU, Traité de droit de criminel, Procédure pénale, Edition Cujas, 4è édition, 1989 n° 539
52
R. MERLE, A. VITU, op.cit., n°540.
53
CORNU, G., Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2009, p. 347.
16
droit de la famille qui régit depuis le 01 août 1987, tous les congolais.
Mais qu’en est-il pour les autres branches du droit privé, notamment les biens et les
obligations ? Avant l’indépendance, les belges avaient institué l’immatriculation, institution par
laquelle les congolais qui avaient assimilés l’esprit du droit écrit, faisaient option en faveur de
ce droit, renonçant ainsi définitivement au droit coutumier, considéré à l’époque comme un
droit inférieur.
L’art. 2 de la loi fondamentale du 17 juin 1960 relative aux libertés publiques, ayant
proclamé l’égalité de tous les congolais en dignité et en droit ; nous soutenons que par ce fait a
été abrogée l’institution de l’immatriculation dont le caractère discriminatoire est incontestable.
Mais il faut reconnaître que cette abrogation a donné naissance à une situation
favorisant la fraude légale et la confusion juridique ; en effet, dans le domaine des biens et des
obligations, ou l’unicité du droit n’est pas encore réalisée, tout congolais peut invoquer
indifféremment les règles du droit civil et les règles du droit coutumier ; la tentation est grande
de voir le congolais invoquer les règles de l’ordre juridique qui lui paraissent favorables selon
les données du conflit ; ceci crée de l’insécurité juridique qui n’est guère favorable au
commerce juridique.
Dans le domaine judiciaire, l’égalité devant la loi se traduit par la règle de l’égalité
devant la justice, qui exige que tous les justiciables se trouvant dans la même situation soient
jugés par les mêmes tribunaux, selon les mêmes règles de procédure et de fond ; mais cette
égalité connaît des limites de droit et des limites de fait.
Au titre des limites de droit, nous citerons le privilège de juridiction, les immunités et
le principe de l’inexécution forcée contre l’Etat et les autres personnes morales de droit public
(sociétés paraétatiques et établissements d’utilité publique).
Le privilège de juridiction est une dérogation aux règles de compétence matérielle
répressive, qui fait que certaines catégories de personnes doivent être jugées par des juridictions
bien déterminées, à l’exclusion de toutes les autres et ce dans le noble souci d’empêcher que
ces personnes ne puissent influencer ces juridictions.
Les immunités constituent également des dérogations aux règles de compétence
matérielle prévues par la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur le droit des traités. Elles
ont pour effet d’empêcher toute poursuite à l’égard des diplomates en fonction quelle que soit
l’infraction qu’ils adviendraient à commettre sur le territoire de l’Etat hôte sauf levée de ces
immunités par l’Etat d’affectation.
En matière d’exécution de jugement, normalement la partie gagnante du procès, par
exemple, si elle bénéficie d’un jugement qui a condamné son adversaire à des dommages-
intérêts, peut procéder à ce qu’on appelle « l’exécution forcée » qui peut revêtir plusieurs
formes : saisie-exécution, saisie conservatoire, saisie-arrêt ou saisie immobilière. Il faut
indiquer que depuis l’entrée en vigueur des actes uniformes de l’OHADA, en particulier l’acte
uniforme relatif aux procédures simplifiées de recouvrement des créances et voies d’exécution,
la saisie-arrêt est remplacée par la saisie attribution des créances.
Lorsque c’est l’Etat ou une personne morale de droit public qui est condamnée à payer
ces dommages-intérêts un principe général du droit empêche l’exécution forcée dudit jugement.
L’Etat bénéficie ainsi de l’immunité d’exécution. La raison est qu’on ne peut pas concevoir que
17
l’Etat puisse retourner contre lui-même la force publique qu’il utilise pour assurer le maintien
de l’ordre public. Mais la raison pratique fondamentale réside, à notre sens, dans le souci de ne
pas voir perturber, pour la satisfaction des intérêts individuels, le fonctionnement de l’Etat ou
d’une personne morale de droit public, qui poursuit la satisfaction de l’intérêt général.
Il nous faut cependant noter qu’un acte de la C.N.S avait en son temps décidé qu’on
peut exécuter par la force contre une personne morale de droit public sauf contre l’Etat et les
établissements publics à caractère scientifique et social.
Au titre des limites de fait, il y a lieu de noter les inégalités économiques ou sociales.
Bien souvent les ressources financières des parties en présence peuvent permettre à la partie qui
a plus de moyens financiers, d’user des manœuvres dilatoires ; bien entendu, la loi a imaginé
des mécanismes qui tendent à réduire ce genre d’inégalité. C’est ainsi qu’on a crée l’aide
juridique et la procédure du « pro deo » d’un conseil.
La Constitution du 18/02/2006 ne garantit pas l’égalité des étrangers devant les
juridictions du Congo. Mais cette égalité ne fait pas de doute, car, elle relève des règles de
notre hospitalité54.
La gratuité de la justice est une garantie démocratique qui permet aux plus humbles
d’obtenir le respect de leurs droits ; c’est le corollaire de l’égalité devant la justice. Le système
de la gratuité s’oppose au système des épices qui existe là où les justiciables doivent payer leurs
juges. C’était le régime qui était en vigueur en France jusqu’en 1790 ; c’était également le
même système que connaissent bon nombre des coutumes congolais. Aujourd’hui, les parties
payent encore leurs arbitres (juges privés) ; mais les magistrats et les greffiers sont payés par
l’Etat ; il en est de même de l’huissier.
La gratuité de la justice n’exclut pas le payement des honoraires des avocats ou des
défenseurs judiciaires ni le payement des frais de justice. C’est cela qui fait dire que la justice
est gratuite mais elle est onéreuse de sorte que la conduite d’un procès peut être très onéreuse,
même pour la partie qui a gagné le procès car tous les frais ne sont pas compris dans les dépens
lesquels se récupèrent sur la partie perdante. Une telle situation est de nature à empêcher les
indigents de faire valoir leurs droits en justice, en dépit du principe de la gratuité de la justice.
C’est pour écarter ce danger et assurer le respect absolu de ce principe que la loi a organisé
l’assistance judiciaire gratuite.
L’assistance judiciaire gratuite peut se présenter sous quatre aspects :
a) L’assistance judiciaire gratuite peut consister au bénéfice gratuit d’un conseil
(avocat ou défenseur judiciaire). En matière de droit privé, le bénéfice gratuit d’un conseil est
prévu par l’art. 68l de la loi organique sur l’OCJ qui dispose que les officiers du Ministère
Public, peuvent par voie de requête écrite, demander au président de la juridiction, la
désignation d’un conseil chargé d’assister les personnes physiques lésées qui seraient inaptes à
54
Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, Précis, éd. Dalloz,, 1992, n°
82 à 84.
18
ester en justice, à assurer leur défense ou à y pourvoir.
Remarquons, qu’ici la loi a voulu venir en aide non seulement aux personnes
dépourvues des moyens financiers, mais, aussi aux personnes inaptes à agir en justice ou à
assurer leur défense, c’est-à-dire des personnes qui, culturellement parlant, ne maîtrisent pas les
organes du fonctionnement de l’appareil judiciaire (c’est la grande majorité des congolais).
En matière répressive, la désignation d’office d’un conseil en faveur des inculpés ou
des prévenus indigents ne trouve à l’heure actuelle aucune base légale. Le statut du barreau de
1968 (Ordonnance-Loi n°68/247 du 10/07/1968 avait rendu compétent le président du Tribunal
de Grande Instance pour requérir les avocats et les stagiaires pour assister gratuitement les
indigents ; la loi n° 76/026 du 23 décembre 1976 a étendu ce bénéfice du « pro deo » d’un
conseil aux inculpés. Malheureusement, le statut du barreau du 29 septembre 1979 ne contient
aucune disposition réglementant l’assistance judiciaire gratuite d’un conseil. Mais les
présidents des juridictions se sont attribués au plan pratique, le pouvoir de désigner d’office un
conseil en faveur des indigents.
b) L’assistance judiciaire gratuite peut aussi consister au bénéfice de la dispense de
consignation des frais : lorsqu’une partie veut agir en justice, elle se présente devant le
greffier ; ce dernier, avant d’effectuer tout acte quelconque que la partie veut faire accomplir
(recevoir une assignation, acter une déclaration d’appel, d’opposition ou du pourvoi en
cassation, etc.) va exiger que la partie consigne des frais : il s’agit en quelque sorte de payer à
l’Etat, une somme d’argent à titre d’acompte, sur les frais judiciaires. Lorsque la partie est
indigente, elle peut être dispensée de la consignation par une ordonnance du président ;
l’indigence est constatée par le juge ou le président de la juridiction devant laquelle l’action est
ou doit être intentée ; ceci est valable en matière civile, et même devant la Cour de cassation.
c) L’assistance judiciaire gratuite peut également consister en la délivrance en débat
des pièces de procédure ; normalement le greffier ne peut délivrer, sauf au ministère public,
grosse, expédition, extrait ou copie d’un jugement, portant condamnation à des dommages-
intérêts, avant que le droit proportionnel n’ait été payé (art. 134 du code de procédure pénale,
art. 157 du code de procédure civile).
Mais, en cas d’indigence constatée par le juge ou par le président de la juridiction qui
a rendu le jugement, la grosse, une expédition, un extrait ou une copie peut être délivrée en
débet, c’est-à-dire que les frais sont supportés par le trésor public, la partie indigente
bénéficiaire ne débourse aucune somme d’argent.
d) L’assistance judiciaire gratuite peut enfin revêtir la forme de consultation
gratuite. A l’heure actuelle, l’art. 43 de l’ordonnance-loi n° 79/08 du 29 septembre 1979 portant
organisation du barreau, du corps des défenseurs judiciaires et du corps des mandataires de
l’état a convié au conseil de l’ordre, le soin d’organiser un bureau de consultation gratuite en
faveur des indigents en déterminant les conditions de son fonctionnement. Nous déplorons pour
notre part, qu’une matière aussi importante soit laissée à la discrétion du conseil de l’ordre ;
compte tenu de l’ignorance aggravée par le fait que bien souvent le droit congolais se trouve en
porte-à-faux avec les réalités socioculturelles de notre pays, la solution idéale, selon nous, est
de voir la loi elle-même organiser entièrement le fonctionnement du bureau de consultation
gratuite en faveur des indigents.
19
En France, la loi du 3 janvier 1972 avait institué l’aide judiciaire, expression qui a été
remplacée par l’aide juridique depuis la loi du 10 juillet 1991 : il s’agit de permettre aux
plaideurs dont les revenus ne dépassent pas une certaine somme, de bénéficier du concours
gratuit des avocats et des officiers ministériels et de l’avance par l’Etat des frais occasionnés
par les mesures d’instruction. Il faut cependant préciser que l’aide juridique porte également sur
la consultation, l’assistance au cours de procédure non juridictionnelles (juridiction gracieuse)
et les procédures d’exécution55.
L’impartialité du juge est garantie par la loi organique de 2013 sur l’OCJ. Cette
garantie est consacrée par les articles 49 à 59 qui instituent la récusation et le déport du juge,
tandis que les articles 60 à 62 réglementent le renvoi pour cause de sûreté publique ou de
suspicion légitime.
Le code judiciaire militaire à l’art. 235 permet à toute juridiction militaire de
condamner sur le champ toute personne qui, à l’audience, se rend coupable envers le tribunal,
ou envers l’un des membres, des voies de fait, d’outrages ou des menaces par propos ou par
gestes.
La Constitution du 18 février 2006 en son art. 149 al. 1 proclame l’impartialité du
tribunal.
7. PRINCIPE DE LA COLLEGIALITE
Ce principe exige que l’œuvre juridictionnelle soit celle de plusieurs juges qui, appelés
à siéger dans une affaire, doivent être au moins trois.
La collégialité est de règle en toute matière pénale même devant le tribunal de paix 56.
En matière civile, c’est le principe de juge unique qui s’applique au premier degré
mais la collégialité s’impose au niveau d’appel57. La collégialité s'impose devant le tribunal de
paix lorsqu'il statue en application de la coutume58.
La collégialité présente l’avantage de fournir une meilleure justice en ce sens qu’elle
permet de mieux peser les arguments, de mieux motiver les décisions et de garantir une plus
haute impartialité sans compter qu’elle protège chaque membre contre les pressions et assure
une plus forte indépendance à tous59.
55
J. VINCENT, S.GUINCHARD G. MONTAGNIER et A. VARINAID, op. cit, n° 958.
56
Art.10, loi organique de 2013 sur l’OCJ
57
Art. 16, 22 et 34, loi organique de 2013 sur l’OCJ
58
Idem
59
R. MERLE. & A. VITU, op. cit., n° 569.
20
8. PRINCIPE DE L’ITINERANCE60
Les juridictions ne sont pas obligées de tenir les audiences judiciaires à leur siège
ordinaire ; elles peuvent tenir des audiences judiciaires en dehors de ce siège en se déplaçant à
l’intérieur de leur ressort, selon les besoins de service ; cela permet de rapprocher la justice des
justiciables ; mais, l’on doit veiller à ce que l’itinérance ne puisse pas empêcher le
fonctionnement de la justice au siège ordinaire, d’où l’expression audience foraine, pour parler
d’une audience qui se tient en dehors du siège ordinaire du tribunal.
Ce principe garantit le droit pour toute affaire soumise aux cours et tribunaux de faire
l’objet d’examen quant au fond, à deux niveaux :
- au premier degré et ;
- en appel (2ème degré).
Ce principe se trouve garanti par la Constitution du 18/02/2006 en son art. 21 al. 2
sans préjudice de son application à l’endroit des justiciables de la Cour Constitutionnelle, la
Cour de Cassation et du Conseil d’Etat.
Deux raisons justifient le principe du double degré de juridiction : il s’agit tout d’abord
de veiller à ce que les décisions des tribunaux, qui peuvent être entachées d’insuffisances ou
d’erreurs, voire d’injustice, fassent l’objet d’un second examen. Ensuite, du seul fait de savoir
que sa décision pourrait être réformée en appel, le juge du premier degré sera incité à redoubler
de zèle et de conscience professionnelle, car, en plus de son rôle réformateur, la juridiction
d’appel joue, indirectement un rôle de surveillance et d’appréciation de la compétence
technique et morale du juge de juridiction inférieure.
En droit privé congolais, l’appel n’est pas exclu en ce qui concerne les litiges simples
ou peu importants, car, une cause peu importante peut avoir une grande répercussion sur le plan
social et psychologique. Ainsi donc la mutation dite «de ferctu sommae » n’existe pas ;
toutefois, il existe des cas d’interdiction d’appel.
Une cause ne peut être examinée que deux fois par les tribunaux quant au fond ; il n’y
a pas de troisième degré de juridiction pour statuer sur le fond.
Toute décision pénale ou civile, rendue en dernier ressort par un tribunal ou une cour
et qui viole la loi ou la coutume, est susceptible d’être attaquée au moyen d’un pourvoi en
cassation formé devant la cour de cassation.
Le terme « décision » est de large compréhension, il faut y inclure aussi les
ordonnances qui statuent en dernier ressort en matière de détention préventive. A l’heure
actuelle, les décisions des juridictions militaires sont soumises au même sort.
60
L’art. 45 à 48 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
21
11. PRINCIPE DU JUGE NATUREL
22
CHAPITRE 2. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES COURS ET
TRIBUNAUX EN RDC
Le Constituant du 18 février 2006, dans son exposé des motifs, au point 3 relatif à
l’organisation et à l’exercice du pouvoir judiciaire a estimé nécessaire, pour plus d’efficacité,
de spécialité et de célérité dans le traitement des dossiers, d’éclater en trois ordres
juridictionnels les cours et tribunaux congolais, à savoir :
- les juridictions de l’ordre judiciaire placées sous le contrôle de la Cour de
cassation ;
- celles de l’ordre administratif, coiffées par le Conseil d’Etat et ;
- l’ordre Constitutionnel incarné par la Cour constitutionnelle.
Tirant conséquence de cet état des choses, l’étude des structures matérielles (cours et
tribunaux), reflétera la séparation de ces trois ordres de juridictions.
Il importe au plus haut point de relever que, l’ordre judiciaire comprend les
juridictions ordinaires organisées par la loi organique n°13/011-B portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. Ces juridictions sont
habilitées à juger principalement les civils, ainsi que les juridictions militaires qui sont
organisées par la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant Code judiciaire militaire et dont
les justiciables sont essentiellement les militaires, policiers et personnes assimilées.
Régi par les articles 7 à 13 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, son ressort couvre la
circonscription administrative d’une ville ou d’un territoire/commune. Il comprend un
Président, magistrat de carrière et, dans certaines circonstances, deux juges assesseurs.
- Création : un ou plusieurs dans chaque ville ou territoire ;
- Siège ordinaire : fixé par le Président de la République ainsi que le ressort ;
- Composition organique : - Un président ;
- Un ou plusieurs juges ;
- Deux ou plusieurs assesseurs choisis parmi les notables du ressort du tribunal. Ces
juges assesseurs sont régis par un statut particulier, ils étaient nommés par le Ministre de la
Justice sous l’ancien régime; mais la nouvelle loi d’organisation et de compétence judiciaires a
retiré cette compétence au ministre de la Justice en faveur du Président de la juridiction.
- Tenue des audiences : - Un seul membre (Président ou juge) dans l’ancien régime,
mais actuellement, l’unicité reste valable seulement lorsque le tribunal siège en matière de droit
privé ou matière civile. En d’autres matières, matière requérant l’application de la coutume ou
matière pénale, le tribunal siège en collégialité (trois juges).
23
Le tribunal siège, contrairement à l’ancien régime institué par l’ordonnance du 31
mars 1982 portant code d’OCJ où la présence du ministère public n’était pas obligatoire et qu’il
appartenait au procureur de la République de désigner un OMP ou un OPJ à compétence
générale ; à défaut de la faire le magistrat du siège faisait office du ministère public. La
nouvelle loi d’ocj, a rendu obligatoire la présence du ministère public, en instituant même un
parquet près cette juridiction.
Le tribunal de paix siège avec l’assistance du greffier.
24
- Section : La Cour d’Appel comprend une section judiciaire et une section
administrative.
- Tenue des audiences : - 3 membres en principe. 5 membres exceptionnellement.
- La Cour siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance du greffier.
Il fonctionnera à Kinshasa une Cour de Cassation dont le ressort s’étendra sur tout le
territoire de la République Démocratique du Congo. Elle comprendra un président, des
présidents des chambres et des conseillers. Sa composition intègre des conseillers référendaires
qui seront des assistants des membres de la Cour pour l’accomplissement aisé de leurs tâches.
Elle siègera avec le concours du Procureur Général qui proviendra du Parquet général près
cette Cour.
Ce parquet général comprendra également en son sein plusieurs avocats généraux.
Elle est sommairement régie par les articles 24 à 36 la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. En sus de
cette loi, la loi organique n° 13/012 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de
cassation détermine son organisation, sa composition et son fonctionnement.
Lorsqu’un enfant est en conflit avec la loi, il est prévu des mécanismes de poursuites
différents de ceux des adultes. C’est ainsi que la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant a prévu la création des tribunaux spéciaux pour les enfants61.
La compétence personnelle du tribunal pour enfant s’étend à tous les enfants âgés de
moins de 18 ans. Toutefois il faut signaler particulièrement que pour ceux âgés de moins de 14
ans, ils bénéficient, en matière pénale d’une présomption irréfragable d’irresponsabilité.
Considérant que tels enfants agissent sans discernement, le juge doit donc les relaxer. En cas de
préjudice, c’est le civilement responsable qui devra payer des dommages et intérêts à la
victime. L’âge à prendre en compte est l’âge au moment des faits.
Est territorialement compétent, le tribunal de la résidence habituelle de l’enfant, de ses
parents ou tuteur, du lieu des faits, du lieu où l’enfant aura été trouvé, ou du lieu où il a été
placé, à titre provisoire ou définitif62.
Signalons que le Décret n°11/01 du 05 janvier 2011 portant création des tribunaux
pour enfant, fixe le ressort de ceux-ci en raison d’un tribunal par territoire rural et un par ville
urbaine.
Quant à la compétence matérielle, le tribunal pour enfants est seul compétent pour
61
Article 149, al.5 de la Constitution du 18 février 2006. Lire aussi l’Exposé de motifs de la loi n°09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant en RDC
62
Article 101 de la loi n°09/001 sur la protection de l’enfant.
25
connaître des matières dans lesquelles se trouve impliqué l’enfant en conflit avec la loi. Il s’agit
de tout acte qualifié d’infraction par la loi pénale, mais aussi des matières se rapportant à
l’identité, la capacité, la filiation, l’adoption et la parenté telles que prévues par la loi. Dans ce
cas, les règles communes en matière de procédure civile s’appliquent.
2. Composition
3. Procédure
Lorsque le tribunal est saisi par l’officier de police judiciaire, celui-ci en informe
immédiatement l’officier du ministère public du ressort.
Tout au long de la procédure, l’enfant suspecté ou accusé d’un fait qualifié
d’infraction par la loi pénale bénéficie, sous peine de nullité de la procédure, notamment des
garanties ci-après 63:
1. le droit à la présomption d’innocence et à un procès équitable ;
2. la présence au procès ;
3. le droit d’être informé, dans le plus bref délai, dans une langue qu’il comprend et de
manière détaillée, de la nature et des motifs de l’accusation portée contre lui ;
4. le droit à l’assistance par un conseil de son choix ou désigné d’office par le juge ;
5. le droit de voir son affaire être jugée dans un délai raisonnable;
63
Article 104 de la loi sur la protection de l’enfant.
26
6. le droit à un interprète ;
7. le droit au respect de sa vie privée à toutes les étapes de la procédure ;
8. le droit d’être entendu en présence des parents, du tuteur, de la personne qui en a la
garde ou de l’assistant social ;
9. le droit de ne pas être contraint de plaider coupable ;
10. le droit d’interroger ou de faire interroger des témoins à charge et à décharge et à
obtenir la comparution et l’interrogatoire des témoins.
A. Avant 1967
Notons que le législateur colonial n’a pas institué des juridictions spécifiques des
litiges individuels et des procédures propres à ces juridictions.
Aussi faute de dispositions spéciales devant régir les affaires du travail, celles-ci
étaient soumises aux juridictions de droit commun, suivant les règles ordinaires de procédure
civile et ce, conformément aux décrets du 30 juillet 1888 portant code civil congolais livre III,
du 8 mai 1958 sur l’organisation et la compétence judiciaires, du 7 mars 1960 portant code de
procédure civile ainsi qu’à celui du 1er février 1961 sur le contrat de louage de services.
Cet état de choses fut corrigé avec la promulgation de l’ordonnance-loi n° 67/310 du 9
août 1967 portant code du travail et des textes subséquents.
B. De 1967 à 2002
64
KABUMBU M’BINGA-BANTU, « La saisine du tribunal du travail au premier degré pendant la période
transitoire », in Les Analyses Juridiques, n° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 4-19
27
Malheureusement, compte tenu de l’impossibilité pour l’Etat de créer un plus grand
nombre de tribunaux du travail en raison du manque de magistrats spécialisés en législation du
travail, il fut jugé rationnel d’intégrer ces tribunaux au sein des cours et tribunaux ordinaires,
sous forme de chambres spéciales des affaires du travail.
C’est la loi n° 73/008 du 5 janvier 1973 qui insérait après l’article 45 de l’Ordonnance-
loi n° 68/248 du 10 juillet 1968 portant code d’organisation et de compétence judiciaires une
section III bis et après l’article 143 du décret du 7 mars 1960 portant code de procédure civile
un titre III bis sur la procédure particulière aux affaires du travail.
Voulant ainsi élaguer tous les obstacles dus aux contradictions de certains textes, le
législateur de 1973 a institué une procédure spéciale de saisine du tribunal du travail par
requête écrite ou verbale.
Cependant, ne disposant pas à suffisance des moyens financiers pour faire fonctionner
ces chambres spéciales des affaires du travail, celles-ci furent supprimées et l’Ordonnance-loi
n° 78/005 du 29 mars 1978 à travers ses articles 147 et 148 prévoyait que les litiges individuels
du travail relevant de la compétence des anciennes chambres des affaires du travail seraient
désormais portés devant les tribunaux ordinaires du lieu du travail.
Avec les réformes de 1978, 1982 et 2013 sur l’organisation et la compétence
judiciaires, les débats autour du mode de saisine ont été résolus.
Le 16 octobre 2002, le législateur congolais qui tient à ce que les litiges individuels du
travail soient portés devant des juridictions propres a promulgué la loi n° 015/2002 portant
Code du travail et la loi n° 016/2002 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux du travail.
Dans cette dernière, le législateur a repris la requête comme mode de saisine du
tribunal du travail. Ce texte a ainsi relancé sur la table de vieilles discussions autour de la
saisine du tribunal ayant jadis conduit à des décisions discordantes.
En effet, aux termes de l’article 26 al. 1er de la loi n° 016/2002, la saisine du tribunal
du travail se fait exclusivement par voie de requête écrite ou verbale du demandeur ou de son
conseil ou de l’Inspecteur du travail porteur d’un pouvoir spécial » Tandis que certains
plaideurs recourent au traditionnel exploit d’assignation ; et dans les deux cas, le juge s’estime
valablement saisi pour connaître des faits de la cause.
Les divergences surviennent autour de l’interprétation des articles 44 et 45 du même
texte. L’article 44 dispose : « les dispositions du code civil pour autant qu’elles ne sont pas
contraires à la présente loi sont d’application en matière du travail »
Et l’article 45 renchérit : « jusqu’à l’installation des tribunaux du travail, les
juridictions de droit commun demeurent compétentes pour connaître des litiges individuels de
travail »
Des arguments en faveur de l’assignation figure la non installation des tribunaux du
travail, les affaires du travail étant toujours examinées par les juridictions de droit commun qui,
en vertu des articles 1 et 2 du Code de procédure civile, sont saisies par assignation.
Pour les tenants de la requête, l’article 47 de la loi n° 016/2002 est clair quand il
dispose que « la présente loi entre en vigueur à la date de sa promulgation », promulgation faite
par le Chef de l’Etat le 16 octobre 2002.
28
A propos, Hector-André rappelle que la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 doit
s’appliquer immédiatement car elle n’a pas conditionné l’application de l’article 26 à
l’installation préalable des tribunaux du travail et elle s’impose en même temps au juge et aux
parties dès sa publication au journal officiel (65), en tant que règle de procédure et ce, même
devant les juridictions de droit commun siégeant en matière du travail.
Sur le plan de principes généraux de droit, il est admis que les lois de procédure,
comme en l’espèce, ne rétroagissent pas. Elles ont pour vocation de régir l’avenir et (…) sont
d’application immédiate. De ce point de vue, même si les tribunaux de travail ne sont pas
installés, il est légalement régulier que la procédure prévue pour ces tribunaux soit
immédiatement appliquée (…) Pour toutes ces raisons, en tant que loi spéciale, bien
qu’applicable momentanément par une juridiction de droit commun, la requête verbale ou
écrite est désormais le seul mode de saisine en matière de travail (66)
2. Compétence du tribunal
A. Compétence territoriale
B. Compétence matérielle
3. Composition
Le Tribunal du Travail est composé d’un Président, des juges et des juges-assesseurs.
Le Président et les juges sont désignés par le Ministre ayant la Justice dans ses attributions
parmi les juges du Tribunal de Grande Instance.
65
KABUMBU M’BINGA-BANTU, « La saisine du tribunal du travail au premier degré pendant la période
transitoire », in Les Analyses Juridiques, n° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 4-19
66
KANGULUMBA MBAMBI, V., « Encore à propos de la saisine du tribunal de travail en droit congolais :
assignation ou requête. Note d’observation sur l’arrêt RTA 1160, CA Kinshasa/Matete », in Revue du droit africain,
n° 33/05, janvier 2005, pp. 80-92
67
Article 15 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de travail
29
Les juges-assesseurs sont désignés pour un mandat de deux ans par le Ministre ayant
le Travail et la Prévoyance Sociale dans ses attributions sur base des listes proposées par les
organisations professionnelles des employeurs et des travailleurs.
Le Tribunal du Travail siège avec l’assistance d’un greffier et le concours d’un
Officier du Ministère Public. C’est le Procureur de la République près le Tribunal de Grande
Instance dans le ressort duquel se trouve le Tribunal du Travail qui exerce les fonctions du
Ministère Public près cette dernière juridiction.
4. Procédure
Le Tribunal du Travail est saisi par une requête écrite ou verbale du demandeur ou de
son conseil. La requête écrite est déposée entre les mains du greffier qui en accuse réception ou
adresse au greffier par lettre recommandée à la poste contre récépissé. Elle est datée et signée
par son auteur.
La requête verbale est actée par le greffier et signée conjointement par ce dernier et le
déclarant.
La requête écrite ou l’acte dressé sur requête verbale par le greffier doit contenir
l’identité, la profession et le domicile des parties. Une ampliation du procès-verbal de non-
conciliation ou de conciliation partielle dressé par l’Inspecteur du Travail du ressort doit
obligatoirement y être jointe68.
La requête est inscrite à sa réception dans le registre des affaires du travail. Les
dispositions communes aux cours et tribunaux telles que prévues aux articles 58 à 83 du code
de l’organisation et de la compétence judiciaire s’appliquent mutatis mutandis aux tribunaux de
travail.
1. Compétence
a) Compétence matérielle
68
Lire les articles 25 et 26 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et fonctionnement
des tribunaux de travail.
30
soit signataire d'un chèque bancaire, d'une lettre de change ou d'un billet à ordre ;
6. des litiges relatifs au contrat de société;
7. des faillites et concordats judiciaires.
b) Compétence territoriale
Son siège ordinaire et son ressort sont ceux du Tribunal de Grande Instance. En clair,
le tribunal de commerce, le tribunal de travail et le tribunal de grande instance ont la même
compétence territoriale.
c) Compétence personnelle
Tous les commerçants ainsi que toute personne exerçant une activité commerciale sont
les justiciables relevant du tribunal de commerce. Même les sociétés commerciales, leurs
associés, les banques, etc. relèvent de la compétence de cette juridiction.
2. Composition
3. Procédure
Le Tribunal de Commerce est saisi par requête verbale ou écrite ou par assignation
conformément à l'article 2 du code de procédure civile.
Lorsque la requête est verbale, c’est-à-dire formée par une déclaration reçue et actée
par le greffier, elle est signée par ce dernier et par le déclarant.
La requête écrite est déposée au greffe ou adressée au greffier par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception. Elle est datée et signée par son auteur et doit contenir les
noms, professions et domiciles des parties ainsi que l'indication de l'objet de la demande.
En matière pénale, le Tribunal de Commerce est saisi conformément aux régies de la
procédure pénale en vigueur, soit par requête du Ministère Public, soit par citation directe.
La requête, l'assignation ou la citation directe sont inscrites, à leur réception, dans un
registre d'ordre tenu par le greffier.
Dans le cas où la requête est formée verbalement ou déposée au greffe, un récépissé
est délivré par le greffier. Il est tenu dans chaque greffe un registre des affaires commerciales et
un registre des affaires pénales.
31
S/SECTION 3. LES JURIDICTIONS MILITAIRES
Il est régi par les articles 23 à 26 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant
Code Judiciaire Militaire.
Il est institué un ou plusieurs tribunaux militaires de police dans le ressort d’un
tribunal militaire de garnison.
Le tribunal militaire de police siège toujours avec trois juges, dont un magistrat de
carrière qui en est le président. Il siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance
d’un greffier.
Régie par les articles 18 à 20, la Cour militaire opérationnelle est une juridiction
ponctuelle, car, elle n’existe pas de manière permanente.
En effet, la Cour militaire opérationnelle est instituée en cas de guerre ou dans toutes
autres circonstances exceptionnelles de nature à mettre en péril la vie de la nation, notamment
les menaces de guerre, de rébellion ou d’insurrection armées. Il est établi dans les zones
d’opération de guerre, des Cours militaires opérationnelles qui accompagnent les fractions de
l’armée en opération.
Leur implantation est décidée par le Président de la République.
La Cour Militaire opérationnelle siège au nombre de cinq membres, dont au moins un
magistrat de carrière, qui sont revêtus autant que possible des grades d’officiers supérieurs.
Elle siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance d’un greffier.
32
§4. Les Cours Militaires
Régies par les articles 12 à 17 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant code
judiciaire militaire, les Cours militaires sont établies dans le ressort territorial de chaque
province ainsi que dans la ville de Kinshasa. La loi précise qu’il peut être institué une ou deux
Cours militaires dans la ville de Kinshasa.
Le siège ordinaire de la Cour militaire est établi au chef-lieu de la province, dans la
localité où se trouve le quartier général de la région militaire ou dans tout autre lieu fixé par le
Président de la République.
Le Ministre de la défense peut fixer par arrêté en un autre lieu le ressort de la Cour
militaire. Elle est composée d’un premier président d’un ou de plusieurs présidents et des
conseillers nommés, et le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le Président de la
République.
Elle siège au nombre de cinq membres, tous officiers supérieurs au moins, dont deux
magistrats de carrière qui président ses deux chambres.
La Cour militaire est présidée par un officier général ou par un officier supérieur,
magistrat de carrière. Elle siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance d’un
greffier. Le premier président de la Cour militaire peut, en cas de nécessité, requérir les services
d’un magistrat civil, en vue de compléter le siège.
Organisée par les articles 6 à 11 du code judiciaire militaire, elle occupe le sommet de
la hiérarchie des juridictions militaires et a son siège dans la capitale.
Son ressort s’étend sur tout le territoire de la République. Elle est présidée par un
officier général, magistrat de carrière. Elle siège avec le concours du Ministère Public et
l’assistance d’un greffier.
Dans le cas des circonstances exceptionnelles, le siège de la Haute Cour Militaire peut
être fixé en un autre lieu par le Président de la République. En temps de guerre, la Haute Cour
Militaire tient des chambres foraines en zones opérationnelles.
La Haute Cour Militaire comprend deux ou plusieurs chambres. Elle siège au nombre
de cinq membres, tous officiers généraux ou supérieurs, dont deux magistrats de carrière.
Lorsqu’elle siège en appel, la Haute Cour militaire est composée de cinq membres
dont trois magistrats de carrière.
La Haute Cour militaire est composée d’un premier président, d’un ou de plusieurs
présidents et des conseillers nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le
Président de la République parmi les membres de la Haute Cour Militaire ou du Parquet
militaire près celle-ci.
33
CHAPITRE 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES COURS ET
TRIBUNAUX
1. La récusation et le déport
Une partie au procès peut estimer qu’un des juges appelés à statuer sur son affaire doit
34
être écarté ou remplacé. La loi prévoit plusieurs causes qui peuvent justifier la récusation ; il y
en a au total huit (8) :
- Le juge ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans l’affaire ;
- Le juge ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe soit en ligne
collatérale jusqu’au troisième degré de l’une des parties, de son avocat ou de son mandataire ;
- L’existence d’une amitié entre le juge et l’une des parties ;
- L’existence d’une inimitié entre le juge l’une des parties ;
- L’existence des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de serviteur ou
d’employé entre le juge et l’une des parties ;
- Le fait que le juge a déjà donné son avis dans l’affaire ;
- Le fait que le juge est déjà intervenu dans l’affaire en qualité de juge, de témoin,
d’interprète, d’expert ou d’agent de l’administration ou d’avocat ou de défenseur judiciaire ;
- Le fait que le juge est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’O.P.J. ou d’O.M.P. ;
Signalons que la cause de récusation prévue en tout dernier lieu ne s’applique pas aux
juges des tribunaux de paix.
Celui qui veut récuser un juge doit se manifester au plus tard avant la clôture des
débats, par une déclaration motivée et actée au greffe de la juridiction dont le juge mis en cause
fait partie : cette déclaration est notifiée par le greffier au président de la juridiction, ainsi qu’au
juge mis en cause ; ce dernier est tenu de faire une déclaration écrite ou verbale, actée par le
greffier, et ce dans les deux jours de la notification de l’acte de récusation.
Nous devons insister sur le fait que, contrairement à ce que croit l’opinion publique, la
seule déclaration de récusation faite par une partie au procès ne suffit pas pour obliger un juge à
se retirer. Elle doit être soumise à une vérification au cours d’une audience que va tenir la
juridiction à laquelle appartient le juge mis en cause ; cette juridiction doit statuer toutes
affaires cessantes, la partie récusant entendue ; le juge, mis en cause doit se défendre et doit
donc être entendu en ses explications ; ce qui veut dire qu’il ne peut pas faire partie du siège
appelé à statuer, sur les mérites de la récusation.
Le tribunal statuant sur les mérites de la récusation, peut considérer que la demande
est fondée ; en ce cas, le juge récusé doit se retirer du siège. Mais ce tribunal peut rejeter la
récusation ; il peut dans ce cas ordonner, pour cause d’urgence, que le siège comprenant le juge
ayant fait l’objet de la récusation rejetée, poursuivre l’instruction de la cause, même s’il y a
appel.
L’on doit bien comprendre que, faire une déclaration de récusation comporte des
risques, tout comme le fait pour un juge, de se maintenir au siège malgré cette déclaration,
comporte aussi des risques.
Si le jugement rejetant la récusation est maintenu par la juridiction d’appel, celle-ci
peut, après avoir appelé le récusant, le condamner à une amende ainsi qu’aux dommages-
intérêts envers le juge mis en cause. La sanction qui est ici prise contre le récusant est due à son
obstination à vouloir à tout prix récuser un juge de manière légère, téméraire ou vexatoire. Le
fait que des dommages- intérêts sont alloués au juge mis en cause suppose que ce dernier a été
appelé devant la juridiction d’appel.
Les décisions sur la récusation intervenue au premier degré devant la Cour d’Appel
sont susceptibles d’appel devant la Cour de cassation. Lorsque, la récusation a été dirigée
contre un magistrat siégeant à la Cour de cassation, cette juridiction peut, en cas de rejet de la
récusation, prononcer les condamnations à l’amende et aux dommages-intérêts.
35
Si le juge d’appel infirme le jugement rejetant la récusation, il va annuler toute la
procédure du premier degré qui en aurait été la suite et renvoyer les parties devant le même
tribunal pour y être jugées par un autre juge ou devant un tribunal voisin du même degré, sans
préjudice de l’action disciplinaire.
Nous devons ici faire observer, que l’action disciplinaire ne pourrait logiquement se
concevoir que contre le juge mis en cause qui s’est obstiné à se maintenir au siège ; le principe
de l’indépendance qui doit protéger les juges, s’oppose à notre avis, à ce qu’on puisse
sanctionner l’ensemble du siège pour avoir mal apprécié les éléments de la cause qui auraient
dû l’amener à déclarer la récusation fondée.
Le juge qui se trouve dans une des hypothèses de récusation, est tenu de se déporter,
sous peines de poursuites disciplinaires. Le juge qui désire se déporter informe le président de
la juridiction à laquelle il appartient en vue de pourvoir à son remplacement.
C’est le juge qui préside l’audience qui en assure la police et la direction des débats.
Le pouvoir de police d’audience permet de maintenir l’ordre dans la salle, et aux abords de la
salle d’audience pour éviter ou prévenir les attroupements et tumultes. En vertu de ce pouvoir,
il peut faire expulser, évacuer les perturbateurs, tout ou partie du public, en faisant appel en cas
de nécessité aux forces de l’ordre. C’est sur base de ce pouvoir qu’il peut interdire l’accès de la
salle d’audience aux mineurs ; le pouvoir de direction des débats l’autorise à décider l’ordre de
production des preuves et à rejeter des débats tout ce qui peut tendre à compromettre la dignité
de la justice ou à allonger inutilement les débats69.
Une décision judiciaire doit être prise par les juges qui, depuis le début ont pris part à
tous les débats. En effet, il s’impose pour la garantie de la vérité judiciaire et dans l’intérêt
d’une bonne administration de la justice, qu’une affaire soit jugée uniquement par les juges
qui ont eu une bonne connaissance du dossier. Il peut arriver qu’un nouveau juge entre dans le
siège pour remplacer un autre juge absent ou empêché, en ce cas il est exigé qu’il y ait
réouverture des débats, le président de l’audience doit faire à l’intention de ce nouveau juge, un
compte rendu valable, un résumé des débats antérieurs et cela, en présence de toutes les parties
qui doivent avoir été appelées pour cela ; le respect de ces conditions va rendre régulière la
composition du siège comprenant le nouveau juge70.
4. Le renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime (articles 60 à
62 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ)
Le juge naturel peut être refusé par une partie au procès ou par le Ministère Public et
ce pour deux raisons :
Soit parce que, le climat social ou politique du lieu où siège le juge naturel est
69
A. RUBBENS, op. cit., Tome I, le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaire 1970 n° 153 ; R. MERLE
et A. VITU, op.cit., n° 624.
70
Nimy MAYIDIKA NGIMBI, Essai critique de jurisprudence. Analyse des arrêts de la Cour Suprême de Justice
1969-1972, Kinshasa, 1973, pp.88-89.
36
détérioré au point qu’il ne soit plus possible de rendre une justice sereine. En ce cas, la cause
qui est pendante devant ce tribunal, doit être renvoyée devant un autre tribunal. C’est le renvoi
pour cause de sûreté publique. Il n’y a que le Ministère Public qui peut introduire une requête
aux fins de renvoi pour cause de sûreté publique. Ce qui est compréhensible puisqu’en sa
qualité de gardien de l’ordre public, il est le mieux placé pour apprécier si oui ou non, le climat
politique ou social du lieu où siège le tribunal est perturbé.
Soit parce que, tous les juges du tribunal ayant été récusés, il ne soit plus possible de
constituer un siège ; mais il peut arriver aussi que l’on soupçonne tous les juges d’un tribunal
d’avoir subi des pressions au point de ne plus jouir de l’indépendance ou de l’impartialité
requise pour juger une cause de manière équitable. C’est le renvoi pour cause de suspicion
légitime. Les parties au procès peuvent introduire une demande de renvoi pour cause de
suspicion légitime.
Il y a lieu de noter que la simple introduction d’une demande de renvoi ne suffit pas
pour obliger le tribunal soupçonné à cesser de juger une cause ; la juridiction qui est saisie
d’une demande de renvoi doit donner acte du dépôt de la requête ; c’est au vu de l’expédition
du donné expédition que peut produire le Ministère Public ou la partie la plus diligente, que la
juridiction saisie quant au fond va surseoir à statuer.
La juridiction saisie de la demande de renvoi, va tenir une audience pour statuer sur les
mérites de cette demande ; toutes les parties à la cause doivent recevoir notification de la date
d’audience dans les formes et délais ordinaires.
A l’audience, les débats se déroulent de la manière suivante :
- le requérant expose ses moyens ;
- la partie adverse présente ses observations ;
- le tribunal clôt les débats et prend l’affaire en délibéré.
La décision sur la requête doit être rendue dans la huitaine de la prise en délibéré de
l’affaire ; elle n’est susceptible ni d’opposition ni d’appel.
Une expédition de la décision de renvoi (jugement ou arrêt) sera transmise du greffe
de la juridiction saisie à celui de la juridiction à laquelle la connaissance de l’affaire a été
renvoyée.
La compétence pour opérer le renvoi est réglée de la manière suivante :
Le Tribunal de Grande Instance peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’un
tribunal de paix de son ressort à un autre tribunal de paix du même ressort ;
La Cour d’Appel peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’un tribunal de grande
instance de son ressort à un autre tribunal de grande instance du même ressort ;
La Cour de Cassation peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’une Cour d’Appel
à une autre Cour d’Appel ou d’une juridiction du ressort d’une Cour d’Appel à une juridiction
de même rang du ressort à une autre Cour d’Appel.
Délibérer, c’est réfléchir à plusieurs, confronter les opinions pour aboutir à une
décision commune. Par extension, on parle de délibéré d’un juge unique parce qu’il fait une
comparaison mentale entre les conclusions des parties et les diverses opinions possibles pour
prendre une décision.
Le délibéré obéit aux règles suivantes (art. 41 à 43 la loi organique du 11 avril 2013
37
sur l’OCJ) :
a) Le délibéré est secret ;
b) Dans le délibéré, le juge le moins ancien du rang le moins élevé donne son avis le
premier, le président donne son avis le dernier. Cette règle a été prévue pour éviter que le juge
le moins expérimenté n’adopte par référence pour son aîné, l’opinion que celui-ci donne ;
c) Des décisions sont prises à la majorité des voix. Toutefois, en matière pénale, s’il
se forme plus de deux opinions dans le délibéré, le juge qui a émis l’opinion la moins
favorable au prévenu est tenu de se rallier à l’une des deux autres opinions. En matière de droit
privé, s’il se forme plus de deux opinions dans le délibéré, le juge le moins ancien du rang le
moins élevé est tenu de se rallier à l’une de deux autres opinions71.
La Cour de cassation et, dans leur ressort, les cours et tribunaux, ont droit de
surveillance et d’inspection sur les juridictions inférieures. La surveillance est exercée par le
chef de la juridiction ou par son remplaçant. Le droit de surveillance consiste à veiller à ce que
les dossiers qui sont portés devant les cours et tribunaux soient rapidement et régulièrement
traités. Il s’agit d’une surveillance purement administrative qui ne peut en aucune manière
chercher à violer l’indépendance garantie aux cours et tribunaux par la Constitution. Les
magistrats qui vont inspecter les cours et tribunaux ne peuvent pas dicter aux juges les
décisions judiciaires prendre ou chercher à remettre en question les décisions judiciaires déjà
prononcées.
71
A. RUBBENS, op.cit., Tome III n°181 et 205.
38
pour liquider les dossiers pris en délibéré et qui connaissent du retard. La période de vacances
judiciaires va normalement du 15 août au 15 octobre72 de chaque année.
La fin des vacances judiciaires se caractérise par la rentrée judiciaire qui se manifeste
par la tenue d’une audience solennelle et publique, au cours de laquelle un discours du premier
président de la Cour de cassation en voie de disparaître et une mercuriale du Procureur Général
de la République sont prononcés73.
Dans la pratique, les Cours d’Appel organisent également des audiences solennelles de
rentrée judiciaire, marquées par le discours du premier président et les mercuriales des
Procureurs généraux pour une bonne administration de la justice (article 64 de la loi-organique
du 11 avril 2013 sur l’OCJ).
L’auditeur général des forces armées peut, pour cause de sûreté ou de suspicion
légitime, renvoyer la connaissance d’une affaire d’un conseil de guerre supérieur, opérationnel
ou de garnison, à un autre conseil de guerre de même rang (art. 116 du C.J.M.)
§3. La collégialité des juridictions militaires
La juridiction délibère, puis vote, par scrutins secrets distincts et successifs au moyen
de bulletins écrits, sur le fait principal d’abord et, s’il y a lieu, sur chacune des circonstances
aggravantes, sur les questions subsidiaires et sur les faits d’excuse légale.
§5. La règle du double degré de juridiction
Excepté les arrêts rendus par les cours militaires opérationnelles, c'est-à-dire en temps
de guerre, les arrêts et jugements rendus par les cours et tribunaux militaires sont susceptibles
72
Article 63 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
73
Article 64 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
39
d’opposition et d’appel (art.276 code de justice militaire). L’art.278 dispose, que l’appel est
interjeté devant les juridictions ci-après :
La Haute Cour Militaire, lorsque la décision attaquée a été rendue par la cour
militaire ;
La Cour militaire, lorsque la décision attaquée a été rendue par le tribunal militaire de
garnison ;
Le Tribunal militaire de garnison, lorsque la décision attaquée a été rendue par le
tribunal militaire de police.
Notons qu’un acte de la C.N.S. a décidé d’étendre le droit d’appel en temps de guerre
avec les justiciables des juridictions militaires.
40
CHAPITRE 4. L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU MINISTERE PUBLIC
L’on doit savoir, qu’à chaque tribunal se trouvent rattachés un certain nombre de
magistrats du parquet, qui y exercent les fonctions de Ministère Public y compris au tribunal de
paix40.
38
R. MERLE et A. VITU, Traité de droit criminel, Procédure pénale, 4ème édition, Paris, Cujas, 1989, n°180
39
Idem.
40
Art. 13, loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
41
§1. Cour Constitutionnelle
Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle remplit près cette juridiction les
fonctions de Ministère public74.
Il est principalement chargé de mouvoir l’action publique contre le Président de la
République et le Premier Ministre qui, aux termes de l’art. 160 de la Constitution, sont
pénalement justiciables de la Cour Constitutionnelle pour des infractions politiques de haute
trahison, d’outrage au parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour les délits
d’initier et pour les autres infractions de droit commun commises dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. De même que, cette même haute juridiction est
compétente à l’égard des complices et co-auteurs du Président de la République et du Premier
Ministre. Ce parquet général agira également pour d’autres matières dévolues à la Cour de
Constitutionnelle par voie d’avis.
C’est le Procureur Général près la Cour de cassation, qui remplit auprès de cette
juridiction les fonctions du Ministère Public41.
En principe, le Procureur Général près la Cour de Cassation ne peut exercer l’action
publique que sur des personnalités déterminées, que nous avons énumérées plus haut,
lorsqu’elles ont commis des infractions.
Le Procureur Général près la Cour de cassation a un droit de surveillance et
d’inspection sur les parquets généraux près les Cours d’Appel et sur le Procureur Général près
la Cour de Sûreté de l’Etat42.
Il est assisté dans l’exercice de sa mission par un ou plusieurs premiers avocats
généraux et avocats généraux, qui tous exercent tous leurs fonctions d’officiers du Ministère
public sous sa surveillance et sa direction43.
74
Article 12 de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
constitutionnelle.
41
Art. 12, idem
42
Idem
43
Ibidem.
42
§4. Cour d’Appel
Près chaque Cour d ‘Appel existe un Procureur Général. C’est lui qui est le chef, le
patron de l’action publique devant toutes les juridictions de son ressort ; en terme technique, on
dit qu’il a la plénitude de l’exercice de l’action publique44.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel exerce les fonctions du Ministère Public
auprès de toutes les juridictions de son ressort.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel peut prendre la parole à l’audience devant
tout tribunal de son ressort, il prend la parole aux audiences solennelle de la Cour d’Appel. Il
est assisté d’un ou, plusieurs avocats généraux et substituts du Procureur Général.
Un parquet sera institué près cette juridiction et veillera à l’application correcte par
cette juridiction de la loi en rapport avec les compétences que la loi aura à assigner à cette
juridiction.
44
Art. 77, loi organique de 2013 sur l‘OCJ
47
Art. 16, Ibidem
48
Art.16, Ibidem
43
SECTION 2. LES REGLES JUDICIAIRES COMMUNES AUX MAGISTRATS DU
PARQUET
§1. Les attributions du Ministère Public en matière d’exécution des lois et de jugements
Le Ministère Public surveille l’exécution des lois, des ordonnances et des jugements ;
il intervient d’office c’est à dire sans avoir été prié par quelqu’un pour exécuter les lois, les
ordonnances et les jugements chaque fois que l’ordre public est intéressé49. Ainsi par exemple,
quand une loi qui contient une disposition pénale est violée, le Ministère Public intervient
d’office pour faire sanctionner cette violation en exerçant l’action publique. En matière
d’exécution des jugements, le Ministère Public ayant le droit de réquisitionner la force
publique, c'est-à-dire la force de l’Etat, c’est à lui que vont s’adresser les huissiers de justice
pour obtenir l’assistance nécessaire en vue de briser toute résistance ou la violence qui leur est
opposée50.
En matière d’exécution des jugements répressifs, le Ministère Public est chargé des
tâches suivantes :
- exécuter les peines corporelles (exécution capitale et emprisonnement) ;
- exécuter les condamnations aux dommages-intérêts alloués d’office ;
- exécuter la contrainte par corps en ordonnant la prise de corps.
Le Ministère Public a reçu de la loi une mission générale de surveillance des officiers
de police judiciaire, des officiers publics et des officiers ministériels, sauf les agents du greffe
et de l’office des huissiers51. Les officiers de police judiciaire que nous étudierons plus loin,
sont les yeux et les oreilles du Ministère Public dans sa mission de rechercher les preuves des
infractions commises.
Les officiers publics sont des personnes à qui ont été donnés par l’autorité publique
(l’Etat) la qualité et le pouvoir d’authentifier des actes et les tenir en dépôt ; exemple le Maire
en tant qu’officier de l’état civil, le notaire, les greffiers et les huissiers52.
Les officiers ministériels entendus au sens strict du droit français, sont des personnes
titulaires d’un office ou d’une charge, qui leur est donné à vie par l’autorité publique et pour
lequel elles ont le droit de présenter un successeur. En outre, elles jouissent d’un monopole ;
c’est le cas des notaires, des greffiers et des huissiers de justice53.
Entendu en ce sens, le terme « officier ministériel »est impropre en droit congolais
dans lequel les fonctions de notaire, de greffiers et des huissiers sont remplis par des
fonctionnaires de l’Etat. Mais on peut qualifier en droit congolais les greffiers, les huissiers et
49
Art.66, loi organique de 2013 sur l‘OCJ
50
A. RUBBENS, op.cit, Tome I, n° 152
51
Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ
52
R.GUILLIEN et J. Vincent, Lexique de terme juridique, op.cit, p.311
53
R.GUILLIEN et J. Vincent : Op.cit., p.310.
44
les notaires d’officiers ministériels » au sens étymologique d’officiers chargés d’un Ministère
obligatoire, d’une mission publique.
Le Ministère Public veille au maintien de l’ordre dans les cours et tribunaux ; mais, il
n’a pas la police de l’audience qui appartient au Président de l’audience54. Il peut par exemple
demander au Président de l’audience de prendre telle mesure qu’il juge convenable pour le
maintien de l’ordre. Il lui appartient aussi de provoquer les mesures de police nécessaires au
maintien de l’ordre aux abords de la salle d’audience, pour prévenir les attroupements55.
Nous rappelons que le Ministère Public surveille la composition et l’action de tous les
tribunaux coutumiers de son ressort ; il leur donne des directives nécessaires pour la bonne
administration de la justice56. Nous partageons le point de vue de A. RUBBENS, qui estime
que ces dispositions heurtent le principe de l’indépendance des juges57 ; toutefois, nous ne
pouvons le suivre sur la justification qu’il en donne en affirmant que : « ces dispositions sont
marquées au coin de la politique paternaliste du régime colonial »58.
A notre point de vue, la mission de surveillance du Ministère Public exercée sur la
composition et l’action des tribunaux coutumiers se justifie de deux manières : il y a d’abord le
fait que l’officier du Ministère public est juriste de formation, à ce titre, il dispose de la
formation technique qui lui permet de contrôler le fonctionnement des tribunaux coutumiers
composés de non juristes, ensuite. Il y a la perspective de la requête en annulation des
jugements coutumiers, requête, ainsi que nous l’avons déjà développé plus haut que seul le
Ministère a compétence d’introduire devant le tribunal de grande instance lorsque les
jugements coutumiers ont violé la coutume ou les règles substantielles de procédure.
C’est au cours de sa mission de surveillance que le Ministère Public va pouvoir relever
les jugements qui ont violé la coutume et les règles substantielles de procédure et décider
d’introduire une requête en annulation de ces jugements devant le tribunal de grande instance.
Le Ministère Public contrôle les officiers de police judiciaire étant donné que ces
derniers exercent leur mission judiciaire sous les ordres et l’autorité du Ministère Public59.
Il est même prévu la procédure d’habilitation par le Procureur de la République : ce
dernier peut accorder ou refuser l’habilitation à exercer les attributions d’officiers de police
judiciaire60; l’officier de police judiciaire, qui fait l’objet d’une mesure de refus, de suspension,
de retrait de l’habilitation ne peut exercer ces attributions judiciaires attachées à la qualité
d’officier de police judiciaire ; l’officier de police judiciaire frappé par ces mesures et qui
s’obstine à poser les actes judiciaires propres à un officier de police judiciaire, peut être
poursuivi en justice et être condamné à une peine de prison de 2 à 6 mois ou à une peine
d’amende61.
54
Art.66 de la loi organique du 11 avril 2014 sur l’Organisation et la compétence Judiciaires.
55
A. RUBBENS, op.cit, Tome I, n° 153
56
Art.10 de l’arrêté royal du 13 mai 1938 coordonnant les décrets sur les juridictions indigènes
57
A. RUBBENS, op.cit., Tome I, n° 153
58
Idem
59
Art.1 du code de procédure pénale.
60
Art.13.de l’ordonnance n°78 :289 du 3.07.1978 relative à l’exercice des attributions des O.P.J.
61
Art.13. de la même ordonnance
45
§3. La mission du Ministère Public en matière répressive
L’on ne peut pas concevoir une audience judiciaire en matière de droit privé sans que
le Ministère Public soit présent, car la loi exige qu’il assiste à toutes les audiences de la cour de
62
Art.11 du code de procédure pénale, A.RUBBENS : Op.cit., Tome I n°146, R. MERLE et A.VITU : op.cit, n°204
63
Art. 65, loi organique de 2013 sur l‘OCJ
64
Idem
66
Ibidem
46
cassation et de toutes les autres juridictions jusqu’au niveau des tribunaux de paix67.
Nous devons ici noter l’illogisme de la position légale. En effet, nous avons déjà dit
que le tribunal de paix est la juridiction compétente chargée de juger tous les litiges du droit de
la famille. Or, des nombreuses dispositions du code de la famille font intervenir le Ministère
Public68.
- l’art.319 relatif à l’autorité parentale, le Ministère Public peut requérir la
déchéance ;
- l’art. 359 où le Ministère Public peut saisir le tribunal de paix en cas de refus de
l’art.367 qui permet au Ministère Public de saisir le tribunal de paix en amiable conciliateur
lorsqu’il y a refus de réception de la dot.
Notons également, que la loi exige l’avis du Ministère Public chaque fois qu’une
juridiction doit faire application de la coutume69. Or, comme dit ci-haut, le tribunal de paix est
la juridiction compétente, pour juger les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la
coutume et les litiges relatifs aux successions.
La loi exige dans des cas biens déterminés que les dossiers judiciaires soient
communiqués au Ministère Public pour qu’il donne son avis, la loi a déterminé onze (11) cas,
nous ne citerons que les suivants à titre illustratif :
- les dossiers dans lesquels sont en cause l’Etat, les établissements publics, les
régions, les assemblées régionales et les collectivités ;
- les dossiers relatifs aux litiges de successions ;
- les dossiers qui concernent les mineurs.
- le Ministère Public peut de lui-même demander que les dossiers où il croit pouvoir
donner son avis lui soient communiqués70.
- une juridiction peut aussi estimer indiquer de communiquer des dossiers au
Ministère Public pour recueillir son avis71.
Dans les pays qui ont une vieille expérience judiciaire, ce sont des juristes
spécialistes qui siègent en matière de droit privé. C’est pourquoi, leurs avis sont attendus avec
intérêt parce qu’ils constituent des véritables consultations des spécialistes.
La décharge est l’équivalent de la récusation au niveau du parquet. Le magistrat
instructeur en charge d’un dossier peut se retrouver dans une situation qui ne garantit pas
l’équité dans le traitement d’une affaire.
En se fondant sur le fait que le ministère public instruit à charge et à décharge, une
partie peut estimer, au regard de l’opinion qu’un magistrat a déjà émise dans le cadre du dossier
la concernant ou au regard des affinités que ce magistrat pourrait avoir avec son adversaire,
67
Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
68
Idem
69
Ibidem
70
Art. 69, idem
71
Idem
47
qu’il est difficile voire impossible que l’instruction qu’il mène soit orienté autrement qu’en sa
défaveur. Elle peut, dans ce cas, s’adresser au chef d’office aux fins d’obtenir le remplacement
du magistrat suspecté.
La loi ne détermine pas une procédure particulière pour les magistrats du ministère
public et la règle du contradictoire ne semble pas de mise comme dans le cas de la récusation
des magistrats du siège.
On en vient à croire que sur ce point, les chefs d’office seraient investis d’un pouvoir
discrétionnaire leur permettant de faire droit ou non à la demande tendant à obtenir la décharge.
Le Ministère Public agit comme partie principale à chaque fois que, l’intérêt public
exige son concours74.
Il doit cependant être noté, que le Ministère Public ne peut pas se substituer à une
partie privée sous prétexte que celle-ci s’abstient d’exercer une action qui intéresse l’ordre
public, par exemple en matière de divorce75.
C’est pour empêcher le Ministère Public d’agir dans ce domaine de manière
inconsidérée, que la jurisprudence congolaise a limité son champ d’action en affirmant : « il
faut que l’ordre public soit mis en péril par un état de choses auquel il importe de remédier,
pour que le Ministère Public puisse agir d’office en matière civile, il ne peut agir en invoquent
l’ordre public si des intérêts privés sont seuls en cause76.
Les officiers du Ministère Public peuvent agir par voie d’action principale dans
l’intérêt de toute personne physique lésée qui serait inapte à agir en justice ; à assurer sa
défense ou à faire face au payement d’un avocat ou d’un défenseur judiciaire77.
Nous nous trouvons ici devant une notion purement congolaise de ce qu’on appelle en
France « aide juridique » ; celle-ci, entendue au sens du droit français, est une assistance
judiciaire grâce à laquelle une personne qui a des ressources modestes peut bénéficier du
concours gratuit d’un avocat, pour faire valoir ses droits en justice78.
La note typiquement congolaise consiste à étendre l’aide judiciaire à ceux qui sont «
inaptes » pour agir en justice ou pour se défendre. Le droit congolais rejoint le droit français,
74
Art.66, loi organique de 2013 sur l’OCJ
75
A. RUBBENS : Op.cit, Tome I n°149
76
- Revue juridique du Congo-belge : 1937, p.171
- Revue juridique du Congo-Belge : 1958, p.49.
77
Art. 68 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’organisation et de la compétence judiciaires.
78
R. GUILLIEN et J. VINCENT, Lexique de terme juridiques, op.cit.
48
lorsqu’il prévoit la possibilité pour une personne aux ressources modestes, de bénéficier de
concours gratuit d’un avocat ou d’un défenseur judiciaire, soit pour introduire une demande en
justice, soit pour se défendre face à une accusation portée en justice.
Mais, le droit congolais introduit une nuance propre due à l’environnement
sociologique et culturel, en prévoyant que : l’aide judiciaire puisse également être accordée à
une personne qui est inapte, non pas financièrement parlant, mais sociologiquement et
culturellement, à introduire une demande en justice ou à se défendre face à une accusation
portée en justice.
Cette inaptitude sociologique et culturelle s’explique à notre sens, par l’ignorance
généralisée dont font preuve la plupart des congolais en matière de procédure judiciaire,
ignorance qui trouve en grande partie son origine dans le fait qu’il s’agit d’une grande partie
son origine dans le fait qu’il s’agit d’une procédure qui est trop étrangère à la manière
judiciaire traditionnelle de rendre la justice comme cela se fait selon les coutumes.
Nous avons déjà étudié les cas dans lesquels le Ministère Public est qualifie pour
exercer une action principale. A plus forte raison, peut-il, dans ces cas, lorsqu’il n’a pas pu agir
par voie d’action principale agir comme partie intervenante, en déposant des réquisitions79.
Nous devons signaler l’erreur de langage que l’on retrouve chez certains auteurs qui
parlent des « conclusions » ou réquisitions » du Ministère Public lorsqu’il est appelé à donner
un avis80.
Répétons, que le Ministère Public à qui un dossier judiciaire est communiqué pour
avis, ne prend pas de conclusions, encore moins des réquisitions et n’est pas partie
intervenante.
Les officiers du Ministère Public peuvent, par voie de requête écrite, demander au
Président de la juridiction, la désignation d’un avocat, d’un défenseur judiciaire chargé
d’assister les personnes physiques lésées qui sont inaptes à agir en justice ou qui sont inadaptés
à se défendre en justice lorsqu’elles sont accusées ou qui sont dépourvue de ressources
financières, pour faire face au paiement d’un avocat ou d’un défenseur judiciaire81.
79
A. RUBBENS, Op.cit., T.I n°61
80
A. RUBBENS, Op.cit., T.I n°61
81
Idem
49
6. Diverses missions judiciaires dans le cadre du code de la famille
Le Procureur Général près la Cour d’Appel peut déférer devant le conseil national de
l’ordre des avocats, les sentences disciplinaires prononcées par le conseil de l’ordre (art.96 de
l’ordonnance-loi n°79/08 du 2.09. 1979 portant organisation du barreau, du corps des
défendeurs judiciaires et du corps des mandataires de l’Etat).
Le Procureur Général près la cour d’appel assure et surveille l’exécution des peines
disciplinaires et de l’interdiction provisoire d’exercer prononcée contre un avocat (art.100 du
statut du barreau).
§5. Mission à caractère administratif
50
§6.Quid de l’autorité du Ministre de la Justice sur les magistrats du parquet
82
BAYONA-ba-MEYA : l’indépendance de la magistrature en République du Congo in Annales de la Faculté de
droit université du Congo vo. 1. 1972, P.32-33
83
BAYONA-ba-MEYA, idem
84
Art. 143 et 146 de l’arrêté d’organisation judiciaire n°289/70 du 20.8.79 portant règlement intérieur des cours et
tribunaux.
85
BAYONA-ba-MEYA : Op.cit, p.33
51
donner des ordres, des instructions, soutiennent qu’au Congo la justice n’est pas indépendante.
Nous rappelons d’abord que c’est la loi qui a donné ce pouvoir au Ministre de la
Justice ; ensuite il doit être reprécisé que l’indépendance absolue qui est garantie par la
Constitution concerne des juges, car ce sont eux qui disent le droit, qui jugent. Certes, les
magistrats du Parquet sont également indépendants dans leur mission qui consiste à faire
appliquer la loi, à l’interpréter ; mais il s’agit d’une indépendance relative.
Le Ministère Public remplit les devoirs de sa mission auprès des juridictions établies
dans son ressort. Ceci doit être souligné pour dire que le seul fait d’être un magistrat du parquet
ne suffit pas pour exercer ses fonctions devant n’importe quel tribunal. Nous avons déjà eu à
dire que c’est toujours auprès d’un tribunal, d’une juridiction qu’un magistrat du Parquet est
affecté ; il ne peut pas exercer ses attributions d’officier du Ministère public ailleurs, auprès
d’un autre tribunal.
Ce principe devrait pouvoir mettre fin à certaines pratiques illégales que l’on observe
dans le vécu judiciaire congolais où des frères tribus, ou des relations vont trouver un magistrat
du Parquet pour l’intéresser à une affaire qui se situe en dehors de son ressort d’affectation.
57
Idem
58
Art.21, Idem
52
préparatoire) ou un acte de procédure au niveau de l’audience du tribunal sans l’autorisation
du Procureur Général de la République, s’il s’agit d’une affaire qui est jugée par la Cour de
cassation ou du Procureur Général près la Cour d’Appel s’il s’agit d’une affaire qui est jugée
au niveau de la Cour d’Appel ;la même interdiction concerne la délivrance des copies simples,
actes de procédure sauf obtention de l’autorisation de mêmes autorités judiciaires(59). Les
demandes d’autorisation de délivrance des actes de procédure que l’on enregistre le plus
portent sur les copies des procès-verbaux des accidents de la circulation ; principalement en
vue de constituer le dossier au niveau de l’assurance.
Cependant, à la demande des parties au procès, l’on peut communiquer la plainte, la
dénonciation, les ordonnances, les jugements et les arrêts, tout comme on peut délivrer des
copies certifiées conformes (expéditions) de ces mêmes documents (60).
Contrairement au juge dont l’impartialité peut être mise en cause par la procédure de
la récusation et, lorsqu’il s’agit de tout le tribunal par celle de renvoi pour cause de suspicion
légitime, respectivement prévues par les articles 49 à 62, le Ministère Public, partie principale
et agissant par voie d’action principale au procès répressif ne peut être récusé. Ceci est du reste,
conforme au prescrit de l’art. 66 alinéas 5 de la loi organique du 11 avril 2013 sur
l’organisation et la compétence judiciaires qui prévoit que le Ministère Public assiste à toutes
les audiences des cours et tribunaux.
59
Art.21 idem, voir également l’article 84 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
60
Idem
53
Notons cependant que le Ministère Public peut être déchargé de l’instruction d’un
dossier par une ordonnance motivée de son Chef hiérarchique préalablement saisi par une
requête de la partie diligente.
Par ailleurs, au procès civil, le Ministère Public qui a toujours agi en tant que partie
jointe par voie d’avis donné sur le banc ou à l’issue d’un examen minutieux du dossier qui lui
est communiqué peut être récusé sur pied des articles 58 à 59 de la loi-organique sur
l’organisation et la compétence Judiciaires.
Le Ministère Public, gardien de la loi et de l’ordre public est censé agir pour l’intérêt
public. En tant que tel, les actes qu’il pose engagent la puissance publique, càd l’Etat qu’il
représente. Toutefois, l’Officier du Ministère Public peut engager sa responsabilité personnelle
lorsqu’il a agi par sentiment et contre la loi. Dans cette hypothèse, il peut s’exposer à des
sanctions disciplinaires.
En tant que corps hiérarchisé, le Ministère Public a plusieurs niveaux ou paliers tel que
le démontre l’art. 2 sus-évoqué de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ. Les magistrats
d’un palier inférieur reçoivent des injonctions de ceux d’un niveau supérieur à qui ils doivent
une subordination hiérarchique. C’est à ce titre qu’un Procureur général, Officier du Ministère
Public du parquet général près la Cour d’Appel peut ordonner au Procureur de la République,
Officier du Ministère Public du Parquet près le Tribunal de Grande Instance, la transmission
d’un dossier sur simple réquisition.
Cependant, si le Ministère Public doit à son supérieur hiérarchique une soumission, il
jouit tout de même d’une entière liberté d’expression et d’une totale indépendance d’esprit à
l’audience en vertu de l’adage : « la plume est serve mais la parole est libre ».
En effet, le Ministère Public n’est lié à l’égard de son supérieur hiérarchique que par
son écrit. Il doit une obéissance à son supérieur hiérarchique mais conserve à l’audience une
totale liberté d’opinion. C’est pourquoi, à l’audience, il peut instruire à charge ou à décharge.
54
CHAPITRE 5 : LA HIERARCHIE, LA COMPOSITION DE L’AUDITORAT
MILITAIRE ET SES REGLES DE FONCTIONNEMENT
L’auditeur Général des FARDC est le chef de corps de justice militaire. Il remplit les
fonctions du Ministère Public. Il exerce la plénitude de l’action publique devant toutes les
juridictions militaires (art.43 du C.J.M.). Il recherche et poursuit toutes les infractions de la
compétence de la Haute Cour Militaire, des cours militaires, des tribunaux militaires des
garnisons. Il a le droit d’occuper devant toutes les juridictions militaires le siège du Ministère
Public (art 43 al 2 C.J.M.). Il surveille les actes des auditeurs militaires près les cours
militaires et les tribunaux militaires de garnison, des greffiers de juridiction et des O.P.J. Il
surveille aussi la tenue du registre et des écritures, la conservation des archives et la conduite
des agents auxiliaires (art 49 du C.J.M). En temps de paix, il exerce ses fonctions sous contrôle
exclusif et direct du Ministre de la défense Nationale (art 47 C.J.M). En temps de guerre, sous
l’état de siège ou d’urgence, il est placé sous l’autorité exclusive du Premier Ministre.
L’auditeur Général des FARDC peut avoir un ou plusieurs Premiers substituts et des
substituts (Art 53 CJM).
L’auditeur général des FARDC est assisté d’un ou de plusieurs Avocats militaires et
des substituts de l’auditeur supérieur, nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par
le Président de la République (art.48, in fine C.J.M).
En cas d’empêchement, l’auditeur général de FARDC peut se faire remplacer par le
plus ancien des premiers avocats généraux ou, le cas échéant par le plus ancien les avocats
généraux (art.44 in fine du Code Judiciaire Militaire).
Il est également chargé de l’exécution des arrêts de la Haute Cour Militaire (art 45
CJM).
Les fonctions du Ministère Public près chaque Cour militaire sont remplies par des
auditeurs militaires supérieurs (art.48 Code Judiciaire Militaire).
L’auditeur militaire supérieur exerce, sous la surveillance et le contrôle de l’auditeur
général des FARDC les fonctions de Ministère Public près toutes les juridictions militaires
établies dans le ressort de la cour militaire. Il est assisté d’un ou de plusieurs avocats généraux
militaires et des substituts de l’auditeur militaire supérieur, nommés et, le cas échéant, relevés
de leurs fonctions par le Président de la République (art.48 du Code Judiciaire Militaire).
L’auditeur militaire supérieur peut se faire remplacer par l’avocat général militaire ou
l’auditeur militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé (art.49 C.J.M.).
L’auditeur militaire supérieur règle l’ordre intérieur et la tenue des registres des
auditorats militaires près les juridictions militaires de son ressort (art. 50 C.J.M.)
55
CHAPITRE 6 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS
1. Cour Constitutionnelle
2. Cour de cassation
- Premier Président de la Cour de Cassation.
- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs présidents.
- Elle comprend plusieurs conseillers et conseillers référendaires.
3. Conseil d’Etat
- Premier Président du Conseil d’Etat.
- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs conseillers et conseillers
référendaires.
- Il comprend plusieurs conseillers.
4. Cour d’Appel
- Premier Président de la Cour d’Appel, un seul
- Président(s) de la Cour d’Appel, un ou plusieurs.
- Conseillers à la Cour d’Appel, plusieurs.
56
5. Cour Administrative d’Appel
- Premier Président de la Cour administrative d’Appel
- Conseillers à la Cour administrative d’Appel
7. Tribunal de paix
- Président du Tribunal de paix : un seul
- Juges du Tribunal de paix : plusieurs.
Nous rappelons que là où les tribunaux de paix ne sont pas encore installés, les
tribunaux de police et les tribunaux coutumiers continuent de fonctionner.
3. Cour d’Appel
- Procureur général près la Cour d’Appel ou près la Cour de Sûreté de l’Etat
- Un ou plusieurs avocats généraux
- Plusieurs substituts du Procureur Général.
A la différence des juridictions civiles qui pour la tenue des audiences, font appel à des
magistrats de carrière, tant pour tenir le rôle du Ministère Public que pour juger, les juridictions
militaires font appel, pour tenir le rôle du Ministère public à des magistrats de carrière mais ce
sont des officiers non magistrats qui composent majoritairement le siège. Ainsi, le tribunal
militaire de police siège avec trois juges militaires dont un seul est magistrat de carrière (art. 24
al 1 C.J.M) ; le tribunal militaire de garnison siège avec cinq juges militaires dont un seul est
magistrat de carrière (art.22 C.J.M) ; la cour militaire opérationnelle siège avec cinq juges
militaires dont un seul est magistrat de carrière (art.20 al1 C.J.M) ; la cour militaire siège avec
cinq juges militaires dont deux seulement sont magistrats de carrière (art.16 al 1 C.J.M) ; la
Haute cour militaire siège cinq juges militaires dont deux seulement sont magistrats de carrière
(art. 10 C.J.M).
Cette particularité dans la composition du siège des juridictions militaires entraîne une
différence considérable dans la hiérarchie des grades des magistrats militaires. L’on constate
une graduation hiérarchisée en ce qui concerne l’auditorat militaire (parquet militaire) et un
seul juge permanent par juridiction militaire.
AUDITORAT MILITAIRE JURIDICTION MILITAIRE
58
CHAPITRE 7 : LA COUR DES COMPTES
1
J. VINCENT, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La justice et ses institutions, Précis, Paris, Dalloz, 1991,
n°470.
59
§2. Les sections de la Cour des Comptes
La Cour des Comptes comprend trois sections, qui peuvent être divisées en chambre :
- section chargée des comptes et services de l’Etat et des entités décentralisées ;
- section chargée des établissements publics (entreprises publiques, organismes
publics, entreprises mixtes ;
- section chargée des fautes en matière de discipline budgétaire et financière.
La Cour des Comptes se réunit soit en audience solennelle, soit toutes sections réunies,
soit en chambre, soit en comité de rapport. Elle se réunit en audience solennelle notamment
pour procéder à l’installation des magistrats. La Cour siège toutes sections réunies dans les cas
suivants :
- Pour examiner et arrêter le compte général de l’Etat ;
- Pour se prononcer sur des questions de procédure, ou de jurisprudence ;
- Pour connaître des affaires qui lui sont déférée directement par le Président, sur
renvoi d’une section, à la requête du M.P sur renvoi après cassation ;
- Pour constater et vérifier la gestion et les comptes des établissements publics.
Les comptables de fait sont également soumis au contrôle de la Cour des Comptes.
On appelle Comptable de fait, toute personne qui effectue des opérations de recettes, de
dépenses, de détention et de maniement de fonds ou de valeur appartenant à l’Etat, aux entités
décentralisées et aux établissements publics.
La Cour des Comptes peut condamner à une amende qui n’excède pas le double du
traitement mensuel de tout gestionnaire public, tout fonctionnaire ou agent de l’Etat, auteur
d’une faute de gestion.
Les autres compétences de la Cour des Comptes sont notamment :
- Vérifier que les recettes dues à l’Etat sont versées régulièrement au Trésor et
appliquer les périodicités légales en cas de retard ;
- Vérifier la régularité des dépenses publiques ;
- Surveiller le remboursement des sommes dues à l’Etat au titre de prêts et des
garanties d’emprunts ;
- Apurer les comptes des comptables publics et établir des arrêts définitifs qu’ils ont en
débet ;
- Examiner la légalité et la régularité du marché public, des travaux et des fournitures,
des biens et services de l’Etat et des établissements publics ;
- Arrêter les sommes à couvrir à charge des ordonnateurs délégués lorsqu’ils ont
engagé des crédits en violation de la loi ; elle peut leur infliger des amendes qui n’excèdent pas
la moitié de leur traitement et proposer leur suspension ou leur destitution ;
- Publier chaque année un rapport public sur la gestion des finances et biens publics.
Le Procureur Général exerce son ministère par voie de conclusion, d’avis ou de
réquisition. Il fait dresser un état des comptables qui doivent faire parvenir leurs comptes à la
60
Cour ; il requiert application des amendes prévues par la loi, il défère à la Cour les opérations
présumées constitutives des fautes de gestion.
Au plan politique, la Cour des comptes relève du parlement qui peut notamment lui
adresser une question écrite ou orale, décider une commission d'enquête et interpeller son
président ou le Procureur Général.
Au plan juridictionnel, les arrêts de la Cour des Comptes sont susceptibles de pourvoi
en cassation devant la Cour de cassation sur requête du comptable ou du Procureur général
près la Cour des Comptes. En cas de cassation, le compte est renvoyé devant la Cour des
Comptes siégeant toutes sections réunies. Les arrêts de la Cour des Comptes sont également
susceptibles d’un recours en révision par un comptable en cas de découverte d’un fait
nouveau dans le délai de 10 ans de la notification de l’arrêt. Le recours en révision est
également ouvert au Procureur Général près la Cour des Comptes dans un délai de 3 ans à dater
de l’arrêt définitif.
61
CHAPITRE 8 : LES IDEES MAITRESSES DU STATUT DES MAGISTRATS
CIVILS
SECTION 1. DU RECRUTEMENT
§1. Des conditions imposées pour être nommé magistrat (art. 1 du statut).
SECTION 2. DU SIGNALEMENT
L’appréciation du mérité est synthétisée par l’une des mentions suivantes : Elite, « très
bon », Médiocre, elle est faite à deux échelons (art.7 du statut).
Un problème sérieux se pose en ce qui concerne le signalement des juges. L’on peut
facilement concevoir, qu’un chef de juridiction puisse être côté sur la gestion administrative de
sa juridiction ; comment peut-on cependant, concevoir la cotation des juges siégeant en
collège ou à juge unique sans risque de censure alors que les juges jouissent de
l’indépendance totale dans cet exercice de la fonction juridictionnelle.
62
§1. Des promotions
Pour être nommé à un grade supérieur, il doit avoir accompli au moins 3 ans de
service dans le grade inférieur et avoir, pendant la période, obtenu au moins deux fois la côte
« bon » (art .11 du statut).
Seul, le Président de la République a le pouvoir de promouvoir les magistrats, sur
proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Les traitements, les indemnités et autres avantages pécuniaires alloués aux magistrats
émargent au budget mis annuellement à la disposition du pouvoir judiciaire sur le budget de
l’Etat. Ce budget est géré par le Président de la Cour de Cassation, assisté du secrétariat
permanent du Conseil Supérieur de la Magistrature, conformément à la loi.
Il est prévu des primes d’intérim et une indemnité de représentation pour les chefs de
juridiction ou d’offices.
Le Conseil Supérieur de la Magistrature qui est devenu aux termes de l’art. 152 de la
Constitution du 18/02/2006 l’organe de gestion du pouvoir judiciaire est composé de :
- Le Président de la Cour Constitutionnelle ;
- Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle ;
- Premier Président de la Cour de Cassation ;
- Procureur Général près la Cour de Cassation ;
- Le premier Président du Conseil d’Etat ;
- Procureur Général près le Conseil d’Etat ;
- Premier Président de la Haute Cour Militaire ;
- Auditeur général près la Haute Cour Militaire ;
63
- Les premiers Présidents des Cours d’Appel ;
- Les Procureurs Généraux près les Cours d’Appel ;
- Les Premiers Présidents des Cours Administratives d’Appel ;
- Les Procureurs Généraux près les Cours Administratives d’Appel ;
- Les Premiers Présidents des Cours militaires ;
- Les auditeurs militaires supérieurs ;
- Deux magistrats de siège par ressort de cour d’appel, élus par l’ensemble des
magistrats du ressort pour un mandat de trois ans ;
- Deux magistrats du parquet par ressort de cour d’appel, élus par l’ensemble des
magistrats du ressort pour un mandat de trois ans ;
- Un magistrat de siège par ressort de cour militaire ;
- Un magistrat de parquet par ressort de cour militaire.
L’activité de service est la position du magistrat qui exerce effectivement les
attributions inhérentes à sa fonction. Le congé est assimilé à l’activité de service.
Le magistrat a droit :
- à un congé de reconstitution de 30 jours ouvrables pris chaque année ;
- à des congés de circonstance suivant des événements ;
- à des congés des maladies ou d’infirmité.
Le détachement est la position du magistrat qui est autorisé à interrompre
provisoirement ses fonctions pour protester ses services au sein de l’Administration, institutions
ou organisme officiels autres que ceux qui dépendent du Ministère de la Justice. Le
détachement est accordé par les premiers présidents de la Cour de Cassation, de Conseil d’Etat
ou les Procureurs généraux près ces juridictions, selon qu’il s’agit d’un magistrat de siège ou du
parquet, pour une durée qui ne peut excéder trois ans. Toutefois, le détachement peut être
renouvelé une seule fois (art. 33 du statut).
La disponibilité est prononcée soit d’office, soit à la demande du magistrat, par le
Président du Conseil Supérieur de la Magistrature (art.36 du statut).
Tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur ou à la dignité
de ses fonctions constitue une faute disciplinaire.
Les peines disciplinaires suivant la gravité des faits, sont :
64
- Le blâme ;
- La retenue d’une tiers du traitement pour un mois ;
- La suspension de trois mois au maximum avec privation du traitement ;
- La révocation.
Le magistrat doit servir l’Etat avec fidélité, dévouement, dignité, loyauté et intégrité.
Les fonctions de magistrat sont incompatibles avec toute activité professionnelle salariée ou
non dans le secteur public ou privé, hormis les cas de détachement ou de disponibilité.
Aucun magistrat ne peut directement ou indirectement exercer un commerce quel
qu’il soit. Cependant le magistrat peut être actionnaire dans une société ou se livrer à une
exploitation agricole ou à l’élevage.
Le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature peut, dans des cas particuliers,
autoriser un magistrat à enseigner dans une université ou dans un institut supérieur.
§1 De la pension d’inaptitude
Tout magistrat qui, pour une cause autre que le décès, la démission d’office ou la
révocation, cesse définitivement ses services après une carrière d’au moins 10 ans reçoit une
allocation de fin de carrière.
Le montant de cette allocation est égal à un quart, deux quarts ou trois quarts du
montant annuel du dernier traitement d’activité, selon que l’intéressé a accompli une carrière
d’au moins dix ans, quinze ans ou vingt ans.
Le magistrat reconnu définitivement inapte a doit à l’allocation de fin de carrière.
L’allocation de fin de carrière est exempte de toute imposition.
Lorsque le magistrat est décédé avant le paiement de l’allocation de fin de carrière,
celle-ci est liquidée à la veuve ou, à défaut de celle-ci, aux enfants du défunt bénéficiant des
allocations familiales (Art.75).
2. L’orphelin d’un magistrat soumis au présent statut a droit à une rente d’orphelin
jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Peuvent y prétendre :
Les enfants du magistrat, à condition qu’ils soient nés avant ou neuf mois après la
cessation définitive des services du magistrat ;
Les enfants adoptés par le magistrat, à condition que l’acte d’adoption ait précédé la
66
cessation définitive des services du magistrat ;
Les enfants reconnus et déclarés à l’état civil avant la cessation définitive des services
du magistrat ;
Les enfants que le conjoint a reconnus d’un précédent mariage, à condition que le
mariage avec le magistrat qui a ouvert le droit à la rente d’orphelin ait été contracté avant la
cessation définitive des services et que les enfants aient donné lieu à l’attribution d’allocations
familiales à ce conjoint ;
Les enfants sous tutelle du magistrat, à condition que la tutelle ait été déférée avant la
cessation définitive des services du magistrat et que les enfants aient donné lieu à l’attribution
d’allocations familiales au magistrat.
La veuve qui se remarie est déchue du droit à la rente ;
Les rentes sont acquises par mois ;
Lorsqu'un magistrat est décédé en cours de carrière, la veuve a droit à une allocation
de décès.
67
CHAPITRE 9. DE LA POLICE JUDICIAIRE
75
R. MERLE et A. VITU op. cit., n° 204 ; J. PRADEL, Procédure pénale, 5è édition, Paris, Cujas, 1990, n° 120.
76
Lire à ce sujet : J. PRADEL op. cit., n° 120.
68
O.P.J. peut circuler pour constater les infractions de sa compétence matérielle. Cette
compétence territoriale est dite générale lorsqu'un O.P.J. peut constater les infractions sur toute
l'étendue du territoire national; elle est dite restreinte lorsqu'un O.P.J. ne peut opérer que dans
un espace territorial bien déterminé. L'on dira donc qu'un O.P.J. est à compétence territoriale
générale ou restreinte.
Les O.P.J. sont placés sous les ordres et l'autorité du Ministère Public. C'est le prescrit
de l'art. 1 du code de procédure pénale. A ce titre, leurs procès-verbaux peuvent être
recommencés par le magistrat instructeur qui constate des irrégularités, voire des illégalités
dans leur établissement.
Les O.P.J. font acte d'allégeance au ministère en prêtant serment entre les mains du
Procureur de la République (procédure dite de l'habilitation).
Des garde-fous d'ordre réglementaire sont prévus dans le but de dissuader les O.P.J. de
commettre des abus dans l'exercice de leurs fonctions.
Parmi ces garde-fous, mentionnons le plus dissuasif qui menace de sanction pénale
l'O.P.J. qui se permet soit de retarder l'information judiciaire dont il a connaissance, soit de
s'octroyer le pouvoir d'appréciation, de procéder ou non à l'accomplissement d'une enquête, soit
de refuser ou de retarder la constatation d'une infraction pour laquelle il a reçu une plainte d'un
particulier ou un ordre d'enquêter du Ministère Public. La sanction pénale peut aller jusqu'à 2
mois de prison sans compter que la victime de l'infraction peut réclamer devant le tribunal,
contre l'O.P.J. des dommages-intérêt auxquels le coupable devait être condamné (art. 28 de
l'ordonnance n° 78/289 du 3 juillet 1970 relative à l'exercice des attributions des O.P.J. et
A.P.J).
Un acte de la CNS a institué le pouvoir disciplinaire du Ministère Public de l'auditorat
militaire sur tous les O.P.J. civiles et militaires avec obligation d'exercer les poursuites pénales
en cas de violation des droits fondamentaux de l'homme.
69
CHAPITRE 10. LE GREFFE ET L'OFFICE DES HUISSIERS
SECTION 1. LE GREFFE
§1.Notion du greffe
Le greffe est un service public, mieux, un dépôt public où, sous la responsabilité du
greffier, sont conservés les originaux des décisions judiciaires qu'on appelle "minutes", les
registres, dossiers, pièces à conviction et, en général tous les actes et pièces provenant de la
justice(61).
Le service d'ordre intérieur des greffes est réglementé au niveau de la Cour de
cassation, par ordonnance du Premier Président de la Cour et au niveau des juridictions
inférieures, par ordonnance du Premier Président de la Cour d'Appel.
A la Cour de cassation, dans chaque Cour d'Appel et dans chaque tribunal, il existe un
greffier chargé de la direction des services du greffe; il porte le titre de greffier en chef à la
Cour de cassation et dans les cours d'appel, de greffier principal dans les Tribunaux de Grande
Instance et de greffier dans le Tribunaux de Paix ; ces greffiers sont assistés d'un ou de
plusieurs adjoints.
61
Répertoire pratique de droit belge V° greffier n° 1
65
A. RUBBENS, op. cit., Tome I, n° 165
66
Idem
67
A. RUBBENS, op. cit., Tome I, n° 165
70
Le greffier exerce aussi une compétence ministérielle propre et autonome, lorsqu'il
rédige les assignations (modalité de pouvoir saisir un tribunal en matière civile), ou lorsqu'il
donne acte de la constitution de partie civile en dehors de l'audience (68), lorsqu'une victime de
l'infraction se présente au greffe pour faire une déclaration relative à sa volonté d'être
dédommagé, au moment où le Ministère Public a terminé ses enquêtes judiciaires et envoyé le
dossier judiciaire devant le tribunal qui doit juger cette infraction. Le greffier dresse aussi un
acte de déclaration d'opposition et d'appel; ce faisant il exerce toujours sa mission ministérielle
propre et autonome.
Le greffier exerce aussi des attributions administratives, notamment lorsqu'il procède
aux inscriptions au registre du commerce et à la réception des dépôts d'actes de société, garde
les registres à l'intention du public qui peut venir les consulter sur place (69).
Le greffier dispose aussi d'une compétence fiscale en percevant les frais de justice et
les droits proportionnels qui sont des impôts que l'Etat perçoit sur les sommes allouées par les
jugements et arrêtés de condamnation (70).
Ainsi qu'on peut s'en rendre compte, le greffier a une lourde responsabilité. Non
seulement il peut, comme tout fonctionnaire de l'Etat, être poursuivi disciplinairement pour les
négligences ou les erreurs dans le service, mais en outre ces négligences ou erreurs peuvent
l'exposer à des actions en dommages-intérêts. C'est pourquoi, les attributions du greffier
exigent de lui la discrétion, comme première qualité, puis l'intelligence, le sens de l'ordre, de
vigilance, de probité et de ponctualité; sa vie privée doit être exemplaire; enfin il doit éviter de
critiquer les décisions judiciaires (71).
Le terme " huissier " utilisé ici ne doit pas être confondu avec l'agent de service qui,
dans l'administration publique, ou paraétatique, a pour tâche de faire entrer les visiteurs chez un
responsable administratif.
L'huissier de justice est un agent de l'ordre judiciaire dont la mission judiciaire est
d'une importance qui souvent échappe à l'attention des justiciables ; l'huissier se trouve à la
base de l'action judiciaire puisque c'est généralement lui qui porte à la connaissance des parties
appelées en justice, les convocations officielles appelées " citations en matière pénale et "
assignations " en matière de droit privé. C'est la notification de ces convocations de justice, qui
saisit le tribunal. Ainsi si cette notification est mal faite c'est-à-dire si elle est faite sans
respecter les formalités imposées par la loi, le tribunal n'est pas saisi et ne peut pas tenir
audience. Mais l'huissier de justice se trouve également à la fin du procès, au moment de
l'exécution du jugement, non seulement c'est lui qui doit notifier tout jugement à la partie
perdante avant de l'exécuter mais en outre c'est lui qui va procéder à l'exécution des jugements
en pratiquant des saisies sur les biens de la partie perdante du procès, biens saisis qui seront mis
en vente publique et dont les produits de vente revirent à dédommager la partie gagnante du
jugement.
68
Idem
69
Ibidem
70
Ibidem
71
Ibidem.
71
§1.Absence de service propre
L'office d'huissier n'est pas constitué en service propre et n'a pas d'archives, il est
rattaché au greffe (72 ).
Les présidents des juridictions désignent les huissiers parmi les agents de l'ordre
judiciaire mis à leur disposition.
72 )
A. RUBBENS : op. cit., Tome I, n° 163
75
) Petit dictionnaire de droit Dalloz, Paris, 1951, V è exploit n° 1
76
) A. RUBBENS : op. cit., Tome I, n° 169.
77
) Art. 59 du code de procédure devant la cour suprême de justice
78
) Art. 113 du code de procédure civile.
79
) A. RUBBENS, op. cit., Tome 1, n° 169.
80
) Idem
72
§4. Observations critiques
L'on doit déplorer le fait que les huissiers dont nous venons de décrire le rôle
fondamental en matière d'exploits de justice, ne fasse pas l'objet d'une sollicitude particulière de
la part du Ministère de la Justice.
Les huissiers doivent bénéficier d'une solide formation, spécialement en droit
judiciaire et avoir une longue expérience judiciaire. Faut-il remettre en cause la formation qu'ils
sont censés recevoir au Centre de Formation du personnel judiciaire institué auprès du
Ministère de la Justice? On pourrait le dire. Certes, dans tous les actes, l'huissier agit sous la
direction du greffier qui reçoit les demandes d'exploits et veille à leur exécution (81), mais cela
est insuffisant.
Nous avons pu réaliser que les huissiers sont souvent à la base de graves désordres qui
surviennent en matière d'exécution forcée des jugements, ils pratiquent des exécutions en
violation des règles de procédure. Il y en a qui vont jusqu'à pratiquer des saisies-arrêts sur les
compte bancaires des personnes morales de droit public, qui bénéficient pourtant du privilège
d'inexécution forcée... D’autres huissiers, sous la pression des parties influentes refusent
carrément de procéder à l'exécution forcée.
A notre sens, l'on devrait mettre sur pied un corps d'huissiers dont la loi devrait fixer le
profil scientifique et la déontologie professionnelle. Mais surtout, les chefs des juridictions
doivent veiller avec un soin particulier à la bonne exécution des jugements tant il est vrai que
c'est au niveau de l'exécution des décisions judiciaire que les habitants se font une opinion sur
la véritable image de la justice du pays.
81
) Ibidem
73
CHAPITRE 11. DES AVOCATS ET DES DEFENSEURS JUDICIAIRES
Les avocats sont des auxiliaires de justice chargés d'assister ou de représenter les
parties, de postuler, de conclure et de plaider devant les juridictions. Ils peuvent être consultés,
peuvent conseiller, rédiger des actes sous seing privé, assister ou représenter les parties en
dehors des juridictions77. Le terme " postuler " signifie faire des actes de procédure que
nécessite le procès et favorisée le déroulement de l'instance78.
La profession d'avocat est une profession libérale et indépendante, les avocats exercent
librement leur ministère sous réserve de leur soumission aux lois et règlements et du respect
des règles propres à la déontologie de leur profession.
§3.Monopole
Les avocats et les défenseurs judiciaires ont le monopole en matière de représentation
et d'assistance des parties en justice, sauf les exceptions établies par la loi. Rappelons que ce
monopole est consacré par l'art. 19 al. 3 de la Constitution du 18 février 2006 qui permet à
toute personne poursuivie d'exiger d'être interrogé en présence d'un avocat, d'un défenseur
judiciaire ou de toute personne de son choix.
77
Ordonnance-loi n° 79/08 du 28 Septembre 1979, portant organisation du barreau et du corps des défenseurs
judiciaires
78
Lire : lexique de terme juridique par Raymond GUILLIEN et Jean-Vincent, Dalloz, Paris, 1985, Vè Postulation, p.
339
74
mœurs.
1. Doit être omis du tableau, l'avocat qui se trouve dans un des cas d'exclusion ou
d'incompatibilité prévue par la loi.
2. Peut être omis du tableau :
- l'avocat qui est empêché d'exercer réellement sa profession éloignement de la
juridiction, maladie ou infirmité grave et permanente, acceptation d'activités étrangères au
barreau
- l'avocat dont le défaut d'honorabilité pourrait porter atteinte à la dignité de la
profession
- l'avocat qui sans motifs valables ne s'acquitte pas de sa contribution aux charges de
l'Ordre et du barreau auquel il appartient
- l'avocat qui, sans motifs légitimes, n'exerce pas effectivement sa profession
- l'avocat honoraire dont le défaut d'honorabilité pourrait porter atteinte à la dignité
de la profession.
75
3. L'avocat omis est tenu de fermer son cabinet et de remettre aussitôt les affaires
en cours à ses clients.
4. L'avocat omis peut demander sa réinscription en apportant la preuve que les faits
qui avaient motivé l'omission ont cessé et qu'il remplit désormais les conditions requises pour
exercer honorablement la profession.
5. Les décisions en matière d'omission et de réinscription sont prises dans les
mêmes formes et donnent lieu au même recours qu'en matière d'inscription.
§8. Des droits et des devoirs des avocats (art. 71 à 80 l’ordonnance-loi sur le
barreau)
Les honoraires des avocats comprennent les frais dus pour sa postulation et les actes
de procédure et les frais de consultation et de plaidoirie.
Les frais de postulation et des actes de procédure ou autres sont fixés par un tarif
réglementaire.
Les honoraires de consultation et de plaidoirie sont fixés d'accord entre l'avocat et son
client.
En doctrine classique, l'on retient cinq critères de fixation des honoraires :
- la situation de fortune du client,
- la difficulté de l'affaire,
- les frais exposés par l'avocat,
- la notoriété de l'avocat,
- les diligences de l'avocat.
De manière générale, il est interdit de fixer les honoraires en fonction du résultat
judiciaire. C'est l'interdiction du pacte de " quota litis " convention par laquelle l'avocat stipule
que ses honoraires seront calculés, proportionnellement aux sommes que le tribunal allouera à
son client79.
Les frais et honoraires dus aux avocats peuvent être recouverts par la contrainte sur un
état qui en est dressé par l'avocat, visé et revêtu de la formule exécutoire par le Premier
Président de la Cour d'appel.
Un acte de la CNS a pris les décisions suivantes aux sujets des honoraires des avocats :
L'avocat fixe librement ses honoraires dans le cadre de prestations de ses services,
sous réserve du respect du règlement intérieur du Conseil de l'Ordre et de la règle de délicatesse
propre à la déontologie ;
En cas de contestation des honoraires, la partie qui s'estime lésée saisit d'abord le
Bâtonnier pour arbitrage et en cas d'échec, elle recourt devant le Conseil de l'Ordre du degré
d'appel ;
Le Premier Président de la Cour d'appel a un délai de 15 jours pour donner la formule
exécutoire sur la note d'honoraires et du frais lorsqu'il en est saisi ;
L'ordonnance du Premier Président de la Cour d'appel qui refuse sans aucune
justification de donner la formule exécutoire est susceptible de recours devant le Président de la
Cour de cassation qui doit statuer dans les 15 jours qui suivent la notification de l'ordonnance ;
79
J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La justice et ses institutions, Précis
Dalloz 1991, Paris, n° 737), lire aussi " Au service de la justice. La profession juridique de demain. Paris, Dalloz,
1967, p. 144.
78
Cour de cassation sera aussi saisi dans les 15 jours.
3. Organe disciplinaire
Les fautes et manquements des avocats sont réprimés par le Conseil de l'Ordre
siégeant comme conseil de discipline statuant au premier degré, le Conseil National de l'Ordre
siège au degré d'appel.
b) Le Conseil de l'Ordre
Il est composé de trois à six ou neuf membres, selon le nombre des avocats constituant
le barreau. Il a pour attribution de traiter toute question intéressant l'exercice de la profession
notamment :
- veiller à la stricte observation des devoirs des avocats et à la protection de leurs
droits ;
- arrêter et modifier le règlement intérieur ;
- assurer le maintien des principes de probité, de désintéressement, de modération et
de confraternité ;
- veiller à ce que les avocats se comportent en loyaux auxiliaire de la justice ;
- traiter toute question intéressant la défense des droits des avocats et d'observation de
leurs devoirs ;
- veiller à la formation des stagiaires ;
- organiser un bureau de consultation gratuite en faveur des indigents ;
- gérer les biens appartenant au barreau ;
- les membres du Conseil de l'Ordre sont élus pour trois ans au scrutin secret par
l'Assemblée Générale.
c) Le bâtonnier
Il est élu pour trois ans, au scrutin secret, par l'Assemblée Générale. Il représente le
barreau, il veille à la discipline de tous les avocats, concilie les différends et assure le bon
80
fonctionnement du Conseil de l'Ordre. Toute communication faite au barreau ou au Conseil de
l'Ordre lui est adressée.
a) L'Assemblée Générale
Elle comprend tous les Bâtonniers et les membres des différents Conseils de l'Ordre ;
Elle se réunit au moins une fois par an ;
Elle délibère sur toutes les questions d'intérêt commun et sur les moyens à mettre en
œuvre pour sauvegarder l'honneur, les droits et les intérêts de la profession ;
Ses réunions sont présidées par le Bâtonnier National.
1. L’Assemblée Générale
C'est la réunion de tous les défenseurs judiciaires,
Elle est présidée par le Président du Tribunal de Grande Instance,
Elle délibère sur tout sujet intéressant la profession de défenseur judiciaire,
Elle procède à l'élection d'un syndic et d'une chambre de surveillance.
§1. Définition
On appelle avoués les officiers ministériels qui ont profession de représenter les
parties devant les cours d'appel; ils sont chargés de postuler et de conclure; ils représentent
leurs clients devant la cour d'appel sauf dans les cas où leur ministère n'est pas obligatoire. Ils
interviennent uniquement en matière de litiges et des contestations de droit privé.
L'avoué doit être licencié, maître ou docteur en droit, il doit passer un stage de 2 ans
dont un autre après d'un avoué, il doit passer avec succès l'examen professionnel.
1. Les avoués postulent et concluent pour les plaideurs devant la Cour d'appel.
2. Ils peuvent compléter la juridiction auprès de laquelle ils exercent lorsqu'il n'y a pas
d'avocat présent dans la salle.
3. A titre exceptionnel, ils peuvent plaider notamment quand il y a grève d'avocats.
N.B : En R.D.C. la profession d'avoué n'existe pas. C'est l'avocat qui fait tout.
83
DEUXIEME PARTIE :
DE LA COMPETENCE
84
INTRODUCTION
En matière pénale, c'est le taux de la peine (la gravité de l'infraction) qui détermine le
tribunal compétent matériellement. En matière civile, c'est la nature ou le montant de la
demande qui détermine le tribunal compétent matériellement. En matière administrative, la
compétence matérielle est déterminée jusqu'ici par le niveau de l'autorité qui a pris la décision
qui doit être annulée.
Nous verrons qu'il y a trois possibilités en matière pénale de déterminer la compétence
territoriale d'un tribunal. Le principe en matière civile est que le tribunal du domicile du
défendeur est celui qui est territorialement compétent. Le même principe est suivi en matière
administrative. Cependant il existe des règles particulières de fixation de compétence
territoriale en matière civile.
La compétence personnelle n'est concevable en principe qu'en matière pénale : mais
nous verrons que le législateur de l'époque coloniale a prévu une possibilité de compétence
personnelle en matière coutumière.
En matière coutumière, les tribunaux coutumiers sont compétents matériellement pour
juger les faits qui sont réprimés par la coutume ou par la loi écrite, lorsque celle-ci attribue
d'une manière expresse cette compétence aux tribunaux coutumiers.
85
CHAPITRE 1. LA COMPETENCE DES COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT
ECRIT
- La composition et de l’organisation
Le tribunal de paix est composé d’un président et des juges. En cas d’absence ou
d’empêchement, il est remplacé par le juge le plus ancien d’après la date et l’ordre de
nomination81.
Le tribunal de paix siège au nombre de trois juges en matière répressive, et à un seul
juge en matière civile.
Toutefois, le tribunal de paix siège au nombre de trois juge dont des notables du lieu
80
Article 7, loi-organique n°13/011-B, précitée.
81
Article 9, loi-organique n°13/011-B, précitée
86
désigné par le président de la juridiction82. Le président du tribunal de paix reprend ainsi au
ministre de la justice le pouvoir qu’il détenait de l’ancien Code d’OCJ. En plus, les juges
assesseurs ne sont plus fonctionnaires de l’Etat affectés aux différentes juridictions. Ils sont
désormais désignés pour accomplir à titre ponctuel, une mission relative à leur expertise
coutumière.
Le tribunal de paix siège avec le concours du ministère public et l’assistance d’un
greffier. Le concours du ministère devient obligatoire pour la composition régulière du siège ce
qui met fin à la double casquette du juge du tribunal de paix83.
La compétence matérielle
- En matière pénale
La loi attribue aux tribunaux de paix une compétence en vertu de laquelle ils
connaissent des infractions punissables au maximum de cinq ans de servitude pénale principale
et d’une amende quel que soit sont taux, ou de l’une de ces peines seulement. Il a été jugé
qu’est fondé et entraine cassation partielle du jugement entrepris, le moyen pris de la violation
des articles 83 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires et des articles 54, 55 et
58 du code de procédure pénale en ce que saisi des faits de meurtre punissable de plus de cinq
ans, le juge de paix les a connus alors qu’ils ne sont pas de sa compétence matérielle .
Lorsqu’un tribunal de paix se déclare incompétent en raison du taux de la peine à
appliquer, le jugement n’est pas susceptible d’appel. L’incompétence du tribunal ne peut être
invoquée que par la partie au procès. Elle peut aussi être déclarée d’office par le tribunal.
Les tribunaux de paix sont compétents pour prendre des mesures d’internement de tout
individu tombant sous l’application de la législation sur le vagabondage et la mendicité.
La loi du 10 janvier 2009 sur la protection de l’enfant a extrait du tribunal de paix la
compétence de prendre les mesures de garde, d’éducation et de préservation prévues en matière
d’enfance délinquante. Cette compétence est dévolue au tribunal pour enfants.
- En matière civile
82
Article 10,idem.
83
Article 17, idem.
84
S. GUINCHARD et alii, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 2011, p. 186.
87
En matière civile, les tribunaux de paix sont compétents pour connaître de toutes les
contestations portant sur le droit de la famille, les successions, les libéralités et les conflits
fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume.
En outre, ils connaissent de toutes les autres contestations susceptibles d’évaluation
pour autant que leur valeur ne dépasse pas deux millions cinq cent mille francs congolais.
Enfin, l’exécution des actes authentiques relève de la compétence des tribunaux de
paix.
La lecture du texte de l’article 110 laisse penser que les contestations portant sur les
successions sont de la compétence exclusive du tribunal de paix. Il n’en est pas ainsi en réalité.
La valeur de la succession détermine la juridiction compétente à recevoir l’action en
pétition d’hérédité. Ainsi, l’action en pétition est introduite devant le tribunal de paix lorsque la
valeur de la succession ne dépasse pas 100.000 zaïres. Elle est introduite devant le tribunal de
grande instance du domicile ou de la résidence du défendeur pour les autres héritages.
A la différence de l’ordonnance-loi du 31 mars 1982 qui, en son article 110, donnait
compétence au tribunal de paix de connaître des contestations susceptibles de l’évaluation pour
autant que leur valeur ne dépasse pas cinq mille zaïres, la loi-organique du 11 avril 2013 porte
cette valeur à deux millions cinq cent mille francs congolais.
Quelle que soit la valeur du litige, les présidents des tribunaux de paix, ou, à défaut les
présidents du tribunal de grande instance, là où les tribunaux de paix ne sont pas encore
installés, peuvent autoriser les saisies arrêts et les saisies conservatoires en matière civile ou
commerciale.
Il ressort de cette disposition que les présidents des tribunaux de grande instance n’ont
pas la compétence concurrente avec les présidents des tribunaux de paix en matière de saisie-
arrêt et saisie-conservatoire. Ils n’interviennent que pour suppléer à la carence des tribunaux de
paix.
Il est compétent pour juger les infractions punissables de la peine de mort et des
infractions punissables d'une peine qui dépasse cinq ans de prison ou des travaux forcés85.
Ce tribunal est aussi compétent pour examiner l'appel des jugements rendus par les
Tribunaux de Paix.
Le Tribunal de Grande Instance est aussi compétent pour juger les Conseillers
Urbains, les Conseillers des Zones Urbaines et Rurales et les Conseillers des Collectivités,
quelle que soit l'infraction qu'ils ont commise. C'est ce qu'on appelle la compétence personnelle
ou le privilège de juridiction.
- En matière civile
Les tribunaux de grande instance connaissent de toutes les contestations qui ne sont
pas de la compétence des tribunaux de paix. Toutefois, saisi d’une contestation de la
compétence des tribunaux de paix, le tribunal de grande instance statue au fond et en dernier
ressort si le défendeur fait acter son accord exprès par le greffier.
85
Art. 89, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
88
Les tribunaux de grande instance connaissent de l’exécution de toutes décisions de
justice, à l’exception de celles des jugements des tribunaux de paix qui relèvent de la
compétence de ces derniers.
En vertu de l’art. 89 de la loi organique, les tribunaux de grande instance connaissent
en premier ressort les infractions commises par les conseillers urbains, les bourgmestres, les
chefs de secteur, les chefs de chefferie et leurs adjoints ainsi que par les conseillers
communaux, les conseillers de secteur et les conseillers de chefferie.
Cette nouvelle dérogation aux règles de compétence sous forme de privilège de
juridiction au profit des autorités de la petite décentralisation constitue une innovation apportée
par la loi organique sous examen.
La compétence matérielle des tribunaux de grande instance se répartit en matière
pénale et en matière civile.
En matière pénale, les tribunaux de grande instance connaissent des infractions
punissables de la peine de mort et d’une servitude pénale principale excédant cinq ans.
D’ailleurs, parfaitement compatible avec l’indépendance des magistrats qui, dans les
cours et tribunaux, conservent intact leur responsabilité et leur liberté de jugement.
§3.Cour d'Appel
Les Cours d'appel connaissent de l'appel des jugements rendus en premier ressort
par les tribunaux de grande instance et les tribunaux de commerce.
Elles connaissent également, au premier degré :
1) du crime de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité
commis par les personnes relevant de leur compétence et de celle des tribunaux de grande
instance ;
2) des infractions commises par les membres de l'Assemblée provinciale, les
magistrats, les Maires, les Maires adjoints, les Présidents des Conseils urbains et les
fonctionnaires des services publics de l'État et les dirigeants des établissements ou
entreprise publique revêtus au moins du grade de directeur ou du grade équivalent.
La Cour de cassation juge en premier et dernier ressort les personnes visées à l’art.
153, al. 3 de la Constitution, à savoir :
- Les membres de l’assemblée nationale et du Sénat ;
- Les membres du Gouvernement autres que le premier ministre ;
- Les membres de la Cour Constitutionnelle ;
- Les magistrats de la Cour de Cassation ainsi que du parquet près cette cour ;
- Les membres du conseil d’Etat et les membres du Parquet près ce conseil ;
- Les membres de la Cour des comptes et les membres du Parques près cette Cour ;
- Les premiers Présidents des Cours d’Appel ainsi que les Procureurs généraux près
ces cours ;
- Les premiers Présidents des Cours Administratives d’Appel et les procureurs près
les cours ;
- Les gouverneurs, les vice-gouverneurs de province et les ministres provinciaux ;
89
- Les Présidents des assemblées provinciales.
Elle connaît également des pourvois en cassation formés contre les arrêts et
jugements rendus en dernier ressort par les cours et tribunaux civils et militaires.
Les ouvrages de droit judiciaire souvent disponibles au Congo sont de droit français.
Leur consultation requiert d'être informé sur la répartition des juridictions pénales françaises.
C'est du reste la même répartition qu'on retrouve en droit belge.
1. Tribunal de police
C'est le tribunal qui est compétent pour juger les contraventions, c'est-à-dire les
infractions que la loi punit d'une peine de deux mois d'emprisonnement au maximum.
2. Tribunal correctionnel
Il est compétent pour juger les délits c'est-à-dire les infractions que la loi punit d'une
peine qui ne dépasse pas 5 ans d'emprisonnement.
3. Cour d'assises
C'est une juridiction composée de 3 magistrats de la Cour d'Appel et de 9 jurés (juges
populaires en quelques sortes).
Elle est compétente pour juger les crimes c'est-à-dire des infractions punissables de la
peine de mort ou d'une peine supérieure à 5 ans d'emprisonnement.
La Cour suprême de justice de la République, créée par la loi constitutionnelle du 27
juillet 1993 a pour compétence de juger des membres du gouvernement qui, dans l'exercice de
leurs fonctions des infractions. Elle est composée de 15 juges dont 12 parlementaires et 3
magistrats du siège de la Cour de cassation.
La Haute Cour de justice est compétente pour juger le Président de la République pour
haute trahison.
Le mot civil doit être entendu ici dans le sens le plus large. Il ne s'agit en tout cas pas
des tribunaux statuant à l'égard des civils, l'épithète " civil " doit ici revêtir le sens juridique, il
s'agit donc des tribunaux qui jugent des litiges civils, ou mieux des litiges du droit privé lequel
englobe le droit civil, le droit du travail, le droit commercial, le droit coutumier.... Bien plus,
ces tribunaux dits " civils " connaissent également des actions patrimoniales dirigées par ou
contre les services publics. Est compétent le juge du lieu où l'une des infractions a été commise,
celui de la résidence du prévenu et celui du lieu où le prévenu aura été trouvé.
En procédure pénale, nous aurons l'occasion d'étudier les différents cas de prorogation
90
de cette compétence. La règle de base est que le juge du domicile ou de la résidence du
défendeur est seul compétent pour connaître de la cause. S'il y a plusieurs défendeurs, le
demandeur peut choisir le domicile de l'un d'eux. Les parties peuvent, si l'ordre public n'est pas
intéressé, déroger conventionnellement aux règles de la compétence territoriale. Elles peuvent
le faire soit par une clause attributaire de compétence soit par l'élection de domicile, soit en
comparaissant volontairement devant un juge autre que le juge naturel.
1. Règles ordinaires
91
1.2. Répartition de la compétence matérielle
a. Tribunal de paix
Il examine les contestations qui portent sur le droit de la famille, les successions, les
libéralités et les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume. Il nous faut
relever une grave lacune : la loi a omis d'attribuer compétence au tribunal de paix pour trancher
les litiges relatifs à la cour de façon générale.
Les Tribunaux de paix connaissent des infractions punissables au maximum de cinq
ans de servitude pénale principale et d'une peine d'amende, quel que soit son taux, ou de l'une
de ces peines seulement.
Le Tribunal de Paix est également compétent en matière d'exécution des actes
authentiques.
2. Règles spéciales
17
) Art. 112 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
18
) Art. 112 idem
19
) Art. 113 idem
20
) Art. 114 idem
21
) Ibidem.
92
garanties.
En cas de litispendance (22) les règles suivantes s'appliquent et c’est en respectant
l'ordre ci-après :
1. La juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie au premier
ressort ;
2. La juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une disposition d'ordre
intérieur est préférée aux autres juridictions ;
3. La juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions.
En cas des demandes connexes devant les juridictions différentes, les règles suivantes
sont appliquées :
1. Les demandes pendantes devant le Tribunal de Paix peuvent, à la demande de l'une
des parties, être jointes à des demandes connexes pendantes devant le Tribunal de Grande
Instance. La juridiction ainsi saisie statue en premier ressort (art. 145 de la loi organique du 11
avril 2013 sur l’O.C.J.) ;
2. Lorsque les demandes pendantes devant les juridictions différentes de même rang
sont connexes, elles peuvent, à la demande de l'une des parties, être renvoyées à celle de ces
juridictions qui a déjà rendu une décision autre qu'une disposition d'ordre intérieur, sinon à la
juridiction saisie la première.
Le Tribunal de Grande Instance est le tribunal qui peut saisir le service des impôts
lorsqu'un habitant du pays refuse de payer les impôts qu'il doit à l'Etat.
La Cour d'Appel examine l'appel des jugements rendus au premier degré par le
Tribunal de Grande Instance.
La Cour d'Appel est saisie en premier et dernier ressort c'est-à-dire sans possibilité
d'appel pour examiner les recours introduits par le contribuable contre les décisions du service
des impôts lorsque ces décisions constituent la cotisation d'impôt ou d'accroissement d'impôt
établis d'office c'est-à-dire d'autorité.
22 )
Il y a litispendance lorsque deux ou plusieurs juridictions compétentes se trouvent saisies à la fois des mêmes
faits intéressant les mêmes personnes.
93
Congolais n'ont pas encore assimilé le mécanisme de la cassation. Certains croient qu'ils
peuvent saisir la Cour de cassation dès l'instant où un mauvais jugement est rendu au premier
degré alors que la loi exige d'aller d'abord jusqu'à la juridiction d'Appel. D'autres s'imaginent
que la Cour de cassation constitue un 3ème degré de juridiction c'est-à-dire une juridiction qui
va comme devant le tribunal du premier degré ou devant la juridiction d'appel, interroger les
parties et entendre les témoins. Non. La Cour de cassation siège en matière de cassation, " juge
" les jugements pour vérifier s'ils n'ont pas violé la loi ou la coutume, elle ne juge pas les
causes, ni les affaires.
La Cour Constitutionnelle est chargée du contrôle de la constitutionnalité des lois et
des actes ayant force de loi, les lois organiques, avant leur promulgation, et les règlements
intérieurs des chambres parlementaires et du congrès, de la commission électorale nationale
indépendante ainsi que du conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication. Avant
leur mise en application, ils doivent être soumis à la cour constitutionnelle qui se prononce sur
leur conformité à la Constitution. Aux mêmes fins d’examen de la constitutionnalité, les lois
peuvent être avant leur promulgation par le Président de la République, déférées devant la Cour
Constitutionnelle par le Premier Ministre, le Président de l’Assemblée Nationale, le Président
du Sénat ou le dixième des députés ou Sénateurs (art.160 de la Constitution du 18/02/2006).
Le tribunal de territoire ou de la ville est seul compétent, pour juger les affaires
suivantes :
1. Les affaires dans lesquelles, un militaire de forces armées, un agent de l'Etat, un
juge coutumier, une autorité administrative de la chefferie ou de la collectivité est prévenu ou
défendeur.
2. Les affaires dans lesquelles un juge coutumier, une autorité administrative de la
chefferie ou de la collectivité est demandeur.
32
) Art. 16 de l'arrêté royal du 13 Mai 1938.
94
CHAPITRE 2. LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS MILITAIRES
En principe ce sont les militaires qui sont jugés par les juridictions militaires lorsqu'ils
ont commis des infractions (33 ).
Les juridictions militaires jugent des civils qui ont commis des infractions notamment
dans les cas suivants :
1. Lorsqu'il s'agit des personnes employées dans un établissement ou dans un service
de l'armée qui dépendent du Ministère de la Défense Nationale, qui ont commis des infractions
de toute nature au service de l'armée ou dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leurs
fonctions (34) ;
2. Lorsqu'il s'agit des civils qui provoquent, engagent ou assistent un ou plusieurs
militaires à commettre une infraction à la loi ou au règlement militaire (35) ;
3. Lorsqu'il s'agit des civils qui commettent des infractions dirigées contre l'armée, son
matériel ou ses établissements ou au sein de l'armée (36) ;
4. Lorsqu'il s'agit des civils qui ont autorités à accompagner une unité de l'armée (37).
5. Lorsque le pays se trouve en état de guerre ou d'urgence et que le Président de la
République fait remplacer les juridictions civiles par les juridictions militaires (38 ).
Les juridictions militaires n'ont aucune compétence pour juger les conflits ou
contestations purement civiles qui éclatent entre les militaires ou entre les militaires et les
civils ; ce sont en ce cas les juridictions civiles qui interviennent pour juger ces contestations.
Les juridictions militaires jugent les infractions d'ordre militaire et les infractions de
toutes sortes commises par des militaires (39 ).
Ce n'est pas la gravité de la peine prévue par la loi pour chaque infraction qui
détermine le tribunal militaire devant lequel un prévenu militaire doit comparaître car c'est le
grade que porte ce dernier qui détermine le tribunal compétent.
Mais de façon exceptionnelle, la loi rend compétent le tribunal militaire de police pour
juger les infractions punissables au maximum d'un an de prison et de la privation de grade -
ainsi que pour juger toutes les autres infractions lorsque la peine à prononcer ne doit pas,
compte tenu des circonstances, dépasser un an de prison et la privation de grade (40 ).
Mais nous devons signaler que même en ce cas, en réalité, le grade du militaire
détermine malgré tout le tribunal car ce n'est qu'un militaire de grade inférieur à celui de
général de brigade qui peut éventuellement comparaître devant le Conseil de guerre, de police
si l'infraction commise n'est punissable au maximum que d'un an.
33
) Art. 106 du Code judiciaire Militaire
34
) Art. 121, Idem
35
) Art. 127, idem
36
) Art. 127 idem
37
) Art. 127 idem
38
) Art. 70 de l'acte portant disposition constitutionnelle pour la période de transition
39
) Art. 76 du Code Judiciaire Militaire
40
) Art. 90, idem
95
SECTION 2. LA COMPETENCE PERSONNELLE
Le tribunal militaire qui est compétent territorialement pour juger une infraction
commise par un militaire peut être soit celui du lieu où l'une des infractions a été commise, soit
celui du lieu où le prévenu a été arrêté (46).
Le conflit de compétence territoriale est réglé de la manière suivante :
Si l'un des tribunaux compétents territorialement est saisi, l'autre qui est également
compétent ne peut plus juger cette affaire (47) ;
Lorsque deux ou plusieurs tribunaux de même rang compétents territorialement, se
trouvent saisis de même faits, le tribunal saisi le premier est préféré aux autres (48).
41
) Art. 117 du Code judiciaire Militaire
42
) Art. 101 du code judiciaire militaire
43
) Les Nouvelles, Corpus, Juris, Belgici-Droit pénal, Maison Ferdinand Larcier, Bruxelles, 1956,
T.I., vol. I, n° 2236.
44
) Art. 121 du C.J.M
45
) Art. 120 du CJM
46
) Art. 113 idem
47
) Art. 113 du Code judiciaire Militaire
48
) Art. 114 du Code judiciaire Militaire
96
CHAPITRE 3. DES CONFLITS DE COMPETENCE
§1. Notion
Il y a quatre règles qui s'appliquent de façon alternative et non cumulative, c'est-à-dire l'une d'elle
suffit, selon le cas d'espèce, pour faire cesser le conflit de compétence :
la juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie en premier ressort ;
la juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une disposition d'ordre intérieur est
préférée aux autres juridictions ;
la juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions ;
le tribunal du rang le moins élevé déclinera sa compétence86.
Une expédition de la décision de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au greffe
de la juridiction à laquelle la cause a été renvoyée.
§1.Notion
Le règlement de juges peut être demandé par requête de toutes les parties à la cause ou
par le Ministère Public près l'une des juridictions concernées. C'est la Cour de cassation qui
désigne souverainement la juridiction qui connaîtra de la cause.
Nous devons noter que le règlement de juges est la manifestation claire que les règles
prévues pour mettre fin à la litispendance n'ont pas permis, pour une raison ou une autre, de
mettre fin à la litispendance. Il s'impose alors, pour prévenir la contrariété et ses conséquences
juridiques malheureuses, entre des décisions judiciaires rendues en dernier ressort, de recourir
au règlement des juges.
86
Art. 145, loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013, précité
97
SECTION 3. LE CONFLIT D'ATTRIBUTION
§1. Notion
Le conflit d’attribution peut être positif ou négatif. Il est positif lorsque la Cour de cassation et
le Conseil d’Etat déclarent chacun une juridiction de l’ordre judiciaire pour la première et une autre
de l’ordre administratif pour le second compétente pour connaître d’un litige qui oppose les mêmes
parties. Dans ce cas, la Cour constitutionnelle désigne celle dont la compétence est la mieux fondée.
Ce conflit est négatif lorsque chacune de deux hautes juridictions déclare les Cours et tribunaux
de son ordre incompétents vis-à-vis d’un litige survenu entre deux parties. Il y a alors lieu de craindre
le déni de justice. Le rôle de la Cour constitutionnelle en pareille hypothèse sera de désigner la
juridiction dont l’incompétence n’est pas fondée.
En droit français87, la question du conflit entre deux ordres de juridiction est soumise au
Tribunal des conflits. En cas de conflit positif, le préfet adresse un déclinatoire de compétence sous
forme de mémoire à la juridiction de l’ordre judiciaire. Par cet acte, il revendique la compétence
d’une juridiction administrative.
Dans le cas de refus opposé à sa demande, le préfet prend, dans les quinze jours, un arrêté des
conflits en vue de contraindre le juge judiciaire à surseoir à statuer. Le Tribunal des conflits rend sa
décision dans les deux mois.
En droit congolais c’est une partie au procès qui saisit le juge de la Cour constitutionnelle. La
procédure à suivre est consacrée aux articles 66 et suivants de la loi-organique portant organisation,
fonctionnement de la Cour constitutionnelle :
A. En cas de conflit négatif
La partie qui s’estime lésée par de fait que deux juridictions sont déclarées incompétentes de
connaître de sa cause adresse une demande à la Cour. La demande doit prendre la forme d’une
requête. Pour qu’elle soit recevable elle doit intervenir dans le délai de deux mois à compter de la
signification de la décision d'où résulte le conflit88.
La requête doit être signée par un avocat au barreau près la Cour de cassation, porteur d’une
procuration spéciale signée par le requérant. Elle doit en outre porter les mêmes mentions que celles
87
GUINCHARD S., et BUISSON, J., Procédure pénale, Paris, Litec, 2000, n° 798, p. 455.
88
Article 69 de la loi sur la cour constitutionnelle
98
qui sont exigées pour un pourvoi en cassation.
89
Article 67 cour constitutionnelle.
99
TROISIEME PARTIE :
LE POUVOIR JUDICIAIRE
100
CHAPITRE 1. LES VOIES DE DROIT
Nous avons déjà vu que lorsqu'une infraction a été commise, la paix et la tranquillité
publique réclament qu'une peine soit infligée au " délinquant ". Nous avons également vu que
lorsque le titulaire d'un droit, se trouve lésé dans son droit, il va chercher soit à être rétabli dans
son droit soit à être dédommagé du préjudice subi.
Ainsi donc, toute personne, publique ou privée a la faculté de faire valoir ses
prétentions juridiques. Le tout est de savoir si la manière de s'y prendre est légitime. Tout
moyen légitime de faire valoir ses prétentions de droit doit être appelé " voie de droit ", ceci par
opposition au procédé qui consiste à recourir à n'importe quel moyen pour se faire justice,
procédé qui s'appelle " voie de fait ".
Nous pouvons distinguer 6 sortes de voies de droit :
L'expression doit être bien comprise, car il ne s'agit pas d'une voie de fait, mais d'une
voie de droit. En effet, la loi elle même permet dans certains cas, que l'on se fasse justice à soi-
même. Il reste entendu que l'exercice d'une telle voie de justice privée se trouve soumis à des
conditions légales. Voyons à présent certains cas autorisés par la loi.
a) en matière pénale :
- la légitime défense
- le droit d'arrestation qui appartient à tout particulier
b) en matière de droit privé :
- le droit de rétention dont peuvent user : le vendeur lorsque le prix n'a pas été payé et
le créancier gagiste
- l'exception non adimpleti contractus
- la compensation
c) en droit international public
- en l'absence de juridiction compétente, le droit de se rendre justice par rétorsion, par
représailles ou par guerre.
Cependant, la voie de la justice privée n'est pas l'idéal, elle est exceptionnelle, car son
exercice peut amener de graves difficultés susceptibles d'ébranler l'ordre public. Aussi, une
société bien organisée se doit-elle, pour éviter l'anarchie, d'organiser la voie juridictionnelle.
101
§1. Sur le plan national :
Elle est imposée à tout le monde par la loi, comme modalité de règlement des litiges et
conflits, pour rétablir définitivement l'ordre juridique et la sécurité des relations sociales. Elle
exige la réunion de 3 conditions, à savoir :
a. la voie juridictionnelle des cours et tribunaux est obligatoire, c'est-à-dire imposée
par la loi
b. la décision judiciaire rendue définitivement doit être revêtue de l'autorité de la chose
jugée.
c. la décision judiciaire rendue définitivement doit pouvoir être exécutée par la force.
Les parties litigantes peuvent de commun accord désigner un " arbitre ", c'est-à-dire un
juge privé dont la mission sera de dire le droit et d'imposer aux parties une décision appelée "
sentence arbitral ". Mais ce recours à l'arbitrage est soumis à des conditions légales, notamment
celle concernant l'impossibilité de recourir à l'arbitrage sur une matière d'ordre public parce
qu'on ne peut pas transiger sur l'ordre public. Mais l'arbitre ne dispose pas de moyen de faire
exécuter la sentence arbitral, laquelle ne peut devenir exécutoire qu'à la suite d'une ordonnance
d'exequatur rendue par le juge du Tribunal de Grande Instance.
La voie juridictionnelle existe mais elle n'est pas parfaite parce qu'il n'existe pas une
autorité supra nationale disposant de la force nécessaire pour contraindre les Etats à soumettre
leurs différends à un tribunal et pour rendre obligatoire l'exécution de ses décisions. A titre
illustratif, comme juridictions internationales, nous pouvons citer :
La Cour international de justice :
C'est une juridiction internationale créée par l'O.N.U, dont le siège se trouve à La
Haye (Hollande). Elle a double compétence :
a. Compétence consultative : il peut s'agir d'une pure consultation juridique sur un
point de droit ;
b. Compétence contentieuse : elle statue sur tous les litiges que les Etats lui
soumettent.
Il est à noter que seuls les Etats ont qualité pour se présenter volontairement devant la
Cour et que les arrêts de cette Cour n'ont pas de caractère exécutoire. L'art. 94 de la Charte des
Nations Unies dispose cependant qu'en cas d'inexécution d'un arrêt de la Cour internationale de
justice, l'autre partie peut saisir le Conseil de sécurité qui, s'il le juge nécessaire peut faire des
recommandations ou décider des mesures à prendre pour faire exécuter l'arrêt.
La règle générale applicable aux personnes de droit privé entre elles, est que l'on ne
peut jamais procéder à des mesures d'exécution forcée sur les biens et à plus forte raison sur la
personne d'autrui, sans avoir obtenu au préalable un jugement. C'est de cette obligation de
passer devant le juge avant d'en arriver à l'exécution forcée, qu'est souvent dispensée
l'administration.
Ses décisions ont à la fois le caractère obligatoire et même, en de nombreux cas le
caractère exécutoire91. La conséquence en est que l'administré se trouve placé dans une
situation d'infériorité, car son recours devant le juge n'est pas suspensif de la décision
administrative qu'il critique, en général il lui faut obéir d'abord, il ne pourra protester 92
qu'ensuite d'où l'expression " privilège du préalable " pour caractériser ce pouvoir dont dispose
l'administration. Ce privilège trouve son fondement dans la présomption que les organes de
l'Etat agissent dans l'intérêt dominant de la communauté et qu'ils peuvent ainsi eux -mêmes
exécuter leurs décisions unilatérales.
Il faut cependant noter que ces décisions peuvent être soumises à un contrôle
juridictionnel mais un contrôle postériori et ce soit devant la section administrative d'une Cour
d'Appel soit devant la Cour de cassation.
En principe la force exécutoire n'est accordée que pour exécuter un jugement régulier
ou un acte notarié. Cette force exécutoire est accordée au moyen de la grosse. Cependant, en un
cas particulier, la loi a permis que la convention des parties soit exécutoire par la force par le
90
J. Vincent, S. Guinchard, G. Montagnier et A. Verinard, op. cit, n° 152 et 153
91
M. WALINE, Droit administratif, 9è édition, n° 22, lire aussi A. RUBBENS, op. cit., T.I, n° 7, pp. 15 et 16
92
Idem
103
seul effet de la volonté des parties. C'est le cas de la vente par voie parée d'un immeuble
hypothéqué : la clause de voie parée permet au bénéficiaire de se payer de sa créance en
réalisant le bien d'autrui. Mais la loi prévoit cependant un commandement préalable et un
contrôle judiciaire ; le commandement énoncera que faute de paiement dans un délai d'au
moins 15 jours, il sera procédé aux formalités tendant à l'expropriation de l'immeuble, s'il n'est
pas satisfait au commandement, le créancier adresse au juge du Tribunal de Grande Instance,
une requête aux fins d'être autorisé à faire procéder à la vente93.
En droit Congolais, il nous est permis de soutenir que cette procédure a été introduite
sous une forme plus simplifiée encore, en effet, l’art. 741 et 746 du Code de la Famille
prévoient que les grossiers des Tribunaux de Paix et des Tribunaux de Grande Instance ainsi
que les huissiers de justice, peuvent à la requête des créanciers, percevoir les sommes
alimentaires relatives à l'obligation alimentaire des mains des débiteurs et les verser aux
créanciers d'aliments.
Une sentence populaire dit que mieux vaut un mauvais arrangement qu'un bon procès.
En Afrique cette sentence constitue une philosophie de vie sociale tant on est
traditionnellement convaincu que le dialogue et la concertation sont des valeurs sociales
irremplaçables dans le règlement des conflits en société. La palabre dite africaine permet à
chaque partie d'avoir la satisfaction morale et psychologique de vider le rinceur et la haine
accumulée, de ménager l'amour propre des parties car il n'y a ni vainqueur ni vaincu et la paix
sociale est atteinte. Il est vraiment regrettable que la vertu du dialogue et la concertation,
richesses ancestrales, soient souvent absentes dans les négociations politiques. Des pays
d'Europe, qui ont depuis ces millénaires perdu cette grande valeur sociale, ont senti la nécessité
de la ressusciter même au niveau de la justice. En France par exemple est née l'institution du
conciliateur, une sorte de juge privé désigné dans un quartier pour régler à l'amiable de petits
litiges de droit privé. Cette institution donne pleine satisfaction dans la mesure où, grâce à elle,
la paix sociale est préservée dans la cité.
Toujours en France, la conciliation est réaffirmée dans le nouveau Code de procédure
civile comme l'une des missions du juge, mieux encore, la conciliation ne se limite plus au
93
A. RUBBENS, op. cit., T.I, n° 6, Code Congolais, Tome I, p. 180, arrêté royal du 21 Novembre 1925 tel que
modifié par l'arrêté royal du 2 Décembre 1955 relatif à la vente par voie parée
94
Code judiciaire du 10 Octobre 1967, art. 1338 à 13344
95
Lexique de termes juridiques, Dalloz, 1985, Vème injonction de payer, p. 246
96
A. RUBBENS, op. cit., T.I, n°8
104
domaine du droit privé puisque, elle intervient en droit administratif avec l'institution du "
médiateur de la République ". Cette nouvelle forme de régulation non-contentieuse des
relations entre les administrations publiques (Etat, services publics, collectivités locales) et les
citoyens a été introduite en France par la loi du 3 janvier 1973. Le médiateur peut être saisi par
un citoyen qui se plaint du fonctionnement de l'administration ; si la réclamation lui parait
justifiée, il peut faire toutes recommandations de nature à régler la difficulté. Si la réclamation
porte sur l'application d'un texte qui risque d'aboutir à une iniquité, le médiateur peut
recommander à l'administration toute solution permettant de régler en équité la situation du
requérant. Mais il y a un filtrage des réclamations manifestement infondées ou abusives,
filtrage consistant à exiger que le médiateur ne puisse être saisi que par un parlementaire qui
devra en fait apprécier si la réclamation mérite une suite97.
Au Congo, il est créé "le médiateur", organe qui a la mission d'assurer et de garantir
les droits fondamentaux de l'homme, il aura notamment à s'interposer entre l'administré et
l'administration, entre le justiciable et la justice ou entre les citoyens les plus faibles 98.
En matière de droit privé l'institution appelée " amiable compositeur " constitue une
modalité particulière de conciliation ou la palabre africaine dans la mesure où l'amiable
compositeur cherche une solution acceptable pour les parties plutôt qu'une rigide sentence de
justice.
En droit international l'on recourt très souvent à la conciliation par la voie des
négociations diplomatiques en vue de conclure des traités de paix qui mettent fin à un conflit
armé ou des conventions préventives de la guerre. Dans ce genre de négociation, la solution
recherchée est la paix et pour l'atteindre, on est prêt au besoin à ménager la face de la partie qui
doit en faire les frais99.
97
Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, n° 34 à 40
98
Lire Rapport de la Commission Juridique de la C.N.S, p. 701
99
A. RUBBENS, op. cit., T.I, n° 3
105
CHAPITRE 2. LA FONCTION JURIDICTIONNELLE
Cette tendance soutient que pour définir l'acte juridictionnel, il faut avoir égard à la
manière dont s'élabore cet acte. Ainsi entreront en ligne de compte102 :
- le caractère contradictoire des débats ;
- la publicité de l'audience ;
- la motivation de la décision.
Certes la procédure utilisée peut être un indice du caractère juridictionnel d'un acte,
mais ce critère ne peut à lui seul suffire car certains actes non juridictionnels sont élaborés dans
le respect de la procédure (débat contradictoire, motivation de la décision)
Ex : - décision de jury de délibération ;
100
H. SOLUS et R. PERROT : Droit judiciaire privé, T.I, n° 471
- J. DEMBOUR : Les actes de la tutelle administrative en droit belge, Bruxelles, 1955, n° 16
101
Carré de Malberg : Contribution à la théorie Générale de l'Etat, T.I., Paris, 1920, p. 768 et 782
102
J. MABILEAU : De la distinction des actes d'administration active et des actes administratifs juridictionnels,
thèse pour le doctorat, Paris, 1943, p. 113.
106
- décision disciplinaire dans l'administration.
L'acte juridictionnel a un effet capital qui n'appartient qu'à lui seul : c'est l'autorité de
la chose jugée. Ainsi, cette autorité serait le critère spécifique de l'acte juridictionnel103.
Logiquement, l'autorité de la chose jugée ne peut être retenue comme critère de l'acte
juridictionnel car elle est la conséquence de la nature juridictionnelle d'un acte. Un acte possède
l'autorité de la chose jugée, ce n'est pas parce qu'un acte est dépourvu de l'autorité de la chose
jugée, que nécessairement il n'est pas juridictionnel104.
Ainsi de tous les critères formels proposés par les auteurs, aucun ne peut à lui seul
définir l'acte juridictionnel.
La première formulation pêche par le fait qu'elle établit une opposition arbitraire dans
les buts poursuivis par l'acte administratif et l'acte juridictionnel. L'acte juridictionnel ne
poursuit pas toujours un but d'intérêt privé car l'Etat aussi peut être demandeur en justice.
D'autre part, il existe des actes administratifs qui réalisent un but purement personnel, donc
privé. Dans la deuxième formulation, nous devons relever qu'il n'est pas du tout exact que la
constatation suffit pour qu'il y ait acte juridictionnel car en effet ce qu'on demande au juge c'est
d'apporter un apaisement social par sa décision. Il s'agit de sauvegarder la santé sociale ; par
conséquent l'essentiel qu'on attend de lui c'est une décision. Bien sûr pour y arriver, il doit
constater les éléments de fait et de droit. Mais la seule constatation ne peut produire une
quelconque modification dans l'ordonnancement juridique.
Par ailleurs, il est erroné de ranger l'acte de juridiction gracieuse dans la catégorie des
actes administratifs, même sous l'étiquette d'acte d'administration judiciaire parce que dans
103
R. JAPIOT : Traité élémentaire de procédure civile3è édit., 1935, p. 125,
P. LAMPUE : La notion d'acte juridictionnel, Paris, 1945, p. 45. ; P. WIGNY : Droit administratif
principes généraux, 4è édit., Bruxelles, 1962, pp. 375-376, n° 468.
104
JELLINECK : L'état moderne et son droit, 1904, T. II, p. 317
ARTHUR : Séparation des pouvoirs et séparation des fonctions, R.D.P., 1900, T.I., p. 237 et S. T.2, p. 263.
105
M. Chrétien : les règles de droit d'origine juridictionnelle. Leur formation, leurs caractères, thèse Lille, 1936, p.
11
107
l'acte de juridiction gracieuse le juge dit le droit applicable, alors que l'acte d'administration
judiciaire est relatif au fonctionnement du tribunal : exemple : règlement des audiences.
L'idée est la suivante : l'acte juridictionnel est celui qui est composé :
- D'une constatation et d'une décision-conséquence. Ce qui fait l'unité et le caractère de
l'acte composé de ces deux éléments, c'est le rapport logique qui existe entre eux, et qui les rend
indivisibles parce que le second est commandé nécessairement par le premier et déterminé par
lui dans son contenu :
S'il est vrai que la structure ainsi énoncée se retrouve dans l'acte juridictionnel, il n'est
cependant pas permis de soutenir qu'un autre acte, non juridictionnel, ne peut comporter la
même structure106.
Nous venons ci-dessus de reconnaître que la constatation est nécessaire pour amener la
décision mais la constatation à elle seule ne suffit pas.
L'objection la plus fondamentale que l'on peut formuler à l'encontre de ce critère est
qu'il est extérieur à l'acte juridictionnel. En effet, la contestation existe bien avant, l'acte
juridictionnel intervient bien après ; la contestation ne peut tout au plus que servir de signe
indicatif du caractère juridictionnel de l'acte mais elle ne peut le caractériser107.
Par ailleurs, dans la conception contemporaine de l'acte juridictionnel telle que nous
l'étudierons, il peut y avoir acte juridictionnel sans qu'il y ait nécessairement contestation. Enfin
l'on fait également observer que l'administration tranche également des contestations sans pour
autant que ses décisions acquièrent le caractère juridictionnel.
106
- L. DUQUIT : Traité du droit constitutionnel, 3è éd. T. II, 1925, 20 p., 418 et s.
- H. ROLAND : Chose jugée et tierce opposition, Thèse pour le doctorat, Paris, 1950, p. 140 et s., n°117 et s.
107
- HAURION : Les éléments du contentieux, recueil de l'académie de législation de Toulouse, 1905, p. 1 et S.
- VIZIOZ : Etudes de procédure, Bordeaux, 1936, p. 241, n° 51.
- P. HEBRAUD : Recueil des académies de législation de Toulouse, 1949, p. 176 et 208.
- A. RUBBENS : op. cit., T.I., n° 80.
- Dominique Le NINIVIN :La juridiction gracieuse dans le nouveau code de procédure civile, Litec, Paris, 1983,
n° 53, 54 et 95.
- J. Vincent, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINARD : La justice et ses institutions, Paris,
Dalloz, 1991, n° 913.
108
CONCLUSION
Aucun critère matériel ne peut à lui seul définir exhaustivement l'acte juridictionnel.
Il faut combiner divers critères pour avoir de l'acte juridictionnel, une notion exacte et
exhaustive, c'est l'application d'une loi que l'on peut observer dans la nature, la perfection ne
s'obtient que par l'apport de divers éléments qui, en s'unissant, réalisent l'harmonie. Mais quels
critères combiner? Dans la catégorie de critères formels, nous retiendrons le critère organique
et le critère procédural. Dans la catégorie des critères matériels, nous retiendrons :
- le critère de l'existence sinon d'une contestation à tout le moins d'un litige, c'est-à-
dire d'une prétention juridique que l'on soumet au juge en lui demandant de dire le droit
applicable,
- et surtout le critère de la structure complexe, dans laquelle une place prépondérante
doit être réservée à l'élément " décision " car c'est lui qui réalise la vocation sociale de l'acte
juridictionnel, c'est-à-dire le rétablissement de la santé sociale au tribunal, sauf lorsque la
matière intéresse l'ordre public. Normalement, même si un conflit a éclaté, les titulaires de
prétentions juridiques ont la faculté de vider ce conflit à l'amiable.
En revanche, il est des situations dans lesquelles il n'y a pas conflit mais dans
lesquelles la loi ordonne aux titulaires de droits de recourir à la justice. C'est cela la situation
gracieuse. Ainsi donc, nous pouvons dire que l'acte de juridiction gracieuse est celui qui est
rendu en l'absence de toute contestation et sur l'obligation légale de recourir à la justice108.
Les critères ci-dessus présentés ne sont cependant pas à l'abri de toute critique. Ainsi,
l'on peut formuler à propos du critère d'absence de contestation la même objection, élément
extérieur à l'acte juridictionnel, ne peut valablement définir ce dernier, tout au plus permet-il de
faire pressentir la nature juridictionnelle de l'acte, de même peut on affirmer que l'absence de
contestation, élément extérieur à l'acte de juridiction gracieuse, ne peut valablement définir
l'acte gracieux, mais elle permet de faire pressentir le caractère gracieux de l'acte.
Au critère de la nécessité légale de l'intervention judiciaire l'on peut reprocher le fait
que cette nécessité peut quand même se rencontrer dans un acte de juridiction contentieux,
notamment lorsque la cause intéresse l'ordre public, la capacité ou l'état des personnes. Aussi
est-il nécessaire de procéder à une combinaison des critères.
Ainsi un acte juridictionnel, au sens premier du terme, doit répondre aux critères :
formels (organique et procédural) et matériels (existence au moins d'un litige et structure
complexe).
108
Lire à ce sujet : la juridiction gracieuse dans le nouveau code de procédure civile, Litec, Paris, 1983, n° 53 et 154
109
Divers critères sont proposés pour tenter de cerner la notion d'acte de juridiction
gracieuse. Pour notre part, nous retiendrons deux principaux critères.
L'on peut se demander pourquoi le législateur a-t-il senti la nécessité de créer à côté de
la juridiction contentieuse, une juridiction dite gracieuse? Il y a 4 considérations qui sont à la
base :
- sauvegarder l'ordre public : il s'agit de surveiller les rapports juridiques privés qui
touchent à l'ordre public, de façon à empêcher que la paix sociale ne soit troublée notamment
par l'atteinte portée à des valeurs sociales hautement respectables et l'ordonnance d'investiture ;
- assurer la tutelle judiciaire : ici il est question de porter secours à ceux qui sont
juridiquement faibles et d'empêcher leur exploitation par des personnes socialement plus
puissantes, jugement homologuant l'adoption ;
- contrôler l'exercice du droit : souvent les titulaires légitimes des droits exercent un
commerce juridique désorganisé qui amène les tensions sociales ; aussi le législateur exige-t-il,
pour éviter la naissance d'une telle situation, que certains droits soient contrôlés avant leur
exercice. Par exemple l’ordonnance autorisant la saisie conservatoire ;
- concourir à la naissance ou à la perfection des rapports juridiques privés : souvent, le
législateur dispose que la pleine validité d'un acte ne se réalise que si le juge ou le tribunal
l'autorise, l'homologue ou le ratifie, l'ordonnance d'exequatur d'une sentence arbitrale.
Nous relevons d'abord que les actes de juridiction gracieuse sont de deux genres :
- il y a les ordonnances gracieuses ;
- et il y a les jugements gracieux.
110
Au titre d'ordonnances gracieuses, nous citerons :
- l'ordonnance d'abréviation de délai ;
- l'ordonnance permettant la délivrance en débat ;
- l'ordonnance de dispense de consignation des frais.
Au titre des jugements gracieux, notons :
- le jugement homologuant le P.V de conciliation en matière de conflit individuel du
travail ;
- le jugement autorisant l'exequatur des jugements rendus à l'étranger ;
- le jugement de déclaration d'absence.
L'Etat intervient de plus en plus dans la vie sociale et économique du pays. Il le fait
dans le souci d'empêcher l'exploitation d'une catégorie des habitants par une autre. Ceci est plus
particulièrement vrai dans les pays en voie de développement. C'est la naissance de l'Etat-
Providence (Welfare-State). Cette tutelle de plus en plus insistante de l'Etat sur le plan social et
économique, se traduit sur le plan judiciaire par une multiplication des cas dans lesquels la loi
donne à un organe juridictionnel (juge ou tribunal) la mission d'assurer la tutelle des habitants
d'un pays. L'organe judiciaire devient ainsi l'instrument de la socialisation du droit voire de la "
moralisation " du droit.
111
Par ce fait, l'acte de juridiction gracieuse a acquis, de plein droit, la nature
juridictionnelle. Nous concluons donc en soutenant que la nature juridictionnelle de l'acte
gracieux peut résulter soit de la théorie classique, soit de la théorie du Welfare-State.
112
CHAPITRE 3. LA THEORIE DE L'ACTION
Certains auteurs ont confondu action et droit. Cette confusion provient sans doute de
ce que l’action et le droit en retiennent des relations très étroites. En effet, l'on admet que le "
droit d'agir en justice " appartient à toute personne dont un droit subjectif est contesté, menacé
ou enfreint, cette personne s'adresse à la fonction juridictionnelle de l'Etat, pour voir son droit
confirmé, protégé ou restauré s'il échet. De même, l'on constate que lorsqu'une personne
possède la plénitude du droit, elle possède aussi l'action qui lui permet de faire valoir son droit
en justice. Parmi les auteurs qui ont confondu " action " et " droit " , nous citerons Demolombes
pour qui " l'action " est le droit lui-même, mis en mouvement, c'est le droit à l'état d'action au
lieu d'être à l'état de repos, le droit à l'état de guerre au lieu d'être à l'état de paix ".
Des impératifs de deux ordres obligent à distinguer l'action du droit qui la soutend.
D'abord; cette distinction s'impose pour la bonne intelligence du droit judiciaire, en effet;
- il y a des titulaires de droit (des incapables) qui ne possèdent pas l'action, tandis
qu'un tiers (tuteur, conseil...à possède l'action sans prétendre avoir lui-même un droit
quelconque ;
- l'action oblique est exercée par une personne outre que le titulaire du droit ;
- l'action paulienne est exercée à l'encontre des intentions du titulaire du droit ;
- un même droit subjectif peut ouvrir à son titulaire plusieurs actions alternatives ou
successives ex : la découverte d'un vice rédhibitoire peut donner lieu soit à l'action en
résolution de vente soit à l'action en réduction du prix (réfaction).
La distinction de l'action et du droit qu'elle appuie est imposée également pour
l'intelligence de certaines actions juridiques, en effet, pareille distinction permet de comprendre
109
:
- qu'une loi nouvelle peut avoir une influence sur l'action sans avoir un effet rétroactif
sur le droit (ex. moratoire)
- qu'une modification aux règles de la compétence peut influencer l'action sans toucher
au droit
- que les fins de non-recevoir privent le titulaire du droit, de sanction sans entamer son
droit.
Mais il ne suffit pas de posséder l'action. La loi peut déterminer les personnes qui ont
qualité pour porter telle ou telle action devant le tribunal compétent. De même, il existe des
actions attitrées qui ne peuvent être exercées que par la personne que la loi désigne
expressément : ex. divorce, recherche ou dénégation de paternité, etc.
109
Demolombes, Cours de droit Napoléon, éd., 1870, livre 11, tit.1, chap. i
113
§3.La définition de l'action
Les actions patrimoniales sont celles qui concernent les biens composant le patrimoine
de la personne, droits de propriété sur les meubles et les immeubles, le fonds de commerce,
droits de créance.
Les actions extra-patrimoniales sont celles qui concernent principalement la personne,
la vie familiale (mariage, divorce, filiation, son honneur, sa réputation, sa vie privée). Les
actions extra-patrimoniales sont souvent l'objet des dispositions légales d'ordre public.
Il faut d'abord dire que les droits personnels sont ceux qui naissent d'un rapport
d'obligation, les actions personnelles concernent les relations d'obligation entre un créancier et
un débiteur dérivant d'un contrat, d'un délit, de la loi, etc...
Les droits réels portent sur un bien, meuble ou immeuble, les actions réelles
correspondant aux droits réels, ce sont notamment l'action en revendication de la propriété,
l'action née d'une hypothèque ou d'un gage, etc...
L'intérêt de cette distinction réside dans le fait que l'action personnelle ne permet de
110
P. Cuche et J. Vincent : Procédure civile et commerciale, précis Dalloz, 1960, p. 16
114
poursuivre que le seul débiteur de l'obligation, alors que l'action réelle peut être exercée contre
toute personne qui porte atteinte au droit protégé.
L'action mixte est celle qui donne au demandeur la faculté dans un procès, de saisir
soit le tribunal du lieu où demeure le débiteur, soit celui de la situation de l'immeuble.
En droit administratif, les actions portent le nom de recours. Nous allons retenir les
recours ou les contentieux propres au droit congolais :
1. Le contentieux de l'annulation, dans lequel la juridiction prononce l'annulation de
l'acte administratif qui lui est déféré. L'exemple type est représenté par le recours pour excès de
pouvoir.
2. Le contentieux de pleine juridiction appelé aussi ‘plein contentieux’ dans lequel
la juridiction, outre le pouvoir d'annulation, dispose des pouvoirs beaucoup plus étendus,
notamment elle peut réformer l'acte administratif attaqué et condamner l'Administration à payer
une somme d'argent.
1. Sous une optique rigoriste, l'on peut soutenir que la seule condition légale pour
disposer d'un droit et ester en justice, est d'être dans notre pays, de nationalité congolaise car
l'acte portant disposition constitutionnelle pour la période transitoire en son art. 11 proclame le
principe de l'égalité des citoyens devant la loi.
2. Dans cette optique, l'on peut donc soutenir que n'importe quel citoyen peut intenter
n'importe quelle action civile. Peu importe l'issue de procès intenté, l'essentiel est que l'on aura
fait usage d'un droit, l'on aura mis en mouvement la juridiction. C'est là, assurément une vue
pour le moins idéaliste. En toute chose, dit le proverbe populaire, il faut rechercher la fin. Si
l'on intente une action c'est en vue d'aboutir à un résultat positif. Aussi, dans la logique des
choses, parler des conditions d'existence de l'action c'est invoquer directement les conditions
d'administration de cette action.
115
3. Lorsqu'on intente une action sans droit, une action qui ne répond pas aux conditions
légales d'ouverture, il y a en ce cas une action apparente qui a mis la justice en mouvement.
L'on enseigne d'ordinaire que la validité de l'action en justice repose sur trois conditions : la
capacité, la qualité et l'intérêt.
a. La capacité
Il faut que la personne qui veut agir en justice ait la capacité. C’est-à- dire la capacité
est la faculté de poser valablement un acte juridique. En principe, tout être humain jouit de tous
ses droits et est capable de les exercer. Toutefois, la loi prévoit les incapacités d'exercice et de
jouissance. Au titre d'incapacité d'exercice, nous pouvons citer celle du mineur qui, tout en
jouissant des droits, est incapable de les exercer lui-même, il lui faut l'intervention d'autres
personnes qui vont agir, en lieu et place, pour lui. C'est ainsi que normalement ce sont les
parents ou le tuteur qui ont la capacité pour exercer une action en justice pour leur enfant.
Au titre d'incapacité de jouissance, nous citerons le cas des étrangers chez nous qui
sont privés des droits politiques; ainsi un étranger ne jouit pas du droit ni d'être élu ni d'être
électeur. Nous devons également noter que la loi peut décréter, à l'endroit des citoyens, à titre
de sanction; certaines incapacités de jouissance. C'est ainsi qu'un Congolais peut être privé du
droit d'être élu et du droit de faire du commerce etc..., s'il a gravement violé la loi. Il est donc
de la plus haute importance que l'organe juridictionnel qui est saisi d'une action connaisse tous
les cas d'incapacité, d'exercice et de jouissance. Il est à noter que le problème de la capacité ne
se pose pas uniquement pour les personnes physiques. Les personnes morales y sont également
assujetties. C'est ainsi qu'il est décrété que les groupements et associations qui n'ont pas la
personnalité civile ne possèdent pas la capacité d'agir en justice.
Pour la R.D.C., notons que tout syndicat enregistré jouit de la personnalité civile (art.
242 du Code du Travail) et que pour les parties politiques, l'arrêté d'enregistrement porte de
plein droit, l'octroi de la personnalité juridique (art. 10 de la loi n° 90/007 du 18 juillet 1990,
portant organisation et fonctionnement des partis politiques telle que modifiée et complétée par
la loi n° 90/009 du 18/12/1990.
b. La qualité
Il faut en outre que la personne qui veut agir en justice, ait la qualité. La qualité est le
pouvoir en vertu duquel une personne exerce l'action en justice. Ce pouvoir se manifeste
normalement par la production d'un titre. La notion de qualité se confond parfois avec celle de
la capacité, mais il n'y a pas identité entre elles. Pour mieux souligner la différence entre ces
deux notions, il faut nous référer au cas où une personne a la capacité d'agir en justice sans
cependant avoir la qualité. Il est établi qu'une société, pour pouvoir dialoguer avec les tiers, a
besoin d'intermédiaire qui est une personne physique, celle-ci porte le titre d'organe. C'est cet
organe qui est notamment chargé d'agir en justice au nom de la société.
A supposer qu'un jour, la société retire à cette personne le titre d'organe, cette
personne, en tant que personne physique, continuera à avoir la capacité d'agir mais elle aura
perdu la qualité, elle ne sera plus mandatée pour parler au nom de la société.
Nous pouvons également prendre l'exemple d'un avocat. Ce dernier a certainement la
capacité pour agir en justice, mais la qualité de représentant d'une personne en justice, lui vient
116
du mandat reçu, dès l'instant où une partie en justice désavoue son avocat et lui retire le droit de
la représenter, l'avocat perd sa qualité, tout en gardant sa capacité.
La qualité peut appartenir à une personne physique comme à une personne morale.
Les personnes physiques qui possèdent la qualité sont :
1. Le titulaire du droit
Mais la loi peut prévoir qu'une autre personne que le titulaire du droit possède la
qualité. Ainsi en matière d'interdiction, la loi prévoit que seuls les parents, le conjoint ou
exceptionnellement le Ministère public peuvent intenter l'action.
Dans certains cas, les créanciers sont admis à agir en lieu et place de leur débiteur.
C'est l'exercice de l'action oblique.
La qualité peut aussi appartenir à une personne morale ; mais celle-ci agit par
l'intermédiaire de personnes physiques. Le problème est donc de savoir quel est l'organe
légalement ou statutairement désigné pour représenter la personne morale. Pour les personnes
morales de droit public, la règle est que, en ce qui concerne les actions dirigées par ou contre
l'Etat, ce dernier est toujours pris en la personne du ministère ayant l'objet du litige dans ses
attributions. Pour les sociétés parastatales, il faut connaître l'organe légalement chargé de
représenter l'organisme parastatal.
Des problèmes parfois complexes peuvent se poser en ce qui concerne les personnes
morales de droit privé, l'un des problèmes est celui du dépassement du pouvoir de l'organe
117
chargé de représenter la personne morale. La solution doit être trouvée dans ce cadre de la
fameuse théorie du mandat apparent. Un autre problème peut être celui de savoir si la
défaillance d'action " ut universi " de l'organe peut justifier l'action " ut singuli " d'un membre
de la personne morale.
c. L'intérêt
Il faut enfin que la personne qui veut agir en justice ait intérêt.
1. Notion de l'intérêt
L'intérêt est le pourquoi on agit en justice. L'adage à retenir est " pas d'intérêt, pas
d'action ". Ce qui veut dire qu'une personne n'a pas le droit de soulever des contestations
inutiles et de faire perdre aux juges leur temps avec des problèmes futiles. L'on peut se
demander si un tribunal peut se permettre de déclarer un intérêt peu important que pour mériter
de faire l'objet d'examen. En droit congolais, cela n'est pas possible, tant au premier degré qu'au
niveau d'appel. En effet, une personne qui se dit lésée peut saisir le tribunal compétent selon la
valeur du litige, quelque moindre que soit cette valeur. De même, toute partie déboutée par un
jugement a le droit d'aller en appel devant la juridiction supérieure, sans considération de la
valeur du litige.
L'intérêt peut être pécuniaire ou moral. Il est moral lorsque la demande en justice se
fonde sur le dommage subi dans les sentiments, l'honneur ou la réputation.
Il est possible qu'une demande, en justice parte à la fois sur un intérêt pécuniaire et
moral. L'on rencontre chez les auteurs les plus éminents l'expression " intérêt légitime "
juridiquement protégé. Cette expression est juste si l'on veut signifier que la lésion d'un simple
intérêt économique ne suffit pas pour saisir un tribunal. Mais, en fait, quand elle est utilisée par
les juristes, cette expression veut signifier que la demande n'est pas fondée parce que le droit
fait défaut. Entendue en ce sens, l'expression est critiquable. Car, il s'agit d'un jugement porté
sur le fondement de la demande, alors que l'on se trouve encore au stade de la recevabilité de la
demande111.
Cela signifie que l'intérêt doit exister au moment même où la demande est formée.
C'est dire qu'il faut écarter l'intérêt éventuel et simplement hypothétique. Mais il y a le
problème fort délicat de ce que l'on appelle : les actions préventives. Il s'agit des demandes
introduites, dépendamment de tout dommage actuellement réalisé.
L'on peut objecter qu'en ce cas il s'agit d'un intérêt purement éventuel. Sans doute, le
dommage auquel on entend faire face n'a pas encore pris corps. Mais lorsque la menace est
devenue sérieuse au moins de compromettre dès à présent la sécurité des rapports juridiques, il
111
H. SOLUS et R. PERROT : Droit judiciaire privé, T.I., n° 223) J. Vincent et S. GUINCHARD ; Procédure civile,
22è éd.,Paris, Dalloz, 1991, n° 26).
118
est permis de penser que d'ores et déjà, l'intérêt est né et actuel112.
Pour agir en justice, il faut avoir été directement et personnellement lésé dans ses
intérêts propres. Il se pose divers problèmes relatifs aux demandes en justice introduites par les
groupements (associations, syndicats...). Il faut réaffirmer que seuls les groupements dotés de la
personnalité juridique ont le droit de saisir les tribunaux, les autres groupements sont
incapables d'ester en justice.
Il est certain qu'un groupement, ayant la responsabilité juridique peut ester en justice
pour défendre un intérêt « personnel ».
L'on peut cependant se demander s'il est concevable qu'un tel groupement puisse en
outre défendre un intérêt collectif ? Oui, un groupement doté de la personnalité civile peut en
plus de lésion de ses intérêts propres, patrimoniaux et extrapatrimoniaux, subir une lésion dans
ses intérêts patrimoniaux: par exemple incendie criminel de la maison de réunion, appartement
ou groupement.
Mais le groupement peut aussi subir un préjudice par exemple résultant pour les
médecins, de la pratique illicite par un individu, de la médecine.
C'est donc essentiellement en faveur des associations dites de « défense » qu'il est
prévu la possibilité d'agir en justice pour un intérêt collectif. Pour les autres associations, la
jurisprudence en France exige qu'elles établissent la personnalité juridique, pour agir en justice
pour obtenir la réparation d'un dommage qui a porté atteinte aux intérêts de la collectivité des
membres qu'elle représentent, qu'elles ont un intérêt direct et personnel114.
112
H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 230 J. Vincent et S. GUINCHARD, op. cit., n° 27.
113
(G. CORNU et J. FOYER, procédure civile P.U.F., Paris, 1958, p. 304
114
H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 230 à 254, J. Vincent et S. GUINCHARD, op. cit., n° 30 à 32.
119
SECTION 4. LA TRANSMISSION DE L'ACTION ET LA REPRISE D'INSTANCE
En principe, l'action s'éteint avec le droit qu'elle soutend et qu'elle supporte. Les
causes d'extinction sont au nombre de quatre :
- il y a d'abord l'autorité de la chose jugée, car le jugement est l'aboutissement de
l'action
- il y a ensuite la prescription qui est la conséquence de ce qu'une action n'a pas été
exercée pendant une période déterminée. En principe, en matière civile la prescription est de 30
ans, mais il existe des prescriptions de courte durée (elles vont de 6 mois à 15 ans, voir les
articles 648 à 657 du code civil, livre III).
En matière pénale, la durée de la prescription de l'action publique varie de 1 an à 10
ans.
- il y a aussi le désistement d'action, qui n'est pas à confondre avec la renonciation au
droit.
Il n'est pas permis de renoncer une fois pour toute à l'exercice de toute action.
Cependant, lorsque l'action consiste à protéger un droit subjectif de caractère privé, il n'est pas
120
contraire à l'ordre public d'y renoncer.
De même, en certaines circonstances, les agents publics peuvent s'abstenir de
l'exercice d'une action, pour autant qu'un acte légal exprès prévoit cette possibilité (ex. en
matière pénale, le paiement de l'amende transactionnelle). Il y a enfin la transaction courante en
matière civile, en matière pénale elle est l'exception, car l'exercice de l'action publique ne se
transige pas.
Lorsqu'une partie qui a saisi la juridiction voit son action déclarée irrecevable ou non
fondée, la sanction légale est la condamnation aux frais de l'instance.
Mais si l'action a été introduite avec légèreté, voire avec mauvaise foi ou malice, la
partie adverse peut réclamer au demandeur des dommages-intérêts pour action téméraire ou
vexatoire. Ce genre d'action est prévu par l'art. 139 du C.O.C.J. qui porte que les demandes
fondées sur le caractère vexatoire ou téméraire d'une action sont portées devant le tribunal saisi
de cette action.
Certains auteurs, au lieu d'abus d'action, parlent d'abus du droit. Nous savons que
l'action et le droit ne peuvent pas être confondus.
121
CHAPITRE 4. LES DEMANDES ET LES DEFENSES EN JUSTICE
122
examinant séparément, de provoquer une contrariété de jugements115.
En matière pénale, il y a connexité, lorsque le lien entre plusieurs infractions est si
étroit qu'elles doivent être soumises aux mêmes juges. Cette connexité peut résulter de l'unité
du temps, de lieu, de dessein ou encore d'une relation de cause à effet, une infraction ayant pour
but d'en faciliter une autre.
Les défenses sont des procédés auxquels peut recourir le défendeur pour résister à
l'attaque dont il est l'objet.
C'est en procédure civile que la terminologie utilisée en ce domaine est la mieux
élaborée.
Les moyens de défense se répartissent en trois catégories :
L'exception : elle consiste à opposer à l'action un obstacle temporaire, qui suspend le
cours du procès, le défendeur soutient que la procédure est mal engagée : exemple nullité de
l'assignation ou d'un autre acte de procédure, incompétence de la juridiction saisie. L'exception
doit être soulevée sous peine de forclusion, dès le seuil du procès " in limine litis " ou s'il s'agit
115
Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, Précis, Dalloz, Paris, 1991, n°
790.
123
d'un acte de procédure nul, avant de conclure au fond. Mais cet obstacle peut être franchi.
La fin de non-recevoir : elle empêche le juge, si elle est admise, d'examiner le fond
du débat. Mais elle peut constituer aussi un obstacle définitif et insurmontable : exemple le
défendeur invoque contre le demandeur le défaut d'intérêt ou de qualité ou le fait que le procès
a déjà été jugé, que le délai d'exercice d'une voie de recours est expiré ou qu'il y a prescription.
La fin de non-recevoir peut être soulevée en tout état de cause, en première instance ou en
appel.
La défense au fond qui contredit directement la demande. Le défendeur objecte que le
droit du demandeur n'a pas de fondement.
En raison de son importance, la défense au fond peut être soulevée à tout moment, en
première instance ou en appel, et même pour la première fois devant la Cour de cassation.
Deux possibilités s'offrent au tribunal en cas d'exception soit rendre déjà un jugement
pour rencontrer l'exception, soit rendre un jugement pour joindre l'incident au fond, c'est-à-dire
se réserver le droit de répondre à l'exception à la fin du procès au moment même où le tribunal
devra se prononcer sur la demande principale.
C'est la plus longue et la plus importante. Il s'agit ici de rechercher les moyens de
preuve qui établissent les faits qui démontrent le bien fondé de la demande introduite.
C'est la phase où le demandeur et le défendeur s'affrontent en un combat pacifique.
C'est le déroulement des débats. Cette phase est régie par des principes juridiques qui ont tous
pour effet de permettre au tribunal d'aboutir à la lumière sur la cause qui lui est soumise.
124
Ces principes sont :
1°.Principe dispositif
Il s'énonce comme suit : le juge ne dispose que sur ce que proposent les parties. Ce
principe voudrait dire que le tribunal ne doit connaître que de seules prétentions de droit qui lui
sont soumises, par l'assignation, la citation ou la requête.
Dans la rigueur du système accusatoire, le rôle du juge est absolument passif, le juge
doit tenir pour vraies les allégations non contre dites par l'adversaire, le juge attend que les
parties elles-mêmes prouvent ou contestent un fait. Mais en droit Congolais, le juge n'est pas
aussi passif, tout en restant neutre, il a l'obligation de se faire la lumière. C'est ainsi qu'il peut
d'office ordonner des mesures d'instruction sur tous les éléments qui lui sont fournis dans la
cause.
De manière plus explicite, ce principe signifie que les plaideurs restent, tout au long de
l'instance, les maîtres du procès, ils gardent la liberté de la déclencher, de lui donner le contenu
et la dimension qu'ils désirent, de déterminer son rythme de déroulement, de choisir les preuves
auxquelles on aura recours.
Le juge, selon ce principe est lié par le cadre du procès tel que les parties l'ont tracé, le
qualificatif " dispositif " voulant dire que les parties disposent absolument de l'expression
processuelle de leurs droits et de leurs intérêts légitimes, mais la doctrine précise que le
principe dispositif, qui est valable et applicable en procédure civile est résolument écarté devant
la juridiction pénale où est applicable au contraire ce principe d'indisponibilité du procès pénal
en ce sens que l'initiative de l'instance appartient bien au parquet mais dès que des poursuites
ont été déclenchées, l'instance doit se poursuivre, parce que le Ministère Public ne dispose pas,
comme un plaideur civil, de l'instance, le Ministère Public ne peut renoncer à l'avenir à une
voie de recours ni acquiescer à un jugement (lire : La justice et ses institutions : 3è édition,
1991, n° 843 et 844).
3°Principe du contradictoire
Ce principe est l'expression du droit de la défense. La dignité humaine garantie par les
droits fondamentaux de l'homme interdit formellement de condamner une personne sans lui
125
avoir donné l'occasion de se défendre. La défense apporte au procès un éclairage qui va
permettre au tribunal de juger en ayant devant lui les divers arguments des parties.
La liberté de la défense doit être entendue dans un sens très large qui englobe le
demandeur au même titre que le défendeur, car il est indispensable que tout plaideur puisse
avoir une parfaite connaissance des prétentions de son adversaire, de son argumentation, des
moyens qu'il invoque, des preuves qu'il apporte.
4° Le principe de l'oralité et le principe de la publicité des audiences
Toutes les pièces sont en principe lues à l'audience, ce qui fait que les parties ne
peuvent pas les ignorer. L'audience est publique, le public a le droit d'y assister, tout citoyen est
à même de contrôler démocratiquement le déroulement des débats.
Bref, ces quatre principes constituent des garanties du caractère contradictoire et de
l'objectivité des débats. Notons cependant que des raisons de moralité ou d'ordre public peuvent
amener le tribunal à prononcer le huis clos.
Après l'étude des principes directeurs de la phase de l'instruction, passons en revue,
toujours dans cette phase de l'instruction, certaines notions juridiques dont on y fait usage :
a) le juge doit rechercher le droit applicable : « Jura novit curia »
Le juge est censé connaître le droit national, par doit national il faut entendre droit
écrit et coutumier, concernant le droit coutumier, le juge devra s'enquérir de la coutume
nationale applicable, s'il l'ignore, il est même prudent que les parties allèguent la coutume qui
justifie leur prétention. Le juge peut consulter un notable ou un spécialiste du droit coutumier
(art. 85 C.O.C.J.)
Le juge Congolais n'est pas censé connaître le droit étranger; celui-ci doit donc être
prouvé.
b) la plaidoirie est l'expression verbale, par laquelle chaque partie au procès expose et
développe ses prétentions. La plaidoirie développe et éclaire les conclusions, qui sont la
formulation verbale ou écrite des prétentions juridiques d'une partie au procès.
C'est celui qui vide un incident. C'est-à-dire par lequel le tribunal tranche sur tout
évènement qui vient interrompre le déroulement d'un procès.
Les décisions judiciaires reçoivent une terminologie variée :
- le mot " jugement " comme le mot " décision " a un sens très général,
techniquement, il désigne les décisions rendues par les juridictions du premier degré ;
- le terme " ordonnance " est réservé aux décisions rendues par le président de la
juridiction ou son délégué, ex. ordonnance sur requête rendue en matière de saisie
conservatoire ;
- le terme " sentence " est réservé aux décisions des arbitres ;
- le terme " arrêt " désigne la décision rendue par une cour d'appel ou par la cour de
cassation.
En France et en Belgique, les décisions du Conseil d'Etat s'appellent " arrêts ", le terme
" verdict " est réservé aux réponses apportées par la Cour et le Jury d'assises aux questions
posées à la suite des débats, tandis que les actes juridictionnels accomplis par le conseil
constitutionnel sont appelés " décisions ".
Du point de vue de la terminologie en matière de jugement, l'on distingue:
- la minute : c'est le procès-verbal de la lecture publique du jugement, ainsi appelée
127
parce que jadis elle était faite en petite écriture ordinaire. Mais aujourd'hui, par minute, le
langage courant désigne le brouillon même non signé du jugement ;
- la grosse : est une copie du jugement sur laquelle le greffier appose la formule
exécutoire, ainsi appelée parce que jadis elle reproduisait la minute en écriture à la plume
ronde ;
- l'expédition : c'est la copie du jugement certifié conforme par le greffier ;
- l'extrait de jugement : résumé succinct du jugement reprenant les qualités et les
dispositifs.
Dans la législation antérieure à la procédure civile actuelle, il était possible que pour
éviter les lenteurs, le greffier délivre, au lieu d'une expédition, un extrait d’acte authentique
faisant foi jusqu'à preuve littéraire contraire. L'extrait reprenait souvent quelques qualités et les
dispositifs.
A l'heure actuelle, l'usage de l'extrait a pratiquement disparu en droit écrit, il subsiste
encore un certains cas par exemple en matière de signification des jugements par défauts :
ceux-ci sont signifiés par simple extrait. Il est encore en vigueur devant les tribunaux
coutumiers.
1. Utilité du formalisme
La prescription des formes rationnelles oblige les parties à circonscrire leurs
prétentions et déterminer la saisine des juges, les formes assurent la loyauté du procès en
garantissant les droits fondamentaux. La rigueur dans l'administration des preuves, la publicité
des débats et le respect du principe du contradictoire et du principe dispositif116.
116
Lire : A. RUBBENS,op. cit., T.I, n° 89
117
A.RUBBENS, op. cit., n° 90 et 91.
128
sans texte " ;
- la forme violée cause un grief à une partie qui n'a pas renoncé à s'en prévaloir. D’où
l'adage " pas de nullité sans grief ", ainsi donc la partie préjudiciée par un acte vicié peut
couvrir la nullité en reconnaissant explicitement ou implicitement l'acte vicié ;
- la forme violée est d'ordre118.
118
A. RUBBENS, op. cit., n° 97
129
CHAPITRE 6. LA CHOSE JUGEE
SECTION 1. LA NOTION
L'autorité de la chose jugée est une présomption de conformité à la vérité légale, et une
présomption de régularité de la procédure. Cette autorité s'attache à tout jugement dès son
prononcé. Nous soutenons que l'autorité de la chose jugée varie d'intensité suivant la nature du
jugement, selon la matière et selon le degré de la juridiction qui a rendu le jugement. Cette
position repose sur la logique même de la définition de l'autorité de la chose jugée. Si nous
acceptons que l'autorité de la chose est une présomption, celle-ci ne peut pas être de même
force, c'est ainsi qu'un jugement contentieux doit logiquement posséder une présomption plus
grande qu'un jugement gracieux, lequel rend une décision en l'absence de l'éclairage des débats
contradictoires. De même, un jugement rendu au degré d'appel doit être présumé plus conforme
à la vérité légale qu'un jugement rendu au premier degré. L'autorité de la chose jugée peut être
relative ou absolue, elle est absolue c'est--dire valable « erga ommes » en matière pénale, en
matière administrative et en certaines matières civiles intéressant l'ordre public.
SECTION 2. LA PORTEE
Notons que dès le prononcé du jugement, peut importe qu’il soit de premier degré,
l’on considère que l’on est en face d’une vérité judiciaire, d’où l’adage : "res judicata pro
veritate habetur" = la chose jugée droit être regardée comme une vérité. Mais hâtons-nous de
dire qu’il ne s’agit ici que d’une vérité judiciaire qui se distingue de la vérité purement
ontologique en ceci qu’elle peut être remise en cause soit par la réformation , soit par la
rétractation, soit encore par la cassation. Néanmoins, puisque dès son prononcé tout jugement
émet une vérité, peu importe que soit tenue comme simplement relative ou judiciaire, ce
jugement confère des droits ne serait-ce provisoirement. Ainsi, cette vérité relative en un
premier temps n’est pas attaquée par une quelconque voie de recours, elle s’enlise, s’enracine
pour devenir absolue et dès lors devenu opposable erga omnes et particulièrement à l’égard de
ceux à qui de manière expresse et spéciale le jugement ainsi prononcé s’adresse.
Lorsqu'un tribunal a rendu un jugement définitif, répondant aux présentations de droit,
l'on dit qu'il y a une chose jugée. Le tribunal est dessaisi, il ne peut plus revenir sur sa décision,
ni d'office ni à la demande de l'une des parties.
L'on admet cependant que le tribunal puisse corriger une erreur matérielle, tant que la
décision n'a pas été frappée d'un recours. De même, l'on admet que le tribunal puisse rendre un
jugement interprétatif lorsqu'il y a ambiguïté ou obscurité dans le corps du jugement. Dans
chacun de ces cas, le tribunal est saisi soit par comparution volontaire soit par assignation
signifiée à l'autre partie.
Notons que dans certains pays, il y a tendance à admettre que les jugements répressifs
ne sont pas immuables notamment quant à la peine. En droit congolais, il y a une souplesse
dans l'exécution des peines de servitudes pénale par la voix de libération conditionnelle et de la
grâce.
L'exception de la chose jugée est un moyen que l'on oppose lorsqu'une cause qui a déjà
été jugée est soumise à un autre juge. Ce dernier doit s'abstenir de juger, il le fera d'office si
l'autorité de la chose jugée vaut erga omnes.
130
Mais, il faut noter que pour invoquer ce genre d'exception, il faut s'assurer que toutes
les conditions légales d'existence de l'autorité de la chose jugée se trouvent réunies. En effet,
pour dire qu'il y a chose jugée, il faut une triple identité :
- identité des parties
- identité d'objet
- identité de cause
Dès que l'une des ces identités fait défaut, l'exception de la chose jugée ne peut pas
être valablement invoquée.
L'autorité de la chose jugée est un moyen de preuve en ce sens que dès qu'un jugement
est rendu, les parties et aussi les tiers, s'il s'agit d'un jugement valable erga omnes, peuvent
l'invoquer comme preuve irréfutable. C'est ainsi qu'une partie peut s'en prévaloir et demander
l'exécution de la décision qui en est revêtue.
En principe, l'autorité de la chose jugée s'attache au dispositif du jugement, mais elle
peut s'étendre aux motifs dans la mesure où ils ne constituent le soutien nécessaire.
Un jugement a force de chose jugée, lorsque sont écoulés les délais de voies de recours
suspensives de l'exécution ou lorsque les voies de recours ont été utilisées. L'autorité de la
chose jugée est irrévocable lorsque sont expirés les délais de voies de recours extraordinaires
ou lorsque ces voies de recours ont été utilisées.
131
CHAPITRE 7. LES VOIES DE RECOURS
Nous avons dit au chapitre précédent que l'autorité de la chose jugée s'attache au
jugement dès son prononcé. Mais pareille autorité n'est que provisoire en ce sens qu'elle n'est
valable que pour autant que le jugement n'a pas été altéré, c'est-à-dire rétracté ou réformé, par
l'exercice d'une voie de recours.
SECTION 1. NOTION
Une voie de recours est une action que possèdent, sous certaines conditions, les parties
au jugement. Certaines voies de recours appartiennent à des tiers au jugement.
SECTION 2. CLASSIFICATION
L'opposition, est une voie de recours qui appartient à toute partie qui a fait défaut
dans un procès, elle permet de ramener la cause devant le juge pour y être débattue
contradictoirement.
L'appel, est une voie de recours qui permet à toute partie à un procès de déférer la
cause devant une juridiction supérieure et d'y reprendre l'entièreté des débats.
La cassation, est une voie de recours qui permet de postuler la mise à néant d'une
décision judiciaire rendue au dernier ressort lorsque celle-ci viole la loi ou la coutume. Elle
peut se faire avec renvoi ou par retranchement. La cassation ne peut intervenir que contre un
jugement rendu en dernier ressort. En effet tant que l'opposition ou l'appel est possible pour
corriger le vice, le pourvoi en cassation n'est pas recevable.
L'annulation, est une voie de recours portée devant le tribunal de grande instance et
qui permet de mettre à néant des décisions des tribunaux coutumiers lorsqu'elles ont appliqué
une coutume contraire à l'ordre public ou lorsqu'elles n'ont pas respecté les formes
substantielles ou les droits de la défense ou encore lorsque la composition du tribunal a été
irrégulière ou enfin lorsqu'il y a eu excès de pouvoirs.
La tierce opposition, est une voie de recours ouverte à un tiers qui aurait dû être
partie à la cause ou qui aurait été qualifié pour intervenir volontairement.
La requête civile, est une voie de recours ouverte aux parties qui ont été au procès,
lorsque le tribunal a été induit en erreur par un dol personnel de l'adversaire ou lorsqu'une pièce
sur laquelle le tribunal s'est appuyé pour former sa conviction a été déclaré fausse ou encore
lorsqu'une pièce avait été frauduleusement retenue par l'adversaire.
Notons que la tierce opposition et la requête civile n'existent qu'en matière civile. Elles
entament l'autorité de la chose jugée, plus particulièrement la requête civile, aussi elles ne sont
ouvertes que dans des conditions rigoureusement déterminées.
La révision, ce terme est utilisé en droit Congolais dans des sens différents suivant la
juridiction devant laquelle ce genre d'action est ouvert.
a) La révision existe tout d'abord devant les tribunaux coutumiers. Alors c'est une voie
de réformation qui permet de porter une cause devant une juridiction supérieure pour y être
rejugée. Elle s'apparente alors à l'appel quoique des nuances importantes en distinguent.
b) Devant la Cour de cassation, la révision est une voie de recours extraordinaire qui
permet de revenir sur la chose jugée en matière pénale, pour corriger une erreur judiciaire
résultant par exemple de la survenance de nouveaux faits ou de nouvelles pièces, qui étaient
inconnues lors des débats et qui sont de nature à établir l'innocence du condamné. En ce cas,
elle s'apparente à la requête civile et elle est ouverte pratiquement pour les mêmes cas.
c) Devant la haute cour militaire, la révision peut être demandée, quelle que soit la
juridiction militaire qui a statué, au bénéfice de toute personne auteur d'une infraction relevant
de la compétence des juridictions des forces armées, ici comme devant la cour de cassation, la
loi a retenu les mêmes causes d'ouverture au pourvoi en révision.
La prise à partie, c'est essentiellement une action engagée contre un magistrat
(officier du Ministère Public ou juge) qui a commis un dénit de justice, un dol ou une
concussion soit pendant l'instruction soit lors de la décision rendue dans l'exercice de ses
133
fonctions. La prise à partie vise à obtenir la condamnation aux D.I. Mais elle permet parfois de
mettre à néant les jugements entachés de dol du juge. La prise à partie s'exerce devant la Cour
de cassation.
134
CHAPITRE 8. L'EXECUTION
135
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1
1. DEFINITION DU DROIT JUDICIAIRE ................................................................................................ 1
2. UTILITE SOCIALE DU DROIT JUDICIAIRE ........................................................................................ 1
3. SUBDIVISION DU DROIT JUDICIAIRE .............................................................................................. 1
4. LES SOURCES DU DROIT JUDICIAIRE .............................................................................................. 2
A. La Constitution du 18 février 2006 ........................................................................................... 2
B. Les traités internationaux ......................................................................................................... 2
C. La loi et les actes ayant force de loi ......................................................................................... 3
D. Le pouvoir réglementaire du Président de la République ........................................................ 3
E. Le pouvoir réglementaire du 1er Ministre ................................................................................. 4
F. Le pouvoir réglementaire du Ministre de la Justice ................................................................. 4
G. Le pouvoir réglementaire des présidents des juridictions et Chefs des offices ........................ 5
H. La coutume ............................................................................................................................... 6
I.Les principes généraux du droit ................................................................................................. 7
J. L’équité ...................................................................................................................................... 7
K. La jurisprudence ....................................................................................................................... 7
L. La doctrine ................................................................................................................................ 8
M. Les usages ................................................................................................................................ 8
5. L’INTERPRETATION DES LOIS DE PROCEDURE................................................................................ 9
6. L’APPLICATION DES LOIS DE LA PROCEDURE ................................................................................ 9
A. L’application dans le temps ...................................................................................................... 9
B. L’application dans l’espace ...................................................................................................... 9
7. LA DIFFERENCE ENTRE L’ACTE JURIDIQUE, L’ACTE JUDICIAIRE ET L’ACTE JURIDICTIONNEL ....... 10
8. PLAN SOMMAIRE DU COURS .................................................................................................... 10
PREMIERE PARTIE ............................................................................................................................ 12
LES STRUCTURES MATERIELLES ET HUMAINES DES JURIDICTIONS DE LA R.D.C.12
CHAPITRE 1. LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION JUDICIAIRE................ 13
1. PRINCIPE DE LA REPARTITION DES FONCTIONS JUDICIAIRES ........................................................ 13
2. PRINCIPE DE L’INDEPENDANCE DES ORGANES JUDICIAIRES ......................................................... 13
A. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif .................................................. 13
B. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif ................................................... 14
3. PRINCIPE DU MONOPOLE DES ORGANES JUDICIAIRES ................................................................... 15
4. PRINCIPE DE L’EGALITE DE TOUS LES CONGOLAIS DEVANT LA LOI.............................................. 16
5. PRINCIPE DE LA GRATUITE DE LA JUSTICE ................................................................................... 18
6. PRINCIPE DE L’IMPARTIALITE DU JUGE ........................................................................................ 20
7. PRINCIPE DE LA COLLEGIALITE ................................................................................................... 20
8. PRINCIPE DE L’ITINERANCE ......................................................................................................... 21
9. PRINCIPE DU DOUBLE DEGRE DE JURIDICTION ............................................................................. 21
10. PRINCIPE DE LA CASSATION ...................................................................................................... 21
11. PRINCIPE DU JUGE NATUREL ..................................................................................................... 22
136
CHAPITRE 2. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES COURS ET TRIBUNAUX
EN RDC ....................................................................................................................................... 23
SECTION I. LES COURS ET TRIBUNAUX DE L’ORDRE JUDICIAIRE ...................................................... 23
S/SECTION 1. LES JURIDICTIONS ORDINAIRES .................................................................................. 23
§1. Tribunal de paix .................................................................................................................... 23
§2. Tribunal de Grande Instance ................................................................................................ 24
§3. La Cour d’Appel .................................................................................................................... 24
§4. La Cour de Cassation ............................................................................................................ 25
S/SECTION 2. LES JURIDICTIONS SPECIALISEES ............................................................................... 25
§1. Les Tribunaux pour enfants................................................................................................... 25
1. Compétences du Tribunal pour enfant................................................................................ 25
2. Composition ....................................................................................................................... 26
3. Procédure ............................................................................................................................ 26
§2. Les Tribunaux de travail ....................................................................................................... 27
1. L’évolution des tribunaux du travail en droit congolais ..................................................... 27
2. Compétence du tribunal ...................................................................................................... 29
3. Composition ....................................................................................................................... 29
4. Procédure ............................................................................................................................ 30
§3. Les Tribunaux de commerce ................................................................................................. 30
1. Compétence ........................................................................................................................ 30
2. Composition ....................................................................................................................... 31
3. Procédure ............................................................................................................................ 31
S/SECTION 3. LES JURIDICTIONS MILITAIRES .................................................................................. 32
§1. Le Tribunal Militaire de Police ............................................................................................. 32
§2. Le Tribunal Militaire de Garnison ........................................................................................ 32
§3. La Cour militaire opérationnelle .......................................................................................... 32
§4. Les Cours Militaires .............................................................................................................. 33
§5. La Haute Cour Militaire ....................................................................................................... 33
CHAPITRE 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES COURS ET TRIBUNAUX ..... 34
SECTION I. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS COUTUMIERES ........................... 34
SECTION 2. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT
ECRIT (JURIDICTIONS CIVILES) ...................................................................................................... 34
§1. Rappel des règles déjà étudiées plus haut ............................................................................. 34
§2. Autres règles .......................................................................................................................... 34
1. La récusation et le déport ................................................................................................ 34
Les règles relatives à la récusation et au déport sont prévues aux articles 49 à 59 de la loi
n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire. .......................................................................................... 34
2. La police de l’audience (art. 66 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ) .............. 36
3. Composition régulière du siège .......................................................................................... 36
4. Le renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime (articles 60 à 62 de la loi
organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ) ................................................................................. 36
5. Les règles du délibéré ......................................................................................................... 37
6. La surveillance et l’inspection des cours et tribunaux (art. 44 la loi organique du 11 avril
137
2013 sur l’OCJ) .................................................................................................................... 38
7. Le sanction en cas d’action téméraire et vexatoire portée devant une juridiction (article
142 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ) ............................................................ 38
8. Vacances judiciaires, Audience solennelle de la Cour de cassation et mercuriale du
Procureur Général de la République .................................................................................... 38
SECTION 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT
ECRIT (JURIDICTIONS MILITAIRES) ........................................................................................... 39
§1. La police de l’audience (art.233 C.J.M) ............................................................................... 39
§2. Le renvoi pour cause de sûreté ou de suspicion légitime ..................................................... 39
§3. La collégialité des juridictions militaires.............................................................................. 39
§4. Les règles du délibéré ........................................................................................................... 39
§5. La règle du double degré de juridiction ................................................................................ 39
CHAPITRE 4. L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU MINISTERE PUBLIC ....................... 41
SECTION I. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES PARQUETS ..................................................... 41
§1. Cour Constitutionnelle ......................................................................................................... 42
§2. Cour de Cassation ................................................................................................................. 42
§3. Conseil d’Etat ........................................................................................................................ 42
§4. Cour d’Appel ......................................................................................................................... 43
§5. Cour Administrative d’Appel ................................................................................................ 43
§6. Tribunal de Grande Instance ................................................................................................ 43
§7. Tribunal Administratif ........................................................................................................... 43
SECTION 2. LES REGLES JUDICIAIRES COMMUNES AUX MAGISTRATS DU PARQUET ......................... 44
§1. Les attributions du Ministère Public en matière d’exécution des lois et de jugements ........ 44
§2. La mission de surveillance des services judiciaires .............................................................. 44
§3. La mission du Ministère Public en matière répressive ......................................................... 46
§ 4. La mission du ministère public en matière de droit privé .................................................... 46
1. Mission générale permanente d’assister à toutes les audiences ........................................ 46
2. Mission de donner des avis................................................................................................. 47
3. Mission de partie principale ............................................................................................... 48
4. Mission de partie intervenante ............................................................................................ 49
5. Mission d’introduire une requête en faveur des indigents pour la désignation d’office d’un
conseil................................................................................................................................... 49
6. Diverses missions judiciaires dans le cadre du code de la famille ..................................... 50
7. Mission dans le domaine disciplinaire des avocats ............................................................ 50
§5. Mission à caractère administratif ......................................................................................... 50
§6.Quid de l’autorité du Ministre de la Justice sur les magistrats du parquet........................... 51
§8. La mission du Ministère Public auprès des juridictions d’affectation.................................. 52
§9. Le principe du remplacement du Ministère public................................................................ 52
§10. Autorisation judiciaire pour la communication et la délivrance des copies des actes
d’instruction préparatoire et des actes de procédure à l’audience ......................................... 52
§11. Les principes régissant le Ministère Public ........................................................................ 53
1. Le principe de l’unité et de l’indivisibilité du Ministère Public ......................................... 53
2. Le principe de l’irrécusabilité du Ministère Public ............................................................ 53
2. Le principe de l’irresponsabilité du Ministère Public ..................................................... 54
138
4. Le principe de la subordination hiérarchique du Ministère Public ..................................... 54
CHAPITRE 5 : LA HIERARCHIE, LA COMPOSITION DE L’AUDITORAT MILITAIRE
ET SES REGLES DE FONCTIONNEMENT ........................................................................ 55
SECTION 1 : L’AUDITEUR GENERAL DES FORCES ARMEES ............................................................. 55
SECTION 2 : LES AUDITEURS MILITAIRES PRES LES COURS MILITAIRES........................................... 55
CHAPITRE 6 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS ................................. 56
SECTION 1 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS CIVILS ................................................ 56
§1. La hiérarchie des grades des magistrats du siège .............................................................. 56
1. Cour Constitutionnelle........................................................................................................ 56
2. Cour de cassation ................................................................................................................ 56
3. Conseil d’Etat ..................................................................................................................... 56
4. Cour d’Appel ...................................................................................................................... 56
5. Cour Administrative d’Appel ............................................................................................ 57
6. Tribunal de Grande Instance............................................................................................... 57
7. Tribunal de paix .................................................................................................................. 57
§2. La hiérarchie des grades des magistrats du parquet ............................................................ 57
1. Parquet Général près la Cour Constitutionnelle ................................................................. 57
2. Parquet général près la Cour de cassation .......................................................................... 57
3. Cour d’Appel ...................................................................................................................... 57
4. Cour Administrative d’appel .............................................................................................. 57
5. Parquet près le Tribunal de Grande Instance ...................................................................... 57
6. Parquet près le Tribunal Administratif ............................................................................... 57
SECTION 2 : LA HIERARCHIE DE GRADES DES MAGISTRATS MILITAIRES .......................................... 58
CHAPITRE 7 : LA COUR DES COMPTES .................................................................................... 59
SECTION 1. DE LA COMPOSITION DE LA COUR DES COMPTES ......................................................... 59
§1. Des magistrats de la Cour des Comptes ............................................................................... 59
§2. Les sections de la Cour des Comptes .................................................................................... 60
SECTION 2. DU CONTROLE DES ACTIVITES DE LA COUR DES COMPTES .......................................... 61
CHAPITRE 8 : LES IDEES MAITRESSES DU STATUT DES MAGISTRATS CIVILS ....... 62
SECTION 1. DU RECRUTEMENT ....................................................................................................... 62
§1. Des conditions imposées pour être nommé magistrat (art. 1 du statut). ............................ 62
§2. Particularité de la nouvelle loi.............................................................................................. 62
SECTION 2. DU SIGNALEMENT ........................................................................................................ 62
§1. Des promotions .................................................................................................................... 63
SECTION 3. DES TRAITEMENTS ET INDEMNITES (ART.26) ............................................................... 63
SECTION 4. DES AVANTAGES SOCIAUX DES MAGISTRATS ............................................................... 63
SECTION 5. LES POSITIONS STATUTAIRES (ART.28 A 41 DU STATUT) ............................................. 63
SECTION 6. DE LA RELEVE ANTICIPEE DES FONCTIONS ET DE LA DEMISSION (ART.42 A 44 DU
STATUT DES MAGISTRATS) ............................................................................................................ 64
SECTION 7. DU REGIME DISCIPLINAIRE .......................................................................................... 64
SECTION 8. DES DEVOIRS ET DES INCOMPATIBILITES (ART.65 A 69 DU STATUT DES MAGISTRATS). 65
139
SECTION 9. DE LA RETRAITE (ART.70 A 71 DU STATUT DES MAGISTRATS)..................................... 65
SECTION 10. DES AVANTAGES ACCORDES APRES LA CESSATION DEFINITIVE DE SERVICE (ART.72 A
82 DU STATUT DES MAGISTRATS) ................................................................................................. 66
§1 De la pension d’inaptitude .................................................................................................... 66
§2. De l’allocation de fin de carrière .......................................................................................... 66
§3. De la rente de survie et de l’allocation de décès .................................................................. 66
§4. De l'honorariat et de l'éméritat (art. 83 du statut des magistrats)........................................ 67
CHAPITRE 9. DE LA POLICE JUDICIAIRE ................................................................................. 68
SECTION 1. DEFINITION DE LA POLICE JUDICIAIRE .......................................................................... 68
SECTION 2. LES AUTORITES INVESTIES DE FONCTIONS DE POLICE JUDICIAIRE ................................. 68
SECTION 3. LA COMPETENCE MATERIELLE ET TERRITORIALE DES O.P.J. ........................................ 68
SECTION 4. LE CONTROLE DES ACTIVITES DES O.P.J. ...................................................................... 69
CHAPITRE 10. LE GREFFE ET L'OFFICE DES HUISSIERS ...................................................... 70
SECTION 1. LE GREFFE .................................................................................................................... 70
§1.Notion du greffe ...................................................................................................................... 70
§2. La composition des greffes .................................................................................................... 70
§3. Le statut greffier .................................................................................................................... 70
SECTION 2. L'OFFICE DE L'HUISSIER ................................................................................................ 71
§1.Absence de service propre...................................................................................................... 72
§2. Désignation des huissiers ...................................................................................................... 72
§3. Rôle des huissiers .................................................................................................................. 72
§4. Observations critiques........................................................................................................... 73
CHAPITRE 11. DES AVOCATS ET DES DEFENSEURS JUDICIAIRES ................................ 74
SECTION 1. DES AVOCATS............................................................................................................... 74
§1.Définition et mission (art. 1 de l’Ordonnance-loi n°79-028 du 28 septembre 1979) ............ 74
§2.Caractère de la profession (art. 2 de l’ordonnance-loi sur le barreau) ................................ 74
§3.Monopole ................................................................................................................................ 74
§4.Conditions d'accès à la profession (art. 7 et 20 l’ordonnance-loi sur le barreau)............... 74
A. Conditions générales à remplir : ........................................................................................ 74
B. Soumission à un stage professionnel ................................................................................. 75
§5. De l'inscription au tableau (art. 21 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau) .......................... 75
§6. De l'omission du tableau (art. 32 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau) ............................. 75
§7. Des modes d'exercice de la profession (art. 64 à 70 l’ordonnance-loi sur le barreau) ....... 76
§8. Des droits et des devoirs des avocats (art. 71 à 80 l’ordonnance-loi sur le barreau) ......... 76
1. Au titre des droits, nous retiendrons : ................................................................................. 76
2. Au titre des devoirs, nous retiendrons : .............................................................................. 76
3. Comportement à avoir dans la conduite des affaires : ....................................................... 77
4. Comportement en matière de consultation ......................................................................... 77
§9.Des incompatibilités (art. 58 à 63 l’ordonnance-loi sur le barreau)..................................... 77
§10.Des honoraires (art. 81 à 85 l’ordonnance-loi sur le barreau) ........................................... 78
§11. De la discipline des avocats (art. 86 à 102 de l’ordonnance-loi sur le barreau) ............... 79
1. Notion de faute disciplinaire .............................................................................................. 79
140
2. La grille des sanctions disciplinaires .................................................................................. 79
3. Organe disciplinaire ............................................................................................................ 79
4 .Règles de procédure disciplinaire ....................................................................................... 79
§12. Des organes du barreau ...................................................................................................... 80
1. Au niveau de chaque ressort de Cour d'Appel .................................................................... 80
2. Au niveau national, les organes de l'Ordre National sont : ................................................ 81
a) L'Assemblée Générale ............................................................................................... 81
b) Le Conseil National de l'Ordre .................................................................................. 81
SECTION 2 : DES DEFENSEURS JUDICIAIRE (ART. 125 A 141 DE L’ORDONNANCE-LOI SUR LE
BARREAU) .................................................................................................................................... 81
§1.Notions et conditions d'accès à la profession ........................................................................ 81
§2. Des droits et des devoirs des défenseurs judiciaires ............................................................. 82
§3. Des organes du corps des défenseurs judiciaires ................................................................. 82
1. L’Assemblée Générale ....................................................................................................... 82
2. Le syndic et la chambre de surveillance ............................................................................. 82
§4. Du régime disciplinaire ......................................................................................................... 82
SECTION 3 : INFORMATIONS UTILES SUR LES AVOUES ..................................................................... 83
§1. Définition ............................................................................................................................... 83
§2. Condition d'étude .................................................................................................................. 83
§3. Les fonctions de l'avoué à la Cour ........................................................................................ 83
§4. Lien juridique qui unit l'avoué et son client .......................................................................... 83
DEUXIEME PARTIE : ........................................................................................................................ 84
DE LA COMPETENCE ....................................................................................................................... 84
INTRODUCTION ............................................................................................................................... 85
CHAPITRE 1. LA COMPETENCE DES COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT ..... 86
SECTION 1. LA COMPETENCE REPRESSIVE ...................................................................................... 86
§1. Tribunal de Paix .................................................................................................................... 86
§2.Tribunal de Grande Instance ................................................................................................. 88
§3.Cour d'Appel........................................................................................................................... 89
§5. La Cour de cassation............................................................................................................ 89
§6. Informations utiles sur les juridictions répressives en France ............................................. 90
1. Tribunal de police ............................................................................................................... 90
2. Tribunal correctionnel ........................................................................................................ 90
3. Cour d'assises...................................................................................................................... 90
SECTION 2. LA COMPETENCE CIVILE DES TRIBUNAUX .................................................................... 90
§1. La compétence territoriale des tribunaux civils .................................................................... 90
§2. La compétence personnelle des tribunaux civils ................................................................... 91
§3. La compétence matérielle des tribunaux civils ..................................................................... 91
1. Règles ordinaires ................................................................................................................ 91
1.1. La compétence matérielle est déterminée par la nature ou le montant de la
demande 91
1.2. Répartition de la compétence matérielle................................................................. 92
141
1.3. La Cour d'appel ....................................................................................................... 92
2. Règles spéciales .................................................................................................................. 92
§4. La Compétence en matière fiscale ........................................................................................ 93
§5. La compétence en matière administrative ............................................................................. 93
§6. Dérogation ou principe du juge naturel () ............................................................................. 94
CHAPITRE 2. LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS MILITAIRES ................................ 95
SECTION 1. LA COMPETENCE MATERIELLE ..................................................................................... 95
SECTION 2. LA COMPETENCE PERSONNELLE .................................................................................. 96
SECTION 3. LA COMPETENCE TERRITORIALE .................................................................................. 96
CHAPITRE 3. DES CONFLITS DE COMPETENCE .................................................................... 97
SECTION 1. LA LITISPENDANCE ET LA CONNEXITE .................................................................. 97
§1. Notion ............................................................................................................................... 97
§2. Règles applicables pour mettre fin à la litispendance....................................................... 97
SECTION 2. LE REGLEMENT DU JUGE OU CONFLIT DE JURIDICTION .................................................. 97
§1.Notion ..................................................................................................................................... 97
§2. Procédure pour mettre fin à ce genre de conflit de compétence ........................................... 97
SECTION 3. LE CONFLIT D'ATTRIBUTION ........................................................................................ 98
§1. Notion .................................................................................................................................... 98
2. Procédure pour mettre fin au conflit ............................................................................ 98
TROISIEME PARTIE : .................................................................................................................... 100
LE POUVOIR JUDICIAIRE ............................................................................................................ 100
CHAPITRE 1. LES VOIES DE DROIT .......................................................................................... 101
SECTION 1. LA VOIE DE LA JUSTICE PRIVEE ................................................................................... 101
SECTION 2. LA VOIE JURIDICTIONNELLE ....................................................................................... 101
§1. Sur le plan national : ........................................................................................................... 102
A. La voie juridictionnelle des cours et tribunaux : ............................................................. 102
B. La voie juridictionnelle du compromis arbitral : ............................................................. 102
§2. Sur le plan international : .................................................................................................. 102
SECTION 3. LA VOIE DU PREALABLE ............................................................................................. 103
SECTION 4. LA VOIE PAREE ........................................................................................................... 103
SECTION 5. LA VOIE DE L'INJONCTION JUDICIAIRE ........................................................................ 104
SECTION 6. LA CONCILIATION OU LA PALABRE ............................................................................. 104
CHAPITRE 2. LA FONCTION JURIDICTIONNELLE ............................................................. 106
SECTION 1. LA DEFINITION DE L'ACTE JURIDICTIONNEL ................................................................ 106
§1. L'école des critères formels ................................................................................................. 106
A. Tendance préconisant le critère organique ...................................................................... 106
B. Tendance préconisant le critère procédural ..................................................................... 106
C. Tendance qui considère la force attachée à l'acte juridictionnel ...................................... 107
§2. L'école des critères matériels .............................................................................................. 107
a) Tendance définissant l'acte juridictionnel par son but ...................................................... 107
142
b) Tendance définissant l'acte juridictionnel par sa structure ............................................... 108
C .Tendance qui définit l'acte juridictionnel par l'existence d'une contestation ................... 108
SECTION 1. L'ACTE DE JURIDICTION GRACIEUSE ........................................................................... 109
§1.La notion de l'acte de juridiction gracieuse ......................................................................... 109
A. Critère d'absence de contestation ..................................................................................... 110
B. Critère de la nécessite légale de l'intervention judiciaire ................................................. 110
§2.Le fondement de l'acte de juridiction gracieuse ................................................................... 110
§3.Quelques exemples des actes de juridiction gracieuse ........................................................ 110
§4.La nature des actes de juridiction gracieuse ....................................................................... 111
La théorie classique de la nature administrative de l'acte gracieux ...................................... 111
B. La théorie du Welfare-State et la nature juridictionnelle de l'acte gracieux .................... 111
CHAPITRE 3. LA THEORIE DE L'ACTION ............................................................................... 113
SECTION 1. DEFINITION DE L'ACTION ............................................................................................ 113
§1.Confusion entre l'action et le droit ....................................................................................... 113
§2. Nécessité de la distinction de l'action et du droit ................................................................ 113
§3.La définition de l'action ........................................................................................................ 114
SECTION 2. LES DIVERSES ESPECES D'ACTION EN JUSTICE ............................................................. 114
§1. Les actions en matière pénale ............................................................................................. 114
§2.Les actions en matière civile ................................................................................................ 114
1. Actions patrimoniales et actions extra-patrimoniales ................................................... 114
2. Actions personnelles, actions réelles, actions mixtes.................................................... 114
3. Actions mobilières, actions immobilières ........................................................................ 115
4. Actions pétitoires, actions possessoires ............................................................................ 115
§3. Les actions en matière administrative ................................................................................. 115
SECTION 3. LES CONDITIONS D'OUVERTURE DE L'ACTION EN JUSTICE ........................................... 115
a. La capacité ............................................................................................................................ 116
b. La qualité............................................................................................................................... 116
1. Le titulaire du droit ........................................................................................................... 117
2. Le mandataire du titulaire du droit ................................................................................... 117
3. Les héritiers et légataires du titulaire du droit .................................................................. 117
4. Les créanciers du titulaire du droit ................................................................................... 117
c. L'intérêt................................................................................................................................. 118
1. Notion de l'intérêt ............................................................................................................. 118
2. Nature de la notion d'intérêt ............................................................................................. 118
a. .L'intérêt doit être né et actuel........................................................................................... 118
b. Nature de la notion d'intérêt ............................................................................................. 119
c. L'intérêt doit être direct et personnel ................................................................................ 119
SECTION 4. LA TRANSMISSION DE L'ACTION ET LA REPRISE D'INSTANCE ....................................... 120
§1. La transmission de l'action.................................................................................................. 120
§2. Suspension de l'instance et sa reprise ................................................................................. 120
a) Reprise d'instance forcée .................................................................................................. 120
b) Reprise d'instance volontaire............................................................................................ 120
SECTION 5. L'EXTINCTION DE L'ACTION ........................................................................................ 120
143
SECTION 6. L'ABUS D'ACTION ....................................................................................................... 121
CHAPITRE 4. LES DEMANDES ET LES DEFENSES EN JUSTICE ....................................... 122
SECTION 1. LES DEMANDES EN JUSTICE ........................................................................................ 122
SECTION 2. LA DEFENSE EN JUSTICE ............................................................................................. 123
CHAPITRE 5. L'INSTANCE JUDICIAIRE ................................................................................. 124
SECTION 1. LES PRINCIPALES PHASES DE L'INSTANCE JUDICIAIRE ................................................. 124
A. La phase préliminaire de vérification ................................................................................... 124
B. La phase de l'instruction de la cause .................................................................................... 124
C. La phase du prononcé du jugement ...................................................................................... 126
SECTION 2. LE FORMALISME DE L'INSTANCE ................................................................................. 128
1. Utilité du formalisme ............................................................................................................. 128
2. Catégories des formalités ...................................................................................................... 128
3. La sanction de la violation des formes .................................................................................. 128
4. La nullité des jugements ........................................................................................................ 129
SECTION 1. LA NOTION ................................................................................................................. 130
SECTION 2. LA PORTEE ................................................................................................................. 130
SECTION 3. FONDEMENT JURIDIQUE.............................................................................................. 131
CHAPITRE 7. LES VOIES DE RECOURS .................................................................................... 132
SECTION 1. NOTION ...................................................................................................................... 132
SECTION 2. CLASSIFICATION ......................................................................................................... 132
SECTION 3. EXPLICATION DE CES DIVERSES NOTIONS ................................................................... 133
CHAPITRE 8. L'EXECUTION ....................................................................................................... 135
TABLE DES MATIERES .................................................................................................................. 136
144