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INTRODUCTION

1. DEFINITION DU DROIT JUDICIAIRE

Pour définir le Droit de Procédure, il ne suffit pas de s’arrêter à l’étymologie :


« Procedere », c’est-à-dire s’avancer car en effet, l’étude de la Procédure consiste à observer la
marche à suivre pour conduire le procès à bonne fin. Ainsi, elle étudie les règles que les
particuliers doivent observer devant les cours et tribunaux ainsi que les formalités auxquelles
eux-mêmes et les hommes de loi (dont les juges) doivent se soumettre en vue d’aboutir au
jugement et à son exécution.
Mais le problème de la mise en œuvre du droit est plus vaste. Il concerne aussi bien
l’établissement et l’organisation des juridictions qui ont la mission de juger, que la
détermination des pouvoirs juridictionnels, c'est-à-dire de la compétence de chacune d’elles.
L’expression la plus adéquate pour désigner la discipline qui étudie ces diverses règles
est celle de « Droit Judiciaire et non Droit de Procédure ».1
Ainsi, nous pouvons dire que, le droit judiciaire est l’ensemble des règles qui
gouvernent l’organisation et le fonctionnement de la justice en vue d’assurer la mise en œuvre
et la sanction des droits subjectifs et objectifs.

2. UTILITE SOCIALE DU DROIT JUDICIAIRE

L’ordre social est-il troublé par une infraction qui est commise ? Dans l’affirmation, il
faut punir le coupable. Pour aboutir à la sanction, à la peine légale, il faut connaître la
procédure à suivre. De même, le titulaire d’un droit subjectif qui se trouve lésé dans son droit et
qui veut obtenir la réparation du préjudice subi doit savoir comment procéder pour y aboutir.
Nous pouvons donc dire, que le droit judiciaire est la voie nécessaire et obligatoire par
laquelle doit passer, celui qui veut obtenir justice. Sans l’existence du droit judiciaire, la justice
ne peut être rendue à moins évidemment d’admettre le système archaïque et anarchique du
recours à la vengeance privée. Le droit judiciaire est donc le canal d’expression de toutes
contestations qui nait au sein de la société.

En clair, le droit judiciaire vise à :


- Mettre fin à l’insécurité, aux violences et aux désordres qu’engendre le droit de se
faire justice à soi-même ;
- Paralyser à l’avance la résistance, la fraude ou la mauvaise foi : c’est parce qu’il
sait ; qu’il pourra être poursuivi en justice, que le malfaiteur sera parfois contraint, soit de
cesser son comportement infractionnel, soit d’exécuter un engagement contractuel non rempli.

3. SUBDIVISION DU DROIT JUDICIAIRE

Généralement, il est admis que le droit judiciaire se subdivise en deux branches, d’une
part la procédure pénale et, d’autre part, la procédure civile.

1
H. SOLUS, R. PERROT, Droit Judiciaire Privé, T.1, Paris, Sirey, 1961, p.4.
1
La procédure pénale ou le droit pénal de forme, étudie l’ensemble des règles sur la
recherche de l’infraction, la poursuite et la condamnation du délinquant ;
La procédure civile étudie, quant à elle, l’ensemble des règles permettant à un
titulaire de droit lésé d’obtenir, soit le rétablissement de son droit, soit la réparation du
préjudice que lui cause la dépossession de son droit.

Nous pensons pour notre part, qu’en plus de ces deux grandes branches du droit
judiciaire, il faut encore ajouter : « l’organisation et la compétence judiciaires », qui est
l’objet du présent cours. Il s’agit de l’étude des principes d’organisation et de fonctionnement
des services judiciaires et des services de la justice. Nous dirons, que c’est l’étude des
structures tant matérielles qu’humaines sur lesquelles est bâtie la justice en République
démocratique du Congo.

4. LES SOURCES DU DROIT JUDICIAIRE2

Par source, l’on entend, l’ensemble des procédés par lesquels les règles de droit
naissent. Le droit judiciaire a plusieurs sources. Elles sont constitutionnelles, internationales,
légales, réglementaires, coutumières, etc..

A. La Constitution du 18 février 2006

La Constitution contient un certain nombre des dispositions qui relèvent du droit


judiciaire. A titre d’illustration nous citerons :
- La garantie de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Cette indépendance est
affirmée par rapport au pouvoir législatif et au pouvoir exécutif3.
- La garantie de la publicité des audiences judiciaires4 (art.20 de la Constitution du
18/02/2006),
- La garantie du droit de la défense5 ;
- L’obligation de motiver tout jugement6 ;
- Le prononcé de tout jugement en audience publique7 ;
- La présomption d’innocence dont bénéficie toute personne accusée d’une infraction,
jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie par un jugement définitif 8 ;

B. Les traités internationaux

La lecture de l’art. 215 de la Constitution du 18/02/2006 telle que modifiée par la loi
du 20 janvier 2011 révèle que, les traités et accords internationaux régulièrement ratifiés ont
une autorité supérieure à celle des lois, à la condition qu’ils soient également appliqués par
2
A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome I, le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaires,
Kinshasa-Universisté Lovanium-Bruxelles, Maison Ferdinand Larcier S.A., 1970 n°24.
3
Art.149 al. 1. de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011 portant révision
de certains articles de la constitution.
4
Article 20 de la constitution du 18 février 2006.
5
Art.19, in fine de la Constitution du 18 février 2006.
6
Art.21. al.1 de la Constitution du 18 février 2006.
7
Art. 20. al.1 de la Constitution du 18 février 2006.
8
Art. 17, in fine de la Constitution du 18 février 2006.
2
l’autre partie. Et l’article 153 alinéa 3, fait application aux juges civils et militaires d’appliquer,
les traités et accords régulièrement signés, les lois, les actes règlementaires, la coutume pour
autant qu’elle ne soit pas contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Ainsi par exemple, les
traités conclus en matière d’extradition et d’exécution des commissions rogatoires, d’arbitrage
et d’exécution des jugements et actes, peuvent avoir une incidence remarquable sur
l’organisation et le fonctionnement de la justice.

C. La loi et les actes ayant force de loi

En tant qu’actes relevant du pouvoir législatif, la loi est une source importante du droit
judiciaire. Selon la matière qu’elle vise, la loi peut être organique ou ordinaire. Actuellement, il
y a plusieurs lois ordinaires et lois organiques relatives à l’organisation de la justice en RDC.
On peut à titre illustratif citer :
- la loi organique n°13/11-B du 11 avril 2013 relative à l’organisation, au
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire
- la loi organique n° 13/012 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour
de cassation ;
- La loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle.
La constitution du 18 février 2006 dispose en son article 129 que le gouvernement
peut, pour l’exécution urgente de son programme d’action, demander à l’assemblée nationale
ou au sénat de prendre par ordonnances lois, pendant un délai limité et sur des matières
déterminées, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi. C’est cette catégorie
d’actes qu’on appelle acte ayant force de loi.
Les actes ayant force de loi se rapportent également au domaine judiciaire. Nous
pouvons citer, l’ancien code d’organisation et de compétence judiciaire du 31 mars 1982 ;
l’ordonnance-loi relative à la procédure devant la Cour suprême de justice de la même date.
Cette ordonnance n’est en vigueur à ce jour, qu’en ce qui concerne les dispositions relatives à
la matière administrative, ce en attendant l’adoption de la loi sur les juridictions de l’ordre
administratif et l’organisation et le fonctionnement du Conseil d’Etat.

D. Le pouvoir réglementaire du Président de la République

Le Président de la République exerce ses compétences par voie d’ordonnance 9.


Certaines de ses décisions ont une incidence sur l’organisation et le fonctionnement de la
justice, pour autant qu’il se trouve dans le système judiciaire.
A titre d’illustration, on peut citer les compétences suivantes :
- l’autorisation de poursuites judiciaires ou la mise en accusation de certains
justiciables de la Cour de cassation ;
- le pouvoir de remettre, commuer ou réduire les peines prononcées par les cours et
tribunaux10 ;
- le pouvoir de suspendre et d’y substituer celles des juridictions militaires et ce sur
tout ou partie du territoire national et pour la durée et les infractions qu’il détermine11.

9
Art. 79 alinéa 3 de la Constitution du 18 février 2006.
10
Art. 87 in fine de la Constitution du 18 février 2006
3
E. Le pouvoir réglementaire du 1er Ministre

Statuant par voie de décret12, le Premier Ministre peut obtenir de par la loi certaines
prérogatives qui rentrent dans le domaine de la justice. Au regard du régime politique consacré
par la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée, le pouvoir réglementaire est exercé
par le premier ministre sous réserve des prérogatives dévolues au président de la épublique13.
On peut citer notamment :
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal pour enfant14 ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal de paix15 ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort du tribunal de grande
16
instance ;
- le pouvoir de fixation du siège ordinaire et du ressort de la cour d’appel17.

F. Le pouvoir réglementaire du Ministre de la Justice

La loi reconnaît au Ministre de la justice le pouvoir réglementaire en matière


judiciaire, notamment :
- le pouvoir d’établir pour toutes les juridictions des sièges secondaires dans les
localités autres que celles où sont établis les sièges ordinaires desdites juridictions 18;
- le pouvoir de déterminer le nombre et la périodicité des sessions ;
- le pouvoir de fixation du ressort des sièges secondaires des tribunaux pour
19
enfants ;
- le pouvoir de regrouper deux ou plusieurs ressorts des tribunaux pour enfant en un
seul pour les mesures de garde, d’éducation et de préservation 20;
- le pouvoir de déterminer la compétence matérielle et territoriale des OPJ 21;
- le pouvoir de fixation des taux, des droits, taxes et redevances à percevoir à
l’initiative du Ministère de la justice22;
- le pouvoir de fixation des taux et des taxes des recettes administratives et
judiciaires23.

Outre ces divers pouvoirs, il sied de mentionner l’autorité que le Ministre de la justice
exerce sur le parquet. Mais, ce pouvoir était mis en cause par la constitution du 18 février 2006.
En effet, aux termes de l’article 149, al.2 une problématique sur l’appartenance du parquet au
pouvoir judiciaire lequel est indépendant du pouvoir exécutif et législatif, a vu le jour. L’article
149 al.1 disposait : « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir

11
Art 87in fine de la Constitution du 18 février 2006.
12
Art. 92, al.2, constitution du 18 février 2006
13
Art. 92 alinéa 1 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011.
14
Art. 84, loi portant protection de l’enfant
15
Art. 7, al.3, loi organique de 2013 sur l’OCJ
16
Art. 14, al. 2, idem
17
Art. 19, al.2, ibidem
18
Art. 46, al.1, loi organique de 2013 sur OCJ.
19
Art. 86, loi portant protection de l’enfant
20
Art. 85, idem
21
Art. 5, al.2, loi organique de 2013 sur l’OCJ
22
Arrêté interministériel n°213/CAB/MIN/J/2009 et n°253/CAB/MIN/FINANCES/2009 du 23 décembre 2009
23
Arrêté interministériel n°25/CAB/MIN/R.I-J& GS FIN/98 du 14 décembre 1998
4
exécutif. Il est dévolu aux Cours et Tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de
cassation, le Conseil d’Etat, la Haute Cour militaire, les cours et tribunaux civils et militaires
ainsi que les parquets rattachés à ces juridictions…».
Pourtant, il faut relever que la nature des attributs du ministère public emmène ce
dernier à se situer plus près du pouvoir exécutif que du pouvoir judiciaire. En effet, le ministère
public veille au respect des actes législatifs et réglementaires censés être exécutés par
l’administration, qui relève du pouvoir exécutif. A ce titre, il remplit les mêmes fonctions qu’un
fonctionnaire de l’Etat. En outre, en vue de l’exécution des décisions judiciaires dont il est
chargé par la loi, le ministère public doit recourir aux unités de la force publique, qui relèvent
également du pouvoir exécutif. Ainsi, aussi bien en amont qu’en aval, les fonctions du
ministère public le mettent en rapport plus direct avec le pouvoir exécutif.
Mais depuis la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de
la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, dont l'article 149
introduit un amendement qui consiste en la suppression du Parquet dans l'énumération des
titulaires du pouvoir judiciaire. Celui-ci est dévolu aux seuls cours et tribunaux. Cet
amendement remet ainsi en harmonie l'article 149 avec les articles 150 et 151 qui proclament
l'indépendance du seul magistrat du siège dans sa mission de dire le droit ainsi que son
inamovibilité24.
De ce qui précède, on peut affirmer que, tout en étant séparés, les pouvoirs
institutionnels ne sont pas pour autant isolés les uns des autres. Le ministre de la Justice
conserve son pouvoir d’injonction à l’égard du ministère public sans que ce pouvoir ne se
transforme en un droit de veto, de telle sorte que, la parole étant libre, le magistrat du parquet
continue à jouir pleinement de son pouvoir d’appréciation pouvant aboutir, le cas échéant, à la
relaxation, au classement sans suite ou à l’acquittement de la personne poursuivie.
L’autorité du Ministre de la justice se limite à ordonner les poursuites, à donner
l'impulsion aux poursuites et à exercer un droit de regard sur les officiers du ministère public
sans porter préjudice au pouvoir du Conseil supérieur de la magistrature en matière
disciplinaire.

G. Le pouvoir réglementaire des présidents des juridictions et Chefs des offices

Le pouvoir réglementaire est principalement l’apanage de l’exécutif mais il est


reconnu aussi à d’autres autorités administratives et chefs d’office. Les Présidents des
juridictions, de par leur responsabilité dans la régularité du service public qu’ils gèrent, ont, de
par la loi, un pouvoir réglementaire leur permettant de faire asseoir un minimum d’ordre au
sein de leurs juridictions. Ils peuvent donc prendre des ordonnances qui règlent des questions
d’ordre administratif, notamment celles se rapportant :
- au règlement d’ordre intérieur de la juridiction et du greffe ;
- à la désignation des huissiers et à l’organisation de leur service ;
- à la surveillance et à l’inspection des juridictions inférieures25.
Faisant application du principe du dédoublement fonctionnel, les présidents des
juridictions exercent, d’une part, les fonctions administratives et, d’autre part, celles de

24
Exposé des motifs de la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la constitution du
18 février 2006.
25
R. KAMIDI OFIT, Le système judiciaire congolais : organisation et compétence, Kinshasa, éd. Fito, 1999, p.18.
5
magistrat.
Le dédoublement fonctionnel tire sa source du droit public. Il désigne le fait pour une
autorité publique d’agir au nom de deux personnes publiques différentes26. C’est le cas du
gouverneur qui agit tantôt au nom de sa province, tantôt au nom de l’Etat. Transposé au
domaine judiciaire, ce concept s’applique au magistrat président de juridiction qui exerce les
fonctions administratives et judiciaires bien que dans les deux cas il serve un seul maître, l’Etat,
qui est son commettant.
En effet, les deux fonctions ne s’excluent et ne sont pas incompatibles, mais
complémentaires27. Les présidents de juridiction en font une application pratique.
Le Premier président de la Cour de cassation est chargé de l’administration de la Cour.
Il fixe par ordonnance le règlement d’ordre intérieur de cette juridiction28.
Le Premier président de la Cour d’appel est chargé de la répartition des services
internes de cette juridiction. Il a en outre la responsabilité de réglementer les services d’ordre
intérieur des juridictions inférieures29.
Le président du Tribunal de grande instance est chargé de la répartition des services
internes de sa juridiction30.
Le Président du Tribunal de paix est également chargé de la répartition des services de
sa juridiction31.

H. La coutume

La coutume est une règle de droit qui se dégage lentement et spontanément des faits et
des pratiques habituellement suivi dans un milieu social donné, qui devient obligatoire
indépendamment de toute intervention expresse ou approbation même tacite, du législateur32.
‘Les contestations peuvent être tranchées suivant la coutume, et ce, tant devant les
tribunaux coutumiers que devant les juridictions de droit écrit. En ce cas, les cours et tribunaux
l’appliquent pour autant qu’elle soit conforme aux lois, à l’ordre public et aux bonnes
mœurs’33.
Les articles 10, 110, 118 de la loi organique de 2013 sur l’OCJ prévoient que si une
contestation doit être tranchée suivant la coutume, celles-ci s’applique [pour autant qu'elle soit
conforme aux lois et à l'ordre public]. Les cours et tribunaux s'inspirent des principes généraux
du droit qui, comme les autres sources du droit judiciaire, suppléent au silence de la loi dans
les matières judiciaires.
Les articles 17 et 77 du code de procédure pénale permettent respectivement à
l’officier du ministère public et au juge d’imposer au témoin une forme de serment dont
l’emploi, d’après les coutumes locales, paraît le plus propre à garantir la sincérité de la
déposition. Devant les juridictions coutumières, la procédure applicable est certes fixée par la
loi, mais les règles procédurales coutumières s’appliquent également dans la mesure où elles ne
sont pas contraires à l’ordre public.

26
S. GUINCHARD et alii, op. cit., p.276.
27
L. YUMA BIABA, Manuel de Droit administratif général, Kinshasa, éd. CEDI, 2012, pp. 21-22.
28
Art. 26, loi organique n°13/011-B, précitée.
29
Art. 21, idem.
30
Art. 18, idem.
31
Art. 11, loi organique n°13/011-B, précitée.
32
M. FONTAINE, Principes & techniques du Droit, T.1, Droit civil et Droit commercial, Paris, Foucher, 1986
33
Art. 153 al.4 de la constitution du 18 février 2006, art.118, loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013, précité
6
I. Les principes généraux du droit

Les principes généraux sont des principes directeurs qui servent de guide voire même
de source du droit en cas de silence de la loi.
La base légale des principes généraux du droit est l’art. 1 de l’ordonnance de
l’Administrateur Général du Congo, du 14 mai 1886 approuvée par le décret du 12 novembre
1886.
Cet article dispose : « Quand la matière n’est pas prévue par un décret, un arrêté ou
une ordonnance déjà promulguée, les contestations qui sont de la compétence des tribunaux du
Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes généraux du droit et
l’équité »34.
Cette disposition demeure d’application aujourd’hui. A l’époque coloniale, s’était
établie une opinion selon laquelle, par principes généraux du droit, il fallait entendre
« principes généraux du droit belge » ; cette interprétation ne peut être de mise depuis
l’indépendance de la R.D.C.
La loi organique de 2013 sur l’OCJ dispose : « Si une contestation doit
être tranchée suivant la coutume, les Cours et tribunaux appliquent celle-ci, pour autant qu'elle
soit conforme aux lois, à l'ordre public et aux bonnes mœurs.
En cas d'absence de coutume ou lorsque celle-ci n'est pas conforme aux lois, à
l'ordre public et aux bonnes mœurs, les Gours et tribunaux s'inspirent des
principes généraux du droit »35.
Souvent, les principes généraux du droit sont contenus dans les adages. Exemples de
quelques principes généraux du droit :
- Le pénal tient le civil en état ;
- In dubio pro reo (le doute doit profiter au prévenu) ;
- Nul n’est censé ignorer la loi ;
- Electa una via, non datur recursus ad alteram;
- Actori incumbit probatio.

J. L’équité

L’ordonnance de l’Administrateur Général du Congo du 14 Mai 1886, permet aux


également aux cours et tribunaux, en cas de silence de la loi, de recourir à l’équité, c’est-à-dire
au sens personnel de la justice et de l’ordre social. L’on peut définir l’équité comme le sens
humain de la pondération et de la conscience sociale du juge36.

K. La jurisprudence

L’on peut définir la jurisprudence comme un ensemble de décisions suffisamment


concordantes rendues par les juridictions sur une question.37

34
Voir Pierre PIRON et Jacques DEVOS, code civil, préliminaire in codes et lois du Congo-Belge, Tome I, matière
civile, commerciales et pénales, Bruxelles, Larcier, 1960, p.49.
35
Article 118, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
36
Emile Lamy, Le droit privé zaïrois, Kinshasa, 1975 p.118.
37
Raymond GUILLIEN et Jean Vincent, Lexique de termes juridiques, Dalloz, 6ème éd, 1985.
7
La jurisprudence peut revêtir plusieurs épithètes38 :
- elle est constante lorsqu’elle acquiert une certaine permanence par le fait conjuguer
de la répétition et de la confirmation par les juridictions supérieures (Cours d’Appel et Cour de
cassation) ;
- elle est constante et définitive lorsque la Cour de cassation agissant en cassation est
intervenue pour départager des jurisprudences diverses ;
- l’on parle aussi de jurisprudence « ancienne » en raison de sa vétusté ;
- la jurisprudence est dite récente, lorsqu’elle est encore hésitante et mal établie ;
- l’on parle également de jurisprudence isolée, lorsqu’elle va dans le sens contraire
de la jurisprudence habituelle ; ou encore la signale alors par la référence « contra » ;
- l’on dit aussi que la jurisprudence est partagée, incertaine ou flottante lorsque les
tribunaux tranchent différemment une question de droit.
Il y a lieu de noter qu’un seul arrêt de cassation peut fixer d’une manière constante et
définitive la jurisprudence surtout lorsqu’il s’agit d’un arrêt de principe.
La jurisprudence peut être source de droit judiciaire à la condition qu’elle soit
constante car, en ce cas, elle fait partie du droit et l’on ne peut pas s’en écarter sans mettre en
cause la sécurité juridique qui est un facteur du maintien de l’ordre et de la paix sociale.
Notons que, la jurisprudence permet d’admettre en droit les pratiques judiciaires, les
principes généraux du droit et l’équité.

L. La doctrine

Le rôle de la doctrine est primordial. La doctrine anime considérablement le progrès et


l’évolution du droit par ses analyses, ses recherches et ses critiques, elle stimule le législateur à
améliorer des textes incomplets ou obscurs et elle informe le juge sur l’évolution de la
jurisprudence : bref, la doctrine peut créer une école, une orientation nouvelle39.

M. Les usages

Il faut distinguer deux catégories d’usages.


Il y a d’abord les usages locaux qui sont légalement prévus par la loi organique à l’art.
108 : les juges qui allouent des dommages-intérêts d’office peuvent fonder leur jugement sur la
loi, la coutume ou les usages locaux. Il s’agit, en ce cas, des règles nouvelles nées du commerce
social dans un milieu déterminé. Ils ne se rattachent cependant pas à la coutume.
Il y a les usages qui sont des pratiques judiciaires ayant acquis force de droit,
complémentaire ou dérogatoire à la loi40. Ces usages peuvent être une explication des textes
trop rigides. Mais il y en a qui sont « praeter legem », c'est-à-dire qui vont au-delà de la pensée
du législateur. Ils peuvent aussi être « contra legem» ; en ce cas, ils constituent une véritable
rébellion contre la loi.

38
E. LAMY, Op. cit., p.124
39
Lire à ce sujet Emile LAMY, op.cit., p.131, n°81.
40
A. RUBBENS, Le Droit Judiciaire Congolais, Tome I. Le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaires,
Bruxelles, Larcier, 1970, p. 41.
8
5. L’INTERPRETATION DES LOIS DE PROCEDURE

Nous utilisons l’expression lois de procédure dans un sens large. Ce sens permet d’y
inclure les règles d’organisation et de compétence judiciaires.
Le droit judiciaire est soumis à une stricte interprétation, les juges ne peuvent se
permettre de se livrer à une interprétation analogique ou à une large interprétation des textes de
lois organisant le droit judiciaire. Toutefois, les règles de procédure pénale peuvent faire l’objet
d’interprétation extensive en faveur du justiciable41.
En aucun cas, le silence de la loi ne peut servir de prétexte pour ne pas dire le droit, ce
serait s’exposer à commettre un déni de justice, car, nous avons déjà vu qu’en cas de silence de
la loi, les juges recourent à la coutume, aux principes généraux du droit ou à l’équité.

6. L’APPLICATION DES LOIS DE LA PROCEDURE

A. L’application dans le temps

Les règles de procédure sont d’application immédiate en ce sens qu’elles s’appliquent


immédiatement au procès déjà engagé. A titre d’exemple : un tribunal devant lequel une affaire
est pendante devra se dessaisir si un texte nouveau lui retire la compétence, sauf, si ce tribunal
a déjà rendu, à l’occasion d’un incident, une décision qui intéresse le fond de l’affaire42.

B. L’application dans l’espace

Le droit judiciaire régissant le fonctionnement d’un service public (cours, tribunaux et


parquets), ne peut concerner que les institutions judiciaires établies sur le territoire national.
Ainsi, le droit judiciaire congolais ne s’applique pas à l’étranger, même entre
ressortissants nationaux. Mais des conventions internationales peuvent organiser la coopération
des services judiciaires de deux pays souverains.
Le droit congolais prévoit que, les décisions des juridictions étrangères peuvent
s’exécuter en République Démocratique du Congo moyennant exequatur et en se conformant
aux conditions suivantes43 :
- ces décisions ne peuvent contenir rien de contraire à l’ordre public congolais ;
- ces décisions doivent être d’après la loi du pays où elles ont été rendues, passées en
force de chose jugée ;
- les expéditions de ces décisions doivent, selon la loi du pays où elles ont été
rendues, réunir les conditions nécessaires à leur authenticité ;
- les droits de la défense doivent avoir été respectés lors de la prise de ces décisions ;
- le tribunal étranger qui a eu à rendre ces décisions, ne doit pas avoir été compétent
en raison de la nationalité du demandeur.

41
A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome III, l’instruction criminelle et la procédure pénale, Bruxelles-
Kinshasa 1965, n°8, p. 36.
42
A. RUBBENS, op.cit., Tome I n° 29B ; Jean Vincent et Serge GUINCHARD, Procédure civile, 22ème éd., Dalloz,
1991 n° 13, p.26.
43
L’art. 119 de loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
9
Ce sont des tribunaux de grande instance qui sont compétents pour l’exéquatur des
décisions des juridictions étrangères.
Ajoutons que, les actes authentiques en formes exécutoires qui ont été dressés par
l’autorité étrangère sont aussi exéquaturés par les tribunaux de grande instance moyennant le
respect des conditions suivantes44 :
- les dispositions dont l’exécution est poursuivie ne doivent avoir rien de contraire à
l’ordre public congolais ;
- ces actes doivent d’après la loi du pays où ils ont été passés, réunir les conditions
nécessaires à leur authenticité.

7. LA DIFFERENCE ENTRE L’ACTE JURIDIQUE, L’ACTE JUDICIAIRE ET


L’ACTE JURIDICTIONNEL

L’acte juridique est celui qui est relatif au droit ou qui est fondé sur le droit, il
englobe l’acte judiciaire et l’acte juridictionnel.
L’acte judiciaire est donc un acte juridique mais qui a trait au domaine de la justice.
L’acte juridictionnel est un acte juridique et même judiciaire qui concerne un
domaine spécifique de la justice : le domaine de la fonction qui consiste à dire le droit,
(fonction réservée aux juges) du latin : jus = droit et dicere = dire. Ainsi, l’acte juridique est
plus vaste que l’acte judiciaire tandis que l’acte judiciaire est vaste à son tour, que l’acte
juridictionnel.

Donnons les exemples pour illustrer ces notions :


- un contrat est un acte juridique.
- le mandat d’amener signé par un officier de police judiciaire ou par un officier du
Ministère Public est un acte judiciaire.

Le mandat d’amener et le jugement constituent au sens global des actes juridiques ;


mais pour les spécifier, pour les différencier l’un des autres actes judiciaires et l’autre d’acte
juridictionnel.
Mais retenons, que l’acte juridictionnel est un acte judiciaire spécialisé

8. PLAN SOMMAIRE DU COURS

Le cours d’organisation et de compétence judiciaires est subdivisé en trois grandes


parties. La première est consacrée à l’étude des structures matérielles et humaines des cours et
tribunaux.
Dans cette partie, seront analysées les diverses juridictions existant au Congo
(juridictions civiles, juridictions coutumières et juridictions militaires). Les grades des
magistrats et les différents auxiliaires de la justice (greffiers, huissiers, avocats, défenseurs
judiciaires) seront étudiés.
La deuxième partie aborde, quant à elle, les différentes compétences qui sont dévolues
aux cours et tribunaux de la République Démocratique du Congo.

44
L’art. 121 de loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
10
Dans la troisième partie, après avoir maîtrisé les structures tant matérielles
qu’humaines des cours et tribunaux, il pourra alors être étudié le pouvoir judiciaire. Celui-ci
nous conduira à l’analyse : la saisine d’un tribunal, le jugement, les différentes actions que l’on
peut porter devant un tribunal, le jugement, son exécution et les voies de recours pour
l’attaquer.

11
PREMIERE PARTIE

LES STRUCTURES MATERIELLES ET HUMAINES DES JURIDICTIONS


DE LA R.D.C.

12
CHAPITRE 1. LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION
JUDICIAIRE

1. PRINCIPE DE LA REPARTITION DES FONCTIONS JUDICIAIRES

Les fonctions judiciaires se répartissent entre 4 organes :


- les cours et tribunaux exercent le pouvoir judiciaire (en vérité l’expression
judiciairement adéquate serait le pouvoir juridictionnel, consistant à dire le droit) ;
- les parquets qui exercent l’action publique et sont les gardiens de la loi et de l’ordre
public ;
- les greffes qui sont les conservateurs des archives des tribunaux ;
- le barreau qui est l’organe chargé d’assurer les droits de la défense.

2. PRINCIPE DE L’INDEPENDANCE DES ORGANES JUDICIAIRES

Le bon fonctionnement de la justice requiert que les 4 organes qui, chacun dans sa
sphère, concourt à l’administration de la justice, soient indépendants.
La Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 janvier 2011 en
son art.149 garantit l’indépendance des cours et tribunaux vis-à-vis d’autres pouvoirs. En effet,
l’article précité dispose que : « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du
pouvoir exécutif » ; l’art. 150 de la même Constitution renchérit à son al. 2 que : « les juges ne
sont soumis dans l’exercice de leurs fonctions qu’à l’autorité de la loi ».
L’indépendance du pouvoir judiciaire ne signifie pas « séparation », car la justice doit
compter sur la coopération avec les autres pouvoirs ; l’indépendance ne doit donc pas être
absolue, car ce qui importe est qu’il n’y ait ni entrave ni pression dans la mission propre de
l’organe judiciaire. La même affirmation peut valoir pour les autres organes judiciaires. Les
organes judiciaires doivent s’abstenir d’empiéter sur les prérogatives et pouvoirs de l’exécutif
et du législatif.

A. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif

Ces relations se caractérisent par les éléments suivants :


- le référé législatif n’existe pas : quand un juge, est saisi d’une contestation et qu’il y
a lacune de la loi, il ne peut surseoir à statuer et demander au parlement de prendre une loi pour
permettre la solution de cette contestation ;
- le parlement peut adopter une loi interprétative : cette loi donne à un texte de loi un
sens déterminé et différent de celui que le juge va vraisemblablement lui reconnaître ou lui a
déjà donné ; cette loi a un effet rétroactif ;
Si la loi interprétative intervient en cours d’instance, fausse totalement le débat dont
elle renverse la solution prévisible. Il s’agit là manifestement de l’ingérence du Parlement dans
le pouvoir judiciaire45.
Le législateur ne pourrait adresser des ordres aux juridictions que ce soit pour leur

45
Jean Vincent, Serge Guinchard, Gabriel Montagnier et André Varinand, La justice et les institutions, 3ème édition,
Dalloz, Paris 1991, n°69
13
ordonner ou pour leur interdire un certain comportement ;
Le principe de l’interdiction des arrêts de règlement, qui est formulé en France par
l’art. 4 du code civil, signifie qu’il est interdit au juge de se prononcer par voie des dispositions
générales ou réglementaires sur les causes qui leurs sont soumises46.
Au Congo, cette interdiction des arrêts du règlement s’applique en droit congolais en
tant que principe général du droit47.
- le juge a l’obligation d’appliquer la loi ; mais, il ne peut tirer prétexte des lacunes ou
des imperfections de la loi pour refuser de statuer a peine de déni de justice. Cependant, le juge
a le pouvoir d’interpréter les textes de lois obscurs par recherche de la volonté du législateur à
travers l’analyse des débats parlementaires ;
- le juge exerce un contrôle juridictionnel de la constitutionnalité des lois.
Ce contrôle peut intervenir par voie d’action : on demande au juge, à titre principal de
constater l’inconstitutionnalité de la loi pour la remettre à néant. Au Congo, c’est la Cour de
cassation, toutes sections réunies, qui exerce le contrôle. Ce contrôle peut aussi s’exercer par
voie d’exception d’inconstitutionnalité soulevée par un plaideur devant tout tribunal.

B. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif

Ces relations se caractérisent par les éléments suivants :


a) Au Congo, la Cour de cassation, ne contrôle pas les actes législatifs car il existe une
cour constitutionnelle.
b) Les actes du Gouvernement échappent au contrôle du pouvoir judiciaire : Il s’agit
des actes chargés pourvus d’une immunité de juridiction. Ils échappent à tout contrôle
juridictionnel. Administratif ou constitutionnel.
Exemple : actes relatifs aux relations internationales : exercice de la fonction
diplomate48, les actes relatifs à la nomination des membres du gouvernement, les actes de
dissolution du parlement, etc..
c) Il y a interdiction pour les juges de faire acte d’administration.
Sur le rôle de l’administration en se substituant à elle, en accomplissant à sa place des
actes d’administration ou en lui ordonnant de prendre une mesure juridique ou matérielle.
d) l’indépendance fonctionnelle du juge doit être assurée par un aménagement de son
statut particulier, c’est ainsi que sa promotion professionnelle ne peut pas dépendre du
Gouvernement.
Il est nommé et promu sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature et
après avis conforme du Parlement de la République.
L’indépendance fonctionnelle du juge est également assurée par l’inamovibilité qui
veut que le juge ne peut sans son consentement recevoir une affectation nouvelle même en
avancement49.
Au Congo, le principe d’inamovibilité du juge, qui avait été reconnu dans la loi
fondamentale du 19 juin 1960 relative aux structures du Congo et par la Constitution du 1er
août 1964, a été abrogé, pour des raisons pratiques de fonctionnement de la justice dans la

46
J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINAND, op.cit., n°70.
47
E. LAMY, op. cit, p.74.
48
J. VINCENT , S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER & A. VARINARD, op.cit. 78.
49
Idem, n°85.
14
Constitution du 24 juin 1967. L’Acte Constitutionnel de la Transition ne le garantissait pas ;
mais, le projet de Constitution de la 3ème République élaboré par la C.N.S l’avait néanmoins
garanti (art 132).

3. PRINCIPE DU MONOPOLE DES ORGANES JUDICIAIRES

Le monopole du pouvoir judiciaire est garanti par la Constitution. En effet, celle-ci est
hostile à la création de toute juridiction en dehors de la hiérarchie unique des cours et
tribunaux.
L’art. 149 al. 4 de la Constitution du 18/02/2006 dispose en effet qu’ : « il ne peut être
créé des tribunaux extraordinaires ou d’exception sous quelque dénomination que ce soit ». Par
contre la même disposition confère expressément à la loi le pouvoir de créer des juridictions
spécialisées50.
Dans certains textes de lois et de règlements, on trouve mentionnée l’expression
« juridiction de droit commun », l’usage de cette expression laisse entendre qu’il existerait dans
le droit congolais des juridictions d’exception ; certains juristes soutiennent ce point de vue,
que nous ne pouvons pas partager pour des raisons suivantes :
1° L’expression « juridictions d’exception » est inconstitutionnelle et anachronique ;
elle est inconstitutionnelle au regard de l’article 149, al.5 de la Constitution du 18 février 2006.
Elle est anachronique pour les motifs suivants : durant les cinq premières années de
son indépendance, le Congo a connu des graves troubles politiques, caractérisés notamment par
la sécession de certaines provinces du pays.
Le Gouvernement central, pour faire face à cette grave situation, avait eu recours à une
mesure politique exceptionnelle : l’état d’exception ; qui fut proclamé dans certaines provinces,
qui de ce fait, étaient placées sous le commandement d’un commissaire général extraordinaire,
nanti de pleins pouvoirs. Pendant l’état d’exception, les juridictions ordinaires étaient mises en
veilleuse ; elles furent remplacées par les juridictions dites « d’exception », créées pour les
besoins de la circonstance ; ces juridictions furent célèbres pour le caractère partial et excessif
de leurs décisions et pour leurs abus fort nombreux. C’est pourquoi, elles furent supprimées en
1964, par la Constitution dite de Luluabourg, enterrant ainsi définitivement le régime
d’exception ; d’où, l’interdiction qui figure jusqu’aujourd’hui dans la Constitution de créer des
tribunaux de circonstances, qu’ils soient appelés « juridictions d’exception » ou « tribunaux
extraordinaires ».
2° L’expression « juridiction d’exception » entendue au sens du droit français, est
aussi incorrecte si l’on veut introduire son usage en droit Congolais ; en effet, en droit français,
cette expression couvre trois notions ; elle vise :
- les juridictions politiques ;
- les juridictions spéciales notamment les juridictions des enfants et les juridictions
militaires ;
- les juridictions extraordinaires.
Entendue au sens de juridiction politique, l’usage de cette expression est

50
Article 149, tel modifié par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de la constitution du 18 février
2006
15
incorrecte, parce qu’au Congo, les hommes politiques ne sont pas comme en France, jugés par
des juridictions politiques, c’est-à-dire des organes dont le plus souvent, le personnel est
politique et dont les procédures suivies ne sont pas celles des codes ordinaires51.
Au Congo, les hommes politiques sont jugés, selon le cas, soit par la Cour
Constitutionnelle, soit par la Cour de Cassation qui applique au jugement des prévenus, les
règles de la procédure pénale, du droit pénal et de la loi organique sur l’organisation,
fonctionnement et compétence des juridiction de l’ordre judiciaire.
- Entendue au sens de juridiction extraordinaire, c’est-à-dire des juridictions
caractérisées par le fait qu’elles sont temporaires en ce sens qu’elles disparaissent avec les
circonstances qui les ont motivées52.
Le monopole du parquet n’est pas garanti par la Constitution, mais il ne fait pas de
doute : le Ministère Public a bien le monopole de l’exercice de l’action publique. En procédure
pénale, on étudiera cependant que dans certains cas, le Ministère Public est limité, parfois
empêché d’exercer l’action publique, qui peut être dévolue à d’autres organes. Le monopole du
greffe est évident.
Le monopole du barreau est affirmé par l’art. 6 de l’Ordonnance-Loi n°79/08 du 28
septembre 1979 ; mais ce même article prévoit que la loi peut dans des cas et selon les modes
prévus, déroger à ce monopole. Par ailleurs, les parties ont toujours le droit de se défendre
elles-mêmes (art. 21 al. 3 de la Constitution de la Transition).
Il nous faut ajouter, que le monopole du barreau et du corps des défenseurs judiciaires
en matière d’assistance et de représentation se trouve remis en cause par l’art. 19 al. 4 de la
Constitution du 18/02/2006 qui prévoit le droit pour toute personne poursuivie d’être entendue
en présence de son avocat, de son défenseur judiciaire ou de toute personne de son choix.

4. PRINCIPE DE L’EGALITE DE TOUS LES CONGOLAIS DEVANT LA LOI

L’égalité en droit est entendue comme, un principe d’après lequel tous les individus de
part leur création, doivent être considérés comme semblables, sans distinction de personne, race,
religion, classe ou de fortune53. En ce sens, il est interdit une quelconque discrimination quelle
qu’elle soit à l’égard des membres de la communauté. Il s’agit là d’une question consubstantielle
et inhérente à la nature humaine.
Dans le domaine judiciaire, le concept égalité de tous se traduit par la règle de
traitement identique devant la justice. Celle-ci exige que tous les justiciables, se trouvant dans les
mêmes conditions, sans considération de leur moyen, origine ; soient jugés par les mêmes
juridictions selon les mêmes règles de procédure et de fond. Le juge appelé à trancher le litige
doit, dans sa conduite, se passer de toute considération subjectiviste liée à la personne. Il doit,
dans sa fonction juridictionnelle, s’en tenir qu’aux faits qui lui sont soumis.
Cette égalité se trouve garantie, notamment, par la Constitution du 18 février 2006
telle que modifiée à ce jour, à son article12. Mais égalité n’est pas synonyme d’identité, car
tous en étant égaux, les congolais peuvent relever de deux ordres juridiques différents : droit
écrit ou droit coutumier. Certes l’unité juridique se trouve aujourd’hui réalisée en matière du

51
R. MERLE & A. VITU, Traité de droit de criminel, Procédure pénale, Edition Cujas, 4è édition, 1989 n° 539
52
R. MERLE, A. VITU, op.cit., n°540.
53
CORNU, G., Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2009, p. 347.
16
droit de la famille qui régit depuis le 01 août 1987, tous les congolais.
Mais qu’en est-il pour les autres branches du droit privé, notamment les biens et les
obligations ? Avant l’indépendance, les belges avaient institué l’immatriculation, institution par
laquelle les congolais qui avaient assimilés l’esprit du droit écrit, faisaient option en faveur de
ce droit, renonçant ainsi définitivement au droit coutumier, considéré à l’époque comme un
droit inférieur.
L’art. 2 de la loi fondamentale du 17 juin 1960 relative aux libertés publiques, ayant
proclamé l’égalité de tous les congolais en dignité et en droit ; nous soutenons que par ce fait a
été abrogée l’institution de l’immatriculation dont le caractère discriminatoire est incontestable.
Mais il faut reconnaître que cette abrogation a donné naissance à une situation
favorisant la fraude légale et la confusion juridique ; en effet, dans le domaine des biens et des
obligations, ou l’unicité du droit n’est pas encore réalisée, tout congolais peut invoquer
indifféremment les règles du droit civil et les règles du droit coutumier ; la tentation est grande
de voir le congolais invoquer les règles de l’ordre juridique qui lui paraissent favorables selon
les données du conflit ; ceci crée de l’insécurité juridique qui n’est guère favorable au
commerce juridique.
Dans le domaine judiciaire, l’égalité devant la loi se traduit par la règle de l’égalité
devant la justice, qui exige que tous les justiciables se trouvant dans la même situation soient
jugés par les mêmes tribunaux, selon les mêmes règles de procédure et de fond ; mais cette
égalité connaît des limites de droit et des limites de fait.
Au titre des limites de droit, nous citerons le privilège de juridiction, les immunités et
le principe de l’inexécution forcée contre l’Etat et les autres personnes morales de droit public
(sociétés paraétatiques et établissements d’utilité publique).
Le privilège de juridiction est une dérogation aux règles de compétence matérielle
répressive, qui fait que certaines catégories de personnes doivent être jugées par des juridictions
bien déterminées, à l’exclusion de toutes les autres et ce dans le noble souci d’empêcher que
ces personnes ne puissent influencer ces juridictions.
Les immunités constituent également des dérogations aux règles de compétence
matérielle prévues par la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur le droit des traités. Elles
ont pour effet d’empêcher toute poursuite à l’égard des diplomates en fonction quelle que soit
l’infraction qu’ils adviendraient à commettre sur le territoire de l’Etat hôte sauf levée de ces
immunités par l’Etat d’affectation.
En matière d’exécution de jugement, normalement la partie gagnante du procès, par
exemple, si elle bénéficie d’un jugement qui a condamné son adversaire à des dommages-
intérêts, peut procéder à ce qu’on appelle « l’exécution forcée » qui peut revêtir plusieurs
formes : saisie-exécution, saisie conservatoire, saisie-arrêt ou saisie immobilière. Il faut
indiquer que depuis l’entrée en vigueur des actes uniformes de l’OHADA, en particulier l’acte
uniforme relatif aux procédures simplifiées de recouvrement des créances et voies d’exécution,
la saisie-arrêt est remplacée par la saisie attribution des créances.
Lorsque c’est l’Etat ou une personne morale de droit public qui est condamnée à payer
ces dommages-intérêts un principe général du droit empêche l’exécution forcée dudit jugement.
L’Etat bénéficie ainsi de l’immunité d’exécution. La raison est qu’on ne peut pas concevoir que
17
l’Etat puisse retourner contre lui-même la force publique qu’il utilise pour assurer le maintien
de l’ordre public. Mais la raison pratique fondamentale réside, à notre sens, dans le souci de ne
pas voir perturber, pour la satisfaction des intérêts individuels, le fonctionnement de l’Etat ou
d’une personne morale de droit public, qui poursuit la satisfaction de l’intérêt général.
Il nous faut cependant noter qu’un acte de la C.N.S avait en son temps décidé qu’on
peut exécuter par la force contre une personne morale de droit public sauf contre l’Etat et les
établissements publics à caractère scientifique et social.
Au titre des limites de fait, il y a lieu de noter les inégalités économiques ou sociales.
Bien souvent les ressources financières des parties en présence peuvent permettre à la partie qui
a plus de moyens financiers, d’user des manœuvres dilatoires ; bien entendu, la loi a imaginé
des mécanismes qui tendent à réduire ce genre d’inégalité. C’est ainsi qu’on a crée l’aide
juridique et la procédure du « pro deo » d’un conseil.
La Constitution du 18/02/2006 ne garantit pas l’égalité des étrangers devant les
juridictions du Congo. Mais cette égalité ne fait pas de doute, car, elle relève des règles de
notre hospitalité54.

5. PRINCIPE DE LA GRATUITE DE LA JUSTICE

La gratuité de la justice est une garantie démocratique qui permet aux plus humbles
d’obtenir le respect de leurs droits ; c’est le corollaire de l’égalité devant la justice. Le système
de la gratuité s’oppose au système des épices qui existe là où les justiciables doivent payer leurs
juges. C’était le régime qui était en vigueur en France jusqu’en 1790 ; c’était également le
même système que connaissent bon nombre des coutumes congolais. Aujourd’hui, les parties
payent encore leurs arbitres (juges privés) ; mais les magistrats et les greffiers sont payés par
l’Etat ; il en est de même de l’huissier.
La gratuité de la justice n’exclut pas le payement des honoraires des avocats ou des
défenseurs judiciaires ni le payement des frais de justice. C’est cela qui fait dire que la justice
est gratuite mais elle est onéreuse de sorte que la conduite d’un procès peut être très onéreuse,
même pour la partie qui a gagné le procès car tous les frais ne sont pas compris dans les dépens
lesquels se récupèrent sur la partie perdante. Une telle situation est de nature à empêcher les
indigents de faire valoir leurs droits en justice, en dépit du principe de la gratuité de la justice.
C’est pour écarter ce danger et assurer le respect absolu de ce principe que la loi a organisé
l’assistance judiciaire gratuite.
L’assistance judiciaire gratuite peut se présenter sous quatre aspects :
a) L’assistance judiciaire gratuite peut consister au bénéfice gratuit d’un conseil
(avocat ou défenseur judiciaire). En matière de droit privé, le bénéfice gratuit d’un conseil est
prévu par l’art. 68l de la loi organique sur l’OCJ qui dispose que les officiers du Ministère
Public, peuvent par voie de requête écrite, demander au président de la juridiction, la
désignation d’un conseil chargé d’assister les personnes physiques lésées qui seraient inaptes à

54
Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, Précis, éd. Dalloz,, 1992, n°
82 à 84.
18
ester en justice, à assurer leur défense ou à y pourvoir.
Remarquons, qu’ici la loi a voulu venir en aide non seulement aux personnes
dépourvues des moyens financiers, mais, aussi aux personnes inaptes à agir en justice ou à
assurer leur défense, c’est-à-dire des personnes qui, culturellement parlant, ne maîtrisent pas les
organes du fonctionnement de l’appareil judiciaire (c’est la grande majorité des congolais).
En matière répressive, la désignation d’office d’un conseil en faveur des inculpés ou
des prévenus indigents ne trouve à l’heure actuelle aucune base légale. Le statut du barreau de
1968 (Ordonnance-Loi n°68/247 du 10/07/1968 avait rendu compétent le président du Tribunal
de Grande Instance pour requérir les avocats et les stagiaires pour assister gratuitement les
indigents ; la loi n° 76/026 du 23 décembre 1976 a étendu ce bénéfice du « pro deo » d’un
conseil aux inculpés. Malheureusement, le statut du barreau du 29 septembre 1979 ne contient
aucune disposition réglementant l’assistance judiciaire gratuite d’un conseil. Mais les
présidents des juridictions se sont attribués au plan pratique, le pouvoir de désigner d’office un
conseil en faveur des indigents.
b) L’assistance judiciaire gratuite peut aussi consister au bénéfice de la dispense de
consignation des frais : lorsqu’une partie veut agir en justice, elle se présente devant le
greffier ; ce dernier, avant d’effectuer tout acte quelconque que la partie veut faire accomplir
(recevoir une assignation, acter une déclaration d’appel, d’opposition ou du pourvoi en
cassation, etc.) va exiger que la partie consigne des frais : il s’agit en quelque sorte de payer à
l’Etat, une somme d’argent à titre d’acompte, sur les frais judiciaires. Lorsque la partie est
indigente, elle peut être dispensée de la consignation par une ordonnance du président ;
l’indigence est constatée par le juge ou le président de la juridiction devant laquelle l’action est
ou doit être intentée ; ceci est valable en matière civile, et même devant la Cour de cassation.
c) L’assistance judiciaire gratuite peut également consister en la délivrance en débat
des pièces de procédure ; normalement le greffier ne peut délivrer, sauf au ministère public,
grosse, expédition, extrait ou copie d’un jugement, portant condamnation à des dommages-
intérêts, avant que le droit proportionnel n’ait été payé (art. 134 du code de procédure pénale,
art. 157 du code de procédure civile).
Mais, en cas d’indigence constatée par le juge ou par le président de la juridiction qui
a rendu le jugement, la grosse, une expédition, un extrait ou une copie peut être délivrée en
débet, c’est-à-dire que les frais sont supportés par le trésor public, la partie indigente
bénéficiaire ne débourse aucune somme d’argent.
d) L’assistance judiciaire gratuite peut enfin revêtir la forme de consultation
gratuite. A l’heure actuelle, l’art. 43 de l’ordonnance-loi n° 79/08 du 29 septembre 1979 portant
organisation du barreau, du corps des défenseurs judiciaires et du corps des mandataires de
l’état a convié au conseil de l’ordre, le soin d’organiser un bureau de consultation gratuite en
faveur des indigents en déterminant les conditions de son fonctionnement. Nous déplorons pour
notre part, qu’une matière aussi importante soit laissée à la discrétion du conseil de l’ordre ;
compte tenu de l’ignorance aggravée par le fait que bien souvent le droit congolais se trouve en
porte-à-faux avec les réalités socioculturelles de notre pays, la solution idéale, selon nous, est
de voir la loi elle-même organiser entièrement le fonctionnement du bureau de consultation
gratuite en faveur des indigents.

19
En France, la loi du 3 janvier 1972 avait institué l’aide judiciaire, expression qui a été
remplacée par l’aide juridique depuis la loi du 10 juillet 1991 : il s’agit de permettre aux
plaideurs dont les revenus ne dépassent pas une certaine somme, de bénéficier du concours
gratuit des avocats et des officiers ministériels et de l’avance par l’Etat des frais occasionnés
par les mesures d’instruction. Il faut cependant préciser que l’aide juridique porte également sur
la consultation, l’assistance au cours de procédure non juridictionnelles (juridiction gracieuse)
et les procédures d’exécution55.

6. PRINCIPE DE L’IMPARTIALITE DU JUGE

L’impartialité du juge est garantie par la loi organique de 2013 sur l’OCJ. Cette
garantie est consacrée par les articles 49 à 59 qui instituent la récusation et le déport du juge,
tandis que les articles 60 à 62 réglementent le renvoi pour cause de sûreté publique ou de
suspicion légitime.
Le code judiciaire militaire à l’art. 235 permet à toute juridiction militaire de
condamner sur le champ toute personne qui, à l’audience, se rend coupable envers le tribunal,
ou envers l’un des membres, des voies de fait, d’outrages ou des menaces par propos ou par
gestes.
La Constitution du 18 février 2006 en son art. 149 al. 1 proclame l’impartialité du
tribunal.

7. PRINCIPE DE LA COLLEGIALITE

Ce principe exige que l’œuvre juridictionnelle soit celle de plusieurs juges qui, appelés
à siéger dans une affaire, doivent être au moins trois.
La collégialité est de règle en toute matière pénale même devant le tribunal de paix 56.
En matière civile, c’est le principe de juge unique qui s’applique au premier degré
mais la collégialité s’impose au niveau d’appel57. La collégialité s'impose devant le tribunal de
paix lorsqu'il statue en application de la coutume58.
La collégialité présente l’avantage de fournir une meilleure justice en ce sens qu’elle
permet de mieux peser les arguments, de mieux motiver les décisions et de garantir une plus
haute impartialité sans compter qu’elle protège chaque membre contre les pressions et assure
une plus forte indépendance à tous59.

55
J. VINCENT, S.GUINCHARD G. MONTAGNIER et A. VARINAID, op. cit, n° 958.
56
Art.10, loi organique de 2013 sur l’OCJ
57
Art. 16, 22 et 34, loi organique de 2013 sur l’OCJ
58
Idem
59
R. MERLE. & A. VITU, op. cit., n° 569.
20
8. PRINCIPE DE L’ITINERANCE60

Les juridictions ne sont pas obligées de tenir les audiences judiciaires à leur siège
ordinaire ; elles peuvent tenir des audiences judiciaires en dehors de ce siège en se déplaçant à
l’intérieur de leur ressort, selon les besoins de service ; cela permet de rapprocher la justice des
justiciables ; mais, l’on doit veiller à ce que l’itinérance ne puisse pas empêcher le
fonctionnement de la justice au siège ordinaire, d’où l’expression audience foraine, pour parler
d’une audience qui se tient en dehors du siège ordinaire du tribunal.

9. PRINCIPE DU DOUBLE DEGRE DE JURIDICTION

Ce principe garantit le droit pour toute affaire soumise aux cours et tribunaux de faire
l’objet d’examen quant au fond, à deux niveaux :
- au premier degré et ;
- en appel (2ème degré).
Ce principe se trouve garanti par la Constitution du 18/02/2006 en son art. 21 al. 2
sans préjudice de son application à l’endroit des justiciables de la Cour Constitutionnelle, la
Cour de Cassation et du Conseil d’Etat.
Deux raisons justifient le principe du double degré de juridiction : il s’agit tout d’abord
de veiller à ce que les décisions des tribunaux, qui peuvent être entachées d’insuffisances ou
d’erreurs, voire d’injustice, fassent l’objet d’un second examen. Ensuite, du seul fait de savoir
que sa décision pourrait être réformée en appel, le juge du premier degré sera incité à redoubler
de zèle et de conscience professionnelle, car, en plus de son rôle réformateur, la juridiction
d’appel joue, indirectement un rôle de surveillance et d’appréciation de la compétence
technique et morale du juge de juridiction inférieure.
En droit privé congolais, l’appel n’est pas exclu en ce qui concerne les litiges simples
ou peu importants, car, une cause peu importante peut avoir une grande répercussion sur le plan
social et psychologique. Ainsi donc la mutation dite «de ferctu sommae » n’existe pas ;
toutefois, il existe des cas d’interdiction d’appel.
Une cause ne peut être examinée que deux fois par les tribunaux quant au fond ; il n’y
a pas de troisième degré de juridiction pour statuer sur le fond.

10. PRINCIPE DE LA CASSATION

Toute décision pénale ou civile, rendue en dernier ressort par un tribunal ou une cour
et qui viole la loi ou la coutume, est susceptible d’être attaquée au moyen d’un pourvoi en
cassation formé devant la cour de cassation.
Le terme « décision » est de large compréhension, il faut y inclure aussi les
ordonnances qui statuent en dernier ressort en matière de détention préventive. A l’heure
actuelle, les décisions des juridictions militaires sont soumises au même sort.

60
L’art. 45 à 48 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
21
11. PRINCIPE DU JUGE NATUREL

En matière pénale, l’expression « juge naturel » désigne le juge vivant devant un


prévenu lequel doit comparaître pour être jugé et déterminé soit la gravité de la peine qui doit
sanctionner l’infraction commise, (c’est le principe de fixation de la compétence matérielle),
soit selon le rang social ou la qualité du prévenu (c’est le principe de la fixation de la
compétence personnelle).
En matière de droit privé, le juge naturel est également désigné par les règles de
l’organisation judiciaire. Ainsi, le tribunal de paix est reconnu compétent pour connaître des
litiges portant sur le droit de la famille, les successions, les libéralités et les conflits fonciers
collectifs ou individuels régis par la coutume ; il connaît également de toutes les autres
contestations susceptibles d’évaluation pour autant que leur valeur ne dépasse pas deux
millions cinq cent milles francs congolais (art. 110 de la loi organique du 11 avril sur l’OCJ), le
Tribunal de Grande Instance connaît de toutes les contestations qui ne sont pas de la
compétence du Tribunal de paix (art. 112 de la loi organique du 11 avril sur l’OCJ).

22
CHAPITRE 2. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES COURS ET
TRIBUNAUX EN RDC

Le Constituant du 18 février 2006, dans son exposé des motifs, au point 3 relatif à
l’organisation et à l’exercice du pouvoir judiciaire a estimé nécessaire, pour plus d’efficacité,
de spécialité et de célérité dans le traitement des dossiers, d’éclater en trois ordres
juridictionnels les cours et tribunaux congolais, à savoir :
- les juridictions de l’ordre judiciaire placées sous le contrôle de la Cour de
cassation ;
- celles de l’ordre administratif, coiffées par le Conseil d’Etat et ;
- l’ordre Constitutionnel incarné par la Cour constitutionnelle.

Tirant conséquence de cet état des choses, l’étude des structures matérielles (cours et
tribunaux), reflétera la séparation de ces trois ordres de juridictions.

SECTION I. LES COURS ET TRIBUNAUX DE L’ORDRE JUDICIAIRE

Il importe au plus haut point de relever que, l’ordre judiciaire comprend les
juridictions ordinaires organisées par la loi organique n°13/011-B portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. Ces juridictions sont
habilitées à juger principalement les civils, ainsi que les juridictions militaires qui sont
organisées par la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant Code judiciaire militaire et dont
les justiciables sont essentiellement les militaires, policiers et personnes assimilées.

S/SECTION 1. LES JURIDICTIONS ORDINAIRES

§1. Tribunal de paix

Régi par les articles 7 à 13 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, son ressort couvre la
circonscription administrative d’une ville ou d’un territoire/commune. Il comprend un
Président, magistrat de carrière et, dans certaines circonstances, deux juges assesseurs.
- Création : un ou plusieurs dans chaque ville ou territoire ;
- Siège ordinaire : fixé par le Président de la République ainsi que le ressort ;
- Composition organique : - Un président ;
- Un ou plusieurs juges ;
- Deux ou plusieurs assesseurs choisis parmi les notables du ressort du tribunal. Ces
juges assesseurs sont régis par un statut particulier, ils étaient nommés par le Ministre de la
Justice sous l’ancien régime; mais la nouvelle loi d’organisation et de compétence judiciaires a
retiré cette compétence au ministre de la Justice en faveur du Président de la juridiction.
- Tenue des audiences : - Un seul membre (Président ou juge) dans l’ancien régime,
mais actuellement, l’unicité reste valable seulement lorsque le tribunal siège en matière de droit
privé ou matière civile. En d’autres matières, matière requérant l’application de la coutume ou
matière pénale, le tribunal siège en collégialité (trois juges).

23
Le tribunal siège, contrairement à l’ancien régime institué par l’ordonnance du 31
mars 1982 portant code d’OCJ où la présence du ministère public n’était pas obligatoire et qu’il
appartenait au procureur de la République de désigner un OMP ou un OPJ à compétence
générale ; à défaut de la faire le magistrat du siège faisait office du ministère public. La
nouvelle loi d’ocj, a rendu obligatoire la présence du ministère public, en instituant même un
parquet près cette juridiction.
Le tribunal de paix siège avec l’assistance du greffier.

§2. Tribunal de Grande Instance

Régi par les articles 14 à 18 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, son ressort
couvre la circonscription administrative d’un district. Sa composition varie selon qu’il siège
en matière civile ou pénale, au premier degré ou en appel.
En effet, au premier degré, le Tribunal de Grande Instance est une juridiction à siège
collégial en toutes les matières, y compris les matières de droit privé. L’hypothèse de siège
unique n’est plus admise en matière civile depuis la promulgation de la nouvelle loi organique
sur l’OCJ.
- Création : un ou plusieurs tribunaux dans chaque ville et dans chaque district ;
- Siège ordinaire et ressort : fixés par le Président de la République ;
- Composition organique : un Président et des juges ;
- Tenue des audiences : 3 juges seulement ;
- Juge unique si le tribunal doit statuer au premier degré en matière de droit privé ;
- Le tribunal siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance du greffier.

§3. La Cour d’Appel

Régi par les articles 19 à 23 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, son ressort
couvre la circonscription administrative de toute une province à l’exception notamment de la
ville – province de Kinshasa qui compte deux cours d’appels à savoir : celle de
Kinshasa/Gombe et de Kinshasa/ Matete.
La Cour d’Appel est une juridiction à siège collégial de trois juges (conseillers) quelle
que soit la matière pour laquelle elle est saisie. Depuis la nouvelle loi sur l’OCJ, le siège
collégial peut être composé de cinq juges, seulement lorsque cette juridiction est appelée à
statuer en matière des crimes internationaux (crimes de guerre, crimes contre l’humanité et
crimes de génocide).
- Création : une Cour d’Appel par province et plusieurs Cours d’Appel à Kinshasa (2
pour le moment) Kinshasa /Gombe et Kinshasa/Limete.
- Siège ordinaire : - Chef lieu de province
- Composition organique :
- Un premier président,
- Un ou plusieurs présidents,
- Des conseillers.

24
- Section : La Cour d’Appel comprend une section judiciaire et une section
administrative.
- Tenue des audiences : - 3 membres en principe. 5 membres exceptionnellement.
- La Cour siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance du greffier.

§4. La Cour de Cassation

Il fonctionnera à Kinshasa une Cour de Cassation dont le ressort s’étendra sur tout le
territoire de la République Démocratique du Congo. Elle comprendra un président, des
présidents des chambres et des conseillers. Sa composition intègre des conseillers référendaires
qui seront des assistants des membres de la Cour pour l’accomplissement aisé de leurs tâches.
Elle siègera avec le concours du Procureur Général qui proviendra du Parquet général près
cette Cour.
Ce parquet général comprendra également en son sein plusieurs avocats généraux.
Elle est sommairement régie par les articles 24 à 36 la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire. En sus de
cette loi, la loi organique n° 13/012 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de
cassation détermine son organisation, sa composition et son fonctionnement.

S/SECTION 2. LES JURIDICTIONS SPECIALISEES

§1. Les Tribunaux pour enfants

Lorsqu’un enfant est en conflit avec la loi, il est prévu des mécanismes de poursuites
différents de ceux des adultes. C’est ainsi que la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant a prévu la création des tribunaux spéciaux pour les enfants61.

1. Compétences du Tribunal pour enfant

La compétence personnelle du tribunal pour enfant s’étend à tous les enfants âgés de
moins de 18 ans. Toutefois il faut signaler particulièrement que pour ceux âgés de moins de 14
ans, ils bénéficient, en matière pénale d’une présomption irréfragable d’irresponsabilité.
Considérant que tels enfants agissent sans discernement, le juge doit donc les relaxer. En cas de
préjudice, c’est le civilement responsable qui devra payer des dommages et intérêts à la
victime. L’âge à prendre en compte est l’âge au moment des faits.
Est territorialement compétent, le tribunal de la résidence habituelle de l’enfant, de ses
parents ou tuteur, du lieu des faits, du lieu où l’enfant aura été trouvé, ou du lieu où il a été
placé, à titre provisoire ou définitif62.
Signalons que le Décret n°11/01 du 05 janvier 2011 portant création des tribunaux
pour enfant, fixe le ressort de ceux-ci en raison d’un tribunal par territoire rural et un par ville
urbaine.
Quant à la compétence matérielle, le tribunal pour enfants est seul compétent pour

61
Article 149, al.5 de la Constitution du 18 février 2006. Lire aussi l’Exposé de motifs de la loi n°09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant en RDC
62
Article 101 de la loi n°09/001 sur la protection de l’enfant.
25
connaître des matières dans lesquelles se trouve impliqué l’enfant en conflit avec la loi. Il s’agit
de tout acte qualifié d’infraction par la loi pénale, mais aussi des matières se rapportant à
l’identité, la capacité, la filiation, l’adoption et la parenté telles que prévues par la loi. Dans ce
cas, les règles communes en matière de procédure civile s’appliquent.

2. Composition

Contrairement aux juridictions ordinaires, le principe du double degré de juridiction


connait une application non pas dans deux différentes juridictions, mais dans un seul. En effet,
le tribunal pour enfants est composé de la chambre de première instance (elle siège à juge
unique) et la chambre d’appel (elle siège à trois juges). Les deux chambres sont indépendantes
l’une de l’autre quant à leur fonctionnement. Le tribunal pour enfants siège avec le concours du
ministère public du ressort et l'assistance d'un greffier.
Le tribunal pour enfants comprend un président et des juges, tous affectés par le
Conseil Supérieur de la Magistrature parmi les magistrats de carrière spécialisés et manifestant
de l’intérêt dans le domaine de l’enfance.
Il est doté d’au moins un assistant social affecté par les services provinciaux ayant les
affaires sociales dans leurs attributions.

3. Procédure

Le tribunal pour enfants est saisi par :


1) la requête de l’officier du ministère public du ressort dès qu’il a connaissance des
faits portés contre l’enfant ;
2) la requête de l’officier de police judiciaire dès qu’il a connaissance des faits portés
contre l’enfant ;
3) la requête de la victime ;
4) la requête des parents ou du tuteur ;
5) la requête de l’assistant social ;
6) la déclaration spontanée de l’enfant ;
7) la saisine d’office du juge.

Lorsque le tribunal est saisi par l’officier de police judiciaire, celui-ci en informe
immédiatement l’officier du ministère public du ressort.
Tout au long de la procédure, l’enfant suspecté ou accusé d’un fait qualifié
d’infraction par la loi pénale bénéficie, sous peine de nullité de la procédure, notamment des
garanties ci-après 63:
1. le droit à la présomption d’innocence et à un procès équitable ;
2. la présence au procès ;
3. le droit d’être informé, dans le plus bref délai, dans une langue qu’il comprend et de
manière détaillée, de la nature et des motifs de l’accusation portée contre lui ;
4. le droit à l’assistance par un conseil de son choix ou désigné d’office par le juge ;
5. le droit de voir son affaire être jugée dans un délai raisonnable;

63
Article 104 de la loi sur la protection de l’enfant.
26
6. le droit à un interprète ;
7. le droit au respect de sa vie privée à toutes les étapes de la procédure ;
8. le droit d’être entendu en présence des parents, du tuteur, de la personne qui en a la
garde ou de l’assistant social ;
9. le droit de ne pas être contraint de plaider coupable ;
10. le droit d’interroger ou de faire interroger des témoins à charge et à décharge et à
obtenir la comparution et l’interrogatoire des témoins.

§2. Les Tribunaux de travail

Il convient de parcourir l’évolution des tribunaux du travail avant d’aborder leur


compétence ainsi que la procédure applicable.

1. L’évolution des tribunaux du travail en droit congolais

La législation sur les tribunaux du travail a évolué en trois périodes importantes :

A. Avant 1967

Notons que le législateur colonial n’a pas institué des juridictions spécifiques des
litiges individuels et des procédures propres à ces juridictions.
Aussi faute de dispositions spéciales devant régir les affaires du travail, celles-ci
étaient soumises aux juridictions de droit commun, suivant les règles ordinaires de procédure
civile et ce, conformément aux décrets du 30 juillet 1888 portant code civil congolais livre III,
du 8 mai 1958 sur l’organisation et la compétence judiciaires, du 7 mars 1960 portant code de
procédure civile ainsi qu’à celui du 1er février 1961 sur le contrat de louage de services.
Cet état de choses fut corrigé avec la promulgation de l’ordonnance-loi n° 67/310 du 9
août 1967 portant code du travail et des textes subséquents.

B. De 1967 à 2002

Le code du travail du 9 août 1967 constitue une étape importante en ce que,


notamment, il a réuni en un tout cohérent des lois jadis éparses et a créé des institutions jusque-
là inconnues comme les tribunaux du travail.
Les règles de procédure utilisées dans le règlement des conflits individuels du travail
sont demeurées celles de la procédure civile et une demande principale au premier degré est
introduite par l’assignation ou la comparution volontaire (64)
Environ cinq mois après la promulgation du Code du travail, le législateur a, en
exécution des articles 205 et 212 de ce texte, créé des tribunaux spécifiques des litiges du
travail par Ordonnance-loi n° 68/036 du 20 janvier 1968.
Après la création de ces tribunaux, le même législateur promulguait l’Ordonnance-loi
n° 68/100 du 29 mars 1968 portant organisation des tribunaux du travail et relative à la
procédure et aux voies de recours devant ces tribunaux.

64
KABUMBU M’BINGA-BANTU, « La saisine du tribunal du travail au premier degré pendant la période
transitoire », in Les Analyses Juridiques, n° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 4-19
27
Malheureusement, compte tenu de l’impossibilité pour l’Etat de créer un plus grand
nombre de tribunaux du travail en raison du manque de magistrats spécialisés en législation du
travail, il fut jugé rationnel d’intégrer ces tribunaux au sein des cours et tribunaux ordinaires,
sous forme de chambres spéciales des affaires du travail.
C’est la loi n° 73/008 du 5 janvier 1973 qui insérait après l’article 45 de l’Ordonnance-
loi n° 68/248 du 10 juillet 1968 portant code d’organisation et de compétence judiciaires une
section III bis et après l’article 143 du décret du 7 mars 1960 portant code de procédure civile
un titre III bis sur la procédure particulière aux affaires du travail.
Voulant ainsi élaguer tous les obstacles dus aux contradictions de certains textes, le
législateur de 1973 a institué une procédure spéciale de saisine du tribunal du travail par
requête écrite ou verbale.
Cependant, ne disposant pas à suffisance des moyens financiers pour faire fonctionner
ces chambres spéciales des affaires du travail, celles-ci furent supprimées et l’Ordonnance-loi
n° 78/005 du 29 mars 1978 à travers ses articles 147 et 148 prévoyait que les litiges individuels
du travail relevant de la compétence des anciennes chambres des affaires du travail seraient
désormais portés devant les tribunaux ordinaires du lieu du travail.
Avec les réformes de 1978, 1982 et 2013 sur l’organisation et la compétence
judiciaires, les débats autour du mode de saisine ont été résolus.

C. L’ère du nouveau code du travail

Le 16 octobre 2002, le législateur congolais qui tient à ce que les litiges individuels du
travail soient portés devant des juridictions propres a promulgué la loi n° 015/2002 portant
Code du travail et la loi n° 016/2002 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux du travail.
Dans cette dernière, le législateur a repris la requête comme mode de saisine du
tribunal du travail. Ce texte a ainsi relancé sur la table de vieilles discussions autour de la
saisine du tribunal ayant jadis conduit à des décisions discordantes.
En effet, aux termes de l’article 26 al. 1er de la loi n° 016/2002, la saisine du tribunal
du travail se fait exclusivement par voie de requête écrite ou verbale du demandeur ou de son
conseil ou de l’Inspecteur du travail porteur d’un pouvoir spécial » Tandis que certains
plaideurs recourent au traditionnel exploit d’assignation ; et dans les deux cas, le juge s’estime
valablement saisi pour connaître des faits de la cause.
Les divergences surviennent autour de l’interprétation des articles 44 et 45 du même
texte. L’article 44 dispose : « les dispositions du code civil pour autant qu’elles ne sont pas
contraires à la présente loi sont d’application en matière du travail »
Et l’article 45 renchérit : « jusqu’à l’installation des tribunaux du travail, les
juridictions de droit commun demeurent compétentes pour connaître des litiges individuels de
travail »
Des arguments en faveur de l’assignation figure la non installation des tribunaux du
travail, les affaires du travail étant toujours examinées par les juridictions de droit commun qui,
en vertu des articles 1 et 2 du Code de procédure civile, sont saisies par assignation.
Pour les tenants de la requête, l’article 47 de la loi n° 016/2002 est clair quand il
dispose que « la présente loi entre en vigueur à la date de sa promulgation », promulgation faite
par le Chef de l’Etat le 16 octobre 2002.
28
A propos, Hector-André rappelle que la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 doit
s’appliquer immédiatement car elle n’a pas conditionné l’application de l’article 26 à
l’installation préalable des tribunaux du travail et elle s’impose en même temps au juge et aux
parties dès sa publication au journal officiel (65), en tant que règle de procédure et ce, même
devant les juridictions de droit commun siégeant en matière du travail.
Sur le plan de principes généraux de droit, il est admis que les lois de procédure,
comme en l’espèce, ne rétroagissent pas. Elles ont pour vocation de régir l’avenir et (…) sont
d’application immédiate. De ce point de vue, même si les tribunaux de travail ne sont pas
installés, il est légalement régulier que la procédure prévue pour ces tribunaux soit
immédiatement appliquée (…) Pour toutes ces raisons, en tant que loi spéciale, bien
qu’applicable momentanément par une juridiction de droit commun, la requête verbale ou
écrite est désormais le seul mode de saisine en matière de travail (66)

2. Compétence du tribunal

A. Compétence territoriale

Le ressort du Tribunal du Travail couvre celui du Tribunal de Grande Instance dans


lequel il a son siège.
En cas de litige, le tribunal du lieu d’exécution du travail demeure compétent sauf
accord international contraire. Cependant, lorsque le travailleur rejoint le siège social de la
société ou le lieu de son engagement et qu’il y est notifié de son licenciement, le tribunal de ce
lieu devient compétent.

B. Compétence matérielle

Les Tribunaux du Travail connaissent des litiges individuels survenus entre le


travailleur et son employeur dans ou à l’occasion du contrat de travail, des conventions
collectives ou de la législation et de la réglementation du travail et de la prévoyance sociale67.
Les Tribunaux du Travail connaissent aussi des conflits collectifs de travail, à savoir,
les conflits survenus entre un ou plusieurs employeurs d’une part et un certain nombre de
membres de leur personnel d’autre part, au sujet des conditions de travail lorsqu’ils sont de
nature à compromettre la bonne marche de l’Entreprise ou la paix sociale.

3. Composition

Le Tribunal du Travail est composé d’un Président, des juges et des juges-assesseurs.
Le Président et les juges sont désignés par le Ministre ayant la Justice dans ses attributions
parmi les juges du Tribunal de Grande Instance.

65
KABUMBU M’BINGA-BANTU, « La saisine du tribunal du travail au premier degré pendant la période
transitoire », in Les Analyses Juridiques, n° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 4-19
66
KANGULUMBA MBAMBI, V., « Encore à propos de la saisine du tribunal de travail en droit congolais :
assignation ou requête. Note d’observation sur l’arrêt RTA 1160, CA Kinshasa/Matete », in Revue du droit africain,
n° 33/05, janvier 2005, pp. 80-92
67
Article 15 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux
de travail
29
Les juges-assesseurs sont désignés pour un mandat de deux ans par le Ministre ayant
le Travail et la Prévoyance Sociale dans ses attributions sur base des listes proposées par les
organisations professionnelles des employeurs et des travailleurs.
Le Tribunal du Travail siège avec l’assistance d’un greffier et le concours d’un
Officier du Ministère Public. C’est le Procureur de la République près le Tribunal de Grande
Instance dans le ressort duquel se trouve le Tribunal du Travail qui exerce les fonctions du
Ministère Public près cette dernière juridiction.

4. Procédure

Le Tribunal du Travail est saisi par une requête écrite ou verbale du demandeur ou de
son conseil. La requête écrite est déposée entre les mains du greffier qui en accuse réception ou
adresse au greffier par lettre recommandée à la poste contre récépissé. Elle est datée et signée
par son auteur.
La requête verbale est actée par le greffier et signée conjointement par ce dernier et le
déclarant.
La requête écrite ou l’acte dressé sur requête verbale par le greffier doit contenir
l’identité, la profession et le domicile des parties. Une ampliation du procès-verbal de non-
conciliation ou de conciliation partielle dressé par l’Inspecteur du Travail du ressort doit
obligatoirement y être jointe68.
La requête est inscrite à sa réception dans le registre des affaires du travail. Les
dispositions communes aux cours et tribunaux telles que prévues aux articles 58 à 83 du code
de l’organisation et de la compétence judiciaire s’appliquent mutatis mutandis aux tribunaux de
travail.

§3. Les Tribunaux de commerce

Le Tribunal de Commerce est une juridiction spécialisée siégeant au premier degré et


composée de juges permanents qui sont des magistrats de carrière et de juges consulaires.

1. Compétence

a) Compétence matérielle

Le Tribunal de Commerce connait deux catégories de matière : civile et pénale. En


matière de droit privé il connait :
1. des contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants ;
2. des contestations entre associés, pour raisons de société de commerce;
3. des contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerce, en ce
compris les actes relatifs aux sociétés commerciales, aux fonds de commerce, à la concurrence
commerciale et aux opérations de bourse :
4. des actes mixtes si le défendeur est commerçant;
5. des litiges complexes comprenant plusieurs défendeurs dont l'un est soit caution,

68
Lire les articles 25 et 26 de la loi n° 016/2002 du 16 octobre 2002 portant création, organisation et fonctionnement
des tribunaux de travail.
30
soit signataire d'un chèque bancaire, d'une lettre de change ou d'un billet à ordre ;
6. des litiges relatifs au contrat de société;
7. des faillites et concordats judiciaires.

Il connait, en matière de droit pénal, des infractions à la législation économique et


commerciale, quel que soit le taux de la peine ou la hauteur de l'amende.

b) Compétence territoriale

Son siège ordinaire et son ressort sont ceux du Tribunal de Grande Instance. En clair,
le tribunal de commerce, le tribunal de travail et le tribunal de grande instance ont la même
compétence territoriale.

c) Compétence personnelle

Tous les commerçants ainsi que toute personne exerçant une activité commerciale sont
les justiciables relevant du tribunal de commerce. Même les sociétés commerciales, leurs
associés, les banques, etc. relèvent de la compétence de cette juridiction.

2. Composition

Le Tribunal de Commerce comporte au moins deux chambres. Il siège au nombre de


trois juges dont un permanent et deux consulaires.
Les juges consulaires sont élus, pour une durée de deux ans pour le premier mandat et
quatre ans pour les mandats suivants, par un collège électoral composé de délégués consulaires
désignés par les organisations professionnelles également reconnues et représentatives du
commerce et de l'industrie.

3. Procédure

Le Tribunal de Commerce est saisi par requête verbale ou écrite ou par assignation
conformément à l'article 2 du code de procédure civile.
Lorsque la requête est verbale, c’est-à-dire formée par une déclaration reçue et actée
par le greffier, elle est signée par ce dernier et par le déclarant.
La requête écrite est déposée au greffe ou adressée au greffier par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception. Elle est datée et signée par son auteur et doit contenir les
noms, professions et domiciles des parties ainsi que l'indication de l'objet de la demande.
En matière pénale, le Tribunal de Commerce est saisi conformément aux régies de la
procédure pénale en vigueur, soit par requête du Ministère Public, soit par citation directe.
La requête, l'assignation ou la citation directe sont inscrites, à leur réception, dans un
registre d'ordre tenu par le greffier.
Dans le cas où la requête est formée verbalement ou déposée au greffe, un récépissé
est délivré par le greffier. Il est tenu dans chaque greffe un registre des affaires commerciales et
un registre des affaires pénales.

31
S/SECTION 3. LES JURIDICTIONS MILITAIRES

La loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant code judiciaire militaire a modifié


celle du 25 septembre 1972 ayant porté code de justice militaire et a apporté une série
d’innovations notamment liées à l’usage d’une certaine terminologie. Ainsi avec le code
judiciaire militaire du 18 novembre 2002, le législateur parle de tribunal et cour militaire en
remplacement des conseils de guerre, appellation jadis usitée dans le code de justice militaire
devenu anachronique.

§1. Le Tribunal Militaire de Police

Il est régi par les articles 23 à 26 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant
Code Judiciaire Militaire.
Il est institué un ou plusieurs tribunaux militaires de police dans le ressort d’un
tribunal militaire de garnison.
Le tribunal militaire de police siège toujours avec trois juges, dont un magistrat de
carrière qui en est le président. Il siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance
d’un greffier.

§2. Le Tribunal Militaire de Garnison

Il est organisé par les articles 21 et 22 du code judiciaire militaire.


Il est établi un ou plusieurs tribunaux militaires de garnison dans le ressort d’un
district, d’une ville, d’une garnison ou d’une base militaire.
Le siège ordinaire est fixé au chef-lieu du district, dans la ville où est situé l’état-major
de la garnison ou dans un lieu fixé par le Président de la République.
Le tribunal militaire de garnison siège au nombre de cinq membres, tous officiers
supérieurs ou subalternes, dont un magistrat de carrière qui en est président. Il siège avec le
concours du Ministère Public et l’assistance d’un greffier.

§3. La Cour militaire opérationnelle

Régie par les articles 18 à 20, la Cour militaire opérationnelle est une juridiction
ponctuelle, car, elle n’existe pas de manière permanente.
En effet, la Cour militaire opérationnelle est instituée en cas de guerre ou dans toutes
autres circonstances exceptionnelles de nature à mettre en péril la vie de la nation, notamment
les menaces de guerre, de rébellion ou d’insurrection armées. Il est établi dans les zones
d’opération de guerre, des Cours militaires opérationnelles qui accompagnent les fractions de
l’armée en opération.
Leur implantation est décidée par le Président de la République.
La Cour Militaire opérationnelle siège au nombre de cinq membres, dont au moins un
magistrat de carrière, qui sont revêtus autant que possible des grades d’officiers supérieurs.
Elle siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance d’un greffier.

32
§4. Les Cours Militaires

Régies par les articles 12 à 17 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant code
judiciaire militaire, les Cours militaires sont établies dans le ressort territorial de chaque
province ainsi que dans la ville de Kinshasa. La loi précise qu’il peut être institué une ou deux
Cours militaires dans la ville de Kinshasa.
Le siège ordinaire de la Cour militaire est établi au chef-lieu de la province, dans la
localité où se trouve le quartier général de la région militaire ou dans tout autre lieu fixé par le
Président de la République.
Le Ministre de la défense peut fixer par arrêté en un autre lieu le ressort de la Cour
militaire. Elle est composée d’un premier président d’un ou de plusieurs présidents et des
conseillers nommés, et le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le Président de la
République.
Elle siège au nombre de cinq membres, tous officiers supérieurs au moins, dont deux
magistrats de carrière qui président ses deux chambres.
La Cour militaire est présidée par un officier général ou par un officier supérieur,
magistrat de carrière. Elle siège avec le concours du Ministère Public et l’assistance d’un
greffier. Le premier président de la Cour militaire peut, en cas de nécessité, requérir les services
d’un magistrat civil, en vue de compléter le siège.

§5. La Haute Cour Militaire

Organisée par les articles 6 à 11 du code judiciaire militaire, elle occupe le sommet de
la hiérarchie des juridictions militaires et a son siège dans la capitale.
Son ressort s’étend sur tout le territoire de la République. Elle est présidée par un
officier général, magistrat de carrière. Elle siège avec le concours du Ministère Public et
l’assistance d’un greffier.
Dans le cas des circonstances exceptionnelles, le siège de la Haute Cour Militaire peut
être fixé en un autre lieu par le Président de la République. En temps de guerre, la Haute Cour
Militaire tient des chambres foraines en zones opérationnelles.
La Haute Cour Militaire comprend deux ou plusieurs chambres. Elle siège au nombre
de cinq membres, tous officiers généraux ou supérieurs, dont deux magistrats de carrière.
Lorsqu’elle siège en appel, la Haute Cour militaire est composée de cinq membres
dont trois magistrats de carrière.
La Haute Cour militaire est composée d’un premier président, d’un ou de plusieurs
présidents et des conseillers nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le
Président de la République parmi les membres de la Haute Cour Militaire ou du Parquet
militaire près celle-ci.

33
CHAPITRE 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES COURS ET
TRIBUNAUX

SECTION I. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS


COUTUMIERES

Le commissaire directeur de district et le président du tribunal de territoire et leurs


adjoints peuvent présider les tribunaux de chefferie et de secteur avec voix délibérative (art. 7
de l’arrêté royal du 13 mai 1938 coordonnant les différents décrets relatifs aux juridictions
coutumières).
Un tribunal coutumier ne peut siéger valablement sans le concours, d’un greffier
nommé par le commissaire de zone rural ; en cas d’absence ou d’empêchement du greffier,
sachant écrire, qui est désignée par le juge ou le président du tribunal (art. 9 l’arrêté royal
précité).
Le Ministère Public surveille la composition et l’action de tous les tribunaux
coutumiers de son ressort, il leur donne des directives nécessaires pour la bonne administration
de la justice (art. 10 de l’arrêté royal précité).
Le Tribunal de Grande Instance a le pouvoir sur requête, que seul le Ministère Public
peut introduire, d’annuler les décisions des juridictions coutumières qui violent la coutume ou
les règles de la procédure qui sont considérées comme fondamentales (art. 35 de l’arrêté royal
précité).

SECTION 2. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX COURS ET


TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT (JURIDICTIONS CIVILES)

§1. Rappel des règles déjà étudiées plus haut

- Le respect du principe du juge naturel ;


- L’itinérance ;
- Le principe de la collégialité ;
- La règle du double degré de juridiction ;
- Le principe de l’égalité de tous devant la loi ;
- Le principe de la gratuité de la justice ;
- Le principe de la cassation ;
- Le principe de l’impartialité du tribunal.

§2. Autres règles

1. La récusation et le déport

Les règles relatives à la récusation et au déport sont prévues aux articles 49 à 59 de la


loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire.

Une partie au procès peut estimer qu’un des juges appelés à statuer sur son affaire doit
34
être écarté ou remplacé. La loi prévoit plusieurs causes qui peuvent justifier la récusation ; il y
en a au total huit (8) :
- Le juge ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans l’affaire ;
- Le juge ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe soit en ligne
collatérale jusqu’au troisième degré de l’une des parties, de son avocat ou de son mandataire ;
- L’existence d’une amitié entre le juge et l’une des parties ;
- L’existence d’une inimitié entre le juge l’une des parties ;
- L’existence des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de serviteur ou
d’employé entre le juge et l’une des parties ;
- Le fait que le juge a déjà donné son avis dans l’affaire ;
- Le fait que le juge est déjà intervenu dans l’affaire en qualité de juge, de témoin,
d’interprète, d’expert ou d’agent de l’administration ou d’avocat ou de défenseur judiciaire ;
- Le fait que le juge est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’O.P.J. ou d’O.M.P. ;
Signalons que la cause de récusation prévue en tout dernier lieu ne s’applique pas aux
juges des tribunaux de paix.
Celui qui veut récuser un juge doit se manifester au plus tard avant la clôture des
débats, par une déclaration motivée et actée au greffe de la juridiction dont le juge mis en cause
fait partie : cette déclaration est notifiée par le greffier au président de la juridiction, ainsi qu’au
juge mis en cause ; ce dernier est tenu de faire une déclaration écrite ou verbale, actée par le
greffier, et ce dans les deux jours de la notification de l’acte de récusation.
Nous devons insister sur le fait que, contrairement à ce que croit l’opinion publique, la
seule déclaration de récusation faite par une partie au procès ne suffit pas pour obliger un juge à
se retirer. Elle doit être soumise à une vérification au cours d’une audience que va tenir la
juridiction à laquelle appartient le juge mis en cause ; cette juridiction doit statuer toutes
affaires cessantes, la partie récusant entendue ; le juge, mis en cause doit se défendre et doit
donc être entendu en ses explications ; ce qui veut dire qu’il ne peut pas faire partie du siège
appelé à statuer, sur les mérites de la récusation.
Le tribunal statuant sur les mérites de la récusation, peut considérer que la demande
est fondée ; en ce cas, le juge récusé doit se retirer du siège. Mais ce tribunal peut rejeter la
récusation ; il peut dans ce cas ordonner, pour cause d’urgence, que le siège comprenant le juge
ayant fait l’objet de la récusation rejetée, poursuivre l’instruction de la cause, même s’il y a
appel.
L’on doit bien comprendre que, faire une déclaration de récusation comporte des
risques, tout comme le fait pour un juge, de se maintenir au siège malgré cette déclaration,
comporte aussi des risques.
Si le jugement rejetant la récusation est maintenu par la juridiction d’appel, celle-ci
peut, après avoir appelé le récusant, le condamner à une amende ainsi qu’aux dommages-
intérêts envers le juge mis en cause. La sanction qui est ici prise contre le récusant est due à son
obstination à vouloir à tout prix récuser un juge de manière légère, téméraire ou vexatoire. Le
fait que des dommages- intérêts sont alloués au juge mis en cause suppose que ce dernier a été
appelé devant la juridiction d’appel.
Les décisions sur la récusation intervenue au premier degré devant la Cour d’Appel
sont susceptibles d’appel devant la Cour de cassation. Lorsque, la récusation a été dirigée
contre un magistrat siégeant à la Cour de cassation, cette juridiction peut, en cas de rejet de la
récusation, prononcer les condamnations à l’amende et aux dommages-intérêts.
35
Si le juge d’appel infirme le jugement rejetant la récusation, il va annuler toute la
procédure du premier degré qui en aurait été la suite et renvoyer les parties devant le même
tribunal pour y être jugées par un autre juge ou devant un tribunal voisin du même degré, sans
préjudice de l’action disciplinaire.
Nous devons ici faire observer, que l’action disciplinaire ne pourrait logiquement se
concevoir que contre le juge mis en cause qui s’est obstiné à se maintenir au siège ; le principe
de l’indépendance qui doit protéger les juges, s’oppose à notre avis, à ce qu’on puisse
sanctionner l’ensemble du siège pour avoir mal apprécié les éléments de la cause qui auraient
dû l’amener à déclarer la récusation fondée.
Le juge qui se trouve dans une des hypothèses de récusation, est tenu de se déporter,
sous peines de poursuites disciplinaires. Le juge qui désire se déporter informe le président de
la juridiction à laquelle il appartient en vue de pourvoir à son remplacement.

2. La police de l’audience (art. 66 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ)

C’est le juge qui préside l’audience qui en assure la police et la direction des débats.
Le pouvoir de police d’audience permet de maintenir l’ordre dans la salle, et aux abords de la
salle d’audience pour éviter ou prévenir les attroupements et tumultes. En vertu de ce pouvoir,
il peut faire expulser, évacuer les perturbateurs, tout ou partie du public, en faisant appel en cas
de nécessité aux forces de l’ordre. C’est sur base de ce pouvoir qu’il peut interdire l’accès de la
salle d’audience aux mineurs ; le pouvoir de direction des débats l’autorise à décider l’ordre de
production des preuves et à rejeter des débats tout ce qui peut tendre à compromettre la dignité
de la justice ou à allonger inutilement les débats69.

3. Composition régulière du siège

Une décision judiciaire doit être prise par les juges qui, depuis le début ont pris part à
tous les débats. En effet, il s’impose pour la garantie de la vérité judiciaire et dans l’intérêt
d’une bonne administration de la justice, qu’une affaire soit jugée uniquement par les juges
qui ont eu une bonne connaissance du dossier. Il peut arriver qu’un nouveau juge entre dans le
siège pour remplacer un autre juge absent ou empêché, en ce cas il est exigé qu’il y ait
réouverture des débats, le président de l’audience doit faire à l’intention de ce nouveau juge, un
compte rendu valable, un résumé des débats antérieurs et cela, en présence de toutes les parties
qui doivent avoir été appelées pour cela ; le respect de ces conditions va rendre régulière la
composition du siège comprenant le nouveau juge70.
4. Le renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime (articles 60 à
62 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ)

Le juge naturel peut être refusé par une partie au procès ou par le Ministère Public et
ce pour deux raisons :
Soit parce que, le climat social ou politique du lieu où siège le juge naturel est

69
A. RUBBENS, op. cit., Tome I, le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaire 1970 n° 153 ; R. MERLE
et A. VITU, op.cit., n° 624.
70
Nimy MAYIDIKA NGIMBI, Essai critique de jurisprudence. Analyse des arrêts de la Cour Suprême de Justice
1969-1972, Kinshasa, 1973, pp.88-89.
36
détérioré au point qu’il ne soit plus possible de rendre une justice sereine. En ce cas, la cause
qui est pendante devant ce tribunal, doit être renvoyée devant un autre tribunal. C’est le renvoi
pour cause de sûreté publique. Il n’y a que le Ministère Public qui peut introduire une requête
aux fins de renvoi pour cause de sûreté publique. Ce qui est compréhensible puisqu’en sa
qualité de gardien de l’ordre public, il est le mieux placé pour apprécier si oui ou non, le climat
politique ou social du lieu où siège le tribunal est perturbé.
Soit parce que, tous les juges du tribunal ayant été récusés, il ne soit plus possible de
constituer un siège ; mais il peut arriver aussi que l’on soupçonne tous les juges d’un tribunal
d’avoir subi des pressions au point de ne plus jouir de l’indépendance ou de l’impartialité
requise pour juger une cause de manière équitable. C’est le renvoi pour cause de suspicion
légitime. Les parties au procès peuvent introduire une demande de renvoi pour cause de
suspicion légitime.
Il y a lieu de noter que la simple introduction d’une demande de renvoi ne suffit pas
pour obliger le tribunal soupçonné à cesser de juger une cause ; la juridiction qui est saisie
d’une demande de renvoi doit donner acte du dépôt de la requête ; c’est au vu de l’expédition
du donné expédition que peut produire le Ministère Public ou la partie la plus diligente, que la
juridiction saisie quant au fond va surseoir à statuer.
La juridiction saisie de la demande de renvoi, va tenir une audience pour statuer sur les
mérites de cette demande ; toutes les parties à la cause doivent recevoir notification de la date
d’audience dans les formes et délais ordinaires.
A l’audience, les débats se déroulent de la manière suivante :
- le requérant expose ses moyens ;
- la partie adverse présente ses observations ;
- le tribunal clôt les débats et prend l’affaire en délibéré.
La décision sur la requête doit être rendue dans la huitaine de la prise en délibéré de
l’affaire ; elle n’est susceptible ni d’opposition ni d’appel.
Une expédition de la décision de renvoi (jugement ou arrêt) sera transmise du greffe
de la juridiction saisie à celui de la juridiction à laquelle la connaissance de l’affaire a été
renvoyée.
La compétence pour opérer le renvoi est réglée de la manière suivante :
Le Tribunal de Grande Instance peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’un
tribunal de paix de son ressort à un autre tribunal de paix du même ressort ;
La Cour d’Appel peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’un tribunal de grande
instance de son ressort à un autre tribunal de grande instance du même ressort ;
La Cour de Cassation peut renvoyer la connaissance d’une affaire d’une Cour d’Appel
à une autre Cour d’Appel ou d’une juridiction du ressort d’une Cour d’Appel à une juridiction
de même rang du ressort à une autre Cour d’Appel.

5. Les règles du délibéré

Délibérer, c’est réfléchir à plusieurs, confronter les opinions pour aboutir à une
décision commune. Par extension, on parle de délibéré d’un juge unique parce qu’il fait une
comparaison mentale entre les conclusions des parties et les diverses opinions possibles pour
prendre une décision.
Le délibéré obéit aux règles suivantes (art. 41 à 43 la loi organique du 11 avril 2013
37
sur l’OCJ) :
a) Le délibéré est secret ;
b) Dans le délibéré, le juge le moins ancien du rang le moins élevé donne son avis le
premier, le président donne son avis le dernier. Cette règle a été prévue pour éviter que le juge
le moins expérimenté n’adopte par référence pour son aîné, l’opinion que celui-ci donne ;
c) Des décisions sont prises à la majorité des voix. Toutefois, en matière pénale, s’il
se forme plus de deux opinions dans le délibéré, le juge qui a émis l’opinion la moins
favorable au prévenu est tenu de se rallier à l’une des deux autres opinions. En matière de droit
privé, s’il se forme plus de deux opinions dans le délibéré, le juge le moins ancien du rang le
moins élevé est tenu de se rallier à l’une de deux autres opinions71.

6. La surveillance et l’inspection des cours et tribunaux (art. 44 la loi organique


du 11 avril 2013 sur l’OCJ)

La Cour de cassation et, dans leur ressort, les cours et tribunaux, ont droit de
surveillance et d’inspection sur les juridictions inférieures. La surveillance est exercée par le
chef de la juridiction ou par son remplaçant. Le droit de surveillance consiste à veiller à ce que
les dossiers qui sont portés devant les cours et tribunaux soient rapidement et régulièrement
traités. Il s’agit d’une surveillance purement administrative qui ne peut en aucune manière
chercher à violer l’indépendance garantie aux cours et tribunaux par la Constitution. Les
magistrats qui vont inspecter les cours et tribunaux ne peuvent pas dicter aux juges les
décisions judiciaires prendre ou chercher à remettre en question les décisions judiciaires déjà
prononcées.

7. Le sanction en cas d’action téméraire et vexatoire portée devant une


juridiction (article 142 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ)

La loi sanctionne le comportement d’un demandeur/ou d’un plaignant qui accuse


injustement une autre personne en justice, soit devant une juridiction pénale soit, devant une
juridiction civile. La personne ainsi accusée, comparaîtra devant les juges pour se défendre,
elle ne va cependant pas se limiter à se défendre pour prouver son innocence. Dans sa défense,
elle va exiger que la personne qui l’a accusé injustement soit condamnée à lui payer des
dommages-intérêts. Mais, pour les obtenir, elle devra démontrer que l’action judiciaire
introduite par son accusateur a un caractère vexatoire et téméraire, c’est à dire que l’accusateur
a agit avec une intention méchante dans l’intention de nuire, alors qu’il savait qu’elle n’a
commis aucune infraction ni une quelconque violation de la loi.

8. Vacances judiciaires, Audience solennelle de la Cour de cassation et mercuriale


du Procureur Général de la République

On appelle « vacances judiciaires », une période pendant laquelle les cours et


tribunaux fonctionnent au ralenti, les audiences judiciaires se limitent au cas d’urgence. Pour
cela, fonctionnent des chambres de vacation. Les juges mettent à profit les vacances judiciaires

71
A. RUBBENS, op.cit., Tome III n°181 et 205.
38
pour liquider les dossiers pris en délibéré et qui connaissent du retard. La période de vacances
judiciaires va normalement du 15 août au 15 octobre72 de chaque année.
La fin des vacances judiciaires se caractérise par la rentrée judiciaire qui se manifeste
par la tenue d’une audience solennelle et publique, au cours de laquelle un discours du premier
président de la Cour de cassation en voie de disparaître et une mercuriale du Procureur Général
de la République sont prononcés73.
Dans la pratique, les Cours d’Appel organisent également des audiences solennelles de
rentrée judiciaire, marquées par le discours du premier président et les mercuriales des
Procureurs généraux pour une bonne administration de la justice (article 64 de la loi-organique
du 11 avril 2013 sur l’OCJ).

SECTION 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX COURS ET


TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT (JURIDICTIONS MILITAIRES)

§1. La police de l’audience (art.233 C.J.M)

Le Président a la police de l’audience. Il peut faire expulser de la salle d’audience et


reconduire en prison ou garder par la force publique à la disposition du tribunal, jusqu’à la fin
des débats, le prévenu, qui par ses clameurs ou par tout autre moyen propre cause tumulte fait
obstacle au cour normal de l’audience (240 C.J .M.).

§2. Le renvoi pour cause de sûreté ou de suspicion légitime

L’auditeur général des forces armées peut, pour cause de sûreté ou de suspicion
légitime, renvoyer la connaissance d’une affaire d’un conseil de guerre supérieur, opérationnel
ou de garnison, à un autre conseil de guerre de même rang (art. 116 du C.J.M.)
§3. La collégialité des juridictions militaires

Les juridictions militaires siègent en collège.

§4. Les règles du délibéré

La juridiction délibère, puis vote, par scrutins secrets distincts et successifs au moyen
de bulletins écrits, sur le fait principal d’abord et, s’il y a lieu, sur chacune des circonstances
aggravantes, sur les questions subsidiaires et sur les faits d’excuse légale.
§5. La règle du double degré de juridiction

Excepté les arrêts rendus par les cours militaires opérationnelles, c'est-à-dire en temps
de guerre, les arrêts et jugements rendus par les cours et tribunaux militaires sont susceptibles

72
Article 63 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
73
Article 64 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
39
d’opposition et d’appel (art.276 code de justice militaire). L’art.278 dispose, que l’appel est
interjeté devant les juridictions ci-après :
La Haute Cour Militaire, lorsque la décision attaquée a été rendue par la cour
militaire ;
La Cour militaire, lorsque la décision attaquée a été rendue par le tribunal militaire de
garnison ;
Le Tribunal militaire de garnison, lorsque la décision attaquée a été rendue par le
tribunal militaire de police.
Notons qu’un acte de la C.N.S. a décidé d’étendre le droit d’appel en temps de guerre
avec les justiciables des juridictions militaires.

40
CHAPITRE 4. L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU MINISTERE PUBLIC

Dans le cadre de l’éclatement de la Cour suprême de Justice en trois ordres des


juridictions, il est important d’examiner la question relative à l’organisation du Ministère
public. En effet, dans chaque ordre et dans chacune des juridictions, il est désormais exigé le
concours du parquet. La Cour constitutionnelle siège avec le concours d’un Procureur Général
ou O.M.P qui provient du Parquet Général près cette cour ; de même pour le Conseil d’Etat et
toutes les juridictions de l’ordre administratif, ils fonctionnent avec le concours des Parquets
pré ; la Cour de cassation et toutes les juridictions de l’ordre judiciaire ont également chacune
un parquet y rattaché.
Le Ministère Public est également appelé parquet. Ces deux termes méritent d’être
expliqués :
Dans le mot « Ministère », nous retrouvons l’origine latine du terme « mittere » qui
veut dire « envoyer » ; l’on comprend donc que le mot « Ministère », puisse correspondre à
« mission ». Celui qui exerce un ministère quelconque remplit donc une mission. Le Ministère
Public au sens judiciaire est donc la mission publique confiée aux magistrats du parquet de
veiller au respect de la loi, au maintien de l’ordre public et de poursuivre en justice ceux qui
commettent des infractions et troublent cet ordre.
Le terme « parquet » remonte en France, à l’époque du moyen – âge où le Roi et les
seigneurs avaient confié à des collecteurs d’impôts appelés « Procureurs », la mission de
récolter les impôts, et de traduire en justice avec l’aide des avocats, ceux des sujets qui
refusaient de payer ces impôts. Au moment où les gens du Roi (procureurs et avocats)
comparaissaient à l’audience du tribunal, ils se tenaient sur le parquet de la salle d’audience et
non sur l’estrade réservée aux juges. Vu l’évolution historique, les gens du Roi étaient devenus
les seuls représentants officiels de l’accusation d’où l’appellation « Procureurs du Roi »,
devenue à la révolution française « Procureurs de la République ». L’expression magistrat du
parquet » est maintenue dans le langage moderne même si à l’heure actuelle, les magistrats du
parquet siègent à l’audience sur l’estrade où se trouvent les juges38. Le terme « parquet »
désigne aussi aujourd’hui l’office ou bureau qui abrite les services du M.P.
L’on désigne également le Ministère Public par l’expression « magistrature debout »,
parce que ses membres se lèvent à l’audience pour prendre la parole, par opposition à la
magistrature assise ou du siège (les juges), qui reste assises à l’audience pour interroger les
prévenus, entendre les témoins et prononcer des jugements39.

SECTION I. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES PARQUETS

L’on doit savoir, qu’à chaque tribunal se trouvent rattachés un certain nombre de
magistrats du parquet, qui y exercent les fonctions de Ministère Public y compris au tribunal de
paix40.

38
R. MERLE et A. VITU, Traité de droit criminel, Procédure pénale, 4ème édition, Paris, Cujas, 1989, n°180
39
Idem.
40
Art. 13, loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
41
§1. Cour Constitutionnelle

Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle remplit près cette juridiction les
fonctions de Ministère public74.
Il est principalement chargé de mouvoir l’action publique contre le Président de la
République et le Premier Ministre qui, aux termes de l’art. 160 de la Constitution, sont
pénalement justiciables de la Cour Constitutionnelle pour des infractions politiques de haute
trahison, d’outrage au parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour les délits
d’initier et pour les autres infractions de droit commun commises dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. De même que, cette même haute juridiction est
compétente à l’égard des complices et co-auteurs du Président de la République et du Premier
Ministre. Ce parquet général agira également pour d’autres matières dévolues à la Cour de
Constitutionnelle par voie d’avis.

§2. Cour de Cassation

C’est le Procureur Général près la Cour de cassation, qui remplit auprès de cette
juridiction les fonctions du Ministère Public41.
En principe, le Procureur Général près la Cour de Cassation ne peut exercer l’action
publique que sur des personnalités déterminées, que nous avons énumérées plus haut,
lorsqu’elles ont commis des infractions.
Le Procureur Général près la Cour de cassation a un droit de surveillance et
d’inspection sur les parquets généraux près les Cours d’Appel et sur le Procureur Général près
la Cour de Sûreté de l’Etat42.
Il est assisté dans l’exercice de sa mission par un ou plusieurs premiers avocats
généraux et avocats généraux, qui tous exercent tous leurs fonctions d’officiers du Ministère
public sous sa surveillance et sa direction43.

§3. Conseil d’Etat

Près cette haute juridiction de l’ordre administratif fonctionnera également un parquet


général. Signalons que la mission principale du Ministère Public consiste à veiller à l’ordre
public. Cette juridiction n’a pas dans l’arsenal des compétences qui lui sont dévolues par la
Constitution des matières répressives. Il va sans dire qu’il aura plus pour rôle, en tant que tout
de même gardien de la loi, de veiller à l’application correcte de la loi relativement aux matières
dévolues au Conseil d’Etat pour lesquelles les avis du parquet général près cette cour seront
indispensables.

74
Article 12 de la loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
constitutionnelle.
41
Art. 12, idem
42
Idem
43
Ibidem.
42
§4. Cour d’Appel

Près chaque Cour d ‘Appel existe un Procureur Général. C’est lui qui est le chef, le
patron de l’action publique devant toutes les juridictions de son ressort ; en terme technique, on
dit qu’il a la plénitude de l’exercice de l’action publique44.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel exerce les fonctions du Ministère Public
auprès de toutes les juridictions de son ressort.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel peut prendre la parole à l’audience devant
tout tribunal de son ressort, il prend la parole aux audiences solennelle de la Cour d’Appel. Il
est assisté d’un ou, plusieurs avocats généraux et substituts du Procureur Général.

§5. Cour Administrative d’Appel

Près cette juridiction fonctionnera également, un parquet général chargé de veiller à


l’application correcte par la Cour Administrative d’Appel de la loi en rapport avec les
compétences que la loi aura à assigner à cette juridiction.

§6. Tribunal de Grande Instance

Il existe un Procureur de la République au siège de chaque Tribunal de Grande


Instance, il exerce sous la surveillance et la direction du Procureur Général près la Cour
d’Appel, les fonctions du Ministère Public près le Tribunal de Grande Instance, ainsi que près
les tribunaux de paix du ressort47.
Le Procureur de la République est assisté d’un ou de plusieurs premiers substituts et
substituts du Procureur de la République qui tous exercent les mêmes fonctions que lui sous sa
surveillance et sa direction48.

§7. Tribunal Administratif

Un parquet sera institué près cette juridiction et veillera à l’application correcte par
cette juridiction de la loi en rapport avec les compétences que la loi aura à assigner à cette
juridiction.

44
Art. 77, loi organique de 2013 sur l‘OCJ
47
Art. 16, Ibidem
48
Art.16, Ibidem
43
SECTION 2. LES REGLES JUDICIAIRES COMMUNES AUX MAGISTRATS DU
PARQUET

§1. Les attributions du Ministère Public en matière d’exécution des lois et de jugements

Le Ministère Public surveille l’exécution des lois, des ordonnances et des jugements ;
il intervient d’office c’est à dire sans avoir été prié par quelqu’un pour exécuter les lois, les
ordonnances et les jugements chaque fois que l’ordre public est intéressé49. Ainsi par exemple,
quand une loi qui contient une disposition pénale est violée, le Ministère Public intervient
d’office pour faire sanctionner cette violation en exerçant l’action publique. En matière
d’exécution des jugements, le Ministère Public ayant le droit de réquisitionner la force
publique, c'est-à-dire la force de l’Etat, c’est à lui que vont s’adresser les huissiers de justice
pour obtenir l’assistance nécessaire en vue de briser toute résistance ou la violence qui leur est
opposée50.
En matière d’exécution des jugements répressifs, le Ministère Public est chargé des
tâches suivantes :
- exécuter les peines corporelles (exécution capitale et emprisonnement) ;
- exécuter les condamnations aux dommages-intérêts alloués d’office ;
- exécuter la contrainte par corps en ordonnant la prise de corps.

§2. La mission de surveillance des services judiciaires

Le Ministère Public a reçu de la loi une mission générale de surveillance des officiers
de police judiciaire, des officiers publics et des officiers ministériels, sauf les agents du greffe
et de l’office des huissiers51. Les officiers de police judiciaire que nous étudierons plus loin,
sont les yeux et les oreilles du Ministère Public dans sa mission de rechercher les preuves des
infractions commises.
Les officiers publics sont des personnes à qui ont été donnés par l’autorité publique
(l’Etat) la qualité et le pouvoir d’authentifier des actes et les tenir en dépôt ; exemple le Maire
en tant qu’officier de l’état civil, le notaire, les greffiers et les huissiers52.
Les officiers ministériels entendus au sens strict du droit français, sont des personnes
titulaires d’un office ou d’une charge, qui leur est donné à vie par l’autorité publique et pour
lequel elles ont le droit de présenter un successeur. En outre, elles jouissent d’un monopole ;
c’est le cas des notaires, des greffiers et des huissiers de justice53.
Entendu en ce sens, le terme « officier ministériel »est impropre en droit congolais
dans lequel les fonctions de notaire, de greffiers et des huissiers sont remplis par des
fonctionnaires de l’Etat. Mais on peut qualifier en droit congolais les greffiers, les huissiers et

49
Art.66, loi organique de 2013 sur l‘OCJ
50
A. RUBBENS, op.cit, Tome I, n° 152
51
Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ
52
R.GUILLIEN et J. Vincent, Lexique de terme juridique, op.cit, p.311
53
R.GUILLIEN et J. Vincent : Op.cit., p.310.
44
les notaires d’officiers ministériels » au sens étymologique d’officiers chargés d’un Ministère
obligatoire, d’une mission publique.
Le Ministère Public veille au maintien de l’ordre dans les cours et tribunaux ; mais, il
n’a pas la police de l’audience qui appartient au Président de l’audience54. Il peut par exemple
demander au Président de l’audience de prendre telle mesure qu’il juge convenable pour le
maintien de l’ordre. Il lui appartient aussi de provoquer les mesures de police nécessaires au
maintien de l’ordre aux abords de la salle d’audience, pour prévenir les attroupements55.
Nous rappelons que le Ministère Public surveille la composition et l’action de tous les
tribunaux coutumiers de son ressort ; il leur donne des directives nécessaires pour la bonne
administration de la justice56. Nous partageons le point de vue de A. RUBBENS, qui estime
que ces dispositions heurtent le principe de l’indépendance des juges57 ; toutefois, nous ne
pouvons le suivre sur la justification qu’il en donne en affirmant que : « ces dispositions sont
marquées au coin de la politique paternaliste du régime colonial »58.
A notre point de vue, la mission de surveillance du Ministère Public exercée sur la
composition et l’action des tribunaux coutumiers se justifie de deux manières : il y a d’abord le
fait que l’officier du Ministère public est juriste de formation, à ce titre, il dispose de la
formation technique qui lui permet de contrôler le fonctionnement des tribunaux coutumiers
composés de non juristes, ensuite. Il y a la perspective de la requête en annulation des
jugements coutumiers, requête, ainsi que nous l’avons déjà développé plus haut que seul le
Ministère a compétence d’introduire devant le tribunal de grande instance lorsque les
jugements coutumiers ont violé la coutume ou les règles substantielles de procédure.
C’est au cours de sa mission de surveillance que le Ministère Public va pouvoir relever
les jugements qui ont violé la coutume et les règles substantielles de procédure et décider
d’introduire une requête en annulation de ces jugements devant le tribunal de grande instance.
Le Ministère Public contrôle les officiers de police judiciaire étant donné que ces
derniers exercent leur mission judiciaire sous les ordres et l’autorité du Ministère Public59.
Il est même prévu la procédure d’habilitation par le Procureur de la République : ce
dernier peut accorder ou refuser l’habilitation à exercer les attributions d’officiers de police
judiciaire60; l’officier de police judiciaire, qui fait l’objet d’une mesure de refus, de suspension,
de retrait de l’habilitation ne peut exercer ces attributions judiciaires attachées à la qualité
d’officier de police judiciaire ; l’officier de police judiciaire frappé par ces mesures et qui
s’obstine à poser les actes judiciaires propres à un officier de police judiciaire, peut être
poursuivi en justice et être condamné à une peine de prison de 2 à 6 mois ou à une peine
d’amende61.

54
Art.66 de la loi organique du 11 avril 2014 sur l’Organisation et la compétence Judiciaires.
55
A. RUBBENS, op.cit, Tome I, n° 153
56
Art.10 de l’arrêté royal du 13 mai 1938 coordonnant les décrets sur les juridictions indigènes
57
A. RUBBENS, op.cit., Tome I, n° 153
58
Idem
59
Art.1 du code de procédure pénale.
60
Art.13.de l’ordonnance n°78 :289 du 3.07.1978 relative à l’exercice des attributions des O.P.J.
61
Art.13. de la même ordonnance
45
§3. La mission du Ministère Public en matière répressive

C’est à dire lorsqu’il s’agit de poursuivre (réprimer) des infractions :


Le Ministère Public est par excellence officier de police judiciaire62 c’est à dire celui
qui est chargé de constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et d’en
rechercher les auteurs. C’est cette mission que le code de l’organisation et de la compétence
judiciaire a confié au Ministère Public disposant qu’en matière répressive, le Ministère public
recherche les infractions aux actes législatifs et réglementaires qui sont commises sur le
territoire de la République63
Le Ministère Public reçoit les plaintes et les dénonciations64
Le Ministère public a reçu de la loi la mission de mener l’instruction préparatoire en
vue de mettre les causes pénales en état d’être jugées ; pour ce faire, les officiers du Ministère
public disposent des pouvoirs étendus.
A la fin de l’instruction préparatoire, lorsque le magistrat instructeur estime avoir
réuni suffisamment des preuves de la commission de l’infraction, il saisit le tribunal compétent
pour y traduire le prévenu, auteur de l’infraction66.
Dans la procédure des poursuites engagées contre un mineur délinquant, le Ministère
public tient un rôle analogue à celui qu’il remplit près les juridictions répressives mais le
caractère répressif fait place à un souci manqué de tutelle à assurer à l’égard de l’enfant qui fait
l’objet des mesures de défense sociale (décret du 06 décembre 1950, art. 2, 5, 13, 14, 15, 18 et
19).
En matière de libération conditionnelle et de recours en grâce, le Ministère Public est
appelé à donner son avis.
Le Ministère Public a également la mission d ‘inspection des prisons (art. 28 de
l’ordonnance du 17 septembre 1965 relative au régime pénitentiaire). Au cours de cette
mission, il vérifie les registres d’écrou, le registre d ‘hébergement et s’assure si aucune
personne arrêtée n’est retenue au-delà du temps nécessaire pour être conduite devant l’autorité
judiciaire compétente pour exercer les poursuites.

§ 4. La mission du ministère public en matière de droit privé

En matière de droit privé, le Ministère Public a reçu ces missions :


1. Mission générale permanente d’assister à toutes les audiences

L’on ne peut pas concevoir une audience judiciaire en matière de droit privé sans que
le Ministère Public soit présent, car la loi exige qu’il assiste à toutes les audiences de la cour de

62
Art.11 du code de procédure pénale, A.RUBBENS : Op.cit., Tome I n°146, R. MERLE et A.VITU : op.cit, n°204
63
Art. 65, loi organique de 2013 sur l‘OCJ
64
Idem
66
Ibidem
46
cassation et de toutes les autres juridictions jusqu’au niveau des tribunaux de paix67.
Nous devons ici noter l’illogisme de la position légale. En effet, nous avons déjà dit
que le tribunal de paix est la juridiction compétente chargée de juger tous les litiges du droit de
la famille. Or, des nombreuses dispositions du code de la famille font intervenir le Ministère
Public68.
- l’art.319 relatif à l’autorité parentale, le Ministère Public peut requérir la
déchéance ;
- l’art. 359 où le Ministère Public peut saisir le tribunal de paix en cas de refus de
l’art.367 qui permet au Ministère Public de saisir le tribunal de paix en amiable conciliateur
lorsqu’il y a refus de réception de la dot.
Notons également, que la loi exige l’avis du Ministère Public chaque fois qu’une
juridiction doit faire application de la coutume69. Or, comme dit ci-haut, le tribunal de paix est
la juridiction compétente, pour juger les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la
coutume et les litiges relatifs aux successions.

2. Mission de donner des avis

La loi exige dans des cas biens déterminés que les dossiers judiciaires soient
communiqués au Ministère Public pour qu’il donne son avis, la loi a déterminé onze (11) cas,
nous ne citerons que les suivants à titre illustratif :
- les dossiers dans lesquels sont en cause l’Etat, les établissements publics, les
régions, les assemblées régionales et les collectivités ;
- les dossiers relatifs aux litiges de successions ;
- les dossiers qui concernent les mineurs.
- le Ministère Public peut de lui-même demander que les dossiers où il croit pouvoir
donner son avis lui soient communiqués70.
- une juridiction peut aussi estimer indiquer de communiquer des dossiers au
Ministère Public pour recueillir son avis71.
Dans les pays qui ont une vieille expérience judiciaire, ce sont des juristes
spécialistes qui siègent en matière de droit privé. C’est pourquoi, leurs avis sont attendus avec
intérêt parce qu’ils constituent des véritables consultations des spécialistes.
La décharge est l’équivalent de la récusation au niveau du parquet. Le magistrat
instructeur en charge d’un dossier peut se retrouver dans une situation qui ne garantit pas
l’équité dans le traitement d’une affaire.
En se fondant sur le fait que le ministère public instruit à charge et à décharge, une
partie peut estimer, au regard de l’opinion qu’un magistrat a déjà émise dans le cadre du dossier
la concernant ou au regard des affinités que ce magistrat pourrait avoir avec son adversaire,

67
Art. 66, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
68
Idem
69
Ibidem
70
Art. 69, idem
71
Idem
47
qu’il est difficile voire impossible que l’instruction qu’il mène soit orienté autrement qu’en sa
défaveur. Elle peut, dans ce cas, s’adresser au chef d’office aux fins d’obtenir le remplacement
du magistrat suspecté.
La loi ne détermine pas une procédure particulière pour les magistrats du ministère
public et la règle du contradictoire ne semble pas de mise comme dans le cas de la récusation
des magistrats du siège.
On en vient à croire que sur ce point, les chefs d’office seraient investis d’un pouvoir
discrétionnaire leur permettant de faire droit ou non à la demande tendant à obtenir la décharge.

3. Mission de partie principale

Le Ministère Public remplit la mission de partie principale de deux manières :


A. Mission de partie principale quand l’intérêt public l’exige.

Le Ministère Public agit comme partie principale à chaque fois que, l’intérêt public
exige son concours74.
Il doit cependant être noté, que le Ministère Public ne peut pas se substituer à une
partie privée sous prétexte que celle-ci s’abstient d’exercer une action qui intéresse l’ordre
public, par exemple en matière de divorce75.
C’est pour empêcher le Ministère Public d’agir dans ce domaine de manière
inconsidérée, que la jurisprudence congolaise a limité son champ d’action en affirmant : « il
faut que l’ordre public soit mis en péril par un état de choses auquel il importe de remédier,
pour que le Ministère Public puisse agir d’office en matière civile, il ne peut agir en invoquent
l’ordre public si des intérêts privés sont seuls en cause76.

B. Mission de partie principale pour assurer une aide judiciaire.

Les officiers du Ministère Public peuvent agir par voie d’action principale dans
l’intérêt de toute personne physique lésée qui serait inapte à agir en justice ; à assurer sa
défense ou à faire face au payement d’un avocat ou d’un défenseur judiciaire77.
Nous nous trouvons ici devant une notion purement congolaise de ce qu’on appelle en
France « aide juridique » ; celle-ci, entendue au sens du droit français, est une assistance
judiciaire grâce à laquelle une personne qui a des ressources modestes peut bénéficier du
concours gratuit d’un avocat, pour faire valoir ses droits en justice78.
La note typiquement congolaise consiste à étendre l’aide judiciaire à ceux qui sont «
inaptes » pour agir en justice ou pour se défendre. Le droit congolais rejoint le droit français,

74
Art.66, loi organique de 2013 sur l’OCJ
75
A. RUBBENS : Op.cit, Tome I n°149
76
- Revue juridique du Congo-belge : 1937, p.171
- Revue juridique du Congo-Belge : 1958, p.49.
77
Art. 68 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’organisation et de la compétence judiciaires.
78
R. GUILLIEN et J. VINCENT, Lexique de terme juridiques, op.cit.
48
lorsqu’il prévoit la possibilité pour une personne aux ressources modestes, de bénéficier de
concours gratuit d’un avocat ou d’un défenseur judiciaire, soit pour introduire une demande en
justice, soit pour se défendre face à une accusation portée en justice.
Mais, le droit congolais introduit une nuance propre due à l’environnement
sociologique et culturel, en prévoyant que : l’aide judiciaire puisse également être accordée à
une personne qui est inapte, non pas financièrement parlant, mais sociologiquement et
culturellement, à introduire une demande en justice ou à se défendre face à une accusation
portée en justice.
Cette inaptitude sociologique et culturelle s’explique à notre sens, par l’ignorance
généralisée dont font preuve la plupart des congolais en matière de procédure judiciaire,
ignorance qui trouve en grande partie son origine dans le fait qu’il s’agit d’une grande partie
son origine dans le fait qu’il s’agit d’une procédure qui est trop étrangère à la manière
judiciaire traditionnelle de rendre la justice comme cela se fait selon les coutumes.

4. Mission de partie intervenante

Nous avons déjà étudié les cas dans lesquels le Ministère Public est qualifie pour
exercer une action principale. A plus forte raison, peut-il, dans ces cas, lorsqu’il n’a pas pu agir
par voie d’action principale agir comme partie intervenante, en déposant des réquisitions79.
Nous devons signaler l’erreur de langage que l’on retrouve chez certains auteurs qui
parlent des « conclusions » ou réquisitions » du Ministère Public lorsqu’il est appelé à donner
un avis80.
Répétons, que le Ministère Public à qui un dossier judiciaire est communiqué pour
avis, ne prend pas de conclusions, encore moins des réquisitions et n’est pas partie
intervenante.

5. Mission d’introduire une requête en faveur des indigents pour la désignation


d’office d’un conseil.

Les officiers du Ministère Public peuvent, par voie de requête écrite, demander au
Président de la juridiction, la désignation d’un avocat, d’un défenseur judiciaire chargé
d’assister les personnes physiques lésées qui sont inaptes à agir en justice ou qui sont inadaptés
à se défendre en justice lorsqu’elles sont accusées ou qui sont dépourvue de ressources
financières, pour faire face au paiement d’un avocat ou d’un défenseur judiciaire81.

79
A. RUBBENS, Op.cit., T.I n°61
80
A. RUBBENS, Op.cit., T.I n°61
81
Idem
49
6. Diverses missions judiciaires dans le cadre du code de la famille

Signalons les missions les plus marquantes :


- saisir par requête, le Tribunal de Grande Instance afin de suppléer le défaut d’acte
de l’état civil (art.106 du code de la famille) ;
- saisir par requête, le Tribunal de Grande Instance en rectification des actes de
l’état civil (art.107 du code de la famille) ;
- saisir par requête, le tribunal de grande instance en vue de voir intervenir un
jugement déclaratif de décès d’une personne disparue (art.142.code de la famille)
- réquisition auprès du tribunal de paix pour prononcer la déchéance de l’autorité
parentale (art.319 du code de la famille) ;
- introduire auprès du tribunal de paix une demande de condamnation du père au
remboursement des frais de gésine et d’entretien pendant les 9 mois de grossesse, si l’action
en recherche de paternité est déclarée fondée (art.639 code de la famille) ;
- requête pour saisir le tribunal compétent en vue de faire désigner un liquidateur
judiciaire parent ou étranger, lorsque les héritiers ne sont pas connus ou ont tous renoncé à
l’héritage.

7. Mission dans le domaine disciplinaire des avocats

Le Procureur Général près la Cour d’Appel peut déférer devant le conseil national de
l’ordre des avocats, les sentences disciplinaires prononcées par le conseil de l’ordre (art.96 de
l’ordonnance-loi n°79/08 du 2.09. 1979 portant organisation du barreau, du corps des
défendeurs judiciaires et du corps des mandataires de l’Etat).
Le Procureur Général près la cour d’appel assure et surveille l’exécution des peines
disciplinaires et de l’interdiction provisoire d’exercer prononcée contre un avocat (art.100 du
statut du barreau).
§5. Mission à caractère administratif

Le Ministère Public a reçu de la loi certaines missions à caractère administratif. Nous


pouvons en épingler quelques unes :
Le magistrat du parquet peut être commissionné en qualité de notaire (art.2 du décret
du 17 Novembre 1953) ;
Les enquêtes de vacance de terre ne sont valides que si elles ont été contrôlés et
approuvées par un officier du Ministère Public (art.5 du décret du 31 mai 1934) ;
Autorisation du Procureur de la République pour consulter les registres de l’état civil
(art.91 du code de la famille) ;
Surveillance de l’état (art.102 du code de la famille) ;
Veiller à faire transcrire en marge des actes de l’état civil, des jugements déclaratifs
d’absence ou de décès (art.205 du code de la famille).

50
§6.Quid de l’autorité du Ministre de la Justice sur les magistrats du parquet

L’autorité du Ministre de la justice se limite à ordonner les poursuites, à donner


l'impulsion aux poursuites et à exercer un droit de regard sur les officiers du ministère public
sans porter préjudice au pouvoir du Conseil supérieur de la magistrature en matière
disciplinaire.
En effet traditionnellement on reconnaissait au Ministre de la Justice le droit de
donner des instructions au Procureur Général près la Cour d’appel qui est le chef de l’exercice
de l’action publique, pour lui demander d’entamer des poursuites judiciaires. Il a également le
droit de surveiller la manière dont s’exerce l’action publique, en se faisant rendre compte des
actes du Ministère Public82. Mais un grand nombre de juristes refusaient déjà de reconnaître au
Ministre de la justice le droit d’interdire l’exercice de l’action publique lorsque, celle-ci est
déjà entamé83 ; en terme technique, ce droit qu’on refuse de lui reconnaître s’appel le ‘droit de
veto ».
Si déjà les pouvoirs exorbitants jadis reconnus au ministre de la justice étaient au
Centre d’une controverse parmi les juristes dont certains contestaient au ministre un certain
droit de veto, il faut utilement relever qu’à ce jour, le ministre de la justice a été dépouillé de
beaucoup de ses pouvoirs par la loi organique 06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des
magistrats.
Cette dernière loi très révolutionnaire, enlève dans plusieurs de ses dispositions au
Ministre ses pouvoirs traditionnels. L’art. 2, al. 2 de cette dernière loi qui reconnaît au conseil
supérieur de la magistrature l’initiative exclusive du recrutement des magistrats en est une
peinture achevée.
Mais, si dans sa lettre comme surtout dans son esprit cette loi tend à couper le cordon
ombilical entre les magistrats et le Ministre de la Justice, autant mieux dire entre le pouvoir
judiciaire et le pouvoir exécutif.
Pour notre part, nous soutenons que la pratique judiciaire congolaise a introduit ce
droit de veto, qui a été finalement réglementé84 ; car il est prévu que certains cas de
poursuites judiciaires déterminés par les circulaires le magistrat instructeur doit établir un
document qui est appelé « avis d’ouverture d’instruction », destiné à être transmis à l’autorité
hiérarchique immédiatement supérieure, ceci afin de recueillir les avis et considérations de
l’autorité supérieure, qui peut soit demander de surseoir aux poursuites judiciaires ou classer
purement et simplement le dossier pour des raisons d’opportunité soit au contraire demander
d’appliquer la loi avec sévérité85.
Par ignorance du droit judiciaire, beaucoup de citoyens, considérant que le Ministre de
la Justice exerce l’autorité sur les magistrats du Parquet, autorité qui peut aller jusqu’à leur

82
BAYONA-ba-MEYA : l’indépendance de la magistrature en République du Congo in Annales de la Faculté de
droit université du Congo vo. 1. 1972, P.32-33
83
BAYONA-ba-MEYA, idem
84
Art. 143 et 146 de l’arrêté d’organisation judiciaire n°289/70 du 20.8.79 portant règlement intérieur des cours et
tribunaux.
85
BAYONA-ba-MEYA : Op.cit, p.33
51
donner des ordres, des instructions, soutiennent qu’au Congo la justice n’est pas indépendante.
Nous rappelons d’abord que c’est la loi qui a donné ce pouvoir au Ministre de la
Justice ; ensuite il doit être reprécisé que l’indépendance absolue qui est garantie par la
Constitution concerne des juges, car ce sont eux qui disent le droit, qui jugent. Certes, les
magistrats du Parquet sont également indépendants dans leur mission qui consiste à faire
appliquer la loi, à l’interpréter ; mais il s’agit d’une indépendance relative.

§8. La mission du Ministère Public auprès des juridictions d’affectation

Le Ministère Public remplit les devoirs de sa mission auprès des juridictions établies
dans son ressort. Ceci doit être souligné pour dire que le seul fait d’être un magistrat du parquet
ne suffit pas pour exercer ses fonctions devant n’importe quel tribunal. Nous avons déjà eu à
dire que c’est toujours auprès d’un tribunal, d’une juridiction qu’un magistrat du Parquet est
affecté ; il ne peut pas exercer ses attributions d’officier du Ministère public ailleurs, auprès
d’un autre tribunal.
Ce principe devrait pouvoir mettre fin à certaines pratiques illégales que l’on observe
dans le vécu judiciaire congolais où des frères tribus, ou des relations vont trouver un magistrat
du Parquet pour l’intéresser à une affaire qui se situe en dehors de son ressort d’affectation.

§9. Le principe du remplacement du Ministère public

En cas d’absence dû d’empêchement, le Procureur Général de la République est


remplacé dans l’exercice de ses fonctions par le Premier Avocat Général de la République le
plus ancien dans le grade ou à défaut par l’avocat général de la République le plus ancien.
En cas d’absence ou d’empêchement, le Procureur Général près la Cour d’Appel, la
Cour de Sûreté de l’Etat est remplacé par le plus ancien des avocats généraux ou à défaut par
le plus ancien des substituts du Procureur Général.
En cas d’absence ou d’empêchement, le Procureur de la République est remplacé par
le plus ancien des premiers substituts résidents au siège du Tribunal de Grande Instance ou, à
défaut par le plus ancien substitut résident au siège du Tribunal de Grande Instance (57).
§10. Autorisation judiciaire pour la communication et la délivrance des copies des
actes d’instruction préparatoire et des actes de procédure à l’audience

En matière de poursuite pénale ou de poursuite disciplinaire, les parties concernées


ont le droit dès l’instant où le tribunal compétent a été saisi et ce jusqu’à la décision définitive,
de prendre connaissance et de recevoir copie du dossier judiciaire (58).
En matière de poursuite pénale ou disciplinaire, il est interdit de communiquer un acte
de procédure que ce soit un acte de procédure au niveau de l'enquête du parquet (instruction

57
Idem
58
Art.21, Idem
52
préparatoire) ou un acte de procédure au niveau de l’audience du tribunal sans l’autorisation
du Procureur Général de la République, s’il s’agit d’une affaire qui est jugée par la Cour de
cassation ou du Procureur Général près la Cour d’Appel s’il s’agit d’une affaire qui est jugée
au niveau de la Cour d’Appel ;la même interdiction concerne la délivrance des copies simples,
actes de procédure sauf obtention de l’autorisation de mêmes autorités judiciaires(59). Les
demandes d’autorisation de délivrance des actes de procédure que l’on enregistre le plus
portent sur les copies des procès-verbaux des accidents de la circulation ; principalement en
vue de constituer le dossier au niveau de l’assurance.
Cependant, à la demande des parties au procès, l’on peut communiquer la plainte, la
dénonciation, les ordonnances, les jugements et les arrêts, tout comme on peut délivrer des
copies certifiées conformes (expéditions) de ces mêmes documents (60).

§11. Les principes régissant le Ministère Public

Le Ministère Public est un corps hiérarchisé. L’art. 2 de la loi organique du 11 avril


2013 sur l’Organisation et la compétence Judiciaires reprend dans un ordre decrescendo sa
composition. En tant que corps, le Ministère Public est régi par certains principes dont l’unité,
l’indivisibilité, l’irrecevabilité, l’irresponsabilité et la subordination hiérarchique.

1. Le principe de l’unité et de l’indivisibilité du Ministère Public

Dans l’exercice de sa mission, le gardien de la loi ou de l’ordre public, le Ministère


Public est un et indivisible. Ceci entraîne notamment comme conséquence qu’au cours d’un
seul procès pénal ou civil, les officiers du Ministère public peuvent s’inter changer.
Dans la pratique, le Procureur Général de la République, le Procureur Général et le
Procureur de la République établissent, chacun en ce qui concerne sa juridiction, une fiche de
roulement des audiences en vue de fixer et réguler la rotation des officiers du Ministère Public
placés sous leur autorité.
L’esprit du corps impose à chaque Officier du Ministère Public de relayer
correctement son prédécesseur et ce jusqu’à l’audience où l’affaire (pénale ou civile) sera prise
en délibéré.

2. Le principe de l’irrécusabilité du Ministère Public

Contrairement au juge dont l’impartialité peut être mise en cause par la procédure de
la récusation et, lorsqu’il s’agit de tout le tribunal par celle de renvoi pour cause de suspicion
légitime, respectivement prévues par les articles 49 à 62, le Ministère Public, partie principale
et agissant par voie d’action principale au procès répressif ne peut être récusé. Ceci est du reste,
conforme au prescrit de l’art. 66 alinéas 5 de la loi organique du 11 avril 2013 sur
l’organisation et la compétence judiciaires qui prévoit que le Ministère Public assiste à toutes
les audiences des cours et tribunaux.

59
Art.21 idem, voir également l’article 84 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
60
Idem
53
Notons cependant que le Ministère Public peut être déchargé de l’instruction d’un
dossier par une ordonnance motivée de son Chef hiérarchique préalablement saisi par une
requête de la partie diligente.
Par ailleurs, au procès civil, le Ministère Public qui a toujours agi en tant que partie
jointe par voie d’avis donné sur le banc ou à l’issue d’un examen minutieux du dossier qui lui
est communiqué peut être récusé sur pied des articles 58 à 59 de la loi-organique sur
l’organisation et la compétence Judiciaires.

2. Le principe de l’irresponsabilité du Ministère Public

Le Ministère Public, gardien de la loi et de l’ordre public est censé agir pour l’intérêt
public. En tant que tel, les actes qu’il pose engagent la puissance publique, càd l’Etat qu’il
représente. Toutefois, l’Officier du Ministère Public peut engager sa responsabilité personnelle
lorsqu’il a agi par sentiment et contre la loi. Dans cette hypothèse, il peut s’exposer à des
sanctions disciplinaires.

4. Le principe de la subordination hiérarchique du Ministère Public

En tant que corps hiérarchisé, le Ministère Public a plusieurs niveaux ou paliers tel que
le démontre l’art. 2 sus-évoqué de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ. Les magistrats
d’un palier inférieur reçoivent des injonctions de ceux d’un niveau supérieur à qui ils doivent
une subordination hiérarchique. C’est à ce titre qu’un Procureur général, Officier du Ministère
Public du parquet général près la Cour d’Appel peut ordonner au Procureur de la République,
Officier du Ministère Public du Parquet près le Tribunal de Grande Instance, la transmission
d’un dossier sur simple réquisition.
Cependant, si le Ministère Public doit à son supérieur hiérarchique une soumission, il
jouit tout de même d’une entière liberté d’expression et d’une totale indépendance d’esprit à
l’audience en vertu de l’adage : « la plume est serve mais la parole est libre ».
En effet, le Ministère Public n’est lié à l’égard de son supérieur hiérarchique que par
son écrit. Il doit une obéissance à son supérieur hiérarchique mais conserve à l’audience une
totale liberté d’opinion. C’est pourquoi, à l’audience, il peut instruire à charge ou à décharge.

54
CHAPITRE 5 : LA HIERARCHIE, LA COMPOSITION DE L’AUDITORAT
MILITAIRE ET SES REGLES DE FONCTIONNEMENT

SECTION 1 : L’AUDITEUR GENERAL DES FORCES ARMEES

L’auditeur Général des FARDC est le chef de corps de justice militaire. Il remplit les
fonctions du Ministère Public. Il exerce la plénitude de l’action publique devant toutes les
juridictions militaires (art.43 du C.J.M.). Il recherche et poursuit toutes les infractions de la
compétence de la Haute Cour Militaire, des cours militaires, des tribunaux militaires des
garnisons. Il a le droit d’occuper devant toutes les juridictions militaires le siège du Ministère
Public (art 43 al 2 C.J.M.). Il surveille les actes des auditeurs militaires près les cours
militaires et les tribunaux militaires de garnison, des greffiers de juridiction et des O.P.J. Il
surveille aussi la tenue du registre et des écritures, la conservation des archives et la conduite
des agents auxiliaires (art 49 du C.J.M). En temps de paix, il exerce ses fonctions sous contrôle
exclusif et direct du Ministre de la défense Nationale (art 47 C.J.M). En temps de guerre, sous
l’état de siège ou d’urgence, il est placé sous l’autorité exclusive du Premier Ministre.
L’auditeur Général des FARDC peut avoir un ou plusieurs Premiers substituts et des
substituts (Art 53 CJM).
L’auditeur général des FARDC est assisté d’un ou de plusieurs Avocats militaires et
des substituts de l’auditeur supérieur, nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par
le Président de la République (art.48, in fine C.J.M).
En cas d’empêchement, l’auditeur général de FARDC peut se faire remplacer par le
plus ancien des premiers avocats généraux ou, le cas échéant par le plus ancien les avocats
généraux (art.44 in fine du Code Judiciaire Militaire).
Il est également chargé de l’exécution des arrêts de la Haute Cour Militaire (art 45
CJM).

SECTION 2 : LES AUDITEURS MILITAIRES PRES LES COURS


MILITAIRES

Les fonctions du Ministère Public près chaque Cour militaire sont remplies par des
auditeurs militaires supérieurs (art.48 Code Judiciaire Militaire).
L’auditeur militaire supérieur exerce, sous la surveillance et le contrôle de l’auditeur
général des FARDC les fonctions de Ministère Public près toutes les juridictions militaires
établies dans le ressort de la cour militaire. Il est assisté d’un ou de plusieurs avocats généraux
militaires et des substituts de l’auditeur militaire supérieur, nommés et, le cas échéant, relevés
de leurs fonctions par le Président de la République (art.48 du Code Judiciaire Militaire).
L’auditeur militaire supérieur peut se faire remplacer par l’avocat général militaire ou
l’auditeur militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé (art.49 C.J.M.).
L’auditeur militaire supérieur règle l’ordre intérieur et la tenue des registres des
auditorats militaires près les juridictions militaires de son ressort (art. 50 C.J.M.)
55
CHAPITRE 6 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS

Nous rappelons qu’il y a deux catégories des magistrats.


Les juges, qui disent le droit, ce sont eux qui constituent une juridiction (tribunaux ou
cours). Ils sont appelés magistrats du siège. Les magistrats du Parquet ou officiers du Ministère
Public, qui sont affectés auprès des juridictions.
Il existe une correspondance de grades, entre les magistrats du siège et ceux du
Parquet.
Le passage d’une catégorie à l’autre est chose possible, et cela arrive fréquemment.
Le passage de la magistrature militaire à celle civile est prévue d’autant qu’il existe aussi une
correspondance de grades entre la magistrature civile et la magistrature militaire.
Du fait que les juges représentent réellement le pouvoir judiciaire et qu’ils jouissent
de l’indépendance totale dans l’exercice de leur fonction juridictionnelle, et compte tenu du fait
que le magistrat du parquet est défini par rapport à une juridiction auprès de laquelle il est
affecté, il s’est créé dans les us et coutumes judiciaires, une préséance protocolaire des juges
par rapport à leurs collègues du parquet de même grade.
SECTION 1 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS CIVILS

§1. La hiérarchie des grades des magistrats du siège

1. Cour Constitutionnelle

- Premier Président de la Cour Constitutionnelle.


- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs présidents.
- La Cour Constitutionnelle comprend plusieurs conseillers et conseillers
référendaires.

2. Cour de cassation
- Premier Président de la Cour de Cassation.
- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs présidents.
- Elle comprend plusieurs conseillers et conseillers référendaires.

3. Conseil d’Etat
- Premier Président du Conseil d’Etat.
- Le Premier Président est assisté d’un ou de plusieurs conseillers et conseillers
référendaires.
- Il comprend plusieurs conseillers.

4. Cour d’Appel
- Premier Président de la Cour d’Appel, un seul
- Président(s) de la Cour d’Appel, un ou plusieurs.
- Conseillers à la Cour d’Appel, plusieurs.

56
5. Cour Administrative d’Appel
- Premier Président de la Cour administrative d’Appel
- Conseillers à la Cour administrative d’Appel

6. Tribunal de Grande Instance


- Président du Tribunal de Grande Instance : un seul
- Juges du tribunal de Grande Instance : plusieurs.

7. Tribunal de paix
- Président du Tribunal de paix : un seul
- Juges du Tribunal de paix : plusieurs.
Nous rappelons que là où les tribunaux de paix ne sont pas encore installés, les
tribunaux de police et les tribunaux coutumiers continuent de fonctionner.

§2. La hiérarchie des grades des magistrats du parquet

1. Parquet Général près la Cour Constitutionnelle


- Procureur Général près la Cour Constitutionnelle.
- Un ou plusieurs premiers avocats généraux.
- Plusieurs avocats généraux.

2. Parquet général près la Cour de cassation


- Procureur général près la Cour de cassation
- Un ou plusieurs premiers avocats généraux
- Plusieurs avocats généraux

3. Cour d’Appel
- Procureur général près la Cour d’Appel ou près la Cour de Sûreté de l’Etat
- Un ou plusieurs avocats généraux
- Plusieurs substituts du Procureur Général.

4. Cour Administrative d’appel


- Procureur général près la Cour Administrative d’Appel
- Un ou plusieurs avocats généraux
- Plusieurs substituts du Procureur Général près la Cour Administrative d’Appel

5. Parquet près le Tribunal de Grande Instance


- Procureur de la République.
- Un ou plusieurs Premiers substituts du Procureur de la République.
- Plusieurs substituts du Procureur de la République.
6. Parquet près le Tribunal Administratif
- Procureur.
- Un ou plusieurs premiers substituts du Procureur.
57
- Plusieurs substituts du Procureur.
Il n’existe pas de parquet près le Tribunal paix.

SECTION 2 : LA HIERARCHIE DE GRADES DES MAGISTRATS


MILITAIRES

A la différence des juridictions civiles qui pour la tenue des audiences, font appel à des
magistrats de carrière, tant pour tenir le rôle du Ministère Public que pour juger, les juridictions
militaires font appel, pour tenir le rôle du Ministère public à des magistrats de carrière mais ce
sont des officiers non magistrats qui composent majoritairement le siège. Ainsi, le tribunal
militaire de police siège avec trois juges militaires dont un seul est magistrat de carrière (art. 24
al 1 C.J.M) ; le tribunal militaire de garnison siège avec cinq juges militaires dont un seul est
magistrat de carrière (art.22 C.J.M) ; la cour militaire opérationnelle siège avec cinq juges
militaires dont un seul est magistrat de carrière (art.20 al1 C.J.M) ; la cour militaire siège avec
cinq juges militaires dont deux seulement sont magistrats de carrière (art.16 al 1 C.J.M) ; la
Haute cour militaire siège cinq juges militaires dont deux seulement sont magistrats de carrière
(art. 10 C.J.M).
Cette particularité dans la composition du siège des juridictions militaires entraîne une
différence considérable dans la hiérarchie des grades des magistrats militaires. L’on constate
une graduation hiérarchisée en ce qui concerne l’auditorat militaire (parquet militaire) et un
seul juge permanent par juridiction militaire.
AUDITORAT MILITAIRE JURIDICTION MILITAIRE

Auditeur Général des Premier Président de la Haute


F.A.R.D.C Cour Militaire

Premiers Avocats généraux Présidents de la Haute Cour


des F.A.R.D.C. Militaire

Avocats généraux des Conseillers de la Haute Cour


F.A.R.D.C Militaire

Auditeur militaire supérieur Premier président de la Cour


Militaire
Les avocats généraux
militaires Le ou les présidents de la
Auditeur militaire de Cour Militaire
garnison
Premier substitut de Président du Tribunal
l’auditeur militaire de garnison militaire de garnison

Substituts de l’auditeur Juges du Tribunal militaire de


militaire de garnison garnison

58
CHAPITRE 7 : LA COUR DES COMPTES

L’existence de la Cour des comptes en République démocratique du Congo remonte à la


période coloniale. L’article 13 de la Charte coloniale du 18 octobre 1908 soumettait les finances
publiques de la Colonie du Congo Belge à la vérification de la Cour des comptes de Belgique.
L’opérationnalisation de la Cour des comptes a cependant était effective à la suite de la
promulgation de l’ordonnance-loi n°87/005 du 6 février 1987 qui fixe sa composition, son
organisation et son fonctionnement. Par ailleurs la procédure a été déterminée par
l’ordonnance - loi n°87/031 du 22 juillet 1987. La base constitutionnelle de la Cour des comptes
se situe dans les articles 178 à 180 de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la
loi du 20 janvier 2011.
La nature de la cour des comptes au regard de la spécificité des matières qu’elle traite se
pose avec acuité. Cette nature diffère d’un système judiciaire à un autre.
Au Congo, selon notre compréhension, la Cour des Comptes constitue une juridiction
mi-judiciaire et ce pour deux raisons :
-Elle prononce des arrêts de condamnation à la peine d’amende ;
-Ses arrêts sont susceptibles de pourvoi en cassation et de pourvoi en révision.
C’est pourquoi, cette juridiction doit être étudiée dans le Cours d’organisation et
compétence judiciaires.
En France, la Cour des Comptes constitue une juridiction administrative spécialisée.
C’est pourquoi ses arrêts sont susceptibles d’un pourvoi en cassation devant le Conseil d’Etat1.

SECTION 1. DE LA COMPOSITION DE LA COUR DES COMPTES

§1. Des magistrats de la Cour des Comptes

Au niveau du siège, la Cour des Comptes comprend : un président, des vice-présidents


et des conseillers. Au niveau du Ministère Public, la Cour des Comptes comprend : le
Procureur Général près cette Cour, assisté d’un ou plusieurs avocats généraux.
Les membres de la Cours des Comptes ont la qualité du magistrat, ils sont régis par un
statut particulier. Les membres de la Cour des Comptes ont la même préséance que les
membres de la Cour de cassation ; ils ne peuvent être poursuivis qu’avec l’autorisation du
Président de la République et sont justiciables devant la Cour de cassation.
Cette disposition appelle les observations suivantes :
La Cour des Comptes est subordonnée à la Cour de cassation puisque cette dernière
examine les arrêts, on ne peut donc comprendre que ses membres puissent avoir la même
préséance que les magistrats de la Cour de cassation.

1
J. VINCENT, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La justice et ses institutions, Précis, Paris, Dalloz, 1991,
n°470.
59
§2. Les sections de la Cour des Comptes

La Cour des Comptes comprend trois sections, qui peuvent être divisées en chambre :
- section chargée des comptes et services de l’Etat et des entités décentralisées ;
- section chargée des établissements publics (entreprises publiques, organismes
publics, entreprises mixtes ;
- section chargée des fautes en matière de discipline budgétaire et financière.
La Cour des Comptes se réunit soit en audience solennelle, soit toutes sections réunies,
soit en chambre, soit en comité de rapport. Elle se réunit en audience solennelle notamment
pour procéder à l’installation des magistrats. La Cour siège toutes sections réunies dans les cas
suivants :
- Pour examiner et arrêter le compte général de l’Etat ;
- Pour se prononcer sur des questions de procédure, ou de jurisprudence ;
- Pour connaître des affaires qui lui sont déférée directement par le Président, sur
renvoi d’une section, à la requête du M.P sur renvoi après cassation ;
- Pour constater et vérifier la gestion et les comptes des établissements publics.
Les comptables de fait sont également soumis au contrôle de la Cour des Comptes.
On appelle Comptable de fait, toute personne qui effectue des opérations de recettes, de
dépenses, de détention et de maniement de fonds ou de valeur appartenant à l’Etat, aux entités
décentralisées et aux établissements publics.
La Cour des Comptes peut condamner à une amende qui n’excède pas le double du
traitement mensuel de tout gestionnaire public, tout fonctionnaire ou agent de l’Etat, auteur
d’une faute de gestion.
Les autres compétences de la Cour des Comptes sont notamment :
- Vérifier que les recettes dues à l’Etat sont versées régulièrement au Trésor et
appliquer les périodicités légales en cas de retard ;
- Vérifier la régularité des dépenses publiques ;
- Surveiller le remboursement des sommes dues à l’Etat au titre de prêts et des
garanties d’emprunts ;
- Apurer les comptes des comptables publics et établir des arrêts définitifs qu’ils ont en
débet ;
- Examiner la légalité et la régularité du marché public, des travaux et des fournitures,
des biens et services de l’Etat et des établissements publics ;
- Arrêter les sommes à couvrir à charge des ordonnateurs délégués lorsqu’ils ont
engagé des crédits en violation de la loi ; elle peut leur infliger des amendes qui n’excèdent pas
la moitié de leur traitement et proposer leur suspension ou leur destitution ;
- Publier chaque année un rapport public sur la gestion des finances et biens publics.
Le Procureur Général exerce son ministère par voie de conclusion, d’avis ou de
réquisition. Il fait dresser un état des comptables qui doivent faire parvenir leurs comptes à la
60
Cour ; il requiert application des amendes prévues par la loi, il défère à la Cour les opérations
présumées constitutives des fautes de gestion.

SECTION 2. DU CONTROLE DES ACTIVITES DE LA COUR DES


COMPTES

Au plan politique, la Cour des comptes relève du parlement qui peut notamment lui
adresser une question écrite ou orale, décider une commission d'enquête et interpeller son
président ou le Procureur Général.
Au plan juridictionnel, les arrêts de la Cour des Comptes sont susceptibles de pourvoi
en cassation devant la Cour de cassation sur requête du comptable ou du Procureur général
près la Cour des Comptes. En cas de cassation, le compte est renvoyé devant la Cour des
Comptes siégeant toutes sections réunies. Les arrêts de la Cour des Comptes sont également
susceptibles d’un recours en révision par un comptable en cas de découverte d’un fait
nouveau dans le délai de 10 ans de la notification de l’arrêt. Le recours en révision est
également ouvert au Procureur Général près la Cour des Comptes dans un délai de 3 ans à dater
de l’arrêt définitif.

61
CHAPITRE 8 : LES IDEES MAITRESSES DU STATUT DES MAGISTRATS
CIVILS

SECTION 1. DU RECRUTEMENT

§1. Des conditions imposées pour être nommé magistrat (art. 1 du statut).

Parmi celle-ci, citons :


- Posséder la nationalité congolaise ;
- Etre âgé d’au moins 21 ans accomplis et n’avoir pas dépassé 40 ans ;
- Jouir de la plénitude de ses droits civiques ;
- Jouir d’une parfaite moralité attestée par un certificat délivré par une autorité
administrative et par un extrait de casier judiciaire ;
- Posséder les aptitudes physiques et mentales attestées par un certificat médical daté
de moins des trois mois au dépôt du dossier au secrétariat permanent du Conseil Supérieur de
la Magistrature ;
- Etre titulaire d’un diplôme de docteur ou licencié en droit délivré par une Université
nationale publique ou privée légalement agréée ou d’un diplôme délivré par une Université
étrangère déclarée équivalent conformément à la législation congolaise sur l’équivalence des
diplômes ;
- S’il s’agit d’une personne mariée, produire un extrait d’acte de mariage.

§2. Particularité de la nouvelle loi

La loi n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats se démarque de


l’ancien statut en disposant en son art. 2 al. 2 que tout recrutement est effectué à l’initiative
du Conseil Supérieur de la Magistrature, et requiert une publicité préalable par voie d’avis
officiel dans tous les chefs –lieux des provinces, fixant un délai utile pour l’introduction des
candidatures.

SECTION 2. DU SIGNALEMENT

Le signalement consiste en un bulletin dans lequel sont brièvement décrites, les


activités exercées pendant l’année écoulée et dans lequel est proposée ou attribuée une
appréciation du mérite du magistrat.

L’appréciation du mérité est synthétisée par l’une des mentions suivantes : Elite, « très
bon », Médiocre, elle est faite à deux échelons (art.7 du statut).
Un problème sérieux se pose en ce qui concerne le signalement des juges. L’on peut
facilement concevoir, qu’un chef de juridiction puisse être côté sur la gestion administrative de
sa juridiction ; comment peut-on cependant, concevoir la cotation des juges siégeant en
collège ou à juge unique sans risque de censure alors que les juges jouissent de
l’indépendance totale dans cet exercice de la fonction juridictionnelle.

62
§1. Des promotions

Pour être nommé à un grade supérieur, il doit avoir accompli au moins 3 ans de
service dans le grade inférieur et avoir, pendant la période, obtenu au moins deux fois la côte
« bon » (art .11 du statut).
Seul, le Président de la République a le pouvoir de promouvoir les magistrats, sur
proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature.

SECTION 3. DES TRAITEMENTS ET INDEMNITES (ART.26)

Les traitements, les indemnités et autres avantages pécuniaires alloués aux magistrats
émargent au budget mis annuellement à la disposition du pouvoir judiciaire sur le budget de
l’Etat. Ce budget est géré par le Président de la Cour de Cassation, assisté du secrétariat
permanent du Conseil Supérieur de la Magistrature, conformément à la loi.
Il est prévu des primes d’intérim et une indemnité de représentation pour les chefs de
juridiction ou d’offices.

SECTION 4. DES AVANTAGES SOCIAUX DES MAGISTRATS

Les avantages sociaux suivants sont accordés aux magistrats :


- Allocations familiales ;
- Soins de santé ;
- Indemnité de logement ;
- Pécule des vacances ;
- Allocations d’invalidité ;
- Frais funéraires ;
- Frais de transport.

SECTION 5. LES POSITIONS STATUTAIRES (ART.28 A 41 DU STATUT)

Tout magistrat, est placé dans l’une des positions suivantes :


- en activité de service,
- en détachement,
- en disponibilité.

Le Conseil Supérieur de la Magistrature qui est devenu aux termes de l’art. 152 de la
Constitution du 18/02/2006 l’organe de gestion du pouvoir judiciaire est composé de :
- Le Président de la Cour Constitutionnelle ;
- Le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle ;
- Premier Président de la Cour de Cassation ;
- Procureur Général près la Cour de Cassation ;
- Le premier Président du Conseil d’Etat ;
- Procureur Général près le Conseil d’Etat ;
- Premier Président de la Haute Cour Militaire ;
- Auditeur général près la Haute Cour Militaire ;
63
- Les premiers Présidents des Cours d’Appel ;
- Les Procureurs Généraux près les Cours d’Appel ;
- Les Premiers Présidents des Cours Administratives d’Appel ;
- Les Procureurs Généraux près les Cours Administratives d’Appel ;
- Les Premiers Présidents des Cours militaires ;
- Les auditeurs militaires supérieurs ;
- Deux magistrats de siège par ressort de cour d’appel, élus par l’ensemble des
magistrats du ressort pour un mandat de trois ans ;
- Deux magistrats du parquet par ressort de cour d’appel, élus par l’ensemble des
magistrats du ressort pour un mandat de trois ans ;
- Un magistrat de siège par ressort de cour militaire ;
- Un magistrat de parquet par ressort de cour militaire.
L’activité de service est la position du magistrat qui exerce effectivement les
attributions inhérentes à sa fonction. Le congé est assimilé à l’activité de service.
Le magistrat a droit :
- à un congé de reconstitution de 30 jours ouvrables pris chaque année ;
- à des congés de circonstance suivant des événements ;
- à des congés des maladies ou d’infirmité.
Le détachement est la position du magistrat qui est autorisé à interrompre
provisoirement ses fonctions pour protester ses services au sein de l’Administration, institutions
ou organisme officiels autres que ceux qui dépendent du Ministère de la Justice. Le
détachement est accordé par les premiers présidents de la Cour de Cassation, de Conseil d’Etat
ou les Procureurs généraux près ces juridictions, selon qu’il s’agit d’un magistrat de siège ou du
parquet, pour une durée qui ne peut excéder trois ans. Toutefois, le détachement peut être
renouvelé une seule fois (art. 33 du statut).
La disponibilité est prononcée soit d’office, soit à la demande du magistrat, par le
Président du Conseil Supérieur de la Magistrature (art.36 du statut).

SECTION 6. DE LA RELEVE ANTICIPEE DES FONCTIONS ET DE LA


DEMISSION (Art.42 a 44 du statut des magistrats)

Le Président de la République relève de ses fonctions le magistrat qui est déclaré


inapte au service par suite de maladie ou d’infirmité grave et permanente. Une commission
médicale de trois médecins constitués par le Ministre de la justice, doit donner un avis
conforme.
La relève anticipée des fonctions peut aussi être prononcée par le Président de la
République, soit à la demande de l’intéressé, soit sur celle conjointe du premier président de la
Cour de Cassation, du Conseil d’Etat et des Procureurs généraux près ces juridictions sur
proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature.

SECTION 7. DU REGIME DISCIPLINAIRE

Tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur ou à la dignité
de ses fonctions constitue une faute disciplinaire.
Les peines disciplinaires suivant la gravité des faits, sont :
64
- Le blâme ;
- La retenue d’une tiers du traitement pour un mois ;
- La suspension de trois mois au maximum avec privation du traitement ;
- La révocation.

L’organe chargé du pouvoir disciplinaire des magistrats est le Conseil Supérieur de la


Magistrature. A l’heure actuelle, sa composition est fixée par la Constitution du 18/02/2006 à
l’art. 152.
La Procédure disciplinaire qui est prévue garantit au magistrat poursuivi le droit de la
défense au stade de la comparution devant le Conseil supérieur : il peut se faire assister
par un avocat ou un autre magistrat de son choix.
Il a droit ainsi que son conseil, à la communication, sans déplacement, de toutes les
pièces du dossier.
L’action disciplinaire demeure distincte et indépendante de l’action répressive
lorsqu’il subit une peine de privation de liberté supérieure à trois mois, le magistrat est révoqué
d’office.
Le Ministère de la Justice, les chefs de juridictions et les chefs d’office peuvent, au
stage de l’enquête disciplinaire, interdire, à titre conservatoire, au magistrat poursuivi,
l’exercice de ses fonctions jusqu’à la décision définitive, si les faits leur paraissent graves. Un
acte de la C.N.S interdit au Ministère de la Justice ce genre de pouvoir disciplinaire.
L’action disciplinaire se prescrit un an révolu après la constatation des faits ;
toutefois, lorsque les faits sont constitutifs d’une infraction à la loi pénale, l’action
disciplinaire se prescrit en même temps que l’action publique.

SECTION 8. DES DEVOIRS ET DES INCOMPATIBILITES (Art.65 a 69 du


statut des magistrats).

Le magistrat doit servir l’Etat avec fidélité, dévouement, dignité, loyauté et intégrité.
Les fonctions de magistrat sont incompatibles avec toute activité professionnelle salariée ou
non dans le secteur public ou privé, hormis les cas de détachement ou de disponibilité.
Aucun magistrat ne peut directement ou indirectement exercer un commerce quel
qu’il soit. Cependant le magistrat peut être actionnaire dans une société ou se livrer à une
exploitation agricole ou à l’élevage.
Le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature peut, dans des cas particuliers,
autoriser un magistrat à enseigner dans une université ou dans un institut supérieur.

SECTION 9. DE LA RETRAITE (ART.70 A 71 du statut des magistrats)

Le magistrat est mis à la retraite à la date à laquelle il atteint l’âge de 65 ans ou


lorsqu’il a effectué une carrière de 35 ans de service ininterrompu. Cependant le magistrat peut
demander une retraite anticipée lorsqu’il a atteint l’âge de 50 ans ou s’il a accompli une carrière
de 25 ans de service ininterrompu.
Toutefois, en ce qui concerne spécialement le magistrat de la Cour de Cassation, du
Conseil d’Etat et des parquets généraux près ces juridictions, la limite d’âge pour la retraite est
fixée à soixante-dix ans.
65
Dans tous les cas, lorsque le magistrat a atteint l’âge de cinquante-cinq ans et qu’il a
accompli une carrière d’au moins vingt-cinq ans de services, il peut faire valoir ses droits à la
retraite anticipée.

SECTION 10. DES AVANTAGES ACCORDES APRES LA CESSATION


DEFINITIVE DE SERVICE (Art.72 a 82 du statut des magistrats)

§1 De la pension d’inaptitude

Le magistrat reconnu définitivement inapte à continuer ses services ou à les rendre


ultérieurement a droit à une pension d’inaptitude si celle-ci résulte d’un accident ou d’une
maladie, quelle qu’en soit l’origine. Toutefois, aucune pension n’est due si l’inaptitude résulte
d’un risque auquel le magistrat s’est volontairement exposé, ou si elle est imputable au refus ou
à la négligence de l’intéressé de se soumettre à un traitement médical préventif.

§2. De l’allocation de fin de carrière

Tout magistrat qui, pour une cause autre que le décès, la démission d’office ou la
révocation, cesse définitivement ses services après une carrière d’au moins 10 ans reçoit une
allocation de fin de carrière.
Le montant de cette allocation est égal à un quart, deux quarts ou trois quarts du
montant annuel du dernier traitement d’activité, selon que l’intéressé a accompli une carrière
d’au moins dix ans, quinze ans ou vingt ans.
Le magistrat reconnu définitivement inapte a doit à l’allocation de fin de carrière.
L’allocation de fin de carrière est exempte de toute imposition.
Lorsque le magistrat est décédé avant le paiement de l’allocation de fin de carrière,
celle-ci est liquidée à la veuve ou, à défaut de celle-ci, aux enfants du défunt bénéficiant des
allocations familiales (Art.75).

§3. De la rente de survie et de l’allocation de décès

1. La veuve du magistrat a droit à une rente de survie :


- Si le mari décédé était en cours de carrière ;
- Si le conjoint magistrat décédé était titulaire d’une pension de retraite ou d’inaptitude
à la condition que le mariage ait précédé la cessation définitive des services ;
Le montant de la rente de survie est égal à :
- La totalité du montant annuel du dernier traitement d’activité du de cujus pour les
douze premiers mois qui suivent le décès intervenu en cours de carrière ;
- 50% de la pension du de cujus si celui-ci est décédé pensionné.

2. L’orphelin d’un magistrat soumis au présent statut a droit à une rente d’orphelin
jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Peuvent y prétendre :
Les enfants du magistrat, à condition qu’ils soient nés avant ou neuf mois après la
cessation définitive des services du magistrat ;
Les enfants adoptés par le magistrat, à condition que l’acte d’adoption ait précédé la
66
cessation définitive des services du magistrat ;
Les enfants reconnus et déclarés à l’état civil avant la cessation définitive des services
du magistrat ;
Les enfants que le conjoint a reconnus d’un précédent mariage, à condition que le
mariage avec le magistrat qui a ouvert le droit à la rente d’orphelin ait été contracté avant la
cessation définitive des services et que les enfants aient donné lieu à l’attribution d’allocations
familiales à ce conjoint ;
Les enfants sous tutelle du magistrat, à condition que la tutelle ait été déférée avant la
cessation définitive des services du magistrat et que les enfants aient donné lieu à l’attribution
d’allocations familiales au magistrat.
La veuve qui se remarie est déchue du droit à la rente ;
Les rentes sont acquises par mois ;
Lorsqu'un magistrat est décédé en cours de carrière, la veuve a droit à une allocation
de décès.

§4. De l'honorariat et de l'éméritat (art. 83 du statut des magistrats)

L'honorariat est le droit pour un ancien magistrat de porter, après la cessation


définitive de ses fonctions le titre de son dernier grade au moment où intervient la fin de sa
carrière.
L'éméritat est le droit pour un ancien magistrat de continuer à bénéficier de son dernier
traitement d'activité.
Si le Premier Président de la Cour de cassation, du Conseil d’Etat et des Procureurs
généraux près ces juridictions cessent d'exercer leurs fonctions, ils sont d'office admis à
l'éméritat, ils bénéficient en outre de l'honorariat.
Les magistrats de la Cour de Cassation, du Conseil d’Etat et des parquets généraux
près ces juridictions dont l'exercice de fonctions prend fin après 25 ans au moins de services
ininterrompus bénéficient également de l'honorariat et de l'éméritat.

67
CHAPITRE 9. DE LA POLICE JUDICIAIRE

SECTION 1. DEFINITION DE LA POLICE JUDICIAIRE

Nous retiendrons la définition la plus courante : la police judiciaire est un corps


d'agents de l'Etat chargés de constater les infractions à la loi pénale, de rassembler les preuves
de la commission de ces infractions et d'en rechercher les auteurs présumés75.
Nous avons déjà vu que c'est le Ministère Public qui est chargé par la loi de rechercher
les infractions aux lois et règlements, mais ne pouvant pas être partout, le Ministère Public est
aidé par les O.P.J., qui sont les yeux et les oreilles du parquet et qui ont donc la mission de
constater les infractions. Il doit être entendu que la police judiciaire a pour fonction d'éclairer,
par ses enquêtes, constat, perquisition, saisies...le Ministère Public afin qu'il soit en mesure
d'apprécier l'opportunité de poursuites, c'est-à-dire de se prononcer sur la suite à donner à
l'affaire : classer sans suite ou exercer l'action publique76.

SECTION 2. LES AUTORITES INVESTIES DE FONCTIONS DE POLICE


JUDICIAIRE

Le Ministère Public est Officié de police judiciaire : l'art. 11 du code de procédure


pénale dispose en effet que les officiers du Ministère Public peuvent exercer eux-mêmes toutes
les attributions des O.P.J.
Les inspecteurs de police judiciaire, qui sont des agents de police judiciaire des
parquets, les officiers, sous officiers et gradés de la gendarmerie nationale et la prévôté
militaire, les membres de la garde civile appartenant aux catégories d'emploi de
commandement et de collaboration, sont chargés à titre exclusif ou principal d'exercer les
fonctions de police judiciaire.
Des agents et fonctionnaires de l'Etat peuvent être chargés de certaines fonctions de
police judiciaire. Nous pouvons citer :
- les agents du service national d'intelligence et de protection (S.N.I.P) ;
- les agents et fonctionnaires de la territoriale notamment les Commissaires sous-
régionaux, les administrateurs de territoire, les Chefs de secteur et leurs adjoints ;
- les fonctionnaires de certains services des Ministères.

SECTION 3. LA COMPETENCE MATERIELLE ET TERRITORIALE DES


O.P.J.

La compétence matérielle pour un O.P.J. vise le nombre et la nature des infractions


que la loi lui permet de constater. A cet égard, l'on distingue la compétence matérielle générale
et la compétence matérielle limitée. Un O.P.J. est à compétence matérielle générale lorsqu'il
peut constater toutes sortes d'infraction; il est à compétence matérielle restreinte lorsqu'il ne
peut constater qu'un genre déterminé d'infractions.
La compétence territoriale concerne l'étendue du ressort territorial dans lequel un

75
R. MERLE et A. VITU op. cit., n° 204 ; J. PRADEL, Procédure pénale, 5è édition, Paris, Cujas, 1990, n° 120.
76
Lire à ce sujet : J. PRADEL op. cit., n° 120.
68
O.P.J. peut circuler pour constater les infractions de sa compétence matérielle. Cette
compétence territoriale est dite générale lorsqu'un O.P.J. peut constater les infractions sur toute
l'étendue du territoire national; elle est dite restreinte lorsqu'un O.P.J. ne peut opérer que dans
un espace territorial bien déterminé. L'on dira donc qu'un O.P.J. est à compétence territoriale
générale ou restreinte.

SECTION 4. LE CONTROLE DES ACTIVITES DES O.P.J.

Les O.P.J. sont placés sous les ordres et l'autorité du Ministère Public. C'est le prescrit
de l'art. 1 du code de procédure pénale. A ce titre, leurs procès-verbaux peuvent être
recommencés par le magistrat instructeur qui constate des irrégularités, voire des illégalités
dans leur établissement.
Les O.P.J. font acte d'allégeance au ministère en prêtant serment entre les mains du
Procureur de la République (procédure dite de l'habilitation).
Des garde-fous d'ordre réglementaire sont prévus dans le but de dissuader les O.P.J. de
commettre des abus dans l'exercice de leurs fonctions.
Parmi ces garde-fous, mentionnons le plus dissuasif qui menace de sanction pénale
l'O.P.J. qui se permet soit de retarder l'information judiciaire dont il a connaissance, soit de
s'octroyer le pouvoir d'appréciation, de procéder ou non à l'accomplissement d'une enquête, soit
de refuser ou de retarder la constatation d'une infraction pour laquelle il a reçu une plainte d'un
particulier ou un ordre d'enquêter du Ministère Public. La sanction pénale peut aller jusqu'à 2
mois de prison sans compter que la victime de l'infraction peut réclamer devant le tribunal,
contre l'O.P.J. des dommages-intérêt auxquels le coupable devait être condamné (art. 28 de
l'ordonnance n° 78/289 du 3 juillet 1970 relative à l'exercice des attributions des O.P.J. et
A.P.J).
Un acte de la CNS a institué le pouvoir disciplinaire du Ministère Public de l'auditorat
militaire sur tous les O.P.J. civiles et militaires avec obligation d'exercer les poursuites pénales
en cas de violation des droits fondamentaux de l'homme.

69
CHAPITRE 10. LE GREFFE ET L'OFFICE DES HUISSIERS

SECTION 1. LE GREFFE

§1.Notion du greffe

Le greffe est un service public, mieux, un dépôt public où, sous la responsabilité du
greffier, sont conservés les originaux des décisions judiciaires qu'on appelle "minutes", les
registres, dossiers, pièces à conviction et, en général tous les actes et pièces provenant de la
justice(61).
Le service d'ordre intérieur des greffes est réglementé au niveau de la Cour de
cassation, par ordonnance du Premier Président de la Cour et au niveau des juridictions
inférieures, par ordonnance du Premier Président de la Cour d'Appel.

§2. La composition des greffes

A la Cour de cassation, dans chaque Cour d'Appel et dans chaque tribunal, il existe un
greffier chargé de la direction des services du greffe; il porte le titre de greffier en chef à la
Cour de cassation et dans les cours d'appel, de greffier principal dans les Tribunaux de Grande
Instance et de greffier dans le Tribunaux de Paix ; ces greffiers sont assistés d'un ou de
plusieurs adjoints.

§3. Le statut greffier

Le statut du greffier est celui d'un fonctionnaire public, relevant de la fonction


publique.
Les fonctions du greffier sont multiples.
La fonction essentielle est d'assister le juge dans tous les actes et procès-verbaux de
son ministère et à les signer avec lui. Si un acte ou un jugement ne peut être signé par le
greffier qui y a concouru, le juge signe et constate l'impossibilité.
Le greffier audiencier est celui qui a la mission de " tenir " les écritures du tribunal, il
doit enregistrer le déroulement de la procédure(65 ) en rédigeant le " plumitif " de l'audience,
c'est-à-dire une sorte de brouillon qui pourra lui servir, à tête reposée, de rédiger plus tard, la
feuille d'audience, il y a lieu de noter que les procès verbaux du greffier audiencier (feuilles
d'audiences) ont le caractère et la force probante d'actes authentiques (66 ).
Le greffier est responsable de la gestion du greffe; il est responsable des objets saisis
qui lui sont confiés ainsi que des sommes déposées au titre de caution, garantie ou de
consignation; il est aussi responsable des dossiers déposés au tribunal; il garde les minutes des
jugements et arrêts dont il délivre à la demande des parties, soit des copies simples, soit des
copies certifiées conformes (expéditions), soit des copies certifiés conformes revêtues de la
formule exécutoire (grosses) (67 ).

61
Répertoire pratique de droit belge V° greffier n° 1
65
A. RUBBENS, op. cit., Tome I, n° 165
66
Idem
67
A. RUBBENS, op. cit., Tome I, n° 165
70
Le greffier exerce aussi une compétence ministérielle propre et autonome, lorsqu'il
rédige les assignations (modalité de pouvoir saisir un tribunal en matière civile), ou lorsqu'il
donne acte de la constitution de partie civile en dehors de l'audience (68), lorsqu'une victime de
l'infraction se présente au greffe pour faire une déclaration relative à sa volonté d'être
dédommagé, au moment où le Ministère Public a terminé ses enquêtes judiciaires et envoyé le
dossier judiciaire devant le tribunal qui doit juger cette infraction. Le greffier dresse aussi un
acte de déclaration d'opposition et d'appel; ce faisant il exerce toujours sa mission ministérielle
propre et autonome.
Le greffier exerce aussi des attributions administratives, notamment lorsqu'il procède
aux inscriptions au registre du commerce et à la réception des dépôts d'actes de société, garde
les registres à l'intention du public qui peut venir les consulter sur place (69).
Le greffier dispose aussi d'une compétence fiscale en percevant les frais de justice et
les droits proportionnels qui sont des impôts que l'Etat perçoit sur les sommes allouées par les
jugements et arrêtés de condamnation (70).
Ainsi qu'on peut s'en rendre compte, le greffier a une lourde responsabilité. Non
seulement il peut, comme tout fonctionnaire de l'Etat, être poursuivi disciplinairement pour les
négligences ou les erreurs dans le service, mais en outre ces négligences ou erreurs peuvent
l'exposer à des actions en dommages-intérêts. C'est pourquoi, les attributions du greffier
exigent de lui la discrétion, comme première qualité, puis l'intelligence, le sens de l'ordre, de
vigilance, de probité et de ponctualité; sa vie privée doit être exemplaire; enfin il doit éviter de
critiquer les décisions judiciaires (71).

SECTION 2. L'OFFICE DE L'HUISSIER

Le terme " huissier " utilisé ici ne doit pas être confondu avec l'agent de service qui,
dans l'administration publique, ou paraétatique, a pour tâche de faire entrer les visiteurs chez un
responsable administratif.
L'huissier de justice est un agent de l'ordre judiciaire dont la mission judiciaire est
d'une importance qui souvent échappe à l'attention des justiciables ; l'huissier se trouve à la
base de l'action judiciaire puisque c'est généralement lui qui porte à la connaissance des parties
appelées en justice, les convocations officielles appelées " citations en matière pénale et "
assignations " en matière de droit privé. C'est la notification de ces convocations de justice, qui
saisit le tribunal. Ainsi si cette notification est mal faite c'est-à-dire si elle est faite sans
respecter les formalités imposées par la loi, le tribunal n'est pas saisi et ne peut pas tenir
audience. Mais l'huissier de justice se trouve également à la fin du procès, au moment de
l'exécution du jugement, non seulement c'est lui qui doit notifier tout jugement à la partie
perdante avant de l'exécuter mais en outre c'est lui qui va procéder à l'exécution des jugements
en pratiquant des saisies sur les biens de la partie perdante du procès, biens saisis qui seront mis
en vente publique et dont les produits de vente revirent à dédommager la partie gagnante du
jugement.

68
Idem
69
Ibidem
70
Ibidem
71
Ibidem.
71
§1.Absence de service propre

L'office d'huissier n'est pas constitué en service propre et n'a pas d'archives, il est
rattaché au greffe (72 ).

§2. Désignation des huissiers

Les présidents des juridictions désignent les huissiers parmi les agents de l'ordre
judiciaire mis à leur disposition.

§3. Rôle des huissiers


Les huissiers sont chargés du service intérieur des cours et tribunaux et de la
signification (notification) de tous les exploits. On appelle exploits les actes faits suivant les
formes tracées par la loi par des officiers publics qualifiés pour cela, dans l'intérêt des parties en
justice qui les ont chargés de le faire(75). Les exploits rapportent donc ce que l'huissier a fait, ce
qu'il a dit, etc. Les exploits les plus courants sont les assignations, les citations, les sommations
à comparaître, par lesquelles les tribunaux sont saisis ou par lesquelles les témoins sont
convoqués au tribunal. Les exploits de signification de jugements font connaître aux parties la
décision judiciaire intervenue. Cette signification a une grande importance parce que c'est à
partir de la date de signification d'un jugement que les délais pour former une voie de recours
sont comptés, de même que les délais d'exécution de ces jugements (76).
Dans la pratique, c'est rare que les présidents recourent aux services d'huissiers
audienciers, chargés précisément du service intérieur : annoncer l'entrée du tribunal dans la
salle d'audience, appeler les témoins pour leur tour d'audition, maintenir l'ordre dans la salle
d'audience. C'est à la Cour de cassation que l'huissier audiencier joue véritablement son rôle.
Les huissiers peuvent également faire des sommations civiles; la loi prévoit cela en
matière de déni de justice, procédure que nous avons déjà vue précédemment. Le déni de
justice est constaté par deux sommations faites par huissier et adressées au magistrat (77). La loi
prévoit également, en matière de saisie-arrêt procédure qui consiste pour un créancier à saisir le
compte bancaire du débiteur, avec l'autorisation judiciaire, que le tiers saisi pourra être sommé
de déclarer ce qu'il doit lorsque la saisie-arrêt aura été déclarée valable (78).
Un usage s'est établi suivant lequel un particulier, sans titre, peut requérir de l'huissier
de faire une sommation, c'est-à-dire d'effectuer une mise en demeure (79).
Les huissiers sont également chargés de l'exécution forcée des jugements et actes
exécutoires; ils procèdent aux saisies, aux expulsions, aux destructions, aux expropriations. Ces
actes sont généralement précédés d'un commandement qui est une toute dernière mise en
demeure avant de passer à l'exécution forcée (80). Nous devons noter que les huissiers Congolais
n'ont pas, comme en France ou en Belgique, compétence pour effectuer des constats (exemple
constat d'adultère).

72 )
A. RUBBENS : op. cit., Tome I, n° 163
75
) Petit dictionnaire de droit Dalloz, Paris, 1951, V è exploit n° 1
76
) A. RUBBENS : op. cit., Tome I, n° 169.
77
) Art. 59 du code de procédure devant la cour suprême de justice
78
) Art. 113 du code de procédure civile.
79
) A. RUBBENS, op. cit., Tome 1, n° 169.
80
) Idem
72
§4. Observations critiques

L'on doit déplorer le fait que les huissiers dont nous venons de décrire le rôle
fondamental en matière d'exploits de justice, ne fasse pas l'objet d'une sollicitude particulière de
la part du Ministère de la Justice.
Les huissiers doivent bénéficier d'une solide formation, spécialement en droit
judiciaire et avoir une longue expérience judiciaire. Faut-il remettre en cause la formation qu'ils
sont censés recevoir au Centre de Formation du personnel judiciaire institué auprès du
Ministère de la Justice? On pourrait le dire. Certes, dans tous les actes, l'huissier agit sous la
direction du greffier qui reçoit les demandes d'exploits et veille à leur exécution (81), mais cela
est insuffisant.
Nous avons pu réaliser que les huissiers sont souvent à la base de graves désordres qui
surviennent en matière d'exécution forcée des jugements, ils pratiquent des exécutions en
violation des règles de procédure. Il y en a qui vont jusqu'à pratiquer des saisies-arrêts sur les
compte bancaires des personnes morales de droit public, qui bénéficient pourtant du privilège
d'inexécution forcée... D’autres huissiers, sous la pression des parties influentes refusent
carrément de procéder à l'exécution forcée.
A notre sens, l'on devrait mettre sur pied un corps d'huissiers dont la loi devrait fixer le
profil scientifique et la déontologie professionnelle. Mais surtout, les chefs des juridictions
doivent veiller avec un soin particulier à la bonne exécution des jugements tant il est vrai que
c'est au niveau de l'exécution des décisions judiciaire que les habitants se font une opinion sur
la véritable image de la justice du pays.

81
) Ibidem
73
CHAPITRE 11. DES AVOCATS ET DES DEFENSEURS JUDICIAIRES

SECTION 1. DES AVOCATS

§1.Définition et mission (art. 1 de l’Ordonnance-loi n°79-028 du 28 septembre 1979)

Les avocats sont des auxiliaires de justice chargés d'assister ou de représenter les
parties, de postuler, de conclure et de plaider devant les juridictions. Ils peuvent être consultés,
peuvent conseiller, rédiger des actes sous seing privé, assister ou représenter les parties en
dehors des juridictions77. Le terme " postuler " signifie faire des actes de procédure que
nécessite le procès et favorisée le déroulement de l'instance78.

§2.Caractère de la profession (art. 2 de l’ordonnance-loi sur le barreau)

La profession d'avocat est une profession libérale et indépendante, les avocats exercent
librement leur ministère sous réserve de leur soumission aux lois et règlements et du respect
des règles propres à la déontologie de leur profession.

§3.Monopole
Les avocats et les défenseurs judiciaires ont le monopole en matière de représentation
et d'assistance des parties en justice, sauf les exceptions établies par la loi. Rappelons que ce
monopole est consacré par l'art. 19 al. 3 de la Constitution du 18 février 2006 qui permet à
toute personne poursuivie d'exiger d'être interrogé en présence d'un avocat, d'un défenseur
judiciaire ou de toute personne de son choix.

§4.Conditions d'accès à la profession (art. 7 et 20 l’ordonnance-loi sur le barreau)

A. Conditions générales à remplir :

1. Etre Congolais ; l'étranger pourrait accéder à la profession sous la condition de


réciprocité ou en vertu des conventions internationales.
2. Etre titulaire d'une licence ou d'un doctorat en droit délivré par une Université du
Congo ou par l'ancienne Ecole Nationale de Droit et d'Administration ou d'un diplôme
équivalent délivré par une Université étrangère en justifiant en ce cas de la connaissance du
droit Congolais.
3. N'avoir pas été condamné pour des agissements contraires à l’honneur, à la probité
et aux bonnes mœurs, sauf amnistie ou réhabilitation.
4. N'avoir pas été sanctionné disciplinairement ou n'avoir pas été l'objet d'une décision
administrative de destitution, radiation ou révocation pour les faits décrits au point 3, sauf
autorisation du Ministre de la Justice.
5. Justifier d'une bonne conduite par la production d'un certificat de bonne vie et

77
Ordonnance-loi n° 79/08 du 28 Septembre 1979, portant organisation du barreau et du corps des défenseurs
judiciaires
78
Lire : lexique de terme juridique par Raymond GUILLIEN et Jean-Vincent, Dalloz, Paris, 1985, Vè Postulation, p.
339
74
mœurs.

B. Soumission à un stage professionnel


Avant son inscription au tableau, l'Avocat reçoit une formation professionnelle au
cours d'un stage organisé, le stage est d'une durée de 2 ans, à la fin du stage, il est établi par le
maître de stage un rapport sur l'avocat stagiaire qui a passé avec succès l'épreuve organisée et
sanctionnée par un certificat d'aptitude professionnelle dans des conditions fixées par le Conseil
National de l'Ordre.

§5. De l'inscription au tableau (art. 21 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau)

1. Peuvent être inscrits au tableau :


a) les avocats qui ont terminé leur stage et qui ont obtenu le certificat d'aptitude
professionnelle ;
b) les personnes dispensées du stage et du certificat d'aptitude professionnelle,
notamment :
- les anciens magistrats ayant au moins 3 ans de pratique
- les professeurs de droit d'une Université ou dans une école supérieure, ayant au
moins 3 ans d'enseignement
- les anciens défenseurs judiciaires ayant exercé la profession durant au moins cinq
ans.
2. L’inscription au tableau est prononcée par le Conseil de l'Ordre. La décision est
susceptible d'appel devant le Conseil National de l'Ordre.
3. Le Conseil de l'Ordre, sous le contrôle du Conseil National de l'Ordre, tient le
tableau du barreau sur lequel sont inscrits tous les avocats ayant leurs cabinets dans le ressort
de la Cour d'Appel.
4. Le Conseil de l'Ordre assure l'affichage permanent du tableau et de la liste des
stagiaires dans un local de chaque Palais de Justice du ressort de la Cour d'Appel accessible au
public.

§6. De l'omission du tableau (art. 32 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau)

1. Doit être omis du tableau, l'avocat qui se trouve dans un des cas d'exclusion ou
d'incompatibilité prévue par la loi.
2. Peut être omis du tableau :
- l'avocat qui est empêché d'exercer réellement sa profession éloignement de la
juridiction, maladie ou infirmité grave et permanente, acceptation d'activités étrangères au
barreau
- l'avocat dont le défaut d'honorabilité pourrait porter atteinte à la dignité de la
profession
- l'avocat qui sans motifs valables ne s'acquitte pas de sa contribution aux charges de
l'Ordre et du barreau auquel il appartient
- l'avocat qui, sans motifs légitimes, n'exerce pas effectivement sa profession
- l'avocat honoraire dont le défaut d'honorabilité pourrait porter atteinte à la dignité
de la profession.
75
3. L'avocat omis est tenu de fermer son cabinet et de remettre aussitôt les affaires
en cours à ses clients.
4. L'avocat omis peut demander sa réinscription en apportant la preuve que les faits
qui avaient motivé l'omission ont cessé et qu'il remplit désormais les conditions requises pour
exercer honorablement la profession.
5. Les décisions en matière d'omission et de réinscription sont prises dans les
mêmes formes et donnent lieu au même recours qu'en matière d'inscription.

§7. Des modes d'exercice de la profession (art. 64 à 70 l’ordonnance-loi sur le


barreau)
L'avocat peut exercer sa profession soit, à titre individuel, soit en groupe dans le cadre
d'une association, soit encore en qualité de collaborateur d'un autre avocat ou groupe d'avocat.
Le contrat de collaboration est celui par lequel un avocat inscrit soit à la liste de stage,
soit au tableau s'engage à consacrer tout ou partie de son activité au cabinet d'un autre avocat
moyennant une équitable rémunération.
L'association est le contrat par lequel deux ou plusieurs avocats décident d'exercer en
commun la profession soit au sein d'un même cabinet soit dans des cabinets différents, de
mettre en commun et de partager les bénéfices et pertes. Les avocats qui forment entre eux une
association demeurent chacun en ce qui le concerne, responsable vis-à-vis des clients ; mais les
membres de l'association ne peuvent assister ou représenter des parties ayant des intérêts
opposés.
En cas de collaboration, l'avocat collaborateur est maître pour la défense d'une cause,
de sa plaidoirie et de son argumentation sauf à informer l'avocat à qui il est lié, du point de vue
qu'il se propose de défendre.

§8. Des droits et des devoirs des avocats (art. 71 à 80 l’ordonnance-loi sur le
barreau)

1. Au titre des droits, nous retiendrons :


Le droit de porter à l'audience la robe noire avec chausse garnie de fourrure et le rabat
blanc, d'être appelé " Maître " et de plaider débout et à découvert.
Le droit de correspondance avec leurs clients détenus et de les voir sans témoin au lieu
où ils sont incarcérés.
Le droit de prendre connaissance au greffe, sans déplacement, de tous les dossiers des
affaires dans lesquelles ils représentent ou défendent une partie.
Le droit d'être présumé représenter les parties lorsqu'ils sont porteurs des pièces de la
procédure, hors le cas où la loi exige un mandat spécial et le droit d'assister à huis clos.

2. Au titre des devoirs, nous retiendrons :


Les interdictions suivantes :
- se rendre cessionnaire des droits successoraux ou litigieux,
- faire avec les parties, en vue d'une rétribution, des conventions aléatoires,
subordonnées à l'issue du procès,
- se livrer à des injures envers les parties ou à des personnalités envers leurs
défendeurs,
76
- avancer un fait grave contre l'honneur ou la réputation des parties à moins que les
nécessités de la cause ne l'exigent,
- refuser ou négliger la défense des prévenus et l'assistance aux parties dans le cas où
ils sont désignés,
- racoler la clientèle ou rémunérer un intermédiaire dans ce but,
- user de tous moyens publicitaires sauf ce qui est strictement nécessaire pour
l'information du public,
- accepter de défendre tour à tour les intérêts opposés dans une même cause,
- faire état à l'audience d'une pièce non communiquée à l'adversaire.

3. Comportement à avoir dans la conduite des affaires :


a. Les avocats doivent conduire jusqu'à leur terme les affaires dont ils s'occupent sauf
si le client les en décharge.
b. L'avocat doit conduire chaque affaire avec célérité et compétence. Il engage sa
responsabilité personnelle au cas où les intérêts du client viendraient à être compromis à la
suite d'une négligence dans l'accomplissement des formalités de procédure.
c. L'avocat est tenu de restituer sans délai, les pièces ou sommes dont il est dépositaire,
dès qu'elles ne lui sont plus nécessaires pour la défense de la cause. Il peut toutefois, exercer
son droit de rétention sur les pièces dues à ses diligences, jusqu'à ce qu'elleS en aient été
honorées.

4. Comportement en matière de consultation


L'avocat donne sa consultation dans son cabinet ou dans le cabinet d'un confrère. Il ne
peut se rendre au domicile de ses clients qu'exceptionnellement en cas d'urgence ou de
nécessité.

§9.Des incompatibilités (art. 58 à 63 l’ordonnance-loi sur le barreau)

La profession d'avocat est incompatible avec l'exercice de toute activité de nature à


porter atteinte à l'indépendance et au caractère libéral de la profession. Toutefois la profession
d'avocat n'est pas incompatible avec l'enseignement du droit dans une université ou dans une
école supérieure.
Tout avocat qui se propose d'exercer une activité extérieure à celle de sa fonction est
tenue d'en aviser le Conseil de l'Ordre avant tout exercice de cette activité ; il joint à sa
déclaration tout document et toute information utile quant à la nature de l'activité et les
conditions dans lesquelles il se propose de l'exercer. Le Conseil de l'Ordre se prononce sur le
caractère compatible ou incompatible de cette activité avec la dignité et la délicatesse imposée
aux avocats. Il peut, à tout moment, inviter l'intéressé à cesser immédiatement l'exercice de
cette activité. La décision du Conseil de l'Ordre peut être déférée au Conseil National de
l'Ordre.
Les avocats peuvent être chargés par l'Etat des missions temporaires même rétribuées
à condition de ne faire pendant la durée de cette mission aucun acte de leur profession, ni
directement ni indirectement. L'avocat qui accepte cette mission en avise le Conseil de l'Ordre
qui se prononce sur le point de savoir si l'intéressé peut être maintenu au tableau, dans la
négative, il est donné à l'avocat un délai de 15 jours pour opter. S'il opte sur l'exercice de la
77
mission ou s'il garde silence, il est omis du tableau, sauf recours devant le Conseil National de
l'Ordre.
L'avocat investi d'un mandat public (député, élu provincial ou local) ne peut ni
directement ni par l'intermédiaire d'un associé ou collaborateur, accomplir aucun acte de sa
profession, plaider ou consulter contre l'Etat, les sociétés paraétatiques, les collectivités ou
établissements publics.

§10.Des honoraires (art. 81 à 85 l’ordonnance-loi sur le barreau)

Les honoraires des avocats comprennent les frais dus pour sa postulation et les actes
de procédure et les frais de consultation et de plaidoirie.
Les frais de postulation et des actes de procédure ou autres sont fixés par un tarif
réglementaire.
Les honoraires de consultation et de plaidoirie sont fixés d'accord entre l'avocat et son
client.
En doctrine classique, l'on retient cinq critères de fixation des honoraires :
- la situation de fortune du client,
- la difficulté de l'affaire,
- les frais exposés par l'avocat,
- la notoriété de l'avocat,
- les diligences de l'avocat.
De manière générale, il est interdit de fixer les honoraires en fonction du résultat
judiciaire. C'est l'interdiction du pacte de " quota litis " convention par laquelle l'avocat stipule
que ses honoraires seront calculés, proportionnellement aux sommes que le tribunal allouera à
son client79.
Les frais et honoraires dus aux avocats peuvent être recouverts par la contrainte sur un
état qui en est dressé par l'avocat, visé et revêtu de la formule exécutoire par le Premier
Président de la Cour d'appel.
Un acte de la CNS a pris les décisions suivantes aux sujets des honoraires des avocats :
L'avocat fixe librement ses honoraires dans le cadre de prestations de ses services,
sous réserve du respect du règlement intérieur du Conseil de l'Ordre et de la règle de délicatesse
propre à la déontologie ;
En cas de contestation des honoraires, la partie qui s'estime lésée saisit d'abord le
Bâtonnier pour arbitrage et en cas d'échec, elle recourt devant le Conseil de l'Ordre du degré
d'appel ;
Le Premier Président de la Cour d'appel a un délai de 15 jours pour donner la formule
exécutoire sur la note d'honoraires et du frais lorsqu'il en est saisi ;
L'ordonnance du Premier Président de la Cour d'appel qui refuse sans aucune
justification de donner la formule exécutoire est susceptible de recours devant le Président de la
Cour de cassation qui doit statuer dans les 15 jours qui suivent la notification de l'ordonnance ;

En cas de silence du Premier Président de la Cour d'appel, le Premier Président de la

79
J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINARD, La justice et ses institutions, Précis
Dalloz 1991, Paris, n° 737), lire aussi " Au service de la justice. La profession juridique de demain. Paris, Dalloz,
1967, p. 144.
78
Cour de cassation sera aussi saisi dans les 15 jours.

§11. De la discipline des avocats (art. 86 à 102 de l’ordonnance-loi sur le barreau)

1. Notion de faute disciplinaire


Est considérée comme faute disciplinaire pour un avocat :
- toute contravention aux lois et règlements ;
- toute infraction aux règles professionnelles ;
- tout manquement à la probité, à l'honneur ou à la délicatesse, même se rapportant à
des faits extra professionnels.

2. La grille des sanctions disciplinaires


- l'avertissement ;
- la réprimande ;
- la suspension pour un temps qui ne peut excéder une année ;
- la radiation du tableau de la liste de stage.
Chaque sanction emporte la privation du droit d'être élu bâtonnier ou membre du
Conseil de l'Ordre durant un temps qui ne peut excéder cinq ans.

3. Organe disciplinaire

Les fautes et manquements des avocats sont réprimés par le Conseil de l'Ordre
siégeant comme conseil de discipline statuant au premier degré, le Conseil National de l'Ordre
siège au degré d'appel.

4 .Règles de procédure disciplinaire

- le Conseil de l'Ordre peut interdire provisoirement l'exercice de ses fonctions à


l'avocat qui fait l'objet d'une poursuite pénale ou disciplinaire ;
- aucune peine disciplinaire, aucune mesure d'interdiction provisoire ne peut être
prononcée sans que l'avocat mis en cause ait été entendu ou appelé ;
- c'est le bâtonnier qui enquête sur le comportement de l'avocat mis en cause; si c'est le
bâtonnier lui même qui est concerné, l'enquête est menée par le membre du Conseil de l'Ordre
le plus ancien au tableau ;
- le bâtonnier peut décider soit de classer l'affaire sans suite soit de saisir le Conseil
d'Ordre ;
- tant devant le Conseil de l'Ordre que devant le Conseil National de l'Ordre, la
comparution personnelle de l'avocat poursuivi est requise sauf dispense. L'avocat mis en cause
peut se faire assister et, en cas de dispense de comparution personnelle, se faire représenter par
un confrère ;
- l'avocat poursuivi peut déférer devant le Conseil National de l'Ordre, la sentence
rendue par le Conseil de l'Ordre ;
- les décisions du Conseil National de l'Ordre rendues en matière disciplinaire ne sont
susceptibles, d'aucun recours ;
- la juridiction qui condamne un avocat pour des agissements contraires à l'honneur, à
79
la probité et aux bonnes mœurs, transmet une copie de sa décision au Conseil de l'Ordre aux
fins de radiation de l'avocat concerné au tableau de l'ordre ;
- l'avocat interdit ou suspendu doit s'abstenir de tout acte professionnel, il ne peut en
aucune circonstance faire état de sa qualité d'avocat ;
- l'avocat radié ne peut être inscrit à un tableau de l'ordre ou porté sur une liste des
stagiaires qu'après l'expiration d'un délai de 10 ans depuis la date où la décision de radiation est
passée en force de chose jugée et si des circonstances exceptionnelles les justifient.
L'inscription n'est permise que sur décision du Conseil National de l'Ordre, après avis
motivé et conforme du Conseil de l'Ordre du Barreau auquel l'avocat désire appartenir.

§12. Des organes du barreau

1. Au niveau de chaque ressort de Cour d'Appel

Les organes du barreau sont :


- l’Assemblée Générale,
- le Conseil de l'Ordre,
- le Bâtonnier.
a) L'Assemblée Générale
Elle comprend tous les avocats inscrits au tableau : les avocats stagiaires peuvent
assister aux travaux de l'Assemblée générale mais ne participent pas aux votes. Elle est
compétente pour élire le bâtonnier et les membres du Conseil de l'ordre. Elle peut porter à son
ordre du jour toute question intéressant l'exercice de la profession et le bon fonctionnement de
la justice.

b) Le Conseil de l'Ordre
Il est composé de trois à six ou neuf membres, selon le nombre des avocats constituant
le barreau. Il a pour attribution de traiter toute question intéressant l'exercice de la profession
notamment :
- veiller à la stricte observation des devoirs des avocats et à la protection de leurs
droits ;
- arrêter et modifier le règlement intérieur ;
- assurer le maintien des principes de probité, de désintéressement, de modération et
de confraternité ;
- veiller à ce que les avocats se comportent en loyaux auxiliaire de la justice ;
- traiter toute question intéressant la défense des droits des avocats et d'observation de
leurs devoirs ;
- veiller à la formation des stagiaires ;
- organiser un bureau de consultation gratuite en faveur des indigents ;
- gérer les biens appartenant au barreau ;
- les membres du Conseil de l'Ordre sont élus pour trois ans au scrutin secret par
l'Assemblée Générale.
c) Le bâtonnier
Il est élu pour trois ans, au scrutin secret, par l'Assemblée Générale. Il représente le
barreau, il veille à la discipline de tous les avocats, concilie les différends et assure le bon
80
fonctionnement du Conseil de l'Ordre. Toute communication faite au barreau ou au Conseil de
l'Ordre lui est adressée.

2. Au niveau national, les organes de l'Ordre National sont :


L'Assemblée Générale ;
Le Conseil National de l'Ordre ;
Le Bâtonnier National.

a) L'Assemblée Générale
Elle comprend tous les Bâtonniers et les membres des différents Conseils de l'Ordre ;
Elle se réunit au moins une fois par an ;
Elle délibère sur toutes les questions d'intérêt commun et sur les moyens à mettre en
œuvre pour sauvegarder l'honneur, les droits et les intérêts de la profession ;
Ses réunions sont présidées par le Bâtonnier National.

b) Le Conseil National de l'Ordre


- composé de 9 avocats ayant leur résidence à Kinshasa, le Conseil National de l'Ordre
est présidé par le Bâtonnier National ;
- il veille à la sauvegarde de l'honneur, des droits et des intérêts professionnels
communs aux avocats ;
- il détermine et unifie les règles et usages de la profession d'avocat ;
- il assure le fonctionnement de l'ordre ;
- il surveille le respect des règles de la déontologie par tous les avocats, il peut à cet
effet enjoindre aux organes disciplinaires de se saisir de tout fait dont il a connaissance et en
cas de défaillance de ces organes, évoquer les causes devant lui, même d'office.

SECTION 2 : DES DEFENSEURS JUDICIAIRE (Art. 125 a 141 de l’ordonnance-


loi sur le barreau)

§1.Notions et conditions d'accès à la profession


Les défenseurs judiciaires sont des auxiliaires de justice chargés d'assister ou de
représenter les parties, postuler, conclure et plaider devant les Tribunaux de Paix et les
Tribunaux de Grande Instance.
Les défenseurs judiciaires ne peuvent exercer leur ministère que devant les Tribunaux
de Grande Instance auprès desquels ils ont été inscrits, ainsi que devant les Tribunaux de Paix
faisant partie du ressort desdits tribunaux. Cependant, sur décision du Premier Président de la
Cour d'Appel, ils peuvent être admis à plaider devant tous les Tribunaux de Paix et de Grande
Instance du ressort de la Cour d'appel dans lequel se trouve le Tribunal de Grande Instance
auprès duquel ils sont inscrits.
Il est formé au siège de chaque Tribunal de Grande Instance, un tableau de défenseurs
judiciaires admis à exercer leurs ministères dans le ressort du tribunal. C'est le Tribunal de
Grande Instance siégeant à trois juges, en chambre du conseil, le Procureur de la République
entendu, qui statue sur l'admission au tableau. La Cour d'Appel siégeant à trois juges, examine
le recours contre toute décision d'admission ou de refus d'inscription au tableau.
Les conditions suivantes sont exigées pour être inscrit au tableau :
81
- être Congolais ;
- être titulaire d'un diplôme de gradué en droit délivré par une Université du Congo
ou d'un diplôme équivalent ;
- n'avoir pas été condamné pour des agissements contraires à l’honneur, à la probité
et aux bonnes mœurs ;
- n'avoir pas fait l'objet de sanction disciplinaire ou administrative de destitution, de
radiation ou de révocation, pour des agissements contraires à l'honneur, à la probité ou aux
bonnes mœurs.

§2. Des droits et des devoirs des défenseurs judiciaires

1. Les défenseurs judiciaires jouissent de toutes les prérogatives reconnues aux


avocats.
2. Les défenseurs judiciaires portent à l'audience la robe noire sans chausse mais avec
le rabat blanc.
3. Toutes les interdictions faites aux avocats sont applicables aux défenseurs
judiciaires.

§3. Des organes du corps des défenseurs judiciaires

1. L’Assemblée Générale
C'est la réunion de tous les défenseurs judiciaires,
Elle est présidée par le Président du Tribunal de Grande Instance,
Elle délibère sur tout sujet intéressant la profession de défenseur judiciaire,
Elle procède à l'élection d'un syndic et d'une chambre de surveillance.

2. Le syndic et la chambre de surveillance

Le syndic représente le corps des défenseurs judiciaires. Ensemble avec la chambre de


surveillance, composée de cinq membres, il veille à la moralité du corps, ils débattent de toute
question intéressant le corps, ils préviennent et concilient les différends d'ordre professionnel
entre les membres.

§4. Du régime disciplinaire

Le Tribunal de Grande Instance, siégeant en chambre du conseil à trois juges, statue en


tant que juridiction disciplinaire des défenseurs judiciaires.
Les défenseurs judiciaires mis en cause sont entendus ou appelés.
Les sanctions suivantes peuvent être prises :
- l'avertissement ;
- la réprimande ;
- l'interdiction d'exercer la profession pour un temps qui ne peut excéder un an ;
- la radiation du tableau des défenseurs judiciaires.

La Cour d'Appel siégeant en Chambre du conseil examine le recours contre la


82
sentence du Tribunal de Grande Instance.
Tant devant le Tribunal de Grande Instance que devant la Cour d'Appel, le défenseur
judiciaire mis en cause doit comparaître en personne sauf dispense.

SECTION 3 : INFORMATIONS UTILES SUR LES AVOUES

(Lire utilement : La justice et ses institutions n° 759 à 761)

§1. Définition
On appelle avoués les officiers ministériels qui ont profession de représenter les
parties devant les cours d'appel; ils sont chargés de postuler et de conclure; ils représentent
leurs clients devant la cour d'appel sauf dans les cas où leur ministère n'est pas obligatoire. Ils
interviennent uniquement en matière de litiges et des contestations de droit privé.

§2. Condition d'étude

L'avoué doit être licencié, maître ou docteur en droit, il doit passer un stage de 2 ans
dont un autre après d'un avoué, il doit passer avec succès l'examen professionnel.

§3. Les fonctions de l'avoué à la Cour

1. Les avoués postulent et concluent pour les plaideurs devant la Cour d'appel.
2. Ils peuvent compléter la juridiction auprès de laquelle ils exercent lorsqu'il n'y a pas
d'avocat présent dans la salle.
3. A titre exceptionnel, ils peuvent plaider notamment quand il y a grève d'avocats.

§4. Lien juridique qui unit l'avoué et son client

C'est un mandat général constitué en vue d'un procès.

N.B : En R.D.C. la profession d'avoué n'existe pas. C'est l'avocat qui fait tout.

83
DEUXIEME PARTIE :

DE LA COMPETENCE

84
INTRODUCTION

Il existe trois espèces de compétences :


- la compétence matérielle ou d'attribution ou ratione materiae ;
- la compétence territoriale ou géographique ou ratione loci ;
- la compétence personnelle ou ratione personae.

En matière pénale, c'est le taux de la peine (la gravité de l'infraction) qui détermine le
tribunal compétent matériellement. En matière civile, c'est la nature ou le montant de la
demande qui détermine le tribunal compétent matériellement. En matière administrative, la
compétence matérielle est déterminée jusqu'ici par le niveau de l'autorité qui a pris la décision
qui doit être annulée.
Nous verrons qu'il y a trois possibilités en matière pénale de déterminer la compétence
territoriale d'un tribunal. Le principe en matière civile est que le tribunal du domicile du
défendeur est celui qui est territorialement compétent. Le même principe est suivi en matière
administrative. Cependant il existe des règles particulières de fixation de compétence
territoriale en matière civile.
La compétence personnelle n'est concevable en principe qu'en matière pénale : mais
nous verrons que le législateur de l'époque coloniale a prévu une possibilité de compétence
personnelle en matière coutumière.
En matière coutumière, les tribunaux coutumiers sont compétents matériellement pour
juger les faits qui sont réprimés par la coutume ou par la loi écrite, lorsque celle-ci attribue
d'une manière expresse cette compétence aux tribunaux coutumiers.

85
CHAPITRE 1. LA COMPETENCE DES COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT
ECRIT

SECTION 1. LA COMPETENCE REPRESSIVE

Il s'agit d'analyser la compétence de chaque tribunal pour punir, sanctionner une


infraction qui est commise. Nous parlons ici de la compétence qu'on appelle matérielle (selon la
matière) ou " ratione materiae ". La loi congolaise fixe la compétence de chaque tribunal selon
la peine qui est prévue pour sanctionner une infraction en d'autres termes, la gravité de la peine
détermine le tribunal qu'il faut saisir.
Parlant de la compétence personnelle; nous allons voir ce qu’on appelle le " privilège
de juridiction ", c.-à-d. : pour certaines catégories de personnes, c'est leur rang social et non la
gravité de la peine, qui détermine le tribunal qui est compétent pour les juger lorsqu'elles ont
commis des infractions. La loi a voulu que les personnes ayant un rang social élevé ne puissent
pas être jugées par des tribunaux de rang inférieur, elles sont jugées par des tribunaux de rang
supérieur afin de ne pas leur donner l'occasion d'influencer les juges.

§1. Tribunal de Paix

L’organisation, le fonctionnement et les compétences des tribunaux sont actuellement


fixés par la loi-organique n°13/011-B du 11 avril 2013. Plusieurs sont les innovations apportées
par cette loi qui, par ailleurs abroge l’ordonnance de 1982 relative à l’organisation et la
compétence judiciaires.

- Le ressort des tribunaux de paix

Il existe un ou plusieurs tribunaux de paix dans chaque territoire, ville et commune.


Toutefois, la loi admet la création d’un seul tribunal de paix pour deux ou plusieurs territoires,
ville et commune80, ce qui renforce davantage l’impression que la volonté du législateur est de
rapprocher la justice des justiciables, même si les réalités sont décevantes sur le terrain avec des
territoires sans tribunaux et parfois des tribunaux sans juge. Le premier président de la cour
suprême de justice vient d’exprimer la volonté et la détermination du pouvoir judiciaire en
affectant les juges à des endroits où la loi prévoit l’installation des tribunaux de paix.

- La composition et de l’organisation

Le tribunal de paix est composé d’un président et des juges. En cas d’absence ou
d’empêchement, il est remplacé par le juge le plus ancien d’après la date et l’ordre de
nomination81.
Le tribunal de paix siège au nombre de trois juges en matière répressive, et à un seul
juge en matière civile.
Toutefois, le tribunal de paix siège au nombre de trois juge dont des notables du lieu

80
Article 7, loi-organique n°13/011-B, précitée.
81
Article 9, loi-organique n°13/011-B, précitée
86
désigné par le président de la juridiction82. Le président du tribunal de paix reprend ainsi au
ministre de la justice le pouvoir qu’il détenait de l’ancien Code d’OCJ. En plus, les juges
assesseurs ne sont plus fonctionnaires de l’Etat affectés aux différentes juridictions. Ils sont
désormais désignés pour accomplir à titre ponctuel, une mission relative à leur expertise
coutumière.
Le tribunal de paix siège avec le concours du ministère public et l’assistance d’un
greffier. Le concours du ministère devient obligatoire pour la composition régulière du siège ce
qui met fin à la double casquette du juge du tribunal de paix83.

- La compétence du tribunal de paix


La compétence, prise pour une autorité publique ou une juridiction, désigne l’aptitude
légale permettant à accomplir un acte ou à instruire et juger un procès84.
La loi reconnaît au tribunal de paix la compétence matérielle et la compétence
territoriale.
Plusieurs éléments peuvent être pris en considération pour déterminer la compétence
d’une juridiction. Il s’agit notamment de la nature des faits, du taux du litige, de la qualité du
justiciable et de la situation du bien objet du litige, ou du lieu de la commission de l’infraction,
de la résidence du suspect ou celui de l’arrestation.

 La compétence matérielle

Le tribunal de paix a une compétence matérielle en matière pénale et en matière civile.

- En matière pénale

La loi attribue aux tribunaux de paix une compétence en vertu de laquelle ils
connaissent des infractions punissables au maximum de cinq ans de servitude pénale principale
et d’une amende quel que soit sont taux, ou de l’une de ces peines seulement. Il a été jugé
qu’est fondé et entraine cassation partielle du jugement entrepris, le moyen pris de la violation
des articles 83 du code de l’organisation et de la compétence judiciaires et des articles 54, 55 et
58 du code de procédure pénale en ce que saisi des faits de meurtre punissable de plus de cinq
ans, le juge de paix les a connus alors qu’ils ne sont pas de sa compétence matérielle .
Lorsqu’un tribunal de paix se déclare incompétent en raison du taux de la peine à
appliquer, le jugement n’est pas susceptible d’appel. L’incompétence du tribunal ne peut être
invoquée que par la partie au procès. Elle peut aussi être déclarée d’office par le tribunal.
Les tribunaux de paix sont compétents pour prendre des mesures d’internement de tout
individu tombant sous l’application de la législation sur le vagabondage et la mendicité.
La loi du 10 janvier 2009 sur la protection de l’enfant a extrait du tribunal de paix la
compétence de prendre les mesures de garde, d’éducation et de préservation prévues en matière
d’enfance délinquante. Cette compétence est dévolue au tribunal pour enfants.
- En matière civile

82
Article 10,idem.
83
Article 17, idem.
84
S. GUINCHARD et alii, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 2011, p. 186.
87
En matière civile, les tribunaux de paix sont compétents pour connaître de toutes les
contestations portant sur le droit de la famille, les successions, les libéralités et les conflits
fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume.
En outre, ils connaissent de toutes les autres contestations susceptibles d’évaluation
pour autant que leur valeur ne dépasse pas deux millions cinq cent mille francs congolais.
Enfin, l’exécution des actes authentiques relève de la compétence des tribunaux de
paix.
La lecture du texte de l’article 110 laisse penser que les contestations portant sur les
successions sont de la compétence exclusive du tribunal de paix. Il n’en est pas ainsi en réalité.
La valeur de la succession détermine la juridiction compétente à recevoir l’action en
pétition d’hérédité. Ainsi, l’action en pétition est introduite devant le tribunal de paix lorsque la
valeur de la succession ne dépasse pas 100.000 zaïres. Elle est introduite devant le tribunal de
grande instance du domicile ou de la résidence du défendeur pour les autres héritages.
A la différence de l’ordonnance-loi du 31 mars 1982 qui, en son article 110, donnait
compétence au tribunal de paix de connaître des contestations susceptibles de l’évaluation pour
autant que leur valeur ne dépasse pas cinq mille zaïres, la loi-organique du 11 avril 2013 porte
cette valeur à deux millions cinq cent mille francs congolais.
Quelle que soit la valeur du litige, les présidents des tribunaux de paix, ou, à défaut les
présidents du tribunal de grande instance, là où les tribunaux de paix ne sont pas encore
installés, peuvent autoriser les saisies arrêts et les saisies conservatoires en matière civile ou
commerciale.
Il ressort de cette disposition que les présidents des tribunaux de grande instance n’ont
pas la compétence concurrente avec les présidents des tribunaux de paix en matière de saisie-
arrêt et saisie-conservatoire. Ils n’interviennent que pour suppléer à la carence des tribunaux de
paix.

§2.Tribunal de Grande Instance

Il est compétent pour juger les infractions punissables de la peine de mort et des
infractions punissables d'une peine qui dépasse cinq ans de prison ou des travaux forcés85.
Ce tribunal est aussi compétent pour examiner l'appel des jugements rendus par les
Tribunaux de Paix.
Le Tribunal de Grande Instance est aussi compétent pour juger les Conseillers
Urbains, les Conseillers des Zones Urbaines et Rurales et les Conseillers des Collectivités,
quelle que soit l'infraction qu'ils ont commise. C'est ce qu'on appelle la compétence personnelle
ou le privilège de juridiction.

- En matière civile

Les tribunaux de grande instance connaissent de toutes les contestations qui ne sont
pas de la compétence des tribunaux de paix. Toutefois, saisi d’une contestation de la
compétence des tribunaux de paix, le tribunal de grande instance statue au fond et en dernier
ressort si le défendeur fait acter son accord exprès par le greffier.

85
Art. 89, loi organique de 2013 sur l’OCJ.
88
Les tribunaux de grande instance connaissent de l’exécution de toutes décisions de
justice, à l’exception de celles des jugements des tribunaux de paix qui relèvent de la
compétence de ces derniers.
En vertu de l’art. 89 de la loi organique, les tribunaux de grande instance connaissent
en premier ressort les infractions commises par les conseillers urbains, les bourgmestres, les
chefs de secteur, les chefs de chefferie et leurs adjoints ainsi que par les conseillers
communaux, les conseillers de secteur et les conseillers de chefferie.
Cette nouvelle dérogation aux règles de compétence sous forme de privilège de
juridiction au profit des autorités de la petite décentralisation constitue une innovation apportée
par la loi organique sous examen.
La compétence matérielle des tribunaux de grande instance se répartit en matière
pénale et en matière civile.
En matière pénale, les tribunaux de grande instance connaissent des infractions
punissables de la peine de mort et d’une servitude pénale principale excédant cinq ans.
D’ailleurs, parfaitement compatible avec l’indépendance des magistrats qui, dans les
cours et tribunaux, conservent intact leur responsabilité et leur liberté de jugement.

§3.Cour d'Appel

Les Cours d'appel connaissent de l'appel des jugements rendus en premier ressort
par les tribunaux de grande instance et les tribunaux de commerce.
Elles connaissent également, au premier degré :
1) du crime de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité
commis par les personnes relevant de leur compétence et de celle des tribunaux de grande
instance ;
2) des infractions commises par les membres de l'Assemblée provinciale, les
magistrats, les Maires, les Maires adjoints, les Présidents des Conseils urbains et les
fonctionnaires des services publics de l'État et les dirigeants des établissements ou
entreprise publique revêtus au moins du grade de directeur ou du grade équivalent.

§5. La Cour de cassation

La Cour de cassation juge en premier et dernier ressort les personnes visées à l’art.
153, al. 3 de la Constitution, à savoir :
- Les membres de l’assemblée nationale et du Sénat ;
- Les membres du Gouvernement autres que le premier ministre ;
- Les membres de la Cour Constitutionnelle ;
- Les magistrats de la Cour de Cassation ainsi que du parquet près cette cour ;
- Les membres du conseil d’Etat et les membres du Parquet près ce conseil ;
- Les membres de la Cour des comptes et les membres du Parques près cette Cour ;
- Les premiers Présidents des Cours d’Appel ainsi que les Procureurs généraux près
ces cours ;
- Les premiers Présidents des Cours Administratives d’Appel et les procureurs près
les cours ;
- Les gouverneurs, les vice-gouverneurs de province et les ministres provinciaux ;
89
- Les Présidents des assemblées provinciales.

Elle connaît également des pourvois en cassation formés contre les arrêts et
jugements rendus en dernier ressort par les cours et tribunaux civils et militaires.

§6. Informations utiles sur les juridictions répressives en France

Les ouvrages de droit judiciaire souvent disponibles au Congo sont de droit français.
Leur consultation requiert d'être informé sur la répartition des juridictions pénales françaises.
C'est du reste la même répartition qu'on retrouve en droit belge.

1. Tribunal de police

C'est le tribunal qui est compétent pour juger les contraventions, c'est-à-dire les
infractions que la loi punit d'une peine de deux mois d'emprisonnement au maximum.

2. Tribunal correctionnel
Il est compétent pour juger les délits c'est-à-dire les infractions que la loi punit d'une
peine qui ne dépasse pas 5 ans d'emprisonnement.

3. Cour d'assises
C'est une juridiction composée de 3 magistrats de la Cour d'Appel et de 9 jurés (juges
populaires en quelques sortes).
Elle est compétente pour juger les crimes c'est-à-dire des infractions punissables de la
peine de mort ou d'une peine supérieure à 5 ans d'emprisonnement.
La Cour suprême de justice de la République, créée par la loi constitutionnelle du 27
juillet 1993 a pour compétence de juger des membres du gouvernement qui, dans l'exercice de
leurs fonctions des infractions. Elle est composée de 15 juges dont 12 parlementaires et 3
magistrats du siège de la Cour de cassation.
La Haute Cour de justice est compétente pour juger le Président de la République pour
haute trahison.

SECTION 2. LA COMPETENCE CIVILE DES TRIBUNAUX

§1. La compétence territoriale des tribunaux civils

Le mot civil doit être entendu ici dans le sens le plus large. Il ne s'agit en tout cas pas
des tribunaux statuant à l'égard des civils, l'épithète " civil " doit ici revêtir le sens juridique, il
s'agit donc des tribunaux qui jugent des litiges civils, ou mieux des litiges du droit privé lequel
englobe le droit civil, le droit du travail, le droit commercial, le droit coutumier.... Bien plus,
ces tribunaux dits " civils " connaissent également des actions patrimoniales dirigées par ou
contre les services publics. Est compétent le juge du lieu où l'une des infractions a été commise,
celui de la résidence du prévenu et celui du lieu où le prévenu aura été trouvé.
En procédure pénale, nous aurons l'occasion d'étudier les différents cas de prorogation
90
de cette compétence. La règle de base est que le juge du domicile ou de la résidence du
défendeur est seul compétent pour connaître de la cause. S'il y a plusieurs défendeurs, le
demandeur peut choisir le domicile de l'un d'eux. Les parties peuvent, si l'ordre public n'est pas
intéressé, déroger conventionnellement aux règles de la compétence territoriale. Elles peuvent
le faire soit par une clause attributaire de compétence soit par l'élection de domicile, soit en
comparaissant volontairement devant un juge autre que le juge naturel.

§2. La compétence personnelle des tribunaux civils

En principe, le problème de la compétence personnelle ne se pose qu'en matière pénale


car c'est là que l'on rencontre de nombreux cas du privilège de juridiction. Toutefois, il faut
signaler un cas du compétence personnelle en matière coutumière : lorsque le défendeur ou le
prévenu est un militaire en activité de service, un agent de l'administration, de l'ordre judiciaire
ou de la police territoriale, un juge, une autorité coutumière, communale ou lorsque le
demandeur est un juge, une autorité coutumière, communale ou territoriale, seul le tribunal de
territoire ou de ville connaît, à l'exclusion de tout autre tribunal des affaires dans lesquelles ces
défendeurs ces prévenus et demandeurs sont parties.

§3. La compétence matérielle des tribunaux civils

1. Règles ordinaires

1.1. La compétence matérielle est déterminée par la nature ou le montant de la


demande

- les fruits, intérêts, arrérages, dommages-intérêts, frais et autres accessoires ne sont


ajoutés au principal que s'ils ont une cause antérieure à la demande ;
- si la demande a plusieurs chefs qui proviennent de la même cause, on le cumule
pour déterminer la compétence ;
- si une somme réclamée fait partie d'une créance plus forte qui est réclamée, c'est le
montant de celle-ci qui détermine la compétence ;
- si une demande est formée par plusieurs demandeurs ou contre plusieurs défendeurs
en vertu d'un même titre, la somme totale réclamée fixe la compétence ;
- s'il y a contestation sur la validité d'un bail, on détermine la valeur du litige en
cumulant les loyers pour toute la durée du bail ;
- s'il y a résiliation du bail, on détermine la valeur du litige en cumulant les loyers à
échoir ;
- lorsqu'il n'existe pas d'autre base d'estimation, le litige est évalué par les parties,
sous le contrôle du juge.

91
1.2. Répartition de la compétence matérielle

a. Tribunal de paix

Il examine les contestations qui portent sur le droit de la famille, les successions, les
libéralités et les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume. Il nous faut
relever une grave lacune : la loi a omis d'attribuer compétence au tribunal de paix pour trancher
les litiges relatifs à la cour de façon générale.
Les Tribunaux de paix connaissent des infractions punissables au maximum de cinq
ans de servitude pénale principale et d'une peine d'amende, quel que soit son taux, ou de l'une
de ces peines seulement.
Le Tribunal de Paix est également compétent en matière d'exécution des actes
authentiques.

b. Tribunal de Grande Instance


Il examine toutes les contestations qui ne sont pas de la compétence du Tribunal de
(17)
Paix . Il est aussi compétent en matière d'exécution de toutes les décisions de justice sauf
celles de jugement au Tribunal de Paix (18).
Il examine également les problèmes relatifs à l'exécution des autres actes authentiques
(19)
.
Le Tribunal de Grande Instance examine l'appel des jugements rendus en premier
ressort par les Tribunaux de Paix (20).

1.3. La Cour d'appel


Elle examine l'appel des jugements rendus en premier ressort par les Tribunaux de
Grande Instance (21).

2. Règles spéciales

Les demandes reconventionnelles n'exercent, quant à la compétence, aucune influence


sur l'action originaire, c'est pourquoi les tribunaux connaissent de toutes les demandes
reconventionnelles quelque en soient la nature et le montant.
Les demandes fondées sur le caractère téméraire et vexatoire d'une action sont portées
devant le tribunal saisi de cette action (art. 142 de la loi organique du 11 avril 2013 sur
l’O.C.J.).
Le juge compétent pour statuer sur la demande principale, connaît de tous les incidents
et devoirs d'instruction auxquels donne lieu cette demande (art. 143 de la loi organique du 11
avril 2013 sur l’O.C.J.). En doctrine l'on dit que « le juge de l'action est le juge de
l'exception ».
Le juge devant lequel la demande originaire est pendante connaît des demandes en

17
) Art. 112 de la loi-organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ.
18
) Art. 112 idem
19
) Art. 113 idem
20
) Art. 114 idem
21
) Ibidem.
92
garanties.
En cas de litispendance (22) les règles suivantes s'appliquent et c’est en respectant
l'ordre ci-après :
1. La juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie au premier
ressort ;
2. La juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une disposition d'ordre
intérieur est préférée aux autres juridictions ;
3. La juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions.
En cas des demandes connexes devant les juridictions différentes, les règles suivantes
sont appliquées :
1. Les demandes pendantes devant le Tribunal de Paix peuvent, à la demande de l'une
des parties, être jointes à des demandes connexes pendantes devant le Tribunal de Grande
Instance. La juridiction ainsi saisie statue en premier ressort (art. 145 de la loi organique du 11
avril 2013 sur l’O.C.J.) ;
2. Lorsque les demandes pendantes devant les juridictions différentes de même rang
sont connexes, elles peuvent, à la demande de l'une des parties, être renvoyées à celle de ces
juridictions qui a déjà rendu une décision autre qu'une disposition d'ordre intérieur, sinon à la
juridiction saisie la première.

§4. La Compétence en matière fiscale

Le Tribunal de Grande Instance est le tribunal qui peut saisir le service des impôts
lorsqu'un habitant du pays refuse de payer les impôts qu'il doit à l'Etat.
La Cour d'Appel examine l'appel des jugements rendus au premier degré par le
Tribunal de Grande Instance.
La Cour d'Appel est saisie en premier et dernier ressort c'est-à-dire sans possibilité
d'appel pour examiner les recours introduits par le contribuable contre les décisions du service
des impôts lorsque ces décisions constituent la cotisation d'impôt ou d'accroissement d'impôt
établis d'office c'est-à-dire d'autorité.

§5. La compétence en matière administrative

La Constitution du 18 février 2006 telle modifiée, confie désormais la matière


administrative à l’ordre administratif de juridictions constitué d’un conseil d’Etat, des cours
administratives d’appel, et des Tribunaux administratifs
Le fonctionnement de l'Etat, de l'administration publique et des sociétés para-étatiques
peut, par les actes et décisions qu'ils prennent, causer du tort aux habitants du pays, en ce cas, la
personne qui a été lésée par ces actes ou ces décisions peut les attaquer en justice pour les faire
annuler, et si possible pour obtenir un dédommagement. C'est cela qu'on appelle « contentieux
administratif ».
Notons qu’au niveau de la Cour de cassation, le pourvoi en cassation c'est-à-dire
l'examen des demandes qui veulent voir cassé les jugements illégaux ou irréguliers prononcés
par ces tribunaux qui ont siégé au niveau d'appel. Nous devons ici faire remarquer que les

22 )
Il y a litispendance lorsque deux ou plusieurs juridictions compétentes se trouvent saisies à la fois des mêmes
faits intéressant les mêmes personnes.
93
Congolais n'ont pas encore assimilé le mécanisme de la cassation. Certains croient qu'ils
peuvent saisir la Cour de cassation dès l'instant où un mauvais jugement est rendu au premier
degré alors que la loi exige d'aller d'abord jusqu'à la juridiction d'Appel. D'autres s'imaginent
que la Cour de cassation constitue un 3ème degré de juridiction c'est-à-dire une juridiction qui
va comme devant le tribunal du premier degré ou devant la juridiction d'appel, interroger les
parties et entendre les témoins. Non. La Cour de cassation siège en matière de cassation, " juge
" les jugements pour vérifier s'ils n'ont pas violé la loi ou la coutume, elle ne juge pas les
causes, ni les affaires.
La Cour Constitutionnelle est chargée du contrôle de la constitutionnalité des lois et
des actes ayant force de loi, les lois organiques, avant leur promulgation, et les règlements
intérieurs des chambres parlementaires et du congrès, de la commission électorale nationale
indépendante ainsi que du conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication. Avant
leur mise en application, ils doivent être soumis à la cour constitutionnelle qui se prononce sur
leur conformité à la Constitution. Aux mêmes fins d’examen de la constitutionnalité, les lois
peuvent être avant leur promulgation par le Président de la République, déférées devant la Cour
Constitutionnelle par le Premier Ministre, le Président de l’Assemblée Nationale, le Président
du Sénat ou le dixième des députés ou Sénateurs (art.160 de la Constitution du 18/02/2006).

§6. Dérogation ou principe du juge naturel (32)

Le tribunal de territoire ou de la ville est seul compétent, pour juger les affaires
suivantes :
1. Les affaires dans lesquelles, un militaire de forces armées, un agent de l'Etat, un
juge coutumier, une autorité administrative de la chefferie ou de la collectivité est prévenu ou
défendeur.
2. Les affaires dans lesquelles un juge coutumier, une autorité administrative de la
chefferie ou de la collectivité est demandeur.

32
) Art. 16 de l'arrêté royal du 13 Mai 1938.
94
CHAPITRE 2. LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS MILITAIRES

En principe ce sont les militaires qui sont jugés par les juridictions militaires lorsqu'ils
ont commis des infractions (33 ).
Les juridictions militaires jugent des civils qui ont commis des infractions notamment
dans les cas suivants :
1. Lorsqu'il s'agit des personnes employées dans un établissement ou dans un service
de l'armée qui dépendent du Ministère de la Défense Nationale, qui ont commis des infractions
de toute nature au service de l'armée ou dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leurs
fonctions (34) ;
2. Lorsqu'il s'agit des civils qui provoquent, engagent ou assistent un ou plusieurs
militaires à commettre une infraction à la loi ou au règlement militaire (35) ;
3. Lorsqu'il s'agit des civils qui commettent des infractions dirigées contre l'armée, son
matériel ou ses établissements ou au sein de l'armée (36) ;
4. Lorsqu'il s'agit des civils qui ont autorités à accompagner une unité de l'armée (37).
5. Lorsque le pays se trouve en état de guerre ou d'urgence et que le Président de la
République fait remplacer les juridictions civiles par les juridictions militaires (38 ).
Les juridictions militaires n'ont aucune compétence pour juger les conflits ou
contestations purement civiles qui éclatent entre les militaires ou entre les militaires et les
civils ; ce sont en ce cas les juridictions civiles qui interviennent pour juger ces contestations.

SECTION 1. LA COMPETENCE MATERIELLE

Les juridictions militaires jugent les infractions d'ordre militaire et les infractions de
toutes sortes commises par des militaires (39 ).
Ce n'est pas la gravité de la peine prévue par la loi pour chaque infraction qui
détermine le tribunal militaire devant lequel un prévenu militaire doit comparaître car c'est le
grade que porte ce dernier qui détermine le tribunal compétent.
Mais de façon exceptionnelle, la loi rend compétent le tribunal militaire de police pour
juger les infractions punissables au maximum d'un an de prison et de la privation de grade -
ainsi que pour juger toutes les autres infractions lorsque la peine à prononcer ne doit pas,
compte tenu des circonstances, dépasser un an de prison et la privation de grade (40 ).
Mais nous devons signaler que même en ce cas, en réalité, le grade du militaire
détermine malgré tout le tribunal car ce n'est qu'un militaire de grade inférieur à celui de
général de brigade qui peut éventuellement comparaître devant le Conseil de guerre, de police
si l'infraction commise n'est punissable au maximum que d'un an.

33
) Art. 106 du Code judiciaire Militaire
34
) Art. 121, Idem
35
) Art. 127, idem
36
) Art. 127 idem
37
) Art. 127 idem
38
) Art. 70 de l'acte portant disposition constitutionnelle pour la période de transition
39
) Art. 76 du Code Judiciaire Militaire
40
) Art. 90, idem
95
SECTION 2. LA COMPETENCE PERSONNELLE

La compétence personnelle d'un tribunal militaire est déterminée par la qualité et le


grade que porte le prévenu militaire au moment de la commission de l'infraction ou au moment
de sa comparution devant le tribunal (41 ).
Lorsqu'un officier qui doit normalement être jugé par la haute cour militaire est
poursuivi en même temps qu'un officier qui doit normalement être jugé par le Conseil de guerre
supérieur, et que tous les deux sont poursuivis pour des infractions commises en des lieux
différents, ils sont tous jugés par la Haute Cour Militaire (42). Sont appelées infractions
connexes, des infractions distinctes commises par différentes personnes - lorsque ces
infractions sont reliées entre elles par un lien tel qu'il est indiqué pour une bonne administration
de la justice de les juger en même temps par un même tribunal (43).
Le tribunal militaire de garnison connaît de toutes les infractions punissables de la
peine de mort commises par les membres des forces armées d'un rang inférieur à celui de major
(art. 122 du C.J.M).
La cour militaire juge toutes les infractions commises par les membres des Forces
Armées d'un rang inférieur à celui de Général de Brigade. Elle juge également les personnes
justiciables devant la Cour d’Appel et n'ayant pas la qualité militaire sont jugés par les
juridictions militaires (44). Il juge également les membres du Conseil de guerre de garnison
poursuivis pour une infraction commise dans l'exercice de leurs fonctions
La Haute Cour Militaire est compétente envers les officiers généraux de l'armée ou
assimilés, les magistrats militaires, membres de la haute cour militaire et des cours militaires
poursuivis pour les infractions commises dans l'exercice ou à l’occasion de l'exercice de leurs
fonctions. Elle examine également les recours en annulation pour violation de la loi, dirigés
contre les jugements rendus par les juridictions militaires inférieures, elle examine également
les demandes en révision (45), c'est-à-dire des demandes qui visent à corriger des erreurs de fait
contenus dans des jugements qui normalement sont devenus définitifs parce qu'ils sont revêtus
de l'autorité de la chose jugée.

SECTION 3. LA COMPETENCE TERRITORIALE

Le tribunal militaire qui est compétent territorialement pour juger une infraction
commise par un militaire peut être soit celui du lieu où l'une des infractions a été commise, soit
celui du lieu où le prévenu a été arrêté (46).
Le conflit de compétence territoriale est réglé de la manière suivante :
Si l'un des tribunaux compétents territorialement est saisi, l'autre qui est également
compétent ne peut plus juger cette affaire (47) ;
Lorsque deux ou plusieurs tribunaux de même rang compétents territorialement, se
trouvent saisis de même faits, le tribunal saisi le premier est préféré aux autres (48).

41
) Art. 117 du Code judiciaire Militaire
42
) Art. 101 du code judiciaire militaire
43
) Les Nouvelles, Corpus, Juris, Belgici-Droit pénal, Maison Ferdinand Larcier, Bruxelles, 1956,
T.I., vol. I, n° 2236.
44
) Art. 121 du C.J.M
45
) Art. 120 du CJM
46
) Art. 113 idem
47
) Art. 113 du Code judiciaire Militaire
48
) Art. 114 du Code judiciaire Militaire
96
CHAPITRE 3. DES CONFLITS DE COMPETENCE

SECTION 1. LA LITISPENDANCE ET LA CONNEXITE

§1. Notion

Il y a litispendance lorsque deux ou plusieurs juridictions compétentes se trouvent saisies à la fois


des mêmes faits intéressant les mêmes personnes. Pareille situation peut se produire aussi bien en
procédure pénale qu'en procédure civile.

§2. Règles applicables pour mettre fin à la litispendance

Il y a quatre règles qui s'appliquent de façon alternative et non cumulative, c'est-à-dire l'une d'elle
suffit, selon le cas d'espèce, pour faire cesser le conflit de compétence :
 la juridiction saisie au degré d'appel est préférée à la juridiction saisie en premier ressort ;
 la juridiction qui a rendu sur l'affaire une décision autre qu'une disposition d'ordre intérieur est
préférée aux autres juridictions ;
 la juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions ;
 le tribunal du rang le moins élevé déclinera sa compétence86.
Une expédition de la décision de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au greffe
de la juridiction à laquelle la cause a été renvoyée.

SECTION 2. LE REGLEMENT DU JUGE OU CONFLIT DE JURIDICTION

§1.Notion

Il y a lieu à règlement du juge lorsque deux ou plusieurs juridictions judiciaires


statuant en dernier ressort se déclarent compétents pour connaître d'une même demande qui
concerne les mêmes parties.

§2. Procédure pour mettre fin à ce genre de conflit de compétence

Le règlement de juges peut être demandé par requête de toutes les parties à la cause ou
par le Ministère Public près l'une des juridictions concernées. C'est la Cour de cassation qui
désigne souverainement la juridiction qui connaîtra de la cause.
Nous devons noter que le règlement de juges est la manifestation claire que les règles
prévues pour mettre fin à la litispendance n'ont pas permis, pour une raison ou une autre, de
mettre fin à la litispendance. Il s'impose alors, pour prévenir la contrariété et ses conséquences
juridiques malheureuses, entre des décisions judiciaires rendues en dernier ressort, de recourir
au règlement des juges.

86
Art. 145, loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013, précité
97
SECTION 3. LE CONFLIT D'ATTRIBUTION

§1. Notion

Il y a conflit d'attribution lorsqu'une juridiction judiciaire et une juridiction administrative se


déclarent toutes deux compétentes ou incompétentes pour une même demande qui concerne les
mêmes parties.
Ce conflit oppose deux ordres de juridictions, en l’occurrence une juridiction de l’ordre
judiciaire et une juridiction de l’ordre administratif. Il en est ainsi du conflit qui pourrait naître entre
le conseil d’Etat et la cour de cassation concernant les mêmes parties. La constitution du 18 février
2006 telle que modifiée à ce jour, donne compétence à la Cour constitutionnelle à travers son article
161 alinéa 4, de connaître des recours contre les arrêts rendus par la Cour de cassation et le Conseil
d’Etat uniquement en tant qu’ils se prononcent sur l’attribution du litige aux juridictions de l’ordre
judiciaire ou administratif.

2. Procédure pour mettre fin au conflit

Le conflit d’attribution peut être positif ou négatif. Il est positif lorsque la Cour de cassation et
le Conseil d’Etat déclarent chacun une juridiction de l’ordre judiciaire pour la première et une autre
de l’ordre administratif pour le second compétente pour connaître d’un litige qui oppose les mêmes
parties. Dans ce cas, la Cour constitutionnelle désigne celle dont la compétence est la mieux fondée.
Ce conflit est négatif lorsque chacune de deux hautes juridictions déclare les Cours et tribunaux
de son ordre incompétents vis-à-vis d’un litige survenu entre deux parties. Il y a alors lieu de craindre
le déni de justice. Le rôle de la Cour constitutionnelle en pareille hypothèse sera de désigner la
juridiction dont l’incompétence n’est pas fondée.
En droit français87, la question du conflit entre deux ordres de juridiction est soumise au
Tribunal des conflits. En cas de conflit positif, le préfet adresse un déclinatoire de compétence sous
forme de mémoire à la juridiction de l’ordre judiciaire. Par cet acte, il revendique la compétence
d’une juridiction administrative.
Dans le cas de refus opposé à sa demande, le préfet prend, dans les quinze jours, un arrêté des
conflits en vue de contraindre le juge judiciaire à surseoir à statuer. Le Tribunal des conflits rend sa
décision dans les deux mois.
En droit congolais c’est une partie au procès qui saisit le juge de la Cour constitutionnelle. La
procédure à suivre est consacrée aux articles 66 et suivants de la loi-organique portant organisation,
fonctionnement de la Cour constitutionnelle :
A. En cas de conflit négatif
La partie qui s’estime lésée par de fait que deux juridictions sont déclarées incompétentes de
connaître de sa cause adresse une demande à la Cour. La demande doit prendre la forme d’une
requête. Pour qu’elle soit recevable elle doit intervenir dans le délai de deux mois à compter de la
signification de la décision d'où résulte le conflit88.
La requête doit être signée par un avocat au barreau près la Cour de cassation, porteur d’une
procuration spéciale signée par le requérant. Elle doit en outre porter les mêmes mentions que celles

87
GUINCHARD S., et BUISSON, J., Procédure pénale, Paris, Litec, 2000, n° 798, p. 455.
88
Article 69 de la loi sur la cour constitutionnelle
98
qui sont exigées pour un pourvoi en cassation.

B. En cas de conflit positif

Lorsque deux juridictions, l’une de l’ordre judiciaire et l’autre de l’ordre administratif se


déclarent compétentes, la juridiction du second ordre est appelée à surseoir à statuer sur le fond
jusqu'à l'expiration du délai imparti pour introduire la demande devant la Cour constitutionnelle et la
décision sur le conflit en cas de recours. Ce délai est de deux mois à dater de la signification de la
décision d’où résulte le conflit89.

89
Article 67 cour constitutionnelle.
99
TROISIEME PARTIE :

LE POUVOIR JUDICIAIRE

100
CHAPITRE 1. LES VOIES DE DROIT

Nous avons déjà vu que lorsqu'une infraction a été commise, la paix et la tranquillité
publique réclament qu'une peine soit infligée au " délinquant ". Nous avons également vu que
lorsque le titulaire d'un droit, se trouve lésé dans son droit, il va chercher soit à être rétabli dans
son droit soit à être dédommagé du préjudice subi.
Ainsi donc, toute personne, publique ou privée a la faculté de faire valoir ses
prétentions juridiques. Le tout est de savoir si la manière de s'y prendre est légitime. Tout
moyen légitime de faire valoir ses prétentions de droit doit être appelé " voie de droit ", ceci par
opposition au procédé qui consiste à recourir à n'importe quel moyen pour se faire justice,
procédé qui s'appelle " voie de fait ".
Nous pouvons distinguer 6 sortes de voies de droit :

SECTION 1. LA VOIE DE LA JUSTICE PRIVEE

L'expression doit être bien comprise, car il ne s'agit pas d'une voie de fait, mais d'une
voie de droit. En effet, la loi elle même permet dans certains cas, que l'on se fasse justice à soi-
même. Il reste entendu que l'exercice d'une telle voie de justice privée se trouve soumis à des
conditions légales. Voyons à présent certains cas autorisés par la loi.
a) en matière pénale :
- la légitime défense
- le droit d'arrestation qui appartient à tout particulier
b) en matière de droit privé :
- le droit de rétention dont peuvent user : le vendeur lorsque le prix n'a pas été payé et
le créancier gagiste
- l'exception non adimpleti contractus
- la compensation
c) en droit international public
- en l'absence de juridiction compétente, le droit de se rendre justice par rétorsion, par
représailles ou par guerre.
Cependant, la voie de la justice privée n'est pas l'idéal, elle est exceptionnelle, car son
exercice peut amener de graves difficultés susceptibles d'ébranler l'ordre public. Aussi, une
société bien organisée se doit-elle, pour éviter l'anarchie, d'organiser la voie juridictionnelle.

SECTION 2. LA VOIE JURIDICTIONNELLE

C'est la voie par laquelle on assure avec meilleure approximation de justice, le


règlement pacifique des litiges nés de l'opposition des prétentions de droit. L'on peut concevoir
la voie juridictionnelle sur le plan national et sur le plan international.

101
§1. Sur le plan national :

A. La voie juridictionnelle des cours et tribunaux :

Elle est imposée à tout le monde par la loi, comme modalité de règlement des litiges et
conflits, pour rétablir définitivement l'ordre juridique et la sécurité des relations sociales. Elle
exige la réunion de 3 conditions, à savoir :
a. la voie juridictionnelle des cours et tribunaux est obligatoire, c'est-à-dire imposée
par la loi
b. la décision judiciaire rendue définitivement doit être revêtue de l'autorité de la chose
jugée.
c. la décision judiciaire rendue définitivement doit pouvoir être exécutée par la force.

B. La voie juridictionnelle du compromis arbitral :

Les parties litigantes peuvent de commun accord désigner un " arbitre ", c'est-à-dire un
juge privé dont la mission sera de dire le droit et d'imposer aux parties une décision appelée "
sentence arbitral ". Mais ce recours à l'arbitrage est soumis à des conditions légales, notamment
celle concernant l'impossibilité de recourir à l'arbitrage sur une matière d'ordre public parce
qu'on ne peut pas transiger sur l'ordre public. Mais l'arbitre ne dispose pas de moyen de faire
exécuter la sentence arbitral, laquelle ne peut devenir exécutoire qu'à la suite d'une ordonnance
d'exequatur rendue par le juge du Tribunal de Grande Instance.

§2. Sur le plan international :

La voie juridictionnelle existe mais elle n'est pas parfaite parce qu'il n'existe pas une
autorité supra nationale disposant de la force nécessaire pour contraindre les Etats à soumettre
leurs différends à un tribunal et pour rendre obligatoire l'exécution de ses décisions. A titre
illustratif, comme juridictions internationales, nous pouvons citer :
 La Cour international de justice :
C'est une juridiction internationale créée par l'O.N.U, dont le siège se trouve à La
Haye (Hollande). Elle a double compétence :
a. Compétence consultative : il peut s'agir d'une pure consultation juridique sur un
point de droit ;
b. Compétence contentieuse : elle statue sur tous les litiges que les Etats lui
soumettent.
Il est à noter que seuls les Etats ont qualité pour se présenter volontairement devant la
Cour et que les arrêts de cette Cour n'ont pas de caractère exécutoire. L'art. 94 de la Charte des
Nations Unies dispose cependant qu'en cas d'inexécution d'un arrêt de la Cour internationale de
justice, l'autre partie peut saisir le Conseil de sécurité qui, s'il le juge nécessaire peut faire des
recommandations ou décider des mesures à prendre pour faire exécuter l'arrêt.

 La Cour permanente d'arbitrage :


Elle a été instituée par les Etats signataires par les Conventions de La Haye de 1899 et
de 1907. Elle est composée de plus de cents membres désignés à raison d'un maximum de
102
quatre par Etat pour six ans. Son siège se trouve à La Haye. La R.D.C. a adhéré aux
conventions ayant créé cette cour. Pour chaque litige, les Etats doivent choisir des arbitres du
tribunal dans la liste ainsi constituée.

 La Cour européenne des droits de l'homme :


Elle siège à Strasbourg, elle peut connaître des violations alléguées de la convention
européenne du droit de l'homme. Le défendeur ne peut être qu'un Etat qui accepte de
comparaître. Le demandeur ne peut être qu'un Etat ou la Commission européenne composée
des personnalités indépendantes (situation jusqu'en 1990). Un Comité des Ministres est chargé
de surveiller l'exécution de l'arrêt qui peut accorder aux particuliers, victime d'une violation de
la convention une " satisfaction équitable " qui est une indemnité à la charge de l'Etat
défendeur90.

 Le tribunal pénal international :


Il siège à La Haye pour juger les crimes contre l’humanité commis durant la guerre de
Bosnie. Un autre a son siège à Arusha (Tanzanie), il doit statuer sur le génocide commis au
Rwanda.

SECTION 3. LA VOIE DU PREALABLE

La règle générale applicable aux personnes de droit privé entre elles, est que l'on ne
peut jamais procéder à des mesures d'exécution forcée sur les biens et à plus forte raison sur la
personne d'autrui, sans avoir obtenu au préalable un jugement. C'est de cette obligation de
passer devant le juge avant d'en arriver à l'exécution forcée, qu'est souvent dispensée
l'administration.
Ses décisions ont à la fois le caractère obligatoire et même, en de nombreux cas le
caractère exécutoire91. La conséquence en est que l'administré se trouve placé dans une
situation d'infériorité, car son recours devant le juge n'est pas suspensif de la décision
administrative qu'il critique, en général il lui faut obéir d'abord, il ne pourra protester 92
qu'ensuite d'où l'expression " privilège du préalable " pour caractériser ce pouvoir dont dispose
l'administration. Ce privilège trouve son fondement dans la présomption que les organes de
l'Etat agissent dans l'intérêt dominant de la communauté et qu'ils peuvent ainsi eux -mêmes
exécuter leurs décisions unilatérales.
Il faut cependant noter que ces décisions peuvent être soumises à un contrôle
juridictionnel mais un contrôle postériori et ce soit devant la section administrative d'une Cour
d'Appel soit devant la Cour de cassation.

SECTION 4. LA VOIE PAREE

En principe la force exécutoire n'est accordée que pour exécuter un jugement régulier
ou un acte notarié. Cette force exécutoire est accordée au moyen de la grosse. Cependant, en un
cas particulier, la loi a permis que la convention des parties soit exécutoire par la force par le

90
J. Vincent, S. Guinchard, G. Montagnier et A. Verinard, op. cit, n° 152 et 153
91
M. WALINE, Droit administratif, 9è édition, n° 22, lire aussi A. RUBBENS, op. cit., T.I, n° 7, pp. 15 et 16
92
Idem
103
seul effet de la volonté des parties. C'est le cas de la vente par voie parée d'un immeuble
hypothéqué : la clause de voie parée permet au bénéficiaire de se payer de sa créance en
réalisant le bien d'autrui. Mais la loi prévoit cependant un commandement préalable et un
contrôle judiciaire ; le commandement énoncera que faute de paiement dans un délai d'au
moins 15 jours, il sera procédé aux formalités tendant à l'expropriation de l'immeuble, s'il n'est
pas satisfait au commandement, le créancier adresse au juge du Tribunal de Grande Instance,
une requête aux fins d'être autorisé à faire procéder à la vente93.

SECTION 5. LA VOIE DE L'INJONCTION JUDICIAIRE

Plusieurs pays ont adopté la procédure d'injonction judiciaire, qui se rapproche de la


voie parée. La Belgique94 et la France 95 l'ont fait. Cette procédure consiste pour un créancier à
obtenir du Président du tribunal, l'autorisation de faire à son débiteur une injonction de payer, à
défaut pour le débiteur d'y opposer un contredit, le juge vise l'injonction pour exécution. Il ne
s'agit cependant pas de la voie juridictionnelle même s'il y a un contrôle judiciaire96.

En droit Congolais, il nous est permis de soutenir que cette procédure a été introduite
sous une forme plus simplifiée encore, en effet, l’art. 741 et 746 du Code de la Famille
prévoient que les grossiers des Tribunaux de Paix et des Tribunaux de Grande Instance ainsi
que les huissiers de justice, peuvent à la requête des créanciers, percevoir les sommes
alimentaires relatives à l'obligation alimentaire des mains des débiteurs et les verser aux
créanciers d'aliments.

SECTION 6. LA CONCILIATION OU LA PALABRE

Une sentence populaire dit que mieux vaut un mauvais arrangement qu'un bon procès.
En Afrique cette sentence constitue une philosophie de vie sociale tant on est
traditionnellement convaincu que le dialogue et la concertation sont des valeurs sociales
irremplaçables dans le règlement des conflits en société. La palabre dite africaine permet à
chaque partie d'avoir la satisfaction morale et psychologique de vider le rinceur et la haine
accumulée, de ménager l'amour propre des parties car il n'y a ni vainqueur ni vaincu et la paix
sociale est atteinte. Il est vraiment regrettable que la vertu du dialogue et la concertation,
richesses ancestrales, soient souvent absentes dans les négociations politiques. Des pays
d'Europe, qui ont depuis ces millénaires perdu cette grande valeur sociale, ont senti la nécessité
de la ressusciter même au niveau de la justice. En France par exemple est née l'institution du
conciliateur, une sorte de juge privé désigné dans un quartier pour régler à l'amiable de petits
litiges de droit privé. Cette institution donne pleine satisfaction dans la mesure où, grâce à elle,
la paix sociale est préservée dans la cité.
Toujours en France, la conciliation est réaffirmée dans le nouveau Code de procédure
civile comme l'une des missions du juge, mieux encore, la conciliation ne se limite plus au

93
A. RUBBENS, op. cit., T.I, n° 6, Code Congolais, Tome I, p. 180, arrêté royal du 21 Novembre 1925 tel que
modifié par l'arrêté royal du 2 Décembre 1955 relatif à la vente par voie parée
94
Code judiciaire du 10 Octobre 1967, art. 1338 à 13344
95
Lexique de termes juridiques, Dalloz, 1985, Vème injonction de payer, p. 246
96
A. RUBBENS, op. cit., T.I, n°8
104
domaine du droit privé puisque, elle intervient en droit administratif avec l'institution du "
médiateur de la République ". Cette nouvelle forme de régulation non-contentieuse des
relations entre les administrations publiques (Etat, services publics, collectivités locales) et les
citoyens a été introduite en France par la loi du 3 janvier 1973. Le médiateur peut être saisi par
un citoyen qui se plaint du fonctionnement de l'administration ; si la réclamation lui parait
justifiée, il peut faire toutes recommandations de nature à régler la difficulté. Si la réclamation
porte sur l'application d'un texte qui risque d'aboutir à une iniquité, le médiateur peut
recommander à l'administration toute solution permettant de régler en équité la situation du
requérant. Mais il y a un filtrage des réclamations manifestement infondées ou abusives,
filtrage consistant à exiger que le médiateur ne puisse être saisi que par un parlementaire qui
devra en fait apprécier si la réclamation mérite une suite97.
Au Congo, il est créé "le médiateur", organe qui a la mission d'assurer et de garantir
les droits fondamentaux de l'homme, il aura notamment à s'interposer entre l'administré et
l'administration, entre le justiciable et la justice ou entre les citoyens les plus faibles 98.
En matière de droit privé l'institution appelée " amiable compositeur " constitue une
modalité particulière de conciliation ou la palabre africaine dans la mesure où l'amiable
compositeur cherche une solution acceptable pour les parties plutôt qu'une rigide sentence de
justice.
En droit international l'on recourt très souvent à la conciliation par la voie des
négociations diplomatiques en vue de conclure des traités de paix qui mettent fin à un conflit
armé ou des conventions préventives de la guerre. Dans ce genre de négociation, la solution
recherchée est la paix et pour l'atteindre, on est prêt au besoin à ménager la face de la partie qui
doit en faire les frais99.

97
Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, n° 34 à 40
98
Lire Rapport de la Commission Juridique de la C.N.S, p. 701
99
A. RUBBENS, op. cit., T.I, n° 3
105
CHAPITRE 2. LA FONCTION JURIDICTIONNELLE

La voie juridictionnelle se caractérise par le recours à une autorité capable de dire le


droit et de le faire respecter. Il s'agit maintenant de circonscrire de façon plus précise cette voie
et de la distinguer des autres fonctions de l'Etat. La question complexe à laquelle nous devons
tenter de répondre est celle de savoir quand y a-t-il juridiction, en d'autres termes qu'est-ce que
l'acte juridictionnel ?

SECTION 1. LA DEFINITION DE L'ACTE JURIDICTIONNEL

Jamais le terme juridique n'a engendré tant de controverses doctrinales et


jurisprudentielles. Nous en tenant à la doctrine, nous relevons deux grandes écoles dans la
définition de l'acte juridictionnel. Ces écoles ont tenté de préconiser les critères caractéristiques
de l'acte juridictionnel.

§1. L'école des critères formels

A son tour l'école des critères formels se subdivise en trois tendances :

A. Tendance préconisant le critère organique


L'acte juridictionnel, selon cette tendance, est celui qui émane d'une juridiction, c'est-
à-dire d'une autorité constituée en forme de tribunal et jouissant des garanties d'indépendance et
d'impartialité100.
Certes, ce critère doit entrer en ligne de compte dans la définition de l'acte
juridictionnel mais il contient certaines faiblesses. En effet, outre le fait que ce même critère se
rencontre dans les actes administratifs, il faut encore noter que ce critère peut faire défaut à
certains actes tenus unanimement pour juridictionnels101.

B. Tendance préconisant le critère procédural

Cette tendance soutient que pour définir l'acte juridictionnel, il faut avoir égard à la
manière dont s'élabore cet acte. Ainsi entreront en ligne de compte102 :
- le caractère contradictoire des débats ;
- la publicité de l'audience ;
- la motivation de la décision.

Certes la procédure utilisée peut être un indice du caractère juridictionnel d'un acte,
mais ce critère ne peut à lui seul suffire car certains actes non juridictionnels sont élaborés dans
le respect de la procédure (débat contradictoire, motivation de la décision)
Ex : - décision de jury de délibération ;

100
H. SOLUS et R. PERROT : Droit judiciaire privé, T.I, n° 471
- J. DEMBOUR : Les actes de la tutelle administrative en droit belge, Bruxelles, 1955, n° 16
101
Carré de Malberg : Contribution à la théorie Générale de l'Etat, T.I., Paris, 1920, p. 768 et 782
102
J. MABILEAU : De la distinction des actes d'administration active et des actes administratifs juridictionnels,
thèse pour le doctorat, Paris, 1943, p. 113.
106
- décision disciplinaire dans l'administration.

C. Tendance qui considère la force attachée à l'acte juridictionnel

L'acte juridictionnel a un effet capital qui n'appartient qu'à lui seul : c'est l'autorité de
la chose jugée. Ainsi, cette autorité serait le critère spécifique de l'acte juridictionnel103.

Logiquement, l'autorité de la chose jugée ne peut être retenue comme critère de l'acte
juridictionnel car elle est la conséquence de la nature juridictionnelle d'un acte. Un acte possède
l'autorité de la chose jugée, ce n'est pas parce qu'un acte est dépourvu de l'autorité de la chose
jugée, que nécessairement il n'est pas juridictionnel104.
Ainsi de tous les critères formels proposés par les auteurs, aucun ne peut à lui seul
définir l'acte juridictionnel.

§2. L'école des critères matériels

Ici également, les auteurs se divisent en trois tendances.

a) Tendance définissant l'acte juridictionnel par son but


Dans une première formulation de cette tendance, il est affirmé que l'acte
juridictionnel est celui qui tend à assurer la protection de l'ordre juridique. Il tend donc à
produire des effets conformes à l'intérêt particulier, ceci par opposition à l'acte administratif
qui, lui, produit des effets conformes à l'intérêt général.
Dans une autre formulation, l'on soutient que le centre de gravité de l'acte
juridictionnel réside dans la constatation du juge : la constatation suffit pour qu'il y ait acte
juridictionnel105.

La première formulation pêche par le fait qu'elle établit une opposition arbitraire dans
les buts poursuivis par l'acte administratif et l'acte juridictionnel. L'acte juridictionnel ne
poursuit pas toujours un but d'intérêt privé car l'Etat aussi peut être demandeur en justice.
D'autre part, il existe des actes administratifs qui réalisent un but purement personnel, donc
privé. Dans la deuxième formulation, nous devons relever qu'il n'est pas du tout exact que la
constatation suffit pour qu'il y ait acte juridictionnel car en effet ce qu'on demande au juge c'est
d'apporter un apaisement social par sa décision. Il s'agit de sauvegarder la santé sociale ; par
conséquent l'essentiel qu'on attend de lui c'est une décision. Bien sûr pour y arriver, il doit
constater les éléments de fait et de droit. Mais la seule constatation ne peut produire une
quelconque modification dans l'ordonnancement juridique.
Par ailleurs, il est erroné de ranger l'acte de juridiction gracieuse dans la catégorie des
actes administratifs, même sous l'étiquette d'acte d'administration judiciaire parce que dans

103
R. JAPIOT : Traité élémentaire de procédure civile3è édit., 1935, p. 125,
P. LAMPUE : La notion d'acte juridictionnel, Paris, 1945, p. 45. ; P. WIGNY : Droit administratif
principes généraux, 4è édit., Bruxelles, 1962, pp. 375-376, n° 468.
104
JELLINECK : L'état moderne et son droit, 1904, T. II, p. 317
ARTHUR : Séparation des pouvoirs et séparation des fonctions, R.D.P., 1900, T.I., p. 237 et S. T.2, p. 263.
105
M. Chrétien : les règles de droit d'origine juridictionnelle. Leur formation, leurs caractères, thèse Lille, 1936, p.
11
107
l'acte de juridiction gracieuse le juge dit le droit applicable, alors que l'acte d'administration
judiciaire est relatif au fonctionnement du tribunal : exemple : règlement des audiences.

b) Tendance définissant l'acte juridictionnel par sa structure

L'idée est la suivante : l'acte juridictionnel est celui qui est composé :
- D'une constatation et d'une décision-conséquence. Ce qui fait l'unité et le caractère de
l'acte composé de ces deux éléments, c'est le rapport logique qui existe entre eux, et qui les rend
indivisibles parce que le second est commandé nécessairement par le premier et déterminé par
lui dans son contenu :
S'il est vrai que la structure ainsi énoncée se retrouve dans l'acte juridictionnel, il n'est
cependant pas permis de soutenir qu'un autre acte, non juridictionnel, ne peut comporter la
même structure106.
Nous venons ci-dessus de reconnaître que la constatation est nécessaire pour amener la
décision mais la constatation à elle seule ne suffit pas.

C .Tendance qui définit l'acte juridictionnel par l'existence d'une contestation

La plupart de temps, l'acte juridictionnel suppose qu'il y a une contestation, un conflit


qu'il faut régler. Ainsi le but même de l'acte juridictionnel est de trancher cette contestation.
C'est la conception la plus largement répandue.

L'objection la plus fondamentale que l'on peut formuler à l'encontre de ce critère est
qu'il est extérieur à l'acte juridictionnel. En effet, la contestation existe bien avant, l'acte
juridictionnel intervient bien après ; la contestation ne peut tout au plus que servir de signe
indicatif du caractère juridictionnel de l'acte mais elle ne peut le caractériser107.
Par ailleurs, dans la conception contemporaine de l'acte juridictionnel telle que nous
l'étudierons, il peut y avoir acte juridictionnel sans qu'il y ait nécessairement contestation. Enfin
l'on fait également observer que l'administration tranche également des contestations sans pour
autant que ses décisions acquièrent le caractère juridictionnel.

106
- L. DUQUIT : Traité du droit constitutionnel, 3è éd. T. II, 1925, 20 p., 418 et s.
- H. ROLAND : Chose jugée et tierce opposition, Thèse pour le doctorat, Paris, 1950, p. 140 et s., n°117 et s.
107
- HAURION : Les éléments du contentieux, recueil de l'académie de législation de Toulouse, 1905, p. 1 et S.
- VIZIOZ : Etudes de procédure, Bordeaux, 1936, p. 241, n° 51.
- P. HEBRAUD : Recueil des académies de législation de Toulouse, 1949, p. 176 et 208.
- A. RUBBENS : op. cit., T.I., n° 80.
- Dominique Le NINIVIN :La juridiction gracieuse dans le nouveau code de procédure civile, Litec, Paris, 1983,
n° 53, 54 et 95.
- J. Vincent, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER et A. VARINARD : La justice et ses institutions, Paris,
Dalloz, 1991, n° 913.
108
CONCLUSION

Aucun critère matériel ne peut à lui seul définir exhaustivement l'acte juridictionnel.
Il faut combiner divers critères pour avoir de l'acte juridictionnel, une notion exacte et
exhaustive, c'est l'application d'une loi que l'on peut observer dans la nature, la perfection ne
s'obtient que par l'apport de divers éléments qui, en s'unissant, réalisent l'harmonie. Mais quels
critères combiner? Dans la catégorie de critères formels, nous retiendrons le critère organique
et le critère procédural. Dans la catégorie des critères matériels, nous retiendrons :
- le critère de l'existence sinon d'une contestation à tout le moins d'un litige, c'est-à-
dire d'une prétention juridique que l'on soumet au juge en lui demandant de dire le droit
applicable,
- et surtout le critère de la structure complexe, dans laquelle une place prépondérante
doit être réservée à l'élément " décision " car c'est lui qui réalise la vocation sociale de l'acte
juridictionnel, c'est-à-dire le rétablissement de la santé sociale au tribunal, sauf lorsque la
matière intéresse l'ordre public. Normalement, même si un conflit a éclaté, les titulaires de
prétentions juridiques ont la faculté de vider ce conflit à l'amiable.
En revanche, il est des situations dans lesquelles il n'y a pas conflit mais dans
lesquelles la loi ordonne aux titulaires de droits de recourir à la justice. C'est cela la situation
gracieuse. Ainsi donc, nous pouvons dire que l'acte de juridiction gracieuse est celui qui est
rendu en l'absence de toute contestation et sur l'obligation légale de recourir à la justice108.
Les critères ci-dessus présentés ne sont cependant pas à l'abri de toute critique. Ainsi,
l'on peut formuler à propos du critère d'absence de contestation la même objection, élément
extérieur à l'acte juridictionnel, ne peut valablement définir ce dernier, tout au plus permet-il de
faire pressentir la nature juridictionnelle de l'acte, de même peut on affirmer que l'absence de
contestation, élément extérieur à l'acte de juridiction gracieuse, ne peut valablement définir
l'acte gracieux, mais elle permet de faire pressentir le caractère gracieux de l'acte.
Au critère de la nécessité légale de l'intervention judiciaire l'on peut reprocher le fait
que cette nécessité peut quand même se rencontrer dans un acte de juridiction contentieux,
notamment lorsque la cause intéresse l'ordre public, la capacité ou l'état des personnes. Aussi
est-il nécessaire de procéder à une combinaison des critères.
Ainsi un acte juridictionnel, au sens premier du terme, doit répondre aux critères :
formels (organique et procédural) et matériels (existence au moins d'un litige et structure
complexe).

SECTION 1. L'ACTE DE JURIDICTION GRACIEUSE

Le législateur Congolais confie au juge ou au tribunal des tâches de plus en plus


nombreuses consistant à dire le droit en l'absence de toute idée de contestation. Doctrine et
jurisprudence se querellent toujours à propos de ce phénomène que l'on nome " la juridiction
gracieuse ".

§1.La notion de l'acte de juridiction gracieuse

108
Lire à ce sujet : la juridiction gracieuse dans le nouveau code de procédure civile, Litec, Paris, 1983, n° 53 et 154
109
Divers critères sont proposés pour tenter de cerner la notion d'acte de juridiction
gracieuse. Pour notre part, nous retiendrons deux principaux critères.

A. Critère d'absence de contestation


C'est le critère capital qui doit se retrouver de façon nécessaire dans tout acte de
juridiction gracieuse. L'acte de juridiction gracieuse est donc la décision du juge ou du tribunal
rendue en vue de dire le droit mais en l'absence de toute contestation.

B. Critère de la nécessite légale de l'intervention judiciaire


En principe, le commerce juridique se caractérise par la liberté des titulaires de droit,
qui n'ont aucune obligation légale de soumettre leurs rapports juridiques au juge ou précédents
devront s'ajouter deux autres :
- le critère de l'acte introductif : normalement l'acte gracieux est introduit par voie de
requête
- le critère de l'étendue des pouvoirs du juge du gracieux. En effet, lié par le principe
dispositif et le principe du contradictoire, le juge du contentieux dispose d'une marge de
manœuvre plus étroite. En revanche, le juge du gracieux, privé de l'éclairage bénéfique des
débats contradictoires, sera amené à éclairer sa religion lui-même, la seule limite étant de ne
pas user des moyens de preuve interdits par la loi.

§2.Le fondement de l'acte de juridiction gracieuse

L'on peut se demander pourquoi le législateur a-t-il senti la nécessité de créer à côté de
la juridiction contentieuse, une juridiction dite gracieuse? Il y a 4 considérations qui sont à la
base :
- sauvegarder l'ordre public : il s'agit de surveiller les rapports juridiques privés qui
touchent à l'ordre public, de façon à empêcher que la paix sociale ne soit troublée notamment
par l'atteinte portée à des valeurs sociales hautement respectables et l'ordonnance d'investiture ;
- assurer la tutelle judiciaire : ici il est question de porter secours à ceux qui sont
juridiquement faibles et d'empêcher leur exploitation par des personnes socialement plus
puissantes, jugement homologuant l'adoption ;
- contrôler l'exercice du droit : souvent les titulaires légitimes des droits exercent un
commerce juridique désorganisé qui amène les tensions sociales ; aussi le législateur exige-t-il,
pour éviter la naissance d'une telle situation, que certains droits soient contrôlés avant leur
exercice. Par exemple l’ordonnance autorisant la saisie conservatoire ;
- concourir à la naissance ou à la perfection des rapports juridiques privés : souvent, le
législateur dispose que la pleine validité d'un acte ne se réalise que si le juge ou le tribunal
l'autorise, l'homologue ou le ratifie, l'ordonnance d'exequatur d'une sentence arbitrale.

§3.Quelques exemples des actes de juridiction gracieuse

Nous relevons d'abord que les actes de juridiction gracieuse sont de deux genres :
- il y a les ordonnances gracieuses ;
- et il y a les jugements gracieux.

110
Au titre d'ordonnances gracieuses, nous citerons :
- l'ordonnance d'abréviation de délai ;
- l'ordonnance permettant la délivrance en débat ;
- l'ordonnance de dispense de consignation des frais.
Au titre des jugements gracieux, notons :
- le jugement homologuant le P.V de conciliation en matière de conflit individuel du
travail ;
- le jugement autorisant l'exequatur des jugements rendus à l'étranger ;
- le jugement de déclaration d'absence.

§4.La nature des actes de juridiction gracieuse

La théorie classique de la nature administrative de l'acte gracieux

La théorie classique qui continue jusqu'à ce jour à considérer l'acte de juridiction


gracieuse comme ayant un caractère administratif. Le raisonnement de l'école classique est le
suivant : l'acte de juridiction gracieuse a une nature administrative parce que :
- il ne juge rien
- il n'a pas l'autorité de la chose jugée, ce qui permet sa rétractation.
Ce raisonnement ne nous paraît pas fondé. Il n'est pas du tout vrai que l'acte gracieux
ne juge rien, la théorie classique, influencée en cela par le droit romain, de type très libéral,
donne à la juridiction la seule mission de trancher des conflits, le recours à la justice ne se
conçoit qu'à l'occasion d'un conflit.
Or, juger c'est dire le droit applicable. Ceci peut parfaitement se faire en l'absence de
tout conflit. Par ailleurs, l'acte de juridiction gracieuse n'est pas complètement dépourvu
d'autorité de la chose jugée, car dès l'instant où l'on admet que l'acte gracieux dit le droit, il est
revêtu de cette autorité, celle-ci étant la présomption de conformité à la vérité légale. Il est vrai
cependant qu'une telle autorité, vu l'absence des débats contradictoires, ne présente pas les
mêmes garanties de stabilité, elle est donc atténuée. Enfin, même en nous plaçant sur le terrain
de la théorie classique, l'acte gracieux garde une nature juridictionnelle étant donné que les
critères retenus pour définir l'acte juridictionnel peuvent se retrouver dans l'acte gracieux : c'est-
à-dire :
- le critère organique est dans une certaine mesure le critère procédural
- le critère de l'existence du litige et le critère de la structure complexe.

B. La théorie du Welfare-State et la nature juridictionnelle de l'acte gracieux

L'Etat intervient de plus en plus dans la vie sociale et économique du pays. Il le fait
dans le souci d'empêcher l'exploitation d'une catégorie des habitants par une autre. Ceci est plus
particulièrement vrai dans les pays en voie de développement. C'est la naissance de l'Etat-
Providence (Welfare-State). Cette tutelle de plus en plus insistante de l'Etat sur le plan social et
économique, se traduit sur le plan judiciaire par une multiplication des cas dans lesquels la loi
donne à un organe juridictionnel (juge ou tribunal) la mission d'assurer la tutelle des habitants
d'un pays. L'organe judiciaire devient ainsi l'instrument de la socialisation du droit voire de la "
moralisation " du droit.
111
Par ce fait, l'acte de juridiction gracieuse a acquis, de plein droit, la nature
juridictionnelle. Nous concluons donc en soutenant que la nature juridictionnelle de l'acte
gracieux peut résulter soit de la théorie classique, soit de la théorie du Welfare-State.

112
CHAPITRE 3. LA THEORIE DE L'ACTION

SECTION 1. DEFINITION DE L'ACTION

§1.Confusion entre l'action et le droit

Certains auteurs ont confondu action et droit. Cette confusion provient sans doute de
ce que l’action et le droit en retiennent des relations très étroites. En effet, l'on admet que le "
droit d'agir en justice " appartient à toute personne dont un droit subjectif est contesté, menacé
ou enfreint, cette personne s'adresse à la fonction juridictionnelle de l'Etat, pour voir son droit
confirmé, protégé ou restauré s'il échet. De même, l'on constate que lorsqu'une personne
possède la plénitude du droit, elle possède aussi l'action qui lui permet de faire valoir son droit
en justice. Parmi les auteurs qui ont confondu " action " et " droit " , nous citerons Demolombes
pour qui " l'action " est le droit lui-même, mis en mouvement, c'est le droit à l'état d'action au
lieu d'être à l'état de repos, le droit à l'état de guerre au lieu d'être à l'état de paix ".

§2. Nécessité de la distinction de l'action et du droit

Des impératifs de deux ordres obligent à distinguer l'action du droit qui la soutend.
D'abord; cette distinction s'impose pour la bonne intelligence du droit judiciaire, en effet;
- il y a des titulaires de droit (des incapables) qui ne possèdent pas l'action, tandis
qu'un tiers (tuteur, conseil...à possède l'action sans prétendre avoir lui-même un droit
quelconque ;
- l'action oblique est exercée par une personne outre que le titulaire du droit ;
- l'action paulienne est exercée à l'encontre des intentions du titulaire du droit ;
- un même droit subjectif peut ouvrir à son titulaire plusieurs actions alternatives ou
successives ex : la découverte d'un vice rédhibitoire peut donner lieu soit à l'action en
résolution de vente soit à l'action en réduction du prix (réfaction).
La distinction de l'action et du droit qu'elle appuie est imposée également pour
l'intelligence de certaines actions juridiques, en effet, pareille distinction permet de comprendre
109
:
- qu'une loi nouvelle peut avoir une influence sur l'action sans avoir un effet rétroactif
sur le droit (ex. moratoire)
- qu'une modification aux règles de la compétence peut influencer l'action sans toucher
au droit
- que les fins de non-recevoir privent le titulaire du droit, de sanction sans entamer son
droit.
Mais il ne suffit pas de posséder l'action. La loi peut déterminer les personnes qui ont
qualité pour porter telle ou telle action devant le tribunal compétent. De même, il existe des
actions attitrées qui ne peuvent être exercées que par la personne que la loi désigne
expressément : ex. divorce, recherche ou dénégation de paternité, etc.

109
Demolombes, Cours de droit Napoléon, éd., 1870, livre 11, tit.1, chap. i
113
§3.La définition de l'action

Il nous est maintenant possible de proposer la définition suivante : l'action c'est le


pouvoir de mettre en mouvement la juridiction afin d'obtenir le respect ou la restauration du
droit. C'est aussi, pour reprendre la définition de Cuche et Vincent, le pouvoir légal permettant
aux agents publics ou aux particuliers de s'adresser à la justice pour obtenir le respect de la
loi110.

SECTION 2. LES DIVERSES ESPECES D'ACTION EN JUSTICE

§1. Les actions en matière pénale

L'on distingue deux espèces d'actions pénales :


a) il y a d'abord l'action publique ainsi appelée parce qu'elle est intentée par le
ministère public. L'action publique consiste à poursuivre les délinquants et à les traduire devant
les tribunaux chargés de leur appliquer des peines. Ceci relève donc de la procédure pénale.
b) lorsque la victime d'une infraction se présente devant un tribunal répressif pour
réclamer la réparation du préjudice subi à la suite de cette infraction, cette action se greffe sur
l'action publique elle est dont portée devant un tribunal répressif et par ce fait son étude relève
de la procédure pénale, elle s'appelle alors " action civile ".

§2.Les actions en matière civile

L'on distingue les catégories suivantes d'action :

1. Actions patrimoniales et actions extra-patrimoniales

Les actions patrimoniales sont celles qui concernent les biens composant le patrimoine
de la personne, droits de propriété sur les meubles et les immeubles, le fonds de commerce,
droits de créance.
Les actions extra-patrimoniales sont celles qui concernent principalement la personne,
la vie familiale (mariage, divorce, filiation, son honneur, sa réputation, sa vie privée). Les
actions extra-patrimoniales sont souvent l'objet des dispositions légales d'ordre public.

2. Actions personnelles, actions réelles, actions mixtes

Il faut d'abord dire que les droits personnels sont ceux qui naissent d'un rapport
d'obligation, les actions personnelles concernent les relations d'obligation entre un créancier et
un débiteur dérivant d'un contrat, d'un délit, de la loi, etc...
Les droits réels portent sur un bien, meuble ou immeuble, les actions réelles
correspondant aux droits réels, ce sont notamment l'action en revendication de la propriété,
l'action née d'une hypothèque ou d'un gage, etc...
L'intérêt de cette distinction réside dans le fait que l'action personnelle ne permet de

110
P. Cuche et J. Vincent : Procédure civile et commerciale, précis Dalloz, 1960, p. 16
114
poursuivre que le seul débiteur de l'obligation, alors que l'action réelle peut être exercée contre
toute personne qui porte atteinte au droit protégé.
L'action mixte est celle qui donne au demandeur la faculté dans un procès, de saisir
soit le tribunal du lieu où demeure le débiteur, soit celui de la situation de l'immeuble.

3. Actions mobilières, actions immobilières

Cette distinction présente un intérêt en ce qui concerne la compétence, ainsi que la


capacité pour agir.

4. Actions pétitoires, actions possessoires

A l'intérieur du groupe des actions immobilières, on distingue celles dites pétitoires


qui tendent à faire juger le fond du droit. Par exemple, le droit de propriété ou de servitude sur
un immeuble), les actions possessoires protègent la simple possession d'un immeuble.
En protégeant le possesseur, qui est souvent le vrai propriétaire, on lui confère la
position de défendeur dans le procès ultérieur en revendication. Notons que cette dernière
catégorisation en action pétitoire et en actions possessoires est propre au droit français

§3. Les actions en matière administrative

En droit administratif, les actions portent le nom de recours. Nous allons retenir les
recours ou les contentieux propres au droit congolais :
1. Le contentieux de l'annulation, dans lequel la juridiction prononce l'annulation de
l'acte administratif qui lui est déféré. L'exemple type est représenté par le recours pour excès de
pouvoir.
2. Le contentieux de pleine juridiction appelé aussi ‘plein contentieux’ dans lequel
la juridiction, outre le pouvoir d'annulation, dispose des pouvoirs beaucoup plus étendus,
notamment elle peut réformer l'acte administratif attaqué et condamner l'Administration à payer
une somme d'argent.

SECTION 3. LES CONDITIONS D'OUVERTURE DE L'ACTION EN


JUSTICE

1. Sous une optique rigoriste, l'on peut soutenir que la seule condition légale pour
disposer d'un droit et ester en justice, est d'être dans notre pays, de nationalité congolaise car
l'acte portant disposition constitutionnelle pour la période transitoire en son art. 11 proclame le
principe de l'égalité des citoyens devant la loi.
2. Dans cette optique, l'on peut donc soutenir que n'importe quel citoyen peut intenter
n'importe quelle action civile. Peu importe l'issue de procès intenté, l'essentiel est que l'on aura
fait usage d'un droit, l'on aura mis en mouvement la juridiction. C'est là, assurément une vue
pour le moins idéaliste. En toute chose, dit le proverbe populaire, il faut rechercher la fin. Si
l'on intente une action c'est en vue d'aboutir à un résultat positif. Aussi, dans la logique des
choses, parler des conditions d'existence de l'action c'est invoquer directement les conditions
d'administration de cette action.
115
3. Lorsqu'on intente une action sans droit, une action qui ne répond pas aux conditions
légales d'ouverture, il y a en ce cas une action apparente qui a mis la justice en mouvement.
L'on enseigne d'ordinaire que la validité de l'action en justice repose sur trois conditions : la
capacité, la qualité et l'intérêt.

a. La capacité

Il faut que la personne qui veut agir en justice ait la capacité. C’est-à- dire la capacité
est la faculté de poser valablement un acte juridique. En principe, tout être humain jouit de tous
ses droits et est capable de les exercer. Toutefois, la loi prévoit les incapacités d'exercice et de
jouissance. Au titre d'incapacité d'exercice, nous pouvons citer celle du mineur qui, tout en
jouissant des droits, est incapable de les exercer lui-même, il lui faut l'intervention d'autres
personnes qui vont agir, en lieu et place, pour lui. C'est ainsi que normalement ce sont les
parents ou le tuteur qui ont la capacité pour exercer une action en justice pour leur enfant.
Au titre d'incapacité de jouissance, nous citerons le cas des étrangers chez nous qui
sont privés des droits politiques; ainsi un étranger ne jouit pas du droit ni d'être élu ni d'être
électeur. Nous devons également noter que la loi peut décréter, à l'endroit des citoyens, à titre
de sanction; certaines incapacités de jouissance. C'est ainsi qu'un Congolais peut être privé du
droit d'être élu et du droit de faire du commerce etc..., s'il a gravement violé la loi. Il est donc
de la plus haute importance que l'organe juridictionnel qui est saisi d'une action connaisse tous
les cas d'incapacité, d'exercice et de jouissance. Il est à noter que le problème de la capacité ne
se pose pas uniquement pour les personnes physiques. Les personnes morales y sont également
assujetties. C'est ainsi qu'il est décrété que les groupements et associations qui n'ont pas la
personnalité civile ne possèdent pas la capacité d'agir en justice.
Pour la R.D.C., notons que tout syndicat enregistré jouit de la personnalité civile (art.
242 du Code du Travail) et que pour les parties politiques, l'arrêté d'enregistrement porte de
plein droit, l'octroi de la personnalité juridique (art. 10 de la loi n° 90/007 du 18 juillet 1990,
portant organisation et fonctionnement des partis politiques telle que modifiée et complétée par
la loi n° 90/009 du 18/12/1990.

b. La qualité

Il faut en outre que la personne qui veut agir en justice, ait la qualité. La qualité est le
pouvoir en vertu duquel une personne exerce l'action en justice. Ce pouvoir se manifeste
normalement par la production d'un titre. La notion de qualité se confond parfois avec celle de
la capacité, mais il n'y a pas identité entre elles. Pour mieux souligner la différence entre ces
deux notions, il faut nous référer au cas où une personne a la capacité d'agir en justice sans
cependant avoir la qualité. Il est établi qu'une société, pour pouvoir dialoguer avec les tiers, a
besoin d'intermédiaire qui est une personne physique, celle-ci porte le titre d'organe. C'est cet
organe qui est notamment chargé d'agir en justice au nom de la société.
A supposer qu'un jour, la société retire à cette personne le titre d'organe, cette
personne, en tant que personne physique, continuera à avoir la capacité d'agir mais elle aura
perdu la qualité, elle ne sera plus mandatée pour parler au nom de la société.
Nous pouvons également prendre l'exemple d'un avocat. Ce dernier a certainement la
capacité pour agir en justice, mais la qualité de représentant d'une personne en justice, lui vient
116
du mandat reçu, dès l'instant où une partie en justice désavoue son avocat et lui retire le droit de
la représenter, l'avocat perd sa qualité, tout en gardant sa capacité.
La qualité peut appartenir à une personne physique comme à une personne morale.
Les personnes physiques qui possèdent la qualité sont :

1. Le titulaire du droit

Mais la loi peut prévoir qu'une autre personne que le titulaire du droit possède la
qualité. Ainsi en matière d'interdiction, la loi prévoit que seuls les parents, le conjoint ou
exceptionnellement le Ministère public peuvent intenter l'action.

2. Le mandataire du titulaire du droit

Le titulaire d'un droit peut parfaitement se faire représenter en justice par un


mandataire ordinaire. La loi réglemente en ce cas les conditions de la représentation le
mandataire devra notamment prouver vis-à-vis de l'organe juridictionnel sa qualité de
mandataire, il devra produire une procuration écrite. C'est le cas du représentant conventionnel.
Mais la loi prévoit aussi une représentation légale, qui consiste à ester en justice en lieu et place
de certaines personnes. C'est le cas des incapables (mineurs, interdits,...). Dans ce cas le
mandataire légal agit " qualité ".
Les avocats et les défendeurs judiciaires sont des mandataires mais des mandataires
attitrés en ce sens qu'ils sont présumés lorsqu'ils comparaissent au nom de leurs clients, avoir
reçu mandat de leurs clients, car ils sont porteurs de pièces. Pour notre part, nous les
considérons comme des mandataires conventionnels mais jouissant des privilèges spéciaux,
conventionnels, ils le sont étant donné qu'un contrat, même verbal, les lie à leurs clients qui
sont en droit de les assigner en justice pour violation d’obligations contractuelles.

3. Les héritiers et légataires du titulaire du droit

La loi prévoit la succession dans l'exercice de certains droits. En général, la succession


à cet exercice n'est pas possible pour des droits personnels.

4. Les créanciers du titulaire du droit

Dans certains cas, les créanciers sont admis à agir en lieu et place de leur débiteur.
C'est l'exercice de l'action oblique.
La qualité peut aussi appartenir à une personne morale ; mais celle-ci agit par
l'intermédiaire de personnes physiques. Le problème est donc de savoir quel est l'organe
légalement ou statutairement désigné pour représenter la personne morale. Pour les personnes
morales de droit public, la règle est que, en ce qui concerne les actions dirigées par ou contre
l'Etat, ce dernier est toujours pris en la personne du ministère ayant l'objet du litige dans ses
attributions. Pour les sociétés parastatales, il faut connaître l'organe légalement chargé de
représenter l'organisme parastatal.
Des problèmes parfois complexes peuvent se poser en ce qui concerne les personnes
morales de droit privé, l'un des problèmes est celui du dépassement du pouvoir de l'organe
117
chargé de représenter la personne morale. La solution doit être trouvée dans ce cadre de la
fameuse théorie du mandat apparent. Un autre problème peut être celui de savoir si la
défaillance d'action " ut universi " de l'organe peut justifier l'action " ut singuli " d'un membre
de la personne morale.

c. L'intérêt

Il faut enfin que la personne qui veut agir en justice ait intérêt.

1. Notion de l'intérêt

L'intérêt est le pourquoi on agit en justice. L'adage à retenir est " pas d'intérêt, pas
d'action ". Ce qui veut dire qu'une personne n'a pas le droit de soulever des contestations
inutiles et de faire perdre aux juges leur temps avec des problèmes futiles. L'on peut se
demander si un tribunal peut se permettre de déclarer un intérêt peu important que pour mériter
de faire l'objet d'examen. En droit congolais, cela n'est pas possible, tant au premier degré qu'au
niveau d'appel. En effet, une personne qui se dit lésée peut saisir le tribunal compétent selon la
valeur du litige, quelque moindre que soit cette valeur. De même, toute partie déboutée par un
jugement a le droit d'aller en appel devant la juridiction supérieure, sans considération de la
valeur du litige.

2. Nature de la notion d'intérêt

L'intérêt peut être pécuniaire ou moral. Il est moral lorsque la demande en justice se
fonde sur le dommage subi dans les sentiments, l'honneur ou la réputation.
Il est possible qu'une demande, en justice parte à la fois sur un intérêt pécuniaire et
moral. L'on rencontre chez les auteurs les plus éminents l'expression " intérêt légitime "
juridiquement protégé. Cette expression est juste si l'on veut signifier que la lésion d'un simple
intérêt économique ne suffit pas pour saisir un tribunal. Mais, en fait, quand elle est utilisée par
les juristes, cette expression veut signifier que la demande n'est pas fondée parce que le droit
fait défaut. Entendue en ce sens, l'expression est critiquable. Car, il s'agit d'un jugement porté
sur le fondement de la demande, alors que l'on se trouve encore au stade de la recevabilité de la
demande111.

a. .L'intérêt doit être né et actuel

Cela signifie que l'intérêt doit exister au moment même où la demande est formée.
C'est dire qu'il faut écarter l'intérêt éventuel et simplement hypothétique. Mais il y a le
problème fort délicat de ce que l'on appelle : les actions préventives. Il s'agit des demandes
introduites, dépendamment de tout dommage actuellement réalisé.
L'on peut objecter qu'en ce cas il s'agit d'un intérêt purement éventuel. Sans doute, le
dommage auquel on entend faire face n'a pas encore pris corps. Mais lorsque la menace est
devenue sérieuse au moins de compromettre dès à présent la sécurité des rapports juridiques, il

111
H. SOLUS et R. PERROT : Droit judiciaire privé, T.I., n° 223) J. Vincent et S. GUINCHARD ; Procédure civile,
22è éd.,Paris, Dalloz, 1991, n° 26).
118
est permis de penser que d'ores et déjà, l'intérêt est né et actuel112.

b. Nature de la notion d'intérêt


CORNU et FOYER précisent du reste que le terme " préventif est appliqué tantôt au
litige, quelque fois au dommage ou plus généralement à un trouble.
Ce terme veut signifier qu'on agit, pour prévenir un litige, un trouble, mais nullement
qu'on peut agir avant d'avoir intérêt113.
L'on distingue, au titre d'actions préventives :
- les actions interrogatoires ;
- les actions provocatrices ;
- les actions déclaratoires ;
- les mesures d'instruction " in futurum " (expertise et enquête à futur).
Aujourd'hui le nouveau code français de procédure civile permet d'ordonner toute
mesure d'instruction admise par la loi s'il existe un motif légitime de conserver ou d'établir
avant tout procès, la preuve des faits dont pourrait dépendre la solution du litige. Mais, toujours
en France, la jurisprudence se refuse à accueillir des actions interrogatoires ou des actions
provocatrices.

c. L'intérêt doit être direct et personnel

Pour agir en justice, il faut avoir été directement et personnellement lésé dans ses
intérêts propres. Il se pose divers problèmes relatifs aux demandes en justice introduites par les
groupements (associations, syndicats...). Il faut réaffirmer que seuls les groupements dotés de la
personnalité juridique ont le droit de saisir les tribunaux, les autres groupements sont
incapables d'ester en justice.
Il est certain qu'un groupement, ayant la responsabilité juridique peut ester en justice
pour défendre un intérêt « personnel ».

L'on peut cependant se demander s'il est concevable qu'un tel groupement puisse en
outre défendre un intérêt collectif ? Oui, un groupement doté de la personnalité civile peut en
plus de lésion de ses intérêts propres, patrimoniaux et extrapatrimoniaux, subir une lésion dans
ses intérêts patrimoniaux: par exemple incendie criminel de la maison de réunion, appartement
ou groupement.
Mais le groupement peut aussi subir un préjudice par exemple résultant pour les
médecins, de la pratique illicite par un individu, de la médecine.

C'est donc essentiellement en faveur des associations dites de « défense » qu'il est
prévu la possibilité d'agir en justice pour un intérêt collectif. Pour les autres associations, la
jurisprudence en France exige qu'elles établissent la personnalité juridique, pour agir en justice
pour obtenir la réparation d'un dommage qui a porté atteinte aux intérêts de la collectivité des
membres qu'elle représentent, qu'elles ont un intérêt direct et personnel114.

112
H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 230 J. Vincent et S. GUINCHARD, op. cit., n° 27.
113
(G. CORNU et J. FOYER, procédure civile P.U.F., Paris, 1958, p. 304
114
H. SOLUS et R. PERROT, op. cit., n° 230 à 254, J. Vincent et S. GUINCHARD, op. cit., n° 30 à 32.

119
SECTION 4. LA TRANSMISSION DE L'ACTION ET LA REPRISE D'INSTANCE

§1. La transmission de l'action


En principe, les droits personnels ne sont pas cessibles, ils ne passent aux héritiers, ils
s'éteignent par le décès de celui qui avait le pouvoir d'agir en justice. Toutefois, si la demande a
été introduite par le bénéficiaire, cela suffit pour que l'instance puisse être continuée par les
héritiers lorsque le bénéficiaire décède avant le jugement (R. Morel, Procédure civile, n° 44)
Cependant, les actions en divorce ou en séparation de corps et de bien, tombent par le
décès de l'une des parties. En effet, l'objet de ces actions étant de supprimer le lien conjugal ou
les effets du mariage, la dissolution du mariage pour cause de décès, exclut la poursuite de
l'action.

§2. Suspension de l'instance et sa reprise


Trois cas peuvent suspendre l'instance :
- le décès (sauf en cas de divorce) ;
- la perte de la capacité ;
- la perte de la qualité.
Dans chacun de ces cas, il peut y avoir reprise d'instance. L'on distingue la reprise
d'instance volontaire et la reprise d'instance forcée.

a) Reprise d'instance forcée


Consiste pour une partie à assigner l'autre partie en reprise d'instance si les ayants droit
ne comparaissent pas pour répondre volontairement à l'action.
b) Reprise d'instance volontaire
L'héritier, le tuteur ou l'incapable devenu capable fait déclaration et éventuellement
preuve, de qualité à l'audience et sauf objection des autres parties, le juge prend et donne acte
de la reprise d'instance.

SECTION 5. L'EXTINCTION DE L'ACTION

En principe, l'action s'éteint avec le droit qu'elle soutend et qu'elle supporte. Les
causes d'extinction sont au nombre de quatre :
- il y a d'abord l'autorité de la chose jugée, car le jugement est l'aboutissement de
l'action
- il y a ensuite la prescription qui est la conséquence de ce qu'une action n'a pas été
exercée pendant une période déterminée. En principe, en matière civile la prescription est de 30
ans, mais il existe des prescriptions de courte durée (elles vont de 6 mois à 15 ans, voir les
articles 648 à 657 du code civil, livre III).
En matière pénale, la durée de la prescription de l'action publique varie de 1 an à 10
ans.
- il y a aussi le désistement d'action, qui n'est pas à confondre avec la renonciation au
droit.
Il n'est pas permis de renoncer une fois pour toute à l'exercice de toute action.
Cependant, lorsque l'action consiste à protéger un droit subjectif de caractère privé, il n'est pas
120
contraire à l'ordre public d'y renoncer.
De même, en certaines circonstances, les agents publics peuvent s'abstenir de
l'exercice d'une action, pour autant qu'un acte légal exprès prévoit cette possibilité (ex. en
matière pénale, le paiement de l'amende transactionnelle). Il y a enfin la transaction courante en
matière civile, en matière pénale elle est l'exception, car l'exercice de l'action publique ne se
transige pas.

SECTION 6. L'ABUS D'ACTION

Lorsqu'une partie qui a saisi la juridiction voit son action déclarée irrecevable ou non
fondée, la sanction légale est la condamnation aux frais de l'instance.
Mais si l'action a été introduite avec légèreté, voire avec mauvaise foi ou malice, la
partie adverse peut réclamer au demandeur des dommages-intérêts pour action téméraire ou
vexatoire. Ce genre d'action est prévu par l'art. 139 du C.O.C.J. qui porte que les demandes
fondées sur le caractère vexatoire ou téméraire d'une action sont portées devant le tribunal saisi
de cette action.
Certains auteurs, au lieu d'abus d'action, parlent d'abus du droit. Nous savons que
l'action et le droit ne peuvent pas être confondus.

L'abus du droit suppose :


- l'existence d'un droit subjectif ;
- l'usage de ce droit sans aucun intérêt ;
- l'intention et le résultat de nuire à autrui.

L'abus d'action suppose au contraire :


- une faute dans le chef du débiteur des D.I ;
- un préjudice dans le chef du créancier des D.I ;
- un lien de causalité entre le préjudice subi et la faute commise.
L'abus d'action donne ouverture à une action aquilienne. La responsabilité délictuelle
est aussi appelée " responsabilité aquilienne en souvenir de la lex « Aquilia », qui sanctionnait à
Rome le dommage causé par injure.

121
CHAPITRE 4. LES DEMANDES ET LES DEFENSES EN JUSTICE

SECTION 1. LES DEMANDES EN JUSTICE

Il ne suffit pas de posséder le pouvoir d'agir en justice, c'est-à-dire l'action, il faut


encore l'exercer effectivement. La demande en justice constitue dans l'exercice effectif de
l'action.
Un premier problème que l'on pourrait se poser est celui de savoir de quelle manière
un organe juridictionnel est-il saisi d'une action, d'une demande en justice?
De manière générale, l'on peut énoncer comme principe que le juge ne peut exercer
son pouvoir juridictionnel que dans la seule mesure où il est saisi par une partie au procès.
En R.D.C, la saisine d'office n'est possible que dans deux cas :
Le juge de police et le juge de tribunal de paix peuvent se saisir d'office des infractions
de leurs compétences, lorsqu'ils sont parvenus à leur connaissance. Notons cependant que cela
n'est permis que parce qu'ils cumulent les fonctions du ministère public et de juge ;
En cas de délit d'audience, toute juridiction congolaise peut se saisir d'office de
l'infraction.
La forme de la demande diffère suivant la nature de la prétention que l'on soumet à
l'examen du tribunal.
En matière pénale, c'est par la citation à prévenu que le Ministère public saisit le
tribunal, tandis que la victime d'une infraction, c'est-à-dire, la partie civile, saisira normalement
le tribunal de sa demande en dommages-intérêts soit en faisant une déclaration au greffe pour
se constituer partie civile, soit en déposant en cours des débats à l'audience des conclusions de
la constitution de partie civile, soit encore en utilisant la citation directe qui oblige le M.P. à
exercer l'action publique.
En matière civile, la demande est généralement introduit par une assignation, mais il
est possible également de saisir le tribunal par ce que l'on appelle la comparution volontaire ou
la requête, voire même les réquisitions.
En matière administrative, c'est généralement la voie de requête qui est utilisée.
Bref, ce qu'il faut retenir c'est que généralement l'organe juridictionnel est saisi par un
acte écrit, lequel doit être signifié à la partie adverse, c'est-à-dire porté à sa connaissance. La
date à laquelle est faite la notification ou la signification de cet écrit, détermine la date de la
saisie du tribunal.
En matière civile, la demande qui ouvre le procès est dite demande initiale ou
demande introductive d'instance, toute autre demande est incidente parce que, se manifestant
dans une procédure déjà ouverte.
Emanant du demandeur, une telle demande est additionnelle, présentée par le
défendeur, elle est qualifiée de reconventionnelle. Les tiers peuvent s'introduire dans une
instance par une intervention volontaire, il peut arriver, qu'ils soient introduits contre leur gré
dans le débat, c'est l'intervention forcée.
Il est exigé que toute demande incidente soit unie à la demande initiale par un étroit
rapport de connexité, il existe une connexité entre deux demandes lorsqu'on risque, en les

122
examinant séparément, de provoquer une contrariété de jugements115.
En matière pénale, il y a connexité, lorsque le lien entre plusieurs infractions est si
étroit qu'elles doivent être soumises aux mêmes juges. Cette connexité peut résulter de l'unité
du temps, de lieu, de dessein ou encore d'une relation de cause à effet, une infraction ayant pour
but d'en faciliter une autre.

* Les effets juridiques de l'introduction d'une demande en justice


Dans la mesure où la demande est introduite dans le respect des formalités légales, il y
a saisine du tribunal, c'est-à-dire que le tribunal est juridiquement saisi, il doit alors dire le
droit, statuer, à défaut de le faire, il commet un déni de justice.
En matière civile, l'assignation vaut mise en demeure et interrompt la prescription.
En matière pénale, la citation à prévenu met fin à la phase de l'instruction préparatoire,
laquelle est secrète et inquisitoriale.
Enfin, rappelons que l'abus d'action peut donner ouverture à l'action aquilienne.
Quelles sont les diverses personnes qui peuvent intervenir dans un procès?
Distinguons :
Il y a les parties au procès. Est partie, toute personne concernée par les prétentions de
droit formée devant un tribunal.

L'on distingue parmi les parties :


- le demandeur : celui qui exerce l'action,. En matière pénale c'est l'accusateur donc
le Ministère Public
- le défendeur : celui contre qui l'action est dirigée, en matière pénale, il s'appelle
prévenu.
- il peut y avoir une partie intervenante qui n'entre dans le procès qu'après
l'introduction de la demande.
- le Ministère Public est partie principale, demanderesse en matière pénale, il peut
aussi être demandeur principal en matière civile.
- le juge et le greffier ne sont pas parties au procès
- les avocats, les défendeurs judiciaires et les mandataires ordinaires représentent ou
assistent les parties au procès.

SECTION 2. LA DEFENSE EN JUSTICE

Les défenses sont des procédés auxquels peut recourir le défendeur pour résister à
l'attaque dont il est l'objet.
C'est en procédure civile que la terminologie utilisée en ce domaine est la mieux
élaborée.
Les moyens de défense se répartissent en trois catégories :
L'exception : elle consiste à opposer à l'action un obstacle temporaire, qui suspend le
cours du procès, le défendeur soutient que la procédure est mal engagée : exemple nullité de
l'assignation ou d'un autre acte de procédure, incompétence de la juridiction saisie. L'exception
doit être soulevée sous peine de forclusion, dès le seuil du procès " in limine litis " ou s'il s'agit

115
Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, Précis, Dalloz, Paris, 1991, n°
790.
123
d'un acte de procédure nul, avant de conclure au fond. Mais cet obstacle peut être franchi.
La fin de non-recevoir : elle empêche le juge, si elle est admise, d'examiner le fond
du débat. Mais elle peut constituer aussi un obstacle définitif et insurmontable : exemple le
défendeur invoque contre le demandeur le défaut d'intérêt ou de qualité ou le fait que le procès
a déjà été jugé, que le délai d'exercice d'une voie de recours est expiré ou qu'il y a prescription.
La fin de non-recevoir peut être soulevée en tout état de cause, en première instance ou en
appel.
La défense au fond qui contredit directement la demande. Le défendeur objecte que le
droit du demandeur n'a pas de fondement.
En raison de son importance, la défense au fond peut être soulevée à tout moment, en
première instance ou en appel, et même pour la première fois devant la Cour de cassation.

CHAPITRE 5. L'INSTANCE JUDICIAIRE

SECTION 1. LES PRINCIPALES PHASES DE L'INSTANCE JUDICIAIRE

De manière générale un procès se subdivise en trois phases :


- la phase préliminaire de vérification ;
- la phase de l'instruction à l'audience ;
- la phase du prononcé du jugement.
Notons toutefois, qu'en matière pénale, ces trois phases sont précédées par l'instruction
préparatoire ou pré juridictionnelle, qui est menée par le parquet.

A. La phase préliminaire de vérification


- Vérification de la saisine ;
- Vérification de la compétence et de la recevabilité de la demande.
A ce stade, la partie défenderesse peut soulever :
- l'irrégularité de la saisine du tribunal ;
- l'incompétence du tribunal ;
- l'irrecevabilité de la demande.
C'est ce qu'on appelle soulever une exception « in limine litis ».

Deux possibilités s'offrent au tribunal en cas d'exception soit rendre déjà un jugement
pour rencontrer l'exception, soit rendre un jugement pour joindre l'incident au fond, c'est-à-dire
se réserver le droit de répondre à l'exception à la fin du procès au moment même où le tribunal
devra se prononcer sur la demande principale.

B. La phase de l'instruction de la cause

C'est la plus longue et la plus importante. Il s'agit ici de rechercher les moyens de
preuve qui établissent les faits qui démontrent le bien fondé de la demande introduite.
C'est la phase où le demandeur et le défendeur s'affrontent en un combat pacifique.
C'est le déroulement des débats. Cette phase est régie par des principes juridiques qui ont tous
pour effet de permettre au tribunal d'aboutir à la lumière sur la cause qui lui est soumise.
124
Ces principes sont :
1°.Principe dispositif

Il s'énonce comme suit : le juge ne dispose que sur ce que proposent les parties. Ce
principe voudrait dire que le tribunal ne doit connaître que de seules prétentions de droit qui lui
sont soumises, par l'assignation, la citation ou la requête.
Dans la rigueur du système accusatoire, le rôle du juge est absolument passif, le juge
doit tenir pour vraies les allégations non contre dites par l'adversaire, le juge attend que les
parties elles-mêmes prouvent ou contestent un fait. Mais en droit Congolais, le juge n'est pas
aussi passif, tout en restant neutre, il a l'obligation de se faire la lumière. C'est ainsi qu'il peut
d'office ordonner des mesures d'instruction sur tous les éléments qui lui sont fournis dans la
cause.
De manière plus explicite, ce principe signifie que les plaideurs restent, tout au long de
l'instance, les maîtres du procès, ils gardent la liberté de la déclencher, de lui donner le contenu
et la dimension qu'ils désirent, de déterminer son rythme de déroulement, de choisir les preuves
auxquelles on aura recours.
Le juge, selon ce principe est lié par le cadre du procès tel que les parties l'ont tracé, le
qualificatif " dispositif " voulant dire que les parties disposent absolument de l'expression
processuelle de leurs droits et de leurs intérêts légitimes, mais la doctrine précise que le
principe dispositif, qui est valable et applicable en procédure civile est résolument écarté devant
la juridiction pénale où est applicable au contraire ce principe d'indisponibilité du procès pénal
en ce sens que l'initiative de l'instance appartient bien au parquet mais dès que des poursuites
ont été déclenchées, l'instance doit se poursuivre, parce que le Ministère Public ne dispose pas,
comme un plaideur civil, de l'instance, le Ministère Public ne peut renoncer à l'avenir à une
voie de recours ni acquiescer à un jugement (lire : La justice et ses institutions : 3è édition,
1991, n° 843 et 844).

2°Principe de l'immutabilité du litige

Ce principe vise à limiter le cadre du procès et à favoriser sa nécessaire contradiction.


Il ne faut pas qu'un plaideur qui organise son attaque ou sa défense, voit tout à coup, la sphère
du procès s'amplifier et se diversifier, sans avoir le temps de faire face, ce principe interdit donc
de modifier le cadre ou les éléments d'une instance engagée sur un certain terrain. En procédure
civile, cette immutabilité s'impose non seulement aux plaideurs mais aussi au juge qui ne peut
modifier ni l'objet ni la cause de la demande, ni stimuler " infra " ou " ultra petita ". Cependant,
l'on admet en procédure civile des demandes additionnelles, reconventionnelles et en
intervention dans la mesure où elles sont connexes à la demande initiale, mais les demandes
nouvelles sont interdites en appel, en matière pénale, les juridictions ne peuvent statuer que sur
les faits qui sont visés dans l'acte de saisine et elles ne peuvent pas sanctionner des personnes
qui n'ont pas été citées devant elles (lire : La justice et ses institutions, n° 836)/

3°Principe du contradictoire
Ce principe est l'expression du droit de la défense. La dignité humaine garantie par les
droits fondamentaux de l'homme interdit formellement de condamner une personne sans lui
125
avoir donné l'occasion de se défendre. La défense apporte au procès un éclairage qui va
permettre au tribunal de juger en ayant devant lui les divers arguments des parties.
La liberté de la défense doit être entendue dans un sens très large qui englobe le
demandeur au même titre que le défendeur, car il est indispensable que tout plaideur puisse
avoir une parfaite connaissance des prétentions de son adversaire, de son argumentation, des
moyens qu'il invoque, des preuves qu'il apporte.
4° Le principe de l'oralité et le principe de la publicité des audiences
Toutes les pièces sont en principe lues à l'audience, ce qui fait que les parties ne
peuvent pas les ignorer. L'audience est publique, le public a le droit d'y assister, tout citoyen est
à même de contrôler démocratiquement le déroulement des débats.
Bref, ces quatre principes constituent des garanties du caractère contradictoire et de
l'objectivité des débats. Notons cependant que des raisons de moralité ou d'ordre public peuvent
amener le tribunal à prononcer le huis clos.
Après l'étude des principes directeurs de la phase de l'instruction, passons en revue,
toujours dans cette phase de l'instruction, certaines notions juridiques dont on y fait usage :
a) le juge doit rechercher le droit applicable : « Jura novit curia »
Le juge est censé connaître le droit national, par doit national il faut entendre droit
écrit et coutumier, concernant le droit coutumier, le juge devra s'enquérir de la coutume
nationale applicable, s'il l'ignore, il est même prudent que les parties allèguent la coutume qui
justifie leur prétention. Le juge peut consulter un notable ou un spécialiste du droit coutumier
(art. 85 C.O.C.J.)
Le juge Congolais n'est pas censé connaître le droit étranger; celui-ci doit donc être
prouvé.
b) la plaidoirie est l'expression verbale, par laquelle chaque partie au procès expose et
développe ses prétentions. La plaidoirie développe et éclaire les conclusions, qui sont la
formulation verbale ou écrite des prétentions juridiques d'une partie au procès.

C. La phase du prononcé du jugement


Une fois que les juges ont entendu les parties en leurs prétentions respectives ils se
retirent pour délibérer à huis clos, ensuite, ils rendent publiquement leur décision, la structure
d'un jugement se présence comme suit :
1. Les qualités : c'est l'ensemble des mentions préalables qui déterminent :
- le tribunal et sa composition ;
- le nom des parties ;
- les prétentions juridiques des parties ;
- le déroulement de la procédure.
Bref, c'est la chronologie de l'instance et le résumé des questions posées au juge. Cette
partie du jugement est rédigée par le greffier.

2. Introduction du jugement proprement dit :


C'est la vérification de la compétence et de la recevabilité
3. La motivation : la motivation en fait : ici le tribunal va justifier pourquoi il a retenu
telle allégation des faits ou pourquoi s'oppose-t-il à telle version des faits. La motivation en
droit : le tribunal va justifier l'application de telle ou telle règle de droit en répondant à chaque
prétention de droit qui lui est soumise.
126
4. Ensuite vient le dispositif : c'est la décision conséquence qui doit énoncer
rigoureusement la vérité légale quant aux faits et quant à la règle de droit applicable. Le
dispositif doit aussi se prononcer sur le mode d'exécution sur l'état de frais en indiquant quelle
partie est condamnée à les payer. Enfin, le jugement se termine par l'affirmation de son
prononcé en audience publique et par la signature des juges et du greffier
L'on distingue 3 sortes de jugements :
Il y a le jugement définitif : celui qui vide la saisine ou qui prétend la vider ;
Il y a le jugement avant dire droit ou avant faire droit : qui se borne à prendre des
mesures provisoires conservatoires ou ordonne des mesures d'instruction complémentaire. Le
jugement avant de dire droit est qualifié " d'interlocutoire " lorsqu'il préjuge la solution finale, il
s'appelle " préparatoire " lorsqu'il ne préjuge pas le fond. L'intérêt de la distinction réside dans
le fait qu'on peut interjeter appel contre le jugement préparatoire. Cela n'est possible que
lorsque le jugement est rendu sur le fond (art. 72 et 73 code de procédure civile).
En droit congolais, la notion du jugement avant dire droit préparatoire ou
interlocutoire, est utilisée aussi bien en procédure pénale qu'en procédure civile, alors qu'en
droit français, le législateur a renoncé depuis 1935 à parler de jugement avant dire droit en
procédure pénale, et à distinguer jugements préparatoires et jugements interlocutoires, pour
parler de " jugement distinct " ou " séparé " du jugement sur le fond.
La procédure pénale française distingue les décisions de relaxe, d'acquittement et
d'absolution, la relaxe et l'acquittement sont synonymes, mais la première s'applique aux
tribunaux correctionnels et de police, la seconde à la cour d'assises et aux juridictions militaires,
la décision d'absolution implique que le délinquant jugé a été reconnu coupable des faits qui lui
étaient reprochés mais, pour des raisons de politique criminelle, il va échapper à l'application
d'une peine par le jeu de l'excuse absolutoire (lire : La justice et ses institutions, n° 922).

3. il y a aussi le jugement sur incident ou jugement incidentiel:

C'est celui qui vide un incident. C'est-à-dire par lequel le tribunal tranche sur tout
évènement qui vient interrompre le déroulement d'un procès.
Les décisions judiciaires reçoivent une terminologie variée :
- le mot " jugement " comme le mot " décision " a un sens très général,
techniquement, il désigne les décisions rendues par les juridictions du premier degré ;
- le terme " ordonnance " est réservé aux décisions rendues par le président de la
juridiction ou son délégué, ex. ordonnance sur requête rendue en matière de saisie
conservatoire ;
- le terme " sentence " est réservé aux décisions des arbitres ;
- le terme " arrêt " désigne la décision rendue par une cour d'appel ou par la cour de
cassation.

En France et en Belgique, les décisions du Conseil d'Etat s'appellent " arrêts ", le terme
" verdict " est réservé aux réponses apportées par la Cour et le Jury d'assises aux questions
posées à la suite des débats, tandis que les actes juridictionnels accomplis par le conseil
constitutionnel sont appelés " décisions ".
Du point de vue de la terminologie en matière de jugement, l'on distingue:
- la minute : c'est le procès-verbal de la lecture publique du jugement, ainsi appelée
127
parce que jadis elle était faite en petite écriture ordinaire. Mais aujourd'hui, par minute, le
langage courant désigne le brouillon même non signé du jugement ;
- la grosse : est une copie du jugement sur laquelle le greffier appose la formule
exécutoire, ainsi appelée parce que jadis elle reproduisait la minute en écriture à la plume
ronde ;
- l'expédition : c'est la copie du jugement certifié conforme par le greffier ;
- l'extrait de jugement : résumé succinct du jugement reprenant les qualités et les
dispositifs.
Dans la législation antérieure à la procédure civile actuelle, il était possible que pour
éviter les lenteurs, le greffier délivre, au lieu d'une expédition, un extrait d’acte authentique
faisant foi jusqu'à preuve littéraire contraire. L'extrait reprenait souvent quelques qualités et les
dispositifs.
A l'heure actuelle, l'usage de l'extrait a pratiquement disparu en droit écrit, il subsiste
encore un certains cas par exemple en matière de signification des jugements par défauts :
ceux-ci sont signifiés par simple extrait. Il est encore en vigueur devant les tribunaux
coutumiers.

SECTION 2. LE FORMALISME DE L'INSTANCE

1. Utilité du formalisme
La prescription des formes rationnelles oblige les parties à circonscrire leurs
prétentions et déterminer la saisine des juges, les formes assurent la loyauté du procès en
garantissant les droits fondamentaux. La rigueur dans l'administration des preuves, la publicité
des débats et le respect du principe du contradictoire et du principe dispositif116.

2. Catégories des formalités


Il existe en droit Congolais des formules consacrées ou sacramentales dont la validité
dépend du choix des mots et de leur place dans la phrase : exemple :
- formule exécutoire qui doit être reproduite littéralement sur la grosse des jugements
- serment des magistrats
- serment des témoins.
Le législateur Congolais distingue les formalités substantielles (ou essentielles) et les
formalités secondaires ou accessoires.
L'on doit considérer comme substantielles, les formalités par lesquelles la nature et le
caractère de l'acte sont déterminés. On peut ainsi dire que sont substantielles les formalités sans
lesquelles l'acte ne répond pas aux fins en vue desquelles il a été institué:
Exemple :
- un P.V d'O.P.J., non signé ;
- une citation à prévenu qui n'indique pas l'huissier qui a parlé117.

3. La sanction de la violation des formes


Le juge peut décréter la nullité si l'une des hypothèses suivantes est réalisée:
- la forme violée est prescrite par le droit (écrit ou non) ; d'où l'adage " pas de nullité

116
Lire : A. RUBBENS,op. cit., T.I, n° 89
117
A.RUBBENS, op. cit., n° 90 et 91.
128
sans texte " ;
- la forme violée cause un grief à une partie qui n'a pas renoncé à s'en prévaloir. D’où
l'adage " pas de nullité sans grief ", ainsi donc la partie préjudiciée par un acte vicié peut
couvrir la nullité en reconnaissant explicitement ou implicitement l'acte vicié ;
- la forme violée est d'ordre118.

4. La nullité des jugements


Contre les jugements viciés au plan de la forme, s'applique l'adage " voies de nullité
n'ont lieu contre les jugements " pour dire qu'on ne peut attaquer les jugements par voie d'action
en nullité ou par voie d'exception. Les jugements ne peuvent être attaqués que par voies des
recours exercés dans le délai ou dans les conditions imparties par la loi, autrement le jugement
est irrévocable quelque soit le vice dont il est entaché.

118
A. RUBBENS, op. cit., n° 97
129
CHAPITRE 6. LA CHOSE JUGEE

SECTION 1. LA NOTION

L'autorité de la chose jugée est une présomption de conformité à la vérité légale, et une
présomption de régularité de la procédure. Cette autorité s'attache à tout jugement dès son
prononcé. Nous soutenons que l'autorité de la chose jugée varie d'intensité suivant la nature du
jugement, selon la matière et selon le degré de la juridiction qui a rendu le jugement. Cette
position repose sur la logique même de la définition de l'autorité de la chose jugée. Si nous
acceptons que l'autorité de la chose est une présomption, celle-ci ne peut pas être de même
force, c'est ainsi qu'un jugement contentieux doit logiquement posséder une présomption plus
grande qu'un jugement gracieux, lequel rend une décision en l'absence de l'éclairage des débats
contradictoires. De même, un jugement rendu au degré d'appel doit être présumé plus conforme
à la vérité légale qu'un jugement rendu au premier degré. L'autorité de la chose jugée peut être
relative ou absolue, elle est absolue c'est--dire valable « erga ommes » en matière pénale, en
matière administrative et en certaines matières civiles intéressant l'ordre public.

SECTION 2. LA PORTEE

Notons que dès le prononcé du jugement, peut importe qu’il soit de premier degré,
l’on considère que l’on est en face d’une vérité judiciaire, d’où l’adage : "res judicata pro
veritate habetur" = la chose jugée droit être regardée comme une vérité. Mais hâtons-nous de
dire qu’il ne s’agit ici que d’une vérité judiciaire qui se distingue de la vérité purement
ontologique en ceci qu’elle peut être remise en cause soit par la réformation , soit par la
rétractation, soit encore par la cassation. Néanmoins, puisque dès son prononcé tout jugement
émet une vérité, peu importe que soit tenue comme simplement relative ou judiciaire, ce
jugement confère des droits ne serait-ce provisoirement. Ainsi, cette vérité relative en un
premier temps n’est pas attaquée par une quelconque voie de recours, elle s’enlise, s’enracine
pour devenir absolue et dès lors devenu opposable erga omnes et particulièrement à l’égard de
ceux à qui de manière expresse et spéciale le jugement ainsi prononcé s’adresse.
Lorsqu'un tribunal a rendu un jugement définitif, répondant aux présentations de droit,
l'on dit qu'il y a une chose jugée. Le tribunal est dessaisi, il ne peut plus revenir sur sa décision,
ni d'office ni à la demande de l'une des parties.
L'on admet cependant que le tribunal puisse corriger une erreur matérielle, tant que la
décision n'a pas été frappée d'un recours. De même, l'on admet que le tribunal puisse rendre un
jugement interprétatif lorsqu'il y a ambiguïté ou obscurité dans le corps du jugement. Dans
chacun de ces cas, le tribunal est saisi soit par comparution volontaire soit par assignation
signifiée à l'autre partie.
Notons que dans certains pays, il y a tendance à admettre que les jugements répressifs
ne sont pas immuables notamment quant à la peine. En droit congolais, il y a une souplesse
dans l'exécution des peines de servitudes pénale par la voix de libération conditionnelle et de la
grâce.
L'exception de la chose jugée est un moyen que l'on oppose lorsqu'une cause qui a déjà
été jugée est soumise à un autre juge. Ce dernier doit s'abstenir de juger, il le fera d'office si
l'autorité de la chose jugée vaut erga omnes.
130
Mais, il faut noter que pour invoquer ce genre d'exception, il faut s'assurer que toutes
les conditions légales d'existence de l'autorité de la chose jugée se trouvent réunies. En effet,
pour dire qu'il y a chose jugée, il faut une triple identité :
- identité des parties
- identité d'objet
- identité de cause

SECTION 3. FONDEMENT JURIDIQUE

Dès que l'une des ces identités fait défaut, l'exception de la chose jugée ne peut pas
être valablement invoquée.
L'autorité de la chose jugée est un moyen de preuve en ce sens que dès qu'un jugement
est rendu, les parties et aussi les tiers, s'il s'agit d'un jugement valable erga omnes, peuvent
l'invoquer comme preuve irréfutable. C'est ainsi qu'une partie peut s'en prévaloir et demander
l'exécution de la décision qui en est revêtue.
En principe, l'autorité de la chose jugée s'attache au dispositif du jugement, mais elle
peut s'étendre aux motifs dans la mesure où ils ne constituent le soutien nécessaire.
Un jugement a force de chose jugée, lorsque sont écoulés les délais de voies de recours
suspensives de l'exécution ou lorsque les voies de recours ont été utilisées. L'autorité de la
chose jugée est irrévocable lorsque sont expirés les délais de voies de recours extraordinaires
ou lorsque ces voies de recours ont été utilisées.

131
CHAPITRE 7. LES VOIES DE RECOURS

Nous avons dit au chapitre précédent que l'autorité de la chose jugée s'attache au
jugement dès son prononcé. Mais pareille autorité n'est que provisoire en ce sens qu'elle n'est
valable que pour autant que le jugement n'a pas été altéré, c'est-à-dire rétracté ou réformé, par
l'exercice d'une voie de recours.

SECTION 1. NOTION

Une voie de recours est une action que possèdent, sous certaines conditions, les parties
au jugement. Certaines voies de recours appartiennent à des tiers au jugement.

SECTION 2. CLASSIFICATION

Il y a deux procédés de classification des voies de recours :


Premier procédé : Ce procédé consiste à classifier les voies de recours en 3 catégories
:
a) Les voies de rétractation : Ce sont les voies de recours par lesquelles la cause se
trouve ramenée devant la juridiction qui a prononcé le jugement, afin que, mieux éclairée, elle
puisse éventuellement le modifier.
Exemples :
- l'opposition ;
- la tierce opposition ;
- la requête civile.
b) Les voies de réformation : Ce sont les voies de recours par lesquelles une
juridiction supérieure est appelée à faire ce que le premier juge aurait dû faire.
Exemple : l'appel et la révision.
c) Les voies d'annulation : Ce sont les voies par lesquelles on demande à une
juridiction supérieure de mettre à néant un jugement intervenu.
Exemples :
- la cassation ;
- l'annulation devant le tribunal de grande instance ;
- la prise à partie éventuellement.
Deuxième procédé: Ce sont des procédés classiques qui consistent à distinguer deux
catégories :
a) les voies de recours ordinaires : Ce sont :
- l'opposition et,
- l'appel.

b) les voies de recours extraordinaire: Ce sont :


- la cassation
- la tierce opposition
- la requête civile
- la prise à partie
- la révision
132
SECTION 3. EXPLICATION DE CES DIVERSES NOTIONS

L'opposition, est une voie de recours qui appartient à toute partie qui a fait défaut
dans un procès, elle permet de ramener la cause devant le juge pour y être débattue
contradictoirement.
L'appel, est une voie de recours qui permet à toute partie à un procès de déférer la
cause devant une juridiction supérieure et d'y reprendre l'entièreté des débats.
La cassation, est une voie de recours qui permet de postuler la mise à néant d'une
décision judiciaire rendue au dernier ressort lorsque celle-ci viole la loi ou la coutume. Elle
peut se faire avec renvoi ou par retranchement. La cassation ne peut intervenir que contre un
jugement rendu en dernier ressort. En effet tant que l'opposition ou l'appel est possible pour
corriger le vice, le pourvoi en cassation n'est pas recevable.
L'annulation, est une voie de recours portée devant le tribunal de grande instance et
qui permet de mettre à néant des décisions des tribunaux coutumiers lorsqu'elles ont appliqué
une coutume contraire à l'ordre public ou lorsqu'elles n'ont pas respecté les formes
substantielles ou les droits de la défense ou encore lorsque la composition du tribunal a été
irrégulière ou enfin lorsqu'il y a eu excès de pouvoirs.
La tierce opposition, est une voie de recours ouverte à un tiers qui aurait dû être
partie à la cause ou qui aurait été qualifié pour intervenir volontairement.
La requête civile, est une voie de recours ouverte aux parties qui ont été au procès,
lorsque le tribunal a été induit en erreur par un dol personnel de l'adversaire ou lorsqu'une pièce
sur laquelle le tribunal s'est appuyé pour former sa conviction a été déclaré fausse ou encore
lorsqu'une pièce avait été frauduleusement retenue par l'adversaire.
Notons que la tierce opposition et la requête civile n'existent qu'en matière civile. Elles
entament l'autorité de la chose jugée, plus particulièrement la requête civile, aussi elles ne sont
ouvertes que dans des conditions rigoureusement déterminées.

La révision, ce terme est utilisé en droit Congolais dans des sens différents suivant la
juridiction devant laquelle ce genre d'action est ouvert.
a) La révision existe tout d'abord devant les tribunaux coutumiers. Alors c'est une voie
de réformation qui permet de porter une cause devant une juridiction supérieure pour y être
rejugée. Elle s'apparente alors à l'appel quoique des nuances importantes en distinguent.
b) Devant la Cour de cassation, la révision est une voie de recours extraordinaire qui
permet de revenir sur la chose jugée en matière pénale, pour corriger une erreur judiciaire
résultant par exemple de la survenance de nouveaux faits ou de nouvelles pièces, qui étaient
inconnues lors des débats et qui sont de nature à établir l'innocence du condamné. En ce cas,
elle s'apparente à la requête civile et elle est ouverte pratiquement pour les mêmes cas.
c) Devant la haute cour militaire, la révision peut être demandée, quelle que soit la
juridiction militaire qui a statué, au bénéfice de toute personne auteur d'une infraction relevant
de la compétence des juridictions des forces armées, ici comme devant la cour de cassation, la
loi a retenu les mêmes causes d'ouverture au pourvoi en révision.
La prise à partie, c'est essentiellement une action engagée contre un magistrat
(officier du Ministère Public ou juge) qui a commis un dénit de justice, un dol ou une
concussion soit pendant l'instruction soit lors de la décision rendue dans l'exercice de ses
133
fonctions. La prise à partie vise à obtenir la condamnation aux D.I. Mais elle permet parfois de
mettre à néant les jugements entachés de dol du juge. La prise à partie s'exerce devant la Cour
de cassation.

134
CHAPITRE 8. L'EXECUTION

Avant de procéder à l'exécution d'un jugement, il faut d'abord signifier ce jugement,


c'est-à-dire le porter officiellement à la connaissance de la partie contre laquelle on veut
l'exécuter.
Une fois signifié, le jugement devient exécutoire. C'est-à-dire que la décision peut être
mise en œuvre au besoin par la force de l'Etat.
En matière pénale, la loi impose un délai avant de permettre l'exécution d'un jugement
et ce délai est suspensif d'exécution. L'exercice effectif d'une voie de recours suspend
l'exécution jusqu'au dessaisissement de la juridiction de recours.
En matière civile, les jugements sont exécutoires après signification et
commandement, c'est-à-dire mise en demeure de s'exécuter. Mais certains jugements sont
exécutoires sur minute, c'est-à-dire pratiquement dès leur prononcé. Le juge peut accorder ou
imposer des délais d'exécution. Les délais de recours ne sont pas suspensifs d'exécution, seul
est suspensif d'exécution l'exercice effectif d'une voie de recours.
Mais comme souvent les recours ne sont exercés qu'à seule fin de retarder l'exécution,
ce qui permet au perdant de soustraire ses biens aux poursuites. La loi déjoue ce calcul en
permettant au juge d'accorder l'exécution provisoire. L'on dit alors que le jugement est
exécutoire nonobstant appel.
Les sentences arbitrales et les jugements étrangers ne sont exécutoires qu'après
exequatur, accordé par un organe juridictionnel. Ceci parce qu'il ne convient pas que la force
publique de l'Etat soit mis en branle en vertu d'un acte émanant d'un juge privé ou d'un juge
étranger. Il n'est pas concevable de prononcer à l'égard de l'Etat et de ses services publics des
jugements qui soient exécutoires par la force car l'on conçoit mal que l'Exécutif use de la force
contre lui-même.
C'est pourquoi l'on présume toujours qu'en cas de condamnation l'Etat puisse
s'exécuter volontairement. Mais ce privilège d'inexécution forcée devrait être limité au seul
bénéfice de l'Etat et des sociétés paraétatiques à caractère scientifique ou social.
L'on distingue deux sortes d'exécution. L'exécution directe, qui permet d'exécuter
directement l'objet de la condamnation. C'est le cas de la restitution, de l'expulsion des lieux, de
la destruction des produits nocifs, c'est aussi le cas de l'annulation des décisions administratives
illégales. Il y a ensuite l'exécution indirecte par laquelle l'on essaie d'aboutir à l'objet de la
condamnation de manière indirecte. Ainsi, la contrainte par corps et les D.I.
Le Ministère Public intervient dans l'exécution chaque fois que l'exécution requiert
une prise de corps ou un recours à la force publique. Enfin, c'est le tribunal qui est chargé de
trancher toutes les difficultés en matière d'exécution.
C'est la partie gagnante des D.I. qui, en principe doit elle-même faire exécuter le
jugement rendu en sa faveur. Elle ne doit pas croire que ce sont les juges qui vont lui remettre
cet argent.

135
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1
1. DEFINITION DU DROIT JUDICIAIRE ................................................................................................ 1
2. UTILITE SOCIALE DU DROIT JUDICIAIRE ........................................................................................ 1
3. SUBDIVISION DU DROIT JUDICIAIRE .............................................................................................. 1
4. LES SOURCES DU DROIT JUDICIAIRE .............................................................................................. 2
A. La Constitution du 18 février 2006 ........................................................................................... 2
B. Les traités internationaux ......................................................................................................... 2
C. La loi et les actes ayant force de loi ......................................................................................... 3
D. Le pouvoir réglementaire du Président de la République ........................................................ 3
E. Le pouvoir réglementaire du 1er Ministre ................................................................................. 4
F. Le pouvoir réglementaire du Ministre de la Justice ................................................................. 4
G. Le pouvoir réglementaire des présidents des juridictions et Chefs des offices ........................ 5
H. La coutume ............................................................................................................................... 6
I.Les principes généraux du droit ................................................................................................. 7
J. L’équité ...................................................................................................................................... 7
K. La jurisprudence ....................................................................................................................... 7
L. La doctrine ................................................................................................................................ 8
M. Les usages ................................................................................................................................ 8
5. L’INTERPRETATION DES LOIS DE PROCEDURE................................................................................ 9
6. L’APPLICATION DES LOIS DE LA PROCEDURE ................................................................................ 9
A. L’application dans le temps ...................................................................................................... 9
B. L’application dans l’espace ...................................................................................................... 9
7. LA DIFFERENCE ENTRE L’ACTE JURIDIQUE, L’ACTE JUDICIAIRE ET L’ACTE JURIDICTIONNEL ....... 10
8. PLAN SOMMAIRE DU COURS .................................................................................................... 10
PREMIERE PARTIE ............................................................................................................................ 12
LES STRUCTURES MATERIELLES ET HUMAINES DES JURIDICTIONS DE LA R.D.C.12
CHAPITRE 1. LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION JUDICIAIRE................ 13
1. PRINCIPE DE LA REPARTITION DES FONCTIONS JUDICIAIRES ........................................................ 13
2. PRINCIPE DE L’INDEPENDANCE DES ORGANES JUDICIAIRES ......................................................... 13
A. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif .................................................. 13
B. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif ................................................... 14
3. PRINCIPE DU MONOPOLE DES ORGANES JUDICIAIRES ................................................................... 15
4. PRINCIPE DE L’EGALITE DE TOUS LES CONGOLAIS DEVANT LA LOI.............................................. 16
5. PRINCIPE DE LA GRATUITE DE LA JUSTICE ................................................................................... 18
6. PRINCIPE DE L’IMPARTIALITE DU JUGE ........................................................................................ 20
7. PRINCIPE DE LA COLLEGIALITE ................................................................................................... 20
8. PRINCIPE DE L’ITINERANCE ......................................................................................................... 21
9. PRINCIPE DU DOUBLE DEGRE DE JURIDICTION ............................................................................. 21
10. PRINCIPE DE LA CASSATION ...................................................................................................... 21
11. PRINCIPE DU JUGE NATUREL ..................................................................................................... 22
136
CHAPITRE 2. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES COURS ET TRIBUNAUX
EN RDC ....................................................................................................................................... 23
SECTION I. LES COURS ET TRIBUNAUX DE L’ORDRE JUDICIAIRE ...................................................... 23
S/SECTION 1. LES JURIDICTIONS ORDINAIRES .................................................................................. 23
§1. Tribunal de paix .................................................................................................................... 23
§2. Tribunal de Grande Instance ................................................................................................ 24
§3. La Cour d’Appel .................................................................................................................... 24
§4. La Cour de Cassation ............................................................................................................ 25
S/SECTION 2. LES JURIDICTIONS SPECIALISEES ............................................................................... 25
§1. Les Tribunaux pour enfants................................................................................................... 25
1. Compétences du Tribunal pour enfant................................................................................ 25
2. Composition ....................................................................................................................... 26
3. Procédure ............................................................................................................................ 26
§2. Les Tribunaux de travail ....................................................................................................... 27
1. L’évolution des tribunaux du travail en droit congolais ..................................................... 27
2. Compétence du tribunal ...................................................................................................... 29
3. Composition ....................................................................................................................... 29
4. Procédure ............................................................................................................................ 30
§3. Les Tribunaux de commerce ................................................................................................. 30
1. Compétence ........................................................................................................................ 30
2. Composition ....................................................................................................................... 31
3. Procédure ............................................................................................................................ 31
S/SECTION 3. LES JURIDICTIONS MILITAIRES .................................................................................. 32
§1. Le Tribunal Militaire de Police ............................................................................................. 32
§2. Le Tribunal Militaire de Garnison ........................................................................................ 32
§3. La Cour militaire opérationnelle .......................................................................................... 32
§4. Les Cours Militaires .............................................................................................................. 33
§5. La Haute Cour Militaire ....................................................................................................... 33
CHAPITRE 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES COURS ET TRIBUNAUX ..... 34
SECTION I. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS COUTUMIERES ........................... 34
SECTION 2. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT
ECRIT (JURIDICTIONS CIVILES) ...................................................................................................... 34
§1. Rappel des règles déjà étudiées plus haut ............................................................................. 34
§2. Autres règles .......................................................................................................................... 34
1. La récusation et le déport ................................................................................................ 34
Les règles relatives à la récusation et au déport sont prévues aux articles 49 à 59 de la loi
n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des
juridictions de l’ordre judiciaire. .......................................................................................... 34
2. La police de l’audience (art. 66 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ) .............. 36
3. Composition régulière du siège .......................................................................................... 36
4. Le renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime (articles 60 à 62 de la loi
organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ) ................................................................................. 36
5. Les règles du délibéré ......................................................................................................... 37
6. La surveillance et l’inspection des cours et tribunaux (art. 44 la loi organique du 11 avril
137
2013 sur l’OCJ) .................................................................................................................... 38
7. Le sanction en cas d’action téméraire et vexatoire portée devant une juridiction (article
142 de la loi organique du 11 avril 2013 sur l’OCJ) ............................................................ 38
8. Vacances judiciaires, Audience solennelle de la Cour de cassation et mercuriale du
Procureur Général de la République .................................................................................... 38
SECTION 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT
ECRIT (JURIDICTIONS MILITAIRES) ........................................................................................... 39
§1. La police de l’audience (art.233 C.J.M) ............................................................................... 39
§2. Le renvoi pour cause de sûreté ou de suspicion légitime ..................................................... 39
§3. La collégialité des juridictions militaires.............................................................................. 39
§4. Les règles du délibéré ........................................................................................................... 39
§5. La règle du double degré de juridiction ................................................................................ 39
CHAPITRE 4. L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU MINISTERE PUBLIC ....................... 41
SECTION I. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES PARQUETS ..................................................... 41
§1. Cour Constitutionnelle ......................................................................................................... 42
§2. Cour de Cassation ................................................................................................................. 42
§3. Conseil d’Etat ........................................................................................................................ 42
§4. Cour d’Appel ......................................................................................................................... 43
§5. Cour Administrative d’Appel ................................................................................................ 43
§6. Tribunal de Grande Instance ................................................................................................ 43
§7. Tribunal Administratif ........................................................................................................... 43
SECTION 2. LES REGLES JUDICIAIRES COMMUNES AUX MAGISTRATS DU PARQUET ......................... 44
§1. Les attributions du Ministère Public en matière d’exécution des lois et de jugements ........ 44
§2. La mission de surveillance des services judiciaires .............................................................. 44
§3. La mission du Ministère Public en matière répressive ......................................................... 46
§ 4. La mission du ministère public en matière de droit privé .................................................... 46
1. Mission générale permanente d’assister à toutes les audiences ........................................ 46
2. Mission de donner des avis................................................................................................. 47
3. Mission de partie principale ............................................................................................... 48
4. Mission de partie intervenante ............................................................................................ 49
5. Mission d’introduire une requête en faveur des indigents pour la désignation d’office d’un
conseil................................................................................................................................... 49
6. Diverses missions judiciaires dans le cadre du code de la famille ..................................... 50
7. Mission dans le domaine disciplinaire des avocats ............................................................ 50
§5. Mission à caractère administratif ......................................................................................... 50
§6.Quid de l’autorité du Ministre de la Justice sur les magistrats du parquet........................... 51
§8. La mission du Ministère Public auprès des juridictions d’affectation.................................. 52
§9. Le principe du remplacement du Ministère public................................................................ 52
§10. Autorisation judiciaire pour la communication et la délivrance des copies des actes
d’instruction préparatoire et des actes de procédure à l’audience ......................................... 52
§11. Les principes régissant le Ministère Public ........................................................................ 53
1. Le principe de l’unité et de l’indivisibilité du Ministère Public ......................................... 53
2. Le principe de l’irrécusabilité du Ministère Public ............................................................ 53
2. Le principe de l’irresponsabilité du Ministère Public ..................................................... 54
138
4. Le principe de la subordination hiérarchique du Ministère Public ..................................... 54
CHAPITRE 5 : LA HIERARCHIE, LA COMPOSITION DE L’AUDITORAT MILITAIRE
ET SES REGLES DE FONCTIONNEMENT ........................................................................ 55
SECTION 1 : L’AUDITEUR GENERAL DES FORCES ARMEES ............................................................. 55
SECTION 2 : LES AUDITEURS MILITAIRES PRES LES COURS MILITAIRES........................................... 55
CHAPITRE 6 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS ................................. 56
SECTION 1 : LA HIERARCHIE DES GRADES DES MAGISTRATS CIVILS ................................................ 56
§1. La hiérarchie des grades des magistrats du siège .............................................................. 56
1. Cour Constitutionnelle........................................................................................................ 56
2. Cour de cassation ................................................................................................................ 56
3. Conseil d’Etat ..................................................................................................................... 56
4. Cour d’Appel ...................................................................................................................... 56
5. Cour Administrative d’Appel ............................................................................................ 57
6. Tribunal de Grande Instance............................................................................................... 57
7. Tribunal de paix .................................................................................................................. 57
§2. La hiérarchie des grades des magistrats du parquet ............................................................ 57
1. Parquet Général près la Cour Constitutionnelle ................................................................. 57
2. Parquet général près la Cour de cassation .......................................................................... 57
3. Cour d’Appel ...................................................................................................................... 57
4. Cour Administrative d’appel .............................................................................................. 57
5. Parquet près le Tribunal de Grande Instance ...................................................................... 57
6. Parquet près le Tribunal Administratif ............................................................................... 57
SECTION 2 : LA HIERARCHIE DE GRADES DES MAGISTRATS MILITAIRES .......................................... 58
CHAPITRE 7 : LA COUR DES COMPTES .................................................................................... 59
SECTION 1. DE LA COMPOSITION DE LA COUR DES COMPTES ......................................................... 59
§1. Des magistrats de la Cour des Comptes ............................................................................... 59
§2. Les sections de la Cour des Comptes .................................................................................... 60
SECTION 2. DU CONTROLE DES ACTIVITES DE LA COUR DES COMPTES .......................................... 61
CHAPITRE 8 : LES IDEES MAITRESSES DU STATUT DES MAGISTRATS CIVILS ....... 62
SECTION 1. DU RECRUTEMENT ....................................................................................................... 62
§1. Des conditions imposées pour être nommé magistrat (art. 1 du statut). ............................ 62
§2. Particularité de la nouvelle loi.............................................................................................. 62
SECTION 2. DU SIGNALEMENT ........................................................................................................ 62
§1. Des promotions .................................................................................................................... 63
SECTION 3. DES TRAITEMENTS ET INDEMNITES (ART.26) ............................................................... 63
SECTION 4. DES AVANTAGES SOCIAUX DES MAGISTRATS ............................................................... 63
SECTION 5. LES POSITIONS STATUTAIRES (ART.28 A 41 DU STATUT) ............................................. 63
SECTION 6. DE LA RELEVE ANTICIPEE DES FONCTIONS ET DE LA DEMISSION (ART.42 A 44 DU
STATUT DES MAGISTRATS) ............................................................................................................ 64
SECTION 7. DU REGIME DISCIPLINAIRE .......................................................................................... 64
SECTION 8. DES DEVOIRS ET DES INCOMPATIBILITES (ART.65 A 69 DU STATUT DES MAGISTRATS). 65

139
SECTION 9. DE LA RETRAITE (ART.70 A 71 DU STATUT DES MAGISTRATS)..................................... 65
SECTION 10. DES AVANTAGES ACCORDES APRES LA CESSATION DEFINITIVE DE SERVICE (ART.72 A
82 DU STATUT DES MAGISTRATS) ................................................................................................. 66
§1 De la pension d’inaptitude .................................................................................................... 66
§2. De l’allocation de fin de carrière .......................................................................................... 66
§3. De la rente de survie et de l’allocation de décès .................................................................. 66
§4. De l'honorariat et de l'éméritat (art. 83 du statut des magistrats)........................................ 67
CHAPITRE 9. DE LA POLICE JUDICIAIRE ................................................................................. 68
SECTION 1. DEFINITION DE LA POLICE JUDICIAIRE .......................................................................... 68
SECTION 2. LES AUTORITES INVESTIES DE FONCTIONS DE POLICE JUDICIAIRE ................................. 68
SECTION 3. LA COMPETENCE MATERIELLE ET TERRITORIALE DES O.P.J. ........................................ 68
SECTION 4. LE CONTROLE DES ACTIVITES DES O.P.J. ...................................................................... 69
CHAPITRE 10. LE GREFFE ET L'OFFICE DES HUISSIERS ...................................................... 70
SECTION 1. LE GREFFE .................................................................................................................... 70
§1.Notion du greffe ...................................................................................................................... 70
§2. La composition des greffes .................................................................................................... 70
§3. Le statut greffier .................................................................................................................... 70
SECTION 2. L'OFFICE DE L'HUISSIER ................................................................................................ 71
§1.Absence de service propre...................................................................................................... 72
§2. Désignation des huissiers ...................................................................................................... 72
§3. Rôle des huissiers .................................................................................................................. 72
§4. Observations critiques........................................................................................................... 73
CHAPITRE 11. DES AVOCATS ET DES DEFENSEURS JUDICIAIRES ................................ 74
SECTION 1. DES AVOCATS............................................................................................................... 74
§1.Définition et mission (art. 1 de l’Ordonnance-loi n°79-028 du 28 septembre 1979) ............ 74
§2.Caractère de la profession (art. 2 de l’ordonnance-loi sur le barreau) ................................ 74
§3.Monopole ................................................................................................................................ 74
§4.Conditions d'accès à la profession (art. 7 et 20 l’ordonnance-loi sur le barreau)............... 74
A. Conditions générales à remplir : ........................................................................................ 74
B. Soumission à un stage professionnel ................................................................................. 75
§5. De l'inscription au tableau (art. 21 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau) .......................... 75
§6. De l'omission du tableau (art. 32 à 37 l’ordonnance-loi sur le barreau) ............................. 75
§7. Des modes d'exercice de la profession (art. 64 à 70 l’ordonnance-loi sur le barreau) ....... 76
§8. Des droits et des devoirs des avocats (art. 71 à 80 l’ordonnance-loi sur le barreau) ......... 76
1. Au titre des droits, nous retiendrons : ................................................................................. 76
2. Au titre des devoirs, nous retiendrons : .............................................................................. 76
3. Comportement à avoir dans la conduite des affaires : ....................................................... 77
4. Comportement en matière de consultation ......................................................................... 77
§9.Des incompatibilités (art. 58 à 63 l’ordonnance-loi sur le barreau)..................................... 77
§10.Des honoraires (art. 81 à 85 l’ordonnance-loi sur le barreau) ........................................... 78
§11. De la discipline des avocats (art. 86 à 102 de l’ordonnance-loi sur le barreau) ............... 79
1. Notion de faute disciplinaire .............................................................................................. 79
140
2. La grille des sanctions disciplinaires .................................................................................. 79
3. Organe disciplinaire ............................................................................................................ 79
4 .Règles de procédure disciplinaire ....................................................................................... 79
§12. Des organes du barreau ...................................................................................................... 80
1. Au niveau de chaque ressort de Cour d'Appel .................................................................... 80
2. Au niveau national, les organes de l'Ordre National sont : ................................................ 81
a) L'Assemblée Générale ............................................................................................... 81
b) Le Conseil National de l'Ordre .................................................................................. 81
SECTION 2 : DES DEFENSEURS JUDICIAIRE (ART. 125 A 141 DE L’ORDONNANCE-LOI SUR LE
BARREAU) .................................................................................................................................... 81
§1.Notions et conditions d'accès à la profession ........................................................................ 81
§2. Des droits et des devoirs des défenseurs judiciaires ............................................................. 82
§3. Des organes du corps des défenseurs judiciaires ................................................................. 82
1. L’Assemblée Générale ....................................................................................................... 82
2. Le syndic et la chambre de surveillance ............................................................................. 82
§4. Du régime disciplinaire ......................................................................................................... 82
SECTION 3 : INFORMATIONS UTILES SUR LES AVOUES ..................................................................... 83
§1. Définition ............................................................................................................................... 83
§2. Condition d'étude .................................................................................................................. 83
§3. Les fonctions de l'avoué à la Cour ........................................................................................ 83
§4. Lien juridique qui unit l'avoué et son client .......................................................................... 83
DEUXIEME PARTIE : ........................................................................................................................ 84
DE LA COMPETENCE ....................................................................................................................... 84
INTRODUCTION ............................................................................................................................... 85
CHAPITRE 1. LA COMPETENCE DES COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT ..... 86
SECTION 1. LA COMPETENCE REPRESSIVE ...................................................................................... 86
§1. Tribunal de Paix .................................................................................................................... 86
§2.Tribunal de Grande Instance ................................................................................................. 88
§3.Cour d'Appel........................................................................................................................... 89
§5. La Cour de cassation............................................................................................................ 89
§6. Informations utiles sur les juridictions répressives en France ............................................. 90
1. Tribunal de police ............................................................................................................... 90
2. Tribunal correctionnel ........................................................................................................ 90
3. Cour d'assises...................................................................................................................... 90
SECTION 2. LA COMPETENCE CIVILE DES TRIBUNAUX .................................................................... 90
§1. La compétence territoriale des tribunaux civils .................................................................... 90
§2. La compétence personnelle des tribunaux civils ................................................................... 91
§3. La compétence matérielle des tribunaux civils ..................................................................... 91
1. Règles ordinaires ................................................................................................................ 91
1.1. La compétence matérielle est déterminée par la nature ou le montant de la
demande 91
1.2. Répartition de la compétence matérielle................................................................. 92

141
1.3. La Cour d'appel ....................................................................................................... 92
2. Règles spéciales .................................................................................................................. 92
§4. La Compétence en matière fiscale ........................................................................................ 93
§5. La compétence en matière administrative ............................................................................. 93
§6. Dérogation ou principe du juge naturel () ............................................................................. 94
CHAPITRE 2. LA COMPETENCE DES JURIDICTIONS MILITAIRES ................................ 95
SECTION 1. LA COMPETENCE MATERIELLE ..................................................................................... 95
SECTION 2. LA COMPETENCE PERSONNELLE .................................................................................. 96
SECTION 3. LA COMPETENCE TERRITORIALE .................................................................................. 96
CHAPITRE 3. DES CONFLITS DE COMPETENCE .................................................................... 97
SECTION 1. LA LITISPENDANCE ET LA CONNEXITE .................................................................. 97
§1. Notion ............................................................................................................................... 97
§2. Règles applicables pour mettre fin à la litispendance....................................................... 97
SECTION 2. LE REGLEMENT DU JUGE OU CONFLIT DE JURIDICTION .................................................. 97
§1.Notion ..................................................................................................................................... 97
§2. Procédure pour mettre fin à ce genre de conflit de compétence ........................................... 97
SECTION 3. LE CONFLIT D'ATTRIBUTION ........................................................................................ 98
§1. Notion .................................................................................................................................... 98
2. Procédure pour mettre fin au conflit ............................................................................ 98
TROISIEME PARTIE : .................................................................................................................... 100
LE POUVOIR JUDICIAIRE ............................................................................................................ 100
CHAPITRE 1. LES VOIES DE DROIT .......................................................................................... 101
SECTION 1. LA VOIE DE LA JUSTICE PRIVEE ................................................................................... 101
SECTION 2. LA VOIE JURIDICTIONNELLE ....................................................................................... 101
§1. Sur le plan national : ........................................................................................................... 102
A. La voie juridictionnelle des cours et tribunaux : ............................................................. 102
B. La voie juridictionnelle du compromis arbitral : ............................................................. 102
§2. Sur le plan international : .................................................................................................. 102
SECTION 3. LA VOIE DU PREALABLE ............................................................................................. 103
SECTION 4. LA VOIE PAREE ........................................................................................................... 103
SECTION 5. LA VOIE DE L'INJONCTION JUDICIAIRE ........................................................................ 104
SECTION 6. LA CONCILIATION OU LA PALABRE ............................................................................. 104
CHAPITRE 2. LA FONCTION JURIDICTIONNELLE ............................................................. 106
SECTION 1. LA DEFINITION DE L'ACTE JURIDICTIONNEL ................................................................ 106
§1. L'école des critères formels ................................................................................................. 106
A. Tendance préconisant le critère organique ...................................................................... 106
B. Tendance préconisant le critère procédural ..................................................................... 106
C. Tendance qui considère la force attachée à l'acte juridictionnel ...................................... 107
§2. L'école des critères matériels .............................................................................................. 107
a) Tendance définissant l'acte juridictionnel par son but ...................................................... 107

142
b) Tendance définissant l'acte juridictionnel par sa structure ............................................... 108
C .Tendance qui définit l'acte juridictionnel par l'existence d'une contestation ................... 108
SECTION 1. L'ACTE DE JURIDICTION GRACIEUSE ........................................................................... 109
§1.La notion de l'acte de juridiction gracieuse ......................................................................... 109
A. Critère d'absence de contestation ..................................................................................... 110
B. Critère de la nécessite légale de l'intervention judiciaire ................................................. 110
§2.Le fondement de l'acte de juridiction gracieuse ................................................................... 110
§3.Quelques exemples des actes de juridiction gracieuse ........................................................ 110
§4.La nature des actes de juridiction gracieuse ....................................................................... 111
La théorie classique de la nature administrative de l'acte gracieux ...................................... 111
B. La théorie du Welfare-State et la nature juridictionnelle de l'acte gracieux .................... 111
CHAPITRE 3. LA THEORIE DE L'ACTION ............................................................................... 113
SECTION 1. DEFINITION DE L'ACTION ............................................................................................ 113
§1.Confusion entre l'action et le droit ....................................................................................... 113
§2. Nécessité de la distinction de l'action et du droit ................................................................ 113
§3.La définition de l'action ........................................................................................................ 114
SECTION 2. LES DIVERSES ESPECES D'ACTION EN JUSTICE ............................................................. 114
§1. Les actions en matière pénale ............................................................................................. 114
§2.Les actions en matière civile ................................................................................................ 114
1. Actions patrimoniales et actions extra-patrimoniales ................................................... 114
2. Actions personnelles, actions réelles, actions mixtes.................................................... 114
3. Actions mobilières, actions immobilières ........................................................................ 115
4. Actions pétitoires, actions possessoires ............................................................................ 115
§3. Les actions en matière administrative ................................................................................. 115
SECTION 3. LES CONDITIONS D'OUVERTURE DE L'ACTION EN JUSTICE ........................................... 115
a. La capacité ............................................................................................................................ 116
b. La qualité............................................................................................................................... 116
1. Le titulaire du droit ........................................................................................................... 117
2. Le mandataire du titulaire du droit ................................................................................... 117
3. Les héritiers et légataires du titulaire du droit .................................................................. 117
4. Les créanciers du titulaire du droit ................................................................................... 117
c. L'intérêt................................................................................................................................. 118
1. Notion de l'intérêt ............................................................................................................. 118
2. Nature de la notion d'intérêt ............................................................................................. 118
a. .L'intérêt doit être né et actuel........................................................................................... 118
b. Nature de la notion d'intérêt ............................................................................................. 119
c. L'intérêt doit être direct et personnel ................................................................................ 119
SECTION 4. LA TRANSMISSION DE L'ACTION ET LA REPRISE D'INSTANCE ....................................... 120
§1. La transmission de l'action.................................................................................................. 120
§2. Suspension de l'instance et sa reprise ................................................................................. 120
a) Reprise d'instance forcée .................................................................................................. 120
b) Reprise d'instance volontaire............................................................................................ 120
SECTION 5. L'EXTINCTION DE L'ACTION ........................................................................................ 120

143
SECTION 6. L'ABUS D'ACTION ....................................................................................................... 121
CHAPITRE 4. LES DEMANDES ET LES DEFENSES EN JUSTICE ....................................... 122
SECTION 1. LES DEMANDES EN JUSTICE ........................................................................................ 122
SECTION 2. LA DEFENSE EN JUSTICE ............................................................................................. 123
CHAPITRE 5. L'INSTANCE JUDICIAIRE ................................................................................. 124
SECTION 1. LES PRINCIPALES PHASES DE L'INSTANCE JUDICIAIRE ................................................. 124
A. La phase préliminaire de vérification ................................................................................... 124
B. La phase de l'instruction de la cause .................................................................................... 124
C. La phase du prononcé du jugement ...................................................................................... 126
SECTION 2. LE FORMALISME DE L'INSTANCE ................................................................................. 128
1. Utilité du formalisme ............................................................................................................. 128
2. Catégories des formalités ...................................................................................................... 128
3. La sanction de la violation des formes .................................................................................. 128
4. La nullité des jugements ........................................................................................................ 129
SECTION 1. LA NOTION ................................................................................................................. 130
SECTION 2. LA PORTEE ................................................................................................................. 130
SECTION 3. FONDEMENT JURIDIQUE.............................................................................................. 131
CHAPITRE 7. LES VOIES DE RECOURS .................................................................................... 132
SECTION 1. NOTION ...................................................................................................................... 132
SECTION 2. CLASSIFICATION ......................................................................................................... 132
SECTION 3. EXPLICATION DE CES DIVERSES NOTIONS ................................................................... 133
CHAPITRE 8. L'EXECUTION ....................................................................................................... 135
TABLE DES MATIERES .................................................................................................................. 136

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