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: 2017-
2018
PLAN :
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Section 2 : les saisies conservatoires spéciales des biens meubles corporels
Paragraphe 3 le paiement
L’exécution forcée est l’exécution d’une convention ou d’un jugement imposé au débiteur
sur sa personne ou ses biens par le ministère d’un officier compétent, et, au besoin, de la force
armée, en observant les formalités prescrites par la loi. Cette définition globale de l’exécution
forcée se démarque un tout petit peu des voies d’exécution car elle embrasse aussi bien le
droit pénal (exécution forcée sur la personne) que le droit civil. Les voies d’exécution (VE)
sont donc des procédures par lesquelles un créancier insatisfait, saisit les biens de son débiteur
afin de les faire vendre et se payer sur le prix de vente ou de se faire attribuer les dits biens.
La première année MASTER s’inscrit dans la phase de maturation du droit. Aussi les
voies d’exécution appelées procédures civiles d’exécution vienne compléter la gamme des
autres droits sanctionnateurs tels que le droit pénal, la procédure pénale, le contentieux
administratif, le droit judiciaire privé déjà analysés dans les niveaux inférieurs. La réalisation
de ces droits sanctionnateurs contribue à l’atteinte des principales finalités de la règle de droit
que sont : l’ordre, la justice et le progrès. Cet enseignement se propose de donner à l’étudiant
un apprentissage des moyens et méthodes pour parvenir à l’exécution forcée à défaut d’une
exécution volontaire.
Il faut tout de même relever qu’à côté des voies d’exécution, il existe d’autres procédés
d’exécution forcée tels que : le droit de rétention qui est une sûreté immobilière, la clause
pénale, l’astreinte et l’exception sont des techniques de contrainte du droit des obligations. En
définitive, le créancier muni d’un titre exécutoire constatant la condamnation du débiteur
n’obtient réellement satisfaction qu’en obtenant le produit de la vente des biens de ce
débiteur. Pour le financement des activités économiques les voies d’exécutions garantissent la
sécurité du crédit en instaurant un équilibre entre les intérêts en présence : ceux du créancier
et ceux du débiteur.
La question essentielle que l’on peut se poser en matière d’exécution forcée est celle de
savoir sur quoi va s’exercer la contrainte ? La réponse à cette question nous amène à retracer
l’évolution des voies d’exécution qui reste largement tributaire de celles des idées. Les voies
d’exécution sont aujourd’hui le résultat d’un processus qui est parti de l’exécution en nature,
en passant par l’exécution sur la personne du débiteur, pour aboutir à l’exécution sur les biens.
- L’exécution en nature
L’exécution en nature est la réalisation du but visé par le créancier et assure ainsi le
respect intégral du contrat. Cependant l’effectivité de l’exécution en nature dépend de la
nature de l’obligation inexécutée. L’obligation de faire ou de ne pas faire sont plus adaptées à
l’exécution en nature. Dans le cas contraire, le créancier n’a pas d’autre recours que la
compensation de l’inexécution à laquelle il se heurte. Il reçoit ainsi des dommages intérêts
compensatoires c’est-à-dire une somme d’argent qui vient remplacer une obligation non
exécutée. Par contre les obligations monétaires s’y prêtent difficilement car on ne remplace
pas une chose par la même chose.
Dans les sociétés primitives, il était permis au créancier impayé de saisir et de vendre son
débiteur au marché des exclaves afin de se payer sur le prix de la vente. Une survivance de
cette exécution sur la personne du débiteur est la contrainte par corps qui, dans certaines
législations est limitée aux obligations fiscales, à l’amende ou à la restitution d’un bien (voir
art 577 CPP). La transformation de la notion d’obligation consécutive à l’évolution des
mentalités a mis fin à l’avertissement du débiteur. Tout en demeurant un lien entre deux
personnes, l’obligation devient un rapport entre deux patrimoines. Par conséquent en présence
de l’inexécution du débiteur, la satisfaction du créancier passe par une exécution sur les biens
du débiteur.
Elle résulte du droit de gage général reconnu au créancier qui ressort de l’art 2092 du CC.
Ce texte dispose : « Quiconque s’est obligé personnellement est tenu de remplir son
engagement sur tous ses biens mobiliers ou immobiliers, présents et à venir ». Cette exigence
est reprise et exprimée par l’article 2093 du CC. Dans les termes suivants : « Les biens du
débiteur sont le gage commun de ses créanciers ; et le prix s’en distribue entre eux par la
contribution à moins qu’il n’y ait entre les créanciers des causes légitimes de préférence ».
La matérialisation de cette exigence dans les procédures exécutoires forcée se traduit par la
multiplicité des mesures d’exécution ? Tous les éléments du patrimoine du débiteur non
frappé d’indisponibilité peuvent être appréhendés. Dans cette hypothèse chaque type de bien
correspond à une forme de saisie. Il en est ainsi que le bien soit corporel ou incorporel,
mobilier ou immobilier.
Une conception extensive du Droit Judiciaire Privé intègre les règles relatives aux voies
d’exécution que l’on nomme aujourd’hui procédure civile d’exécution. C’est au droit
Judiciaire Privé qu’il appartient traditionnellement de déterminer les conditions auxquelles le
jugement rendu peut-être exécuté : sont donc en jeu la question de sa force exécutoire et celle
de recours aux procédés d’exécution forcée que cette force autorise.
La principale source des voies d’exécution est la loi en l’espèce l’Acte uniforme sur les
procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution du 10 avril 1998 entré en
vigueur le 10 juillet de la même année. Ce texte qui comporte que 338 articles est applicable à
tous les Etats signataires du Traité OHADA et aux Etats qui y adhérons progressivement.
Quant aux autres sources du droit, à l’instar de la doctrine et de la jurisprudence en rapport
avec cette législation récente, elles se construisent progressivement. Sur le plan interne, il
convient de signaler non sans intérêt la loi N°2007/001 du 27 avril 2007 instituant le juge en
charge du contentieux de l’exécution et fixant les conditions d’exécution au Cameroun des
décisions judicaires et actes publics étrangers ainsi que les sentences arbitrales étrangères.
La réforme des voies d’exécution est innovante à plus d’un titre. En termes d’innovation,
on peut retenir :
- L’élaboration des règles spécifiques dans la mise en œuvre des saisies des comptes
bancaires ;
- La prise en compte de la bonne foi du débiteur en lui offrant la faculté de vendre ses
biens à l’amiable ;
Ces difficultés résultent soit de la mise en œuvre de certaines dispositions relatives aux
saisies, soit des problèmes d’interprétation, soit enfin du problème de la souveraineté des
règles de la procédure civile constamment réaffirmée pars certains Etats parties. À titre
d’exemple, on peut relever l’exigence de la mise en demeure préalable formulée par l’art 28
de l’AUPRVE qui divise les juges. Certains juges estiment que cette formalité est substantielle
et n’hésitent pas à prononcer la nullité de la procédure lorsqu’elle est violée. À l’inverse
d’autres juges estiment que l’exigence de la mise en demeure préalable n’est pas une
condition essentielle pour le déclenchement de la saisie et déclarent irrecevable toute
demande de nullité fondée sur la non observation de cet article 28 de l’AUPRVE.
Dans le même sens nous pouvons relever les difficultés liées à la mise en œuvre de l’art
29 qui fait obligation à chaque Etat partie d’assister les agents d’exécution par les éléments de
la force publique. En effet, la mise en œuvre de la responsabilité de l’Etat ou d’un
fonctionnaire qui ne remplit pas cette exigence est difficile à concevoir. La dernière difficulté
en rapport avec l’interprétation des dispositions de l’Acte Uniforme portant procédures
simplifiées et voies d’exécution est l’extension anormale du contenu de l’art 30 qui affirme
l’immunité d’exécution des personnes morales de droit public et des entreprises publiques.
Pour la jurisprudence camerounaise, le terme personne utilisé par l’article 30 doit être entendu
au sens large et conférer ainsi l’immunité d’exécution non seulement à l’Etat et ses
démembrements qui constituent les collectivités territoriales et établissement publics mais
aussi aux entreprises publiques qu’elles qu’en soient la forme et la mission.
Les actions en justice intentées par les justiciables peuvent paraitre, dans bien des cas,
longues avec le risque que le débiteur fasse disparaitre son patrimoine pendant le temps du
procès. Certaines voies d’exécution dites conservatoires permettent dès le départ au créancier
de bloquer ce patrimoine. Suite à l’obtention de la décision elle-même, un choix de mesures
de contrainte au paiement s’offre au créancier à charge pour lui discerner dans chaque cas la
voie d’exécution la plus opportune. En tenant compte de la nature des biens que l’on trouve
dans le patrimoine des personnes physiques et des personnes morales ; le législateur
communautaire va mettre à la disposition du débiteur plusieurs formes de saisies regroupées
en deux grands groupes : les saisies mobilières et les saisies immobilières.
PARTIE I : LES PROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RECOUVREMENT DES CRÉANCES
La première règle de l’exécution consiste à obtenir une décision exécutoire sous la forme
d’une ordonnance de référé, d’une décision d’une juridiction de première instance dont le
dispositif énonce une exécution provisoire, un arrêt de la Cour d’Appel totalement exécutoire.
Le détenteur d’une créance civile ou commerciale qui veut déclencher une procédure de
recouvrement forcé et qui ne dispose pas d’un titre exécutoire, devra mettre en œuvre une
procédure simplifiée de recouvrement.
Les procédures simplifiées de recouvrement sont justifiées par le souci d’éviter les
lenteurs judiciaires qui caractérisent les procédures de droit commun. (Saisine du TPI ou du
TGI par assignation en fonction du montant de la créance à recouvrer). Ces procédures en
principe sont simplifiées parce qu’elles se caractérisent par un minimum de formalités.
L’AUPRVE retient trois procédures simplifiées : l’injonction de payer art 1 à 18,
l’injonction de délivrer (art. 19) dont le prolongement est la saisie-appréhension art 219 et
suivant, l’injonction de restituer art 19 et S qui peut se solder par une saisie-revendication
art 227 et S.
La créance objet de la procédure d’injonction de payer doit être certaine liquide et exigible
C’est celle dont l’existence ne souffre d’aucune contestation. Ne sont donc pas certaines
les créances futures, conditionnelles ou éventuelles.
C’est celle qui est arrivée à son terme, celle qui est recouvrable parce que l’échéance de
paiement est arrivée.
L’AUPRVE vise les créances nées d’une part d’un contrat et d’autre part les créances de
l’émission ou de l’acceptation de tout effet de commerce ou d’un chèque qui s’est révélé sans
provision.
La créance doit trouver son origine dans un contrat civil ou commercial. Sont par
conséquent exclues du domaine de la procédure d’injonction de payer : les créances issues
d’un quasi-contrat (gestion d’affaires), d’un délit ou d’un quasi-délit (recouvrement des
dommages et intérêts à la suite d’un accident de circulation quel que soit la nature ou
l’étendue du dommage) ; les créances résultant d’un acte unilatéral (don, testament).
Cependant lorsque la cause du contrat qui donne naissance à la créance objet de procédure
d’injonction de payer est illicite, l’injonction de payer doit être rejetée dans la mesure où la
cause illicite entraine l’annulation du contrat. Voir NIAMEY N°268 ; 26 Octobre 2001
Le domaine de l’injonction de payer défini par l’art 2 de l’AUPRVE entend couvrir les
secteurs les plus importants du contentieux de l’impayé à savoir : le crédit ; les ventes à
crédit ; le recouvrement des factures ; le règlement des honoraires dans les professions
libérales.
Le juge est saisi par voie de requête. Cette requête est écrite et déposée par le créancier ou
son mandataire au greffe de la juridiction compétente. Le créancier à travers la requête
sollicite du président de la juridiction compétente la délivrance contre le débiteur d’une
décision portant injonction de payer (ordonnance d’injonction de payer). L’art 4 al 2-1 et 2
de l’AUPVRE fixe le contenu de cette requête car les mentions prévues par la loi
conditionnent la recevabilité de la requête. (Lire à cet effet les articles susvisés.) En tout état
de cause, la requête doit donner l’indication précise du montant de la somme réclamée, avec
le décompte de ses différents éléments. L’exigence d’un décompte des différents éléments a
pour but d’éclairer le juge et lui permettre d’apprécier facilement et rapidement si les sommes
demandées sont effectivement dues au regard des stipulations du contrat.
S’agissant des éléments justificatifs exigés par l’art 2, il s’agira par ex : de la production
du contrat de bail et d’une mise en demeure par exemple pour les créances de loyers. Lorsque
le créancier est une société de crédit, la demande d’injonction de payer doit être accompagnée
de l’acte de prêt, de tout document ou lettre explicative attestant l’existence d’un impayé et
éventuellement des mises en demeure adressées au débiteur et restées infructueuses.
À l’issue de la saisine du juge et après analyse des documents produits par le créancier,
deux issues sont possibles :
Ce cas de figure se présente lorsque le président de la juridiction saisi, après examen des
documents produits, estime que la requête n’est pas fondée ou est partiellement fondée. Il
rend soit une décision de rejet total, soit une décision de rejet partiel.
La décision de rejet total ou partiel est sans recours pour le créancier c’est-à-dire qu’il ne
peut ni formuler opposition ni interjeter appel. Il lui reste l’exercice d’une action en
recouvrement selon les voies de droit commun en assignant le débiteur devant la juridiction
compétente. Les documents produits par le créancier requérant lui sont restitués ainsi que la
requête rejetée.
Cette décision survient lorsque la requête parait fondée en tout ou partie. La requête et
l’ordonnance portant injonction de payer sont conservées à titre de minute entre les mains du
greffier qui en délivre une expédition au demandeur. L’ordonnance portant injonction de
payer ne produit effet que si elle est signifiée à l’initiative du créancier au débiteur ou à
chacun des débiteurs par acte extrajudiciaire dans les trois mois de sa date. Le non-respect de
ce délai frappe l’ordonnance d’injonction de caducité ou de péremption.
- La sommation faite au débiteur de former opposition s’il y a lieu avec indication des
délais, la juridiction et les formes dans lesquels cette opposition doit être faite. (Vr art 8). Ce
délai d’opposition est de 15 jours et au terme de celui-ci, le débiteur ne pourra exercer aucun
recours et pourra être contraint par toutes voies de droit à payer les sommes réclamées.
1- L’opposition du débiteur
L’opposition est la seule voie de recours contre la décision portant injonction de payer.
Par cette opposition, le débiteur entend contester l’ordonnance d’injonction de payer rendue
en son absence. Le débiteur peut contester soit la régularité de la procédure, soit à l’existence
de la créance, soit enfin le montant retenu par l’ordonnance. En fin de compte l’opposition fait
perdre à la procédure son caractère unilatéral pour la transformer en une procédure
contradictoire.
b- L’issue de l’opposition
Une tentative de conciliation est obligatoire. Les issues possibles de cette conciliation sont
prévues par l’art 12 de l’AUPRVE.
2- L’appel
En cas d’échec de la conciliation, la décision rendue par la juridiction saisie sur opposition
se substitue à l’ordonnance portant injonction de payer. Cette décision ayant un caractère
contradictoire, elle susceptible d’appel dans les conditions du droit national de chaque Etat
partie. Ce délai d’appel est de 30 jours à compter de la date de la décision.
L’injonction de restituer quant à lui suppose à la base un contrat de dépôt. Le déposant qui
n’obtient pas de son dépositaire la restitution de la chose déposée, peut par le biais de
l’injonction de restituer l’obtenir. En dehors du contrat de dépôt, le contrat de gage et
l’exigence de restitution en cas de résolution de la vente constituent d’autre domaines de
prédilection de l’obligation de restituer.
En cas de rejet de la requête, celle-ci et les documents produits sont restitués aux
requérants. La décision de rejet de la requête d’injonction de délivrer ou de restituer est sans
recours pour le créancier sauf à celui-ci de procéder selon les voies de droit commun.
L’acte de signification doit à peine de nullité rappeler au destinataire qu’il a 15 jours soit
pour transporter à ses frais, le bien désigné en lieu et dans les conditions indiquées, soit pour
formuler une opposition s’il a les moyens de défense à faire valoir.
L’exécution forcée est soumise à un ensemble de principes généraux depuis la réforme des
voies d’exécution de 1998. Ces principes tendent tant bien que mal à concilier certains intérêts
antagonistes : ceux du débiteur et ceux du créancier. Ces principes généraux définissent les
acteurs, les organes de la procédure et les conditions de poursuite.
L’art 28 de l’AUPRVE énonce le principe selon lequel tout créancier a le droit de saisir
les biens de son débiteur défaillant. Peuvent donc saisir : les créanciers chirographaires,
hypothécaires, privilégiés gagistes… La distinction entre les créanciers n’a d’intérêt qu’au
moment de la distribution des deniers provenant de la vente forcée du bien.
Néanmoins, le droit de saisir comporte des limites pour les créanciers chirographaires et
pour les créanciers privilégiés ou hypothécaires. Aux termes des dispositions de l’art 28 al 2
de l’AUPRVE, les créanciers chirographaires ont l’obligation de saisir en premier lieu les
biens mobiliers de leur débiteur défaillant. C’est seulement en cas d’insuffisance du produit
de la vente de ceux-ci, que l’exécution pourra se poursuivre sur les immeubles.
Quant aux créanciers privilégiés ou hypothécaires, ils doivent saisir en premier lieu le bien
affecté en garantie de leur créance (respect du principe de la spécialité de l’hypothèque,
respect de l’assiette du privilège) et en cas d’insuffisance du produit de la vente de celui-ci,
poursuivre la vente des autres biens.
Il s’agit donc :
- des mandataires légaux : tuteur, pères et mères pour les mineurs incapables ;
Sont visés les ayant cause universels, à titre universel, à titre particulier.
- l’ayant cause universel est celui qui détient la totalité des biens du de cujus à cause
de mort : exemple l’héritier légal.
- l’ayant cause à titre universel ne détient qu’une quote-part des biens du de cujus ex :
le légataire.
- L’ayant cause à titre particulier est celui qui ne détient qu’un bien ou un droit
particulier : ex le cessionnaire d’une créance.
Les ayant cause ne peuvent procéder à la saisie en lieu et place du créancier originaire
décédé que s’ils justifient de leur droit de saisir ; ils doivent à cette fin informer le débiteur du
changement de personne et notifier au débiteur le titre en vertu duquel ils commencent ou
poursuivent la saisie en lieu et place du créancier défunt. Ex : notifier l’acte de décès et l’acte
de notoriété attestant qu’on est effectivement dans une succession ab intestat.
Il s’agit de répondre à la question « qui peut être saisi ? Dans la pratique, la réponse à
cette question n’est pas aussi simple qu’on le croit dans la mesure où le principe selon lequel
tout débiteur peut être saisi est assorti d’assouplissements et de dérogations importantes
connues sous le nom d’immunités d’exécution.
Le principe selon lequel tout débiteur peut être saisi tire son fondement de l’art 2092
du CC. Tout débiteur peut être saisi dans la mesure où tout débiteur répond de ses dettes sur
son patrimoine. Le débiteur est le sujet passif de toute saisie et à ce titre certaines obligations
pèsent sur lui.
Il s’agit :
- de l’obligation de fournir les renseignements sur l’existence de saisies antérieures ;
- de l’obligation de se constituer gardien pour les saisies des biens meubles corporels.
Dans l’intérêt du débiteur saisi, l’AUPRVE lui donne la faculté d’organiser lui-même
la vente amiable des biens meubles saisis afin d’échapper aux mesures de publicité liées à la
vente forcée des biens mobiliers et d’obtenir un meilleur prix.
Lorsque le débiteur saisi est marié, les règles applicables seront fonction du régime
matrimonial choisi :
Il s’agit ici soit du débiteur bénéficiaire des mesures de grâce ou de l’ouverture des
procédures d’apurement du passif ; soit du débiteur couvert par une immunité d’exécution.
Les délais de grâce sont accordés au débiteur malheureux et de bonne foi. Cette décision
relève du pouvoir souverain de la juridiction saisie. Cette juridiction doit à la fois prendre en
compte la situation du débiteur et les besoins du créancier.
Le principal effet des délais de grâce est le report de l’exigibilité de la dette. En effet le
paiement des sommes dues peut-être reporté ou échelonné.
Les procédures collectives sont définies comme des procédures faisant intervenir la justice
lorsque le commerçant n’est plus en mesure de payer ses dettes. L’ouverture des procédures
collectives à l’endroit du débiteur à des conséquences sur les voies d’exécution pouvant être
exercées contre ce dernier.
Quel que soit la formule retenue, la suspension des voies d’exécution est la règle. Cette
suspension s’impose à tous les créanciers chirographaires ou titulaires d’une sûreté.
C- Les immunités d’exécution
Encore appelée immunité des saisies, l’immunité d’exécution est un privilège personnel
accordé à certains débiteurs qui leur permet d’échapper à toute mesure d’exécution forcée ou
conservatoire sur leurs biens. L’insaisissabilité des biens qui résultent de l’immunité
d’exécution tient à la personne du débiteur et non à la nature du bien.
1- En droit interne
Toutefois une compensation est permise entre les dettes de ces personnes morales de droit
public avec d’autres dettes dont quiconque sera tenu envers elles.
2- En droit international
Les Etats étrangers, les souverains et les chefs d’Etats étrangers, les agents diplomatiques
et les fonctionnaires internationaux sont couverts par l’immunité d’exécution. (Convention de
Vienne du 18 avril 1961). Le fondement de cette immunité se trouve dans les règles de la
courtoisie internationale et le souci de chaque Etat de respecter la souveraineté de l’autre.
Pour les fonctionnaires internationaux, le fondement de l’immunité d’exécution est contenu
dans le traité de base qui crée l’organisme. Le créancier d’un état étranger ne peut pratiquer
aucune mesure d’exécution ou mesure conservatoire sur les biens quelque soit leur nature,
biens matériels mobiliers ou immobiliers, créances ou droits incorporels du dit Etat.
De nombreuses personne qualifiée de tiers peuvent intervenir ou être impliquées dans une
procédure de saisie.
Un tiers peut être concerné parce qu’il détient un bien pour le compte du débiteur ou qu’il
est débiteur du débiteur principal.
- Dans la saisie immobilière, en vertu du droit de suite, la saisie est dirigée contre le tiers
détenteur lorsque l’immeuble objet de la poursuite est grevé d’hypothèque ou d’un privilège.
La caution réelle est également considérée come un tiers détenteur dans la mesure où
l’assiette de la saisie est constituée par le bien affecté en garantie de la créance du débiteur
principal.
- Dans les saisies mobilières et notamment la saisie-attribution, le tiers est appelé tiers
saisi. Le tiers saisi est en réalité le débiteur du débiteur saisi ; l’exemple le plu répandu est
celui du banquier qui détient les fonds appartenant au débiteur saisi. Dans les autres formes
saisies mobilières : le tiers est toute personne qui détient un bien appartenant au débiteur ; Ex :
le dépositaire, le créancier gagiste, le réparateur. La saisie est pratiquée entre les mains du
tiers et non entre les mains du débiteur.
Le tiers est tenu en premier lieu d’un devoir d’abstention qui lui interdit de faire obstacle
aux procédures de saisie. Il est en second lieu tenu d’une obligation d’information et à cet
effet il est tenu d’apporter son concours lorsqu’il en sera légalement requis notamment en
faisant une déclaration portant sur les biens du débiteur qui se trouvent entre ses mains.
L’inobservation par le tiers de ces obligation légales est assortie de sanctions : le tiers peut
donc être condamné soit au paiement des dommages et intérêts au créancier saisissant (c’est le
cas de l’employeur qui s’abstient de faire la déclaration prévue par la loi dans le cadre de la
saisie des rémunérations), soit au paiement des causes de la saisie sauf son recours contre le
débiteur. Dans ce dernier cas le tiers est personnellement tenu au paiement de la créance qui
justifie la saisie.
Le respect des principes généraux édictés par le législateur communautaire est assuré par
la désignation d’un juge spécialisé : le juge du contentieux de l’exécution. Le Ministère public
peut apporter son concours pour apporter des informations sur le débiteur ou pour mettre à la
disposition de l’huissier le concours de la force publique. L’agent d’exécution essentiel reste
l’huissier de justice auquel on peut associer de manière restrictive certains agents d’exécution.
Dorénavant, les présidents des TPI, TGI, CA ainsi que le premier président de la CS sont
tous compétents en matière d’exécution des décisions judiciaires dans les conditions fixées
par l’art 3 de la loi du 19 avril 2007. Devons-nous conclure par là que ces différents
présidents sont des juges statuant en matière d’urgence ? Nous pensons que non. Cet
élargissement suscite un vif débat au sein de la doctrine et du personnel judiciaire et ne
manquera pas de créer une énorme confusion dans sa mise en œuvre.
En général, le juge du contentieux de l’exécution connaît de tout ce qui a trait aux titres
exécutoires à l’occasion des contestations portant sur des mesures d’exécution forcée
engagées sur le fondement de ces titres, aux demandes en reconnaissance et en exéquatur des
décisions judiciaires et actes publics étrangers, aux demandes en reconnaissance de
l’exéquatur des sentences arbitrales nationales et étrangères.
Pour la saisie des rémunérations, les greffiers accomplissent certains actes réservés aux
huissiers.
La remise à l’huissier d’un titre en vue de son exécution emporte élection de domicile en
son étude pour toutes les notifications relatives à la dite saisie, elle vaut pouvoir d’exécution
et pouvoir d’encaisser il est habilité à demander au juge de l’exécution ou au Ministère public
de donner les autorisations ou de prescrire des mesures nécessaires. Les huissiers de justice
sont les seuls à dresser les actes de procédures, à pénétrer dans les locaux et mettre les biens
sous la main de la justice.
Dans le cadre d’une saisie mobilière, ce mandat général est suffisant. Par contre dans une
saisie immobilière, l’huissier doit obtenir un mandat spécial du créancier poursuivant (Art 254
AUPRVE).
Il a le devoir de veiller au respect des droit de chacune des parties, ce qui le conduit à
informer le débiteur des diverses possibilités de contestations ou de recours (ex : formulation
d’une opposition ou d’une action en nullité), de la faculté de faire cesser la mesure en
procédant à la vente amiable du bien et au paiement du créancier.
Nous avons relevé plus haut que l’exécution forcée doit être menée dans le respect des
conditions prescrites par la loi. En règle générale, pour déclencher une mesure d’exécutoire, le
bien objet de la saisie doit être saisissable, les modalités du déroulement des opérations de
saisie doivent également être déterminés.
Traditionnellement, le titre exécutoire est un acte écrit délivré au nom du souverain qui
donne pouvoir à son titulaire de procéder à l’exécution forcée du droit qu’il constate. Dans
l’approche moderne, le caractère exécutoire du titre exécutoire se manifeste par l’opposition
sur la copie de l’acte de la mention communément appelée « La formule exécutoire ».
En principe, la saisie n’est possible que si la créance cause de la saisie est constatée dans
un titre exécutoire c’est-à-dire dans un titre revêtu de la formule exécutoire. L’art 33 de
l’AUPRVE donne une liste indicative des titres exécutoires. Quant à l’art 32 il précise
que : « l’exécution forcée peut être menée jusqu’à son terme par un titre exécutoire par
provision ». C’est le cas d’une ordonnance de référé.
Ce sont les jugements et les arrêts revêtus de la formule exécutoire. (Ex : une grosse). En
plus de la formule exécutoire, la décision juridictionnelle doit contenir la condamnation du
débiteur ; condamnation régulièrement signifiée à ce dernier et passée en force jugée émane
du certificat de non appel ou de non opposition mentionnant la date de la signification de la
décision à la partie condamnée émanant du greffier de la juridiction qui a rendu la décision
dont il s’agit.
Sont également considérés comme titre exécutoires, les jugements étrangers et les
sentences arbitrales ayant force de chose jugée lorsqu’ils ont reçu l’exéquatur. (L’exéquatur
est la décision juridictionnelle déclarant la décision étrangère exécutoire sur le territoire du
for.)
L’acte uniforme assimile aux actes judiciaires, les procès-verbaux de conciliation signés
par le juge et les parties. Ex : ordonnances de conciliation en matière de divorce ou de conflit
de travail, l’ordonnance d’injonction de payer.
NB : les PV de conciliation sont des actes juridictionnels et non des décisions
juridictionnelles.
Il s’agit des actes notariés revêtus de la formule exécutoire. A ces actes notariés, sont
assimilés les actes sous-seing privé reconnus sincères par les parties devant le notaire et
déposés en son étude.
3- Les actes administratifs
Ce sont des actes émis par l’administration et exécutoires par eux-mêmes. C’est le cas des
créances publiques particulièrement en matière fiscale.
Les juges annulent toutes les saisies à fin d’exécution pratiquées sans titre exécutoire ou
pratiquées sur les bases des actes non consécutifs de titre exécutoire. Dans l’affaire ayant
donné lieu à l’ordonnance des référés n°310 du 13 décembre 2001, le juge des référés du TPI
de Yaoundé, a eu à donner la main levée d’une saisie-attribution pratiquée au motif que la
lettre du délégué provincial de l’emploi sur laquelle avait été apposée la formule exécutoire en
vertu de laquelle la saisie avait été pratiquée ne saurait être considérée comme un titre
exécutoire au sens de l’art 33 de l’AUPSVE. Le même sort a été réservé à ne saisi-attribution
pratiquée sur la base d’un état de paiement. (TPI de Douala, ord de référé n°/82 du 09 avril
2002, Cameroon Airlines c/ Bissoye Albert et autres.
Ces titres ont un caractère précaire. En effet, l’art 32 de l’AUPRVE dispose qu’« À
l’exception de l’adjudication des immeubles, l’exécution forcée peut être poursuivie jusqu’à
son terme en vertu d’un titre exécutoire par provision ; l’exécution est alors poursuivie au
risque du créancier, à charge pour celui-ci, si le titre est ultérieurement modifié, de réparer
intégralement le préjudice causé par cette exécution sans qu’il y ait lieu de relever de faute de
sa part ». Concrètement le créancier saisissant devra restituer le débiteur dans ses droits en
nature et par équivalent. Ex : en cas d’annulation de la créance au fond, restitution au débiteur
des biens saisis. Ainsi, par le biais de cet art 32, un régime d’exécution provisoire est institué
et qui une fois entamée, ne peut être interrompue. Cette option a été confirmée par un arrêt
devenu célèbre par sa portée, l’arrêt Epoux Karnib (Arrêt n°002/2001 du 11 octobre 2001
époux Karnib c/ ; Société Générale des Banques en Côte d’Ivoire (SGBCI). RCA N°16,
janvier-février-mars 2002, p.11 ohadata J-08-93).
En règle générale, les juges annulent toutes les saisies déclenchées sans titre exécutoire ou
pratiquées sur la base d’actes non constitutifs de titre exécutoires. Par conséquent un état de
paiement (PTPI Douala, ord de référé N°782 du 09 avril 2002, CAMEROON AIRLINES
(CAMAIR) c/ BISSOYE ALBERT et autres). Ou encore la lettre du délégué provincial de
l’emploi revêtue de la formule exécutoire ne saurait constituer des titres exécutoires.
(L’ordonnance des référés n°310 du 13 décembre 2001 du TPI de Yaoundé.
Il découle des dispositions de l’art 2092 du CC aux termes duquel les biens mobiliers et
immobiliers présents et à venir du débiteur sont le gage commun de ses créanciers.
Les biens constituant l’assiette de la saisie doivent à la fois appartenir au débiteur et être
disponibles.
L’art 50 de l’AUPRVE dans ses alinéas 1 et 2 vise les biens présents et à venir du
débiteur. Pour ce qui est des biens futurs, l’AUPRVE englobe les créances conditionnelles et
les créances à exécutions successives dans ces trois situations, l’Acte Uniforme considère que
ces biens sont déjà la propriété du débiteur. Par extension, le législateur communautaire
innove en envisageant la saisie alors même que les biens appartenant au débiteur saisi sont
détenus par un tiers : cas du dépositaire.
Cette solution s’explique par l’incertitude qui règne sur la quotité des droits de chaque
indivisaire de l’assiette de la saisi :
- Si tous les biens qui constituent l’assiette de la saisie appartiennent au tiers, celui-ci peut
demander au tribunal compétent la main levée de la saisie.
- Si la saisie n’a englobé que quelques biens du tiers, ce dernier peut exercer une action en
revendication ou une action en distraction des dits biens.
Le bien qui constitue l’assiette de la saisie doit être disponible entre les mains du débiteur.
Cette disponibilité fait défaut en cas de redressement judiciaire ou de liquidation des biens
mais aussi en présence d’une saisie antérieure. Le redressement ou la liquidation entraîne la
suspension des poursuites et le dessaisissement du débiteur.
Avant l’AUPRVE et s’agissant d’une saisie antérieure, l’adage « saisie sur saisie ne vaut »
produisait tous ses effets dans la mesure où l’objet d’une saisie ultérieure ne peut faire l’objet
d’une nouvelle saisie. Dorénavant une seconde saisie est possible en ce qui concerne les
saisies conservatoires, les saisies exécution ou les saisies-ventes. À ce titre, le second
créancier peut procéder soit par une saisie complémentaire (extension de la première saisie
aux autres biens du débiteur), soit par une saisie adjonction (En se joignant à la première
saisie ou aux saisies antérieures au moyen d’une opposition).
Un bien est insaisissable lorsque par dérogation au principe posé par l’art 2093 du CC, il
échappe au gage des créanciers. L’art 51 de l’AUPRVE laisse au pouvoir souverain des Etats
membres la détermination des biens insaisissables. Plusieurs motifs sont à l’origine de cette
insaisissabilité : la protection du débiteur ; la sauvegarde de l’intérêt général ; la volonté de
l’homme et la nature de certains biens.
La loi interdit la vente des biens présentant un intérêt général pour la satisfaction d’un
intérêt privé. Il s’agit des biens des collectivité publiques, les biens nécessaires au
fonctionnement des syndicats professionnels.
Les insaisissabilités légales ont pour finalité de garantir une vie décente au débiteur et
à sa famille, ainsi que de lui assurer le maintien de sa vie professionnelle.
Elles concernent donc les biens nécessaires à la vie quotidienne du débiteur, à son travail
et à sa famille. Il s’agit donc des vêtements, de la literie, du linge de maison, des denrées
alimentaires, des produits nécessaires aux soins corporels et à l’entretien des lieux, objet
mobiliers corporels tels que chaises et table permettant de prendre un repas, des pensions
alimentaires, de la quotité insaisissable du salaire. Sont également visé les objets d’enfants,
les animaux d’appartement, les livres et autres objets nécessaires à la poursuite des études et à
la formation professionnelle ; les animaux d’appartement ou de garde ; les animaux
nécessaires à la subsistance du débiteur. Cependant ces biens peuvent être saisis par le
vendeur à crédit pour le paiement de leur prix.
3- La nécessité de protéger les droits exclusivement attachés au débiteur
Il ressort des dispositions de l’art 49 de l’AUPRVE que les frais de l’exécution forcée sont
à la charge du débiteur saisi. Cependant le débiteur peut en être exonérés s’il démontre que les
frais exposés n’étaient pas nécessaires ou que le recouvrement entrepris par le créancier
saisissant sans titre.
L’acte uniforme donne des précisions quant aux jours et heures appropriés pour les
opérations de saisie.
Quant aux jours, les opérations de saisie sont autorisées de lundi à samedi exceptés les
jours fériés. Cette interdiction est assortie d’une exception lorsqu’on est en présence d’un cas
de nécessité. Dans une telle hypothèse, l’huissier de justice ou l’agent d’exécution doit se
munir d’une autorisation spéciale du tribunal dans le ressort duquel se poursuit l’exécution.
L’état de nécessité dont il est question peut être en rapport avec la situation du débiteur
qui par exemple n’est jamais présent à son domicile pendant la semaine soit parce qu’il a été
informé de la saisie, soit en cause des impératifs de sa profession.
Quant aux heures, les opérations de saisie sont en principe interdites la nuit. L’art 46(2)
définit implicitement la nuit comme le temps qui s’écoule entre dix-huit heures et huit heures
du matin. Ceci étant une saisie ne peut commencer avant huit heures ou se poursuivre après
dix-huit heures. Cependant lorsque l’état de nécessité l’exige, l’huissier ou l’agent
d’exécution muni d’une autorisation spéciale du président de la juridiction compétente peut
procéder à une saisie aux heures interdites à condition que le lieu de saisie ne soit pas un lieu
d’habitation.
C- L’entrée dans un local privé
1- En présence du débiteur
Au cours des opérations de saisie, l’huissier ou l’agent d’exécution peut se faire assister
d’un ou de deux témoins majeurs, non parents ni alliés en ligne directe du débiteur ou du
créancier. Ces personnes ne doivent pas non plus être au service des parties c’est-à-dire du
débiteur saisi ou du créancier.
Autrefois appelés recors, ces témoins ont pour rôle d’une part de constater
l’accomplissement des formalités et c’est à ce titre qu’ils sont tenus de signer l’original et les
copies des PV établis à la suite de la saisie.
D’autre part ces témoins protègent l’huissier contre une éventuelle agression du débiteur.
Les opérations de saisie s’achèvent par l’établissement d’un PV dont les énonciations sont
contenues dans l’art 45 de l’AUPRVE. L’AUPRVE ajoute la photographie des biens saisis
qui, en cas de contestation, permettra de vérifier la consistance des biens figurant sur le
Procès-verbal de saisie.
E- La désignation du gardien
Elles sont de trois ordres à savoir l’indisponibilité des biens saisis, la notification de la
saisie au débiteur et enfin la charge des frais de l’exécution forcée.
Elle a pour conséquence d’interdire au débiteur saisi tout acte de disposition portant sur les
biens dès l’établissement du Procès-verbal de saisie. Même si le débiteur a momentanément
perdu l’abusus, il demeure propriétaire des dits biens. Par conséquent, les risques demeurent à
sa charge jusqu’à l’adjudication éventuelle ou la main levée de la saisie.
Les saisies mobilières conservatoires ont pour but de rendre indisponibles les biens du
débiteur. Il s’agit précisément de les soustraire de la libre disposition du débiteur et les
conserver au profit du créancier. Il s’agit d’une démarche préventive initiée par le créancier
pour parer à une insolvabilité organisée par le débiteur ou d’une diminution du droit de gage
général. En avant recours à une saisie conservatoire, le créancier veut bloquer à son profit des
biens meubles, des créances et même des droits d’associés appartenant à son débiteur. Les
saisies conservatoires constituent donc les moyens de pression et de précaution engagés par le
créancier. Elles ont un caractère temporaire dans la mesure où elles seront transformées en
mesure d’exécution. L’acte uniforme règlemente les saisies conservatoires ordinaires sur les
meubles et quelques saisies conservatoires spéciales à l’instar de la saisie foraine et de la
saisie-revendication.
Elles portent sur les meubles corporels et sur les meubles incorporels à l’instar des
créances et des valeurs mobilières.
Elles imposent des précisions par rapport aux caractères de la créance cause de la
saisie, à l’objet de la saisie et à l’issue de la saisie. Quant aux conditions relatives aux sujets
de la saisie, elles restent inchangées.
S’agissant d’une éventuelle confusion qui existerait entre la saisie conservatoire des
meubles incorporels à l’instar des créances et la saisie-attribution qui porte également sut les
créances, il convient de relever que le législateur communautaire détermine avec précision le
domaine et la portée de chaque saisie.
Pour la saisie attribution, la créance cause de la saisie doit être certaine, liquide et
exigible. Dans la saisie conservatoire, l’art 54 de l’AUPRVE pose seulement l’exigence d’une
créance qui parait fondée dans son principe. Au niveau des effets, dès l’exploit de saisie-
attribution, la créance saisie est en principe attribuée au créancier alors que dans le cadre des
saisies conservatoires, cette attribution fait défaut dans la mesure où il faut attendre la
conversion de la saisie conservatoire en saisie-vente.
L’AUPRVE pose deux conditions fondamentales pour ce qui est de la créance qui
justifie une saisie conservatoire. Ladite créance doit simplement être fondée dans son principe
dans son principe. À cette exigence doivent s’ajouter des circonstances de nature à menacer le
recouvrement.
C’est celle dont l’existence est vraisemblance. Il peut s’agir d’une créance
conditionnelle ou d’une créance à terme. Le moment de la créance peut ne pas encore être
déterminé. L’essentiel est que la personne qui initie la saisie conservatoire puisse
légitimement se prétendre créancière. La créance n’est pas fondée dans son principe lorsque le
débiteur saisi s’est acquitté de sa dette et que le créancier saisissant lui a donné bonne et
valable de quittance. Cotonou N° 229/99, 25 novembre 1999. Il en est de même lorsque le
créancier se prévaut d’une simple commission pour justifier la saisie. (CA d’Abidjan, Arrêt
N°458 du 19 Avril 2005, cabinet immobilier et juridique précis c/ Mme Blot Nicole cité
par Ndiaw Diouf, in OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, 4ème ed, p.
1026) ou encore lorsque le créancier apporte la preuve de la créance de manière unilatérale.
(TPI de Libreville, ord N°135/2000-2001 du 29 juin 2001, société Express Tour c/ Société Air
DABIA GAMBIA, Ohadata J-04-136)
Cette exigence est posée par l’art 54 de l’AUPRVE même si son contenu n’est pas
clairement défini. Il s’agit ici d’un péril dans le recouvrement de la créance. Ce péril existe en
présence d’un risque sérieux d’insolvabilité du débiteur ou en présence d’un débiteur qui a de
grosses difficultés financières présentant un caractère permanent. La présentation d’une
coupure de presse présentant les résultats d’une enquête fiscale ou encore le retour de lettres
de relance sans suite ne saurait constituer des circonstances de nature à menacer le
recouvrement de la créance. Le juge apprécie souverainement ces circonstances.
La créance qui justifie une saisie conservatoire peut figurer ou non sur un titre
exécutoire. Il peut s’agir d’un acte authentique ou d’un acte sous-seing privé. Une simple
reconnaissance de dette ou un contrat de vente établi par les parties peut justifier une saisie
conservatoire. La créance peut aussi résulter d’un jugement ayant acquis autorité de la chose
jugée. Cette absence de forme est compensée par l’exigence d’une autorisation judiciaire pour
éviter une pratique abusive des saisies conservatoires.
C- L’autorisation judiciaire
Le créancier qui n’est pas muni d’un titre exécutoire doit, avant toute saisie
conservatoire, obtenir une autorisation judiciaire. Le texte vise les créanciers dont les créances
figurent sur un acte sous-seing privé. Sont assimilés aux créanciers munis d’un titre
exécutoire et donc dispensés d’une autorisation judiciaire, les titulaires d’une lettre de change
acceptée après commandement dès lors que celles-ci sont dues en vertu d’un contrat de bail
d’immeuble écrit. La décision autorisant la saisie conservatoire doit, à peine de nullité,
préciser le montant des sommes pour desquelles la mesure conservatoire est autorisée et
préciser la nature des biens sur lesquels elle porte. Cette autorisation judiciaire devient
caduque lorsque la saisie n’est pas pratiquée dans les trois mois qui suivent la décision l’ayant
autorisée.
Sur le plan matériel c’est le juge du contentieux de l’exécution. Il est saisi de la mesure
d’autorisation par requête pour éviter que le débiteur une fois informé, n’organise son
insolvabilité.
Le juge saisi apprécie souverainement la requête du saisissant. Il peut à cet à cet effet
autoriser la saisie (il prend à cet effet une ordonnance). Ou rejeter la requête du saisissant. La
requête autorisant la saisie conservatoire de droit commun doit à peine de nullité, préciser le
montant des sommes pour lesquelles la saisie est autorisée et préciser la nature des biens sur
lesquels porte saisie (art 59). La voie de recours contre cette décision est l’appel qui doit être
interjeté dans un délai très court à savoir quinze jours.
Dans le meilleur des cas, c’est l’exécution volontaire du débiteur saisi gêné par
l’indisponibilité des biens saisis. En cas de résistance du débiteur saisi, la saisie conservatoire
se convertit en saisie-vente. Par contre il apparaît judicieux de s’attarder sur les contestations
nées du déclenchement d’une saisie conservatoire.
2- Les incidents
Ces motifs sont limitativement évoqués par l’art 62 de l’AUPRVE. Il s’agit de : l’absence
de l’autorisation judiciaire pour le créancier non muni d’un titre exécutoire ; de la non-
indication du montant de la créance cause de la saisie et de la nature des biens dans
l’autorisation judiciaire ; l’absence de mise en œuvre de la saisie dans les trois qui suivent
l’autorisation judiciaire. La main levée de la saisie conservatoire est également demandée par
le débiteur lorsqu’elle a été pratiquée entre les mains d’un tiers et que certaines formalités
n’ont pas été effectuées. Sur cette question, l’article 61(2) dispose que : « si la saisie est
pratiquée entre les mains d’un tiers, les copies des pièces justifiant de ces diligences doivent
être adressées au tiers dans un délai de huit jours à compter de leur date ».
La réduction
Le cantonnement
c- Le concours de saisies
Il survient lorsque d’autres créanciers veulent saisir les mêmes biens. Les modalités de ce
concours de saisie sont déterminées par les dispositions de l’art 74 de l’AUPRVE.
En raison des dispositions assez complètes sur les saisies des biens meubles corporels
dans les arts 62 à 72 de l’AUPRVE, il n’est pas judicieux de s’y attarder. Il en est de même
pour la saisie conservatoire des créances arts 77 à 84 qui très souvent constitue un prélude à la
saisie-attribution. En revanche de saisies spéciales conservatoires de meubles corporels à
l’instar de la saisie foraine et de la saisie-revendication méritent un temps d’arrêt parce
qu’elles présentent plus de spécificité.
Section 2 : Les saisies conservatoires spéciales des biens meubles corporels
C’est une saisie particulière qui permet à un créancier de placer sous les mains de la
justice les biens mobiliers corporels de son débiteur « forain ». Il s’agit d’un débiteur qui vit à
l’étranger ou qui n’a pas de domicile fixe ; il est donc question de saisir les biens meubles
apportés par le débiteur de passage : cas de l’hôtelier par exemple. L’art 73 qui la définit
précise en même temps les conditions de sa mise en œuvre ainsi que la procédure.
Le créancier saisissant doit être domicilié dans la commune où se trouvent les biens du
débiteur qu’il veut saisir.
Elle doit être fondée dans son principe. Les conditions de certitude, de liquidité et
d’exigibilité ne sont pas nécessaires car il s’agit d’une saisie conservatoire. La détention d’un
titre exécutoire n’est pas non plus nécessaire, il suffit pour cela que le créancier saisissant
obtienne une autorisation judiciaire. La juridiction compétente pour autoriser la saisie foraine
et pour connaitre de tout le contentieux de l’exécution est la juridiction du domicile du
créancier.
a- Le débiteur saisi
Il s’agit de tout débiteur sans domicile fixe ou ayant un domicile à l’étranger. Ex : les
nomades, les touristes ou les hommes d’affaires. En ce qui concerne particulièrement les
nomades, la saisie foraine permet aux créanciers victimes des dégâts occasionnés par le
passage des bêtes de saisir le bétail à nouveau de passage.
La saisie foraine comme toute saisie conservatoire rend indisponibles les biens du
débiteur. Elle se solde soit par l’exécution volontaire, soit par la conversion en saisie-vente.
A- Le domaine de la saisie-revendication
- Le véritable propriétaire d’un meuble perdu ou volé peut, à la suite de son action en
revendication, le saisir entre les mains d’un tiers détenteur quand bien même ce dernier serait
de bonne foi.
B- La procédure de saisie-revendication
Elle est constituée d’une seule phase pour le créancier muni d’un titre exécutoire (la saisie
proprement dite) et deux phases pour le créancier non muni d’un titre exécutoire (autorisation
judiciaire et saisie proprement dite).
Le créancier non détenteur d’un titre exécutoire doit obtenir une autorisation judiciaire de
saisie en saisissant par requête la juridiction du domicile ou du lieu où demeure la personne
tenue de délivrer ou de restituer le bien. Cependant, le créancier qui se prévaut d’une décision
de justice n’ayant pas encore force de chose jugée est dispensé de l’autorisation de saisir.
Cette autorisation judiciaire doit mentionner le bien qui doit être saisi ainsi que l’identité
de la personne tenue de le délivrer ou de le restituer. Quant aux modalités proprement dites la
saisie-revendication, elles sont contenues dans les arts 230 à 232 de l’AUVE.
Une fois opérée dans les normes, la saisie-revendication comme toute saisie conservatoire
rend indisponible le bien saisi. Cet effet peut être contesté par le débiteur saisi ou le tiers saisi
qui peuvent alors soulever des incidents.
C- Les incidents
D- L’issue de la saisie-revendication
Elle est la même que celle prévue pour toutes les saisies conservatoires. Cependant pour le
créancier qui a déclenché la saisie sans titre exécutoire, l’obtention d’un titre lui permettra
d’obtenir la délivrance ou la restitution du bien en pratiquant la saisie-appréhension. (Arts 219
et suivant de l’AUPRVE).
Définie par l’art 91 de l’AUPRVE, la saisie-vente est une mesure d’exécution qui
permet à tout créancier muni d’un titre exécutoire constant une créance liquide, exigible et
liquide, après commandement, de faire procéder à la saisie et à la vente des biens meubles
corporels appartenant à son débiteur, qu’ils soient détenus ou non par ce dernier, afin de se
payer sur le prix.
A- Le commandement préalable
C’est un exploit d’huissier qui précède toute saisie et doit être signifié au débiteur huit
jours au moins avant la saisie. Ce commandement de payer doit contenir à peine de nullité les
mentions figurant aux arts 92 et 93 de l’AUPRVE. Il s’agit pour l’essentiel de la référence au
titre exécutoire en vertu duquel la saisie est opérée, l’indication de la somme à payer avec le
décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus ainsi que
l’indication du taux d’intérêt ; de la mention de l’ordre fait au saisi de payer dans un délai de
huit jours sous peine d’y être contraint par la vente forcée de ses biens et l’élection du
domicile du créancier dans le ressort de la juridiction où l’exécution doit être poursuivie. Ce
domicile élu permettra au débiteur de faire au créancier d’éventuelles offres de paiement ou
de lui signifier certains actes de procédure. Le commandement de payer doit être signifié à
personne ou à domicile à l’exclusion du domicile élu. Il peut être délivré dans l’acte de
signification du titre exécutoire.
Elles peuvent être effectuées entre les mains du débiteur saisi, entre les mains d’un tiers ;
entre les mains du créancier saisissant.
Elle est introduite par un itératif commandement. En effet, une fois rendu sur les lieux de
la saisie et si le débiteur est présent, l’huissier lui réitère verbalement la demande de paiement
et l’informe qu’il est tenu de faire connaitre les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie
antérieure. L’huissier ou l’agent d’exécution fait l’inventaire des biens qu’il consigne dans le
procès-verbal de saisie. Les sommes en espèce peuvent être saisies à concurrence du montant
de la créance du saisissant. Elles sont consignées entre les mains de l’huissier ou de l’agent
d’exécution ou au greffe de la juridiction compétente au choix du créancier saisissant, il est
fait mention au procès-verbal de saisie. Le procès-verbal de saisie doit contenir sous peine de
nullité les énonciations prévues à l’art 100 de l’AUPRVE dont la plus importante est
l’indication en caractère très apparents que le débiteur dispose d’un délai d’un moi pour
procéder à la vente amiable des biens saisis dans les conditions prévues par les arts 115 à 119
de l’AUPRVE.
La principale exigence formulée par l’art 105 de l’AUPRVE qui traite des opérations de
saisie entre les mains des tiers est l’obtention d’une autorisation de la juridiction du lieu où
sont situés les biens. Les biens saisis doivent appartenir au débiteur. Si le tiers déclare détenir
les biens pour le compte du débiteur, il est dressé un inventaire qui contient à peine de nullité
les énonciations de l’art 109 de l’AUPRVE.
Si le tiers saisi déclare ne détenir aucun bien pour le compte du débiteur ou s’il refuse de
répondre, il est dressé un acte. Celui-ci est remis ou signifié au tiers avec indication en
caractère très apparents de la sanction à laquelle il s’expose. En effet, aux termes de l’alinéa 2
de l’art 107 de l’AUPRVE le tiers qui refuse de déclarer les biens du débiteur qu’il détient,
qui fait une déclaration inexacte ou mensongère s’expose au paiement des cause de la saisie,
sauf recours contre le débiteur. Il peut aussi être condamné à des dommages et intérêts.
Lorsque la saisie a eu lieu en l’absence du tiers saisi, une copie du procès-verbal de saisie
lui est signifiée en lui impartissant un délai de huit jours pour qu’il porte à la connaissance de
l’huissier ou de l’agent d’exécution l’existence éventuelle d’une saisie antérieure sur les
mêmes biens et qu’il lui en communique le procès-verbal. Le tiers a en principe la garde des
biens saisis. Mais s’il demande à être déchargé, l’huissier nomme un gardien et prend des
dispositions pour assurer l’enlèvement des biens.
C’est l’hypothèse de la saisie sur soi-même (cas du dépositaire pour le paiement du prix
du gardiennage, cas du réparateur pour les frais de maintenance). Celle-ci est autorisé par les
dispositions de l’art 106(2) à condition que le créancier respecte la même procédure que celle
prévue pour la saisie entre les mains du tiers détenteur ; la saisie sur soi a lieu lorsque les
conditions de la compensation ne sont pas réunies alors que le créancier saisissant détient
légitimement certains biens du débiteur. Il réunit donc en sa personne deux qualités : celle de
tiers détenteur et celle de créancier saisissant.
Sur cette question, l’acte uniforme a fait preuve d’innovation en offrant au débiteur la
possibilité de choisir entre la vente amiable et la vente forcée de ses biens.
A- La vente amiable
La vente amiable est intéressante à plus d’un titre pour le débiteur parce qu’elle lui permet
de tirer le meilleur prix, d’éviter une publicité qui peut s’avérer désastreuse pour son crédit et
surtout de faire l’économie des frais afférents aux formalités légales d’une vente aux
enchères.
La vente forcée est effectuée aux enchères publiques, par un auxiliaire de justice habilité,
soit au lieu où se trouvent les objets saisis, soit dans une salle ou un marché public dont la
situation géographique est appropriée pour solliciter la concurrence à moindre frais.
La publicité de la vente se fait aux moyens des affiches apposées à la mairie du domicile
ou du lieu où demeure le débiteur, au marché voisin et tout autre lieu approprié ou au lieu de
la vente. Ces affiches indiquent les lieux, le jour et heure de la vente ainsi que la nature des
biens saisis. La vente peut également être annoncée par voie de presse ou de radio. Cette
publicité doit être effectuée quinze jours au moins avant la date fixée pour la vente. Le
débiteur est informé par lettre recommandée au soin de l’huissier, des lieux, du jour et heure
de la vente dix jours au moins avant sa date.
La vente est arrêtée lorsque le prix des biens vendus assure le paiement du montant des
causes de la saisie et des oppositions, en principal, intérêts et frais. Il est dressé un procès-
verbal de la vente qui contient la désignation des biens vendus, le montant de l’adjudication et
l’énonciation des noms et prénoms des adjudicataires.
1- La mainlevée de la saisie
La mainlevée de la saisie est la nullité de la saisie pour vice de forme ou de fond. Aux
termes des dispositions de l’art 136 de l’AUPRVE, cette mainlevée peut être amiable ou
judiciaire.
La mainlevée amiable est celle qui résulte du ou des créanciers saisissant et le débiteur.
Elle est le résultat d’une compensation ou de la prescription de la créance cause de la saisie.
Elle peut aussi être le résultat d’une garantie ou d’une sûreté réelle ou personnelle accordée
par le débiteur.
La mainlevée judiciaire est la nullité de la saisie prononcée par le tribunal suite à une
contestation de la saisie faite par le débiteur. En plus des motifs invoqués pour la mainlevée
amiable, le débiteur peut demander la nullité de la saisie pour extinction de la dette ou pour
omission des énonciations contenues dans l’art 100 de l’AUPRVE.
- la restitution du bien détenu par un tiers si la nullité de la saisie est déclarée avant la
vente (art 144(2) de l’AUPRVE)
Ils sont prévus par les dispositions des articles 130 et suivant de l’AUPRVE sous
l’appellation : opposition des créanciers. Il convient de préciser les formes de ces oppositions
et leurs effets.
La saisie-adjonction est prévue par l’art 130(1) de l’AUPRVE qui dispose à cet effet que :
« Tout créancier réunissant les conditions de l’art 91 du présent acte uniforme peut se joindre
à une saisie déjà pratiquée sur les biens du débiteur… ». L’alinéa 2 du même article dispose
que : « Aucune opposition n’est recevable après vérification des biens. ». Ainsi, le second
créancier saisissant peut se joindre à la première saisie ou aux saisie antérieures, au moyen
d’une opposition. L’acte d’opposition doit contenir à peine de nullité la mention du titre
exécutoire en vertu duquel elle est formée, le décompte distinct des sommes. Cet acte
d’opposition ainsi établi doit être signifié au premier saisissant ainsi qu’au débiteur. Cette
signification aura pour effet d’entrainer la jonction des différentes saisies. La jonction des
poursuites permet donc d’associer le créancier opposant la première saisie. Ainsi, le premier
créancier et les créanciers opposants peuvent décider de la mainlevée amiable de la saisie en
raison des paiements effectués par le débiteur saisi au cours des procédures de saisie.
Il s’agit de la distraction des biens saisis avant leur vente (art141 de l’AUPRVE) et de la
revendication des biens saisis après leur vente (art 142 de l’AUPRVE).
La saisie des récoltes sur pieds est en réalité une saisie immobilière de par la qualité
d’immeuble par nature des récoltes. Elle devient une saisie mobilière à cause de la
mobilisation anticipée des récoltes. A l’instar de la théorie des immeubles par destination,
celle des meubles par anticipation constitue une fiction. Puisqu’elle doit être coupée un jour
ou l’autre, la récolte sur pied est destinée à devenir un bien mobilier. On va donc par
anticipation la considérer comme un meuble. La saisie des récoltes est l’équivalent de la
saisie-brandon pratiquée en France. Les brandons sont des faisceaux de paille que l’on mettait
aux quatre coins du champ dont les récoltes étaient saisies. La prise en compte de la place
prépondérante de l’agriculture dans les économies africaines est à l’origine de la
réglementation de la saisie des récoltes. En effet, les fruits et les récoltes constituent souvent
l’essentiel du patrimoine de certains individus dans le monde rural. La saisie des récoltes
présente certaines spécificités qui se dégagent de ses conditions et de sa procédure.
La créance, cause de la saisie des récoltes ne présente aucune spécificité. En revanche les
sujets de la saisie et l’objet restent particuliers.
1- Les sujets
C’est le débiteur de la créance cause de la saisie des récoltes qui méritent des précisions.
Le débiteur saisi ici doit être le propriétaire de la récolte. Il peut être propriétaire de la récolte
mais peut ne pas être propriétaire de la terre. Par conséquent le propriétaire de la récolte peut
être fermier, métayer, un usufruitier ou même un acheteur. Le créancier saisissant doit avoir
cette qualité par rapport au débiteur saisi.
Aux termes des dispositions de l’art 147 de l’AUPRVE, les récoltes et les fruits proches
de la maturité peuvent être saisis avant d’être séparés du sol… Cette saisie doit être faite, à
peine de nullité dans les six semaines avant l’époque habituelle de maturité. Pour éviter les
formalités contraignantes de la saisie immobilière, le législateur considère la récolte proche de
la maturité comme un meuble par anticipation.
La saisie des récoltes s’applique donc aux fruits naturels (ceux qui sont données
spontanément par un arbre ou la terre). Ou ceux issus de l’agriculture industrielle. Sont exclus
les produits tels que les matériaux à extraire d’une mine ou d’une carrière. Les fruits civils tels
que les intérêts de somme d’argent, les loyers en sont exclus. La saisie des récoltes ne peut
être pratiquée que sur les fruits pendants par racines ou aux branches et proche de la maturité.
Cette double exigence signifie que la saisie ne peut être opérée ni avant les récoltes, ni après
les récoltes. Après les récoltes, les fruits ne peuvent faire l’objet que d’une saisie-vente de
droit commun.
La saisie des récoltes présente une particularité importante en ce qui concerne la vente des
récoltes saisies. L’acte uniforme exclut l’hypothèse de la vente amiable dans la mesure où les
dispositions des arts 150 à 152 de l’AUPRVE organisent uniquement les modalités de la vente
forcée. Par ailleurs la récolte peut être vendue sur pied ou après récolte (art 151 de
l’AUPRVE). La vente forcée ainsi que les incidents sont règlementées suivant les dispositions
de la saisie-vente de droit commun.
Les créances sont des meubles incorporels et naissent d’engagements divers. C’est cette
diversité des créances qui expliquent l’aménagement des mesures d’exécution forcée
spécifiques à chaque type de créance. À ce titre nous allons retenir la saisie-attribution et la
saisie des rémunérations comme mesure d’exécution forcée sur les créances.
C’est une mesure d’exécution forcée consacrée par l’acte uniforme de 1998 qui porte
uniquement sur les créances. La saisie-attribution de 1998 a remplacé la saisie-arrêt jugée trop
formaliste qui était pratiquée dans la plupart des pays.
C’est une voie d’exécution qui permet à un créancier de saisir entre les mains d’un tiers,
appelé tiers saisi, les créances portant sur une somme d’argent autre que les créances de
rémunération du travail et de se faire attribuer les dites sommes dès l’exploit de saisie.
Concrètement le créancier saisissant fait saisir les sommes détenues par le débiteur de son
débiteur et se les fait attribuer. Comme pour toute saisie, il convient de déterminer les
conditions, la procédure et enfin les incidents.
Il s’agit de tout créancier muni d’un titre exécutoire conformément aux conditions
communes à toutes les saisies. Art 153
2- Le débiteur saisi
3- Le tiers saisi
L’acte uniforme s’est contenté de préciser que le tiers saisi doit être le débiteur du débiteur
saisi. Mais en réalité le tiers saisi doit avoir la qualité de tiers aussi bien à l’égard du débiteur
saisi que du créancier saisissant.
Peuvent donc être considérés comme tiers saisi : les représentants conventionnels ou
légaux du débiteur saisi dès lors qu’ils détiennent des sommes d’argent dues au débiteur saisi
en vertu d’un pouvoir propre et autonome. Par conséquent une saisie-attribution peut être
effectuée entre les mains d’un avocat, d’un notaire, d’un représentant légal du débiteur
mineur, d’un banquier ou d’un séquestre.
En revanche l’existence d’un lien de subordination fait tomber la qualité de tiers saisi. Il
en est ainsi du préposé au débiteur. Ex son caissier. Sur la notion de tiers saisi, le problème se
pose lorsque le créancier est même temps débiteur de son débiteur. En d’autres termes un
créancier peut-il saisir entre ses propres mains des sommes dues par lui au débiteur en se
fondant sur la dette réciproque de celui-ci à son égard ? cette hypothèse se pose lorsque deux
personnes sont mutuellement créancières et débitrices l’une de l’autre. Ex : un locataire qui
doit le loyer mensuel et qui est créancier du bailleur en raison des réparations effectuées dans
les lieux loués. En principe, il devrait avoir compensation entre les deux. Mais lorsque les
conditions ne sont pas réunies pour qu’une compensation opère, la saisie-attribution sur soi-
même est valable par interprétation extensives des dispositions de l’art 106 de l’AUPRVE qui
autorise la saisie sur soi en matière de saisie mobilière.
C’est la créance qui va être saisie et attribuée au créancier saisissant. C’est celle du tiers
saisi à l’égard du débiteur saisi. Il s’agit de la créance du débiteur saisi contre les tiers saisis.
La saisie-attribution porte sur les sommes d’argent à l’exclusion des rémunérations. Par
ailleurs la créance que le créancier saisissant veut faire bloquer doit exister le jour de la saisie
sous peine de nullité pour faute d’objet. Cette créance n’a pas besoin d’être certaine, liquide et
exigible ou de figurer sur un titre exécutoire. La saisie-attribution peut donc porter sur une
créance à terme ou conditionnelle. Tel est donc le cas de la créance de loyer du débiteur saisi
entre les mains du tiers saisi avant l’échéance c’est-à-dire avant la fin du mois ou la période
de référence. La créance objet de la saisie-attribution doit en outre être disponible c’est-à-dire
saisissable. La créance sur laquelle porte la saisie-attribution peut consister en des sommes
inscrites sur un compte bancaire, dans une telle hypothèse, la procédure comportera quelques
particularités.
A- La phase de la saisie-attribution
Les énonciations des arts 156 et 157, alinéa 2, 1 à 5 de l’AUPRVE, sous peine de
nullité, figurer dans le procès-verbal.
2- La signification du procès-verbal de saisie-attribution au tiers saisi
Ils sont mesurés à la fois à l’égard du tiers saisi et à l’égard de la créance saisie.
Toute déclaration tardive, inexacte ou incomplète expose le tiers saisi au paiement des
causes de la saisie sans préjudice d’une condamnation au paiement des dommages et intérêts.
En cas de refus de déclaration ou de silence gardé par le tiers, la sanction encourue est
double : paiement des causes de la saisie et paiement des dommages et intérêts. Le paiement
des causes de la saisie peut être une sanction très grave pour le tiers saisi lorsque par exemple
la créance cause de la saisie est de loin supérieure au montant de la créance objet de la saisie.
Le tiers saisi devra alors payer plus que ce qu’il doit.
Ex1 : la créance cause de la saisie est de dix millions. La créance objet de la saisie est
de quinze millions. Après signification de l’exploit de la saisie-attribution, l’indisponibilité va
seulement frapper dix millions qui seront bloqués entre les mains du tiers saisi. Les cinq
millions en plus restent disponibles peuvent être versés au débiteur saisi.
Ex 2 : La créance, objet de la saisie est de trois millions. La créance, cause de la saisie
est de cinq millions. Il n’y aura pas de cantonnement les trois millions saisis seront
entièrement indisponibles.
L’acte de saisie ne permet pas au créancier saisissant de disposer des sommes saisies.
L’attribution immédiate dont il est question est quelque peu artificielle dans le but de protéger
le premier créancier saisissant contre d’autres créanciers postérieurs, et lui réserver de ce fait
un privilège exclusif sur la somme saisie-attribuée.
Par conséquent, le débiteur ne peut plus consentir à une remise totale de dette au
bénéfice du tiers saisi ou recourir à la compensation, à la novation ou à une cession de créance
dès que la saisie pratiquée lui est dénoncée.
B- La dénonciation de la saisie au débiteur
Elle doit être faite dans les huit jours qui suivent la signification de l’acte de saisie. Le
non-respect de ce délai rend caduc l’acte de saisie. La dénonciation de la saisie au débiteur est
faite par exploit d’huissier dont le contenu est déterminé par l’alinéa 2 de l’art 160 de
l’AUPRVE. Ce nouvel exploit aura pour objet d’informer le débiteur saisi et de lui permettre
éventuellement de soulever des contestations relatives à la saisie effectuée. Ces contestations
doivent être soulevées dans un délai d’un mois. Cette démarche est justifiée par l’existence
éventuelle d’une compensation ou d’une prescription trentenaire de la créance, cause de la
saisie.
C’est la phase qui marque la fin de la saisie-attribution. L’acte uniforme a supprimé les
phases de contre-dénonciation et d’instance en validité qui existaient dans l’ancienne saisie-
arrêt. La phase de paiement met en présence le créancier saisissant et le tiers saisi.
Ce paiement est effectué entre les mains du créancier saisissant et éteint, à concurrence
des sommes versées, l’obligation du débiteur envers le créancier en cas d’insuffisance de la
créance objet de la saisie. Il peut encore être fait entre le mains du mandataire justifiant d’un
pouvoir spécial (avocat, notaire). Si les sommes versées sont insuffisantes, le créancier pourra
poursuivre son débiteur pour le surplus. Lorsque les créances portent sur des obligations à
exécutions successives, le tiers saisi se libère au fur et à mesure des échéances. La saisie ne
produit plus d’effets lorsque le tiers saisi cesse d’être tenu envers le débiteur.
En cas de refus de paiement par le tiers saisi des sommes qu’il a reconnues devoir au
débiteur ou dont il a été jugé débiteur, la contestation est portée devant la juridiction
compétente qui peut délivrer un titre exécutoire contre le tiers saisi.
Les services bancaires sont incontournables dans les transactions d’affaires, de telle
sorte que la plupart des paiements se font obligatoirement à partir des comptes bancaires. Les
voies d’exécution doivent donc s’adapter aux usages et aux produit bancaires (chèques, effets
de commerce, virements escomptes…) ex : le règlement d’un chèque reçu et déposé pour
encaissement passe par plusieurs étapes. Il faut dans un premier temps vérifier et s’assurer que
le compte du tireur dans la banque tirée est suffisamment approvisionné. Il faut ensuite
procéder à la compensation en inscrivant le montant du chèque dans le compte du bénéficiaire
en le créditant. Toutes ces opérations nécessitent le respect de certains délais. C’est ainsi que
dans les dispositions communes à toutes les saisies, l’acte uniforme précise le sort des
créances insaisissables versées dans un compte bancaire (art 52 à 53). Les arts 161 à 163
définissent les modalités propres concernant la déclaration faite par les établissements
financiers assimilés en leur qualité de tiers saisis. Pour plus de clarté, il convient tout d’abord
d’identifier les comptes et les établissements financiers visés dans l’acte uniforme et le
déterminer de sort des créances insaisissables versées sur un compte bancaire.
Paragraphe 1 : Les comptes et les établissements financiers visées dans l’Acte
Uniforme
Les articles 161 à 163 s’appliquent aux comptes de dépôt, aux comptes courants, aux
comptes d’espèces et même aux comptes joints. Sont exclus les comptes de titres pour
lesquels les règles de la saisie des valeurs mobilières d’associés s’appliquent.
Il s’agit des banques proprement dites et des établissements financiers et assimilés tels
que les centres de chèques postaux, les caisses d’épargne et de crédit.
-La déclaration provisoire est faite le jour même de la saisie par l’établissement
bancaire à l’huissier ou l’agent d’exécution. Elle donne des informations sur la nature du
compte ou des comptes du débiteur ainsi que leur solde au jour de la saisie. Cette information
est accompagnée de pièces justificatives à l’instar de relevés de compte. C’est le siège ou
l’agence qui tient le compte ou les comptes du débiteur qui doit faire la déclaration. Cette
déclaration est provisoire parce qu’elle est susceptible de varier en faveur ou en défaveur du
créancier saisissant.
Avant l’acte uniforme, la saisie ne frappait d’indisponibilité que les sommes déposées
sur le compte à la date de la saisie et ne pouvait concerner des dépôts ultérieurs effectués sur
le dit compte. L’acte uniforme prend en compte les mouvements effectués dans le compte.
Ainsi, les opérations de crédit effectuées avant la saisie sont à l’avantage du créancier
saisissant car elles augmentent le solde du compte saisi. C’est le cas des chèques ou des effets
de commerce déposés à l’encaissement mais non encore portés au compte avant la saisie.
Quant aux opérations de débit, elles sont en défaveur du créancier saisissant parce
qu’elles diminuent le solde du compte saisi.
Ex : monsieur Nyanso, fabricant de boissons alcoolisées, est titulaire d’un compte
courant à la BICEC. Ce compte a fait l’objet d’une procédure de saisie-attribution le 22
janvier 2018 pour le recouvrement d’une créance de neuf millions au profit du garagiste
Bikié. Au moment de la saisie, le compte sur déclaration provisoire du banquier contenait dix
millions de francs. Or, le 20 janvier 2017, Mr Nyanso a tiré deux chèques : le premier de
quatre millions pour son fournisseur en carburant, le deuxième de trois millions de francs pour
son bailleur. Le 23 janvier 2017, il a reçu le chèque de cinq millions de francs au titre du
paiement des ristournes et l’a déposée à la BICEC pour encaissement. Au vu des dispositions
de l’Acte uniforme, vérifions si dans les quinze jours qui suivent la saisie-attribution, Bikié
pourra obtenir un paiement. Il faut pour cela procéder au calcul du solde définitif du compte
courant.
Les opérations de crédit en faveur du créancier saisissant sont de 4 000 000 (1er chèque
pour le règlement du carburant) + 3 000 000f (2ème chèque pour le règlement du loyer) ce qui
fait au total 7 000 000 f.
Dans notre exemple, le solde provisoire déclaré par le banquier a évolué en défaveur
du créancier Bikié. Sur les dix millions qui existaient le jour de la saisie, Bikié, après
passation des mouvements du compte, ne peut espérer qu’un paiement de 8 000 000 f.
Dans une saisie-attribution effectuée hors d’un compte bancaire, l’indisponibilité allait
frapper les neufs millions le jour même de la saisie et jusqu’au paiement du créancier
saisissant. Face à une telle situation, l’art 167(7) de l’AUPRVE dispose : « En cas de
diminution des sommes rendues indisponibles, l’établissement doit fournir, par lettre
recommandée avec avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite adressé au
créancier saisissant au plus tard huit jours après l’expiration du délai de contre passation, un
relevé de toutes les opérations qui ont affecté les comptes depuis le jour de la saisie
inclusivement ». En d’autres termes, le tiers saisi en l’occurrence le banquier doit mettre à
disposition du créancier saisissant toutes les informations qui ont fait évoluer la déclaration
provisoire en défaveur de ce dernier.
C- Le cas des comptes alimentés par les gains et salaire des époux
L’acte uniforme s’est également préoccupé de la saisie pratiquée sur des comptes
joints c’est-à-dire, ceux qui dont plusieurs personnes sont cotitulaires. La particularité du
compte joint réside dans le fait que chaque cotitulaire peut effectuer des opérations de retrait
par sa seule signature et quelque soit le montant. Inversement tout créancier d’un cotitulaire
peut faire saisir l’intégralité des avoirs dudit compte, quitte à ce que l’autre cotitulaire non
concerné obtienne le cantonnement en justifiant le quantum de son avoir dans ledit compte.
L’art 53 de l’AUVE assure la protection des gains et des salaires du conjoint en cas de saisie
pratiqué sur un compte joint. Lorsqu’un tel compte fait l’objet d’une mesure d’exécution
forcée pour le remboursement d’une dette contractée par un conjoint, il est laissé à l’autre
conjoint une somme équivalente à son choix, au montant des gains et salaires versés au cours
du mois précédent la saisie au montant moyen mensuel des gains versés dans les douze mois
précédent la saisie.
Les créances à exécutions successives dérogent aux dispositions générales des saisies-
attribution. À l’exception de la saisie des rémunérations qui fait l’objet d’une règlementation
stricte, d’autres créances libérées par échéances peuvent faire l’objet de saisie-attribution.
C’est le cas des créances de loyers.
Elle remplace l’ancienne saisie arrêt des salaires. La saisie des rémunérations se
caractérise par le souci de protéger les rémunérations des travaux effectués par un salarié. Elle
est complétée par la cession des rémunérations (art 205 à 212 AUPRVE) qui se veut un mode
amiable d’exécution.
Elle nous amène à préciser les sujets, les créances et la procédure de cette saisie.
1- Le créancier
Le créancier de la saisie des rémunérations est toute personne ayant la qualité de
créancier muni d’un titre exécutoire peu importe qu’elle soit créancière chirographaire ou
créancier privilégié.
2- Le débiteur
Le débiteur doit avoir la qualité de salarié ou de travailleur à quelque titre que ce soit,
vis-à-vis d’un ou de plusieurs employeurs. Il s’agit de toute personne qui fournit des services
sous la dépendance économique de celui qui l’emploie. La saisie des rémunérations peut donc
s’appliquer aux rémunérations dues à un gérant de société. Sont cependant exclus, les
honoraires versés aux membres des professions libérales ou les droits d’auteurs.
3- Le tiers saisi
La créance cause de la saisie des rémunérations doit être liquide, exigible et certaine
parce qu’il s’agit ici d’une saisie à fin d’exécution. Par conséquent un créancier dont la
créance figure sur un acte sous-seing privé n’a pas vocation à déclencher une saisie des
rémunérations.
La créance objet de la saisie doit être due à titre de rémunérations, il faut entendre le
salaire proprement dit mais encore les primes, les commissions, les participations aux
bénéfices, avantages en nature, heures supplémentaires, congés payés et autres. Ne sont pas
inclus le remboursement de frais exposés par l’employé, les allocations familiales.
Ces rémunérations peuvent être saisies que dans les proportions déterminées par
chaque Etat partie. À cet effet, le décret n°69/DF/289 du 30 Août 1969 modifié par le décret
N° 94/197/PM du 9 Mai 1994 relatif au retenu sur salaire détermine la fraction saisissable du
salaire de manière suivante :
-1/5 pour le salaire supérieur à 18750 et inférieur ou égal à 37 500 F par mois ;
-1/4 pour le salaire supérieur à 37500 et inférieur ou égal à 75 000 F par mois ;
-1/3 pour le salaire supérieur à 75 000 et inférieur ou égal à 112 000 F par mois ;
-1/2 pour le salaire supérieur à 112 500 et inférieur ou égal à 142 500 F par mois ;
Les opérations de saisie et de paiement du créancier sont précédées par une tentative
de conciliation.
A- La tentative de conciliation
Pour éviter les frais d’huissier, l’acte de saisie est notifié à l’employeur par lettre
recommandée avec accusé de réception ou tout moyen laissant trace écrite. La notification de
la saisie à l’employeur frappe d’indisponibilité la quotité saisissable du salaire. L’employeur
doit donc éviter de verser au débiteur cette fraction saisissable du salaire et doit la conserver
pour le paiement du créancier saisissant. Le salarié débiteur recouvre la fraction insaisissable.
Tout créancier muni d’un titre exécutoire peut, sans tentative de conciliation préalable
intervenir à une procédure de saisie des rémunérations en cours, afin de participer à la
répartition des sommes saisies. Lorsque le concours a été effectué dans les normes, les
versements effectués par le tiers saisi sont domiciliés dans un compte ouvert par le greffier
dans un établissement bancaire ou postal ou au trésor public.
La répartition des sommes est effectuée par le président du tribunal dans la première
semaine des mois de février, mai, août et novembre. Tous les créanciers saisissants viennent
en concours souvent des causes légitimes de préférence (l’existence d’un privilège ou
caractère alimentaire de la créance).
Elle peut être amiable ou judiciaire. Quel que soit sa forme, la mainlevée doit être
notifiée au tiers saisi c’est-à-dire l’employeur dans les huit jours qui suivent.
La saisie immobilière est une procédure par laquelle le créancier poursuit devant le
tribunal la vente de ou des immeubles de son débiteur ou ceux affectés à sa créance (cas de
l’hypothèque). Les biens immobiliers étant considérés comme des valeurs refuge, on observe
un formalisme très strict dans le déroulement de la saisie immobilière. Ce formalisme est
justifié par la nature des intérêts qui sont en jeu. Il y a d’abord les intérêts du débiteur saisi
dont l’immeuble objet de la saisie immobilière constitue très souvent le seul élément de sa
fortune. Il y a ensuite les intérêts des tiers qui ont l’immeuble des droits qu’il faut préserver
(cas de plusieurs créanciers hypothécaires). Il y a enfin les intérêts des acquéreurs qui ont
besoin d’un droit inattaquable.
Les règles qui organisent la saisie immobilière sont d’ordre public, aucune dérogation
n’est envisageable dans la mesure où l’acte uniforme interdit les clauses de voie parée. La
clause de voie parée est l’acte par lequel le débiteur consent, à l’avance, au créancier le droit
de vendre l’immeuble hypothéqué à son profit en le dispensant de respecter la procédure
légale de vente aux enchères publiques devant le tribunal. En droit français, la jurisprudence
admet la validité de la clause de voie parée à condition qu’elle soit postérieure à la naissance
de la dette. L’idée qui soutient cette jurisprudence est que le débiteur n’a besoin de protection
qu’au moment de la conclusion du contrat de crédit parce que, pressé par le besoin, il n’est
pas Libre de discuter les conditions de crédit. Le respect strict du formalisme prescrit par
l’acte uniforme se caractérise par une multitude de formalités qui ont trait aux conditions, au
déroulement et au contentieux de la saisie immobilière.
Il s’agit du saisissant et saisi qui selon les circonstances ne sera forcément pas le
débiteur.
A- Le saisissant
Il convient de donner ici des précisions sur la personne du saisissant et sur la nature de la
créance qui justifie la saisie.
1- La personne du saisissant
Tous les créanciers peuvent en principe déclencher une saisie immobilière. Les inégalités
entre les créanciers n’existent qu’au moment de la distribution du prix. Cependant le droit de
saisir du créancier est limité par les dispositions de l’art 28 de l’AUPRVE qui imposent aux
créancier chirographaires l’obligation de procéder d’abord à la saisie des meubles de leur
débiteur avant de poursuivre le recouvrement sur les immeubles. Le créancier saisissant doit
avoir la capacité d’ester en justice, par conséquent les personnes frappées d’une incapacité
d’exercice ne peuvent pas pratiquer une saisie immobilière.
Il est soit le débiteur propriétaire de l’immeuble, soit toute personne autre que le débiteur.
Dans cette hypothèse, il n’y a pas de difficulté particulière à relever. Cependant des
précisions supplémentaires doivent être apportées selon que l’immeuble est un bien
indivis ou commun à deux époux.
Lorsque le débiteur est en indivision, sa part ne peut être mise en vente avant le partage ou la
liquidation provoquée par le créancier. En ce qui concerne un immeuble commun aux deux
époux, la saisie est pratiquée contre les deux époux.
a- Le tiers acquéreur
Il s’agit ici de l’acquéreur d’un immeuble hypothéqué qui, en vertu du droit de suite du
créancier hypothécaire, s’expose à une saisie diligentée par celui-ci. Face aux poursuites,
l’acquéreur de l’immeuble a trois possibilités :
La caution réelle est celle qui a garanti son engagement en consentant une sûreté réelle sur
son immeuble. Elle fait partie à l’acte constitutif de l’hypothèque
Elles doivent être liquides, exigibles, certaines et constatées dans un titre exécutoire. Il
suffit que le titre soit exécutoire même s’il n’est pas définitif. Il ressort à cet effet de l’alinéa 2
de l’art 247 de l’AUPRVE que « la poursuite peut également avoir lieu en vertu d’un titre
exécutoire par provision, ou pour une créance en espèce non liquidée ; mais l’adjudication ne
peut être effectuée que sur un titre définitivement exécutoire et après liquidation » (voir
également l’article 32). Ces créances peuvent résulter d’une décision de justice passée en
force de chose jugée ou d’un acte notarié.
En principe tous les immeubles sont saisissables. Cependant, on observe des restrictions
importantes aux droits du créancier saisissant
L’acte uniforme ne dresse pas une liste exhaustive des immeubles susceptibles de faire
l’objet d’une saisie immobilière. Des dispositions du code civil et notamment l’article 2204(il
détermine de manière incomplète les immeubles qui peuvent être saisis), de l’acte uniforme
(article 119 de l’AUS et de l’art 253 de l’AUPRVE) on déduit que les immeubles visés dans
le cadre d’une saisie immobilière sont les immeubles susceptibles d’être hypothéqués et
logiquement les immeubles immatriculés. Cependant l’art 253 de l’AUPRVE permet au
créancier saisissant de requérir l’immatriculation à la conservation foncière lorsque les
immeubles visés par la saisie immobilière en sont dépourvus. Cette hypothèse nous semble
inappropriée pour le contexte camerounais dans la mesure où la propriété immobilière
découle de l’obtention d’un titre foncier
La troisième restriction résulte des dispositions de l’art 264 de l’AUPRVE qui, lorsque la
valeur des immeubles saisis dépasse notablement le montant de la créance, donne au débiteur
la possibilité d’obtenir de la juridiction compétente qu’il soit sursis aux poursuites sur un ou
plusieurs immeubles désignés dans le commandement
Les immeubles par destination ne peuvent être saisis isolément. La saisie des
immeubles par destination n’est possible qu’avec le fonds lui-même sauf pour le paiement de
leur prix (privilège du vendeur à crédit)
Le commandement aux fins de saisie a pour but de mettre en demeure le débiteur de régler
sa dette et de placer l’immeuble sous la main de la justice
Il est nécessaire de préciser ici les modalités de l’établissement, de la signification, de la
publication du commandement
Le pouvoir d’établir le commandement est partagé entre les huissiers et les agents
d’exécution
1- Le contenu du commandement
-l’avertissement que faute de payer dans un délai de vingt jours, le commandement pourra
être transmis à la conservation foncière et vaudra saisie à compter de sa publication
Deux obligations méritent une attention particulière de par leur caractère spécifique à la saisie
immobilière. Il s’agit de la copie du pouvoir spécial de saisie donnée à l’huissier et la
constitution d’avocat. La saisie immobilière est un acte grave, l’huissier ne doit pas la
déclencher de sa propre initiative. Ce pouvoir spécial peut être donné par acte sous seing-
privé comportant la signature du poursuivant. La constitution d’avocat s’explique par le fait
que le créancier poursuivant doit élire domicile chez l’avocat constitué et chez lui devront lui
être notifiés les actes d’opposition au commandement, les offres réelles ou toutes
significations relatives à la saisie. Les énonciations prévues à l’art 254 de l’AUPRVE sont
exigées sous peine de nullité
Il résulte des dispositions de l’alinéa 3 de l’art 259 que le commandement doit être déposé à
la conservation foncière ou auprès de l’autorité administrative dans les trois mois à compter
de la signification ; passé ce délai, le créancier ne peut reprendre les poursuites qu’en les
réitérant. En pratique l’huissier ou l’agent d’exécution fait viser l’original du commandement
par le conservateur foncier à qui copie est remise pour publication
C’est la meilleure des issues pour le poursuivant. Lorsque le débiteur paie dans les
vingt jours, l’inscription est radiée par le conservateur ou l’autorité administrative sur
mainlevée donnée par le créancier
La vente proprement dite de l’immeuble est précédée par la rédaction et le dépôt d’un
cahier de charges ; la sommation d’en prendre connaissance, l’audience éventuelle s’il existe
des contestations relatives aux conditions de la vente et enfin la publicité de la vente.
Le créancier saisissant, dans les huit jours au plus tard après le dépôt du cahier de
charges, fait sommation au saisi et aux créanciers inscrits d’en prendre connaissance et d’y
insérer leurs dires. Les dires ou observations sont les contestations éventuelles relatives aux
modalités de la vente de l’immeuble saisi contenues dans le cahier des charges
A- L’audience éventuelle
Les dires et observations peuvent donner lieu à une audience éventuelle dont la date
doit être indiquée dans la sommation. Cette date peut être reportée pour des causes graves et
dûment justifiées, ou bien lorsque la juridiction saisie exerce d’office son contrôle sur le
cahier de charges.
Les mesures de publicité ont pour but d’informer ceux qui peuvent être intéressés par
la vente d’une part et d’autre part la réalisation de la vente au meilleur prix. Cette publicité
s’opère par la publication d’un extrait du cahier de charges signé par l’avocat poursuivant par
insertion dans un journal d’annonces légales et par opposition de placards à la porte du
domicile du saisi, de la juridiction compétente ou de l’étude du notaire convenu ainsi que dans
les lieux officiels d’affichage de la commune de situation de biens.
En ce qui concerne l’insertion de la vente dans un journal d’annonces légales, elle est
justifiée par un exemplaire du journal signé par l’imprimeur. Quant à l’affichage, il est justifié
par un procès-verbal de l’huissier rédigé sur un exemplaire du placard
C- L’adjudication
Dans le cadre d’une saisie immobilière, l’adjudication est l’attribution de l’immeuble
mis aux enchères à la personne qui offre le prix le plus élevé. L’adjudication doit avoir lieu
entre le trentième et le soixantième jour après l’audience éventuelle et doit être requise par le
poursuivant verbalement ou par écrit. Au cours de l’adjudication des enchères peuvent être
effectuées. Les enchères sont les offres successives et de plus en plus élevées par des
personnes (les enchérisseurs) qui désirent acquérir l’immeuble. En ce qui concerne le
déroulement des enchères, les détails sont donnés par l’art 283 de l’AUPRVE. IL convient
tout de même de souligner que les avocats ne peuvent enchérir pour les membres de la
juridiction compétente ou pour l’étude du notaire devant lesquelles se poursuit la vente, à
peine de nullité de l’adjudication ou de la surenchère et des dommages et intérêts. Ils ne
peuvent, sous les mêmes peines, enchérir pour le saisi, ni pour les personnes notoirement
insolvables. En outre, l’avocat poursuivant ne peut se rendre personnellement adjudicataire, ni
surenchérisseur à peine de nullité de l’adjudication ou de la surenchère et de dommages et
intérêts envers toutes les parties.
Les biens sont adjugés à celui qui a porté l’enchère la plus élevée ou pour le montant
de la mise à prix s’il n’y a pas d’enchères par décision judiciaire ou procès-verbal du notaire
porté en minute à la suite du cahier de charges. L’adjudicataire est tenu de toutes les
obligations contenues dans le cahier de charges et principalement le paiement du prix et
accessoirement les frais
D- La surenchère
Les incidents de la saisie immobilière sont d’origines diverse. Certains sont nés de la
pluralité de saisies et justifient des poursuites, d’autres sont relatifs à la non observation des
conditions légales de la saisie immobilière et peuvent justifier une demande en annulation, les
autres enfin résultent de la contestation du droit de propriété de l’immeuble saisi et ouvrent la
voie à une action en distraction . Lire à cet effet les arts 298 à 313 de L’AUPRVE
CHAPITRE 3 : LA DISTRIBUTION DU PRIX DE L’IMMEUBLE