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Université de Yaoundé II Année académique 

: 2017-
2018

Faculté de sciences juridiques et politiques Master 1 option droit privé

Unité d’enseignement : LES VOIES D’EXÉCUTION ET LES


PROCÉDURES DE DISTRIBUTION

Dr. Essama Joséphine Angèle

PLAN :

INTRODUCTION GÉNÉRALE

PARTIE I : LES PROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RECOUVREMENT DES CRÉANCES

Section 1 : l’injonction de payer

Paragraphe 1 : les caractéristiques de la créance à recouvrer

Paragraphe 2 : la nature de la créance

Paragraphe 3 : Le déroulement de la procédure de l’injonction de payer.

Section 2 : l’injonction de délivrer et de restituer

Paragraphe 1 : Le domaine de l’application de l’injonction de délivrer ou de restituer.

Paragraphe 2 : la juridiction compétente

Paragraphe 3 : la requête de l’injonction de délivrer ou de restituer

Paragraphe 4 : l’issue de la requête portant injonction de délivrer ou de restituer

PARTIE II : LE CADRE GÉNÉRAL DE L’EXÉCUTION FORCÉE

Chapitre 1 : LES ACTEURS

Section 1 : le créancier saisissant

Paragraphe 1 : les créanciers


Paragraphe 2 : les mandataires ou représentant du créancier

Paragraphe 3 : les successeurs ou ayant cause

Section 2 : le débiteur saisi

Paragraphe 1 : le débiteur saisi

Paragraphe 2 : le débiteur insaisissable

Section 3 : les tiers

Paragraphe 1 : la notion de tiers

Paragraphe 2 : les obligations du tiers

Chapitre 2 : LES ORGANES DE LA PROCÉDURE

Section 1 : Le juge de l’exécution

Section 2 : L’huissier de justice

Section 3 : le ministère public

Chapitre 3 : LES CONDITIONS DE TOUTE POURSUITE

Section 1 : la consécration des titres exécutoire par provision

Paragraphe 1 : les différents titres exécutoires

Paragraphe 2 : l’admission des titres par provision

Section 2 : les biens saisissables

Paragraphe 1 : le principe général de saisissabilité

Paragraphe 2 : les exceptions

Paragraphe 3 : les exigences communes à toutes les opérations de saisie

Paragraphe 4 : les conséquences générales de toutes saisie

PARTIE III : L’EXÉCUTION FORCÉE SUR LES MEUBLES CORPORELS

Chapitre 1 : les saisies mobilières conservatoires

Section1 : les saisies conservatoires ordinaires des meubles


Paragraphe 1 : les dispositions générales des saisies conservatoires ordinaires

Paragraphe 2 : l’issue et les incidents de la saisie conservatoire

Section 2 : les saisies conservatoires spéciales des biens meubles corporels

Paragraphe 1 : la saisie foraine

Paragraphe 2 : la saisie revendication

Chapitre 2 : LA SAISIE-VENTE 

Section 1 : la saisie-vente de droit commun

Paragraphe 1 : les opérations de saisie

Paragraphe 2 : la vente des biens saisis

Paragraphe 3 : les incidents et leur règlement

Section 2 : les saisie-ventes spéciales

Paragraphe 1 : la saisie des récoltes sur pieds

Paragraphe 2 : la procédure de la saisie des récoltes

PARTIE IV L’EXÉCUTION FORCÉE SUR LES CRÉANCES

Chapitre 1 : LA SAISIE-ATTRIBUTION

Section 1 : la saisie-attribution soumise aux conditions générales

Paragraphe 1 : les conditions de la saisie-attribution

Paragraphe 2 : la procédure de la saisie attribution

Paragraphe 3 : les contestations à l’issue d’une saisie attribution

Section 2 : la saisie-attribution soumise aux dispositions particulières

Paragraphe 1 : la saisie-attribution des sommes contenues dans un compte bancaire

Paragraphe 2 : la saisie-attribution des créances à exécution successives

Chapitre 2 : la saisie des rémunérations

Section 1 : l’originalité de la procédure de la saisie des rémunérations

Paragraphe 1 : les sujets


Paragraphe 2 : les créances

Paragraphe 3 le paiement

Paragraphe 4 : les incidents de la saisie des rémunérations

PARTIE V : L’EXÉCUTION FORCÉE SUR UN IMMEUBLE

CHAPITRE 1 : LES PRÉALABLES

Section 1 : les acteurs

Paragraphe 1 : un créancier muni d’un titre exécutoire

Paragraphe 2 : un débiteur saisi

Section 2 : les créances

Section 3 : les immeubles

Paragraphe 1 : les immeubles saisissables

Paragraphe 2 les immeubles insaisissables

Chapitre 2 : la procédure

Chapitre 3 la distribution du prix de l’immeuble


INTRODUCTION GÉNÉRALE

I- DÉFINITIONS ET IMPORTANCE DES VOIES D’EXÉCUTION

L’exécution forcée est l’exécution d’une convention ou d’un jugement imposé au débiteur
sur sa personne ou ses biens par le ministère d’un officier compétent, et, au besoin, de la force
armée, en observant les formalités prescrites par la loi. Cette définition globale de l’exécution
forcée se démarque un tout petit peu des voies d’exécution car elle embrasse aussi bien le
droit pénal (exécution forcée sur la personne) que le droit civil. Les voies d’exécution (VE)
sont donc des procédures par lesquelles un créancier insatisfait, saisit les biens de son débiteur
afin de les faire vendre et se payer sur le prix de vente ou de se faire attribuer les dits biens.

Les traditions universalistes affirment en général l’autonomie de l’enseignement des


procédures civiles d’exécution. En réalité les règles de procédure et les procédés d’exécution
ne se combinent pas à tous les coups. Il peut avoir procès sans recours aux mesures
d’exécution. Ce qui se produit lorsque le jugement fait l’objet d’une exécution spontanée.
Dans l’autre sens il peut avoir voies d’exécution sans procès dans la mesure où la force
exécutoire résulte d’autres titres exécutoires que les jugements. Il en est ainsi pour les
actes authentiques dont la mise en œuvre ne requiert pas la présence du juge. Le droit des
voies d’exécution est un droit sanctionnateur qui se trouve dans le prolongement du droit
judiciaire privé. Il est un droit sanctionnateur dans la mesure où il assure l’effectivité des
autres branches du droit. L’action en justice vise non seulement à la reconnaissance d’un droit
mais encore à l’obtention d’une décision susceptible d’exécution forcée avec notamment
l’assistance possible de la puissance publique. En effet, le droit d’une partie reconnu par une
décision en justice n’a de sens que si des moyens de contrainte peuvent accompagner cette
décision. C’est le domaine des voies d’exécution qui, contrairement à ce qu’on pouvait en
penser s’étend à toute la durée du procès.

La première année MASTER s’inscrit dans la phase de maturation du droit. Aussi les
voies d’exécution appelées procédures civiles d’exécution vienne compléter la gamme des
autres droits sanctionnateurs tels que le droit pénal, la procédure pénale, le contentieux
administratif, le droit judiciaire privé déjà analysés dans les niveaux inférieurs. La réalisation
de ces droits sanctionnateurs contribue à l’atteinte des principales finalités de la règle de droit
que sont : l’ordre, la justice et le progrès. Cet enseignement se propose de donner à l’étudiant
un apprentissage des moyens et méthodes pour parvenir à l’exécution forcée à défaut d’une
exécution volontaire.

L’inexécution du contrat, c’est l’échéance non respectée, la livraison tardive, la perte


d’une marchandise, la mort du passager transporté, la négligence ou encore la mauvaise foi du
débiteur. Elle présente une telle gravité pour le créancier et les intérêts généraux du commerce
juridique qu’il parait indispensable de la décourager et, si elles survivent, de contraindre le
débiteur défaillant à s’acquitter de ses engagements. Par ailleurs les voies d’exécution ont
pour finalité de contraindre le débiteur ou la partie qui a perdu le procès d’exécuter le
jugement.

Il faut tout de même relever qu’à côté des voies d’exécution, il existe d’autres procédés
d’exécution forcée tels que : le droit de rétention qui est une sûreté immobilière, la clause
pénale, l’astreinte et l’exception sont des techniques de contrainte du droit des obligations. En
définitive, le créancier muni d’un titre exécutoire constatant la condamnation du débiteur
n’obtient réellement satisfaction qu’en obtenant le produit de la vente des biens de ce
débiteur. Pour le financement des activités économiques les voies d’exécutions garantissent la
sécurité du crédit en instaurant un équilibre entre les intérêts en présence : ceux du créancier
et ceux du débiteur.

II- L’évolution des voies d’exécution

La question essentielle que l’on peut se poser en matière d’exécution forcée est celle de
savoir sur quoi va s’exercer la contrainte ? La réponse à cette question nous amène à retracer
l’évolution des voies d’exécution qui reste largement tributaire de celles des idées. Les voies
d’exécution sont aujourd’hui le résultat d’un processus qui est parti de l’exécution en nature,
en passant par l’exécution sur la personne du débiteur, pour aboutir à l’exécution sur les biens.

- L’exécution en nature

Lorsque le débiteur n’exécute pas son obligation, le créancier bénéficie en principe du


droit d’obtenir l’exécution forcée en nature de l’obligation inexécutée.

L’exécution en nature est la réalisation du but visé par le créancier et assure ainsi le
respect intégral du contrat. Cependant l’effectivité de l’exécution en nature dépend de la
nature de l’obligation inexécutée. L’obligation de faire ou de ne pas faire sont plus adaptées à
l’exécution en nature. Dans le cas contraire, le créancier n’a pas d’autre recours que la
compensation de l’inexécution à laquelle il se heurte. Il reçoit ainsi des dommages intérêts
compensatoires c’est-à-dire une somme d’argent qui vient remplacer une obligation non
exécutée. Par contre les obligations monétaires s’y prêtent difficilement car on ne remplace
pas une chose par la même chose.

- L’exécution sur la personne

Dans les sociétés primitives, il était permis au créancier impayé de saisir et de vendre son
débiteur au marché des exclaves afin de se payer sur le prix de la vente. Une survivance de
cette exécution sur la personne du débiteur est la contrainte par corps qui, dans certaines
législations est limitée aux obligations fiscales, à l’amende ou à la restitution d’un bien (voir
art 577 CPP). La transformation de la notion d’obligation consécutive à l’évolution des
mentalités a mis fin à l’avertissement du débiteur. Tout en demeurant un lien entre deux
personnes, l’obligation devient un rapport entre deux patrimoines. Par conséquent en présence
de l’inexécution du débiteur, la satisfaction du créancier passe par une exécution sur les biens
du débiteur.

- L’exécution sur les biens du débiteur

Elle résulte du droit de gage général reconnu au créancier qui ressort de l’art 2092 du CC.
Ce texte dispose : « Quiconque s’est obligé personnellement est tenu de remplir son
engagement sur tous ses biens mobiliers ou immobiliers, présents et à venir ». Cette exigence
est reprise et exprimée par l’article 2093 du CC. Dans les termes suivants : « Les biens du
débiteur sont le gage commun de ses créanciers ; et le prix s’en distribue entre eux par la
contribution à moins qu’il n’y ait entre les créanciers des causes légitimes de préférence ».
La matérialisation de cette exigence dans les procédures exécutoires forcée se traduit par la
multiplicité des mesures d’exécution ? Tous les éléments du patrimoine du débiteur non
frappé d’indisponibilité peuvent être appréhendés. Dans cette hypothèse chaque type de bien
correspond à une forme de saisie. Il en est ainsi que le bien soit corporel ou incorporel,
mobilier ou immobilier.

III- Les sources des voies d’exécution

Une conception extensive du Droit Judiciaire Privé intègre les règles relatives aux voies
d’exécution que l’on nomme aujourd’hui procédure civile d’exécution. C’est au droit
Judiciaire Privé qu’il appartient traditionnellement de déterminer les conditions auxquelles le
jugement rendu peut-être exécuté : sont donc en jeu la question de sa force exécutoire et celle
de recours aux procédés d’exécution forcée que cette force autorise.
La principale source des voies d’exécution est la loi en l’espèce l’Acte uniforme sur les
procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution du 10 avril 1998 entré en
vigueur le 10 juillet de la même année. Ce texte qui comporte que 338 articles est applicable à
tous les Etats signataires du Traité OHADA et aux Etats qui y adhérons progressivement.
Quant aux autres sources du droit, à l’instar de la doctrine et de la jurisprudence en rapport
avec cette législation récente, elles se construisent progressivement. Sur le plan interne, il
convient de signaler non sans intérêt la loi N°2007/001 du 27 avril 2007 instituant le juge en
charge du contentieux de l’exécution et fixant les conditions d’exécution au Cameroun des
décisions judicaires et actes publics étrangers ainsi que les sentences arbitrales étrangères.

La réforme des voies d’exécution est innovante à plus d’un titre. En termes d’innovation,
on peut retenir :

- L’amélioration de l’équilibre entre les droits du créancier et ceux du débiteur ;

- L’instauration de deux procédures simplifiées à savoir la procédure d’injonction de


payer régie par les arts 1 à 18 de l’AUPRVE et la procédure d’injonction de délivrer ou de
restituer régie par les arts 19 de l’AUPRVE

- La prise en compte de la modification du patrimoine des individus par l’inclusion des


saisies portant sur les meubles incorporels (Arts 236 à 244 : valeurs mobilière, brevets
d’invention) ;

- L’instauration de la saisie foraine et de la saisie conservatoires des créances absentes


dans plusieurs législation des Etats parties ;

- L’élaboration des règles spécifiques dans la mise en œuvre des saisies des comptes
bancaires ;

- L’extension du domaine des saisies-ventes qui remplacent les saisie-exécution. Les


saisies-ventes sont désormais possibles aussi bien entre les mains du débiteur saisi qu’entre
les mains d’un détenteur ;

- La prise en compte de la bonne foi du débiteur en lui offrant la faculté de vendre ses
biens à l’amiable ;

- L’instauration du simple dans les procédures de distribution qui privilégient le consensus


tout en faisant une distinction selon qu’on est en présence d’un seul créancier ou de plusieurs
créanciers.
Ces innovations ne doivent pas occulter les difficultés qu’a soulevé ou soulève encore la
mise en œuvre des voies d’exécution.

Ces difficultés résultent soit de la mise en œuvre de certaines dispositions relatives aux
saisies, soit des problèmes d’interprétation, soit enfin du problème de la souveraineté des
règles de la procédure civile constamment réaffirmée pars certains Etats parties. À titre
d’exemple, on peut relever l’exigence de la mise en demeure préalable formulée par l’art 28
de l’AUPRVE qui divise les juges. Certains juges estiment que cette formalité est substantielle
et n’hésitent pas à prononcer la nullité de la procédure lorsqu’elle est violée. À l’inverse
d’autres juges estiment que l’exigence de la mise en demeure préalable n’est pas une
condition essentielle pour le déclenchement de la saisie et déclarent irrecevable toute
demande de nullité fondée sur la non observation de cet article 28 de l’AUPRVE.

Dans le même sens nous pouvons relever les difficultés liées à la mise en œuvre de l’art
29 qui fait obligation à chaque Etat partie d’assister les agents d’exécution par les éléments de
la force publique. En effet, la mise en œuvre de la responsabilité de l’Etat ou d’un
fonctionnaire qui ne remplit pas cette exigence est difficile à concevoir. La dernière difficulté
en rapport avec l’interprétation des dispositions de l’Acte Uniforme portant procédures
simplifiées et voies d’exécution est l’extension anormale du contenu de l’art 30 qui affirme
l’immunité d’exécution des personnes morales de droit public et des entreprises publiques.
Pour la jurisprudence camerounaise, le terme personne utilisé par l’article 30 doit être entendu
au sens large et conférer ainsi l’immunité d’exécution non seulement à l’Etat et ses
démembrements qui constituent les collectivités territoriales et établissement publics mais
aussi aux entreprises publiques qu’elles qu’en soient la forme et la mission.

Les actions en justice intentées par les justiciables peuvent paraitre, dans bien des cas,
longues avec le risque que le débiteur fasse disparaitre son patrimoine pendant le temps du
procès. Certaines voies d’exécution dites conservatoires permettent dès le départ au créancier
de bloquer ce patrimoine. Suite à l’obtention de la décision elle-même, un choix de mesures
de contrainte au paiement s’offre au créancier à charge pour lui discerner dans chaque cas la
voie d’exécution la plus opportune. En tenant compte de la nature des biens que l’on trouve
dans le patrimoine des personnes physiques et des personnes morales ; le législateur
communautaire va mettre à la disposition du débiteur plusieurs formes de saisies regroupées
en deux grands groupes : les saisies mobilières et les saisies immobilières.
PARTIE I : LES PROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RECOUVREMENT DES CRÉANCES

La première règle de l’exécution consiste à obtenir une décision exécutoire sous la forme
d’une ordonnance de référé, d’une décision d’une juridiction de première instance dont le
dispositif énonce une exécution provisoire, un arrêt de la Cour d’Appel totalement exécutoire.
Le détenteur d’une créance civile ou commerciale qui veut déclencher une procédure de
recouvrement forcé et qui ne dispose pas d’un titre exécutoire, devra mettre en œuvre une
procédure simplifiée de recouvrement.

Les procédures simplifiées de recouvrement sont justifiées par le souci d’éviter les
lenteurs judiciaires qui caractérisent les procédures de droit commun. (Saisine du TPI ou du
TGI par assignation en fonction du montant de la créance à recouvrer). Ces procédures en
principe sont simplifiées parce qu’elles se caractérisent par un minimum de formalités.
L’AUPRVE retient trois procédures simplifiées : l’injonction de payer art 1 à 18,
l’injonction de délivrer (art. 19) dont le prolongement est la saisie-appréhension art 219 et
suivant, l’injonction de restituer art 19 et S qui peut se solder par une saisie-revendication
art 227 et S.

L’injonction de payer permet le recouvrement simplifié des créances civiles et


commerciales en obtenant du juge un titre exécutoire. Donner une injonction, c’est donner un
ordre. Le rôle du juge dans le cadre de cette procédure est de demander au débiteur
récalcitrant de payer par délivrance au créancier d’une ordonnance d’injonction de payer.
Cette procédure est donc indiquée pour un créancier qui veut récupérer une somme d’argent
mais qui ne possède pas un titre exécutoire.

Pour l’essentiel, les procédures de l’injonction de délivrer et de l’injonction de restituer


sont ouvertes à celui qui se prétend créancier d’une obligation de délivrance ou d’une
obligation de restitution d’un meuble corporel déterminé. C’est le cas de l’acheteur qui n’a
pas obtenu la livraison de la marchandise, ou déposant qui, voulant récupérer son bien fait
face à la résistance du dépositaire.

SECTION 1 : L’injonction de payer


La simplification de la procédure d’injonction de payer reste néanmoins conditionnée par
le respect des prescriptions légales relatives à la nature et aux caractères de la créance, à la
procédure devant le tribunal et à ses effets.

Paragraphe 1 : Les caractéristiques de la créance à recouvrer

La créance objet de la procédure d’injonction de payer doit être certaine liquide et exigible

A- Une créance certaine

C’est celle dont l’existence ne souffre d’aucune contestation. Ne sont donc pas certaines
les créances futures, conditionnelles ou éventuelles.

B- Une créance liquide

Elle doit être déterminable dans son montant en argent.

C- Une créance exigible

C’est celle qui est arrivée à son terme, celle qui est recouvrable parce que l’échéance de
paiement est arrivée.

La preuve de ces caractéristiques de la créance à recouvrer incombe au créancier qui doit


les rapporter en même temps qu’il présente sa requête.

Paragraphe 2 : La nature de la créance

L’AUPRVE vise les créances nées d’une part d’un contrat et d’autre part les créances de
l’émission ou de l’acceptation de tout effet de commerce ou d’un chèque qui s’est révélé sans
provision.

A- La créance doit être née d’un contrat

La créance doit trouver son origine dans un contrat civil ou commercial. Sont par
conséquent exclues du domaine de la procédure d’injonction de payer : les créances issues
d’un quasi-contrat (gestion d’affaires), d’un délit ou d’un quasi-délit (recouvrement des
dommages et intérêts à la suite d’un accident de circulation quel que soit la nature ou
l’étendue du dommage) ; les créances résultant d’un acte unilatéral (don, testament).

Cependant lorsque la cause du contrat qui donne naissance à la créance objet de procédure
d’injonction de payer est illicite, l’injonction de payer doit être rejetée dans la mesure où la
cause illicite entraine l’annulation du contrat. Voir NIAMEY N°268 ; 26 Octobre 2001
Le domaine de l’injonction de payer défini par l’art 2 de l’AUPRVE entend couvrir les
secteurs les plus importants du contentieux de l’impayé à savoir : le crédit ; les ventes à
crédit ; le recouvrement des factures ; le règlement des honoraires dans les professions
libérales.

B- La créance doit être née d’un effet de commerce ou d’un chèque

Il s’agit de l’engagement résultant de l’acceptation ou du tirage d’une lettre de change ou


de la souscription d’un billet à ordre. En ce qui concerne le chèque, l’ouverture de la
procédure d’injonction de payer suppose que, le chèque déposé à l’encaissement, n’a pas pu
être payé pour insuffisance ou absence de provision, l’absence de provision doit résulter d’un
projet régulièrement établi selon les règles. Le non-paiement d’un chèque est passible de
sanctions pénales. Par conséquent la saisine d’une juridiction pénale suspend la procédure
d’injonction de payer conformément au principe le criminel tient le civil en l’état.

Paragraphe 3 : Le déroulement de la procédure de l’injonction de payer

La détermination du juge compétent, le mode de saisine de celui-ci et l’exercice des voies


de recours contre l’ordonnance d’injonction de payer constituent les aspects les plus
importants de la procédure d’injonction de payer.

A- Le juge compétent et le mode de saisine

C’est le Président du tribunal du domicile ou du lieu où demeure effectivement le débiteur


ou l’un d’eux en cas de pluralité de débiteurs qui est compétent sur le plan territorial et
matériel. En résumé dans une procédure d’injonction de payer, le domicile ou la résidence
peut servir pour déterminer la juridiction territorialement compétente.

C’est le montant de la créance qui détermine le juge matériellement compétent. Il s’agira


du TPI lorsque le montant de la créance est inférieur ou égal à 10.000.000 de F CFA.

B- Le mode de saisine du juge : la requête

Le juge est saisi par voie de requête. Cette requête est écrite et déposée par le créancier ou
son mandataire au greffe de la juridiction compétente. Le créancier à travers la requête
sollicite du président de la juridiction compétente la délivrance contre le débiteur d’une
décision portant injonction de payer (ordonnance d’injonction de payer). L’art 4 al 2-1 et 2
de l’AUPVRE fixe le contenu de cette requête car les mentions prévues par la loi
conditionnent la recevabilité de la requête. (Lire à cet effet les articles susvisés.) En tout état
de cause, la requête doit donner l’indication précise du montant de la somme réclamée, avec
le décompte de ses différents éléments. L’exigence d’un décompte des différents éléments a
pour but d’éclairer le juge et lui permettre d’apprécier facilement et rapidement si les sommes
demandées sont effectivement dues au regard des stipulations du contrat.

S’agissant des éléments justificatifs exigés par l’art 2, il s’agira par ex : de la production
du contrat de bail et d’une mise en demeure par exemple pour les créances de loyers. Lorsque
le créancier est une société de crédit, la demande d’injonction de payer doit être accompagnée
de l’acte de prêt, de tout document ou lettre explicative attestant l’existence d’un impayé et
éventuellement des mises en demeure adressées au débiteur et restées infructueuses.

C- La nature de la décision rendue par le juge saisi

À l’issue de la saisine du juge et après analyse des documents produits par le créancier,
deux issues sont possibles :

- le rejet de la requête d’injonction de payer ;

- Le prononcé de la décision portant injonction de payer

1- Le rejet de la requête d’injonction de payer

Ce cas de figure se présente lorsque le président de la juridiction saisi, après examen des
documents produits, estime que la requête n’est pas fondée ou est partiellement fondée. Il
rend soit une décision de rejet total, soit une décision de rejet partiel.

La décision de rejet total ou partiel est sans recours pour le créancier c’est-à-dire qu’il ne
peut ni formuler opposition ni interjeter appel. Il lui reste l’exercice d’une action en
recouvrement selon les voies de droit commun en assignant le débiteur devant la juridiction
compétente. Les documents produits par le créancier requérant lui sont restitués ainsi que la
requête rejetée.

2- Le prononcé de la décision portant injonction de payer

Le juge délivre l’ordonnance d’injonction de payer sur la totalité de la requête ou ne


l’accepte que partiellement.

Cette décision survient lorsque la requête parait fondée en tout ou partie. La requête et
l’ordonnance portant injonction de payer sont conservées à titre de minute entre les mains du
greffier qui en délivre une expédition au demandeur. L’ordonnance portant injonction de
payer ne produit effet que si elle est signifiée à l’initiative du créancier au débiteur ou à
chacun des débiteurs par acte extrajudiciaire dans les trois mois de sa date. Le non-respect de
ce délai frappe l’ordonnance d’injonction de caducité ou de péremption.

À ce titre l’AUPRVE exige l’insertion de certaines mentions obligatoires dans l’acte de


signification dans l’intérêt du débiteur. Par conséquent, la personne qui signifie est tenue de
remplir deux obligations sous peine de nullité :

- La sommation faite au débiteur de payer au créancier le montant de la somme fixée par


la décision ainsi que les intérêts et les frais de greffe dont le montant est précisé.

- La sommation faite au débiteur de former opposition s’il y a lieu avec indication des
délais, la juridiction et les formes dans lesquels cette opposition doit être faite. (Vr art 8). Ce
délai d’opposition est de 15 jours et au terme de celui-ci, le débiteur ne pourra exercer aucun
recours et pourra être contraint par toutes voies de droit à payer les sommes réclamées.

L’art 8 de l’AUPRVE est destiné d’avantage à la protection du débiteur qu’à son


information. Les formalités qui entourent la signification ont pour objet d’expliquer au
débiteur les conséquences de la situation créée par l’ordonnance d’injonction de payer et de
l’aviser du recours dont il dispose et de l’absence de l’opposition dans le délai prévu.

D- Les voies de recours contre l’ordonnance de payer

1- L’opposition du débiteur

L’opposition est la seule voie de recours contre la décision portant injonction de payer.
Par cette opposition, le débiteur entend contester l’ordonnance d’injonction de payer rendue
en son absence. Le débiteur peut contester soit la régularité de la procédure, soit à l’existence
de la créance, soit enfin le montant retenu par l’ordonnance. En fin de compte l’opposition fait
perdre à la procédure son caractère unilatéral pour la transformer en une procédure
contradictoire.

L’opposition a par ailleurs pour conséquence le dessaisissement du magistrat qui a rendu


l’ordonnance d’injonction de payer au profit du tribunal qui décidera de la suite à donner à la
procédure. Il convient dès lors d’en préciser ses conditions et son issue.

a- Les conditions de l’opposition

L’opposition est formulée par un acte extrajudiciaire à savoir un exploit d’huissier et


même une lettre recommandée. La juridiction compétente est la même que celle dont le
président a rendu l’ordonnance d’injonction de payer. Le délai de l’opposition est en principe
de 15 jours à compter de la signification de la décision portant injonction de payer. Ce délai
peut être augmenté de délais de distance. (Vr art 10). L’absence d’opposition dans les 15 jours
qui suivent la signification de l’ordonnance d’injonction de payer ou en cas de désistement du
débiteur confère à l’ordonnance d’injonction de payer l’autorité de la chose jugée. Le
créancier peut alors réclamer au greffier en chef l’apposition de la formule exécutoire.

b- L’issue de l’opposition

Une tentative de conciliation est obligatoire. Les issues possibles de cette conciliation sont
prévues par l’art 12 de l’AUPRVE.

- Si l’opposition se solde par une conciliation, le président dresse un procès-verbal de


conciliation signée par les parties dont une expédition est revêtue de la formule exécutoire.

- Si la tentative de conciliation échoue, le président statue sur la demande de recouvrement


même en l’absence du débiteur ayant formé opposition. La décision prise produira les effets
d’une décision contradictoire.

2- L’appel

En cas d’échec de la conciliation, la décision rendue par la juridiction saisie sur opposition
se substitue à l’ordonnance portant injonction de payer. Cette décision ayant un caractère
contradictoire, elle susceptible d’appel dans les conditions du droit national de chaque Etat
partie. Ce délai d’appel est de 30 jours à compter de la date de la décision.

E- Les effets de la procédure d’injonction de payer

En absence de l’opposition ou en cas de désistement du débiteur qui a formulé


l’opposition, le créancier peut demander l’apposition de la formule exécutoire sur
l’ordonnance portant injonction de payer. L’ordonnance d’injonction de payer devient un titre
exécutoire susceptible d’exécution forcée parce qu’ayant acquis autorité de la chose jugée et
la force de la chose jugée.

SECTION 2 : L’injonction de délivrer et de restituer

L’inexécution d’une obligation de délivrer ou de restituer justifie le recours à la procédure


d’injonction de délivrer ou de restituer. Il ressort des dispositions de l’art 19 de l’AUPRVE
que : « celui qui se prétend créancier d’une obligation de délivrance ou de restitution d’un
meuble corporel déterminé, peut demander au président de la juridiction compétente
d’ordonner cette délivrance ou cette restitution ».

Paragraphe 1 : Le domaine d’application de l’injonction de délivrer ou de restituer


Le créancier d’une obligation de délivrance sera par excellence l’acheteur d’un meuble
corporel qui a payé le prix du bien mais n’a pas obtenu livraison. Le recours à l’injonction de
délivrer est également reconnu au vendeur avec la clause de réserve de propriété qui n’aurait
pas été intégralement payé. Par le moyen de l’injonction de délivrer, il obtient le retour du
bien dans son patrimoine.

L’injonction de restituer quant à lui suppose à la base un contrat de dépôt. Le déposant qui
n’obtient pas de son dépositaire la restitution de la chose déposée, peut par le biais de
l’injonction de restituer l’obtenir. En dehors du contrat de dépôt, le contrat de gage et
l’exigence de restitution en cas de résolution de la vente constituent d’autre domaines de
prédilection de l’obligation de restituer.

En ce qui concerne l’objet de la délivrance ou de la restitution, il doit s’agir de meubles


corporels. Sont par conséquents exclus du domaine de l’injonction de délivrer ou de restituer
les biens meubles incorporels (ex : créances) et les biens immobiliers.

Paragraphe 2 : La juridiction compétente

Selon les dispositions de l’art 20 de l’AUPRVE « la demande de délivrance ou de


restitution est déposée ou adressée au greffe de la juridiction compétente du domicile ou du
lieu ou demeure effectivement le débiteur de l’obligation de délivrance ou de restitution. Les
parties peuvent déroger à cette règle de compétence au moyen d’une élection de domicile
prévue par le contrat. »

Paragraphe 3 : la requête de l’injonction de délivrer ou de restituer

Le contenu de la requête portant injonction de délivrer ou de restituer est de déterminé par


l’alinéa 1 de l’art 20 à peine d’irrecevabilité. Il s’agit des noms, prénoms, profession et
domicile des parties et, pour les personnes morales, leur dénomination, leur forme et leur
siège social. Il s’agit aussi et surtout de la désignation du bien dont la remise est demandée.

Comme dans le cadre de l’injonction de payer, le créancier de l’obligation de délivrer ou


de restituer doit rapporter la preuve de sa prétention par la copie certifiée conforme de tout
documents justifiant sa demande.

Paragraphe 4 : L’issue de la requête portant injonction de délivrer ou de restituer

Le président de la juridiction compétente rend une ordonnance d’injonction de délivrer ou


de restituer, si la demande paraît fondée dans son principe. Cette ordonnance est rédigée au
pied de la requête portant injonction de délivrer ou de restituer le bien litigieux.
Les document originaux produits à l’appui de la requête sont restitués au demandeur et
des copies certifiés conformes sont conservées au greffe.

En cas de rejet de la requête, celle-ci et les documents produits sont restitués aux
requérants. La décision de rejet de la requête d’injonction de délivrer ou de restituer est sans
recours pour le créancier sauf à celui-ci de procéder selon les voies de droit commun.

La décision portant injonction de délivrer ou de restituer accompagnée des copies


certifiées conformes des pièces produites est signifiée à l’initiative du créancier et par acte
extrajudiciaire à celui qui est chargé de la remise de la chose dans un délai de trois mois.

L’acte de signification doit à peine de nullité rappeler au destinataire qu’il a 15 jours soit
pour transporter à ses frais, le bien désigné en lieu et dans les conditions indiquées, soit pour
formuler une opposition s’il a les moyens de défense à faire valoir.

En cas d’absence d’opposition dans un délai de 15 jours, le créancier peut demander


l’apposition de la formule exécutoire sur la décision. L’exécution forcée de l’ordonnance
d’injonction de délivrer se fera par le moyen de saisie-appréhension (art 219 et S se
l’AUPRVE). Quant à l’ordonnance portant injonction de restituer, son exécution forcée se
poursuivra par le moyen de saisie-revendication (art 227 et s).

PARTIE II : LE CADRE GÉNÉRAL DE L’EXÉCUTION FORCÉE

L’exécution forcée est soumise à un ensemble de principes généraux depuis la réforme des
voies d’exécution de 1998. Ces principes tendent tant bien que mal à concilier certains intérêts
antagonistes : ceux du débiteur et ceux du créancier. Ces principes généraux définissent les
acteurs, les organes de la procédure et les conditions de poursuite.

CHAPITRE 1 : LES ACTEURS

Les principaux acteurs de la saisie sont le créancier et le débiteur. Le créancier entend


contraindre le débiteur à honorer ses engagements par la mise en œuvre d’une mesure
d’exécution forcée. Des tiers peuvent être concernés (cas des autres créanciers du débiteur),
soit sollicité (cas du tiers détenteur) par la procédure.

Section 1 : Le créancier saisissant


Tout créancier ayant la capacité juridique peut poursuivre une exécution forcée.
L’exercice d’une mesure d’exécution forcée ou d’une mesure conservatoire est considéré
comme un acte de disposition. Il convient dès lors de déterminer les créanciers et leurs
substituts dans le déclenchement d’une mesure d’exécution forcée.

Paragraphe 1 : Les créanciers

L’art 28 de l’AUPRVE énonce le principe selon lequel tout créancier a le droit de saisir
les biens de son débiteur défaillant. Peuvent donc saisir : les créanciers chirographaires,
hypothécaires, privilégiés gagistes… La distinction entre les créanciers n’a d’intérêt qu’au
moment de la distribution des deniers provenant de la vente forcée du bien.

Néanmoins, le droit de saisir comporte des limites pour les créanciers chirographaires et
pour les créanciers privilégiés ou hypothécaires. Aux termes des dispositions de l’art 28 al 2
de l’AUPRVE, les créanciers chirographaires ont l’obligation de saisir en premier lieu les
biens mobiliers de leur débiteur défaillant. C’est seulement en cas d’insuffisance du produit
de la vente de ceux-ci, que l’exécution pourra se poursuivre sur les immeubles.

Quant aux créanciers privilégiés ou hypothécaires, ils doivent saisir en premier lieu le bien
affecté en garantie de leur créance (respect du principe de la spécialité de l’hypothèque,
respect de l’assiette du privilège) et en cas d’insuffisance du produit de la vente de celui-ci,
poursuivre la vente des autres biens.

Paragraphe 2 : Les mandataires ou représentants du créancier

C’est l’hypothèse du créancier frappé d’une incapacité (cas du créancier mineur) ou du


créancier qui a confié son droit de poursuite à un mandataire.

Il s’agit donc :

- des mandataires légaux : tuteur, pères et mères pour les mineurs incapables ;

- des mandataires conventionnels : huissiers de justice, agents d’exécution.

Cependant, les mandataires légaux ou conventionnels ne peuvent pratiquer les saisies


immobilières que munis d’un mandat spécial qui sera selon le cas : soit l’autorisation du juge
des tutelles, soit l’autorisation du conseil de famille. La raison d’être de ce pouvoir spécial
tient au fait que la saisie immobilière est assimilée à un acte de disposition d’un immeuble.

Paragraphe 3 : Les successeurs ou les ayants cause


La qualité de créancier se transmet aux héritiers qui peuvent exercer des poursuites ou
continuer des poursuites entamées par le créancier décédé.

Sont visés les ayant cause universels, à titre universel, à titre particulier.

- l’ayant cause universel est celui qui détient la totalité des biens du de cujus à cause
de mort : exemple l’héritier légal.

- l’ayant cause à titre universel ne détient qu’une quote-part des biens du de cujus ex :
le légataire.

- L’ayant cause à titre particulier est celui qui ne détient qu’un bien ou un droit
particulier : ex le cessionnaire d’une créance.

Les ayant cause ne peuvent procéder à la saisie en lieu et place du créancier originaire
décédé que s’ils justifient de leur droit de saisir ; ils doivent à cette fin informer le débiteur du
changement de personne et notifier au débiteur le titre en vertu duquel ils commencent ou
poursuivent la saisie en lieu et place du créancier défunt. Ex : notifier l’acte de décès et l’acte
de notoriété attestant qu’on est effectivement dans une succession ab intestat.

En cas de transmission entre vifs, la signification du titre de créance et la preuve de la


cession de créance doivent être faites avant toute opération de saisie.

- Le droit de saisir transmis à l’ayant cause à titre particulier est limité au


recouvrement de la créance qui lui a été cédé par le créancier originaire défunt.

Section 2 : Le débiteur saisi

Il s’agit de répondre à la question « qui peut être saisi ? Dans la pratique, la réponse à
cette question n’est pas aussi simple qu’on le croit dans la mesure où le principe selon lequel
tout débiteur peut être saisi est assorti d’assouplissements et de dérogations importantes
connues sous le nom d’immunités d’exécution.

Paragraphe 1 : Le débiteur saisi

Le principe selon lequel tout débiteur peut être saisi tire son fondement de l’art 2092
du CC. Tout débiteur peut être saisi dans la mesure où tout débiteur répond de ses dettes sur
son patrimoine. Le débiteur est le sujet passif de toute saisie et à ce titre certaines obligations
pèsent sur lui.

A- Les obligations du débiteur saisi

Il s’agit :
- de l’obligation de fournir les renseignements sur l’existence de saisies antérieures ;

- de l’obligation de se constituer gardien pour les saisies des biens meubles corporels.

- de l’obligation de payer les frais de l’exécution. Toutefois les frais de recouvrement


entrepris sans titre exécutoire restent à la charge du créancier sauf si celui-ci établit la
mauvaise foi du débiteur.

B- Les droits du débiteur saisi

Dans l’intérêt du débiteur saisi, l’AUPRVE lui donne la faculté d’organiser lui-même
la vente amiable des biens meubles saisis afin d’échapper aux mesures de publicité liées à la
vente forcée des biens mobiliers et d’obtenir un meilleur prix.

c- Les personnes assimilées au débiteur saisi

Il s’agit des représentants légaux ou conventionnels et du conjoint débiteur. La saisie est


dirigée contre un représentant légal du débiteur vivant lorsque celui-ci est frappé d’incapacité
générale d’exercice. Ex : cas du mineur non émancipé et de certains majeurs incapables. C’est
la personne du représentant qui est visé ici et non son patrimoine. Par conséquent seul les
biens du représenté seront saisis.

En cas de décès du débiteur saisi, le créancier saisissant a le droit d’entreprendre ou de


poursuivre la saisie des biens des ayant cause universels du défunt. Dans ce cas la saisie est
orientée à la fois contre la personne des héritiers et contre leurs biens en cas d’acceptation
pure et simple de la succession. Par cette acceptation les héritiers continuent la personne du
défunt et acquièrent la qualité de leur débiteur. L’assiette de la saisie sera composée des biens
successoraux et des biens des héritiers. (Voir le principe de l’unicité du patrimoine). Par
contre si les héritiers refusent la succession ou ne l’acceptent que sous bénéfice d’inventaire,
leur biens personnels vont échapper à la saisie.

Lorsque le débiteur saisi est marié, les règles applicables seront fonction du régime
matrimonial choisi :

- si la séparation des biens ne pose pas de problèmes en revanche la communauté des


biens pose la nécessité d’un réaménagement des règles de la saisie. À cet effet l’art 53 de
l’AUPRVE édicte des règles spécifiques à la saisie d’un compte bancaire alimenté par les
gains et salaires des deux conjoints. Ce texte impose au créancier l’obligation de laisser à la
disposition de l’autre conjoint une somme équivalente au montant des gains et salaires versés
au cours du mois précédent ou au montant moyen des gains et salaires versés dans les douze
mois précédents la saisie.

Cette protection s’explique par le caractère alimentaire de la créance de salaire lequel


l’emporte sur le principe de la fongibilité des sommes versées sur un compte bancaire.

Paragraphe 2 : Le débiteur insaisissable

Il s’agit ici soit du débiteur bénéficiaire des mesures de grâce ou de l’ouverture des
procédures d’apurement du passif ; soit du débiteur couvert par une immunité d’exécution.

A- L’octroi des mesures de grâce

Les délais de grâce sont accordés au débiteur malheureux et de bonne foi. Cette décision
relève du pouvoir souverain de la juridiction saisie. Cette juridiction doit à la fois prendre en
compte la situation du débiteur et les besoins du créancier.

Le principal effet des délais de grâce est le report de l’exigibilité de la dette. En effet le
paiement des sommes dues peut-être reporté ou échelonné.

B- Les procédures d’apurement du passif

Les procédures collectives sont définies comme des procédures faisant intervenir la justice
lorsque le commerçant n’est plus en mesure de payer ses dettes. L’ouverture des procédures
collectives à l’endroit du débiteur à des conséquences sur les voies d’exécution pouvant être
exercées contre ce dernier.

L’AUPCAP (Acte Uniforme portant Organisation des Procédures Collectives


d’Apurement du Passif) institue quatre procédures collectives : la conciliation (procédure
préventive, consensuelle et confidentielle visant à éviter la cessation des paiements de
l’entreprise débitrice afin d’effectuer, en tout ou partie, sa restructuration financière ou
opérationnelle pour la sauvegarder) ; le règlement préventif (une procédure destinée à éviter la
cessation de paiement ou la cessation d’activité de l’entreprise et à permettre l’apurement de
son passif au moyen d’un concordat préventif) ; le redressement judiciaire (recherche des
moyens de sauvegarde d’une entreprise et d’apurement de son passif par la signature d’un
concordat de redressement), la liquidation des biens (vente des biens d’entreprise débitrice
suivie du désintéressement des créanciers).

Quel que soit la formule retenue, la suspension des voies d’exécution est la règle. Cette
suspension s’impose à tous les créanciers chirographaires ou titulaires d’une sûreté.
C- Les immunités d’exécution

Encore appelée immunité des saisies, l’immunité d’exécution est un privilège personnel
accordé à certains débiteurs qui leur permet d’échapper à toute mesure d’exécution forcée ou
conservatoire sur leurs biens. L’insaisissabilité des biens qui résultent de l’immunité
d’exécution tient à la personne du débiteur et non à la nature du bien.

Si l’art 30 de l’AUPRVE invoque l’immunité d’exécution, elle laisse cependant


l’opportunité aux Etats parties Traité OHADA de déterminer les bénéficiaires. La
détermination des personnes jouissant de l’immunité d’exécution est faite selon qu’on se
trouve en droit interne ou en droit international.

1- En droit interne

Les débiteurs suivants bénéficient de l’immunité d’exécution : les collectivités publiques,


l’Etat, les établissements publics, les entreprises publiques quel que soit la forme et la
mission. L’immunité d’exécution est justifiée d’une part par les règles de la comptabilité
publique qui ne permettent pas le paiement par voie de saisie et d’autre part le principe de la
continuité du service public. Une opinion assez importante pense que les entreprises publiques
à vocation industrielle ou commerciale ne devraient pas bénéficier de cette immunité
d’exécution dans la mesure où les règles de Droit privé y sont appliquées. Ainsi dans une
affaire opposant la société AFFE-CI Sécurité SARL au centre National de recherches
Agronomiques (CNRA), société anonyme bénéficiant des subventions de l’Etat, la Cour
d’Appel d’Abidjan a refusé de reconnaître l’immunité d’exécution à ladite entreprise au motif
que le seul fait pour une société de bénéficier des subventions de l’Etat ne lui confère pas le
bénéfice de l’immunité d’exécution d’une part et, d’autre part, qu’une société ne peut être à la
fois anonyme et une personne morale de droit public. (CA Abidjan ? arrêt N°762 du 10 juin
2003 société AFFE-CI SECURITE c/ CNRA, Ohada j-03-238) Une trop grande extension de
la notion de personne morale de droit public restreint l’efficacité du titre exécutoire. (TPI de
Ngaoundéré, ord de référé N° 03 du 20 décembre 1999, affaire université de Douala C/ Nang
Mindang Hyppolite, TPI de Douala, ordonnance N° 339 du 03 novembre 1998 affaire ONPC
C/ SSFIC).

Toutefois une compensation est permise entre les dettes de ces personnes morales de droit
public avec d’autres dettes dont quiconque sera tenu envers elles.

2- En droit international
Les Etats étrangers, les souverains et les chefs d’Etats étrangers, les agents diplomatiques
et les fonctionnaires internationaux sont couverts par l’immunité d’exécution. (Convention de
Vienne du 18 avril 1961). Le fondement de cette immunité se trouve dans les règles de la
courtoisie internationale et le souci de chaque Etat de respecter la souveraineté de l’autre.
Pour les fonctionnaires internationaux, le fondement de l’immunité d’exécution est contenu
dans le traité de base qui crée l’organisme. Le créancier d’un état étranger ne peut pratiquer
aucune mesure d’exécution ou mesure conservatoire sur les biens quelque soit leur nature,
biens matériels mobiliers ou immobiliers, créances ou droits incorporels du dit Etat.

Section 3 : Les tiers (art 50 AUPRVE)

De nombreuses personne qualifiée de tiers peuvent intervenir ou être impliquées dans une
procédure de saisie.

Paragraphe 1 : La notion de tiers

Un tiers peut être concerné parce qu’il détient un bien pour le compte du débiteur ou qu’il
est débiteur du débiteur principal.

- Dans la saisie immobilière, en vertu du droit de suite, la saisie est dirigée contre le tiers
détenteur lorsque l’immeuble objet de la poursuite est grevé d’hypothèque ou d’un privilège.
La caution réelle est également considérée come un tiers détenteur dans la mesure où
l’assiette de la saisie est constituée par le bien affecté en garantie de la créance du débiteur
principal.

- Dans les saisies mobilières et notamment la saisie-attribution, le tiers est appelé tiers
saisi. Le tiers saisi est en réalité le débiteur du débiteur saisi ; l’exemple le plu répandu est
celui du banquier qui détient les fonds appartenant au débiteur saisi. Dans les autres formes
saisies mobilières : le tiers est toute personne qui détient un bien appartenant au débiteur ; Ex :
le dépositaire, le créancier gagiste, le réparateur. La saisie est pratiquée entre les mains du
tiers et non entre les mains du débiteur.

Paragraphe 2 : Les obligations du tiers

Le tiers est tenu en premier lieu d’un devoir d’abstention qui lui interdit de faire obstacle
aux procédures de saisie. Il est en second lieu tenu d’une obligation d’information et à cet
effet il est tenu d’apporter son concours lorsqu’il en sera légalement requis notamment en
faisant une déclaration portant sur les biens du débiteur qui se trouvent entre ses mains.
L’inobservation par le tiers de ces obligation légales est assortie de sanctions : le tiers peut
donc être condamné soit au paiement des dommages et intérêts au créancier saisissant (c’est le
cas de l’employeur qui s’abstient de faire la déclaration prévue par la loi dans le cadre de la
saisie des rémunérations), soit au paiement des causes de la saisie sauf son recours contre le
débiteur. Dans ce dernier cas le tiers est personnellement tenu au paiement de la créance qui
justifie la saisie.

CHAPITRE 2 : LES ORGANES DE LA PROCÉDURE

Le respect des principes généraux édictés par le législateur communautaire est assuré par
la désignation d’un juge spécialisé : le juge du contentieux de l’exécution. Le Ministère public
peut apporter son concours pour apporter des informations sur le débiteur ou pour mettre à la
disposition de l’huissier le concours de la force publique. L’agent d’exécution essentiel reste
l’huissier de justice auquel on peut associer de manière restrictive certains agents d’exécution.

Section 1 : Le juge du contentieux de l’exécution

L’introduction d’un juge en charge du contentieux de l’exécution est une innovation


importante dans l’AUPSVE. Il ressort de l’article 49 de l’APURVE que « la juridiction
compétente pour statuer sur tout litige ou toute demande relative à une mesure d’exécution
forcée ou à une saisie conservatoire est le président du tribunal statuant en matière d’urgence
ou le magistrat délégué à cet effet ». Selon l’art 2 de la loi n°2006/015 du 29 décembre 2006
portant organisation judiciaire, le président du TPI ou le magistrat du siège délégué par lui est
compétent pour statuer sur les procédures de référés. Cette précision apportée par la loi
portant organisation judiciaire aurait suffi pour que le juge visé par l’art 49 de l’acte uniforme
soit déterminé. Tel n’a pas été le cas dans la mesure où la loi du 19 avril 2007instituant un
juge de l’exécution et fixant les conditions de l’exécution au Cameroun des décisions
judiciaires et actes publics étrangers ainsi que les sentences arbitrales étrangères ont élargi aux
présidents d’autres juridictions la compétence du contentieux et l’exécution des décisions de
justice.

Dorénavant, les présidents des TPI, TGI, CA ainsi que le premier président de la CS sont
tous compétents en matière d’exécution des décisions judiciaires dans les conditions fixées
par l’art 3 de la loi du 19 avril 2007. Devons-nous conclure par là que ces différents
présidents sont des juges statuant en matière d’urgence ? Nous pensons que non. Cet
élargissement suscite un vif débat au sein de la doctrine et du personnel judiciaire et ne
manquera pas de créer une énorme confusion dans sa mise en œuvre.

En général, le juge du contentieux de l’exécution connaît de tout ce qui a trait aux titres
exécutoires à l’occasion des contestations portant sur des mesures d’exécution forcée
engagées sur le fondement de ces titres, aux demandes en reconnaissance et en exéquatur des
décisions judiciaires et actes publics étrangers, aux demandes en reconnaissance de
l’exéquatur des sentences arbitrales nationales et étrangères.

Le juge du contentieux de l’exécution peut donc : - autoriser les saisies conservatoires et


les suretés judiciaires ; ordonner la mainlevée de ces mesures ; annuler les mesures
d’exécution ; octroyer des délais lorsque les mesures d’exécution ont été engagées ;
condamner personnellement les tiers saisis lorsque ceux-ci ne respectent pas leurs
obligations ; connaitre de toute difficulté d’exécution d’un jugement ou d’un autre titre ou de
toute demande en réparation fondée sur une exécution forcée ou une inexécution ; la décision
de la juridiction présidentielle est susceptible d’appel ou de pourvoi en cassation selon le cas.

Section 2 : L’huissier de justice

Le décret n°79/448 du 05 novembre 1979 portant règlementation des fonctions et fixant le


statut des huissiers rappelle que les huissiers de justice sont des officiers ministériels qui ont
seuls, qualité pour signifier les actes et les exploits, et ramener à exécution les décisions de
justice ainsi que les actes ou titres en forme exécutoire. Les exceptions à la compétence des
huissiers sont prévues de manière limitative par des dispositions particulières. L’AUPRVE a
élargi le pouvoir de mener des saisies aux agents d’exécution. Par agent d’exécution, il faut
entendre les agents huissiers du trésor, les agents des douanes, les ingénieurs et les agents
techniques des eaux et forêts, les personnes physiques et les sociétés de recouvrement, les
commissaires-priseurs.

Pour la saisie des rémunérations, les greffiers accomplissent certains actes réservés aux
huissiers.

Paragraphe 1 : Les pouvoirs

La remise à l’huissier d’un titre en vue de son exécution emporte élection de domicile en
son étude pour toutes les notifications relatives à la dite saisie, elle vaut pouvoir d’exécution
et pouvoir d’encaisser il est habilité à demander au juge de l’exécution ou au Ministère public
de donner les autorisations ou de prescrire des mesures nécessaires. Les huissiers de justice
sont les seuls à dresser les actes de procédures, à pénétrer dans les locaux et mettre les biens
sous la main de la justice.

Dans le cadre d’une saisie mobilière, ce mandat général est suffisant. Par contre dans une
saisie immobilière, l’huissier doit obtenir un mandat spécial du créancier poursuivant (Art 254
AUPRVE).

Paragraphe 2 : Les devoirs

Il a le devoir de veiller au respect des droit de chacune des parties, ce qui le conduit à
informer le débiteur des diverses possibilités de contestations ou de recours (ex : formulation
d’une opposition ou d’une action en nullité), de la faculté de faire cesser la mesure en
procédant à la vente amiable du bien et au paiement du créancier.

Section 3 : Le Ministère Public

L’AUPVRE met à la charge de l’Etat une véritable obligation d’assistance dont


l’inexécution est sanctionnée par la mise en œuvre de sa responsabilité. Aux termes de
l’alinéa 1 de l’art 29 de l’AUPRVE « l’Etat est tenu de prêter son concours à l’exécution des
décisions et outres les titres exécutoires ». En réalité, c’est l’huissier qui a besoin de la force
publique lorsqu’il fait face au refus du débiteur saisi pour accéder au lieu de la saisie ou
lorsque le débiteur est absent. Cette prescription de l’acte uniforme vient renforcer celle de
l’art 2 du décret N° 79/448/ du 5 novembre 1979 portant réglementation des fonctions et
fixant le statut des huissiers. Il ressort de ce texte que « pour l’accomplissement de leur
mission, les huissiers peuvent se faire assister par les officiers de police judiciaire sur
autorisation du parquet ». Le recours au procureur de la république est donc incontournable
pour l’huissier qui a besoin du concours de la force publique.

CHAPITRE 3 : LES CONDITIONS DE TOUTE POURSUITE

Nous avons relevé plus haut que l’exécution forcée doit être menée dans le respect des
conditions prescrites par la loi. En règle générale, pour déclencher une mesure d’exécutoire, le
bien objet de la saisie doit être saisissable, les modalités du déroulement des opérations de
saisie doivent également être déterminés.

Section 1 : La constatation de la créance dans un titre exécutoire

Traditionnellement, le titre exécutoire est un acte écrit délivré au nom du souverain qui
donne pouvoir à son titulaire de procéder à l’exécution forcée du droit qu’il constate. Dans
l’approche moderne, le caractère exécutoire du titre exécutoire se manifeste par l’opposition
sur la copie de l’acte de la mention communément appelée « La formule exécutoire ».

Paragraphe 1 : Les différents titres exécutoires

En principe, la saisie n’est possible que si la créance cause de la saisie est constatée dans
un titre exécutoire c’est-à-dire dans un titre revêtu de la formule exécutoire. L’art 33 de
l’AUPRVE donne une liste indicative des titres exécutoires. Quant à l’art 32 il précise
que : « l’exécution forcée peut être menée jusqu’à son terme par un titre exécutoire par
provision ». C’est le cas d’une ordonnance de référé.

A- Les différents titres exécutoires

Ces titres peuvent être des actes judiciaires, extrajudiciaires ou administratifs.

1- Les actes judiciaires

Ce sont les jugements et les arrêts revêtus de la formule exécutoire. (Ex : une grosse). En
plus de la formule exécutoire, la décision juridictionnelle doit contenir la condamnation du
débiteur ; condamnation régulièrement signifiée à ce dernier et passée en force jugée émane
du certificat de non appel ou de non opposition mentionnant la date de la signification de la
décision à la partie condamnée émanant du greffier de la juridiction qui a rendu la décision
dont il s’agit.

Sont également considérés comme titre exécutoires, les jugements étrangers et les
sentences arbitrales ayant force de chose jugée lorsqu’ils ont reçu l’exéquatur. (L’exéquatur
est la décision juridictionnelle déclarant la décision étrangère exécutoire sur le territoire du
for.)

L’acte uniforme assimile aux actes judiciaires, les procès-verbaux de conciliation signés
par le juge et les parties. Ex : ordonnances de conciliation en matière de divorce ou de conflit
de travail, l’ordonnance d’injonction de payer.

NB : les PV de conciliation sont des actes juridictionnels et non des décisions
juridictionnelles.

2- Les actes extrajudiciaires

Il s’agit des actes notariés revêtus de la formule exécutoire. A ces actes notariés, sont
assimilés les actes sous-seing privé reconnus sincères par les parties devant le notaire et
déposés en son étude.
3- Les actes administratifs

Ce sont des actes émis par l’administration et exécutoires par eux-mêmes. C’est le cas des
créances publiques particulièrement en matière fiscale.

Les juges annulent toutes les saisies à fin d’exécution pratiquées sans titre exécutoire ou
pratiquées sur les bases des actes non consécutifs de titre exécutoire. Dans l’affaire ayant
donné lieu à l’ordonnance des référés n°310 du 13 décembre 2001, le juge des référés du TPI
de Yaoundé, a eu à donner la main levée d’une saisie-attribution pratiquée au motif que la
lettre du délégué provincial de l’emploi sur laquelle avait été apposée la formule exécutoire en
vertu de laquelle la saisie avait été pratiquée ne saurait être considérée comme un titre
exécutoire au sens de l’art 33 de l’AUPSVE. Le même sort a été réservé à ne saisi-attribution
pratiquée sur la base d’un état de paiement. (TPI de Douala, ord de référé n°/82 du 09 avril
2002, Cameroon Airlines c/ Bissoye Albert et autres.

Paragraphe 2 : La consécration des titres exécutoires par provision

L’art 3 de la loi n°92/008 du 14 aout 1992 fixant certaines dispositions relatives à


l’exécution des décisions de justice modifiant la loi n°97/018 du 09 Aout 1997 détermine les
cas pour lesquels le juge peut ordonner l’exécution provisoire d’une décision de justice. Il
ressort de ce texte que : « le tribunal saisi peut, en cas de décision contradictoire ou réputée
contradictoire, ordonner l’exécution provisoire, nonobstant appel, dans les cas ci-après :

- En matière de créance alimentaire, de créance contractuelle exigible, d’expulsion fondée


sur un titre foncier conférant des droits non contestés ou sur un bail écrit, assorti d’une clause
résolutoire dont les conditions sont réunies ;

- En matière de réparation de dommage résultant d’une atteinte à intégrité physique d’une


personne, pour les frais et dépenses justifiés nécessaires pour les soins d’urgence et limités
exclusivement aux frais de transport ou de transfert, aux frais pharmaceutiques, médicaux et
d’hospitalisation.

- En matière de salaires non contestés.

Ces titres ont un caractère précaire. En effet, l’art 32 de l’AUPRVE dispose qu’« À
l’exception de l’adjudication des immeubles, l’exécution forcée peut être poursuivie jusqu’à
son terme en vertu d’un titre exécutoire par provision ; l’exécution est alors poursuivie au
risque du créancier, à charge pour celui-ci, si le titre est ultérieurement modifié, de réparer
intégralement le préjudice causé par cette exécution sans qu’il y ait lieu de relever de faute de
sa part ». Concrètement le créancier saisissant devra restituer le débiteur dans ses droits en
nature et par équivalent. Ex : en cas d’annulation de la créance au fond, restitution au débiteur
des biens saisis. Ainsi, par le biais de cet art 32, un régime d’exécution provisoire est institué
et qui une fois entamée, ne peut être interrompue. Cette option a été confirmée par un arrêt
devenu célèbre par sa portée, l’arrêt Epoux Karnib (Arrêt n°002/2001 du 11 octobre 2001
époux Karnib c/ ; Société Générale des Banques en Côte d’Ivoire (SGBCI). RCA N°16,
janvier-février-mars 2002, p.11 ohadata J-08-93).

La CCJA décide que le viole les dispositions de l’article 32 de l’AUPRVE l’ordonnance


de la Cour d’Appel d’Abidjan suspendant une exécution provisoire déjà entamée et de ce fait
encourt cassation. En réaction aux nombreuses critiques de la doctrine par rapport à cette
option, la CCJA décide que les dispositions de droit interne relatives aux défenses à exécution
provisoire sont à même de s’appliquer non pour suspendre une exécution provisoire déjà
commencée mais pour empêcher qu’une telle exécution ne soit entamée. (Voir dans ce sens
CCJA, Arrêt n° 013/2003 du 19 juin 2003 SOCOM SARL c/ SGBC, N° 1 janvier-Juin 2003
P.16 ohadata J-O4-105). Dans la pratique, l’exécution provisoire des décisions de justice
génère un contentieux important dans la mesure où le débiteur poursuivi peut saisir la Cour
d’Appel afin qu’elle ordonne des défenses à exécution. En effet lorsque l’exécution provisoire
n’est pas de droit et qu’elle est prononcée en dehors des cas prévus à l’art 3 sus-équivoque, la
Cour d’Appel, sur la demande de la partie appelante, ordonne les défenses à exécution
provisoire de la décision.

La cour d’appel saisie rejette la demande de défense à exécution si elle a un caractère


manifestement dilatoire. La Cour d’Appel et saisie par simple requête adressée au président
de la Cour d’Appel. L’arrêt de la Cour d’Appel ne peut faire que d’un pourvoi d’ordre devant
la Cour suprême.

En règle générale, les juges annulent toutes les saisies déclenchées sans titre exécutoire ou
pratiquées sur la base d’actes non constitutifs de titre exécutoires. Par conséquent un état de
paiement (PTPI Douala, ord de référé N°782 du 09 avril 2002, CAMEROON AIRLINES
(CAMAIR) c/ BISSOYE ALBERT et autres). Ou encore la lettre du délégué provincial de
l’emploi revêtue de la formule exécutoire ne saurait constituer des titres exécutoires.
(L’ordonnance des référés n°310 du 13 décembre 2001 du TPI de Yaoundé.

Section 2 : Les biens saisissables


Il convient de préciser le contenu du principe général de saisissabilité des biens et ses
exceptions.

Paragraphe 1 : Le principe général de saisissabilité

Il découle des dispositions de l’art 2092 du CC aux termes duquel les biens mobiliers et
immobiliers présents et à venir du débiteur sont le gage commun de ses créanciers.

A- Les biens saisissables

Les biens constituant l’assiette de la saisie doivent à la fois appartenir au débiteur et être
disponibles.

1- Le débiteur doit être le propriétaire des biens saisis

L’art 50 de l’AUPRVE dans ses alinéas 1 et 2 vise les biens présents et à venir du
débiteur. Pour ce qui est des biens futurs, l’AUPRVE englobe les créances conditionnelles et
les créances à exécutions successives dans ces trois situations, l’Acte Uniforme considère que
ces biens sont déjà la propriété du débiteur. Par extension, le législateur communautaire
innove en envisageant la saisie alors même que les biens appartenant au débiteur saisi sont
détenus par un tiers : cas du dépositaire.

Lorsque l’objet de la saisie n’appartient pas exclusivement au débiteur, la saisie ne peut


être pratiquée. C’est le problème de la saisie des biens indivis. Dans la succession, avant que
le partage des biens n’intervienne, les biens qui la composent sont la propriété de tous les
héritiers. Le créancier d’un héritier ne peut saisir ces biens indivis comme il peut le faire pour
les biens appartenant exclusivement au débiteur héritier indivisaire.

Cette solution s’explique par l’incertitude qui règne sur la quotité des droits de chaque
indivisaire de l’assiette de la saisi :

- Si tous les biens qui constituent l’assiette de la saisie appartiennent au tiers, celui-ci peut
demander au tribunal compétent la main levée de la saisie.

- Si la saisie n’a englobé que quelques biens du tiers, ce dernier peut exercer une action en
revendication ou une action en distraction des dits biens.

2- Les biens saisis doivent être disponibles

Le bien qui constitue l’assiette de la saisie doit être disponible entre les mains du débiteur.
Cette disponibilité fait défaut en cas de redressement judiciaire ou de liquidation des biens
mais aussi en présence d’une saisie antérieure. Le redressement ou la liquidation entraîne la
suspension des poursuites et le dessaisissement du débiteur.

Avant l’AUPRVE et s’agissant d’une saisie antérieure, l’adage « saisie sur saisie ne vaut »
produisait tous ses effets dans la mesure où l’objet d’une saisie ultérieure ne peut faire l’objet
d’une nouvelle saisie. Dorénavant une seconde saisie est possible en ce qui concerne les
saisies conservatoires, les saisies exécution ou les saisies-ventes. À ce titre, le second
créancier peut procéder soit par une saisie complémentaire (extension de la première saisie
aux autres biens du débiteur), soit par une saisie adjonction (En se joignant à la première
saisie ou aux saisies antérieures au moyen d’une opposition).

Paragraphe 2 : Les exceptions

Un bien est insaisissable lorsque par dérogation au principe posé par l’art 2093 du CC, il
échappe au gage des créanciers. L’art 51 de l’AUPRVE laisse au pouvoir souverain des Etats
membres la détermination des biens insaisissables. Plusieurs motifs sont à l’origine de cette
insaisissabilité : la protection du débiteur ; la sauvegarde de l’intérêt général ; la volonté de
l’homme et la nature de certains biens.

1- La nécessité de protéger les intérêts généraux

La loi interdit la vente des biens présentant un intérêt général pour la satisfaction d’un
intérêt privé. Il s’agit des biens des collectivité publiques, les biens nécessaires au
fonctionnement des syndicats professionnels.

2- La nécessité d’assurer la dignité du débiteur 

Les insaisissabilités légales ont pour finalité de garantir une vie décente au débiteur et
à sa famille, ainsi que de lui assurer le maintien de sa vie professionnelle.

Elles concernent donc les biens nécessaires à la vie quotidienne du débiteur, à son travail
et à sa famille. Il s’agit donc des vêtements, de la literie, du linge de maison, des denrées
alimentaires, des produits nécessaires aux soins corporels et à l’entretien des lieux, objet
mobiliers corporels tels que chaises et table permettant de prendre un repas, des pensions
alimentaires, de la quotité insaisissable du salaire. Sont également visé les objets d’enfants,
les animaux d’appartement, les livres et autres objets nécessaires à la poursuite des études et à
la formation professionnelle ; les animaux d’appartement ou de garde ; les animaux
nécessaires à la subsistance du débiteur. Cependant ces biens peuvent être saisis par le
vendeur à crédit pour le paiement de leur prix.
3- La nécessité de protéger les droits exclusivement attachés au débiteur

Certains droits exclusivement réservés à une personne déterminée sont déclarés


insaisissables parce qu’ils ne sauraient être cédés. Il s’agit des droits d’usage et d’habitat, les
droits d’usufruit légal des père et mères et les biens ayant une valeur affective sont également
insaisissables ; ex : les portraits de famille, les décorations, les souvenirs de famille. D’autres
biens sont enfin déclarés insaisissables en raison de leur caractère réel. Ex : les servitudes
foncières.

Paragraphe 3 : Les exigences communes à toutes les opérations de la saisie

A- La charge des frais

Il ressort des dispositions de l’art 49 de l’AUPRVE que les frais de l’exécution forcée sont
à la charge du débiteur saisi. Cependant le débiteur peut en être exonérés s’il démontre que les
frais exposés n’étaient pas nécessaires ou que le recouvrement entrepris par le créancier
saisissant sans titre.

B- Le moment des opérations de saisie


1- Le moment de la saisie

L’acte uniforme donne des précisions quant aux jours et heures appropriés pour les
opérations de saisie.

Quant aux jours, les opérations de saisie sont autorisées de lundi à samedi exceptés les
jours fériés. Cette interdiction est assortie d’une exception lorsqu’on est en présence d’un cas
de nécessité. Dans une telle hypothèse, l’huissier de justice ou l’agent d’exécution doit se
munir d’une autorisation spéciale du tribunal dans le ressort duquel se poursuit l’exécution.

L’état de nécessité dont il est question peut être en rapport avec la situation du débiteur
qui par exemple n’est jamais présent à son domicile pendant la semaine soit parce qu’il a été
informé de la saisie, soit en cause des impératifs de sa profession.

Quant aux heures, les opérations de saisie sont en principe interdites la nuit. L’art 46(2)
définit implicitement la nuit comme le temps qui s’écoule entre dix-huit heures et huit heures
du matin. Ceci étant une saisie ne peut commencer avant huit heures ou se poursuivre après
dix-huit heures. Cependant lorsque l’état de nécessité l’exige, l’huissier ou l’agent
d’exécution muni d’une autorisation spéciale du président de la juridiction compétente peut
procéder à une saisie aux heures interdites à condition que le lieu de saisie ne soit pas un lieu
d’habitation.
C- L’entrée dans un local privé
1- En présence du débiteur

Lorsque le débiteur est présent et n’oppose aucune résistance, l’huissier ou l’agent


d’exécution doit réitérer verbalement la demande de paiement (itératif commandement) et
informer le débiteur qu’il est tenu de connaitre les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie
antérieure et le procès-verbal qui constate la dite saisie. Une fois que ces préalables sont faits,
l’huissier peut commencer les opérations de saisie. Ces opérations se déroulent autrement
lorsque le débiteur est absent.

2- Le concours de la force publique

Lorsque l’huissier ne trouve pas le débiteur en place ou fait face à la résistance de


celui-ci, il ne peut procéder de force à l’ouverture des portes et fenêtres sous peine d’être
poursuivi pénalement pour la violation de domicile. L’huissier ou l’agent d’exécution doit
établir un gardien aux portes pour éviter le déplacement des meubles et requérir le concours
de l’autorité administrative compétente ou une autorité de police ou de gendarmerie.

D- Les opérations proprement dites de saisie

Elles doivent être effectuées en l’absence du créancier pour éviter d’éventuelles


altercations avec le débiteur. Cependant avec la permission du juge, le créancier saisissant
peut assister aux opérations de saisie il en est ainsi lorsque sa présence est nécessaire pour
identifier le débiteur.

Au cours des opérations de saisie, l’huissier ou l’agent d’exécution peut se faire assister
d’un ou de deux témoins majeurs, non parents ni alliés en ligne directe du débiteur ou du
créancier. Ces personnes ne doivent pas non plus être au service des parties c’est-à-dire du
débiteur saisi ou du créancier.

Autrefois appelés recors, ces témoins ont pour rôle d’une part de constater
l’accomplissement des formalités et c’est à ce titre qu’ils sont tenus de signer l’original et les
copies des PV établis à la suite de la saisie.

D’autre part ces témoins protègent l’huissier contre une éventuelle agression du débiteur.
Les opérations de saisie s’achèvent par l’établissement d’un PV dont les énonciations sont
contenues dans l’art 45 de l’AUPRVE. L’AUPRVE ajoute la photographie des biens saisis
qui, en cas de contestation, permettra de vérifier la consistance des biens figurant sur le
Procès-verbal de saisie.
E- La désignation du gardien

L’AUPRVE n’édicte plus les incapacités relatives à la fonction de gardien. En matière de


saisie des biens mobiliers corporels, le débiteur ou le détenteur des biens est réputé gardien
des objets saisis. Par ailleurs, on peut conclure que le créancier saisissant ou les membres de
sa famille soient judiciairement désignés gardien de biens saisis en cas de refus du débiteur
saisi ou du tiers détenteur d’être gardien.

Paragraphe 4 : Les conséquences générales de toute saisie

Elles sont de trois ordres à savoir l’indisponibilité des biens saisis, la notification de la
saisie au débiteur et enfin la charge des frais de l’exécution forcée.

1- L’indisponibilité des biens saisis

Elle a pour conséquence d’interdire au débiteur saisi tout acte de disposition portant sur les
biens dès l’établissement du Procès-verbal de saisie. Même si le débiteur a momentanément
perdu l’abusus, il demeure propriétaire des dits biens. Par conséquent, les risques demeurent à
sa charge jusqu’à l’adjudication éventuelle ou la main levée de la saisie.

2- La notification au débiteur de l’acte de saisie

Elle entraîne comme principal effet et l’interruption de la prescription de la créance cause de


saisie.

PARTIE III : L’EXÉCUTION FORCÉE SUR LES MEUBLES CORPORELS


Elle est fonction de l’objectif poursuivi par les différents créanciers (vente-
appréhension-revendication-acte conservatoire) et se caractérise par la nature variée des biens
qu’on retrouve dans les patrimoines notamment ceux des débiteurs.

CHAPITRE 1 : LES SAISIES MOBILIÈRES CONSERVATOIRES

Les saisies mobilières conservatoires ont pour but de rendre indisponibles les biens du
débiteur. Il s’agit précisément de les soustraire de la libre disposition du débiteur et les
conserver au profit du créancier. Il s’agit d’une démarche préventive initiée par le créancier
pour parer à une insolvabilité organisée par le débiteur ou d’une diminution du droit de gage
général. En avant recours à une saisie conservatoire, le créancier veut bloquer à son profit des
biens meubles, des créances et même des droits d’associés appartenant à son débiteur. Les
saisies conservatoires constituent donc les moyens de pression et de précaution engagés par le
créancier. Elles ont un caractère temporaire dans la mesure où elles seront transformées en
mesure d’exécution. L’acte uniforme règlemente les saisies conservatoires ordinaires sur les
meubles et quelques saisies conservatoires spéciales à l’instar de la saisie foraine et de la
saisie-revendication.

Section 1 : Les saisies conservatoires ordinaires des meubles

Elles portent sur les meubles corporels et sur les meubles incorporels à l’instar des
créances et des valeurs mobilières.

Paragraphe 1 : Les dispositions générales des saisies conservatoires ordinaires

Elles imposent des précisions par rapport aux caractères de la créance cause de la
saisie, à l’objet de la saisie et à l’issue de la saisie. Quant aux conditions relatives aux sujets
de la saisie, elles restent inchangées.

A- L’objet de la saisie conservatoire

Les saisies conservatoires portent sur les meubles corporels ou incorporels. On


comprend donc que les immeubles en sont exclus. Cette exclusion porte aussi bien sur les
immeubles par nature que sur les immeubles par destination. Ainsi, une camionnette destinée
aux livraisons effectuées par une entreprise ne peut faire l’objet d’une saisie mobilière
conservatoire.

S’agissant d’une éventuelle confusion qui existerait entre la saisie conservatoire des
meubles incorporels à l’instar des créances et la saisie-attribution qui porte également sut les
créances, il convient de relever que le législateur communautaire détermine avec précision le
domaine et la portée de chaque saisie.

Pour la saisie attribution, la créance cause de la saisie doit être certaine, liquide et
exigible. Dans la saisie conservatoire, l’art 54 de l’AUPRVE pose seulement l’exigence d’une
créance qui parait fondée dans son principe. Au niveau des effets, dès l’exploit de saisie-
attribution, la créance saisie est en principe attribuée au créancier alors que dans le cadre des
saisies conservatoires, cette attribution fait défaut dans la mesure où il faut attendre la
conversion de la saisie conservatoire en saisie-vente.

B- Les caractères de la créance cause de la saisie conservatoire

L’AUPRVE pose deux conditions fondamentales pour ce qui est de la créance qui
justifie une saisie conservatoire. Ladite créance doit simplement être fondée dans son principe
dans son principe. À cette exigence doivent s’ajouter des circonstances de nature à menacer le
recouvrement.

1- Une créance fondée dans son principe

C’est celle dont l’existence est vraisemblance. Il peut s’agir d’une créance
conditionnelle ou d’une créance à terme. Le moment de la créance peut ne pas encore être
déterminé. L’essentiel est que la personne qui initie la saisie conservatoire puisse
légitimement se prétendre créancière. La créance n’est pas fondée dans son principe lorsque le
débiteur saisi s’est acquitté de sa dette et que le créancier saisissant lui a donné bonne et
valable de quittance. Cotonou N° 229/99, 25 novembre 1999. Il en est de même lorsque le
créancier se prévaut d’une simple commission pour justifier la saisie. (CA d’Abidjan, Arrêt
N°458 du 19 Avril 2005, cabinet immobilier et juridique précis c/ Mme Blot Nicole cité
par Ndiaw Diouf, in OHADA, Traité et actes uniformes commentés et annotés, 4ème ed, p.
1026) ou encore lorsque le créancier apporte la preuve de la créance de manière unilatérale.
(TPI de Libreville, ord N°135/2000-2001 du 29 juin 2001, société Express Tour c/ Société Air
DABIA GAMBIA, Ohadata J-04-136)

2- Les circonstances de nature à menacer le recouvrement de la créance

Cette exigence est posée par l’art 54 de l’AUPRVE même si son contenu n’est pas
clairement défini. Il s’agit ici d’un péril dans le recouvrement de la créance. Ce péril existe en
présence d’un risque sérieux d’insolvabilité du débiteur ou en présence d’un débiteur qui a de
grosses difficultés financières présentant un caractère permanent. La présentation d’une
coupure de presse présentant les résultats d’une enquête fiscale ou encore le retour de lettres
de relance sans suite ne saurait constituer des circonstances de nature à menacer le
recouvrement de la créance. Le juge apprécie souverainement ces circonstances.

3- L’absence des conditions de forme

La créance qui justifie une saisie conservatoire peut figurer ou non sur un titre
exécutoire. Il peut s’agir d’un acte authentique ou d’un acte sous-seing privé. Une simple
reconnaissance de dette ou un contrat de vente établi par les parties peut justifier une saisie
conservatoire. La créance peut aussi résulter d’un jugement ayant acquis autorité de la chose
jugée. Cette absence de forme est compensée par l’exigence d’une autorisation judiciaire pour
éviter une pratique abusive des saisies conservatoires.

C- L’autorisation judiciaire

Le créancier qui n’est pas muni d’un titre exécutoire doit, avant toute saisie
conservatoire, obtenir une autorisation judiciaire. Le texte vise les créanciers dont les créances
figurent sur un acte sous-seing privé. Sont assimilés aux créanciers munis d’un titre
exécutoire et donc dispensés d’une autorisation judiciaire, les titulaires d’une lettre de change
acceptée après commandement dès lors que celles-ci sont dues en vertu d’un contrat de bail
d’immeuble écrit. La décision autorisant la saisie conservatoire doit, à peine de nullité,
préciser le montant des sommes pour desquelles la mesure conservatoire est autorisée et
préciser la nature des biens sur lesquels elle porte. Cette autorisation judiciaire devient
caduque lorsque la saisie n’est pas pratiquée dans les trois mois qui suivent la décision l’ayant
autorisée.

Le juge compétent pour autoriser la saisie conservatoire est :

Sur le plan territorial, le juge du domicile ou celui du lieu où demeure le débiteur ; ce


lieu peut être soit sa résidence, soit son habitation. La question de la détermination du juge
compétent n’est pas aussi simple notamment lorsque le débiteur est domicilié à l’étranger.
Face au silence de l’AUPRVE, la jurisprudence, confrontée à une espèce présentant cette
difficulté a décidé que la juridiction compétente est la juridiction du lieu d’exécution de la
mesure conservatoire. (CA du Littoral, Arrêt N°91/REF du 09 juin 2004).

Sur le plan matériel c’est le juge du contentieux de l’exécution. Il est saisi de la mesure
d’autorisation par requête pour éviter que le débiteur une fois informé, n’organise son
insolvabilité.
Le juge saisi apprécie souverainement la requête du saisissant. Il peut à cet à cet effet
autoriser la saisie (il prend à cet effet une ordonnance). Ou rejeter la requête du saisissant. La
requête autorisant la saisie conservatoire de droit commun doit à peine de nullité, préciser le
montant des sommes pour lesquelles la saisie est autorisée et préciser la nature des biens sur
lesquels porte saisie (art 59). La voie de recours contre cette décision est l’appel qui doit être
interjeté dans un délai très court à savoir quinze jours.

D- L’issue et les incidents de la saisie conservatoire


1- L’issue

Dans le meilleur des cas, c’est l’exécution volontaire du débiteur saisi gêné par
l’indisponibilité des biens saisis. En cas de résistance du débiteur saisi, la saisie conservatoire
se convertit en saisie-vente. Par contre il apparaît judicieux de s’attarder sur les contestations
nées du déclenchement d’une saisie conservatoire.

2- Les incidents

Selon les articles 62 et 63 de l’AUPRVE, ces contestations sont de deux ordres : la


mainlevée de la saisie (art 62) et les autres formes de contestations qui selon les cas seront : la
réduction, le cantonnement ou le concours de la saisie.

a- La mainlevée de la saisie conservatoire

La mainlevée de la saisie est l’anéantissement de la saisie pour la violation des conditions


de fond ou de forme.

- les motifs qui justifient la mainlevée de la saisie

Ces motifs sont limitativement évoqués par l’art 62 de l’AUPRVE. Il s’agit de : l’absence
de l’autorisation judiciaire pour le créancier non muni d’un titre exécutoire ; de la non-
indication du montant de la créance cause de la saisie et de la nature des biens dans
l’autorisation judiciaire ; l’absence de mise en œuvre de la saisie dans les trois qui suivent
l’autorisation judiciaire. La main levée de la saisie conservatoire est également demandée par
le débiteur lorsqu’elle a été pratiquée entre les mains d’un tiers et que certaines formalités
n’ont pas été effectuées. Sur cette question, l’article 61(2) dispose que : « si la saisie est
pratiquée entre les mains d’un tiers, les copies des pièces justifiant de ces diligences doivent
être adressées au tiers dans un délai de huit jours à compter de leur date ».

- La juridiction compétente pour ordonner la mainlevée


À ce sujet et conformément à l’art 63 de l’AUPRVE lorsque la saisie est pratiquée avec
autorisation judiciaire, la demande de mainlevée est portée devant la juridiction qui a autorisé
la saisie. Par contre, en présence d’une saisie conservatoire sans autorisation judiciaire, la
demande de mainlevée est portée devant la juridiction du domicile ou du lieu demeure le
débiteur.

b- Les autres incidents

Il s’agit de la réduction du cantonnement et éventuellement du concours de saisie.

La réduction

C’est la réduction par décision de justice de la somme constituant la créance cause de la


saisie. Elle suppose donc un paiement partiel et antérieur, effectué par le débiteur et non pris
en compte au moment du décompte des sommes dues lors du déclenchement de la saisie.

Le cantonnement

C’est la soustraction judiciaire de certains biens de l’assiette de la saisie. Le cantonnement


peut être demandé lorsque le bien est insaisissable ou lorsque la valeur des biens saisis excède
notablement celle de la créance. Les biens soustraits sont immédiatement disponibles.

c- Le concours de saisies

Il survient lorsque d’autres créanciers veulent saisir les mêmes biens. Les modalités de ce
concours de saisie sont déterminées par les dispositions de l’art 74 de l’AUPRVE.

En raison des dispositions assez complètes sur les saisies des biens meubles corporels
dans les arts 62 à 72 de l’AUPRVE, il n’est pas judicieux de s’y attarder. Il en est de même
pour la saisie conservatoire des créances arts 77 à 84 qui très souvent constitue un prélude à la
saisie-attribution. En revanche de saisies spéciales conservatoires de meubles corporels à
l’instar de la saisie foraine et de la saisie-revendication méritent un temps d’arrêt parce
qu’elles présentent plus de spécificité.

Section 2 : Les saisies conservatoires spéciales des biens meubles corporels

La saisie-gagerie qui existait dans certaines législations antérieures a été supprimée.


Celle-ci dans son mécanisme permettait au créancier notamment au bailleur d’immeuble de
placer sous-main de la justice les meubles de son débiteur garnissant les lieux loués. L’acte
uniforme portant voie d’exécution consacre en son article 73 la saisie foraine et aux articles
227 à 237 la saisie-revendication. Ces deux saisies ont un caractère spécial parce qu’elles
bouleversent un tout petit peu les règles communes à toutes les saisies conservatoires.

Paragraphe 1 : La saisie foraine

C’est une saisie particulière qui permet à un créancier de placer sous les mains de la
justice les biens mobiliers corporels de son débiteur « forain ». Il s’agit d’un débiteur qui vit à
l’étranger ou qui n’a pas de domicile fixe ; il est donc question de saisir les biens meubles
apportés par le débiteur de passage : cas de l’hôtelier par exemple. L’art 73 qui la définit
précise en même temps les conditions de sa mise en œuvre ainsi que la procédure.

A- Les conditions de mise en œuvre de la saisie foraine

Elles sont relatives au domicile du créancier saisissant, à la créance cause de la saisie, au


débiteur saisi, et enfin aux biens saisis.

1- Le domicile du créancier saisissant

Le créancier saisissant doit être domicilié dans la commune où se trouvent les biens du
débiteur qu’il veut saisir.

2- La créance cause de la saisie foraine

Elle doit être fondée dans son principe. Les conditions de certitude, de liquidité et
d’exigibilité ne sont pas nécessaires car il s’agit d’une saisie conservatoire. La détention d’un
titre exécutoire n’est pas non plus nécessaire, il suffit pour cela que le créancier saisissant
obtienne une autorisation judiciaire. La juridiction compétente pour autoriser la saisie foraine
et pour connaitre de tout le contentieux de l’exécution est la juridiction du domicile du
créancier.

a- Le débiteur saisi

Il s’agit de tout débiteur sans domicile fixe ou ayant un domicile à l’étranger. Ex : les
nomades, les touristes ou les hommes d’affaires. En ce qui concerne particulièrement les
nomades, la saisie foraine permet aux créanciers victimes des dégâts occasionnés par le
passage des bêtes de saisir le bétail à nouveau de passage.

b- Les biens saisissables

Ce sont les biens meubles corporels du débiteur.

B- La procédure de saisie foraine


Les règles applicables à toutes les saisies conservatoires sont valables ici. Une exception
concerne tout de même la désignation du gardien. Selon l’alinéa 2 de l’art 73 « le saisissant
est gardien des biens s’ils sont entre ses mains ; sinon il sera établi un gardien ».

C- L’issue de la saisie foraine

La saisie foraine comme toute saisie conservatoire rend indisponibles les biens du
débiteur. Elle se solde soit par l’exécution volontaire, soit par la conversion en saisie-vente.

Paragraphe 2 : La saisie-revendication

Toute personne fondée à requérir la délivrance, ou la restitution d’un bien meuble


corporel peut, en attendant sa remise le rendre disponible au moyen d’une saisie-
revendication. La saisie-revendication n’est donc pas une saisie aux fins de recouvrement
d’une créance. C’est pourquoi, il convient de circonscrire son domaine, sa procédure, les
incidents éventuels et son issue.

A- Le domaine de la saisie-revendication

Le champ d’application de la saisie-revendication est déterminé par l’art 227. Ce texte


permet d’envisager les hypothèses suivantes :

- Le véritable propriétaire d’un meuble perdu ou volé peut, à la suite de son action en
revendication, le saisir entre les mains d’un tiers détenteur quand bien même ce dernier serait
de bonne foi.

- Le vendeur impayé de biens meubles corporels peut pratiquer la saisie-revendication


entre les mains de l’acquéreur qui n’a pas payé le prix. Cette saisie s’avère particulièrement
utile dans le cadre d’une vente assortie d’une clause de réserve de propriété, d’une résolution
de contrat ou de rupture d’un contrat de dépôt, de prêt à usage ; de réparation.

B- La procédure de saisie-revendication

Elle est constituée d’une seule phase pour le créancier muni d’un titre exécutoire (la saisie
proprement dite) et deux phases pour le créancier non muni d’un titre exécutoire (autorisation
judiciaire et saisie proprement dite).

Le créancier non détenteur d’un titre exécutoire doit obtenir une autorisation judiciaire de
saisie en saisissant par requête la juridiction du domicile ou du lieu où demeure la personne
tenue de délivrer ou de restituer le bien. Cependant, le créancier qui se prévaut d’une décision
de justice n’ayant pas encore force de chose jugée est dispensé de l’autorisation de saisir.
Cette autorisation judiciaire doit mentionner le bien qui doit être saisi ainsi que l’identité
de la personne tenue de le délivrer ou de le restituer. Quant aux modalités proprement dites la
saisie-revendication, elles sont contenues dans les arts 230 à 232 de l’AUVE.

Une fois opérée dans les normes, la saisie-revendication comme toute saisie conservatoire
rend indisponible le bien saisi. Cet effet peut être contesté par le débiteur saisi ou le tiers saisi
qui peuvent alors soulever des incidents.

C- Les incidents

En dehors des incidents propres aux saisies conservatoires (réduction, cantonnement,


concours de saisies), le tiers saisi peut en effet se prévaloir d’un droit propre sur le bien saisi.
C’est le cas du droit de rétention. Dans ce cas, le tiers doit informer l’huissier ou l’agent
d’exécution par tout moyen laissant trace écrite.

D- L’issue de la saisie-revendication

Elle est la même que celle prévue pour toutes les saisies conservatoires. Cependant pour le
créancier qui a déclenché la saisie sans titre exécutoire, l’obtention d’un titre lui permettra
d’obtenir la délivrance ou la restitution du bien en pratiquant la saisie-appréhension. (Arts 219
et suivant de l’AUPRVE).

CHAPITRE 2 : LA SAISIE-VENTE

Définie par l’art 91 de l’AUPRVE, la saisie-vente est une mesure d’exécution qui
permet à tout créancier muni d’un titre exécutoire constant une créance liquide, exigible et
liquide, après commandement, de faire procéder à la saisie et à la vente des biens meubles
corporels appartenant à son débiteur, qu’ils soient détenus ou non par ce dernier, afin de se
payer sur le prix.

Section 1 : La saisie-vente de droit commun


Elle implique la pénétration dans un domicile privé et la saisie de biens du débiteur.
Conscient du traumatisme qu’une telle mesure peut créer pour le débiteur, le législateur
communautaire a entouré cette mesure d’exécution ou d’un formalisme très protecteur.

Paragraphe 1 : Les opérations de saisie

Les sujets de la saisie-vente de droit commun sont le créancier saisissant, le débiteur


saisi, le tiers saisi. Ces personnages ainsi que les caractères de la créance cause de la saisie ont
été clairement définis dans le cadre des conditions communes à toutes les saisies. Quant à
l’objet des saisies-vente de droit commun, il s’agit des meubles corporels à savoir les meubles
meublants (marchandise, les biens consomptibles, les véhicules terrestres, les sommes en
espèce.) à l’exception de ceux qui sont déclarés insaisissables. Les développements qui vont
suivre seront essentiellement consacrés aux opérations de saisie qui partent du
commandement préalable jusqu’à la vente des biens.

A- Le commandement préalable

1- L’objet et le contenu du commandement préalable

C’est un exploit d’huissier qui précède toute saisie et doit être signifié au débiteur huit
jours au moins avant la saisie. Ce commandement de payer doit contenir à peine de nullité les
mentions figurant aux arts 92 et 93 de l’AUPRVE. Il s’agit pour l’essentiel de la référence au
titre exécutoire en vertu duquel la saisie est opérée, l’indication de la somme à payer avec le
décompte distinct des sommes réclamées en principal, frais et intérêts échus ainsi que
l’indication du taux d’intérêt ; de la mention de l’ordre fait au saisi de payer dans un délai de
huit jours sous peine d’y être contraint par la vente forcée de ses biens et l’élection du
domicile du créancier dans le ressort de la juridiction où l’exécution doit être poursuivie. Ce
domicile élu permettra au débiteur de faire au créancier d’éventuelles offres de paiement ou
de lui signifier certains actes de procédure. Le commandement de payer doit être signifié à
personne ou à domicile à l’exclusion du domicile élu. Il peut être délivré dans l’acte de
signification du titre exécutoire.

2- Les effets du commandement de payer

Le commandement de payer vaut mise en demeure, il interrompt la prescription et fait


courir les dommages et intérêts moratoires. Passé le délai de huit jours et lorsque le débiteur
n’a pas favorablement réagi, la saisie peut être déclenchée.
B- La saisie

Elles peuvent être effectuées entre les mains du débiteur saisi, entre les mains d’un tiers ;
entre les mains du créancier saisissant.

1- La saisie entre les mains du débiteur

Elle est introduite par un itératif commandement. En effet, une fois rendu sur les lieux de
la saisie et si le débiteur est présent, l’huissier lui réitère verbalement la demande de paiement
et l’informe qu’il est tenu de faire connaitre les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie
antérieure. L’huissier ou l’agent d’exécution fait l’inventaire des biens qu’il consigne dans le
procès-verbal de saisie. Les sommes en espèce peuvent être saisies à concurrence du montant
de la créance du saisissant. Elles sont consignées entre les mains de l’huissier ou de l’agent
d’exécution ou au greffe de la juridiction compétente au choix du créancier saisissant, il est
fait mention au procès-verbal de saisie. Le procès-verbal de saisie doit contenir sous peine de
nullité les énonciations prévues à l’art 100 de l’AUPRVE dont la plus importante est
l’indication en caractère très apparents que le débiteur dispose d’un délai d’un moi pour
procéder à la vente amiable des biens saisis dans les conditions prévues par les arts 115 à 119
de l’AUPRVE.

Si la saisie a été effectuée en l’absence du débiteur, le procès-verbal de saisie lui est


signifié pour lui permettre de contester les opérations de saisie. Par ailleurs il dispose d’un
délai de huit jours pour faire connaitre à l’huissier ou à l’agent d’exécution l’existence d’une
éventuelle saisie antérieure.

Malgré la signification du procès-verbal de saisie, le débiteur demeure propriétaire des


biens saisis rendu indisponibles. Si les biens saisis sont perdus ou volés, le débiteur saisi sera
pénalement poursuivi pour détournement de bien saisi (art 190 du code pénal).

2- La saisie des biens entre les mains du tiers détenteur

La principale exigence formulée par l’art 105 de l’AUPRVE qui traite des opérations de
saisie entre les mains des tiers est l’obtention d’une autorisation de la juridiction du lieu où
sont situés les biens. Les biens saisis doivent appartenir au débiteur. Si le tiers déclare détenir
les biens pour le compte du débiteur, il est dressé un inventaire qui contient à peine de nullité
les énonciations de l’art 109 de l’AUPRVE.
Si le tiers saisi déclare ne détenir aucun bien pour le compte du débiteur ou s’il refuse de
répondre, il est dressé un acte. Celui-ci est remis ou signifié au tiers avec indication en
caractère très apparents de la sanction à laquelle il s’expose. En effet, aux termes de l’alinéa 2
de l’art 107 de l’AUPRVE le tiers qui refuse de déclarer les biens du débiteur qu’il détient,
qui fait une déclaration inexacte ou mensongère s’expose au paiement des cause de la saisie,
sauf recours contre le débiteur. Il peut aussi être condamné à des dommages et intérêts.

Lorsque la saisie a eu lieu en l’absence du tiers saisi, une copie du procès-verbal de saisie
lui est signifiée en lui impartissant un délai de huit jours pour qu’il porte à la connaissance de
l’huissier ou de l’agent d’exécution l’existence éventuelle d’une saisie antérieure sur les
mêmes biens et qu’il lui en communique le procès-verbal. Le tiers a en principe la garde des
biens saisis. Mais s’il demande à être déchargé, l’huissier nomme un gardien et prend des
dispositions pour assurer l’enlèvement des biens.

C- Les opérations de saisie entre les mains du créancier saisissant

C’est l’hypothèse de la saisie sur soi-même (cas du dépositaire pour le paiement du prix
du gardiennage, cas du réparateur pour les frais de maintenance). Celle-ci est autorisé par les
dispositions de l’art 106(2) à condition que le créancier respecte la même procédure que celle
prévue pour la saisie entre les mains du tiers détenteur ; la saisie sur soi a lieu lorsque les
conditions de la compensation ne sont pas réunies alors que le créancier saisissant détient
légitimement certains biens du débiteur. Il réunit donc en sa personne deux qualités : celle de
tiers détenteur et celle de créancier saisissant.

Paragraphe 2 : La vente des biens saisis

Sur cette question, l’acte uniforme a fait preuve d’innovation en offrant au débiteur la
possibilité de choisir entre la vente amiable et la vente forcée de ses biens.

A- La vente amiable

La vente amiable est intéressante à plus d’un titre pour le débiteur parce qu’elle lui permet
de tirer le meilleur prix, d’éviter une publicité qui peut s’avérer désastreuse pour son crédit et
surtout de faire l’économie des frais afférents aux formalités légales d’une vente aux
enchères.

Le débiteur dispose d’un délai d’un mois à compter de la notification du procès-verbal de


saisie pour procéder lui-même à la vente. Le créancier saisissant et les créanciers opposants
(ceux qui ont effectué des saisies sur les mêmes biens) doivent être informés par lettre
recommandée ou par tout moyen laissant trace de l’initiative du débiteur. Ils disposent d’un
délai de quinze jours pour accepter la vente à l’amiable, la refuser ou se porte acquéreurs.
L’absence de réponse vaut acceptation. Le transfert de propriété et la délivrance des biens
sont subordonnés à la consignation du prix de la vente entre les mains de l’huissier ou de
l’agent d’exécution. À défaut de la vente amiable dans les délais convenus, il est procédé à la
vente forcée.

B- La vente forcée des biens saisis

La vente forcée est effectuée aux enchères publiques, par un auxiliaire de justice habilité,
soit au lieu où se trouvent les objets saisis, soit dans une salle ou un marché public dont la
situation géographique est appropriée pour solliciter la concurrence à moindre frais.

La publicité de la vente se fait aux moyens des affiches apposées à la mairie du domicile
ou du lieu où demeure le débiteur, au marché voisin et tout autre lieu approprié ou au lieu de
la vente. Ces affiches indiquent les lieux, le jour et heure de la vente ainsi que la nature des
biens saisis. La vente peut également être annoncée par voie de presse ou de radio. Cette
publicité doit être effectuée quinze jours au moins avant la date fixée pour la vente. Le
débiteur est informé par lettre recommandée au soin de l’huissier, des lieux, du jour et heure
de la vente dix jours au moins avant sa date.

La vente est arrêtée lorsque le prix des biens vendus assure le paiement du montant des
causes de la saisie et des oppositions, en principal, intérêts et frais. Il est dressé un procès-
verbal de la vente qui contient la désignation des biens vendus, le montant de l’adjudication et
l’énonciation des noms et prénoms des adjudicataires.

Paragraphe 3 : Les incidents et leur règlement

A- Les incidents soulevés par le débiteur

Le débiteur saisi peut se prévaloir de la mainlevée de la saisie, de la réduction ou du


cantonnement.

1- La mainlevée de la saisie

La mainlevée de la saisie est la nullité de la saisie pour vice de forme ou de fond. Aux
termes des dispositions de l’art 136 de l’AUPRVE, cette mainlevée peut être amiable ou
judiciaire.

La mainlevée amiable est celle qui résulte du ou des créanciers saisissant et le débiteur.
Elle est le résultat d’une compensation ou de la prescription de la créance cause de la saisie.
Elle peut aussi être le résultat d’une garantie ou d’une sûreté réelle ou personnelle accordée
par le débiteur.

La mainlevée judiciaire est la nullité de la saisie prononcée par le tribunal suite à une
contestation de la saisie faite par le débiteur. En plus des motifs invoqués pour la mainlevée
amiable, le débiteur peut demander la nullité de la saisie pour extinction de la dette ou pour
omission des énonciations contenues dans l’art 100 de l’AUPRVE.

Les principaux effets de la mainlevée sont :

- la mise en cause des autres créances (art 144(1) de l’AUPRVE)

- la restitution du bien détenu par un tiers si la nullité de la saisie est déclarée avant la
vente (art 144(2) de l’AUPRVE)

- la restitution du produit de la vente si la nullité de la saisie est déclarée après la vente


(Art 144(3) de l’AUPRVE)

2- La réduction (Voir supra P.27)

3- Le cantonnement (Voir supra P.27)

B- Les incidents soulevés par les autres créanciers

Ils sont prévus par les dispositions des articles 130 et suivant de l’AUPRVE sous
l’appellation : opposition des créanciers. Il convient de préciser les formes de ces oppositions
et leurs effets.

1- Les formes des oppositions des créanciers

Ces oppositions peuvent revêtir plusieurs formes : La saisie-adjonction et la saisie


complémentaire.

La saisie-adjonction est prévue par l’art 130(1) de l’AUPRVE qui dispose à cet effet que :
« Tout créancier réunissant les conditions de l’art 91 du présent acte uniforme peut se joindre
à une saisie déjà pratiquée sur les biens du débiteur… ». L’alinéa 2 du même article dispose
que : « Aucune opposition n’est recevable après vérification des biens. ». Ainsi, le second
créancier saisissant peut se joindre à la première saisie ou aux saisie antérieures, au moyen
d’une opposition. L’acte d’opposition doit contenir à peine de nullité la mention du titre
exécutoire en vertu duquel elle est formée, le décompte distinct des sommes. Cet acte
d’opposition ainsi établi doit être signifié au premier saisissant ainsi qu’au débiteur. Cette
signification aura pour effet d’entrainer la jonction des différentes saisies. La jonction des
poursuites permet donc d’associer le créancier opposant la première saisie. Ainsi, le premier
créancier et les créanciers opposants peuvent décider de la mainlevée amiable de la saisie en
raison des paiements effectués par le débiteur saisi au cours des procédures de saisie.

La saisie complémentaire consiste à une extension de la saisie sur d’autres biens du


débiteur. Après avoir fait l’inventaire des biens, l’huissier ou l’agent d’exécution du second
créancier saisissant doit alors dresser un procès-verbal de saisie complémentaire en obéissant
aux règles relatives à l’établissement des procès-verbaux de saisie-vente. (Art 132(2) de
l’AUPPRVE). Elle produit le même effet que la saisie-adjonction. Cependant, la jonction de
poursuites ne fait pas perdre à la seconde saisie son autonomie. Ainsi la nullité de la première
saisie est sans conséquence sur la saisie complémentaire. L’opposition constitue donc une
véritable saisie indépendante de la première.

C- Les incidents soulevés par un tiers

Il s’agit de la distraction des biens saisis avant leur vente (art141 de l’AUPRVE) et de la
revendication des biens saisis après leur vente (art 142 de l’AUPRVE).

Section 2 : La saisie-vente spéciale

Paragraphe 1 : La saisie des récoltes sur pieds

La saisie des récoltes sur pieds est en réalité une saisie immobilière de par la qualité
d’immeuble par nature des récoltes. Elle devient une saisie mobilière à cause de la
mobilisation anticipée des récoltes. A l’instar de la théorie des immeubles par destination,
celle des meubles par anticipation constitue une fiction. Puisqu’elle doit être coupée un jour
ou l’autre, la récolte sur pied est destinée à devenir un bien mobilier. On va donc par
anticipation la considérer comme un meuble. La saisie des récoltes est l’équivalent de la
saisie-brandon pratiquée en France. Les brandons sont des faisceaux de paille que l’on mettait
aux quatre coins du champ dont les récoltes étaient saisies. La prise en compte de la place
prépondérante de l’agriculture dans les économies africaines est à l’origine de la
réglementation de la saisie des récoltes. En effet, les fruits et les récoltes constituent souvent
l’essentiel du patrimoine de certains individus dans le monde rural. La saisie des récoltes
présente certaines spécificités qui se dégagent de ses conditions et de sa procédure.

A- Les conditions de la saisie des récoltes sur pieds

La créance, cause de la saisie des récoltes ne présente aucune spécificité. En revanche les
sujets de la saisie et l’objet restent particuliers.
1- Les sujets

C’est le débiteur de la créance cause de la saisie des récoltes qui méritent des précisions.
Le débiteur saisi ici doit être le propriétaire de la récolte. Il peut être propriétaire de la récolte
mais peut ne pas être propriétaire de la terre. Par conséquent le propriétaire de la récolte peut
être fermier, métayer, un usufruitier ou même un acheteur. Le créancier saisissant doit avoir
cette qualité par rapport au débiteur saisi.

2- Les objets de la saisie des récoltes

Aux termes des dispositions de l’art 147 de l’AUPRVE, les récoltes et les fruits proches
de la maturité peuvent être saisis avant d’être séparés du sol… Cette saisie doit être faite, à
peine de nullité dans les six semaines avant l’époque habituelle de maturité. Pour éviter les
formalités contraignantes de la saisie immobilière, le législateur considère la récolte proche de
la maturité comme un meuble par anticipation.

La saisie des récoltes s’applique donc aux fruits naturels (ceux qui sont données
spontanément par un arbre ou la terre). Ou ceux issus de l’agriculture industrielle. Sont exclus
les produits tels que les matériaux à extraire d’une mine ou d’une carrière. Les fruits civils tels
que les intérêts de somme d’argent, les loyers en sont exclus. La saisie des récoltes ne peut
être pratiquée que sur les fruits pendants par racines ou aux branches et proche de la maturité.
Cette double exigence signifie que la saisie ne peut être opérée ni avant les récoltes, ni après
les récoltes. Après les récoltes, les fruits ne peuvent faire l’objet que d’une saisie-vente de
droit commun.

Paragraphe 2 : La procédure de la saisie des récoltes

La procédure de la saisie des récoltes emprunte plusieurs éléments à la procédure de droit


commun de la saisie-mobilière, mais présente tout de même quelques particularités.

Elle commence par un commandement de payer contenant la notification d’un titre


exécutoire s’il n’a pas été notifié. Le procès-verbal de la saisie des récoltes est établi
conformément aux règles régissant l’établissement des procès-verbaux de saisies de droit
communs. Cependant, en lieu et place de la description des biens saisis, on procède à la
description du terrain où sont situées les récoltes, avec sa contenance, sa situation, et
l’indication de la nature de ses fruits.

Le procès-verbal doit être signé par le maire ou le chef de l’autorité administrative où se


situent les biens et copie lui en est laissée. Les récoltes sont placées sous l’autorité du débiteur
qui en est désigné gardien. Toutefois, sur la demande du créancier saisissant, la juridiction
compétente peut désigner un gérant à l’exploitation du débiteur.

La saisie des récoltes présente une particularité importante en ce qui concerne la vente des
récoltes saisies. L’acte uniforme exclut l’hypothèse de la vente amiable dans la mesure où les
dispositions des arts 150 à 152 de l’AUPRVE organisent uniquement les modalités de la vente
forcée. Par ailleurs la récolte peut être vendue sur pied ou après récolte (art 151 de
l’AUPRVE). La vente forcée ainsi que les incidents sont règlementées suivant les dispositions
de la saisie-vente de droit commun.

PARTIE IV : L’EXÉCUTION FORCÉE SUR LES CRÉANCES MEUBLES


INCORPORELS

Les créances sont des meubles incorporels et naissent d’engagements divers. C’est cette
diversité des créances qui expliquent l’aménagement des mesures d’exécution forcée
spécifiques à chaque type de créance. À ce titre nous allons retenir la saisie-attribution et la
saisie des rémunérations comme mesure d’exécution forcée sur les créances.

CHAPITRE 1 : LA SAISIE-ATTRIBUTION

C’est une mesure d’exécution forcée consacrée par l’acte uniforme de 1998 qui porte
uniquement sur les créances. La saisie-attribution de 1998 a remplacé la saisie-arrêt jugée trop
formaliste qui était pratiquée dans la plupart des pays.

Section 1 : La saisie-attribution soumise aux conditions générales

C’est une voie d’exécution qui permet à un créancier de saisir entre les mains d’un tiers,
appelé tiers saisi, les créances portant sur une somme d’argent autre que les créances de
rémunération du travail et de se faire attribuer les dites sommes dès l’exploit de saisie.
Concrètement le créancier saisissant fait saisir les sommes détenues par le débiteur de son
débiteur et se les fait attribuer. Comme pour toute saisie, il convient de déterminer les
conditions, la procédure et enfin les incidents.

Paragraphe 1 : Les conditions de la saisie-attribution

Elles ont trait aux sujets de la saisie et aux créances.

A- Les sujets de la saisie-attribution


1- Le créancier saisissant

Il s’agit de tout créancier muni d’un titre exécutoire conformément aux conditions
communes à toutes les saisies. Art 153

2- Le débiteur saisi

Il s’agit du débiteur du créancier non couvert par une immunité d’exécution.

3- Le tiers saisi

L’acte uniforme s’est contenté de préciser que le tiers saisi doit être le débiteur du débiteur
saisi. Mais en réalité le tiers saisi doit avoir la qualité de tiers aussi bien à l’égard du débiteur
saisi que du créancier saisissant.

Peuvent donc être considérés comme tiers saisi : les représentants conventionnels ou
légaux du débiteur saisi dès lors qu’ils détiennent des sommes d’argent dues au débiteur saisi
en vertu d’un pouvoir propre et autonome. Par conséquent une saisie-attribution peut être
effectuée entre les mains d’un avocat, d’un notaire, d’un représentant légal du débiteur
mineur, d’un banquier ou d’un séquestre.

En revanche l’existence d’un lien de subordination fait tomber la qualité de tiers saisi. Il
en est ainsi du préposé au débiteur. Ex son caissier. Sur la notion de tiers saisi, le problème se
pose lorsque le créancier est même temps débiteur de son débiteur. En d’autres termes un
créancier peut-il saisir entre ses propres mains des sommes dues par lui au débiteur en se
fondant sur la dette réciproque de celui-ci à son égard ? cette hypothèse se pose lorsque deux
personnes sont mutuellement créancières et débitrices l’une de l’autre. Ex : un locataire qui
doit le loyer mensuel et qui est créancier du bailleur en raison des réparations effectuées dans
les lieux loués. En principe, il devrait avoir compensation entre les deux. Mais lorsque les
conditions ne sont pas réunies pour qu’une compensation opère, la saisie-attribution sur soi-
même est valable par interprétation extensives des dispositions de l’art 106 de l’AUPRVE qui
autorise la saisie sur soi en matière de saisie mobilière.

B- Les créances de la saisie-attribution

Il s’agit de la créance cause de la saisie-attribution et de la créance objet de la saisie-


attribution.

1- La créancer cause de la saisie-attribution


Il s’agit créance dont le recouvrement a rendu nécessaire le recours à la saisie attribution.
C’est donc la créance du créancier saisissant à l’égard du débiteur saisi. Conformément aux
dispositions de l’art 153. Cette créance doit être certaine, liquide et exigible et contenu dans
un titre exécutoire. La saisie-attribution sans titre exécutoire n’est pas envisageable puisqu’il
s’agit d’une saisie à fin d’exécution.

2- La créance objet de la saisie

C’est la créance qui va être saisie et attribuée au créancier saisissant. C’est celle du tiers
saisi à l’égard du débiteur saisi. Il s’agit de la créance du débiteur saisi contre les tiers saisis.
La saisie-attribution porte sur les sommes d’argent à l’exclusion des rémunérations. Par
ailleurs la créance que le créancier saisissant veut faire bloquer doit exister le jour de la saisie
sous peine de nullité pour faute d’objet. Cette créance n’a pas besoin d’être certaine, liquide et
exigible ou de figurer sur un titre exécutoire. La saisie-attribution peut donc porter sur une
créance à terme ou conditionnelle. Tel est donc le cas de la créance de loyer du débiteur saisi
entre les mains du tiers saisi avant l’échéance c’est-à-dire avant la fin du mois ou la période
de référence. La créance objet de la saisie-attribution doit en outre être disponible c’est-à-dire
saisissable. La créance sur laquelle porte la saisie-attribution peut consister en des sommes
inscrites sur un compte bancaire, dans une telle hypothèse, la procédure comportera quelques
particularités.

Paragraphe II : La procédure de la saisie-attribution

Elle emporte trois phases à savoir : la phase de la saisie, la dénonciation de la saisie au


débiteur et le paiement du créancier par le tiers saisi.

A- La phase de la saisie-attribution

Cette phase se déroule entre l’huissier ou l’agent d’exécution et le tiers saisi. Le


créancier muni du titre exécutoire fait bloquer entre les mains du tiers les sommes que ce
dernier détient pour le compte du débiteur. Ce blocage se fait au moyen d’un procès-
verbal d’huissier signifié au tiers saisi et appelé procès-verbal de saisie-attribution. L’acte
uniforme donne des indications sur le contenu de ce procès-verbal, sur l’obligation de la
signifier au tiers saisi et enfin sur la portée de ses effets.

1- Le contenu du procès-verbal de saisie-attribution

Les énonciations des arts 156 et 157, alinéa 2, 1 à 5 de l’AUPRVE, sous peine de
nullité, figurer dans le procès-verbal.
2- La signification du procès-verbal de saisie-attribution au tiers saisi

La signification du procès-verbal est nécessaire en raison de l’obligation de déclaration


qui pèse sur le tiers saisi dès l’accomplissement de cette formalité. Cette signification au tiers
saisi est à personne et non à domicile.

3- Les effets de la signification

Ils sont mesurés à la fois à l’égard du tiers saisi et à l’égard de la créance saisie.

1- À l’égard du tiers saisi

La signification de l’exploit de saisie met à la charge du tiers une obligation. Le tiers


saisi est tenu de déclarer au créancier saisissant, l’étendue de ses obligations envers le
débiteur ainsi que les modalités qui pourraient les affecter et s’il y a lieu, les cessions de
créance, les saisies antérieures. Concrètement le tiers saisi doit dire au créancier saisissant en
outre le montant des sommes qu’il détient pour le compte du débiteur saisi mais aussi les
modalités qui peuvent entourer le remboursement de ces sommes. Il doit communiquer copie
des pièces justificatives. La déclaration et la communication des pièces doivent être faite dans
les cinq jours qui suivent la signification. La déclaration du tiers est déterminante pour les
poursuites de la procédure de saisie. En effet si le tiers saisi déclare qu’il n’est pas débiteur du
débiteur saisi en raison par exemple d’une compensation, la procédure prend fin. Par contre
lorsque le tiers saisi fait une déclaration affirmative, la procédure de saisie-attribution suit son
cours.

Toute déclaration tardive, inexacte ou incomplète expose le tiers saisi au paiement des
causes de la saisie sans préjudice d’une condamnation au paiement des dommages et intérêts.
En cas de refus de déclaration ou de silence gardé par le tiers, la sanction encourue est
double : paiement des causes de la saisie et paiement des dommages et intérêts. Le paiement
des causes de la saisie peut être une sanction très grave pour le tiers saisi lorsque par exemple
la créance cause de la saisie est de loin supérieure au montant de la créance objet de la saisie.
Le tiers saisi devra alors payer plus que ce qu’il doit.

2- À l’égard de la créance saisie attribuée

La signification de l’exploit de saisie-attribution au tiers saisi produit deux effets


principaux à l’égard de la créance saisie. Il s’agit de l’indisponibilité de la créance, objet de la
saisie et l’attribution immédiate de la créance au créancier saisissant.

a- L’indisponibilité de la créance, objet de la saisie-attribution


L’indisponibilité de la créance saisie signifie que le tiers saisi ne doit pas payer le
débiteur saisi après signification de l’exploit de la saisie.

Dans l’ancienne saisie-arrêt, cette indisponibilité était totale. La nouvelle saisie-


attribution prévoit l’indisponibilité partielle. Selon l’art 154 de l’AUPRVE : « l’acte de saisie,
emporte à concurrence des sommes pour lesquelles elle s’est pratiquée ainsi que tous ses
accessoires, mais pour ce montant seulement, attribution immédiate au profit du saisissant
de la créance saisie…, Les sommes saisies sont rendues indisponibles par l’acte de saisie. »

Ex1 : la créance cause de la saisie est de dix millions. La créance objet de la saisie est
de quinze millions. Après signification de l’exploit de la saisie-attribution, l’indisponibilité va
seulement frapper dix millions qui seront bloqués entre les mains du tiers saisi. Les cinq
millions en plus restent disponibles peuvent être versés au débiteur saisi.

Ex 2 : La créance, objet de la saisie est de trois millions. La créance, cause de la saisie
est de cinq millions. Il n’y aura pas de cantonnement les trois millions saisis seront
entièrement indisponibles.

Cette indisponibilité interdit également au tiers saisi de procéder au paiement du


créancier saisissant. L’attribution immédiate de la créance prescrite par l’art 154 n’est donc
pas automatique.

b- L’attribution immédiate de la créance saisie au créancier saisissant

En principe, le transfert de propriété de la créance a lieu dès l’exploit de saisie-


attribution (art 154). C’est cet effet qui distingue réellement la nouvelle saisie-attribution de
l’acte uniforme de l’acte uniforme du 1er juin 1998 de l’ancienne saisie-arrêt. Cependant, ce
transfert de propriété est conditionné par la signification au tiers saisi d’un certificat de non
contestation de saisie-attribution ou d’une décision de justice favorable et exécutoire
déboutant la saisie de ses contestations.

L’acte de saisie ne permet pas au créancier saisissant de disposer des sommes saisies.
L’attribution immédiate dont il est question est quelque peu artificielle dans le but de protéger
le premier créancier saisissant contre d’autres créanciers postérieurs, et lui réserver de ce fait
un privilège exclusif sur la somme saisie-attribuée.

Par conséquent, le débiteur ne peut plus consentir à une remise totale de dette au
bénéfice du tiers saisi ou recourir à la compensation, à la novation ou à une cession de créance
dès que la saisie pratiquée lui est dénoncée.
B- La dénonciation de la saisie au débiteur

Elle constitue la seconde phase de la saisie-attribution et se déroule entre le créancier


saisissant et le débiteur saisi.

Elle doit être faite dans les huit jours qui suivent la signification de l’acte de saisie. Le
non-respect de ce délai rend caduc l’acte de saisie. La dénonciation de la saisie au débiteur est
faite par exploit d’huissier dont le contenu est déterminé par l’alinéa 2 de l’art 160 de
l’AUPRVE. Ce nouvel exploit aura pour objet d’informer le débiteur saisi et de lui permettre
éventuellement de soulever des contestations relatives à la saisie effectuée. Ces contestations
doivent être soulevées dans un délai d’un mois. Cette démarche est justifiée par l’existence
éventuelle d’une compensation ou d’une prescription trentenaire de la créance, cause de la
saisie.

C- Le paiement du créancier saisissant

C’est la phase qui marque la fin de la saisie-attribution. L’acte uniforme a supprimé les
phases de contre-dénonciation et d’instance en validité qui existaient dans l’ancienne saisie-
arrêt. La phase de paiement met en présence le créancier saisissant et le tiers saisi.

1- Les conditions du paiement

Le paiement a lieu après expiration du délai de contestation (un mois). Toutefois ce


paiement peut intervenir avant l’expiration de ce délai si le débiteur déclare par écrit ne pas
contester la saisie.

2- Les modalités et les effets du paiement

Ce paiement est effectué entre les mains du créancier saisissant et éteint, à concurrence
des sommes versées, l’obligation du débiteur envers le créancier en cas d’insuffisance de la
créance objet de la saisie. Il peut encore être fait entre le mains du mandataire justifiant d’un
pouvoir spécial (avocat, notaire). Si les sommes versées sont insuffisantes, le créancier pourra
poursuivre son débiteur pour le surplus. Lorsque les créances portent sur des obligations à
exécutions successives, le tiers saisi se libère au fur et à mesure des échéances. La saisie ne
produit plus d’effets lorsque le tiers saisi cesse d’être tenu envers le débiteur.

En cas de refus de paiement par le tiers saisi des sommes qu’il a reconnues devoir au
débiteur ou dont il a été jugé débiteur, la contestation est portée devant la juridiction
compétente qui peut délivrer un titre exécutoire contre le tiers saisi.

Paragraphe 3 : Les contestations


Les contestations relatives à la saisie-attribution relèvent de la compétence du juge en
charge du contentieux de l’exécution. Elles peuvent être soulevées soit par le débiteur saisi,
soit par le tiers saisi.

Le débiteur saisi peut contester la régularité de la saisie ou le montant de la créance


saisie. Quant au tiers saisi il peut contester sa propre dette envers le débiteur saisi.

Section 2 : La saisie-attribution soumise à des disposition particulières

Les services bancaires sont incontournables dans les transactions d’affaires, de telle
sorte que la plupart des paiements se font obligatoirement à partir des comptes bancaires. Les
voies d’exécution doivent donc s’adapter aux usages et aux produit bancaires (chèques, effets
de commerce, virements escomptes…) ex : le règlement d’un chèque reçu et déposé pour
encaissement passe par plusieurs étapes. Il faut dans un premier temps vérifier et s’assurer que
le compte du tireur dans la banque tirée est suffisamment approvisionné. Il faut ensuite
procéder à la compensation en inscrivant le montant du chèque dans le compte du bénéficiaire
en le créditant. Toutes ces opérations nécessitent le respect de certains délais. C’est ainsi que
dans les dispositions communes à toutes les saisies, l’acte uniforme précise le sort des
créances insaisissables versées dans un compte bancaire (art 52 à 53). Les arts 161 à 163
définissent les modalités propres concernant la déclaration faite par les établissements
financiers assimilés en leur qualité de tiers saisis. Pour plus de clarté, il convient tout d’abord
d’identifier les comptes et les établissements financiers visés dans l’acte uniforme et le
déterminer de sort des créances insaisissables versées sur un compte bancaire.

Paragraphe 1 : Les comptes et les établissements financiers visées dans l’Acte
Uniforme

A- Les comptes visés

Les articles 161 à 163 s’appliquent aux comptes de dépôt, aux comptes courants, aux
comptes d’espèces et même aux comptes joints. Sont exclus les comptes de titres pour
lesquels les règles de la saisie des valeurs mobilières d’associés s’appliquent.

Le compte courant caractérisé par la règle de l’indivisibilité complexifie de manière


significative une procédure de saisie-attribution. En effet l’indivisibilité signifie que tant que
le compte courant n’est pas clôturé, il n’y a ni dette ni créance. Le compte enregistre les
opérations de crédit et de débit et ce n’est que la clôture qui permet de déterminer le créancier
et le débiteur. La saisie n’entrainant pas clôture du compte, l’acte uniforme a dû règlementer
avec minutie la portée de l’indisponibilité de la créance saisie attribuée figurant dans un
compte bancaire.

B- Les établissements financiers visés

Il s’agit des banques proprement dites et des établissements financiers et assimilés tels
que les centres de chèques postaux, les caisses d’épargne et de crédit.

Paragraphe 2 : La régulation des opérations de débit et de crédit

Contrairement aux règles de droit commun de la saisie-attribution, les établissements


bancaires et les assimilés, en leur qualité de tiers saisis, sont tenus de faire deux déclarations :
une déclaration provisoire et une déclaration définitive.

-La déclaration provisoire est faite le jour même de la saisie par l’établissement
bancaire à l’huissier ou l’agent d’exécution. Elle donne des informations sur la nature du
compte ou des comptes du débiteur ainsi que leur solde au jour de la saisie. Cette information
est accompagnée de pièces justificatives à l’instar de relevés de compte. C’est le siège ou
l’agence qui tient le compte ou les comptes du débiteur qui doit faire la déclaration. Cette
déclaration est provisoire parce qu’elle est susceptible de varier en faveur ou en défaveur du
créancier saisissant.

- La déclaration définitive est faite par le même établissement à l’expiration des


opérations en cours. Cependant ce délai peut passer de quinze jours à un mois lorsqu’il s’agit
des effets de commerce remis en escompte et non payés à leur présentation ou à leur échéance
lorsqu’elle est postérieure à la saisie. (Art 161 al 3). Il s’agit des opérations de crédit (ex :
encaisser un chèque, déposer de l’argent dans un compte) et des opérations de débit. (Retrait
de fonds émission d’un chèque) antérieures à la saisie.

Avant l’acte uniforme, la saisie ne frappait d’indisponibilité que les sommes déposées
sur le compte à la date de la saisie et ne pouvait concerner des dépôts ultérieurs effectués sur
le dit compte. L’acte uniforme prend en compte les mouvements effectués dans le compte.

Ainsi, les opérations de crédit effectuées avant la saisie sont à l’avantage du créancier
saisissant car elles augmentent le solde du compte saisi. C’est le cas des chèques ou des effets
de commerce déposés à l’encaissement mais non encore portés au compte avant la saisie.

Quant aux opérations de débit, elles sont en défaveur du créancier saisissant parce
qu’elles diminuent le solde du compte saisi.
Ex : monsieur Nyanso, fabricant de boissons alcoolisées, est titulaire d’un compte
courant à la BICEC. Ce compte a fait l’objet d’une procédure de saisie-attribution le 22
janvier 2018 pour le recouvrement d’une créance de neuf millions au profit du garagiste
Bikié. Au moment de la saisie, le compte sur déclaration provisoire du banquier contenait dix
millions de francs. Or, le 20 janvier 2017, Mr Nyanso a tiré deux chèques : le premier de
quatre millions pour son fournisseur en carburant, le deuxième de trois millions de francs pour
son bailleur. Le 23 janvier 2017, il a reçu le chèque de cinq millions de francs au titre du
paiement des ristournes et l’a déposée à la BICEC pour encaissement. Au vu des dispositions
de l’Acte uniforme, vérifions si dans les quinze jours qui suivent la saisie-attribution, Bikié
pourra obtenir un paiement. Il faut pour cela procéder au calcul du solde définitif du compte
courant.

Le solde provisoire est de 10 000 000 f.

Les opérations de crédit en faveur du créancier saisissant sont de 4 000 000 (1er chèque
pour le règlement du carburant) + 3 000 000f (2ème chèque pour le règlement du loyer) ce qui
fait au total 7 000 000 f.

Le solde définitif déclaré par le banquier est donc de :

10 000 000 (solde provisoire) + 5 000 000 (opération de crédit) – 7 000 000


(opérations de débit) = 8 000 000 f.

Dans notre exemple, le solde provisoire déclaré par le banquier a évolué en défaveur
du créancier Bikié. Sur les dix millions qui existaient le jour de la saisie, Bikié, après
passation des mouvements du compte, ne peut espérer qu’un paiement de 8 000 000 f.

Dans une saisie-attribution effectuée hors d’un compte bancaire, l’indisponibilité allait
frapper les neufs millions le jour même de la saisie et jusqu’au paiement du créancier
saisissant. Face à une telle situation, l’art 167(7) de l’AUPRVE dispose : « En cas de
diminution des sommes rendues indisponibles, l’établissement doit fournir, par lettre
recommandée avec avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite adressé au
créancier saisissant au plus tard huit jours après l’expiration du délai de contre passation, un
relevé de toutes les opérations qui ont affecté les comptes depuis le jour de la saisie
inclusivement ». En d’autres termes, le tiers saisi en l’occurrence le banquier doit mettre à
disposition du créancier saisissant toutes les informations qui ont fait évoluer la déclaration
provisoire en défaveur de ce dernier.

C- Le cas des comptes alimentés par les gains et salaire des époux
L’acte uniforme s’est également préoccupé de la saisie pratiquée sur des comptes
joints c’est-à-dire, ceux qui dont plusieurs personnes sont cotitulaires. La particularité du
compte joint réside dans le fait que chaque cotitulaire peut effectuer des opérations de retrait
par sa seule signature et quelque soit le montant. Inversement tout créancier d’un cotitulaire
peut faire saisir l’intégralité des avoirs dudit compte, quitte à ce que l’autre cotitulaire non
concerné obtienne le cantonnement en justifiant le quantum de son avoir dans ledit compte.
L’art 53 de l’AUVE assure la protection des gains et des salaires du conjoint en cas de saisie
pratiqué sur un compte joint. Lorsqu’un tel compte fait l’objet d’une mesure d’exécution
forcée pour le remboursement d’une dette contractée par un conjoint, il est laissé à l’autre
conjoint une somme équivalente à son choix, au montant des gains et salaires versés au cours
du mois précédent la saisie au montant moyen mensuel des gains versés dans les douze mois
précédent la saisie.

Paragraphe 2 : La saisie-attribution des créances à exécution successives

Les créances à exécutions successives dérogent aux dispositions générales des saisies-
attribution. À l’exception de la saisie des rémunérations qui fait l’objet d’une règlementation
stricte, d’autres créances libérées par échéances peuvent faire l’objet de saisie-attribution.
C’est le cas des créances de loyers.

En raison du versement par échéances de ce type de créances et pour les échéances


échues après la saisie, le tiers saisi se libérera entre les mains du créancier saisissant ou d’un
séquestre au fur et à mesure que les versements seront effectués.

CHAPITRE 2 : LA SAISIE DES RÉMUNÉRATIONS

Elle remplace l’ancienne saisie arrêt des salaires. La saisie des rémunérations se
caractérise par le souci de protéger les rémunérations des travaux effectués par un salarié. Elle
est complétée par la cession des rémunérations (art 205 à 212 AUPRVE) qui se veut un mode
amiable d’exécution.

Section 1 : L’originalité de la procédure de la saisie des rémunérations

Elle nous amène à préciser les sujets, les créances et la procédure de cette saisie.

Paragraphe 1 : Les sujets

1- Le créancier
Le créancier de la saisie des rémunérations est toute personne ayant la qualité de
créancier muni d’un titre exécutoire peu importe qu’elle soit créancière chirographaire ou
créancier privilégié.

2- Le débiteur

Le débiteur doit avoir la qualité de salarié ou de travailleur à quelque titre que ce soit,
vis-à-vis d’un ou de plusieurs employeurs. Il s’agit de toute personne qui fournit des services
sous la dépendance économique de celui qui l’emploie. La saisie des rémunérations peut donc
s’appliquer aux rémunérations dues à un gérant de société. Sont cependant exclus, les
honoraires versés aux membres des professions libérales ou les droits d’auteurs.

3- Le tiers saisi

Il doit avoir la qualité d’employeur à l’égard du débiteur saisi.

Paragraphe 2 : Les créances

La créance cause de la saisie des rémunérations doit être liquide, exigible et certaine
parce qu’il s’agit ici d’une saisie à fin d’exécution. Par conséquent un créancier dont la
créance figure sur un acte sous-seing privé n’a pas vocation à déclencher une saisie des
rémunérations.

La créance objet de la saisie doit être due à titre de rémunérations, il faut entendre le
salaire proprement dit mais encore les primes, les commissions, les participations aux
bénéfices, avantages en nature, heures supplémentaires, congés payés et autres. Ne sont pas
inclus le remboursement de frais exposés par l’employé, les allocations familiales.

Ces rémunérations peuvent être saisies que dans les proportions déterminées par
chaque Etat partie. À cet effet, le décret n°69/DF/289 du 30 Août 1969 modifié par le décret
N° 94/197/PM du 9 Mai 1994 relatif au retenu sur salaire détermine la fraction saisissable du
salaire de manière suivante :

1/10 du salaire mensuel égal ou supérieur à 18750 F par mois ;

-1/5 pour le salaire supérieur à 18750 et inférieur ou égal à 37 500 F par mois ;

-1/4 pour le salaire supérieur à 37500 et inférieur ou égal à 75 000 F par mois ;

-1/3 pour le salaire supérieur à 75 000 et inférieur ou égal à 112 000 F par mois ;

-1/2 pour le salaire supérieur à 112 500 et inférieur ou égal à 142 500 F par mois ;

- La totalité de la portion supérieure à 142 500.


Section 2 : La procédure de la saisie des rémunérations

Les opérations de saisie et de paiement du créancier sont précédées par une tentative
de conciliation.

A- La tentative de conciliation

Elle a lieu devant la juridiction du domicile du débiteur. Cette phase de conciliation se


déroule entre le créancier et l’employé débiteur saisi. Elle a pour objet de trouver un
règlement amiable entre les deux parties avant que l’employeur ne soit informé. La saisine du
juge se fait par une requête dont le contenu est déterminé par l’art 179 de l’AUPRVE. La
convocation des parties à l’audience de conciliation est faite par le greffier. Le lieu, le jour et
l’heure de la tentative de conciliation sont notifiés au créancier par la lettre recommandée
avec accusé de réception ou par tout autres moyens laissant trace écrite.

En cas de conciliation, le président de la juridiction compétente dresse un procès-


verbal de conciliation dans lequel il mentionne les conditions de l’arrangement. Ce procès-
verbal signé par le juge et les parties vaut titre exécutoire. La saisie ne sera plus effectuée.

En cas d’échec de la tentative de conciliation, un procès-verbal de non conciliation est


dressé et il est procédé à la saisie des rémunérations après vérification par le président du
tribunal du montant de la créance, en principal, et intérêts et frais et, s’il y a lieu, trancher les
contestations soulevées par le débiteur.

B- La saisie proprement dite

La saisie des rémunérations est diligentée par le greffier de la juridiction compétente et


non par un huissier ou un agent d’exécution. L’acte de saisie doit contenir sous peine de
nullité les mentions énumérées par l’art 184 de l’AUPRVE. Parmi ces énonciations, il
convient de noter l’inclusion des dispositions des arts 185 et 189. L’art 185 a trait à la
déclaration de l’employeur. Celui-ci peut être déclaré débiteur des retenues à opéré et
condamné aux frais par lui occasionnés sans préjudice d’une condamnation à des dommages
et intérêts en cas de défaut de la déclaration ou de déclaration mensongère. L’art 189 quant à
lui prévoit les sanctions auxquels s’expose l’employeur qui refuse d’effectuer les versements.
La juridiction compétente rend à son encontre une décision le déclarant personnellement
débiteur. Après notification l’employeur dispose d’un délai de quinze jours pour faire
opposition. Cette opposition consiste en une déclaration faite au greffe dans le but d’éviter des
frais de procédure. Passé ce délai de quinze jours, la décision non frappée d’opposition est
définitive et peut être exécutée à la requête de la partie la plus diligente sur une expédition
délivrée par le greffier et revêtue de la formule exécutoire.

Pour éviter les frais d’huissier, l’acte de saisie est notifié à l’employeur par lettre
recommandée avec accusé de réception ou tout moyen laissant trace écrite. La notification de
la saisie à l’employeur frappe d’indisponibilité la quotité saisissable du salaire. L’employeur
doit donc éviter de verser au débiteur cette fraction saisissable du salaire et doit la conserver
pour le paiement du créancier saisissant. Le salarié débiteur recouvre la fraction insaisissable.

Paragraphe 2 : Le paiement

L’article 188(1) de l’AUPRVE met à la charge de l’employeur notifié, l’obligation


d’adresser tous les mois au greffe ou à l’organisme désigné à cet effet par chaque Etat partie
le montant des sommes retenues sur la rémunération du saisi sans excéder la portion
saisissable. Si le paiement a eu lieu au greffe du tribunal, par l’administration des postes vaut
reçu.

Paragraphe 3 : Les incidents de la saisie des rémunérations

Ils sont de plusieurs ordres : la pluralité des saisies ; la mainlevée de la saisie ; le


changement d’employeur.

1- En cas de pluralité de créanciers

Tout créancier muni d’un titre exécutoire peut, sans tentative de conciliation préalable
intervenir à une procédure de saisie des rémunérations en cours, afin de participer à la
répartition des sommes saisies. Lorsque le concours a été effectué dans les normes, les
versements effectués par le tiers saisi sont domiciliés dans un compte ouvert par le greffier
dans un établissement bancaire ou postal ou au trésor public.

La répartition des sommes est effectuée par le président du tribunal dans la première
semaine des mois de février, mai, août et novembre. Tous les créanciers saisissants viennent
en concours souvent des causes légitimes de préférence (l’existence d’un privilège ou
caractère alimentaire de la créance).

2- La mainlevée de la saisie des rémunérations

Elle peut être amiable ou judiciaire. Quel que soit sa forme, la mainlevée doit être
notifiée au tiers saisi c’est-à-dire l’employeur dans les huit jours qui suivent.

3- En cas de changement de l’employeur


La saisie peut être poursuivie entre les mains du nouvel employeur, sans conciliation
préalable à condition que la demande en soit faite par le créancier saisissant dans l’année qui
suit l’avis donné par l’ancien employeur.

Si en outre le débiteur transfère le lieu où il demeure hors du ressort du tribunal saisi


de la procédure, la saisie est poursuivie devant le tribunal. Les dossiers des saisies
susceptibles d’être ensuite pratiquées contre le débiteur sont transmis à ce tribunal. Le greffe
en avise les créances
PARTIE V : L’EXÉCUTION FORCÉE SUR UN IMMEUBLE

La saisie immobilière est une procédure par laquelle le créancier poursuit devant le
tribunal la vente de ou des immeubles de son débiteur ou ceux affectés à sa créance (cas de
l’hypothèque). Les biens immobiliers étant considérés comme des valeurs refuge, on observe
un formalisme très strict dans le déroulement de la saisie immobilière. Ce formalisme est
justifié par la nature des intérêts qui sont en jeu. Il y a d’abord les intérêts du débiteur saisi
dont l’immeuble objet de la saisie immobilière constitue très souvent le seul élément de sa
fortune. Il y a ensuite les intérêts des tiers qui ont l’immeuble des droits qu’il faut préserver
(cas de plusieurs créanciers hypothécaires). Il y a enfin les intérêts des acquéreurs qui ont
besoin d’un droit inattaquable.

Les règles qui organisent la saisie immobilière sont d’ordre public, aucune dérogation
n’est envisageable dans la mesure où l’acte uniforme interdit les clauses de voie parée. La
clause de voie parée est l’acte par lequel le débiteur consent, à l’avance, au créancier le droit
de vendre l’immeuble hypothéqué à son profit en le dispensant de respecter la procédure
légale de vente aux enchères publiques devant le tribunal. En droit français, la jurisprudence
admet la validité de la clause de voie parée à condition qu’elle soit postérieure à la naissance
de la dette. L’idée qui soutient cette jurisprudence est que le débiteur n’a besoin de protection
qu’au moment de la conclusion du contrat de crédit parce que, pressé par le besoin, il n’est
pas Libre de discuter les conditions de crédit. Le respect strict du formalisme prescrit par
l’acte uniforme se caractérise par une multitude de formalités qui ont trait aux conditions, au
déroulement et au contentieux de la saisie immobilière.

Chapitre 1 : les préalables

Section 1 : les acteurs

Il s’agit du saisissant et saisi qui selon les circonstances ne sera forcément pas le
débiteur.

Paragraphe 1 : un créancier muni d’un titre exécutoire

A- Le saisissant

Il convient de donner ici des précisions sur la personne du saisissant et sur la nature de la
créance qui justifie la saisie.
1- La personne du saisissant

Tous les créanciers peuvent en principe déclencher une saisie immobilière. Les inégalités
entre les créanciers n’existent qu’au moment de la distribution du prix. Cependant le droit de
saisir du créancier est limité par les dispositions de l’art 28 de l’AUPRVE qui imposent aux
créancier chirographaires l’obligation de procéder d’abord à la saisie des meubles de leur
débiteur avant de poursuivre le recouvrement sur les immeubles. Le créancier saisissant doit
avoir la capacité d’ester en justice, par conséquent les personnes frappées d’une incapacité
d’exercice ne peuvent pas pratiquer une saisie immobilière.

Paragraphe 2 : un débiteur saisi

Il est soit le débiteur propriétaire de l’immeuble, soit toute personne autre que le débiteur.

1- Le débiteur propriétaire de l’immeuble

Dans cette hypothèse, il n’y a pas de difficulté particulière à relever. Cependant des
précisions supplémentaires doivent être apportées selon que l’immeuble est un bien
indivis ou commun à deux époux.

Lorsque le débiteur est en indivision, sa part ne peut être mise en vente avant le partage ou la
liquidation provoquée par le créancier. En ce qui concerne un immeuble commun aux deux
époux, la saisie est pratiquée contre les deux époux.

2- Les personnes autres que le débiteur

L’acte uniforme vise ici le tiers acquéreur, la caution réelle.

a- Le tiers acquéreur

Il s’agit ici de l’acquéreur d’un immeuble hypothéqué qui, en vertu du droit de suite du
créancier hypothécaire, s’expose à une saisie diligentée par celui-ci. Face aux poursuites,
l’acquéreur de l’immeuble a trois possibilités :

- soit payer l’intégralité de la dette en capital, les intérêts et frais ; en désintéressant le


créancier poursuivant, il est alors subrogé dans ses droits. On dit dans ce cas qu’il a purgé
l’hypothèque qui gravait l’immeuble.

- soit délaisser l’immeuble hypothéqué au greffe du tribunal du lieu de situation de


l’immeuble ? Le greffier lui en donne acte.
- soit subir la procédure ; dans une telle hypothèse, il devrait pouvoir exercer un recours
en garantie contre son vendeur mais ce recours est souvent illusoire car le débiteur est très
souvent insolvable.

b- Le garant de la dette d’autrui

La caution réelle est celle qui a garanti son engagement en consentant une sûreté réelle sur
son immeuble. Elle fait partie à l’acte constitutif de l’hypothèque

Section 2 : Les créances

Elles doivent être liquides, exigibles, certaines et constatées dans un titre exécutoire. Il
suffit que le titre soit exécutoire même s’il n’est pas définitif. Il ressort à cet effet de l’alinéa 2
de l’art 247 de l’AUPRVE que « la poursuite peut également avoir lieu en vertu d’un titre
exécutoire par provision, ou pour une créance en espèce non liquidée ; mais l’adjudication ne
peut être effectuée que sur un titre définitivement exécutoire et après liquidation » (voir
également l’article 32). Ces créances peuvent résulter d’une décision de justice passée en
force de chose jugée ou d’un acte notarié.

Section 3 : Les Immeubles

En principe tous les immeubles sont saisissables. Cependant, on observe des restrictions
importantes aux droits du créancier saisissant

Paragraphe 1 : Les immeubles saisissables

A- Les immeubles visés

L’acte uniforme ne dresse pas une liste exhaustive des immeubles susceptibles de faire
l’objet d’une saisie immobilière. Des dispositions du code civil et notamment l’article 2204(il
détermine de manière incomplète les immeubles qui peuvent être saisis), de l’acte uniforme
(article 119 de l’AUS et de l’art 253 de l’AUPRVE) on déduit que les immeubles visés dans
le cadre d’une saisie immobilière sont les immeubles susceptibles d’être hypothéqués et
logiquement les immeubles immatriculés. Cependant l’art 253 de l’AUPRVE permet au
créancier saisissant de requérir l’immatriculation à la conservation foncière lorsque les
immeubles visés par la saisie immobilière en sont dépourvus. Cette hypothèse nous semble
inappropriée pour le contexte camerounais dans la mesure où la propriété immobilière
découle de l’obtention d’un titre foncier

B- Les restrictions aux droits du créancier saisissant


La première restriction résulte du principe de la spécialité de l’hypothèque et se trouve
dans les dispositions de l’art 251 de l’AUPRVE qui dispose : « le créancier ne peut poursuivre
la vente des immeubles qui ne lui sont pas hypothéqués que dans le cas de l’insuffisance des
immeubles qui lui sont hypothéqués, sauf si l’ensemble de ces biens constitue une seule et
même exploitation et si le débiteur le requiert ». La seconde restriction est d’ordre procédural
et découle de l’art 252 de l’AUPRVE qui dispose à cet effet que : « la vente forcée des
immeubles situés dans les ressorts de juridictions différentes ne peut être poursuivie que
successivement » cependant des poursuites simultanées sont autorisées.

- lorsque les immeubles font partie d’une seule et même exploitation ;

- lorsqu’il y’a autorisation du président du tribunal compétent dans l’hypothèse où la valeur


des biens situés dans un même ressort est inférieure au total des sommes dues tant au
créancier saisissant qu’aux créanciers inscrits.

La troisième restriction résulte des dispositions de l’art 264 de l’AUPRVE qui, lorsque la
valeur des immeubles saisis dépasse notablement le montant de la créance, donne au débiteur
la possibilité d’obtenir de la juridiction compétente qu’il soit sursis aux poursuites sur un ou
plusieurs immeubles désignés dans le commandement

La quatrième et dernière restriction découle de l’art 265 de l’AUPRVE qui permet au


débiteur de demander la suspension des poursuites lorsque le revenu net et libre de ses
immeubles pendant deux années suffit pour le paiement de la dette en capital, frais et intérêts,
et s’il en offre la délégation au créancier. Voir (art 264 de l’AUPRVE)

Paragraphe 2 : Les immeubles insaisissables

Les immeubles par destination ne peuvent être saisis isolément. La saisie des
immeubles par destination n’est possible qu’avec le fonds lui-même sauf pour le paiement de
leur prix (privilège du vendeur à crédit)

CHAPITRE 2 : LA PROCÉDURE

Il comprend comme préalable incontournable le commandement aux fins de saisie et


enfin la vente de l’immeuble.

Section 1 : Le commandement aux fins de saisie

Le commandement aux fins de saisie a pour but de mettre en demeure le débiteur de régler
sa dette et de placer l’immeuble sous la main de la justice
Il est nécessaire de préciser ici les modalités de l’établissement, de la signification, de la
publication du commandement

Paragraphe 1 : L’établissement du commandement

A- L’autorité compétente pour établir le commandement

Le pouvoir d’établir le commandement est partagé entre les huissiers et les agents
d’exécution

1- Le contenu du commandement

En dehors des mentions requises pour la validité des exploits d’huissiers, le


commandement doit obligatoirement faire ressortir les mentions prévues à l’art 254 de
l’AUPRVE il s’agit :

- de la reproduction ou de la copie du titre exécutoire et le montant de la créance ainsi


que les noms, prénoms et adresses des personnes impliquées ;

-la copie du pouvoir spécial donnée à l’huissier

-l’avertissement que faute de payer dans un délai de vingt jours, le commandement pourra
être transmis à la conservation foncière et vaudra saisie à compter de sa publication

-l’indication de la juridiction devant laquelle l’expropriation sera poursuivie

-le numéro du titre foncier et l’indication du lieu de situation de l’immeuble

-la constitution d’un ou d’avocats

Deux obligations méritent une attention particulière de par leur caractère spécifique à la saisie
immobilière. Il s’agit de la copie du pouvoir spécial de saisie donnée à l’huissier et la
constitution d’avocat. La saisie immobilière est un acte grave, l’huissier ne doit pas la
déclencher de sa propre initiative. Ce pouvoir spécial peut être donné par acte sous seing-
privé comportant la signature du poursuivant. La constitution d’avocat s’explique par le fait
que le créancier poursuivant doit élire domicile chez l’avocat constitué et chez lui devront lui
être notifiés les actes d’opposition au commandement, les offres réelles ou toutes
significations relatives à la saisie. Les énonciations prévues à l’art 254 de l’AUPRVE sont
exigées sous peine de nullité

Paragraphe 2 : La signification du commandement aux fins de saisie

A peine de nullité, le commandement doit être signifié au débiteur ou au tiers détenteur.


Lorsque la signification est faite au tiers détenteur, elle peut être faite avec sommation soit de
payer l’intégralité de la dette principale et en intérêt, soit de délaisser l’immeuble hypothéqué,
soit enfin de subir l’expropriation. La signification du commandement au débiteur ne produit
aucun effet spécifique contrairement à la publication du commandement

Paragraphe 3 : La publication du commandement

Il résulte des dispositions de l’alinéa 3 de l’art 259 que le commandement doit être déposé à
la conservation foncière ou auprès de l’autorité administrative dans les trois mois à compter
de la signification ; passé ce délai, le créancier ne peut reprendre les poursuites qu’en les
réitérant. En pratique l’huissier ou l’agent d’exécution fait viser l’original du commandement
par le conservateur foncier à qui copie est remise pour publication

Les effets de la publication sont de deux ordres à savoir le paiement ou le défaut de


paiement.

Paragraphe 4 : Le paiement

C’est la meilleure des issues pour le poursuivant. Lorsque le débiteur paie dans les
vingt jours, l’inscription est radiée par le conservateur ou l’autorité administrative sur
mainlevée donnée par le créancier

Paragraphe 5 : Le défaut de paiement

Si le débiteur ne paie pas, le commandement vaut saisie à compter de son inscription.


Cette situation restreint substantiellement les droits du débiteur sur l’immeuble. Celui-ci ne
peut plus accomplir les actes de dispositions sur l’immeuble, les actes d’administrations et de
jouissance sont limités ; enfin les fruits sont immobilisés. Le débiteur saisi doit gérer
l’immeuble en bon père de famille et s’il y’a lieu de craindre des dégradations, le président de
la juridiction compétente saisie peut ordonner son expulsion. Quant aux fruits, qu’ils soient
industriels ou civils ils perdent leurs caractères mobiliers et deviennent fictivement des
immeubles. Les fruits recueillis sont déposés à la caisse des dépôts et des consignations ou
entre les mains d’un séquestre désigné par le président de la juridiction compétente et seront
plus tard distribués avec le prix de l’immeuble.

Section 2 : La vente de l’immeuble

La vente proprement dite de l’immeuble est précédée par la rédaction et le dépôt d’un
cahier de charges ; la sommation d’en prendre connaissance, l’audience éventuelle s’il existe
des contestations relatives aux conditions de la vente et enfin la publicité de la vente.

Paragraphe 1 : La rédaction et le dépôt d’un cahier de charges


Le cahier de charges est le document rédigé et signé par l’avocat du créancier
poursuivant, qui précise les conditions et les modalités de la vente de l’immeuble saisi. L’art
267 de l’AUPRVE indique les mentions qui doivent figurer dans le cahier des charges, à
peine de nullité.

Il est déposé au greffe de la juridiction dans le ressort de laquelle se trouve l’immeuble


dans un délai de cinquante jours à compter de la publication du commandement. Le non-
respect de ce délai est sanctionné par la déchéance. Le dépôt du cahier de charges donne droit
à l’établissement de l’acte de dépôt qui indique la date de la vente. La date de la vente se situe
entre les quarante cinquièmes jours et les quatre-vingts dixièmes jours après le dépôt.

Paragraphe 2 : La sommation de prendre connaissance du cahier de charges

Le créancier saisissant, dans les huit jours au plus tard après le dépôt du cahier de
charges, fait sommation au saisi et aux créanciers inscrits d’en prendre connaissance et d’y
insérer leurs dires. Les dires ou observations sont les contestations éventuelles relatives aux
modalités de la vente de l’immeuble saisi contenues dans le cahier des charges

A- L’audience éventuelle

Les dires et observations peuvent donner lieu à une audience éventuelle dont la date
doit être indiquée dans la sommation. Cette date peut être reportée pour des causes graves et
dûment justifiées, ou bien lorsque la juridiction saisie exerce d’office son contrôle sur le
cahier de charges.

B- La publicité en vue de la vente

Les mesures de publicité ont pour but d’informer ceux qui peuvent être intéressés par
la vente d’une part et d’autre part la réalisation de la vente au meilleur prix. Cette publicité
s’opère par la publication d’un extrait du cahier de charges signé par l’avocat poursuivant par
insertion dans un journal d’annonces légales et par opposition de placards à la porte du
domicile du saisi, de la juridiction compétente ou de l’étude du notaire convenu ainsi que dans
les lieux officiels d’affichage de la commune de situation de biens.

En ce qui concerne l’insertion de la vente dans un journal d’annonces légales, elle est
justifiée par un exemplaire du journal signé par l’imprimeur. Quant à l’affichage, il est justifié
par un procès-verbal de l’huissier rédigé sur un exemplaire du placard

C- L’adjudication
Dans le cadre d’une saisie immobilière, l’adjudication est l’attribution de l’immeuble
mis aux enchères à la personne qui offre le prix le plus élevé. L’adjudication doit avoir lieu
entre le trentième et le soixantième jour après l’audience éventuelle et doit être requise par le
poursuivant verbalement ou par écrit. Au cours de l’adjudication des enchères peuvent être
effectuées. Les enchères sont les offres successives et de plus en plus élevées par des
personnes (les enchérisseurs) qui désirent acquérir l’immeuble. En ce qui concerne le
déroulement des enchères, les détails sont donnés par l’art 283 de l’AUPRVE. IL convient
tout de même de souligner que les avocats ne peuvent enchérir pour les membres de la
juridiction compétente ou pour l’étude du notaire devant lesquelles se poursuit la vente, à
peine de nullité de l’adjudication ou de la surenchère et des dommages et intérêts. Ils ne
peuvent, sous les mêmes peines, enchérir pour le saisi, ni pour les personnes notoirement
insolvables. En outre, l’avocat poursuivant ne peut se rendre personnellement adjudicataire, ni
surenchérisseur à peine de nullité de l’adjudication ou de la surenchère et de dommages et
intérêts envers toutes les parties.

Les biens sont adjugés à celui qui a porté l’enchère la plus élevée ou pour le montant
de la mise à prix s’il n’y a pas d’enchères par décision judiciaire ou procès-verbal du notaire
porté en minute à la suite du cahier de charges. L’adjudicataire est tenu de toutes les
obligations contenues dans le cahier de charges et principalement le paiement du prix et
accessoirement les frais

D- La surenchère

Elle permet à toute personne intéressée d’obtenir la remise en vente de l’immeuble


pour obtenir un prix plus élevé. Quant aux modalités de la surenchère voir art 288 à 289 de
l’AUPRVE

Section 3 : Les incidents de la saisie immobilière

Les incidents de la saisie immobilière sont d’origines diverse. Certains sont nés de la
pluralité de saisies et justifient des poursuites, d’autres sont relatifs à la non observation des
conditions légales de la saisie immobilière et peuvent justifier une demande en annulation, les
autres enfin résultent de la contestation du droit de propriété de l’immeuble saisi et ouvrent la
voie à une action en distraction . Lire à cet effet les arts 298 à 313 de L’AUPRVE
CHAPITRE 3 : LA DISTRIBUTION DU PRIX DE L’IMMEUBLE

Lire art 324 à 334 de l’AUPRVE

Ivan Borel Made it

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