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LES VOIES D’EXECUTION

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


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LES PRINCIPES GENERAUX DE L’EXECUTION

Depuis toujours les particuliers dont les droits sont méconnus ne sont pas
autorisés à intervenir directement pour se faire justice eux-mêmes
(interdiction de la vengeance et de la justice privée, chose véritable dans son
principe mais plus discutable dans la réalité : les tentations sont fortes et il
est souvent tentateur d’y succomber).

A/ Ils sont dans l’obligation de :

1- S’adresser aux autorités mises en place par l’Etat et qui sont


spécialement chargées d’assurer les décisions de justice rendues pour
assurer la reconnaissance et la protection de leurs droits : on citera
ici le commissaire de justice.

2- De se conformer aux règles édictées par le législateur pour parvenir à


l’exécution forcée des jugements et titres exécutoires qui, d’une
manière générale, constituent les voies d’exécution et sont plus
généralement désignées sous le nom de ‘‘saisies’’, ce qui est simpliste,
car il existe d’autres voies d’exécution.

On doit cependant noter :

- Que toutes les ‘‘saisies’’ nepas par leur nature même des voies
d’exécution.

- Que l’exécution forcée d’une décision de justice peut intervenir sous


des formes complètements étrangères au procédé particulier qu’est la
saisie. Dans une telle hypothèse, cette exécution va contraindre le
débiteur directement à l’exécution de l’obligation elle-même mise à sa
charge au profit du créancier.

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On remarquera au surplus que l’exécution directe reste régie par l’empirisme,
qu’elle n’est visée par aucun texte et que par voie de conséquence, elle n’est
pas soumise aux dispositions applicables aux saisies.

B/A cela s’ajoute que les voies d’exécution se trouvent au ‘‘confluent’’ de


plusieurs séries de paramètres délicats à concilier :

1- Les voies d’exécution doivent être efficaces pour rétablir le créancier


dans ses droits, faute de quoi, elles tombent en désuétude d’elles-
mêmes : un exemple en est l’ancienne saisie-brandon (que le
législateur OHADA appelle actuellement : la saisie des récoltes sur
pied).

2- Une voie d’exécution doit être incitative tout en étant peu


traumatisante, exigence a priori contradictoire.

3- En dernier lieu, une voie d’exécution doit être – le mot va faire frémir
– ‘‘rentable’’ : expliquons-nous. Qu’on le veuille ou non, une voie
d’exécution est et sera toujours génératrice de frais. La plus belle
rentabilité est en l’occurrence celle qui présente le résultat.

D’où la nécessité, d’une première part, de prendre en compte la mutation


des patrimoines et de procéder à un reclassement des voies d’exécution
entre elles, reclassement d’ailleurs déjà en place dans les faits : il y a plus
de vingt (20) ans avant l’entrée en vigueur de l’OHADA sur les voies
d’exécution, la voie d’exécution la plus pratiquée était la ‘‘saisie-exécution’’ et
la ‘‘saisie-arrêt’’ indubitablement en deuxième rang, quant à la saisie
immobilière, l’on y procédait qu’exceptionnellement et vraiment quand on ne
pouvait pas faire autrement, si la chose était possible.

TITRE I :APPROCHE DE L’EXECUTION FORCEE

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Il existe trois (03) façons de pratiquer une exécution forcée :

1- L’exécution sur la personne du débiteur qui se réalise par la voie de la


contrainte par corps (voir article 699 et suivant du code de procédure
pénale).

2- L’exécution sur les biens qui se concrétise par la voie de la saisie et


de la vente des biens du débiteur.

3- L’exécution directe et en nature qui tend à contraindre le débiteur à


exécuter l’obligation à laquelle il a été condamné ou à laquelle il s’est
engagé lorsqu’il s’agit d’obligation de donner, de faire ou de ne pas
faire quelque chose.

En dehors de ces modes d’exécution forcée, il convient de mentionner et


d’analyser ce que l’on appelle ‘‘l’exécution indirecte’’, c’est-à-dire, l’astreinte
qui constitue une pression sur le débiteur pour l’amener à s’exécuter.

CHAPITRE 1 : DE L’EXECUTION SPONTANEE A L’EXECUTION CONTRAINTE

Commençons par un truisme : pour pouvoir employer le terme d'“ exécution


" dans son sens le plus large, il faut au premier chef qu’existe une "
obligation " également au sens le plus large du terme.

Aux obligations légale, contractuelle, quasi-contractuelle délictuelle ou quasi-


délictuelle s'ajoute qu'il faut une obligation VALABLE et que le débiteur de
cette obligation ne soit pas susceptible de pouvoir invoquer une cause
d'EXONERATION dans son exécution.

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En réalité, les effets d'une obligation au sens large se résument dans sa
vertu contraignante et tout revient à rechercher par quels moyens un
créancier peut obtenir son dû.

Le premier des principes généraux est que le créancier a droit à une


exécution EN NATURE exacte, directe et non contentieuse de son obligation
qui prend pour lui la forme d'une créance.

SECTION 1. L'EXECUTION EN NATURE

Lorsqu'un débiteur n'exécute pas son obligation volontairement, la solution


première est de chercher à l‘y contraindre, sans même lui laisser une
possibilité d‘échapper à son obligation en choisissant l'échappatoire du
dédommagement : « ce qui est du don être fan ».

Les dommages-intérêts compensatoires ne sont qu'un pis-aller qui ne dent


être retenu que lorsqu‘il n'est vraiment pas possible de donner une
satisfaction directe au créancier.

Seulement tout va dépendre de la nature de l'obligation qui dont être


exécutée.

§1. Les obligations de donner

L'exécution en nature va d'évidence (...), mais elle sera plus ou moins_aisée


selon la nature de la prestation qui est due.

> S'il s’agit d'une dette de somme d'argent, l'exécution en nature est en
théorie toujours possible : si un débiteur ne s'exécute pas, il suffît de saisir
ses biens, de les faire vendre pour se faire payer sur le prix : l‘obstacle
majeur qui peut alors se poser c'est l'insolvabilité du débiteur, le créancier
n'étant pas alors payé au étant payé partiellement seulement.

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> Si l'obligation a un objet autre que de donner une somme d'argent, son
exécution ne devrait pas non plus poser de grand problème lorsqu’elle porte
sur un CORPS CERTAIN : l'obligation s'exécute alors elle-même de plein droit
et d'elle-même automatiquement, pourrait-on dire, puisque les contrats sont
en principe translatifs de propriété et de droits, à Ia condition que
l'obligation ait pour objet un corps certain individualisé et que le transfert ne
soit pas paralysé par une clause le retardant.

> Si l'obligation porte sur une chose de genre, le transfert de propriété ne


va pouvoir se produire pour réaliser l'exécution de l'obligation que par
l'individualisation de la chose. Si cette individualisation peut être le fait du
créancier lui-même, l'exécution ne pose aucune difficulté. Si cette
individualisation dépend du débiteur, l'obligation de dation va alors se
doubler d'une obligation de faire. Reste que l'obligation de donner n'est pas
toujours systématiquement susceptible d’exécution en nature.

L'impossibilité matérielle apparait alors lorsque le corps certain ou les choses


de genre limitées auraient été détruits. La question d'une indemnisation par
équivalent sous forme de dommages-intérêts se posera si la perte procède
de Ia faute du débiteur.

§2. Les obligations de faire ou de ne pas faire

Il s’agit de poser la question de l'article 1142 du code civil : le principe de


l'exécution en nature ne parait pas devoir se poser en cas d'inexécution du
débiteur de ce genre d'obligation. L'article édicte que toute obligation de
faire ou de ne pas fane se résout en dommages-intérêts. L'inexécution
entraînerait donc une novation, un changement de l'objet de l‘obligation qui
porterait désormais sur une somme d'argent et l‘on en reviendrait alors à
l’exécution des obligations de sommes d'argent.

SECTION 2. CADRE DE L'EXECUTION SUR LA PERSONNE ET SUR LES BIENS


DU DEBITEUR

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Le créancier qui n'obtient pas satisfaction pour le paiement d'une somme
d'argent peut, tout-à-fait exceptionnellement aujourd'hui, dans certains cas,
user contre la personne même de son débiteur, de mesures de contraintes
propres à l'amener à exécuter lui-même son obligation. Plus généralement et
plus efficacement, le créancier aura sur les biens du débiteur une panoplie
de prérogatives qui vont directement procéder de son droit de gage générale
sur le patrimoine du débiteur défaillant.

§1. Les mesures de contrainte sur la personne du débiteur

Historiquement, la contrainte par corps fut un moyen très prisé : il s'agissait


pour le créancier de demander à l'autorité publique d'emprisonner le débiteur
récalcitrant ou insolvable. Le procédé n'était pas sans efficacité car le
débiteur par peur de la prison pour dette et pour ne pas perdre sa liberté,
essayait désespérément de s’exécuter. En outre, Ia mesure se heurtait
considérablement à l’élémentaire respect de la personne humaine aussi dès
la fin de l'ancien droit, il fut légalement interdit de procéder à
l'emprisonnement pour dettes civiles mais le code civil le maintenait dans
certains cas et le créancier y pouvait toujours avoir recours lorsque la dette
était commerciale et d'un certain montant (200 francs français de l'époque).

La loi du 22 juillet 1867 devait abolir définitivement Ia contrainte par corps


pour les dettes civiles et commerciales. Cette loi ne Ia laissant subsister que
pour assurer le recouvrement des condamnations pécuniaires prononcées en
réparation d'une infraction pénale : amendes, dommages-intérêts et
restitutions et dépens pénaux (Article 699 et suivants de notre code de
procédure pénale).

Concrètement en Côte d'Ivoire, les créanciers ont assez peu recours à ce


moyen pour obtenir paiement de leurs condamnations pénales ; quant aux
créanciers français, ils renoncent à cette procédure, car ils devaient
consigner les frais d‘entretien de leurs « prisonniers » pendant la durée de
l'incarcération et risquaient évidemment de ne jamais pouvoir les recouvrer.

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Même l’Etat ivoirien n’a fréquemment pas recours à ce moyen de la
contrainte par corps pour le recouvrement des amendes pénales qui sont
très considérables.

TITRE lI : LES CONDITIONS GENERALES DE TOUTE SAISIE

Dans toute saisie, il faut d‘abord déterminer les sujets de Ia saisie, ensuite Ia
cause et l'objet de la saisie.

CHAPITRE I : LES SUJETS DE LA SAISIE

Avant l‘avènement du droit uniforme des voies d'exécution, toute saisie faisait
intervenir, en général, deux (02) personnages : le créancier saisissant et le
débiteur saisi. Ce n‘est que dans certaines saisies spécifiques qu‘apparaissait
un troisième acteur : le tiers saisi ou le tiers détenteur. L'Acte uniforme
innove sur ce point en généralisant la présence du tiers détenteur dans les
saisies.

SECTION 1. LE CREANCIER SAISISSANT

Le créancier saisissant est celui qui est titulaire du droit de saisir. Mais en
réalité, le créancier saisissant n'exerce pas Iui-même ce droit. Par
conséquent, l'on doit séparer l'analyse du droit de saisir du problème de
l'exercice de ce droit.

§1. Le droit de saisir

Le droit de saisir appartient en principe à tous les créanciers mais encore


faut-il qu'ils en aient la capacité.

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a) Le principe du droit de saisir

L’article 28 de l'acte uniforme énonce le principe selon lequel tout créancier


a le droit de saisir les biens de son débiteur défaillant …. Selon les
dispositions de cet article, ce droit de saisir est donc attaché à la qualité de
créancier, peu importe qu'il soit chirographaire ou privilégié.

Le fondement de ce droit de saisir réside sans aucun doute dans les


dispositions nationales des différents codes civils des Etats membres,
lesquelles confèrent au créancier un droit de gage général sur les biens de
son débiteur.

Mais contrairement à Ia législation française, l‘Acte uniforme offre au


créancier saisissant Ie choix entre l'exécution forcée ou les mesures
conservatoires, quel que soit le montant de la créance.

Mais bien que l'Acte uniforme ne l'ait pas expressément précisé, ce droit de
saisir ne doit pas être un droit discrétionnaire. En cas de saisies injustifiées
ou excessives, la théorie de l'abus de droit doit permettre à la jurisprudence
de sanctionner l'abus par le créancier saisissant de son droit de recouvrer
sa créance.

(1) Cet article 28 est en réalité l'équivalent de l'article 1“ alinéa 1“ de Ia loi française du
9 juillet 1991 relative aux voies d'exécution.

b) Les dérogations au droit de saisir

Le principe du droit de saisir comporte deux dérogations légales contenues


dans l'article 28, alinéa 2 de l'Acte uniforme. La première dérogation
concerne les créanciers chirographaires et la seconde les créanciers
hypothécaires.

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Désormais, avec I ‘Acte uniforme, Ies créanciers chirographaires sont tenus
de saisir en premier lieu les biens mobiliers de leur débiteur défaillant. Et
c’est seulement en cas d'insuffisance de ceux-ci que l’exécution pourra être
poursuivie sur les immeubles.

Cette première dérogation est conforme aux données de la pratique. Dans la


majorité des cas, la saisie des biens mobiliers du débiteur suffit à
désintéresser le créancier chirographaire. II arrive aussi que Ie créancier
chirographaire renonce par lui-même à poursuivre les biens immobiliers du
débiteur en cas d'insuffisance des biens mobiliers. Ce cas se rencontre
lorsque Ie créancier chirographaire est en concours avec des créanciers
hypothécaires ou privilégiés et que Ie montant de l‘hypothèque ou du
privilège dépasse la valeur du bien saisie ou lui est d’un montant égal.

Dans cette hypothèse, le créancier chirographaire, bien que titulaire du droit


de saisir, n‘a dans les faits, aucun intérêt à pratiquer la saisie. Ainsi,
conformément à la pratique, la priorité est donnée à la saisie des biens
mobiliers.

Quant aux créanciers privilégiés ou hypothécaires, ils doivent poursuivre en


premier lieu, le bien affecté à Ia garantie de leur créance et, en cas
d'insuffisance de celui-ci, poursuivre la vente des autres biens. Cette solution
classique est contenue en termes laconiques dans l'alinéa 2 de l’article 28
de l'Acte uniforme. Elle est réaffirmée expressément à l’article 251 du même
acte, lequel prévoit qu’en matière de saisie immobilière, le créancier
hypothécaire ne peut poursuivre la vente des immeubles qui ne lui sont
hypothèques que dans le cas d'insuffisance des immeubles qui lui sont
hypothèques.

L'exercice de ce droit de saisir dont est titulaire Ie créancier saisissant peut


être une source de difficultés.

§2.L’exercice du droit de saisir

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L'exercice du droit de saisir pose Ie problème de la capacité de saisir et
celui des pouvoirs lorsque la saisie est pratiquée par une personne autre que
le créancier originaire.

a) La capacité de saisir

Le problème de la capacité se pose lorsque le créancier saisissant est frappé


d'une incapacité. Il concerne les mineurs non émancipés et les majeurs
incapables.

La capacité requise des mineurs non émancipés (1) pour pratiquer une saisie
dépend de la nature de la saisie. La saisie est-elle un acte d'administration,
un acte de disposition ou un acte judiciaire ?

Contrairement à la loi française (2) dont il s'inspire, l'Acte uniforme sur les
voies d’exécution n'a pas expressément déterminé la nature juridique de la
saisie. Mais si l’on se réfère à la définition de la saisie, cette lacune peut
être comblée. La saisie étant une procédure de recouvrement de créance,
elle doit, à ce titre, être qualifiée d'acte d'administration, c'est-à-dire un acte
de gestion courante d’un patrimoine.

Ayant la capacité requise pour effectuer un acte d'administration si sa loi


nationale l'y autorise, le mineur non émancipé peut pratiquer les saisies
mobilières lesquelles sont, par nature, des actes d’administration.

Cette solution de principe doit toutefois comporter une exception relative à


la saisie mobilière. Contrairement aux saisies mobilières, la saisie immobilière
est un acte de disposition virtuelle. En effet, s'il ne survient pas d'enchères
au jour de l'adjudication de l'immeuble saisi, le créancier saisissant sera
déclaré adjudicataire pour la mise à prix (article 283 de l'Acte uniforme sur
les voies d'exécution). Par conséquent, le créancier poursuivant dans la saisie
immobilière, doit avoir la capacité de disposer. Or, le mineur non émancipé
n'a pas la capacité de disposer. Aussi ne peut-il pratiquer seul une saisie
immobilière. Il ne peut le faire qu'en ayant recours à son représentant légal.

Quant au caractère judiciaire ou extrajudiciaire de la saisie, l'Acte uniforme y


a apporté une solution non équivoque. L'un des objectifs de la réforme
opérée par I‘Acte uniforme est de limiter l’intervention du juge dans les

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opérations de saisie. Aussi, sauf incidents, les saisies mobilières,
contrairement à la saisie immobilière, n'exigent pas, en principe la capacité
d’ester en justice. Par conséquent le mineur peut pratiquer une saisie
mobilière. Si sa loi nationale l’autorise à ester en justice,il peut soulever des
incidents au cours de la saisie immobilière.

Le problème de la capacité de saisir des majeurs incapables diffère selon


que ceux-ci bénéficient ou non d'un régime de protection.

S'ils ne bénéficient d'aucun régime de protection, leur capacité de saisir est


identique à celle des majeurs capables. Ce sera, notamment, le cas des
aliénés non internés. Le débiteur qui demanderait la nullité d'une saisie en
arguant de la démence ou de la faiblesse d'esprit de son créancier non
interné doit rapporter la preuve de cette démence.

Quant à la capacité de saisir des majeurs incapables bénéficiant d‘un régime


de protection, une distinction doit être faire selon le régime ; la consultation
de la loi nationale du majeur incapable s'avère nécessaire dans ce cas.
Seule cette loi peut préciser si un majeur incapable frappé d'une incapacité
générale d'exercice peut accomplir seul des actes d'administration ou des
actes de disposition. Dans l’ensemble, la réponse est négative. Aussi le
majeur incapable ne pourra, en principe, effectuer une saisie que par
l'intermédiaire de son tuteur.

(1) La définition du mineur non émancipé doit résulter de la loi nationale de chaque
Etat membre à l'Acte uniforme.

(2) Voy. L'article 26 de la loi française du 9 juillet 1991, lequel prévoit que « sauf
disposition contraire, l'exercice d'une mesure d'exécution ou d'une mesure
conservatoire est considéré comme un acte d'administration sous réserve des
dispositions de code civil relatives à la réception des derniers ».

b) Les pouvoirs de saisir

La question des pouvoirs se pose lorsque la saisie est pratiquée au nom


d‘une personne autre que le créancier saisissant Iui-même. II peut s'agir, soit
d'un ayant cause du créancier saisissant, soit du représentant de celui-ci.

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b-1) La saisie pratiquée par un ayant cause du créancier

Le droit de saisir du créancier originaire, en cas de décès, est transmis par


voie successorale à ses héritiers appelés ayants cause universels, à titre
universel et ayants cause particuliers (1).

Le fondement de la transmission du droit de saisir aux ayants cause est la


fiction juridique selon laquelle les héritiers continuent la personnalité juridique
du créancier originaire décédé. Mais quel que soit le cas, les ayants cause
ne peuvent procéder à la saisie à la place du créancier originaire décédé
que s'ils justifient de leur droit de saisir. Ils doivent, à cette fin, notifier au
débiteur le titre en vertu duquel ils commencent ou poursuivent la saisie en
lieu et place du créancier défunt.

Aussi, l'héritier légal devra notifier au débiteur l'acte de décès de son auteur
et un acte de notoriété attestant qu’il est héritier. Quant au légataire
universel ou à titre universel, il doit notifier au débiteur le testament qui lui
a conféré cette qualité.

Contrairement aux ayants cause universels et à titre universel, le droit de


saisir transmis à l'ayant cause particulier est beaucoup plus limité. Il ne peut
exercer le droit de saisir que pour le recouvrement de la créance qui lui a
été cédée par le créancier originaire défunt.

Mais comme les ayants cause, les ayants cause particuliers doivent,
également, par une notification préalable au débiteur, fournir une Justification
de leur qualité. Ils doivent, par exemple, notifier au débiteur la disposition du
testament contenant le legs particulier. S’il s’agit d'un cessionnaire de
créances, il devra établir la cession de créance à son profit conformément
aux conditions prévues par la loi applicable à la cession de créances.

En dehors du décès, le droit de saisir peut-être transmis par la volonté


même du créancier à un représentant.

(1) L'ayant cause universel est celui qui détient la totalité des biens du de cujus (le défunt)
à cause de mort ; c'est le cas de l'héritier légal. L'ayant cause à titre universel ne détient
qu'une quote-part seulement des biens du de cujus : c'est le cas du légataire. L'ayant cause
à titre particulier est celui qui ne détient qu'un bien ou un droit particulier : par exemple Ie
cessionnaire d'une créance ou un légataire particulier.

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b-2) La saisie pratiquée par un représentant du créancier

Une distinction doit être faite entre les représentants légaux et les
représentants conventionnels.

Les pouvoirs des représentants légaux pour effectuer une saisie dépend de la
nature de la saisie. En tant que mandataires, les représentants légaux
peuvent accomplir des actes d’administration. Par conséquent, ils peuvent
pratiquer des saisies mobilières lesquelles sont, par nature, des actes
d'administration.

En revanche, les représentants légaux du créancier saisissant ne peuvent


pratiquer une saisie immobilière, acte virtuel de disposition, sans un pouvoir
spécial. Ce pouvoir spécial sera, selon les lois nationales applicables, soit
l'autorisation du conseil de famille soit celle du juge des tutelles.

Toute saisie nécessite le recours à un représentant conventionnel. Le


créancier saisissant, quelle que soit sa profession, ne peut pratiquer lui-même
la saisie.

Ce représentant conventionnel, selon l'Acte uniforme, sera soit un


Commissaire de justice soit un agent d'exécution dans les Etats parties où la
profession de commissaire de justice n'est pas réglementée.

Quant aux pouvoirs de ce représentant conventionnel, le mandat général


dont il est investi lui suffit pour pratiquer les saisies mobilières qui sont, par
nature, des actes d'administration. Mais pour la saisie immobilière, acte
virtuel de disposition,Ie représentant conventionnel doit être muni d'un
mandat spécial. Cette exigence résulte des dispositions de l'article 254, alinéa
2. 2° de l'Acte uniforme sur les voies d'exécution. Selon les termes de cet
article, le commandement de payer valant saisie doit contenir la copie du
pouvoir spécial donné au commissaire de justice ou à l'agent d'exécution par
le créancier poursuivant à moins que le commandement ne contienne, sur
l‘original et la copie, le bon pour pouvoir signé de ce dernier.

SECTION 2. LE DEBITEUR SAISI

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Le débiteur saisi est le sujet passif de la saisie. Dans la majorité des cas, la
saisie est dirigée contre le débiteur saisi lui-même. Mais il peut arriver que la
saisie soit dirigée contre des personnes que la loi assimile au débiteur saisi.

§1. La saisie pratiquée contre le débiteur saisi Iui-même

L’Acte uniforme consacre, en la matière, le principe selon lequel tout débiteur


peut être saisi tout en prévoyant expressément des dérogations et des
atténuations au principe.

a) Le principe selon lequel tout débiteur peut être saisi

Toute personne qui a la qualité de débiteur peut, en principe,être saisie. A


ce sujet passif de toute saisie, l'Acte uniforme impose des obligations dont
celle de fournir des renseignements sur l’existence de saisies antérieures au
cours de l'opération de saisie.

De plus, en cas de saisie de biens meubles corporels, le débiteur saisi doit


assumer le rôle de gardien des objets saisis.

Une fois la saisie effectuée, les frais de l'exécution forcée pèsent, en


principe, sur le débiteur saisi. Cette solution consacrée par l'article 47 de
l'Acte uniforme relatif aux voies d'exécution est satisfaisante puisque c'est par
Ie fait du débiteur que la saisie a eu lieu. Cet article prend toutefois soin de
prévoir des dérogations à Ia solution de principe. Ainsi les frais de
recouvrement entrepris sans titre exécutoire restent à la charge du créancier
sauf si celui-ci établit la mauvaise foi du débiteur (article 47alinéa 2).

De même, les frais de l'exécution forcée incomberont encore au créancier


saisissant s'ils n’étaient pas nécessaires au moment où ils ont été exposés
(article 47, alinéa 1er).

Au moment de la vente des biens saisis, le débiteur saisi, a désormais, avec


l'Acte uniforme, la faculté d'organiser Iui-même la vente amiable des biens
mobiliers saisis (1) afin d’échapper aux mesures de publicités liées à la vente
forcée des biens mobiliers et d’obtenir le meilleur prix possible.

b) Les solutions dérogatoires : les immunités d’exécution

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Les immunités d'exécution ou immunités de saisie sont des faveurs dont
Jouissent certaines personnes en vertu desquelles leurs biens ne peuvent
faire l‘objet de saisies. Du fait de cette immunité, les biens de ces personnes
deviennent en quelque sorte, insaisissables. Cette insaisissabilité des biens qui
résulte de l'immunité d'exécution tient à la personne du débiteur et non à la
nature des biens (2).

(1)Voy. infra. N°3 269 à 272 sur Ia vente amiable en matière de saisie-vente de biens
mobiliers.
(2) Voy. Sur ce point. Infra. nos 100 et s.

Ces exceptions au principe selon lequel tout débiteur peut être saisi sont
énoncées par l'article 30, alinéa 1er de l‘Acte uniforme. Cet article prévoit
que l'exécution forcée et les mesures conservatoires ne sont pas applicables
aux personnes qui bénéficient d’une immunité d’exécution. Mais cet article ne
nous fournit pas la liste de ces personnes. Il fait simplement référence dans
son alinéa deuxième aux personnes morales de droit public et aux
entreprises publiques.

De manière unanime, en droit interne, l'Etat bénéficie de L’immunité


d'exécution en raison de ses prérogatives de puissance publique. La raison
d’être de ce régime de faveur est que l'Etat est une personne présumée
solvable. En ces périodes de crise économique, cette justification classique se
révèle inexacte. On lui substitue une seconde : les règles de la comptabilité
publique, lesquelles ne permettraient pas le paiement par voie de saisie. En
réalité, la véritable justification de L’immunité d’exécution dont bénéficie l'Etat
est le principe de la continuité du service public.

Cette dernière justification explique mieux l’extension de l'immunité


d'exécution aux démembrements de I’Etat que sont les établissements publics
(1) et les collectivités territoriales.

En dehors de I’Etat et de ses démembrements, l'Acte uniforme étend le


bénéfice de l'immunité d’exécution aux entreprises publiques (article 30,
alinéa 2).

II résulte de l‘interprétation restrictive de l‘article 30, alinéa 2, que les


entreprises semi-publiques de nature mixte constituées sous la forme de droit
privé avec certaines prérogatives de puissance publique sont soumises aux
voies d'exécution.

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(1) Pour les établissements publics, une distinction doit-elle être faite entre
les établissements publics administratifs et les établissements publics
commerciaux ? Dans certaines législations, les établissements publics
industriels et commerciaux, qui ont pour mission d'exercer des activités
industrielles et commerciales similaires à celles des personnes privées,
sont soumis aux procédures d'exécution forcée sur les biens. La solution
est différente dans d‘autres droits ; voir notamment l‘article 14 de Ia loi
ivoirienne n° 80-1070 du 13 septembre 1980 qui dispose que les
établissements publics ne sont pas soumis aux voies d'exécution forcée.
L’article 109 de la loi ivoirienne n° 80-1180 du 17 octobre 1980 relative
à l’organisation municipale complète ces dispositions en précisant que Ia
vente des biens appartenant aux communes et aux établissements publics
commerciaux est assujettie aux mêmes règles que celles des biens
appartenant à l’Etat. L‘Acte uniforme confirme cette solution puisqu’il ne
fait pas de distinction dans son article 30 entre les établissements
publics, industriels ou commerciaux, quant au bénéfice de l’immunité
d’exécution. Ayant une activité commerciale similaire à celle des sociétés
commerciales, les établissements publics industriels et commerciaux ne
devraient pas bénéficier de l’immunité de saisie.

En droit international, les immunités d'exécution bénéficient aux Etats


étrangers, aux souverains ou chefs d'Etats étrangers, aux agents
diplomatiques étrangers et aux fonctionnaires internationaux.

Pour les Etats, les souverains ou les chefs d'Etat étrangers, le fondement de
l‘immunité d'exécution est la courtoisie internationale et le souci de chaque
Etat de respecter la souveraineté nationale de l'autre.

Pour les fonctionnaires internationaux, le fondement de l'immunité d'exécution


est contenu dans le traité de base qui crée l'organisation internationale.

Eu égard à l'immunité d'exécution dont bénéficient les personnes morales de


droit public et les entreprises publiques, les créanciers de ces personnes ne
peuvent compter que sur la bonne volonté de celles-ci dans l'exécution de
leurs engagements. En cas d'inexécution par celles-ci de leurs engagements,
leurs créanciers se trouvent dans une situation le plus souvent désespérée
puisqu’elles ne peuvent avoir recours aux voies d'exécution.

Ne faudrait-il pas alors prévoir des exceptions aux immunités d'exécution

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Sans aller si loin, l'Acte uniforme sur les voies d’exécution a atténué les
conséquences morales de droit public ou des entreprises publiques à recourir
à la compensation (article 30 alinéa 2). Les conditions de cette
compensation sont soumises à l'existence, de part et d'autre, de créances
certaines, liquides et exigibles : les définitions des créances certaines, liquides
et exigibles relèvent du-droit commun des obligations. En effet, une créance
certaine est une créance dont l'existence est incontestable. Aussi, la créance
n'est certaine au sens des dispositions de l’article 30 alinéa 3 que si elle
résulte notamment d'une reconnaissance par ces personnes morales de leurs
dettes. La certitude peut également résulter du fait que la créance invoquée
figure sur un titre ayant un caractère exécutoire sur le territoire de l'Etat où
se situent lesdites personnes morales ou entreprises publiques. Il en sera
notamment ainsi si la créance résulte d'un marché de fourniture ou d'un état
de perception en matière fiscale.

Une créance liquide est une créance dont le montant est libellé en argent.
La créance exigible est celle qui est arrivée à échéance. Elles s'opposent par
conséquent à la créance à terme.

La mise en œuvre de la compensation peut être une source de difficultés. Il


en sera ainsi si la personne morale de droit public ou l’entreprise publique
conteste l'existence des conditions de la compensation. Dans une telle
hypothèse, le créancier de la personne morale de droit public devra saisir le
juge pour qu'il tranche cette contestation.

Contrairement à la condamnation des personnes morales de droit public à


une astreinte (solution française). La compensation proposée par l'Acte
uniforme est une solution plus efficace pour atténuer les conséquences des
immunités d'exécution. Mais il faut néanmoins reconnaître que l'application de
cette solution posera des problèmes dans la pratique notamment quant à la
forme que devra revêtir la reconnaissance par ces personnes morales de leur
dette ou pour la constatation des conditions de la compensation. A côté des
dérogations au principe, l'Acte uniforme a apporté des tempéraments ou
atténuations.

c) Les atténuations au principe

Les atténuations au principe selon lequel tout débiteur peut être saisi
consistent dans la suspension de la procédure de la saisie. Cette suspension

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


18
peut avoir pour cause soit le prononcé de mesures de grâce soit les
procédures d'apurement du passif.

c-1) Le prononcé des mesures de grâce

Prenant en compte les intérêts du débiteur saisi, l'Acte uniforme sur les voies
d’exécution instaure en faveur de celui-ci des mesures de grâce contenues
dans son article 39. Le prononcé de ces mesures, qui suspendent la
procédure d'exécution engagée, est soumis à des conditions.

Ces mesures relèvent, tout d'abord, du pouvoir d'appréciation de la juridiction


compétente. Cette juridiction doit, à la fois, prendre en compte la situation
du débiteur et les besoins du créancier dans le prononcé des mesures de
grâce.

Elles concernent ensuite l’exigibilité de la dette : la juridiction compétente,


dans la limite d’une année, peut reporter ou échelonner le paiement.

TITRE III :LES RÈGLES COMMUNES A L'ENSEMBLE DES MESURES


CONSERVATOIRES

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


19
Elles s'appliqueront également aux procédures conservatoires prévues par des
textes spéciaux dès l'instant que leurs dispositions particulières n'y
dérogeront pas ou ne seront pas incompatibles.

Ces règles sont relatives aux conditions de fond nécessaires à la mise en


œuvre d’une telle mesure et à la procédure qui doit être suivie.

CHAPITRE I : LES CONDITIONS DE FOND

Le but premier de toute mesure conservatoire est de permettre au créancier


de prendre des garanties sur le patrimoine de son débiteur sans pour autant
qu'un titre exécutoire ne soit exigé.

Les règles fondamentales de l’exécution sont applicables ; II en est ainsi de


la capacité du créancier, de l'individualisation du débiteur ou du caractère
saisissable des biens.

La possibilité offerte à tout créancier de mettre en œuvre une mesure


conservatoire n'est cependant pas discrétionnaire. La loi ne peut en effet
permette à tout un chacun de prendre des mesures conservatoires sur le
patrimoine de quelqu'un sans avoir à justifier de son action. Des conditions
sont donc imposées pour permettre la mise en œuvre de telles mesures avec
les sanctions que nous analyserons.

Pour pouvoir mettre en œuvre une mesure conservatoire, un créancier doit


justifier, d’une part, d'une créance paraissant fondée en son principe et
d’autre part, de circonstances susceptibles d’en menacer le recouvrement.
(Article 54 de l’Acte uniforme relatif aux voies d’exécution [AUVE]).

Il s'agit de deux conditions cumulatives.

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20
SECTION 1 : UNE CRÉANCE PARAISSANT FONDÉE EN SON PRINCIPE

La nature de la créance importe peu, civile ou commerciale, légale,


contractuelle, quasi-contractuelle, délictuelle ou quasi-délictuelle.

Cette créance doit être une créance de somme d’argent.

Il existe cependant une exception : une créance de restitution ou de


délivrance un bien corporel peut faire l'objet d'une mesure conservatoire sous
la forme d'une saisie revendication.

La créance n’a pas besoin d'être liquide ni exigible ni même certaine. Il suffit
qu'elle paraisse fondée en son principe. Cette notion de créance apparente,
vraisemblable, n'est pas précisément définie. L'appréciation du juge est donc
souveraine.

Une créance sous condition suspensive ou même éventuelle pourrait donc


fonder une mesure conservatoire.

Le créancier déjà porteur d'un titre exécutoire à la possibilité de procéder à


des mesures conservatoires (Article 55 AUVE). Cette disposition peut
surprendre. Pourquoi en effet mettre en œuvre une mesure conservatoire
alors même qu'on dispose du droit de mettre en œuvre toutes les voies
d'exécution.

Un exemple fera, notamment, comprendre la nécessité de cette disposition.

Pour pratiquer une saisie-vente, il est nécessaire de délivrer un


commandement de payer qui laissait au débiteur un délai de 8 jours pour
procéder au règlement de sa dette. Ce n'est qu'après l’expiration du délai de
8 jours que la saisie-vente pourra être opérée. Un débiteur qui voudrait par
conséquent, à la faveur de ce délai, faire disparaître son actif mobilier
susceptible d'être saisi, en aurait largement la possibilité. Un créancier avisé
ou pressentant cette organisation d'insolvabilité fera aussitôt pratiquer une
saisie conservatoire de biens meubles corporels.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


21
SECTION 2 : DES CIRCONSTANCES SUSCEPTIBLES DE MENACER LE
RECOUVREMENT DE LA CREANCE

Il appartient au créancier de rapporter la preuve que sa créance est


menacée soit par les agissements du débiteur soit par l’évolution de la
situation financière ou patrimoniale de ce dernier.

Le juge a un pouvoir souverain d'appréciation de la situation de fait.

Il n'y a pas menace dans le recouvrement d’une créance, lorsque celle-ci


n‘est pas exigible et que le débiteur s'est toujours acquitté de ses dettes, ou
que le patrimoine de ce débiteur est largement suffisant pour répondre de
l'ensemble de ses dettes.

Ainsi, on comprend l’imprudence ou la témérité d'un créancier qui avait


entrepris de mettre en œuvre une saisie conservatoire à l’encontre de la SA.
MICHELIN et que le juge de l’exécution a, évidemment annulée pour absence
de menace relative à une créance pourtant fondée en son principe.

Mais il a été jugé qu’une créance exigible est cependant menacée lorsqu'un
débiteur mis en demeure de payer à plusieurs reprises ne répond pas et ne
verse aucun acompte.

Le créancier n’a pas à prouver la mauvaise foi ou établir l'existence d'actes


frauduleux de la part du débiteur.

CHAPETRE II - LA PROCEDURE

Engagés sans la possession d'un titre exécutoire, les mesures conservatoires


doivent au préalable être autorisées par un magistrat (§1).

Ce principe connaît des exceptions (§2).

Le créancier devra, pour réaliser la mesure conservatoire, accomplir des


diligences indispensables et ce, quelle que soit la mesure concernée (§3).

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22
SECTION 1- LE PRINCIPE DE L’AUTORISATION PREALABLE DU JUGE

Le créancier doit requérir par voie de requête une autorisation devant le juge
compétent (Article 54 AUVE).

La procédure doit respecter les règles générales édictées par les articles 231
et suivants du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative.

§1. Le juge compétent est le juge de l’exécution du lieu où demeure le


débiteur (Article 49 AUVE)

Toute clause contraire serait non avenue et un magistrat saisi à tort d’une
telle demande doit relever d’office son incompétence. Cette incompétence
sera aussi bien matérielle (un autre magistrat) que territoriale (un autre lieu).

Il existe cependant deux dérogations à cette compétence de principe du juge


de l'exécution (JEX) du lieu où demeure le débiteur.

Le président du tribunal de commerce peut être requis pour autoriser une


mesure conservatoire si deux conditions sont remplies. II ne s'agit toutefois
que d'une faculté et non d'une obligation. Le JEX demeure toujours
compétent.

- Première condition : il faut que la mesure sollicitée tende à la


conservation d'une créance relevant de la compétence de la juridiction
commerciale ;

- Deuxième condition : la demande doit être faite avant tout procès. Si


une demande en justice a été formée devant la juridiction
commerciale, la compétence revient obligatoirement au JEX.

§2. La décision du juge

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


23
Elle est rendue par voie d‘ordonnance au bas de la requête.

Le juge a la possibilité d'accéder à tout ou partie de la demande et, bien


sûr, de la rejeter intégralement.

L’ordonnance doit être motivée et, si la mesure est autorisée, elle doit à
peine de nullité fixer la somme pour la garantie de laquelle la mesure
conservatoire est autorisée en précisant la nature des biens sur lesquels elle
portera.

La requête et l‘ordonnance n'ont pas à préciser, à peine de nullité,


l’indication précise des tiers entre les mains desquels doit être opérée la
saisie conservatoire. Seule la nature des biens, en l’occurrence des loyers sur
un immeuble déterminé, doit être précisée.

Le juge peut, dans l’ordonnance sur requête, se réserver le droit de


réexaminer sa décision ou les modalités d'exécution au vu d’un débat
contradictoire.

SECTION 2- LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE L’AUTORISATION PREALABLE


(Article 55 AUVE)

Le législateur permet au créancier de pratiquer une mesure conservatoire


sans autorisation préalable du juge dans trois séries de cas limitativement
énumérées par l’article 55 AUVE.

Le créancier devra toujours pouvoir rapporter la preuve d’une menace dans


le recouvrement de sa créance quel que soit le fondement de sa poursuite.

Le Commissaire de Justice, chargé de la mise en œuvre de la procédure


conservatoire, veillera, dans le cadre de son devoir de conseil, à éclairer son
mandant sur ce point précis plus encore qu'il ne le ferait s’il le faisait à
partir d'une autorisation du juge. Sa responsabilité va, en effet, au-delà de la
seule mise en œuvre de la mesure conservatoire.

§1. Lorsque le créancier se prévaut d’un titre exécutoire ou d'une décision


de justice qui n'a pas encore force exécutoire

L'article 33 AUVE énumère la liste de titres exécutoires.

Il convient de vous y reporter.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


24
Les décisions de Justice qui n'ont pas encore force exécutoire ne constituent
donc pas des titres exécutoires ; elles permettent cependant la mise en
œuvre d'une mesure conservatoire.

Une signification préalable de la décision n'est pas nécessaire de sorte


qu'une mesure conservatoire est possible dès le prononcé de la décision. Il
faudra cependant que le commissaire de justice soit porteur de la décision.

Les décisions qui n'ont pas force exécutoire sont :

- Celles qui ne sont pas passées en force de chose jugée [c'est-à-dire


encore soumises à un recours suspensif d’exécution ou au délai
d'exercice d'un tel recours] et qui ne sont pas assorties d'une
exécution provisoire.

Ainsi, un jugement susceptible d’appel ou même frappé d’appel peut servir de


fondement à la réalisation d'une mesure conservatoire sans autorisation
préalable.

- Celles qui sont passées en force de chose jugée mais sont assorties
d'un délai de grâce.

Elles peuvent permettre la réalisation d'une mesure conservatoire, il


conviendra cependant de mettre en garde votre mandant sur les risques
d'une telle mesure car si un magistrat a accordé des délais il est dangereux
de passer outre et il conviendra que les preuves de la menace dans le
recouvrement de Ia créance soient fortement étayées.

Il est admis que l'ordonnance rendue en matière d'injonction de payer mais


non revêtue de Ia formule exécutoire puisse servir de fondement à la
réalisation d‘une mesure conservatoire.

Certains dénient le caractère de décision de justice à une telle ordonnance,


la qualifiant de simple décision du juge.

§2. Lorsque le créancier est porteur d’un titre cambiaire impayé ou d'un
chèque impayé.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


25
Lorsque le créancier peut se prévaloir d'une créance résultant du non-
paiement d’un billet à ordre, d’une lettre de change acceptée ou d’un
chèque, il peut faire diligenter une mesure conservatoire sans avoir à requérir
une autorisation préalable.

Le commissaire de justice devra s‘assurer de la validité du titre et du


caractère réel du non-paiement, celui-ci résultera généralement d'un
document bancaire attestant Ia présentation du titre au paiement et le fait
du non-paiement.

Des règles particulières régissent Ia validité de chaque titre.

En effet, s'agissant d’une des conditions de mise en œuvre (existence du titre


et non-paiement de celui-ci), le commissaire de justice est responsable du
contrôle de la régularité de la procédure. Il devra également s'assurer qu'il
existe bien une menace dans le recouvrement de Ia créance et rappeler à
son client, si cette condition n’est pas clairement établie par les pièces du
dossier,le risque pécuniaire attaché à une procédure de mainlevée.

§3. Lorsque le créancier est un bailleur d’immeuble pour un loyer impayé

Le locataire, en vertu d’un contrat écrit de louage d'immeuble, peut voir une
saisie à titre conservatoire diligentée à son encontre ou une sûreté prise s'il
ne paye pas ses loyers et ce sans autorisation préalable.

Peu importe la nature du bien loué, pourvu qu'il s'agisse d'un immeuble
(terres, local d‘habitation, professionnel ou commerciaux, annexes comme les
garages, etc.), Il suffit qu’il y ait un bail écrit et tout ou partie d’un terme de
loyer impayé à son échéance. Bien entendu la menace dans le recouvrement
de la créance devra toujours pouvoir être prouvée par le bailleur en cas de
besoin.

La créance de loyer qui est donnée par le bailleur unilatéralement doit


cependant correspondre aux énonciations du contrat de bail. Le commissaire
de justice devra procéder à la vérification sur ce point.

Le bailleur peut réclamer, au titre des loyers, les charges ou provisions pour
charges lorsque leur détermination ou leur mode de calcul est porté au
contrat de bail.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


26
La créance de loyer ne peut comprendre d'autres sommes comme, par
exemple, la clause pénale, les frais de relance ou de recouvrement même si
elles sont prévues au contrat de bail, car il ne s'agit plus d'une créance de
loyer.

La mesure conservatoire envisagée à partir du contrat de bail ne pourra


jamais viser la personne qui s'est portée caution du locataire. Une
autorisation, par voie d'ordonnance sur requête, est alors nécessaire pour y
parvenir à son encontre.

SECTION 3- LES DILIGENCES COMMUNES NÉCESSAIRES

Muni d'un des titres visés à I ’article 55 AUVE ou d’une autorisation du Juge
(ordonnance sur requête) le créancier pourra faire réaliser une mesure
conservatoire sur le patrimoine de son débiteur à l'exception d'une saisie sur
ses rémunérations.

Le commissaire de justice devra dans un premier temps procéder à l'acte de


saisie ou au dépôt de la formalité d'inscription de la sûreté.

Dans un second temps cette mesure devra être portée à la connaissance du


débiteur si elle n'a pas été faite entre ses mains.

Puis un titre exécutoire, s'il n’était déjà existant, devra être obtenu.

Enfin, lorsqu'un titre exécutoire aura été obtenu, la mesure conservatoire


pourra être convertie en mesure d’exécution forcée cependant que, pour les
sûretés, la publicité définitive ne pourra intervenir que si le titre est passé en
force de chose jugée.

L’ensemble de ces diligences doit être régularisée dans des délais assez
courts prévus, pour la plupart, à peine de caducité de la mesure
conservatoire réalisée. En cas de non-respect d‘un de ces délais, une
demande en mainlevée pourra être formulée par le débiteur sans qu’il y ait,
ainsi à démontrer l’existence d'un quelconque grief.

§1. La mesure conservatoire doit être exécutée dans un délai de trois mois
à compter de l’ordonnance

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


27
Aux termes de l'article 60 AUVE l'autorisation du juge est caduque si la
mesure conservatoire n'a pas été exécutée dans les trois mois à compter de
l'ordonnance.

Ce délai de trois mois n'est pas susceptible d'interruption ou de suspension.

Il est évident qu'il n’y a pas lieu à calcul de ce délai si la mesure


conservatoire est mise en œuvre en vertu d'un des titres énoncés à l’article
55 AUVE.

Même autorisée antérieurement, une mesure conservatoire ne peut être


effectuée après l'ouverture, contre le débiteur, d'une procédure collective.

§2. La mesure conservatoire réalisée entre des mains autres que celles du
débiteur doit être dénoncée au débiteur dans un délai de huit (08) jours de
sa date

Lorsque la saisie conservatoire sera effectuée entre les mains d'un tiers ou
Ia sûreté inscrite auprès des organes habilités à accomplir les formalités de
publicité, le créancier sera tenu de faire dénoncer la mesure conservatoire
au débiteur dans un délai de huit (08) jours.

Ce délai est prévu par les différents articles relatifs à chaque mesure
conservatoire.

§3. Une procédure en vue de l’obtention d’un titre exécutoire doit être
engagée ou poursuivie dans le mois de la mesure conservatoire (Art. 61
AUVE)

Si ce n'est dans le cas où la mesure conservatoire aurait été pratiquée avec


un titre déjà exécutoire, le créancier doit, dans le mois qui suit l’exécution
de la mesure, à peine de caducité de la saisie , introduire une procédure ou
accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire.

Il ne faut pas conclure de cette disposition que le créancier doit


nécessairement entreprendre une instance devant la juridiction du fond.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


28
Une instance en référé est tout-à-fait possible ainsi que d'autres procédures.

La saisine d’une juridiction même incompétente interrompt le délai.

Lorsque la mesure conservatoire a été réalisée sur la base d'une décision


n‘ayant pas encore force exécutoire, il suffira d'attendre l'écoulement du
délai de Ia voie de recours suspensive et réclamer auprès du greffe
compétent un certificat de non recours. Si un recours est diligenté par le
débiteur, il suffira de veiller au bon déroulement de la procédure sur le
recours ainsi formé.

En matière de chèque impayé, la procédure du titre exécutoire délivré par le


commissaire de justice peut être utilement préconisée (pas encore applicable
en Côte d'Ivoire alors selon la loi n°97-514 du 04 septembre 1997 portant
statut de l’huissier de justice, à son article 14, abrogée par la loi N°2019-974
du 27 décembre 2018 portant Statut des commissaires de justice, en son
article 1er, le commissaire de justice est un officier public).

Si le créancier choisit d’obtenir son titre par le biais de Ia procédure


d'injonction de payer, l‘article 5 de l’AUVE énonce qu’en cas de rejet d’une
requête en injonction de payer, présentée dans le délai d'un mois, le juge du
fond (et seulement le juge du fond)peut encore être valablement saisi dans
le mois qui suit la date de l'ordonnance de rejet.

Attention, dans ce cas il convient d'introduire une action au fond, une


assignation en référé ne permettrait pas d'interrompre le délai de caducité.

§4. Le tiers éventuel doit être informé des diligences effectuées pour obtenir
un titre exécutoire dans les huit (08) jours de leur accomplissement

Afin de ne pas laisser le tiers ignorant de la suite donnée à la procédure


conservatoire, l’OHADA prévoit sous l'article 61 de l’AUVE qu‘une copie des
actes attestant les diligences faites par le créancier en vue d'obtenir un titre
exécutoire lui soit signifiée dans un délai de huit (08) jours à compter de
leur date.

Ce délai de huit (08) jours et prévu à peine de caducité.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


29
Cette disposition n'est pas sans poser quelques problèmes.

La nature des actes comme aussi les formalités à accomplir en vue de


l'obtention d'un titre exécutoire sont très variées ainsi que nous venons de le
voir. Parfois les actes ou formalités auront été accomplis bien avant la mise
en place de la saisie ou la sûreté et le délai de huit jours pour procéder à
la dénonciation de l'article 61 AUVE sera déjà écoulé.

Pour exemple, une décision judiciaire n'ayant pas force exécutoire a été
signifiée et le certificat de non appel requis du secrétariat du Greffe deIa
Cour d‘appel, peu de temps après le créancier décide de faire procéder à
une saisie conservatoire entre les mains d'un tiers. La saisie conservatoire
opérée et la dénonce au débiteur faite, il n'y a cependant rien à signifier au
tiers en vertu de l'article 61 de l’AUVE.

Dans ces cas, relativement fréquents, où aucun acte ou formalité n'a à être
accompli postérieurement à la saisie, vous pourrez dénoncer au tiers le
dernier acte ou la dernière formalité faite en vue d'obtenir un titre exécutoire
soit dans l‘acte de saisie conservatoire soit juste après la dénonce au
débiteur. Dans tous les cas, vous ne devrez jamais dépasser le délai d'un
(01) mois (accomplissement de l'acte ou formalité) plus huit (08) jours après
Ia mesure conservatoire, pour informer le tiers.

§5. La conversion de la mesure conservatoire

La mesure conservatoire pourra être transformée soit en mesure d'exécution


forcée soit en sûreté définitive lorsqu'un titre exécutoire constatant une
créance liquide et exigible aura été obtenu.

Il y a lieu, cependant, de faire une distinction selon que la mesure


conservatoire mise en place est une saisie ou une sûreté.

La nature du titre obtenu permettant Ia conversion en mesure d'exécution ou


en sûreté définitive est en effet différente.

Pour les sûretés, et elles seules, cette conversion (appelée publicité définitive)
devra intervenir dans un délai parfaitement déterminé sous Ia sanction d’une
caducité de la mesure.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


30
 Pour les saisies conservatoires

Il n'est besoin, pour opérer Ia conversion, que d'un titre exécutoire (l'article
33 de l’AUVE qui nous donne la liste exhaustive des titres exécutoires).

S'agissant des "jugements", Ia conversion de la saisie conservatoire pourra


donc être mise en œuvre alors même que le titre n'aurait pas encore Ia
force de chose Jugée, notamment lorsque Ia décision est assortie de
l'exécution provisoire.

Cette transformation s'opérera par la signification d’un acte de conversion


signifié au débiteur ou au tiers éventuel.

Aucun délai n’est prescrit, à partir de l’obtention du titre exécutoire, pour


opérer cette transformation.

Mais Ia survenance d'une procédure collective (redressement ou liquidation


Judiciaire) interdira tout acte de conversion de saisie conservatoire à partir
de Ia date du jugement d'ouverture.

 Pour les sûretés

Les conditions de conversion semblent bien plus restrictives. Lorsque la


sûreté a été mise en œuvre sans titre exécutoire ou exécutoire à titre
provisoire, le titre exigé est, non plus seulement un titre exécutoire mais un
titre passé en force de chose jugée.

La conversion de la sûreté provisoire est faite par une publicité définitive


propre à chacune des trois sûretés expressément réglementées, auprès des
organes qui ont reçu la publicité provisoire.

Enfin et c’est là encore une différence importante d'avec les saisies


conservatoires, la publicité définitive doit être exécutée, à peine de caducité
de Ia publicité provisoire, dans un délai de deux (02) mois courant selon le
cas :

1°- Du jour où le titre est passé en force de chose jugée ;

2°- Si la procédure a été mise en œuvre avec un titre exécutoire, du jour de


l'expiration du délai d’un (01) mois qui suit Ia dénonce au débiteur de la
publicité provisoire :

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


31
- Si une demande de mainlevée a été formée dans ce délai d'un (01)
mois, le délai de deux (02) mois court du jour de Ia décision rejetant
Ia contestation.

- Si le titre exécutoire ne l'était qu'à titre provisoire, le délai court du


jour où il est passé en force de chose jugée.

3°- Si le caractère exécutoire du titre est subordonné à une procédure


d‘exequatur, du jour où Ia décision qui l’accorde est passé en force de
chose jugée.

Nous avons vu que la survenance d'une procédure collective (redressement


ou liquidation judiciaire) interdira tout acte de conversion de saisie
conservatoire à partir de la date du jugement d'ouverture d'une procédure
collective.

Schéma général d’une procédure conservatoire


(sans tenir compte des particularité inhérentes à chaque mesure)

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


32
Procédure d’autorisation (Article 54 AUVE) Procédure sans autorisation

Requête
(devant JEX ou président TC) Créance de l’article 55 AUVE

- Titre exécutoire ou décision


n’ayant pas force exécutoire
- Lettre de charge acceptée, billet à
ordre, chèque, lesquels sont
Ordonnance
impayés
- Loyer d’un bail d’immeuble écrit
impayé
Dans les 3 mois

Mesure conservatoire

Entre les mains d’une autre personne


que le débiteur, particularité
Dénonce au débiteur
(dans les 8 jours)

Dans le mois de la mesure

(Si pas de titre exécutoire)


Introduction d’une procédure
ou
accomplissement d’une formalité
en vue de l’obtention d’un titre exécutoire

Dénonce au débiteur
(dans les 8 jours)

Titre exécutoire ou décision passée en force de chose jugée

Délais à respecter

Publicité définitive Acte de conversion signifié au débiteur


ou à un tiers et dénoncé au débiteur

(sous réserve de particularités inhérentes aux diverses procédures)

SECTION 4- LES EFFETS DES MESURES CONSERVATOIRES

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


33
Il existe un effet commun à l’ensemble des mesures conservatoires et
d'autres Spécifiques au type de mesures engagées, saisie ou sûreté.

Toute mesure conservatoire exécutée et notifiée au débiteur interrompt la


prescription de la créance cause de la mesure.

Cela signifie que l’exécution d'une mesure conservatoire emporte les mêmes
effets qu'une assignation, un commandement ou une saisie, ce conformément
aux termes de l’article 2243 du code civil.

Pour illustrer ce propos, nous vous rappelons qu‘une créance du syndicat


des copropriétaires à l'encontre d'un copropriétaire ne payant pas ses
charges se prescrit par dix ans et qu'une créance de loyers se prescrit par
cinq ans.

Le créancier qui ferait exécuter une mesure conservatoire interromprait la


prescription de sa créance dès la notification de la mesure conservatoire au
débiteur.

Les saisies conservatoires rendent les biens sur lesquels elles portent
indisponibles (Article 56 AUVE).

Lorsque la saisie est pratiquée sur des biens meubles corporels,


l'indisponibilité frappe tous les biens saisis soit entre les mains du débiteur
soit entre les mains du tiers qui les détient. Cette indisponibilité ne permet
plus au débiteur de vendre ses biens librement.

Lorsque la saisie porte sur une créance ayant pour objet une somme
d'argent, la saisie rend cette créance indisponible entre les mains du,tiers,
mais seulement à concurrence du montant autorisé par le juge ou du
montant pour lequel Ia saisie est pratiquée (procédure sans autorisation). Elle
emporte également de plein droit consignation des sommes indisponibles et
produit les effets prévus à l'article 2075-1 du code civil (Article 57 AUVE),
c'est-à-dire une affectation spéciale et un privilège sur ces sommes.

Les sûretés ne rendent pas les biens sur lesquels elles portent indisponibles.
Elles confèrent au créancier un droit de suite et de préférence sur le prix
issu de la réalisation des biens.

Le but d’une sûreté n'est pas d'interdire la vente d'un bien, ni même de
parvenir à la vente de ce dernier mais de prendre une garantie sur ce bien
pour être certain d’être payé s'il venait à être vendu.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


34
Les frais occasionnés par une mesure conservatoire sont à la charge du
débiteur sauf décision contraire du juge à l’issue de la procédure.

SECTION 5- LE CONTENTIEUX DES MESURES CONSERVATOIRES

Le contentieux peut naître à différents moments de la procédure, nous


tâcherons d'aborder celui-ci de manière chronologique, lors de la demande
d'autorisation puis lors de la mise en œuvre de la mesure conservatoire.

§1. La critique de l’ordonnance de rejet par le créancier

Lorsque la procédure devra être soumise à une autorisation préalable, le


créancier doit demander par voie de requête une autorisation au juge
compétent. Le magistrat, qui estime que les conditions de fond ne sont pas
réunies, peut rejeter cette demande en rendant une ordonnance de rejet.

Cette ordonnance est susceptible d'appel, comme toute ordonnance sur


requête, dans un délai de quinze (15) jours à compter du prononcé de
l'ordonnance.

§2. La demande de mainlevée par le débiteur

La demande de mainlevée pourra être formée pendant toute la durée de la


procédure, à tout moment (Article 62 AUVE).

Une précision est cependant à noter en matière de sûreté judiciaire. L'article


D.256 prévoit que lorsque le créancier est déjà titulaire d'un titre
exécutoire,la mainlevée de la publicité provisoire ne peut être demandée que
jusqu'à la publicité définitive.

La demande de mainlevée pourra être formée lorsque [es conditions


prescrites aux articles 54 à 61 AUVE ne sont pas réunies. Ce sont les

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


35
conditions de fond relatives à la créance ou les conditions relatives à la
procédure.

La procédure à suivre sera celle du droit commun devant le magistrat


compétent.

Pour déterminer le magistrat compétent pour connaître de la demande en


mainlevée, il convient de distinguer la procédure mise en œuvre avec une
autorisation du juge de celle exécutée sur le fondement de l'article 55 AUVE.

a) Lorsque la procédure est soumise à l'autorisation préalable :

La demande de mainlevée sera formée devant le juge qui a autorisé la


mesure.

Le président du Tribunal de Commerce (TC) demeure compétent même si un


Juge du fond a été saisi. Cette demande s'apparente à un recours formé
contre l’ordonnance sur requête.

b) Lorsque Ia procédure est fondée sur une créance prévue à l'article 55


AUVE :

Le juge compétent est soit le J.E.X., soit le président du TC, avant tout
procès, si la créance fondant la mesure relève de Ia compétence d'une
juridiction commerciale.

Lorsqu‘un procès est engagé, seule le J.E.X. demeure compétent.

Le juge saisi sera toujours celui du domicile du débiteur.

Le créancier aura la charge de ramener la preuve que les conditions sont


réunies pour fonder la procédure.

§3. Réexamen d’office du magistrat

Il s’agit d’une faculté que peut se réserver le magistrat qui autorise la


mesure. La date d'audience est fixée dans son ordonnance et s'impose aussi

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


36
bien au créancier qu‘au débiteur. Ce dernier peut cependant le saisir à une
date plus rapprochée.

§4. La demande de substitution de garantie

Le débineur a toujours la possibilité de demander au juge de substituer à Ia


mesure conservatoire initialement prise toute autre mesure propre à
sauvegarder les intérêts des parties.

Cette demande ne semble enfermée dans aucun délai. Il nous semble


toutefois que la substitution ne peut être requise qu'autant que Ia mesure
demeure conservatoire du moins pour les saisies. Le texte est muet sur ce
point.

La demande de substitution est applicable quelle que soit la mesure


conservatoire initiale mise en œuvre et quelle que soit la procédure suivie,
avec ou sans autorisation.

Le juge compétent pour connaître de cette action aux fins de substitution


c’est le juge qui a autorisé la mesure où celui compétent pour connaître de
la demande de mainlevée fondée sur le non-respect des articles 54 à 61
AUVE (J.E.X. ou président du TC du lieu où demeure le débiteur).

§5. Les contestations non fondées sur les articles 54 à 61 AUVE

Les contestations qui ne trouvent pas leurs sources dans les dispositions
relatives aux conditions de fond ou de procédure prévues aux articles 54 à
61 AUVE devront être obligatoirement portées devant le Juge de l’exécution
(JEX).

Le président du Tribunal de Commerce n'est plus compétent.

L’article 63 AUVE vise notamment les contestations relatives à l'exécution de


la mesure, par exemple une action en distraction des objets saisis formée
par un tiers ou une contestation élevée sur le déroulement matériel de
l'exécution.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


37
Seul le J.E.X. du lieu où sont situés les biens saisis est compétent. (Article 63
AUVE).

La rédaction de cet article peut poser un problème lorsque Ia contestation


porte sur une sûreté judiciaire car alors il n'y a pas de bien saisi au sens
propre du terme.

TITRE IV :LES REGLES SPECIFIQUES A CERTAINES SAISIES CONSERVATOIRES

Nous ne nous attacherons dans cette partie qu'à l'étude des saisies
conservatoires de biens meubles corporels et de créances, qui sont le plus
couramment mises en œuvre.

CHAPITRE I -LA SAISIE CONSERVATOIRE DE BIENS MEUBLES CORPORELS

Cette procédure est prévue par les articles 64 et 65 AUVE, elle permet au
créancier de rendre indisponibles les biens meubles corporels de son
débiteur en garantie de sa créance et ce jusqu'à ce qu'il puisse les faire
vendre en vertu d'un titre exécutoire.

Cette procédure conservatoire doit satisfaire aux conditions générales que


nous avons précédemment étudiées.

La saisie pourra porter sur toutes les facultés mobilières corporelles


saisissables, appartenant au débiteur ou à une éventuelle communauté
maritale, sous certaines réserves.

Lorsqu'une autorisation est nécessaire, l‘ordonnance précisera Ia nature des


biens susceptibles d'être saisis. II ne s‘agit pas là de croire que l'ordonnance
doit indiquer quels sont les meubles qui devront être saisis tels que

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


38
commode, table, hi-fi, etc. La seule mention de Ia nature juridique des biens,
en l'occurrence les biens meubles corporels, est suffisante.

Lorsque le débiteur est marié sous le régime de la communauté, en général.


la plupart des meubles meublants appartiennent à la communauté.

La saisie conservatoire sans autorisation (Article 55 AUVE) pourra porter sur


ces biens si la communauté est tenue de répondre de ce type de dettes.

Dans le cas où Ia saisie doit être autorisée par voie d'ordonnance, il


conviendra, dans la mesure du possible, de libeller correctement la requête
et préciser que les biens de la communauté peuvent être saisis afin d'éviter
toute difficulté ultérieure.

En effet, si l'ordonnance ne se borne qu'à autoriser Ia saisie conservatoire


des biens appartenant au débiteur, il ne sera pas possible de saisir les biens
appartenant à la communauté même si cette dernière peut être tenue au
paiement de la dette en vertu de l'article 1413 du code civil (C.civ.).

La saisie conservatoire sera possible entre les mains du débiteur mais aussi
lorsque les meubles sont détenus par un tiers, peu importe que ces biens
aient déjà fait l’objet d’une saisie conservatoire (Article 67 AUVE).

Cette information n‘est prévue qu'en cas d'enlèvement des biens, il est des
cas où Ia vente sera effectuée sur place. Il semble utile dans ce cas
d’accomplir aussi cette information.

SECTION 1- LES CONTESTATIONS DE LA PROCEDURE DE SAISIE


CONSERVATOIRE

Selon l’objet de Ia contestation, le débiteur ou le tiers entre les mains


duquel a été pratiquée la saisie, lorsque cela est possible, devra choisir Ia
procédure adéquate.

Une demande de mainlevée pourra être formée lorsque les conditions


prescrites aux articles 62 à 64 ne sont pas réunies, ce sont les conditions
de fond et de forme de la procédure conservatoire [Rappel].

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


39
Une contestation de cette nature semble ne pouvoir être soulevée que par le
débiteur.

Toutefois, selon un avis de la Cour de cessation en date du 21 juin 1999


(SA Ia Mondiale immobilière) rendu en matière de saisie conservatoire de
créance, si la responsabilité du tiers entre les mains duquel la saisie a été
faite venait à être engagée, ce dernier aurait un intérêt à se prévaloir des
causes d'inefficacité de la saisie. Cet avis procède d'un revirement par
rapport aux jurisprudences antérieures.

Une demande en substitution de garantie peut être formulée par le débiteur


seul [Rappel].

Toutes les autres contestations relèvent de la compétence du J.E.X. du lieu


de la saisie.

Les incidents relatifs à l’exécution de la saisie conservatoire sont soumis aux


dispositions prévues en matière de saisie vente (Art. 129 AUVE et suivants).

Ces contestations peuvent porter sur la propriété des biens saisis.

Lorsque les biens auront fait l'objet d'une saisie-vente antérieure, la


possibilité de réaliser une saisie conservatoire sur ces mêmes biens est
controversée.

Pour certains auteurs, une saisie conservatoire ne peut porter sur des biens
ayant fait l‘objet précédemment d'une saisie-vente.

Pour d'autres auteurs, la saisie conservatoire postérieure n'est pas interdite


et demeure possible mais l’effet de la saisie conservatoire sera subordonnée
à Ia mainlevée de la première saisie-vente (M. Defossez. Saisies
conservatoires. J-CL. Proc. civ., fasc. 2430 et s. ; Dict. perm recouvrement de
créances et procédures d’exécution, éditions législatives, la saisie
conservatoire des biens meubles corporels. p. 1 755 et s.)

En présence d'une saisie-vente antérieure, Ia mesure conservatoire sur le


même bien ne présente que peu d’intérêt, à l’exception d'un cas : lorsque la
saisie-vente réalisée en premier n'est pas poursuivie jusqu'à son terme
(mainlevée, nullité, paiement de la créance cause de la saisie-vente). Il ne
faut pas non plus qu'elle ait fait l'objet d'une opposition jonction.

En effet, l'article 138 AUVE énonce que seuls sont admis à faire valoir leurs
droits sur le prix de vente des biens saisis les créanciers saisissants ou

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


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opposants qui se sont manifestés avant la vérification des biens saisis et
ceux qui, avant la saisie, ont procédé à une mesure conservatoire sur les
mêmes biens.

§1- LA REALISATION DE LA SAISIE CONSERVATOIRE

Le créancier porteur d'une ordonnance sur requête d’autorisation agissant


dans le délai de trois mois de cette ordonnance ou celui titulaire d’une
créance trouvant son origine dans l’un des titres visés à l’article 55 AUVE et
sous la condition que sa créance soit menacée en son recouvrement pourra
requérir auprès d’un commissaire de justice Ia saisie conservatoire des biens
meubles corporels de son débiteur.

La procédure conservatoire, à l’inverse de celle de la saisie-vente, ne


commencera pas par la délivrance d’un commandement de payer mais
directement par la réalisation de la saisie.

Cette procédure n’est pas soumise au principe de subsidiarité.

Il convient de distinguer Ia saisie effectuée entre les mains du débiteur et


celle faite entre les mains d'un tiers.

§2. La saisie entre les mains du débiteur

Le Commissaire de justice chargé de réaliser la mesure conservatoire se


rendra au lieu où sont situés les biens du débiteur, ce peut être bien sûr
son lieu d'habitation ou de résidence mais aussi son lieu de travail pour un
commerçant. Il peut également s'agir de locaux commerciaux, industriels
artisanaux ou professionnels et le débiteur, peut-être une personne morale.

En l'absence de l’occupant du local ou sur son refus, le Commissaire de


justice, accompagné des personnes idoines, peut-il faire pénétrer dans les
lieux et, le cas échéant, faire procéder à l'ouverture des portes
conformément à l'article 42 AUVE ?

Aucune disposition relative aux mesures conservatoires ne restreint cette


possibilité, que la mesure conservatoire soit autorisée par voie d'ordonnance

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


41
sur requête ou possible sans titre judiciaire par application de l'article 55
AUVE.

Une partie de la doctrine suggère cependant que l'ouverture d'un local,


quelle que soit sa nature habitation ou autre, n’ait lieu qu’après l’obtention
d’une autorisation du juge par voie d’ordonnance sur requête.

La jurisprudence dominante semble confirmer cette position encore qu’on soit


en droit de s’interpeller sur la réalité d’un fondement juridique de cette
autorisation.

Il convient donc en la matière de se montrer prudent car la lecture directe


des textes ne donne pas de réponse.

Il sera sage de se rapprocher de son magistrat de l’exécution pour connaître


sa position sur le problème.

Rappelons que lorsque le Commissaire de justice doit obtenir une


autorisation du juge pour exécuter les opérations dont il est chargé, il est
habilité à le saisir par voie de requête.

La saisie conservatoire sera possible en l’absence du débiteur, si une


personne parente ou préposée du débiteur accepte de laisser le commissaire
de justice instrumenter.

En cas de résistance active de la part du débiteur, le concours de la force


publique ne pourra être requis que si le Commissaire de justice est porteur
d’un jugement ou d’un autre titre exécutoire (Article 29 AUVE). L’ordonnance
sur requête peut constituer un tel titre. Ce dernier point est également
discuté.

 La saisie en présence du débiteur

Le Commissaire de justice doit au préalable demander au débiteur quels


Sont les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure et de lui en
fournir le procès-verbal conformément aux articles 64 et 65 AUVE.

En la présence de biens saisissables, le commissaire de justice dressera un


acte de saisie. Celui-ci contient à peine de nullité (Article 64 AUVE).

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


42
1° Mention et copie de l’autorisation du juge ou du titre en vertu
duquel Ia saisie est pratiquée. S’il s'agit d'une obligation notariée ou
d'une créance de l'Etat, des collectivités territoriales ou de leurs
établissements publics, il est seulement fait mention de la date, de la
nature du titre ainsi que du montant de la dette :

Attention, même si le titre a déjà été signifié ou est contractuel (bail),


il devra être remis en copie à nouveau. Par autorisation du juge, il
convient de lire l'ordonnance sur requête d’autorisation, ceci implique
de remettre en copie l’ordonnance du juge mais aussi Ia requête du
créancier, à peine de nullité.

2° La désignation détaillée des biens saisis ;


3° La déclaration du débiteur au sujet d'une éventuelle saisie
antérieure sur les mêmes biens ;

4° La mention, en caractères très apparents, que les biens saisis sont


indisponibles, qu'ils sont placés sous Ia garde du débiteur et ne
peuvent être ni aliénés, ni déplacés, si ce n'est dans le cas prévu au
6èmealinéa de l'article 64 AUVE et que le débiteur est tenu de faire
connaître la présente saisie à tout créancier qui procéderait à une
nouvelle saisie sur les mêmes biens ;

5° La mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au


débiteur, si les conditions de la validité de la saisie ne sont pas
réunies, d'en demander la mainlevée au juge de l'exécution du lieu de
son domicile ;

6° La désignation de la juridiction devant laquelle seront portées les


autres contestations, notamment celles relatives à l'exécution de Ia
saisie :

7° L’indication, le cas échéant, des nom, prénoms et qualité des


personnes qui ont assistées aux opérations de saisie, lesquelles doivent
apposer leur signature sur l'original et les copies, en cas de refus il en
est fait mention dans l'acte ;

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


43
8° La reproduction des dispositions pénales sanctionnant le
détournement d'objets saisis et celle des articles 62 à 63 AUVE.

L'officier ministériel doit rappeler verbalement les mentions des 6 èmeet 7ème
alinéas de l'article 64 AUVE. L'accomplissement de ce rappel verbal n'a pas à
être obligatoirement mentionné dans l'acte et aucune sanction n'est édictée.

II est tenu de remettre immédiatement son procès-verbal au débiteur en


copie, cette remise vaut signification. La copie doit comporter les mêmes
signatures que l’original.

Le commissaire de justice peut photographier les objets saisis conformément


à article 45 AUVE.

S'il n'existe aucun bien susceptible d’être saisi ou ne présentant aucune


valeur marchande, un procès-verbal de carence est dressé.

 La saisie en l’absence du débiteur (pour le prochain cours)

Il n’y aura pas de demande préalable relative aux biens saisis, il se peut
toutefois en présence d’un conjoint qu'une déclaration spontanée soit faute
sur la présence d'une saisie antérieure. Il convient de noter cette information
au procès-verbal si une copie de l'acte de saisie est fournie à l'appui de
cette assertion.

L'acte de saisie sera identique au précédent, à l'exception du 3 ème alinéa de


l'article 65 AUVE. Au lieu et place, il est fait sommation d'avoir, dans un
délai de huit jours, à porter à la connaissance du commissaire de justice
toute information relative à l'existence d'une éventuelle saisie antérieure et
d'en communiquer une copie.

Le commissaire de justice n’a pas à effectuer le rappel verbal des


ème ème
dispositions des 6 et 7 alinéas de l'article 64 AUVE auprès de la
personne, autre que le débiteur, éventuellement présente.

Cet acte de saisie est signifié. Attention, cela ne signifie pas qu'il doit être
dénoncé par acte séparé, mais qu’il est remis en suivant les modes de
signification et en respectant la hiérarchie de ces modes, remise à personne
en tous lieux, remise à une personne présente, gardien, voisin, mairie.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


44
On voit d'ailleurs mal comment, en réalité, faire autrement que de laisser la
copie à la personne présente qui aura accepté de laisser faire Ia saisie, sauf
à ce qu'elle refuse expressément de la prendre.

§2. La saisie entre les mains d’un tiers

 La saisie conservatoire (art. 67 AUVE)

L'article 67 AUVE, qui prévoit cette possibilité et en fixe les modalités,


renvoie aux dispositions de Ia saisie-vente entre les mains d'un tiers :

 Comme pour toute saisie conservatoire, il n'y a pas de commandement


préalable délivré au débiteur, il ne peut donc y avoir présentation au
tiers de ce commandement comme en matière de saisie-vente ;

 La dénonce de la saisie conservatoire a un contenu différent.

Le commissaire de justice se présentera chez le tiers, en vertu d'une


ordonnance sur requête ou de l’un des titres visés à l'article 55 AUVE.

Lorsque la saisie conservatoire doit être réalisée dans les locaux d'habitation
du tiers, les dispositions relatives à la saisie conservatoire ne prévoient
aucune particularité.

Il semble cependant nécessaire de se référer au principe édicté en matière


de saisie vente et donc de s'être fait autoriser préalablement par le J.E.X.
(art. 105 AUVE), cette autorisation sera annexée au procès-verbal de saisie.
La raison avancée le plus couramment pour étayer cette position est que le
créancier agissant à titre conservatoire ne peut avoir plus de droit que le
créancier possédant un titre exécutoire.

Cette autorisation sera nécessaire non pas pour pénétrer dans les lieux mars
seulement pour avoir le droit de tenter une saisie conservatoire au lieu
d'habitation du tiers. Elle devra être remise à toute personne présente au

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


45
lieu d'habitation, préalablement aux opérations conformément au droit
commun des ordonnances sur requête qui énonce que copie de cette
ordonnance doit être remise à la personne à laquelle on l'oppose.

L'ordonnance sur requête délivrée par le J.E.X. dans le cadre de la demande


générale d'autorisation de la mesure conservatoire peut prévoir que la
mesure sera réalisée entre les mains d'un tiers en son lieu d'habitation. II ne
semble pas que le président du tribunal de commerce soit compétent pour
autoriser la mesure conservatoire en un tel lieu.

Une saisie conservatoire fondée sur l'un des titres de l’article 55 AUVE faite
sans autorisation préalable chez un tiers lorsque les locaux ne sont pas
affectés à l’habitation.

Il en est de même en vertu d’une ordonnance du président du T.C.

Il convient ensuite de distinguer les situations suivantes :

 En la présence du tiers

Le commissaire de justice invitera ce dernier à déclarer les biens qu‘il détient


pour le compte du débiteur et les saisies qui auraient déjà été pratiquées.

En fonction de la réponse, il dressera un acte de transcription de la réponse


ou de refus de répondre soit un procès-verbal de saisie conservatoire, lequel
sera différent de la saisie conservatoire entre les mains du débiteur.

- Le procès-verbal devra satisfaire aux énonciations de l'article 107 AUVE


à celles de l'article 64 AUVE.

- Le rappel verbal au tiers prévu par l'article 108 AUVE doit être porté
dans l‘acte de saisie conservatoire.

Nous l’avons vu, lors de l'étude de la saisie-vente, que si le tiers refuse au


commissaire de justice l'accès au local, que celui-ci soit d'habitation ou pas,
il n'est pas très utile d'essayer de pénétrer dans les lieux avec assistance
des personnes dites « témoins privilégiés ».

En effet, l'acte de saisie conservatoire en présence du tiers ne peut se faire


que s’il déclare détenir des biens appartenant au débiteur. Il sera donc assez

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


46
rare de rencontrer un tiers qui reconnaisse détenir un tel bien mais vous
refuse l‘accès au local.

Si tel était le cas cependant, le commissaire de justice ne devrait pouvoir


pénétrer en ouverture forcée, accompagné des témoins de l'article 42 AUVE,
qu'en vertu d’une ordonnance sur requête contenant des précisions sur ce
point. Les titres de l'article 55 AUVE ne sont opposables qu‘au débiteur et
il n'y a pas de titre contre le tiers.

 En l’absence du tiers

La saisie conservatoire est possible par renvoi aux dispositions de la saisie-


vente.

Une ouverture forcée des lieux ne sera réalisable que si le commissaire de


justice est porteur d'une autorisation par voie d'ordonnance sur requête et
exclusivement du J.E.X. s'il s'agit d'un local d’habitation.

L’ordonnance devra être donnée en annexe de la saisie conservatoire. Cet


acte contiendra en outre les mentions des articles 107 et 108 AUVE.

La copie de l'acte de saisie conservatoire est signifiée au tiers conformément


aux règles du droit commun de la signification. II ne s'agit pas d'une
dénonce au tiers (voir remarque à propos de Ia saisie conservatoire en
l'absence du débiteur).

 La dénonce au débiteur (art. 67 AUVE)

Le commissaire de justice est tenu de dénoncer au débiteur |a saisie


conservatoire qu'il vient de réaliser entre les mains d’un tiers.

Cette dénonce doit être faite dans les huit (08) jours de la saisie.

1) Une copie de l’autorisation du juge ou du titre, selon le cas, en vertu


duquel la saisie conservatoire a été pratiquée ;

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


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Rappel, même si le titre a déjà été signifié ou est contractuel (bail), il devra
être remis en copie à nouveau. Il est nécessaire, en cas d’autorisation, de
remettre en copie l'ordonnance du juge mais aussi Ia requête du créancier, à
peine de nullité.

2) La mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au


débiteur, si les conditions de validité de Ia saisie ne sont pas réunies, d'en
demander Ia nullité au juge de l'exécution de son propre domicile ;

3) La reproduction des articles 62 et 63 AUVE.

Suite de la saisie conservatoire :

Les conditions de validité communes à l'ensemble des mesures


conservatoires.

A la suite de la réalisation de la saisie conservatoire, laquelle devra être


faite le cas échéant dans le délai de trois (03) mois de l'ordonnance
d'autorisation a peine de caducité, le créancier doit introduire une procédure
ou accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d'un titre exécutoire, s’il
n’en est pas déjà porteur.

Ceci doit être réalisé dans le mois de la saisie conservatoire à peine de


caducité.

De plus Ia saisie a été déjà faite entre les mains d’un tiers, le créancier doit
signifier à ce dernier une copie des actes attestant de ces diligences dans
les huit (08) jours à compter de leur date. A défaut la mesure conservatoire
est caduque.

Obligation d’informer les créanciers dont les diligences sont antérieures à


celles de notre commissaire de justice.

Lorsque le commissaire de justice lors de ses opérations de saisie


conservatoire est informé de l'existence de saisies conservatoires antérieures
par le débiteur, ou une personne présente, il est tenu de signifier une copie
de son procès-verbal de saisie à chacun des créanciers ainsi révélés.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


48
Aucun délai ni sanction ne sont prévus par ce texte.

SECTION 2- LA CONVERSION DE LA SAISIE CONSERVATOIRE EN SAISIE VENTE


(Art. 69 AUVE)

Le créancier qui a obtenu un titre exécutoire constatant une créance liquide


et exigible, à moins qu’il l’ait préalablement obtenu, pourra poursuivre sa
procédure en signifiant un acte de conversion. ll s’agit d’un principe qui
devrait connaître exception.

L’acte de conversion peut être signifié en même temps que Ia décision Si


celle-ci est exécutoire immédiatement. A défaut, l'acte de conversion ne
pourra être signifié qu’après que le titre soit devenu exécutoire (expiration
des délais de recours suspensifs, des délais de grâce. etc.).

Cet acte contient à peine de nullité :

1. La référence au procès-verbal de saisie conservatoire ;

2. L’énonciation du titre exécutoire ;

3. Le décompte distinct des sommes à payer, en principal, frais et


Intérêts échus, ainsi que l‘indication du taux des intérêts ;

4. Un commandement d'avoir à payer cette somme dans un délai de huit


(08) jours faute de quoi il sera procédé à la vente des biens saisis.

Cette conversion transforme la saisie conservatoire en saisie-vente, il semble


donc que des saisies conservatoires postérieures ne soient plus possibles.

Un créancier porteur d‘un titre exécutoire peut, à partir de Ia conversion, se


joindre à la procédure au moyen d'une opposition jonction. Il ne peut plus
faire de saisie-vente sur ces mêmes biens.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


49
- L’exception à l’acte de conversion.

Si, entre le moment de la saisie conservatoire initiale et l’obtention du titre


exécutoire, moment qui peut être fort long, plusieurs années parfois s'il y a
eu appel, une saisie-vente a été régularisée sur les mêmes biens pour un
autre créancier, il ne semble pas possible de signifier un acte de conversion.

Le ou les commissaires de justice, qui ont pratiqué une saisie conservatoire,


doivent être avertis de la saisie-vente par la signification qui leur en est faite
par le commissaire de justice exécutant Ia saisie-vente.

Au fait de cette mesure d’exécution, l'huissier de justice ne peut signifier un


acte de conversion qui lui permettrait de faire procéder à la vente des biens,
semble qu’il faille signifier, dans ce cas, une opposition jonction auprès du
créancier premier saisissant par voie de saisie-vente.

Les textes ne sont pas très explicites sur ce point et cette position n'est
prise qu'en regard de l'esprit de la loi qui veut que les procédures soient
regroupées entre les mains du premier saisissant.

Une conversion ne pourra plus être faite après le prononcé d'un jugement de
redressement ou liquidation judiciaire.

- Si la saisie conservatoire a été faite entre les mains d’un tiers, une
copie de l’acte de conversion lui est dénoncée (Art. 69 dernier alinéa) :

Il n'y a pas de délai prévu et aucune sanction n'est édictée en cas


d'omission dans l'accomplissement de cette dénonce.

- L’acte de conversion doit être signifié aux créanciers qui, avant cette
conversion, ont saisi les mêmes biens à titre conservatoire :

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


50
Il n'y a pas de délai prévu et aucune sanction n‘est édictée en cas
d'omission dans l’accomplissement de cette dénonce.

SECTION 3- LA PROCEDURE DE VENTE DES BIENS SAISIS

Cette procédure va se dérouler dans un ordre différent de celui prévu pour


la saisie-vente.

Elle va commencer par la vérification des biens saisis, à l'issue de laquelle le


débiteur va disposer du délai d’un mois pour réaliser la vente amiable. A
défaut de vente amiable, il est procédé à la vente forcée de ces biens.

§1. La vérification des biens saisis (Art. 70 et 71)

A l’expiration d’un délai de huit (08) jours à compter de l’acte de conversion,


le commissaire de justice peut procéder à la vérification des biens saisis.

Cette démarche est destinée à vérifier que les biens saisis sont toujours
présents et en bon état. Contrairement à la procédure de saisie-vente, la
vérification n'est pas opérée avant la vente aux enchères mais juste après Ia
conversion qui transforme la saisie conservatoire en saisie-vente. L’acte de
vérification est de la seule compétence d de justice et non de celle de
l'officier ministériel chargé de la vente.

La vérification s’opérera au lieu de la saisie initiale et donc parfois chez le


tiers entre les mains duquel s’est opérée la saisie conservatoire, l'article 70
AUVE ne semble cependant prévoir qu'une remise de l'acte de vérification au
débiteur.

L’acte de vérification doit contenir l'indication des biens qui seraient F


manquants ou dégradés et informer le débiteur qu’il dispose d’un délai d'un
(01) mois pour vendre à l’amiable les biens saisis dans les conditions
prescrites aux articles 115 à 119 AUVE.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


51
Ces articles sont reproduits dans l’acte.

Si des biens sont manquants, le commissaire de justice doit faire injonction


au débiteur d'avoir à l’informer sous (huitaine (08)) jours du lieu où ces
biens se trouvent et, s'ils ont fait l'objet d'une saisie-vente, de lui
communiquer le nom et l'adresse, soit du commissaire de justice qui y a
procédé, soit du créancier pour le compte de qui elle a été diligentée.

Cette injonction doit pouvoir être faite au tiers entre les mains duquel une
saisie aurait été pratiquée, bien que le texte ne le précise pas, ce dernier est
en effet gardien des objets saisis et en supporte la responsabilité civile et
pénale.

L’injonction peut être faite dans le même acte que la vérification ou par acte
séparé.

A défaut de réponse à son injonction, le créancier ou son mandataire le


commissaire de Justice peut saisir le Juge de l’exécution, lequel peut
ordonner Ia remise de ces informations sous astreinte, le tout sans préjudice
d'une action pénale pour détournement de biens saisis.

§2. La vente amiable

Elle suit les modalités prévues dans le cadre de Ia saisie-vente avec toutefois
quelques particularités en cas de pluralité de saisies.

Le débiteur peut informer par écrit (la forme recommandée n'est pas
imposée) le commissaire de justice des propositions d'acquisition qui lui sont
faites en indiquant les nom et adresse de l'acquéreur éventuel ainsi que le
délai dans lequel ce dernier s'offre à consigner le prix proposé.

Si le créancier, informé par le commissaire de justice, accepte ces


propositions, il est tenu personnellement, ou son mandataire huissier de
justice, d’en communiquer la teneur par lettre recommandée avec accusé de
réception aux autres créanciers qui ont saisi les mêmes biens à titre
conservatoire au moins avant l'acte de conversion.

Cette information ne vise que les autres créanciers conservatoires.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


52
Cela vient conforter le fait qu’à ce stade il ne peut y avoir confrontation
entre une procédure sur conversion de saisie conservatoire et une saisie-
vente.

Cette information n’est dispensée qu'en cas d'acceptation des propositions, à


défaut il est passé outre et la procédure de vente continue.

A peine de nullité la lettre recommandée avec accusé de réception (L.R.A.R.)


doit reproduire les indications suivantes en caractères très apparents :

- Chaque créancier doit, dans un délai de quinze (15) jours à compter


de la réception de la lettre, prendre parti sur les propositions de vente
amiable et faire connaître au créancier saisissant la nature et le
montant de sa créance.

- A défaut de réponse, dans le délai imparti, le créancier est réputé


avoir accepté les propositions de vente.

- Si, dans le même délai, il ne fournit aucune indication sur la nature


ou le montant de sa créance, il perd le droit de concourir à la
distribution des deniers résultant de la vente amiable, sauf à faire
valoir ses droits sur solde éventuel après répartition.

Dans le cas d’une acceptation expresse ou tacitement formulée par absence


de réponse, l’acquéreur proposé consigne le prix entre les mains du
commissaire de justice.

Ce dernier, en cas de concours de créanciers, procédera à la distribution


des deniers.

A défaut de proposition de vente à l'amiable, d'acceptation des propositions


ou encore de consignation du prix dans le délai fixé, il est procédé à la
vente forcée des biens saisis.

§3. La vente forcée (Art. 120 AUVE)

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


53
Ce texte, particulièrement laconique, nous indique qu‘à défaut de vente
amiable dans le délai prévu, il est procédé à la vente forcée des biens
saisis.

Les modalités de cette vente n'étant pas précisément fixées, il semble


évident d’avoir à suivre les règles édictées en matière de saisie-vente.

1) La procédure de vente forcée fixe le lieu de la vente, les mesures de


publicité et les modalités de la vente. Elle impose en son article 124
AUVE Ia réalisation d'un acte de vérification effectué par l'officier
vendeur. Or, cet acte a déjà été dressé en amont par le commissaire
de justice.

Doit-on alors ignorer cette prescription pour cause de double emploi, étant
souligné que les prescriptions relatives à l'acte de vérification ne sont pas
prévues à peine de nullité et qu’aucun grief ne pourrait être avancé par le
débiteur ?

Ou bien doit-on effectuer une deuxième vérification suite à la période


écoulée de la vente amiable ? Le seul reproche possible serait alors la
naissance de frais supplémentaires.

La solution consisterait à ne dresser cet acte que s'il venait à y avoir des
objets effectivement manquants ou dégradés non signalés lors de la
précédente vérification.

Il ne saurait en la matière y avoir de certitudes et les enjeux concernant


notre responsabilité sont des plus minimes.

2) Aux termes de l’article 126 AUVE : « La vente forcée est arrêtée


lorsque le prix des biens vendus assure le paiement du montant des
causes de Ia saisie et des oppositions en principal, intérêts et frais ».

Le créancier qui fait procéder à l'enlèvement des biens en vue de leur vente
forcée doit en informer, par lettre L.R.A.R..les autres créanciers qui ont saisi
les mêmes biens à titre conservatoire avant l'acte de conversion.

A peine de nullité, la lettre L.R.A.R. doit indiquer les nom et adresse de


l’officier ministériel chargé de la vente et reproduire les indications suivantes
en caractères très apparents :

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


54
« Chaque créancier doit, dans un délai de quinze jours à compter de Ia
réception de la lettre faire connaître à l'officier ministériel chargé de la vente
la nature et le montant de sa créance au jour de l’enlèvement. A défaut de
réponse, dans le délai imparti, il perd le droit de concourir à la distribution
des deniers résultant de la vente forcée, sauf à faire valoir ses droits sur un
solde éventuel après répartition. »

CHAPITRE ll- LA SAISIE CONSERVATOIRE DE CREANCES

Cette mesure conservatoire est régie par les articles 77 à 81 AUVE.

Elle tend, dans un premier temps, à rendre indisponible, entre les mains d’un
tiers, une créance de sommes d'argent dans l’attente de l’obtention d’un titre
exécutoire

Dans un deuxième temps, le titre permettra de demander le paiement de


cette créance.

L'objet de cette saisie conservatoire est identique à celui de la procédure de


e attribution, à savoir une créance de somme d'argent.

De nombreuses règles renvoient ou sont la simple reprise de celles prévues


en matière de saisie attribution. Il convient cependant d‘être attentif car des
différences existent et sont importantes.

Les parties à la procédure sont identiques, un créancier, un débiteur, ici


présumé car non encore condamné, et un tiers obligé au paiement d'une
somme d'argent au profit de ce débiteur.

Les conditions de mise en œuvre de cette procédure sont similaires à celles


de toutes mesures conservatoires.

Elle peut être initiée en vertu d’une autorisation spéciale, l'ordonnance sur
requête, laquelle doit préciser le montant des sommes pour la garantie
desquelles la mesure conservatoire est autorisée et la nature des biens sur
lesquels elle porte.

Elle peut également être pratiquée en vertu d'un des titres portés à l'article
55.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


55
Remarque : bien qu'une saisie conservatoire de créances soit possible en
vertu d'un titre exécutoire (art. 55), il est déconseillé de pratiquer une telle
saisie plutôt qu'une saisie attribution en raison des risques de remise en
cause ultérieure de la Procédure conservatoire.

SECTION 1- LES OPERATIONS DE SAISIE

Elles sont constituées par la signification d’un acte de saisie au tiers et


d'une dénonce au débiteur.

§1. La saisie entre les mains du tiers

Comme pour une saisie attribution, le tiers peut être le créancier lui-même
qui désirerait ne pas s'acquitter de sa dette envers le débiteur car il possède
un principe de créance à son encontre. On parle alors de saisie entre ses
propres mains.

L'acte de saisie conservatoire de créances doit contenir, à peine de nullité


(Art. 77) :

1) L’énonciation des nom, prénoms, profession, et domicile du débiteur


ou, s'il s'agit d'une personne morale, de sa dénomination et son siège
social ;

2) L'indication de l'autorisation ou du titre en vertu duquel la saisie est


pratiquée ;

3) Le décompte des sommes pour lesquelles la saisie est pratiquée ;

4) La défense faite au tiers de disposer des sommes réclamées dans la


limite de ce qu'il doit au débiteur ;

5) 5) La reproduction du 2ème alinéa de l'article 36 et de l'article 156.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


56
L'article 80 AUVE dispose également de mentionner dans l'acte de saisie les
renseignements que le tiers est tenu de nous fournir en vertu de l'article 150
reproduit.

§2. La dénonce au débiteur

Cet acte doit impérativement être signifié au débiteur dans les huit (08) jours
de la saisie, à peine de caducité.

Cet acte contient, à peine de nullité :

1) Une copie de l’autorisation du juge ou du titre, selon le cas, en vertu


duquel la saisie conservatoire a été pratiquée. S'il s'agit d'une
obligation notariée ou d'une créance de l'Etat, des collectivités
territoriales ou de leurs établissements publics, il est seulement fait
mention de Ia date, de la nature du titre, ainsi que du montant de la
dette ;

Rappel, même si le titre a déjà été signifié ou est contractuel (bail), il devra
être remis en copie à nouveau. Il est nécessaire, en cas d'autorisation, de
remettre en copie l’ordonnance du juge mais aussi la requête du créancier, à
peine de nullité.

2) Une copie du procès-verbal de saisie ;

3) La mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au


débiteur, si les conditions de validité de la saisie ne sont pas réunies,
d'en demander la mainlevée au juge de l'exécution du lieu de son
domicile.

L’indisponibilité de la créance n’est que partielle, à hauteur des sommes


réclamées dans l’acte de saisie.

Cette règle est momentanément écartée lorsque la saisie conservatoire porte


sur un compte de dépôt ouvert auprès d'un établissement habilité
(établissements bancaires et assimilés). L’indisponibilité des sommes portées

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


57
sur le compte saisi sera totale pendant une durée de quinze (15) jours pour
permettre Ia passation des écritures en cours.

Cette indisponibilité ne rend pas imposable la survenance d'autres créanciers


qui pourront agir par voie de saisie-attribution, paiement direct, avis à tiers
détenteur ou opposition à tiers détenteur sur cette même créance. Une
seconde saisie conservatoire semble cependant exclue

Cette action d'un second créancier se heurtera le plus souvent à la


consignation de plein droit des sommes saisies indisponibles (2ème effet).

La saisie emporte de plein droit consignation des sommes indisponibles et


produit les effets prévus à l‘article 2075-1 du Code civil.

Les effets dont il s‘agit sont I ’affectation spéciale et le privilège octroyé par
l’article 2073 C. civ., c'est-à-dire le droit de se faire payer par privilège et
préférence aux autres créanciers.

Il se peut cependant que certains créanciers disposent d'un privilège de


meilleur rang, tel sera le cas du Trésor public, du créancier d'aliments, le
salarié. Dans ce dernier cas, le second créancier sera payé par préférence.

Enfin, la saisie conservatoire interrompt dès sa signification la prescription de


la créance saisie entre les mains du tiers.

Pour résumé :

La créance saisie devient indisponible entre les mains du tiers à hauteur du


montant de la saisie. Sa prescription est interrompue.

Cette créance reste toujours saisissable car elle demeure dans le patrimoine
du débiteur.

Le créancier conservatoire est protégé par l'effet de consignation de plein


droit qui lui confère un privilège sur la créance saisie et une affectation
spéciale au paiement de la dette.

Il peut toutefois se voir primer par un autre créancier disposant d'un privilège
meilleur que le sien et qui procéderait à une voie de recouvrement autre que
conservatoire.

§3. Les effets vis-à-vis du tiers saisi

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


58
Le tiers est tenu à deux sortes d'obligations :

 Le tiers est tenu de fournir au saisissant les renseignements prévus à


l’article 156 AUVE à savoir l'étendue de ses obligations à l’égard du
débiteur ainsi que les modalités qui pourraient les affecter et, s’il y a
lieu, les cessions de créances, délégations ou saisies antérieures.
 Il doit également remettre toutes les pièces justificatives.

Les renseignements sont mentionnés dans l'acte de saisie.

Ainsi le tiers saisi doit répondre sur le champ, à l’instar de la saisie-


attribution.

Le tiers saisi, qui sans motif légitime, ne fournit pas les renseignements
prévus, s’expose à devoir payer les sommes pour lesquelles la saisie a été
pratiquée si le débiteur est condamné (Art. 81 AUVE).

La sanction de la non communication est conditionnée par la condamnation


du débiteur et le créancier ne peut agir contre le tiers tant que cette
condamnation n'est pas exécutoire.

De plus, il ne pourra être condamné qu'à des dommages-intérêts, s'il n'est


tenu au jour de la saisie, à aucune obligation envers le débiteur.

Lorsque la saisie conservatoire est caduque faute d'avoir été dénoncée, le


tiers ne peut plus être condamné pour le défaut de déclarations survenu lors
de la régularisation de la saisie.

Toutefois, en cas de négligence fautive ou de déclaration inexacte ou


mensongère, le tiers saisi peut être aussi condamné à des dommages-
intérêts (Art. 81 alinéa 2). Le juge du fond est souverain pour apprécier si
les inexactitudes ont pu causer un préjudice au créancier et donc ouvrir droit
à des dommages et intérêts.

Ainsi, le tiers qui fournit une réponse mensongère (se déclarant non débiteur)
empêchant la conversion de la saisie conservatoire encourt une
condamnation au paiement de dommages et intérêts.

Enfin, le tiers saisis, qui n’a pas eu directement connaissance de la saisie


conservatoire signifiée en mairie, ne peut encourir les sanctions de l'article
81 alinéa 2.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


59
La déclaration du tiers est réputée exacte pour les besoins de Ia saisie si
elle n’a pas fait l’objet de contestation avant l’acte de conversion.

 Le tiers est tenu de ne pas se dessaisir des sommes saisies.

Le tiers, s'il paye le débiteur sera tenu de payer une seconde fois le
créancier saisissant car ce paiement est inopposable à ce dernier.

Toutefois, comme tout intéressé (créancier ou débiteur), il peut demander au


JEX, sur simple requête, à défaut d'accord amiable entre les parties, que les
sommes saisis soient consignées entre les mains d'un séquestre.

La remise des fonds au séquestre arrête le cours des intérêts dus par le
tiers saisi.

SECTON 2- LA CONVERSION EN SAISIE-ATTRIBUTION

A la suite de l'obtention d‘un titre exécutoire, le créancier pourra faire


signifier au tiers et dénoncer au débiteur un acte de conversion. A défaut de
contestation constatée par le greffe du J.E.X., le créancier pourra obtenir
paiement des sommes saisies.

§1. L’acte de conversion et sa dénonce

 L’acte de conversion est signifié au tiers saisi, il doit contenir, à peine


de nullité :

1) La référence au procès-verbal de saisie conservatoire ;

2) L'énonciation du titre exécutoire ;

3) Le décompte distinct des sommes dues en vertu du titre exécutoire, en


principal, frais et intérêts échus ainsi que l'indication du taux des intérêts ;

4) Une demande de paiement des sommes précédemment indiquées à


concurrence de celles dont le tiers s'est reconnu ou a été déclaré débiteur.

L’acte informe le tiers que, dans cette limite, la demande entraîne attribution
immédiate de la créance saisie au profit du créancier.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


60
La demande de paiement que doit comprendre cet acte est souvent mal
comprise des tiers. Cette demande n'emporte qu'un effet attributif immédiat
et non une injonction d'avoir à payer immédiatement.

La demande de paiement sera relative aux sommes résultantes du titre


exécutoire mais elle n’oblige le tiers qu’à concurrence des sommes dont il
s’était reconnu ou a été, depuis lors, déclaré débiteur. Cette demande de
paiement n'aura d’effet que dans la limite de la créance portée dans la
saisie conservatoire.

Aussi le décompte fournit peut-il être trompeur pour le tiers car il reflète le
montant de la condamnation portée au titre exécutoire et non les sommes
que doit payer le tiers qui, de toutes façons, les aura "cantonnées" au
montant de la saisie conservatoire. Il va sans dire que si la condamnation
pécuniaire est inférieure au montant des sommes initialement saisies le tiers
devra n’exécuter l'ordre de paiement qu'à hauteur du titre exécutoire. Ces
dispositions impliquent une vigilance lors de ces opérations.

Cela n'est pas très simple, nous allons essayer de l'éclairer par des
exemples.

Lorsque la saisie conservatoire porte sur une créance dont les sommes sont
plus importantes que celles pour lesquelles elle est pratiquée, l'acte de saisie
va rendre indisponibles les sommes que déclarera le tiers ou celles pour
lesquelles il sera jugé débiteur mais seulement dans la limite du montant
réclamé dans la saisie Conservatoire (cantonnement opéré dès après la
saisie). La saisie est faite pour 7.000.000 F CFA sur une créance de
2.000.000 F CFA que détient le tiers et dont il se reconnaît débiteur. Lors de
l'obtention du titre exécutoire, le débiteur est condamné à payer 1.500.000 F
CFA et ses accessoires. L'acte de conversion indiquera le décompte relatif au
1.500.000 F CFA mais comme Ia créance saisie n'était que de 1.000.000 F
CFA, la conversion ne concernera que cette dernière somme.

Le créancier pourra, pour recouvrer le reste de la condamnation, faire une


saisie-attribution en vertu du titre exécutoire… si le tiers détient encore des
fonds.

Si la saisie conservatoire est pratiquée pour une somme de 1.000.000 F CFA


et que le tiers déclare ou est jugé être débiteur à concurrence d'une
créance de 2.000.000 F CFA. Dès lors que dans le titre exécutoire, le
débiteur n'est condamné à payer que 800.000 F CFA et ses accessoires,

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


61
l'acte de conversion indiquera le décompte relatif aux 800.000 F CFA et la
conversion ne concernera que cette somme.

Les sommes que le tiers est tenu de payer, sur un acte de conversion, vont
donc dépendre du montant de la créance invoquée lors de la saisie
conservatoire, du montant de la créance réellement saisie à titre
conservatoire entre les mains du tiers et enfin du montant de la
condamnation portée au titre exécutoire.

 La dénonce de l’acte de conversion

Aux termes de l’article 83 AUVE : « La copie de l'acte de conversion est


signifiée au débiteur ».

Cet article n'édicte aucun délai pour accomplir cette dénonce et ne prévoit
aucune mention obligatoire bien que cet acte de dénonce au débiteur fasse
courir un délai de contestation de quinze (15) jours devant le J.E.X. du lieu
où demeure le débiteur.

II est donc fortement recommander d'indiquer au débiteur, dans le but du


respect du contradictoire, le délai de contestation et la forme de sa
régularisation ainsi que le juge compétent pour en connaître.

Il pourra être également indiqué au débiteur qu'il peut déclarer par écrit ne
pas contester l'acte de conversion.

§2. La contestation du débiteur

Dans un délai de quinze (15) jours à compter de la dénonce, le débiteur


peut contester l’acte de conversion devant le J.E.X. de son domicile.

Cette contestation, formée par voie d'assignation devant le J.E.X., devra être
contrôlée (et non pas seulement signifiée) avant l’expiration du délai de
quinze (15) jours au secrétariat du Greffe du juge et ce à peine
d'irrecevabilité selon une jurisprudence de la Cour d‘Appel de Paris (arrêt 3
déc. 1998, Procédures fév, 1999' p“ 6).

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


62
Le débiteur qui n‘entend pas contester peut établir par écrit une déclaration
de non contestation qui permettra d'obtenir du tiers le paiement des sommes
saisies avant l’expiration du délai de quinze (15) jours.

§3. Le paiement par le tiers

Sur présentation d'un certificat de non contestation établi par le débiteur ou


par le secrétariat-greffe du J.E.X., le tiers est tenu de procéder au paiement.

En matière de saisie conservatoire, le commissaire de justice n’a pas le


pouvoir d’établir, comme dans la procédure de saisie attribution, le certificat
de non contestation (Pas applicable en Côte d'Ivoire sinon dans l'espace
OHADA).

Le paiement peut également intervenir suite au rejet de la contestation du


débiteur.

Le commissaire de justice qui reçoit paiement doit en donner quittance au


tiers saisi et informer le débiteur. Les règles relatives au paiement d'une
créance à exécution successive sont identiques à celles de la saisie
attribution.

A défaut de paiement par le tiers saisi, le commissaire de justice ne peut


que l'assigner devant le juge de l'exécution du lieu de la saisie pour obtenir
un titre exécutoire contre lui, dans la limite des sommes qu'il a reconnu
devoir ou dont il a été jugé débiteur. Il n'est pas possible d'obtenir ce titre
par voie d'ordonnance sur requête comme d’aucuns avaient pu le croire.

CHAPITRE Ill - LA SAISIE CONSERVATOIRE DES DROITS D'ASSOCIES ET DES


VALEURS MOBILIERES

Compte tenu de l'évolution des patrimoines, ces droits incorporels peuvent


constituer des portefeuilles très importants dont l'exécution peut être des
Plus intéressantes pour le créancier.

La saisie conservatoire de ces droits est prévue aux articles 85 AUVE et


suivants. Là encore, la démarche procédurale reste très symétrique par
rapport aux autres saisies conservatoires. Il va s’agir de rendre indisponibles

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


63
les droits d‘associés et les valeurs mobilières puis, il va falloir procéder à la
conversion de la saisie conservatoire en saisie vente des valeurs ainsi
rendues indisponibles.

Deux phases sont donc à mettre en œuvre : tout d'abord les opérations de
saisie conservatoire, et ensuite une conversion en saisie vente.

SECTION 1- LES OPERATIONS DE SAISIE

Le créancier va faire procéder à la signification d'un acte auprès du tiers (il


s'agit ici de toutes les personnes qui sont ici visées aux articles 236 à 237
AUVE acte qui contient à peine de nullité :

 Les nom, prénoms et domicile du débiteur, ou s'il s'agit d'une


personne morale, sa dénomination et son siège social,

 L'indication de l'autorisation ou du titre en vertu duquel la saisie est


pratiquée,

 Le décompte des sommes pour lesquelles la saisie est pratiquée.

 L'indication que la saisie rend indisponibles les droits pécuniaires


attachés à l'intégralité des parts ou valeurs mobilières dont le débiteur
est titulaire (et non pas seulement à concurrence des sommes dont le
paiement est recherché).

 Une sommation de faire connaître l’existence d'éventuels nantissements


ou saisies.

On observera que, contrairement à la saisie conservatoire de créance, le


tiers saisi n'est pas tenu de faire connaître ses obligations à l'égard du
débiteur mais seulement de faire connaître l'existence d'éventuels
nantissement ou saisies.

L'acte de saisie rend indisponibles les droits pécuniaires du débiteur.

Cependant, ce dernier peut obtenir la mainlevée immédiatement en


consignant une somme suffisante pour désintéresser le créancier. Cette

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


64
somme est alors spécialement affectée au profit du créancier saisissant par
privilège (Art. 239 AUVE).

Comme pour les autres mesures conservatoires, dans un délai de huit (08)
jours, à peine de caducité, la saisie conservatoire est dénoncée au débiteur
par acte de commissaire de justice, lequel doit contenir à peine de nullité :

 La copie de l‘autorisation du juge, ou du titre en vertu duquel la


saisie a été pratiquée. Cependant, s’il s‘agit d’une obligation notariée,
d'une créance de l‘Etat, des collectivités locales ou de leurs
établissements publics, il doit être seulement fait mention de la date,
de la nature du titre, ainsi que du montant de la dette.

 Une copie du procès-verbal de saisie.

 La mention en caractères très apparents du droit qui appartient au


débiteur si les conditions de validité de la saisie ne sont pas réunies
d'en demander la mainlevée au juge de l'exécution du lieu de son
domicile.

 La désignation de la juridiction devant laquelle seront portées les


autres contestations, notamment celles relatives à la saisie.

 La reproduction des articles 62 et 63 AUVE.

Cette saisie étant dénoncée, ceci dans un délai de huit (08) jours à compter
du procès-verbal, la mesure conservatoire va alors rentrer dans sa phase de
conversion.

Rappelons que dans le délai d'un (01) mois, le créancier doit à peine de
caducité introduire une procédure ou accomplir les formalités nécessaires à
l’obtention d‘un titre exécutoire, s’il a agi en vertu d’un autre titre ou avec
l'autorisation du juge.

Et comme la saisie conservatoire a lieu entre les mains d'un tiers, le


créancier devra signifier à ce tiers une copie des actes attestant les
diligences requises au jour de leur date pour l'obtention d’un titre exécutoire,
à défaut, la mesure conservatoire serait caduque.

SECTION 2- LA CONVERSION EN SAISIE-VENTE

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


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[Renvoi au tome voies d‘exécution : saisie des valeurs mobilières et droits
d'associés]

Après obtention de son titre exécutoire, le créancier va signifier au débiteur


un acte de conversion, qui contient à peine de nullité :

 La référence au procès-verbal de saisie conservatoire.

 L'énonciation du titre exécutoire.

 Le décompte distinct des sommes à payer en principal, frais et intérêts


échus ainsi que l'indication du taux des intérêts.

 Un commandement d’avoir à payer ces sommes, faute de quoi il sera


procédé à la vente de biens saisis.

 L'indication en caractères très apparents que le débiteur dispose d'un


délai d’un (01) pour procéder à la vente amiable des valeurs saisies
dans les conditions prescrites aux articles 115 à 119 AUVE.

 La reproduction intégrale des articles 115 à 119 AUVE.

Une copie de cet acte de conversion est signifiée au tiers saisi - article 89.
AUVE - et des lors, nous tombons dans les hypothèses de vente amiable ou
de vente forcée des droits d'associés et des valeurs mobilières. Toutes les
dispositions de la vente forcée s'appliquent à ce moment précis.

Par Maître Cissé Yao Jules, Commissaire de Justice.


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