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Depuis toujours les particuliers dont les droits sont méconnus ne sont pas
autorisés à intervenir directement pour se faire justice eux-mêmes
(interdiction de la vengeance et de la justice privée, chose véritable dans son
principe mais plus discutable dans la réalité : les tentations sont fortes et il
est souvent tentateur d’y succomber).
- Que toutes les ‘‘saisies’’ nepas par leur nature même des voies
d’exécution.
3- En dernier lieu, une voie d’exécution doit être – le mot va faire frémir
– ‘‘rentable’’ : expliquons-nous. Qu’on le veuille ou non, une voie
d’exécution est et sera toujours génératrice de frais. La plus belle
rentabilité est en l’occurrence celle qui présente le résultat.
> S'il s’agit d'une dette de somme d'argent, l'exécution en nature est en
théorie toujours possible : si un débiteur ne s'exécute pas, il suffît de saisir
ses biens, de les faire vendre pour se faire payer sur le prix : l‘obstacle
majeur qui peut alors se poser c'est l'insolvabilité du débiteur, le créancier
n'étant pas alors payé au étant payé partiellement seulement.
Dans toute saisie, il faut d‘abord déterminer les sujets de Ia saisie, ensuite Ia
cause et l'objet de la saisie.
Avant l‘avènement du droit uniforme des voies d'exécution, toute saisie faisait
intervenir, en général, deux (02) personnages : le créancier saisissant et le
débiteur saisi. Ce n‘est que dans certaines saisies spécifiques qu‘apparaissait
un troisième acteur : le tiers saisi ou le tiers détenteur. L'Acte uniforme
innove sur ce point en généralisant la présence du tiers détenteur dans les
saisies.
Le créancier saisissant est celui qui est titulaire du droit de saisir. Mais en
réalité, le créancier saisissant n'exerce pas Iui-même ce droit. Par
conséquent, l'on doit séparer l'analyse du droit de saisir du problème de
l'exercice de ce droit.
Mais bien que l'Acte uniforme ne l'ait pas expressément précisé, ce droit de
saisir ne doit pas être un droit discrétionnaire. En cas de saisies injustifiées
ou excessives, la théorie de l'abus de droit doit permettre à la jurisprudence
de sanctionner l'abus par le créancier saisissant de son droit de recouvrer
sa créance.
(1) Cet article 28 est en réalité l'équivalent de l'article 1“ alinéa 1“ de Ia loi française du
9 juillet 1991 relative aux voies d'exécution.
a) La capacité de saisir
La capacité requise des mineurs non émancipés (1) pour pratiquer une saisie
dépend de la nature de la saisie. La saisie est-elle un acte d'administration,
un acte de disposition ou un acte judiciaire ?
Contrairement à la loi française (2) dont il s'inspire, l'Acte uniforme sur les
voies d’exécution n'a pas expressément déterminé la nature juridique de la
saisie. Mais si l’on se réfère à la définition de la saisie, cette lacune peut
être comblée. La saisie étant une procédure de recouvrement de créance,
elle doit, à ce titre, être qualifiée d'acte d'administration, c'est-à-dire un acte
de gestion courante d’un patrimoine.
(1) La définition du mineur non émancipé doit résulter de la loi nationale de chaque
Etat membre à l'Acte uniforme.
(2) Voy. L'article 26 de la loi française du 9 juillet 1991, lequel prévoit que « sauf
disposition contraire, l'exercice d'une mesure d'exécution ou d'une mesure
conservatoire est considéré comme un acte d'administration sous réserve des
dispositions de code civil relatives à la réception des derniers ».
Aussi, l'héritier légal devra notifier au débiteur l'acte de décès de son auteur
et un acte de notoriété attestant qu’il est héritier. Quant au légataire
universel ou à titre universel, il doit notifier au débiteur le testament qui lui
a conféré cette qualité.
Mais comme les ayants cause, les ayants cause particuliers doivent,
également, par une notification préalable au débiteur, fournir une Justification
de leur qualité. Ils doivent, par exemple, notifier au débiteur la disposition du
testament contenant le legs particulier. S’il s’agit d'un cessionnaire de
créances, il devra établir la cession de créance à son profit conformément
aux conditions prévues par la loi applicable à la cession de créances.
(1) L'ayant cause universel est celui qui détient la totalité des biens du de cujus (le défunt)
à cause de mort ; c'est le cas de l'héritier légal. L'ayant cause à titre universel ne détient
qu'une quote-part seulement des biens du de cujus : c'est le cas du légataire. L'ayant cause
à titre particulier est celui qui ne détient qu'un bien ou un droit particulier : par exemple Ie
cessionnaire d'une créance ou un légataire particulier.
Une distinction doit être faite entre les représentants légaux et les
représentants conventionnels.
Les pouvoirs des représentants légaux pour effectuer une saisie dépend de la
nature de la saisie. En tant que mandataires, les représentants légaux
peuvent accomplir des actes d’administration. Par conséquent, ils peuvent
pratiquer des saisies mobilières lesquelles sont, par nature, des actes
d'administration.
(1)Voy. infra. N°3 269 à 272 sur Ia vente amiable en matière de saisie-vente de biens
mobiliers.
(2) Voy. Sur ce point. Infra. nos 100 et s.
Ces exceptions au principe selon lequel tout débiteur peut être saisi sont
énoncées par l'article 30, alinéa 1er de l‘Acte uniforme. Cet article prévoit
que l'exécution forcée et les mesures conservatoires ne sont pas applicables
aux personnes qui bénéficient d’une immunité d’exécution. Mais cet article ne
nous fournit pas la liste de ces personnes. Il fait simplement référence dans
son alinéa deuxième aux personnes morales de droit public et aux
entreprises publiques.
Pour les Etats, les souverains ou les chefs d'Etat étrangers, le fondement de
l‘immunité d'exécution est la courtoisie internationale et le souci de chaque
Etat de respecter la souveraineté nationale de l'autre.
Une créance liquide est une créance dont le montant est libellé en argent.
La créance exigible est celle qui est arrivée à échéance. Elles s'opposent par
conséquent à la créance à terme.
Les atténuations au principe selon lequel tout débiteur peut être saisi
consistent dans la suspension de la procédure de la saisie. Cette suspension
Prenant en compte les intérêts du débiteur saisi, l'Acte uniforme sur les voies
d’exécution instaure en faveur de celui-ci des mesures de grâce contenues
dans son article 39. Le prononcé de ces mesures, qui suspendent la
procédure d'exécution engagée, est soumis à des conditions.
La créance n’a pas besoin d'être liquide ni exigible ni même certaine. Il suffit
qu'elle paraisse fondée en son principe. Cette notion de créance apparente,
vraisemblable, n'est pas précisément définie. L'appréciation du juge est donc
souveraine.
Mais il a été jugé qu’une créance exigible est cependant menacée lorsqu'un
débiteur mis en demeure de payer à plusieurs reprises ne répond pas et ne
verse aucun acompte.
CHAPETRE II - LA PROCEDURE
Le créancier doit requérir par voie de requête une autorisation devant le juge
compétent (Article 54 AUVE).
La procédure doit respecter les règles générales édictées par les articles 231
et suivants du Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative.
Toute clause contraire serait non avenue et un magistrat saisi à tort d’une
telle demande doit relever d’office son incompétence. Cette incompétence
sera aussi bien matérielle (un autre magistrat) que territoriale (un autre lieu).
L’ordonnance doit être motivée et, si la mesure est autorisée, elle doit à
peine de nullité fixer la somme pour la garantie de laquelle la mesure
conservatoire est autorisée en précisant la nature des biens sur lesquels elle
portera.
- Celles qui sont passées en force de chose jugée mais sont assorties
d'un délai de grâce.
§2. Lorsque le créancier est porteur d’un titre cambiaire impayé ou d'un
chèque impayé.
Le locataire, en vertu d’un contrat écrit de louage d'immeuble, peut voir une
saisie à titre conservatoire diligentée à son encontre ou une sûreté prise s'il
ne paye pas ses loyers et ce sans autorisation préalable.
Peu importe la nature du bien loué, pourvu qu'il s'agisse d'un immeuble
(terres, local d‘habitation, professionnel ou commerciaux, annexes comme les
garages, etc.), Il suffit qu’il y ait un bail écrit et tout ou partie d’un terme de
loyer impayé à son échéance. Bien entendu la menace dans le recouvrement
de la créance devra toujours pouvoir être prouvée par le bailleur en cas de
besoin.
Le bailleur peut réclamer, au titre des loyers, les charges ou provisions pour
charges lorsque leur détermination ou leur mode de calcul est porté au
contrat de bail.
Muni d'un des titres visés à I ’article 55 AUVE ou d’une autorisation du Juge
(ordonnance sur requête) le créancier pourra faire réaliser une mesure
conservatoire sur le patrimoine de son débiteur à l'exception d'une saisie sur
ses rémunérations.
Puis un titre exécutoire, s'il n’était déjà existant, devra être obtenu.
L’ensemble de ces diligences doit être régularisée dans des délais assez
courts prévus, pour la plupart, à peine de caducité de la mesure
conservatoire réalisée. En cas de non-respect d‘un de ces délais, une
demande en mainlevée pourra être formulée par le débiteur sans qu’il y ait,
ainsi à démontrer l’existence d'un quelconque grief.
§1. La mesure conservatoire doit être exécutée dans un délai de trois mois
à compter de l’ordonnance
§2. La mesure conservatoire réalisée entre des mains autres que celles du
débiteur doit être dénoncée au débiteur dans un délai de huit (08) jours de
sa date
Lorsque la saisie conservatoire sera effectuée entre les mains d'un tiers ou
Ia sûreté inscrite auprès des organes habilités à accomplir les formalités de
publicité, le créancier sera tenu de faire dénoncer la mesure conservatoire
au débiteur dans un délai de huit (08) jours.
Ce délai est prévu par les différents articles relatifs à chaque mesure
conservatoire.
§3. Une procédure en vue de l’obtention d’un titre exécutoire doit être
engagée ou poursuivie dans le mois de la mesure conservatoire (Art. 61
AUVE)
§4. Le tiers éventuel doit être informé des diligences effectuées pour obtenir
un titre exécutoire dans les huit (08) jours de leur accomplissement
Pour exemple, une décision judiciaire n'ayant pas force exécutoire a été
signifiée et le certificat de non appel requis du secrétariat du Greffe deIa
Cour d‘appel, peu de temps après le créancier décide de faire procéder à
une saisie conservatoire entre les mains d'un tiers. La saisie conservatoire
opérée et la dénonce au débiteur faite, il n'y a cependant rien à signifier au
tiers en vertu de l'article 61 de l’AUVE.
Dans ces cas, relativement fréquents, où aucun acte ou formalité n'a à être
accompli postérieurement à la saisie, vous pourrez dénoncer au tiers le
dernier acte ou la dernière formalité faite en vue d'obtenir un titre exécutoire
soit dans l‘acte de saisie conservatoire soit juste après la dénonce au
débiteur. Dans tous les cas, vous ne devrez jamais dépasser le délai d'un
(01) mois (accomplissement de l'acte ou formalité) plus huit (08) jours après
Ia mesure conservatoire, pour informer le tiers.
Pour les sûretés, et elles seules, cette conversion (appelée publicité définitive)
devra intervenir dans un délai parfaitement déterminé sous Ia sanction d’une
caducité de la mesure.
Il n'est besoin, pour opérer Ia conversion, que d'un titre exécutoire (l'article
33 de l’AUVE qui nous donne la liste exhaustive des titres exécutoires).
Requête
(devant JEX ou président TC) Créance de l’article 55 AUVE
Mesure conservatoire
Dénonce au débiteur
(dans les 8 jours)
Délais à respecter
Cela signifie que l’exécution d'une mesure conservatoire emporte les mêmes
effets qu'une assignation, un commandement ou une saisie, ce conformément
aux termes de l’article 2243 du code civil.
Les saisies conservatoires rendent les biens sur lesquels elles portent
indisponibles (Article 56 AUVE).
Lorsque la saisie porte sur une créance ayant pour objet une somme
d'argent, la saisie rend cette créance indisponible entre les mains du,tiers,
mais seulement à concurrence du montant autorisé par le juge ou du
montant pour lequel Ia saisie est pratiquée (procédure sans autorisation). Elle
emporte également de plein droit consignation des sommes indisponibles et
produit les effets prévus à l'article 2075-1 du code civil (Article 57 AUVE),
c'est-à-dire une affectation spéciale et un privilège sur ces sommes.
Les sûretés ne rendent pas les biens sur lesquels elles portent indisponibles.
Elles confèrent au créancier un droit de suite et de préférence sur le prix
issu de la réalisation des biens.
Le but d’une sûreté n'est pas d'interdire la vente d'un bien, ni même de
parvenir à la vente de ce dernier mais de prendre une garantie sur ce bien
pour être certain d’être payé s'il venait à être vendu.
Le juge compétent est soit le J.E.X., soit le président du TC, avant tout
procès, si la créance fondant la mesure relève de Ia compétence d'une
juridiction commerciale.
Les contestations qui ne trouvent pas leurs sources dans les dispositions
relatives aux conditions de fond ou de procédure prévues aux articles 54 à
61 AUVE devront être obligatoirement portées devant le Juge de l’exécution
(JEX).
Nous ne nous attacherons dans cette partie qu'à l'étude des saisies
conservatoires de biens meubles corporels et de créances, qui sont le plus
couramment mises en œuvre.
Cette procédure est prévue par les articles 64 et 65 AUVE, elle permet au
créancier de rendre indisponibles les biens meubles corporels de son
débiteur en garantie de sa créance et ce jusqu'à ce qu'il puisse les faire
vendre en vertu d'un titre exécutoire.
La saisie conservatoire sera possible entre les mains du débiteur mais aussi
lorsque les meubles sont détenus par un tiers, peu importe que ces biens
aient déjà fait l’objet d’une saisie conservatoire (Article 67 AUVE).
Cette information n‘est prévue qu'en cas d'enlèvement des biens, il est des
cas où Ia vente sera effectuée sur place. Il semble utile dans ce cas
d’accomplir aussi cette information.
Pour certains auteurs, une saisie conservatoire ne peut porter sur des biens
ayant fait l‘objet précédemment d'une saisie-vente.
En effet, l'article 138 AUVE énonce que seuls sont admis à faire valoir leurs
droits sur le prix de vente des biens saisis les créanciers saisissants ou
L'officier ministériel doit rappeler verbalement les mentions des 6 èmeet 7ème
alinéas de l'article 64 AUVE. L'accomplissement de ce rappel verbal n'a pas à
être obligatoirement mentionné dans l'acte et aucune sanction n'est édictée.
Il n’y aura pas de demande préalable relative aux biens saisis, il se peut
toutefois en présence d’un conjoint qu'une déclaration spontanée soit faute
sur la présence d'une saisie antérieure. Il convient de noter cette information
au procès-verbal si une copie de l'acte de saisie est fournie à l'appui de
cette assertion.
Cet acte de saisie est signifié. Attention, cela ne signifie pas qu'il doit être
dénoncé par acte séparé, mais qu’il est remis en suivant les modes de
signification et en respectant la hiérarchie de ces modes, remise à personne
en tous lieux, remise à une personne présente, gardien, voisin, mairie.
Lorsque la saisie conservatoire doit être réalisée dans les locaux d'habitation
du tiers, les dispositions relatives à la saisie conservatoire ne prévoient
aucune particularité.
Cette autorisation sera nécessaire non pas pour pénétrer dans les lieux mars
seulement pour avoir le droit de tenter une saisie conservatoire au lieu
d'habitation du tiers. Elle devra être remise à toute personne présente au
Une saisie conservatoire fondée sur l'un des titres de l’article 55 AUVE faite
sans autorisation préalable chez un tiers lorsque les locaux ne sont pas
affectés à l’habitation.
En la présence du tiers
- Le rappel verbal au tiers prévu par l'article 108 AUVE doit être porté
dans l‘acte de saisie conservatoire.
En l’absence du tiers
Cette dénonce doit être faite dans les huit (08) jours de la saisie.
De plus Ia saisie a été déjà faite entre les mains d’un tiers, le créancier doit
signifier à ce dernier une copie des actes attestant de ces diligences dans
les huit (08) jours à compter de leur date. A défaut la mesure conservatoire
est caduque.
Les textes ne sont pas très explicites sur ce point et cette position n'est
prise qu'en regard de l'esprit de la loi qui veut que les procédures soient
regroupées entre les mains du premier saisissant.
Une conversion ne pourra plus être faite après le prononcé d'un jugement de
redressement ou liquidation judiciaire.
- Si la saisie conservatoire a été faite entre les mains d’un tiers, une
copie de l’acte de conversion lui est dénoncée (Art. 69 dernier alinéa) :
- L’acte de conversion doit être signifié aux créanciers qui, avant cette
conversion, ont saisi les mêmes biens à titre conservatoire :
Cette démarche est destinée à vérifier que les biens saisis sont toujours
présents et en bon état. Contrairement à la procédure de saisie-vente, la
vérification n'est pas opérée avant la vente aux enchères mais juste après Ia
conversion qui transforme la saisie conservatoire en saisie-vente. L’acte de
vérification est de la seule compétence d de justice et non de celle de
l'officier ministériel chargé de la vente.
Cette injonction doit pouvoir être faite au tiers entre les mains duquel une
saisie aurait été pratiquée, bien que le texte ne le précise pas, ce dernier est
en effet gardien des objets saisis et en supporte la responsabilité civile et
pénale.
L’injonction peut être faite dans le même acte que la vérification ou par acte
séparé.
Elle suit les modalités prévues dans le cadre de Ia saisie-vente avec toutefois
quelques particularités en cas de pluralité de saisies.
Le débiteur peut informer par écrit (la forme recommandée n'est pas
imposée) le commissaire de justice des propositions d'acquisition qui lui sont
faites en indiquant les nom et adresse de l'acquéreur éventuel ainsi que le
délai dans lequel ce dernier s'offre à consigner le prix proposé.
Doit-on alors ignorer cette prescription pour cause de double emploi, étant
souligné que les prescriptions relatives à l'acte de vérification ne sont pas
prévues à peine de nullité et qu’aucun grief ne pourrait être avancé par le
débiteur ?
La solution consisterait à ne dresser cet acte que s'il venait à y avoir des
objets effectivement manquants ou dégradés non signalés lors de la
précédente vérification.
Le créancier qui fait procéder à l'enlèvement des biens en vue de leur vente
forcée doit en informer, par lettre L.R.A.R..les autres créanciers qui ont saisi
les mêmes biens à titre conservatoire avant l'acte de conversion.
Elle tend, dans un premier temps, à rendre indisponible, entre les mains d’un
tiers, une créance de sommes d'argent dans l’attente de l’obtention d’un titre
exécutoire
Elle peut être initiée en vertu d’une autorisation spéciale, l'ordonnance sur
requête, laquelle doit préciser le montant des sommes pour la garantie
desquelles la mesure conservatoire est autorisée et la nature des biens sur
lesquels elle porte.
Elle peut également être pratiquée en vertu d'un des titres portés à l'article
55.
Comme pour une saisie attribution, le tiers peut être le créancier lui-même
qui désirerait ne pas s'acquitter de sa dette envers le débiteur car il possède
un principe de créance à son encontre. On parle alors de saisie entre ses
propres mains.
Cet acte doit impérativement être signifié au débiteur dans les huit (08) jours
de la saisie, à peine de caducité.
Rappel, même si le titre a déjà été signifié ou est contractuel (bail), il devra
être remis en copie à nouveau. Il est nécessaire, en cas d'autorisation, de
remettre en copie l’ordonnance du juge mais aussi la requête du créancier, à
peine de nullité.
Les effets dont il s‘agit sont I ’affectation spéciale et le privilège octroyé par
l’article 2073 C. civ., c'est-à-dire le droit de se faire payer par privilège et
préférence aux autres créanciers.
Pour résumé :
Cette créance reste toujours saisissable car elle demeure dans le patrimoine
du débiteur.
Il peut toutefois se voir primer par un autre créancier disposant d'un privilège
meilleur que le sien et qui procéderait à une voie de recouvrement autre que
conservatoire.
Le tiers saisi, qui sans motif légitime, ne fournit pas les renseignements
prévus, s’expose à devoir payer les sommes pour lesquelles la saisie a été
pratiquée si le débiteur est condamné (Art. 81 AUVE).
Ainsi, le tiers qui fournit une réponse mensongère (se déclarant non débiteur)
empêchant la conversion de la saisie conservatoire encourt une
condamnation au paiement de dommages et intérêts.
Le tiers, s'il paye le débiteur sera tenu de payer une seconde fois le
créancier saisissant car ce paiement est inopposable à ce dernier.
La remise des fonds au séquestre arrête le cours des intérêts dus par le
tiers saisi.
L’acte informe le tiers que, dans cette limite, la demande entraîne attribution
immédiate de la créance saisie au profit du créancier.
Aussi le décompte fournit peut-il être trompeur pour le tiers car il reflète le
montant de la condamnation portée au titre exécutoire et non les sommes
que doit payer le tiers qui, de toutes façons, les aura "cantonnées" au
montant de la saisie conservatoire. Il va sans dire que si la condamnation
pécuniaire est inférieure au montant des sommes initialement saisies le tiers
devra n’exécuter l'ordre de paiement qu'à hauteur du titre exécutoire. Ces
dispositions impliquent une vigilance lors de ces opérations.
Cela n'est pas très simple, nous allons essayer de l'éclairer par des
exemples.
Lorsque la saisie conservatoire porte sur une créance dont les sommes sont
plus importantes que celles pour lesquelles elle est pratiquée, l'acte de saisie
va rendre indisponibles les sommes que déclarera le tiers ou celles pour
lesquelles il sera jugé débiteur mais seulement dans la limite du montant
réclamé dans la saisie Conservatoire (cantonnement opéré dès après la
saisie). La saisie est faite pour 7.000.000 F CFA sur une créance de
2.000.000 F CFA que détient le tiers et dont il se reconnaît débiteur. Lors de
l'obtention du titre exécutoire, le débiteur est condamné à payer 1.500.000 F
CFA et ses accessoires. L'acte de conversion indiquera le décompte relatif au
1.500.000 F CFA mais comme Ia créance saisie n'était que de 1.000.000 F
CFA, la conversion ne concernera que cette dernière somme.
Les sommes que le tiers est tenu de payer, sur un acte de conversion, vont
donc dépendre du montant de la créance invoquée lors de la saisie
conservatoire, du montant de la créance réellement saisie à titre
conservatoire entre les mains du tiers et enfin du montant de la
condamnation portée au titre exécutoire.
Cet article n'édicte aucun délai pour accomplir cette dénonce et ne prévoit
aucune mention obligatoire bien que cet acte de dénonce au débiteur fasse
courir un délai de contestation de quinze (15) jours devant le J.E.X. du lieu
où demeure le débiteur.
Il pourra être également indiqué au débiteur qu'il peut déclarer par écrit ne
pas contester l'acte de conversion.
Cette contestation, formée par voie d'assignation devant le J.E.X., devra être
contrôlée (et non pas seulement signifiée) avant l’expiration du délai de
quinze (15) jours au secrétariat du Greffe du juge et ce à peine
d'irrecevabilité selon une jurisprudence de la Cour d‘Appel de Paris (arrêt 3
déc. 1998, Procédures fév, 1999' p“ 6).
Deux phases sont donc à mettre en œuvre : tout d'abord les opérations de
saisie conservatoire, et ensuite une conversion en saisie vente.
Comme pour les autres mesures conservatoires, dans un délai de huit (08)
jours, à peine de caducité, la saisie conservatoire est dénoncée au débiteur
par acte de commissaire de justice, lequel doit contenir à peine de nullité :
Cette saisie étant dénoncée, ceci dans un délai de huit (08) jours à compter
du procès-verbal, la mesure conservatoire va alors rentrer dans sa phase de
conversion.
Rappelons que dans le délai d'un (01) mois, le créancier doit à peine de
caducité introduire une procédure ou accomplir les formalités nécessaires à
l’obtention d‘un titre exécutoire, s’il a agi en vertu d’un autre titre ou avec
l'autorisation du juge.
Une copie de cet acte de conversion est signifiée au tiers saisi - article 89.
AUVE - et des lors, nous tombons dans les hypothèses de vente amiable ou
de vente forcée des droits d'associés et des valeurs mobilières. Toutes les
dispositions de la vente forcée s'appliquent à ce moment précis.