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Première année SCIENCES ECONOMIQUES

Cours de DROIT

Année scolaire 2021-2022

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PREMIERE PARTIE : ELEMENTS du DROIT CIVIL

Chapitre 1- Introduction

1. Notion de Droit

1.1. Définition du droit

Le droit est composé d’un ensemble de règles qui régissent les rapports entre les
hommes : c’est le droit objectif.

Mais le droit désigne également des prérogatives et des privilèges reconnus à chaque
individu : ce sont les droits subjectifs.

Le droit objectif regroupe les règles qui organisent les rapports entre les êtres
humains dans une société en particulier et qui sont sanctionnées par l’autorité
publique (l’Etat).

Exemple : le Code de la route interdit de rouler à plus de 120 km/h sur une
autoroute.

Le droit subjectif regroupe les prérogatives dont peuvent se prévaloir les individus et
qu’ils peuvent exercer sous la protection de l’État.

Exemple : la loi garantit le droit de propriété et l’État doit intervenir pour le faire
respecter.

1.2. Les caractères de la règle de droit

La règle de droit présente plusieurs caractères : elle est générale et abstraite ; elle est
aussi obligatoire et contraignante ; elle est enfin permanente.

 Le caractère général

La règle de droit est une disposition impersonnelle qui s’applique à toutes les
personnes qui se trouvent dans une situation déterminée. La loi n’est pas faite pour
régler des cas particuliers. Elle est la même pour tous.

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 Le caractère abstrait

La règle de droit vise des situations générales et non celle d’une personne en
particulier, contrairement à la décision de justice qui est rendue dans une situation
particulière.

 Le caractère obligatoire

La règle de droit s’impose à tous sans aucune distinction. Il faut toutefois nuancer ce
caractère obligatoire en distinguant les règles de droit supplétives et les règles de
droit impératives (d'ordre public) :

 La règle impérative est celle qui s'impose aux personnes dans leurs rapports
et ne peuvent l’écarter car elle est d'ordre public. Elle s’impose de manière
absolue en ce sens qu’il n’est pas possible aux intéressés de se soustraire à son
application, même par un accord exprès.

Exemple : L'article 17 du code de commerce prévoit « La femme mariée peut


exercer le commerce sans autorisation de son mari. Toute convention contraire est
réputée nulle ». Dans aucun cas, le mari ne peut interdire à sa femme d’exercer le
commerce.
 La règle supplétive est une règle de droit mais qui peut être écartée par les
personnes en prévoyant une autre règle qui s'appliquera à leurs rapports
juridiques. En fait, la règle supplétive ne s’applique que si les parties n'ont rien
prévu, elle vient alors suppléer l’absence de volonté exprimée par les
intéressés.

Exemple : L'article 49 du code de la famille prévoit « Les deux époux disposent


chacun d’un patrimoine propre.
Toutefois, les époux peuvent se mettre d'accord sur les conditions de fructification et
de répartition des biens qu'ils auront acquis pendant leur mariage. Cet accord fait
l'objet d'un document distinct de l'acte de mariage.
Les adouls avisent les deux parties, lors de la conclusion du mariage, des dispositions
précédentes.".

La règle de la séparation des patrimoines des deux époux ne s’applique que lorsque
les époux n’ont pas manifesté par écrit leur volonté d’unir leurs patrimoines.

 Le caractère contraignant

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Pour être respectée une règle de droit doit être contraignante. L’irrespect de la
règle entraîne des sanctions (versement de dommages et intérêts, paiement
d’amendes, emprisonnement …).

 Le caractère permanent

L'applicabilité de la règle de droit doit être constante durant son existence, c'est-à-
dire jusqu'à ce qu'elle soit abrogée (supprimée).

2. Branches du Droit

Les différentes branches du droit sont déterminées en fonction de l’objet ou de la


spécificité de la branche du droit. On peut classer le droit en deux familles : d’un côté
le droit interne qui s’oppose au droit international et de l’autre le droit privé qui
s’oppose au droit public.

2.1 Droit national

Le droit national regroupe l’ensemble des règles de droits élaborées dans un cadre
d’un État déterminé. On distingue :

2.1.1 Droit public

La notion recouvre les règles qui régissent l’organisation de l’Etat ainsi que celles qui
gouvernent les rapports entre l’Etat et les citoyens. Parmi les branches du droit public
on trouve :

 Droit constitutionnel :
Il est constitué des règles juridiques qui organisent les structures et le fonctionnement
des trois pouvoirs qui constituent l’Etat : le législatif, l'exécutif et le judiciaire.
L’ensemble de ces règles est contenu dans la constitution.

 Droit administratif :
Il organise la structure et le fonctionnement de l’administration et réglemente les
rapports de celle-ci avec les particuliers.

 Droit fiscal :
Le droit fiscal est la branche du droit recouvrant l'ensemble des règles de droit
relatives aux impôts.
Chaque année, une loi de finances est votée par le parlement pour déterminer le
budget de l’Etat (prévisions des recettes et dépenses) et qui contient généralement des
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dispositions fiscales.

2.1.2 Droit privé

Il recouvre les règles qui gouvernent les relations entre les particuliers.

 Droit civil :
Il réglemente les rapports entre les particuliers : code des obligations et contrats, code
de la famille (mariage, divorce, succession, ….).

On appelle code un ensemble de lois et textes réglementaires qui forment un système


complet de législation dans une branche du droit. Il est composé de Livres, de Titres,
de Chapitres, de Sections, quelque fois de Sous-sections de Paragraphes et enfin,
d'articles.

Exemples : Code de commerce, Code général des impôts, …

 Le droit commercial :
C’est le droit qui régit les activités commerciales exercées par les commerçants, les
relations de ces derniers entre eux ainsi que leurs rapports avec leurs clients.

 Le droit foncier :
C’est-à-dire le droit qui régit le domaine immobilier.

2.1.3 Droit mixte :

Certaines branches du droit contiennent des caractéristiques aussi bien du droit privé
que du droit public. Il s’agit essentiellement du droit pénal et du droit social :

 Le droit pénal :

 Il détermine les infractions et les sanctions qui leur sont applicables.

Une infraction désigne une action ou un comportement interdit et réprimé par la


loi et passible de sanctions pénales.

On distingue trois types d’infractions :

 Les crimes : Ce sont les infractions les plus graves et les peines qui les
sanctionnent varient : la peine capitale, la réclusion (emprisonnement)
perpétuelle et la réclusion à temps (5 à 30 ans).

o Exemple : le meurtre commis avec préméditation.


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 Les délits : Ce sont des infractions de gravité moyenne (emprisonnement dont
la durée est inférieure à 5 ans).

Exemple : est puni d’emprisonnement d’un mois à 2 ans celui qui se rend coupable
d’un outrage public à la pudeur en se promenant dans la rue dans un état de nudité
volontaire ou en faisant des gestes obscènes.

 Les contraventions : Ce sont les infractions les moins graves qui donnent lieu à
des sanctions assez légères : une amende de 30 à 1200 dirhams et (ou) une
courte détention (moins d’un mois). Exemple : le stationnement illicite n’est
puni que d’une simple amende.

 Le droit pénal est un droit mixte dans la mesure où il réalise une combinaison des
règles de droit privé et de droit public : il est rattaché au droit privé, car souvent le
droit pénal défend les droits subjectifs des individus (le droit de propriété, de
dignité, le droit à la vie). Le droit pénal appartient au droit public, car il organise
les rapports entre l’Etat et les individus.

 Le droit social :

Le droit social regroupe le droit du travail et le droit de la sécurité sociale :

 Le droit du travail recouvre l’ensemble des règles qui définissent la condition des
travailleurs salariés. Il régit la prestation de travail, sa rémunération, le droit de
grève, les pouvoirs de l’employeur, le licenciement des salariés, etc…

 Le droit de la sécurité sociale réunit un ensemble de règles destinées à


s’appliquer principalement aux travailleurs pour les garantir contre divers risques
sociaux (la maladie, les accidents du travail, …), mais aussi pour jouer un rôle de
solidarité par l’octroi de prestations pour charge de famille.

 Le droit social se rattache traditionnellement au droit privé car il régit les


rapports entre deux particuliers, l’employeur et le salarié qui, à l’origine étaient
soumis au code civil. Mais, il revêt le caractère d’un droit mixte en raison des
nombreux éléments de droit public qui y interviennent : le pouvoir de
l’employeur est très encadré par de nombreux règlements, l’inspection du travail
est une institution administrative, l’organisation de la Sécurité sociale est
administrative, etc…).

2.2 Le droit international


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 Droit international public

Le droit international public régit les relations entre les États. Les principales sources
de ce droit sont les traités et les conventions.

 Droit international privé

Le droit international privé est la branche du droit relative au règlement des


différends de droit privé entre des particuliers ou opérateurs économiques qui sont de
nationalité différente.

3. Sources du Droit

Les règles qui organisent la vie sociale trouvent leurs origines dans diverses sources :

3.1 La Constitution

La Constitution (adoptée par référendum) est la loi fondamentale d’un État. En effet,
la constitution comporte les règles les plus importantes d’un pays. Ces règles
constitutionnelles s’imposent à toutes les règles de rang inférieur : tous les autres
textes lui sont donc soumis.

3.2 règles de droit issues du roi : les dahirs

Le roi exerce les pouvoirs qui lui sont attribués par la constitution par dahirs (article
42 de la constitution).

3.3 Les règles de droit issues du pouvoir législatif : les lois

 La loi est un texte voté par le Parlement. Celui-ci se compose de deux


chambres : la chambre des représentants et la chambre des conseillers :

 La chambre des représentants : les membres de cette chambre sont


élus pour cinq ans au suffrage universel direct (élu directement par
le peuple).

 La Chambre des conseillers : les membres de cette chambre sont élus


au suffrage universel indirect pour six ans (élu indirectement par les
représentants des collectivités locales, des chambres
professionnelles, …).

 Le domaine de la loi est fixé par l’article 71 de la constitution.


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 La promulgation de la loi est l’acte par lequel le chef de l’Etat :

* constate officiellement l’existence d’une loi, c'est-à-dire affirme qu'elle a été


régulièrement votée par le parlement,
* et la rend exécutoire, c'est-à-dire ordonne son exécution.
Le Roi promulgue les lois par dahir. Une fois la loi promulguée, elle est
publiée au bulletin officiel (B.O.)
3.4 Les règles de droit issues du pouvoir exécutif : les règlements

Les règlements englobent l'ensemble des décisions du pouvoir exécutif.

En principe, le pouvoir réglementaire appartient au chef du gouvernement qui


l'exerce par décret. Il peut également déléguer ce pouvoir à un ou plusieurs ministres
qui l'exercent par le biais des arrêtés.

Les règlements se répartissent en deux catégories :

 Les règlements autonomes :

Il s'agit des décrets et arrêtés pris dans les matières qui ne sont pas du domaine de la
loi, c'est-à-dire dans le domaine réservé aux règlements.

 Les règlements pris pour l'exécution des lois :

Le pouvoir exécutif est chargé d'assurer l'exécution des lois adoptées par le
parlement. Pour ce faire, il doit déterminer les mesures et les détails de cette
application par le biais du règlement. Ce règlement intervient alors pour la mise en
application de la loi.

3.5 Les règles de droit issues du pouvoir judiciaire : la


jurisprudence

Dans un sens formel, la jurisprudence désigne l'ensemble des décisions de la justice


rendues pendant un temps déterminé.

Dans une acception restrictive, la jurisprudence désigne la solution habituellement


donnée par les tribunaux à une question de droit. C'est l'interprétation admise par les
tribunaux concernant une disposition de la loi.

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Dans la mesure où les lois ont un caractère général et abstrait, le rôle de la
jurisprudence consiste non seulement à les interpréter (passage de la règle abstraite
au cas concret) mais encore à combler leurs éventuelles lacunes.

Par cet effort d'interprétation, la jurisprudence contribue à faire évoluer le droit et à


susciter des réformes.

3.6 La coutume

 Définition : en droit, la coutume ou règle coutumière est une règle issue de


pratiques traditionnelles et d’usages communs consacrés par le temps et qui
constitue une source de droit.

 Loi et coutume :

 Tout d’abord, la loi peut dans certains cas renvoyer directement à la coutume.

Exemple : article 418 du code de commerce : « A défaut de convention,


coutume ou d’usage contraire, la rémunération du courtier est due par celui qui
l’a chargé de traiter l’affaire. »

 La coutume peut également venir combler les lacunes de la loi, mais ces cas
sont extrêmement rares.
Exemple : en France, la femme mariée porte le nom de son conjoint alors
qu’aucun texte ne le prévoit expressément.

3.7 La doctrine

Le terme doctrine désigne l’ensemble des opinions juridiques et des travaux


consacrés à l’étude du droit. Ces opinions et ces travaux sont réalisés par des
universitaires mais aussi par des praticiens (magistrats, notaires).

La doctrine a pour objet de faire connaître le droit, de mettre en évidence les


défaillances du système juridique, interpréter la loi et la jurisprudence. La
doctrine joue un rôle indirect dans l’élaboration des règles de droit dans la
mesure où elle peut exercer une influence aussi bien sur le législateur que sur le
juge.

4. L’organisation judiciaire

L'organisation judiciaire désigne l'ensemble des tribunaux et des cours du


Royaume. Le terme « tribunal » désigne les juridictions inférieures (leurs décisions
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s’appellent jugements) telles que le tribunal de première instance. Le terme « cour »
se rapporte aux juridictions supérieures telles que les cours d'appel ou la Cour
Suprême (leurs décisions s’appellent arrêts).

D’après l’article 127 de la constitution, les juridictions ordinaires ou spécialisées sont


créées par la loi. Il ne peut être créé de juridiction d’exception.

4.1. Les juridictions ordinaires

Ils se composent des juridictions suivantes :

 Les tribunaux de première instance :

Les tribunaux de première instance peuvent connaître de toutes les matières sauf
lorsque la loi attribue formellement compétence à une autre juridiction.

Ces tribunaux peuvent être divisés selon la nature des affaires qu’ils connaissent en
"sections des affaires de la famille », en "sections de justice de proximité" et en
chambres : civile, commerciale, immobilière, sociale et pénale.

Les sections de la justice de proximité connaissent des actions personnelles et


mobilières qui n’excédent pas cinq mille dirhams, mais ne sont pas compétentes pour
les litiges relatifs au statut personnel, à l’immobilier, aux affaires sociales et aux
expulsions.

 Les cours d'appel :

Les cours d’appel, juridictions du second degré, examinent une seconde fois les
affaires déjà jugées en premier ressort par les tribunaux de première instance.

 La Cour de cassation :

La Cour de cassation statue sur les pourvois en cassation formés contre les décisions
rendues en dernier ressort par toutes les juridictions du Royaume.

4.2. Les juridictions spécialisées :

Les principales juridictions spécialisées sont les suivantes :

 Les tribunaux administratifs et les cours d’appel administratives :

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Les juridictions administratives sont dotées de la compétence pour juger les litiges
relatifs aux contrats administratifs et les litiges électoraux, les actions en réparation
de dommages causés par les actes ou les activités des personnes publiques….

 Les tribunaux de commerce et les cours d'appel de commerce :

Les juridictions de commerce ont compétence pour juger de l’ensemble des litiges
commerciaux.

5. La fonction de magistrat au Maroc

La magistrature du Maroc forme un corps unique comprenant les magistrats du siège


et les magistrats du parquet. Ce corps est assisté d’auxiliaires qui apportent leur
concours à l’œuvre de justice.

5.1 Les magistrats du siège

Ce sont les juges « classiques » qui prononcent le jugement en appliquant la loi, après
avoir entendu les différentes parties au procès. Ces juges sont assis lors des audiences
(séances d’un tribunal), c’est la raison pour laquelle on les appelle magistrat de siège.

5.2 Les magistrats du parquet

Le parquet s’appelle également la magistrature debout, car ils se tiennent debout, ou


encore le ministère public.
Les magistrats du parquet n’ont pas pour mission de prononcer un jugement, ils
représentent la société, et défendent ses intérêts. C’est le ministère public qui émet au
cours des procès les réquisitions.

Les réquisitions sont les conclusions du ministère public pendant un procès devant un
tribunal ou une cour. Les réquisitions comprennent à la fois :

 les raisons qui, selon le procureur, justifient la culpabilité de la personne mise


en cause
 la peine requise.

5.3 Les auxiliaires de justice

Les auxiliaires de justice se composent :

- Des fonctionnaires administrés directement par le ministère de la justice : ce


sont les greffiers. Le greffier est un exécutant judiciaire qui suit un procès du
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début à la fin en faisant la retranscription des débats, la déclaration des deux
parties et l’établissement des procès-verbaux.

- Des officiers ministériels : un officier ministériel est une personne qui dispose
d'un privilège pour exercer une activité qui, en général, constitue une tâche
de service public (notaires, adouls, huissiers de justice, interprètes, experts)

- Des avocats, membres d’une profession libérale organisée en ordre.

Chapitre 2 les personnes et les biens

1. Les personnes juridiques

1.1 La personnalité juridique

La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits et à être soumis à des
obligations.

Il existe deux catégories de personnes : les personnes physiques et les personnes


morales.

1.2 Les personnes physiques

- Définition : En droit, tout être humain est une personne physique.

- Identification : la personne physique est identifiée par :

 Le nom

Toute personne est identifiée par son nom de famille puis par son prénom qui
permet de la distinguer de ses frères et sœurs.

 Le domicile

C’est le lieu où la personne demeure en permanence.

 La nationalité

C’est le lien juridique qui rattache une personne à un Etat souverain.


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1.3 Les personnes morales

 Définition

Une personne morale est généralement constituée par un regroupement de


personnes physiques ou morales qui souhaitent accomplir quelque chose en
commun, mais il peut aussi s'agir d'un regroupement de biens (fondation) ou d'une
personne morale constituée par la volonté d'une seule personne (SARL d’associé
unique).

 Identification : Comme pour la personne physique, la personne


morale est identifiée par :

Attributs de la Description Exemple


personnalité
Il est donné par les fondateurs et figure
dans les statuts (règles organisant le
Nom Itissalat Almaghrib
fonctionnement de la personnalité
morale)
Le siège de Itissalat
Le domicile des personnes morales est
Domicile Almaghrib se situe à
celui de leur siège social
Rabat.
Nationalité Marocaine
Nationalité Elle dépend du lieu de son siège social pour Itissalat
Almaghrib.

 Classification des personnes morales


Personne
morale

De droit De droit privé


public De droit mixte

Collectivités Etablissements Sociétés d'économie


Etat locales mixte Sociétés Associations Coopératives
publics

Remarque : une société a un but lucratif (recherche le profit) alors qu’une


association ne l’a pas.

1.4 Capacité juridique

La capacité juridique comprend deux composantes, la capacité de jouissance et la


capacité d'exercice :

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- La capacité de jouissance : c'est l'aptitude d'être titulaire de droits et, le cas
échéant, d'être débiteur d'obligations. La capacité de jouissance commence, en
principe, dès la naissance.

- La capacité d'exercice : c'est l'aptitude d'exercer soi-même ses droits et


d'exécuter ses obligations.

En principe toute personne ayant atteint l’âge de la majorité (18 ans révolues) jouit de
la pleine capacité d’exercice.

Cette capacité d’exercice est limitée dans les cas suivants :


- l’enfant qui, ayant atteint l’âge de discernement (12 ans révolues), n’a pas
atteint celui de la majorité ;
- le prodigue : celui qui dilapide (gaspille) ses biens ;
- le faible d’esprit : celui qui est atteint d’un handicap mental.

Ne jouit pas de la capacité d’exercice (incapable) :


- l’enfant qui n’a pas atteint l’âge de discernement ;
- le dément (l’aliéné mental) et celui qui a perdu la raison.

2. Les biens

Les biens sont des choses ou des droits qui s’exercent sur des choses matérielles ou
immatérielles (droits de créance). Ils ont une valeur pécuniaire et font partie du
patrimoine d’une personne.

2.1. Notion de patrimoine

Le patrimoine est l'ensemble des droits et des obligations d'une personne juridique.
Le patrimoine comporte un actif et un passif :

- Activement, c'est l'ensemble des biens et des créances, quels qu'ils soient :
choses inanimées ou animées (végétaux, animaux), mobilières ou immobilières,
corporelles ou incorporelles qui appartiennent à une personne physique ou
morale.

- Passivement, le patrimoine contient l'ensemble des dettes de la personne.

Le patrimoine est un corollaire de la personnalité juridique, ce qui signifie que toute


personne dispose d'un patrimoine.

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2.2 Classification des biens

2.2.1 Les biens immeubles et les biens meubles

- Les immeubles

 Les immeubles par nature


Les immeubles par nature sont tous les biens fixés au sol : toutes les constructions et
tous les accessoires incorporés à ces constructions : canalisations d'eau, ascenseur,
végétaux plantés. Le sol et le sous-sol sont également des immeubles par nature.
 Les immeubles par destination
Ce sont des biens originellement meubles mais que la loi qualifie d'immeubles par
destination en raison du lien qui les unit à un immeuble par nature : ils constituent en
effet un accessoire. Ainsi un tapis d'escalier est un immeuble par destination mais
aussi les animaux d'une ferme, les matériels d'exploitation d'un atelier, une cuisine
intégrée dans une habitation…

- Les meubles
Les biens meubles sont des biens qui peuvent se déplacer ou être déplacés d'un lieu à
un autre.

2.2.2 Les biens corporels et les biens incorporels

On distingue les biens corporels et les biens incorporels selon le critère de la


matérialité :

- les biens corporels sont des choses matérielles, concrètes, palpables


physiquement. Ce sont donc des objets, des bâtiments, des terrains… ;

- les biens incorporels sont des choses immatérielles, non palpables


physiquement. Cette notion relève de l’idée, de la création de l’esprit ou encore
de droits.

2.2.3 L'intérêt de la classification des biens

Les biens meubles et les biens immeubles ne sont pas soumis aux mêmes règles
juridiques. Le régime juridique des biens meubles est plus souple afin de faciliter les
transactions commerciales.

2.3 Les droits sur les biens

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Un droit réel est un droit portant directement sur un bien qui procure à son titulaire
tout ou partie de l'utilité économique de ce bien (on oppose le droit réel au droit
personnel, qui s'exerce contre une personne).

2.3.1 Les droits réels principaux

Les droits réels principaux donnent à leur titulaire le pouvoir de tirer directement
d'une chose tout ou partie de son utilité économique.
La propriété est le droit réel principal le plus complet. Il confère toutes les
prérogatives que l'on peut avoir sur un bien : l'usus, le fructus et l'abusus :

 L'usus est le droit de détenir et d'utiliser une chose sans en percevoir les fruits ;

 Le fructus est le droit de percevoir les fruits, c'est à dire les biens produits
périodiquement et régulièrement par les choses sans altération de leur substance
;

 L'abusus désigne le droit de disposer de la chose (vente ou même destruction


du bien).

A côté du droit de propriété, figurent parmi les droits réels principaux, les
démembrements du droit de propriété :

 L'usufruit confère à son titulaire le droit d'utiliser la chose et d'en percevoir les
fruits, mais pas celui d'en disposer, lequel appartient au nu-propriétaire ;

 De même le locataire d'un appartement dispose de l'usus du bien immobilier


quand le bailleur en détient le fructus (les loyers) et l'abusus (il peut récupérer,
vendre ou donner son appartement).

2.3.2 Les droits réels accessoires

Les droits réels accessoires garantissent le paiement d'une créance. Ce sont


essentiellement les sûretés.
L'hypothèque est un droit réel accessoire grevant un immeuble constitué au profit
d'un créancier en garantie du paiement de la dette.
Le nantissement est un droit réel accessoire grevant un bien meuble, tel que le
nantissement du fonds de commerce.

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Chapitre 3- les obligations et les contrats

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1. Obligations

1.1 Notion d’obligation

L’obligation est un lien de droit en vertu duquel, une personne appelée créancier
peut contraindre une autre, le débiteur à exécuter une prestation définie.

Pour le créancier, l'obligation est constitutive d'une créance.

Pour le débiteur l'obligation est constitutive d'une dette.

1.2 Classification des obligations

1.2.1 Classification selon la source de l'obligation

- Les obligations contractuelles : elles résultent d’un acte juridique :


manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit.

Exemple : obligation de payer le salaire spécifié dans un contrat de travail.

- Les obligations délictuelles : l'obligation délictuelle nait de la faute commise,


qui oblige à réparer. Elle résulte d’un fait juridique : évènement volontaire ou
non, dont les conséquences juridiques n’étaient pas souhaitées.

Exemples :

 réparation du dommage subi par la victime d’un accident de voiture


 sanction pénale pour une agression

- Les obligations légales : Obligations imposées par la loi.

Exemple : obligation de payer l’impôt

1.2.2 Classification selon l'objet de l'obligation :

- Les obligations de faire : action positive que doit effectuer le débiteur.

Exemples :

 livraison
 défense du client par l'avocat
 transport de personnes.

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- Les obligations de ne pas faire : obligation de s'abstenir de faire certains actes :
ne pas nuire à autrui.

Exemple : interdiction de se réinstaller trop près du lieu où se trouve le fonds de


commerce vendu

- Les obligations de donner : il s'agit de réaliser un transfert de propriété.

Exemple : vente d’une maison

1.2.3 Classification selon la nature de l'obligation

- L'obligation de moyen : le débiteur s'engage à faire tout son possible lors de


l'exécution de son obligation, mais ne peut garantir le résultat.

Exemples : obligations du médecin, de l'avocat, ...

- L'obligation de résultat : le débiteur s'engage à donner, où à effectuer une


prestation bien déterminée, en garantissant le résultat.

Exemples : contrat de vente, contrat de transport, ...

1.3 Preuve et extinction

1.3.1 Preuve des obligations

- Définition : la preuve est la démonstration d'un fait (préjudice) ou d'un acte


(un contrat).

- Charge de la preuve (qui doit prouver) : elle est précisée par les articles 399
et 400 du DOC (Dahir des Obligations et des Contrats) :

 La preuve de l'obligation doit être faite par celui qui s'en prévaut (le
demandeur) (Article 399).

 Lorsque le demandeur a prouvé l'existence de l'obligation, celui qui


affirme qu'elle est éteinte ou qu'elle ne lui est pas opposable doit le
prouver (Article 400).

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- - Moyens de preuve : les moyens de preuve reconnus par la loi sont énoncés
par l’article 404 du DOC :

* L'aveu : c’est la déclaration que fait en justice la partie qui reconnaît la vérité
des faits qui lui sont opposés. L'aveu peut résulter du silence de la partie.

* La preuve littérale ou écrite : elle résulte d’un acte écrit qui peut être
authentique (dressé par un officier public : notaire, adel, etc.) ou sous seing
privé (rédigés par les parties à l'acte sans l’intervention d’un officier public).

* La preuve testimoniale : c’est la preuve par témoins. Cependant, l’article


443 du DOC précise que : « Les
Conventions et autres faits juridiques ayant pour but de créer, de transférer, de
modifier ou d'éteindre des obligations ou des droits et excédant la
somme ou la valeur de dix mille dirhams ne peuvent être prouvés par témoins.
Il doit en être passé acte authentique ou sous seing privé, éventuellement établi
sous forme électronique ou transmis par voie électronique. »

* La présomption : les présomptions sont des indices au moyen desquels la loi


ou le juge établit l'existence de certains faits inconnus. Ainsi par exemple
l’article 456 du DOC précise que : « Celui qui possède de bonne foi une chose
mobilière ou un ensemble de meubles est présumé avoir acquis cette chose
régulièrement et d'une manière valable, sauf à celui qui allègue le contraire à le
prouver.
N'est pas présumé de bonne foi celui qui savait ou devait savoir, au moment où
il a reçu la chose, que celui dont il l'a reçue n'avait pas le droit d'en disposer. »

* Le serment et le refus de le prêter.

1.3.2 Extinction des obligations

D’après l’article 319 du DOC : Les obligations s'éteignent par :

* Le payement : la façon la plus fréquente de mettre fin à une obligation,


c’est de l’exécuter (l’accomplir). En droit, cette exécution s’appelle
paiement.

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* L'impossibilité de l'exécution : c’est généralement le cas d’une force
majeure (événement involontaire et imprévisible qui empêche le débiteur
d’exécuter sa prestation).

* La remise volontaire : renonciation du créancier à tout ou partie de sa


créance.

* La novation : remplacement d’une obligation par une autre, l’ancienne


obligation s’éteint et elle est remplacée par la nouvelle ;

Exemple : Le créancier d’une somme d’argent convient avec le débiteur


que celui-ci lui paiera à la place une rente viagère.

* La compensation : extinction de deux dettes liquides et exigibles à


concurrence de la moins élevée, entre deux personnes à la fois créancière
et débitrice l’une de l’autre.

* La confusion : mode d’extinction de l’obligation résultant de la réunion


en la même personne des qualités de créancier et de débiteur.

Exemple : on est locataire d'un appartement. Contrat de location :


obligation de verser des loyers mensuellement. Et on achète l'appartement.
Il y a confusion par rapport à l'obligation de payer les loyers.

* La prescription : extinction de l’obligation par la suite de l’inaction du


créancier pendant un certain délai déterminé par la loi.

* La résiliation volontaire : aussitôt les parties conviennent d'un


commun accord de s'en départir.

2. Les contrats

2.1 Notion de contrat


2.1.1. La définition du contrat

Le contrat est un accord de volontés générateur de droits et d’obligations entre les


parties qui le concluent. Par exemple, dans un contrat de vente, le vendeur a le droit
de recevoir une somme d’argent mais, en contrepartie, il s’oblige à délivrer une
chose.

21
2.1.2. La diversité des contrats
Dans la vie quotidienne comme dans le domaine des affaires, nous passons de
nombreux contrats. Par exemple, pour se loger, un locataire passe un contrat de
location avec le propriétaire d’un immeuble. De même, pour travailler, un salarié
conclut un contrat avec un employeur. Le contrat est encore utilisé pour organiser les
relations de transport, de mariage, de vente ou d’assurance ...

2.2 Classification
Les contrats sont très divers et peuvent être classés en fonction de plusieurs critères.
Les principaux critères retenus sont la formation, le contenu et l’exécution du contrat.

La classification des contrats d’après leur mode de formation

Contrat Contrat
Contrat solennel Contrat individuel
consensuel collectif
L’échange des La validité du contrat Conclu entre deux ou Engage d’autres
consentements est soumise à une plusieurs personnes. personnes que
suffit à former le formalité, souvent un Leurs effets ne les contractants.
contrat. écrit. concernent que ces Ex. convention
Ex. le contrat de Ex. un contrat de contractants. collective
vente d’un bien mariage est un acte Ex. Contrat de
meuble authentique travail
Contrat de gré à
Contrat d’adhésion
gré
Les termes du L’une des parties,
contrat sont économiquement plus
librement forte, impose ses
discutés par les conditions à l’autre.
parties. Ex. contrat de
Ex. revente d’un transport RAM
livre à un ami

La classification des contrats d’après leur contenu

Contrat bilatéral
Contrat à titre Contrat à titre
Contrat unilatéral ou
onéreux gratuit
synallagmatique
Une seule Les parties ont des Chacune des parties Une seule partie à
personne a des obligations doit donner ou faire des avantages.
obligations envers réciproques. quelque chose. Les L’autre partie
l’autre. Ex. Un contrat de avantages sont s’appauvrit.
Ex. une donation vente réciproques. Ex. une donation
22
Ex. un contrat de
transport
Contrat à Contrat à
Contrat
Contrat aléatoire exécution exécution
commutatif
instantanée successive
Les avantages et L’obligation est Les obligations du L’exécution des
les obligations soumise à un contrat son exécuté, obligations du
réciproques sont évènement à un moment donné contrat s’échelonne
connus dès la incertain. en une seule fois. dans le temps.
conclusion du Ex. contrat Ex. vente au Ex : contrat de
contrat. d’assurance, comptant. location d’un
Ex. contrat de l’assureur n’est appartement.
travail. obligé qu’en cas de
survenance d’un
sinistre.

2.3 Conditions de validité

Pour qu’un contrat soit valable, il faut certaines conditions : la capacité, le


consentement des parties, l’objet et la cause

 La capacité

Pour contracter, il faut être juridiquement capable.

 Le consentement des parties

C’est la manifestation de volonté des contractants. Le consentement doit être exempt


de vices. Les vices du consentement sont l’erreur, le dol et la violence :

- L’erreur comme une idée fausse et inexacte que se fait le contractant. Par
exemple, un employeur croit passer un contrat de travail avec une personne qui a
obtenu un BTS alors que la personne n’est pas titulaire de ce diplôme.

- Le dol, un des contractants a été trompé par l’autre. Par exemple, un employeur
conditionne l’obtention d’un emploi à la possession d’un diplôme. Une personne
qui ne possède pas ce diplôme mais prétend le détenir obtient l’emploi.

- La violence, morale et physique.

 L’objet

23
Dans l’objet chacune des parties peut s’engager à donner à faire ou non quelque
chose.

L’objet doit répondre à certaines conditions :


- La chose qui accompagne l’objet doit exister ;
- Elle doit également être licite et conforme aux bonnes mœurs.

 La cause

La cause du contrat correspond à la raison pour laquelle chacune des parties a accepté
de conclure le contrat (exemple : une personne loue un appartement pour se
rapprocher de son travail, une autre pour se rapprocher de ses parents).

2.4 La sanction des conditions de validité des contrats : la nullité

Les nullités sanctionnent une violation de l’une des conditions de formation du


contrat. Il existe deux types de nullités, qui ne sont pas soumises au même régime,
mais dont les effets sont identiques.

2.4.1. Les deux types de nullités

Les nullités sont absolues ou relatives.

 Les nullités absolues

Les nullités absolues protègent l’intérêt général, celui de la société tout entière. Elles
peuvent être invoquées quand l’ordre public est atteint ou quand un élément essentiel
de validité du contrat fait défaut : absence de consentement, de cause ou d’objet. Les
nullités absolues peuvent être demandées par toute personne qui y a intérêt.

 Les nullités relatives

Les nullités relatives protègent les contractants dont le consentement a été vicié. Elles
sont encourues quand le consentement est vicié par erreur, dol ou violence. Seules les
personnes que la loi a voulu protéger, c’est-à-dire essentiellement les cocontractants,
peuvent intenter l’action en nullité.

2.4.2. Les effets des nullités

24
Les effets des nullités absolues et relatives sont identiques. Dans les deux cas, le contrat
est anéanti. Par ailleurs, l’anéantissement est rétroactif : les parties sont remises au
même et semblable état qu’avant la conclusion du contrat. En pratique, dans un contrat
de vente, le vendeur récupère le bien et rend le prix versé par l’acheteur. Le contrat est
censé n’avoir jamais existé.

2.5 Effets du contrat

 L’effet obligatoire du contrat

Le contrat est la loi des parties, à condition, toutefois, qu’il ait été régulièrement
formé.
En vertu de ce principe, les parties sont tenues d’exécuter l’arrangement contractuel
qu’elles ont négocié. De même, elles ne peuvent pas modifier unilatéralement le
contrat.

 L’effet relatif du contrat

Le contrat n’a d’effet qu’entre les parties contractantes. Ce principe dit de l’effet
relatif reçoit des exceptions.

 Le principe

Le contrat ne crée donc ni droits ni obligations à l’égard des tiers (personnes


étrangères au contrat). Par exemple, le nouvel occupant d’un logement n’est pas tenu
de poursuivre le contrat de téléphone de l’ancien locataire ; ce contrat ne lie que les
parties signataires.

 Les exceptions au principe

Des tiers peuvent être concernés par le contrat :

– Un contrat peut créer une charge pour autrui : par exemple, les héritiers qui
acceptent la succession sont tenus par les contrats passés par le défunt comme s’ils

25
les avaient passés eux-mêmes ; ils succèdent aux droits et créances du défunt. Ils sont
aussi tenus des dettes.

– Un contrat peut profiter à autrui : il en est ainsi de la stipulation pour autrui.


Dans cette situation, une personne (le stipulant) obtient d’une autre personne (le
promettant) qu’elle s’engage envers une troisième personne (le tiers bénéficiaire)
restée étrangère à cette convention. L’assurance-vie utilise ce mécanisme : dans ce
contrat, une personne (le stipulant) convient avec son assureur (le promettant) que
celui-ci versera une somme d’argent à une troisième personne (par exemple, le fils du
stipulant) à son décès.

2.6 Responsabilité contractuelle

Le débiteur qui ne respecte pas sa parole contractuelle engage sa responsabilité.


La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle suppose la réunion de trois
conditions : il faut un dommage, une faute contractuelle et un lien de causalité.

Le dommage est une atteinte subie par une personne dans son corps (dommage
corporel), dans son patrimoine (dommage matériel ou économique) ou dans ses droits
extrapatrimoniaux (atteinte à l’honneur, par exemple).

La faute contractuelle provient d’une inexécution ou d’une mauvaise exécution du


contrat (ex. : non-livraison ou livraison tardive de marchandise).

Le lien de causalité est le troisième élément. En pratique, cela veut dire qu’il existe
entre la faute contractuelle et le dommage un lien de cause à effet. Le dommage, par
exemple la perte d’un client a été provoquée par la faute contractuelle, par exemple le
retard de livraison.

26
Partie 2 : Eléments du droit commercial

1. Le commerçant

1.1 Définition

Le commerçant est une personne qui exerce des actes de commerce, à titre de
profession habituelle, en son nom et pour son compte.

1.1.1 Conditions requises pour la qualité du commerçant

1.1.1.1 Les conditions liées à la personne

 La capacité commerciale

La capacité qui est la condition de la qualité du commerçant est la capacité


d’exercice.
Toute personne âgée de 18 ans est majeure, et peut devenir commerçant.
Les mineurs et les majeures incapables ne peuvent pas devenir commerçants.

 Les interdictions
27
 Les déchéances
Pour assainir la profession commerciale et assurer un minimum de moralité, le
législateur interdit le commerce aux personnes qui ont encouru certaines
condamnations.

 Les incompatibilités
L’incompatibilité est l’interdiction faite à certaines personnes d’exercer le commerce
en raison de leur profession (avocat, notaire,…)

 Les commerces soumis à autorisation administrative


C’est le cas des assurances, des banques, des transports publics…

1.1.1.2 Les conditions liées à l’activité

 Les actes de commerce par nature


Ces actes permettent l’identification des commerçants. Ils sont évoqués dans l’article
6 du code de commerce :

1) l’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature


soit après les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer;
2) la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location;
3) l’achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état ou après transformation;
4) la recherche et l’exploitation des mines et carrières;
5) l’activité industrielle ou artisanale;
6) le transport;
7) la banque, le crédit et les transactions financières;
8) les opérations d’assurances à primes fixes;
9) le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise;
10) l’exploitation d’entrepôts et de magasins généraux;
11) l’imprimerie et l’édition quels qu'en soient la forme et le support;
12) le bâtiment et les travaux publics;
13) les bureaux et agences d’affaires, de voyages, d’information et de publicité;
14) la fourniture de produits et services;
15) l’organisation des spectacles publics:
16) la vente aux enchères publiques;
17) la distribution d’eau, d’électricité et de gaz;
18) les postes et télécommunications.

 Les actes de commerce par la forme


Ils constituent des actes de commerce, même lorsqu’ils sont faits à titre isolé par des
non commerçants.

28
Exemples :
- La lettre de change ;
- Le billet à ordre signé par un non commerçant lorsqu’il résulte d’une transaction
commerciale ;
- Les actes faits par les sociétés commerciales.

 Les actes de commerce par accessoire


Tout acte ou fait accompli par un commerçant dans l’exercice de son commerce est
présumé commercial.

Exemple : l’achat d’une machine effectué par un commerçant pour les besoins de son
commerce.

 Les actes de commerce mixtes


Lorsqu’un commerçant conclut un acte avec un non commerçant, cet acte est
commercial pour lui et civil pour le non commerçant : c’est un acte mixte. Par
exemple un prêt consenti par une banque à un particulier.

1.2 Obligations du commerçant

Les principales obligations d’un commerçant sont :

 Immatriculation au registre de commerce

Tout commerçant est obligé de s’inscrire au registre de commerce : celui-ci est


constitué par des registres locaux (institués auprès de chaque tribunal de commerce
ou tribunal de première instance). Cette inscription lui confère la qualité de
commerçant.

Après l’immatriculation, le commerçant reçoit un numéro d’immatriculation qui doit


figurer sur tous les papiers commerciaux.
Tout changement ou modification se rapportant aux faits dont l’inscription est
obligatoire doit être mentionné dans le registre.

Pour les sociétés commerciales, elles sont tenues de procéder à une publicité parallèle
au bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales à l’occasion de leur
constitution.

 Tenue des livres de commerce

29
Le commerçant tient une comptabilité conformément aux dispositions de la loi n° 9-
88 relative aux obligations comptables des commerçants. Cette loi définit trois sortes
de livres comptables : Le livre journal ; Le livre d’inventaire ; Le grand livre.

Si elle est régulièrement tenue, cette comptabilité est admise par le juge pour faire
preuve entre commerçants à raison des faits de commerce.

Les correspondances commerciales reçues et les copies de lettres envoyées doivent


être classées et conservées pondant dix ans à compter de leur date.

 Ouverture d’un compte

Tout commerçant, pour les besoins de son commerce, a l’obligation d’ouvrir un


compte dans un établissement bancaire ou dans un centre de chèques postaux.

2. Le fonds de commerce

2.1 La composition du fonds de commerce

Le fonds de commerce est un bien meuble constitué par l’ensemble de biens


mobiliers affectés à l’exercice d’une ou de plusieurs activités commerciales. Ces
biens comprennent des éléments incorporels et des éléments corporels :

 Les éléments incorporels

 La clientèle et l’achalandage (compris obligatoirement dans le fonds de


commerce)

La clientèle est l’ensemble des personnes qui ont l’habitude de fréquenter le fonds de
commerce (les clientes habituels d’une épicerie locale, par exemple).

L’achalandage se distingue de la clientèle proprement dite ; ce sont les clients de


passage qui sont attirés par un emplacement favorable mais n’effectuant que des
achats occasionnels (les consommateurs d’un restaurant sur l’autoroute).

 Le nom commercial

C’est l’appellation sous laquelle le commerçant, personne physique ou morale,


exerce le commerce. (Ex : Maroc télécom)
.
 L’enseigne

C’est le signe extérieur qui permet d’individualiser le commerce. Elle peut être :
30
- Un emblème figuratif ;
- Une dénomination de fantaisie ;

 Les monopoles d’exploitation

Ce sont les droits de propriété industrielle (marques, brevets, dessin et modèles)


souvent présents dans le fonds de commerce :

 Les marques
Ce sont des signes distinctifs des produits ou services d’une entreprise déterminée.

 Les brevets d’invention


Ce sont des titres de propriété industrielle délivrés par l’OMPIC (Office Marocain de
la Propriété Industrielle et Commerciale). Ils confèrent à leurs titulaires un monopole
d’exploitation pour une période maximale de 20 ans.

 Les dessins et modèles


Les dessins et modèles constituent l'aspect ornemental et esthétique d’un produit ou
de son emballage.
Le titre de propriété industrielle peut être accordé sur un dessin, un modèle, ou une
combinaison des deux. Il attribue le titre exclusif d'exploitation pour une durée de 5
ans, renouvelable 2 fois, soit un maximum de 15 ans.

 Le droit au bail

Le plus souvent, le commerçant n’est pas propriétaire du local où il exerce son


commerce. Il occupe celui-ci en exécution d’un contrat de bail. La loi confère au
propriétaire du fonds de commerce un droit au bail, c’est-à-dire un droit au
renouvellement du bail ou à défaut une indemnité d’éviction de la part du bailleur si
ce dernier veut lui donner congé.

 Les éléments corporels

Il s’agit du matériel et outillage et les marchandises.

2.2 La protection du fonds de commerce

 Contre la concurrence déloyale

Elle émane d’un commerçant qui, de mauvaise foi, détourne la clientèle du fonds en
utilisant des manœuvres déloyales : user de la similitude dans le nom, par exemple.
31
 Contre le bailleur des locaux

A l’expiration du bail, le locataire peut demander le renouvellement de son bail ; à


défaut il recevra une indemnité représentant le dommage que lui fait subir l’éviction.

2.3 Les opérations effectuées sur le fonds de commerce

2.3.1 La cession d’un fonds de commerce

 Principe

La cession du fons de commerce peut porter, selon les cas, sur tout ou partie des
éléments qui composent le fonds de commerce. Toutefois l’achalandage et la
clientèle formant les éléments essentiels doivent toujours être compris dans une
cession du fonds de commerce.
L’acte de cession doit être constaté par un écrit authentique ou sous-seing privé. Un
extrait de l’acte doit être publié au bulletin officiel et dans un journal d’annonces
légales.

 Les obligations des parties

Le vendeur L’acheteur
Mettre à la disposition de l’acheteur le Payer le vendeur ; Effectuer une
fonds de commerce ; Garantir l’acheteur publicité pour informer les créanciers
contre les fraudes ; Ne pas concurrencer son du vendeur.
acheteur.

 La protection des parties

 La protection du vendeur

En cas de cession à crédit, la loi protège le vendeur des risques de non recouvrement
de sa créance en lui accordant des privilèges et une action résolutoire :

 Les privilèges

On distingue :

- le droit de préférence : le vendeur impayé peut se faire rembourser avant les autres
créanciers, il suffit de le faire inscrire dans un délai de 15 jours.

- le droit de suite : ce droit lui permet de saisir et faire vendre le fonds


32
 L’action résolutoire

La cession étant un contrat synallagmatique, le vendeur impayé peut demander la


résolution de la cession et reprendre la propriété de son fonds.

 La protection de l’acheteur

- Le droit d’annuler le contrat d’achat : si le vendeur n’a pas exécuté les mentions
figurant dans l’acte de commerce, l’acheteur peut demander la nullité du contrat pour
cause de dol.

- L’acheteur est protégé contre la concurrence déloyale faite par le vendeur.

2.3.2 Le nantissement

Pour garantir une dette, un emprunt auprès d’un établissement financier, le


propriétaire du fonds de commerce peut le donner en gage au créancier (sans
dépossession).
Le nantissement peut porter sur toutes les composantes du fonds de commerce à
l’exception des marchandises.
En cas d’insolvabilité du débiteur, le créancier peut exercer ses privilèges à savoir le
droit de préférence et le droit de suite.

2.3.3 La gérance libre

La gérance libre est un contrat par lequel le propriétaire ou l’exploitant d’un fonds de
commerce en concède totalement ou partiellement la location à un gérant qui
l’exploite à ses risques et périls.

Un extrait du contrat de gérance libre est publié dans la quinzaine de sa date au


Bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales.
Le bailleur est tenu, soit de se faire radier du registre de commerce, soit de faire
modifier son inscription personnelle avec la mention expresse de la mise en gérance
libre.

3. Les moyens de règlement


33
3.1 Le chèque

3.1.1 Notion de chèque

 Définition

Le chèque est un écrit par lequel, une personne appelé tireur, donne l’ordre au tiré
(une banque), de payer à vue une somme d’argent au tireur lui-même ou à une tierce
personne.

 Mentions obligatoires du chèque

Le chèque contient :

1) la dénomination de chèque, insérée dans le texte même du titre ;

2) le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;

3) le nom du tiré ;

4) l’indication du lieu où le paiement doit s’effectuer ;

5) l’indication de la date et du lieu où le chèque est créé ;

6) le nom et la signature du tireur.

 La provision

L’émission du chèque suppose l’existence de la provision, laquelle correspond à une


créance du tireur sur le tiré. La provision du chèque résulte généralement d’un dépôt
du tireur ou de l’ouverture d’un crédit.
Le chèque certifié par l’établissement bancaire atteste de l’existence de la provision
sur le compte de l’émetteur.

 Le bénéficiaire du chèque

34
Le chèque peut être payable :

 à une personne dénommée : le chèque est alors transmissible par endossement ;

 à une personne dénommée avec la clause non à ordre ou une clause


équivalente : le chèque ne peut être endossé;

 au porteur : chèque sans indication du bénéficiaire.

 Le chèque barré

Le tireur ou le porteur d’un chèque peut le barrer. Le barrement s'effectue au moyen


de deux barres parallèles apposées au recto.

 Obligation de payer par chèque barré

Depuis février 2011, toutes les personnes morales et personnes inscrites à la taxe
professionnelle ne pourront plus désormais effectuer leurs règlements qu’avec des
chèques pré-barrés non endossables.

3.1.2 La circulation du chèque

La circulation du chèque payable au profit d’une personne dénommée est effectuée


par l’endossement. Le bénéficiaire du chèque (l’endosseur) appose sa signature au
verso (dos) du chèque avant sa remise au nouveau bénéficiaire désigné
(l’endossataire).
L’endossement est utilisé :
 soit pour transférer la propriété de la provision du chèque à une tierce
personne : c’est l’endossement translatif de propriété ;
 soit pour charger la banque du bénéficiaire de l’encaisser auprès de la banque
du tiré : il s’agit de l’endossement de procuration.

3.1.3 La présentation et le paiement

35
Le chèque est payable à vue. Toute mention contraire est réputée non écrite.
Le chèque présenté au paiement avant le jour indiqué comme date d’émission est
payable le jour de la présentation.
Le chèque émis et payable au Maroc, doit être présenté au paiement dans le délai de
vingt jours.
Le chèque émis hors du Maroc et payable au Maroc doit être présenté dans un délai
de soixante jours.
Le point de départ des délais sus - indiqués est le jour porté sur le chèque comme date
d’émission.

3.1.4 Le recours faute de paiement

Le porteur peut exercer ses recours contre les endosseurs et le tireur, si le chèque,
présenté en temps utile, n'est pas payé et si le refus de paiement est constaté par un
protêt.
Le protêt doit être fait avant l’expiration du délai de présentation.

3.1.5 La prescription

L’action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par un an à partir de


l’expiration du délai de présentation.

3.2 La lettre de change

3.2.1 Notion de lettre de change

 Définition

La lettre de change ou traite est un écrit par lequel, une personne appelé tireur
(créancier), donne l’ordre au tiré (débiteur), de payer une somme d’argent à certaine
échéance, au tireur lui-même ou à une tierce personne.

 Mentions obligatoires de lettre de change

36
La lettre de change contient :

a) la dénomination de la lettre de change insérée dans le texte même du titre (1) ;


b) le mandat pur et simple de payer une somme déterminée (2) ;
c) le nom de celui qui doit payer (tiré) (12) ;
d) l’indication de l’échéance (6) ;
e) celle du lieu où le paiement doit s'effectuer (13) ;
f) le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait (4) ;
g) l’indication de la date et du lieu où la lettre est créée (5) ;
h) le nom (3) et la signature de celui qui émet la lettre (14).

Dans la pratique, ce sont les établissements bancaires qui délivrent à leur clientèle
des carnets de Lettres de Change Normalisées (LCN) pour leur permettre de procéder
à des règlements, généralement à échéance. Le nom du tiré (client de la banque) et les
renseignements concernant son compte bancaire sont pré-imprimés par la banque (12
et 13).

Pour régler un créancier (le tireur), le débiteur (tiré) prend l’initiative et précise :
 La date et le lieu de création de la lettre de change ;

 La date d’échéance ;

 La cause : généralement la référence aux factures à régler ;

 Le montant à payer en chiffres et en lettres.

 La date d’acceptation suivi de la signature.

Finalement le tiré envoie la lettre de change ainsi acceptée au tireur qui la complète et
la conserve jusqu’à l’échéance ou la mobilise avant l’échéance (endossement à un
fournisseur ou escompte auprès d’une banque).

37
 La provision

La provision de la lettre de change correspond à la créance du tireur sur le tiré.


La créance du tireur sur le tiré doit, à l’échéance de la lettre de change, être certaine,
liquide et exigible.
La propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre
de change.
L’acceptation suppose la provision.

 Le bénéficiaire de la lettre de change

La lettre de change peut être à l’ordre du tireur lui-même. Elle peut être tirée pour le
compte d’un tiers.

 L’acceptation

Par l’acceptation, le tiré s'oblige à payer la lettre de change à l’échéance.


 L’aval

Le paiement d’une lettre de change peut être garanti pour tout ou partie de son
montant par un aval.
Cette garantie est fournie par un tiers (généralement une banque dans le cadre du
commerce international).

3.2.2 La circulation de lettre de change


Toute lettre de change est transmissible par la voie de l’endossement.
L’endossement partiel est nul.
L’endossement peut être translatif de propriété ou de procuration.

3.2.3 La présentation et le paiement

38
Le porteur d’une lettre de change doit la présenter au paiement soit le jour où elle est
payable, soit l’un des cinq jours ouvrables qui suivent.

3.2.4 Le recours faute de paiement

Le refus de paiement doit être constaté par un acte authentique dit protêt faute de
paiement dressé par un agent du secrétariat-greffe du tribunal.
Le protêt faute de paiement d’une lettre de change doit être fait dans les cinq jours
ouvrables qui suivent le jour où la lettre de change est payable.

3.2.5 La prescription

Toutes actions résultant de la lettre de change contre l’accepteur se prescrivent par


trois ans à compter de la date de l’échéance.
Les actions du porteur contre les endosseurs et contre le tireur se prescrivent par un
an à partir de la date du protêt dressé en temps utile ou de celle de l’échéance, en cas
de clause de retour sans frais.

3.3 Le billet à ordre

 Définition

Le billet à ordre est un écrit par lequel, une personne appelé souscripteur (débiteur),
s’engage à payer une somme d’argent à certaine échéance à une tierce personne.

 Mentions obligatoires du billet à ordre

La lettre de change contient :

11) la clause à ordre ou la dénomination du titre insérée dans le texte même ;


2) la promesse pure et simple de payer une somme déterminée ;
3) l’indication de l’échéance ;
4) celle du lieu où le paiement doit s’effectuer ;
5) le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait ;
6) l’indication de la date et du lieu où le billet est souscrit ;
7) le nom et la signature de celui qui émet le titre (souscripteur).

 Remarque
39
Sont applicables au billet à ordre les dispositions relatives à la lettre de change et
concernant: l’endossement, l’échéance, le paiement, les recours faute de paiement et
les protêts.

40

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