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République de côte d’ivoire

Année académique 2020-2021

1E ANNÉE
Licence des Sciences Juridiques,
Administratives et Politiques

DR BEUGRE YANNICK

SJAP

1
COURS
DE
METHODOLOGIE
JURIDIQUE

2
INTRODUCTION GENERALE

Le droit est une discipline qui prend appuie sur des procédés et méthodes
déterminés. Elle suppose des méthodes appropriées fondées sur une logique, des
raisonnements divers, des instruments techniques, des classifications, des
qualifications, une terminologie riche et précise, des techniques d’expression
adéquates. Cela implique des procédés déterminés d’information, de
coordination, d’interprétation.

Au sens étymologique du terme, la méthode est un « cheminement ». Elle est


conçue comme un enchaînement raisonné de moyens en vue d’une fin.

La Méthodologie s’entend, selon le dictionnaire Larousse, comme un ensemble


de méthodes et techniques utilisées dans un domaine technique ou dans une
discipline particulière. C’est la manière de procéder, la méthode à observer. Elle
peut également être définie comme l’étude de la démarche à adopter pour
atteindre un but. Une meilleure rédaction ou clarté du raisonnement juridique,
nécessite d’acquérir une méthode, autrement dit une marche à suivre pour
atteindre cet objectif.

La méthodologie juridique a pour objet d’étudier les voies et moyens permettant,


en fonction des buts poursuivis et de la cohérence interne de l’ordre juridique, de
parvenir aux résultats souhaités, de la façon la plus économique et efficace.

L’objectif de ce cours est la Méthodologie des sciences juridiques ou


Méthodologie juridique. La méthodologie juridique peut se définir donc comme
l’ensemble des méthodes et techniques relatives au droit. En Droit, c’est donc la
manière de conduire un raisonnement ou de formuler une réponse à une question.
Le raisonnement est celui du raisonnement par déduction. On parle de
raisonnement par Syllogisme.

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Le raisonnement par syllogisme consiste à :

- Enoncer la règle ou le principe ;


- Appliquer la règle au cas ou à la question qui nous est soumis(e) ;
- Tirer la conclusion par voie déductive

Le raisonnement par syllogisme est le procédé de réponse dans le fond (le


contenu). En Droit, la réponse à une question ou la rédaction juridique obéit à un
critère ou une condition de forme (Procédure). Il n’y a pas de plan standard pour
toutes les questions soumises à notre analyse. De chaque cas, découle un plan,
selon l’orientation de notre analyse.

Certes l’objet de ce cours demeure l’acquisition des outils méthodologiques en


vue de mieux construire et présenter le raisonnement juridique dans l’évaluation
des étudiants ; toutefois, en réalité, dans le cadre de ce cours, nous tenterons
d’inculquer aux étudiants la méthodologie de rédaction des exercices juridiques
auxquels ils seront confrontés tout au long de leur formation, à savoir : La
dissertation Juridique, le Cas pratique, la Consultation Juridique, le
Commentaire de texte et le Commentaire d’arrêt.

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Chapitre 1er : La Dissertation Juridique
La Dissertation est un exercice que tout étudiant connait pour l’avoir
pratiquer durant ses études secondaires, notamment en Philosophie, Histoire
Géographie, Français. C’est donc une application spécifique de la dissertation
littéraire.

Le mot « Dissertation » vient du latin « Disserere » qui signifie « exposer


des raisonnements, des idées liées les unes aux autres ». La dissertation juridique
correspond à la mise en œuvre d’un discours ordonné et cohérent à propos d’un
problème envisagé dans sa dimension juridique. C’est un exercice qui est
caractérisé par l’Exhaustivité et la Rigueur.

Par exhaustivité, il faut entendre que tous les aspects importants du sujet
doivent être abordés. La rigueur signifie qu’il faut veiller à ce que le
développement corresponde non seulement au problème juridique dégagé dans
l’introduction et également aux intitulés du plan.

La méthodologie de la dissertation s’articule au cours de deux (2) grands


axes :

- La préparation au brouillon ;
- La rédaction

Paragraphe I : La préparation de la dissertation

Les étapes de la préparation sont les suivantes : La lecture du sujet, la


définition du sujet, l’inventaire des connaissances sur le sujet, la problématique
et la recherche du plan.

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A-La lecture du sujet

Cette étape est d’une importance capitale à laquelle il faut consacrer


suffisamment de temps. Trois (3) lectures sont recommandées. La première
permet à l’étudiant de prendre connaissance du sujet de façon globale ; la
seconde lecture, attentive et posée, permet de circonscrire le sujet ; et la
troisième lecture vise à saisir toutes les subtilités du sujet.

Après une lecture active du sujet, il convient de mettre en évidence les


termes du sujet, d’où la nécessité de la définition du sujet.

B- Définition du Sujet

Cette étape, déterminante dans la dissertation, permet de révéler le sens du


sujet. Elle passe par la définition des termes clés du sujet et de l’ensemble des
termes du sujet.

C-L’inventaire des connaissances sur le sujet

Il s’agit ici de l’opération qui permet de savoir ce qu’il y’a comme


connaissance sur le sujet. Le but ici est de réaliser l’exhaustivité des
connaissances sur le sujet, notamment les aspects importants. Les connaissances
inventoriées nous conduiront à nous poser autant de questions à traiter dans le
cadre de la dissertation.

Cela nous conduira à dégager le/les problème(s) de droit ou la


problématique.

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D-La problématique ou le problème de droit

Le problème de droit est la formulation en termes juridiques de la ou des


question(s) que soulève le sujet de dissertation juridique.

Le problème juridique est indispensable dans cet exercice et peut être dégagé
à partir des éléments suivants :

- Une question générale ou précise sur le sujet soulevée dans le cours par
l’enseignant ;
- L’actualité juridique du sujet ;
- L’intérêt du sujet.

La formulation du problème de droit se fait également sous la forme


interrogative et conduit inéluctablement à la recherche d’un plan.

E- La recherche d’un plan

Elle passe nécessairement ; d’abord par quelques considérations d’ordre


général sur le plan (1), ensuite par les méthodes pour parvenir à la rédaction du
plan (2), et enfin par la formulation des intitulés (3).

1- Considérations générales sur le plan

Le plan de dissertation est l’articulation de l’organisation des idées


principales ou secondaires qui découlent de la question juridique posée par le
sujet proposé.
Il y’a donc un lien entre le problème et le développement de la dissertation.

En Droit, le plan le plus utilisé est celui bipartite, c’est-à-dire en deux (2)
parties et deux (2) Sous-parties. L’objectif ici est de rechercher l’équilibre du
plan adopté. Il va sans dire que le plan en trois (3) parties est formellement
déconseillé mais n’est pas interdit.

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Concrètement, le plan donne ceci :

I : Titre (Première idée essentielle)


Chapeau introductif

A- Titre (Sous-idée)
Contenu et Phrase de Transition pour passer du A à B
B- Titre (Sous-idée)
Contenu et Phrase de Transition pour passer du I au II

II : Titre (Deuxième idée essentielle)

Chapeau introductif

A- Titre (Sous-idée)
Contenu et Phrase de Transition pour passer du A à B
B- Titre (Sous-idée)
Contenu

2- Les Méthodes

La méthode qui semble faire l’unanimité est celle de trouver un plan


équilibré, qui convainc. Cela consiste à répartir les connaissances recensées dans
l’inventaire selon des critères que sont :

- Soit on peut invoquer les principes et les exceptions


- La règle générale et la règle spéciale
- Nature juridique et régime juridique
- Domaine et Portée
- Nature et Objet
- Principes et Exceptions

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- Conditions et Effets etc.

3- La formulation des intitulés

Les intitulés d’un plan doivent obéir à trois (3) exigences :

- La Rigueur : Ils doivent correspondre au contenu des parties et des sous-


parties
- La Clarté : Les titres doivent être explicites
- L’Elégance : Les intitulés doivent comporter sensiblement le même
nombre de mots
- NB : Il est déconseillé à l’étudiant de conjuguer des verbes dans l’intitulé.

Après avoir préparé la dissertation au brouillon, il convient de passer à la


phase de rédaction.

Paragraphe II : La rédaction

La rédaction de la dissertation juridique comprend essentiellement deux (2)


parties : L’introduction (A) et le développement (B)

A-L’introduction

L’introduction se présente sous forme d’entonnoir et revêt une grande


importance dès la prise de contact du lecteur avec le travail présenté.
L’introduction est composée de cinq (5) éléments fondamentaux que sont : Le
chapeau introductif, la situation du sujet, l’intérêt du sujet, le problème de droit
et l’annonce du plan.

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1- Le chapeau introductif

L’introduction commence généralement par un chapeau introductif ou une


phrase d’accroche. Il peut s’agir d’une citation ou d’une disposition d’un texte,
d’une disposition légale etc. On appelle également le chapeau introductif, la
généralité.

2- La situation du sujet

Il s’agit d’une part de faire l’insertion du sujet, et d’autre part, de définir


le sujet afin de le délimiter des éléments d’histoire du droit, du droit comparé ou
d’autres matières qui peuvent être utilisées dans la mesure où celles-ci
permettent d’illustrer les définitions ou la délimitation du sujet. Prosaïquement,
la situation du sujet permet de situer le contexte du sujet à traiter et d’établir une
approche définitionnelle permettant de définir de manière claire et nette les mots
clés se trouvant dans la formulation du sujet.

3- L’intérêt du sujet

Il s’agit ici de donner les raisons de l’attention que l’on porte sur le sujet,
présenter les intérêts théoriques et pratiques. C’est notamment l’actualité
juridique de la question posée qu’il faut rappeler en substance. Vous devez
expliquer ici pourquoi et en quoi le sujet est intéressant. Il faut préciser que
l’intérêt peut se placer avant ou après le problème de droit, mais il est
idéalement recommandé de le mettre avant le problème de droit.

4- Le problème de droit

Le problème de droit correspond à la difficulté à laquelle nous nous


proposons de répondre. Il est formulé pour exprimer « le Malaise » que le sujet
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fait ressortir ou contenu dans le sujet. Il doit être clairement formulé, et de
préférence sous la forme interrogative.

5- L’annonce du plan

L’annonce du plan permet au lecteur de connaître les grands axes de


réflexion du sujet, il faut présenter les deux axes. A ce stade, les parties du plan
doivent être clairement identifiées. Il est important d’utiliser des formules
élégantes et simples pour l’annonce du plan.

B- Le développement

La dissertation est un exercice de démonstration, l’intitulé des idées


principales, de même que celles secondaires doivent être clairement exprimées,
les sous-parties doivent être formellement annoncées dans un chapeau.

Le développement, dans une recherche perpétuelle de la cohérence doit


toujours répondre à la problématique.

NB : Il n’est pas nécessaire de faire une conclusion car tout est sensé
avoir été dit dans le développement du sujet en ce qui concerne les évaluations
sur table.

Exercice (A développer en salle avec les étudiants)

Sujet 1 : La faute et le contrat

Ici, nous proposons un exemple de plan historique.

I- La faute dans la conclusion du contrat


II- La faute dans l’exécution du contrat

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Sujet 2: L’acquisition de la personnalité juridique

Plan proposé

I- Le principe de l’acquisition de la personnalité juridique


A- La naissance du principe
B- Les conditions d’application du principe

II- L’exception au principe de l’acquisition de la personnalité juridique


A- La règle Infans conceptus
B- La portée de la règle Infans conceptus

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Chapitre 2: Le Cas pratique
Nous aborderons successivement le sens de l’exercice (I), les étapes
préliminaires (II), la Mise en forme (III) et la rédaction (IV).

Paragraphe 1er : Le Sens de l’exercice

« Le cas pratique » est un exercice soumit à l’étudiant afin de jauger ses


connaissances théoriques et intellectuelles. Cet exercice est proposé à partir de
fait réel ou non dans l’optique de déterminer les problèmes posés puis dégager
une solution appropriée sur la base de la règle de droit. C’est un exercice aussi
bien de droit public que de droit privé. Le but de cet exercice est d’apporter une
solution juridique solidairement argumentée, au problème posé dans le cas
soumis à notre sagacité. La capacité de raisonnement, de construction et de
réflexion de l’étudiant est très attendue. Il ne faut prendre position suivant sa
conviction mais analyser les faits à la lumière de la règle de droit y
correspondant.

Dans l’exercice du cas pratique, il faut traduire les faits en termes


juridiques pour pouvoir déceler le problème de droit, déterminer la règle de droit
et vérifier son application à la question posée.

L’exercice du cas pratique est soumis à plusieurs étapes préliminaires.

Paragraphe II : Les étapes préliminaires

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Elles comprennent la lecture du cas ou des cas, le résumé des faits, la
qualification juridique des faits, le problème de droit et la recherche de solution.

A- La lecture du cas ou des cas

Comme tout exercice juridique, la première étape fondamentale est la lecture.


D’abord, la première lecture, rapide de l’énoncé et sans stylo est nécessaire pour
simplement comprendre et s’imprégner de « L’histoire ». Ensuite, il faut une
seconde lecture intégrale et plus attentive avec un stylo pour distinguer les faits
susceptibles d’avoir une incidence juridique ou tout simplement pour souligner
les faits les plus importants. Enfin, une troisième lecture, facultative, mais très
utile, est faite pour comprendre davantage toutes les subtilités du cas qui nous
est soumis.

B- Le résumé des faits

Les faits exposés sont résumés au maximum tout en conservant les éléments
importants et nécessaires à une meilleure compréhension de la situation exposée.
Tout n’est donc pas important dans un cas pratique. L’étudiant doit opérer un tri
entre les faits inutiles et ceux dits pertinents, et ce dans un ordre chronologique.
Aussi faut-il éviter d’ajouter des informations ou données qui n’existent pas. Ce
qui n’est pas dit ne doit pas être supposé ; en revanche, si rien n’est précisé, vous
devez envisager les hypothèses possibles.

C- La qualification juridique des faits

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Qualifié les faits signifie qu’il faut les ranger dans une catégorie juridique ou
encore traduit chaque fait en des termes juridiques.

La qualification juridique peut se définir par l’opération par laquelle le droit


appréhende les comportements, les situations et les faits qu’il est emmené à
saisir. Pour opérer une qualification juridique, il faut :

- Ordonner par écrit les faits dans un ordre chronologique ;


- Traduire chaque fait en des termes juridiques.

D- Le problème de droit

A la suite de la qualification juridique des faits, il faut énoncer et rechercher le


problème de droit. Le problème de droit permet de faire ressortir la
problématique qui se dégage des faits. Ici, à cette étape décisive, il s’agit pour
l’étudiant d’identifier la question ou les questions posées par le cas pratique.
Certes le problème de droit peut être formé sous la forme affirmative mais il est
recommandé à l’étudiant de le formuler sous la forme interrogative.

Exemple : Madame KOFFI peut-elle obtenir le divorce en raison de la relation


adultérine entretenue par son époux Serges ?

Ensuite, il faut traduire cette question factuelle en question juridique.

Trois hypothèses peuvent être envisagées :

- Soit l’énoncé pose une question précise et déjà formulée en termes


juridiques. Il suffit donc d’y répondre.

Exemple : Puis-je annuler le contrat ? Qui est responsable des préjudices ?

- Soit la question est énoncée en langage courant et de façon imprécise ou


générale.

Exemple : Que puis-je faire ? Ici, il faudra traduire la question en termes plus
précis et plus juridiques
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- Soit aucune question ne figure dans l’énoncé : Il convient de se les poser
avec rigueur et discernement en prenant en compte les faits pertinents qui
ont été isolés lors de la lecture de l’énoncé. Cela suppose la maitrise des
connaissances du cours.

E- La recherche d’un plan

Cette étape, importante, permettra de vérifier l’aptitude à faire une application


pratique au fait juridique.

Paragraphe III : La mise en forme

Elle concerne l’introduction (A) et le plan (B).

A- L’introduction

Il n’y a pas ici d’introduction à proprement dit dans le cas pratique. Cependant,
en guise d’introduction, après la phrase d’accroche (facultative), il faut un rappel
des faits entre 4 et 7 lignes selon le cas. Lorsque vous aurez identifié les
problèmes soulevés par le cas, vous commencerez, dans chaque hypothèse, par
un rappel des faits pertinents et utiles à la résolution du problème posé.

S’il s’agit de plusieurs cas pratiques, pour chaque cas, vous débuter par un
rappel des faits pertinents avant de poser le problème de droit soulevé par le cas
traité. L’introduction se résume en ces éléments : Résumé des faits, l’opération
de qualification juridique, le problème de droit, l’annonce du plan.

B- Le plan

A la différence du commentaire d’arrêt et de la dissertation pour lesquels il est


impératif de choisir un plan en deux (2) parties, vous disposez de plus de liberté

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dans un cas pratique. Il y’a en principe, autant de parties qu’il y’a de problèmes
et autant de sous-parties qu’il y’a d’hypothèses. En effet, lorsqu’il y’a plusieurs
fondements envisageables, on commence par les hypothèses les moins probables
et on finit par le fondement qui a le plus de chance d’aboutir.

Paragraphe IV : La rédaction

Lors de la rédaction, l’étudiant en droit doit faire preuve de rigueur. La


résolution du problème ou des problèmes consiste à établir l’adéquation d’une
règle de droit au problème soulevé. Il s’agit de raisonner comme le ferait le juge
par un raisonnement syllogistique :

- Majeure (La règle de droit)


- Mineure (Les faits)
- La solution

Dans la rédaction, l’on fait ressortir les éléments théoriques (A), les faits
pertinents (B), la confrontation des faits et du droit (C) et la solution (D).

A- Les éléments théoriques

D’abord, il s’agit ici de faire appel à vos connaissances, plus précisément


l’exposé de la règle de droit. Quand la règle de droit est un texte de lois, il faut
citer l’article de loi, le résumer s’il est long. Ensuite, en l’absence de texte de loi,
l’on peut citer une décision de jurisprudence. Les arrêts cités sont soit des arrêts
de principe qui sont en rapport avec le problème posé, soit un arrêt spécifique
directement lié ou ayant inspiré les faits de l’espèce. Enfin, l’on fait parfois
référence à la doctrine lorsqu’il s’agit d’une question n’ayant pas encore donné
lieu à une décision jurisprudentielle ou sur laquelle la jurisprudence est non

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existante. Dans la rédaction, il est recommandé d’exposer le principe, de le
confronter aux faits d’espèce et énoncer également les exceptions.

B- Les faits pertinents

Il s’agit ici de faire ressortir uniquement les faits nécessaires à la résolution du


cas pratique, qui par la suite, seront confrontés à la règle de droit que vous aurez
exposée.

C- La confrontation des faits et du droit

Après l’exposé de la règle de droit, vient la confrontation de la règle de droit aux


faits de l’espèce. Elle a pour but de trouver des solutions appropriées au cas. A
ce stade, il faut d’abord identifier la règle de droit qui convient et la dégager en
premier. Ensuite, l’étudiant doit exposer les faits après la règle énoncée. A la
suite de ces deux éléments, vous faites ressortir la solution appropriée au cas ou
au litige lié au fait.

D- La solution

A cette dernière étape, il faut clairement dire quel est le fondement qui a le plus
de chance d’aboutir. Concrètement, il s’agit pour l’étudiant de conclure en
apportant la solution qui se dégage de la confrontation de la règle de droit au cas
d’espèces.

Le cas pratique est un exercice permettant de noter votre capacité à déterminer le


ou des problème(s) de droit et à exposer une solution de manière rigoureuse et

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argumentée, juridiquement. Le devoir n’a pas besoin d’être trop long ; il doit
surtout être structuré et réfléchi.

Le cas pratique est un exercice qui permet de vérifier si l’étudiant a bien étudié
et compris son cours, est capable de structurer ses idées et d’appliquer une
méthode de raisonnement à une situation factuelle.

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Chapitre 3: La Consultation juridique
La consultation juridique, comme son nom l’indique, a un but plus
« pratique » que celui du cas dit « pratique ». La consultation par approche
définitionnelle vise à renseigner la personne qui introduit la demande sur la
manière de résoudre un problème juridique concret qui se pose à elle.

Notre étude s’articulera autour de la Définition (A), l’Objectif (B) et le


Contenu (C) de la consultation juridique.

A- Définition

La consultation juridique peut se définir comme un avis concourant par les


éléments qu’il apporte, à la prise de décision du bénéficiaire. Dans une
conception plus simple, la consultation est le conseil qu’une personne sollicite
d’un Homme de la Loi ou encore un avis, un conseil donné par un professionnel
du droit. Il peut s’agir d’un enseignant du droit, d’un conseiller juridique, d’un
avocat, d’un notaire etc.

B- Objectif

La consultation juridique vise l’action qui consiste à proposer des solutions


réalisables au regard des intérêts des parties et au regard du droit. Il s’agit ici de
dire exactement la solution au problème posé par un requérant c’est-à-dire par
une personne qui sollicite des éclaircissements sur un problème de droit.

Exemple : C’est le cas d’un voisin de quartier qui vous pose le problème
suivant : « Je suis marié, ma femme a donné naissance à une fillette pendant que
j’étais en mission à l’extérieur du pays. Personne n’a eu l’idée de procéder à la
déclaration de naissance de la fille. Elle a actuellement 2 ans.

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Dites-moi, en votre qualité de juriste, comment pourrais-je procéder pour
déclarer la naissance d’un enfant lorsque cela n’a pas été fait pendant la période
régulière ? ».

La question est toute simple, il faut donc une réponse concrète et précise.

La consultation vise l’objectivité, le consultant doit éclairer son client sur sa


situation véritable. Si les prétentions de son client lui paraissent non fondées, il
doit l’indiquer dans sa conclusion. Le rôle du consultant diffère de celui de
l’avocat car ce dernier défend son client et même si la cause est mauvaise,
l’argumentation doit aller en faveur de son client. Or, le consultant doit évaluer
la probabilité de chaque solution. Le droit étant d’ordre normatif voire social, il
faut par conséquent apprécier ce qu’il faut appliquer à chaque solution, à la
lumière de la loi, de la jurisprudence, des intérêts pratiques et de l’équité.

Autre différence, c’est que la consultation peut être donnée à l’extérieur de


l’entreprise ou de l’administration, dans ce cas d’espèce, elle est l’œuvre des
services juridiques ou du contentieux. Lorsqu’elle est donnée au sein de
l’administration ou de l’entreprise, elle s’appelle la Note, et y sont mentionnés
le service destinataire et le service de consultation.

La consultation donnée par un juriste extérieur est appelée « Consultation » au


sens étroit du terme.

C- Contenu

Ce qui convient de retenir, c’est que la consultation juridique contient les mêmes
éléments et suit le même plan que le cas pratique. La différence réside à deux (2)
niveaux : - La formulation des problèmes posés ; - La présentation de la solution.
En ce qui concerne le problème de droit, alors que dans le cas pratique, le
problème est recherché par l’étudiant à travers les faits qui lui sont soumis ; dans
la consultation, le problème est déduit de l’inquiétude exprimée par le requérant.
21
Relativement à la réponse, alors que celle de la consultation s’adresse à celui qui
l’a demandée, dans le cas pratique, la possibilité est laissée à l’étudiant
d’apporter une série de réponse à tout ce qui semble constituer des problèmes à
résoudre.

22
Chapitre 4: Le Commentaire de texte

Il s’agit ici comme le nom de l’exercice l’indique, de commenter,


d’expliquer la pensée d’un auteur. L’étudiant peut être confronté à commenter
des articles de la constitution, une disposition législative, un projet de loi, une
décision administrative, un extrait de doctrine etc.

Cet exercice permet de mettre en valeur les qualités d’analyse d’un


étudiant. Il s’agit de montrer que vous avez compris le sujet qui vous est soumis
(les idées forces de l’auteur) et que vous êtes capable d’exprimer une opinion
personnelle à la fois critique et mesurée. Concrètement, il faut « expliciter,
restituer, dégager la portée du texte ». Dans le commentaire de texte, il faut
restituer dans un contexte général mais toujours le faire à partir de
l’analyse du texte.

La méthode du commentaire de texte se présente en deux étapes. La phase


dite préparatoire (Paragraphe 1) et celle de rédaction (Paragraphe 2).

Paragraphe I: La préparation du commentaire de texte

Elle comprend la lecture (A) et l’analyse du texte (B).

A- La lecture du texte

Il s’agit de lire le texte entièrement de manière passive, sans prise de note,


et de ne rien souligner. Après une première lecture, il faut plusieurs autres
lectures dites actives pour mieux comprendre le texte. La lecture permet
également d’identifier l’auteur, la période d’écriture, la nature du texte et de
relever les mots clés.

C’est une étape nécessaire pour une meilleure analyse du texte.

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B- L’analyse du texte

L’analyse permet de présenter l’objet du commentaire et consiste à révéler


le sens évident et caché du texte. Pour mieux comprendre le texte, il faut se
poser les questions suivantes : Qui ? Quoi ? Comment ? Quand ? Dans quel
but ? Où ?

Egalement pour une meilleure compréhension du cheminement


intellectuel de l’auteur, il vous appartient de « dérouler la chaîne des pourquoi ».

L’analyse du texte nécessite trois (3) opérations :

- L’explication ;
- La motivation de l’explication ;
- La portée du texte.

1- L’explication

Il s’agit d’expliquer et de révéler ce qui sous-tend la pensée ou l’idée de


l’auteur. Il faut s’appuyer sur le texte, c’est-à-dire partir du texte et revenir au
texte, tout en faisant appel à nos connaissances. Il faut également éviter la
simple paraphrase de l’auteur.

2- La motivation de l’explication

Motivez votre explication en puisant des références dans le texte auquel


vous ajouterez vos connaissances. L’un des intérêts du commentaire, c’est
l’ensemble de nos critiques sur la pensée de l’auteur.

3- La portée du texte

A cette étape, il s’agit de l’un des objets principaux du commentaire de


texte. Après l’explication et la motivation du texte, doit être dégagée la portée

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du texte c’est-à-dire les conséquences, l’importance que l’on peut tirer de ce
texte.

C- Le problème de droit

A cette étape, il s’agit de faire ressortir l’un ou les problèmes qui se


dégagent du texte et les formuler en problème juridique. Les idées et mots clés
qui se rapportent au problème juridique doivent être regroupés en deux grands
blocs.

Paragraphe II: La rédaction

Elle se rapporte à l’introduction (A) et au développement (B).

A- L’introduction

Elle se présente sous la forme d’entonnoir et à la différence de celle de la


dissertation, elle comporte les éléments suivants : la nature, le sens, l’intérêt du
texte, la problématique et l’élaboration du plan.

1- La nature du texte

La préparation du commentaire suppose d’abord que soit établie une sorte


de « fiche d’identité » du texte en question. Dans cette perspective, il faut
préciser la nature, en rechercher l’origine (l’ouvrage dont est extrait le texte, la
date de parution), rechercher également l’auteur. S’il s’agit par exemple d’un
ouvrage ou d’un article de doctrine, il faut apprécier sa place dans l’œuvre de
l’auteur ; lorsque le commentaire porte sur une disposition législative, il faut
examiner la loi dont elle est extraite. Aussi, il est important de toujours situer
l’apport et le contenu du texte dans le cadre de la matière.

2- Le sens du texte

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La recherche du sens passe par l’analyse des termes qui composent le texte,
l’étude des concepts qu’il contient et l’examen de sa structure. Ces éléments
sont importants dans la conception du plan.

3- L’intérêt du texte

Il s’agit ici de rappeler l’objectif de l’auteur, par une interprétation


téléologique. L’état de droit antérieur et la genèse du texte doivent être retracés.
Ces éléments mettent en relief l’intérêt du texte à commenter. Nous avons donc
l’intérêt théorique à partir duquel le texte prend position sur tel point de vue ou
telle controverse, puis l'intérêt pratique dans lequel le texte permet de rendre
compte d’une situation donnée.

4- La problématique

Il s’agit de dégager le problème juridique inspiré par le texte, après sa


lecture.

5- L’élaboration du plan

Le plan doit épouser la structure du texte. Ce qui signifie que le plan doit être
fondé sur les grandes idées du texte. Le plan doit épouser une structure binaire
(2 parties), caractérisé par I) et II), organisées en sous-parties A) et B), avec des
chapeaux et phrases de transition.

B- Le plan du développement

Le plan se présente en deux (2) parties, deux sous-parties et est


caractérisé par des chapeaux et phrases de transition.

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Paragraphe III: La conclusion

En principe, elle n’est pas exigée. Toutefois, après avoir établi une sorte
de bilan sur l’application du texte, il vous est recommandé de conclure par une
ouverture sur un sujet ou un thème qui se rapporte du sujet.

27
Chapitre 5: Le Commentaire d’arrêt

Approche définitionnelle

Le commentaire par définition est une analyse juridique écrite et détaillée


d’un arrêt rendu par une juridiction de second degré (Cour d’appel) ou par une
haute juridiction (Cour de cassation ou cours suprême). C’est un exercice
juridique consistant à tester les capacités de l’étudiant à analyser un arrêt ou une
décision de justice et à appliquer une méthodologie particulière. Le commentaire
d’arrêt porte sur l’ensemble des décisions de juridiction.

Quid des caractéristiques du commentaire d’arrêt ?

Les caractéristiques du commentaire d’arrêt

Cet exercice est particulier car l’étude d’une décision de justice nécessite,
au-delà des connaissances liées au thème de la décision étudiée, une bonne
connaissance des termes juridiques techniques et de l’organisation judiciaire. Le
commentaire se caractérise également par son double objet.

L’objet du commentaire

Nous avons l’explication de la décision d’une part, et une réflexion sur la


décision d’autre part.

- L’explication de la décision : Il nous faut montrer que l’arrêt a été


compris ; ce qui suppose des connaissances approfondies sur le sujet
abordé et qui doivent être confrontées avec les aspects spécifiques de la
décision rendue dans l’arrêt.
- La réflexion sur la décision : Après avoir démontré que vous avez
compris la décision, il faut prouver que vous savez mener des réflexions.
En usant de vos connaissances doctrinales et jurisprudentielles, il convient

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de mener une discussion dans le but d’analyser la décision selon le droit,
d’en effectuer la critique, d’en mesurer les conséquences juridiques,
sociales, politiques, morales, économiques etc.

La poursuite de nos réflexions nous conduira à aborder à présent la


préparation du commentaire d’arrêt (paragraphe 1) et le développement
(paragraphe 2)

Paragraphe I : La préparation du commentaire d’arrêt

Dans la préparation, tout commence par une bonne lecture, renouvelée


autant que besoin pour chercher à comprendre tous les considérants ou les
attendus. Il faut identifier les thèses en présence, la solution de la cour ainsi que,
dans un arrêt de rejet, la thèse de pourvoi et, dans un arrêt de cassation, la
solution de la cour d’appel.

Une meilleure préparation du commentaire d’arrêt passe nécessairement


par l’élaboration de la fiche d’arrêt (A) et la recherche d’un plan (B).

A- La fiche d’arrêt

Traditionnellement utilisée comme l’introduction du commentaire d’arrêt,


elle consiste à résumer de manière structurelle et concise, une affaire en justice
et la décision la concernant. La fiche d’arrêt est une fiche de lecture qui doit être
présentée comme une méthode spécifique, il ne s’agit pas de recopier l’arrêt
mais de l’expliquer. La fiche d’arrêt est très technique, permet de retranscrire les
différentes étapes qui ont conduit à la solution retenue dans la décision, objet de
notre étude, et comprend essentiellement six grandes étapes.

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1- Accroche et présentation du sujet

L’accroche peut être élaborée à partir de l’exposé d’une citation en lien avec le
sujet. Cette étape ayant pour objet la présentation du sujet, il convient bien
entendu de situer la décision, c’est-à-dire la nature, l’auteur, le lieu et la date de
la décision.

Exemple : Alors que l’équité n’est pas une source de droit, la cour d’appel
s’octroie le pouvoir de contrôle de proportionnalité qui pourrait aboutir à des
jugements en équité, au mépris du droit.

Cette crainte apparaît dans l’arrêt rendu par la cour d’appel d’Abidjan-plateau, le
06 Août 2020.

2- Résumé des faits

Il s’agit d’un bref exposé de la situation. Ne relever sans paraphraser que les
éléments essentiels à la compréhension du problème de droit. Il est souhaitable
de les présenter dans l’ordre chronologique, même s’ils n’apparaissent pas ainsi
dans la décision.

3- La procédure

Lors de cette étape, il faut présenter les éléments de procédure survenus entre le
moment où le juge de la juridiction a été saisi, et celui où le pourvoi a été formé.
Il s’agit là donc de retranscrire le déroulement de la procédure, c’est-à-dire
l’évolution des litiges jusqu’à la décision étudiée. Il convient de rappeler à cet
effet :

- Qui sont le demandeur et le défendeur ?


- La nature de l’action intentée ?
- Quelles sont les décisions des juges ? Décision de 1ère Instance si elle est
connue, décision de cours d’appel etc

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- Qui forme le pourvoi ? Préciser l’auteur (attention : cela n’apparaît que
dans un arrêt de rejet)

4- Les prétentions des parties

Par prétentions des parties, il s’agit ici d’identifier ici les différents arguments
utilisés par les parties en présence.

- Le demandeur : Les moyens (arguments) soulevés par le demandeur si


cela apparaît dans l’arrêt
- Le défendeur : Les moyens utilisés par le défendeur devant le juge, si les
termes de l’arrêt en parlent. Ou s’il s’agit d’un arrêt de la cour de
cassation, on indique les motifs de la cour d’appel (résumer si nécessaire) ;
si la décision à commenter est un arrêt de rejet, on expose l’argument du
pourvoi.

5- Le problème de droit

Il s’agit d’exposer le problème de droit soulevé par l’application de la loi en


cause. C’est la question principale soulevée par le demandeur, et à laquelle doit
répondre la dernière juridiction saisie. Le problème de droit est donc une
question juridique à laquelle la juridiction a dû répondre pour trancher le litige.

6- La solution

Il s’agit de la solution de la juridiction dont la décision fait l’objet du


commentaire. C’est donc la réponse apportée par la juridiction au problème posé,
en reprenant le raisonnement mené par celle-ci. Il s’agit généralement de la cour
d’appel, cour de cassation ou de la cour suprême. Lorsque la décision

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commentée est dégagée en principe, il suffit de la reformuler sous la forme de
question.

7- Justification du plan

A partir du raisonnement du juge, on essaie de trouver les idées principales et on


les met sous forme de phrase qui accroche ou qui est évocatrice.

8- Annonce du plan

A ce stade, on annonce le plan à partir de deux (2) idées qui ont été
précédemment dégagées, pour construire un développement cohérent du
commentaire.

B- La clarté dans l’élaboration de la fiche d’arrêt

Paragraphe II: Le développement

Le développement doit aborder trois points fondamentaux que sont : Le sens, la


valeur et la portée de la décision.

Le sens ici est entendu comme la signification de l’arrêt, l’explication du


raisonnement des juges.

La valeur, c’est la logique, le commentaire personnel sur l’arrêt, l’appréciation


que l’on en fait.

La portée, c’est l’influence de l’arrêt, la tendance doctrinale ou jurisprudentielle


dans laquelle il s’inscrit. Du point de vue du découpage, sauf exception, le plan
est toujours binaire (2 grandes parties) avec deux sous-parties, chacune.

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Conclusion
Au terme de notre étude, nous pouvons affirmer que le droit, en tant que science
est caractérisé par un ensemble de méthodes à mettre en pratique dans le cadre
de la rédaction. Cette méthodologie, minutieusement bien appliquée, aidera
l’étudiant à réussir les différents exercices qui lui seront soumis.

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