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PARTIE B : L’ORGANISATION JUDICIAIRE,

L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE ET LES MAISONS DE


JUSTICE
Dans cette partie, nous examinerons successivement les juridictions, l’administration
pénitentiaire et les maisons de justice.

I. L’ORGANISATION JUDICIAIRE
L’organisation judiciaire togolaise est régie par la loi n° 2019-015 du 30 octobre 2019 portant
code de l’organisation judiciaire. Ce nouveau texte a créé les Tribunaux de Grande Instance
dans chaque région administrative. Selon l’article 77 : « En matière civile, le tribunal de
grande instance connaît en premier et dernier ressort des actions jusqu’à la valeur de cinq cent
mille (500.000) francs CFA en capital ou cinquante mille (50.000) francs CFA en revenus
annuels, calculés soit par rente, soit par prix de bail. Il statue en premier ressort à charge
d’appel pour les actions s’élevant au-dessus de ces sommes ainsi que pour celles dont le taux
ne peut être évalué en argent ». Dans tous les Tribunaux de Grande Instance, sont créées des
chambres administratives.

Le nouveau code a créé aussi des tribunaux à compétence civile à la place des tribunaux de
première instance de troisième classe qui ne disposent pas de prison.

Le nouveau code de l’organisation judiciaire a également créé les Tribunaux criminels. Selon
l’article 88 dudit code, « Le tribunal criminel est une formation permanente du tribunal de
grande instance compétente pour juger toutes les infractions qualifiées de crimes au sens des
dispositions du code pénal ». Elle introduit le double degré de juridiction en matière
criminelle.

Ainsi, les décisions des tribunaux criminels peuvent faire l’objet d’appel devant les cours
criminelles d’Appel. Les cours d’Assises sont supprimées.

Ce nouveau code a également créé le tribunal d’instance à compétence civile (TICC) et le


tribunal d’instance à compétence correctionnelle et civile (TICCC). Ces derniers sont créés
dans les préfectures disposant d’une prison.

Quant à la Cour Suprême, elle est régie par la loi organique n° 97 - 005 du 06 mars 1997
portant organisation et fonctionnement de la Cour Suprême.

L’organisation de la Cour d’appel militaire et du tribunal militaire en ce qui les concerne, est
régie par la loi n° 2016-008 du 21 avril 2016 modifiée par la loi n° 2023-001 du 9 janvier
2023 portant code de la justice militaire.

Cette réorganisation judiciaire qui veut répondre au besoin d’une justice plus accessible a été
rendue applicable par le décret n° 2022-103/PR du 17 octobre 2022 portant nomination des
magistrats.
En récapitulatif, le système judiciaire togolais est composé, d’une part, de juridictions de droit
commun qui sont :
 la cour suprême ;
 les cours d’appel et les cours criminelles d’appel ;
 les tribunaux de grande instance et les tribunaux criminels ;
 les tribunaux d’instance à compétence correctionnelle et civile ;
 les tribunaux d’instance à compétence civile.

D’autre part, trois juridictions spécialisées complètent cet environnement judiciaire,


notamment :
 le tribunal du travail ;
 le tribunal de commerce ;
 le juge des enfants et du tribunal pour enfants ;
 le tribunal militaire et de la cour d’appel militaire.

En matière administrative, les juridictions suivantes sont compétentes :


 la chambre administrative du tribunal de grande instance ;
 la chambre administrative de la cour d’appel ;
 la chambre administrative de la cour suprême.

Conformément à l’organisation ainsi définie, il importe de souligner quelques quatre grands


principes qui régissent le système judiciaire togolais :

 la séparation des fonctions qui commande la distinction entre les magistrats du


siège et ceux du parquet, tout en notant qu’en matière répressive, le principe de
séparation prévaut entre les trois fonctions que sont la poursuite, l’instruction et le
jugement ; le respect de ce principe étant toutefois conditionné par l’effectif de
magistrats disponibles ;
 le double degré de juridiction qui permet aux justiciables de faire appel des
jugements devant une juridiction supérieure. Deux catégories d’affaires dérogent à
ce principe : en matière criminelle, où c’est la Cour d’Assises qui statue en premier
et dernier ressort, et en matière administrative où c’est la Cour d’Appel et la Cour
Suprême qui sont compétentes selon les matières ;
 l’indépendance de la justice : l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis du
pouvoir exécutif et du pouvoir législatif qui est reconnue par la Constitution. En
vertu de ce principe, les magistrats du siège, inamovibles, ne relèvent que de la loi
dans l’exercice de leurs fonctions juridictionnelles ;
 l’impartialité des juridictions qui entraîne la neutralité des cours et tribunaux. Cela
implique que le juge doit appliquer la loi selon sa conscience et de façon objective
de sorte que sa décision corresponde le mieux à la vérité ;
 le principe du contradictoire qui signifie que nul ne peut être jugé sans avoir eu
préalablement l’opportunité de présenter ses moyens et de discuter ceux de l’autre
partie;
 le double degré de juridiction en vertu duquel les justiciable ont le droit de faire
appel des jugements devant une juridiction supérieure ;
 la collégialité, qui s’impose pour les formations de jugement, exception faite dess
TPI tribunaux d’instance à compétence civile (TICC) qui statuent à juge unique.

II. LES ÉTABLISSEMENTS PÉNITENTIAIRES


Les établissements pénitentiaires sont des locaux destinés à recevoir des délinquants
condamnés à une peine privative de liberté ou à accueillir des personnes placées en détention
provisoire dans l’attente de leur procès.
En matière d’administration pénitentiaire, les principes directeurs retenus consistent, d’une
part, en l’amélioration des conditions de détention, avec une emphase sur les normes
préconisées (règles minima des nations-unies pour le traitement des détenus) et d’autre part,
en la promotion de la réinsertion sociale et professionnelle. Pour l’accueil de ces personnes,
14 prisons sont créées et réparties sur le territoire national.

III. LES MAISONS DE JUSTICE


En dehors des juridictions ordinaires et des établissements pénitentiaires, les maisons de
justice instituées par le décret n° 2018/PR du 27 février 2018 jouent elles aussi un rôle
essentiel dans le paysage judiciaire du Togo. Créées dans le souci de désengorger les
juridictions ordinaires et surtout de rapprocher davantage la justice des justiciables, elles ont
essentiellement pour mission de :
 assurer un accueil des populations locales et leur fournir toutes informations sur leurs
droits et devoirs ;
 organiser ou faciliter un traitement judiciaire de proximité des litiges de la vie
quotidienne ;
 exercer des activités de médiation et de conciliation notamment celles qui sont mises
en œuvre à l’initiative des parties, hormis la matière pénale, sauf s’agissant des délits
mineurs sur autorisation du procureur de la République.
Au 31 décembre 2022, dix-sept (17) maisons de justice sont créées dans les localités suivantes
: Agoè-Nyivé, Baguida, Sanguéra, Kpélé-Adéta, Anié, Tohoun, Tchamba, Bafilo, Pagouda,
Kétao, Kantè, Gando, Dapaong, Cinkassé, Djarkpanga, Elavagnon et Soudou. Toutefois, la
dernière n’est pas encore fonctionnelle.
Outre les maisons de justice, les bureaux d’accueil, d’information et d’orientation du
justiciable (BAIOJ) sont des structures créées au sein des juridictions afin d’informer et
d’orienter les usagers des juridictions. Au total quatre (04) BAIOJ ont été créés à Lomé, à
Kara et à Dapaong
Les bureaux d’information du justiciable (BIJ) sont des services créés dans les universités et
capitalisent les connaissances des étudiants juristes pour fournir des services d’information et
d’assistance juridiques aux populations. A ce jour, le BIJ de l’Université de Lomé a été créé et
est fonctionnel.
PARTIE C : LES MOYENS DE LA JUSTICE
Pour l’exécution de sa mission, le ministère de la justice et de la législation dispose
d’infrastructures juridictionnelles, pénitentiaires et des ressources financières et humaines.

I. LES JURIDICTIONS ET LES ÉTABLISSEMENTS


PÉNITENTIAIRES
La cour suprême : plus haute juridiction en matières judiciaire et administrative, elle vérifie
la légalité des décisions rendues en dernier ressort par les juridictions inférieures et qui ont
fait l’objet d’un pourvoi en cassation ; elle juge en droit, non pas en fait. Réorganisée par la
constitution de 1992 et la loi organique n°97-05 du 06 mars 1997, la nouvelle Cour suprême
est fonctionnelle depuis 2003.
La cour d'appel et cour criminelle d’appel militaire : la cour d’appel est compétente pour
connaître des appels interjetés contre les décisions rendues en premier ressort en matière
civile, sociale, commerciale, administrative, correctionnelle et de simple police par les
juridictions par les juridictions inférieures, des appels formés contre les ordonnances du juge
d’instruction et de tout autre cas prévu par la loi.
La cour criminelle d’appel est une formation permanente de la cour d’appel, compétente pour
connaître en appel des jugements rendus par les tribunaux criminels.
Le tribunal de grande instance et des tribunaux criminels : le tribunal de grande instance
est juge de droit commun en matière pénale, civile et administrative.
Le tribunal criminel est une formation permanente du tribunal de grande instance compétente
pour juger des crimes.
Le tribunal d’instance à compétence correctionnelle et civile (TICCC) : le TICC est
composé d’une chambre civile et d’une chambre correctionnelle. Il est juge de droit commun
en matière pénale et civile.
Il est compétent pour connaitre de toutes les infractions qualifiées délits ou contraventions
quelles que soient les peines encourues ; les demandes de mise en liberté formées par toute
personne détenue et poursuivie devant lui ; de l’application des peines.
Le tribunal d’instance à compétence civile (TICC) est le juge de droit commun en matière
civile. Il connaît en premier et dernier ressort des actions jusqu’à la valeur de cinq cent mille
(500.000) francs CFA en capital ou cinquante mille (50.000) francs CFA en revenus annuels.
Le tribunal du travail : c’est la juridiction compétente pour juger les litiges en matière
d’application du code du travail.
Le juge des enfants : le juge des enfants est compétent pour connaître des contraventions et
délits commis par les mineurs âgés de moins de 18 ans. Il est également compétent pour
ordonner toutes mesures utiles lorsque le mineur de moins de 18 ans est en danger. Il instruit
toutes les affaires pénales dont il est saisi.
Le tribunal pour enfants : Il statue en premier ressort en matière de crime ayant pour auteur
des mineurs et dans le cas des mineurs persistant dans la délinquance. Il a été réorganisé par la
loi n° 2007-017 du 6 juillet 2007 portant code de l'enfant.

Le tribunal et la cour d’appel militaires : ils sont compétents pour juger les auteurs de faits et
d’actes qualifiés d’infractions militaires.
Le Tribunal de commerce est compétent pour connaître notamment des litiges entre
commerçants ou entre commerçants et non commerçants.
Nonobstant la nouvelle organisation qui est entrée en vigueur à partir de la fin d’année 2022,
une partie des données collectées se rapportent à l’ancienne organisation judiciaire composée
de :
 la cour suprême ;
 les cours d’appel ;
 les tribunaux d’instance ;
 le tribunal du travail ;
 le juge et le tribunal pour enfants ;
 le tribunal du commerce.

Les établissements pénitentiaires (prisons civiles) : lieux de détention des personnes


privées de liberté.

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