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AVANT-PROPOS
L‘histoire de la mise en place des institutions judiciaires de la Côte d’Ivoire est marquée par
trois (3) grandes étapes.
La première est la période d’avant les indépendances.
Elle est caractérisée par l’existence de quatre (4) grands aires culturelles (Mandé, Akan, Gour
et Krou) avec pour chaque communauté un système judiciaire propre. Cette période dite de
la colonisation a été influencée par l’évolution judiciaire dans la métropole, en occurrence la
fin d’une part, de l’ancien régime (juridiction seigneuriale et canonique, juridictions
spécialisées, parlements provinciaux et autres conseils des parties) et sa réforme d’autre part
à partir de 1789 ; date de la révolution. Il s’en suivra la mise sur place de nouvelles
institutions ; motivée déjà par l’adoption de quelques principes fondamentaux comme le
principe de la séparation des pouvoirs, de l’égalité devant la justice et du double degré de
juridiction. Ces dernières seront d’avantage rénovées et stabilisées en 1810 par une loi sur
l’organisation de l’ordre judiciaire et de l’administration de la justice qualifiée de véritable
charte en France.
L’on pouvait y voir une organisation basée sur l’existence d’un tribunal civil par
arrondissement avec au second degré une cour d’appel et la cour de cassation au sommet.
En 1958 la terminologie tribunal civil changera au profit de tribunal de grande instance et les
cours administratifs verront le jour.
Parallèlement à cette évolution dans la métropole, une justice coloniale sera organisée
autour des décrets du 06 août 1901 et du 15 avril 1902 sous l’autorité d’un chef de service
ayant pouvoir de procureur général, résidant à Conakry. En réalité, pendant la période
coloniale cohabitaient deux systèmes judiciaires : le système judiciaire de droit local ou
coutumier s’appuyant sur les divers droits coutumiers, s’appliquant aux citoyens africains et
le système français s’appliquant aux européens résidant dans la colonie. Nous avons donc en
concurrence les tribunaux coutumiers de droits local ou tribunaux indigènes et des tribunaux
de droit français ou tribunaux de droit commun.
Les premiers sont constitués entre autre de tribunaux de village, de canton, de subdivision,
de tribunal de cercle, alors que les seconds de trois sortes e juridictions : pénales, civiles et
commerciales et du tribunal du travail. Cette première étape prendra fin avec l’accession à
l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
La deuxième(2e) étape est celle des indépendances.
Après l’accession à la souveraineté, le tout jeune Etat va procéder à une refonte de l’appareil
judiciaire hérité de l’époque coloniale. Le but est de mettre en place une organisation
judiciaire moderne et adaptée à ses besoins. Elle a, à cet effet, choisi le système d’unité de
juridiction à travers la loi n°61-155 du 18 mai 1961 portant organisation judiciaire. un seul
ordre a été créé en tenant compte de considérations pragmatiques.
Ainsi, selon la volonté du politique ivoirien, la justice ivoirienne sera maintenue à l’échelle
« d’autorité judiciaire » par rapport au gouvernement et à l’assemblée national ; symboles de
réels pouvoir, notamment l’exécutif et le législatif. La conséquence immédiate d’une telle
posture est que la justice ne pouvait être suffisamment outillée face aux pouvoirs précités
pour assurer et assumer la totalité des responsabilités que lui reconnaissait pourtant le
législateur. Cette période s’étend de l’indépendance à l’an 2000.
Elle prendra fin effectivement et précisément le 23 juillet 2000 ; date de l’intervention de la
nouvelle constitution et de départ de la troisième étape.
La Côte d’Ivoire, après son accession à l’indépendance s’est dotée d’un système judiciaire
propre constitué de plusieurs types de juridictions chargées de rendre la justice, au nom du
peuple sur tout l’étendue du territoire. Cette organisation judiciaire est basée sur trois
familles de textes.
-La constitution.
La première constitution du 03 novembre 1960 prévoyait déjà le principe de la séparation
des pouvoirs, même s’il n’était question que d’une autorité judiciaire. La constitution 1er août
2000 va quant à elle consacrer cette séparation en parlant maintenant de pouvoir judiciaire
en son titre 8
-Les lois
*La loi portant statut de la magistrature et son décret d’application n°78-697 du 24
septembre 1978.
Elle constitue l’une des bases fondamentales de l’organisation judiciaire. En effet, l’article 01
de ce statut énonce que le corps judiciaire comprend les magistrats de la cours suprême
(disloquée aujourd’hui en trois institutions autonomes), les magistrats des sièges et parquets
des cours d’appel et des tribunaux de première instance et section détachées ainsi que ceux
en service dans les administrations centrales du ministère de la justice.
*La loi portant statut particulier du greffier intervenue plus tard (loi n°2015-492 du 07juillet
2015) participe aussi de l’organisation du système judiciaire ivoirien.
-Les lois et décrets portant organisation judiciaire
Il s’agit ici d’un grand nombre de texte qui sont des modifications successives de la loi
n°61-155 du 18 mars 1961. La dernière en date est celle n° 99-435 du 06 juillet 1999.
De fait l’organisation judiciaire s’intéresse à la manière dont sont disposées structurellement,
fonctionnellement, géographiquement et même du point de vue du personnel lesdites
juridictions pour répondre aux besoins de la société ivoirienne et à la protection des citoyens
et de leurs biens.
Selon l’actuelle loi portant organisation judiciaire en Côte d’Ivoire (99-435 du 06 juillet 1999),
les juridictions se divisent en deux grands groupes :
1-le groupe des juridictions de droit commun ;
2-le groupe des juridictions d’exception.
Mais avant l’analyse de ces deux grands groupes de juridictions, il convient d’étudier les
principes qui gouvernent l’organisation judiciaire ivoirien et d’achever par la connaissance
des acteurs de la justice.
TITRE I
PRINCIPES DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE
SECTION I : LES TROIS PRINCIPES DE BASE
Les juridictions sont classées par ordre d’importance, le justiciable non satisfait d’une
décision en première instance peut saisir une juridiction de niveau supérieur en l’occurrence
la Cour d’Appel.
Ce principe signifie que les juridictions ivoiriennes ne sont compétentes que sur le
territoire ivoirien d’une part (compétence nationale) et que d’autre part ces juridictions sont
reparties sur l’ensemble du territoire et que chacune d’elles n’est compétente que sur une
portion du territoire appelé ressort territorial (compétence locale).
Il exige la réunion d’un collège de juges pour rendre une décision de justice.
Ce principe suggère que les Magistrats chargés des fonctions de poursuites (parquet)
soient différents de ceux chargés des fonctions de juger (juge) ainsi que de ceux en charge
des fonctions d’instruction (juge d’instruction).
Selon ce principe, en dehors des frais légaux de procédure, les Magistrats ne doivent
pas recevoir de frais des justiciables pour rendre la justice.
Il exprime que les juridictions ivoiriennes sont compétentes pour trancher tous les
litiges quel que soit leur nature (civil, commercial, fiscal etc.)
TITRE II :
Les juridictions de droit commun sont les juridictions qui ont vocation de principe à connaître
de tous les litiges, à tout juger sauf disposition contraire d’un texte spécial qui exclut
expressivement de cette compétence telle ou telle affaire pour confier son traitement à une
autre juridiction qui de ce fait devient une juridiction d’exception. Les juridictions de droit
commun sont organisées en :
-juridiction de 1er degré
-juridictions de 2nd degré
-juridictions supérieures.
CHAPITRE I :
LES JURIDICTIONS DE PREMIR DEGRE
Mais à quel intérêt répond la création des sections de tribunaux et leur répartition actuelle ?
II-L’intérêt de la répartition
Lorsque l’on considère le territoire d’un TPI donné, on se rend vite compte que la ville dans
laquelle il a son siège est très éloignée de certaines localités que ledit tribunal est sensé
administrer. Cette situation peut rendre difficile la saisine des tribunaux par les couches
démunies, en raison du coût du transport et des frais de séjour. Elle peut aussi favoriser du
coup d’autres tribunes de règlement des litiges à côté de celle de droit commun.
Pour prévenir tous ces faits, le législateur ivoirien a réfléchit et trouvé la formule idéale de
fractionner les territoires des TPI, d’y implanter de petites juridictions, dotées des mêmes
compétences que le TPI, afin de facilité le rapport entre le citoyen et la justice.
L’instauration des sections de tribunaux répond donc à une politique de rapprochement de la
justice des justiciables. Elle crée par ailleurs des rapports entre les deux types de juridiction.
SECTION III : LES RAPPORTS ENTRE LES TPI ET LES SECTIONS DETACHEES
Les rapports concernés ici sont les rapports de compétence juridictionnelles et les rapports
administratifs.
PARAGRAPHE 1 : LES RAPPORTS DE COMPETENCE JURIDICTIONNELLE
Bien qu’établies sur le territoire des TPI, les sections de tribunal ont une autonomie de
compétence juridictionnelle. Les sections de tribunal sont compétentes en matière civile,
commerciale, pénale, administrative et sociale. Elles ne défèrent pas les affaires dont elles
sont saisies aux TPI sur le territoire desquels elles sont établies pour les connaître faute de
compétence.
Par ailleurs les TPI n’exercent pas de pouvoirs de réformation sur les jugements rendus par
les sections de tribunaux. Leurs décisions sont en cas d’exercice d’une voie de recours
déférées selon le cas à la cour d’appel ou à la juridiction suprême autant que celles des TPI.
Cependant, au plan administratif, les deux types de tribunaux entretiennent de réels
rapports.
PARAGRAPHE 2 : LES RAPPORTS ADMINISTRATIFS ENTRE LES DEUX TYPES DE TRIBUNAUX
Au plan administratif, il existe des liens de subordination entre les TPI et les sections de
tribunaux :
*Les sections rendent compte de leurs activités tant administratives que juridictionnelles aux
TPI. Les comptes-rendues d’audience et les autres pièces périodiques que les sections
adressent aux autorités judiciaires en sont une parfaite illustration.
*Le substitut résident rend compte de son activité au procureur de la république près le TPI
dont dépend la section.
*Les délibérations de l’assemblée générale du TPI s’imposent à la section de tribunal qui
elle-même est membre de cette assemblée.
*Dans l’ordre protocolaire le président du TPI et le procureur de la république près le TPI
prennent rang avant le président de la section et le substitut résident.
Il en va de même des greffiers dont celui du tribunal précède celui de la section.
L’organisation judiciaire prend aussi en compte les juridictions de second degré.
CHAPITRE II :
LES JURIDICTIONS DE SECOND DEGRE :
LES COURS D’APPEL
A quelle organisation répondent les cours d’appel et quels rapport entretiennent-elles avec
les juridictions de 1er degré ?
SECTION I : L’ORGANISATION D’UNE COUR D’APPEL
Les cours d’appel connaissent une organisation interne et une organisation territoriale.
PARAGRAPHE 1 : L’ORGANISATION INTERNE DE LA COUR D’APPEL
I-Au plan structurel
La cour d’appel compte trois (03) services : le siège, le parquet général et le greffe.
A-Le siège de la Cour d’Appel
1-structure
Le siège de la cour d’appel est structuré en chambres. Elles sont au nombre de cinq :
*La chambre civile, compétente pour connaitre des recours d’appel exercés contre les
jugements civils ;
*La chambre des appels correctionnels, compétente pour connaitre des recours d’appel
exercés contre les jugements des juridictions répressives ;
*La chambre sociale, compétente pour connaitre des recours d’appel exercés contre les
jugements rendus par les tribunaux du travail ;
*La chambre d’instruction, juridiction d’instruction de second degré, elle est compétente
pour connaitre en second instruction les dossiers des affaires criminelles, mais aussi pour
contrôler la régularité des activités des juges d’instruction du ressort de la cour d’appel et
des officiers de police judiciaire ;
*La chambre criminelle, compétente pour connaitre des recours d’appel exercés contre les
jugements rendus par les tribunaux criminels.
2-Le personnel du siège
Le personnel du siège de la cour d’appel est essentiellement fait de magistrat dont :
*Le 1er président de la cour d’appel, chef de la compagnie judiciaire du ressort de la cour ;
*Des présidents de chambre qui président chacun une chambre ;
*Des conseillers dont deux (02) au moins par chambre.
3-Les attributions du siège de la cour d’appel
Le siège de la cour d’appel,
*Pris en ses chambres civile, correctionnelle, criminelle et sociale statue sur le mérite des
appels interjetés contre les décisions rendues par les juridictions de premier degré. A ce titre,
il peut les infirmer, confirmer ou les reformer.
*Pris en sa chambre d’instruction, le siège statue sur le mérite des appels interjetés contre
les ordonnances rendues par les juges d’instruction du ressort de la cour d’appel.
Il est aussi saisi des dossiers des affaires criminelles dont l’instruction préalable est achevée
pour en contrôler la régularité de ladite instruction. La chambre instruit à nouveau lesdites
affaires si besoin il y a et saisi le cas échéant par arrêt de mise en accusation le tribunal
criminel.
Elle assure en outre le contrôle de l’activité des juges d’instruction et autre officiers de police
judiciaire du ressort de la cour d’appel.
Enfin, elle veille à la discipline des officiers de police judiciaire de son ressort.
B-Le parquet général près la cour d’appel
1-La structure
Le parquet général près la cour comprend :
*Un service du cabinet du procureur général
*Des services administratifs.
2-Le personnel du parquet général
Il comprend des magistrats dont :
*Le procureur général, chef dudit parquet,
*Des avocats généraux qui représentent les adjoints du procureur général ;
*Des substituts généraux.
3-Les attributions du parquet général
Le parquet général représente, au niveau de la cour d’appel le ministère public. A ce titre :
*Il reçoit des dossiers des jugements correctionnels frappés d’appel, prépare les audiences
de la chambre des appels correctionnels ;
*Il prend des réquisitions, tant écrites qu’orales devant la cour ;
*Il exécute les décisions de justice ;
*Il reçoit des dossiers des ordonnances des juges d’instruction frappées d’appel et en saisi la
chambre d’instruction. Il reçoit aussi les dossiers des crimes dont l’information préalable est
achevée, les met en état et prépare les audiences de la chambre criminelle.
C-Le greffe de la Cour d’Appel
1-structure
Le greffe est représenté auprès des services du parquet général et auprès du siège de la cour.
La structure du greffe prend en compte l’organisation du siège ; il est donc organisé en
chambre et les greffiers affectés dans une chambre donnée l’assistent.
2-le personnel du greffe
Le greffe de la cour d’appel connait le même type de personnel que celui des tribunaux de
premier degré : le greffier en chef ; chef du greffe, aidé dans ses tâches par un personnel
greffier et un non greffier.
3-Les attributions du greffe de la Cour d’Appel
Ce sont les mêmes que celles des greffes des tribunaux :
Il assiste donc les juges dans les instances d’enquête et de jugement. Il assure la conservation
des minutes des arrêts et en délivre des reproductions. Il assure la gestion financière des
procédures devant la cour. Le greffe n’est cependant pas dépositaire des fiches du casier
judiciaire.
II-Organisation au plan fonctionnel
Cette organisation concerne les règles de fonctionnement de la cour. Celle-ci, pour son
fonctionnement se réunit en audience solennelle, en assemblée générale, en audience
ordinaire et en chambre de conseil.
A-Les audiences solennelles de la Cour d’Appel
L’objet de ces audiences est de :
*Statuer sur les prises à partie ;
*Recevoir le serment des magistrats
*Organiser les cérémonies de rentrée de la cour ;
*Installer les nouveaux membres de la cour
B-L’assemblée générale
Elle est convoquée par le premier président. Elle :
*Etablit et modifie le règlement intérieur de la cour,
*Fixe les audiences de vacation ou les audiences spéciales ;
*Statue sur les décisions du conseil de l’ordre des avocats et autres auxiliaires de justice.
C-les audiences ordinaires
Elles portent sur les audiences des chambres de la cour. Sur ce point voir les attributions du
siège de la cour.
D-la chambre du conseil
Elle statue sur le mérite des appels formés contre les décisions rendues en chambre de
conseil par les juridictions de premier degré.
Dans une cour d’appel, tout fonctionne selon un ordre protocolaire.
III-L’ordre protocolaire du personnel de la cour d’appel
Lorsque les juridictions ne marchent pas en corps constitué, l’ordre protocolaire du
personnel du siège de la cour d’appel est déterminé à la suite du premier président ainsi qu’il
suit :
*Le procureur général ;
*Les présidents de chambres ;
*Les avocats généraux ;
*Les conseillers généraux ;
*Les substituts généraux ;
*Le greffier en chef de la cour.
Comment les cours d’appel sont-elles reparties sur le territoire de la république ?
PARAGRAPHE 2 : REPARTITION TERRITORIALE DES COURS D’APPEL
Nous procéderons dans un premier temps à l’identification des cours d’appel. Dans un
deuxième temps, nous verrons leur couverture du territoire et en dernier lieu, nous
indiquerons l’intérêt de ladite répartition.
I-L’identification des Cours d’Appel
A ce jour, la Côte d’Ivoire ne compte que trois (04) cours d’appel : la cour d’appel d’Abidjan ;
la plus ancienne, la cour d’appel de Bouaké ; celle qui suit est celle de Daloa ; et enfin la plus
récente, celle de Korhogo.
II-L’intérêt de la répartition
Le développement du nombre de cour d’appel permet le rapprochement du contrôle de
l’activité des juridictions du 1er degré.
L’organisation de la cour indiquée, quels rapports peuvent-elles entretenir avec les
juridictions du 1er degré ?
SECTION II : LES RAPPORTS ENTRE LES JURIDICTIONS DE SECOND DEGRE ET CELLE DU 1ER
DEGRE
Ces rapports tiennent au mode d’implantation des juridictions, à leurs compétences et à
l’exécution administrative du travail.
PARAGRAPHE 1 : LE RAPPORT D’IMPLANTATION
Les juridictions de 1er degré sont sur le territoire administratif des cours d’appel, les TPI
d’abord et les sections à leur suite
PARAGRAPHE 2 : LES RAPPORTS DE TRAVAIL ENTRE LES JURIDICTIONS DES DEUX DEGRES
Les rapports de travail entre les juridictions de 2nd degré celles du 1er degré peuvent
s’analyser sous deux angles : celui de l’autonomie juridictionnelle et celui de la dépendance
juridictionnelle et administrative.
I-De l’autonomie juridictionnelle
Les juridictions de 1er degré sont certes établies sur le territoire des juridictions du 2nd degré,
mais elles sont compétentes en toutes matières et fonctionnent de ce point de vue de façon
autonome.
D’ailleurs, les juridictions du 2nd degré ne sont saisies que des affaires que les juridictions du
1er degré ont traitées et qui ont fait l’objet d’appel, en dehors bien entendu de la procédure
d’instruction des affaires criminelles.
II-De la dépendance juridictionnelle et administrative
A-De la dependance juridictionnelle
Cette dépendance se note à deux niveaux : celui du principe hiérarchique du ministère public
et celui du pouvoir de reformation des décisions des juridictions de 1er degré.
1-Du principe hiérarchique du ministère public
Ce principe subordonne les parquets près les TPI et les sections aux parquets généraux. Les
premiers travaillent aux ordres des 2nd et leur rendent compte de leur conduite.
2-de la dépendance résultant du pouvoir de reformation des décisions des juridictions de
1er degré par la cour d’appel
Les cours d’appel exercent un pouvoir de reformation sur les décisions des juridictions de 1er
degré. On note ce pouvoir à deux niveaux :
*Le pouvoir de la chambre d’instruction : les ordonnances des juges d’instruction du ressort
de la cour d’appel contre lesquelles il est exercé appel sont déférées à la chambre
d’instruction qui peut les reformer. Celle-ci peut par ailleurs annuler en partie ou tous les
actes de la procédure d’instruction et reprendre ou faire reprendre l’information.
*Du pouvoir de reformation de la cour. Par le jeu de l’appel, les décisions rendues par les
juridictions du 1er degré sont déférées devant la cour d’appel pour leur réexamen. A cette
occasion, ladite cour peut les reformer.
Il suit de ce qui précède que le rapport de travail entre les juridictions du 2nd degré et celles
du 1er degré est le ciment sur lequel est bâtie l’organisation judiciaire dont on dit qu’elle est
basée sur un double degré de juridiction. Ce principe signifie que dans le système judiciaire
ivoirien, la loi laisse la possibilité aux affaires d’être jugées deux fois, mais par deux degré
distincts de juridiction.
La dépendance des juridictions de 1er degré n’est pas constatée qu’au niveau des pouvoirs
juridictionnels des cours d’appel. Elle se note aussi dans leurs relations administratives.
B-La dépendance administrative
Du point de vue administratif, les juridictions du 1er degré sont dépendantes des cours
d’appel. Cette relation de subordination est vérifiée à travers :
*Les comptes rendus que font les juridictions de 1er degré à celle du 2nd degré de l’exécution
périodique de leurs activités juridictionnelles.
*Les pouvoirs d’inspection desdites juridictions que détient le premier président de la cour
d’appel et le procureur général près ladite cour. Ces pouvoirs procèdent de leur devoir de
s’assurer chacun en ce qui le concerne, de la bonne administration des services judiciaires et
du traitement normal des affaires.
La loi offre, par la voie des recours du pourvoi en cassation, aux parties aux procès devant les
juridictions du 1er degré statuant en 1er et dernier ressort ou devant la cour d’appel de saisir
les juridictions supérieures.
CHAPITRE III :
LES JURIDICTIONS SUPERIEURES
1
La Cour suprême a été supprimée après la révision constitutionnelle du 19 mars 2020. Cette modification
devrait entraîner un changement au niveau de la loi organique comme l’a prévue l’article 151 nouveau de la
Constitution.
-des demandes de renvoi d’une juridiction à une autre ;
-des prises à partie ;
-des récusations ;
-des inscriptions de faux ;
-des règlements de juges ;
-des demandes en annulation des actes par lesquels les juges de l’ordre judiciaire
excèdent leurs pouvoirs ;
-des recours contre ses arrêts ;
-des demandes en interprétation et en rectification ;
-de la tierce opposition.
En matière consultative, la Cour émet des avis sur toute question de droit entrant dans le
champ de ses compétences, qui lui est soumise par voie de requête par les premiers
présidents des Cours d’appel, les Procureurs généraux près lesdites Cours, les présidents
des tribunaux, et les procureurs de la République près lesdits tribunaux, les ordres
constitués et les institutions universitaires de sciences juridiques.
II-FONCTIONNEMENT
La Cour de cassation fonctionne au moyen de ses formations de jugement. Selon le
lexique des termes juridiques, une formation de jugement est la composition du tribunal
ou de la cour qui a pour mission de rendre une décision juridictionnelle. L’article 32 de la
loi organique dispose que « les formations de la Cour de cassation sont les types de
réunions que tient la Cour de cassation. »
Ainsi elle (la Cour) se réunit :
⮚ En audience solennelle soit pour son audience de rentrée soit pour procéder à
l’installation de ses membres. A cette occasion, la Cour est composée :
- du Président de la Cour de cassation, président ;
-de trois Présidents de chambre, membres ;
-de trois conseillers, membres ;
La Cour est assistée du Greffier en chef ou d’un Greffier.
⮚ En assemblée générale pour adopter ou modifier le règlement intérieur de la Cour,
débattre de toutes les questions intéressant l’organisation et la discipline de la Cour
et émettre les avis sur les questions qui lui sont soumises en application de l’article 6.
Elle comprend l’ensemble des magistrats de la Cour ;
⮚ En assemblée plénière dans les cas prévus par la loi ou pour le jugement des affaires
déterminées par le règlement intérieur. Elle est présidée par le Président de la Cour
de cassation et est composée des présidents de chambre et d’un conseiller par
chambre ; cette plénière est valablement constituée avec la moitié au moins des
présidents de chambre et des conseillers ;
⮚ En audience ordinaire pour juger les affaires dont elle est saisie. Pendant ces
formations de jugement, elle siège et délibère en nombre impair.
Section 2 : Le Conseil d’Etat
L’article 147 alinéa 2 de la Constitution ivoirienne dispose que « Le Conseil d’Etat veille à
l’application de la loi par les juridictions de l’ordre administratif. » L’article 149(nouveau)
de la Constitution consacre le Conseil d’Etat comme la plus haute juridiction de l’ordre
administratif. Il statue souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par
les tribunaux administratifs et par les juridictions administratives spécialisées en matière
de contentieux administratif. Hormis le Conseil d’Etat, les autres juridictions de l’ordre ne
sont pas encore créées. Il s’agit des Cours administratives d’appel et des tribunaux
administratifs. L’étude du Conseil d’Etat se fera successivement à travers sa composition
et son organisation d’une part(I) et ses attributions et son fonctionnement d’autre
part(II)
P 1 : COMPOSITION ET ORGANISATION
A-COMPOSITION
Il ressort de l’article 11 de la loi organique n°2018-978 du 27 décembre 2018
déterminant les attributions, la composition, l’organisation et le fonctionnement du
Conseil d’Etat que cette haute juridiction est composée de magistrats et de conseillers
en service extraordinaire, tous membres du siège et est dotée d’un Greffe.
Les membres du siège sont les magistrats du siège et les conseillers en service
extraordinaire
I-Les magistrats du siège sont :
-le Président du Conseil d’Etat qui est un magistrat hors hiérarchie du groupe A nommé
par décret pris en conseil des ministres, après avis du Conseil supérieur de la
Magistrature
-les présidents de section sont des magistrats hors hiérarchie du groupe A, choisis parmi
les Présidents de chambre et sont désignés par ordonnance du Président du Conseil
d’Etat ;
-les présidents de chambre sont des magistrats hors hiérarchie du groupe A choisis
parmi les conseillers d’Etat ;
-les conseillers d’Etat sont des magistrats hors hiérarchie désignés parmi :
● Les magistrats hors hiérarchie ;
● Les magistrats appartenant depuis deux ans au moins au premier groupe du
premier garde ;
● Les conseillers référendaires comptant au moins deux ans d’ancienneté comme
conseillers référendaires du premier groupe ;
● Les personnalités connues pour leur compétence en matière juridique ou
administrative et comptant vingt années au moins de pratique professionnelle ;
Leur nombre ne peut excéder le quart de l’effectif des conseillers d’Etat ;
● Les personnalités titulaires d’un doctorat en droit ou d’un diplôme équivalent et
ayant quinze ans au moins de pratique professionnelle ; ce délai est ramené à
deux ans pour les professeurs agrégés ou titulaires des facultés de droit. Leur
nombre ne peut excéder le quart de l’effectif des conseillers d’Etat.
-les conseillers référendaires sont choisis parmi les magistrats du premier grade ou parmi
les personnes d’un doctorat en droit ou d’un diplôme équivalent et ayant au moins six
ans de pratique professionnelle ;
-les auditeurs sont choisis parmi les magistrats du deuxième grade ou parmi les
personnes titulaires d’un doctorat en droit ou d’un diplôme équivalent ;
Les conseillers en service extraordinaire sont :
-les conseillers d’Etat en service extraordinaire sont nommés pour une durée de quatre
ans renouvelable une fois pour exercer des fonctions consultatives et ne peuvent donc
être affectés à la section du contentieux. Ils sont choisis parmi les personnalités
qualifiées dans les différents domaines de l’activité nationale et durant leur mandat ils
sont soumis aux mêmes obligations que les magistrats.
-les conseillers référendaires en service extraordinaire sont choisis parmi les magistrats
du premier grade ou parmi les personnes titulaires d’un doctorat en droit ou d’un
diplôme équivalent et ayant au moins six ans de pratique professionnelle.
II-Les membres du Greffe sont :
-le greffier en chef qui est nommé par décret, sur proposition du ministre chargé de la
Justice. Il est choisi parmi les administrateurs des greffes et parquets ayant au moins cinq
années d’ancienneté dans cette catégorie.
-les greffiers.
B : ORGANISATION
L’article 24 de la loi organique précitée dispose que « Le Conseil d’Etat est structuré en
deux sections :
-la section du contentieux ;
-la section consultative. »
Le président du Conseil d’Etat est chargé de l’administration et de la discipline du Conseil
d’Etat. A ce titre, il arrête le règlement intérieur du Conseil d’Etat après délibérations de
l’assemblée générale et au début de chaque année judiciaire, il répartit, par ordonnance,
les magistrats du siège entre les différentes chambres. Il assure, sur proposition du
Greffier en chef du Conseil d’Etat, la répartition des greffiers mis à la disposition du
Conseil d’Etat, entre les différentes chambres.
P 2 : ATTRIBUTIONS ET FONCTIONNEMENT
A : ATTRIBUTIONS
Le Conseil d’Etat veille à l’application de la loi par les juridictions administratives et juge
la légalité des actes administratifs et la responsabilité des personnes publiques et
services publics. Il exerce, à cet effet, des attributions contentieuses et consultatives.
I-Attributions contentieuses
Elles sont énumérées à l’article 5 de la loi organique. Il ressort de cet article que le
Conseil d’Etat statue :
-sur les recours en cassation dirigés contre les décisions rendues soit e premier et
dernier ressort, soit en dernier ressort par les juridictions administratives de droit
commun ou par les juridictions administratives spécialisées ;
-en premier et dernier ressort, sur les recours en annulation pour excès de pouvoir
formés contre les décisions administratives émanant des autorités administratives
centrales, ou des organismes ayant une compétence nationale ;
-en premier et dernier ressort sur les recours dirigés contre les actes administratifs dont
le champ d’application s’étend au-delà du ressort d’un seul tribunal administratif ;
-sur les recours en interprétation et en appréciation de la légalité des actes dont le
contentieux relève de sa compétence ;
-sur le contentieux des élections des organes des collectivités territoriales et des
élections à caractère administratif.
Les tribunaux administratifs, sous réserve des compétences attribuées au Conseil d’Etat,
et les juridictions administratives spécialisées peuvent saisir le Conseil d’Etat pour
solliciter des avis contentieux lorsqu’il se présente une question de droit soulevant une
difficulté sérieuse.
II-Attributions consultatives
Le Conseil d’Etat émet des avis sur tout projet de texte qui lui est soumis par le Président
de la République et les membres du Gouvernement. Il peut être consulté par le Premier
ministre ou les ministres sur les difficultés en matière administrative. Il donne également
son avis sur les projets de textes pour lesquels son intervention est prévue par les
dispositions constitutionnelles, législatives ou décrétales et propose en outre les
modifications qu’il juge nécessaire.
Le Conseil d’Etat peut, de sa propre initiative, appeler l’attention des pouvoirs publics sur
les reformes d’ordre législatif, réglementaire ou administratif qui lui paraissent
indispensables ou conformes à l’intérêt général.
B : FONCTIONNEMENT
Le Conseil d’Etat se réunit en audience ordinaire, en audience solennelle, en assemblée
plénière, en assemblée mixte et en assemblée générale pour les affaires dont il est saisi.
⮚ En assemblée plénière, le Conseil d’Etat se réunit dans les cas prévus par la loi ou
pour le jugement des affaires déterminées par le règlement intérieur. L’assemblée
plénière est présidée par le Président du Conseil d’Etat. Elle est composée du
Président du Conseil d’Etat, des Présidents de Section, des Présidents de Chambre,
d’un Conseiller d’Etat et d’un conseiller référendaire de chacune des chambres. Elle
siège en nombre impair.
⮚ En assemblée mixte, le Conseil d’Etat se réunit pour statuer sur les questions de droit
dont il est saisi par l’une des chambres ou par le Président du Conseil d’Etat. Elle est
présidée par le Président de la Section du Contentieux et composée par les membres
des chambres.
⮚ En assemblée générale, le Conseil d’Etat se réunit pour adopter ou modifier son
règlement intérieur, débattre de toutes questions intéressant l’organisation et la
discipline et émettre des avis sur les questions qui lui sont soumises.
Le conseil d’Etat exerce deux fonctions principales :
-une fonction contentieuse
-une fonction consultative
I-Fonction contentieuse
La section du contentieux est juge de toutes les affaires qui relèvent des activités
juridictionnelles du Conseil d’Etat. La section du contentieux, dans sa formation ordinaire,
comprend plusieurs chambres pour connaître de plusieurs procédures dont le pourvoi en
cassation, le recours en annulation pour excès de pouvoir, le sursis à exécution, le référé
administratif, l’intervention, la vérification d’écriture et l’inscription de faux, le recours en
matière de contentieux électoral, le règlement de juges, le renvoi d’un juridiction à une
autre, la connexité, la récusation.
II-La fonction consultative
Le Conseil d’Etat peut émettre des avis :
- soit à la demande du Président de la République et des membres du gouvernement
- soit des avis contentieux
- soit des avis sur sa propre initiative.
A l’exception des avis contentieux, les autres avis sont de la compétence de la section
consultative du Conseil d’Etat qui comprend deux formations :
-la formation Administration qui est chargée de préparer l’avis du Conseil d’Etat sur toute
question relevant de la réglementation et du fonctionnement de l’administration publique ;
-la formation Economie et Finances qui est chargée de préparer l’avis du Conseil d’Etat sur
toute question à caractère économique et financier.
SECTION III : LA COUR DES COMPTES
P 1 : COMPOSITION ET ORGANISATION
A : COMPOSITION
La Cour des Comptes se compose de magistrats du siège et de membres du Greffe. Elle est
par ailleurs dotée d’un secrétariat général.
a- Les magistrats du siège sont :
-le Président de la Cour des Comptes est nommé par le Président de la République pour une
durée de cinq ans renouvelable une fois, parmi les personnalités reconnues pour leur
compétence et leur expertise avérées en matière d’économie, de gestion, de comptabilité ou
de finances publiques. Il prête serment devant le Président de la République avant d’entrée
en fonction ;
-les présidents de chambre sont choisis parmi les conseillers maîtres
-les conseillers maîtres sont des magistrats hors hiérarchie du groupe B choisis
conformément aux dispositions de l’article 26 de la loi organique ;
-les conseillers référendaires sont des magistrats du premier grade choisis conformément à
l’article 27 de la loi précitée ;
-les auditeurs sont des magistrats du deuxième grade choisis conformément à l’article 29 ;
b-Les membres du greffe sont :
-le Greffier en chef ;
-les greffiers
La Cour des comptes comprend un greffe dirigé par un greffier en chef assisté de greffiers. Le
greffe est placé sous l’autorité du secrétariat général.
Le greffier en chef est nommé par décret, sur proposition du ministre chargé de la Justice. Il
est choisi parmi les administrateurs des greffes et parquets. Le greffier en chef propose au
secrétaire général la répartition des greffiers dans les différentes chambres et dans les
différents services du parquet général près la Cour des comptes.
Les greffiers sont nommés par arrêté du ministre chargé de la Justice parmi les attachés des
greffes et parquets ou les secrétaires des greffes et parquets ayant au moins cinq
d’ancienneté.
L’article 31 précise le rôle du greffe. Il enregistre les comptes et les autres documents
comptables produits à la Cour des comptes et en assure la distribution aux chambres selon le
programme des travaux de la Cour.
Il prépare les audiences des différentes formations de la Cour et en assure le secrétariat. Il
veille à l’archivage desdits comptes et documents en relation avec le service des archives.
Le greffe conserve pendant cinq ans les pièces vérifiées et garde pendant trente ans au
moins les comptes jugés et les pièces frappées d’observations ainsi que les originaux des
rapports et arrêts définitifs.
c-Le service de vérification (Article 32)
La Cour des comptes dispose d’un service de vérification composé de vérificateurs
comptables, mis à la disposition de la Cour, par le ministère en charge de la Fonction
publique, à la demande du Président. Ce service est dirigé par un chef de service nommé par
ordonnance du Président.
d- Le secrétariat général de la Cour des comptes (Article 33)
La Cour des comptes est dotée d’un secrétariat général dirigé par un secrétaire général
nommé par décret pris en conseil des ministres parmi les conseillers maîtres ou les
conseillers référendaires de la Cour des comptes, sur proposition du Président de la Cour des
comptes. Le secrétaire général assure, sous l’autorité du Président, le fonctionnement du
greffe de la Cour et des services administratifs.
Le secrétaire général peut recevoir du Président délégation de signature en matière de
gestion du personnel. Il assiste le Président dans la coordination des travaux et l’organisation
des audiences des formations de la Cour.
B : ORGANISATION
a- Le Président
Le Président est chargé de l’administration et de la discipline de la Cour des Comptes. Il
assure la direction générale, l’organisation et la coordination des travaux de la Cour. Il
contrôle les activités des magistrats du siège. Il est assisté du secrétaire général.
Le Président arrête le règlement intérieur de la Cour des comptes, après délibération de
l’assemblée générale. Il assure la gestion administrative des personnels et des moyens
affectés à la Cour.
b-Formation de la Cour des comptes (Articles 40 et suivants)
La Cour des comptes se réunit soit en audience solennelle, soit en chambre du conseil, soit
en chambres réunies, soit en audience ordinaire, soit en assemblée générale.
La Cour des comptes se réunit en audience solennelle pour :
-recevoir le serment des magistrats nouvellement nommés en cette qualité, et de
comptables public ;
-l’installation des membres de la Cour des comptes et du Procureur général et des membres
du parquet général près ladite Cour ;
-l’audience de rentrée ;
L’audience solennelle est publique, le secrétariat est assuré par le greffier en chef de la Cour
des comptes.
La Chambre du conseil se compose du Président, des présidents de chambre et des
conseillers maîtres. Elle est saisie des projets de rapport public, du projet de rapport sur
l’exécution des lois de finances, de la déclaration générale de conformité et des rapports
particuliers, qui peuvent être thématiques ou sectoriels, les délégations de service public, les
organismes de sécurité et de prévoyance sociale et les organismes bénéficiant d’un concours
financier de l’Etat. Elle adopte le budget, le programme annuel d’activités et les rapports
annuels de la Cour.
En chambres réunies, la Cour des comptes :
-formule des avis sur les questions de droit ;
-statue sur des questions relevant de plusieurs chambres ou sur l’examen de rapports traitant
de questions relevant des attributions de plusieurs chambres ;
La Cour des comptes se réunit en audience ordinaire pour juger les affaires qui sont de sa
compétence. La Cour comprend plusieurs chambres. Chaque chambre est composée d’un
président de chambre, de conseillers maîtres, de conseillers référendaires et d’auditeurs. La
chambre est composée d’au moins trois magistrats, siège et délibère en nombre impair.
La Cour des comptes se réunit en assemblée générale pour adopter ou modifier le règlement
intérieur de la Cour, débattre de toutes questions intéressant l’organisation et la discipline de
la Cour.
c-Le Parquet général près la Cour des comptes
Il est créé près la Cour des comptes un Parquet général placé sous l’autorité du ministre de la
Justice. Il comprend :
-le Procureur général ;
-un premier avocat général ;
-des avocats généraux.
P2 : ATTRIBUTIONS
Il ressort de la loi organique suscitée que la Cour des comptes a des attributions
juridictionnelles, de contrôle et de consultation.
A : Attributions juridictionnelles
Elles sont énumérées aux articles 10 à 11 de la loi organique.
D’abord, la Cour des comptes connaît en premier et dernier ressort des litiges non dévolus
aux Chambres régionales des comptes installées dans les différents ressorts territoriaux.
Ensuite, elle est compétente pour connaître des pourvois dirigés contre ses arrêts définitifs
dans les conditions prévues par les articles 53 in fine et 112 de la loi précitée.
Enfin, la Cour des comptes connaît en appel des jugements rendus par les chambres
régionales des comptes.
A cet effet, elle juge les comptes des comptables publics, les comptes des comptables de fait
et les faute de gestion.
B : Attributions de contrôle
La Cour dispose d’un pouvoir de contrôle de la gestion des services de l’Etat, des
établissements publics nationaux et des collectivités territoriales. Elle s’assure de l’effectivité
du recouvrement des ressources publiques, du bon emploi des crédits, fonds et valeurs gérés
par les agents de l’Etat et les autres personnes morales de droit public.
Elle assure la vérification des comptes et le contrôle de la gestion :
-des sociétés, groupements ou organismes, quel que soit leur statut juridique, dans lesquels
l’Etat, les collectivités territoriales, les personnes ou établissements publics nationaux, les
organismes soumis au contrôle de la Cour des comptes détiennent directement, séparément
ou ensemble, plus de la moitié du capital ou des voix dans les organes délibérant ;
-des personnes morales dans lesquelles l’Etat ou les organismes soumis au contrôle de la
Cour des comptes, détiennent directement, séparément ou ensemble une participation au
capital d’exercer un pouvoir prépondérant de décision ou de gestion ;
-des services publics concédés.
Par ailleurs, elle contrôle les organismes de sécurité et de prévoyance sociale, y compris les
organismes de droit privé qui assurent en tout ou en partie la gestion d’un régime de
prévoyance obligatoire et la gestion de tout organisme ou association qui bénéficie d’un
concours financier de l’Etat ou d’une autre personne morale de droit public, ainsi que de tout
organisme bénéficiant du concours financier des entreprises publiques et de leurs filiales.
C : Attributions consultatives (Article 21)
La Cour des comptes peut être consultée par le Gouvernement, le Parlement et le Conseil
économique, social, environnemental et culturel, sur toute question relative à la gestion des
services de l’Etat et des collectivités publiques.
TITRE III :
LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION
Une juridiction d’exception est une juridiction, dont la compétence, en raison de la nature
des faits ou de la qualité des parties est expressément déterminée par un texte dérogeant
aux principes de droit commun. L’organisation judiciaire en Côte d’Ivoire admet à côté des
juridictions de droit commun, des juridiction d’exception qui peuvent être classées, au
regard de leur objet, en deux grandes catégories :
*Les juridictions d’exception en matière pénale ;
*Les juridictions d’exception en matière civile et commerciale.
CHAPITRE I :
LES JURIDICTION D’EXCEPTION EN MATIERE PENALE
La procédure de mise en œuvre des poursuites des personnalités citées plus haut est
déterminée à l’article 111 de la constitution. Ainsi, votée au scrutin secret la mise en
accusation se fait :
*A la majorité de 2/3 pour le Président ;
*A la majorité absolue pour les membres du gouvernement
A côté de ces juridictions répressives, il existe aussi en matière civile et commerciale des
juridictions d’exception.
CHAPITRE II :
LES JURIDICTIONS D’EXCEPTION EN MATIERE CIVILE ET COMMERCIALE
II-Les tutelles
L’article 53 de la loi sur la minorité indique les cas d’ouverture de la tutelle concernant
les enfants mineurs. Cet article énonce :
-Lorsque les père et mère du mineur sont tous deux décédés ou hors d’état de manifester
leur volonté, en raison de leur incapacité, éloignement, absence et de tout autre cause.
-Lorsqu’ils sont tous deux déchus des droits de la puissance paternelle,
-Lorsque le survivant est déchu des droits
-Lorsque tous les deux ont été condamnés pour abandon de la famille dans le cas où la
victime de cet abandon est l’un de leurs enfants
-Lorsque l’enfant est né hors mariage que son acte de naissance ne porte pas le nom de sa
mère et qu’il n’a été légalement et volontairement reconnu ni par le père ni par la mère.
En cas d’ouverture de la tutelle, un conseil de famille est convoqué et mis en place sous
la direction du juge. Les membres du conseil doivent être équilibrés en nombre du côté du
père et du côté de la mère de l’enfant mineur. Ce conseil délibère sans le juge mais sous sa
supervision et désigne le tuteur. Il est dressé procès-verbal de cette délibération.
PARAGRAHE 3 : LES POUVOIRS DU JUGE DES TUTELLES
Le juge des tutelles :
-convoque l’administrateur légal, le tuteur, les membres du conseil de famille selon les
nécessités du moment ?
-réclame éclaircissements, adresse des observations et prononce contre les membres du
conseil de famille des injonctions,
Le non déferment aux injonctions du juge des tutelles constitue une contravention
sanctionnée d’une peine de 1.000 à10.000 frs et ou d’un emprisonnement de 10 jours.
PARAGRAHE 4 : LA PROCEDURE DEVANT LE JUGE DES TUTELLES
Le juge des tutelles compétent pour statuer est celui du domicile ou à défaut celui de la
résidence du mineur.
Le juge des tutelles peut se saisir d’office, il peut aussi l’être par simple requête écrite ou
orale ou il peut être saisi en la forme de référé. Il est assisté d’un greffier et statue par
ordonnance.
Les ordonnances du juge sont notifiées dans les cinq (05) jours de leur intervention. Elles
ne sont pas susceptibles d’opposition, mais peuvent être attaquées par appel formé par
déclaration au greffe par toute personne ou les parties y ayant intérêt public dans un délai de
15 jours.
Dans le cadre national, toutes les juridictions sont en principe rattachées soit à l’ordre
judiciaire, avec à sa tête la Cour de Cassation, soit à l’ordre administratif, avec à sa tête le
Conseil d’Etat. Cependant le Conseil Constitutionnel se situe à l’extérieur de cette double
organisation pyramidale en raison de la nature des questions dont elle a à connaître. Il sera
examiné successivement son organisation et ses compétences.
Section 1 : Organisation
Le Conseil constitutionnel est composé de deux catégories de membres. En effet certains
sont des membres de droit tandis que d’autres sont nommés.
§1 : Les membres de droit
Ce sont les anciens Présidents de la République. Mais ceux-ci n’ont pas l’obligation de siéger
car ils peuvent renoncer de façon expresse à être membre de l’institution. En Côte d’Ivoire,
aucun ancien Président de la République n’a de façon express manifesté le désir d’user son
droit ne pas être membre du Conseil.
§2 : Les membres nommés
Ils sont au nombre sept répartis comme suit :
-un Président nommé pour une durée de six ans non renouvelable par le Président de la
République ;
-six conseillers dont trois désignés par le Président de la République, deux par le Président de
l’Assemblée nationale et un par le Président du Sénat. Les conseillers sont nommés pour une
durée de six ans non renouvelable par le Président de la République.
Le Conseil constitutionnel est renouvelé par moitié tous les trois ans et les membres prêtent
serment avant leur entrée en fonction.
Section 2 : Compétences
Le Conseil constitutionnel contrôle principalement la constitutionnalité des textes et possède
d’autres attributions.
§1 : Le Conseil Constitutionnel, juge de la constitutionnalité
Ces compétences ne s’exercent que dans le cadre précis des attributions qui lui sont
conférées par la Constitution. Ce contrôle se fait soit par voie d’action soit par voie
d’exception soit sous forme d’avis.
I-Le contrôle par voie d’action
Selon l’article 134 nouveau de la Constitution, les engagements internationaux avant leur
ratification, les lois constitutionnelles adoptées par voie parlementaire, les lois organiques
avant leur promulgation, les règlements des assemblées parlementaires avant leur mise en
application, doivent être déférés par le Président de la République, le Président de
l’Assemblée nationale ou le Président du Sénat au Conseil constitutionnel, qui se prononce
sur leur conformité à la Constitution. Dans ces conditions, la saisine du Conseil
constitutionnel suspend le délai de promulgation ou de mise en application.
En cas de saisine par voie d’action, une loi ou une disposition déclarée contraire à la
Constitution ne peut être promulguée ou mise en application. La loi ou la disposition est
nulle à l’égard de tous.
II- Le contrôle par voie d’exception
Tout plaideur peut, par voie d’exception, invoquer l’inconstitutionnalité d’une loi devant
toute juridiction en vue de la faire annuler. Dans ce cas la décision du Conseil constitutionnel
s’impose à tous, au-delà des parties au procès et la loi ou la disposition déclarée
inconstitutionnelle est abrogée.
§2 : Autres attributions du Conseil constitutionnel
Le Conseil constitutionnel possède diverses autres attributions. Il est à la fois une juridiction
électorale et référendaire et un organe de constat et de consultation.
I-Le Conseil constitutionnel, juridiction électorale et référendaire
Le Conseil constitutionnel statue sur :
-l’éligibilité des candidats à l’élection présidentielle. A cet effet, il arrête et publie la
liste définitive des candidats à l’élection présidentielle quinze jours avant le premier
tour du scrutin ;
-l’éligibilité des candidats aux élections parlementaires pour permettre à la
Commission indépendante chargée des élections de publier la liste définitive des
candidatures aux élections des députés et des sénateurs ;
-les contestations relatives à l’élection du Président de la République, des députés et
des sénateurs
-la déchéance des députés et des sénateurs.
Par ailleurs, le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs de l’élection
présidentielle et contrôle la régularité des opérations de référendum et en proclame les
résultats.
II-Le Conseil constitutionnel, organe de constat et de consultation
Cette intervention du Conseil constitutionnel a une portée plus ou moins grande selon les
cas : tantôt il lui est demandé de porter lui-même un constat qui lie le pouvoir politique,
tantôt il n’est consulté que pour émettre un avis qui n’a pas force obligatoire.
D’abord, seul le Conseil constitutionnel peut constater la vacance de la Présidence de la
République par décès, démission ou empêchement absolu. Si un tel cas survient, le Conseil
est saisi par une requête du Gouvernement approuvée à la majorité de ses membres. Dans
ce cas le Vice-Président de la République après avoir prêté serment devant le Conseil
constitutionnel se réuni en audience solennelle.
Ensuite, sur saisine soit du Président de la République, soit du Président de l’Assemblée
nationale soit du Président du Sénat, les projets ou proposition de loi peuvent être soumis
pour avis au Conseil constitutionnel.
Enfin, lorsqu’une des circonstances exceptionnelles telles que définies par l’article 73 de la
Constitution se présente, le Président de la République prend les mesures exceptionnelles
exigées par ces circonstances après consultation obligatoire(…)2 du Président du Conseil
constitutionnel.
2
Dans ces circonstances, le Président de la République doit consulter obligatoirement le Président de
l’Assemblée nationale et ceux du Sénat du Conseil constitutionnel.
TITRE IV :
Ils sont encore appelés Magistrats Assis et sont indépendants et inamovibles. Ils
assurent les fonctions de juge ou de juge d’instruction.
II : les Magistrats du Parquet
Les Magistrats du Ministère public sont une sorte de Magistrats de type particulier
établis auprès des tribunaux de 1ère instance et leurs sections détachées, des cours d’appel
et de la cour suprême. Ils sont appelés Magistrats Debout, ils sont liés à l’exécutif par un lien
de subordination hiérarchique. Les éléments caractéristiques du ministère public. Sont
l’indivisibilité du Ministère public, la subordination hiérarchique, indépendance à l’égard des
tribunaux, l’irresponsabilité et l’irrécusabilité.
L’auxiliaire de justice est un homme de loi dont la mission est destinée à faciliter la
marche de l'instance et la bonne administration de la justice. L'appellation « auxiliaire de
justice » est donc une qualification générique appliquée aux membres des professions
diverses qui concourent à l'administration de la justice. Avec les magistrats (qui rendent la
justice), on appelle les auxiliaires de justice (qui coopèrent à l'administration de la justice) les
« gens de justice ». Cette expression désigne l'ensemble des personnes qui ont pour fonction
ou profession de participer à l’œuvre de justice.
I : Les avocats
L'avocat est un professionnel du droit, investi de plusieurs missions ; il peut être utile lors
d'un conflit, mais aussi dans la vie de tous les jours, pour certains actes complexes. L'avocat
exerce des fonctions de conseil, de mandataire et de défenseur des plaideurs. Plus
spécifiquement, l'avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation (également appelé avocat
aux Conseils) est un officier ministériel assistant et représentant les plaideurs devant ces
deux juridictions suprêmes. En clair, les Avocats sont chargés de la défense de leurs clients
devant les juridictions et de la rédaction de contrats.
II : Les notaires
I : Les experts
Les experts sont des techniciens désignés par le juge pour procéder à une expertise et
l'éclairer dans sa prise de décision. On parle aussi d'homme de l'art. Les experts judiciaires
sont inscrits sur une liste officielle comme spécialiste en telle ou telle matière (psychiatrie,
médecine légale, balistique, écriture, informatique, bâtiment...). Un expert judiciaire est un
professionnel qui apporte un avis éclairé sur une question précise lors d'une procédure
judiciaire. Son avis a valeur de preuve pour le juge mais le juge reste libre dans sa décision de
suivre ou non l'avis de l'expert. Ils apportent leur expertise au tribunal lorsqu’ils sont
sollicités dans le cadre d’un procès.
II : Les Agents d’affaires
Ils sont chargés de la gestion d’affaires que leurs clients leurs apportent.