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INTRODUCTION GÉNÉRALE
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Par comparaison, c’est la même distinction pédagogique que l’on rencontre
entre le droit pénal et la procédure pénale.
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haute juridiction nationale de : « résoudre les difficultés qui se lèvent en matière
administrative. » Malgré cette consécration du Conseil d’Etat, la juridiction
connue de fortunes diverses.
Le Conseil d’Etat a d’abord connu l’époque de la justice reconnue qui fait
encore référence à la théorie du Ministre juge. Ici, l’administration continue à
se juger elle-même, les recours administratifs étant examinés par le chef de
l’Etat où certaines autorités administratives. On dit alors que, l’administration
est juge et partie.
Par la suite, on est passé à la justice déléguée, l’administration consentant
finalement à se plier au contrôle juridictionnel. Une loi du 24 Mai 1872 érige
alors le Conseil d’Etat en véritable juridiction administrative.
C’est ainsi que le célèbre arrêt CADOT du conseil d’Etat en date du 13
DECEMBRE 1893 fixera en jurisprudence la compétence de la haute juridiction
à contrôle l’administration : « Considérant que du refus du maire ou du conseil
municipal de Marseille de faire droit à la réclamation du sieur CADOT, il est né
entre les parties un litige dont il appartient au conseil d’Etat de connaître ».
Cet affranchissement du Conseil d’Etat avait été suggéré dans la cause par
le commissaire du gouvernement JAGERSCHMITT en ces termes : « partout où
il existe une autorité ayant un pouvoir propre…un débat contentieux peut naître
et le conseil d’Etat peut être directement saisi ».
- Dans un deuxième mouvement, il a été mis en place le conseil de
préfecture à l’échelle interdépartementale du premier ressort par la loi du 28
pluviôse an 07. Les tribunaux administratifs ont par la suite remplacé ce conseil
de préfecture en application d’une réforme de contentieux administratif du 30
Septembre 1953.
- Dans un troisième mouvement enfin, la loi du 31 Décembre 1987 créé au
niveau inter-régional les recours administratifs dans cinq villes de France que
sont : Paris, Nantes, Bordeaux, Lyon, Nancy, lesquelles cours fonctionneront à
partir du 01 Janvier 1989.
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B- Le destin national du mécanisme contentieux : « aléa colonial »
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Président : haut-commissaire de la République, autorité administrative
supérieure du territoire camerounais.
Assesseurs : administrateurs en chef d’économie, le chef des travaux
publics (de préférence licencié en droit) et deux magistrats.
- L’amorce du visage indépendantiste sera perceptible avec le décret
N°52/0815/ du 08 Juillet 1952 portant modification du décret du 13 Avril 1927
réorganisant le CCA et le CAT (le journal officiel de la République française
du 12 Juillet 1957, P.73).
Avec cette amorce dépendantiste, la confusion des compétences entre la
juridiction judiciaire, l’administration active et le CCA sera soigneusement
écartée. L’article 11(nouveau) du décret de 1952 confirme désormais la
présidence de la juridiction à : « un magistrat du siège de la Cour d’appel de
Yaoundé », et celle du commissaire du gouvernement près du conseil à l’un des
administrateurs en chef des colonies ou de la France d’outre-mer
impérativement juriste de formation.
Cependant, l’autonomie du CCA sera freinée par sa constante inféodation
au Conseil d’Etat métropolitain (France) en ce sens que les décisions du CCA
font l’objet de réformation en France comme dans le système du double degré de
juridiction. Bien plus remarquable est le fait que le CCA ne pouvait connaître du
contentieux impliquant le service public de la République française pour tout
recours en annulation pour excès de pouvoirs. (Cf. Conseil d’Etat du 12 Juillet
1956 Sieurs M’PAYE, NGONE ET MOUNIER, rec., P333). En l’espèce, le
Conseil d’Etat avait déclaré l’incompétence du CCA pour connaître d’une
requête en annulation du décret du 13 Juillet 1957 portant dissolution du parti
politique UPC de RUBEN UM NYOMBE.
En revanche, la compétence du CCA se limitait aux litiges se rapportant
aux services publics locaux, au contentieux électoral, domanial, aux dommages
de travaux publics, aux statuts des fonctionnaires locaux et aux contraventions
des voiries.
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2- Le tribunal d’Etat à l’époque de l’autonomie interne (1959-1965)
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Les juges administratifs nommés par décret du Premier Ministre sont
recrutés parmi les fonctionnaires, contractuels d’administration et magistrats de
profession. Le Président et les deux assesseurs constituent la charpente
organique de la juridiction administrative.
Président et commissaire au gouvernement doivent avoir au moins des
licences en droit.
Le tribunal d’Etat fonctionne de 1959 à décembre 1965 avec cette curiosité
juridique que le texte de création reste silencieux sur le mécanisme de
réformation éventuelle des décisions. Bien plus, à la date de création du tribunal
d’Etat, au Cameroun occidental francophone exclusivement, le Cameroun
occidental anglophone reste en marge du contentieux administratif.
Le 1er Janvier 1960, le premier Cameroun accède à l’indépendance. La
brève transition de l’autonomie interne (1959-1960) sera alors l’opportunité
d’assurer un réaménagement juridictionnel à même de résoudre les deux
questions en suspens.
C’est la loi N°61/12/ du 26 juin 1961 qui la créée. L’article 1er reprend
intégralement les compétences énumérées par le décret de 1959 au profit du
tribunal d’Etat. L’article 2 dispose : « la cour suprême connait des pourvois en
annulation formés par les arrêts du tribunal d’Etat. Elle assure la
compétence de celui-ci par les autres juridictions. » Par cette disposition de
l’article 2, le législateur du Cameroun indépendant maintient l’existence
juridictionnelle du tribunal d’Etat. La cassation est inscrite au registre des
rapports entre le tribunal d’Etat et la cour suprême. La cour suprême devient
juridiction des conflits de compétences entre la juridiction administrative et les
juridictions de l’ordre judiciaire à l’image du tribunal des conflits français.
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Le rapprochement institutionnel du Cameroun anglophone et celui
francophone impulsera un visage renfermé de la justice administrative.
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Créée par la loi, elle sera dissoute par un décret du 19 juin 1964.
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juin 1969 en ces termes : « en attendant les mesures d’application, la
chambre administrative de Yaoundé applique la procédure antérieurement
en vigueur devant le tribunal d’Etat. La chambre administrative de Buea
applique la procédure civile de droit commun en vigueur pour les litiges
entre les particuliers ».
La constitution, en son article 38, maintien une « cour suprême (qui) est la plus
haute juridiction de l’Etat en matière judiciaire… » avec, en son sein, une
chambre administrative. Cette dernière se substitue désormais à l’assemblée
plénière d’antan car, en vertu de l’article 40 de la constitution, elle « statue
souverainement sur les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions
inférieures en matière de contentieux administratif », lesquelles sont
précisément, les « tribunaux administratifs » crées à l’article 42 alinéa 2 de la
constitution.
Il faut cependant faire observer que ces tribunaux administratifs ont connu un
début de fonctionnement de mi-avril à décembre 2013. Ce sont les dispositions
transitoires de l’article 67 de la constitution qui ont permis la continuité du
contentieux administratif qui impose de le définir.
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litige administratif (Première partie) et du règlement approprié par la
juridiction (2ème partie).
Une étude sur les formes de la juridiction administrative mérite que l’on
revienne, une fois de plus, brièvement sur ce qu’est la « juridiction
administrative », afin d’en préciser le sens (Section I). Il faut, par la suite,
distinguer la forme de juridiction administrative établie depuis l’ordonnance du
26 août 1972 portant organisation de la Cour Suprême (Section II) de celle
résultant de la constitution révisée du 18 janvier 1996 et de l’alliage d’avec les
textes législatifs qui s’y rattachent (Section III).
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caractère de juridiction reconnu à un organisme dérive d’une qualification
textuelle provenant de l’autorité compétente. Une telle qualification peut être
directe dans le cas où l’organisme est présenté comme une « juridiction »,
comme un « tribunal » ou une « cour ». Elle peut également être indirecte
lorsque les décisions rendues par l’organisme sont appréhendées comme des
« jugements » ou « arrêts » et, ce faisant, jouissant de « l’autorité de chose
jugée ». Mais il faut dire que l’affirmation du caractère juridictionnel d’un
organisme ne repose sur aucun fondement de théorie juridique. Il se pose donc la
question de savoir comment gérer pareille hypothèse où une qualification
textuelle fait défaut. La jurisprudence du Conseil d’Etat fait recours à deux
conditions cumulatives : il faut, d’une part, que l’organisme à qualifier dispose
d’un « pouvoir juridictionnel ». Ainsi, un organisme qui tend juste à exprimer
des avis ou formuler des propositions ne saurait être qualifié de juridiction. Il
faut, d’autre part, que l’organisme agisse en « autorité collégiale », même si
l’hypothèse du juge unique reste de mise, notamment lorsque le président de la
juridiction administrative rend des ordonnances.
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les juges et représentants du Ministère public ou, de plus en plus, des personnels
non magistrats reconnus techniquement habiles pour des questions de droit, qui,
à l’issue d’une procédure contradictoire de droit public garantie aux parties,
prennent des actes recouverts de « l’autorité de chose jugée » à l’occasion de
litiges soulevés par l’action administrative. Il sied, ce faisant, de mettre en
exergue la forme de juridiction administrative fixée depuis l’ordonnance du 26
août 1972 portant organisation de la Cour Suprême.
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Général ou l’un des substituts du Procureur Général près la Cour Suprême, un
des greffiers de la Cour Suprême ».
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jugements et, là, les arrêts, qui étaient rendus par ces formations administratives,
lesquels étaient recouverts de « l’autorité de chose jugée ». La réforme
constitutionnelle du 18 janvier 1996 ainsi que les suites législatives de 2006
feront émerger des constats et une incidence sur la forme juridictionnelle issue
de ladite rénovation.
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administratif et des comptes publics, toute chose qui ravive son caractère
multifonctionnel. C’est d’ailleurs ce qui explique que la « chambre
administrative », la « chambre judiciaire » et la « chambre des comptes » soient
intégrées au sein des formations de ladite cour en application de l’article 38,
alinéa 2 de la constitution.
Le troisième constat que l’on opère est relatif à la mise hors service
juridictionnel de l’Assemblée plénière, même si l’on déplore le fait que cette
instance juridictionnelle ait continué à officier jusqu’à une époque relativement
récente. En effet, l’hypertrophie de la fonction administrative contentieuse de la
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nouvelle chambre administrative a eu pour effet d’ordre structurel de frapper
d’inexistence l’institution qu’est l’Assemblée plénière.
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Chapitre II : Le champ d’intervention de la juridiction administrative – Les
titres de compétences
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du 20 mars 1968), laquelle recevra par la suite une confirmation
jurisprudentielle (Cf. CS/CA, jugements n°s 23 du 03 février 1977, YEYAP
NJOYA Joseph Marie et 1 du 19 décembre 1975, NKONG Emmanuel).
Dans l’affaire pionnière NGONGANG NJANKE sus citée, le juge administratif
appréhende ainsi la décision administrative comme « un acte juridique
unilatéral, pris par une autorité administrative, dans l’exercice d’un pouvoir
administratif, et créant des droits et des obligations pour les particuliers ». Que
faut-il en retenir, dans les détails utiles, de cette définition juridictionnelle de
l’acte administratif unilatéral ?
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intra-institutionnelles entre des collègues supérieurs et subordonnés (Procureur –
Substituts du Procureur ou Président du Tribunal et juge).
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L’acte administratif unilatéral à caractère décisoire a une finalité
créatrice de droit et/ou d’obligation. Ceci veut dire que lorsque l’administration
décide, son acte modifie l’ordonnancement juridique, relativement à un droit
subjectif, qu’elle octroie, abroge ou retire, ou à une obligation de faire ou de ne
pas faire. En définitive, on dira d’une dira d’une décision administrative qu’elle
est un acte juridique unilatéral, édicté par l’autorité administrative ou par une
personne privée chargée par la personne publique de l’exécution d’une mission
de service public, en vue de produire des effets de droit soit en conférant à son
destinataire une prérogative, soit en le soumettant à une obligation,
alternativement ou concomitamment, et ce à l’exclusion du consentement dudit
destinataire.
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convocation à un conseil de discipline suite à une tricherie présumée à la suite
d’un examen. Ce genre d’acte ne produit pas d’effet juridique, ne fait pas grief à
qui que ce soit et n’est donc pas une décision administrative. Il peut encore
s’agir, à titre d’illustration, des recommandations, des avis consultatifs, des
vœux, des projets de certaines catégories de procès-verbaux, des bulletins de
notes des agents publics (Cf. CS/CA, jugements n°s 10 du 22 février 1979,
Frédéric NDJONFANG, 38 du 25 février 1982, MBARGA Richard, 73 du
31 janvier 1991, OTTO Simon PONDI). La demande d’explication écrite
adressée à un agent public répond à cette nomenclature.
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une décision de nature à faire grief et, ce faisant, à faire l’objet d’un débat
contentieux.
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immeubles d’habitation. Ces allocations sont décidées par diverses commissions
dans des conditions très vaguement fixées par le code de l’urbanisme. La
commission nationale ayant donc défini les orientations globales en vue de
diriger les orientations du fonds, il fallait se prononcer sur la validité et sur la
valeur juridique de tels actes d’orientation.
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L’administration a la latitude de conclure des contrats de droit privé et/ou
des contrats administratifs. Les contrats de droit privé sont de la compétence du
juge judiciaire lorsqu’ils suscitent un litige (Cf. CS/CA, jugements n°s 105 du
25 mars 2009, Dame veuve FONDJO née HAMANKON Jacqueline et 145
du 22 juillet 2009, WANDJI NKUIMY Jean-Pierre). Quant aux contrats
administratifs, ils relèvent, à l’occasion d’une contestation, des attributions
contentieuses du juge administratif. Le contrat administratif se justifie par des
nécessités de service public. Pour ainsi appréhender ou qualifier un contrat
administratif, les apports textuel et jurisprudentiel sont à considérer. On parle
ainsi de la qualification textuelle et de la qualification jurisprudentielle du
contrat administratif.
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DRAGAGES – SATOM, 07 du 27 octobre 1988, Compagnie Forestière
SANGHA OUBANGUI, 72 du 29 juin 1989, FOUDA ETAMA, 44 du 28 juin
1990, Entreprise Amsecom, 110 du 30 mai 1991, Entreprise Amsecom –
Amseconcom, 28 du 26 mars 1992, Amsecom – Amseconcom, 01 du 31
décembre 1992, Société Intercontinental Business, 58 du 29 juillet 1993,
PALLADINO Lucien, 62 du 29 juin 1995, The Big Brothers Trading
Company, 53/ADD du 23 mars 2005, Clinique Vétérinaire du Mfoundi
SARL C./ SODECAO, 59 du 23 mars 2005, Etablissements LIPA Sports ;
CCA, arrêt n° 83 du 22 décembre 1951, RENUCCI).
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car pour le juge « … un contrat conclu entre deux personnes publiques revêt en
principe un caractère administratif, impliquant la compétence des juridictions
administratives pour connaître des litiges portant sur les manquements aux
obligations en découlant, sauf dans les cas où, eu égard à son objet, il ne fait
naître entre les parties que des rapports de droit privé » ; les contrats entre une
personne publique et une ou plusieurs personnes privées peuvent être des
contrats administratifs, la présence d’une personne publique étant en effet une
condition nécessaire (TC, 19 janvier 1972, SNCF C./ Entreprise SOLON et
BARRAULT). Il ne s’agit guère d’une condition suffisante, encore faut-il que le
contrat réponde aux critères matériels alternatifs (CE, 07 décembre 1984,
Centre d’études maritimes avancées) ; les contrats conclus entre personnes
privées ne peuvent en principe être des contrats administratifs. Ils sont
normalement des contrats de droit commun dont le contentieux relève du juge
judiciaire. Il en est ainsi même s’ils répondent aux critères matériels attachés aux
contrats administratifs (CE, 13 décembre 1963, Syndicat des praticiens de
l’art dentaire du Nord et Sieur Merlin, 17 juin 1985, Société anonyme de
Paniagua).
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conclus entre personnes privées, sont des contrats administratifs. A ces
considérations organiques, faut-il adjoindre des critères matériels alternatifs pour
qu’un contrat soit qualifié d’administratif.
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sont inaccoutumées, et partant, peu vraisemblables ». Dans sa tentative de
définition jurisprudentielle de l’acte administratif bilatéral, la Chambre
Administrative relève que « l’administration dispose de prérogatives
exorbitantes en matière (de contrat administratif telle la) résiliation unilatérale
d’un contrat de marché public » (CS/CA, jugement n° 41 du 05 décembre
1996, DZONGANG Albert, C. / Etat du Cameroun). Dans une autre espèce,
le juge administratif affirme qu’: « attendu que suivant l’article 1ier de cette
convention le consultant s’engageait à s’occuper de l’animation culturelle de la
célébration de la journée mondiale de l’environnement du 04 u 05 juin 1989 de
manière active et efficace pour une réussite totale de l’événement… ; que
l’animation culturelle dont il s’agit était réalisée non pas dans l’intérêt
particulier mais dans l’intérêt public comme afférente à la célébration de la
journée mondiale de l’environnement… ; attendu au surplus qu’il résulte de la
combinaison des clauses de la convention reprises ci-dessus que le consultant de
l’administration n’était pas libre de choisir un programme déterminé
d’animation culturelle, mais qu’il devrait se conformer à celui qui lui était
imposé par la puissance publique qui, de surcroit, avait le pouvoir de résiliation
unilatérale de la convention en cas de non-respect par l’intéressé du programme
ainsi imposé… ; attendu que pareilles stipulations ne se rencontrent pas dans un
contrat de droit privé » (CS/CA, Jugement n° 147/ADD du 31 août, UM
NTJAM François Désiré).
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finalement donné leur nom à de principales décisions de justice administrative
relatives à l’émergence des critères organique et matériel du contrat
administratif, quoique les juges de la seconde espèce aient regrettablement
consacré le cumul des critères matériels (CS/CA, jugement n° 80 du 18 juin
2008, UM NTJAM François désiré). En définitive, la production normative de
l’administration, d’essence consensuelle en l’occurrence, est susceptible d’être à
la base d’un litige dont la connaissance incombe au juge administratif.
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coercitives tendent autant à punir qu’à surmonter la défaillance ou le
comportement grave du cocontractant sans qu’il soit nécessaire de mettre fin au
contrat. Ici et là, on parle de sanctions non résolutoires. Quant aux sanctions
résolutoires, elles permettent à l’administration de rompre le contrat en cas de
faute grave commise par le cocontractant. C’est le cas de la résiliation que
d’ailleurs la jurisprudence considère comme une prérogative exorbitante de
l’administration (Cf. CS/CA, jugement n° 50 du 01er février 1985, Affaire
TAMEGHI Joseph C. / Etat du Cameroun (affaire dit Amsecom –
Amseconcom). Si la mesure de résiliation n’est pas justifiée, le juge
administratif peut l’annuler. En cas de faute de l’administration, le cocontractant
doit poursuivre l’exécution du contrat, mais, en retour, il a droit à une indemnité
(Cf. CS/CA, jugement n° 50 du 01er février 1985, affaire TAMEGHI
Joseph ; CS/CA, jugement n° 44 du 28 juin 1990, Entreprise Amsecom C. /
Etat du Cameroun). De même, en cas de « rupture abusive » du contrat, le
cocontractant a droit à la réparation par le versement d’une indemnité (Cf.
CS/CA, jugement n° 59 du 23 mars 2005, Etablissements LIPA - SPORTS
BTP C. / Etat du Cameroun).
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par une faute grave du cocontractant ou par une exigence d’intérêt général, à
charge pour l’administration de réparer le préjudice subi par le cocontractant. Le
contrat peut également prendre fin par voie juridictionnelle à la demande soit de
l’administration, soit du cocontractant, soit du fait de l’une ou l’autre partie au
contrat, justifié par le changement de circonstances par lesquelles
l’administration impose unilatéralement au cocontractant des charges nouvelles
excédantes, l’hypothèse d’un cas de force majeure, un cas de déchéance qui
échappe à la compétence de l’administration, un bouleversement de l’équilibre
économique du contrat généré par des circonstances comme un fait naturel, un
fait économique, un fait politique.
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dommages causés par les biens du domaine public (I) mais également de ceux
qui dérivent de certaines opérations électorales (II).
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Jean-Pierre (Cf. CFJ/CAY, arrêt ADD n°25 du 15 novembre 1966, vidé par
jugement n°113/CFJ/CAY du 02 décembre 1970). D’autres sentences
juridictionnelles viendront consolider cet état du droit jurisprudentiel mettant en
exergue les carences et défaillances de l’Etat à assurer la sécurité attachée aux
biens du domaine public (Cf. CS/CA, jugement n°45 du 27 mai 1982,
DZIETHAM Pierre ; en appel, voir CS/AP, arrêt n°8/A du 17 novembre
1983 ; CS/CA, jugement n°86 du 26 juin 1986, KONTCHOU Lévi Bord ;
CS/CA, jugement ADD n°90 du 28 février 1991, ONDOUA ATANGANA et
jugement de fond n°12 du 26 décembre 1991, confirmé en appel par arrêt
n°28/A du 27 juin 1996 ; jugement n°91 du 30 juin 2004, Paul ONDOUA
ATANGANA).
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L’incorporation d’un bien dans le domaine public s’opère par le procédé
exorbitant de droit commun qu’est la décision formelle. Elle fait l’objet d’un
acte juridique explicite : loi, décret, arrêté, délibération. L’acte juridique
d’incorporation prend le nom d’« acte de classement » lorsque l’opération est
opérée dans la catégorie des voies publiques. La décision formelle doit de ce fait
être suivie d’une affectation matérielle du bien à l’utilité publique, à raison de
son usage direct par le public ou par les services publics. On constate cependant
que la décision formelle d’incorporation du bien dans le domaine public
artificiel suscite une contestation lorsqu’elle fait état d’un décalage par rapport à
l’affectation matérielle par des procédés comme l’alignement de l’expropriation,
le droit de préemption, la réquisition et la nationalisation. L’assouplissement du
principe d’inaliénabilité des biens du domaine public, qui, entre autres
caractéristiques fondamentales, sont imprescriptibles et inaliénables, fait
cependant en sorte que « les dépendances du domaine naturel ou artificiel
reconnues sans utilité compte tenu de leur affectation initiale peuvent être
déclassées et intégrées par décret au domaine privé de l’Etat ou des autres
personnes morales de droit public ». Ce sont donc les conditions dans lesquelles
est agencée la sortie d’un bien qui fondent et enclenchent le contentieux de
l’affectation ou de la sortie du domaine public. A ce sujet, il faut distinguer la
matière contentieuse portant sur l’acte juridique d’affectation ou de sortie du
bien du litige circonscrit à l’exclusive opération matérielle de sortie.
Parallèlement à la domanialité publique, la matière électorale offre également
quelques terrains de faits matériels susceptibles d’être déféré à l’endroit du juge
administratif.
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la contestation des opérations liées au déroulement proprement dit du scrutin,
c’est-à-dire en fait à la régularité de l’élection et non pas des questions se
rapportant à la préparation de la consultation du peuple, à l’exemple du
contentieux de l’électorat, de l’éligibilité ou des bulletins de vote de chaque
candidat ou parti politique. Au rang de ces contentieux, on relève ainsi le
contentieux électoral municipal, le contentieux électoral dans les ordres
professionnels, le contentieux électoral dans les chambres consulaires et dans les
régions.
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jugements n°s 243/CE du 29 août 2007, NDI AMOUGOU Isidore et 292/CE
du 26 septembre 2007, BELIBI NKOA François), seule la commission
électorale, conformément à la loi électorale, est habilitée à en connaître (Cf.
CS/CA, jugements n°s 01 du 31 octobre 1996, SDF District de Balikumbat
et 35 du 05 décembre 1996, UPC – Manidem).
Pour ce qui est du litige électoral, la chambre administrative statue sur les
demandes « d’annulation des opérations électorales » pour raison de fraude (Cf.
jugements n°s 181/CE du 29 août 2007, SILATCHOM Pierre, 236/CE du 29
août 2007, ZONGO AMOUGOU Lin Dieudonné, 250/CE du 29 août 2007,
KAMMI Nazaire C. / Etat du Cameroun et Commune de Douala II, 288/CE
du 29 août 2007, KOSNA BADÏ (UNDP) Commune de Mokolo, 191/CE du
29 août 2007, ISSOLA Blaise et Autres. Dans le même sens, voir les
jugements des 29 août 2007 n°s 283, KALAMBACK KOLLO Jean
Débonnaire C. / Etat du Cameroun et KADJI DEFOSSO Joseph et 284/CE,
DOUO Boniface et Autres C. / Etat du Cameroun et Madame FONING
Françoise – Commune de Douala Ve). Par contre, lorsqu’il est question du
déroulement du scrutin, le juge administratif affirme son incompétence à statuer
sur les demandes tendant à la proclamation des résultats électoraux des
conseillers municipaux (Cf. jugement n°193/CE du 29 août 2007, MEUTCHI
Joseph Marie) ou sur la demande de « rectification des résultats » (Cf.
jugement n°181/CE du 29 août 2007, SILATCHOM Pierre). Il y a enfin,
pour le compte du contentieux électoral municipal, le litige post-électoral. A ce
sujet, le juge administratif affirme sa compétence à connaître de la contestation
de l’élection du maire et de ses adjoints, en l’occurrence l’exécutif municipal, au
terme de l’élection des conseillers municipaux (Cf. jugement n°136/CE du 29
août 2007, MOUKOUELLE Joseph Raymond). Il affirme par contre son
incompétence à connaître de la « rectification des résultats électoraux ».
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Le juge administratif connaît également du contentieux électoral au sein
des ordres professionnels (Cf. CS/CA, jugement n°117/90-91 du 31 mai 1991).
Il en va de même du contentieux électoral dans les chambres consulaires (Cf.
CS/CA, jugements n°s 5 du 26 novembre 1982, ESSOME Jean, 6 du 26
novembre 1982, MONTHE Honoré, 7 du 03 décembre 1982, NGALA
TAWONG Abel, 1 du 26 octobre 1983, NOUTCHOGOUING Jean Samuel,
3 du 26 octobre 1983, KEUATSOP TETAKEUA Pierre, 4 du 26 octobre
1983, DJOMO David) ainsi que du contentieux des élections régionales à venir.
Aussi bien dans la vieille loi ordonnance de 1972 que dans les lois de
2006, relativement à ce qui concerne les requêtes adressées au juge
administratif, le recours en annulation pour excès de pouvoir figure en bonne
place. Qu’annule-t-on pour excès de pouvoir ? Que signifie par ailleurs excès de
pouvoir ? L’objet du recours en annulation (I) et la définition même du concept
(II) seront successivement analysés.
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NDJENGUE C./ Etat du Cameroun, Lieutenant JAP ENOCH TATA et
Capitaine BALLA ONDOUA).
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ou encore les « moyens d’annulation ». La législation camerounaise en
matière de contentieux administratif a toujours disposé de manière
constante « est constitutif d’excès de pouvoir … le vice de forme,
l’incompétence, la violation d’une disposition légale ou réglementaire,
le détournement de pouvoir ».
● Le vice de forme
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décision administrative (Cf. CS/CA, jugement n°11 du 14 janvier 2009,
OUMAROU SALLAHEDINE).
● L’incompétence
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- L’usurpation de pouvoir : forme grave de l’incompétence
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L’usurpation de pouvoir a pour conséquence d’entraîner l’annulation de
l’acte sauf dans l’hypothèse exceptionnelle d’application de la théorie du
fonctionnaire de fait qui présente l’avantage de valider la mesure prise par le
particulier qui n’a aucune qualité ni titre mais avec inconvénient pour
l’administration qu’elle est tenue de réparer les dommages issus de l’activité du
fonctionnaire de fait (Cf. CE, 05 mars 1948, MARION) repris au plan local
(Cf. les jurisprudences Dame CIVRA ; Dame KIEFFER Marguerite ;
KPWANG ESSIANE ; NDOUNDA Thomas).
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- L’auteur d’une décision administrative vicie sa décision lorsqu’il agit sans
se référer à la norme législative ou règlementaire qui canalise son
activité ;
- En toute connaissance des textes applicables, l’auteur de la décision en
vient à donner une interprétation erronée. Autrement dit, l’erreur sur le
sens exact que contient la disposition d’un texte de référence, la loi ou le
règlement en l’occurrence, entache la décision en question d’une illégalité
interne (Cf. CS/CA, jugement n°55 du 22 avril 1976, MBARGA
Emile).
- La violation de la loi ou du règlement est enfin recherchée par le juge de
l’excès de pouvoir à travers les motifs contenus dans la décision
administrative. Cette technique de contrôle des motifs a été amorcée dans
le contexte français à travers l’arrêt du Conseil d’Etat CAMINO en
date du 14 janvier 1914. Il était reproché au maire Camino d’avoir fait
introduire un cercueil par une brèche du mur d’enceinte du cimetière et
d’avoir fait creuser une fosse de dimension très insuffisante,
comportement destiné à manifester son mécontentement à l’égard du
mort. Il fut alors éjecté de sa fonction. Saisi du contentieux, le Conseil
d’Etat lui rétorqua « considérant que le Conseil d’Etat … peut vérifier la
matérialité des faits qui ont motivé ces mesures, et dans le cas où lesdits
faits sont établis, il peut encore rechercher s’il pouvait légalement motiver
l’application des sanctions ».
49
également constituer une source d’illégalité que l’on appelle l’erreur de fait.
Selon une jurisprudence constante, « est entachée d’excès de pouvoir, et
susceptible d’être annulée par le juge administratif, toute décision qui repose
sur des faits matériellement inexacts » (Cf. CS/CA, jugement n°17 du 03
février 1977, MINELI ELOMO Bernard Marie ; CS/CA, jugement n°52
du 23 février 2005, ENGAMBA EVOUNDOU Gaston).
● Le détournement de pouvoir
50
A l’image de l’article 1382 du code civil, l’administration est
également susceptible d’être tenue pour responsable de ses actes et cette
responsabilité est engagée sur la base d’un recours en réparation qui tend,
sur la base du préjudice subi par le recourant du fait de l’action ou de
l’inaction administrative, à exiger l’allocation d’une compensation
financière.
En règle générale, la responsabilité de l’administration est engagée
sur la base d’une faute (I). Cependant, et à titre exceptionnel,
l’administration peut être amenée à réparer en dehors de toute idée de
faute (II). Dans un cas comme dans l’autre, le juge administratif n’est pas
le seul à pouvoir y statuer, car il existe un éclatement de la compétence
contentieuse entre les juridictions de l’ordre judiciaire et celles de l’ordre
administratif (III).
51
de « l’action de faillir ». Dans quelles conditions peut-on juridiquement soutenir
que l’administration que l’on traduit en justice, sur la base d’une faute, est
entrain de faillir ? Il y a faute administrative, au plan strictement juridique, et
notamment celle susceptible d’engager la responsabilité de l’administration,
lorsque par l’action répréhensible des agents du service public, ceux-ci
n’observent pas, partiellement ou intégralement, les règles qui organisent le
service public et l’action qui s’y déroule. De manière plus ramassée, la faute
administrative révèle un agent administratif en mauvaise posture
professionnelle, celui-ci ayant fait preuve d’une défaillance dans l’observation et
dans l’exécution d’une ou de plusieurs obligations de service. A quoi correspond
concrètement cette définition théorique ?
52
en date du 24 mars 1983 ; CS/CA, jugement n°48 du 04 mars 1976, TAGNY
KAMENI Joseph ; CS/CA, jugement n°53 du 25 mai 2000, les familles
BEYISSA ; CS/CA, jugement n°34 du 29 décembre 2004, NOUMSI Jean
Bosco ; CS/CA, jugement n°73 du 27 avril 2005, ESSOUA Louis ; CS/CA,
jugement n°32 du 18 janvier 2006, ETOUNDI Thomas Paul). A contrario, il
n’y a point de faute administrative lorsque l’administration agit régulièrement,
légalement (Cf. CS/CA, jugement n°1 du 28 novembre 1974, BIKANDA
Jean ; CS/CA, jugement n°37 du 17 janvier 2007, NZONGANG Jean
Marie).
53
victime de l’activité administrative pourrait « … engager la responsabilité de la
puissance publique en dehors de toute idée de faute ». S’il est donc consacré le
recours en réparation sans que l’administration ait commis de faute lorsqu’elle
agit, il y a lieu de s’interroger sur les règles qui gouvernent l’introduction d’un
tel recours. Ce qu’il faut savoir c’est que, d’une part, le champ d’application de
la responsabilité sans faute de la puissance publique est étroit, car il s’agit d’un
régime exceptionnel, dérogatoire et que, d’autre part, les conditions à fournir par
le requérant aux fins d’engagement de ladite responsabilité sont suffisamment
souples.
Il est injuste qu’un seul individu fasse les frais d’une mesure
administrative pourtant prise dans l’intérêt de tous les membres de la
collectivité. Réparer le dommage causé dans ce cas est légitime même en
54
l’absence de toute faute imputée à la puissance publique. L’idée de rupture
de l’égalité de tous devant les charges publiques explique cet aspect de la
responsabilité sans faute. C’est la substance de trois (03) décisions
rendues ce même jour du 25 mars 1969 (Cf. Dame NGUE Andrée C. /
Commune de plein exercice de Mbalmayo, CFJ/CAY, arrêt n°5 ;
MORTANT Théophile C. / Commune de plein exercice de Douala,
CFJ/CAY, arrêt n°52 ; NGOMHA Salomon C. / Commune de plein
exercice de Douala, CFJ/CAY, arrêt n°59). Dans l’espèce Dame NGUE
Andrée, la chambre administrative avait en effet considéré que « qu’un
préjudice souffert par un particulier à raison de l’exécution des travaux
d’intérêt général n’ouvre droit à réparation que s’il est exceptionnel,
c’est-à-dire revêt une gravité particulière ; qu’en ce cas en effet, il y a
atteinte au principe de l’égalité de tous les citoyens devant les charges
publiques, ce qui suffit à engager la responsabilité de la puissance
publique en dehors de toute idée de faute ».
55
En substance, la responsabilité de la puissance publique peut être
engagée sur la base d’une faute ou même en l’absence de faute. Mais
devant quel juge doit-on en référer pour obtenir réparation ? Le juge
administratif n’ayant pas l’exclusivité du contentieux de la responsabilité
administrative, le partage de cette matière avec son homologue judiciaire
amène à conclure aisément à l’éclatement de ce contentieux.
I- L’urgence accessoire
56
1- La requête aux fins de sursis à exécution
57
Le contentieux de l’urgence de fond, pour rester bref, se distingue du
contentieux accessoire de l’urgence. A titre de précision, certaines formalités
exigibles dans le contentieux de l’urgence accessoire sont purement et
simplement inexistantes dans le cadre du contentieux de l’urgence de fond. On
relève également une plus grande célérité en termes de saisine et de traitement
contentieux. Au titre de ces contentieux, on peut lister :
58
redressera les torts subis par les potentiels justiciables conformément à la
procédure juridictionnelle instituée à cet effet. C’est le domaine du
règlement du litige administratif au prétoire, de la décision de justice
administrative ou, si l’on veut, de la solution juridictionnelle.
59
L’accès au juge administratif fait l’objet d’un encadrement rigoureux par
l’entremise d’un certain nombre de procédures dont le respect s’impose à qui
veut bien faire prévaloir la justice administrative. Comme il a été plus haut
indiqué, l’organisation juridictionnelle administrative au Cameroun a connu une
évolution manifeste, toute chose que viennent d’ailleurs confirmer, d’une part, la
constitution révisée du 18 janvier 1996 qui en a posé les bases, et, d’autre part,
ce que l’on pourrait appeler les lois de 2006 qui sont la traduction concrète de la
réforme amorcée par le constituant. Pour parler plus brièvement, on dira alors
qu’en dépassement de l’organisation juridictionnelle administrative passéiste, on
a abouti, aujourd’hui, à une organisation nouvelle qui fait du tribunal
administratif juge d’instance du contentieux administratif, à charge d’appel et de
cassation devant la chambre administrative de la Cour Suprême. A cet effet, il
faut ainsi distinguer la procédure devant le tribunal administratif (Chapitre I) de
celle opérée devant la chambre administrative (Chapitre II). L’achèvement du
procès administratif s’opère par l’usage des voies de recours devant et la
chambre administrative (Chapitre III).
60
Le recours juridictionnel devant le tribunal administratif exige que le
justiciable se conforme préalablement à certaines exigences processuelles. La
plus remarquable et significative tient à l’introduction préalable d’un recours
gracieux (I). L’accomplissement de cette phase procédurale enclenche l’examen
de la demande par le juge (II).
61
Du point de vue de son régime juridique, l’autorité
adressataire du recours gracieux doit être clairement déterminée. A cet
effet, l’article 17, alinéa 1 de la loi n°2006/022 du 29 décembre 2006
portant organisation et fonctionnement des tribunaux administratifs
dispose que « … le recours gracieux devant le tribunal administratif
n’est recevable qu’après rejet d’un recours gracieux adressé à
l’autorité auteur de l’acte attaqué ou à la celle statutairement habilitée
à représenter la collectivité publique ou l’établissement publique en
cause ».
62
II- L’examen de la demande par le juge
63
mentales sont réduites. L’âge de 21 ans est donc exigé (Cf. CCA, arrêt
n°662 du 25 octobre 1957, KAMDEM NINYIM Pierre C. / Etat du
Cameroun), sauf en matière électorale où elle est de 20 ans. Les
personnes morales doivent juridiquement exister, c’est-à-dire jouir d’une
personnalité civile.
64
Aux termes de l’article 18, alinéa 1 de la loi n°2006/022 du 29
décembre 2006, le tribunal administratif doit être saisi dans un délai de 60
jours à compter de la décision de rejet du recours gracieux. Les délais sont
prorogés si le recourant a, dans l’intervalle, déposé une demande
d’assistance judiciaire ou a saisi une juridiction incompétente. Dans ce
cas, le recours devant le juge est valablement introduit dans les 60 jours
qui suivent la notification de la décision statuant sur la demande
d’assistance judiciaire ou sur la compétence (Cf. article 19 de la loi
n°2006/022). L’accomplissement de ces exigences ouvre le boulevard qui
mène à l’instruction puis au jugement de l’affaire en procès.
66
Chapitre II : La procédure devant la chambre administrative
67
et cette « autre matière qui lui expressément attribuée par la loi » (Cf. article 38
d de la loi n°2006/016) en sont de parfaites illustrations.
68
● Quant aux règles applicables au dossier contentieux proprement dit, on
note les exigences ci-après :
- L’administration de la preuve d’un accomplissement régulier du recours
gracieux lorsqu’il est exigé ;
- La présence des mentions impératives de la requête et leur concordance
avec la compétence matérielle de la chambre administrative ;
- Le respect des délais d’introduction des demandes ;
- Le paiement de la consignation, initiale ou supplémentaire.
● L’instruction
● L’arrêt
- Les parties sont notifiées, par les soins du greffier en chef, de la date de
jugement entrepris par la collégialité ;
- Les audiences sont publiques, sauf si la juridiction estime que la publicité
du jugement serait dangereuse pour l’ordre public ou les bonnes mœurs,
ordonnant ainsi le huis-clos ;
- Le jugement est contradictoire dès lors que les parties sont toujours
appelées à faire valoir leurs moyens dans la cause, soit personnellement,
soit représentées à l’instance ;
70
- Le président de la chambre veille au respect de la discipline durant la
phase de jugement afin que le public garde le silence requis et que les
parties s’expriment avec modération ;
- Le prononcé même du jugement est effectué à l’issue d’une délibération
secrète, le délibéré étant acquis à la majorité des voix des juges ayant
suivi les débats ;
- Le jugement s’opère par le prononcé en public de la décision de justice
administrative ;
- Les mentions qui y figurent sont des plus classiques et l’« instrumentum »
est notifié aux parties par le greffe après enregistrement.
71
Chapitre III : L’achèvement du procès administratif – L’usage des voies
de recours devant la chambre administrative
Une fois que le juge de fond s’est prononcé et que l’une des parties,
en l’occurrence la demanderesse ou la défenderesse, estime ne pas être
satisfait par la décision de ce dernier, il est en droit d’actionner la hiérarchie
juridictionnelle. Il s’agit concrètement des voies de recours. Graduellement,
on y voit l’appel (I) et la cassation (II). A côté de ces deux principales voies
de réformation, il faut de même rappeler l’existence des autres voies de
rétractation (III).
Quelles sont alors les conditions requises pour interjeter appel devant la
chambre administrative de la Cour Suprême ? Quelles sont par ailleurs les
modalités par lesquelles l’on introduit la requête devant la chambre
administrative statuant comme juge d’appel ? Si les conditions de recevabilité du
recours en appel présentent un double visage, l’on dira encore que le greffe de la
chambre administrative est l’unique porte visant à garantir l’introduction
régulière de la requête en appel.
73
Pour ce qui est des conditions tenant à la requête proprement dite,
trois situations juridiques se doivent néanmoins d’être mentionnées :
- Sur le délai d’introduction de la requête en appel. L’article 73 de la loi
n°2006/022 dispose : « l’appel est, à peine de forclusion et sauf
dispositions spéciales contraires, formé dans un délai de quinze (15) jours
à compter du lendemain de la notification de la décision de la juridiction
inférieure ». L’appelant bénéficie alors d’une prorogation de délai lorsque,
dans l’intervalle, il a déposé une demande d’assistance judiciaire par
exemple.
75
n°2006/016). Le greffe assure, dans tous les cas, la notification des
différents mémoires ;
- Le greffe assure toutes les notifications nécessaires et « assure la
confection et l’affichage du rôle » (Cf. article 47 de la loi n°2006/022).
76
II- Les conditions et modalités de saisine de la chambre
administrative de la Cour Suprême statuant comme juridiction de
cassation
77
comme une résurrection en contentieux administratif local (voir arrêt de
cassation n°1 du 17 février 2010, NATADJOM Boniface). Le rôle dual
imparti à la nouvelle chambre administrative (juge d'appel et de cassation)
confirme la remise sur orbite de cette institution mise simplement en état de
latence de 1972 à 1996.
78
même par la juridiction de cassation (Cf. article 104, alinéa 4, de la loi
n°2006/016).
79
- Sur le délai d’introduction du pourvoi, l’article 89 de la loi n°2006/016
fixe qu’ « à peine de forclusion (la requête en cassation doit être
introduite) dans un délai de quinze (15) jours à compter du lendemain de
la notification de la décision de la juridiction inférieure en matière de
contentieux administratif » ;
- Sur les matières susceptibles de recours en cassation, on relève que
l’article 116 de la loi n°2006/022 dispose que « les décisions rendues en
premier et dernier ressort par le tribunal administratif sont susceptibles
de pourvoi devant la chambre administrative …. » ;
- Sur les mentions du recours en cassation, celles-ci sont clairement
énoncées par l’article 92, alinéa 1 de la loi n°2006/016 : « le mémoire
dûment timbré par feuillet doit contenir : les noms, prénoms, profession et
domicile du demandeur, l’exposé des faits qui servent de base au pourvoi,
les moyens ainsi que l’énumération des pièces y annexées ». A l’alinéa 2
de l’article sus visé, « le mémoire et les pièces annexées sont déposés en
04 exemplaires accompagnés de trois copies de la déclaration de
recours ».
L’exigence du paiement d’une consignation, initiale ou
supplémentaire le cas échéant, s’impose au requérant alors que les
plaideurs administratifs en sont exemptés. Les mémoires et documents
connexes ainsi confectionnés par le requérant en cassation peuvent alors
valablement être reçus au greffe de la chambre administrative, service qui
restitue le trait d’union entre le requérant et la saisine effective du juge de
cassation.
80
distinguer les modalités d’introduction vis-à-vis du requérant de celles en
rapport avec les autres organes internes à la juridiction.
81
général près la Cour Suprême. A l’égard du procureur général, obligation est
faite au greffier en chef de la chambre administrative de transmettre un
exemplaire au sus visé dans un délai de cinq jours à compter de la réception du
mémoire. Après enregistrement du mémoire, le président de section reçoit du
greffier en chef de la chambre administrative le même dossier dans un délai non
spécifié par la loi, le président pouvant alors inviter le requérant à procéder, « à
peine d’irrecevabilité », aux régularisations nécessaires du dossier défectueux
(Cf. article 95, alinéa 2 de la loi n°2006/016).
82
une voie de recours contre un jugement rendu par défaut. La tierce opposition
est la voie de droit ouverte aux tiers subissant un dommage du fait d’un
jugement auquel ils ont été étrangers. La révision est une voie de recours
destinée à faire rétracter un jugement passé, pour cause d’irrégularité de
l’instance initiale, pour qu’il soit à nouveau statué. Quant à la rectification d’une
erreur matérielle, elle est, à l’image de la révision, une voie de droit qui tend à
faire corriger une irrégularité dont est porteuse une décision de justice
précisément lorsque celle-ci est entachée d’une erreur matérielle. Dans un cas
comme dans l’autre, les requérants doivent se conformer aux délais légaux
prescrits en la matière.
83
qu’il est tout simplement question de se conformer à une chose jugée. La
situation est telle que celle-ci est amplifiée par une absence de voies d’exécution
forcée contre l’administration.
84