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Le point de départ est l’idée que là où il existe une administration, il doit y avoir de droit
administratif. A partir de ce moment on peut affirmer que même sous l’ancien droit il existait
un droit administratif (cf. principe de légalité). A cette époque, cependant le droit
administratif était embryonnaire (contribution des juges à élever le droit administratif ;
l’époque de la féodalité). Progressivement ce droit va acquérir ses lettres de noblesses pour
être au rang de disciplines scientifiques (première étape : royauté, organisation contentieuse ;
deuxième étape : apport du juge, sophistication du droit, réflexion des commentateurs du
droit). C’est par la suite que ce droit sera transposé dans les colonies d’Afrique par la France,
qui vont le recevoir comme un héritage après leur accession à l’indépendance.
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qu’on est passé de la justice retenue à la justice déléguée. Le conseil d’état ainsi créé et les
tribunaux administratifs vont ainsi progressivement élaborer le droit administratif moderne.
Trois principaux facteurs ont favorisé le développement de ce droit administratif :
Le premier facteur : c’est la compétence consacrée et affirmée du conseil d’état. Ainsi après
l’interdiction faite au juge judiciaire de connaître du contentieux administratif et la période
d’application de la théorie du ministre juge, il y a eu la création du conseil d’état suite à
l’interprétation de la séparation des pouvoirs qui à son tour a conduit à une séparation des
fonctions administrative et judiciaire. C’est ainsi qu’on a abouti à la fin de l’application du
principe selon lequel « juger c’est administrer ».
Le deuxième facteur : c’est l’absence de code administratif à caractère général.
Contrairement aux disciplines de droit privé, il n’existe pas de code de droit général en droit
administratif pouvant servir de base au droit administratif. Il existe de plus en plus de textes
en droit administratif. Mais d’une part ces textes sont éparpillés, d’autre part ils sont pour
l’essentiel postérieurs à la naissance d’une juridiction administrative. La multiplication des
textes pose le problème des sources du droit administratif. Certaines de ces sources sont
écrites d’autres non écrites. Du fait que les textes sont de plus en plus nombreux aujourd’hui,
on se pose la question de savoir si le droit administratif est un droit jurisprudentiel (cf.
caractère du droit administratif).
Le troisième facteur : c’est l’obligation pour le juge de statuer. Conformément aux
dispositions du code civil le juge administratif est en effet obligé de statuer lorsqu’il est saisi.
N’ayant pas de code à sa disposition, le juge était obligé de créer des règles de droit. Ce droit
a constitué progressivement un ensemble de règles différentes des règles du droit privé mais
adaptées à l’administration. Justement c’est le sens de l’arrêt Blanco rendu par le tribunal
des conflits 8 février 1873. Par la suite ce droit a été l’objet d’une discipline scientifique
enseignée dans les facultés de droit avant d’être imité dans d’autres pays.
On retient trois grandes étapes de l’évolution de ce droit administratif en France :
- Première étape va de sa naissance à la première guerre mondiale. Pendant cette première
étape le droit administratif a été construit autour de la notion de service public.
- Deuxième étape : elle va de la première guerre mondiale à la deuxième guerre mondiale.
Cette deuxième étape correspond à la naissance et au développement des services publics
industriels et commerciaux et de la gestion des services publics par des personnes privées.
-Troisième étape commence à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale. Cette étape
correspond à l’intervention de certains textes fondamentaux.
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Exemples : le statut général de la fonction publique, la nationalisation, l’interventionnisme
économique.
Elle correspond à la naissance des principes généraux du droit. C’est ce droit ainsi élaboré par
le juge, analysé par la doctrine qui en a fait une discipline scientifique que la France va
appliquer dans ses colonies.
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français. Cependant dans leur application, la jurisprudence africaine aboutit parfois à des
résultats différents de ceux de jurisprudence française. Exemple : le contrôle de légalité.
Ces différences sont parfois volontaires et d’autrefois involontaires (utilisation des concepts
de droit privé).
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- Selon l’approche juridique l’administration se définit à partir de deux critères : un critère
organique et un critère matériel.
* Au sens organique, l’administration est définie comme étant un appareil ou un ensemble de
personnes chargées de gérer des tâches administratives. C’est ainsi qu’on peut citer l’Etat, la
région, la commune, la communauté rurale, l’établissement public (Université),
l’administration des finances, l’administration des travaux publiques.
*Au sens matériel, l’administration correspond à une activité ou à une fonction. C’est ainsi
qu’on parle de l’administration de l’administration de la mairie sous le contrôle du conseil
municipal. Mais l’administration qui est généralement synonyme de gestion peut être relative
aux affaires publiques et aux affaires privées. L’administration se distingue cependant des
organismes privés à trois points de vue au moins. D’abord par le but car l’administration
poursuit une mission d’intérêt général. Ensuite par les moyens parce que l’administration
utilise des prérogatives de puissance publique. Enfin par la personnalité car les structures qui
interviennent pour le compte de l’administration bénéficient de la personnalité morale de
droit public. Exemple : région.
Mais l’administration se distingue aussi d’autres personnes publiques. C’est ainsi qu’elle se
distingue du pouvoir législatif par sa désignation et par ses pouvoirs de nomination et
d’élection (législatif, loi et règlement). L’administration se distingue également du
gouvernement dans la mesure où l’administration applique la politique gouvernementale. Elle
se distingue également de la juridiction car même si les deux ont vocation à appliquer le droit,
l’administration est subordonnée à la juridiction surtout à la juridiction administrative.
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même en matière de contrat, le droit administratif offre à l’administration une modification
unilatérale des dispositions contractuelles qui la lient à un particulier. Mais en même temps
l’administration ne peut pas contracter avec qui elle veut même comme elle veut.
Cette autonomie du droit administratif n’est pas absolue. Elle est en effet fonction du système
d’organisation judiciaire. C’est ainsi qu’elle est plus marquée dans le système de la dualité de
juridiction atténuée dans le système de l’unité de juridiction en cours dans les pays africains.
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des règles originales par rapport à celles du droit privé. C’est ce qui fait du droit administratif
un droit subtil. L’analyse des décisions des juridictions administratives nécessitera dès lors
une certaine technicité. Exemple : utilisation par le juge de la technique du renversement de la
preuve, responsabilité sans faute, le contrôle du pouvoir discrétionnaire.
La deuxième c’est que le droit administratif
est un droit original. L’originalité revêt deux aspects. Le premier, le droit administratif est un
droit autonome. Pour qu’un droit soit considéré comme étant un droit autonome il faut qu’il
remplisse au moins deux conditions. La première c’est d’avoir un champ d’application propre.
La deuxième c’est d’avoir des règles spécifiques. Le droit administratif remplit ces deux
conditions. En effet l’objet du droit administratif c’est de s’appliquer essentiellement à
l’administration et dans le fond l’administration met en exergue des règles exorbitantes du
droit commun. Cette autonomie du droit administratif n’a cependant pas un caractère absolu.
Elle est susceptible de degré. Ainsi on distingue l’autonomie essentielle et celle accidentelle
du droit administratif (cf. Georges VEDEL). En plus dans les pays africains du fait de
l’existence du système de l’unité de juridiction, cette autonomie tend à l’affaiblir. Du fait de la
non spécialisation des juges en matière de contentieux administratif, on note en effet un
rapprochement entre le droit administratif et le droit privé. En revanche en France, le
rapprochement entre le droit administratif et le droit privé est volontaire.
La deuxième condition : le droit administratif est un droit de conciliation. Il tend à réaliser un
équilibre entre les exigences contradictoires dans la mesure où il s’applique dans les rapports
entre l’administration et les particuliers. Le droit administratif essaie de concilier l’autorité de
l’administration et le droit des individus, l’intérêt général et les intérêts privés, l’ordre et la
liberté. Pour permettre à l’administration de poursuivre sa mission de satisfaction de
l’intérêt général, le droit administratif confère à l’administration des prérogatives de puissance
publique.
Exemple : privilège du préalable (l’acte administratif bénéficie d’une présomption de légalité
et d’être exécuté jusqu’à son annulation par le juge ou son retrait par l’administration).
Le juge administratif veille cependant à ce que ces prérogatives ne se transforment pas en
pouvoir arbitraire. Il impose des limites à l’administration. La violation de ces limites par
l’administration est sanctionnée soit par l’annulation de l’acte pris par l’administration, soit
par un engagement de la responsabilité de l’administration. C’est la recherche de cette
équilibre qui se trouve au cœur de l’évolution du droit administratif. Elle est essentiellement
l’application du juge et son résultat varie en fonction des époques et du contexte.
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A- Les mutations du droit administratif.
De façon cyclique le droit administratif a été considéré comme un droit en crise. La répétition
de ce jugement est plutôt la preuve que c’est un droit en mutation. En effet au de son
évolution, le droit administratif a rencontré plusieurs défis les uns d’ordre interne et les autres
d’ordre externe. En y répondant (défis) le droit administratif a subi certaines inflexions qui lui
ont permis de s’adapter à un contexte différent de celui que l’on a vu naître. Ces mutations du
droit administratif, ces dernières années concernent d’une part ses sources et d’autre part son
contenu.
Sources :
Le droit administratif reste encore essentiellement jurisprudentiel mais la jurisprudence est
fortement concurrencée. On note une pluralité de sources du droit administratif depuis un
certain temps. Ainsi par exemple la création et le développement du conseil constitutionnel en
France ont eu des conséquences en terme de création d’une source de production de plus en
plus importante du droit administratif en dehors du juge administratif. La jurisprudence
constitutionnelle crée en effet des principes généraux du droit qui s’imposent à toutes les
autorités administratives et judiciaires de l’Etat.
Depuis 1952 le droit constitutionnel jurisprudentiel occupe une place de plus en plus
importante parmi les disciples du droit public interne en France. De même la réalisation
progressive de l’intégration européenne a fait du droit communautaire applicable dans l’ordre
interne une source qui s’impose de plus en plus au juge administratif. D’un autre côté les
écrites deviennent de plus en plus nombreuses. Exemple : le droit de l’urbanisme, le droit de
l’environnement, le droit économique, le droit des collectivités locales….
Ainsi le juge administratif fortement concurrencé perd de sa liberté de manœuvre et s’insère
dans un réseau de plus en plus complexe de sources qui lui sont extérieures.
Contenu :
Le droit administratif a pendant longtemps été considéré comme un droit autonome mais
progressivement il perd cette autonomie. D’une part il tend à se rapprocher de plus en plus du
droit privé. Cette situation s’explique en partie par les conséquences des changements
intervenus dans le rôle et la place de l’Etat en matière de politique d’interventionnisme
étatique. D’autre part dans le fond le droit administratif semble s’adapter à une nouvelle
situation en changeant sa philosophie de base, en déplaçant son point d’équilibre. En effet le
droit administratif tend à évoluer vers une plus grande prise en compte des doits et libertés
des individus face à l’administration. C’est ainsi que l’on pourrait expliquer les efforts du
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législateur et du juge administratif tendant à réduire la part des secrets et l’importance de
l’unilatéralité dans le processus décisionnel au sein de l’administration. On peut citer par
exemple les lois sur l’accès au document administratif de 1978, et les lois sur la motivation
de l’administration.
De même il s’explique par les nouvelles tendances en matière de responsabilité qui atténuent
les privilèges initialement reconnus à l’administration.
Exemple : élargissement de la responsabilité sans faute, restriction du domaine de la faute
lourde, fréquence de la présomption de faute.
L’administration se définit soit au sens organique soit au sens matériel. Mais son étude
devient complexe lorsqu’ on l’envisage sous l’angle du droit comparé. Son organisation et son
fonctionnement varient en effet en fonction des circonstances politiques, historiques,
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économiques et culturelles. Ainsi par exemple du point de vue historique le Sénégal a
emprunté à la France son modèle d’organisation et de fonctionnement de l’administration. Ce
modèle se caractérise essentiellement par une forte centralisation. Après les indépendances,
les pays africains comme le Sénégal ont réaménagé ce modèle. Malgré tout on constate que
l’organisation administrative repose sur les mêmes grands principes qu’en France et y revêt
les mêmes formes. En définitive les modalités d’application de ces techniques d’organisation
administratives et les formes d’intervention de l’administration diffèrent.
Ces procédés sont généralement de deux types : les procédés techniques d’agencement et les
procédés de contrôle de ces structures administratives.
L’administration sans être elle-même une personnalité morale, utilise des personnes morales
de droit public. La question est donc de savoir comment va-t-on agencer les compétences et
les domaines d’activités de toutes ces structures ? A cette question, le droit administratif
apporte essentiellement deux réponses : la première c’est la centralisation et la deuxième c’est
la décentralisation.
A- La centralisation
La centralisation correspond à la catégorie des procédés dits autoritaire. En effet la
centralisation est un système qui ne reconnaît pas l’existence de la personnalité juridique à
d’autres collectivités dans le cadre étatique. Il convient de la définir et de voir ses modalités
d’application.
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1°) Définition e la centralisation :
C’est un procédé technique selon lequel l’ensemble des services est rattaché à une seule
personnalité juridique à savoir l’Etat. Dans ce système, tous les services administratifs sont
assurés par des services centraux ou par des services locaux qui s’occupent d’affaires à
caractère local mais sous la direction des services centraux. Dans le système centralisé, il
n’existe qu’un centre unique de décision situé au sommet de la pyramide de structures
administratives.
a-) La concentration :
C’est un système où seuls les pouvoirs centraux prennent les décisions que les agents
subordonnés sont chargés d’exécuter. Ce système présente trois intérêts théoriques : la
simplicité, la rapidité et l’objectivité. Dans la réalité un tel système n’existe pas.
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b-) La déconcentration :
C’est un système où le pouvoir est distribué par le transfert de la capacité de décider de
l’autorité centrale à des agents soumis à l’autorité hiérarchique. Cette deuxième modalité de la
centralisation présente trois intérêts théoriques : le rapprochement de l’administration à
l’administré, le désengorgement des structures centrales et une simplicité peu coûteuse.
B- La décentralisation :
Traditionnellement on définit la décentralisation par rapport à la centralisation. La
décentralisation est ainsi entendue comme un système d’organisation administrative qui
reconnaît la personnalité morale à des structures différentes de l’Etat, ayant une personnalité
morale donc un pouvoir de décision autonome pour gérer des activités déterminées. La
décentralisation est classée parmi les procédés non autoritaires d’agencement des structures
administratives.
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qu’il y ait décentralisation, la collectivité décentralisée doit désigner ses propres organes en
son sein. Dans le cadre des collectivités locales, cette désignation se fait généralement par la
voie des élections. Mais dans le cas des établissements publics, cette désignation se fait par la
voie de nomination.
La troisième condition : l’octroi de la personnalité juridique, la décentralisation implique
la reconnaissance de la personnalité juridique au profit de la collectivité en question. Cette
reconnaissance entraîne la possibilité pour la collectivité d’avoir la capacité juridique, de
prendre en charge les affaires qui lui sont confiées. C’est en effet cette personnalité juridique
qui conférera une autonomie juridique, politique, administrative, financière à cette collectivité
locale. Ce procédé de la décentralisation tout comme la centralisation n’est nulle part appliqué
de façon absolue. Ce procédé comporte par ailleurs comme la centralisation des avantages et
des inconvénients.
b-) Inconvénient
On en trouve qu’un : c’est le risque qu’elle présenterait pour la cohésion de l’Etat du fait
qu’elle privilégie les spécificités locales au détriment des intérêts nationaux.
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les affaires la concernant. Le résultat de la décentralisation territoriale ou horizontale est la
création de collectivités locales. Exemple au Sénégal il existe trois collectivités locales : la
région, la commune et la communauté rurale.
Le choix en faveur de la décentralisation est l’expression d’une option en faveur de la
démocratie locale.
A- Le contrôle hiérarchique
Une administration hiérarchisée est une administration dans laquelle chaque agent se trouve
dans une position de subordonnée par rapport à un agent qui est son supérieur hiérarchique à
l’exception de celui qui exerce son autorité directement ou indirectement sur tous les autres.
De cette définition de l’administration centralisée ou hiérarchisée découle un certain nombre
de caractères du pouvoir hiérarchique et ses caractères d’exercice.
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a-) Le pouvoir hiérarchique est un pouvoir de plein droit :
Cela signifie que c’est un pouvoir qui appartient de droit au supérieur hiérarchique qui peut
l’exercer sans qu’un texte ne soit nécessaire pour le lui conférer expressément. La
découle d’un principe général du droit (Conseil d’état, 30 juin1964, Géralt, Dalloz, 1951,
p.539) ; (Cour suprême du Sénégal, 23 mars 1966, Mamadou Lamine Diop, GAJAS,
b-) Le pouvoir hiérarchique est un pouvoir s’exerçant pour des raisons de légalité ou
d’opportunité.
subordonné n’a pas la possibilité de s’opposer à la décision de son supérieur hiérarchique car
la compétence accordée à ce dernier l’a été dans l’intérêt du service public. Le subordonné
est donc tenu d’exécuter les ordres de son supérieur hiérarchique sauf lorsque ces derniers
sont manifestement illégaux. Le subordonné a cependant intérêt à agir contre les décisions de
son supérieur lorsqu’elles portent atteintes à son statut. Exemple : les sanctions.
Le pouvoir hiérarchique obéit généralement à deux modalités : d’une part il s’exerce sur les
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a-) Le contrôle sur les personnes :
Ce pouvoir correspond au pouvoir disciplinaire que le supérieur hiérarchique exerce sur ses
posteriori.
peut être définie comme le pouvoir préalable par lequel un supérieur hiérarchique donne un
ordre à son subordonné ou alors détermine le contenu des actes à prendre (pouvoir
d’orientation).
accord un effet juridique à l’acte de son subordonné. Dans le cas où il existe une approbation,
pouvoir d’annulation. Cela signifie que le supérieur hiérarchique a la possibilité de mettre fin
aux effets de l’acte pris par le subordonné. Ce pouvoir comporte également un pouvoir de
réformation qui signifie que le supérieur hiérarchique peut modifier le contenu de l’acte pris
par le subordonné.
L’exercice du pouvoir hiérarchique rencontre des limites qui peuvent être de trois ordres : 1°)
respect dû aux droits acquis ; 2°) obligation pour le supérieur hiérarchique de l’exercer en cas
B- Le contrôle de tutelle
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Contrairement à la tutelle en droit civil qui a pour but de protéger l’incapable, la tutelle en
droit administratif vise la protection de l’intérêt général. La collectivité décentralisée n’est pas
indépendante mais seulement autonome. Il est dès lors normal que s’exerce un contrôle sur
cette autonomie.
Contrairement au pouvoir hiérarchique qui est un contrôle interne, qui s’exerce au sein même
de la personne publique, le contrôle de tutelle est un contrôle qui s’exerce de la part d’une
personne publique (Etat) sur une autre personne publique. Le contrôle de tutelle est dès lors
correspond au pouvoir conféré par la loi à l’autorité de tutelle sur la collectivité décentralisée
dans un but de protection de l’intérêt général. Il existe plusieurs types de contrôle de tutelle et
des modalités.
On peut les classer selon deux critères : d’abord selon l’objet, on distingue la tutelle de
La tutelle de légalité est un contrôle qui porte sur le respect du droit en vigueur par la
compétence liée (la collectivité doit obéir aux conditions qui lui sont fixées).
La tutelle administrative correspond à un contrôle à caractère général qui porte sur les actes
pris par la collectivité sous tutelle par la collectivité de tutelle (Etat central).
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La tutelle financière correspond au contrôle exercé sur les finances des collectivités
public).
l’exception. Cela signifie que le pouvoir de tutelle doit être prévu par un texte. Ce caractère
texte » « pas de tutelle au- delà des textes ». Contrairement au pouvoir hiérarchique, la
tutelle obéit à des modalités très strictes. Mais comme le pouvoir hiérarchique elle s’exerce
Dans le cas des collectivités locales, les organes émanent généralement de ses entités elles-
mêmes. Le con trôle de l’administration centrale est plus limité. Mais l’autorité de tutelle
dispose d’un pouvoir de suspension et même d’évocation des autorités décentralisées parfois.
Exemple : Cour suprême du Sénégal, 26 mai 1965, Ibrahima Seydou Ndaw, annales
africaines, 1973, p.280 ; GAJAS, Tome I, p.106 (possibilité qui existe à travers le Code des
Collectivités locales de dissoudre un conseil régional par décret, article 52). Suspension
possible d’un maire par arrêté du ministre chargé des collectivités locales et sa révocation par
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b-) La tutelle sur les actes :
L’article 2 du Code des Collectivités locales prévoit que les actes des collectivités locales
Par rapport au pouvoir hiérarchique, on peut dire que le contrôle de tutelle comporte les
induit un pouvoir de substitution, d’agir en lieu et place de quelqu’un. Il n’existe qu’à deux
ensuite il faudrait un refus de l’autorité sous tutelle. L’exercice par l’autorité de tutelle du
pouvoir qui lui est reconnu peut ouvrir un contentieux qui est de la compétence du conseil
d’état. Exemple : C.E, FR., 18 avril 1902, Maire de Néris-les-Bains, GAJA, N°-80
L’administration, elle-même n’est pas une personne morale. Cependant elle agit parfois par
l’intermédiaire des personnes morales de droit public. La notion de personne morale est au
administrative.
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On dit qu’un groupement a la personnalité morale lorsqu’il bénéficie d’une personnalité
différente de celle des individus qui le composent c'est-à-dire lorsqu’il est tutélaire lui- même
de droit et d’obligation. Cette personnalité permet de distinguer les personnes physiques des
personnes morales. Mais celles-ci peuvent être soit des personnes de droit public, soit des
politique beaucoup plus qu’à une logique juridique. Au Sénégal, les personnes morales de
public.
1°) Il permet de distinguer l’intérêt des particuliers qui agissent pour le compte d’un
groupement et l’intérêt de la collectivité pris en charge par la personne morale de droit public.
2°) La personnalité morale de droit public permet à son tutélaire d’avoir un patrimoine propre
3°) La personne morale peut ester en justice soit en engageant la responsabilité d’autres
personnes morales ou d’agents à son égard soit pour répondre de ses actes.
4°) La personne morale de droit public est protégée contre l’application de certaines règles de
droit privé, l’impossibilité d’appliquer la règle de la saisine de ses biens et de se voit attribuer
5°) La personne morale est tenue d’agir dans le sens de l’objet en vue duquel elle a été créée.
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Paragraphe II : Les différentes structures administratives :
L’Etat est une personne morale de droit public unique car d’une part il englobe les autres
institutions et collectivités, d’autre part il est en même temps une institution administrative et
une institution politique et enfin il est la seule personne morale à avoir une vocation générale.
générale et qui sont compétentes pour toutes les activités administratives et les structures
appartenant à des administrations spéciales qui sont compétentes pour des activités
déterminées.
Son application aboutit à une distinction entre les structures de l’administration centrale
compétentes pour une partie du territoire national. L’adoption de ces critères aboutit à la
A- L’administration centrale
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Le président de la république est en même temps une autorité politique et administrative. A ce
ordonnances et les décrets » ; articles 44-45 : « il nomme à tous les emplois civils et
militaires ». Mais aux termes de l’article 50 : « il peut déléguer ses pouvoirs au premier
ministre ».
b-) La primature :
Premier ministre exécute la politique déterminée par le P.R. Pour remplir sa mission, l’article
contreseing des actes du P.R.(article 43) et en même temps il dispose d’une administration
(article 57 de la Constitution).
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Le ministère regroupe de façon organisationnelle et hiérarchisée un ensemble de services
publics intervenant dans le même domaine et placé sous l’autorité d’un ministre. Le
aucun critère juridique. De même le nombre et les appellations des ministres varient en
fonction des pays. Mais comme le P.R et le P.M, les ministres exercent un rôle politique et
d’organisation de son département (cf. C.E., 7 février 1936, Jamart, GAJA, N°- 52). La
de son service.
décisions dans les domaines relevant de son département. Cependant il faut préciser que le
ministre ne dispose pas de pouvoir réglementaire général. Le ministre dispose d’un pouvoir
réglementaire soit sur habilitation soit par délégation. L’article 50 de la Constitution pour le
P.R et l’article 57 de la Constitution, autorisent ces deux autorités à déléguer une partie de
leur compétence au ministre (CF. C.E., 23 mai 1939, Société distillerie Brabant,
conclusion : Nicole, question d’actualité AJDA, p.640, RDP, 1969, p.1129 : refus des
d- L’administration territoriale :
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L’administration de l’Etat comprend des services centraux représentés sur l’ensemble du
extérieurs, contrairement aux services centraux, sont dirigés par des autorités exerçant leur
Ces autorités entretiennent des relations verticales avec les autorités centrales, mais aussi des
relations horizontales avec les représentants des différents ministres dans les circonscriptions
pour assurer la coordination de leurs activités. Ces autorités sont le gouverneur (région), le
pour remplir sa mission. Ainsi parmi les organismes de consultation, on peut citer le conseil
d’état ; parmi les organismes de coordination, on peut citer le conseil interministériel (sous la
Mais de plus en plus les administrations centrales créent des autorités administratives
administratives qui détiennent le pouvoir de décision. Elles peuvent intervenir soit par voie
de règlement, soit par voie de mesures individuelles mais aussi elles peuvent aussi émettre des
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administratives dans la mesure où elles sont créées par l’administration elle-même pour la
contrôler mais aussi pour réguler ses rapports avec les administrés.
indépendantes. Elles n’ont généralement pas la personnalité juridique et par ailleurs leur
budget est rattaché à celui de l’administration. Cependant elles ne sont soumises ni au pouvoir
durée et non renouvelable. (cf. C.E, 10 juin 1981, Retail, AJDA 1981, p.487 ; D1981, p.
gouvernement FRANC)
B- L’administration locale :
sont en constante réorganisation. Au Sénégal, cette évolution peut être résumée en trois
grandes étapes : la première, c’est 1966 qui correspond à l’adoption d’un Code de
l’Administration Communale ; la deuxième étape, c’est 1972 qui correspond à la création des
communautés rurales et la troisième étape, c’est 1996 qui correspond à l’érection de la région
Chacune de ces trois grandes étapes correspond à la création plus ou moins d’un type de
collectivités locales. Le droit des collectivités locales est régi au Sénégal aujourd’hui par les
Lois portant Code des Collectivités Locales, par la loi portant transfert de compétence aux
régions, aux communes et aux communautés rurales, la loi fixant l’organisation administrative
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a- La région :
Elle est la dernière née des collectivités locales au Sénégal. Elle a été créée à la suite de la
générale en ce qui concerne les affaires de la région elle-même (neuf compétences). Il s’agit
l’aménagement du territoire.
En revanche les compétences partagées concernent les neuf titres transférés aux collectivités
Les organes de la région dans leur domaine de compétence prennent des actes qui sont
exécutoires de plein droit sauf dans des cas limitativement énumérés par les articles 334 et
Les organes de la région sont au nombre de cinq : le conseil régional élu au suffrage universel
pour cinq ans et qui constitue l’exécutif régional ; le président du conseil régional qui est le
chef de l’exécutif régional ; le bureau du conseil régional qui est délégataire de certaines
compétences du conseil régional ; le comité économique et social qui donne son avis sur les
questions dont le conseil régional le saisit et le secrétariat général qui est l’organe technique
qui assure la continuité du conseil régional. Aux termes de l’article 37 du code des
collectivités Locales : « le conseil régional peut créer toutes structures régionales pouvant
structures interrégionales».
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b- La commune :
mouvement qui a commencé au Sénégal depuis 1872 avec la création de Gorée et de Saint-
louis qui s’est poursuivie avec la création en 1880 de Rufisque et de Dakar. Le statut de la
commune a subi plusieurs modifications au Sénégal. Ainsi par exemple en 1990, la loi du 8
octobre a procédé à l’uniformisation du statut des communes sous le régime du droit commun.
des Collectivités Locales « le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la
commune ».
Mais outre ces compétences générales, le conseil municipal prend des décisions dans tous les
le secrétaire municipal.
Le maire exerce deux types de compétences. Il applique les normes prises par l’Etat et il est
c- La communauté rurale :
existence était prévue par la loi du 17 juin 1964 : domaine national mais leur création n’a été
effective qu’à partir de la loi du 19 avril 1992. Leur création correspond à l’introduction de la
décentralisation en milieu rural. La communauté rurale est définie par l’article 192 du Code
des Collectivités Locales. De manière générale, elle est compétente pour gérer les affaires de
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exerce les neuf titres de compétences dévolues aux collectivités locales. (cf. la loi portant
transfert de compétence aux régions, aux communes et aux communautés rurales, exemple :
rural, le secrétaire. Ces différentes collectivités locales peuvent s’associer et créer d’autres
structures. Ces organes des collectivités locales font l’objet d’un dédoublement fonctionnel
dans la mesure où ils exercent deux types de compétence. Ils sont d’une part des agents de
l’Etat et d’autre part ils sont des organes exécutifs des collectivités locales.
L’action administrative s’entend au sens large comme l’ensemble des actions juridiques que
matérielles. Parmi les activités, on en distingue généralement deux types. Le premier type
correspond à des activités qui ont pour but de permettre à l’administration d’effectuer des
prestations au profit des administrés. Ce sont des activités de gestion. Le deuxième type
rapports entre l’administration et les administrés ou entre les administrés eux-mêmes pour
Les autorités de gestion sont des activités de service public alors que les activités de
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Le service public constitue une des notions clés du droit administratif. On peut l’appréhender
sous plusieurs angles. On retient deux : au plan théorique, il s’agit d’une notion dont l’intérêt
a théoriquement baissé, au plan matériel, il s’agit d’une activité qui s’est diversifiée. Cette
Malgré son importance, la notion de service public n’a pas fait l’objet d‘une définition légale
en France. En revanche au Sénégal, le service public a fait l’objet d’une définition légale par
public.
comme étant « toute activité d’une personne morale en vue de satisfaire un besoin d’intérêt
général ». De cette définition, on peut dire qu’elle est restrictive et qu’elle ne correspond pas à
la réalité. Elle suppose en effet que les seules personnes publiques peuvent gérer un service
public ; il s’agit en fait d’une définition reprise de la jurisprudence du conseil d’état français
en un moment donné de son évolution. Après sa naissance, le service public a évolué et son
C’est une définition qui fait référence à l’organe de gestion du service public. Il tait considéré
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comme « une entreprise gérée par l’administration ». Il y a en ce moment une coïncidence
1910 : cf. T.C., 8 février 1873, Blanco, GAJA, N°- 1 ; C.E., 6 février 1903, Terrier,
GAJA, N°-12 ; T.C., 29 février 1908, Fertry, onzième édition, GAJA, N°-20 ; T.C., 4
prenait en compte aussi l’organe de gestion que l’activité gérée. Le service public était défini
en ce moment comme une activité d’intérêt général gérée par/ ou sous le contrôle d’une
personne publique. Cf. C.E., Ass., 20 décembre 1935, établissements Vézia, GAJA, N°-55,
dixième édition ; C.E., 13 mai 1938, Caisse Primaire aide et protection, GAJA.
Cette définition correspondait à une période de confusion entre les activités publiques et celles
privées.
* La troisième phase correspond à une définition matérielle. Elle renvoie à l’activité gérée
quelle le soit par une personne publique ou privée, l’importance est que l’activité soit une
activité d’intérêt général. CF. C.E., Ass. Gén., 31 juillet 1942, Monpeurt, GAJA ; C.E.,
Cette définition correspondait à une période de diversification des moyens et des méthodes
d’intervention de l’administration. Lorsque le texte qui crée ne le qualifie pas, le juge peut se
fonder sur un certain nombre de critères pour déterminer sa nature. Exemple : l’intervention
Cette méthode logique a été appliquée par le juge dans l’arrêt C.E., 1963, Narcy, note de
30
B- Les modalités d’organisation et de fonctionnement du service public :
En ce qui concerne la création du service public, la compétence est partagée entre le pouvoir
pour tout le service public. Ces principes sont appelés les « lois du service public ».Elles ont
été dégagées à partir des travaux de Louis ROLAND. Elles sont au nombre de quatre :
Il signifie que le service public ayant un but d’intérêt général, doit fonctionner sans
Selon cette jurisprudence pour éviter que l’usage abusif du droit de grève ne compromette le
juge » de limiter ces pouvoirs. De même les cocontractants de l’administration qui participent
à une mission de service public sont tenus d’exécuter leurs obligations même en cas de
difficultés imprévues mais sou réserve d’un droit à une indemnité. Cf. C.E., 30 mai 1916,
Ce principe de continuité est un principe général du doit mais le conseil constitutionnel lui a
donné une valeur constitutionnelle. Cf. C.const., 25 juillet 1979 à propos du service public
31
2°) Le principe d’adaptation et de mutation du service public :
Ce principe signifie que le service public lorsque les circonstances l’exigent doit s’adapter
aux nouvelles conditions de l’intérêt général. En effet des besoins nouveaux peuvent
apparaître et dans certains cas ils doivent être pris en charge par le service public. Ce principe
entraîne aussi un certain nombre de conséquences. Ainsi tout d’abord, les agents du service
public n’ont pas droit au maintient de leur statut. Cela veut dire que les lois et les règlements
qui déterminent le statut de l’agent peuvent faire l’objet de modification. Les usages du
service public n’ont pas droit au maintien de modalités de fonctionnement du service public.
changement.
fonctionnement du service public. Cf. C.E., 10 janvier 1930, Despujol, GAJA, N°-45
d’un service public pour contraindre les cocontractants à s’adapter à des besoins nouveaux de
la collectivité. Exemple : C.E., 2 février 1983, Union des transports publics urbains et
Il signifie que les citoyens sont en principe égaux en droit et en obligation en terme d’accès au
service public mais aussi de traitement dans le service public. Le corollaire d’égalité des
citoyens devant la loi est proclamé par la déclaration des droits des citoyens, se trouve ainsi
consacré dans le fonctionnement du service public. Le principe « égal accès » au service
32
public signifie que peuvent accéder au service public, tous les citoyens remplissant les
conditions prévues. C’est le principe d’égal accès de tous les candidats aux fonctions
publiques. Cf. C.E., 28 mai 1954, Barel, GAJA, N°- 77 (égal accès au service public).
Le principe de l’égal de traitement signifie que tous les usagers du service public doivent être
traités sans discrimination. Le principe d’égalité de traitement doit s’appliquer seulement aux
usagers qui se trouvent dans la même situation. Le conseil d’état admet la légalité d’une
discrimination opérée par le service public entre des personnes ne se trouvant pas dans la
même situation. Cf. C.E., 10 mai 1974, Denoyez et Choques, R.D.P., 1975, p. 464 ; D.,
1975, p. 393.
De même ce principe interdit à l’administration de traiter dans le service public de la même
façon des personnes se trouvant dans des situations différentes. Le conseil constitutionnel a
d’ailleurs érigé ce principe d’égalité au rang de principe à valeur constitutionnelle. Cf.
C.const., 12 juillet 1979, relatif au pont de péage (décision)
4°) La neutralité.
C’est aussi un aspect du principe d’égalité. Il signifie que le service public doit fonctionner en
vue de la satisfaction de l’intérêt général. Il ne doit prendre en compte ni les croyances
religieuses, ni la race, ni les opinions politiques, ni le sexe, ni l’ethnie des citoyens. En effet la
prise en compte de l’un de ces éléments entraîne la rupture du principe d’égalité.
Ces quatre lois du service public sont valables pour les services publics aussi bien
administratifs, les services industriels et commerciaux que de leurs autres gestions par les
personnes publiques et la gestion de personnes privées. Lorsqu’elles sont violées, les
administrés peuvent intenter un recours soit pour annuler les décisions en cause, soit pour
engager la responsabilité de l’administration ou de la personne qui gère le service en question.
Ils sont variables. Cette variété montre le caractère souple et flexible du droit administratif et
du service public. Il existe plusieurs critères de classification de service public en fonction de
leur mode de gestion. Mais on peut en retenir deux :
Le premier critère est basé sur une
distinction entre la gestion directe et la gestion déléguée. La gestion directe implique
l’intervention de la collectivité de rattachement du service public. La gestion déléguée, c’est
33
un système dans le lequel la collectivité confie la gestion du service soit à une personne
publique (établissement public), soit à un organisme (privé).
Le deuxième critère est fondé sur la nature
publique ou privée de la personne qui gère le service public. L’application de ce critère
aboutit à la distinction entre la gestion du service public par une personne publique et la
gestion du service public par une personne privée.
1°) La régie :
Elle consiste pour l’administration à gérer directement un service public avec ses propres
moyens c'est-à-dire ses agents, ses finances, ses biens. Le service géré en régie n’a pas de
personnalité juridique dans ce cas il s’agit d’une régie directe. La régie peut revêtir deux
formes :
La régie indirecte : il en est ainsi lorsque le
service est doté d’un budget annexe.
La régie intéressée : dans ce cas à la
différence de la régie directe, le service public est géré non pas par la personne publique
mais confié par l’Etat à un organisme public ou privé appelé tiers ou régisseur. Ce régisseur
est rémunéré en fonction des résultats de l’exploitation.
34
on note l’existence de ce qu’on appelle les établissements publics à double visage et les
établissements publics à visage renversés. Cela signifie que certains établissements publics
peuvent gérer en même temps des services administratifs et des services publics industriels et
commerciaux (aéroport, port : à double visage).
Les établissements à visage renversé : il s’agit d’établissement administratif pouvant gérer des
services publics industriels et commerciaux ou des établissements publics industriels et
commerciaux pouvant gérer des services publics administratifs. Mais quel que soit
l’établissement public, on pourrait le caractériser par trois traits fondamentaux :
D’une part son autonomie administrative et financière : l’établissement public a
des organes et un budget qui lui sont propres et un pouvoir de décision.
D’autre part, sa spécificité : l’établissement public doit gérer l’activité pour
laquelle il a été créé.
Enfin, l’objet du contrôle de tutelle dont le contenu est déterminé par le texte de
création de l’établissement public et qui varie selon les établissements publics.
Au Sénégal, le statut des établissements publics est réglementé par la Loi du 26 juin 1990
relative à l’organisation et au contrôle des entreprises du secteur para public et au
contrôle des personnes morales de droit privé bénéficiant des concours financiers de la
puissance publique.
Les difficultés relatives au statut et au régime juridique des établissements publics sont
atténuées au Sénégal par la Loi qui détermine les différentes catégories d’établissements
publics et énumère les différents établissements publics. La législation sénégalaise, ainsi par
exemple jusqu’en 1978 comprenait trois catégories d’établissements publics : les
établissements publics administratifs, les établissements publics industriels et commerciaux et
les établissements publics professionnels. Mais depuis 1990, les établissements publics
administratifs ont disparu de la législation.
35
1°) La concession :
C’est un mode de gestion d’un service public par lequel une personne publique (le concédant)
confie par contrat à une personne privée (le concessionnaire) le soin de gérer cette activité à
ses risques et périls en lui permettant de se rémunérer sur les redevances perçues sur les
usagers.
Généralement, on distingue la concession de service public et la concession de travail public.
La concession a donc été la première modalité de gestion de service public par des personnes
privées. Mais le système a connu une crise et s’est progressivement dénaturé. On a en effet vu
des concessions à des sociétés publiques, à des établissements publics. Elle s’est même
étendue à des services publics administratifs. Exemple : le cas des autorités en France
considérées comme des services publics administratifs mais faisant l’objet de concession.
Aujourd’hui, le contrat de concession est intégré dans une catégorie juridique nouvelle en
France et plus large appelée la délégation de service (après le processus de la
décentralisation). C’est par les Lois du 6 février 1992 et du 29 janvier 1993 que ces contrats
correspondant au critère de la délégation de service public ont été introduits dans la législation
française. La délégation de service peut être définie comme étant une attribution à une
entreprise d’une mission plus ou moins étendue de service public avec des variantes selon des
formules de rémunération appropriées mais différentes normalement d’un prix.
36
l’article 6 de la loi du 26 juin 1990 les définit comme étant « une société industrielle,
artisanale ou commerciale dans laquelle l’Etat ou une collectivité publique possède une partie
du capital social directement ou indirectement.
Ces types de structures ne sont pas à proprement parler des structures de l’administration
classique mais ils en constituent un prolongement. Ces organismes de droit privé sont dotés en
général de prérogatives de puissance publique et soumis à un contrôle interne et rigoureux de
l’administration. C’est qui explique leur soumission partielle au droit administratif.
37
particuliers dans un but de prévention de trouble à l’ordre public. De cette présentation, on
pourrait retenir trois traits : le caractère préventif, la protection de l’ordre public et le caractère
administratif.
38
3°) Une activité administrative :
La police administrative est le domaine par excellence des prérogatives de puissances
publiques. L’administration bénéficie d’un monopole en matière de police administrative. En
effet, la compétence est dévolue aux autorités administratives et politiques mais aussi aux
forces de police pour prendre des actes individuels et réglementaires. C’est cette importance
qui explique que son exercice est rigoureusement réglementé. Ainsi par exemple, les mesures
de police administrative ne peuvent faire l’objet de contrat. Les mesures de police
administrative doivent respecter le principe selon lequel la liberté une règle, la restriction
l’exception.
Du fait de la sensibilité de son domaine d’intervention, la police administrative fait l’objet
d’un contrôle de la part du juge qui fait la balance entre la protection des administrés et la
sensibilité de la sauvegarde de l’ordre public. Le juge procède à une appréciation in concréto
de la proportion qui existe entre les mesures prises et les risques de trouble par rapport aux
libertés individuelles (cf. C.E., 19 mai 1933, Benjamin, GAJA, n° 42 ; légalité d’une mesure
de police administrative) ; (cf. C.E., 31 décembre 1976, hôpital psychiatrique St- Egrèbe,
Dalloz 1977, p. 191, note prof. FRANC).
39
pour réprimer les auteurs des troubles à l’ordre public. La police judiciaire a pour objet la
sanction de l’infraction.
Il s’agit de voir d’une part les différents types de police administrative et ensuite les
différentes autorités compétentes en matière de police administrative.
40
3°) Les concours de police administrative :
La multiplication des autorités intervenant en matière de police administrative entraîne parfois
des conflits de compétence. Ces conflits de compétence qui peuvent être réels ou latents
correspondent à ce qu’on appelle le concours de police administratif ou concurrence entre
autorité de police administrative. On pourrait distinguer trois cas de concours de police
administrative.
41
c°) Le concours de police administrative générale et de police spéciale :
En matière de police administrative spéciale, les autorités compétentes sont généralement
désignées expressément. Dès lors les autorités administratives compétentes en matière de
police administrative générale ne peuvent plus en principe intervenir dans les domaines
réservés à l’autorité de police administrative spéciale. Cependant, dans de rares cas il est
possible qu’une autorité de police administrative générale de prendre des mesures dans un
domaine qui relève en principe de la police administrative spéciale. Ainsi par exemple
lorsqu’un visa accordé à un film en vue de sa projection, il s’agit d’une mesure de police
administrative spéciale et pourtant une autorité locale comme le maire peut procéder à
l’interdiction de la projection de ce film dans sa commune dans le cadre de ses pouvoirs de
police administrative générale.
42
d’autres lois confèrent compétence au P.R. en matière de police administrative : Loi du 29
avril 1969 sur l’état d’urgence et de l’état de siège au Sénégal.
Les ministres n’ont pas de pouvoir réglementaire de droit (absolu). Ce qui signifie que le
ministre de l’intérieur n’a pas de pouvoir de police administrative générale à portée nationale
en dehors des cas de délégation du P.M. et du P.R. ou des cas d’habilitation. Dans les
circonscriptions administratives, c’est le préfet et le sous préfet qui disposent d’un pouvoir de
police administrative générale au nom de l’Etat.
Il s’agit de l’étude des rapports entre le droit administratif et l’administration mais dans la
perspective des règles applicables aux activités de l’administration. La nature de
l’administration et de sa mission (intérêt général) font que l’administration est régie par le
droit administratif, un droit administratif autonome différent du droit des particuliers (cf. arrêt
Blanco). Mais il ne s’agit là que d’un principe. Dans certains cas en effet, les raisons justifiant
l’application d’un droit administratif à l’administration peuvent disparaître. Ainsi lorsque
l’administration se comporte comme un particulier, il y a lieu de lui appliquer le droit privé.
Ainsi donc l’administration se trouve régie par deux types de règles : le droit administratif et
le droit privé à titre occasionnel. Ce constat renvoie à une question fondamentale à savoir :
dans quel cas applique-t-on le droit administratif et dans quel cas applique-t-on le droit privé ?
43
L’administration fait l’objet d’une application aussi bien du droit administratif que du droit
privé. Cependant le droit administratif est le droit de principe de l’administration autrement
dit le droit commun de l’administration. Ce principe comporte des limites qui correspondent à
des cas d’application du droit privé à l’administration.
En droit sénégalais qui reprend en cela le droit français, le droit administratif est
fondamentalement le droit des personnes publiques. Ainsi pour des raisons liées à la nature de
l’administration et à sa mission, la partie des activités de l’administration assujetties au droit
administratif va se caractériser par une certaine originalité de son régime juridique.
L’application de principe du droit administratif aux personnes publiques s’explique pour deux
raisons : d’abord dans la mesure où la création d’une juridiction administrative spéciale en
France a contribué au développement progressif de l’application d’un droit spécial à
l’administration. Le juge administratif a eu tendance en effet à appliquer à l’administration un
droit différent du droit privé. La jurisprudence a donc contribué au renforcement progressif du
caractère autonome du droit appliqué à l’administration.
Mais une raison d’ordre pratique ensuite dans la mesure où l’administration a besoin de
moyens d’action efficace. Le droit administratif permet de donner à l’administration certaines
prérogatives de puissance publique. Ainsi donc le droit administratif apparaît plus adapté à la
mission de l’administration. Les conséquences de l’application du droit administratif à
l’administration, c’est son régime juridique sera donc spécifique.
Cette spécificité se manifeste dans plusieurs domaines et de plusieurs manières. Ainsi par
exemple le régime général du personnel de l’administration est différent de celui des
employés du secteur privé. Les fonctionnaires de l’administration se trouvent dans une
44
situation légale et réglementaire alors que l’employé est lié à son employeur par un contrat de
droit privé.
Le régime des biens du domaine public est différent de celui des particuliers. Les biens du
domaine public sont insaisissables, inaliénables. De même le régime des actes unilatéraux et
bilatéraux est différent de celui des actes pris par les particuliers. En effet les actes
administratifs font l’objet d’une procédure spéciale d’élaboration et produisent des effets
différents de celui des particuliers.
Enfin le régime de la responsabilité qui incombe à l’Etat du fait de ses services publics est
différent surtout de celle des personnes privées. La responsabilité de l’administration es en
effet assujettie à des règles spéciales tant du point de vue de ses conditions d’engagement que
des modalités de la réparation (douleur morale, douleur physique).
Les cas d’application du droit privé à l’administration s’expliquent par deux raisons
fondamentales :
La première : c’est que l’application du droit administratif ne se justifie pas. En
effet lorsque l’administration décide de se débarrasser de son imperium (autorité) pour se
comporter comme un particulier, l’application du droit administratif à ses activités n’est plus
nécessaire. Il en est ainsi par exemple lorsqu’elle décide de gérer une activité industrielle et
commerciale selon les mêmes procédés qu’un particulier (cf. T.C., 22 janvier 1921, société
commerciale de l’Ouest Africain, GAJA, n° 38, encore appeler arrêt Bac Eloka).
La deuxième raison : c’est que l’application systématique du droit administratif
45
peut être gênante. En effet le droit administratif peut parfois être formaliste et contraignant. Il
en est ainsi par exemple en matière de passation de contrat. Dans ces cas, l’application du
droit administratif n’est pas souhaitable.
46
conséquence de toutes ces difficultés c’est donc qu’une incertitude caractérisée du champ
d’application du droit administratif. Historiquement plusieurs tentatives ont été faites pour
trouver un critère justificatif et explicatif du droit administratif. Aucune d’entre elles n’a été
satisfaisante. Celui qui est retenu aujourd’hui est fondé sur la distinction entre la gestion
publique et la gestion privée.
Au cours de son évolution, la jurisprudence s’est fondée sur plusieurs critères pour déterminer
le cas d’application du droit administratif que la doctrine a tenté de systématiser. Mais aucun
de ces critères n’a été satisfaisant totalement. Mais chronologiquement à partir du dix
neuvième siècle, on pourrait retenir deux à savoir le critère de la puissance publique et celui
du service public.
Ce critère a été avancé par certains auteurs comme LAFERRIÈRE et BATHELÉMY et plus
récemment par les doyens HAURIOU et VEDEL. Mais il a été abandonné par la suite au
profit de celui du service public. L’étude de ce critère conduira à l’exposé de la théorie à
l’analyse des raisons de son abandon.
47
par l’administration à titre de gérant ou d’intendant des services publics. Dans le cas où
l’administration agit ainsi son activité est soumise au droit privé du fait qu’elle est comparable
à celle des particuliers gérant leur patrimoine.
B- L’abandon du critère :
Le fait pour l’administration d’utiliser les prérogatives de puissance publique correspond à
une réalité. Malgré tout, l’idée de puissance publique est insuffisante pour expliquer et
justifier tous les cas d’application du droit administratif. Deux critiques majeures ont été
adressées à ce critère :
En théorie la distinction qui se trouve à la base de ce critère a été affirmée par
l’évolution des idées. En effet le rôle et la place de l’Etat ont fondamentalement changé.
En pratique, il s’agit d’un critère parfois d’application difficile et qui a pour
conséquence la réduction du champ d’application du droit administratif (conclusion Tessier,
affaire feutrie de 1908).
C’est le critère qui a remplacé celui de puissance publique comme critère d’application du
droit administratif en France. Mais cette notion a aussi été reprise au Sénégal et se trouve
d’ailleurs au cœur du Code des Obligations de l’Administration (C.O.A). Par la suite cette
notion s’est également avérée incapable de justifier tous les cas d’application du droit
administratif. L’étude de ce critère conduira à l’exposé de la thèse selon laquelle le droit
administratif est le droit du service public et à l’analyse des raisons qui ont conduit à son
abandon.
48
détermination de la compétence de la juridiction administrative (considérant de l’arrêt
Blanco). Mais la notion a été théorisée par l’école du service public de Bordeaux
(DUGUIT, L. ROLAND, JÈZE) et plus récemment par André de LAUBADÈRE.
Selon cette théorie, la notion de service public intervient dans la définition d’un certain
nombre de notions fondamentales du droit administratif. Exemple le contrat administratif, il
en est ainsi du domaine public, enfin du travail public ou de l’ouvrage public.
Au Sénégal, on peut dire qu’elle explique l’étendue et les limites du champ d’application du
droit administratif à travers le Code des Obligations de Administration (C.O.A.).
B- La crise du critère :
La notion a connu son âge d’or entre 1873 et 1910 comme critère d’application du droit
administratif (cf. définition du service public- arrêt Thérond). Elle a connu une crise de 1910
à 1950 avant d’être relativisée à partir des années 60 (cf. arrêt Dauphin 1956). La crise du
critère trouve son origine dans l’imprécision même de la notion et s’est manifestée sous forme
d’une rupture du lien qui existait entre le service public et droit administratif. Cette rupture
s’est relativisée en deux étapes.
49
services publics soient soumis au droit privé (T.C., 22 janvier 1921, Société commerciale
de l’Ouest Africain, GAJA).
Cette jurisprudence a aggravé la crise du critère de service public en confirmant son abandon
total. En effet certains services publics seront dorénavant entièrement soumis au droit privé.
Ce sont les services publics qui sont exploités dans les mêmes conditions qu’un industriel
ordinaire l’aurait fait. Cette jurisprudence a ainsi introduit une distinction parmi les services
publics entre les services publics administratifs (S.P.A.) et les services publics industriels et
commerciaux (S.P.I.C). Á partir de ce moment, seuls les services publics administratifs
(S.P.A) seront soumis au droit administratif. En d’autres termes, il ne suffit plus qu’il ait
service public pour qu’il ait application du droit administratif. C’est donc cette crise totale du
service public qui va ouvrir la voie à la recherche d’un nouveau critère du droit administratif.
50
sera le droit privé qui s’appliquera. Mais après l’application globale de la distinction entre
gestion publique et gestion privée, la soumission du litige au droit administratif ou au droit
privé sera retenue à titre de présomption.
51
ressources du service public. Si ces ressources sont extérieures, le juge pourra qualifier le
service en question de service public administratif (S.P.A.). Mais lorsque ces ressources
proviennent des redevances perçues sur les usagers, le juge pourra qualifier le service en
question comme un service public industriel et commercial (S.P.I.C.).
La comptabilité du service public : si le service est soumis à des règles de
comptabilité publique, le juge pourrait le qualifier de service public administratif (S.P.A.).
Dans le cas contraire, il pourrait conclure à la qualification de service public industriel et
commercial (S.P.I.C.).
L’ensemble de ces éléments que le juge utilise est appelé par la doctrine de faisceau d’indice.
Mais l’application de ce faisceau d’indice appelle trois remarques :
La première c’est que ces éléments constitutifs ne sont pas cumulatifs ;
La deuxième c’est que ces éléments ne sont pas applicables de façon arithmétique.
Le juge applique la méthode dite d’imprévisionniste dont le résultat dépend de la densité des
éléments de droit public ou de droit privé.
La troisième remarque : il est possible de substituer à cette méthode objective que
constitue le faisceau d’indice une méthode subjective fondée sur la recherche de l’intention
du législateur.
52
Paragraphe II : L’application analytique de la distinction gestion publique et gestion
privée :
Elle tend à déterminer le droit applicable à la solution du litige en considérant isolément l’acte
ou la situation litigieuse abstraction faite de considération relative à l’activité dans laquelle
s’insère cet acte ou situation. L’application analytique de la distinction gestion publique et
gestion privée appelée également analyse acte par acte, tend à qualifier l’origine du dommage
ou l’objet du dommage. Cette qualification aura pour conséquence de confirmer ou d’infirmer
la présomption résultant de l’application globale.
53
par exemple, lorsqu’un litige oppose un usager à un service public industriel et commercial
(S.P.I.C.), même lorsque l’origine du litige se trouve dans un ouvrage public ou de travaux
publics et malgré le caractère attractif du régime de droit public, des dommages d’ouvrage et
de travaux publics, le litige sera soumis à l’application du droit privé. Il existe en effet une
clause selon laquelle des « rapports entre le service public industriel et commercial (S.P.I.C.)
et ses usagers sont des rapports de droit privé ». Ces rapports de droit privé vont donc
s’opposer à l’application du droit administratif dans un tel cas (cf. T.C., 17 octobre 1966,
Dame veuve Ganasse contre S.N.C.F., Dalloz 1967, p. 252 ; Cour suprême, 30 juillet
1969, Régie des chemins de fer du Sénégal (R.C.F.S.) contre veuve Maurandi, revue
sénégalaise de droit (R.D.S.) 1970.
54
administratif ? Quelles sont les différentes voies de recours et la procédure au contentieux
administratif ?
55
La loi qui fixe l’organisation judiciaire au Sénégal a institué le principe de l’unité de
juridiction en première instance et en appel. En effet l’organisation judiciaire au Sénégal
comprend actuellement le conseil constitutionnel, la cour de cassation, le conseil d’état, la
cour des comptes, les cours d’appel, les cours d’assise, les tribunaux régionaux, les
tribunaux départementaux et le tribunal du travail.
Ces juridictions connaissent toutes les affaires civiles, commerciales ou pénales des différents
du travail et de l’ensemble du contentieux administratif. Cette compétence des juridictions de
première instance et d’appel de toute matière constitue la clef de voûte du système
d’organisation judiciaire au Sénégal. Parmi ces juridictions, le tribunal régional joue le rôle
de juge de droit commun. Mais sa compétence n’est pas exclusive en matière de contentieux
administratif, se pose dès lors le problème de l’étendue de sa compétence et de ses limites.
C’est l’article 3 du 2 février 1984, qui pose le principe. Aux termes de cet article : « sous
réserve des compétences d’exception en premier et dernier ressort du conseil d’état, de la
cour d’appel et des cours d’assise et premier ressort des tribunaux départementaux, du
travail et des organismes administratifs à caractère juridique, les tribunaux régionaux sont
juges de droit commun en première instance en toute matière ».
Il apparaît ainsi que le tribunal régional est le juge droit commun en première instance en
matière de contentieux administratif. Mais malgré cette compétence de droit commun dévolue
aux tribunaux régionaux, on peut relever dans la jurisprudence sénégalaise des décisions de
juridictions de première instance ou d’appel portant déclaration d’incompétence (cour
suprême 21 janvier 1975, Cheick Tidiane Kane contre commune de Dakar, Anales
africaines de 1977, p. 80).
C’est l’article 3 de la loi du 2 février 1984 qui en même temps pose principe de la
compétence droit commun du tribunal régional, en fixe les limites. Curieusement cet article 3
procède par énumération pour déterminer les matières qui sont de la compétence du tribunal
régional. Aux termes du paragraphe premier de cet article 3 « le tribunal régional connaît de
toute instance tendant à faire déclarer débitrice les collectivités publiques, soit en raison des
56
marchés conclus par elles, soit en raison des travaux publics qu’elles ont ordonné, soit en
raison de tous actes de leur part ayant occasionné un préjudice à autrui ».
Cela signifie que le tribunal régional est compétent pour le contentieux des contrats, celui des
travaux publics, celui de la responsabilité des personnes publiques. Cette compétence est
confirmée par l’article 139 du Code des Obligations de l’Administration (C.O.A) en ce qui
concerne les contrats administratifs. Aux termes du §2 « le tribunal régional connaît les
litiges relatifs à l’assiette, aux taux de recouvrement des impôts de toute nature et
particulièrement des demandes de décharges ou de réduction formulées par les contribuables,
ainsi que les actes de saisine ou de poursuite administrative ».
Cela signifie que le tribunal régional a également reçu compétence en matière du contentieux
fiscal. Aux termes du §3 « le tribunal régional connaît tous les litiges portant sur les
avantages pécuniaires ou statutaires reconnus aux fonctionnaires et agents des diverses
administrations ». Cela signifie que le tribunal régional est également compétent en matière
de contentieux de la fonction publique. L’article 4 de la loi règle le délicat problème de
l’exception d’illégalité. Aux termes de ses dispositions « les juridictions ont au cours des
instances dont elles sont saisies compétence d’apprécier, d’interpréter la légalité des
décisions administratives ». Cet article tire la conséquence de la logique du système de l’unité
de juridiction en donnant une plénitude de compétence au tribunal régional en matière
d’interprétation et d’appréciation de la légalité des actes administratifs (illustration : cour
suprême du Sénégal, 5 juin 1961, Wali Sarr contre Commune de Saint-Louis, GAJAS,
tome I, p. 28 ; tribunal de grande instance de Dakar, 7 avril 1981, Cheick Anta Diop,
GAJAS, tome I, p. 29).
La réforme de 1992 a introduit une contradiction apparente de ce système. Aux termes de
l’article 36 de la loi organique sur la cour cassation « lorsque la solution du litige porté
devant la cour de cassation est subordonnée à l’appréciation de la légalité d’un acte
administratif, la formation de la cour de cassation compétente pour connaître le litige saisit
obligatoirement le conseil d’état de l’exception d’illégalité soulevée ainsi et sursoit à statuer
jusqu’à ce que le conseil d’état se soit prononcé sur la légalité de l’acte. Le conseil se
prononce dans un délai de deux moi ».
57
d’attribution. L’exception la plus importante à la compétence de droit commun du tribunal
régional reste celle du conseil d’état.
Avant la réforme judiciaire de 1992, la cour suprême jouait le rôle du conseil d’état, de la cour
de cassation, du conseil constitutionnel et de la cour des comptes. Elle était l’organe
régulateur de l’ensemble du système judiciaire sénégalais. Elle était divisée en trois sections.
C’est la deuxième qui était compétente en matière de contentieux. Depuis 1992 le conseil
d’état bénéficie d’un double titre de compétence en la matière. Tantôt il intervient en premier
et dernier ressort, tantôt il intervient comme juge de cassation. Mais de manière générale, les
compétences du conseil d’état ont été réduites par la création d’une cour des comptes.
Aux termes de l’article 1 de la loi du 21 octobre 1996 sur le conseil d’état « le conseil
d’état es juge en premier et dernier ressort de l’excès de pouvoir des autorités de l’exécutif
mais aussi de la légalité des actes des collectivités locales. Il est compétent en dernier ressort
dans les contentieux des inscriptions sur les listes électorales et des élections aux conseils
régionaux, départementaux et ruraux conformément aux conditions prévues par le code
électoral ».
La compétence en matière de recours pour excès de pouvoir est une des plus importantes, ce
qui justifie son exclusion au profit du conseil d’état. Cette dérogation s’explique pour deux
raisons essentielles :
Historique d’abord, car elle correspond à, la survivance d’une pratique qui existait
déjà pendant la période coloniale. A cette époque, c’est le conseil d’état siégeant à Paris qui
était compétent en premier et dernier ressort sur les litiges mettant en cause l’Etat malgré
l’existence des conseils du contentieux administratif.
Une raison technique ensuite dans la mesure où l’annulation d’une mesure ou d’un
acte a toujours une portée politique. Il est donc nécessaire d’attribuer cette compétence à une
juridiction élevée dan s la hiérarchie judiciaire bénéficiant d’une autorité incontestée. Cette
condition est apparemment remplie par l’ancienne cour suprême et l’actuel conseil d’état.
58
Aux termes de l’article 1 de la loi du 21 octobre 1996 sur le conseil d’état « le conseil
d’état par la voie du recours en cassation des décisions des cours des comptes, des décisions
rendues en dernier ressort par les organismes administratifs à caractère juridictionnel, des
décisions des cours et tribunaux relatives aux autres contentieux administratifs à l’exception
de celles que la loi organique attribue expressément à la cour de cassation »
Le conseil d’état a cependant d’autres types de compétence. Il en est ainsi en matière de rabat
d’arrêt conformément à l’article 33 de la loi du 21 octobre 1996. De même le conseil d’état
peut être saisi par le ministre de la justice des actes par les actes pour lesquels les juges
excèdent leur pouvoir notamment « erreur de droit ou erreur manifeste d’appréciation dans
la qualification des faits » article 27 de la loi du 21 octobre 1996.
59
Titre II : Les différentes voies de recours et la procédure administrative contentieuse :
On peut définir les voies de recours comme étant des actes de procédure par lesquels une
personne saisit une juridiction de prétention dont elle veut faire connaître le bien fondé.
Quant à la procédure, elle regroupe l’ensemble des règles relatives à l’introduction, à
l’instruction et aux jugements des recours et aux différents types de recours susceptibles
d’être reconduits devant la juridiction administrative. Les voies de recours et les règles de
procédure qui les réglementent sont nombreuses et variées. Leur étude pose dès lors un
problème de classification et de détermination de leur contenu.
Les recours juridiques en matière de contentieux administratif, ont généralement pour objet
l’annulation d’un acte administratif illégal ou une demande en réparation d’un préjudice subi.
Ces différents recours sont regroupés en branches, en sous ensemble ou en division. Mais à
côté des recours proprement juridique, il existe de recours administratif qui sont parfois des
préalables au recours juridictionnel.
Section I : Les recours juridictionnels :
C’est possible d’utiliser plusieurs critères pour procéder à la Classification des recours
contentieux. On peut cependant en retenir deux :
Le premier critère dégagé par LAFERRIÈRE est relatif aux pouvoirs de la
juridiction. Son application aboutit à la distinction des recours en quatre branches :
- le recours de pleine juridiction qui est un recours où le juge bénéficie de pouvoirs qui sont
larges. C’est en effet un contentieux où le juge peut condamner l’administration à des
dommages et intérêts ou réformer totalement ou partiellement une décision.
- le recours en annulation, c’est un recours où le juge dispose de pouvoirs qui se limitent à
l’annulation d’un acte illégal.
- le recours en interprétation ou en appréciation, c’est un recours où le juge détermine le
sens d’un acte ou fait, une déclaration sur sa légalité.
- le recours en matière de répression, c’est un recours où le juge réprime les atteintes au
domaine public ou assure la discipline de certaines professions.
Le deuxième critère dégagé par LÉON
60
DUGUIT est fondé sur la nature de la question posée. Son application aboutit à une
classification bipartite des recours administratifs.
les recours appartenant aux contentieux objectifs : dans ce type de
contentieux, la question posée est relative à la conformité d’un acte à la légalité. Ce
contentieux comprend le recours en annulation, le recours en appréciation de légalité, le
contentieux électoral, celui de la répression.
les recours appartenant aux contentieux subjectifs : dans ce type de
contentieux, la question posée est de savoir si une personne doit être reconnue comme
titulaire de droit subjectif. Il en est ainsi en matière contractuelle ou extracontractuelle. Mais à
certains égards ces deux classifications peuvent se regrouper. Leur synthèse permet de
dégager deux grands types de recours d’une part les recours en annulation et d’autre part les
recours de pleine juridiction.
61
On peut le caractériser à travers trois traits fondamentaux : d’abord c’est recours objectif,
ensuite c’est un recours d’ordre public et enfin c’est un recours d’utilité publique.
62
3°) Le caractère d’utilité publique du recours pour excès de pouvoir :
C’est aussi parce que le recours pour excès de pouvoir tend au rétablissement de la légalité
qu’il est considéré comme un recours d’utilité publique. De ce trait de caractère découlent
trois conséquences :
Un recours ouvert sans texte : simplement en vertu des principes généraux du droit
contre tout acte administratif sauf lorsque la loi l’écarte explicitement. Même dans ce cas la
jurisprudence administrative française interprète de façon restrictive cette exclusion. Le juge
administratif français a été suivi en cela par le droit européen. (Ce droit communautaire et le
droit constitutionnel, C.E., ASS., 17 février 1950, ministre de l’agriculture contre Dame
Lamotte, GAJA, n°67).
Un recours pratique, la jurisprudence interprète de façon libérale l’intérêt à agir des
requérants. De même il s’agit d’un recours dont l’importance des résultats dépasse de loin le
coût. Ainsi par exemple, le ministère d’avocat n’est pas obligatoire et la caution de 5000F ;
Un recours d’exercice rapide, en effet les délais imposés pour le recours pour
excès de pouvoir sont très rigoureux et la brièveté de ces délais est destinée à obliger les
intéressés à ne pas différer l’exercice du recours et à provoquer ainsi par voie de conséquence
l’instabilité dans les situations juridiques (deux mois).
63
interprétée par la jurisprudence sénégalaise dans un sens large. L’évolution de la
jurisprudence sur ce point est passée par trois étapes :
Dans un premier temps la cour suprême n’a pas examiné la recevabilité du recours
pour excès de pouvoir contre un acte limitant les incidences financières de reclassement du
requérant. C’est le sens de l’arrêt de la cour suprême du 28 mars 1966, Mamadou Lamine
Diop, Annales africaines 1973 / GAJAS tome 1, p. 272.
Dans un second temps, la cour suprême admet la recevabilité du recours pour
excès de pouvoir d’un requérant non fonctionnaire donc soumis au tribunal du travail. C’est
le sens de l’arrêt cour suprême 23 mai 1966, Babacar Lô et Abdou Samba Diallo, GAJAS,
au tome I, p. 285.
Ce n’est que dans un troisième temps que la cour de suprême avait déclaré
l’irrecevabilité d’un recours pour excès de pouvoir d’un agent non fonctionnaire du fait de
l’existence de recours parallèle (cour suprême, 12 juillet 1972, Souleymane Cissé contre
ministre de la fonction publique, Annales africaines 1973, p. 238/ GAJAS, Tome I, p.
20).
Seulement le recours parallèle doit obéir à un certain nombre de conditions :
Il doit avoir un caractère juridictionnel (cf. recours administratif) ;
Il doit également s’agir d’un recours direct ;
Il faut enfin que ce soit un recours qui permet au requérant de faire valoir ses
droits. Cette condition a disparu aussi bien de la loi du 2 février 1987 modifiant
l’ordonnance de 1960 sur la cour suprême que de la loi du 30 mars 1992 sur le conseil
d’état modifiée par celle du 27 octobre 1996. Il s’y ajoute que la jurisprudence du conseil
d’état ne semble pas se prononcer de façon claire sur la question.
64
administrative, d’un organisme privé doté de certains pouvoirs et de fonction administrative
(C.E.SN, 25 août 1993, professeur Iba Der THIAM contre Etat du Sénégal, bulletin des
arrêts du C.E. 1993-1997 p. 6 ; C.E. 28 mai 1997, El Hadj GUISSÉ contre Etat du
Sénégal, bulletin des arrêts du C.E. 1993-1997 p. 121 ; C.E. 27 avril 1994, ASC Dialdiop
municipalité club contre Etat du Sénégal, Bulletin des arrêts du C.E. 1993-1997 p. 68).
Mais quelle que soit la forme de la décision, elle doit être exécutoire c'est-à-dire susceptible
de modifier l’ordonnancement juridique, la situation des administrés.
De façon négative, sont en conséquence exclus du recours pour excès de pouvoir les actes
juridictionnels, les actes législatifs, les actes de gouvernement (cf. actes administratifs
unilatéraux), les contrats sauf les actes détachables, les décisions préparatoires, de même que
les décisions de confirmatives, les circulaires, les directives, les mesures d’ordre public (cf.
pouvoir hiérarchique) sont aussi exclues.
Mais sur les contrats, il convient de noter qu’il y a eu un revirement jurisprudentiel en France
qui a abouti à l’ouverture du recours pour excès de pouvoir contre les contrats (C.E., 30
octobre 1998 Ville de Lisieux, J.C.P. 1998, n° 10 p.45). Concernant les mesures d’ordre
intérieur, la difficulté consiste à distinguer des actes faisant grief (régime carcéral C.E.ASS.,
27 juin 1984 Caillot, R.D.P. 1984, p. 483 ; port voile C.E. 2 novembre 1992, Khérouaa,
AJDA 1992 p.788/ revue française de droit administratif 1992 p. 112 conclusion
commissaire du gouvernement).
Certains actes peuvent comporter quelques éléments dérisoires. A ce moment ils ne peuvent
faire l’objet d’un recours partiel.
65
jurisprudence a fait preuve de libéralisme mais tout en restant nuancée. Ainsi elle a admis la
possibilité pour les groupements (syndicats, associations) de défendre leurs intérêts et ceux de
leurs membres mais sans se substituer à ce dernier (C.E., 28 décembre 1906, syndicat de
coiffeurs de Limoge, GAJA, n° 18/ Cour suprême SN, 22 janvier 1975, Ousmane Diallo,
GAJAS, Tome I, p.54).
66
outre les cas où un texte le prévoit le délai du recours pour excès de pouvoir peut faire l’objet
de prorogation pour deux causes principales.
La première cause c’est l’introduction d’un recours administratif préalable dans le délai du
recours pour excès de pouvoir (article 35). La réponse explicite de l’administration va
constituer un nouveau point de départ du délai du recours pour excès de pouvoir. Mais si
l’administration ne répond pas au bout de quatre mois, son silence équivaudra à un rejet
implicite de la demande et le délai du recours pour excès de pouvoir commencera à courir à
l’expiration de ces quatre mois. L’article 35 a repris une disposition de la loi organique de
septembre sur la cour suprême à savoir que la décision explicite de rejet intervenue
postérieurement à l’expiration du délai de quatre mois après une demande administrative fait
courir un nouveau délai de deux mois.
Selon la jurisprudence française, en cas d’intervention d’une décision implicite de rejet du
fait du silence gardé par l’administration pendant quatre mois après la demande
administrative, le délai de recours contre cette décision commence à courir à partir de cette
date. Ce n’est qu’au cas où dans les délais de deux mois ainsi ouvert intervient une décision
explicite de rejet que recommence à courir un nouveau délai (C.E, 1 mars 1996 Habib,
Revue française du droit administratif 1996 p.764 ; cour suprême 6 février 1974 Kalil
Labidi, GAJAS, Tome I, p. 401).
La deuxième est relative à la saisine d’une juridiction incompétente : dans ce cas le délai du
recours pour excès de pouvoir commence à courir à partir de la notification de la déclaration
d’incompétence de la juridiction saisie (cour suprême 9 février 1966, Fatou Diop , Annales
africaines 1973 p. 268 / GAJAS, Tome I p. 260).
Lorsqu’un recours pour excès de pouvoir est introduit hors délai, il dit qu’il y a forclusion.
Cette forclusion est d’ordre public. Dans un tel cas il reste cependant encore deux possibilités
au requérant.
La première, c’est l’exception d’illégalité : il s’agit d’une voie d’exception contre un acte
administratif, soit pour attaquer ses mesures d’applications individuelles soit pour soulever
son illégalité à l’occasion d’un procès.
La deuxième, c’est la réouverture du délai du recours pour excès de pouvoir après un
changement de circonstance. Le délai peut en effet être ré ouvert après un changement de
circonstance qui rend un acte administratif illégal (C.E., 10 janvier 19130 Despujol, GAJA,
n°47) (cf. légalité d’un acte administratif).
67
Ils sont essentiellement la conséquence du caractère objectif du recours pour excès de
pouvoir. Il convient de distinguer deux formes de recours : les effets de l’action en justice et
ensuite les effets de la décision du juge.
68
de tous et aussi des effets rétroactifs pour le passé et pour l’avenir. Mais l’exécution de la
décision d’annulation peut parfois poser problème du fait que l’administration peut refuser à
cette exécution. Mais en outre le juge ne peut pas se substituer à elle, n’a pas de pouvoir
d’injonction même de voie d’exécution forcée (CE, 26 novembre 1925, Rodière, GAJA, n°
43). (Commentaire). Dans ce cas la jurisprudence peut engager la responsabilité de
l’administration. En France deux lois ont accru les pouvoirs du juge en matière d’exécution
des décisions de justice.
La loi du 16 juillet 1980 accorde au conseil d’état le pouvoir de prononcer des
astreintes contre les personnes morales pour obtenir l’exécution de la chose jugée.
En outre la loi du 8 février 1995 a accordé des pouvoirs d’injonction au juge
administratif. Mais dans le cas où il est impossible d’exécuter la décision d’annulation,
l’administration peut recourir à la technique de la validation législative (saisine du Parlement
pour cautionnement de la décision).
69
Malgré sa particularité, ce contentieux fait partie du contentieux de pleine juridiction. Ce
contentieux comprend le contentieux de la formation et de l’exécution des contrats et celui
des quasi-contrats (enrichissement sans cause, gestion d’affaire).
70
provoquer une décision administrative. C’est seulement lorsque la réponse n’est pas
satisfaisante qu’il y a liaison de contentieux. Cette demande préalable doit cependant être
introduite dans le délai de prescription applicable aux personnes publique. Autrement elle
risque d’être frappée de déchéance quadriennale (quatre ans). A défaut il y a prescription
extinctive du droit à réparation.
71
étudiants de l’Université Cheick Anta DIOP, Annales Africaines 1989-1990-1990, p. 200,
le juge donne l’impression que l’article 729 du code de procédure civile n’a pas de
caractère d’ordre public.
72
matérielle subordonne la mise en œuvre de la procédure spéciale à l’application du droit
administratif au litige en cause. Cela signifie que le requérant est obligé de déterminer le droit
applicable à son litige pour pouvoir saisir valablement le juge. Ceci revient à transférer au
requérant le difficile problème de la détermination du champ d’application du droit
administratif. Ainsi on retrouve à peu près les mêmes inconvénients de la dualité de
juridiction en France. En effet en France le problème qui se pose est la recherche du juge
compétent. Mais au Sénégal le problème qui va se poser est celui de la procédure applicable.
Pour contourner ces difficultés le requérant peut respecter cette procédure dans tous les cas où
une personne publique est en cause.
La deuxième conséquence c’est la complication du système de l’unité de
juridiction : la conception matérielle de la matière administrative revient à remplacer la
juridiction spéciale en France par une procédure spéciale en première instance au Sénégal.
Cette conception tend à rendre difficile l’accès au juge étant donné les risques d’erreur. Mais
lorsque le juge est valablement saisi, il risque de se retrouver dans un système contraignant.
En effet pour se prononcer sur la recevabilité du recours, il est obligé de déterminer au
préalable le droit applicable au litige. En examinant le fond du litige, il risque pour être
logique avec lui-même d’être prisonnier de son choix sur le droit applicable ou alors pour être
réaliste de se contredire.
Le recours administratif est un recours adressé à un administrateur actif statuant en tant que
tel au moyen d’un acte administratif. On pourrait tenter de classer les différents recours
administratifs en fonction de critère de l’autorité administrative saisie. Cette classification
aboutit à trois types de recours administratif :
tout d’abord les recours gracieux : ce sont des recours qui adressés à l’auteur de
l’acte administratif mitigé ou à l’autorité compétente pour résoudre le litige.
Ensuite les recours hiérarchiques : ce sont des recours adressés au supérieur
hiérarchique de l’auteur de l’acte mitigé.
Enfin les recours de tutelle : ils sont adressés à l’autorité de tutelle de l’auteur de
l’acte mitigé.
L’étude de ces recours administratifs pose au moins deux questions importantes : d’une part
quels sont les traits caractéristiques? D’autre part quels sont les effets ?
73
Paragraphe I : Les caractères généraux des recours administratifs
On peut retenir deux traits comme étant des caractères fondamentaux des recours
administratifs. Le premier c’est un recours à caractère général et le second, c’est recours
obéissant à une procédure non formaliste.
74
A- L’obligation d’examiner la demande
Initialement il n’y avait pas d’obligation pour l’administration de répondre à une demande
administrative. Et lorsqu’elle décidait de répondre, elle n’était pas tenue de se fonder sur des
motifs d’ordre juridique. Mais ce principe comporte des dérogations dans certains cas. Ainsi
par exemple, la jurisprudence a posé le principe pour le supérieur hiérarchique d’examiner les
recours administratifs (demandes). Le refus du supérieur hiérarchique d’examiner les recours
administratifs a en effet été caractérisé par la doctrine comme incompétence négative C.E., 30
juin 1950 Quéralt. De même le décret français du 28 novembre 1993 pose d’autres
exceptions à ce principe. Mais d’autre loi d’avril 2000 relative aux droits des citoyens dans
leurs relations avec l’administration définit un nouveau régime juridique des demandes
administratives en renforçant l’obligation qui pèse sur l’administration. Ainsi par exemple, les
autorités administratives sont tenues de communiquer des documents administratifs qu’elles
détiennent aux personnes qui en font la demande même si elles n’en sont pas les auteurs.
De même l’autorité administrative est dorénavant tenue d’accuser réception des demandes
qu’elles qu’elle reçoit. De même l’autorité administrative est tenue de transmettre les
demandes qu’elle reçoit à l’autorité compétente (seulement pour les administrations
françaises).
75
Dans le second cas, lorsqu’il s’agit de respecter la règle du recours administratif préalable.
Dans certains cas, le particulier doit adresser un recours administratif préalable à l’autorité
administrative malgré l’existence d’une décision préalable. Le recours administratif préalable
dans ce cas est une condition de recevabilité du recours contentieux. Le recours administratif
préalable présente deux types d’intérêt pour le requérant. Il ouvre la possibilité
d’arrangement. Ensuite il permet d’éviter un procès. Il ouvre la possibilité de conciliation. Le
recours administratif introduit dans le délai du recours contentieux a donc pour conséquence
la prorogation du délai du recours de ce recours contentieux. En effet, le délai de ce recours
contentieux commence à courir seulement après la réponse administrative.
C’est la procédure qui regroupe l’ensemble des règles relatives à l’introduction, à l’instruction
et au jugement des recours et aux différents types de recours susceptibles d’être conduits
devant les juridictions administratives. On pourrait concevoir que la procédure civile serve de
modèle à la procédure administrative contentieuse sous réserve des autres dispositions
particulières. Mais le conseil d’état français a opté pour une procédure contentieuse
autonome. Mais cette autonomie n’est pas absolue dans la mesure où elle ne rejette pas
totalement la procédure civile. En définitive, la procédure contentieuse au Sénégal surtout
présente des ressemblances avec la procédure civile mais comporte des spécificités. Ces
spécificités s’expliquent d’une part par la nature de l’administration, et d’autre part par la
nécessité de l’action administrative. Au total, on peut dire qu’au Sénégal, c’est le recours
administratif sur le conseil d’état qui s’applique, la procédure en matière de recours pour
excès de pouvoir et le code de procédure civile en matière de plein contentieux. L’étude de la
procédure administrative contentieuse soulève cependant deux problèmes fondamentaux :
d’une part celui de l’autorité de procédure administrative contentieuse et d’autre part celui des
caractères généraux de la procédure administrative contentieuse.
76
Section I : L’autorité des règles de la procédure administrative contentieuse
77
règlementaire. Dans ce cas, seules les dispositions législatives expresses peuvent porter
atteintes à ces règles. Mais les règles de procédure s’appliquent seulement si elles ne sont pas
incompatibles avec les règles d’organisation, de fonctionnement de la juridiction saisie.
A- Le caractère écrit
La procédure administrative contentieuse fait appel à l’écrit plus que la procédure civile. Ce
trait de caractère lui vient des origines administratives du conseil d’état français. Ainsi la
procédure administrative contentieuse reste influencée par l’écrit qui est le mode d’expression
normale de l’administration. Ainsi donc les mémoires et les contres mémoires sont toujours
présentés sous forme écrite. Concrètement au moment du débat oral à l’audience, les parties
ne peuvent plus soulever de moyens nouveaux par rapport à ceux qui ont été développés dans
les mémoires écrits. De même le juge se réfère simplement au procès figurant au dernier.
L’oral en matière de procédure administrative contentieuse est donc très limité.
78
exécution aussi bien en matière de recours pour excès de pouvoir qu’en matière de recours de
plein contentieux.
79
En cette matière, le juge joue un rôle en principe d’arbitraire. Cela signifie qu’il appartient
aux parties de prendre des initiatives dans la conduite de l’instance. Cependant la
jurisprudence a apporté quelques exceptions à ce principe. Ainsi en matière de responsabilité
du fait des dommages des travaux publics lorsque la victime estime se trouver dans une
situation de tiers par rapport à l’ouvrage public, la jurisprudence dégage une hypothèse de
présomption de faute selon laquelle c’est à l’administration de prouver que le travail public
ou l’ouvrage public a bien fonctionné (tribunal de première instance de Dakar, 9 janvier
1970 Mor Diaw, Annales Africaines 1973, p. 235 ; cf. la responsabilité)
80
Un troisième critère : est fondé sur leur forme. Il permet d’aboutir à une distinction
entre acte émanant exclusivement de l’administration et acte découlant d’un concours de
volonté entre l’administratif et une autre personne. Ce dernier critère aboutit à une
classification qui sera retenue pour l’étude des actes administratifs. Elle aboutit à une
distinction entre actes administratifs unilatéraux et actes administratifs bilatéraux (contrats
administratifs).
81
Titre 1 : Les actes administratifs unilatéraux.
Les actes administratifs unilatéraux de l’administration constituent une catégorie générique.
En effet elle regroupe trois types d’actes : d’abord les décisions exécutoires, ensuite les
mesures n’ayant pas de caractère décisionnaire (circulaire) et enfin les actes n’étant pas
soumis au régime du droit public. Lorsqu’on parle d’acte administratif unilatéral, il s’agit
d’une notion qui répond à des caractéristiques précises. Cela signifie que l’acte administratif
unilatéral pose un problème de définition. Mais pour produire normalement ses effets, l’acte
administratif doit respecter un certain nombre de conditions. Cela veut dire l’acte
administratif unilatéral pose un autre problème, celui de la détermination de ses conditions de
validité. Cependant pour diverses raisons l’acte administratif unilatéral peut cesser de
produire ses effets. Dès lors un troisième problème que pose l’étude de l’acte administratif
unilatéral est relatif aux conditions dans lesquelles il cesse de produire des effets, la fin des
effets des actes administratifs unilatéraux.
82
A- L’acte administratif unilatéral : un acte unilatéral
Comme son nom l’indique l’acte administratif unilatéral est l’expression d’une seule
volonté. Ce trait de caractère ne pose pas de problème lorsque l’acte administratif émane
d’une même autorité et comporte une seule signature (décret présidentiel, arrêté ministériel).
Mais l’acte administratif unilatéral peut avoir plusieurs auteurs. Il en est ainsi lorsque
plusieurs personnes interviennent dans la préparation de l’acte, mais que la responsabilité
finale incombe qu’à une seule d’entre elles. Il en est ainsi lorsque l’acte pris après une
procédure consultative ou alors par un organe délibérant. De même plusieurs autorités
peuvent intervenir dans l’élaboration d’une décision. Mais lorsqu’elles agissent pour le
compte de la même personne publique, l’acte qui est pris, est considéré comme un acte
administratif unilatéral (arrêté interministériel).
83
1°) La compétence des personnes privées pour prendre un acte administratif unilatéral doit
être prévue par les textes ;
2°) La jurisprudence exige la présence d’un service public et d’une prérogative de puissance
publique ;
3°) A la faveur de circonstances exceptionnelles, la jurisprudence peut considérer certains
actes pris par des personnes privées sans compétence administrative comme des administratifs
Deuxième exception : elle est relative à la possibilité pour des personnes publiques de prendre
des actes de droit privé. Les personnes publiques non administratives ne sont pas habilitées à
prendre des actes administratifs unilatéraux (le législateur). Mais une autorité publique peut
prendre un acte qui n’est pas qualifié comme étant nécessairement un acte administratif
unilatéral. Exemple : les lois votées à l’Assemblée Nationale, les actes relatifs au service de la
justice sauf ceux qui concernent son organisation, ne sont pas considérés comme des actes
administratifs par la jurisprudence, les actes pris par l’administration relatifs à la gestion du
domaine privé.
84
l’acte administratif unilatéral porte lui-même son titre exécutoire. Cela signifie que
l’administration n’a pas besoin de recourir au juge pour faire produire à l’acte administratif
unilatéral ses effets. Ce trait de caractère correspond à ce qu’on appelle le privilège
d’exécution d’office. Ce principe peut poser problème lorsque l’exécution de l’acte
administratif unilatéral rencontre une opposition de la part des administrés. L’administration a
alors deux possibilités : la première est l’exécution d’office qui signifie l’exécution de l’acte
administratif par l’administration elle-même ; la deuxième possibilité est l’exécution forcée
qui signifie l’exécution par l’administration d’une contrainte sur le particulier pour l’amener à
exécuter l’acte administratif. Mais l’exécution forcée obéit à des conditions et à des modalités
précises. Ces conditions sont au nombre de trois : il en est ainsi soit lorsque la loi le prévoit,
soit lorsqu’il n’existe aucun autre procédé de contrainte et enfin lorsqu’il existe une situation
d’urgence ou de nécessité absolue. Les modalités sont également au nombre de trois : tout
d’abord il doit y avoir une mise en demeure de l’administré, ensuite il doit y avoir une
résistance de l’administré de la mise en demeure et enfin le recours à la contrainte doit se faire
dans les limites de ce qui est nécessaire à l’exécution de la décision.
85
cas par cas. Enfin la publication des directives qui ne modifient pas l’ordonnancement
juridique n’est pas obligatoire.
86
compétence à partir de l’espace dans lequel l’autorité administrative peut prendre un acte
administratif. Certaines autorités ont une compétence sur l’ensemble du territoire national
alors que d’autres ont une compétence circonscrite géographiquement (Cour suprême du
Sénégal, 29 janvier 1975, Séga SECK FALL, Recueil Penant 1975, p.415)
un élément temporel : compétence rationae temporis : c’est la définition de la
compétence à partir du moment où une autorité peut prendre un acte administratif. Ce moment
est circonscrit entre l’investiture et la désinvestiture d’une autorité administrative compétente.
Cela veut dire que les décisions anticipées et les décisions rétroactives ne sont pas légales.
Cependant la jurisprudence reconnaît la possibilité pour une autorité administrative de
procéder à une expédition des affaires courantes en attendant la désignation de son successeur
(CE, 4 avril 1952, Syndicat régional des quotidiens d’Alger, GAJA, n°73)
87
un temps à une autorité généralement subordonnée (le délégataire) l’exercice de ses
attributions.
En réalité, on distingue deux types de délégation : la délégation de signature et la délégation
de compétence (ou délégation de pouvoir). La délégation de signature consiste à transférer
l’exercice matériel de la signature. Alors que dans la délégation de compétence, le
transfert porte la compétence même vers le subordonné. Si les deux délégations obéissent
aux mêmes conditions, elles produisent des effets juridiques fondamentalement différents.
88
La délégation de compétence produit également trois conséquences qui sont contraires de
celles de la délégation de signature :
la première c’est que le délégant ne peut intervenir dans les matières déléguées
tant que dure la délégation.
la deuxième c’est que l’acte pris sur délégation est considéré comme étant
juridiquement celui du délégataire.
la troisième c’est que la délégation de compétence est impersonnelle c'est-à-dire
faite es qualité. Elle ne cesse que sur abrogation expresse de la délégation et non du seul fait
du changement des autorités administratives concernées.
a- La suppléance
La suppléance permet le remplacement d’une autorité par une autre lorsque la première est
absente ou empêchée. La suppléance est mise en œuvre dans le cas où le titulaire du poste est
toujours en fonction mais il ne peut accomplir sa compétence en tout ou en partie pour des
raisons diverses. Cette suppléance est organisée par un texte. Le suppléant est ainsi désigné à
l’avance et le remplacement du titulaire intervient de plein droit dès que l’empêchement est
constaté. Sauf texte contraire, le suppléant peut en principe exercer toutes les attributions.
Mais cette compétence peut être limitée aux seuls actes dont l’adoption est nécessaire pendant
la durée de la suppléance.
b- L’intérim
Il correspond à une situation où il n’y a pas de titulaire. Et dans l’attente de sa désignation,
une autre autorité est chargée de la fonction. Mais dans certain cas, intérim et suppléance sont
confondus. Il en est ainsi notamment lorsqu’on assimile à l’intérim la situation où une
personne titulaire d’une fonction ne peut pas momentanément l’exercer et est remplacée
provisoirement par une autre.
La différence entre intérim et suppléance existe cependant. La désignation d’un intérimaire est
généralement de courte durée mais aboutit à un remplacement total du titulaire d’une
compétence. La suppléance est réglée d’une manière permanente avant l’intervention de
89
l’empêchement du titulaire et se produit dès que les conditions prévues sont remplies. En
principe le suppléant peut prendre toutes les mesures relevant de la compétence du titulaire.
1- La compétence liée
On peut la définir comme étant une situation où la conduite d’autorité lui est dictée par la
réglementation. Dans ce cas, la réglementation oblige l’autorité administrative à agir. Mais
lorsqu’elle doit agir, elle doit le faire dans un sens déterminé dès lors que les conditions
qu’elle prévoit sont remplies. Dans le cadre de la compétence liée, l’autorité administrative
n’a donc pas la possibilité de choix ni d’appréciation. En réalité la compétence est d’intensité
variable. Dans les cas les plus rigoureux, la compétence liée de l’autorité administrative doit
donner un contenu prédéterminé à sa décision.
90
2- Le pouvoir discrétionnaire
C’est la marge de liberté d’appréciation laissée par la réglementation à une autorité
administrative dans la prise de sa décision. Le pouvoir discrétionnaire se distingue du pouvoir
arbitraire du fait que la liberté d’appréciation et d’action de l’autorité administrative résulte
de la réglementation qui détermine sa compétence. Cette liberté peut se situer dans la phase de
l’opportunité de la décision que dans celle de son contenu. Tout comme la compétence liée, le
pouvoir discrétionnaire est d’intensité variable d’appréciation laissée à l’autorité compétente.
En conclusion sur les règles de compétence des autorités administratives, on peut rappeler
quelques règles jurisprudentielles :
- la compétence des autorités administratives est d’ordre public
- l’autorité administrative compétente pour prendre un acte administratif est donc en
principe compétente pour supprimer cet acte administratif (le parallélisme des formes)
- un autorité administrative ne peut pas empiéter sur la compétence d’une autre
autorité administrative même subordonnée
- l’incompétence d’une autorité administrative ne peut pas être ouverte a postériori par
l’accord de l’autorité compétente
- le titulaire d’une compétence doit en principe l’exercer personnellement.
91
4- le principe de la publicité et de la transparence : l’application de ce principe permet de
garantir la sécurité des relations juridiques.
En ce qui concerne les différentes étapes de la procédure, on pourrait en déterminer quatre :
la première étape correspond à l’initiative qui émane généralement de l’auteur de
l’acte. Mais l’acte administratif unilatéral peut aussi être sur la base d’une demande d’un
administré ou alors sur proposition d’un organe.
la deuxième étape correspond à ‘instruction qui comprend les enquêtes et les
consultations. Les enquêtes sont destinées à s’informer et à informer sur les projets de
l’administration. Les consultations sont destinées à recueillir les avis des organismes
compétents ou intéressés dans les domaines d’intervention de l’acte administratif projeté. La
procédure de consultation peut être facultative ou obligatoire1 ou d’avis conforme2
la troisième étape correspond à la signature qui constitue le point de départ des
effets de l’acte administratif unilatéral. Son absence entraîne l’inexistence de l’acte.
la quatrième étape est relative à la publicité : c’est un procédé par lequel l’acte
administratif unilatéral est porté à la connaissance des administrés. C’est ce procédé qui est
réglementé au Sénégal par la loi du 6 février 1970. Il existe deux types de publicité. Tout
d’abord la publicité qui est une mesure consistant à faire connaître l’acte à tous les
administrés et qui est un procédé utilisé généralement pour les actes à caractère réglementaire.
Ainsi par exemple au Sénégal l’article 2 de la loi du 6 février 1970 prévoit que les actes à
caractères réglementaires doivent faire l’objet d’une insertion au Journal Officiel.
Ensuite la notification est une mesure consistant à porter l’acte à la connaissance de son
destinataire et un procédé qui est utilisé pour les actes à caractère individuel.
1
saisine obligatoire
2
l’administration doit avoir un avis favorable pour prendre un acte administratif
92
fondent l’acte administratif. Mais il faut distinguer les motifs de la motivation d’un acte
administratif.
Les motifs correspondent au fond de la décision c'est-à-dire aux considérations qui
justifient l’acte. Quant à la motivation, elle correspond à la présentation de ses
considérations. La motivation est donc en rapport avec la légalité externe de l’acte
administratif. Au Sénégal la motivation des actes administratifs unilatéraux n’est pas
obligatoire (principe général), alors qu’en France la loi du 11 juillet 1979 exige la motivation
de certains administratifs unilatéraux.
- le dispositif qui est contenu dans la décision qui est présente sous la forme d’acte ;
- la date et le lieu : la mention de la date n’est pas une condition de légalité de l’acte
administratif unilatéral. Elle est cependant utile car elle permet d’apprécier la légalité d’acte
administratif unilatéral. C’est en fonction des règles en vigueur, le jour de son adoption que
l’acte administratif est apprécié. Lorsque l’acte administratif n’est pas daté, on détermine sa
date par de s éléments extérieurs comme sa publication, sa notification ou bien alors du
dernier jour de fonction de son auteur. Il faut noter que la mention du lieu n’est pas une
condition de légalité de l’acte administratif unilatéral.
- la signature et les contreseings : il s’agit là d’une condition de l’existence de l’acte
administratif. La signature est relative à la compétence alors que le contreseing concerne la
forme de l’acte. Leur absence entraîne un vice de forme.
93
B- La non-rétroactivité de l’acte administratif unilatéral
Cela signifie que l’acte administratif unilatéral ne peut pas produire d’effets pour la période
antérieure à la date de son émission (CE, 25 juin 1948, Société du journal l’Aurore, GAJA,
n°64).
Il s’agit d’un principe général du droit qui comporte quelques exceptions. Il en est ainsi
lorsque la loi le prévoit. Ensuite lorsque l’administration exécute une décision justice. La
troisième exception est relative au retrait de l’acte administratif unilatéral. La quatrième
exception c’est lorsque l’acte en cause ne fait grief aux administrés. Il en en est ainsi par
exemple des actes non créateurs de droit et des actes favorables aux administrés.
94
Paragraphe 1 : La différence entre acte administratif réglementaire et acte administratif
individuel
Il s’agit d’une différence relativement claire en principe mais dont l’application est parfois
difficile. Ainsi certains auteurs ont renoncé à la distinction : acte réglementaire et acte
individuel, pour lui substituer à la distinction entre acte réglementaire et acte non
réglementaire. On constate en effet entre les actes réglementaires et actes individuels
s’intercalent ce l’on appelle des actes collectifs. Mais il existe des actes qui ne sont ni
réglementaires, ni individuels que l’on appelle les actes particuliers. Mais de l’acte
réglementaire, on pourrait la définition suivante une décision qui pose des règles générales
applicables indistinctement à toutes les personnes se trouvant dans la même situation.
De cette définition résulte certains critères de distinction entre acte réglementaire et acte
individuel. Cette distinction produit des conséquences au plan des régimes juridiques des
actes administratifs unilatéraux.
95
B -Les conséquences de la distinction
On pourrait retenir quatre conséquences comme découlant de la distinction entre acte
réglementaire et acte non réglementaire :
- la première est relative au régime de publicité : la publicité de l’acte administratif
produit deux conséquences importantes. D’une part, elle rend l’acte exécutoire et d’autre part
elle fait courir le délai de recours contentieux. Mais parfois les deux procédés de publicité
peuvent être cumulés ou alors des règles de publicité spéciale peuvent être prévues pour
certains types d’actes. Exemple : le permis de construire
- la deuxième est relative à la compétence juridictionnelle : il faut dire que ce
problème revêt deux aspects. Tout d’abord se pose le problème de répartition de compétence à
l’intérieur de l’ordre administratif, en fonction du caractère réglementaire non de l’acte. En
France par exemple le conseil d’état est compétent en premier ressort pour les actes des
ministres ayant des caractères réglementaires, les actes individuels des ministres étant de la
compétence des tribunaux administratifs. En ce qui concerne les actes individuels des autres
autorités administratives, la loi du 31 décembre 1987 portant réforme du contentieux
administratif donne compétence aux cours administratives d’appel pour connaître des
jugements des tribunaux administratifs en matière de recours pour excès de pouvoir contre les
actes. Le deuxième aspect : c’est la répartition des compétences entre le juge administratif et
le juge judiciaire. Les règles en matière de compétence des juridictions judiciaires (tribunaux
pénaux et tribunaux civils) permettent de faire : la distinction entre actes individuels et actes
réglementaires, la distinction entre juridiction civile et juridiction pénale et la distinction entre
l’appréciation et l’interprétation (clarifier le sens de…).
Ainsi pour les actes individuels, le tribunal des conflits considère que les juridictions
judiciaires n’ont compétence ni pour les apprécier, ni pour les interpréter. Pour la cour de
cassation, les juridictions pénales ont une compétence pour apprécier la validité des actes
individuels pénalement sanctionnés. En ce qui concerne les actes réglementaires, les
juridictions judiciaires ont compétence pour les interpréter. Quant aux juridictions pénales,
elles sont seules compétentes pour apprécier leur légalité. Les juridictions civiles ne sont
compétentes pour apprécier leur légalité que lorsqu’ils portent une atteinte grave à la liberté
individuelle et aux droits de propriété. Il s’agit là de solution de compromis entre le souci de
respecter le principe de la séparation des pouvoirs et la nécessité d’assurer le bon
fonctionnement de la justice. En France le nouveau code pénal entré en vigueur le 1er mars
1994 en son article 111 dispose que « le juge pénal est compétent pour apprécier les actes
96
administratifs à caractère réglementaire et individuel, lorsque de cette appréciation
dépend la solution du procès pénal qui lui est soumis ».
- la troisième est relative à l’exception d’illégalité : l’exception d’illégalité ou voie
d’action individuelle contre les actes administratifs unilatéraux est aussi un compromis entre
deux principes contradictoires. D’une part le souci de faire respecter le principe de légalité en
donnant aux administrés de s’opposer à l’acte administratif. Ensuite le souci d’assurer aux
situations créées la plus grande stabilité juridique. Les solutions relatives à l’exception
d’illégalité varient selon qu’il s’agisse d’acte réglementaire ou d’acte individuel. Pour les
actes réglementaires, l’exception d’illégalité est large et permanente dans deux sens (positifs,
négatifs). Cela veut dire qu’il est possible même lorsque ces actes sont devenus définitifs.
Pour les actes individuels, l’exception d’illégalité est plus limitée. En effet l’exception
d’illégalité n’est pas possible pour un acte individuel devenu définitif. Cependant ce principe
comporte deux dérogations. La première c’est l’illégalité d’un acte individuel peut être
invoquée à l’appui d’un recours en indemnité même si cette mesure individuelle est devenue
définitive. La deuxième est relative à l’appréciation des théories des opérations complexes.
On dit qu’il y a opération complexe lorsque plusieurs décisions successives sont nécessaires
pour parvenir à la décision finale et lorsqu’il est admis qu’un administré puisse se contenter
d’attaquer cette décision finale en conservant la possibilité d’invoquer à l’appui de son
recours les vices qui ont pu affecter les décisions intermédiaires même si ces décisions
intermédiaires sont devenues définitives par expiration du délai du recours contentieux.
Exemple : concours administratif, expropriation (enquête délimitée, arrêté de cessibilité)
- la quatrième est relative au retrait ou à l’abrogation de l’acte administratif uni-
latéral.
97
A-La hiérarchisation entre actes réglementaires et actes individuels
La règle c’est sans qu’il soit besoin de procéder à la hiérarchie de leurs auteurs respectifs.
L’acte individuel doit être conforme à l’acte réglementaire qu’il est sensé appliquer. Cette
supériorité de l’acte réglementaire sur l’acte individuel se vérifie dans trois cas de figure
suivant :
le premier cas : une autorité administrative supérieure prend un acte régle-
mentaire. Une autorité subordonnée édicte une mesure individuelle sur cette base. Dans ce
cas l’application des deux critères organiques et matériels aboutit au même résultat à savoir la
supériorité de l’acte réglementaire.
le deuxième cas : une même autorité administrative prend un acte réglemen-
taire et les mesures individuelles d’application sur cette base. Ces dernières doivent
respecter la réglementation générale résultant de l’acte réglementaire supérieur à ces mesures
d’application. En cas de conflit entre deux actes d’une autorité administrative, le règlement
l’emporte. C’est l’application de la règle patere legem (autorité de la chose jugée).
le troisième cas : une décision individuelle est prise par une autorité supérieu-
re et une disposition réglementaire émane d’une autorité individuelle : dans ce cas, c’est
la seconde qui s’impose sur la première. Cette situation est intéressante du fait qu’elle se
produise rarement et que la solution n’aille pas de soi. Il peut arriver en effet que le plan
d’occupation des sols soit de la compétence du conseil municipal à travers un pouvoir
réglementaire et l’octroi d’un permis de construire soit de la compétence du préfet à travers
des actes individuels. Les décisions prises par le préfet dans ce cas doivent respecter le plan
d’occupation du sol (pouvoir réglementaire du conseil municipal).
98
réglementaire préexistante émanant du même auteur et dont il n’a pas entendu écarter
l’application. On peut considérer que les décrets pris en conseil d’état ont une force supérieure
aux décrets à forme simple.
99
Toues ces conditions sont généralement regroupées sous deux rubriques : la légalité relative
aux éléments formels de l’acte administratif et la légalité interne relative aux éléments
matériels de l’acte administratif unilatéral. Cette distinction a été présentée par François
GAZIER en 1950 et a été adoptée par la doctrine et la jurisprudence.
100
d’un arrêté ministériel. De même elle accepte l’absence d’un visa. Elle est cependant
rigoureuse sur les motivations des actes administratifs unilatéraux qui doivent l’être depuis la
loi du 11 juillet 1999. Elle est également très stricte sur le respect des règles de la procédure
notamment la procédure de consultation et la procédure du contradictoire.
En matière de procédure de consultative, elle vérifie ainsi l’existence de la consultation, la
régularité de la consultation, la composition de l’organisme consulté, le quorum ou si la
consultation a été complète. En matière de procédure contradictoire, elle vérifie ainsi si
l’intéressé a été informé d’une mesure négative et s’il lui a été laissé la possibilité de se
défendre dans un délai raisonnable. De même la jurisprudence française vérifie de façon
sévère le respect des procédures d’enquête publique en matière d’expropriation et d’étude
d’impact (surtout depuis 1976).
Le corollaire du caractère peu formaliste du droit administratif sur ce point est que toute
violation des règles de forme et de procédure n’entraîne pas nécessairement l’annulation de
l’acte administratif unilatéral. Ainsi le juge français a élaboré deux jurisprudences. L’une est
la distinction entre les formalités substantielles et la deuxième concerne la théorie des
formalités impossibles. En vertu de la première : seule la méconnaissance des formalités
substantielles entraîne l’annulation de l’acte. Les formalités substantielles sont
généralement prévues par un texte comme des garanties pour les administrés ou celles dont le
respect peut changer le contenu de la décision. En application de la deuxième théorie,
l’impossibilité peut tenir à des événements imprévus. Dans ce cas le non respect de cette
formalité n’entraîne pas nécessairement l’annulation de l’acte administratif.
101
d’agir lorsque certaines conditions sont remplies. Son refus dans ce cas peut faire l’objet d’un
recours pour excès de pouvoir. Le deuxième aspect est un aspect négatif qui correspond à
l’interdiction faite à l’administration de violer les règles de droit supérieur à ses actes.
102
1963, Amadou Alpha KANE, GAJAS, Tome 1, p. 285 ; CE fr, 14 janvier 1916, Camino,
GAJA, n°31).
Ainsi ces faits doivent être matériellement établis c'est-à-dire qu’ils doivent être prouvés. A
défaut de cette preuve, le juge sanctionne leur inexistence matérielle (Cour suprême du
Sénégal, 23 mars 1963, Babacar LO et Abdou Salam DIALLO, GAJAS, Tome 1, p.
; Conseil d’état du Sénégal, 26 avril 1996, Souleye BADIANE, Bulletin des Arrêts du
conseil d’état 1993-1997, n°55)
Les vices qui affectent les motifs de fait peuvent être ouverts par la théorie des moyens
inopérants et ceci dans deux cas. Il en est ainsi tout d’abord dans les cas de pluralité de motifs.
Lorsque certains motifs sont réguliers alors que d’autres sont irréguliers, la jurisprudence peut
considérer l’acte comme légal si les motifs réguliers suffisent à fonder l’acte administratif.
Dans ce cas les motifs irréguliers n’étant pas déterminés, sont considérés comme inopérants.
Il en est ensuite de même dans les cas de compétence liée. Lorsque dans un tel acte,
l’administration commet une irrégularité, la jurisprudence peut malgré tout considérer l’acte
comme légal. En effet l’administration étant tenue d’agir, l’irrégularité de certains éléments
de l’acte ne devrait pas s’opposer à l’adoption de l’acte. Les moyens invoqués bien que
fondés, sont alors considérés comme inopérants.
103
a une compétence liée et plus souple dans le cas de pouvoir discrétionnaire. La doctrine
distingue trois degrés de l’intensité de ce contrôle :
- un contrôle minimum qui porte sur l’existence matérielle des faits ;
- un contrôle qui porte sur l’existence matérielle des faits et la qualification juridique des
faits ;
- un contrôle qui porte outre sur l’existence matérielle, outre sur la qualification
juridiques des faits, sur l’appréciation des faits.
Selon les membres de la doctrine, ce contrôle de l’appréciation des faits correspond à un
contrôle de l’opportunité de la décision. Ce contrôle intervient généralement dans les où
l’opportunité de la décision est également une condition de légalité. Ce contrôle de fait s’est
renforcé avec l’évolution de la jurisprudence du conseil d’état français et de l’accroissement
des pouvoirs de l’administration. Ainsi donc, les cas de compétence liée, le juge ajoute parfois
aux conditions textuelles, des conditions de légalité d’origine jurisprudentielle. Ainsi par
exemple en matière de police administrative, le juge exige parfois la mesure la plus adéquate
comme pour apprécier la légalité de l’acte administratif. De même, dans les cas de pouvoir
discrétionnaire, le juge vérifie de plus en plus la proportionnalité entre le but poursuivi par
l’acte administratif et les moyens utilisés. Il apprécie également les avantages et les
inconvénients d’une décision dans le contrôle de sa légalité.
la première technique correspond à l’erreur manifeste d’appréciation : illustra-
tration : CE fr, 20 mars 1968, Société de lotissement de la plage de Pamplon, RDP, p. 319,
AJDA 1968, p. 335).
la deuxième technique correspond à celle du bilan-coût-avantage, dont on trouve
l’illustration dans un arrêt du CE fr, 28 mai 1971, Ministre de l’équipement contre Ville
Nouvelle Est, GAJA, n°93.
104
Tout d’abord, l’autorité administrative peut poursuivre un intérêt personnel. C’est le cas
le plus grave de détournement de pouvoir (CE fr, 26 novembre 1875, Parizet, GAJA, n°4).
Ensuite, l’autorité administrative peut agir dans le sens de l’intérêt général mais
différent de celui pour lequel compétence lui a été attribué (CE fr, 24 juin 1960, Société
Frampar, GAJA, n°85).
Mais dans certains cas, on assimile le détournement de procédure au détournement de
pouvoir. En réalité, il y a détournement de pouvoir lorsqu’on utilise une procédure à la place
d’une autre mais pour arriver au même résultat (Cour suprême du Sénégal, 6 juin 1973,
Dame Yaye Khaty DIENG, GAJAS, Tome 1, p.145). Le conseil d’état français a ajouté à
toues ces conditions de la légalité le principe de précaution.
105
Le juge de l’excès de pouvoir peut en effet annuler un acte administratif unilatéral alors que
l’administration dispose trois procédés pour mettre fin à ses effets : l’abrogation,
l’annulation et la modification. Le retrait qui correspond à l’annulation se distingue de
l’abrogation essentiellement du fait de son caractère rétroactif. La cessation des effets des
actes administratifs unilatéraux, surtout par le retrait et l’abrogation, met en présence deux
soucis contradictoires :
- d’une part, la nécessité de protéger la sécurité des relations juridiques par une certaine
stabilité ;
- d’autre part, celui d’éviter de lier l’administration par les décisions qu’elle a prise même
lorsqu’elles sont illégales.
La recherche d’une solution à cette contradiction a consisté à trouver un équilibre entre quatre
distinctions fondamentales :
distinction entre abrogation et retrait ;
distinction entre acte réglementaire et acte individuel ;
distinction entre acte créateur de droit et acte non créateur de droit ;
distinction entre acte légal et acte illégal.
Chacune de ces distinctions correspond à des raisons précises. C’est d’abord l’importance du
retrait d’un acte par rapport à son abrogation. Ensuite la nécessité d’une plus grande stabilité
des actes individuels, de même que pour les actes créateurs de droit. Enfin la grande facilité
de cessation des effets d’un acte illégal par rapport à un acte légal. Sur la base de ces
principes, il est possible d’analyser les différentes modalités administratives par lesquelles
l’acte administratif unilatéral peut sortir de l’ordonnancement juridique.
106
avec les trois distinctions suivantes : - d’abord le caractère régulier ou non de l’acte en
cause ; - ensuite son caractère créateur de droit ou non ; - et enfin son caractère réglementaire.
Mais la distinction la plus importante parce que la plus générale correspond à celle qui est
faite entre acte régulier et acte irrégulier. C’est donc sur cette base qu’il est donc possible de
dégager les règles de retrait des actes administratifs unilatéraux.
107
protection particulière. L’illégalité doit en effet être effacée. Dès lors le retrait d’un acte
administratif illégal non créateur de droit est donc possible à tout moment.
108
délai dans lequel l’administration pourrait procéder au retrait de l’acte administratif. Le conseil
d’état a récemment mis fin à cette incertitude aux inconvénients de l’arrêt Bagneux à travers un
arrêt d’assemblée (CE Ass. fr, 26 octobre 2001, Théron, AJDA 2001, p. 1034, AJDA 2002,
p. 737). Selon cette jurisprudence, un acte administratif individuel explicite conférant des droits
à son destinataire, lorsqu’il est illégal, peut faire l’objet de retrait par son auteur seulement dans
le délai de quatre (4) mois à partir de son édiction (date).
Après l’expiration du délai de recours contentieux, il est encore possible de procéder au retrait
de l’acte illégal si le recours pour excès de pouvoir est encore pendant devant le juge (Cour
suprême du Sénégal, 23 mars 1966, Moussa CAMARA, GAJAS, Tome 1, p. 269). Dans ce
cas, le retrait n’est possible que dans la limite de la saisine du juge (Cour suprême du Sénégal,
23 mars 1966, Mamadou Lamine DIOP, GAJAS, TOME 1, p. 272). De même il faut
rappeler que le retrait est encore possible après l’expiration du délai normal si un recours
gracieux a été introduit dans ce délai. Enfin il faut ajouter que les règles qui régissent le retrait
de l’acte administratif par son auteur sont aussi valables pour son supérieur hiérarchique
(« société de lotissement de la plage de Pamplam » ; Cour suprême du Sénégal, 27
décembre 1978, Bouka DIAW, GAJAS, Tome 1, p.201). Sur le retrait des actes administratifs
et les conséquences de l’annulation d’actes administratifs sur les actes subséquents cf. CE fr, 3
novembre 1995, Mme Vellet et autres, AJDA 1996, p. 215)
109
son abrogation. L’abrogation d'un acte règlementaire peut même parfois revêtir un caractère
obligatoire. C’est ce qui ressort de certains développements jurisprudentiels et règlementaires
français.
Selon la jurisprudence, en effet l’auteur d’un acte réglementaire illégal ou son supérieur
hiérarchique saisi d’une demande tendant à l’abrogation de ce règlement est tenu d’y déférer
(CE fr, 12 mai 1976, Le boucher et le tarandon, AJDA 1977, p. 261). Cette obligation a
cependant été nuancée par la suite car il semble que l’administration ne soit tenue d’abroger le
règlement illégal que lorsqu’elle a été saisie dans le recours contentieux (CE fr, 30 janvier
1981, Ministre du travail contre société France-Europe transaction, AJDA 1981, p.245).
Cette jurisprudence a été reprise et même étendue par le conseil d’état sénégalais dans la mesure
où il considère que l’auteur d’un acte administratif à caractère individuel et illégal saisi d’une
demande tendant à l’abrogation de l’acte est tenu d’y déférer (CE sn, 25 août 1993, Jean
ESPLAN contre Etat du Sénégal, Bulletin des arrêts du conseil d’état 1993-1997).
Seulement le décret français du 28 novembre 1993 va encore plus loin. Il fait disparaître la
distinction établie par la jurisprudence et relative au délai du recours. Ainsi aux termes de son
article 3 « l’autorité administrative compétente est tenue de faire là droit à toute demande
tendant à l’abrogation d’un règlement illégal ».
110
Section 3 : La modification des actes administratifs unilatéraux
Pour elle, l’auteur de l’acte abrogé, certaines de ces dispositions les remplace par d’autres. Il
s’agit d’une opération qui intervient généralement à l’occasion de changement de
circonstance de fait et de droit qui justifie l’acre administratif. Le changement entraîne
généralement l’illégalité de l’acte et peut faire naître à la charge de l’administration une
obligation sur la demande des administrés ou sous le contrôle du juge (CE fr, 10 janvier 1930,
Despujol, GAJA, n°45). Mais cette obligation varie en fonction du caractère réglementaire ou
non l’acte.
111
effets juridiques. Ainsi alors que l’acte administratif s’applique à des tiers, le contrat
administratif produit des effets pour les parties. De façon plus concrète, on pourrait dégager cinq
traits qui permettent de mettre en relief le particularisme du contrat administratif.
En principe et sauf cas exceptionnel, le contrat administratif ne peut être modifié ou résilié
qu’après accord des parties ;
Le contrat administratif ne peut pas faire l’objet de recours pour excès de pouvoir au
Sénégal
sauf lorsque l’acte contesté est détachable du contrat ;
De même le contrat administratif n’est pas une source de légalité sauf dans le cas de contrat
de contrat de concession où certaines dispositions réglementaires peuvent faire l’objet d’un
recours pour excès de pouvoir ;
La responsabilité des parties et tout ce qui concerne le contrat excluent la responsabilité extra-
contractuelle ;
En principe, la situation juridique née du contrat administratif ne fait pas l’objet de change-
ment ni par une modification réglementaire, ni par une modification législative postérieure au
contrat. Mais malgré l’importance du contrat dans le fonctionnement de l’administration, il
existe des matières dans lesquelles l’administration ne peut pas contracter. Il en est ainsi dans
les matières à caractère régalien, exemple : l’organisation des services publics, la police
administrative, les matières fiscales, les situations légales ou réglementaires, de même que
l’exercice du pouvoir réglementaire. Mais depuis un certain temps, on constate des
hypothèses de dérives de l’acte administratif vers contrat. Il en est ainsi de l’acte administratif
unilatéral négocié ce qui intervient souvent en matière de politique contractuelle salariale et
dans le cas de pseudo-contrat. Avant d’étudier le particularisme des contrats administratifs, il
convient de distinguer le contrat administratif du contrat de droit privé. Il apparaît alors que le
particularisme concerne les modalités de choix des cocontractants de l’administration c'est-à-
dire la formation du contrat administratif et l’exécution du contrat administratif.
112
par conséquent, il ne pouvait être que du droit privé. Il convient donc de distinguer parmi les
contrats administratifs les contrats administratifs et ceux de droit privé. L’intérêt de cette
distinction est double. Elle détermine d’une part la compétence juridictionnelle et d’autre part
le régime de règle de droit applicable au contrat.
Pour certains contrats, il ne se pose pas un problème de qualification. Ils sont considérés par
les lois et règlements comme étant es contrats administratifs. Pour d’autres, la détermination
de leur caractère administratif se fait à l’aide de critères jurisprudentiels. On peut dire qu’il
existe deux méthodes de détermination du caractère administratif du contrat. Sur la base de
ces deux modalités de distinction, il est possible de procéder à une classification des contrats.
113
Paragraphe 2 : Les contrats de droit privé par détermination législative ou
réglementaire
Plusieurs textes attribuent la nature de droit privé à certains contrats passés par
l’administration. Ainsi par exemple, au Sénégal, aux termes du Code du Travail, du décret
du 12 avril 1974 fixant le régime juridique applicable aux agents non fonctionnaires de
l’Etat et de la loi du 24 juin 1990 sur les établissements publics, « les agents non
fonctionnaires de ces collectivités publiques sont bénéficiaires de contrat de droit privé et
sont soumis au code du travail ». Mais lorsqu’aucune disposition législative ou réglementaire
ne qualifie un contrat, le droit administratif a recours à des critères jurisprudentiels pour
déterminer la nature de ce contrat.
114
personne morale publique est partie peuvent constituer un contrat administratif par nature ».
Il s’agit d’une exigence originale. En effet en ce qui concerne les actes administratifs
unilatéraux, la jurisprudence française admet que les personnes privées puissent prendre de
tels actes. S’agissant des actes bilatéraux, la jurisprudence semble leur refuser cette possibilité
(TC, 30 mai 1969, Société interlait, AJDA 1969, p.307).
Mais ce principe comporte cependant une importante exception. Il a été admis en effet qu’un
contrat passé entre deux personnes privées pouvait être considéré comme un contrat
administratif si l’une des deux personnes a agi sur le mandant ou pour le compte d’une
personne publique (TC, 08 juillet 1963, Société Entreprise Peyrot, GAJA, n°89). Cet arrêt
avait été diversement interprété dans la mesure où il se fondait sur deux idées difficiles à
distinguer. Celle selon laquelle la construction et l’exploitation des routes étaient une activité
par nature administrative. Ensuite celle selon laquelle le concessionnaire agit pour le compte
de l’Etat. La thèse du mandat semble avoir été confirmée par la jurisprudence antérieure (TC,
12 novembre 1984, Société d’économie mixte du tunnel de Sainte Marie aux milles,
AJDA, p.156).
115
Récemment le TC a statué en sens contraire en considérant que les agents non statutaires d’un
Service Public Administratif (SPA) sont des agents contractuels du droit public quel que soit
leur emploi (TC, 25 mars 1996, Préfet de la région de Rhonal- préfet du Rhones contre
conseil de Prud’homme de Lyon, AJDA 1996, p. 357-358). Enfin, la jurisprudence a exigé
simplement une association du cocontractant à l’exécution d’un service public ou que le
contrat soit une des modalités d’exécution du service public (CE fr, 26 juin 1974, Société la
maison des isolants de France, RDP 1974, p. 1486).
Le Sénégal, à travers le Code des Obligation de l’Administration (COA) consacre la
conception restrictive du contrat avec le service public. En effet aux termes de l’article 10 du
Code des Obligations de l’Administration « sont administratifs, les contrats comportant
une participation directe et permanente du cocontractant à l’exécution du service public ».
Cet article non seulement exclut de son champ d’application le personnel non fonctionnaire
mais en outre exige un caractère direct et permanent de la participation du cocontractant à
l’exécution du service public.
116
réglementaires préalables qui constituent le cadre du contrat administratif (CE fr, 19 janvier
1973, Société d’exploitation électrique de la rivière du Sant, AJDA 1973, p.356).
Ce critère de la clause exorbitante du droit commun a repris par le Code des Obligations de
l’Administration à son article 12. Aux termes de cet article « sont administratifs les contrats
relatifs à l’activité de service public, qui utilisent des procédés de gestion publique ».
L’emploi des procédés de gestion publique se manifeste par la présence dans la convention de
clause exorbitante de droit commun. C’est en son article 15 que le Code des obligations de
l’Administration définit la clause exorbitante de droit commun. Elle est considérée comme
pouvant résulter de la rupture de l’égalité contractuelle au profit d’un cocontractant. Elle peut
résulter de l’octroi de prérogatives à l’égard des tiers au cocontractant. Elle peut résulter de
l’inclusion de règles spécifiques au régime des contrats. Elle peut résulter du but d’intérêt
général qui a une partie de la stipulation.
117
dans les marchés de biens et services, que l’on trouve dans le commerce usuel. Il s’agit des
marchés dans lesquels généralement le cocontractant fabrique un produit spécial pour
l’administration. Exemple : les contrats d’armement passés par l’administration pour la
défense nationale. Le prix payé par l’administration en contrepartie de la prestation est un
élément important du marché car il permet de distinguer le marché de la concession.
A- La concession
C’est un contrat par lequel une personne publique, à savoir le concédant confie au
cocontractant (le concessionnaire) le soin d’exploiter après avoir procédé aux
investissements nécessaires un service public ou un travail public et lui reconnaît la
possibilité de se faire rémunérer en percevant sur les usagers de ce service ou de ce
travail public. Il faut distinguer deux types de contrat de concession : la concession du
service public et la concession des travaux publics. Mais les exemples de concession de
118
travaux publics sans service public sont rares. Alors qu’à l’inverse, il existe des concessions
de service public sans édification d’ouvrage public. A la fin du dix neuvième siècle, la
concession était un moyen pour attirer les capitaux privés vers la gestion des services publics.
Mais aujourd’hui, on se rend compte que certaines concessionnaires ont le statut de personnes
publiques.
B-L’affermage
Comme dans la concession, le cocontractant (le fermier) assume la responsabilité
financière de la gestion du service en se rémunérant sur les usagers. Mais à la différence
de la concession, dans le cas de l’affermage, la réalisation des ouvrages et des investissements
nécessaires au fonctionnement de ce service est assurée par l’administration avant la mise à la
disposition du fermier moyennant redevance. On rencontre souvent des contrats d’affermage
en matière de distribution d’eau. Dans le cas de l’affermage, le cocontractant supporte le aléa
lié à l’exploitation du service mais non celui qui est lié à la construction de l’ouvrage garantie
par l’Etat.
119
Chapitre 2 : Les règles de formation des contrats administratifs
Trois principes fondamentaux dominent la passation des contrats administratifs : le respect de
la légalité, la poursuite de l’intérêt général et l’engagement rationnel des finances publiques.
De ce fait, la passation, la formation du contrat administratif est soumise à un régime
particulier qui se caractérise par une certaine contrainte. Ainsi par exemple, le droit
administratif des contrats limite sérieusement le principe de la liberté contractuelle de la
personne publique et l’égalité des cocontractants avec la personne publique. Le processus de
formation du contrat administratif passe généralement par trois grandes phases : le choix du
cocontractant de la personne publique ; la mise en forme du contrat ; la conclusion du contrat.
120
Cette modalité a été supprimée par le décret du 30 mai 2002. Deux traits fondamentaux
permettent de caractériser la procédure d’adjudication : la mise en concurrence des candidats
et le choix automatique du candidat présentant les meilleures propositions.
121
A- Les marchés sur appel d’offre
Aux termes de l’article 48 du décret du 30 mai 2002 « L’appel d’offre est le mode de
passation de marché par lequel l’autorité contractante choisie son cocontractant après un
appel public à la concurrence et l’ouverture des offres au cours d’une séance publique ».
L’appel d’offre peut être ouvert, restreint en deux étapes (prédilection) avec concours. C’est
une procédure qui est prévue à l’article 35 du Code des Obligations de l’Administration et
qui se déroule en deux phases :
La première phase comme dans l’adjudication, elle correspond à la mise en concurrence
des candidats ;
La deuxième phase permet de distinguer le marché sur appel d’offre et la procédure de
l’adjudication. En matière d’appel d’offre, la personne publique est en effet libre d’attribuer le
marché au cocontractant de son choix. Elle peut en effet faire intervenir d’autres critères que
des prix proposés par les candidats.
Le marché sur appel d’offre permet à la personne publique de prendre en considération de
tous les aspects des propositions (notamment ceux techniques) pour déterminer le
cocontractant. Le non-respect de ces conditions peut entraîner l’annulation du contrat (CE sn,
21 décembre 2002, Etat du Sénégal contre société africaine audit, Bulletin des Arrêts du
Conseil d’état 1998-1999, 2000, p.55)
122
Section 2 : La forme des contrats administratifs
Aux termes de l’article 56 du Code des Obligations de l’Administration « La forme des
contrats est librement déterminée par les parties sauf lorsque la loi impose des modalités
obligatoires ». Ainsi selon l’article 54 du Code des Obligations de l’Administration
« Lorsque la loi n’impose pas l’adoption de la forme écrite, les parties peuvent être engagées
contractuellement par des accords non-rédigés ». Parmi les contrats devant remplir certaines
modalités obligatoires figurent les marchés publics et les contrats de concession. Ces contrats
doivent être obligatoirement conformes à certains documents comme les cahiers de charge.
Ces cahiers de charge posent deux problèmes majeurs : d’une part la détermination de leur
contenu et d’autre part la nature juridique de leur disposition.
123
Paragraphe 2 : La nature juridique des cahiers de charge
Les cahiers de charge sont des documents élaborés de façon unilatérale par les différents
ministères en association avec les différentes commissions nationales. Mais ils sont
incorporés au contrat. Dès lors se pose le problème de leur régime juridique. L’intérêt de la
détermination de la nature juridique des cahiers de charge, c’est que selon leurs dispositions
auront un caractère réglementaire ou contractuel, ils seront susceptibles ou non de recours
pour excès de pouvoir. La solution à ce problème est différente selon le type de contrat
administratif. Ainsi pour les marchés administratifs, on considère que les dispositions des
cahiers de charge ont une nature contractuelle. Alors que pour les contrats de concession, elles
ont une nature réglementaire.
A –La nature contractuelle des dispositions des cahiers de charge des marchés publics
On pourrait tenter de caractériser ces cahiers de charge par trois traits fondamentaux :
- d’abord ce sont des documents élaborés unilatéralement par l’administration ;
- ensuite certaines de leurs dispositions sont parfois imposées à la personne publique
contractante ;
- enfin leur modification par l’administration est possible pendant que le contrat est encore en
cours d’exécution.
Malgré ces caractères qui renforcent son origine unilatérale, les dispositions contenues dans
les cahiers de charge sont considérés comme ayant un régime contractuel du fait que le contrat
une fois conclu, elles tiennent lieu de loi aux parties. EIles deviennent en effet un élément du
sans incidence sur les dispositions du contrat.
124
Section 3 : La conclusion des contrats administratifs
Aux termes de l’article 42 du Code des Obligations de l’Administration « Le contrat
administratif est conclu lorsque l’accord des volontés est réalisé ». En ce qui concerne la
personne publique, l’engagement de volonté doit obéir à certaines conditions. Il doit non
seulement être fait par l’autorité compétente mais le contrat doit aussi obéir aux règles de la
comptabilité.
125
Obligations de l’Administration (article 6 du décret du 30 mai 2002) «La violation de
cette obligation n’est pas opposable au cocontractant de la personne publique ». Cependant
cet article 17 a été abrogé par l’article 18 de la loi du 20 juin 1972 qui fait du respect des
règles de la comptabilité une condition de validité du contrat administratif. Dès lors leur
violation entraîne la nullité absolue du contrat (Cour d’appel de Dakar, 24 mars 1972, Etat
du Sénégal contre Beuaz, Annales africaines 1975, p. 42).
126
du contrat administratif (article 108 du Code des Obligations de l’Administration). Ainsi la
personne publique peut intervenir par des offres de service que le cocontractant est tenu
d’exécuter. Mais ce pouvoir varie selon l’objet du contrat.
127
- 4ème les modifications ne doivent pas porter atteintes au principe de l’équilibre financier du
contrat.
128
à-dire à l’équilibre entre les avantages et les inconvénients du cocontractant. Ce droit du
cocontractant à l’équation financière du contrat se manifeste de deux manières :
- D’abord le cocontractant peut demander au juge de résilier le contrat lorsque l’équilibre est
rompu à son détriment (article 134 du Code des Obligations de l’Administration) ;
- Ensuite le cocontractant peut exiger des indemnités, soit parce que l’administration a
commis une faute, soit parce que l’administration lui a causé un dommage (article 76 ; 95 et
113 du Code des Obligations de l’Administration).
L’obligation pour l’administration de rétablir l’équilibre financier du contrat existe dans
plusieurs cas consacrés par la jurisprudence française et repris par le Code des Obligations
de l’Administration. Il s’agit d’une obligation résultant essentiellement de quatre faits
nouveaux : le fait de prince, l’imprévision, la force majeure et les suggestions imprévues.
129
B – Les effets juridiques du fait du prince
Ces effets sont doubles :
1er : poursuite de l’exécution du contrat par le cocontractant de la personne publique
dans la mesure où il n’existe pas de force majeure ;
2ème : le cocontractant a droit à une réparation intégrale de ce préjudice subi de ce fait
(article 116 du Code des Obligations de l’Administration). En effet, la réparation de l’aléa
administratif couvre aussi bien le préjudice subi que le manque à gagner. Le préjudice doit
cependant être direct et certain. C’est comme si à partir d’une responsabilité sans faute, il
s’agissait de répartir l’équilibre financier du contrat.
130
important pour le cocontractant (article 125 du Code des obligations de l’administration).
Le bouleversement doit atteindre un certain seuil et donc revêtir un caractère fondamental.
131
La 3ème : le fait doit rendre l’exécution du contrat absolument impossible. Ce qui signifie
que de simples difficultés d’exécution du contrat ne sont pas constitutives de force majeure
(CE fr, 29 janvier 1909, Compagnie des messageries maritimes, GAJA, n°20 ; CE fr, 09
décembre 1932, Compagnie des tramways de Cherbourg, GAJA n°50).
132
réalisé, soit lorsque sa durée est expirée. Mais le contrat peut prendre fin également par suite
du décès ou de la faillite du cocontractant de l’administration, par résiliation conventionnelle
c'est-à-dire d’un commun accord entre les cocontractants. Cependant le droit des contrats
administratifs connaît d’autres modalités spécifiques par lesquelles ses contrats peuvent
prendre fin. De même les litiges relatifs au contrat administratif obéissent à un contentieux
spécifique différent de ceux des actes administratifs unilatéraux.
133
A – Le contentieux de pleine juridiction
Aux termes de l’article 139 du Code des Obligations de l’Administration « Les tribunaux
régionaux sont compétents pour connaître du contentieux du contrat administratif ». C’est
donc le juge de plein contentieux qui est compétent pour connaître la validité et l’exécution
des contrats administratifs. Il dispose d’un pouvoir d’interprétation, d’annulation, de
résiliation et de condamnation des parties au contrat (CE sn, 31 mars 1999, Ndeye Fatou
Madior FALL contre Etat du Sénégal, Bulletins des Arrêts du conseil d’état 1998- 1999-
2000, p.6). En dehors des usages et des personnes, des contrats concédés, seules les parties au
contrat peuvent saisir le juge du contrat.
134
810). De même l’annulation de la décision de passer un contrat impose à l’administration de
saisir le juge du contrat d’une demande tendant à la résolution judiciaire de ce contrat (CE fr,
07 octobre 1994, Epoux LOPEZ, revue française du droit administratif 1994, p. 1090).
Ensuite, plus récemment le conseil d’état français a franchi un pas nouveau dans le sens de
l’ouverture pour excès de pouvoir contre les contrats administratifs (CE fr, 10 juillet 1996,
Cayseele, AJDA 1996, n° 10, p. 807 ; CE fr, 30 octobre 1998, Ville Lisieux, JCP édition
générale 1998, n° 10, p. 476).
135
Section 1 : L’avènement de l’Etat de droit
L’ancien régime en France correspond à l’exemple de l’Etat de police. C’est contre cet Etat de
police que la révolution de 1798 a été menée afin d’instaurer un Etat de droit.
136
l’Assemblée Générale de 1949. Ils sont également inspirés les Etats modernes et c’est dans
ce sens qu’ils ont été repris en Afrique.
137
2 – La nécessité d’un pouvoir fort : les administrations africaines font officieusement une
fonction de stabilisation et de création de nations mais aussi de promotion du développement
économique et social. Ces deux fonctions justifiaient les pouvoirs exorbitants accordés aux
Etats africains. Ainsi par exemple le juge fait preuve d’une certaine timidité dans le contrôle
discrétionnaire ce qui risque de se traduire en pouvoir arbitraire. De même certains pouvoirs
appliquent des pouvoirs d’exceptions pendant des périodes anormalement longues.
Exemple : en Egypte, 60 ans d’application de la loi martiale ; 12 ans d’état d’urgence au
Nigéria ; plus de 10 ans d’état d’exception au Cameroun.
138
l’administration. Ce deuxième critère présente l’avantage de mettre en valeur la hiérarchie des
sources de la légalité.
139
n’entraînait pas un contrôle de la constitutionnalité de cette loi. Ensuite, la jurisprudence
« Semoules » a entraîné cette dualité de jurisprudence aussi bien par rapport à la cour de
cassation qu’aux juridictions européennes. Plusieurs solutions avaient été alors proposées
pour mettre à terme à cette situation. C’est donc ainsi que par un arrêt d’assemblée, le conseil
d’état a opéré un revirement jurisprudentiel spectaculaire (CE Ass fr, 20 octobre 1989,
Nicolo, GAJA, p.102). Selon cette jurisprudence « Nicolo » qu’elle soit antérieure ou
postérieure aux traités internationaux, la loi s’efface devant lui lorsque ses dispositions sont
incompatibles à celles du traité. Ensuite
La deuxième limite : correspond à l’hypothèse où les dispositions d’un traité étaient
obscures. Dans ce cas, le juge administratif se déclarait incompétent pour renvoyer
l’interprétation des dispositions litigieuses, la question au ministre des affaires étrangères.
(Application de l’article 177 du traité de la Communauté européenne). Cette jurisprudence
se justifiait par trois raisons essentielles :
D’abord d’un point de vue pratique, cette jurisprudence était fondée sur l’idée selon
laquelle le juge n’était pas bien placé pour interpréter un traité international du fait de son
manque d’information.
Ensuite d’un point de vue juridique, étant considéré comme un acte bilatéral ou
multilatéral, ne pouvait être interprété unilatéralement par le juge administratif. Cette
interprétation risquait d’entraîner la responsabilité de l’Etat.
Enfin, d’un point de vue politique, on considérait qu’en interprétant un traité
international, le juge risquait de s’immiscer dans les relations internationales de l’Etat.
Mais ces arguments ont été contestés et sur ce point aussi comme en ce qui concerne la
théorie de la loi écran législatif, le conseil d’état a procédé, opéré un revirement
jurisprudentiel spectaculaire (CE fr, 29 juin 1990, Groupe d’information et de soutien des
travailleurs émigrés, GAJA, n°104). Dans cet arrêt, le conseil d’état se déclare compétent
pour interpréter les dispositions litigieuses d’un traité international.
2 – La constitution
Elle reste la source directe et indirecte de toutes les compétences de l’Etat. Dès lors son
autorité comme source de la légalité ne fait pas de doute (Cour suprême du Sénégal, 21
février 1978, Parti démocratique du Sénégal, GAJAS, Tome 1, p.158). La valeur du
préambule comme source de légalité a posé problème et a été résolue par le conseil
constitutionnel français (Conseil Constitutionnel fr, 16 juillet 1971, Liberté d’association,
140
Grande Décision du Conseil Constitutionnel, n° 211). Cependant la constitution elle-même
comme source de la légalité rencontre deux limites qui affectent son autorité.
La première : elle correspond à l’hypothèse où le contenu de ses dispositions n’est pas précis
(CE fr, 07 juillet 1950, Dehaene, GAJA, n° 68).
La deuxième : correspond à l’hypothèse où un acte administratif est conforme à une loi, elle-
même postérieure à la Constitution. Même si cette loi est contraire à la Constitution, le juge
administratif refuse de contrôler la légalité de cet acte par rapport à la Constitution. C’est la
théorie jurisprudentielle de la loi écran qui est appliquée à la Constitution.
3 – La loi
Elle constitue l’une des sources les plus importantes de la légalité administrative. Mais d’un
point de vue matériel, on peut distinguer entre plusieurs lois : les lois ordinaires, organiques,
référendaires, les ordonnances prises par habilitation législative qui acquièrent la valeur
législative après leur ratification, les décisions du président de la république en application de
l’article 52 de la Constitution qui acquièrent la valeur législative après leur ratification, les
mesures législatives prises par le président de la république pour la mise en place des
institutions (article 106 de la Constitution de 2001).
Depuis la naissance des règlements autonomes, après la distinction du domaine de la loi de
celui du règlement, le problème de leur soumission à la loi s’est posé. La solution finalement
retenue est que ces règlements autonomes ne sont pas soumis à la loi. Mais un autre problème
peut naître de matière devenue règlementaire alors que des lois sont déjà intervenues dans ce
domaine. La réponse apportée à cette question a été affirmative. Le président de la république
peut cependant saisir le conseil constitutionnel pour déclarer ces lois et les ramener au rang de
règlements administratifs.
141
+ Les principes généraux du droit tirés du principe d’égalité : ce sont des principes qui
revêtent plusieurs aspects. Exemple : égalité devant la loi, devant les charges publiques,
devant le service public
+ Les principes généraux du droit ayant pour objet la sauvegarde des droits et libertés
des sénégalais : ce sont le droit de la défense, la liberté de commerce de l’industrie ;
+ Les principes généraux du droit relatifs à la sécurité des relations juridiques :
exemple : le principe de la non rétroactivité des actes administratifs, intangibilité des actes
administratifs unilatéraux ;
+ Les principes généraux du droit relatifs à l’organisation et au fonctionnement de
l’administration : la continuité du service public, la spécificité des établissements publics,
l’autonomie des personnes publiques, l’existence d’un pouvoir hiérarchique.
Plus récemment on a assisté à la naissance d’une deuxième génération de principes généraux
du droit relatifs aux droits économiques et sociaux (CE ass, 08 décembre 1978, Groupement
d’information et de soutien aux travailleurs étrangers « GISTI », GAJA, n° 96).
Le principe de la valeur juridique de ces principes généraux du droit a posé problème. Mais il
convient de distinguer selon qu’ils sont créés par le juge administratif ou par le juge
constitutionnel. Les premiers ont une valeur infra-législative et supra-décrétale alors que les
seconds ont une valeur constitutionnelle et s’imposent au législateur.
S’agissant des décisions de justice proprement dites, elles correspondent aux dispositions des
décisions de justice devenues définitives. Elles sont intégrées au droit positif et deviennent
une source de la légalité administrative revêtues de l’autorité de la chose jugée. Ces décisions
s’imposent à l’administration (CE fr, 26 décembre 1925, Rodière, GAJA, n°44).
142
s’explique par la nécessité de stabiliser les relations juridiques. Cependant, l’application de
cette règle rencontre deux difficultés fondamentales.
La première est relative à l’utilisation par l’administration de son pouvoir
réglementaire. C’est en principe le président de la république, qui est le titulaire du pouvoir
réglementaire. Cependant, il peut non seulement déléguer ses pouvoirs (article 50 de la
Constitution de 2001) mais en outre la jurisprudence française reconnaît aux ministres un
pouvoir réglementaire pour l’organisation de ses services (CE fr, 07 février 1936, Jamart,
GAJA). En plus le président de la république peut intervenir dans le domaine législatif dans
des hypothèses prévues aux articles 52, 77 et 106 de la Constitution de 2001). Ces mesures
prises en application des articles 52 et 77, contrairement à celles de l’article 106 constituent
une source de la légalité avant leur ratification.
Exemple : CE fr, 02 mars 1962, Rubin de Servens, GAJA, n° 87).
Dès lors on peut dire que le pouvoir réglementaire est difficile à localiser du fait de son
éparpillement.
La deuxième difficulté est relative à la hiérarchie des actes administratifs. La
hiérarchisation des administratifs parmi tous les actes pris par l’administration reste difficile.
Elle fait intervenir en effet trois critères : un critère organique, un critère matériel et un critère
organico-matériel.
143
par les normes inférieures. Cependant, de façon générale, le principe de légalité met à la
charge de l’administration deux types d’obligations : une obligation à contenu positif et une
obligation à contenu négatif.
1 – Le rapport de conformité
Dans ce cas, les modalités selon lesquelles l’autorité doit prendre son acte sont déterminées
par la norme supérieure. L’acte pris par l’autorité administrative doit avoir un contenu
conforme aux prescriptions de cette norme. Cette obligation est rappelée rapport de
conformité de reproduction. Ce rapport implique une subordination rigoureuse de l’acte
administratif à la norme supérieure. C’est le degré le plus élevé de la compétence liée.
144
2 – Le rapport de compatibilité
Dans ce cas, il suffit que l’acte administratif ne soit pas contraire à la norme supérieure, qui
constitue sa source. Il s’agit là d’une obligation plus exigée par le rapport de légalité. ce
rapport de compatibilité encore appelé rapport de non contrariété signifie que
l’administration ne peut édicter des actes administratifs contraires aux règles lui sont
supérieures. Mais il peut prendre tous les autres y compris ceux qui ne sont pas prévus par les
textes supérieurs. Ici le principe de légalité applique l’adage « tout ce qui n’est pas interdit,
est permis ».
145
1 – Les conditions d’applications de la théorie des circonstances exceptionnelles
La jurisprudence considère généralement qu’il y a circonstance exceptionnelle lorsque la
situation est grave et anormale et que l’administration est dans l’impossibilité de
respecter le droit alors qu’elle doit accomplir sa mission étatique. Il en est ainsi par
exemple en matière de maintien de l’ordre ou de fonctionnement des services publics. En
général, la jurisprudence exige trois conditions :
- Pour la première condition : c’est l’existence d’une situation anormale des
circonstances de temps graves et imprévues. Ces circonstances peuvent avoir un caractère
national ou local, réel ou potentiel. L’appréciation de cette situation se fait par le juge selon
les cas d’espèce et dépend de son pouvoir discrétionnaire. La jurisprudence est cependant de
plus en plus restrictive sur cette première condition.
- S’agissant de la deuxième condition : l’impossibilité pour l’administration d’agir
légalement
- Concernant la troisième condition : c’est la violation de la légalité doit se justifier par
l’intérêt général. L’action administrative doit être nécessaire et proportionnelle à la gravité
de la situation.
146
périls résultant par exemple d’une guerre. Dans ce cas, les compétences de l’autorité
civiles, en matière de maintien de l’ordre public sont transférées à l’autorité militaire.
147
Paragraphe 2 : Les sanctions du principe de légalité
Lorsqu’un acte administratif viole le principe de légalité, il est illégal et peut faire l’objet
d’une annulation. Cette illégalité peut atteindre un seuil de gravité tel que l’acte devient
inexistant. Enfin, l’acte illégal peut engager la responsabilité de l’administration. Trois types
de sanctions peuvent intervenir en cas de sanction de la violation de la légalité par l’acte
administratif: l’annulation, la constatation de son inexistence et enfin la responsabilité de
l’administration.
148
L’acte dont l’inexistence est constatée, est donc nul et non avenu. Un tel acte ne peut créer de
droit et ne peut être définitif. Alors que seules les juridictions administratives sont
compétentes pour annuler un acte administratif en France. Dans le cas de l’acte inexistant, les
ordres de juridiction peuvent constater leur inexistence. De même les délais du recours
classique en matière d’annulation ne sont pas applicables à l’acte inexistant.
149
Malgré l’évolution des idées qui a rendu possible ce renversement, le fondement de cette
responsabilité a longtemps fait l’objet d’un débat doctrinal. Il semble cependant admis
aujourd’hui que ce fondement se trouve dans le principe d’égalité des citoyens devant les
charges publiques. Ainsi du fait que les particuliers profitent de l’action administrative, il est
normal qu’ils en supportent les conséquences, les contreparties. Mais lorsqu’un citoyen subit
une charge anormale, on dit qu’il y a rupture de l’égalité des citoyens et cette égalité doit être
rétablie par la réparation du préjudice subi. L’évolution du droit de la responsabilité peut être
caractérisée à travers trois traits fondamentaux.
Le premier trait c’est que cette responsabilité n’est pas générale c'est-à-dire tous les services
publics n’engagent pas la responsabilité de l’Etat de la même façon.
Le deuxième trait, cette responsabilité n’est pas absolue c'est-à-dire que toute faute n’est pas
de nature à engager la responsabilité de l’Etat.
Le troisième trait cette responsabilité n’est pas régie en principe par le droit privé mais par le
droit administratif c'est-à-dire que le droit de la responsabilité administrative est régi par un
droit autonome.
Ces principes ont été repris par les articles 141 et 148 du Code des Obligations de
l’Administration du Sénégal. Ce code retient deux conditions d’engagement de la
responsabilité de l’administration : une responsabilité pour faute et une responsabilité sans
faute. Mais dans cette distinction, on remarque dans le droit de la responsabilité de
l’administration deux régimes : un régime général et des régimes spéciaux.
150
Section 1 : La responsabilité pour faute de l’administration
Dans ce régime de responsabilité, l’engagement de la responsabilité de l’administration est
doc subordonnée à l’existence d’une faute. Cette hypothèse est prévue à l’article 142 al. 1 du
Code des Obligations de l’Administration « Les tiers et les usagers ont droit à la
réparation du dommage causé par le fonctionnement défectueux du service public ». L’article
145 du Code des Obligations de l’Administration apporte des précisions sur les contours et
les effets de cette faute. Ainsi à l’inverse, il prévoit que la faute commise par un agent dans
l’exercice de ses fonctions, engage la responsabilité de son auteur si elle est détachable du
service. Aux termes de ces deux dispositions, il faudrait que la faute commise revête certaines
caractéristiques pour engager la responsabilité de l’administration. Ces caractéristiques ont été
dégagées pour l’essentiel par la jurisprudence administrative française. Elles sont relatives
d’une part à la nature de la faute et d’autre part à son degré de gravité.
151
Cette faute peut résulter soit d’un agissement matériel de l’administration, soit d’un acte
juridique de l’administration ou même de la carence de l’administration (Tribunal de
première instance de Dakar, 26 août 1961, Kamamadou FALL contre mairie de
Rusfisque, Recueil de la jurisprudence administrative sénégalaise, p.75 ; cour d’appel
de Dakar, 13 février 1976, Samba KA, Recueil Penant 1978, p. 555).
Cette faute peut être également anonyme. On dit alors qu’il y a faute de service. Elle peut
également être individualisable, on dira qu’il y a faute de service.
152
responsabilité de l’administration est la faute personnelle non dépourvue de tout lien avec le
service.
1 – Le caractère de la faute
Le caractère personnel de la faute peut résulter, soit de sa gravité, soit de son caractère
impersonnel. Ainsi donc, les fautes d’une gravité inexcusable même commise dans le cadre de
l’exécution des fonctions sont considérées come personnelles. De ce point de vue, selon le
commissaire de gouvernement LAFERIERE « Les fautes personnelles sont des actes qui ne
révèlent pas l’administrateur plus ou moins sujet à erreur mais l’homme avec ses
faiblesses, ses passions, ses imprudences ». Exemple un chauffeur proposé en état d’ébriété
qui conduit, est considéré comme une faute grave =faute personnelle.
En sens contraire, on assiste à une tendance récente à la disparition de la faute personnelle
basée sur le critère de la gravité. En effet, selon un arrêt du Tribunal des Conflits, 19
octobre 1998, Préfet du Tarn contre la cour d’appel de Toulouse, Dalloz 1999, n° 09, p.
127). Une faute commise par un fonctionnaire quelle que soit son degré de gravité, ne saurait
être regardée comme une faute personnelle détachable. Le fonctionnaire n’a été animé ni d’un
intérêt personnel et la faute a été commise dans l’exercice de ses fonctions et avec les moyens
du service. Les fautes intentionnelles même commises dans le cadre de l’exercice des
fonctions restent personnelles dès lors qu’elles ont eu pour but de nuire ou de satisfaire des
intérêts personnels (caractère intentionnel : Cour d’appel de Dakar, 09 avril 1971, Société
Bémabé, Annales africaines 1973, p. 221 ; Cour suprême du Sénégal, 02 juin 1968,
Abdoulaye DIEYE, Annales africaines 1973, p. 223). Le caractère détachable de la faute
personnelle peut résulter de deux situations. D’abord lorsque la faute personnelle a été
commise en dehors de l’exercice des fonctions. Dans ce cas, la faute est matériellement
détachable du service dans la mesure où elle n’a aucun rapport ni avec son objet ni avec son
but. Exemple : faute commise durant une période de congé. Ensuite, la faute personnelle peut
être intellectuellement détachable du service. Exemple : un instituteur qui tient des propos
obscènes en classe, fonction orientée vers l’éducation des hommes.
153
insolvables. Ce lien est apprécié de façon autonome par rapport au droit privé. Ainsi la
jurisprudence administrative française a tendance à interpréter ce lien dans un sens de plus en
plus extinctif. Pour cela le juge utilise trois critères pour déterminer l’existence d’un lien entre
la faute personnelle et l’exécution des fonctions. Le premier critère d’ordre matériel : la
jurisprudence considère qu’une faute personnelle est non dépourvue de tout lien avec le
service lorsque l’instruction ayant servi à commettre la faute a été remise à l’agent par le
service lui-même. Le deuxième critère d’ordre temporel : la jurisprudence considère que la
faute personnelle est non dépourvue de tout lien avec le service lorsqu’elle a été commise
pendant les heures de service (cf. affaire Abdoulaye DIEYE, détour lors de l’exécution du
Sénégal= voiture). Le troisième critère d’ordre géographique : la jurisprudence considère
en effet qu’une faute personnelle n’est pas dépourvue de tout lien avec le service lorsqu’elle a
été commise à l’intérieure du service.
A – La faute simple
En règle générale, la faute simple suffit à engager la responsabilité de l’administration. Il en
est ainsi lorsque la jurisprudence se réfère à la faute sans autre qualification pour condamner
l’administration. Cette faute peut se présenter sous plusieurs formes. Mais la jurisprudence
qui définit le sens de gravité au- delà duquel la faute engage la responsabilité de la personne
publique. Ce seuil évolue en fonction du contexte juridique, politique, économique, social et
culturel d’un pays mais aussi en fonction de l’espèce.
154
B – La Faute Lourde
Certains services publics ne peuvent voir leur responsabilité engagée que si une faute
qualifiée, caractérisée c'est-à-dire d’une particulière gravité a été commise à l’occasion de leur
exécution. La jurisprudence exige ces fautes pour les services publics nécessitant des
décisions rapides et immédiates, mais de lourdes de conséquence ou pour les services
s’exerçant dans des circonstances exceptionnelles. La jurisprudence a abandonné la
distinction entre la faute simple et la faute d’une particulière gravité pour exiger la faute une
faute lourde dans les hypothèses suivantes : exemple : la responsabilité du fait des services de
police. Dans ce cas, la jurisprudence fait la distinction entre les activités matérielles des faits
de police et les décisions à caractère juridique. Cette distinction est parfois cependant difficile
à maintenir (CE fr, 10 février 1905, Tomazo GRECCO, GAJA, n°18), en sens inverse (CE
fr, 26 avril 1967, Lafont, Dalloz 1967, p.437 ; AJDA 1967, p.26). Exemple : la
responsabilité du fait des services hospitaliers : dans ce cas, la jurisprudence fait la distinction
entre les actes médicaux, chirurgicaux d’un côté et les soins médicaux ou les mesures
d’organisation et de fonctionnement du service hospitalier de l’autre côté les actes médicaux
et les actes ne pouvant être accomplis que par des médecins ou ni leur surveillance. Pour ces
actes, la jurisprudence exigeait une faute lourde alors que pour les autres, une faute simple
suffisait pour engager la responsabilité du service public (CE fr, 04 octobre 1968, Dukakis,
Dalloz 1968, p.712).
Mais récemment la jurisprudence administrative française a abandonné cette exigence de
faute lourde dans le contentieux de la responsabilité hospitalière (CE ass fr, 10 avril 1992,
monsieur et madame V, AJDA, n° 05, P. 355). Il en est de même en matière de tutelle sur
les collectivités décentralisées. Exemple : une instruction de collectivité, de responsabilité du
fait des services fiscaux.
155
préjudice subi par la victime et l’activité de l’administration. Il s’agit d’un régime de
responsabilité plus favorable aux particuliers que le régime de responsabilité pour faute. Le
Code des Obligations de l’Administration a repris ce régime de responsabilité sans faute à
l’article 141. Mais sur ce point le Code des Obligations de l’Administration appelle deux
remarques : tout d’abord le texte exige que le dommage invoqué revête certaines
caractéristiques à savoir un caractère anormal et spécial. Ensuite, les cas de responsabilité
sans faute font l’objet d’une énumération plus restrictive que dans la jurisprudence française.
Il est difficile de procéder à une classification rationnelle de ces cas de responsabilité sans
faute. Mais on peut tenter de les diviser en deux grandes catégories : d’une part les cas de
responsabilité sans faute pour risque et d’autre part les cas de responsabilité sans faute pour
rupture devant les charges publiques.
156
Il s’agit d’une jurisprudence qui est cependant nuancée, qui varie en fonction de la notion
même de choses dangereuses et de la position de la doctrine.
S’agissant des méthodes dangereuses : la jurisprudence administrative française
engage la responsabilité sans faute de l’administration pour réparer les dommages causés par
les délinquants, par exemple soumis à des méthodes libérales d’incarcération, de rééducation
et de réinsertion. Exemple : il en est ainsi des dommages causés pendant les sorties d’essai par
les pensionnaires des établissements d’éducation surveillés (CE fr, 03 février 1956, Ministre
de la justice contre Fhouzelliet prisonniers, RDP 1956, p. 854). Il en est de même des
dommages causés par les malades mentaux sous la surveillance des hôpitaux ou par des
détenus (CE ass fr, 09 avril 1993, Branck, AJDA 1993, n° 05, p. 383). Cette hypothèse de
responsabilité sans faute pour chose dangereuse et méthode dangereuse n’est pas
expressément prévue par le Code des Obligations de l’Administration. C’est ce qui
explique la tendance de la jurisprudence administrative sénégalaise a appliqué le régime de
responsabilité pour faute même dans les cas où l’administration utilise des choses dangereuses
ou entreprend des activités présentant un risque exceptionnel pour le voisinage (Cour d’appel
de Dakar, 13 février 1976, Samba KA, Penant 1978, p.551).
Quant aux situations dangereuses : elles correspondent à des hypothèses où par
exemple un fonctionnaire sur ordre de sa hiérarchie continue d’exercer ses fonctions dans des
conditions comportant un risque exceptionnel et subit un dommage à cet effet.
157
de la participation des fonctionnaires au service public a été consacré par la jurisprudence
administrative française (CE fr, 21 juin 1895, Gomes, GAJA, n° 06). Cette jurisprudence a
perdu donc son intérêt du fait du développement de la législation en matière du droit de la
fonction publique et du droit travail. Ces législations prévoient en effet aujourd’hui des
régimes spécifiques de réparation des dommages subis par les fonctionnaires et les agents
publics dans l’exercice de leur fonction notamment des pensions d’invalidité sous forme de
réparation forfaitaire. Cela signifie que cette jurisprudence ne s’applique plus maintenant pour
l’essentiel aux particuliers qui participent à une activité de service public. C’est à leur sujet
que le juge administratif français a élaboré la théorie des collaborateurs occasionnels du
service public. Ainsi le conseil d’état répare les dommages subis par les particuliers là où la
responsabilité pour faute ne permettait pas (CE fr, 22 novembre 1946, Commune de Saint
Priest la Plaine, GAJA ; C. Cass, 23 novembre 1956, Docteur GIRY).
Mais la jurisprudence exige cependant trois conditions pour l’application de ce principe de
responsabilité sans faute. La première activité à laquelle le particulier a participé à l’occasion
du fonctionnement de laquelle il a subi un dommage doit avoir un caractère de service public.
Il ne s’agit pas nécessairement d’un service public institutionnalisé (intérêt général). La
deuxième activité : le concours du particulier, s’il est bénévole doit avoir été sollicité ou en
cas d’urgence avoir été tacitement accepté par l’administration. La troisième activité : la
collaboration au service public doit avoir commencé au moment où le dommage se produit. Il
convient de préciser que la faute du particulier, victime d’un dommage dans sa collaboration
avec le service public, peut cependant entraîner la suspension de la responsabilité de
l’administration.
158
reprise par la jurisprudence française, qui en a fait une théorie avant d’être reprise par
l’article 153 du Code des Obligations de l’Administration. Il s’agit d’une responsabilité
dont le régime est déterminé en fonction de la situation de la victime par rapport l’ouvrage
public ou aux travaux publics. Lorsque la victime est en situation de tiers par rapport à
l’ouvrage public, c’est le régime de responsabilité sans faute qui s’applique. Mais lorsqu’elle
est en position d’usagers d’un service public, c’est la responsabilité pour faute qui s’applique.
159
public, tirant profit de l’ouvrage, devrait prendre en charge lui-même les dommages qui ne
seraient pas le résultat d’un mauvais entretien de l’ouvrage utilisé. Selon cette jurisprudence,
il appartient à l’administration de prouver qu’elle n’a pas commis de faute dans l’entretien
de l’ouvrage public. C’est ainsi donc que la jurisprudence a créé un régime de présomption
de faute lorsque la victime se trouve être un usager d’un ouvrage public (Tribunal de
première instance de Dakar, 05 février 1977, Alassane DIALLO ; 09 janvier 1970, Mor
DIAW). Depuis 1964 la jurisprudence administrative française considère que l’usager
anormal peut être assimilé à un usager car avant une date il lui a été assimilé à un tiers et à
ce titre, il bénéficiait d’un régime de responsabilité sans faute.
160
gravement la victime. En outre la jurisprudence exige que le préjudice subi ne fasse pas partie
des risques prévus et acceptés par la victime. Lorsque l’acte administratif en question est
illégal, il peut engager la responsabilité de l’administration mais pour faute.
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C – LA Responsabilité du fait des conventions internationales
Ce cas de responsabilité est voisin de celui de la responsabilité de l’Etat du fait des lois. Il a
cependant été consacrée par la jurisprudence beaucoup plus tard (CE ass fr, 30 mars 1966,
Compagnie générale d’énergie radioélectrique, GAJA, n° 90). Ce cas de responsabilité
obéit aux mêmes conditions que celles des lois c'est-à-dire la convention ne doit pas avoir
exclu le principe de la réparation, ensuite le préjudice doit avoir un caractère anormal et
spécial. Le Code des Obligations de l’Administration ne mentionne pas ce cas de
responsabilité.
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5 – Les sociétés de commerce, tant qu’elles existent en leur maison sociale ou au lieu de leur
principal établissement et s’il n’en a pas en la personne ou au domicile de l’un des
représentants légaux ;
6 – Les unions et directions de créanciers en la personne ou au domicile de l’un des syndics
ou directeurs ;
7 – Ceux qui n’ont aucun domicile connu au Sénégal sont assignés au lieu de résidence
actuelle, si ce lieu n’en est pas connu, l’exploit est exposé au tableau d’affichage du tribunal
où la demande est portée, une seconde copie est donnée au procureur de la république lequel
vise l’original.
Ceux qui habitent à l’étranger, peuvent être assignés au parquet du procureur de la
république près du tribunal régional dans le ressort duquel la demande est portée, celui-ci
vise l’original et envoie la copie au ministre de la justice ou à toute autre autorité déterminée
par la convention diplomatique ».
Notes : aux termes de l’article 39 du Code de Procédure Civile : les sociétés de commerce
tant qu’elles existent sont assignées en leur maison sociale ou au lieu de leur principal
établissement et s’il n’y en a pas, la personne ou au domicile de l’un de ses représentants
légaux. Aussi est inopérant vis-à-vis d’une société en liquidation d’une requête en cassation
déposée à la mairie par huissier à l’attention du liquidateur dont le décès lui avait été annoncé
(Cour suprême du Sénégal, 18 mai 1974, n° 36, inédit).
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