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INTRODUCTION
1.-Droit public et droit administratif.- Le droit administratif constitue une branche du
système juridique français, et plus particulièrement du droit public. Il désigne l’ensemble
des règles qui s’appliquent à l’administration dans le cadre de son fonctionnement et dans
ses rapports avec les particuliers. Ces règles tiennent leur originalité de leur caractère
dérogatoire du droit privé et du fait qu’elles émanent essentiellement de la jurisprudence.
Le droit administratif se caractérise donc principalement par son objet et par les règles
particulières qui le constituent.
Chapitre I – L’administration
2.- Caractère polysémique de la notion d’administration.- La notion d’administration
peut désigner deux choses. Il s’agit, d’une part, de l’action d’administrer et on parle alors
d’administration fonction. Il s’agit, d’autre part, des organes chargés d’administrer et on se
réfère alors à l’administration en tant que système d’organes. Ces définitions ne rendent
toutefois qu’imparfaitement compte de ce qu’est l’administration, ce qui doit conduire à
privilégier une définition moderne de l’administration.
C’est cette notion d’administration qui prévaut encore de nos jours. Toutefois, si
l’administration se rattache au pouvoir exécutif, le pouvoir exécutif ne se réduit pas à la
fonction d’administrer. En effet, le titulaire du pouvoir exécutif exerce, en plus de la
fonction administrative, la fonction gouvernementale. Ces deux fonctions sont d’ailleurs
hiérarchisées. La fonction gouvernementale a un rôle d’impulsion, de définition de la
politique à appliquer, alors que la fonction administrative recouvre un rôle d’exécution de
cette politique.
Finalement, selon cette première approche, on peut définir l’administration comme une
fonction consistant à assurer le fonctionnement des services publics, dans le respect des
normes juridiques qui s’imposent à elle et selon les directives du gouvernement.
Dans un premier stade, la fonction administrative est limitée au maintien de l’ordre, et plus
généralement à ce que l’on appelle les activités régaliennes de l’Etat (justice, police, défense,
relations internationales…). Elle nécessite l’emploi de prérogatives de puissance publique,
c’est-à-dire de pouvoirs exorbitants du droit commun. En outre, la fonction administrative
est strictement exercée dans le cadre de l’application des lois. Les actes administratifs
réglementaires – on entend par là ceux qui ont un caractère général et impersonnel – se
bornent à préciser le contenu des lois.
Dans un second stade, l’administration intervient dans des domaines de plus en plus
nombreux, l’éducation et la santé notamment. Les actes administratifs ne se bornent plus à
l’exécution des lois, mais ils interviennent parfois de façon autonome. En outre la fonction
administrative n’est plus exclusivement dévolue à des personnes publiques. Par exemple,
les cliniques privées à but non lucratif, certains organismes de certification, participent à la
fonction administrative. Parallèlement, en partie sous l’influence du droit de l’Union
européenne, des pans entiers de l’activité administrative relèvent aujourd’hui du droit
privé : soit par la soumission de personnes publiques à des règles de droit privé, soit par la
privatisation de personnes publiques.
Ensuite, on observe que les personnels chargés du gouvernement et ceux qui sont chargés
de l’administration disposent généralement de compétences différentes. Les premiers sont
des politiciens élus, les seconds des fonctionnaires, techniquement compétents et recrutés
par concours.
Enfin il existe, en général, une différence de stabilité entre les structures gouvernementales
et les structures administratives. Les premières sont amenées à être renouvelées, par le
moyen des élections, alors que les secondes sont censées assurer la continuité de l’Etat.
Depuis lors, les techniques contractuelles se sont diversifiées et dans l’arrêt d’Assemblée du
13 mai 1938 Caisse primaire Aide et
protection<https://www.revuegeneraledudroit.eu/blog/decisions/conseil-detat-assemblee-13-mai-1938-
requete-numero-57302-publie-au-recueil/> (requête numéro 57302 : D. 1939, III, p.65, concl.
Latournerie, note Pépy) le Conseil d’Etat a admis pour la première fois qu’une mission de
service public pouvait être confiée à une personne morale de droit privé en dehors de tout
contrat. Il est même de plus en plus fréquent que les personnes publiques « camouflent »
leur intervention en recourant à des personnes morales de droit privé qui constituent, en
réalité, de véritables démembrements de l’administration : c’est le cas, notamment, des
associations transparentes, des sociétés d’économie mixtes, des sociétés publiques locales
ou encore des sociétés anonymes à capitaux majoritairement publics.
Selon J. Waline il s’agit de « l’activité par laquelle les autorités publiques, et parfois privées,
pourvoient, en utilisant le cas échéant les prérogatives de puissance publique, à la
satisfaction de l’intérêt général » (Droit administratif, Dalloz, 28ème éd. 2020, p.6). Pour Ch.
Debbasch l’administration est « l’appareil de gestion des affaires publiques. Elle est
constituée par l’ensemble des services dont la bonne marche permet la réalisation des
objectifs définis par le pouvoir politique » (Science administrative, Dalloz 1980, p.1). MM.
Frier et Petit donnent quant à eux deux définitions complémentaires de l’administration
(Droit administratif, LGDJ, 8ème éd. 2013, p.22). Dans une approche matérielle,
l’administration publique est « l’activité instrumentale des personnes morales de droit
public ou de droit privé étroitement liées à celles-là, qui remplissent une mission de service
public, hors des fonctions législatives et juridictionnelles ». Dans un sens organique elle
concerne « l’ensemble des organes assurant la fonction administrative, qui, au sein des
personnes publiques, relèvent du pouvoir exécutif, soit par un lien de subordination directe
dans le cadre étatique, soit par la soumission à son contrôle ».
Comme on le voit la notion d’administration renvoie à des activités exercées dans un but
d’intérêt général qui peuvent, le cas échéant, être prises en charge par des personnes
privées.
Au final on peut donc avancer que l’administration est constituée par l’ensemble des
structures publiques, et parfois privées, qui ont pour mission de prendre en charge des
activités d’intérêt général.