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Université Moulay Ismail

Faculté des sciences juridiques,


Economiques et sociales
Meknès

L' action administrative

53-Droit

Pr. Jaouad Kadiri

Ànnée Universitaire
2019-2020
INTRODUCTION
Lorsqu'on évoque l'action administrative, il convient
d'emblée de défrnir le droit administratif.
1.Définition du droit administratif :

C'est la branche de droit qui peut être conçue de prime à


bord, comme celle qui s'applique à l'administration.
Elle a un double sens, dans le langage courant :

-Un sens matériel, qui désigne une activité celle


d'administrer et de gérer une affaire publique ou privée ;

-Un sens organique, car le mot signihe l'organe ou les

organes qui exercent cette activité. C'est l'acception large du

mot administratif. En effet, à ce propos, la doctrine a

pertinemment souligné : « qu'est-ce-que I'administration si


non les fonctionnaires qü la composent? ».
Par ailleurs, et dans un sens plus étroit, l'adminisüation se

distingue fondamentalement à la fois des particuliers et


d'autres formes non administratives de l'activité publique.

L'administration poursuit une tâche d'intérêt général alors


que les particuliers poursuivent une mission qui a une fin
privée.

Elle se distingue également des autres formes non


administratives d'activité publique, telles que :

1
- La fonction de légiferer qui est du ressort du parlement et
qui consiste à produire des lois ;

- La fonction juridictionnelle qui consiste à rendre justice ;


- Et la fonction de gouvemer qui consiste à veiller à
l'observation de la constitution, au fonctionnement des

grands services publics, à assurer les rapports du


gouvernement avec les chambres, des rapports de I'Etat avec

les puissances étrangères. Alors qu'administrer, c'est assuer


l'application joumalière des lois par les diverses
administrations.

En général, en matière d'accomplissement des tâches

administratives, ie rôle de direction incombe au

gouvemement, alors que l'exécution incombe à l'ensemble


des institutions permanentes qui constituent ce que l'on
appelle couramment l'administration I'ensemble des organes
chargés de pounoir à la satisfaction des besoins d'intérêt
général.

2. En quoi consiste donc I'action administrative ?

Si nous avons défini en premier le droit adminishatif, c'est


parce que ce demier est le droit de l'action administrative, il
est destiné à permettre à I'administration d'agir, parce que

2
cette action est conditionnée par une flnalité unique à savoir
l'intérêt général.
C'est une évidence, l'administration peut agir, et doit agir,
mais en respectant certaines règles, c'est la soumission de
l'administration au principe de légalité, ceci étant, ce principe
à la lui seul, ne pourrait gârantir une action administrative
respectueuse des droits et des libertés des citoyens.

Encore faut-il la prise en compte de la jurisprudence, des


principes généraux de droit et de tout ce qui peut renforcer
l'arsenal juridique et combler toute lacune préjudiciable à la
fois à une bonne action administrative et à une réel1e

protection des citoyens.


L'action administrative est l'ensemble des missions

accomplies par l'administration. Elies se subdivisent en deux


tâches. La 1é'" est une action d'organisation des activités des

individus conformément à i'intérêt géneral. La 2é" en

revanche est Lrne action d'effectuer au profit des administrés

certaines prestations.

En exerçant la police administrative, I'administration


ordonne les activités privées, tandis qu'en prenant en charge le
service public, elle produit les biens et rend des services. Ce

sont donc les domaines de l'action administrative (lé"partie).

3
1é"Pârtie: les domaines de l'action administrative

Force est de constater que l'activité de l'administration


dans sa totalité pivolé autour de l'accomplissement de sa

mission d'intérêt général. Mais cette mission est congue de


façon différente.

Ainsi lorsqu'elle fait respecter l'ordre elle assure une

mission de police administrative (chapitre l"). Au-de1à,

l'administration assure d'autres missions, telles que celles de


servir le citoyen à travers les prestations qu'elle lui foumit,
elle assure donc une tache de service public (chapitre 2é-"1.

4
Chapitre l"' : la police administrative
La 1é" idée qui saute aux yeux c'est de prévenir les

troubles pouvant affecter l'intérêt général, et par la même


I'ordre public.
Ii s'agit ainsi d'une activité différente de la police
judiciaire en ce sens qu'elle désigne l'ensemble de
prescription obéissant à un régime juridique spécifique.

Section 1é'" : police âdministrative et ordre public


A- Notion de police administrative
Pour ce qui et du mot police dans son sens large, il
exprime I'idée d'une réglementation, ainsi en est-il de la
police de la famille, la police de la propriété. Dans cette
conception, le terme peut égaler le code régissant une activité
déterminee ou un bien.

Quant à la police administrative, celle-ci est une des


prérogatives de la puissance publique, c'est-à-dire l'ensemble
des prérogatives exorbitantes du droit cornmun que
l'administration met en æuwe par voie unilatérale pour
réaliser l'intérêt général telles: le droit d'exproprier, de
réquisitioffrer, de faire des règlements de police, d'employer
la force par opposition aux rapports des particuliers qui sont
fondés sur l'égalité juridique, aucune volonté particulière
n'est, par essence, supérieure à une autre et ne pout s'imposer
à elle contre son gré. C'est pour cette raison que I'acte qui
caractérise les rapports p vés esI I'accord de volonté, c'est-à-
dire [e contrat. De la sorte, l'administration impose en amont
aux membres de la société des restriction à leurs libertés
publiques pour assurer la discipline qu'exige la vie sociale, la
police administrative reste essentiellement préventive (bien
qu'il y a relativement des sanctions primitives prises
directement par l'administration ),

L'activité de police administrative se singularise par son


caractère unilatéral, assurément, les autorités administratives

ne peuvent en aucun cas et sous aucune exception faire appel à

une technique d'ordre contractuel dans l'exercice de leurs


compétences de police administrative. Tout accord dans ce

domaine est nul (puisque cela concerne l'ordre public).


Vis-à-vis des tiers, le caractère obligatoirement
unilatéral des mesures de police sanctionné de matière
logique. Ainsi, l'accord inégulier ne leur et pas imposable.
Dans le cadre du contentieux administratif d'annulation, les
tiers sont fondés d'intenter des recours en annulation.
En définitil les autorités de police administrative ne

peuvent agir que par voie de prescriptions unilatérales et de ce

6
fait, ce caractère est à la fois un privilège pour I'administration
et une sujétion qui lui est imposée.
B- La notion d'ordre public
I1 est à souligner que lorsqu'on parle de l'ordre public,
trois caractéristiques doivent être réunies : la paix, la sécurité
publique et la sureté. Le but ultime était de prévenir tous les
troubles pouvant porter atteinte à la tranquillité, à la quiétude,
à la salubrité et à la sécurité publique. C'est à cejuste titre que

Maurice Hauriou a judicieusement défini l'ordre public en le


considérant: « au sens de la police, est l'expression d'un ordre

matériel et extérieur »". Pour ce faire, des mesures sont donc


nécessaires au maintien de cet ordre public et sont mises en

æuvre par la police administrative par divers moyens.

La notion d'ordre public est variable dans le ternps

püsqu'elle est fonction des évolutions de la société, en effet


ce qui était admis dans les sociétés traditionaelles peut ne plus

l'être aujourd'hui, et ilversement. L'exemple le plus édifiant


peut s'illustrer à ffavers les nouvelles préoccupations
écologiques : le cas de « l'émission de gaz ù effet de serre »
pouvant largement nuire à la qualité de l'air.

De même la notion d'ordre public est donc variable dans


le temps non seulement en raison de l'évolution de la société

7
elle-même, mais également de l'évolution de la morale qui est

fonction des époques.


Ainsi, les bonnes mæurs «reposent sur des valeurs morales
déterminant les aspirations de la société à un moment donné.
Par ailleurs, et non loin de ce qui précède, I'ordre public

est variable dans l'espace selon les coutumes et Ia religion.


Dans la mesure oi.r ce qui peut porter atteinte à l'ordre public
dans une société peut être acceptable et toléré dans une auûe

société. L'exemple du concubinage accepté en France et non


toléré voire même interdit et prohibé au Maroc.

C- Ordre public et droits fondamentaux


Certes la police administrative intervient pour éviter les
houbles à l'ordre public, pour maintenir la discipline sociale,
toute fois, il ne faut pas se contenter de parler de I'ordre
nécessaire au fonctiomement de toute collectivité, quel qu'il

soit, mais également d'un ordre finalisé, lié à la construction


de l'Etat libéral, non d'un ordre totalitafue ou de l'ordre pour
I'ordre, mais d'un ordre indispensable à la garantie des droits
et à la sauvegarde des libertés individuelles. Objectif de

valeur constitutionnelle. Cet ordre peut être soit généml soit


spécial.

I
a- L'ordre public général
- Correspond au minimum de conditions pour garaltir
l'exercice des libertés et des droits fondamenLaux.
- Il doit être assuré de toute habilitation expresse.
C'est la raison pour laquelle son contenu conserve un
caractère contingent et relatif variant en fonction des

situations et des conceptions sociales (1a finalité c'est assurer


un maximum d'ordre chaque fois que ce demier est menacé,
d'une manière ou d'une autre, C'est pourquoi les autorités
exerçant 1a police administrative, doivent avoir une marge de
manceuwe pour qualifier un acte de trouble à l'ordre public et

également pour justifier les moyens à mettre en ceuvre pour le


canaliser et le contenir.

De nos jours, en droit positit quafe buts peuvent être


identifiés :

1- La sécudté publique: les citoyens d'un espace

doivent vivre sans menace particulière contre leur sécurité,


intégrité physique, morale, biens, etc. condition sine-qua-nun
de leur liberté.

2- La protection de la tranquillité publique: cela


consiste à éviter les émeutes, les manifestations afin que les

I
habitants ne soient pas perturbés dans l'exercice de leurs
r
diverses activités.

3- La salubrité publique: il convient à ce propos de


garantir l'hygiène et la santé publique et ce à travers le

contrôle de la qualité des prix, la lutte contre la pollution et


contre les épidémies etc.

Cette kilogie transposable à tous les niveaux de

l'administration, n'interdit pas pollr autant I'intervention de


la police générale.

En d'autres termes (on ne veut pas donc restreindre le


champ d'action des autorités administratives pour ne pas
permettre à des personnes, de profité de cette limitation, c'est

ainsi qu'on n'a pas établi de liste limitative.


4- Moralité publique: A cet égard, les autorités de

police générale ne sawaient imposer morale, elles peuvent


juste, protéger un certain état de conscience, empêcher les
atteintes publiques au minimum d'idées morales,
naturellement admises à une époque donnée, par les

individus.
Elles peuvent donc limiter ou interdire des activités
choquantes telles le fait de faire des gestes obscènes en se
promenant nu dans la rue.

10
b- L'ordre pubüc spécial
C'est dans le concours des polices spéciales que I'on peut
remarquer plus I'importance, le rôle de l'ordre public et sa
prise en considération par le législateur comme élément de
renforcement des pouvoirs de police.

La police spéciale est en effet caractérisée par le fait que


l'organisation du pouvoir de police est en général plus poussée
et qu'en outre, ce pouvoirs ne permet à l'autorité de police
d'agir qu'à l'égard d'une activité déterminée et ie plus souvent
pour atteindre un objectif particulier.

Le sens large de la police spéciale: en effet certaines


polices spéciales visent comme la police générale, à préserver
l'ordre public au sens étendu; Il en est ainsi de la police de
chemins de fer qui essaie de préserver, la sécurité et la
tranquillité publique dans les installations et matérieis utilisés
par le service public des chemins de fer. Le caractère spécial
de cette police apparait toutefois, au niveau des autorités
particulières qui en sont chargées (le Ministère chargé des
transports et les autorités auxquelles il délègue ce pouvoir), en
plus ces autorités ne peuvent agir que conformément à une
réglementation très précise de leurs attributions exclusivement

limités aux activités publiques des transports ferroviaires.

11
Par ailleurs, la police spéciale peut être particularisée par
une finalité spécifique, c'est le cas de la police de la chasse ou

celle de la pèche qui visent 1a préservation de certaines

espèces en voie d'extinction ou de disparition, ou encore de ia

police économique qui permet d'assurer la moralité des


transactions commerciales, la lutte contre la spéculation...

§ection 2é'" : L'opposition police administrative/police


judiciaire.
La police adminishative est conçue dans le but de la
protection de I'ordre public ; sarx doute les autorités de police
doivent parfois réprimer 1a violation des prescriptions qu'elles
édictent, mais là n'est pas leur mission essentielie, celle-ci est

au contraire de prévenir par des mesures appropriées les

atteintes qui pourraient compromettre l'ordre public. C'est le

caractère principalement préventif de la police administrative


qui permet de la distinguer de la police judiciaire.

A. La distinction
Tous les auteurs s'accordent à dire que la police
administrative se distingue de la police judiciaire. Les critères
de distinction sont liés aux régimes de chaque police et ses

finalités. La police administrative doit être distinguée de la


police judiciaire car l'objet et le régime juridique de la

12
première sont radicalement differentes de la seconde, ainsi les
litiges relatifs àl'exercice des pouvoirs de police
administrative relèvent, pour l'essentiel, des juridictions
administratives alors que l'exercice de la police judiciaire et
les difficultés auxquelles s'y donne rentrent dans la
compétence du juge judiciaire répressif

Cette distinction est une conséquence du principe de


séparation des autorités administratives et judiciaires, et du
rôle respectif qu'elles ont chacune à assure en principe. Des
autorités comme le mairc, ou les forces de police agissent,
selon les ÿpes d'opération, au nom du pouvoir exécutif pour
la police administrative, ou intervient au titre d'une autorité
judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, pour la police
judiciaire. En effet celle-ci a pour mission de rechercher les
auteurs d'infractions aux lois pénales, de procéder à leur
I

arrestation et de le déférer aux juridictions. L'action de la


police judiciaire de natüe essentiellement répressive, peut
cependant parfois revêtir un caractère préventif; mais cette
action de prévention sur laquelle on insiste particulièrement
aujourd'hui demeure une partie accessote de la mission
d'ensemble de la police judiciaire. Ces deux police relève
donc, de régime dissemblables : droit administrative dans le

13
I

I
premier cas, droit très largement lié à la procédure pénale
dans le second (c'est ce qu'on appelle la dualité du droit).

I Dans un autre registre, les officier de police judiciaire


I sont placés sous la direction du procureur du Roi et le parquet
général surveille leurs activités. Cette surveillance s'étend aux
I activités des officiers de police judiciaire et des fonctionnaires
qui sont chargés de certaines fonctions de police judiciaire. La
surveillance du parquet général ne s'exerce, cependant pas sur
le gouverneur.

B- Limites de Ia distinction police administrative-police


judiciaire
A vrai dire, la distinction des deux polices n'est pas chose

évidente en ce sens que les autorités qui en sont chargées, sont


presque souvent les mêmes, il s'agit d'un dédoublement

fonctionnel qui est la source de toutes les difficultés relatives à


I
la distinction entre police administrative et police judiciaire,
I
puisque certaines autorités bénéficient d'une double fonction
qui rend malaisé l' identification du titre en vertu duquel elles
I
agissent.

On sait en effet, que les agents d'autorité, gouvemeurs,


pachas et caïds peuvent procéder en tant qu'officiers de police
judiciaire à la recherche des auteurs d'infraction à la loi

14
pénale. La compétence de gouverneurs est limitée au domaine

des crimes et délits contre la sureté intérieure et extérieure de

l'Etat ; il exerce seulement des fonctions de police judiciaire à

la différence des pachas et caïds qui ont une compétence

générale pour constater toute infraction à la loi pénale et en


rechercher les auteurs, ce qui leur confrère la qualité d'officier

de police judiciaire.

D'autres agents publics peuvent également se voir confiés


certaines fonctions de police judiciaire dans le domaine de leur

activité : les agents des Eaux et forêts (ingénieurs, chefs de


district, agents techniques), officiers commandants de port et
leurs adjoints, inspecteurs -adjoints des chemins de fer, ou
encore les inspecteurs de la répression des fraudes [Art.31 et
32, C.P.P.l.

En outre les opérations de police judiciaire comme celles


qui relèvent de la police administrative font appel au même
personnel. Le commissaire et les agents qui arrêtent un
malfaiteur ou procèdent à une perquisition participe à la police
judiciaire ; mais en revanche ces mêmes agents peuvent être
appelés à assurer le maintien de l'ordre au cours d'une réunion
publique et participer ainsi à une opération de police
administrative. Ainsi le gardien de la paix qui règle la

15
circulation à un carrefour fait de la police administrative, mais
si dans l'instant qui suit il relève une contravention à
I
l'encontre d'un automobiliste qui n'a pas respecté le feu
rouge, il fera (pratiquement dans le même temps) un acte de
I police judiciaire.

Section3é'': Les autorités titulaires du pouvoir de la


police administrative.
t Le fait qu'il n'y ait pas nécessairement colhcidence entre
les autorités de police générale et les aulorités de police
spéciale et que, d'autre part, les unes et les autres soient
souvent intégrées dans une hiérarchie peut poser de délicats
problèmes de conciliation de l'exercice de leurs pouvoirs
respectifs.

A- Autorités titulaires de pouvoirs de police générale


I Il est facile, le plus souvent, de dresser la liste des

autorités de police spéciale, puisque le texte d'habilitation les


mentionne. Pour les autorités de police générale, leur
I
détermination est aussi aisée, et la liste à établir comprend
trois titulaires ; le premier ministre, la wali ou le gouverneur,
le président du conseil communal.

76
â- Àu niveau nâtional
Au Maroc, le pouvoir de police administrative générale
appartient en principe au premier tninistre actuellement chef
du gouvemement.
Ministre en tant qu'autorité investie du pouvoir réglementaire.
Néanmoins, le Roi peut être associé au pouvoir de police
administrative, soit par 1e biais de la présidence du conseil des

ministres ou à travers la mise ouwe de l'état d'exception.


I1 appartient donc, au premier ministre acruellement chef

du gouvemement de prendre par décret, applicable à

l'ensemble du territoire ies mesures nécessaires pour faire


respecter I'ordre public. Les membres du gouvemement n'ont

en ce domaine aucune compétence propre, puisque le pourvoir

de police ne leur appartient pas. Toutefois I'article 90 de la


constitution permet au premier ministre de déléguer certains
de ses pouvoirs aux ministres qui peuvent être éventuellement

habilités à intervenir en matière de police. Le ministre de


l'intérieur ne se trouve pas à cet égard dans une situation
différente, il n'est pas une autorité de police, mais en étant le
supérieur hiérarchique de l'ensemble des autorités de police
qui agissent sur le plan local, il peut donner des directives
guidant leur interventi on.

17
b- Les autorités locales de police
Sur le plan local la détermination des autorités de police
; le dahir de 1"' mars
résulte d'un certain nombre de textes
1963 pôrtant statut des administrateurs du ministre de
l'intérieur, le dahir portant loi du 15 Février 19'17 relatif arlx
attributions des gouvemeurs, en fin le dahir portant loi de 30
Septembre 1976 relatif à I'organisation communale, les
mêmes dispositions prise dans le charte commuûale, de 2002.

Dans 1es préfectures et les provinces, le gouverneur est chargé

du maintien de l'ordre. Il dirige notamment, sous l'autorité du


ministre de f intérieur, 1es activités des chefs de cercle et des
chefs de circonscription urbaine et rurale.

Le cas de la commune est en revanche plus délicat. Sans

doute les agents d'autorité qui dans une certaine mesure,


demeurent autorité de police administrutive, sont des
représentants du pouvoir central, mais le président du conseil

communal exerce de plein droit les attributions de police


adurinistratives communales, et les fonctions spéciales

reconnues aux pachas et caids à l'exclusion des matières

spéciales qui demeurent de la compétence de I'autorité


admiaistrative locale.

18
La charte communale stipule que « le président du conseil
communal exerce les pouvoirs de police administrative, par
voie d'arrêtés réglementaires et de mesures individuelles,
portant autorisation injonction ou interdiction, dans les
domaines de l'hygiène la salubrité et la tranquillité publiques

et la sûreté des passages »

Le président du conseil peut faire exécuter d'otfice, au


frais par le décret en vigueur toute mesure ayant pour objet
d'assurer la sûreté ou la commodité des passages, la
tanquillité la salubrité l'hygiène publique.
Le président peut demander, le cas échéant à l'autorité
administrative locale compétente de requérir I'usage de la
force publique pour assurer le respect des arrêtés et décisions,
dans la limite de la législation en vigueur. Compte tenu de
cette précision, il est possible de faire une double distinction :

-Les pouvoirs du président du conseil communal, bien


qu'exercés sous le contrôle de l'autorité supérieure, constitue
sans aucun doute des attributions relevant des affaires locales.

Le président est en effet une autorité issue de la


collectivité iocale, et ses pouvoirs concement exclusivement
des problèmes d'intérêt local mais toujours est-il que les
pouvoirs athibués au président des conseils communaux ont

19
connu une évolution claire par rapport aux anciennes chartes
communales notarnment : celle de 1960 ; celle de 1976 ; et

celle de 2002.
-Le fait que les arrêtés du président soient soumis au visa
de l'autorité supérieur apparaît dans cette perspective comme
une situation classique de tutelle de l'autorité décentralisée.
Les pouvoirs de l'agent d'autorité sont plus difficiles à définir.

Tout d'abord, en tant que représentant du pouvoir central,


il peut prendre les mesures nécessaires à l'application sur le
territoire de la commune.
B- Les régimes exceptionnels
Il s'agit de l'état d'exception art.59 de la constitution et
l'état de siège art.49. En période exceptionnelle, les pouvoirs
donnés à l'autorité de police peuvent ne pas être suffisants, le
juge a ainsi imaginé une théorie des pouvoirs oxceptiormels
qui ne s'applique d'ailleurs pas qu'au pouvoir de police mais
qui conceme l'ensemble des compétences administratives. Ces

deux régimes sont prévus par la constitution.

En vertu de la constitution, le Roi peut exercer des

compétences relevant normalement du règlement ou de la loi

après la proclamation de l'état d'exception.

20
Enfin, en vertu de l'art 49 de la constitution d'état de siège
peut être déclenché par décision du conseil des ministres par
dahir pour une durée de trente jours ; la prolongation de cette
durée doit être décidée par la loi. Les conséquences de la
déclaration de l'état de siège ne sont pas prévues par un texte ;

c'est la pratique au demeurant très ancienne, qui peut nous


renseigner sur le contenu de ce régime renforcé de police,
l'effet principal de la déclaration de l'état de siège est le
transfert aux autorités militaires des pouvoirs que détiennent
les autorités civiles en matière de maintien de l'ordre et de la
paix publics.
Les juridictions militaires sont alors compétentes pour
juger les auteurs d'infiaction contre la sûreté intérieure et

extérieure de l'Etat ou qui mettent en péril la défense nationale

de même, ce sont les autorités militaires qui reçoivent


compétence pour opérer des perquisitions de jour comme de

nuit. pour ordonner la remise des armes et les rechercher,


assigner à résidence les personnes dangereuses pour l'ordre
publie, saisir les publications ou interdire les réunions de

nature à causer des désordres.

21.
I
Chapitre II : le service public

Section 1é" : la notion du service public et intérêt général


Le service public reste une notion lés du droit
administratif. Selon la doctrine, le service public au sens
matériel désigne une âctivité d'intérêt général assuré ou
assumé par l'administration.

A-La notion de I'intérêt général


Il n'y a service public que s'il y a intérêt général, mais

cette notion, à son tour éminemment idéologique car


permettant de légitimer l'intervention publique, est très
délicate, voire impossible à définir. La notion de service
public se trouve intimement liée à l'idéologie de l'intérêt
général. Les services publics, note M. Chapus, « sont la raison

d'être de l'administration, qui ne dispose de prérogatives de


puissance publique que pour les assurer au mieux. (....)
L'administration n'a de légitimé certaine que dans la mesure
où ses âctivités ont le camctère de services publics »' Intérêt
généralet service public remplissent ici une fonction de
légitimation essentielle, leur permettant de justifier
l'intervention de la puissance publique et les prérogatives qui
lui sont octroyées.

22
Comme toute idéologie celle de f intérêt général est le
produit de choix et d'arbitrage opérés par l'autorité publique
qui conduisent à sacrifier ou, au contraire, à favoriser telle
catégorie d'intérêt aux dépens de telle autre.
Ainsi l'interêt général sera apprécié de manière
contingente et variable, en fonction du contexte et des rapports

de force politique: sa mention dans le discours des


gouvernants leü permettra de justifié les mutations de la
puissance publique depuis plus d'un siècle.

Sous l'influcnce des évènements (crises économique,


situation de guerres...) ou des idées (la dochine socialiste)
s'est imposée comme évidence le fait que toute activité, dès
l'instant où elle a répercussions sur la vie de Ia collectivité,
conceme l'intérêt général.

En outre, c'est I'autorité publique d'effectuer r.rre


opération de qualification pour décider si une activité de par
son quantitative ou qualitative, met en cause l'intérêt général
et par le même justifie son intervention.
B- La notion du service public
Sont considérés comme services publics les organismes
répondants à certaines caractéristiques :

23
o Ils doivent avant tout satisfaire, f intérêt général, et
donc ne pas recourir aux exigences de rentabilité ou
rechercher le profit (à la difference des entreprises).
. Ils doivent rattachés à une personne publique.
Traditionnellement, i'activité d'intérêt général devait être
sous contrôle d'une administration. Mais a été admise la
gestion privée du service public dès lors qu'il existe un lien

suffisant avec la personne publique (dans les faits une simple


ce cas, les règles propres à
dépendance suffit), dans
l'administration peuvent s'appliquer (attribution de
prérogatives de puissance publique, obligatoire particulière).

r Enfin, ils doivent se soumettre à un régime juridique


de droit public. Cette troisième caractéristique complète les
deux premières, et parfois aide à les dévoiler.
Le service public peut donc exister par f intermédiaire
d'une personne public qui prend en charge les moyens
nécessaires pour garantir la mission d'intérêt général; mais

f intermédiaire peut également être un organisme privé.


Le service peut être aussi définit dans un sens organique
ou dans un sens matérie1.

o Au sens organique, le service public est une


organisation formée d'agents et de moyens matériels destinée

24
à accomplir certaines disposition, au sein d'une
administration (ex : le service de la santé)
. Au sens matériel du terme, le service public est un
organisme à vocation générale; si certains services publics
poursuivent un objectif de rentabilité, i1s doivent avant tout
avoir pour objet d'effectuer une «mission de service public »
Le but premier est donc de satisfaire f intérêt général. Le
service public se justifie seulement par cet objectif, difficiie à

déterminer car variable dans le temps et dans I'espace.

Section 2è'" : les principes fondamentaux du senice public


Le régime juridique du service public est organisé autour
de trois grands principes communs dont le fondement réside
dans le fait que le service pubiic a pour but la satisfaction d'un
besoin social. A savoir le principe de continuité, le principe
d'égalité et le principe d'adaptabilité ou de mutabilité les
principes que l'on peut qualifrer de classiques, parallèlement
auxquels de nouveaux pdncipes s'imposent pour hisser 1a

productivité de l'administration à des niveaux supérieurs et


l'inJléchir pour qu'elle s'adapte aux changements intervenus
récemment, qu'elle assimile les dynamiques d'évolution à
l'æuvre et qu'elle contribue à relever les défis de

développement auxquels est confronté le pays.

25
A ce propos, on cite le principe de bonne gouvemance,
principe d'effrcacité, principe d'e{Iicience, principe de

transparence, principe de responsabilité et de reddition des

comptes.

Sous sections I: les principes classiques des services


publics
A- Le principe de continuité du service public
a- Le principe
Si le but de création du service public est la satisfaction
d'un besoin d'intérêt général, il est normal que le
fonctionnement du service soit assuré de manière continue:
toute intemrption apparaît en effet comme la négation du but
même du service même si elle n'a pas nécessairement un effet

immédiat surla vie de la collectivité. L'intenuption du


fonctionnement du service public des communications
postales entraîne immédiatement une perrurbation de la vie
économique et administrative, trouble qui n'est cependant pas
plus important que celui qu'engendre, à plus lointaine
échéance, la cessation du fonctionnement des services publics

cultuels par exemple. L'autorité administrative a donc le


devoir d'assurer le fonctionnement régulier du service et à ce
devoir correspond le droit des bénéficiaires du service d'en

25
obtenir des prestations continues. Le refus de faire fonctionner
de service peut être contesté devant le juge de l'excès de
pouvoir; de la même manière, si le non fonctionnement du
service entraîne un dommage, la responsabilité de la
collectivité publique peut être mise en cause.
Le principe de continuité constitue, donc un des aspects de
la continuité de l'Etat et a été qualifié de principe
constitutionnel par la jurisprudence français. Il repose sur la
nécessité de répondre aux besoins d'intérêt général sans

intemrption. Cependant, selon les services, la notion de


continuité n'a pas le môme contenu (permanence totale pour
les urgences hospitalières, horaires prévus pour d'autres).

La jurisprudence du conseil d'Etat français est très précise

sur cette exigence : est ainsi condamné ur service qui ne


respecte pas les heures d'ouverture annoncées (ouvernrre
tardive, fermeture hâtive).
Toutefois, ce principe de continuité doit s'accommoder du
principe, constitutionnel lui aussi, du droit de grève reconnu
par la constitution marocaine. La plus part des agents des

services publics disposent de ce droit, à l'exception de

certaines catégories pour lesquelles la grève est interdite


(policiers, militaires..) ou limitée par un serv'ice minimum

27
(navigation aérienne, transport ferroviaires, télévision et

radio....).

I
b- les difficultés du principe
La continuité du service s'oppose à ce que I'autorité
administrative invoque des difficultés techniques ou
financières pour refuser faire fonctionner le service.

Le service public, même lorsqu'il fonctionne sous une


forme industrielle ou commerciales n'a pas pour but la
recherche d'un profit; c'est la différence qui sépare

précisément l'activité de service public des activités d'intérêt


général que les collectivités publiques peuvent exploiter par
l'intermédiaire des entreprises publiques sans doute on insiste
sur la nécessité d'organiser les services publics selon des

critères de rentabilité, mais cette orientation pour impérieuse


qu'elie soit, ne peut justifier l'anêt du service si la gestion en
apparaîÎ déficitaire. L'autorité administrative devra
réorganiser le service sur de nouvelles bases, mais en
màintenant la satisfaction du besoin d'intérêt général.
De même, la concessionnaire de service public a
l'obligation de faire fonctionner le service même si l'évolution
de la conjoncture économique lui occasionne des pertes
Iinancières; la théorie de l'imprévision, qui vise cette
Situatiorl permet d'ailleurs une compensation de ces pertes
par une contribution de la collectivité publique concluante.

D'une manière généraie l'obligation de faire fonctionner


le service subsiste quelles que soient les circonstances, sans

doule I'administration n'est-elle pas tenue à l'impossible mais


elle devra alors démontrer l'existence de la force majeure.
Pour le reste, les diffrcultés qu'elle peut rencontrer dans

l'exécution de cette obligâtion pourront seulement être prises


en considération dans la appréciation de responsabilité qu'elle

peut encourir pour les dommages causés par le mauvais


fonctionnement du service; bien p1us. si les circonstances se
recèlent exceptionnellement difficiles, l'autorilé administrative

dispose de pouvoirs accrus, la jurisprudence de la cour


suprême se réÊre expressérnent à
cette notion de
circonstances exceptionnelles qui peut justifier l'atteinte
portée à la légalité.

B- Le principe d'égalité
C'est un principe à valeur constitutionnelle, est

l'application à ce domaine du principe générale d'égalité de


tous devant la loi, proclamé par la déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789. Il signifie que toute personne
a un droit égal à l'accès services, participe de manière égale

29
aux ch ges linancières résultart du service (égalité tarifaire

sauf pour les services facultatifs) et enfin doit être traitée de la

même façon que tout autre usagcr du services, Ce qui implique


qu'aucune distinction ne soit faite entre usagers quant à
l'accès au service public comme au service rendu lui-même.
Chacun doit être à même de Mnéficier des prestations du
service public sans se trouver en position d'inferiorité en
raison de sa condition sociale, de son handicap, de sa

résidence, ou de tout autre motif tenant à situation personnelle

ou à celle du groupe social dont il fait partie. Ainsi le défaut


de neutralité d'un agent du service public, par exemple une
manifestation de racisme à l'encontre d'un usager, constitue
une grave faut déontologique. Mais égalité des droits ne veut
pas dire uniformité de la prestation.

C- Le principe d'adaptabilité
Le principe de mutabilité (ou d'adaptation) signifie que le
stâtut et le régime des services publics doivent pouvoir être
adaptés, chaque fois que l'imposent l'évolution des besoins

collectifs et les exigences de l'intérêt général. On peut songer


à I'amélioration quantitative, qualitative des prestations, en

fonction des améliorations économiques ou de l'aménagement


de l'ordre juridique.

30
A la difference de la continuité qui est présentée comme
une véritable « loi » et de l'égalité, qui dans son application
aux services pubiics est un principe général du droit, la
mutabilité n'a fait l'objet d'aucune reconnaissance
jurisprudentielle express. C'est un simple principe, non
juridique, qui inspire les solutions de la jurisprudence, et

certains régimes juridiques posés par le législateur. On peut


presque considérer qu'il résulte de la nature fonctionnelle de la

nation de service public: lorsque f intérêt général, la finalité


change, le service public se modifie automatiquement ;

lorsque l'activité change, les principes généraux du droit


administratit à vocation instrumental, favorisent la
modification du service.
Ce principe est nécessaire pour la souplesse et la flexibilité
de I'organisation des services publics ainsi que de leur
évolution technique, cela veut dire que le service public ne
doit pas être immuable face aux évolutions de la société et aux
besoins des usagers.

Se fondant sur les mutations technologiques, économiques

et sociales, ce principe a du mal à trouver sa traduction en


droit oir il prend le plus souvent la forme de question relative à
la création ou suppression d'un service. Un service public

31
n'existant pas durablement par natue et tous relevant, en
demier ressort, du choix des autorités publiques, il est

pratiquement impossible de déduire du principe de mutabilité


une obligation stricte pour le gestionnaire ou un droit précis
il peut signifier une obligation pour
pour l'usager. Par contre,
ce demier de se plier aux modifications que suppose
l'adaptation du service aur évolutions de l'intérêt généml.
Dans ce cas, les usages ne peuvent s'opposer à des

modifications dans les conditions de fonctionnement du


service. ni à la suppression du service.

a- Conditions d'application
Le principe de mutabilité trouve à s'appliquer en cas de
changement des circonstances de fait. La personne publique

responsable du service public peut aménager le service en


conséquence, et pour ce faire, modifier la réglementation ou

les conditions d'exécution des contrats. Il s'applique


également en cas de changement de l'état du droit. La
personne publique responsable peut alors procéder de même, à

condition de supporter en matière contractuelle les

conséquences de ces changements. C'est ainsi que peuvent

être supprimés des services inutiles dont le fondement


i uridique aurait disparu.
à- Régime de I'adaptation
Les usagers du service n'ont pas le droit au maintien en
vigueur du régime des services publics. Les usagers des
services publics à caractère administratif ne peuvent donc

s'opposer à la nécessaire adaptation. Les usagers n'ont, sauf


exception législative de service public obligatoire, aucun droit
au maintien de l'existence du service. En contrepartie, les
usagers du sen'ice public ont droit au fonctioffIement normal

du service tânt qu'il n'a pas été modifié. Les personnels du


service public n'ont, pas plus que les usagers, la possibilité
d'invoquer un droit acquis au maintien d'une situation ou d'un
avantage, qu'il s'agisse de fonctionnaires ou d'agent
contractuels ; dans ce cas les contractuels peuvent prétendre à
indemnité compensatrice.
Sous sections II: Les principes modernes des services
publics
A- Le principe de bonne gouvernance :

Selon l'article 157 de la constitution du 29 juillet 2011 :

« une charte des services publics fixe l'ensemble des règles de


bonne gouvemance relatives au fonctionnement des

administrations publiques, des régions et autres collectivités


territoriales et des orgalismes public »".

33
Ainsi la bonne gouvernance implique nécessairement la
primauté du mérité et d'intégrité.

La constitution assigne à I'administration publique une


mission fondamentale : être au service des citoyens en leur
assurant un égal accès à ses services et en veillant à ce que ses
prestations couvrent de manière équitable l'ensemble du
territoire.
Il s'agit donc d'une condition indispensable pour établir
une relation de proximité avec les citoyens à travers le recours

au principe de subsidiarité garantissant une bonne réception et

satisfaction des besoins légitimes des citoyens.


Indéniablement, cette mission, pour ambitieuse qu'elle puisse
être, permet de germer une société démocratique et équilibrée

B- Le principe d'efficacité et d'effrcience :

L'évolution connue dans les pays développés a poussé


les citoyens à être exigeants et à réclamer d'avantage
d'efficacité des services publics. En effet, les services, publics
sont appelés à se soumettre à certains critères pour oflrir aux
citoyens des prestations similaires à celles garanties dans le
secteur privé.

C'est à ce propos que la constitution de 2011 a prévu que


les services publics sont soumis au critère de l'efficacité et
34
pour consacrer cet aspect, la charûe des services publics
dispose que I'administration à I'obligation de veiller sur les
services et les prestations des administrés sur la base des

conditions d'efficacité, de rapidité et avec moins de frai. Ceci,


loin de toute amateurisme en tenant compte les besoins et les
aspirations des usagers.

Pour se faire, il serait préférable pour l'administration de


recourir à un système de gestion basé sur la réalisation des
résultats dans le cadre d'un accord entre le supérieur ou les
supérieurs de l'administration et les responsables des unités

administratives nationales, régionales, provinciales ou locales


c'est de cette manière qu'on peut détecter la respor»abilité de
I'administration non seulement sur le refus de rendre des
services, mais également la responsabilité de rendre des
services d'une qualité médiocre, d'une manière in humaine ou

selon une procédure lente en exigeant un nombre incalculable


de paperasse.

C'est dans ce sens qu'il faut rendre hommage à la


jurisprudence qui elfectivement engagé la responsabilité de
certains services publics n'ayant pas rendu leurs services
conformément à I'effi cacité requise.

35
C- Le principe de transparence :
La transparence est devenue de nos jours I'une des bases
fondamentales sur lesquelles repose la gestion des services
publics conformément à la nouvelle constitution.
Assurément, les citoyens portent désormais m intérêt

grandissant à la manière de gestion publique, obligeant ainsi'

l'administration à dissiper le brouiilard et l'opacité et

entourent ses actes et son action, afin de permettre aux usagers


d'être informés dans les détails de tout ce qui peut éclairer'
I'usager et garantir le respect de la concurrence, de l'égalité et

du respect de la loi.

Décidément, cella suppose l'ouverture de I'administration


sur son environnement à travers la reconnaissance pour
l'usager du droit d'accès à f information en consactant les
structures nécessaires de communication afin de garantir

l'effectivité des droits et des libertés. Dans ce cadre, il serait

sans irtérêt de parler de principe de transparence sans

évoquer, entre autres, la loi 03.01 obligeant les administrations


publiques les collectivités locales et les organismes publics à
motiver leurs décisions administratives.

36
I1 serait également apportin de parler f institution du
médiateur, de i'article 27 de constitution à travers lequel on a
constitutionnalisé le droit d'accés à I'information.
Et enfin les efforts louables par les juridictions
administratives en amrulant certaines décisions abus de
certaines autorités qui en refusé de permettre à certaines
usagers I'accès à des informations les concemant.

D- Le principe de corrélation de la responsabilité et


de la reddition des comptcs

A vrai dire, il s'agit d'un principe d'une importance


capitale, sur 1equel repose tout édifice démocratique. Dans ce
sillage, en cite le principe de séparation des pouvoirs et leur
équilibre, le principe de gouvemance et celui de la
responsabilité et la reddition des comptes. Tous préws par
l'article 1 de la constitution.
Il s'agit donc, d'une constitutionnalisation claire et mette
de ces principes afin de rompre, si non complétement, du
moins partieilement avec les pratiques du passé, générant
impunité, dépravation administrative et dilapidation des

deniers publics.
I1 cst donc, impératif conformément à la charte des

services publics, pour tout responsable d'une unité

17
administrative, à I'occasion de la fin de ses fonctions, de

présenter en bilan retraçant ses réalisations lors de la durée


pendant laquelle il était à la Îête de cette unité, et les projets
programmés et ceux en cours de réalisation. Ce bilan doit être

présenté au supérieur hiérarchique pour l'évolution et la


publication des résultats.
De même, il est appelé à effectuer les opérations d'audite
et de contrôle ce qui est de nature à améliorer 1a gestion
publique, à garantir les pratiques douteuses de comrption.
Toujours dans le même cadre, la constitution ne s'est pas
contentée de constitutionnaliser ces principes de bonne
gestion, mais elle a également constitutionnalisé certaines
instances pouvant æuvrer dans ce sens lelles :

Le conseil national des droits de l'homme.


Le conseil de la concurrence, l'instance nationale de
l'intégrité.
La prévention et de la lutte contre la comrption.
§ection 3è" : la gestion des services publics
Il convient de rappeler au préalable qu'il existe deux
grandes catégories de service public: les services publics
administratifs (SPA) et les services publics industriels et
commerciaux (SPIC). Les critères de distinction dégagés par
la jurisprudence sont les suivants : l'objet du service, l'origine
des ressources et les modalités de fonctionnement.
En général, les SPIC peuvent être considérés comme les
services susceptibles d'être gérés par des entreprises privées.
Ces services sont énumérés par une redevance payée par les
usagers du service. Au contraire, les SPA ne sont, en principe,

pas confiés à des entreprises privés dans la mesure oir ils sont
gérés « par l'administration suivant des formes autoritaires,
conformément aux traditions de la hiérarchie administrative ».
Les services publics locatx peuvent être gérés directement par
la commune ou être transférés à un organisme autonome.

Les modes de gestion des services publics différents selon


l'organe gestionnaire. Soit le service public est directement ou
indirectement géré par une personne publique, soit il est géré
par une personne privée.

A- La gestion des services publics par les personnes


publiques
Depuis l'indépendance du Maroc, on observe une

tendance marquée par la volonté de l'Etat de renforcer son


emprise sur la gestion des services publics. Généraiement les
modes les plus utilisés sont les régies, les établissements
publics et la concession.

39

I
La régie est un mode d'organisation permettant aux
collectivités de prendre en charge une activité dans le cadre de
leurs propres services. L'élimination des déchets ménagers
peut ainsi être assurée au sein de la collectivité par les services
municipaux, avec leur personnel, leurs biens (matériels,
locaux, etc.) et leur budget.
a- La régie directe
Sont instituées par le décret n' 2-64-394 du 29 septembre
1964 relatif aux régies communales. Trois crilères principaux

caractérisent les services en régie simple :

- Les services en régie n'ont aucune personnalité juridique


propre: c'est la collectivité dont ils relèvent qui est titulaire
des droits et obligations nés de leur activités,

- Les services en régie dépendant directement de la

collectivité : la collectivité et responsable du fonctionnement


des services.

- Les services en régie n'ont aucune autonomie au plan


financier : le budget de la collectivité regtoupe les recettes et
dépenses de tous les services en régie.

Ce procédé de gestion permet donc à la collectivité de


conseryer 1a maîtrise des décisions. Sont concemés par la
régie directe la plus part des services publics administratifs

40
(SPA), justice, défense nationale, flscalité, urbânisme,
enseignement etc. les services de I'Etat confiés à la commune

comme l'état civil. Concemant les services publics industriels


et commerciaux (SPIC) leur essence môme est contraire à ce
mode de gestion dans la mesure otr il convient d'y mettre en
æuvre certaines règles particulières.

b- La régie autonome
Sous I'appellation d'office ou sous celui de régie, ce
procédé a connu un développement considérable. Il consiste à

conlîer à un organisme doté de la personnalité juridique et de


I'autonomie administrative et financière la gestion d'une

activité de service public, mais aussi d'une activité d'intérêt,


sous un contrôle de collectivité tenitoriale de rattachement.
Ce procédé qui permet une plus grande souplesse dans la
gestion de l'activité considérée, présente également l'avantage

de faire apparaître clairement les résultats financiers de

l'exploitation pour cette raison, le procédé de l'établissement


public convient public convient particulièrement à la gestion
des services publics industriels et commerciaux. Il est

question aussi des établissements publics.

L'exemple du secteur de distribution d'eau et d'électrioité


relève 3 ÿpes d'acteurs, selon les villes : Les régies de

4L
distribution autoûomes, les régies concédées à des opérateurs
privés. Elles ne concement pour le moment que les villes (et
environs) de Casablanca (Lydec), rabat (Redal), Tanger et
Tétouan (Amendis), I'ONEP et L'ONE certaines villes sont
desservies à la fois par L'ONE ou I'ONEP (distribution d'eau
ou d'électricité) en même temps qu'une régie autonome.
Les tarifs des régies et ceux de L'ONEP ou L' ONEP sont

régis par décret ministériel de l'autorité de tutelle (ministère


de f intérieur).
Ceux des régies concédées sont négociés selon le contrat
de gestion délégué qui lie villes aux opérateurs privés.

c- la concession de service public


La concession est une convention par laquelle une

collectivité publique confie a une entreprise privée ou à un


organisme public ou semi- public, le soin d'exploiter un

service public dans des conditions prévues par un cahier des


charges et moyennant une rémunération provenant le plus

souvent de la perception d'une redevance sur les usagers. Le

recours aux entreprises privées permettait aux collectivités


publiques de bénéficier d'un concours financier et technique'

La concession de service public a joué un rôle imporlânt

dans la gestion des services publics depuis 1913, bien que sa

42
place soit aujourd'hui très largement amoindrie du fait de la
reprise par collectivité publique des anciennes concessions du
protectorat.

La concession fut donc essentiellement utilisée dans le


domaine des communications (ferroviaires téléphonique) dans
celui de l'alimentation des populations en biens essentiels
(eau, électricité) ou encore dans l'exploitation des ports.

La concession doit être approuvée par décret pour l,Etat et


par les assemblées pour les collectivités locales. Le choix du
concessionnaire est laissé à l'appréciation de ia collectivité
concédante ; cette liberté s'explique par le fait que la
concession donne naissance à des rapports particulièrement
étroits entre 1a collectivité publique et le concessionnaire.
La concession est un acte mixte à le fois contractuel et
réglementaire l'aspect réglementaire recouvre tout ce qui
touche à l'organisation et au fonctionnement du service public.

L'aspect contrachlel est lié aux garanties financières telles que


la rémunération, le patrimoine, les rapports financiers etc.

b- la gestion déléguée des services publics locaux : le


partenariat public privé
La gestion des services publics est un thème d'actualité,
elle a Connu récemment au Maroc une véritable mutation. En

43
effet, depuis le début du siècle demier, de la gestion directe
des services publics par l'administration et les établissements
publics, on est passé successivement à la gestion

décentralisée, au désengagement de l'Etat et aux diverses


formes de délégations des services publics, dont notamment la
gestion déléguée.

Ia revue de ce demier mode de gestions, dans sa


composarte appliquée essentiellement à des services publics
locaux , va permettre notamment d'exposer ses principales
caractéristiques, de relever ses apports et ses contraintes et
limites, sur la base des recommandations de la Cour des

comptes, et d'explorer les perspectives d'avenir de la gestion

des services publics au Maroc à ffavers les autres formes de


délégations et surtout à la lumière de la nouvelle loi relative
aux contrats de Partenariat public - privé.
a- déIinition
la gestion déléguée est défrnie cornme « un contrat par
lequel une porsonne morale de droit public délègue, pour une
durée déterminée, la gestion d'un service public dont e1le a la
responsabilité à une pemonne morale de droit public ou privé,

en lui reconnaissant les droits de percevoir une rémunération


sur les usagers etl ou de réaliser des bénéfices ». La gestion

44
déléguée du service pubiic a pour objet divers domaines, elle
peut s'appliquer indifferemment selon que le service public est
administratif ou industriel et commercial.
Il convient de rappeler que la pratique a devancé la loi, En

effet, au lendemain de la politique. de privatisation annoncée à


la fin des années quaffe vingts, le désengagement de L'Etat
s'est accentué au profit du secteur privé, et dans la foulée
plusieurs contrats de gestion déléguée ont été conclus alors
qu'aucune loi n'existait encore. C'est ainsi que dans la cadre
des services Publics locaux, plusieurs partenariats ont eu lieu

dans les domaines de distribution et eau et d'électricité par les

villes de Casablanca en 1997, rabat en 1999 Tanger et Tétouân


en 2001. Ce n'est donc que bien plus tard, en 2006 que lâ loi a

vu le jour pour finalement accorder un cadre juddique à une


pratique qui s'était imposée avec force.
l

c- le régime juridique des contrats de gestion déléguée


des services publics locaux

a- la formation du contrat de gestion déléguée

Le contrat de gestion déléguée est un contrat intuiti


personae, tel que défini l'article 11:« le contrat de gestion
déléguée est conclu à raison des qualités personnelles du

45
délégatoires. Ces contrats passés par les collectivités locales
ne peuvent être cédés. Ainsi, le délégataire assume la
responsabilité du service public en respectant les principes
d'égalité des usagers, de continuité du service et de son
adaptation aux évolutions technologiques, économiques et
sociales.

Le délégataire est dans i'obligation d'assurer ses

prestations au moindre coût et dans les meilleures conditions


de sécurité, de qualité et de protection de l'environnement.

Toutefois, les parties contractantes doivent veiller au


maintien de l'équilibre financier du contrat de gestion

déléguée en lenant compte des impératifs de service public et

de la juste rémunération du délégatoire.

- L'appel à la concurrence: le délégant est tenu de

faire appel à la concurrence en vue d'assurer l'égalité des

candidats, l'objectivité des critères de sélection, 1a


lmnsparence de l'opération et l'impartialité des décisions.
- La procédure de passation du contrât de gestion
déléguée doit faire l'objet d'une publicité préalable. Les
formes et modalités d'établissement des documents d'appel à
la concurrence et notamment de ses différentes phases sont

fixées par le gouvemement pour les collectivités locales et


46
par le conseil d'administration pour l'organe délibérant pour
les établissements publics. Il existe toutefois des exceptions à

ce principe avec la négociation directe.

Le délégataire peut être sélectioruré par voie de

négociation directe lorsqu' il y urgence à assurer la continuité


du service public, pour des raisons de défense nationale ou de
sécurité publique etc. Si aucune offre n'a été présenlée, le

délégant peut recourir à la négociation directe. Dans ce cas, il


doit établir un rapport, soumis à l'approbation de l'autorité de
tutelle, précisant les raisons qui ont conduit au recouts à cette
voie et au choix du détégatoire proposé.
b- composition du contrat de gestion déléguée
Le contrat de gestion déléguée est composé, par ordre de
primauté, de la convention, du cahier des charges et des

arnexes.

-La convention définit les principales obligations


contractuelles du délégant et du délégatoire.
-Le cahier des charges est constitué des clauses
administratives et techniques définissant les conditions
d'exploitation et les devoirs et obligations en matière
d'exploitation du service délégué ou de realisation des

tEvaux et ouvrages.
- Les annexes sont constituees de toutes les pièces
jointes à la convention et au cahier des charges et
mentiomées comme telles à la convention ou au cahier des
charges. les documents annexes comportent un particulier un

inventaire des biens meubles et immeubles mis à la

disposition du délégatoire ainsi que la liste des noms du


personnel et de sa situation administrative au sein du service

public dont la gestion est déléguée.


La durée du contrat: une clause importante : tout contrat
de gestion déléguée doit être limité dans sa durés. Celle-ci doit

tenir compte de la nature des prcstations demandées au


délégatoire et de f investissement qu'il devra réaliser et ne
peut dépasser la durée normale de l'amortissement des
installations lorsque les ouvrages sont Tinancés par le

délégatoire. La durée ne peut être prorogée que lorsque le


délégataire est contraint, pour la bonne exécution du service
public ou l'extension de son champ géographique et à la
demande du délégant, de réaliser des travaux non prévus au

contrat initial, de nature à modifier l'économie générale de la


gestion dé1éguée et qui ne pourraient pas être amortis pendant

la durée du contrat.

48
c- Exécution du contrât de gestion déléguée

Le contrat entmîne automatiquement des droits et


obligations à la charge du déléguant et du délégataire, puis des
clauses spécifiques à l'extinction.

- outre le contrôle exercé par I'Etat, le délégant dispose à


l"égard du délégataire d'un pouvoir général de contrôle
économique, financier technique social et de gestion inhérent
aux engagements découlant du contrat.
- Le délégant dispose, d'une manière permanente, de tous
pouvoirs de contrôle pour s'assurer sur pièce et sur place de
la bonne marche du service délégué et de la bonne cxécution
du contrat.
Il peut demander communication ou prendre connaissance

de tout document détenu par le délégataire ayant kait à


l'exécution des opérations relatives à la gestion déléguée. Le
contrat de gestion déléguée doit préciser la périodicité et 1es

modes de confiôle que le délégant exerce sur l'exécution et le


suivi de la délégation ainsi que les documents techniques ,

comptables et financiers qui sont communiqués régulièrement


par le délégataire délégant.

-Le déIégant peut faire procédff à tout momenr à des


audits ou contrôles extemes ou se faire assister par des expens

49
ou agents de son choix. Il peut assister à titre consultatif aux
séances du conseil d'administration ou de l'organe délibérant
ainsi qu'aux assemblées générales de la société déiégataire.
-Le contrat doit prévoir la tenue de réunions, à intervalles
entre le délégant et le délégataire pour examiner l'état
d'exécution du contrat. Si la durée de la gestion déléguée est
supérieure a dix ans, le contrat doit prévoir une évaluation
commune, au moins une fois tous les cinq ans et une

éventuelle révision de certaines de ses dispositions. De plus, le


contrat peut autoriser le délégant et le délégataire à réexaminer

les conditions de fonctionnement de la gestion déléguée, en


vue de I'adapter aux besoins conformément au principe
d'adaptation du service public.
- Le contrat peut autoriser le délégataire, à titre accessoire
à sous-traiter une partie des obligations qui lui incombent au
titre de 1a délégation. Toutefois, il reste responsable envers le
délégant et les tiers de l'accomplissement de toutes les
obligations que lui impose le contrat.
d- Achèvement du contrat de gestion déléguée
Le conhat comporte des dispositions relatives à sa fin
normale.

50
Il comporte également des dispositions relatives à la fin
anticipée notamment en cas du rachat de la gestion par le
délégant après I'expiration d'une période déterminée dans le
contrat, la déchéance du délégataire prononcée par le délégant,
en cas de faute d'une particulière gravité du délégataire. Le
contrat peut finir avant l'expiration de la durée déterminée, et
ce pour plusieurs raisons:

- Les parties, par leur commun accord, sont çn mesure de


mettre fin au contrat d'une manière anticipee.
- Autorité délégante peut racheter la gestion après un délai
minimum fixé par accord des parties.
-La fin du contrat peut intervenir par la déchéance

prononcée par l'autorité délégante pour sanctionner les fautes

grave commises par le délégataire (article32). En


conséquence, les biens de retour doivent revenir
obligatoirement au délégant & la fin de la gestion déléguée. Ils
comportent notamment les terrains, bâtiments, ouvrages,
installations, matériels et objets mobiliers mis à la disposition
du délégataire par le délégant ou acquis par le délégataire dans

les conditions fixées dans le contrat de gestion déléguée. Ils


L

incluent également les biens relevant du domaine public.

51
e- régime des sanctions

Le contrat de gestion déléguée détermine les sanctions ou


les infractions aux clauses contractuelles, notamment les
pénalités, dommages et intérêts et éventuellement la
déchéance du délégataire. Le contrat de gestion déléguee
prévoit le principe et les modalités de l'indemnisation du
délégataire en cas de non- exécution par le délégant de ses
obligations ou de résiliation du conûat pow une raison non
imputable au délégataire.
IIè^u partie : les moyens juridiques mis à Ia
disposition de I'administration

Les actes de l'administration recouvrent deux champs

differents les actes matérielles et les actes juridiques mais


complémentaires.

L'importance des premiers est évidemment essentielle


puisque c'est par eux que les projets de l'administration
s'inscrivent dans les faits. Mais ces actes et opérations

matériels n'ont pas pour effet direct de transformer I'ordre


juridique, et c'est ce qui les distingue fondamentalement des

manifestations de volonté de l'autorité administrative dont ils

ne sont que des éléments préparatoires, ou dont ils sont la


concrétisation.

Une présentation juridique des actes de l'administlation


peut donc prendre en considération que la deuxième catégorie
d'actes les actes juridique par lesquels s'expriment les

volantes de l'administration.

Toutefois les actes juridique de l'administration ne


constituent pas une catégorie homogène on peut en effet les
analyser selon diverses opinions I d'après leur contenu leur

régime juridique et leur forme.


53
1- La classification d'après le contenu de l'acte

On doit ici distinguer les actes dont le contenu donne


naissance à une situation générale : ce sont les actes-réglés qui

concernent un nombre indéterminé de destinataires les actes


qui donnent naissance à des situations individuelles : actes-

condition qui sont ainsi dénommés parce qu'ils conditionnent


l'appiication individuelle d'une rég1é générale, actes subjectif
qui déterminent cas par cas les éléments d'une situation
juridique individuelle. Ainsi les règlements administratifs
constifuent des actes-règies, tandis que les actes individuels
sont des actes-conditions, les contrats constituant I'essentiel
des actes subjectifs.

2- la classification d'après le régime juridique de l'acte

Les actes juridiques de l'administration, ne sont pas tous


soumis à un régime de droit administratif de telle sorte que
l'on peut se trouver en présence de deux sortes d'actes: les uns
qui sont au sens fort du terme des actes administratifs, parce
que soumis, à un régime particulier, les autres relevant du
droit privé. Il existe deux grands types d'actes administratifs,
les actes unilatéraux et les actes contractuels. La principale
différence est leurs effets car l'acte unilatéral agit sur des tiers

54
r

qui n'ont pas pris pafi à son élaboration tandis que les actes

contractuels sont le produit de deux volontés qui régissent des

relations réciproques.

55
Chapitrel: les actes unilatéraux de I'administration
L'acte administratif unilatéral est un acte par lequel
1'administration modifie l'ordonnancement juridique, c'est-à-
dire fixe de nouvelles règles juridiques créant des droits et
obligations ou modifie des normes existantes. Conhairement à
un contrat qui repose sur l'accord des deux parties, il ne

requiert pas le consentement des administrés. C'est pourquoi


on dit qu'il est unilatéral. L'AAU peut être établi par une

personne publique mais aussi par une personne privée chargée

de la gestion d'un service public administratif ou plus


rarement d'un service public à caractère industriel et
commercial Néanmoins, tout acte pris par une personne public
n'est pas un AAU (ex: actes législatifs) .

L'AAU est l'instrument par excellence de I'action


administrative. Il bénéfice du « privilège du préalable » qui
oblige les administrés à se conformer à l'acte même s'ils
l'estiment contestable. Une véritable présomption de légalité
s'attache aux AAU. Aimi, même s'ils font l'objet d'un recours

devant le juge, ils continuent en principe de produire leurs


effets. Par ailleurs, il n'est nul besoin, pour l'administration,
de recourir au juge avant de mettre en æuwe son acte comme

cela serait d'un particulier. Le juge administratif affirme


56
même qu'il est vain pour l'administration de lui demande la

permission d'agir alors qu'elle n'en a pas besoin.

Section 1é'" : l'élaboration de I'acte unilatéral

L'acte administratif unilatéral singularise l'action de


l'administration dans la mesure où il résulte de la seule
volonté de celle--ci en ce sens I'administration a le pouvoir de
prendre de tels actes de manières unilatérales.

A- types d'actes unilatéraux

a- les actes unilatéraux exécutoires

Le caractère administratif de la décision exécutoire tient


essentiellement à Ia qualité de l'organe dont elle émane.

Seules, en principe les autorités administratives détentrices de

la puissance publique, peuvent prendre des décisions


exécutoires les actes administratifs unilatéraux font l'objet de
plusieurs classifications:

- Les actes administratifs unilatéraux réglementaires :

Décrets, arrêtés, délibérations des assemblées des

collectivités locales etc.;ces actes ont une portée générale et


impersonnelle. I1s ne s'adressent pas à des personnes

nommément désignées.

5'l
Différentes autorités peuvent les prendre, les décrets sont
l'ceuvre du premier ministre. Les arrêtés ont pour auteur, les
ministres, les gouvemeurs, les présidents des conseils
communaux etc.

-Les actes administratifs unilatéraux iudividuels

Ce sont des actes non réglementaires qui concement une


ou des personnes nommément désignées (ex : permis de

construire, refus de titre de séjour, arrêté de nomination. . .


) On
parle alors d'actes individuels. Ils peuvent être i'æuvre de
toute autorité administrative, à condition toutefois qu'ils
présentent bien un caractère décisoire (exemple contraire: le

courrier d'une autorité administrative rappelant à un

adminishé les conditions pour bénéficier d'une prestation


n'est pas un (AAU)

En général, la classification des critèrcs de l'actes


unilatéral exécutoire selon:

-La forme de l'acte : il peut être un décret, un arrêté, une


délibération (décision collégiale).
-L'auteur de l'acte : il peut émaner d'une autorité
administrative centrale, une collectivité locale ou un

58
établissement public ou encore un organisme prive investi
d'une mission de service public.
-La distinction entre acte réglementaire ou individuel
repose sur la portée de l'acte.

b- les actes unilatéraux non exécutoires


Ce sont des actes non créateurs d'effets juridique même
s'ils émanent d'une autorité administrative : il peut s'agir
d'actes préparatoire d'une décision tels que les avis, les
rapports de commission les mesures d'ordle intérieur qui
comprennent entre autre les circulaires et les directives.

Pour les directives, elles posent un problème de

qualification. Elles sont destinées à encadrer et orienter le


pouvoir discrétionnaire de l'administration, notamment pour la
prise de décision individuelle.

Le juge refuse de les considérer comme des actes


administratifs. Mais comme de simples mesures d'orientation.
Elles ... ne revêtent aucun caractère impératif dans la mesure
oir I'administration peut y déroger. Mais les circulaires posent
un problème quant à leur qualification juridique. Ce sont des
actes utilisés très fréquemment par l'autorité administrative
marocaine ; il s'agit d'instructions adressées par les ministres
destinées à leurs agents en verhr du pouvoir hiérarchique. Ces

59
instructions portent sur la manière de se comporter,

d'organiser le service, ou d'interpréter tel ou tel texte. Ces


actes n'ont aucun effet sur les administrés, toutefois, ils
s'imposent aux agents de service qui doivent respecter ses

prescriptions.

Concemant les circulaires elles sont de deux §pes:


1- circulaires interprétatives : qui visent à rappeler et

préciser les droits et obligations aux agents et les dispositions


en vigueur. Elles ne modifient pas les droits et les obligations

des administrés, ni le statut des fonctionnaires elles ne font


pas, donc, griffé c'est à dire qu'elles ne sont pas susceptibles

d'un recoures pour excès de pouvoir.


2- circulaires réglementaires il arrive que la circulaire
ajoute - de nouvelles dispositions en créant des droits, elle
devient alors réglementaire est considérée par la jurisprudence

comme un acte administratif unilatéral.

Cette situation pose à ce titre la question de savoir dans


quel cas un administre est en mesure d'intenter un recours
pour excès de pouvoir contre une circulaire. La jurisprudence
est arrivée à considérer comme circulaire ayant un caractère
réglementaire celle qui permet la mise en Guvre des droits des

60
administrés a sujétions (soumissions) ou l'entoure au contraire
de garanties.

B-les autorités habilitées à élaborer des actes


unilatéraux
L'autorité administrative ne peut prendre une décision que
si elle est habiiitée par une règle de compétence et à la
condition de respecter certaines formes ; la décision entre alors
en vigueur dès I'instant du moins où elle a été portée à la
connaissance de ceux qu'elle est destinée à régir.

Ainsi, n'importe quelle autorité administrative ne doit pas


pouvoir prendre n'importe quelle décision et à n'importe
quelle moment. Il y va de l'intérêt d'une bonne administration
qui implique une répartition rigoureuse des taches, mais aussi
de l'intérêt des administrés qui doivent avoir la possibilité de

savoir de Façon certaine à quelle autorité il leur faut

s'adresser, Il est donc nécessaire de défmir de façon précise 1a

notion de compétence et d'en fixer les contours sur le triple


plan de la matière, de l'espace et du temps.

a- Ia règle de compétence et les exceptions


Les règles de compétence les plus importantes sont fixées
par la Constitution s'agissant de la compétence des autorités
gouvernementales et du principe de base.

61
De la compétence des collectivités décentralisées par
exemple. Les autres règles de oompétence sont inscrites dans
les lois et les règlements.

Devant des nécessités pratiques, l'autorité administrative


compétente pour prendre l'acte administrâtif peut permettre à
d'autres autorités d'accomplir des taches dont

l'accomplissement leur incombe le procédé utilisé est celui de


la délégation.

La délégation, en tant qu'exception au principe de

l'exercice personnel de la compétence, doit être prévue par la


loi. La délégation peut se présenter sous deux formes:
délégation de pouvoir délégation de signature.
- la délégation de pouvoir est un procédé qui
consiste de la part de l'autorité délégante à confier à une

autorité délégataire une partie de ses attributions ainsi en


vertu de l'art 90 de la constitution le chef de gouvemement
peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres de
même l'art 53 donne au Roi le droit de déléguer son
pouvoir de nominâtion emplois civils et militaires.
- La délégation de signature ne modifie pas la
répartition des compétences, elle permet seulement à

l'autorite délégataie de signer pour le compte de du

62
délégant les actes objet de délégation. Juridiquement, ces
actes engagent toujours l'autorité délégante, La détégation

ne doit être consentie qu' au profit d'une autorité


nommément désignée directeur ou chef du cabinet du
ministre, hauts fonctioruraires ayant au moins le rang de
sous - directew dans les services techniques comme
ingénieurs en chefs etc. Cette dé1égation est réglementée
par le dahir du 10 awil 1957 tel qu'il est modifié.

- b- La nature de la compétence
- La compétence territoriâle (ratione loci) les
autorités administratives exercent leurs compétence dans un

cadre territorial déterminé; il existe des autorités dont la


compétence est nationale les autorités gouvemementales,
tandis que d'autres n'ont qu'une compétence limitées
territorialement comme les es chefs des services, les
gouverneurs autorités locales.
- La compétence temporelle (ratione temporis):
l'autorité administrative ne peut prendre de décision que
pendant le temps oir elle est en fonction, ce qui interdit par

exemple la prise de décisions anticipées, ou réhoactives. A

cet égard, i[ faut noter que le principe de non rétroactivité,


érigé en principe général du droit par la jurisprudence est

53
depuis 1962 un principe constitutionnel applicable même
au législateur et donc à plus forte raison à l'administration'

-C- Peffet de I'acte unilatéral


L'acte unilatéral de l'administration s'impose aux

administrés, il est pour eux obligatoire et il doit donc être

exécuté. Il apparaît que l'acte administratif unilatéral est


caractérisé par force juridique et par les conditions de son

exécution.
La force juridique de l'acte unilatéral apparaît dans le fait
que les dispositions édictées par l'administration sont
immédiatement intégrées dans l'ordre juridique dès I'instant
otr l'acte est entré en vigueur de façon régulière, il produit son

plein et entier effet. Le destinatahe de l'acte doit ie considérer


comme obligatoire sauf la possibilité qui 1ui est reconnue de
contester sa régularité devant le juge.
C'est parce que l'acte administratif est présumé régulier,
les recours juridictionnels ne sont en pdncipe jamais
suspensifs. Le pouvoir du juge de suspendre, lorsqu'il est saisi

en Éféré l'exécution d'un acte de I'administration n'existe que

dans le cas où cette exécution serait constitutive d'une voie de

fait; la chambre administrative de la cour


quant au sursis,

suprême ne peut l'ordonner que dans des conditions

64
restrictives qui rendent son usage nécessairement
exceptionnel. Il en sera vraisemblablement de même des
lribunaux administratifs.
Il reste que tous les actes unilatéraux de I'administration
ne sont pas revêtus d'une telle force juridique ; les avis, les
chculaires, instructions de service et toutes les mesures
d'ordre intérieur par lesquelles les autorités administratives
organisent leurs services ou pourvoient à l'exécution des lois

et règlements ne lient pas les administrés, mais seulement les


agents de l'administration qui sont soumis au pouvoir
hiérarchique le juge tire de la nature juridique de ces actes une
conséquence radicale I'irrecevabilité du recours pour excès de

pouvoir dirigé contre eux.

Sectior 2é" : I'entrée en vigueur et I'exécution de I'acte


unilatéral
Le caractère exécutoire de l'acte unilatéral est une
manifestation du privilège dont dispose l'autorité
administrative à tel point que le terme le plus couramment
utilisé pour désigner cet acte est celui de décision exécutoire
qui évoque l'ordre de I'administration et son exécution au
besoin par ia contrainte.

65
A-L'entrée en vigueur de I'acte administratif
Le droit administratif organise les formalités
d'information des adminisfiés des décisions prises par
l'administration.
On distingue deux procédés de publicité des actes

administratifs.
a- La publication des actes réglementaires (décret'
arrêté)
Elle se fait au bulletin offrciel ou diffusés par d'autres
moyens (afhchage ou pubiication dans les joumaux) art 55 de

la charte communale, qui oblige et impose la publication des


arrêtés de signature et délégation de signature du président de

la commune. Art 44 de la constitution qui impose la publicité


des décrets loi.
b- La notification
Elle conceme les décisions individuelles qui sont noti{iées
aux intéressés par voie de lettre parlois les deux procédés

publication et notification sont adoptés (cas des promotions et


nomination des fonctionnaires).

65
B- L'exécution normale de I'acte unilatéral
L'autorité administrative impose sans doute des

obligations, mais elle reconnait aussi des droits, elle accorde


des autorisations. Dans le premier cas l'exécution de L'acte
est obligatoire potlr son destinataire dans les deux autres cas

elle est laissée à sa discrétion. Toutefois, si l'exécution de

certains actes administratifs implique une opération matérielle,

cela n'est pas toujours nécessaires il est en effet des actes pour

lesquels I'exécution se confonde pratiquement avec leur force


juridique ; les sanctions disciplinaires tels I'avertissement ou

le blâme qui peuvent frapper les agents publics produisent leur


plein et entier effet dès I'instant où elles sont édictées.
Pour les mesures d'exécution, elles dépendent de I'autorité

administrative elle-même ; celle- ci doit exécuter d'office ses


propres décisions. Mais en cas de mauvais vouloir de sa part,
il n'existe aucun moyen de l'y contraindre puisque c'est elle
qui détient le monopole de la force publique. Toutefois
l'administré peut, recourir aux tribunaux de façon à faire
reconnaitre l'illégalité du refus de I'administration d'exécuter
ses propres décisions; mais alors le problème de i'exécution de
l'acte administratif se confond avec celui du respect par
l'administration des décisions de justice ; c'est là évidemment

67
une question fondamentale puisque de ce respect dépend
l'existence même du principe de la légalité.
a- Ltexécution forcée
I1 s'agit d'un privilège de l'administration car celle--ci peut
obliger par la contrainte l'administré récalcitrant à exécuter les
prescriptions contenues dans un acte administratif.
- L'exécution forcée est un privilège exorbitant

A la difference des particuliers l'administration n'a pas


l'obligation de s'adresser au juge pour faire constater
l'existence de ses droits, ni pour les faire respecter. Toutefois,
si I'existence de ce privilège est d'une nécessité pratique
évidente, parce qu'il faut bien que les décisions de
I'administration soient respectées, on conçoit qu'en raison du
conflit aigu qu'il engendre entre le pouvoir administratif et 1es
individus, il soit cantonné dans un domaine aussi limité que
Possible. Les rapports de I'administration et des administrés
dsivent se dérouler dans un climat de confiance au point que
l'exécution forcée reste une exception et non pa§ une règle.

-Les cas de loexécution forcée

Un premier cas est évidemment constitué par


I'autorisation du législateur. La charte communale donne au

68
président du conseil communal le pouvoir de « faire exécuter
d'office aux frais et dépens des intéressés, dans les conditions
qui seront fixées par décret, toutes mesures ayant pour objet
d'assurer la sureté ou la commodité des passages, la salubrité
et l'hygiène publiques », la loi sur, l,urbanisme maintient la
possibilité pour l'administration à faire procéder d,office et
aux frais du propriétaire à la démolition des constructions
édifiées sans autorisation sur le domaine public; mais cette
possibilité existe également si, à l'expiration d,un délai qui lui.
a été fixé par l'autorité administrative, le propriétaire, qui n,a
pas respecté les dispositions relatives au permis de construire,

n'a pas procédé à la démolition des constructions édifiées


irrégulièrement ; celle-ci sera réalisée d,office et à ses frais par
l' autorité administrative.

L'exécution forcée est également possible d,une manière


générale iorsque l'administration ne dispose d,aucun procédé

de droit pour obtenir l'exécution de ses décisions; il apparaît


alors normal que le respect de la loi soit en tout état de cause
assuré; il reste à déterminer quels sont ces moyens de droit

dont l'existence s'oppose au recours à 1'exécution forcée.

59
b- les conditions de l'exécution forcée

La première condition parfaitement logique réside dans la


certitude du refus d'exécution qui apparaîtra à la suite de la
mise en demeure de l'administré préalablement à I'exécution
par la force.

En deuxième 1ieu, I'autorité administrative n'est appeiée à


recourir à ia contrainte que dans la stricte mesure où la
décision qu'elle veut obtenir trouve son fondement dans la

loi.

Enfin, l'exécution forcée doit avoir pour but de procurer


exclusivement le respect de la décision considérée. Chaque
fois que l'administration procède à l'exécution forcée de ses

décisions, elle doit respecter ces diverses limitations;


l'utilisation abusive de ce privilège l'expose à des sanctions ;

sa responsabilité pourra être mise en cause, et, si l'exécution


forcée constitue e voie de fai il appartiendra au juge

statuant dans les conditions du droit commun de mettre un


terme à la situation illégale ainsi créée.

10
Section 3è'" : ta disparition de lracte unilatéral.

Plusieurs situations peuvent entrainer la disparition de


l'acte administratif. Certaines sont indépendantes de la volonté
de l'administration, d'autres relèvent de sa volonté.

A- La disparition par décision de l,autorité elle-


même

La disparition d'un élément essentiel à la validité de l,acte


entraine nécessairementsa disparition, Sans doute les
modifications qui affectent les motifs des décisions
administratives n'ont pas toujours des conséquences
pratiquos; en effet centaines décisions resteront intangibles
parce qu'elles auront déjà produit tous leurs effets : ce sera par

exemple le cas d'une réquisition de denrées consommables.


En revanche les décisions dont les effets sont permanents

cesseront d'être valables dès la disparition des motifs sur


lesquels elles reposaient: par exemple une réquisition de
logement ou de service. Il est aussi des cas dans lesquels la
disparition de l'acte dépend de la volonté de I'administration :

on admet alors que la volonté de I'administration n'est pas


libre.
La disparition des actes administratifs dans ces condition
fait apparaître l'interférence de plusieurs principes dont il
convient d'organiser la conciliation à défaut de pouvoir
les

faire tout respecter. En effet si le respect de la légalité doit


qu'elle
autoriser l'administration à retirer les actes irréguliers
a pris à tort, le souci de la stabilité de l'ordre
juridique conduit

à limiter ce droit et à empêcher qu'elle puisse les retirer ou


les

abroger à n'imPorte quelle éPoque.

f)e même si l'administration doit pouvoir adapter son

action aux circonstances et donc modifier ses actes selon les


nécessités du moment, cette indispensable mutabilité de

1'ordre juridique ne doit pas porter atteinte aux droits


que les

administrés ont pu régulièrement acquérir sur la base des


décisions antérieures; la jurisprudence est donc amenée à la
conciUation de ces divers principes.

b- la disparition par décision du juge administratif


Dans le cadre du recours pour excès de pouvoir, le juge
administratif peut, à la demande de tout intéressé, annuler un
acte administratif unilatéral garantissant ainsi, conformément
aux noffnes constitutionnelles, intemationales et légales, et
« con armement aux principes généraux du droit" le respect de

72
la légalité ».C'est pourquoi il est ouvert sans nécessité d'un
texte et en vertu des principes généraux de droit, contre toute
décision administrative. En effet, il est important pour l'intérêt
général que toute décision illégale puisse déferée au juge est
censurée par lui.

Le fait qu'une décision administrative fasse I'objet d'un


recours pour excès de pouvoir n'empêche pas l'administration

de procéder à son exécution. Cette règle découle de l'article l5


du dahir de 1957, repris par I'article 361 du CPC. La loi créant

les tribunaux administratifs consacre cette règle. Le dépôt d'un


recours devant le juge n'affecte en rien le fonctionnement de
l'administration. Cette règle est justifiée par le fait que l'action

administrative étant en principe inspirée de f intérêt général, il


est normal que cette action ne soit pas paralysée par le simple

dépôt d'une requôte.

Il convient de souligner que l'administration risque


d'engager sa responsabilité dansle cas oir elle imposerait
l'exécution d'une décision qui se révélerait par la suite
illégale. Si par conséquent un dommage était causé à un
particulier du fait de cette exécution, une indemnité pourrait
lui être accordée dans le cadre du recours en indemnité.
a- Les effets de I'annulation de l'acte administratif

L'annulation a deux effets fondamentaux : le premier

consiste d'entrainer la disparition rétroactive de l'acte. La


décision est censée n'avoir jamais existé et ses effets même
passés anéantis. En outre, 1a décision d'annulation a pour
caractère de s'imposer à tous, elle à l'effet absolu de la chose
jugée.

Pour le requérant. Si la décision administrative annulée


par le juge portait atteinte à une situation dont i1 était
bénéficiaire; il va automatiquement se retrouver dans sa

position antérieure. Le fonctiormaire révoqué sera réintégré.


Mais lorsque I'administré a sollicité de l'administration une
mesure et qu'il sera heurté à un refus illégal, i'annulation du

refus ne vaudra pas octroi de l'avantage demandé. Ainsi


I'annulation d'un refus illégal de permis de conduire, ne vaut
délivrance de ce perms, en doit simplement admettre que le
refus nla pas été apposé et par conséquent s'il désire reprendre

la procédure, le requérant se trouve à nouveau dans la situation


de postulant. Il arrivera donc que l'administration repreme la
même décision.
Pour I'administratiotr. Elle ne peut plus évoquer l,acte
annulé, celui-ci est censé n'avoir jamais existé. par ailleurs,
l'administration a l'obligation de remettre les choses en l,état,
avant l'intervention de la décision annulée.

En revanche si l'acte annulé refusait de faire droit à une


demande, son annulation ne vaut pas octroi de la chose
demandée, mais seulement possibilité de formuler à nouvcau

la demande.

b- Les cas d'ouverture du recours d,annulation


de I'acte administratif

Ils correspondent aux differentes causes d'irrégularité qui


peuvent entrainer l'annulation de l'acte.

Ces vices peuvent atteindre les différents éléments de


l'acte; on comprend ainsi que le juge soit amené, à la suite du
requérant, a s'interroger sur la réguiarité des éléments qui
constifuent l'acte administratif.

Ces moyens d'annulation ont été dégagée empiriquement


par la jurisprudence, comme cela a été le cas en France de la
part du conseil d'Etat au cours d'une longue évolution.
Ces cas d'annulation ont été systématisés par la loi du 12
juillet 1991 dont l'article 20 dispose « une décision

administrative est entachée d'excès de pouvoir soit en raison


de l'incompétence de l'autorité qui l'â prise, soit pour vice de
forme, détoumement de pouvoirs, défaut de motif ou violation
de la loi. La personne à laquelle une telle décision fait grief
peut l'attaquer devant la juridiction administrative

compétente. »

Ces moyens d'annulation peuvent êhe classés en deux


catégories les moyens touchant la légalité exteme et 1es

moyens concenurnt la légalité inteme.

76
Chapitre2 : le contrat administratif
Le recours au procédé contractuel présente évidemment un
intérêt juridique tout particulier, mais celui-ci ne doit pas faire
oublier au juriste que les marchés passés pff les collectivités
publiques et les organismes qui en dépendent présentent
également une très grande importance économique.

Les contrats adminishatifs sont une catégorie de contrats


conclus par l'administration, qui peut également signer des
conhats de droit privé. Les contrats administratifs ou privés
constituent le second moyen d'action de l'administration, avec

les actes administratifs unilatéraux, dans ses relations avec les

administrés.

Selon la jurisprudence des critères doivent être présents en


cas d'absence de qualification pour un texte de la nature du

contrat administratif à savoir: un des signataires est une


personne publique ;

Le contrat vise l'exécution d'un service public ;

Le contrat contient des clauses exorbitantes au droit


coûrmun c'est-à-dire des clauses qu'on ne trouve pas dans

un contrat privé.

77
Section 1é"': distinction contrat admini§trâtif contrât
privé de l'administration.
A- Origine de Ia distinction

Peur bien appréhender l'évolution de la notion de contrat


administratif il semble nécessaire de s'arrêter brièvement sur

l'origine même de sa distinction du contrat de droit commun


au Maroc.

â-Au Maroc

C'est I'article I du dahir 12 aoùt 1993 sur l'organisation


judiciaire du royaume qui, posant les premiers jalons du droit

administratif disposa que les Tribunaux qu'il créait seraient


seuls compétents pour connaitre, en matière

administrative, « de toutes les instances tendant à faire

déclarer débitrices, les administrations publiques(...) à raison


de l'exécution des marchés conclus par elles ».

L'imprégnation du droit public français aidant, les

magistrats du protectorat adoptèrent l'orientation suivie en

France en veillant à appliquer la matière administrative aux


litiges opposant la puissance publique et 1es administres, ce

qui, naturellement, englobait les contrats administratifs.

78
Abrogé par l'article 5 du dahir du 28 septembre 1974,
approuvant le texte du code de procédure civile, cet article 8
disparut avec la référence à la notion même de matière
administrative, si bien que de celle-ci on ne trouve plus aucune
trace. En effet, dans l'article 18 du code de procédure civile
fixant la compétence des tribunaux de première instance, on
ne trouve plus aucune référence à la notion de matière
administrative, comrne, du reste, dans aucune autre disposition
du code.... C'est dire que ce n'est que par tradition que le juge

de première instance a continué à distinguer entre contrat


administratif et contrat de droit commun dans la mesure ou
aucune disposition légale ne I'obligeait puisque la fameux
articleS, en vigueur de 1913 à 1974, parlant de matière
I

administrative, a été expressément abrogé. Actuellement, en


application de la loi 4l-90, les tribunatrx nouvellement
institués sont compétents pour connaître des litiges relatifs aux
contrats administratifs.

B- Critères de la distinction
Cette distinction renvoie a deux types de considérations :

d'une part, le contrat administratif contient des clauses

différentes de celles stipulées par les personnes privées ou a


pour objet la participation à une mission de service public,
79
voire, de façon plus exceptiorurelle, nécessite l'application
d'un régime exorbitant du droit commun. D'autre part, les

impératifs de l'action administrative imposent que les contrats


de la puissance publique soient soumis à un droit different. Un
contrat est dit administratif dans plusieurs cas. Tout d'abord, si
la loi le qualif,re comme tel ex : les marchés de travaux publics

ou si un texte déclare le juge administratif compétent pour


régler les conflits sur le conhat de 1'administration dont il
traite sinon, en l'absence de qualification du contrat par un
texte, deux critères dégagés par la jurisprudence doivent être
présents :

- Un des signataires du contrat est une persome


publique: ce qui n'exclut pas qu'un contrât enûe deux
personnes privées soit exceptionnellement qualifié
d'administratif (ex : marchées passés pour le compte de l'état
entre des entreprenews et société concessioruraires

dlautoroutes);
- Insertion dans le contrat de clauses exorbitantes du
droit commun c'est-à-dire des clauses qu'on ne trouverait pas
dans un contrat privé (ex: modification unilatéral, voire
résiliation du contmt dans I'intérêt du service; sanctions en cas
de mauvaise exécution-

80
- Enfin, le contrat peut être qualifié administratifs
s'ils' insère dans un cadre législatif et réglementaire
particulier rendant son régime juridique du
contrat « exorbitant du droit commun ».

On distingue plusieurs types de contrats administratifs


dont les principaux sont Ies marchés publics, les délégations
de service public et les contrats de partenariat public-privé,
Même un bail conclu sur le domaine privé est considère
canine un contrat administratif dans les mesure où, par son
économie générale, il tend à la réalisation d,une mission de
service public (CA. Rabat, 29-6-1962, sieur Candéla, R. M,
D.1963, p.133). Toutefois ce critère tiré de l,objet du conrrat
ne joue généralement pas seul, mais cumulativement avec la
référence à certaines clauses du contrat.

La nature du contrat résulte de ses clauses le juge DCI


renforce en effet l'opinion qu'il forme à partir de l,analyse de
l'objet du contrat, par l'étude des clauses qui, si elles
apparaissent exorbitantes du droit cornmun, le conduisent à

déclarer le contrat administratif.

La clause exorbitante recouwe toute une série de


dispositions insérées dans le contrat et qui vont de la
81
disposition que l'on ne peut rencontra dans un contrat conclu
entre particuliers parce qu'elle conceme une prerogative de
puissance publique dont seule l'autorité administrative peut

disposer jusqu'à des dispositions qui sont inusuelles, c'est-à-


dira que I'on ne rencontre pas habituellement dans les contrats
privés, mais qui pourraient y figurer.

Si l'autorité administrative reconnaît par une clause le

droit d'exproprier à son confactant, il s'agira

incontestablement d'une clause exorbitante du droit commun.


En sera-t-i1 de même si l'adminisTration se réserve des

pouvoirs dans llexécution du contrat dont son cocontractant ne


dispose pas ? Ici la clause sera simplement inusuelle ; les

contrats privés étant en principe fondés sur l'égalité des


parties, une telle clause, bien que licite, sera peu fréquente;
ainsi lorsque lejuge se trouve en présence d'une telle clause il
dispose d'rur certain pouvoir d'appréciation, son jugement sur

la nature du contrat pouvant alors être renforcé, ainsi qu'on l'a


vu. par l'analyse de son objet,

La référence au statut général de la fonction publique dans


un contrat de recrutement, conjuguée avec la natwe de

l'emploi considéré, conduit le juge à voir dans le contrat un


contrat administratif (CSA.13-4-1961, petitjean , R., p.46.)
82
c'est une solution identique qu'adopte la cour suprême dans
l'anêt El Hihi Mohamed (précité) dans lequel le caractère
administratif du contrat résulte tant de la nature de l'emploi
que des clauses qui fixent les droits et obligations du co-
contrâctant par assimilation à ceux des agents statutaires.

C- L'importante respective des contrats administratifs


et des contrats privés.

Les autorités administratives peuvent choisir le régime


juridique qu'elles désirent appliquer aux contrats qu'elles
passent, la nature des activités auxquelles elles se liwent
commande en grande partie ce choix.

Ainsi les autorités responsables de la gestion des services


publics administratifs opteront-elles plus fréquemment pour le
contrat administratif tandis que celles qui ont la charge des
services publics industriels et commerciarx seront conduites à

se placer sous l'empire du droit privé.

Mais il n'y a la qu'une pratique dont l'existence facilite


sans doute la tâche du juge, mais qui ne [e dispense pas, dans
les cas douteux, de recourir aux critères des contrats
administratifs, puisqu'aussi bien les autorités responsables des
servies administratif peuvent passer des contrats privés, tandis

83
que rien n'interdit à celles qui gèrent des services industriels et

commerciaux de contracter dans les conditions du droit

administratif.

Section 2é'": contrats marchés publics et contexte


général de la réforme du régime au Maroc.

La constitution de 2011 a fixé les grandes lignes de la


gouvemanco dans le fonctionnement et la gestion des marchés

publics. En effet, l'article 154 stipule que « les services


publics sont organisés sur la base de l'égal accès des citoyens
et citoyens, de la couverture équitable du territoire national et

de la continuité des prestations. lls sont soumis aux normes de


qualité, de transparence, de reddition des comptes et de
responsabilité, et sont régis par les principes et valeurs

démocratiques consacrés par la constitution ».

Des dispositions constitutionnelles incitent les agents des

services publics à exercer leurs fonctions selon les principes

de respect de 1a loi, de neutralité, de hansparence, de probité'


et d'intérêt (axt 156). Selon l'art 157 «les services publics sont
à l'écoute de leurs usagers et assurent le suivi de leurs
observations, propositions et doléances' Ils rendent compte de

la gestion des deniers publics conformément à la législation en

84
vigueur et sont soumis, à cet égard, aux obligations de

contrôle et d'évaluation ». La constitution prévoit une charte


des services publics qui fixera l'ensemble des règles de bonne

gouvernance relative au fonctio lement des administrations


publiques, des régions et des autres collectivités territoriales et
des organismes publics.

Selon l'argumentaire du texte du décret 2014 sur les


contrats des marchés publics, principaux axes d'innovations
de la réforme :

A- Consécration de l'unicité de la réglementation en


matière de marchés publics,

Eu égard à la nécessité d'harmonisation et de

normalisation du processus d'achat public pour l'ensemble des


acteurs notamment, pour les entreprises candidates à la
commande publique, la réforme préconise I'adoption d'un
décret unique pour les marchés de l'Etat, des établissements et

entreprisses publics et des collectivités locales et de leurs


groupements. Le principe d'unicité de la réglementation des
marchés publics a été également. Consolidé par l'intégration
des prestations architecturales dans le cadre du nouveau

l
dispositif devant régir les conditions et les règles de passation
des marchés publics.

Néanmoins et tout en préconisant i'unicité de la


réglementatiorl la réforme proposée prend largement en
considération les spécificités liées aux organismes ci-dessus,
dans le même ordre d'idées le portail des marches de l'Etat a

été consacré comme portail national et fédérateur pour


l'ensemble de la commande pubiique.

B-simplification et clarilication des procédures :

Les principales innovations en relation avec l'esprit de


simplification et de clarification des procédures se rapportent
aux points suivants :

- Précision des modalités d'appréhension de l'offre la


plus avantageuse la nature des prestations concemées
(travaux, foumiture, services).
la clarification et simplification des modalités
d'appréciation des offtes anormalement basses ou excessives
et des prix anormalement bas ;

- suppression du mécanisme du tirage au sort pour la

désignation des représentants de l'administration dans la


commission d'appel d'offresl

86
- simplification du dossier administratif des
concurrents, à travers la précision que l,attestation fiscale,
l'attestation de la CNSS et le registre commerce ne seront
demandés qu'au concurrent auquel l,adminisüation envisage

d'attribuer le marché;
- Précision et rationalisation de la composition des
commissions de jugement des offres selon le mode de
passation des marchés et selon les spécificités liées aux
marchés de l'Etat, des établissements et entreprises publics et

des collectivités locales et leurs groupements;

B- Consécration de l,égalité de traitement des


concurrents

Les principales innovations introduites en matière de


renforcement des procédures de recours à la concurrenoe,
d'égalité d'accès des concuüents à la commande publique et
d'équité dans le traitement des soumissionnaires peuvent être
résumées dans les points suivants :

- Introduction du mécanisme d,appel à manifestation


d'intérêt pour les prestations particulières, complexes et qui
nécessitent une identification prealable des concunents
potentiels ;

81
- précision que la déclaration d'un appel d'offre
infructueux pour raison, d'absence d'offres présentées ou
déposées ne peut justifier le recows à la Procédure négociée
qu'à la suite d'un deuxième appel d'offres lancé dans les

mêmes conditions initiales est déclaré lü -même infructueux


en vue de débloquer la procédure ;

- Précision que l'annulation d'un appel à la concurrence


doit donner lieu à une décision de l'autorité compétente
dûment signée, relatant les motifs ayant présidé à son
annulation, avec obiigation de publication des références de
cette décision au portail des marchés publics et sa

communication aux membres de la commission de jugement


des offres ;

- limitation de la possibilité de désignation des personnes

habilitées à engager les dépenses par bons de commande à


l'ordonnateur et au sou§-ordonnateur pour limiter le

fractionnement des dépenscs, sauf pour I'administration de 1a

défense nationale I

- précision que les prestations sur bons de commande


doivent faire l'objet d'une conclürence préalable matérialisée
par la production d'au moins trois devis contradictoires, sauf

88
impossibilité ou incompatibilité justifiée par une nore du
maitre d'ouvrage relatant les motifs de I'impossibilité ou de
I'incompatibiliré;

D- Consolidation du dispositif de transparence et de


moralisation de la gestion de la commande publique.
La consolidation des mécanismes de transparence,
d'intégrité et de moralisation de la gestion des marchés publics
a été marquée par l'introduction des innovations suivantes:
consécration de I'interdiction d'existence de conflits d,intérêt

dans le domaine des marchés publics;

- Précision et enrichissement du contenu du rapport


établi et signé par 1e maître d'oul,rage à I'issue d'une
procédure négociée;

- Précision du contenu et des modalités de la


publication du programme prévisionnel des marchés à

lancer par le maître d'ouvrage pour opérationnaliser


davantage ledit mécanisme en faveur d'une plus, grande
tmnsparence dans ia gestion de la commande publique ;
- Institution d'un délai de 3 mois pour la preparation
des rapports d'achèvement de l'exécution des marchés et
précision des autorités destinataires desdits rapports ;

89
- Précision concemant le contenu de l'audit des

marchés et des seuils pour l'Etat, les établissements et


entreprises publics et les collectivités locales et leurs
groupements.

Section 3é'": ta formation des contrats des marchés


publics
La diversité des contrats administratifs dépend de leur
objectif. On peut relever cependant deux catégorie§ de
contrats: le contrat de délégation de service public et le

marché public. C'est. Des contrats onéreux de droit public et

non de droit cornmun, passés une administration publique :

ministère, collectivité locale... D'une part et une personne


morale ou physique voire: une entreprise privée, un
établissement public, un foumisseur, bureau d'étude.. ' d'autre
part, avec des personnes publiques ou privée pour répondre à
leur besoin en matière de travaux de foumiture et de service'
La reglementation applicable aux marclés publics a
connu une. Evolution considérables. Les marchés de l'Etat et
des coilectivités locales ont été soumis peu après

l'indépendance, aux dispositions du dahir du 6 aout 1958 et du

décretdu 20 aout 1959 consacrés respectivement à la


comptabilité de l'Etat et à lâ comptabilité municipale.

90
L'insuffisance de cette réglementation et sa diversité ont
entrainé une réforme contenue dans un décret du 19 mars
1965, complété par une instruction du premier Ministre du 6
juin 1965; initialement ce décret ne concernait que les marchés

passés pour le compte de I'Etat; mais l'art 1 du décret royal du


13 octobre 1967 portant règlement de la comptabilité publique

des collectivités locales, rendit âpplicable à ces demières la


réglementation nouvelie du décret de 1965. Cette extension
aux collectivités locales des règles applicables à la formation
des marchés de I'Etat a réalisé une simplification heureuse,
bien qu'elle se soit accompagnée de certaines réserves
destinées à tenir compte de la situation particulière des
collectivités décentralisées.
A-Les caractères généraux de contrat de marche public

Le régime applicable à cette catégorie de contrat fut régi


au Maroc par plusieurs textes dont le décret du 14 octobre
1976 et le décret du 30 décembre 1998 qui été remplacé
actuollement par décret du 5 févier 2007.

Actuellement, c'est le décret du 20 mars 2013 qui régit ce


domaine et qui a ramenés certains principes fondamentaux.

91
Elément de définitions
^-
- Marché public : contrat à titre onéreux conclu entre,
d'une part, un maître d'ouvrage et d'autre part, une personne
physique ou morale appelée entrepreneur, foumisseur
prestataire de services ayant pour objet l'exécution de travaux,

la livraison de foumitures ou la réalisation de prestations de

servlces.

- Marchés de travaux: contrat ayant pour objet


I'exécution de travaux liés à la construction, à la
reconstruction, à la démoiition, à la réparation ou à la
rénovation d'un bâtiment, d'un ouvrage ou d'une structuro,
tels que la préparation du chantier, les travaux de terrassement,
l'érection, la construction, l'installation d'équipement ou de
matériels, la décoration et la {inition. Ils concernent également
les services accessoires aux travaux teis que les forages, les
levées topographiques, la prise de photographie et de fi1m, les
études sismiques et les services similaires fournis dans le
cadre du marché, si la valeur de ces services ne dépasse pas
celle des travaux eux-mêmes. Ils concement également les
travaux communaux exécutés pour le compte des collectivités
locales, leurs groupements, et les établissements publics
locaux.

92
- Marchés de fournitures : contrat ayant pour objet
I'achat ou la location avec option d,achat de produit ou de
matériels. Ces marchés englobent également à titre accessoire
des travaux de pose et d'installation nécessaires à la réalisation
de la prestation. La notion de marchés de foumitures recouvre

notamment : les marchés de foumitures courantes ayant pour

objet l'acquisition par le maîhe d,ouvrage de produits existant


dans le commerce et qui ne sont pas fabriqués sur
spécifications techniques particulières; les marchés de
foumifures non courantes qui ont pour objet principal l,achat
de produits qui ne se houvent pas dans le commerce et que le

titulaire doit réaliser sur spécifications techniques propres au


maître d'ouvrage ;

- Ies marchés de location avec option d'achat: contrat


de location de biens d'équipement, de matériel ou d,outillage
qui, quelle que soit sa qualilication; donne au locataire la
possibilité d'acquérir, a une date fixée avec le propriétaire,
tout ou partie des biens loués, moyennant un prix convenu
tenant compte, au moins pour partie, des versements effectués

à titre de loyers. Toutefois, la notion de marchés de foumitures


ne recouvre pas l'acquisition et la location avec option d,achat

relatives à des biens immobiliers.

93
- Marchés de services: contrat ayant pow objet la
réalisation de prestations de services qui ne peuvent être
qualités ni de travaux ni de foumitures.

- Marchés clés en main : Pour certaines prestations


particulières, portant notamment, sur des procédés spéciaux et
des processus de fabrication étroitement integrés ou des

travaux d'un §'pe spécilique, le maître d'ouvrage peut recourir


aux mæchés clés en main sur la base d'un appel à la
conculïence selon l'un des modes de passation prévus par le
présent décret. Les marchés clés en main peuvent ainsi, porter

sur la conception et les études techniques, la fourniture et


f installation du matériel et la réalisation d'une installation
complétée ou l'exécution des travaux dans le cadre d'un
marché unique couvrant l'ensemble des tmvaux et foumitures.
- Maitre d'ouvrage : autorilé qui au nom de l'un des

organismes publics passe le marché avec l'entrepreneur, le


foumisseur ou le prestataire de service.
B-Les principes des marchés publics

Selon I'article premier du décret 20 mars 2013 relatif aux

marchés publics, 1a passation obéit à certains principes qui


permettent d'assurer l'efficacité de la commande publique et
la bonne utilisation des deniers publics. Ils exigent une
94
définition préalable des besoins de I'administration, le respect
des obligations de publicité et de mise en concurrence et le

choix de I'oflre économiquement la plus avantageuse

- Lz transpârence dans le choix du maître


d'ouvrage.

Ce principe a pour signification que le choix du maitre


d'ouwage doit se faire sans aucune discrimination. Aucune
faveur ne devrait être dorurée à un candidat par rapport à un
autre. Cette transparence doit couvrir toutes les phases du
marché public en d'autres termes .depuis sa préparation
jusqu'à son attribution et sa mise en exécution. Si l'objectif
principal recherché est de renforcer l'éthique au sein de
l'administration et de limiter les cas de comrptiorl il aura pour
conséquence de contribuer à rendre la dépense publique plus

efficace.

La transparenc e a été consacrée dans le décret par


plusieurs mesures comme :

- La publication du programme prévisionnel : En


vertu de I'article 14 du décret, Le maître d'ouvrage est tenu de
publier au début de chaque année budgétaire et au plus tard
avant 1a fin du premier trimestre, dans un joumal à diffusion
95
nationale au moins et dan§ le portail des marchés publics, le
prograrnme prévisionnel des marchés qu'il compte passer au
titre de l'année considérée. Il peut également procéder à sa

publication par tout autre moyen de publication notamment


par voie électronique. Le maître d'ouwage doit afficher le
programme prévisionnel des marchés dans ses locaux pendant
une durée de trente jours au moins. Les dossiers d'appel
d'offre seront téléchargeables à partir du portail des marchés
publics.
- L'appel à manifestation d'intérêt a pour objet de

permettre au maître d'ouvrage d'identifier préalablement au


lancement d'un appel à la concurrence, les concurrents

potentiels. Lorsque le maître d'ouvrage décide de recourir à la

procédure d'appel à manifestation d'intérêt, l'objet d'wr avis

publié dans un joumal à diffusion nationale au moins et dans


le portaii des marchés publics pendant un dé1ai fixé par le

maître d'ouvrage. Toutefois ? cet appel n'ouvre aucun droit


aux concurrents potentiels et ne justifie pas le recours à la
procédure négociée ni à l'appel d'offres restreint à moins que

les conditions de recours à ces procédures soient remplies.

- Règlement de consultation: il s'agit d'un


document qui détermine les conditions de présentation des

96
offres et les modalités d'attribution des marchés. Tout appel
d'offres fait l'objet d'r.rn règlement de consultation établi par
maître d'ouvrage. Le règlement de consultation mentionne la
liste des pièces à foumir par les concurrents, les critères
d'admissibilité des concurrents et d'attrition du marché. Ces
critères doivent être objectifs, non discriminatoires et non
disproportionnés par mpport à la consistance des prestations
et doivent avoir un lien direct avec I'objet du marché à

conclrrle.
- L'information des candidats. Dans ce cas, le
maître d'ouvrage est dans l'obligation de fournir les

renseignements à un candidat qui en fait la demande.

Toutefois, il est obligé d'informer tous les candidats qui se

sont procués le dossier le même jour et dans les mêmes


conditions. Ce droit d'information, faisant l'objet de I'article
24, s'étend au déroulement des travaux des commissions de
jugement des offres. L'ouverture des plis est désormais faite
obligatoirement en séance publique. Les concurrents peuvent
ainsi suivre le dérouiement de la procédure. A l'issue de la
procédure, la maître d'ouvrage doit afficher les délibérations.
Les décisions d'éviction doivent être motivées. Cette
motivation est faite à la demande des intéressés dans un délai

97
de sept jours. Ces derniers peuvent se pouvoir en justice dans

le cas où ils estiment qu'ils ont été disqualifiés sans motif.

-L'égalité d'accès à la commande publique

C'est un principe qui découle directement du principe


constitutionnel de l'égalité devant la loi. C'est un principe
fondamental que la réglementation des marchés doit respecter.
Il est ainsi interdit de faire une discrimination entre

soumissionnaires et de porter atteinte, à un traitement


identique entre candidat notamment au regard des
informations à foumir ou à donaer. Il est de l'obligation du
maître d'ouvrage d'exiger les mêmes renseignements de toutes

les entreprises candidates. Le décret a anêté la liste des

documents à foumir par les candidats et les types de candidats


qui ne peuvent pas à participer un appel à ia concurrence. Il
s'agit notamment des personnes en liquidation judiciaire et est
des personnes en redressement judiciaire sauf autorisation
spéciale délivrée par l'autorité judiciaire compétente. Il est à
signaler que le ministre peut interdire un candidat de participer
aux marchés de son administration de façon temporaire ou
définitive en cas d'actes frauduleux, d'infraction aux
conditions de travail ou âu cas de manquement grave aux
engagements pris. Cette exclusion peut être étendue à
98
I'ensemble des marchés de I'Etat par décision du premier
Ministre sur proposition du ministre concerné. Il faut signaler
que la charte communale interdit aux membres des conseils
élus de conclure des contrats avec leur collectivité.

Dans un autre registre, l,article 169 stipule que tout


concurrent qui constate un non-respect de la procédure, ou
relève des dispositions discriminatoire s disproportionnées par
rapport à I'objet du marché, ou conteste les motifs de son
élimination, peut avoir recours, dans les délais requis, au
maitre d'ouvrage, voire à l,autorité compétente concemée qui
a la possibilité, si la réclamation est fondée, soit de redresser
l'anomalie soit d'annuler la procédure. Les concurrents
peuvent également avoir recours directement à la commission

des marchés. Il y a un équilibrage entre les droits du maitre


d'ouvrage et de ceux dos concurents en matière de recours et
règlement des litiges. La saisie directe de la commission des
marchés, limitée auparavant arrx maitres d'ouvrage, est
étendue aux concurrents.

- Ie recours à la concurrence autant que possible :


L'appe1 d'offre ouvert est le moyen qui peut assurer la
concurrence la plus parfaite. Le décret a essayé de le consacrer

99
comme le moyen de I'achat public. Ainsi, le recows à la

concurrence doit favoriser le prestataire qui offre les

meilleures conditions. Dans 1e même ordre d'idées, l'ancienne

notion de marché passé par entente direct est remplacée par la


notion de marché négocié. L'objectif est d'encourager
l'administration et négocier avec ses prestataires et choisir le
meilleur.

b- La transparence et l'éthique :

Des dispositions pour lutter contre la fraude, la comrption

et le conflit d'htérêt sont définies à l'article 168. L'estimation

du marché étabiie par le maitre d'ouwage, « considérée jadis


comme con confidentielle alors que souvent elie ne I'était
pas », est tout simplement publiée avec I'avis d'appel d'offres

pour être connue de tous les candidats.

B - Typologie des marchés publics.

1- Marchés de travaux: contrat ayant pour objet


l'exécution de travaux liés à 1a construction, à la
reconstruction, à la démolition, à la réparation ou à la
rénovation d'un bâtiment, d'un ouvrage ou d'une structure,
tels que la préparation du chantier, les travaux de
terrassement, 1'érection, la constructioq I'installation
100
d'équipements ou de matériels, Ia décoration er la finition.
Ils concement également les services accessoires aux
travaux tels que les forages, les levées topographiques etc.
ils concernent également les travaux communaux exécutés
pour le compte des collectivités locales, leurs groupements
et les établissements publics locaux.

2- Marchés de fournitures: contrat ayant pour objet


I'achat ou la location avec option d'achat de produits ou de
matériels. Ces marchés englobent également à titre accessoire
des travaux de pose et d'installation nécessaires à la
réalisation de la prestation. La notion de marchés de
fournitures recouvre notamment les marchés de fournitures
courantes ayant pour objet l'acquisition par le maître
d'ouvrage de produits existant dans le commerce et qui ne
sont pas fabriqués sur spécifications techniques particulières ;

les marchés de foumitures non courants qui ont pour objet


principal l'achat de produits qui ne se trouvent pas dans le
commerce et que le titulaire doit réaliser sur spécifications
techniques propres au maître d'ouvrage ; les marchés de
location avec option d'achat comme conftat de location de
biens d'équipement, de matériel ou d'outillage qui, quelle que

soit sa qualification, donne au locataire la possibilité

101
d'acquérir, à une date fixée avec le propriétaire, tout ou partie
des biens loués, moyennant un prix convenu tenant compte, au

moins pour paftie, des versements effectués à titre de loyers.


3- Marchés de services : contrat ayant pour objet
la réalisation de prestations de services qui ne peuvent être

qualifiés ni de travaux ni de foumitures. La notion de marché

de services recouvre notamment les contrats sur les prestations

architecturales; les marchés de prestations d'études et de

maitrise d'æulTe qui comportent le cas échéant, des


obligations spéciliques liées à la notion de propriété
intellectuclle; les marchés de services courants qui ont pour
objet l'acquisition de services pouvant être foumis sans

spécifications techniques exigées par le maître d'ouvrage ; les


marchés de location qui recouvre notâmment la localisation
rl'équipement de matériels de logiciels, de mobiliers, de
véhicules, d'engins, de salles et de stands. Les marchés portant

notamment sur des prestations d'entretien et de maintenance


des équipements, des installations et de matériel, de nettoyage,

de gardiennage des locaux administratifs et de jardinage ;


-Les marchés portant sur les prestations d'assistance à la
maîtrise d'ouwage. Ces prestations consistent notamment à
aider le maitre d'ouvrage dans ses choix et orientations, dans

102
par les concurrents, dans les
l'analyse des offres proposées
négociations à mener avec le ou les candidats, dans les
solutions techniques et économiques les plus adaptées et dans
le processus de réalisation d'un marchés donné ;

C-Modes de passation des marchés publics

Les règles et les procédures de l'achat public sont


déterminées dans un cadre juridique cochèrent pour permetke

à l'acheteur public de répondre de plusieurs façons à ses

besoins

a- Les réglés
Ces modes doivent rcspecter certaines règles
fondamentales à savoir: la publicité et la mise en concurrence.
- La publicité: c'est une règle de fonds qui doit être
respectée dans tous les cas et dumnt toute l'opération de
passation d'un marché public. Elle commence avant
I'attribution. L'appel d'offres ouvert doit faire l'objet d'un
avis d'appel d'offre. Il doit absolument comporter un
ensemble d'informations qui permettent aux candidats de
bien s'informer sur le marché. Ces informations doivent I

obligatoirement figurer dans l'avis. Il s'agit, en

l'occurrence de l'objet du marché, l'autorité qui procède à


I'appel d'offres le bureau du maître d'ouvrage où peut être
103
retiré le dossier de I'appel d'offres et leurs dépôts, le lieu,

le jour et l'heure d'ouverture des plis et les pièces


justificatives à fournir. La méconnaissance de ces

exigences entraine l'inégularité de toute la procédure.


I
Cet avis doit être publié dans deux joumaux au moins,
dont un en langue arabe, à diffi.rsion nationale. Il peut aussi
être publié dans des publications spécialisées et par autre
moyen. L'avis doit être fait au minimum 21 jours avant la date
d'ouvertwe des plis.

Pour l'appe1 d'offres restreint, il doit faire l'objet d'une

circulaire adressée par lettre recommandée avec accusé de


réception le même jour à tous les candidats que le maître
d'ouvrage décide de consulter. La circulaire doit comporter les
mêmes informations que I'avis d'appel d'offre ouvert.

La mise en concurrence : cette règle est exigée dans tous

les modes de passation des marchés publics. Les procédés de


I
mise. en concurrence sont vus comme parfaits dans le cas de
l'appel d'offres ouvert et du concours. En effet, I'interdiction à
certains candidats de participer n'est pas de l'initiative du
t
maître d'ouvrage mais c'est Ie décret qui a anêté les
conditions de participation. Dans le cas du marché négocié et
de l'appel d'offres restreint, la concurrence reste à la
104
discrétion du maître d'ouvrage et dans la pratique il est fait
recours à un seul candidat puisqu,il n,est pas obligé de le
justi{ier mais produit un certificat administratif justifiant
son
choix.
Dans le cas du bon de commande, le maitre d,ouvrage a
une certaine liberté dans le choix du prestataire. La pratique a

fait que le comptable exige de lui de produire au moins trois


devis contradictoires pour être sûr qu,il a consulté plus d'un
concurrent.

b- Forme et contelu des marchés

Les marchés sont des contrats écrits dont les cahiers des
charges précisent les conditions de leur exécution. Les cahiers

des chüges comprennent les cahiers des clauses


administratives générales, les cahiers des presuiptions
communes et les cahiers des prescriptions spéciales.

l- Les cahiers des clauses administratives générales


fixent les dispositions administratives applicables à tous les
marchés de travaux, foumitures ou services Ou à une
catégorie particulière de ces marchés. Ces cahiers sont
approuvés par décret. Si un marché comporte plusieurs
catégories de prestations, le cahier des clauses administratives

105
généra1es applicable est celui correspondant à la catégorie
prépondérante de ces prestations.

En cas d'absence d'un cahier des clauses administratives


générales propre aux prestations, objet du marché, celui-ci est

régi par l'un des cahiers des clauses administratives générales


en vigueur le plus adapté en procédant aux ajustements

necessalres.

2- les cahiers des prescriptions communes fixent


essentiellement les dispositions techniques applicables à tous

les marchés portant sur une même natwe de travaux, de

foumitwes ou de services ou à tous les marchés passés par un


même département ministériel ou par un même service

spécialisé. Ces cahiers peuvent cependant contenir, dans le


respect de la prescription du cahier des clauses administratives

générales, toutes prescriptions communes, autres que


techniques, à tous les marchés de la catégorie à laquelle ils
sont applicables ou au départemenl ministériel ou service
qu'ils concement. Ils peuvent aussi déterminer les modalités
de calcul du prix et d'application des clauses de révision de ce

prix, s'il paraîÎ. nécessaire d'en insérer au marché, ainsi que les
modalité d'attribution, de calcul et de versement d'acomptes et
de règlement du prix du marché et ce conformément à la
106
réglementation relative à la comptabilité publique. Ces cahiers
sont approuvés par arrêté du ministre intéressé ou par un arrêté

conjoint du ministre intéressé et du ministre chargé des


finances lorsqu'ils comportent des clauses ayant une incidence

financière.

3- Ies cahiers des prescriptions spéciales fixent les


clauses propres à chaque marché eT comportent la référence

aux textes généraux applicables et l'indication des articles des


cahiers des prescriptions communes et, le cas échéant, de ceux

des cahiers des clauses adminishatives générales auxquels il


est éventuellement déroge en vertu des dispositions desdits
cahiers.

Les cahiers des prescriptions spéciales sont signés par le


maître d'ouvrage avant le lancement de la procédure de
passation du marché. Toutefois, cette signature peut prendre la

forme d'une signature scannée en ce qui conceme le cahier


des prescriptions spéciales mis en ligne sur le portail des

marchés publics.

Modes de passation des marchés

747
c- modes de Passation des marchés

Il s'agit de i'appel d'offres, le concours et la procédure


négociée.

- L'appel d'offres peut être ouvert ou restreint' I1 est


dit ouvert' lorsque tout candidat peut obtenir le dossier
de

consultation et présenter sa candidature' 11 est dit 'restreint'


que le
lorsque seuls peuvent remettre des offres, les candidats
maître d'ouvrage a décidé de consulter.
L'appel d'offres est dit 'avec présélection' lorsque seuls
sont autorisés à présenter des offres, après avis d'une
commission d'admission, les candidats présentant les

et
capacités suffisantes, notamment du point de vue technique
financier.
- Le concours met en compétition des candidats sur
des prestations intellectuelles liées à des motifs d'ordre
technique, esthétique ou financier nécessitant des recherches
particulières.

- La procédure négociée permet au maître d'ouwage


de négocier les conditions du marché avec un ou plusieurs
candidats.
Toutefois, i1 peut être procédé à l'exécution de prestations

sur simples bons de commande.


108
D- procédures de passation des marchés publics
a- L'appel d'offres
Ouvert ou restreint obéit aux principes suivants :

- Un appel à 1a concurrence;

- L'ouverture des plis en séance publique. Toutefois,


pour les appels d'offres lancés par I'administration de la
défense de la défense nationale, la séance d'ouverture des plis

est non publique; dans ce cas les plis des concurrents sont soit

déposés, contre récépissé dans le bureau du maître d'ouwage

indiqué dans I'avis d'appel d'offres, soit envoyés par courier


recommandé avec accusé de réception au bureau précité, et ce

dans le délai fixé par l'avis ;

- L'examen des offres par une commission d'appel


d'offres;
- La désignation par la commission d'appel d'offres
du soumissionnaire d'appel d'offre est à retenir par le maître
d'ouvrage;
- L'obligation pour le maître d'ouvrage qü procède à

l'appel d'offres de communiquer, à titre indicatif aux membres


de la commission d'appel d'offres le montant de l'estimation.

Toutefois, il ne peut être passé de marchés sur appel


d'offres restreint que pour les prestations dont le montant est
109
inferieur ou égal à detx millions (2.000.000) de dirhams et qui
ne peuvent être exécutées que par un nombre limité
d'entrepreneurs, foumisseurs ou prestataires de services, en
raison de leur nature, de leur particularité, de l'importance des
compétences et des ressources à mobiliser, des moyens et de
l'outillage à utiliser.

L'appel d'offres reskeint doit s'adresser au moins a trois


candidats susceptibles de repondre au mieux aux besoins à
satisfaire. Le maîhe d'ouvrage doit justifier le recours à
l'appel d'offres restreint par un certificat administratif tout
appel d'offres fait I'objet d'un dossier préparé par le maître
d'ouvrage.

b- information des concurrents

Tout concurrent peut demander au maitre d'ouvrage; par


lettre recommandée avec accusé de réception, par fax
confirmé ou pff voie électronique de lui fournir des
éilaircissements ou renseignements concemant I'appel
d'offres ou les documents y afférents. Cette demande n'est
recevable que si elle parvient au maître d'ouwage au moins
sept (7) jours avant la date prélue pour la séance d'ouverture

des plis.

110
Tout éclaircissement ou renseignement, foumi par le
maître d'ouvrage à un concurrent à la demande de ce dernier,
doit être communiqué le même jour et dans les même
conditions, et au moins trois (3) jours avant la date prévue
pour la séance d'ouverture de plis, aux autres concurrents
ayant retiré le dossier d'appel d'offres et ce par lettre
recommandée avec accusé de réception, par fax confirmé ou
par voie électronique. Il est également mis à la disposition de

tout autre concurrent via le portail des marchés publics et

commruriqué aux membres de la commission d'appel d'offres.

c- la commission d'appel d'offres

Pour les marchés de l'Etat, elle comprend les membres


dont la présence est obligatoire: un représentant du maitre
d'ouvrage, (président), deux autres représentants du maitre
d'ouvrage, dont un au moins relève du service concemé par la
prestation objet du marché, un représentant de la trésorerie
générale du Royaume, un représentant du ministère chargé des

finances lorsque le montant estimé du marché est supérieur à


50.000.000 de dirhams.

Pour les marchés des établissements et entrepdses publics


la commission d'appel d'ofhes comprend les membres

111
suivants dont la présence est obligatoire: le directeur de
l'établissement public ou de l'entreprise publique, selon le cas,
oir la persorme nommément désignée par lui, président, deux
représentants du maître d'ouvrage, dont un au moins relève du

service concemé par la prestation objet du marché, le


représentant du ministre chargé des finances conformément à
la législation relative au contrôle financier de l'Etat applicable

à I'organisme, le responsable du service des achats ou son

représentant, le responsable du service financier ou son

représentant.

d- Ouverture des plis des concurrents en séance

publique.

Elle se tient aujour et à I'heur fixé; toutefois si ce jour est

déclaré férié ou chômé, la réunion se tient le jour ouvrable


suivant à la même heure.

La commission poursuit ses travaux à huis clos. Elle peut


consulter tout expert ou technicien qui pourrait éclairer sur des

I points particuliers des offres présentées. Elle peut également,


avant de se prononcer, charger une sous-commission pour-
analyser ces offres.

772
e- résultsts dé{initifs de I'appel d'offres ouvert ou
restreint
Un extrait du procès-verbal, établi conformément au
modèle fixé par décision du premier ministre visée ci-dessus,
est publié au portail des marchés publics et affiché dans les
locaux du maître d'ouvrage dans les vingt_quatre heures qui
suivent la date d'achèvement des travaux de la commission, et
ce pendant une période de quinze heurs francs au moins. Le

maître d'ouvrage informe le soumissionnaire retenu de


l'acceptation de son offre par lettre recommandée avec accusé
de réception et par fax confirmé ainsi que par tout autre moyen

de communication donnant date certaine. Cette lettre doit lü


être adressée dans un délai qui ne peut dépasser cinq jours à

compter de ia date d'achèvement des travaux de la


commission.

E- Pour les marchés des collectivités locales


Les commissions d'appel d,offres ouvert, d'appel d,offres
restreint ou avec présélection, ainsi que le jury de concours
sort composés comme suit :

113
I

â- Pour les communes urbâines et rurâles

Le maître d'ouvrage ou son représentant, président de la


commission; le président de la commission permanente
compétente dans le domaine objet du marché ou son adjoint;
le secrétaire général ou son représentant; le responsable du
service concemé par la prestation; le représentant de l'autorité

administrative locale.

b- Pour la commune urbaine de rabat et les

communes des méchouars

Le maître d'ouvrage ou son représentant, président de la


commission; le président de la commission permanente
compétente; dans le domaine objet du marché ou son adjoint;
le secrétaire général ou son représentant; le responsable du

service concemé par [a prestation.

c-Pour les arrondissements

Le maître d'ouwage ou son représentant, président de la


commission; le président de la commission permanente
compétente dans 1e domaine objet du marché ou son adjoint;

le secrétaire général ou son représentant; 1e responsable du

service concemé par la prestation ; 1e représentant de I'autorité

administrative locaie.
tL4
d-Pour les conseils provinciaux et préfectoraux et
les régioas

Le maître d'ouvrage ou son représentant, président de la


commission; le président de la commission permanente
compétente dans le domaine objet du marché ou son adjoint;
le rapporteur du budget ou son adjoint; le responsable du
service concemé par la prestation.

e- Pour les groupements de collectivités locales

Crées en vertu de I'article 79 de la charte communales le

maître d'ouvrage du groupement ou son représentant,


président de la commission; les membres du bureau du
groupement ou leurs représentants; 1e représentant de
l'autorité administrative locale du lieu du siège du
groupement; le responsable du service concemé par la
prestation désigné par le président.

Dans un auûe registre, Les marchés de travaux et de


services courants passés par les collectivités locales et leurs
groupements, ainsi que par les établissements publics locaux,

peuvent prévoir une clause en vertu de laquelle le titulaire du

marché est tenu de recourir à l'emploi de la main d,æuwe


locale au niveau de la commune benéficiaire de la prestation

115
\

objet du marché, dans la limite de dix pour cent de l'effectif


requis pour la realisation du marché.

Delai urisDrudence:
Voici quelques cas qui confirment ou infirment certaines
décisions des autorités administratives et qui sont de nature à
nous donner une idée sur le développement de la justice
administrative et son rôle de baromètre en matière
d'édification de l'Etat de droit au Maroc.

-C.S.A du 24 mai 1972, (en arabe) décision de la chambre


administrative de la Cour suprême annulant une décision
engageant la responsabilité de Monsieur Rossi d'avoir abusé
des biens publics

-C.S^A du mai 1960, Lahcen Ben Abdelmalek Soussi,


annulation d'une décision du Caïd qui a ordonné la fermeture
du café de monsieur Lahcen, parce que la décision du Caid
n'était pas inspirée par un motif tiré de 1a nécessité de

maintien de I'ordre public.


- C.S.A du 19 juin, Hamou David, annulation du juge
d'une décision de pacha de Sefrou ayant retiÉ le permis de
circulation de monsiew Hamou parce que ce demier a fait

l'objet d'une condamnation pénale. Le juge a estimé qu'un tel

116
retrait ne serait légalement justifié que dans le cas oùr les faits
rctenus par le juridiction répressive et ayant motivé la
condamnation seraient de nature à porter atteinte au bon ordre
et à la moralité publique.

-C.S.A du 20 mars 1970, société agricole Abdelaziz


« Attendu que, S.M le roi exerce ses pouvoirs constitutionnels
en qualité d'Imam des croyants. S.M ne peut être considéré
comme une autorité administrative au sens de l,article premier

du dahir du 27 septembre i957 d'où I'incompétence d la Cour

suprême pour examiner un acte royal.

-T.A.R n'296 dt 10/03/2004 obligeant l,administration


d'origine à satisfaire la demande de règlement de situation
d'un fonctionaaire et que tout refus de ce règlement revêt un
abus de pouvoir.

-C.C n'313 du 28 féwier 2002 pour cadrer le pouvoir des


autorités administratives en matière de mobilité des
fonctionnaires.
-C.S.A du 17 avril t96l sur le droit de suspendre un
fonctionnaire même si aucun texte ne l,a prévu.
) Pour plus de détails sur les arrêts et les jugements
rendus par les juridictions administratives, consultez la
REMALD.

1,77
Oue ues référen ces bibliosraohi ues :
-M.A Benabdailah, la police administrative dans le

système juridique marocairL publication APREJ, collection


droit public, 1987.
-M.Waline, « ordre, sécurité, salubrité et tranquillité
publique », Précis du droit admini§tratif, 1969'
-S. Benbachir, « L'administration locale au Maroc »,

imprimerie Royale, Casablanca, 1969'


-J. Moneau, « La poiice municipale », Encyclopédie

collection locale, volume III.


- G.Braibaut, « Le principe de proportionnalité », Tome I['
- K.Ennacii, « Cours d'action administrative »,2014-
20t5.
-M.Rousset, D'Basri, A.Belhaj et J.Garagnon, « Droit

administratif », 4è^" édition, imprimerie Royale, Rabat, 1984'


- G.Gaillard, « Les polices spéciales en droit

administratif », thèse, Grenoble, 1977.


- A.Ajaoun, L'action et les moyens de l'administration
conformément à la législation marocaine, Rewe de droit, série
études et recherches, N II , imprimerie AMAARIF, 2016
(en

arabe).

118
)

-M.Rousset et M.A.Benabdellah « Le service public au


Maroc » REMALD, collection manuels et travaux
universitaires no109.
- La nouvelle charte des services publics.

779
\

Table des matières


INTRODUCTION .............. 1

I . Définition du droit administratif r.....'..".. '. '...'.. '.......... 1


2. En quoi consiste donc I'action administrative ? ..........2
1é'" Pârtie : les domaines de I'action administrative. .......... 4
Chapitre 1"' : la police administrative.......'......'. '. " '...'... '..'... 5

Section 1é'" : police administrative et ordre public '..'..'....'...'.. 5

Section 2é'" : L'opposition police administrative/police


judiciaire. ......... t2

Section3é'" : Les autorités titulaires du pouvoir de la police


adminishative. ..'.'.'..'..... 16

Chapitre II : le service public.............'....... ................'..........22


é'"
Section I r la notion du service public et :r:rtérët géîéral. 22

Section 2è'" : les principes fondarnentaux du service public


25

:::: :::::::: :::::::T:: :::::::: ::: ::l:::: ::::l:".


Sous sections II : Les principes modemes des services publics
................ 33

Section 3è'": la gestion des services publics..................".. 38

IIè-" partie : les moyens juridiques mis à la disposition de


I'administration 53

120
Chapitre 1 : les actes unilatéraux de l'adminishation ........... 56

Section 1é* : l'élaboration de l'acte unilatéral. ................... 57

Section 2é'" : I'entrée en vigueur et l'exécution de l,acte


unilatéral .....65
Section 3è'": la disparition de l'acte unilatéral. .................71

Chapitre2 : le contrat administratif ............. ........................77

Section 1é* : distinction contrat administratif contrat privé de


l'administration. 78

Section 2"'" : contrats marchés publics et contexte général


de la réforme du régime au Maroc............................,........ 84

Section 3é'" : la formation des contrats des marchés publics


90

De la jurisprudence 116

Quelques références bibliographiques 118

127

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