Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER :
L’OBJET DU DROIT ADMINISTRATIF
Toute la question est celle de savoir : « En quoi consiste les affaires de l’Etat qui puisent
nous permettre de parler de l’administration ? ». La réponse à cette question réside dans la
compréhension des missions de l’Etat car les affaires de l’Etat doivent répondre aux missions de
l’Etat.
Il y a entre Etat et les citoyens un contrat social ; un contrat par lequel les citoyens
aliènent leur souveraineté au profit « du pouvoir politique ». Le pouvoir politique est une autorité
instituée par la conscience collective d’un peuple à un moment donné de son histoire, autorité
soutenue par l’idée du droit du souverain en vue de réaliser le bien social commun.
(Le pouvoir politique se matérialise par une autorité mais cette autorité est voulue par l’intime
conviction d’un peuple ; ce peuple s’exprime par une idée qui devient une idée du droit).
C’est cette idée du droit que l’on appelle la loi fondamentale (la Constitution). C’est là que réside
le contrat. Tout ceci c’est pour que le peuple trouve son bonheur.
(La politique doit servir au bien social commun, au bonheur du peuple. Le pouvoir politique doit répondre aux
aspirations du peuple).
A la naissance de l’Etat, les hommes ont refusé d’être nomades et ont opté pour la
sédentarité en vue de réaliser sur un territoire donné les objectifs communs. La communauté a
senti le besoin d’être pris en charge par une autorité capable de réaliser ce que les individus ne
pourraient réaliser par eux-mêmes ; c’est ainsi que le pouvoir politique constitue l’un des
éléments essentiels de la constitution de l’Etat. Les affaires de l’Etat vont viser la réalisation du
bien social commun à travers la distinction entre les missions de l’Etat gendarme et les missions
de l’Etat providence.
Le rôle traditionnel de l’Etat est celui d’organiser la société, de créer au sein de la société
la règle de conduite sociale en vue d’empêcher le trouble social, les déséquilibres dans
l’harmonie de vie en société en vue d’empêcher les injustices sociales. Dans cette vision, l’Etat
gendarme a reçu un rôle important, celui de maintenir l’ordre social au sein de la société. Nous
examinerons ce rôle en trois volets :
1. la protection de l’ordre public ;
2. l’encadrement social des citoyens ;
3. la promotion d’une justice sociale.
3
L’Etat gendarme est celui qui assure la sécurité des biens et des personnes, la tranquillité
publique et la salubrité publique ; telles sont les composantes essentielles de l’ordre public.
Les citoyens ont besoin des règles de conduite sociale qui puissent prévenir les atteintes à
la liberté et au droit des citoyens. La sécurité des biens et des personnes passent par la protection
de la propriété privée, la garantie de l’intégrité physique, la protection du domicile, la
réglementation de la circulation routière… ; elle passe aussi également par la sauvegarde de la
tranquillité des citoyens ; la paix sociale des citoyens exige le respect de la tranquillité de chacun
afin d’éviter que le mauvais comportement des uns ne puisse nuire à la tranquillité des autres ‘un
des aspects du respect d’autrui). La protection de l’ordre public passe enfin par le développement
de la salubrité publique. Il est évident que la santé publique fait partie de la paix des citoyens.
Elle précède les maladies et les soins médicaux ; au lieu de construire les hôpitaux, le rôle de
l’Etat est d’abord d’empêcher les citoyens à fréquenter les hôpitaux, c’est-à-dire de favoriser un
environnement sein qui puisse éloigner les maladies, de mettre en place les conditions d’hygiène
et des programmes de vaccination pour éradiquer certaines maladies ou tout au moins diminuer
les risques de contagion. La salubrité publique est aussi importante que la tranquillité publique et
la sécurité des biens et des personnes
En créant l’Etat, les citoyens ont voulu éviter la loi de la jungle, la loi du plus fort. Ils ont
eu en vue besoin d’un Léviathan pour organiser la société en vue d’établir un équilibre entre les
citoyens et de permettre l’encadrement de ceux-ci. C’est sur cette base que l’Etat a eue également
pour mission de créer les conditions d’une vie sociale harmonieuse en mettant en place des règles
de conduite sociale de manière à gérer les relations entre les individus dans la vie familiale en vue
de réaliser le partage équitable de l’espace foncier, en vue de protéger les échanges entre les
individus.
L’Etat gendarme, dans son rôle d’encadrement social, est également appelé à réglementer
la vie économique au sein de la société et à organiser la contribution des citoyens à la charge des
affaires de l’Etat. Toutes ces missions reconnues à l’Etat gendarme trouvent leur terrain
d’application dans leur gestion par les différents services créés par l’Etat et ils forment également
l’Administration Publique : les services de l’état civil, des affaires foncières, de l’urbanisme, les
services économiques, des impôts et taxes.
L’Etat gendarme réalise la justice sociale en mettant en place des règles qui préviennent et
qui répriment le mauvais comportement des citoyens au sein de la société mais également des
règles de droit civil et de droit commercial pour favoriser les relations entre les individus ; toutes
ces règles trouvent leur équilibre dans l’administration de la justice, dans la mise en place des
mécanismes qui permettent soit de sanctionner soit d’assurer l’arbitrage en cas de conflit.
Il serait malaisé de considérer que la justice n’est pas une affaire de l’administration car
lorsque l’on fait la distinction entre dire le droit et gérer les affaires de la justice on se rend vite
compte que la gestion de ces affaires ne relève pas du juge mais plutôt de l’administration. C’est
autant dire que toute la fonction du juge s’appuie dans l’administration qui intervient tant en
amont qu’en aval. L’acte juridictionnel est précédé par des formalités administratives et est
accompagné par des formalités administratives. L’Etat gendarme est celui qui crée des services
publics de la justice. C’est à ce titre qu’intervient le Ministre de la Justice entant qu’autorité
administrative ne faisant pas partie du pouvoir judiciaire.
5
CONCLUSION
Cette notion d’autorité est à comparer avec celle des agents de l’Administration car
l’autorité administrative se trouve à la tête d’un personnel administratif composé des agents de
commandement, des agents de collaboration et des agents d’exécution. Pour mieux savoir la
notion d’autorité, il est important de se reporter à la notion de compétence car, en définitive,
l’autorité administrative est celle qui est investie, en vertu de la loi, de la compétence de décider
ou d’agir dans une matière donnée. La notion d’autorité nous conduit à faire la distinction entre
autorité politique, autorité judiciaire et autorité administrative. Cette distinction est purement
organique dans la mesure où il sera fait la distinction entre le gouvernement, le parlement, les
cours et tribunaux ainsi que le parquet.
C’est dans la Constitution que l’on retrouve les autorités politiques à travers les
institutions politiques. La Constitution de 2006, dans son article 68 parle plutôt des institutions de
la République pour tout simplement dire les institutions de l’Etat Congolais. On y trouve :
- Le Président de la République ;
- Le Parlement ;
8
- Le Gouvernement ;
- Les Cours et Tribunaux.
L’analyse de ces institutions nous conduit à dégager les institutions judiciaires qui se
retrouvent dans les Cours et Tribunaux mais la Constitution ne fait pas allusion aux parquets
institués auprès des Cours et Tribunaux ; et pourtant, à l’article 149, les institutions du pouvoir
judiciaire sont les Cours et Tribunaux ainsi que les Parquets rattachés à ces institutions.
(Le politique, c’est ce qui intéresse le peuple ; la politique c’est la stratégie pour atteindre ce qui intéresse le
peuple).
A côté des institutions judiciaires, il y a des institutions administratives qui fonctionnent à
l’intérieur de l’institution politique « Gouvernement » à telle enseigne qu’une même autorité peut
à la fois relever de l’institution politique ‘Gouvernement’ et de l’institution administrative. C’est
ainsi que le Ministre est à la fois autorité politique et autorité administrative ; le Gouverneur de
province et de la ville de Kinshasa est à la fois autorité politique et administrative. Cette
combinaison découle de ce qu’on appelle le principe du dédoublement fonctionnel. Entant que
membre du Gouvernement, le Ministre exerce une fonction politique alors qu’entant que Chef de
son Département ministériel, il exerce une fonction administrative.
L’administration ne peut être séparée de l’Etat. C’est ainsi que la fonction administrative
est nécessairement une fonction de l’Etat, une fonction publique. Au sein de l’Etat, il y a une
répartition de tâches entre ceux qui décident au nom de l’Etat et ceux qui assurent la liaison entre
l’Etat et les citoyens.
Dans le schéma cybernétique, l’Etat est divisé en trois paliers :
- la superstructure (institutions politiques);
- la structure (institutions administratives et autres institutions judiciaires);
- l’infrastructure (les citoyens).
9
C’est dans la superstructure que se retrouvent les institutions politiques (cfr. article 68 de
la Constitution) ; c’est dans la structure que se retrouvent les institutions administratives et autres
institutions judiciaires qui permettent d’assurer la liaison entre l’Etat et les citoyens ; enfin, les
citoyens, agissant soit à travers les personnes physiques soit à travers les personnes morales, se
retrouvent dans l’infrastructure. Ils ont besoin de la structure tantôt pour atteindre l’Etat tantôt
pour recevoir la décision de l’Etat. La structure joue ici le rôle d’ascenseur entre la superstructure
et l’infrastructure.
Les auteurs modernes refusent de plus en plus le concept « fonction législative » qui a été
consacrée par Montesquieu dans l’esprit de la loi et dans la théorie de la séparation du pouvoir.
Ce refus est justifié par le fait que le pouvoir exécutif moderne a reçu une fonction normative si
importante qu’il serait admis de considérer que la règle de droit n’est plus uniquement une affaire
du pouvoir législatif mais bien plus un domaine du pouvoir exécutif.
En effet, les articles 122 et 123 de la Constitution du 18 février 2006 déterminent
expressément les matières dans lesquelles le pouvoir législatif doit intervenir pour élaborer une
règle de droit ; au total 31 matières ont été limitativement énumérées. Par contre, l’article 128 de
la Constitution dispose que « les matières autre que celles relevant des articles 122 et 123 ont un
caractère règlementaire, c’est-à-dire elles relèvent du pouvoir exécutif ». C’est autant dire que les
matières laissées à la compétence du pouvoir exécutif sont de loin plus nombreuses que celles
revenant au pouvoir législatif. L’article 128 de la Constitution va nous permettre plus tard de
faire la distinction entre les règlements autonomes et les règlements subordonnés, car les
règlements qui interviennent dans les matières qui ne relèvent pas de la loi sont dit autonomes par
le fait qu’ils créent une règle de droit en lieu et place de la loi ; ils ne dépendent pas de la loi
parce que la loi n’existe pas ; ces règlements autonomes dépendent directement de la
Constitution. Par contre, les règlements subordonnés sont ceux qui interviennent dans le sillage
de la loi ; ils dépendent de la loi et n’interviennent que pour exécuter ou encore pour appliquer la
loi ; ils ne dépendent pas directement de la Constitution mais plutôt de la loi ; ils doivent être
conformes à la loi.
10
La fonction de prendre des règlements est une fonction qui relève du Gouvernement. En
vertu de l’article 92 de la Constitution, le pouvoir réglementaire est reconnu au Premier Ministre
qui, en vertu de l’article 90 de la Constitution, est le Chef du Gouvernement. L’administration
agit pour le compte du Gouvernement et c’est elle qui, dans la fonction administrative prend
finalement les décisions administratives que l’on appelle « règlement ». Par contre, la fonction
législative relève non pas du Gouvernement mais plutôt du pouvoir législatif qui, en vertu de
l’article 100 de la Constitution, est exercé par le Parlement (Assemblée Nationale et Sénat).
Si la fonction parlementaire consiste à faire les lois, elle s’étend également au contrôle de
l’exécutif, c’est-à-dire du Gouvernement et de l’administration ; elle s’étend également au
contrôle des traités et accords internationaux. C’est autant dire que la fonction parlementaire va
au-delà de la fonction législative. Par ailleurs, au sein du Parlement, on retrouve également la
fonction administrative qui se résume dans la gestion des affaires parlementaires. En effet, le
Parlement a besoin d’une administration pour gérer des archives parlementaires, assurer
l’organisation matérielle des sessions, organiser les conditions matérielles des parlementaires,
gérer le domaine du Parlement, le patrimoine des biens meubles et immeubles. Bref, assurer le
fonctionnement régulier du Parlement. C’est ainsi que on retrouve au Parlement un Secrétaire
Général, des Directeurs, des Chefs de divisions, des Chefs de bureaux qui sont tous de
fonctionnaires et qui relèvent de l’Administration Publique.
11
Le professeur Francis Paut Benoît établit cette distinction en partant d’une autre
distinction entre l’Etat-Nation et l’Etat-Collectivité pour démontrer que le Gouvernement réalise
les missions de l’Etat-Nation en ce que il définit la politique générale de la Nation et assure
l’exécution ainsi que l’application des lois nationales ; par contre, l’Administration réalise les
missions de l’Etat-Collectivité en ce qu’elle pourvoit aux besoins d’intérêt général et accomplit
des actes de gestion.
En effet, l’article 91 dans ses alinéas 1 et 2 de la Constitution dispose que « le
Gouvernement définit, en concertation avec le Président de la République, la politique de la
Nation et en assume la responsabilité ; le Gouvernement conduit la politique de la Nation. La
défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le Président
de la République et le Gouvernement ». Il va sans dire que le rôle que la Constitution confère au
Gouvernement relève de l’Etat-Nation ; l’Etat qui organise la société et non seulement définit les
différents moyens pour répondre aux aspirations du peuple mais surtout organise les moyens par
lesquels les objectifs fixés seront atteints. Dans le même article 91, en son alinéa 3, la
Constitution ajoute « Le Gouvernement dispose de l’Administration Publique, de la Police
nationale et des services de sécurité ; en réalité, le Constituant aurait pu s’arrêter uniquement à
« l’Administration Publique », car nous l’avons déjà démontré que la Police nationale et les
services de sécurité font partie des services de l’Etat.
12
A. Volet normatif
B. Volet fonctionnel
Le Gouvernement se trouve être le véritable instrument par lequel l’Etat doit répondre aux
multiples aspirations des citoyens car, en effet, les citoyens attendent de l’Etat la réalisation du
bien être social commun.
Dans son rôle fonctionnel, le Gouvernement met en place une stratégie afin d’atteindre les
objectifs qu’il se fera assigner et il va alors organiser les services publics, c’est-à-dire
l’Administration Publique ; c’est ici le lieu de parler de la politique et de considérer, comme le dit
BOSSUET, que « la politique est l’art de procurer le bonheur aux citoyens », c’est-à-dire de créer
les conditions efficientes pour permettre aux citoyens de vivre à l’abri des besoins primaires.
Telle que conçue dans son volet tant normatif que fonctionnel, la fonction
gouvernementale se distingue alors aisément de la fonction administrative sur le plan organique
et sur le plan matériel.
a. Gouverner
« Gouverner, c’est prévoir », c’est-à-dire fixer des objectifs, élaborer des programmes
d’avenir et ensuite organiser les moyens tant juridiques que matériels et humains devant
permettre la réalisation des différents objectifs. Gouverner revient tout simplement à faire la
politique, c’est-à-dire à mettre en place des stratégies devant permettre de répondre aux
15
aspirations du peuple ; c’est là tout le sens qu’il faut donner à l’article 91 qui dispose que « le
Gouvernement définit la politique de la Nation en concertation avec le Président de la
République ; celui-ci n’est donc pas séparé de l’action gouvernementale ; entant que Chef de
l’exécutif, il participe à la définition de la politique nationale.
Dans son rôle de gouverner, c’est le Gouvernement qui élabore le plan de développement
national, à court terme, à moyen terme et à long terme. Ce plan est soumis au Parlement pour être
approuvé par voie législative. Mais, chaque année, le Gouvernement, sur base de son plan
national, élabore un budget qu’il dépose au Parlement et qui fait l’objet de la loi budgétaire ; c’est
sur base de ce budget que le Gouvernement se dote des moyens financiers pour réaliser les
objectifs qu’il s’est assigné. Le Gouvernement organise enfin l’Administration Publique avec un
personnel de qualité et avec des moyens de fonctionnement efficients.
b. Administrer
« Administrer, c’est gérer », c’est-à-dire utiliser les moyens fournis par l’Etat pour
concrétiser l’exécution du programme du Gouvernement. L’Administration est donc la machine
du Gouvernement, la machine qui permet au Gouvernement de réaliser ses objectifs. Pour ce
faire, le Gouvernement donne à l’Administration des moyens juridiques, matériels et humains.
Les moyens juridiques seront constitués par des décisions administratives et les contrats
de l’administration ; ce sont là des actes juridiques de l’Administration. L’Administration
va prendre des décisions unilatérales sous forme d’Ordonnances, Décrets, Arrêtés ou
encore tout simplement décisions dans le cadre de l’exécution des décisions politiques qui
interviennent au Gouvernement. C’est l’Administration qui fait parvenir les décisions du
Gouvernement auprès des administrés ; sans la décision administrative, la décision du
Gouvernement est inopposable aux administrés.
(Les actes du Gouvernement sont des actes préparatoires qui précèdent des actes administratifs).
16
Les moyens matériels sont constitués par les biens mobiliers et immobiliers (les moyens
financiers) qui sont mis à la disposition de l’administration pour permettre à celle-ci de
fonctionner normalement et régulièrement ; ces moyens constituent la condition sans
laquelle l’administration ne peut réaliser les objectifs du Gouvernement. Le rôle de
gestion que l’on reconnaît à l’administration passe par la bonne utilisation des moyens
mis à la disposition de l’administration.
Les moyens humains concernent le personnel de l’administration, les agents qui
interviennent dans la réalisation de différents travaux et tâches qui incombent à
l’administration pour réaliser les objectifs d’intérêt général.
De nos jours, on considère de plus en plus que le développement d’une Nation dépend
plus des moyens humains que des moyens juridiques et matériels. C’est la théorie de l’homme
qu’il faut à la place qu’il faut.
Sur le plan organique, il y a lieu de faire la distinction entre les institutions administratives
qui relèvent du pouvoir exécutif et les institutions judiciaires qui relèvent du pouvoir judiciaire.
De cette distinction, nous déduisons que la fonction administrative diffère de la fonction
judiciaire du fait que la première s’inscrit dans le cadre du pouvoir exécutif alors que la deuxième
intervient dans le cadre du pouvoir judiciaire.
La Constitution détermine alors les institutions judiciaires dans son article 149 qui dispose
que le pouvoir judiciaire est dévolu aux Cours et Tribunaux ainsi que aux Parquets rattachés à ces
juridictions.
Le professeur DEMICHEL considère que il est malaisé de parler de la fonction judiciaire
car, dit-il, cette fonction n’est pas l’apanage de seules institutions judiciaires car l’administration
exercerait également une fonction judiciaire lorsqu’elle devrait répondre aux recours
administratifs qui lui seraient adressés par les administrés victimes d’une décision administrative
illégale. Monsieur DEMICHEL considère donc que la mission de dire le droit trouve également
17
ses applications au sein de l’administration soit lorsque celle-ci siège dans une commission de
discipline soit encore lorsque, agissant comme autorité hiérarchique ou de tutelle, le Ministre doit
prendre les décisions d’annulation contre une décision illégale prise par son subordonné ou par
l’autorité sous tutelle.
(Le Ministre exerce l’autorité hiérarchique dans le cadre de la centralisation ; il exerce son pouvoir de tutelle dans
le cadre de la décentralisation. Pour DEMICHEL, le pouvoir judiciaire a pour mission de dire le droit. Pour lui,
l’autorité hiérarchique ou de tutelle exerce la fonction du juge administratif. Il rejette donc la fonction judiciaire).
Le règlement subordonné intervient toujours dans le sillage de la loi ; le règlement autonome intervient dans le
sillage de la Constitution lorsque la loi n’existe pas, il est inconstitutionnel mais légal. L’acte individuel ne peut pas
intervenir sans l’existence de la loi ; l’Ordonnance de révocation et de nomination des magistrats intervient dans le
cadre de la loi portant statut de magistrat (lire les articles 155 et 162 al.2 de la Constitution).
19
CHAPITRE DEUXIEME :
DEFINITION DU DROIT ADMINISTRATIF
Il n’existe pas une définition universelle du droit administratif car les auteurs définissent
le droit administratif tantôt en se basant sur le critère organique tantôt sur base du critère matériel.
Le professeur KABANGE définit le droit administratif comme étant celui qui régit
l’activité des autorités et organes administratifs ; cette définition rejoint celle du professeur
WALINE qui précise que le droit administratif est un ensemble des règles qui déterminent les
conditions dans lesquelles les autorités et organes administratifs accomplissent les différentes
activités visant la satisfaction de l’intérêt général.
De toutes les définitions, celle du professeur VUNDWAWE nous parait cohérente. Nous
pouvons résumer la définition du droit comme suit : « le droit administratif est une branche du
droit public interne qui comprend des règles spéciales relatives à l’organisation, au
fonctionnement et au contrôle de l’administration ».
20
Il est question sous cette section de distinguer d’abord le droit privé et le droit public et
ensuite le droit public interne et le droit international public.
Dans la summa divisio, le droit est divisé en deux grandes parties : le droit public et le
droit privé. Le droit privé régit les relations entre les personnes physiques ou morales mais il
s’applique aux relations entre l’Etat ou les organismes de l’Etat et les personnes privées, lorsqu’il
s’agit des relations de droit privé.
En effet, l’administration peut conclure des contrats de droit privé et se voir appliquer en
conséquence des règles de droit privé ; c’est autant dire que le droit privé est plutôt caractérisé
par la nature de ses règles et non par les personnes qui y interviennent. Les règles de droit privé
sont marquées par la liberté d’action des intervenants, par le caractère volontariste et
contractuel qui président aux relations entre les personnes. De plus, les relations entretenues par
les sujets de droit privé sont basées sur l’égalité des parties à telle enseigne que toute relation
léonine peut donner lieu à une sanction judiciaire. Le droit public quant à lui est beaucoup plus
contraignant que le droit privé, il régit les rapports entre plusieurs intervenants relevant de l’Etat.
Ces rapports concernent l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics. Ils concernent
les relations entre les différentes personnes morales de droit public (l’Etat, les établissements
publics et les collectivités territoriales) ; enfin, ces rapports concernent les relations entre
l’administration et les administrés et entre l’Etat et les citoyens.
(Exemple des relations entre l’Etat et les citoyens : les élections).
Le droit privé regroupe alors les différentes branches du droit telles que le droit civil, le
droit commercial et dans une certaine mesure le droit judiciaire. Le droit public englobe
également plusieurs branches, notamment le droit international public, le droit constitutionnel, le
droit administratif, le droit fiscal, le droit économique et le droit financier.
21
Avec le développement des études du droit, la summa divisio a été éclatée au profit d’une
subdivision qui distingue :
- le droit international ;
- le droit public interne ;
- le droit privé et judiciaire ;
- le droit économique et social.
Cette nouvelle subdivision a retiré, pour des raisons pédagogiques, certaines branches du droit
public international pour les verser en droit économique et social. Ainsi, le droit fiscal, le droit
économique et le droit financier qui sont, par évidence, les branches du droit public ne font plus
partie du département du droit public ; le droit public a gardé deux grandes branches du droit : le
droit constitutionnel et le droit administratif.
Ce qui caractérise le droit public c’est également la nature des règles qui interviennent
dans ce domaine ; en ce sens que ces règles sont marquées par leur caractère unilatéral, elles
interviennent par la seule volonté de l’Etat ou de l’administration laissant aux citoyens le devoir
d’obéissance dans l’exécution desdites règles. Dans les relations entre l’Etat et les citoyens ou
entre l’administration et les administrés, il n’existe pas de rapports d’égalité. L’Etat ou
l’administration se trouve dans une position de supériorité vis-à-vis des citoyens ou administrés ;
de même, la liberté contractuelle qui est de principe en droit privé n’est plus de mise en droit
public car l’Etat s’exprime par des lois ; son administration s’exprime par des décisions
administratives unilatérales ; ses Cours et Tribunaux se prononcent par des arrêts et jugements ;
tous des actes juridiques qui ne requièrent pas le consentement des citoyens ou administrés.
Par contre, le droit international public concerne les relations entre l’Etat et les autres
sujets de droit international (Etats, organisations internationales, firmes). Cependant, de plus en
plus, les auteurs admettent la notion de droit administratif international considérant qu’au sein
des institutions internationales, il existe nécessairement une administration sans laquelle ces
institutions ne peuvent fonctionner. C’est cette administration qui organise les sessions et
conférence et qui gère les moyens humains ainsi que les moyens financiers et matériels des
institutions.
Le droit constitutionnel a un objet différent de celui de droit administratif. Son objet porte
sur le pouvoir politique. En effet, le professeur BURDEAU définit le pouvoir politique comme
étant « une autorité instituée par la conscience collective d’un peuple, à un moment donné de son
histoire, autorité soutenue par l’idée du droit du Souverain, en vue de réaliser le bien social
commun » ; c’est cette autorité qui fait l’objet du droit constitutionnel. L’autorité dont il est
question dans la définition du pouvoir politique est une autorité institution, c’est cette autorité qui
sera représentée par les institutions politiques de l’Etat. Comment ces institutions reçoivent le
pouvoir du peuple ? Comment sont-elles organisées, comment fonctionnent-elles, comment est-
ce qu’elles entretiennent des relations avec les citoyens ? Toutes ces questions se résument dans
les règles qui fixent les conditions de détention et d’exercice du pouvoir politique. L’idée du droit
du Souverain se trouve transposée dans un texte juridique que l’on appelle CONSTITUTION.
C’est ainsi que certains auteurs considèrent que la Constitution fait l’objet du droit
Constitutionnel mais en réalité il ne s’agit pas de la Constitution mais plutôt du pouvoir politique
organisé par la Constitution.
Le droit administratif est un droit dynamique alors que le droit Constitutionnel est un droit
statique qui évolue en fonction de la révision constitutionnelle ou l’avènement d’une nouvelle
Constitution. Le droit administratif évolue au jour le jour car il doit s’adapter à l’évolution des
23
Le droit fiscal permet à l’Etat de se procurer des moyens financiers nécessaires tant pour
son fonctionnement que pour la réalisation des différentes activités d’intérêt général. L’Etat est
une personne morale de droit public qui trouve son fondement dans la Constitution ; cette
personne morale dispose alors de la capacité juridique qui lui permet de poser des actes juridiques
24
et de disposer d’un patrimoine. La gestion du patrimoine de l’Etat passe par la gestion des fonds
générés par l’administration fiscale, les emprunts et dividendes ainsi que les dons et les trocs.
Cette gestion concerne également les biens meubles et immeubles de l’Etat.
Le droit administratif aura pour charge de réglementer et d’assurer la gestion des biens
meubles et immeubles de l’Etat ; mais le droit financier va réglementer l’élaboration du budget
de l’Etat et la manière d’exécuter ce budget. Le droit financier précède le droit administratif car il
relève de l’autorité législative. Celle-ci doit se prononcer sur le budget de l’Etat soumis par le
Gouvernement mais également sur la loi des finances publiques laquelle détermine les conditions
d’exécution des recettes et des dépenses de l’Etat.
L’Etat entretient des relations avec les opérateurs économiques qui sont également les
administrés ; et l’Etat est également représenté dans le secteur économique par l’administration
économique : les Ministres de l’économie, du commerce, du plan, des finances.
La différence entre le droit économique et le droit administratif se conçoit alors sur le plan
matériel car le droit économique réglemente les échanges commerciaux, il favorise la protection
et la promotion des industries, il accorde des avantages fiscaux en matière d’investissement et
enfin il organise le secteur bancaire et de crédit.
CONCLUSION
Le droit administratif ne fait pas partie du droit commun car il est régit par des règles
spéciales qui dérogent aux règles de droit commun. La spécialité des règles du droit administratif
tire sa source de la puissance publique de l’Etat car dans sa définition, l’Etat dispose de la
puissance publique ; l’Etat est souverain car il bénéficie de l’impérium, c’est-à-dire d’une
puissance lui permettant d’édicter des règles de droit, de les imposer sur les citoyens et de
sanctionner toute situation contraire à la règle de droit. C’est cette puissance de l’Etat que l’on
appelle puissance publique et qui se trouve incorporer dans les institutions politiques de l’Etat. Le
Président de la République, le Parlement, le Gouvernement, les Cours et Tribunaux disposent
tous et séparément de la puissance publique. Celle-ci trouve sa source de légalité dans la
Constitution ; elle trouve sa source de légitimité dans la conscience collective du peuple. C’est le
peuple qui confère aux Gouvernants la puissance publique et qui accepte par la même occasion
de se soumettre à cette puissance publique dans la finalité de trouver des réponses à ses
différentes aspirations.
L’administration, dans son rôle de serviteur de l’Etat, va recevoir à son tour la puissance
publique pour atteindre les objectifs qui lui seront assignés par l’Etat. L’administration agit sous
l’impulsion des pouvoirs publics : elle exécute les lois du Parlement, elle met en œuvre la
politique du Gouvernement, elle assure l’exécution des arrêts et jugements ; elle a donc besoin de
la même puissance publique pour réaliser les missions de l’Etat.
L’administration dispose alors de ce qu’on appelle les privilèges des puissances
publiques ; les privilèges qui lui permettent d’agir pour le compte de l’Etat et de prendre des
règles qui s’imposent aux citoyens, des règles qui bénéficient de l’impérium de l’Etat. Parmi ces
privilèges qui font la spécialité des règles du droit administratif, il y a le privilège de la décision
unilatérale avec comme conséquence le privilège du préalable et d’exécution d’office et le
privilège d’exécution forcée ; grâce à ces différents privilèges, les décisions de l’Administration
sont exécutoires immédiatement et ne peuvent faire l’objet d’aucune contestation par les
administrés en dehors du recours en réparation ou en annulation. Dans l’exécution des contrats
administratifs, nous verrons que l’Administration dispose également des privilèges par lesquels
elle soumet au cocontractant un contrat d’adhésion et aussi dispose-t-elle des pouvoirs de
26
Enfin, la spécialité des règles du droit administratif se retrouve dans l’exécution des arrêts
et jugement dans la mesure où les décisions juridictionnelles sont conditionnées par la volonté de
l’administration, dans leur application lorsque ces décisions sont prises contre l’administration ;
le principe de l’exécution forcée des sentences judiciaires ne s’applique pas à l’administration
alors que en droit commun c’est l’administration qui aide les Cours et Tribunaux à assurer
l’exécution même par la force l’exécution de sentence judiciaire
Le droit administratif fait parti de la science administrative dans la mesure où il utilise les
méthodes scientifiques, il procède par l’observation des faits sociaux, l’analyse des phénomènes
humains, l’inventaire des besoins de la population pour trouver des solutions qui permettent la
réalisation des besoins d’intérêt général.
Sur le plan scientifique, le droit administratif étudie les règles qui concernent
l’organisation, le fonctionnement et le contrôle de l’administration. Ces trois domaines du droit
administratif constituent le contenu du cours du droit administratif :
- Dans le titre premier, nous étudierons l’organisation administrative ;
- Dans le titre deuxième, nous étudierons la fonction administrative ;
- Dans le titre troisième, nous étudierons le contentieux administratif.
Il est évident que cette étude scientifique suppose la maîtrise des sources du droit administratif,
c’est-à-dire les différents procédés par lesquels s’élaborent les règles du droit administratif ; c’est
ainsi que dans un titre préliminaire, nous étudierons les sources du droit administratif.
27
TITRE PRELIMINAIRE :
SOURCES DU DROIT ADMINISTRATIF
Le droit administratif, comme toutes les autres branches du droit, tire son origine de ce
que nous appelons les sources du droit ; longtemps on a considéré que le droit administratif était
un droit prétorien, un droit qui trouvait ses origines des différentes décisions du juge de droit
administratif. La jurisprudence française, à travers le Conseil d’Etat et le Tribunal de conflit, a
considérablement influencé le droit administratif français.
CHAPITRE PREMIER :
LES SOURCES FORMELLES DU DROIT ADMINISTRATIF
Les sources formelles sont celles qui créent une règle de droit ; celles qui modifient
l’ordonnancement juridique d’une matière, d’un bien ou encore d’une personne. Ces sources
formelles ne s’imposent non seulement à l’Etat en tant que personne morale mais également à
toutes les institutions, organes, autorités ; à toutes les personnes tant physiques que morales.
Parmi les sources formelles, nous distinguerons les sources écrites et non écrites ; et dans les
sources non écrites, nous citerons la coutume et les principes généraux du droit.
L’importance des sources formelles est telle qu’elles rentrent dans le bloque de la légalité
de telle sorte que le principe de la légalité ne s’applique pas seulement à la loi au sens stricte du
terme mais plutôt à la loi prise dans son sens large, c’est-à-dire le bloque de la légalité.
(Le principe de la légalité veut dire conformité d’une décision au bloque de la légalité et non à la loi).
Le principe de la légalité est un principe d’ordre public car dans un Etat de droit, la
soumission des autorités politiques, judiciaires et administratives au bloque de la légalité
constitue l’un des critères le plus important, car, en effet, les concepts de la séparation du
pouvoir, de la bonne gouvernance, de la démocratie ne trouverait aucun développement sans le
respect du principe de la légalité. Ainsi, dans le bloque de la légalité, le principe de la légalité
fonctionne par escalier car il suit la ligne hiérarchique des différentes sources formelles ; il y aura
entre ces sources une plus petite et une plus grande que l’autre. La plus petite devra du respect à
la plus grande. C’est fort de cette pyramide que les sources formelles seront étudiées du sommet à
la base en suivant la hiérarchie ci-après :
- La Constitution ;
- Les traités et accords internationaux ;
- Les actes législatifs ;
- La coutume ;
- Les principes généraux du droit ;
- Les décisions juridictionnelles (la chose jugée) ;
- Les actes administratifs.
29
SECTION I. LA CONSTITUTION
Sous cette section, nous aborderons dans le paragraphe premier la question de la primauté
de la Constitution, dans le deuxième paragraphe, nous examinerons les bases constitutionnelles
du droit administratif ; dans le troisième et dernier paragraphe, nous parlerons de la protection de
la Constitution.
Dans la pratique, la définition de la Constitution, sur le plan matériel, est basée sur
l’organisation et le fonctionnement du pouvoir politique à telle enseigne que tout texte juridique
qui met en place l’organisation et le fonctionnement du pouvoir politique est assimilé à une
Constitution. Dans la conception moderne, il est fait la distinction entre un texte constitutionnel et
une véritable Constitution considérant que cette dernière doit refléter l’idée de droit du souverain
car, c’est le souverain qui donne la légitimité à tout pouvoir politique ; il transpose son idée de
droit dans un texte constitutionnel. On comprend dès lors aisément la nuance entre la Loi
fondamentale, l’Acte constitutionnel de la transition, le Décret-loi constitutionnel, la Constitution
de la Transition et les Constitutions qui auront marqué la première République, la deuxième et la
troisième République. Ces trois République tirent leurs origines de l’idée de droit du souverain.
La Constitution devient alors la loi suprême car elle tire sa source de la volonté du souverain et
par conséquent elle va s’imposer sur toutes les autres lois de l’Etat qui, elles seront l’émanation
soit d’une institution soit d’une organe soit d’une autorité ; le Chef de l’Etat, avant de prendre ses
fonctions, est obligé de jurer le respect de tous ses actes à la Constitution parce que nous le
verrons, c’est lui qui sera le garant de la Constitution. Si le Président de la République représente
la première institution de l’Etat, il est important qu’il soit soumis à la Constitution et, ce faisant, il
est chargé de garantir la primauté de la Constitution.
30
matière a fait l’objet de délibération en conseil des ministres. Dans le même article 92, la
Constitution permet au Premier Ministre de déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres.
Enfin, la Constitution dispose que le Premier Ministre statue par voie de Décret.
S’agissant des Ministres, ils tirent leurs pouvoirs de l’article 93 de la Constitution. Ils
statuent par voie d’arrêté dans les matières relevant de leurs départements ministériels.
S’agissant des autorités provinciales, il y a lieu de relever que le nouveau statut des
provinces ne permet plus l’organisation de la tutelle administrative sur les provinces car celle-ci
sont devenues, en vertu de l’article 3 de la Constitution, des entités politiques dont les institutions
politiques sont organisées aux articles 195 à 199 de la Constitution. Pour permettre
l’harmonisation des rapports entre le pouvoir central et les provinces, la Constitution a institué,
en son article 200, une conférence des Gouverneurs des provinces.
Par acte législatif, il faut considérer les lois et les actes ayant force de lois ; à ce niveau, la
question qui se pose concerne les actes parlementaires qui, eux, ne sont pas des actes législatifs.
L’examen de cette question nous amène à faire la distinction entre le règlement d’assemblée qui
porte sur les mesures intérieures relatives à l’organisation et au fonctionnement de l’assemblée et
les autres actes parlementaires intervenant sous forme de résolution, recommandation,
observation, etc.
33
3° Le recours en interprétation
La protection de la Constitution est une valeur fondamentale dans une Nation car il serait
inconcevable de considérer qu’une action introduite auprès de la CC devienne irrecevable pour
un vice de procédure. C’est ainsi que la Constitution ne prévoit pas de délai en matière
d’inconstitutionnalité alors que en matière d’illégalité, il existe de délai pour introduire un
recours pour excès de pouvoir. D’autre part, la Constitution ne limite plus les personnes devant
introduire un recours en inconstitutionnalité ; en vertu de l’article 162 alinéa 2 « toute personne
sans aucune discrimination, peut introduire un recours en inconstitutionnalité devant la Cour
Constitutionnelle ». Par contre, s’agissant du recours en interprétation, la saisine de la CC est
réservée uniquement au Président de la République, au Gouvernement, au Président du Sénat ou
de l’Assemblée Nationale, à un dixième des membres de chacune des chambres parlementaires,
aux Gouverneurs des provinces et aux Présidents des Assemblées provinciales.
République. Par contre, s’agissant des lois ordinaires lorsqu’elles sont votées par les deux
chambres du Parlement, elles peuvent exceptionnellement faire l’objet d’un contrôle de la CC à la
demande du Président de la République, du Premier Ministre, du Président du Sénat ou de
l’Assemblée Nationale, d’un dixième des députés ou sénateurs. Dans ce cas, la promulgation
n’interviendra qu’après la déclaration de la CC.
NB. C’est ici la grande différence entre la loi organique et la loi ordinaire dans la mesure où la loi
organique ne peut être promulguée qu’après le contrôle obligatoire de la CC. Et c’est le Président
de la République, entant qu’autorité de la promulgation, qui doit saisir la CC. Par contre, les lois
ordinaires peuvent être promulguées sans le contrôle préalable de la CC ; la promulgation ne peut
être suspendue que si l’une des autorités prévues à l’article 160 al.3 de la Constitution introduit
un recours devant la CC.
La valeur des traités et accords internationaux trouve son fondement dans la Constitution
qui, déjà dans son préambule, affirme l’acceptation du peuple congolais de la possibilité d’aliéner
la souveraineté de l’Etat au profit du droit international. Le préambule de la Constitution affirme
la volonté du peuple congolais à promouvoir les relations internationales. Dans le corps de la
Constitution, nous retrouvons également des dispositions qui organisent les compétences en
matière des traités et accords internationaux. On y retrouve quatre intervenants dont : le Président
de la République, le Gouvernement, le Parlement, et le peuple congolais. Ainsi, l’article 213 de la
Constitution consacre la compétence du Président de la République en matière de négociation et
de ratification des traités et accords internationaux ; la même disposition, dans son alinéa 2,
organise la compétence du Gouvernement en matière de conclusion des traités et accords
internationaux qui ne sont pas soumis à ratification (c’est-à-dire qui ne relèvent pas de la
compétence du Président de la République), avec néanmoins l’obligation pour le Gouvernement
d’en informer l’Assemblée Nationale et le Sénat.
Lorsque certains auteurs affirment la primauté du droit international sur le droit interne,
les publicistes rétorquent que cette affirmation n’est pas correcte dans la mesure où non
seulement les traités et accords internationaux tirent leur fondement de la Constitution mais
surtout la même Constitution consacre la soumission des traités et accords internationaux à toutes
36
n’a pas l’obligation de vérifier la conformité du traité à la Constitution et par conséquent il serait
inadmissible d’introduire un recours en cassation contre une décision juridictionnelle qui
appliquerait un traité régulièrement ratifié quand bien même celui-ci serait réputé
inconstitutionnel.
La troisième question concerne la loi d’approbation prise par le Parlement quand bien
même le traité ou accord faisant l’objet d’approbation serait contraire à l’une des dispositions de
la Constitution. La réponse à cette question est simple par le seul fait que la loi d’habilitation
n’est pas différente des autres lois et, par conséquent, la référence aux articles 160 et 162 de la
Constitution permet l’exercice d’un recours en constitutionnalité devant la CC contre pareille loi
d’habilitation.
La supériorité du traité et accord internationaux sur les lois entraîne nécessairement la
soumission de tous les actes inférieurs à la loi au traité ou accord international. Il en sera ainsi de
toute forme des lois, des O-L, des règlements autonomes, des règlements subordonnés, de
décisions juridictionnelles, de la coutume et des principes généraux du droit ; autant des sources
38
formelles soumises au respect des traités ou accords internationaux. En affirmant que les traités et
accords internationaux s’imposent à tous les actes administratifs, nous considérons qu’il s’agit là
d’une source formelle qui fait partie du bloque de la légalité et qui, par conséquent, permet
l’exercice du recours pour excès du pouvoir lorsque une décision administrative sera prise en
violation du traité ou accord international. C’est autant dire que, si le contrôle de
constitutionnalité n’a pas été possible contre un traité ou accord international, le contrôle de la
légalité reste possible lorsqu’une décision administrative ne respecte pas un traité ou accord
international.
Sur le plan juridique, il faudra faire la distinction entre le règlement autonome, le
règlement subordonné et les actes individuels. En effet, le règlement autonome suppose
l’inexistence d’une loi mais le fait que le règlement est un acte administratif qui doit se
conformer à la loi, il est tout à fait logique qu’il se conforme non seulement à la Constitution
mais également aux traités et accords internationaux lesquels ont une valeur supérieure à la loi.
S’agissant des règlements subordonnés et des actes individuels qui, par essence, ne peuvent
intervenir qu’en vertu de la loi ou d’une ordonnance-loi, la question juridique est la suivante :
comment apprécier un règlement subordonné ou un acte individuel qui se conforme à un acte
législatif alors que celui-ci (loi ou ordonnance-loi) se trouve être contraire à un traité ou accord
international ? La réponse à cette question trouve son fondement dans le fait que le règlement
subordonné et les actes individuels dépendent de l’acte législatif et leur légalité est appréciée
uniquement en fonction de cet acte législatif. On dira à ce sujet « pessima lex sed lex », c’est-à-
dire si mauvaise soit-elle la loi est toujours la loi et elle appelle son application par tous.
Sur cette base, il sera difficile d’introduire un recours pour excès de pouvoir contre un
acte administratif car, en définitive, il n’y a pas violation de la loi. Par contre, il est important de
savoir quelle serait la valeur d’une loi intervenant en violation d’un traité ou accord
international ? Cette question est importante car nous venons d’affirmer que la loi reste valable
tant que la CC ne l’aura déclarée nulle et de nul effet ; c’est donc seule la CC qui peut anéantir les
effets d’une loi. Nous avons déjà admis que la CC peut déclarer l’inconstitutionnalité et la nullité
d’une loi qui lui serait contraire ; mais la même CC peut-elle anéantir les effets d’une loi qui
serait conforme à la Constitution mais qui serait contraire au traité et accord internationaux ? La
réponse à cette problématique est très complexe d’autant plus que la jurisprudence congolaise ne
39
nous donne pas un cas d’illustration à ce sujet. Nous nous référons à la position de la doctrine et
de la jurisprudence française, position qui refuse d’examiner « l’inconstitutionnalité » d’une loi
qui serait contraire à un traité ou accord international en se basant sur la théorie de « l’écran
constitutionnel ». Et en considérant que la supériorité du traité à la loi n’est qu’un principe
consacré par la Constitution de telle sorte que la violation de ce principe ne constitue pas
nécessairement la violation de la Constitution. Le Conseil Constitutionnel n’examine que la
violation d’une disposition constitutionnelle : à titre d’illustration, au lieu d’affirmer le principe
selon lequel les traités ont une valeur supérieure à la loi, la Constitution disposerait : « les lois de
la République doivent être conformes aux traités et accords internationaux ». Ainsi, dans
l’hypothèse de la nouvelle disposition, la violation du traité par la loi équivaudrait à la violation
d’une disposition constitutionnelle, celle qui consacre la conformité de la loi au traité.
Une autre question est celle de savoir quelle serait la position du juge du droit commun
devant deux règles de droit contradictoires, c’est-à-dire d’une part un traité ou un accord
international et d’autre part une loi dont les dispositions seraient contraires au traité ou accord
international ? La réponse à cette préoccupation se trouve encore une fois dans l’article 153 al. 4
de la Constitution lequel dispose que « les Cours et Tribunaux appliquent les traités, les lois, les
actes réglementaires pour autant qu’ils soient conformes aux lois ainsi que la coutume pour
autant que celle-ci ne soit pas contraire à l’ordre public ou aux mœurs ». Cet article ne s’arrête
pas à dire que le juge applique la loi, il précise que le juge applique les traités ensuite les lois, il
respecte la hiérarchie des actes juridiques ainsi que la supériorité des traités sur les lois ; la
réponse à notre préoccupation est de conclure que entre un traité et une loi, le juge donnera
préférence au traité.
Lorsque nous parlons d’actes législatifs, nous faisons allusion à la définition matérielle de
la loi qui considère que un acte juridique à caractère général, impersonnel et abstrait, c’est-à-dire
un acte qui ne s’identifie pas à une situation individuelle, un acte qui concerne tous les citoyens
sans aucune distinction, un acte qui régi une matière dans l’abstrait. Cette définition matérielle ne
nous permet pas de faire la distinction entre une Loi proprement dite et une Ordonnance-loi ou
40
encore une décision réglementaire. Le caractère général, impersonnel et abstrait se retrouve dans
les trois actes juridiques cités. C’est sur le plan organique et sur le plan formel que la distinction
va apparaître dans la mesure où les lois seront l’œuvre du Parlement, les Ordonnance-lois l’œuvre
du Gouvernement et les règlements seront l’œuvre de l’Administration. Sur le plan formel, la
procédure d’élaboration d’une loi est une procédure complexe organisée par la Constitution et les
règlements intérieurs de l’Assemblée Nationale et du Sénat ; l’élaboration d’Ordonnance-loi est
conditionnée par la procédure d’habilitation et de ratification alors que l’élaboration de
règlement s’inscrit dans une procédure simplifiée concernant les décisions administratives.
En parlant des actes législatifs, nous faisons allusion aux lois proprement dites et aux
actes ayant force de lois.
La loi est un acte qui relève du pouvoir législatif. Et l’article 100 de la Constitution
dispose que le pouvoir législatif est exercé par le Parlement, composé de deux chambres :
l’Assemblée Nationale et le Sénat. Le Parlement vote les lois ; les modalités de votation sont
déterminées par le règlement intérieur de chacune de deux chambres. Conformément à l’article
118 de la Constitution, le vote de la loi n’est valable qu’à la majorité absolue des membres
composant la chambre parlementaire.
Comme nous l’avons déjà souligné, le domaine de la loi est déterminé par les articles 122
et 123 de la Constitution. Il est fait la différence entre les lois qui fixent les règles générales et
celles qui déterminent les principes fondamentaux dans l’élaboration d’une règle des conduites
sociales. Ainsi, les matières énumérées par l’article 122 de la Constitution font l’objet d’une loi
complète, une règle de droit qui ne nécessite pas d’être complétée par un règlement
d’application ; c’est plutôt un règlement d’exécution qui y intervient en ce sens que la loi fixe la
règle générale et le règlement détermine les modalités d’exécution. Par contre, l’article 123
organise implicitement le partage du pouvoir normatif entre la loi et le règlement. En effet, les
matières énumérées à l’article 123 font l’objet non pas d’une loi complète mais d’une loi
partielle, celle qui se limite à fixer les principes fondamentaux devant régir une matière donnée
tout en laissant au pouvoir réglementaire la charge de compléter la loi par des règlements
41
d’application ; c’est autant dire que le règlement d’application complète la loi dans des matières
relevant de l’article 123.
Dans le domaine de la loi, il sera fait la distinction entre les lois organiques, les lois de
finances et les lois ordinaires ; l’importance de cette distinction concerne particulièrement les lois
organiques car, en effet, la définition de la loi organique n’est plus celle retenue par la doctrine
mais plutôt une définition constitutionnelle car elle découle de l’article 124 de la Constitution qui
dispose : « les lois auxquelles la Constitution confère le caractère des lois organiques sont votées
et modifiées à la majorité absolue des membres composant chaque chambre dans les conditions
suivantes :
- la proposition de loi n’est soumise à la délibération et au vote de la première Chambre
saisie qu’à l’expiration d’un délai de quinze jours après son dépôt au Gouvernement ;
- la procédure de l’article 132 est applicable. Toutefois, faute d’accord entre les deux
Chambres, le texte ne peut être adopté par l’Assemblée nationale en dernière lecture qu’à
la majorité absolue de ses membres ;
- les lois organiques ne peuvent être promulguées qu’après déclaration par la CC
obligatoirement saisie par le Président de la République, de leur conformité à la
Constitution dans un délai de quinze jours.
(Le caractère organique n’est pas conféré par la doctrine mais par la Constitution).
C’est sur cette base de l’article 124 que les différentes lois organiques ont été précisées
dans la Constitution en rapport avec les matières concernées ; exemple : l’article 3 al. 4 de la
Constitution prévoit que l’organisation et le fonctionnement des entités décentralisées seront
fixés par une loi organique ; l’article 179 de la Constitution prévoit également que le
fonctionnement et l’organisation de la Cour de Compte sont fixés par une loi organique ; il en est
ainsi d’autres matières qu’il faudra découvrir dans la Constitution pour savoir si elles sont régies
par une loi organique ou par une loi ordinaire.
celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère réglementaire ». Cette disposition laisse au
Gouvernement « le pouvoir de légiférer » dans toutes les matières qui ne sont pas reprises dans
les articles 122 et 123 de la Constitution.
La différence entre le règlement subordonné et le règlement autonome va découler de
l’application des articles 122 et 123 d’une part et de l’article 128 d’autre part. Dans l’esprit des
articles 122 et 123, les règlements interviennent dans le sillage de la loi soit pour exécuter la loi
soit pour la compléter par des mesures d’application, il s’agit ici des règlements subordonnés
alors que dans l’esprit de l’article 128 de la Constitution, le règlement intervient là où la loi ne
peut pas intervenir, le règlement intervient dans les matières résiduaires qui lui sont laissées par
la Constitution ; on parle alors des règlements autonomes. (Nous verrons plus tard qu’il existe
une autre variante des règlements autonomes).
L’initiative de la loi appartient au Gouvernement (projet de lois) et à chacun des membres
de l’Assemblée Nationale ou du Sénat (proposition de lois). Le président de la République
n’intervient que dans le cadre de la promulgation des lois, il n’a donc pas d’initiative en matière
législative, il est obligé de passer par le Gouvernement. La promulgation de la loi est une
compétence liée du Président de la République car la loi ne relève pas de sa compétence ; il
intervient uniquement entant que Chef de l’Etat pour donner l’instrumentum à la loi, c’est
pourquoi une fois la loi adoptée, elle doit être transmise dans le délai de six jours de son adoption
au Président de la République qui dispose d’un délai de 15 jours pour promulguer la loi.
Cependant, le Président de la République dispose d’un droit de veto qui lui permet, non pas de
s’opposer à la promulgation de la loi, mais de soumettre celle-ci à une seconde lecture avec ses
avis et considérations. Les deux chambres du Parlement sont dans l’obligation de réexaminer le
texte des lois et de s’y prononcer à la majorité absolue de ses membres (dans le système
américain, la 2ème lecture requiert la majorité qualifiée).
La promulgation de la loi est nécessairement accompagnée par sa publication au Journal
Officiel avec cette conséquence que l’entrée en vigueur de la loi intervient 30 jours après sa
publication au Journal Officiel à moins que la loi en dispose autrement. Sur le plan contentieux,
le principe « nul n’est censé ignorer la loi » ne peut être valable que si la loi a fait l’objet de
publication ; elle ne devient donc opposable aux citoyens qu’après sa publication au Journal
Officiel quand bien même elle entrerait en vigueur à la date fixée par la loi. Nous faisons ici la
distinction entre l’entrée en vigueur et l’opposabilité de l’acte juridique vis-à-vis des citoyens.
43
La théorie des actes ayant force de lois est une théorie complexe car elle combine à la fois
le caractère réglementaire et le caractère législatif d’un acte juridique. Elle donne naissance à un
« poisson-chat » dans la mesure où l’acte juridique est à la fois une Ordonnance et une Loi. C’est
la conséquence des articles 122 et 123 de la Constitution qui permet de recourir à cette théorie
des actes ayant force de lois dans la mesure où il a été démontré que malgré la limitation des
matières (15 à l’article 122 et 16 à l’article 123), le Parlement se trouve dans l’impossibilité
matérielle d’accomplir sa mission législative ; les parlementaires doivent également s’occuper du
contrôle du Gouvernement et des services publics, du contrôle des traités et accords
internationaux soumis à leur approbation ; ils doivent effectuer les enquêtes parlementaires,
travailler en commission et sous-commissions et, enfin, ils doivent périodiquement rentrer à leur
base électorale pour requérir les aspirations du peuple. C’est là une multitude des charges qui
entraînent l’encombrement du Parlement et qui expliquent le blocage éventuel de l’élaboration
d’un texte législatif. Il est important de remédier à cette faiblesse en procédant à la délégation du
pouvoir législatif au profit du Gouvernement pour permettre à ce dernier de légiférer d’urgence
dans une matière nécessaire à la réalisation de son programme.
Parlement non seulement d’exercer un contrôle a posteriori de l’acte pris par le Gouvernement
mais également de conférer le caractère législatif à l’acte émanant du Gouvernement. La
conséquence logique de cette double procédure (habilitation et ratification) est telle que les actes
de l’exécutif intervenant dans le domaine réservé à la loi garde leur nature réglementaire tant
qu’ils n’auront pas été ratifiés par le Parlement. C’est donc l’acte de ratification, la loi de
ratification qui élève l’acte de l’exécutif au niveau de l’acte législatif. Avant la ratification, l’acte
intervenant dans le domaine législatif constitue également un règlement autonome qui se définit
ici comme étant un « acte intervenant dans le domaine de la loi (articles 122 et 123), mais dans
une matière où il y a lacune de la loi, dans une matière qui n’a pas encore fait l’objet d’un acte
législatif ; un tel règlement ne peut pas aller dans le sillage de la loi parce que la loi n’existe pas
encore en la matière.
Sur le plan diachronique, les actes ayant force de lois ont connu à travers l’histoire
constitutionnelle de la RDC plusieurs formes d’appellation et parfois des régimes juridiques
différents. Dans la Constitution du 1er août 1964, les actes ayant force de lois sont consacrés par
l’article 95 et ils sont élaborés sous forme de Décret-loi (D-L). Dans la Constitution du 24 juin
1967, les actes ayant force de lois sont organisés par l’article 52 et ils sont élaborés sous forme
d’O-L ; il faut noter que la Constitution originelle de 1967 n’organise pas la loi de ratification de
telle sorte que l’O-L avait une valeur législative à partir de sa publication ; l’article 52 n’organise
pas la procédure d’habilitation.
voie de Décret (la Constitution française de la 5ème République parle également d’Ordonnance
tout court lorsqu’elle fait allusion aux actes ayant force des lois). La Constitution de la Transition
du 04 avril 2003 reprend également les procédures d’habilitation et de ratification en son article
119 et revient sur l’appellation de D-L à l’instar de la Constitution de 1964. Enfin, la nouvelle
Constitution du 18 février 2006 organise en son article 129 les procédures d’habilitation et de
ratification des actes ayant force de lois avec l’appellation d’O-L à l’instar de la Constitution de
1967.
Lorsque nous disons que les actes législatifs constituent les sources formelles du droit
administratif, c’est principalement du fait que l’administration est une émanation du
Gouvernement et celui-ci est chargé d’exécuter les actes législatifs, c’est-à-dire les lois et les
actes ayant force de lois ; le principe de la légalité concerne, de manière générale, tout le bloque
de la légalité mais il concerne spécialement la soumission des actes de l’exécutif, des actes de
l’administration à la loi au sens strict du terme ainsi que à l’acte ayant force de lois.
Lors que les décisions de l’administration ne respectent pas un acte législatif, il y a ce que
l’on appelle « un excès de pouvoir », une illégalité ; cette illégalité constitue le contraire d’un
Etat de droit et par conséquent elle doit être sanctionnée. La sanction de l’illégalité interviendra
dans deux procédures différentes : la procédure de recours pour excès de pouvoir et l’exception
d’illégalité.
Cette procédure vise l’annulation d’une décision administrative prise dans le non respect
d’un acte législatif. Le recours pour excès de pouvoir (REP) dit également « recours en
annulation » est un recours tantôt juridictionnel tantôt administratif ; un recours juridictionnel
dans la mesure où il s’adresse au juge du droit administratif, il relève de la compétence de la
juridiction administrative ; un recours administratif lorsqu’il s’adresse à une autorité
administrative soit l’autorité hiérarchique soit l’autorité de tutelle (cfr titre 1er: Organisation
administrative).
46
B. L’exception d’illégalité
Le recours en annulation est un recours complexe qui est soumis à des conditions de
forme et de fond et qui n’aboutit pas toujours à la sanction d’illégalité lorsque le recours est jugé
irrecevable soit par forclusion de délai soit par incompétence de la juridiction saisie. Faut-il alors
admettre la survie d’un « monstre », la survie d’une illégalité au détriment des administrés lésés ?
C’est pour pallier à cette inconséquence que le droit administratif a prévu la procédure
d’exception d’illégalité pour permettre aux administrés lésés qui se verraient opposer une
décision administrative illégale, dans le cours d’un procès, de demander au juge d’écarter de sa
religion l’application d’une telle décision illégale.
1°. Le droit Français autorise le juge de droit privé d’interpréter les actes administratifs mais il
refuse à ce juge le pouvoir d’apprécier la légalité d’un acte administratif considérant que cette
compétence relève des juridictions administratives ; par conséquent, le juge de droit privé, devant
une exception d’illégalité soulevée par l’une des parties au procès, devra surseoir à statuer et
renvoyer l’exception à la juridiction administrative ; le juge de droit privé sera alors lié par la
décision du juge de droit administratif ;
2°. S’agissant des juridictions pénales, il est admis que le juge pénal peut apprécier la légalité
d’une décision administrative à l’occasion d’une exception d’illégalité uniquement lorsque la
décision administrative faisant l’objet de l’exception rentre dans l’élément légal de l’infraction,
c’est-à-dire que la décision du juge pénal dépend de l’application de la décision administrative
47
contestée. C’est autant dire que le pouvoir du juge pénal n’est pas un pouvoir général
d’appréciation de la légalité des décisions administratives mais plutôt un pouvoir limité à la seule
décision administrative invoquée dans un procès pénal ;
3°. Le juge administratif à qui revient la compétence en matière d’exception d’illégalité fera la
distinction entre les actes réglementaires et les actes individuels ou particuliers.
- L’exception d’illégalité soulevée contre un acte réglementaire n’est pas limitée dans le
temps, elle ne connaît pas de prescription, elle peut être soulevée à tout moment devant
toute juridiction administrative quand bien même le recours en annulation ne sera plus
possible par forclusion de délai ;
- Par contre, s’agissant des actes individuels ou particuliers (cfr. infra), l’exception
d’illégalité ne sera possible que dans le délai du recours pour excès de pouvoir de telle
manière que la forclusion de délai en matière de recours en annulation s’applique
également dans le cadre de l’exception d’illégalité ; il y va là de la protection des droits
acquis des citoyens lesquels droits deviennent intangibles après l’écoulement d’un certain
délai ; cependant, la jurisprudence Française a admis deux exceptions à cette contrainte de
forclusion de délai.
Lorsque l’administré a fait l’objet d’une décision administrative individuelle illégale et
qu’à la suite de cette décision il a été victime d’un préjudice certain, il lui revient
d’introduire un recours en réparation devant le juge compétent (cfr. titre 3) ; ainsi,
l’administré victime pourra soulever une exception d’illégalité pour demander au juge de
la réparation d’écarter de sa religion la décision administrative qui a donné lieu au
préjudice quand bien même celle-ci aurait bénéficié de la forclusion ;
Dans la théorie des actes-conséquences (cfr. titre 2), nous verrons qu’il existe des actes
individuels qui tirent leur existence d’un autre acte individuel ; par exemple : 1. La
nomination d’un agent peut intervenir à la suite de la révocation d’un autre agent ; 2.
L’expropriation d’une maison d’un administré interviendra à la suite d’une autre décision
portant déclaration d’utilité publique ; il peut se faire que les premières décisions qui
auront permis l’intervention des autres décisions (que ces premières décisions) deviennent
inattaquables par forclusion de délai mais par bonheur les autres décisions peuvent encore
faire l’objet du recours pour excès de pouvoir, en étant dans le délai ; l’administré qui
48
attaque la 2ème décision dans le délai peut soulever une exception d’illégalité contre la
première décision malgré la forclusion du délai car le sort de la 2ème décision dépend
logiquement de l’existence de la première décision.
NB. Nous pouvons ici constater que les deux Constitutions déterminent différemment les actes
pouvant faire l’objet d’exception d’illégalité car dans la Constitution de 64, il ne s’agit que des
actes réglementaires alors que dans celle de 1967, il s’agit de tous les actes émanant des autorités
administratives, c’est-à-dire les actes réglementaires et les actes individuels. Toutes les révisions
ultérieures de la Constitution de 1967 ont maintenu la référence aux actes des autorités
administratives.
La position du Constituant congolais de 1967 est la même que celle du Constituant belge
car l’article 159 de la Constitution belge ne se limite pas seulement aux actes réglementaires, elle
cite également les actes individuels dans le contrôle des actes administratifs confié aux Cours et
Tribunaux ; la Constitution belge protège mieux les droits de citoyens dans la mesure où, de
manière perpétuelle, sans la prescription, le juge peut connaître de l’exception d’un acte
réglementaire aussi bien qu’individuel. Le Constituant congolais est revenu sur les dispositions
de 1964 depuis l’Acte Constitutionnel de la Transition du 04 avril 1994. Depuis, les Cours et
Tribunaux n’appliquent les actes réglementaires que pour autant que ceux-ci soient conformes
aux lois ; cette disposition est aussi reprise dans la Constitution de transition du 04 avril 2003 et
dans la Constitution du 18 février 2006.
49
A l’heure actuelle, l’article 153 al. 4 de la Constitution de 2006 ouvre la voie à l’exception
d’illégalité uniquement pour les actes réglementaires ; les actes individuels peuvent néanmoins
faire l’objet de recours en annulation, de REP devant la juridiction administrative ; c’est l’esprit
de l’article 155 de la Constitution qui affirme que « le Conseil d’Etat connaît, en 1er et dernier
ressort, des recours pour violation de la loi (recours en annulation = REP), recours formé contre
les actes, règlements et décisions des autorités administratives centrales ; les Tribunaux
Administratives à venir seront certainement compétents pour les décisions des autorités
provinciales et locales.
- L’exception ‘illégalité sort ses effets erga partes dans la mesure où la décision du juge de
l’exception ne concerne que les parties au procès, un autre procès peut avoir l’occasion
d’examiner l’exception d’illégalité sur la même décision administrative alors que le
recours pour excès de pouvoir qui aboutit à l’annulation d’un acte administratif sort ses
effets erga omnes, car la décision d’annulation coulée en force des choses jugées
concerne à la fois toute l’administration et tous les administrés.
La coutume a toujours été considérée en droit congolais comme une source formelle du
droit et particulièrement du droit administratif :
- C’est d’abord dans l’Ordonnance législative du 14 mai 1886 que la coutume a été
considérée comme étant une source supplétive du droit ; ainsi, en cas de lacune de la loi, il
est dit que le juge se réfère à la coutume ;
- Par la suite, les différentes Constitutions de la RDC ont également admis la coutume
comme source de droit ; il est dit : « Les Cours et Tribunaux appliquent la coutume » ; ces
dispositions constitutionnelles se retrouvent encore dans l’article 116 du code de l’O.C.J
qui dit : « Si une contestation doit être tranchée suivant la coutume, les Cours et
Tribunaux appliquent celle-ci… » ;
- Enfin, le droit positif se réfère expressément à la coutume dans certaines matières bien
déterminées : il en est ainsi de la loi portant organisation judiciaire qui admet l’application
de la coutume là où les tribunaux coutumiers fonctionnent jusqu’à présent, du code de la
famille qui prévoit que la dot est fixée conformément à la coutume ; de la loi portant
organisation territoriale et administrative de la République qui renvoie à la coutume la
désignation des Chefs coutumiers et enfin de l’article 207 de la Constitution qui reconnaît
le pouvoir coutumier et qui précise que cette matière sera régie par une loi.
51
La première question est celle de savoir : Où se situe la coutume dans la hiérarchie des
actes juridiques ? La réponse à cette question réside dans le fondement juridique de la coutume
car celle-ci tire son fondement de la loi et par conséquent elle est inférieure à la loi ; mais vis-à-
vis des actes administratifs, la coutume est rangée au dessus de ces actes administratifs par le fait
qu’elle intervient soit pour suppléer la lacune de la loi sot pour compléter la loi qui renvoie une
matière à la coutume ; dans cette dernière hypothèse, la loi existe bel et bien, il n’y a pas lacune
de la loi (nous sommes loin de l’Ordonnance législative de 1886) ; dans cette hypothèse, la
coutume trouve son application en vertu de la loi. Ainsi, une décision administrative qui serait
prise en violation de la coutume serait contraire soit à l’Ordonnance législative du 14 mai 1886
soit à la loi (cfr. supra) en vertu de laquelle la coutume tire son fondement ; le recours pour excès
de pouvoir est alors possible pour violation de la coutume.
Une autre question est celle de savoir si la coutume doit être conforme à la loi. Avant de
répondre à cette question, il est important de jeter un regard à l’histoire constitutionnelle de notre
pays :
- Dans la Constitution de 1964, l’article 123 dispose : « Les Cours et Tribunaux appliquent
la coutume pour autant que celle-ci soit conforme aux lois, à l’ordre public et aux bonnes
mœurs » ;
- L’article 57 de la Constitution de 1967 et toutes ses révisions ultérieures disposent : « Les
Cours et Tribunaux appliquent la coutume pour autant que celle-ci soit conforme aux lois
et à l’ordre public de l’Etat » ;
- L’Acte Constitutionnel de la Transition (ACT) de 1994 dispose en son article 98 : « Les
Cours et Tribunaux appliquent la coutume pour autant qu’elle soit conforme à l’ordre
public et aux bonnes mœurs (il n’est pas fait allusion à la loi). Cette disposition de l’ACT
se retrouve également dans l’article 149 de la Constitution de transition de 2003 ;
- L’article 153 al. 4 de la Constitution de 2006 dispose pour sa part : « Les Cours et
Tribunaux appliquent la coutume pour autant que celle-ci ne soit pas contraire à l’ordre
public et aux bonnes mœurs ».
52
- Il serait dangereux de considérer qu’en cas de lacune de la loi, la coutume qui supplée à la
loi ne peut être contraire à toutes les autres lois qui existent, car, en effet, dans la
législation, une loi nouvelle peut contenir des dispositions contraires à une autre loi ; on
dit alors que la loi nouvelle prime l’ancienne loi ; peut-on soutenir le même raisonnement
s’agissant d’une coutume qui supplée à la loi mais comporte en même temps une ou des
dispositions contraires à la loi ; un tel raisonnement est inadmissible ;
- Si, par absurde, nous maintenons la logique tirée de l’Ordonnance législative du 14 mai
1886, quand serait-il de la coutume intervenant en vertu d’une loi (cfr. supra) ; peut-on
concevoir que la coutume qui fixe la dot soit en contradiction avec le code de la famille
d’où elle tire son fondement ou encore avec une autre loi de la République ( par exemple
soumettre une fille pubère aux travaux forcés de la belle famille en guise de la dot ) ; ceci
démontre à suffisance que la coutume ne peut pas être contraire à la loi ;
- La logique qui justifierait la formulation des nouvelles dispositions constitutionnelles n’a
pas été suivie ni par le Législateur ni par le Constituant en droit positif congolais ; en
effet :
53
L’article 116 du code de l’OCJ reprend expressément que lorsque les Cours et Tribunaux
appliquent la coutume, celle-ci doit être conforme aux lois et à l’ordre public ;
Ensuite, l’article 155 du même code ajoute que le recours en cassation est possible contre
une décision judiciaire prise sur la base de la coutume contraire à la loi ;
Enfin, l’article 207 de la Constitution vient couronner notre thèse lorsque il dispose que :
« L’autorité coutumière est dévolue conformément à la coutume locale, pour autant que
celle-ci ne soit pas contraire à la Constitution, à la loi, à l’ordre public et aux bonnes
mœurs ».
Pour mieux faire, la prochaine révision constitutionnelle devrait revenir à la formulation
de la Constitution de 1964 et 1967.
La doctrine constante définit les principes généraux de droit comme « des valeurs
philosophiques et morales ancrées dans l’esprit d’une Nation et considérées par la communauté
comme impératives au maintien de l’équilibre social ».
En droit congolais, les principes généraux de droit tirent leur fondement de l’Ordonnance
législative du 14 mai 1886 ainsi que de l’article 116 du code de l’OCJ. En effet, l’Ordonnance
législative de 1886 dispose qu’en cas de lacune de la loi, le juge se réfère d’abord à la coutume,
ensuite aux principes généraux du droit. L’article 116 de l’OCJ complète ; « En cas d’absence de
la coutume ou lorsque celle-ci n’est pas conforme aux lois, le juge s’inspire des principes
généraux du droit ».
En droit français, nous avons souvent affirmé que le droit administratif a été longtemps un
droit prétorien car le juge a été le 1er à créer les principes généraux du droit pour combler la
lacune de la loi.
De nos jours, beaucoup de principes généraux de droit ont été transformés soit en
dispositions constitutionnelles soit en dispositions législatives de telle sorte qu’avec cette
transformation, ils ont acquis la valeur des normes constitutionnelles ou des normes législatives
selon le cas.
54
Les principes généraux du droit que l’on ne retrouve dans la Constitution ou dans les lois
de l’Etat constituent alors des sources non écrites, des sources philosophiques qui doivent être
consacrées par la jurisprudence ; c’est finalement le raisonnement du juge à travers le temps et
l’espace qui permet d’affirmer un principe général du droit au sein d’un Etat.
Le principe général du droit constitue alors une source formelle qui s’impose au juge, à
l’administration et aux administrés. Et de ce fait, ils ont une valeur supérieure aux actes
administratifs avec cette conséquence que la décision administrative qui serait prise en violation
d’un principe général du droit sera contraire à la loi qui consacre les principes généraux du droit
comme des règles supplétives à la loi.
Nous faisons la distinction entre la jurisprudence qui est une source sociologique du droit
administratif et la décision juridictionnelle qui est une source formelle du droit administratif dans
la mesure où elle s’impose à l’administration dès lors qu’elle a acquis l’autorité de la chose jugée.
La décision juridictionnelle n’appartient pas au juge mais plutôt elle engage tous les
peuples congolais et elle est rendue au nom du Président de la République entant que Chef de
l’Etat. Une telle décision s’impose à l’administration dans tout Etat de droit.
La Constitution de 2006 a apporté une innovation de taille lorsque dans son article 151
elle précise que « Le pouvoir exécutif ne peut s’opposer à l’exécution d’une décision de
justice » ; l’administration qui intervient dans le sillage du pouvoir exécutif se trouve par ricochet
obliger d’exécuter la décision de justice ; toute décision administrative qui s’opposerait à
l’exécution d’une décision juridictionnelle sera réputée inconstitutionnelle. Mais, au-delà de
l’article 151, c’est à l’administration que le droit judiciaire confie l’exécution des décisions
juridictionnelles de telle sorte qu’aucune décision administrative ne peut aller en l’encontre de la
chose jugée et le juge de droit administratif sanctionnera pour excès de pouvoir toute décision
administrative qui serait prise en violation de la chose jugée.
L’administration est d’autant plus tenue au respect de la chose jugée lorsque la décision
juridictionnelle est prise au détriment de l’administration soit s’agissant de l’annulation d’une
décision illégale soit concernant la réparation d’un préjudice causé par l’administration.
L’attitude négative de l’administration devant une décision la condamnant peut ainsi donner lieu
non seulement au recours pour excès de pouvoir mais également au recours en réparation pour le
préjudice subi du fait du non exécution de la décision juridictionnelle.
Soulignons enfin que la décision juridictionnelle condamnant l’administration ne peut
jamais bénéficier d’une voix d’exécution forcée car l’administration jouit du privilège des
Puissances Publiques qui interdit l’exécution forcée à son encontre.
56
CHAPITRE EUXIEME :
LES SOURCES SOCIOLOGIQUES DU DROIT ADMINISTRATIF
Nous avons déjà parlé de la jurisprudence comme source sociologique qui permet à
l’autorité administrative de mieux habiller sa décision administrative ; nous citons également la
doctrine comme source sociologique du droit administratif dans la mesure où elle permet
d’éclairer la « ratio legis » ou encore l’exposé des motifs des décisions administratives. Dans
tous les deux cas, qu’il s’agisse de la jurisprudence ou de la doctrine, l’administration n’est pas
liée dans la décision qu’elle doit prendre et ni l’exception d’illégalité ni le recours pour excès de
pouvoir ne sont possibles lorsque une décision administrative a été prise dans le sens contraire à
la jurisprudence ou à la doctrine.
Les véritables sources sociologiques du droit administratif se trouvent dans les actes
internes de l’administration qui ne sont pas pour autant des décisions réglementaires ni
individuelles ; il s’agit des circulaires administratives, des notes de services, des directives
administratives et des actes préparatoire
58
TITRE PREMIER :
L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE
L’étude de l’organisation administrative porte sur la manière dont l’Etat organise les
différentes institutions administratives qui sont chargées de réaliser toutes les missions qui
rentrent dans la fonction administrative. Au sein de l’Etat, il sera fait la distinction entre les
institutions politiques, judiciaires et administratives. Ces trois institutions forment ce que l’on
appelle les institutions publiques :
- Les institutions politiques relèvent du droit constitutionnel ;
- Les institutions judiciaires relèvent du droit judiciaire ;
- Les institutions administratives relèvent du droit administratif.
Ces institutions administratives sont réparties entre les institutions territoriales
lesquelles regroupent toutes les entités territoriales et les institutions spécialisées qui regroupent
les différents services publics ; les premières sont territoriales pour la simple raison que leur
sphère d’intervention se trouve être le territoire. En effet, le territoire national est découpé en
plusieurs morceaux que l’on appelle « circonscriptions administratives » ou encore « entités
territoriales ». Par contre, les institutions spécialisées concernent les différentes activités d’intérêt
général qui sont érigées en service public de telle sorte que à chaque service public correspond
une activité spéciale donnée ; c’est ce que l’on appelle le principe de la spécialité des services
publics.
L’étude des institutions administratives nous conduit alors à déterminer d’abord les
techniques d’organisation administrative (chapitre 1er) ; ensuite il sera question d’étudier
l’organisation et le fonctionnement des institutions administratives territoriales que nous appelons
également administration territoriale (chapitre 2ème); enfin, nous allons clôturer cette étude par
l’organisation et le fonctionnement des institutions administratives spécialisées appelées
administration spécialisée (chapitre 3ème).
CHAPITRE PREMIER :
LES TECHNIQUES D’ORGANISATION ADMINISTRATIVE
La concentration administrative a certes des avantages mais elle comporte plutôt des
désavantages. Parmi les avantages de la concentration, il y a le souci d’assurer l’unité de
commandement et de renforcer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. Cette
justification serait valable pour les Etats qui sortiront de la guerre ou encore qui auraient connu
une révolution nécessitant la reprise du commandement et le rétablissement de la paix et de
l’unité nationale. Mais, ces avantages ne résistent pas aux inconvénients qui dénaturent tous les
profits de la concentration ; parmi ces inconvénients, nous citons :
- Le blocage dans le traitement des dossiers administratifs car, dit-on, « qui trop embrasse
mal étreint » ; de ce fait, l’autorité centrale agissant dans le cadre de la concentration sera
tellement surchargée par les dossiers que nombreux seront ceux-là qui resteront dans le
tiroir et qui n’en sortiront jamais ; ce désavantage conduit souvent à la sous -
administration dans la mesure où les administrés ne trouvent pas leur réponse à leur
administration ;
- La concentration éloigne l’administration du centre de décisions à telle enseigne que
nombreuses sont celles qui sont prises régulièrement à la Capitale mais qui ont du mal à
atteindre les populations locales ; l’administration fonctionne alors à deux vitesses entre
ceux qui sont réellement administrés et ceux qui ne sont pas du tout administrés. Du reste,
quand bien même la décision de la Capitale atteindrait les couchent inférieures, elle
subirait les méfaits de la tradition orale étant donné que la publication officielle des
décisions administratives fait régulièrement défaut ; l’administration fonctionne avec des
61
photocopies qui se multiplient à travers le temps et l’espace avec tous les risques
d’altération de leur contenu ;
- La concentration ne permet pas la démocratisation des institutions administratives
laquelle milite en faveur d’une certaine participation des citoyens dans la prise des
décisions administratives ; si juridiquement les administrés ne peuvent prendre part à la
prise de décision, il est cependant impérieux que les autorités administrative desquelles
les administrés répondent puissent participer même indirectement à la prise de décision,
particulièrement en ce qui concerne les matières locales ; de la sorte, les autorités locales
disposeraient s’un certain pouvoir de décision, elles auraient la facilité de prendre
l’initiative d’apporter les solutions immédiates aux problèmes urgents posés par la
communauté locale.
La déconcentration ne retire pas à l’autorité compétente le pouvoir d’attribution qui lui est
reconnu ; elle permet tout simplement de déléguer la prise de décision dans certaines matières
d’intérêt provincial ou local ; c’est là toute la distinction qu’il faudra faire avec la décentralisation
administrative car cette dernière va opérer le transfert des compétences administratives de
l’administration centrale vers l’administration provinciale ou locale et vers l’administration
spécialisée ; c’est pourquoi, nous disons que la déconcentration est une variante de la
62
centralisation, elle s’inscrit dans la pyramide, dans l’organisation verticale des pouvoirs
administratifs ; le délégataire agit pour le compte du délégant et le délégant (autorité centrale)
dispose sur le délégataire (autorité provinciale ou locale) d’un pouvoir hiérarchique alors que
dans la décentralisation, nous parlerons plutôt des pouvoirs de tutelle.
A. Déconcentration territoriale
En règle générale, les autorités territoriales agissent soit comme des autorités
déconcentrées soit comme des autorités décentralisées ; cela dépend de la structure territoriale qui
est mise en place : ainsi, les entités non décentralisées relèvent directement de l’administration
centrale, leur centre de décision se trouve au niveau des autorités centrales tandis que les autorités
décentralisées sont l’émanation de la décentralisation territoriale en ce sens que c’est l’entité
territoriale qui est décentralisée et, par ricochet, les autorités d’une telle entité sont également
décentralisées.
La déconcentration territoriale s’opère donc entre l’autorité centrale et l’autorité
déconcentrée ; la délégation des pouvoirs résulte soit de la loi qui organise une matière donnée
soit de celle qui organise les circonscriptions administratives soit encore des règlements
d’application. A titre d’illustration : Le Ministre des affaires foncières est l’autorité compétente
en matière foncière mais la loi foncière opère une délégation des pouvoirs de décision en faveur
des Gouverneurs des provinces soit en faveur du Conservateur des titres immobiliers.
L’organisation de plusieurs ministères du Gouvernement s’étend jusqu’aux entités
territoriales non décentralisées ; les Ministres sont ainsi représentés dans les différentes provinces
par de Chefs de Divisions et dans les territoires et districts par des Chefs de Bureaux ; ces
différentes autorités reçoivent de la part de leurs Ministres qui siègent au Gouvernement la
délégation des pouvoirs afin de décider dans certaines matières d’intérêt provincial ou local pour
le compte du Ministre.
63
B. Déconcentration technique
Celle-ci est beaucoup plus complexe que la déconcentration territoriale car elle concerne
la délégation des pouvoirs de décision de l’administration centrale au profit de certains services
publics ; elle vise à améliorer le fonctionnement d’un service public.
Ainsi, dans la pratique, certains services d’un ministère donné sont érigés en « Régie » par
le phénomène de la déconcentration technique ; ils cessent de relever du Secrétariat Général (SG)
pour devenir des véritables directions générales. En d’autres termes, le SG d’un ministère
supervise les différentes Directions du ministère ; chaque Direction est subdivisée en Divisions et
chaque Division est subdivisée en Bureaux ; par contre, lorsque l’Etat décide d’opérer la
déconcentration technique, certaines directions qui relevaient du SG sont transformées en
Directions Générales de telle sorte que sous l’autorité hiérarchique du Ministre, on trouvera un
SG à la tête de Directions, Divisions et Bureaux, on trouvera également un Directeur Général
(DG) à la tête d’autres Directions, Divisions et Bureaux. Exemple : La DGI est une ancienne
Direction de contribution qui relevait du Secrétaire Général des Finances ; c’est par la technique
de la déconcentration technique que cette Direction de contribution est devenue un service public
déconcentré que l’on appelle « Régie ».
Nous verrons plus tard que au sein d’un même ministère, il y aura des services publics
concentrés, des services publics déconcentrés et des services publics décentralisés ; nous
comprendrons ainsi la différence entre la Direction de trésorerie du ministère des Finances, la
DGI et l’Office de gestion de la dette publique (OGDP) ou encore l’OFIDA ; tous des services
publics relevant du ministère des Finances mais avec des régimes juridiques différents.
64
Les services publics qui fonctionnent sous la coordination du Secrétaire Général relèvent
de la concentration administrative dans la mesure où le Ministre des Finances est la seule autorité
des décisions, le Secrétaire Général représente une sorte de courroie de transmission permettant
de faire exécuter les différentes décisions du Ministre par les Directions, Divisions et Bureaux
concernés. Les services publics déconcentrés fonctionnent alors comme des Régies sous la
direction soit d’un DG soit d’un Inspecteur Général (IG); il en est ainsi de l’IGF, de la DGRAD
et de la DGI qui sont des Régies financières (relevant du ministère des finances) ; c’est à tord
que, dans la pratique, on considère l’OFIDA comme une Régie financière (voir décentralisation
technique). La DGM est également une Régie du ministère de l’intérieur. Sur le plan technique,
les services publics déconcentrés ou la Régie bénéficie par rapport aux services publics
concentrés de l’autonomie de gestion ; cette autonomie permet à la Direction Générale de
fonctionner avec une certaine délégation des pouvoirs que l’on ne retrouve pas dans la fonction
du SG ; l’autonomie de gestion comporte quatre attributs essentiels :
3°. L’autonomie technique : Celle-ci réside dans la prise de décision concernant l’objet spécial
du service public, car généralement c’est le Ministre qui détient la compétence dans les
différentes matières qui relèvent de son ministère ; mais dans le cadre de la déconcentration, c’est
65
le DG qui prend des décisions ; exemple : En ce qui concerne les contributions, le séjour des
étrangers, la migration, le recouvrement des recettes administratives ;
L’autorité hiérarchique étant compétente dans la matière déléguée, elle dispose également
du pouvoir d’agir en lieu et place de l’autorité déconcentrée ; cependant, la délégation des
pouvoirs de décision empêche normalement l’autorité délégante d’intervenir dans les matières
déléguées tant que subsiste la délégation des pouvoirs ; c’est autant dire que le pouvoir de
substitution est un pouvoir d’exception ; il ne s’exerce que lorsque les conditions ci-après sont
réunies :
- il faut que l’intérêt général soit en péril et que l’autorité déconcentrée pêche par
l’abstention ;
- l’abstention ou encore la défaillance de l’autorité déconcentrée doit faire l’objet d’une
sommation de la part de l’autorité hiérarchique et cette sommation doit rester sans réponse
positive de la part de l’autorité déconcentrée ;
- la substitution par l’autorité hiérarchique doit avoir un caractère temporaire, elle se limite
uniquement à un cas d’espèce de telle sorte que l’autorité déconcentrée garde la
délégation des pouvoirs de décision dans les autres cas à venir.
Dans le souci de donner à l’administration tous les moyens lui permettant de réaliser les
missions de l’Etat, ce dernier recourt à la technique de la décentralisation pour accorder une
indépendance administrative à certaines entités territoriales ou services publics (la
décentralisation supprime la fameuse épée de Damoclès) ; l’Etat décide de créer volontairement
son semblable sur le plan administratif. Ainsi, la technique de la décentralisation permet à l’Etat
de conférer la personnalité morale à d’autres entités ou services mais l’Etat garde un contrôle de
tutelle sur ces entités ou services personnalisés. Quels sont alors les attributs de la personnalité
morale qui consacre cette indépendance administrative découlant de la décentralisation ? La
personnalité morale s’accompagne de quatre attributs : l’autonomie organique, l’autonomie
patrimoniale, l’autonomie matérielle et l’autonomie juridique ; autant d’autonomies qui feront
toute la distinction entre l’autonomie de gestion que nous avons relevé dans lé déconcentration
technique et l’indépendance administrative qui caractérise la décentralisation.
A. Autonomie organique
Lorsque nous examinons les institutions qui fonctionnent dans le cadre de la centralisation
ou de la déconcentration, nous retenons une idée essentielle qui est l’unicité du centre de décision
autour du Ministre qui représente l’administration centrale ; il n’existe pas d’organes
administratifs fonctionnant parallèlement au Ministre.
La personnalité morale a pour conséquence la création des organes propres au bénéfice
des entités ou services décentralisés qui fonctionnement de manière horizontale par rapport au
69
Ministre. Ainsi, en dehors du ministère, les entités ou services personnalisés sont dirigés par
différents organes :
- l’organe délibérant institué sous forme de Conseil d’Administration ;
- Assemblée, Conseil de collectivité, les organes exécutifs sous forme de Comité de
Gestion, Conseil de Gestion ;
- Organe de Contrôle sous forme des Collège des Commissaires aux Comptes.
B. L’autonomie matérielle
de ses compétences administratives au profit des entités ou services décentralisés ; c’est pourquoi
la décentralisation se réalise par une loi de la décentralisation, la loi de l’Etat (nous verrons que
le fédéralisme et le régionalisme se réaliseront par la Constitution). Ainsi, la loi de la
décentralisation détermine clairement les matières, les compétences, les attributions
administratives revenant aux entités territoriales décentralisées ; la loi qui organise les
établissements publics détermine également les matières revenant aux services publics
décentralisés ; de la même manière, les différents statuts des établissements publics précisent,
dans le respect du principe de la spécialité des services publics, les matières faisant l’objet de
l’établissement public.
C. L’autonomie patrimoniale
Dans le cas d’illustration, nous ferons la distinction entre les véhicules de L’OFIDA et les
véhicules de la DGI ; lors que en cas de litige survenu à la suite d’un accident de circulation, la
victime ne doit pas se tromper de répondant ; les dommages causés par le véhicule de la DGI
engagera la responsabilité de l’Etat pour la simple raison que la DGI n’a pas de personnalité
juridique tandis que le dommage causé par le véhicule de L’OFIDA engagera la responsabilité
juridique de la personne morale OFIDA.
D. Autonomie juridique
n’existe pas dans le chef des services ou entités déconcentrés car c’est l’Etat, la personne morale
Etat qui dispose de la capacité juridique de contracter et d’ester en justice alors que les entités ou
services décentralisés agissent seuls sans l’intervention de l’Etat tant pour ester en justice que
pour conclure les contrats. A titre d’illustration, l’avocat de la DGI agira sous la procuration de
l’Etat, représenté par le Ministre de la justice tandis que l’avocat de L’OFIDA, de L’ONATRA
agira sous la procuration du Président du Conseil d’Administration, celui de la Ville de Kinshasa
agira sous la procuration du Gouverneur de la Ville, celui de la Commune de GOMBE sous la
procuration du Bourgmestre de la Commune.
En droit civil, la tutelle est une véritable béquille sans laquelle la personne mineure ne
peut poser des actes juridiques ; on dit que cette personne est incapable, il lui faut des béquilles
pour marcher, pour poser des actes juridiques, il lui faut un tuteur. En droit administratif, la
tutelle n’est pas une béquille parce que la personne décentralisée n’est pas incapable ; elle jouit
de la capacité juridique d’ester en justice, de conclure des contrats ; bref, de poser tous les actes
juridiques sans recourir à l’intervention de l’autorité de tutelle. L’autorité de tutelle sert
néanmoins d’outil de freinage pour empêcher les dérapages éventuels de l’autorité compétente,
de l’autorité capable d’intervenir dans une matière donnée ; ce pouvoir de freinage peut intervenir
soit avant que la décision soit prise par l’autorité sous tutelle (contrôle a priori) soit après que la
décision fût prise par l’autorité sous tutelle (contrôle a posteriori) ; ce sont ces pouvoirs de
freinage qui constituent les attributs du pouvoir de tutelle :
- le pouvoir d’autorisation ;
- le pouvoir d’approbation ou de veto;
- le pouvoir de substitution ;
- le pouvoir d’annulation.
(Questions : En quoi le pouvoir hiérarchique est différent du pouvoir de tutelle ? Que veut
dire, la tutelle n’est pas une béquille mais un frein ?).
La décentralisation ne confère pas une indépendance absolue aux entités décentralisées à cause de la tutelle.
A. Le pouvoir d’autorisation
Nous avons affirmé que l’autorité décentralisée dispose des compétences propres ; elle
exerce des attributions qui lui sont reconnues par la loi ou encore par les statuts ; de ce fait, les
décisions prises par l’autorité décentralisée sont prises indépendamment de l’autorité centrale qui
est le Ministre. Cependant, le texte qui organise la décentralisation prévoit expressément que dans
certaines matières données, l’autorité ou l’organe de décision devra solliciter au préalable
l’autorisation de l’autorité de tutelle avant de prendre sa décision. Ce n’est pas dire que c’est
l’autorité de tutelle qui décide car la décision relève en tout état de cause de l’organe
décentralisé ; c’est pour des raisons de contrôle que le texte de la décentralisation voudrait que
l’autorité de tutelle intervienne pour donner le « feu vert » à l’organe décentralisé ; ainsi, en cas
74
Le texte qui organise la décentralisation prévoit également les matières qui peuvent être
soumises à l’approbation de l’autorité de tutelle et celles qui peuvent recevoir le veto de l’autorité
de tutelle (le pouvoir d’opposition).
Le pouvoir d’approbation comme celui d’opposition rentrent dans ce qu’on appelle le
contrôle a posteriori par opposition au contrôle a priori qui concerne le pouvoir d’autorisation ;
en d’autres termes, le pouvoir d’autorisation intervient avant la prise de la décision tandis que
celui d’approbation et celui d’opposition interviennent après la prise de la décision ; cela suppose
que l’organe décentralisé agit normalement dans le cadre de sa compétence sans devoir requérir à
l’avance l’autorisation de l’autorité de tutelle.
75
NB. Nous avons dit que la tutelle ne se présume pas, le conseiller juridique que nous serons
cherchera toujours la solution dans le texte qui organise la décentralisation ; ce texte lui permettra
non seulement de dégager les matières sujettes à approbation mais également le délai prescrit
pour la confirmation de la décision prise.
Lorsque l’autorité de tutelle s’oppose à une décision déjà prise par l’organe décentralisé,
son opposition correspond à une décision de suspension en attendant que la décision soit
reformulée dans le sens requis par l’autorité de tutelle
77
De prime abord, nous disons que ce pouvoir d’opposition est un pouvoir exceptionnel que
l’on ne retrouve pas dans tous les textes qui organisent la décentralisation car, il s’agit d’un
pouvoir dangereux qui risque de bloquer le fonctionnement d’une entité ou d’un service
décentralisé. En effet, si le pouvoir d’autorisation et celui d’approbation sont limités
matériellement (en raison de la matière) par le texte qui organise le pouvoir de tutelle dans la
décentralisation, il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit du pouvoir d’opposition ou droit de veto
étant donné que le texte ne détermine jamais les matières soumises à opposition ou au veto ; il
s’agit tout simplement de toutes les autres décisions prises régulièrement par l’organe délibérant
et dont le procès verbal de délibération est soumis à la censure de l’autorité de tutelle ; de ce fait,
l’autorité de tutelle, pour des raisons d’opportunité, peut demander à l’organe délibérant de revoir
l’une de ses décisions reprises dans le procès verbal dans une orientation donnée ; le danger ici
est la tendance pour l’autorité de tutelle de confondre ce pouvoir d’opposition avec celui de
réformation reconnu à l’autorité hiérarchique.
Comment alors le droit congolais organise la solution au conflit entre l’autorité de tutelle
et l’organe décentralisé ? La doctrine nous donne deux hypothèses d’école :
Dans la première hypothèse, lorsque l’autorité de tutelle s’oppose à l’exécution de la
décision prise par l’organe délibérant, le texte qui organise la décentralisation peut prévoir
un arbitrage au niveau de l’autorité supérieure à celle qui exerce le pouvoir de tutelle,
autorité supérieure au Ministre (soit le Président de la République soit le Premier Ministre
selon le régime politique en présence) ; ainsi, en cas d’opposition la décision de l’organe
décentralisé est suspendue lorsque cet organe a pris une décision et que celle-ci n’est pas
78
C. Le pouvoir de substitution
D. Le pouvoir d’annulation
L’autorité de tutelle se trouve également liée par le principe de la légalité et, de cette
compétence liée, il se trouve dans l’obligation de sanctionner les décisions administratives
illégales émanant de l’organe décentralisé. Mais, à la différence du pouvoir d’annulation de
l’autorité hiérarchique qui porte à la fois sur l’illégalité et l’inopportunité de la décision de
l’autorité déconcentrée, le pouvoir d’annulation de l’autorité de tutelle ne porte que sur les
décisions contraires à la loi, sur l’illégalité de ces décisions car, en effet, l’indépendance
administrative de l’entité ou service décentralisé ne permet pas à l’autorité de tutelle d’annuler les
décisions qui relèvent de la compétence d’une autre personne morale de droit public, la seule
contrainte dans le chef de l’autorité de tutelle réside dans l’annulation des décisions illégales.
Nota Bene :
Le pouvoir d’annulation qui est reconnu tant à l’autorité hiérarchique que à l’autorité de
tutelle s’inscrit dans le cadre du contentieux administratif, il s’exerce souvent à la suite
d’un recours administratif introduit par l’administré lésé par la décision administrative
illégale. Le contentieux administratif exige que le recours juridictionnel devant le juge
administratif soit précédé par un recours administratif (sauf dans certaines exceptions, cfr.
infra) ; ce recours administratif relève alors soit de l’autorité hiérarchique
(déconcentration) soit de l’autorité de tutelle (décentralisation) ; dans les deux cas,
l’autorité administrative apprécie la légalité de la décision administrative contestée et
décide soit de rejeter le recours soit d’annuler la décision litigieuse. En cas d’annulation,
l’administré lésé a obtenu satisfaction, le recours juridictionnel n’est plus nécessaire ; en
cas de rejet, l’administré lésé insatisfait peut alors introduire un recours juridictionnel. Le
fait que le pouvoir d’annulation intervient dans une procédure contentieuse, il est alors
80
limité par le délai de recours pour excès de pouvoir de telle sorte que la forclusion de
délai (l’expiration de délai prévu par la loi, cfr infra) empêche l’autorité hiérarchique ou
de tutelle de décider de l’annulation de la décision illégale quand bien même celle-ci
serait illégale.
Le droit français a apporté une importante innovation concernant le pouvoir d’annulation
de l’autorité de tutelle lorsqu’il s’agit de la décentralisation territoriale : le Préfet investi
du pouvoir de tutelle par la loi de la décentralisation ne dispose plus du pouvoir
d’annulation ; lorsqu’il est saisi d’un recours en annulation par un administré ou encore
lorsque il constate lui-même une décision administrative illégale prise par l’entité
territoriale décentralisée, il procède par une décision de suspension de la décision
litigieuse et il introduit un recours en annulation auprès de la juridiction administrative
compétente ; c’est cette juridiction qui a le pouvoir d’annuler la décision illégale et non
plus l’autorité de tutelle.
Il existe deux formes de décentralisation : l’une est territoriale, l’autre est technique ou
encore par service.
A. Décentralisation territoriale
Le droit positif congolais a été marqué par différentes lois portant organisation territoriale
de la République ; ces différentes lois ont opéré la distinction entre les entités décentralisées et les
entités non décentralisées.
NB. Le territoire qui a toujours été une entité territoriale décentralisée a ainsi perdu sa
personnalité juridique car il n’est plus qu’une entité déconcentrée.
La tutelle de chaque établissement public est également fixée et organisée par le statut ;
selon le statut, certains établissements publics sont placés sous une tutelle unique, c’est le cas des
établissements publics d’enseignement supérieur et universitaire qui sont placés sous la tutelle du
Ministre de L’ESU ; par contre, les autres établissements publics sont placés sous une double
tutelle comprenant la tutelle technique d’une part et la tutelle administrative et financière d’autre
part. La tutelle technique est normalement exercée par le Ministre ayant l’objet social de
l’établissement public dans ses attributions ; par exemple, pour L’ONATRA c’est le Ministre de
transport et de communication, pour L’OCC, le Ministre de commerce extérieur et pour
L’OFIDA, le Ministre de Finances. La tutelle administrative et financière est exercée par le
Ministre du portefeuille.
Le pouvoir de tutelle porte à la fois sur les actes et sur les organes : les actes de
l’établissement public sont soumis, suivant la compétence attribuée à chaque Ministre de tutelle ;
qui sont soumis au contrôle de tutelle que nous avons examiné précédemment ; par contre, les
organes et les autorités faisant partie d’organes des établissements publics sont soumis à la tutelle
administrative, celle qui consiste à contrôler l’organisation et le fonctionnement de
l’établissement public mais également à exercer le pouvoir disciplinaire sur les autorités de
l’établissement.
Tout établissement public n’est pas non plus entreprise publique car il existe des
établissements publics sans aucune activité commerciale ; exemple, ceux à caractère
administratif (OFIDA, OGDEP), ceux à caractère éducatif et scientifique (UNIKIN,
CRENEK), ceux à caractère social (INSS, INPP, l’Hôpital général de référence) ; il n’y a
que les établissements publics à caractère industriel et commercial qui rentrent dans la
définition de l’Entreprise publique (OCC, ONARA, SNEL, REGIDESO, LAC, etc.)
NB. Cette distinction doctrinale entre l’établissement public et entreprise publique a été
longtemps escamotée par le législateur congolais qui a confondu dans la loi du 06 janvier 1978
qui définit tout établissement public comme entreprise publique de telle sorte que L’OFIDA,
L’OGDEP, L’INSS, IGN (institut géographique national). Cette inconséquence a été relevée par
le législateur actuel qui, dans la réforme en discussion au Parlement, a décidé d’opérer la
distinction entre la loi concernant les établissements publics et la loi concernant les entreprises
publiques que le législateur appelle les entreprises du portefeuille.
A. Décentralisation et fédéralisme
Le fédéralisme opère le partage des compétences politiques entre l’Etat fédéral et les
Etats fédérés ; c’est la Constitution fédérale qui organise ce partage de compétence politique, le
partage du pouvoir politique dont nous connaissons la composition : le pouvoir législatif, le
pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. De ce fait, l’Etat fédéral aura son Parlement, son
Gouvernement, son organisation judiciaire ; chaque Etat fédéré aura également son Parlement,
son Gouvernement et son organisation judiciaire. Par contre, la décentralisation opère le transfert
des compétences administratives par l’Etat au profit de certains services publics ou entités dotées
de la personnalité morale ; le pouvoir politique ne se partage pas ici mais l’administration qui
fonctionne au sein du Gouvernement connaît une certaine division du travail voulue par l’Etat en
conférant à l’administration décentralisée les compétences administratives propres.
86
Les rapports entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés sont des rapports de superposition et
de participation : la Constitution fédérale prime les autres textes constitutionnels des Etats fédérés
et chaque Etat fédéré participe par ses représentants au fonctionnement de l’Etat fédéral ; on peut
dire ici que les Etats fédérés jouissent d’une indépendance politique qui n’appelle aucun contrôle
de l’Etat fédéral, seule la Cour Constitutionnelle arbitre les conflits de droit entre l’Etat fédéral et
les Etats fédérés. Par contre, la décentralisation ne confère qu’une indépendance administrative
relative car la personnalité morale conférée à certains services publics ou entités décentralisées
s’accompagne avec le contrôle de l’Etat exercé par les différents Ministres ; il existe donc des
rapports de tutelle entre la personne morale Etat et les personnes morales décentralisées.
TABLEAU RECAPITULATIF
DIFFERENCE ENTRE :
87
LA DECENTRALISATION ET LE FEDERALISME
- Est une notion du droit administratif et relève - Est une notion du droit constitutionnel et relève de
de l’organisation administrative de l’Etat l’organisation politique de l’Etat, de la manière dont le
- Tire son fondement ou sa source de la loi de la pouvoir politique est distribué sur le territoire national.
Nature décentralisation - Tire son fondement ou sa source de la constitution ; c’est
juridique - (il s’agit loi nationale dans le cadre de l’Etat la constitution qui lève l’option sur la forme de l’Etat.
unitaire)
- (Aussi, la constitution dans le cadre de l’Etat unitaire)
- Crée une personne morale administrative ; elle - Crée des Etats dans un Etat ; il donne à chaque personne
confère la personnalité morale à des entités ou morale politique, à chaque Etat fédéré un pouvoir politique
Effets
à des services publics. différent de l’Etat central ; ainsi, chaque Etat fédéré a sa
- Chaque entité décentralisée ou service public propre constitution à coté de la constitution de l’Etat
juridiques jouit d’une indépendance administrative central ;
relative.
- Chaque Etat fédéré jouit d’une indépendance politique.
- Opère un transfert des compétences - Opère le partage des compétences politiques ; c’est la
administratives ; le pouvoir politique ne se constitution fédérale qui organise ce partage des
partage pas ici mais l’administration qui compétences politiques ou du pouvoir politique ; ainsi,
fonctionne au sein du Gouvernement connaît chaque Etat fédéré aura son parlement, son Gouvernement
Compétence une certaine division du travail voulue par et son organisation judiciaire.
l’Etat en conférant à l’administration
décentralisée les compétences administratives
propres.
- Rapport de tutelle entre la personne morale - Rapport de superposition et de participation entre l’Etat
Etat et les personnes morales décentralisées fédéral et les Etats fédérés : La constitution de l’Etat
fédéral prime les autres textes constitutionnels des Etats
- Les entités décentralisées jouissent d’une fédérés.
Rapports indépendance administrative relative car la
juridiques personnalité morale conférée à certains
- Les Etats fédérés jouissent d’une indépendance politique
services publics ou entités décentralisées
s’accompagne avec le contrôle de l’Etat exercé qui n’appelle aucun contrôle de l’Etat fédéral, seul la Cour
par les différents ministres. constitutionnelle arbitre les conflits de droit entre l’Etat
fédéral et les Etats fédérés.
88
B. Décentralisation et régionalisme
Le cas de la RDC
Le Constituant congolais s’est refusé d’utiliser l’appellation Etat unitaire ou Etat fédéral
pour ne pas donner raison ni aux unitaristes ni aux fédéralistes mais la lecture de l’article 1er nous
permet de considérer que l’option retenue est celle d’un Etat unitaire ; et l’Etat unitaire est
essentiellement caractérisé par l’existence d’une seule et même Constitution sur tout le territoire
national.
89
L’article 3 al.1 fait la distinction entre les Provinces et les entités territoriales
décentralisées ; le Constituant, dans son alinéa 2, précise même quelles sont les entités
décentralisées ; que devient alors la Province qui, dans les textes constitutionnels et législatifs
antérieurs, était toujours considérée comme une entité décentralisée ; si elle n’est pas
décentralisée, serait-elle un Etat fédéré ? La Province n’est pas un Etat fédéré dans le cas
d’espèce car elle ne peut pas se doter d’une Constitution et la Constitution interdit de diviser
l’Etat mais la Province aura reçu de la Constitution de 2006 certains attributs des Etats fédérés
qui l’éloignent d’une entité décentralisée, notamment :
2°. Les Provinces sont des personnes morales à caractère politique mais elles ne jouissent pas de
la même indépendance politique que les Etats fédérés ; la Constitution organise une institution
d’harmonisation de la politique nationale qui est la conférence des Gouverneurs, présidée par le
Président de la République. Cette conférence permet de renforcer l’unité nationale et d’amener
les Gouverneurs des Provinces à se conformer à la politique nationale.
90
CHAPITRE DEUXIEME :
ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION TERRITORIALE
EN RDC
TITRE DEUXIEME :
LA FONCTION ADMINISTRATIVE
SOUS TITRE I.
LES MODALITES D’ACTION DE L’ADMINISTRATION
La fonction administrative consiste à gérer les affaires de l’Etat, les activités d’intérêt
général ; ces activités se trouvent entreprises au sein des entités territoriales et à travers les
différents services publics. Pour réaliser les missions d’intérêt général, l’administration utilise des
instruments juridiques qui s’inscrivent dans les modalités d’action, c’est-à-dire la manière par
laquelle l’administration utilise les pouvoirs administratifs, les pouvoirs qui lui sont reconnus par
la loi. L’étude des modalités d’action de l’administration nous conduit à examiner dans le premier
chapitre l’action unilatérale de l’administration et dans le second chapitre l’action
contractuelle de l’administration.
91
CHAPITRE PREMIER :
ACTE UNILATERAL DE L’ADMINISTRATION OU ENCORE
ACTE ADMINISTRATIF UNILATERAL
L’acte administratif unilatéral peut être défini suivant le critère organique ou bien le
critère matériel ou fonctionnel.
A. Critère organique
Suivant ce critère, l’acte administratif est celui qui émane d’une autorité administrative,
c’est-à-dire une autorité intervenant dans le cadre de la fonction administrative et relevant d’une
institution administrative. Ce critère exclut de la définition de l’acte administratif non seulement
les autres autorités publiques, notamment législatives et judiciaires mais également toutes les
personnes privées. Ce critère n’est pas pour autant satisfaisant car dans la fonction administrative,
il est permis de faire la distinction entre les actes administratifs proprement dits et les actes de
l’administration considérant que au sein de l’administration, il y a des actes pris par une autorité
administrative mais qui relèvent néanmoins du droit privé alors que les actes administratifs
relèvent du droit public.
Ainsi, dans la gestion du domaine foncier, nous rencontrons les actes de l’administration
qui relèvent du droit privé ; exemple : le certificat d’enregistrement et du contrat de location de
terre ou de bail emphytéotique ; de même, dans la gestion de l’Etat civil, les actes de naissance,
de mariage, de succession sont les actes de l’administration qui relèvent du droit privé ; il en sera
de même dans les établissements publics à caractère industriel et commercial ou certains actes en
rapport avec le personnel de l’établissement public ou encore les usagers relèveront du droit
privé. C’est autant dire que le critère organique sera déterminant dans la définition d’un acte
administratif exclusion faite des actes relevant du droit privé.
92
Ce critère définit l’acte administratif comme étant celui qui intervient dans l’exécution
d’un service public, c’est-à-dire l’acte de service public, l’acte qui réalise une activité d’intérêt
général mais qui bénéficie en même temps des prérogatives des puissances publiques.
Définition retenue :
Un acte administratif unilatéral est celui qui émane de la seule volonté d’une autorité
administrative et qui a pour effet de créer, de modifier ou de supprimer l’ordonnancement
juridique d’une matière ou encore la situation juridique d’une personne ou d’un bien et qui jouit
des privilèges des puissances publiques. Dans la pratique, nous rencontrons deux actes
administratifs unilatéraux : l’acte réglementaire d’une part et l’acte individuel d’autre part.
93
A. Acte réglementaire
Nous avons défini l’acte réglementaire comme étant celui qui émane d’une autorité
administrative et qui a pour objet de réglementer, de créer une règle de conduite sociale dans une
matière donnée avec des effets à caractère général, impersonnel et abstrait. Nous avons fait la
distinction entre les règlements autonomes et les règlements d’application (cfr. supra).
B. Acte individuel
Les actes individuels émanent également des autorités administratives mais ils sortent des
effets à caractère individuel ou personnel ; ces actes peuvent créer, modifier ou supprimer la
situation juridique d’une personne nommément désignée, c’est-à-dire désignée par son nom sans
qu’il soit nécessaire de faire la distinction entre une personne physique et une personne morale.
Par exemple : la décision administrative portant agrément de l’Université protestante du Congo
(UPC) est une décision individuelle alors que la décision administrative portant statut de
L’UNIKIN est une décision réglementaire car elle réglemente l’organisation et le fonctionnement
de L’UNIKIN ; la décision administrative portant fermeture de L’UNIKIN est une décision
individuelle qui ne réglemente aucune matière mais qui concerne L’UNIKIN entant que personne
morale de droit public.
94
Les auteurs modernes de droit administratif ont désigné une nouvelle catégorie d’actes
administratifs par plusieurs appellations : acte particulier, acte d’espèce, acte « sui generis » ; ces
actes particuliers ne sont ni réglementaires ne individuels, ils sont pourtant des actes
administratifs qui, lorsqu’ils font grief, sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir.
Les actes particuliers sont ceux qui concernent une situation administrative particulière et
qui ont pour effet non pas d’organiser une matière, non plus de modifier la condition ou la
situation juridique d’une personne mais tout simplement d’organiser le fonctionnement d’une
dépendance administrative. Par exemple : 1. Un acte portant lotissement d’un domaine foncier ;
un tel acte ne réglemente aucune matière, il se limite à organiser un espace foncier pour permettre
à cet espace qui relevait du domaine public de relever du domaine privé, pour faire l’objet
d’attribution en faveur des particuliers ; 2. Les actes intervenant dans l’exercice du pouvoir de
95
tutelle : décision d’autorisation, décision d’approbation, décision d’opposition ; ces actes n’ont
rien d’individuel et encore moins de réglementaire ; ce sont des actes particuliers ; 3. En matière
d’expropriation pour cause d’utilité publique, la décision d’expropriation est une décision
individuelle car elle concerne la propriété immobilière d’un individu ou d’un groupe d’individus
nommément désignés ; cette décision est précédée par la décision de déclaration d’utilité
publique ; cette décision de déclaration d’utilité publique est un acte particulier.
Tous les actes administratifs ne sont pas des actes exécutoires ; il existe une catégorie
d’actes dits non exécutoires dont les effets s’arrêtent à l’intérieur même de l’administration ; ces
actes non exécutoires ne peuvent pas faire grief, ils ne peuvent pas faire l’objet d’un recours pour
excès de pouvoir du fait que les administrés ne sont pas obligés de les exécuter. Les actes
exécutoires sont ceux qui s’opposent aux administrés, ceux qui obligent les administrés à
s’exécuter immédiatement sans aucune contestation.
A l’instar des décisions juridictionnelles qui sont revêtues d’un titre exécutoire, les actes
administratifs qui créent une règle de droit ou qui modifient une situation individuelle ou
particulière sont revêtus d’un titre exécutoire, ils sont opposables aux administrés, ils peuvent
faire grief et par conséquent être susceptibles de recours en annulation. Les actes non exécutoires
rentrent dans la catégorie des sources sociologiques du droit administratif.
Tous les actes administratifs ne sont pas nécessairement susceptibles de recours pour
excès du pouvoir ; la jurisprudence française a été la première à considérer que certains actes
émanant des autorités administratives n’avaient pas une nature administrative de telle sorte que
lorsqu’ils faisaient grief, le juge devait se déclarer incompétent pour statuer sur leur illégalité.
La théorie d’acte de Gouvernement fut d’abord basée sur une autre théorie, celle du
mobile politique ; cette dernière était justifiée sous la monarchie française par des raisons
96
d’Etat de telle sorte que certaines décisions administrative devaient échapper à la censure du
juge de l’excès du pouvoir malgré qu’elles étaient prises en violation de la loi lorsque l’autorité
administrative se réfugiait derrière les raisons d’Etat, un mobile politique qui pouvait donner lieu
à l’arbitraire.
Le courant démocratique a emmené le juge français à abandonner la théorie du mobile
politique pour relever une catégorie d’acte de l’exécutif qui échapperait du juge de l’excès du
pouvoir. La nouvelle catégorie tient compte non plus des raisons d’Etat mais plutôt de la nature
juridique de certains actes pris par le Gouvernement mais qui ne rentrent pas dans le cadre de la
fonction administrative ; ainsi, dans les actes du Gouvernement, il y a d’une part les actes de
Gouvernement et d’autre part les actes de l’administration ; cette évidence découle de la
distinction entre la fonction gouvernementale et la fonction administrative. Les actes intervenant
dans la fonction gouvernementale sont considérés comme des actes de Gouvernement ; ceux
intervenant dans la fonction administrative sont les seuls actes administratifs pouvant faire l’objet
de recours pour excès de pouvoir.
En droit congolais, les juges de la CSJ se fondent sur l’article 87 al. 2 de l’Ordonnance-loi
du 31 mars 1982 portant procédure devant la CSJ et qui dispose : « La Cour apprécie
souverainement quels sont les actes de l’exécutif qui échappent à son contrôle ». Sur base de cette
97
Parmi les actes administratifs le juge administratif considère que certains actes sont d’une
telle illégalité qu’il est difficile d’admettre leur existence juridique et par conséquent, il faudrait
les qualifier d’inexistants pour permettre leur déclaration en nullité même en dehors de délai de
recours pour excès de pouvoir.
Les actes inexistants ne donnent lieu à annulation parce qu’ils sont supposés n’avoir
jamais existé, le juge se limité uniquement à aller déclarer nul et non avenu ; le grand avantage ici
est que par rapport aux autres actes administratifs frappés par la forclusion de délai, les actes
inexistants peuvent être attaqués à tout moment. Un acte inexistant est celui qui émane certes
d’une autorité administrative mais qui intervient en dehors de tout pouvoir administratif, c’est-à-
dire un acte qui ne trouve pas son fondement dans une source formelle mais un acte qu’une
autorité s’attribue abusivement pour porter atteinte à une liberté ou à un droit fondamental ; un tel
acte s’accompagne toujours par un préjudice causé aux administrés, il s’accompagne d’une voix
de fait, c’est-à-dire d’une opération matérielle qui porte atteinte soit à un droit, soit à une liberté
reconnue par les lois et la Constitution. Par exemple : une autorité administrative qui prend la
décision de séparer deux personnes mariées ; cette décision ne rentre pas dans le pouvoir
administratif, il ne s’agit pas ici de savoir si l’autorité est compétente mais de dire que une telle
décision ne relève pas de pouvoir reconnu à l’administration. Un acte inexistant se trouve
également en dehors de l’autorité administrative mais à l’intérieur de la fonction administrative ;
c’est un acte pris par une autorité soit privée soit publique mais qui n’est pas une autorité
administrative tout en intervenant dans la fonction administrative. Par exemples : 1. Une
personne privée qui décide de la nomination d’un agent au sein de la fonction publique ; cette
nomination intervient dans la fonction administrative mais elle est l’œuvre d’une personne
98
A. Définition
La compétence se définit comme étant une aptitude conférée par un texte légal
conformément à la Constitution ou à la loi et permettant à une autorité administrative de prendre
une décision administrative.
La compétence en droit administratif ne s’improvise pas ; elle tire toujours sa source d’un
texte légal ou encore d’un texte réglementaire qui applique la loi qui organise une matière
donnée. Les règles de compétence concernent non pas la personne prise individuellement mais
plutôt la personne qui exerce une fonction correspondant à la compétence conférée par la loi ;
c’est dire que la compétence est impersonnelle, elle est exercée « esè qualité », l’autorité qui
exerce la compétence l’exerce en fonction du titre qui lui est conféré par l’administration de telle
sorte que sa destitution entraîne automatiquement sa perte de compétence.
C’est ici le lieu de faire la distinction entre un agent administratif et une autorité
administrative en affirmant que toute autorité administrative est agent administratif mais tout
agent administratif n’est pas autorité administrative ; pour être autorité administrative, il faut
disposer d’une compétence à poser un acte administratif ; ainsi, retrouve-t-on au sein de
l’administration des agents de commandement, des agents de collaboration et des agents
d’exécution qui ne sont pas pour autant des autorités administratives ; par exemple : dans un
ministère, le Ministre est une autorité administrative, le Vice-ministre également dans son rôle de
suppléant du Ministre.
Y sont agents de commandement : le Secrétaire Général, les Directeurs, le Chef de
divisions et les Chefs de bureaux ;
Y sont agents de collaboration : l’attaché de bureau de première classe, l’attaché de
bureau de 2ème classe (Licenciés) et l’agent de bureau de première classe (gradué) ;
Y sont agents d’exécution : l’agent de bureau de 2ème classe (D6) et l’huissier.
100
La distinction entre autorité et agents administratifs entraîne une autre distinction, celle
entre compétence et attribution. Le professeur BENOIT définit les attributions comme étant
« l’ensemble des tâches matériels qui sont conférés à un agent administratif dans le cadre de
l’exécution d’une activité administrative ». Dans l’exercice de la fonction administrative, les
autorités compétentes prennent des décisions administratives tandis que les actes préparatoires à
la décision ainsi que les actes poste décisoires relèvent des tâches matérielles ; l’exécution de ces
tâches appelle également une division du travail ; de cette division sortiront les attributions. Ce
sont ces attributions que nous appelons dans le langage courant « Job description », ce qui se
traduit littéralement comme la description des tâches.
Si la compétence exige nécessairement qu’elle découle d’un texte légal, il n’en est pas de
même pour les attributions ; celles-ci peuvent être déterminées soit par un texte réglementaire qui
porte sur l’organigramme de l’entreprise publique ou d’un service ou d’un établissement public,
soit encore les attributions peuvent être déterminées par une note de service soit enfin d’une
simple lettre de l’autorité hiérarchique et même admet-on que la décision verbale puisse confier
une attribution donnée à un agent administratif.
compétence conduit à l’incompétence et dans ce cas tout administré ayant un intérêt peut
introduire un recours pour excès de pouvoir contre la décision prise par une autorité
incompétente.
Certes, les compétences sont d’attribution mais le principe de continuité et de régularité
des services publics a emmené l’administration à admettre que certaines autorités non investies
par la loi exercent la compétence d’une autre autorité. Nous allons distinguer à ce sujet trois
situations différentes : l’usurpation des fonctions, l’empiétement des fonctions et l’empiétement
des pouvoirs.
agiront comme Fonctionnaire de fait. Exemple : Les actes qui naissent pendant la guerre.
Les actes posés par le Fonctionnaire de fait dans les circonstances exceptionnelles restent
valables jusqu’à leur régularisation par l’autorité compétente.
- Situation d’intérim
L’intérim est une situation administrative dans laquelle est placée une autorité
administrative appelée à remplacer le titulaire désigné à un poste déterminé lorsque celui-ci se
trouve soit absent de son poste, soit empêcher d’exercer sa fonction (cas de maladie, de
suspension, de révocation, de décès, de mutation, des missions de service).
103
A la différence de la compétence dont l’autorité est investie par la loi, l’intérim n’exige
pas nécessairement qu’il soit prévu au préalable par un texte légal, l’intérim peut être organisé
par un texte réglementaire, une note de service ou encore une simple lettre de désignation de
l’intérimaire. La situation de l’intérimaire est une situation précaire et provisoire ; précaire, car il
peut être retiré à tout moment par l’autorité hiérarchique compétente ; provisoire, du fait que le
retour du titulaire à son poste ou la nomination à titre définitif d’un autre titulaire met fin à la
situation d’intérim.
Dans la pratique, la durée de l’intérim ne peut dépasser trois mois en raison du fait que
l’intérimaire n’est pas investi de la totalité des compétences du titulaire, il se limite uniquement à
la gestion des affaires courantes, c’est-à-dire à la prise des décisions concernant le
fonctionnement régulier du service ou de l’entreprise ou entité ; décisions nécessaires pour éviter
le blocage ou l’interruption de l’activité courante d’intérêt général. L’intérimaire ne doit pas
décider sur le changement d’organigramme, les nominations, les promotions, les mutations, les
attributions ; il se limite à la procédure disciplinaire.
- Situation de suppléance
Le Suppléant est différent de l’intérimaire par le fait que il n’y a pas de suppléance sans
texte autant qu’il n’y a pas de compétence sans texte ; c’est autant dire si la compétence est
organisée « esè qualité », la suppléance est également organisée « esè qualité ».
L’intérimaire est un agent dont la fonction n’est pas désignée à l’avance par le texte qui
organise la compétence pour assurer le remplacement du titulaire ; c’est l’autorité hiérarchique ou
de tutelle qui désigne parmi les agents ayant un grade immédiatement inférieur à celui du
titulaire, lequel assumera l’intérim du titulaire absent ou empêché. Par contre, le Suppléant est
une personne désignée esè qualité non pas en fonction de son grade mais plutôt en considération
de la fonction exercée par la personne appelée à remplacer le titulaire ; ainsi, lorsque on désigne
104
NB. C’est à tord que le législateur congolais a souvent confondu la situation de l’intérim et celle
de la suppléance considérant que le Vice-ministre ou le Vice Gouverneur assume l’intérim du
Ministre ou du Gouverneur ; mais (pessima lex sed lex). L’autorité qui exerce la suppléance
signe sa décision comme suit : le DG f.f. (faisant fonction) ; le Gouverneur f.f.
- Situation du commissionnement
conséquence que lorsque l’autorité commissionnée a exercé la fonction du titulaire au-delà d’une
année, il a le droit de se voir confirmer dans la fonction du titulaire absent et si l’autorité
compétente décide autrement, cette décision sera susceptible de recours pour excès de pouvoir
par l’autorité commissionnée.
NB. Il y a lieu de souligner que l’intérimaire autant que le commissionné touchent une prime
d’intérim ou de commissionnement égale à la différence de rémunération entre le grade du
titulaire et le grade de l’intérimaire ou du commissionné ; par contre, l’autorité faisant fonction a
doit aux mêmes avantages que le titulaire du poste.
- Situation de délégation
Dans cette situation, nous faisons la distinction entre la délégation des pouvoirs et la
délégation des signatures. Le principe selon lequel « la compétence est d’attribution » a pour
conséquence l’interdiction de toute délégation des compétences en dehors d’un texte légal ; c’est
autant dire que l’autorité des compétences ne peut décider de déléguer sa compétence que si
ladite délégation a été expressément prévue par le texte qui organise le compétence. Autant la
compétence ne se présume pas, autant la délégation ne se présume pas.
Lorsqu’elle est prévue par la loi, la délégation des pouvoirs permet à l’autorité compétente
de transférer momentanément une partie de son pouvoir de décision à une autre autorité
préalablement désignée ese qualité ; ainsi, l’autorité compétente n’est pas libre de désigner de sa
propre volonté l’autorité déléguée, elle sera conditionnée par le texte qui autorise la délégation.
Il est de principe en droit administratif que « délégation sur délégation ne vaut » ; ceci
pour dire que l’autorité déléguée ne peut pas à son tour déléguer sa délégation. La délégation des
pouvoirs sort les effets ci-après :
106
Aussi longtemps que dure la délégation, le délégant ne peut intervenir dans les matières
déléguées ; c’est autant dire que dans l’hypothèse de la délégation des pouvoirs, le
délégant se dessaisi de sa compétence dans les matières ayant fait l’objet de délégation ;
Les actes posés par le délégataire ont la nature et le rang correspondant au titre ou au
grade du délégataire ;
En matière de responsabilité administrative, le dommage causé par la décision émanant du
délégataire engage la responsabilité du délégataire ;
Le délégant exerce sur le délégataire le pouvoir hiérarchique avec en conséquence les
attributs y afférents ;
La délégation des pouvoirs est de nature précaire de telle sorte que le délégant peut à tout
moment retirer la délégation ;
Dans les usages administratifs, la signature du délégataire permet de savoir si il s’agit
d’une délégation des pouvoirs ou d’une délégation des signatures ; dans le cadre de la
délégation des pouvoirs, le délégataire signera de la manière ci-après :
Cette délégation permet à l’autorité compétente de prendre certes les décisions dans le
domaine de sa compétence mais de se décharger de la tâche matérielle qui consiste à apposer la
signature au bas de la décision ; dans ce cas, l’autorité compétente délègue le pouvoir des
signatures à une autre autorité administrative avec cette particularité que dans ce cas précis le
délégataire n’est pas désigné esè qualité, il sera désigné en considération des relations de
confiance entre le délégant et le délégataire ; il sera donc désigné « intuitu personae », c’est-à-
dire en considération non pas de la fonction mais de la personne. La délégation des signatures
entraîne les conséquences ci-après :
Les actes posés par le délégataire ont la nature et le rang correspondant au titre et au grade
du délégant car la décision relève du délégant ;
107
Le Ministre de L’ESU
Nom du Ministre
PO signature du SG (PO veut dire par ordre)
A la différence de l’usurpation des fonctions qui concerne une personne privée étrangère
aux fonctions publiques, l’empiétement des pouvoirs se réalise entre les autorités publiques, les
autorités qui exercent les pouvoirs publics : législatifs, exécutifs et judiciaire.
Dans la théorie de la séparation des pouvoirs, il existe une répartition constitutionnelle
des compétences entre différentes institutions politiques ; mais il arrive parfois qu’une autorité
relevant d’un pouvoir donné agisse dans les compétences d’une autre autorité relevant d’un autre
pouvoir donné ; on parle alors de l’empiétement des pouvoirs. Par exemple : le Procureur Général
de la République procède à l’expropriation d’un immeuble, le Bourgmestre de la Commune qui
déclare le divorce entre deux époux, le Président de l’Assemblée Nationale qui réglemente les
activités des partis politiques.
108
L’empiétement des pouvoirs connaît cependant les exceptions légales qui découlent du
principe du dédoublement fonctionnel, principe selon lequel une autorité relevant d’un pouvoir
séparé du pouvoir administratif ; ainsi par exemple, le Président du Bureau de l’Assemblée
Nationale dispose de certaines compétences ministérielles en matière de gestion du personnel de
la fonction publique. De même, le Conseil Supérieur de la Magistrature a reçu les attributions
administratives en matière de gestion budgétaire et de gestion du statut de magistrat. Enfin, les
membres du Gouvernement posent à la fois les actes politiques et administratifs en vertu du
même principe.
Cette compétence est dite également compétence « ratione loci », c’est-à-dire en raison
du lieu où se trouve l’autorité compétente matériellement. C’est dire que la compétence
territoriale est étroitement liée à la compétence matérielle.
NB. Dans la pratique, il est fait état de la situation d’un agent démissionnaire en considérant que
la démission volontaire d’un agent n’entraîne pas automatiquement sa de investiture car en vertu
du principe de continuité et de régularité des services publics, l’agent qui exerce une fonction
publique n’a pas la même liberté que celui qui intervient dans le privé. Pour l’agent public, non
seulement son droit de grève est conditionné mais de plus sa démission ne devient effective
qu’après acceptation par l’autorité compétente ; avant que sa démission soit acceptée, l’autorité
administrative démissionnaire doit continuer à assurer les affaires courantes.
Toute la question est de savoir si l’autorité devant statuer sur la démission peut soit
refuser la démission, soit s’abstenir d’y donner suite. La réponse à cette question tient compte du
fait que le travail fait partie des libertés individuelles consacrées par la Constitution, un tel refus
ou une telle abstention risque d’être considérée comme du travail forcé. Mais nul ne peut se
rendre justice à soi-même, l’autorité démissionnaire ne peut pas abandonner d’elle-même son
poste de travail au risque de voir engagée sa responsabilité civile, elle devra utiliser les moyens
de droit mis à sa disposition pour attaquer soit la décision administrative de refus (par voie de
REP) soit encore la décision tacite de refus du fait que la jurisprudence administrative et la
doctrine considèrent qu’après l’écoulement d’une période de trois mois, le silence de
l’administration est assimilé à une décision tacite de refus.
officiels sont coulés dans un moule juridique qui comprend nécessairement quatre
parties : l’intitulé, le visa, la décision, la date et signature ;
- Les formes prescrites, sous peine de nullité, sont celles qui sont consacrées dans la loi ou
le règlement qui organise la matière, elles font souvent partie des documents annexes. Par
exemple : la carte d’identité pour citoyen, le permis de conduire, les actes d’état civil ;
tous sont élaborés dans la forme prescrite par le texte légal ou réglementaire. Lorsque
l’autorité administrative ne respecte pas la forme substantielle ou prescrite par la loi, elle
commet ce que l’on appelle le « vice de forme », cas d’ouverture de REP. Le vice de
procédure est beaucoup plus contraignant que le vice de forme dans la mesure où la
procédure devant conduire à l’élaboration d’une décision administrative est souvent
organisée par le texte qui porte sur la matière faisant l’objet de décision ; on distingue à ce
sujet trois questions de procédure : le délai, les formalités et les avis et consultations.
NB. La jurisprudence administrative a considéré que l’avis conforme risque de dénaturer la règle
de compétence qui veut que la décision administrative soit prise par l’autorité compétente ; exiger
de cette autorité de se conformer à l’avis donné par un autre organe reviendrait à transférer la
compétence dans le chef de l’organe de consultation ; ainsi, la jurisprudence accepte que dans
certains cas l’autorité compétente aille à l’encontre de l’avis qui lui sera donné quoique
conforme, à la seule condition de motiver sa décision, c’est-à-dire de justifier par des éléments
objectifs les raisons de sa démarcation de l’avis conforme.
113
L’élaboration d’un acte administratif unilatéral ne peut intervenir que dans un but
d’intérêt général car nous l’avons dit, la raison d’être de l’administration réside dans la réalisation
des besoins de la communauté. Lorsqu’une décision administrative est prise dans un but contraire
à l’intérêt général, on dit que cette décision est entachée de détournement de pouvoir, un autre cas
d’ouverture de REP.
Question : En quoi le détournement de pouvoir serait-il différent de l’excès de pouvoir ? La
réponse réside dans la théorie de A inclus dans B.
Le détournement de pouvoir peut survenir de trois cas différents, à savoir : le mobile
étranger, le mobile financier et le mobile sentimental.
N.B. Le mobile financier n’est pas toujours aisé à dégager une décision administrative, c’est au
juge de l’excès de pouvoir de scruter la décision querellée pour y déceler le fameux mobile
financier.
Dans cette hypothèse, l’autorité administrative justifie également sa décision par un but
d’intérêt général mais en réalité le but suivi est celui de nuire à l’administré concerné. Par
exemple : 1. Un ADG qui décide de la suppression d’une direction dans le cadre organique pour
des raisons financières, pour des raisons de réduction de dépenses dans l’intérêt de l’entreprise
alors qu’en réalité cette décision vise à nuire le Directeur responsable de ladite Direction qui se
trouverait plus compétent et plus compétitif que L’ADG ; 2. Le Ministre qui décide de la
mutation de l’agent de Kinshasa à Matadi avec éventuellement une promotion pour remplacer le
Chef de Division Provinciale décédé (motif d’intérêt général) alors qu’en réalité, cette décision
vise à éloigner l’heureux promu de son épouse qui intéresse le Ministre.
Le mobile sentimental est encore plus difficile à dégager mais sur base de certains indices
matériels le juge administratif finit toujours par faire la distinction entre l’intérêt général et
l’intérêt sentimental.
a. Erreur de droit
voilà qu’un agent après avoir passé six mois de détention préventive, il est condamné à
deux années de servitude pénale mais il fait l’objet de révocation considérant que il a
passé plus de trois mois en prison ; le Ministre commet là une erreur de droit, sa décision
viole la loi et elle est susceptible de REP.
b. Erreur de fait
Elle porte sur la motivation de fait, c’est-à-dire les faits matériels ou les circonstances qui
doivent justifier l’intervention d’une décision administrative ; il s’agit là des conditions sans
lesquelles la décision administrative ne peut intervenir. Deux cas peuvent donner lieu à l’erreur
de fait :
- Le cas d’inexistence ou d’inexactitude de fait ; dans ce cas, la décision administrative
respecte la loi tant dans la motivation juridique que celle de fait mais les faits invoqués
par l’autorité n’ont jamais existé ou encore ils n’ont pas existé tel que relever par
l’autorité compétence. Par exemples : 1. le statut prévoit le licenciement d’un agent pour
inaptitude physique et le Ministre de la fonction publique considère que un agent donné
tombe dans le cas d’inaptitude physique du fait qu’il est resté pendant une année sur son
lit d’hôpital ; cette maladie prolongée est un fait réel mais il est inexacte de considérer
qu’il s’agit là d’un cas d’inaptitude physique ; 2. Le statut prévoit qu’un agent qui fait
l’objet de désertion peut être demi d’office (démission d’office) de ses fonctions et voilà
que le nouveau Ministre de la fonction publique, sur base d’un recensement physique,
procède à la démission d’office d’un agent qui a été envoyé aux études depuis 3 ans et qui
ne s’est pas présenté au recensement physique ; dans ce cas, la désertion est un fait qui n’a
jamais existé, il y a erreur de fait, cas de violation de la loi, susceptible de REP ;
- Le cas de la mauvaise qualification de fait ; ici, l’autorité administrative fait
correspondre un fait donné à la motivation de fait prévu par la loi ; elle applique certes la
loi mais elle se base sur un fait qui ne correspond pas à celui énoncé dans la loi ; en
d’autres termes, l’autorité administrative fait la confusion entre les faits incriminés et le
fait tel qu’il est prescrit par la loi. Par exemple, le Ministre du commerce extérieur décide
de la destruction du rie dit avarié alors que le certificat d’analyse de L’OCC a considéré
que le degré d’avarie n’était pas de nature à entraîner la destruction.
118
Un acte administratif est valable à partir de son émission mais la question est de savoir à
partir de quand cet acte entre en vigueur pour s’imposer aux administrés. L’article 142 de la
Constitution prévoit que la loi entre en vigueur 30 jours après sa publication au Journal Officiel
(JO) à moins que elle n’en dispose autrement ; c’est autant dire que avant les 30 jours de sa
publication, la loi n’est pas opposable aux administrés mais lorsque la loi déroge à ce délai elle
est alors opposable aux administrés. Le principe de publication est autant valable pour tous les
actes réglementaires qui émanent des autorités administratives mais les modalités de publications
dépendent de la situation territoriale de l’autorité administrative : les actes des autorités centrales
sont publiés au JO, les actes des autorités provinciales et urbaines sont publiés dans le bulletin
administratif, les actes des autorités locales sont publiés dans les dépêches administratives et la
loi autorise que dans le milieu des traditions orales, dans les entités coutumières les décisions
soient portées à la connaissance des administrés par la criée. Dans les services publics et
établissements publics, il est admis sue les décisions concernant les usagers fassent l’objet
d’affichage. Concernant les décisions individuelles, l’administration procède par la notification,
c’est-à-dire que la décision individuelle est portée à la connaissance de l’administré ou des
administrés par lettre missive normalement expédiée à la poste par voie recommandée.
Néanmoins, devant la défaillance du service public de la poste, la pratique administrative admet
la transmission de la lettre de notification par voie d’accusé de réception.
Une fois que la décision administrative a été régulièrement publiée ou notifiée, elle
devient opposable aux administrés et elle répond aux principes généraux du droit : le principe de
la non rétroactivité et le principe du préalable ou de l’exécution d’office.
Selon ce principe, une décision administrative ne peut pas sortir ses effets pour des
situations passées, elle ne peut pas rétroagir ; ses effets portent sur des situations présentes et à
venir ; il y va là du souci de préserver la sécurité juridique des biens et des personnes. Cependant,
à ce principe, le droit administratif connaît des exceptions qui permettent la rétroactivité des
décisions administratives ; parmi ces exceptions nous citons :
- Lorsque la loi qui organise la matière prévoit expressément que les décisions
administratives qui interviendront dans le cadre de l’exécution ou de l’application de
ladite loi pourront rétroagir à la date de la promulgation de la loi. En effet, le principe de
la non rétroactivité n’est qu’un principe général de droit et, dans la hiérarchie des sources
formelles de droit, la loi est au dessus des principes généraux de droit et, par conséquent,
elle peut y déroger. Par exemple, la loi qui modifie l’âge de la majorité peut autoriser la
rétroactivité de décisions administratives à la date de sa promulgation ;
- Lorsque la décision administrative tend à régulariser une situation juridique ayant
réellement existée par le passé ; dans ce cas d’espèce, la décision administrative rétroagit
pour concrétiser ladite situation. Par exemples : 1. La nomination d’un docteur
d’Université au grade de professeur associé peut rétroagir à la date où ledit docteur a été
affecté à un poste d’enseignement ; 2. La décision de démission d’office d’un agent de la
fonction publique interviendra avec effet rétroactif à la date où il sera réellement constatée
la désertion de l’agent mis en cause.
(Question : Quelle est la différence entre la révocation, le licenciement et la démission d’office ? R/ La révocation
est une mesure disciplinaire, la démission d’office intervient dans le cadre de la désertion ou du détachement et le
licenciement dans le cadre d’inaptitude physique).
120
exécutoire, il faut se reporter à la procédure judiciaire qui, dans l’application du principe selon
lequel « nul ne peut se rendre justice à soi-même » ; la personne lésée dans son droit a
l’obligation de s’adresser préalablement au juge compétent pour obtenir de ce dernier une
décision juridictionnelle définitive, c’est-à-dire coulée en force des choses jugées et revêtue du
titre exécutoire en vertu duquel le justiciable sera rétabli dans ses droits.
N.B. Nous verrons dans le contentieux administratif que l’absence de sursis à exécution peut être
justiciable à l’administré lésé dans la mesure où l’annulation de la décision querellée peut
intervenir avec grand retard lorsque celle-ci aura déjà créé un préjudice considérable au détriment
de l’administré ; c’est pourquoi, la réforme à venir introduit dans notre législation la procédure de
sursis à exécution qui n’existe pas jusqu’alors.
Il est important pour tout juriste avisé de comprendre la portée de l’article 28 de la
Constitution de 2006 qui dispose : « Nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal ».
Le juriste fera ici la distinction entre une décision administrative qui est un acte juridique et un
ordre qui est un acte matériel et partant il serait malaisé de considérer que l’administré serait en
droit de refuser d’exécuter une décision manifestement illégale. La raison d’être de l’article 28 de
la Constitution de 2006 réside dans la protection des citoyens devant les abus des autorités
publiques et cette disposition concerne surtout les agents publics, les agents de l’ordre qui, dans
122
la plupart de cas, se réfugient derrière l’obligation d’exécuter l’ordre venant de la hiérarchie sous
peine de subir des sanctions ; désormais ces agents sont en droit de refuser d’exécuter l’ordre
manifestement illégal et c’est à dessein que le Constituant a voulu consacrer cette innovation par
une disposition constitutionnelle de manière à garder la supériorité de la Constitution sur toute loi
qui imposerait l’obéissance aveugle.
En droit constitutionnel, nous avons appris que les groupes de pressions ont également
pour mission d’organiser des manifestations pacifiques, des critiques objectives pour exprimer
leur mécontentement devant une décision administrative illégale ; c’est une des prérogatives
reconnue aux citoyens dans l’exercice de liberté publique lorsqu’on met en rapport les
Gouvernants et les gouvernés. Ces derniers ont la liberté de s’exprimer librement et d’exercer la
pression devant l’autorité administrative.
A. Sanction pénale
exécution des décisions administratives qui interviendront dans le sillage de la loi sera constitutif
d’infraction sanctionnée de peine soit d’amende soit de servitude pénale. Dans ce contexte précis,
il y a lieu de relever que l’autorité administrative ne peut en aucun cas prendre la place du juge
pénal quand bien même ses décisions seraient frappées de sanction pénale ; il revient à l’autorité
administrative de saisir le juge pénal par une plainte en bonne et due forme ; le principe « nul ne
peut se rendre justice à soi-même » s’applique également à l’administration, à l’autorité
administrative. Néanmoins, en vertu du principe du dédoublement fonctionnel, certaines
autorités administratives sont revêtues de la qualité d’officier de police Judiciaire (OPJ) ; cette
qualité découle de la loi ; c’est ainsi que toutes les autorités administratives ne sont pas
nécessairement OPJ. Parmi les autorités territoriales, la loi confère cette qualité au Bourgmestre,
à l’Administrateur du territoire, au Chef de chefferie ou secteur. L’autorité administrative revêtue
de la qualité d’OPJ dispose alors du pouvoir d’instruction lorsqu’une décision administrative a
fait l’objet d’inexécution et que la loi a prévu des sanctions pénales. Mais comme tout OPJ,
l’autorité administrative relève également de l’Officier du Ministère Public (OMP) ; son rôle se
limite à transmettre le dossier pour poursuite à l’OMP de son ressort.
Elles son celles qui relèvent de la compétence de l’administration ; elles découlent soit de
la loi soit de textes réglementaires dans une matière administrative donnée. En droit administratif,
le principe « nullum crimen nulla poena » ne s’applique pas de la même manière s’en droit
pénal pour la simple raison que la faute administrative est généralement laissée à l’appréciation
de l’administration ; il n’existe pas une nomenclature des fautes administratives comme il en est
le cas pour les infractions.
Si les infractions sont déterminées à l’avance par un texte de loi, les fautes administratives
sont puisées dans le comportement fautif de l’administré face à une décision administrative ; le
principe « nullum crimen sine lege » n’est donc pas obligatoire en droit administratif. Par contre,
le principe de « nulla poena sine lege » est d’application rigoureuse car il n’y aurait pas de
sanctions administratives si celles-ci n’étaient pas prévues à l’avance dans un texte légal ou
réglementaire ; il y va là de la protection des administrés devant l’arbitraire de l’administration ;
il est interdit à l’autorité administrative d’inventer « une sanction administrative ».
124
Les sanctions administratives sont différentes des sanctions pénales tant du point de vue
de leur nature que du point de vue des règles de procédure : les sanctions administratives sont des
véritables décisions administratives susceptibles de REP alors que les sanctions pénales sont des
décisions juridictionnelles susceptibles de recours en appel, en opposition et en cassation. De
plus, la décision juridictionnelle qui aboutit à une sanction pénale est soumise à une procédure
judiciaire complexe autant qu’elle est revêtue de l’autorité de la chose jugée alors que la sanction
administrative répond à une simple procédure d’élaboration de la décision administrative et la
décision est revêtue de l’autorité de la chose décidée.
Au-delà des sanctions pénales, l’administration comme tout particulier peut recourir au
juge de droit commun pour demander des sanctions civiles, contractuelles, commerciales selon la
nature des relations que l’administration entretient avec les administrés ; le juge prononce à cet
effet des sanctions judiciaires soit en dommage intérêt (DI) soit en mise sous séquestre soit en
démolition soit en mise en quarantaine, etc.
D. L’exécution forcée
Il s’agit ici d’un autre privilège de l’administration lequel, pour une fois, à titre
exceptionnel, l’administration peut se rendre justice à elle-même en procédant, sans l’intervention
du juge, à l’exécution forcée d’une décision administrative devant la résistance des administrés ;
il s’agit là d’un moyen empirique qui ne tire son fondement d’aucun texte juridique mais qui est
justifié par la nécessité de sauvegarder l’intérêt général dans l’exécution d’une décision
administrative ; autrement dit, la non exécution d’une décision administrative entraîne la faillite
de l’administration, elle détruit l’autorité de l’Etat et elle consacre le règne de la désobéissance,
de l’anarchie.
L’administration dispose de l’imperium, de privilèges des puissances publiques lui
permettant d’assurer le respect de l’Etat, de l’Etat de droit ; mais ces privilèges d’exécution
forcée sont si graves qu’ils ne peuvent intervenir qu’à titre exceptionnel et moyennant certains
125
garde-fous. Il existe donc des conditions requises pour faire usage du privilège d’exécution forcée
(mobile de droit, mobile de fait) ; parmi ces conditions, nous citons :
- L’exécution forcée n’est possible que devant une résistance manifeste des administrés ;
ceux-ci doivent refuser d’exécuter une décision administrative après invitation et
sommation de l’autorité administrative ;
- Pour décider de l’exécution forcée, l’autorité administrative doit se trouver devant
l’absence de tout autre moyen juridique lui permettant de sanctionner la non exécution de
la décision administrative ;
N.B. Certaines voies d’exécution forcée sont prévues à l’avance dans la loi pénale, dans la
sanction pénale organisée par la loi qui sert de fondement à une matière administrative ; dans ce
cas, l’exécution forcée devient un moyen juridique.
- L’exécution forcée doit être justifiée par la protection de l’ordre public ; l’ordre public
doit être menacé et, dans ce cas, le principe « salus populi suprema lex » trouve
également son application ; en dehors de la menace de l’ordre public, des circonstances
d’urgence peuvent justifier l’exécution forcée pour des raisons d’intérêt général ; cela
revient à dire que le seul motif d’intérêt général ne peut justifier l’exécution forcée ; il
faut en plus que cet intérêt général soit entouré des circonstances d’urgence.
N.B. Il est évident que ces différentes conditions doivent être réunies pour que l’exécution forcée
trouve son application.
126
Question : Quels sont les principes généraux de droit qui président à la disparition de l’acte administratif
unilatéral ?
La disparition des actes administratifs est une matière complexe car, comme dans la vie
d’un homme, la mort d’un acte administratif pose des problèmes judiciaires ; il est fait la
distinction entre l’abrogation, le retrait et l’annulation.
En droit administratif, un acte unilatéral peut cesser d’exister soit par un phénomène
juridique soit par un acte juridique. Mais un phénomène social ne peut pas mettre fin à l’existence
d’un acte administratif ; cette considération nous amène sous ce paragraphe à faire la distinction
entre la désuétude, la caducité, l’abrogation, le retrait et l’annulation.
A. Désuétude et caducité
La désuétude consiste dans la non application d’une décision administrative durant une
période si longue que la décision finit par tomber dans l’oubli. Par exemple, un arrêté du Ministre
de l’environnement organisant la chasse sur le plateau de BATEKE qui ne trouve plus
d’application du fait que la faune a été remplacée par des espaces de cultures d’élevage et de
pisciculture ; l’arrêté du Ministre ne trouve plus de terrain d’application mais si, par la suite ces
espaces venaient à être abandonnés, la faune reviendrait et l’arrêté qui était en veilleuse se
réveillera. Le professeur VUNDUAWE dit que la désuétude ne fait pas disparaître l’acte
administratif, celui-ci ne fait que dormir dans un profond sommeil, il peut toujours se réveiller à
tout moment.
La caducité consiste en la disparition d’un acte administratif à la suite d’avènement de
phénomènes juridiques ne permettant plus l’application d’un acte administratif ; en d’autres
termes, les circonstances juridiques qui avaient justifiées l’intervention d’une décision
administrative n’existent plus et, par conséquent, la décision administrative devient caduque, elle
127
tombe en caducité. Par exemples : 1. Les membres du Conseil d’Administration qui ont bénéficié
d’une décision administrative de nomination verront cette décision tombée en caducité dès lors
que le Conseil d’Administration sera dissout ou supprimé, ils attendront une autre décision
administrative les relevant de leur fonction ; 2. La suppression de l’ordre national du Léopard a
entraîné la caducité de toutes les décisions ayant porté certains dignitaires au mérite de cet ordre.
B. L’abrogation
L’abrogation est une décision administrative qui a pour effet de faire disparaître une autre
décision administrative existante. L’abrogation est caractérisée par le fait qu’elle émane de la
même autorité qui aura pris la décision à abroger, on dit alors qu’elle émane de l’auteur de la
décision à abroger.
N.B. L’auteur est ici considéré « esè qualité », ce n’est pas Mr KALUME, Ministre de l’intérieur,
c’est tout Ministre de l’intérieur qui peut abroger la décision prise par un autre Ministre de
l’intérieur.
L’abrogation est également caractérisée par ses effets : la décision d’abrogation sort ses
effets pour le présent et l’avenir, c’est-à-dire à la différence du retrait, l’abrogation est une
décision qui ne peut pas rétroagir.
C. Le retrait
A la différence de l’abrogation, le retrait est une décision administrative qui a pour effet
de faire disparaître une autre décision administrative rétroactivement, c’est-à-dire avec des
conséquences dans le passé, le présent et l’avenir. Le retrait se rapproche de l’abrogation
lorsque l’on considère l’autorité de qui émane la décision d’abrogation aussi bien que celle de
retrait. En effet, la décision de retrait émane de la même autorité, du même auteur qui a été à la
base de la décision faisant l’objet de retrait ; en d’autres termes, l’autorité d’abrogation autant que
celle de retrait se trouve être la même autorité, considérée ici « esè qualité » que celle qui aura
pris la décision faisant l’objet d’abrogation ou de retrait. La seule différence réside dans le fait
que la décision d’abrogation ne peut pas rétroagir, elle sort ses effets uniquement pour le présent
et l’avenir.
128
D. L’annulation
L’annulation est une décision qui intervient dans le cadre de la sanction de l’illégalité ;
elle vise à faire disparaître un acte administratif entaché d’excès de pouvoir. Etant une sanction
de l’illégalité, la décision d’annulation fait disparaître les effets de la décision ou de l’acte annulé
« ab ovo », c’est-à-dire à partir de son émission ; c’est en cela que l’annulation sort les mêmes
effets que le retrait, elle supprime l’acte pour le passé, le présent et l’avenir. Cependant, si par le
retrait l’autorité administrative exerce son propre contrôle de la légalité, l’annulation découle de
l’exercice du contrôle de la légalité par l’autorité hiérarchique ou de tutelle ; c’est ici le lieu de
faire la distinction entre l’annulation et le retrait du point de vue organique, c’est-à-dire de
l’autorité administrative intervenant dans la décision d’annulation ; celle-ci est une autorité
supérieure à celle qui aura pris la décision faisant l’objet d’annulation. Mais l’annulation n’est
pas seulement l’œuvre de l’autorité administrative ; elle est également l’œuvre du juge de l’excès
de pouvoir. Et nous verrons dans le chapitre du contentieux administratif que le recours
administratif est préalable au recours juridictionnel ; c’est dire que l’intimé introduira d’abord son
recours en annulation auprès de l’autorité hiérarchique ou de tutelle selon le cas (centralisation &
décentralisation) et seulement si elle n’est pas satisfaite sur le recours administratif elle saisira
alors le juge de l’annulation.
Paragraphe 2. L’abrogation
La procédure d’abrogation est guidée par des principes généraux du droit qui trouvent leur
application selon qu’il s’agit des actes réguliers et des actes irréguliers.
A. Actes réguliers
Lorsque nous faisons état d’un acte régulier, nous considérons que l’acte administratif a
été élaboré régulièrement, qu’il répond à toutes les règles de compétence, de forme, de procédure,
aux conditions de droit et de fait et au but d’intérêt général ; il ne peut donc pas faire l’objet d’un
recours pour excès de pouvoir et encore moins de sanctions pour illégalité. Pourtant, cet acte
régulier peut faire l’objet d’abrogation en se fondant sur des principes généraux du droit ; à cet
effet, il est fait la distinction entre les actes réglementaires et les actes individuels.
129
L’abrogation d’un acte réglementaire est une procédure autorisée en vertu de la loi du
changement, la loi qui veut que l’action de l’administration s’adapte aux changements qui
interviennent dans la réalisation des objectifs d’intérêt général. On parle aussi à ce sujet du
principe d’adaptation de l’administration, principe qui oblige l’administration à modifier ses
décisions réglementaires et pourquoi pas à les abroger dès lors que les impératifs d’intérêt général
justifieraient cette modification ou cette abrogation. Par exemple, un règlement qui organise les
cérémonies de culte religieux peut connaître des modifications lorsque la tranquillité publique qui
est un objectif d’intérêt général exige de limiter les heures et les endroits desdites cérémonies.
(Par rapport au droit constitutionnel qui est statique, le droit administratif est dynamique ; ses règles sont difficiles à
codifier ; ses décisions sont abrogées, modifiées au fil du temps ; l’administration change au fil du temps pour
répondre aux aspirations de la population, c’est la loi du changement).
Nous avons dit que les actes individuels ont pour effet de créer ou de modifier ou de faire
disparaître des droits et des obligations dans le chef d’un individu ou d’un groupe d’individus
nommément désignés ; les actes individuels peuvent donc être soit créateurs de droit ou soit non
créateurs de droit.
Les actes créateurs de droit confèrent les droits acquis au profit d’un individu ou d’un
groupe d’individus ; lorsque ils sont réguliers, qu’ils ne sont pas sujet à l’excès de pouvoir, il
devient difficile de les abroger en vertu du principe de l’intangibilité des effets individuels des
actes administratifs que l’on appelle en droit commun le principe des droits acquis. En vertu de
ce principe, lorsqu’une personne a régulièrement bénéficié d’une décision administrative,
l’administration ne peut pas lui retirer cette faveur au risque de prendre une décision illégale
susceptible de REP. Par exemple, un arrêté de nomination d’un professeur associé, arrêté de
promotion au grade de professeur ordinaire, Ordonnance de nomination d’un magistrat, décision
130
d’octroi d’une bourse d’études, décisions d’admission en 3ème année de graduat, etc. cependant,
à ce principe des effets individuels, il existe une exception qui réside dans la théorie de l’acte
contraire, théorie selon laquelle un acte individuel créateur de droit peut disparaître lorsque la loi
qui a permis de conférer les droits a permis également par le mécanisme de l’acte contraire
d’anéantir les effets individuels de l’acte administratif. L’acte contraire est donc un acte qui
trouve sa justification dans un texte juridique et qui place l’autorité administrative dans une
situation de compétence liée. De ce fait, l’absence pour l’administration de prendre un acte
contraire pour supprimer les effets d’une décision individuelle créatrice des droits sera considérée
comme un cas d’excès de pouvoir, un cas de violation de la loi susceptible de REP. La théorie de
l’acte contraire constitue le contrepoids au principe de l’intangibilité des actes individuels ; dans
son application, cette théorie est parfois buttée à la difficulté de savoir d’une part comment ou
dans quelle forme intervient la décision contraire et, d’autre part, quelle est l’autorité compétente
pour prendre un acte contraire.
Il est de principe que la compétence est d’attribution, il est également exigé de l’autorité
administrative de respecter les formes substantielles ou prescrites par la loi ; mais il peut arriver
que la loi qui a permis l’acte contraire n’ait pas organisée les règles de compétence ou de forme
devant présider en cette matière. La solution en cas de lacune de la loi réside dans l’application
des principes généraux du droit ci-après :
nomination d’un recteur pour un mandat de 4 ans est une décision individuelle créatrice de
droits ; en vertu du principe de l’intangibilité, le recteur resterait en fonction in définitivement
mais la loi qui organise le statut du recteur organise en même temps les conditions dans
lesquelles les effets de cette nomination peuvent disparaître, les conditions d’intervention d’un
acte contraire à la nomination ; parmi ces conditions, il y a d’une part l’expiration du mandat
encore que le principe de continuité et de régularité des services publics lui impose de continuer
son mandat jusqu’à la désignation de son successeur ; une autre condition est celle qui découle de
la procédure disciplinaire lorsque celle-ci doit aboutir à la révocation, la révocation étant ici un
acte contraire. Supposons que dans le cas d’espèce qu’il ne soit pas prévu des règles de
compétence ou de formes pour la révocation du recteur, il faudra recourir alors au principe de
parallélisme de forme ou de compétence.
Lorsque un acte individuel n’a pas conféré de droits ou des avantages au profit d’un
individu ou d’un groupe d’individus, le principe de l’intangibilité des effets individuels ne trouve
pas son application et par conséquent, l’autorité administrative peut procéder à l’abrogation d’un
tel acte en se fondant sur le principe d’adaptation au besoin d’intérêt général ; le danger dans la
pratique est tel que l’autorité administrative commet souvent le détournement de pouvoir en
prenant une décision d’abrogation sur un acte individuel non créateur de droit pour des raisons
éloignées de l’intérêt général.
Les actes non créateurs de droit sont également appelés actes négatifs par opposition aux
actes positifs qui créent le droit. Mais l’administration doit respecter le principe de la légalité
même si il lui est permis d’abroger un acte individuel négatif. Par exemple, la décision de retrait
d’une autorisation de bâtir est une décision administrative non créatrice de droit, une décision
négative qui intervient certainement dans l’application de la théorie de l’acte contraire ; mais
alors, l’administration, peut-elle abroger cette décision négative ? Nous répondons par l’affirmatif
car, le principe de l’intangibilité ne joue pas devant une décision négative ; cependant, la
décision qui abroge la décision négative peut à son tour être entachée d’illégalité et faire l’objet
du REP.
132
L’abrogation d’un acte irrégulier, qu’il soit réglementaire ou individuel, est possible en
vertu du principe de la légalité qui veut que le monstre ne survive pas en droit administratif.
Cependant, l’abrogation ne sort ses effets que pour le présent et l’avenir à telle enseigne que
l’acte irrégulier abrogé reste vivant dans le passé ; une telle hypothèse risque de créer une
insécurité juridique et c’est pourquoi l’autorité administrative utilisera plutôt la procédure de
retrait devant un acte administratif irrégulier car le monstre doit être supprimé « ab ovo ».
Paragraphe 3. Le retrait
Le retrait intervient pour corriger une irrégularité, nous avons dit qu’il s’agit du contrôle
de la légalité par l’auteur de la décision administrative ; ce contrôle peut se faire
automatiquement par l’auteur qui constate par lui-même l’irrégularité de la décision qu’il a prise
comme il peut se faire sur base du recours administratif adressé à l’autorité de la décision, à
l’auteur de qui émane la décision ; on parle alors du recours gracieux par opposition au recours
hiérarchique ou de tutelle ; il existe donc trois modalités de recours administratif : recours
gracieux, recours hiérarchique et recours de tutelle. La théorie de retrait nous conduit également à
faire la distinction entre les actes réguliers et les actes irréguliers.
A. Actes réguliers
Devant les actes réguliers, le retrait d’un acte administratif est inadmissible en vertu du
principe de la légalité et du principe du non rétroactivité. Le principe de la légalité interdit de
sanctionner un acte administratif régulier, « on ne tue pas un être normal ». Le retrait étant une
sanction de l’illégalité, il ne peut pas concerner un acte administratif régulier. Le principe du non
rétroactivité interdit pour sa part de faire rétroagir une décision administrative régulière ; celle-ci
ne peut intervenir que pour le présent et l’avenir.
133
B. Actes irréguliers
Ces actes interviennent dans le non respect des règles de compétence, de forme ou de
procédure, des conditions de droit ou de fait ou encore dans un but contraire à l’intérêt général.
Devant des tels actes, l’autorité administrative se trouve dans une situation de compétence liée en
vertu du principe de la légalité qui oblige l’autorité de la décision de réparer son illégalité sans
quoi cette réparation interviendra par voie d’annulation. Le retrait constitue alors un des
contrepoids au principe du non rétroactivité des actes administratifs (cfr. ante).
Paragraphe 4. L’annulation
A l’instar du retrait, l’annulation est également une sanction d’illégalité ; elle intervient
pour supprimer un acte administratif illégal. Sur cette base, l’annulation d’un acte administratif
régulier constitue une illégalité car un acte administratif régulier ne peut pas faire l’objet
d’annulation en vertu du principe de la légalité. Par contre, lorsque il s’agit d’un acte
administratif irrégulier, c’est-à-dire pris en violation de la loi, des règles de compétence, de forme
ou de procédure dans la poursuite d’intérêt privé, l’annulation devient une obligation pour assurer
le respect du principe de la légalité. Il est alors fait la distinction entre l’annulation administrative
et l’annulation judiciaire.
A. L’annulation administrative
L’annulation administrative est une décision administrative qui annule une autre décision
administrative ; il y va là du critère organique qui caractérise une telle annulation en partant de
l’idée que l’autorité administrative assure également le contrôle de la légalité ; c’est ce que l’on
appelle le contrôle interne de la légalité, celui qui s’effectue à l’intérieur même de
l’administration. Le contrôle administratif pouvant donner lieu à l’annulation relève alors soit de
l’autorité de tutelle soit de l’autorité hiérarchique dans le cadre des attributs du pouvoir de tutelle
ou du pouvoir hiérarchique. Lorsque ce contrôle intervient par voie de recours administratif
exercé par l’administré lésé, par l’intimé, il est soumis au délai de REP ; ce délai est de trois
mois à partir de la publication (acte réglementaire) ou de la notification (acte individuel) de la
décision administrative ; c’est dire que la date de publication ou de notification est très
importante pour le calcul de délai de recours administratif.
134
B. L’annulation judiciaire
Celle-ci intervient dans le cadre du contrôle juridictionnel de la légalité ; elle est l’œuvre
du juge de la légalité, du juge de l’excès de pouvoir. Le contrôle juridictionnel est également
soumis au délai de recours pour excès de pouvoir ; la requête de l’intimé ne peut intervenir que
dans le trois mois qui commencent à courir à partir de la réponse de l’autorité administrative
réservée à la suite du recours administratif ; mais devant le silence de l’administration, lorsque
l’administration n’a pas réservé une suite au recours administratif, le délai de trois mois de
recours juridictionnel est calculé comme suit : à partir du dépôt à la poste par voie recommandée
du recours administratif, il est compté trois mois pour aboutir à la décision tacite de rejet
découlant du silence de l’administration ; à partir de cette décision tacite dégagée à la fin du 3ème
mois de silence, il est également compté trois mois de recours juridictionnel ; cela veut dire que
le délai de trois mois de recours juridictionnel est compté soit à partir de la réponse négative de
l’autorité administrative soit à partir de la décision tacite découlant du silence de l’administration.
135
CHAPITRE DEUXIEME :
LE CONTRAT ADMINISTRATIF
Le contrat administratif est un contrat différent des contrats du droit commun ; un contrat
régi par des règles spéciales qui relèvent du droit administratif. Au sein de l’administration, nous
retrouverons des contrats administratifs et des contrats privés de l’administration à telle enseigne
que tous les contrats administratifs seront nécessairement des contrats de l’administration ; par
conséquent, tous les contrats de l’administration ne seront pas de contrats administratifs ; ceci
pour la simple raison que les contrats de l’administration englobent autant les contrats
administratifs que les contrats de droit privé. Il est alors important de dégager au sein de
l’administration quels sont les contrats de droit privé et quels sont les contrats de droit
administratif que l’on appelle également les marchés publics.
A. Critère légal
Ce critère est celui qui découle de la loi ; celui qui permet de définir le contrat
administratif en partant de la nature du contrat tel que définit par la loi des marchés publics.
136
Le droit positif congolais organise les marchés publics par l’O-L n° 69-054 du 05
décembre 1969 relative aux marchés publics et par son Ordonnance d’application n° 69-279 du
05 décembre 1696. En vertu de l’article 1er de l’ordonnance-loi précitée, sont définis comme
étant des marchés publics ou encore les contrats administratifs, des contrats passés par la
République, c’est-à-dire l’Etat Congolais, les Collectivités décentralisées et les Services publics
personnalisés, c’est-à-dire des contrats passés par une personne morale de droit public d’une part
et une autre personne physique ou morale d’autre part, et qui porte soit sur la réalisation d’un
travail public soit sur la fourniture des biens soit sur la prestation des services.
Le critère légal définit donc le contrat administratif en fonction de la partie contractante et
de la nature du marché de telle sorte que tout acte bilatéral qui rentrerait dans les deux éléments
de la définition serait d’office qualifié de contrat administratif ou des marchés publics en se
fondant sur le critère légal. Par exemples : 1. Marché entre la Ville de Kinshasa et la société
SAFRICAS pour la réalisation des travaux de construction de la route de l’avenue universitaire ;
un tel marché répond au critère légal ; 2. Le marché des fournitures d’équipements informatiques
passé entre L’UNIKIN et la firme RADIOCOM répond également au critère légal de définition
d’un marché public ; 3. Le marché entre l’Etat Congolais représenté par le Ministre
d’infrastructure et la société CONGOCOLOR pour les travaux de peinture dans un bâtiment
public.
Le marché des fournitures a pour objet la livraison d’un bien meuble ou immeuble au
profit de l’administration ; c’est donc l’administration qui est bénéficiaire de la fourniture d’un
bien donné et ceci nous permet alors de faire la distinction entre le contrat d’achat et le contrat de
vente car dans le cas d’espèce, c’est l’administration qui achète un bien et qui bénéficie d’une
livraison. Le contrat de vente ne répond donc pas à la définition du marché des fournitures et, par
voie de conséquence, il rentrerait dans les contrats de droit privé de l’administration.
Une autre observation porte sur le bien immeuble et nous conduit à faire la distinction
entre la livraison d’un immeuble et la construction de l’immeuble ; de cette distinction, nous
concluons que l’achat d’un immeuble déjà construit par l’administration fait partie de marché des
fournitures
137
Cette catégorie des marchés publics porte sur la réalisation d’un ouvrage public et c’est le
concept « ouvrage public » qui permettra de conclure que tel travail constitue un travail public. Il
est donc important de définir un ouvrage public pour appréhender la notion des travaux publics :
l’ouvrage public se définit comme étant la construction en matériaux durables d’une
infrastructure rentrant dans le patrimoine d’une personne morale de droit public ; cette
construction devient alors un travail public. Par exemples : 1. La construction d’un immeuble
pour le compte de l’Etat, d’une entité décentralisée, d’un établissement public ; 2. La construction
d’une voie ferrée ; 3. La construction des routes, de la voirie, des ponts et chaussées ; ce sont là
des marchés de travaux publics.
Ces marchés portent également sur la réalisation d’un travail mais ce travail n’est pas ici
qualifié de travail public parce que l’ouvrage public n’apparaît pas ; ces marchés portent sur la
prestation d’un service pour le compte de l’administration moyennant rémunération.
réparation, de remplacement des matériels amortis, par la peinture complète des différentes
pièces de bâtiment, etc. Autant de petits travaux qui rentrent dans la prestation de services et qui
nous éloignent de la réalisation d’un ouvrage public.
N.B. C’est ici qu’il y a lieu de faire la distinction entre réhabilitation d’un ouvrage public et
construction d’un ouvrage public dans la mesure où l’ouvrage public n’existe pas lorsqu’il est
question de réaliser sa réhabilitation ; mais, une fois construit, une fois réceptionné, l’ouvrage
public peut faire l’objet de réhabilitation suite à l’usure mais la doctrine et la jurisprudence
considèrent que lorsque une telle réhabilitation est totale, c’est-à-dire elle réalise la remise en état
de 70% de l’ouvrage public, elle est alors assimilée à la construction, à un travail public ; le cas
de l’avenue de l’université est illustratif, cas d’une route qui doit être refaite complètement.
La prestation de services peut également découler d’un contrat d’études, un contrat
d’architecture, des contrats qui visent à remettre à l’administration un travail de conception.
1. Premier critère
Il y a contrat administratif lorsque l’une des parties au contrat est une personne morale de
droit public et que le contenu du contrat comporte des clauses exorbitantes de droit commun. En
effet, en droit privé, lorsque l’une des parties au contrat impose à l’autre partie des clauses qui ne
découlent pas de la libre volonté des parties, on dit que le contrat est léonin. Ce contrat met en
présence une partie plus forte, plus puissante que l’autre et le juge du contrat peut être saisi pour
rétablir l’égalité des parties.
139
établissements publics à caractère industriel et commercial (VODACOM est une personne morale
de droit privé tandis que L’OCPT est une personne morale de droit public).
2. Deuxième critère
Le 2ème critère considère que le contrat passé entre une personne morale de droit public et
une autre personne physique ou morale qui a pour objet de faire participer ou de faire intervenir
directement le cocontractant dans l’exécution même d’un service public, c’est-à-dire l’exécution
d’une activité d’intérêt, un tel contrat est également un contrat administratif quand bien même le
critère légal ne serait pas réuni. A titre d’illustration, le contrat de concession des services publics
est par excellence un contrat administratif alors qu’il ne répond pas au critère légal, il vise la
gestion d’un service public par une personne privée alors que, par essence, le service public doit
être géré par une personne morale de droit public ; le fait de confier la gestion d’un service public
à une personne privée revient à laisser à cette personne privée l’exécution d’une activité d’intérêt
général en lieu et place de l’administration publique ; le contrat de concession encontre le 2ème
critère de la jurisprudence ; il est donc un contrat administratif. Exemple, un contrat visant à
confier la gestion de la SNEL à l’entreprise MAG ENERGY entraîne l’exécution de cette activité
de la SNEL par MAG ENERGY en lieu et place de la SNEL, personne morale de droit public,
établissement public à caractère industriel et commercial.
A ce 2ème critère, il y a également des exceptions qui trouvent leur place toujours dans
l’établissement public à caractère industriel et commercial dans le rapport que ces personnes
morales de droit public entretiennent avec d’une part leurs fournisseurs et d’autre part leurs
employés ; en effet, certains fournisseurs de service autant que les travailleurs mêmes de
l’établissement participent tous à l’exécution du service public, ils contribuent dans la bonne
marche ou dans le fonctionnement de l’activité d’intérêt général mais cette catégorie des contrats
n’est pas considérée comme contrat administratif mais plutôt comme contrat de droit privé.
Exemple, le contrat passé entre la SNEL et la firme CELPAY en vue d’assurer le recouvrement
des factures de la SNEL auprès de ses abonnés, ce contrat de fournitures de service par CELPAY
participe à l’exécution de l’une des tâches de la SNEL ; il répond donc au 2ème critère de la
jurisprudence mais, par voie d’exception, il constitue un contrat de droit privé. Il en est de même
141
du contrat de travail passé entre les établissements publics à caractère industriel et commercial
tels que L’ONATRA, la REGIDESO, L’OCPT et le personnel de l’entreprise en vue d’assurer
l’exécution des activités faisant l’objet de l’établissement public, ces contrats répondent au 2ème
critère de la jurisprudence et pourtant, par voie d’exception, ils restent des contrats de droit privé
régi par le code du travail.
N.B. Nous avons remarqué que dans le critère jurisprudentiel, il y a un dénominateur commun
qui est la présence d’une personne morale de droit public ; ce dénominateur commun se retrouve
également dans le critère légal ; c’est autant dire que dans le contrat administratif, l’une des
parties est nécessairement une personne morale de droit public. A cette affirmation, il y a
néanmoins une exception lorsqu’un contrat est passé entre deux personnes privées et qu’il a pour
objet la réalisation d’un ouvrage public ; il est considéré comme contrat administratif malgré
l’absence de la personne morale de droit public. Exemple, la construction de l’hôpital Roi
Baudouin à Masina et la construction de l’hôpital Marie BIAMBA MUTOMBO : dans le premier
cas, il y a eu contrat administratif et dans le second cas il n’y a pas eu contrat administratif.
L’explication se trouve dans l’exception que nous venions de soulever en ce sens que l’hôpital
Roi Baudouin est un ouvrage public, un immeuble qui devait être construit pour entrer dans le
patrimoine de l’Etat par le biais du ministère de la santé mais cette construction est le résultat
d’un financement accordé en libéralité par la Fondation Roi Baudouin (association privée),
laquelle Fondation a signé un contrat de travail public avec une société privée de construction ; il
n’y a pas de personnes morales de droit public entre les parties au contrat mais le contrat est
qualifié d’administratif pour la simple raison que son objet vise la réalisation d’un ouvrage
public ; par contre, dans le cas de l’hôpital Marie BIAMBA MUTOMBO, il n’y a ni personne
morale de droit public ni réalisation d’un ouvrage public.
Ces conditions sont beaucoup plus rigoureuses que celles applicables au contrat de droit
commun ; le contrat administratif est soumis aux règles de compétence, de forme et des
procédures qui doivent être respectées sous peine de sanction.
142
A. Règles de compétence
Comme nous l’avons déjà dit, en droit administratif, l’incompétence est de règle, la
compétence est d’exception ; ceci pour dire que, d’emblée, toutes les autorités administratives
sont incompétentes, elles ne deviennent compétentes qu’en vertu d’une attribution légale. Les
règles de capacité étudiées en droit civil sont transposées en règle de compétence lorsqu’il s’agit
de contrat administratif ; les textes qui régissent les marchés publics organisent différentes étapes
de compétence dans la conclusion d’un marché public : on y retrouve organes et autorités
habilités à intervenir dans chaque étape donnée. Parmi ces organes, il y a le Conseil des
Adjudications dont la composition et les attributions sont déterminées par l’Ordonnance n° 69-
279 du 05 décembre 1969 sur les marchés publics ; il en est de même du Conseil Supérieur des
Adjudications et de la commission de réception ; autant d’organes qui ont chacun des
compétences précises devant être respectées dans la conclusion des marchés publics. Parmi les
autorités, il y a le Fonctionnaire dirigeant dont les attributions sont également déterminées par
le texte réglementaire ; il y a surtout l’autorité adjudicatrice qui joue un rôle très important dans
la conclusion des marchés publics ; cette autorité adjudicatrice se retrouve à différents niveaux de
l’administration publique selon qu’il s’agit de l’Etat ou de l’entité territoriale décentralisée ou
encore des services publics personnalisés, décentralisés. Au niveau de l’Etat, c’est le Ministre
intéressé par les marchés publics qui se trouve être l’autorité adjudicatrice ; au niveau de la
Province, c’est le Gouverneur des Provinces ; au niveau de la Commune, le Bourgmestre ; au
niveau du Secteur ou Chefferie c’est le Chef du Secteur ou de chefferie. Dans les établissements
publics, l’autorité adjudicatrice est représentée par le Comité de Gestion encore que la loi sur les
entreprises prévoit que les actes du Comité de Gestion sont obligatoirement signés par
l’Administrateur Délégué Général (ADG) et l’un des Directeurs membre du Comité de Gestion.
N.B. Dans le cadre de la décentralisation, il est généralement admis que l’organe de décision est
l’organe délibérant ; ainsi l’autorité adjudicatrice en matière de conclusion des marchés publics
exécute la décision de l’organe délibérant ; c’est cet organe qui décide finalement sur la
conclusion d’un marché public sauf lorsque celui-ci a délégué ledit pouvoir à l’autorité ou
l’organe exécutif ; l’organe délibérant est déterminé par la loi qui organise la Province, la
Commune ou l’entité locale ou encore la loi sur les entreprises publiques et même la loi qui
organise l’enseignement supérieur et universitaire. Le juriste fera alors attention pour relever dans
143
chaque situation quelle est l’autorité compétente pour intervenir dans la conclusion d’un marché
public conformément aux textes légales ou réglementaires.
B. Règles de forme
L’Ordonnance de 1969 sur les marchés publics détermine le cadre général d’élaboration
de tout contrat administratif passé par voie d’adjudication ou d’appel d’offres de telle sorte que le
juriste tout en adoptant la forme quelconque du contrat se trouve cependant lié par les termes de
ce que l’on appelle le cahier général des charges ; c’est dans ce cahier que se trouvent inscrites
les clauses contractuelles des marchés publics.
Outre les règles de forme, le contrat administratif est marqué par des règles de procédure
qui en font sa spécialisé ; ces règles seront étudiées dans la section relative au régime juridique
des contrats administratifs.
Ce marché est également appelé le marché négocié ; il est caractérisé par le fait que
l’autorité adjudicatrice, l’administration contractante est libre de conclure le marché avec le
cocontractant de son choix ; cette modalité nous rapproche évidemment du droit commun. Le
marché de gré à gré est un mode dangereux car il permet à l’autorité administrative de faire des
arrangements au détriment de l’administration en choisissant le cocontractant qui n’offre pas de
la bonne qualité et qui, de plus, présente le prix le plus élevé ; une telle liberté va certainement à
l’encontre de l’intérêt général.
Dans la pratique, la règle déontologique requiert que l’autorité administrative, par acquis
de conscience, procède volontairement à une demande de prix auprès de certains candidats de son
choix avant de négocier le gré à gré ; mais cette procédure de consultation est purement
informelle, elle n’engage ni l’administration ni les personnes consultées tant qu’il est vrai que
l’administration peut même choisir le cocontractant qui n’aurait pas fait l’objet de consultation.
Le mode de gré à gré étant d’exception, la loi de 1969 sur les marchés publics a prévu des
garde-fous, elle a déterminé de manière limitative les cas dans lesquels l’administration est
autorisée à conclure le marché de gré à gré ; ces différents cas sont prévus à l’article 4 de
l’Ordonnance-loi n° 69-054 du 05 décembre 1969 relative aux marchés publics. Dans la
philosophie de cet article 4, le législateur a voulu limiter le mode de gré à gré soit en fonction du
montant du marché soit encore en fonction de la nature spécifique du marché.
devant l’incohérence constatée entre le fait et la loi, différentes interprétations ont dominé cette
matière laissant l’administration dans une anarchie totale.
Nous retrouvons dans la pratique des notes de services, des circulaires administratives qui
essaient de corriger cette incohérence en fixant la valeur maximale du marché de gré à gré ; le
principe de la légalité nous conduit à considérer tous ces textes de correctif comme étant illégaux
vis-à-vis de la loi. Néanmoins, le raisonnement par analogie conduirait le bon juriste à garder
l’équivalence du zaïre-monnaie en 1969 et à faire l’extrapolation pour rester dans l’esprit de la
loi ; il est évident que cette équivalence sera dynamique devant le phénomène inflationniste qui
caractérise la monnaie nationale (dans l’exercice de son contrôle, la Cour de Compte se rallie
souvent à cette théorie d’équivalence).
L’Ordonnance-loi cite treize cas qui permettent de passer de gré à gré compte tenu de la
nature spécifique du marché ; parmi ces cas nous relevons :
- Les marchés à caractère stratégique ou nécessitant la plus grande confidentialité ; tel est le
cas du marché de fabrication de la monnaie qui, s’il n’est pas passé de gré à gré, conduira
à la communication des éléments confidentiels devant intervenir dans l’impression du
billet de banque ; tel est également le cas du marché de fournitures de bulletin de vote ; tel
est également le cas pour les matériels stratégiques de l’armée ;
- Les marchés pour lesquels la concurrence n’est pas possible étant donné que le produit à
fournir fait l’objet d’un monopole. Par exemple, la fourniture d’un produit
pharmaceutique pour le VIH/SIDA ;
- Les marchés qui ont déjà fait l’objet d’adjudication est que l’administration résilie
unilatéralement pour faute du cocontractant, de tels marchés peuvent être passés de gré à
gré avec un autre cocontractant qui devra poursuivre l’exécution du marché ;
- Les marchés financés par des libéralités ou de prêt dont les conditions excluent toute
concurrence.
146
Paragraphe 2. L’adjudication
La législation congolaise sur les marchés publics fait de l’adjudication le mode consacré
de passation des marchés publics. L’adjudication est caractérisée par ce que l’on appelle
l’automatisme du marché ; ce principe d’automatisme exige de l’administration d’une part la
mise en concurrence, c’est-à-dire l’organisation d’une publicité permettant à tous les candidats
potentiels de prendre connaissance de la proposition des marchés émanant de l’administration et
d’être en mesure de déposer leurs offres dans les mêmes conditions d’égalité ; d’autre part,
l’adjudication exige à l’administration d’attribuer automatiquement le marché au candidat qui
aura présenté le plus fort rabais, c’est-à-dire le prix le plus bas.
L’adjudication est ainsi un mode qui protège le plus l’intérêt général : non seulement il
assure l’égalité de tous les citoyens qui veulent conclure un contrat avec l’administration mais
surtout il ne permet pas des arrangements sous la table du fait que l’administration n’a aucune
liberté dans le choix du cocontractant, elle doit se contenter du candidat qui aura présenté le
meilleur prix. Le droit administratif fait la distinction entre l’adjudication publique ou ouverte et
l’adjudication restreinte ou fermée.
A. Adjudication publique
marchés publics. C’est pour pallier cette insuffisance que la bonne administration propose de plus
en plus l’appel d’offres à la place de l’adjudication. Au demeurant, l’adjudication restreinte peut
également attribuer les effets néfastes de l’adjudication publique.
L’adjudication restreinte est autorisée de la même manière que le gré à gré dans le cas des
marchés financés par la libéralité ou le prêt et pour lesquels le bienfaiteur ou le prêteur
conditionne son financement à l’organisation d’une adjudication restreinte ; par exemple,
un marché de travaux publics financé par le Gouvernement français moyennant
l’adjudication restreinte auprès de quelques firmes françaises ayant des entreprises de
construction.
accessoire ; il constitue alors le meilleur mode de passation des marchés publics car non
seulement il assure l’égalité des citoyens dans la participation au marché public, il n’y a pas de
candidats exclus à l’avance mais il répond au mieux au besoin d’intérêt général du fait que la
qualité du produit ou travail correspond au besoin d’intérêt général.
Dans la pratique, l’organisation de l’appel d’offres demande une grande expertise, une
grande technicité de la part des experts de l’administration pour permettre d’analyser les
différentes offres et de déboucher à l’offre la plus avantageuse et la plus intéressante.
Tableau
CRITERES ponderation safricas forest safrimex
M.O 15% 12 8 10
Expérience 15% 14 12 8
Matériels 20% 10 14 10
techniques
Solvabilité 15% 8 10 14
financière
Le prix 25% 18 18 22
La durée 10% 8 7 9
Total 100% 100% 70% 69% 73%
Sur base de ce tableau, l’offre la plus avantageuse ou la plus intéressante est celle
présentée par la firme SAFRIMEX.
N.B. Il peut arriver que le total mette à égalité deux candidats et qu’il faille désigner l’un de deux
candidats ; on recourt alors aux dispositions du cahier spécial des charges ; celui-ci peut prévoir
l’une des solutions ci-après : soit considérer qu’en cas d’égalité, un des critères de pondération
sera dominant ; par exemple, le prix ou encore l’expérience, le candidat qui a obtenu plus de
points dans le critère dominant sera alors retenu ; soit le cahier spécial des charges peut prévoir la
remise en concurrence entre les deux candidats ex égaux ; soit enfin il peut prévoir le tirage au
sort.
150
Sous cette section, nous allons examiner les clauses spécifiques qui déterminent le contrat
administratif et qui se trouvent dans ce que l’on appelle le cahier des charges ; ensuite, il sera
question d’étudier la procédure de passation des marchés publics avant de passer à l’exécution
proprement dite du contrat administratif qui nous conduira à relever les pouvoirs exorbitants de
l’administration contractante et le droit et les obligations des parties.
Lorsque nous disons que le contrat administratif est plus qu’un contrat d’adhésion, qu’il
est beaucoup plus un contrat type, c’est parce que les parties au contrat, qu’il s’agisse de
l’autorité adjudicatrice ou de l’adjudicataire, ces parties ne disposent pas d’une grande marge des
manœuvres pour négocier les clauses du contrat ; ces clauses sont déterminées à l’avance par
l’administration sans que celle-ci soit nécessairement l’administration contractante. Il existe
plusieurs sortes de cahiers des charges et il est important de déterminer la nature juridique de ces
cahiers des charges.
2°. Le cahier spécial des charges qui détermine également des dispositions applicables non pas
à tous les marchés publics mais à une catégorie des marchés publics de telle sorte que tous les
marchés qui rentrent dans telle catégorie sont nécessairement régis par un cahier spécial des
151
charges ; par exemple, la catégorie des marchés de travaux publics, la catégorie des marchés des
fournitures, la catégorie des marchés de prestation des services.
Le cahier spécial des charges est très important car c’est lui qui comporte des clauses
déterminantes tant dans l’élaboration du contrat que dans l’exécution même du marché public ;
on y retrouve les modes de passation du marché, les conditions de solvabilité des candidats, les
modalités de soumission et d’examen de soumission ainsi que les modalités de paiement.
3°. Le cahier des clauses techniques générales qui fixe les conditions techniques applicables
non pas à tous les marchés publics, non plus à une catégorie des marchés publics mais aux
marchés publics de même nature ; en effet, dans une même catégorie, il y a des marchés publics
de natures différentes et selon la nature du marché, il y a des spécificités techniques qui diffèrent
d’une marché à une autre. Par exemple, les marchés des fournitures de véhicules est différent de
celui des fournitures du matériels informatiques, de celui des fournitures d’imprimer les valeurs
(diplômes d’Etat, billets de banque, etc.) ; de la même manière, le marché de construction d’une
route est différent de celui de construction d’un bâtiment.
4°. Le cahier des clauses administratives particulières, ce cahier intervient dans chaque
marché public, il est propre à chaque marché public ; il détermine des conditions administratives
et financières qui ne s’appliquent qu’à un marché public sans tenir compte ni de la catégorie ni de
la nature du marché.
5°. Le cahier des clauses techniques particulières qui, comme le précédent, s’applique à un
seul marché public en présence. Par exemple, un marché passé par L’UNIKIN et SAFRIMEX
pour la réhabilitation des homes d’étudiants sera régi par le cahier général des charges, le cahier
spécial des charges, le cahier des clauses administratives particulières, le cahier des clauses
techniques générales et le cahier des clauses techniques particulières ; dans le cahier des clauses
administratives particulières, on tiendra compte des contraintes universitaires, il y aura des
conditions propres au milieu universitaire ; il y aura également des spécialités techniques liées à
l’environnement estudiantin.
152
Il existe une controverse doctrinale sur la nature juridique exacte de cahier des charges : la
majorité de la doctrine considère que les cahiers des charges sont des clauses contractuelles et
que, par conséquent, quoique immanent de manière unilatérale de l’administration, ils ne
constituent pas des actes administratifs réglementaires.
L’article 1er de l’Ordonnance n° 279 de 1969 sur les marchés publics confirme cette
première version en disposant que les clauses contractuelles font l’objet du cahier général des
charges annexé à ladite ordonnance ; cette première position de la doctrine considère que les
actes de nature contractuelle ne peuvent faire objet de REP ; il relève du juge des contrats et en
vertu du principe du recours parallèle, le juge administratif se dessaisie au profit du juge de
contrat dès lors que celui-ci est compétent pour statuer dans un litige donné.
Une autre partie de la doctrine s’appuie sur la jurisprudence du Conseil d’Etat pour
déceler dans certains cahiers des charges des mesures réglementaires pouvant faire l’objet de
REP ; en effet, le cahier général des charges ainsi que le cahier spécial des charges font souvent
l’objet des mesures réglementaires soit par voie de circulaire administrative (source sociologique
de nature réglementaire), d’autres mesures sont annexées au règlement du marché public pour
faire partie intégrante dudit règlement ; de ce fait, cette nature réglementaire permet de considérer
ce genre de cahier des charges comme étant susceptible du REP. Néanmoins, la force juridique de
cahier des charges apparaît soit avant la conclusion du contrat soit au moment de la conclusion du
contrat.
1°. Avant la conclusion du contrat, l’administration contractante peut aller à l’encontre de
cahier des charges soit en privilégiant un candidat soit encore en utilisant une procédure
différente de celle prévue dans le cahier des charges ; dans ces conditions, les candidats lésés
saisiront le juge des contrats pour lui demander d’amener l’administration à respecter le cahier
des charges ;
2°. Au moment de la conclusion du contrat, les parties au contrat doivent se référer aux
différents cahiers des charges et lorsque l’administration contractante impose au cocontractant
des clauses non reprises aux cahiers des cahiers des charges, la partie lésée peut saisir également
le juge du contrat. C’est autant dire que les cahiers des charges font partie intégrante du contrat
administratif ; l’autorité adjudicatrice se réfère aux différents cahiers des charges déterminés à
153
l’avance soit par l’administration compétente soit par le Conseil des adjudications lorsqu’il s’agit
des clauses particulières.
A. La publicité
B. La soumission
C. L’adjudication
Il s’agit d’un organe collégial dont la composition est déterminée dans le règlement des
marchés publics en ce qui concerne l’administration centrale et les entités territoriales
décentralisées ; dans les établissements publics, c’est le Conseil d’Administration qui organise le
Conseil des adjudications et qui fait approuver sa décision par l’autorité de tutelle technique.
Le Conseil des adjudications est un organe très important car non seulement il a la charge
d’élaborer le cahier des clauses particulières des charges mais surtout est-il chargé d’analyser les
différentes offres, les différentes soumissions et de déterminer l’offre la plus basse ou encore la
plus intéressante selon le cas. Le conseil des adjudications donne également ses avis lorsque
l’autorité adjudicatrice décide de passer le marché par adjudication restreinte en dehors des
critères déterminés par la loi.
155
Celle-ci est également déterminée par le règlement des marchés publics en ce qui
concerne l’Etat et l’administration territoriale alors que dans les établissements publics, c’est le
Comité de Gestion qui fait office d’autorité adjudicatrice. L’autorité adjudicatrice est la véritable
autorité d’exécution du contrat administratif : c’est elle qui notifie la décision d’adjudication à
l’adjudicataire ; c’est à partir de cette décision que le soumissionnaire devient adjudicataire. La
décision d’adjudication est une véritable décision administrative prise par l’autorité adjudicatrice
et susceptible de REP ; c’est ce que l’on appelle l’acte détachable du contrat administratif ; un
acte unilatéral à la suite duquel sera établi un acte bilatéral, c’est-à-dire le contrat administratif.
En d’autres termes, le marché doit d’abord être adjugé, c’est-à-dire faire l’objet d’une décision
d’adjudication avant l’intervention du contrat administratif proprement dit.
D. Le contrat
Le contrat administratif prend fin soit par le décès du cocontractant soit par l’exécution
définitive du marché soit par la résiliation administrative soit, enfin, par la résolution judiciaire.
En ce qui concerne l’exécution définitive du marché, l’administration organise la commission de
réception ; cette commission peut intervenir à trois niveaux :
- Soit avant même le début d’exécution d’un marché, la commission peut procéder à la
réception technique du matériel ou des produits spécifiques requis dans le cahier des
clauses techniques particulières ; cette précaution est voulue pour éviter de surprises dans
l’exécution du marché ;
- La réception provisoire qui intervient progressivement au fur et à mesure de
l’exécution du marché lorsque l’importance du marché nécessite des fournitures
partielles ou encore des contrôles techniques à chaque étape des travaux réalisés ; ceci
permet d’éviter des vices cachés dans la réalisation totale de l’ouvrage public ;
- La réception définitive qui permet à la commission de réception de réceptionner le
marché, c’est-à-dire de donner quitus au cocontractant, c’est-à-dire de le décharger de sa
responsabilité contractuelle.
Ce pouvoir n’existe pas en droit privé car la résiliation entre parties ne peut être que
conventionnelle ou judiciaire ; mais dans le contrat administratif, toujours en vertu de la loi du
changement, l’administration peut résilier unilatéralement le contrat lorsque les impératifs
d’intérêt général ne justifient plus la poursuite du contrat. Par exemple, le contrat des fournitures
du matériel électoral peut être résilié dès lors que les élections sont renvoyées sine die.
N.B. Il y a lieu de faire la distinction entre la résiliation pour cause d’intérêt général et la
résiliation sanction que nous verrons par la suite ; de même, il y a lieu de retenir que la
modification unilatérale autant que la résiliation unilatérale constituent des privilèges de
l’administration qui peuvent donner lieu à la responsabilité sans faute, c’est-à-dire que
l’administration peut être emmenée à indemniser le cocontractant pour le dommage que celui-ci
158
pourrait subir à la suite de l’augmentation des coûts du contrat par la modification unilatérale ou
encore lorsque le marché est résilié après que le cocontractant ait commencé l’exécution du
marché.
D. Le pouvoir de sanction
1. Le cocontractant a droit au paiement ; c’est ici le lieu de faire la distinction entre le contrat
administratif et le contrat de concession des services publics dans la mesure où le concessionnaire
n’est pas payé par l’administration mais plutôt par les usagers des services publics au moyen des
redevances. Dans le contrat administratif, l’administration est dans l’obligation de payer au
cocontractant le prix convenu dans le contrat.
a. Aléa administratif
b. Aléa économique
c. Aléa naturel
Le risque naturel découle de ce que l’on appelle les sujétions imprévues, c’est-à-dire des
événements naturels qui ne sont pas le fait de l’homme (b), qui ne sont le fait du prince (a) mais
qui interviennent de manière tout à fait naturel. Il en est ainsi des inondations, de séisme, des
pluies torrentielles, des incendies, etc. ; différents événement qui viennent perturber l’économie
du marché, qui laissent le cocontractant au désarroi et son seul salut ne viendra que de
l’administration contractante par le bénéfice du rétablissement de l’équilibre financier.
La complexité du contrat administratif, marquée par la spécialité des règles qui président à
la désignation du cocontractant, a pour conséquence que le contrat doit être exécuté intuitu
personae, c’est-à-dire en considération de la seule personne qui a rempli les conditions requises
pour l’adjudication ou l’appel d’offres. Ainsi, l’adjudicataire doit exécuter personnellement le
marché, il ne peut pas décider de son gré de le sous-traiter et encore moins de le céder à un tiers
au contrat.
Si la sous-traitance est possible sous condition, il n’en est pas de même de la cession du
contrat qui est formellement interdite dans le marché public. Exemple, l’entrepreneur chargé de
réhabilité le home d’étudiants sera certainement spécialisé dans les travaux de construction mais
il lui sera peut être difficile de réaliser par lui-même la fabrication des portes et fenêtres, la
réinstallation de tout le système du courent électrique.
A la différence des marchés de droit privé qui laissent le cocontractant dans la liberté
totale en termes d’exécution du contrat ou du marché quitte à réceptionner le marché à la fin des
travaux ou de la livraison avec le risque d’opérer la réception sans découvrir le vice caché, le
162
Comme toute relation bilatérale, le contrat administratif peut faire l’objet de conflit entre
les parties ; il est alors important de savoir comment régler ces conflits soit en recourant au juge
soit en subissant la sanction administrative.
Plusieurs sortes de conflits peuvent être portées devant le juge et la compétence de celui-
ci sera alors déterminée par la nature du conflit. Nous allons ainsi distinguer les actions qui sont
portées devant le juge du contrat et celles qui sont portées devant le juge de l’excès de pouvoir.
Il est de principe qu’il n’y a pas de nullité sans texte et, sur cette base, les parties au
contrat peuvent saisir le juge pour lui demander de prononcer la nullité du contrat dès lors que
l’une des causes de nullité sera remplie ; cette action en nullité est normalement réservée aux
parties au contrat ; cependant, l’élaboration du contrat administratif fait intervenir plusieurs
soumissionnaires qui ont également un intérêt à la conclusion du contrat administratif ; c’est ainsi
qu’il est admis au concurrent évincé de saisir également le juge de contrat pour obtenir
éventuellement la nullité de celui-ci dès lors que les conditions seront réunies.
163
Le contrat administratif comporte des droits et obligations qui trouvent leur application
dans l’exécution du contrat administratif ; les parties au contrat peuvent réciproquement relever la
mauvaise exécution du contrat par l’une ou l’autre partie ; cette mauvaise exécution constitue ce
que l’on appelle la faute contractuelle. Lorsque cette faute contractuelle cause préjudice, il peut
alors être fait application de l’article 258 du CCC L III pour permettre de saisir le juge du contrat
et d’obtenir la location des DI.
La théorie de recours parallèle est celle qui interdit l’introduction de deux recours
concomitamment et, partant, la responsabilité contractuelle sera préférée à la responsabilité
délictuelle.
C. L’action en résiliation
Au-delà des pouvoirs exorbitants de l’administration, les parties au contrat ont la faculté
de recourir au juge de contrat pour obtenir la résiliation de celui-ci lorsque l’une des parties n’a
pas donné satisfaction aux conditions d’exécution du contrat ; cette action en résiliation est
différente de l’action en nullité non seulement par son objet mais surtout par le fait que seules les
parties les parties au contrat peuvent demander la résolution judiciaire en vertu du principe de la
relativité des contrats.
N.B. Si la compétence du juge dépend de la nature de l’action, il est évident que cette
compétence juridictionnelle doit trouver son fondement dans la loi et cette loi est dynamique, elle
diffère d’un pays à l’autre. En Belgique et en droit congolais jusqu’alors, le juge de contrat et de
la responsabilité se trouve être le juge de droit commun ; la réforme judiciaire à venir en RDC,
avec l’avènement des juridictions administratives, proposera certainement de rattacher les conflits
relevant des contrats administratifs et de la responsabilité administrative rattachés aux juridictions
administratives. En France, ce sont les juridictions administratives qui connaissent des litiges
relatifs aux contrats administratifs et à la responsabilité administrative dans le cadre du régime du
contentieux de pleine juridiction ; les juridictions de droit commun ne connaissent que des litiges
de l’administration qui découlent des activités de droit privé telles qu’en matière foncière, en
matière de contrat de droit privé.
164
D. L’action en annulation
TITRE TROISIEME :
LE CONTRÔLE DE L’ADMINISTRATION
La machine administrative est une machine dangereuse car elle fonctionne avec beaucoup
de puissance, avec le risque de causer les préjudices aux administrés ou encore de porter atteinte
aux règles de conduite établie. L’activité de l’administration mérite donc d’être contrôlée pour
assurer la protection des citoyens et c’est autant vrai que l’administration est une machine de
l’Etat et celui-ci tire sa source de l’organisation des citoyens ; c’est l’idée de droit du souverain
qui sert de fonctionnement à l’existence de l’Etat ; ce souverain doit être protégé par l’Etat contre
les abus de l’administration. Le contrôle de l’administration se situe alors à deux niveaux : au
niveau de la responsabilité administrative et au niveau de la légalité administrative.
CHAPITRE PREMIER :
LE CONTRÔLE DE LA RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE
L’idée de considérer que l’administration peut être rendue responsable des dommages
causés aux administrés est une idée qui a été longtemps contestée et qui a trouvé son fondement
dans l’œuvre du juge ; par la suite, cette idée a été consacrée par la loi qui a fixé les conditions de
la responsabilité administrative.
le peuple avait besoin pour assurer l’harmonie en société, la paix sociale et l’encadrement des
citoyens ; c’était l’Etat gendarme. L’Etat gendarme avait le bénéfice de l’absolution, il pouvait
causer des dommages aux particuliers mais il était irresponsable, il ne pouvait jamais faire l’objet
d’une action en responsabilité même là où il était fautif. A la fin du 19ème siècle, avec le
développement de l’industrie, l’Etat a entrepris certaines activités pour répondre aux besoins
d’intérêt général qui n’étaient pas satisfaits par l’Etat gendarme ; l’Etat a entrepris des missions
de l’Etat providence qui l’ont emmené à entreprendre des activités industrielles et commerciales.
L’intervention de l’Etat dans les activités des privés a emmené le juge à se poser la
question de savoir si l’exonération de la responsabilité était concevable lorsque le dommage
devait résulter des activités de l’administration régie par des règles de droit privé ; c’est ainsi que
en France, dans un conflit opposant une entreprise publique et une victime d’un accident de
chemin de fer causé par le matériel de transport, le juge de droit commun a voulu condamné
l’administration à réparer le dommage causé à la victime alors que le juge administratif avait
refusé d’établir la responsabilité de l’administration. C’est ainsi que le tribunal des conflits dont
la mission est de départager la juridiction administrative et la juridiction judiciaire sur un conflit
de compétence dans un litige donné, le tribunal de conflit a rendu un arrêt célèbre le 18 février
1873 que l’on appelle « ARRET BLANCO » dans lequel il admettra pour la première fois la
responsabilité administrative tout en indiquant que c’est à la juridiction administrative qu’il
reviendra de condamner l’administration en DI, en réparation du préjudice subit à la suite de son
activité industrielle et commerciale.
REGIME DE L’IMPUTABILITE
Cette théorie appelée également la théorie organiste fait la distinction entre l’organe et le
préposé, elle prend sa source de l’article 261 CCC LIII lequel engage la responsabilité du maître
pour le dommage causé par le commettant. Sur cette base, l’administration est ici assimilée au
maître tandis que les agents ou autorités prennent la place de commettant. Il est alors fait la
distinction au sein de l’administration entre les organes et les préposés considérant que les
organes sont les agents de l’administration qui sont investis d’un pouvoir administratif ; ce sont
ces agents que nous avons considéré comme des autorités administratives de par le fait qu’elles
sont investies des compétences ou d’attributions administratives ; par contre, les préposés sont les
agents chargés d’exécuter les décisions des autorités administratives.
170
Lorsque l’organe commet une faute dans l’exercice de ses compétences ou attributions
administratives, la théorie belgo-congolaise considère que le fait de l’organe engage la
responsabilité de l’administration ; il est considéré ici que l’organe agit au nom et pour le compte
de l’administration, il agit en vertu des pouvoirs qui lui ont été conféré par l’administration, il est
alors logique que la faute intervenant dans ce cadre précis engage la responsabilité de
l’administration. Par contre, lorsque l’organe va au-delà de ses attributions, qu’il agit en dehors
des pouvoirs qui lui sont reconnus, il engage alors sa propre responsabilité. Exemples : 1. Le
Ministre du commerce extérieur qui engage qui, usant de ses pouvoirs de tutelle, autorise la
commercialisation du riz avarié ; il agit dans le cadre de ses compétences mais il commet une
faute qui peut entraîner des dommages en engageant la responsabilité de l’Etat ; 2. Le
Bourgmestre de la Commune de LEMBA qui décide de la détention préventive d’un locataire
insolvable qui refuse de sortir de la maison, commet une faute en dehors de ses compétences et
cette faute engagera sa propre responsabilité.
171
Cette théorie fait la distinction entre la faute personnelle et la faute des services
considérant que la faute personnelle engagera la responsabilité de l’agent sans devoir faire la
distinction entre organe et préposé tandis que la faute des services engagera la responsabilité de
l’administration.
A. La faute personnelle
La faute personnelle intervient dans deux hypothèses :
1. L’absence de tous liens avec le service
Il y a faute personnelle lorsque l’agent de l’administration agit en dehors de tous liens
avec le service de l’administration ; on parle ici de la faute détachable ; une faute qui se détache
de toute activité administrative, une faute qui intervient dans un cadre purement privé n’ayant
aucun rapport avec la fonction administrative (voir faute personnelle du préposé). Exemple, un
agent ou autorité de police qui utilise son arme à feu pour se venger de son rival et sans aucun
lien avec une activité de police.
2. La faute non détachable
Dans cette hypothèse, la faute commise par l’agent se réalise à l’intérieur du service ou
dans le cadre d’une fonction administrative mais elle ne s’inscrit pas dans une activité
administrative normale, elle découle d’un sentiment personnel de l’agent, un sentiment de nuire à
autrui ; on parle alors d’une faute nuisible qui ne vise qu’à assouvir un sentiment méchant de la
part de l’agent. Cette faute nuisible est souvent constitutive d’une infraction pénale et, comme
nous le savons, l’infraction pénale est individuelle. Exemples : 1. Un officier de l’état civil qui,
pour nuire à son voisin, décide de détruire dans les archives les différents documents d’état civil
concernant son voisin de telle sorte que celui-ci ne soit plus en mesure d’obtenir les duplicatas
qui lui sont demandés dans le cadre d’un voyage en Europe ; cette faute s’inscrit dans le cadre de
service mais elle est caractérisée par une méchanceté qu’elle ne peut plus engager la
responsabilité de l’administration ; 2. Un OPJ qui, lors de l’interrogatoire, décide de soumettre le
prévenu à des coups et blessures soi-disant pour le corriger ; il commet là une infraction qui ne
peut engager que sa propre responsabilité quand bien même cette faute aurait un lien avec un
service.
172
Dans la considération de la faute personnelle et la faute des services, il peut y avoir cumul
des responsabilités soit parce que deux faits différents ont occasionné la faute personnelle et la
faute des services soit encore lorsque un même fait aura donné lieu à la fois à la responsabilité
personnelle et à la responsabilité administrative.
B. La faute du service
Il y a faute de service, soit lorsque l’agent agit dans le cadre du service sans aucune
intention méchante, soit lorsque le service lui-même aura mal fonctionné. Dans la première
hypothèse, le citoyen se trouve protéger par tout manquement qui serait commis par un agent
dans l’exercice de ses fonctions sans devoir faire la distinction entre organe et préposé. Dans la
seconde hypothèse, la faute n’est plus imputable directement à l’agent de l’administration mais
plutôt au service public et l’une des servitudes de l’administration réside justement dans le
principe de continuité et de régularité du service public ; le service public doit fonctionner de
manière correcte et permanente avec comme conséquence que la défaillance dans ce
fonctionnement peut entraîner la responsabilité administrative ; le défaut d’un fonctionnement
régulier et permanent est constitutif d’une faute de service. Par exemple, l’autorité administrative
qui prend une décision entachée d’excès de pouvoir commet une faute de service, cette illégalité
commise dans l’exercice de la fonction administrative est une faute qui engage la responsabilité
de l’administration. Par contre, un chauffeur de l’administration qui fait un accident dans
l’exercice de ses fonctions et que l’accident soit le fait du mauvais fonctionnement des freins de
véhicule, le dommage qui en résulte engagera la responsabilité de l’administration.
Dans la théorie de la faute personnelle comme celle de la faute de service, il peut y avoir
cumul des responsabilités.
173
Dans cette hypothèse, l’agent de l’administration commet une faute dans l’exercice de ses
fonctions et en même temps il commet une autre faute purement sentimentale qui s’éloigne des
objectifs de l’administration. Par exemple, le Bourgmestre de la Commune de LIMETE qui
décide de la fermeture abusive d’un hôtel de sa Commune et qui, par la même occasion, décide
de l’arrestation arbitraire du propriétaire de l’hôtel ; dans sa première décision, il y a faute de
service tandis que dans la 2ème décision, il y a faute personnelle commise dans le service.
Dans cette hypothèse, l’agent de l’administration a commis une faute qui donne lieu à une
double responsabilité : la responsabilité personnelle et la responsabilité administrative. Par
exemples : 1. Le chauffeur de l’administration qui conduit un véhicule sans frein en état d’ivresse
notoire et avec des freins qui ne fonctionnement pas. Dans ce cas, l’accident qui donnerait lieu au
dommage entraînera sa responsabilité personnelle aussi bien que celle de l’administration ; 2. Un
OPJ qui procède à la détention arbitraire d’un prévenu, lequel prévenu trouve la mort dans la
maison d’arrêt par manque d’approvisionnement de nourriture par sa famille ; ici également il y a
faute entraînant la responsabilité et de l’OPJ et de l’administration.
A. Fonction législative
Il est généralement des principes que la loi ne peut pas donner lieu à la responsabilité de
l’Etat ; ce principe connaît néanmoins deux exceptions :
1. Lorsque la loi qui organise une matière donnée prévoit expressément que les administrés
lésés par l’application d’une telle loi auront droit à une indemnisation ; cette exception
n’en est pas une pour la simple raison qu’elle découle de la loi, c’est la loi qui organise
l’indemnisation de la victime. Il en est ainsi de la loi sur la nationalisation, la loi sur la
réquisition, de la loi sur l’expropriation pour cause d’utilité publique.
2. La jurisprudence administrative autorise exceptionnellement l’indemnisation des victimes
lorsque la loi qui est normalement de portée générale va à l’encontre du principe d’égalité
des citoyens devant la loi et, par voie de conséquence, elle préjudicie une catégorie des
citoyens ; dans ce cas, les citoyens victimes d’une telle injustice sociale auront droit à une
réparation administrative. Exemple : une loi qui décrète la mobilisation de seuls étudiants
de L’UNIKIN pou aller combattre à l’Est du pays ; les victimes d’une telle mobilisation
auront droit à une réparation administrative.
B. La fonction juridictionnelle
L est également de principe que les décisions juridictionnelles ne peuvent donner droit à
aucune responsabilité administrative ; cependant, la jurisprudence administrative a admis que
dans certains cas où l’erreur judiciaire peut être manifeste, les victimes d’une telle erreur peuvent
avoir droit à réparation.
175
Avec les événements qui se sont succédés après l’accession de notre Pays à
l’indépendance, il y a eu tellement des rébellions que l’Etat devrait tomber en faillite avec le
maintien de la théorie du risque sociale ; c’est ainsi que le législateur congolais est intervenu par
sa loi n° 69/044 du 1er octobre 1969 pour mettre fin à cette responsabilité généralisée de l’Etat en
limitant les conditions de la responsabilité de l’Etat pour cause des manifestations publiques. La
nouvelle loi impose les conditions ci-après pour que la responsabilité de l’Etat soit engagée :
1. Le dommage causé à l’occasion des manifestations publiques doit être le fait non pas des
manifestants mais plutôt des agents de l’ordre chargés soit d’assurer l’encadrement des
manifestants soit le rétablissement de l’ordre public ;
2. Le fait des agents de l’ordre public doit être constitutif d’une faute qui ne rentre pas dans
l’exécution normale de la mission de l’ordre public (hypothèse de la faute détachable de
la mission de l’ordre public) ;
3. La victime du dommage doit être un tiers ou une tierce personne à la manifestation
publique et non un des membres du groupe des manifestants.
176
N.B. La loi portant organisation et fonctionnement des partis politiques prévoit d’ailleurs à ce
sujet que le dommage causé par les manifestants engage la responsabilité des partis politiques en
tant que personne morale de droit privé.
Dans le cadre de la théorie belgo-congolaise, nous avons affirmé que l’organe pouvait
bien engager sa propre responsabilité et il en est de même du préposé ; mais l’Etat a organisé un
régime lui permettant de se substituer à la responsabilité de ses agents quand bien même sa
propre responsabilité ne serait pas engagée. Ce régime de substitution se trouve alors organisé
dans différentes lois et il appartiendra au juriste de s’y référer. Il en est ainsi de la responsabilité
de l’Etat pour le dommage causé par les magistrats en cas de dol, concussion et prise à partie ;
malgré la faute du magistrat, c’est l’Etat qui en sera tenu responsable. Il en est également ainsi
pour le dommage causé par le conservateur de titre foncier dans l’exercice de sa fonction lequel
engage la responsabilité de l’Etat malgré la faute du conservateur. Il en est de même de la
responsabilité en matière d’accident causé par le véhicule, le chauffeur n’étant pas tenu
directement responsable mais plutôt le propriétaire du véhicule et dans le cas d’espèce
l’administration. Enfin, dans l’enseignement public, l’Etat est tenu responsable de dommage
causé aux élèves à la suite du défaut de surveillance des instituteurs publics.
La compétence du juge de la réparation est déterminée dans le code de l’OCJ. Il est fait la
distinction entre la responsabilité pour faute et la responsabilité pour risque.
177
Pour tout ce qui concerne la compétence du juge de droit commun, le juriste consultera le
code des procédures civiles. Pour tout ce qui concerne la compétence du juge administratif, le
chapitre 2ème nous donnera les solutions appropriées.
178
CHAPITRE DEUXIEME :
LE CONTENTIEUX DE LA LEGALITE ADMINISTRATIVE
Le principe de la légalité est devenu un principe général du droit admis par le juge tant
judiciaire qu’administratif ; et de nos jours, le respect de ce principe constitue l’une des
conditions majeures de l’instauration de l’Etat du droit. Dans la définition des Etats modernes, il
est admis que autre les critères de souveraineté et de personnalité juridique, l’Etat se définit par sa
soumission au droit, c’est-à-dire à l’ensemble des règles juridiques créées par l’Etat lui-même ;
l’Etat n’est pas au dessus du droit qu’il crée et encore moins l’administration qui constitue la
machine par laquelle l’Etat agit. Il est alors important de saisir le contenu de la légalité
administrative, sa portée et éventuellement le contrepoids à ce principe de la légalité.
Nous avons admis que le principe de la légalité permet la réalisation de l’Etat de droit
ainsi que l’exercice du pouvoir politique dans la bonne gouvernance ; à ce titre, le principe de la
légalité permet l’accomplissement de trois fonctions au sein de l’Etat et de l’administration :
1°. La fonction de protection des citoyens laquelle fonction empêche le développement de la loi
du plus fort au sein de la société dans la mesure où les citoyens sont protégés contre l’arbitraire
des gouvernants et des autorités administratives ; le principe de la légalité interdit ainsi aux
détenteurs des pouvoirs de se rendre justice à eux-mêmes, ils doivent se référer au pouvoir
judiciaire au même titre que les citoyens ;
1°. Dans certaines circonstances où l’ordre public est tellement menacé que l’intervention de
l’administration correspond à une sorte de légitime défense et l’action de l’administration peut
aller au-delà de la légalité administrative ; il en sera ainsi des certaines réquisitions de
l’administration qui interviendront dans le mépris de la loi que pour la sauvegarde de l’ordre
public.
2°. Dans la théorie de l’état d’urgence et de l’état du siège, l’administration est appelée à
prendre des mesures spéciales qui peuvent aller jusqu’à la violation du principe de la légalité ;
3°. Dans la théorie du fonctionnaire de fait, nous avons également admis l’exercice d’une
fonction administrative par des personnes étrangères au pouvoir dévolu à l’administration.
Il sera question de faire ici la distinction entre d’une part le recours en annulation et
l’exception d’illégalité et d’autre part le recours en annulation et le recours en appréciation de la
constitutionnalité et l’exception d’inconstitutionnalité.
Il est important de retenir que le droit congolais est entrain de réaliser une grande réforme
de ses institutions judiciaires en tenant compte des innovations apportées par la Constitution du
18 février 2006. En effet, le pouvoir judiciaire comprend désormais deux ordres de juridiction
avec la Cour Constitutionnelle : il y aura désormais les juridictions de l’ordre administratif et les
juridictions de l’ordre judiciaire. L’article 154 al.1 de la Constitution dispose que « les
juridictions administratives sont composées du Conseil d’Etat, des Cours et Tribunaux
administratifs ». Le dernier alinéa précise que l’organisation, la compétence et le fonctionnement
des juridictions de l’ordre administratif sont fixés par une loi organique. Cependant, l’article 155
al.1 dispose que le Conseil d’Etat connaît en 1er et dernier ressort de recours pour violation de la
loi formé contre les actes, règlements et décisions des autorités administratives centrales. Dans
les dispositions transitoires, particulièrement l’article 223, il est prévu qu’en attendant
l’installation de la CC, le Conseil d’Etat et Cours de Cassation, la CSJ exercent les attributions
leur dévolues par la présente Constitution.
183
L’O-L n° 82/020 du 31 mars 1982 portant code de l’OCJ précise en ses articles 146 à 149
les compétences de la Cour d’Appel et de la CSJ en matière administrative ; ainsi en attendant les
réformes à venir, le recours en annulation contre les actes des autorités provinciales et locales
relève de la compétence de la Cour d’Appel, section administrative tandis que le recours en
annulation contre les actes des autorités centrales relève de la CSJ, section administrative.
Ce paragraphe concerne les différentes conditions que nous avons étudiées précédemment
dans le chapitre de l’élaboration de l’acte administratif unilatéral.
Le contentieux administratif distingue les moyens de la légalité externe que l’on appelle
également légalité formelle et les moyens de la légalité interne ou légalité matérielle. Les moyens
de la légalité externe sont ceux qui concernent les aspects extérieurs de la décision
administrative : l’auteur de la décision et la forme et la procédure dans lesquels la décision
intervient ; ainsi, parmi les moyens de la légalité externe nous citons l’incompétence, le vice de
forme ou de procédure. Par contre, les moyens de la légalité interne concernent le contenu même
de la décision par rapport d’une part aux impératifs d’intérêt général et d’autre part aux
conditions de fait ou de droit exigées pour l’intervention de telle ou telle décision administrative ;
dans ce cadre, les moyens d’annulation sont : le détournement de pouvoir ou de procédure et la
violation directe de la loi sous forme d’erreurs de fait ou de droit. Le détournement de procédure
est une variante du détournement de pouvoir en ce sens que l’autorité administrative, dans
l’élaboration de sa décision refuse de recourir à la procédure requise en la matière pour utiliser
une autre procédure qui lui est favorable. Exemple, utiliser la procédure rapide de réquisition
pour se dérober de la procédure complexe de l’expropriation pour cause d’utilité publique.
184
Il est important de noter que le droit positif congolais n’a pas organisé une procédure
administrative particulière lorsque le recours en annulation est porté devant la section
administrative de la Cour d’Appel de telle sorte que le juge congolais, devant cette lacune, a
raisonné par analgie en recourant à la procédure de droit commun en matière civile. Ainsi, la
procédure contentieuse n’a été fixée qu’au niveau de la CSJ par l’O-L n° 017 du 31 mars 1982
portant procédure devant la CSJ. En son article 88, il est dit que aucune requête en annulation
n’est recevable si le requérant n’a pas introduit au préalable un recours administratif auprès de
l’autorité compétente. Pour déterminer l’autorité compétente, il est fait la distinction entre le
recours gracieux et le recours hiérarchique ou de tutelle ; il appartient alors à la victime d’une
telle décision administrative de choisir entre l’auteur de la décision, l’autorité hiérarchique ou de
tutelle selon le cas.
Tous les actes de l’administration ne sont pas susceptibles de recours en annulation quand
bien même il est clairement dit que le recours en annulation est porté contre les actes des autorités
administratives. Ainsi, les actes qui émanent des personnes privées, des autorités législatives, des
autorités politiques de Gouvernement (acte de Gouvernement), ces actes ne sont pas susceptibles
de REP. Mais, au sein de l’administration, il y a des actes qui relèvent soit de l’état civil soit de
contrats et qui ne sont pas susceptibles de REP ; cependant, dans le contrat administratif, il y a
des actes détachables qui relèvent du contentieux de l’annulation ; par contre, les actes qui
interviennent dans le contrat de droit privé tel que le contrat foncier ne relèvent pas de la
compétence du juge administratif. Dans certains cas précis tel qu’en matière d’expropriation pour
cause d’utilité publique, il y a l’acte unilatéral de l’expropriation qui relève du juge de
l’annulation alors que le litige sur la procédure et l’évaluation du montant de l’expropriation
relève du juge de droit commun. Enfin, au sein de l’administration, il y a des actes unilatéraux
qui ne sont pas exécutoires, qui ne font pas grief et qui, par conséquent, ne peuvent pas faire
l’objet de REP ; parmi ces actes, nous citons : les actes préparatoires, les correspondances
administratives, les actes poste décisoires, les actes comminatoires (les injonctions et les mises en
demeure de l’administration), les actes confirmatifs, les mesures d’ordre intérieur, les circulaires
interprétatives et les directives.
C. Procédure contentieuse
Au niveau de la requête, retenons qu’en droit positif congolais, le ministère d’avocat n’est
pas obligatoire dans la procédure de recours pour excès de pouvoir, retenons également que seuls
les particuliers, c’est-à-dire les personnes physiques ou les personnes morales de droit privé sont
recevables devant le juge de l’excès de pouvoir alors qu’en droit français, mêmes les personnes
morales de droit public y sont recevables.
Le sursis à exécution est une procédure permettent à l’intimé, tout en adressant sa requête
en annulation auprès du juge compétent, de solliciter de celui-ci la suspension de la décision
querellée jusqu’au prononcé de l’arrêt d’annulation u de rejet de recours, ceci pour éviter que la
mauvaise décision soit irréparable au moment de l’intervention de l’arrêt de l’annulation.
Les décisions rendues par la Cour d’Appel en matière administrative sont susceptibles
d’appel devant la CSJ, section administrative dans un délai d’un mois.
victime du préjudice exceptionnel doit d’abord introduire une réclamation auprès de l’autorité
administrative responsable du préjudice, ce recours est introduit dans le délai de trois mois de la
survenance de la mesure ou de l’événement ayant entraîné le préjudice exceptionnel. Le recours
pour préjudice exceptionnel est alors introduit dans le délai de trois mois auprès de la section
administrative de la CSJ à partir de la décision explicite ou implicite de l’autorité administrative.
188
Remerciements……………………………………………………......................III
INTRODUCTION ........................................................................................................................................................ 1
CHAPITRE PREMIER : ............................................................................................................................................ 1
L’OBJET DU DROIT ADMINISTRATIF ................................................................................................................ 1
SECTION I. LE CONCEPT «ADMINISTRATION » .............................................................................................. 1
A. Missions de l’Etat gendarme ............................................................................................................................ 2
1°. La protection de l’ordre public ............................................................................................................................. 3
2°. L’encadrement social des citoyens........................................................................................................................ 4
3°. La justice sociale .................................................................................................................................................... 4
B. Les missions de l’Etat providence................................................................................................................... 5
CONCLUSION ................................................................................................................................................. 6
SECTION II. FONCTION ADMINISTRATIVE ................................................................................................. 8
Paragraphe 1. La fonction administrative par rapport à la fonction ................................................................. 9
Parlementaire ...................................................................................................................................................... 9
Paragraphe 2. Fonction administrative par rapport à la fonction ................................................................... 11
Gouvernement.................................................................................................................................................... 11
A. Volet normatif ............................................................................................................................................................ 12
B. Volet fonctionnel ........................................................................................................................................................ 13
1°. Sur le plan organique .......................................................................................................................................... 13
2°. Sur le plan matériel ............................................................................................................................................. 14
a. Gouverner ......................................................................................................................................................... 14
b. Administrer ...................................................................................................................................................... 15
Paragraphe 3. La fonction administrative par rapport à la fonction ............................................................... 16
Judiciaire ........................................................................................................................................................... 16
CHAPITRE DEUXIEME : ....................................................................................................................................... 19
DEFINITION DU DROIT ADMINISTRATIF ....................................................................................................... 19
SECTION I. DROIT ADMINISTRATIF, BRANCHE DU DRIT PUBLIC INTERNE ................................... 20
Paragraphe 1. Droit privé et droit public .......................................................................................................... 20
Paragraphe 2. Droit public interne et droit international public ..................................................................... 21
Paragraphe 3. Droit administratif et les autres branches de droit public ........................................................ 22
interne ................................................................................................................................................................ 22
A. Droit administratif et droit constitutionnel ............................................................................................................. 22
B. Droit administratif et droit fiscal .............................................................................................................................. 23
C. Droit administratif et droit financier ....................................................................................................................... 23
D. Droit administratif et droit économique .................................................................................................................. 24
CONCLUSION ............................................................................................................................................... 24
SECTION II. DROIT ADMINISTRATIF, UN CORPS DES REGLES SPECIALES..................................... 25
SECTION III. DROIT ADMINISTRATIF, ETUDE SCIENTIFIQUE ............................................................ 26
TITRE PRELIMINAIRE :........................................................................................................................................ 27
SOURCES DU DROIT ADMINISTRATIF ............................................................................................................ 27
CHAPITRE PREMIER : .......................................................................................................................................... 28
LES DOURCES FORMELLES DU DROIT ADMINISTRATIF ......................................................................... 28
SECTION I. LA CONSTITUTION ..................................................................................................................... 29
Paragraphe 1. La primauté de la Constitution ................................................................................................. 29
189