Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Licence I.U.B.
Docteur en droit
1
INTRODUCTION
On peut définir le droit administratif comme le droit qui s’applique à l’administration. Elle
montre immédiatement ses limites quand on fait valoir que le terme administration a une
double signification. Il désigne une activité mais aussi un organe ou des organes. Il a un sens
matériel ou fonctionnel et un sens organique. On prend alors en considération les organes
mêmes de prise en charge de l’administration. Le droit administratif est finalement l’ensemble
des règles juridiques applicables à l’activité administrative.
C’est de l’administration publique et non celle privée dont il est question en droit
administratif, laquelle administration publique fonctionnement selon le mode centralisé ou
décentralisé. L’administration est l’ensemble des autorités, agents et organismes qui sont
compétents pour décider ou exécuter des actions d’intérêt général qui incombe aux différentes
personnes morales de droit public que sont l’état, les collectivités territoriales locales (régions,
départements, communes), les établissements publics (territoriaux ou spécialisés) et les
groupements d’intérêt public.
En ce qui concerne l’état, le Parlement et les juridictions judiciaires ne sont pas considérés
comme des organes administratifs et par conséquent ils échappent en principe à l’application
du droit administratif. A l’opposé les autorités exécutives, président de la république, premier
ministre, ministre sont considérés comme à la tête de l’organisation administrative et donc
comme des entités purement administratives
L’administration au sens organique englobe aussi des personnes privées qui agissent par
délégation de l’état ou des collectivités territoriales ou des établissements publics et qui pour
ce faire disposent de prérogatives de puissances publiques. Exemple : les fédérations sportives
agissent par délégation. Ce sont des associations. Ces fédérations disposent de prérogatives de
puissance publique. L’administration au sens organique recouvre le président, le
gouvernement, les services centraux mais aussi les collectivités territoriales, les
établissements publics mais aussi les organismes privés chargés de la gestion des missions
d’intérêt général.
2
L’établissement ou le rétablissement de l’ordre social ;
La satisfaction des besoins d’’intérêt général dont le domaine couvre l’ensemble des
besoins sociaux que l’initiative privée ne peut assumer ;
L’application de la loi par la prise des mesures spéciales qui la prolongent. Ce sont les
textes d’application (décrets, arrêtés) ;
L’exécution des lois qui sont prises par le parlement, en employant, si besoin est, la
contrainte en cas d’opposition à cette application. Elle utilisera soit le concours la
force publique à l’appui d’une décision de justice ; soit l’exécution forcée sans recours
préalable au juge.
Les activités administratives sont du ressort de l’Etat et sont assumées par les administrations
centrales et territoriales au sommet desquelles sont placés les ministres. D’autres tâches
administratives sont confiées à des personnes publiques distinctes de l’Etat : les collectivités
locales et les établissements publics.
L’intérêt général exige que l’on reconnaisse des privilèges exorbitants à l’administration que
sont notamment : Les prérogatives de puissance publique et les sujétions de puissance de
puissance publique qui s’imposent à l’administration au titre des devoirs vis-à-vis des
citoyens. C’est parce que l’administration ou les administrateurs agissent dans l’intérêt public
qu’il faut leur reconnaître des droits exorbitants ces prérogatives découlent du principe
fondamental selon lequel l’administration a un pouvoir d’action d’office.
Si un particulier prend une décision qui porte atteinte aux intérêts d’un autre particulier, il ne
peut pas l’exécuter d’autorité, c'est-à-dire se faire justice à lui-même. Ainsi, un créancier ne
peut pas saisir d’office un bien de son débiteur pour se faire payer. Pour obtenir satisfaction, il
3
devra suivre tout une procédure : demander au juge de condamner le débiteur récalcitrant. Ce
n’est qu’après avoir obtenu une décision de justice qu’il pourra demander le concours de la
force publique pour obtenir satisfaction. L’administration quant à elle a la possibilité de passer
à l’action d’office sans recourir au juge par ce qu’elle dispose du privilège de la décision
exécutoire.
En cela, le droit administratif est un droit particulier qui déroge du droit privé ou droit
commun.
Le principe de légalité
Celui - ci veut que l’administration soit soumise au droit établit sous forme de normes
législatives nationales et supranationales et réglementaires. En conséquence l’administration
est liée par la règle de droit.
Le contrôle de l’administration
Il est de type administratif : l’administration se fait violence en exerçant un contrôle sur ses
agents. C’est le cas du contrôle financier effectué par les inspecteurs. Il est juridictionnel :
celui-ci est exercé par le juge administratif, mais aussi par le juge judiciaire. Il est non
juridictionnel car exercé par des organes neutres tels que le médiateur de la République.
L’administration telle quelle vient d’être caractérisée se structure autour d’une administration
centrale, d’une administration territoriale et d’une administration locale.
L’administration centrale est constituée au Congo d’un certain nombre de structures publiques
que sont :
4
Paragraphe 1 : L’administration étatique
Elle se structure en :
A- La Présidence de la République
La primature
C’est l’organe de l’administration d’Etat qui se trouve placé sous la direction du premier
ministre lorsque le pays en est doté. Dans le régime parlementaire, le premier ministre est le
chef du gouvernement, tandis que celui-ci est le Président de la République lui-même en
régime présidentiel tel que celui qui existe actuellement au Congo. L’animation de la
primature est assurée par une énorme administration chapeautée par le secrétariat général de la
primature, autour de laquelle s’articulent de nombreux services.
B- Les ministères
Ce sont des services publics placés sous la responsabilité d’un ministre qui dispose d’une
direction de cabinet, de conseillers, d’attachés, de directeurs généraux et centraux pour assurer
la satisfaction des besoins généraux des populations d’un pays ; chaque ministère a en charge
un aspect bien précis de besoin d’intérêt général à satisfaire, par exemple la santé, la sécurité
publique, l’éducation, le transport etc.
A- La préfecture et la sous-préfecture
C’est une structure de l’administration centrale dont le responsable est le préfet qui représente
chacun des ministères dans un département. Pour assumer ses missions pour le compte de
l’Etat, le préfet est assisté d’un cabinet placé sous la responsabilité d’un directeur entouré de
quelques conseillers et attachés. Le relais de la responsabilité du préfet est assuré par le sous-
préfet qui le représente dans les districts du département. Le district est une circonscription
5
administrative intermédiaire qui assure le relais de l’action gouvernementale dans le
département.
B- L’arrondissement
Aux termes de l’Article 15 de la loi n° n°3 -2003 du 17 janvier 2003 fixant l’organisation
administrative territoriale, l’arrondissement est une subdivision de la commune qui assure le
relais de l’action gouvernementale dans la commune. Il doit remplir un minimum de
conditions administratives, économiques et d’équipements socioculturels. L’arrondissement
est subdivisé en quartiers et est placé sous l’autorité d’un administrateur maire, nommé par
décret du Président de la République. On ne trouve l’arrondissement que dans une commune.
C- La communauté urbaine
Selon l’article 22 de la loi n° loi précitée,: la communauté urbaine est une circonscription
administrative constituée par une agglomération urbaine d’habitants, comprenant un certain
nombre de quartiers voisins appartenant à une même entité administrative et géographique,
connaissant un minimum de développement économique, social et culturel ; elle est appelée à
disposer de ressources susceptibles de garantir, à terme, les conditions d’une libre
administration. La communauté urbaine est placée sous l’autorité d’un administrateur maire,
nommé par décret du Président de la République.
D- La communauté rurale
Crée par la loi ci-dessus citée, la communauté rurale est une circonscription administrative
constituée par un groupement d’habitants d’une même agglomération rurale ayant un niveau
de développement caractérisé par la présence d’un minimum d’infrastructures de base et de
service publics tels que : établissements scolaires, établissements sanitaires, centres
secondaires d’état civil et marchés.
6
La communauté rurale regroupe un certain nombre de villages contigus sur un périmètre
déterminé.
D- Le quartier
D’après l’article 27 de cette même loi, le quartier est l’entité administrative de base d’une
commune, d’une communauté urbaine ou d’un arrondissement. Le quartier est composé
d’habitants réunis par une communauté d’intérêts résultant du voisinage. Il est créé par arrêté
du préfet du département sur rapport motivé du maire de la commune ou de l’administrateur
délégué de la communauté rurale. L’arrêté en définit les limites et la dénomination.Le quartier
est placé sous l’autorité d’un chef de quartier nommé par arrêté du préfet.
E- Le village
Le village est l’entité administrative de base de la communauté rurale. Le village est composé
d’habitants unis par une communauté d’intérêts économiques, sociologiques, culturels et
historiques. Il est créé par arrêté du préfet du département sur rapport motivé du sous-préfet
du district. Le village est placé sous l’autorité d’un chef de village nommé par arrêté du
préfet.
L’architecture administrative constituée de toutes ces entités évoquées au travers des initiales
A à E consacre la centralisation qui fera l’objet du second paragraphe.
Paragraphe 2 : La centralisation
Mode ou système d’administration dans lequel l’Etat, seule personne publique pour tout le
territoire, assume seul, sur son budget et par ses agents, la satisfaction de tous les besoins
d’intérêt général (sécurité, santé, environnement sain, éducation etc.). Aucune vie juridique
n’est reconnue aux collectivités locales qui, lorsqu’elles existent, ne le soit que théoriquement.
Paragraphe 3 : La déconcentration
7
Elle découle de la centralisation ; celle – ci ne peut fonctionner que si on recourt à la
déconcentration. En effet, la centralisation peut être source de blocage pour l’administration
qui attendrait que toute décision parte du centre. Certains pouvoirs de décision sont
reconnus à des autorités locales qui ne sont que des représentants du pouvoir central,
c'est-à-dire le gouvernement.
Dans le cadre de la déconcentration, le pouvoir central exerce un contrôle sur les collectivités
locales, contrôle appelé tutelle (contrôle de légalité, d’opportunité et technique).
Paragraphe 1 : Consistance
A- Le département
B- La commune
La commune est une agglomération urbaine d’habitants résultant d’une même entité
administrative et géographique ayant un minimum de développement économique, social et
culturel. La commune peut être subdivisée en arrondissements et en quartiers, et est placée
sous l’autorité d’un maire élu.
Pour comprendre la raison d’être la raison de ces circonscriptions, il est nécessaire de bien
cerner la notion de décentralisation. .
Paragraphe 2 : La décentralisation
-La décentralisation qui est soit territoriale soit technique est un système administratif dans
lequel l’Etat reconnait en son sein l’existence des collectivités locales qui sont des entités
8
autonomes et qui ont une vie juridique. Elle implique la distinction des affaires nationales et
des affaires locales et ces dernières relèvent de la décentralisation.
-Les collectivités locales reçoivent des compétences que l’Etat leur transfert au regard de
l’échelon central. Les collectivités locales deviennent ainsi autonomes, une autonomie
renforcée par l’élection des organes locaux et la mise à leur disposition des moyens
nécessaires à la gestion de leurs affaires.
La personne morale n’a pas de durée limitée par le phénomène de la mort. Elle est
permanente. Contrairement à la personne physique, la personne morale ne peut poursuivre
n’importe quel but, elle est spécialisée dans l’action en fonction des intérêts pour lesquelles
elle est créée.
On distingue parmi elles l’Etat, les collectivités locales (départements et communes au Congo)
La personne morale publique ne peut être créée que par une autorité publique.
-Elles sont créés sur initiative privée. Nul n’a l’obligation d’y adhérer. Elles ne disposent pas
de prérogatives de puissance publique. -Certaines sont à but lucratif (les sociétés civiles et
commerciales), d’autres sont à but non lucratif (syndicats, associations, fondations).
9
L’établissement public est un procédé administratif de décentralisation technique
L’établissement public est une personne morale de droit public crée par l’Etat ou la collectivité
locale distincte de ceux-ci, chargée de la gestion d’une activité de service public. Il est régi par
le principe de spécialité et comme tel, il a une compétence spécifique. Ce procédé est utilisé
lorsqu’il apparaît que la gestion d’un secteur de l’administration sera mieux assurée s’il
individualisé et doté d’une certaine autonomie juridique, financière et administrative.
Ainsi, on lui permet de bénéficier de la générosité privée que suscite son ut charitable ou
culturel, en recueillant dons et legs, et de la part de la hiérarchie dont il dépend, il a une
certaine autonomie, garante de la liberté intellectuelle qu’exige sa mission.
On distingue :
C- L’établissement public chargé d’un service public administratif qui, lui, même diffère
de de celui à caractère industriel et commercial ;
D- Les établissements publics nationaux rattachés à l’Etat ;
E- Les établissements publics locaux qui eux, dépendent des collectivités locales ;
F- Les établissements d’utilité publique qui est une personne morale de droit privé avec
pour vocation de satisfaire une mission d’intérêt général.
Les organes consultatifs ont pour mission de conseiller et d’éclairer le gouvernement et son
administration. Dans le cas du Congo, il y a :
Paragraphe 1 : La cour suprême qui est l’instance judiciaire la plus élevée. Il est le
conseiller du Gouvernement pour la préparation des projets de loi pour lesquels il est
obligatoirement saisi avant leur adoption et de certains décrets ;
10
Paragraphe 3 : Les organes de contrôle (les corps d’inspection et la Cour des comptes et de
discipline budgétaire).
C- La Cour suprême
Elle statue souverainement sur les recours en cassation dirigés contre les décisions rendus en
dernier ressort par les diverses juridictions administratives, ainsi que sur ceux dont elle est
saisie en qualité de juge de premier ressort ou de juge d’appel. Elle participe également à la
confection des lois et est saisie par le Premier ministre des projets de lois établis par le
Gouvernement. Elle donne son avis sur les projets de décrets et sur tout autre projet de texte
pour lesquels son intervention est prévue par la Constitution.
11
Paragraphe 1 : Le contenu du principe de légalité
Seront examinées ici les différentes sources de la légalité. La légalité dont il s’agit prend sa
source d’un certain nombre de règles.
Paragraphe 1 : La constitution
Selon les dispositions du droit congolais, « les traités ou les accords, régulièrement ratifiés ou
approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois » (article 223 de la
constitution actuelle). Ils sont donc incorporés dans les sources de la légalité. Un acte
administratif peut être annulé pour non-conformité aux traités internationaux auxquels l’Etat
congolais a souscrits.
Il comprend pour le Congo, de très nombreuses règles édictées par les organes règlements
communautaires et des directives communautaires de la CEMAC. Les règlements
communautaires sont directement applicables dans tous les états membres à condition que
leurs dispositions aient un effet direct.
12
Paragraphe 4 : La loi
Au sens large, la loi englobe tous les textes formulés par le pouvoir législatif et par le pouvoir
réglementaire (lois organiques, lois ordinaires, décrets, arrêtés). Il existe entre les différents
textes pris par les autorités étatiques une hiérarchie fondée sur la nature et le rang de l’autorité
qui les formule. Cette hiérarchie est la suivante :
En principe, un texte de la catégorie inférieure ne peut déroger aux textes des catégories
supérieures auxquels il est subordonné. Ainsi, un décret ne peut modifier une loi et une loi ne
peut modifier une constitution.
Paragraphe 1 : La jurisprudence
A Généralités
La jurisprudence qui est l’ensemble des décisions rendues par le juge sur une même question
et qui réaffirment avec constance la même règle est une source déterminante de la légalité en
droit administratif. Le juge administratif enrichi le droit dans la mesure où quand aucune
source formelle ne peut être invoquée, le vide juridique existant sera comblé du fait qu’il
devra se prononcer librement. Il supplée alors au silence des textes.
Elles sont exécutoires. L’administration doit exécuter les décisions de la justice administrative
et judiciaire et celles de la cour constitutionnelle. Lorsqu’elles sont définitives, après
épuisement des voies de recours ou expiration des délais de recours, les décisions de justice
que sont les arrêts des cours et les jugements des tribunaux acquièrent l’autorité de la chose
jugée.
13
Paragraphe 2 : Les principes généraux du droit
Les Principes généraux du droit français (PGD) sont des règles non-écrites de portée générale qui ne
sont formulées dans aucun texte mais que le juge considère comme s'imposant à l'administration et à
l'Etat et dont la violation est considérée comme une violation de la règle de droit. Ces principes sont
par exemple l’égalité devant l’impôt, les charges publiques, légalité des usagers du domaine
public, l’égalité des citoyens devant les services publics (arrêts « société des concerts du
conservatoire » et « Dénoyez et Chorques », le principe de non rétroactivité des actes, le
principe d’impartialité et celui de l’interdiction de licencier une salariée en état de grossesse
etc.
Il s’agit de :
Le règlement est l’acte de portée générale et impersonnelle, c’est-à-dire qui s’impose à tout
individu, pris par une autorité exécutive compétente. L’autorité administrative est tenue de
faire usage de son pouvoir de prendre les règlements d’application de la loi. C’est ce qu’on
appelle exercer le pouvoir règlementaire. L’autorité ne dispose du pouvoir réglementaire au
sens du droit administratif que si un texte le prévoit expressément.
Elles sont aussi des sources de légalité qui s’imposent à l’administration. Les règlements ont
sur elles autorité selon le principe de supériorité des actes normatifs sur les actes individuels
et toute autorité administrative doit, lorsqu’elle prend des décisions individuelles en
application d’un règlement, respecter scrupuleusement celui-ci. Ainsi, lorsque les conditions
de recrutement d’une catégorie de fonctionnaire ont été fixées par décret, chaque décision
individuelle de nomination doit respecter ce texte.
Les contrats conclus par l’administration avec une autre partie l’engagent. Ce contrat
débouche sur la signature d’un cahier de charge qui consigne les responsabilités et les
obligations de chaque partie.
14
SOUS-CHAPITRE 2 : SECTION 2 : LA PORTEE DE L’OBLIGATION DE LEGALITE
Il s'agit d'une illégalité portant non sur le contenu de la décision, mais sur la manière dont elle
a été prise. La légalité d’une décision administrative peut être contestée. Celle-ci peut par
exemple porter non sur ce qui a été décidé, mais sur la façon dont on a décidé. La décision
prise n’est pas contestable, mais la façon de la prendre pose problème. C’est l’illégalité
externe qui est ainsi invoquée. Trois moyens permettent de le faire
A- L’incompétence
L'incompétence est le vice qui affecte un acte administratif lorsque celui-ci a été pris par une
autorité administrative qui n'a pas été habilitée à cet effet. Il s'agit donc de
l'incompétence de l'auteur de l'acte, ou incompétence administrative (par opposition à
l'incompétence juridictionnelle qui concerne le régime d'introduction des recours
contentieux). Il y a incompétence lorsqu'une autorité administrative prend une décision sans
avoir qualité pour le faire. ... C'est le cas quand l'autorité prend une décision relevant du
législateur ou du juge (usurpation de pouvoir), ou quand elle empiète sur le champ de
compétences d'une autre autorité administrative.
C’est l’illégalité relative à l’auteur qui a pris l’acte (une autorité administrative prend une
décision ou signe un contrat sans avoir qualité pour le faire). Il peut s’agir d’une
15
incompétence matérielle (incompétence rationae materiae) c’est ce qui se produit quand une
autorité administrative décide dans une matière relevant de la compétence du législateur ou du
juge. Il en est ainsi quand un maire prend une décision en lieu et place du conseil municipal.
L’incompétence matérielle est également consommée ou réalisée quand une autorité
administrative empiète sur les attributions d’une autre (par exemple réglementation
ministérielle dans une matière relevant d’un autre Ministre).
C- Le vice de procédure
Le vice de procédure est le vice qui affecte un acte administratif lorsque celui-ci a été pris
en violation des règles relatives aux étapes de sa production. Il peut s'agir de l'omission
d'une procédure obligatoire ou de la dénaturation d'une procédure correcte par une
irrégularité substantielle. De plus, selon le principe du parallélisme des procédures, la
modification, ou la suppression, de l'acte sont illégales si elles ne respectent pas elles-
- obligation de décider après avoir mis les destinataires des décisions en mesure de présenter
utilement leurs observations ;
16
- organisation d’enquêtes publiques propres à recueillir tous les éléments d’information.
Lorsque de telles règles de procédure ne sont pas respectées, les décisions prises sont en
principe illégales en raison du vice de procédure qui les entache. En pratique administrative,
on parle de vice de forme lorsque la signature de l'acte fait défaut, ou lorsque la motivation
de l'acte n'a pas été suffisamment explicitée, ou enfin lorsqu'il y a absence de contreseing
(seconde signature servant à authentifier la signature principale). Quand une autorité
administrative décide volontairement de se soumettre à une procédure particulière, elle est
ensuite tenue de respecter cette procédure. Exemple : un ministre de saisir volontairement un
organisme consultatif. La jurisprudence refuse un formalisme excessif.
D- Le vice de forme
Le vice de forme doit être distingué du vice de procédure, car il ne concerne, comme son
nom l'indique, que la forme, la présentation extérieure de l'acte (instrumentum), alors que le
vice de procédure porte sur le processus de production, l'enchaînement des opérations
matérielles et réelles de cette production. La forme ne fait que témoigner du fait que la
procédure a été respectée.
Le vice de forme concerne la présentation externe de l’acte par lequel la norme est édictée (le
contenant et non le contenu) :
-la signature d’un acte par son auteur, ce qui peut permettre de vérifier le respect des règles de
compétence ;
-le contreseing des actes du président de la République qui permet de donner du respect des
prescriptions constitutionnelles ;
-la motivation de l’acte qui est l’expression des raisons de fait et de droit dont procède la
norme édictée et permet d’apprécier si ses motifs sont de nature à la justifier.
17
Les règles de forme doivent être respectées.
C'est ce qu'on appelle « la violation directe de la loi. » Exemple : un décret d'application d'une
loi contenant des dispositions incompatibles avec celles de la loi. Un acte administratif peut
être entaché d’illégalité interne en raison de l’illégalité soit de son contenu, soit de ses motifs,
soit de son but. L'illégalité interne est la cause juridique qui affecte le contenu de l'acte
administratif. Elle le vicie de l'intérieur et l'attaque dans son être. C'est la nature même de
l'acte, le fond même de l'intervention de son auteur, qui sont contestables quand apparaissent
des moyens d'illégalité interne.
Le vice des motifs n'est pas fondamentalement différent de l'erreur de but, car il s'agit de
déterminer pour quelles raisons l'acte a été pris, ce qui peut englober le but, ni
fondamentalement différent de l'erreur de contenu car déterminer que l'acte n'a pas été
pris pour de bonnes raisons c'est aussi dire qu'il est contraire à l'ordonnancement juridique
c'est-à-dire à une ou plusieurs normes supérieures, peut-être à des normes plus générales ou à
une combinaison de normes.
Il s'agit en fait de vérifier que l'acte administratif s'inscrit dans l'ordre juridique dans un
rapport qui n'impose pas une conformité, mais qui nécessite la compatibilité. Il ne faut pas s'y
tromper, il s'agit là du cœur du contrôle de la légalité interne par le juge. La question est de
savoir si l'acte est en tout point irréprochable, s'il est conforme à la fois à la réalité, à la
rationalité, aux principes de fonctionnement du système de droit lui-même.
Se pose alors le problème de savoir quelle est la cause qui a justifié l’édiction de l’acte. Il y
aura illégalité en raison soit d’une erreur de droit, soit d’une erreur dans la qualification
juridique des faits, soit d’une erreur de fait.
18
Il s'agit d'une erreur quant à la base légale de la décision (mise en œuvre d'une norme
inexistante ou inapplicable), du rattachement des dispositions édictées à une norme illégale,
ou du rattachement des dispositions à une norme applicable ou régulière mais mal interprétée.
Exemple : annulation pour excès de pouvoir d'un refus de l'administration d'admettre au
concours de l'ENA des étudiants communistes, sur le fondement de leurs opinions politiques..
-elle peut provenir de la mise en œuvre d’une norme inexistante ou inapplicable : il y’a défaut
de base légale. Il en est ainsi par exemple quand un préfet décide la reconduite à la frontière
qui ne se rapporte pas à cela.
-elle peut aussi tenir au fait qu’une autorité a cru pouvoir se fonder sur une réglementation
légale alors que celle-ci est illégale. Par exemple, l’autorité administrative a mis fin aux
fonctions d’un agent public, en se fondant sur une décision illégale à raison de l’incompétence
du Ministre pour prendre les dispositions réglementaires en cause (arrêt du C –E – du 25 avril
1979, Ciaudo, P159, RDP 1980, p 1595).
Par l’arrêt Gomel rendu le 4 avril 1914, le Conseil d’Etat Français à inauguré la censure de
cette erreur. Il peut par exemple s’agir d’apprécier si un site doit être qualifié de pittoresque
(arrêt Dame EBRI, C-E- 2 MAI 1975) ;
Il peut aussi s’agir d’apprécier si par exemple la tenue d’une réunion était de nature à troubler
gravement l’ordre public (arrêt du C – E – 19 mai Benjamin, p541, Dalloz 1933 – 3 – 54).
Une demande de permis de construire en bordure de la place Beauvau à Paris est refusée par
le préfet de la Seine au motif que la construction en projet porterait atteinte à une perspective
monumentale. Le Conseil d'État détermine que la place Beauvau n'est pas une perspective
monumentale, et annule donc la décision du préfet.
Un acte administratif se doit de respecter en tout point le principe de réalité. Une autorité
administrative ne saurait se fonder sur des faits matériellement inexacts pour produire un
acte, car cela signifierait qu'elle ne prend pas sa décision en connaissance de cause. L'autorité
administrative déclare un marin inapte à servir au motif qu'il est épileptique, une expertise
dément l'affirmation),
19
B – L’illégalité en raison du but de l’acte.
Le détournement de pouvoir est, de tous les moyens d'illégalité interne, celui qui vicie le
plus profondément l'acte administratif. En effet le détournement de pouvoir porte
directement sur les buts de l'acte, sur les intentions de son auteur, sur les présupposés de
l'intervention administrative. Si l'autorité administrative a produit un acte dans un but autre
que celui pour lequel elle dispose de sa compétence d'action, il y aura détournement de
pouvoir et l'acte sera annulé. Il en est ainsi par exemple lorsqu’un acte est accompli en raison
de préoccupations d’ordre privé :
*fermeture d’un établissement par un maire pour éviter la concurrence que celui – ci
faisait au sien.
Elle se rencontre lorsque le dispositif de l'acte attaqué porte atteinte à la hiérarchie des
normes. Tout acte administratif dont le contenu est incompatible avec une norme qui lui est
supérieure en donne une illustration. Ici c’est la volonté de la loi qui est concernée.
L’administration doit ou agir ou a l’obligation d’agir pour éviter l’illégalité ; son abstention
ou sa carence peut être constitutive d’illégalité (arrêt du C-E-28 juillet 2000, France nature
environnement). –
L'acte administratif doit, par son contenu objectif, produire des droits ou obligations, à l'égard
d'administrés/citoyens ou de personnes extérieures à l'autorité administrative qui l'édicte.
Cas pratique
20
Vous venez d’être nommée ministre de la jeunesse et vous voulez faire partir des agents à la
retraite. Votre conseiller juridique vous le déconseille.
Toutes ces occurrences font que, si la légalité n’est pas abandonnée, elle est néanmoins
assouplie en raison du caractère exceptionnel des circonstances.
Il y’a compétence liée quand l’administration est, d’une part tenue d’agir, d’autre part tenue
d’agir dans un sens déterminé sans possibilité pour elle de choisir ou d’apprécier. On dirait
qu’elle n’est pas libre, d’autant plus que l’attitude lui est dictée par les textes. Elle ne
peut ni opérer le choix des moyens d’action, ni celui de la décision, ni celui du moment où la
décision doit être prise. Quand par exemple un fonctionnaire atteint l’âge de 60 ans, la loi
prévoit de le faire partir à la retraite. La compétence de l’administration est liée.
Paragraphe 2 : Justification
Ces trois exigences satisfaites, l’administration peut empiéter sur la compétence du législateur
(suspension de l’application d’une loi par décret et non par voie légale par exemple). Les
autorités administratives peuvent porter atteinte aux libertés alors qu’en temps normal cela
serait illégal.
En élaborant cette théorie, le Conseil d’Etat français est parti de l’idée que toute l’organisation
sociale est destinée à assurer la vie du pays et le fonctionnement des services publics. Le droit
n’est qu’une technique qui a pour objet d’organiser les pouvoirs publics à cette fin supérieure.
L’administration doit dans certains cas pouvoir s’affranchir du respect de règles qui sont
22
conçues pour des périodes normales. Ce qui prime c’est le fonctionnement des services
publics.
La théorie des circonstances exceptionnelles trouve son fondement dans les obligations
générales qui pèsent sur les autorités administratives. Celles-ci ont pour obligation première
d’assurer l’ordre public. C’est lorsque cette obligation première se trouve entravée par
l’application de la légalité ordinaire que l’autorité administrative peut s’en affranchir. La
théorie des circonstances exceptionnelles se traduit par un assouplissement des règles de
compétences. Cela se comprend car il faut agir vite et c’est l’autorité qui est en situation
d’agir qui doit le faire.
La manifestation la plus remarquable à cet égard est celle qui résulte de l’application de la
jurisprudence dite du fonctionnaire de fait. Le Conseil d’Etat a admis que de simples
particuliers qui n’appartenaient pas à la hiérarchie administrative pouvait s’ériger en
fonctionnaire de fait en se substituant à l’administration défaillante. Donc on va considérer
qu’un conseiller municipal peut se substituer au maire.
23
Paragraphe 1 : Le principe du contrôle
Les mesures prises en raison de circonstances exceptionnelles le sont sous le contrôle du juge
administratif qui vérifie ces trois éléments ci- dessus évoqués. Le juge contrôle également le
pouvoir discrétionnaire de l’administration par des techniques traditionnelles de contrôle que
sont le contrôle de la légalité interne le contrôle de la légalité externe et la qualification
juridique des faits, ainsi que par le contrôle de l’erreur manifeste d’appréciation.
La technique du bilan coût avantage est également utilisée par le juge pour se rendre compte
par exemple du degré d’utilité publique d’une opération d’expropriation. Dans ce dernier cas,
celui-ci fait respecter un rapport de proportionnalité.
Trois grands types de recours permettent de contrôler la légalité des actes pris par l’autorité
administrative :
24
puissance publique était la réponse à cette question. Le principe était l’irresponsabilité de
l’Etat et cette règle s’exprimait dans un adage ancien : « le Roi ne peut mal faire » et agissent
comme un corollaire de la souveraineté. Ce principe fût maintenu après la révolution
Française, mais a subi quelques atténuations. Ainsi, la loi du 28 pluviôse an VIII permettait la
réparation des dommages causés par les travaux publics. De plus l’irresponsabilité de principe
de l’Etat ne s’étendait ni aux dommages causés imputables à la gestion du domaine privé, ni à
ceux causés par les collectivités locales.
La responsabilité, fût alors admise avec l’arrêt Blanco précité, même en l’absence de tout
texte qui la consacre. La responsabilité ainsi admise est différents de celle de l’article 1382 du
Code Civil Français.
En droit public comme en droit privé, la responsabilité suppose réunies trois conditions : le
dommage, l’imputabilité du dommage et le fait qui le génère.
Paragraphe 1 : Le dommage
Le dommage ne donne droit à réparation que s’il est certain, direct et spécial. Direct doit être
le dommage actuel ou inévitable et non éventuel. C’est le cas d’un enfant victime d’une
infirmité qui réduira ultérieurement son activité professionnelle. Il doit être spécial en ce sens
qu’il doit être particulier à la ou les victimes et nom commun à l’ensemble des membres
25
d’une collectivité. Le dommage doit être direct, c'est-à-dire avoir une relation directe avec
l’action administrative.
Le dommage peut être moral et non seulement matériel. Ainsi, un préjudice esthétique
provoqué par une blessure au visage, qui peut générer la vie professionnelle de la victime est
un dommage considéré (Arrêt Dame Durand, CE-15 juin 1949). Même la perte d’un être cher
aux parents de la victime est un dommage pris en considération, ainsi d’ailleurs que la douleur
morale résultant pour un père de la mort prématurée de son fils (arrêt du C-E- du 24 novembre
1961, LETISSERAND, GAJA n° 82). Enfin, un enfant né avec un handicap dû à une erreur
médicale peut être indemnisé, pourvu que ce soit une faute caractérisée de l’administration.
Une fois le dommage consommé, il peut être réparé sous différentes formes : en nature en
rétablissant les choses dans leur état ou elles seraient si le dommage n’était pas intervenu et en
capital versé à la victime.
Paragraphe 2 : L’imputabilité
A/- Le dommage doit se rattacher à une personne publique et non être indirect
Il peut être difficile de déterminer la personne à laquelle le dommage est imputable. Un maire
agit par exemple tantôt en qualité d’agent de l’Etat, tantôt en qualité d’agent de la collectivité
locale. De même, plusieurs agents relevant de personnes différentes peuvent avoir concouru à
l’acte dommageable. C’est le cas d’un accident causé par un feu d’artifice organisé par une
commune, mais tiré par des militaires. Le responsable est alors difficilement décelable. Le
juge détermine, au cas par cas et d’après les faits, soit la personne responsable, soit le partage
de responsabilité à établir entre les collectivités intéressées. Il peut également le faire par le
truchement de l’action récursoire.
- la faute de la victime ;
26
- l’exception de risque accepté telle que l’exposition de la victime elle-même sciemment au
dommage qui est survenu.
En droit congolais de la responsabilité administrative, le cadre dans lequel elle peut être
établie. Le juge l’interprète de la même manière que son homologue français. Ainsi, dans
l’affaire NKODIA, il distingue la faute de service et la faute personnelle. Le sieur NKODIA
avait assigné la ville de Nkayi et son chauffeur le 12 janvier 1980 devant le Tribunal de
27
Grande Instance du fait de dommage subi par son véhicule percuté par celui de la Mairie. La
faute de l’agent n’ayant pas été retenue, l’administration municipale fût condamnée.
Dans l’affaire NGOMA, le juge congolais a retenu la responsabilité sans faute du fait des
choses dangereuses. La jeune NGOMA a fait une chute mortelle dans un égout de la rue câble
n° 1. En plaçant le terminus de l’égout en ce lieu, la municipalité de Brazzaville a créé ainsi
un risque exceptionnel qui engage sa responsabilité, même sans faute pour laquelle elle est
condamnable.
Dans l’affaire MAVOUNGOU BAYONNE, c’est la responsabilité sans faute du fait des
attroupements et rassemblements qui fût retenue en ces termes : « Attendu que sieur
MAVOUNGOU a été victime du pillage par des personnes non identifiées ; qu’il y a eu de la
part de l’Etat et de la Mairie de Brazzaville défaillance pour protéger les biens meubles… Par
ces motifs, … condamne… ».
Le juge congolais a retenu la distinction entre faute simple et faute lourde dans l’affaire
ELINGA BATO. Ce dernier a demandé des dommages et intérêts, estimant que « la police
avait commis une faute pour l’avoir illégalement gardé à vue pendant sept mois…. ». Dans le
cas d’espèce, le juge a estimé que la faute lourde doit être exigée en matière de police. Il a
rejeté la requête au motif que le service de police n’avait commis aucune faute (Trib. pop.de
Potopoto, 26 février 1987, ELINGABATO).
L’administration accomplit sa mission dont le but est de satisfaire l’intérêt général à travers
un certain nombre d’activités qui consistent en des activités de police administrative et de
service public.
Dans une société organisée, la libre activité des particuliers a nécessairement des limites qu’il
appartient à l’autorité publique de tracer. Mais il appartient au pouvoir exécutif de prévenir
les désordres de toute nature par des activités de police administrative. Pour Jean RIVERO et
Jean WALLINE, « la police administrative est l’ensemble des interventions de
l’administration qui tendent à imposer à la libre action des particuliers la discipline exigée par
la vie en société ».
28
Section 1 : Les finalités de la police administrative
Le but de la police administrative est de prévenir les atteintes à l’ordre public, d’où son
caractère préventif et son contenu singulier.
Cependant, une autorité de police administrative peut jouer en même temps le rôle de la
police judiciaire ou y participer. C’est le cas d’un policier qui régule la circulation et dresse
une contravention en cas d’accident à un feu rouge par exemple.
Une opération de police administrative peut ainsi devenir une opération de police judiciaire.
Par exemple dans l'affaire Demoiselle Motsch (TC, 5 décembre 1977, Demoiselle Motsch,
Rec.671, AJDA 1978.444, chr.). Un automobiliste qui avait pris en charge une auto stoppeuse
force un barrage établi en vue de réaliser un contrôle d'identité. Il brûle alors plusieurs feux et
prend une voie à sens interdit. Un policier tire sur la voiture et blesse la
passagère. L'action en dommages et intérêts de celle-ci dirigée contre une personne publique,
l'Etat, relève de la compétence judiciaire, parce que les opérations qui suivent le
franchissement du barrage sont des opérations de police judiciaire (utilisation d'une arme dans
l'intention d'arrêter l'auteur de plusieurs infractions).
29
2) Par son caractère public, dans le sens où elle respecte le for intérieur et le domicile
privé : réglementation du bruit dû aux appareils trop sonores.
3) Par son caractère limité : les éléments de l’ordre public se ramènent à trois chefs que
sont chefs que sont la sécurité ou sûreté (secours en cas d’incendie), la salubrité
(sauvegarde de l’hygiène publique) et la tranquillité (maintien de l’ordre dans la rue
contre le bruit).
La police générale et les polices spéciales sont les procédés de la police administrative. Quand
une autorité est responsable du maintien de l’ordre tel que défini ci-dessus sur une portion du
territoire, elle dispose ainsi d’un ensemble de compétences et de moyens d’action. C’est la
police générale. Mais il existe des textes qui prévoient, en vue de prévenir des désordres dans
un domaine bien défini. Des moyens précis et plus techniquement adaptés à ce domaine sont
alors mis en œuvre. Ce sont les polices spéciales. Ainsi parle t- on de la police de la chasse, de
la police des étrangers et des nomades etc.
30
les mesures de police (arrêt Doublet, C-E- 23 octobre 1959). S’il ne le fait pas, il
commet une faute engageant la responsabilité de la commune (arrêt compagnie
d’assurance Zurich International, C-E- 20 décembre 2000).
Il peut se présenter comme une activité qui, en raison de son caractère d’intérêt général est
soumise par les personnes publiques à un régime particulier d’obligation et de prérogatives
qui le distinguent des activités privées régies par les lois du marché. Variées. Il couvre tout le
domaine de l'activité humaine (enseignement, transports, santé, communication, etc. Dans la
plupart des cas il est susceptible d'être produit aussi bien par des personnes privées que par
des personnes publiques. Pour être qualifiée de service public, l'activité doit avoir un but
d'intérêt général.
Le service public comme activité administrative sera examiné au travers de ses principes ou
lois par les quels il se gère et de ses modes de gestion.
La question est ici de savoir quels sont, en droit positif, quels sont les éléments d'identification
du service public ? Pour qu'une activité soit un service public, il est nécessaire 1°)
qu'il existe un lien spécial entre cette activité et une personne publique; 2°) que cette
31
activité ait un but d'intérêt général. Ces deux éléments sont des conditions cumulatives.
L'absence de l'un d'entre eux interdit la qualification de service public.
L'activité de service public est prise en charge ou contrôlée par une personne publique. Aussi,
pour qualifier l'existence d'un service public faut-il prouver ce lien spécial. Ce lien est
évident quant aux services assurés par la personne publique elle-même. Il l'est moins
lorsque les services sont confiés à une personne distincte.
Seules des personnes publiques peuvent, en principe, fonder et supprimer des services publics.
Toutefois, il y a possibilité pour des personnes privées de créer un service public, dans la
mesure où certaines activités privées pourraient être considérées en elles-mêmes, en l'absence
32
d'intervention d'une personne publique, comme des services publics potentiels en raison de
leur caractère d'intérêt général.
Il s’agit des principes fondamentaux dégagés par Louis Rolland qui s’appliquent
rigoureusement aux services administratifs, de façon plus nuancées aux services et donnent
une certaine unité à la notion de service public, par opposition aux activités privées qui
obéissent aux lois du marché économique. Les activités qui sont qualifiées de services
publics, qu'elles soient exercées par des personnes publiques ou par des personnes privées,
quel que soit leur caractère, administratif ou industriel et commercial, sont soumises à un
ensemble de règles de droit, à un régime juridique. Les trois grands principes auxquels sont
soumises les missions de services publics sont la mutabilité (capacité d'adaptation aux
conditions et aux besoins), l'égalité (dans l'accès au service et dans les tarifs) et la continuité.
Il se réfère au principe général du droit de l’égalité des citoyens. Le statut du service public
est le même pour tous et tous les usagers, quel que soit leur origine et leur catégorie, en
jouissent de la même manière. Il n’y a en principe pas de discrimination dans les prestations
du service public, même si, dans certains cas, des discriminations dites positives tenant
compte de la classification des citoyens selon le rang qu’ils occupent peuvent être faites.
33
certaine réserve dans l’expression de leurs opinions politiques. Il en est ainsi de l’armée et de
la police.
Ce principe répond à une nécessité sociale et commande que le service doit fonctionner sans
interruption. L’obligation d’agir impose l’administration d’assurer le fonctionnement
régulier des services publics ; sauf cas de force majeure, elle ne peut l’interrompre par l’effet
de lock out par exemple, sous peine de commettre une faute engageant sa responsabilité,
laquelle est également engagée lorsque le service à fonctionné tardivement (CE, 15 juin 1955,
Courtial, rec 327). Cependant, les usagers n’ont pas droit au maintien du service (CE, 27
janvier 1961, Vannier, rec 60).
La puissance publique peut toujours, dans l’exercice des pouvoirs qui lui sont conférés par la
loi, prendre les mesures d’autorité, réglementaires ou fiscales, qu’elle estime nécessaires en
vue des besoins de la vie collective auxquelles elle est chargée de pourvoir (CE, 29 décembre
1905, Baudry). Ce principe s’applique aux agents et aux contractants du service ainsi qu’aux
usagers (hausse des tarifs, modification unilatérale de statut et de licenciement en cas de
suppression d’emploi).
Sous réserve de la possibilité qu’ils ont d’user, pour des actes isolés ou à raison de la nature
du service, de procédés de droit privé (gestion privée), ces services sont totalement soumis au
droit administratif et utilisent des procédés de puissance publique (agents, deniers, domaine,
expropriation). Leurs usagers et candidats usagers sont dans une situation légale et
réglementaire. Leur contentieux est administratif.
34
Paragraphe 2 : Le régime juridique des services publics industriels et commerciaux
On peut dire que les critères jurisprudentiels partent de la ressemblance plus ou moins grande
avec l’entreprise privée. « En effectuant, moyennant rémunération, les opérations de passage
de piétons et de voitures d’une rive à une autre de la lagune, la colonie de la Côte d’Ivoire
exploite un service de transports dans les mêmes conditions qu’un industriel ordinaire » (TC-
Société commerciale de l’Ouest Africain .Tels sont les critères de qualification des services
publics industriels et commerciaux auxquels s’ajoutent d’autres notamment :
Quant au régime proprement dit, il est mixte, comportant des éléments de droit privé
(prédominants) tenant au caractère commercial du service. Ces premiers prévalent notamment
35
dans l’organisation du service (constitution et suppression, décisions réglementaires, contrôle,
application des lois ; le service ne peut compromettre, ni recourir à l’arbitrage ; la déchéance
quadriennale s’applique ; le service ne peut être mis en faillite et ses biens sont
insaisissables. Les éléments de droit privé prévalent dans son fonctionnement et ses activités,
notamment dans ses rapports avec les usagers, les tiers, les fournisseurs et le personnel, et
non plus ou moins importants le degré de commercialité atteint par le service.
Une tradition propre à l’Etat libéral était que la gestion des services publics relevait des seules
personnes publiques (Etat et collectivités locales) en régie. Dans la seconde moitié du 19 ème
siècle les établissements publics, personnes morales de droit public chargées de la gestion
d’un service public donné ont été responsabilisés pour assurer cette gestion. Par ailleurs, la
concession de service public est apparue comme une seconde modalité contractuelle de
gestion de ce dernier par un particulier.
Enfin, des organes distincts des établissements publics tels que les sociétés d’Etat et les
entreprises publiques se sont multipliés dont certains assurent des tâches d’intérêt général qui
ne présentent pas le caractère d’un service public. En fait, la gestion des services publics peut
être assurée par des organes privés. Le régime juridique du service public n’influence pas le
mode de gestion. Un service public industriel et commercial peut être géré en régie ou être
concédé et un service public administratif peut l’être par un organisme public ou privé.
A – La régie
Le service en régie relève directement d’une personne publique et ne constitue pas une
personne morale distincte de cette personne. Il n’a pas d’individualité financière, ses dépenses
et ses recettes figurent au budget général de la collectivité. C’est la personne publique qui est
titulaire des droits et obligations nés de leur activité. La personne d’attache du service en régie
assure le contrôle dudit service.
36
C’est ainsi que les services déconcentrés des divers départements ministériels sont sous la
dépendance directe de l’Etat et les services communaux sous celle de la collectivité locale.
Toutefois, le terme régie désigne, dans le cas des collectivités locales, tantôt des services non
personnalisés, tantôt des services avec autonomie financière et sans personnalité morale,
tantôt des services personnalisés. Les services en régie sont des services administratifs.
Normalement, toutes les règles et procédures du droit administratif s’appliquent à eux. Leurs
agents sont des fonctionnaires. Ils accomplissent des actes unilatéraux ou des contrats
administratifs. Leurs travaux sont des travaux publics et leur responsabilité encourue du fait
de leurs actes est administrative.
Exceptionnellement, les spics peuvent être gérés en régie. Dans ce cas, les règles
précédemment énoncées subissent une altération ; à défaut d’autonomie financière, le service
possède une individualité comptable qui permet de savoir s’il est déficitaire ou bénéficiaire, et
le droit privé s’applique à ses relations avec les fournisseurs et ses usagers.
B - L’établissement public
L’établissement public est une personne morale de droit public assumant la gestion d’un
service public et dont le champ d’action se limite à l’exécution de celui qui lui est assigné. Ne
pouvant sortir de son domaine d’activité propre, il lui est interdit d’entreprendre des tâches
autres que les missions administratives à lui dévolues par ; le texte l’instituant (C.E. 23
octobre 1985, Commune de Blaye - les mines, AJDA 1986).
Paragraphe 2 : La gestion des services publics par des organismes privés : la concession
A- Caractères généraux
Par ce mode de gestion une personne publique appelée le concédant charge au moyen d’un
contrat, une personne privée, le concessionnaire, de faire fonctionner le service pendant un
37
certain temps, en assurant les charges, moyennant le droit de se rémunérer sur les usagers.
Ce genre est différent d’une concession funéraire qui n’implique pas une concession d’un
service. La concession de travail quant à lui implique la concession d’un service public et le
concessionnaire s’engage à le faire fonctionner. Mais au préalable, il s’engage à construire à
ses frais, et lui-même, les ouvrages publics nécessaires à son fonctionnement.
La concession de travaux public est accordée pour une longue durée afin de permettre au
concessionnaire d’en supporter les charges et d’amortir les dépenses de premier établissement
des ouvrages qui, en fin de concession, font gratuitement retour au concessionnaire. C’est un
procédé fréquemment utilisé pour la construction et l’exploitation des autoroutes à péage et
des parcs de stationnement souterrains.
De manière classique, la gestion de la concession est confiée à une personne privée (physique
ou société).
B- L’acte de concession
-Le concessionnaire doit respecter l’égalité des usagers devant le service. Il est tenu de fournir
à tous ceux qui remplissent les conditions requises les prestations demandées et de leur
appliquer les tarifs fixés par le concédant. Toutefois, selon la situation de ceux – ci, ces tarifs
sont différenciés, conformément aux exigences de la gestion commerciale ou de la politique
38
sociale. Cependant, tous ceux se trouvant dans ces situations peuvent se prévaloir des
conditions tarifaires qui y sont attachés.
-Le pouvoir de l’administration de modifier le régime du service pour l’adapter aux nouveaux
aspects de l’intérêt général s’applique au concessionnaire (C-E 20 janvier 1902, Gaz de
Deville - Les-Rouen et CE 5 décembre 1905, compagnie générale Française des tramways).
-Ayant été choisi intuitu personae, il ne peut ni céder, ni sous-traiter la concession, sauf à y
être autorisé.
- Il bénéficie aussi du droit pécuniaire. Il se rémunère sur les produits des taxes perçues sur les
usagers en contrepartie du service rendu. Il à la garantie d’un intérêt minimum accordée à ses
emprunts.
- Il a droit à l’équilibre financier du contrat car les lois du service public en dépendent et à
l’indemnisation intégrale des charges complémentaires résultant pour lui de l’exercice par le
concédant de son pouvoir de modification du service.
39
Les litiges entre le concessionnaire et les usagers relèvent du juge judiciaire puisqu’ils mettent
en présence des personnes privés, de même d’ailleurs que ceux entre le concessionnaire et les
fournisseurs ou les tiers. Le concessionnaire et ses agents sont des personnes privées, la
compétence judiciaire s’applique tant aux litiges relatifs tant au statut interne de l’entreprise
concessionnaire (relations de la société avec les actionnaires) qu’a les rapports avec ses
salariés.
La compétence administrative s’applique aux litiges qui peuvent opposer les usagers à
l’autorité concédante et à ceux des actes de portée générale pris par le concessionnaire qui
concerne le régime du service.
La concession prend normalement fin lorsque la durée pour laquelle elle a été instituée vient à
expiration. Elle peut cependant être renouvelée. Elle peut prendre fin avant cette date par la
déchéance du concessionnaire prononcé par le juge en cas de faute lourde à la demande du
concédant qui peut mettre qui à la concession, soit pour supprimer le service, doit pour le
gérer selon une autre procédure.
L’acte administratif unilatéral peut se définir comme l’acte juridique adopté unilatéralement
par une autorité administrative, portant sur l’ordonnancement juridique et affectant les droits
ou les obligations juridiques des tiers sans leur consentement.
40
A- L’acte administratif émane d’une personne publique
L’acte est administratif parce qu’il émane d’une autorité administrative, c’est-à-dire d’une
personne publique. On parlera de décret du Président de la République ou du premier
ministre, de délibération du conseil municipal ou d’arrêté du maire et du préfet. L’autorité
administrative est une personne publique qui est compétente pour édicter certaines
réglementations. Il ne s’agit pas nécessairement d’un fonctionnaire. L’acte administratif est
toujours l’acte de l’administration.
Dans certains cas, l’autorité administrative, avant d’édicter l’acte, doit consulter une autre
autorité. Le caractère obligatoire de la consultation ne prive pas l’acte qui fait suite à la
41
consultation de son caractère unilatéral, dès lors que l’autorité décisionnaire reste le plus
souvent libre du sens et de la portée de sa décision.
L’acte administratif unilatéral entraîne des conséquences juridiques par la seule volonté
de son auteur. Il crée des droits et des obligations à la charge des destinataires de l’acte. La
notion d’acte administratif recoupe l’ensemble des règles de droit qui détermine la situation
des sujets de droit en créant des droits et obligations nouvelles. Ce sera par exemple le cas de
l’octroi ou du refus d’une autorisation (permis de construire ou titre de séjour pour un
ressortissant étranger). Ce sera également le cas d’une réglementation modifiant les
conditions d’octroi de ces autorisations individuelles (Plan Local d’Urbanisme). Dès que ces
actes modifient la situation de leurs destinataires, ces derniers peuvent former un recours pour
excès de pouvoir devant le juge administratif pour en demander l’annulation.
Au contraire, certains actes émanant de l’administration ne sont pas considérés comme des
actes administratifs, car ils ne modifient pas l’ordonnancement juridique et par conséquent ne
peuvent pas faire l’objet d’un recours. A partir de la définition des actes administratifs
unilatéraux, il est possible de délimiter la catégorie de ces actes par rapport aux autres actes de
l’administration et d’élaborer une classification des différentes catégories d’actes
administratifs unilatéraux.
- Les actes préparatoires, c’est à dire les actes qui concourent à l’édiction d’un acte
administratif mais ne constituent pas en eux même la décision (rapports, notes, réponses faites
aux parlementaires, avis obligatoires ou facultatifs)
- Les circulaires (et les directives), qui sont des documents formulés à l’intention des agents et
constituent des instructions que les ministres adressent à leur administration en vue d’une
application uniforme du droit. Si une circulaire contient des dispositions à caractère général et
faisant grief aux administrés, elle doit être qualifié de circulaire impérative (CE 18 décembre
2002 Duvignères). Dès lors, elles peuvent faire l’objet d’un recours. Est considérée comme
une circulaire impérative : la circulaire fixant, au-delà des textes, des « règles nouvelles »
relatives à la constitution des dossiers de demandes de subventions formulées par les
établissements privés d'enseignement secondaire, la circulaire prévoyant les modalités de
détention à titre provisoire des Étrangers sous le coup d'un arrêté d'expulsion, la circulaire
42
subordonnant l'adoption d'enfants Étrangers à une attestation de la direction de l'action
sanitaire et sociale.
- Les mesures d’ordre intérieur, qui sont de simples mesures d’organisation du service et
qui ne peuvent donc faire l’objet d’un recours (affectation d’un élève dans une classe,
affectation d’un agent à certaines fonctions). Toutefois, la jurisprudence a tendance à réduire
le champ des mesures intérieures en particulier en matière pénitentiaire en particulier quand
les mesures sont privatives de liberté ou qu’elles portent atteinte à la vie privée et familiale.
Par exemple, la décision par laquelle un chef d'établissement pénitentiaire fixe les modalités
essentielles de l'organisation des visites aux détenus, l'avertissement infligé à un détenu dès
lors qu’il peut avoir des effets sur ses autorisations de sortie …
Il est d’usage de classer les actes administratifs en deux catégories : les actes réglementaires,
qui ont une portée générale et impersonnelle et les décisions individuelles. Les actes
réglementaires sont ceux qui ont une portée générale et impersonnelle comme la loi. Ils
entrent en vigueur dès leur publication et transmission, pour les actes des collectivités
territoriales.
Les décisions individuelles sont les actes par lesquels une autorité administrative décide
d’octroyer ou de refuser un avantage à une seule personne nommément désignée (octroi ou
refus d’un permis de construire). Le régime de ces actes est sensiblement différent de celui
des actes réglementaires. Comme ces derniers ils doivent faire l’objet d’une mesure de
publicité (on parle de notification à la personne intéressée) et éventuellement d’une
transmission en préfecture. Mais la distinction entre les deux catégories d’actes résulte de leur
mode d’édiction. Alors que les actes réglementaires sont toujours écrits, les décisions
individuelles peuvent naître du silence de l’administration.
Le plus souvent les décisions administratives prennent la forme d’un arrêté mais le silence
gardé par l’administration peut également faire naitre une décision administrative. Par
principe le silence gardé par l’administration pendant deux mois vaut décision d’acceptation
(cf supra). Les décisions implicites ont l’inconvénient de ne pas être motivées.
43
Sous-Section 3. Le régime des actes administratifs
Le régime des actes administratifs unilatéraux peut être examiné au travers des conditions
d’élaboration de l’acte, des conditions et des modalités de son exécution et enfin de sa
disparition.
L’élaboration des actes administratifs répond à des règles de formes et de procédure mais
également à une obligation de motivation.
L’acte administratif se présente le plus souvent sous la forme d’un écrit pour lequel le respect
de certaines formes est obligatoire. A défaut de comporter certaines mentions substantielles
l’acte serait annulable. Au titre de ces mentions obligatoires se trouve le nom de l’autorité qui
édicte l’acte, le visa des textes servant de base à l’acte, l’énoncé des motifs de la décision, la
signature de l’auteur de l’acte. Ces obligations sont principalement d’ordre formel.
D’autres obligations pèsent sur l’administration dans l’édiction des actes administratifs et
tiennent à l’obligation de consulter certaines autorités avant de décider. La loi ou le
règlement impose parfois à l’autorité compétente de consulter un organe particulier sous peine
d’illégalité (cas des avis obligatoires). Par exemple, avant de prendre une sanction
administrative du deuxième groupe, l’autorité administrative doit obligatoirement convoquer
un conseil de discipline. D’autres obligations processuelles peuvent tenir à l’obligation de
communiquer son dossier à l’agent qui fait l’objet d’une mesure prise en considération de la
personne. L’administration peut encore être astreinte à respecter les principes du
contradictoire lorsqu’elle édicte une mesure qui présente le caractère d’une sanction.
Dans certains cas la légalité de l’acte administratif peut dépendre directement des conditions
dans lesquelles l’autorité compétente a été amenée à se prononcer. Par exemple pour que la
délibération d’un conseil municipal soit régulière il faut que l’assemblée ait été convoquée
dans un certain délai et que la convocation fasse une mention exacte de l’ordre du jour.
44
Enfin, une dernière remarque tient à l’édiction des décisions individuelles. Celles-ci peuvent
naître soit d’une décision expresse de l’administration soit du silence gardé par
l’administration (décision implicite).
L’acte administratif pour être légal doit satisfaire un but d’intérêt général. Lorsque l’autorité
administrative édicte un acte administratif dans un but autre que celui dicté par l’intérêt
général elle commet un détournement de pouvoir (cf. les cas d’ouverture du recours pour
excès de pouvoir). Pour que le juge administratif soit en mesure de s’assurer que
l’administration agit bien dans le souci de satisfaire l’intérêt général et ne commet pas
d’erreur de droit ou de fait la loi impose à l’administration de communiquer les motifs de sa
décision.
La loi du 11 juillet 1979 impose la motivation des actes administratifs individuels contenant
une mesure défavorable pour les administrés ou dérogeant aux règles générales fixées par les
lois et règlements. A ce titre, doivent notamment être motivées : les mesures individuelles de
police, les sanctions disciplinaires, le retrait d'une autorisation individuelle. Enfin, la loi du
12 avril 2000 est venue clarifier et renforcer les obligations de l’administration, notamment en
élargissant et en facilitant le droit d’accès aux documents administratifs. La loi élargie
également les compétences de la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs),
l’organe chargé de d’agir auprès de l’administration en vue de faciliter l’accès aux documents
administratifs.
C’est à partir de son entrée en vigueur que l’acte administratif produira ses effets. C’est
également à compter de son entrée en vigueur que les délais de recours commencent à
courir. Pour qu’un acte administratif entre dans l’ordonnancement juridique il doit faire
l’objet d’une mesure de publicité (la loi est publiée au Journal officiel). Les actes
réglementaires font normalement l’objet d’une publication, alors que les actes non-
règlementaires font normalement l’objet d’une notification.
Les actes réglementaires édictés par les autorités de l’État produisent leurs effets à l’égard
des administrés à compter de leur publication au journal officiel ou dans les bulletins officiels
des ministères. Les actes des collectivités territoriales produisent leurs effets à compter de
leur publication par voie d’affichage ou d’insertion dans la presse, et de leur transmission au
représentant de l’État. Pour les communes de plus de 3 500 habitants les actes ayant un
caractère réglementaire doivent faire l’objet d’une publication dans un recueil des actes
administratifs publiés de façon trimestrielle et tenu, en mairie, à la disposition du public.
Les décisions administratives individuelles prises par les autorités de l’État entrent en
vigueur dès leur notification à leur destinataire. Les décisions individuelles prises par les
autorités des collectivités territoriales doivent en outre être transmises en préfecture. On
rajoutera qu’une fois entré en vigueur l’acte administratif (acte réglementaire et décision
individuelle) ne produit ses effets que pour l’avenir. En principe les actes administratifs ne
peuvent avoir d’effet rétroactif (CE 25 juin 1948 Sté du journal l’Aurore).
Une fois entré en vigueur l’acte administratif déploie ses effets. Il peut donc être exécuté
puisqu’il bénéficie d’une présomption de légalité. Cela signifie que même si un administré
conteste la légalité d’un acte administratif son recours devant le juge administratif n’est pas
suspensif. Il existe toutefois une procédure de référé-suspension qui permet au juge de
suspendre l’exécution de l’acte dans l’attente que le juge de l’excès de pouvoir se prononce
sur sa légalité (cf. contentieux administratif).
46
Le plus souvent l’exécution des actes administratifs ne pose aucun problème. L’administré
exécute l’acte de sa propre volonté alors même que son contenu lui serait défavorable
(certains actes administratifs ne supposent aucune exécution. C’est par exemple le cas des
décisions de refus tel que le refus d’accorder un permis de construire). Toutefois, si
l’administré refuse d’exécuter l’acte de sa propre volonté, l’administration dispose de
plusieurs moyens pour le contraindre à exécuter ses obligations :
- En cas d’urgence, il est admis que l’administration peut recourir sans condition à l’exécution
forcée ;
- En situation extrême, l’administration peut recourir à des sanctions pénales pour violation
d’un règlement administratif. Des sanctions administratives peuvent également être prises
contre un administré qui refuse de se plier aux obligations découlant d’un acte administratif
(fermeture d’un débit de boissons).
47
b) Cas des actes impératifs
Ces actes contrairement aux précédents ont un caractère obligatoire. Ce qui fait que leur
exécution ne peut être effectuée que par l’intervention de l’administration, autrement dit,
l’administré ne peut pas les exécuter pour une raison simple : sachant que c’est des actes
administratifs qui doivent s’appliquer obligatoirement, indépendamment de la volonté des
administrés, l’utilisation de la force peut dans certains cas être indispensable (lorsqu’un
administré refuse de s’y soumettre). Or ce privilège n’appartient qu’à l’administration.
48
l’exécution d’office afin « d’assurer la sûreté ou la commodité des passages, la tranquillité, la
salubrité et l’hygiène publiques.
Cependant, l’utilisation du procédé de l’exécution forcée par l’Administration, sans
autorisation préalable du juge, loin d’être un principe, ne constitue en effet qu’une exception.
Car en principe l’application de ce procédé ne doit se faire que suite à une autorisation du
juge. Autrement dit, le recours au procédé de l’exécution forcée ne peut se faire que dans des
cas plus ou moins extrêmes et dans les conditions d’utilisation de ce procédé. Ces conditions
et ces cas n’étant pas respectés, la responsabilité de l’administration peut être engagée et elle
peut même être poursuivie pour voie de fait.
49
E- La fin de l’acte administratif
Les actes administratifs ne sont en principe pas édictes pour une durée limitée. Il incombe
donc à l’autorité administrative de mettre fin à un acte réglementaire ou à une décision
individuelle lorsqu’elle le juge nécessaire. Avec la disparition de l’acte cessent les effets
juridiques qui étaient attachés à l’acte. Mais il faut distinguer deux hypothèses en fonction
des effets provoqués par la disparition de l’acte. La première hypothèse consiste à abroger
l’acte, la seconde à le retirer de l’ordonnancement juridique.
1. L’abrogation de l’acte
L’abrogation de l’acte est l’hypothèse la plus simple puisque l’acte abrogé disparaît et cesse
de produire ses effets pour l’avenir. L’abrogation d’un acte réglementaire est toujours
possible car nul n’a un droit acquis au maintien d’une réglementation. L’administration peut à
tout moment mettre fin à une réglementation ou la modifier à condition de respecter le
parallélisme des compétences. Seule l’autorité qui a édicté la réglementation peut y mettre un
terme. Dans certains cas l’abrogation est obligatoire. C’est le cas si l’acte est illégal dès
l’origine ou s’il le devient suite à une modification des circonstances de droit ou de fait par
rapport aux circonstances existantes lors de son édiction. L’administration est par exemple
dans l’obligation d’abroger les règlements contraires aux dispositions issues du droit
communautaire (CE 3 février 1989 Alitalia).
2. Le retrait de l’acte
Le retrait des actes administratifs est plus complexe que l’abrogation le retrait entraîne la
disparition rétroactivité de l’acte. L’acte est donc censé ne jamais avoir existé car. La théorie
du retrait est bien évidemment une fiction car l’on ne peut jamais revenir dans le temps. Elle
consiste seulement à revenir sur les conséquences juridiques d’un acte administratif. Se pose
alors un problème de sécurité juridique. Dans quelles conditions l’administration peut-elle
50
revenir sur une décision sans porter atteinte à des situations définitivement constituées ? Il
faut donc distinguer deux hypothèses, le retrait des actes non créateurs de droits et celui des
actes créateurs de droits.
Si l’acte n’a pas créé de droits au profit des administrés (ce sera le cas des actes
réglementaires et de certains actes individuels, décision qui constate une situation de fait), son
retrait est possible à toute époque.
Si l’acte est créateur de droits, il faut distinguer deux hypothèses. Soit l’acte est légal soit
l’acte est illégal.
L’acte est légal : Dans ce cas le retrait n’est pas possible car son retrait aboutirait à
rendre les actes administratifs rétroactifs. Le retrait reste possible si le bénéficiaire des
droits donne son accord au retrait.
L’acte est illégal : Dans ce cas le retrait est possible mais sous des conditions très
strictes. En effet, il est souhaitable que l’administration puisse elle-même revenir sur
ses actes illégaux, tout en respectant la sécurité des situations juridiques. Le Conseil
d’État, dans un arrêt Dame Cachet du 3 novembre 1922 avait posé deux conditions au
retrait des actes créateurs de droits irréguliers. Le retrait était possible soit dans les
deux mois qui suivaient la notification, soit, si un recours avait été intenté, dans les
deux mois tant que le juge n’avait pas statué. L’administration peut ainsi retirer un
acte pour éviter une annulation.
Dans un arrêt Ville de Bagneux du 6 mai 1966, le Conseil d’État est venu apporter une
précision importante à la jurisprudence Dame Cachet. En effet, dans le but de protéger les
droits des tiers à la décision, le juge a admis que « même si la décision avait fait l’objet d’une
notification à la personne visée par la décision, l’absence de publication ne pouvait faire
courir le délai de recours à l’égard des tiers ». Dans ce cas, l’administration peut, même si
aucun recours n’était formé par un tiers intéressé, rapporter à tout moment la décision illégale.
Section 3 : Le principe de la supériorité des actes règlementaires sur les actes individuels
51
Paragraphe 1 : Le contenu du principe
Les actes règlementaires fixent des règles générales et impersonnelles. Dès lors qu’ils ont été
régulièrement édictés, l’administration doit les respecter et toutes les mesures individuelles
d’implication doivent s’y conformer selon la règle qui veut que toute décision individuelle
doit être conforme à la règle pré établie. Ainsi l’administration est tenue de respecter les
règlements en vigueur lorsqu’elle prend une décision individuelle. Il s’agit d’un principe
fondamental qui s’exprime sous une triple forme :
La décision individuelle doit être conforme aux règlements lorsque ce dernier
règlement a été dicté par une autorité hiérarchiquement supérieure. Exemple : Le
préfet du département prend une décision relative à un agent de l’état, la mesure
individuelle qu’il prend ne peut être que conforme au règlement édicté par le ministre.
La décision individuelle doit être conforme au règlement même quand la mesure
individuelle est prise par une autorité hiérarchiquement supérieure à celle qui a édictée
les règlements.
Exemple : en matière d’urbanisme, on a un plan local d’urbanisme qui est un règlement. Les
permis de construire sont délivrés par le maire. Mais par exemple pour la construction d’un
collège c’est le préfet qui délivre le permis de construire et celui-ci doit respecter la
règlementation locale.
52
Il y a une hiérarchie entre les organes administratifs. « Il y a des autorités supérieures
et subordonnées » CE. Les autorités supérieures ayant en principe le champ d’application le
plus large. Ainsi les règlements forment entre eux une cascade. Le règlement de l’autorité
supérieure s’impose à celui qui est pris par l’autorité subordonnée.
Au sommet de cette cascade on trouve
→ les décrets présidentiels
→ les décrets du 1er ministre
→ les arrêtés ministériels
→ les arrêtés préfectoraux
→ les arrêtés municipaux.
Chaque autorité ne peut que compléter, adapter sans les contredire, les règlements de
l’autorité supérieure.
Paragraphe 1 : Diversité
- le marché de travaux publics qui est un contrat par lequel une personne
publique confie à une personne privée ou publique l’exécution d’un travail ;
- la concession : l’administration (qui est le concédant) peut concéder un
service public à une personne publique ou privée (le concessionnaire) qui lui
assurera la rémunération par les prestations rendues aux usagers ; C’est le cas
de la distribution du courant par la SNE ; elle peut également concéder un
travail public en chargeant le concessionnaire d’exécuter un travail public. La
rémunération de ce dernier se fera par la possibilité d’exploitation de
53
l’ouvrage pendant une certaine durée. Exemple : concession trentenaire, par
une ville à une société, du domaine public communal pour exploiter un parc
de stationnement ;
- l’offre de concours grâce à laquelle une personne publique ou privée propose
à une collectivité locale, qui accepte, des prestations en nature ou en argent
pour réaliser un travail public ou un ouvrage public. Par exemple : cession
gratuite d’un immeuble pour y édifier une école ;
- les marchés de fournitures ou de services par lesquels l’administration
acquiert des meubles (denrées, marchandises, fournitures) ou se procure des
services (nettoyage de locaux, transport de biens)
- l’emprunt public de l’Etat par lequel un particulier prête de l’argent à ce
dernier.
Tel est le cas lorsque le législateur ou l’autorité règlementaire ont pris parti sur la nature du
contrat, notamment en confiant le règlement des litiges nés de celui-ci à la jurisprudence
administrative. Ainsi, sont administratifs en vertu de la loi :
54
qualité au contrat ; on dit qu’ils présentent alors un caractère alternatif et non
cumulatif.
Conformément à ces critères, un contrat est administratif lors qu’un des contractants est
l’administration, même si certains contrats passés par des personnes privées sont
administratifs (c’est le cas de celui conclu entre une personne privée et un organisme de
droit privé chargé d’un service public).
Les ministres ou les préfets concluent les marchés de l’Etat et un organe (l’autorité de
régulation) en suit l’exécution. Les présidents de conseil en concluent pour le compte des
collectivités locales. Une délibération charge le maire de le faire.
En droit privé, le contrat est obligatoire, les droits et obligations ne peuvent être modifiés sans
l’accord de l’autre, les parties étant au même pied d’égalité. En droit administratif, il en est
autrement
55
A- Les prérogatives de l’administration
Ce sont :
le cocontractant n’a pas que des devoirs a à assumer, il a aussi des droits dont il bénéficie.
56