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COURS D’INITIATION AU DROIT ADMINISTRATIF / L1 / SEG / UFHB

INTRODUCTION

Tout naturellement, l’introduction tend à cerner la matière, c’est-à-dire à la circonscrire


et cela se fera à travers un certain nombre de points.

1-La position du droit administratif

Le droit administratif appartient à la branche du droit public, compte tenu de son objet
qui est de régir l’Administration, c’est-à-dire enfermer l’Administration dans le droit.

Le droit administratif est pour l’Administration ce qu’est le droit constitutionnel pour


le pouvoir politique, c’est-à-dire le pouvoir dont l’Etat est le titulaire. L’Administration
que le droit administratif régit apparait comme l’ensemble des institutions ou l’ensemble
des services publics concourant sous l’autorité du pouvoir exécutif, à la satisfaction des
besoins d’intérêt général.

Il suit de là que le droit administratif se présente comme le prolongement du droit


constitutionnel. Il en est le prolongement pour la raison tirée de ce que le droit
administratif et le droit constitutionnel appartiennent au droit public. Il en est ainsi car
le droit administratif et le droit constitutionnel se complètent en ce sens que l’on
retrouve dans l’un comme dans l’autre des acteurs communs.

En effet, interviennent en droit administratif comme en droit constitutionnel, le


Président de la République et les membres du gouvernement dans les limites de leur
département ministériel. Mais, par-delà ces traits communs, le droit administratif et le
droit constitutionnel se distinguent l’un de l’autre à bien des égards...

2-Les origines du droit administratif

Le droit administratif ivoirien doit beaucoup au droit administratif français pour des
raisons tirées du passé colonial de la Côte d’Ivoire. Cette constatation impose de partir
du droit français pour en arriver au cas spécifique de la Côte d’Ivoire.

Le droit administratif est né d’un principe : le principe de la séparation de


l’administration et de l’autorité judiciaire.

Ce principe est né de la volonté de l’Etat de briser les résistances qu’opposaient les


tribunaux judiciaires à la volonté de réformer et de moderniser l’administration. C’est
ainsi que la constituante a édicté la loi des 16-24 août 1790 qui dispose : « Les fonctions
judiciaires sont distinctes et demeureront toujours séparées des fonctions
administratives. Les juges ne pourront à peine de forfaiture troubler de quelque manière
que ce soit les opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les
administrateurs pour raison de leurs fonctions ».

I / L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE

Il s’agira d’étudier ici les principes fondamentaux régissant l’organisation


administrative, d’une part, les cadres de cette organisation, d’autre part, et, enfin, les
institutions d’accompagnement de l’Administration active.

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A / LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE

L’Administration, toute administration obéit à des règles ou principes d’organisation.


On les étudiera avant de voir le régime juridique du contrôle réalisé à l’intérieur même
de cette Administration.

1 : LES DIFFERENTS TYPES D’ORGANISATION ADMINISTRATIVE

Du point de vue formel ou logique, il existe types deux d’organisation en matière


administrative : ce sont, d’une part, la centralisation, d’autre part, la décentralisation.

a- LA CENTRALISATION

La centralisation est le système d’organisation administrative dans lequel le pouvoir


central occupe une place de premier ordre. Dans ce système, l’Administration est
rigoureusement hiérarchisée. Le pouvoir de décision est concentré au sommet, c’est-à-
dire entre les mains du pouvoir central et les échelons inférieurs n’ayant aucune
compétence pour prendre quelque décision que ce soit, font remonter les problèmes
jusqu’au pouvoir central qui définit les solutions appropriées. Après quoi, les solutions
retenues redescendent à la base pour être exécutées à travers des taches concrètes et
selon les ordres donnés. Il suit de là que dans la centralisation il n’y a qu’une volonté
unique, celle du pouvoir central.

La France a connu ce système-là sous l’ancien régime (avant la révolution). Un tel


système est à la vérité source de lourdeur. Il est de ce fait inefficace. C’est la raison pour
laquelle ce système a été assoupli à travers la technique qu’on appelle la
déconcentration.

B / LA DECONCENTRATION est la technique d’organisation administrative dans


laquelle le pouvoir central, c’est-à- dire l’Etat se trouve représenté dans les différentes
circonscriptions administratives par des agents qui agissent au nom et pour le compte
de l’Etat. L’exemple type c’est celui du préfet représentant du pouvoir central dans le
ressort territorial du département. Ici, le département en tant que circonscription
administrative n’a pas la personnalité juridique. Le département comme circonscription
administrative ne se détache pas de l’Etat dont il est partie intégrante. Il n’est qu’un
démembrement et les actes qui sont édictés ou accomplis par le représentant local qu’est
le préfet le sont au nom de l’Etat. Ainsi, ces actes engagent l’Etat et peuvent
éventuellement provoquer la mise en jeu de la responsabilité de l’Etat et non celle du
département.

1- LA DECENTRALISATION

C’est la technique d’organisation administrative dans laquelle l’Etat créé des entités,
des institutions auxquelles il confère la personnalité juridique et, en conséquence,
l’autonomie administrative et financière. Ainsi définie, la décentralisation s’applique à
des collectivités territoriales mais aussi à des services publics. Lorsque la
décentralisation est appliquée aux collectivités locales ou territoriales, on parle de
décentralisation territoriale. Exemple : les communes, les régions. En revanche, lorsque

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la décentralisation est appliquée à des services publics, on parle plutôt de


décentralisation par service ou encore décentralisation fonctionnelle. C’est le cas en ce
qui concerne les établissements publics (Université, ISTC, CHU). Dans le cadre de la
décentralisation, les entités décentralisées ont la personnalité juridique. Il suit de là que
les actes accomplis par les organes de ces collectivités sont imputables non pas à l’Etat,
mais à la collectivité considérée.

Le fondement de la décentralisation territoriale, c’est l’existence d’affaires locales


distinctes des affaires nationales. L’on estime en effet qu’il y a des affaires qui sont
propres à la collectivité et qui ne peuvent être mieux réglées que par elle. On les détache
pour cette raison des affaires nationales et on les confie à des personnes distinctes.

Ces collectivités territoriales décentralisées ont des organes qui sont, non pas
nommés par le pouvoir central, mais élus par la collectivité. C’est le cas avec les
conseillers municipaux, les maires, les conseillers régionaux, les présidents des conseils
régionaux.

Il en va tout autrement des structures qui s’inscrivent dans le cadre de la


décentralisation par service ou décentralisation fonctionnelle. Les organes de ces
structures sont en ce qui les concerne nommés par le pouvoir central.

Il suit de tout ce qui précède qu’il existe une différence qui n’est pas que de degré
entre centralisation et décentralisation. La différence est plutôt de nature car dans un
cas on parle de hiérarchie entre le pouvoir central et les représentants locaux, tandis
que, dans l’autre cas, les rapports sont des rapports de tutelle. Ces différences
influencent les modalités du contrôle que l’Etat exerce dans chaque cas.

3. LES CADRES DE L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE

Il est ici question des structures qui constituent l’Administration. Or l’Administration


n’est pas une, comme l’ont montré avec vigueur et autorité les professeurs RIVERO et
EISENMANN. C’est qu’il y a, d’une part, l’Administration d’Etat, d’autre part, celle des
entités décentralisées. On pourrait présenter ainsi les développements à venir. Mais on
peut aussi envisager la question sous un autre angle qui est celui des cadres territoriaux
et des cadres non territoriaux : c’est ce schéma que l’on retiendra.

a - LES CADRES TERRITORIAUX

L’expression s’applique aux structures administratives ayant une assise territoriale.


On distingue, à cet égard, l’Administration d’Etat et les collectivités décentralisées.

L’administration d’Etat comporte deux niveaux : l’Administration centrale et


l’Administration locale déconcentrée.

b - L’ADMINISTRATION CENTRALE

Son organisation est fonction de la nature du régime politique. Considérée en régime


présidentiel comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, l’Administration centrale s’identifie au

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Président de la République, chef de l’Etat, assisté du gouvernement. La constitution


ivoirienne, en effet, confie au Président de la République le pouvoir règlementaire, c’est-
à-dire le pouvoir de prendre des actes de caractère général et impersonnel. Le Président
le fait en vertu de la constitution qui fait de lui le détenteur exclusif du pouvoir exécutif.
A cet égard, et en vertu de la constitution, le Président dispose du pouvoir d’assurer
l’exécution des lois et des décisions de justice. Intervenant à ce titre, le président exerce
ce qu’on appelle pouvoir règlementaire dérivé. C’est un pouvoir second et secondaire. Il
est second en ce sens qu’il intervient après la loi car il a pour but d’assurer l’exécution de
la loi ou des lois. Ce pouvoir est secondaire en ce sens qu’il est soumis à la loi de laquelle
il tient son existence autant que sa validité il s’agit d’un pouvoir dont la régularité est
appréciée par le juge par rapport à la loi et cela en cas de litige et par conséquent en cas
de contrôle.

A ce pouvoir règlementaire dérivé confié au Président de la République par la


Constitution s’ajoute un autre pouvoir que l’on appelle le pouvoir règlementaire
autonome. La Constitution ivoirienne, en effet, à la manière de la Constitution française
de 1958 définit deux domaines de règlementations. Il y a, d’un côté, les matières que la
Constitution confère au pouvoir législatif. Ces matières sont énumérées par l’article 71
de la Constitution. Il y a, de l’autre côté, les autres matières, c’est-à-dire celles non
attribuées par la Constitution à l’organe législatif. Ces matières-là sont de la compétence
du Président de la République, détenteur exclusif du pouvoir exécutif (cf. article 72 de la
Constitution). Le Président de la République intervient dans ces matières sans que les
actes qu’il prend aient été prescrits, dictés ou suggérés par la loi. Car, par principe il
s’agit d’un domaine dans lequel la loi ne devrait pas intervenir.

La question se pose maintenant à propos des membres du gouvernement. Ont-ils part


au pouvoir règlementaire ? Détiennent-ils une partie du pouvoir règlementaire ?
Commençons par le premier ministre.

Au regard de la Constitution, il n’a pas part au pouvoir règlementaire de façon


initiale et inconditionnée. Et c’est là une constante depuis la Constitution du 3 novembre
1960. Toutefois, le Premier ministre peut être associé à l’exercice du pouvoir
règlementaire à travers la coordination de l’action gouvernementale. Il peut également
sur délégation du Président de la République prendre des actes règlementaires.

Ce qui a été dit à propos du Premier ministre vaut aussi pour les autres membres du
gouvernement. Ceux-ci ne tiennent, ni de la Constitution, ni de la loi aucune parcelle du
pouvoir règlementaire, mais ayant des services placés sous leur autorité lesquels
services préparent des projets de décret soumis au chef de l’Etat en conseil des ministres,
les ministres participent indirectement à l’œuvre de production des actes règlementaires.

On observera également que s’agissant de l’organisation des services placés sous


leurs autorités les ministres ont à leur égard un pouvoir règlementaire se traduisant par
l’édiction d’actes tendant à l’organisation de ces services (voir à ce sujet l’arrêt Jamart).

Il convient d’ajouter que certains textes de loi donnent pouvoir à certains ministres
pour prendre des actes règlementaires. C’est le cas du ministre de l’intérieur qui peut
prendre des mesures de police dans des cas bien définis notamment en cas d’urgence.

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En régime parlementaire, au contraire les choses se présentent différemment. Le


propre du régime parlementaire pur, c’est que le pouvoir administratif appartient au
gouvernement ayant à sa tête un premier ministre qualifié de chef du gouvernement. Le
chef de l’Etat n’a pas, à proprement parler, de pouvoir administratif. Son rôle étant un
rôle de magistère moral, le pouvoir règlementaire appartient au gouvernement et, au
sein du gouvernement, c’est le Premier ministre qui l’exerce. C’est le cas en Grande
Bretagne, en Allemagne, en Israël.

Enfin, dans un régime politique comme celui de la France qui est un régime mixte, le
pouvoir règlementaire est partagé entre le Président de la République, chef de l’Etat et le
gouvernement dirigé par un Premier ministre, chef du gouvernement. Ainsi coexiste
dans l’ordonnancement juridique des règlements pris par le chef de l’Etat et des
règlements édictés par le Premier ministre.

Au final, il y a lieu de savoir que la présentation faite de l’Administration en Côte


d’Ivoire avait été fortement modifiée ou bouleversée par suite de la naissance de la
rébellion le 19 septembre 2002. Les différents accords conclus, les différentes résolutions
prises par le Conseil de sécurité des Nations unies avaient fini, soit par associer
étroitement le Premier ministre à l’exercice du pouvoir règlementaire, soit par lui
concéder une partie du pouvoir règlementaire. Par suite de l’élection présidentielle,
élection de sortie de crise ouvrant la voie à la normalisation de la situation, le Président
de la République a recouvré la plénitude de ses pouvoirs constitutionnels….

B- L’ADMINISTRATION LOCALE DECONCENTREE

La déconcentration est, on le sait, la technique administrative dans laquelle les


autorités locales désignées par le pouvoir central représentent l’Etat dans leur
circonscription administrative, veulent et agissent au nom de l’Etat. Leurs actes sont
imputables à l’Etat. C’est aujourd’hui le cas le cas des gouverneurs de District, des
préfets de régions, des préfets de départements ou des sous-préfets. Il faut savoir que le
représentant local du pouvoir central a la délégation de pouvoir de la part du pouvoir
central. Par ailleurs, certains d’entre eux, à l’exemple des préfets, peuvent prendre des
arrêtés notamment en matière de police administrative et ces arrêtés ne sont applicables
que dans le ressort territorial du département.

II- LES COLLECTIVITES DECENTRALISEES

La situation présente plusieurs visages et selon les Etats. Il y a, en effet, des Etats ou
la décentralisation est plus poussée qu’ailleurs. C’est le cas de l’Italie. C’est aussi le cas
de la France depuis les lois de 1982 dite lois de décentralisation prises pour donner un
nouvel élan à la décentralisation. En Côte d’Ivoire, la situation qui était à un stade
embryonnaire connait depuis quelques années une évolution remarquable. C’est ce qu’il
faudra découvrir à travers des considérations générales ; après quoi, il conviendra de
consacrer quelque attention à l’étude de la commune qui apparait comme l’expression
même de la volonté de décentraliser, et ce, depuis longtemps déjà.

A- CONSIDERATION GENERALES

Il y a lieu de partir de la signification de la décentralisation. En effet, les auteurs


s’accordent pour reconnaitre que la décentralisation est la reconnaissance de

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particularisme appelant transfert ou reconnaissance de compétence à des personnes


morales créées par l’Etat pour la gestion autonome, mais contrôlée d’affaires qui sont la
raison d’être du démembrement de l’Etat. Dans le cadre de la décentralisation
territoriale, l’Etat crée des collectivités dites décentralisées et leur confie le soin de gérer
leurs propres affaires appelées affaires locales.

La Constitution ivoirienne du 03 novembre 1960 avait prévu l’existence de


collectivités décentralisées mais elle avait confié à la loi le soin de les créer et de
déterminer les règles d’organisation et de fonctionnement s’y rapportant.

Ainsi en 1961, des départements furent créés et ces départements avaient une double
nature. Aux termes de la loi, en effet, le département est à la fois une circonscription
administrative d’Etat et une collectivité territoriale décentralisée. Mais, les conseils
généraux n’avaient pas été renouvelés pendant la période allant de…… à 2001 ; c’est dire
que jusqu’en 2001 le département n’avait véritablement fonctionné que comme une
circonscription administrative d’Etat ; ce qui signifie que son statut de collectivité
décentralisée était en sommeil. Seules les communes ont pu fonctionner comme
collectivité décentralisée, et cela, sur la base d’une distinction fondée sur les lois
coloniales du 5 avril 1884 et du 18 novembre 1955 déterminant deux catégories de
communes ; d’une part, les communes de plein exercice et, d’autre part, les communes de
moyen exercice.

En 1978, plus précisément avec la loi n°78-07 du 9 janvier 1978 portant institution de
commune de plein exercice, la qualité de commune de plein exercice est reconnue à
toutes les communes. De plus, de nouvelles communes voient le jour, mais c’est surtout
avec la loi n°80-1180 du 17 octobre 1980 abolissant les lois coloniales que l’institution
communale va retrouver sa véritable nature de collectivité décentralisée. Avec l’arrivée
au pouvoir du Président Henri Konan Bédié, une impulsion nouvelle va être donnée à la
décentralisation. En effet, par la loi furent créées, en plus des collectivités existantes, des
communautés rurales qui n’ont pu être installées du fait du coup d’Etat du 24 décembre
1999, mieux par l’effet d’une révision constitutionnelle en date du 02 juillet 1998.

La Constitution elle-même crée, en son titre X, une nouvelle collectivité territoriale


décentralisée : c’est la région. Et la Constitution n’ayant pas par elle-même organisé la
nouvelle collectivité décentralisée, elle en a confié le soin au législateur. Celui-ci devait
intervenir au moyen d’une loi organique qui n’a pu être prise du fait des évènements du
24 décembre 1999.

Le coup d’Etat intervenu, la Constitution du 03 novembre 1960 fut suspendue et un


acte dit constitutionnel fut édicté par les militaires pour régir le pouvoir politique. Cet
acte qui tenait lieu de Constitution ne contenait aucune disposition relativement aux
collectivités décentralisées.

Avec la Constitution du 1er août 2000 marquant l’avènement de la deuxième


République, l’idée de décentralisation est reprise et reconduite, la Constitution consacre
elle-même deux types de collectivité décentralisée en son article 120 : ce sont la région et
la commune. En son article 122, la Constitution dispose que les autres collectivités
territoriales sont créées et supprimées par la loi. Ainsi, la loi n°2001-476 du 09 août 2001

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dite loi d’orientation sur l’organisation générale de l’administration territoriale ajoute


d’autres collectivités territoriales aux régions et communes directement créées par la
Constitution. A cet égard, l’article 32 de ladite loi énonce en son alinéa 1er que
l’administration décentralisée est assurée dans le cadre de collectivités territoriales que
sont les régions, les départements, les districts, les villes, les communes. Depuis lors, l’on
assisterait à un regain de vitalité de l’idée de décentralisation à travers les différentes
élections qui se sont tenues et qui ont eu pour objet de doter la plupart des collectivités
décentralisées d’organes propres. Sur la base de ces textes, des organes ont été mis en
place au titre des communes, des départements et des districts à travers un scrutin qui
combine le scrutin majoritaire et le scrutin à la représentation proportionnelle.

Cette armature donnant à constater une prolifération des collectivités territoriales


décentralisées va connaitre un bouleversement substantiel avec la nouvelle
administration qui est celle du président Alassane Ouattara. En effet, par l’effet de
l’ordonnance n°2011- 262 du 28 septembre 2011 portant ordonnance d’orientation sur
l’organisation générale de l’administration territoriale de l’Etat, il n y a plus que la
région et la commune comme collectivités décentralisées (article 36). Ce faisant, l’auteur
de ladite ordonnance s’abandonne aux deux catégories de collectivités territoriales
directement créées par la Constitution elle-même. Il s’y arrête alors même que la
constitution après avoir créé la région et la commune donne au législateur le soin de
créer les autres collectivités décentralisées. C’est dire que depuis l’avènement de cette
ordonnance, il n’y a plus en Côte d’Ivoire que la région et la commune comme
collectivités territoriales décentralisées.

L’évolution historique ainsi rappelée donne de constater que de toutes ces


collectivités décentralisées, la commune est la collectivité territoriale la plus ancienne et
la plus expérimentée, car c’est elle qui depuis 1980 vit et fonctionne selon les règles de la
décentralisation. Cette constatation commande, à défaut de pouvoir étudier toutes les
collectivités territoriales décentralisées au cas par cas, que quelques développements
soient spécialement consacrés à la commune.

B-LA COMMUNE

La commune, comme on le sait, existe et vit en Côte d’Ivoire comme collectivité


décentralisée depuis de longues années. La création de la commune est le fait de la
Constitution ; mais les règles de compétences ainsi que celles déterminant les ressources
de la commune procèdent de la loi. La commune en tant que collectivité décentralisée est
dotée d’organes propres qui déterminent et mettent en œuvre sa politique. Cela signifie
que ces organes gèrent les affaires de la commune dans le cadre de compétences
conférées par l’Etat à la commune à travers de nombreux textes. Il y a lieu de noter, à cet
égard, que de nombreux textes ont été pris dans le cadre du transfert de compétences de
l’Etat aux collectivités locales décentralisées. Il convient de savoir que les organes de la
commune ne sont pas nommés par le pouvoir central, ils sont plutôt élus par les
habitants de la commune. Notons également que la commune est dotée d’un organe
délibérant et d’un organe exécutif.

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L’organe délibérant, c’est le conseil municipal élu au scrutin de liste sur la base
d’éléments relevant du scrutin majoritaire et d’éléments se rattachant à la
représentation proportionnelle. C’est dire que le mode de scrutin en vigueur est un
scrutin de liste présentant un caractère de mixité.

L’élection des conseillers municipaux a lieu à un tour sans vote préférentiel ni


panachage. La formule retenue par le législateur consiste dans ce qui suit : la liste ayant
obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés remporte d’emblée la moitié des
sièges à pourvoir, l’autre moitié est repartie entre les différentes listes en compétition y
compris la liste majoritaire, en vertu de la représentation proportionnelle, selon la
méthode des plus grands restes.

III - LE CAS IVOIRIEN

Depuis quelques années, des institutions nouvelles ont fait leur apparition dans la
vie administrative en Côte d’Ivoire. Certaines d’entre elles apparaissent comme des AAI,
qualifiées par les textes qui les créent et les organisent. C’est le cas de la Commission
électorale indépendante. C’est aussi le cas du Conseil national de la presse, de la
Commission nationale des droits de l’homme ou du Conseil national de la communication
audiovisuelle en attendant de vérifier le point de savoir si la création de la haute
autorité de l’audiovisuel emporte disparition de la CNCA. Ces AAI interviennent dans
des secteurs divers et variés que sont : l’organisation des élections, la régulation de la
presse ou de la communication audiovisuelle, la promotion et la défense des droits de
l’homme, la conciliation en matière de litige. Ce dernier point concerne le MR dont il faut
dire un mot.

Le MR est créé par la Constitution du 1er août 2000 en remplacement de l’organe


présidentiel de médiation crée et organisé par décret en 1995. La Côte d’Ivoire s’est alors
dotée d’un MR à la suite d’autre Etats africains tels le Sénégal, le Mali.

La Constitution du 1er août 2000 qui crée le MR, le qualifie expressément d’AAI. Il
est nommé par le Président de la République pour un mandat de 6 ans non renouvelable,
après avis du Président de l’Assemblée nationale. Aux termes de la constitution, le
Médiateur de la République bénéficie d’un régime de protection qui est semblable à celui
dont jouissent les parlementaires et les membres de la Commission électorale
indépendante. La Constitution a prévu l’édiction d’une loi organique dont l’objet est de
déterminer ses règles d’organisation et de fonctionnement. Ainsi, fut édictée la loi
n°2007-540 du 1er août 2007 relative au MR.

A propos de la compétence du médiateur, l’article 7 de la loi organique énonce que le


MR a pour rôle de régler par la médiation, sans empiéter sur les compétences des autres
institutions, les différends opposant l’Administration publique aux administrés, les
collectivités ou tout organe investi du pouvoir, les différends impliquant les
communautés urbaines villageoises ou toute autre entité. Le MR a également
compétence pour connaitre des litiges opposant des personnes privées, physiques ou
morales, à des communautés urbaines ou rurales. Mais, prévoit l’article 15 de la loi

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organique, le MR ne peut connaitre d’une affaire pendant devant la justice, ni remettre


en cause une décision de justice.

Il y a lieu d’ajouter qu’en vertu de l’article 15 alinéa 2 de la loi organique que lorsque
les parties à une affaire en justice se désistent de leurs actions en justice, elles peuvent
saisir le médiateur. Par ailleurs, le médiateur peut se saisir d’office de toute question
relevant de sa compétence et cela en vertu de l’article 16 de la loi organique.

Enfin, s’agissant des pouvoirs du médiateur, la loi organique énonce en son article 18
que le médiateur règle les affaires dont il connait à travers des procès-verbaux qui sont
soumis aux parties et lorsque ces PV sont signés par les parties, la conséquence qui s’y
attache est que les parties sont censées renoncer à toute action judiciaire à propos de la
même affaire. Se faisant, le médiateur statue sur les affaires qui lui sont soumises «
selon l’équité, le bon sens, les coutumes, les usages et les bonnes mœurs, sans préjudice
des lois et règlements en vigueur ».

En ce qui concerne les affaires dont il est saisi relativement au mauvais


fonctionnement de l’Administration, le médiateur formule des recommandations qu’il
adresse à l’Administration en cause avec l’espoir qu’il en sera tenu compte et que
redressement adviendra.

En conclusion, il y a lieu de noter que la loi organique prévoit des obligations pour le
MR, notamment l’obligation d’établir et de présenter solennellement au PR avec
ampliation au Président de l’Assemblée nationale, un rapport d’activité annuel. Ce
rapport fait l’objet de publication au journal officiel. Il est ainsi clair que la publicité qui
est fait du rapport annuel d’activités du MR constitue un moyen de pression à l’encontre
des services publics ayant fonctionné de façon anormale.

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