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Introduction générale

Depuis son amorce dans les années 70, l’approche du développement « participé » à
travers l’utilisation des techniques et d’outils conviviaux à l’égard des populations, a été
largement sollicitée pour enclencher un processus d’auto-développement. Aujourd’hui, les
méthodes participatives reçoivent un écho favorable de la part des acteurs locaux et sont
appliquées à des champs et domaines (du rural à l’urbain, de la micro-finance à la nutrition…)
naguère appréhendés au travers des méthodes conventionnelles. Elles sont, de plus en plus,
préconisées, promues et même exigées par des organismes jadis réfractaires à leur endroit. Elles
suscitent, actuellement, un intérêt grandissant de la part des décideurs politiques et des experts,
qui y voient un levier déterminant pour le renforcement de la démocratie, la décentralisation et
la bonne gouvernance aux échelles locale et nationale. Ce document présente en grandes lignes
ces différents acquis.

La déconcentration consiste à donner des compétences pour prendre certaines décisions


à des agents qui exercent leur fonction dans une circonscription territoriale déterminée tout en
restant soumis à l’autorité hiérarchique du gouvernement central. Les échelons de
gouvernement de niveau inférieur (qui peuvent être de simples relais administratifs) sont alors
de fait subordonnés à l’autorité centrale. La déconcentration vise généralement à améliorer
l’efficacité opérationnelle de l’action de l’Etat central au sein d’une circonscription
administrative donnée (n’oublions pas ce mot d’un célèbre professeur de droit français selon
lequel « la déconcentration, c’est le même marteau qui vous frappe sur la tête mais le manche
est plus court » !).

Si l’optique de rapprocher la gestion aux populations locales par voie d’autorisation et


de libre gestion, il reste que cette gestion bénéficie d’un encadrement juridique qui non
seulement limite les débordements, exactions, déviances et abus des gestionnaires locaux, mais
également canalise leurs actions afin que ceux pourquoi ils ont été élu soit réalisé selon une
règlementation y afférente.

Le droit de la décentralisation n’est autre que l’ensemble des textes et règles


juridiques qui régissent le système décentralisé, son organisation, son fonctionnement, son
application et implémentation et sa limitation aux actes et domaines spécifiques.
Objectif : La libre administration de collectivités territoriales qui est un principe à valeur
constitutionnelle est la résultante du mouvement de décentralisation régissant l’organisation
administrative. Le respect de la légalité est par ailleurs à la base de toute action administrative.
Ces deux notions feront l’objet de notre étude.

Le préalable dans cette introduction générale est de procéder d’abord à la clarification


terminologique (I), avant de présenter l’historique de la décentralisation (II).

I- Clarifications terminologiques
1. Etat unitaire, Etat fédéral et Etat unitaire décentralisé

Etat unitaire : forme de l’Etat la plus répandue qui comporte, sur un territoire, une
population soumise à une organisation politique et juridique géré par un seul appareil d’Etat qui
assume la plénitude de la souveraineté. Il peut être centralisé (qui renvoie à la centralisation)
ou décentralisé (qui renvoie à la décentralisation administrative) ;

Etat fédéral : composé de plusieurs entités internes dépourvues de souveraineté


externe qui se côtoient par l’exercice du pouvoir dont les compétences peuvent s’étendre aux
domaines législatifs et judicaires. Chaque entité à une autonomie de gestion interne.

Etat unitaire décentralisé : c’est un Etat dont la forme politique et juridique répond
au respect d’une institution unique donc la souveraineté n’admet de division, d’éclatement ou
de fédéralisme. Cette forme consolide la thèse de l’unicité ou l’indivisibilité institutionnelle.

Centralisation : système de gestion qui ne reconnaît aucune vie juridique aux


collectivités territoriales. L’Etat, unique personne publique pour l’ensemble du territoire
national, assume seul la satisfaction de tous les besoins d’intérêt général avec son budget et par
ses agents. L’administration est rigoureusement hiérarchisée, les décisions se prennent au
sommet de la hiérarchie et se répercutent à la base par les agents de l’Etat.

La décentralisation : dans l’article 5 (1) de la loi N°024 du 24 décembre 2019


portant code général des collectivités territoriales décentralisées consiste en un transfert par
l’Etat aux collectivités territoriales de compétences particuliers et de moyens appropriés.

(2) elle constitue l’axe fondamental de promotion du développement, de la démocratie et de la


bonne gouvernance au niveau local.
2. Circonscription administrative et collectivité territoriale décentralisée
Circonscription administrative : c’est une unité administrative dont la forme peut
être déconcentrée ou décentralisée. Elle suppose la division du territoire en vue d’assurer la
satisfaction des besoins d’intérêt général partout où ils se manifestent. Elle repose sur la
nécessité de l’exercice de l’action administrative de l’Etat. Elle se retrouve aussi bien comme
dit ci-dessus dans un système centralisé, déconcentré que décentralisé.

3- Collectivités territoriales
L’article 4 : (1) de la loi N° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la
décentralisation repris dans l’article 8 de la loi portant code des CTD du 24 décembre 2019
définit les collectivités territoriales comme des personnes morales de droit public. Elles
jouissent de l’autonomie administrative et financière pour la gestion des intérêts régionaux et
locaux et règlent par délibération, les affaires de leurs compétences. A ce titre, les conseils des
collectivités territoriales ont pour mission de promouvoir le développement économique, social,
sanitaire, éducatif, culturel et sportif de ces collectivités.
Ce statut de personne morale trouve son fondement constitutionnel au titre X de la
constitution de 1996 sur des questions des Collectivités Territoriales Décentralisées.
L’art. 55 dans son alinéa - (1) Les énonce que les collectivités territoriales décentralisées
de la République sont les régions et les communes. Tout autre type de collectivité territoriale
décentralisée est créé par la loi. L’alinéa (2) conforte cette logique quand il dit que les
collectivités territoriales décentralisées sont des personnes morales de droit public. Elles
jouissent de l’autonomie administrative et financière pour la gestion des intérêts régionaux et
locaux. Elles s’administrent librement par des conseils élus et dans les conditions fixées par la
loi. Les Conseils des collectivités territoriales décentralisées ont pour mission de promouvoir
le développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif de ces collectivités.
4- La personnalité morale en droit administratif
Reconnaître la personnalité morale à une institution ou à un groupement revient à en
faire un sujet de droit titulaire d’un patrimoine, de droits et d’obligations. Toutefois, bien que
les personnes morales soient des sujets de droit, on ne peut les assimiler totalement aux
personnes physiques : il subsiste d’importantes différences. Tout d’abord, les personnes
morales obéissent à un principe de spécialité, c’est-à-dire que contrairement aux personnes
physiques, elles ne peuvent agir que dans le but pour lequel elles ont été créées. Ensuite, les
personnes morales bénéficient d’une certaine pérennité car leur durée n’est pas subordonnée
par la mort naturelle. Enfin, les personnes morales se sont pendant longtemps différencier des
personnes physiques par leur immunité pénale ; cependant le nouveau code pénal a mis fin à
cette situation et pose le principe d’une responsabilité pénale des personnes morales à
l’exception de l’Etat. Les collectivités territoriales de la République sont les régions et les
communes. Elles exercent leurs activités dans le respect de l’unité nationale, de l’intégrité du
territoire et de la primauté de l’Etat. Tout autre type de collectivité territoriale décentralisée est
créé par la loi.

5- Déconcentration et Décentralisation
La structure administrative camerounaise est dominée par la distinction entre
déconcentration et décentralisation.
a- La déconcentration
Pour illustrer la déconcentration Odilon Barrot affirmait au siècle dernier : " c’est
toujours le même marteau qui frappe, mais on en a raccourci le manche ". Dans les Etats
déconcentrés, l’administration étatique est organisée en plusieurs niveaux locaux qui sont
autant de relais du pouvoir central. L’administration est alors fortement hiérarchisée, car il
s’agit de transférer certaines attributions de la capitale vers des administrations déconcentrées
formées d’agents de l’Etat et obéissant à l’autorité centrale. Comme le résume M. JACQUE, "
la déconcentration consiste à insérer entre le centre et l’administré une cascade d’autorités
étroitement hiérarchisées auxquelles on confiera l’exercice de certaines attributions de l’Etat
sur les instructions et sous le contrôle des autorités centrales ". L’exemple le plus explicite de
la déconcentration est le préfet : nommé par le 1er ministre, le préfet est dans le cadre du
département le dépositaire de l’autorité gouvernementale. Il doit obéir aux ordres du
gouvernement sans pouvoir les modifier sous peine d’être révoqué car c’est un emploi à la
discrétion du gouvernement (autre ex. Recteur d’académie). La déconcentration est donc un
système dans lequel l’Etat unitaire gouverne et administre au moyen d’agents qui lui sont
entièrement subordonnés tout en étant disséminés dans les circonscriptions administratives du
territoire. En résumé, ce qui caractérise donc le plus la déconcentration, c’est l’existence d’un
pouvoir hiérarchique c’est-à-dire une relation d’autorité entre l’échelon central et les échelons
locaux.

b- La décentralisation
La décentralisation ne repose pas sur la même logique hiérarchique que la
déconcentration. Il y a décentralisation lorsque les décisions administratives ne sont plus prises
par le pouvoir central ou ses agents déconcentrés, mais par des autorités locales élues au
suffrage universel et dotées d’une autonomie à l’égard du gouvernement. La décentralisation
consiste donc à reconnaître à d’autres personnes publiques que l’Etat des pouvoirs
administratifs qu’elles exercent de manière autonome dans le cadre des lois. La décentralisation
peut être fonctionnelle ou territoriale : la décentralisation fonctionnelle est la plus rare : elle
consiste à reconnaître un pouvoir de décision à des services publics autonomes dotés de la
personnalité morale : Au Cameroun, il s’agit des établissements publics. Comme on l’a vu, ces
personnes publiques, bien qu’autonome, ont une sphère de compétence précise, c’est-à-dire une
spécialité bien identifiable. En pratique, la décentralisation revêt surtout un aspect territorial :
elle consiste alors à reconnaître un pouvoir de décision à des collectivités territoriales
bénéficiant d’une certaine marge de liberté en ce qui concerne certaines prérogatives qui leur
sont confiées par l’Etat. Pour être effective et se différencier de la déconcentration, la
décentralisation doit présenter plusieurs caractéristiques :
*Contrairement au phénomène de déconcentration qui est purement interne à l’Etat, la
décentralisation suppose la reconnaissance de la personnalité morale des collectivités
territoriale à qui l’Etat transfert des compétences.
*Cette personnalité juridique doit garantir l’autonomie des collectivités décentralisées
par rapport au pouvoir central : cette autonomie serait purement artificielle si les dirigeants de
la collectivité étaient nommés par le gouvernement et placés sous ses ordres. C’est pourquoi,
l’autonomie ne peut être acquise que par un moyen ; il faut que les dirigeants des collectivités
décentralisées ne soient pas nommés mais élus par les citoyens de la circonscription. Aussi les
collectivités locales sont-elles généralement gérées par une assemblée élue au suffrage
universel qui élit en son sein l’exécutif local.
*Enfin la décentralisation requiert existence d’un budget et surtout de ressources propres
ne relevant pas du bon vouloir de l’Etat. Le fait pour une collectivité territoriale de posséder
des ressources propres est en effet nécessaire si l’on veut parler d’autonomie.
Toutefois les collectivités décentralisées — même gouvernées et administrées par des élus —
ne peuvent agir de manière discrétionnaire. Elles sont non seulement tenues par les lois de
l’Etat, mais en outre n’ont que des pouvoirs limités par rapport à l’Etat. Cette limitation des
prérogatives des collectivités décentralisées est garantie par l’existence d’un contrôle de l’Etat.
Ce contrôle que l’on qualifie très souvent de tutelle est vital pour garantir la forme unitaire de
l’Etat. La tutelle ne doit pas être confondue avec un quelconque pouvoir hiérarchique : il ne
s’agit pas pour l’Etat d’user d’un quelconque pouvoir hiérarchique mais de s’assurer que les
lois sont respectées par les collectivités décentralisées et que celles-ci ne vont pas au des
pouvoirs que l’Etat leur a transférés.
L’article 2 de l’alinéa (1) de la loi 2004/017 comme l’article 8 du nouveau code énonce que la
décentralisation consiste en un transfert par l’Etat, aux collectivités territoriales décentralisées,
ci-après désignées "les collectivités territoriales", de compétences particulières et de moyens
appropriés. Elle constitue l’axe fondamental de promotion du développement, de la démocratie
et de la bonne gouvernance au niveau local.

c-Décentralisation administrative et décentralisation par service

La décentralisation administrative vise à pourvoir aux besoins particuliers d’une


collectivité et implique la gestion des affaires locales. Elle implique l’existence d’une CTD et
a donc une assise territoriale ;

La décentralisation par service quant à elle répond aux exigences techniques. C’est
un procédé juridique de gestion d’un service public par le moyen d’un Etablissement Public.

Droit de la décentralisation

Selon le Lexique des termes juridiques (Dalloz, 13ème Ed. 2001), le droit renvoie à
l’ensemble des règles régissant la vie en société et sanctionnées par la puissance publique.

Le droit de la décentralisation est donc l’ensemble des règles qui président à


l’organisation et à la gestion des affaires publiques à la base par les populations concernées.
Une vue synoptique de ces termes et expressions permet de décliner les enjeux et défis de la
décentralisation.

Collectivités territoriales décentralisées


Les Collectivités Territoriales sont des Institutions Politico-Administratives territoriales
décentralisées dans l’État Unitaire Décentralisé du Cameroun. Ce sont des divisions territoriales
décentralisées autonomes, d’essence participative concourant à l’exécution des politiques
d’aménagement du territoire et à la gestion des Affaires Publiques. Elles constituent le cadre de
mobilisation et de participation de leur population en vue de promouvoir le progrès social,
économique et culturel.
Les Collectivités Territoriales détiennent des compétences qui leur sont attribuées par
la Constitution et par la loi et dont l’exercice peut être contesté en justice, notamment en matière
de responsabilité civile.
Les Collectivités Territoriales sont caractérisées par les éléments suivants :
- Une dénomination, une population, et une superficie bien délimitée du territoire
national;
- Un Conseil et une Assemblée élus ;
- Des ressources propres ;
- Des vocations et compétences spécifiques octroyées par la Constitution et par la loi ;
- La personnalité morale, l’autonomie administrative et financière, la libre administration.

Des lois récentes sont venues redonner à la décentralisation tout son sens. Ce sont
essentiellement la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 portant révision constitutionnelle de
celle du 02 juin 1972, et les lois du 22 juillet 2004 relative à l’orientation et les règles applicables
aux communes et régions, le nouveau code des CTD consolidant une place importante aux
libertés et responsabilités locales, qui augmentent sensiblement les compétences transférées aux
collectivités.

L’article 1er a loi du 18 janvier 1996 inscrit dans la constitution le principe même de
la décentralisation puisqu’il y est précisé à l’alinéa (2) que La République du Cameroun est un
État unitaire décentralisé. Pour réaffirmer que la république qui demeure indivisible est
décentralisée. Cette affirmation doit être complétée par un principe nouvellement introduit qui
est le principe de subsidiarité, puisqu’elle précise que « les collectivités territoriales ont
vocation à prendre les décisions pour l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être
mises en œuvre à leur échelon… ». Cela signifie qu’une compétence est mieux assurée par
l’échelon local que celui national, il faudra opter pour le local si la loi le permet. La loi indique
également que les collectivités disposent « d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs
compétences » mais cette précision vient relever que ce pouvoir réglementaire ne peut
évidemment s’exercer qu’en application de loi qui en fixe les limites et les champs
d’application.

Les lois de 2004 sur la décentralisation énoncent 2 principes importants visés dans le
nouveau texte concernant l’autonomie financière des collectivités locales. Il indique tout
d’abord que tout transfert de compétence entre l’Etat et les collectivités territoriales doit
s’accompagner de l’attribution de ressources équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur
exercice en rajoutant par ailleurs que toute création ou extension de compétences provoquant
une augmentation des dépenses devait être suivie de ressources déterminées par la loi. En
somme, la loi précise que les transferts nouveaux de compétences ne doivent pas entraîner de
difficultés financières supplémentaires pour les collectivités.
Les collectivités doivent bénéficier d’une part déterminante de recettes fiscales et des
ressources propres dans l’ensemble de leurs ressources. Les collectivités devront assurer dans
la mesure du possible l’autofinancement de leurs charges, les dotations de l’Etat ne pouvant
être la ressource majeure.

Qu’est-ce qu’une compétence ?

La doctrine utilise régulièrement la notion de compétence sans pour autant en avoir


défini avec précision le terme. Nous constatons que, sauf erreur, aucune étude n’a apporté une
définition complète du terme de « compétence ». La compétence pourrait être définie d’une
manière générale comme « toute aptitude légale, matérielle, territoriale, temporelle et
personnelle dont dispose une autorité pour agir ». De nombreux auteurs ont défini de manière
minime ce terme. Par exemple, L.DUGUIT a défini la compétence comme « le pouvoir de faire
légalement certains actes ». G. SCELLE proposait une définition sensiblement équivalente de
la notion. Il la définissait comme « un pouvoir objectif déterminé par un système juridique
supérieur au sujet de droit ». De même, cette notion a souvent fait l’objet d’une définition
négative, c’est-à-dire en précisant ce qu’elle ne pas. Ainsi, nous savons qu’une compétence
n’est ni une charge ni une responsabilité et bien moins encore un pouvoir ou une attribution.

Qu’est-ce qu’une compétence régalienne ?

Le professeur PONTIER s’est attaché à définir la notion de compétences régaliennes. Il


a notamment écrit : « Et, dans les relations de l’Etat avec ses composantes, avec les collectivités
territoriales, on en déduit généralement une conséquence : dans la réforme de la répartition
des compétences, c’est-à-dire dans les transferts de compétences à opérer de l’Etat vers les
collectivités locales il y a, ou il y aurait, un verrou à ne pas pousser, une porte à ne pas ouvrir,
un seuil à ne pas franchir, celui consistant à transférer à des collectivités territoriales des
compétences considérées comme régaliennes »

Le terme de « régalien » est ancien, et il définit l’expression d’une certaine conception


de l’Etat. Ainsi, nous entendons parler de « compétences régaliennes », ce qui signifie qu’il
existe des compétences que l’Etat ne doit en aucun cas transférer à des collectivités publiques.

Dans ce sens où celles-ci n’auraient pas les épaules suffisamment larges pour en assurer une
exécution convenable. Néanmoins, il faut bien comprendre qu’un certain partage des
compétences est nécessaire et indispensable au sein de tout Etat, celui-ci ne pouvant pas
absorber l’intégralité de la vie d’une nation. Le législateur s’est souvent peu préoccupé de
délimiter précisément les domaines de compétences régaliennes des autres compétences,
agissant au coup par coup, lorsque au XIXe siècle, il a commencé à transférer des compétences
aux collectivités locales. En particulier, il n’avait aucune vue d’ensemble.

La décentralisation se met progressivement en place au Cameroun. Elle devient de plus


en plus une réalité dans le pays. En tant que construction politique, administrative, économique
et sociale, elle se présente comme un facteur de consolidation de la démocratie, de refondation
de l’Etat et l’impulsion du développement local. A terme, elle doit remodeler les relations entre
l’Etat et les citoyens, faire avancer le processus démocratique et promouvoir la participation
des populations à la gestion des affaires publiques. Nous partageons les convictions de l’auteur
qui distingue le « souverain » du « régalien » et qui en simplifiant déclare qu’ « en parlant de
l’Etat on peut dire que la souveraineté définit ce qu’il est, le régalien ce qu’il fait ».

Il faut donc maintenant essayer de définir ce que recouvre la notion de compétence


régalienne. Il serait possible d’opposer les compétences régaliennes aux compétences locales
qui définiraient les domaines d’intervention propre aux collectivités locales. Cette distinction
est pourtant trop facile, car en réalité, les compétences régaliennes « ne sont et ne peuvent être
que celles que se reconnaît un Etat à un moment donné par l’intermédiaire de ses dirigeants ».
La définition d’une compétence régalienne se trouve faussée par une série de deux variables.
Nous avons vu que la définition du professeur PONTIER met en évidence un facteur évolutif
dans la notion de compétence régalienne. Une compétence qui a été reconnue comme régalienne
à un moment donnée, est susceptible de variation, c’est-à-dire qu’elle peut, en fonction de
critères politiques, économiques ou sociaux devenir « transférable » aux collectivités locales.

: « Le transfert d’une compétence entraîne de plein droit la mise à la disposition de la


collectivité bénéficiaire des biens meubles et immeubles utilisés, à la date de ce transfert, pour
l’exercice de cette compétence. »

II- Historique

Les conditions particulièrement difficiles de l’accession du Cameroun à la souveraineté


internationale, marquées par une guerre civile sanglante, la nécessité de la construction
nationale pour un pays présentant une diversité ethnique et culturelle proverbiale, avec deux
langues officielles, ayant subi les dominations allemande, anglaise et française, les affres du
sous-développement, le poids de l’histoire, les déterminismes géographiques, ont dans la
construction d’une identité déterminé la formation d’un Etat fort, ultra centralisé et peu
soucieux de la promotion des libertés.

Malgré cette persistance à voir et à aborder la gestion de la chose publique du point de


vue de l’interventionnisme absolu de l’Etat, les multiples revendications et contestations
permettaient d’implanter progressivement les germes de la décentralisation sans que cela ne
soit ainsi désigné surtout au regard de l’échec et des limites de la gestion centralisée des affaires
publiques qui s’est avérée inefficace, inadaptée et impuissante à impulser les fonctions de
développement socio-économique, à assurer la participation des populations et à promouvoir
l’unité nationale. Ce modèle a d’ailleurs débouché sur une crise post- coloniale traduite par la
passivité, l’indifférence, le désintérêt voire l’hostilité des populations envers un système
défaillant. Le constat de cette défaillance généralisée du système centralisé de gestion des
affaires publiques, aussi bien dans les pays africains en développement que dans les grandes
métropoles (la France en l’occurrence) a insufflé l’émergence d’un mouvement favorable à la
décentralisation. De nombreux Etats, dont le Cameroun, éprouvent dès lors le besoin de
renforcer l’adhésion des populations via la prise en compte de son opinion dans la gestion de la
cité, la promotion des libertés et le développement local.

C’est ainsi qu’après une longue et éprouvante période de débat sur la décentralisation,
la volonté politique camerounaise, de consacrer un système de gestion des affaires publiques
plus efficace, se concrétise au soir du 18 Avril 1996 à travers la promulgation de la loi portant
révision constitutionnelle, qui fait du Cameroun un « Etat Unitaire Décentralisé » matérialisé
par les CTD (régionalisation et municipalisation).

Mais il convient de relever que la municipalisation au Cameroun date de l’époque


coloniale. Depuis lors, des actions sont progressivement entreprises en faveur de l’effectivité et
de l’opérationnalité de la décentralisation. L’avènement de la décentralisation est donc
perceptible au Cameroun depuis l’époque coloniale suivant les étapes ci-après :

*Dès 1922 dans le Cameroun Britannique d’abord, l’autorité coloniale crée « les Native
Court ». Les Native Authorities avaient le droit de légiférer et d’établir des impôts sous le
contrôle des Districts Officiers. C’était la politique de l’indirect rule.
*Le mouvement est déclenché dix-neuf (19) ans plus tard dans le Cameroun français avec
l’introduction des Communes Mixtes dans lesquelles le Maire est nommé et le Conseil
Municipal élu.

*En 1955 une nouvelle étape est franchie avec la distinction juridique de deux types de
communes : d’une part, les communes de plein exercice (CPE) où le Conseil Municipal est élu
et élit à son tour en son sein le Maire et ses Adjoints ; et d’autre part, les communes de moyen
exercice (CME) dont le Maire et les Adjoints sont nommés. Cette organisation prévaudra
jusqu’en 1974, soit 14 ans après l’indépendance.

*En 1974, la commune est définie comme une collectivité publique décentralisée et une
personne morale de droit public dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.
Et si le principe de l’élection du Conseil Municipal reste un acquis, le système institué fait
coexister deux (02) modes de désignation de l’exécutif : dans les communes rurales les
Administrateurs Municipaux sont nommés ; dans les communes urbaines, les Maires sont élus
par les Conseils Municipaux, sauf dans certaines grandes villes où des Délégués du
Gouvernement sont nommés. Une loi de 1987 transforme ces grandes agglomérations en
communautés urbaines, ayant en leur sein des communes urbaines d’arrondissement dirigées
par des Maires élus. Il faut dire que jusque-là, la décentralisation en tant que mode de gestion
n’est pas encore admise. Ces stratégies mises en place visent à garantir l’autorité du pouvoir en
place. Mais dès 1996, les choses vont devenir un peu plus concrètes pour répondre réellement
aux besoins des populations.

*La révision constitutionnelle du 18 janvier 1996 consacre le caractère décentralisé de


l’Etat, définit le régime juridique et énonce les principes généraux de la décentralisation au
Cameroun. Elle institue notamment une deuxième catégorie de collectivité territoriale
décentralisée, la Région.

*2002 : Changement de la dénomination du MINAT en MINATD qui assure la tutelle


des CTD avec création d’un poste de Ministre délégué chargé de la décentralisation ;
*2003 : Annonce par le PR de l’ouverture des grands chantiers de la décentralisation ;
*2004 : Promulgation des textes sur l’orientation et les modalités d’application de la
décentralisation au Cameroun ;
*2010 : Transfert effectif des compétences aux CTD
Depuis lors, on peut dire que la décentralisation fait partie du patrimoine politique
national camerounais car elle s’appuie sur un large consensus matérialisée par une législation
assez fournie dont une meilleure appréhension nécessite une clarification terminologique.

La décentralisation est un mode de gouvernance, pour utiliser un mot dans l’air du


temps, connu. Pour reprendre la formule de Georges VEDEL sur la décentralisation, « Si l’on
gouverne bien que de loin, l’on administre bien que de près ». Les études sur ce sujet sont
nombreuses.
Comme l’exprimait S.E. Boutros Boutros Ghali, « La décentralisation et le
renforcement des structures communautaires permettent aux facteurs locaux, qui ont une
incidence sur le développement, de mieux être pris en compte », séparément, les éléments
constitutifs sont réunis pour un système décentralisé. Par exemple la décentralisation
territoriale exige que deux conditions soient remplies que les autorités locales représentent
effectivement la population elles disposent une marge de choix réelle. Une analyse doit
permettre de déterminer si ces deux conditions existent réellement dans un système
administratif donné.
I- LA DECENTRALISATION ET QUELQUES NOTIONS VOISINES
La Décentralisation
La notion de décentralisation prend un sens précis, on le lui donne en fonction
des recherches effectuées et qui en occurrence est très voisin de la notion de
démocratisation.
La décentralisation épouse certaines formes d’expressions :
La délégation (qualifiée aussi parfois de relation d’agence) désigne le transfert de
pouvoir et de responsabilité de l’Etat central à des entités souvent semi-autonomes dans un
domaine de responsabilité bien défini (dans le cadre de la décentralisation « fonctionnelle »,
rappelons que ces entités disposent de la personnalité juridique ou morale). Ces entités qui ont
la personnalité morale et un budget autonome sont généralement tenues de rendre des comptes
à l’Etat central. Les collectivités locales sont généralement amenées à présenter des rapports de
leurs activités au pouvoir central.
La dévolution est la forme la plus poussée de la décentralisation dans le sens où elle
opère un transfert de compétences et de responsabilités à des personnes morales de droit public
élues par des administrés (c’est dans ce seul sens que l’on entend en France la décentralisation
« territoriale »). Des responsabilités et des ressources sont transférées aux pouvoirs locaux
(souvent des collectivités territoriales) qui jouissent d’une autonomie considérable de décision
sur la manière d’utiliser ces ressources dans leur domaine de compétence et dans une juridiction
administrative légalement reconnue. La dévolution va de pair avec la décentralisation politique
quand les pouvoirs locaux ont à répondre de leurs choix devant des assemblées élues ce qui a
pour effet de favoriser une démocratie de proximité.
La dévolution se confond habituellement avec la décentralisation budgétaire quand elle
s’accompagne d’une répartition claire des relations financières et des compétences entre
échelons de gouvernements qui ont le pouvoir de mobiliser leurs ressources financières
(autonomie financière) tout en bénéficiant d’une autonomie budgétaire (sur les dépenses)
substantielle. Soulignons que, dans la pratique, on utilise souvent le terme décentralisation pour
signifier la seule dévolution, ce qui peut devenir source de confusion. Il faut aussi noter que,
dans la plupart des pays (même des fédérations), ces trois modalités apparaissent de manière
simultanée et complémentaire : si, en Suisse, les cantons ont gardé une bonne marge de
manœuvre dans le domaine de l’éducation (ce qui équivaudrait à une dévolution dans le type
descendant de décentralisation), leurs politiques environnementales sont fortement déterminées
par des normes fédérales (ce qui équivaudrait à la délégation, les communes exécutant la tâche
pour respecter les normes fédérales, sans plus).
A l’image du régime démocratique avec l’Etat unitaire décentralisé, il est important de
présenter quelques régimes pouvant faciliter la compréhension de ce régime politique.

II- QUELQUES REGIMES POLITIQUES


Au cours de l’histoire, on peut distinguer plusieurs régimes politiques :
Le monarchisme : forme de gouvernement dans laquelle l’État est dirigé par une seule
personne qui représente ou exerce l’ensemble des pouvoirs. Le mode de désignation du
monarque n’est pas nécessairement héréditaire : il peut aussi être élu, comme c’était le cas pour
les empereurs du Saint Empire Romain Germanique ou les doges de la République de Venise.
Dans la monarchie de droit divin, le monarque est le représentant de dieu sur terre. Dieu lui a
donné le pouvoir. Dans la monarchie absolue, le roi détient tous les pouvoirs sans réels contre-
pouvoirs. Dans la monarchie constitutionnelle, les pouvoirs du roi sont encadrés par la
constitution. Le souverain va peu à peu perdre ses pouvoirs pour se transformer en une simple
autorité morale dans les monarchies parlementaires (Espagne, Royaume-Uni, Norvège,
Suède…).
L’oligarchie : forme de gouvernement dans laquelle l’État est dirigé par un petit nombre
de personnes uni par des liens familiaux, des liens claniques ou des intérêts communs (exemple
: caste militaire, oligarchie terrienne…). Ces personnes forment une classe dominante.
L’oligarchie peut être constituée des meilleurs (« aristocratie » au sens étymologique), des
plus riches (« ploutocratie »), des scientifiques et techniciens (« technocratie »), des Anciens
(« gérontocratie »), de ceux qui bénéficient de la force ou de tout autre pouvoir de fait.
La démocratie est le régime politique par lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par
le peuple souverain. Selon Périclès repris par Abraham Lincoln, « le gouvernement du peuple,
par le peuple, pour le peuple ».
La réalisation de la Décentralisation, technique d’administration de l’Etat reste subordonnée
au plan juridique, au respect de trois (03) conditions essentielles :
- l’existence d’une sphère de compétences spécifiques au bénéfice des collectivités locales ;
- la prise en charge des affaires locales par des autorités locales indépendantes du pouvoir
central tant pour leur nomination et leur évaluation que pour leur révocation ;
- une autonomie suffisante de ces autorités locales dans la gestion de leurs affaires propres.
En définitive, la Décentralisation suppose l’existence et la responsabilisation des
démembrements de l’Etat, consacre la gestion des affaires locales par des responsables et élus
locaux et reconnaît la pertinence et l’efficacité de la gestion de proximité.
III- LES REFORMES APRES L’INDEPENDANCE
La réforme de 1974, elle est la conséquence directe de la réforme constitutionnelle
ayant abouti à l’unification du Cameroun. Il s’agissait de procéder à l’uniformisation de
législation des anciens Cameroun Oriental et Occidental.
C’est à ce moment que la commune est définie comme une collectivité publique
décentralisée et une personne morale de droit public dotée de la personnalité juridique et de
l’autonomie financière. Et si le principe de l’élection du Conseil Municipal reste un acquis, le
système institué fait coexister deux (02) modes de désignation de l’exécutif :
• dans les communes rurales les Administrateurs Municipaux sont nommés ;
• dans les communes urbaines, les Maires sont élus par les Conseils Municipaux, sauf dans
certaines grandes villes où des Délégués du Gouvernement sont nommés.
Une loi de 1987 transforme ces grandes agglomérations en communautés urbaines, ayant en
leur sein des communes urbaines d’arrondissement dirigées par des Maires élus.
La révision constitutionnelle du 18 janvier 1996
La constitution de 1996 consacre le caractère décentralisé de l’Etat, définit le régime
juridique et énonce les principes généraux de la décentralisation au Cameroun. Elle institue
notamment une deuxième catégorie de collectivité territoriale décentralisée, la Région.
En application de ces dispositions constitutionnelles, trois importantes lois ont été
votées en 2004, parmi lesquelles la loi d’orientation de la décentralisation, dont l’étude permet
d’avoir une bonne connaissance des objectifs, des enjeux, des stratégies, des outils et des acteurs
de la décentralisation dans notre pays.
IV- LA DECENTRALISATION AU CAMEROUN
1- Objectifs et enjeux
Le Cameroun compte environ vingt millions d’habitants (en 2004) et près de vingt-sept
millions en (2019), deux langues officielles, plus de deux cent langues locales, quatre grands
groupes religieux, le tout sur un territoire de 475000 km2. Il s’agit donc d’une mosaïque
tellement complexe que les politiques de développement ne peuvent pas être efficaces si elles
sont appliquées de manière uniforme à toutes les composantes sociologiques.
Le mode de décentralisation mis en œuvre devrait donc permettre à chaque groupe de
faire des choix de stratégie de lutte contre la pauvreté, dans une approche participative, en
tenant compte de ses propres spécificités, de son environnement, de son potentiel, de sa
culture et de ses contraintes. Mais en même temps l’Etat central doit prendre toutes les mesures
appropriées pour le respect de l’unité nationale et la sauvegarde de l’intégrité du territoire, de
même qu’il lui revient de veiller au développement harmonieux de toutes les CTD sur la base
de la solidarité nationale, compte tenu des déséquilibres naturels d’une collectivité à une autre.
En raison de cette double préoccupation, le rôle et les moyens d’action de chaque acteur
doivent être strictement encadrés par la loi et les règlements.
2- Les acteurs de la décentralisation
Le schéma simple présente les acteurs de la chaine de la décentralisation ainsi qu’il suit
( les populations locales, les élus locaux, les relais de l’administrations et des institutions, les
responsables administratifs).
Les organes délibérants des CTD ainsi que leurs exécutifs sont chargés de promouvoir
le développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif de ces collectivités
selon une clé de répartition des rôles fixée par la loi.
Le pouvoir central est chargé de la conception de la politique de décentralisation ainsi
que sa régulation pour en garantir un fonctionnement optimum. A cet effet, le MINDDEVEL
assure la maîtrise d’œuvre de la politique de la décentralisation. Il est notamment responsable
de l’élaboration et du suivi de la mise en œuvre de la réglementation relative à l’organisation
et au fonctionnement des Collectivités Territoriales Décentralisées ; de l’exercice de la tutelle
de l’Etat sur les CTD sous l’autorité du Président de la République ; du renforcement de
l’autonomie financière des Communes.
Il assure la tutelle du Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale
(FEICOM) et du Centre de Formation pour l’Administration Municipale (CEFAM), réformé et
devenu ENAL (Ecole National de l’Administration Locale) (National School of local
Administration).
Les autres structures de formation comme l’Ecole de Développement et de Management
des Collectivités Locales (EDMCL-INJS).
Le Conseil National de la Décentralisation, présidé par le Premier Ministre, est chargé
du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre de la décentralisation.
Le Comité Interministériel des Services Locaux est un organe de concertation
interministérielle qui a pour mission d’assurer la préparation et le suivi des transferts de
compétences et des ressources aux CTD.

3- Récapitulatif : décentralisation
• Décentralisation territoriale
Collectivité territoriale
• Région
• Commune
• Décentralisation fonctionnelle
Etablissement public
4- Les difficultés et les stratégies
La mise en œuvre de la décentralisation fait face à plusieurs difficultés au nombre desquelles
on peut citer :
- l’insuffisance des moyens financiers propres dans la plupart des CTD (92% des communes
sont incapables de s’autofinancer), et la résistance à transmettre suffisamment les moyens tels
que prévu par la règlementation ;
- l’absence d’une culture de gouvernance locale et de démocratie participative ;
- l’insuffisance quantitative et qualitative des ressources humaines au niveau local ;
- l’inorganisation de la société civile qui devrait être un partenaire important des CTD ;
- l’inadaptation des services déconcentrés de l’Etat, appelés à accompagner les CTD dans la
réalisation de leurs objectifs de développement ;
Face à ces problèmes, le Cameroun a opté pour une approche pragmatique et progressive.

Les grands principes des transferts de compétences en décentralisation.


Trois principes sous-tendent le transfert par l’Etat des compétences aux CTD. Il s’agit :
Du principe de subsidiarité : les compétences sont transférées et exercées au niveau de
l’échelon territorial le plus approprié ou le plus proche des populations concernées. Aussi
convient-il de distinguer les compétences dévolues aux Régions de celles dévolues aux
Communes sans oublier celles dévolues à l’Etat.
Du principe de progressivité : qui veut que le transfert des compétences soit étalé dans le temps
et s’effectue par paquets ou paliers ;
Du principe de complémentarité : les compétences transférées par l’Etat n’excluant pas ce
dernier de continuer à les exercer lui- même. En clair, les compétences sont exercées de façon
concurrente par l’Etat, les Régions et les Communes.
S’agissant du transfert des moyens, l’Etat est appelé à donner aux CTD les moyens
nécessaires à l’exercice des compétences désormais transférées. Il s’agit des :
- moyens humains, dans le respect du principe de progressivité ;
- moyens matériels ;
- moyens financiers, notamment par le transfert de fiscalité, l’octroi de subvention ou les deux.
5 -Au chapitre des stratégies d’une mise en œuvre réussie,
Nous pouvons également citer :
• la formation du personnel municipal par le CEFAM de venu ENAL et autres structures comme
l’EDMCL-INJS ;
• les sessions de formation organisées au bénéfice des Maires en vue du renforcement des
capacités de leadership des élus locaux ;
• la redistribution des CAC au prorata de la population et à la diligence du FEICOM
• la modernisation de l’administration territoriale et la réorganisation des services déconcentrés
de l’Etat (bientôt en chantier) ;
• l’encouragement de l’intercommunalité et de la coopération décentralisée ;
• l’étude en cours de la fiscalité locale et d’un régime financier mieux adapté ;
• les mesures législatives mettant fin aux cumuls de fonctions, afin que les exécutifs des CTD
soient disponibles à temps plein.
A la suite des actions engagées dans le cadre de la décentralisation, notamment la
généralisation du mode électif et le transfert des compétences jusque-là exercées par le pouvoir
central, les Camerounais ont manifesté une grande passion pour la gestion des affaires locales.
Leur intérêt s’exprime notamment par le taux très élevé de renouvellement des élus locaux lors
des échéances électorales.
Pourtant, en dépit des stratégies mises en œuvre pour prévenir les dérapages, il faut
reconnaître que le financement de la décentralisation reste une préoccupation majeure, en raison
de l’insuffisance des moyens, aussi bien au niveau local qu’au niveau central. D’où un appel à
une plus forte mobilisation des acteurs importants que sont les opérateurs économiques, la
société civile et les partenaires au développement.
Dans notre démarche prudente et progressive, nous estimons qu’une bonne maîtrise du
pallier communal de la décentralisation rendrait plus facile la mise en place du pallier régional.
Le décret N°2008/013 DU 17 JANVIER 2008 Portant organisation et fonctionnement du
Conseil National de la Décentralisation, dans son chapitre I présentant les dispositions
générales, précise à l’article 1er que : « Le présent décret porte organisation et
fonctionnement du Comité Interministériel des Services Locaux, » ci-après désigné le « Comité
crée par la loi n° 2004/017 susvisée ».
L’article 2 dit que « Le Comité est un organe de concertation interministérielle, est placé
sous l’autorité du Ministre chargé de la Décentralisation. Il a pour mission d’assurer la
préparation et le suivi des transferts de compétences et des ressources aux collectivités
territoriales décentralisées arrêtés par les autorités compétentes ».
A ce titre, il :
-élabore un programme des transferts de compétences et de ressources et prépare les projets de
textes y afférents ;
-évalue les moyens humains et matériels nécessaires à l’exercice des compétences transférées ;
-évalue le coût des charges à transférer et propose les modalités de financement desdits
transferts par l’Etat ;
-conduit des études et des analyses prospectives dans le domaine de la décentralisation ;
-élabore le rapport annuel sur l’état de la décentralisation et le fonctionnement des services
locaux ;
-soumet toute proposition relative à la décentralisation au Conseil National de la
décentralisation.
Quoi que certaines lenteurs soient encore observées dans le transfert de compétence
pour une véritable implémentation de la gouvernance locale, il reste quand-même important de
dire que la décentralisation se met progressivement en place au Cameroun. Le principe de
prudence observé par l’Etat est un moyen permettant d’éviter des dérives qui surviendraient
d’une accélération qui entrainerait un échec du processus. L’option reste dans l’approche qui
pense que « qui va doucement va surement », le phénomène est irréversible, toutefois, il
nécessite la maturité opérationnelle.
CHAPITRE I : PRESENTATION DES COLLECTIVITES TERRITORIALES
DECENTRALISEES

Section I : Statut juridique


1- personnes morales de droit public
a- le statut des collectivités territoriales
L’étendue du pouvoir de décision et surtout d’intervention directe des Collectivités
Territoriales sera largement déterminée par leur statut juridique centré autour de la notion de
personne morale.
Le statut de personne morale constitue un élément essentiel de la détermination du niveau
d’autonomie par rapport aux autres institutions publiques. Il balisera les rapports entre l’Etat et
les Collectivités Territoriales ainsi que les rapports de ces Collectivités entre elles. En effet,
l’octroi de la personnalité morale aux Collectivités Territoriales leur confère d’office certaines
compétences administratives propres et leur permet de disposer des capacités suivantes:
 de l’autonomie administrative et financière dans les conditions définies par la loi pour
chacune d’elles, incluant les exigences de conformité de leurs actes ;
 des compétences devant être attribuées par la Constitution et par la Loi et dont l’exercice
peut être contesté en justice, notamment en matière de responsabilité civile ;
 d’un patrimoine faisant partie de leur domaine privé ( à définir par la loi) ;
 de ressources financières (emprunts, subventions, pouvoir fiscal…) à déterminer par la
Loi ;
 du droit d’association ;
 de la possibilité d’avoir des litiges avec l’État.
Le statut influence donc à la fois la nature des rapports politico-administratifs de ces
institutions décentralisées avec l’État et des rapports qui interviendront entre elles, ainsi que la
possibilité d’octroi de compétences techniques aux Collectivités Territoriales, incluant les
modalités d’exercice de ces compétences.
Nous présentons ici les dispositions constitutionnelles et légales en la matière, leurs
implications ainsi que les recommandations qui s’imposent.

2-Règlementation du fonctionnement des CT


Au Cameroun, une flopée de textes œuvre pour l’encadrement règlementaire des CTD.
Quelques-uns constituent des bases de référence quant à l’étude simple ou approfondie des CT.
Sans systématiser l’évocation, nous pouvons convoquer :
*Loi du 02 juin 1972 portant Constitution de la République Unie du Cameroun révisée par la
Loi constitutionnelle n° 96/06 du 18 janvier 1996;
*Loi n° 74/18 du 5 décembre 1974 relative au contrôle des ordonnateurs, gestionnaires et
gérants des crédits publics et des Entreprises d’Etat modifiée par la loi n° 76/4 du 8 juillet 1976
;
*Loi n° 74/23 du 5 décembre 1974 portant organisation communale, ensemble ses
modificatifs subséquents,
*Loi n° 87/015 du 15 juillet 1987 portant création des communautés urbaines, sous
réserve de la promulgation des textes particuliers prévus aux articles 86 et 87.
*Loi n° 92/002 du 14 août 1992 fixant les conditions d’élections des conseillers municipaux
modifiée par la loi n° 2006/010 du 29 décembre 2006 ;
*Loi n° 2002/003 du 19 avril 2002 portant code général des impôts de la République du
Cameroun (impôts perçus au profit des Collectivités Territoriales Décentralisées) ;
*Loi n° 2004-3 du 21 avril 2004 régissant l’urbanisme au Cameroun ;
*Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 d’orientation de la décentralisation ;
*Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes ;
*Loi n° 2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions ;
*Loi n° 2006/004 du 14 juillet 2006 fixant le mode d’élection des conseillers régionaux ;
*Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation ;
*Loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales
décentralisées ;
*Loi n° 2006/005 du 14 juillet 2006 fixant les conditions d’élection des sénateurs.
*Loi N°2019/024 du 24 décembre 2019 portant codes général des CTD

Section II - typologie de ct et organes opératoires


1- type de collectivités territoriale
a- Régions
Loi n° 2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions. Dans l’article 1 er
il est dit que la présente loi fixe les règles applicables aux régions, conformément aux
dispositions de la loi d’orientation de la décentralisation. Dans son article 2 : (1), il est
expressément énoncé que la région est une Collectivité territoriale décentralisée constituée de
plusieurs départements.
Article 7 : Conformément à la législation en vigueur, la région peut :
- engager des actions complémentaires de celles de l’Etat ;
- proposer aux communes de son ressort toutes mesures tendant à favoriser la coordination des
actions de développement et des investissements locaux.

b- Communes
Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 est celle fixant les règles applicables aux communes,
L’article 23 traite des organes de la commune qui sont :
-- le conseil municipal ;
-- l’exécutif communal.

LA FORMATION DU CONSEIL MUNICIPAL dispose à l’article 24 : (1) que le


conseil municipal est composé de conseillers municipaux élus suivant des modalités fixées par
la loi. Ainsi, le dispositif de l’article 25 dans l’alinéa (1), loi N° 2004/018 repris à l’article 165
du code des CTD N°2019/024 du 24 décembre 2019 présente que le nombre de conseillers
municipaux est fixé ainsi qu’il suit :
- moins de cinquante mille (50 000) habitants : vingt-cinq (25) conseillers ;
- de cinquante mille (50 000) à cent mille (100 000) habitants : trente-un (31) conseillers ;
- de cent mille un (100 001) à deux cent mille (200 000) habitants : trente-cinq (35) conseillers;
- de deux cent mille un (200 001) à trois cent mille (300 000) habitants : quarante-un (41)
conseillers ;
- plus de trois cent mille (300 000) habitants: soixante et un (61) conseillers.

Concernant les attributions du conseil municipal, l’article 26 du présent texte énonce que :
(1) Le conseil municipal est l’organe délibérant de la commune.
(2) Il règle, par délibérations, les affaires de la commune.

Le conseil municipal délibère sur les matières prévues par la loi d’orientation de la
décentralisation, ainsi que sur celles prévues par la présente loi. Il peut déléguer l’exercice
d’une partie de ses attributions au maire, à l’exception de celles visées à l’article 41 (1) de la
présente loi de 2004/018.
Pour ce qui est du fonctionnement du conseil municipal, l’article 30 dans les deux alinéas
décline en substance que :
(1) Le conseil municipal se réunit en session ordinaire une fois par trimestre, pendant une
durée maximale de sept jours.
(2) Pendant les sessions ordinaires, le conseil municipal ne peut traiter que des matières qui
rentrent dans ses attributions.

2- organes de supervision
Plusieurs organes supervisent l’action des CT

a- Ancien MINATD devenu MINAT

Le décret n° 2005/104 du 13 avril 2005 portant organisation du ministère de


l’administration territoriale et de la décentralisation dans le chapitre 4 qui parle de la direction
des collectivités territoriales décentralisées évoque dans son article 43 : que cette direction est
chargée :

de l’élaboration de la politique du gouvernement en matière de décentralisation


territoriale ; de l’élaboration de la législation et de la réglementation relatives aux collectivités
territoriales décentralisées et leurs services ; du suivi de l’application de la législation et de la
réglementation en matière de contrôle de la légalité des actes des collectivités territoriales
décentralisées ; du suivi des interventions des collectivités territoriales décentralisées en matière
économique et sociale ; de la coopération décentralisée, en liaison avec les départements
ministériels concernés ; de la représentation des intérêts des collectivités territoriales
décentralisées dans les différentes instances de décision au niveau central ; du suivi des activités
des établissements spécialisés de formation.

(2) Elle comprend :


- la Cellule des Etudes ;
- la Cellule du Développement et de la Coopération Décentralisée ;
- la Sous-Direction de l’Assistance aux Collectivités Territoriales Décentralisées ;
- la Brigade de Contrôle des Collectivités Territoriales Décentralisées.

b- Le MINDDEVEL
c- le Senat
Le chapitre II de la constitution N°96/06 du 18 janvier 1996 traite DU SENAT. Il
dispose dans l’article 20 (1) que le Sénat représente les collectivités territoriales décentralisées.
Dans l’alinéa (2), des précisions sont faites que chaque région est représentée au Sénat par dix
(10) sénateurs dont sept (7) sont élus au suffrage universel indirect sur la base régionale et trois
(3) nommés par le Président de la République. L’alinéa (3) prévoit que les candidats à la
fonction de sénateur ainsi que les personnalités nommées à ladite fonction par le Président de
la République doivent avoir quarante (40) ans révolus à la date de l’élection ou de la nomination.
La durée du mandat des sénateurs est de cinq (5) ans.
L’art 166 (4) de la loi N°2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des CTD
dit que les sénateurs de la commune de rattachement peuvent assister aux travaux du conseil
municipal avec voix consultative

d- les organes de suivi


- le conseil national de la décentralisation
Pour la bonne marche de la décentralisation et le bon fonctionnement des CT, il est mis
sur des organes de suivi. Loi 2004/017 dans son article 78 : (1) clarifie qu’il est créé un conseil
national de la décentralisation dont l’organisation et le fonctionnement sont fixés par décret du
président de la République. Le conseil national de la décentralisation est chargé du suivi et de
l’évaluation de la mise en œuvre de la décentralisation.
- Le comité interministériel des services locaux
L’article 79 de la même loi de 2004/017 dit qu’il est créé un comité interministériel des
services locaux, dont l’organisation et le fonctionnement sont fixés par un décret d’application
de la présente loi.
Une amplification se fait avec le Décret N° 2009/248 du 05 août 2009 fixant les modalités
d’évaluation et de répartition de la Dotation de la Décentralisation dont l’article 2 - (1) dispose
que la loi de finances fixe chaque armée, sur proposition du Gouvernement, la fraction des
recettes de l’Etat affecté ; à la Dotation Générale de la Décentralisation. La proposition visée à
l’alinéa (1) ci-dessus est soumise sur avis ; du Conseil National de la Décentralisation par le
Comité Interministériel des Services Locaux.
Les propositions de financement desdits charges par la Dotation Générale de la
Décentralisation sont soumises au Conseil National de la Décentralisation, en vue de
l’inscription du montant correspondant dans le projet de loi des finances

d- l’Etat
Les critères de répartition de la Dotation Générale de la Décentralisation sont fixés,
chaque année par décret du premier Ministre, après avis du Conseil National de la
Décentralisation. Une quote-part du montant de la Dotation Générale de la Décentralisation est
affectée au renforcement des moyens d’action des services déconcentrés de l’Etat qui apportent
leur concours ou leur appui aux collectivités territoriales décentralisées dans l’accomplissement
de leurs missions.

CHAPITRE II : CADRES JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE


LA DECENTRALISATION AU CAMEROUN ET MODALITES
JURIDIQUES D’APPLICATION DE LA DEMOCRATIE

Section I : Cadres juridique et institutionnel de la décentralisation au


Cameroun

La législation de la décentralisation précède les instances de sa mise en œuvre. La


Décentralisation suppose l’existence et la responsabilisation des démembrements de l’Etat,
consacre la gestion des affaires locales par des responsables et élus locaux et reconnaît la
pertinence et l’efficacité de la gestion de proximité

1- Consécration constitutionnelle
La constitution de 1996 consacre le caractère décentralisé de l’Etat, définit le régime
juridique et énonce les principes généraux de la décentralisation au Cameroun. Elle institue
notamment une deuxième catégorie de collectivité territoriale décentralisée, la Région. Il s’agit
ici du socle de base dont le référent est la loi fondamentale. Ladite constitution dans son article
1er alinéa (2) énonce que l’e Cameroun est un Etat unitaire décentralisé.

Le constituant de 1996 précise également dans son article 20 que « (1) Le Sénat
représente les collectivités territoriales décentralisées. (2) Chaque région est représentée au
Sénat par dix (10) sénateurs dont sept (7) sont élus au suffrage universel indirect sur la base
régionale et trois (3) nommés par le Président de la République. (3) les candidats à la fonction
de sénateur ainsi que les personnalités nommées à ladite fonction par le Président de la
République, doivent avoir quarante (40) ans révolus à la date de l’élection ou de la
nomination. (4) La durée du mandat des sénateurs est de cinq (5) ans ». Son fonctionnement
est détaillé dans les articles 21 à 24 de la même constitution.

En tant que principale référence en matière de la décentralisation au Cameroun, la


constitution prévoit dans son titre X, des articles 55 à 62 une série précision liées aux
collectivités territoriales. Ce titre X dit dans son Art. 55 alinéa (1) que « les collectivités
territoriales décentralisées de la République sont les régions et les communes. Tout autre
type de collectivité territoriale décentralisée est créé par la loi ». L’alinéa (2) énonce que « les
collectivités territoriales décentralisées sont des personnes morales de droit public. Elles
jouissent de l’autonomie administrative et financière pour la gestion des intérêts régionaux
et locaux. Elles s’administrent librement par des conseils élus et dans les conditions fixées
par la loi. Les Conseils des collectivités territoriales décentralisées ont pour mission de
promouvoir le développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif de
ces collectivités ».

Pour que le développement puisse suivre, l’Etat met à la disposition des collectivités des
moyens pour faciliter l’exécution de ces missions. L’art. 56 de la constitution dans son alinéa
1er le conforte en précisant que « l’Etat transfère aux régions, dans les conditions fixées par la
loi, les compétences dans les matières nécessaires à leur développement économique, social,
sanitaire, éducatif, culturel et sportif ». Pour éviter toute confusion, les dispositions ont été
prises pour que les rôles de chaque partie soient observés. L’alinéa (2) de cet article 56 de la loi
96 détermine que, le partage des compétences entre l’Etat et les régions dans les matières ainsi
transférées, les ressources des régions, le domaine et le patrimoine particulier de la région.

Le bon accompagnement de l’œuvre de décentralisation se fait par la détermination


juridique des organes des collectivités territoriales décentralisées. L’article 57 alinéa (1)
présente que les organes de la région sont :
• le Conseil régional ;
• et le Président du Conseil régional.
Le Conseil régional et Le Président du Conseil régional agissent dans le cadre des compétences
transférées aux régions par l’Etat. (2) Le Conseil régional est l’organe délibérant de la région.
Les conseillers régionaux dont le mandat est de cinq (5) ans sont :
• les délégués de départements élus au suffrage universel indirect ;
• les représentants du commandement traditionnel élus par leurs pairs.

Le Conseil régional doit refléter les différentes composantes sociologiques de la région.


Le mode d’élection, le nombre, la proportion par catégorie, le régime des inéligibilités, les
incompatibilités et des indemnités des conseillers régionaux sont fixés par la loi. (3) Le Conseil
régional est présidé par une personnalité autochtone de la région élue en son sein pour la durée
du mandat du Conseil. Le Président du Conseil régional est l’Exécutif de la Région. A ce titre,
il est l’interlocuteur du représentant de l’Etat. Il est assisté par un bureau régional élu en même
temps que lui au sein du Conseil. Le bureau régional doit refléter la composition sociologique
de la région. Les parlementaires de la région assistent aux travaux du Conseil régional avec
voix consultatives.

Pour s’assurer et s’entourer des précautions dans le fonctionnement des CTD, l’Etat a
introduit un représentant dont les missions sont de contrôler les intérêts étatiques. Sa charge
consiste à opérer de manière permanente des contrôle tant administratifs que financiers afin,
soit de s’assurer du bon fonctionnement de l’institution, du respect de la réglementation en
vigueur, ou du respects des feuilles de routes prévues à l’effet d’assurer le bon fonctionnement
des entités appelées à relayer les tâches d’intérêt général confiées aux CTD. Ce contrôle va
jusqu’au contrôle de la gestion financière. L’article 58 alinéa (1) de la constitution de 1996
énonce que « dans la région, un délégué nommé par le Président de la République représente
l’Etat. A ce titre, il a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif, du respect
des lois et règlements et du maintien de l’ordre public ; il supervise et coordonne sous
l’autorité du Gouvernement, les services des administrations civiles de l’Etat dans la région.
(2) Il assure la tutelle de l’Etat sur la région ».

Pour limiter les tendances des responsables des régions dans l’exercice de leur mission,
la loi a prévu des retraits de pouvoirs et de suspensions en cas d’exagération, ou d’acte pouvant
conduire à la remise en cause soit de la forme des institution, soit la remise en cause de la paix
ou la sécurité. L’article 59 alinéa (1) précise que le Conseil régional peut être suspendu par le
Président de la République lorsque ledit organe :

• accomplit des actes contraires à la constitution ;


• porte atteinte à la sécurité de l’Etat ou à l’ordre public ;
• met en péril l’intégrité du territoire.

Les autres cas de suspension sont fixés par la loi. L’alinéa (2) dit que le Conseil régional
peut être dissous par le Président de la République, après avis du Conseil constitutionnel, dans
tous les cas prévus à l’alinéa (1) ci - dessus. Les autres cas de dissolution sont fixés par la loi.
(3) La substitution de plein droit par l’Etat dans les cas prévus aux alinéas (1) et (2) ci - dessus
est décidée par le Président de la République. (4) Les modalités d’application du présent article
sont fixées par la loi. Art. 60.- (1) Le Président et le bureau du Conseil régional peuvent être
suspendus par le Président de la République lorsque lesdits organes :

• accomplissent des actes contraires à la Constitution ;


• portent atteinte à la sécurité de l’Etat ou à l’ordre public ;
• mettent en péril l’intégrité du territoire.

Les autre cas de suspension sont fixes par la loi. (2) le Président et le bureau du Conseil
régional peuvent être destitués par le Président de la République, après avis du Conseil
constitutionnel, dans tous les cas prévus à l’alinéa (1) ci - dessus. Les autres cas de destitution
sont prévus par la loi. (3) La substitution de plein droit par l’Etat dans les cas prévus aux alinéas
(1) et (2) ci – dessus est décidée par le Président de la République. (4) Les modalités
d’application du présent article sont fixées par la loi.

Pour mieux aborder l’œuvre de la décentralisation, l’Etat a mieux fait de préciser


d’abord la délimitation spatiale qui est prévue dans la constitution à l’article 61 alinéa (1). Cette
délimitation dit que sont constituées en Région, les provinces suivantes :

• L’Adamaoua ;
• Le Centre ;
• L’Est ;
• L’Extrême Nord ;
• Le Littoral ;
• Le Nord ;
• Le Nord – Ouest ;
• L’Ouest ;
• Le Sud ;
• Le Sud - Ouest.

2- La consécration légale
L’ensemble des textes de loi qui fondent et organisent la décentralisation au Cameroun
constituent des éléments de consécration de cet mode de gestion. Ces textes sont de plusieurs
ordres.

Il n’est pas superflu de parler de la véritable consécration seulement à partir de la loi


constitutionnelle de 1996. En réalité, bien qu’il existait des visions, élans et textes de
décentralisation avant la révision constitutionnelle, il est quand-même à admettre que les
questions de décentralisation s’affirment avec cette révision. Ainsi, la consécration légale
repose sur les lois antérieures à la révision constitutionnelle de 1996, et après cette loi.

Les lois
La loi désigne toute règle écrite, générale et permanente élaborée par le parlement. En
ce qui concerne l’encadrement législatif, depuis la consécration juridique de la décentralisation
au Cameroun, nous avons:

La règlementation avant 1996 et la règlementation de depuis 1996

 Avant 1996
Plusieurs textes légaux encadraient la décentralisation :

Le mouvement de décentralisation interviendra plus tardivement dans l’Etat camerounais et


mettra beaucoup plus de temps à s’affirmer au Cameroun oriental. C’est en effet le 25 juin 1941
que les communes urbaines de Yaoundé et de Douala sont créées ; elles sont dirigées par un
administrateur maire et une commission municipale de notables (Camerounais et Français en
nombre égal) qui sont désignés par le Haut-Commissaire de la République Française au
Cameroun.

En réalité, la décentralisation ne sera effective qu’avec la loi du 18 novembre 1955 qui


institue l’élection du conseil municipal et de l’exécutif communal. La même année, Yaoundé,
Douala et Nkongsamba reçoivent le statut de Commune de plein exercice, et les autres villes
celui de Commune de moyen exercice, avec une autonomie moins grande. En 1959 apparaissent
les Communes rurales de moyen exercice et les Communes mixtes rurales.

Les questions de personnel ne sont pas abordées de manière particulière. Les recrutements
sont faits dans les mêmes conditions que ceux des agents non permanents de l’administration
coloniale. Il est à signaler que de nombreuses communes connaissent déjà une pléthore d’agents
non qualifiés, à cause des recrutements politiques, de l’absence d’organigrammes stables et de
profils de postes.

La loi n°74/23 du 5 décembre 1974 portant organisation communale ;

 A partir de 1996 :
- La Loi no 96/06 du 18 Avril 1996 portant révision de la Constitution Camerounaise
du 02 Juin 1972
- La Loi no 2004/017 du 22 Juillet 2004 d’Orientation de la décentralisation
- La Loi no 2004/018 du 22 Juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes
- La Loi no 2004/019 du 22 Juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions
- La Loi no 2006/004 du 14 Juillet 2006 fixant le mode d’élection des conseillers
régionaux
- La Loi no 2006/005 du 14 Juillet 2006 fixant le mode d’élection des sénateurs
- La Loi no 2008/001 du 14 Avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions
de la Loi no 96/06 du 18 Avril 1996 portant révision de la Constitution Camerounaise
du 02 Juin 1972 en son article 67 (6) nouveau
- Loi no 2009/019 du 15 Décembre 2009 portant fiscalité locale
- Loi no 2009/11 du 10 Juillet 2009 portant régime financier des collectivités
décentralisées
- La loi N°2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des CTD
Mais il faut tout de même relever qu’avant 1996, il existait déjà certaines lois qui posaient les
jalons de la décentralisation et qui, aujourd’hui, intègrent légitiment la législation en matière de
décentralisation au Cameroun. Il s’agit en l’occurrence de :

- La Loi no 74/23 du 05 Décembre 1974 portant organisation communale


- La Loi no 87/015 du 18Janvier 1987 portant création des communautés urbaines
- La Loi no 92/002 du 14 Août 1992 fixant les conditions d’élection des conseillers
municipaux modifiée et complétée par la Loi no 2006/010 du 29 Décembre 2006.

3- Consécration règlementaire
Parmi les textes règlementant et consacrant la décentralisation au Cameroun, il y a
également les textes règlementaires. Les textes réglementaires sont des actes pris par les
membres du gouvernement. Dans la constitution du gouvernement, les membres sont composés
du Chef du Gouvernement (Premier Ministre), et les Ministre de la République. Ces actes sont
appelés des actes de gouvernement ou des règlements. On en dénombre plusieurs.

3-1.Les décrets

Les décrets sont des textes exécutoires à portée générale ou individuelle signés soit par
le Président de la République, soit par le Premier Ministre. Il s’agit en réalité des décisions
gouvernementales prises par ces deux autorités suscitées qui ont force de Loi. En matière de
décentralisation au Cameroun sans exhaustivité, il en existe plusieurs dont les plus essentielles
sont :
- Le Décret no 2005/104 du 13 Avril 2005 portant organisation du Ministère de
l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
- Le Décret no 2007/115 du 13 Avril 2007 portant création de nouveaux
arrondissements
- Le Décret no 2007/117 du 24 Avril 2007 portant création des communes
- Le Décret no 2008/013 du 17 Janvier 2008 portant organisation et fonctionnement
du Conseil National de la Décentralisation
- Le Décret no 2008/014 du 17 Janvier 2008 portant organisation et fonctionnement
du Comité Interministériel des services locaux
- Le Décret no 2008/15-26 du 17 Janvier 2008 portant création des communautés
urbaines
- Le Décret no 2008/376 du 12 Novembre 2008 portant organisation administrative de
la République du Cameroun
- Le Décret no 2008/0752/PM du 24 Avril 2008 précisant certaines modalités
d’organisation et de fonctionnement des organes délibérants et des exécutifs de la
commune, de la communauté urbaine et du syndicat des communes
- Le Décret no 2008/377 du 12 Novembre 2008 fixant les attributions des chefs des
circonscriptions administratives et portant organisation et fonctionnement de leurs
services
- Le Décret no 2009… du 5 Août 2009 sur les modalités d’évaluation et de répartition
de la dotation générale de la décentralisation
- Le décret N° 77/494 du 07 décembre 1977 crée et organise le CENTRE DE FORMATION
POUR L’ADMINISTRATON MUNICIPALE (CEFAM), sur les cendres du Local
Government Training Center de l’ancien Cameroun Occidental et le personnel communal
est placé sous l’empire du décret N°78/484 relatif aux agents contractuels et décisionnaires
de l’État régi par le code du travail.
- Le Décret N°2018 du 1er août 2018 portant organisation du ministère de la décentralisation
et du développement local.

3-2. Les arrêtés et circulaires

Au sens de la terminologie juridique en vigueur au Cameroun, un arrêté est une décision


exécutoire à portée générale ou individuelle émanant d’un ou de plusieurs ministres ou d’autres
autorités administratives. Tandis que la circulaire est une instruction de service écrite, adressée
à des agents subordonnés en vertu du pouvoir hiérarchique de l’autorité initiatrice. En matière
de décentralisation on peut énumérer entre autres :

- L’Arrêté no 022/CAB/PM du 12 Février 2008 fixant la composition et les modalités


d’organisation et de fonctionnement du secrétariat permanent du Conseil National
de la Décentralisation
- L’Arrêté no 00136/A/MINATD/DCTD du 24 Août 2009 rendant exécutoire les
tableaux – types des emplois communaux et les annexes sur l’organigramme des
communes
- Les Arrêtés conjoints MINATD/MINFI et MINATD/MINFI/MINEPAT portant
déblocage et affectation de certaines quotes-parts de la dotation générale
d’investissement et de fonctionnement au titre de l’exercice budgétaire 2010
- Le Circulaire no 001/CAB/PM du 11 Janvier 2008 relative à la prise en compte de
la décentralisation dans les stratégies sectorielles

Section II. : LES UNITES, ORGANES ET INSTITUTIONS EN CHARGE DE LA


DECENTRALISATION AU CAMEROUN

La constitution de la République du Cameroun, telle que révisée en 1996 érige en


principe constitutionnel la décentralisation administrative en ces termes : « la République du
Cameroun est un Etat Unitaire Décentralisé ». Dans son article 55 alinéa 1, elle reconnaît la
commune et la région comme collectivités territoriales décentralisées, institutions sur lesquelles
s’adosse la matérialisation de la décentralisation. En guise de garantie de l’effectivité de ces
institutions, cette même constitution institue une seconde chambre au parlement, le Sénat qui
assure la représentative des CTD.

1- Les unités administratives décentralisées : CTD

Selon les auteurs tel que Jacques MOREAU (Administration régionale, locale et
municipale, mémento Dalloz, 1975.), la notion de CTD correspond à une entité à cinq traits
fondamentaux :

Une portion de territoire géographiquement délimité ;


Une personnalité morale ;
Des organes propres
La soumission à un contrôle de tutelle ;
L’autonomie de gestion de ses propres affaires.

1.1. La commune
C’est l’échelon de base, le premier niveau de la décentralisation au Cameroun. C’est par
excellence la collectivité de proximité en tant que celle qui se préoccupe des choses qui touchent
directement et immédiatement à la vie des populations. Au Cameroun elle se caractérise par :

L’ancienneté : la commune au Cameroun est antérieure à l’avènement de


l’Etat et plonge ses racine au cœur de la période coloniale (1941 avec la création des
communes urbaines de Yaoundé et Douala) ;
La multiplicité : elles sont plus de trente fois plus nombreuses que les
régions ;
L’exiguïté :
La paupérisation :

Ses organes sont :

- le Conseil municipal et ;
- l’exécutif municipal ayant à sa tête le maire.
Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 est celle fixant les règles applicables aux communes, dans
son article 23 traite des organes de la commune qui sont le conseil municipal et l’exécutif
communal.

LA FORMATION DU CONSEIL MUNICIPAL dispose à l’article 24 :(1) que le conseil


municipal est composé de conseillers municipaux élus suivant des modalités fixées par la loi.
Ainsi, le dispositif de l’article 25 dans l’alinéa (1) l’article 166 (1) du code généra des CTD de
2019 présentent que le nombre de conseillers municipaux est fixé ainsi qu’il suit :
- moins de cinquante mille (50 000) habitants : vingt cinq (25) conseillers ;
- de cinquante mille (50 000) à cent mille (100 000) habitants : trente-un (31) conseillers ;
- de cent mille un (100 001) à deux cent mille (200 000) habitants : trente-cinq (35) conseillers;
- de deux cent mille un (200 001) à trois cent mille (300 000) habitants : quarante-un (41)
conseillers ;
- plus de trois cent mille (300 000) habitants: soixante et un (61) conseillers.

Concernant les attributions du conseil municipal, l’article 26 du présent texte énonce que :
(1) Le conseil municipal est l’organe délibérant de la commune.
(2) Il règle, par délibérations, les affaires de la commune.

Le conseil municipal délibère sur les matières prévues par la loi d’orientation de la
décentralisation, ainsi que sur celles prévues par la présente loi. Il peut déléguer l’exercice
d’une partie de ses attributions au maire, à l’exception de celles visées à l’article 41 (1) de la
présente loi.
Pour ce qui est du fonctionnement du conseil municipal, l’article 30 dans les deux alinéas
décline en substance que :
(1) Le conseil municipal se réunit en session ordinaire une fois par trimestre, pendant une
durée maximale de sept jours.
(2) Pendant les sessions ordinaires, le conseil municipal ne peut traiter que des matières qui
rentrent dans ses attributions.

Le chapitre II de cette de 2004/018 parle de l’exécutif communal. Dans la section I


convoquant le statut de Maire et Adjoint au Maire, l’article 58 et énonce dans son alinéa (1) que
le maire et ses adjoints constituent l'exécutif communal. L’alinéa (2) précise que le maire est le
chef de l'exécutif communal. Il est assisté d'adjoints dans l'ordre de leur élection.
(3) Le maire et les adjoints résident dans la commune.
(4) Le nombre d'adjoints est déterminé de la manière suivante selon le nombre de
conseillers municipaux :
-- commune disposant de vingt-cinq à trente et un conseillers : deux adjoints ;
-- commune disposant de trente-cinq à quarante et un conseillers : quatre adjoints ;
-- commune disposant de soixante et un conseillers : six adjoints.
Cet article est repris par la loi N°2019/024 du 25 décembre 2019 portant code général des CTD
dans son article 197 dit la même chose.

Il peut arriver qu’il y ait des circonstances pouvant empêcher le maire ou l’un de ses adjoints
d’être disponible pour une situation importante, un poste est autorisé d’être crée pour palier au
manquement. L’article 59 de la loi de 2004/018 et l’art 198 du code général des CTD prévoit à
l’alinéa (1) que lorsqu'un obstacle quelconque ou l'éloignement rend difficiles, dangereuses ou
momentanément impossibles les communications entre le chef-lieu et une portion de la
commune, un poste d’adjoint spécial peut y être institué par délibération motivée du conseil
municipal.
(2) L'adjoint spécial prévu à l'alinéa (1) est élu parmi les conseillers résidant dans cette
portion de la commune. L'adjoint spécial :
-- remplit les fonctions d'officier d'état civil ;
-- peut être chargé de l'exécution des lois et règlements de police dans cette portion de la
Commune.
(3) Les fonctions d'adjoint spécial cessent avec le rétablissement de la situation normale.
Cette cessation est constatée par délibération du conseil municipal.
(4) La délibération visée à l'alinéa (1) est soumise à l'approbation préalable du représentant
de l'Etat.

1.2 La région
C’est la dernière-née des CTD dont l’acte fondateur est la constitution dans sa révision
de 1996. Mais il faut dire que le fait régional n’est pas une innovation dans la vie politique,
sociale ou administrative au Cameroun. Historiquement, la région a bien existé au Cameroun
en tant que circonscription administrative regroupant plusieurs départements (1935). Au cours
de son évolution, la région à subit des mutations et cumule en l’état actuel de droit camerounais
les qualités de CTD et de circonscription administrative. Elle regroupe dans ses limites
territoriales plusieurs départements, des communautés urbaines et un nombre encore plus
important de commune. Son originalité réside donc dans son échèle territoriale située entre la
commune jugée parfois trop petite et l’Etat jugé trop grand.

Ses organes sont le conseil régional et la Président du conseil régional.

2.3. les organes de suivi, institutions d’accompagnement et de supervision


de la décentralisation
2.3.1. les organes de suivi
- le conseil national de la décentralisation
Pour la bonne marche de la décentralisation et le bon fonctionnement des CT, il est mis
sur des organes de suivi. Loi 2004/017 dans son article 78 : (1) clarifie qu’il est créé un conseil
national de la décentralisation dont l’organisation et le fonctionnement sont fixés par décret du
président de la République. Le conseil national de la décentralisation est chargé du suivi et de
l’évaluation de la mise en œuvre de la décentralisation.
- Le comité interministériel des services locaux
L’article 79 de la même loi de 2004/017 dit qu’il est créé un comité interministériel des
services locaux, dont l’organisation et le fonctionnement sont fixés par un décret d’application
de la présente loi.
Une amplification se fait avec le Décret N° 2009/248 du 05 août 2009 fixant les modalités
d’évaluation et de répartition de la Dotation de la Décentralisation dont l’article 2 - (1) dispose
que la loi de finances fixe chaque armée, sur proposition du Gouvernement, la fraction des
recettes de l’Etat affecté ; à la Dotation Générale de la Décentralisation. La proposition visée à
l’alinéa (1) ci-dessus est soumise sur avis ; du Conseil National de la Décentralisation par le
Comité Interministériel des Services Locaux.
Les propositions de financement desdits charges par la Dotation Générale de la
Décentralisation sont soumises au Conseil National de la Décentralisation, en vue de
l’inscription du montant correspondant dans le projet de loi des finances

2.3.2. Les institutions d’accompagnement


Pour plus de concrétisation de la décentralisation et pour sa mise en œuvre, plusieurs
instituions sont mises sur pied pour l’accompagnement des missions décentralisées. Parmi
celles-ci,
on compte Le CEFAM (centre de formation pour l’administration municipale). Les
Universités, certaines Instituts Universitaires Professionnel comme l’INJS avec
l’EDM/CL/INJS) Ecole de Développement et de Management des Collectivités Locales. Il y a
aussi plusieurs Institut privés (MATAFEN Sup, MIPROMALO, (Mission de Promotion des
Matériaux Locaux). Ce sont les structures de formation du personnel municipal et autres
structures.

Il y a également le FEICOM (Fond Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunal),


qui s’occupe de la redistribution des CAC (centièmes additionnels communaux), au prorata de
la population et à sa diligence.

Le PNDP (programme national de Développement Participatif),

L’ACVAC (Association des Communes et Villes Unies du Cameroun) créée en 2003

2.3.2 Organes de supervision


Plusieurs organes supervisent l’action des CT
a- le MINATD et MNDEVEL

Le décret n° 2005/104 du 13 avril 2005 portant organisation du ministère de


l’administration territoriale et de la décentralisation dans le chapitre 4 qui parle de la direction
des collectivités territoriales décentralisées évoque dans son article 43 : que cette direction est
chargée :

de l’élaboration de la politique du gouvernement en matière de décentralisation


territoriale ; de l’élaboration de la législation et de la réglementation relatives aux collectivités
territoriales décentralisées et leurs services ; du suivi de l’application de la législation et de la
réglementation en matière de contrôle de la légalité des actes des collectivités territoriales
décentralisées ; du suivi des interventions des collectivités territoriales décentralisées en matière
économique et sociale ; de la coopération décentralisée, en liaison avec les départements
ministériels concernés ; de la représentation des intérêts des collectivités territoriales
décentralisées dans les différentes instances de décision au niveau central ; du suivi des activités
des établissements spécialisés de formation.

(2) Elle comprend :


- la Cellule des Etudes ;
- la Cellule du Développement et de la Coopération Décentralisée ;
- la Sous-Direction de l’Assistance aux Collectivités Territoriales Décentralisées ;
- la Brigade de Contrôle des Collectivités Territoriales Décentralisées.

b- le Senat

La représentativité des CTD : Le Sénat

La constitution camerounaise, dans son article 20 alinéa 1, assigne au Sénat, seconde


chambre du parlement, outre les compétences législatives, la fonction spécifique de
représentation des collectivités territoriales. Ces dernières participent de ce fait à l’exercice de
la souveraineté nationale. A ce titre, elles peuvent faire entendre leurs voix, défendre leurs
intérêts mais aussi, penser la formulation des décisions qui les concernent. Il s’agit donc là
d’une institution qui garantisse au plus haut point politique la faisabilité de la décentralisation
et partant au principe de la libre administration des CTD. La représentation des CTD par le
Sénat se manifeste essentiellement dans la dynamique de recrutement des sénateurs qui sont
élus au niveau des régions à raison de dix par régions.
Le chapitre II de la constitution N°96/06 du 18 janvier 1996 traite DU SENAT. Il
dispose dans l’article 20 (1) que le Sénat représente les collectivités territoriales décentralisées.
Dans l’alinéa (2), des précisions sont faites que chaque région est représentée au Sénat par dix
(10) sénateurs dont sept (7) sont élus au suffrage universel indirect sur la base régionale et trois
(3) nommés par le Président de la République. L’alinéa (3) prévoit que les candidats à la
fonction de sénateur ainsi que les personnalités nommées à ladite fonction par le Président de
la République doivent avoir quarante (40) ans révolus à la date de l’élection ou de la nomination.
La durée du mandat des sénateurs est de cinq (5) ans.

d- l’Etat
La loi constitutionnelle de 1996 dans à l’article 55 alinéa 3 et 4 dit que « (alinéa (3))
l’Etat assure la tutelle sur les collectivités territoriales décentralisées dans les conditions fixées
par la loi. (4), il veille au développement harmonieux de toutes les collectivités territoriales
décentralisées sur la base de la solidarité nationale, des potentialités régionales et de l’équilibre
inter – régional.
Pour renforcer cette vision, la loi de 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de
la décentralisation instruit dans son article 10 alinéa (1) que l’ « Etat assure la tutelle sur les
collectivités territoriales ». L’alinéa (2) énonce que « l'Etat veille au développement
harmonieux de toutes les collectivités sur la base de la solidarité nationale, des potentialités
régionales et communales et de l'équilibre inter-régional et intercommunal ».
Les critères de répartition de la Dotation Générale de la Décentralisation sont fixés
chaque année par décret du Premier Ministre, après avis du Conseil National de la
Décentralisation. Une quote-part du montant de la Dotation Générale de la Décentralisation est
affectée au renforcement des moyens d’action des services déconcentrés de l’Etat qui apportent
leur concours ou leur appui aux collectivités territoriales décentralisées dans l’accomplissement
de leurs missions.

La consolidation de cette tutelle se trouve au titre IV de la loi de 2004 /017 sur les
collectivités territoriales décentralisées dont l’article 66 : évoque dans alinéa (1) que l'Etat
assure la tutelle sur les collectivités territoriales, conformément aux dispositions de la présente
loi. Les pouvoirs de tutelle de l'Etat sur les collectivités territoriales sont exercés, sous l'autorité
du président de la République, par le ministre chargé des Collectivités territoriales et par le
représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale.
Le gouverneur est le délégué de l'Etat dans la région. A ce titre, il a la charge des intérêts
nationaux, du contrôle administratif, du respect des lois et règlements et du maintien de l'ordre
public; il supervise et coordonne sous l'autorité du gouvernement, les services 'des
administrations civiles de l'Etat dans la région.
Le préfet assure la tutelle de l'Etat sur la commune. Le gouverneur et le préfet sont les
représentants du président de la République dans leur circonscription administrative.
L’alinéa (4) dans la précision des rôles des préfets et gouverneurs qu’ils représentent également
le gouvernement et chacun des ministres et ont autorité sur les services déconcentrés de l'Etat
dans leur circonscription, sous réserve des exceptions limitativement énumérées par décret du
président de la République. Le gouverneur et le préfet sont seuls habilités à s'exprimer au nom
de l'Etat devant les conseils des collectivités territoriales de leur circonscription.
Ils peuvent toutefois, en cas d'empêchement dûment motivé auprès du ministre chargé
des Collectivités territoriales, délégués à cet effet un fonctionnaire des services du gouverneur
ou de la préfecture, suivant l'ordre protocolaire fixé par la réglementation en vigueur.

Section III : Modalités juridiques d’application de la démocratie


L’institution communale constitue la cellule de base de la démocratie locale ; elle est aussi
l’élément qui manifeste cette décentralisation. Ainsi en tant que personnes morales de droit
public, les collectivités locales décentralisées jouissent de l’autonomie administrative et
financière pour la gestion des intérêts locaux1. Celles-ci sont librement administrées par des
conseils élus qui ont pour mission de promouvoir le développement économique, social,
sanitaire, éducatif et sportif de ces collectivités.

3.1. Les conditions / Principes politiques et socio-économiques

Le couplage entre décentralisation et démocratie locale a acquis la force des préjugés. Le


lien est assez ancien et presque généralisé. Il procède de la conception décentralisation-liberté,
par opposition à une décentralisation, simple technique d’administration territoriale. Pour
Alexis de Tocqueville, les libertés induites par la décentralisation compensent tous les
inconvénients liés à ce mode d’organisation des sociétés. Car soutient-il, ce ne sont pas les
avantages administratifs de la décentralisation qui importent, mais ses effets politiques2. Lui

1
Article 55, alinéa 2 de la Constitution.
2
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Vol, 1, PP. 93 et 95. Cité par Yves Mény, Centralisation
et décentralisation dans le débat politique français 51945-1969), Paris, LGDJ, 1974, PP.30 et et s.
emboîtant le pas, Maurice Hauriou affirme qu’un pays n’a pas seulement besoin d’une bonne
administration, mais aussi de la liberté politique. La décentralisation est réputée donner
l’occasion d’instrumenter cette liberté politique3.
La notion de démocratie locale a connu une relative éclipse pour faire place à des thèmes
nouveaux comme la suppression de la tutelle administrative a priori. Mais cette suppression fut
plus une revendication des élus que le résultat d’une pression des habitants des communes. le
principe de la libre administration des collectivités territoriales confère aux autorités locales, la
compétence de prendre des mesures à caractère réglementaire alors que le pouvoir
réglementaire est exercé par le président et le premier ministre. Une lecture attentive de la
Constitution permet de voir que la libre administration des collectivités territoriales
décentralisées est une garantie accordées aux populations pour l’exercice des libertés locales 4.
Ces précisions sont importantes dans le contexte de notre pays où la tentation sécessionniste
s’est parfois manifestée de manière sérieuse. Dès lors, il y a lieu de s’interroger sur les
articulations du principe de libre administration des collectivités territoriales avec la notion de
démocratie locale.
Le principe de la libre administration des collectivités locales signifie-t-il démocratie
locale ? Ou bien, s’agit-il d’une démocratie dans la collectivité (humaine) locale ou d’une
démocratie pour la collectivité locale, personne juridique, dans ses rapports avec l’Etat ? Est-
ce une manière de réaliser la démocratie que de rapprocher la décision publique du territoire où
elle s’inscrit comme l’affirmait l’ancien chef d’Etat français François Mitterrand5 ?
Instituer l’élection comme seul mode d’accès à la gestion des collectivités territoriales
Les élections locales constituent pour les populations, le cadre d’apprentissage de la
démocratie et de la tolérance. Dans un contexte favorable à l’exercice de leur liberté politique,
elles doivent saisir cette opportunité pour à l’exercice du pouvoir6. L’amélioration de leur cadre
de vie peut dépendre dans une certaine mesure de leur volonté exprimée dans l’urne. Il s’agit là
d’un critère fondamental de la décentralisation selon Maurice Hauriou. Pour lui, celle-ci
« consiste en la création de centres d’administration publique autonomes où la nomination des
agents provient du corps électoral de la circonscription et où ces agents forment des agences

3
Maurice Hauriou, précis de droit administratif, paris, 1921 ; cité par Yves Mény, op. cit. P. 31.
4
L’alinéa 1 de l’article 14 de la loi n° 2004/017 sur l’orientation de la décentralisation est sur ce point, clair et net :
«Aucune collectivité territoriale ne peut délibérer ni en dehors de ses réunions légales, ni sur un sujet étranger à
ses compétences ou portant atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’ordre public, à l’unité nationale ou à l’intégrité du
territoire ».
5
Cité par Edmonde Charles-Roux, in Michel Crozier et Sylvie Trosa (dir), La décentralisation, réforme de l’Etat,
Paris, ED. Pouvoirs locaux, 1992, P. 54.
6
Jean-Pierre KUATE, Les élections locales au Cameroun. L’élection des conseillers municipaux et du maire,
Imprimerie MACACOS, Douala, 2002, p. 11.
collectives ou des assemblées »7. Au Cameroun, les communes des grandes villes sont
regroupées par des communautés urbaines qui sont dirigées par des personnalités nommés par
le pouvoir appelés, délégués du gouvernement. Ces derniers qui, coiffent les exécutifs
municipaux sont les véritables titulaires des pouvoirs municipaux. Le Cameroun gagnerait
beaucoup en résolvant ce déficit démocratique qui pose avec acuité dans le domaine de la
décentralisation territoriale.

3.2. Les acteurs de la décentralisation

Des populations locales sont le plus attendus dans la gestion des affaires qui les
concernent de près. La reconnaissance à ces populations de certains droits et libertés en matière
de démocratie locale est sur ce point souhaitable au Cameroun, tels le droit de pétition, le
référendum local, la consultation locale8.
Les élus locaux ;
Les responsables des services et institutions en charge des questions de
décentralisation.

3.3. Les axes de la décentralisation


- la décentralisation politique
- la décentralisation compétentielle
- la décentralisation décisionnelle ou gestionnelle (autonomie de gestion)
- la décentralisation encadrée

7
Précis de droit administratif et droit public, 9ème édition, Sirey, Paris, 1919, p. 171.
8
Le droit de pétition est le droit pour les électeurs d’une collectivité locale de demander l’inscription à l’ordre du
jour de l’assemblée délibérative d’une question relevant de ses compétences. Le référendum local est la possibilité
pour les collectivités territoriales de soumettre à la décision de leurs électeurs un projet de texte. La consultation
locale est la possibilité accordée aux collectivités territoriales de saisir leurs électeurs pour avoir leur consentement
sur une décision à prendre.

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