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OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
1. Les règles suivantes n’ont pas pour objet de décrire en détail un système
pénitentiaire modèle. Elles ne visent qu’à établir, en s’inspirant des
conceptions généralement admises de nos jours et des éléments essentiels des
systèmes contemporains les plus adéquats, les principes et les règles d’une
bonne organisation pénitentiaire et de la pratique du traitement des détenus.
2. Il est évident que toutes les règles ne peuvent pas être appliquées en tout
lieu et en tout temps, étant donné la grande variété de conditions juridiques,
sociales, économiques et géographiques que l’on rencontre dans le monde.
Elles devraient cependant servir à stimuler l’effort constant visant à leur
application, en ayant à l’esprit le fait qu’elles représentent, dans leur
ensemble, les conditions minima qui sont admises par les Nations Unies.
____________
*Premier Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants,
Genève, 22 août-3 septembre 1955: rapport établi par le Secrétariat (publication des Nations Unies,
numéro de vente: 1956.IV.4), annexe I.A; amendé par le Conseil économique et social dans sa résolution
2076 (LXII) (ajout de la section E, intitulée “Personnes arrêtées ou incarcérées sans avoir été inculpées”).
3
4 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
PREMIÈRE PARTIE
RÈGLES D’APPLICATION GÉNÉRALE
Principe fondamental
Registre
7. 1) Dans tout endroit où des personnes sont détenues, il faut tenir à jour
un registre relié et coté indiquant pour chaque détenu:
a) Son identité;
b) Les motifs de sa détention et l’autorité compétente qui l’a décidée;
c) Le jour et l’heure de l’admission et de la sortie.
Locaux de détention
10. Les locaux de détention et, en particulier, ceux qui sont destinés au
logement des détenus pendant la nuit, doivent répondre aux exigences de
l’hygiène, compte tenu du climat, notamment en ce qui concerne le cubage
d’air, la surface minimum, l’éclairage, le chauffage et la ventilation.
13. Les installations de bain et de douche doivent être suffisantes pour que
chaque détenu puisse être mis à même et tenu de les utiliser, à une température
adaptée au climat et aussi fréquemment que l’exige l’hygiène générale selon la
saison et la région géographique, mais au moins une fois par semaine sous un
climat tempéré.
14. Tous les locaux fréquentés régulièrement par les détenus doivent être
maintenus en parfait état d’entretien et de propreté.
Hygiène personnelle
15. On doit exiger des détenus la propreté personnelle; à cet effet, ils doivent
disposer d’eau et des articles de toilette nécessaires à leur santé et à leur
propreté.
Vêtements et literie
17. 1) Tout détenu qui n’est pas autorisé à porter ses vêtements personnels
doit recevoir un trousseau qui soit approprié au climat et suffisant pour le
maintenir en bonne santé. Ces vêtements ne doivent en aucune manière être
dégradants ou humiliants.
18. Lorsque les détenus sont autorisés à porter leurs vêtements personnels,
des dispositions doivent être prises au moment de l’admission à
l’établissement pour assurer que ceux-ci soient propres et utilisables.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 7
Alimentation
Exercice physique
21. 1) Chaque détenu qui n’est pas occupé à un travail en plein air doit
avoir, si le temps le permet, une heure au moins par jour d’exercice physique
approprié en plein air.
Services médicaux
2) Pour les malades qui ont besoin de soins spéciaux, il faut prévoir le
transfert vers des établissements pénitentiaires spécialisés ou vers des
hôpitaux civils. Lorsque le traitement hospitalier est organisé dans
l’établissement, celui-ci doit être pourvu d’un matériel, d’un outillage et des
produits pharmaceutiques permettant de donner les soins et le traitement
convenables aux détenus malades, et le personnel doit avoir une formation
professionnelle suffisante.
3) Tout détenu doit pouvoir bénéficier des soins d’un dentiste qualifié.
8 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
23. 1) Dans les établissements pour femmes, il doit y avoir les installations
spéciales nécessaires pour le traitement des femmes enceintes, relevant de
couches et convalescentes. Dans toute la mesure du possible, des dispositions
doivent être prises pour que l’accouchement ait lieu dans un hôpital civil. Si
l’enfant est né en prison, il importe que l’acte de naissance n’en fasse pas
mention.
24. Le médecin doit examiner chaque détenu aussitôt que possible après son
admission et aussi souvent que cela est nécessaire ultérieurement,
particulièrement en vue de déceler l’existence possible d’une maladie
physique ou mentale, et de prendre toutes les mesures nécessaires; d’assurer la
séparation des détenus suspects d’être atteints de maladies infectieuses ou
contagieuses; de relever les déficiences physiques ou mentales qui pourraient
être un obstacle au reclassement et de déterminer la capacité physique de
travail de chaque détenu.
Discipline et punitions
27. L’ordre et la discipline doivent être maintenus avec fermeté, mais sans
apporter plus de restrictions qu’il n’est nécessaire pour le maintien de la
sécurité et d’une vie communautaire bien organisée.
29. Les points suivants doivent toujours être déterminés soit par la loi, soit
par un règlement de l’autorité administrative compétente:
a) La conduite qui constitue une infraction disciplinaire;
b) Le genre et la durée des sanctions disciplinaires qui peuvent être
infligées;
c) L’autorité compétente pour prononcer ces sanctions.
30. 1) Aucun détenu ne peut être puni que conformément aux dispositions
d’une telle loi ou d’un tel règlement, et jamais deux fois pour la même
infraction.
31. Les peines corporelles, la mise au cachot obscur ainsi que toute sanction
cruelle, inhumaine ou dégradante doivent être complètement défendues
comme sanctions disciplinaires.
3) Le médecin doit visiter tous les jours les détenus qui subissent de
telles sanctions disciplinaires et doit faire rapport au directeur s’il estime
nécessaire de terminer ou modifier la sanction pour des raisons de santé
physique ou mentale.
Moyens de contrainte
35. 1) Lors de son admission, chaque détenu doit recevoir des informations
écrites au sujet du régime des détenus de sa catégorie, des règles disciplinaires
de l’établissement, des moyens autorisés pour obtenir des renseignements et
formuler des plaintes, et de tous autres points qui peuvent être nécessaires
pour lui permettre de connaître ses droits et ses obligations et de s’adapter à la
vie de l’établissement.
36. 1) Tout détenu doit avoir chaque jour ouvrable l’occasion de présenter
des requêtes et des plaintes au directeur de l’établissement ou au fonctionnaire
autorisé à le représenter.
3) Tout détenu doit être autorisé à adresser, sans censure quant au fond
mais en due forme, une requête ou plainte à l’administration pénitentiaire
centrale, à l’autorité judiciaire ou à d’autres autorités compétentes, par la voie
prescrite.
2) En ce qui concerne les détenus ressortissants des États qui n’ont pas
de représentants diplomatiques ou consulaires dans le pays ainsi que les
réfugiés et les apatrides, les mêmes facilités doivent leur être accordées de
s’adresser au représentant diplomatique de l’État qui est chargé de leurs
intérêts ou à toute autorité nationale ou internationale qui a pour tâche de les
protéger.
39. Les détenus doivent être tenus régulièrement au courant des événements
les plus importants, soit par la lecture de journaux quotidiens, de périodiques
ou de publications pénitentiaires spéciales, soit par des émissions
radiophoniques, des conférences ou tout autre moyen analogue, autorisés ou
contrôlés par l’administration.
12 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
Bibliothèque
40. Chaque établissement doit avoir une bibliothèque à l’usage de toutes les
catégories de détenus et suffisamment pourvue de livres instructifs et
récréatifs. Les détenus doivent être encouragés à l’utiliser le plus possible.
Religion
42. Chaque détenu doit être autorisé, dans la mesure du possible, à satisfaire
aux exigences de sa vie religieuse, en participant aux services organisés dans
l’établissement et en ayant en sa possession des livres d’édification et
d’instruction religieuse de sa confession.
Personnel pénitentiaire
3) Afin que les buts précités puissent être réalisés, les membres du
personnel doivent être employés à plein temps en qualité de fonctionnaires
pénitentiaires de profession, ils doivent posséder le statut des agents de l’État
et être assurés en conséquence d’une sécurité d’emploi ne dépendant que de
leur bonne conduite, de l’efficacité de leur travail et de leur aptitude physique.
La rémunération doit être suffisante pour qu’on puisse recruter et maintenir en
service des hommes et des femmes capables; les avantages de la carrière et les
conditions de service doivent être déterminés en tenant compte de la nature
pénible du travail.
2) On doit recourir aux services d’un interprète chaque fois que cela est
nécessaire.
53. 1) Dans un établissement mixte, la section des femmes doit être placée
sous la direction d’un fonctionnaire féminin responsable qui doit avoir la
garde de toutes les clefs de cette section de l’établissement.
Inspection
DEUXIÈME PARTIE
RÈGLES APPLICABLES À DES CATÉGORIES SPÉCIALES
A. Détenus condamnés
Principes directeurs
56. Les principes directeurs qui suivent ont pour but de définir l’esprit dans
lequel les systèmes pénitentiaires doivent être administrés et les objectifs
auxquels ils doivent tendre, conformément à la déclaration faite dans
l’observation préliminaire 1 du présent texte.
57. L’emprisonnement et les autres mesures qui ont pour effet de retrancher
un délinquant du monde extérieur sont afflictives par le fait même qu’elles
dépouillent l’individu du droit de disposer de sa personne en le privant de sa
liberté. Sous réserve des mesures de ségrégation justifiées ou du maintien de
la discipline, le système pénitentiaire ne doit donc pas aggraver les
souffrances inhérentes à une telle situation.
59. À cette fin, le régime pénitentiaire doit faire appel à tous les moyens
curatifs, éducatifs, moraux et spirituels et autres et à toutes les formes
d’assistance dont il peut disposer, en cherchant à les appliquer conformément
aux besoins du traitement individuel des délinquants.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 17
61. Le traitement ne doit pas mettre l’accent sur l’exclusion des détenus de la
société, mais au contraire sur le fait qu’ils continuent à en faire partie. À cette
fin, il faut recourir, dans la mesure du possible, à la coopération d’organismes
de la communauté pour aider le personnel de l’établissement dans sa tâche de
reclassement des détenus. Des assistants sociaux collaborant avec chaque
établissement doivent avoir pour mission de maintenir et d’améliorer les
relations du détenu avec sa famille et avec les organismes sociaux qui peuvent
lui être utiles. Des démarches doivent être faites en vue de sauvegarder, dans
toute la mesure compatible avec la loi et la peine à subir, les droits relatifs aux
intérêts civils, le bénéfice des droits de la sécurité sociale et d’autres
avantages sociaux des détenus.
Traitement
66. 1) À cet effet, il faut recourir notamment aux soins religieux dans les
pays où cela est possible, à l’instruction, à l’orientation et à la formation
professionnelles, aux méthodes de l’assistance sociale individuelle, au conseil
relatif à l’emploi, au développement physique et à l’éducation du caractère
moral, en conformité des besoins individuels de chaque détenu. Il convient de
tenir compte du passé social et criminel du condamné, de ses capacités et
aptitudes physiques et mentales, de ses dispositions personnelles, de la durée
de la condamnation et de ses perspectives de reclassement.
Classification et individualisation
69. Dès que possible après l’admission et après une étude de la personnalité
de chaque détenu condamné à une peine ou mesure d’une certaine durée, un
programme de traitement doit être préparé pour lui, à la lumière des données
dont on dispose sur ses besoins individuels, ses capacités et son état d’esprit.
Privilèges
Travail
2) Lorsque les détenus sont utilisés pour des travaux qui ne sont pas
contrôlés par l’administration, ils doivent toujours être placés sous la
surveillance du personnel pénitentiaire. À moins que le travail soit accompli
pour d’autres départements de l’État, les personnes auxquelles ce travail est
fourni doivent payer à l’administration le salaire normal exigible pour ce
travail, en tenant compte toutefois du rendement des détenus.
75. 1) Le nombre maximum d’heures de travail des détenus par jour et par
semaine doit être fixé par la loi ou par un règlement administratif, compte tenu
des règlements ou usages locaux suivis en ce qui concerne l’emploi des
travailleurs libres.
2) Les heures ainsi fixées doivent laisser un jour de repos par semaine
et suffisamment de temps pour l’instruction et les autres activités prévues pour
le traitement et la réadaptation des détenus.
76. 1) Le travail des détenus doit être rémunéré d’une façon équitable.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 21
Instruction et loisirs
78. Pour le bien-être physique et mental des détenus, des activités récréatives
et culturelles doivent être organisées dans tous les établissements.
81. 1) Les services et organismes, officiels ou non, qui aident les détenus
libérés à retrouver leur place dans la société doivent, dans la mesure du
possible, procurer aux détenus libérés les documents et pièces d’identité
nécessaires, leur assurer un logement, du travail, des vêtements convenables et
appropriés au climat et à la saison, ainsi que les moyens nécessaires pour
arriver à destination et pour subsister pendant la période qui suit
immédiatement la libération.
82. 1) Les aliénés ne doivent pas être détenus dans les prisons, et des
dispositions doivent être prises pour les transférer aussitôt que possible dans
des établissements pour malades mentaux.
83. Il est désirable que les dispositions soient prises d’accord avec les
organismes compétents, pour que le traitement psychiatrique soit continué si
nécessaire après la libération et qu’une assistance sociale postpénitentiaire à
caractère psychiatrique soit assurée.
2) Les jeunes prévenus doivent être séparés des adultes. En principe, ils
doivent être détenus dans des établissements distincts.
86. Les prévenus doivent être logés dans des chambres individuelles, sous
réserve d’usages locaux différents eu égard au climat.
87. Dans les limites compatibles avec le bon ordre de l’établissement, les
prévenus peuvent, s’ils le désirent, se nourrir à leurs frais en se procurant leur
nourriture de l’extérieur par l’intermédiaire de l’administration, de leur
famille ou de leurs amis. Sinon, l’administration doit pourvoir à leur
alimentation.
90. Tout prévenu doit être autorisé à se procurer, à ses frais ou aux frais de
tiers, des livres, des journaux, le matériel nécessaire pour écrire, ainsi que
d’autres moyens d’occupation, dans les limites compatibles avec l’intérêt de
l’administration de la justice et avec la sécurité et le bon ordre de
l’établissement.
91. Un prévenu doit être autorisé à recevoir la visite et les soins de son
propre médecin ou dentiste si sa demande est raisonnablement fondée et s’il
est capable d’en assurer la dépense.
Disposition 1
Tous les États qui, pour la protection de toutes les personnes soumises à
toute forme de détention ou d’emprisonnement, appliquent des normes
inférieures à celles que contient l’Ensemble de règles minima pour le
traitement des détenus adopteront lesdites règles.
Commentaire
Dans sa résolution 2858 (XXVI) du 20 décembre 1971, l’Assemblée
générale a appelé l’attention des États membres sur l’Ensemble de règles
minima et leur a recommandé d’appliquer effectivement ces règles dans
l’administration des établissements pénitentiaires correctionnels et d’envisager
favorablement de les incorporer à leur législation nationale. Comme il se peut
que certains États appliquent des normes plus avancées que les règles minima,
ces États ne sont pas tenus d’adopter celles-ci. Lorsque les États estiment
____________
*Résolution 1984/47 du Conseil économique et social, annexe.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 25
qu’elles doivent être harmonisées avec leur régime juridique et adaptées à leur
culture, l’accent est mis sur le fond plutôt que sur la lettre des règles.
Disposition 2
Commentaire
Cette disposition souligne la nécessité d’incorporer les règles dans la
législation nationale et les autres règlements, ce qui recouvre certains aspects
de la disposition l.
Disposition 3
Disposition 4
Commentaire
Pour atteindre l’objectif visé par l’Ensemble de règles minima, il faut que
les règles, ainsi que les statuts et règlements nationaux prévus pour leur
26 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
Une disposition analogue, spécifiant que les règles minima doivent être
portées à la connaissance des personnes pour la protection desquelles elles ont
été élaborées, figure déjà dans les quatre Conventions de Genève du 12 août
19491, qui stipulent toutes, à l’article 47 pour la première, à l’article 48 pour
la deuxième, à l’article 127 pour la troisième et à l’article 144 pour la
quatrième, que:
Disposition 5
____________
1
Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 75, nos 970 à 973.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 27
Commentaire
On se souviendra que le Conseil économique et social, dans sa résolution
663 C (XXIV) du 31 juillet 1957, a recommandé aux gouvernements de
communiquer tous les cinq ans au Secrétaire général des renseignements sur
les progrès réalisés dans l’application de l’Ensemble de règles minima et a
autorisé le Secrétaire général à prendre les dispositions voulues pour assurer,
s’il y a lieu, la publication des renseignements ainsi reçus et à demander, le
cas échéant, des renseignements supplémentaires. Demander la coopération
des institutions spécialisées et des organisations intergouvernementales et non
gouvernementales concernées est une pratique bien établie dans l’Organisation
des Nations Unies. Pour établir ces rapports indépendants sur les progrès
réalisés dans l’application de l’Ensemble de règles minima, le Secrétaire
général tiendra compte, notamment des informations dont disposent les
organes chargés des questions relatives aux droits de l’homme au sein de
l’Organisation des Nations Unies, en particulier la Commission des droits de
l’homme, la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires
et de la protection des minorités, le Comité des droits de l’homme créé en
vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Comité
pour l’élimination de la discrimination raciale. Les mesures d’application qui
seront prévues au titre de la future convention contre la torture pourraient
également être prises en considération, de même que toute information qui
pourrait être recueillie à propos de l’ensemble de principes relatifs à la
protection des prisonniers et des détenus que prépare actuellement
l’Assemblée générale.
Disposition 6
Commentaire
Cette disposition découle à la fois de la résolution 663 C (XXIV) du Conseil
économique et social et des recommandations des congrès des Nations Unies
pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Même si les
éléments d’information spécifiquement suggérés dans la disposition 6 ne sont
pas disponibles, on devrait pouvoir rassembler des informations de ce type
pour aider les États Membres à surmonter leurs difficultés en procédant à des
échanges de vues. En outre, cette demande d’informations s’inspire du
système de rapports périodiques sur les droits de l’homme instauré par le
Conseil économique et social dans sa résolution 624 B (XXII) du 1er août
1956.
Disposition 7
Commentaire
La nécessité d’assurer la diffusion la plus large possible de l’Ensemble de
règles minima est évidente. Une coopération étroite avec toutes les
organisations intergouvernementales et non gouvernementales concernées est
importante afin de permettre une meilleure diffusion et une meilleure
application des règles minima. Le Secrétariat devrait donc rester en relations
étroites avec ces organisations et leur fournir les renseignements et données
pertinents. Il devrait encourager également ces organisations à diffuser des
renseignements sur l’Ensemble de règles minima et sur les dispositions
relatives à leur application.
Disposition 8
Commentaire
Cette disposition correspond à la pratique actuelle qui consiste à diffuser
ce genre de rapports au titre de la documentation des organismes intéressés
des Nations Unies, sous forme de publications des Nations Unies ou sous
forme d’articles dans l’Annuaire des droits de l’homme, la Revue
internationale de politique criminelle, le Bulletin d’information sur la
prévention du crime et la justice criminelle et toute autre publication
pertinente.
Disposition 9
Commentaire
Il faut faire en sorte que tous les organismes des Nations Unies
mentionnent les règles et les dispositions relatives à leur application ou y
fassent référence, non seulement pour en assurer une large diffusion et mieux
les faire connaître aux institutions spécialisées, aux organisations
gouvernementales, intergouvernementales et non gouvernementales et au
public en général, mais aussi pour que soit connue de tous la volonté
manifestée par le Conseil économique et social et l’Assemblée générale de
faire appliquer ces règles et dispositions.
La mesure dans laquelle les règles ont un effet pratique sur les
administrations correctionnelles dépend beaucoup de la façon dont elles sont
intégrées dans les pratiques législative et administrative localement en
vigueur. II faut qu’elles soient connues et comprises dans le monde entier par
le plus grand nombre possible de professionnels et de non-professionnels.
C’est pourquoi elles doivent faire l’objet d’une propagande intensive, sous
toutes les formes, y compris de fréquentes mentions et l’organisation de
campagnes d’information à l’intention du public.
Disposition 10
Commentaire
Le but de cette disposition est de faire en sorte que les programmes
d’assistance technique de l’Organisation des Nations Unies et les activités de
formation des instituts régionaux contribuent indirectement à faire appliquer
l’Ensemble de règles minima et les dispositions relatives à leur application.
Outre les cours de formation ordinaires à l’intention du personnel des
établissements correctionnels, les manuels de formation, etc., des dispositions
devraient être arrêtées, en particulier au niveau de la formulation des
politiques et de la prise de décisions, pour que des avis d’experts soient
fournis sur les questions soumises par les États Membres, et notamment pour
qu’un fichier de services d’experts soit mis à la disposition des États
intéressés. Ce système de fichier de services d’experts semble
particulièrement nécessaire pour que soit observé l’esprit de l’Ensemble de
règles minima compte tenu de la structure socioéconomique des pays qui
demandent ce type d’assistance.
Disposition 11
Commentaire
Disposition 12
Commentaire
Étant donné que le Comité pour la prévention du crime et la lutte contre
la délinquance est l’organisme chargé de suivre l’application de l’Ensemble de
règles minima, il devra également assister les organismes susmentionnés.
Disposition 13
Commentaire
Puisque l’Ensemble de règles minima ne porte que partiellement sur les
questions relevant spécifiquement des droits de l’homme, les présentes
dispositions n’interdisent aucun recours permettant d’obtenir réparation pour
toute violation de ces droits, conformément aux règles et normes
internationales ou régionales existantes.
_________
2
Résolution 2200 A (XXI) de l’Assemblée générale, annexe.
3
Résolution 2106 A (XX) de l’Assemblée générale, annexe.
____________
*Résolution 43/173 de l’Assemblée générale, annexe.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 33
Principe premier
Principe 2
Principe 3
Principe 4
Principe 5
femmes enceintes et des mères d’enfants en bas âge, des enfants, des
adolescents et des personnes âgées, malades ou handicapées ne sont pas
réputées être des mesures discriminatoires. La nécessité de ces mesures et leur
application pourront toujours faire l’objet d’un examen par une autorité
judiciaire ou autre.
Principe 6
Principe 7
1. Les États devraient édicter des lois interdisant tous actes qui violeraient
les droits et devoirs énoncés dans les présents principes, prévoir des sanctions
appropriées contre les auteurs de ces actes et enquêter impartialement en cas
de plainte.
Principe 8
____________
*L’expression “peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant” doit être interprétée de façon à
assurer une protection aussi large que possible contre tous sévices, qu’ils aient un caractère physique ou
mental, y compris le fait de soumettre une personne détenue ou emprisonnée à des conditions qui la
privent temporairement ou en permanence de l’usage de l’un quelconque de ses sens, tels que la vue ou
l’ouïe, ou de la conscience du lieu où elle se trouve et du passage du temps.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 35
Principe 9
Principe 10
Principe 11
2. La personne détenue et, le cas échéant, son conseil reçoivent sans délai et
intégralement communication de l’ordre de détention ainsi que des raisons
l’ayant motivé.
Principe 12
Principe 13
Principe 14
Principe 15
Principe 16
1. Dans les plus brefs délais après l’arrestation et après chaque transfert
d’un lieu de détention ou d’emprisonnement à un autre, la personne détenue
ou emprisonnée pourra aviser ou requérir l’autorité compétente d’aviser les
membres de sa famille ou, s’il y a lieu, d’autres personnes de son choix, de
son arrestation, de sa détention ou de son emprisonnement, ou de son transfert
et du lieu où elle est détenue.
2. S’il s’agit d’une personne étrangère, elle sera aussi informée sans délai
de son droit de communiquer par des moyens appropriés avec un poste
consulaire ou la mission diplomatique de l’État dont elle a la nationalité ou
qui est autrement habilité à recevoir cette communication conformément au
droit international, ou avec le représentant de l’organisation internationale
compétente si cette personne est réfugiée ou est, d’autre façon, sous la
protection d’une organisation intergouvernementale.
Principe 17
2. Si une personne détenue n’a pas choisi d’avocat, elle aura le droit de s’en
voir désigner un par une autorité judiciaire ou autre dans tous les cas où
l’intérêt de la justice l’exige, et ce sans frais si elle n’a pas les moyens de le
rémunérer.
Principe 18
Principe 19
Principe 20
Principe 21
Principe 22
Principe 23
Principe 24
Principe 25
Principe 26
Principe 27
Principe 28
Principe 29
1. Afin d’assurer le strict respect des lois et règlements pertinents, les lieux
de détention doivent être inspectés régulièrement par des personnes qualifiées
et expérimentées, nommées par une autorité compétente distincte de l’autorité
directement chargée de l’administration du lieu de détention ou
d’emprisonnement et responsables devant elle.
40 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
Principe 30
Principe 31
Principe 32
Principe 33
4. Toute requête ou plainte doit être examinée sans retard et une réponse
doit être donnée sans retard injustifié. En cas de rejet de la requête ou de la
plainte ou en cas de retard excessif, le demandeur est autorisé à saisir une
autorité judiciaire ou autre. Ni la personne détenue ou emprisonnée ni aucun
demandeur aux termes du paragraphe 1 du présent principe ne doit subir de
préjudice pour avoir présenté une requête ou une plainte.
Principe 34
Principe 35
Principe 36
Principe 37
Toute personne détenue du chef d’une infraction pénale est, après son
arrestation, traduite dans les meilleurs délais devant une autorité judiciaire ou
autre, prévue par la loi. Cette autorité statue sans retard sur la légalité et la
nécessité de la détention. Nul ne peut être maintenu en détention en attendant
l’ouverture de l’instruction ou du procès si ce n’est sur l’ordre écrit de ladite
autorité. Toute personne détenue, lorsqu’elle est traduite devant cette autorité,
a le droit de faire une déclaration concernant la façon dont elle a été traitée
alors qu’elle était en état d’arrestation.
Principe 38
Toute personne détenue du chef d’une infraction pénale devra être jugée
dans un délai raisonnable ou mise en liberté en attendant l’ouverture du
procès.
Principe 39
Sauf dans des cas particuliers prévus par la loi, une personne détenue du
chef d’une infraction pénale est en droit, à moins qu’une autorité judiciaire ou
autre n’en décide autrement dans l’intérêt de l’administration de la justice,
d’être mise en liberté en attendant l’ouverture du procès, sous réserve des
conditions qui peuvent être imposées conformément à la loi. Ladite autorité
maintient à l’étude la question de la nécessité de la détention.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 43
Clause générale
5. Sauf pour ce qui est des limitations qui sont évidemment rendues
nécessaires par leur incarcération, tous les détenus doivent continuer à jouir
des droits de l’homme et des libertés fondamentales énoncés dans la
Déclaration universelle des droits de l’homme1 et, lorsque l’État concerné y
est partie, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels2, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le
Protocole facultatif qui l’accompagne3, ainsi que de tous les autres droits
énoncés dans d’autres pactes des Nations Unies.
____________
*Résolution 45/11 de l’Assemblée générale, annexe.
1
Résolution 217 A (III) de l’Assemblée générale.
2
Résolution 2200 A (XXI) de l’Assemblée, annexe.
3
Ibid.
44 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
9. Les détenus ont accès aux services de santé existant dans le pays, sans
discrimination aucune du fait de leur statut juridique.
Sachant que les mineurs doivent être séparés des détenus adultes et qu’ils
doivent bénéficier d’un traitement correspondant à leur âge,
2. Que les prisonniers conservent tous les droits qui ne leurs sont pas
expressément supprimés du fait de leur détention;
Personnel pénitentiaire
____________
2
Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1520, n° 26363.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 47
Gardant à l’esprit que cela n’est possible que si le personnel reçoit une
formation appropriée,
Considérant l’intérêt croissant des pays africains pour des mesures non
privatives de liberté, particulièrement en tenant compte des principes des
droits de l’homme,
48 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
Considérant que les travaux d’intérêt général et les autres mesures non
privatives de liberté sont des peines de substitution à l’incarcération
novatrices et que les développements actuellement en cours en Afrique sont
prometteurs à cet égard,
1. Que les délits mineurs soient réglés selon les pratiques coutumières,
pour autant que ces procédures soient conformes aux principes des droits de
l’homme et que les intéressés y consentent;
2. Que, chaque fois que cela est possible, les délits mineurs soient
réglés par la médiation et qu’une solution soit élaborée entre les parties
intéressées sans avoir recours au système de justice pénale;
7. Que l’opinion publique soit informée sur les objectifs de ces peines
de substitution à l’emprisonnement et sur leur mode de fonctionnement.
Demande instamment aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait:
a) De s’assurer avec soin que les étrangers faisant l’objet de poursuites
pénales se voient garantir les droits universellement reconnus en ce qui
concerne les poursuites pénales, à tous les stades de la procédure;
b) De veiller à ce que les personnes se trouvant dans un État ne soient
pas passibles de sanctions privatives de liberté plus graves ni soumises à des
conditions d’incarcération inférieures au seul motif qu’elles ne sont pas
ressortissantes de cet État;
c) De prendre les dispositions nécessaires pour faire en sorte que les
étrangers faisant l’objet d’une procédure pénale, dont la langue maternelle
n’est pas celle de l’État qui conduit la procédure à leur encontre et qui n’en
comprennent donc pas la nature, bénéficient, tout au long de la procédure et
dans la mesure du possible, des services d’un interprète qualifié dans leur
langue maternelle;
d) Dans tous les cas autorisés par le droit ou la coutume internes, de
faire bénéficier les étrangers ainsi que leurs propres ressortissants, sous
réserve qu’ils remplissent les conditions requises, des sanctions pénales ou
administratives de substitution prévues par la législation de l’État conduisant
la procédure;
e) D’intensifier les efforts pour mettre en œuvre les instruments
internationaux applicables tels que la Convention de Vienne sur les relations
consulaires4, qui porte notamment sur la notification aux autorités consulaires
de la détention d’un ressortissant de leur pays.
____________
2
A/49/748, annexe, chap. I, sect. A.
3
Résolution 2200 A (XXI) de l’Assemblée générale, annexe.
4
Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 596, n° 8638.
Première partie, chapitre premier. Traitement des détenus 51
____________
*Résolution 1999/27 du Conseil économique et social, annexe.
1
Résolution 1997/36 du Conseil économique et social, annexe.
2
Résolution 1998/23, annexe I.
3
Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1520, n° 26363.
4
Résolution 2200 A (XXI) de l’Assemblée générale, annexe.
5
Résolution 39/46 de l’Assemblée, annexe.
6
Voir Premier Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des
délinquants, Genève, 22 août-3 septembre 1955: rapport établi par le Secrétariat (publication des
Nations Unies, numéro de vente: 1956.IV.4), annexe I, sect. A.
7
Résolution 45/111 de l’Assemblée générale, annexe.
8
Résolution 40/33 de l’Assemblée générale, annexe.
9
Résolution 43/173 de l’Assemblée générale, annexe.
10
Résolution 34/169 de l’Assemblée générale, annexe.
52 Recueil des règles et normes de l’Organisation des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale
Notant que, dans la plupart des prisons africaines, les conditions sont loin
de satisfaire à ces normes nationales et internationales minimales,