SAMEDI ET DIMANCHE 7 et 8 février 2015 / Edition Bruxelles-Périphérie / Quotidien / No 32 / 2,00 € / 02 225 55 55

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Samedi 07 février 2015 | #352 | Le magazine lifestyle du Soir

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P.23 À 32

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Timmermans :
« La FGTB doit
prendre ses
Affaire Wesphael :
responsabilités »
L
e monde patronal a de quoi être
tout sourire : les grèves de no-
vembre et décembre sont loin et
le gouvernement fédéral appliquera in-
la préméditation écartée
tégralement l’accord sur les salaires
conclu entre les partenaires sociaux –
mais rejeté par la FGTB. Pour le direc-
Le parquet de Bruges a requalifié l’inculpation de Bernard Wesphael
teur général de la FEB, Pieter Timmer- de meurtre et non d’assassinat. L’ancien député sera jugé
mans, les mesures adoptées par le fédé-
ral et une conjoncture économique posi- pour l’homicide de sa compagne, Véronique Pirotton.
tive vont en faveur d’un redressement

L
économique, mais « la seule chose qui e parquet de Bruges en-
manque, c’est une forme de paix so- tend requérir, le 11 mars
ciale ». « La FGTB s’est braquée sur un prochain, le renvoi de
point. Un point important, c’est vrai, Bernard Wesphael pour
mais à un certain moment, il faut assu- meurtre et non pour assassinat,
mer ses responsabilités, estime le patron comme la juge d’instruction
des patrons. On ne peut pas rester avait dans un premier temps
constamment sur le mode “Je ne suis pas qualifié la mort de son épouse.
d’accord, donc rien ne va bouger.” » ■ Le corps sans vie de Véronique
Pirotton avait été retrouvé dans
P. 4 NOTRE ENTRETIEN une chambre d’hôtel à Os-
tende, le 30 octobre 2013.
La circonstance de pré-
méditation n’ayant pas
été retenue, Bernard
Wesphael encourt désor-
mais de 20 à 30 ans de
prison et non plus la per-
pétuité. La requalification
enlève un poids moral
important au
prévenu, jus-
© BELGA.
qu’ici considéré par la je ne crie pas victoire car même cool. Les experts désignés par
justice comme étant la prévention de meurtre, on la la juge d’instruction invoquent
un meurtrier calcula- conteste. » « l’intervention d’un tiers »
teur. « Ça apporte un Bernard Wesphael plaide son pour expliquer le décès par
peu plus de sérénité. innocence. Depuis son arresta- asphyxie de la victime.
Le scénario de l’accu- tion (il a été maintenu 10 mois Le procès ne devrait pas se
sation était invrai- en détention préventive), il tenir avant la fin de l’année,
semblable, explique soutient que Véronique Pirot- voire le début de l’année
l’avocat de l’ancien dé- ton serait décédée d’une sur- prochaine. ■
puté, Me Jean-Philippe dose de médicaments, associée
Mayence. Mais à une ingestion excessive d’al- P. 2 & 3 NOTRE DOSSIER

L'ÉDITO
Pascal Martin dans la cosmétique.
Et c’est surtout de la cosmétique
qu’a fait hier le gouvernement en
durcissant la loi de 2012 qui
prévoit dans un nombre de cas
et d’occurrences très restreint le
retrait de la nationalité belge.
Dorénavant, la période de dix
ans qui limitait la possibilité
d’une déchéance une fois la
UN RETRAIT nationalité acquise sera suppri-
mée. Une personne naturalisée
DE LA NATIONALITÉ pourra en quelque sorte être
TRÈS COSMÉTIQUE « dégradée ». Jusqu’à son dernier
jour.
lassiquement, il y a deux Mais si elle veut être exemplaire,
C manières de régler un pro-
blème.
la nouvelle mesure ne touchera
en réalité que très peu de
Soit en l’abordant sur le fond. monde. Les départs pour le dji-
Soit en l’escamotant. En donnant had et le risque terroriste qu’ils
impliquent en retour sont es-
sentiellement le fait de jeunes
issus de la troisième génération
de l’immigration arabo-musul-
mane. La loi revue et corrigée
ne les concerne pas.
C’est pourtant
d’un traitement de fond
dont a besoin
notre société malade
Une législation autorisant plus
facilement le retrait de la natio-
nalité belge aurait-elle suffi à
ce qu’ils renoncent à ce projet ?
Poser la question, c’est y
répondre.
Car il y a fort à parier que ceux
qui s’engagent ainsi dans la
sale guerre de Syrie n’ont plus
grand-chose à faire de la
Belgique, de ses lois et de ses
valeurs.
La nationalité belge, ce « Graal »
qui fit rêver leurs parents et
grands-parents, n’est plus pour
eux qu’une coquille vide. Son
retrait ne changerait rien. Pas
plus que la confiscation d’un
passeport ou d’une carte d’iden-
tité ne pèsera sur leur attitude.
La faute à qui ? A la manière
dont la Belgique a géré le vivre-
ensemble ? Aux fils et filles de
l’immigration ? A la situation
internationale, à ses injustices,
à l’importation des conflits ? La
complexité du problème appelle
une multitude de réponses.
lesoir.be
Pour l’heure, le gouvernement
s’emploie à répondre à la crainte
légitime générée par la montée Suivez dès 20 heures,
en puissance des tensions. samedi, la cérémonie
Comme le montrait récemment des Magritte
notre sondage, les Belges sont et ses coulisses
largement favorables aux me- en direct commenté.
sures sécuritaires mises en place
Retrouvez les vidéos
ces dernières semaines.
Mais quelques soldats dans la
de la visite
de François Damiens
rue et quelques passeports
à la rédaction.
confisqués ne permettront jamais
d’éteindre la menace. Le risque
aujourd’hui est bien que le pays
s’enfonce dans une léthargie
sécuritaire. Et s’y habitue au nom Suivez la finale
du principe de précaution.
C’est au contraire d’un traitement
de la CAN :
Côte d’Ivoire - Ghana,
de fond dont a besoin notre dès 20 h, dimanche.
société malade.

MARCHÉS 29
RÉGION 50 & 51

Saviez-vous que ...

 

D Y a de l’amour dans l’air... D

TÉLÉVISION 52 À 54
LOTERIE 54
MÉTÉO & BÉDÉ 55 la plupart de nos
MOTS CROISÉS 55 Le Repos des Chasseurs Cafe Maris Aux Armes
BON À DÉCOUPER
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1
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015
2 L’ACTU
Affaire Wesphael : l’assassinat requalifié en meurtre
Le parquet de Bruges
écarte la préméditation
dans la mort
de Véronique Pirotton.
Un éventuel procès
ne devrait pas avoir lieu
avant la fin de l’année.
L
e parquet de Bruges entend
requérir, le 11 mars pro-
chain devant la chambre
du Conseil, le renvoi de Bernard
Wesphael pour meurtre et non
pour assassinat, comme la juge
d’instruction avait dans un pre-
mier temps qualifié la mort de
l’épouse de l’ex-député wallon,
dont le corps sans vie avait été re-
trouvé dans une chambre d’hôtel à
Ostende le 30 octobre 2013.
Cette décision du parquet ré-
sulte de l’examen final du dossier
d’instruction. La prévention de
l’assassinat, soit le meurtre avec la
circonstance de la préméditation,
n’apparaît pas fondée. Le magis-
trat estime donc que les faits
doivent être qualifiés de meurtre,
soit l’homicide volontaire.
La chambre du Conseil, si elle
estime que les faits relèvent de la
cour d’assises devra renvoyer le
dossier à la Chambre des mises en
accusation qui, si elle statue de
même, renverra le dossier aux as-
sises. La défense, qui aura deman-
dé le bénéfice de la procédure en
français, se verra alors désigné la
cour d’assises du Hainaut, sié-
geant à Mons. Cet aboutissement
devant la cour d’assises est subor-
donné à cette double décision. Les
magistrats peuvent aussi décider
que des circonstances atténuantes
ou des causes d’excuses (la provo-
cation, par exemple) permettent à
LE KROLL
GROUPE
SA ROSSEL ET Cie
Rue Royale, 100
1000 Bruxelles
Président
et éditeur responsable
Patrick Hurbain
Administration générale
Rue Royale, 100
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Plus d’infos : http://www.copie-
presse.be.
un tribunal correctionnel de
connaître de la cause.
Une correctionnalisation
semble toutefois peu probable. Si
la décision du parquet de lire les
événements fatals à Véronique Pi-
rotton comme un meurtre (sa
mort résulte d’une interaction vio-
lente avec Bernard Wesphael), il
ne pourrait prendre en compte des
causes d’excuse ou des circons-
tances atténuantes que via une
hypothétique reconnaissance par
Bernard Wesphael de son implica-
tion dans la mort de son épouse.
Il se dit innocent
L’ex-député wallon plaide, lui,
son innocence. Depuis son arres-
tation (il a été maintenu 10 mois
en détention préventive), il sou-
tient que Véronique Pirotton se-
rait décédée des suites d’une ab-
sorption massive de médica-
ments, associée à une ingestion
excessive d’alcool. L’autopsie a ré-
vélé la présence de médicaments
et un taux d’alcoolémie de 3 g/l.
Les experts désignés par la juge
d’instruction estiment que ces
concentrations ne sont pas suffi-
santes pour justifier le décès. Ils
invoquent « l’intervention d’un
tiers » pour expliquer le décès par
asphyxie de la victime.
Les experts sollicités par la dé-
fense estiment que l’interaction
entre alcool et médicaments n’a
pas été suffisamment examinée.
Ils évoquent l’hypothèse d’une as-
phyxie positionnée, parfois impu-
table à une chute, mais ne peuvent
exclure une hypothèse criminelle.
C’est sur cette question centrale de
la cause du décès, et une probable
confrontation des experts légistes
et toxicologues, que devrait se
jouer un futur procès.
La requalification d’assassinat
Directeur général
et directeur de la rédaction
PUBLICITÉ Didier Hamann
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Annonces téléphonées Christophe Berti
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LA MORT DE VÉRONIQUE PIROTTON
Bernard Wesphael, inculpé du meurtre de Véronique Pirotton, est resté 10 mois en détention préventive. © PHOTONEWS.
en meurtre enlève un poids moral
important à Bernard Wesphael,
jusqu’ici considéré par la justice
comme étant un meurtrier ayant
prémédité son geste. La juge d’ins-
truction décelait des indices per-
mettant de croire à l’assassinat
dans une dispute survenue la
veille du départ solitaire de Véro-
nique Pirotton à la côte et dans le
fait que Bernard Wesphael l’avait
rejointe sans emporter avec lui des
vêtements de rechange ou une
trousse de toilette. Une violente
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dispute a effectivement opposé les défense) situent le bruit de la dis-
époux après que Véronique Pirot- pute final dans un espace-temps
ton eut été jointe, par téléphone et incompatible avec la version de
SMS dans sa chambre d’hôtel par Bernard Wesphael.
son ex-compagnon et amant de L’entame des débats devant la
retour, O. Bernard Wesphael sou- Chambre du Conseil, le 11 mars, et
tient qu’après cette dispute, il au- ses suites devant la Chambre des
rait fait une sieste. C’est pendant mises en accusation, ne laissent
celle-ci que Véronique Pirotton se pas entrevoir l’organisation d’un
serait effondrée, morte, dans la procès devant la cour d’assises (si
salle de bains de la chambre d’hô- c’est là qu’ils doivent se tenir)
tel. Cette version des faits est su- avant la fin de l’année, voire le dé-
jette à caution. Des voisins (dont but de l’année prochaine. ■
le témoignage est contesté par la MARC METDEPENNINGEN
BARBARA LOUYS,
L’AMBITIEUSE QUI AGACE
L’ex-animatrice de La lumière des projecteurs va-t-elle
s’éteindre plus tôt que prévu sur
« C’est du Belge »
sur La Une est Barbara Louys ? L’animatrice vedette
une bosseuse de la RTBF depuis quinze ans a été
passionnée mais convoquée vendredi matin par la
sa carrière à la RTBF Direction de la télévision pour discu-
est en danger. ter de son avenir. Fille d’un bijoutier
liégeois, Barbara Louys a débarqué à
Bruxelles en 1992 pour étudier les
sciences commerciales à l’Ichec.
Fêtarde, elle se crée rapidement un
réseau de connaissances et se fait
une place dans les milieux mondains
de la capitale. En 1998, elle fonde sa
boîte de production « Poupoupi-
dou ». Notre Marilyn Monroe se fait
connaître du grand public dans
« Forts en tête », un jeu culturel
diffusé sur La Une. Elle remplace
Armelle aux côtés de Jacques Mer-
cier pendant cinq ans. « Armelle
était très jeune et nous avions
installé un rapport de “grand
frère, petite sœur”, confie le
présentateur à la retraite.
Quand Barbara est arri-
vée, elle s’est tout de
suite installée sur un
pied d’égalité. Cela
correspondait aussi
mieux à l’époque. Elle
prenait beaucoup
d’initiatives, je la
trouvais très volontaire.
C’est une femme qui
savait ce qu’elle voulait
et j’ai dû m’adapter. »
En quelques années,
Barbara Louys devient
© D. R.
2 3
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015
L’ACTU 3
l’avocat « Le scénario était invraisemblable »
ENTRETIEN tion instinctive et intuitive. Ça avec votre client ? moindre charge suffisante pour
vocat de Bernard Wesphael, débouche sur deux états d’esprit Oui, bien sûr. Depuis sa libéra- soutenir cette thèse. Je ne parle
A Me Jean-Philippe Mayence a
appris l’information relative à
très différents. Pourtant, toute
la détention préventive de mon
tion, nous avons des contacts
réguliers. Au début, il ne com-
même pas de preuve…
son client par la presse. Ce qui client a été basée sur base de prenait pas très bien car le do- Quelles sont les prochaines
n’est pas sans l’étonner. Pour lui, cette fameuse préméditation. cument qui lui a été présenté étapes dans ce dossier ?
les choses changent mais il refuse Mais je ne crie pas victoire car était en néerlandais. Il ne sa- Les choses risquent de prendre
cependant de parler de victoire. même la prévention de meurtre, vait pas s’il devait traduire le du temps. Je vais d’abord lancer
on la conteste. Mais on ne fera mot par “meurtre” ou “coup la procédure pour faire venir le
Que vous inspire cette requalifi- pas le procès dans la presse. mortel”, ce qui est très différent. dossier dans une juridiction
cation des faits par le parquet Pour lui, rien ne change fonda- francophone car j’en ai le droit.
de Bruges ? Les choses vont-elles mentalement car il veut être la- Il faut aussi que je reçoive la co-
C’est très interpellant. Le scéna- Jean-Philippe Mayence, avocat désormais changer ? vé de tout soupçon et que toute pie du dossier pour voir quels
rio devient totalement diffé- de Bernard Wesphael. © BELGA. Ça apporte un peu plus de séré- la clarté soit faite sur cette af- sont les derniers devoirs qui ont
rent. Jusqu’à présent, certains nité. Le scénario de l’accusation faire. été réalisés. Ensuite, la partie
hallucinaient autour de la pré- préméditation sans vouloir était invraisemblable. C’était Néanmoins, ce revirement d’at- civile va probablement deman-
méditation. Ils en sont pour analyser jusqu’au bout. Or, à la un non-sens et ça n’était pas titude montre les limites de la der des devoirs d’enquête com-
DÉFINITIONS leurs frais. J’ai toujours dit relecture du dossier, le parquet défendable. Mais ce n’est pas justice. Je salue d’ailleurs le re- plémentaires. Peut-être que moi
qu’on pouvait discuter de la estime qu’il ne dispose pas du parce que le parquet change tour en arrière du parquet de aussi. Donc, je n’envisage pas le
Meurtre et assassinat scène de crime, que Bernard moindre élément de preuve al- d’avis que la partie civile va Bruges. Ça doit être dur pour procès avant février ou mars
Wesphael et son épouse avaient lant dans ce sens. D’un plan ba- s’incliner. eux. S’ils en arrivent à mettre la 2016. ■
La différence peut paraître
ténue pour un néophyte passé la soirée ensemble. Mais sé sur cette préméditation des préméditation de côté, c’est Propos recueillis par
mais elle a son importance. certains ont voulu maintenir la faits, on en arrive à une situa- Avez-vous pu parler qu’ils n’ont même pas la FRÉDÉRIC DELEPIERRE
Les deux sont des homi-
cides, la différence réside
dans la volonté du tueur. Le RÉTROACTES
meurtre est un homicide
commis avec l’intention de 31 octobre 2013 donné le statut du principal suspect, mais la décision est confirmée. Le lation.
donner la mort. La peine de il doit comparaître devant la chambre 17 janvier, la chambre du conseil
Véronique Pirotton, la femme de
prison encourue par un du conseil. Celle-ci décide de mainte- décide de prolonger la détention du 26 août 2014
Bernard Wesphael, est retrouvée
coupable est entre 20 et nir sa détention préventive. La procu- député pour trois mois supplémen-
morte dans un hôtel ostendais. C’est reure du Roi de Bruges confirme, taires Bernard Wesphael est libéré sous
30 ans. Quand il y a prémé- conditions. En tout, le député aura
le député du Front de gauche qui autopsie à l’appui, que la mort de
ditation, on parle alors d’as- passé 10 mois en détention provi-
avertit l’accueil de l’hôtel. Il parle Véronique Pirotton a été violente et
sassinat. Dans ce cas, le d’un suicide qui aurait fait suite à une 31 mars 2014 soire. La chambre du conseil avait à
que le corps porte des traces de
coupable risque la prison à dispute. Mais il est placé sous man- La défense annonce une contre- nouveau prolongé la détention pour
strangulation.
perpétuité. Notons aussi la dat d’arrêt par le juge d’instruction expertise qui mettra en évidence un trois mois deux semaines auparavant
notion de coups et blessures cocktail d’alcool et de médicaments mais la défense avait interjeté appel
de Bruges dès le lendemain. 19 novembre 2013
volontaires ayant entraîné la qui aurait pu être fatal à l’épouse de contre la décision. Des photos du
mort sans l’intention de la La Chambre des mises en accusation Bernard Wesphael. Ce contre-rapport suspect fêtant sa libération dans un
donner. Ici, les coups donnés 3 novembre 2013 de Gand prolonge la détention pré- pourrait confirmer la version que café, une bière à la main font scan-
par le coupable sont donnés L’autopsie de Véronique Pirotton ventive. La défense, qui souhaite sa maintient le député mais n’exclut pas dale.
volontairement, et ils en- révèle un décès par suffocation. Étant libération, se pourvoit en cassation, la possibilité d’une mort par strangu- TH . CA.
traînent le décès, de la vic-
time sans volonté de tuer.
TH.CA. 
J’Y VOIS CLAIR Équipée comme jamais
et toujours distinguée.
incontournable à la RTBF. Elle pro- Avec un 9/20,
duit « Tu passes quand tu veux »,
une émission destinée au jeune puis-je réussir ERIC BURGRAFF
public de La Deux. Elle permet ainsi
à sa petite sœur, Maureen, aujour- mon année ?
d’hui à l’avant-plan grâce à « The
Voice », de faire ses premiers pas à
la télévision. En 2006, elles portent On entend d’ici les conversations du week-end
ensemble le projet « Fata Morga- dans les chaumières où reviennent les étudiants
na », l’adaptation d’un jeu qui de l’enseignement supérieur… Les points de la session
cartonne en Flandre mais fait un flop de janvier tombent ces jours-ci. Voici comment les décoder.
chez nous.
Depuis plusieurs mois, l’animatrice
est sur la sellette. Écartée de « C’est Janvier pour la première bac. On parlera d’une session de jan-
du Belge » qu’elle a créé en 2004 et vier réussie lorsque l’étudiant présente une note de minimum 10
présenté en duo avec Thomas Van sur 20 pour chacune des épreuves présentées. Chaque note
Hamme puis Gérald Watelet, elle égale ou supérieure à 10 est acquise définitivement. L’étudiant
consacrait de plus en plus de temps est tenu de présenter une seconde fois les matières clôturées
à sa ligne de bijoux. « Le vrai pro- où il a moins de 10/20, il peut le faire en juin ou en septembre.
blème est que la RTBF a voulu miser Par ailleurs, l’étudiant en échec peut suivre une remédiation,
sur des visages et les conserver dans alléger son programme ou solliciter une réorientation.
son giron en leur offrant des contrats à L’année en première bac. En fin de première, la réussite sera
durée indéterminée, sauf que, quand il acquise à une double condition. Un, l’étudiant présente une cote
n’y a plus de tournage, ils ne savent de 10/20 minimum pour au moins 45 crédits sur 60. Deux, la
pas toujours quoi en faire », explique moyenne doit être supérieure ou égale à 10/20. L’étudiant doit,
un responsable haut placé du ser- en deuxième année, représenter tous
vice public. Il y a donc bien un « pro- les examens pour lesquels il n’a pas Le jury peut
blème Barbara Louys » aujourd’hui à obtenu 10/20. Le jury peut cependant décider de valider
la RTBF. Plusieurs sources dé- décider d’octroyer des crédits s’il es- des crédits lorsque
noncent une attitude irrespec- time le déficit acceptable en regard de l’échec isolé lui Série spéciale Polo Club Polo Club Trendline 60 ch 5v 3 portes
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té. Fin janvier, elle acceptait en première, il peut recommencer et ne devra représenter que
d’ailleurs de devenir marraine d’une les examens pour lesquels il n’a pas obtenu 10/20. Plus d’informations chez votre concessionnaire ou sur volkswagen.be
association de femmes entrepre- Janvier dans les autres bacs et masters. Le seuil de réussite
neurs. À quarante ans, Barbara par cours est comme d’habitude fixé à 10/20. En cas d’échec en
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ses priorités. Acceptera-t-elle les L’année dans les autres bacs et masters. Changement de taille
Informations environnementales (A.R. 19/03/2004) : www.volkswagen.be
nouvelles conditions posées par la par rapport au passé : la moyenne pour réussir l’année est cal-
RTBF pour poursuivre la collabora- quée sur celle des premières (10/20 au lieu de 12 précédem-
(1) Avantage client sur Polo Club de 3.927 € = 2.410 € (remise) + 1.517 € (avantage client sur Packs Club et Business Class). (2) Le prix maximum conseillé par Volkswagen Import pour le véhicule
tion ou réalisera-t-elle son rêve ment). Une différence fondamentale persiste entre les pre- mentionné hors options supplémentaires. (3) La remise commerciale valable pour les particuliers à l’achat d’une nouvelle Volkswagen durant la période du 03/02/2015 au 26/02/2015 auprès
d’ouvrir sa propre bijouterie ? Elle mières et les autres années : la réussite n’est pas fixée à 45 cré- des concessionnaires Volkswagen participants agréés en Belgique. Le nouveau véhicule doit être immatriculé avant le 31/08/2015. (4)/ǒDYDQWDJHVXUOǒ«TXLSHPHQWHVWFDOFXO«VXUODGLȔ«UHQFH
entre le supplément de prix pour la série spéciale et la somme des prix catalogues de chaque option/accessoire/Pack constituant la série spéciale (ou option/accessoire/Pack similaire). (5) Le prix
devrait donner sa réponse à la RTBF dits, l’étudiant doit, comme par le passé, réussir tout son pro- maximum conseillé par Volkswagen Import pour le véhicule mentionné hors options supplémentaires, déduction faite de la remise. Plus d’informations chez votre concessionnaire ou sur volkswagen.
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MAXIME BIERMÉ moyenne). Le jury peut cependant décider de valider des crédits
(et donc l’année) lorsqu’un échec isolé lui paraît acceptable.
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015
4 LABELGIQUE
« Il ne manque que la paix sociale »
SOCIAL Le directeur de la FEB est satisfait des accords mais demande la fin des actions
Pieter Timmermans
estime que le dialogue
social progresse
« pas à pas. »
Il tient au saut d’index.
Et estime
que les marges
de hausse des salaires
doivent contribuer
à la paix sociale.
ENTRETIEN
L
e gouvernement fédéral a
décidé ce vendredi d’ap-
pliquer l’accord sur les sa-
laires intervenu vendredi der-
nier entre le banc patronal, la
CSC et le syndicat libéral. La
FGTB a rejeté l’accord. Le direc-
teur général de la Fédération des
entreprises de Belgique, Pieter
Timmermans, se dit satisfait et
juge que le moment est venu de
laisser la place à la paix sociale.
Vous êtes satisfait de cet ac-
cord ?
C’est un accord équilibré. Vu les
circonstances dans lesquelles
nous vivons, je trouve que c’est
un accord équilibré. Mais il
faut le voir
dans un cadre
plus large.
« J’ai
Plus large ?
l’impression
Oui, nous vi-
vons un mo-
qu’il y a
ment où plu-
sieurs éléments
un noyau
importants se
mettent en place
dur
et il faut les lire à la FGTB
conjointement.
Il y a d’abord wallonne »
tout ce qui a
trait au pouvoir
d’achat. L’augmentation, par le
fédéral, des frais déductibles,
d’abord. Puis l’enveloppe bien-
être, qui revalorise les alloca-
tions sociales. Il y a aussi le
prix du pétrole qui est très
faible : 50-60 euros le baril. Si
on avait eu 100 ou 120 euros le
baril, cela faisait une diffé-
rence de 400 euros par mé-
nage. Puis, il y a la compétiti-
vité, avec des mesures comme le
saut d’index ou la réduction de
charges. Et il y a l’accord sala-
rial intervenu vendredi der-
nier, avec une marge limitée vi-
sant le net et des mesures pour
le futur (mobilité, pensions,
etc.). Ajoutons 80 millions de
réduction de charges sur les
secteurs avec beaucoup d’ou-
vriers. Et si on prend tout cela
ensemble, c’est un cocktail
d’éléments positifs pour soute-
nir le redressement écono-
mique. La seule chose qui
=4
D ; 0C 8 > =4=;86
B8<
Prêt à tempérament - Vous empruntez 15.000,00 euros en 48 mois - Mensualité 350,14 euros
Total à payer : 16.806,72 euros - *TAEG (taux annuel effectif global) = 5,84% - Taux débiteur annuel fixe = 5,84%
manque, c’est une forme de
paix sociale.
On n’en a pas fini avec le
risque de clash social ?
C’est un pas vers un climat
plus serein depuis les actions
de novembre. Et j’ai quand
même entendu le Setca dire ce
matin qu’il ne fallait pas faire
grève. J’ai entendu la même to-
nalité du côté des métallos fla-
mands. Ce sont des secteurs où
l’on a perdu énormément d’em-
plois et où l’on se demande s’il
est vraiment opportun de faire
grève.
C’est la FGTB wallonne qui
coince ?
J’ai vraiment l’impression
qu’il y a là un noyau dur. Et
dans les circonstances ac-
tuelles, est-ce qu’on va vrai-
ment créer un emploi supplé-
mentaire en faisant grève ? Il
faut bien réfléchir. Et la straté-
gie qu’il faut avoir, c’est centi-
mètre par centimètre, jour
après jour, faire en sorte qu’on
crée un climat plus serein.
Vous ne partirez pas en va-
cances avec Marc Goblet.
Il ne m’a pas encore invité.
La FGTB a dit
non à l’accord.
Comment inter-
prétez-vous ce
refus ?
La FGTB s’est
braquée sur un
point. Un point
important, c’est
vrai, mais à un
certain mo-
ment, il faut as-
sumer ses res-
ponsabilités.
On ne peut pas
rester constamment sur le
mode : “Je ne suis pas d’accord
donc, rien ne va bouger”. Il faut
pouvoir prendre
des décisions.
Au vu des cir-
constances éco-
nomiques ac-
tuelles, il n’est
pas acceptable
de rester dans le
blocage.
Mais pourquoi
êtes-vous aussi
inflexibles sur le
saut d’index,
alors qu’il nous revient du côté
patronal que beaucoup pensent
que cela ne changera rien vu le
bas niveau de l’inflation. Ber-
nard Delvaux, le patron de la
Sonaca, l’a dit clairement.
Mais il a été très vite contredit
par les autres fédérations d’em-
ployeurs comme l’Union wal-
Pieter Timmermans, l’administrateur-délégué de la Fédération des entreprises de Belgique estime
que la « grève n’a jamais créé un seul emploi ». © DOMINIQUE DUSCHESNES.
lonne des entreprises. Le saut
d’index, c’est 2 % de compétiti-
vité gagnés et on a besoin de ce
choc. Et si on continue à avoir
des tensions sociales ou à les
nourrir, on va décourager les
investissements. Et il y a de
l’argent pour de nouveaux in-
vestissements. Il faut un cadre
politique et social stable.
Comment se fait-il que le pa-
tronat, après s’être battu pour
le saut d’index, accepte une
marge de hausse salariale ?
Ce n’est pas contradictoire et
cela participe à notre volonté
d’installer un
climat serein.
Ceci dit, je si-
gnale qu’on ne
parle pas de
marge salariale,
mais bien d’en-
veloppe sala-
riale. Car il y a
bien d’autres
points à discuter
avec les parte-
naires sociaux
que le salaire net
en poche. Il y a la mobilité, les
pensions, etc., qui peuvent
faire l’objet de discussions et
d’aménagements après discus-
sions. Cela aussi participe à la
paix sociale… ■
Propos recueillis par
BERNARD DEMONTY
ET FRANÇOIS MATHIEU
« Ne supprimons pas les rulings »
En matière de pensions, la fai-
blesse lancinante des taux d’in-
térêt fait que les assureurs ne
peuvent plus garantir leurs
engagements (taux garantis de
3,25 ou 3,75 %). Or, en cas de
trou, ce sont les employeurs qui
vont devoir les combler…
Le problème du deuxième pilier
des pensions va sans doute rapi-
dement revenir sur la table.
Mais ce n’est pas un problème
pour les entreprises seulement.
C’est un problème pour la
concertation sociale. Si l’on veut
que le second pilier des pensions
se démocratise, que les entre-
prises élargissent le champ
d’application de ces assurances
de groupe, il faudra trouver une
solution à ce problème de taux
garanti. En l’état, ce n’est plus
possible de les maintenir. Pa-
reils taux légaux sont inadaptés
à la situation actuelle des taux
du marché, qui sont parfois né-
gatifs !
Quelle solution, alors ?
Je n’ai pas de solution. C’est au
ministre des Pensions à faire des
propositions. On en débattra
ensuite mais comme la volonté
de tous est de démocratiser le se-
cond pilier, je ne doute pas
qu’une solution sera rapide-
ment prise.

Dans l’actualité, l’administrateur
délégué de la SNCB, Jo Cornu,
juridique. Au vu de la complexi-
té de notre système fiscal, on a
demande aux écoles de s’adap-
ter aux horaires des trains…
besoin de savoir si telle ou telle
décision peut être fiscalement
J’ai l’impression
de retourner 40
acceptable. Un
ruling est donc
ans en arrière. « Les sociétés, un bon outil ;
Quand j’étais
plus jeune on
petites le remettre en
cause créerait
discutait déjà du
fait que De Lijn
ou grandes, un sentiment
de méfiance au
devait s’adapter
aux horaires des
ont besoin sein des entre-
prises. Qu’on y
écoles. Pour moi,
peu importe de
de sécurité apporte
correctifs,
des
savoir qui doit
s’adapter à qui,
juridique » passe,
pas de sup-
mais
l’important est pression.
que l’on discute et que l’on
trouve un terrain d’entente. Cette semaine, l’OCDE et la
Commission européenne ont
Autre fait d’actualité important : revu leurs perspectives à la
l’Europe a décidé d’ouvrir une hausse pour la Belgique…
enquête approfondie sur le C’est une bonne nouvelle que
système des bénéfices excéden- deux institutions internatio-
taires de la Belgique, qui favo- nales reconnues accordent des
rise trop les multinationales. bons points à la Belgique, tant
N’est-ce pas inquiétant ? en termes de croissance atten-
Oui et non. Ça m’inquiéterait due que de réduction des déficits
davantage si on ne visait qu’un plus importante qu’attendu.
seul pays. Il faut un débat au Néanmoins, leurs bons points
niveau européen pour qu’on ap- étaient accompagnés de
plique les mêmes règles à tous… « mais » : j’en conclus qu’il reste
Mais il ne faut pas jeter le bébé du travail à accomplir, ce qui
avec l’eau du bain. L’important est le cas ; il y a encore des me-
pour une entreprise, qu’elle soit sures annoncées qui doivent être
grande ou petite, c’est la sécurité mises à exécution. ■
AMBIANCE
Un cri de victoire tout en diplomatie
Le gouvernement fédéral a décidé ce vendredi d’appliquer
intégralement l’accord sur les salaires conclu entre parte-
naires sociaux. Il l’a même agrémenté d’une augmentation
des rémunérations les plus basses. Le monde patronal a
toutes les bonnes raisons d’être satisfait. Les grèves de no-
vembre sont loin, les accords se multiplient (prépensions et
crédit-temps en décembre, salaires en février) et la légitimi-
té de la concertation sociale, mise sérieusement à mal, est
requinquée. L’appel à la paix sociale de Pieter Timmermans
(lire ci-dessus) est plus préventif qu’autre chose. A ce stade,
aucune action d’envergure n’est annoncée. Mais le risque
n’est pas totalement levé. L’accord sur les salaires doit en-
core être approuvé par la CSC. Et cette approbation n’est pas
acquise. Si refus il y a, FGTB et CSC pourraient parfaitement
se liguer pour déclencher des actions contre le saut d’index,
et tout serait à refaire. Le banc patronal reste donc très pru-
dent. Il s’abstient aussi de tout triomphalisme parce que cela
pourrait braquer les syndicats. Or, les négociations entre
patrons et syndicats ne font que commencer. Il reste à négo-
cier des dossiers aussi explosifs que la définition des métiers
pénibles (qui permettent des départs anticipés), les pen-
sions ou encore l’introduction d’une rémunération liée aux
performances. On marche encore sur des œufs…
B.DY
4
 Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

LABELGIQUE 5

La N-VA veut scinder les Ordres

SANTÉ La déontologie des dentistes et pharmaciens aurait une couleur linguistique
Tout le monde celui des pharmaciens. Et elle ment d’un texte déposé en 2012 pays ont une conception fonda- taire, balaie l’idée de la N-VA :
veut en créer de nouveaux, pour par leur collègue Louis Ide. mentalement différente de la mé- « On veut un code de déontologie
est d’accord, il faut les dentistes ou les kinés. Les députés relaient largement decine », sachant aussi qu’ils ont mais un code fédéral ; ce n’est pas
dépoussiérer les ordres La N-VA l’a prise au mot. Elle a les thèses communautaires de « l’impression que l’autorégula- à l’heure de l’européanisation des
professionnels. déposé cette semaine trois propo- leur parti. « Il est important que tion se conçoit avec davantage de matières qu’il nous faut tomber
sitions de loi visant à créer des les pharmaciens maîtrisent la rigueur du côté néerlando- dans des sous-régionalismes ».
Pour la N-VA, ordres connotés linguistique- langue de la région linguistique phone ». Enfin, cette scission per- Quelles chances de voir le texte
toutefois, le séparatisme ment : deux ordres des pharma- où ils exercent, pour être en me- mettrait aux « ordres respectifs de aboutir ? Elles sont minces. Il y a
doit s’appliquer au ciens (un francophone-germano- sure de dispenser un traitement créer leur propre dynamique, peu de chances en effet que les li-
phone et un néerlandophone en adéquat au patient », indiquent- première étape du transfert de la béraux cautionnent ces textes.
contrôle déontologique. remplacement de l’organe natio- ils dans les développements, tout compétence des soins de santé aux Un signe : les propositions de loi
nal existant), deux ordres des en proposant un examen de Communautés » ! en question ne figurent pas parmi

D
ans sa note de politique
générale, Maggie De
Block (VLD) n’en faisait
guère mystère : elle veut dépous-
siérer les ordres déontologiques
tels que l’ordre des médecins ou
dentistes et deux ordres des kiné-
sithérapeutes (même division
mais il s’agit ici de structures
nouvelles). Les quatre auteurs
N-VA emmenés par le député Jan
Vercammen s’inspirent large-
Jan Vercammen (N-VA) est
à la base de la proposition. © B..
connaissance linguistique orga-
nisé par l’ordre. De plus, ils es-
timent que le caractère national
d’un ordre est « un frein à l’évolu-
tion de la déontologie », sachant
que « le Nord et le Sud de notre
Qu’en pensent les professions
concernées ? L’Ordre national
des pharmaciens n’a pas répondu
à nos sollicitations. Chez les den-
tistes, Michel Devriese, président
de la Société de médecine den-
les priorités de la majorité. Et
puis, le MR développe en ce mo-
ment ses propres textes pour la
réforme ou la création d’ordres…
nationaux. ■
ÉRIC BURGRAFF



carnet du samedi
Un puzzle
à mille pièces

L(quatre
es quatre préfets dépêchés à
Leonardo da Vinci
!…) ne seront pas de trop
pour calmer le jeu dans l’athénée
et pour nous expliquer pourquoi
Amadou s’est fait si violemment
tabasser à la sortie de l’école.
La victime lie sa mésaventure
au fait qu’il a refusé de signer une
pétition réclamant des sanctions
à l’endroit d’un prof d’histoire, le-
quel aurait soutenu la liberté
d’expression en général – et Char-
lie Hebdo en particulier.
Un premier préfet-enquêteur
n’a pas validé ce lien. Il est pos-
sible que les quatre autres préfets
aillent dans son sens. Et il est pos-
sible que non. Cette affaire est un
puzzle à mille pièces, les versions
pullulent et elles ne s’emboîtent
pas. Pour l’heure, il n’y a que deux
certitudes. La première, c’est que
le jeune Amadou s’est fait très
méchamment blesser, le 27 jan-
vier, vers 16 h 30, à quelques en-
cablures de son école. La seconde
certitude, c’est que rien ne peut
justifier ça.
Aux préfets à faire le tri.
Bonne chance les petits amis.
L’histoire (semble-t-il) s’amorce
donc au cours d’histoire où
(semble-t-il) le professeur fait
(semble-t-il) l’apologie de la li-
berté d’ex-
pression.
Tout cela
est à vérifier.
Mais si c’est
vrai, c’est
grave. Parce
que soutenir
la liberté d’ex-
pression, dans le chef d’un pro-
fesseur, ce n’est pas seulement un
droit. C’est aussi un devoir.
En attendant d’y voir clair,
adressons une petite pensée
(non : une grande…), chaude et
solidaire, à l’endroit de ces ensei-
gnants qui marchent sur des
braises du lundi au vendredi, de
8 h 30 à 16 h 30, en tentant de
promouvoir ce foutu « vivre en-
semble » qui va de moins en
moins de soi. Beaucoup y par-
viennent. Mais c’est dur. Et au-
cune école n’est épargnée.
Un instituteur (d’une paisible
école de la campagne) vient de
nous raconter un fait de classe. Il
ne fera jamais un titre. Il est à la
fois énorme et minuscule.
C’est l’histoire de deux gamins
de sa classe. Ils ont 11 ans.
C’étaient des potes pour la vie, in-
séparables et assis sur le même
banc. La belle amitié s’est arrêtée
lundi dernier, quand l’un des gar-
çons est venu décréter à l’ensei-
gnant qu’il ne voulait plus s’as-
seoir à côté de l’autre gamin
parce qu’il était « Arabe. »
Il faut des mesures, puissantes.
Et très vite.
Parce qu’il est déjà trop tard. ■
PIERRE BOUILLON

5
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

6 LABELGIQUE

Déchéance de nationalité : l’option

TERRORISME
La réforme, dans
sa version « hard », reste
au frigo pour le moment.
Les arguments
juridiques ont calmé
les ardeurs sécuritaires.
Les ardeurs du gouvernement ont été refroidies par des considérations
prête à aller pour se débarrasser
de ses terroristes d’origine étran-
gère et dissuader les jeunes radi-
calisés de ses quartiers de se lan-
cer dans le djihad.
Vendredi, la moitié du gouver-
nement était présente aux côtés
de Koen Geens pour annoncer la
couleur. Et c’est une demi-teinte.

C
eux qui attendaient une
riposte hautement sécuri-
taire à la menace terro-
riste déploreront sans doute le
caractère timide et le champ
d’application limité de la mesure
sur laquelle se sont accordés les
ministres fédéraux vendredi.
Ceux qui, par contre, doutaient
de la pertinence ou du bien-fondé
du durcissement de la loi sur la
déchéance de la nationalité de-
vraient se réjouir que le gouver-
nement Michel ne soit pas allé au
bout de sa logique.
La montagne a-t-elle accouché
d’une souris ?
On savait que la réforme de la
loi du 4 décembre 2012 sur l’ac-
quisition et la perte de la nationa-
lité figurait dans le « pack » des
12 mesures prioritaires avancées
par la majorité au lendemain des
attentats déjoués de Verviers
pour lutter contre le radicalisme.
On savait aussi que son appli-
cation serait élargie… mais à
quoi ? À qui ? La question était de
savoir jusqu’où la Belgique était
La nouvelle loi pourrait
ne pas s’appliquer
aux Verviétois Red-
wane et Tarik, qui se
trouvent actuellement
en Syrie. © D.R.
Il a finalement décidé de s’en
tenir, pour l’instant, à la possibili-
té de déchoir de leur nationalité
les Belges condamnés pour des
faits de terrorisme et possédant la
double nationalité, mais en se li-
mitant à la première génération
uniquement. Une sanction déjà
prévue dans l’article 23/1 de la loi
du 4 décembre 2012 relative à
l’acquisition et à la perte de la na-
tionalité mais qui, jusqu’ici, res-
tait limitée aux auteurs de faits
commis « dans les dix ans à
compter de la date d’obtention de
la nationalité belge ». Une excep-
tion que le gouvernement a déci-
dé de supprimer purement et
simplement. Il se situe là, le dur-
cissement promis.
Bientôt, donc, toute personne
ayant acquis la nationalité belge
par déclaration pourra se voir re-
Les avertissements du ministre de la Justice ont incité le gouvernement, dont la moitié des membres étaient présents à la conférence
de presse, à faire preuve de prudence. © PHOTONEWS.
tirer cette nationalité toute sa vie.
Par contre, les Belges ayant la
double nationalité en raison de la
nationalité de leurs parents, voire
de leurs grands-parents, ne sont
donc pas concernés par cette me-
nace de déchéance.
Les questions de validité
constitutionnelle soulevées ces
derniers jours ont donc calmé les
ardeurs du MR et de la N-VA, que
l’on savait partisans d’une ré-
forme à plus large spectre.
Le ministre de la Justice
(CD&V) avait pourtant lui-
même exprimé à plusieurs
reprises ses réserves à pro-
pos d’une éventuelle me-
sure visant les Belges
de deuxième et troi-
sième générations.
Mesure qui aurait
tôt ou tard fait
l’objet d’un recours devant la
Cour constitutionnelle en raison
de la discrimination qu’elle ins-
taurerait entre « catégories » de
Belges. Bref : jugée trop risquée,
l’option « hard », comme on l’a
souvent présentée, reste au frigo
le temps de bétonner juridique-
ment le texte.
S’il est resté prudent sur la
question de la déchéance, le gou-
vernement a par contre approuvé
d’autres mesures annoncées
telles que l’élargissement des
écoutes téléphoniques à d’autres
infractions terroristes, en l’occur-
rence la propagande et le recrute-
ment à des fins de terrorisme.
Par ailleurs, le voyage à l’étran-
ger à des fins terroristes sera éga-
lement punissable. En effet, si les
actes préparatoires à ce voyage ne
sont pas punissables en tant que

tels – on ne peut juger quelqu’un
pour une intention – le ministre
de la Justice a rappelé que le droit
pénal permet de punir la tenta-
tive de commettre une infraction.
Le conseil des ministres a en-
core confirmé qu’un accord a été
trouvé concernant le retrait tem-
poraire de la carte d’identité ou
du passeport de suspects qui pré-
sentent un risque pour l’ordre pu-
blic et la sécurité. Dans la pra-
tique, cette confiscation devrait
permettre aux autorités d’empê-
cher de jeunes endoctrinés de re-
joindre les groupes terroristes.
Enfin, le statut de réfugié et le
statut de protection temporaire
pourront être retirés lorsque
leurs bénéficiaires présentent
une menace pour la « société » et
la « sécurité nationale ». ■
LUDIVINE PONCIAU
PARLEMENT BRUXELLOIS
De Wolf bredouille
Vendredi, le chef de groupe
du MR (opposition), Vincent
De Wolf, a souhaité modifier
l’ordre du jour de la séance
consacrée au radicalisme
pour soumettre sa motion
« condamnant le ministre-
président Rudi Vervoort »
pour avoir assimilé selon lui
les combattants jihadistes
aux Juifs exterminés pen-
dant la Shoah. Le chef de
groupe PS, Philippe Close, a
regretté cette démarche un
jour comme celui-là et il a
rappelé que Rudi Vervoort
s’était déjà excusé. Le vote
pour modifier l’ordre du jour
en urgence n’a recueilli que
16 oui, contre 49 non et
13 abstentions.
F.V.

écoles 700 élèves

partent au « Djihad »

L’Athénée royal de Koekelberg était le plus représenté.

Ici, quatre de ses élèves de première année,
conquis par la pièce d’Ismaël Saïdi. © MATHIEU GOLINVAUX.

REPORTAGE important panel d’invités (le

e hall du Théâtre national
L bourdonne. Les grandes
marches de l’entrée sont enva-
hies d’élèves venus de plusieurs
écoles bruxelloises, de Schaer-
beek à Jette, en passant par Wo-
luwe-Saint-Lambert. En tout, ils
sont 700 à s’installer dans la salle
Join us on Facebook pour découvrir la pièce d’Ismaël
Atlas International Culture Saidi, Djihad.
Ibrahim est en première année
à l’Athénée Royal Koekelberg.
Particulièrement enthousiaste, il
sait à quoi s’attendre : « ça parle
de trois jeunes qui veulent partir
faire le djihad, explique-t-il. On
veut nous faire passer un mes-
sage : “n’y allez pas”. Le djihad, ce
sont juste des personnes qui
veulent imposer leur loi à tout le
monde et qui se cachent derrière
une religion. Mais c’est dégueu-
lasse ce qu’ils font ! ». Ibrahim
attend de cette pièce qu’elle lui
apprenne des choses… sur le ton
de l’humour.
Il ne sera pas déçu. Rapide-
ment, les jeunes accrochent au
style très comédie de la pièce.
C’est d’ailleurs une standing ova-
tion qui attend les comédiens. La
ministre, Joëlle Milquet, qui a
initié cette première représenta-
tion scolaire, se dit émue : « cette
pièce est magnifique ».
Place au débat. Sur scène, un
grand rabbin Ben Guigui, le dé-
légué général aux droits de l’en-
fant, etc.) prend place aux côtés
des comédiens. Les élèves sont
invités à poser des questions…
Certains ont bien préparé leur
intervention, copions à l’appui.
« D’où est venue l’idée de la
pièce ? », « Quel est votre état
d’esprit après Charlie ? »
Le débat s’anime quand le
metteur en scène demande à la
salle de s’exprimer elle aussi sur
ce qu’elle a ressenti après les at-
tentats… « Avant de dessiner, il
faut se renseigner sur la reli-
gion », lance un jeune élève. Is-
maël ne se démonte pas. Une
deuxième élève s’indigne :
« D’accord, il n’est écrit nulle part
qu’on a le droit de tuer, mais il
n’est écrit nulle part qu’ils
avaient le droit de caricaturer le
prophète ! ». Applaudissements.
« Ils ont le droit de le caricaturer,
répond un professeur, comme
nous avons le droit de les igno-
rer ! »
Près de quatre heures que les
élèves sont arrivés. Il est temps
de souffler. 11.000 jeunes auront
l’occasion, dans les prochaines
semaines, d’embarquer pour le
Djihad avec Ismaël Saidi, Ben
Hamidou et Reda Chebchoubi. ■
E.BL.

6
 Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

LABELGIQUE 7

douce choisie LESBRÈVES

Nemmouche : trois mois de plus

Albert et de la reine Paola. Cette
semaine, l’institution avait com-
mis une bourde en évoquant
juridiques a chambre du conseil de Bruxelles a décidé vendredi de main- dans un message de remercie-

antisémitisme Dérapage à l’école ? L tenir Mehdi Nemmouche, l’auteur présumé de la fusillade au

Q ueécoles
se passe-t-il dans nos
en ce moment ?
Après l’épisode de l’élève
tabassé à l’Athénée Leonardo Da
seignement communal, l’affaire
passera soit devant le Collège,
soit devant le conseil communal,
selon la gravité de la faute. En at-
Musée Juif de Bruxelles en mai dernier, en détention préven-
tive encore au moins trois mois, a fait savoir le parquet fédéral qui
ment le décès de la reine Paola,
plutôt que celui de la reine Fabio-
la. Le Belvédère a donc envoyé un
n’a pas souhaité faire davantage de commentaires sur l’enquête. Le nouveau message de remercie-
et israélien. Ses parents l’ont ins-
crite dans une école juive, lais-
sant son établissement – l’athé-
parquet n’a pas souhaité non plus réagir aux affirmations de la
défense remettant en cause le déroulement de celle-ci. Mehdi
Nemmouche est inculpé d’assassinats dans un contexte terroriste.
ment, évoquant cette fois dans sa
version néerlandophone le décès
du Roi… Fabiola (Koning Fabiola).
née Emile Bockstael – « juden- (b)

Vinci (nos éditions de la se-
maine), une élève vient de dépo-
ser plainte en vertu de la loi
contre le racisme, l’antisémi-
tisme et la xénophobie.
Les faits se sont passés au lycée
Emile Jacqmain de Bruxelles
(rue Béliard), le jeudi 22 janvier.
Face au chahut de sa classe, un
professeur de mathématiques
aurait suggéré, avec un accent al-
lemand, à un élève de « retour-
ner en Pologne ». Il aurait dit, en-
suite : « Tout le monde pourrait
l’accompagner en wagon ».
Les faits sont rapportés par la
DH.
Le lundi suivant – le 26 janvier
donc – le professeur a présenté
des excuses en classe, aux côtés
du préfet du lycée, Eric Deguide.
Il faut dire qu’entre-temps,
une adolescente de confession
tendant, le professeur de mathé-
matiques continue d’enseigner.
Cette enquête pour antisémi-
tisme dans une école n’est pas
une première. Lors de la rentrée
académique 2014, Sarah (pré-
nom d’emprunt), 15 ans, n’a pas
pu reprendre les cours avec ses
camarades de classe. L’année
précédente, elle avait reçu une
centaine de messages après avoir
posé, à l’occasion de la coupe du
monde, avec les drapeaux belge
it
ac k gratu
© BELGA.
frei », pour citer la presse de
l’époque. ENSEIGNEMENT cales (CGSP, Sel, SLFP et Appel)
En Belgique, selon les chiffres Arrêts de travail ont décidé d’emboîter le pas. Les
du site antisemitisme.be, le en front commun arrêts de travail (d’une heure, en
nombre d’actes antisémites est La CSC a appelé ses délégués à général) auront donc lieu dans
passé de 64 à 102 entre 2013 et organiser des arrêts de travail, l’ensemble des réseaux. (P.Bn.)
2014, soit une augmentation de cette semaine, pour informer les
60 %. Jeudi, on apprenait égale- enseignants des résultats de la MONARCHIE
ment qu’un nombre record négociation interprofessionnelle La nouvelle bourde
d’actes à caractère antisémite a et, parmi d’autres, des discus- du Belvédère
été enregistré au Royaume-Uni sions en cours sur la pension des La loi des séries semble toucher
en 2014. ■ profs. Les autres centrales syndi- le Belvédère, la résidence du roi
ANN-CHARLOTTE BERSIPONT


.150
juive (que l’enseignant aurait re-
gardée au moment de lâcher sa
phrase sur les wagons) en avait
parlé à ses parents. Ces derniers
ont contacté la direction. Le prof
s’excuse : « Ce que vous me faites
Ave
c Co nn e ct P

d e € 1
subir est pire encore. »
le ur
L’enseignant : « Il y a eu
e va
une décontextualisation »
n
Des excuses visiblement insuf-
fisantes pour l’adolescente, dont
les parents ont porté plainte à la
d’u
police de la zone Marlow. Ven-
dredi soir, on nous confiait que le
« dossier était en passe d’être
transmis au parquet de
Bruxelles ». Au même moment,
sur la RTBF, l’enseignant (Didier
Vanderveken) déplorait une
« décontextualisation de son dis-
cours » : « Je n’ai jamais parlé de
wagons dans un contexte faisant
allusion à la déportation. »
Sur la chaîne publique, des
élèves de l’école ayant assisté au
cours ont affirmé, eux aussi, que
les propos de leur prof avaient
été déformés par la presse, et
surtout que ce dernier ne visait
pas spécialement l’élève juive.
Le préfet du lycée, Eric De-
guide, a précisé vendredi en dé-
but d’après-midi que les propos
évoqués n’étaient pas « du tout le
genre de l’école » : « Toutes les
communautés coexistent dans
notre établissement et nous réali-
sons régulièrement des sorties pé-
dagogiques sur des anciens lieux
de la Shoah, nous faisons aussi
venir des rescapés des camps »,
a-t-il souligné.
Parallèlement à la plainte, une
enquête disciplinaire a été ou-
verte sur le professeur, qui sera
entendu par l’inspection. Faou-
ASTRA ULTIMATE EDITION
zia Hariche, échevine de l’Ins-
truction de la ville de Bruxelles, a
déclaré à RTL-TVI : « Si les faits
rapportés s’avèrent vérifiés, c’est
extrêmement préoccupant. »
AVEC PARK PILOT À L’ARRIÈRE
Elle a aussi évoqué deux types
de sanctions : une « mineure » et
une « majeure », cette dernière
ET UN HAPPY PILOT À L’AVANT.
pouvant aller jusqu’à la rupture
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Le professeur de maths. © RTBF.

7
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015
8 LABELGIQUE
Vervoort : « Je ne minimise pas »
BRUXELLES
Débat inédit au
parlement bruxellois.
Le ministre-président
de la Région bruxelloise
a présenté
son projet en 8 points.
Et expliqué ne pas
faire preuve de légèreté.
N
ous avons de la chance
de ne pas connaître la
situation de certaines
villes françaises et de leurs ban-
lieues enclavées. Nous avons
une plus grande mixité sociale :
c’est une chance à exploiter. »
C’est par ces mots que le pré-
sident du parlement bruxellois
Charles Piqué (PS) a clôturé la
séance plénière consacrée ven-
dredi aux « conséquences des
attentats et mesures à prendre
en matière de sécurité, de pré-
vention et de lutte contre le ra-
dicalisme ».
La matinée avait été consa-
crée aux interpellations, la plu-
part du temps par les chefs de
groupes, excepté au FDF où
c’est le député-bourgmestre de
Schaerbeek, Bernard Clerfayt
qui s’est exprimé, notamment
parce que sa commune est l’une
des quatre, avec Molenbeek,
Anderlecht et Bruxelles, consi-
dérées comme particulièrement
concernées par le radicalisme.
Bernard Clerfayt a d’ailleurs
plaidé pour que cette coordina-
tion soit générale et concerne
PAYER MOINS DE DROITS
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Présentation du plan de prévention et de lutte contre le radicalisme
les 19 communes bruxelloises. LES HUIT MESURES
Dans sa réponse aux interpella-
tions, Rudi Vervoort s’est enga- Des experts désignés
gé à mettre le plus rapidement 1. Attribuer un rôle de coordi-
possible un dispositif qui en- nation à la Région par la mise
gage l’ensemble des communes, en place d’un réseau de per-
et plus seulement les quatre sonnes de contacts. La coor-
déjà concernées. dination sera assurée par le
Répondant au député et chef cabinet du ministre-pré-
de groupe MR (opposition) sident et le suivi par l’Obser-
Vincent De Wolf, qui s’était vatoire bruxellois pour la
ému de la « légèreté » avec la- prévention et la sécurité.
quelle le ministre-président au- 2. Désignation d’un pool
rait, en certaines occasions, d’experts pour permettre
évoqué une série d’événements d’agir avec les outils appro-
liés au radicalisme, Rudi Ver- priés.
voort a répondu que le futur or- 3. Initier et soutenir des
ganisme public de coordination actions de sensibilisation ou
en matière de sécurité disposera de formation.
4. Diffusion des « bonnes
« Des moyens pratiques » belges et étran-
supplémentaires devront gères en la matière.
être dégagés pour soulager 5. Ouverture d’un site et/ou
nos communes » RUDI VERVOORT d’un numéro vert destinés à
permettre aux personnes
de bien plus de moyens que ne inquiètes de l’évolution d’un
le dit l’opposition libérale. « Des proche de contacter des
moyens supplémentaires de- personnes-ressources.
vront être dégagés pour soutenir 6. Servir de relais pour les
communes auprès des auto-
les services spécialisés, mais
rités politiques et judiciaires :
aussi soutenir et soulager nos directives claires pour le suivi
communes », a-t-il promis, tout des « returnees ».
en rappelant qu’il s’agissait 7. Mise en place d’un réseau
d’une réponse à apporter de Rudi Vervoort s’est défendu d’avoir tardé à agir face au phénomène du radicalisme. © LE SOIR de suivi préventif, pour ceux
manière collective : « Je me ré- qui montrent des signes de
jouis à cet égard que cette ques- Au niveau qui est le sien, Ru- structurera autour de 2 axes concernés (point de contact radicalisation, et curatif, pour
tion soit mise à l’agenda de la di Vervoort a annoncé un train d’intervention : à l’attention des permettant un accompagne- ceux qui reviennent de Syrie
concertation entre les différents de 8 mesures qui toutes seront acteurs locaux (modules de for- ment psycho-social…). Plus ou d’ailleurs.
niveaux de pouvoir. » Mais à intégrées dans le plan plurian- mation et de sensibilisation concrètement, Rudi Vervoort a 8. Recherche de soutien aux
chacun son rôle : la prévention nuel régional de prévention – le pour les agents communaux, donc évoqué 8 mesures, dé- niveaux fédéral, européen et
du radicalisme étant celui de la nouveau cycle commencera en éducateurs, policiers…) et via taillées dans Le Soir du 23 jan- international de sources
Région ; la lutte contre le terro- juillet 2015. Ce dispositif de un accompagnement des fa- vier (voir ci-contre). ■ d’expertise et de finance-
risme celui du fédéral. prévention du radicalisme se milles ou des jeunes et tiers FABRICE VOOGT ment de projets.

Exclus du chômage :
BON DE COMMANDE
Nom :
« Pas d’afflux aux
Prénom : CPAS », dit Borsus
Rue :
SOCIAL 3.795 bénéficiaires du RIS en janvier
N° : Boîte :
Code postal :
Date de naissance :
Commune :
/ /
Q uelque 3.795 personnes dé-
boutées de leur droit aux al-
locations d’insertion qui se
sont présentées en janvier à leur
Adresse courriel : CPAS ont reçu un revenu d’inté-
gration, selon des chiffres du SPP
Désire recevoir gratuitement le «Guide du Testament »
Intégration sociale calculés à par-
Si je voulais ajouter une bonne cause dans mon testament, je penserais aux tir d’un échantillon (25 com-
organisations suivantes: (cochez, mais sans obligation). Les organisations que munes belges dont Anvers,
je désigne ci-dessous peuvent m’envoyer de l’information. Bruxelles, Charleroi, Gand et
P 4BALZANES P JUSTICE ET PAIX Liège). Ce chiffre ne prend pas en
P ALZHEIMER BELGIQUE P LA CITÉ JOYEUSE – LE FOYER DES ORPHELINS compte les dossiers en attente
P AMIS DES AVEUGLES P LA LUMIERE d’une décision ni les personnes Willy Borsus (MR), ministre
P AMNESTY INTERNATIONAL PLA MONNAIE qui se présenteront ultérieure- de l’Intégration sociale. © BELGA.
P ANIMAUX EN PERIL P L’ARCHE D’ALLIANCE DE NAMUR ment auprès des services sociaux.
P APOPO P LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET « Indéniablement, l’afflux poursuivre et d’amplifier des ré-
P ASSOCIATION MUCO P LES AMIS DE SOEUR EMMANUELLE
P LES OEUVRES DU SOIR
massif attendu n’a pas eu lieu, en formes qui créent de nouvelles
tout cas pour le moment », a com- possibilités d’activité et d’em-
P CAP48
P CARITAS INTERNATIONAL P LES PETITS RIENS menté vendredi le ministre de ploi », estime Willy Borsus.
P CHAINE BLEUE MONDIALE P LES SERVICES DE L’APEM-T21
l’Intégration sociale Willy Borsus
P CHAINE DE L’ESPOIR
P CHAPELLE MUSICALE REINE ELISABETH
P LIGUE BELGE DE LA SCLEROSE EN PLAQUES, CF
P LOUVAIN COOPERATION
(MR), lors de la présentation du Des bénéficiaires jeunes
P LUMIERE POUR LE MONDE
dernier bulletin statistique du Le rapport du SPP Intégration
P CHILD FOCUS
perdure.
P CNCD-11.11.11 P MAGGY’S ACTION SPP Intégration sociale. sociale a fait état de plusieurs ten-
Bossaerts
P COLLEGE D’EUROPE P MEDECINE POUR LE TIERS MONDE Le ministre a rappelé que, se- dances en matière de revenu d’in-
P CONCOURS REINE ELISABETH P MEDECINS SANS FRONTIERES lon des chiffres provisoires de tégration (RIS). Primo, le
P DYADIS P MEDECINS SANS VACANCES l’Onem, 16.900 chômeurs ont été nombre de personnes bénéficiant
P ENTRAIDE ET FRATERNITE & ACTION VIVRE P NATAGORA exclus en janvier et 3.000 autres du RIS a augmenté de 4,1 % entre
ENSEMBLE P OEUVRE NATIONALE DES AVEUGLES devraient l’être encore au cours 2013 et 2014. Secundo, plusieurs
P ECOLES STEINER-WALDORF/EVIE ASBL P OXFAM-MAGASINS DU MONDE de l’année. Le ministre MR sou- types de profils sont particulière-
P FAUNE & BIOTOPES P OXFAM-SOLIDARITE ligne que le gouvernement a déci- ment représentés : les jeunes de
P FONDATION B.R.A.V.O. P PINOCCHIO dé d’assumer le surcoût généré 18 à 25 ans représentent 32,9 %
P FONDATION CHARCOT P PLAN BELGIQUE par l’exclusion de personnes dé- de la population totale percevant
P FONDATION CONTRE LE CANCER P PLANCKENDAEL
boutées de leur droit aux alloca- le RIS, alors qu’ils ne comptent
P FONDATION POUR LES AVEUGLES
P FONDATION POUR LES GENERATIONS FUTURES
P SANT’EGIDIO
P SOLIDARITE EN VUE
tions d’insertion, en dégageant que pour 10,7 % de la population
P FONDATION SAINT-LUC P SOLIDARITÉ SOCIALISTE
un montant supplémentaire de belge. Les familles monoparen-
P FONDS ANTICANCER P SOS FAIM 19,6 millions d’euros au bénéfice tales, elles, représentent plus de
P FONDS DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE-FNRS P SOS VILLAGES D’ENFANTS des CPAS sur un budget total de la moitié des ménages avec en-
P FONDS ERASME P STEP2YOU, PROGRAMMES JEUNES 64 millions d’euros. fants émargeant au CPAS.
P FONDS HEC-ULg DE L’ASBL ICHEC « Il y a en Belgique 48.077 chô- Les statistiques pointent en-
P SURDIMOBIL meurs complets indemnisés de- core une forte baisse (-55,9 %) du
P FONDS POUR LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
EN RHUMATOLOGIE P THINK-PINK puis plus de 10 ans, dont 24.556 nombre de demandeurs d’asile
P FONDS SCIENTIFIQUE DE L’HOPITAL P UNICEF depuis plus de 15 ans et 14.279 de- pouvant prétendre à une aide fi-
UNIVERSITAIRE DES ENFANTS REINE FABIOLA P UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES puis plus de 19 ans », a indiqué nancière. Plusieurs mesures au-
P GAIA P UNIVERSITE DE LIEGE Willy Borsus, faisant état de raient joué un rôle dans cette di-
P HANDICAP INTERNATIONAL P WWF
« chiffres interpellants ». Il sou- minution : accélération des pro-
P INSTITUT DE MEDECINE TROPICALE P ZOO D’ANVERS
haite mener « un travail au ni- cédures, réduction des flux en-

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8
 Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

LABELGIQUE 9
diagonale
Luperto : perte d’immunité en vue Ex-amants
et ennemis
JUSTICE Le député devrait aller devant une juridiction d’instruction
Le procureur du roi l n’aura pas fallu longtemps
de Namur va engager
PARLEMENT
Icensé
pour que le procès du Carlton,
être celui des jeux sexuels
Le PS a confiance
la procédure de levée Jean-Charles Luperto vient d’une certaine élite, tourne au
au mois d’avril. d’être nommé vice-président grand déballage. La preuve en a
de la Commission des Rela- encore été faite lors de l’audience
Peu de réactions de ce vendredi. Premier à passer
tions internationales du
dans le monde politique. Parlement de la Communau- devant la cour, l’avocat Emma-
té. Une désignation sinon nuel Riglaire. Trémolos dans la
voulue, au moins avalisée voix, il explique que petit, il a en-

L
e ministère public a l’in-
tention de demander la le-
vée de l’immunité parle-
mentaire du député-bourg-
mestre Jean-Charles Luperto, a
annoncé vendredi le procureur
du Roi de Namur, Vincent Macq.
Cette levée d’immunité parle-
mentaire, si elle est acceptée par
le Parlement wallon et par le Par-
lement de la Communauté fran-
çaise, mènerait le bourgmestre
de Sambreville, ancien président
du parlement de la Communau-
té, à comparaître devant une juri-
diction d’instruction pour la
suite de la procédure judiciaire.
Luperto, inculpé en décembre,
est soupçonné d’outrage public
aux mœurs en présence de mi-
neurs sur l’aire d’autoroute de
Spy (Namur), des accusations
qu’il réfute.
« Les débats pourraient avoir
lieu dans le courant du mois
d’avril devant les commissions
des poursuites des parlements
concernés, a précisé le procureur.
La demande sera faite par le pro-
cureur général et je l’appuierai. »
L’homme politique de 41 ans,
présumé innocent, refuse tou-
jours de se soumettre à une ex-
Inculpé en décembre, Luperto est soupçonné d’outrage public aux mœurs en présence de mineurs. © B.
pertise psychologique. « Elle au-
rait été intéressante mais il la
conteste. On ne peut pas imposer
à quelqu’un une expertise psy-
chologique ou psychiatrique », a
commenté le procureur.
La demande de levée de l’im-
munité parlementaire est traitée
à huis clos dans la commission
des poursuites des parlements
puis, toujours à huis clos, sou-
mise à la séance plénière.
Luperto avait déjà fait l’objet
d’une telle procédure après avoir
été inculpé en 2007 à la suite
d’une mauvaise blague par télé-
phone à l’encontre du bourg-
mestre de Jemeppe-sur-Sambre,
Joseph Daussogne. Son immuni-
té parlementaire avait été levée,
mais Jean-Charles Luperto avait
obtenu le non-lieu, la plainte
ayant été finalement retirée.
Très peu ou pas de commen-
taires officiels dans les milieux
politiques à l’annonce de la pro-
chaine demande de levée de l’im-
munité parlementaire à l’en-
contre de Jean-Charles Luperto.
« C’est la suite logique de la pro-
cédure, la justice fait son tra-
vail », s’est-on contenté de nous
dire.
Que va-t-il se passer ? Le pré-
sident du parlement wallon An-
dré Antoine (CDH) et celui du
parlement de la Communauté
française, Philippe Courard (PS),
seront saisis de la demande par le
parquet général. Ils entreront en
possession du dossier judiciaire
et le feront suivre aux commis-
sions des poursuites des deux as-
semblées qui instruiront l’affaire.
A Namur, la commission sera
présidée par le socialiste Pierre-
Yves Dermagne, qui doit toute-
fois être encore désigné comme
successeur de Christophe Colli-
gnon, devenu chef de groupe et
qui a renoncé à cette fonction.
Les deux commissions auront
toute latitude pour étudier les
charges qui pèsent contre Luper-
par le boulevard. Message :
on ne rigole pas avec la
présomption d’innocence et
le PS garde une confiance
absolue en Luperto.
P.BN
to et vérifier qu’il n’y a pas de mo-
tif politique derrière les accusa-
tions. Les députés peuvent aussi
demander d’entendre le procu-
reur du Roi ou le parquet général.
L’intéressé lui-même peut de-
mander à être entendu.
L’affaire pourrait aller vite. Le
procureur du Roi de Namur
évoque le mois d’avril pour les
réunions de commission qui se-
ront suivies, pour la forme, de dé-
cisions en séances plénières à Na-
mur puis à Bruxelles.
D’ici là et même au-delà de
l’éventuelle levée d’immunité,
rien ne change pour Jean-
Charles Luperto, l’homme poli-
tique. Il peut continuer à siéger
au conseil communal de Sambre-
ville, bien sûr, mais aussi dans les
deux assemblées parlementaires
où on le revoit depuis le début de
l’année, mais où il se montre aus-
si discret. ■
E.D.
terré son père et son frère. Avant
de perdre son premier enfant. Re-
vanche sur la vie, il allait ensuite
devenir « l’un des plus grands avo-
cats de la région ». « J’étais dans
tous les gros dossiers », affirme-t-
il après avoir repris ses esprits.
Jusqu’à ce qu’éclate l’affaire du
Carlton. « Je ne pardonnerai ja-
mais à ceux qui m’ont amené dans
ce tribunal », lance-t-il en visant
particulièrement « tout le vomi
déversé par Mounia », une an-
cienne prostituée avec laquelle il
a entretenu une liaison.
A son tour, la jeune femme se
présente à la barre. Entre deux
crises de larmes, elle tente de
justifier les contradictions rele-
vées dans ses dépositions par le
président qui évoque les relations
ambiguës qu’elle a entretenues
avec Emmanuel Riglaire. « Il a été
mon avocat, mon client et mon
amant », finira-t-elle par avouer.
Plus de doute aujourd’hui : ces
deux-là se détestent. Mounia fait
d’ailleurs tout pour convaincre la
cour que sa rechute dans la pros-
titution est due à Riglaire qui l’a
jetée dans le bras de René Kojfer,
du Carlton. ■
FRÉDÉRIC DELEPIERRE



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échéances atteinte mettra fin au contrat d’extension de garantie. Sous réserve d’acceptation du dossier par Nissan Finance Belgium S.A. (Prêteur), rue Ravenstein 60/15, 1000 Bruxelles. (4) Prime de reprise : à l’achat d’un Nissan JUKE, Nissan QASHQAI DIG-T 115, DIG-T163 et dCi 110 ou Nissan X-TRAIL.
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9
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

10 LABELGIQUE

Alerte à la bombe au « Soir » :

la police monétise la peur
TRIBUNAL Les forces de l’ordre réclament un dommage moral de 1.500 euros
Le 11 janvier, Thierry Carreyn avait trop bu, dit-il. PROFIL DES AUTEURS DES ALERTES À LA BOMBE
Il fut à l’origine d’une alerte à la bombe contre « Le Soir ».
Depuis, les faux poseurs de bombe se multiplient. Le vengeur Le mauvais Le parano
Un seul motif à son acte : la ven- plaisantin Il s’agit ici de personnes présen-
geance. Selon Denys Walter, tant une maladie mentale. Le para-
neuropsychiatre, ce cas est « as- « Le plaisantin est le cas le plus

J
’ai été pire que stupide. pecteurs principaux et d’un fréquent, explique le docteur Wal- noïaque puise dans l’actualité,
J’ai fait peur à la popu- commissaire ». Me De- sez rare ». Isidore Pelc, professeur l’intègre et pense alors qu’une
La peine émérite de psychologie médicale ter. C’est un pervers, un vicieux qui
lation. La police a dû se tremmerie, au nom de la s’amuse à compter les voitures de véritable menace pèse sur la so-
de l’ULB, complète : « Le but est ciété. « L’acte est de bonne foi chez
déplacer inutilement. Je
m’excuse. » Voilà donc ce
est de 3 ans zone, a aussi exposé un
« dommage moral » de uniquement de faire du tort à quel- police qui arrivent ». Le plaisantin
se réjouit de l’attention média- eux », commente le professeur
piètre « terroriste » qui affir- pour une fausse 1.500 euros. « Ces poli- qu’un, cela lui procure de la jouis- émérite Pelc. Pour le Denys Wal-
sance ». La logique se résume par tique qu’il crée, même de façon
mait dans un appel télépho- alerte simple ciers sont des pères de fa- anonyme. Le neuropsychiatre ter, ces personnes « se sentent
nique, le dimanche 11 janvier mille, ils ont eu peur », a-t-il la célèbre loi du talion : « œil pour persécutées, en danger », ce qui les
œil, dent pour dent ». ajoute : « Il n’a pas un âge particu-
dernier, vouloir faire sauter le soutenu. Cette demande d’in- lier, mais certainement un faible conduit à contacter la police.
journal Le Soir. Il se tient, les mains demnisation pour la « peur res- niveau de maturité ». H.H. (ST.)
jointes, devant le président Luc Hen- sentie » lors d’une intervention normale
nart qui préside, vendredi matin, l’au- dans l’exercice de la profession de poli-
dience en procédure accélérée de la 50e cier est pour le moins innovante. Des
chambre du tribunal correction-
nel de Bruxelles.
Le 11 janvier, c’était, 82
zones de police se constituent
régulièrement parties civiles
pour compenser les dom-
psychose 35 fausses alertes depuis janvier
out le personnel de GSK à Wavre ce n’est pas qu’une impression. pu être identifié. Quid des autres cas ?
semble-t-il, son anniversaire. dossiers ouverts mages matériels subis lors
Il avait bu plus que de raison. d’intervention (voitures T 800
évacué ce jeudi après-midi. Plus de
étudiants évacués ce mardi de Les chiffres. A la date de vendredi
En 2014, comme le signale le parquet
de la capitale, 55 dossiers ont été clas-
au parquet
« Je ne me souviens plus »,
lâche-t-il lorsque le pré- de Bruxelles
caillassées, mobilier, dé-
truit, etc.) ou les absences l’athénée
à un
Saint-André
appel anonyme
à Charleroi
signalant la
suite
pré-
1 dernier, la police fédérale avait enre-
gistré « 35 alertes à la bombe et colis
sés sans suite. Pour diverses raisons.
Dans 21 cas, l’auteur n’a pas pu être
sident l’interroge sur ses mo- pour cause d’incapacité
tivations. Il bredouille un vague
en 2014 subie par des agents blessés sence d’un engin explosif. Un autre ap- suspects depuis le 16 janvier et le pas- identifié. Dans d’autres, il l’a été mais il
souvenir : il avait trouvé bizarre en intervention. Le « salaire de pel le même jour à 9 h 15 prévenant sage au niveau d’alerte 3, annonce Mi- n’avait pas d’antécédents (4) ou il n’a
qu’un des frères Kouachi, les tueurs de la peur », si le tribunal l’accorde, ou- qu’un bus de la compagnie De Lijn al- chaël Jonniaux, porte-parole. Là-de- pas commis d’infractions (11). A deux
Charlie Hebdo, avait abandonné dans vrirait des perspectives nouvelles aux lait exploser à Termonde. La veille, lun- dans, on décompte six faits de menaces reprises, son acte découlait « de cir-
une voiture sa carte d’identité. Et il ru- zones de police. Les journalistes di, le palais de justice de Bruxelles avait par mail, lettre ou téléphone. Une dou- constances spécifiques » et à deux
minait l’idée sotte que le journal évacués n’eurent, eux, pas été évacué quelques heures durant zaine d’interventions portent sur des autres reprises, la « capacité d’enquête
Le Soir protégeait l’extrême peur… l’après-midi. En matinée, ce ne sont alertes à la bombe ou des dépôts de colis était insuffisante ». En comparaison, en
droite. Dans les jours précé- 35 Le tribunal rendra son pas moins de trois bâtiments du parle- suspects. Le reste est composé de
jugement le 20 février. ment européen qui avaient subi le contrôles approfondis de personnes dé-
2013, le parquet bruxellois avait enre-
gistré 55 fausses alertes à la bombe et
dents, il s’était frotté aux ser- suspects
vices juridiques du journal, Quant à Thierry Carreyn, même sort. Un ressortissant slovaque crites comme ayant un comportement 30 suspects avaient été identifiés. Un
auquel, affirme-t-il, il de- ont été inculpés qui exigeait du Soir le re- de 32 ans habillé en militaire avait se- suspect. C’est un chiffre élevé. Et encore, an plus tôt, le ratio était de 50-32.
mandait depuis quatre ans à Bruxelles trait de ses collections mé la panique en affirmant vouloir par- il y a certainement d’autres signale-
d’un articulet mention- ler au président de l’institution. Dans ments qui n’arrivent pas à la police fé- Les risques de sanction. Devant le
de supprimer une archive le
concernant : la mention, dans
en 2014 nant son nom, il se retrouve sa voiture, une arme à feu et une tron- dérale car ils sont traités par les polices 2 juge, que risquent les auteurs de
un article de 2004, de sa compa- désormais dans les moteurs de çonneuse avaient été découvertes par locales. » ces menaces ? « La peine varie selon les
rution devant le tribunal correctionnel recherche de l’internet signalé à des les enquêteurs. L’homme a été incarcé- Au parquet de Bruxelles, on relève circonstances. En cas de fausses alertes
(il avait bénéficié d’une suspension du centaines d’occurrences : son nom a fait ré. Depuis l’attentat parisien perpétré qu’en 2014, le nombre total de dossiers concernant un danger d’attentat, il y a
prononcé) devant lequel il répondait le tour du monde comme le candidat contre Charlie Hebdo, les fausses ouverts pour « fausses alertes à la une peine de deux mois à trois ans qui
d’un attentat à la bombinette (un engin poseur de bombes au journal Le Soir… ■ alertes à la bombe se multiplient en bombe et fausses informations d’atten- est prévue par notre code pénal. Les
artisanal) devant le siège du Vlaams MARC METDEPENNINGEN Belgique. Presque quotidiennement. Et tat » était de 82. Dans 35 cas, l’auteur a frais sont quand même non négli-
Blok (actuel Vlaams geables », explique Ine Van Wymersch,
Belang) à Saint-Josse. porte-parole du parquet de Bruxelles.
La réponse du journal La peine peut même encore être plus
était pendante. Le lourde si l’auteur profère des menaces
vendredi précédant accompagnées d’ordres ou de condi-
ses menaces télépho- tions. « La peine de prison est de six
niques, il avait fait mois à cinq ans alourdie d’une
état de son agace- amende. » Voilà pour le volet pénal. Le
ment en menaçant, civil, de son côté, peut aussi devenir
déjà, le journal très lourd.
« d’user d’autres Si un quartier est bloqué durant une
moyens » s’il n’était heure afin que les policiers, pompiers
pas satisfait à ses re- et démineurs de l’armée effectuent
vendications. leurs recherches, les transports en
Le dimanche 11 commun sont à l’arrêt et des magasins
janvier, jour de la et bureaux sont évacués. Ça occasionne
grande manifestation pro-Charlie, il un manque à gagner et du personnel
lança donc sa menace d’attentat par té- est mobilisé. Ça peut parfois atteindre
léphone. Le bâtiment abritant la rédac- des sommes considérables. Mais,
tion, rue Royale à Bruxelles, fut évacué. comme le rappelle Peter De Waele,
Un périmètre de sécurité fut installé. porte-parole à la police fédérale,
Des chiens détecteurs d’explosifs explo- « chaque signalement fait l’objet d’un
rèrent longuement les lieux. La sortie examen approfondi. Nous ne laissons
du journal fut perturbée. La rédaction rien au hasard. Il vaut mieux évacuer
dut migrer dans un hôtel voisin pour as- mille fois à tort que renoncer une seule
surer la confection des éditions. L’alerte fois et en subir toutes les consé-
perdura pendant plus de 7 heures. quences ».
Les policiers avaient facilement iden-
tifié l’auteur de l’alerte à la bombe.
Thierry Carreyn avait laissé son nom à 3 Le service de déminage de l’armée.
Il constate aussi une augmentation
d’interventions. « Il y a en effet une
l’opérateur téléphonique du journal. Il
fut arrêté à son domicile de Mouscron augmentation du nombre d’interven-
alors qu’il revenait d’une manifestation tions concernant des objets suspects.
locale… en soutien à Charlie. Nous ne faisons aucune différence entre
Carreyn, ex-imprimeur, est invalide à une fausse ou une vraie alerte. Chaque
66 %. En incapacité de travail, a-t-il intervention est prise au sérieux. Cette
rappelé avant que son avocate ne de- crainte est évidemment liée à l’augmen-
mande le bénéfice d’une… peine de tra- tation de niveau de menace. » Que le
vail. Au grand étonnement du président citoyen se rassure, le service de démi-
Hennart : « Mais, Maître, il est en inca- nage est formel : « Nous avons suffi-
pacité de travailler ! ». Et l’avocate de se samment de personnel pour répondre
replier penaudement vers la suggestion aux alertes tout en assurant les mis-
d’une « peine de travail adapté »… Le sions que nous effectuons toute l’année,
parquet a requis un an d’emprisonne- comme lors de découvertes d’engins ex-
ment. plosifs datant des deux guerres mon-
Le journal Le Soir ne s’était pas diales. » Et là aussi, « lorsque la justice
constitué partie civile, malgré les dom- décide de condamner l’auteur au civil,
mages subis. La police de la zone de il lui revient de payer les frais pour les
Bruxelles, elle, a demandé l’octroi d’une Pour intervenir sur les alertes à la bombe, la police est aidée par du matériel technologique de pointe. moyens engagés au sein de la Défen-
somme de 1.146,75 euros couvrant les En un mois, plusieurs quartiers bruxellois et des zones dans d’autres villes (dont Anvers) se ». ■
« prestations exceptionnelles » de 4 ins- ont été bloquées suite à ces fausses alertes à répétition. © BELGA. FRÉDÉRIC DELEPIERRE

10
 MONDE
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

11

Arracher un plan
de paix au Kremlin
CRISE UKRAINIENNE Merkel et Hollande chez Poutine
Rencontre surprise de
la chancelière allemande,
du président français
et du président russe.
Les quatre heures
de négociations n’ont
pas permis d’engranger
de percée significative.

MOSCOU
DE NOTRE CORRESPONDANT

S
ourires figés, regards
concentrés, visages ten-
dus… Sous les dorures du
Kremlin, Angela Merkel, Fran-
çois Hollande et Vladimir Pou-
tine viennent de s’asseoir pour
leur deuxième round de négocia-
tions de la soirée.
Il est près de 21 heures à Mos-
cou ce vendredi. La chancelière
allemande, le président français
et le chef du Kremlin ont déjà dis-
cuté une bonne heure en tête à
tête. Mais, sous les flashs et de-
vant les quelques journalistes au-
torisés pendant quatre petites
minutes à assister à leur inédite
rencontre à trois, ils ne disent
presque pas un mot. Ils
n’échangent pas de poignées de
mains. Et leurs regards se
croisent à peine. Après la petite
table ronde, une grande table
ovale les attend juste derrière, pa-
reillement nappée de blanc. La
discussion va s’étendre aux
conseillers et ministres – trois
personnes pour chaque chef
La seule présence
de la chancelière
est déjà un signe positif
d’Etat. La séquence avait été la
même la veille à Kiev, avec le pré-
sident Petro Porochenko.
Rien ne filtre sur le plan de paix
que Paris et Berlin ont proposé à
Moscou et Kiev pour mettre fin à
la guerre dans l’est de l’Ukraine.
Alors que les combats se sont in-
tensifiés, cela serait la dernière
chance de négociation dans ce
conflit qui a fait plus de 5.300
morts et crispé comme jamais de-
puis la guerre froide les relations
entre Moscou et l’Occident. Mais,
pour réussir, ce plan devra être
plus qu’un appel au cessez-le-feu,
un gel de la ligne de démarcation
et quelques mesures invitant au
Angela Merkel, Vladimir Poutine
et François Hollande lors de leur
entretien, vendredi au Kremlin :
mines graves et attitudes
embarrassées... © EPA.
dialogue entre Kiev et les sépara-
tistes. Les Occidentaux veulent la
fin claire et nette de la présence
militaire russe en Ukraine et un
engagement sans équivoque de
Moscou sur l’intégralité territo-
riale de son voisin. En échange, le
Kremlin exigerait un règlement
politique officialisant la fédérali-
sation de l’Ukraine et donc l’auto-
nomie renforcée des régions re-
belles. Mais, surtout, Moscou
veut obtenir la promesse que
Kiev n’adhérera pas à l’Otan.
L’ambiance était plutôt tendue
dans le salon présidentiel. « On
va bien voir ce qui va en sor-
tir… », se contente de souffler au
Soir Laurent Fabius, le ministre
français des Affaires étrangères,
pas franchement optimiste. A
deux pas de lui, Vladislav Sour-
kov, l’un des conseillers de
l’ombre de Vladimir Poutine, ré-
puté pour avoir été le cerveau du
scénario criméen menant à l’an-
nexion de la péninsule à la Russie
en mars dernier, joue pour sa part
l’énigmatique. « Quel est votre
objectif final en Ukraine ? », se
risque Le Soir. « Grande ques-
JOE BIDEN À BRUXELLES
Moscou coupable
d’« escalade »
Le vice-président des Etats-
Unis Joe Biden et le pré-
sident du Conseil européen,
le Polonais Donald Tusk, ont
affiché vendredi à Bruxelles
leur volonté de faire bloc
dans la défense de l’Ukraine
– même si l’éventuelle livrai-
son d’armes à Kiev risque de
faire voler cette unité en
éclats, la France et l’Alle-
magne (notamment) étant
opposées à « entrer dans
cette logique » de guerre,
comme l’a dit le président
Hollande. Tusk, lui, a appelé
à « maintenir la pression » sur
Moscou. Les ministres euro-
péens des Affaires étran-
gères pourraient à nouveau
se pencher sur cette crise
lundi, trois jours avant un
sommet européen où de
nouvelles sanctions écono-
miques pourraient être déci-
dées, si la séquence diplo-
matique échoue. La Russie
est coupable d’« escalade »,
a dit Joe Biden, avant de
gagner Munich et sa confé-
rence annuelle sur la Sécuri-
té, où le « debriefing » d’An-
gela Merkel ce samedi est
grandement attendu. (Ph.R.)
tion. Longue réponse. Je vous di-
rai plus tard… », répond-il avec
un large rire satisfait.
Les discussions ont été
« constructives » a déclaré Dimi-
tri Peskov après le départ des di-
rigeants. Mais, au-delà de la tra-
ditionnelle formule diploma-
tique, le porte-parole de Vladimir
Poutine, a bien dû reconnaître
que les quelque quatre heures de
négociations entre le chef du
Kremlin et Angela Merkel et
François Hollande n’ont pas
réussi de percée significative. La
chancelière allemande et le pré-
sident français étaient d’ailleurs
déjà en route vers l’aéroport
lorsque Dmitri Peskov est venu
s’adresser à la presse. « Le travail
continue, à partir des proposi-
tions franco-allemandes et in-
cluant nos propositions », a-t-il
simplement déclaré. Un constat
d’échec à peine tempéré par une
lueur d’espoir : les chefs d’Etat se
reparleront dimanche, mais cette
fois au téléphone.
L’initiative surprise franco-al-
lemande est officiellement soute-
nue par Washington. Mais, dans
les faits, elle prend le contre-pied
des appels de plus en plus nom-
breux outre-Atlantique pour en-
voyer des armes à Kiev et l’aider
face aux rebelles pro-russes sou-
tenus militairement par le Krem-
lin. De tels envois enfonceraient
la crise dans sa logique de guerre.
Paris et Berlin veulent l’empê-
cher. ■
BENJAMIN QUÉNELLE

Alexis Tsipras fait la sourde oreille

GRÈCE Le gouvernement de la gauche radicale campe sur ses exigences
e retour à Athènes après un marathon
D européen peu concluant, les dirigeants
du nouveau gouvernement grec ont réitéré
vendredi leurs demandes d’un plan-relais
d’aide au pays, campant sur leur position
avant une semaine de réunions à haut
risque. La posture du gouvernement, et le
temps qui passe alors que se présentent des
échéances de dettes cruciales à honorer, ont
poussé l’agence de notation Standard &
Poor’s à abaisser d’un cran la note du pays
vendredi soir, de « B » à « B- ».
Le gouvernement réclame 1,9 milliard
d’euros aux banques centrales de la zone eu-
ro, au titre des bénéfices réalisés par celles-ci
sur leurs avoirs en titres grecs, ainsi que l’ex-
tension de sa capacité d’endettement fixée
par ses créanciers à 15 milliards d’euros en
2015, a répété une source gouvernementale
vendredi. Le financement-relais doit per-
mettre « de négocier sans pression et sans re-
courir au chantage », selon elle.
Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis, vendredi
à Athènes : inflexibles... © REUTERS.
Le message s’adresse à l’Allemagne, qui
joue la montre alors que les sources de finan-
cement de la Grèce se tarissent les unes
après les autres, et à tous les partisans d’une
ligne dure en Europe. « Nous ne faisons pas
de financements-relais », a ainsi asséné ven-
dredi le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijs-
selbloem, selon l’agence Bloomberg.
Or, c’est devant l’Eurogroupe, l’ensemble
des ministres des Finances de la zone euro,
que la Grèce va jouer son va-tout mercredi,
avant un conseil des chefs d’Etat et des chefs
de gouvernement de l’Union européenne.
Avant ces rendez-vous à haut risque,
Athènes maintient donc une revendication
majeure du gouvernement Tsipras : s’affran-
chir des accords passés depuis 2010 qui im-
posent un programme de rigueur jugé humi-
liant en échange d’une aide de plus de
200 milliards d’euros. La Grèce veut repartir
sur de toutes nouvelles bases, avec une dette
allégée via des montages financiers sophisti-
qués, et de moindres contraintes budgé-
taires. Elle juge qu’un plan-relais lui permet-
trait de peaufiner ses demandes et de mettre
au point un ambitieux programme de ré-
formes, notamment fiscales. (afp) ■
P. 36 LE BILLET DE DOMINIQUE BERNS
** 11
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015
12 LEMONDE
La gauche mobilisée contre le FN
FRANCE Second tour de la législative partielle, ce dimanche dans le Doubs
PARIS
DE NOTRE ENVOYÉE PERMANENTE
S ophie Montel sera-t-elle la
troisième députée du Front
national à s’installer, aux côtés
de Gilbert Collard et de Marion
Maréchal-Le Pen, à l’Assemblée
nationale ? Tous les regards se-
ront fixés dimanche vers le
Doubs où la candidate de l’ex-
trême droite affronte au
deuxième tour d’une législative
partielle le candidat PS Frédéric
Barbier dans l’ancienne circons-
cription de Pierre Moscovici, de-
venu commissaire européen.
La semaine dernière, Sophie
Montel est arrivée en tête du
premier tour, avec 32,6 % des
voix contre 28,8 % au candidat
socialiste. Le candidat de l’UMP
Charles Demouge avait été éli-
miné avec 26,5 %. Un sondage
Ifop publié jeudi ne donne pas
l’avantage au Front national. Se-
lon les projections, c’est Frédéric
Barbier qui s’imposerait avec
53 % contre 47 % à Sophie Mon-
tel. Mais ce sondage local ne
donne qu’une indication très in-
certaine. Les analystes sou-
« Il faut que les paroles soient dites. Est-ce que tous
les partis adhèrent à la République ? Non ! » FRANÇOIS HOLLANDE
lignent que les reports de voix
sont difficilement prévisibles.
Peu d’exemples existent de
deuxième tour opposant la
gauche au FN.
La majorité a en tout cas jeté
toutes ses forces dans la bataille
de l’entre-deux tours. Mercredi,
le ministre de l’Intérieur Ber-
nard Cazeneuve s’est rendu sur
place. Le lendemain, c’est Ma-
Le Premier ministre Manuel Valls (à dr.) s’est rendu deux fois dans
le Doubs pour soutenir le candidat socialiste Frédéric Barbier. © AFP.
nuel Valls lui-même qui faisait le élection partielle. Rappelant
déplacement après la conférence qu’en 2002, lui, il n’avait pas hé-
de presse du Président. Il s’agis- sité « une seule seconde » à voter
sait là d’un deuxième voyage, Jacques Chirac lorsque c’est ce
même, pour le locataire de Mati- denier qui s’était retrouvé au se-
gnon, qui s’était déjà rendu sur cond tour de la présidentielle
face à Jean-Marie Le Pen après
l’élimination de Lionel Jospin.
« Il y a un moment où, au nom
des valeurs, les électeurs doivent
les lieux la semaine précédente faire des choix. Il faut que les pa-
et qui avait dû subir un meeting roles soient dites. Est-ce que tous
perturbé par une coupure d’élec- les partis adhèrent à la Répu-
tricité (un coup de la CGT) et les blique ? Non ! », avait insisté le
protestations des notaires, oppo- Président. Et de citer des propos
sés à la loi Macron qui prévoit de anciens de la candidate FN So-
libéraliser leur profession. phie Montel qui avait défendu
François Hollande lui-même, Jean-Marie Le Pen lorsque ce
lors de la cinquième conférence dernier avait évoqué « l’inégalité
de presse de son mandat (Le Soir des races », en 1996.
de vendredi), a évoqué cette Une manière de jeter une
pierre dans le jardin de Nicolas
Sarkozy et de la fameuse
consigne du « Ni ni » décidée
mardi par l’UMP. Le Bureau po-
litique avait conseillé, contre
l’avis même de son président,
aux électeurs de droite de s’abs-
tenir ou de voter blanc. Nicolas
Sarkozy avait une position plus
alambiquée : faire barrage au
FN, mais laisser libre choix aux
électeurs sur la façon de le faire.
Au même moment, Alain Juppé
se prononçait pour un vote en fa-
veur du candidat socialiste. Une
cacophonie du plus mauvais ef-
fet. L’autorité du chef était re-
mise en cause. Et l’hebdoma-
daire Marianne n’avait pas en-
core révélé à ce moment-là que
Nicolas Sarkozy, au lendemain
de l’élection du Doubs, ne se
trouvait pas en France mais à
Abu Dhabi, où il donnait une
conférence très bien rémunérée.
Rien d’illégal, mais malvenu à
l’heure de coordonner ses
troupes qui partaient dans tous
les sens…
Si la gauche remporte l’élec-
tion dimanche, le Parti socialiste
regagnera le siège qui lui maque
pour retrouver la majorité abso-
lue à l’Assemblée nationale.
Après une douzaine de législa-
tives partielles perdues, et après
des élections municipales et eu-
ropéennes qui se sont soldées
par des échecs retentissants l’an
dernier, la gauche pourrait re-
dresser la tête et, peut-être, es-
pérer limiter la casse lors des
élections départementales de
mars et des régionales de dé-
cembre prochain. ■
JOËLLE MESKENS
LESBRÈVES
Yémen : la milice chiite bétonne
son emprise sur le pouvoir
es miliciens chiites ont consolidé leur emprise sur le pouvoir
L au Yémen, un pays à majorité sunnite de la Péninsule ara-
bique, en annonçant la dissolution du Parlement et la mise
en place de nouvelles instances dirigeantes dans le pays, privé
d’exécutif depuis deux semaines. Le Yémen, allié des Etats-Unis
dans la lutte contre al-Qaïda, est plongé dans une profonde crise
politique depuis la démission le 22 janvier du président Abd Rab-
bo Mansour Hadi. Dans une « déclaration constitutionnelle »
rendue publique depuis le palais présidentiel, vendredi, la milice
houthie a décidé de dissoudre le Parlement et d’installer un
Conseil présidentiel de cinq membres à élire par un Conseil natio-
nal de 551 membres devant remplacer la Chambre dissoute. (afp)
MEXIQUE renvoyé devant la Cour crimi-
Plus de 60 cadavres retrouvés nelle, mais l’organisation restait
Plus de 60 cadavres ont été dé- inquiète quant aux implications
couverts jeudi soir dans un cré- de cette décision : la dernière fois
matorium abandonné de la ville qu’il avait été traduit devant ce
touristique d’Acapulco, l’une des tribunal pénal, en mai 2014, sa
plus touchées par la violence au peine était passée de 600 coups
Mexique, sans que soit détermi- de fouet à 1.000 et de 7 ans à 10
née pour l’instant la cause des ans de prison. (d’après afp)
décès. « Nous travaillons pour dé-
terminer combien d’enfants, de TRAITÉ TRANSATLANTIQUE
femmes et d’hommes » se Un organe pour harmoniser
trouvent parmi ces corps, a pré- les réglementations
cisé le procureur de l’Etat du Les négociateurs européens et
Guerrero. C’est dans ce même américains d’un accord de libre-
Etat que 43 étudiants ont disparu échange ont progressé cette se-
fin septembre après une attaque maine à Bruxelles vers la création
menée par des policiers locaux et d’un organe intergouvernemen-
des membres d’un cartel. (afp) tal chargé d’harmoniser les fu-
tures réglementations adoptées
ARABIE SAOUDITE de part et d’autre de l’Atlantique,
Fagellation reportée ont-ils indiqué après une se-
Raef Badaoui, le blogueur saou- maine de pourparlers. L’UE a dé-
dien, a bénéficié d’un quatrième posé sa proposition au cours de
report successif dans l’applica- ce 8e round de négociation, bien
tion de la peine de 50 coups de après celle des Américains. Le 9e
fouet hebdomadaires que lui a cycle de discussion est prévu en
infligée la justice saoudienne. avril à Washington puis à nou-
Amnesty International, qui suit le veau à Bruxelles avant la pause
cas de très près, a par ailleurs d’été. Objectif : accélérer les tra-
précisé que son dossier avait été vaux ! (Ph. R.)

12
 Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

LEMONDE 13

Ceci n’est pas une enfance

IRAK/SYRIE Selon les Nations unies, Daesh recrute, maltraite et exécute des enfants
Des enfants dants du CRC à avoir rédigé ce
rapport.
transformés Les Nations unies dénoncent
en combattants, le recrutement d’un « grand
en kamikazes ou nombre d’enfants » en Irak par
des groupes armés, et en parti-
en « boucliers humains ». culier par Daesh. Ces enfants
Des mineurs torturés, sont notamment formés pour le
combat. On les aperçoit dans
décapités ou crucifiés…
certaines vidéos de propagande
Le dernier rapport du groupe djihadiste : des en-
de l’ONU dénonce fants armés, à côté du drapeau
noir de l’EI. Certains sont ha-
les pratiques de Daesh.
billés de la tête aux pieds avec
L’armée irakienne des vêtements de type camou-
recruterait aussi flage… Des mômes qui ne dé-
passent pas toujours la barre des
des mineurs.
10 ans. Selon l’ONU, des enfants
même quotidien rapportait les
propos d’un jeune Syrien de 17
ans qui s’est échappé des rangs
de Daesh. Il raconte avoir appris
à trancher des gorges.
« La génération du califat »
« Ceci est la génération du ca-
lifat, raconte un jeune homme
pour décrire les jeunes recrues
de Daesh, dans un reportage vi-
déo de Vice News, un média amé-
ricain qui a fait une immersion
auprès de l’EI. La génération qui
se battra contre les infidèles et les
apostats, contre les Américains et
leurs alliés. La juste doctrine est
implantée en eux. »
arriver », souligne Renate Win-
ter. D’autres sont transformés en
« boucliers humains », c’est-à-
dire qu’ils sont placés autour
d’installations de l’EI pour éviter
que les chasseurs de la coalition
internationale larguent des
bombes à ces endroits.
« Nous sommes aussi profon-
dément concernés par la torture
et le meurtre d’enfants, spéciale-
ment ceux qui appartiennent à
des minorités », poursuit le rap-
port de l’ONU. Et l’horreur
continue : des enfants seraient
décapités, crucifiés, enterrés vi-
vants, exécutés en masse, vendus
sur des marchés…
forces armées recruteraient éga-
lement des mineurs, pour tenir
des postes de contrôle notam-
ment, et des jeunes seraient em-
prisonnés dans de mauvaises
conditions suite à des accusa-
tions de terrorisme. Tandis qu’en
Syrie, c’est l’Armée syrienne libre
qui inciterait des jeunes réfugiés
à rejoindre ses rangs.
Mais malgré ces accusations,
c’est tout de même Daesh qui
préoccupe davantage le CRC.
Renate Winter a cependant re-
connu qu’il était actuellement
compliqué de poursuivre ce
« groupe armé non-étatique »
pour le recrutement, la torture et
Une otage US
tuée dans un raid
de la coalition ?
Daesh a affirmé vendredi
qu’une otage américaine
avait été tuée lors d’un raid
aérien de la coalition inter-
nationale dans la région de
Raqa, un bastion des djiha-
distes dans le nord de la
Syrie. L’information n’a pas
pu être vérifiée de source
indépendante et le commu-
niqué signé par Daesh ne
comporte pas de photos du
corps de l’otage, mais il est
accompagné de photos d’un

L
a barbarie ne semble pas
avoir de limite. Après la
mort de Moaz al-Kassas-
beh mardi – le pilote jordanien
brûlé vif par des combattants de
l’autoproclamé Etat islamique
(Daesh ou EI) – le Comité des
droits de l’enfant des Nations
unies (CRC) a publié un rapport
précis sur la façon dont l’EI
traite les enfants qu’il recrute…
« L’ampleur du problème est
énorme », a indiqué Renate Win-
ter, l’une des 18 experts indépen-
de 8 ans sont recrutés comme
combattants, tandis que des gar-
çons de 12 ans sont formés pour
fabriquer des bombes ou faire de
la surveillance.
Daesh prépare ses (très)
jeunes recrues au combat, mais
les entraîne et les endoctrine
aussi pour exécuter des per-
sonnes. Selon le Wall Street
Journal, le mois passé, une vidéo
de Daesh montrait un jeune gar-
çon occupé à tuer deux hommes
non-identifiés. En décembre, le
Mais le sort que le groupe
« Etat islamique » réserve aux
enfants qu’il recrute varie…
« Des enfants – dont certains qui
souffrent de déficiences mentales
– sont utilisés comme kami-
kazes, probablement sans leur
faire comprendre ce qui va leur
Avec ce rapport, le Comité des
droits de l’enfant des Nations
unies veut notamment pousser
l’Irak à criminaliser le recrute-
ment de mineurs dans les
conflits armés. Une demande qui
est également adressée à d’autres
acteurs que Daesh : en Irak, les
l’exécution d’enfants. Elle a donc
suggéré au gouvernement ira- bâtiment détruit dans lequel
kien de faire tout son possible l’otage aurait péri. (afp)
pour protéger les enfants dans
les zones qu’il contrôle et pour Amman passe
essayer d’extraire ces enfants de à l’offensive…
l’emprise de Daesh… ■
CATHERINE JOIE Des dizaines d’avions jorda-
niens ont mené, jeudi, des
frappes contre des camps
Aux côtés d’entraînement et des dé-
d’hommes pôts d’armes de Daesh, dans
en armes, armés le cadre de l’opération
eux-mêmes « Martyr Maaz ». Ces
ou brandissant frappes « ne sont que le début
l’étendard de notre vengeance », a dé-
de l’Etat claré le chef de la diplomatie
islamique : jordanienne, Nasser Joudeh,
les vidéos à la chaîne CNN. Il a aussi
d’enfants précisé que ces frappes
endoctrinés avaient ciblé des objectifs
abondent aussi bien en Syrie qu’en
sur les réseaux Irak. C’est la première fois
sociaux. © D.R. que le royaume fait état de
raids aériens en Irak. (afp)

… et pleure
son pilote
Des milliers de personnes, y
compris la reine Rania, ont
défilé vendredi à Amman
pour condamner l’exécution
A 12 ans, du pilote jordanien. Après la
prière hebdomadaire musul-
Ci-dessus, ils sont formés mane, une foule de manifes-
une vidéo qui a pour fabriquer tants a appelé à punir
secoué la Belgique Daesh, en arborant des
en août dernier :
des bombes drapeaux jordaniens et des
un homme appelé photos du pilote Maaz al-
« Abdullah Kassasbe. Des pancartes
le Belge » discute affichaient aussi leur soutien
avec son fils. au roi et à l’armée dans leur
S’adressant à lui, lutte antidjihadiste. (afp)
il lui demande :
« Que veux-tu faire
quand tu seras plus
Daesh sanctionne
grand ? Djihadiste un chef religieux
ou martyr ? Un Saoudien a été relevé de
Le garçon lui ses fonctions de responsable
répond alors : religieux au sein de Daesh à
« Djhadiste ». © D.R. Alep, au nord de la Syrie,
pour avoir critiqué l’exécu-
tion du pilote jordanien.
Selon l’Observatoire syrien
A 8 ans, des droits de l’Homme, ce
Saoudien, connu sous le
ils sont nom de guerre Abou Mous-
recrutés comme sab al-Jazrawi, « a expliqué
que la façon dont le pilote
combattants avait été tué était une viola-
tion des traditions religieuses,
lors d’une réunion entre reli-
gieux et chefs de Daesh dans

femmes « Tant de vies brisées par la violence sexuelle »
es centaines de femmes et de jeunes
D filles voient leur vie brisée par les hor-
reurs de la violence et de l’esclavage sexuels
on nous a dit de prendre un bain et de les
mettre ». Suite à cela, la jeune fille s’est
tailladé les poignets et s’est pendue. « Elle
femmes étaient aussi brutales que les
hommes… elles étaient même plus impi-
toyables », raconte-t-elle.
la région d’Alep ». Il pourrait
être jugé par un tribunal
religieux et recevoir un châ-
que les femmes, qui ne peuvent quitter la
maison que dans des circonstances excep-
tionnelles, ne doivent pas travailler car le
timent. (afp)

aux mains de l’EI », déclare Donatella Ro-
vera, la principale conseillère d’Amnesty
International pour les situations de crise.
C’est établi : les jeunes filles et les femmes
deviennent de plus en plus les cibles du
groupe Etat islamique (EI ou Daesh), et
sont capturées, violées et parfois battues
par ses combattants.
Au traumatisme des violences subies
viennent s’ajouter la honte et la peur d’être
pointée du doigt par la communauté mu-
sulmane. Jilan, jeune Irakienne de 20 ans
enlevée par l’EI, ne l’a pas supporté. L’une
des filles détenues à ses côtés a raconté son
histoire à Amnesty International : « Un
jour, on nous a donné des vêtements qui
ressemblaient à des costumes de danse et
était très belle ; je pense qu’elle savait
qu’elle allait être emmenée par un homme
et que c’est pour cela qu’elle s’est tuée ».
D’autres ont réussi à s’enfuir mais seront
à jamais marquées par ce qu’elles ont vécu.
Le Courrier International a recueilli le té-
moignage de Flora Anwar, une ancienne
prisonnière de Daesh. Elle raconte la bru-
talité des femmes djihadistes. « Avec mes
deux enfants, ils [les combattants de l’EI]
nous ont jetés dans une pièce où se tenaient
deux femmes entièrement vêtues de noir ».
Flora explique ensuite avoir été fouillée
par ces deux femmes qui lui ont « tout
pris ». « Les gardiens postés à l’extérieur
brandissaient des chaînes, et si vous insis-
tiez, vous vous faisiez rouer de coups. Les
Les « captives » de Daesh
Les djihadistes ont mis sur papier les
règles de vie des femmes de l’EI. La bri-
gade al-Khansaa, une milice entièrement
féminine au sein de l’EI, a publié le 23 jan-
vier sur un forum djihadiste un document
intitulé Les femmes de l’Etat islamique :
manifeste et étude de cas. Ce texte a été tra-
duit en anglais par le think tank britan-
nique Quilliam Foundation, mais n’a pas
encore, semble-t-il, été officiellement vali-
dé par Daesh. « Les filles peuvent se ma-
rier à partir de 9 ans, devraient idéale-
ment avoir des maris avant 16 ou 17 ans,
quand elles sont encore jeunes et actives »,
peut-on y lire. Le manifeste explique aussi
travail pourrait les « corrompre ».
Succès kurdes
En novembre 2014 déjà, des membres autour de Kobané
de l’EI avaient distribué des brochures à Les combattants kurdes
Mossoul, en Irak, reprenant, sous forme de syriens se sont emparés
questions/réponses, la position de la pré- vendredi de plusieurs di-
tendue loi islamique sur divers sujets. Le zaines de villages autour de
document, intitulé Questions et réponses Kobané, à la frontière
sur la prise de captifs et d’esclaves, certifie turque, tenus jusque-là par
qu’il est permis d’avoir des rapports Daesh. Les Unités de protec-
sexuels avec des esclaves non-musul- tion du peuple kurde (YPG)
manes, y compris des jeunes filles. Le do- ont ainsi étendu leur
cument explique également qu’« il est per- contrôle territorial de la
mis d’acheter, de vendre ou d’offrir en ca- zone, s’emparant d’un total
deau les captives et les esclaves, parce de 101 villages depuis qu’ils
qu’elles sont simple propriété dont on peut ont gagné fin janvier la ba-
disposer à son gré ». ■ taille de Kobané. (afp)
C.L. (st.)

13
Le Soir Samedi 7 et dimanche 8 février 2015

14 LEMONDE FOCUS

« Vous vivez en Afrique du Sud,

ce n’est pas trop dangereux ? »
Valérie Hirsch, la correspondante BONNES FEUILLES

du « Soir » en Afrique du Sud,

publie « Les Sud-Africains ».
Une plongée parmi un peuple
qui reprend des couleurs.

« Raconter un peuple
et partager ses valeurs »
ENTRETIEN
Lauren et Pule,
C omment est né ce livre ? Quelle est la
philosophie de cette collection ?
Les Sud-Africains fait partie de la collection
27 ans tous les deux :
en couple
depuis un an. © LEA THIJS.
« Lignes de vie d’un peuple », initiée par Henry
Dougier, le fondateur des Editions Autrement,
en 1975 en France. Neuf titres sont déjà parus : Antseys, le laboratoire cé leur journée à 4 h, j’ai presque honte ! »
Les Napolitains, Les Catalans, Les Ukrainiens, « arc-en-ciel » Diplômée en anthropologie sociale, Lauren, femme extra-
etc. Ce ne sont ni des guides, ni des récits de
« Dans l’ascenseur, les gens me demandent si je viens d’Eu- vertie aux yeux bleus, longs cheveux bruns et piercing dans
voyage, ni des livres de sociologie, mais une
rope. Je leur souris et réponds : “Eh ! les mecs, je suis d’ici. Je le nez, fait des recherches dans le centre-ville, enseigne
suite d’interviews, de portraits et de reportages
peux vous parler en afrikaans et même dire quelques mots de dans un jardin d’enfants et anime un atelier d’art avec des
pour raconter un peuple, partager ses rêves et
xhosa, si vous voulez !” » Si ses voisins assument que Lauren enfants des rues. Ingénieur du son, Pule assure l’animation
ses valeurs.
Kent est étrangère, c’est parce qu’elle vit avec un Noir, Pule musicale d’un marché nocturne mensuel, initié par des
Mathebula. Les couples mixtes, où les deux partenaires résidents de l’immeuble.
Après vingt ans sur place, ce pays arrive-t-il
sont sud-africains, sont encore rares. Leur union « arc-en- Le couple, originaire de Pretoria, a fait l’admiration de leurs
toujours à vous surprendre ?
VALÉRIE HIRSCH ciel » est à l’image de l’immeuble. amis en s’installant dans le centre de Joburg déserté par
Oui, l’Afrique du Sud est un pays qui n’arrête
Les Sud-Africains, A Ansteys, en plein centre-ville de Johannesburg, Lauren et les Blancs depuis le début des années 1990. « Au début, ils
jamais de surprendre, qui rassemble le pire et le
collection Lignes de vie Pule vivent ensemble depuis un an. Cette tour de Babel de avaient peur et venaient en groupe pour nous voir, glousse
meilleur, un peu comme les Etats-Unis. On dit
d’un peuple 80 appartements, construite en 1935, est unique par son Lauren. Ma famille a aussi hésité à faire les 40 kilomètres de
souvent que c’est une planète en réduction avec
Editions Ateliers histoire. Elle a été successivement occupée par des Blancs, trajet depuis Pretoria. Puis ils se sont dits : “Notre fille a voya-
sa population hétéroclite, sa forte présence eu-
Henry Dougier puis par des Noirs, et maintenant par une population bigar- gé toute seule dans l’est de l’Afrique. nous pouvons aussi faire
ropéenne et asiatique (indienne et chinoise) et
144 pages, 12 euros rée de résidents. Dans ses vieux ascenseurs poussifs se un petit effort !” »
ses puissantes minorités musulmane et juive.
croisent des familles et des retraités noirs, des hipsters, Ses parents sont pourtant très progressistes : « Jusqu’à mes
C’est un cocktail qui n’est pas explosif. Quand
noirs, blancs, métis, indiens, et des émigrés africains venus 7 ans, j’ai vécu au Botswana parce qu’ils ne voulaient pas nous
on voit ce qui se passe en Europe, au Proche-
chercher fortune dans la « ville de l’or ». Avec ses 18 étages élever sous le régime d’apartheid. » Quand sa famille est
Orient ou en Afrique de l’Ouest, on se dit qu’on
qui s’amincissent dans un dégradé vertical, Ansteys fait retournée vivre en Afrique du Sud en 1994, dans une petite
a de la chance d’habiter aussi loin. Malgré les
partie des joyaux art déco de Johannesburg laissés à ville très conservatrice, Lauren a continué à avoir des amis
séquelles du régime d’apartheid, les gens coha-
l’abandon depuis la fin de l’apartheid. de toutes les couleurs. « Les enfants blancs restaient entre
bitent de manière pacifique. Nelson Mandela et
(…) Lauren et Pule, 27 ans tous les deux, habitent un ap- eux, alors que chez moi c’était totalement multiracial. »
sa génération ont joué un rôle déterminant.
partement lumineux de deux chambres au 13e étage, avec Fils d’un médecin, Pule a aussi grandi dans une famille hors
Mais chaque jour, je suis aussi étonnée par l’en-
de hauts plafonds, un parquet en bois et des placards d’ori- du commun : « Quand j’avais 5 ans, on s’est installé dans les
gagement des Sud-Africains de toutes les cou-
gine. Un nid de tisserin construit comme un grand co- quartiers afrikaners du nord de Pretoria. Il n’y avait qu’une
leurs qui veulent que leur pays réussisse. Il y a
quillage en colimaçon est accroché à un mur : « C’est autre famille noire dans tout le district ! Pour faciliter mon
beaucoup de gens qui font des projets formi-
comme ce building. C’est difficile d’y entrer, mais une fois intégration dans mon école privée où quasi tous les élèves
dables au sein d’ONG, dans les townships mais
qu’on est dedans, on y est tellement bien, explique Pule, beau étaient blancs, mes parents me parlaient en anglais. J’ai dû
aussi, par exemple, des jeunes promoteurs im-
et cool, habillé en short et sweat-shirt, les dreadlocks en- réapprendre le sotho, ma langue maternelle, quand j’ai deman-
mobiliers qui ont transformé certains quartiers
fouies sous un bonnet. Je n’étais pas enthousiaste quand dé plus tard à aller dans un lycée public, où je me suis retrouvé
ou immeubles du centre-ville de Johannesburg
Lauren m’a proposé d’y habiter. Mais maintenant j’adore ! pour la première fois de ma vie parmi des Noirs. Les jeunes des
pour en faire un lieu de brassage social et ra-
C’est stimulant de vivre dans le centre-ville, où il y a tellement townships se moquaient de moi, en m’appelant coconut (noir
cial. La création artistique, très vivante, reflète
d’opportunités et d’énergie. Quand je me lève à 9 h du mat et à l’extérieur, blanc à l’intérieur). Heureusement, j’étais bon
cette énergie, que j’ai essayé de faire passer dans
que je vois par la fenêtre les vendeurs de rue qui ont commen- en sport et ils ont fini par m’accepter. »
mon livre.
Mais je n’édulcore pas les problèmes, comme la
corruption et la mal-gouvernance. Jacob Zu-
ma, qui a été reconduit pour un second mandat
jusqu’en 2019, est un très mauvais chef d’Etat.
La croissance économique est compromise et se Stonned Cherrie :
traduit notamment par des coupures d’électri- identité, mode et esthétique africaines
cité de plus en plus fréquentes. Même si la ma- « Quand vous créez un pot en céramique, vous sacrifiez une part de
jorité des Sud-Africains vivent mieux qu’avant, votre âme. » Nkhensani Nkosi a l’éloquence facile. Avec ses deux
il y a encore une misère incroyable. Le chômage grosses nattes, elle ressemble à une princesse nubienne. Ce
record (30 %) alimente la violence criminelle, à dimanche matin de mai, elle s’adresse aux participants d’une
laquelle j’ai consacré un chapitre. Le pays a exposition de céramique, dans un musée de Johannesburg. « Il y
tout à craindre d’une stagnation économique. a une part de risque dans la céramique, car tout peut rater au mo-
ment de la cuisson, dit-elle. C’est comme dans la vie : il faut se
Votre meilleur et votre pire souvenir de toutes laisser emporter par le moment présent, saisir les opportunités, et
ces années… une main invisible vous conduit vers votre destin. »
Un grand moment a été la visite de Rudy De- Nkosi est une oratrice recherchée, qui donne régulièrement des
motte en octobre 2013 dans le township conférences. À la fin de son discours, un homme âgé lui de-
d’Alexandra, où j’ai lancé le projet d’éducation mande où elle a appris à parler si bien l’anglais. « Mais où était-il
« Sizanani ». Le ministre-président de la Fédé- pendant toutes ces années ? », s’exclame-t-elle à voix basse, éton-
ration Wallonie-Bruxelles était venu annoncer née que des Blancs puissent encore nourrir de tels préjugés sur
l’octroi de bourses d’études à nos jeunes. On