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VENDREDI 19 ET SAMEDI 20 JANVIER 2024

Les Echos Macintosh, Chefs d’entreprise

Les Echos
la révolution Société holding,
ION DE 198 4
WEEK-END de 1984 PATRIMOINE mode d’emploi
LA RÉVOLUT
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EUT ÊTRE

Le 24 jan d’u il a bie

l vier et urtant,

L’antitrust veut
sa revanche face
aux géants du Net
CONCURRENCE L’année 2024
sera marquée par une multiplica-
tion de procès. Google devrait-il
être contraint de se couper en
deux au nom d’une concurrence
plus juste ? Meta a-t-il abusé de sa
taille en rachetant Instagram
et WhatsApp, ses deux rivaux les
plus sérieux ? Apple a-t-il copié
les innovations de Masimo pour
ses montres ? Alors que toutes
ces questions animeront une
série de rendez-vous entre les
champions de la tech et les tribu-
naux aux Etats-Unis, la doctrine
qui a longtemps prévalu en
matière de concurrence dans la
tech pourrait être profondément
revue.
// PAGES 20-21

analyses
Automobile : pour
Des artilleurs ukrainiens bombardent les positions russes dans le Donbass, à l’aide d’un canon français Caesar. Photo Aris Messinis / AFP

une politique unique

européenne

Armement : Par Luca de Meo

Pour le directeur général de Re-

nault, il y a urgence. Les exigen-
ces se cumulent, les réglemen-
L’Espagne, vent
en poupe, dans
le brouillard
Par Cécile Thibaud

l’appel au secours
tations s’entassent et les résul-
tats sont contraires aux objec- La baisse de la natalité,
tifs : la voiture européenne est une mauvaise nouvelle ?
plus lourde, elle est plus chère,
les emplois ont chuté. Pendant Par Jacques Attali
que les Américains stimulent
Illettrisme climatique

de l’Ukraine
leur industrie, que les Chinois
s’organisent, l’Europe doit Par Ludovic Subran
se mettre, enfin, en ordre
// PAGES 8-9
de bataille. // PAGE 9

l Kiev alerte sur sa pénurie de munitions. Le plaidoyer de Bill

l Faute de financements et de capacité industrielle,
l’Europe ne parvient pas à faire face aux besoins Gates pour la science
et à prendre la relève des Etats-Unis. l Emmanuel Macron DÉVELOPPEMENT L’ancien
réaffirme son soutien à l’Ukraine et prend position magnat de l’informatique, devenu
philanthrope via sa fondation
pour l’émission d’eurobonds pour armer l’Europe. Bill & Melinda Gates, est en cam-
pagne pour l’éradication de la
// PAGE 14 ET NOS INFORMATIONS PAGE 28 poliomyélite. Dans un entretien
aux « Echos », il indique que cet
objectif, longtemps inaccessible,
est aujourd’hui à portée de main à
condition que la communauté
internationale ne relâche pas les
efforts en matière de financement
du développement. Il explique
également les raisons qui fondent
sa foi dans la science et l’innova-
tion, seules à même, selon lui,
d’apporter des solutions aux
grands défis de notre époque, à
commencer par le changement
climatique. // PAGE 11

Budget : les Le commerce en

remontrances
SUR
de la Cour
des comptes
à Macron
DÉFICIT Le premier président de la
DOMINIQUE SEUX Cour des comptes, Pierre Mosco-
DANS ’ÉDITO ÉCO vici, a appelé jeudi l’exécutif à « faire
À 7H45 la vérité des prix » et à réviser la pré-
DU LUNDI AU VENDREDI vision de croissance pour 2024
(+1,4 %) jugée trop optimiste. Pour
l’activité économique des années à
venir, « on ne doit pas s’attendre à des
M 00240 -119 - F:6,00 monts et merveilles ». Une sortie en
guise de réponse à Emmanuel
Macron, qui avait relégué, lors de sa
conférence de presse mardi, la
question du redressement des
comptes publics au second plan, en
ISSN0153.4831 116eANNÉE
faisant de la croissance le pilier de
NUMÉRO 24131 34 PAGES
Antilles-Réunion 4,70 €. Belgique 7,00 €. sa stratégie budgétaire. Pierre Mos-
Espagne 5,10 €. Luxembourg 7,20 €. covici juge que le budget 2025 sera
Maroc 44 DH. Suisse 11,6 FS. Tunisie 9,8 TND. « d’une importance cruciale et iné-
dite ». // PAGE 3 ET L’ÉDITORIAL
D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 12
ligne américain
lance la chasse Gestion de
aux retours l’urgence
frauduleux Réorganisation RH
DISTRIBUTION La crise du Covid a
convaincu les Américains de con-
sommer beaucoup plus en ligne et Relance
les a habitués à retourner facile- industrielle
ment les produits. Mais les sites
Un manager de transition
marchands déplorent beaucoup en 48h pour prendre en main Retournement
d’abus, voire de fraudes. Le phéno-
mène se chiffrerait à 101 milliards une situation délicate. opérationnel
de dollars, soit 13,7 % du montant
total retourné, et il continuerait
d’augmenter. Boîte renvoyée vide
Cash
ou lestée, vêtements portés puis management
rendus, échanges de produits, etc. nimeurope.com
Ces dérives sont coûteuses pour les
professionnels. Leur Salon annuel, 01 46 24 85 71 Digitalisation
qui se déroule cette semaine à New accélérée
Paris • Aix-en-Provence • Bordeaux • Lyon • Metz • Lille • Toulouse
York, présente une panoplie de
parades technologiques ou com-
merciales pour endiguer ce fléau.
// PAGE 18
FRANCE
Gabriel Attal prend ses marques,
Emmanuel Macron reste omniprésent
l Avant sa déclaration de politique générale le 30 janvier, le nouveau Premier ministre consulte à tout va.
l Le gouvernement au complet ne devrait être connu qu’après cette date.
POLITIQUE
Grégoire Poussielgue
Des sondages flatteurs, la une de
« Paris Match » – ni Edouard Phi-
lippe, ni Jean Castex, ni Elisabeth
Borne, les trois Premiers ministres
d’Emmanuel Macron n’y avaient eu
droit au moment de leur nomina-
tion – et une communication tou-
jours aussi offensive. « L’effet
Gabriel Attal à Matignon » continue
de battre son plein dix jours après sa
nomination et une semaine après la
formation de son gouvernement.
Mais le plus jeune Premier
ministre de la Ve République a déjà
les yeux rivés sur les prochaines
échéances : sa déclaration de politi-
que générale, fixée au 30 janvier
prochain, et la finalisation de son
gouvernement. Il consulte à tout va.
En plus de voir tous les dirigeants
syndicaux et patronaux depuis le
début de la semaine, Gabriel Attal
échange avec les représentants des
oppositions. Avec Les Républicains
(LR), il a notamment évoqué les
futures échéances parlementaires,
comme la loi sur la fin de vie ou celle
déjà baptisée « Macron 2 ». La droite
attend aussi de pied ferme la pro-
messe de réformer l’aide médicale
d’Etat (AME), faite par Elisabeth
Borne au moment du vote de la loi
immigration. Gabriel Attal leur a
demandé encore un peu de patience
sur ce sujet épineux.
Trouble chez LR
Le trio de LR – Eric Ciotti, Olivier
Marleix et Bruno Retailleau – a
aussi prévenu qu’ils ne souhaitaient
pas de « débauchage » dans leur
camp pour compléter l’équipe gou-
vernementale. Nouvel épisode de la
fracturation continue de la droite
mise en œuvre par Emmanuel
Macron depuis 2017, l’arrivée toni-
truante de Rachida Dati à la Culture
a semé le trouble chez LR.
Le gouvernement au complet,
avec la nomination de ministres
délégués et de secrétaires d’Etat,
devrait être rendu public après le
grand oral de Gabriel Attal au
Palais-Bourbon le 30 janvier.
Premier contact très formel entre le Premier
ministre et les partenaires sociaux
Le nouveau Premier
ministre a commencé
à recevoir les dirigeants
syndicaux et patronaux.
De l’avis de tous,
celui-ci a surtout écouté,
donnant rendez-vous lors
de son prochain discours
de politique générale.
Leïla de Comarmond
En parallèle à ses rendez-vous avec
les dirigeants de partis politiques,
Gabriel Attal a commencé à recevoir
un à un les leaders syndicaux et
patronaux. Marylise Léon, de la
CFDT, a été la première mardi, suivie
mercredi soir de Sophie Binet, son
homologue de la CGT. Jeudi, c’était
au tour de deux des trois responsa-
bles patronaux, Patrick Martin du
Medef et François Asselin de la
CPME, de se rendre à Matignon.
De l’avis général, les entretiens
ont été cordiaux. « Un contact agréa-
ble », « un Premier ministre qui a
souhaité se montrer à l’écoute, dispo-
nible et ouvert », ont commenté les
uns et les autres.
Celui-ci a reçu jeudi matin à Mati-
gnon l’ensemble des membres de
son gouvernement. Il souhaitait
avoir leurs remontées sur les sujets
à aborder pour sa déclaration, alors
qu’il souhaite faire des classes
moyennes une priorité. « Nous
avons évoqué beaucoup de sujets,
notamment ceux, comme le loge-
ment, pour lesquels les Français
attendent des résultats rapide-
ment », résume la porte-parole du
gouvernement Prisca Thevenot.
Sachant qu’Emmanuel Macron a
évoqué une multitude de sujets lors
de sa conférence de presse du 16 jan-
vier, les interrogations demeurent
sur la marge de manœuvre de
Gabriel Attal. Depuis 2017, le chef de
l’Etat a toujours fait remonter à
l’Elysée la majeure partie des déci-
sions, parfois même celles de moin-
dre importance.
La question
du maintien de la
nouvelle ministre de
l’Education, Amélie
Oudéa-Castéra,
reste ouverte.
« Le président de la République ne
change pas de méthode. La nomina-
tion d’un Premier ministre, au-delà
de sa jeunesse, talentueux, politique et
populaire, aurait dû lui permettre de
lui laisser plus d’espace […] J’ai le sen-
timent que le président de la Républi-
que, y compris dans le détail, a pres-
que tout dit lors de sa conférence de
presse », a regretté l’ancien Premier
ministre Manuel Valls sur France 2.
En nommant Gabriel Attal à
Matignon, Emmanuel Macron veut
exploiter à plein les trois années
utiles qui lui restent, après vingt pre-
miers mois de son second quin-
quennat marqués par deux réfor-
mes douloureuses, les retraites et
l’immigration. « Elisabeth Borne a
beaucoup fait mais on devait ouvrir
une nouvelle page », estime un mem-
bre de l’équipe gouvernementale.
Gabriel Attal aura un rôle impor-
tant à jouer, si tant est qu’Emma-
nuel Macron lui laisse de l’espace.
« Gabriel Attal aura de la marge pour
Du côté des responsables patro-
naux, le contact était déjà établi.
Celui qui était alors ministre de
l’Education nationale s’était rendu à
l’Assemblée permanente du Medef
à l’occasion de la semaine « école-
entreprise » en octobre dernier. Il
est aussi allé au rendez-vous Pla-
nète PME de la CPME fin novembre,
avec là encore en ligne de mire les
deux semaines de stage que veut
instaurer le gouvernement pour les
élèves de seconde.
S’ils étaient donc en terrain
connu, les responsables patronaux
n’en ont pas appris plus que leurs
homologues syndicaux sur les pro-
jets du nouveau Premier ministre.
Gabriel Attal a surtout écouté, ren-
voyant ses annonces à son discours
de politique générale le 30 janvier.
Instituer un « test PME »
Côté entreprises, on a d’abord parlé
conjoncture. Doutant des prévi-
sions de croissance, Patrick Martin
a insisté sur le durcissement très
net de la concurrence internatio-
nale et les défaillances d’entreprises
qui repartent en flèche. Attention
Gabriel Attal aura un rôle important à jouer, si tant est qu’Emmanuel Macron lui laisse de l’espace. Photo Geoffroy Van der Hasselt/AFP
gouverner, Emmanuel Macron y a
intérêt et ne veut pas l’écraser », pro-
nostique un très proche du Premier
ministre. « Il va le laisser exister, il ne
l’a pas nommé pour ne pas le faire »,
enchaîne un ministre.
Le locataire de Matignon devra
aussi affirmer son autorité. D’abord
sur des ministres qui prennent des
libertés, comme Gérald Darmanin
qui évoque à mots presque ouverts
son départ après les Jeux Olympi-
ques ou Rachida Dati, qui profite
de sa première interview à la radio
– sur RTL – pour mettre l’accent sur
sa candidature pour la Mairie de
Paris en 2026.
Ensuite pour gérer les crises qui
sont déjà là. La question du main-
t i e n d e l a n o u ve l l e m i n i s t r e
de l’Education, Amélie Oudéa-
donc à ne surtout pas arrêter la poli-
tique de l’offre, a-t-il insisté. Les
deux numéros un patronaux ont
aussi salué l’annonce par le chef de
l’Etat d’un acte II de la réforme du
marché du travail comme celle du
nouveau train de mesures de sim-
plification.
Le Medef compte faire bientôt
des propositions sur le sujet. La
CPME en a déjà fait 80, parmi les-
quelles une à laquelle elle tient par-
ticulièrement : soumettre toute
mesure envisagée, législative ou
réglementaire, au « test PME » pour
évaluer ses conséquences sur les
petites et moyennes entreprises.
« Signal d’alarme »
sur la fonction publique
Les dirigeantes des premier et
deuxième syndicats français ont
elles insisté sur les enjeux de
pouvoir d’achat. « Le salaire est une
priorité, on ne se satisferait pas de
déclarations de principe et de gesti-
culation médiatique », a insisté
Sophie Binet, réclamant la convo-
cation par Gabriel Attal des patrons
du CAC 40. Marylise Léon et elle
Castéra, reste ouverte, même si elle
a annoncé jeudi s’être dessaisie du
rapport sur l’établissement privé
catholique Stanislas, où sont scola-
risés ses enfants. Une semaine
après le début de la polémique, cel-
le-ci ne désenfle pas.
De son côté, Emmanuel Macron
ne se fait pas oublier après sa confé-
rence de presse. Il s’est rendu jeudi
après-midi à Clichy-sous-Bois avec
sa nouvelle ministre de la Culture,
comme pour montrer qu’il la sou-
tient pleinement. « Il y en a peut-être
qui ont des ambitions pour 2026 ou
2027, mais tous les ministres le sont à
temps plein », a-t-il glissé à la presse.
Pour montrer aussi que le choix de
Rachida Dati, qui perturbe sa majo-
rité, est le sien et qu’il reste le vrai
patron à la barre. n
ont dénoncé la volonté d’Emma-
nuel Macron de durcir encore les
conditions d’indemnisation des
chômeurs.
La patronne de la CFDT a aussi
tiré « le signal d’alarme » sur la fonc-
tion publique, exprimant la crainte
que la réforme à venir ne soit pas
concertée. Elle a aussi insisté sur la
nécessité que l’exécutif respecte le
résultat de la négociation en cours
entre le patronat et les syndicats sur
l’emploi des seniors. Elle a demandé
au Premier ministre de s’engager à
une retranscription fidèle en cas
d’accord et que le passage au Parle-
ment ne s’accompagne pas de
mesures « surprises ». « Gabriel
Attal nous a répondu qu’il était atta-
ché au travail des partenaires
sociaux », a-t-elle noté.
Quant à Sophie Binet, elle est
venue avec les « 100 propositions »
qu’elle avait remises en juillet à Eli-
sabeth Borne. « Je jugerai sur piè-
ces », a conclu la leader de la CGT
qui est restée sur sa faim, hormis
sur la régularisation des médecins
étrangers que Gabriel Attal s’est
engagé à traiter rapidement. n
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
Natalité, écrans : comment
brouiller les codes
Extension du domaine présidentiel. Le chef de l’Etat
met dans le débat politique des sujets qui n’y étaient
pas, mais qui préoccupent les Français.
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
de Cécile
Cornudet
mmanuel Macron se
E convertit au politique.
Cela se voit dans son
remaniement (la société civile
a quasiment disparu). Cela se
voit dans la diatribe anti-RN
lors de sa conférence de
presse. Mais rien ne l’agace
plus que l’analyse qui en est
tirée d’un virage à droite de
son action. Jeudi, le président
ayant débuté son parcours
sous Hollande se déplace avec
Rachida Dati, révélée par
Sarkozy, à Clichy-sous-Bois
pour défendre la culture pour
tous. CQFD : la lecture gauche-
droite est inopérante. Le
président brouille les codes,
il ne faut pas voir plus loin.
La politisation de sujets
qui ne l’étaient pas fait partie
de cette opération brouillage.
La démographie et l’usage
des écrans se sont ainsi invités
mardi dans le domaine
réservé présidentiel. L’idée
étant, comme il l’avait fait
avec les violences faites
aux femmes en 2017 puis avec
l’endométriose, de s’emparer
de thèmes délaissés par
les partis mais au cœur des
préoccupations des Français.
Dans le premier cas, il s’agit
moins de pousser les femmes
à faire des enfants, que
de lever les freins au désir de
maternité, qu’il soit financier
(par la création d’un congé de
naissance de six mois, mieux
02
rémunéré) ou physiologique
(un plan contre l’infertilité est
lancé). « Il faut répondre à une
souffrance », dit l’Elysée.
La nécessité de réguler l’usage
des écrans s’est peu à peu
imposée au président
depuis 2017. Derrière la
généralisation de la violence,
le harcèlement scolaire,
l’« effet mimétisme » lors des
émeutes de juin, et même
la diffusion des images
de l’assassinat de Dominique
Bernard, qu’y a-t-il ? Les
écrans toujours. Qu’importe
la confiance macronienne
pour le progrès, il veut agir.
Il en va de la démocratie : sans
lecture de vrais livres, il n’y a
pas de connaissance de
l’histoire et des règles qui font
notre commun, ont montré
les travaux de Chloé Morin.
Il en va de la justice sociale. Le
temps passé devant les écrans
est directement corrélé
aux revenus du foyer. Dans les
familles monoparentales, c’est
si commode d’occuper ainsi
les enfants. Les deux
annonces n’ont pas manqué
de susciter le débat. C’est tant
mieux, se félicite l’Elysée, qui
n’aime rien tant que bousculer
le « système ». Les féministes
ont aussitôt levé les boucliers
contre le retour d’une
politique qui renvoie les
femmes à leur rôle de mère.
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
Contrôler les écrans, s’inviter
dans l’intime, voire édicter des
interdictions (de TikTok ?),
notre liberté va être atteinte,
a-t-on entendu à gauche.
Tiens, tiens, la gauche vent
debout contre des mesures
qu’elle classe à droite.
On y est toujours…
ccornudet@lesechos.fr
03 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
La stratégie budgétaire
de Macron fait tousser
Moscovici
FINANCES
PUBLIQUES
Le premier président
de la Cour des comptes
a appelé jeudi
le gouvernement
à « faire la vérité
des prix » et à réviser
la prévision de crois-
sance pour 2024 jugée
trop optimiste.
Renaud Honoré
Dans la longue liste des « réarme-
ments », Emmanuel Macron n’a
guère évoqué celui des comptes
publics. Cette absence donne visi-
blement quelques inquiétudes à
Pierre Moscovici alors que se pro-
file un projet de loi de finances
(PLF) pour 2025 « d’une importance
cruciale et sans doute inédite ». Le
premier président de la Cour des
comptes, lors de ses vœux à la
presse, jeudi, a même tapé sur les
doigts du gouvernement, l’appelant
à corriger rapidement la prévision
de croissance « trop optimiste » sur
laquelle il a bâti son budget.
L’ancien commissaire européen
avait visiblement à cœur de repla-
cer la question du redressement des
comptes publics au cœur du débat
politique, alors que les premiers pas
du nouveau duo de l’exécutif ont
Congé de naissance : les mises
en garde adressées au président
SOCIAL
Syndicalistes et asso-
ciations plaident
pour que le dispositif
dévoilé mardi par
Emmanuel Macron
ne laisse pas sans
accompagnement
les parents après
la première année
de leur enfant.
Solenn Poullennec
Des annonces saluées mais qui
sèment aussi le trouble. Après
qu’Emmanuel Macron a chargé le
gouvernement de Gabriel Attal
de mettre en place un nouveau
congé parental plus court mais
mieux rémunéré, des organisations
interpellent sur la nécessité d’offrir
des solutions d’accompagnement
aux parents jusqu’à l’entrée à l’école
de leur enfant, quitte pour certains
à maintenir en complément le
congé existant.
Censé accompagner la « re -
lance » de la natalité française,
aujourd’hui en berne, le nouveau
congé de naissance permettra « aux
deux parents d’être auprès de leur
enfant pendant six mois, s’ils le sou-
haitent », a promis Emmanuel
Macron mardi soir lors de sa confé-
rence de presse. Il sera plus court
mais « mieux rémunéré » que le
congé parental actuel, a précisé le
président.
Réservé aux parents d’enfants de
moins de trois ans, le congé paren-
tal actuel (distinct du congé mater-
nité ou paternité) peut s’étendre sur
trois années, à condition d’être par-
tagé entre les parents. Il est indem-
nisé à hauteur d’environ 430 euros
par mois pour les parents qui s’arrê-
tent complètement de travailler.
L’idée de réformer ce congé n’est
pas nouvelle. Plusieurs rapports
semblé l’éloigner de ces préoccupa-
tions. A peine arrivé à Matignon,
Gabriel Attal a ainsi commencé par
vanter le week-end dernier les
32 milliards qui allaient se déver-
ser sur l’hôpital dans les années à
venir – pas vraiment un appel à la
sobriété budgétaire.
Bataille pour la croissance
De son côté, Emmanuel Macron
– qui n’a jamais été un obsédé de la
réduction du déficit public – a vite
évacué le sujet lors de sa conférence
de presse mardi. Et quand il en a
parlé, ce sont en des termes qui ont
dû donner quelques sueurs froides
aux tenants de l’orthodoxie budgé-
taire. « Le cœur de la bataille budgé-
taire, c’est une bataille pour l’activité
e t l a c ré a t i o n d ’ e m p l o i s e t d e
richesse », a souligné le chef de
l’Etat. En clair, ce dernier continue
de miser avant tout sur la crois-
sance pour redresser les comptes.
Les économies sont reléguées au
second rang, Emmanuel Macron
demandant « à côté de ça » au gou-
vernement de « bâtir une ambi-
tieuse revue des dépenses ».
« C’est certain qu’il n’a pas vrai-
ment préparé les esprits à des déci-
sions difficiles », regrette, un peu
gêné aux entournures, un élu de la
majorité. Le gouvernement a déjà
annoncé vouloir trouver au moins
12 milliards d’euros d’économies
pour le futur PLF 2025, ce qui
s’annonce comme une mission
ont souligné que faute d’être suf-
fisamment indemnisé, il est
aujourd’hui en perte de vitesse.
En 2022, seulement 220.000 per-
sonnes en ont bénéficié, essentielle-
ment des femmes. Pour inciter
davantage de parents à sauter le
pas, et notamment des pères, le
gouvernement d’Elisabeth Borne
s’était déjà engagé, l’été dernier, à
plancher sur un congé mieux
rémunéré et plus court, avec les
partenaires sociaux.
L’exécutif a notamment réfléchi à
indemniser chaque parent pour une
durée de quatre mois à hauteur de
50 % de leur salaire – un plafond de
l’ordre de 2.000 euros ayant été évo-
qué. A l’époque, la ministre chargée
du dossier, Aurore Bergé (qui pour-
rait passer le flambeau à Catherine
Vautrin sur ce sujet), n’excluait pas
que le congé parental actuel conti-
nue d’exister en complément.
Aucun schéma définitif n’avait été
présenté aux partenaires sociaux.
Situations familiales
particulières
Le congé de naissance « viendra
remplacer » le congé parental actuel,
a cependant déclaré Emmanuel
Macron, assurant qu’aujourd’hui ce
congé « éloigne beaucoup de femmes
du marché du travail ». Même si
l’idée de mieux rémunérer les
parents qui lèvent le pied quelques
mois pour pouponner est très large-
ment saluée, plusieurs organisa-
tions s’inquiètent de l’éventuelle dis-
parition du congé actuel.
« Le risque en supprimant ce con-
gé-là, c’est que les personnes sortent
réellement de l’emploi », met en
garde Jocelyne Cabanal à la CFDT,
soulignant qu’il est souvent difficile
de trouver une solution de garde
pour un très jeune enfant. « Le
congé parental offre la possibilité de
retourner dans l’emploi. Si les gens
sont obligés de démissionner pour
gérer leurs problèmes d’accueil, on ne
les retrouvera pas [sur le marché du
FRANCE
extrêmement périlleuse politique-
ment. « N’exagérons pas, il a malgré
tout défendu courageusement les
décisions sur les franchises médica-
les et le prix de l’électricité », plaide
une source au sein de l’exécutif.
Mais c’est visiblement au ministre
de l’Economie, Bruno Le Maire, que
va échoir la responsabilité d’assu-
mer les mauvaises nouvelles.
Le plus tôt serait le mieux, pour
Pierre Moscovici. Le premier prési-
dent de la Cour des comptes ne s’est
pas montré très convaincu par la
stratégie budgétaire proclamée par
le chef de l’Etat. « La croissance peut
être un levier pour redresser les comp-
tes, mais ça ne peut pas être le seul. Je
ne crois pas que nous soyons à l’aube
de nouvelles Trente Glorieuses […] on
ne doit pas s’attendre à des monts et
merveilles », a-t-il commenté.
Revue des dépenses
C’est déjà le cas cette année. Le gou- Pour Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, le budget 2025 sera
vernement a bâti son budget 2024 « d’une importance cruciale et sans doute inédite ». Photo Eric Piermont/AFP
sur une prévision de croissance de
1,4 %. « Elle est élevée », juge l’ancien l’adaptation de cette prévision de compréhension, c’est qu’il devra être tes en la matière alors que l’agence
responsable socialiste, évoquant un croissance en temps voulu ». On financé, notamment par davantage de notation S&P doit à nouveau éva-
consensus des économistes plus comprend au ton employé que d’économies qui s’ajouteront aux luer la dette française à la fin du
proche de +0,8 %. « Si on était avec l’échéance qu’il a en tête est plutôt 12 milliards » déjà prévus, a estimé printemps. « Si jamais notre note
une croissance à +0,8 %, on aurait rapprochée. Pierre Moscovici. Le premier prési- était dégradée juste avant les élec-
0,3 point de PIB de déficit en plus, soit La perspective d’un geste fiscal de dent de la Cour a proposé sa colla- tions européennes, ce serait un gros
-4,7 % du PIB contre -4,4 % » prévus 2 milliards d’euros pour les classes boration au gouvernement pour coup dur face au RN », s’inquiète un
par l’exécutif, selon le premier pré- moyennes dès 2025 – comme le mener les revues des dépenses qui membre de la majorité.
sident de la Cour des comptes. chef de l’Etat l’a annoncé mardi – doivent permettre de débusquer
« Il faut faire la vérité des prix en la suscite également un enthou- ces fameuses économies. Lire l’éditorial
matière », a-t-il tonné, ajoutant que
« le gouvernement devrait réfléchir à
siasme modéré à la Cour des comp-
tes. « Si ce geste est confirmé, ma
La majorité espère pouvoir rapi-
dement dégager des pistes concrè-
( d’Etienne Lefebvre
Page 12
travail] au bout du bout », prévient la
syndicaliste.
La vigilance est aussi de mise du
côté de l’Union nationale des asso-
ciations familiales (Unaf) qui a par-
ticipé aux discussions avec les par-
tenaires sociaux à l’automne.
Rappelant que beaucoup de bénéfi-
ciaires du congé actuel sont à temps
partiel, l’association conteste l’idée
selon laquelle il éloignerait de
l’emploi.
L’Unaf est très favorable à une
meilleure indemnisation des
parents en congé et considère donc
l’annonce de la création d’un congé
de naissance comme une « bonne
nouvelle ». Toutefois, « il faut prévoir
une indemnisation pour permettre à
ceux qui ne peuvent pas reprendre
leur activité à temps complet ou qui
ont une situation familiale particu-
lière, de garder leur enfant au-delà
d’un an », souligne Guillemette DBS SUPERLEGGERA VOLANTE
Leneveu, la directrice générale de 12/2021- 5 900 Km
l’Union. Et d’insister sur la nécessité
de développer davantage les solu-
tions de gardes.
S’il est bel et bien décidé de SPECIAL PRE—OWNED OFFERS
réduire le congé parental, « il faut
obligatoirement que cela soit accom-
pagné d’une vraie politique de la Aston Martin DB2 Aston Martin DB11 V12 Coupé Aston Martin DBX
petite enfance, car il y a un problème 12/2020 - 5 500 Km 11/2016 - 14 210 km 03/2023 - 7 000 km
de manque de places en crèches. Et
payer une assistante maternelle, tout Aston Martin DBX Aston Martin DBS Coupé Aston Martin VANTAGE Coupé
le monde ne peut pas se le permet- 10/2022 - 19 900 km 06/2009 - 58 702 km 06/2023 -1 000 km
tre », insiste Myriam Lebkiri, à la
CGT. Pour celle-ci, il faut « laisser le
libre choix aux familles de garder
leurs enfants jusqu’à trois ans ». n
« Le risque […]
*Nos ofres spéciales occasions
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de l’emploi. »
JOCELYNE CABANAL
Secrétaire nationale à la CFDT Pensez à covoiturer #SeDéplacerMoinsPolluer
FRANCE
Les débuts
encourageants de
la réforme du RSA
SOCIAL
Une quarantaine
de départements
supplémentaires
souhaitent rejoin-
dre l’expérimenta-
tion du suivi ren-
forcé des alloca-
taires du revenu
de solidarité active.
Alain Ruello
A t t e n d u e f i n j a n v i e r, l a
deuxième salve de départe-
ments chargés de l’expérimen-
tation de la réforme de l’accom-
pagnement des bénéficiaires
du RSA pourrait attendre un
peu, remaniement oblige. Les
équipes de la nouvelle ministre
du Travail, Catherine Vautrin,
prendront d’autant plus de
temps que les candidats se bous-
culent au portillon : une grosse
quarantaine de départements,
plus qu’attendu, ce qui prouve
l’intérêt des collectivités pour la
démarche.
Les nominés rejoindront les
18 premiers à s’être lancés il y a
un an dans ce volet très structu-
rant de la réorganisation du ser-
vice public de l’emploi et de
l’insertion. Cette réforme enté-
rine une logique de droits et
devoirs : garantie pour les allo-
cataires d’être orientés rapide-
ment au mieux de leur profil
socioprofessionnel contre l’obli-
gation de s’astreindre à 15 heu-
res de démarches actives par
semaine, sauf exception. A
défaut, leur allocation peut être
suspendue. Le tout est formalisé
dans un contrat d’engagement.
Des retours satisfaisants
Même si le recul manque, les
premiers retours d’expérience
sont « globalement satisfai-
sants », assure aux « Echos » Fré-
déric Bierry, le président de la
commission solidarité, santé et
travail au sein de l’association
Départements de France, par
ailleurs à la tête de la collectivité
européenne d’Alsace. « Le
groupe de suivi se réunit une fois
par mois. A chaque fois, l’écoute
de Thibaut Guilly a été très
bonne », ajoute-t-il en référence
au nouveau directeur général de
l’opérateur France Travail (ex-
Pôle emploi), qui a conduit la
concertation menant à la
réforme.
Au 2 janvier, 16.300 allocatai-
res ont bénéficié de cet accom-
pagnement renforcé, sur les
40.000 environ que comportent
Le RN dénonce un reportage de
« Complément d’enquête » sur Bardella
POLITIQUE Le RN dénonce la diffusion jeudi soir d’un « Com-
plément d’enquête » sur son président Jordan Bardella, y voyant
« une manipulation grossière ». France Télévisions a maintenu
la diffusion de l’émission, malgré les menaces de poursuites.
Selon le reportage, Jordan Bardella aurait utilisé de 2015 à 2017
un compte Twitter sous un pseudonyme pour diffuser des mes-
sages racistes, homophobes ou pour insulter des journalistes.
les territoires d’expérimenta-
tion. La moitié a été orientée
dans un parcours professionnel,
un quart dans un parcours
socioprofessionnel. « C’était
beaucoup moins avant », assure
Frédéric Bierry. Le quart restant,
dont les freins à la reprise
d’emploi sont trop prononcés, a
été orienté vers un suivi social.
Autre élément encourageant,
les délais séparant l’inscription
au RSA du premier rendez-vous
ont été ramenés à environ un
mois, alors que trop d’allocatai-
res sont laissés dans la nature.
« Plus on s’isole dans le RSA,
moins on en sort », souligne Fré-
déric Bierry, ce qu’une étude de
la Drees a confirmé récemment.
Dans l’entourage de Thibaut
Guilly, on avance d’autres chif-
fres prometteurs même s’ils
portent sur un échantillon
limité : sur le millier d’allocatai-
res orientés en parcours profes-
sionnel en juin, une cinquan-
taine, soit 5 %, a effectué une
immersion en entreprise, en
plus des accès directs à l’emploi,
à la formation, à la création
d’activité… « Un bon début et on
se prépare à faire plus, certains
territoires étant à plus de 10 %, le
Nord par exemple », anticipe
l’opérateur. Entre 5 % et 10 % ont
décroché une formation. Sur-
tout, 33 % ont décroché un
emploi de plus d’un mois dans
les cinq mois, un taux jugé « très
encourageant ».
Renforts significatifs
Orientation et diagnostic accé-
léré, conseils personnalisés et
réguliers, travail commun
entre départements et France
Travail… Tout cela va de pair
avec l’une des promesses de la
réforme : des renforts significa-
tifs en conseillers pour qu’ils
n’aient pas plus de 50 à 60 allo-
cataires à suivre chacun.
En 2023, 21 millions d’euros ont
été fléchés pour cela ; 170 mil-
lions sont prévus cette année,
avant une généralisation pré-
vue en 2025 qui, elle, deman-
dera beaucoup plus.
Outre la confirmation que les
moyens suivront, l’expérimen-
tation doit encore faire ses
preuves quand il s’agira d’inté-
grer dans le moule France Tra-
vail les allocataires de longue
date, les indépendants et les jeu-
nes aux profils souvent mal
appréhendés. Reste aussi à voir
si l’objectif des 15 heures d’acti-
vité hebdomadaires est tenable.
Reste, enfin, à bâtir les logi-
ciels communs entre tous les
acteurs de France Travail, ce qui
n’est pas encore le cas. n
en bref
Emballages ménagers : une
réorganisation du tri prônée
l Un rapport de France Stratégie, publié jeudi, recommande une refonte
de la gestion des centres de tri des « bacs jaunes ».
l La responsabilité en serait confiée aux éco-organismes du type Citeo
et non plus aux collectivités.
ENVIRONNEMENT
Marie Bellan
Chaque année, 82 kg d’emballages
sont jetés par habitant en France,
soit 15 % des déchets des ménages,
d’après les chiffres d’un rapport
de France Stratégie publié jeudi.
Un chiffre soumis à des tendances
contradictoires. D’un côté, les
déchets d’emballages ont tendance
à augmenter sous l’effet de la multi-
plication des livraisons à la suite
d’achats en ligne et la consomma-
tion hors domicile de plus en plus
fréquente. De l’autre, les démarches
d’éco-conception permettent de
réduire sensiblement la masse
d’emballages utilisés : le poids à vide
d’une bouteille d’eau en plastique a
ainsi diminué de 40 % entre 1994
et 2021 selon les chiffres de l’Ademe.
Jusqu’à présent, une corrélation
forte existait entre quantité d’em-
ballages produits et évolution du
PIB. Si cette corrélation devait se
poursuivre, la consommation
d’emballages pourrait augmenter
La tarification au poids, une mesure efficace
pour réduire les déchets
Plus de 200 communes
expérimentent la tarifica-
tion incitative en fonction
du poids de la collecte des
déchets. Une mesure qui
permet de réduire de 30 %
les ordures ménagères,
selon une étude de l’Ademe.
Quoi de plus efficace pour changer
les comportements que d’en passer
par la fiscalité ? Pour limiter le
volume des ordures ménagères, la
méthode semble bien fonctionner
si l’on en croit une toute récente
étude de l’Agence de la transition
écologique (Ademe) sur la tarifica-
tion incitative.
Il s’agit d’une facturation qui se
divise entre une part fixe, systémati-
quement payée par l’usager, et une
part variable payée en complément
par l’usager selon son niveau d’utili-
sation du service. Plus le volume
des déchets est lourd (la tarification
incitative se fait le plus souvent à la
collecte sous forme de levée), plus la
facture augmente.
de 40 % d’ici à 2040. Une évolution
en totale contradiction avec les
engagements qu’a pris la France en
votant la loi Agec en 2019, qui
impose une réduction du tonnage
des déchets ménagers de 15 % par
habitant entre 2010 et 2030, soit un
effort de réduction de 27 % par rap-
port à l’évolution tendancielle
en 2030, note France Stratégie dans
son rapport.
Efforts d’éco-conception
La même loi vise à ce que 10 % des
emballages mis sur le marché en
France en 2027 soient réemployés.
Pour y parvenir, les comporte-
ments vont devoir évoluer vers
davantage de vrac (19 % des ména-
ges achètent du vrac au moins une
fois par mois), le développement
des consignes pour recyclage ou
réemploi (80 % des Français y sont
favorables), sans compter de nou-
veaux efforts d’éco-conception de la
part des industriels.
« A moyen terme, si les emballages
sont de plus en plus réutilisables, on
va diminuer le flux de déchets, donc il
faut repenser l’organisation du tri et
Dans les 200 collectivités (chiffre
au 1 er janvier 2021) qui ont mis
en place cette tarification incitative,
la part des ordures ménagères rési-
duelles (hors déchets à recycler) a
baissé de 30 %. Cette baisse s’expli-
que notamment par un meilleur tri
des déchets par les ménages (une
tendance qui doit se renforcer car
80 % des déchets résiduels sont
encore valorisables).
La baisse s’explique
notamment
par un meilleur tri
des déchets
par les ménages.
Concrètement, en comparant les
données 2019 des collectivités ayant
adopté la tarification incitative à
celles des collectivités de typologie
identique, on observe de bien
meilleurs réflexes de tri, notam-
ment sur les emballages, papier et
verre : 105 kg contre une moyenne
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
ses modes de financement », expli-
que Maxime Gérardin, co-auteur
de l’étude de France Stratégie.
Aujourd’hui, les 123 centres de
tri que comptait l’Hexagone au
début de 2023 sont gérés soit par
des collectivités locales, soit par
des acteurs privés. Le coût net par
habitant et par an est de 23 euros
pour le service de collecte et de tri
des emballages ménagers pour
les collectivités, auxquels s’ajoutent
56 euros en moyenne pour la
collecte et l’élimination des ordures
résidentielles, envoyées en inciné-
ration ou en enfouissement.
Plusieurs inconnues
Dans les années à venir, plusieurs
inconnues risquent de fragiliser
l’équation financière des collectivi-
tés locales. La planification des
investissements va se compliquer
du fait des évolutions des filières
d’emballages et la revente des
matières triées va aussi dépendre
des volumes à recycler.
Autant d’éléments qui plaident,
selon France Stratégie, pour « déga-
ger les collectivités de la responsabi-
nationale de 93 kg en milieu rural et
de 89 kg par habitant et par an en
milieu mixte à dominante rurale.
Les ménages concernés ont aussi
tendance à se rendre plus fréquem-
ment en déchetterie.
Collectes moins fréquentes
Signe d’un engouement certain
pour cette méthode, la population
concernée a augmenté de 44 %
entre 2016 et 2022, passant de
4,4 millions à 6,6 millions, selon
l’Ademe. On reste toutefois encore
loin de l’objectif fixé par la loi
de 2015 qui vise 25 millions d’habi-
tants affiliés à ce régime en 2025.
Ces chiffres encourageants
devraient toutefois convaincre les
collectivités les plus timorées. Avec
un autre argument de poids, celui
du coût. En 2020, le coût total de
gestion de l’ensemble des flux de
déchets (collecte, tri, enfouisse-
ment ou incinération, prise en
charge des encombrants…) s’élevait
pour les communes à près de
110 euros par habitant et par an en
04
lité du tri industriel […] en la transfé-
rant aux éco-organismes », qui se
contentent aujourd’hui de financer
partiellement ce tri. Ce travail est
opéré en France par Citeo, l’opéra-
teur historique qui bénéficie d’un
quasi-monopole, lui-même étant
financé par les industriels qui com-
mercialisent des produits emballés.
Leur confier la gestion des centres
de tri est aussi une manière pour
France Stratégie « de poursuivre la
pleine mise en œuvre du principe de
responsabilité du producteur ».
Selon ce schéma, les déchets
d’emballages seraient toujours col-
lectés par les collectivités mais
deviendraient la propriété des éco-
organismes lors de déchargement
des camions de collecte dans les
centres de tri. Pour être pleinement
efficace, ce transfert de compéten-
ces doit coïncider, selon France
Stratégie, avec un contrôle renforcé
des éco-organismes, ou plus radica-
lement par une mise en concur-
rence de Citeo qui permettrait d’évi-
ter tout abus de position dominante
vis-à-vis des opérateurs de tri et de
recyclage. n
moyenne. Il tombe à un peu moins
de 82 euros en coût médian pour les
collectivités concernées.
Avec la tarification incitative, la
réduction de la fréquence de la col-
lecte est sensible : en moyenne, une
collecte toutes les trois semaines.
Naturellement, cette organisation
du flux des déchets est plus facile à
mettre en œuvre dans les zones
pavillonnaires ou rurales que dans
les habitats collectifs.
Parmi les communes qui ont
enregistré les meilleures perfor-
mances, certains leviers clés ont été
identifiés : un tarif par levée suffi-
samment élevé pour mobiliser les
usagers (supérieur à 3 euros la levée)
et la présence d’une collecte séparée
des biodéchets, obligatoire depuis le
1er janvier.
Un bémol toutefois, les dépôts
sauvages de déchets résiduels ont
tendance à augmenter : 2 kg par an et
par habitant dans les communes qui
ont mis en place la tarification incita-
tive, contre 0,6 kg pour les autres.
— M. B.
 MONDE
05 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024

L’investissement dans le monde

face à des vents contraires
l Les projets de nouvelles usines, les opérations de fusions-acquisitions et les financements de projets se sont affichés
en recul dans le monde l’an dernier, selon la Cnuced.
l La mondialisation se recompose sous l’effet des tensions politiques et de la diversification des chaînes de production.

Au-delà des chiffres globaux, les

CONJONCTURE
Richard Hiault
Les chiffres sont parfois trompeurs.
La hausse de 3 % à 1.370 milliards de
dollars des investissements directs
étrangers (IDE) dans le monde l’an
passé, annoncée mercredi par la
conférence des Nations unies sur le
commerce et le développement
(Cnuced) laisserait penser qu’un
certain dynamisme règne dans ce
domaine. Le chiffre est d’autant
plus remarquable que douze mois
plutôt, la Cnuced s’attendait plutôt à
un recul prononcé compte tenu des
tensions géopolitiques, de la hausse
des taux d’intérêt et des conséquen-
ces de la guerre en Ukraine.
Dans le détail, la situation se
révèle bien moins idyllique qu’il n’y
paraît. Globalement, les annonces
de projets d’investissements inter-
nationaux, notamment de projets
industriels, de financement de pro-
jets d’infrastructures et de fusions-
acquisitions transfrontalières,
étaient pour la plupart en territoire
négatif, souligne la Cnuced.
Effondrement des fusions-
acquisitions dans l’UE
Dans l’Union européenne, par
exemple, si l’on exclut les flux finan-
ciers vers le Luxembourg et les Pays-
Bas, pour des raisons fiscales, les
entrées d’investissements ont dimi-
nué de 23 % (alors qu’elles augmen-
tent si on tient compte de ces deux
pays). Ainsi, les implantations d’usi-
nes nouvelles sont en recul de 23 %.
Les financements de projets inter-
nationaux sont également en baisse
(–17 %) tandis que les fusions-acqui-
sitions se sont effondrées (–54 %).
Les Etats-Unis ont mieux résisté
mais les flux sont en repli de 3 %. Le
nombre de nouveaux projets (–2 %)
et les accords de financement de
projets (–5 %) se sont érodés l’an
passé.
Ailleurs, les investissements vers
les pays en développement ont
chuté de 9 %, à 841 milliards de dol-
lars, avec une baisse ou une stagna-
tion dans la plupart des régions. Ils
ont par exemple diminué de 12 %
dans les pays en développement
asiatiques et de 1 % en Afrique.
statistiques témoignent d’un remo-
delage certain de la mondialisation
lié aux tensions géopolitiques et à la
diversification des chaînes de pro-
duction. Si les 11 pays de l’Asean ont
enregistré une baisse de 16 % de
leurs IDE, il n’en demeure pas moins
que la région prouve son attractivité
pour les investissements manufac-
turiers : en 2023, les annonces de
nouveaux projets sont en hausse de
37 % avec une forte croissance au
Vietnam, en Thaïlande, en Indoné-
sie, en Malaisie, aux Philippines et
au Cambodge.
Même constat pour l’Asie occi-
dentale où les IDE sont restés sta-
bles (+2 %) en raison du dynamisme
des investissements aux Emirats
arabes unis où les nouveaux projets
ont augmenté de 28 % pour attein-
dre le deuxième chiffre le plus élevé
après les Etats-Unis. En Arabie
saoudite, ces nouveaux projets ont
bondi de 63 %.
Les projets de
créations d’usines
dans le secteur des
semi-conducteurs
ont diminué de 10 %
après la forte
A Paris, le Cambodge courtise les entreprises françaises
croissance de 2022. A l’occasion de la visite à Bien moins connu dans la pour hisser le Cambodge parmi les projet Ecole 42 de Xavier Niel, spé-
Paris du Premier ministre région que le Vietnam, la Malaisie pays à revenu intermédiaire d’ici à cialisée dans la programmation
Le Mexique, lui, a consolidé sa cambodgien et d’un forum ou encore la Thaïlande, Hong 2030 et à revenu élevé d’ici à 2050. informatique qui s’apprête à ouvrir
position d’arrière-cour des Etats- d’affaires organisé par le Kong et Singapour, ce jeune pays Pour cela nous devons attirer les ses portes dans le pays. Nous som-
Unis puisque le pays a enregistré à Medef, plusieurs projets (70 % des quelque 17 millions investisseurs pour développer nos mes également en discussion avec
la fois une hausse de ses IDE et de d’investissements français d’habitants ont moins de 30 ans) infrastructures, améliorer le sys- Make Sense pour lancer un incuba-
ses projets de nouvelles usines. ont été annoncés. Le aspire à s’inscrire un peu plus dans tème de santé et le système éducatif, teur français de start-up, et nous
Si la Chine est censée avoir moins Cambodge entend devenir le radar des investisseurs interna- favoriser le développement du tou- prévoyons de signer avec un grand
la cote auprès des investisseurs un autre dragon d’Asie. tionaux. Hun Manet anticipe une risme », explique Thierry Tea, vice- groupe sportif afin d’établir une
internationaux, elle a tout de même croissance économique de 6,6 % président d’Overseas Cambodian académie de sport et de football au
enregistré une croissance de 8 % En quête de développement et de pour 2024. Il vante la position du Investment Corporation (Ocic), Cambodge », indique Thierry Tea.
des nouveaux projets. L’Inde, quant diversification, le Cambodge pays parmi les 50 premières desti- l’un des principaux conglomérats Au Forum du Medef, Ocic a
à elle, s’est maintenue dans le Top 5 entend séduire un peu plus les nations mondiales pour les inves- diversifiés du Cambodge, présent annoncé avoir sélectionné le
des destinations mondiales de nou- entreprises françaises. Lors du tissements directs étrangers (IDE). au Forum du Medef. groupe Lagardère pour la gestion
velles implantations d’usines. déjeuner de travail jeudi à l’Elysée, de la concession duty free du nou-
Au niveau des secteurs privilé- Emmanuel Macron a évoqué avec Le pays dépend de son vel aéroport international de la
giés, l’automobile, le textile, les le Premier ministre cambodgien, puissant voisin chinois Les flux nets capitale Phnom Penh. « L’aéroport
machines et l’électronique se sont Hun Manet, des projets bilatéraux Membre de l’Asean, le Cambodge d’IDE au Cambodge devrait ouvrir en 2025 grâce à
distingués. En revanche, les projets en cours dans les secteurs des dépend surtout de son puissant l’achèvement de la phase 1 du projet
de créations de nouvelles usines transports, de l’énergie, de l’eau et voisin chinois qui détient à lui seul
ont atteint d’un montant global de 1,5 milliard
dans le secteur des semi-conduc- des infrastructures, alors que les 40 % de la dette externe du pays, 3,8 milliards de dollars. Il pourra ainsi accueillir
teurs ont diminué de 10 % après la investissements français dans le selon les dernières statistiques de de dollars en 2022 13 millions de passagers avant
forte croissance de 2022. pays sont très réduits. la Banque mondiale. Mais le pays d’atteindre les 30 millions dès
Les nouveaux projets et les ac- Dans le cadre de sa stratégie veut séduire les investisseurs
contre 1,8 en 2015. l’achèvement de la phase 2 du projet
cords de financement de projets indo-Pacifique, la France, ex-puis- étrangers en quête de diversifica- en cours », détaille Thierry Tea.
internationaux au niveau des in- sance coloniale, s’intéresse de près tion de leur chaîne de valeur. Les Le groupe Accor, en collabora- Par ailleurs, des contacts ont eu
frastructures (transports, électri- au développement du pays. Le premiers signes sont visibles. La tion avec le conglomérat Ocic vient lieu avec Alstom côté transport.

-23 %
cité, eau et télécommunications)
ont diminué de 4 %. Ce résultat
s’explique en grande partie par le
recul (–17 %) des financements de
LA BAISSE DES projets dans le domaine des éner-
IMPLANTATIONS gies renouvelables. Une première
de nouvelles usines dans depuis la conclusion de l’accord de
l’Union européenne en 2023. Paris en 2015 lors de la COP21. n
15 janvier dernier, à l’occasion du
Forum France-Cambodge orga-
nisé par le Medef, le Premier minis-
tre cambodgien n’avait pas man-
qué de souligner l’influence
française visible dans divers sec-
teurs, tels que l’architecture, le sys-
tème juridique et la gastronomie.
Cnuced a rapporté une forte
hausse des projets de création de
nouvelles usines dans le pays. Les
flux nets d’IDE ont atteint 3,8 mil-
liards de dollars en 2022 contre 1,8
en 2015.
« Le Premier ministre a mis en
place la stratégie dite du pentagone
de renforcer sa présence dans le
pays en annonçant, à l’occasion, le
lancement d’un nouvel hôtel Ibis
Budget dans la capitale. « Etant l’un
des principaux employeurs de Fran-
çais au Cambodge, nous avons
ouvert une Ecole française interna-
tionale et sommes partenaires du
Des pourparlers sont aussi en
cours avec TotalEnergies pour des
stations-service dans deux quar-
tiers de Phnom Penh. Des projets
qui pourront permettre à la France
de relever sa part des IDE dans le
pays qui n’était que de 0,5 %
en 2022. — R. H.

Dimanche de 10h à 11h

Le Grand Rendez-Vous
En direct sur Europe 1 et CNEWS
Présenté par Sonia Mabrouk, Stéphane Dupont et Mathieu Bock-Côté
MONDE
Le Pakistan et l’Iran s’affrontent
à missiles mouchetés
l Islamabad a répliqué jeudi par un tir de missile sur le territoire iranien à un raid équivalent, la veille, de Téhéran.
l Le risque d’escalade demeure toutefois limité, les deux pays n’ayant pas de contentieux bilatéral.
L’armée pakistanaise, ici lors d’un défilé à Islamabad, en 2022, avait besoin de répliquer pour sauver la face après les bombardements
iraniens. Photo Anjum Naveed/Ap/Sipa
ASIE DU SUD
Yves Bourdillon
C’est un échange de tirs de missiles
qui a, sur le papier, de quoi donner
des sueurs froides. Le Pakistan,
deuxième pays musulman de la
planète et puissance nucléaire, a
répliqué, jeudi, par un tir sur le terri-
toire de l’Iran, puissance perse et
chiite qui se conçoit comme le caïd
du golfe Persique, à un raid de
même type, mardi soir sur son pro-
pre territoire. Un échange de tirs de
missiles absolument sans précé-
dent qui a de quoi surprendre, puis-
que les deux voisins ne nourrissent
pas de contentieux bilatéral. Ils ont
même signé en août dernier un
mémorandum pour porter leur
commerce bilatéral à 5 milliards de
dollars en cinq ans et Islamabad
construit un gazoduc pour impor-
ter du gaz iranien, quoique le chan-
tier accumule les retards.
Mais voilà, les deux pays sont
confrontés depuis des décennies à
des insurrections larvées le long
de leur frontière commune de
1.000 km dans la région du Balou-
chistan. Cette dernière est la pro-
vince la plus grande, la moins peu-
plée et la plus pauvre du Pakistan,
La présidence azérie de la COP29 sous le feu des critiques
ENVIRONNEMENT
La présidence de la
prochaine COP, qui
se tiendra à Bakou
en novembre, vient
de nommer une
équipe entièrement
masculine.
Anne Feitz
Quinze jours après la nomination à
la présidence de la COP29 de Mukh-
tar Babayev, ministre de l’Ecologie et
des Ressources naturelles d’Azer-
baïdjan, les critiques ne faiblissent
pas. Cette semaine, c’est la composi-
siège d’une rébellion séparatiste. La
région est riche en hydrocarbures
et en minerais, mais sa population
se plaint d’être marginalisée et spo-
liée de ses ressources naturelles.
Elle abrite aussi les bases arrière
d’un mouvement djihadiste, Jaish
al-Adl, ennemi du régime chiite des
mollahs et qui avait tué en décem-
bre onze policiers lors d’une incur-
sion en Iran à travers la frontière
très poreuse. Ce qu’a invoqué Téhé-
ran mercredi pour justifier son
bombardement d’une base suppo-
sée du mouvement au Pakistan,
tuant une demi-douzaine de civils,
selon Islamabad. Le Pakistan, qui
avait besoin de répliquer pour sau-
ver la face, a lui aussi prétendu viser
une base terroriste en Iran, jeudi
matin. Son raid a tué une dizaine de
personnes.
« Une escalade militaire
très surprenante »
L’Iran a exigé des « explications
immédiates » au Pakistan, lequel
avait la veille protesté vigoureuse-
ment contre « une atteinte grave à sa
souveraineté » et rappelé son
ambassadeur à Téhéran. Les deux
Etats ont toutefois pris soin de souli-
gner dans leurs communiqués res-
pectifs, rédigés de manière très
comparable, qu’ils considéraient
tion du comité appelé à l’épauler
dans le pilotage des négociations de
la prochaine COP (prévue du 11 au
22 novembre à Bakou) qui a suscité
un tollé : il comporte 28 membres
mais aucune femme.
« Pas de femme dans le comité…
pourrait vouloir dire… pas de femme
souhaitant venir… entraînant… une
absence de quorum… et donc… pas de
COP », a posté sur X Teresa Ribera,
ministre de la Transition écologi-
que espagnole, qui a négocié à la
COP28 pour le compte de l’UE.
L’organisation internationale She
Changes Climate a de son côté
dénoncé « un pas en arrière ». A titre
de comparaison, 63 % des membres
du comité ayant présidé la COP28, à
Dubaï, étaient des femmes.
leur voisin comme un pays « ami et
fraternel » et ne le visaient pas vrai-
ment, leur objectif limité étant seu-
lement de détruire des bases terro-
ristes clandestines. Même si les
déclarations courroucées risquent
de continuer quelques jours, un
nouveau round de tir de missiles
semble donc peu probable.
« Une escalade militaire serait très
surprenante, estime Farzana
Shaikh, spécialiste de la région au
think tank Chatham House, puisque
les deux pays n’ont clairement pas
intérêt à une guerre régionale. » Le
Pakistan est dans une situation éco-
nomique et politique très délicate et
organise des élections le 8 février.
L’économie iranienne, soumise à
des sanctions massives des Etats-
Unis depuis six ans et où très peu de
firmes osent opérer de peur de per-
dre le vaste marché américain, n’est
pas au mieux non plus.
Ali Vaez, expert de la région au
cabinet Crisis Group estime aussi
qu’une escalade « serait bien trop
dangereuse pour les deux parties. On
assiste, certes, à une crise dans leurs
relations, mais pas une rupture,
aucun n’a intérêt à ce que ça dégé-
nère. De plus, la Chine, considérée
comme un honnête broker par les
deux parties, est intervenue immé-
diatement pour appeler au calme ».
Jusque-là, c’était surtout le risque
de conflits d’intérêts qui avait
généré des inquiétudes – comme
l’an dernier aux Emirats arabes
unis. Annoncé en décembre der-
nier pendant la COP28, le choix de
l’Azerbaïdjan, un pays largement
dépendant des hydrocarbures, s’est
imposé à la suite du retrait de la can-
didature de l’Arménie.
Même si la présidence d’une COP
ne prend pas de décision, son rôle
est fondamental dans les négocia-
tions et la recherche de consensus.
« On va forcément se demander si elle
met en avant ses intérêts propres ou la
cause climatique », souligne Romain
Ioualalen, d’Oil Change Internatio-
nal. « Il faudrait vraiment mettre en
place un cadre juridique pour préve-
Aucune des autres grandes
puissances n’a, non plus, intérêt à
un conflit régional sur fond de
Proche-Orient devenu incandes-
cent en raison de la guerre entre le
Hamas et Israël et des attaques des
rebelles houthis du Yémen, soute-
nus par l’Iran, contre des navires de
commerce en mer Rouge.
« Montrer ses muscles »
Précisément, les Etats-Unis ont
commencé à frapper des bases hou-
thies au Yémen même. Ce qui, en
sus d’un attentat sur son sol et de
l’élimination par Israël de cadres de
ses alliés du Hamas ou du Hezbol-
lah, a été vécu comme une série de
revers à Téhéran où la pression
montait sur la nécessité d’effectuer
une démonstration de force.
L’Iran, qui a frappé mardi au Kur-
distan irakien et en Syrie des sites
« d’espions et terroristes sionistes »,
« avait besoin de montrer ses muscles
et qu’il est une puissance à prendre
au sérieux, mais sans aller plus
loin », explique Farzana Shaikh. Le
problème étant, souligne Ali Vaez,
que Téhéran a « envoyé un message
martial à la mauvaise adresse, puis-
que si l’Irak et la Syrie ne sont pas en
position militairement de répliquer,
le Pakistan ne boxe pas dans la même
catégorie ». n
nir de telles situations, d’autant que
les COP suivantes se tiendront au Bré-
sil puis en Australie, deux autres pays
producteurs de fossiles. »
C’est surtout le poids
des hydrocarbures
dans l’économie
de l’Azerbaïdjan qui
suscite l’inquiétude
de conflit d’intérêts.
Selon l’expert pétrolier Francis
Perrin, les hydrocarbures représen-
tent un peu moins de 50 % du PIB de
l’Azerbaïdjan, un peu plus de 50 %
de ses recettes budgétaires et un
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
Nouvelles frappes
américaines au Yémen
Les Etats-Unis ont classé
les Houthis parmi les
organisations terroristes,
afin d’imposer davantage
de sanctions financières à
l’organisation de rebelles
armés qui bloque le trafic
commercial sur la mer
Rouge.
Solveig Godeluck
— Bureau de New York
Mercredi, les Etats-Unis ont
réinscrit les Houthis sur leur liste
mondiale des organisations ter-
roristes. Ils le font en réponse aux
attaques menées depuis plu-
sieurs mois par ces rebelles
armés du Yémen contre les forces
militaires américaines, en mer
Rouge et dans le golfe d’Aden.
L’annonce a été faite par le
conseiller à la Sécurité nationale
Jake Sullivan, dans un communi-
qué qui désigne Ansarallah,
l’autre nom de la milice, comme
« Specially Designated Global
Terrorist ». L’inscription sur cette
liste va permettre aux Etats-Unis
de restreindre encore plus l’accès
de l’organisation aux marchés
financiers.
Cette décision prendra effet
dans trente jours, mais « si les
Houthis cessent leurs attaques sur
la mer Rouge et le golfe d’Aden, les
Etats-Unis réévalueront immédia-
tement cette désignation », précise
Jake Sullivan. A l’inverse, « les
Etats-Unis n’hésiteront pas à
mener de nouvelles actions pour
protéger notre peuple et la liberté
du commerce international », a-t-il
prévenu. Les Houthis, qui ont
attaqué trois navires depuis le
début des frappes alliées, ont dit
qu’ils continueraient à se battre
jusqu’à ce qu’Israël se retire de
Gaza.
Nouvelle série de frappes
américaines
Quelques heures plus tard, les
rebelles du Yémen ont affirmé
avoir visé un navire américain au
large de la ville d’Aden. Les Hou-
this « ont tiré des missiles contre le
navire américain “Genco Picardy”
dans le golfe d’Aden », a déclaré
leur porte-parole militaire, Yehya
Saree.
Dans la foulée, l’armée améri-
caine a visé les Houthis sur leur
territoire au Yémen, avec, dans la
nuit de mercredi à jeudi, des frap-
pes au sol. Selon la chaîne des
peu plus de 90 % de ses recettes
d’exportation. Le pays, qui a été
jadis l’une des capitales mondiales
du pétrole, est aujourd’hui aussi
grand producteur de gaz naturel.
Or l’un des grands enjeux des COP
est précisément d’amener les
195 parties à s’engager à sortir des
énergies fossiles, grandes émettri-
ces de gaz à effet de serre.
L’an dernier à Dubaï, malgré sa
casquette de président de la compa-
gnie pétrolière émiratie Adnoc, le
président de la COP28 Sultan Al
Jaber avait réussi à obtenir la men-
tion d’une « transition hors des éner-
gies fossiles » dans la décision finale.
Son travail en amont, son écoute et
ses efforts pendant les négociations
ont finalement été largement salués
06
rebelles, al-Masirah, ces frappes
nocturnes ont visé « les gouverno-
rats d’Hodeida, Taëz, Dhamar, Al-
Bayda et Saada ».
« Ces missiles sur des pas de tir
représentaient une menace immé-
diate pour les navires marchands
et les bâtiments de l’US Navy dans
la région et auraient pu être lancés
à n’importe quel moment, ce qui a
déclenché l’intervention des forces
américaines pour exercer leur
droit et leur obligation inhérente à
se défendre », a indiqué, dans un
communiqué, le commande-
ment militaire américain au
Moyen-Orient (Centcom).
Ces frappes américaines sont
les quatrièmes en moins d’une
semaine, dans un Moyen-Orient
qui s’approche d’un embrase-
ment régional. « Nous allons pour-
suivre nos activités pour protéger
la vie des marins innocents », a pré-
venu Michael Erik Kurilla, le com-
mandant du Centcom, cité dans le
communiqué.
Aider la population civile
du Yémen
La milice Ansarallah a déjà figuré
sur la liste américaine des organi-
sations terroristes. Le président
Joe Biden l’en avait retirée afin
d’adoucir le poids des sanctions
financières pesant sur le Yémen,
un pays en crise après des années
de guerre civile.
Le délai de trente jours avant
l’entrée en vigueur doit permettre
de mettre en place des mesures de
sauvegarde « sans précédent »
pour la population civile yémé-
nite, précise Jake Sullivan. « Le
peuple du Yémen ne doit pas payer
le prix des actions des Houthis »,
« les livraisons commerciales dans
les ports yéménites sur lesquelles
les Yéménites comptent, alimenta-
tion, médicaments et carburant,
doivent se poursuivre et ne sont
pas couvertes par nos sanctions »,
indique-t-il.
Jake Sullivan s’est rendu mer-
credi au forum de Davos, où il a
insisté sur le fait que le conflit en
mer Rouge était « bien plus
qu’un défi régional », plutôt
« un défi mondial ». « Des entrepri-
ses qui n’ont rien à voir avec le
Moyen-Orient sont affectées. Plus
de 50 nations en près de 30 atta-
ques », a-t-il souligné. Il s’est égale-
ment félicité de la « résolution très
forte » adoptée par les Nations
unies pour condamner les atta-
ques houthies. n
– même si le texte a déçu les plus
volontaristes.
Son successeur déploiera-t-il les
mêmes efforts ? Engagé en politique
depuis 2010, ministre depuis 2018,
Mukhtar Babayev a travaillé pen-
dant 16 ans dans la compagnie
pétrolière nationale, la State Oil
Company of Azerbaijan Republic,
entre 1994 et 2010. Il y a occupé des
fonctions aux relations extérieures,
puis au marketing, avant de devenir
vice-président chargé de l’écologie.
A la présidence de la COP29, il
sera assisté de Yalchin Rafiyev, vice-
ministre des Affaires étrangères du
pays, nommé négociateur en chef.
Ainsi que par une bonne partie des
ministres du pays qui composent le
nouveau comité d’organisation. n
07 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
L’Espagne vent en poupe
en plein brouillard politique
La dynamique
de croissance reste
forte en dépit des
aléas parlementaires
de Pedro Sanchez.
Rarement l’économie
espagnole aura
envoyé autant
de signes positifs,
dans un contexte
politique aussi
incertain.
Elle se profile même
comme l’une
des plus dynamiques
de la zone euro.
LA
CHRONIQUE
de Cécile Philippe
Cécile Thibaud
— Correspondante à Madrid
Rarement l’économie espagnole
aura envoyé autant de signes posi-
tifs, dans un contexte politique aus-
si incertain. Avec une croissance
proche de 2,5 % du PIB et la création
de plus de 500.000 emplois durant
l’année 2023, elle se profile comme
l’une des plus dynamiques de la
zone euro. Même si le rythme de
croissance devrait freiner, aux alen-
tours de 1,5 % en 2024, tout indique
qu’elle va tenir le choc face à l’infla-
tion et aux conséquences de la crise
énergétique, alors que certains des
voisins frôlent la récession.
Un exploit, alors que jamais la si-
tuation politique de l’Espagne n’a
été aussi tendue, avec un gouverne-
ment en minorité, contredit en per-
manence par ses partenaires parle-
mentaires. Après quatre mois de
négociations acrobatiques pour ob-
tenir la confiance du Parlement, le
Premier ministre socialiste, Pedro
Sanchez, vient d’entamer une légis-
lature qui s’annonce compliquée.
Le suspense lors des premiers vo-
tes dans l’hémicycle, la semaine
dernière, a en effet donné le ton. Il
Nucléaire : nécessité fait loi
e nucléaire est redevenu
L populaire dans de nom-
breux pays au point que de
nouveaux réacteurs sont en cons-
truction dans une bonne vingtaine
de pays. L’Allemagne résiste, sans,
heureusement, avoir bloqué un
vote important fin 2023 ratifiant la
mise en place de mesures postmar-
ché permettant de stabiliser les prix
et surtout applicables au nucléaire.
Il aura fallu une explosion des
prix de l’énergie ruineuse pour les
ménages et un bouclier tarifaire
tout aussi ruineux pour les finances
publiques pour enfin renverser –
durablement on l’espère – un désin-
vestissement majeur dans le
nucléaire, qui fut jadis un fleuron de
l’industrie française.
La dynamique des politiques
publiques ne laisse pas de surpren-
dre. Des errements durables se
maintiennent jusqu’à ce que des cri-
prouve que sa majorité très ajustée
va être soumise aux rivalités inter-
nes et, tout spécialement, au chan-
tage permanent de ses alliés indé-
pendantistes catalans de droite qui
prétendent réaffirmer auprès de
leur électorat qu’ils n’ont pas donné
le soutien à Madrid sans rien en
échange pour la Catalogne.
Contrecoup prévisible
La question est de savoir s’il sera
possible, dans ces conditions, de
prendre les mesures nécessaires
pour remettre le pays dans les clous
du Pacte de stabilité, alors que le dé-
ficit public a atteint 3,8 % en 2023,
selon les dernières estimations.
Mais pour l’instant les sables
mouvants parlementaires ne sem-
blent pas préoccuper les analystes.
« Il y a un consensus pour prévoir
que l’Espagne sera l’un des rares pays
européens à tirer son épingle du jeu,
avec une croissance correcte, mais
sans excès non plus, entre 1 et 2 % cet-
te année », décrit l’économiste
Pedro Aznar, professeur à l’école de
gestion Esade. Et il avertit : « Si le
pays a pour lui les atouts de la forte
impulsion des fonds Next Genera-
tion et de l’élan retrouvé du tourisme,
ses majeures provoquent du chan-
gement.
Il y a évidemment de quoi se
réjouir de cette inversion de ten-
dance qui marque la victoire d’une
solution pragmatique et efficace
permettant de résoudre un grand
nombre de défis. Le nucléaire est en
effet une source d’énergie durable,
sûre, abondante, tout cela à des prix
compétitifs et stables.
L’expert Georges Sapy a ainsi cal-
culé pour l’Institut économique
Molinari qu’en quarante-cinq ans,
le nucléaire en France a permis
d’éviter environ 25 fois les émis-
sions totales de CO 2 de 2022.
L’emprise au sol des installations est
très modeste (80 fois moins que le
solaire et 400 fois moins que
l’éolien) et la gestion des déchets
maîtrisée.
En dépit d’accidents spectaculai-
res, selon World in Data, l’énergie
il va subir le contrecoup prévisible du
ralentissement de l’entourage euro-
péen, qui va entraîner la baisse des
exportations vers ses principaux
clients, la France et l’Allemagne. »
Discipline fiscale
D’ici là, le premier défi pour Madrid
va être la négociation du budget
2024, qui a été interrompue par la
tenue des élections législatives anti-
cipées l’été dernier. Le gouverne-
ment de Pedro Sanchez prévoit que
la loi de finances devrait être prête
d’ici à la fin du trimestre, mais les ar-
bitrages s’annoncent laborieux,
sous la pression des alliés parle-
mentaires. La question est de savoir
si le nouveau ministre des Finances,
Carlos Cuerpo, aura autant de poi-
gne pour défendre la discipline fis-
cale que sa prédécesseure, Nadia
Calvino, partie présider la BEI.
La fragilité de l’exécutif risque de
paralyser l’approbation de futures
réformes. Il est difficile de savoir
avec quelle majorité il pourrait fai-
re valider ses projets de réduction
du temps de travail et de nouvelle
fiscalité pour les entreprises, ou en-
core ses plans pour garantir l’accès
logement.
nucléaire est, avec le solaire et
l’éolien, l’énergie qui tue le moins
par unité d’énergie produite. Elle est
100 fois moins létale que le gaz et
1.000 fois moins que le charbon. Par
ailleurs, les réserves d’uranium
représentent 100 fois les consom-
mations annuelles de l’industrie
nucléaire. A la différence du pétrole,
elles ne sont pas dans les mains de
pays se comportant comme des car-
tels, le Canada et l’Australie repré-
sentant 38 % des réserves connues.
Enfin, et c’est un élément très
important, le nucléaire permet un
prix de l’électricité compétitif et
abordable. Tant que le prix de
l’énergie est resté abordable, les
Français se sont peu inquiétés de
l’impopularité grandissante du
nucléaire. L’explosion des prix a
rétrospectivement fait réaliser à
quel point nous sommes les heu-
reux héritiers d’investissements
L’équipe de Pedro Sanchez
compte compenser ce flou en fai-
sant valoir l’intensité de l’activité lé-
gislative menée depuis quatre ans,
entre la réforme du marché du tra-
vail ou celle des retraites, ainsi que
l’élargissement de la protection so-
ciale notamment. Tout indique que
l’action du gouvernement devrait
surtout se centrer sur la mise en
œuvre sur le terrain des lois déjà
passées.
Succès de la réforme
du travail
L’axe central de la dynamique espa-
gnole est sans conteste le succès de
la réforme du travail, dont l’objectif
était de réduire la précarité de l’em-
ploi. « En favorisant les contrats sta-
bles face à l’enchaînement aléatoire
de contrats courts, elle a déclenché un
optimisme qui incite à la consomma-
tion des classes moyennes, et encou-
rage l’activité économique, donc la
création d’emplois », résume l’éco-
nomiste Raymond Torres, direc-
teur de conjoncture de Funcas.
Mais il avertit : en dépit de ce cer-
cle vertueux, le taux de chômage es-
pagnol reste à 11,9 %, deux fois plus
élevé que la moyenne européenne,
visionnaires dans une énergie qui,
soudainement, retrouvait sa répu-
tation mise à mal de façon inconsé-
quente.
En quarante-cinq ans,
le nucléaire en France
a permis d’éviter
environ 25 fois
les émissions totales
de CO2 de 2022.
Cela ne signifie pas pour autant
que la partie est gagnée. Car au sein
de l’Union européenne, l’Allemagne
reste fermement opp osée au
nucléaire, l’obligeant à recourir au
charbon au prix d’une intensité car-
bone par kWh produit d’environ
430 g versus 50 en France sur la pre-
mière quinzaine de janvier. Crai-
IDÉES
Hervé Pinel pour « Les Echos »
preuve, selon lui des failles du mar-
ché du travail espagnol, avec une
difficile intégration des jeunes et la
faible efficacité du Pôle emploi es-
pagnol en matière d’intermédia-
tion, de réorientation ou de place-
ment des chômeurs.
L’économiste de Funcas estime
toutefois que « l’année 2024 devrait
avancer crescendo » malgré ces fai-
blesses, et que « la croissance, ralen-
tie au premier semestre, pourrait
s’accélérer ensuite, si la politique de
la BCE l’accompagne avec une stabi-
lisation sinon une baisse des taux
d’intérêt ».
En parallèle, note-t-il, l’Espagne
pourrait aussi réussir à tirer son
épingle du jeu dans le contexte des
incertitudes géopolitiques globales.
« Les tensions en mer Rouge pour-
raient avoir un effet positif en inci-
tant les voisins européens à chercher
des chaînes d’approvisionnement
plus courtes », explique-t-il.
Et l’Espagne tout comme le Por-
tugal pourraient se présenter com-
me des alternatives fiables pour re-
localiser la production, avec de
bonnes infrastructures et une
main-d’œuvre qualifiée et compéti-
tive. n
gnant pour sa compétitivité, l’Alle-
magne pourrait faire en sorte que la
Banque européenne d’investisse-
ment (BEI) reste à l’écart des projets
de financement du nucléaire.
Même face à des défis incom-
mensurables comme celui de béné-
ficier d’une énergie abordable et
abondante, d’éviter les émissions de
CO2 ou les nouvelles guerres sur les
ressources rares, il ne suffit pas
d’avoir un bon substitut comme
peut l’être le nucléaire. Encore
faut-il que celui-ci soit populaire,
soutenu et reconnu par la popula-
tion et les autorités. La crise énergé-
tique a contribué à inverser la ten-
dance. Que faudra-t-il pour en
convaincre les Verts allemands sans
que cela nuise profondément à
toute l’Europe ?
Cécile Philippe est présidente
de l’Institut économique Molinari.
IDÉES
analyses
Illettrisme
climatique
La moitié des personnes très préoccupées par les enjeux
climatiques ne les connaissent pas ou peu. Il faut lancer
de grandes campagnes pour rendre à la population
son droit à une information claire et efficace.
LA
CHRONIQUE
de Ludovic Subran
l y a deux ans, notre première étude sur la
I culture climatique révélait un déficit alar-
mant de compréhension malgré l’atten-
tion des médias, les campagnes de sensibilisa-
tion et les mouvements sociaux. Cette année,
les résultats montrent une diminution
inquiétante des connaissances climatiques.
En France par exemple, moins de 15 % des
personnes interrogées répondent correcte-
ment à 7 des 10 questions posées. Ces résultats
sont alarmants, car l’action contre le change-
ment climatique découle directement de sa
compréhension. Les personnes bien infor-
mées sur le climat sont quatre fois plus sus-
ceptibles de s’engager dans des actions d’atté-
nuation. Cependant, l’urgence du discours
climatique peut avoir un impact paradoxal :
inciter à l’action ceux qui ont des connaissan-
ces élevées, mais également désengager ceux
qui, bien qu’anxieux face au climat, man-
quent de connaissances.
Un aspect crucial à considérer est la rela-
tion complexe entre l’anxiété climatique et
l’illettrisme climatique. Etonnamment, près
de la moitié des personnes très préoccupées
par le changement climatique ont peu ou pas
de connaissances en la matière. L’aspect émo-
tionnel joue également un rôle essentiel dans
l’engagement climatique, pouvant être un
moteur ou un frein à l’action. Parallèlement,
la simplification excessive des politiques cli-
matiques, similaire aux politiques de santé
publique pendant la pandémie, peut entraî-
ner des réactions extrêmes, y compris le
désengagement.
Face à l’ampleur et à la complexité du pro-
blème, il est impératif de lancer de grandes
campagnes de communication et d’informa-
tion sur le climat pour ne pas priver la popula-
tion de ses droits à une information claire et
efficace. Plutôt que de se concentrer unique-
ment sur les coûts, les risques et les difficultés
de la décarbonisation en moyenne, il est
temps de développer des outils de microsi-
mulation pour que chacun voie les effets du
changement climatique et s’adapte.
L’impact du changement climatique com-
mence déjà à se faire sentir, entraînant une
LE LIVRE
DU JOUR
Au fait, d’où vient la poule
domestique ?
LE PROPOS Pour son numéro 50,
« Espèces », revue d’histoire naturelle
éditée par l’association Kyrnos
publications, consacre 70 pages à la
domestication animale. Les auteurs,
tous des universitaires, y relatent
la domestication par l’homme
des aurochs, ancêtres de nos vaches,
des lamas et alpagas, du casoar, de
la poule et du saumon, mais aussi
celle des pucerons par les fourmis, ou
celle des minuscules crevettes par des
poissons. Eh oui ! La domestication
– processus par lequel une espèce
s’est progressivement adaptée
à la captivité et à son « maître » –
n’est pas que l’apanage de l’homme.
L’INTÉRÊT Ce passionnant dossier
éclaire sous un nouveau jour le
processus de domestication qui
s’explique au départ par des raisons
matérielles (nourriture, portage,
tractage) de prestige, mais aussi
religieuses : au temple de Bastet, à
Saqqarah, en Egypte, à l’époque
ptolémaïque (323-30 av. J.-C.), on a
élevé des milliers et des milliers de
perte d’ambitions climatiques au profit de
préoccupations économiques immédiates.
Les subventions aux combustibles fossiles ont
augmenté, mettant en évidence la nécessité de
convaincre les électeurs du bien-fondé de la
transition énergétique. Pour y parvenir, les
décideurs politiques doivent placer la science
au cœur de leurs politiques, présentant le
changement climatique comme une question
de santé publique. De plus, ils doivent mettre
en avant les avantages économiques à court et
à long terme de la transition verte.
Les incitations financières à la réduction
des émissions de carbone sont cruciales pour
mobiliser les partisans du court terme et des
combustibles fossiles. Les décideurs politi-
ques devraient également envisager des pro-
grammes de requalification rémunérés pour
les travailleurs de la transition énergétique,
tout en offrant des incitations financières aux
ménages pour abandonner les moteurs à
combustibles fossiles.
La transition écologique
a laissé la place
à l’intelligence artificielle
comme sujet star.
Pourtant, le monde a
dépassé le stade où une
transition économique
sans heurts était possible.
Alors que l’élite mondiale fait sa rentrée à
Davos, la transition écologique a laissé la
place à l’intelligence artificielle comme sujet
star. Pourtant, le monde a dépassé le stade
où une transition économique sans heurts
était possible. Une transition réussie est
toujours possible mais les compromis néces-
saires seront chaque jour plus coûteux et
douloureux.
C’est peut-être pour ça que le sujet n’est plus
à la mode, trop épineux puisqu’il s’agit de
changer comment on se loge, on se déplace ou
on se nourrit. Trop dangereux aussi, puisque
certains partis politiques utilisent le popu-
lisme climatique. Alors que les élections euro-
péennes approchent, éduquons sans relâche
sur l’économie verte.
Ludovic Subran est chef économiste
du groupe Allianz.
chats pour en faire des momies
pour les pèlerins.
On peut même se demander qui
domestique qui quand on voit le
temps et l’énergie que certains
éleveurs consacrent au bien-être de
leur cheptel. Mais aussi quand on sait
que l’homme s’est génétiquement
adapté à ses compagnons sur pattes :
c’est ainsi que l’on explique la
tolérance des adultes au lactose chez
les peuples qui élèvent des animaux
producteurs de lait.
—Jacques Henno
« Une autre histoire de la
domestication », « Espèces »,
no 50, décembre 2023-février 2024,
12 euros, 114 pages.
Macron, le moderne
dans le monde postmoderne
C’est son drame : le président de la République est un modèle
de rationalité et de réflexion argumentée dans une époque qui a basculé
dans l’irrationalité, la désarticulation et les affects.
LA
CHRONIQUE
d’Eric
Le Boucher
e drame du président de la Répu-
L blique est qu’il est un modèle ex-
ceptionnel de la rationalité, de
l’intelligence et de la réflexion argu-
mentée, dans une époque qui a basculé
dans l’irrationalité, la désarticulation,
les affects, la disparition de la confiance
envers le progrès et l’émancipation. La
démonstration explosive de l’entrée
dans l’ère postmoderne a été donnée
par les « gilets jaunes » à qui le président
a distribué 17 milliards d’euros, mais qui
continuaient de tourner en rond en
maugréant qu’ils n’avaient eu que « des
miettes ».
Ce passage du « cogito, ergo sum » de
René Descartes à l’« économie libidina-
le » de Jean-François Lyotard a désar-
çonné Emmanuel Macron. Sa matière
grise bluffe les bac + 5, mais trouve her-
métiquement fermée la cervelle des
autres. Pis ! ils ont le sentiment qu’il les
humilie. Ses politiques publiques pè-
chent sur plusieurs points (dette, loge-
ment, recherche…), mais elles donnent
des résultats globaux très positifs (chô-
mage, Covid, écologie…), en tout cas très
supérieurs à ceux des anciens partis de
la droite et de la gauche lorsqu’ils
étaient au pouvoir et qui feraient mieux
d’avoir un peu d’humilité.
Vacarme populiste
Mais, les médias aidant, on n’entend
que le vacarme des populistes qui na-
gent, eux, comme des poissons dans
l’eau de la post-vérité et qui tamtami-
sent, à droite contre le « déclin français »
(le pays décline en vérité depuis 1914) et,
à gauche contre l’abandon de l’Etat-pro-
vidence (la France est championne du
monde des dépenses sociales). Bien
meilleur dirigeant que ses prédéces-
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
seurs, Emmanuel Macron a su se faire
réélire en 2022. Il a aussi profité des cir-
constances : la France n’a pas un seul
populisme, mais deux. Leur camp était
divisé (pour combien de temps enco-
re ?) et Marine Le Pen a paru, une nou-
velle fois, inapte à la fonction (ce handi-
cap comptera-t-il encore demain ?)
Vite, les élections législatives ont fait
réapparaître la réalité idéologico -
politique du pays : deux tiers des Fran-
çais ont voté pour les populistes. La
Chambre a été perdue ; l’Assemblée
nous fait vivre depuis les tristes heures
de la « bordelisation ».
Le retour de la politique
Emmanuel Macron a tout essayé pour
se faire entendre des Français (grand
débat, conventions citoyennes, conseil
national de la refondation…) En vain. Il
en est arrivé aujourd’hui au constat que
si lui ne savait pas se faire comprendre,
il fallait en passer par des gens qui sa-
vent parler aux gens. Autrement dit, en
venir à ce qu’il croyait avoir périmé
en 2017 : la politique.
Sa matière grise bluffe
les bac + 5, mais trouve
hermétiquement
fermée la cervelle
des autres.
Pis ! ils ont le sentiment
qu’il les humilie.
Gabriel Attal et Rachida Dati n’ont
pas le langage d’experts, mais ils sortent
la mesure qui plaît et la phrase qui frap-
pe. Le président continuera en sous-
main de faire le programme des réfor-
mes modernes dans tous les détails,
mais il lance ses combattants politiques
dans la sphère postmoderne.
Est-ce que cela peut lancer son quin-
quennat ? Pour ce qui est des résultats à
l’école, dans la santé, etc., sans doute.
08
Ludovic Marin / AFP
Les milliards sont là. Le plein-emploi
dépendra de la conjoncture mondiale,
mais on peut parier qu’Emmanuel Ma-
cron saura faire. Ses idées nouvelles
concernant la plaie des écrans ou la
simplification sont des ajouts judicieux.
Mais l’essentiel est maintenant établi :
son bilan aussi bon soit-il ne percutera
pas. Sa trace dans l’histoire dépendra
uniquement de « la photo » de l’entrée
ou pas de Mme Le Pen à l’Elysée en 2027.
Emmanuel Macron serait effacé des li-
vres comme Barack Obama laissant la
Maison-Blanche à Donald Trump.
Créer un vrai parti
Deux ou trois ministres postmodernes
risquent de ne pas suffire. Puisqu’il fait
de « la politique », Emmanuel Macron
devrait, selon son expression favorite,
« aller au bout ». Il est temps qu’il crée
enfin un vrai parti, sérieusement struc-
turé, implanté, intellectuellement armé
et nommé autrement que l’insipide
« Renaissance ». Il est temps que ce parti
s’active dans la création d’une fédéra-
tion des raisonnables qui regroupe tous
ceux qui s’en revendiquent, gauche, cen-
tre et droite. Il est temps qu’il aide tous
les candidats à sa succession à s’unir et
qu’il s’interdise de choisir lui-même.
Ne pas le faire est se condamner au
sort de Joe Biden, qui a un bilan excel-
lent, mais qui, faute d’avoir construit sa
succession, se trouve très affaibli par sa
santé face à Donald Trump. Il en sera de
même pour un successeur d’Emma-
nuel Macron qui n’aurait pas été prépa-
ré très en amont. Il n’est pas trop tôt, il
est déjà tard si Emmanuel Macron veut
laisser l’Elysée à un ami moderne avec
une majorité absolue à la Chambre.
P-S. L’économiste Patrick Artus doit
quitter Natixis, on ne sait pourquoi. La
France où le débat économique est sub-
mergé par l’idéologie populiste, ne peut
pas se passer de ses courbes et de son
expertise.
Eric Le Boucher est éditorialiste
aux « Echos ».
 09 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
Publiez vos contributions
sur le Cercle des Echos :
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE POINT
DE VUE
de Luca de Meo
près l’émergence de Tesla et de
A la Chine sur la scène automobi-
le, l’heure est aux défis pour les
Européens. Prenons-nous pourtant bien
la mesure des enjeux ? Le secteur pèse
8 % du PIB de l’Union, 30 % de ses dépen-
ses R&D et 13 millions d’emplois : enle-
vez l’industrie automobile et l’Europe se
retrouve avec une balance commerciale
en déficit structurel.
Aujourd’hui, le secteur affronte sa
plus profonde mutation en 150 ans. Ré-
duction de l’impact environnemental,
fin du moteur à combustion en 2035, exi-
gences accrues en matière de sécurité et
de cybersécurité, alourdissant et renché-
rissant les véhicules. Toutes ces pres-
sions se cumulent et les réglementations
s’entassent, avec des résultats contraires
aux objectifs : en vingt ans, la voiture
européenne moyenne s’est alourdie de
60 %, elle est 50 % plus chère, le nombre
d’emplois chez les constructeurs a baissé
jusqu’à 40 % dans certains pays. Vous me
direz : elle est plus vertueuse pour l’envi-
ronnement. Non, une voiture plus chère
est aussi une voiture qu’on achète moins,
quitte à faire durer sa vieille guimbarde
polluante. Bilan : l’âge moyen du parc est
passé de 7 à 12 ans.
Pendant 150 ans, les constructeurs ont
pratiqué un sport exigeant mais dont on
maîtrisait les règles, fixées par le moteur
à combustion. Et voilà qu’il s’agit d’excel-
ler dans plusieurs disciplines très diffé-
rentes : électrique, software, services de
mobilité, économie circulaire… en plus
du sport traditionnel, le tout sur un ter-
rain de jeu bien glissant. Technologies,
prix des matières premières, réglemen-
tations : tout bouge à une vitesse folle.
Et la nouvelle géographie globale
ébranle les certitudes européennes. Le
moteur à combustion a fonctionné pen-
dant un siècle comme une barrière à
LE POINT
DE VUE
de Chin Ruamps
l’heure actuelle, 363 millions de
A personnes ont besoin d’aide et
de protection humanitaires
dans le monde. Environ 60 pays sont en
proie à un conflit, dont la majorité au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
L’aide et les ressources humanitaires
sont distribuées aux populations tou-
chées par des ONG internationales telles
que la Croix-Rouge, Oxfam, Médecins
Sans Frontières, Care, etc. L’objectif : ré-
pondre aux besoins de ceux qui souf-
frent de catastrophes d’origine humaine
telles que les conflits et les guerres, mais
aussi de crises induites par le change-
ment climatique et liées à des catastro-
phes naturelles, comme l’été 2023 l’a tris-
tement prouvé. Autant de situations
souvent liées, les catastrophes naturelles
prolongées et les épidémies de longue
durée déclenchant souvent des troubles
politiques et un effondrement économi-
que, qui conduisent à leur tour à des con-
flits violents.
Mais si l’aide humanitaire peut alléger
les souffrances et sauver des vies humai-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
nes, elle peut aussi nuire aux personnes
qu’elle vise à aider. Pendant la guerre civi-
le au Nigeria à la fin des années 1960, des
armes ont par exemple été fournies sous
couvert d’aide humanitaire, tandis que
les belligérants agitaient la carte des ré-
fugiés pour manipuler l’opinion publi-
que et obtenir davantage d’aide. La vio-
lence politique au Cambodge dans les
années 1980 est un autre triste exemple
Automobile : pour une
politique industrielle
coordonnée en Europe
l’entrée pour nous. Voilà que ce sont les
Chinois qui contrôlent 75 % de la pro-
duction mondiale de batteries ! Et pen-
dant que les Etats-Unis stimulent leur in-
dustrie, que les Chinois l’organisent par
le plan, chez nous on réglemente, sans
vision holistique. Tracer notre avenir
comme constructeurs automobiles
européens est d’abord affaire d’innova-
tion entrepreneuriale. J’ai pourtant la
conviction que l’Europe de l’automobile
ne pourra jouer à son plein potentiel
sans une réaction collective, ni sans une
puissance publique capable de mettre
les Européens en ordre de bataille.
Le secteur affronte
sa plus profonde
mutation en 150 ans.
La question posée apparaît très sim-
ple : l’Europe a-t-elle la volonté de s’ar-
mer enfin d’une vraie politique indus-
trielle pour notre secteur, avec une
ambition globale et pas seulement un
empilement d’échéances et d’amendes ?
Ce devrait être notre priorité absolue.
Contre la prolifération anarchique des
diktats des différentes autorités, établis-
sons aussi un guichet unique des régle-
mentations sur la mobilité et l’automobi-
le. Comme les Chinois, créons à travers
l’Europe un cadre de règles et de stan-
dardisation stables. Posons les condi-
tions d’émergence de projets structu-
rants et de champions européens sur les
technologies clés. L’Europe a su le faire
autrefois : cela s’appelait Airbus.
Coordonnons enfin les efforts des
multiples secteurs impliqués dans la
mutation en cours, car des défis comme
la transition énergétique ou la révolu-
tion numérique recoupent plusieurs do-
Le dilemme moral
de l’aide humanitaire
d’un cas où l’aide des ONG a fait autant de
mal que de bien. Forcée de collaborer
avec un régime injuste, elle a été détour-
née et utilisée à mauvais escient.
L’aide humanitaire peut donc égale-
ment conférer une légitimité au régime
autoritaire en coopérant avec lui. La per-
sécution massive des Rohingyas en Bir-
manie en est la preuve. Depuis 2012, le
gouvernement du Myanmar a en effet
placé des dizaines de milliers d’entre eux
dans des camps de détention forcée.
Si l’aide humanitaire
peut alléger les
souffrances et sauver
des vies humaines,
elle peut aussi nuire
aux personnes
qu’elle vise à aider.
Pour leur venir en aide, les organisa-
tions humanitaires ont été contraintes
d’accepter la politique imposée et de gar-
der le silence sur la ségrégation à l’œuvre
dans les camps. Tant et si bien qu’elles
ont été critiquées pour leur complicité.
Certaines ont décidé de partir pour évi-
ter cela. Résultat ? Une pénurie de res-
sources pour répondre aux besoins à
grande échelle des réfugiés…
En Afghanistan, la prise de contrôle
du pays par le régime taliban a entraîné
maines. Secteur minier, chimie, énergie,
industries manufacturières, infrastruc-
tures, autorités nationales et locales doi-
vent jouer une même partition. Regar-
dons aussi ce que font nos concurrents et
adaptons-nous. Face à la Chine et aux
Etats-Unis, l’Europe doit inventer un
modèle hybride, entre l’initiative privée
et le dirigisme public, d’abord pour nous
renforcer, ensuite pour repartir à l’offen-
sive dans le monde, toujours dans des
conditions de juste réciprocité.
Comment douter de l’engagement des
constructeurs européens pour la décar-
bonation ? Ils investissent 250 milliards
dans l’électrification. Simplement, ils
pensent avoir un mot à dire sur la maniè-
re d’y arriver : adoption du principe de
neutralité technologique, action de la
Commission et des 200 plus grandes vil-
les européennes pour harmoniser les
approches de la mobilité, instauration
de zones de développement économi-
ques vertes, politique de développement
de la voiture électrique compacte, abor-
dable et à l’impact réduit dans les villes et
sur l’environnement.
Que la puissance publique identifie
dix chaînes de valeur stratégiques qui ne
peuvent s’appréhender qu’en équipe,
comme l’hydrogène ou le software. Il
suffirait qu’elle y lance des initiatives
transversales, à l’échelle du continent, en
forçant les secteurs concernés à se coor-
donner et mettre l’Europe au niveau que
nous méritons. Je verse ces propositions
au débat car ces défis nous sont posés à
tous : politiques, constructeurs, parties
prenantes, citoyens. Pour faire émerger
une réponse partagée, arrêtons de voir
l’industrie automobile comme le problè-
me et elle fera partie de la solution.
Luca de Meo est directeur général de
Renault Group, président de l’ACEA.
le déplacement à grande échelle des chii-
tes hazaras, le piétinement des droits des
femmes et l’effondrement du système de
santé.
De plus en plus d’organisations huma-
nitaires hésitent là aussi entre interrom-
pre leurs opérations, pour ne pas se ren-
dre complices de la politique des
talibans à l’égard des femmes, ou conti-
nuer à répondre aux besoins de ces po-
pulations féminines déjà très vulnéra-
bles. En outre, au lieu de distribuer les
vivres aux civils affamés, l’administra-
tion talibane a utilisé l’aide pour nourrir
ses obligés, renforçant ainsi l’inégalité
politique en Afghanistan.
Alors comment les organisations hu-
manitaires doivent-elles réagir lorsque
leur aide tourne mal ? Rester ou partir ?
Les acteurs sont souvent trop préoccu-
pés par le résultat de leur action, mais ne
reconnaissent pas qu’il existe d’autres
considérations morales à prendre en
compte. Se concentrer uniquement sur
les résultats des projets, comme le nom-
bre de vies sauvées, n’est pas suffisant. Le
« dilemme de la sortie de l’humanitaire »
auquel sont confrontées les organisa-
tions est un dilemme éthique qui exige
une réponse normative fondée sur des
valeurs.
Chin Ruamps est enseignante-
chercheuse à Audencia,
auteure du « Dilemme
de la fin de l’aide humanitaire ».
La baisse de la natalité,
une mauvaise nouvelle ?
LA
CHRONIQUE
de Jacques Attali
’abord, dans ce domaine comme
D dans tant d’autres, la France n’est
pas un cas particulier. La natalité
s’effondre au Japon, en Corée, en Allema-
gne, en Italie ; et aussi en Russie, en Chine
qui sont tous au-dessous du seuil de renou-
vellement. Rares sont les pays développés,
comme les Etats-Unis, où le renouvelle-
ment de la population est assuré et plus en-
core comme Israël (seul pays développé où
les femmes font en moyenne plus de 3 en-
fants).
La natalité baisse aussi dans les pays où
elle reste très élevée ; même dans les pays où
elle est encore supérieure à 5 enfants par
femme (le Niger, le Mali, le Burundi, et la Ré-
publique démocratique du Congo) ; et dans
toute l’Afrique subsaharienne (où elle est
encore à 4,6 enfants). Les trois régions du
monde où la croissance restera significative
sont l’Afrique subsaharienne, la péninsule
indienne et le Moyen-Orient. A ce rythme, il
y aura en 2050 plus d’habitants au Nigeria
qu’aux Etats-Unis, dont plus de 130 millions
dans la seule agglomération de Lagos.
Au total, la baisse générale est telle qu’il
est vraisemblable désormais que, malgré la
croissance continue (à de rares exceptions
près) de l’espérance de vie, la population
mondiale n’attendra jamais les 12 milliards
annoncés pour 2100 ni même les 10 mil-
liards annoncés pour 2050.
Libération des femmes
Les raisons de cette baisse sont partout les
mêmes : dislocation de la pression sociale
qui poussait à avoir beaucoup d’enfants, li-
bération des femmes qui veulent avoir une
vie professionnelle, incapacité des services
publics d’apporter le soutien nécessaire en
matière de santé, d’éducation, de logement,
de garde d’enfants. Seuls les pays ou les
communautés dans lesquels les femmes
sont dominées et où rien n’est fait pour fi-
nancer la vie des personnes âgées autre-
ment que par leurs enfants ont une très for-
te natalité. Pour faire court, la natalité est
élevée dans les pays où domine la nécessité,
idéologique ou matérielle, de transmettre.
Si le ralentissement de la croissance de la
population de la planète est une bonne nou-
velle écologique, il peut devenir une catas-
trophe pour ceux des pays qui n’assurent
plus le renouvellement de leur propre po-
IDÉES
opinions
Gesche Jaeger/Laif-RÉA
pulation. D’abord pour les plus pauvres
d’entre eux, comme la Chine, qui n’ont pas
mis en place les systèmes de retraite capa-
bles d’assurer une vie décente à des person-
nes âgées de plus en plus nombreuses. Et
ensuite pour tous les autres, dont la France,
qui ne pourront pas trouver parmi leurs ci-
toyens assez de jeunes pour remplacer ceux
qui partent en retraite ; et si on continue
comme cela, les pays à faible natalité de-
vront faire venir de plus en plus de jeunes
des régions à forte natalité, avec toutes les
conséquences qu’on peut en déduire.
Il faut créer les conditions
pour pouvoir ressentir
le bonheur de transmettre,
et non plus subir la
nécessité de transmettre.
Un scénario idéal serait sans doute, à
l’échelle de deux siècles, une stabilisation de
la population de la planète à un niveau voi-
sin ou inférieur au niveau actuel. Cela sup-
poserait une action massive pour libérer les
femmes des contraintes qui pèsent sur elles
dans les pays où elles restent dominées et
une action d’une tout autre nature dans les
pays où la natalité s’effondre. Et, dans ces
pays, dont la France, ce n’est pas en accor-
dant un congé parental plus long qu’on ré-
glera le problème. Pas même en employant
toutes les techniques qui ont si bien fonc-
tionné il y a quatre-vingts ans en France :
des allocations familiales généreuses, une
politique du logement volontariste, des crè-
ches, des écoles maternelles.
Cela ne suffit plus. Deux facteurs au moins
viennent changer la donne. D’une part, et
c’est heureux, les femmes veulent avoir une
carrière et la maternité reste un obsta-
cle. D’autre part, et c’est moins heureux, les
raisons de s’inquiéter pour l’avenir ne man-
quent pas et bien des couples n’ont pas envie
de donner naissance à un enfant qui aura
80 ans au début du XXIIe siècle, dans un
monde qui s’annonce épouvantable.
C’est à ces deux enjeux qu’il faut s’atta-
quer, en Europe comme au Japon, en Chine,
et bientôt dans le monde tout entier. D’une
part, la charge de la maternité ne doit pas
rester une responsabilité des seules fem-
mes. D’autre part, il faut recréer les condi-
tions d’un avenir heureux crédible pour le
monde. Ces deux enjeux se réduisent à un
seul : créer les conditions pour pouvoir res-
sentir le bonheur de transmettre. Et non
plus, comme par le passé, subir la nécessité
de transmettre. C’est une tout autre affaire.
Jacques Attali est écrivain et essayiste.
 IDÉES
essais
Un niveau de civilisation ultime au prix d’une douleur silencieuse. Pour se conformer et se fondre dans ce moule,
les Japonais vivent sous pression. Ils obéissent et apprennent à se taire dès l’enfance. Photo Yuichi Yamazaki/AFP
La journaliste Karyn Nishimura-Poupée dévoile l’envers du décor offert
aux visiteurs : une société harmonieuse étouffée par ses conservatismes.
Dans les coulisses d’un Japon
faussement apaisé
LIVRES
Par Yann Rousseau
our résumer le Japon, Karyn
P Nishimura-Poupée emprunte,
dans la conclusion de son der-
nier livre, un diagnostic du réalisateur
Hayao Miyazaki, formulé lors d’une
conférence de presse en 2015. « Les
Japonais sont des êtres faits pour vivre au
bord de la planète, sur une île, en paix,
avec de l’eau et en cultivant du riz », expli-
quait le cofondateur du Studio Ghibli.
Tout au long de son ouvrage « Japon,
la face cachée de la perfection », la jour-
naliste, correspondante à Tokyo de
« Libération » et de Radio France, décrit
ainsi un pays vivant souvent en marge
du reste de la planète, prétendant, en
vain, vouloir s’inscrire dans un monde
globalisé.
Un niveau
de civilisation ultime
Arrivée dans l’archipel à la fin des
années 1990, Karyn Nishimura-Poupée
reconnaît qu’elle apprécie toujours
autant certains avantages de ce déca-
lage. Elle loue, dans plusieurs pages, le
bonheur d’élever ses deux enfants dans
une société sûre, sans grande délin-
quance, globalement harmonieuse et
offrant une qualité de services excep-
tionnelle dans le privé comme dans le
public. Des métros toujours à l’heure et
propres. Des fonctionnaires dévoués.
Pas de grève ni de voiture brûlée. Une
richesse culturelle exceptionnelle. Pres-
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
que un niveau de civilisation ultime.
Mais ce décalage, explique l’auteure,
se fait fréquemment dans une douleur
silencieuse. Pour se conformer et se
fondre dans ce moule parfait, les Japo-
nais vivent sous pression. Ils obéissent
et apprennent à se taire dès l’enfance.
« La scolarité au Japon a une propension
à modeler des enfants tous semblables :
même profil, mêmes compétences, qui
Japon,
la face
cachée de la
perfection
de Karyn
Nishimura-
Poupée.
Editions
Tallandier,
352 pages,
21,50 euros
soient de bons petits candidats à des pos-
tes d’entreprise, des citoyens dociles à
l’issue de leur scolarité, malléables »,
écrit Karyn Nishimura-Poupée.
L’école japonaise enseigne parfaite-
ment les savoirs de base, le respect de
l’autorité et l’ordre, mais « l’esprit de
doute, de contestation est réduit à sa plus
simple expression », détaille la journa-
liste qui voit dans ce formatage la base
des nombreux travers de la société nip-
pone. « Le Japon a réussi en politique ce
tour de force d’avoir une population
aussi obéissante que dans un Etat totali-
taire, mais sans employer les outils de la
dictature », insiste-t-elle.
Système patriarcal
Ce conditionnement entretient un sys-
tème toujours aussi patriarcal où des
hommes, souvent vieux, continuent de
tenir tous les postes de pouvoir. « Plus
on monte dans la hiérarchie au Japon,
moins il y a de femmes », résume-t-elle.
La chambre basse élue en 2021 compte
moins de 10 % de femmes. Et sur les
3.831 entreprises cotées à la Bourse de
Tokyo, 45 % ne comptaient aucune
femme dans leur comité de direction
en 2021.
Cette caste de vétérans, qui contrôle
notamment le PLD au pouvoir depuis
des décennies, abhorre le changement.
Dans la politique, dans l’entreprise,
dans la société. C’est un mouvement
#MeToo qui n’a jamais pris, le maintien
sans aucun débat de la peine de mort, le
refus de l’immigration, aucune loi pour
défendre les droits des LGBTQI +, pas de
mariage homosexuel ou encore des
pratiques judiciaires arriérées.
La presse,
pilier du conservatisme
Dans d’autres démocraties, ces retards
ou ces injustices seraient dénoncés par
les médias. Mais dans son chapitre le
plus original, Karyn Nishimura-Pou-
pée explique que la presse est devenue
l’un des piliers de ce conservatisme. Les
journalistes japonais se vivent en porte-
parole des différents pouvoirs. Dans le
pays, « le point de départ des articles vient
d’en haut », remarque la correspon-
dante de « Libération ». Du gouverne-
ment, des entreprises, des organismes
ou des personnalités. Rarement du bas,
d’un fait de société, d’une injustice,
d’une prise de parole différente.
« Le journalisme de la presse quoti-
dienne japonaise reste encore souvent un
journalisme d’annonce », regrette-t-elle
avant de raconter son agacement lors
des conférences de presse dominées
par les « kisha clubs », ces groupes de
journalistes venant de médias diffé-
rents, attachés en permanence à cha-
que grande entreprise, ministère ou
administrations.
Les membres du « kisha club » ont le
droit de se partager les premières ques-
tions, toujours communiquées à
l’avance, ou de se répartir la sortie de
faux scoops. Une collusion malsaine
qui permet aux différents pouvoirs de
s’épargner des interrogations embar-
rassantes sur des scandales, des mau-
vais résultats financiers ou des ratés
stratégiques. Les journalistes du kisha
club n’osant jamais braquer l’institu-
tion qui les nourrit en « informations ».
Heureusement, note la journaliste,
elle-même très à l’aise en japonais, une
poignée de reporters indépendants,
commence à oser bousculer un peu le
système pour, peut-être, pousser, un
jour, le pays à envisager quelques chan-
gements. n
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
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BONNES FEUILLES
Par Sabine Delanglade
Libres propos
Une balade intelligente et plaisante dans les travers,
les croyances et les lâchetés de l’époque. Notre époque.
A force de penser qu’une entrecôte grillée
au feu de bois n’est pas un si mauvais plat,
qu’il ne faut pas oublier que Roman
Polanski et Woody Allen sont des cinéastes
de génie, de s’étonner que l’antisémitisme
historiquement d’extrême droite ait
conquis l’extrême gauche, ou que les
œuvres de Roald Dahl soient « expurgées »,
Thierry Keller, cofondateur de la revue
« Usbek & Rica », s’est un beau jour
demandé s’il n’était pas, à 50 ans, devenu un
vieux con. De gauche, quand même. Il cite
Blanche Gardin sur la définition du
« réac » : « Dans les années 1970, le mot dési-
gnait et condamnait dans le même mouve-
ment les gens nostalgiques d’un temps où la
vis était plus serrée. Aujourd’hui, il s’emploie
contre les individus nostalgiques d’un temps
où les gens étaient plus libres. » En touillant la
« salade idéologique » qui mêle déprime et
ce que l’on appelle « wokisme » et qu’il pré-
fère nommer « gauchisme », l’ancien direc-
teur administratif de SOS Racisme a cuisiné
un excellent petit livre qui a l’avantage de ne
tomber dans aucun excès et de dire les cho-
ses. Il interroge, ne condamne pas a priori.
Une balade intelligente et plaisante dans les
travers, les croyances et les lâchetés de l’épo-
que. Notre époque.
LA LIBERTÉ « Je pourrais noircir des centai-
nes de pages rien qu’avec la liste des victimes
de la liberté d’expression. […] Je pense à la
pédopsychiatre Caroline Eliacheff et la psy
Céline Masson, dont le colloque sur “la fabri-
que de l’enfant transgenre” fut annulé au
motif que les intervenants étaient des “cher-
cheurs aux prises de position controversées” ;
je pense à “En attendant Godot” empêché à
l’université de Groningue. Motif : il n’y avait
pas de femmes sur scène, alors que Beckett
avait explicitement demandé que Godot soit
joué par des hommes. » « Aujourd’hui, c’est
discriminatoire », trancha l’université.
LA DÉMOCRATIE, BOF « La démocratie ne
A lire aussi
Les chats et les souris
D’un homme qui a joué
au tennis avec Jacques
Chaban-Delmas, on pou-
vait s’attendre à un solide
jeu de fond. Lorsque l’on
a connu, huit présidents,
vingt-quatre Premiers
ministres, recueilli leurs
confidences, leurs
moments de faiblesse,
déjeuné, dîné, voyagé avec eux, il y a tant à
raconter. Patrice Duhamel à son tour a sorti
ses carnets, il a bien fait.
Dans la vie politique, il voit un bestiaire,
sangle chacun de ses chapitres par une
Fable de La Fontaine. D’ailleurs, quelle
bonne idée eut Jean-Michel Blanquer
d’offrir à chaque élève un fabliau ! Un vrai
vade mecum. Ce n’est pas Duhamel qui dira
le contraire. En plongeant au cœur des duos
qui, de De Gaulle-Pompidou à Macron-
Borne, ont défilé sous la Ve, il les ponctue
chacun de la morale d’une fable.
Ce qu’il se passa entre Giscard et Chirac,
Jean de la Fontaine l’avait bien prévu : « Nul
animal, nul être, aucune créature/Qui n’ait
son opposé ; c’est la loi de nature. » Et com-
ment mieux définir le « couple » Mit-
terrand-Rocard que par « Le Loup et
l’Agneau » ? Devinez lequel mangea l’autre.
Mitterrand-Balladur ? « Apprenez que tout
flatteur/Vit aux dépens de celui qui l’écoute. »
L’histoire ne dit pas si Balladur considéra
que cette leçon valait bien un fromage. Pour
rester dans la métaphore animalière, ajou-
tons que l’ouvrage, vif et profond, qui revi-
10
Quand on n’ose
plus rien dire.
De peur
de passer
pour un réac
de Thierry Keller.
Editions de l’Aube,
280 pages,
19 euros.
fait plus rêver personne. On a beau jouer à se
faire peur à propos des démocraties dites “illi-
bérales”, la démocratie libérale telle que nous
la connaissons laisse surtout de plus en plus
indifférent. » Les taux de participation en
sont une preuve.
FAIBLE FRANCE « Le pire est que nous
n’avons plus grand-chose à dire au monde.
Pris en tenaille entre deux soft powers égale-
ment puissants, les industries californiennes
à l’Ouest et l’alliage K-pop-mangas à l’Est,
nous avons un peu de mal à exister, avec notre
cinéma subventionné et nos polémiques à
deux balles sur Juliette Armanet. »
LE CORPS « Le corps est devenu un terrain de
jeu privilégié de l’Occident fatigué. Il ne suffit
plus d’en transformer l’apparence par la chi-
rurgie esthétique, de s’en servir comme sup-
port artistique par le tatouage ; il faut aussi en
déverrouiller le code génétique. A la manière
de self-hackers démoniaques. »
LES « NON-BLANCS » « L’homme blanc
peut bien sangloter tout son saoul, le fait est
là : victime collatérale de la perte d’influence
de l’Occident, il n’est plus seul au monde. Plus
exactement, tel un ingénieur de Total qui
croyait avoir fait le bien autour de lui, il a la
désagréable surprise d’apprendre que doré-
navant tout le monde veut lui faire la
peau. » n
Le Chat site de façon très
et le Renard. plaisante l’histoire
Deux ou trois de notre République
choses que comporte aussi son
je sais d’eux lot de vacheries. Mit-
de Patrice Duhamel. terrand en était orfè-
Editions de l’Obser- vre : « Quand il vient
vatoire, 250 pages, me voir à l’Elysée, il
18 euros. monte l’escalier avec
ses idées, et il le des-
cend avec les miennes » disait-il de Chirac,
son Premier ministre de cohabitation.
Sur Rocard, un festival
Sur Rocard, ce fut un festival : « Vous verrez
au bout de dix-huit mois, on verra au tra-
vers » ; « Il est tout juste bon pour un secréta-
riat aux PTT » ; « J’en pense ce que pensait
Clemenceau de Poincaré : il sait tout, mais il
ne comprend rien. » N’empêche que le futur
ambassadeur des pôles est resté trois ans à
Matignon.
On se souvient du « Je décide, il exécute »
de Nicolas Sarkozy à propos de François
Fillon qui y passa cinq ans. Se fier à l’air bon-
homme de Pompidou eut été une erreur :
« Laissez donc tranquille votre nouvelle
société, personne n’y croit. Vous rasez tout le
monde », lança-t-il à Chaban qu’il décrira
ainsi : « Il travaille peu, ne lit pas de papiers,
en écrit encore moins. Il me laissait le soin de
tout décider se contentant de soigner son
image de marque par quelques beaux dis-
cours écrits par Cannac et Delors. » Former
un couple, c’est n’être qu’un, mais lequel ?
—S. De.
11 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
le grand entretien
« Face au défi climatique,
l’innovation est le seul espoir »
Propos recueillis par
Gabriel Grésillon
Face à la plupart des défis de l’huma-
nité, vous semblez avoir une foi
inébranlable dans l’innovation
et la technologie…
Il y a deux siècles, l’espérance de vie tournait
autour de 30 ans, un tiers des enfants mou-
raient avant d’avoir 5 ans et presque per-
sonne ne savait lire. Il est assez flagrant que
les innovations ont radicalement amélioré
la condition humaine. Plus récemment,
dans les années 1970, nombreux étaient les
experts qui redoutaient une famine mon-
diale, or les nouvelles semences ont permis,
au contraire, une révolution alimentaire
qui a augmenté l’apport calorique par per-
sonne en Asie. Il n’y a pas de raison que ces
progrès cessent et dès lors, je vous garantis
qu’un jour nous aurons des vaccins effica-
ces contre le VIH, la tuberculose et la mala-
ria. La difficulté, c’est que dans note système
économique, l’innovation va là où il y a un
marché. Si la malaria était présente dans les
pays riches, faire émerger un vaccin serait
tellement plus simple… C’est pour cela que
notre fondation se focalise sur les pays pau-
vres. Pour le VIH, par exemple, nous faisons
fondre le prix des thérapies. En ramenant à
50 dollars par an le traitement, nous avons
pu soigner 20 millions de gens.
Un des combats principaux de votre
fondation concerne l’éradication de la
poliomyélite. Est-ce un but réaliste ?
L’objectif d’éradication mondiale de la polio-
myélite, qui s’est avéré plus difficile que
prévu, a été fixé en 1988. Après la création de
notre fondation, en 2000, nous nous som-
mes de plus en plus impliqués dans ce pro-
jet, au point d’en devenir le principal soutien
financier mondial et d’en faire notre pro-
gramme le plus important. Au début du siè-
cle, la maladie paralysait plus de 250.000
enfants par an dans le monde. L’année der-
nière, il y a eu moins de 100 cas sur la pla-
nète, au Pakistan et en Afghanistan. Si nous
abandonnons maintenant, le virus se pro-
pagera à nouveau. A l’inverse, imaginez un
monde dans lequel il n’y aurait plus à
s’inquiéter d’une maladie qui menace de
paralyser les enfants ! Ce serait miraculeux :
pour la deuxième fois dans l’histoire, après
la variole, nous aurions collectivement
réussi à faire disparaître une maladie. Son-
gez que la variole, qui n’existe plus, tuait plus
d’un million de personnes par an avant son
éradication !
Il faut donc concentrer les efforts
sur le Pakistan et l’Afghanistan ?
Oui, et ce sont des territoires difficiles. En
Afghanistan, il n’est pas simple de travailler
avec le régime taliban. Au Pakistan, il y a eu
la pandémie, des inondations, des contrain-
tes budgétaires, et bientôt des élections. S’il y
a trop d’instabilité au Pakistan, cela retar-
dera l’échéance, sachant qu’il est nécessaire
d’atteindre 85 % de vaccination chez les
enfants. Il y a des zones du pays où même
l’armée a du mal à se rendre. Il est remarqua-
ble que les travailleurs locaux continuent à y
croire. Il faut parfois frapper à la porte de
chaque maison, marquer les murs au char-
bon pour signaler le nombre d’enfants qui y
vivent. C’est un travail très minutieux. Nous
dressons une carte avec des données satelli-
tes et les chefs religieux ou locaux sont par-
fois mobilisés pour convaincre.
Les croyances religieuses y sont-elles
un frein à la vaccination ?
Pas vraiment. Nous avons eu quelques cri-
ses, par exemple au Nigeria, en 2003, où des
politiciens ont affirmé que le vaccin servait
à stériliser les femmes musulmanes. Il nous
a fallu trois ans pour faire comprendre que
ce n’était pas le cas, grâce à des responsables
locaux qui ont ostensiblement vacciné
leurs enfants. Au Pakistan, par ailleurs, la
CIA a fait appel à un docteur vaccinant la
population contre l’hépatite B pour récupé-
rer des séquences ADN et tenter de localiser
Oussama Ben Laden. Lorsque cela s’est su,
les gens se sont mis à voir dans les vaccins de
potentiels complots du gouvernement
américain. Mais soyons clairs : dans les
pays pauvres, il y a une assez bonne con-
fiance dans les infrastructures de santé. Les
BILL GATES
Coprésident de la Fondation
Bill & Melinda Gates
endroits où circulent principalement des
idées folles sur les vaccins, ce sont d’abord
les Etats-Unis et les pays riches. De façon
étonnante, ce rejet concerne essentielle-
ment les gens très à droite ou très à gauche
politiquement ainsi que, de fait, quelques
communautés religieuses qui considèrent
que c’est à Dieu de déterminer leur santé.
« Chaque euro dépensé
dans la santé a un puissant
impact car c’est un formi-
dable accélérateur de déve-
loppement d’un pays. »
« J’estime que les budgets
alloués au développement
devraient être quatre fois
plus élevés qu’ils le sont. »
Est-ce que l’éradication de la polio
aurait valeur d’exemple pour d’autres
maladies ?
D’abord, elle se justifierait en soi. Si on
arrive à éradiquer la polio, en 2 ou 3 ans avec
de la chance, alors on économise de l’argent
pour les enfants malades, sachant qu’être
paralysé dans un pays pauvre est bien pire
que dans un pays riche. Mais en effet, les
deux prochaines maladies qu’il serait censé
de chercher à éradiquer sont la rougeole et
la malaria. Les faire disparaître sera très dif-
ficile. Si on échoue sur l’éradication de la
polio, un succès sur la rougeole ou la mala-
ria ne sera pas très probable. A l’inverse, il
faut se souvenir de l’impact qu’a eu l’élimi-
nation de la variole. Les gens ont compris
que les vaccins pouvaient être miraculeux.
La couverture vaccinale des enfants dans le
monde est passée de moins de 30 % à plus
de 70 % en une décennie. Aujourd’hui nous
sommes autour de 80 % grâce au GAVI, une
structure créée en 2000 qui achète des vac-
cins pour les enfants dans le monde, et qui
fut le premier gros projet dans lequel la fon-
dation Gates a investi.
Son parcours
Né en 1955, Bill Gates s’est d’abord impo-
sé comme l’un des pionniers de la révolu-
tion informatique mondiale via la société
Microsoft, qu’il a cofondée avec Paul Al-
len à l’âge de 20 ans. Il s’est imposé com-
me la première fortune mondiale en 1995,
une première place qu’il a longtemps oc-
cupée – il était encore classé cinquième
mondial par « Forbes » en juillet 2023,
avec 114 milliards de dollars. Quittant son
poste de directeur général de Microsoft
en 2000, il se consacre ensuite davanta-
ge à des activités philanthropiques via
sa fondation. Celle-ci est focalisée sur le
développement, avec un accent particu-
lier sur les questions de santé.
Son actualité
A 68 ans, Bill Gates est un acteur majeur
en matière de santé mondiale. Sa fonda-
tion vient d’annoncer un budget de
8,6 milliards de dollars pour 2024, en
hausse de 30 % en trois ans et désor-
mais très supérieur aux 6,7 milliards de
l’OMS. Il s’illustre également par un
discours très positif sur l’impact de la
technologie, estimant notamment que
l’intelligence artificielle va permettre
d’enrichir les sociétés et « accélérer le
rythme des nouvelles découvertes à un
rythme que nous n’avons jamais connu
auparavant ». Microsoft a annoncé
investir plus de 10 milliards de dollars
dans OpenAI, qui développe ChatGPT.
tient le cap, de même que l’Union euro-
péenne, l’Allemagne ou notre fondation.
Mais à l’avenir, rien n’est garanti. Chaque
pays a ses défis financiers. Le Royaume-Uni
affiche une nette baisse de sa contribution
au développement. La France veut y consa-
crer 0,7 % de son PIB en 2030, mais a décidé
de repousser à plus tard la hausse que cela
implique. Que va faire l’Allemagne avec sa
situation budgétaire complexe ? Que se
passera-t-il pour les Etats-Unis si jamais
Donald Trump est victorieux en 2024 ? Aux
Pays-Bas, le financement du développe-
ment est à la baisse, et le parti arrivé en tête
lors des dernières élections veut le dimi-
nuer un peu plus…
Kenny Holston/NYT-Redux-RÉA
Pensez-vous que la technologie puisse
être une réponse au défi climatique ?
C’est le seul espoir ! Sans innovation, on ne
diminuera pas les émissions de CO2. Si ces
émissions concernaient essentiellement
les pays riches, on pourrait demander aux
gens de construire des maisons moins
grandes, de prendre le train, de cesser de
manger de la viande. Mais les pays riches
représentent moins de 30 % des émissions
de CO2, dominées par les pays à revenus
Y a-t-il une forme de désengagement intermédiaires. Or ces derniers ne se cons-
des Etats ? truisent pas de somptueuses villas, mais
On perçoit une certaine fatigue. La France a simplement des routes, des hébergements.
été fantastique mais on a besoin des autres Il n’est pas question de leur demander
donateurs. Depuis le début du siècle, la mor- d’arrêter d’utiliser du ciment, de cesser
talité infantile est passée de plus de 10 mil- d’avoir des voitures et des camions. Ça ne
lions par an à moins de 5 millions. Avec la marche tout simplement pas !
pandémie, ce chiffre s’est stabilisé. L’objectif Soyons lucides quant aux paramètres sur
de l’ONU était de le faire tomber à 2,5 mil- lesquels nous pouvons agir. On ne peut pas
lions en 2030. Cela risque de ne pas être diminuer le nombre de gens ni la quantité
atteint, à cause d’un contexte marqué par la de services dont ils ont besoin. On peut aug-
guerre en Ukraine, l’instabilité au Moyen- menter l’efficacité énergétique d’environ
Orient, les contraintes budgétaires des Etats 30 %. Mais le seul paramètre qui puisse
et l’argent dépensé sur les problématiques vraiment être ramené à zéro, ce sont les gaz
climatiques. Pourtant, chaque euro dépensé à effet de serre par unité d’énergie produite.
dans la santé a un puissant impact car c’est D’où le solaire, l’éolien, la fusion, la fission,
un formidable accélérateur de développe- les nouveaux modes de production d’acier
ment d’un pays. Je fais un lobbying intense ou de ciment. En 2015 je me suis donc
sur ce sujet : j’estime que les budgets alloués engagé à financer des travaux innovants sur
au développement devraient être quatre fois le climat, c’est devenu « breakthrough
plus élevés qu’ils le sont. energy », un fonds qui investit dans diverses
sociétés avec une vision de temps long. Peut-
Le financement de la lutte contre le être même qu’un jour nous gagnerons de
changement climatique pénalise-t-il l’argent avec.
les campagnes pour la santé ?
D’après des recherches que nous avons Dirige-t-on une fondation comme
financées, le seul moyen de continuer à une entreprise ?
faire baisser rapidement la mortalité infan- Nous visons les meilleures pratiques, un
tile, c’est de rester déterminés sur la vacci- peu à l’image de ce que fait l’industrie phar-
nation tout en finançant la lutte contre le maceutique. Par exemple, nous finançons
changement climatique. Ces deux combats notre propre budget de recherche et déve-
vont dans le même sens. Il ne faut pas faire loppement. Mais nous nous positionnons
l’un sans l’autre. Cela étant, en matière de sur des combats que personne d’autre ne
santé, nous avons contribué à mettre au peut mener. Nous investissons énormé-
point des outils précis qui permettent de ment pour démontrer qu’une seule dose de
mesurer le taux de mortalité par telle mala- vaccin contre le papillomavirus peut suf-
die dans telle zone de tel pays. L’argent est fire. Nous avons aussi mis au point un appa-
donc dépensé de manière optimisée. La reil à ultrasons, très peu onéreux, qui per-
communauté qui se charge de la lutte con- met de scanner le ventre d’une femme
tre le changement climatique est plus enceinte et de diagnostiquer à l’avance une
récente et ne dispose pas encore d’outils naissance potentiellement dangereuse.
aussi pointus pour dépenser chaque cen-
time au mieux, mais cela va s’améliorer Vous avez eu deux vies professionnel-
avec le temps. Ce qui est vrai, c’est que lors- les. Comment voudriez-vous qu’on se
qu’on effectue des annonces sur les vaccins, souvienne de vous ?
cela n’a plus tout à fait la même visibilité Je n’ai pas besoin qu’on se souvienne de moi.
qu’il y a quelques années. En termes de bud- Mon rêve serait qu’un jour, quand les gens
get consacré au développement, nous lisent le mot « polio », ils se disent « c’était
avons réussi à maintenir les financements quoi, ça ? ». Plutôt qu’on se souvienne de
mondiaux à un niveau stable. La France moi, je voudrais que la polio soit oubliée. n
 « Service après-vente » par Mélody Denturck pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Affaire Théo : Rapport Stanislas : Un procureur Bakou poussé

de la prison Oudéa-Castéra se équatorien assassiné à sanctionner Paris
L’ÉDITORIAL avec sursis requise dessaisit du dossier AMÉRIQUE DU SUD – Le AZERBAÏDJAN – La com-
DES « ÉCHOS »
' JUSTICE – Des peines allant
de trois mois à trois ans ' ENSEIGNEMENT – La minis-
tre de l’Education nationale,
' procureur chargé de
l’enquête concernant l’irrup-
' mission des Affaires étran-
gères du Parlement azer-
Citoyenneté budgétaire de prison avec sursis ont été
requises jeudi contre trois poli-
Amélie Oudéa-Castéra,
a demandé au Premier ministre
tion d’hommes armés en direct
sur le plateau d’une chaîne de
baïdjanais a recommandé jeudi de
couper tout lien économique avec
ciers jugés aux assises de Seine- de se dessaisir du rapport sur télévision publique équatorienne, la France et d’expulser les entre-
A l’ère des fausses nouvelles et des thèses complotistes Saint-Denis pour l’interpellation l’établissement privé catholique le 9 janvier, a été assassiné à prises tricolores, dont Total. Cette
largement relayées sur les réseaux sociaux, il n’est pas violente en 2017 de Théo Luhaka, Stanislas, où sont scolarisés Guayaquil. La police a arrêté deux commission accuse la France de
simple pour les acteurs institutionnels de faire érigée en symbole des violences ses enfants, et du suivi de ses hommes soupçonnés d’être impli- mener une politique allant « con-
entendre leur voix. Et de ne pas prêcher seulement policières. La peine la plus lourde recommandations. Cette décision qués dans ce meurtre. Des centai- tre l’intégrité territoriale et la sou-
les convaincus. Dans ce contexte, la « consultation de trois ans de prison avec sursis « intervient à la suite d’une préconi- nes de militaires sont entrés veraineté de l’Azerbaïdjan » et lui
citoyenne » de la Cour des comptes apparaît comme a été requise à l’encontre du gar- sation formulée par la Haute auto- ensuite dans le complexe péniten- reproche son soutien à l’Arménie.
une initiative salutaire. Lancée en 2022, elle permet, dien de la paix Marc-Antoine rité pour la transparence de la vie tiaire de la ville. C’est de cette Cette recommandation répond
via une plateforme, de soumettre aux magistrats Castelain, auteur du coup publique (HATVP) », précise une même prison que s’est échappé, il à la résolution du Sénat français
financiers des propositions de thèmes de rapports de matraque télescopique à l’anus source proche. Stanislas est y a deux semaines, Adolfo Macias, condamnant l’offensive au Haut-
et de contrôles à effectuer. Plus de 600 propositions qui a grièvement blessé la victime. accusé de « dérives » notamment le chef d’un des principaux gangs Karabakh et appelant à des sanc-
ont ainsi été faites l’an dernier, deux fois plus que Le verdict sera rendu ce vendredi. sur les cours de catéchisme. de narcotrafiquants du pays. tions contre le pays.
lors de la première édition, et la Cour en a sélectionné
une petite trentaine.
De quoi objectiver des sujets polémiques, en faisant LA PHOTO DU JOUR
état des déviances quand elles existent (ou pas),
et en mettant des chiffres en face pour faire bouger
les choses mais aussi couper court aux fantasmes. L’an
dernier, quatre rapports d’initiative citoyenne ont ainsi
été publiés, celui sur le recours aux cabinets de conseil
privés par l’administration pointant un phénomène
beaucoup trop répandu (tout en
rappelant que cela représentait
0,04 % des dépenses de l’Etat).
Ces rapports ont été parmi
les plus consultés. Cette année,
la Cour se penchera notamment
sur les soutiens publics
à la corrida, les fraudes aux
Par Etienne retraites versées à l’étranger,
Lefebvre le contrôle des polices ou
encore les passages entre public
La Cour des et privé (pantouflage). Il s’y
ajoutera en outre des contrôles
comptes locaux (via les chambres
multiplie les régionales) sur des thèmes tels
initiatives que la défiscalisation en
pour Polynésie, les dépenses de
communication en Auvergne-
associer Rhône-Alpes, le logement social
les citoyens en Corse ou le plan vélo d’Aix-
au contrôle Marseille-Provence.
Autre action de démocratie
budgétaire. directe : la plateforme
de signalement d’infractions
financières lancée il y a un an
(impliquant des faits objectivés ou des suspicions
étayées), qui en a recueilli 1.400, une cinquantaine
de contrôles ayant déjà été lancés (une caisse de retraite
est notamment dans le viseur).
La Cour des comptes cherche ainsi à élargir
son public, et à faire avancer un débat constructif
sur la qualité et l’efficience de la dépense publique.
Sachant que le poids de celle-ci dans le PIB dépasse
encore de 1,5 point son niveau d’avant Covid. Et que
« la montagne de dette qui s’amoncelle », dixit Pierre
Moscovici, risque d’empêcher les nécessaires
investissements dans la transition écologique, la santé LA VILLE NATALE DE REMBRANDT EXPOSE SES PREMIÈRES PEINTURES Les premières œuvres de Rembrandt, peintes alors que le maître néerlandais n’avait que
ou l’éducation.Il n’a pas échappé au premier président 18 ans, seront bientôt exposées pour la première fois ensemble dans sa ville natale de Leiden. Le musée De Lakenhal, a présenté jeudi les quatre tableaux. Ces œuvres
de la Cour qu’Emmanuel Macron n’a guère mis font partie d’une série illustrant les sens : « Le Vendeur de lunettes (La Vue) », « Les Trois Chanteurs (L’Audition) », « Le Patient inconscient (L’Odorat) » et « L’Opéra-
en avant la réduction du déficit lors de sa conférence tion (Le Toucher) ». Curieusement, aucun cinquième Rembrandt de la série « Le Goût » n’a été trouvé. Photo Remko de Vaal/ANP via AFP
de presse mardi. En multipliant les travaux et
publications, la juridiction financière entend jouer
plus que jamais son rôle de vigie.

Lire nos informations

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« Mes Echos de la semaine
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permettre d’aller à l’essentiel. 5

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 CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT) Vendredi 19 et

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DEVISES EUR/GBP 0,8563 EUR/JPY 160,925 EUR/CHF 0,9431 GBP/USD 1,268 USD/JPY 148,208 USD/CHF 0,8686 TAUX €STER 3,904 EURIBOR 3 MOIS 3,903 OAT 10 ANS 2,8703 T-BONDS 10 ANS 4,1102
79,02 $
1,165 %
samedi 20 janvier 2024
www.lesechos.fr

Le Club Med approché Les fermetures

de pharmacies
s’accélèrent
par les propriétaires de Lacoste SANTÉ
Myriam Chauvot
TOURISME
L’Etat vient à peine d’élargir les compé-
Yann Duvert et Anne Drif tences des pharmaciens pour compen-
ser le manque de médecins que les chif-
Désormais redressé après plusieurs années fres contrarient sa stratégie. Jamais la
difficiles, le Club Med aiguise les appétits. France n’a connu un tel rythme de fer-
Plusieurs marques d’intérêt ont en effet metures de pharmacies depuis dix ans.
atterri sur le bureau du conglomérat Fosun, Il a augmenté de 60 % avec 276 fermetu-
son propriétaire depuis huit ans, qui réflé- res en 2023 « soit, désormais, une ferme-
chit à en ouvrir le capital. Selon nos informa- ture par jour ouvré », souligne le GERS
tions, la discrète famille Maus, propriétaire l’observatoire spécialisé sur le secteur.
des marques Lacoste, Aigle et The Kooples, La France est tombée l’an dernier
fait partie des investisseurs intéressés. Basée sous la barre des 20.000 officines. A
en Suisse et réputée pour sa discrétion, la fin 2023, elle n’a plus que 19.966 phar-
dynastie suisse a prospéré grâce à la grande macies, soit presque 2.000 de moins
distribution (Manor, Jumbo) avant de se qu’il y a dix ans. Et des inégalités territo-
diversifier dans les restaurants (Manora) et riales apparaissent, car les fermetures
le prêt-à-porter de luxe abordable. « Les varient selon les régions.
associés de Maus Frères SA ont de tout temps
cherché à élargir le champ de leurs activités », Une seule région résiste
écrit le conglomérat sur son site Internet. Le nombre de pharmacies est stable sur
« Chaque acquisition potentielle est jugée en dix ans en Alsace, seule des 22 régions à
fonction de l’apport stratégique qu’elle sera en ne pas subir d’érosion. A l’opposé, le

mesure d’apporter à l’ensemble du groupe. »
Or depuis des années, Lacoste en particu-
lier a des synergies commerciales fortes
avec le Club Med. La marque au crocodile
fait partie de celles sélectionnées par le Club
Med pour ses boutiques. En 2017, Lacoste a
signé un accord mondial avec le groupe
pour être partenaire du mois du golf, un évé-
nement qui se dispute dans ses clubs.
Lacoste a aussi développé une collection
dédiée au label du Club Med.
Fosun campe sur ses positions
Reste que la dernière proposition de la
famille Maus porterait sur une prise de
contrôle, après avoir réfléchi à une prise de
participation minoritaire, d’après plusieurs
sources. Pour cela, elle aurait obtenu l’appui
de Bpifrance. Or ce n’est pas le scénario de
départ envisagé par le conglomérat chinois.
Fosun a seulement laissé, à ce stade, la porte
ouverte à une cession de 20 à 30 % du capital
moyennant une valorisation de l’ordre de
Porté par la bonne dynamique du tourisme, le Club Med devrait enregistrer de solides résultats en 2023.
2 milliards d’euros. Le prix proposé par la
famille Maus n’aurait pas, non plus,
répondu aux attentes. Ainsi en l’état, l’offre
de la dynastie suisse n’aurait pas convaincu
Fosun. Mais la vérité d’aujourd’hui n’est pas
forcément celle de demain, et « la position de
Fosun est susceptible d’évoluer », estime un
bon connaisseur du dossier. « Beaucoup de
monde s’intéresse au Club Med, mais le fait
d’être minoritaire est un énorme frein », expli-
que un autre.
D’autres options ont aussi été étudiées.
Alors que le Club Med a souvent privilégié
les partenariats avec des acteurs bien
implantés sur les marchés qu’il convoitait, la
piste menant au Moyen-Orient a un temps
tenu la corde. Selon nos informations, des
discussions ont ainsi eu lieu avec le Fonds
souverain saoudien (PIF), qui se montre par-
ticulièrement actif dans le tourisme.
L’acquisition de 49 % du groupe hôtelier de
luxe Rocco Forte étant le dernier exemple en
date. Cette option semble toutefois s’être net-
tement refroidie ces dernières semaines.
Reste aussi la carte américaine du fonds
Certares, avec lequel Bpifrance a été co-
investisseur dans le voyagiste Marietton. Il
serait intéressé mais se fait très discret lui
Eric Rechsteiner/Panos-RÉA
Centre et l’Ouest (la Bretagne) sont les
zones connaissant la plus forte réduc-
tion de leur réseau d’officines. Comparé
à 2014, il a diminué de 11 %, soit davan-
tage que la moyenne nationale (-9 %).
Les seules à résister sont le Sud (la
région PACA et le Languedoc Rous-
sillon) où la contraction n’a été « que » de
5 % en dix ans. Le réseau se réduit alors
aussi. Interrogé, ce dernier n’a pas fait de que le chiffre d’affaires du secteur,
commentaires, de même que les autres par- qui était resté stable à 36 milliards
ties prenantes. entre 2014 et 2020, est en plein boom.
Le flou entretenu par le conglomérat chi- Depuis trois ans, il a enregistré 23 % de
nois, lourdement endetté, n’aide pas les can- croissance. Rien qu’en 2023 il affiche
didats à se positionner, bien que la présence +6 % pour finir l’année à 44 milliards
de Bpifrance rassure. Vendre l’une de ses d’euros. Cela donne « l’illusion d’une
pépites, au moment où le secteur du tou- santé de fer », commente le Gers.
risme tourne à plein, pourrait le soulager
financièrement. En garder une part majori-
taire pourrait au contraire lui permettre de Le rythme a augmenté
le valoriser encore plus, alors que le Club de 60 % avec 276
Med devrait – sauf surprise – publier d’excel- fermetures en 2023.
lents résultats pour l’année 2023. n

Une illusion, notamment parce que

l’an dernier, 80 % de la croissance a été le

Les boulangeries
impactées par
les arbitrages
de consommation
COMMERCE Après deux années très dyna-
miques, les commerces vendant pains,
pâtisseries et produits de snacking opèrent
un retour à la normale. Malgré les augmen-
tations de prix, leur chiffre d’affaires n’a pro-
gressé en 2023 que de 5 %, selon Food Ser-
vice Vision. Surtout, ils ont beaucoup moins
bien fini l’année qu’ils ne l’avaient commen-
cée. Les comportements des Français ont
évolué. Une partie d’entre eux n’achète plus
autant de produits ou opte pour des propo-
sitions moins chères. La croissance à venir
sera plus lente. // PAGE 19
Comment les élus
se préparent
à l’inexorable
érosion des côtes
CLIMAT Du Pas-de-Calais à la Camargue en
passant par la côte basque, l’érosion n’épar-
gne aucun rivage. Près de 20 % du trait de
côte recule, un phénomène accentué par le
réchauffement climatique. Des milliers de
logements et de locaux d’activités sont
menacés d’ici à 2050. Les communes
concernées se préparent, car elles devront
s’adapter. Mais passer à l’action est très dur
pour un élu, techniquement, financière-
ment, juridiquement, socialement et, donc,
politiquement, estime le spécialiste Sté-
phane Costa. // PAGE 23
Tempête Ciaran : Enedis va
verser des indemnités record
aux victimes de coupures
ÉNERGIE
Sharon Wajsbrot
Pour Enedis c’est du jamais-vu. Le ges-
tionnaire du réseau de transport d’électri-
cité indique qu’il va verser un total de
130 millions d’euros aux Français victi-
mes de coupures de courant de plus de
cinq heures consécutives liées à la tem-
pête Ciaran. Au total, 1,2 million de foyers
ont été privés d’électricité, dont 780.000
en Bretagne. « C’est la première fois que des
indemnisations de cette ampleur-là seront
versées », confirme Hervé Champenois, le
fait des médicaments sur ordonnance,
où le pharmacien est rémunéré à la
boîte . Sa rémunération augmente avec
la valeur du médicament, mais elle est
plafonnée pour les médicaments in-
novants onéreux, coûtant plus de
1.930 euros hors taxe, or c’est ce segment
qui croît le plus vite . Les médicaments
remboursables forment 70 % du chiffre
et autres Ekwateur) qui sont chargés de d’affaires des officines et les médica-
transférer à leurs clients les indemnités ments onéreux représentent 13 % à eux
dues par d’Enedis. seuls. La cosmétique (5,6 % des ventes) a
bondi de 13 %, soit +276 millions, suivie
Renforcer la résilience des compléments alimentaires, une
du réseau autre catégorie qui monte très vite (+8 %
« Ces versements sont réalisés en ce l’an dernier soit +153 millions) même si
moment même et vont se poursuivre au elle ne fait encore que 4,5 % des ventes.
cours des prochains mois », explique En parallèle, les officines se mettent
Marianne Laigneau, la présidente du aux nouvelles missions que le législa-
directoire d’Enedis. Outre ces d’indemni- teur leur a confiées. 22 % font de la télé-
tés, le distributeur d’électricité indique consultation, et au dernier trimes-
avoir mobilisé 70 millions d’euros pour tre 2023, 28 % ont fait de la prescription
raccorder les clients coupés en Bretagne, et de l’injection de vaccins hors des habi-
réparer les lignes électriques ou achemi- tuels Covid et grippe. Elles s’y mettent,
ner du matériel et ses salariés sur place. mais l’élargissement de leurs compéten-

= LES ENTREPRISES CITÉES directeur technique d’Enedis qui rappelle

que la Bretagne n’avait jamais enregistré
de vents d’une telle intensité.
Dans le futur, Enedis prévoit de mus-
cler ses investissements pour renforcer la
résilience du réseau face aux événements
ces risque de se heurter au manque de
personnel. Cette pénurie de ressources
humaines ne va pas s’améliorer à l’ave-
Allianz 25 GL events 19 Lenovo 21 STMicroelectronics 34
Amazon 18 Google 20, 34 LVMH 15, 27, 34 Thales 26 Imposée au distributeur Enedis depuis climatiques de plus en plus extrêmes. nir au vu des places non pourvues en
Apple 20 GoTRG 18 Masimo 20 Tissus des Ursules 24 2017, l’indemnisation de ses clients privés « En 2023, on a eu 16 tempêtes, l’été le plus études de pharmacie. Les étudiants
BNP Paribas 26 H&M 18 Meta 20 TSMC 34 de courant pendant de longues périodes, chaud jamais enregistré, en 2022, l’été où le boudent le métier. Pas les fonds d’inves-
BP 34 Handsome 26 Munich Re 25 Valeo 15 lors d’évènements exceptionnels, est tou- nombre de jours de canicule consécutif était tissement, signe qu’ils voient dans l’offi-
Brigad 22 Hermès 34 Nexter 14 Webhelp 19 tefois limitée à 480 euros par compteur. le plus élevé. Cela entraîne des températu- cine à la française un modèle rentable.
Carmat 24 Hotsplots 21 OpenAI 20 Weishaupt 24
Ce plafond correspond au cas où l’électri- res qui peuvent aller jusqu’à 80 degrés dans Ardian a annoncé négocier le rachat en
Crédit Agricole 26 Instagram 20 Pimkie 15 WhatsApp 20
EDF 15 Intel 21 Richemont 27, 34 Wifirst 21 cité a été coupée pendant huit jours et huit les sous-sols et auxquels les câbles consortium avec Bpifrance et MACSF,
Epic Games 20 Japan Airlines 17 Safran Electronics Ynsect 24 heures. Concrètement, celle-ci passe par d’ancienne génération ne résistent pas », d’Aprium Pharmacie qui compte
Flowdesk 22 Kering 34 & Defense 14 Yofi 18 les fournisseurs d’électricité (EDF, Engie pointe Hervé Champenois. n 470 officines . n
ENTREPRISES
Munitions : l’Ukraine appelle au secours
l Kiev alerte : le rapport de force en matière de munitions est actuellement d’un à deux entre l’Ukraine et la Russie.
l Les Etats-Unis étant mobilisés en Israël, l’Europe doit monter en puissance, si elle veut vraiment soutenir l’Ukraine.
La Russie a relancé ses offensives depuis décembre avec des tirs nourris de drones et de missiles sur les villes ukrainiennes.
DÉFENSE
Anne Bauer
L’armée ukrainienne fait face à une
« pénurie de munitions », a alerté
jeudi le ministre de la Défense ukrai-
nien, Roustem Oumerov. « Cette
pénurie est un problème très réel et
pressant auquel nos forces armées
sont actuellement confrontées », a-t-il
déploré à l’occasion du lancement
d’une « coalition artillerie » pilotée
par la France et les Etats-Unis. De
retour d’un voyage en Pologne et en
Ukraine, des sénateurs français
demandent eux, dans un rapport
publié mercredi 17 janvier, de « chan-
ger de braquet maintenant ». La
France et les pays européens ne sont
« pas à la hauteur » des attentes de
l’Ukraine, a déploré Cédric Perrin,
président de la Commission des
affaires étrangères et de la défense
du Sénat, en annonçant une série
d’auditions pour comprendre le
manque de réactivité de l’industrie
d’armement française.
Les Ukrainiens tirent entre 5.000
et 8.000 fois quotidiennement
contre 10 à 15.000 côté russe, a-t-il
indiqué lors d’une conférence de
presse. Pour comparaison, la
France a produit l’an dernier envi-
ron 25.000 obus de 155 mm… La
Commission européenne a fixé
Guerre à Gaza : Israël réduit ses exportations d’armes pour fournir Tsahal
Confrontées à l’explosion
des commandes d’armes
de Tsahal, les entreprises
israéliennes reportent
des contrats à l’exportation
alors que la demande
mondiale est en pleine
expansion.
Pascal Brunel
—Correspondant à Tel-Aviv
Les entreprises israéliennes d’arme-
ment font de la rétention. Les trois
« grands » du secteur – Rafael, Israel
Aerospace Industries (IAI) et Elbit
Systems –, confrontés à une ava-
lanche de commandes supplémen-
taires, ont dû fournir en urgence à
l’armée israélienne des chars, des
bombes, des munitions, des drones
et toute une série de systèmes de
défense aérienne pour un total de
pour objectif la production d’un
million de munitions au printemps
2024, mais à la fin décembre, le
compte n’y était pas, avec une
capacité de production annuelle de
300.000 obus.
Le président français Emmanuel
Macron a confirmé jeudi à
Volodymyr Zelensky sa venue en
février, et de nouvelles livraisons
militaires, dont 40 missiles de croi-
sière Scalp (longue portée) et des
centaines de bombes guidées
AASM. Le projet est de livrer chaque
mois une cinquantaine de kits de
guidage air-sol AASM fabriqués par
Safran Electronics & Defense. De
moyenne portée, ces kits peuvent
être adaptés sur des avions « de
classe soviétique » comme des Mig
et des Sukhoï, en attendant la livrai-
son des avions de chasse F-16 à partir
du printemps.
Guerre d’attrition
Alors que la contre-offensive menée
par les Ukrainiens cet été n’a pas
permis de faire bouger les lignes sur
le terrain, chacun est désormais
conscient qu’on se dirige vers une
guerre d’usure et d’attrition. La
Russie est entrée en mode écono-
mie de guerre avec une forte hausse
de sa production et dispose désor-
mais du soutien de la Corée du Nord,
qui livre en abondance des muni-
tions. A contrario, les aides budgé-
2,5 milliards de dollars. Quelque
200 petites et moyennes entreprises
se sont retrouvées dans la même
situation depuis le déclenchement
de la guerre dans la bande de Gaza le
7 octobre à la suite des massacres du
Hamas dans le sud d’Israël.
Cette manne inattendue a
contraint toutes ces sociétés à
demander à leurs clients étrangers,
notamment en Europe et en Asie du
Sud, d’accepter un report de l’exécu-
tion des contrats de ventes pour un
montant évalué par les médias à
3 milliards de dollars. Le gouverne-
ment de Benyamin Netanyahou a en
effet ordonné aux acteurs du
secteur d’accorder la priorité
absolue à la fourniture de matériel à
l’armée israélienne, dont les stocks
sont tombés au plus bas.« Dans la
plupart des cas, ces demandes ont été
bien accueillies. Nos clients ont
taires à l’Ukraine sont pour l’heure
bloqués au Congrès à Washington,
tandis qu’en Europe, les dirigeants
ont rendez-vous le 1er février pour un
sommet décisif sur le sujet.
Mais le temps file. Il faut être prêt
au printemps, dans l’hypothèse
d’une reprise forte et renouvelée de
l’offensive russe, après la réélection
du président Vladimir Poutine en
mars. Le temps où les Européens
pouvaient seulement puiser dans
leurs stocks est révolu. Il faut à
présent produire du neuf pour
soutenir les Ukrainiens, et la manne
américaine est en partie redirigée
vers Israël. Kiev a besoin de plus de
drones, de défense antiaérienne, de
missiles longue portée, d’outils de
guerre électronique, d’artillerie et
d’énormément de munitions.
Des capacités bientôt
suffisantes
A Bruxelles, la Commission euro-
péenne propose de regarnir la
Facilité européenne pour la paix de
20 milliards d’euros sur quatre ans,
afin de rembourser les envois
d’armes à Kiev. Mais l’Allemagne,
qui a promis un doublement de son
aide bilatérale de 4 à 8 milliards
d’euros, s’y oppose, au risque d’affai-
blir la mobilisation de nombreux
petits Etats.
Du côté de l’industrie munition-
naire, les équipes du commissaire
compris et vont de plus pouvoir cons-
tater l’efficacité de notre production
sur le terrain », affirme un respon-
sable d’un grand groupe sous cou-
vert d’anonymat. Il espère ainsi que
les reports de fournitures militaires
ne vont pas casser une dynamique.
Les lignes
de production
des entreprises
israéliennes tournent
24 heures sur 24.
Les exportations israéliennes
d’armement, après avoir battu un
record de plus de 13 milliards de dol-
lars l’an dernier, devaient poursuivre
sur leur lancée cette année et attein-
dre de nouveaux sommets. Peu
avant le début de la guerre à Gaza, la
Ukrinform/Sipa
européen Thierry Breton sont
optimistes. « Nous sommes confiants
dans le fait que la capacité de produc-
tion atteindra un million de muni-
tions en mars et même 1,5 million en
fin d’année et 2 millions à 18 mois »,
explique-t-on dans son entourage. A
la mi-décembre, les industriels ont
envoyé une quarantaine de projets
d’investissements pour bénéficier
des aides du nouveau fonds d’aides
de 500 millions d’euros voté en juin
dernier (fonds ASAP).
Mais comme le souligne le Séna-
teur Cédric Perrin, « il faut compren-
dre si la montée en cadence est freinée
par l’insuffisance des capacités
industrielles ou par l’absence de
commandes ». Nombre d’industriels
redoutent d’investir sans garantie et
craignent de futures surcapacités.
C’est pourquoi Thierry Breton a
plaidé pour un fonds européen de
défense de 100 milliards d’euros,
financé par la dette commune de
l’Union, sur le modèle de ce qui avait
été réalisé pour les vaccins. Un pro-
jet encore loin de faire l’unanimité,
notamment en Allemagne. Le prési-
dent Emmanuel Macron a, de son
côté, repris la balle au bond, décla-
rant à Davos être pour l’émission
d’obligations européennes pour
payer les priorités dans la défense et
la technologie afin de maintenir la
souveraineté de l’Europe face à la
Chine et aux Etats-Unis. n
Finlande a acquis des batteries
« Fronde de David », un système
d’interception de missiles à
moyenne portée, pour 300 millions
de dollars. Auparavant, IAI avait
frappé un grand coup en signant un
« contrat du siècle » de 3,5 milliards
de dollars avec l’Allemagne pour des
batteries anti-missiles balistiques
de type « Arrow 3 ».
Campagne de recrutement
intensive
Les entreprises, qui fonctionnaient
déjà à flux tendu, ont donc dû
s’adapter afin de satisfaire Tsahal,
qui demeure, malgré les succès à
l’étranger, son principal client. Les
lignes de production fonctionnent
24 heures sur 24. Pour faire face à
une pénurie de main-d’œuvre
provoquée par l’absence d’environ
15 % du personnel mobilisé parmi
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
La France accélère
la livraison de canons
Nexter pourra produire
72 Caesar l’an prochain,
soit un triplement de son
rythme de production.
Une offre qui intéresse
l’Ukraine, très satisfaite
des performances de cette
pièce d’artillerie.
A l’approche des deux ans du
conflit Ukraine-Russie, une « coa-
lition artillerie » a été officialisée à
Paris par le ministre des Armées
Sébastien Lecornu ; coalition à
laquelle participent 23 pays
pour fournir à Kiev les mortiers,
canons, lance-roquettes et muni-
tions lourdes nécessaires. Le
ministre de la Défense ukrainien,
Roustem Oumerov, qui devait
participer jeudi à ce lancement, a
toutefois annulé sa venue en
France pour « raisons de sécurité ».
Actuellement, l’Ukraine est aidée
par une soixantaine de pays,
réunis dans le groupe de contact
Ramstein qui coordonne les livrai-
sons d’armement bilatérales ou
multilatérales à Kiev.
Pour organiser le soutien dans
la durée et accélérer le passage
d’un armement soviétique à un
armement compatible avec
l’Otan, les Etats se sont mis
d’accord pour créer des groupes
« capacitaires » selon les types
d’armes. C’est ainsi que la France
a pris la codirection avec les Etats-
Unis du groupe « artillerie ». Elle
participe par ailleurs à la « coali-
tion sur la défense aérienne », à
piloter avec l’Allemagne.
Un canon apprécié
en Ukraine
Alors que le conflit s’installe dans
une guerre d’usure, le renforce-
ment et la coordination de l’aide
militaire deviennent un sujet clé.
Très satisfaits du canon automo-
teur Caesar assemblé par Nexter,
filiale française du groupe franco-
allemand KNDS, les Ukrainiens
réclament de nouvelles livraisons.
Les forces ukrainiennes opèrent
actuellement 49 canons, dont 30
ont été livrés par la France et 19
par le Danemark. Kiev a en outre
acheté sur fonds propres un nou-
veau lot de six appareils qui sont
prêts à être livrés.
Sébastien Lecornu a rappelé
que, sous la pression du gouver-
nement, Nexter a réduit de moitié
la durée de fabrication du canon
et peut désormais produire six
les 350.000 réservistes appelés sous
les drapeaux, les entreprises ont
réembauché d’anciens salariés à la
retraite tout en engageant de
nouveaux employés.
Cette campagne de recrutement
est d’autant plus intense que le
gouvernement a annoncé que la
priorité était désormais d’accélérer
la production locale d’armes tels
que des obus de chars, des bombes,
des munitions… Objectif : être
moins dépendant des Etats-Unis,
qui ont organisé depuis le début de
la guerre un pont aérien pour trans-
porter près de 20.000 tonnes
d’armement destinées à l’armée
israélienne, qui aurait été en très
grande difficulté sans les fourni-
tures de l’Oncle Sam après plus de
trois mois de combats intensifs au
sud contre le Hamas et au nord face
au Hezbollah.
14
canons par mois, contre à peine
deux par mois en 2022. La
production des nouveaux Caesar
– soit au minimum 72 nouveaux
canons en 2024 – doit aller en
priorité à l’Ukraine, a ajouté le
ministre. Reste à trouver les
mécanismes de financement
pour les diriger vers Kiev.
Une enveloppe
de 300 millions
Sébastien Lecornu a déclaré
pouvoir débloquer 50 millions
d’euros sur le fonds de soutien à
l’Ukraine pour en financer douze
de plus. Et la coalition doit discuter
de l’achat des 60 autres, soit une
facture de l’ordre de 250 millions
d’euros « ll n’y a pas d’alternative à
une artillerie moderne, nous
devons continuer nos efforts et
augmenter notre production de
munitions », a déclaré en visio-
conférence le ministre de la
Défense ukrainien Roustem
Oumerov.
Le problème est en particulier
de fournir des munitions suffi-
santes et de rapprocher géogra-
phiquement Nexter de Kiev pour
assurer l’entretien des canons,
voire la fabrication des muni-
tions. Dans l’immédiat, Sébastien
Lecornu s’est félicité de la montée
en puissance de la fabrication des
obus de 155 mm, dont 3.000
exemplaires sortiront chaque
mois de l’usine de Nexter à La-
Chapelle-Saint-Ursin, contre
2.000 par mois en 2023 et 1.000
par mois en 2022. Une montée en
puissance très insuffisante au
regard des besoins, mais la poudre
souffre d’une pénurie mondiale,
et l’usine Eurenco de Bergerac,
qui doit redémarrer en France la
production de poudre, vient tout
juste de poser les premières
pierres en vue d’une production
en 2025. — A. B.
« ll n’y a pas
d’alternative
à une artillerie
moderne, nous
devons continuer
nos efforts. »
ROUSTEM OUMEROV
Ministre de la Défense
ukrainien
Les Etats-Unis n’ont jusqu’à pré-
sent pas utilisé « l’arme de l’arme-
ment » pour exercer d’éventuelles
pressions politiques sur Israël, mais
rien ne dit qu’il en sera toujours de
même. En attendant, le soutien de
Washington ne se dément pas avec
une aide militaire supplémentaire
de 14,3 milliards de dollars promise
par Joe Biden, qui doit s’ajouter aux
3,8 milliards de subsides annuels.
Cette énorme manne ser vira
notamment à financer des projets,
comme la mise au p oint et le
déploiement sans doute cette année
d’un canon laser « révolutionnaire »
de Rafael, surnommé « Iron Beam »,
conçu pour détruire en vol des
roquettes, des drones et des obus de
mortier tirés à courte distance, ainsi
qu’un autre système destiné à inter-
cepter des missiles hypersoniques
volant à 5 à 6 fois la vitesse du son. n
15 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
En Europe, les ventes de voitures
électriques dépassent les diesel
AUTOMOBILE
Après trois années
compliquées à cause
des pénuries post-
Covid, le marché auto-
mobile a redémarré
sur les chapeaux
de roues en 2023.
Mais le rebond risque
de ne pas durer.
Guillaume Guichard
Le rebond avant le replat. Les ventes
de voitures neuves ont accéléré en
2023, après trois années très compli-
quées à cause du Covid et des séquel-
les qu’il a entraînés sur toute la
chaîne logistique automobile. Il s’est
immatriculé près de 10,5 millions
d’unités, en hausse de 13,9 % par rap-
port à 2022, d’après les chiffres
publiés jeudi par l’ACEA (l’associa-
tion européenne des constructeurs).
Trois grands marchés sur les qua-
tre de l’Union européenne ont tiré
cette performance : l’Italie (+18,9 %),
l’Espagne (+16,7 %) et la France
(+16,1 %). Parmi les marchés princi-
paux, seule l’Allemagne n’a pas
connu de croissance à deux chiffres
sur l’année (+7,3 %). Outre-Rhin, les
La filière hydrogène s’inquiète
des futurs prix de l’électricité
ÉNERGIE
Selon France Hydro-
gène, l’accord conclu
entre EDF et l’Etat sur
la régulation post-
Arenh ne permettrait
pas l’essor d’une
production d’hydro-
gène française.
Nicolas Rauline
La filière hydrogène s’ajoute à la
liste des mécontents de l’accord
trouvé entre l’Etat et EDF au sujet de
la régulation post-Arenh sur les
t a r i f s f u t u r s d e l ’é l e c t r i c i t é
nucléaire. Pour France Hydrogène,
qui regroupe 460 professionnels, le
prix de l’électricité et le dispositif
imaginé sont les principaux points
bloquants pour atteindre les objec-
tifs fixés par la stratégie française de
l’hydrogène, dévoilée par le gouver-
nement en décembre et en consul-
tation publique jusqu’à ce vendredi.
ventes ont véritablement calé en
décembre, chutant de 23 % par rap-
port à la même période en 2022.
Parmi les constructeurs euro-
péens, Volkswagen, Renault et
BMW ont su le mieux tirer parti du
redémarrage des ventes. Le premier
a vu ses immatriculations progres-
ser de 18 %, le second de 16,9 % et le
troisième de 15,5 %. En revanche,
Stellantis a bien moins progressé
que le marché (+2,9 %), ses marques
perdant près de 2 points de parts de
marché à 17,8 % au sein de l’Union
européenne.
En Europe, l’essence domine
encore le marché, mais sa part
recule d’un point à un peu plus d’un
tiers des ventes (35,3 %), au bénéfice
notamment des hybrides non
rechargeables qui représentent
désormais une vente sur quatre
(25,8 %). Ces dernières sont poussées
par les constructeurs afin de respec-
ter les objectifs de réduction d’émis-
sions de CO2.
Le segment des voitures à batterie
a progressé de 37 %, représentant
14,6 % des ventes. De quoi devenir la
troisième motorisation préférée des
Européens en dépassant les modè-
les diesel (13,6 %). Tesla a capté
l’essentiel de la croissance des ventes
d’électriques, la marque américaine
progressant de 89 % en 2023 en
Europe. Les 100 % électriques sem-
« L’électricité, c’est au moins les
trois quarts du prix de revient de
l’hydrogène, souligne Philippe Bou-
cly, président de France Hydrogène.
Pour concurrencer la production
d’hydrogène d’origine fossile ou les
importations des dérivés d’hydro-
gène comme l’ammoniac, il faudrait
tendre vers un prix du mégawat-
theure de 40 euros. » Bien loin, donc,
des discussions qui portent sur un
engagement d’EDF autour d’un
prix moyen de 70 euros le mégawat-
theure, et d’une taxation dissuasive
pour EDF à partir de 110 euros.
Un consortium face à EDF ?
« C’est ambitieux, reconnaît Phi-
lippe Boucly, mais c’est à ce prix que
l’on pourra maintenir une activité de
production d’hydrogène en France. A
100 euros le MWh, ce n’est même pas
la peine de développer une filière ! »
Il met notamment en avant les
services que les électrolyseurs peu-
vent rendre au réseau en termes de
stabilité.
Pour France Hydrogène, l’Etat va
devoir prendre ses responsabilités
blent rogner notamment celles des
hybrides rechargeables, qui dégrin-
golent de plus d’un point et demi, à
7,7 %.
Au regard des derniers chiffres de
l’ACEA pour le seul mois de décem-
bre, les incertitudes persistent pour
2024. Les immatriculations de voi-
tures électriques ont chuté de 16,9 %
durant le dernier mois de 2023. Cette
baisse a été provoquée en partie par
un effet de base, le mois de décem-
bre 2022 ayant été très bon pour
cette motorisation.
Effondrement des ventes
en Allemagne
Mais cela n’explique pas tout. Le
marché des voitures à batterie a été
plombé par un effondrement des
ventes en Allemagne de près de
50 % (–47,6 %), « le plus gros marché
Plan social en vue chez Valeo
L’équipementier a annoncé mercredi en comité de groupe
européen un projet de fusion des pôles d’activités Motorisation
électrique et Systèmes thermiques. Le regroupement des
lignes hiérarchiques et des services support va se traduire
par de nombreux doublons. De source syndicale, 1.150 suppres-
sions de postes sont envisagées dans le monde, dont 800 en
Europe et 412 en France. La direction fait valoir que près de 200
recrutements auront lieu dans le même temps, et préfère évo-
quer un projet de 235 suppressions de postes « net » en France.
s’il veut atteindre les objectifs fixés
de 6,5 GW d’électrolyse installés en
2030 et 10 GW en 2035 (soit un mil-
lion de tonnes d’hydrogène produi-
tes). L’organisation préconise des
regroupements industriels, à la
Sans un nouveau
coup de pouce,
les objectifs fixés par
la stratégie française
de l’hydrogène
seraient impossibles
à atteindre.
manière d’Exeltium, un consortium
regroupant des électro-intensifs qui
avait permis de sécuriser une four-
niture d’électricité nucléaire à prix
et à volume prévisibles à long terme,
dans le cadre des contrats d’alloca-
tion de production nucléaire
(CAPN) proposés par EDF.
La filière est pourtant persuadée
que des opportunités existent pour
monter une véritable filière de pro-
pour cette motorisation », relève
l’ACEA. En cause, l’arrêt brutal de la
prime à l’achat gouvernementale de
4.500 euros. Comment réagira le
marché cette année, alors que cer-
tains constructeurs ont annoncé
qu’ils compenseraient l’absence du
bonus en baissant les prix ?
Dans ce contexte, le marché euro-
péen ne devrait pas retrouver avant
longtemps ses niveaux d’avant la
pandémie. « La situation “Covid”, qui
aurait pu n’être que conjoncturelle, a
été à la base d’un changement structu-
rel de moindre achat de véhicules, ana-
lyse le cabinet Inovev dans une note
récente. Cette tendance a été amplifiée
par l’augmentation importante des
prix des véhicules, qu’ils soient ther-
miques ou électriques. Nous antici-
pons donc une croissance 2024 par
rapport à 2023 de 1 à 5 %. » n
duction dans l’Hexagone, notam-
ment avec le développ ement
attendu des carburants de syn-
thèse, produits en combinant de
l’hydrogène et du CO2. Selon elle, les
besoins seront tels en Europe qu’il
faudra combiner production et
importations. « La compétitivité des
prix des dérivés de l’hydrogène,
comme l’ammoniac, hors Europe,
n’est pas établie aujourd’hui. Les
quantités nécessaires en Europe ne
sont pas encore disponibles ailleurs
et la construction des infrastructures
dans ces pays prendra du temps »,
note Philippe Boucly.
Plus de stations
et de réseaux ?
Pour France Hydrogène, satisfaite
de voir certaines de ses proposi-
tions reprises dans la dernière
mouture de la stratégie française, le
gouvernement est néanmoins trop
frileux sur certains points. La lon-
gueur des réseaux nécessaires
serait ainsi sous-estimée, tout
comme le nombre de stations pour
la mobilité. n
Changement
à la tête du pôle
Fashion de LVMH
LUXE
Le numéro un
mondial du luxe
annonce la nomina-
tion de Michael
Burke à la tête du
pôle regroupant
Celine, Loewe,
Kenzo, etc., en
remplacement de
Sidney Toledano.
Virginie Jacoberger-Lavoué
Michael Burke a été désigné
PDG du pôle LVMH Fashion
Group qui regroupe entre
autres Celine, Loewe et Kenzo.
Cette figure du numéro un
mondial du luxe (également
propriétaire des « Echos »), ex-
PDG de Louis Vuitton, pre-
mière marque du secteur ayant
franchi sous sa gouvernance le
cap des 20 milliards d’euros de
chiffre d’affaires, est un proche
de Bernard Arnault, avec qui il a
commencé sa carrière aux
Etats-Unis, avant même la créa-
tion du groupe LVMH.
Michael Burke succédera à
compter du 1er février à Sidney
Toledano, autre pilier de LVMH
qui a dirigé pendant vingt ans
Christian Dior et a hissé cette
maison de couture dans le pelo-
ton de tête des marques de luxe.
Sous sa houlette, les ventes de
Dior, qui frôlaient les 2 milliards
d’euros à la fin 2016, ont été mul-
tipliées par dix. Sidney Tole-
dano quittera en février le
comité exécutif de LVMH et est
Pimkie durcit son plan
MODE
Moins d’un an après
avoir repris l’ensei-
gne et annoncé
un premier plan
de 63 fermetures,
les nouveaux action-
naires en annoncent
36 supplémentaires.
Nicole Buyse
— Correspondante à Lille
La saignée se poursuit dans le
prêt-à-porter. La chaîne de
mode féminine Pimkie, qui
l’année dernière avait annoncé
fermer 63 magasins à horizon
2027, accélère ce plan avec 36
fermetures supplémentaires
dès cette année. Le premier PSE,
qui prévoyait 257 suppressions
de postes, en ajoute 239, dont 42
au siège. L’annonce a été faite
lors d’un CSE jeudi matin au
siège de Villeneuve-d’Ascq.
En 2023, 23 magasins ont, en
fait, déjà baissé le rideau définiti-
vement et 38 autres le feront d’ici
à juillet. Avec les 36 nouvelles
fermetures annoncées jeudi, la
chaîne va subir une cure d’amai-
grissement d’un total de 97 pas-
de-porte sur les 302 qu’elle
comptait il y a un an.
496 postes supprimés
Ce sont aussi 496 postes qui vont
être supprimés au total sur un
effectif de 1.386 salariés à
l’annonce du premier plan, en
sachant que 82 personnes ont
déjà quitté l’entreprise l’année
dernière.
Le communiqué diffusé par
l’enseigne annonce aussi le pas-
sage en affiliation sous l’ensei-
gne Miniso de 14 autres maga-
sins, dont deux initialement
prévus dans le premier plan.
Cette enseigne chinoise de lifes-
ENTREPRISES
nommé conseiller de Bernard
Arnault. Il est, par ailleurs, pré-
sident de la Chambre syndicale
de la haute couture et président
du conseil d’administration de
l’Institut français de la mode
(IFM).
Deux piliers de LVMH
« Sidney Toledano est un diri-
geant exceptionnel qui m’accom-
pagne depuis de longues années
d’abord chez Dior puis au sein du
LVMH Fashion Group. Il a
encore beaucoup à nous appor-
ter », a déclaré Bernard Arnault,
le PDG de LVMH, dans un com-
muniqué.
Sidney Toledano passe le
flambeau avec un bon bilan du
pôle Fashion Group : selon un
analyste, depuis son arrivée, le
chiffre d’affaires de cette entité a
connu une forte croissance,
multipliant « quasiment par
trois » les ventes alors que la
rentabilité aurait été multipliée
par huit sur cette période.
Celine a franchi le cap de deux
milliards d’euros de chiffre
d’affaires à la fin 2022. Loewe
approcherait le milliard d’euros
et les ventes de Marc Jacobs
décollent.
Le passage de relais se fait
entre deux dirigeants qui ont
ainsi participé au succès mon-
dial des deux plus grandes mai-
sons de mode et maroquinerie
de LVMH. Sous le leadership de
Michael Burke, LVMH Fashion
Group regroupera les maisons
de mode et de maroquinerie
C e l i n e , G i ve n c hy, Ke n z o ,
Loewe, Marc Jacobs, Patou,
Emilio Pucci, ainsi que Fendi. n
tyle ne vend pas du tout de tex-
tile. Pimkie affirme dans un
communiqué, publié à l’issue du
CSE, que cela permet de « pré-
server 96 postes ». C’est, pour
l’enseigne, une forme de diversi-
fication de ses activités.
La direction de Pimkie expli-
que avoir été « contrainte d’envi-
sager une accélération de la mise
en place de [son] premier plan
afin d’écrire son futur modèle
duplicable, évolutif et résistant
aux crises ». Elle justifie sa déci-
sion en avançant que « depuis
quelques mois, le contexte écono-
mique, la baisse de fréquentation
dans les points de vente et l’infla-
tion ont impacté considérable-
ment les ventes et les résultats éco-
nomiques ».
Nouveau concept en vue
Pimkie avait été cédé par l’Asso-
ciation familiale Mulliez en
février 2023 à Pimkinvest un
consortium mené par les grou-
pes Lee Cooper France (à hau-
teur de 70 %) et Amoniss (hol-
ding de Salih Halassi, ex-Kindy)
ainsi que le fabricant turc Ibisler
Tekstil.
Salih Halassi, PDG de Pimkie,
se dit persuadé que cette « straté-
gie à double niveau nous permet-
tra d’atteindre un retour à l’équili-
bre et de préserver la dynamique
de transformation de Pimkie […]
dans un contexte extrêmement
contraint pour le prêt-à-porter
féminin moyen de gamme ».
« Un nouveau concept de
magasin ouvrira dans les semai-
nes à venir visant à réinventer
l’expérience Pimkie et à travailler
sa désirabilité auprès de notre
cible des 18-25 ans », a annoncé,
de son côté, Elodie Chelle, direc-
trice générale adjointe de Pim-
kie, nommée en septembre der-
nier après le départ de Sandrine
Lilienfeld, ancienne DG notam-
ment de Camaïeu, restée à peine
sept mois à ce poste. n
 Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos 16

fusions // acquisitions // cessions // partenariats

ENTREPRISES COMMERCIALES ET INDUSTRIELLES
Administrateurs Judiciaires Associés SELARL BCM ENTREPRISE A REPRENDRE : Activités de conseil en recrutement APPEL D’OFFRES RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR
et ressources humaines ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
RECHERCHE DE REPRENEURS EN PLAN DE CESSION Activité : Groupe composé d’1 Holding et de 4 iliales spécialisées
SOCIETE DE NEGOCE DE PRODUITS SURGELES dans le recrutement – chasse de têtes OFFICINE DE PHARMACIE A PARIS
Lieu : Lyon et Paris
• Activité : négoce de produits surgelés Nombre de salariés : 19 salariés (9 à Lyon et 10 à Paris) • Région : Ile-de-France
• Clientèle : Industriels de la transformation, Entreprise de la grande distribution C.A. consolidé groupe : - 31/12/2022 : 3 945 k€ • Chiffre d’affaires : 1.836 k€ au 31 décembre 2022
(Carrefour, Auchan), Grossistes.
- 31/12/2021 : 2 786 k€
SELARL AKILINK LABIS (sur 12 mois)
- 31/12/2020 : 1 766 k€
Description : Missions de recrutement, management de transition, assessment
CABOOTER DE CHANAUD • Acivité : Officine de pharmacie et parapharmacie
• Mention spécifique : la société dispose d’un bâtiment avec 4 quais de chargement, Jérôme CABOOTER • Effecif : 9 salariés
Clientèle : Grands groupes internationaux, ETI, PME – Tous secteurs d’activité
d’une chambre de surgélation le tout sur un terrain d’une superficie de 3,87 ha. Possibilité de présenter des ofres individuelles par iliales Administrateur Judiciaire
Associé MODALITÉS :
• Effectif : 17 salariés à temps plein, affectés aux fonctions du négoce Informations pratiques • Cession organisée en applicaion des aricles L. 642-1 et suivants du Code de
7 Rue de Caumarin commerce
Référence de l’ofre : 54221 SELARL AJ UP Julien BRAISAZ 75009 PARIS • L’accès aux informaions sera réalisé après remise de l’engagement de confidenialité
Les offres tendant au maintien de tout ou partie de l’activité devront être soumises au plus tard le 31 JANVIER 2024
www.ajilink.fr et des pièces menionnées, téléchargeables sur le site www.ajilink.fr ou par
à 12h00. Un dossier de présentation ou data room virtuelle sera mis en place. L’accès à cette data room peut être Date de limite de dépôt des ofres : Me Eric ETIENNE-MARTIN j.braisaz@ajup.fr demande à : c.prot@ajilink.fr
23/02/2024 à 16h00 107 rue Servient Manon BERRANGER • Retrouvez l’ensemble des appels d’offre sur www.ajilink.fr
obtenu sur demande écrite motivée justifiant d’une capacité financière, industrielle ou commerciale adaptée, et après
signature d’un engagement de confidentialité aux adresses suivantes : c.duclos@bcm-aj.com. Tél : 03.86.52.08.17. Data room : https://dataroom.ajup.fr 69003 Lyon m.berranger@ajup.fr www.acify.fr Date limite de dépôt des offres : 9 février 2024 à 12h00

RECHERCHE DE CANDIDATS REPRENEURS APPEL D’OFFRES RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR

EN PLAN DE CESSION
RECHERCHE CANDIDATS REPRENEURS OU INVESTISSEURS
ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
Société spécialisée dans la gesion locaive d’appartements, en locaion et sous-locaion
• Acivité : Restauraion DEUX SOCIETES D’AMENAGEMENT ET
D’EQUIPEMENT DES ESPACES DE TRAVAIL
En redressement judiciaire, • Département : Gironde (33) • Région : Ile-de-France
• 27 salariés et 2 stagiaires • Salariés à l’effecif : 6 • Chiffre d’affaires et effecif :
• Société 1 : 3.887 k€ au 30/09/2022 (sur 12 mois) / 6 salariés
• Siège à Paris (locaux dans le 2ème arrondissement) • CA au 31/12/2022 : 626 484€ SELARL AKILINK LABIS • Société 2 : 542 k€ au 30/09/2022 (sur 12 mois) / 6 salariés
CABOOTER DE CHANAUD • Acivité : Achat, vente, étude d’équipement et d’agencement de locaux
• Au 31/12/2022 (12 mois) : C.A. de 2,4 M€ et résultat d’exploitaion de -985 K€ Date limite de dépôt des offres : Jérôme CABOOTER commerciaux, industriels et d’habitaion.
• Au 31/12/2023 (12 mois, esimé) : C.A. de 6 M€ Administrateur Judiciaire
le 09/02/2024 à 18 heures Associé MODALITÉS :
• Cession organisée en applicaion des aricles L. 642-1 et suivants du Code de
Pour accéder au dossier de présentation, les candidats intéressés sont invités à contacter par écrit : 18, rue de l’abreuvoir commerce
Maître Joanna Rousselet – Administrateur judiciaire Un dossier complet sera adressé sur demande écrite à : 77100 MEAUX • L’accès aux informaions sera réalisé après remise de l’engagement de confidenialité
www.ajilink.fr et des pièces menionnées, téléchargeables sur le site www.ajilink.fr ou par
38 avenue Hoche – 75008 Paris SELAS « ARVA Administrateurs Judiciaires Associés » demande à : c.prot@ajilink.fr
joanna.rousselet@fajr.eu - josephine.bureau@fajr.eu 6 rue d’Enghien - 33000 BORDEAUX • Retrouvez l’ensemble des appels d’offre sur www.ajilink.fr

La date limite de remise des offres est fixée au jeudi 15 février 2024, à midi. Tél. : 09 70 71 84 15 - Mail : mahcl@arva.fr www.acify.fr Date limite de dépôt des offres : vendredi 9 février 2024 à 12h00

RECHERCHE DE CANDIDATS REPRENEURS RECHERCHE CANDIDATS REPRENEURS APPEL D’OFFRES RECHERCHE DE REPRENEURS
DANS LE CADRE D’UNE CESSION PARTIELLE D’ACTIFS Entreprise en redressement judiciaire ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
• Acivité : Commercialisaion de matériel médical, fabricaion de • Acivité : Transports de messagerie
Réseau de 39 fonds de commerce de prêt-à-porter situés en France matériel médical et de bien-être et la formaion à ces produits • C.A. au 31/12/2022 : 3 1478 311 €
Métropolitaine, avec reprise du droit au bail et du personnel • Département : 31 • Effecif : 37 salariés
(3 salariés en moyenne par fonds de commerce) • Salariés à l’effecif : 15 SELAS
• Localisaion : Bas-Rhin (67) et
Pour accéder au dossier de présentation, les candidats intéressés sont invités à contacter par écrit : • CA au 31/12/2023 : 2 286 856 € WEIL-GUYOMARD-LUTZ Meurthe-et-Moselle (54)
Administrateurs Judiciaires
Maître Frédéric Abitbol – Administrateur judiciaire Associés En applicaion de l’aricle L.642-1 du Code de commerce, les candidats
38 avenue Hoche – 75008 Paris
contact@fajr.eu Date limite de dépôt des offres : 28 rue de Latre de Tassigny
intéressés sont invités à se manifester auprès de l’étude en précisant
impéraivement la référence : 3732.
67300 SCHILTIGHEIM
Maître Vincent Gillibert– Administrateur judiciaire
11, rue Venture – 13001 Marseille
Vendredi 9 février 2024 à 18 heures à l’étude Tél. 03.88.83.03.16.
Un dossier de présentaion sera remis sur demande écrite moivée
jusifiant l’idenité du candidat repreneur, sa capacité commerciale et
bsilve@anasta.fr weil-guyomard@ajilink.fr financière à présenter une offre et après régularisaion d’un engagement
La date limite de remise des offres, portant sur tout ou parie des fonds de commerce, est fixée au Un dossier complet sera adressé sur demande écrite à : de confidenialité.
mercredi 7 février, à midi. polepc@arva.fr Date limite de dépôt des offres : Jeudi 14 mars 2023

RECHERCHE INVESTISSEURS OU REPRENEURS

HUWER HOLDING RJ
RECHERCHE CANDIDATS CESSIONNAIRES OU INVESTISSEURS RECHERCHE REPRENEUR EN PLAN DE CESSION RJ
Titres/paricipaions à céder d’une société in bonis Société coopéraive GRANVILMER - Située à BREVILLE SUR MER (50290)
Cession parielle d’acifs-Aricles L.642-18 & L.642-19 • Acivité : Transformaion et vente au détail et en gros de produits de la mer
du Code de commerce • Clientèle : Industriels, brokers, distributeurs, pariculiers
Groupe spécialisé dans l’invesissement immobilier,
Acivités • Concepteur et fabricant d’équipements d’Inspecion • Locaux : Propriété de la société
• Effecif : 22 salariés en CDI
la rénovaion, l’ameublement et la gesion locaive.
Télévisée de canalisaions- Leader français sur le marché
Chiffres clés •
• Chiffre d’affaires HT 2022: 5,8 M€ I 2023 (au 30 juin 2023- 6 mois): 2,5 M€
• EBE 2022 : 4,9 k€ I 2023 (au 30 juin 2023 - 6 mois): 130 k€
Chiffre d’affaires agrégé 2022 : 20 M€
En K€ 31 décembre 2022 31 décembre 2021 31 décembre 2020 • Points forts : • Posiionnement local fort et proximité des criées pour l’approvisionnement
Chiffre d’affaires 4 047 4 595 3 949 • Ouil industriel performant avec un service de transport interne Salariés : 116
Effecif global • 33 salariés • Prestaions “à la demande” de transformaion, décoricage, filetage, surgélaion,
Site de producion • Propriétaire d’un site de 2 295 m² sis à DURTAL (49) condiionnement en foncion des besoins exprimés par les clients DATE LIMITE DE DEPOT DES OFFRES : 25 JANVIER 2024
DATE LIMITE DE DEPOT DES OFFRES LE 15 FEVRIER 2024 A 13 HEURES 00 DDO: vendredi 1er mars 2024 à 12h00 Accès à une data room après descripion succincte du candidat
L’accès aux informaions (data-room électronique et/ou dossier de SELARL ANASTA Les candidats repreneurs sont invités à contacter l’Administrateur judiciaire par
présentaion) sera possible après la régularisaion d’un engagement de Maître Marc CHAPON Contact: Me ELLERT - Etude Trajectoire - à l’adresse: caen@trajectoire.eu écrit, pour accéder au dossier de présentaion :
confidenialité ainsi que la transmission d’une note de présentaion Merci de contacter : Olivia CARILLIER Accès à la data room numérique après signature d’un engagement de confidenialité, remise de jusificaifs
et d’un KBIS ou d’un cerificat d’enregistrement de la société. ocarillier@anasta.fr / Tel : 04 42 26 56 18 d’idenité, des derniers comptes annuels et d’une note de présentaion du candidat. Mail : reprises@solve-aj.fr

RECHERCHES D’INVESTISSEURS OU SOCIETE QUINCAILLERIE BOISSONNADE QB Contact : SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET
Monsieur Pierre PICHOT-DAMON
REPRENEURS EN PLAN DE CESSION (EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE) Sainte Victoire, angle ouest - 70, rue de la Tramontane
13090 Aix en Provence
Tél : +33 (0) 442 66 56 65
Activité : Transport routier de marchandises Acivité : quincaillerie industrielle Courriel : pierre@desaintrapt.fr / aix@desaintrapt.fr
CA HT 31/12/2022 (12 mois) : 4 618 884 € CA au 31/12/2022 : 5,4 M€ RECHERCHE DE REPRENEURS DANS LE CADRE D’UN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
CA HT 31/12/2021 (12 mois) : 5 065 298 €
Effecif : 10 salariés Dénomination sociale : VALLON FAURE
Localisaion : 12 Avenue Ampère 91320 WISSOUS Activité : Travaux de menuiserie bois et pvc, agencements intérieurs
Nombre de salariés : 32
Lieu d’exploitation : SAINT QUENTIN RECHERCHE REPRENEURS Localisation : BOURG DE PEAGE (26)
Le délai de présentaion des offres de reprise est fixé au : Chiffre d’affaires HT : 4.6 M Euros (exercice 09/2022, sur 12. mois)
Date limite de dépôt des offres : 01/03/2024 à 12H00 Jeudi 15 février 2024 à 12 Heures Nombre de salariés : 18 personnes
Locaux d’activité : loyer de 10. K. Euros HT/mois pour une superficie de 3.992. m²
Les offres devront être transmises pour le 01/03/2024 à 12H00 au plus tard, accompagnées des Les offres devront être soumises à la SELARL A&M AJ ASSOCIES à l’atenion de
VNC des éléments corporels au 30/09/2022 : 142 K. Euros
documents prévus par les articles L.642-1 et suivants du Code de Commerce : Me François-Nicolas MANCEL, Administrateur Judiciaire
SELARL BMA ADMINISTRATEURS JUDICIAIRES, à l’attention de Me Laurent MIQUEL, 5, Boulevard de l’Europe – 91050 EVRY CEDEX Date limite de remise des offres auprès de la SELARL de SAINT-RAPT & BERTHOLET :
16 Bis Rue de la Comédie, 02100 SAINT QUENTIN Demande de dossier au dirigeant de la société, Monsieur Nicolas BOISSONNADE 31 janvier 2024 à 12 heures
Tél : 03.23.08.10.08 – Email : contact-stq@bma-aj.com / antoine.ridon@bma-aj.com ( 06 60 09 19 76 -  nicolas@boissonnade.fr) après signature d’un engagement de confidenialité à L’accès au dossier de présentation se fera par dataroom. Les identifiants de connexion seront communiqués après
Accès à la data room après signature d’un engagement de confidentialité remetre à l’Administrateur Judiciaire (etude@am-ajassocies.com). transmission d’un engagement de confidentialité disponible sur le site : aj-specialises.fr/societe

APPEL D’OFFRES - CESSION D’ENTREPRISE APPEL D’OFFRE POUR CESSION D’ENTREPRISE EN

(L.642-2 et suivants du Code de commerce) REDRESSEMENT JUDICIAIRE
ENTREPRISE TECHNOLOGIQUE (aricle L.631-22 du Code de commerce) Administrateurs Judiciaires Associés
Acivité : Traitement de données, intelligence arificielle, spectrométrie Référence : MN-1865
Chiffre d’affaires au 31/12/2022 : 160 k€
Cécile KRAESS I Christophe GILLME
Acivité : Travaux de bâiments en Fumisterie et Venilaion, Parc d’activités d’Eckbolsheim 5, rue des Frères Lumière - 67087 Strasbourg Cedex 02
Chiffre d’affaires au 31/12/2021 : 149 k€ travaux de sécurisaion d’accès
Chiffre d’affaires au 31/12/2020 : 309 k€ Maître Céline PELZER Téléphone : 03 88 76 91 00 / Fax : 03 88 76 57 17 / Courriel : contact@adje-aj.fr
Localisaion : LE PRE SAINT GERVAIS (93)
Début de l’acivité : 01/04/2014 48 rue La Fayete Effecif : 12 salariés
Effecifs : 3 salariés
APPEL D’OFFRES DE REPRISE D’ENTREPRISE
75009 PARIS C.A. : 31/12/2022 (12 mois) : 2 598 K € D’EQUIPEMENTS SCENIQUES
Acifs à céder : Acifs corporels (notamment matériel de laboratoire, 31/12/2021 (12 mois) : 2 743 K €
spectromètres) et incorporels (notamment licences, brevets sur la Réf. dossier : 1522 • Activité : société spécialisée dans la fabrication, vente et mise à disposition de matériels
31/12/2020 (12 mois) : 2 712 K € scéniques
spectrométrie et la détecion SERS, marques)
Date RJ : 16 janvier 2024 CONTACT : Le dossier sera accessible, sous engagement de confidenialité, • Effectif : 23 salariés
aux candidats manifestant leur intérêt auprès de : • Lieu : région économique de Strasbourg
La date limite de dépôt des offres est fixée au Eliot BLAISE SELARL BLERIOT & ASSOCIES, ADMINISTRATEUR JUDICIAIRE • CA de l’exercice clos au 30/09/2022 : 4.562.973,73 ¤
9 février 2024 à 12H00 Tél: 01 48 24 33 40 26, Chemin de la Madeleine – 93000 BOBIGNY
Une data room électronique hébergée sur notre site www.p2g.fr sera accessible paris@p2g.fr 01.48.96.21.90 - aj93@bleriot.fr La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au : 05/02/2024 à 12h00
après signature d’un engagement de confidenialité téléchargeable sur notre site. Les candidats intéressés sont invités à se manifester par e-mail auprès
Les offres et leurs annexes devront être transmises à la SELARL BLERIOT & ASSOCIES
www.p2g.fr au plus tard le 19 février 2024 à 12 heures 00. de Christophe GILLME : emma.laurent@adje-aj.fr

APPEL D’OFFRES - CESSION D’ENTREPRISE

(L.642-2 et suivants du Code de commerce) SAINT-THIBAUD-DE-COUZ – SAVOIE (73) RECHERCHE REPRENEURS OU INVESTISSEURS
SOCIETE DE CONCEPTION ET DE FABRICATION D’ENSEIGNES
Acivité : Sous-traitant spécialisé dans la concepion et la fabricaion CESSION D’UNE ACTIVITE DE NEGOCE DE SAPINS DE NOËL
d’enseignes lumineuses
Chiffre d’affaires au 31/12/2022 : 1 595 k€
Chiffre d’affaires au 31/12/2021 : 1 789 k€
Chiffre d’affaires au 31/12/2020 : 1 276 k€ Maître Céline PELZER
Effecif : 11 salariés 48 rue La Fayete
Acifs à céder : Matériel d’exploitaion / Terrain + bâiment industriel / 75009 PARIS
Contrats cadres clients
Localisaion : Changé – Sarthe – Pays de la Loire Réf. dossier : 1472
Clientèle : Naionale / Revendeurs indépendants et franchisés
Date RJ : 10 octobre 2023
La date limite de dépôt des offres est fixée au CONTACT :
14 février 2023 à 10H00 Bapiste Chollet
Les offres sont à déposer en 3 exemplaires originaux + par courriel à : lemans@p2g.fr Tél : 01 48 24 34 35
Une data room électronique hébergée sur notre site www.p2g.fr sera accessible lemans@p2g.fr Activité : Conception, fabrication et commercialisation
après signature d’un engagement de confidenialité téléchargeable sur notre site. Contact :
de solutions de tests et mesures de bruit et
www.p2g.fr AJ MEYNET & ASSOCIES
Contact : Activité : Négoce de sapins de Noël en France et vibrations pour les industries
AJ MEYNET & ASSOCIES à l’étranger GRENOBLE
Typologie de la clientèle : Internationale, B2B, High-tech,
CESSION D’AERONEFS DANS LE CADRE DE LA LIQUIDATION
ETUDE DE CHAMBERY Typologie de la clientèle : Grande Distribution alimentaire Secteur industriel
JUDICIAIRE DE COMPAGNIE AERIENNE INTER REGIONALE Me David-Emmanuel MEYNET ou spécialisée Maître David-Emmanuel MEYNET
EXPRESS - CAIRE - Article 611-7 du code de commerce
Magali CHATELAIN Localisation : MEYLAN (38240)
Localisation : Lieu-Dit Hauteville SAINT-THIBAUD-DE-COUZ (73160)
Le présent appel d’offres porte à la fois sur les avions détenus par CAIRE et ses filiales. Perrine BARRAL
Effectif : Aucun salarié Effectif : 22 salariés
Aéronef Modèle meynet-chambery@ etude-meynet.fr
TWIN OTTER DHC6 300 Meynet-grenoble@etude-meynet.fr
04 79 65 26 83 C.A. HT : 2 744 543 € au 30.06.2022 CA HT : 3 578 089 € (2022)
TWIN OTTER DHC6 300 3 350 475 € au 30.06.2021 3 234 870 € (2021)
LET 410 Dossier : N°13362 3 388 294 € au 30.06.2020 3 670 111 € (2020)
LET 410
LET 410
LET 410
CESSNA CARAVAN 208
DATE LIMITE DE DEPÔT DES OFFRES LE 01/03/2024 à 12h00 DATE LIMITE DE DEPÔT DES OFFRES LE 16/02/2024 à 12h00
L’accès à une data room électronique sera autorisée après régularisation auprès de
Contacts pour informations : jeremy.ramonet@btsg.eu / gasnier@btsg.eu et yyt@a2mj.fr
l’Administrateur Judiciaire d’un engagement de confidentialité. Accès à une data room électronique après régularisation auprès de l’Administrateur
• ILE-DE-FRANCE • PACA • AUVERGNE-RHONE-ALPES • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE •
• NOUVELLE AQUITAINE • HAUTS-DE-FRANCE • Retrouvez nos annonces sur etude-meynet.com/entreprises Judiciaire d’un engagement de confidentialité et présentation du candidat
17 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 ENTREPRISES

Jouets : les ventes

reculent en dépit
des nouveautés
Gueydon, coprésident de la
JEUX FCJPE, qui rassemble les com-
merces spécialistes. Notre tra-
Le chiffre d’affaires vail de différenciation de l’offre,
du secteur a reculé avec des produits qui nous sont
de 5,2 % en 2023, propres, porte ses fruits, tout
avec des achats très comme le développement du
tardifs pour Noël. conseil ou la mise en place de la
seconde main. »
Les nouveautés ont aussi per-
Clotilde Briard mis de tirer le marché. Elles ont
vu leur chiffre d’affaires pro-
Le père Noël n’a pas pu réaliser gresser de 9 %. « Ce rebond figure
de miracle. Décembre aura parmi les bonnes nouvelles. Le
juste permis, avec un recul de jouet est un marché d’offre. Après
seulement 2 % des ventes de le coup d’arrêt lié au Covid, les
jouets selon Circana, d’atténuer industriels ont repris leurs inves-
l’effet de derniers mois de tissements en 2022, ce qui a com-
l’année particulièrement en mencé à se voir en 2023. Un bon
berne pour le secteur. 2023 s’est portefeuille de nouveautés per-
terminée avec une baisse du met de dynamiser le marché »,
chiffre d’affaires de 5,2 %, à relève Florent Leroux, président
4,3 milliards d’euros, et des de la Fédération française des
volumes en recul de 8 %, quand industries jouet-puériculture.
Ayant commencé sa carrière comme hôtesse de l’air, Mitsuko Tottori, 59 ans, occupait jusqu’à présent la vice-présidence du groupe le prix moyen à 18 euros a aug- Autre succès qui ne se
chargée de l’expérience client. Photo Kim Kyung-Hoon/Reuters menté de 3 %. Un phénomène dément pas : le segment des
que l’on retrouve en Allemagne « kidultes ». Il progresse de 7 %
comme au Royaume-Uni. et pèse 28 % des ventes en

Japan Airlines piloté pour

La filière pâtit des préoccu- valeur. Face à la baisse du nom-
p a t i o n s l i é e s a u p o u vo i r bre d’enfants, ce public plus âgé
d’achat, conduisant à recher- sert de relais de croissance.
cher des prix plus bas et à

la première fois par une femme

repousser les emplettes à plus
tard. Mais elle est aussi aux pre- La filière est
mières loges pour subir les aux premières
effets de la baisse de la natalité,
qui pèse pour 1,4 point selon les loges face
calculs de Circana. à la baisse
occupait jusqu’alors la vice-prési- ler dans tous les classements inter- figure d’exception aux côtés de Le développement de la de la natalité.
TRANSPORT dence du groupe chargée de l’expé- nationaux mesurant la progression Makiko Ono, la PDG de Suntory seconde main et la mauvaise
rience client, a reconnu que sa vers l’égalité des genres. Le pays est Beverage ou d’Akiko Naka, la fonda- météo, défavorable à des jeux
La nomination nomination pourrait, peut-être, tombé en 2023 à la 125e place sur trice et patronne de Wantedly. de plein air souvent coûteux, Tous âges confondus, les car-
de Mitsuko Tottori motiver d’autres salariées. « Il y a 146, derrière des dizaines de pays ont aussi eu un rôle. Quant aux tes stratégiques comme les
est d’autant plus des employées qui luttent pour leur émergents, dans l’étude annuelle Priorité à la sécurité « sèche-pleurs », achetés tout Pokémon (+10 %), les compa-
remarquée que carrière ou qui vivent des événements du World Economic Forum sur Lors de sa première prise de parole au long de l’année, ils comptent gnons interactifs (+23 %), les
le Japon est très importants dans leur vie », a expli- l’égalité des sexes. après sa nomination, la responsa- pour 1,1 point dans la baisse. figurines préscolaires (+13 %)
en retard sur tous qué la future PDG. « J’espère que ma Il occupe même la 138e place, der- ble de 59 ans a expliqué qu’elle sou- « En grande surface, les consom- ou les jeux de cartes (+13 %
les enjeux d’égalité nomination en tant que présidente rière la Chine, la Turquie ou l’Arabie haitait créer un environnement de mateurs ont tendance à aller aussi) constituent les catégories
des genres. pourra les encourager ou leur don- saoudite, dans le sous-classement travail où les employés « peuvent directement vers l’alimentaire les plus dynamiques.
ner le courage de passer à l’étape sui- sur la place des femmes en politi- atteindre le plein potentiel », et où le sans passer par les autres Chez les compagnons inte-
vante », a-t-elle suggéré. que. L’actuel gouvernement du Pre- service des clients est au cœur des rayons. En ville ou en centres ractifs, Furby d’Hasbro a réussi
Yann Rousseau mier ministre Fumio Kishida ne motivations. Elle a également commerciaux, ils poussent son retour en se classant au pre-
— Correspondant à Tokyo Chute dans les classements compte ainsi que 5 femmes parmi assuré que la sécurité resterait une moins souvent au quotidien la mier rang des jouets les plus
De nombreux commentateurs les 74 portefeuilles de ministres ou priorité absolue pour ses équipes, porte des boutiques », souligne vendus en valeur en décembre.
Engagée comme hôtesse de l’air n’ont pas manqué de noter le carac- vice-ministres. après le récent accident d’un appa- Fr é d é r i q u e Tu t t , ex p e r t e Un peu moins cher, Bitzee de
en 1985, avant de faire carrière au tère exceptionnel de cette promo- Dans la dernière enquête de reil de sa compagnie à l’aéroport monde du marché du jouet Spin Master s’affiche en troi-
sein du management de l’entre- tion au sein des élites japonaises l’OCDE, les femmes n’occupaient d’Haneda à Tokyo. pour le cabinet Circana. sième position. Quatrième,
prise, Mitsuko Tottori deviendra, le particulièrement sexistes. « Le pla- que 13,2 % de toutes les positions de Dans la soirée du 2 janvier, un Air- Skyjo de BlackRock s’est distin-
1 e r avril prochain, la première fond de verre s’effondre au moment management du pays, soit le plus bus A350-900 de la JAL transpor- Relais de croissance gué, lui, parmi les jeux de cartes.
femme à diriger Japan Airlines où elle franchit cette barrière et faible ratio parmi toutes les nations tant 379 passagers avait heurté lors Dans ce panorama, les maga- Pour 2024, le secteur reste
(JAL). Sa promotion vient d’être donne l’exemple aux femmes et aux développées de l’Organisation. Des de son atterrissage un petit Bom- sins spécialisés résistent mieux, prudent. « Le recul de l’inflation
annoncée par Yuji Akasaka, l’actuel jeunes filles du Japon », s’est enthou- dizaines d’entreprises n’ont ainsi bardier Dash 8 des garde-côtes qui grignotant du terrain. Leurs devrait aboutir à un retour de
président et PDG du groupe, qui siasmé, sur X (ex-Twitter), Rahm toujours pas la moindre femme au s’apprêtait à décoller. Après l’acci- ventes ne sont en retrait que de confiance des ménages », espère
restera à la tête du conseil d’admi- Emanuel, l’ambassadeur des Etats- sein de leur conseil d’administra- dent probablement provoqué par 2 %, quand elles chutent de 10 % Florent Leroux. L’une des priori-
nistration de la plus grande compa- Unis au Japon. tion. Au sein de la section « prime » une erreur humaine, tous les passa- dans les grandes surfaces et de tés sera de parvenir à désaison-
gnie nippone. Malgré les promesses répétées de la Bourse de Tokyo, où sont gers de l’avion de la JAL avaient été 5 % chez les « pure players » de naliser davantage le marché.
Si le groupe n’a fait aucun com- des différents gouvernements con- cotées les plus grandes entreprises, évacués en dix-huit minutes. Cinq l’e-commerce. « Notre niveau de Les professionnels envisagent
mentaire particulier sur sa décision servateurs de promouvoir plus de seules 15 des 1.836 entreprises des six membres d’équipage de stock a permis de répondre aux pour ce faire de mieux faire con-
de promouvoir une femme à sa femmes dans la vie politique et éco- étaient dirigées, l’an dernier, par des l’avion des garde-côtes avaient, eux, achats de plus en plus tardifs naître les nouveautés tout au
direction, Mitsuko Tottori, qui nomique, le Japon ne cesse de recu- femmes. Mitsuko Tottori fera ainsi péri dans l’incendie de leur avion. n pour Noël, se félicite Philippe long de l’année. n

suite rubrique fusions

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Hélène Bourbouloux I Jean-françois Blanc I Gaël Couturier I Cécile Dür I Nathalie Leboucher I Sylvain
A LA REPRISE EN PREPACK CESSION EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
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signalétique de bâtiment tertiaire, menuiserie plastique, imprimerie
SAS LA ANJOUAIZE Maître grand format) Maître
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Lesly MIROITE Nombre de sociétés : 4 (dont Holding) Lesly MIROITE
sont invités à se manifester Redressement judiciaire du 06/12/2023 Administrateur Localisation : PARIS (14e)
Chiffre d’affaires global au 31/12/2022 : 11,7 M€ 90 boulevard Flandrin
auprès de : Judiciaire Effectifs : 93 salariés Actifs à céder : Fonds de commerce, agencements et installations,
• Acivité : Société exploitant un magasin sous enseigne JOTT, spécialisée 75116 PARIS
SELARL FHBX 46 Promenade Localisation : Seine Saint-Denis (93) matériel en propre, matériel en crédit-bail, stocks (en pleine propriété),...
dans la vente au détail de vêtements et accessoires, et notamment de Jean Rostand
Maître Sylvain Hustaix doudounes en duvet ultralégères et compactables. Actifs à céder : fonds de commerce, mobilier, matériels (dont crédit-bail), CONTACT : Date du Redressement Judiciaire : 14 juin 2023
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Judiciaires Associés La date limite de dépôt des offres est fixée au lundi 5 février 2024 à 12H00 Tél : 01.53.64.92.92
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Georges Clemenceau • Chiffre d’affaires au 30/09/2022 (exercice clos) : 411 259 € après acceptation d’un engagement de confidentialité. Toute offre devra être déposée en 2
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E-mail : L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisaion d’un Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON
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auprès de : • Acivité : Société exploitant un magasin sous enseigne JOTT, spécialisée auprès de : • Acivité : confecion et livraison de repas bio et fait maison pour 44 Rue Schoelcher
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dans la vente au détail de vêtements et accessoires, et notamment de les enfants de 4 mois à 3 ans dans des crèches muli-accueil en 97300 CAYENNE
SELARL FHBX SELARL FHBX CA 5 474 5 029 5 752
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- Centre commercial Ylium – 87 avenue François
associés • Chiffre d’affaires 2023 : 809 000 € Tél: 05 96 60 82 82 Actifs à céder : Site industriel, licences, Fonds de commerce, stocks, contrats
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Georges Clemenceau • Chiffre d’affaires au 30/09/2023 (exercice clos) : 1 886 000 € Charles de Gaulle • Effecif total : 18 salariés a.durand@ajassocies.fr 18 FEVRIER 2024 à 12h00 (heure Guyane)
33000 Bordeaux • Effecif total : 4 salariés 92200 Neuilly-sur-Seine
www.hbx.eu www.hbx.eu La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au Une dataroom électronique hébergée sur notre site www.ajadataroom.fr sera accessible
La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au www.ajadataroom.fr après acceptation d’un engagement de confidentialité.
20/02/2024 à 12h00. 2 février 2024 à 12h00. Franck MICHEL -Alain MIROITE - Nicolas DESHAYES - Christophe BIDAN - Serge PREVILLE - Lesly MIROITE -
E-mail : e-mails : L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisaion d’un Céline MASCHI - Hervé COUSTANS - Maxime LEBRETON
L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisaion d’un Blois-Bobigny-Cayenne-Chartres-Colmar-Créteil-Evreux-Evry-Fort de France-Gosier-Laval-Le Mans-Lille-Marseille-Melun-Mulhouse
juliete.bardet@hbx.eu engagement de confidenialité et une présentaion succincte du candidat. emma.obert@hbx.eu engagement de confidenialité et une présentaion succincte du candidat. Nantes-Orléans-Paris-Poitiers-Rennes-Rouen-Saint MartinTours-Versailles
ENTREPRISES Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos 18

Etats-Unis : les commerçants

cherchent la parade aux retours abusifs
l Aux Etats-Unis, les consommateurs ont renvoyé plus
de 100 milliards de dollars d’achats de façon injustifiée
voire frauduleuse.
l Des entreprises de logiciels proposent des outils
pour mieux gérer les retours.
logistique, avec des livreurs, des Certains logiciels permettent
BIENS DE points de contact, puis la remise en aussi de surveiller les brusques pics
CONSOMMATION état pour revendre. « Comme il y a d’achats, qui risquent d’être suivis
une saisonnalité, parfois les mar- de pics de retours frauduleux. « Les
Solveig Godeluck chandises deviennent invendables. Il criminels en bande organisée savent
— Bureau de New York y a aussi un problème de marges, qui exactement quand rendre les pro-
ne sont pas très élevées dans la duits, par exemple à trois heures de
La crise du Covid n’a pas seulement mode », explique Alex Shamir, de l’après-midi un samedi, en plein coup
accéléré l’adoption chez les Améri- Yofi, une start-up du Montana qui de feu. Ils vont cibler les marchands
cains du commerce en ligne, qui commercialise des logiciels de avec des politiques de retour accom-
capte 27,4 % des ventes en valeur cartographie sociale afin de repérer modantes, qui ne demandent ni reçu,
en 2023. Elle a aussi dopé les retours le « 1 % d’acteurs malintentionnés ». ni emballage d’origine », poursuit
de marchandises. Les consomma- Face aux abus, les commerçants Tom Enright.
teurs ont en effet profité des politi- tentent de s’organiser. Depuis 2022, Les marchandises à bas prix
ques commerciales très libérales plusieurs chaînes ont mis fin à leur doivent aussi faire l’objet de la vigi-
mises en place en 2020 pour ren- politique de retours gratuits. En lance des vendeurs. Walmart,
voyer des montagnes de vêtements septembre 2023, H&M a annoncé Amazon, Chewy ont dit à leurs
ou d’équipements high-tech aux son tarif – 5,99 dollars – avant de consommateurs mécontents de les
sites marchands. préciser que cette taxe ne s’appli- garder plutôt que de les renvoyer,
Selon la fédération américaine querait uniquement aux retours via p our économiser le coût des
National Retail Foundation, qui un livreur. retours. Mais les réseaux criminels
tenait son salon annuel cette peuvent alors passer des milliers de
semaine à New York, 101 milliards commandes d’articles à 12 dollars et
de dollars de retours pouvaient être Depuis 2022, se les faire rembourser en toute
qualifiés d’abusifs voire frauduleux impunité. Pour aider Walmart à
en 2023, soit 13,7 % du montant
plusieurs chaînes ont gérer ces « petits » retours, GoTRG
total retourné. Le phénomène mis fin à la politique a déployé un logiciel d’aide à la
s’amplifie : l’année précédente, de retours gratuits. décision qui prend en compte le
c’était 85 milliards et 10,4 % des prix du bien et les comportements
retours. « Aux Etats-Unis, les retours d ’a c h a t s d u c o n s o m m a t e u r
frauduleux sont passés de 5 % en 2018 Quand le colis est déposé au « retourneur ». « On repère par
à plus de 13 %. Ce n’est pas toujours magasin, les vendeurs peuvent exemple ceux qui renvoient la mar-
criminel, ce sont des abus de toute vérifier que la marchandise corres- chandise le 14e jour, sachant qu’ils ont
nature », souligne Tom Enright, pond à la description. Un passage 15 jours pour le faire », explique Som
analyste chez Gartner et spécialiste en magasin crée des opportunités Mukherjee, le directeur financier.
des chaînes d’approvisionnement. de vente. Amazon l’a bien compris,
qui fait payer 1 dollar symbolique Prévention En septembre 2023, H&M a annoncé son tarif pour les retours – 5,99 dollars – avant de préciser
Les indélicats et les voleurs aux clients qui renvoient par colis GoTRG travaille également avec les que cette taxe s’appliquerait uniquement aux retours via un livreur. Photo Alex Tai/Sopa Images/Sipa
Il y a les indélicats, qui portent un alors qu’ils habitent au voisinage petits commerçants. « Avec leurs fai-
vêtement une fois et le rendent le d’un de ses magasins (Whole Foods, bles marges, c’est vital pour eux de
lendemain. Les sans-gêne, qui
commandent une série de pulls ou
de pantalons identiques en plu-
Amazon Fresh).
« Ça énerve les consommateurs
qu’on les fasse payer, car la responsa-
bien gérer les retours. Nous avons des
accords avec Shopify, Amazon, Wal-
mart Marketplace, qui nous permet-
Le consommateur américain,
sieurs tailles et couleurs pour faire
l’essayage à la maison, avant de
bilité du vendeur explique 73 % des
retours », met en garde Tom Enright,
tent d’observer les comportements
sur l’ensemble de chaque plate-
cet infatigable dépensier
renvoyer ces articles aux frais de la en énumérant les erreurs sur les forme », poursuit Som Mukherjee.
princesse. Et puis il y a les voleurs. tailles, les colis accidentés. Le Au-delà de la lutte contre la Au salon du commerce qui décembre, soit deux fois la prévision mateurs devraient être beaucoup
Certains s’offrent des marchandises consultant a dans son radar 25 en- fraude et les abus, les entreprises s’est tenu cette semaine du consensus », pointe Erik Nor- plus heureux qu’ils ne le disent »,
avec des cartes de crédit piratées ou treprises qui proposent des solu- ont tout à gagner à faire de la pré- à New York, les experts land, économiste senior de CME. constate Mark Mathews. Certains
subtilisées, et essaient ensuite de se tions logicielles de « gestion des vention. « Avec les retours, vous pariaient sur une année attribuent la déconnexion entre
faire rembourser leurs emplettes. retours », d’Apriss à GoTRG. « Une perdez deux fois : vous payez le 2024 à nouveau positive. Des dépenses « saines » les indicateurs au climat politique
D’autres achètent deux produits, entreprise comme NewMind va faire retour, et vous perdez l’opportunité Ils pointent la déconnexion Les analystes de Bank of America, divisé dans le pays, avec des opi-
échangent les étiquettes, gardent le de la prévention en regardant pour- de vendre un produit », rappelle Suzy entre le moral qui suggèrent d’attendre les nions qui viendraient teinter la
plus cher, mais se le font rembour- quoi les gens renvoient une marchan- Davidakhanian, consultante chez des consommateurs chiffres de janvier pour éviter le perception des électeurs-consom-
ser. Parfois, la boîte est renvoyée dise », raconte-t-il. « Ils calculent un Insider Intelligence. « Je pense et les dépenses. « bruit » parfois trompeur de la fin mateurs, voire leurs déclarations.
vide ou lestée, en profitant du fait “score de rétention” pour chaque pro- qu’utiliser l’intelligence artificielle et d’année, pointent en tout cas des « Il vaut mieux regarder ce que les
qu’UPS ou Fedex ne vont pas duit. Si une paire de chaussures quelques autres outils pour assu- Véronique Le Billon dépenses de consommation globa- consommateurs ont en poche : ils ne
vérifier s’il y a bien un téléviseur ou s’écarte du score acceptable, ils pour- rer que vous donnez vraiment au — Bureau de New York lement « saines ». Le consomma- dépensent pas leurs sentiments, ils
un téléphone dans le colis. ront voir que, d’après les commen- consommateur le bon produit au teur américain, dont les dépenses dépensent leur portefeuille », juge
Ces abus coûtent très cher aux taires utilisateurs, la taille 10 n’est bon moment sera très important à Le consommateur américain a du représentent 70 % de la valeur du désormais Mark Mathews.
commerçants. Ils doivent gérer la pas bien dimensionnée. » l’avenir », prédit-elle. n ressort. L’inflation est encore PIB aux États-Unis, a déjà été
élevée, les taux d’intérêt sont au particulièrement résilient : niveau L’incertitude d’une année
plus haut, mais les Américains consommation, sa part de marché électorale
ANNLEGALECH devraient continuer à dépenser dans le « retail » mondial a grimpé Avec une élection présidentielle
plus dans les commerces cette à 44 % cette année, contre 41 % en en novembre, l’un des risques
annonces judiciaires & légales année, ont estimé les experts réu-
nis du 14 au 16 janvier à New York
2017, selon les chiffres de Kantar.
Ces dernières années, il a aussi
pour l’année qui débute pourrait
être « les tensions autour du cycle
pour le « Big Show » annuel de la défié son propre ressenti : alors électoral, ce qui crée toujours un
Syndicat Intercommunautaire pour l’Assainissement de la Région de Cergy-Pontoise et du Vexin
National Retail Federation (NRF). que la confiance des consomma- peu d’incertitude et peut avoir un
AVIS D’ENQUETE PUBLIQUE
« Nous sortons d’une période avec teurs était mal orientée, nourris- impact négatif », pointe Suzy
ELABORATION ET MISE A JOUR DES ZONAGES D’ASSAINISSEMENT EAUX USEES ET EAUX PLUVIALES
une croissance réelle [après infla- sant les craintes d’une récession, Davidkhanian, vice-présidente
DES COMMUNES DE BRIGNANCOURT ET US
Par arrêté du 10 janvier 2024, tion, NDLR] négative des revenus, et les dépenses se sont toujours contenus à Insider Intelligence.
Le Président du SIARP a ordonné l’ouverture de l’enquête publique sur le projet d’élaboration et de mise à jour des zonages allons maintenant vers une crois- avérées en croissance. « La rela- Avec des options de consomma-
d’assainissement eaux usées et eaux pluviales des communes de BRIGNANCOURT et US
sance réelle positive, surtout pour tion est rompue entre l’indice de tion toujours plus large, la consul-
A cet effet, et par décision du 23 novembre 2023, M. Albert DUBOIS, Directeur régional France Télécom en retraite, a été
désigné en qualité de Commissaire Enquêteur par M. le Président du Tribunal Administratif de Cergy Pontoise. les plus bas salaires qui épargnent confiance des consommateurs et tante observe aussi une quête
L’enquête se déroulera du lundi 05 février au vendredi 08 mars 2024 inclus. moins », pointe Mark Mathews, leurs dépenses réelles. Les consom- d’information des commerçants
Les dossiers d’enquête, dans lesquels figurent les informations environnementales sur les projets objets de l’enquête, seront directeur de la recherche à la NRF. au-delà de leurs secteurs tradi-
consultables : « Les gens peuvent se permettre tionnels. « Ils s’intéressent de plus
- En mairie de BRIGNANCOURT ET US, aux jours et horaires habituels d’ouverture, d’être endettés, les retards de paie-
« Les ventes au en plus à la façon dont les gens se
- Au SIARP, 9 rue Pierre Curie à PONTOISE, aux horaires suivants :
ment sont d’ailleurs à un niveau détail aux Etats- divertissent, dont ils utilisent leur
• Du lundi au jeudi : de 8h00 à 12h00 et de 13h30 à 17h00
• Le vendredi : de 8h00 à 12h00 et de 13h30 à 16h30 historiquement bas. » Et la politique Unis ont nettement temps et leur argent », note Suzy
monétaire de la Réserve fédérale Davidkhanian, pointant l’exemple
Le Commissaire Enquêteur recevra le public en mairie des communes concernées aux dates suivantes :
devrait commencer à s’assouplir
surpris, avec une récent de Carrefour et Netflix, qui
- Brignancourt :
o Le mercredi 14 février 2024 de 14h00 à 16h00 ; et faire refluer les taux d’intérêt, hausse de 0,6 % viennent de nouer un accord liant
o Le samedi 02 mars 2024 de 10h00 à 12h00 ;
- Us :
« même si le dernier point d’infla- hors automobiles leurs deux marques.
tion montre que cela risque d’être et essence en L’impact de l’intelligence artifi-
o Le mercredi 14 février 2024 de 09h00 à 12h00 ;
un peu plus long à atteindre. » cielle dans les relations avec les
o Le samedi 24 février 2024 de 10h00 à 12h00.
Pendant la durée de l’enquête, chacun pourra prendre connaissance du dossier et consigner éventuellement ses observations Cet environnement favorable a décembre, soit consommateurs reste encore
sur les registres papiers d’enquête ou les adresser par écrit au siège du SIARP (par courrier au 9 rue Pierre Curie 95300 Pontoise été confirmé, mercredi, par le deux fois difficile à mesurer. « L’IA existe et
ou par mail à enquetepublique@siarp.fr), à l’attention du commissaire enquêteur qui les visera et les annexera audit registre.
Des informations relatives aux projets soumis à enquête publique sont également disponibles sur le site internet du SIARP à chiffre des ventes de fin d’année. la prévision est utilisée depuis longtemps. Ce qui
l’adresse suivante : www.siarp.fr : www.siarp.fr Après une saison des fêtes qui s’est change maintenant, c’est que les
étalée sur une plus longue période
du consensus. » consommateurs l’utilisent davan-
La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot. qu’habituellement, « les ventes au ERIK NORLAND tage eux-mêmes », note Suzy David-
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet. détail aux Etats-Unis ont nettement Economiste khanian. « L’enjeu pour les com-
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69. surpris, avec une hausse de 0,6 % merçants est donc de voir comment
hors automobiles et essence en améliorer l’expérience client. » n
19 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
En France, le secteur de la boulangerie-pâtisserie pèse 15,1 milliards d’euros, selon Food Service Vision. Photo Yuki Iwamura/AFP
La boulangerie impactée par
les arbitrages de consommation
RESTAURATION
Le secteur a encore vu
ses ventes progresser
de 5 % en 2023, selon
Food Service Vision.
Mais il a moins bien
terminé l’année qu’il
ne l’avait commencée.
Clotilde Briard
Retour à la normale pour les boulan-
geries-pâtisseries. 2021 avait été du
pain bénit pour le secteur qui avait
notamment bénéficié de la ferme-
ture des restaurants une partie de
l’année. En 2022, il avait encore
connu une hausse de 9 % de ses ven-
tes. 2023 marque la fin de cette
période très dynamique.
Les ventes ont, en effet, vu leur
progression ralentir. Malgré la
hausse des prix liée à l’augmenta-
tion des coûts, elles ne se sont
accrues que de 5 % l’an dernier, à
15,1 milliards d’euros, selon la Revue
boulangerie-pâtisserie que publie
Food Service Vision. Surtout, la
situation s’est dégradée au fil des
Les bureaux partagés séduisent toujours
IMMOBILIER
Selon une étude du
cabinet de conseil JLL,
26 % des salariés
français travaillent
aujourd’hui dans
des entreprises ayant
adopté le modèle
du flex office.
Et cette part devrait
encore grimper
jusqu’à 40 % au cours
des deux prochaines
années.
Florian Maussion
Le flex office s’enracine dans le quo-
tidien des salariés français. Selon
une étude publiée jeudi par le cabi-
net de conseil JLL, le modèle des
bureaux partagés concerne désor-
mais 26 % d’entre eux, contre 8 %
avant la pandémie de Covid, qui a
servi de catalyseur à son développe-
ment.
S’appuyant sur un sondage
auprès de 1.000 personnes réalisé
par l’institut CSA Research, ren-
forcé par 42 entretiens approfon-
dis, l’étude dresse un portrait-robot
mois alors que le premier trimestre
s’affichait au-dessus de 10 %. En
novembre, il n’enregistrait que 1 %
de plus qu’en 2022. En cause : une
évolution du comportement des
consommateurs.
« Une nouvelle séquence s’ouvre.
Les Français continuent à fréquenter
ces points de vente très régulièrement.
Mais ils opèrent des arbitrages. Une
personne sur cinq achète moins de
produits. Certains optent pour des
types de pâtisserie ou de snacking
moins chers », relève Michael Ballay,
directeur associé chez Food Service
Vision.
Hausse des prix du beurre,
du chocolat, de la crème
D’autant que la filière a dû répercu-
ter des hausses du tarif des ingré-
dients qui l’ont encore plus touchée
que la restauration. Le beurre, la
crème ou le chocolat, cruciaux en
pâtisserie, ont ainsi connu des aug-
mentations très importantes. Sans
oublier les gros besoins en énergie
pour le pain.
L’un des facteurs de croissance
des dernières années tient à la place
prise par le repas de midi, aidée par
une extension de l’offre comme les
poke bowls ou par l’ouverture de ter-
du salarié en flex office. Celui-ci tra-
vaille plus probablement en région
Ile - de -France – où 32 % sont
concernés contre 23 % ailleurs –,
dans le secteur privé – 30 % des sala-
riés contre 12 % dans le public –, et
plus particulièrement dans les télé-
coms (60 % des effectifs), la banque
(47 %) ou l’énergie (42 %).
Cinq postes pour dix colla-
borateurs dans le privé
Le secteur privé est d’ailleurs celui
qui a poussé le modèle le plus loin.
« Actuellement, le ratio est à sept
postes pour dix collaborateurs,
explique Rémi Calvayrac, direc-
teur du département Work Dyna-
mics (dynamiques de travail) chez
JLL. […] Si l’on se focalise sur le sec-
teur privé, les ratios atteignent jus-
qu’à six voire cinq postes pour dix
personnes. » Dans le public, la
moyenne tourne encore autour de
huit à neuf postes pour dix person-
nes. « Mais la grande rupture, c’est
que tous les secteurs s’y mettent,
sans exception », poursuit Rémi
Calvayrac.
Et les salariés ne semblent pas
s’en plaindre. Quelque 71 % de ceux
qui ont déjà franchi le pas disent
être « satisfaits », selon l’étude, tan-
dis que 73 % de l’ensemble de
l’échantillon estiment que le flex
office « répond aux nouvelles atten-
rasses. Le Salon Sirha Europain
2024, qui doit réunir les profession-
nels du 21 au 24 janvier à Paris, porte
de Versailles, a d’ailleurs renforcé la
place accordée au snacking.
Aujourd’hui, plus de la moitié des
Français se rend en boulangerie
pour acheter de la restauration
salée. Mais, depuis la rentrée, les
cantines ont repris des parts de mar-
ché en même temps que le télétra-
vail commençait à baisser.
Evolution accélérée
Le paysage évolue également. Sur les
32.600 points de vente français
recensés par Food Service Vision,
30.100 sont des indépendants. Ils
représentent 7 visites de clients sur
10. Mais les boulangeries de chaînes,
de Marie Blachère à Paul, en passant
par Ange, Louise, Sophie Lebreuilly
ou Feuillette, continuent à grignoter
du terrain. Avec 8 % des boutiques,
elles pèsent 18 % du chiffre d’affaires
contre 17 % en 2021.
Les indépendants ont perdu une
centaine de boulangeries quand les
réseaux en ont gagné environ 400,
selon le cabinet. « Les points de vente
qui ferment sont plutôt anciens, en
milieu rural, tenus par des couples ne
trouvant pas de successeurs. Les bou-
tes en matière de mode de travail ».
Huit salariés sur dix pensent par
ailleurs que ce modèle « est appelé à
durer, compte tenu des enjeux écono-
miques et environnementaux ».
Cette acceptation répond cepen-
dant à des exigences bien précises.
Les conditions les plus citées sont
ainsi la garantie d’avoir un endroit
où s’installer, la possibilité de
s’asseoir près de ses collègues, tout
en disposant de bureaux et d’espa-
ces communs qualitatifs. Le fait de
pouvoir disposer de bulles pour
s’isoler et de salles de réunion fait
également partie des critères de
base. Le flex office a aussi instauré
une forme d’accord « gagnant-ga-
gnant » entre l’employeur, qui peut
réaliser d’importantes économies,
et les salariés, qui y voient à 80 % « la
garantie d’un accès au télétravail ».
Perspectives « incertaines »
pour l’avenir
Le flex office semble donc avoir
encore de beaux jours devant lui.
JLL estime que la part de salariés
concernés pourrait grimper à 40 %
à l’horizon 2026. Mais le visage qu’il
adoptera à terme reste flou. L’étude
souligne ainsi que 59 % des salariés
« s’interrogent sur les effets potentiel-
lement délétères du modèle et consi-
dèrent qu’il pourrait bientôt être
dépassé ».
tiques se portant bien se situent en
zone urbaine ou périurbaine et sont
très axées sur les moments de snac-
king », relève Michael Ballay.
En 2024, Food Service Vision pré-
voit la fermeture de 100 à 200 bou-
langeries-pâtisseries indépendantes
fragiles. A l’inverse, il observe le nou-
veau tour que prend la bataille à
laquelle se livrent les chaînes, qui ne
se contentent plus des périphéries.
« Elles s’attaquent aux centres-villes.
Elles sont de plus en plus nombreuses
à s’installer à Paris. Il y a fort à parier
que le mouvement concernera aussi
Lyon, Marseille ou Nantes », prédit
l’expert.
Le cabinet considère que les pers-
pectives à moyen terme de la filière
restent plutôt bonnes, avec la néces-
sité de veiller à conserver des
marges alors que les modèles éco-
nomiques se montrent plus compli-
qués. La croissance devrait cepen-
dant être beaucoup moins rapide
que dans les dernières années puis-
qu’il table sur un chiffre d’affaires de
15,6 milliards d’euros à l’horizon
2026, soit seulement 3,3 % de plus
qu’en 2023. Quant aux ventes de pro-
duits de snacking, elles devraient
être, à la même époque, 15 % supé-
rieures à 2022. n
« A court terme, le flex office sem-
ble avoir trouvé un équilibre et être
parvenu à maturité, [mais] dans une
perspective de plus long terme,
l’incertitude domine, explique ainsi
Flore Pradère, directrice Recherche
et Prospective au sein de l’équipe
Work Dynamics. Si salariés et
employés s’accordent sur le fait qu’un
retour en arrière n’est ni possible, ni
même souhaitable, les points de vue
diffèrent quant au devenir du flex
office tel que nous le connaissons
aujourd’hui. » n
Les chiffres clés
71 %
DES TRAVAILLEURS
EN FLEX OFFICE
disent être « satisfaits ».
80 %
DES SALARIÉS
pensent par ailleurs
que ce modèle « est appelé
à durer, compte tenu
des enjeux économiques
et environnementaux ».
mécénat
Le plus grand catamaran
du monde dédié à la culture
FONDATION
Le bateau-musée imaginé
par l’entrepreneur Frédéric
Jousset débutera au
printemps son itinérance
en Méditerranée. Pour aller
à la rencontre du public,
la fondation du mécène
utilise également les
camions-musées « MuMo ».
Martine Robert
Le 1er février prochain sera pour
Frédéric Jousset, l’entrepreneur
qui a fait fortune avec les centres
d’appels Webhelp, une étape
majeure en tant que mécène : il
présentera le festival de sa fon-
dation Art Explora, qui aura
pour scène son bateau-musée
ArtExplorer, lors d’un périple
reliant 20 ports de 15 pays médi-
terranéens, à commencer par
Malte puis Marseille, du prin-
temps 2024 à l’automne 2026.
L’homme d’affaires a financé
pour 41 millions d’euros le plus
grand catamaran du monde
qu’il met à disposition, huit mois
par an, de sa fondation : de quoi
offrir à bord et à quai (dans un
village éphémère réalisé par
Jean-Michel Wilmotte et GL
events déployé à chaque escale)
des expériences culturelles gra-
Le gigantesque catamaran, de 350 tonnes, avec sa voile
de 56 mètres de haut, est piloté par 10 marins. DR
tuites aux deux millions de visi-
teurs attendus : expositions, réa-
lité virtuelle, performances,
conférences, films, concerts…
Des partenaires d’exception
ont été mis à contribution
comme Le Louvre, Ubisoft ou
l’Ircam, le laboratoire musical
du Centre Pompidou. Une façon
inédite de favoriser l’accès à la
culture, qui a valu à la fondation
Art Explora d’être lauréate du
programme Europe créative de
la Commission européenne,
avec 2 millions d’euros d’aides à
la clé.
Plus de 2.000 bénévoles
C’est encore la voie du noma-
disme qu’a choisi Art Explora en
accompagnant le camion-mu-
sée MuMo × Centre Pompidou
qui parcourt les régions françai-
ses chargé d’art moderne et
contemporain : en 2022, 16.000
visiteurs y ont été accueillis,
dont beaucoup d’enfants. Un
concept décliné au Royaume-
Uni, avec la Tate Liverpool.
Créée en 2019, Art Explora est
devenue en mai 2023 une fonda-
tion reconnue d’utilité publique
(FRUP), ce qui lui permet de
trouver de nouveaux financeurs
privés et publics. « FRUP, c’est un
statut délivré à seulement 300
fondations en France ! En trois
ans à peine, Art Explora a démon-
ENTREPRISES
tré son utilité auprès des institu-
tions, des publics et de l’Etat », se
félicite Frédéric Jousset, qui a
depuis embarqué des poids
lourds dans la gouvernance de
la fondation : Centre Pompidou,
Académie des Beaux-Arts, Insti-
tut français.
« Aujourd’hui, le budget
annuel d’Art Explora est de
10 millions, dont 7 millions que
j’apporte. Je me sens l’initiateur
d’un mécénat qui me dépasse ! »
souligne encore Frédéric Jous-
set qui se rêve en « Greenpeace
de la culture » et n’a pas hésité à
débaucher le Monsieur Mécé-
nat du Louvre, Yann Le Touher,
pour trouver des donateurs.
Aux côtés d’une équipe de 40
permanents, plus de 2.000
bénévoles ont rejoint l’aventure,
impliqués notamment dans le
programme Allô Miró qui a déjà
apporté l’art auprès de 5.000
résidents d’Ehpad publics et
privés.
Art Nova, fond vertueux
Outre l’itinérance, l’autre voie
utilisée pour toucher un large
public est le numérique, à l’ins-
tar d’Art Explora Academy, une
plateforme gratuite et ludique
d’apprentissage de l’histoire de
l’art élaborée avec la Sorbonne
et suivie par 36.000 personnes,
avec possibilité de valider le
cursus.
De manière générale, la fon-
dation encourage l’innovation,
par son prix européen Art
Explora – Académie des beaux-
arts doté de 160.000 euros, et par
le partage de bonnes pratiques
entre professionnels avec son
rendez-vous international Arts
& Publics.
Enfin Art Explora soutient les
artistes et les chercheurs par des
résidences à la Cité internatio-
nale des arts (une soixantaine en
ont bénéficié) ou à bord d’ArtEx-
plorer à la découverte des éco-
systèmes et du patrimoine
méditerranéen.
« Parce que la culture offre
aussi des opportunités de crois-
sance et de création de valeur »,
rappelle Frédéric Jousset, il a
parallèlement créé le fonds à
impact ArtNova, doté de 100 mil-
lions. La moitié a déjà été injec-
tée dans la réhabilitation de sites
patrimoniaux (hôtels à Cham-
bord et Amboise), dans le
groupe Beaux-Arts, dans le lieu
événementiel et culturel Hangar
Y à Meudon, dans des sociétés
jugées novatrices (The Art Busi-
ness Conference, salons Sitem et
Museva, Artsper, Iris Galerie,
Realcast…). « Le fonds s’est
engagé à reverser 50 de ses plus-
values à la fondation. La boucle
est bouclée ! » pointe sa directrice
générale Solenne Blanc. n
HIGH-TECH&MEDIAS
Une année 2024
sous le signe
de l’antitrust pour
la tech américaine
l Les procès se succéderont pour Google, Meta et Apple.
l Les abus de positions dominantes, mais aussi le respect
des brevets et les acquisitions prédatrices seront
au cœur des débats.
GAFA
Florian Dèbes
Google devrait-il être contraint de
se couper en deux au nom d’une
concurrence plus juste ? Meta a-t-il
abusé de sa taille en rachetant Insta-
gram et WhatsApp, ses deux rivaux
les plus sérieux ? Apple a-t-il copié
les innovations d’un autre ?
Alors que toutes ses questions, et
d’autres, animeront ces prochains
mois une série de rendez-vous entre
les champions de la tech et les tribu-
naux aux Etats-Unis, le laisser-faire
qui a longtemps régné outre-Atlan-
tique pourrait toucher à son terme
en 2024. Tour d’horizon.
• GOOGLE
Déjà condamné à trois reprises
en Europe pour des pratiques anti-
concurrentielles, Google endosse
maintenant le costume du suspect
numéro un aux Etats-Unis dans la
tech. Trois affaires impliquant
l’entreprise dirigée par Sundar
Pichai mobiliseront les juges
en 2024. Dans la bataille juridique
l’opposant à Epic Games – qui a
convaincu un jury des abus de posi-
tion dominante du géant de Moun-
tain View sur le marché des maga-
sins d’applications mobiles –, un
juge doit maintenant préciser les
mesures correctives qui s’impose-
ront sur le Play Store. L’appel de Goo-
gle sera aussi étudié ultérieurement.
Mais les choses encore plus
sérieuses commenceront en mars.
Soupçonné d’abuser de son quasi-
Brevets : Masimo, la société prête à tout perdre
pour se faire respecter par Apple
Le fabricant californien
d’appareils médicaux
intégrés dans les Apple
Watch a gagné une manche
dans sa bataille contre
la firme à la pomme.
Marina Alcaraz
« Les bons artistes copient, les grands
artistes volent. » Il y a plus d’une ving-
taine d’années, Steve Jobs emprun-
tait cette citation à Picasso. Ces
propos résonnent curieusement
aujourd’hui dans l’affaire opposant
Masimo, 6,5 milliards de dollars de
capitalisation boursière, et la firme à
la pomme, une des deux sociétés
cotées les plus chères au monde avec
Microsoft. Le géant américain et le
fabricant californien d’appareils
médicaux se livrent une bataille
sans merci dans une guerre des bre-
vets aux allures inédites entre deux
sociétés de tailles aussi différentes.
Dernière décision en date : une
cour américaine a ordonné mer-
credi à Apple d’interrompre la vente
de ses derniers modèles de montres
connectées aux Etats-Unis. Déjà, la
Commission américaine du com-
merce international (ITC) avait
recommandé fin octobre d’inter-
monopole dans le domaine des tech-
nologies publicitaires, Google fera
face à la plainte de huit Etats améri-
cains et du ministère de la Justice qui
plaident pour scinder le groupe
en deux. En mai, un juge rendra son
verdict après le procès-fleuve de cet
automne au sujet du possible abus
de Google quand il s’agit de faire la
promotion de son moteur de recher-
che sur les smartphones. « Je n’ai
aucune idée de ce que je vais faire »,
admettait-il à la fin de l’audience.
Le suspens est entier, même si l’évo-
lution du cours de Bourse ne laisse
transparaître aucune inquiétude
chez les investisseurs.
• META
Aux Etats-Unis, le régulateur anti-
trust hausse régulièrement le ton
contre la maison mère d’Instagram
et Facebook pour ses pratiques en
matière de monétisation des don-
nées personnelles des enfants. Mais
le groupe de Mark Zuckerberg se
retrouvera aussi sur le gril d’un tri-
bunal pour de supposées « killer
acquisitions ». Dominant largement
les réseaux sociaux, il est accusé par
la FTC d’avoir avalé WhatsApp et
Instagram pour respectivement
19 milliards et 1 milliard de dollars,
afin de couper les ailes à ses rivaux.
« Facebook a racheté une start-up de
13 personnes sans chiffre d’affaires et
c’est maintenant commun de dire que
c’était anti-compétitif et un échec du
régulateur, mais à l’époque beaucoup
pensaient que c’était une folie de met-
tre 1 milliard de dollars pour ça », rap-
pelait récemment dans sa newslet-
ter l’analyste Benedict Evans.
dire aux Etats-Unis plusieurs modè-
les de l’Apple Watch, la marque à la
pomme étant accusée par Masimo
de copier ses technologies de détec-
tion du taux d’oxygène dans le sang.
« Cela montre que même les entrepri-
ses les plus puissantes doivent respec-
ter les droits de propriété intellec-
tuelle des inventeurs américains »,
s’est réjoui Joe Kiani, fondateur et
patron de Masimo.
David contre Goliath
Il y a derrière cette affaire juridique
hors norme une sorte de David
contre Goliath des temps moder-
nes. Joe Kiani en fait une mission
personnelle. « Personne ne leur tient
tête. Si j’y parviens, cela pourrait
changer Apple pour le meilleur »,
disait-il récemment au « Wall Street
Journal ». Son parcours l’a habitué à
se battre contre des plus grands que
lui : d’origine iranienne et émigré
aux Etats-Unis, il a gravi les éche-
lons dans la douleur : doué en
maths, il a sauté plusieurs classes, ce
qui en faisait le plus petit de sa classe
et il a dû se débrouiller seul adoles-
cent, avant de fonder Masimo à seu-
lement vingt-quatre ans.
Masimo n’est certes pas la seule
société à s’attaquer à un géant, mais
• APPLE
La marque à la pomme a beau jeu de
se présenter en championne de
l’innovation, la voici accusée de
copier un concurrent bien plus petit
que lui et donc d’endosser le mau-
vais rôle dans une guerre des bre-
vets déséquilibrée. Bien qu’elle ait
déjà fait appel de la décision d’une
commission fédérale, l’entreprise
de Tim Cook a dû cesser la vente aux
Etats-Unis de ses derniers modèles
de montres connectées et s’apprête
à commercialiser une version
dénuée d’une fonction de mesure du
taux d’oxygène dans le sang. Pour ce
dispositif de santé connectée désor-
mais largement répandu sur le mar-
ché, Apple aurait enfreint un brevet
de la société Masimo, un spécialiste
américain des appareils médicaux.
Mais cette question des brevets
ne concerne pas qu’Apple. Google
est lui aussi accusé d’avoir imité
sans le déclarer la technologie d’une
autre entreprise, Singular Compu-
ting, pour le développement de ses
puces dédiées à l’intelligence artifi-
cielle. Un jury doit statuer au sujet
d’une amende pouvant s’élever à
1,67 milliard de dollars.
• MICROSOFT
Après le feuilleton Microsoft/Activi-
sion, la prochaine saison des méga
rachats soumis au véto des régula-
teurs aura pour personnages princi-
paux OpenAI et… Microsoft. Victo-
rieux dans l’univers du jeu vidéo, le
groupe dirigé par Satya Nadella avait
pourtant joué la prudence. En inves-
tissant plus de 10 milliards de dollars
dans la start-up à l’origine du phéno-
elle est l’une des rares qui est allée
aussi loin. Car pour espérer gagner :
il faut de l’endurance. Et du cran :
Joe Kiani se déclare prêt à perdre sa
société s’il le faut. En général, les
petites sociétés sûres de leurs droits
cherchent un accord à l’amiable
lorsque débarque l’armée d’avocats
des multinationales.
Cela fait près
de trois décennies
que Masimo se bat
sur ce type de sujets.
Cela fait près de trois décennies
que Masimo se bat sur ce type de
sujets – contre Nellcor, Royal Philips
ou True Wearables – avec quelques
succès. Contre Apple, la société est
prête à mobiliser des moyens impor-
tants : elle indiquait en fin d’année
dernière avoir dépensé autour de
100 millions dans sa guerre contre
Apple, rapporte le « WSJ ». Par com-
paraison, elle affiche un résultat de
144 millions en 2022.
Peu de sociétés osent s’atta-
quer aux Gafa. « Aux Etats-Unis, les
frais de justice sont colossaux. Il faut
avoir les reins très solides », explique
Trois affaires impliquant Google, le groupe dirigé par Sundar Pichai, mobiliseront les juges en 2024.
mène ChatGPT, il s’était contenté
d’une participation minoritaire.
Mais l’implication cet automne du
patron de Microsoft pendant la vio-
lente crise interne qui a secoué la
pépite de l’IA a fait tiquer les anti-
trusts européens, britannique et
américain. Ils ont tous ouvert des
enquêtes. Cette affaire ajoutera au
contexte d’incertitude qui règne
depuis plusieurs années autour des
fusions-acquisitions dans le secteur.
Déjà, en 2023, les accords de rappro-
chement entre Adobe et Figma,
entre Meta et Giphy et entre Booking
et Etraveli sont tombés à l’eau par
crainte de ne pas satisfaire les auto-
rités de régulation. n
Emmanuel Durand, avocat chez
DWF. Les frais de justice ne sont pas
remboursés à la partie qui gagne,
même si les dommages et intérêt
peuvent être colossaux. En face, les
Gafa ont les moyens – et une straté-
gie élaborée – de protéger leur pro-
priété intellectuelle et leurs brevets.
« Souvent, les petites sociétés ne sont
pas armées juridiquement pour ver-
rouiller des brevets solides dès le
début », ajoute Marie-Ange Pozzo di
Borgo, avocate chez Gide.
Une autre raison pour expliquer
le faible nombre de procès contre
des géants de la tech est « à lier avec
la stratégie de ces derniers, qui se
sont construits en grande partie par
acquisitions. Plutôt que d’engager
des frais colossaux dans des procès
par nature aléatoires, la cession pure
et simple de la start-up est plus lucra-
tive et moins dangereuse », reprend
Emmanuel Durand.
Il y a eu toutefois quelques exem-
ples de « David » se battant contre
des « Goliath » dans des affaires de
brevets : AliveCor (appareils médi-
caux) contre Apple ou Touchstream
Technologies contre Google, où ce
dernier a été condamné à verser
plus de 300 millions de dommages
et intérêts l’été dernier. n
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
Epic Games suspendu aux
qui pourraient « ouvrir » le
d’applications de Google
La justice américaine
doit se prononcer très
bientôt sur les remèdes
qui pourraient forcer
Google à ouvrir son Play
Store. Le célèbre studio
de jeux vidéo vient
en revanche de perdre son
combat dans son procès
parallèle visant Apple.
Chez Google, les équipes chargées
du Play Store retiennent leur souf-
fle. En Californie, le juge James
Donato doit se prononcer très
bientôt sur les remèdes pour
« ouvrir » le célèbre magasin
d’applications à la concurrence,
dans un clap de fin suivi par tout
l’écosystème du mobile. Une
audience avait lieu jeudi, à 10 heu-
res du matin à San Francisco.
Sa décision s’inscrit dans le
cadre du procès « Epic Games vs.
Google » porté par le créateur du
jeu « Fortnite », en croisade
contre les magasins d’applica-
tions des géants américains
Google et Apple.
« Les dominos vont
commencer à tomber »
Depuis des années, Epic Games
reproche au géant de la recherche
en ligne de prélever, comme
Apple, des commissions sur cha-
que dépense « in-app » pouvant
aller jusqu’à 30 %. Mais aussi de
verrouiller illégalement le mar-
ché des applis en « payant des
milliards de dollars » aux déve-
loppeurs qui voudraient créer une
alternative au Play Store et, enfin,
de nouer des « accords très lucra-
tifs » avec les fabricants de smart-
phones pour qu’ils pré-installent
par défaut son magasin d’applica-
tions. Ce qui lui a permis de consti-
tuer, selon lui, un juteux duopole
avec l’App Store d’Apple.
20
Mi-décembre, la justice améri-
caine a donné raison à Epic
Games face à Google. Le jury a
estimé que Google détenait bien
un monopole sur la distribution
d’applications dans Android (son
système d’exploitation mobile) et
sur celui des services de paie-
ment. « Les dominos vont com-
mencer à tomber. […] La fin des
30 % est en vue », avait alors
déclaré Tim Sweeney, le patron
d’Epic Games.
James Donato ira-t-il jusqu’à
demander la suppression de cette
commission, qui aurait permis à
Google d’amasser 12 milliards de
dollars de profits rien qu’en 2021,
selon Epic Games ? En face, Goo-
gle estime que cette dîme est
nécessaire pour assurer la sécu-
rité de son Play Store, pour finan-
cer ses énormes dépenses de
R&D dans Android (environ
40 milliards) et pour rémunérer
son pouvoir de distribution.
Quoi qu’il en soit, l’enjeu est
maximal pour Epic Games alors
qu’il vient de perdre une autre
manche dans un deuxième pro-
cès similaire, cette fois contre
Apple. Cette semaine, la Cour
suprême des Etats-Unis a rejeté
l’appel d’Epic Games. Le studio
cherchait à faire annuler un juge-
ment en première instance, qui
avait conclu que les pratiques
d’Apple dans l’App store respec-
taient bien le droit américain
12
MILLIARDS DE DOLLARS
Le montant des profits réalisés
en 2021 par Google grâce à la
commission prélevée dans son
store, selon Epic Games.
 21 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
Concurrence : Intel remporte
une nouvelle victoire face à Bruxelles
ÉLECTRONIQUE
L’avocate générale de
la Cour de justice de
l’UE a proposé jeudi
de retoquer un énième
pourvoi de la Commis-
sion européenne.
L’affaire, une histoire
d’abus de position
dominante, dure
depuis quinze ans.
Fabienne Schmitt
— Bureau de Bruxelles
Nouvel épisode juridique dans la
rocambolesque saga de l’amende
record à 1,06 milliard, infligée par la
Commission européenne à Intel,
pour abus de position dominante
sur le marché des processeurs x86,
il y a… quinze ans.
Jeudi, l’avocate générale de la
Cour de justice de l’Union euro-
péenne (CJUE) a proposé, dans un
avis non contraignant, de retoquer
un énième pourvoi dans cette
affaire, émis par la Commission
européenne. L’amende de Bruxelles
avait été confirmée par le Tribunal
de l’UE, dans un premier temps
(en 2014), avant que la CJUE ne
demande à ce dernier de rejuger
l’affaire. Puis, coup de théâtre, après
Jacquelyn Martin/AP/Sipa
réexamen, le Tribunal avait annulé
intégralement l’amende, en 2022…
C’est le pourvoi de la Commission
européenne, contre cet arrêt du
Tribunal, sur lequel l’avocate géné-
Wifirst signe
remèdes en Allemagne sa plus
magasin grosse acquisition
TÉLÉCOMS
de la concurrence. Sans succès.
« La bataille judiciaire pour ouvrir Le champion français
iOS aux magasins alternatifs du wi-fi boucle
une transaction
et aux systèmes de paiement est
perdue aux Etats-Unis », a tweeté d’une trentaine
Tim Sweeney. de millions d’euros.
Mais Epic Games n’a pas dit son
dernier mot. Le studio va contes- Il se renforce en Alle-
ter devant la justice la « mauvaise
foi » d’Apple au sujet de l’« anti-
magne en achetant son
steering ». Cette pratique consiste
concurrent Hotsplots.
à centraliser tous les achats et les
abonnements dans l’application. Raphaël Balenieri
Ainsi, les utilisateurs ne peu-
vent pas passer par un site Web L’année démarre bien chez Wifirst,
externe et Apple est assuré de tou- le champion français du wi-fi, four-
cher sa commission. nisseurs de bornes pour les hôtels
Accor, les magasins Intersport, les
Une nouvelle commission casinos Barrière ou les centres
La justice en première instance Norauto. La start-up, qui a long-
ayant jugé cette pratique illégale temps compté Vincent Bolloré
et la Cour suprême ayant clôturé parmi ses actionnaires et fait partie
l’affaire, Apple a été contraint du Next40, vient de se renforcer en
d’autoriser les liens Web externes Allemagne en rachetant Hotsplots,
dans les applis. Mais la firme est
vite retombée sur ses pattes, en
son concurrent local. Le rachat
s’élève à une trentaine de millions
instaurant… une nouvelle com- d’euros, selon nos informations.
mission de 12 % (pour les petits Il s’agit de la cinquième acquisi-
développeurs) à 27 % sur ces tion de Wifirst – et sa plus impor-
dépenses réalisées hors appli. tante à date. La start-up fondée
Car pour Apple, les déve- en 2002 par Marc Taieb va récupé-
loppeurs qui préfèrent passer par rer les 7.000 clients de Hotsplots,
des liens externes continuent dont la prestigieuse Deutsche Bahn,
malgré tout de « bénéficier de la la SNCF allemande, et une grosse
technologie propriétaire d’Apple, équipe de 50 personnes pour gon-
d’outils protégés par la propriété fler son bureau de Berlin. « En
intellectuelle et de l’accès à sa base Europe, nous avons refusé beaucoup
utilisateurs », justifie Apple sur de dossiers, mais pour Hotsplots, on y
son site. Tim Sweeney, lui, a est allé sans hésiter, note le fondateur.
dénoncé une mesure « qui tue la Ils ont une culture similaire à Wifirst
compétition prix ». Ce bras de fer et de très bons talents en tech. »
là va continuer aux Etats-Unis.
En Europe, Epic Games attend Petit Poucet du wi-fi
avec impatience l’entrée en Cette acquisition arrive un an après
vigueur début mars du Digital que Wifirst a rejoint le Next40, le
Markets Act (DMA), même si label de la French Tech qui regroupe
Apple a déjà lancé des démarches les 40 start-up les plus prometteu-
pour éviter les obligations asso- ses de l’écosystème français. Peu à
ciées au nouveau règlement de peu, le Petit Poucet du wi-fi français
Bruxelles. — R. Ba. (désormais détenu par Capza,
HIGH-TECH & MEDIAS
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Intel : reconquérir le leadership
des puces dans « La Story », le
podcast d’actualité des « Echos ».
Ce n’est pas certes pas le verdict
final – que l’on aura dans quelques
mois – mais la plupart du temps,
quoique pas systématiquement, la
CJUE suit l’avis de l’avocat général.
Bruxelles persiste et signe
La Commission a, du reste, déjà tiré
des enseignements sur cette affaire.
Récemment, elle a annoncé avoir
réduit l’amende d’Intel de plus de
1 milliard à 376 millions, à la suite de
son revers en justice.
La nouvelle amende a été infligée
pour les mêmes faits de pratiques
anticoncurrentielles dans le sec-
teur des semi-conducteurs. Mais
elle a été amoindrie pour tenir
En 2009, Intel s’est vu infliger une amende record de plus de 1 milliard par la Commission compte des conclusions du Tribu-
européenne, qui avait été retoquée treize ans plus tard. Photo Shutterstock nal qui n’avait que partiellement
retoqué la décision de la Commis-
rale, Laila Medina, se prononçait La Commission reprochait, entre Les pratiques jugées concernent sion – même s’il avait annulé inté-
jeudi. Or, elle donne très clairement autres, justement, une série des rabais d’exclusivité accordés gralement l’amende. Le Tribunal
tort à la Commission européenne, d’erreurs de droit au Tribunal qui par Intel à HP et à Lenovo pour avait notamment confirmé que les
en proposant de « rejeter » son avait estimé qu’elle n’avait pas qu’ils limitent, retardent ou annu- « restrictions flagrantes » d’Intel
pourvoi, estimant erronée son démontré le caractère abusif des lent la vente de produits contenant constituaient un abus de position
analyse ayant conduit à l’amende pratiques d’Intel, ayant eu pour des puces informatiques de son dominante. Bref, la fin du feuilleton
à plus de 1 milliard pour Intel. effet d’évincer ses concurrents. principal rival, AMD. n’est donc pas pour tout de suite. n
7H/9H
Amundi, la BPI et Socadif) se mue
en champion européen du secteur.
Wifirst est présent en Espagne,
en Italie, au Royaume -Uni et
en Allemagne mais couvre, grâce à LA MATINALE
des partenaires, 29 pays, notam-
ment en Afrique de l’Ouest. AVEC
De quoi donner des ailes à son
DAVID ABIKER
dirigeant. « Aux Etats-Unis, le leader
du marché s’appelle Apogee. Je veux
les dépasser en termes de renommée,
de clients, de technologie, promet
Marc Taieb, également membre du
conseil d’administration de Canal+.
Quand nous serons prêts, Wifirst ira
aussi aux Etats-Unis. »
En attendant, Wifirst continue de
surfer sur sa croissance. La start-up
de 350 salariés réalise un chiffre
d’affaires de 100 millions d’euros et
est rentable depuis 2015. Au premier
semestre, ses ventes ont augmenté INFO . ÉCO . CULTURE . MUSIQUE
de 13 %, en ligne avec les années
passées. « Cela fait vingt ans que
nous sommes en croissance de 15 %
par an », s’enorgueillit Marc Taieb. L’ART DE BIEN
Le marché du wi-fi
COMMENCER LA JOURNÉE.
professionnel
est en plein essor
et le besoin en
connectivité explose.
Le marché du wi-fi professionnel,
il est vrai, est en plein essor. Le
besoin en connectivité explose. Or
les technologies mobiles peuvent
parfois être insuffisantes. Ainsi,
dans les immeubles de bureaux,
55 % des salariés en France estiment
que la couverture mobile 4G-5G y
est insuffisante, selon une étude
récente OpinionWay-TDF. Face à
cela, 43 % des salariés optent plutôt
pour le wi-fi de l’entreprise, mais
32 % restent en 4G-5G, faute d’avoir
accès au wi-fi de leur société, parce
que la procédure est trop compli-
quée ou parce que le réseau est jugé
moins sécurisé que la 4G-5G. n
START-UP
Brigad forcée de licencier
un cinquième de ses effectifs
Le 12 novembre 2020, la Cour de cassation a stipulé que Brigad était régie par les règles applicables aux plateformes numériques.
APPLICATIONS
La plateforme qui met
en relation des entre-
prises avec des indé-
pendants dans les
secteurs de l’hôtelle-
rie-restauration et du
médical va procéder à
un plan de sauvegarde
de l’emploi qui
concerne 40 postes.
Charlie Perreau
La nouvelle année ne signifie pas
que tous les problèmes de la French
Tech sont derrière elle. Brigad a
annoncé il y a quelques jours à ses
salariés un plan de sauvegarde de
l’emploi (PSE) en vue de supprimer
40 postes. La plateforme qui met en
relation des entreprises avec des
indépendants dans les secteurs de
l’hôtellerie-restauration et du médi-
cal passera ainsi de 190 à 150 sala-
riés, soit une baisse de 20 % de ses
effectifs. Tous les postes concernent
son activité dans la restauration
hôtellerie, qui représente une
grosse partie de ses revenus.
La raison ? Le flou juridique
autour de son activité. Contraire-
ment aux acteurs de l’intérim qui
signent des contrats de travail avec
les individus (qui sont donc sala-
riés), Brigad est une place de marché
Flowdesk, ce français dans les arcanes de la crypto mondiale
CRYPTOMONNAIES
En trois ans, la start-up
s’est hissée dans
les rouages de
la crypto mondiale
avec son outil de tenue
de marché.
Elle lève 50 millions,
une belle somme
en plein marasme
pour le secteur.
Thomas Pontiroli
Son métier ne le place pas sous les
feux de la rampe et pourtant,
Flowdesk est bien au cœur du bou-
leversement en cours de la crypto
industrie. Cette mutation
d’ampleur, c’est l’autorisation le
qui fait de la mise en relation entre
une entreprise et un autoentrepre-
neur. Il n’y a donc pas de lien hiérar-
chique entre les deux et donc pas de
cotisations sociales qui vont avec. Ce
modèle est considéré comme de la
concurrence déloyale par les
acteurs de l’intérim… ce qui a valu à
la start-up d’être poursuivie à plu-
sieurs reprises en justice.
Des procès et contentieux
en cascade
« Ce travail, long, pénible, fastidieux,
coûteux, a failli nous envoyer plus
d’une fois au tapis. Nous avons consa-
cré un temps et une énergie incroya-
ble à nous défendre contre des lobbys
puissants qui recherchent l’immobi-
lisme et refusent l’innovation », avait
déclaré la start-up dans un commu-
niqué publié en 2020.
La justice a donné raison à la
jeune pousse lancée en 2017. Le
12 novembre 2020, la Cour de cassa-
tion a stipulé que Brigad était régie
par les règles applicables aux plate-
formes numériques et non à celles
des agences d’intérim.
Ces décisions n’ont pas facilité le
développement de l’activité de Bri-
gad, qui génère plusieurs dizaines
de milliers de missions par mois.
« Nos utilisateurs se font embêter,
l’Urssaf leur dit que ce n’est pas légal.
Ce qui fait que je n’arrive pas à les rete-
nir. J’ai perdu plusieurs millions à
cause de ça l’année dernière », indi-
que aux « Echos » Florent Malbran-
11 janvier par le gendarme boursier
américain de fonds cotés à Wall
Street et investis en bitcoin (les
fameux « ETF bitcoin spot »). Der-
rière l’un des plus gros, le « GBTC »
de Grayscale, se trouve Flowdesk,
dont le rôle de teneur de marché
(« market maker ») est de fournir de
la liquidité. La start-up a été retenue
à l’issue d’un appel d’offres aux
côtés de Jane Street, Virtu et Flow
Traders.
Lorsqu’un trader cherche à ache-
ter un titre sur les marchés finan-
ciers, il ne va pas forcément trouver
de vendeur en face, et inversement.
C’est à ce potentiel manque de liqui-
dité, donc, que les market makers
répondent.
Dans la crypto, les plus connus
sont Wintermute, GSR Markets et
Jane Street – là où Sam Bankman-
Fried a fait ses armes. Leur rôle est
d’acheter énormément de tokens
che, ce qui ne l’a pas empêché de
lever 33 millions début 2023, une
belle somme alors que les finance-
ments se sont taris.
Le dirigeant a demandé à l’Etat de
clarifier la situation, soit en publiant
une circulaire soit en faisant en
sorte que la jurisprudence soit clari-
fiée dans la loi. « J’ai prévenu Mati-
gnon, l’Elysée et Bercy. J’ai même écrit
une lettre à Emmanuel Macron en fin
d’année dernière », précise Florent
Malbranche. L’Elysée a échangé
avec le conseil d’administration de
Brigad mais rien n’a été acté.
« C’est la faute de l’Etat si Brigad en
est là aujourd’hui. Il n’a pas bougé le
petit doigt », observe un proche du
dossier. La start-up n’est pas la seule
plateforme à souffrir de ce flou
juridique. Mediflash, plateforme de
mise en relation entre établisse-
ment de santé et soignants, est aussi
confrontée à l’administration. Créée
e n 2 0 2 0 , e l l e s ’a d r e s s e a u x
infirmiers et professions non régle-
mentées (aide-soignant, auxiliaire
de vie…).
La majorité de ses inscrits (entre
70 et 80 %) concernent les profes-
sions non réglementées, ce qui
cause le plus de problèmes. D’après
le Code de la santé publique, un
infirmier peut assurer des soins
avec la collaboration d’aide-soi-
gnants, d’auxiliaires de puériculture
ou d’accompagnants éducatifs et
sociaux qu’il encadre. Ils sont donc
sous sa responsabilité.
sur fonds propres et de fournir de la
liquidité aux acheteurs. Flowdesk
joue ce rôle mais avec une nouvelle
approche. Il fournit une plateforme
sur abonnement qu’il qualifie de
« market making-as-a-service ».
« C’est dix fois moins cher et on évite
l’effet boîte noire souvent propre à ces
acteurs, ici l’émetteur des jetons
garde le contrôle », souligne le PDG,
Guilhem Chaumont.
Cette double promesse avait déjà
permis à la jeune pousse de réaliser
une très belle « série A » de 30 mil-
lions de dollars à la fin juin 2022,
alors que le marché crypto plon-
geait pourtant en plein marasme.
Flowdesk annonce une « série B »
de 50 millions, menée par Cathay
Innovation, avec la participation de
Cathay Ledger Fund, Eurazeo, ISAI,
Speedinvest, Bpifrance et Ripple. La
start-up d’une centaine de salariés
(dont deux tiers à Paris et un tiers de
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
Demeter et EIT
InnoEnergy
lancent un fonds
de 500 millions
FINANCEMENT
Les deux sociétés
spécialisées dans
l’énergie et la
transition écologi-
que s’allient pour
lancer un nouveau
véhicule dans les
métaux critiques.
Camille Wong
Le sujet n’est pas banal. Et rare
dans la French Tech. La société
de gestion Demeter et l’EIT
InnoEnergy s’associent pour
l a n c e r u n n o u ve a u f o n d s
Valentine Chapuis/AFP
d’investissement, spécialisé
dans les métaux rares présents
dans les batteries. Objectif :
inter venir en amont de la
chaîne de valeur, à savoir au
niveau des matières premières
(lithium, nickel, cobalt, manga-
nèse et graphite).
L’Europe a su prendre la
Mediflash estime que cet article vague au niveau de l’aval de la
n’implique pas qu’un infirmier ait chaîne de valeur, avec la cons-
un pouvoir de contrôle ou de sanc- truction de gigafactories, à
tion sur un auxiliaire de vie ou un l’image de la start-up française
aide-soignant et que ces derniers Verkor (2 milliards de finance-
peuvent donc exercer leur activité ments) ou encore de la suédoise
de manière indépendante. Northvolt, qui vient d’obtenir
Fin 2021, un courrier signé par un prêt de 5 milliards de dollars.
Elisabeth Borne, alors ministre du « Il faut s’attaquer au segment
Travail, et Olivier Véran, à l’époque de l’amont, et c’est une course
ministre des Solidarités et de la économique où le continent doit
Santé, avaient été envoyé par les rattraper un sérieux retard »,
Agences régionales de santé (ARS) remarque Antoine Troesch,
aux établissements de santé émet- directeur-associé chez Deme-
tant des doutes sur le bien-fondé de ter, dont la société sera le ges-
ce modèle de plateforme. tionnaire du fonds.
« L’exercice de ces professionnels
en tant que travailleur indépendant Des tickets moyens
au sein des établissements de santé ou de 30 millions
médico-sociaux peut tomber sous le L’objectif principal de ce parte-
coup de la qualification de travail dis- nariat est de réduire la dépen-
simulé », était-il écrit. Une situation dance de l’Europe à l’égard des
qu’avaient rencontrée les platefor- importations (en particulier de
mes de livraison comme Deliveroo. la Chine et du Chili) de ces
« La santé, ça touche le cœur des métaux critiques, essentiels
Français. Ils ne veulent surtout pas dans la production de batteries
qu’elle soit ubérisée », souligne pour les véhicules électriques et
Léopold Treppoz, cofondateur de le stockage d’énergie. Un enjeu
Mediflash. de maîtrise de la transition bas
Il a rencontré des conseillers à carbone, mais aussi de souve-
Bercy et à la Santé mais sans succès raineté. « Un constat, qui a gou-
non plus. « On mène de nouvelles verné le lancement de ce fonds, et
actions en affaires publiques avec le qui est partagé par toute la filière
remaniement. On va rencontrer deux batterie en Europe », renchérit
conseillers d’Emmanuel Macron Karine Vernier, directrice géné-
dans quelques semaines. Mais si rien rale d’EIT InnoEnergy.
ne change, on devra se poser les La création de ce fonds, bap-
mêmes questions que Brigad », tisé fonds EBA (European Bat-
regrette Léopold Treppoz. n tery Alliance) pour les maté-
traders), recrutera 50 personnes auprès de l’Autorité des marchés
en 2024 et se focalisera sur l’obten- financiers, propose aussi de l’achat/
tion d’une licence à Singapour. vente de tokens (OTC) et de la con-
servation d’actifs. Fin 2023, elle a
Le vent porteur des ETF recruté Reed Werbitt, ex-cadre du
Entre les deux levées, le chiffre courtier en faillite Genesis, pour se
d’affaires de Flowdesk a triplé et les développer aux Etats-Unis. Avec de
volumes traités ont été décuplés, tels atouts, Flowdesk est parvenu à
avec entre 100 et 300 millions de lever sur une base de valorisation
dollars gérés par jour. Les clients supérieure à la précédente fois.
sont surtout des émetteurs de « Nous avons été assez impression-
jetons : 10 % des plus grosses cryp- nés par l’appétit autour de la
tos, dont l’américain Ripple qui société », note Jacky Abitbol, associé
entre au capital. La société gère chez Cathay Innovation, d’autant
aussi la liquidité de plateformes que le closing a eu lieu avant la vali-
d’échanges en vue, et de plus en dation des ETF bitcoin. Lever
plus, se place auprès d’acteurs clas- 50 millions en cette période de cor-
siques – Société Générale-Forge rection, qui plus est dans la crypto,
vient de lui confier son stablecoin est « remarquable », relève-t-il, mais
EURCV. il ne faut pas y voir le signe d’un nou-
Bientôt rentable, Flowdesk se vel emballement tel que vécu
finance par les abonnements et ne en 2021.
prélève aucun frais sur les échan- « Les bonnes équipes arrivent
ges. La plateforme, agréée PSAN encore à se financer, et ici on parie sur
22
riaux, s’inscrit dans le sillage de
l’Alliance européenne pour les
batteries, lancée en 2017. Cette
initiative vise à assurer une
autonomie stratégique de
l’Europe dans le secteur, avec
plus de 700 membres issus de
l’industrie et de l’innovation.
Dans le détail, ce véhicule
d’investissement devrait être
doté de 500 millions d’euros,
pour une quinzaine d’investis-
sements au total, avec un ticket
moyen de 30 millions d’euros.
Côté investisseurs, aucun n’est
pour le moment mentionné,
mais plusieurs industriels du
secteur minier ou de la trans-
formation des métaux auraient
montré des « marques d’inté-
rêt ». Une première clôture est
attendue au début de l’été, avec
l ’a n n o n c e d e s p r e m i è r e s
start-up financées.
Malgré les montants qui peu-
vent paraître élevés, l’EBA pour
les matériaux investira en réa-
lité très tôt dans les projets. A
savoir, à l’occasion de la préfai-
sabilité des projets et le dévelop-
pement de technologies inno-
vantes dans la détection de
gisements, l’extraction, la trans-
formation, le raffinage et le
recyclage des métaux.
« Contrairement à un fonds de
venture classique, il faut, dans la
mine, multiplier par au moins
trois ou quatre les montants »,
poursuit le directeur-associé.
L’objectif est de dérisquer
l’amont de la chaîne de valeur,
permettant ensuite de passer le
relais à d’autres financements.
Si le scope est européen, le
fonds devra composer avec la
géographie des gisements de
matières premières. Le règle-
ment européen sur le sujet, voté
fin 2023 par le Parlement, affi-
che néanmoins un objectif de
10 % de production au sein de
l’UE d’ici à 2030.
Dans le détail, environ 70 %
des capitaux seront alloués à
des projets pour accroître la
production interne du conti-
nent, et environ 30 % pour aug-
menter l’approvisionnement
en matières premières en pro-
venance des pays partenaires
de l’UE (Canada, Namibie et
Argentine). C’est d’ailleurs sur le
continent nord-américain que
des équivalents se développent,
à l’instar du canadien Kinterra,
qui a annoncé fin 2023 un fonds
de 565 millions de dollars. n
le fait qu’ils peuvent devenir un leader
mondial », complète Jacky Abitbol.
Selon nos informations, Flowdesk
est en discussion avec les princi-
paux émetteurs d’ETF bitcoin dont
BlackRocket Fidelity. Pour accom-
pagner ce potentiel bond, il n’est pas
exclu que la start-up se refinance
cette année. n
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23 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
Erosion des côtes, submersion marine :
comment les élus affrontent l’inévitable
l Un cinquième du littoral est déjà touché par le recul du trait de côte et le phénomène va s’accentuer.
l C’est un casse-tête pour les communes, qui doivent anticiper pour préserver logements et entreprises.
CLIMAT
Muryel Jacque
« Je suis né ici, je peux témoigner : j’ai
vu la falaise reculer de plusieurs di-
zaines de mètres en soixante ans. » Il
y a deux ans, Jean-François Bloc, le
maire de Quiberville-sur-Mer (Sei-
ne-Maritime), a dû se résoudre à
prendre un arrêté de péril : il fallait
démolir une maison qui n’était plus
qu’à 6 mètres de la falaise. « Certai-
nes, aujourd’hui, sont plutôt entre 15
et 30 mètres », décrit l’édile, qui ne se
fait pas d’illusion. « Dans les décen-
nies qui viennent, nous aurons un
problème de relocalisation sur la
partie haute de la commune. »
Le climat change et le phénomè-
ne naturel de l’érosion du trait de
côte, qui voit la mer grignoter la ter-
re, s’accélère inexorablement. Les
tempêtes et la montée du niveau
des eaux jouent. A 66 ans, « dont
trente-six de mairie », Jean-François
Bloc est un pionnier de ce qu’on ap-
pelle délicatement la « recomposi-
tion spatiale », à savoir déménager
face aux menaces. Celles de la sub-
mersion marine et des inondations
l’ont poussé à déplacer le camping
municipal, « petite entreprise qui a
fait les beaux jours de la commune ».
La bataille aura duré plus de dix
ans. Coût du projet : 8,6 millions
d’euros. « Il fallait quand même être
courageux, quand vous avez un bud-
get de 600.000 euros et que vous en-
dettez la commune à hauteur de
1,3 million », insiste-t-il. Quiberville
est « de ceux qui ont osé anticiper ».
Du Pas-de-Calais à la Camargue
en passant par la côte basque, l’éro-
sion n’épargne aucun rivage fran-
çais. Près de 20 % du trait de côte re-
cule. Plus de 240 localités se sont
inscrites sur la liste des communes
menacées publiée par décret l’an
dernier. Et d’autres figureront dans
la prochaine mise à jour prévue au
début de l’été. Elles devront toutes
cartographier les zones sensibles et
s’adapter en priorité.
« Les élus ont très bien compris
qu’il y avait une généralisation de
l’érosion », note Stéphane Costa, pro-
fesseur de géographie à l’université
de Caen-Normandie. En trente ans,
il les a vus passer de « ce n’est pas
possible » à « comment fait-on ».
« C’est un pas énorme », souligne ce
référant scientifique auprès du gou-
vernement pour la stratégie natio-
nale du trait de côte. « L’autre pas,
La démolition de villas n’est plus taboue à Frontignan
La ville de l’Hérault,
qui affiche des prix
de l’immobilier élevés,
a rejoint l’été dernier
la liste des communes
soumise à l’érosion côtière.
Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier
Quel avenir pour les quelque
2.000 habitations érigées depuis
cinquante ans sur le fragile lido,
bande de terre entre mer et étang, de
la commune littorale de Fronti-
gnan ? Sur environ 6 km, les mai-
sons individuelles, dont bon nom-
bre sont des résidences secondaires,
défient encore la Méditerranée, pro-
tégées par des épis enrochés. Mais
cette partie du littoral, classée en
zone rouge, est désormais en pre-
mière ligne.
Dans une zone littorale non pro-
tégée par des digues, aux Ares-
A Quiberville-sur-Mer (Seine-Maritime), ici en juin 2022, les falaises s’érodent en moyenne de 30 centimètres par an. Photo Damien Meyer/AFP
considérable, est de passer à l’action,
poursuit-il. C’est très dur pour un élu,
techniquement, financièrement, juri-
diquement, socialement et, donc, poli-
tiquement. » Il l’assure, « la nature ne
va pas nous laisser le choix ».
Travail de dentelle
Pour autant, il ne s’agit pas de faire
du littoral un no man’s land. Là où les
enjeux sont très forts – portuaires,
industriels, urbains –, les ouvrages
de protection en dur s’imposent,
« pour se donner le temps d’agir ».
C’est aussi un travail de dentelle pour
estimer les besoins, notamment de
financements. Et les premiers élé-
ments d’une étude du Comité natio-
nal du trait de côte (CNTC), mandaté
par le gouvernement, révèlent l’am-
pleur de la situation.
A horizon 2028, près de 900 bâti-
ments sont menacés : 210 maisons et
350 appartements évalués (sans dé-
cote) entre 180 et 210 millions
d’euros, mais aussi des hôtels-res-
taurants, des campings, des bases
nautiques, etc. évalués à 55 millions,
d’après le Cérema, le Centre d’études
et d’expertise sur les risques, l’envi-
ronnement, la mobilité et l’aména-
gement. En 2050, ce sont 5.200 loge-
ments dont 2.000 résidences
quiers, un restaurant de plage a déjà
été démonté en 2005. Dans ce sec-
teur, la plage a reculé d’approximati-
vement 30 m en quelques décen-
nies. Comme un avant-goût de ce
qui va se produire dans la partie voi-
sine urbanisée.
En réaction, la ville de Frontignan
a intégré l’été dernier la liste des
communes dont l’action en matière
d’urbanisme doit être adaptée aux
phénomènes hydrosédimentaires,
dans le cadre de la loi climat et rési-
lience. Objectif : encadrer les cons-
tructions et mettre en place une re-
naturation progressive.
Pour évaluer l’évolution du trait
de côte de Frontignan-Plage et étu-
dier un scénario de réorganisation
spatiale, un groupement mené par
le bureau d’études parisien Urban
Act vient d’être mandaté par l’agglo-
mération Sète Agglopôle Méditer-
ranée. La démolition de villas n’est
désormais plus taboue. Des relocali-
secondaires, 1.400 locaux d’activités
et 200 bâtiments publics qui seront à
la merci de l’érosion côtière.
« C’est la première fois que nous
avons des chiffres aussi précis. Ils pou-
vaient nous manquer pour évaluer le
financement, à la fois dans le cadre de
la recomposition spatiale et dans le be-
soin de renforcer les ouvrages », expli-
que Sophie Panonacle, députée Re-
naissance de Gironde qui préside le
CNTC, dont les recommandations
sont attendues pour le projet de loi
de finances 2025.
En attendant, pour la première
fois, Maël de Calan, président (ex-
LR) du Finistère, sait qu’il devra
trancher au cours de son mandat
sur le sort d’une route touristique
dans le nord du département. La
RD64A passe sur une corniche.
« Est-ce qu’on consolide la falaise ou
est-ce qu’on laisse le trait de côte recu-
ler ? La question se pose non à un ho-
rizon de quinze ans mais plutôt de
deux ou trois ans », mesure-t-il.
Dans le Finistère, des décisions plus
« difficiles » encore devront être pri-
ses. A Treffiagat, des maisons qui
surplombent la plage, menacées,
pourraient devoir être détruites.
« C’est un choix cornélien, dit Maël
de Calan. Or, les élus locaux sont
sations en retrait du littoral seraient
possibles dans des friches indus-
trielles de Frontignan ayant accueilli
cimenterie ou dépôt pétrolier.
« Des choix cruels »
« C’est un travail de dentelle, avec une
graduation dans le temps. Même dans
des zones menacées, des transactions
seront possibles, mais les acquéreurs
seront informés qu’ils seront les der-
niers occupants », illustre Loïc Lina-
res, conseiller municipal et vice-pré-
sident de Sète Agglopôle, délégué à
l’aménagement durable. La col-
lectivité souhaite empêcher les
démolitions-reconstructions : « Cela
donne l’impression que l’on peut
construire, alors qu’il faut arrêter et
s’acculturer au risque. » « Des choix
cruels nous attendent. Les politiques
publiques ne sont pas encore arrêtées.
Mais sur un sujet aussi important, je
ne vais pas me contenter de signer des
parapheurs », prévient François-Xa-
PME&REGIONS
seuls face à une problématique natio-
nale de grande ampleur. L’Etat doit
absolument, urgemment, poser un
cadre de décision organisé et des rè-
gles d’indemnisation. »
« Le paradoxe chez nous, en baie de
Somme, c’est que nous avons l’argent
mais n’arrivons pas à le dépenser par-
ce que la procédure, lourde, nous blo-
que », grince le député LR Emma-
nuel Maquet, par exemple pour
dépoldériser un peu de la baie (la na-
ture reprendrait une partie du terri-
toire pour amortir la submersion et
l’érosion) ou renforcer une digue de
Cayeux-sur-Mer. La ville « serait po-
tentiellement sous la mer si elle venait
à rompre », alerte-t-il. L’élu défend la
possibilité de déroger aux mesures
compensatoires, « considérables »,
pour ce type de projets « rendus ur-
gents par l’accélération des aléas cli-
matiques extrêmes ». Jusqu’ici sans
trouver un écho favorable au minis-
tère de la Transition écologique.
A mesure que le climat se dérègle,
le débat autour de l’adaptation s’ac-
célère. Le ministre, Christophe Bé-
chu, a promis un point mardi pro-
chain sur la manière dont la France
va s’adapter, alors qu’un plan est en
cours d’élaboration. Les élus n’en
perdront rien. n
vier Lauch, préfet de l’Hérault. Selon
Loïc Linares, les digues érigées entre
les années 1980 et 2000 sont un
« pansement qui ne tiendra pas long-
temps sous les effets cumulés de l’éro-
sion du trait de côte et du réchauffe-
ment climatique, beaucoup plus
rapide que prévu » : « Investir encore
pour protéger l’activité humaine n’est
plus rentable. »
Paradoxe : dans ce secteur voué à
disparaître sous les eaux, l’immobi-
lier affiche des prix presque pari-
siens. Comme cette maison de 161 m2
mise en vente 1,4 million d’euros, soit
plus de 8.600 euros le mètre carré.
« Nous souhaitons, avec l’Etat et la ré-
gion Occitanie, éviter que ces espaces
vulnérables soient préemptés par les
seules personnes qui en ont les
moyens financiers », déclare Loïc
Linares. Il s’agit aussi « de faire parti-
ciper les citoyens aux réflexions, de
poser des repères et la problématique,
et d’éviter une trop grande anxiété ». n
Un phénomène
encore très sous-estimé
en Loire-Atlantique
La chambre régionale
des comptes s’inquiète
de l’appréciation du
risque d’érosion du trait
de côte entre La Baule
et le Morbihan.
Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes
L’érosion côtière est déjà visible
sur le littoral de Loire-Atlantique.
Les tempêtes automnales, dont
Ciaran, ont laissé des traces, com-
me la rupture d’une digue à Piriac-
sur-Mer. On voit, çà et là, le sable se
dérober sous les escaliers qui des-
cendent vers les plages et des tron-
çons de chemins côtiers fragilisés.
Selon un récent rapport de la
chambre régionale des comptes,
l’érosion aura des répercussions
financières sur le territoire de Cap
Atlantique, la communauté d’ag-
glomération allant de La Baule
(en Loire-Atlantique) à Pénestin
(dans le Morbihan), en passant
par Le Croisic et Guérande.
Sur ce territoire très urbanisé,
319 unités bâties (dont 221 loge-
ments), deux campings, 3,5 km de
routes, 2,8 km de conduites d’eau
potable et 3,3 km de réseaux d’as-
sainissement pourraient disparaî-
tre d’ici à 2100. Mais ce recense-
ment est sous-estimé. Il est fondé
sur deux plans de prévention des
risques littoraux élaborés par
l’Etat à partir de données diverses.
Or, ces projections « ne tiennent
« Le financement
reste le nœud
gordien de
la problématique
de la gestion
du trait de côte. »
NICOLAS CRIAUD
Président de la communauté
d’agglomération Cap Atlantique
pas suffisamment compte du chan-
gement climatique car elles n’intè-
grent pas l’élévation prévisible du
niveau marin contrairement à ce
qui a prévalu pour évaluer l’am-
pleur du risque de submersion ma-
rine », soutient la chambre régio-
nale, estimant, dès lors, que les
documents et autorisations d’ur-
banisme n’appréhendent pas as-
sez risque d’érosion.
Les élus de Cap Atlantique ont
fait le choix de ne pas assumer cet-
te compétence, et ont privilégié
celle de la gestion du risque de sub-
mersion marine. Mais une straté-
gie locale de gestion intégrée du
trait de côte est en cours d’élabora-
tion avec la communauté d’agglo-
mération de Saint-Nazaire.
Sujet sensible
La chambre émet une série de re-
commandations. En premier
lieu, celle de recenser les enjeux
menacés par l’érosion côtière à
trente ans et à cent ans et procé-
der à l’estimation de leur valeur
économique. Elle préconise aussi
la coordination de la compétence
de la gestion du trait de côte au
sein de l’agglomération. Et les
élus sont incités à finaliser « dans
les meilleurs délais » l’élaboration
de la stratégie locale et à intégrer
dans les plans locaux d’urbanis-
me la future cartographie locale
d’exposition.
Le rapport souligne enfin la né-
cessité d’en informer le grand pu-
blic. C’est là un sujet sensible. « Il
convient d’être particulièrement
prudent pour ne pas créer à la foi de
vives réactions d’anxiété au sein de
la population locale et une incertitu-
de juridique », dit Nicolas Criaud,
président (Horizons) de Cap At-
lantique, qui préconise un « finan-
cement multipartenarial ». « Le fi-
nancement reste le nœud gordien de
la problématique de la gestion du
trait de côte », écrit l’élu, rappelant
cependant que « la protection des
biens privés relève de la responsabi-
lité de leurs propriétaires ». n
PME & REGIONS
Cœur artificiel : Carmat vise une levée
de fonds de 15 à 20 millions d’euros
/ INNOVATEURS
Chantal Houzelle
Après avoir réussi son pari indus-
triel à la fin 2023 malgré son aryth-
mie financière, Carmat doit trouver
un mode de refinancement péren-
ne de son cœur artificiel. Mais, pour
l’heure, vu la complexité d’accès au
marché des capitaux, la société co-
tée sur Euronext Growth, dont la
trésorerie disponible sera consom-
mée à la mi-février, a encore choisi
une opération de court terme. Ce
jeudi, elle a lancé une augmenta-
tion de capital d’un montant initial
de 15 millions d’euros pouvant être
porté à 19,8 millions au maximum,
qui prolongera sa visibilité finan-
cière au moins jusqu’à début mai.
Ouverte au public du 18 au 25 jan-
vier, l’opération est sécurisée à hau-
teur de 9,17 millions d’euros par des
engagements de souscription, no-
tamment de ses investisseurs histo-
riques Lohas, Santé Holdings et
Therabel Invest. « Nous avons opté
pour une opération mixte avec un ap-
pel au marché pour redonner la main
aux actionnaires », explique Stépha-
ne Piat, directeur général de Car-
mat, qui se montre confiant. « 2003
a été une année incroyable. Nous
avons réussi à lever tous les points
bloquants au niveau de la production
et de la qualité de notre prothèse car-
diaque, rappelle-t-il. Et on a pu dé-
marrer dans deux grands centres
d’insuffisance cardiaque, à Milan, en
Italie, et à Düsseldorf, en Allemagne. »
Reste que les besoins financiers
de Carmat sont évalués à environ
50 millions d’euros pour dérouler
son business plan en 2024. « C’est
une année d’exécution, car nous
avons toutes les ressources en place.
Le vrai challenge est désormais de fi-
nancer la société sur le long cours »,
estime Stéphane Piat. « L’objectif se-
rait de trouver deux ou trois acteurs
du financement pour nous soutenir
Ynsect commercialise son engrais à base d’insectes
HAUTS-DE-FRANCE
Depuis son nouveau
site près d’Amiens,
la start-up devrait
expédier plusieurs
milliers de tonnes
annuelles d’engrais
à base de scarabées
Molitor cette année.
Juliette Poulain
— Correspondante à Amiens
Ynsect lance la commercialisation
d’un engrais conçu à partir de déjec-
tions d’insectes dans son élevage de
scarabées Molitor à Poulainville
Tissus des Ursules multiplie les magasins
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
Le réseau de vente de
tissus et d’accessoires
de couture, porté par
le « fait maison », ouvre
son 70e point de vente ;
il en a inauguré plus
de 30 ces trois derniè-
res années.
Françoise Sigot
— Correspondante à Lyon
Aurillac en janvier, après Avignon
en fin d’année dernière. Chez Tissus
Le nouveau site de production de Carmat à Bois-d’Arcy (Yvelines) est opérationnel depuis la fin de l’année 2023. Photo Nicolas Broquedis
jusqu’à la profitabilité en 2027. Nous
avons commencé des discussions et
avons des marques d’intérêt de
grands fonds américains. »
« Créer un marché stable »
Pour optimiser sa consommation de
cash, l’entreprise a déjà revu ses dé-
penses d’exploitation et ses investis-
sements à la baisse de 20 % par rap-
port à 2023. « La gestion de la trésore-
rie sera rigoureuse jusqu’à ce qu’on
trouve des partenaires au long
cours », souligne-t-il. Dans la même
optique, Carmat a trouvé un accord
avec la Banque européenne d’inves-
tissement, encore soumis à appro-
bation définitive, sur le report et
l’« équitization » (émissions d’ac-
tions de la société échelonnées puis
cédées sur le marché) du prêt de
(Somme), près d’Amiens. Mise en
service fin 2022, cette ferme vertica-
le de 40.000 m2 et de 40 m de haut
devrait permettre au spécialiste
français des protéines et de l’engrais
à base d’insectes de vendre plu-
sieurs milliers de tonnes d’engrais
naturel par an à partir de 2024.
Jusqu’à présent, Ynsect expédiait
annuellement une centaine de ton-
nes d’engrais depuis son autre site
français de Dole (Jura). Depuis la
Somme, les livraisons sont prévues
dans tout l’Hexagone, au Benelux,
en Allemagne, en Autriche, en Es-
pagne et en Italie. Ces premières
commandes d’engrais devraient re-
présenter 10 % du chiffre d’affaires
de la start-up française, qui n’en
communique pas le montant.
des Ursules, les créations de points
de vente sont de plus en plus rappro-
chées pour suivre l’engouement
pour le « fait maison ». « Le Covid-19
a fait ressortir les machines à coudre
pour confectionner des masques et
l’engouement pour la couture se
maintient », se félicite Anne-Cécile
Bel, directrice générale du réseau de
vente de tissus et d’accessoires de dé-
coration et de couture, dont le siège
est à Saint-Chamond, dans la Loire.
Sur les deux dernières années,
7 nouvelles boutiques sont venues
s’ajouter à la cinquantaine déjà en
place. En 2021, grâce au rachat de
18 boutiques dans le nord de la
France, plus d’une vingtaine
d’ouvertures avaient déjà eu lieu.
30 millions contracté fin 2018. Le
premier remboursement (15 mil-
lions dont 5 d’intérêts), exigible au
31 janvier 2024, serait reporté au
31 juillet 2026. « On va rembourser la
dette au fil de l’eau sur quelques an-
nées sans mettre beaucoup de pres-
sion sur le titre », dit Stéphane Piat.
Contrariées par des problèmes
d’approvisionnement de fournis-
seurs au premier semestre 2023, les
implantations du cœur Aeson ont
repris à un rythme soutenu dès
l’automne. Sur les 17 bioprothèses
cardiaques vendues par Carmat l’an
dernier, qui ont généré un chiffre
d’affaires de 2,8 millions, 11 ont été
implantées depuis la fin septembre,
dont 7 pour l’étude clinique Eficas en
France. A date, 13 patients souffrant
d’insuffisance cardiaque biventricu-
En 2023, Ynsect a bouclé une le-
vée de fonds de 160 millions d’euros
malgré la chute des financements
des start-up. Dans un contexte éco-
nomique difficile, le spécialiste des
insectes s’est restructuré pour es-
sayer d’atteindre plus rapidement
la rentabilité en donnant la priorité
à l’alimentation pour chiens et
chats à base de scarabées.
Une quinzaine de contrats
L’an dernier, Ynsect a décroché une
quinzaine de contrats sur les trois
prochaines années pour un total de
200 millions de dollars. « La majorité
des contrats concerne la nutrition
pour les animaux domestiques. On
laisse de côté l’alimentation humaine
à base d’insectes pour le moment.
« Nous fonctionnons à l’opportunité,
notamment en fonction de la qualité
des locaux commerciaux qui nous
sont proposés. Nous veillons aussi à
maintenir une logique géographique
dans nos développements afin d’opti-
miser les opérations logistiques », ex-
plique Anne-Cécile Bel.
Réseau d’influenceurs
Le deuxième groupe de distribu-
tion de tissus français derrière
Mondial Tissus compte 70 points
de vente, essentiellement en Auver-
gne-Rhône-Alpes (17 magasins), en
région parisienne (une douzaine de
boutiques) et dans le nord de la
France (une vingtaine). Il emploie
au total 450 personnes. L’ensemble
Il a dit
« Le vrai challenge
est désormais de
financer la société
sur le long cours. »
STÉPHANE PIAT
Directeur général de Carmat.
Photo Nicolas Broquedis
L’objectif est d’être rentable au plus
vite, dans moins de trois ans », indi-
que Antoine Hubert, cofondateur de
Ynsect, qui a troqué la casquette de
PDG contre celle de directeur de la
stratégie en juillet dernier.
A Poulainville, les cheptels d’in-
sectes, qui seront transformés en ali-
mentation animale, sont encore en
phase de développement. La capaci-
té de transformation du site s’élève à
une dizaine de tonnes par jour. Les
premiers rendements sont attendus
au printemps et les livraisons sont
prévues dans la foulée. Cet été, une
petite extension de 300 m2 sera inau-
gurée. Ce deuxième élevage de sca-
rabées permettra de fabriquer de la
nourriture « humide », comme des
pâtés en conserve, et complétera
de ces points de vente, tous détenus
en propre, a réalisé 56 millions
d’euros de chiffre d’affaires en 2023.
L’essentiel de l’activité vient des ven-
tes au mètre de tissus d’ameuble-
ment et d’habillement, mais la con-
fection, qui génère 15 % des revenus,
reste un atout majeur pour tirer les
ventes. « Ce service que nous réali-
sons pour nos clients en interne de-
puis notre atelier de Saint-Chamond
nous permet d’être très réactifs », fait
valoir la directrice générale.
D’ailleurs, même si l’enseigne –
qui doit son patronyme à sa premiè-
re boutique installée place des
Ursules à Saint-Etienne – dit regar-
der le modèle de la franchise pour
poursuivre son développement, le
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
laire avancée vivent grâce à Aeson,
dont le profil de sécurité vient d’être
renforcé par la prouesse des ingé-
nieurs de Carmat. « Un logiciel intel-
ligent détecte, analyse et corrige lui-
même en temps réel la défaillance
d’un composant de la prothèse, qui at-
teint un taux de fiabilité extrêmement
élevé », se félicite-t-il. Carmat fait
face à un autre défi de taille : « Nous
devons lutter contre l’inertie mons-
trueuse des systèmes de santé en Eu-
rope, ce qui complique l’insertion
d’une innovation de rupture dans le
parcours des patients. Il faut que l’on
crée un marché stable. » En ordre de
marche avec sa nouvelle unité in-
dustrielle à Bois-d’Arcy (Yvelines), la
société projette 8 à 10 implantations
par mois en 2024, génératrices de 14
à 20 millions potentiels. n
l’élevage actuel où est fabriquée la
nourriture « sèche », comme les cro-
quettes. La ferme verticale installée
dans la Somme, qui compte une cen-
taine de salariés, devrait atteindre sa
pleine capacité en 2027. S oit
100.000 tonnes d’ingrédients par an.
En resserrant sa production sur
l’alimentation pour chiens et chats à
base d ’ i ns ect es , Yn sect a ét é
contraint de fermer son site à Erme-
lo, aux Pays-Bas, où il ne garde qu’un
laboratoire de R&D, et à mettre en
place un plan de départs volontaires
en France en 2023. A l’international,
la start-up garde son élevage de sca-
rabées dans le Nebraska (Etats-
Unis), devrait construire un élevage
au Mexique et vise désormais le
Moyen-Orient à partir de 2025. n
maintien de l’ensemble des activités
en interne devrait rester de mise en-
core cette année. D’autant que
d’autres défis sont plus urgents, no-
tamment pour rajeunir la clientèle.
« Notre métier change, de plus en
plus de jeunes s’intéressent à la cou-
ture », note Anne-Cécile Bel. Tissus
des Ursules espère les attirer avec
son choix de plus de 60.000 référen-
ces visibles aussi bien dans les petits
magasins de centre-ville que dans
les enseignes de périphérie, et un
réseau d’influenceurs pour la com-
munication. La réactivité en matiè-
re de service et de délais de livraison
doit faire le reste. D’où la volonté af-
fichée de garder la main en interne
sur l’ensemble des services. n
24
Pompes
à chaleur :
Weishaupt
s’agrandit
à Colmar
GRAND EST
La filiale française
du spécialiste
allemand des systè-
mes de chauffage
double sa superficie
de stockage dans un
contexte de crois-
sance du marché.
Bénédicte Weiss
— Correspondante à Strasbourg
Accompagner la croissance du
marché des pompes à chaleur
en gagnant de la place. C’est tout
l’enjeu de la filiale du groupe al-
lemand Weishaupt implantée à
Colmar (Haut-Rhin), qui s’ap-
prête à lancer l’extension du hall
de stockage à partir duquel elle
distribue ses produits dans toute
la France. Soit 2.150 m2 en plus
des 2.000 existants, pour un in-
vestissement de 10 millions
d’euros. De quoi accueillir plus
de pompes, plus grosses que les
chaudières et les brûleurs que
Weishaupt France distribuait
majoritairement jusqu’alors
auprès de son public profession-
nel. La demande de permis de
construire doit être engagée ce
mois-ci pour une fin des travaux
escomptée en 2025. Il s’agira
aussi d’optimiser les procédés
de stockage en les automatisant
davantage.
L’ambition n’est pas tout à fait
nouvelle. Pour décider de son
investissement, le fabricant
– les pompes commercialisées
par Weishaupt sont produites
dans des usines en Allemagne
et en Suisse – n’a pas attendu les
annonces d’Emmanuel Ma-
cron appelant au développe-
ment de ce marché. L’extension
était envisagée depuis la veille
de la pandémie de Covid-19.
Refonte du siège
L’investissement vient complé-
ter une première phase de tra-
vaux, de 10 millions d’euros éga-
lement et devant s’achever en
mai prochain. Soit la refonte du
siège de l’entreprise, de ses bu-
reaux d’études et de son atelier
de fabrication d’armoires élec-
triques. Celles-ci servent la con-
ception de systèmes de chauffa-
ge assemblés sur d’autres sites
du groupe. « Nous avons juste
conservé la structure existante en
béton. La façade, les vitrages, l’iso-
Weishaupt France
emploie
355 personnes,
dont 85 à Colmar.
lation de toiture ont été rempla-
cés, tout comme notre chauffage,
afin de réduire drastiquement
notre consommation énergéti-
que », précise Olivier Cézard, di-
recteur général de Weishaupt
France. La facture énergétique
du site, qui s’élevait à quelque
100.000 euros par an, doit ainsi
baisser de 75 %. L’étanchéité
acoustique est aussi améliorée.
Weishaupt France emploie
355 personnes, dont 85 à Col-
mar. Les autres dépendent de
13 agences (bientôt 14, une étant
en construction dans le Rhône)
et 11 bureaux en France. L’entre-
prise a réalisé en 2023 un chiffre
d’affaires de 72 millions d’euros,
à +3 %. « Nous avons gagné des
parts de marché en dépit des diffi-
cultés des secteurs du bâtiment et
de l’industrie », se félicite Olivier
Cézard. Cela, estime-t-il, grâce à
une présence dans le haut de
gamme, en direct auprès des in-
dustriels et des installateurs, et
davantage sur le segment de la
rénovation que du neuf. n

25 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024
Cryptos et bitcoin : le syndicat du crime
empoche 24,2 milliards de dollars
l Les activités illégales financées en cryptos et bitcoin ont explosé depuis 2018,
selon les premières estimations du rapport sur le « cryptocrime » de Chainalysis.
l Les cryptomonnaies utilisées évoluent : le bitcoin est en perte de vitesse.
CRYPTOMONNAIES
Nessim Aït-Kacimi
Les transactions illicites sur les
cryptos (fraudes, blanchiment,
contournement des sanctions
internationales, arnaques…), ont
atteint 24,2 milliards de dollars
en 2023. Soit une augmentation de
430 % par rapport à 2018 selon Chai-
nalysis, contre une croissance de
200 % pour la capitalisation mon-
diale des cryptos. Elles sont en
revanche en baisse de 39 % par rap-
port à 2022.
Cette année avait enregistré un
record pour le « cryptocrime », avec
près de 40 milliards de dollars de
revenus, mais avait été une des
pires pour le secteur des cryptos,
frappé par le plongeon des cours,
les faillites en chaîne et scandales
financiers.
Une estimation basse
La société de recherche et d’analyse
des transactions sur la blockchain
met toutefois en garde pour son
chiffre de 2023, qui représente seu-
lement 0,3 % des transactions tota-
les sur les cryptos. Celui-ci n’est
qu’une estimation basse, suscepti-
Faillite de Signa : les banques et assureurs allemands très exposés
CRÉDIT
Allianz, Munich Re ou
R + V avaient prêté des
centaines de millions
au magnat de l’immo-
bilier René Benko.
L’Allemagne s’inquiète
pourtant surtout pour
ses banques et caisses
d’épargne régionales.
Nathalie Steiwer
— Correspondante à Berlin
Il y a du beau monde parmi les
ble d’être fortement révisée à
la hausse dans les mois à venir.
En 2022, elle avait donné un pre-
mier chiffre à 20,6 milliards de dol-
lars, qui avait finalement doublé
pour atteindre 39,6 milliards. La
société a affiné au cours du temps
son analyse des transactions sur
des activités illégales. Elle
avait ainsi inclus dans ses statisti-
ques la fraude géante de FTX
(8,7 milliards de dollars), le groupe
de Sam Bankman-Fried.
Dans des marchés cryptos moins
euphoriques, les particuliers cher-
chent à neutraliser leur risque de
change pour éviter d’être à la merci
des variations de cours et de leur
chute éventuelle. Ils ont recours
aux cryptos stables ou stablecoins,
des cryptos dont le cours est – hors
crises – stable par rapport au dollar.
La Corée du Nord poursuit ses braquages de cryptos
Dans un autre rapport, la firme TRM Labs
estime que la Corée du Nord, à la pointe du
cybercrime financier, a été responsable d’un
tiers des vols de cryptos en 2023, soit 600 mil-
lions de dollars. Depuis 2017, son butin repré-
sente 3 milliards de dollars. Les cryptos
dérobées sont blanchies pour être anonymi-
créanciers de Signa, le géant autri-
chien de l’immobilier victime
d’une faillite retentissante en
décembre dernier. L’autrichien
Raiffeisen est aux premières loges,
ave c u n e a r d o i s e d e p l u s d e
755 millions d’euros, suivi par le
suisse Julius Baer (628 millions) et
l’italien UniCredit (600 millions).
Les assureurs allemands ne sont
toutefois pas en reste, selon une
liste des 273 créanciers publiée par
« Bild Zeitung ». Sur les 14 milliards
d’euros prêtés par les banques et
assureurs au groupe immobilier,
pas moins de 700 millions sont dus
à Munich Re, 300 millions au géant
Allianz et autant à LVM, 500 mil-
lions au groupe d’assurance des
banques populaires R + V. Le gou-
FINANCE&MARCHES
Depuis deux ans,
les stablecoins
– et en premier lieu
leur leader Tether –
sont devenus
majoritaires dans
les activités illégales.
Par opportunisme, afin de profiter
de cette nouvelle manne, mais aussi
par prudence, les escrocs 2.0 ont
suivi cette tendance.
Depuis deux ans, les stablecoins
– et en premier lieu leur leader
Tether – sont devenus majoritaires
avec près des deux tiers de part de
marché dans les activités illégales,
devant le bitcoin (un quart des flux
sées puis converties dans la première crypto
stable, Tether. Avec la complicité de platefor-
mes et courtiers peu regardants, notamment
en Asie, la Corée du Nord récupère alors les
devises qui font cruellement défaut à un pays
en crise économique permanente (pénuries,
isolement commercial).
vernement se veut rassurant en
rappelant que les crédits sont
garantis par des biens immobiliers
de qualité. La branche « Signa
Prime », qui doit à elle seule
4,5 milliards à ses créanciers, pos-
sédait une cinquantaine de bâti-
ments de prestige, qu’il s’agisse de
logements de luxe ou d’édifices
commerciaux au cœur des cen-
tres-villes.
Au total, ces biens représente-
raient 21,8 milliards d’euros, selon
« Handelsblatt ». « Même sans tenir
compte des garanties, en cas de réali-
sation d’une perte totale, aucun éta-
blissement ne passerait en dessous
des exigences strictes en matière de
fonds propres », a également expli-
qué début janvier le secrétaire
illicites). Pour échapper aux sanc-
tions internationales (guerre en
Ukraine, terrorisme…), les sociétés
et les personnes dans le collimateur
des Etats-Unis se réfugient sur ces
« stablecoins » et tentent de
brouiller les pistes. En 2023, les enti-
tés sous le coup des sanctions ont
représenté un peu moins des deux
tiers des flux illégaux.
Certaines activités illicites (ran-
çons, logiciels malveillants, ventes
de drogues sur le Web de l’ombre ou
dark Net…) continuent de fonction-
ner en utilisant le bitcoin comme
monnaie malgré sa traçabilité.
Mais de moins en moins. Dominan-
tes dans les transactions sur la lea-
der des cryptos il y a plus d’une
dizaine d’année, les activités illicites
ont vu leur part chuter durable-
ment. n
d’Etat au ministère des Finances
Florian Toncar, en réponse à une
question parlementaire révélée
par Bloomberg.
Précédent de la crise de 2008
Après les millions dépensés par les
pouvoirs publics lors de la crise
de 2008 pour éviter le naufrage des
banques régionales, la très forte
exposition des banques et des cais-
ses d’épargne locales inquiète
néanmoins outre-Rhin.
Réputée pour sa prudence, la
Banque régionale de Hesse Thu-
ringe dans la région de Francfort,
Helaba, est parvenue à réduire son
exposition à Signa de plus de 1 mil-
liard à 627 millions peu de temps
avant la faillite. Le groupe immobi-
Les profits des dealers
2.0 du Dark Web
repartent à la hausse
Le dynamisme des
supermarchés de drogue
en ligne sur le Dark Web
persiste malgré les
fermetures de sites et les
arrestations lors d’opéra-
tions internationales de
police. Un nombre
restreint de groupes
criminels organisés et de
mafias rafle l’essentiel des
profits du narco trading.
Le secteur des supermarchés en
ligne de drogues s’est vite remis
de la chute du leader russe Hydra
(90 % des volumes) en 2022. Il
continue à se développer sur le
Dark Web, le Web parallèle non
accessible aux moteurs de
recherche. « Il a connu un rebond
l’année dernière et son chiffre
d’affaires, comme celui des ran-
çons et extorsions en cryptos, a
connu une progression », note la
société Chainalysis dans son ana-
lyse annuelle des crypto-infrac-
tions. Historiquement, la chute
des précédents leaders (Silk
Road, Alphabay…) avait conduit
à un morcellement du marché.
Après les fermetures de plate-
formes par les forces de l’ordre,
les clients se tournent rapide-
ment vers d’autres fournisseurs
sur le Web de l’ombre. Alors que
les vendeurs des plateformes fer-
mées et qui n’ont pas été arrêtés,
mettent un peu plus de temps à
fournir de nouveau leurs servi-
ces. Une plateforme, baptisée
« Incognito Market » monte en
puissance mais sans atteindre la
domination dont bénéficiait
Hydra.
24.000 transactions
par jour pour Monero
La demande mondiale de narco-
tiques ne faiblit pas et les plate-
formes y répondent. Des cryptos
supposées intraçables sont de
plus en plus utilisées. La plus
importante, Monero – au 34 e
rang mondial des cryptos par sa
capitalisation (2,9 milliards de
dollars) – est loin devant les
autres cryptos concurrentes
Zcash (376 millions de dollars) et
Dash (336 millions de dollars).
Monero enregistre en moyenne
24.000 transactions par jour, un
signe de sa domination sur un
« Web de l’ombre » qui compte
2,5 millions d’utilisateurs.
lier devait aussi 100 millions à la
banque régionale de Bavière,
BayernLB, et des dizaines de mil-
lions à d’autres banques régiona-
les. Heidelberg, Göttingen, Leipzig
ou Darmstadt : pas moins de huit
caisses d’épargne allemandes figu-
rent sur la liste des créanciers.
Au-delà des ardoises laissées
directement par Signa, c’est aussi
14
MILLIARDS D’EUROS
Le montant total des prêts
accordés par les banques et
assureurs au groupe immobilier.
Une fraction non négligeable
d’entre eux est surtout intéressée
par les activités illicites (drogues,
faux documents et médica-
ments, contrefaçons, logiciels
malveillants…). Les acheteurs
sur les plateformes proposant
ces services ont vu leur nombre
multiplié par 10 en dix ans ans,
passant de 100.000 à 1 million
fin 2021 selon une étude (1) qui a
analysé 31 plateformes et 40 mil-
lions de transactions en bitcoins.
Diversifier les risques
et les sources de revenus
Le secteur de la vente en ligne de
drogues est dominé par un petit
nombre de revendeurs et de
mafias, qui constituent la cible
principale des opérations de
police. Ainsi, 5 % des dealers 2.0
représentent 81 % des profits de
ces supermarchés de drogues sur
le Dark Web. Ces revendeurs
empochent plusieurs centaines
de milliers de dollars et sont sou-
vent actifs sur différentes plate-
formes afin de diversifier leurs
risques et leurs sources de reve-
nus. Parmi leurs clients figurent
des consommateurs, mais aussi
des revendeurs qui se fournis-
sent sur ce marché de gros. Ces
derniers, qui représentent 5 % de
la clientèle, sont ceux qui réali-
sent les plus gros achats, dans
l’optique d’une revente ulté-
rieure.
Comme sur les marchés finan-
ciers traditionnels, les acteurs
qui ont accès à plusieurs platefor-
mes peuvent profiter des écarts
de prix d’une même drogue cotée
sur plusieurs d’entre elles. Les
vendeurs cèdent leurs marchan-
dises sur celles où le prix est le
plus élevé et les acheteurs les
acquièrent sur celles où il est le
plus bas.
Les profits de ce « narco tra-
ding » sont toutefois dépendants
de l’évolution de la monnaie de
transaction, le bitcoin, dont le
cours volatile induit un risque de
change pour les trafiquants. La
crypto leader reste acceptée par
plus de 9 plateformes sur 10
compte tenu de sa liquidité, de sa
notoriété et de ses facilités
d’obtention.
— N. A.-K.
(1) « Identying key players in dark web
marketplaces »
l’effet domino qui inquiète, avec la
faillite des prestataires à qui le
groupe devait de l’argent. Plus
d’une vingtaine de projets sont
actuellement à l’arrêt et huit ont
été placés en redressement judi-
ciaire, dont le chantier de l’ancien
Collège des Jésuites (devenu Aca-
démie de Munich) ou le Femina-
Palast à Berlin.
Comme lors de la crise de 2008,
les contribuables pourraient une
nouvelle fois être appelés à la res-
cousse des banquiers et promo-
teurs immobiliers. « Dans le pire
des cas », les pouvoirs publics
pourraient avoir à débourser
200 millions d’euros pour sauver le
projet de l’Académie de Munich,
rapporte le « Handelsblatt ». n
FINANCE & MARCHES
« Carte bancaire parlante », langage des signes :
quand les banques adaptent leurs services
l Plusieurs caisses régionales de Crédit Agricole
vont déployer une « carte bancaire parlante »
à destination des malvoyants.
l Alors qu’une directive doit entrer en vigueur pour
améliorer l’accès des personnes handicapées aux services
financiers, le secteur se met en ordre de bataille.
BANQUE
Rachel Cotte
C’est un geste anodin pour des mil-
lions de Français. Mais pour une
personne aveugle, régler ses achats
par carte bancaire donne parfois
lieu à de mauvaises surprises. Faute
de solution adaptée, il est en effet
impossible de vérifier le montant
inscrit par le vendeur sur le termi-
nal de paiement.
Selon un sondage réalisé par
Handsome, une fintech proposant
des services dédiés aux personnes
en situation de handicap, 89 % des
déficients visuels ont ainsi déjà été
victimes d’une erreur de prix
– volontaire ou non – lors d’un paie-
ment à la carte bancaire chez un
commerçant.
Smartphone connecté
C’est notamment face à ce constat
que l’entreprise a développé, avec
Thales, la première « carte bancaire
parlante ». « C’est une carte qui res-
semble à n’importe laquelle, mais dès
qu’on l’insère dans le terminal, elle se
connecte au smartphone du client,
qui est ensuite guidé par un assistant
vocal sur une application mobile »,
explique Julien Delamorte. Le prix
est ainsi indiqué oralement avant
chaque transaction.
Grâce à un partenariat noué avec
Crédit Agricole Payment Services,
la carte sera progressivement
déployée dans trois caisses régiona-
les de Crédit Agricole. « On a décidé
de la présenter à tous les clients car la
déficience visuelle ne se repère pas
forcément. L’intégralité du réseau de
proximité sera formée pour faire
connaître l’outil », souligne Gary
Mesnard, référent Digital Banque
Privée au sein de la caisse régionale
Normandie-Seine, qui a expéri-
menté l’outil dont le lancement offi-
ciel est prévu le 30 janvier.
« Les associations des malvoyants
ont été sollicitées pour parler de cette
solution. Le principal point positif
qui ressort, c’est le fait de devenir
autonome », complète Marie-Pierre
Przybyla, responsable nouveaux
canaux de distribution pour la
caisse régionale.
Ce type d’initiative permet de se
conformer aux dispositions d’une
directive européenne de 2019
récemment transposée en droit
français, en vertu de laquelle tout
L’AMF veut œuvrer à l’attractivité de la Place de Paris en 2024
RÉGULATION
L’Autorité des marchés
financiers a présenté,
jeudi, son plan d’action
et ses priorités de
supervision pour les
douze prochains mois.
Laurence Boisseau
« Nous devons contribuer à la réussite
de notre pays ». Tel est l’objectif que
s’est fixé Marie-Anne Barbat-Layani,
jeudi. Pour y arriver, la présidente de
l’Autorité des marchés financiers
(AMF) a formulé quatre vœux
devant la presse pour la nouvelle
année. « Que la Place de Paris se
maintienne au premier rang […].
Qu’elle gagne encore en attractivité et
que 2024 soit l’année de la relance de
nouveau dispositif mis sur le mar-
ché à partir de 2025 devra répondre
à un certain nombre d’exigences en
matière d’accessibilité. Les presta-
taires de services auront jusqu’au
28 juin 2030 pour s’y conformer.
Globalement, les produits devront
« être conçus et fabriqués de manière
à garantir une utilisation prévisible
optimale » par les personnes handi-
capées.
Le texte de la directive, qui donne
une série d’exemples non contrai-
gnants, préconise notamment la
fourniture d’informations sous
forme vocale par les terminaux en
libre-service, mais aussi sous forme
de texte ou d’images pour les per-
sonnes sourdes. Il propose aussi
d’inclure un logiciel dans les gui-
chets automatiques pour y bran-
cher un casque et ainsi retranscrire
le texte en version sonore.
Seule une part négligeable du
parc de distributeurs automatiques
de billets serait en effet équipée de
systèmes de dictée vocale fonction-
nels, selon Julien Delamorte. Ce
dernier œuvre justement pour que
sa solution de carte bancaire puisse,
à terme, guider le client lors d’un
retrait d’espèces.
Selon la Fédération bancaire
française (FBF), les banques fran-
Les banques au défi de parler de façon simple et claire à leurs clients
Le secteur financier va
devoir progressivement
adapter ses contenus pour
qu’ils soient accessibles dans
un langage simple et clair.
Edouard Lederer
« La communication mentionnée
[…] est faite sur support papier ou
sur un autre support durable, dans
un langage clair et compréhensible
pour le grand public ». Cette exi-
gence – toute simple en appa-
rence – provient d’un décret publié
fin 2023, précisant les conditions
dans lesquelles un prêteur peut
revendre une créance à un autre
prêteur, et comment l’emprunteur
doit en être informé. Mais elle
témoigne en réalité d’un virage, car
cette demande de clarté va se faire
de plus en plus pressante ces pro-
chaines années.
Tout un arsenal réglementaire
l’Union des marchés de capitaux. Que
Paris soit la première place en matière
d’innovation et de finance verte. Et
enfin, que l’AMF soit toujours aux
avant-postes de ces évolutions ».
Pour œuvrer dans ce sens, le régu-
lateur entend bien être force de pro-
positions auprès des pouvoirs
publics. Fin décembre, le gouverne-
ment a annoncé qu’une loi sur
l’attractivité financière de la France
allait être présentée au Parlement au
printemps 2024.
Parmi les pistes formulées, l’intro-
duction des actions à droit de vote
multiple. Cette mesure vise à con-
vaincre les entrepreneurs qu’ils peu-
vent coter leur entreprise à Paris,
sans craindre de perdre le contrôle.
Si certains acteurs de marché y sont
hostiles, comme les agences de con-
seil en vote, le listing Act – ce texte
qui vise à faciliter l’introduction en
Bourse des entreprises dans l’Union
çaises sont déjà engagées « depuis
de nombreuses années » sur la ques-
tion de l’accès des personnes en
situation de handicap aux moyens
de paiement.
Pour rendre ses services en ligne
accessibles à tous, BNP Paribas a
par exemple opté pour la solution
FACIL’iti, qui permet d’adapter
l’affichage de son site Internet de
façon personnalisée, « selon la
nature du handicap visuel ou cogni-
tif ». La banque recourt aussi à l’opé-
rateur Acceo, qui traduit simulta-
nément la langue des signes.
Absence de sanction
Bruno Gendron, président de la
Fédération des aveugles et amblyo-
pes de France, salue les innovations
en la matière. Des efforts restent
toutefois à faire, notamment dans
l’accessibilité des applications ban-
caires, qui varie d’un établissement
à l’autre. Les banques en ligne
comme Fortuneo ou BoursoBank
sont selon lui souvent citées comme
des bons élèves en la matière.
Le responsable associatif
regrette par ailleurs que les règles
d’accessibilité édictées ces derniè-
res années ne soient pas réellement
contraignantes. Les manquements
ne sont en pratique pas systémati-
et de normes va peu à peu con-
traindre les acteurs de la finance à
s’adresser à leurs clients avec des
mots de tous les jours, plutôt que
dans un langage juridique. Au
cœur de ce changement encore à
venir, une directive européenne
de 2019 sur l’accessibilité aux servi-
ces, récemment transposée en
droit français. Promulgué au prin-
temps dernier, le texte français
porte notamment sur les services
financiers. Il couvre aussi les servi-
ces adaptés aux personnes en
situation de handicap.
Un nouvel article du code de la
consommation, applicable à partir
de juin 2025, donne ainsi de nou-
velles missions aux gendarmes du
secteur financier (ACPR) et des
marchés (AMF). Ils « seront chargés
de vérifier que les informations
fournies au consommateur sont
compréhensibles et que leur niveau
de complexité n’est pas supérieur à
européenne – va s’appliquer d’ici
peu. La France sera donc amenée à
mettre en place cette possibilité.
Pas de surtranspositions
de la réglementation
L’AMF a également pris l’engage-
ment de ne pas recourir à des sur-
transpositions de la réglementation
européenne, sauf s’il y a un enjeu
majeur de protection des épar-
gnants. Cette promesse sera mise
à l’épreuve en 2024 avec la mise
en application du règlement
ELTIF. Celui-ci crée des fonds qui
doivent permettre d’assurer l’accès
des épargnants à des opportunités
d’investissement dans des actifs de
long terme à l’échelle européenne. Il
s’agit notamment d’investissement
dans le non coté et dans le finance-
ment de projets.
Au niveau international, l’AMF a
prévu de faire entendre sa voix dans
quement sanctionnés et il faut sou-
vent compter sur la bonne volonté
des secteurs concernés.
« On a l’impression que le handi-
cap passe toujours au second plan »,
déplore-t-il. L’accessibilité est pour-
tant un enjeu majeur. D’après une
étude de 2017, qui dénombrait à
l’époque 36 millions d’aveugles
dans le monde, ce nombre devrait
tripler d’ici à 2050, en raison du
un niveau ultérieurement fixé par
un arrêté », prévoit le texte.
« Une fois que l’ensemble des tex-
tes aura été publié, l’ACPR, comme
pour l’ensemble des textes dont la
surveillance de l’application lui est
confiée, rappellera aux établisse-
ments sous sa supervision la nature
Ces nouvelles
exigences
entreront en vigueur,
de façon progressive,
à partir de 2025.
de leurs obligations », réagit l’insti-
tution qui mènera aussi des con-
trôles en fonction de l’importance
réelle du risque.
« Cela risque de susciter pas mal
de questionnements juridiques »,
réagit spontanément un banquier,
qui se demande si les textes simpli-
les instances européennes, dans la
perspective de relancer l’Union des
marchés de capitaux. Elle apportera
son soutien à la mission confiée par
Bruno Le Maire à Christian Noyer,
gouverneur honoraire de la Banque
de France.
En même temps, le gendarme
boursier sera très attentif à la protec-
tion des investisseurs. Il veut
déployer une stratégie d’éducation
financière centrée sur les novices
en la matière pour protéger les épar-
gnants et développer leur esprit
critique. Il sera aussi vigilant sur
l’information communiquée aux
épargnants, en matière de finance
durable, notamment. Il va accompa-
gner les entreprises qui devront
publier à la clôture de 2024 des rap-
ports durabilité, pour se conformer
à l’application de la directive euro-
péenne CSRD (Corporate Sustaina-
bility Reporting Directive).
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
L’application Serenipay est associée à la carte
bancaire et permet d’oraliser les différentes
étapes du paiement par carte.
89 %
des déficients visuels ont déjà
été victimes d’une erreur de prix
– volontaire ou non – lors d’un
paiement à la carte bancaire.
fiés auront ou non valeur contrac-
tuelle. Quoi qu’il en soit, l’entrée en
vigueur de ces mesures se fera de
façon très progressive. En atten-
dant, plusieurs réseaux bancaires
paraissent encore attentistes, sans
vision claire quant à leurs obliga-
tions à venir.
Des travaux ont commencé
Chez BNP Paribas, des travaux ont
toutefois commencé. Parmi
d’autres chantiers, « nous tra-
vaillons actuellement avec la
start-up U31 à la mise en place de
simplification sur les pages de nos
sites Internet, avec des règles Facile à
Lire et à Comprendre (FALC) »,
explique notamment Raphaèle
Leroy, directrice de l’engagement
d’entreprise de la banque commer-
ciale en France de BNP Paribas.
Ce format FALC correspond à
une méthode de « traduction » du
texte, diffusée par l’association
Cet exercice représente un vérita-
ble changement d’échelle pour les
sociétés qui sont concernées par ces
nouvelles obligations. Ces entrepri-
ses devront désormais faire figurer
dans leur comptabilité financière à
la fois les conséquences du change-
ment climatique sur leurs perfor-
mances financières et les impacts
négatifs ou positifs qu’elles ont sur
leur environnement. L’AMF pourra
être amenée à sanctionner les entre-
prises si le reporting lié à la finance
verte n’est pas conforme aux obliga-
tions de la directive.
Le suivi des ratios
dans le viseur
Enfin, l’autorité a averti les acteurs
de marché des axes de supervision
majeurs de 2024. Les sociétés de ges-
tion de portefeuille devront être par-
ticulièrement vigilantes sur le suivi
des ratios (comme la part maximale
26
DR
vieillissement de la population et de
la croissance démographique.
L’Organisation mondiale de la
santé (OMS) prévoit par ailleurs
qu’une personne sur quatre souf-
frira de déficience auditive d’ici là.
Plus globalement, le nombre de
personnes nécessitant un ou plu-
sieurs produits d’assistance devrait
atteindre 3,5 milliards dans le
monde. n
Inclusion Europe. Sur le plan tech-
nique, U31, basée à Saint-Chamond
(près de Saint-Etienne), se sert de
technologies de traitement auto-
matisé du langage naturel pour
adapter les textes complexes.
Cette pression sur le langage
dépasse la seule sphère bancaire.
En octobre dernier, l’AMF a par
exemple publié un glossaire à des-
tination des prestataires de servi-
ces d’investissement et des con-
s e i l l e r s e n i nve s t i s s e m e n t s
financiers, les invitant à « adopter
les terminologies préconisées » lors-
qu’ils mettront à jour leurs docu-
ments informant le client sur les
coûts et frais.
Plus largement, des lois portant
sur l’utilisation d’un langage clair
ont été adoptées ces dernières
années dans le monde anglo-
saxon, au Canada, aux Etats-Unis
e t r é c e m m e n t e n No u ve l l e -
Zélande. n
d’une même action dans leur porte-
feuille) car les dépasser peut causer
de graves préjudices pour les por-
teurs de fonds et donner lieu à des
indemnisations. Le niveau de con-
naissance de leurs collaborateurs
sera regardé de très près. Un nou-
veau module optionnel portant sur
la finance durable a été créé.
Les prestataires de services
d’investissement seront contrôlés
sur leur dispositif de détection et
de prévention des abus de marché.
L’AMF a constaté, fin 2023, que
ces outils sont parfois mal calibrés
conduisant à des alertes soit non
pertinentes, soit non traitées. Elle
entend donc surveiller l’existence et
la qualité des déclarations d’opéra-
tions suspectes faites au régulateur.
Mais aussi examiner de près les
transactions réalisées par des sala-
riés de ces acteurs sur des instru-
ments financiers. n
27 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 FINANCE & MARCHES

Richemont réveille
le luxe en Bourse
MARCHÉS
Le géant suisse
propriétaire de
Cartier brille par
ses ventes supérieu-
res aux attentes sur
les trois derniers
mois de l’année.
Virginie Jacoberger-Lavoué
Le luxe ne meurt jamais et il sait
rebondir ! Le secteur a été galva-
nisé jeudi par les résultats du
géant suisse Richemont qui ont
dépassé les prévisions des ana-
lystes, avec une hausse de 8 %
(hors effets de change) de son
chiffre d’affaires qui s’établit à
près de 5,6 milliards d’euros
pour les trois derniers mois de
l’année. Le titre a grimpé de plus
de 10 % à Zurich. Les entreprises
du luxe cotées en Bourse ont
enregistré par ricochet une
hausse de près de 3 %, soute-
nant en particulier le CAC 40.
Dans le sillage du groupe
suisse, propriétaire de Cartier et
de plusieurs marques horlogè-
res, LVMH (propriétaire des
« Echos ») a bondi de près de
2,5 %, Hermès de 1,8 % et Kering
de 2,2 % à Paris. La réaction très
favorable des marchés à ses
résultats a permis à Richemont
de rattraper une partie de son
retard en Bourse. Ses actions
avaient en effet « sous-performé
en 2023 à –4 %, contre +11 % pour
le secteur », rappelle dans une
note Thomas Chauvet de Citi.
Plus largement, le rebond des
ventes de Richemont a redonné
du cœur aux investisseurs sur
les perspectives des valeurs du
Crédit immobilier : la baisse
luxe. Ils avaient tendance à
des taux plus forte au printemps
broyer du noir après le
deuxième « profit warning » du dère Caroline Arnould, la directrice
britannique Burberry Group CRÉDIT générale de CAFPI, citée dans un
dont le plan de relance patine, communiqué. En 2023, la produc-
dans un contexte de ralentisse- Au dernier trimestre tion de crédit immobilier a dégrin-
ment de la demande de biens de 2023, le taux moyen golé de près de 42 %, du jamais-vu.
luxe après deux années de ven- des crédits immobi- Mais la chute a ralenti au dernier tri-
tes record post-pandémie. liers s’élevait à 4,20 % mestre, avec une baisse limitée à
en France, selon 30,6 %, selon l’Observatoire Crédit
Tirées par les Etats-Unis l’Observatoire Crédit Logement-CSA.
et l’Asie Logement-CSA.
Au cours des trois derniers mois
de 2023, Richemont a particu- Les coûts
lièrement brillé grâce à une Mais de premières de financement
demande plus forte que prévu baisses ont déjà des banques ont
de bijoux. La joaillerie, activité été constatées
majeure du groupe représen- dans certains réseaux déjà commencé
tant la moitié de ses ventes, a bancaires. à diminuer en fin
connu sur cette période cruciale d’année, leur
de fin d’année, des ventes en
hausse de 12 % à taux de change Romain Gueugneau
permettant de
constant, tirées par les Etats- repartir à l’offensive.
Unis (22 % des revenus de La hausse des taux a été historique
Richemont) et la Chine, les deux en 2023. Mais la décrue se profile « On est en train d’atteindre le
premiers marchés du luxe. déjà pour 2024. C’est le constat que creux de la vague », assure Michel
Richemont profite dans un font les professionnels du crédit Mouillart, qui mise sur une stabili-
contexte de ralentissement, de immobilier en ce début d’année. sation de la production dans les pro-
produits iconiques notamment Selon les données publiées jeudi par chains mois, et un rebond d’environ
chez Cartier et Van Cleef & l’Observatoire Crédit Logement- 7 % sur l’ensemble de l’année.
Arpels et d’une présence forte CSA, qui s’appuient sur un porte- Malgré la normalisation atten-
dans le commerce de détail. feuille large d’opérations immobi- due pour 2024, le marché du crédit
L’horlogerie, second métier de lières, le taux moyen des crédits immobilier n’en reste pas moins
Richemont, avec les maisons accordés par les banques au mois de bouleversé par l’année qui vient de
Piaget, Jaeger-LeCoultre, décembre s’élevait à 4,24 %. Soit une ment-CSA. L’institut mise sur un (BCE), attendue cette année par les s’écouler. La hausse brutale des taux
Baume & Mercier a vu ses ven- augmentation de près de 200 points taux moyen de 4,20 % au premier marchés, alors que l’inflation reflue d’intérêt, qui ne s’est pas encore
tes croître de 3 % hors effets de de base par rapport à la même trimestre, et un atterrissage à 3,25 % et que l’activité économique ralentit accompagnée d’une réelle baisse
changes, illustrant une période il y a un an (2,35 %). en fin d’année – sauf nouvelle crise sérieusement. Depuis le mois des prix des biens, « a contribué à
demande de montres qui Mais il a tendance à stagner. En géopolitique majeure. Ces prévi- d’octobre, l’institution n’a plus une dégradation rapide de la capacité
s’essouffle après avoir connu novembre, il s’élevait déjà à 4,22 % et sions rejoignent celles d’autres pro- relevé ses taux. Les coûts de finance- des ménages à acheter », selon
des ventes records après la crise les premières estimations pour le fessionnels du marché : le courtier ment des banques ont d’ailleurs déjà l’Observatoire.
sanitaire. Le premier semestre mois de janvier s’établissent à en crédit CAFPI prévoit un taux de commencé à diminuer en fin Depuis 2021, la surface moyenne
2024 pourrait connaître quel- 4,23 %. « On s’oriente vers une décrue crédit de 3,50 % pour la fin de 2024, d’année, leur permettant de repartir achetable a reculé de 5,2 m², pour
ques turbulences, y compris des taux pratiqués par les établisse- après avoir observé des premières à l’offensive sur le marché du crédit retomber à 67,3 m². Les projets ont
outre-Atlantique pour le « roi ments de crédit. Elle sera lente en baisses en décembre dans certains immobilier, avec le retour d’une cer- aussi évolué avec une délocalisation
des joailliers » et ses autres grif- début d’année, mais elle pourrait réseaux bancaires. taine forme de concurrence entre de la demande, là où les prix sont
fes. L’inflation persistante et les s’accélérer à partir du printemps », Cette prévision se justifie par la les réseaux. « La fin de la hausse des moins élevés. Au total, le coût des
taux d’intérêt élevés n’augurent explique Michel Mouillart, respon- probable baisse des taux directeurs taux en cours devrait permettre de opérations de crédit réalisées en
pas d’un imminent dégel. n sable de l’Observatoire Crédit Loge- de la Banque centrale européenne relancer le marché en 2024 », consi- 2023 a reculé de 6,2 %. n

ventes aux enchères publiques // EN

EN PARTENARIAT
PARTENARIAT AVEC
AVEC

91 VENTE aux enchères publiques sur Liquidation Judiciaire, au TJ d’ÉVRY-COURCOURONNES (91),

le mercredi 28 février 2024 à 10h - EN UN SEUL LOT 94 VENTE aux enchères publiques au Palais de Justice de CRÉTEIL (94), Salle A (ou B)
RdC - Bât. Nord - le jeudi 29 février 2024 à 9h30 - EN UN LOT
UN ENTREPÔT DE 874,03 m² MAISON DE 104,63 m²
à CORBEIL ESSONNES (91) à CHOISY LE ROI (94600)
44 rue du Maréchal de Lattre de Tassigny
54 rue Adolphe Sannier
Comprenant : la zone principale (hangar), un petit espace cuisine, espace de stockage, Comprenant au RdC : entrée, cuisine, bureau, SdE/WC, séjour – au 1er étage : palier, 3
petit coin sanitaire, escalier permettant d’accéder à l’étage avec bureau, palier à usage de pièces, WC, SdB/WC
mezzanine, espace bureau en open space, espace bureau
Mise à Prix : 90.000 € -Occupée
Mise à Prix : 130.000 € - Inoccupés (Consignation pour enchérir : 9.000 €)
Faculté de baisse du quart puis éventuellement de moitié faute d’enchères
Consignation : 13.000 € (CARPA Séquestre) S’adresser : - À Maître Florence CHOPIN, Avocat, SCP LANGLAIS CHOPIN, 1-5 av.
S’adresser : - À Maître Priscillia MIORINI, Avocat, 4 rue Féray (91100) CORBEIL ESSONNES, Pierre Brossolette (94) CRÉTEIL, Tél. 01.48.70.71.75 dépositaire d’une copie du CCV
Tél. 01.60.90.13.13 - Au Grefe du JEX du Tribunal Judiciaire d’ÉVRY-COURCOURONNES, où le - Au Grefe du Juge de l’Exécution du TJ de CRÉTEIL où le CCV est déposé les
CCV est déposé lundis & mardis (N° RG 22/00074)
– Sur les lieux où une visite sera organisée le mardi 20 février 2024 à 09h00 - Sur les lieux pour visiter le lundi 26 février 2024 de 9h à 10h
- INTERNET : www.miorini.com ; www.licitor.com - INTERNET : www.avoventes.fr
94 VENTE aux enchères publiques au Palais de Justice de CRÉTEIL (94),
Salle A, RdC, Bât. Nord, le jeudi 29 février 2024 à 9h30 - EN UN LOT
UN PAVILLON DE 148,28 m²
à VILLECRESNES (94) - 2 allée Pierre Ronsard
Comprenant au rez-de-chaussée : entrée, WC, GARAGE, séjour/ salle à manger, cuisine ouverte, suite
parentale avec WC et salle d’eau - au 1er étage : palier et couloir, trois pièces, WC, salle de bains – un
sous-sol - JARDIN (aménagement sur l’arrière des fondements pour piscine et jacuzzi)
Mise à Prix : 180.000 € - Occupé
Consignation : 18.000 €
S’adresser : - À Me Florence CHOPIN, Avocat, SCP LANGLAIS CHOPIN, 1 à 5 av. Pierre Brossolette (94)
CRÉTEIL, Tél. 01.48.70.71.75 dépositaire d’une copie du CCV - Au Grefe du Juge de l’Exécution du TJ de
CRÉTEIL où le CCV est déposé les lundis & mardis (N° RG 22/00054)
- Pour visiter le mercredi 21 février 2024 de 9h30 à 10h30
- INTERNET : www.avoventes.fr
Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 152594)

Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 152596) Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 152632) 75 VENTE aux enchères publiques Au Tribunal Judiciaire de PARIS, Parvis du Tribunal
de PARIS, à PARIS 17ème - le jeudi 29 février 2024 à 14h00

93 VENTE aux enchères publiques au Tribunal Judiciaire de BOBIGNY (93),
le mardi 27 février 2024 à 13h30 - EN UN SEUL LOT
APPARTEMENT DE 67,30 m²
à AULNAY SOUS BOIS (93)
10 rue des Aulnes
Au 1er étage, Porte F : entrée, hall, WC, couloir nuit, SdB, penderie, 2 chambres,
cuisine, salon, partie du salon transformée en chambre. – CAVE - PARKING
Mise à Prix : 32.000 € - Occupés
Consignation : 3.200 €
S’adresser - A Maître Nathalie AUFFRAY Avocat au Barreau de la Seine Saint Denis,2 rue de Lorraine
(93) BOBIGNY - Tél. 01.48.30.11.11 dépositaire d’une copie du CCV
- Au Grefe du Juge del’Exécution du TJ de BOBIGNY où le CCV est déposé
Sur les lieux où une visite sera organisée le lundi 19 février 2024 de 14h à 14h30
94 VENTE aux enchères publiques au Palais de Justice de CRÉTEIL (94), Salle A (ou B)
RdC - Bât. Nord - le jeudi 29 février 2024 à 9h30 - EN UN LOT
UN APPARTEMENT DE 40,99 m²
à FONTENAY SOUS BOIS (94)
1 rue du Commandant Jean Duhail
Au 5ème étage : entrée, cuisine, SàM, chambre, SdB, WC - GRENIER
Mise à Prix : 180.000 € - Consignation : 18.000 €
S’adresser : - À Maître Florence CHOPIN, Avocat, SCP LANGLAIS CHOPIN, 1 à 5 av. Pierre
Brossolette (94) CRÉTEIL, Tél.01.48.70.71.75 dépositaire d’une copie du CCV - Au Grefe du
Juge de l’Exécution du TJ de CRÉTEIL où le CCV est déposé les lundis & mardis (N° RG
16/00171)
- Pour visiter le vendredi 23 février 2024 de 9 heures à 10 heures
- INTERNET : www.avoventes.fr
UN APPARTEMENT à PARIS 18ème
14 rue Charles Nodier
de 32,41 m² (hors balcon) – Au 8ème étage de l’escalier principal, à droite en sortant de
l’ascenseur porte face, comprenant : hall d’entrée, séjour avec salle bain, cuisine, w.-c.
et balcon - DPE : G – GES : G - INOCCUPÉ
Mise à Prix : 260.000 €
Pour consulter le cahier des conditions de vente s’adresser
Au Grefe du Juge de l’Exécution « Ventes immobilières » du Tribunal Judiciaire de
PARIS où il a été déposé sous la Référence Grefe 23/00188, à Maître Jean-Luc
SABBAH, SELARL CABINET SABBAH & ASSOCIES, Avocat à PARIS (75002), 14 rue
Vivienne, Tél : 01 42 97 54 25
VISITE sur place le Lundi 19 février 2024 de 11 H 00 à 12 H 00

Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 152575) Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 152595)

75 VENTE aux enchères publiques au Tribunal Judiciaire de PARIS, Parvis du LES MEILLEURES OPPORTUNITÉS
Tribunal, à PARIS 17ème - le jeudi 29 février 2024 à 14h00 RECTIFICATIF à l’annonce parue dans notre journal daté du 15
UN STUDIO à PARIS 18ème décembre 2023 concernant la vente fixé au 25 janvier 2024 de AUX ENCHÈRES
Immeuble « RESIDENCE PARIS LA CHAPPELLE », dit « JEAN COCTEAU » Maître Sébastien MENDES-GIL, il y a lieu de lire : Mise à Prix :
2 à 42 avenue de la Porte des Poissonniers, 78 et 80 boulevard Ney 370.000 € - consignation : 37.000 € et non Mise à Prix : 270.000 Retrouvez le calendrier des prochaines ventes
de 19,74 m². Au 5ème étage, porte face gauche à la suite du palier, porte n° 524, d’une pièce principale € - consignation : 27.000 €. Le reste inchangé
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Mise à Prix : 50.000 € aux enchères et consultez gratuitement les
Pour consulter le cahier des conditions de vente, s’adresser :
au Grefe du Juge de l’Exécution « Ventes Immobilières » du Tribunal Judiciaire de PARIS, où il a été déposé
sous la Référence Grefe 23/00202, à Maître Vanessa GRYNWAJC, membre de l’AARPI
résultats ainsi que notre newsletter sur le
DGS - GRYNWAJC - STIBBE, Avocat à PARIS 8ème, 40 rue de Monceau, www.dgs-avocats.com - E-mail : Si vous souhaitez paraître dans cette rubrique :
v.grynwajc@dgs-avocats.com
VISITE sur place le Mercredi 21 février 2024 de 11 H 00 à 12 H 00 contact@immolegal.f - Tél : 01.42.96.96.72 site : Vench.fr
 FINANCE & MARCHES Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos 28

en bref
Bloomberg

Baisse surprise des réserves de pétrole

aux Etats-Unis
ÉNERGIE Les stocks de pétrole brut ont reculé plus fortement
qu’attendu aux Etats-Unis, enregistrant une diminution de
2,5 millions de barils, contre 850.000 barils selon les prévisions Dans le contexte de la guerre
des analystes. Cette information a contribué à faire grimper les en Ukraine, Bruxelles veut
cours de l’or noir, déjà en hausse jeudi après des frappes améri- renforcer l’industrie de défense
caines contre les Houthis au Yémen. Le WTI a gagné 1,01 %, à et son accès au financement.
73,3 dollars, et le brent de la mer du Nord 0,5 %, à 78,27 dollars. Photo Aris messinis/AFP

A Bruxelles, les banques prônent

ANNLEGALECH

annonces judiciaires & légales

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

un statut d’exception de la défense

Liberté - Égalité - Fraternité
AVIS DE PARTICIPATION DU PUBLIC
PAR VOIE ELECTRONIQUE
Préalable à la délivrance du permis de construire modificatif
portant sur la modification du projet de construction
d’un ensemble regroupant 167 logements, deux locaux commerciaux,
ment afin de répondre à leurs Si une taxonomie sociale est les droits de l’homme et l’environ-
et une résidence étudiante de 96 logements
à Saint-Denis sur un terrain sis 20, rue Génin à Saint-Denis FINANCEMENT enjeux d’investissements adoptée, pendant de la taxonomie nement, doit mettre hors de cause
Par arrêté du Maire de Saint Denis et pendant 33 jours consécutifs, est organisée croissants. verte, ce projet de texte vise à favori- les industriels de la défense qui ven-
une participation du public par voie électronique préalable à la délivrance du Dans sa réponse à « Dans le contexte mondial de ser l’investissement dans des entre- dent et qui exportent. « La responsa-
permis de construire modificatif N° PC 093 066 19 A0107 M01 portant sur le projet
modifié qui a fait l’objet d’une étude d’impact au sens de l’article L.122-1 du Code
une consultation de résurgence de confits armés, notam- prises à impact social positif, « la bilité du vendeur dans le cadre de
de l’environnement, comprenant la construction d’un ensemble regroupant 167 la Commission euro- ment de haute intensité, […], il est défense ne devrait pas y être considé- l’utilisation d’équipement par un
logements, deux locaux commerciaux, et une résidence étudiante de 96 logements péenne, la Fédération important que la politique et la régle- rée comme une activité nocive en Etat » ne doit pas pouvoir être mise
sur un terrain sis 20, rue Génin à Saint-Denis :
Du 05/02/2024 à 0h00 au 08/03/2024 à 23h59
bancaire française mentation européenne soit cohéren- soi », dit la FBF qui fait exception des en jeu par ce texte, selon elle.
plaide pour « une tes avec l’objectif assigné », justifie la armes controversées.
Le dossier soumis à participation par voie électronique sera mis à la disposition du
public sur le site internet suivant : https://www.registre-numerique.fr/ppve-saint- exception stratégi- FBF. En particulier, les règles ESG et Mieux, les banques françaises « Obligation souveraineté »,
denis-genin que », notamment aux la taxonomie, ce texte qui définit demandent que les investisseurs ne une nouvelle classe d’actifs
Le public pourra consigner ses observations sur le registre dématérialisé textes ESG, afin de ne des critères communs de finance puissent plus se référer au traité sur Des groupes de défense français ont
ouvert à cet effet à l’adresse susmentionnée et par mail à l’adresse suivante : durable. l’interdiction des armements été mis en cause par des ONG pour
ppve-saint-denis-genin@mail.registre-numerique.fr. pas pénaliser l’accès nucléaires. Signé seulement par la vente d’armements à l’Arabie
Le dossier mis à disposition dans le cadre de la participation par voie électronique au financement Objectifs de sécurité l’Autriche, l’Irlande et Malte, pré- saoudite et aux Emirats dans le con-
contient : la demande de permis de construire modificatif, l'étude d'impact du projet
et l’additif, l'avis de l’Autorité environnementale sur l'additif de l’étude d'impact du
des industriels. « Le secteur de la défense est fondé à cise la FBF, « il est utilisé par certains texte de la guerre au Yémen. C’est un
projet, les avis des autorités publiques consultées et le document attestant de expliquer qu’il contribue aux objec- institutionnels pour exclure la risque réputationnel et de confor-
l'absence d'avis, en l'absence de réponse de ces autorités publiques consultées,
la mention des textes qui régissent la mise à disposition et l'indication de la façon tifs de sécurité et de souveraineté défense ». Cela « devrait être évité, en mité auquel les prêteurs des indus-
dont cette mise à disposition s'insère dans la procédure administrative, ainsi que Anne Drif recherchés par la Commission et les ce qu’il exclut in fine des entreprises triels pourraient, pourraient un
la ou les décisions pouvant être adoptées au terme de la participation et les Etats membres, et à plaider pour la qui investissent énormément dans la jour devoir faire face, même s’ils ont
autorités compétentes pour prendre la décision d'autorisation ou d'approbation, la
mention des autres autorisations nécessaires pour réaliser le projet dont la Mairie Changement de posture chez les prise en compte d’une “exception décarbonation ». Et les banques été exemptés temporairement.
a connaissance. grandes banques françaises. En stratégique” à définir », dit-elle. Au françaises de citer Airbus et ses Au-delà, les banques poussent
Afin de permettre au public de consulter le dossier en ligne et d’avoir accès conflit avec l’industrie de défense titre de la défense des infrastructu- investissements dans l’hydrogène. pour un effet d’entraînement euro-
au registre dématérialisé, un outil informatique sera mis à disposition du public : sur leur accès au financement, et res critiques, mais aussi des enjeux Un changement de ton donc radi- péen. Dans le sillage de Bercy et du
En Mairie de Saint-Denis - Immeuble Saint Jean, 6 rue de Strasbourg (2ème étage,
bureau 207) 93200 SAINT-DENIS, aux jours et heures d’ouvertures suivants :
sous pression croissante en raison de sécurité civile, comme la sur- cal, et un appui officiel aux indus- commissaire au Marché intérieur
de la guerre en Ukraine, elles vien- veillance du changement climati- triels de l’armement, même si les Thierry Breton, elles plaident pour
- les lundis, mardis, mercredis et vendredi de 9h00 à 12h00 puis de 14h00 à
17h00 nent aujourd’hui plaider leur cause que et la sécurité numérique. banques françaises campent tou- faire évoluer le mandat de la Ban-
- les jeudis de 9h00 à 12h00 devant les institutions européen- Au-delà de la posture, les ban- jours sur leur constat de départ : que européenne d’investissement
Une consultation du dossier en version papier en mairie ou au siège pourra être nes. Dans sa réponse à la consulta- ques françaises font des proposi- elles répondent présentes dans les (BEI) sur le financement de la
demandée par écrit par toute personne intéressée au plus tard 4 jours avant la fin tion de la Commission sur la nou- tions concrètes. Dans leur régle- projets d’export français d’arme- défense. Elles estiment qu’il faut
de la participation du public par voie électronique.
velle stratégie de l’industrie de mentation, les agences de notation ment ; seules les PME peuvent ren- donner la faculté à la BEI d’émettre
A compter de l’ouverture de la participation du public par voie électronique, des
renseignements sur le dossier peuvent être adressées auprès de : défense européenne (EDIS), la ESG devraient se voir interdire contrer des difficultés ponctuelles. des « obligations de souveraineté » au
- Service territorial de l’Urbanisme règlementaire, à l’adresse électronique Fédération bancaire française de baisser la note du facteur social La FBF va plus loin encore dans même titre qu’elle le fait sur les
suivante : urbastdenis@plainecommune.fr (FBF) se dit favorable à un régime d’une entreprise de défense, du sa prise de position. Elle estime que « green bonds ». Pour la FBF, cela
- Madame Stéphanie MUNGANGA, responsable de la mission règlementaire, à « d’exception stratégique », en seul fait de son appartenance à la nouvelle directive sur le devoir de pourrait même devenir « une nou-
l’adresse électronique suivante : stephanie.munganga@plainecommune.fr faveur des industriels de l’arme- ce secteur. vigilance, un texte visant à protéger velle classe d’actif ». n
La personne responsable du projet est la société SAS SAINT DENIS GENIN,
représentée par Madame Laure ROBERTY, domiciliée 10 rue Roquépine, 75008
PARIS.
Au moins quatre jours après la mise à disposition, une synthèse des observations
et propositions du public, qui mentionnera celles prises en compte, sera prise. Elle
sera publiée au plus tard lors de la décision et pendant une durée minimale de 3
mois par voie électronique, à l’adresse suivante : https://www.registre-numerique.
fr/ppve-saint-denis-genin, ainsi que sur le site internet de la ville.
Un engagement ESG contrasté
L’autorité compétente pour statuer sur les demandes de permis de construire
modificatif par arrêté est le Maire de Saint-Denis.
EP 23-725 / contact@publilegal.fr
pour les entreprises du CAC 40
La ligne de référence est de 40 signes
en corps minimal de 6 points didot. France Invest, etc.) et des membres avec une accélération alarmante du (0,1 point sur 3), ArcelorMittal, puis,
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.
INVESTISSEMENT de la société civile – aux quarante changement climatique, des pertur- ex aequo, EssilorLuxottica, LVMH
Les départements habilités sont 75,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69. plus grandes capitalisations de la bations massives des écosystèmes ou [propriétaire des « Echos »], Publi-
Comme chaque année, cote parisienne. Elles portaient sur encore un accroissement des inégali- cis et Thales.
investisseurs et les trois piliers ESG (enjeux envi- tés », indique Nathalie Lhayani, pré- Par thématique, Pernod Ricard
gestionnaires d’actifs ronnementaux, sociaux et de gou- sidente du FIR. arrive en tête sur les questions envi-
du Forum pour l’inves- vernance), à l’occasion des assem- Comme les autres années, le FIR ronnementales, suivi de Schneider

LA BOURSE tissement responsable

questionnent
les grands groupes
blées générales.

Questionnaire plus
note une maturité plus avancée sur
le sujet environnemental que sur
les enjeux sociaux et de gouver-
Electric et L’Oréal, à égalité en
deuxième position.

exigeant
EST-ELLE MONTÉE de la cote parisienne nance. Deux domaines sont parti-
sur les sujets ESG. Le sujet du télétravail a été rem- culièrement négligés par les grands En 2023,
placé cette année par celui de la po- groupes : l’engagement en matière les entreprises
litique de rachat d’actions, qui doit de fiscalité et celui en matière

TROP VITE ? Caroline Mignon

Peut vraiment mieux faire. Comme

faire à la fois l’objet d’une définition
claire et concerner le plus de sala-
riés possible pour améliorer le par-
d’épargne salariale responsable.

L’Oréal et Veolia en tête

chaque année depuis 2020, le
Forum de l’investissement respon-
sable (FIR) a passé au crible les
sociétés du CAC 40 sur leur engage-
Demain, chez ment ESG. Et le résultat est mitigé.
d
votre marchan Dix questions écrites ont été
envoyées par le FIR – qui rassemble
de journaux des investisseurs (dont la Caisse des
Dépôts, le FFR, la MAIF, AG2R La
Mondiale), des gestionnaires
d’actifs (Amundi, Allianz GI, AXA
IM, BNPP AM, La Française, etc.)
des consultants (Morningstar,
tage de la valeur. Pour chaque ques-
tion une note de 0 à 3 a été attribuée.
Le résultat global est passé de
1,33 point l’an dernier à 1,11 point
cette année. Une baisse qui s’expli-
que essentiellement par le niveau
d’exigence plus élevé dans l’analyse
des questions. Ce durcissement est
revendiqué par le FIR. « Les investis-
seurs responsables souhaitent que
les entreprises aient des stratégies
détaillées et précises à la hauteur des
enjeux de durabilité. Ceci coïncide
ont concentré leurs
efforts sur le sujet
environnemental,
Le haut du podium est occupé par au détriment
L’Oréal et Veolia, avec une moyenne
globale de 1,9 point. L’Oréal se dis- de la fiscalité ou
tingue en particulier sur le climat, la de l’épargne salariale
biodiversité, le salaire décent, responsable.
l’épargne salariale et le lobbying
responsable. Veolia obtient de son
côté la meilleure note sur la rému- Sur les questions sociales, Veolia
nération des dirigeants, le rachat est en tête du classement auprès de
d’actions et l’épargne salariale. Michelin, suivis de L’Oréal et Sch-
Michelin arrive à la troisième place neider Electric. Enfin, AXA et Total-
du classement. Au bas du tableau Energies se distinguent sur le volet
se trouvent Eurofins Scientific de la gouvernance. n
29 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 FINANCE & MARCHES

séAncE du 18 - 01 - 2024 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7401,35 (1,13 %) neXt 20 : 10955,25 (0,83 %)

CaC larGe 60 : 7974,85 (1,11 %)
CaC all-tradaBle : 5496,27 (1,08 %)
Date De ProroGation : 26 JanVier
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 173,7 175,14 + 0,78 - 0,56 l'oréal (OR) R a 421,25 426,2 + 0,97 - 5,43 GerarD Perrier (PERR) B 100 100 + 0,2 ruBis (RUI) G a 23,16 23,22 + 0,35 + 3,2
543817 176 - 0,48 177,82 272222 427 - 4,75 454,05 45 100 + 2,04 101 DiV 2 28/07/17 184198 23,3 + 3,11 23,84
FR0000120073 15/05/23 2,95 524.516.778 173,26 + 21,36 169,36 1,68 FR0000120321 26/04/23 6 534.725.475 420,25 + 11,11 417 1,41 FR0000061459 19/06/23 2,15 3.973.148 99,8 + 3,95 98,6 2,15 FR0013269123 13/06/23 1,92 103.195.172 22,96 - 12,01 22,5 8,27
airBus GrouP (AIR) R a 147,26 150,04 + 2,04 + 7,34 3,4 micHelin (ML) a 30,33 30,52 + 0,4 - 5,98 GetlinK (GET) LR a 16,185 16,11 - 0,16 - 2,75 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 222,9 219,2 - 0,86 - 8,48
829239 150,24 + 7,8 150,24 44,19 1408113 30,68 - 5,13 32,83 543676 16,2 - 4,53 16,78
NL0000235190 25/04/23 1,53 790.459.434 147 + 26,57 136,62 1,2 FR001400AJ45 17/05/23 1,25 178.530.450 30,22 + 3,65 30,09 DiV 6 10/05/16 82102 225,9 - 5,92 252
FR0010533075 30/05/23 0,5 550.000.000 16,01 + 4,2 15,91 3,1 FR0013154002 30/03/23 1,44 92.180.190 219,2 - 31,54 218,6 0,66
alstom (ALO) R a 11,305 11,315 - 0,26 - 7,1 oranGe (ORA) R a 11,144 11,162 - 0,41 + 8,33 Gl eVents (GLO) g B 19 18,92 - 1,46 - 3,57
1677617 11,49 - 6,14 12,51 4084682 11,204 + 6,79 11,208 11442 19,18 - 1,56 20,45 saVencia (BH) B 54,2 54,2 - 1,45
FR0010220475 17/07/23 0,25 384.291.068 11,22 - 57,01 10,66 2,21 FR0000133308 04/12/23 0,3 2.660.056.599 11,082 + 15,99 10,352 2,69 FR0000066672 03/07/23 0,35 29.982.787 18,92 - 0,94 18,72 1,85 52 54,2 + 2,26 55
arcelormittal (MT) R a 24,045 24,38 + 1,23 - 5,04 PernoD-ricarD (RI) R a 145,85 143,55 - 1,41 - 10,14 FR0000120107 15/05/23 1,3 14.032.930 54,2 - 13,83 53,6 2,4
2303481 24,57 - 7,23 26,11 510064 146,8 -11,42 160,55 Graines Voltz (GRVO) c 29,3 29,1 - 0,34
455 29,3 - 2,84 30 scor (SCR) G a 28,03 27,44 - 2,14 + 3,7
LU1598757687 13/11/23 0,17 852.809.772 23,99 - 15,63 23,7 FR0000120693 24/11/23 2,64 255.631.733 143,05 - 24,86 143,05 1,84
FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 29,1 - 61,81 29,1 487302 28,05 + 3,35 28,07
aXa (CS) R a 29,44 29,965 + 1,49 + 1,61 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 86,76 87,5 + 0,74 + 4,17 FR0010411983 30/05/23 1,4 179.362.195 27,4 + 16,67 25,66 5,1
3047513 30,055 + 2,94 30,1 361893 87,76 + 5,57 87,76 GrouPe crit (CEN) g B 75,2 74,8 - 0,53 - 4,83
FR0000120628 08/05/23 1,7 2.270.188.806 29,335 + 6,03 29,12 5,67 FR0000130577 03/07/23 2,9 268.723.468 86,54 + 40,77 83,16 3,31 231 75,2 + 2,75 79,2 seB (SK) G a 105,5 105,1 + 0,38 - 6,99
FR0000036675 05/07/23 3,5 11.250.000 74,2 + 11,64 74,2 4,68 31355 106,1 - 5,66 114,3
BnP PariBas (BNP) R a 60,24 60,66 + 0,7 - 3,08 renault (RNO) R a 33,8 34,42 + 1,97 - 6,73
1662660 61,08 - 2,77 63,82 982000 34,785 -12,21 37,75 GrouPe GorGé (GOE) g B 19,74 19,94 + 0,91 + 3,32 FR0000121709 31/05/23 2,45 55.337.770 104,9 + 12,29 104,1 2,33
FR0000131104 22/05/23 3,9 1.147.477.409 60,11 + 1,71 59,4 6,43 FR0000131906 17/05/23 0,25 295.722.284 33,585 - 7,66 33,265 0,73 12768 20,15 + 8,02 20,15 secHe enVironnement (SCHP) g B 112,8 113 + 0,18 + 2,73
BouYGues (EN) R a 34,77 34,58 - 0,6 + 1,35 saFran (SAF) R a 166,96 171,04 + 2,53 + 7,26 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 19,54 + 0,2 18,62
1683 113,6 + 8,65 115
582091 34,78 + 0,38 35,97 505822 171,04 + 6,39 171,04 Gtt (GTT) G a 129,4 130 + 0,93 + 8,42 FR0000039109 07/07/23 1,1 7.857.732 111,6 + 13 105,8 0,97
FR0000120503 03/05/23 1,8 382.273.297 34,43 + 14,66 34,24 5,21 FR0000073272 30/05/23 1,35 427.260.541 166,34 + 32,28 156,68 0,79 71947 130 + 8,06 131,7
FR0011726835 12/12/23 1,85 37.078.357 128,1 + 27,45 119,9 1,42 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 7,64 7,59 - 0,65 - 5,83
caP-Gemini (CAP) R a 192,65 197,35 + 2,44 + 4,56 saint-GoBain (SGO) R a 61,77 62,53 + 1,31 - 6,2
388903 197,5 + 2,55 197,5 1280172 62,78 - 3,83 67,05 GuerBet (GBT) g B 19,36 19,38 - 0,1 - 0,62 1237 7,66 + 4,4 8,2
FR0000125338 30/05/23 3,25 172.608.113 192,6 + 11,94 181,95 1,65 FR0000125007 12/06/23 2 506.438.012 61,43 + 14,73 61,27 3,2 12981 19,44 + 0,83 19,76 FR0011950682 26/04/23 0,4 12.299.259 7,59 - 37,99 7,54 5,27
carreFour (CA) R a 16,325 16,285 - 0,67 - 1,69 sanoFi (SAN) R a 93,95 94,69 - 0,72 + 5,49 FR0000032526 29/06/23 0,5 12.641.115 18,54 + 0,94 17,02 2,58 ses-imaGotaG (VU) G B 121,8 124,2 + 1,97 - 8,54
1495230 16,47 + 0,34 16,865 1588776 94,73 + 6,86 96,5 Guillemot (GUI) g c 5,73 5,85 + 2,63 - 13,84 14965 126,8 + 1,31 135,8
FR0000120172 06/06/23 0,56 708.790.816 16,265 - 6,38 16,08 3,44 FR0000120578 30/05/23 3,56 1.264.797.546 92,45 + 3,68 89,88 3,76 7152 5,85 -14,6 6,95 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.958.658 121,6 + 1,47 120,2
creDit aGricole (ACA) R a 13,084 13,09 - 0,08 + 1,85 scHneiDer electric (SU) R a 175 178,52 + 1,83 - 1,79 FR0000066722 07/06/23 0,25 15.087.480 5,54 - 55,14 5,54 4,27 sHoWroomPriVé (SRP) g B 0,98 0,99 - 0,5 - 7,13
2635267 13,222 + 2,01 13,366 682008 178,88 - 1,38 181,98 icaDe (ICAD) G a 33 32,5 - 3,56 - 8,55
FR0000045072 30/05/23 1,05 3.052.737.991 13,014 + 23,47 12,89 8,02 FR0000121972 09/05/23 3,15 572.835.884 175 + 20,35 171,1 1,77 6092 1 - 3,88 1,17
135438 33,64 - 7,09 35,9 FR0013006558 118.902.909 0,98 - 40,93 0,965
Danone (BN) R a 61,29 61,42 - 0,13 + 4,67 société Générale (GLE) R a 22,835 23,175 + 1,11 - 3,54 FR0000035081 04/07/23 2,17 76.234.545 32,18 - 27,71 32,18
1042488 61,5 + 5,41 61,89 2519363 23,38 - 4,2 24,85 sii (SII) g c 69,7 69,8 + 0,14
FR0000120644 09/05/23 2 677.773.128 60,85 + 22,89 58,8 3,26 FR0000130809 30/05/23 1,7 802.979.942 22,75 - 6,31 22,565 7,34 iD loGistic (IDL) a 305 309 + 1,15 + 0,98 34359 69,8 + 0,29 69,8
1418 309 + 0,49 314,5 FR0000074122 27/09/23 0,5 20.000.000 69,7 + 50,27 69,5 0,72
Dassault sYstemes (DSY) R a 45,995 46,965 + 1,94 + 6,17 stellantis nV (STLAP) a 19,644 19,828 + 0,98 - 6,23 FR0010929125 6.173.328 304,5 + 7,29 298
1871009 46,965 + 6,29 46,965 2002854 19,936 - 7,78 21,495 soitec (SOI) LG a 135,7 140 + 4,91 - 13,47
FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 45,93 + 32,02 41,45 0,45 NL00150001Q9 24/04/23 1,14 3.143.878.015 19,494 + 39,03 19,494 6,76 imerYs (NK) G a 25,46 25,58 + 0,95 - 10,18
33861 25,64 - 7,18 28,68 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 73112 141 -13,82 164,1
eDenreD (EDEN) R a 57,52 57,82 + 0,8 + 6,8 stmicroeletronics (STMPA) Ra 39,37 40,32 + 3,7 - 10,89 0,23 FR0000120859 15/05/23 3,85 84.940.955 25,18 - 31,93 24,96 15,05 FR0013227113 35.712.302 135,6 - 6,79 132
735363 58,06 + 7,47 58,06 1984896 40,64 -11,4 45,815 177,42
FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 57,2 + 15,73 53,28 1,73 NL0000226223 11/12/23 0,05 911.281.920 39,34 + 2,05 38,575 0,15 inFotel (INF) g c 50,6 50,4 - 0,4 - 4,91 solocal GrouP (PAJ) B 0,085 0,086 + 3,61 - 2,16
enGie (ENGI) R a 15,472 15,562 + 0,22 - 2,24 1,21 telePerFormance (RCF) R a 129,7 131,9 + 2,65 - 0,11 718 51 - 5,26 53 24380 0,087 - 1,6 0,089
4161257 15,618 - 3,26 16,64 12,91 170021 132,85 + 5,86 140,45 FR0000071797 19/05/23 2 6.890.558 50,4 - 12,5 49,8 3,97 FR00140006O9 129.505.837 0,083 - 87,52 0,082
FR0010208488 28/04/23 1,4 2.435.285.011 15,308 + 24,2 15,308 9 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 128,9 - 48,42 125,35 2,92 innate PHarma (IPH) g B 2,49 2,45 - 1,01 - 6,49 soDeXo (SW) LR a 103,85 103,8 - 0,48 + 4,2
essilorluXottica (EL) R a 176,08 178,6 + 1,8 - 1,65 tHales (HO) R a 136 136,45 - 1,34 + 1,87 54175 2,495 + 4,48 2,8 162839 104,4 + 5,08 105,4
427431 179,22 - 2,81 186,24 302105 137,4 + 0,85 142,3 FR0010331421 80.860.563 2,45 - 30,12 2,39 FR0000121220 20/12/23 3,1 147.454.887 103,4 + 13,77 99,94 2,99
FR0000121667 22/05/23 3,23 453.833.920 175,18 + 1,68 172,82 1,81 FR0000121329 05/12/23 0,8 210.210.140 133,05 + 17,48 132,9 0,59 interParFums (ITP) G a 45,9 46,2 + 0,87 - 8,33 solutions 30 (ALS30) a 2,536 2,57 + 1,26 - 3,6
euroFins scient. (ERF) R a 55,52 55,68 + 1,02 - 5,6 totalenerGies (TTE) R a 58,07 58,51 + 0,43 - 5,02 19723 46,4 - 7,6 50,9
294786 56 - 2,45 60,12 3715641 58,57 - 6,16 63 FR0004024222 11/05/23 1,05 69.196.570 45,7 - 17,5 45,25 2,27 246203 2,6 + 5,59 2,822
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 55,04 - 16,45 55,04 1,8 FR0000120271 02/01/24 0,74 2.412.251.835 57,92 - 1,83 57,77 1,27 FR0013379484 107.127.984 2,536 + 20,88 2,438
inVentiVa (IVA) g B 3,44 3,39 - 1,45 - 17,22
Hermes intl (RMS) R a 1854 1841,8 + 1,76 - 4,01 uniBail-r/WFD (URW) a 65,32 64,7 - 1,46 - 3,32 51025 3,44 -13,96 4,44 soPra steria GP (SOP) G a 192,4 194,2 + 1,15 - 1,82
49700 1859 - 7,76 1928 417056 65,82 - 3,14 68,1 FR0013233012 52.115.807 3,3 - 41,55 3,3 20140 194,2 + 0,26 199,1
FR0000052292 25/04/23 9,5 105.569.412 1825 + 10,82 1788,8 0,52 FR0013326246 24/03/20 5,4 139.041.391 64,28 + 13,71 64,28 FR0000050809 29/05/23 4,3 20.547.701 191,7 + 26,85 187 2,21
iPsen (IPN) G a 105 106,1 + 1,05 - 1,67
KerinG (KER) R a 358 353,6 + 2,17 - 11,38 Veolia enV. (VIE) R a 28,28 28,39 - 0,07 - 0,6 76305 106,2 + 0,28 110,6 smcP (SMCP) g B 2,74 2,765 + 0,73 - 19,15
233566 362 -13,2 401,3 1318223 28,56 - 2,24 29,38 FR0010259150 02/06/23 1,2 83.814.526 104,2 + 1,24 102,5 1,13 119557 2,835 -15,57 3,555
FR0000121485 15/01/24 4,5 123.420.778 349,8 - 34,96 343,4 1,27 FR0000124141 09/05/23 1,12 725.411.667 28,2 + 4,3 28,19 3,95
iPsos (IPS) G a 59,3 59,45 + 0,25 + 4,76 FR0013214145 75.591.187 2,72 - 61,22 2,66
l.V.m.H. (MC) R a 670 663,4 + 2,47 - 9,57 Vinci (DG) R a 116,02 117,38 + 1,4 + 3,24 22914 59,45 + 7,31 59,9
618730 673,7 -10,57 740,5 646271 117,58 + 3,91 117,82 sPie (SPIE) G a 28,78 29,46 + 2,43 + 4,1
FR0000121014 04/12/23 5,5 502.048.400 655,8 - 17,27 644 0,83 FR0000125486 14/11/23 1,05 589.048.647 115,6 + 13 112,46 0,9 FR0000073298 03/07/23 1,35 43.203.225 59 - 2,7 55,55 2,27 214662 29,5 + 5,21 29,6
leGranD (LR) R a 89,26 90,1 + 0,92 - 4,25 ViVenDi (VIV) R a 9,812 9,774 - 0,41 + 1,01 JacQuet metals (JCQ) g B 17,62 17,88 + 1,36 - 8,78 FR0012757854 20/09/23 0,22 166.468.112 28,68 + 16,63 27,32 0,75
312822 90,14 - 6,32 94,5 1378972 9,866 + 2,13 10,03 4417 17,88 - 3,14 19,66
FR0000033904 05/07/23 1 22.497.209 17,56 - 0,67 17,56 5,59 steF (STF) g B 114,6 118 + 3,15 + 3,33
FR0010307819 02/06/23 1,9 264.031.292 89,06 + 9,34 88,44 2,11 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,774 + 1,83 9,634 2,56 1678 118 + 7,08 120
JcDecauX (DEC) G a 17,82 17,98 + 3,27 - 1,21 FR0000064271 03/05/23 4 13.000.000 114,6 + 22,92 112,6 3,39
153397 18,5 + 2,63 18,5
FR0000077919 21/05/19 0,58 213.161.658 17,75 - 12,29 16,93 sWorD GrouP (SWP) g B 37,1 37,05 - 0,14 - 7,03
KauFman & BroaD (KOF) g B 28,7 28,6 - 4,98 4542 37,1 - 5,24 40
6548 28,9 - 3,54 30,5 FR0004180578 02/05/23 1,45 9.544.965 36,8 - 12,82 36,6 4,59
FR0004007813 09/05/23 2,4 19.862.022 28,6 - 4,98 28,5 8,39
srD Valeurs françaises KlePierre (LI) LR a 23,85 23,71 - 0,46 - 3,93
sYnerGie (SDG) g B 33,8
180
33,95
34
+ 0,15 - 3,55
+10,23 35,25
537382 23,88 - 2,95 24,96 FR0000032658 29/06/23 0,8 24.362.000 33,8 + 4,46 33,6 2,36
FR0000121964 07/07/23 0,88 286.861.172 23,55 + 5,71 23,55 telePerFormance (RCF) R a 129,7 131,9 + 2,65 - 0,11
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA laGarDère (MMB) G a 18,04 18,04 - 0,11 - 1,85
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 170021 132,85 + 5,86 140,45
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 7740 18,16 - 0,77 18,56 FR0000051807 21/04/23 3,85 63.443.054 128,9 - 48,42 125,35 2,92
FR0000130213 19/04/23 1,3 141.133.286 18,04 - 13,52 18,04 7,21
aB science (AB) g B 3,34 3,21 - 4,32 - 9,7 casino (CO) G a 0,532 0,564 + 4,74 - 28,08 teract (TRACT) B 1,32 1,3 - 1,52 - 30,48
lDc (LOUP) a 134,5 132,5 - 1,12 - 5,36
63524 3,425 - 7,49 3,825 677055 0,567 -28,03 0,792 665 135 - 3,99 141 11902 1,32 -38,39 1,885
FR0010557264 51.066.569 3,205 - 53,68 3,205 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 0,532 - 95,21 0,506 FR0013204336 28/08/23 2,7 17.635.433 131,5 + 21,56 131,5 2,04 FR001400BMH7 73.394.562 1,3 - 78,72 1,3
aBc arBitraGe (ABCA) g B 4,7 4,66 - 0,53 - 3,02 catana GrouP (CATG) g c 5,28 5,42 + 4,23 - 5,24 lna santé (LNA) g B 18,32 18,62 + 1,64 - 7,36 tF1 (TFI) G a 7,27 7,34 + 0,76 + 2,87
22044 4,7 - 3,32 4,87 106185 5,46 - 9,21 5,92 1911 18,72 - 1,48 20,7 101588 7,385 + 5,46 7,585
FR0004040608 05/12/23 0,1 59.608.879 4,63 - 28,53 4,62 2,15 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 5,21 - 18,62 4,86 2,77 FR0004170017 06/07/23 0,5 10.709.416 18,2 - 38,75 18,14 2,69 FR0000054900 20/04/23 0,5 210.485.635 7,255 + 1,66 7,105 6,81
aBiVaX (ABVX) g B 10,58 11,46 + 8,11 + 16,7 ceGeDim (CGM) B 17,7 17,78 - 0,45 lectra (LSS) g B 30,7 30,1 - 0,99 - 3,68 tFF GrouP (TFF) G B 45,8 45,3 - 0,66 + 0,89
168697 11,6 +17,42 11,6 7967 17,9 - 1,22 17,94 9206 30,8 - 2,9 31,75 1360 46 + 5,35 47,5
FR0012333284 62.905.868 10,46 + 60,06 9,35 FR0000053506 29/06/22 0,5 13.997.173 17,6 - 2,84 17,5 FR0000065484 03/05/23 0,48 38.017.826 30 - 25,86 28,6 1,6 FR0013295789 08/11/23 0,6 21.680.000 45,3 + 7,6 43,1 1,33
aBionYX PHarma sa (ABNX) g B 1,27 1,232 - 3,15 - 4,35 cGG (CGG) G B 0,457 0,444 - 2,42 - 25,82 lHYFe (LHYFE) B 4,71 4,82 + 2,34 - 4,37
32408 1,27 - 5,08 1,316 18027603 0,459 -26,48 0,616 tHermaDor GrouPe (THEP) B 81,2 81,3 + 1,5 - 3,79
6794 4,845 - 3,98 5,2 1373 81,7 + 1,12 85,2
FR0012616852 32.459.012 1,23 - 40,48 1,214 FR0013181864 713.676.258 0,433 - 43,63 0,418 FR0014009YQ1 47.908.148 4,71 - 41,86 4,71 FR0013333432 12/04/23 2,08 9.200.849 80,9 - 12,11 80 2,56
accor (AC) LR a 35 35,36 + 1,46 + 2,2 cHarGeurs (CRI) g c 11,82 11,82 + 1,2 lineData serVices (LIN) g B 58,4 58,6 + 0,34 + 5,4
606660 35,49 + 2,26 35,59 41059 11,86 + 0,68 11,88 658 58,6 + 6,55 62,4 tiKeHau caPital (TKO) g a 20,3 20,7 + 2,48 + 0,49
FR0000120404 23/05/23 1,05 252.289.352 34,78 + 24,07 33,69 2,97 FR0000130692 02/05/23 0,54 24.862.314 11,82 - 23,89 11,68 4,57 FR0004156297 05/07/23 1,75 4.960.807 58,4 + 23,37 55,6 2,99 eX D s 03/07/17 30266 20,7 + 4,23 20,9
aDocia (ADOC) g B 10,2 10,12 + 0,2 - 12,31 cHristian Dior (CDI) a 635 640 + 2,32 - 9,54 FR0013230612 18/05/23 0,7 175.193.044 20,2 - 19,3 19,82 3,38
lisi (FII) g a 23,3 23,9 + 1,92 + 1,27
219706 11 +22,37 12,4 eX D oP 08/06/17 6269 644 -10,43 712 46139 23,9 + 2,58 23,9 transGène (TNG) g c 1,34 1,354 - 0,15 - 1,17
FR0011184241 14.025.682 10 +130,52 9,41 FR0000130403 04/12/23 5,5 180.507.516 633,5 - 18,52 618,5 0,86 FR0000050353 17/04/23 0,15 46.538.313 23,3 + 19,62 22,65 0,63 10335 1,356 - 4,51 1,396
aéroPorts De Paris (ADP) R a 114,6 115,8 + 1,31 - 1,19 claranoVa se (CLA) g B 2,13 2,145 + 0,23 + 0,94 lumiBirD (LBIRD) g c 11,26 10,86 - 3,55 - 10,84 FR0005175080 100.852.742 1,332 - 31,96 1,332
54534 116,1 - 0,77 118,7 249909 2,2 +12,07 2,2 12362 11,26 - 8,28 12,48 triGano (TRI) G a 138,9 141,4 + 2,61 - 4,65
FR0010340141 05/06/23 3,13 98.960.602 114,2 - 18,34 113,4 2,7 FR0013426004 57.206.910 2,12 - 22,62 1,994 FR0000038242 22.466.882 10,8 - 42,36 10,8 16342 141,9 - 0,49 149,6
air France-Klm (AF) L 11,6 11,674 + 1,41 - 14,11 clariane (CLARI) G a 2,138 2,15 + 0,28 - 10,57 m6-métroPole tV (MMT) G a 12,83 12,8 - 0,47 - 1,08 FR0005691656 17/01/24 1,75 19.336.269 138,6 + 12,13 136,5 1,24
1025874 11,748 -12,55 13,828 304295 2,192 - 6,2 2,682 69381 12,86 + 3,9 13,22
FR001400J770 262.769.869 11,458 - 25,93 11,436 FR0010386334 21/06/23 0,25 106.828.536 2,1 - 78,88 2,074 11,63 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 19,755 19,835 + 0,99 - 14,17
FR0000053225 03/05/23 1 126.414.248 12,69 - 17,42 12,66 7,81
727770 19,93 -16,41 23,73
aKWel (AKW) g B 15,74 16 + 0,63 - 0,99 coFace (COFA) G a 12,48 12,58 + 0,08 + 6,25 maisons Du monDe (MDM) g B 4,694 4,642 - 0,04 - 18,13
4189 16,14 + 4,58 16,46 154208 12,64 + 8,64 12,64 FR0000054470 127.427.965 18,975 + 0,4 18,975
32966 4,694 - 8,53 5,73
FR0000053027 08/06/23 0,3 26.741.040 15,6 - 0,87 15,1 1,88 FR0010667147 22/05/23 1,52 150.179.792 12,39 - 0,87 11,53 12,08 FR0013153541 05/07/23 0,3 39.189.288 4,57 - 62,35 4,57 6,46 Valeo (FR) LR a 12,02 12,355 + 3,17 - 11,21
alD (ALD) G a 5,545 5,585 + 1 - 13,34 coViVio (COV) G a 45,64 45,36 + 0,76 - 6,82 manitou (MTU) g B 21,5 21,35 + 0,47 - 7,97 1203818 12,52 -13,42 14,75
517815 5,635 -12,67 6,69 115107 46 - 5,5 48,88 7992 21,8 - 9,53 23,35 FR0013176526 29/05/23 0,38 244.633.504 11,9 - 37,85 11,9 3,08
FR0013258662 31/05/23 1,06 816.960.428 5,48 - 52,43 5,45 18,98 FR0000064578 24/04/23 3,75 101.006.389 45,14 - 26,48 44,44 FR0000038606 30/05/23 0,63 39.668.399 21,35 - 21,36 21,05 2,95 Vallourec reG (VK) G B 13,2 13,495 + 2,55 - 3,78
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,7 14,42 - 1,5 + 2,12 coViVio Hotels (COVH) a 16,4 16,35 - 0,3 maurel et Prom (MAU) g B 5,35 5,34 - 0,09 - 12,32 944677 13,495 - 1,71 14,59
28622 14,78 + 0,14 14,96 4584 16,4 - 0,61 16,5 147355 5,35 -13,24 5,995 FR0013506730 229.877.070 13,12 + 1,2 12,785
FR0000053324 14/03/23 0,83 50.533.135 14,42 + 1,98 13,92 5,76 FR0000060303 21/04/23 1,25 148.141.452 16,3 + 5,48 16,2 FR0000051070 03/07/23 0,23 201.261.570 5,245 + 37,81 5,115 4,31 ValneVa (VLA) G B 4,11 4,025 - 2,47 - 14,72
altarea (ALTA) G a 83,6 82 - 2,15 + 2,5 Dassault aV. (AM) a 176,5 174,6 - 1,58 - 2,57 mcPHY enerGY (MCPHY) g B 3,01 3,014 + 0,13 - 10,46 211874 4,114 -16,91 4,996
2742 83,8 +10,66 84,7 63618 177,8 - 2,24 189,8 47838 3,04 -18,76 3,436 FR0004056851 138.896.600 4,025 - 44,24 4,025
FR0000033219 12/06/23 5 20.736.822 81,7 - 36,24 79,1 FR0014004L86 19/05/23 3 80.802.366 172,6 + 11,07 171 1,72 FR0011742329 27.997.800 3 - 79,02 3
altareit (AREIT) B 454 454 + 0,89 Dassault sYstemes (DSY) R a 45,995 46,965 + 1,94 + 6,17 Verallia (VRLA) g a 31,64 31,54 + 0,32 - 9,52
meDincell (MEDCL) B 8,13 8,26 + 2,74 + 14,72 117302 31,8 - 8,15 35,56
1 454 + 1,34 456 1871009 46,965 + 6,29 46,965 33398 8,3 +20,06 8,43
FR0000039216 1.750.487 454 - 27,36 450 FR0014003TT8 29/05/23 0,21 1.336.449.712 45,93 + 32,02 41,45 0,45 FR0013447729 08/05/23 1,4 122.289.183 31,16 - 7,13 31,16 4,44
FR0004065605 28.718.045 8,07 + 8,4 6,91
alten (ATE) G a 130,6 133,9 + 2,37 - 0,52 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 1,752 1,7 - 0,41 - 8,06 mercialYs (MERY) G B 10,45 10,45 + 5,08 VerimatriX (VMX) g B 0,395 0,386 - 1,53 - 15,72
39962 134,5 + 0,9 136,2 47905 1,752 - 1,05 1,896 285982 10,56 +12,67 10,56 75013 0,4 - 1,28 0,464
FR0000071946 04/07/23 1,5 35.122.301 130,2 - 2,05 126,6 1,12 FR0010417345 96.431.770 1,686 - 41,86 1,632 FR0010241638 02/05/23 0,96 93.886.501 10,35 + 2,35 9,825 FR0010291245 85.535.147 0,385 - 53,88 0,385
amunDi (AMUN) G a 62,6 62 - 0,16 + 0,65 Deezer sa (DEEZR) 2 2,2 2,18 - 1,36 + 2,59 mersen (MRN) G B 30,65 30,95 + 0,49 - 12,07 VetoQuinol (VETO) B 104,4 105,4 + 0,96 + 2,93
eX-Ds 15/03/17 128465 63,2 + 0,49 63,55 1221 2,2 - 7,63 2,4 83885 31,35 -10,81 35,5 1974 106,6 +10,48 106,6
FR0004125920 22/05/23 4,1 204.647.634 62 + 1,06 59,85 6,61 FR001400AYG6 117.054.347 2,18 - 12,8 2,1 FR0000039620 04/07/23 1,25 24.418.312 30,55 - 21,74 30,3 4,04 FR0004186856 02/06/23 0,8 11.881.902 103,8 + 9,79 97,5 0,76
antin inFra Partners (ANTIN) G a 13,59 13,98 + 3,17 + 1,45 DericHeBourG (DBG) g B 4,768 4,746 + 0,34 - 6,57 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 0,39 0,381 + 0,26 - 1,8 Vicat (VCT) g a 34,3 34,15 - 0,44 + 3,96
22345 14 +16,5 14,02 163998 4,81 - 1,21 5,16 23425 0,39 + 0,79 0,444 12503 34,3 + 2,86 34,65
FR0014005AL0 14/11/23 0,32 179.193.288 13,57 - 37,31 12,07 2,29 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 4,72 - 24,96 4,682 6,74 FR0004177046 50.919.133 0,372 - 70,51 0,33 FR0000031775 25/04/23 1,65 44.900.000 34,05 + 36,6 32,4 4,83
aramis (ARAMI) a 3,84 3,795 - 12,76 Dms (DGM) g c 1,29 1,33 + 2,31 + 17,18 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B + 1,35 - 1,96
4091 3,865 - 8,99 4,35 39519 1,35 +16,67 1,37 VirBac (VIRP) G a 344 335 - 1,47 - 6,82
+ 1,35 7750
FR0014003U94 82.856.671 3,735 - 7,98 3,735 FR0012202497 16.120.556 1,255 1,095 FR0000076986 20/06/23 28 182.871 - 1,32 7100 2800 13358 344 +10,2 364,5
FR0000031577 26/06/23 1,32 8.458.000 331 + 32,67 331 0,39
arGan (ARG) a 82 80,8 - 1,1 - 5,16 eDenreD (EDEN) R a 57,52 57,82 + 0,8 + 6,8 nacon (NACON) B 1,56 1,57 - 0,38 - 5,88
9208 82 - 2,53 85,5 735363 58,06 + 7,47 58,06 47116 1,628 - 3,09 1,79 ViVenDi (VIV) R a 9,812 9,774 - 0,41 + 1,01
FR0010481960 30/03/23 3 23.079.697 80,1 + 1,89 80,1 FR0010908533 07/06/23 1 249.588.059 57,2 + 15,73 53,28 1,73 FR0013482791 87.851.694 1,55 - 35,92 1,55 1378972 9,866 + 2,13 10,03
arKema (AKE) LR a 96,62 99,34 + 2,54 - 3,55 eiFFaGe (FGR) LR a 96,4 96,98 + 0,6 - 0,04 nanoBiotiX (NANO) g B 7,16 7,26 + 0,83 + 9,34 FR0000127771 25/04/23 0,25 1.029.918.125 9,774 + 1,83 9,634 2,56
225621 99,34 - 1,4 103,75 259976 97,12 + 2,32 99,08 120906 7,46 +32,72 7,48 Voltalia (VLTSA) G a 7,86 8,03 + 1,65 - 22,94
FR0010313833 15/05/23 3,4 75.043.514 96,4 + 6,31 95,88 3,42 FR0000130452 15/05/23 3,6 98.000.000 95,5 - 0,9 95,5 3,71 FR0011341205 13/05/19 47.133.328 7,15 + 87,6 6,42 151670 8,03 -16 10,54
artmarKet.com (PRC) g c 4,755 4,895 + 0,41 - 3,45 eKinoPs (EKI) g B 4,98 4,9 - 1,61 - 16,38 neoen (NEOEN) G a 25,82 26 + 0,08 - 14,13 FR0011995588 131.318.716 7,63 - 55,49 7,63
4489 4,965 - 6,76 5,23 11634 4,98 - 7,89 5,94 112285 26,14 -11,14 30,38 WaVestone (WAVE) g B 62,4 62,4 - 0,16 + 6,3
FR0000074783 6.651.515 4,655 - 38,12 4,655 FR0011466069 25.727.618 4,895 - 45,13 4,74 FR0011675362 17/05/23 0,13 152.122.449 25,54 - 27,37 25,54 0,48 8680 62,7 + 9,47 62,7
assYstem (ASY) B 47 47,9 + 1,92 - 3,23 elior (ELIOR) G B 2,586 2,682 + 3,95 - 8,53 neurones (NRO) B 43,85 43,55 - 0,57 - 0,46 FR0013357621 02/08/23 0,38 24.906.332 61,8 + 33,91 56,7 0,61
oPa 24/11/17 11726 48,6 + 3,01 52,2 690647 2,718 - 2,69 2,964 3096 44,15 - 1,91 44,85
FR0000074148 05/07/23 1 15.668.216 46,9 + 8,86 46,4 2,09 FR0011950732 07/04/20 0,29 252.870.289 2,55 - 34,1 2,466 FR0004050250 14/06/23 1,1 24.278.716 43,3 + 15,82 42,3 2,53 WenDel (MF) G a 78,8 78,85 + 0,19 - 2,23
atos se (ATO) a 4,176 3,695 - 11,31 - 47,59 elis (ELIS) G a 19,4 19,51 + 0,67 + 3,28 22324 79,3 - 2,35 82,2
neXans (NEX) G a 81,8 83,8 + 2,57 + 5,74 FR0000121204 19/06/23 3,2 44.430.554 78 - 19,75 77,55 4,06
4788881 4,207 -47,5 7,83 171837 19,61 + 4,11 19,73 70698 84,6 + 9,04 85,25
FR0000051732 14/05/21 0,9 111.439.307 3,642 - 70,4 3,642 FR0012435121 30/05/23 0,41 234.000.047 19,26 + 21,71 18,08 2,1 FR0000044448 15/05/23 2,1 43.753.380 81,8 - 9,89 72,1 2,51 WorlDline (WLN) LG a 13,1 13,3 + 1,53 - 15,12
auBaY (AUB) g c 39,3 39,45 + 0,38 - 5,28 eramet (ERA) G B 62,15 62,9 + 1,86 - 12,03 neXitY (NXI) G a 15,13 14,8 - 2,12 - 12,17 1227407 13,405 -13,83 15,96
8576 39,55 - 1,87 42,3 25243 63,1 -13,06 72,85 121194 15,2 - 1,27 17,19 FR0011981968 282.974.981 13,01 - 67,56 12,925
FR0000063737 08/11/23 0,5 13.064.446 39,05 - 23,4 38,7 1,27 FR0000131757 26/05/23 3,5 28.755.047 61,55 - 31,78 60,35 5,56 FR0010112524 24/05/23 2,5 56.129.724 14,72 - 46,8 14,63 16,89 Xilam animation (XIL) g c 4,68 5,48 + 17,09 + 38,38
aVenir telecom (AVT) c 0,147 0,145 - 1,5 + 26,35 esi GrouP (ESI) g c /080124 oDet (cie De l') (ODET) a 1444 1414 - 1,81 - 2,75 78748 5,56 +47,31 5,56
231041 0,149 +25,91 0,198 - 0,32 155 168 1448 - 1,67 1468 FR0004034072 4.911.500 4,6 - 84 3,75
FR001400CFI7 0,141 + 76,59 0,112 FR0004110310 6.094.431 +110,38 154 FR0000062234 20/06/23 3,6 6.585.990 1410 - 4,2 1380 0,26
aXWaY soFtWare (AXW) g B 27,7 27,7 + 4,92 esso (ES) g c 49,7 50,2 + 1,21 - 8,48 orPéa (ORP) G a 0,014 0,014 - 0,72 - 18,34
FR0011040500
985
05/06/23 0,4 21.633.597
27,8
27,6
+ 3,36
+ 57,39
27,8
25,8 1,44 FR0000120669
5245
10/07/23 2 12.854.578
50,35
49,4
- 7,47
+ 8,89
57
48,98 3,98 FR0000184798
162615839 0,014
09/07/21 0,9 129.866.915.696 0,014
- 6,76
- 99,81
0,018
0,014
Autres Valeurs de la Zone euro
Bains mer monaco (BAIN) B 103,5 104,5 + 2,96 + 2,45 eurazeo (RF) G a 71,7 73,55 + 2,72 + 2,37 ose immuno (OSE) g c 3,55 3,56 - 1,11 - 16,82 euroneXt (ENX) LR a 77,5 77,8 + 0,45 - 1,08
1079 104,5 + 2,45 104,5 165163 73,55 + 4,25 73,55 61798 3,6 -11,55 4,48 109978 78,05 - 0,58 79,45
MC0000031187 10/10/23 1,2 24.516.661 102 + 20,11 101 1,15 FR0000121121 28/04/23 2,2 76.081.874 71,7 + 12,55 69,35 2,99 FR0012127173 21.651.101 3,505 - 47,76 3,505 NL0006294274 23/05/23 1,89 107.106.294 77,25 + 3,07 76,35 2,85
BalYo (BALYO) g c 0,8 0,819 + 2,25 - 1,21 eutelsat com. (ETL) G a 4,18 4,108 - 2 - 3,34 oVH (OVH) g a 10,02 9,69 - 2,61 + 12,48 noKia (NOKIA) R a 3,171 3,168 - 0,16 + 3,38 0,3
1483 0,819 - 0,24 0,839 235458 4,19 + 0,98 4,528 162151 10,27 +17,38 10,27
FR0013258399 34.356.767 0,8 + 62,5 0,75 FR0010221234 17/11/22 0,93 475.178.378 4,066 - 42,02 4,066 379052 3,209 + 5,97 3,296 10,70
FR0014005HJ9 188.532.591 9,57 - 35,29 8,075
FI0009000681 23/10/23 0,02 5.613.496.565 3,168 - 29,08 3,012 0,95
BastiDe le conFort (BLC) g c 23,85 23,45 - 3,5 - 12,5 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 18,9 19,1 + 0,95 - 1,65 PeuGeot inVest (PEUG) g a 99,2 98,8 + 0,2 - 2,56
6375 23,9 -11,84 28 23447 19,1 - 0,73 19,66 2822 99,5 - 3,7 104 ses (SESG) LR 5,865 5,785 - 1,78 - 2,94
FR0000035370 07/01/22 0,27 7.352.928 23,3 - 32,81 23,3 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 18,76 - 2,45 18,38 FR0000064784 19/05/23 1 24.922.589 98,6 + 3,35 97,2 2,89 295707 5,9 + 6,93 6,175
BelieVe (BLV) G a 9,77 10,34 + 4,23 - 1,52 FDJ (FDJ) G a 33,6 33,86 + 1,08 + 3,11 LU0088087324 18/04/23 0,43 371.457.600 5,77 - 16,55 5,77 8,64
PHarmaGest int. (PHA) g a 55,9 56,5 + 1,25 - 7,53
36985 10,38 - 1,15 10,62 144911 34,1 + 1,8 34,1 3984 56,8 - 4,07 61,1 X-FaB silicon (XFAB) g a9 9,185 + 2,91 - 9,77
FR0014003FE9 97.086.350 9,77 - 11,77 8,79 FR0013451333 05/05/23 1,37 191.000.000 33,52 - 14,58 32,28 4,05 FR0012882389 03/07/23 1,15 15.174.125 55,9 - 30,16 55,2 2,04 111521 9,24 - 9,33 10,3
Bénéteau (BEN) G B 11,2 11,28 + 1,26 - 9,62 FermentalG (FALG) g c 0,266 0,288 + 8,68 - 4,64 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,48 1,466 - 5,54 BE0974310428 130.781.669 8,985 + 21,25 8,905
89541 11,28 - 2,42 12,6 646576 0,299 + 9,51 0,312 101297 1,482 - 9,84 1,588
FR0000035164 21/06/23 0,42 82.789.840 11,04 - 26,37 11 3,72 FR0011271600 41.290.430 0,265 - 82,44 0,265 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.433.323 1,442 + 9,4 1,442
Bic (BB) G a 63,95 64,05 + 0,16 + 1,91 PHaXiam tX (PHXM) c 4,11 4,205 + 0,36 - 8,59 Plastic omnium (POM) G a 10,7 10,72 + 0,75 - 10,67 VAleurs Zone internationale
23292 64,4 + 2,4 65,2 1319 4,21 - 7,58 4,7 138868 10,78 -11,77 12,4
FR0000120966 29/05/23 2,56 42.270.689 63,2 - 0,08 62,25 4 FR0011471135 60.751.054 4,1 - 29,92 4,1 FR0000124570 02/05/23 0,39 145.522.153 10,58 - 32,32 10,46 3,64 General electric (GNE) a 118 117 + 1,74
BiGBen int. (BIG) g c 3,18 3,36 + 2,91 - 2,89 Fnac DartY (FNAC) G a 26,3 26,52 + 0,91 - 3,56 PoXel (POXEL) g c 0,433 0,401 - 8,03 - 27,22 53 118,5 + 3,54 119
21614 3,38 + 4,51 3,88 12281 26,72 + 1,84 28,18 102209 0,441 +22,44 0,605 US3696043013 USD 27/12/23 0,06 1.092.668.140 117 + 58,75 112,5
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.538.970 3,18 - 52 3,17 FR0011476928 13/06/23 1,4 27.778.578 26,3 - 22,18 25,64 5,28 FR0012432516 38.653.711 0,401 - 59,29 0,401 scHlumBerGer (SLB) a 44,39 44,28 - 0,7 - 5,87 3,45
BiomérieuX (BIM) G a 99,34 100,1 + 0,87 - 0,5 Foncière lYonnaise (FLY) a 68 68,4 + 1,48 + 2,09 QuaDient (QDT) g B 19,28 19,5 + 1,04 + 1,46 4278 44,695 - 8,1 48,64
67772 100,85 + 0,54 101,7 35 68,4 + 4,59 70,4 22322 19,7 + 1,04 19,74 AN8068571086 USD 05/12/23 0,25 1.439.269.870 43,89 - 18,3 43,46
FR0013280286 06/06/23 0,85 118.361.220 98,74 + 1,21 97,46 0,85 FR0000033409 17/04/23 4,2 42.885.672 68 - 14,07 67 FR0000120560 03/08/23 0,6 34.468.912 19,28 + 21,88 18,86 3,08
total enerGies GaBon (EC) a 153,8 154 + 0,79 - 1,91
Boiron (BOI) g a 41,1 41,5 + 0,53 + 3,18 ForVia (FRVIA) LR a 17,055 17,09 - 0,7 - 16,31 rallYe (RAL) a 0,114 0,134 + 14,97 + 0,45 420 154,6 - 2,16 159,8
25038 41,5 + 3,44 42,6 1860863 17,39 -18,46 21,17 1225950 0,143 -12,34 0,169
FR0000061129 18/10/23 10,36 17.545.408 40,6 - 14,08 39,76 24,96 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 16,64 - 6,97 16,64 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 0,114 - 95,54 0,092 GA0000121459 07/06/23 20,8 4.500.000 152,8 - 3,75 152,8 13,51
Bolloré (BOL) G a 5,625 5,64 - 0,27 Gecina (GFC) LR a 104 103,6 - 0,19 - 5,9 ramsaY GDs (GDS) a 18,95 19 + 1,06
405258 5,66 + 0,89 5,81 98042 104,5 - 5,47 111,1 250 19 + 3,26 19,9
FR0000039299 05/09/23 0,02 2.951.174.374 5,625 + 5,32 5,615 0,36 FR0010040865 03/07/23 2,65 76.670.861 102,7 - 5,39 102 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 18,55 + 5,26 18,55
BonDuelle (BON) g B 10,52 10,42 - 1,33 - 4,75 GenFit (GNFT) G B 3,2 3,175 - 0,16 - 10,31 rémY cointreau (RCO) LR a 91,94 90,22 - 1,91 - 21,55
5445 10,62 - 1,88 10,94 162840 3,26 -14,3 3,87 140912 92,8 -20,51 114,9
FR0000063935 02/01/24 0,25 32.630.114 10,42 - 24,82 10,24 2,4 FR0004163111 49.834.983 3,14 - 16,05 3,13 FR0000130395 28/09/23 3 51.252.969 89,8 - 47,79 89,8 3,33
Bureau Veritas (BVI) LR a 23,51 23,61 + 1,33 + 3,24 Genomic Vision (GV) g c /031123 reXel (RXL) LR a 23,47 24,48 + 4,04 - 1,17
782798 23,65 + 6,54 23,7 1571946 24,82 - 2,82 25,23
FR0006174348 04/07/23 0,77 453.745.520 23,19 - 11,14 22,52 3,26 FR0011799907 385.886.117 - 94,29 FR0010451203 09/05/23 1,2 300.720.235 23,42 + 18,78 23,22 4,9
carmila (CARM) g c 16,28 16,24 - 0,25 + 4,24 GensiGHt (SIGHT) g B 0,417 0,403 - 4,05 - 12,39 roBertet s.a. (RBT) B 775 770 - 1,28 - 7,23
37461 16,34 + 5,59 16,4 91222 0,42 -13,7 0,492 170 780 - 1,66 830
FR0010828137 15/05/23 1,17 142.441.073 16,14 + 16,67 15,5 FR0013183985 65.309.073 0,401 - 88,99 0,401 FR0000039091 29/06/23 8,5 2.167.745 769 - 12,99 766 1,1
FINANCE & MARCHES Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos 30

carnet
PORTRAIT Honeywell Aerospace avant d’être

par Julie Le Bolzer

ENTREPRISES
vice-présidente aerospace chez
Assystem Technologies. Entrée
+
SCANIA
Benoît Tanguy chez Daher en 2018, elle avait été
Ils sont nés
sera président-directeur promue senior-vice présidente un 19 janvier
Matthieu de Lesseux, général de Scania France programs dès 2021. Parallèle-

Olivier Roller/La Belle Forêt

à compter du 1er avril. ment, elle a eu la charge de la divi-

l’appel de la forêt Benoît Tanguy, 56 ans, est l’actuel

sion nucléaire et projets du
groupe Daher entre 2022 et juin
•78Julian
ans.
Barnes, écrivain,

managing director de Scania BSU,

une fonction qu’il assume depuis
dernier. •deJérémie Blin, ambassadeur
France au Burundi,
Matthieu de Lesseux ne peut que s’en réjouir. Un rap- 2018. C’est en 2000 qu’il a débuté Alain-Jory Barthe, 53 ans, titulaire 52 ans.
port, diligenté par le gouvernement et publié cette
semaine, étaye la nouvelle politique de lutte contre les
son parcours chez Scania France
en tant que chef de région. Dès
du MBA de HEC, est ingénieur
diplômé de l’UTC Compiègne et de
•politique
Pete Buttigieg, homme
américain, secrétaire
incendies de forêt, exacerbés par le réchauffement cli- deux décédés alors qu’il était adolescent, a dû « tra- 2003, il avait été promu directeur l’Ecole nationale supérieure des d’Etat aux Transports,
matique. Pour sa part, l’ancien président en France de vailler tôt ». Il n’avait que 19 ans lorsqu’il a cofondé sa commercial avant de prendre les Arts et Métiers. Il a d’abord officié 42 ans.
Havas Creative, redevenu entrepreneur avec La Belle
Forêt, entend « sauver les espaces forestiers en les dotant
première entreprise, dans l’édition de logiciels. Il déve-
loppe ensuite le pôle multimédia de la société de pro-
rênes de Scania Colombie à comp-
ter de 2014.
chez Labinal et chez Safran. A par-
tir de 2008, il a œuvré chez Manoir
• Damien Chazelle, réalisateur,
39 ans.
de nouvelles ressources financières ». Le tout, via la com-
mercialisation de crédits carbone.
duction Gedeon, avant de créer son agence digitale,
Duke, qui rentrera plus tard dans le giron de Publicis. IN EXTENSO
comme directeur des opérations,
puis comme directeur général de
• Stefan Edberg, tennisman,
58 ans.
Cette activité, qui permet aux entreprises de compen-
ser leurs émissions, connaît une croissance arbores-
Suivront DDB et Havas Créative, deux géants dont il a
été le président en France. Couplée à la fibre entrepre-
David Vanalderwerelt
est le nouveau président
la division aerospace et enfin
comme président de Manoir
•ambassadeur
François Goldblatt,
de France
cente : en 2022, les start-up du secteur ont levé 500 mil- neuriale, sa passion pour les forêts, qu’il arpentait du conseil de surveillance. Aerospace. Suite à la fusion avec en Zambie, 64 ans.
lions de dollars, trois fois plus qu’en 2021. Mais les
crédits fantômes et les projets aux impacts surestimés
enfant, « en famille, comme dans les films de Claude Sau-
tet », le conduit à semer La Belle Forêt, qui a levé 1,8 mil- David Vanalderwerelt, 55 ans, est
LISI Aerospace, il a présidé la divi-
sion forging & casting jusqu’en
•94Tippi
ans.
Hedren, actrice,

ont terni le tableau. « Le marché est bousculé et nécessite

davantage de transparence », convient Matthieu de Les-
lion d’euros en « love money ». En 2023, l’entreprise a
dépassé le million d’euros de chiffre d’affaires, et elle
expert-comptable et commissaire
aux comptes. Il a rejoint In
2018, date à laquelle il a pris la tête
de Thales Electrical Systems.
•cofondatrice
Ombline Le Lasseur,
de
seux, 55 ans, barbe et chevelure aux reflets argentés, qui compte 15 salariés répartis entre le siège parisien et un Extenso en 1995. Dix ans plus tard, KissKissBankBank, 48 ans.
assure se différencier.
Là où la plupart des concurrents proposent la com-
bureau à Nancy. est devenu associé, prenant en
charge le développement de la
•chef
Jean-François Mallet,
cuisinier, photographe,
ASSOCIATION
pensation par la plantation d’arbres, « à plus de 95 % Copropriétaire de 700 hectares région lensoise. Entre 2016 et auteur des livres Simplissime,
dans l’hémisphère sud », La Belle Forêt prône la conser- « Matthieu comprend les besoins du marché, et il y répond 2023, il a présidé In Extenso Nord AGIPHARM 57 ans.
vation de l’existant, en France. Et, à terme, en Europe.
« Nous sommes en mesure de proposer des forêts proches
avec une offre qu’il sait développer, packager et vendre »,
jauge son ami d’enfance Axel Reinaud, cofondateur de
de France. Christophe Durand
devient président d’Agiphram,
• Valérie Millet, éditrice,
fondatrice des Editions
des implantations locales des entreprises, souligne celui NetZero. L’intéressé, lui, dit ne pas savoir « travailler DAHER association des laboratoires du Sonneur, 54 ans.
qui revendique 40.000 hectares en cours d’audit. Selon
notre méthodologie, elle-même vérifiée par Ecocert et cer-
seul ». Et bien que membre du Comité des Forêts, en tant
que copropriétaire de 700 hectares de forêt dans les Vos-
Julie de Cevins
Alain-Jory Barthe
pharmaceutiques d’origine
américaine implantés
•directeur
Jean-Laurent Nabet,
général de Lov Group,
tifiée par Bureau Veritas. » ges, ce père de deux enfants assume « un manque de Julie de Cevins devient en France. 60 ans.
« Une forêt dont la gestion intègre la biodiversité voit ses
crédits carbone mieux valorisés », résume celui qui a
compétences ». Celui-ci est, dit-il, pallié par les membres
du comité scientifique de La Belle Forêt et son associé,
directrice du développement
durable du groupe. Alain-Jory Christophe Durand, 52 ans, phar-
•58Richard
ans.
Orlinski, sculpteur,

remporté l’appel d’offres du domaine de Chambord.

Soit 18.000 tonnes de CO2 évitées, revendues à EDF.
l’expert forestier Philippe Gourmain.
Même lorsqu’il ne foule pas les sentiers boisés, les
Barthe pilotera la division
industrie.
macien de profession, est prési-
dent de Bristol Myers Squibb
•chorégraphe,
Angelin Preljocaj, danseur,
67 ans.
Parmi ses clients figurent également Peugeot Invest, et
même les Nations unies, acquéreuses de crédits car-
arbres ne sont jamais loin, comme en attestent ses lectu-
res : « Walden ou la Vie dans les bois » d’Henry David Julie de Cevins, 58 ans, a suivi un
France. Il a travaillé pour Pfizer et
Novartis. Devenu directeur géné-
•89Lionel
ans.
Ray, poète,

bone de la forêt de Rambouillet. Sachant que La Belle

Forêt cible aussi bien les groupes que les entreprises de
Thoreau, ou encore « Vies de forêt » de son épouse,
l’autrice Karine Miermont. Pour l’heure, alors qu’est
double cursus d’ingénieure EPF/
ISAE-Supaéro et business eMBA
ral France, Belgique, Pays-Bas et
Luxembourg d’Alexion Pharma-
•Channels,
Julien Verley, CEO de France
56 ans.
taille intermédiaire. Autant d’acteurs économiques attendue, en 2024, la norme ISO 14.068, qui doit clarifier du CPA de Toulouse. Elle a tra- ceuticals entre 2016 et 2018, il a
qu’il a longtemps côtoyés… le sujet de la neutralité carbone, et tandis que la forêt vaillé pour Thales, Altran Techno- ensuite œuvré chez Celgene
Cadet de deux enfants, ce fils d’une assistante parle-
mentaire et d’un journaliste de « Paris Match », tous
représente 31 % du territoire français, il se prépare à voir
son activité « grandir très vite ». n
logies et Airbus. Elle a occupé des
fonctions sales & program chez
France puis Bristol Myers Squibb
France. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

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marchés monétaires
18-01-2024 jour 1 mois 3 mois 6 mois 1 an
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B 124
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1461
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var.
veille
var.
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C 49,35 49,6 48,85 - 0,1 11049 G B 43,1 44,3 43,1 + 2,33 693 RENMIBI YUAN 7,7369 -0,29 -0,93
Fr0010588079 Frey B 27,6 27,8 27,6 27,8 + 0,73 221 Fr0000054199 s.t. dupont C 0,089 0,093 0,087 0,093 - 0,22 39755 RUPIAH 16960,3719 -0,35 -0,14
LU2404427523 World qualiliFe stocks a 74,89 17/01
Fr0000065971 Graines voltZ C 29,3 29,3 29,1 29,1 455 Fr0000039109 seche environnem. g B 112,8 113,6 111,6 113 + 0,18 1683 PESO PHILIPPIN 60,6835 -0,35 -0,83 LU1626130816 silk road Zone stocks a 105,24 17/01
Fr0012612646 Groupe partouche B 21,6 21,8 21,3 21,5 + 1,42 986 Fr0004175842 selectirente B 92,5 92,5 92 92 - 0,54 138 RINGGIT MALTAIS 5,123 -0,23 1,02 LU0851564038 balanced (eur) a 133,15 17/01
Fr0010214064 Groupe piZZorno C 60,8 60,8 58,2 59,4 - 4,19 989 Fr0011950682 serGeFerrari Gp g C 7,64 7,66 7,59 7,59 - 0,65 1237 BATH THALANDAIS 38,7085 0,01 1,78 LU0851564384 dynamic (eur) a 163,92 17/01

@Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à
vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

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Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Daniel Fortin (Les Echos Week-end) Marion Moulin Fabrice Février dpo@lesechosleparisien.fr
31 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024

PATRIMOINE
Les Français seront-ils bientôt sommés d’intégrer dans leurs assurances-vie et leurs plans d’épargne retraite des produits spéculatifs ?
Des projets d’arrêtés rendent obligatoire l’exposition au non-coté. Une fédération d’épargnants s’en inquiète.

PER, assurance-vie : vers une

obligation d’investir dans le non-coté
Marie-Eve Frénay moins élogieuses », souligne Jean-François
Bay, directeur général de Quantalys. Selon
e non-coté pour tous ! Alors que les cet expert, le rendement moyen des FCPR

L opérateurs de l’investissement dans

des entreprises non cotées en Bourse
(aussi appelé private equity ou capital-inves-
tissement) se sont lancés ces derniers mois
dans une vaste opération de démocratisa-
tion de cette classe d’actifs, un projet d’arrê-
tés pourrait grandement les aider dans cette
entreprise. Dans le cadre de la loi dite
« industrie verte » adoptée le 10 octobre der-
nier, les parlementaires ont ouvert la possibi-
lité d’introduire dans les mandats de gestion
des plans d’épargne retraite (PER) et des
assurances-vie une part minimale d’unités
de compte principalement investies en actifs
non cotés. Ces véhicules d’investissement
peuvent être des fonds communs de place-
ment à risques (FCPR), composés d’au moins
50 % de titres d’entreprises non cotées, des
fonds d’investissement de proximité (FIP),
investis dans des PME régionales à hauteur
de 60 % minimum, ou des fonds communs
de placement dans l’innovation (FCPI) cen-
trés sur les entreprises innovantes.
Pour définir les contours de cette disposi-
tion, la loi renvoie à la publication d’arrêtés.
« Les Echos » ont pu consulter les textes en
cours de validation. Ils mentionnent une
part minimale obligatoire que devraient
contenir les mandats de gestion. Cette dis-
position passe mal auprès de la Fédération
des associations indépendantes de défense
des épargnants pour la retraite (Faider), qui
dit représenter 1,4 million de particuliers.
Dans deux lettres, l’une adressée le
31 décembre à la présidente de l’Autorité des
marchés financiers (AMF), Marie-Anne
Barbat-Layani, l’autre, le 5 janvier, au vice-
président de l’Autorité de contrôle pruden-
tiel et de résolution (ACPR), Jean-Paul Fau-
gère, la Faider demande une intervention
« d’urgence » auprès du gouvernement
pour qu’il revoie sa copie. La fédération
demande qu’au moins les profils prudents
et équilibrés soient exempts d’obligation de
versements affectés aux actifs non cotés.
Car, en l’état actuel des textes, tous les
mandats de gestion, à l’exception des profils
prudents des assurances-vie (*), contien-
draient du non-coté, dans une proportion
qui dépendrait de l’horizon temporel et du
profil de risque choisi. Concrètement, dans
le cadre de l’assurance-vie, s’agissant des
profils équilibrés (détenant jusqu’à 70 % de
supports volatils et sans garantie de capi-
tal), l’investissement sur les FCPR, FIP et
FCPI devrait représenter au moins 4 % des
versements. Pour les profils dynamiques
(pouvant contenir 80 % de supports ris-
qués), ce minimum serait porté à 8 %. Pour
les PER, l’exposition minimale pourrait
atteindre jusqu’à 15 % des versements. Elle
concernerait les épargnants ayant opté
pour une gestion offensive et avec une date
de rachat du PER n’intervenant pas avant
un délai de vingt ans. Ensuite, la part desti-
née au private equity diminuerait progres-
sivement pour atteindre 6 % cinq ans avant
le départ en retraite.
Fléchage musclé
S’agissant du profil équilibré du PER – le
mandat de gestion proposé par défaut aux
souscripteurs – la proportion minimale
allouée aux supports de capital-investisse-
ment oscillerait entre 3 % et 8 % en fonction
de la date envisagée pour le rachat. Pour les
autres profils, la part minimum varierait
entre 2 % et 12 %. « Dans l’exposé des motifs
de la loi, il n’était question que de possibilité
d’investissement. Là, on assiste à un fléchage
musclé vers le non-coté », déplore Guillaume
Prache, président de la Faider. « Certes, en
théorie, un épargnant qui ne veut pas de pri-
vate equity peut toujours opter pour une ges-
tion libre et sélectionner les supports d’inves-
tissement de son choix. Mais tout le monde
n’en est pas capable. Rappelons que les man-
dats de gestion sont justement faits pour les
personnes qui, par manque de temps ou de
connaissances, préfèrent déléguer le suivi de
leur épargne », fustige-t-il.
Bercy ne partage pas l’avis de la Faider :
« L’esprit de cette loi sera pleinement respecté
par les textes d’application en cours d’élabora-
tion. En effet, cette loi ouvre bien la possibilité
d’introduire une part minimale d’actifs finan-
çant l’économie réelle dans des profils de ges-
tion pilotée en assurance-vie et dans les plans
d’épargne retraite. Cette possibilité sera appli-
quée avec une dégressivité tenant compte des
profils de risque des épargnants. »
Sur le fond, la Faider n’est pas opposée au
développement du non-coté. Mais cette
classe d’actifs, plus risquée, peu liquide, avec
un capital bloqué souvent pendant plu-
sieurs années, ne peut convenir à tout le
monde. « On s’apprête à demander à un par-
ticulier, qui ne maîtrise pas le non-coté, d’y
allouer une partie potentiellement impor-
tante de ses versements, alors que les institu-
tionnels, qui n’ont pas de contraintes en la
matière, y investissent moins de 2 % de leurs
actifs », complète Guillaume Prache. Il
s’appuie sur la structure de portefeuille
communiquée en 2021 par l’Association
française des investisseurs institutionnels.
Pour Bercy, « ces textes ne viennent en aucun
cas contraindre l’allocation de l’épargne des
Français mais au contraire permettent de
l’enrichir en permettant un choix plus large
d’investissements, qui correspondent à la fois
au besoin de financement de notre économie
mais également au besoin de rentabilité de
l’épargne à long terme des Français ».
L’argument de la rentabilité financière ne
convainc pas la Faider. En la matière, il est
courant de citer les données de France
Invest. Cette organisation professionnelle
estime le rendement moyen des fonds de
private equity à 14 % par an sur les dix der-
nières années. Mais ce chiffre prend en
compte à la fois les supports accessibles aux
professionnels comme ceux ouverts aux
particuliers. Or, « les fonds institutionnels
ont un encours très important, ils tirent donc
la moyenne vers le haut au détriment des véri-
tables performances des véhicules à destina-
tion des particuliers. Ces derniers supportent
des frais plus élevés et ont des performances
avoisine plus vraisemblablement les 7 %
par an. Il ne tient pas compte des frais pro-
pres aux contrats d’assurance-vie ou aux
PER. Ces frais de gestion se situent générale-
ment autour de 1 % par an. De plus, il s’agit
d’une moyenne. Certains fonds réalisant de
moins bonne performance. Ainsi, sur les
cinq FCPR lancés il y a plus de trois ans et
faisant partie des plus référencés dans les
assurances-vie, deux affichent une perfor-
mance annuelle moyenne, sur trois ans,
inférieure à 4 %.
Contreperformances
Sur la question cruciale du couple rende-
ment-risque, la Faider épingle encore
davantage les FIP et les FCPI. La fédération
d’épargnants illustre leurs performances
déceptives par quelques exemples chiffrés.
Sur les 16 fonds qu’elle cite, 13 affichent une
performance depuis leur lancement large-
ment négative, oscillant entre -14,77 % et
-77,73 %, ce, en tenant compte pourtant de
l’avantage fiscal propre à ces supports.
Au regard des dates d’échéances large-
ment dépassées, ces contreperformances
s’expliquent par les difficultés à céder les
participations. Cette difficulté est suffisam-
ment répandue pour avoir incité l’AMF à
proposer, à l’été 2022, que les brochures
commerciales contiennent un avertisse-
ment lorsque les gestions ont pour habi-
tude de dépasser les délais contractuels.
L’AMF a d’ailleurs été la première à réagir
au courrier en acceptant de s’entretenir
cette semaine avec la Faider. « Nous espé-
rons que l’ACPR va également répondre à
notre sollicitation », indique Guillaume Pra-
che. Sollicitée, l’ACPR n’a pas souhaité faire
de commentaire. De son côté, Bercy affirme
avoir consulté les régulateurs : « A chaque
étape des consultations, le ministère a veillé et
continuera à prendre en compte la bonne pro-
tection et information des épargnants,
notamment en lien avec les superviseurs
(ACPR et AMF) qui ont apporté leur expertise
en la matière ».
(*) Profils caractérisés par un encours investi au
minimum à 50 % dans des fonds à faible risque,
ayant un indicateur synthétique de risque et de
performance, ou SRI, inférieur ou égal à 2.

LA MAISON DE LA SEMAINE
DR

1 Village de Provence le bien dispose de deux salons, d’une piscine de 8 × 4 mètres,

Construite en 1731 et rénovée
dans les années 2000, cette
bâtisse de 313 m2 habitables
compte 5 chambres, dont une
suite parentale avec dressing
et salle d’eau. Sur deux étages,
d’une salle à manger et d’une
cuisine ouverte sur un auvent.
1 Piscine et pool house
A l’extérieur, le jardin méditer-
ranéen de 420 m2 dispose
et son pool house de 22 m2. CYRUS CONSEIL S.A.S au capital de 1 074 001,60 EUROS - RCS PARIS 350 529 111
Adhérente de la Chambre Nationale des Conseils en Gestion de Patrimoine, association agréée par l’Autorité des Marchés
Financiers. Enregistrée à l’ORIAS sous le numéro 07001194 en qualité de : Courtier en assurance – Courtier en opérations
1 Prix 1.485.000 euros de banque et services de paiement – Conseiller en investissements financiers- Mandataire d’intermédiaire d’assurance-
Mandataire d’intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement Activité de transactions sur immeubles et
RETROUVEZ LE BIEN fonds de commerce, carte n° CPI 7501 2018 000 029 864 délivrée par la CCI de Paris, RCP et Garantie Financière
auprès de la compagnie MMA IARD Assurances Mutuelles / MMA IARD
DE LA SEMAINE SUR
LESECHOS.FR/PATRIMOINE
PATRIMOINE
FISCALITÉ
La détention par un chef d’entreprise de sa société par le biais d’un holding offre de nombreux avantages. De la création à la gestion
en passant par l’achat d’actifs, la cession et la transmission de l’entreprise, cette structure se révèle être un outil efficace.
Pourquoi les chefs d’entreprise
doivent créer un holding
Laurence Boccara
réer et détenir un holding
C permet d’optimiser la ges-
tion du patrimoine profes-
sionnel et privé d’un chef d’entre-
prise. Dotée d’une forme juridique à
géométrie variable (SAS, SARL, etc.),
cette structure « chapeau » s’avère
précieuse à tous les stades de déve-
loppement de sa société. Dès son
lancement ou plus tard.
« Le holding permet aussi de rache-
ter des parts d’associés, d’en faire
entrer de nouveaux et d’acheter des
actifs », précise Souleymane-Jean
Galadima, cofondateur de Sapians,
un multi-family office à 100 % digi-
tal. C’est également un outil utile
Ces régimes
qui adoucissent
la fiscalité
Régime « mère-fille »
Un holding (société mère)
détenant une ou plusieurs
filiales (sociétés filles)
bénéficie d’une exonération
d’impôt sur les sociétés
(au taux de 25 %) à hauteur
de 95 % de leur montant
sur les dividendes perçus.
Seule une quote-part en
frais et charges égale à 5 %
du montant des dividendes
perçus est imposable.
Intégration fiscale
Les filiales (sociétés filles)
ne paient pas l’impôt sur les
sociétés. La consolidation des
résultats s’effectue au niveau
du holding (société mère).
Seule une quote-part en frais
et charges à hauteur de 1 %
du montant des dividendes
reçus est imposable.
Niche « Copé » Ce régime
permet une exonération des
plus-values de cession de
titres de participation détenus
par un holding. Seule une
quote-part de frais et charges
de 12 % du montant de la
plus-value est ajoutée au
résultat de l’entreprise et
soumis à l’impôt sur les
sociétés. Cette fiscalité n’est
possible que si les titres sont
détenus depuis plus de deux
ans et représentent plus de
5 % du capital.
Un outil pour optimiser la transmission de son patrimoine
Le holding se révèle un
véhicule adapté pour gérer
un patrimoine familial et le
transmettre. Explications.
La création d’une société holding
est essentiellement motivée par un
usage professionnel. Toutefois, sur
la durée, cette structure peut s’avé-
rer précieuse pour gérer et trans-
mettre un patrimoine privé. Lors-
qu’un chef d’entreprise part à la
retraite et cède la totalité des partici-
pations de son groupe, il récupère
alors du cash dans le holding. Cel-
le-ci va pouvoir investir dans des
biens immobiliers, souscrire des
crédits et réaliser des placements
financiers.
Le baromètre
des fonds
lors de la cession des titres ou en cas
de transmission. « Le holding est un
concentré magnifique de technologie
indispensable à toute stratégie de long
terme d’un dirigeant propriétaire de
sa société », résume Pierre-Yves
Lagarde, conseil pour les family
office chez Herez.
1 AU DÉMARRAGE
Acquérir une société en direct n’est
en général pas la meilleure solution
car elle met en risque le dirigeant,
qui doit s’endetter à titre personnel
pour financer les titres. Quant aux
dividendes, dont la distribution est
parfois nécessaire pour rembourser
les échéances, ils sont imposables au
taux de 30 % (prélèvement forfai-
taire de 12,8 % plus prélèvements
sociaux de 17,2 %). Voilà pourquoi
les experts conseillent souvent, lors
du démarrage ou du rachat d’une
société, de créer un holding et
d’opter dans la foulée pour le régime
« mère-fille ». Dans ce cas, « le hol-
ding (société mère) achète à crédit les
titres de la société cible (société fille).
La dette sera remboursée grâce aux
remontées des dividendes de la filiale
vers le holding », explique Sandrine
Quilici, directrice de l’ingénierie
patrimoniale chez Norman K.
Détenant les titres de participa-
tion de sa filiale, le holding bénéfi-
ciera du régime fiscal de faveur
associé à ce régime : les dividendes
perçus et extraits du holding sont
taxés à hauteur de 5 % de la quote-
part de leur montant. Ainsi, « sur
une base de 25 % du taux de l’impôt
sur les sociétés (IS), l’imposition ne
s’élèvera qu’à 1,25 % (soit 25 % × 5 %)
du montant distribué », précise Eric
Birotheau, directeur de l’ingénierie
patrimoniale de la Banque Riche-
lieu France.
Autre possibilité : utiliser le
régime d’intégration fiscale, qui
consiste à consolider les comptes
de la société mère avec ceux de la
société fille, car il donne accès à une
fiscalité encore plus douce. Ainsi,
« les intérêts de la dette s’imputeront
sur les bénéfices du groupe. Mais en
outre, la quote-part à payer sera égale
à 1 % du montant des dividendes, soit
une imposition maximale de 0,25 %
avec un taux d’IS de 25 % », ajoute
Sandrine Quilici.
L’existence d’un holding est aussi
utile lorsqu’une société est détenue
par une famille avec des membres
dirigeants majoritaires et d’autres
« Cette structuration se met alors
entièrement au service de la préserva-
tion et de la gestion d’un patrimoine
familial. Elle continue donc d’être
taxée à l’impôt sur les sociétés, ce qui
est avantageux car cette fiscalité est
réputée bien plus stable que l’impôt
sur le revenu », rappelle Sophie
Nouy, directrice du pôle ingénierie
de patrimoine de Cyrus. S’ils ne sont
pas distribués, les dividendes ou
loyers logés dans la structure ne
génèrent pas de fiscalité pour les
associés. Autre atout majeur de ce
véhicule : ses statuts sont rédigés sur
mesure, notamment les modalités
de gouvernance. Ainsi, « un parent
est en mesure de dissocier le pouvoir
de gestion de la détention des titres.
– 3,69 %
ACTIONS ALLEMAGNE
PETITES & MOY. CAP.
L’économie allemande, la pre-
mière de la zone euro, est en-
trée en récession, notamment
minoritaires. Ces derniers pourront
recevoir les dividendes alors que les
premiers étant salariés de la société
et n’ayant pas forcément besoin de
ces dividendes pourront les faire
remonter dans le holding sans y tou-
cher et donc sans imposition à titre
personnel. « Pour le dirigeant, le hol-
ding permet de maîtriser le robinet de
la distribution des dividendes et de
servir de “cash box” », précise Sté-
phane Jacquin, associé-gérant, res-
ponsable de l’ingénierie patrimo-
niale de Lazard Frères Gestion.
1 LORS DE LA CESSION
A condition de les détenir depuis au
moins deux ans, des titres de partici-
pation d’un holding destinés à être
cédés à une société tierce permet-
tent au chef d’entreprise de bénéfi-
cier d’une fiscalité favorable au titre
de la niche dite « Copé ». Ainsi, la
plus-value de cession n’est taxée qu’à
hauteur de 12 %.
Cette distinction permettra ainsi au
parent de rester le gérant, même si un
jour il devenait un actionnaire mino-
ritaire », explique Yves Mazin,
conseiller en gestion de patrimoine
du cabinet Version Patrimoine.
Rien n’empêche
de procéder à une
donation des parts
en démembrement
de propriété.
Capable d’abriter des actifs divers
(biens immobiliers, portefeuille de
titres, etc.), ce véhicule est efficace
pour transmettre un patrimoine sur
pénalisée par le ralentissement
du commerce mondial. Dans
ce climat, les fonds dédiés per-
dent 3,69 % depuis début 2024.
Si l’on applique le taux d’IS de
25 %, cela revient à une imposition
de 3 %. « La cession d’une société opé-
rationnelle se réalise ici en quasi-fran-
chise fiscale, par opposition à la ces-
sion d’une société détenue en direct »,
souligne Stéphane Jacquin.
En cas de cession à titre onéreux,
l’actionnaire du holding est en
mesure de profiter du régime dit
« de l’abattement renforcé » à hau-
teur de 85 % du montant de la plus-
value. Autrement dit : l’imposition
ne porte que sur 15 % des gains. Si
c’est une personne physique impo-
sée à 45 % – la plus haute tranche du
barème de l’impôt sur le revenu –, la
ponction sera de 6,75 % (15 %
× 45 %). Si on ajoute à cela le paie-
ment des prélèvements sociaux
(17,2 %) et de la contribution excep-
tionnelle sur les hauts revenus
(CEHR à 4 % maximum), le total
représente 27,95 %. C’est moins
lourd que l’autre option, à savoir le
le long terme. « Un seul holding suffit
à préparer et organiser une transmis-
sion, il n’est donc pas besoin de démul-
tiplier cette structure. Ce type de
société génère des frais fixes (compta-
bilité, etc.) dans le respect d’un certain
formalisme (organisation d’assem-
blée générale) », précise Guillaume
Lucchini, fondateur associé de Scala
Patrimoine. A noter que « la réparti-
tion des richesses devient plus facile
avec un holding, car il est détenu sous
forme de parts. Il est donc possible de
procéder à des valorisations identi-
ques pour tous les enfants et ainsi de
composer facilement des lots égaux.
A ce titre, cette structure évite l’écueil
de l’indivision consécutive à une
détention en direct et à plusieurs d’un
Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos
+ 4,03 %
ACTIONS ESPAGNE
Les fonds d’actions espagnoles
gagnent 4,03 % depuis le début
de l’année. Selon les écono-
mistes du Crédit Agricole : « Le
PFU à 34 % intégrant le prélèvement
forfaitaire unique (PFU) de 30 % et la
CEHR. Ce régime implique notam-
ment que le chef d’entreprise ait
acquis ses titres avant le 1er janvier
2018, qu’il les détienne depuis au
moins huit ans et qu’il soit entré au
capital au cours des dix premières
années de vie de sa société. « Cette fis-
calité plus douce récompense la prise
de risque », commente Sandrine
Quilici, chez Norman K.
Autre scénario : céder une société
avec l’idée de réinvestir dans une
nouvelle activité économique.
Mieux vaudra alors transférer les
titres de l’entreprise (à céder) dans
un holding existant (ou le créer pour
l’occasion) afin de profiter du méca-
nisme d’apport-cession prévu à
l’article 150-0 B ter du Code général
des impôts. Il prévoit que le futur ex-
chef d’entreprise bénéficie d’un dif-
féré d’imposition à condition de
réinvestir au moins 60 % du produit
ou plusieurs biens immobiliers »,
ajoute Eric Birotheau, directeur de
l’ingénierie patrimoniale chez Ban-
que Richelieu France.
Donations
Rien n’empêche, par le biais d’un
holding, de procéder à des dona-
tions successives en pleine propriété
au profit de ses enfants en bénéfi-
ciant du jeu des abattements qui se
reconstituent tous les quinze ans.
C’est une manière de transmettre en
douceur aux nouvelles générations,
tout en gardant la main sur les déci-
sions stratégiques. Autre scénario
envisageable : procéder à une dona-
tion des parts en démembrement de
propriété. Avec cette disposition, le
32
Morningstar le 16/01/2024
marché du travail espagnol clô-
ture une année 2023 remarqua-
ble en termes de création d’em-
ploi et de baisse du chômage. »
de cession dans une activité écono-
mique dans un délai de deux ans sui-
vant la vente.
Cet investissement peut se réali-
ser, au choix, en direct avec des pri-
ses de participation ou par le biais de
fonds collectifs « clés en main ».
L’immobilier d’exploitation, comme
l’hôtellerie, est souvent éligible à ce
dispositif. « Ce type de réinvestisse-
ment est toujours risqué et non
liquide », souligne Sophie Nouy,
directrice du pôle d’expertise patri-
moniale de Cyrus. Bien que fiscale-
ment attractive, ce dernier scénario
n’est parfois pas pertinent, surtout
« lorsqu’un futur ex-dirigeant sou-
haite se désengager complètement
pour utiliser la totalité de son produit
de cession pour d’autres projets per-
sonnels », prévient Pierre-Yves
Lagarde, chez Herez.
1 À LA TRANSMISSION
Pour mémoire, le pacte Dutreil per-
met à un dirigeant souhaitant céder
son entreprise familiale (ou son hol-
ding du groupe détenteur des filia-
les) à titre gratuit à ses enfants et de
bénéficier d’un abattement sur les
droits de mutation à hauteur de 75 %
de la valeur des titres. « Plus ce dispo-
sitif s’applique à une société située en
haut de l’organigramme (ici le holding
de tête), plus l’effet fiscal sera puis-
sant », indique Eric Birotheau, de la
Banque Richelieu France.
Reste que pour s’engager sur cette
voie, plusieurs conditions sont à
remplir et notamment que la société
holding soit « animatrice ». « C’est
sur ce point que le fisc est extrême-
ment vigilant. Il existe d’ailleurs beau-
coup de contentieux à ce sujet », souli-
gne Sandrine Quilici. Pour être
considérée comme animatrice, la
société holding doit répondre à trois
critères : contrôler ses filiales, parti-
ciper activement à la conduite et à la
politique du groupe, et rendre de
façon effective des services et des
prestations (d’ordre administratif,
juridique, comptable, financier).
De plus, cette animation doit por-
ter sur l’activité principale d’après la
règle suivante : la somme de la
valeur vénale des titres de l’ensem-
ble des filiales doit être au moins
égale à 50 % de l’actif brut total du
holding. « Le pacte Dutreil se prépare
en amont. Cela prend parfois un an
pour formaliser les éléments prou-
vant que la société holding est bien
animatrice », ajoute Sophie Nouy. n
parent donateur désormais usufrui-
tier continue à percevoir les flux de
revenus (dividendes, loyers). De leur
côté, les enfants deviennent nus-
propriétaires. Si un tel démembre-
ment s’effectue aux 58 ans du dona-
teur, les droits de donation à payer
sont calculés sur 50 % de la valeur de
la pleine propriété, contre 100 % en
cas de donation en pleine propriété.
« Au décès du parent, la pleine pro-
priété se reconstituera au profit des
enfants et sans frottement fiscal. Il n’y
a pas de droits de succession sur la
valeur de l’usufruit, ni de taxation sur
une éventuelle plus-value générée
depuis la donation de la nue-pro-
priété », précise Eric Birotheau.
— L. Bo.
33 Les Echos Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 PATRIMOINE

MARCHÉ
DES VOITURES DE UNE CÉRAMIQUE DE
COLLECTION EN VEDETTE PICASSO CHEZ DROUOT
Arcurial disperse les 2 et Drouot adjuge en ligne le

DE L’ART
3 février prochain une sélec- 27 janvier une céramique
tion de voitures et, nouveauté originale de Pablo Picasso. La
de 2024, de motos de collec- vente est organisée au profit de

Artcurial
tion. Parmi les modèles de l’association Le livre de l’aveu-
en bref

Drouot
luxe en vente, des Rolls-Royce gle et de la fondation Almine
et une Bentley cabriolet. y Bernard Ruiz Picasso.

Les femmes, valeurs (enfin) LA CHRONIQUE

DU FISCALISTE

montantes de l’art du XX siècle

e
Malgré la crise, le marché de l’art montre un engouement pour les artistes femmes du XXe siècle. Zoom sur trois
femmes puissantes, qui font aussi l’objet d’expositions en ce moment : Joan Mitchell, Lee Lozano et Judy Chicago.

DR
Judith Benhamou printemps à la Serpentine Gallery de 46.000 euros. Par ailleurs, de très
Londres. grands formats et le mauvais état de Laurent Hepp,
ai 2009 fait date dans l’his- Le marché de l’art, quant à lui, conservation d’un certain nombre avocat associé,

M toire de l’art contempo-

rain. Ce mois-là, s’ouvrait
au centre Pompidou la plus grande
réserve un accueil plus nuancé à ces
talents féminins. Selon la banque de
données Artprice, en 2000, le pro-
de pièces sont, selon les spécialistes,
des obstacles supplémentaires à sa
valorisation. C’est dire si son marché
CMS Francis Lefebvre

exposition jamais consacrée aux
artistes femmes du XXe siècle. Tou-
tes les œuvres étaient issues des col-
lections permanentes. Un tort devait
être réparé. Celui de l’absence de la
gent féminine dans le déroulé offi-
ciel de la création moderne et con-
temporaine. « Une mise à jour de
l’histoire de l’art du XXe siècle », com-
mentait alors la commissaire de
duit des ventes des artistes femmes demande encore à être structuré. Impôt : BSPCE,
dans le monde représentait 89,9 mil-
lions de dollars. En 2023, il a connu Judy Chicago, militante le verdict du
une croissance spectaculaire, à de la cause féministe Conseil d’Etat
1,3 milliard de dollars. Mais il ne suf- S’il existe une artiste longtemps
fit pas d’être l’objet d’expositions sacrifiée sur l’autel de la féminité,
pour être une star du marché. c’est bien Judy Chicago (née en 1939). BSPCE ! Derrière cet acronyme
La femme la plus vendue en 2023 Elle fait partie des talents redécou- quasi imprononçable
est la Japonaise à la verve pop Yayoi verts très récemment malgré une se cache l’une des clés du
Kusama (née en 1929). Huit cent carrière entamée dans les années succès des start-up françaises

Joan Mitchell/Christie’s Images Limited 2023

l’opération, Camille Morineau. quarante-huit de ses œuvres ont été 1960. En 2018, au moment de la foire et le principal outil dont
Depuis lors, les choses ont large- cédées l’an dernier pour l’équivalent Art Basel Miami Beach, l’Institute of disposent les jeunes
ment évolué. Camille Morineau est de 189,7 millions de dollars. Elle est Contemporary Art (ICA) de Miami entreprises pour concurrencer
depuis dix ans à la tête de Aware cependant à part dans le paysage de lui consacrait sa première rétros- les salaires offerts par
(Archive of women artists, research la création, ayant été l’objet l’an pective majeure. Cette fois, elle a les les grands groupes et ainsi
and exhibitions) une association passé, outre ses rétrospectives à honneurs de New York jusqu’au attirer les meilleurs talents.
qu’elle a créée et qui diffuse gratuite- Hong Kong et Bilbao, d’une promo- 3 mars prochain, avec une exposi- Les « bons de souscription
ment des informations vérifiées sur tion hors du commun, traitée tion très convaincante, qui occupe de parts de créateur
1.100 artistes femmes. Elle part du comme un personnage pop très trois étages du New Museum. d’entreprise » sont des bons
postulat suivant : « Plus on possède warholien par la maison de luxe Depuis les années 1970, celle qui incessibles alloués par des
de données sur un artiste, plus il est Vuitton (filiale du groupe LVMH, est passée d’une abstraction à ten- entreprises ayant moins de
demandé et affichera une cote élevée. propriétaire des « Echos »). Zoom dances psychédéliques dans de quinze ans à leurs salariés,
Prenez des noms hypervalorisés sur trois cas d’école. remarquables couleurs pastel à la dirigeants et administrateurs,
comme Roy Lichtenstein ou Gerhard figuration, utilise sa création pour leur permettant de souscrire
Richter. J’avais remarqué que leur L’expressionnisme abstrait Fin 2023, Christie’s a vendu cette toile de 1959 de Joan Mitchell défendre la cause féministe. Elle des actions pendant une
succès était corrélé au fait qu’ils de Joan Mitchell pour 29,1 millions de dollars, le record de prix de l’artiste. aime à dire : « L’art n’a pas de genre, certaine période (plusieurs
avaient très tôt entrepris la rédaction Ainsi, Joan Mitchell (1925-1992) se mais les artistes, oui. » D’ailleurs, années en général) pour
de leur catalogue raisonné », explique place deuxième dans le classement 27,9 millions un diptyque plus tardif pas preneuses d’une rétrospective. dans son show, un étage entier est une valeur figée à la date
l’historienne de l’art. d’Artprice des femmes dont les à l’apparence florale qui mesure Les commissaires de l’exposition consacré aux artistes femmes de d’émission des bons.
Désormais, nombre de musées œuvres représentent le plus gros 4 mètres de large. parisienne, Sarah Cosulich et l’histoire. Si la valeur de l’action
du monde exposent et valorisent les produit de vente en 2023, avec Jusqu’en 2015, les prix les plus éle- Lucrezia Calabro Visconti, voient Aux enchères, sa présence est, là sous-jacente augmente,
artistes femmes. C’est même devenu 56 transactions aux enchères cor- vés pour Mitchell n’atteignaient pas son travail comme satirique. « Elle encore, quasi inexistante. Son prix le bénéficiaire aura ainsi
une tendance forte. A Paris par respondant à 112 millions de dollars. 10 millions de dollars. Selon Camille crée en réaction au système de l’art. record s’y élève à 61.000 dollars seu- intérêt à exercer son droit,
exemple, en ce moment et pour ne Sa double exposition à la Fondation Morineau, sa cote a décollé avec Elle fait un commentaire critique de lement en 2022. En 2023, unique- notamment à l’occasion
faire qu’une sélection dans la pro- Louis Vuitton à Paris (une rétrospec- l’exposition Elles@CentrePompi- la société. C’est une anarchiste uto- ment deux lithographies étaient de la cession de tout ou partie
grammation, la photographe Julia tive plus un dialogue avec Claude dou. Nul doute que celle de la Fonda- piste. » A partir de 1971, la singulière proposées aux enchères. Il en va du capital de l’entreprise.
Margaret Cameron est présentée au Monet) mettait en exergue sa singu- tion Vuitton a confirmé le caractère Lozano décide de ne plus adresser bien différemment chez ses mar- Sur le plan fiscal et social,
Jeu de Paume, la sculptrice Chana larité. Complètement inscrite dans majeur de l’œuvre de la peintre. Mit- la parole aux femmes – un sujet qui chands. A New York, Fabienne Ste- le gain de cession ainsi
Orloff, au musée Zadkine. Au musée le courant américain de l’expres- chell, avec ses abstractions colorées soulève de nombreux commentai- phan, qui travaille pour sa galerie réalisé ne sera alors soumis
Picasso, la plasticienne Sophie Calle sionnisme abstrait, elle n’en était pas explosives, incarne l’une des plus res – et un an plus tard stoppe toute new-yorkaise, Salon 94, observe : à aucune cotisation sociale
a fait évacuer le peintre de Malaga au moins inspirée par les paysages de grandes valeurs montantes du mar- production. Le corpus de son « Une de ses peintures historiques des et bénéficiera du régime
sous-sol pour occuper l’intégralité l’impressionniste d’avant-garde ché de l’art contemporain actuel. œuvre est donc restreint. années 1960 a été récemment cédée de la flat tax au taux global
des étages de l’institution. A la Claude Monet, au point de s’installer Le collectionneur et propriétaire pour environ 2 millions de dollars. actuel de 30 % si le bénéficiaire
Bourse de commerce, jusqu’au à Vétheuil, non loin de Giverny, à L’anarchiste utopiste, de la Bourse de commerce François Elle a aussi imaginé, en 2022, des dées- exerce ses fonctions depuis
22 janvier, est exposée une artiste partir de 1967 et jusqu’à sa mort. Lee Lozano Pinault possède 14 œuvres qui sont ses de bronze [qui semblent inspirées au moins trois ans.
contemporaine américaine, Lee En 2023, elle était la douzième Lee Lozano (1930-1999) est une là exposées. Le marché de l’Améri- des Vénus préhistoriques, NDLR] Dans sa doctrine publiée,
Lozano. C’est aussi à Paris, à la fon- artiste la mieux vendue, hommes et artiste américaine fascinante qui est caine a un atout majeur : c’est la gale- proposées à 250.000 dollars. Judy est l’administration fiscale avait
dation Louis Vuitton, qu’était mon- femmes confondus. Les coups passée d’une figuration à une abs- rie multinationale Hauser & Wirth une artiste à part. C’est Anaïs Nin qui estimé que les actions issues
trée en début d’année dernière une d’éclat de sa cote sont survenus en traction tout aussi puissante en seu- qui la représente. On notait par lui avait dit qu’elle devait écrire ses de BSPCE ne pouvaient être
des stars du marché de l’art actuel, novembre 2023, alors même que le lement douze ans de carrière. Elle a exemple, lors de la foire Paris+ en mémoires. Ce qu’elle a fait. Son travail souscrites en plan épargne en
Joan Mitchell. marché montrait plus générale- fait l’objet d’une rétrospective à 2023, la vente d’une de ses peintures prend de nombreuses formes, et elle actions (PEA), les privant ainsi
Pour ne donner que quelques ment des signes de recul. Turin, à la pinacothèque Agnelli qui sur leur stand pour 450.000 euros. mène son activité comme une petite de l’exonération d’impôt sur
exemples internationaux : à New Le 9 novembre, Christie’s vendait a voyagé à la Bourse de commerce, Quant à ses dessins, ils se négocient à entreprise », conclut Fabienne Ste- le revenu offerte par ce régime.
York, le très en vue New Museum une toile de 1959 composée de larges où elle est montrée jusqu’au 22 jan- partir de 40.000 euros. phan. Dans l’avenir, il suffira d’une Saisi d’une demande
expose une autre artiste contempo- gestes colorés pour 29,1 millions de vier. Son œuvre est d’une puissance Mais l’offre d’œuvres de Lozano seule pièce exceptionnelle de Judy d’annulation de cette doctrine,
raine particulièrement concernée dollars. Il s’agit du record de prix picturale hors norme. est maigre. En 2023, seulement deux Chicago aux enchères pour stabili- le Conseil d’Etat (8 décembre
par le sort des femmes artistes : Judy pour l’artiste à ce jour. Le 15 novem- Pourtant, pour l’instant, les insti- dessins ont été vendus aux enchères, ser la cote internationale de cette 2023, no 482.922) vient,
Chicago. Son travail sera montré au bre, Sotheby’s adjugeait pour tutions américaines ne semblent respectivement pour 56.000 et artiste à la réputation établie. n à l’inverse, de juger qu’aucun
texte ne s’oppose à ce que
des sommes versées sur
un PEA soient employées
INDICES DES PRIX DE L’IMMOBILIER (IPI) pour la souscription, en
exercice de BSPCE, d’actions
éligibles à ce plan.
Une mosaïque de prix sur tout le territoire Reste toutefois à préciser
quelle fraction du gain réalisé
sur ces actions bénéficiera
La crise du logement s’installe en France. Les transactions poursuivent du régime du PEA : le Conseil
leur chute, et les prix marquent le pas dans la majeure partie du territoire. d’Etat ne le dit pas…
« Avec le blocage du marché de la transaction, la pénurie de biens à vendre
s’accompagne désormais d’une pénurie de biens à louer, commentait Loïc
Cantin, président de la FNAIM, fédération nationale de l’immobilier, lors
de sa conférence de début d’année. Nous sommes passés d’un marché D
d’opportunité à un marché d’utilité. Les ventes de confort se raréfient et les A retenir
ventes de contrainte demeurent. »
Le recul des prix touche surtout les grandes villes et leur périphérie, là
où ils avaient le plus grimpé. Mais de nombreuses zones résistent, notam- 1 Selon le Conseil d’Etat,
ment des lieux de villégiature ou prisés des retraités. Ce qui se traduit par aucune disposition légale
de fortes disparités géographiques et des micromarchés à la santé inso- en vigueur ne s’oppose à ce que
lente. Selon les données de la FNAIM, le sud de la France et la Corse, dont des actions issues de l’exercice
des villes comme Perpignan, Montpellier et Nice, ont vu leur prix encore de BSPCE puissent être
grimper de 1 % à 3 % en 2023. Dans ce contexte contrasté, mais globale- souscrites directement dans un
ment baissier, l’offre et la demande ont du mal à se rencontrer. PEA dès lors qu’elles y seraient
— A.-S. V. intrinsèquement éligibles.
 Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024 Les Echos 34

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2024 : 511,6 milliards d’euros (prévisions PLF 2024) // PIB 2023 : 2.818,1 milliards d’euros (prévisions
PLF2024) // Plafond Sécurité sociale : 3.864 euros/mois à partir du 01-01-2024 // SMIC horaire : 11,65 euros (brut par heure)
à partir du 01-01-2024 // Capitalisation boursière de Paris : 2.416,97 milliards d’euros (au 08-01-2024)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 118,23 au 16-12-2023 // Taux de chômage (BIT) : 7,4 % au 3e trimestre 2023
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 3.088,2 milliards d’euros (3e trimestre 2023)

crible
Démonstration euclidienne
Une avancée de Google DeepMind confirme l’IA comme thème incontournable en Bourse. La puce et le dragon
Après AlphaGo et AlphaGo Zero, TSMC confirme la perspective
AlphaGeometry, la dernière-née du redressement des semi-conducteurs.
des intelligences artificielles de
Google DeepMind, va alimenter
l’effervescence autour d’un thème
plus que jamais incontournable en
Bourse pour l’année 2024.
Pourquoi considérer qu’une IA
arrivée au niveau d’excellence des
meilleurs élèves de terminale en
matière de géométrie euclidienne
est une « étape cruciale vers une IA
générale », comme l’assurent les
promoteurs d’AlphaGeometry ?
Parce qu’elle l’a fait par la seule
déduction logique sans
l’entraînement habituel des « IA
génératives » sur des textes
humains, comme ChatGPT.
Comme le souligne une note du
stratégiste de Richelieu Gestion,
Alexandre Hezez, « l’IA » n’est plus
seulement un domaine
d’investissement boursier, mais un
prisme à travers lequel les gérants
doivent désormais examiner la
durabilité et la performance de
tous leurs choix de portefeuille.

L’huile et ses rouages

BP choisit la continuité, mais pas forcément
la facilité.
Les stratèges boursiers ne sont pas d’accord sur grand-chose cette
Quand on n’a pas de pétrole il faut avoir des idées, et quand on en a, aussi. Le année. Tous ont néanmoins un point commun : la géopolitique figure
nouveau directeur général de BP Murray Auchincloss devra se montrer en tête de leurs préoccupations. Cela tombe mal pour celui qui
créatif pour faire remonter la cote boursière de la major britannique, symbolise leur rare point de convergence : le taïwanais TSMC. Le
toujours à la traîne de ses consœurs, et nullement stimulée par la premier fondeur de semi-conducteurs de la planète a confirmé, jeudi,
promotion de ce pur produit maison. Le « board » a évité que le départ de la perspective d’un redressement rapide d’un marché mondial
son prédécesseur Bernard Looney, pour une liaison consentie mais non d’environ 600 milliards de dollars, dans la foulée du point d’inflexion
déclarée, ne vire à la crise de gouvernance. Mais il a aussi choisi d’insister observé depuis l’automne. Après un recul de 9 % en 2023, lui se voit
sur la continuité stratégique. Il s’agit de transformer le pétrolier progresser de plus de 20 % en termes de chiffre d’affaires cette année,
international en énergéticien intégré, là où les concurrents américains font pour une croissance sectorielle de 10 %. Ce terrain est gagné grâce aux
valoir leur capacité à se concentrer sur la production d’hydrocarbures. Or, produits les plus avancés, nécessaires à l’intelligence artificielle. Apple
les cashflows des énergies renouvelables ou du trading sont considérés est en effet loin d’être le seul client de son circuit intégré en trois
comme offrant moins de visibilité pour les oracles sectoriels. Le nouveau nanomètres, 33.300 fois plus fin qu’un cheveu. Mais il n’est pas certain
patron est normalement bien placé pour mettre de l’huile dans les rouages que l’ombre du dragon chinois, surplombant cette grosse puce qui
de la communication financière, en tant qu’ancien directeur financier. Cela représente 28 % de la Bourse taïwanaise, la laissera en profiter. Malgré
ne veut pas dire que passer d’un fauteuil à l’autre est toujours facile. Une les investisseurs internationaux à son capital, son premier actionnaire
étude du chasseur de têtes SpencerStuart portant sur 1.300 successions de demeure un fonds gouvernemental. Sa sous-performance (de 14 % sur
patrons de l’indice américain S&P 500 avait conclu qu’environ un dixième son industrie depuis fin 2022) et sa décote de 20 % sur ses multiples
des nouveaux « CEO » étaient « CFO », mais aussi qu’une minorité de ces historiques signent une forme de méfiance, malgré sa longueur
derniers réussissait à hisser leur firme dans les meilleures performances. d’avance technologique prise sur Intel et Samsung.
Un peu meilleurs pour la rentabilité, mais distancés pour la croissance.

La Bourse de Paris se reprend

EN VUE

Clara Burel
n a enfin trouvé comment remet- « Elle va mettre des missiles et je vais trico-

O tre le tennis français à l’endroit : il

Après trois jours de baisse, l’indice
CAC 40 s’est redressé jeudi, en
hausse de 1,13 % à 7.401,35 points.
Un rebond attribuable aussi bien
à un effet technique qu’à la bonne
performance des valeurs du luxe et
des technologies. Mais les investis-
seurs restent sur leurs gardes après
les chiffres élevés d’inflation et les
propos prudents des banquiers
centraux ces derniers jours.
Dans le compte rendu de sa der-
nière réunion, la Banque centrale
européenne insiste sur la possibi-
lité d’une nouvelle hausse des taux,
même si ce n’est pas le principal scé-
nario envisagé. D’après les marchés
à terme, les investisseurs s’atten-
dent à une première baisse des taux
de la BCE en juin et de la Fed en mai.
Ailleurs en Europe, Francfort a
gagné 0,83 % tandis que le Footsie, à
Londres, prenait 0,17 %.
Du côté des valeurs, les géants du
luxe ont largement bénéficié des
bons chiffres trimestriels de leur
rival suisse Richemont. LVMH
s’est adjugé 2,58 %, Kering et Her-
mès ont respectivement gagné
2,17 % et 1,76 %.
Mais c’est STMicroelectronics
qui s’impose en première place de
l’indice (3,70 %). Le groupe a profité
pour sa part des résultats du taïwa-
nais TSMC, dont le bénéfice a
moins reculé que prévu, laissant
espérer que l’industrie des semi-
conducteurs a atteint un point bas.
suffisait de lui mettre la tête à
l’envers. A 16.791 kilomètres de la terre bat-
tue ocre de Roland-Garros, les raquettes
tricolores retrouvent des couleurs « down
under », sur le Rebound Ace bleu de Mel-
bourne, où l’Open d’Australie se tient
depuis dimanche. Quatorze coqs sportifs
au deuxième tour d’un Grand Chelem, du
jamais-vu depuis cinq ans. Melbourne,
c’est de la balle ! Dans cette éclaircie
accompagnée d’un vent de fraîcheur, la
Bretonne Clara Burel, 22 ans, prend la
lumière. Numéro une mondiale chez les
juniors en 2018 et désormais 51e au classe-
ment WTA chez les grandes, elle s’est offert
jeudi « la plus belle victoire de sa carrière »
en sortant la cinquième mondiale, l’Amé-
ricaine Jessica Pegula. Pegula plus là,
l’enfant de Louannec, sur la Côte de granit
rose, peut voguer vers Océane Dodin, autre
promesse française qui brille en Australie
et qu’elle affrontera au troisième tour.
ter ! » prédit Burel, dont le jeu tout en con-
tres et variations détonne dans un tennis
féminin dominé par les cogneuses. Pour
gagner un point, il suffit finalement de
« remettre la balle dans le court une fois de
plus que son adversaire », dit-elle. Pour le
spectacle, on repassera. La jeune femme,
couvée à la pouponnière nationale de
Roland-Garros dès ses 13 ans, est « réser-
vée », voire « insaisissable », dixit ses ex-en-
traîneurs. « Sur le terrain autant qu’en
dehors, elle intériorise beaucoup », constate
« Le Télégramme », pointant que « der-
rière cette personnalité peu expressive se
cache une bête de sang-froid ». Sans entraî-
neur attitré depuis un an, elle brise un à un
les plafonds de verre auxquels elle se heur-
tait jusqu’ici. Au gré des tournois, elle est
épaulée par son compagnon, lui aussi
enfant de la balle jaune, et par sa famille,
très présente. « Seule, avec du monde
autour », écrit « Ouest-France ». Bien dans
sa bulle, bien dans sa balle.