Rapport Annuel 2020

RAPPORT ANNUEL
2020
© Ozan KOSE / AFP

La police d'Istanbul interrompt une manifestation régulière des Mères du samedi qui se souviennent de la disparition de proches
dans les années 1980 et 1990, plaçant des dizaines de personnes en garde à vue alors qu'il s'agit de la 700e manifestation hebdo-
madaire de ce type. © Hayri TUNC / AFP
RAPPORT ANNUEL
2 0 20
04 La lettre de la Présidente
07 Nos fondamentaux
08 Notre Fédération
10 192 organisations membres
12 Bureau international
13 Priorité : soutenir les défenseur·euses des droits humains
23 Priorité : favoriser un environnement propice à la démocratie et aux libertés
Table des Matières
36 Priorité : promouvoir les droits des femmes

42 Priorité : lutter contre la discrimination et les violences fondées sur l'orientation
sexuelle et l'identité de genre
46 Priorité : promouvoir les droits des personnes migrantes
51 Priorité : lutter contre l'impunité et protéger les populations contre les crimes
les plus graves
67 Priorité : promouvoir le respect des droits humains par les acteurs économiques

79 Rapport financier 2020
80 Remerciements
LETTRE DE LA PRESIDENTE

Cher·∙es ami·∙es,

J'ai le plaisir de partager avec vous le rapport annuel 2020 de la FIDH.

Si l’on m’avait dit au début de l'année 2020 qu’une pandémie était sur le point d’éclater,
qu’elle affecterait la planète toute entière et ferait des millions de victimes à travers le
monde, j'aurais hésité à accepter ce mandat. Compte tenu des inégalités structurelles
pernicieuses qui ont affecté et qui continuent d’affecter tous les pays et, du fait que quelque
4 milliards de personnes dans le monde n'ont accès à aucune forme de protection sociale,
nos gouvernements n'étaient manifestement pas prêts à apporter une réponse appropriée à
cette crise -‐ notamment pour protéger les personnes les plus vulnérables. Des personnes
âgées aux travailleurs de première ligne, des personnes souffrant de comorbidités aux
personnes sous-‐employées, pour ne citer que quelques-‐uns des groupes les plus gravement
touchés par cette crise, nous constatons que de nombreuses communautés ont été
abandonnées par leurs gouvernements. L’absence d'infrastructures de santé publique
réelles et/ou efficaces explique en partie ces situations ainsi que des décennies de politiques
néolibérales qui ont échoué et amplifié de graves inégalités socio-‐économiques.

Si le défi mondial de la pauvreté et des inégalités est apparu avec autant de force en 2020,
l'espace laissé à la société civile, aux défenseur·∙euses des droits humains et aux citoyen.nes
et militant·∙es s'est considérablement réduit. C'est pourquoi la FIDH a décidé, dès le début de
la crise, de s'adapter rapidement afin d'éviter que les acquis du mouvement des droits
humains de ces dernières années ne soient complètement remis en cause. Il s’est agit de :
• faire la lumière en suivant l'évolution des droits humains dans le contexte de la
crise engendrée par la Covid-‐19 et donner une plus grande visibilité aux problèmes
auxquels font face les défenseur·∙euses des droits humains partout dans le monde ;
• établir des liens en favorisant les échanges entre la société civile et les
défenseur·∙euses des droits humains afin qu'ils puissent apprendre les un·∙es des
autres, renforcer les relations avec nos membres et entre eux et agir de manière
collective ;
• mobiliser en activant les mécanismes de protection des droits et en sollicitant le
soutien du public via les réseaux sociaux.

En juin 2020, il était clair que les défenseur·∙euses des droits humains étaient injustement
ciblé·∙es, emprisonné·∙es et surveillé·∙es de plus en plus fréquemment. En moins de six mois,
plus de 300 violations des droits humains ont été recensées dans 60 pays. La FIDH a mobilisé
FIDH -‐ Rapport annuel 2020 4

ses membres pour que la lutte contre la pandémie ne serve pas de prétexte aux États
autoritaires pour adopter de plus en plus de mesures qui restreignent les libertés et font
taire les voix dissidentes. Elle a mobilisé ses membres afin que cette lutte ne serve pas
d'excuse à des États aux traditions démocratiques établies, pour mettre à mal les droits
économiques et sociaux de leurs citoyen.nes en adoptant des mesures antisociales,
notamment en matière de droit du travail.

Alors que le monde continue de lutter contre la pandémie, nous sommes témoins des
conséquences permanentes des inégalités mondiales sur lesquelles notre monde est
construit. D’un côté, nous constatons que de nombreux obstacles limitent l'accès aux vaccins
dans la plupart des régions du monde (une réalité pour la plupart des habitants des pays du
Sud, dont beaucoup ne recevront leur première dose qu'en 2023) ; de l’autre côté, de
nombreux habitants des pays du Nord bénéficient de doses de rappels. Je souhaite rendre
hommage à toutes celles et à tous ceux qui ont perdu la vie ou leurs moyens de subsistance,
ainsi qu'à celles et ceux qui continuent d’espérer avoir un jour accès à des médicaments
vitaux. Notre action en leur faveur ne fait que commencer.

Durant cette crise, la FIDH poursuit et adapte son mode de fonctionnement, comme la
plupart des autres ONG. Mais dans notre cas, nous découvrons rapidement l'agilité et la
vivacité de notre structure unique. Sans nous laisser décourager par la fermeture des
frontières, nous restons ouverts, réactifs et audacieux, transformant nos actions de terrain
en activités en ligne. Ce qui anime notre réseau et rend possibles les actions extraordinaires
menées en 2020, ce sont les années de relations soigneusement entretenues, fondées sur
une confiance profonde et un respect mutuel entre nos organisations membres, ainsi
qu'entre nos organisations membres et notre Secrétariat international.

Nous avons travaillé plus étroitement que jamais lors de nos missions virtuelles, nous avons
créé ensemble des formations en ligne et des webinaires et, nous avons tenu nos réunions
du Bureau international comme d'habitude. En fait, cette crise a rapproché notre réseau,
renforcé notre détermination et mis en lumière la valeur ajoutée et la force de notre
organisation au sein de la famille des droits humains. C'est exactement la mission que je me
suis donnée en octobre 2019, lorsque j’ai entamé mon mandat de Présidente de la FIDH :
nous fournir les moyens de devenir un réseau plus visible, plus vivant et plus visionnaire.

Je souhaite ici saluer l'héroïsme et le courage des défenseur·∙es des droits humains du monde
entier qui, même menacé·∙es de censure, d'emprisonnement, de torture et de mort, ont
continué à dire la vérité au pouvoir au milieu d’une crise de santé publique sans précédent.
Après quatre ans de détention arbitraire, notre secrétaire général adjoint, Nabeel Rajab,
cofondateur et président du Bahrain Center for Human Rights (BCHR) et directeur fondateur
du Gulf Center for Human Rights (GCHR) a été libéré le 9 juin 2020. Sa libération est, sans

aucun doute, le résultat de la lutte acharnée du mouvement des droits humains dans son
ensemble. Dans ce rapport annuel, je suis fière de vous faire part du rôle déterminant que
nous avons joué dans la libération de 121 défenseur·∙es des droits humains dans 27 pays.

Enfin, je tiens à remercier chaque membre du personnel de la FIDH ainsi que les membres de
notre Bureau international pour le travail remarquable et l’engagement sans relâche en
faveur de la protection des droits humains en cette période difficile. Alors que la FIDH
s'apprête à célébrer son centième anniversaire en 2022, nous devons dresser un certain
nombre de bilans. Cependant, ce dont je suis certaine, c'est que nous avons la ferme
intention de rester ouverts en tant que fédération, que nous sommes prêts à continuer
d’avancer pour les cent prochaines années, en trouvant des moyens nouveaux et
visionnaires qui nous permettront d’œuvrer à la défense et à la protection des droits de tous
les peuples partout dans le monde jusqu'à ce qu’enfin, nous puissions tous vivre dans la
dignité.

Merci à toutes et à tous d’être à nos côtés,

Alice Mogwe, Présidente

Bahreïn : L'éminent défenseur des droits de l'Homme Nabeel Rajab a retrouvé sa famille,
juste après sa libération, après quatre ans de prison.

NOS FONDAMENTAUX

Notre mandat : la protection de tous les droits

La FIDH est une ONG internationale qui défend les droits humains -‐ civils, politiques,
économiques, sociaux et culturels -‐ tels qu'énoncés dans la Déclaration universelle des droits
humains.

Notre engagement : trois piliers d'action

La FIDH agit en concertation avec ses organisations membres et partenaires. Ses actions
reposent sur trois piliers stratégiques : la garantie de la liberté et de la capacité d'action des
défenseur·∙es des droits humains, l'universalité des droits et leur mise en œuvre effective.

Notre principe directeur : la responsabilité de tous

Le travail de la FIDH s'adresse aux États en tant que premiers garants des droits humains. Il
s'adresse également aux acteurs non étatiques tels que les groupes armés et les sociétés
multinationales. La FIDH s'engage à faire en sorte que les auteurs individuels de crimes
internationaux répondent de leurs actes par le biais du système de justice pénale
internationale.

L'éthique de la FIDH : indépendance et objectivité

La FIDH est une organisation non partisane, non confessionnelle, à but non lucratif. Le siège
de son Secrétariat international est établi en France. La FIDH y est une ONG reconnue.
Indépendance, expertise et objectivité sont les gages de sa crédibilité. La FIDH protège ses
valeurs en agissant en toute transparence.

Interaction : présence locale et action mondiale

En tant que mouvement fédéral, la FIDH fonctionne sur la base d'une interaction avec ses
organisations membres. Elle combine expérience et connaissance du terrain avec expertise
en matière de droit international, de mécanismes de protection et d'organes
intergouvernementaux. Cette combinaison unique se traduit par des actions conjointes
entre la FIDH et ses organisations membres à l ‘échelle nationale, régionale et internationale
pour remédier aux violations des droits humains et consolider les processus de

démocratisation. Cette expertise confère à la FIDH une grande représentativité et une
grande légitimité.

Notre système de gouvernance : universalité et transparence

La structure et le fonctionnement de la FIDH placent ses organisations membres au cœur du
processus de décision et reflètent ses principes de gouvernance.

NOTRE FEDERATION

Le Congrès
• Il est composé des organisations membres de la FIDH : 192 à l'issue du

Congrès de la FIDH qui s’est réuni à Taipei en 2019 ;
• il se réunit tous les trois ans ;
• il est l’occasion de débattre des priorités thématiques et géographiques de
la FIDH et de décider des orientations politiques de la fédération.
Le Bureau international
• Il compte vingt-deux membres bénévoles issus des organisations membres

de la FIDH et élus par le congrès : le/la président·e, le/la trésorier·e, quinze
vice-président·es et cinq secrétaires généraux/générales ;
• il fixe les orientations et objectifs stratégiques principaux, dans le cadre des
orientations politiques définies par le congrès. Il approuve les comptes
annuels de la FIDH ;
• il se réunit trois fois par an et fait rapport au Congrès.
Le Bureau exécutif
• Il est composé du/de la président·e, du/de la trésorier·e, des cinq

secrétaires généraux/générales et de cinq secrétaires généraux/générales
adjoint·es ;
• il prépare l’organisation des Bureaux internationaux ;
• il se réunit une fois par mois et fait rapport au Bureau international.

Le Secrétariat international
• Basé à Paris, il est composé d'une équipe de professionnels dirigée par

un/une directeur/directrice général·e et un/une directeur/directrice général·e
adjoint·e, qui siègent avec voix consultative au Bureau international et au
Bureau exécutif.
• Les équipes sont structurées par régions, par priorités thématiques et en

délégations. Le Secrétariat international dispose de délégations
permanentes auprès des Nations unies à Genève, auprès de l'Union
européenne à Bruxelles, auprès de la Cour pénale internationale à La Haye.
Il dispose d'un bureau régional à Tunis et de bureaux de liaison avec les
organisations membres à Abidjan et Bamako. Le Secrétariat compte
également un département « Communication », un département
« Recherche de fonds », un département « Ressources Humaines et
Techniques » et un département « Administration et Finances ».
• En contact permanent avec les acteurs de terrain, le Secrétariat international

met en œuvre les décisions prises par les instances politiques de la FIDH,
en lien avec les organisations membres, les chargé.es de mission, les
membres du Bureau international et du Bureau exécutif.


192 ORGANISATIONS MEMBRES

AFGHANISTAN, Armanshahr/Open Asia / ALBANIA, Albanian Human Rights Group (AHRG) / ALGERIA, Collectif des
familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA) / ALGERIA, Ligue Algérienne de défense des droits de l’homme (LA DDH) /
ANGOLA, Associação Justiça Paz e Democracia (AJPD) / ARGENTINA, Centro De Estudios Legales y Sociales (CEL S)
/ ARGENTINA, Comité De Acción Jurídica (CAJ) / ARGENTINA, Liga Argentina Por Los Derechos Del Hombre
(LA DH) / ARMENIA, Civil Society Institute (CSI) / AUSTRIA, Osterreichische Liga Fur Menschenrechte (OLFM) /Azerbaidjan,
Human Rights club (HRC) / BAHRAIN, Bahrain Center For Human Rights (BCHR) / BAHRAIN, Bahrain Human Rights Society
(BHRS) / BANGLADESH, Odhikar / BELARUS, Human Rights Center Viasna / BELGIUM, Liga Voor Menschenrechten (LVM) /
BELGIUM, Ligue Des Droits De L’Homme – Belgique / BOLIVIA, Asamblea Permanente De Derechos Humanos De Bolivia
(APDHB) / BOTSWANA, The Botswana Centre For Human Rights – Ditshwanelo / BRAZIL, Justiça Global (CJG) /
BRAZIL, Movimento Nacional De Direitos Humanos (MNDH) / BURKINA FASO, Mouvement Burkinabé Des Droits De
L’Homme Et Des Peuples (MBDHP) / BURUNDI, Ligue Burundaise Des Droits De L’Homme (Iteka) / CAMBODIA, Cambodian
Human Rights And Development Association (ADHOC) / CAMBODIA, Ligue Cambodgienne De Défense Des Droits De
L’Homme (LICADHO) / CAMEROON, Maison Des Droits De L’Homme (MDH) / CANADA, Canadian Centre for International
Justice (CCIJ) / CANADA, Ligue Des Droits Et Des Libertés Du Québec (LDL) / CENTRAL AFRICAN REPUBLIC, Ligue
Centrafricaine Des Droits De L’Homme (LCDH) / CENTRAL AFRICAN REPUBLIC, Observatoire Centrafricain des Droits de
l’Homme (OCDH) /CENTRAL AFRICAN REPUBLIC, Observatoire Centrafricain des Droits de l’Homme (OCDH) / CHAD,
Association Tchadienne Pour La Promotion Et La Défense Des Droits De L’Homme (ATPDH) / CHAD, Ligue Tchadienne Des
Droits De L’Homme (LT DH) / CHILE, Corporacion De Promocion Y Defensa De Los Derechos Del Pueblo (CODEPU ) / CHILE,
Observatorio Cuidadano / CHINA, China Labour Bulletin (CLB) / CHINA, Human Rights In China (HRIC) / CHINA (TIBET ),
International Campaign For Tibet (ICT) / COLOMBIA, Comite Permanente Por La Defensa De Los Derechos Humanos (CPDH)
/ COLOMBIA, Corporacion Colectivo De Abogados José Alvear Restrepo (CCAJAR) / COLOMBIA, Instituto
Latinoamericano De Servicios Legales Alternativos (ILSA) / COLOMBIA, Organización Femenina Popular (OFP) / CONGO,
Observatoire Congolais Des Droits De L’Homme (OCDH) / CROATIA, Civic Committee For Human Rights
(CCHR) / CUBA, Comision Cubana De Derechos Humanos Y Reconciliacion National (CCHDN) / CZECH REPUBLIC, Human
Rights League (HRL ) -‐ Liga Lidskych Prav / DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO, Association Africaine
Des Droits De L’homme (ASADHO) / DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO, Groupe Lotus / DEMOCRATIC REPUBLIC OF
CONGO, Ligue Des Électeurs (LE) / DJIBOUTI, Ligue Djiboutienne Des Droits Humains (LDDH) / DOMINICAN
REPUBLIC, Comisión Nacional De Los Derechos Humanos Inc (CNDHRD) / ECUADOR, Acción Ecológica / ECUADOR,
Comisión Ecuménica De Derechos Humanos (CEDHU) / ECUADOR, Fundación Regional De Asesoria En Derechos Humanos
(INRE DH) / EGYPT, Cairo Institute For Human Rights Studies (CIHRS) / EGYPT, Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR ) /
EGYPT, Human Rights Association For The Assistance Of Prisoners (HRAAP) / EL SALVADOR, Comision De Derechos Humanos
Del Salvador (CDHES) / ETHIOPIA, Human Rights Council (HRCO) / EUROPE, Association Européenne Pour La Défense Des
Droits De L’Homme (AEDH) / FINLAND, Finnish League For Human Rights (FLHR) – Ihmisoikeusliitto / FRANCE, Ligue Des
Droits De L’Homme (LDH) / FRANCE (FREN CH POLYNESIA), Ligue Polynésienne Des Droits Humains (LPDH) / FRANCE
(NEW CALEDONIA), Ligue Des Droits Et Du Citoyen De Nouvelle Calédonie (LDHNC) / GEORGIA, Human Rights Center
(HRIDC) / GERMANY, Internationale Liga Fur Menschenrechte (ILMR) / GREECE, Hellenic League For Human Rights (HLHR) /
GUATEMALA, Centro De Acción Legal En Derechos Humanos (CALDH) / GUINEA-‐BISSAU, Liga Guineense Dos Direitos
Humanos (LG DH) / GUINEACONAKRY, Mêmes droits pour tous (MDT) / GUINEACONAKRY, Organisation Guinéenne De
Défense Des Droits De L’Homme Et Du Citoyen (OGDH) / GULF, Gulf Center for Human Rights (GCHR) / HAITI, Solidarite
Fanm Ayisyèn (SOFA) / HAITI, Centre Oecumenique Des Droits Humains (CEDH) / HAITI, Réseau National De Défense Des
Droits De L’Homme (RN DDH) / HONDURAS, Centro De Investigación Y Promoción De Los Derechos Humanos (CIPRO DEH) /
HONDURAS, Comité de Familiares de Detenidos Desaparecidos en Honduras (COFADEH) / Hungary ,
Hungarian Helsinki Committee (HHC) / INDIA, Association of Parents of Disappeared Persons (AP DP) / INDIA,
Commonwealth Human Rights Initiative (CHRI) / INDIA, People’s Watch / INDONESIA, KontraS / IRAN, Defenders
Of Human Rights Center In Iran (DHRC) / IRAN, Justice for Iran (JFI) / IRAN, Ligue Pour La Défense Des Droits De
L’Homme En Iran (LDDHI) / IRELAND, Free Legal Advice Centres Limited (FLA C) / IRELAND, Irish Council For Civil
Liberties (ICCL) / ISRAEL, Adalah / ISRAEL, Association For Civil Rights In Israel (ACRI) / ISRAEL, B’tselem / ISRAEL,
Public Committee Against Torture In Israel (PCAT I) / ITALY, Lega Italiana Dei Diritti Dell’uomo (LIDU) / ITALY, Unione
Forense Per La Tutela Dei Diritti Dell’uomo (UFTDU) / IVORY COAST, Ligue Ivoirienne Des Droits De L’homme (LIDHO) /
IVORY COAST, Mouvement Ivoirien Des Droits Humains (MIDH) / JAPAN, Center For Prisoners’ Rights (CPR ) /
JORDAN, Amman Center For Human Rights Studies (ACHRS) / KAZAKHSTAN, International Legal Initiative (ILI) /
KAZAKHSTAN, Kazakstan International Bureau for Human Rights and Rule of Law (KIBHR) / KENYA, Kenya Human
Rights Commission (KHRC) / KUWAIT, Human Line Organisation (HLO ) / KYRGYZSTAN, Human Rights
Movement (Bir Duino-‐Dyrgyzstan) / KYRGYZSTAN, Kylym Shamy / KYRGYZSTAN, Legal Clinic Adilet / LAOS,
Mouvement Lao Pour Les Droits De L’Homme (MLDH) / LATVIA, Latvian Human Rights Committee (LHRC) /
LEBANON, Centre Libanais des Droits Humains (CLDH) / LEBANON, Palestinian Human Rights Organization (PHRO)
/ LIBERIA, Regional Watch For Human Rights (LWHR) / LIBYA, Human Rights Association for Recording and

Documenting War Crimes and Crimes Against Humanity / LIBYA, Libyan League For Human Rights (LLH) / LITHUANIA,
Lithuanian Human Rights Association (LHRA ) / MALAYSIA, Suara Rakyat Malaysia (Suaram) / MALDIVES, Maldivian
Democracy Network (MDN) /MALI, Association Malienne Des Droits De L’Homme (AMDH) / MAURITANIA, Association
Mauritanienne Des Droits De L’Homme (AMDH) / MEXICO, Comision Mexicana De Defensa Y Promocion De Los
Derechos Humanos (CMDPDH) / MEXICO, IDHEAS, Litigio Estratégico en Derechos Humanos (IDHEAS) / MEXICO,
Liga Mexicana Por La Defensa De Los Derechos Humanos (LIMEDDH) / MOLDOVA, Promo-‐LEX / MOROCCO,
Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) / MOROCCO, Association Marocaine Des Droits Humains
(AMDH) / MOROCCO, Organisation Marocaine Des Droits De L’Homme (OMDH) / MOZAMBIQUE, Liga Mocanbicana
Dos Direitos Humanos (LMDDH) / Myanmar , Altsean Burma / Myanmar , Myanmar Alliance for Transparency
and Accountability (MATA ) / Myanmar , Women Peace Network (WPN) / NICARAGUA, Centro Nicaraguense De
Derechos Humanos (CEN IDH) / NIGER, Association Nigerienne Pour La Défense Des Droits De L’Homme
(ANDDH) / NIGERIA, Civil Liberties Organisation (CLO ) / NORTHERN IRELAND, Committee On The Administration
Of Justice (CAJ) / NORWAY, Norwegian Helsinki Committee (NHC) / PAKISTAN, Human Rights Commission Of Pakistan
(HRCP) / PALESTINE, Al Haq / PALESTINE, Al Mezan Center for Human Rights (Al Mezan) / PALESTINE, Palestinian
Centre For Human Rights (PCHR) / PALESTINE, Ramallah Centre For Human Rights Studies (RCHRS) / PANAMA,
Centro De Capacitación Social De Panamá (CCS) / PERU, Asociacion Pro Derechos Humanos (APRO DEH) / PERU,
Centro De Derechos Y Desarrollo (CEDAL ) / PERU, Equidad / PHILIPPINES, Philippine Alliance Of Human Rights
Advocates (PA HRA) / POLAND, Helsinki Foundation for Human Rights (HFHR) / POLAND, Polish Society of Anti-‐
Discrimination Law (PSAL) / PORTUGAL, Liga Portuguesa dos Direitos Humanos -‐ CIVITA S / ROMANIA, The League
For The Defense Of Human Rights (LA DO) / RUSSIA, Anti-‐ Discrimination Center Memorial (ADC Memorial) / RUSSIA,
Citizens’ Watch (CW) / RUSSIA, Memorial HRC – Moscow / RWANDA, Association Rwandaise Pour La Défense Des
Droits De La Personne Et Des Libertés Publiques (ADL) / RWANDA, Ligue Rwandaise Pour La Promotion Et La Défense
Des Droits De L’Homme (LIPRODHOR) / Saudi Arabia , Alqst (Alqst) / SENEGAL, Ligue Sénégalaise des Droits
Humains (LSDH) / SENEGAL, Organisation Nationale Des Droits De L’Homme (ONDH) / SENEGAL, Rencontre Africaine
Pour La Défense Des Droits De L’Homme (RADDHO) / SOUTH AFRICA, Lawyers for human rights (LHR) / SOUTH KOREA,
People’s Solidarity for Participatory Democracy (PSPD) / SPAIN, Asociacion Pro Derechos Humanos De Espana
(APDHE) / SPAIN, Federacion De Asociaciones De Defensa Y Promocion De Los Derecho (FDDHH) / SUDAN, African
Center For Justice And Peace Studies (ACJPS) / SUDAN, Sudan Human Rights Monitor (SUHRM) / SWITZERLAND,
Ligue Suisse Des Droits De L’homme (LSDH) / SYRIA, Al Marsad / SYRIA, Damascus Center For Human Rights
Studies (DCHRS) / SYRIA, Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM) / TAIWAN, Covenants Watch
Taiwan (CWT) / TAIWAN, Taiwan Association For Human Rights (TA HR) / TAJIKISTAN, Tajik “Bureau on Human
Rights and Rule of Law” (BHR) / TANZANIA, The Legal And Human Rights Centre (LHRC) / THAILAND, Internet Law
Reform Dialogue (iLaw) / THAILAND, Manushya Foundation (Manushya) / THAILAND, Thai Lawyers for Human Rights
(TLHR) / THAILAND, Union For Civil Liberties (UCL) / THE NETHERLANDS, Liga Voor De Rechten Van De Mens (LVRM)
/ TOGO, Ligue Togolaise Des Droits De L’Homme (LT DH) / TUNISIA, Association Tunisienne Des Femmes Démocrates
(ATFD) / TUNISIA, Doustourna / TUNISIA, Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) / TUNISIA,
Ligue Tunisienne Des Droits De L’Homme (LT DH) / TURKEY, Human Rights Foundation Of Turkey (HRFT) / TURKEY,
Insan Haklari Dernegi (IHD) Ankara / TURKEY, Insan Haklari Dernegi (IHD) Diyabakir / UGANDA, Foundation For Human
Rights Initiative (FHRI) / UKRAINE, Center for Civil Liberties (CLC) / UNITED STATES OF AMERICA, Center For
Constitutional Rights (CCR) / UNITED STATES OF AMERICA, Center For Justice & Accountability (CJA) / UZBEKISTAN,
Human Rights Society Of Uzbekistan (HRSU) / Venezuela , Programa Venezolano de Educación – Acción en Derechos
Humanos (PROVEA ) / VIETNAM, Comité Vietnam Pour La Défense Des Droits De L’Homme (CVDDH) / YEMEN,
Mwatana (Mwatana) YEMEN, Sisters’ Arab Forum For Human Rights (SAF) / ZIMBABWE, Zimbabwe Human Rights
Association (Zimrights)


BUREAU INTERNATIONAL

PRIORITE : SOUTENIR LES DEFENSEUR·∙EUSES DES
DROITS HUMAINS

ANALYSE DES PROGRES EN 2020

En 2020, dans le cadre des programmes de l'Observatoire des défenseur·∙es des droits
humains et de ProtectDefenders.eu, la FIDH a mené des activités visant à soutenir et à
1
protéger les défenseur·∙es des droits humains dans 77 pays et territoires , dans des États
totalitaires, dans des pays gouvernés par des régimes autoritaires, dans des situations de
conflit, dans des démocraties illibérales et, plus inquiétant encore, au sein d'un nombre
croissant de démocraties qui glissent sur la pente d’une gouvernance illibérale.

Lorsque la pandémie de Covid-‐19 a frappé le monde au début de 2020, de nombreux
observateurs espéraient que les gouvernements réagiraient à cette crise sanitaire mondiale en
favorisant la solidarité et l'inclusion, en protégeant les groupes les plus vulnérables au sein de
leurs sociétés et en entamant un dialogue constructif avec la société civile indépendante afin de
créer un avenir plus pacifique, plus juste et plus inclusif. Cependant, la crise n'a fait qu'aggraver
les défis existants, notamment ceux auxquels sont confrontés les défenseur·∙es des droits
humains. Dans de nombreux pays, la fermeture des espaces d’expression de la société civile a
été exacerbée par la pandémie qui a été utilisée par les gouvernements comme prétexte pour
imposer des restrictions sans précédent ayant un impact direct sur les défenseur·∙es des droits
humains. Cela s'est traduit par une augmentation des attaques contre les défenseur·∙es des
droits humains qui partageaient des informations sur la mauvaise gestion de la crise ou qui
poursuivaient simplement leur travail de défense des droits humains, à la fois sur le terrain et en
ligne. Plus généralement, la pandémie a aggravé les inégalités préexistantes et renforcé l'impact
des discriminations dans toutes les sociétés : les défenseur·∙es des droits humains emprisonné·∙es
ont continué à être détenu·∙es dans des prisons insalubres alors même que d'autres prisonniers
étaient libérés. Les communautés indigènes ont continué à être victimes d'accaparement de
terres et n'ont pas reçu de soins de santé adéquats. Les défenseur·∙es déjà en danger ont été de
plus en plus victimes d'attaques, notamment en représailles de leur activisme en ligne, tandis

1 Afghanistan, Algérie, Andorre, Angola, Arménie, Azerbaïdjan, Bahreïn, Bangladesh, Belarus, Belgique, Bolivie, Brésil,
Bulgarie, Birmanie, Burundi, Cambodge, Cameroun, Tchad, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, Côte d'Ivoire, Chypre,
République démocratique du Congo, Équateur, Égypte, France, Guatemala, Guinée, Haïti, Honduras, Hong Kong, Hongrie,
Inde, Irak, Iran, Israël, Kazakhstan, Kenya, Kirghizstan, Afrique du Sud, Laos, Malawi, Maldives, Mexique, Maroc, Moldavie,
Monténégro, Nicaragua, Niger, Nigeria, Ouzbékistan, Pakistan, Pérou, Philippines, Pologne, Territoire palestinien occupé,
Russie, Rwanda, Salvador, Arabie Saoudite, Singapour, Slovénie, Sri Lanka, Tanzanie, Thaïlande, Togo, Turquie, Ukraine,
Émirats arabes unis, États-‐Unis d'Amérique, Venezuela, Vietnam, Yémen, Zimbabwe.

que les femmes et les militant·∙es LGBTI+ ont été confronté·∙es à une augmentation des violences
et des discriminations fondées sur le genre.

Les mesures de santé publique et les pouvoirs gouvernementaux élargis déclenchés sous
prétexte de pandémie ont fait peser de nouvelles menaces sur les défenseur·∙es travaillant
principalement sur l’impact des entreprises en matière de droits humains. Les couvre-‐feux et
les mesures de confinement ont facilité le ciblage de ces défenseur·∙es qui ont de plus perdu la
protection d’acteurs internationaux et nationaux à l’échelle locale et, l’attention des médias.
Dans plusieurs pays, les défenseur·∙es des populations rurales et indigènes ont perdu leurs
moyens de subsistance et ne sont donc plus en mesure de donner voix à leurs préoccupations
sur divers projets d’entreprises qu’ils considèrent comme néfastes.

En 2020, la FIDH et ses organisations membres ont activement mobilisé et mené des actions
de plaidoyer auprès des décideurs afin de trouver des réponses aux défis auxquels font face
les défenseur⋅euses des droits humains. Nous avons dressé une carte de la situation des
défenseur·∙euses des droits humains qui met en lumière soixante alertes dans le monde au
moment de la crise Covid-‐19 (voir priorité 2).

À la lumière des graves menaces que fait peser la pandémie, qui se propage rapidement
parmi les personnes emprisonnées, la FIDH et quatre-‐vingt-‐six organisations membres ont
lancé début avril la campagne #ForFreedom, appelant à la libération de tous les défenseur·∙es
2
des droits humains emprisonné·∙es dans le monde. Depuis le début de la campagne, plus de
trente profils de défenseur·∙es des droits humains ont été présentés sur les réseaux sociaux
par le biais de campagnes sur Twitter et Facebook et plusieurs articles d'actualité ont été
publiés sur les cas de défenseur·∙es des droits humains sur un site web dédié. Plus important
encore, en janvier 2021, dix-‐huit défenseur·∙es présenté·∙es dans le cadre de la campagne,
3
dont Nabeel Rajab (Bahreïn), Samira Sabou (Niger), Narges Mohammadi (Iran) et Loujain al-‐
Hathloul (Arabie Saoudite), ont été libéré·∙es suite aux pressions exercées par la FIDH (voir
ci-‐dessous).

Ce travail de plaidoyer prend appui sur des alertes urgentes et régulières qui ont permis de
documenter des situations critiques et sur une documentation spécifique approfondie
préparée suite à des missions internationales d’enquête.

2 http://en.freedom-‐defenders.org/
3 Malgré cela et malheureusement, alors qu'elle a été libérée en octobre 2020, un nouvel arrêt de la Cour en
mai 2021 a condamné Narges Mohammadi à 80 coups de fouet et 30 mois de prison pour avoir publié une
déclaration contre la peine de mort, dénoncé la torture et organisé un sit-‐in de protestation pendant sa
détention à la prison d'Evin à Téhéran.

En 2020, 373 alertes urgentes ont été envoyées à des milliers de parties prenantes et de
décideurs. Beaucoup d'entre elles ont été suivies d’initiatives de plaidoyer international et
régional à différents niveaux (Nations unies, Commission africaine, Commission inter-‐
américaine, etc.), pour demander la fin du harcèlement et la libération des défenseur·∙es des
droits humains, dont certain·∙es sont détenu·∙es depuis des mois, voire des années. Avec le
rétrécissement de l'espace d’expression de la société civile dans le monde entier suite aux
mesures prises par les États pour faire face à la pandémie, la protection des défenseur·∙es
des droits humains est une préoccupation majeure de la FIDH. Les mouvements de
protestation ont été particulièrement surveillés au Belarus, en Guinée, en Thaïlande et au
Zimbabwe, où les défenseur·∙es des droits humains qui mènent des mouvements de
protestation -‐ ou qui défendent les manifestants -‐ ont été l’objet d’une répression sévère.

Dans le contexte de la campagne électorale précédant les élections présidentielles du 9 août
au Belarus, des manifestations antigouvernementales pacifiques ont été organisées dans
tout le pays. À partir de la première semaine de mai et tout au long de la période électorale,
ainsi qu'après l'annonce des résultats, des centaines de milliers de manifestant·∙es pacifiques
sont descendu·∙es dans la rue. Les autorités ont violemment réprimé les manifestations, ont
procédé à des arrestations et à des poursuites arbitraires massives, violant ainsi le droit à la
liberté d'expression et de réunion pacifique. La FIDH, conjointement avec l'OMCT et
l'organisation membre Belarus, Viasna, a réagi par une série de communications. De plus, et
en droite ligne avec ses pratiques habituelles, la FIDH a directement lancé des appels urgents
au sujet de la situation des droits humains au Belarus en direction du Rapporteur spécial des
Nations unies ainsi qu’à d'autres responsables mandatés dans le cadre de procédures
spéciales et à plusieurs partenaires internationaux engagés sur cette question. Cette
initiative a suscité la mobilisation de plusieurs autres ONG internationales et a abouti à la
publication d’un communiqué de presse faisant écho à notre position et signé par de
nombreux·∙ses expert·∙es de l’ONU ; parmi eux, le Rapporteur spécial sur la situation des
droits humains au Belarus, le Rapporteur spécial sur la situation des défenseur·∙es des droits
humains et d'autres encore.

Concernant l'Égypte, la FIDH s'est exprimée suite à la condamnation par contumace de Bahey
Eddine Hassan, membre du Cairo Institute (CIHRS),organisation membre de la FIDH, à quinze ans
de prison (nous avons notamment publié un appel conjoint signé par deux-‐cent-‐quarante et une
personnalités) et a appelé à la libération des prisonnier·∙es d'opinion (comme Ramy Shaath) en
menant un travail de plaidoyer auprès des parlementaires en France et dans d'autres pays
européens. Ces actions ont notamment abouti à une lettre de soutien signée par plus de deux-‐
cent-‐vingt parlementaires et largement relayée par les médias. De plus, à la fin de l'année 2020,
trois célèbres défenseur·∙es des droits humains de L'Initiative égyptienne pour les droits
personnels ('EIPR), autre organisation membre de la FIDH en Égypte, ont été libérés après une

impressionnante campagne de mobilisation et de pression internationale. Suite à ces libérations,
le Bureau international de la FIDH a publié une déclaration quelques jours avant la visite du
président égyptien Al Sissi en France et quelques semaines après le sommet du G20 en Arabie
Saoudite. Dans cette déclaration, la FIDH redisait combien la pression internationale fonctionne
lorsqu'elle est exercée dans l’union et la coordination. Dans cette déclaration, la FIDH demandait
en outre à la France de se poser en championne des droits -‐ et non en complice de crimes – et
de suspendre toute coopération économique et militaire jusqu'à ce que la situation des droits
humains s'améliore en Arabie saoudite et en Égypte.

Turquie : la FIDH a poursuivi son travail de soutien aux défenseur·∙es des droits humains et
de ses organisations membres. Dans ce contexte, la FIDH a publié un rapport intitulé « Une
perpétuelle situation d’urgence : attaques sur la liberté de réunion et conséquences pour la
société civile » (« A Perpetual Emergency : Attacks on Freedom of Assembly and
Repercussions for Civil Society »), qui met en lumière les mesures restreignant le droit à la
liberté de réunion et qui décrit leur impact sur la société civile. L'espace d’expression de la
société civile ayant été considérablement rétréci depuis la tentative de coup d'État de 2016
et la répression qui s'en est suivie, le rapport -‐ le premier d'une série de trois rapports (le
second, axé sur la liberté d'association, sera publié en 2021) -‐ donne un aperçu des
principaux défis auxquels les défenseur·∙es des droits humains et les organisations de la
société civile sont confronté·∙es dans le contexte actuel et propose des recommandations aux
décideurs à l’échelle nationale et internationale. Le rapport a été utilisé dans le cadre des
actions de plaidoyer menées auprès des Nations Unies, du Conseil de l'Europe et de l'Union
européenne.

En juillet 2020, la FIDH a publié un rapport intitulé « DOWN, BUT NOT OUT -‐ Repression of
Human Rights Defenders in Cambodia », qui documente les graves persécutions dont sont
victimes les défenseur·∙es des droits humains et la répression croissante à l’encontre de la
société civile et des médias indépendants. Dans le cadre des activités de plaidoyer, les
conclusions du rapport ont été discutées avec plusieurs diplomates basés à Bangkok dans le
cadre d'un événement qui s’est tenu en septembre 2020 à l'ambassade de Suisse, à la fois en
présentiel et en ligne. Ce rapport, qui fait suite aux attaques régulières menées contre la
société civile, a été pris en compte pour l'évaluation par l'Union européenne de l'espace
d’expression de la société civile au Cambodge, dans le contexte des discussions sur la
suspension des préférences tarifaires accordées au pays dans le cadre du Système
préférentiel généralisé du programme « Tout sauf les Armes ».

Au Venezuela, les organisations et les défenseur·∙es des droits humains sont considéré·∙es
comme des « ennemi·∙es de l’intérieur ». Une politique complexe menée par l'État permet
d’utiliser les institutions publiques pour les diffamer et les harceler. Un rapport publié en

mars 2020 fait état d'une série de mesures destinées à entraver la défense des droits
humains dans le pays, qu'il s'agisse de restrictions à la liberté d'association, de mesures
visant à asphyxier économiquement les ONG en limitant leurs sources de financement
international, d’entraves à une protection juridique efficace ou de la promulgation de lois
qui institutionnalisent la doctrine de « l'ennemi de l’intérieur », via notamment des décrets
d'exception et d'urgence économique. Le rapport suggère également des recommandations
concrètes qui permettraient de progresser en vue de l’adoption de mesures efficaces
garantissant le droit de défendre les droits humains au Venezuela.

En Algérie et en Thaïlande, les sagas judiciaires se poursuivent. La FIDH a continué ses
missions d'observation des procès. Les comptes-‐rendus sont disponibles et régulièrement
mis à jour sur des pages dédiées du site web de la FIDH. Sont également présentés : le
contexte, le profil des défenseur·∙es mis·∙es en cause ainsi qu’un résumé des différents
dossiers. Les procès devant les juridictions thaïlandaises ont apporté quelques bonnes
nouvelles : l'acquittement de Suchanee Cloitre, militante présente sur Twitter et ancienne
journaliste, ainsi que le verdict de relaxe dans une affaire de diffamation intentée contre
deux autres défenseur·∙es, Nan Win et Sutharee Wannasiri, qui avaient révélé des violations
relevant du droit du travail commises par leur entreprise. La FIDH a été particulièrement
active pour demander la fin du harcèlement des défenseur·∙es impliqué·∙es dans le
mouvement social algérien Hirak, par le biais d'alertes urgentes, de communiqués de presse
et de trois bulletins d'information, qui ont été publiés sur une page web dédiée. De
nombreux défenseur·∙es algérien·∙nes présenté·∙es sur la page web et également par d'autres
actions de mobilisation ont été libéré·∙es par la suite, comme Abdelouahab Fersaoui,
président de l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), Ibrahim Daouadji, militant
du RAJ et blogueur ainsi que le journaliste Khaled Drareni.

Un an après la première édition du Rallye Dakar en Arabie saoudite, la FIDH et ses
organisations membres en Arabie saoudite, ALQST for Human Rights, et dans la région du
Golfe, le Gulf Centre for Human Rights (GCHR) et, en France, la Ligue des Droits de l’Homme,
une nouvelle fois exprimé leurs inquiétudes de voir cet événement sportif annuel de
nouveau organisé dans ce pays, alors que le bilan du royaume en matière de droits humains
continue de se dégrader. Ces dernières années, des femmes qui avaient été à l'avant-‐garde
de la campagne #WomensRight2Drive ont été poursuivies en justice et torturées. C'est le cas
de Loujain Al-‐Hathloul, lauréate du Prix de la liberté 2020 du Forum mondial de la paix de
Normandie, qui a été libérée en janvier 2021 à la suite des pressions de la FIDH et d'autres
organisations internationales. Elle était détenue depuis mai 2018, date qui a marqué le
début de la répression contre les femmes saoudiennes qui défendent les droits humains. Son
dossier a été renvoyé en novembre 2020 devant un tribunal chargé de juger des d’affaires

de terrorisme. Début 2021, les poursuites judiciaires à son encontre n'avaient toujours pas
été abandonnées.

À la suite des alertes urgentes lancées par l'Observatoire, les procédures spéciales de l'ONU
ont permis de déclencher onze appels tout au long de l’année 2020. Ces appels appelaient à
protéger et à cesser de harceler les défenseur·∙es des droits humains en danger (Iran,
Algérie, Turquie, Égypte, Afghanistan, Kirghizistan, Inde, Thaïlande, Guatemala). Par
ailleurs, le Parlement européen a émis cinq résolutions concernant la situation des
défenseur·∙es des droits humains en Égypte, Iran, Algérie, RDC et Nicaragua. En outre, en
2020, les délégations de l'Union européenne ont interagi avec la FIDH sur la base des alertes
urgentes lancées par l'Observatoire sur des situations au Belarus, en République
Démocratique du Congo, au Togo et au Zimbabwe.

En novembre 2020, conformément à une pratique bien établie et, à la lumière des
restrictions de voyage dues à la pandémie de Covid-‐19, la FIDH est intervenue oralement et
en ligne lors de la 67ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme
et des peuples. Dans cette intervention, la FIDH a souligné les défis auxquels sont confrontés
les Défenseur⋅es des droits humains sur le continent, en particulier dans le contexte des
manifestations préélectorales ou populaires. Elle a mis en lumière les pratiques abusives qui
prennent prétexte des préoccupations de sécurité nationale et de lutte contre le terrorisme
pour étouffer toute voix critique. À partir de cette analyse, la FIDH a adressé des
recommandations aux États parties et aux commissaires et a répété combien il était
nécessaire de protéger les défenseur·∙es, de libérer celles et ceux qui sont en détention
arbitraire, et plus généralement de respecter la Déclaration des Nations unies sur les
défenseur·∙es des droits humains ainsi que les instruments régionaux en matière de droits
humains.

Alors que démocratie et État de droit sont des valeurs sous pression dans un certain nombre
de pays de l'Union européenne on constate un nombre croissant de poursuites stratégiques
contre la mobilisation du public (SLAPP -‐ Strategic Litigation Against Public Participation)
intentées contre des défenseur·∙es des droits humains. Dans ce contexte, la FIDH s'est jointe à
une coordination d'ONG dans le but de recruter un large éventail d'experts dont la mission est
d’étudier la valeur ajoutée, la faisabilité et les éléments clés d'une éventuelle législation anti-‐
SLAPP de l'UE (voir ci-‐dessous). Aux Nations unies, la FIDH a organisé des rencontres
internationales de plaidoyer avec des défenseur·∙es des droits humains à Genève pour évoquer
la situation des défenseur·∙es des droits humains (au Burundi, en République Démocratique du
Congo, au Soudan, au Nicaragua, au Venezuela, au Myanmar, au Cambodge, en Chine, en
Inde, aux Philippines, en Égypte, dans les territoires palestiniens occupés, en Arabie saoudite

et au Belarus) ainsi que sur l'espace d’expression de la société civile et l'utilisation de la
législation antiterroriste pour faire taire les voix dissidentes.

La protection des défenseur·∙euses des droits humains dans le monde entier nécessite des
partenariats et des alliances robustes et stratégiques. Dans le cadre du Consortium
ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits
humains, la FIDH a continué à renforcer ses liens et sa coopération avec onze autres
partenaires internationaux et régionaux de la société civile sur diverses questions liées à la
protection des défenseur·∙es des droits humains.

Enfin, en 2020, vingt-‐neuf défenseur·∙es des droits humains et leurs familles ont bénéficié de
subventions de relocalisation qui leur ont permis de fuir temporairement le harcèlement et
les menaces dont ils⋅elles étaient victimes ; vingt-‐cinq subventions de soutien matériel ont
été allouées à cent-‐trente-‐et un défenseur·∙es des droits humains (trente-‐neuf femmes et
quatre-‐vingt-‐douze hommes). Six ONG et douze subventions de renforcement des capacités
ont été accordées à des ONG locales en Afghanistan, au Cambodge, en Colombie, en
République Démocratique du Congo, au Guatemala, en Ouganda, au Yémen et au
Zimbabwe.

GROS PLAN SUR LES IMPACTS ET LES RESULTATS LES PLUS
IMPORTANTS

Objectif 1 -‐ Protéger les défenseur·∙euses en situation d'insécurité
Résultat attendu 1.1. : les défenseur·∙euses échappent à la répression et sont mieux
protégé·∙es

COUP DE PROJECTEUR SUR LA LIBERATION DES DEFENSEUR⋅ES : UNE MOBILISATION FORTE ET SANS
RELACHE
En 2020, les efforts déployés par la FIDH en termes de documentation, de plaidoyer et de
soutien direct ont contribué à la libération de cent-‐vingt et un défenseur·∙euses des droits
humains dans les pays suivants : Algérie, Bahreïn, Biélorussie, Burundi, Chine, RDC, Équateur,
Égypte, Guinée, Inde, Iran, Israël, Mexique, Maroc, Myanmar, Niger, Palestine, Pakistan,
Pérou, Singapour, Sri Lanka, Tchad, Thaïlande, Turquie, Ouganda, Venezuela, Zimbabwe. De
plus, au cours de l'année 2020, quatre-‐vingts défenseur·∙euses dans vingt-‐trois pays ont vu leur
situation progresser : acquittements, abandons de poursuites, grâces, réductions de peine et
condamnations avec sursis.


CAMPAGNE #FORFREEDOM
Quatre-‐vingt-‐six organisations membres de la FIDH ont signé le communiqué de presse
pour le lancement de la campagne #ForFreedom. Les organisations membres ont soumis
une liste de défenseur·∙euses des droits humains à inclure dans la campagne. Elles ont aidé
à prioriser les cas pour lesquels le fait d’assurer une meilleure visibilité contribuerait à leur
sécurité.

Début 2021, dix-‐huit défenseur·∙euses ayant participé à la campagne #ForFreedom ont été
libéré·∙es, dont la défenseuse iranienne Narges Mohammadi qui purgeait une peine de six
ans d'emprisonnement pour s'être opposée à la peine de mort et le secrétaire général
adjoint de la FIDH, Nabeel Rajab, de Bahreïn, qui purgeait une peine de sept ans
d'emprisonnement en raison de son militantisme sur Internet. Si ces libérations sont des
victoires pour l'ensemble du mouvement des droits humains, la FIDH doit néanmoins
continuer à se battre pour la libération de dizaines d'autres personnes, parfois maintenues
en prison dans des conditions qui mettent leur vie en danger. La FIDH pense avec émotion
à la famille d'Azimjan Askarov au Kirghizstan. Une pneumonie l’a finalement emporté
après dix années de détention arbitraire et ce malgré les nombreux appels à sa libération
pour raisons humanitaires. La FIDH continue également à militer pour la libération de
l'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, libérée temporairement pour raisons de santé fin
2020, puis réincarcérée.


Résultat attendu 1.2 : des défenseur·∙euses et des ONG, notamment les plus vulnérables,
renforcé·∙es dans leur capacité à se protéger contre les risques de répression

UNE FORMATION A LA SECURITE NUMERIQUE EN GUINEE POUR QUINZE DEFENSEUR·∙EUSES DES
DROITS HUMAINS
En 2019, la FIDH a développé un « Kit de survie numérique » composé d'outils concrets
permettant aux défenseur·∙euses des droits humains de s'équiper, de se former et de se
protéger contre les risques de surveillance numérique. Avec ce kit de survie numérique, la
FIDH a apporté son soutien à une session de formation sur la sécurité numérique organisée à
Conakry les 2 et 3 décembre 2020, pour quinze membres de l'Organisation guinéenne de
Défense des Droits de l’Homme (OGDH), organisation membre de la FIDH en Guinée. À
l'issue de la formation, les bénéficiaires ont pu identifier les composantes de la sécurité
numérique et comprendre les notions de risque et de vulnérabilité ; maîtriser le concept de
cryptage pour accroître la confidentialité ; nettoyer le système d'exploitation de leur
ordinateur et se protéger contre le sabotage (destruction accidentelle ou intentionnelle de
données, installation de logiciels espions, etc.) ; maîtriser les techniques de protection
physique des données (protection des équipements contenant des données : ordinateurs,
téléphones) ; créer et gérer des mots de passe sécurisés en utilisant un logiciel de gestion
des mots de passe ; maîtriser la création de volumes virtuels cryptés pour sécuriser les
données stockées sur les ordinateurs ; planifier des sauvegardes régulières des données
cryptées en local et sur le cloud.

Ces formations répondent aux besoins de sécurité exprimés par les défenseur⋅euses
locaux⋅les, afin de leur permettre de communiquer en ligne de manière plus sécurisée.


Résultat escompté 1.3 : les décideur·∙es prennent davantage de mesures pour protéger les
défenseur·∙euses

LA COMMISSION EUROPEENNE A ANNONCE QU'ELLE ALLAIT METTRE AU POINT UNE INITIATIVE CONTRE
L’USAGE ABUSIF DES RECOURS CONTENTIEUX CONTRE LES JOURNALISTES (SLAPP) ET CONTRE LES
DEFENSEUR·∙EUSES DES DROITS DES FIN 2021
Aux côtés d’une large coalition d'organisations travaillant sur les droits fondamentaux et
notamment sur la liberté d'expression, la liberté de la presse et la liberté d'information, la
FIDH a appelé la Commission européenne à prendre des mesures contre la pratique des
SLAPP dans les États membres de l'UE et ailleurs dans le monde. Notre principale
recommandation était que l'UE développe une stratégie globale pour s'attaquer à cette
pratique néfaste et adopte une législation contraignante prévoyant des garanties légales
afin d'empêcher les entreprises et les États d'engager des poursuites infondées contre des
journalistes et des défenseur·∙es des droits humains. Nos efforts ont commencé à porter
des fruits en mai 2021, lorsque la Commission européenne a annoncé qu'elle allait
travailler à l’élaboration d’une initiative contre les procès abusifs visant les journalistes et
les défenseur·∙es des droits dès la fin 2021.


PRIORITE : FAVORISER UN ENVIRONNEMENT
PROPICE A LA DEMOCRATIE ET AUX LIBERTES


Dans le contexte de la pandémie de Covid-‐19, la FIDH a observé que les initiatives prises
dans de nombreux pays afin de ralentir la propagation du virus étaient disproportionnées et
injustifiées. La lutte contre la pandémie a servi de prétexte aux États autoritaires pour
adopter de plus en plus de mesures permettant de restreindre les libertés et de bâillonner
les voix dissidentes. Même certains États, aux traditions démocratiques bien établies, ont
porté atteinte aux droits économiques et sociaux de leurs populations par des actions
antisociales sous couvert de lutte contre la pandémie, notamment dans le domaine du droit
du travail. La FIDH et ses organisations membres ont mis en place une carte mondiale de
suivi des données sur plus de trois cents droits humains dans plus de soixante pays. En
outre, une « Académie Covid » a été mise en place pour organiser une série de webinaires et
d'échanges de bonnes pratiques pour et entre les organisations membres.

A l’échelle planétaire, la FIDH et ses cent-‐quantre-‐vingt-‐douze organisations membres ont
adopté une déclaration politique majeure fondée sur l'analyse des menaces que la réponse
à la pandémie fait peser sur les droits humains et sur les facteurs politiques et économiques
qui ont précédé cette crise. Ses impacts ont mis à nu l'incapacité des États à lutter contre la
pauvreté et les inégalités au sein de leur société respective. La FIDH a appelé les chefs d'État
à garantir la sécurité sanitaire de leurs populations et à accélérer la mise en place d'un
nouveau pacte social donnant la priorité aux politiques fiscales redistributives, suspendant
le paiement de la dette extérieure et des intérêts de cette dette, combattant la corruption.
Objectif : une réorientation des ressources et une atténuation des les conséquences sociales
et économiques de la pandémie.

L'année 2020 a été marquée par des défis importants pour la démocratie et pour l'État de
droit dans toutes les régions du monde. A l’échelle régionale , la FIDH a analysé et suivi la
situation en Afrique sub-‐saharienne, soulignant les risques que la pandémie fait peser sur la
démocratie et les droits humains et rappelant l'importance d’élections crédibles, libres et
transparentes, dans un climat sûr et apaisé. Dans les Amériques, la FIDH s'est attachée à
partager des informations transparentes via des webinaires entre ses membres, les
organisations de la société civile et le Rapporteur spécial sur les droits des peuples
autochtones, alors que de nombreux gouvernements (Nicaragua, Venezuela, Brésil, entre

autres) ont tenté de minimiser et la gravité de la situation et le nombre de décès dus à la
pandémie. La FIDH a également exprimé sa vive inquiétude quant à la situation des détenus
et des prisonniers à travers le monde, en particulier dans les pays où les prisons et les
centres de détention sont souvent surpeuplés, insalubres et souffrent d'un cruel manque de
ressources. La FIDH a appelé les gouvernements de la région MoyenOrient-‐Afrique du Nord
à réduire leur population carcérale, à développer des politiques et à faire passer des
directives pour prévenir la propagation de la Covid-‐19.

Tout au long de l’année 2020, la FIDH et ses organisations membres ont dénoncé la
répression politique exercée par certains gouvernements à l’encontre de leaders
d'opposition, de militants pro-‐démocratie, de journalistes ou de simples citoyens qui ne font
qu’user de leur liberté d'expression et de leur droit de se réunir pacifiquement (ex :
Zimbabwé, Guinée, Togo, Irak, Égypte, Algérie, Nicaragua, Colombie, Maldives, Thaïlande,
Hong Kong, Turquie).

En Afrique subsaharienne, les élections générales de 2020 qui se sont déroulées dans
plusieurs pays ont été entachées d'incidents -‐ y compris des violations des droits humains -‐
avant, pendant et après les élections, ce qui nuit à la crédibilité des résultats et du processus
électoral dans son ensemble. En Côte d'Ivoire, en Guinée et en Tanzanie, la FIDH et ses
organisations membres ont suivi la situation de près et exprimé leurs vives inquiétudes
quant au déclin de la démocratie sur l'ensemble du continent, condamné les violences liées
aux élections et exhorté la communauté internationale à faire pression sur les autorités
nationales afin qu'elles respectent l'État de droit, mettent fin aux violations des droits
humains et s'engagent dans des processus pacifiques pour résoudre les crises politiques en
cours.

Au Mali, suite au deuxième coup d'État perpétré en moins de dix ans, la FIDH et l'Association
malienne des droits de l’Homme (AMDH) ont ensemble condamné le coup d'État militaire et
se sont inquiétées de la situation des droits humains dans le pays, situation déjà fragilisée
par des années de conflit ayant entraîné une crise humanitaire et, plus récemment, par la
situation sanitaire.

En République du Congo, l'Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) et la FIDH
ont appelé à la mise en place d'un mécanisme de prévention de la torture, pratique
quipersiste malgré la ratification par le Congo-‐Brazzaville en 2003 de la Convention des
Nations unies contre la torture et autres peines cruelles, inhumaines et dégradantes.

En République centrafricaine, la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme (LCDH),
l'Observatoire centrafricain des droits de l’Homme (OCDH) et la FIDH ont appelé les dix-‐sept

candidats à la présidence à s'engager à respecter les dix principes fondamentaux des droits
humains.

En Europe de l'Est et en Asie centrale, la FIDH et trente-‐sept de ses organisations membres
ont concentré leurs efforts sur la Russie, où le président Poutine a proposé des changements
radicaux à la Constitution russe qui limitent considérablement les droits fondamentaux des
citoyens russes sous couvert de préoccupations légitimes de l'État. Ils ont pour effet de
consolider davantage le pouvoir de son régime. Par conséquent, la FIDH et trente-‐sept
organisations membres ont exhorté les parlementaires russes et le peuple russe à voter
contre les amendements proposés qui compromettent les droits humains non seulement en
Russie, mais créent également un dangereux précédent qui pourrait être imité par d'autres
pays. Compte tenu du rôle important que joue la mémoire historique dans le soutien au
régime autoritaire en Russie, une mission d'enquête a été menée pour déterminer l'ampleur
des « crimes contre l'histoire » et identifier les parties prenantes concernées. Cette mission
d’enquête a rassemblé des éléments qui seront intégrés dans un rapport important à publier
en 2021.

Au Belarus, la FIDH et Viasna, son organisation membre ont demandé sans relâche une
enquête indépendante sur les violations des droits humains suite à la réélection d’Alexandre
Loukachenko et à a répression violente des autorités contre les manifestations pacifiques.
Elles ont également demandé des mesures à l’échelle régionaleet internationale. Ces
actions de plaidoyer ont contribué à ce que l’OSCE déclenche le mécanisme de Moscou et
nomme un expert indépendant chargé d’enquêter sur les violations des droits humains et la
conduite des élections au Belarus. Le rapport rédigé par l’expert mandaté a été publié le 6
novembre et se réfère aux déclarations de la FIDH et à d'autres déclarations conjointes
concernant la situation dans ce pays. De même, les efforts de plaidoyer ont contribué à la
tenue d'une session spéciale du Conseil des droits de l’Homme de l'ONU et à l'adoption par
l'UE de conclusions et de sanctions spécifiques à l'encontre des autorités bélarussiennes.

La FIDH et Viasna ont mené avec succès une campagne visant à empêcher le Belarus
d'accueillir le championnat du monde de hockey sur glace en 2021, en raison de la
répression en cours contre les défenseur·∙es des droits humains et plus largement contre la
société civile, qui manifestaient pacifiquement pour dénoncer les fraudes entachant les
élections présidentielles d’août 2020. Outre la publication de communiqués de presse et
l’organisation de réunions bilatérales avec les représentants des États intéressés, la FIDH et
Viasna ont adressé deux lettres à la Fédération internationale de hockey sur glace,
demandant à son président de rencontrer des représentants de la société civile lors de sa
visite à Minsk pour discuter du championnat et de son organisation dans un autre pays. Le
championnat se tiendra en Lettonie.

La FIDH, ses organisations membres et ses partenaires entendaient profiter de l'ouverture
politique en Ouzbékistan pour créer les conditions propices à l'adoption d'un cadre
juridique, ou à la mise en place d'une commission ad hoc, permettant la réhabilitation
juridique et sociale des prisonniers politiques récemment libérés. Dans ce cadre, nous avons
publié, en janvier 2021, un rapport intitulé « Ouzbekistan, le droit à réparation pour les
prisonniers politiques ». Ce rapport étudie la question du droit à réparation pour les
prisonniers politiques récemment libérés dans le cadre d'un processus plus large de justice
transitionnelle. Le rapport recommande aux autorités d’établir une commission
indépendante chargée des réparations. Ces recommandations de nature politique se
fondent sur des recherches et des entretiens approfondis menés dans le cadre d’un groupe
de travail informel sur les questions de justice transitionnelle et de réhabilitation des
prisonniers politiques en Ouzbékistan composé d'ancien.ne.s prisonnier·∙es politiques, des
défenseur·∙es locaux des droits humains, des journalistes, des avocat·∙es, des militant·∙es, des
représentant·∙es d'ONG internationales et des expert·∙es en justice transitionnelle.

Dans la région Moyen-‐Orient – Afrique du nord, la FIDH et ses organisations membres ont
suivi les retombées des manifestations populaires qui se sont déroulées en Algérie, en
Egypte, en Irak, et qui ont mené à de très nombreuses violations des droits humains. En
juillet 2020, la FIDH a fermement condamné la décision d'Israël de continuer à prendre des
mesures en vue de l'annexion illégale de la vallée du Jourdain, avec le soutien explicite des
États-‐Unis. Ellea exhorté la communauté internationale à intervenir immédiatement. En
novembre 2020, l'Observatoire pour la protection des défenseur·∙es des droits de l’Homme
(FIDH-‐OMCT), le Centre pour les droits constitutionnels (CCR), Al-‐Haq et le Centre Al Mezan
pour les droits de l’Homme ont dénoncé la décision des États-‐Unis de désigner comme
« antisémites » toute organisation usant de moyens pacifiques pour mettre fin aux violations
des droits humains dont sont victimes les Palestiniens, y compris les campagnes de boycott.
Dans sa réponse, la FIDH réitère que le mouvement « Boycott, Désinvestissement,
Sanctions » (BDS) est un mouvement non-‐violent et que les campagnes de boycott sont un
moyen d'expression pacifique (voir ci-‐dessous).

Dans les Amériques, la FIDH et ses organisations membres étaient en état d'alerte face à
l'offensive des autorités contre l'État de droit : au Salvador, lorsque le Président entre de
force au Parlement, avec l’appui de l’armée, dans un objectif évident d’intimidation et afin
de contraindre les députés à valider un prêt géré par son cabinet ; au Guatemala, lorsque le
Congrès vote en faveur d’un décret imposant des limitations dangereuses à la liberté
d'association et lorsque plusieurs membres du Congrès décident de contourner la décision
de la Cour constitutionnelle pour nommer des juges et des magistrats à la Haute Cour sans
recours à des procédures adaptées et transparentes.

Au Chili, une mission internationale d'observation de la société civile, à laquelle la FIDH a
participé, a publié un rapport sur les violations des droits humains lors des manifestations et
de la mobilisation sociale de 2019. Les conclusions du rapport ont mis en évidence qu'il
s'agit de violations généralisées, produit d'une politique bien établie de répression et
d’atteintes graves au droit international des droits humains. Au Nicaragua, avec ses
organisations membres et partenaires, la FIDH a appelé la communauté internationale à
utiliser de toute urgence tous les moyens disponibles pour empêcher l’adoption de la
proposition de loi régissant les « agents étrangers ». Cette proposition est contraire aux
normes internationales en matière de droits humains et impose des restrictions
inacceptables à l'exercice et à la jouissance des droits à la liberté d'opinion, d'expression, de
réunion pacifique et d'association, ainsi qu'au droit de défendre les droits humains.

En Asie, dans le contexte de la pandémie de Covid-‐19, la FIDH a mené une mission d'enquête
à distance au Bangladesh afin de mesurer à quel point les violations des droits humains
restent impunies et afin de déterminer les différents niveaux de responsabilité dans un pays
où les forces de sécurité et les administrations chargées de faire appliquer la loi sont
continuellement impliquées dans les disparitions forcées de journalistes, de militant·∙es et de
personnes critiques du gouvernement et ce, en toute impunité En outre, la FIDH et Odhikar
ont adressé une pétition au Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées
ou involontaires (GTDF) concernant 14 cas de disparitions forcées de Rohingyas, survenues
lors des « opérations de nettoyage » menées par le gouvernement du Myanmar dans le nord
de l'État de Rakhine.

La FIDH et ses organisations membres ont informé les États, le HCDH, le Comité des droits de
l’Homme des Nations unies et les procédures spéciales de l'ONU, de phénomènes
inquiétants dans plusieurs pays : la fermeture de l'espace d’expression de la société civile au
Cambodge, la dégradation catastrophique de la situation des droits humains au Myanmar et
l'incapacité persistante du gouvernement thaïlandais à répondre aux préoccupations du
Comité des droits de l’Homme au sujet des droits civils et politiques fondamentaux. Par
ailleurs, la FIDH et ses organisations membres ont réclamé la mise en place d'un mécanisme
international d'enquête indépendant sur la situation des droits humains aux Philippines et
ont appelé les gouvernements du Cambodge, du Laos, de la Thaïlande et du Vietnam à
enquêter de manière adéquate sur tous les cas de disparitions forcées, à déterminer le sort
des victimes, à indiquer où elles se trouvent et à veiller à ce que leurs familles accèdent
effectivement à la justice et reçoivent réparation.

La FIDH a exhorté les gouvernements et la communauté internationale à prendre une
position ferme sur la protection des droits humains et contre les régimes autoritaires de

plusieurs pays : au Bangladesh, où la Ligue Awami au pouvoir a profité de la pandémie pour
renforcer son contrôle sur les critiques du régime et sur la presse libre, consolidant ainsi son
régime autoritaire ; au Cambodge, où le gouvernement a adopté des lois répressives qui
entravent de manière injustifiée la liberté des médias et la liberté d'expression ; en Inde, où
des manifestants pacifiques contre la loi discriminatoire sur la citoyenneté (CAA) et le
registre national des citoyens (NRC) ont fait l'objet d'arrestations et de détentions arbitraires
en vertu de lois répressives.

En Iran, la FIDH et son organisation membre Justice for Iran (JFI) ont publié un rapport
intitulé « Orwellian State : The Islamic Republic of Iran's State Media as a Weapon of Mass
Suppression » (L’État Orwellien : La République Islamique d’Iran utilise les médias d’État
comme Armes de Répression Massive) qui traite de la diffusion de confessions forcées
comme arme de propagande. Le rapport souligne l'ampleur, la profondeur et l'impact du
système complexe de production de propagande et de répression de la dissidence déployé
par l'État iranien. La FIDH a également appelé les États à mandater une enquête dirigée par
l'ONU sur les graves violations des droits humains, notamment les disparitions forcées, la
torture et les exécutions illégales pendant et après les manifestations de novembre 2019 en
Iran.

À Hong Kong, la promulgation de la loi sur la sécurité nationale imposée par la Chine en
juillet et sa mise en œuvre subséquente suscitent de profondes inquiétudes et la FIDH,
conjointement avec son organisation membre « Human Rights in China », a publié plusieurs
déclarations en réaction à la loi et a publié un livre blanc intitulé « Too soon to concede the
future » qui en étudie les impacts sur les droits humains de la société civile de Hong Kong et
au-‐delà.

En Europe occidentale, les autorités polonaises ont continué à violer sans relâche les
principes fondateurs de l'UE, notamment en harcelant les juges qui n’adhéraient pas aux
projets de réforme de la Justice décidés par le gouvernement. La FIDH a continué d'agir aux
côtés de ses organisations membres polonaises et de ses partenaires internationaux pour
faire pression sur l'UE afin qu'elle mette en œuvre la procédure prévue à l'art. 7 du Traité de
l'Union européenne (TUE). La FIDH a travaillé en étroite collaboration avec le Parlement
européen afin d'influencer une résolution qui reprenait les grandes lignes de cet appel et
était adoptée en septembre 2020 avec le soutien de tous les partis représentés.

Alors que la Hongrie continuait d’agir à l’encontre des principes fondateurs de l'UE, la FIDH
est restée en alerte et a oeuvré au sein de la coalition d'ONG internationales et hongroises
qui s’est mise en place pour faire pression en faveur d'une action plus décisive de l'UE afin
de protéger les valeurs de l'Union contre des attaques graves et persistantes. La FIDH a

également célébré, aux côtés de son organisation membre, le Comité Helsinki hongrois, la
décision de la Cour de justice de l'UE sur la loi anti-‐ONG de 2017 (connue sous le nom de
« Lex NGO »), qui cible les organisations recevant des financements étrangers. Faisant écho
aux arguments mis en avant par les organisations de la société civile, dont la FIDH et son
organisation membre en Hongrie (le Comité Helsinki hongrois -‐ HHC), la Cour de justice de
l'Union européenne a invalidé la législation dans un arrêt qui fait date. La Cour a estimé que
la loi était contraire à la libre circulation au sein de l'UE et au droit international des droits
humains et qu'elle favorisait la discrimination. La Cour a également réaffirmé le rôle
important joué par une société civile forte, dynamique et indépendante dans la défense des
valeurs fondatrices de l'UE et a fermement condamné toute tentative visant à la délégitimer
ou à entraver son travail.

Les recommandations politiques de la FIDH et de ses organisations membres ont été reprises
ou intégrées à de nombreuses positions, déclarations et décisions de l'ONU (sur le Belarus ,
les Philippines, le Cambodge, le Nicaragua) et de l'UE (sur le Belarus , la Pologne, la Hongrie,
la France, l'Algérie) d'États tiers, d'organes intergouvernementaux et de mécanismes de
défense des droits humains condamnant et sanctionnant les atteintes à l'État de droit et aux
libertés fondamentales ou le non-‐respect des processus électoraux ouverts et multipartites.
Au-‐delà des situations nationales, la FIDH a activement influencé les politiques de l'UE ayant
un impact sur les droits humains, en soulevant des préoccupations liées au déploiement de
l'intelligence artificielle et des technologies de surveillance. La FIDH et sept autres
organisations internationales de défense des droits humains ont été appelées à renforcer la
position de la Commission européenne sur la refonte du règlement « double usage » afin de
prévenir les violations des droits humains liées à certaines technologies de
cybersurveillance utilisées à des fins tant civiles que militaires.

Sur le continent africain, lors de la 66ème session de la Commission africaine des droits de
l’Homme et des peuples (CADHP) en juillet et en août 2020, la FIDH a plaidé avec succès pour
l’adoption d’une résolution sur la situation des droits humains au Soudan ; cette résolution
reprend les propositions émises et demande à la Justice du pays d'enquêter sur le massacre
du 3 juin et de développer un cadre de justice transitionnelle conforme à la politique de
justice transitionnelle de l'Union africaine (AUTJP).

La résolution intègre également l'appel lancé par la FIDH à la Cour pénale internationale
pour que les procédures en cours contre Ali Muhammad Ali Abd-‐Al-‐Rahman prévoient que
les victimes puissent être entendues, que leur sécurité personnelle soit assurée et que ces
victimes puissent bénéficier de mesures de soutien provisoire et du mécanisme de secours
prévu dans le cadre du Programme d'assistance du Fonds au profit des victimes. En outre, le
Forum des ONG a adopté plusieurs recommandations faisant écho aux prises de position de

la FIDH sur : les prisons, les conditions de détention et le maintien de l'ordre en Afrique
subsaharienne ; les droits des femmes, la paix et la sécurité sur le continent ; les réfugiés et
les demandeurs d'asile, les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et les migrants en
Afrique subsaharienne ; les élections ; les droits économiques et sociaux ainsi qu'une
résolution sur le caractère central des droits humains comme pilier des réponses à la
pandémie de coronavirus.

Concernant la protection des droits humains et la lutte contre le terrorisme, en 2020, la
FIDH a recentré son attention sur la région du Sahel. La FIDH et la Ligue tchadienne des
droits de l’Homme (LTDH) ont publié un rapport complet sur la résurgence de Boko Haram
dans la région du lac Tchad et sur ses conséquences pour les populations civiles, ainsi que
sur les mesures anti-‐terroristes prises par les autorités tchadiennes pour faire face à cette
menaces. Tout en continuant à surveiller les crimes perpétrés par les groupes
fondamentalistes dans le nord et le centre du Mali, la FIDH a lancé la Coalition des peuples
pour le Sahel avec Crisis Action et des dizaines d’autres partenaires afin de permettre une
réponse plus efficace aux défis de sécurité auxquels les populations du Sahel sont
confrontées aujourd'hui et de faire respecter leurs droits humains tout en s'attaquant aux
injustices sous-‐jacentes qui alimentent la crise.

En tant que membre fondateur de la Coalition mondiale contre la peine de mort et membre
de son comité de pilotage, la FIDH a poursuivi son engagement pour l'abolition de la peine
de mort. À l'occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort (10 octobre), qui
mettra l'accent en 2020 sur l'accès à une représentation juridique efficace pour les accusé.es
de crimes passibles de la peine de mort, la FIDH et son organisation membre, la Ligue pour la
Défense des Droits de l’Homme en Iran (LDDHI), ont publié un rapport contre le recours à la
peine de mort intitulé Nul n'est épargné -‐ Le recours généralisé à la peine de mort en Iran
(voir ci-‐dessous).

La FIDH a soumis un rapport alternatif contre la peine de mort au Japon au Comité des
droits de l’Homme chargé de surveiller la mise en œuvre du Pacte international relatif aux
droits civils et politiques et a condamné les exécutions en Indonésie et à Taiwan. Il convient
ici de noter un élément positif : la FIDH et son organisation membre au Tchad, l'Association
tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme (ATPDH) se sont réjouis
de l’adoption par l'Assemblée nationale tchadienne d’une nouvelle loi abolissant la peine de
mort dans le pays. Aux Nations unies, à la suite d’une campagne menée par Amnesty
International et la Coalition mondiale contre la peine de mort -‐ à laquelle la FIDH a
contribué par son travail de plaidoyer auprès des États membres de l'ONU – cent-‐vingt-‐cinq
États membres de l'ONU, soit le nombre le plus important d’États membres jamais

enregistré, ont voté à l'Assemblée générale une résolution en faveur d’un moratoire sur les
exécutions capitales.

En ce qui concerne la protection des populations civiles et la protection des droits humains
dans le cadre des conflits et des crises, le plaidoyer international a été poursuivi auprès de
l'UE, de l'Union africaine (UA) et des Nations unies. La FIDH et ses organisations membres
ont plaidé avec succès pour le renouvellement des mécanismes de surveillance et de rapport
du Conseil des droits de l’Homme de l'ONU concernant les situations au Soudan et au
Nicaragua. Le Conseil des droits de l’Homme a adopté une résolution sur la situation des
droits humains au Burundi. Suite à un plaidoyer soutenu de la FIDH et de son organisation
membre au Burundi, la Ligue Iteka, cette résolution renouvelle le mandat de la Commission
d'enquête pour un an. La FIDH et ses organisations membres au Burundi et en RDC ont
permis la tenue d’une série de réunions de plaidoyer en ligne avec les États membres de l'UE
et les ont convaincu de la nécessité de proroger d'une année supplémentaire le régime de
sanctions de l'UE contre les responsables burundais et les hauts fonctionnaires de la RDC
responsables de violations des droits humains.

Les membres de la Coalition populaire pour le Sahel ont également exhorté les autorités
maliennes, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et
l'Union africaine à travailler en étroite collaboration et à protéger la population civile, à faire
pression pour que des mesures immédiates soient prises afin de garantir une égalité d’accès
à la justice et à veiller à ce que toute intervention n'exacerbe pas la crise humanitaire.

À la suite d’intenses activités de plaidoyer menées par la FIDH, l'UE a condamné la situation
des droits humains en Égypte devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies,
ainsi que l'arrestation et la détention de trois dirigeants de l'Initiative égyptienne pour les
Droits personnels (EIPR), l'une des dernières organisations indépendantes de défense des
droits humains encore active dans le pays. Le Parlement européen a également adopté une
résolution urgente qui appelle l'UE à adopter des sanctions ciblées contre les responsables
égyptiens. Enfin, alors que la visite du président égyptien Al-‐Sissi en France était présentée
par les autorités françaises comme l'occasion de renforcer une alliance stratégique, la FIDH,
aux côtés d'une coalition d'ONG, a mené une intense campagne dans les médias afin de faire
connaître les violations des droits humains perpétrées dans le pays. La FIDH a plaidé avec
succès pour que cinq défenseur·∙es des droits humains égyptien·∙es soient fait·∙es Citoyen·∙nes
d'honneur de la ville de Paris. La décision a été annoncée par la maire de Paris lors de sa
rencontre bilatérale avec le premier ministre égyptien.


IMPORTANTS

Objectif 1 – Contrer l'autoritarisme

Résultat attendu 1.1 : que les organisations membres et partenaires disposent de capacités
accrues pour agir en faveur des libertés et des principes démocratiques

TANZANIE : LA TANZANIA ELECTION WATCH (TEW), UN MECANISME INDEPENDANT DE
SURVEILLANCE DES ELECTIONS
Alors que la date des élections générales nationales en Tanzanie approchait, la FIDH, son
organisation membre au Kenya, la Kenya Human Rights Commission (KHRC) et d'autres
ONG régionales ont lancé un mécanisme indépendant de surveillance des élections le 3
septembre 2020, dans un contexte de restrictions sévères de l'espace démocratique en
Tanzanie. Étant donné que peu d'observateurs indépendants étaient présents, en raison
d'un contexte de restriction des libertés et de la pandémie de Covid-‐19, une initiative
régionale -‐ la Tanzania Election Watch -‐ a été mise en place avec le soutien de partenaires
kenyans (KHRC) et ougandais (Kituo cha Katiba), pour observer, poser des questions et
proposer des réponses régionales et internationales au contexte électoral en Tanzanie. Le
mécanisme a été actif pendant la période préélectorale, le jour du scrutin et dans les jours
qui ont suivi les élections. Une série d'actions a été prévue, notamment la documentation
et le suivi du contexte électoral, l'organisation d'un webinaire et des actions de plaidoyer à
l’échelle régionale et internationale.


LA FIDH ET SES CENT QUATRE-‐VINGT-‐DOUZE ORGANISATIONS MEMBRES ONT LANCE UN
APPEL CONJOINT POUR REPONDRE A LA CRISE DU RACISME SYSTEMIQUE ET DES VIOLENCES
POLICIERES
En juillet 2020, la FIDH et ses cent quatre-‐vingt-‐douze organisations membres ont adopté
une déclaration contre le racisme anti-‐Noirs aux États-‐Unis et dans le monde, partageant
l'indignation contre le racisme et la brutalité policière qui a inspiré d’immenses
manifestations pour dénoncer les meurtres de George Floyd, Breonna Taylor, Atatiana
Jefferson, Tony McDade, Rayshard Brooks et d'autres Africains-‐Américain⋅es tué⋅es par la
police aux États-‐Unis. Les manifestations populaires ont mis en évidence la persistance du
racisme institutionnel et de la violence d’État à l'encontre des communautés noires et de
couleur dans de nombreux pays. La FIDH et ses cent quatre-‐vingt-‐douze organisations
membres reconnaissent que le racisme anti-‐Noirs est un phénomène mondial dont les
racines sont ancrées dans le colonialisme européen et la traite transatlantique des
esclaves. Ce racisme a été entretenu et renforcé par les politiques néolibérales. La FIDH a
réaffirmé son engagement à lutter contre les systèmes et les structures qui soutiennent et
perpétuent les idéologies dangereuses du racisme anti-‐Noirs à travers le monde. Nous
avons appelé tous les dirigeants politiques à s'attaquer avec détermination au racisme
structurel et systémique, notamment par le biais de mécanismes de responsabilisation, de
recours et de réparations.

Résultat attendu 1.2 : blocage des initiatives liberticides, arbitraires et antidémocratiques
des autorités

FRANCE/ISRAËL : LA PLUS HAUTE JURIDICTION EUROPÉENNE EN MATIERE DE DROITS
HUMAINS S'EST PRONONCÉE CONTRE LA FRANCE DANS UNE AFFAIRE DE BOYCOTT
D'ISRAËL
Le 11 juin 2020, la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a rendu une décision
unanime déclarant que la France avait violé le droit à la liberté d'expression de militants
ayant appelé au boycott de produits israéliens. Ces militants avaient été condamnés par des
juges français qui affirmaient que leurs appels au boycott constituaient une incitation à la
haine et à la discrimination à l'égard des Juifs. Les juges de la Cour européenne des droits de
l’Homme ont estimé, au contraire, que ces appels au boycott constituaient une critique
pacifique de la politique du gouvernement israélien et ne devaient pas être confondus avec
un discours de haine antisémite.


En 2017, la FIDH et son organisation membre française, la Ligue des Droits de l’Homme
(LDH), s’étaient constituées tierce partie et avait soumis une communication à la Cour. Nos
organisations avaient souligné l'importance pour les juges de faire la différence entre la
protection nécessaire du droit à la liberté d'expression et la lutte légitime contre le discours
de haine et l'incitation à la violence. Notre communication insistait sur l'importance pour la
Cour de procéder à une analyse nuancée des déclarations en question et de leur contexte -‐
une approche que la Cour a finalement suivie. Cette décision historique réaffirme
l'engagement de la Cour à protéger la liberté d'expression et constitue une victoire majeure
pour les droits humains en Europe. Nous espérons que cette décision permettra aux
citoyen·∙nes et aux défenseur·∙es des droits humains du monde entier de continuer à
dénoncer les violations du droit international commises par Israël.

Objectif 3 -‐ Promouvoir l'abolition universelle de la peine de mort

Résultat attendu 3.1 : obtenir des avancées et se diriger vers l'abolition universelle

IRAN : LA PEINE DE MORT VIOLE LES DROITS FONDAMENTAUX ET LE DROIT
INTERNATIONAL
La FIDH et son organisation membre, la Ligue pour la Défense des Droits de l’Homme en Iran
(LDDHI), ont publié un rapport sur l'application de la peine de mort en Iran qui montre
combien elle viole de nombreux droits humains fondamentaux et est incompatible avec les
normes internationales. Le rapport, intitulé « No one is spared -‐ The widespread use of the
death penalty in Iran » (Personne n'est épargné – De l'usage généralisé de la peine de mort
en Iran), documente les principales tendances, les mécanismes et les affaires liés à
l'application de la peine capitale dans la République islamique. Le rapport a été publié avant
la 18ème Journée mondiale contre la peine de mort (le 10 octobre). En 2020, le thème de la
Journée mondiale contre la peine de mort portait sur l'accès à une représentation juridique
efficace pour les personnes accusées de crimes passibles de la peine de mort.Le rapport a
été largement repris par la presse et sur les réseaux sociaux en anglais, en français, en
persan et en espagnol.


Objectif 4 -‐ Soutenir la protection des populations dans les situations de
conflit et de crise

Résultat attendu 4.1 : une meilleure protection des populations

L'UE : UN NOUVEAU RÉGIME MONDIAL DE SANCTIONS EN MATIÈRE DE DROITS HUMAINS
Le 7 décembre 2020, le Conseil de l'Union européenne a adopté un nouveau régime mondial
de sanctions en matière de droits humains, qui élargit les possibilités pour l'UE d'adopter
des sanctions ciblées (telles que des interdictions de voyager et des gels d’avoirs) à
l'encontre de personnes, d'entités et d'organismes responsables de graves violations des
droits humains dans le monde entier, ou impliqués dans ces violations ou associés à celles-‐ci.
Ce régime mondial coexistera avec les régimes actuellement appliqués à certains pays –
comme le régime de sanction appliqué contre le Belarus ou le Myanmar -‐ mais ajoutera la
possibilité pour l'UE d'adopter des mesures restrictives contre les auteur·∙es de violations des
droits humains, quel que soit le lieu où ces violations ont été perpétrées.

Tout au long de l'année 2020, la FIDH a pris part à une coalition de la société civile qui
menait des actions de plaidoyer pour que l'UE adopte un tel régime s’ajoutant aux
politiques européennes existantes ainsi qu’aux autres régimes de sanctions ; en tenant
compte de perspectives différentes et, notamment, des cas où les programmes de sanctions
spécifiques à un pays sont inadaptés ou impossibles à mettre en œuvre, des cas de violations
des droits humains dans des zones transfrontalières ou dans des zones géographiques
échappant au contrôle du gouvernement du pays concerné.

Manifestations pacifiques de masse au Belarus

PRIORITE : PROMOUVOIR LES DROITS DES
FEMMES


Depuis le début de la pandémie de Covid-‐19, les violences faites aux femmes -‐ notamment
les violences conjugales -‐ et les autres violations des droits des femmes se sont
considérablement aggravées. Dans ce contexte, la FIDH a organisé le 17 juin 2020 un
webinaire international intitulé « Innover pour lutter contre les violences faites aux femmes
à l'heure de la pandémie de Covid-‐19 ». Ce webinaire a mis en lumière des initiatives
originales développées par des militant·∙es de la société civile sur plusieurs continents pour
lutter contre les violences faites aux femmes dans le contexte de la pandémie. Il a favorisé le
partage de bonnes pratiques via des échanges entre les défenseur·∙es des droits des femmes
de France, du Mexique, d'Afrique du Sud et de Tunisie -‐ quatre pays dans lesquels les
organisations féministes ont réagi rapidement à l’augmentation des violences faites aux
femmes liée à la pandémie de Covid-‐19. Plus de trois cents participant.es ont assisté au
webinaire, ce qui démontre bien la nécessité de créer des espaces d'échange, de partager
des expériences et de soutenir les associations et les professionnel.es qui sont en première
ligne pour lutter contre la violence et soutenir les victimes.

Le 25 novembre 2020, la FIDH a célébré la Journée internationale pour l'élimination des
violences faites aux femmes et entamé une campagne de seize jours pour parler des
violences fondées sur le genre. À cette occasion, la FIDH a publié un ouvrage intitulé :
Violences sexuelles et fondées sur le genre : Un glossaire de A à Z. Le glossaire, disponible
en anglais, en français et en espagnol et accompagné d'une courte vidéo d’explication, est
un manuel simple et pratique, destiné tout particulièrement aux personnes et organisations
impliquées sur le terrain pour informer, mener des actions de plaidoyer et assurer la défense
de victimes dans les affaires de violences sexuelles et fondées sur le genre.

Fort de ses soixante et un mots clés, le glossaire est un point de départ pour expliquer des
termes essentiels, des droits, des normes et d'autres concepts qui sont souvent méconnus,
mal compris ou mal utilisés, ce qui contribue à véhiculer une incompréhension de ce que
sont les VSBG, de la manière de les aborder et de soutenir les victimes. Cet outil peut être
utilisé par les organisations membres et partenaires de la FIDH, ainsi que par d'autres
intervenants, dans leur travail de responsabilisation en matière de violences sexuelles et
basées sur le genre (voir ci-‐dessous).


En novembre 2020, dans un contexte d'importants reculs qui ont mis à mal les droits des
femmes, la FIDH et ses organisations membres siégeant au Bureau international, ont adopté
une déclaration commune appelant les membres de la FIDH à unir leurs efforts à ceux des
organisations féministes de la société civile pour promouvoir les droits des femmes et lutter
contre les discriminations fondées sur le genre.

Afin d'intégrer une perspective de genre dans les enquêtes de la FIDH sur les droits humains,
la méthodologie de la FIDH pour documenter les violations graves des droits humains,
notamment les crimes de violence sexuelle et sexiste, a été harmonisée. Ce travail a été
réalisé grâce à un processus de consultation interne, avec le soutien de deux experts
externes de haut niveau : l’un travaillant pour la Cour pénale internationale, l’autre pour la
Commission européenne.

La lutte contre l'impunité, l'établissement des responsabilités et la défense des victimes, de
leur droit à la vérité, à la justice et à la réparation sont également au cœur du travail de la
FIDH et de ses organisations membres (voir ci-‐dessous). Au Mexique, plusieurs ateliers ont
continué à être organisés avec des victimes, principalement des femmes, pour soutenir le
droit à la vérité, à la justice et à la réparation pour les victimes d'exécutions extrajudiciaires
et de disparitions forcées.

L'année 2020 a également été marquée par d'importants reculs concernant les droits
sexuels et reproductifs (DRS) en tant que droits humains fondamentaux, notamment le droit
à un avortement libre, sûr et légal. Le 23 octobre 2020, à Genève, trente-‐cinq pays, dont les
États-‐Unis, le Brésil, l'Égypte, la Pologne et la Hongrie, se sont prononcés contre le droit à
l'avortement au nom du « bien-‐être des femmes » et de la « protection de la vie humaine »,
affirmant qu'il n'existe aucun droit à l'avortement en vertu du droit international. Derrière
ce déchaînement de discours conservateurs défendant un modèle reproduisant les inégalités
sociales de genre sous couvert de la « famille traditionnelle », se cache une érosion
manifeste et alarmante des droits des femmes, dénoncée par la FIDH depuis de nombreuses
années.

C'est le cas en Pologne, où les droits sexuels et reproductifs et le droit à la protection contre
les violences sexistes et domestiques ont été balayés d’un trait de plume, et sont encore
menacés par la proposition, discutée en 2021 au Parlement polonais, de se retirer de la
Convention d'Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et
la violence domestique. Suite à ces développements très inquiétants en Pologne, la FIDH a
tissé des liens avec d'autres organisations polonaises eta établi une coalition internationale
informelle d'environ 30 organisations agissant en faveur des droits des femmes et plus

largement sur des questions de droits humains et d'État de droit, afin de mener
collectivement des actions de plaidoyer et d’être en mesure d’exercer une influence .

IMPORTANTS

Objectif 1 – Combattre les violences contre les femmes

Résultat attendu 1.1. Soutenir nos organisations membres et partenaires pour renforcer
leur capacité d'action

VIOLENCES SEXUELLES ET FONDEES SUR LE GENRE : UN GLOSSAIRE DE A A Z
Le 25 novembre 2020 nous avons célébré la Journée internationale pour l'élimination de la
violence à l’égard des femmes et entamé une campagne de 16 jours pour parler des
violences sexuelles et fondées sur le genre. À cette occasion, la FIDH a publié un ouvrage
intitulé : Violences sexuelles et fondées sur le genre : Un glossaire de A à Z. Ce glossaire
fournit la définition de 61 termes essentiels liés aux violences sexuelles et fondées sur le
genre, le contexte dans lequel ces crimes sont commis et les normes qui doivent être
respectées lors du dialogue avec les survivants.

« Si les mots peuvent contribuer à donner visibilité, vérité et justice aux survivants de
violences sexuelles et fondées sur le genre, ils peuvent aussi discriminer, re-‐victimiser et
détruire. Il est crucial d'utiliser les mots justes, de les utiliser correctement et au bon
moment », a déclaré Guissou Jahangiri, vice-‐présidente de la FIDH et directrice d'OPEN
ASIA/Armanshahr.

Les violences sexuelles et fondées sur le genre touchent des millions de personnes dans le
monde, femmes, filles, hommes, garçons et minorités de genre. Elles sont courantes, tant en
temps de paix qu’en temps de conflit et sont directement liées aux inégalités structurelles
entre les sexes, en particulier à la domination des hommes sur les femmes. Malgré leur
caractère généralisé, très peu de victimes reçoivent la protection, la reconnaissance ou la
justice dont elles ont besoin.


Avec cette publication, la FIDH souhaite contribuer à réduire les carences en termes de
documentation, d'enquêtes et de poursuites dans le domaine des violences sexuelles et
basées sur le genre – carences qui trouvent en partie leur origine dans une
incompréhension généralisée de ce que sont ces violences, du contexte dans lequel elles se
produisent et de la manière d'interagir avec les survivant·∙es. En cherchant à identifier et à
clarifier les définitions clés que les praticiens travaillant sur les violences sexuelles et fondées
sur le genre devraient bien connaître, le glossaire que nous venons de publier est ainsi un
manuel pratique et un point de départ pour celles et ceux qui documentent, défendent les
victimes, sensibilisent ou mènent des actions de plaidoyer sur cette question.

Manifestations pour les droits des femmes en Pologne


Résultat attendu 1.2 : adoption d’instruments normatifs pour une meilleure protection des
femmes contre les violences et les discriminations

ADOPTION D’UNE POSITION COMMUNE A L’OCCASION DE LA 67EME SESSION ORDINAIRE DE LA
COMMISSION AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES POUR LA PROTECTION DES
FEMMES CONTRE LES VIOLENCES EN AFRIQUE
Soutenir la mise en place et le déploiement de processus de définition des responsabilités
qui permettent d’enquêter, de poursuivre et de punir tous les crimes associés aux conflits
violents et, en particulier, les violences sexuelles et fondées sur le genre ;
soutenir la participation active des victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre
dans le cadre de ce processus de définition des responsabilités et d’autres processus de
justice transitionnelle, en mettant l'accent sur les mesures mises en place pour assurer leur
sécurité personnelle ainsi que sur les mesures de rééducation physique, psychologique et
sociale ;
soutenir l'adoption d'un programme de réparation global qui tienne compte et reconnaisse
les réalités transversales des préjudices subis par les victimes de violences sexuelles et
fondées sur le genre ;
élaborer un plan d'action pour la diffusion et la mise en œuvre des lignes directrices de la
CADHP sur la lutte contre les violences sexuelles et leurs conséquences en Afrique.

Ce sont là quatre des recommandations transmises par la FIDH au forum des ONG de la
67ème session ordinaire. Elles ont été adoptées sans modification par le forum , dans le cadre
d’une recommandation sur les droits des femmes, la paix et la sécurité en Afrique soumise à
la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples en juillet 2020.


Résultat attendu 1.3 : Avancées dans l'établissement des responsabilités concernant les
affaires de violence à l'égard des femmes et dans le respect du droit des victimes à
réparation

VIOLENCES SEXUELLES CONTRE LES FEMMES YEZIDIES AU KURDISTAN IRAKIEN
En 2017 et 2018, la FIDH et l'Organisation Kinyat, basée à Dohuk (pour les aspects
documentaires), ont mené conjointement un travail de documentation sur les violences
sexuelles contre les femmes yézidies au Kurdistan -‐ des atrocités qui s'apparentent à des crimes
contre l'humanité et à un génocide. La FIDH a ensuite déclenché les mécanismes de
responsabilité pénale en 2019. Ces femmes ont pu être représentées par les avocats du Groupe
d'action judiciaire (GAJ) de la FIDH dans le cadre des enquêtes sur les crimes internationaux qui
sont en cours en France et en Allemagne et qui visent des combattants étrangers liés à
l’organisation « Etat islamique ». En juillet 2020, ce travail a permis l’ouverture d’une deuxième
enquête en France contre un djihadiste français, Nabil G., accusé d'actes de génocide et de
crimes contre l'humanité (mise en esclavage, torture, viol, privation grave de liberté et
persécution) perpétrés en Syrie entre 2015 et 2016 contre des Yézidis.


PRIORITE : COMBATTRE LES DISCRIMINATIONS
ET VIOLENCES FONDEES SUR L'ORIENTATION
SEXUELLE ET L'IDENTITE DE GENRE


Dans toutes les régions du monde, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres
et intersexuées (LGBTI+) sont victimes de graves violations de leurs droits humains :
stigmatisation, discrimination, criminalisation, violence, voire meurtre. Outre les attaques
personnelles, elles souffrent d'une inégalité de traitement et d’une inégalité de statut
juridique, notamment en ce qui concerne leur vie privée et familiale, l'emploi, la liberté
d'association. Les défenseur·∙es des droits des personnes LGBTI+ sont particulièrement
vulnérables. La protection de celles et ceux qui défendent les droits humains des personnes
LGBTI+ est restée une priorité en 2020.

Sept appels urgents ont été publiés par l'Observatoire sur les attaques contre les
Défenseur.es des droits des personnes LGBTI+ (Chine, Colombie, Guatemala, Honduras,
Malawi, Turquie, Vietnam). La FIDH a également décidé d’apporter un soutien matériel à
huit personnes ou ONG locales de défense des personnes LGBTI+. Cette décision a bénéficié
à quarante et une personnes pour des actions de déménagement et de réinstallation, des
mesures de sécurité d'urgence et le renforcement des capacités en matière de protection et
de sécurité physique et numérique (Kenya, Monténégro, Nigeria, Rwanda, Ouganda,
Ouzbékistan).

En 2020 et, conformément à son Plan stratégique pluriannuel, la FIDH a continué à mener
des actions en direction des décideurs et à encourager le dialogue sur les questions portant
sur la lutte contre les violences et les discriminations envers les personnes LGBTI+,
principalement en Pologne et en Roumanie.

En Pologne, les autorités sont restées sourdes aux demandes de l'UE d’abroger les textes de
loi jugés incompatibles avec les principes fondateurs de l'UE sur l'indépendance de la justice.
Elles ont continué à violer sans vergogne les principes de l'UE, notamment en harcelant les
juges qui n’adhéraient pas aux projets de réforme de la Justice décidés par le gouvernement,
en menaçant l'institution du Médiateur et en sapant les droits humains, y compris ceux des
minorités. Les personnes LGBTI+ ont été particulièrement visées, par le biais de discours
stigmatisants et de réformes remettant en cause les normes anti-‐discriminatoires et

d'égalité, notamment dans les domaines de l’éducation, de l'emploi, de l'accès aux biens et
services et de protection contre les violences fondées sur le genre. Les attaques contre les
personnes LGBTI+ et celles et ceux qui défendent leurs droits ont également augmenté,
tandis que les autorités ont systématiquement négligé d'enquêter rapidement, d’engager
des poursuites et de condamner les discours et crimes de haine. Des zones dites « LGBTI+-‐
free » ont été créées dans certaines villes de Pologne, et une fois encore, les autorités n'ont
pas réagi.

Dans ce contexte, la FIDH a continué à se mobiliser aux côtés de ses membres polonais et de
ses partenaires internationaux -‐ désormais réunis en un groupe placé sous sa direction -‐
pour faire pression sur l'UE afin que le gouvernement polonais soit tenu responsable de la
violation des normes européennes, notamment par le déclenchement de la procédure
prévue à l'art. 7 du Traité de l’Union européenne, qui permet à l'Union de contrôler et de
sanctionner les États membres en cas de non-‐respect des principes fondateurs de l'UE,
notamment les principes d'État de droit et les droits fondamentaux (voir ci-‐dessous).

Par ailleurs, la FIDH a continué à chercher à faire reconnaître la responsabilité des États en
matière de discriminations contre les personnes LGBTI+ en se constituant tierce partie dans
le cadre des procédures en cours devant les juridictions nationales et régionales. En 2020, et
en collaboration avec des organisations spécialisées dans les droits des personnes LGBTI+,
nous avons transmis des Interventions de Tierce Partie (ITP) à la Cour européenne des Droits
de l’Homme (CEDH) (dans le cadre d’une affaire contre la Russie, d’une autre affaire contre
la Roumanie, de deux affaires contre la France et d’une affaire contre le Royaume-‐Uni), et
avons formé des demandes d'autorisation de produire des commentaires écrits dans deux
autres affaires (contre la Pologne et contre la Norvège). Un mémoire a été transmis à la
Cour constitutionnelle de Roumanie (voir ci-‐dessous).

Les ITP étaient centrées sur le droit à la vie privée et familiale des requérants, le droit de ne
pas être discriminé et le droit à la reconnaissance du genre pour les personnes intersexuées.
Toutes ces affaires sont en cours devant la Cour européenne des Droits de l’Homme, tandis
que la décision de la Cour constitutionnelle de Roumanie est conforme à nos demandes.


IMPORTANTS

Objectif 1 -‐ Lutter contre les lois et politiques discriminatoires

Résultat attendu 1.2 : que les décideurs s’impliquent davantage dans la lutte contre les
violences et la discrimination envers les personnes LGBTI+.

POLOGNE : SELON LE PARLEMENT EUROPEEN, LES VIOLATIONS CONTINUES DES PRINCIPES
D’INDEPENDENCE DE LA JUSTICE ET DES DROITS FONDAMENTAUX, Y COMPRIS CEUX DES
PERSONNES LGBTI+, CONSTITUENT UNE « PREUVE ACCABLANTE » DU NON-‐RESPECT DES
VALEURS DE L'UE
Tout au long de l'année 2020, la FIDH et ses organisations membres et partenaires ont
appelé le Conseil européen et la Commission à s'abstenir d'interpréter de manière restrictive
le principe de l'État de droit, et à répondre aux violations continues des principes fondateurs
de l'UE en déclenchant des procédures d'infraction et en faisant avancer la procédure
prévue à l'article 7 du Traité sur l'Union européenne (TUE).

En collaboration avec ses organisations membres et partenaires en Pologne et à l'échelle
internationale, la FIDH a travaillé en étroite collaboration avec le Parlement européen pour
influencer la rédaction d’une résolution faisant écho aux préoccupations, reprenant les
recommandations de la FIDH sur la situation en Pologne et insistant sur la nécessité d'une
action immédiate de la part de l'UE. Cette résolution a été adoptée en septembre 2020 avec
le soutien écrasant de tous les partis représentés.

La FIDH et ses organisations membres et partenaires ont également fait entendre leurs
préoccupations face aux discriminations publiques, aux violences fondées sur le genre et aux
violences faites aux femmes, aux discours de haine et aux crimes contre les minorités et
autres groupes vulnérables, y compris les personnes LGBTI+. Dans la résolution adoptée, le
Parlement européen a vivement déploré à la fois l'arrestation massive et les poursuites
engagées contre 48 militants LGBTI+ dans le cadre de la manifestation du 7 août 2020
surnommée le « Stonewall polonais » ainsi que la position officielle de l'épiscopat polonais
en faveur des « traitements de conversion ».


Objectif 2 -‐ Lutter contre les violences, discriminations et stigmatisations

Résultat attendu 2.1 : faire reconnaître la responsabilité des États en matière de violences
et de discriminations à l'égard des personnes LGBTI+

SAISINE DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE DE ROUMANIE AFIN QU’ELLE SE PRONONCE
SUR LES QUESTIONS DE DISCRIMINATIONS FONDEES SUR L'ORIENTATION SEXUELLE ET
L'IDENTITE DE GENRE
En septembre, la FIDH est intervenue, aux côtés de ses organisations partenaires,
l'Association ACCEPT, le Centre AIRE, le Centre for Reproductive Rights, ILGA-‐Europe et
TransgenderEurope, dans le cadre d’une saisine de la Cour constitutionnelle de Roumanie
qui était appelée à rendre sa décision au sujet d’une disposition contenue dans le projet de
loi 87/2020. Cette proposition de loi intitulée « Proposition de loi visant à modifier et
compléter la loi sur l'éducation nationale », aurait rendu illégale toute action visant à
diffuser ce que d’aucuns appellent « l’idéologie du genre » (à savoir la théorie ou l’opinion
selon laquelle le concept de genre diffère du concept de sexe biologique) dans les sphères
de l'éducation et de la formation professionnelle.

Dans le Mémoire communiqué à la Cour, les intervenants font valoir que cette disposition
est en contradiction avec les normes internationalement reconnues en matière de genre et
d'identité de genre et qu'elle violerait les droits des personnes trans et non binaires –
notamment le droit de ne pas être discriminé·∙es pour des raisons d'identité de genre – et
qu'elle attiserait la stigmatisation et l'intolérance à l'égard des personnes de genre
différent. La Cour a donné raison à la position soutenue par la FIDH et les autres
intervenants et a rendu sa décision en novembre 2020 dans laquelle elle juge la disposition
incompatible avec la Constitution roumaine.


PRIORITE : PROMOUVOIR LES DROITS DES
PERSONNES MIGRANTES


En 2020, la FIDH et ses organisations membres ont porté une attention particulière à
l'absence de coopération des États, notamment des États européens et, des impacts négatifs
de cette non-‐coopération sur le respect des droits des migrant·∙es, des demandeur·∙euses
d'asile et des réfugié·∙es. La pandémie de Covid-‐19 a exacerbé la situation déjà très fragile et
précaire des personnes déplacées, notamment concernant leses conditions de vie dans les
centres d'accueil, les procédures de demande d'asile, les violences aux frontières et les
failles du système de protection internationale. La FIDH a souhaité renforcer son action en
2020 et a donc établi un groupe de travail avec des organisations membres travaillant sur les
questions de migration d'Europe, de la région Afrique du Nord et Moyen-‐Orient et d'Afrique
afin de mutualiser ressources et expertise et de faciliter les initiatives communes.

La a FIDH s’est alliée à quatre-‐vingt-‐cinq autres organisations pour lancer un appel à la
Grèce et à l'UE afin qu’elles se penchent sur la situation des migrants à la frontière terrestre
entre la Grèce et la Turquie et sur les îles de la mer Égée, où les personnes qui sont bloquées
aux frontières de l'Europe sont instrumentalisées à des fins politiques et soumises à des
violations de leurs droits. En réaction à l'incendie mortel qui a détruit le camp de Moria sur
l’île de Lesbos en septembre 2020, la FIDH et ses partenaires ont appelé les dirigeants grecs
et européens à travailler à l’élaboration d’un plan cohérent qui optimise les ressources
disponibles -‐ y compris celles de l'UE -‐ pour fournir une assistance aux personnes déplacées
et partager la responsabilité de l'accueil des demandeurs d'asile. La FIDH a également signé
une déclaration publiée par une large coalition d'ONG en réponse au nouveau Pacte sur les
migrations et l'asile de la Commission européenne adopté en septembre 2020. Dans cette
déclaration, elle réitère les appels lancés depuis longtemps déjà en faveur d'une politique
migratoire de l'UE plus globale donnant la priorité aux droits humains.

En termes de plaidoyer, nous avons été particulièrement actifs au niveau de l'Union africaine
et de l'Union européenne (voir ci-‐dessous).Dans le cadre des négociations de la Stratégie
commune Afrique-‐UE, la FIDH a influencé les positions politiques sur les migrations par la
rédaction d’un document de travail sur la coopération Afrique-‐UE en matière de migration,
qui a servi de base à une prise de parole de la FIDH devant la sous-‐commission des droits de
l’Homme du Parlement européen le 8 septembre 2020. La sous-‐commission a depuis utilisé
les éléments contenus dans ce document de travail pour préparer son rapport sur la place

des droits humains dans la politique de migration externe de l'UE ; ce rapport nourrira les
négociations entre l'UE et l'UA sur cette question.

Lors de la 66ème session de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples
(CADHP), la FIDH a fait une déclaration orale en réponse au rapport d'activité de la
Commission sur les réfugié·∙es, les demandeur.euses d'asile, les personnes déplacées et les
migrant·∙es en Afrique. Cette déclaration soulignait le fait que les États parties doivent
s'assurer que les fermetures de frontières et autres mesures prises dans le cadre de la lutte
contre la pandémie de Covid-‐19 ne violent pas les droits des réfugié·∙es, des
demandeur.euses d'asile et autres migrant·∙es forcé·∙es. Par ailleurs, la FIDH a fait entendre
ses préoccupations quant au caractère sécuritaire des politiques migratoires en Afrique et a
demandé à la Commission africaine d'exiger une plus grande responsabilité des États et
d’évaluer leurs actions conformément aux huit piliers clés du Cadre de politique migratoire
pour l'Afrique et du Plan d'action (2018-‐2030). Le Rapporteur spécial a apprécié ses
recommandations et les a déclarées conformes aux priorités de la Commission dans le cadre
de son mandat.

La crise des réfugiés en Grèce


IMPORTANTS

Objectif 1 -‐ Soutenir les lois et les politiques qui protègent les droits des
migrants

Résultat attendu 1.2 : des États, des organismes intergouvernementaux, des agences
transnationales et des entreprises plus conscient.es des droits des migrants

UN PLAIDOYER D’ENVERGURE DEVANT L'UE, EN FAVEUR DE L'ADOPTION D'UNE
APPROCHE DES MIGRATIONS FONDEE SUR LES DROITS ET LA PROTECTION DES
MIGRANT.E.S EN PERIODE DE COVID-‐19
À l’échelle européenne, la FIDH a largement plaidé afin que le Parlement européen adopte
un rapport d'initiative visant à renforcer la protection des droits humains dans le cadre de
la politique migratoire de l’Union européenne. La FIDH a contribué à la rédaction du projet
de rapport adopté en novembre 2020. Suite à cette adoption, une résolution a été adoptée
par le Parlement européen sur la protection des droits humains dans le cadre de la politique
migratoire de l'Union européenne. Elle reprend les recommandations de la FIDH,
notamment sur les questions d’externalisation et de respect des normes internationales.
La FIDH a également plaidé pour une meilleure protection des migrant·∙es dans le cadre de la
pandémie de Covid-‐19. Alexis Deswaef, vice-‐président de la FIDH, a fait une déclaration forte
à l'occasion d'une audition organisée par la Commission des libertés civiles, de la justice et
des affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen sur l'impact de la pandémie de Covid-‐
19 sur la démocratie, l'État de droit et les droits fondamentaux. Il a présenté les résultat d’un
travail mené par la FIDH et ses organisations membres lors de la première vague de la
pandémie et a clairement plaidé en faveur de la protection des migrants en période de
pandémie de Covid-‐19.
Suite à cette prise de parole, le Parlement européen a adopté une résolution appelant les
États membres à garantir pleinement l'accès à une procédure de demande d'asile et le droit
d’asile dans le contexte de la pandémie, à gérer la situation de manière globale, y compris
aux frontières extérieures, en garantissant le droit d'asile et en offrant des conditions
d'accueil adéquates aux réfugié·∙es et aux demandeur.euses d'asile.


Tout au long de l’année 2020, la FIDH et ses organisations membres et partenaires ont
organisé un certain nombre de réunions avec différents interlocuteurs de l'UE et des États
membres. Ces réunions ont été l’occasion de présenter des recommandations et des
objectifs concrets pour garantir que le nouveau plan d'action sur les droits humains et la
démocratie soit axé sur les résultats. Parmi les recommandations, l'adoption d'une approche
fondée sur les droits pour les questions de migration était essentielle et a été validée par
l'UE. L'UE s'est engagée à « agir en faveur d'une approche fondée sur les droits humains qui
se concentre sur les personnes en situation vulnérable, notamment les migrant·∙es, les
réfugié·∙es, les demandeur.euses d'asile, les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et
les apatrides et ce, conformément aux obligations internationales en matière de droits
humains prévues par le droit et les normes internationales et par le biais des cadres
politiques et législatifs existants ».

Objectif 2 -‐ Promouvoir les droits des travailleur·∙es migrant·∙es

Résultat attendu 2.1 : une plus grande mobilisation des décideur·∙es en faveur de la
protection des droits des travailleur.euses migrant·∙es

RUSSIE : UN APPEL A LA LIBERATION DES TRAVAILLEUR.EUSES MIGRANT.ES EN DÉTENTION
COURRANT LE RISQUE DE CONTRACTER LE COVID-‐19
En mars 2020 et dans le contexte de la pandémie de Covid-‐19, les organisations membres
de la FIDH en Russie, dont le Centre anti-‐discrimination « Memorial » (ADC Memorial) et le
Centre des droits de l’Homme « Memorial » (HRC Memorial), ont appelé la Russie à libérer
les migrant·∙es détenu·∙es suite à une décision de reconduite à la frontière impossible à
mettre en œuvre à l'époque en raison des restrictions dues à la pandémie de Covid-‐19 et de
la fermeture des frontières. En effet, les Droits humains prévoient que la détention
d'immigrants à des fins de reconduite à la frontière ne peut être légale que dans la mesure
où un retour peut effectivement avoir lieu.


En avril 2020, la FIDH, conjointement avec ADC Memorial, HRC Memorial et le Comité
d'assistance aux réfugié·∙es et aux migrant·∙es « Civic Assistance », a transmis une
communication au Rapporteur spécial sur les droits humains des migrant·∙es, attirant
l'attention du Rapporteur sur les violations massives des droits des migrant·∙es, des
demandeur·∙euses d'asile, des réfugié·∙es et des apatrides en Russie. Sur les quelque sept
millions de migrant.es ·∙es avec ou sans papiers que compte la Russie, la grande majorité est
originaire d'Asie centrale. Un grand nombre a perdu son emploi et son statut. Le mauvais
fonctionnement du système médical les empêche d'accéder aux services de santé. Ils et elles
ne peuvent quitter la Russie car les frontières sont fermées. Meurs familles dans le pays
d'origine ne peuvent plus recevoir les fonds ordinairement envoyés chaque mois, alors
même que beaucoup d’entre elles ne possèdent pas d’autres moyens de subsistance.

Un enfant fait ses devoirs sur le balcon de sa maison de fortune à Gaza.
©CICR/Sanad Abu Latifeh 2017


PRIORITE : COMBATTRE L'IMPUNITE ET
PROTEGER LES POPULATIONS FACE AUX CRIMES
LES PLUS GRAVES


La question de l'accès à la justice pour les victimes de graves crimes internationaux est resté
l'une des priorités majeures de la FIDH en 2020. La FIDH s'efforce d'aider les victimes à
déclencher les mécanismes nationaux de justice dans les pays où les crimes ont été commis.
Force est de constater que trop souvent, les autorités nationales n'ont pas la volonté ou la
capacité de contraindre les auteurs de graves violations des droits humains à rendre des
comptes, ce qui oblige les victimes à chercher justice ailleurs. Dans ces situations, la FIDH, en
étroite collaboration avec ses organisations membres et partenaires, a apporté son soutien
aux victimes dans leur combat pour la justice devant des mécanismes de justice
extranationaux, régionaux ou internationaux.

En agissant pour renforcer les capacités des représentants des organisations nationales de la
société civile, des avocats et des militants des droits humains, en conduisant un travail
conjoint de documentation sur les situations de crimes internationaux, en déployant des
actions stratégiques en faveur des victimes et en menant des activités complémentaires de
plaidoyer, la FIDH et ses organisations membres ont lutté pour s’assurer que les crimes les
plus atroces perpétrés dans le monde ne demeurent pas impunis, pour que les droits des
victimes soient effectivement mis en œuvre et pour que les victimes puissent pleinement
participer à toutes les étapes des processus judiciaires.

En 2020, la pandémie de Covid-‐19 a bouleversé un nombre incalculable de vies. Les
institutions étatiques du monde entier, y compris les organes judiciaires, ont dû modifier
radicalement leurs priorités et leurs modes de fonctionnement. La pandémie a également eu
un impact sur l'accès à la justice des survivants de crimes internationaux. Les ONG, dont la
FIDH et ses organisations membres, ont dû s’adapter. Procureur.es, juges et ONG ont
rapidement développé des moyens créatifs pour mener à bien leur travail, ce qui a permis
aux enquêtes et aux dossiers de ne pas être complètement paralysés, voire, dans certains
cas, de connaître des avancées importantes. Grâce aux missions d'enquête et de collecte
d'éléments de preuve qui avaient été menées précédemment, grâce aux dossiers
préalablement constitués, mais aussi grâce au renforcement des méthodologies d'enquête à
distance, les affaires ont progressé en 2020. Cela s'est notamment traduit par l’adoption du

concept de « compétence universelle » par de nombreuses juridictions pour le suivi de
différents dossiers de nature universelle ou extraterritoriales en 2020, et par la Cour pénale
internationale (CPI).

Dans le même temps, les mécanismes de justice internationale -‐ notamment la CPI -‐ ont subi
des pressions et des attaques croissantes de la part d'États qui s'opposent à des enquêtes
susceptibles de viser leurs citoyens. En réponse à l'intérêt porté par la CPI aux crimes
présumés commis par les soldats américains et certains de leurs alliés -‐ notamment en
Afghanistan et en Palestine -‐ le gouvernement américain a intensifié sa campagne
d'intimidation et d'attaques directes contre la Cour et son personnel. En 2019,
l’administration américaine avait révoqué le visa d’entrée sur le territoire des États-‐Unis de
la Procureure de la CPI, Fatou Bensouda. Par la suite, les tactiques d'intimidation se sont
intensifiées jusqu'à l'adoption par l'administration Trump du décret n°13928 en juin 2020 et
de la promulgation de la liste des sanctions connexes en septembre 2020, qui visaient deux
hauts fonctionnaires de la CPI et toute personne directement impliquées dans les enquêtes
visant les opérations de soldats américains ou apportant un soutien matériel à ces enquêtes.
Ces attaques n’ont fait que s’ajouter aux très nombreux défis auxquels est confrontée la CPI,
juridiction de dernier recours. Cependant, la CPI a défendu son indépendance contre ces
demandes d'un système de justice qui serait, de fait, sélectif. La FIDH et ses organisations
membres et partenaires ont plaidé pour que les États Parties au Statut de Rome apportent
leur ferme soutien à la Cour.

L'année 2020 a été une année charnière pour la CPI en termes de gouvernance : un tiers de
son effectif a été renouvelé en décembre 2020 avec l'élection de six nouveaux juges et la
désignation d'un nouveau président ; un troisième procureur de la CPI a été élu pour les
neuf prochaines années ; un nouveau président de l'Assemblée des États parties a été
désigné. Des es expert·∙es indépendant·∙es ont publié conclusions et recommandations pour
renforcer le fonctionnement de la Cour.

Dans le même temps, l'espace disponible pour enquêter nationalement (c’est-‐à-‐dire dans les
pays dans lesquels les crimes en question ont été commis) sur des crimes d’ampleur
internationale, s’est encore réduit en 2020. L'impact des lois d'amnistie et le manque de
volonté politique ont été évidents en Côte d'Ivoire et au Mali, avec des procédures pénales
bien avancées qui ont été stoppées ou bloquées au nom de la « réconciliation nationale »,
ou en Guinée-‐Conakry, où le procès prévu en juin 2020 pour les crimes internationaux
commis lors du massacre du 28 septembre 2009 n'a toujours pas commencé, laissant les
victimes attendre pendant plus de dix ans, sans voie de recours effective dans leur pays.


Face à ces défis, en 2020, la FIDH a mené diverses actions visant à lutter contre l'impunité
des crimes internationaux et à favoriser l'accès des victimes à la justice :

1) Renforcement des capacités et effort de documentation
La FIDH a renforcé la capacité de ses organisations membres et de ses partenaires à utiliser
les mécanismes judiciaires pour juger les crimes internationaux.

En Asie, une séquence de formation en ligne sur les dispositifs qui encadrent les mécanismes
de responsabilité à l’échelle internationale, a été dispensée à vingt représentants de la
société civile d'Afghanistan, du Bangladesh, du Myanmar, des Philippines, du Cambodge, du
Sri Lanka et de Malaisie. Cette session de formation, d’une durée de cinq semaines, s’est
tenue en octobre et novembre 2020. Les cinq modules ont été proposés dans le cadre d’un
partenariat avec un nouveau partenaire de la FIDH, l'Asia Justice Coalition. La formation
incluait des séances de brainstorming et d’élaboration de stratégie et partait d’articles de
fond couvrant les principaux mécanismes de responsabilité internationale.

En septembre 2020, un atelier virtuel sur la compétence universelle a été organisé pour une
dizaine de représentants de la société civile qui travaillent sur l'Ukraine afin d'accroître leur
compréhension et leurs connaissances sur la manière d'utiliser le concept de compétence
universelle, en complémentarité avec d'autres mécanismes de justice, et de préparer des
dossiers gagnants. Une série de webinaires en ligne a été organisée en octobre et novembre
pour dix-‐huit organisations membres et partenaires au Venezuela sur la justice
transitionnelle et la CPI et sur la façon de documenter les crimes internationaux.

La documentation des crimes internationaux graves est une tâche qui consiste à établir les
faits et définir les responsabilités au regard des crimes les plus graves. Cette tâche a
continué d’être au centre du travail de la FIDH. La FIDH cherche à renforcer les capacités de
ses membres et à mener des missions de documentation dans le but de sensibiliser, de
produire des rapports d'enquête et d'engager des procédures judiciaires.

Tout au long de l'année 2020, la FIDH a soutenu ses organisations membres qui travaillent à
documenter les crimes internationaux commis au Mexique et en Colombie. Le 26 mai 2020,
après une année de suivi du fonctionnement des nouveaux mécanismes de justice et
d'attention aux victimes récemment établis dans ces deux pays, la FIDH a organisé un
webinaire intitulé « L’impunité en question – situation au Mexique et en Colombie » durant
lequel des représentants des organisations de la société civile, des victimes et un
représentant du Bureau de la Procureure de la Cour pénale internationale ont débattu des
principaux obstacles aux enquêtes et poursuites des cas d'exécutions extrajudiciaires et de
disparitions forcées (voir ci-‐dessous). En outre, en novembre 2020, la FIDH a publié un

rapport intitulé « Risques d’impunité en Colombie : les angles morts de la justice
transitionnelle et crimes internationaux relevant de la compétence de la CPI ». Toujours en
2020, la FIDH s’est mise au travail avec ses organisations partenaires pour documenter les
crimes internationaux perpétrés contre les migrants en Libye en menant des enquêtes et en
organisant des entretiens avec des survivants et des experts. Tout ce travail a été
principalement réalisé à distance.

2) Contentieux stratégique pour les crimes internationaux et soutien aux mécanismes
d'accès à la justice pour les victimes
Le contentieux stratégique en tant que mode d'action crucial pour soutenir l'accès à la
justice pour les victimes, s'est poursuivi tout au long de l'année 2020, ciblant tant les
personnes individuelles que les entreprises. Via son Groupe d'action judiciaire (GAJ -‐ un
réseau d'environ quatre-‐vingt-‐dix avocats, juges et universitaires bénévoles) la FIDH, a
soutenu les victimes de crimes internationaux dans leur quête de justice nationale,
extraterritoriale et internationale.

-‐ Devant les juridictions nationales
La FIDH, le Collectif d'avocats José Alvear Restrepo (CAJAR) et I(dh)eas – Contentieux
Stratégique pour les Droits Humains – ont uni leurs forces et participé à la lutte contre
l'impunité des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées en Colombie et au
Mexique. Outre le travail de documentation et de formation, la FIDH a soutenu ses
organisations membres pour l’établissement, d'espaces d'échange d'expériences entre
groupes de victimes. Localement, la Fédération a entamé des actions en justice en faveur
des victimes d'exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées, ainsi que ne
nombreuses actions de sensibilisation à l'existence de crimes contre l'humanité dans les
deux pays. Avec la campagne #JuntasContraLaImpunidad (Luttons ensemble contre
l'impunité), la FIDH et ses organisations membres ont fait pression pour la mise en œuvre de
politiques publiques qui démantèlent le système d'impunité, placent les victimes au centre
du système judiciaire et permettent d’avancer dans la recherche des personnes disparues.

En raison des difficultés rencontrées par la Cour pénale spéciale, qui a été établie
relativement récemment, pour démarrer les enquêtes, entamer les poursuites et aborder la
question de l'impunité en République centrafricaine (RCA), des juridictions « ordinaires »
ont commencé à organiser des procès dans des cas de graves violations des droits humains
commises en RCA. Dans l'affaire Bangassou (attaque menée en mai 2017 par des milices
anti-‐balaka contre le village de Bangassou, notamment contre un complexe de l'ONU et la
mosquée du village), que la FIDH et ses organisations membres en RCA avaient
minutieusement documentée, cinq chefs de guerre ont été reconnus coupables de crimes de
guerre, de crimes contre l'humanité, de crimes contre des personnes bénéficiant d’une

protection internationale, d'association de malfaiteurs, de détention illégale d'armes et de
munitions de guerre et de meurtre. Elles ont été condamnées à la prison à perpétuité. Dix-‐
sept autres personnes ont été condamnées à quinze ans d'emprisonnement et six autres à
dix ans d'emprisonnement, toutes pour association de malfaiteurs, possession illégale
d'armes et de munitions de guerre et meurtre. Lors de ce procès qui a duré trois semaines
en janvier 2020, les avocats du GAJ ont assisté soixante-‐quatorze victimes qui ont pu
témoigner devant la cour.

Après l'adoption par le Mali, en 2019, de la « Loi d’entente nationale » qui prévoit l’amnistie
ou un régime de grâces pour les auteurs de violations des droits humains et l'indemnisation
des victimes au nom de la « réconciliation nationale », de nombreuses procédures pénales
en cours et portant sur de graves violations des droits humains perpétrées au Mali depuis
2012 ont été gelées. Toutefois, le procès du général Amadou Haya Sanogo, chef de la junte
militaire qui a mené le coup d'État en 2012, et de 17 autres suspects du meurtre de 21
bérets rouges, devait reprendre début 2020 après une interruption de trois ans.

La FIDH a organisé une mission judiciaire en janvier 2020 pour préparer et soutenir les
victimes dans le cadre de ce procès, qui a finalement été reporté quatre jours seulement
avant sa reprise annoncée. La mission a toutefois permis à la FIDH et à ses organisations
partenaires de discuter et d'adapter leur stratégie en fonction des évolutions du contexte.
Peu de temps après, les accusés ont été provisoirement libérés. Alors que des accords entre
les parties civiles et l'État étaient en discussion tout au long de l'année 2020, le procès a
repris début 2021 et a pris fin en mars 2021, avant qu’un quelconque verdit puisse être
rendu. La Cour a argué du fait qu’elle appliquait la loi d'entente nationale et du fait qu’un
accord avait été passé avec les parties civiles.

En août 2018, le Président Ouattara avait signé un décret aux termes duquel la quasi-‐totalité
des suspects de crimes internationaux commis pendant la crise post-‐électorale pouvaient
bénéficier d’une amnistie. La FIDH et ses organisations membres en Côte d'Ivoire, la LIDHO
et le MIDH, ont décidé de contester la légalité de ce décret au nom des 165 victimes
représentées depuis 2012 devant les juridictions nationales par les avocats du GAJ. En avril
2019, un recours a été introduit devant la Chambre administrative de la Cour suprême,
arguant le fait que le décret Présidentiel était incompatible avec les obligations de l'État au
regard du droit international. Tout au long de l'année 2020, les avocats du GAJ ont évalué
d'autres voies contentieuses pour contester ce décret d'amnistie et ont commencé à
examiner la possibilité d'un recours contre l'État de Côte d'Ivoire devant la Cour de justice de
la CEDEAO, organe de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.
Fin 2019, les autorités guinéennes ont annoncé que le début du procès des responsables du
massacre du 28 septembre 2009 était imminent. Il était prévu que ce procès s’ouvre en juin

2020 mais une fois encore, il a été reporté et, face à l'évolution décourageante de l'affaire,
en septembre 2020, la FIDH, l'Association des victimes, des parents et des amis des victimes
du 28 septembre 2009 (AVIPA) et l'Association guinéenne de défense des Droits de l’Homme
(OGDH) ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux et ont posté une vidéo qui a été vue
plus de 120 000 fois, exhortant les autorités guinéennes à rendre justice aux victimes et à
leurs familles. La FIDH et ses organisations partenaires ont également poursuivi les
discussions avec le Bureau de la Procureure de la CPI, qui conduit un examen préliminaire de
la situation depuis plus de onze ans.

-‐ Devant les juridictions nationales appliquant le concept de compétence universelle ou
extraterritoriale
En 2020, la FIDH a continué à soutenir l'accès des victimes à la justice en invoquant le
concept de compétence universelle et extraterritoriale. Grâce à un important travail de
documentation et de constitution de dossiers entrepris précédemment par la FIDH et ses
organisations membres et partenaires, des avancées significatives sont intervenues en 2020
sur les enquêtes et les poursuites pour des crimes internationaux commis en Irak, en Syrie et
au Soudan, dans des affaires où le Groupe d'action judiciaire de la FIDH soutient les victimes
yazidies, syriennes et soudanaises devant les tribunaux français. Deux mandats d'arrêt ont
été émis contre des combattants français de l’État islamique en Irak pour des crimes commis
contre les Yazidis : un haut responsable du groupe rebelle Jaysh al-‐Islam a été arrêté et mis
en examen pour crimes de guerre, actes de torture et disparitions forcées commis en Syrie
(voir ci-‐dessous), et une information judiciaire a été ouverte en France sur le rôle présumé
de BNP Paribas dans des atrocités de masse au Soudan.

2020 a également été une année durant laquelle la FIDH a poursuivi son travail de
documentation et de constitution de dossiers et a étudié les moyens d'élargir la portée de la
responsabilité pour les crimes internationaux commis en Syrie. Un travail considérable a été
consacré à la préparation d'une plainte déposée en mars 2021 à Moscou contre les
combattants paramilitaires russes du groupe Wagner impliqués dans le meurtre en Syrie
d’un civil syrien, dans des conditions de cruauté extrême. Le travail de préparation de la
plainte a également porté sur la responsabilité plus large des entreprises, notamment en
matière de justice climatique ; tout ce travail commencera à porter ses fruits en 2021.

-‐ Devant la Cour pénale internationale
À la CPI, la FIDH a continué de s’impliquer activement dans différents dossiers. Elle a soumis
plusieurs communications au titre de l'article 15 ainsi que des mémoires sur les différentes
affaires dans lesquelles les victimes n'ont pu avoir accès à des mécanismes de justice
efficaces nationalement. Elle a demandé à la Cour de mener des enquêtes approfondies.


En 2020, la FIDH est intervenue en tant qu'amicus curiae dans deux affaires importantes
instruites par la CPI et concernant l'Afghanistan et la Palestine. Pour ce qui concerne
l'Afghanistan, la FIDH et ses organisations membres et partenaires travaillant en ou sur
l'Afghanistan, sont intervenues fin 2019 pour souligner qu'une enquête de la CPI serait dans
l'intérêt de la justice et des victimes. En mars 2020, la Chambre d'appel de la CPI a décidé
d'accorder l'ouverture d'une enquête sur la situation, annulant une décision préalable et
prenant en compte les mémoires d'amicus curiae demandant la poursuite de cette enquête.

Concernant la Palestine, la FIDH et ses organisations partenaires sont intervenues en tant
qu'amicus curiae en mars 2020 pour faire valoir que la CPI a la compétence territoriale sur la
Palestine, y compris sur les territoires de Gaza et de Cisjordanie. Les magistrats chargés de la
phase d’examen préliminaire à la CPI ont rendu une décision historique en février 2021,
décidant que la compétence de la Cour sur la Palestine s'étendait effectivement à Gaza et à
la Cisjordanie, y compris Jérusalem-‐Est, ce qui permet au Procureur d'enquêter sur les
crimes internationaux commis dans ces territoires. La Procureure Bensouda a rapidement
annoncé qu'elle ouvrait une enquête sur la situation.

Avec son organisation partenaire, le Groupe de protection des droits humains de Kharkov
(KHRG), la FIDH a soumis en septembre 2020 une communication au titre de l'article 15 sur
les crimes commis contre les détenus enfermés dans les prisons saisies et contrôlées par les
forces anti-‐gouvernementales dans l'Est de l'Ukraine. Cette communication a permis de
combler certaines lacunes dans les éléments recueillis par le Bureau de la Procureure de la
CPI dans le cadre la phase d’examen préliminaire et de prendre en compte ce groupe
vulnérable et largement oublié. En décembre, la Procureure Bensouda a annoncé que son
Bureau avait clos la phase d’examen préliminaire sur les crimes internationaux commis en
Ukraine (cette phase a duré 6 ans) et qu'il était prêt à demander à la Chambre préliminaire
de la CPI l'autorisation d'ouvrir une enquête. Au cours de ces six années d’examen
préliminaire, la FIDH et ses organisations membres et partenaires ont soumis plusieurs
communications au titre de l'article 15, demandant à la Cour d'ouvrir une enquête et se
félicitent donc de voir la CPI commencer à enquêter sur ces atrocités (voir ci-‐dessous).

3) Plaidoyer en faveur du renforcement des mécanismes de justice internationale
En 2020, la FIDH a poursuivi ses activités de plaidoyer en faveur du renforcement des
mécanismes de justice internationale.

La CPI, en réponse aux critiques sévères dont son travail a fait l'objet, a lancé un processus
de revue de ses performances, de son efficience et de son efficacité, offrant ainsi une
importante opportunité de réforme. Cet examen sera essentiel pour que la CPI puisse
répondre efficacement aux critiques formulées à l'encontre de son travail et regagner en

crédibilité et en légitimité. L'Assemblée des États parties et la Cour se sont montrées prêtes
à mettre en œuvre ses recommandations.

Tout au long de l’année 2020, la FIDH a demandé à plusieurs reprises qu'une telle revue ait
lieu et a travaillé avec ses organisations membres et partenaires dans le monde entier pour
faire entendre la voix de la société civile et des organisations qui travaillent avec les victimes.
Cette demande veut garantir la prise en compte des points de vue, des perspectives et des
expériences des victimes dans l’exercice de revue. Plus précisément, en mars 2020, la FIDH
et son organisation membre kenyane, la Commission des droits de l’Homme du Kenya
(KHRC), ont organisé des consultations à Nairobi avec des organisations membres et
partenaires et des représentants légaux des victimes, pour discuter de la nécessaire revue
des performances de la CPI afin d'améliorer les résultats pour les victimes et les
communautés affectées. Des observations ont été soumises aux experts indépendants
chargés de cette revue des performances et un rapport conjoint FIDH-‐KHRC a été publié en
juin 2020. Ce rapport souligne les principales conclusions et recommandations qui sont
ressorties de ces échanges.

Toujours avec ses organisations partenaires, la FIDH a organisé un webinaire sur la réforme
de la CPI et sur les élections à la CPI. Ce webinaire s’est tenu le 17 juillet 2020 et a été une
occasion de présenter ses principales conclusions et recommandations. Les experts
indépendants ont publié leur rapport final en septembre. Il intégrait plus de trois cents
recommandations aux différentes parties prenantes au sein de la CPI et parmi les États
Parties (voir ci-‐dessous). La FIDH et ses organisations membres ont pris part à l'Assemblée
des États parties (AEP) de 2020 en distanciel, mais ont néanmoins transmis leurs
recommandations lors des événements parallèles et des discussions plénières de l'AEP. Ces
recommandations incluent des prises de positions fortes sur la mise en œuvre des
recommandations ressortant de l’exercice de revue des performances mené par les experts
indépendants, et sur le processus d'élection des juges et du procureur, la coopération et le
soutien des États parties à la CPI, les besoins budgétaires de la Cour, et la position centrale
des victimes dans les procédures de la CPI.

L'élection en 2020 d'un nouveau Procureur de la CPI et de six nouveaux juges a des
implications significatives pour le futur travail de la Cour. C’est donc un point sur lequel se
penchent les délégués permanents de la FIDH auprès de la CPI à La Haye. En avril 2020, alors
que la période de nomination était toujours en cours, la FIDH a fait circuler parmi ses
organisations membres un document expliquant le processus de nomination ainsi que des
points de discussion clés à soulever à l’occasion des discussions que ces organisations ont
avec leurs gouvernements respectifs, afin de garantir un processus de nomination
transparent, fondé sur le mérite.

En mai 2020, à la suite d’un appel ouvert des co-‐facilitateurs en charge d’étudier la
procédure de nomination et d'élection des juges, la FIDH a soumis des commentaires sur les
modalités proposées pour l’organisation de débats publics avec les candidats et, fin juillet, a
facilité les débats avec quatre candidats présélectionnés pour occuper le poste de Procureur.
À l'approche des élections des juges de la CPI, début novembre, la FIDH a publié un
document de plaidoyer soulignant que les juges souhaitant rejoindre la CPI devaient avoir
une expertise avérée en matière de droits des victimes. Elle a également co-‐signé une lettre
ouverte appelant les États Parties à tenir compte de l'équilibre hommes/femmes à l’occasion
de l'élection de ces six nouveaux juges. La FIDH se félicite du fait que par leur vote, les États
parties ont tenu compte de la nécessité d'élire les candidats les plus qualifiés -‐ cinq des six
juges élus étaient classés comme « hautement qualifiés » par le Comité consultatif chargé
d'évaluer les candidats -‐ et que les États Parties soient allés au-‐delà du strict minimum requis
par le règlement et aient cherché à atteindre une plus grande représentation féminine. Enn
effet, il y a aujourd’hui l9 femmes sur 18 juges.

En 2020, avec ses partenaires REDRESS et le Centre européen pour les Droits
constitutionnels et les Droits humains (European Center for Constitutional and Human Rights
-‐ ECCHR), la FIDH a continué à soutenir l'accès à la justice en Europe pour les victimes des
crimes internationaux les plus graves, en ayant recours au concept de compétence
extraterritoriale ou universelle. Dans des circonstances où ni les autorités locales ni les
tribunaux internationaux ne sont en mesure de juger de tels crimes, cette approche
représente souvent le dernier recours d’accès à la justice pour les victimes. À la suite d'un
travail de recherche approfondi et de plusieurs missions d’enquête organisées afin de bien
comprendre les systèmes judiciaires et les pratiques en place pour soutenir les victimes en
Belgique, en France, en Allemagne, aux Pays-‐Bas et en Suède, un rapport complet sur la
« mise en œuvre des droits des victimes dans les affaires relevant de la compétence
universelle en Europe » a été publié et présenté en octobre 2020 à l’occasion d'un webinaire
organisé en partenariat avec des parlementaires européens. Ce webinaire, qui a rassemblé
environ cent cinquante participants, a abouti à des recommandations bien accueillies par les
unités chargées des crimes de guerre dans pays relevant du champ d'application du rapport
et au-‐delà (voir ci-‐dessous).

Toujours avec REDRESS et l’ECCHR, la FIDH a pris part aux consultations sur la Convention
multilatérale d'entraide judiciaire et d'extradition pour crimes internationaux (Initiative MLA
– Mutual Legal Assistance). En avril 2020, la FIDH, aux côtés de l'ECCHR et de REDRESS, a
publié des recommandations stratégiques visant à renforcer les dispositions relatives aux
droits des victimes dans le projet de Convention multilatérale sur l'Initiative MLA. En
soumettant ces recommandations stratégiques, les organisations membres de la FIDH ont

insisté sur le fait que les dispositions sur les droits des victimes doivent être encore
renforcées, notamment en ce qui concerne le droit de recevoir des informations, le droit à la
protection et le droit à la réparation. Ne pas s'assurer que le traité reflète les normes
existantes du droit international en ce qui concerne les victimes nuirait au développement
du droit et entraverait la capacité du traité à remplir son objectif ultime, à savoir établir un
outil puissant de coopération dans les cas où la présence effective des victimes s'avère
essentielle. Le nouveau projet de convention MLA intègre certaines des recommandations
de la FIDH.

Enfin, la FIDH et ses organisations membres et partenaires travaillant sur la Syrie et l'Irak ont
continué à coopérer avec le Mécanisme international, impartial et indépendant (MIII), en
apportant leur aide aux enquêtes et dans le cadre des poursuites engagées contre des
personnes responsables de crimes internationaux commis en Syrie depuis mars 2011.

IMPORTANTS

Objectif 1 -‐ Documenter les crimes les plus graves

Résultat attendu 1.1 : Établir les faits et les responsabilités au regard des crimes les plus
graves

Mexique et Colombie : documenter les cas de disparitions forcées et d'exécutions
extrajudiciaires
Le 26 mai 2020, après avoir étudié et suivi le fonctionnement des organes judiciaires en
Colombie et au Mexique pendant plus d’un an, et après s’être penchée sur la question de
l’accès à la justice pour les victimes, la FIDH a organisé un webinaire qui a rassemblé deux
cent-‐quatre-‐vingt participants. Ce séminaire intitulé « L’impunité en question – situation au
Mexique et en Colombie » a abordé les principaux obstacles aux enquêtes et aux poursuites
dans les cas d'exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées en Colombie et au
Mexique, via des discussions entre des organisations de la société civile, des victimes et un
représentant du Bureau de la Procureure de la CPI.


La FIDH et le Collectif d’Avocats José Alvear Restrepo (CCajar), ont soumis à la CPI une Note
sur l'impunité dans le cadre la phase d’examen préliminaire que cette cour internationale
mène depuis 2004 en Colombie : nous avons identifié au moins 5 763 exécutions
extrajudiciaires qui sont en réalité des meurtres de civils illégalement présentés comme
étant des soldats morts au combat et qui sont qualifiés de « faux positifs » par l’opinion
publique colombienne.

Face à la situation d'impunité structurelle quasi-‐totale au Mexique, la FIDH et l'IDHEAS,
Litigio Estratégico en Derechos Humanos ont exhorté la CPI à entamer l’examen préliminaire
de la situation au Mexique afin que les crimes contre l'humanité puissent faire l'objet d'une
enquête. Dans une note intitulée « Impunité : situation au Mexique » qui a été présentée
durant un webinaire, l'IDHEAS et la FIDH soulignent que les bureaux des procureurs
mexicains ne disposent pas actuellement de méthodes d’enquêtes efficaces leur permettant
d'identifier les responsables de crimes contre l'humanité. La note détaille également
l'impunité presque totale qui entoure, par exemple, les plus de 60 000 cas de disparitions
forcées ou les 300 000 meurtres commis depuis 2006.

Ces lacunes avaient déjà été signalées dans des communications transmises à la CPI au cours
des années précédentes par des organisations telles que la Commission mexicaine pour la
défense et la promotion des droits de l’Homme (CMDPDH), la FIDH et l'IDHEAS, et qui, outre
le fait qu’elles apportaient la preuve de l'existence de crimes contre l'humanité au Mexique,
révélaient, par exemple, le fait que les enquêtes menées par des autorités ne sont ni
indépendantes ni impartiales ou encore le fait qu’il existe souvent une collusion entre les
autorités gouvernementales et le crime organisé.

Le webinaire a lancé la campagne conjointe #JuntasContraLaImpunidad (Ensemble contre
l'impunité) pour le Mexique et la Colombie dans l’objectif de réduire le nombre de cas restés
impunis ndans les affaires de disparitions forcées et d'exécutions extrajudiciaires au
Mexique et en Colombie.


Objectif 2 – Soutenir l'accès des victimes à la justice

Résultat attendu 2.1 : Engager la responsabilité pénale des auteurs des crimes les plus
graves

Une enquête judiciaire a abouti au lancement d’un mandat d'arrêt international contre un
combattant français de l’État islamique en Irak pour génocide et crimes contre l'humanité
La FIDH et l'organisation Kinyat, basée à Dohuk, au Kurdistan irakien (pour les aspects
documentaires), ont mené conjointement un travail de documentation sur les violences
sexuelles et fondées sur le genre, qui sont assimilables à un génocide et à des crimes contre
l'humanité et qui ont été commis par l’État islamique en Irak contre la communauté yézidie. Dix-‐
sept victimes de combattants européens de l’État islamique en Irak ont été identifiées. Dans le
cadre d'enquêtes sur ces crimes internationaux qui sont en cours en France et en Allemagne et
qui visent des combattants étrangers de l’État islamique en Irak, plusieurs femmes yézidies ont
pu être représentées par les avocats du GAJ.

En février 2019, les avocats du GAJ se sont rendus à Calgary, au Canada, pour assister quatre
survivantes yézidies lors de leurs auditions par des enquêteurs français dans le cadre de
l'enquête préliminaire ouverte en 2016. En octobre 2019, le pôle « crimes de guerre » français a
annoncé l'ouverture de la première enquête judiciaire en France visant un suspect français, Sabri
Essid, au vu des éléments à charge partagés par deux survivantes yézidis représentées par les
avocats du GAJ. En février 2020, ces deux survivantes ont pu se constituer parties civiles dans le
dossier, aux côtés de la FIDH. Suite à l'audition formelle de la FIDH en tant que partie civile, un
mandat d'arrêt international a été émis contre Sabri Essid pour génocide et crimes contre
l'humanité. Il s'agit des premières suites judiciaire en France, où les combattants français de
l’État islamique en Irak avaient jusqu'alors été poursuivis ou jugés exclusivement sur la base
d'accusations de terrorisme.

En juillet 2020, une deuxième information judiciaire a été ouverte en France à l'encontre d'un
djihadiste français, Nabil G., accusé d'actes de génocide et de crimes contre l'humanité (mise en
esclavage, torture, viol, privation grave de liberté et persécution) en Syrie entre 2015 et 2016 à
l'encontre de survivantes yézidies.


Une plainte déposée contre un haut responsable du groupe Jaysh al-‐Islam a permis son
arrestation en France et sa mise en examen pour crimes de guerre, torture et disparition
forcée
L'arrestation en février 2020 d'Islam Alloush, haut responsable du groupe extrémiste Jaysh
al-‐Islam, a fait suite à trois années de travail en profondeur par le Centre syrien pour les
médias et la liberté d'expression (SCM) et la FIDH afin de documenter les crimes perpétrés
par ce groupe : exécutions sommaires, enlèvements et recours systématique à la torture
contre des hommes, des femmes et des enfants. Ce travail a d’abord commencé par
l’enquête sur la disparition forcée de la militante et collaboratrice de la FIDH, Razan
Zaitouneh, de son époux et de ses collègues, Wael Hamada, Samira Al Khalil, et Nazim Al
Hammadi. Par la suite et, en droite ligne avec la stratégie de la FIDH et du SCM qui consiste à
lutter contre l’impunité de tous les auteurs de crimes en Syrie, les travaux réalisés ont
permis d’identifier des schémas communs aux répétitions des crimes perpétrés contre les
populations civiles.
La décision, prise de manière conjointe, de se concentrer sur les crimes perpétrés par ce
groupe a également été motivée par le fait que les enquêtes criminelles en cours en Europe
se concentrent actuellement sur les crimes de régime, alors que la nature et les modèles des
crimes commis par des acteurs non étatiques sont similaires et n'ont pas été abordés ou
l'ont été exclusivement sous l'angle de la lutte contre le terrorisme. L'approche suivie ici par
la FIDH est singulière et mérite d'être mentionnée : les auteurs de ces crimes doivent être
poursuivis pour des crimes internationaux et pas uniquement pour crimes terroristes, afin
que la voix des victimes soit mieux entendue dans le processus judiciaire.
Le 26 juin 2019, la FIDH, le SCM et la LDH ont déposé une plainte au pénal devant le pôle
« crimes de guerre » français, au nom des familles des disparus et d'une vingtaine de victimes
du groupe dont les témoignages ont été recueillis. La FIDH et le SCM ont également continué à
partager de la documentation avec le Mécanisme international, impartial et indépendant pour
la Syrie (MIII).
En janvier 2020, la FIDH et le SCM ont informé le pôle « crimes de guerre » français de la
présence d'un haut responsable du groupe en France, ont transmis de nouvelles
informations concernant sa participation présumée aux crimes et ont amené des victimes et
des témoins à témoigner à Paris. Le rôle que la FIDH joue depuis très longtemps dans
l'ouverture des dossiers et la représentation des victimes devant le pôle « crimes de guerre »
a contribué au fait que les preuves soumises ont été considérées comme hautement fiables.
Ainsi, ce haut responsable a-‐t ’il été rapidement arrêté et mis en examen pour crimes de
guerre, disparition forcée et torture. Depuis l'ouverture de l'enquête judiciaire, le SCM a été
autorisé à se constituer partie civile à l'affaire. Le travail commun va maintenant être
concentré sur la possibilité pour les victimes du groupe Jaysh al-‐Islam, y compris les familles
de disparu⋅es, de se constituer parties à la procédure.


Afghanistan : La CPI va enquêter sur les crimes de guerre, y compris les actes de torture
commis par les États-‐Unis
En mars 2020, la Chambre d'appel de la CPI a infirmé la décision de la Chambre
préliminaire et a décidé d'autoriser l'enquête sur les crimes internationaux présumés
commis par les Talibans et les groupes associés et par les autorités afghanes sur le
territoire de l'Afghanistan, ainsi que sur les actes de torture commis depuis mai 2003 dans
le cadre du programme de torture de la CIA en Afghanistan et dans des prisons secrètes
(Black sites) situées sur le territoire d'autres États Parties, notamment en Roumanie, en
Lituanie et en Pologne. La FIDH et son organisation membre Armanshahr/OPEN ASIA, ont
salué cette décision historique qui rétablit la confiance dans l'intégrité de la Cour et dans
sa capacité à obtenir réparation pour les crimes les plus graves, quels qu'en soient les
auteurs.

La Chambre d'appel a estimé que le refus par la Chambre préliminaire de diligenter une
enquête ne tenait pas compte de la gravité des crimes et de l’intérêt des victimes. Plus
précisément, elle a estimé qu'il n'appartient pas à la Chambre préliminaire de déterminer
si une enquête est ou non dans l'intérêt de la justice et que la décision de la Chambre
préliminaire de prendre en compte des questions telles que la coopération de l'État et les
contraintes budgétaires était « superficielle et pure spéculation ». Cette position reflète les
arguments exposés dans les mémoires transmis à la Chambre d'appel en novembre 2019
par la FIDH et par Armanshahr/OPEN ASIA, ainsi que par sept organisations partenaires
afghanes et internationales. Ces organisations ont critiqué le raisonnement de la Chambre
préliminaire qui n'a pas su prendre en compte les intérêts des victimes et l’objectif ultime
de la Cour : mettre fin à l'impunité et permettre aux victimes d'accéder à la justice.

Ukraine : la Procureure de la CPI annonce être prête à demander l'ouverture d'une enquête
Le 11 décembre 2020, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé que
son Bureau avait clos la phase d'examen préliminaire sur les crimes internationaux commis
en Ukraine. Cette phase d’examen préliminaire a duré six ans mais la Procureure est
désormais prête à demander à la Chambre préliminaire de la CPI l'autorisation d'ouvrir une
enquête.


En septembre 2020, conformément aux dispositions prévues à l’article 15 de la CPI, la FIDH
et son organisation partenaire en Ukraine, le Kharkov Human Rights Protection Group
(KHPG), ont transmis à la Procureure de la CPI une communication portant sur les crimes
contre l'humanité et les crimes de guerre commis contre les prisonniers détenus dans les
prisons saisies et contrôlées par les forces antigouvernementales dans l'Est de l'Ukraine.
Cette communication faisait suite à de nombreuses autres communications transmises par la
société civile ukrainienne (toujours dans le cadre de l’article 15), notamment une
communication soumises en septembre 2018 par la FIDH et l’EUCCI (European Center for the
Study of Culture and Inequality) portant sur les crimes sexuels en lien avec le conflit et
perpétrés dans les centres de détention illégaux du Donbass (à l’est de l'Ukraine).

Objectif 3 -‐ Renforcer les mécanismes de justice

Résultat attendu 3.1 : la création ou le renforcement des mécanismes de lutte contre
l'impunité

Performances de la CPI et du système du Statut de Rome
Le 30 septembre 2020, le Groupe d'expert·∙es indépendant·∙es nommé par l'Assemblée des
États parties (AEP) de la CPI en décembre 2019 a publié son rapport final. Ce rapport, long de
350 pages, inclut des recommandations visant à renforcer les performances de la CPI et du
système du Statut de Rome dans son ensemble. À la suite d’un atelier international organisé
à Nairobi en avril 2020 et rassemblant une trentaine d'organisations membres et partenaires
et des représentants légaux des victimes, la FIDH et la Commission des droits de l’Homme du
Kenya (KHRC) ont présenté un mémoire confidentiel aux experts indépendants en avril 2020
et ont publié un rapport public en juin 2020. Ce rapport propose des recommandations
concrètes, réalisables et pouvant se traduire par des mesures qui amélioreraient les
performances générales de la Cour, notamment pour tout ce qui touche aux victimes.


Par ailleurs, la FIDH a transmis aux expert·∙es cinq questions portant sur leur rapport final.
Toutes les questions ont reçu une réponse lors de la session de questions-‐réponses qui s'est
tenue à huis-‐clos le 7 octobre 2020 et, plusieurs d'entre elles, ont été évoquées par écrit
lors de la réunion. Alors que de nombreuses recommandations formulées dans le mémoire
transmis conjointement par la FIDH et le KHRC ont été incluses dans le rapport du groupe
d’expert·∙es indépendant·∙es, la FIDH et la KHRC ont également lancé un appel à la CPI et aux
États Parties, les exhortant à consulter et à travailler avec la société civile, les victimes et les
communautés affectées, pour l’élaboration d'un plan d’action transparent et efficace. La
FIDH continue de s'impliquer activement dans l’élaboration de la phase de mise en œuvre et
a soumis des commentaires sur le projet de résolution portant sur le plan de mise en œuvre
qui a été discuté lors de la session 2020 de l'Assemblée des États parties.

Accès à la justice en Europe pour les victimes de crimes internationaux
Le 26 octobre 2020, en lien avec l'ECCHR et REDRESS, la FIDH a lancé le rapport intitulé « Faire
tomber les barrières : Accès à la justice en Europe pour les victimes de crimes
internationaux » (Breaking Down Barriers : Access to Justice in Europe for Victims of
International Crimes) qui analyse la situation des victimes de crimes de guerre, de crimes
contre l'humanité, de génocide, de torture et de disparition forcée. Long de 130 pages, ce
rapport est l'aboutissement de deux années de recherches et de consultations menées par
140 enquêteurs, procureurs, défenseur⋅euses des victimes et autres experts. Il présente une
analyse détaillée des pratiques des services spécialisés en Belgique, en France, en Allemagne,
aux Pays-‐Bas et en Suède. Toutefois, les conclusions et les recommandations s’adressent à un
panel plus large, à savoir les autres pays qui enquêtent et poursuivent des crimes
internationaux mais aussi, les décideurs politiques qui travaillent à la mise en œuvre de la
stratégie de l'UE en matière de droits des victimes dans le cadre d’un plan quinquennal adopté
en juin 2020. Si le rapport met en évidence les progrès importants réalisés ces dernières
années, il conclut que les victimes demeurent confrontées à de nombreux obstacles qui les
empêchent d’exercer pleinement leurs droits et de prendre efficacement part aux procédures.
S'appuyant sur les meilleures pratiques émergentes, le rapport propose une feuille de route
dont l’objectif est d’améliorer l'accès des victimes à l'information, à la protection et au soutien.
Le rapport, qui a été présenté lors de la réunion du réseau européen sur les génocides le 5
novembre 2020 et à l’occasion de différents événements de plaidoyer en Allemagne et en
Suède, a suscité un grand intérêt de la part des professionnels et des politiques qui ont
souhaité poursuivre les échanges.


PRIORITE : PROMOUVOIR LE RESPECT DES
DROITS HUMAINS PAR LES ACTEURS
ECONOMIQUES


Les grands projets d'infrastructure et d’investissements entraînent souvent des violations
des droits humains et de l'environnement. Les dommages causés à l'environnement
menacent directement les droits à la vie, à la santé, à l’accès à l'eau, au développement, au
logement, au travail et à la culture des populations autochtones. Les principes directeurs des
Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits humains stipulent que les entreprises ont
la responsabilité de respecter les droits humains tout au long de leurs chaînes de valeur. Plus
précisément, elles doivent identifier, prévenir, atténuer et remédier aux effets négatifs sur
les droits humains qu'elles constatent dans le cadre de leurs activités.

En 2020, ces responsabilités ont été fondamentalement remises en question. Tout d'abord,
parce que la pandémie de Covid-‐19 et la crise sociale et économique qui a suivi ont
augmenté les risques d'impacts négatifs des décisions des entreprises sur les droits humains
des travailleurs et des communautés. Ensuite, parce que de nombreuses entreprises ont
profité d'une conjoncture économique difficile pour justifier le fait qu’elles n’assumaient pas
leurs responsabilités, au moment même où il aurait été nécessaire de faire preuve d’une
plus grande vigilance. Depuis le début de la pandémie, la FIDH a observé les réponses des
entreprises face à la crise, étudié les cas d'abus des entreprises et réfléchi aux leçons à tirer
de cette expérience.

Une trentaine de membres de la FIDH se sont réunis pour former un groupe de travail sur les
entreprises et les droits humains, afin de renforcer l'interaction inter-‐régionale et de
développer des activités et des stratégies transnationales. Plusieurs sessions de formation en
ligne ont été organisées, dont une en mai 2020 pour les organisations membres en Europe
de l'Est et en Asie centrale. Le webinaire a rassemblé 13 participants -‐ des défenseur⋅euses
·∙es des droits humains ou des militant·∙es engagé·∙es dans la protection de l’environnement -‐
et s'est concentré sur les instruments juridiques internationaux et les outils permettant de
relever les défis en matière de droits humains ou environnementaux liés aux activités des
entreprises dans la région.


En Ouganda, la FIDH et son organisation membre, la Foundation for Human Rights Initiative
(FHRI), ont poursuivi leur travail de documentation en utilisant la méthode COBHRIA
(community-‐based human rights impact assessment – évaluation d’impact sur les droits
humains fondée sur les communautés), une méthodologie qui permet aux communautés
affectées de s'approprier l'évaluation et la documentation des impacts potentiels des projets
d'investissement sur les droits humains et sur l'environnement.

Le travail de la FIDH et de la FHRI a porté sur le projet d’extraction de pétrole mené par les
entreprises Total et CNOOC dans la région de l’Albertine et a mis en évidence les énormes
défis d’aujourd’hui ainsi que les risques futurs. En effet, ce sont près de 12.000 familles qui
risquent de perdre leurs terres et de nombreux écosystèmes sensibles et vitaux qui seront
rendus très vulnérables. Ce travail a été publiées en septembre 2020 dans un rapport intitulé
Nouveaux gisements, même histoire ? À la croisée des chemins pour éviter une catastrophe
en Ouganda. Le rapport passe en revue les impacts des activités de construction et
d'exploration sur les futurs sites d'extraction de pétrole. Suite à la publication du rapport, la
FIDH et la FHRI ont entamé un dialogue avec Total pour discuter de la mise en œuvre des
recommandations qui sont formulées à l’attention de l'entreprise.

En 2019, après la publication d’un rapport rédigé dans le respect de la méthodologie
COBHRIA et portant sur les droits humains dans le contexte des secteurs miniers et
sidérurgiques au Brésil, un dialogue constructif a été entamé entre l'entreprise Vale et la
FIDH et son organisation partenaire Justicia Nos Trilhos. Ainsi, la multinationale minière a-‐t-‐
elle accepté d’apporter un plus grand soutien financier afin de permettre la relocalisation de
la communauté de Piquiá de Baixo, dont la situation avait été documentée par la FIDH en
2011. Cette communauté de l'Amazonie brésilienne a vu ses conditions de vie se détériorer
en raison de la pandémie et des retards dans l’obtention de financements publics.

En octobre 2020, afin de faire émerger une prise de conscience sur la situation, la FIDH,
grâce au soutien et la participation directe de la communauté de Piquiá de Baixo et de son
organisation partenaire, a réalisé une vidéo originale intitulée, « Invitation à Piquiá », et a
fait circuler une pétition appelant le grand public à s'impliquer (voir ci-‐dessous). La FIDH et
Justicia Nos Trilhos ont également mis en lumière la situation des ouvriers du secteur minier
au Brésil lors d'un événement organisé en parallèle du Forum des entreprises responsables
de l'OCDE portant sur l'impact de Covid-‐19, sur les personnes les plus vulnérables et sur les
questions de genre. Cette initiative a permis d’apporter des éléments qui ont nourri la
réflexion des parties prenantes de l'OCDE au sujet de la situation au Brésil, pays candidat à
l’adhésion à l'OCDE.

Pour encourager les entreprises et les investisseurs à être plus actifs dans la protection des
droits humains et environnementaux, la FIDH s'engage dans des espaces renforcés de

dialogue multipartites dans lesquels interviennent ses organisations membres et
partenaires, des groupes locaux de défense des droits humains et des représentants des
entreprises, des investisseurs et/ou des institutions nationales et internationales. Depuis
2001, et en partenariat avec La Banque Postale Asset Management, la FIDH a développé
une méthodologie spécifique pour mesurer et suivre les performances des entreprises
commerciales (actions) et des États (obligations) au regard des droits humains.

En 2020, la FIDH a mis à jour sa méthodologie d’évaluation des performances des
entreprises dans les portefeuilles d'investissement en incluant des critères spécifiques
permettant de mesurer la lutte contre l'esclavage moderne et le travail forcé dans différents
secteurs tels que le tourisme, la construction, l'alimentation et les boissons, l'habillement et
le textile. La finance étant un levier de changement très important, la FIDH ainsi que quatre-‐
vingts ONG et organisations de défense des droits humains, ont plaidé pour que les
banques publiques de développement (BPD) s'engagent de manière plus proactive dans un
développement fondé sur les droits humains et le respect d’un principe de développement
mené par les communautés dans le respect des droits des peuples autochtones.

Suite à aux recommandations de la FIDH, une déclaration a été signée par plus de quatre
cent-‐cinquante banques publiques de développement à l'issue du sommet mondial
« Finance in Common ». Elle engage les banques publiques de développement à agir en tant
qu'institutions responsables et transparentes soit à développer leur coopération
internationale, notamment en partageant et en appliquant les normes internationales de
protection des droits humains et environnementaux ; soit en garantissant la mise en œuvre
de pratiques de bonne gouvernance. La déclaration soutient également le développement
mené par les communautés dans le respect des droits des peuples autochtones ainsi que les
principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits humains.

Les efforts de la FIDH pour s’assurer que les entreprises assument leurs responsabilités et
pour améliorer l'accès des victimes à la justice dans les cas d’atteintes aux droits résultant
des activités des entreprises, incluent le renforcement du cadre normatif national, régional
et international sur les entreprises et les droits humains. En 2020, la FIDH et ses
organisations membres ont fourni de nombreuses notes juridiques et politiques ainsi que de
nombreuses propositions en vue de la rédaction d'un instrument juridiquement
contraignant sur les obligations des entreprises transnationales et autres entreprises
commerciales au regard des droits humains.

La FIDH fait partie du noyau informel d'ONG européennes travaillant sur l'initiative de la
Commission européenne sur la gouvernance durable des entreprises, qui devrait aboutir à
une proposition d’obligation pour les entreprises de réaliser une « due diligence Droits

Humains et Environnementaux ». À cet égard, en collaboration ses organisations membres :
Al-‐Haq (Palestine), ALSEAN-‐Burma (Myanmar), CCAJAR (Colombie), CIHRS (Égypte), CSI
(Arménie) et Observatorio Ciudadano (Chili), la FIDH a publié un mémoire de plaidoyer en
décembre 2020. Ce mémoire, adressé aux acteurs européens impliqués dans le projet de
législation européenne en matière de « due diligence Droits Humains et
Environnementaux » (voir ci-‐dessous), rassemble des analyses juridiques sur divers aspects
clés de la future loi. Il illustre dix situations dans lesquelles une législation de l'UE pourrait
faire la différence. Le mémoire insiste sur le fait que pour que la législation européenne
constitue une avancée significative vers une meilleure protection des personnes et de la
planète. La voix de ceux qui sont directement affectés par les projets économiques doit être
prise en compte. Les difficultés que ces personnes rencontrent pour accéder aux tribunaux
doivent être reconnues.

Parallèlement, le plaidoyer auprès de la Coalition européenne pour la responsabilité sociale
et environnementale des entreprises (European coalition for corporate justice -‐ ECCJ), dont
la FIDH est membre fondateur et membre du conseil d'administration, a conduit l'Allemagne
à rejoindre la liste toujours plus importante des pays européens disposant d’une législation
nationale sur la « due diligence Droits Humains et Environnementaux ».

Par ailleurs, via sa délégation auprès de l'UE, la FIDH a continué à œuvrer pour renforcer la
prise en compte des droits humains dans le cadre des accords de commerce et
d'investissement que l'UE négocie et conclut avec des pays tiers, principalement avec le
Cambodge (voir ci-‐dessous), le Vietnam (voir ci-‐dessous) et la Corée du Sud. En partenariat
avec ClientEarth, Fern, l'Institut Veblen et la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature, la FIDH
a porté plainte auprès du Médiateur européen.

Ce dépôt de plainte a abouti à l'ouverture d'une enquête sur l'accord commercial passé
entre la Commission européenne et le groupe Mercosur car était souligné le fait que la
Commission n’avait pas procédé à une évaluation d'impact sur les droits humains avant
d’entamer les négociations commerciales. La FIDH a plaidé en faveur d’une réforme des
mécanismes commerciaux du Système de Préférences Généralisées de l'UE. Le plaidoyer en
faveur de telles réformes a conduit la Commission européenne à annoncer la mise en place
d'un mécanisme de plainte accessible à la société civile européenne pour remédier aux
atteintes aux droits humains qui résultent de ces accords commerciaux.

La FIDH a également plaidé pour la révision du projet d'Accord global sur l’investissement
(CAI) entre l'UE et la Chine afin qu’il intègre des dispositions obligatoires en matière de
respect des droits humains. Ces demandes, formulées lors d'auditions au Parlement

européen auxquelles la FIDH et son organisation membre Human Rights in China ont
participé, ont ensuite été reprises dans la position du Parlement sur le projet d'accord.

Parallèlement à son travail de renforcement des normes et de documentation, la FIDH a
soutenu les victimes de violations des droits humains environnementaux afin qu'elles
obtiennent réparation pour les atteintes résultant des activités des entreprises :

Au printemps 2020, la FIDH a lancé un appel à propositions afin que ses organisations
membres soumettent des situations sur lesquelles elles souhaiteraient travailler
conjointement pour dénoncer les abus des entreprises qui portent atteinte au droit à un
environnement sain et qui contribuent au changement climatique. Sept organisations
membres dans sept pays et quatre régions ont répondu à l'appel. Elles se sont engagées
dans un projet qui vise à poursuivre en justice les entreprises identifiées et ont participé à
plusieurs réunions pour partager leur expérience et élaborer leurs stratégies juridique et de
communication.

La première action a été lancée le 10 décembre 2020. La FIDH et son organisation membre
en Équateur, Acción Ecológica, ainsi que l'Union des personnes impactées par les
agissements de l’entreprise Chevron-‐Texaco (UDAPT) et des membres du peuple
autochtone Waorani, ont intenté un procès en Équateur et exigé que les droits humains et
environnementaux soient protégés contre l'impact des activités pétrolières qui participent
au changement climatique et entraînent des dommages irréversibles à l'équilibre
écologique, ainsi qu'à la santé et à la qualité de vie des peuples autochtones. Le procès est
en cours.

Début juillet 2020, la FIDH a fait parvenir une mise en demeure à la multinationale française
Suez pour avoir coupé l’alimentation en eau potable de la ville d’Orsono au Chili alors même
que cette coupure est due à l’incapacité de sa filiale ESSAL à prévenir la pollution de l’eau.
Cette situation a entraîné une grave atteinte au droit à la santé et à l'eau pour les 140 000
citoyens de la ville d'Osorno. Conformément à la loi française sur le devoir de vigilance des
sociétés mères, une mise en demeure est la première étape obligatoire avant de pouvoir
poursuivre l’entreprise en justice. Cette action vise à pousser les entreprises multinationales
à procéder à un exercice de « due diligence » dans le cadre de leurs opérations
internationales. Elle vise à mettre en lumière les impacts négatifs liés à la privatisation des
services publics de base au Chili, privatisation qui se traduit par la prise en main de ces
services de base par des entreprises multinationales animées par une logique de profit -‐ et
non par l'intérêt public.


En 2019, la FIDH, son organisation membre française, la Ligue des Droits de l’Homme, et son
organisation partenaire Project Expedite Justice (PEJ) ont soutenu neuf victimes soudanaises
dans le dépôt d'une plainte pour complicité de torture, crimes contre l'humanité et génocide
contre la banque française BNP Paribas pour le soutien qu'elle a apporté au régime d'Omar
Al-‐Bashir au Soudan de 2002 à 2008. À la suite de ce dépôt de plainte, une enquête a été
ouverte par la chambre criminelle du tribunal de Paris en septembre 2020.

La FIDH a poursuivi ses actions de plaidoyer autour des licences d'exportation d'armes et
d'équipements de surveillance par des entreprises françaises vers l'Égypte, le Yémen,
l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis -‐ où les armes de fabrication française sont
utilisées pour commettre des violations graves et systématiques des droits humains ainsi
que des crimes internationaux. L’objectif de ces actions de plaidoyer est de renforcer le
contrôle du Parlement sur les licences accordées par le gouvernement français.

Une route menant aux rives du lac Albert, où se trouvent les puits de pétrole de Kingfisher. © Martin Dudek


IMPORTANTS

Objectif 1 -‐ Promouvoir la responsabilité des acteurs économiques

Résultat attendu 1.1 : soutenir les organisations membres et partenaires dans leur travail
de documentation des atteintes aux droits humains

BRESIL ET OUGANDA : DES STRATEGIES DE COMMUNICATION ET DE PLAIDOYER POUR
RESPONSABILISER LES ENTREPRISES
Quatre organisations membres et partenaires (Observatorio Cuidadano, CCAJAR, Justiça nos
Trilhos et CSI) qui ont bénéficié d’un travail de documentation et d’évaluations d’impacts
menées selon la méthodologie COBHRIA sont de plus en plus en mesure de poursuivre les
échanges et de reprendre à leur compte les initiatives de plaidoyer lancées avec l'appui de la
FIDH. Ces initiatives de plaidoyer ont abouti à plusieurs actions concrètes telle que la visite à
Piquiá et Brumadinho du Rapporteur spécial sur les déchets toxiques. Au Brésil notamment,
des discussions stratégiques ont été régulièrement conduites avec des ONG et groupes alliés
basés dans le pays ou à l’international tels que le CIDSE, le Centre européen pour les Droits
constitutionnels et les Droits humains (ECCHR), l’OECD Watch, Conectas, Iglesias y Minería,
International Rivers, Articulação Internacional das Atingidas e dos Atingidos pela Vale,
Reporter Brasil, et Sherpa . Une campagne de communication #Piquia de Baixo a été lancée
en octobre 2020 pour dénoncer les impacts de l'industrie minière et sidérurgique à Piquiá de
Baixo, pour sensibiliser, soutenir la communauté et faire pression sur les acteurs industriels
impliqués, y compris les entreprises de la chaîne d'approvisionnement. Une agence de
communication a compilé les préoccupations de la communauté et élaboré une campagne.
La vidéo produite en portugais (langue parlée par une majorité de la population au Brésil),
en anglais, en français et en espagnol a été vue par près de 1,5 million de personnes. La
campagne était principalement axée sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook) avec la
création d'un fil de discussion en quatre langues. Le nombre total de contributions a été de
près de 850 000.


Les informations ont été largement diffusées auprès de journalistes spécialisés, en ciblant en
particulier les médias nationaux brésiliens et ceux qui sont spécialisés dans les domaines de
l’économie et des affaires. Deux chaînes de télévision nationales ont également produit des
reportages. Il est devenu impossible pour les autorités compétentes de continuer à ignorer
la question. De fait les négociations en vue de la relocalisation de la communauté ont repris
après cette campagne

Suite aux efforts de plaidoyer menés auprès de l’ONU, M. Baskut Tuncak, Rapporteur spécial
de l’ONU sur les déchets toxiques s’est rendu sur les lieux et à participé à une réunion
publique organisée à Piquiá de Baixo en décembre 2019. Son rapport, qui contient de vives
critiques et qui formule des recommandations au gouvernement Brésilien, a été présenté à
l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2020. Le Rapporteur spécial précise
clairement qu’il convient de proposer une totale réparation des préjudices aux habitants de
Piquiá et que les entreprises impliquées doivent assumer leurs responsabilités.

L'organisation membre de la FIDH en Ouganda, la FHRI, a mis en œuvre la méthodologie
COBHRIA avec succès. En 2019 et 2020, la FIDH et la FHRI ont conduit 6 missions au total et
les rapports finaux des évaluations d’impacts sur les droits humains fondées sur les
communautés ont été publiées le 10 septembre 2020, à l’occasion d'une conférence de
presse en ligne. Dans son rapport, la FIDH a mis en évidence les risques majeurs liés au
développement des projets pétroliers menés par le géant énergétique français Total en
Ouganda. Une synthèse rédigée conjointement par la FIDH et la FHRI a été publiée en même
temps que le rapport, qui souligne les questions transversales relatives aux droits humains
en lien avec la construction du pipeline et des plateformes de forage. Tous ces aspects ont
été documentées par Oxfam, la FIDH et leurs organisations partenaires.

Par ailleurs, Avocats Sans Frontières, la Coalition des Défenseurs des Droits de l’Homme de
l'Ouganda, les Amis de la Terre et Survie, ainsi qu'un certain nombre d'experts scientifiques,
ont revu et commenté le rapport avant sa publication. Trente-‐cinq journalistes ont assisté à
un événement de lancement organisé en mode hybride à destination de la presse. Cet
évènement s’est tenu à la fois en présentiel à Kampala et en ligne. Plus de 70 articles ont été
publiés dans huit langues différentes, y compris dans les principaux organes de presse (BBC,
Washington Post, AFP, AP, Bloomberg...) et la campagne a bénéficié d’une forte visibilité sur
les réseaux sociaux (3 des « posts » de la FIDH ont reçus plus de 200 « re-‐tweets » ou
« likes »).


Parallèlement à la publication du rapport, la société TOTAL a fait paraître une réponse. Dans
son courrier, Total conteste certaines des conclusions du rapport mais s'engage également à
mettre en œuvre certaines de ses recommandations. L'Observatoire pour la protection des
défenseur·∙es des droits humains a publié un appel urgent concernant la détention arbitraire
puis la libération de neuf défenseur·∙es des droits humains et environnementaux qui s'étaient
rendus à Hoima pour participer à des manifestations pacifiques visant à exiger l'arrêt de la
destruction de la forêt de Bugoma, une forêt tropicale protégée dans l'ouest de l'Ouganda.

Résultat attendu 1.3 : des entreprises et des investisseurs plus engagés dans la protection
des droits humains et environnementaux

LE DIALOGUE AVEC LES ENTREPRISES FRANÇAISES ET LE DEVOIR DE « DUE DILIGENCE » EN
DROIT FRANÇAIS
La FIDH a continué d’organiser des rencontres bilatérales régulières avec des entreprises
(Carrefour, Michelin, Total) et des investisseurs (La Banque Postale) afin de renforcer leur
travail sur la protection des droits humains. Par exemple, la FIDH a tenu plusieurs réunions
avec Carrefour et Michelin pour évoquer leur plan de devoir de « due diligence » et étudier
leur stratégie en matière de droits humains ; des réunions ont également été organisées
avec le groupe Total sur la mise en œuvre des recommandations du rapport « Nouveaux
gisements, même histoire ? » publié en 2020.

La FIDH a également continué de travailler sur le fonds d'investissement ISR Droits humains
hébergé par La Banque Postale Asset Management afin de développer de nouveaux
indicateurs pour la méthodologie d’évaluation des droits humains qui est utilisée dans le
fonds pour mesurer les performances des entreprises en matière de droits humains -‐ en
particulier sur les points liés à l'esclavage moderne et au travail forcé dans les chaînes
d'approvisionnement des entreprises -‐ et a également travaillé à la mise à jour du rapport
semestriel qui évalue les performances des États membres de l'UE en matière de droits
humains.


Résultat attendu 1.4 : un environnement normatif plus favorable à la protection des droits
humains par les États, les entreprises et les organisations internationales

VERS UNE LEGISLATION CONTRAIGNANTE DE L’UE EN MATIERE DE « DUE DILIGENCE » SUR
LES QUESTIONS TOUCHANT AUX DROITS HUMAINS ET ENVIRONNEMENTAUX
En 2020, la FIDH a poursuivi son travail de renforcement des normes régionales et
internationales pour tout ce qui touche aux obligations des entreprises en matière de droits
humains. La FIDH a été particulièrement active au sein d’une coalition d'ONG européennes
pour donner corps à l'Initiative européenne sur la gouvernance durable des entreprises qui
devrait inclure une législation européenne contraignante en matière de « due diligence »
pour toutes les questions se rapportant aux droits humains et environnementaux.

En juin 2020, la FIDH a accueilli un événement en ligne co-‐organisé avec Oxfam, la Coalition
européenne pour la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (European
Coalition for Corporate Justice -‐ ECCJ), CorA et Brot für die Welt, auquel ont participé des
experts et des intervenants d'institutions européennes et internationales, de gouvernements
d'États membres de l'UE, d'entreprises, d'investisseurs et d'organisations de la société civile,
tels que le Commissaire européen à la justice, le secrétaire d'État au ministère allemand du
Travail et des Affaires Sociales, le secrétaire d'État au ministère finlandais des Affaires
Étrangères, le vice-‐président du Parlement européen et un membre du groupe de travail des
Nations unies sur les entreprises et les droits humains. Plus de sept cents participants de
l'Europe et du monde entier ont assisté à l'événement.

La discussion a fait suite à une proposition faite en avril 2020 par le commissaire européen
Didier Reynders d'introduire au sein de l’UE une nouvelle législation contraignante de « due
diligence » pour toutes les questions se rapportant aux droits humains et
environnementaux. La proposition a été saluée par un large éventail d'acteurs, notamment
les États membres, les députés européens, les entreprises et les investisseurs. Les
intervenants ont abordé ce qu'ils considèrent comme les aspects essentiels d'une telle
législation, afin d'intégrer la conduite responsable des entreprises et de protéger
l'environnement, les droits des travailleurs et les droits des communautés. Le secrétaire
d'État allemand a réaffirmé que ce sujet était une priorité pour le gouvernement allemand et
pour la présidence allemande du Conseil européen qui a débuté en juillet 2020.


En décembre 2020, la FIDH et certaines de ses organisations membres ont publié un rapport
intitulé « Une question de justice : Comment la loi européenne peut faire la différence ? ».
Ce rapport présente des cas de violations des droits humains constatés partout dans le
monde et qui résultent des actions menées par des entreprises. Ainsi, la FIDH apporte-‐t-‐elle
la preuve de la nécessité pour l’UE de légiférer sur la responsabilité des entreprises. Le
rapport contient également des recommandations concrètes sur des propositions de lois. En
février 2021, l'avis du Parlement européen à la Commission a abordé et repris les
recommandations formulées par la FIDH dans le cadre de ce rapport.

Résultat attendu 1.5 : des accords de commerce et d'investissement qui prennent mieux en
compte la protection des droits humains

DEUX IMPACTS MAJEURS UTILISANT LE LEVIER DU PLAIDOYER ECONOMIQUE (PAR LE BIAIS
D'ACCORDS COMMERCIAUX INTERNATIONAUX) : UN TOURNANT AU SEIN DE L'UE DANS LA
RECONNAISSANCE DES LIENS ETROITS ENTRE LES ECHANGES COMMERCIAUX ET LES DROITS
HUMAINS
Suite à une plainte déposée par la FIDH et son organisation membre au Vietnam après le
refus de la Commission européenne de mener une étude d'impact sur les droits humains
préalablement à la signature de l'accord de libre-‐échange (ALE) envisagé entre l'UE et le
Vietnam (ce qui constitue un cas flagrant de mauvaise gestion), la Commission a adopté de
nouvelles lignes directrices sur les évaluations d’impact sur les droits humains dans les
études d'impact conduites dans le cadre de ses initiatives politiques et commerciales. Les
négociations dans le cadre de l'ALE ont permis de faire avancer le débat sur la liberté
d'association, considérée jusque-‐là comme synonyme de subversion politique au Vietnam.
Elles ont également conduit à la ratification par le Vietnam de la Convention 98 de
l'Organisation internationale du travail sur le droit d'organisation et de négociation collective
et à l'adoption d'un nouveau code du travail. En outre, lorsque le Parlement européen a
donné, le 12 février 2020, son consentement à la signature de l'ALE, il a soutenu l'appel de la
FIDH à la mise en place d'un mécanisme indépendant de surveillance des droits humains et
d'un mécanisme de plainte indépendant afin de fournir « aux citoyens impactés et aux
parties prenantes locales, un recours effectif à la réparation, ainsi qu'un outil pour gérer les
potentiels impacts négatifs sur les droits humains ».


Le 12 février 2020, la Commission européenne a annoncé un retrait partiel des concessions
commerciales pour cause de violations des droits humains dans le cadre de son accord de
commerce préférentiel avec le Cambodge, « Tout sauf les armes » (Everything But Arms -‐
EBA), en raison des « violations graves et systématiques des principes des droits humains
inscrits dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». Cette décision fait
écho aux préoccupations soulevées ces dernières années par la FIDH et ses organisations
membres au Cambodge, la LICADHO et l'ADHOC.

La nouvelle position de l'UE offre aux populations concernées et aux défenseur·∙es des droits
humains une nouvelle plateforme pour faire entendre leur voix. Elle fournit de nouveaux
moyens de pression économiques visant directement les violations des droits.

Équateur : La communauté Waorani poursuit une entreprise de combustibles fossiles pour avoir contribué au changement climatique
(décembre 2020)

RAPPORT FINANCIER 2020

Total des dépenses par priorité MONTANT 2019 % MONTANT 2020 %
Protéger les défenseur⋅euses des droits 854 471 10 % 685 276 10 %
humains

Encourager un climat favorable à la démocratie 2 067 603 25 % 1 847 805 26 %
et aux libertés
Promouvoir les droits des femmes 194 609 2 % 234 206 3 %

Lutter contre la discrimination et les violence 14 979 0 % 0 0 %
basées sur l’orientation et l’identité sexuelle
Promouvoir les droits des migrant⋅es 0 0 % 0 0 %
Lutter contre l’impunité et protéger les 1 512 526 18 % 1 192 936 17 %
populations contre les crimes les plus graves
Promouvoir le respect des droits humains par 379 674 5 % 263 948 4 %
les acteurs économiques
Renforcer le réseau de la FIDH 1 158 605 14 % 709 735 10 %

Renforcer la mobilisation externe/sensibiliser 535 666 6 % 495 046 7 %
Dépenses logistiques 151 470 2 % 206 185 3 %
Collecte de fonds et frais administratifs 1 253 353 15 % 1 196185 17 %
Autres dépenses 270 089 3 % 235 910 3 %

Total des dépenses 8 393 046 100% 7 067 231 100%

Recettes 2019 % 2020 %

Cotisations et contributions des membres 92 503 1,2% 60 446 0,9%
Subventions et donations spécifiques 5 502 999 69,5% 4 358 731 65,4%

Subventions et donations non affectées 1 645 058 20,8% 1 784 843 26,8%
Autres recettes 524 469 6,6% 367 270 5,5%
Revenu financier et extraordinaire 154 939 2% 90 416 1,4%

Total des recettes 7 919 969 100% 6 661 706 100%


REMERCIEMENTS

La FIDH est reconnaissante pour le soutien généreux et pluriel de ses donateurs et bailleurs
dont nous donnons la liste ci-‐dessous. Leur confiance nous a permis d’être des acteur.ices
du changement dans le domaine de la défense des droits humains en 2020.

Institutions internationales et nationales

La Commission européenne ; l'Agence suédoise pour la coopération internationale et le
développement (Sida) ; l'Agence française de développement (AFD) ; le ministère norvégien
des Affaires Étrangères ; le ministère français des Affaires étrangères et européennes ; le
ministère des Affaires étrangères du Royaume des Pays-‐Bas ; Irish Aid ; National Endowment
for Democracy (NED) ; la Mairie de Paris ; l'Organisation internationale de la francophonie
(OIF).

Fondations, associations et autres institutions

Open Society Foundations ; Oak Foundation ; Bread for the World ; fondation anonyme ;
SAGE Fund ; Pan American Development Fund ; Fondation de France ; Fondation Nicolas
Puech ; ClimateWorks Foundation ; Freedom Fund ; Fondation Yo et Anne Marie Hamoud ;
Fonds de renforcement institutionnel et organisationnel (Coordination Sud) et Thompson
Reuters Foundation (TrustLaw).

Soutiens individuels

La FIDH tient à remercier les donateur⋅ices régulier⋅es et les plus de mille donateur⋅ices
individuel⋅es et investisseur⋅es de son fonds éthique, SRI Human Rights (anciennement
Libertés & Solidarité).

Les entreprises qui nous soutiennent

Carrefour et La Banque Postale Asset Management (LBPAM).

La FIDH tient également à remercier :
• ses interprètes, traducteurs, stagiaires et autres bénévoles ;
• ses organisations membres et partenaires. Les actions sont menées conjointement avec
les organisations membres et partenaires qui constituent le cœur et l'âme de notre

réseau. Nous les remercions pour leur solidarité, leur courage et leur ténacité dans cet
effort collectif pour créer un monde plus équitable et juste.


La FIDH fédère 192 organisations de
défense des droits humains dans 117 pays
Des défenseurs des droits des femmes face aux forces de police à Phnom Penh lors de la Journée
internationale des droits des femmes. (8 mars 2019). © Klahaan
FIDH
17 , passage de la Main d’Or
75 011 Paris - France
Phone: +33 (0)1 43 55 25 18
Facebook.com/FIDH.HumanRights/
Twitter: @fidh_en /@fidh_fr /@fidh_es
www.fidh.org

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Rapport Annuel 2020

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RAPPORT ANNUEL

© Ozan KOSE / AFP

36 Priorité : promouvoir les droits des femmes

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FIDH -­‐ Rapport annuel 2020 5

FIDH -­‐ Rapport annuel 2020 6

FIDH -­‐ Rapport annuel 2020 7

• Il est composé des organisations membres de la FIDH : 192 à l'issue du

• Il compte vingt-deux membres bénévoles issus des organisations membres

• Il est composé du/de la président·e, du/de la trésorier·e, des cinq

FIDH -­‐ Rapport annuel 2020 8

• Basé à Paris, il est composé d'une équipe de professionnels dirigée par

• Les équipes sont structurées par régions, par priorités thématiques et en

• En contact permanent avec les acteurs de terrain, le Secrétariat international

FIDH -­‐ Rapport annuel 2020 9

FIDH -­‐ Rapport annuel 2020 10

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Manifestations pour les droits des femmes en Pologne

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