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Système africain de

protection des Droits de


l’Homme
Séni Mahamadou OUEDRAOGO
Professeur à l’Université Thomas Sankara, Ouagadougou, Burkina-Faso
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
• 1°) OUVRAGES

• Abdoulaye Soma ; Samson Mwin Sog Mé Dabiré, Commentaire des grands arrêts de la cour africaine des droits de
l'homme et des peuples, L'Harmattan, 2022
• Alioune SALL, Sidy Alpha NDIAYE (Dir), Manuel Pratique des droits de l’homme, 2e édition, Presses, universitaires de
Dakar, Mars 2022.
• Association pour la prévention de la torture (Ed.), La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, présentation,
analyse et commentaire du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, créant la cour, 2000.
• Hermine Kembo Takam Gatsing, Le système africain de protection des droits de l'homme : Un système en quête de
cohérence, Harmattan, mars 2014.
• KAMTO Maurice (dir.), La Charte africaine de droits de l’Homme et des Peuples et le protocole y relatif portant création
de la Cour africaine des droits de l’homme, commentaire article par article, Bruylant, 2011.
• M’BAYE Keba, Les droits de l’Homme en Afrique, Paris, Pedone, 1992.
• MUBIALA Mutoy, Le système régional africain de protection des droits de l’homme, Bruylant, 2005.
• OUGUERGOUZ Fatsah, La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, PUF, Paris, 1993.
• 2°) ARTICLES
• A. DANGABO Moussa, « De la cour africaine des droits de l’homme et des peuples à la cour de l’Union Africaine : histoire d’une coexistence pacifique en attendant la fusion »,
Revue de droit international pénal, 2005/1-2, vol.76, p.135.
• ANKUMAH (A.E), « The African Court on Human and Peoples’ Rights and the Future of Africa’s Human Rights Machinery », Africa Legal Aid Quaterly, jan-March 2004, pp.3-4.
• BURGORGUE-LARSEN Laurence et NTWARI Guy-Fleury, « Chronique de jurisprudence de la cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (2017) », RTDH, 2018, pp. 911-
951.
• CHAOUACHI V.N.A, « La cour africaine des droits de l’Homme et des peuples », in BEN R., ACHOUR A. et LAGHMANI S. (Dir.), Justice et juridictions internationales, Pedone,
2000.
• DEBOS Marielle, « La création de la cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Les dessous d’une ingénierie multicentrée », Culture & conflits, 60, 2005, pp.159-182.
• JALLOW (B.H), « Africa and Human Rights protection in the 21st Century : the potential significance of the New African Human Rights Court and the international Criminal
court », Africa Legal Aid Quaterly, Jan-March 2004, pp.5-10.
• KUMAR SINHA (M.J.), « Establishment of the African Court of Human Rights : A Reality », Indian Journal of International law, vol.44, N°1, Jan-March 2004, pp.160-166.
• MUBIALA Mutoy, « La cour africaine des droits de l’homme et des peuples : mimétisme institutionnel ou avancée judiciaire », RGDIP, 1998-3, pp.765-780.
• MUKIRYA NYANDUGA (B.T), « The jurisprudence of the African Human Rights System », Africa Legal Aid Quaterly, January-March 2004, pp.23-29.
• MURRAY (R.), « A comparison between the African and European Courts of Human Rights », African Human Rights Law Journal, vol.2, N°2, 2002, pp.195-222.
• MUTUA (M.), « The African Human Rights Court : A two-legged stool ? », Human Rights Quaterly, 21, 1999, pp.342-363.
• Sitsofé Serge KOWOUVIH, « La cour africaine des droits de l’homme et des peuples : une rectification institutionnelle du concept de « spécificité africaine » en matière de
droits de l’homme », RTDH, 2004, p.772.
• OUGUERGOUZ Fatsah, « The establishment of an African Court of Human Rights and peoples’ Rights : a judicial premiere for the African Union », Annuaire africain de droit
international, vol. II, 2003.
• 
Plan de discussion

 Session 1: Une vue d’ensemble du système

 Session 2: Le dispositif de protection

 Session 3: Le système face aux défis contemporains

4
Session 1: Une vue d’ensemble du système

Plan

• La construction africaine d’un système de protection des droits


de l’homme

• L’architecture du système africain de protection des droits de


l’homme
• Les droits garantis et leur régime

5
I. La longue marche de construction

A. La timidité initiale de la Charte de l’OUA sur les questions de


droits humains

B. Une marche forcée vers la Charte africaine des droits de l’homme


et des peuples

C. Une adhésion plus forte aux droits de l’homme sous l’Acte


constitutif de l’Union africaine

6
A. La timidité initiale de l’OUA
Article II Article III
 La Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (25 mai 1963)
Les objectifs de l'Organisation sont les suivants :
Les Etats Membres, pour atteindre les objectifs énoncés à l'Article II,
• Renforcer l'unité et la solidarité des Etats africains ; affirment solennellement les principes suivants :
• Coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour • Egalité souveraine de tous les Etats membres ;
offrir de meilleures conditions d'existence aux peuples d'Afrique ; • Non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats ;
• Défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur • Respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque
indépendance ; Etat et de son droit inaliénable à une existence indépendante ;
• Eliminer sous toutes ses formes le colonialisme de l'Afrique ; • Règlement pacifique des différents, par voie de négociations, de
• Favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte médiation, de conciliation ou d'arbitrage ;
de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des • Condamnation sans réserve de l'assassinat politique ainsi que des
Droits de l'Homme. activités subversives exercées par des Etats voisins ou tous autres
Etats ;
A ces fins, les Etats membres coordonneront et harmoniseront leurs • Dévouement sans réserve à la cause de l'émancipation totale des
politiques générales, en particulier dans les domaines suivants : Politique territoires africains non encore indépendants ;
et diplomatie ; Economie, transports et communications ; Education et • Affirmation d'une politique de non-alignement à l'égard de tous les
culture ; Santé, hygiène et nutrition ; Science et technique ; Défense et blocs.
sécurité.

7
A. La timidité initiale de l’OUA
 Une exception : l’adoption de la Convention de l’OUA régissant les aspects
spécifiques des problèmes de refugiés en Afrique (1969)

1. Notant avec inquiétude, l’existence d'un nombre sans cesse croissant de réfugiés en
Afrique, et désireux de trouver les moyens d'alléger leur misère et leurs souffrances et
de leur assurer une vie et un avenir meilleurs;
2. Reconnaissant que les problèmes des réfugiés doivent être abordés d'une manière
essentiellement humanitaire pour leur trouver une solution;
3. Conscients, néanmoins, de ce que les problèmes des réfugiés constituent une source de
friction entre de nombreux Etats membres, et désireux d'enrayer à la source de telles
discordes;
4. Désireux d'établir une distinction entre un réfugié qui cherche à se faire une vie
normale et paisible et une personne qui fuit son pays à seule fin d'y fomenter la
subversion à partir de l'extérieur…
8
B. Une marche forcée vers la Charte africaine
 L’influence de la société civile africaine (1): Le Congrès africain sur la primauté
du droit et la loi de Lagos (1961)

« Le Congrès africain sur la Primauté du Droit (…) déclare


qu’afin de donner plein effet à la Déclaration universelle des droits
de l’homme de 1948, les gouvernements africains devraient étudier
la possibilité d’adopter une Convention africaine des droits de l’
homme prévoyant notamment la création d ’un tribunal approprié
et de voies de recours ouvertes à toutes les personnes relevant de
la juridiction des Etats signataires (…) »

9
C. Une adhésion plus forte exprimée dans l’Acte constitutif de l’UA
Préambule: Article 4

(l) Promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes ;


Résolus à promouvoir et à protéger les droits de l’homme et des peuples, à consolider
les institutions et la culture démocratiques, à promouvoir la bonne gouvernance et l’Etat (m) Respect des principes démocratiques, des droits de l’homme, de l’état de droit et de
de droit la bonne gouvernance;
(n) Respect des principes démocratiques, des droits de l’homme, de l’état de droit et de
la bonne gouvernance;
(p) Promotion de la justice sociale pour assurer le développement économique équilibré

Article 3 Article 4
Les objectifs de l’Union sont les suivants : (o) Respect du caractère sacro-saint de la vie humaine et condamnation et rejet de
(g) promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire l’impunité, des assassinats politiques, des actes de terrorisme et des activités
et la bonne gouvernance ; subversives;

(h) promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples conformément à la (p) Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernement.
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et aux autres instruments
pertinents relatifs aux droits de l’homme

Article 4 Article 23, paragraphe 2


L’Union africaine fonctionne conformément aux principes suivants : En outre, tout Etat membre qui ne se conformerait pas aux décisions et politiques de
(h) Le droit de l’Union d’intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence, l’Union peut être frappé de sanctions notamment en matière de liens avec les autres
dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les Etats membres dans le domaine des transports et communications, et de toute autre
crimes contre l’humanité; (…) mesure déterminée par la Conférence dans les domaines politique et économique.

10
II. L’architecture du système africain

A. Le système continental de protection des droits humains

B. Le système sous-régional de protection des droits humains

C. Les institutions nationales de protection des droits humains

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A. Le système continental
Système juridique. Définit comme ensemble de normes et/ou d’institutions
doté d’une certaine unité et d’une certaine autonomie. 
1. L’architecture normative

2. L’architecture institutionnelle

12
1. L’architecture normative
 Les pierres angulaires du système
Une règle élémentaire du contentieux international est que tout droit
revendiqué en justice par un plaideur doit figurer dans l’instrument
international de référence. Ces instruments en Afrique peuvent être la CADH
et d’autres conventions.
L’article 3 du Protocole de Ouagadougou créant la Cour africaine des droits
de l’homme et des peuples «  Tout autre instrument pertinent relatif aux
droits de l’homme et ratifié par les Etats ».

13
• La Convention de 1967 régissant les aspects spécifiques des problèmes des réfugiés en Afrique (en
vigueur)
• La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981 (en vigueur)
• La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant de 1991 (en vigueur)
• Le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes
en Afrique de 2003 (en vigueur)
• Charte africaine de la Jeunesse, adoptée le 2 juillet 2006 (en vigueur)
• La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de 2007 (en vigueur)
• La Convention de l'Union africaine sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées en
Afrique (Convention de Kampala) de 2009 (en vigueur)
• Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des personnes
handicapées en Afrique, adopté le 29 janvier 2018
• Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes
âgées, adopté 17 juin 2020
1. L’architecture normative
 D’autres conventions?

«  Pour déterminer si une Convention est un instrument des droits de l’homme, la Cour considère
qu’il y a lieu de se rapporter principalement à l’objet de ladite Convention. Un tel objet est décliné
soit par une énonciation expresse de droits subjectifs au profit des individus ou groupes
d’individus, soit par la prescription à l’égard des Etats d’obligations impliquant la jouissance
conséquente des mêmes droits. 
(…)
De ce qui précède, la Cour conclut que la Charte africaine sur la démocratie et le Protocole de la
CEDEAO sur la démocratie sont des instruments relatifs aux droits de l’homme, au sens de l’article
3 du Protocole, et qu’elle a, en conséquence, compétence pour les interpréter et les faire
appliquer. »

Affaire Action pour la protection des droits de l’homme (APDH) c. Côte d’Ivoire, Requête No
001/2014, arrêt du 18 novembre 2016, paras. 57 et 65.
15
1. L’architecture normative
 Esprit des instruments africains de protection des droits humains

• Un ancrage dans le droit international universel des droits de l’homme

• Une contextualisation de certaines normes universelles

• Une originalité assumée sur certaines questions

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2. L’architecture
Les organes techniques
institutionnelle
Les organes politiques

1. La Commission africaine des droits de l’homme et des 1. La conférence de l’Union


peuples

2. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples 2. Le Conseil exécutif de l’Union Africaine

3. Le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être 3. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA
de l’enfant

4. La Commission de l’UA

5. Le mécanisme d’évaluation par les pairs

17
B. Les systèmes nationaux

 Les systèmes nationaux de protection des droits humains

 Les Institutions Nationales des Droits de l’Homme

18
C. Le système sous-régional

1. La Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

2. La Cour de Justice de la Southern African Development Community

3. La East African Court of Justice

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2. La Cour de Justice de la East African Community

Article 27, paragraph 2 of the Treaty for the establishment of the East African
Community, as amended on 14 December 2006 and 20 August 2007
“The Court shall have such other original, appellate, human rights and other jurisdiction
as will be determined by the Council at a suitable subsequent date. To this end, the
Partner States shall conclude a protocol to operationalise the extended jurisdiction.”

Article 30, paragraph 1


1. Subject to the provisions of Article 27 of this Treaty, any person who is resident in a
Partner State may refer for determination by the Court, the legality of any Act,
regulation, directive, decision or action of a Partner State or an institution of the
Community on the grounds that such Act, regulation, directive, decision or action is
unlawful or is an infringement of the provisions of this Treaty.

20
1. La Cour de Justice de la East African Community
Article 6, paragraphe (d) du Traité constitutif Article 7 du Traité constitutif
The fundamental principles that shall govern The Partner States undertake to abide by the
the achievement of the objectives of the principles of good governance, including
Community by the Partner States shall include: adherence to the principles of democracy, the
(…) rule of law, social justice and the maintenance
good governance including adherence to the of universally accepted standards of human
principles of democracy, the rule of law, rights.
accountability, transparency, social justice,
equal opportunities, gender equality, as well as
the recognition, promotion and protection of
human and peoples rights in accordance with
the provisions of the African Charter on Human
and Peoples’ Rights;

21
Article2.16La
du Cour de Justice
Traité constitutif de la Southern African Development
Articles 4 and 6 Community

« The Tribunal shall be constituted to ensure adherence to Article 4 (Principles)


and the proper interpretation of the provisions of this « SADC and its Member States shall act in accordance with the
Treaty and subsidiary instruments and to adjudicate upon following principles :
such disputes as may be referred to it.» (c) Human rights, democracy, and the rule of law

Article 6 (General Undertakings)

1. Member States undertake to adopt adequate measures to


promote the achievement of the objectives of SADC, and
shall refraim taking any measure likely to jeopardise the
sustenance of its principles, the achievement of its
objectives and the implementation of the provisions of
this Treaty

2. SADC and Member States shall not discriminate against


any person on grounds of gender, religion, political views,
race, ethnic origin, culture or disability.

22
3. La Cour de Justice de la CEDEAO
 Le Protocole de la CEDEAO de 2005
Article 9 Article 10

Peuvent saisir la Cour :


(…)

d) toute personne victime de violations des droits de


« La Cour est compétente pour connaître des cas de l’homme ; la demande soumise à cet effet :
violation des droits de l’Homme dans tout Etat membre »
i) ne sera pas anonyme ;

ii) ne sera pas portée devant la Cour de Justice de la


Communauté lorsqu’elle a déjà été portée devant
une autre Cour internationale compétente ;

23
3. La Cour de Justice de la CEDEAO

 L’affaire Dame Hadijatou Mani Koraou c. Niger, arrêt du 27 octobre 2008, paras. 39 et
45

39. S'il est constant que la protection des droits de l'Homme par les mécanismes
internationaux est une protection subsidiaire, il n'en demeure pas moins que cette
subsidiarité connaît depuis quelque temps une évolution remarquable qui se traduit par
une interprétation très souple de la règle de l'épuisement des voies de recours internes
(…)
45. En définitive, il n'y a donc pas lieu de considérer l'absence d'épuisement préalable
des voies de recours internes comme une lacune que la pratique de la Cour de Justice de
la Communauté doit combler ; car celle-ci ne saurait, sans violer les droits des individus,
leur imposer des conditions et des formalités plus lourdes que celles prévues par les
textes communautaires.

24
III. Les droits garantis et leur régime

A. La Charte, un document original mais imparfait

B. L’amélioration de la Charte grâce à l’oeuvre


interpretative de la Commission africaine

25
La CADHP adopté à Nairobi en juin 1981 entré en vigueur en 1986. Deux
caractéristiques:  Déclaration « des droits de l’homme et des peuples »
- L’affirmation des droits méconnus. Droits des peuples: autodétermination, droit
de disposer des richesses et de ses ressources, droit au développement, droit à
la paix et à la sécurité, droit à un environnement sain:
- La virtualité de revendication en fondant une action en réparation des préjudices
subis par ces Etats.
- L’affirmation de «  devoirs de l’homme ». Cette affirmation rapprellle que les
sociétés africaines fonctionneny selon une logique communautariste , donc
solidariste. Respect des autres, devoirs envers la famille, l’Etat, la nation (Articles
27 à 30).
A. La Charte, un document original, mais imparfait

1. La nature de l’obligation des Etats parties de respecter les droits


humains
2. Les restrictions aux droits de l’homme
3. L’absence de clause de derogation
4. Des droits des peuples et des droits économiques, sociaux et
culturels
5. Les devoirs de l’individu
6. Un organe quasi-juridictionnel de protection des droits de l’homme

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1. L’obligation de respecter les droits humains
Article 1, CADHP Article 1, CEDH Article 1, CIADH
Les Etats membres de l'Organisation Les Hautes Parties contractantes 1.         Les Etats parties s'engagent à
de l'Unité Africaine, parties à la reconnaissent à toute personne respecter les droits et libertés
présente Charte, reconnaissent les relevant de leur juridiction les droits et reconnus dans la présente Convention
droits, devoirs et libertés énoncés libertés définis au titre I de la présente et à en garantir le libre et plein
dans cette Charte et s'engagent à Convention. exercice à toute personne relevant de
adopter des mesures législatives ou leur compétence, sans aucune
autres pour les appliquer. distinction fondée sur la race, la
couleur, le sexe, la langue, la religion,
les opinions politiques ou autres,
l'origine nationale ou sociale, la
situation économique, la naissance ou
toute autre condition sociale.
 
            2.         Aux effets de la présente
Convention, tout être humain est une
personne.

28
2. Les restrictions aux droits de l’homme
CADHP, Article 9 CEDH, Article 10 CIADH, article 16
1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce 1. Toute personne a droit à la liberté de pensée et d'expression; ce droit comprend la
liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute
droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de
• Cha
espèce, sans considération de frontières, que ce soit oralement ou par écrit, sous une
1. Toute personne a droit à recevoir ou de communiquer des informations ou des forme imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.
 
l'information. idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités
publiques et sans considération de frontière. Le présent
            2.         L'exercice du droit prévu au paragraphe précédent ne peut être soumis à
aucune censure préalable, mais il comporte des responsabilités ultérieures qui,
expressément fixées par la loi, sont nécessaires:
article n’empêche pas les États de soumettre les  
2. Toute personne a le droit entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision
à un régime d’autorisations.
  a.     Au respect des droits ou à la réputation d'autrui; ou
 
  b.     à la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public, ou de la santé ou de la
d'exprimer et de diffuser ses morale publiques.
 
opinions dans le cadre des lois et 2. L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des
responsabilités peut être soumis à certaines formalités,
            3.         La liberté d'expression ne peut être restreinte par des voies ou des
moyens indirects, notamment par les monopoles d'Etat ou privés sur le papier journal,
règlements. conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui
les fréquences radioélectriques, les outils ou le matériel de diffusion, ou par toute autre
mesure visant à entraver la communication et la circulation des idées et des opinions.
constituent des mesures nécessaires, dans une société  
            4.         Sans préjudice des dispositions du paragraphe 2 ci-dessus, les spectacles
démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité publics peuvent être soumis par la loi à la censure, uniquement pour en réglementer
territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre l'accès en raison de la protection morale des enfants et des adolescents.
 
et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou             5.         Sont interdits par la loi toute propagande en faveur de la guerre, tout
de la morale, à la protection de la réputation ou des droits appel à la haine nationale, raciale ou religieuse, qui constituent des incitations à la
violence, ainsi que toute autre action illégale analogue contre toute personne ou tout
d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations groupe de personnes déterminées, fondée sur des considérations de race, de couleur,
confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité de religion, de langue ou d'origine nationale, ou sur tous autres motifs.
du pouvoir judiciaire

29
2. Les restrictions aux droits de l’homme
CADHP, Article 10, para 1 CEDH, Article 11 CIADH, article 16
1. Toute personne a le droit de Toute personne a droit à la liberté de réunion 1.         Toute personne a le droit de s'associer
pacifique et à la liberté d’association, y compris le librement à d'autres à des fins idéologiques,
• Cha
constituer librement des
associations avec d'autres, sous
droit de fonder avec d’autres des syndicats et de religieuses, politiques, économiques,
s’affilier à des syndicats pour la défense de ses professionnelles, sociales, culturelles, sportives
réserve de se conformer aux intérêts.  ou à toute autre fin.
règles édictées par la loi.  
2. L’exercice de ces droits ne peut faire l’objet             2.         L'exercice de ce droit ne peut faire
d’autres restrictions que celles qui, prévues par la l'objet que des seules restrictions qui, prévues par
2. Nul ne peut être obligé de faire loi, constituent des mesures nécessaires, dans la loi, sont nécessaires dans une société
partie d'une association sous une société démocratique, à la sécurité nationale, démocratique dans l'intérêt de la sécurité
à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la nationale, de la sûreté publique, de l'ordre public,
réserve de l'obligation de solidarité prévention du crime, à la protection de la santé ou pour protéger la santé ou la moralité
prévue à l'article 29. ou de la morale, ou à la protection des droits et publiques, ou les droits ou les libertés d'autrui.
libertés d’autrui. Le présent article n’interdit pas  
que des restrictions légitimes soient imposées à             3.         Les dispositions du présent article
l’exercice de ces droits par les membres des n'empêchent pas l'imposition de restrictions
forces armées, de la police ou de l’administration légales, ni même l'interdiction de l'exercice du
de l’État droit d'association, aux membres des forces
armées et de la police.

30
2. Les restrictions aux droits de l’homme
CADHP, Article 11 CEDH, Article 11 CIADH, article 15
Toute personne a droit à la liberté de réunion Le droit de réunion pacifique et sans
pacifique et à la liberté d’association, y compris le
Toute• personne
Cha a le droit de se réunir droit de fonder avec d’autres des syndicats et de
armes est reconnu.  L'exercice de ce
librement avec d'autres. Ce droit s’affilier à des syndicats pour la défense de ses droit ne peut faire l'objet que des
s'exerce sous la seule réserve des intérêts.  seules restrictions qui, prévues par la
restrictions nécessaires édictées par 2. L’exercice de ces droits ne peut faire l’objet
loi sont nécessaires dans une société
les lois et règlements, notamment d’autres restrictions que celles qui, prévues par la démocratique dans l'intérêt de la
dans l'intérêt de la sécurité nationale, loi, constituent des mesures nécessaires, dans sécurité nationale, de la sûreté et de
de la sûreté d'autrui, de la santé, de la une société démocratique, à la sécurité nationale, l'ordre publics ou pour protéger la
à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la
morale ou des droits et libertés des prévention du crime, à la protection de la santé santé ou la moralité publiques, ou les
personnes. ou de la morale, ou à la protection des droits et droits ou les libertés d'autrui.
libertés d’autrui. Le présent article n’interdit pas
que des restrictions légitimes soient imposées à
l’exercice de ces droits par les membres des
forces armées, de la police ou de l’administration
de l’État

31
3. L’absence de clauses Article
de 27dérogation
CIADH. Suspension des garanties
Article 15 CEDH, Dérogation en cas d’état d’urgence

1. En cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la 1.         En cas de guerre, de danger public ou dans toute autre situation de crise qui
nation, toute Haute Partie contractante peut prendre des mesures menace l'indépendance ou la sécurité d'un Etat partie, celui-ci pourra, strictement en
dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention, dans la fonction des exigences du moment, prendre des mesures qui suspendent les obligations
contractées en vertu de la présente Convention, pourvu que ces mesures ne soient pas
stricte mesure où la situation l’exige et à la condition que ces mesures incompatibles avec les autres obligations imposées par le Droit international et
ne soient pas en contradiction avec les autres obligations découlant du n'entraînent aucune discrimination fondée uniquement sur des considérations de race,
droit international. de couleur, de sexe, de langue, de religion ou d'origine sociale.
 
2. La disposition précédente n’autorise aucune dérogation à l’article 2,             2.         La disposition précédente n'autorise pas la suspension des droits
sauf pour le cas de décès résultant d’actes licites de guerre, et aux déterminés dans les articles suivants: 3 (Droit à la reconnaissance de la personnalité
juridique); 4 (Droit à la vie); 5 (Droit à l'intégrité de la personne); 6 (Interdiction de
articles 3, 4 (paragraphe 1) et 7. l'esclavage et de la servitude); 9 (Principe de légalité et de rétroactivité); 12 (Liberté de
conscience et de religion); 17 (Protection de la famille); 18 (Droit à un nom); 19 (Droit de
3. Toute Haute Partie contractante qui exerce ce droit de dérogation tient l'enfant); 20 (Droit à une nationalité); 23 (Droits politiques).  Elle n'autorise pas non plus
le Secrétaire général du Conseil de l’Europe pleinement informé des la suspension des garanties indispensables à la protection des droits susvisés.
mesures prises et des motifs qui les ont inspirées. Elle doit également  
            3.         Tout Etat partie, qui a recours au droit de suspension, devra
informer le Secrétaire général du Conseil de l’Europe de la date à immédiatement informer les autres Etats parties à la présente Convention, par le
laquelle ces mesures ont cessé d’être en vigueur et les dispositions de truchement du Secrétaire général de l'Organisation des Etats Américains, des
la Convention reçoivent de nouveau pleine application dispositions dont l'application a été suspendue, des motifs de la suspension et de la date
fixée pour la fin de celle-ci.

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4. Des droits pour les peuples et des droits économiques sociaux et culturels?
Article 19 Egalité des peuples et de leurs droits

Article 20 Droit des peuples à l’existence

Article 21 Droit des peuples à la libre disposition de leurs richesses et de leurs ressources naturelles

Article 22 Droit des peuples au développement économique

Article 23 Droit des peuples à la paix et à la sécurité sur le plan national et international

Article 24 Droit des peuples à un environnement satisfaisant et global

33
5. Des devoirs de l’homme?
Article 27 1. Chaque individu a des devoirs envers la famille et la société, envers l'Etat et
les autres collectivités légalement reconnues et envers la Communauté
Internationale.

2. Les droits et les libertés de chaque personne s'exercent dans le respect du


droit d'autrui, de la sécurité collective, de la morale et de l'intérêt commun.

Article 28 Chaque individu a le devoir de respecter et de considérer ses semblables sans


discrimination aucune, et d'entretenir avec eux des relations qui permettent
de promouvoir, de sauvegarder et de renforcer le respect et la tolérance
réciproques.

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5. Des devoirs de l’homme
Article 29 CADHP
L'individu a en outre le devoir:
1. De préserver le développement harmonieux de la famille et d'oeuvrer en faveur de la cohésion et du respect
de cette famille ; de respecter à tout moment ses parents, de les nourrir, et de les assister en cas de nécessité;
2. De servir sa communauté nationale en mettant ses capacités physiques et intellectuelles à son service;
3. De ne pas compromettre la sécurité de l'Etat dont il est national ou résident;
4. De ne pas compromettre la sécurité de l'Etat dont il est national ou résident;
5. De préserver et de renforcer l'indépendance nationale et l'intégrité territoriale de la patrie et, d'une façon
générale, de contribuer à la défense de son pays, dans les conditions fixées par la loi;
6. De travailler, dans la mesure de ses capacités et de ses possibilités, et de s'acquitter des contributions fixées
par la loi pour la sauvegarde des intérêts fondamentaux de la société;
7. De veiller, dans ses relations avec la société, à la préservation et au renforcement des valeurs culturelles
africaines positives, dans un esprit de tolérance, de dialogue et de concertation et d'une façon générale de
contribuer à la promotion de la santé morale de la société;
8. De contribuer au mieux de ses capacités, à tout moment et à tous les niveaux, à la promotion et à la
réalisation de l'unité africaine.

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