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La prise en compte du contour étymologique du terme enfant, du

latin infans , celui ne qui ne parle pas, fait largement écho de la


vulnérabilité inhérente à son état et scelle ainsi, la conjoncture
qui consiste à développer une attention soutenue sur la personne
de l’enfant à cause de sa précarité.
L’ultime répondant traduisant cette nécessité demeure, la
protection sociale de la personne de l’enfant voire, la valorisation
juridique de ses droits, gage d’une croissance harmonieuse au
sein de la société.
Ce, du panel des mécanismes vantant l’intérêt supérieur de
l’enfant, l’on classe sans ire, la procédure d’adoption mieux, celle
qui est diligentée par des sujets étrangers au bénéfice des
enfants congolais car elle institue un cadre favorable grâce
auquel, les besoins de l’enfant sont mis en valeur.
Il est alors séant de s’instruire partant de l’interrogation
suivante : comment procède-t-on à l’adoption d’un enfant
congolais par un sujet étranger et quelles sont les conditions des
sorties du territoire congolais ?
En effet, le lien de filiation généré par la procédure d’adoption
d’un enfant congolais par un étranger est très délicat du fait qu’à
la base, il tient plus souvent, à suppléer à moult carences en
offrant un cadre propice à l’éducation, à la santé et surtout à la
sauvegarde de l’indice affectif permettant une croissance
convenable de l’enfant adopté.
En d’autres termes, l’adoption est garnie d’avantages, en ce
qu’elle marque une alternative pour les enfants orphelins des
parents et privés d’un environnement familial équilibré, par
l’intégration de ceux-ci dans un gîte apte à combler le vide
émotionnel, et physique.
Il est alors naturel, d’apprivoiser la procédure judiciarisée de
l’adoption internationale puisqu’elle répond assidument au vœu de
l’intérêt supérieur de l’enfant tant encensé par les instruments
juridiques nationaux et internationaux.
Par devoir de circonspection dû à pareille fouille scientifique, les
considérations relatives à la procédure d’adoption seront
dévoilées en primeur (1), ensuite les conditions des sorties de
l’enfant adopté seront élucidées (2) pour enfin, préempter nos
propos par des recommandations à toutes fins utiles (3).

1. Les considérations relatives à la procedure


d’adoption.
§.1. Définition et instruments juridiques.
L’adoption est définie comme étant l’institution juridique par
laquelle, une filiation autre que celle d’origine, est instituée entre
d’une part, l’adoptant et d’autre part, l’adopté pour l’intérêt
supérieur de ce dernier.
C’est de cette approche terminologique, qu’on relève la
prohibition de l’adoption conventionnelle, sans intervention du
juge ou de fait. La procédure d’adoption n’est substantiellement
possible que par décision de justice en cas de juste motifs et à
l’avantage singulier de l’enfant.
En effet, l’expression « intérêt supérieur de l’enfant » a toujours
servi de boussole lors de la prise des résolutions à l’échelle
internationale et nationale quand il s’agit de légiférer dans les
matières qui se rapportent à l’enfant.
C’est ainsi que l’adoption a pour instrument juridique, la
Convention de la Haye du 29 Mai 1993 sur le plan international, et
en droit interne, il y a la loi N°16/008 du 15 Juillet 2016, modifiant
et complétant la Loi N° 87-010 du 01 août 1987 portant Code de
la famille congolais et la loi N° 09-001 du 10 Janvier 2009 portant
protection de l’enfant.
En droit congolais de la famille, seuls deux types d’adoption sont
plausibles. L’article 678 du Code de la famille sus allusionné,
consacre l’adoption simple en ce qu’il soutient que l’adopté
conserve ses liens avec la famille d’origine parallèlement à
l’adoption plénière de mise en France, laquelle rompt tout lien de
filiation et tout contact entre l’adopté et ses parents de
naissance.
Par ailleurs, l’adoption internationale fait référence à l’élément
d’extranéité, l’existence d’une nationalité différente entre
l’adoptant et l’adopté.
Outre, l’effectivité de l’adoption simple qu’internationale n’est
possible que dans le respect des préalables consignés dans les
instruments juridiques sus évoqués, lesquels feront objet du
deuxième point suivant.
§.2. Des conditions relatives à l’adoption et procédure singulière
de l’adoption internationale.
En droit civil congolais, les préalables d’une procédure d’adoption
sont architecturés dans le code de la famille tel que modifié, de
l’article 653 à 659 et dans la loi portant protection de l’enfant, ces
sont les articles 18, 19 et 20 qui en exploitent.
Est illustratif à ce sujet, les conditions suivantes :
L’adoptant doit jouir de toutes ses capacités, de son autorité
parentale, ne doit être homosexuel, transsexuel, pédophile et doit
être psychiquement bien portant ;
L’adoptant doit fournir la preuve de son engagement à œuvrer
avec la famille dont l’adoption est sollicitée ainsi que les
autorités administratives nationales chargées de l’adoption, à
assurer la prise en charge de l’enfant au sein de sa propre famille
ou communauté, afin de garantir la continuité de son éducation,
dans un environnement socioculturel naturel ;
Ce n’est qu’après cinq ans de mariage, que le conjoint qui veut
adopter peut entamer la procédure. Et celle-ci peut être
demandée conjointement par les époux sans considération de
l’âge ;
L’existence d’enfants chez l’adoptant ne fait obstacle à
l’adoption. Toutefois, l’adoption n’est permise qu’aux personnes
qui, au jour de l’adoption, ont moins de trois enfants en vie, sauf
dispense accordée par le Gouverneur de Province ou de la ville de
Kinshasa et nul ne peut adopter plus de trois enfants, à moins
qu’il s’agisse des enfants de son conjoint ;
Les parents biologiques de l’adopté mineur doivent
expressément consentir à l’adoption. Si l’un des parents est
décédé, se trouve dans l’impossibilité de manifester sa volonté,
n’a aucune demeure ou s’il est déchu de l’autorité parentale, le
consentement sera donné conjointement par l’autre époux et un
membre de la famille de son conjoint désigné par le tribunal pour
enfants, sur proposition du conseil de famille ;
L’adoptant doit avoir au minimum quinze ans de plus que
l’adopté. Toutefois, s’il adopte l’enfant de son conjoint, l’écart
doit être de dix ans sauf dispense accordée par le Gouverneur.
Sans préjudices des modalités impératives ci-haut relevées, la
procédure de l’adoption internationale d’un enfant congolais n’a
lieu que si les autorités congolaises compétentes :
Constatent qu’après avoir dûment examiné les conditions de
placement de l’enfant en RDC, que l’adoption répond à l’intérêt
supérieur de l’enfant ;
Se rassurent que le consentement ne soit pas obtenu
moyennant paiement ou contrepartie d’aucune sorte et qu’il n’a
pas été retiré ;
Les souhaits et avis de l’enfant sont pris en considération selon
l’âge et le niveau de maturité ;
Le consentement de l’enfant à l’adoption, lorsqu’il est requis,
est donné librement, dans les formes légales requises, et que ce
consentement est donné ou constaté par écrit ;
L’adoption est conditionnée par une enquête sociale préalable.
Outre les mentions indispensables énumérées à l’article 651
alinéa 2 du Code de la Famille ainsi modifié, si cela s’avère
matériellement irréalisable, l’adoption internationale de l’enfant
congolais ne pourrait être accordée que si les autorités
compétentes de l’État d’accueil délivrent les attestations
constatant que :
L’adoptant est apte à adopter et à fournir à l’enfant un cadre
d’épanouissement acceptable ;
L’adoptant a l’extrait de casier judiciaire vierge et est de
moralité publique irréprochable.
En plus, l’adoption internationale d’un enfant congolais n’est
accordée que si les autorités compétentes de l’État d’accueil
constatent que :
Les futurs parents adoptifs sont qualifiés et aptes à adopter ;
L’enfant est autorisé à entrer et à séjourner de façon
permanente dans cet État.
Pour ce qui concerne, la procédure singulière d’adoption
internationale, l’avis de l’organisme public chargé des adoptions
est préalablement requis, avant tout dépôt de la requête aux fins
d’adoptions par devant le Tribunal pour enfant compétent. Sont
joints à la requête, les actes de naissances de l’adoptant et de
l’adopté et éventuellement, l’acte constatant les consentements
requis.
À l’étai de l’article 671 du Code de la famille référencé, il est de
principe que le consentement de l’adoptant et de l’adopté soit
donné en cours d’instance de suite de la requête déposée. A
défaut, le consentement des personnes concernées doit résulter
d’un acte authentique.
Le Tribunal saisi, devra s’assurer outre, le consentement des
parties, sur base des procès-verbaux d’enquête ou de toutes
autres pièces versées au dossier et à l’instruction de l’audience,
de :
La difficulté de garder l’enfant au sein de la famille et de la
communauté locale ;
La difficulté d’une prise en charge sociale alternative en RDC ;
L’existence d’un lien légal de mariage entre l’adoptant et un
conjoint de sexe opposé avec lequel il cohabite sous un même
toit ;
La non pertinence de la précarité ou de la pauvreté des parents
ou de la famille comme seule motivation de l’adoption ;
La nature exceptionnelle de l’adoption sollicitée, uniquement
guidée par l’intérêt supérieur de l’enfant.
C’est au prix de différentes conditions et procédures que le
jugement de l’adoption est ainsi rendu et produit désormais ses
effets.
Il demeure alors tout aussi homogène d’aborder dans le point
suivant, les conditions des sorties du mineur congolais adopté.
2. Les conditions des sorties des enfants adoptés en RDC par les
étrangers.
En pratique, l’adoption internationale d’un enfant congolais
consentie par les autorités judiciaires compétentes dans le
respect des conditions et procédures susmentionnées vise à offrir
à celui-ci un milieu familial, cadre idéal où ses besoins matériels,
moraux et affectifs seront reconnus.
Dans la majeure partie de cas, pour l’intérêt supérieur de l’adopté,
celui-ci sera tenu d’aller résider à l’étranger en vue de jouir d’un
environnement propice lui offert par l’adoptant.
Pour ce faire, il faudrait en amont que toutes les pièces obtenues
lors de la procédure d’adoption internationale soient doublement
légalisées. Ensuite, la pile de toutes ces pièces sera soumise à la
commission interministérielle placée sous la coordination du
Ministère du genre, famille et enfant pour contrôle de conformité
en vue d’un avis favorable devant influer sur l’obtention du visa.
Soulignons, ici, que l’apposition du visa dans le passeport de
l’enfant adopté relève de la compétence exclusive de l’ambassade
du pays d’accueil.
En cas d’obtention du visa en faveur de l’enfant adopté, et dans le
souci de lutter contre le trafic illicite des enfants congolais, par
son communiqué du 22 Février 2013, la Direction Générale de
Migration, laquelle doit son existence juridique au décret 002-
2003 du 11 Janvier 2003, rend obligatoire l’obtention préalable
d’une autorisation des sorties des enfants, délivrée par ses
services.
Décidément, la sortie du territoire congolais des enfants adoptés
est subordonnée à l’adresse d’une lettre portant autorisation de
sortie au Directeur Général de la DGM, devant contenir les copies
ci-après :
Acte de naissance de l’enfant adopté ;
Jugement d’adoption ;
Procès-verbal de constat d’abandon de l’enfant (pour les
pupilles de l’État) ou l’attestation d’indigence des parents
biologiques ;
Acte de consentement à l’adoption de l’enfant, délivré par la
tutelle ou l’autorisation parentale des parents biologiques
légalisée ;
Acte d’adoption ;
Bordereau d’adoption du Ministère du Genre, de la Famille et de
l’enfant, visé par l’Ambassade en RDC du Pays des adoptants ;
Passeport de l’enfant adopté nantis du visa du Pays de
destination ainsi que les passeports des parents adoptifs.
C’est à l’issue du traitement satisfaisant du dossier dans les sept
jours et sans perception d’aucune taxe, que l’enfant adopté peut
valablement quitter le territoire congolais.

3. Conclusion.
La présente contribution scientifique a, en toute rectitude
présentée l’une des manettes qui répond à la promotion de la
théorie de l’intérêt supérieur de l’enfant à savoir, la procédure
d’adoption internationale.
L’adoption internationale se distingue par sa capacité à suppléer
au manque de tout genre ressenti chez l’enfant pouvant
éventuellement, se muer en frein pour sa croissance
harmonieuse.
Car, les belligérances hébergées sur le sol congolais n’ont pas été
sans conséquences. Elles ont été à la base, d’une part, de la
disgrâce du tissu socio-économique, implémentant la pauvreté, la
fuite des responsabilités des parents envers les enfants et d’autre
part, les statistiques des enfants orphelins ont connu une
croissance exponentielle.
Ces enfants innocents mais victimes du déséquilibre social
méritent mieux, leurs offrir un environnement familial pour
combler le vide est donc, une aubaine, et l’adoption internationale
en constitue une réplique de taille.
C’est par un canevas méticuleux, que l’approche thématique s’est
déroulée avec mérite d’une mise en évidence des préalables à
prendre en compte en vue d’une adoption internationale réussie
voire, d’une sortie sans incommodités du territoire congolais par
le respect des conditions édictées par la Direction Générale de
Migration.
Nous recommandons vivement, la levée de mesure prise le 01
Janvier 2017, l’arrêté de suspension des adoptions des congolais
par les ressortissants français car c’est une sanction
discriminatoire néanmoins, nous réitérons notre soutien aux
mesures étatiques instaurées tendant à proscrire le pernicieux
phénomène de trafic illicite des enfants et la traite des humains.
Toute procédure d’adoption d’un enfant congolais par un étranger
qui répond à l’intérêt supérieur de l’enfant, dans le respect des
normes conventionnelles, légales et règlementaires en la matière
est plus que préconisée

Arrêté du 23 novembre 2016 portant suspension des


procédures d'adoption internationale concernant les
enfants de nationalité congolaise résidant en République
démocratique du Congo
NOR : MAEF1634198A
ELI : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2016/11/23/MAEF1634198A/jo/texte
JORF n°0278 du 30 novembre 2016
Texte n° 4

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Version initiale

Le ministre des affaires étrangères et du développement international,


Vu la Convention internationale des droits de l'enfant du 20 novembre 1989 ;
Vu la convention de La Haye du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière
d'adoption internationale ;
Vu le code de l'action sociale et des familles, notamment son article R. 148-10 ;
Vu le décret n° 2009-407 du 14 avril 2009 relatif à l'Autorité centrale pour l'adoption internationale ;
Vu l'arrêté du 25 août 2008 portant habilitation d'un organisme autorisé et habilité pour l'adoption ;
Vu l'arrêté du 31 mai 2010 portant habilitation d'un organisme autorisé et habilité pour l'adoption ;
Vu l'arrêté du 17 mai 2011 portant habilitation d'un organisme autorisé et habilité pour l'adoption,
Arrête :

 Article 1

Les procédures d'adoption internationale, y compris d'adoption intrafamiliale, menées par


l'intermédiaire d'un organisme autorisé et habilité pour l'adoption ou dans le cadre d'une
procédure individuelle concernant des enfants de nationalité congolaise résidant en
République démocratique du Congo, par toute personne résidant en France ou
ressortissant français résidant à l'étranger, sont suspendues à compter du 1er janvier
2017.
En conséquence, toute demande de visa long séjour adoption devra être déposée au plus
tard le 31 décembre 2016 auprès de l'ambassade de France à Kinshasa. Passé ce délai,
aucune demande de visa ne sera instruite.

 Article 2

L'ambassadeur en charge de l'adoption internationale, chef de la mission de l'adoption


internationale, et l'ambassadeur de France auprès de la République démocratique du
Congo sont chargés de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de
la République française.

Fait le 23 novembre 2016.

Pour le ministre et par délégation :


Le directeur des Français à l'étranger et de l'administration consulaire,
N. Warnery

CONSIDERATIONS GENERALES
1.1. Définition de l’adoption

Le concept adoption peut être compris diversement, car son emploi dépend autant du contexte que des organes
ou des individus qui en font usage. Bien que le législateur ne l’ait pas expressément définie, en République
Démocratique du Congo, il faut entendre par adoption : « l’institution juridique qui crée, par décision du juge
compétent, un lien de filiation distinct de la filiation d’origine de l’adopté, intégrant de ce fait ce dernier dans la
famille de l’adoptant ».

Dans l’exposé de motif de la loi N°87/010 du 1er Août 1987, le législateur du Code de la famille a dit expressis
verbis ce qui suit : « Désormais, l’adoption ne résultera que d’une décision judiciaire, excluant ainsi l’adoption
conventionnelle ».

On note par conséquent que seul le juge est habileté de prononcer l’adoption. Il importe cependant de savoir
comment saisir le juge et que contient le dossier de l’adoption. Avant de saisir le juge, une série d’éléments
administratifs doivent être réunis tant pour le Candidat adoptant que pour le futur adopté.

L’adoption ainsi définie permet de connaître le but de son existence dans le droit congolais de la famille, ainsi
que les objectifs lui assignés par le législateur congolais.

1.2. But de l’adoption

Il faut noter que la philosophie générale de l’adoption a évolué. Dans l’exposé des motifs de la loi N°87/010 du
1er Août 1987 portant Code de la Famille, le législateur congolais souligne que dans l’ancienne législation,
l’adoption donnait à des personnes adultes une progéniture qu’elles ne pouvaient avoir de leur propre sang ;
tandis que la nouvelle adoption vise essentiellement la protection de la jeunesse, bien que l’adopté puisse être
aussi bien un enfant qu’une personne adulte.

Aujourd’hui donc, le but de l’institution « Adoption » est essentiellement d’abord « la protection de la jeunesse
».

L’entretien et l’encadrement de tout enfant se conçoivent mieux en famille qu’à tout autre endroit. L’on
remarque cependant que bien des enfants ont été arrachés de ce beau cadre qu’est la famille, pour se retrouver
soit dans la rue, soit dans les orphelinats, accumulant ainsi stress, antipathie et autres sentiments négatifs à
l’égard de leurs semblables qui sont eux dans leurs milieux familiaux respectifs.

C’est dans ce sens que la République Démocratique du Congo, à l’instar d’autres Etats dans le monde, a
reconnu à travers la loi N°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, précisément en son article
17 qui dispose : « Tout enfant a droit à un milieu familial cadre idéal ou ses besoins matériels, moraux et
affectifs sont pris en compte pour son épanouissement ».

La compréhension de cette disposition légale amène à dire que l’objectif poursuivi par le législateur Congolais
en instituant l’adoption, procède du principe selon lequel, chaque enfant doit avoir une famille, de manière à
prendre en compte les exigences de sa croissance.
1.3. Bases juridiques de l’adoption

L’adoption, en tant qu’institution juridique, est régie par les conventions internationales ratifiées par la
République Démocratique du Congo et les textes légaux et réglementaires nationaux, notamment :
- La Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par l’ordonnance N° 90-048 du 21 Août 1990, dans
ses articles 20 et 21 ;
- La Charte Africaine pour le Bien-être et droits de l’enfant en son article 24 ;
- La Constitution de la RDC du 18 Février 2006, en ses articles 40 à 42 ;
- La loi N°87/010 du 1er Août 1987, portant « Code de la Famille» en ses articles 650 à 691 ;
- La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant en République Démocratique du
Congo, en ses articles 17 à 20.

1.4. Formes d’adoption

A la lecture des différents textes juridiques sus-évoqués, on peut déduire les cinq différentes formes d’adoption
suivantes:
- L’adoption simple ;
- L’ADOPTION plénière ;
- L’ADOPTION Interne (nationale) ;
- L’ADOPTION Internationale ;
- L’ADOPTION Intrafamiliale.

L’adoption simple est celle où, tout en créant un lien de filiation avec l’adoptant, laisse persister certains liens
juridiques entre l’adopté et sa famille d’origine.

Aux termes de l’article 678 du Code de la famille, « l’Adopté conserve ses liens avec sa famille d’origine. Ses
descendants ont des liens avec la famille adoptive ainsi qu’avec la famille d’origine ». De l’analyse, il ressort
clairement de cette disposition que le législateur Congolais, sans le dire expressément, a opté uniquement pour
l’adoption comme régime de droit commun.

L’adoption plénière est celle qui a pour effet de rompre le lien de filiation entre l’adopté et sa famille d’origine
et de créer un nouveau lien de filiation avec la famille adoptive, semblable à celui de la filiation biologique.
Bien que n’étant pas expressément exprimée par la législation congolaise, elle s’applique implicitement dans le
cas des enfants sans parents connus, plus particulièrement à celui des pupilles de l’Etat.

L’Adoption nationale (interne) est celle dans laquelle il n’y a aucun élément d’extranéité, c’est-à-dire celle où
l’adopté et l’adoptant sont congolais.

L’adoption internationale est celle dans laquelle l’adoptant et l’adopté n’ont pas la même nationalité.

L’Adoption intrafamiliale est celle d’un enfant apparenté jusqu’au troisième degré à l’adoptant, à son conjoint
ou à son cohabitant même décédé ou avec lequel l’adoptant a des liens sociaux et affectifs.

1.5. L’adoptant (qui peut adopter ?)


Pour adopter, il faut:
(i) être une personne majeure et capable ;
(ii) n’avoir pas été déchu de l’autorité parentale (art. 653 du Code de la famille) ;
(iii) avoir 5 ans de mariage, pour le couple (art 654 du Code de la famille) ;
(iv) n’avoir pas trois enfants en vie lors de la demande d’adoption (art 656 du Code de la famille).

En RDC, l’adoption d’un enfant par une personne ou un couple homosexuel, un pédophile ou une personne
souffrant de troubles psychiques est interdite (art 20 de la loi portant protection de l’enfant).

Dans un couple, les deux époux doivent consentir à l’adoption (art. 675 du Code de la Famille), sauf les
exceptions prévues par la loi, notamment, l’époux ou le conjoint concerné est dans l’impossibilité de manifester
sa volonté ou s’il n’a aucune demeure connue.

L’Adoptant doit avoir au moins quinze ans de plus que l’Adopté, en général, et dix ans au moins lorsqu’il s’agit
de l’adoption de l’enfant du conjoint (e) (Art 668 du Code de la famille).

Les couples ou individus étrangers, par l’intermédiaire des organismes agréés pour l’adoption internationale en
RDC (OAA) par l’Autorité centrale du pays d’accueil, peuvent adopter moyennant certains préalables prescrits
par la loi.

Les célibataires, les divorcés, les veuves et les veufs ne peuvent adopter, des personnes de sexe opposé, qu’en
extrêmes circonstances moyennant la dispense du Président de la République Démocratique du Congo. Il en est
de même des couples ayant plus de trois enfants en vie.

Une explication s’impose, sur ce qu’il faut entendre par « si les circonstances la justifient » ou par «justes
motifs », souvent utilisés par le rédacteur du Code de la famille, plus précisément, dans les articles 651 et 669.
Car, en tout état de cause, l’adoption n’est justifiée que par l’intérêt supérieur de l’enfant. Or, par intérêt
supérieur de l’enfant il faut entendre, selon les dispositions de l’article 6 de la loi N°09/001 du 10 janvier 2009
portant protection de l’enfant : « le souci de sauvegarder et de privilégier à tout prix ses droits, compte tenu de
ses besoins moraux, affectifs et physiques, de son âge, de son état de santé, de son milieu familial et des
différents aspects relatifs à sa situation ».

1.6. L’adopté (quel enfant peut être adopté?)

Peut être adopté:


- Un enfant dont l’un ou les deux parents vivants ou décédés sont connus mais donnent, sans aucun doute
possible, leur consentent à perdre leur autorité et prérogatives légales découlant de la parenté biologique ;
- Un enfant abandonné sans parents connus (pupille de l’Etat), moyennant le consentement de sa tutelle
légale.

2. ELEMENTS DU DOSSIER DE L’ADOPTION

Qu’il s’agisse d’un couple des Congolais ou des étrangers, le dossier de candidature à l’adoption doit contenir
les pièces de l’adoptant et de l’adopté.
2.1. Eléments du dossier d’un couple adoptant

Le dossier du couple adoptant doit contenir les éléments suivants :

- Une requête aux fins d’adoption, signée par les conjoints ;


- Les fiches individuelles de renseignement de deux conjoints ;
- Les actes de naissance de chaque conjoint ;
- Les extraits du casier judiciaire en cours de validité de chacun des conjoints ;
- L’acte de mariage civil datant d’au moins 5 ans auparavant ;
- La déclaration de la composition familiale ;
- Les actes attestant l’état psychique, psychologique et sanitaire normal de chacun des époux ;
- L’acte d’agrément ou d’aptitude à l’adoption, visé par le représentant diplomatique de la RDC dans le
pays d’origine des candidats adoptants (pour les adoptions par les étrangers) ;
- La preuve des moyens de subsistance (bulletin de paie ou extrait de compte banque approvisionné) ;
- Les photocopies des passeports ;
- La photo du couple.

2.2. Eléments du dossier d’un adoptant célibataire, d’un veuf ou d’une veuve

Outre les éléments cités ci-dessus pour le couple, le célibataire doit présenter une attestation de célibat ou de
veuvage à la place de l’acte de mariage. Répétons que l’adoption par un célibataire d’une personne de sexe
opposé ne peut se faire qu’en cas d’extrême nécessité et moyennant la dispense du Chef de l’Etat congolais.

2.3. Les pièces de renseignement de l’enfant à adopter

Comme dit ci-haut, les enfants à adopter sont répartis en deux catégories celle des enfants dont l’un de deux ou
les deux parents sont connus et celle des enfants dont les parents ne sont pas connus, communément appelés
pupilles de l’Etat. Leurs
dossiers doivent comprendre les éléments ci-après :

Cas des enfants dont les parents sont connus


- L’acte de naissance de la commune de la naissance de l’enfant, moyennant éventuellement un jugement
supplétif d’acte de naissance :
- L’acte de consentement à l’adoption légalisé, donné par les parents ou la personne exerçant la tutelle de
l’enfant à adopter si ce dernier a 15 ans ou plus ; si l’enfant a atteint l’âge de 10 ans, il doit être entendu avant
son adoption ;
- Le jugement d’adoption.

Cas des enfants dont les parents ne sont pas connus

- L’acte de naissance de la commune de la naissance de l’enfant, moyennant éventuellement un jugement


supplétif d’acte de naissance ;
- Une copie de désignation du tuteur délégué pour les pupilles de l’Etat à adopter, établi par la commune
du domicile de l’enfant (art 248 et 249 du Code de la famille) ;
- Une attestation d’hébergement provisoire délivrée par l’assistant social de la commune du domicile de
l’enfant ;
- Une ordonnance d’homologation du placement délivrée par le Tribunal pour enfant du ressort du
domicile de l’enfant ;
- Un Procès-verbal de constat d’abandon établi par les services des Affaires Sociales de la commune du
domicile de l’enfant.

3. LA PROCEDURE D’ADOPTION EN R.D.C

3.1. Juridiction compétente

Le droit Civil Congolais a laissé toutes les matières intéressant l’enfant à la compétence du Tribunal pour
enfant. L’article 99 de la loi portant protection de l’enfant dispose « le Tribunal pour enfant est le seul
compétent pour connaître des matières dans lesquelles se trouve impliqué l’enfant en conflit avec a loi ». II
connaît ainsi des matières se rapportant à l’identité, la capacité, la filiation, l’adoption et la parenté telles que
prévues par la loi. Ce tribunal comprend une chambre de première instance et une chambre d’Appel (Art 87 et
99 de la loi portant protection de l’enfant).

Cependant, dans les entités qui ne disposent pas encore de tribunaux pour enfant, les tribunaux de paix et les
tribunaux de grande instance connaissent en premier et en deuxième ressort, respectivement, les affaires qui
relèvent normalement de la compétence des tribunaux pour enfants (article 200 de la loi portant protection de
l’enfant).

3.2. Exécution de la procédure


La procédure d’adoption est déclenchée par la saisine du Tribunal pour enfant du ressort du domicile de
l’adoptant (ou de l’un deux) ou de l’adopté, au moyen d’une requête adressée au président du Tribunal pour
enfants et à laquelle sont jointes toutes les pièces constituant le dossier de l’adoptant et celui de l’adopté (Art
670 du Code de la famille).

Le juge saisi est tenu de rendre sa décision, après vérification des pièces produites, dans les 15 jours qui suivent
la prise de la cause en délibéré (Art 38 de l’Arrêté d’organisation judiciaire n°299/79 portant Règlement
Intérieur des Cours et tribunaux et parquets du 20 Août 1979).

Il faut noter ici que, pendant la procédure judiciaire, les requérants (adoptants) et l’adopté sont tenus, s’ils y sont
requis par la loi, de donner personnellement leur consentement devant le tribunal ; dans le cas contraire, ils
peuvent se faire représenter par un avocat ou défenseur judiciaire porteur d’une procuration.

3.3. Les audiences, l’exécution du jugement d’adoption et la fin


de la procédure d’adoption

Pendant les audiences, les adoptants ou l’adopté peuvent se présenter physiquement devant le juge. A défaut de
leur présence physique, des avocats et des défenseurs judiciaires seront reçus par le tribunal à représenter
valablement les parties devant lui.

Une fois que le jugement prononçant l’adoption est rendu, il doit être signifié à l’Officier de l’état civil du
domicile de l’adopté. Trente (30) jours après la signification du jugement, les requérants ou leur conseil
saisissent le Greffe Civil de la chambre d’appel du Tribunal d’enfant ou, le cas échéant, du tribunal de Grande
Instance du ressort, pour obtenir la preuve que leur jugement prononçant l’adoption n’a pas été attaqué.

Le greffe saisi, délivre « un certificat de non appel » en vertu duquel le jugement d’adoption sera dit « Coulé en
force de chose jugée », une expression signifiant que ce jugement ne peut plus faire l’objet d’un appel ni d’une
opposition.

L’obtention du certificat de non appel du jugement sera suivie de la mention de l’adoption par l’officier de
l’Etat civil compétant en marge de l’acte de naissance de l’adopté (inscription marginale) ainsi que l’obtention
de l’acte d’adoption auprès de l’Officier de l’Etat, mettant ainsi totalement fin à la procédure judiciaire.

Il s’en suit une phase administrative avec l’obtention de l’autorisation de sortie délivrée par la Commune du
domicile de l’adopté (e) ainsi que celle de la légalisation de toutes les pièces obtenues (pour les adoptions
internationales). Cette légalisation se fait par le Notaire de la Ville ou à la Direction de Chancellerie du
Secrétariat Général du Ministère de la Justice (3ème Direction).

3.4. Autres démarches administratives


Dans le cas de l’adoption internationale, tous les documents ainsi légalisés doivent encore recevoir légalisation
des signatures par la Chancellerie du Ministère des Affaires Etrangères. Il faudra également y obtenir un
passeport congolais pour l’adopté.

Le dossier complet ainsi validé sera d’abord déposé à la Commission interministérielle placée sous la
coordination du Ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant. Ladite commission délivre, après contrôle de
conformité, un avis favorable qui autorise l’obtention du visa par l’Ambassade du pays d’accueil de l’enfant.

Après l’obtention du visa du pays d’accueil, les adoptants devront requérir, du service chargé de mouvement de
population de la Commune du domicile de l’adopté, l’établissement d’une autorisation de sortie et, auprès de la
Direction Générale de Migrations (DGM), une autorisation de sortie de l’enfant du territoire Congolais.

Telle est la procédure d’adoption prévue par le législateur et l’administration en République Démocratique du
Congo.

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