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Le mariage de l’incapable
PLAN
I- Les dispositions juridiques en matière de la kafala
a- Conditions et effets de la kafala
b- La procédure de la kafala au Maroc et aux pays musulmans
II- La kafala dans l’intérêt de l’enfant
a- Problèmes rencontrés dans le cadre de la kafala
b- Effort fournis dans le cadre de la kafala
I- Les dispositions juridiques en matière de la kafala :
Selon l’article 2 de la loi 15-01 relative à la prise en charge des enfants abandonnés : : La prise en
charge (la kafala) d'un enfant abandonné, au sens de la présente loi, est l'engagement de prendre en
charge la protection, l'éducation et l'entretien d'un enfant abandonné au même titre que le ferait un
père pour son enfant. La kafala ne donne pas de droit à la filiation ni à la succession.
Dans cette partie, nous allons traiter les effets, et conditions de la kafala, ainsi de la procédure au
Maroc et en comparaison avec d’autres systèmes similaires.
Les personnes physiques qui désirent assurer la kafala d’un enfant doivent présenter leur
demande au juge des tutelles de la province dont elles dépendent.
Le dossier doit contenir les documents suivants : – une photocopie légalisée de l’acte de
mariage ;
– une photocopie certifiée conforme de la carte d’identité nationale des deux conjoints ; –
une attestation de salaire ou une déclaration de revenus – un certificat de résidence au nom
des deux conjoints ;
– une preuve de la confession musulmane pour les personnes non marocaines ;
– un certificat de bonne santé ;
– un extrait du casier judiciaire ou une fiche anthropométrique ;
– une demande légalisée, exprimée par les deux conjoints et adressée à Monsieur le Wali de
la Préfecture.
Ensuite, le juge des tutelles charge la commission administrative de procéder à une enquête
pour déterminer si les demandeurs sont aptes à recueillir l’enfant. Si l’enquête est favorable,
le juge rend une ordonnance qui « désigne la personne chargée de la kafala comme tuteur
datif de l’enfant pris en charge. »
L'ordonnance doit être exécutée dans les quinze jours de sa prononciation ; il est délivré un
procès-verbal à la personne qui prend en charge l’enfant. Elle est ensuite transmise à
l'officier de l'état civil, qui est chargé d'enregistrer l'acte de naissance de l'enfant. Le contenu
de l'ordonnance est ensuite inscrit en marge de l'acte de naissance de l'enfant. Selon l’article
21 de la loi n°15-01 : « la kafala ne doit pas être mentionnée sur les copies des actes
délivrées à la personne assumant la kafala ou à l’enfant pris en charge conformément à la loi
relative à l’état civil. »
Un juge des tutelles surveille et contrôle la situation de l'enfant. Il peut enquêter pour
s'assurer que les obligations envers l'enfant sont respectées et ordonner la suppression de la
kafala au profit de l'enfant. Les ordonnances passées à cet effet sont susceptibles de recours.
En Tunisie, La kafala est un régime juridique de recueil d’un enfant mineur, dénommé en
traduction française “tutelle officieuse”, régi par les articles 3 à 7 inclus de la loi n° 58-27 du
4 mars 1956.
La Tunisie pose comme conditions d’ouverture de la tutelle officieuse la majorité et la
capacité civile de la personne qui recueille l’enfant, la rédaction d’un contrat de tutelle
devant le notaire entre le tuteur et les parent de la pupille. L’acte de tutelle doit être
homologué par le juge cantonal.
Les parents s'occupent des enfants mineurs dont ils ont la garde et subviennent à leurs
besoins. Le tuteur a des droits et des obligations concernant la pupille en vertu de l'article 54
(Autorité parentale). Comme ses parents, il est responsable en droit civil des actes de son
pupille. Le lien avec ses parents biologiques demeure. Le pupille conserve tous les droits
découlant de sa lignée familiale, notamment son nom et ses droits successoraux. Le système
de tutelle prend fin lorsque l'enfant atteint l'âge de la majorité. Il peut être révoqué en
présence d'une majorité d'enfants si l'intérêt des enfants est souhaité. Cette annulation est
prononcée par le tribunal de grande instance correspondant au tribunal de grande instance
de France à la demande du tuteur, des parents du pupille ou du procureur de la République.
Cela garantit que seul l'intérêt supérieur de l'enfant est décisif.
Pour avoir force exécutive en France par le tribunal de grande instance le jugement doit
avoir été exéquatur, c’est-à-dire, validé par le tribunal de grande instance auprès duquel il
faut déposer une requête dite en exequatur. L’exequatur du jugement de kafala est une
pratique courante en France et elle est facilitée par la convention d’entraide judiciaire
franco-tunisienne du 28 juin 1972.
En Algérie, La kafala est régie par le Code la famille, chapitre du recueil légal. Les principales
conditions sont les mêmes que la loi marocaine. Un kafil est soit marié, célibataire, veuf,
femme ou homme, contrairement à la loi marocaine. Il doit être musulman, avoir la majorité
légale, être moralement et socialement capable de fournir la kafala et disposer de moyens
matériels suffisants. La question du consentement de l’enfant en âge de discernement et de
son représentant légal n’est pas réglée précisément. L’article 117 du Code de la famille
algérien énonce seulement que le consentement de l’enfant est requis quand celui-ci a un
père et une mère. Aucune disposition relative au consentement ne vise l’enfant né de
parents inconnus. Si l’enfant n’a pas l’âge du discernement, qui est 13 ans en droit algérien.
Une kafala est donnée devant un juge (kafala juridique) ou un notaire (kafala notariale),
conférant à l'institution un caractère solennel. Un juge ou un notaire peut vérifier si les
conditions de restauration légale sont remplies. Il doit rappeler au kafil l'étendue de ses
devoirs et veiller à l'intérêt de l'enfant. Selon le nouvel article 3 du Code de la famille,
modifié en 2005, le procureur de la République est le premier intervenant dans l'application
de ce code dans tous les cas, et donc le procureur de la République intervient dans les cas de
kafala judiciaire.
En Liban, la kafala est utilisé comme un système d’exploitation des travailleurs domestiques.
L’étranger qui vient travailler remet son passeport à un kafil ce qui lui permet d’obtenir un
visa pour travailler. Le kafil devient responsable juridiquement de la personne
qu’il sponsorise, et peut, ou non, accorder le droit au travailleur de quitter le pays. Avant
même l’arrivée sur le territoire, le kafil fixe les travaux que le travailleur étranger va devoir
exécuter. Il est impossible pour un travailleur étranger d’obtenir la nationalité libanaise, et il
doit tout de suite quitter le territoire une fois la tâche terminée.
On retrouve l’interdit d’adopter dans la plupart des pays musulmans, à savoir le Maroc et
l’Algérie, à l’exception de l’Indonésie, la Turquie, la Somalie, le Liban ou encore la Tunisie qui
a légalisé l’adoption en 1958.
II- La kafala dans l’intérêt de l’enfant
Dans la situation de kafala l’intérêt supérieur de l’enfant doit prévaloir et doit constituer la
préoccupation majeure des autorités compétentes. Ceci dit une amélioration continue de la
procédure pour éviter les problèmes qui touche le makfoul et l’intervention des parties pour
optimiser les marges de la kafala.
L’intérêt de l’enfant dans le cadre de la kafala prime, de ce fait les enquêtes de l’assistance
sociale, des affaires religieuses de police et même des caïds des quartier doivent se faire au
sérieux, or, la majorité des demandes aboutissent même quand les kafils ne sont pas dans la
capacité d’élever un enfant ou ne sont pas équilibrer psychologiquement. De plus on
remarque que 20% de retours des enfants abandonnés dans les orphelinats marocains dans
l’année suivant leur adoption, ou lors de l’adolescence et suite aux crises personnel les
makfouls et à la négligence des kafil se trouvent dans centre de sauvegarde. A 18 ans et
après cessation de la kafala les enfants se trouve dans la rue du fait qu’il n’y a ni lien
administratif ni obligation juridique des parents envers leurs enfants.
Pour prévoir un certain nombre de problèmes similaires il faut faire de nombreux entretiens
pour cerner le profil des adoptants, mettre en évidence des expertises phycologiques et
d’apprentissage des obligations des kafils envers les makfouls, et veiller au bon exercice de
celle-ci.
L’institution de la kafala n’a pas seulement pour objectif de protéger le mineur mais
également de garantir le respect de ses origines, son identité personnelle, sa nationalité et
par conséquent son appartenance à ce qui est établi dans le statut personnel marocain, le
contrôle effectif de l’accomplissement des obligations du kafil n’est pas sans poser de
problème, notamment dans les cas où le mineur est emmené par ce dernier dans un autre
État, chose qui a conduit le gouvernement marocain à approuver la circulaire n° 40 S/2 en
vertu de laquelle il est instamment demandé aux autorités marocaines de refuser
l’attribution de kafala aux demandeurs étrangers ayant une résidence habituelle située en
dehors du territoire marocain, sachant que le kafil doit être musulman.
Or, en espagnol par exemple, certains mineurs faisant objet de kafala arrivent sur le
territoire. La raison en est qu’au Maroc il n’y a pas un unique type de kafala. Il existe deux
types. D'une part, il y a la kafala dite notariée, la garde d'un mineur est confiée directement
par le parent biologique à un membre de la famille ou à un tiers, bien que la kafala puisse
également être accordée aux parents. D’un point de vue formel, il s’agit d’un simple accord
privé entre les parties qui peut être passé par-devant notaire à des fins d’authentification
voire faire l’objet ultérieurement d’une ratification par l’autorité judiciaire compétente. Ce
type de kafala se distingue de celle qui est instituée pour un mineur préalablement
abandonné. Dans ce cas, le kafil se voit habituellement confier la tutelle dative ou la
représentation légale du mineur. En pratique, l'interdiction imposée par le gouvernement
marocain ne concerne que la kafala judiciaire. En conséquence, la kafala notariale continue
de se produire au Maroc, et ces mineurs marocains peuvent se retrouver sur le territoire
espagnol. Enfin, dans la mesure où les ressortissants marocains représentent la plus grande
population étrangère vivant en Espagne, les kafils pourraient facilement immigrer en
Espagne avec leur makfoul. Il convient également d'ajouter que les autorités marocaines
n'ont pas d'objection à accorder des kafalas aux Espagnols d'origine marocaine résidant à
Ceuta et Melilla. En effet, la présence en Espagne de mineurs marocains soumis au système
de la kafala a diminué, notamment en raison de l'interdiction susmentionnée instituée par le
gouvernement marocain. Cependant, malgré la réduction, les autorités espagnoles doivent
reconnaître la validité en Espagne de la kafala accordée aux mineurs marocains dans
certaines circonstances, ce qui reste une source de nombreuses difficultés. Une grande
partie des problèmes provient du regard méfiant de certaines autorités espagnoles face à
cette institution, cette méfiance se traduit, par exemple quand le kafil sollicite :
a) les documents juridiques pour l’entrée du mineur en Espagne ;
b) l’inscription de la kafala sur le registre de l’état civil pertinent ;
c) la concession de la nationalité espagnole pour le makfoul venu en Espagne ;
d) l’octroi de droits à une prestation sociale spécifique pour le makfoul ou pour lui-même.
Réflexion :
Pour la préservation ultime de l’intérêt de l’enfant pendant la kafala et après sa cessation,
les kafils doivent opter pour la donation, et pour l’adoption les personnes qui ont plus que
l’âge légale sans pour autant d’établir le lien de filiation et les droits de succession.