Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction :
Cependant, peut-on considérer que les droits de l’enfant fruit d’une filiation
illégitime, sont suffisamment protégés par le droit marocain ?
A°) Nature
Parmi les questions qui ont fait couler beaucoup d’encre au niveau de la
doctrine figure celle qui se rapporte à la preuve de la filiation paternelle.
Régie par les dispositions de l’article 158, cette question a divisé les auteurs
en deux courants. Le premier est celui qui a estimé que la filiation paternelle
peut désormais être prouvée par tout moyen même à défaut d’un contrat
de mariage. Le second courant, sans doute plus conservateur, estime que
les moyens dont il est question au dit article ne peuvent être utilisés en vue
de prouver la filiation qu’en l’existence d’un contrat de mariage valablement
conclu. La validité du contrat de mariage doit être entendue ici dans un sens
large, qui ne fait de l’écrit qu’un moyen de preuve doté de la même force
que les autres.
B°)Effets
Tout d’abord, l’article 146 dispose que la filiation illégitime entraine vis-à-vis de
la mère les mêmes effets que la filiation légitime en raison du lien naturel
unissant l’enfant à sa mère. La filiation maternelle est réputée légitime qu’il
s’agisse d’un cas de doute, de viol ou même en cas de relation illégitime.
L’enfant illégitime rattaché à sa mère prendra alors le nom patronymique
comme prévu par l’article 146.
Le fait que l’enfant soit rattaché à sa mère, cela constitue une protection de ce
dernier, dans la mesure où tout enfant a besoin d’une identité et d’une
présence maternelle.
De plus, il existe des mesures pénales tendant à limiter les abandons et les
changements d’identité des enfants illégitime. En effet le droit à l’identité fait
parti des droits fondamentaux protégés par le droit pénal marocain. Ainsi,
l’abandon d’un enfant met en péril non seulement son identité mais aussi sa
vie, sa santé et son avenir. La mère, qu’elle soit mariée ou non, assume toute
responsabilité envers son enfant même illégitime. Si elle l’abandonne, elle peut
se voir poursuivie du chef de délaissement des enfants et des incapables
comme en disposent les articles 459 à 477 du code pénal. Mais aussi, la mère
qui abandonne un enfant pour se débarrasser de sa filiation commet outre
l’infraction de délaissement, le délit de changement de son identité encadré et
réprimé par l’article 470.
Ainsi on peut dire que malgré les efforts déployés par la moudouwana en
matière de protection de l’enfant, certains courants féministes trouvent que
l’article 146 constitue un sorte d’atteinte au droit de l’enfant du moment que
cet article établit la distinction des enfants légitimes et illégitimes en portant
atteinte au droit naturel de l’enfant à être affilié à son père. Selon ces
courants, l’article 146 est une loi qui punit l’enfant d’un crime qu’il n’a pas
commis. En effet, Il y a des jugements judiciaires où le tribunal a demandé des
tests ADN qui ont prouvé la filiation paternelle biologique entre l’enfant et son
père, pourtant le tribunal s’est prononcé contre, la relation étant considérée
comme une relation de Zina (fornication) condamnée par le Code pénal, privant
ainsi l’enfant de filiation paternelle.
Pour ce qui est de ces décisions judiciaires, on peut citer a titre d’exemple le
cas du jugement rendu le 30 janvier 2017, en vertus duquel le tribunal de la
famille de Tanger a reconnu la filiation "parentale" à un enfant né hors
mariage, tout en condamnant son père "biologique" à lui verser une
indemnisation, bien que cette reconnaissance de la paternité ne donnait pas à
l'enfant accès aux droits liés à la filiation tel que héritage , ce verdict considéré
comme jugement historique au Maroc qui ouvrait des perspectives aux enfants
nés hors mariage et qui se trouvent privés de nombreux droits a été finalement
cassé par La cour d'appel de Tanger qui a considéré que la filiation naturelle
paternelle n'existe pas et en dehors des trois motifs prévus par l'article 152,
aucune autre preuve de filiation ne peut être admise, or l'analyse ADN ne fait
pas partie de ces motifs
Conclusion :
On peut conclure que le Maroc a bel et bien opéré des reformes en matière de
filiation illégitime afin de conserver au maximum les droits des enfants en
dehors des relations matrimoniales. C’est pourquoi Le nouveau code a
finalement prévu la reconnaissance d’un enfant né or mariage, néanmoins il a
conditionné cette procédure par le terme « fiançailles ». Le législateur
marocain doit faire face à un dilemme, il doit d’un côté protéger les droits des
enfants et essayer de légitimer d’avantage la filiation illégitime, toutefois le
Maroc est un pays musulman et donc il ne peut pas enfreindre et transgresser
le fondement religieux du code de la famille.