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I- LE MARIAGE :

Il y a lieu d’examiner d’abord les conditions de fond et ensuite les conditions de forme.

A-les conditions de fond

Elles sont soumises à la loi nationale des époux (art 8 du DCC). A cet égard il y a lieu de
distinguer 2 cas :

1- Les époux de même nationalité :

Aucun problème ne se pose lorsque les époux ont la même nationalité, le juge doit appliquer
leur statut personnel tel quel est prévu par leur loi national sauf contradiction avec l’ordre
public marocain.

2- Epoux de nationalité différente :

Principe : pour ce qui est des Conditions de fond du mariage→ Loi nationale. Sans cela le
mariage ne peut être juridiquement possible.

Conditions de forme → Loi de domicile

Pratique : Le statut du conjoint marocain est respecté → Le mariage est autorisé.


Les difficultés d’application du principe :

Théoriquement, le mariage d’un ressortissant marocain avec un étranger ne peut être valide
aux yeux de la loi marocaine que s’il y a respect des conditions de fond prévues par la loi
marocaine et la loi étrangère.

En réalité, il est souvent difficile de consolider les 2 statuts, et en ce sens la pratique, est
l’autorisation du mariage dès lors que le statut du conjoint marocain est respecté.

C’est ce qui résulte de la formule du dahir du 4 mars 1960 : «………. Dans la mesure ou ils
(les mariages mixtes) ne sont pas interdits par le statut personnel du conjoint marocain ».

La doctrine adopte cette interprétation, laquelle est consacrée par la pratique, notamment
lorsque les statuts des conjoints en conflits portant sur la polygamie : le statut marocain
l’emporte aussi bien devant les aâdouls que devant l’officier d’état civil :on acceptera, et à
titre d’exemple, en application des dispositions du code marocain de la famille, d’unir une
française à un musulman déjà marié.
B-les conditions de forme

Le juge marocain, faisant application du droit marocain, ne distingue pas entre les conditions
de fond et de forme du mariage du mariage. Cela étant et s’agissant de la loi applicable à la
Celebration du mariage, il y a lieu de distinguer plusieurs situations.

1-la célébration du mariage des étrangers au Maroc :

En principe, ce mariage est valable quant à la forme lorsque la célébration est faite soit
conformément à la loi nationale des intéressés notamment devant consulat étranger, soit
Devant l’officier de l’état civil local si leurs lois le leur permettent (Dahir de 1915 sur l’Etat
civil au Maroc).

Mais en pratique la solution n’est pas si évidente car l’on s’interroge sur l’existence réelle de
l’option donc il est question ci-dessus.

2-le mariage entre marocains et étrangers :

Obéit au droit marocain (Dahir du 04 Mars 1960) ; La célébration doit avoir lieu dans les
formes prévues par la MOUDAWANA si le conjoint marocain est musulman ou du droit
hébraïque si le conjoint marocain est juif.

3-le mariage entre marocains à l’étranger :

Avant l’entrée en vigueur du nouveau code de la famille, ce mariage devait être célébré selon
la forme prévue par le code marocain de la famille ou le droit hébraïque devant les consulats
marocains à l’étranger procéderont à ce genre de célébration et disposaient d’aâdouls à cet
effet.

Dans les relations franco˗marocaines, la convention du 10 août 1981 relative au statut des
personnes et de la famille et à la coopération judiciaire, prévoit dans son article 6 al 2 que «
chaque État peut décider que le mariage dans l’autre État entre des époux qui possèdent tous
deux sa nationalité sera célèbre par ses fonctionnaires consulaires»

Le nouveau code de la famille dans son article 14 en voulant faciliter le mariage des
ressortissants marocains à l’étranger a prévu les marocains, désirant se marier à l’étranger de
le faire selon les formalités administratives locales du pays de résidence, pourvu que soient
réunies les conditions du consentement, d’aptitude et de présence du tuteur
matrimonial(WALI) le cas échéant, et qu’il n’y ait pas d’empêchements légaux ni
d’annulation de la dot(sadaq), et ce en présence de deux témoins musulmans et sous réserve
des dispositions de l’article 21 ci-après.

II- LE DIVORCE :

L’étude de cette institution nécessite la distinction entre les conditions de fond et la procédure
du divorce.

A- CONDITIONS DE FONDS : s’agissant des causes du divorce, On applique

❖ La loi nationale, si les époux sont de même nationalité(art 9 du DCC) ;

❖ La loi nationale de celui qui demande le divorce, pour les époux de nationalité différente ;

❖ Si une des lois ignore le divorce, la jurisprudence a toujours opté pour l’application
cumulative des lois en présence, aboutissant à faire à chaque loi sa part.

Solution peu pratique pouvant aboutir à ce qu’on a appelé les « situations boiteuses » et c’est
à cet égard que l’on apprécie la pertinence de la jurisprudence établie par l’arrêt rivière.

❖ Si l’une des parties est musulmane, on applique la loi musulmane.

B- LES EFFETS DU DIVORCE : sont régis par :

❖ La loi nationale des époux de même nationalité ;

❖ Pour les époux de nationalité différente : La dissolution est prononcée selon la loi
autorisant le divorce avec toutes ses conséquences.

❖ Pour la garde des enfants, il ya lieu d’appliquer la loi de l’enfant. Mais d’après une
jurisprudence établie→ Applique la loi du créancier d’aliments.

III- LA FILIATION :

L’établissement de la filiation e Code de la famille marocain1 reconnaît deux types de


filiation : la filiation légitime et la filiation illégitime.

La filiation naturelle n’y est pas mentionnée.

Pour savoir si l’enfant est considéré ou non comme un enfant légitime, il convient de
distinguer la filiation maternelle et la filiation paternelle.
Article 142 du Code de la famille marocain : « La filiation se réalise par la procréation de
l’enfant par ses parents. Elle est légitime ou illégitime. »

A. La filiation établie à l’égard de la mère Selon les dispositions de l’article 147 du Code
de la famille marocain (CFM), la filiation à l’égard de la mère s’établit par :
– le fait de donner naissance ;
– l’aveu de la mère (dans les mêmes conditions que celles prévues par l’art. 160 cité
infra) ;
– une décision judiciaire. L’en fant conçu hors mariage dont le père est décédé avant la
naissance n’aura sa filiation établie qu’à l’égard de sa mère. Il en va de même si le
père est absent ou inconnu.
B. La filiation établie à l’égard du père En droit marocain le caractère légitime de la
filiation n’est pas uniquement lié au mariage des parents mais également à
l’identification du père. On entend donc par filiation légitime, le fait que l’enfant ait
une filiation paternelle établie. Lorsque ce n’est pas le cas, il s’agit de filiation
illégitime. Par conséquent, que l’enfant soit né dans le cadre du mariage ou non,
l’établissement de la filiation paternelle suffit à produire tous les effets de la filiation
légitime à l’égard de l’enfant et de ses parents. Exemple : la mère célibataire peut
réclamer une pension alimentaire pour l’enfant au père de celui‐ci.

Article 145 du Code de la famille marocain : « Dès que la filiation de l’enfant d’origine
inconnue est établie à la suite, soit d’une reconnaissance de parenté, soit d’une décision du
juge, l’enfant devient légitime, accède à la filiation de son père et suit la religion de ce
dernier. Ils héritent mutuellement l’un de l’autre ; l’établissement de la filiation entraîne
les empêchements à mariage et crée des droits et des devoirs entre le père et l’enfant. »

1˗Lorsque l’enfant est né dans le cadre du mariage

L’enfant issu du mariage de ses parents est légitime. Peu importe si au moment de la
naissance, l’époux est décédé ou absent.

L’article 154 du Code de la famille marocain stipule que la filiation paternelle est établie : – «
si cet enfant est né dans les six mois suivant la date de conclusion de l’acte de mariage au
minimum et qu’il y ait eu possibilité de rapports conjugaux entre les époux, que l’acte de
mariage soit valide ou vicié » ; – ou si l’enfant est né durant l’année qui suit la date de la
séparation. Le mari est toujours présumé être le père des enfants de son épouse, il a toutefois
la possibilité de contester sa paternité par voie judiciaire. Il doit produire suffisamment de
preuves pour que le juge ordonne une expertise médicale (recherche ADN) permettant
d’établir ou non le lien de filiation paternelle (art. 153 du CFM).

2. Lorsque l’enfant est né hors mariage

La naissance d’un enfant hors mariage est mal considérée par la société marocaine, l’enfant
naturel n’a pas de véritable statut. L’établissement de la filiation paternelle d’un enfant naturel
est difficile, il faut alors distinguer deux situations :

– lorsque la filiation est établie par reconnaissance volontaire (aveu du père) ;

– lorsque la filiation est établie par décision du juge.

a. L’aveu du père

L’aveu du père permet l’établissement de la filiation légitime (art. 152 du CFM). Tout homme
peut faire établir sa paternité à l’égard d’un enfant dont la filiation paternelle est inconnue.
Conformément aux dispositions de l’article 162 du Code de la famille marocain, la
reconnaissance peut être faite sous deux formes :

– par acte authentique. Le père reconnaît l’enfant devant deux adouls. La reconnaissance est
ensuite transmise au juge de la famille pour l’homologation ;

– par déclaration manuscrite et non équivoque du père. La reconnaissance doit être légalisée
ensuite à la mairie marocaine ou au consulat. Cette forme est la plus utilisée.

Article 160 du Code de la famille marocain : « La filiation paternelle est établie par l’aveu du
père qui reconnaît la filiation de l’enfant, même au cours de sa dernière maladie,
conformément aux conditions suivantes :

1. le père qui fait l’aveu doit jouir de ses facultés mentales,

2. l’enfant concerné ne doit pas être de filiation connue,

3. les déclarations de l’auteur de la reconnaissance de paternité ne doivent pas être démenties


par la raison ou la vraisemblance,

4. l’enfant reconnu doit donner son accord, s’il est majeur au moment de la reconnaissance de
la paternité. Si cette reconnaissance de paternité a eu lieu avant l’âge de sa majorité, il a le
droit d’intenter une action en justice visant à désavouer la filiation paternelle.
Lorsque celui qui reconnaît la paternité désigne la mère de l’enfant, celle ‐ci peut s’y opposer
en désavouant en être la mère ou en produisant les preuves établissant le défaut de véracité de
la reconnaissance de paternité. Toute personne qui a intérêt peut formuler un recours contre la
véracité de l’existence des conditions de reconnaissance de paternité, précitées, tant que
l’auteur de cette reconnaissance est en vie. »

b. L’établissement de la filiation par voie judiciaire Le Maroc a ratifié le 21 juin 1993 la


Convention internationale relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989 dont
l’article 7 mentionne le droit de chaque enfant de connaître ses parents dans la mesure
du possible. Malgré la signature de cette Convention, l’action en recherche de
paternité ou son équivalent n’existe pas en droit marocain. Ainsi, lorsque le père refuse
de reconnaître son enfant, la mère ne peut faire établir la filiation paternelle par voie
judiciaire que lorsque l’enfant a été conçu lors d’un rapport par erreur. La notion de
rapport par erreur est une fiction juridique destinée à légitimer un enfant issu d’une
relation hors mariage. Cette notion peut être invoquée dans le cas où il y a eu
confusion sur la personne de l’épouse ou sur la validité du mariage (mariage vicié,
mariage coutumier, fiançailles).

Exemple : pour que la filiation soit légitime, il faut démontrer que le père de l’enfant a eu
une relation physique avec la mère en croyant qu’il s’agissait de son épouse. L’erreur est
également reconnue lorsque l’enfant a été conçu pendant les fiançailles de ses parents.
Dans le cas où la grossesse est intervenue alors que les parents étaient fiancés et que leur
relation n’a pas pu être formalisée par un acte de mariage, elle est considérée comme le
résultat d’un rapport par erreur (art. 156 du CFM).

Article 156 du Code de la famille marocain : « Si les fiançailles ont eu lieu et qu’il ait eu
offre et acceptation, mais que des circonstances impérieuses ont empêché de dresser l’acte
de mariage et que des signes de grossesse apparaissent chez la fiancée, cette grossesse est
imputée au fiancé pour rapport par erreur, si les conditions suivantes sont réunies :

a) si les fiançailles ont été connues des deux familles et approuvées par le tuteur
matrimonial de l’épouse, le cas échéant,

b) s’il s’avère que la fiancée est tombée enceinte durant les fiançailles,

c) si les deux fiancés ont reconnu que la grossesse leur est imputable. La constatation de
ces conditions s’effectue par décision judiciaire non susceptible de recours.
Si le fiancé nie que la grossesse lui est imputable, il peut être fait recours à tous moyens de
preuve légaux pour établir la filiation paternelle. »

Après le rapport par erreur, la naissance de l’enfant doit intervenir entre six et neuf mois ;
dans ce cas « la filiation paternelle est établie par tous moyens de preuve légalement
prévus » dont l’expertise judiciaire (art. 155 du CFM). La requête doit être adressée au
juge de la famille

II. Le nom de l’enfant

l’enfant légitime porte le nom de son père. L’enfant illégitime – celui dont la filiation
paternelle est inconnue – ne porte pas systématiquement le nom de sa mère. Celle ‐ci peut
éventuellement lui transmettre son nom en obtenant l’accord de son propre père (grand‐
père maternel de l’enfant) et le cas échéant, des frères de celui ‐ci. En quelque sorte, le
père doit autoriser sa fille à transmettre le nom de la famille. Dans ce cas, l’enfant porte le
même nom que sa mère. Afin de donner l’illusion que la filiation est légitime, un prénom
fictif (commençant par les lettres Abd) sera donné au père inconnu ainsi l’acte de
naissance de l’enfant fera apparaître les deux parents. L’autre solution consiste à choisir
un prénom et un nom de famille fictifs pour le père de l’enfant qui figureront sur l’acte de
naissance. Ces démarches relèvent de la compétence de l’officier de l’état civil marocain
conformément à la loi n° 37‐99 du 3 octobre 2002 et à son décret d’application n° 2 ‐99 ‐
665 du 9 octobre 2002 relatif à l’état civil3.

✦ Remarque pour les marocains résidant en France : si l’enfant est né en France et que
l’acte de naissance a été dressé par la mairie française avant de l’être par le consulat
marocain ; l’enfant aura un acte de naissance où il porte le nom de sa mère sans mention
de celui du père s’il est inconnu. L’acte de naissance est alors en contradiction avec le
droit marocain et l’agent consulaire peut refuser d’inscrire l’enfant sur les registres de
l’état civil marocain. Cette situation est extrêmement difficile à résoudre. Les mères
célibataires peuvent rencontrer de véritables difficultés pour que leur enfant soit inscrit sur
les registres de l’état civil marocain. Avant de déclarer la naissance à la mairie française, il
est donc préférable de se rendre au consulat afin d’obtenir un certificat de coutume qui
expliquera à l’officier d’état civil français la législation marocaine en matière de
dévolution du nom. Dans le cas où l’acte de naissance a déjà été établi, il est conseillé de
se renseigner auprès d’une association compétente ou d’un avocat.

III. La nationalité de l’enfant par filiation


Les dispositions actuelles de l’article 6 du Code de la nationalité marocaine permettent à
une mère marocaine de transmettre systématiquement sa nationalité par filiation depuis la
réforme du 2 avril 2007 (Loi n° 62‐06 modifiant le Dahir n° 1.58.250 en date du
6/09/1958 publiée au BO le 2/04/2007) et cela même si elle n’est pas mariée. En effet,
selon l’article 6 du Code de la nationalité marocaine, « Est marocain, l’enfant né d’un père
marocain ou d’une mère marocaine ».

Auparavant, les mères marocaines ne pouvaient pas transmettre leur nationalité lorsque le
père de l’enfant était étranger. Depuis la réforme, la naissance de l’enfant né après le 2
Avril 2007 peut être déclarée directement auprès de l’officier d’état civil ou auprès du
Consulat sans formalité préalable (cf infra). Il en est autrement pour les enfants de père
étranger nés avant la réforme. Il convient dans ce cas, de demander un certificat de
nationalité marocaine au procureur du Roi près le tribunal de première instance du dernier
domicile ou de la dernière résidence au Maroc du demandeur ou à celui de son lieu de
naissance ou, à défaut, au procureur du Roi près le tribunal de première instance de Rabat.
Les personnes marocaines ayant leur résidence en France peuvent se rapprocher des
agents consulaires qui transmettront la demande au tribunal compétent.

IV. La déclaration de naissance

Pour les enfants qui sont nés en France, la déclaration se fait à la mairie française. Les
résidents marocains doivent également déclarer la naissance de leur enfant auprès de leur
consulat dans les douze mois qui suivent la naissance. Passé ce délai, l’acte de naissance
français doit faire l’objet d’une procédure de transcription sur les registres d’état civil du
consulat compétent. Pour les enfants qui sont nés au Maroc, la déclaration de naissance se
fait auprès de l’officier d’état civil dans un délai de trente jours à compter de la date de la
naissance. Pour être inscrit sur les registres d’état civil marocains, le prénom de l’enfant
doit avoir une consonance marocaine. Les documents à présenter (original de l’acte de
naissance intégral de l’enfant, livret de famille marocain ou extrait d’acte de naissance de
la mère, acte de mariage, pièces d’état civil des déclarants…) sont différents selon la
situation des parents.

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