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UNIVERSITE Amadou Hampâté BA

Master 1 Privé
Année académique 2022/2023
Chargé des TD. Dr. DABO

TRAVAUX DIRIGES EN DROIT INTERNATIONAL PRIVE (Théorie générale


conflit de lois)

TEXTES

1. Code de la famille

APPLICATION DE LA LOI ET CONFLITS DE LOIS DANS L’ESPACE


Article 840 Jouissance des droits
Au même titre que les nationaux, les étrangers jouissent au Sénégal des droits résultant du
présent Code. La jouissance d’un droit peut leur être expressément refusée par la loi ou être
subordonnée à la réciprocité, sous réserve des dispositions des traités diplomatiques et des
conventions d’établissement.
Article 841 Exercice des droits
Les droits résultant du présent Code sont exercés suivant les dispositions de la loi sénégalaise
ou d’une loi étrangère dans les rapports ayant un élément de rattachement avec un système
juridique étranger. Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire
sénégalais. Il en est ainsi notamment des dispositions du présent Code relatives:
- à l’organisation de l’État civil;
- à la détermination du domicile pour l’attribution de la compétence judiciaire;
- à l’obligation alimentaire, la parenté et l’alliance;
- à l’absence et à la disparition ;
- à la protection de la personne et des biens des incapables; - à toutes les mesures provisoires
imposées par l’urgence.
Sont soumises aux règles de la loi nationale les règles relatives à l’état, à la capacité des
personnes, aux régimes matrimoniaux et aux successions, suivant les distinctions et sous les
réserves indiquées aux articles ci-après.
Article 842 Matières relatives au livre I
Relèvent de la loi nationale les dispositions relatives au nom et à la protection de celui-ci, à
l’objet et à la charge de la preuve en matière d’état des personnes.
L’admissibilité des moyens de preuve de l’état des personnes et leur force probante sont
déterminées par la loi du tribunal saisi, sauf au plaideur à invoquer la loi du lieu où l’acte ou
le fait juridique est intervenu.
Article 843 Matières relatives au livre Il
Les conditions de fond du mariage sont appréciées selon la loi relativement à l’annulation du
mariage et à ses effets.
Tant pour les nationaux que pour les étrangers, la loi du lieu ou le mariage est intervenu est
compétent pour déterminer la forme du mariage. Le mariage peut également être célébré en la
forme diplomatique ou consulaire selon la loi dont ressortissent ces autorités.
Les effets extra patrimoniaux du mariage sont régis par la loi nationale des époux, et en cas de
nationalités différentes, par la loi du pays où ils ont leur domicile commun, ou à défaut leur
résidence commune, ou à défaut par la loi du for.

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Le divorce ou la séparation de corps sont régis par la loi nationale des époux lorsqu’elle leur est
commune et, en cas de nationalité différente, par la loi du pays où ils ont leur domicile lors de
la présentation de la demande; à défaut de preuve de l’existence d’un domicile commun, par la
loi de la juridiction saisie. Cette loi est compétente pour les différentes modalités, la
détermination des causes et des effets du divorce ou de la séparation de corps.
En cas de changement de nationalité de la personne dont la loi est compétente, la loi applicable
est celle de la nationalité nouvelle.
Article 844 Matières relatives au livre III
La filiation légitime et la légitimation sont régies par la loi qui gouverne les effets du mariage.
La filiation naturelle est régie par la loi nationale de la mère et, en cas de reconnaissance, par
celle du père.
En cas de nationalité différente de l’enfant et de ses parents prétendus, la loi applicable est celle
de l’enfant.
En cas de changement de nationalité de l’enfant devant résulter de l’établissement de sa filiation,
celuici peut se placer au moment qui lui est le plus favorable pour déterminer la loi applicable.
Les conditions de l’adoption exigées de l’adoptant et de l’adopté sont régies par leur loi
nationale respective. Ils doivent satisfaire aux conditions établies par l’une et l’autre loi
lorsqu’elles les concernent tous les deux.
Lorsque l’adoption est demandée par deux époux, les conditions exigées des adoptants sont
régies par la loi qui gouverne les effets du mariage.
Les effets de l’adoption sont régis par la loi nationale de l’adoptant et, lorsqu’elle a été consentie
par deux époux, par la loi qui gouverne les effets du mariage.
Article 845 Matières relatives au livre V
La capacité des personnes et la sanction des incapacités qui peuvent les frapper sont déterminées
par la loi nationale de l’incapable.
L’incapacité de l’une des parties résultant, soit de la loi nationale, soit d’un jugement, pourra
être déclarée inopposable au co-contractant étranger qui l’a ignorée en contractant sans
imprudence dans un
Etat dont la loi n’admet pas cette incapacité.
Article 846 Matières relatives au livre VI
Les effets patrimoniaux sont régis par la loi nationale des époux et, en cas de nationalités
différentes, par la loi du pays où ils ont leur domicile commun, ou à défaut leur résidence
commune ou à défaut par la loi du for.
Article 847 Matières relatives au livre VII
Les questions relatives à la dévolution successorale concernant la désignation des successeurs,
l’ordre dans lequel ils sont appelés, la transmission de l’actif et du passif à chacun d’entre eux,
sont régies par la loi nationale du défunt.
Sont régies par la loi du lieu d’ouverture de la succession les opérations concernant l’option
successorale, la mise en possession des héritiers, l’indivision successorale, le partage de l’actif
et le règlement du passif.
En cas de succession portant sur des immeubles et des fonds de commerce, la transmission de
la propriété de ceux-ci est régie par la loi de leur situation.
Article 848 Matières relatives au livre VIII
Le testament est régi quant à sa forme par la loi du lieu où il a été rédigé, mais il peut également
être établi conformément à toute autre loi expressément choisie par le testateur.
La dévolution successorale par testament s’opère conformément à la loi nationale du défunt. Le
règlement de la succession est régi par la loi du lieu d’ouverture de la succession.

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La donation est régie quant à la forme par la loi du lieu où l’acte est intervenu mais elle peut
être faite conformément à toute autre loi expressément choisie par les parties.
Les effets de la donation sont, dans le silence de l’acte, régis par la loi du lieu d’exécution de la
libéralité. La quotité disponible et le droit à réserve des héritiers se déterminent selon la loi
nationale du défunt.
Le mode et l’ordre de réduction des libéralités sont régis par la loi du lieu d’ouverture de la
succession.
Article 849 Détermination de la loi nationale
Le Sénégalais est soumis à sa loi nationale, même s’il est considéré par un autre Etat comme
ayant une autre nationalité.
Lorsqu’une personne ne possède pas la nationalité sénégalaise, seule et prise en considération
la nationalité qu’elle possède en fait, compte tenu de sa résidence, du siège de ses affaires, de
ses attaches familiales.
L’apatride est régi par la loi du domicile et, à défaut de domicile, par celle de la résidence et, à
défaut de résidence, par la loi sénégalaise.
Article 850 Preuve de la loi étrangère et défaillance de celle-ci
Le contenu de la loi étrangère est établi devant les juridictions sénégalaises, par tous moyens,
par le plaideur qui s’en prévaut et, au besoin, à la diligence du juge. Ce dernier peut faire état
de sa connaissance personnelle d’une loi étrangère considérée comme un fait général accessible
à tous.
Les juges du fond vérifient le sens et la portée des lois étrangères.
En cas de défaillance de la loi étrangère parce qu’elle ne peut être prouvée, ou que les parties y
renoncent, la loi sénégalaise reçoit application.
Article 851 Ordre public et fraude à la loi
La loi sénégalaise se substitue à la loi étrangère désignée comme compétente lorsque l’ordre
public sénégalais est en jeu ou lorsque les parties ont, par une utilisation volontaire des règles
de conflit, intentionnellement rendu la loi sénégalaise incompétente.
Un droit acquis à l’étranger ne peut avoir effet au Sénégal que s’il ne s’oppose pas à l’ordre
public.
Article 852 Renvoi
Si la loi étrangère applicable renvoie à la loi sénégalaise, il est fait application de celle-ci.

SECTION III - CONFLIT DE JURIDICTIONS

Article 853 Compétence internationale des tribunaux sénégalais


Les tribunaux sénégalais sont compétents pour connaître de toute action dans laquelle le
demandeur ou le défendeur a la nationalité sénégalaise au jour de l’introduction de l’instance.
Il est fait exception à cette règle lorsque le jugement rendu s’exécutera nécessairement à
l’étranger ou lorsque les parties renoncent au privilège de juridiction que leur accorde la loi.
Le tribunal territorialement compétent est déterminé par les règles sénégalaises de compétence
territoriale.
Les tribunaux sénégalais sont également compétents dans les litiges entre étrangers lorsque le
défendeur est domicilié au Sénégal ou lorsque l’élément de rattachement auquel se réfèrent les
articles 34 à 36 du Code de Procédure Civile pour donner compétence à un tribunal déterminé
se trouve situé au Sénégal. Le tout sous réserve des règles relatives aux immunités des agents
diplomatiques, des souverains et états étrangers et des traités concernant la compétence
judiciaire.

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Article 854 Effet international des jugements
Les jugements étrangers n’ont force exécutoire au Sénégal que s’ils ont été revêtus de
l’exequatur conformément aux articles 788 et suivants du Code de Procédure Civile et sous
réserve des traités d’assistance judiciaire et autres conventions diplomatiques.
Cependant, les jugements rendus par un tribunal étranger relativement à l’état et à la capacité
des personnes produisent leurs effets au Sénégal indépendamment de toute décision
d’exequatur, sauf dans le cas où ces jugements doivent donner lieu à des actes d’exécution.

2. Code de procédure civile

Article 34
En matière personnelle ou mobilière, le défendeur est assigné devant le tribunal de son domicile,
s’il n’a pas de domicile devant le tribunal de sa résidence.
En matière de pension alimentaire, l’instance peut être portée devant le tribunal du domicile du
créancier demandeur.
S’il y a plusieurs défendeurs à la demande en pension alimentaire, ils pourront être cités devant
le tribunal du domicile de l’un d’eux au choix du demandeur.
Les contestations relatives à des fournitures, travaux, locations, louages d’ouvrage ou
d’industrie, peuvent être portées devant le juge du lieu où la convention a été contractée ou
exécutée, lorsqu’une des parties est domiciliée dans ce lieu; s’il y a plusieurs défendeurs, devant
le tribunal du domicile de l’un d’eux au choix du demandeur.
En matière réelle immobilière, devant le tribunal de la situation de l’immeuble litigieux et de
l’un d’eux si plusieurs sont en cause.
En matière mixte, devant le juge de la situation ou devant le juge du domicile du
défendeur. En matière de société, tant qu’elle existe, devant le juge du lieu où est établi
son siège social. En matière de succession :
1°/ sur les demandes entre héritiers, jusqu’au partage inclusivement,
2°/ sur les demandes qui seraient intentées par des créanciers du défunt, avant le partage.
3°/ sur les demandes relatives à l’exécution des dispositions à cause de mort jusqu’au jugement
définitif, devant le tribunal du lieu où la succession est ouverte.
En matière de faillite, devant le juge où la demande originale est pendante.
Enfin, en cas d’élection de domicile pour l’exécution d’un acte devant le tribunal du domicile
élu ou devant le domicile réel du défendeur, conformément à l’article 15 du Code de la Famille.
La demande en réparation de dommage causé par un délit, une contravention ou un quasi délit
peut être portée devant le tribunal du lieu où le dommage s’est produit.
Il n’est pas dérogé aux règles spéciales de compétence édictées par des lois particulières.
Article 35
En matière commerciale, le demandeur peut assigner à son choix :
- devant le tribunal du domicile du défendeur;
- devant celui dans le ressort duquel la promesse a été faite et la marchandise
livrée; - devant celui dans le ressort duquel le paiement devait être exécuté.
Article 36
Dans les affaires maritimes où il existe des parties domiciliées et dans celles où il s’agit d’agrés,
victuailles, équipages et radoubs de vaisseaux prêts à lever l’ancre, et d’autres matières urgentes
et provisoires, l’assignation de jour à jour, ou d’heure à heure, peut être donnée sans ordonnance
et le défaut peut être jugé sur le champ.

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LIVRE V DE L’EXEQUATUR
TITRE UNIQUE DE L’EXÉCUTION DES ACTES ET DÉCISIONS ÉTRANGERS
Article 787
En matière civile, commerciale et administrative, les décisions contentieuses et gracieuses
rendues par les juridictions étrangères ont de plein droit l’autorité de la chose jugée sur le
territoire du Sénégal si elles réunissent les conditions suivantes:
a) La décision émane d’une juridiction compétente selon les règles concernant les conflits de
compétence admises au Sénégal;
b) La décision a fait application de la loi applicable au litige en vertu des règles de solution des
conflits de loi admises au Sénégal;
c) La décision est, d’après la loi de l’État où elle a été rendue, passée en force de chose jugée et
susceptible d’exécution;
d) Les parties ont été régulièrement citées, représentées ou déclarées défaillantes;
e) La décision ne contient rien de contraire à l’ordre public du Sénégal et n’est pas contraire à
une décision judiciaire sénégalaise possédant à son égard l’autorité de la chose jugée.
Article 788
Les décisions visées à l’article précédent ne peuvent donner lie à aucune exécution forcée au
Sénégal ni faire l’objet d’aucune formalité publique telle que l’inscription, la transcription ou
la rectification sur les registres publics qu’après y avoir été déclarées exécutoires.
Article 789
L’exéquatur est accordé quelle que soit la valeur du litige par le président du tribunal régional
du lieu où l’exécution doit être poursuivie.
Le président est saisi et statue suivant la forme prévue pour les référés.
La décision ne peut faire l’objet que d’un recours en cassation.
Article 790
Le président se borne à vérifier si la décision dont l’exequatur est demandé remplit les
conditions prévues à l’article 787 pour avoir de plein droit l’autorité de la chose jugée.
Il procède d’office à cet examen et doit en constater le résultat dans sa décision. Il ordonne s’il
y a lieu les mesures nécessaires pour que la décision soumise à exequatur reçoive la même
publicité que si elle avait été rendue au Sénégal.
L’exéquatur peut être accordé partiellement pour l’un ou l’autre seulement des chefs de la
décision invoquée.
Article 791
La décision d’exequatur a effet entre les parties à l’instance en exequatur et sur toute l’étendue
du territoire de la République du Sénégal.
La décision d’exéquatur permet à la décision rendue exécutoire de produire, à partir de la date
de l’obtention de l’exequatur, en ce qui concerne les mesures d’exécution, les mêmes effets que
si elle avait été rendue par le tribunal ayant accordé l’exequatur, à la date de l’obtention de
celui-ci.
Article 792
La partie qui invoque l’autorité d’une décision judiciaire ou qui en demande l’exécution doit
produire: 1° une expédition de la décision réunissant les conditions nécessaires à son
authenticité;
2° L’original de l’exploit de signification de la décision ou de tout autre acte qui tient lieu de
signification;

5
3° un certificat du greffier constatant qu’il n’existe contre la décision ni opposition ni appel, s’il
y a lieu; 4° le cas échéant, une copie de la citation ou de la convocation de la partie qui a fait
défaut à l’instance.
Article 793
Les actes authentiques, notamment les actes notariés, exécutoires dans un État étranger, sont
déclarés
exécutoires au Sénégal par le président du tribunal régional du lieu où I ‘exécution doit être
poursuivie. Le président du tribunal vérifie seulement si les actes réunissent les conditions
nécessaires à leur authenticité dans l’État où ils ont été reçus et si les dispositions dont
l’exécution est poursuivie n’ont rien de contraire à l’ordre public applicable au Sénégal. Article
Article 794
Les hypothèques terrestres conventionnelles consenties à l’étranger ne sont inscrites et ne
produisent effet au Sénégal que lorsque les actes qui en contiennent la stipulation ont été rendus
exécutoires par le
président du tribunal régional du lieu de situation de l’immeuble.
Le président du tribunal vérifie seulement si les actes et les procurations qui en sont le
complément réunissent toutes les conditions nécessaires pour leur validité dans le pays où ils
ont été reçus. Les dispositions qui précèdent sont également applicables aux actes de
consentement à radiation où à réduction passés dans l’un des deux pays.
Article 794 bis
La reconnaissance et l’exécution des sentences rendues dans le cadre de la convention du 16
mars 1965 pour le règlement des différends relatifs aux investissements entre États et
représentants d’autres États sont prononcés par le tribunal régional de Dakar.

JURISPRUDENCE
Recueil jurisprudence CREDILA
Chronique de jurisprudence africaine, P. Bourel & Ph. Fouchard, Clunet 1972, pp. 317 & 861.
Éléments d’un droit international privé africain : l’exemple de la Côte-d’Ivoire, L. Idot, Revue
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BIBLIOGRAPHIE GENERALE INDICATIVE

OUVRAGES & MANUELS


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AUDIT (B.), Droit international privé, 5ème éd., Economica, 2008.
AUDIT (B.) & D’AVOUT (L.), Droit international privé, Economica, 7 éd. refondue, 2013.
BATIFFOL, Aspects philosophiques de droit international privé, Réédition présentée par Yves
LEQUETTE, Dalloz, 2002.
BATIFFOL (H.) & LAGARDE (P.), Droit international privé, Tome II, Paris, LGDJ, 1983.
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Droit international privé, Tome I, PUF coll., Thémis 2007.
Droit international privé, Tome II, PUF coll., Thémis 2007.
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MEYER (P.), Droit international privé burkinabé, Collection Précis de droit burkinabé, 1998.
MEYER (P.), Droit de l’arbitrage, Collection Juriscope, Droit uniforme africain, Bruylant,
2002.
NIBOYET (M.-L.) & DE GEOUFFRE DE LA PRADELLE (G.), Droit international privé,
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REVILLARD (M.), Droit international privé et communautaire : pratique notariale, Préface
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SAWADOGO (F.-M.), Droit des entreprises en difficulté, Collection Juriscope, Droit
uniforme africain, Bruylant, 2002.
FULCHIRON (H.), NOURISSAT (C.) (dir.), Travaux dirigés de droit international privé :
cas pratiques, commentaires d’arrêts, commentaires de textes, dissertations, notes de synthèse,
Paris, Litec, 3e éd., 2007.
COURBE (P.), Droit international privé, Paris, A. Colin, 2007.
DERUPPE (J.), LABORDE (J.-P.), Mémento Dalloz, Paris, 16e éd., 2008.
GUTMANN (D.), Droit international privé, Paris, Cours Dalloz, 5e éd., 2007.

ARTICLES, THESES & MONOGRAPHIES


Vous trouverez les articles principalement dans les revues spécialisées du droit
international privé ou droit comparé :
• Journal du droit international (JDI ou Clunet), revue trimestrielle
• Revue critique de droit international privé (RCDIP)), revue trimestrielle
• Revue internationale de droit comparé (RIDC), revue trimestrielle
Les revues générales du droit comportent souvent aussi des analyses doctrinales
portant sur le droit international privé
Le Dalloz ; La Semaine Juridique, édition générale (J.C.P.), hebdomadaires ; Annales
Africaines, Revue Penant…

7
Les Cours renvoient essentiellement aux enseignements dispensés chaque été à
l’Académie de La Haye de droit international. Des sommités du droit international privé
sont invitées pour dispenser un enseignement magistral en français et en anglais sur des
thématiques précises de la discipline à des étudiants ou chercheurs provenant de divers
pays. Les Cours sont publiés au Recueil des Cours de l’Académie de La Haye de Droit
International (RCADI).

BAKANDEJA WA MPUNGU (G.), Le droit du commerce international: les peurs injustifiées


de l’Afrique face à la mondialisation des marchés, Préface de Bernard RERNICHE, Afrique
Éditions, 2001.
BANAMBA (B.), Les conflits de droits et de lois dans le système juridique camerounais (Droit
des personnes et de la famille), Thèse mult., Paris II, 1993.
BOUREL (P.), Les conflits de lois en matière d’obligations extracontractuelle, Préface d’Yvon
LOUSSOUARN, 1961.
BOYE (A.-E.-K.), Les mariages mixtes en droit international privé sénégalais, Préface de
Pierre BOUREL, CREDILA & NEA, 1981.
CORREA (J.-L.), Divorce et compétence juridictionnelle en droit sénégalais de la famille,
RASPOS n° 6, 2015, éd. LJA, p. 315 et s.
COULIBALY (S.), Les conflits de lois en matière de successions en Côte-D’ivoire, Thèse
mult., Nice, 1985.
DIA (F.-B.), La responsabilité du transporteur aérien en droit sénégalais : entre archaïsme et
désunification, Thèse mult., UCAD, 2016.
DIALLO (I.-K.), Le contentieux maritime devant le juge : étude de droit privé comparé du
Sénégal, du Togo, de la Côte d’Ivoire et de la France, Préface d’E. DU PONTAVICE, Tome I,
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La sécurité juridique et judiciaire dans l’espace OHADA, OHADATA D-06-50.
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10
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OHADA de la vente commerciale et le droit international privé : une réforme inachevée,
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VANDERLINDEN (J.), Afrique noire anglophone-Chronique de jurisprudence africaine, JDI,
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VERDIER (J.-M.), Décolonisation et développement en droit international privé (Essai d’une
systématisation à partir de l’expérience française, Clunet 1962, p. 904 ss.

SEANCE I

Thème : La règle de conflit de lois


Sous-thème : Notions générales
Exercice n°1 : Note écrite

Sujet : La règle de conflit savignienne en droit international privé sénégalais.

11
Exercice n°2 : commentez l’arret dame bazbaz cour de cassation (ch. civ., 1er sect.) du 6
mars 1956

La Cour ; - Sur le moyen unique pris en ses deux branches : - Attendu qu’il résulte des
énonciations de l’arrêt attaqué, confirmatif, que le commandant André-Moreau, déjà marié
en France à Odette Ouvrard, le 15 avril 1908, a épousé, le 4 septembre 1942, à Damas, en
la forme religieuse de la communauté israélite, Lucie Bazbaz, Syrienne de confession
israélite ; que de cette dernière union est née une fille ; que le commandant Moreau ayant
été tué à l’ennemi, le 8 juin 1945, la dame Bazbaz a assigné la dame Ouvrard pour voir
dire que le mariage second en date, nul pour bigamie, mais contracté de bonne foi par la
femme, devait être considéré comme mariage putatif ; - Attendu qu’il est vainement
objecté par le pourvoi que l’arrêt attaqué, accueillant la prétention de la dame Bazbaz, se
serait contredit en appliquant, d’une part, la loi française pour apprécier les conséquences
de la bonne foi et en rejetant, d’autre part, cette même loi pour administrer la preuve de
l’existence du mariage et de sa célébration ; qu’en effet, la réalité de la célébration,
suivant les formes locales non contraires à l’ordre public français, nécessaire et suffisante
à ce point de vue, était un fait susceptible d’être établi par tous modes de preuve ; -
Attendu qu’il est, en outre, fait grief à la cour d’appel de faire application à la femme,
dont le statut personnel ignore le mariage putatif, des dispositions favorables de la loi du
mari, époux de mauvaise foi ;

- Mais attendu que si aux termes de l’article 170 du Code civil, la validité du mariage d’un
Français à l’étranger, en la forme locale, est soumise aux conditions de fond de la loi
française, laquelle frappe de nullité le mariage entaché de bigamie, il résulte des articles
201 et 202 du Code civil que le mariage déclaré nul produit néanmoins (les effets civils »
au regard des époux de bonne foi et des enfants ; que, dès lors, ces effets sont ceux de la
loi française d’où résulte la nullité du mariage et qui en régit les conséquences comme les
tempéraments qu’elle y apporte ; -

D’où il suit que par ce motif de pur droit, substitué en tant que de besoin à celui critiqué
par le pourvoi et se référant à la loi du mari de la famille, la décision de l’arrêt attaqué se
trouve justifiée ;

Par ces motifs : - Rejette.

12
DOCUMENT

Document n° 1 : B. Audit, « Le droit international privé à la fin du XXe siècle : progrès


ou recul », RIDC 1998, p. 421 et s. (Extraits)
Alors que la règle de conflit traditionnelle se voulait indifférente au contenu des lois en
présence, des règles de plus en plus nombreuses s'écartent de ce principe. Elles ne le font pas
toujours expressément ; mais ceci résulte de la structure de ces règles d'un type nouveau,
lesquelles prévoient des rattachements alternatifs, subsidiaires ou cumulatifs. Dans les deux
premiers cas, la règle tend à favoriser un résultat, car la partie intéressée demandera l'application
de la loi favorable à ses intérêts dans toute la mesure permise ; dans le troisième, la règle tend
au contraire à éviter un résultat. Les dispositions de ce type ne s'éloignent pas seulement des
règles de conflit traditionnelles par leur structure, mais par l'acceptation du fait que soit désignée
une loi qui n'est pas nécessairement celle des liens les plus étroits pourvu qu'elle consacre la
solution estimée préférable. Il est banal de constater qu'elles sont de nature mixte puisque
composées d'un élément répartiteur et d'un élément substantiel ; on parle en France de règles de
conflit « à coloration matérielle ». Le phénomène est bien connu, puisqu'il se manifeste
notamment dans les Conventions de La Haye. On se bornera ici à évoquer les exemples
purement français, que l'on trouve tant en jurisprudence que dans la loi.
10. Un exemple relativement ancien est donné par la jurisprudence consacrant le caractère
facultatif de la règle Locus régit actum en matière de forme du contrat, en refusant de l'annuler
pour contravention à la loi du lieu de conclusion lorsqu'il satisfait aux règles de la loi qui le
régit au fond. On explique cette solution parce que, conçue pour la commodité des parties, la
règle serait méconnue si on l'interprétait comme interdisant aux parties de se soumettre à une
autre loi. Moins nombreux, et moins nets, sont des exemples de validation du contrat au fond,
le juge s'étant prononcé en faveur de celle des lois en présence qui validait l'acte (sans pour
autant formuler expressément un principe de validité).
Dans le domaine du mariage, on relève des exemples de solution du conflit de lois de fond par
faveur à la validité du mariage ; ou, si celui-ci est déclaré nul, à l'application des règles du
mariage putatif (c'està-dire à la liquidation de la situation comme s'il s'était agi d'un mariage
valide en ce qui concerne les personnes de bonne foi) selon la loi française, sans trop
d'explication sur le rattachement qui justifie l'application de cette loi. Dans le même domaine,
inversement, une défaveur à la validité du mariage pourrait s'exprimer par l'adoption de
rattachements non plus alternatifs mais cumulatifs. Le contexte est celui de la validité des
seconds mariages contractés par des hommes de statut personnel polygame et déjà mariés avec
une Française (ou toute autre femme de statut monogame), auquel sont parfois confrontés les
tribunaux français. Lorsque la seconde épouse a elle-même la nationalité du mari (ou celle d'un
État admettant pareillement la polygamie), les tribunaux ont reconnu la validité de principe du
second mariage au motif qu'il a été contracté en conformité de la loi personnelle de chaque
époux, sauf à faire jouer éventuellement l'ordre public pour paralyser l'effet particulier que le
demandeur cherche à faire produire au second mariage. Même ainsi tempérée, on reproche à la
solution d'omettre que la validité du second mariage devrait être jugée également au regard du
premier pour tenir compte de l'attente légitime de la première épouse. La question n'est alors
que de savoir selon quel rattachement traduire cette préoccupation : selon l'attitude de principe
plus ou moins hostile aux mariages polygamiques, on préconise par exemple de prendre en
considération la loi du lieu de célébration du premier mariage, ce qui permet de valider certains
mariages subséquents, ou la loi personnelle de la première épouse, ce qui coupe court à toute
reconnaissance de mariage subséquent du mari d'une Française ; ou bien encore, la recherche

13
de l'ordre juridique dans lequel se localisait le premier mariage compte tenu de tous les
éléments.
11. La matière de la filiation est de celles qui se prêtent le plus aisément à l'introduction de
l'idée de faveur, par référence à l'intérêt de l'enfant. Le juge s'est le premier départi de la
neutralité dans le cas d'une recherche de paternité exercée par ou pour un enfant qui avait
changé de nationalité entre sa naissance et le moment où l'action était exercée (« conflit mobile
»), en permettant au demandeur d'invoquer celle des deux lois nationales qui était la plus
favorable à l'établissement de la filiation. Il s'agissait là d'appliquer une solution de faveur tout
en demeurant dans le cadre du rattachement constitué par la loi personnelle de l'enfant. La loi
du 3 janvier 1972 (supra n. 2) est allée plus loin: après posé une règle de facture (sinon de
contenu) classique donnant compétence à la loi de la mère (art. 311-14 C. civ.), elle a largement
fait usage de la technique des rattachements alternatifs dans le souci notamment de favoriser la
légitimation des enfants naturels (article 311-16) 26 ou leur reconnaissance (art. 311-17). 12.
Parfois, enfin, la règle est directement substantielle en ce qu'elle vise la protection d'une
catégorie de personnes réputées en situation de faiblesse. Ainsi l'article 311-18 C. civ. déclare
qu'une action à fins de subsides (action purement alimentaire, distincte d'une action d'état) est,
régie, au choix de l'enfant, soit par la loi de sa résidence habituelle, soit par la loi de la résidence
habituelle du débiteur. Elle se distingue des deux règles précédentes concernant la filiation en
ce que dans celles-ci, la loi la plus favorable est recherchée en l'absence d'une opposition
d'intérêts entre parent et enfant, tandis que dans le cas de l'article 311-18 l'action suppose une
telle opposition entre l'enfant demandeur et le défendeur. Les salariés et les consommateurs
bénéficient largement de cette technique. Dans la Convention de
Rome, ceci a été réalisé par la combinaison d'un rattachement impératif (lieu d'exécution du
travail, résidence habituelle du consommateur) et d'une possibilité de dérogation, par autonomie
de la volonté, en faveur de la personne protégée.
13. Dans ces différents cas, on est proche d'un principe de préférence tel qu'aurait pu le formuler
Cavers. Ainsi un auteur constate-t-il qu'en matière de forme des actes {supra n. 10) pourrait
s'énoncer la règle suivante : « Si le contrat est valide en la forme selon la loi du lieu de
conclusion mais ne l'est pas selon la loi qui le régit au fond, la loi du lieu de conclusion est
applicable, si le contrat n'est pas valide en la forme selon la loi du lieu de conclusion, mais l'est
selon la loi qui le régit au fond, cette dernière loi est applicable ». Cette manière de procéder ne
suscite pas que l'approbation. Du point de vue simplement méthodologique, les règles
alternatives sont susceptibles de soulever des difficultés quant à la détermination de la loi la
plus favorable, à la question de savoir si le juge peut invoquer lui même une loi qu'il estime
plus favorable ou discuter le choix exprimé par l'intéressé, à la détermination de celle des lois
qu'il convient d'appliquer aux conséquences d'une nullité lorsqu'aucune de celles désignées ne
valide la situation... Du point de vue substantiel, on fait observer que l'idée de faveur est peu
compatible avec celle de justice. La possibilité de déclarer applicable une loi qui n'est pas celle
des liens les plus étroits va à rencontre de ce qui apparaissait comme la directive fondamentale
de solution des conflits de lois. Accessoirement, on a pu noter que la règle ainsi inspirée risque
de se traduire par un déséquilibre en faveur à la loi du for. En effet, l'adoption d'une règle de
conflit alternative va souvent de pair avec le fait que le droit interne retient une solution très
favorable au résultat que poursuit la règle de conflit ; dès lors, la loi française qui figure
habituellement parmi les législations que désigne l'éventail des rattachements à toutes chances
de l'emporter, non en tant que loi du for mais en raison de son contenu.;

14
SEANCE II
Thème : Le choix de la règle de conflit de lois
Sous-thème : La qualification
Exercice 1. Note écrite
Sujet. Le conflit de rattachement
Exercice : Commentaire d’arrêt
Justice de paix de Ziguinchor, 11 juin 1974

Le tribunal,

Attendu que par requête en date du 16 février 1973, le sieur V. a demandé que le divorce soit
prononcé entre son épouse née C. et lui pour déclarations mensongères de ladite épouse,
affirmant qu’il avait découvert que celle-ci se trouvait en Grèce, dans les liens du mariage
avec A.J.S. à Athènes ;

Attendu, en effet, que le demandeur a versé au dossier un acte par lequel l’archevêque
d’Athènes annonce qu’il y a eu mariage à Athènes le 20 décembre 1964 entre A.J.S. et C.
alors que le mariage concernant le demandeur V. et la dame E. a été célébré devant l’Officier
de l’état civil de la Commune de Ziguinchor (République du Sénégal), le 22 juillet 1966, sans
que ladite dame ait parlé au paravent de l’existence de son mariage à Athènes ;

Attendu que, en outre, le sieur V. et la dame C. sont tous deux de nationalité grecque : qu’il
échet de faire en la cause l’application de l’article 843 alinéa 3 du Code sénégalais de la
famille.

Mais attendu qu’à la suite d’une commission rogatoire en ce qui concerne les dispositions de
la loi grecque, applicable aux époux grecs, Monsieur le consul du Royaume de Grèce à Dakar
a fait connaître que l’article 1367 du Code civil grec stipule que : « le mariage de personne de
religion orthodoxe n’existe pas sans liturgie de l’Église de ce dogme et devant le prêtre de
cette même église » ;

Attendu que le rapport dressé par l’officier de police de Dakar le 13 juillet 1973 fait ressortir
que Monsieur le Consul du Royaume de Grèce à Dakar avait déjà eu à notifier au sieur V. et à
la dame C. que leur mariage célébré à Ziguinchor n’était pas valable et par conséquent non
reconnu par son Consul et par le Code civil grec ;

15
Attendu qu’à la suite de tout ce qui précède, le sieur V sollicite l’annulation pure et simple du
mariage célébré à Ziguinchor le 22 juillet 1966 de la Commune de ladite ville ;

Par ces motifs, (…)

Annule le mariage célébré civilement le 22 juillet 1966 devant l’officier d’état civil de
Ziguinchor, entre le sieur V. et la dame C. ;

Déclare que le sieur V. et la nommée C., étrangers l’un à l’autre.

Document : Bertrand ANCEL, Dalloz, Rép. Droit international, 1998, v° Qualification


(extraits).
37. En théorie, il ne semble pas que, du point de vue du problème de la qualification, il y ait
lieu d’opposer règles de conflit unilatérales et règles bilatérales : lorsque l’article 3, alinéa 3,
du code civil énonce que l’état et la capacité des Français obéissent à la loi française, sa
formulation est unilatérale et l’extension qu’elle comporte ne paraît pas modifiée par la
bilatéralisation que la jurisprudence lui a imposée ; la subsomption s’opère sans doute de la
même façon. En revanche, il paraît plus expédient d’opposer les règles de conflit générales,
ouvertes sur d’assez vastes secteurs de la vie sociale, et les règles de conflit spéciales, resserrées
sur des institutions particulières, étant observé toutefois que, dans le système français de droit
international privé, les premières sont bilatérales, tandis que les secondes mêlent les deux
espèces.
a. – Règles générales.
38. Les catégories utilisées par le droit international privé sont les catégories générales
ordinaires de l’ordre juridique. Celles-ci se sont formées en un ensemble systématique
exprimant une certaine organisation des divers aspects principaux de la vie sociale. Cependant
cette géographie de concepts ne trace pas des frontières d’une parfaite netteté. D’abord, le
mouvement de la vie sociale impose constamment de manière plus ou moins perceptible et plus
ou moins brutale des modifications et des ajustements, de telle sorte que les marges de chaque
catégorie qui enregistre ces variations sont elles-mêmes relativement fluctuantes sinon
imprécises ; entre les catégories les frontières sont incertaines. Ensuite, en organisant la vie
sociale, l’ordre juridique a considéré par priorité, sinon exclusivement, les rapports développés
dans l’espace qu’il contrôlait entre les membres de la collectivité qui l’avaient institué ; les
catégories définissent dès lors un appareil de droit interne, articulé sur la considération des
intérêts de justice matérielle, sans égard particulier pour les intérêts de la justice de droit
international privé. En s’appropriant ces catégories, les règles de conflit se sont dotées d’un
instrument imparfait que l’expérience qui l’avait forgé n’a pas ajusté à leurs besoins. Qu’il
surgisse en raison des incertitudes du droit interne ou qu’il résulte de l’implication de données
étrangères, le problème de qualification se résout normalement par référence au sens de la règle
de conflit.
39. 1es Incertitudes du droit interne. — S’individualisant par leur « noyau » (leur
compréhension) plus que par leurs limites (leur extension), les catégories tolèrent l’existence
d’institutions chevauchant leurs frontières respectives, mais il arrive aussi parfois que l’ordre
juridique exploite sa propre imprécision pour traiter certaines questions « en trompe l’œil » ;
ainsi, à côté des questions cavalières, il y a des questions faussées qui obligent le droit
international privé à choisir ses propres solutions.

16
40. Questions cavalières. — Au « confluent » (H. BATIFFOL, note sous Cass. req., 15 mars
1933, S. 1934. 1. 393) de plusieurs catégories du droit civil – capacité, contrat, succession,
effets personnels du mariage, régime matrimonial –, la donation entre époux propose un
exemple historiquement éprouvé (B. ANCEL, Les conflits de qualifications à l’épreuve de la
donation entre époux, Paris, 1977, Dalloz, 2e partie) de question cavalière (ou mixte, dans la
langue de l’ancien droit, ou ambiguë, dans celle de Bartin, op. cit.) ; la subsomption par toutes
ces catégories est concevable mais comme chacune d’elles est associée à un rattachement
différent et débouche donc sur une désignation distincte, force est de dépasser cette phase du
raisonnement qui ne débouche sur aucun choix, pour procéder à une qualification stricto sensu
qui, prenant en compte l’évolution de la signification de l’institution, conduira vers la règle de
conflit à la fois la plus propre à rendre compte des singularités de celle-ci et offrant le
rattachement le plus aisé à mettre en œuvre. C’est ce travail de qualification qui a permis de
détacher la donation entre époux de biens présents de la catégorie successorale, qui eut
longtemps la faveur de la jurisprudence (V. not. Cass. req., 8 mai 1894, Zammaretti, JDI 94.
562, et B. ANCEL, op. cit., nos 46 et s., nos 485 et s.), et de l’assigner à la règle de conflit
relative aux effets personnels du mariage offrant un rattachement plus pratique (pour la donation
de meubles présents, Cass. 1re civ., 15 févr. 1966, Campbell-Johnston, Rev. crit. DIP 1966.
273, note H. Batiffol, JDI 1967. 95, note B. Goldman, D. 1966. 370, note R Malaurie, Rec. gén.
lois 1966. 637, obs. Droz, Grands arrêts, op. cit., no 42 ; pour la donation d’immeubles : 12 juin
1979, dame Frost, Rev. crit. DIP 1980. 322, note G. Légier, JDI 1980. 644, note G. Wiederkehr,
D. 1979, IR 459, obs. B. Audit ; sans distinction, 3 avr. 1990, Klein, Rev. crit. DIP 1991. 104,
note B. A. ; pour la donation de biens à venir, V. Grands arrêts, op. cit., no 42, point
8). Rép. internat. Dalloz - 10 – 1998 (…) 41.
Questions faussées (…).
42. 2o Implication de données étrangères. — Il arrive assez banalement que l’affaire dont le
juge est saisi lui soit présentée en des termes qui la modèlent sur une institution étrangère
et il se peut alors que le droit français n’offre aucun correspondant à cette institution de
sorte que la matière à qualifier ne se loge directement dans aucune des catégories du droit
interne. Il faut distinguer sans doute ce cas, d’une part, de celui où la situation à traiter
comporte des éléments indiscutablement soumis à une loi étrangère qui leur confère des
caractéristiques inconnues du droit du for et, d’autre part, de celui où la situation est l’objet
dans le droit du for d’une solution prohibitive contraire à celle de la loi étrangère invoquée.
Le traitement de ces deux hypothèses suggère ce que peut être le caractère synthétique de
la catégorie.
43. Caractère synthétique de la catégorie. — La première éventualité est celle qu’affrontait le
tribunal de grande instance de la Seine dans un jugement (TGI Seine, 12 janv. 1966, Rev
crit. DIP 1967. 120, note Y. Loussouarn, JCP 1967. II. 15266, note J.-M. Bischoff) à propos
de la qualification, au regard du règlement de conflit successoral, des biens meubles par
nature affectés en Russie par oukases impériaux à l’ornement de palais et inclus dans le
majorât STROGANOFF, le tribunal recourut à la distinction des biens du code civil
établissant avec soin, mais apparemment sans difficulté, que les objets litigieux n’avaient
pas reçu du droit russe de leur situation les caractères qui eussent permis d’y voir des
immeubles par destination. La seconde éventualité a été rencontrée par le tribunal de
Strasbourg, puis la cour d’appel de
Colmar (T. civ. Strasbourg, 21 avr. 1948, Chary, et CA Colmar, 19 févr. 1949, Rev. crit. DIP
1950. 52, note H. Batiffol ; V. aussi TPI principauté de Monaco, 23 févr. 1995, Lehmann, ibid.
1996. 439, note B. Ancel) avec un Erbvertrag, contrat successoral du droit allemand. Cette
opération n’était certes pas reçue par le droit français, mais un tel mode de dévolution de la

17
succession ne pouvait être réputé inconnu de ce dernier ; au contraire il était parfaitement connu
puisque prohibé, et la contrariété des solutions n’empêchait pas de le subsumer par la catégorie
« succession » (en revanche, la position cavalière entre contrat et succession aurait pu susciter
l’hésitation). C’est que le concept du droit civil s’accommode aussi bien de la réponse positive
que de la réponse négative ou d’une réponse intermédiaire au problème envisagé ; au demeurant
cette capacité d’absorption ou de synthèse est révélée par les réformes législatives intervenant
dans le cadre interne qui le plus souvent se traduisent par des changements de solution n’altérant
pas le système des catégories du droit civil ; les difficultés marginales qui se rencontrent parfois
procèdent généralement de l’introduction dans la matière de considérations commandées par
des intérêts relevant précédemment d’autres catégories. En dehors de cette éventualité, le
caractère synthétique des catégories facilite la subsomption.
44. Unions polygamiques. — Mais les difficultés sont plus sérieuses, sinon insurmontables,
lorsque l’institution étrangère invoquée est insusceptible d’être rapportée, que ce soit
positivement ou négativement, à une institution française. Ainsi une analyse un peu
minutieuse de l’union polygamique dans ses différentes versions montre que celle-ci n’a de
commun avec le mariage du code civil et de la tradition chrétienne que de constituer un lien
institutionnalisé et socialisé entre personnes de sexe différent. Les positions respectives des
sujets, le contenu des devoirs et obligations, les fins de l’union, ses modes de dissolution,
matériellement tout oppose les deux institutions. Mais le droit international privé français a
accueilli l’union polygamique par une assimilation formelle au mariage chrétien grâce à une
réduction des deux modèles au plus petit dénominateur commun qui s’est accomplie, en
vérité dans le sillage du droit colonial, bien au-delà des possibilités offertes par le caractère
synthétique du concept du droit civil (CA Alger, 9 févr. 1910, Zermati Souissa, Rev. crit.
DIP 1913. 103 ; Hanoï, 24 mars
1949, Kan Chang Hoei, ibid. 1950. 399, note Ponsard) : la référence n’est pas à proprement
parler le mariage du code civil, mais bien un schéma désincarné, formel, quasi algébrique de
l’union des sexes qui ne trouve de valeur du point de vue du conflit de lois que, de manière
inductive, dans son rapport au rattachement personnel que pratique le droit international privé
français en matière de mariage (V. B. ANCEL, Le statut de la femme du polygame, in Le droit
de la famille à l’épreuve des migrations transnationales, colloque LERADP, 1993, LGDJ, p.
105, spéc. 113 et s. ; sur la même voie de la dématérialisation de la notion de mariage, plus
avant même dans l’allégement de sa compréhension, a pu être proposée l’application de la loi
personnelle à l’union libre, V. P.-Y. GAUTIER, L’union libre en droit international privé,
thèse, Paris-I, 1986 ; comp. BATIFFOL, Aspects philosophiques du droit international privé,
1956, Dalloz, p. 43 ; P. MAYER, op. cit., no 161). En revanche, le droit international privé
anglais est connu pour avoir aussi longtemps que possible demandé au concept de Christian
marriage d’assumer une fonction de sélection ou de tri et d’exclure l’union polygamique du
domaine du droit (Hyde c/ Hyde and Woodmansee, 1866 L. R., P. D. 130 ; A. V. DICEY et J.
H. C. MORRIS, The Conflict of Laws, vol. II, 1993, Sweet & Maxwell, p. 687 et s. ;
GRAVESON, The Conflicts of Laws, 1969, Sweet & Maxwell, p. 205 ; P. FRANCESCAKIS,
La théorie du renvoi et les conflits de systèmes en droit international privé, 1958, Sirey, no 17,
p. 21 ; H. MUIR-WATT, thèse préc., no 198 ; P. MAYER, op. cit., no 160 ; comp. G. A. L.
DROZ, article préc., p. 332, no 333, à propos de l’art. 3 de la Convention CIDIP sur les règles
générales de droit international privé).
45. Trust (…).
46. Dans la mesure où elle conserve sa signification à la désignation prévue par la règle de
conflit, pareille transgression ne peut qu’être encouragée dès lors qu’elle permet le
traitement de situations dont la conformation exotique n’autorise pas à préjuger la

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régularité. Mais il faut aussi relever que l’élargissement qui porte la catégorie au gabarit
international favorisera l’accueil par l’ordre juridique français de situations (par ex.
polygamiques) dont les effets risqueront pourtant, par une espèce de choc en retour, d’être
sensiblement altérés soit par le jeu de l’ordre public (comme dans l’aff. Baaziz, Cass. 1re
civ., 17 févr. 1982, Rev. crit. DIP 1983. 275, note Y. Lequette ; 6 juill. 1988, Rev. crit. DIP
1989. 71, note Y. Lequette), soit par application d’une loi propre à laquelle d’ailleurs il
faudra parfois faire subir une adaptation (par ex. pour le calcul de la contribution aux
charges du mariage ou pour la détermination des droits du conjoint survivant, Cass. 1re civ.,
3 janv. 1980, Bendeddouche, Rev. crit. DIP 1980. 331, note H. Batiffol, JDI 1980. 327, note
M. Simon-Depitre, D. 1980. 549, 1reesp., note E. PoissonDrocourt, Grands arrêts, op. cit.,
no 61 ; 22 avr. 1986, Riahi, Rev. crit. DIP 1987. 374, note P. Courbe ; V. Y. LEQUETTE,
Ensembles législatifs et droit international privé, Travaux comité fr. DIP, 1983-1984, p.
174), lorsqu’ils ne seront pas tout simplement refusés pour défaut d’équivalence avec
l’hypothèse que la loi applicable pose en condition de leur obtention (V. B. ANCEL, Le
statut de la femme…, article préc., p. 113 et s. ; V. aussi, par ex., CA Paris, 26 juin 1981,
Eckensberger, Rev. crit. DIP 1982. 537, note B. Ancel ; Cass. 1re civ., 15 févr. 1983, Rev.
crit. DIP 1983. 645, 2e esp., note B. Ancel). L’éventualité de ces difficultés indique assez
que le choix de l’élargissement de la catégorie a son coût et que les incompatibilités qu’il
dépasse au départ de la démarche conflictuelle, au stade de la qualification, ne se dissolvent
pas d’elles-mêmes mais, au contraire, se retrouvent à l’arrivée, au stade de la mise en œuvre
du droit matériel désigné. L’avantage propre de l’internationalisation et de la transgression
qu’elle demande est que le rejet de l’institution exotique ne s’accomplit plus en bloc, in
abstracto et a priori – comme si la situation à traiter n’existait pas, ce qui est contraire aux
faits –, mais s’effectue au détail, à l’encontre des seuls éléments que le droit international
privé du for ne parvient pas in concreto à assimiler. Déplacer les problèmes ne les résout
pas toujours, mais peut parfois en atténuer la gravité. De la sorte, la règle de conflit assure
sinon le complet épanouissement, du moins l’insertion au sein de l’ordre juridique du for
de l’institution étrangère inconnue

SEANCE III.
Thème : L’application de la loi étrangère
Sous-thème : Le statut de la loi étrangère
Exercice 1. Note écrite
Sujet. L’éviction de la loi étrangère
Exercice 2 : Commentaire d’article
Sujet. Commentez l’article 850 du Code de la famille
Article 850 Preuve de la loi étrangère et défaillance de celle-ci
Le contenu de la loi étrangère est établi devant les juridictions sénégalaises, par tous moyens,
par le plaideur qui s’en prévaut et, au besoin, à la diligence du juge.
Ce dernier peut faire état de sa connaissance personnelle d’une loi étrangère considérée comme
un fait général accessible à tous.
Les juges du fond vérifient le sens et la portée des lois étrangères.

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En cas de défaillance de la loi étrangère parce qu’elle ne peut être prouvée, ou que les parties y
renoncent, la loi sénégalaise reçoit application.

Document : André PONSARD, L'office du juge et l'application du droit étranger, RCDIP


1990, p. 607 (Extraits).

A. - L'office du juge et la désignation du droit applicable


Il faut limiter la question : de tout temps, il a été admis que le juge devait faire application de la
règle désignant la loi applicable lorsqu'il en était requis par les parties, et cela que cette règle
désignât comme applicable la loi française ou une loi étrangère. En ce sens, la règle de conflit
- ou toute autre règle désignant une loi interne déterminée comme applicable - n'avait aucun
caractère facultatif.
La question se posait, au contraire, de l'office du juge lorsqu'aucune des parties n'invoquait une
règle de conflit ou toute autre règle désignant comme applicable à un rapport juridique un droit
étranger interne déterminé : le juge devait-il ou pouvait-il faire cependant application, d'office,
de cette règle ? La question était importante tant sur le plan théorique que sur le plan pratique.
Sur le plan théorique, il s'agissait de savoir si la règle de conflit (ou une autre règle de
désignation du droit applicable) devait être traitée ou non comme toute autre règle de droit,
applicable d'office par le juge, ou si elle relevait d'un statut particulier. Sur le plan pratique, la
tâche du juge pouvait se trouver considérablement compliquée ou simplifiée selon qu'il devait
ou non faire application d'office de la règle de conflit ; et, dans l'affirmative, sa décision pouvait
être facilement exposée aux risques d'un pourvoi en cassation. Dans trois arrêts à peu près
trentenaires, la Cour de cassation avait décidé, d'une part, « que les règles françaises du conflit
de lois, en tant du moins qu'elles prescrivent l'application d'une loi étrangère, n'ont pas un
caractère d'ordre public, en ce sens qu'il appartient aux parties d'en réclamer l'application, et
qu'on ne peut pas reprocher aux juges du fond de ne pas appliquer d'office la loi étrangère et de
faire, en ce cas, appel à la loi interne française, laquelle a vocation à régir tous les rapports du
droit privé » ; mais aussi, d'autre part, qu'il est « loisible » à la cour d'appel de procéder elle-
même à la recherche de la loi applicable, non invoquée devant elle et de préciser les dispositions
du droit étranger compétent. Cette jurisprudence avait été presque unanimement critiquée,
puisqu'elle paraissait retirer à la règle de conflit le caractère habituel aujourd'hui reconnu à la
règle de droit par l'article 12, alinéa 1er, du nouveau code de procédure civile, qui est d'être
applicable d'office par le juge. Tout au plus un auteur l'avait-il défendue en remarquant que cela
pouvait éviter de faire application, dans certaines espèces, de règles de conflit regrettables,
comme celle édictée, depuis 1972, en matière de filiation, par le nouvel article 311-14 du code
civil. Mais cette justification n'était guère convaincante, dans la mesure où il n'appartient pas
au juge d'écarter une règle de droit au motif qu'elle ne lui paraît pas satisfaisante. Les critiques
adressées aux arrêts précités ont peut-être conduit la Cour de cassation à éviter pendant un temps
d'en réaffirmer les principes. Mais il faut bien reconnaître qu'à une date récente elle a bien paru
faire à nouveau application de ceux-ci.
Telle que résultant des arrêts précités, la jurisprudence de la Cour de cassation, si elle créait une
grande incertitude dans l'application du droit, était assez confortable pour le juge du fond
puisque, lorsqu'il n'en était pas saisi par les parties, il lui était « loisible » de faire ou non état
de la règle de conflit.
C'est à cette situation qu'ont mis fin les arrêts les plus récents de la Cour de cassation, depuis
celui du 25 novembre 1986, rendu si peu de temps après l'arrêt Djenangi jusqu'à ceux des 11 et
18 octobre 1988. On ne s'interrogera pas longuement ici sur ce qui a pu motiver ce revirement.

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Tout au plus peut-on supposer qu'il s'inspire à la fois d'un motif de droit et d'une raison pratique.
D'un motif de droit, c'est-àdire d'une meilleure conscience de la nature de la règle désignant le
droit applicable, règle de droit, et non simple élément de fait dont l'application serait laissée à
la discrétion des parties : il est remarquable que la plupart des arrêts qui consacrent cette
nouvelle jurisprudence visent l'article 12, alinéa 1er, du nouveau code de procédure civile et
rappellent, en en renforçant même l'expression, qu'en vertu de ce texte le juge doit trancher le
litige conformément aux règles de droit qui lui sont applicables.
Mais une raison pratique n'a sans doute pas été étrangère au revirement : pendant un temps on
a pu penser que beaucoup de juges étaient peu familiarisés avec les règles du droit international
privé et que l'on ne pouvait leur faire grief de n'en avoir pas fait application d'office ; aujourd'hui
la connaissance de ces règles est peut-être plus répandue, et l'obligation de les appliquer d'office
pourra conduire le juge à en rechercher le contenu, de sorte que cette obligation ne conduira pas
à de trop fréquentes cassations. Il résulte, en effet, très nettement de ces arrêts que le juge
français doit rechercher, « d'office » - ou, disent d'autres arrêts, « au besoin d'office », - à quelle
solution aurait conduit l'application de la loi désignée pair la règle de droit international privé.
C'est bien signifier que cette règle de droit international privé doit être appliquée d'office par le
juge. Le nouveau principe a un domaine très général, quelles que soient la source de cette règle
et la méthode selon laquelle elle est formulée ; il supporte cependant exception, en certaines
matières, en vertu de la volonté des parties.

SEANCE IV
Thème : Le contrat international
Sous-thème : La loi d’autonomie
Exercice : Commentez l’article 3 de la convention de Rome du 19 juin 1980
Article 3 : Liberté de choix
1. Le contrat est régi par la loi choisie par les parties. Ce choix doit être exprès ou résulter de
façon certaine des dispositions du contrat ou des circonstances de la cause. Par ce choix, les
parties peuvent désigner la loi applicable à la totalité ou à une partie seulement de leur contrat.
2. Les parties peuvent convenir, à tout moment, de faire régir le contrat par une loi autre que
celle qui le régissait auparavant soit en vertu d'un choix antérieur selon le présent article, soit
en vertu d'autres dispositions de la présente convention. Toute modification quant à la
détermination de la loi applicable, intervenue postérieurement à la conclusion du contrat,
n'affecte pas la validité formelle du contrat au sens de l'article 9 et ne porte pas atteinte aux
droits des tiers.
3. Le choix par les parties d'une loi étrangère, assorti ou non de celui d'un tribunal étranger, ne
peut, lorsque tous les autres éléments de la situation sont localisés au moment de ce choix
dans un seul pays, porter atteinte aux dispositions auxquelles la loi de ce pays ne permet pas
de déroger par contrat, ci-après dénommées «dispositions impératives».
4. L'existence et la validité du consentement des parties quant au choix de la loi applicable
sont régies par les dispositions établies aux articles 8, 9 et 11.

SEANCE V
Thème : Conflits de juridictions
Sous-thème : La compétence internationale
Exercice 1. Note écrite
Sujet : Volonté des parties et compétence internationale

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Exercice 2. Commentaire d’article
Commentez l’article 853 Code de la famille
Article 853 Compétence internationale des tribunaux sénégalais
Les tribunaux sénégalais sont compétents pour connaître de toute action dans laquelle le
demandeur ou le défendeur a la nationalité sénégalaise au jour de l’introduction de l’instance.
Il est fait exception à cette règle lorsque le jugement rendu s’exécutera nécessairement à
l’étranger ou lorsque les parties renoncent au privilège de juridiction que leur accorde la loi.
Le tribunal territorialement compétent est déterminé par les règles sénégalaises de compétence
territoriale.
Les tribunaux sénégalais sont également compétents dans les litiges entre étrangers lorsque le
défendeur est domicilié au Sénégal ou lorsque l’élément de rattachement auquel se réfèrent les
articles 34 à 36 du Code de Procédure Civile pour donner compétence à un tribunal déterminé
se trouve situé au Sénégal. Le tout sous réserve des règles relatives aux immunités des agents
diplomatiques, des souverains et états étrangers et des traités concernant la compétence
judiciaire.

SEANCE VI
Thème : Conflits de juridictions
Sous-thème : Les immunités diplomatiques
Exercice : Commentez l’arrêt de la Chambre sociale N° 06 du 22 décembre 2004

LA COUR
Oui Madame Awa SOW CABA, Président de chambre, en son rapport,
Oui Madame Aminata MBAYE, Avocat général, représentant le Ministère public, en ses
conclusions ;
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Attendu que suite à un différend relatif à une demande de reclassement catégoriel adressée à
leur employeur la BCEAO Agence Nationale, Ae B et 27 autres ont attrait cette dernière devant
le Tribunal du Travail de Dakar qui, par jugement en date du 19 juillet 1999, après rejet de
l'exception de l'immunité de juridiction opposée par la Banque Centrale fit droit à leurs
demandes, jugement infirmé par l'arrêt attaqué par lequel la Cour d'Appel de Dakar a déclaré
que la BCEAO jouit de l'immunité de juridiction et par voie de conséquence jugé irrecevable
l'action des demandeurs dirigée contre elle, à travers son agence nationale ;
Sur le moyen unique du pourvoi tiré du manque de base légale en ce que la Cour d'Appel a
déclaré irrecevable l'action des requérants au motif que la BCEAO jouit de l 'immunité de
juridiction alors que le contrat liant les parties contient une clause qui donne compétence au
Tribunal du Travail de Dakar en cas de différend et que dans le cadre du litige un protocole
d'accord a été signé le 4 juillet 2000 aux termes duquel les parties conviennent de laisser la
justice suivre son cours ;
Attendu qu'il est constant que la BCEAO jouit d'une immunité de juridiction et d'exécution
consacrée par l'accord de siège signé entre elle et l'Etat du Sénégal le 21 mars 1997 ;
Mais attendu qu'il est prévu à l'article 6 dudit accord que la BCEAO peut renoncer à ladite
immunité ;

Qu'il résulte des pièces du dossier que la BCEAO a prévu dans un document intitulé « Principes
de gestions des Agents de Recrutement Local » que ceux-ci sont recrutés sur la base d'un contrat
de travail soumis au droit du lieu de travail, et qu'en l'espèce les requérants ont signé de tels
contrats ;

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Que dès lors, en se bornant à énoncer que la renonciation de la BCEAO à son immunité ne
saurait résulter des seuls documents produits par les intimés, sans analyser en quoi lesdits
documents qui expriment une volonté d'attribution de compétence expresse au profit des
juridictions sénégalaises ne pouvaient traduire cette renonciation, les juges d'appel n'ont pas
donné de base légale à leur décision ;
PAR CES MOTIFS
Casse et annule l'arrêt n° 160 rendu le 3 avril 2002 par la première chambre sociale de la Cour
d'Appel de Dakar ;
Renvoie la cause et les parties devant la Cour d'Appel de Kaolack pour y être statué à nouveau
;

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