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La preuve des droits est un élément fondamental du système juridique. Faire la preuve de ses droits, c'est établir la véracité
d'une situation, pour emporter la conviction des juges en cas de procès. Par ailleurs, l’expression « la preuve des droits »
désigne aussi l’ensemble du droit de la preuve, le système probatoire admis par le droit objectif.
Celui qui veut faire établir un fait ou un droit doit apporter aux débats les éléments qui vont permettre au juge d’apprécier la
situation. On dit que ce plaideur a la charge de la preuve. Celui qui réclame l’exécution d'une obligation doit la prouver.
Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a, produit l’extinction de son obligation.
Exemples :
Toutes les parties participent à la recherche des preuves nécessaires à la solution du litige. Le juge a lui-même un rôle actif
dans la procédure.
Il arrive fréquemment qu'un fait que l'on désire prouver ne soit pas matériellement prouvable, ou ne le soit plus. Exemple :
Un document a été perdu.
Dans ce cas, le Code civil a prévu l’utilisation des présomptions légales, c'est-à-dire d’un raisonnement selon lequel une partie
est dispensée de rapporter la preuve d’un fait considéré comme certain. Ces présomptions légales permettent de faire porter
la charge de la preuve sur l’autre partie.
Exemples :
Les arbres, bâtiments qui sont plantés ou érigés sur un terrain appartiennent au propriétaire du fonds, même si c’est
un tiers qui les a installés.
Les enfants nés pendant un mariage sont présumés être ceux du mari de la mère.
Les présomptions légales ont des forces différentes qui sont fixées par la loi :
En cas de présomption simple, les parties peuvent apporter la preuve contraire. Par exemple, le mari de la mère
dont l’enfant est né pendant le mariage est présumé être le père de l’enfant. Mais il peut demander à prouver qu’il
n’est pas le géniteur de cet enfant. Dans ce cas, tout mode de preuve sera admis.
En cas de présomption irréfragable, il n’est pas permis d’apporter la preuve contraire de ce qui est présumé. Par
exemple, un contrat de travail conclu sans écrit est présumé être à durée indéterminée.
Il est important que le plaideur sache exactement ce qu'il doit prouver pour être entendu du juge.
Les parties n’ont à prouver que des faits, donc des circonstances particulières, et non pas le droit.
Le plaideur n’a pas à prouver la règle de droit, c’est-à-dire le droit objectif. Ceci est exprimé par l'adage suivant : Jura novit
curia (la cour connaît le droit). Si les parties n'ont pas à rapporter la preuve de l'existence de la règle de droit, c’est que le
juge la connaît mieux que quiconque.
Exemple : Pour faire reconnaître la responsabilité des parents d’un enfant qui a brisé un carreau, il faudra établir la
matérialité des faits (le jeu et l’accident), par témoignage par exemple. Inutile de faire la preuve que, dans ce cas de
responsabilité du fait d’autrui, la loi fait peser l’obligation de réparer sur les parents.
Il arrive qu’une partie doive prouver l’existence d’une norme en vigueur. Les parties peuvent avoir par exemple à rapporter la
preuve d’une loi étrangère. Or, on ne peut demander aux juges français de connaître tous les systèmes juridiques étrangers.
Dans les conflits mettant en jeu des droits étrangers, la loi étrangère doit être établie par celui qui s’en prévaut. Ce sont des
situations gérées par le droit international privé.
Exemples :
Dans le cas d'une succession ouverte selon une loi étrangère, alors que les parties vivent en France, le juge devra
déterminer quelle est la loi applicable.
Un argentin et une canadienne se marient en France, leur enfant naît en Italie. Quelle est la nationalité de l'enfant ?
Le fait juridique est un agissement ou un événement auxquels la loi attache des effets de droit. Il peut être volontaire ou non,
ses conséquences juridiques n’étant pas précisément recherchées. Le droit en distingue deux types.
A. L’acte authentique
L’acte authentique est un document rédigé dans des formes prescrites par la loi et authentifié par un officier public (notaire,
greffier, huissier de Justice ou officier d’état civil) compétent matériellement (dans la matière juridique traitée) et
territorialement, en présence des parties dont il transcrit la volonté afin que leur volonté soit parfaitement mise en forme et
produise les effets de droit attendus. Il peut être établi sur support électronique.
C. L’aveu
Avouer, c’est reconnaître comme vrai un fait de nature à produire contre une personne des conséquences juridiques. Ce
mode de preuve étant fragile, les magistrats le reçoivent avec prudence et réserve. Dans certains cas prévus par la loi, il n’est
pas recevable.
Exemple : L’aveu de l’existence d’une dette d'un époux envers l’autre n’est pas recevable. Seul est admis comme preuve
parfaite l’aveu judiciaire, c'est-à-dire fait par une partie (ou son mandataire) en justice, en principe pendant le déroulement
du procès.
D. Le serment décisoire
Le serment décisoire est un moyen de preuve auquel les parties peuvent avoir recours en dernier lieu et qui est très peu
utilisé aujourd’hui. C’est l’affirmation solennelle par une partie d’un fait qui lui est favorable dans l'instance engagée, après
que la partie adverse, ne disposant d’aucune preuve de ses prétentions, lui a demandé de prêter serment.
Exemple : Celui qui se présente comme créancier d'une somme d’argent mais qui n’a aucune preuve et qui demande à son
adversaire de jurer qu’il ne lui doit rien. Le défendeur a le choix entre plusieurs attitudes : s’il jure qu'il ne doit rien, il a gagné
son procès ; s'il refuse de jurer, il a perdu son procès ; il peut aussi « référer » (renvoyer) le serment au demandeur, lequel, à
son tour, peut soit refuser de prêter serment, auquel cas il perd son procès, soit jurer que le défendeur lui doit de l'argent et
il gagne le procès. La valeur de ce serment est très importante puisque le tribunal est tenu par le résultat de cette joute.
Toutefois le juge ne peut jamais l’ordonner de lui-même : c'est aux parties de décider d’y recourir.
A. Le témoignage
Le témoignage est la déclaration d‘une personne sur des faits dont elle a eu connaissance personnellement. La valeur
probante du témoignage est laissée à l’appréciation du juge, qui peut être convaincu ou non.