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SYNTHESE DROIT PENAL GENERAL

ELEMENT LEGAL DE L’INFRACTION


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I- PRINCIPE DE LEGALITE DES DELITS ET DES PEINES

A- Signification du principe : L’incrimination et la peine doivent être prévues par un texte.


Autrement dit, toute poursuite doit se fonder sur un texte porté à la connaissance des
individus.

Clé de voute du droit pénal exprimée sous forme d’adage « nullum crimen nulla poena
sine lege », retranscrit par l’article 04 du code pénal Sénégalais.

B-Conséquences du principe

 Conséquence chez le législateur : Le législateur est tenu de mettre en place un texte


de loi. Cette loi est considérée comme la source principale du droit pénal et doit
respecter deux conditions à savoir une clarté et une précision sous peine d’être
censurée par le juge. Cette loi étant l’expression de la volonté générale, détermine les
crimes et délits ainsi que les peines qui leurs sont applicables.

Toutefois cette conséquence est altérée grâce à la consécration du règlement comme


source subsidiaire du droit pénal à cause de la lourdeur du processus législatif. Ce règlement
détermine les contraventions et peut être automne ou résiduel.

 Conséquences chez le juge : Il s’agit de l’interprétation stricte de la loi pénale c’est à


dire que le juge doit se limiter au texte. Il lui est interdit d’interpréter par analogie
c’est à dire d’appliquer un même texte pour des faits voisins. Toutefois le juge peut
tirer les conséquences que législateur a voulu attacher à un texte. Il dispose également
d’une certaine latitude pour recourir à la correctionnalisation ou à des peines
accessoires infligées en fonction de la personnalité du délinquant (cas des célébrités)

Toutefois, l’interprétation stricte souffre d’exception à savoir la pénalité par référence qui
permet au juge d’appliquer des sanctions prévues pour une autre infraction.

II- APPLICATION DE LA LOI PENALE

Deux types de lois pénales :

Loi pénale de fond : loi qui détermine l’incrimination, les sanctions ainsi que les conditions
d’engagements de la responsabilité.

Loi pénale de forme : loi relative à l’organisation judiciaire, à la compétence, à la procédure,


à la prescription de l’action publique et des peines.

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A- Application loi pénale dans le temps


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L’application dépend de la nature de la loi pénale. Pour la loi pénale de fond, deux
principes d’égale valeur constitutionnel sont en jeu.

1- Principe : Non rétroactivité c’est à dire que la loi est faite pour l’avenir. Autrement dit la
loi nouvelle ne s’applique qu’aux faits commis postérieurement à son entrée en vigueur. Cette
règle s’applique aux lois pénales nouvelles de fonds plus sévères. La loi nouvelle est plus
sévère lorsqu’elle crée une nouvelle infraction ou élargissent le domaine d’application de
l’infraction, crée ou augmente les peines, ou supprime une cause d’irresponsabilité.

2- Principe : Rétroactivité in mitus c’est à dire que la loi s’applique de façon aux faits
commis antérieurement à son entrée en vigueur et non définitivement jugés. Cette loi nouvelle
doit être plus douce. Sont plus douces les lois qui suppriment une nouvelle infraction,
suppriment ou diminuent une peine, ou suppriment une nouvelle cause de responsabilité.

Toutefois, la loi nouvelle peut comporter des dispositions douces et sévères. Dans ce cas,
lorsque les dispositions douces et sévères sont divisibles, il est fait application de la
distributive c’est-à-dire qu’on applique au délinquant ce qui lui bénéficie le plus. Lorsque les
dispositions s’avèrent indivisibles, la loi sera appliquée dans son ensemble.

Pour la loi pénale de forme, un principe se dégage et une exception.

1- Principe : Application immédiate qui veut la loi pénale de forme s’applique


immédiatement aux faits antérieurs et en cours
2- Exception : L’application immédiate fait défaut s’il s’agit d’une loi de prescription
lorsque le délai commence à courir ou que la prescription est déjà acquise

B- Application de la loi pénale dans l’espace

L’application répond à un principe qui souffre d’exception. Néanmoins, des


extensions ont été prévues.

1-Principe : Territorialité c’est-à-dire que le juge national est compétent lorsque l’infraction
a été commise sur son territoire quelque soit la nationalité de l’auteur ou de la victime.

2-Exception : Immunité diplomatique depuis la convention de Vienne

3-Extensions :

-Compétence universelle ou universalité du droit de punir c’est à dire que le juge national
est compétent pour connaitre d’une infraction d’ordre internationale dè lors que l’auteur
réside sur le territoire ou qu’il y soit arrêté, ou que la victime soit de cette nationalité.

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-Compétence personnelle qui consacre la compétence du juge national pour les infractions
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commises à l’étranger par un citoyen de la République (compétence active) ou sur un citoyen
de la République (compétence passive) .

-Compétence réelle qui permet au juge national d’être compétent pour connaitre d’une
infraction commise à l’étranger et qui porte atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Etat

ELEMENT MATERIEL DE L’INFRACTION

L’infraction se matérialise par une action ou une omission.

Action- Il s’agit d’un acte positif fait soit par une seule personne, soit par plusieurs
personnes (coaction). L’action peut émaner d’un seul acte (Infraction simple : vol)
ou d’une pluralité d’acte de nature identique (Infraction d’habitude : exercice
illégale de la médecine) ou encore de nature différente (infraction complexe :
escroquerie). Enfin l’acte peut se commettre en un trait de temps (infraction
instantanée : viol) ou de manière successive (infraction continue : séquestration)

Omission- il s’agit d’une abstinence sanctionnée par la loi. Exemple non-assistance de


personne en danger

Après sa commission de l’infraction, le résultat escompté peut ne pas être atteint à la suite de
la tentative.

I-Conditions de la tentative

Commencement d’exécution : Il s’agit de tout acte devant avoir pour conséquence


immédiate et directe de consommer le crime lui-même. Deux thèses développées : thèse
objective qui veut que le commencement d’exécution constitue le délit en lui même soit
comme élément constitutif de l’infraction, soit comme circonstance aggravante ; thèse
subjective qui veut que le commencement d’exécution soit constitué à partir de la seule
intention de commettre le crime.

Désistement Involontaire : le résultat escompté n’a pu être obtenu à cause de circonstances


indépendantes de la volonté de l’auteur. Le désistement peut être volontaire mais il doit être
exprimé antérieurement à la consommation de l’infraction. Le repentir n’exclut pas la
responsabilité.

II-Répression de la tentative

Assimilation de la tentative à l’infraction consommée : l’auteur d’une tentative est puni


comme l’auteur de l’infraction consommée.

Le domaine de répression de la tentative : la tentative est punie obligatoirement en matière


criminelle, et lorsqu’elle est prévue par la loi en matière délictuelle.

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Entre également dans le cadre de la tentative avec un caractère infructueux :


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L’infraction impossible caractérisée non seulement par une inexistence d’objet c’est-à-dire
ce sur quoi porte l’infraction n’existe pas (exemple mettre sa main dans une poche vide, tiré
dans une chambre vide), mais aussi par une Inefficacité de moyens c’est-à-dire que les
moyens utilisés sont erronés ou inutiles (tiré avec une arme non chargée). Pour sa sanction, il
y a l’assimilation de l’infraction impossible à la tentative par la jurisprudence.

L’infraction manquée caractérisée par l’accomplissement de la totalité des actes et par la


maladresse de l’auteur, le résultat escompté n’a pu être atteint. Cette infraction est
assimilée à la tentative car l’auteur pourrait atteindre le résultat voulu :

Trois cas particuliers se rencontrés. Il s’agit :

D’abord de l’hypothèse ou la caractérisation de l’infraction soit assujettie à l’obtention du


résultat qui devient un élément constitutif, le cas de l’infraction formelle.

Ensuite, l’hypothèse dans laquelle l’infraction reste sanctionner en l’absence de tout résultat,
le cas de l’infraction matérielle(empoissonnement).

Enfin, le cas ou seul un comportement dangereux est sanctionné en l’absence de tout


conséquence dommageable, le cas de l’infraction obstacle (exemple conduite en état
d’ivresse)

PROTAGONISTES DE L’INFRACTION

Il s’agit de l’auteur et du complice.

I- Auteur- il s’agit de la personne physique ou morale qui commet ou qui tente de


commettre l’infraction.
II- Complice-( article 45 et 46 du code pénal sénégalais)

 Conditions de la complicité :
 Un fait principal punissable : Cela signifie que l’acte de complicité n’a pas de
caractère criminel en soi. Il ne tire son caractère criminel qu’à partir de l’infraction
principale à laquelle il se rattache. On parle ici d’emprunt de criminalité.
L’infraction principale doit être punissable pour que l’acte de complicité puisse être
réprimé. Donc on peut parler de complicité de suicide étant donné que le suicide n’est
pas une infraction.
 Un acte matériel : renvoi aux modalités de complicité.

Il y a d’une part un acte de collaboration qui passe par une aide ou assistance pour
faciliter à la préparation et à la consommation de l’infraction. Exemple la fourniture de
moyens comme une arme ou l’immobilisation de la victime en cas de viol. Cette aide ou
assistance doit être antérieure à l’infraction, exemple fournir une arme. Elle peut être soit

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concomitante, soit postérieure à l’infraction. Dans ce dernier cas, il faut qu’il ait une
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entente préalable avec l’auteur.

D’autre part, un acte d’instigation qui passe soit par la provocation, soit par des
instructions. La provocation renvoie à une incitation, mais cette provocation doit être
directe, personnelle et produire des effets. Les instructions renvoient à la fourniture de
renseignements, mais ceux-ci doivent être utiles et efficaces.

 Un élément Intentionnel : la personne doit savoir que l’acte auquel il s’associe est
incriminé et ait malgré tout la volonté de le faire.

 Répression de la complicité :

 Assimilation du complice à l’auteur signifie que le complice encourt les mêmes


peines que l’auteur (art 45 code pénal). On parle ainsi d’Emprunt de Pénalité. Cette
complicité est sanctionnée en cas de crime et de délit. Toutefois ce principe ne
s’applique pas lorsque l’auteur bénéficie de circonstances personnelles telles que la
démence ou qu’il ait un rapport avec la victime.
 Domaine d’application de la complicité : obligatoirement réprimée en matière
criminelle et lorsque la loi le prévoit, en matière délictuelle.

CAUSES DE NON IMPUTABILITE

Il y a la démence et la contrainte à travers l’article 50 du code pénal. La minorité pénale et


l’erreur sont également prise en compte.

 La Démence :

La démence n’est définie par le droit sénégalais mais on l’assimile à la folie. Toutefois le droit
français le conçoit comme un trouble psychique ou neuropsychique abolissant ou altérant le
discernement ou le contrôle des actes. Elle abolit de discernement ou le contrôle des actes.

Pour sa recevabilité, elle doit être prouver et pour cela le juge a recourt par une analyse
psychiatrique. Ensuite il faut que la démence soit concomitante à l’action.

 La Contrainte

Elle abolit la volonté. Elle peut être physique interne comme la maladie, physique externe
hypothèse de l’orage. Elle peut aussi être morale, mais seule la contrainte morale externe
est cause de non imputabilité, exemple menaces de mort. Cette contrainte doit être
irrésistible et imprévisibilité.

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 Erreur : L’erreur est une circonstance qui abolit ou altère la connaissance du


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caractère délictueux d’un acte. Il s’agit ignorance de l’existence de la règle de droit, ou
procéder à une interprétation erronée de celle ci

L’erreur de fait qui peut porter sur la personne. Exemple : tuer une personne croyant en
atteindre une autre. Ou sur un élément constitutif de l’infraction. Exemple : un individu
épouse une femme qu’il croit veuve.

L’erreur de droit qui peut porter sur l’existence de la disposition légale. Exemple : ignorer
un arrêté préfectoral, ou sur l’interprétation de la disposition légale.Exemple : ne pas
penser que le texte de loi prohibe tel fait. L’erreur de droit doit etre invincible.

 Minorité pénale : le mineur de moins de 13ans répond à une irresponsabilité pénale


irréfragable. La responsabilité pénale peut être retrouvée chez le mineur de plus de
13ans. Au tel cas, il bénéficie de l’excuse de minorité.

LES FAITS JUSTIFICATIFS

I- Légitime défense :

Il s’agit d’une action admise pour faire cesser une agression contre une personne ou une
atteinte aux biens. La légitime défense est le droit de se défendre ou de défendre autrui contre
une agression injuste de même que le droit de défendre un bien pour interrompre l’exécution
de l’agression exercée à son encontre.

Il y a des conditions relatives à l’acte d’agression : il faut que l’acte d’agression soit dirigé
contre la personne qui se défend, contre toute autre personne, et menaçant, non seulement la
vie, l’intégrité corporelle, mais aussi la liberté physique, l’inviolabilité du domicile, le vol sur
la personne ; soit actuel, le danger doit être imminent, c’est-à-dire sur le point de se réaliser ;
soit injuste, l’acte d’agression ne doit pas résulter de l’accomplissement d’un devoir ou de
l’exercice d’un droit.

On note aussi, des conditions relatives à la défense : l’acte de défense soit nécessaire, il
faut que la personne attaquée n’ait aucun autre moyen de se soustraire au danger ; Simultané,
il faut que la réaction de défense soit immédiate par rapport à l’attaque ; proportionné

Preuve de la légitime défense :

Il y a présomption de légitime défense lorsque la personne agit pour repousser de nuit,


l’entrée par effraction dans un lieu habité, ou pour se défendre contre les auteurs de pillages et
vols exécutés avec violence. Toutefois la présomption est simple donc elle tombe devant une
preuve contraire.

II- L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime

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Le commandement de l’autorité légitime : C’est ce que commande un supérieur


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hiérarchique régulièrement investi d’une partie de la puissance publique. L’ordre émane non
pas d’un texte, mais d’une autorité publique. 2 conditions : L’autorité doit avoir pouvoir
légitime et l’ordre ne doit pas être manifestement illégal. Mais il ne peut s’agir d’une autorité
privée, telle que celle du père vis-à-vis de son épouse, du patron vis-à-vis de son employé.

L’ordre de la loi : la loi soit oblige, soit permet à une personne de commettre un acte
incriminé autrement dit c’est non seulement ce que la loi ordonne formellement Mais aussi ce
que la loi autorise ou permet.

III- Etat de nécessité

L’état de nécessité est l’état d’une personne qui, face à un danger actuel et imminent qui
menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la
personne ou du bien, sauf s’il y’a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la
menace.

L’acte accompli doit avoir pour but soit la sauvegarde d’un intérêt personnel en sacrifiant
un bien appartenant à autrui ; Soit la sauvegarde de l’intérêt d’autrui en sacrifiant un bien
appartenant à une autre personne

L’état de nécessité doit satisfaire à 3 conditions : Nécessité, c’est-à-dire que le péril soit
imminent et qu’il n’y ait aucun autre moyen d’éviter le dommage menaçant ;
Proportionnalité entre la gravité de l’acte et la gravité du mal évité ; Absence de faute à
l’origine de la nécessité, cette condition est controversée par certains auteurs.

IV- Le consentement de la victime

Principe : Le consentement de la victime à l’infraction qu’elle subit est sans influence sur la
faute de l’auteur qui reste punissable. Aucune disposition de la loi ne reconnaît le
consentement de la victime comme fait justificatif

- Cas particuliers ou le consentement de la victime fait disparaitre l’infraction :

Infraction contre la propriété (Il n’y a pas vol quand le propriétaire consent à se laisser
dessaisir) ; Infraction contre la liberté (Il ne saurait y avoir séquestration arbitraire pour un
particulier, quand le prétendu séquestré était consentant.) ; Infraction contre les mœurs (il
n’y a pas attentat à la pudeur si la prétendue victime a consenti aux actes).

- Conditions pour que le consentement de la victime fasse disparaitre un des


éléments constitutifs de certaines infractions :

Etre antérieur ou tout au moins concomitant à l’infraction, le consentement postérieur est


sans effet sur l’infraction commise ; Être sincère et libre, il n’y a pas consentement si celui-
ci a été obtenu par dol, fraude, menaces ou violences ; Émaner d’une personne raisonnable,
il n’y a pas consentement si la personne qui l’a donné n’était pas capable d’en comprendre la
portée.

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La synthèse ci-dessus constitue un résumé de quelques points clés du programme de droit


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pénal général. Cette synthèse ne pourra servir qu’après assimilation du cours magistral.

Bon Courage

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