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UNIVERSITE METHODISTE DE COTE D’IVOIRE (UMECI)

PROPOSITION DE CORRIGE DES TRAVAUX DIRIGES DE DROIT PENAL GENERAL

Année universitaire 2022-2023


(Licence 2 année droit général)

Par KAMIN CHARLEMAGNE, docteur en droit privé.


FICHE 1 : LE PRINCIPE DE LA LEGALITE CRIMINELLE
I /CONTROLE DE CONNAISSANCES :
Répondre aux questions suivantes
1- Que signifie le principe de la légalité criminelle ?

Le principe de la légalité criminelle inspiré de l’ouvrage de l’avocat italien Cesare


beccaria intitulé «Des délits et des peines» signifie que la loi en tant que norme
votée par le parlement doit être la seule source du droit pénal. Autrement dit seule
la loi doit ériger en infraction pénale un comportement anti social et seule cette loi
doit en prévoir la sanction. Cet avocat, par l’évocation d’un tel principe entendait
combattre l’arbitraire des juges qui, à son époque créaient et sanctionnaient les
infractions à la tête du client.
2- Quelles est la valeur du principe de la légalité criminelle ?

Ce principe a été repris dans le préambule de plusieurs lois fondamentales. Ce qui


en fait un principe constitutionnel et universel.

3- Le juge peut-il qualifier d’infraction tout fait contraire à la loi ?

Non, seulement lorsque ces faits réunissent les 3 éléments constitutifs de


l’infraction.
4- Peut-on aujourd’hui parler de déclin du principe de la légalité ?

5- Quels sont les corollaires du principe de la légalité ?

Les corollaires du principe de la légalité criminelle sont le principe de la non


rétroactivité de la loi pénale et le principe de l’interprétation stricte de la loi pénale. (A
développer)

6- Quelle est la force obligatoire du principe de la légalité criminelle ?


le principe de la légalité criminelle s’impose erga omnes , c’est-à-dire à l’égard
de tous. Aussi bien à l’égard du législateur lui-même qui ne peut créer des
normes rétroactives qu’à l’égard du juge qui ne peut sous prétexte
d’interprétation, créer des normes.
7- Le principe de la légalité criminelle s’impose-t-il également au plan
international ?

Oui bien sûr. Beaucoup de règles au plan international puisent leurs origines
dans les normes créées par les organisations internationales. Celles-ci observent
donc le principe de légalité qui veut que la norme, la règle de droit soit pré
établie et crée par l’organisation habilitée à la créer.

8- Le principe de la légalité s’applique-t-il au législateur ? ou s’impose-t-il


au pouvoir législatif ?

9- Le principe de la légalité vous semble-t-il compatible avec les


incriminations larges ?

10- Distinguez l’interprétation de la loi pénale de l’application de la loi


pénale.

II/COMMENTAIRE DE TEXTE : (À RENDRE).


Faire le commentaire conjoint des articles 14 et 16 du code pénal.
Article 14 : Le juge ne peut qualifier d’infraction et punir un fait qui n’est pas
légalement défini et puni comme tel.
Il ne peut prononcer d’autres peines et mesures de sûreté que celles établies par la loi
et prévues pour l’infraction qu’il constate.
Article 16 : La loi pénale est d’application restrictive.
L’application par analogie d’une disposition pénale à un fait qu’elle n’a pas prévu est
interdite.
PLAN :

I/ L’ABSENCE DE POUVOIR NORMATIF DU JUGE PÉNAL


OU
I/ LA SOUMISSION DU JUGE PÉNAL AU PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ
A / EN MATIÈRE D’INCRIMINATION
Ce n’est pas le juge qui crée les infractions mais la loi.
B/ EN MATIÈRE DE RÉPRESSION
Ce n’est pas le juge qui détermine les sanctions mais la loi
II/ LES IMPLICATIONS DU PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ
A / L’APLLICATION RESTRICTIVE DE LA LOI PÉNALE
B/ LA PROHIBITION DE L’APLLICATION PAR ANALOGIE DE LA LOI PÉNALE
III/CAS PRATIQUE :
FICHES 2 : L’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS LE TEMPS ET DANS
L’ESPACE.
I-CONTROLE DE CONNAISSANCES :
1- Que signifie le principe de la rétroactivité in mitius ? Quelles en sont les
conditions d’application ? Justifiez votre réponse.

Une loi pénale plus douce peut rétroagir, à condition que l’on se trouve en dehors de
toute condamnation définitive au sens de l’article 25 CP et que cette soit plus douce.

2- L’application immédiate d’une loi pénale nouvelle de forme est-elle


soumise à des conditions ? Pourquoi ?

Non, plutôt à des limites (absence de droit acquis et actes régulièrement


accomplis sous l’empire de l’ancienne loi).

3- Distinguez la loi pénale de fond de la loi pénale de forme.


Une loi qui détermine les infractions et les sanctions applicables. La loi pénale
de forme est une loi de procédure.

4- Qu’est-ce qu’une loi temporaire et quel est son régime ?

5- Que savez-vous de l’évaluation de la sévérité des lois ?

6- La non-rétroactivité in peor subit-elle des limites ?

7- Comment s’opère la localisation des infractions ?

Voir les articles 19 à 21 CP et 707 CPP : « Est réputée commise sur le territoire de la
République toute infraction dont un acte caractérisant un de ses éléments
constitutifs a été accompli en Côte d'Ivoire ».

8- Les juridictions ivoiriennes sont-elles compétentes pour connaître d’une


infraction commise sur un territoire étranger ? Justifiez votre réponse.

Déterminer la nationalité du délinquant, il convient de procéder par hypothèse.


Si le délinquant est un national ivoirien (article 703 du code de procédure pénale) et s’il
y a une réciprocité d’incrimination, alors les juridictions ivoiriennes seront
compétentes pour en connaitre.
Si le délinquant et la victime sont de nationalité étrangère, les juridictions ivoiriennes
sont incompétentes pour en connaitre.
Si la victime est un national ivoirien, et l’infraction est passible d’une peine
d’emprisonnement les juridictions ivoiriennes sont compétentes pour connaitre de
l’affaire (article 20 du code pénal).

9- Que signifie la règle de la double incrimination en matière d’extradition.

L’exigence de la double incrimination est l’une des règles générales appliquées


à l’extradition. Si l’on apprécie de manière extensive cette notion, on peut en
déduire qu’elle a une double portée : elle signifie tout d’abord que l’infraction
pour laquelle l’extradition est demandée doit exister aussi bien dans l’ordre
législatif de l’Etat requis de de l’Etat requérant. Elle signifie ensuite que cette
infraction doit avoir un certain degré de gravité pour pouvoir justifier
l’extradition.

10- L’ambassade de France en Côte d’Ivoire est une partie du territoire


Français. Vrai ou Faux ? Justifiez votre réponse.

FAUX. L’ambassade de France en Côte d’Ivoire ne constitue pas une


extraterritorialité. En effet, la convention de vienne sur les relations diplomatiques
qui codifie le droit des relations diplomatiques et spécialement tout ce qui a trait
aux immunités des missions et des agents diplomatiques ne mentionne
l’extraterritorialité en aucune de ses dispositions.

11- II-DISSERTATION
12- Sujet : Les conflits de loi dans le temps

13- III/CAS PRATIQUES : (À RENDRE).

14- Cas 1:
15- Dans le cadre de la lutte contre le vol de récoltes sur pied devenu une pratique
récurrente au pays VITVITE, une loi entre en vigueur le 2 mars 2013 pour punir
de 6 ans d’emprisonnement pendant une période de 5 ans tout délinquant de
cette infraction.
16- Le 5 février 2017 AHITÉ a dérobé des régimes de banane dans la plantation
DESVA. Se cachant des services de la police judiciaire, celle-ci parvint à l’arrêter
le 15 janvier 2020. Il fut rapidement jugé et condamné au maximum de la peine
malgré les protestations de son avocat, relevant selon lui une violation flagrante
par le juge du principe de rétroactivité in mitius de la loi pénale. AHITÉ
interjette, par le truchement de son avocat, appel de la décision, lorsqu’une loi
vient supprimer la voie d’appel pour ne laisser subsister que celle de la
cassation. L’appel est donc rejeté. Désemparé l’avocat crie à l’injustice dans tous
les journaux quant à la condamnation de son client et au rejet de son appel.
17- L’indignation de l’avocat de AHITÉ est-elle fondée ? Justifiez votre réponse.

SOLUTION :
Introduction :
Domaine : l’application de la loi pénale temporaire et l’application immédiate des lois
pénales de forme.
2 Mars 2013 (entrée en vigueur de la loi réprimant le vol de récoltes sur pied)
15 Février 2017 : commission de l’infraction par AHITE
15 janvier 2020 : arrestation de AHITE par la police soit 1 an et 5 mois après
l’abrogation de la loi réprimant le vol de récoltes sur pied.

 Du bien-fondé de la condamnation

I- Principe : la non-rétroactivité de la loi pénale de fond :

L’article 23 alinéa 1 du code pénal dispose que : nul ne peut être poursuivi ou jugé en
raison d’un fait qui aux termes d’une disposition pénale nouvelle ne constitue plus une
infraction.
En l’espèce, la loi réprimant le vol de récoltes sur pied est en vigueur depuis le 2 Mars
2013, AHITE a commis l’infraction le 15 Février 2017.
Toutefois AHITE fut arrêté le 15 Aout 2019.
Cette arrestation est injustifiée dans la mesure où ce dernier a été arrêté après
l’abrogation de la loi réprimant le vol de récoltes sur pied.
Cependant le principe de la dépénalisation prévu par l’article 23 alinéa 1 est-il absolu ?
II- Exception :

L’article 23 alinéa 3 du code pénal prescrit que « toutefois en cas d’infraction à une
disposition pénale sanctionnant une prohibition limitée à une période déterminée, les
poursuites sont valablement engagées ou continuées et les peines et mesures de sûreté
exécutées, nonobstant la fin de cette période ».
Explication (pour que la loi pénale temporaire s’applique, il suffit que les faits soient
commis dans l’intervalle séparant son entrée en vigueur et son abrogation ; peu
importe que le délinquant ait été appréhendé après son abrogation ou que la
procédure n’ait pas été achevée avant son abrogation).
En l’espèce, AHITE a commis l’infraction le 15 février 2017 et a été appréhendé le 15
janvier 2020;
Ce dernier a commis le fait délictueux dans l’intervalle séparant l’entrée en vigueur de
la loi et son abrogation, quoi qu’il ait été arrêté 1 an après l’abrogation de ladite loi ; sa
condamnation se trouve pleinement justifiée parce qu’il s’agit d’une loi temporaire
dont les effets subsistent après son abrogation. Par conséquent la condamnation de
AHITE est légale.

 La question de la suppression de la voie d’appel

III- Principe : Application immédiate de la loi nouvelle de forme.

1. Définition d’une loi pénale de forme

2. Faire ressortir que la loi qui a supprimé la voie de l’appel est une loi
pénale de forme.

3. Le principe en la matière est l’effet immédiat donc l’application


immédiate de la loi nouvelle de forme.

4. Justification du rejet de l’appel de AHITE

IV- Exception : Droit acquis par le délinquant sous l’empire de


l’ancienne loi.

La règle de l’effet immédiat de la loi pénale nouvelle est écartée chaque fois que
l’application de la loi nouvelle a pour effet de remettre en cause un droit acquis par le
délinquant sous l’empire de la loi ancienne.
En l’espèce, une loi nouvelle de forme a supprimé la voie de l’appel pour ne laisser
subsister que celle de la cassation
L’ancienne loi prévoit la voie de l’appel tandis que la loi nouvelle l’a supprimé. Ici la loi
nouvelle remet en cause un droit acquis par le délinquant sous l’empire de l’ancienne
loi, de ce fait cette loi ne peut s’appliquer immédiatement au procès en cours
puisqu’elle remet en cause un droit acquis par AHITE.
Par conséquent, le rejet de son appel est mal fondé.

18- Cas 2 (Discussion en séance)


19- PAPIS s’est introduit dans l’ambassade du Nigéria en Côte d’Ivoire et a tenté de
tuer un membre de la mission diplomatique, un ivoirien attaché comme
secrétaire au service de l’ambassade ainsi qu’un togolais que le hasard avait
conduit en ces lieux.
20- Auparavant, PAPIS profitant du sommeil du conducteur d’une semi-remorque
immatriculée en Côte d’Ivoire alors en stationnement à Mopti (Mali) s’était
emparé d’une bâche faisant partie de l’équipement du véhicule et l’a confié sur
place à l’un de ses amis en échange de quelques billets de banque.
21- Le conducteur du véhicule, un ivoirien d’une trentaine d’années a su par ses
propres enquêtes auprès de l’acquéreur de la bâche que le voleur n’était autre
que PAPIS retrouvé à l’ambassade du Nigéria.
22- Ce dernier est poursuivi devant les juridictions ivoiriennes pour les infractions
de tentative de meurtre et de délit de vol. Quelles suites donnerez-vous à ce
procès ?

Solutions :
Domaine : relatif à l’application de la loi pénale dans l’espace.
Problème de droit :
1- Les juridictions ivoiriennes sont-elles compétentes pour connaitre d’une
tentative de meurtre commise eu sein d’une ambassade accréditée en Côte
d’Ivoire à l’encontre d’un agent diplomatique, d’un ivoirien et d’un togolais ?
2- Les juridictions ivoiriennes sont-elles compétentes pour connaitre d’un délit de
vol commis au préjudice d’un ivoirien sur le territoire du Mali à bord d’une
semi-remorque immatriculé en Côte d’Ivoire ?
Résumé des solutions à envisager :
Application de l’article 703 du code de procédure pénale qui institue une de réciprocité
d'incrimination
Les juridictions ivoiriennes sont compétentes, en vertu du principe de la territorialité,
dès lors que l’infraction est entièrement commise sur le territoire à titre principal ou
sur le territoire assimilé ou lorsque l’un des faits qui constituent l’infraction s’est
déroulé en Côte d’Ivoire.
Lorsque des ivoiriens commettent des infractions à l’étranger, la loi pénale ivoirienne
s’applique (article 20 du code pénal qui opère un renvoi aux dispositions du code de
procédure pénale en ses articles 703 à 710).
A- La tentative de meurtre à l’ambassade du Nigéria située en
Côte d’Ivoire
Voir les articles 20CP, 21 CP et 707 CPP : « Est réputée commise sur le territoire de la
République toute infraction dont un acte caractérisant un de ses éléments constitutifs
a été accompli en Côte d'Ivoire ».
Cette infraction est réputée commise en Côte d’Ivoire, les juridictions ivoiriennes sont
en conséquence compétentes pour la connaître.
B- Le délit de vol commis sur le territoire du Mali au préjudice
d’un ivoirien
Dans la mesure où le cas est muet sur la nationalité de Papis, il convient de procéder
par hypothèse.
Si Papis est un national ivoirien (article 703 du code de procédure pénale) et s’il y a une
réciprocité d’incrimination, alors les juridictions ivoiriennes seront compétentes pour
en connaitre.
Si Papis est de nationalité étrangère, et comme la victime est un national ivoirien, les
juridictions ivoiriennes sont compétentes pour connaître de l’affaire.

FICHES 3 : LA TENTATIVE D’INFRACTION ET L’INFRACTION CONSOMMEE


I-CONTROLE DE CONNAISSANCES :
1- Qu’est-ce qu’une infraction tentée ? Distinguez la de l’infraction
consommée.

Une infraction tentée est une infraction dont l’exécution a commencé mais qui
n’est pas arrivé à son terme.
2- Quelles sont les différentes sortes d’infractions tentées et quid du régime
répressif ?

Le code pénal prévoit trois sortes d’infractions tentées. Il y a l’infraction interrompue


qui est l’infraction commencée mais interrompue, c'est-à-dire arrêté en pleine action
par son auteur pour des raisons indépendantes de sa volonté.
Il y a l’infraction manquée qui bien que entièrement réalisée n’a pas atteint le résultat
escompté. Enfin on a l’infraction impossible dont le résultat escompté n’a pas été
atteint parce qu’il était impossible à atteindre.

3- Qu’est-ce « l’iter criminis » ? Et à quelle étape de l’activité criminelle


peut-on engager des poursuites pénales ?

L’activité criminelle connait en général quatre étapes. L’étape de la résolution


criminelle, l’étape de la préparation de l’infraction, l’étape du commencement
d’exécution de l’infraction et l’étape de la réalisation de l’infraction.
Les poursuites pénales ne peuvent être engagées qu’à l’étape du commencement
d’exécution. Avant cela l’intention criminelle n’est pas caractérisée. Il s’agit de simples
actes préparatoires.
4- Critère et intérêt de la distinction entre acte préparatoire et
commencement d’exécution
5- Distinguez :
a- L’infraction manquée de l’infraction tentée.

b- Les infractions manquées des infractions impossibles

Oui il existe une différence en ce qui concerne la réalisation des résultats escomptés
lors de la commission de l’infraction. Dans l’infraction manquée le résultat pouvait être
atteint même s’il n’a pas pu se réaliser. Alors que dans l’infraction impossible le résultat
ne peut pas être atteint dans tous les cas. Il est impossible a obtenir.

c- Les infractions impossibles de fait des infractions impossible de droit

6- Qu’est-ce que le repentir actif ?

7- L’existence d’un commencement d’exécution de l’infraction peut-elle


permettre d’identifier l’infraction projetée ?

Oui. Car le commencement d’exécution se manifeste par un acte sans équivoque


qui permet d’identifier l’infraction projetée.
II-QUESTIONS/ Qualifiez pénalement ces différents actes :
1-Une personne s’introduisant dans une voiture vide pour y dérober des objets ;
2-Une personne avait commencé à ouvrir le tronc d’une Eglise, qui avait été
préalablement vidé par le curé.
3-Un prisonnier décèle plusieurs briques autour des fenêtres de sa cellule. Il s’aperçoit
qu’il ne possède pas les moyens matériels pour s’évader par la suite.
4-Un frère et un père voulaient tuer un individu qui avait porté atteinte à l’honneur de
leur sœur et fille. Ils se placent des deux côtés d’une pièce où l’individu doit passer. Les
deux tirent un coup de fusil. Les experts estiment qu’une seule balle l’a tué.
5-Un jeune homme s’enferme dans une pièce avec une jeune fille non consentante. Il
enfile un préservatif et envisage de la violer, mais constatant son impuissance, il
décide, il se désiste de son action.
6-Un détenu a informé un surveillant de la « connerie » qu’il a faite en commençant à
creuser le bêton de sa cellule.

III/CAS PRATIQUES : (Discussion en séance).


Dans la nuit du 1 au 2 novembre 2020, deux enfants de la rue, SHAKA et KOUÉSSE
déambulent dans les dédales de la rue du commerce, lorsque soudain ils aperçoivent
un véhicule en stationnement dans lequel son propriétaire a laissé un sac d’ordinateur.
Les deux enfants décident de s’emparer dudit sac. SHAKA se sert d’un tournevis et
force la portière du véhicule qui s’ouvre. Il s’empare alors du sac. KOUÉSSE qui lui à
d’autres projets, décide de soustraire le véhicule. Ainsi n’ayant pas la clé de contact, il
débranche certains fils du véhicule qu’il connecte pour le faire démarrer. Pendant qu’il
est occupé à sa manœuvre, intervient une patrouille de police qui le surprend avec son
acolyte assis dans le véhicule.
Ils sont alors appréhendés et conduits au poste de police où ils sont écroués.
Analyser les faits commis par les deux enfants de la rue.

SOLUTION :
Résumé des faits :
Deux enfants de la rue ont été appréhendés dans la nuit du 1 er au 2 novembre 2020
dans la rue de commerce, à bord d’un véhicule que l’un tentait de faire démarrer et
l’autre avec en sa possession un sac d’ordinateur.
Le problème de droit :
Le problème de droit posé par le présent cas pratique est celui de la qualification
pénale des actes accomplis par chacun d’eux.

I/ LA QUALIFICATION PENALE DES FAITS COMMIS PAR SHAKA


SHAKA a forcé la portière du véhicule et s’est emparé du sac d’ordinateur qui s’y
trouvait. Le fait d’avoir forcé la portière du véhicule avec un tournevis est qualifié
d’effraction.
Cette effraction avait pour but de lui permettre de s’emparer du sac qui s’y trouvait. Le
fait de s’emparer dudit sac peut être également qualifié de soustraction frauduleuse de
la chose d’autrui.
La soustraction frauduleuse de la chose d’autrui est un délit prévu et puni par les
articles 457 et suivants du CP sous la qualification de vol.
En l’espèce le vol a été commis avec effraction. En plus cela s’est fait pendant la nuit et
en réunion de deux personnes. Il y a donc vol avec effraction, de nuit et en réunion.
Cependant SHAKA, avec l’arrivée de la police n’a pu s’enfuir avec le sac. Le résultat
recherché par lui, à savoir s’approprier ledit sac n’a pas été atteint. Dès lors il s’agit
d’une tentative d’infraction, plus exactement d’une infraction manquée.
Les faits commis par SHAKA peuvent donc être qualifiés de tentative de vol avec
effraction, de nuit et en réunion, prévu et puni par les articles, 28 457 et 459 du CP.
II/ QUALIFICATION PENALE DES FAITS COMMIS PAR KOUÉSSE
L’enfant KOUÉSSE a débranché certains fils du véhicule en vue de les connecter pour
faire démarrer le véhicule dont il voulait s’emparer. C’est en ce moment qu’est
survenue la patrouille de police.
Comment qualifier pénalement cet acte ?
L’acte visait à faire démarrer le véhicule pours s’en emparer, c'est-à-dire le soustraire.
S’agit-il alors d’un commencement d’exécution de l’infraction projetée ou simplement
d’un acte préparatoire de ladite infraction ?
L’acte préparatoire est certes un acte qui prépare la commission d’une infraction, mais
c’est un acte qui est suffisamment équivoque pour qu’on ne puisse pas deviner
l’intention de son auteur.
En l’espèce peut-on considérer le fait de débrancher des fils du véhicule en vue de les
connecter pour le faire démarrer comme un simple acte préparatoire ?
Non en principe car cet acte est suffisamment expressif de l’intention de KOUÉSSE.
Celui de soustraire le véhicule. Il s’agit d’un acte qui est sans équivoque sur son
intention. On ne peut donc le qualifier d’acte préparatoire. Quid du commencement
d’exécution ?
Le commencement d’exécution est un acte sans équivoque qui implique l’intention
irrévocable de son auteur de commettre l’infraction.
En l’espèce en essayant de démarrer le véhicule, KOUÉSSE avait bien l’intention
irrévocable de le soustraire. Son action n’a été interrompue que par des circonstances
indépendantes de sa volonté. En l’espèce la survenance de la police.
On peut donc qualifier les faits commis par KOUÉSSE de tentative de vol, d’infraction
interrompue. Il convient de faire remarquer que cette tentative de vol a été effectuée
avec effraction, puisqu’il a forcé le véhicule pour le faire démarrer en débranchant
certains fils, de nuit et en réunion.
KOUÉSSE peut donc être poursuivi également pour tentative de vol avec effraction, de
nuit et en réunion portant sur un véhicule prévue et puni par les articles 28, 457 et 459
du CP.
FICHES 4 : CLASSIFICATION DES INFRACTIONS ET PARTICIPATION A
L’INFRACTION
I-CONTROLE DE CONNAISSANCES :

1- Distinguez les crimes, les délits et les contraventions.


2- Distinguez les infractions instantanées des infractions successives et complexes.
3- Distinguez les infractions des infractions complexes et des infractions
d’habitude.
4- Qu’est-ce qu’une infraction permanente et une infraction continuée ?
5- Distinguez le dol général du dol spécial.
6- Distinguez le dol général du mobil.
7- En quoi consiste la faute d’imprudence ?
8- Distinguez la faute intentionnelle de la faute non intentionnelle.
9- Qui est l’auteur de l’infraction et quels sont les différents types d’auteur ?
10- Quels sont les différents actes matériels de complicité ?
11- Distinguez la complicité de tentative de la tentative de complicité et de la
complicité de complicité
12- La complicité suppose que l’auteur de l’acte soit punissable. (Vrai ou faux)
13- Expliquez les principes de l’emprunt de criminalité, de la personnalisation de la
répression en matière de complicité et de la conséquence prévisible.
14- La complicité peut-elle être retenue sur la base d’un acte postérieur ?

II/CAS PRATIQUES : (À RENDRE).


Un matin de saison pluvieuse des individus manifestent dans les rues du plateau
(Abidjan). Un des manifestants, ESSEKELY, au cours de la manifestation grave sur un
mur de l’hôtel du district, l’inscription suivante «Vive l’anarchie». Prenaient également
part à la marche, ZRANPEU, qui tenait à la main une matraque.
Quinze minutes plus tard, un des manifestants LAGAFFE brise les vitres d’un magasin
et soustrait des bouteilles de champagne. Au même moment, BAYACOU incendie une
voiture en stationnement, cette dernière explose.
Une fois la manifestation terminée, LAGAFFE boit en compagnie de son amie
TOUTOU, l’une des bouteilles de champagne. Cette dernière connaissait l’infraction
commise par son compagnon.
1) Qualifiez l’infraction commise par ESSEKELY. S’agit-il d’une infraction
permanente ?
2) Qualifiez l’infraction commise par ZRANPEU. Est-ce une infraction complexe ?
Obstacle ?
Si ZRANPEU se sert de sa matraque et blesse grièvement un badaud, entrainant une
incapacité temporaire de travail de 20 jours, sa situation pénale va-t-elle changer ?
3) Qualifiez l’infraction commise par BAYACOU ?
4) LAGAFFE peut-il être poursuivi ?
5) TOUTOU commet-elle une infraction ? Est-ce une infraction formelle ?
D’omission ? Cette infraction est-elle consommée ?

SOLUTIONS :
1) Qualifiez l’infraction commise par ESSEKELY. S’agit-il d’une infraction
permanente ?
R : ESKELLY a commis le délit de détérioration grave sur des biens destinés à l’intérêt
général (Articles 485 du code pénal) car il a gravé l’inscription dans de la pierre. Il s’agit
d’une infraction permanente car la dégradation continue de produire ses effets sans
nouvelle manifestation de la volonté de ESKELLY.
2) Qualifiez l’infraction commise par ZRANPEU. Est-ce une infraction
complexe ? Obstacle ?
Si ZRANPEU se sert de sa matraque et blesse grièvement un badaud, entrainant
une incapacité temporaire de travail de 20 jours, sa situation pénale va-t-elle
changer ?
R : ZRANPEU commet le délit de port d’arme illicite de sixième catégorie (Voir articles
13, 28, 34, 37 du Décret n°99-183 du 24 février 1999 portant réglementation des armes et
munitions et articles 5, 13 de la Loi n°98-749 du 23 décembre 1998 portant répression
des infractions à la réglementation sur les armes munitions et substances explosives). Il
ne s’agit pas d’une infraction complexe car elle est composée d’un seul élément (le
port). Il s’agit par contre d’une infraction obstacle car elle est destinée à éviter une
infraction plus grave (Des violences avec arme).
Si ZRANPEU frappe violement un badaud, il commet un délit de coups et blessures
volontaires avec ITT supérieure à dix jours (Article 381 du code pénal).
3) Qualifiez l’infraction commise par BAYACOU ?
R : BAYACOU a commis le délit de destruction d’un véhicule par incendie (Article 493
du code pénal).
4) LAGAFFE peut-il être poursuivi ?
R : MOVEDADASS encourt des poursuites pour vol qualifié ou aggravé (Article 459 du
code pénal). Il s’agit d’une infraction instantanée.
5) TOUTOU commet-elle une infraction ? Est-ce une infraction formelle ?
D’omission ? Cette infraction est-elle consommée ?
R : TOUTOU en buvant le champagne qu’elle sait volé, commet le délit de recel de vol
(Article 477 du code pénal). Le recel de vol est une infraction continue. Il ne s’agit pas
d’une infraction formelle ni d’une infraction d’omission. Il s’agit par contre d’une
infraction consommée.

II) DISSERTATION (À RENDRE) :

Sujet :
« La participation indirecte à la commission de l’infraction ».

FICHES 5 : LES CAUSES D’IRRESPONSABILITÉ PÉNALE.


I-CONTROLE DE CONNAISSANCES :
1-Définissez les notions suivantes : cause subjective d’irresponsabilité ; excuse
absolutoire ; excuse atténuante.

La cause subjective d’irresponsabilité pénale est une cause qui supprime la


responsabilité pénale et qui tient à la personne de l’auteur des faits. Elle laisse subsister
l’infraction.
L’excuse absolutoire art.11 1o du code pénal.
Excuse atténuante art.11, 2o du code pénal.

2-Quelles sont les causes subjectives d’irresponsabilité pénale ? Distinguez les


causes subjectives d’irresponsabilité des causes objectives d’irresponsabilité ?

Les causes subjectives d’irresponsabilité pénale sont : l’altération des facultés mentales
art.102 CP; les immunités art.103 et 104 CP; l’amnistie art. 105 CP; la contrainte
art.109CP.

Distinction : les causes subjectives d’irresponsabilité ne suppriment que la


responsabilité pénale. Donc elles laissent subsister l’infraction. Alors que les causes
objectives d’irresponsabilité sont des faits justificatifs qui font disparaitre l’infraction
quelque soit sa nature et par voie de conséquence la responsabilité pénale.

3-Quelles sont les conditions de l’altération des facultés mentales ?

Au regard de l’art. 102 du code pénal nous avons deux conditions :


- Elle doit exister au moment de la commission de l’infraction ;
- Elle doit être assez importante pour abolir la volonté ou la conscience du
caractère illicite de l’acte

4-Le mineur est-il pénalement responsable ?


Oui sauf le mineur de 10 ans dont les actes ne sont pas susceptibles de qualification
pénale.

5-A quelles conditions la contrainte peut-elle constituée une cause subjective


d’irresponsabilité pénale ?
Condition résultant de l’art.109 du code pénal.

6-Après avoir donné la notion d’amnistie, relevez les effets de la loi d’amnistie ?
L’amnistie consiste en une mesure législative exceptionnelle conduisant à dépouiller
rétroactivement certains faits de leur caractère délictueux. Elle efface la condamnation
prononcée et constitue la manifestation d’une volonté d’oubli de certaines infractions.
Les effets voir l’art.105 CP, selon que l’amnistie intervient avant ou après la
condamnation définitive.

7-Quelle différence faites-vous entre la légitime défense et la présomption de


légitime défense ?
Il appartient à la partie poursuivie de rapporter la preuve que les conditions de la
légitime défense prévues par l’article 97 du code pénal sont réunies. Toutefois, l’auteur
d’un homicide volontaire ou de coups et blessures volontaires commis en riposte à des
attaques perpétrées dans les conditions de l’article 98 du code pénal, est exonéré de
rapporter la preuve des conditions de la légitime défense. Il doit néanmoins prouver
qu’il se trouve dans les conditions objectives de l’article 98 du code pénal.

8-Distinguez la légitime défense et l’état de nécessité.

La légitime défense est un cas particulier d’état de nécessité car l’agression est une
forme de danger ou de péril. Les hypothèses dans lesquelles on peut invoquer l’état de
nécessité sont donc plus nombreuses car la loi parle de danger grave.
Dans la légitime défense, on est victime d’une agression et on se défend pour la
repousser. Alors que dans l’état de nécessité, on fait face à un danger ou un péril
imminent et on commet une infraction pour y échapper. Donc dans la légitime défense
on est une victime alors que celui qui allègue l’état de nécessité est un agresseur qui
fait une victime.
Il semble que pour la jurisprudence française, l’état de nécessité ne supprime que la
responsabilité pénale et laisse subsister la responsabilité civile (crim., 27 décembre
1884, D. 1885, I,219 ) à vérifier si cette jurisprudence est tj actuelle. La LG supprime les
deux.

9-Le Directeur commercial d’une entreprise qui obéit aux directives données
par le DG, et qui de ce fait, participe à une fraude fiscale, peut-il être exonéré de
sa responsabilité pénale en invoquant le fait qu’il lui était difficile d’agir à
l’encontre des instructions données par le DG, parce qu’il n’est qu’un simple
Directeur commercial soumis à l’autorité de celui-ci ?*

Voir les conditions de l’ordre de l’autorité légitime : article 100 code pénal : l’ordre
n’émane pas d’une autorité publique et l’ordre est manifestement illicite. Donc il ne
sera pas exonéré de sa responsabilité pénale sous ce fondement.

10-OZOUA a, le 13 avril 2020, vers 8h, surpris ZADI et BROU qui, dans l’intention
de voler des poules, s’étaient introduits par escalade dans son poulailler qui
jouxte sa maison. Il les a, sous la menace de son fusil, sommés de le suivre. Ces
derniers ont tenté de prendre la fuite ; alors OZOUA a tiré plusieurs coups de
feu dans leur direction, les atteignant l’un à l’épaule droite, l’autre au dos et à
l’avant-bras gauche. Puis, il les a frappés avec la crosse de son arme et un
gourdin, les a attachés à un arbre avant de les livrer à la gendarmerie. ZADI et
BROU ont subi chacun une incapacité totale de travail d’une durée de 10 jours.
Appréciez la situation pénale d’OZOUA.

OZOUA peut-il bénéficier de la légitime défense ? Non au regard art 97 du code pénal
qui exige des conditions relatives à l’attaque ou à l’agression (injuste et actuelle) et
celles relatives à la riposte ou à la défense (nécessaire, proportionnée ou mesurée) : les
conditions relatives à la riposte ne sont pas réunies.

11-La gifle spectaculaire administrée par une mère de famille à une jeune fille
de mœurs légère, qui avec le soutien de ses parents, cherchait à entrainer son
fils âgé de 16 ans, peut-elle être justifiée par l’état de nécessité ?

12-Faites la différence entre faits justificatifs et causes subjectives d’irresponsabilité


pénale d’une part et faits justificatifs et excuses absolutoires d’autre part.

13-La présomption de légitime défense est-elle une présomption simple ou une


présomption irréfragable ?

14-Un homme qui échappant au coup de feu d’un autre monte dans son appartement
tout proche, il y prend une arme à feu, redescend et tire sur son agresseur, lequel sera
blessé. Sera-t-il pénalement responsable des coups et blessures ?

II-DISSERTATION

Sujet 1 : L’état de nécessité et la légitime défense


Sujet 2 : « La présomption de légitime défense ».

II) DISSERTATION (À RENDRE) :

Sujet2 : la présomption de légitime défense.


- Définition de la légitime défense
- Caractères de la légitime défense
- Effets de la légitime défense
- Régime de la preuve : la preuve ordinaire et la preuve par présomption.
- Conditions d’admission de la preuve présomption et force de cette présomption

I/ Conditions d’admission de la preuve de la légitime défense par présomption


A : l’escalade de clôture ou de maison habitée pendant la nuit
B : Le pillage et le vol commis avec violences
II/ La force de la présomption de légitime défense
A : une présomption simple
B : la charge de la preuve

III) FAITES LA FICHE D’ARRET (A RENDRE)

Cour de cassation
chambre criminelle
Audience publique du vendredi 28 décembre 1900

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

ANNULATION, sur le pourvoi du Procureur général près la Cour d'appel de Bastia,


d'un arrêt rendu, le 4 avril 1900, par ladite cour, chambre correctionnelle, au profit de :
1° Boixo (Jean) ; 2° Marchetti (Denis) ; 3° Peroni (Paris) ; 4° Casabianca (François-
Marie).
La Cour,
Ouï Monsieur le conseiller Dumas, en son rapport, Me Pérouse, avocat en la Cour, en
ses observations, et Monsieur l'avocat général Duboin, en ses conclusions ;
Statuant à la suite de son arrêt du 15 juin dernier, déclarant partage sur le pourvoi du
Procureur général près la cour d'appel de Bastia, contre un arrêt de cette cour, en date
du 4 avril 1900 ;
Composée conformément à l'article 3 de l'ordonnance du 15 janvier 1826 et après en
avoir délibéré en la chambre du Conseil ;
Sur le premier moyen pris de la violation de l'article 1er de la loi du 30 août 1883, en ce
que les membres de la cour d'appel se trouvant en nombre pair pour délibérer et
rendre arrêt, c'est un autre conseiller que le dernier dans l'ordre du tableau qui s'est
abstenu :
Attendu que le jugement de cette affaire a occupé deux audiences, celle du 28 mars à
laquelle ont eu lieu les débats et celle du 4 avril, à laquelle l'arrêt a été prononcé ;
Qu'il résulte à la vérité, tant de l'expédition de l'arrêt attaqué que des documents
produits, que ledit arrêt a été rendu par cinq seulement des sept magistrats qui
composaient la cour d'appel a l'audience du 28 mars et que, parmi ces cinq magistrats,
a figuré celui qui dans l'ordre du tableau était le dernier ; mais qu'il n'est pas établi que
l'un ou l'autre des deux conseillers qui n'ont pas participé à l'arrêt se soit abstenu pour
ramener à un chiffre impair le nombre des magistrats délibérants ; que le moyen
manque donc en fait ;
Mais sur les deuxième et troisième moyens pris de la violation de l'article 64 du Code
pénal et de l'article 7 de la loi du 20 avril 1810, en ce que les faits constatés par l'arrêt
attaqué ne sont pas suffisants pour constituer l'excuse de la force majeure admise en
faveur des prévenus :
Attendu que l'arrêt constate que les défendeurs au pourvoi avaient commencé
l'exploitaion des 4.000 hectares de bois dont ils avaient fait l'acquisition, en mettant
sur leurs chantiers 250 ouvriers italiens ; que les contumax Poli et Achilli avaient
chassé ces ouvriers ; qu'ils avaient arrêté dans la forêt et menacé l'un des inculpés ; que
ces bandits, redoutables par leurs instincts sanguinaires et leurs nombreux méfaits,
plusieurs fois condamnés pour vol, violences, menaces de mort et assassinat,
inspiraient une terreur si grande que le gérant du sieur X..., précédent propriétaire des
bois, les ouvriers des prévenus eux-mêmes, leur contremaîtres et leur comptable
n'avaient pas hésité à quitter les lieux ; que des fonctionnaires et même des auxiliaires
de la Justice, entendus ou interpellés par le juge d'instruction de Corte, n'avaient pas
osé révéler les faits parvenus à leur connaissance, l'autorité étant impuissante à
protéger leur existence ;
Attendu que de ces constatations l'arrêt conclut que les prévenus se sont trouvés dans
l'alternative de subir les conditions qui leur étaient imposées ou d'avoir à abandonner
une exploitation dans laquelle ils avaient engagé des capitaux considérables, à redouter
l'incendie de leurs propriétés et à exposer même leur personne, et déclare qu'on peut
dès lors considérer qu'en accomplissant le recel de criminels qui leur est imputé, ils ont
été contraints par une force à laquelle ils n'ont pas pu résister ;
Mais attendu que si la contrainte morale peut, comme la contrainte physique, exonérer
l'auteur d'un crime ou d'un délit de toute responsabilité pénale, c'est à la condition
qu'il n'ait pas été possible d'y résister ; qu'une menace ne peut constituer la contrainte
que prévoit l'article 64 du Code pénal qu'autant que le péril qu'elle fait craindre est
imminent et qu'elle met celui qui en est l'objet dans la nécessité de commettre
l'infraction ou de subir les violences dont il est menacé ;
Attendu que l'existence de cette nécessité n'est pas démontrée dans l'espèce ; que
l'arrêt n'établit pas, en effet, que
les menaces dont les prévenus ont été l'objet aient été assez pressantes pour leur
enlever toute liberté d'esprit, ni que les dangers auxquels ils se sont crus exposés aient
été assez imminents pour ne leur laisser d'autre moyen de les éviter que de commettre
l'acte délictueux qui leur était demandé ;
Que dès lors les faits retenus par l'arrêt ne justifient pas l'excuse de la force majeure
admise en faveur des prévenus ;
Par ces motifs,
CASSE et ANNULE l'arrêt rendu par la cour d'appel de Bastia, en date du 4 avril 1900,
et pour être statué à nouveau conformément à la loi, sur l'appel interjeté par Boixo,
Marchetti, Peroni et Casabianca, d'une part, et par le ministère public, d'autre part,
d'un jugement du tribunal correctionnel de Corte, en date du 17 février 1900, renvoie la
cause et les prévenus susnommés devant la cour d'appel de Grenoble, à ce désignée par
délibération spéciale prise en chambre du Conseil ;

Proposition fiche d’arrêt


Références : arrêt de la chambre criminelle de la cour de cassation rendu le 28
décembre 1900.
Faits : les exploitants d’un bois dans lequel deux contumax s’étaient réfugiés ont été
menacés par ces derniers dont ils ont accepté les conditions : le versement d’une rente,
moyennant quoi les contumax s’engageaient à ne porter atteinte ni à leur personne ou
à celle de leurs ouvriers, ni à leurs biens
Procédure : poursuivis pour recel de malfaiteur, ces exploitants ont été relaxés par la
cour de Bastia au motif « qu’il avaient été contraints par une force à laquelle ils n’ont
pu résister ». Un pourvoi est formé par le procureur de la république.
Moyen du pourvoi : violation de l'article 64 du Code pénal et de l'article 7 de la loi du
20 avril 1810, en ce que les faits constatés par l'arrêt attaqué ne sont pas suffisants pour
constituer l'excuse de la force majeure admise en faveur des prévenus.
Problème de droit : une menace, proférée à l’encontre d’une personne et contre ses
biens, à laquelle elle pouvait se défaire, peut-elle constituée une contrainte
irrésistible ?
Solution :
La cour de cassation répond par la négative au motif que « si la contrainte morale
peut, comme la contrainte physique, exonérer l'auteur d'un crime ou d'un délit de
toute responsabilité pénale, c'est à la condition qu'il n'ait pas été possible d'y résister ;
qu'une menace ne peut constituer la contrainte que prévoit l'article 64 du Code pénal
qu'autant que le péril qu'elle fait craindre est imminent et qu'elle met celui qui en est
l'objet dans la nécessité de commettre l'infraction ou de subir les violences dont il est
menacé . »

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