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PRINCIPALES DISPOSITIONS RELATIVES AU CONTRÔLE ET LA

RÉPRESSION DES INFRACTIONS EN MATIÈRE D’URBANISME ET


DE CONSTRUCTION
28/11/2016
Adnane BAJEDDI, MRICS, IGT
Adnane.bj@gmail.com
Adnane BAJEDDI, 2016 2

Sommaire
Présentation de la loi 66-12

I. Introduction
II. Organisation du chantier, les prérequis
III. Liste des infractions
IV. Contrôle du chantier
V. Sanctions (Constructions, lotissements, groupements résidentiels et
morcellements)
VI. Dispositions particulières
VII. Avis des professionnels du BTP
VIII. Conclusion
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I. Introduction

1. Une nouvelle loi relative à la répression des infractions en matière d’urbanisme vient de voir le
jour.
2. Il s’agit de la loi N°66-12 promulguée par le Dahir N°1-16-124 du 25 août 2016 et publiée au
B.O N°6501 du 19 septembre 2016.
3. D’après le législateur, cette loi tend à l’unification et la simplification des procédures de contrôle
et de répression des infractions en matière d’urbanisme et de construction.
4. Aussi, elle vise un meilleur encadrement de l’acte de construire (autorisations, organisation du
chantier, etc.)
5. En outre, elle donne plus de pouvoir aux agents contrôleurs en vue de remédier aux situations
d’infractions (Arrêt des travaux, avertissements, saisie du matériel de construction, etc.)
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II. Organisation du chantier, les prérequis


A- Autorisation de construire

B- Chantier

Phase I: Avant l’ouverture du chantier


1. Dépôt par le pétitionnaire de la Déclaration d’ouverture du chantier au siège de la commune. (*)
2. Installation des palissades autour du chantier.
3. Affichage à l’entrée du chantier du N° de l’autorisation de construire, la date de délivrance, le nombre
d’étages, la superficie couverte, le nom du maître d’ouvrage ainsi que celui de l’architecte chargé du projet.
(*) La déclaration d’ouverture du chantier est signée par l’architecte chargé du projet.

Phase II: Travaux


1. Tenir durant toute la phase chantier, les documents autorisés (plans d’architecture, plans béton armé
,etc.).
2. Tenir sur le site des travaux un cahier de chantier (le modèle est fourni par l’administration compétente).

Phase III: Fin des travaux


1. Dépôt par le pétitionnaire de la Déclaration de fermeture des travaux au siège de la commune.
2. Cette déclaration est signée par l’architecte, qui certifie que les travaux ont été réalisés selon les règles
de l’art et conformément aux documents autorisés.

Phase IV: Permis d’habiter / Certificat de conformité


1. Délivrance par le Président de la Commune du Permis d’habiter ou du Certificat de conformité, sur la
base d’une attestation de conformité établie, à cet effet, par l’architecte chargé du projet.
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III. Liste des infractions

La loi 66-12 a fourni une liste exhaustive des infractions en matière d’urbanisme. Il s’agit des actes
suivants (cette liste n’est pas exhaustive):
1. La réalisation d’une construction ou le démarrage des travaux:
 Sans une autorisation préalable;
 Sans une autorisation, et ce sur un terrain appartenant à l’Etat, à une collectivité
locale ou à une collectivité ethnique.
 En infraction avec les dispositions prévues par les documents autorisés, et ce en
matière de: hauteurs, surface couverte, destination de la construction, etc.
 Sur un terrain non constructible en application des documents de la planification
urbaine (zone non aedificandi, espaces verts, etc.).
2. L’Exploitation d’une construction sans l’obtention du permis d’habiter ou du certificat de
conformité.
3. Le non-respect des dispositions relatives à l’organisation du chantier (tenue du cahier de
chantier, installation des palissades, etc.).
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IV. Contrôle du chantier

 La loi 66-12 a confié la mission de contrôle des infractions en matière d’urbanisme aux:
1. Agents de la police judicaire, ou
2. Auxiliaires de la Wilaya, de la préfecture ou de l’autorité administrative.
 Les infractions en matière d’urbanisme sont constatées, suite à :
1. Une initiative personnelle de l’agent contrôleur,
2. Une demande émanant de l’autorité administrative, du président du conseil communal ou du
directeur de l’agence urbaine.
 Suite à la constatation d’une infraction en matière d’urbanisme :
1. L’agent contrôleur ordonne l’arrêt du chantier et dresse un PV dont une copie (jointe de l’ordre
d’arrêt) est communiquée au contrevenant.
2. La décision d’arrêt du chantier est notifiée à l’administration, au président du conseil communal et au
directeur de l’agence urbaine.
3. Si le contrevenant ne s’exécute pas à la décision d’arrêt du chantier, l’agent contrôleur dispose du
droit de procéder à la fermeture du chantier et à la saisie des outils, machines et autres bien se
trouvant sur les lieux.
4. L’agent contrôleur ordonne le contrevenant de prendre les dispositions nécessaires afin de remédier
aux infractions commises, et ce dans un délai compris entre 10 et 30 jours.
5. Si le contrevenant ne s’exécute pas dans le délai fixé par l’agent contrôleur, l’autorité administrative
prononce l’ordre de démolir.
6. La démolition des constructions en infractions n’exempt en aucun cas le contrevenant de la
poursuite judiciaire.
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V. Sanctions (Acte de construire)


Infraction Amende
1. La réalisation ou la modification d’une construction ou le démarrage des travaux:
 Sans autorisation préalable -10.000 à 100.000 Dhs (*)
 Sans autorisation sur un terrain appartenant à l’Etat, à une collectivité -100.000 à 200.000 Dhs
locale ou à une collectivité ethnique
 En infraction avec les documents autorisés -10.000 à 50.000 Dhs
 Sur un terrain non constructible -10.000 à 100.000 Dhs
2. La construction d’un ou de plusieurs étages supplémentaires sans -50.000 à 100.000 Dhs et/ou peine de prison de 1 à 3
autorisation préalable mois
3. L’exploitation d’une construction sans permis d’habiter ou certificat de -2.000 à 10.000 Dhs (si exploitée par le propriétaire)
conformité -10.000 à 100.000 Dhs (si exploitée par autrui)
4. Le non-respect des dispositions relatives à l’organisation du chantier -5.000 à 10.000 Dhs
(tenue du cahier de chantier, etc.)
5. Opérer un changement de la destination d’une construction -10.000 à 50.000 Dhs

(*) Article 71: En cas de récidive, à moins d’un an du jugement de la 1 ère infraction, la sanction est de 1 à 3 mois de prison.

Autres dispositions:

 Article 80: En cas de récidive, à moins d’un an de la prise d’effet du jugement relatif à la 1ère infraction,
la sanction est double.

 Article 80-1: En sus des mesures coercitives susvisées, le tribunal est dans l’obligation de contraindre
le contrevenant à démolir, à ses propres frais, la construction en infraction et de remettre les lieux dans
leur état initial.
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V. Sanctions (Loi 25-90 relative aux lotissements, groupements résidentiels et morcellements)

Infraction Amende
1. La réalisation sans autorisation préalable ou contrairement aux -100.000 à 5.000.000 Dhs
dispositions de la loi 25-90 des travaux de lotissements, groupements
résidentiels ou morcellements
2. La réalisation d’un lotissement/groupement résidentiel dans une zone -100.000 à 200.000 Dhs avec 1 à 5 ans de prison
non conforme au règlements d’urbanisme en vigueur
3. La réalisation sans autorisation préalable de travaux de lotissements, -100.000 à 200.000 Dhs
groupements résidentiels ou morcellements sur un terrain appartenant
à l’Etat, à une collectivité locale ou ethnique

4. La vente, location, partage de lots ou d’habitations avant la réception -100.000 à 200.000 Dhs
provisoire du lotissement ou du groupement résidentiel; Est
sanctionnée également, dans ce cadre, l’offre de vente ou de location.
(Exception faite, en cas d’application des dispositions relatives à la loi
sur la VEFA)

Autres dispositions:

 Article 71 de la loi 25-90: En cas de récidive, à moins d’un an de la prise d’effet du jugement de la 1ère
infraction, la sanction est double.

 Article 80-1: En sus des mesures coercitives susvisées, le tribunal peut contraindre le contrevenant à
remettre les lieux dans leur état initial.
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VI. Dispositions particulières

1. L’autorisation de construire est également obligatoire pour effectuer des modifications touchant à la
façade d’une construction.

2. Le président du conseil communal peut délivrer le permis d’habiter/certificat de conformité sur la


base d’une attestation de conformité des travaux établie par l’architecte chargé du projet; Ceci, sans
recourir à une visite de constatation des lieux.

3. Tous travaux de démolition (totale/partielle) requièrent une autorisation préalable. Elle est délivrée
par le président du conseil communal.

4. Cette loi a apporté, à la loi 25-90, des dispositions similaires en matière d’organisation du chantier
et de constatation des infractions.

5. Un permis de réparation ou d’entretien est obligatoire pour les travaux n’entrant pas dans le champ
d’application de l’autorisation de construire.

6. Le président du conseil communal peut délivrer un permis de régularisation ou de mise en


conformité, après avis conforme de l’agence urbaine, et ce au profit des personnes ayant procédé à
des constructions illégales.
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VII. Avis des professionnels du BTP

 Les professionnels du BTP dénoncent en partie ce texte de loi qu’ils considèrent en déphasage avec
la réalité terrain.
 Les dispositions particulièrement contestées sont les suivantes:
Article 65 : Il y a risque d’abus de pouvoir de la part des agents contrôleurs, vu que leur rôle,
responsabilité et champ d’intervention ne seront fixés qu’ultérieurement par un texte réglementaire.
Article 66 : le législateur a laissé la porte ouverte aux agents contrôleurs d’effectuer, de leur
propre gré, des visites inopinées; Ceci ouvre également la porte à de possibles abus de pouvoir.
Article 67 : La décision de l’agent contrôleur d’ordonner l’arrêt immédiat d’un chantier ne peut être
contestée. S’il le maître d’ouvrage choisit de ne pas s’exécuter à cette décision, l’agent contrôleur
dispose du pouvoir de procéder à la fermeture du chantier et à la saisie des outils, machines et
autres biens se trouvant sur les lieux.
Article 78 : selon les dispositions de cet article :
1- le promoteur est coupable en cas d’infraction, et
2- les acteurs du projet (IGT, BET, architecte, etc.), s’ils ne déclarent pas une infraction
constatée dans un délai de 84h(*), sont considérés complices et soumis aux sanctions
prévues par la loi.
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VIII. Conclusion
1. Bien que contestée par les professionnels du BTP, la loi 66-12 permet de palier à plusieurs lacunes
en matière d’organisation de l’acte de construire (organisation du chantier, autorisations, etc.).
2. Les sanctions prévues par ce texte sont lourdes; De surcroit, l’introduction de sanctions pénales
semble être un acte démesuré.
3. Cette loi ouvre la porte à des comportements malveillants de la part des agents contrôleurs
(exemple: extorsion) .
4. Il est discriminatoire d’engager la responsabilité de toutes les parties prenantes d’un projet (IGT,
BET, architecte et M.O) sans pour autant délimiter le champ d’implication de tout un chacun.
5. Avec l’entrée en vigueur de cette loi, la mise en vente ou en location, avant la réception provisoire
du lotissement ou du groupement résidentiel, est devenue un acte passible de sanctions.
6. Cette loi compliquera davantage les procédures administratives régissant l’acte de construire.
7. Par ailleurs, d’autres questions s’imposent:
 Est-ce que l’administration dispose des ressources humaines nécessaires pour une mise en
œuvre efficace de cette loi?
 Est-ce que le maître d’ouvrage (particulier, promoteur, etc.) est techniquement outillé pour
assurer la conformité de son chantier avec les documents autorisés?
 Plusieurs textes réglementaires devront voir le jour pour encadrer certaines dispositions de
cette loi (Ex: conditions d’intervention des agents contrôleurs, la démolition des constructions
en infraction, la délivrance de certaines autorisations, etc.). Seront-ils publiés à temps?

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