Vous êtes sur la page 1sur 17

Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique

………………………
Institut Universitaire d’Abidjan

………………………
Année Universitaire : 2021-2022
………………………
LICENCE 2
………………………
DROIT ADMINISTRATIF
………………………
Chargé de cours : Prof. LATH Yédoh Sébastien

Séance n° 1

Thème : L’existence du droit de la responsabilité administrative

Références bibliographiques

- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative


ivoirienne, Abidjan, CNDJ, 2012 ;
- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle juridictionnel
de l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013 ;
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Paris, Bergel-Levrault, 1896 ;

- Yédoh Sébastien LATH, « Le contentieux administratif dans le système ivoirien d’unité
de juridiction : Eléments d’une typologie », in Alioune SALL et Ismaïla Madior FALL
(sous la dir. de) : Actualité du droit public et de la science politique en Afrique,
Mélanges en l’honneur de Babacar KANTE, L’Harmattan, Dakar, 2017, p. 537 à 565 ;
- Yédoh Sébastien LATH, « Organisation juridictionnelle et droit administratif : esquisse
d’une théorie de l’évolutionnisme juridique en France et en Afrique francophone »,
Communication au colloque de Dakar sur Cinquante ans de droit administratif en
Afrique, Dakar, 2015.
- Yédoh Sébastien LATH, « Les contentieux de la régulation devant la Chambre
administrative  », Tribune de la Chambre administrative, n° 08, 2017, p. 15 et 20 ;

1
- Amoin Alexise MALAN, L’évolution du recours pour excès de pouvoir devant la
Chambre administrative de la Cour suprême de la Côte d’Ivoire, Mémoire de Master en
droit public, Université Félix Houphouët-Boigny, 2015 – 2016.
………………………………………………………………………………………………….

Exercice : Commentaire conjoint des arrêts suivants :

TC, 8 février 1873, Blanco, Rec., 1er supplt 61, concl. David ; D. 1873.3.20, concl. ; S.
1873.3.153, concl. ; GCJA, vol. 1, n° 10 concl.
CSCA, 14 janvier 1970, Société des centaures routiers c. État de Côte d’Ivoire, arrêt n° 1.
CSCA, 18 janvier 2012, État de Côte d’Ivoire c/ Nomel Agness Antoinnette, arrêt n° 02.

Extrait n° 1 : TC, 8 février 1873, Blanco, Rec., 1er supplt 61, concl. David ; D. 1873.3.20,
concl. ; S. 1873.3.153, concl. ; GCJA, vol. 1, n° 10 concl.

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Vu l’exploit introductif d’instance, du 24 janvier 1872, par lequel Jean Blanco a fait assigner,
devant le tribunal civil de Bordeaux, l’État, en la personne du préfet de la Gironde, Adolphe Z...,
Henri X..., Pierre Monet et Jean A..., employés à la manufacture des tabacs, à Bordeaux, pour,
attendu que, le 3 novembre 1871, sa fille Agnès Blanco, âgée de cinq ans et demi, passait sur la
voie publique devant l’entrepôt des tabacs, lorsqu’un wagon poussé de l’intérieur par les
employés susnommés, la renversa et lui passa sur la cuisse, dont elle a dû subir l’amputation ; que
cet accident est imputable à la faute desdits employés, s’ouïr condamner, solidairement, lesdits
employés comme co-auteurs de l’accident et l’État comme civilement responsable du fait de ses
employés, à lui payer la somme de 40,000 francs à titre d’indemnité ;
Vu le déclinatoire proposé par le préfet de la Gironde, le 29 avril 1872 ;
Vu le jugement rendu, le 17 juillet 1872, par le tribunal civil de Bordeaux, qui rejette le
déclinatoire et retient la connaissance de la cause, tant à l’encontre de l’État qu’à l’encontre des
employés susnommés ;
Vu l’arrêté de conflit pris par le préfet de la Gironde, le 22 du même mois, revendiquant pour
l’autorité administrative la connaissance de l’action en responsabilité intentée par Blanco contre
l’État, et motivé :
1° sur la nécessité d’apprécier la part de responsabilité incombant aux agents de l’État selon les
règles variables dans chaque branche des services publics ;

2
2° sur l’interdiction pour les tribunaux ordinaires de connaître des demandes tendant à constituer
l’État débiteur, ainsi qu’il résulte des lois des 22 décembre 1789, 18 juillet, 8 août 1790, du décret
du 26 septembre 1793 et de l’arrêté du Directoire du 2 germinal an 5 ;
Vu le jugement du tribunal civil de Bordeaux, en date du 24 juillet 1872, qui surseoit à statuer sur
la demande ;
Vu les lois des 16-24 août 1790 et du 16 fructidor an 3 ;
Vu l’ordonnance du 1er juin 1828 et la loi du 24 mai 1872 ;
Considérant que l’action intentée par le sieur Blanco contre le préfet du département de la
Gironde, représentant l’État, a pour objet de faire déclarer l’État civilement responsable, par
application des articles 1382, 1383 et 1384 du Code civil, du dommage résultant de la blessure
que sa fille aurait éprouvée par le fait d’ouvriers employés par l’administration des tabacs ;

Considérant que la responsabilité, qui peut incomber à l’État, pour les dommages causés aux
particuliers par le fait des personnes qu’il emploie dans le service public, ne peut être régie par
les principes qui sont établis dans le Code civil, pour les rapports de particulier à particulier ;
Que cette responsabilité n’est ni générale, ni absolue ; qu’elle a ses règles spéciales qui varient
suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les droits de l’État avec les droits
privés ;
Que, dès lors, aux termes des lois ci-dessus visées, l’autorité administrative est seule compétente
pour en connaître ;
DÉCIDE :
Article 1er : L’arrêté de conflit en date du 22 juillet 1872 est confirmé.
Article 2 : Sont considérés comme non avenus, en ce qui concerne l’Etat, l’exploit introductif
d’instance du 24 janvier 1872 et le jugement du tribunal civil de Bordeaux du 17 juillet de la
même année.
Article 3 : Transmission de la décision au garde des sceaux pour l’exécution.

Extrait n° 2 : CSCA, 14 janvier 1970, Société des centaures routiers c. État de Côte d’Ivoire,
arrêt n° 1.

COUR SUPREME

CHAMBRE ADMINISTRATIVE
Vu la requête présentée par la Société des Centaures Routiers, ladite requête enregistrée au
Secrétariat Général de la Cour suprême, le 23 décembre 1968 et tendant à ce quiI plaise à la Cour
casser et annuler l’arrêt n° 126 rendu par la Cour d’appel d’Abidjan, le 26 avril 1968, la recevant
en son appel, mais la déboutant au fond de la demande d’indemnité qu’elle a formée contre l’Etat

3
de Côte d’ivoire pour obtenir réparation des dommages subis par l’un de ses véhicules en
empruntant le bac de Moossou ;
Attendu que, en mettant à la charge de la société la preuve d’une faute du transporteur, alors que
celui-ci était tenu par une obligation de résultats, la Cour a violé l’article 1315 du Code civil,
qu’elle a, en outre, méconnu les dispositions de l’article 1353 du même code en ne tenant pas
compte des présomptions graves, précises et concordantes qui établissaient que l’accident était dû
à un mauvais entretien des amarres du bac ;
Vu l'arrêt entrepris n° 126 de la Cour d'appel d'Abidjan en date du 26 avril 1968 ;
Vu les autres pièces produites et jointes au dossier ;
Vu la loi 61-201 du 2 juin 1961, déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le
fonctionnement de la Cour suprême, ensemble le décret n° 63-270 du 12 juin 1963 portant
application de cette loi ;
Ouï, à l’audience publique du 14 janvier 1970, M. BERNARD, Président de la Chambre
administrative en son rapport ;
Considérant qu’un bac constitue, comme les sections de routes qu’il relie et dont il est
l'accessoire nécessaire, un ouvrage public ; que son exploitation présente le caractère d'un service
public administratif, dont les usagers ne sont pas liés à l’Etat par un contrat de transport de droit
privé, même s’ils doivent acquitter un péage ; que la responsabilité qui peut incomber à l’Etat
pour les dommages causés auxdits usagers ne peut être régie par les principes qui sont établis par
le Code civil pour les rapports de particulier à particulier; que cette responsabilité n’est ni
générale, ni absolue ; qu’elle a ses règles spéciales qui varient suivant les besoins du service et la
nécessité de concilier les droits de l’Etat avec les droits privés ;
Considérant que lorsqu’un dommage est causé à un usager par le fait d'un ouvrage public, la
responsabilité du maître de l’ouvrage est engagée sauf s’il prouve que l'ouvrage était
normalement entretenu ; que si l'arrêté du 3 septembre 1958 réglementant le passage des
véhicules à bord des bacs dispose que « tout véhicule embarquant à bord d’un bac effectuera son
embarquement, sa traversée, et son débarquement à ses risques et périls », cette disposition
réglementaire n’a pu avoir légalement pour effet de déroger aux principes qui régissent la
responsabilité de la puissance publique ;
Considérant qu'il ressort des énonciations de l’arrêt attaqué que le 17 avril 1961 un camion
appartenant à la Société des centaures Routiers est tombé dans la lagune en débarquant du bac de
Moossou, en raison d’une rupture des amarres du bac,
Qu'en l'absence de preuve contraire rapportée par l’Administration, l'accident doit être regardé
comme imputable à un défaut d'entretien normal de l'ouvrage public, qui engage la responsabilité
de l'Administration ; que, dès lors, la Société requérante est fondée à demander l'annulation de
l’arrêt attaqué en date du 26 avril 1968, par lequel la Cour d'appel d'Abidjan a confirmé le
jugement la déboutant de son action en responsabilité contre l'Etat
DECIDE :

4
Article 1er : L'arrêt n° 126 rendu par la Cour d'appel d'Abidjan, le 26 avril 1968, est annulé ;
Article 2 : La cause et les parties sont renvoyées devant ladite Cour autrement composée, pour
être à nouveau statué ;
Article 3 : Expédition de la présente décision sera transmise au ministre des Affaires
économiques et financières et au ministre des Travaux publics et des Transports ;
Ainsi fait, décidé et prononcé le 14 janvier 1970 en son audience publique tenue à la Cour
suprême ;

Extrait n° 3 : CSCA, 18 janvier 2012, État de Côte d’Ivoire c/ Nomel Agness Antoinnette,
arrêt n° 02.

LA COUR,
Vu l’exploit d’huissier aux fins de pourvoi en cassation n° 2010-344 CAS/ADM du 09 Août
2010 par lequel l’Etat de Côte d'Ivoire représenté par le Ministre de l’Economie et des Finances
pris en la personne de monsieur l’Agent Judiciaire du Trésor, demeurant à Abidjan-plateau,
immeuble EX-BECEAO BP V 98 Abidjan, pour lequel domicile est élu en l’Etude de son
conseil, la SCPA KOSSOUGRO & Associés, Avocats à la Cour, y demeurant 135, Avenue
Général De Gaulle, 1er étage de l’Immeuble COLINA-VIE, 01 BP 7285 Abidjan 01, tél : 20 22
43 30, sollicite la cassation de l’arrêt administratif du 26 mars 2010 de la Première Chambre
Civile et Administrative de la Cour d’Appel d’Abidjan ;
Vu l’arrêt administratif contradictoire n° 93/2010 du 26 Mars 2010 de la Cour d’Appel
d’Abidjan ;
Vu les pièces du dossier, notamment le mémoire de Madame NOMEL AGNESS Antoinette
enregistré au Secrétariat de la Chambre Administrative de la Cour Suprême le 17 Septembre
2010;
Vu la loi 94-440 du 16 Août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et
le fonctionnement de la Cour Suprême, modifiée et complétée par la loi 97-243 du 25 Avril
1997 ;
Ouï le Rapporteur ;
Considérant, selon l’arrêt confirmatif attaqué n° 93 du 26 Mars 2010 de la Cour d’Appel
d’Abidjan, que le 24 Août 2003, alors qu’elle se trouvait à bord d’un véhicule marquant un arrêt
aux feux tricolores du carrefour de la R.T.I, Madame NOMEL AGNESS Antoinette a été atteinte
par le tir de l’arme à feu du brigadier TANOH DJIRABOU qui pourchassait à pied un taxi en
compagnie de ses collègues ; que blessée à l’épaule et à la joue droites ainsi qu’à l’œil gauche
dont elle a perdu l’usage, elle a sollicité du Tribunal de Première Instance d’Abidjan, en
réparation des préjudices corporels par elle subis et en remboursement des frais engagés pour ses

5
soins, les sommes respectives de deux cent millions (200 000 000) de francs et de huit millions
cent trente cinq mille cinq cent soixante et onze (8 135 571) francs, en faisant valoir la faute
personnelle de l’agent TANOH DJIRABOU et la faute de service imputable à l’Etat de Côte
d’Ivoire ou l’application de la théorie du risque au cas où aucune faute ne pourrait être imputée
au militaire auteur des préjudices qu’elle a subis à l’occasion du service de ce dernier ;
Considérant que le Tribunal, par jugement contradictoire n° 2108 du 10 Août 2005, a, en
retenant la faute de TANOH DJIRABOU commise à l’occasion du service, déclaré dame
NOMEL AGNESS Antoinette partiellement fondée, condamné solidairement l’Etat de Côte
d’Ivoire et son agent à lui payer la somme de cent cinquante millions (150 000 000) de francs
pour les préjudices corporels subis et celle de huit millions cent trente cinq mille cinq cent
soixante et onze (8 135 571) francs à titre de remboursement des frais médicaux ; que sur appel
de l’Etat de Côte d’Ivoire, la Cour d’Appel a confirmé le jugement entrepris en toutes ses
dispositions tout en retenant la responsabilité de l’Etat fondée sur le risque ;
Considérant qu’à l’appui de son pourvoi, l’Etat de Côte d’Ivoire fait valoir le moyen tiré
de défaut de base légale, pris en deux branches ;
Sur la première branche du moyen tiré de l’obscurité des motifs
Considérant qu’il est fait grief à la Cour d’Appel d’avoir, pour rejeter les conclusions de
l’expertise médicale pratiquée sur dame NOMEL AGNESS Antoinette, jugé que l’analyse faite
par l’expert ne reflète pas la réalité des préjudices subis par la victime eu égard à la situation de
tiers de celle-ci aux faits dommageables et ainsi fondé sa décision sur des motifs obscurs alors
que selon le pourvoi, les préjudices subis du fait de sinistres de toutes sortes ne se quantifient
qu’en considération de divers éléments précis, notamment l’incapacité permanente partielle de
travail, la douleur endurée, la perte du gain et le préjudice esthétique ;
Considérant cependant que la Cour d’Appel, en jugeant que « l’avis de l’expert ne lie pas
le Tribunal » en application des dispositions de l’article 75 du code de procédure civile,
commerciale et administrative et en confirmant la décision du premier juge qui a relevé à juste
titre tous les préjudices subis par dame NOMEL AGNESS Antoinette, a, de manière non
équivoque, motivé sa décision ; qu’il échet en conséquence de rejeter comme non fondée la
première branche du moyen articulé par l’Etat de Côte d’Ivoire ;
Sur la seconde branche tirée de l’insuffisance des motifs
Considérant qu’il est fait grief à la Cour d’Appel d’avoir alloué à dame NOMEL
AGNESS Antoinette une somme d’argent globale sans spécifier les divers chefs de préjudices
réparés et sans fixer la date d’évaluation de ces préjudices et d’avoir ainsi insuffisamment motivé
sa décision alors que, selon le pourvoi, le propre de la responsabilité est de rétablir aussi
exactement que possible l’équilibre détruit par le dommage et de replacer la victime dans la
situation où elle se serait trouvée si l’acte dommageable n’avait pas eu lieu ;
Mais considérant que les juges d’appel, outre les motifs adoptés par la confirmation du
jugement entrepris, ont indiqué et expliqué les postes de préjudices corporel, moral, esthétique et
financier subis par dame NOMEL ; qu’en outre, la responsabilité de l’Administration étant

6
spécifique et non calquée sur celle du droit commun, il ne peut être reproché aux juges d’appel de
n’avoir pas statué, pour quantifier la réparation des préjudices, comme en matière civile ou
commerciale en précisant le montant alloué au titre de chaque préjudice ; qu’il en résulte que la
Cour d’Appel a suffisamment motivé sa décision et que n’est pas fondée la seconde branche du
moyen ;
Par ces motifs
- Rejette le pourvoi formé par l’Etat de Côte d’Ivoire contre l’arrêt n° 93-2010
rendu par la Cour d’Appel d’Abidjan ;
- Met les dépens à la charge du Trésor Public.
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre Administrative, en son audience publique
ordinaire du DIX HUIT JANVIER DEUX MIL DOUZE.

7
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
………………………
Institut Universitaire d’Abidjan

………………………
Année Universitaire : 2021-2022
………………………
LICENCE 2
………………………
DROIT ADMINISTRATIF
………………………
Chargé de cours : Prof. LATH Yédoh Sébastien

Séance n° 2 

Thème : Le fondement de la responsabilité administrative

Références bibliographiques

- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne,


Abidjan, CNDJ, 2012 ;

- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle juridictionnel de


l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013 ;
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Paris, Bergel-Levrault, 1896 ;
- Yédoh Sébastien LATH, Droit administratif général, Abidjan, Les éditions du LECAP,
2022 ;
- Marceau LONG, Prosper WEIL, Guy BRAIBANT, Pierre DELVOLVE, Bruno
GENEVOIS, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative, 18e édition, Paris,
Dalloz, 2011.

……………………………………………………………………………………………….

Exercice : cas pratique

L’Association des Femmes Célibataires (AFC), dans l’État de Patridougou, décide de manifester
pour exiger la légalisation de la polygamie. À cet effet, elles prévoient une action de mobilisation
nationale dans la commune de Patroudougui, située dans zone sud de la capitale.

8
En réaction à cette manifestation, l’Association des Femmes Mariées (AFM) décide d’initier une
contre-manifestation afin de soutenir l’application sans réserve du Code de la famille, qui
instaure la monogamie sur toute l’étendue du territoire.
C’est dans ce contexte de vives tensions que Mademoiselle Kpôklétou Ayanata et Madame
Katochi Ayaoko, s’étant rencontrés au marché des vivriers de la commune de Patroudougui,
s’engagent dans une altercation qui dégénère en une bagarre généralisée entre les femmes
célibataires et les femmes mariées présentes.
Informée, la police se rend sur les lieux et décide de disperser la foule en colère en projetant des
grenades de gaz lacrymogènes. L’une des grenades tombe malencontreusement dans la boutique
de Monsieur Kotakoki, célèbre commerçant, qui perd la vue quelques jours plus tard en raison de
la toxicité du gaz.
Mademoiselle Kpôklétou Ayanata est copieusement bastonnée et grièvement blessée par le
sergent-chef Katochi Kikiyana, qui estime légitime pour lui de défendre sa femme.
Appelé par un message radio PR4G portable par sa hiérarchie, le MDL Kobodoko, n’ayant pas de
véhicule à sa disposition, décide de réquisitionner le Gbaka de Monsieur Patouki. Celui-ci est
alors contraint de conduire les 10 agents de la gendarmerie nationale sur l’esplanade du marché
de la commune. À leur arrivée, face à la colère et à la violence des manifestants, l’un des
gendarmes use de son fusil d’assaut HK 416 F et blesse mortellement Miss Flora Djantra la star.
C’est ainsi que les jeunes de l’Association des Hommes Célibataires (AHC) s’en prennent aux
forces de l’ordre et brulent le véhicule les ayant transportés. Patouki reçoit une pierre et perd
l’usage de l’œil gauche.
Après plusieurs heures de troubles, le Maire de la commune se rend sur les lieux et constate
plusieurs dégâts matériels d’un montant total de deux cents cinquante millions (250 000 000) de
Francs CFA. Le Maire ordonne que les blessés soient transportés au CHU pour des soins
intensifs. Malheureusement, le professeur Pitadosia, chef du service des urgences, qui détenait la
clé, est absent en raison de son état d’ébriété suite à la fête qu’il a organisé la veille pour célébrer
son anniversaire en compagnie de la Présidente de l’Association des Femmes célibataires, Mam-
Laleuz.
Hospitalisés dans les locaux des maladies infectieuses, certains blessés sont contaminés par la
tuberculose. Les autres blessés subissent des opérations chirurgicales et des traitements par piqure
intra-veineuse.
Après l’opération, Monsieur Kipodja constate qu’il a un abondant saignement au niveau de ses
narines, qui se dilatent et explosent. Le diagnostic révèle qu’il avait des agrafes et des compresses
dans la cage thoracique. Malheureusement, avant même que le Professeur Pitadosia
n’intervienne, Monsieur Kipodja rend l’âme. De même, Madame Pornidoki, qui avait bénéficié
d’une piqure intra-veineuse au cours de son traitement, se retrouve handicapée du pied gauche.
Les victimes et leurs ayants-droits furieux décident d’engager des actions en responsabilité.
Conseillez-les utilement.

9
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
………………………
Institut Universitaire d’Abidjan

………………………
Année Universitaire : 2021-2022
………………………
LICENCE 2
………………………
DROIT ADMINISTRATIF
………………………
Chargé de cours : Prof. LATH Yédoh Sébastien

Séance n° 3 

Thème : Les régimes spéciaux de responsabilité administrative

Références bibliographiques

- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne,


Abidjan, CNDJ, 2012 ;

- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle juridictionnel de


l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013 ;
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Paris, Bergel-Levrault, 1896 ;
- Yédoh Sébastien LATH, Droit administratif général, Abidjan, Les éditions du LECAP,
2022 ;
- Marceau LONG, Prosper WEIL, Guy BRAIBANT, Pierre DELVOLVE, Bruno
GENEVOIS, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative, 18e édition, Paris,
Dalloz, 2011.

……………………………………………………………………………………………….

Exercice : Dissertation

Sujet : La responsabilité de l’administration du fait des dommages causés par un véhicule


de l’administration

10
11
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
………………………
Institut Universitaire d’Abidjan

………………………
Année Universitaire : 2021-2022
………………………
LICENCE 2
………………………
DROIT ADMINISTRATIF
………………………
Chargé de cours : Prof. LATH Yédoh Sébastien

Séance n° 4 

Thème : Le recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d’État

Références bibliographiques

- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne, Abidjan,
CNDJ, 2012 ;

- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle juridictionnel


de l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013 ;
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Paris, Bergel-Levrault, 1896 ;
- Yédoh Sébastien LATH, Droit administratif général, Abidjan, Les éditions du LECAP, 2022 ;

……………………………………………………………………………………………….

Exercice : Dissertation

Sujet :
Le recours pour excès de pouvoir dans la loi organique n° 2020-968 du 17 décembre 2020
déterminant les attributions, la composition, l’organisation et le fonctionnement du Conseil
d’État

12
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
………………………
Institut Universitaire d’Abidjan

………………………
Année Universitaire : 2021-2022
………………………
LICENCE 2
………………………
DROIT ADMINISTRATIF
………………………
Chargé de cours : Prof. LATH Yédoh Sébastien

Séance n° 5

Thème : Les conditions de recevabilité

Références bibliographiques

- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne, Abidjan,
CNDJ, 2012 ;

- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle juridictionnel


de l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013 ;
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Paris, Bergel-Levrault, 1896 ;
- Yédoh Sébastien LATH, Droit administratif général, Abidjan, Les éditions du LECAP, 2022 ;

……………………………………………………………………………………………….

Exercice : Commentaire d’arrêt : CACS, Arrêt n° 173, 23 décembre 2014, Bambara Pilhy
Philippe C/ Ministre de L’Economie et des Finances.

LA COUR,
Vu      la requête, enregistrée le 04 mars 2011 au Secrétariat Général de la Cour Suprême  sous le
n° 2011-015 REP, par laquelle monsieur BAMBARA Pilhy Philippe, Directeur de Société, pour
lequel domicile est élu en l’Etude de Maître KOFFI A. Anne Dominique KOUASSI, Avocat à la
13
Cour d’Appel, y demeurant, 35 Rue de Commerce, Avenue du Général de Gaulle, immeuble
Colina Africa-vie, 1er étage, 04 BP 460 Abidjan 04, tél : 20 33 62 29/ 01 70 02 56, fax : 20 33 62
30, sollicite de la Chambre Administrative de la Cour Suprême, l’annulation, pour excès de
pouvoir, du certificat de propriété n° 007467 du 22 septembre 2005 délivré à monsieur
Souleymane SYLLA sur le lot n° 3090, îlot 254, sis aux Deux-Plateaux, 7ème tranche, par le
Conservateur de la Propriété Foncière et des Hypothèques d’Abidjan Nord 1 ;
Vu      l’acte  attaqué ;
Vu      les autres pièces du dossier ;
Vu      les pièces desquelles il résulte que la requête, le 05 juin 2011 et le rapport, les 02 et 19 mai
2014, ont été transmis à madame le Procureur Général près la Cour Suprême et notifiés au
Ministre de l’Economie et des Finances, à monsieur Souleymane SYLLA et à madame
OUATTARA Fanta, qui n’ont pas produit d’écritures ;
Vu      la loi n° 94-440 du 16 août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les
attributions et le fonctionnement de la Cour Suprême, modifiée par  la loi  n° 97-243 du 25 avril
1997;
Ouï    le Rapporteur ;
          Considérant que par arrêté n° 0545/MCU/DDU-SDR du 15 mars 1988, le Ministre de la
Construction et de l’Urbanisme a accordé à monsieur BAMBARA PILHY Philippe, la
concession provisoire sur le lot n° 3090, îlot 254, d’une superficie de 1200 m², sis aux Deux-
Plateaux, 7ème tranche, objet du titre foncier n° 52523 de la circonscription foncière de
Bingerville, acquis auprès de la SETU ;
          Considérant que par arrêté n° 3327/MLU/SDU du 03 octobre 1999 le Ministre en charge de
la Construction a annulé la concession provisoire de monsieur BAMBARA PILHY du lot
litigieux ; qu’il a concédé ledit lot, par le même arrêté, à monsieur Souleymane SYLLA,
détenteur lui aussi d’une attestation d’acquisition du même lot, datée du 14 avril 1998 ; que
Souleymane SYLLA, après avoir consolidé ses droits sur la parcelle par l’obtention du certificat
de propriété n° 007467 du 22 septembre 2005, l’a vendue, par acte notarié du 15 mai 2006, à
madame OUATTARA Fanta qui y a bâti une villa ;
          Considérant que le Ministre de la Construction, par un autre arrêté n° 0037/MCU/DAJC du
31 octobre 2006, a annulé, pour faux, la concession provisoire accordée à Souleymane SYLLA et
restitué à celle du 15 mars 1988 accordée à BAMBARA PILHY son plein et entier effet ;
          Considérant qu’au cours d’une procédure en déguerpissement initiée le 12 décembre 2008
devant le Tribunal de Première Instance d’Abidjan par BAMBARA PILHY contre Souleymane
SYLLA, le Conservateur de la Propriété Foncière et dame OUATTARA Fanta, cette dernière a
produit l’acte notarié de vente du 15 mai 2006 ainsi que le certificat de propriété de Souleymane
SYLLA portant  sur la parcelle ;
          Qu’estimant ce certificat de propriété illégal et après avoir vainement tenté de le faire
retirer par un recours gracieux du 13 octobre 2010 resté sans suite,  monsieur  BAMBARA

14
PILHY Philippe a, saisi la Chambre Administrative de la Cour Suprême aux fins de son
annulation ;
Sur la  recevabilité
          Considérant que le certificat de propriété attaqué a été délivré à monsieur Souleymane
SYLLA le 22 septembre 2005 ;
          Qu’il est constant que, le 12 décembre 2008, le requérant, BAMBARA PILHY, a assigné
en déguerpissement le Conservateur de la Propriété Foncière, monsieur Souleymane SYLLA et
dame OUATTARA Fanta ; qu’au cours de ce procès ayant donné lieu au jugement rendu par le
Tribunal de Première Instance d’Abidjan le 15 mars 2010, dame OUATTARA Fanta a produit le
certificat de propriété critiqué ;
          Qu’il s’ensuit que, pendant la période allant du 12 décembre 2008 au 15 mars 2010, le
requérant avait eu une connaissance acquise de l’acte attaqué ; que dès lors, son recours
administratif préalable exercé le 13 octobre 2010, est tardif, eu égard aux dispositions de l’article
58 de la loi sur la Cour Suprême et par voie de conséquence, rend la requête irrecevable ;
DECIDE
Article 1er  :        La requête en annulation pour excès de pouvoir de monsieur BAMBARA
PILHY Philippe contre le certificat de propriété n° 007467 du 22 septembre 2005 est
irrecevable ;
Article 2 :              Les frais sont à la  charge du requérant ;
Article 3 :              Une expédition du présent arrêt sera transmise à Madame le Procureur
Général près la Cour Suprême, au Ministre de la Construction, du Logement de l’Assainissement
et de l’Urbanisme ;
          Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre Administrative, en son audience
publique ordinaire du VINGT TROIS DECEMBRE DEUX MIL QUATORZE ;
          Où étaient présents MM. KOBO Pierre Claver, Président de la Chambre Administrative,
Président ; Mme NIANGO ABOKE Maria, Conseiller-Rapporteur ; N’GNAORE  Kouadio, YOH
Gama, Mme DIAKITE Fatoumata, DEDOH Dakouri, KOBON Abe Hubert, GAUDJI K. Joseph-
Désiré, Conseillers ; en présence de M. ZAMBLE Bi Tah Germain, Avocat Général ; avec
l’assistance de Maître LANZE Denis, Greffier ;

15
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
………………………
Institut Universitaire d’Abidjan

………………………
Année Universitaire : 2021-2022
………………………
LICENCE 2
………………………
DROIT ADMINISTRATIF
………………………
Chargé de cours : Prof. LATH Yédoh Sébastien

Séance n° 6

Thème : Le contentieux en annulation pour excès de pouvoir

Références bibliographiques

- Martin Djézou BLEOU, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne, Abidjan,
CNDJ, 2012 ;

- René DEGNI-SEGUI, Droit administratif général. Tome 3 : le contrôle juridictionnel


de l’Administration, CEDA, Abidjan, 2013 ;
- Edouard LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours
contentieux, Paris, Bergel-Levrault, 1896 ;
- Yédoh Sébastien LATH, Droit administratif général, Abidjan, Les éditions du LECAP, 2022 ;

……………………………………………………………………………………………….

Exercice : Cas pratique

Suite à la grève généralisée lancée par le Syndicat des Fonctionnaires de l’État du Gondwana
(SFG), le Ministre de la Fonction publique a pris trois actes : le premier révoque Monsieur
Topika pour abandon de poste. Le deuxième interdit toutes les activités syndicales et dissout le
Syndicat des Fonctionnaires de l’État du Gondwana. Le troisième acte porte retrait de l’acte de
nomination de l’adjudant Kopito-Guédar.

16
Les trois agents contestent vivement la décision du Ministre.
Monsieur Topika explique avec preuve à l’appui que la décision du Ministre est intervenue alors
même qu’il n’a enregistré que sept jours de retard pour rejoindre son nouveau poste. D’ailleurs,
ce retard était justifié par le fait que ses enfants devaient finir l’année scolaire afin que toute la
famille puisse rejoindre la ville de Boueta, son lieu d’affectation, situé à 650 km de la capitale du
Gondwana.
Le secrétaire du Syndicat des Fonctionnaires de l’État du Gondwana, Monsieur Gnamangnaman,
conteste également la décision du ministre et entend exercer deux recours juridictionnels : un
recours en responsabilité administrative et un recours pour excès de pouvoir.
Enfin, l’adjudant Kopito-Guédar reconnait avoir utilisé le diplôme de BEPC de son frère cadet
pour sa candidature au concours d’entrée à l’école de police. Toutefois, il dénonce l’arbitraire et
le népotisme du Ministre qui l’aurait sanctionné parce que n’étant pas ressortissant de la région
des Patoukachis, l’ethnie majoritaires au Gondwana.
Pour soutenir les propos de l’adjudant Kopito-Guédar, le Commissaire Kopito-Guédo, le frère
aîné de l’adjudant Kopito Guédar, explique que depuis deux semaines, le Conseil d’État a annulé
la décision du ministre de la Fonction publique qui avait révoqué de ses fonctions. Et qu’après
plusieurs correspondances adressées à sa hiérarchie, il n’a point été réintégré.
Le jour de votre anniversaire, Monsieur Topika, Monsieur Gnamangnaman et l’adjudant Kopito-
Guédar sont invités par votre Père. Les trois invités vous remettent de somptueux cadeaux et vous
demandent de les conseiller utilement dans le cadre de leurs procédures. Confiant, votre Père veut
vous entendre dire le droit avec toute la fierté que vous lui inspirez.

17

Vous aimerez peut-être aussi