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Droit Fiscal
MINISTRY OF HIGHER
EDUCATION
UNIVERSITY OF YAOUNDE II
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
AUDIT ET OPTIMISATION
DES IMPOTS SUR SALAIRE :
OPTION : Fiscalité
Par :
Sous
La Direction de
L'Encadrement professionnel de
M. NDEGUE LEKA
Auditeur Fiscal
et
La Supervision du
ABREVIATIONS
PV: Pension Vieillesse
RAV: Redevance Audiovisuelle
SC: salaire cotisable
TC: Taxe Communale
AVANT-PROPOS
TITRES PAGES
INTRODUCTION
GENERALE ......................................
............................... 1
Section I : Exploitation des avantages de la législation fiscale et des éléments totalement
imposables du salaire ................................................................................... 40
Section II : Optimisation par exploitation des éléments exonérés du salaire .................... 43
CONCLUSION
GENERALE.......................................
................................. 56
INTRODUCTION GENERALE
Dans tous les pays du monde tout comme au Cameroun, les charges publiques sont
principalement couvertes par l'impôt. Cet impôt est prélevé auprès des personnes qui sont
légalement soumises à l'obligation de l'acquitter. Les entreprises qui emploient, sont en outre
redevables des impôts supplémentaires. En effet, les salariés constituent le capital humain de
l'entreprise et ce capital se trouve imposé par le biais des taxes assises sur les rémunérations
qui leur sont versées. Ces impôts sont lourds, d'autant qu'il faut y ajouter les cotisations
sociales et les taxes parafiscales perçues au profit de certains organismes professionnels1(*).
C'est pour cette raison que les entreprises cherchent par tout moyen à éluder l'impôt. Elles
recourent parfois à la fraude fiscale qui est une soustraction illégale à la loi fiscale de tout ou
partie de la matière imposable qu'elle devrait frapper. Ces comportements bien que légitimes
au regard de l'idée de protection du bien privé, sont sévèrement réprimés par la loi, d'où la
nécessité de rester dans le cadre légal en recourant plutôt à l'audit et à l'optimisation des
impôts sur salaire dont sont redevables les entreprises. Pendant le stage académique, notre
attention a plus été attirée par l'expertise du Cabinet CLEMENT'S ZO SARL, sollicitée en
matière d'audit et d'optimisation des salaires par des grandes entreprises du Cameroun. Tout
ce qui concerne le salaire est d'actualité, vu la situation des crises internationales2(*). C'est ce
qui a motivé le choix de notre thème de travail : « Audit et optimisation des impôts sur
salaires ». Pour mieux le cerner quelques précisions notionnelles méritent d'être faites.
Les différentes définitions de l'impôt sont intéressantes, mais nous retiendrons celle de
Gaston JEZE qui à notre sens est la plus complète : « l'impôt est un prélèvement pécuniaire
effectué d'autorité à titre définitif et sans contrepartie immédiate sur les ressources des
personnes physiques ou morales pour couvrir les dépenses d'intérêt général de l'Etat et des
collectivités publiques »3(*). Le caractère qui attire notre attention ici est le suivant : l'impôt
est un prélèvement sans contrepartie. C'est dire que pour les entreprises, l'impôt est une
charge plus que négative, parce qu'il ne génère aucun produit. L'audit et l'optimisation
permettent cependant de le minimiser.
L'audit est d'après le Lexique des Termes Juridiques, « une mission de vérification de la
conformité d'une opération ou de la situation d'une entreprise aux règles de droit en
vigueur... on parle ainsi d'audit juridique, d'audit fiscal, social etc. » 4(*). Selon C.H. Gary,
l'audit est « un examen critique des informations fournies par l'entreprise »5(*). Cette
définition qui présente l'audit comme étant le diagnostic d'un ensemble de données fournies
par l'entreprise s'avère restrictive et simpliste.
De son côté, Mr J.P. RAVALEC expose une définition plus exhaustive : « il (l'audit) met en
évidence et mesure les principaux problèmes de l'entreprise ou de l'organisation à évaluer,
il en évalue l'importance sous forme de coûts financiers ou d'écarts par rapport à des
normes, en apprécie les risques qui en découlent, diagnostique les causes, exprime des
recommandations acceptables en termes de coûts et de faisabilité pour améliorer le
fonctionnement »6(*). L'audit fiscal des salaires est par conséquent la vérification de la
conformité des opérations d'imposition des salaires aux règles du droit fiscal. Il permet de
déceler des irrégularités et de les corriger. Ces irrégularités peuvent être au détriment aussi
bien du salarié, de l'entreprise, que de l'administration fiscale. Leur correction constitue un
premier pan d'optimisation.
Selon la loi «... le terme salaire signifie, quels qu'en soit la dénomination et le mode de
calcul, la rémunération ou les gains susceptibles d'être évalués en espèce et fixés, soit par
accord, soit par des dispositions réglementaires ou conventionnelles, qui sont dus en vertu
d'un contrat de travail, par un employeur à un travailleur, soit pour le travail effectué ou
devant être effectué, soit pour les services rendus ou devant être rendus »10(*). Plus
simplement le salaire est la « prestation versée par l'employeur au salarié en contrepartie
de son travail »11(*). Le salaire est différent des commissions et honoraires, en raison du lien
de subordination qui existe entre l'employeur et le salarié. Le travail effectué par le salarié
est rattaché à un contrat de travail et la rémunération est en principe régulière. A ce revenu
est appliqué une fiscalité précisée par le Code Général des Impôts12(*). Les impôts qui en
résultent sont à la charge de l'employeur et du salarié. L'audit et l'optimisation permettent de
vérifier leur conformité et d'amenuiser leur poids, ce qui rend le thème choisi intéressant à
plusieurs titres.
L'intérêt général de l'audit est perceptible dans la définition proposé par l'Encyclopédie
Universalisa : « l'audit est un travail d'investigation permettant d'évaluer les procédures
comptables, administratives ou autres (procédures fiscales en l'occurrence) en vigueur dans
une entreprise afin de garantir à un ou plusieurs groupes concernés, dirigeants,
actionnaires, représentants du personnel, tiers (banques, organismes publics) la régularité
et la sincérité des informations mises à leur disposition et relatives à la marche de
l'entreprise »13(*).
- sur le plan scientifique : plusieurs auteurs ont traité de l'audit, d'autre ont parlé de
l'optimisation mais il ne nous a pas été donné de rencontrer une doctrine qui ait traité en
même temps de l'audit et de l'optimisation en se référant aux exemples concrets. L'intérêt de
notre travail réside dans la prise en compte de ces deux concepts. En effet l'optimisation ne
peut être une réussite que si l'on a au préalable procédé à la revue des impôts et taxes
concernés. Concernant les exemples concrets il sera fait référence aux dossiers fiscaux
traités par le Cabinet CLEMENT'S ZO, sur des questions relatives à l'audit et à
l'optimisation des salaires, essentiellement les dossiers de deux clients majeurs qui ont
sollicité l'expertise14(*).
Premièrement pour le salarié. L'audit fiscal révèle parfois des irrégularités au détriment du
salarié. La correction de ces irrégularités et la mise en oeuvre des possibilités d'optimisation
lui sont salutaires. Celui-ci aura une substantielle augmentation de salaire, ce qui est
important dans un contexte économique où le pouvoir d'achat est de plus en plus faible.
Enfin pour l'Etat. Lorsque les entreprises sont productives et le pouvoir d'achat rehaussé,
l'économie nationale en bénéficie pleinement à travers la consommation, l'investissement et
l'épargne. En outre la rectification des irrégularités suite à l'audit peut aussi être en faveur de
l'administration fiscale, ce qui permet d'éviter des litiges entre elle et le contribuable.
Au regard des intérêts en cause, nous pouvons nous poser la question de savoir, comment
assurer à l'employé l'imposition la plus favorable sans augmenter les charges de l'entreprise
et sans violer la loi fiscale.
Répondre à cette question invite à passer en revue les éléments et le mode d'imposition
utilisés par l'entreprise (première partie), avant d'envisager leur amélioration en faveur de
l'employé conformément à la loi (deuxième partie). Nous allons donc mener notre réflexion
autour de ces deux tableaux successifs, en procédant suivant la méthodologie adoptée par le
Cabinet CLEMENT'S ZO, et en faisant éventuellement nos propres propositions. Mais au
préalable, nous allons présenter le cadre de notre stage académique (chapitre préliminaire).
CHAPITRE PRELIMINAIRE :
Le Cabinet Clement's-zo est un cabinet de conseil fiscal, juridique et financier, créé sous la
forme d'une Société à Responsabilité Limitée Unipersonnelle (SARL), immatriculée au
Registre du Commerce et du Crédit mobilier sous le N° RC/YA01/04/1039 du 02 Juillet
2004 à Yaoundé.
Dirigé par Monsieur ZOGO Joseph Joël, Conseil Fiscal agréé en CEMAC, qui en est le
promoteur, le Cabinet Clement's-zo est situé à Yaoundé, au 5ème étage de l'immeuble HAJAL
CENTER, porte 506.
Le cabinet a pour objet social les consultations, la formation, l'assistance en matière fiscale,
juridique et financière. Le cabinet mène des activités d'audit juridique, fiscal et financier,
ainsi que de restructuration et de liquidation des entreprises. Mais son activité principale est
le conseil fiscal.
Le cabinet Clement's-zo possède une expérience sur le plan juridique (1), et sur le plan fiscal
et financier (2).
- En mars 2005, le cabinet a été recruté par l'Agence de Régulation des Marchés Publics
(ARMP) sur appel d'offres, comme Observateur Indépendant auprès des Commissions de
Passation des Marchés du Lot N°25, pour l'exercice 2005-2006. Ce lot concernait les
Etablissements et entreprises publics des Provinces du Sud-Ouest et du Nord-Ouest tels que
la CDC, la SONARA, SOWEDA, CFAM, l'Université de Buea, CGE Board, ENAP,
UNIDA. La mission du cabinet consistait à suivre le déroulement des travaux en
commission, sous-commission, et d'établir des rapports sur le respect de la réglementation
en vigueur en matière de marchés publics, à l'intention du Premier Ministre, autorité chargée
des marchés publics, du Directeur Général de l'ARMP, des Maîtres d'ouvrage et des
Présidents des Commissions de passation des marchés publics.
- En Décembre 2008, le cabinet est une nouvelle fois recruté par l'ARMP pour couvrir les
travaux des commissions de passation des marchés publics dans la Région du Centre.
- En Avril 2005, le cabinet a participé aux côtés du Cabinet PCI International Consulting,
Avenue Emile Max 91-93 1030 Bruxelles, Belgique, à l'étude d'impact sur le Cameroun des
Accords de Partenariat Economique (APE) entre l'Union Européenne et les pays ACP. Le
cabinet Clement's-zo s'occupait du diagnostic fiscal.
- En Mai 2005, le cabinet a réalisé l'audit fiscal des exercices 2003 et 2004 de la Société
CAMTEL.
- En Novembre 2005, le cabinet a réalisé l'étude sur l'optimisation fiscale des salaires des
employés de la BAT Cameroon, à la demande de son Directeur des Ressources Humaines.
- En Janvier 2006, le cabinet signe un contrat d'assistance en matière fiscale avec CAMTEL.
Cette assistance couvre aussi bien la revue mensuelle et annuelle des obligations fiscales de
CAMTEL, que la période de contrôle et le cas échéant, la phase contentieuse.
- En Juin 2007, le cabinet a réalisé l'audit des impôts, taxes et cotisations sociales sur
salaires versés par le Conseil National des Chargeurs du Cameroun (CNCC), au cours de
l'exercice 2006, à la demande de son Directeur Général.
- En Octobre et Novembre 2007, le cabinet a assisté la Caisse de Stabilisation des Prix des
Hydrocarbures (CSPH) et la Société Immobilière du Cameroun ( SIC), lors des opérations
de contrôle fiscal dont elles ont fait l'objet. Grâce à son expertise, le cabinet a pu ramener à
des proportions légales et acceptables les impôts qui leur étaient réclamés.
- En 2008, le cabinet porte assistance en matière fiscale à CAMTEL et à la CSPH.
Le cabinet compte dans son équipe des experts permanents (A) et des experts externes (B).
Gérant du Cabinet Clement's-zo, Monsieur ZOGO est un inspecteur Principal des régies
financières retraité, conseil fiscal agréé en CEMAC, membre de l'ordre des conseils fiscaux
du Cameroun, et membre titulaire de l'Organisation Internationale des Experts (ORDINEX).
Il est licencié en droit de l'Université de Yaoundé et diplômé de l'ENAM. Il a une grande
expérience des matières juridico fiscales, ayant servi au Secrétariat Général de l'UDEAC, à
la Direction des Impôts et à l'Inspection Générale des services fiscaux au Ministère de
l'Economie et des Finances.
- A la Direction des Impôts, il a notamment été tour à tour Chef de la Brigade Nationale de
Contrôle et de vérification des Entreprises et Sous-directeur de la Législation Fiscale.
- A l'Inspection Générale des services des impôts, il a procédé à l'audit juridique des
procédures fiscales, des textes fiscaux et de la performance des services centraux et
extérieurs de la Direction des Impôts.
Lorsque c'est nécessaire le cabinet Clement's-zo fait appel à des experts externes parmi
lesquelles un expert comptable agréé CEMAC qui possède un cabinet d'expertise
comptable ; ce dernier est également un expert financier.
Nous avons déposé une demande de stage au Cabinet Clement's-zo le 05 novembre 2008 et
nous avons reçu son accord le 10 novembre 2008 pour une période de 3 mois commençant le
1er décembre 200815(*).
Dès notre arrivée au cabinet Clement's-zo, il nous a été confiés des dossiers déjà traités. Le
but était de nous imprégner de la méthodologie du cabinet et d'avoir une vue pratique des
enseignements reçus en formation théorique. Cela s'est fait sans restriction et notre
encadreur professionnel était disponible et ouvert à toutes nos questions. C'est à partir de ces
dossiers que nous avons fait le choix du thème traité dans le présent rapport de stage.
Côté commission, nous étions chargés de suivre les dossiers personnels du cabinet ou de ses
clients dans les services du Ministère des Finances, à la direction Générale des Impôts, à la
CNPS et au Centre Principal des Impôts n°1 de Yaoundé.
Notre tâche essentielle était la multiplication des rapports du cabinet sur les séances de
travail des commissions de passation des marchés publics, leur reliure et répartition par
destinataire (Premier Ministre, Directeur Général de l'ARMP, Maîtres d'Ouvrage, Maîtres
d'Ouvrage Délégués et Présidents des commissions de passation des marchés). Quelques
petites tâches de saisie sur ordinateur nous étaient également confiées.
Enfin pour la rédaction du présent rapport nous avions accès à l'ordinateur du cabinet pour
les recherches sur Internet et pour la saisie.
- Nous avons eu une vue pratique des enseignements reçus en formation théorique, bien que
ces derniers n'aient pas entièrement été couverts, parce que le cabinet n'a pas encore eu
connaissance des dossiers dans tous les domaines de la fiscalité. Mais celles qui ont été
abordées par le cabinet nous ont permis une meilleure compréhension.
- Nous avons pu nous faire une idée des relations entre l'administration fiscale et le
contribuable. Notre constat général sur ce point est qu'elles ne sont pas aisées pour le
contribuable à cause des lenteurs administratives. Il faut donc être très persévérant pour
l'aboutissement d'un recours par exemple.
- Nous avons fait un rapport trimestriel sur les déclarations mensuelles des impôts d'un client
du cabinet sous la direction et la supervision de notre encadreur professionnel.
- Nous avons appris à faire des déclarations d'impôts auprès des centres des impôts,
notamment des déclarations de TVA, d'Acompte et retenues mensuels, et sociales CNPS.
Nous avons eu également connaissance de la pratique de l'enregistrement d'un marché public
et d'un contrat de bail.
- Outre les connaissances en fiscalité nous avons appris comment établir une offre de
service, la méthodologie en matière de présentation des rapports sur les travaux des
commissions de passation des marchés. Nous avons également eu quelques connaissances
pratiques en matière de passation des marchés publics et en ce qui concerne la mission de
l'observateur indépendant.
- Ce stage académique nous aura permis enfin de nous faire une idée du monde
professionnel et des qualités nécessaires pour accéder à un emploi.
PREMIERE PARTIE :
L'audit fiscal des salaires est naturellement sollicité par les entreprises qui payent des
salaires. Pour mener à bien un audit fiscal l'auditeur doit avoir à sa disposition des
documents nécessaires à sa mission. La mission d'expertise doit répondre aux attentes de
l'entreprise. Les objectifs majeurs sont :
Notons qu'en dehors de ces objectifs l'entreprise peut avoir d'autres attentes particulières.
L'atteinte de ces objectifs sera possible par la consultation des principaux documents
suivants :
Le livre de paie ;
La classification du personnel ;
Les notifications de redressements fiscaux éventuels sur les retenues sur salaires
Les textes utiles sont essentiellement : le Code Général des Impôts, les règlements,
circulaires et instructions à caractère fiscal, plus particulièrement qui portent sur les salaires
le code du travail ; les conventions collectives du ou des secteurs d'activité de l'entreprise qui
sollicite l'audit.
Notre étude dans cette partie sera menée à travers d'une part, l'audit de détermination de
l'assiette des impôts sur salaire (chapitre I) et d'autre part, l'audit des procédures de retenue
des impôts sur salaire (chapitre II).
CHAPITRE I :
« Par principe toutes les rémunérations perçues par les salariés en cette qualité sont
imposables, quelle qu'en soit la forme : salaire proprement dit, indemnités et primes
diverses, avantages en nature, indemnité de non concurrence... Certains échappent cependant
à l'impôt sur le revenu, de même qu'aux différentes taxes sur les salaires »16(*). En général il y
a d'un côté les éléments taxables et de l'autre les éléments exonérés. C'est ce départ que nous
nous attèlerons à faire dans ce chapitre en scrutant d'abord les éléments du salaire
brut (section I) et ensuite les autres éléments du salaire (section II).
Le salaire brut comprend des éléments taxables et cotisables, des éléments taxables mais non
cotisables et des éléments ni taxables ni cotisables. On entend par éléments taxables du
salaire, ceux qui entrent dans l'assiette d'imposition de l'IRPP et des taxes parafiscales. Les
éléments cotisables sont ceux qui entrent dans l'assiette d'imposition des charges sociales17(*).
Nous aurons donc d'une part les éléments totalement imposables du salaire brut (paragraphe
I) et d'autre part les éléments exonérés (paragraphe II).
DU SALAIRE BRUT
Les éléments totalement imposables du salaire brut peuvent être scindés en deux : le
principal du salaire (A) et les autres éléments (B).
A. PRINCIPAL DU SALAIRE
Le salaire de base est la partie généralement fixe du salaire déterminé par le contrat de
travail ou la convention collective, plus rarement par la Loi (SMIG)18(*). Au Cameroun le
salaire de base est fixé d'accord parties entre l'employeur et le salarié tout en se conformant
aux minima fixés par la loi et la convention collective du secteur d'activité considéré. La
société A et la société B sont toutes soumises à la fois à la convention collective des
industries de transformation et à la convention collective du commerce19(*). En effet ces deux
entreprises ont chacune deux secteurs d'activité : l'industrie de transformation et la
distribution (commerce). La société A traite ses employés des deux secteurs sur de mêmes
bases en retenant les dispositions les plus avantageuses des deux secteurs d'activité auxquels
elle appartient. Les minima conventionnels sont fixés par catégorie (12 catégories) et par
échelon (de A-F à l'intérieur de chaque catégorie). Tandis que l'entreprise A emploie du
personnel de toutes les catégories, la société B n'utilise que les employés à partir de la
quatrième catégorie. En plus celle-ci a créé une treizième catégorie et un échelon G auquel
appartiennent tous ses salariés. Cela est possible parce qu'il est précisé que les dispositions
des conventions sont obligatoires sauf stipulations plus avantageuses des contrats. C'est
également pour cette raison que les entreprises A et B vont même au delà des minima
conventionnels en octroyant des salaires largement supérieurs. Le salaire de base peut être
horaire ou mensuel. La loi fixe le temps de travail à 40 heures par semaine en général et des
heures d'équivalence pour certains secteurs d'activité20(*). Quel que soit le type de
rémunération, les sommes perçues au titre du salaire de base sont totalement imposables,
aussi bien pour les charges salariales que patronales, tout comme les heures supplémentaires.
Les heures supplémentaires sont des heures de travail effectuées en sus de la durée légale du
travail. Elles donnent droit à une rémunération supplémentaire du salaire de base. Ces
rémunérations sont totalement imposables. L'exercice des heures supplémentaires obéit à
certaines conditions légales. On pourrait a priori croire que ces conditions n'ont aucune
incidence fiscale. Rappelons que les salaires versés par l'entreprise constituent des charges
déductibles de son revenu. Ces charges, pour être acceptées en déduction par le fisc doivent
remplir des conditions légales. Ainsi, après avoir perçu des impôts sur les rémunérations des
heures supplémentaires, les charges qui en découlent pour l'entreprise peuvent être rejetées
par l'administration fiscale au motif qu'elles ne remplissent pas les conditions de
déductibilité. L'administration pourrait qualifier ces sommes de bénéfices distribués et les
imposera comme tel, d'où la nécessité pour l'entreprise de savoir les condition exigées pour
faire effectuer des heures supplémentaires. Pour l'essentiel l'employeur ne doit faire
effectuer les heures supplémentaires que s'il n'a pas la possibilité de recruter une main
d'oeuvre supplémentaire. L'employeur en question devra adresser une demande d'heures
supplémentaires à l'Inspecteur du Travail. Il est interdit de faire effectuer plus de 20 heures
supplémentaires pour une semaine donnée. Les heures supplémentaires sont calculées par
majoration du salaire horaire suivant des modalités déterminées par le Code du Travail et les
conventions collectives21(*). Dans la société A les heures supplémentaires étaient effectuées
en violation de certaines conditions légales. Certaines recommandations de la mission
d'audit du Cabinet Clement's-zo allaient dans le sens de leur régularisation. La société B ne
faisait pas effectuer des heures supplémentaires.
Dans tous les cas les montants alloués au titre des heures supplémentaires entrent totalement
dans la base de calcul des impôts et taxes sur salaire.
DU SALAIRE BRUT
Il s'agit en général des primes. Mais il y a confusion terminologique dans les textes
conventionnels qui utilisent indifféremment prime et indemnité. Avant de les citer (2),
procédons à une clarification terminologique (1).
DU SALAIRE BRUT
La prime de caisse, payée à tous les caissiers suivant leur catégorie (caissier principal,
caissier secondaire et caissier auxiliaire).
Les congés payés : il s'agit d'une suspension annuelle du contrat de travail pendant laquelle
le salarié reçoit sa rémunération habituelle.
Il ne s'agit pas là de toutes les primes totalement imposables qui existent, d'autres sont
spécifiques aux entreprises. Dans les sociétés A et B ces primes sont accordées aux salariés
suivant leur catégorie professionnelle et le constat est qu'elles sont très largement
supérieures à celles qui résulteraient de l'application des modalités de calcul des conventions
collectives.
Le bonus de performance, pour tous les cadres des catégories 9 à 12 qui ont contribué
positivement à l'accroissement des bénéfices.
Le « P4G Salary Increase », qui est une augmentation de salaire qui profite à tous les
cadres des catégories 9 à 12 suivant le « P4G Review »24(*). Cette prime est basée sur le
niveau de réalisation personnelle des objectifs tels que stipulés dans les résultats individuels
du P4G.
La remarque est que ces deux entreprises octroient les primes obligatoires fixées par les
conventions collectives et en ajoutent d'autres. Malgré la confusion entre primes et
indemnités, on devrait se référer au caractère de la rémunération. S'il s'agit d'un complément
de salaire sans caractère de compensation, le revenu est totalement imposable. Par contre
lorsqu'il s'agit d'un remboursement de frais ou une réparation de dommages, l'imposition
pourrait être partielle ou même, pourrait ne pas frapper le revenu en question.
Rappelons que certains éléments du salaire sont exonérés en raison, soit de leur caractère de
remboursement de frais exposés par le salarié pour le compte de l'entreprise, soit de leur
caractère de réparation de dommages, soit enfin pour des raisons sociales. Il s'agit toujours
ici des accessoires de salaire. Le salaire brut comprend en plus des éléments totalement
imposables, des éléments totalement exonérés (A) et des éléments partiellement exonérés
(B).
DU SALAIRE BRUT
Un élément du salaire est totalement exonéré lorsqu'il n'entre dans aucune base imposable au
titre des impôts et taxes supportés par le salarié.
1) Les allocations spéciales destinées à couvrir les frais inhérents à la fonction ou à l'emploi,
dans la mesure où elles sont effectivement utilisées conformément à leur objet et ne sont pas
exagérées ;
Précisons que les allocations à caractère familial ne font pas partie du salaire brut. Il sera
donc analysé les allocations de l'alinéa 1 ci-dessus qui comprennent :
Cette liste n'est pas exhaustive, on pourrait avoir d'autres éléments totalement exonérés créés
par les entreprises selon leur secteur d'activité. Il revient donc à l'auditeur de les analyser
pour savoir si elles sont totalement taxables ou totalement exonérés ou encore partiellement
exonérés.
DU SALAIRE BRUT
Les éléments partiellement exonérés sont ceux dont une fraction seulement entre dans la
base d'imposition. Nous mettons également dans cette catégorie, les éléments qui sont
uniquement frappés par les charges fiscales mais pas par les charges salariales de nature
sociale. On a dans cette catégorie :
La prime de transport : elle est taxable mais pas cotisable. Il ne faut pas la confondre avec
l'indemnité de déplacement. En effet cette dernière est attribuée au salarié qui ne travaille
pas dans le lieu de son recrutement. La prime de transport rémunère plutôt le salarié
travaillant dans son lieu de recrutement pour le déplacement de son domicile pour le travail
et vice versa. Les conventions collectives la fixent à 10 000 F. La société B l'octroie à ses
agents non cadres pour un montant de 30 000 F par mois. A ses cadres elle alloue plutôt une
indemnité véhicule qui prend tantôt le nom de prime automobile, tantôt de prime de véhicule
de fonction (catégorie XII et XIII : 950 000 F par mois ; catégorie XI : 450 000 ; 350 000 ;
325 000 F par mois ; catégorie X : 175 000 ; 115 000 ; 50 000 F par mois.). Dans la société
A, il y a une certaine cohérence dans l'octroi de la prime de transport. Dans une même
catégorie tous les salariés ont droit au même montant. Cette prime va de 21 000 à 265 000 F
par mois.
- Logement : 15 %
- Par véhicule : 10 %
- Nourriture : 10 %
- Eclairage : 4 %
- Eau : 2 %
- Par domestique : 5 %
Les deux entreprises A et B n'octroient que les indemnités pour le logement et pour le
véhicule. L'indemnité de logement est accordée à tous les salariés quelles que soient leurs
catégories d'appartenance. Quant à l'indemnité de véhicule elle n'est accordée qu'aux seuls
cadres à partir de la catégorie X.
Parmi les autres éléments du salaire, on a les avantages en nature, les derniers droits et les
prestations diverses. Nous les traiterons par regroupement ainsi qu'il suit :
Les avantages en nature et les derniers droits (paragraphe I) et les prestations diverses
(paragraphe II).
DROITS
L'audit fiscal des avantages en nature (A) précèdera celui des derniers droits (B).
A - AVANTAGES EN NATURE
Les avantages en nature sont des biens, produits ou services servis gratuitement à un salarié
par l'employeur... et qui doivent être intégrés dans l'assiette des impôts et taxes sur
salaires28(*). Les avantages en nature sont de plusieurs ordres et variés selon l'entreprise dans
laquelle on se trouve ; mais nous traiterons ici uniquement des avantages en nature imposés
par l'article 33 du CGI. Il s'agit : du logement, de l'électricité, de l'eau, des domestiques, des
véhicules, et de la nourriture. L'alinéa 2 du même article précise que toute indemnité
représentative d'avantages en nature doit être comprise dans les bases d'imposition dans la
limite de ceux prévus en la matière29(*).
« L'employeur est tenu d'assurer le logement de tout travailleur qu'il a déplacé pour exécuter
un contrat de travail... »30(*) L'imposition de cet avantage est limité à 15 % du salaire brut
taxable.
Cas pratique :
- NDALE a pour salaire brut taxable, 494 820 F et comme prime de logement, 120 000 F.
- NDEDI a pour salaire brut taxable, 606 825 F et comme prime de logement, 90 000 F
Déterminons les montants imposables des primes de logement pour chacun de ces deux
employés :
Employée NDALE
Employée NDEDI
On retient la prime effectivement allouée parce qu'elle est inférieure au montant résultant de
l'application du taux de 15 %. Donc prime taxable = 90 000 F.
Les derniers droits sont ceux versés au salarié en raison de la rupture du lien contractuel, soit
pour le départ à la retraite, soit pour décès du salarié, soit encore pour licenciement. On peut
citer comme derniers droits, l'indemnité de fin de carrière, la prime de bonne séparation,
l'indemnité de licenciement, l'indemnité de préavis et les prestations pour décès d'un salarié
etc.
L'indemnité de fin de carrière est due lorsque le salarié a atteint l'âge limite de départ à la
retraite, ou en cas de retraite. Sauf pratique plus avantageuse en vigueur dans l'entreprise,
l'indemnité de fin de carrière est fixée selon une grille conventionnelle31(*). Fiscalement cette
indemnité est taxable mais pas cotisable.
Prestation lors du décès d'un salarié : la convention collective prévoit que lorsqu'un
employé réunissait douze mois d'ancienneté à la date de son décès, il est versé aux ayants
droits une indemnité de décès égale à l'indemnité de fin de carrière. En outre l'employeur
fournit un cercueil, l'habillement, et assure les frais de transport funéraires32(*). La société A
ajoute 6 casiers des boissons qu'elle produit et commercialise. Toutes les prestations au titre
du décès d'un salarié sont totalement exonérées.
L'indemnité de licenciement, est versée au salarié congédié sans avoir commis une faute
grave, alors qu'il compte une certaine ancienneté33(*). Elle est calculée en fonction de cette
ancienneté34(*). Le licenciement en lui-même est un malheur pour le salarié, il serait donc
injuste d'imposer la compensation qui en résulte. C'est pour cette raison que l'indemnité de
licenciement est totalement exonérée. Dans la société A, au départ à la retraite à 60 ans il est
accordé au salarié en outre de l'indemnité de fin de carrière, une indemnité de licenciement.
L'indemnité de préavis : Elle est due lorsque l'employeur choisit de ne pas faire effectuer le
préavis au salarié lors de son licenciement. Cette indemnité suit le régime du salaire, donc
elle est totalement taxable et cotisable.
Nous avons les prestations diverses imposables (A) et les prestations diverses exonérées (B).
Il s'agit des avantages servis aux salariés ayant un caractère social pour faciliter leur
quotidien. Ces prestations sont totalement exonérées :
L'arbre de noël : c'est une cérémonie organisée par l'entreprise dans la limite de ses
possibilités en accord avec les délégués du personnel. Il ne s'agit pas d'une obligation pour
l'entreprise mais cette cérémonie permet d'accroître la convivialité entre les employés, gage
du bon fonctionnement de l'entreprise.
- Le crédit équipement pour les salariés confirmés, leur permettant d'équiper leur maison à
certaines conditions.
- Le crédit scolaire. Sous certaines conditions chaque employé peut prétendre à un crédit
rentrée scolaire.
- Le prêt d'urgence, lorsque l'employé est en face d'un cas d'évènement soudain et
imprévisible. Tous ces crédits sont des assistances au salarié et ne sont par conséquent pas
imposables. En outre dans la société A il est souscrit au profit des employés et des membres
de leur famille une assurance mutuelle, dont les conditions et modalités sont déterminées par
l'entreprise. Nous notons aussi la boisson qui est distribuée aux salariés chaque fin de mois.
Il s'agit d'une allocation bière servie en nature. Enfin il y a l'assurance médicale qui est
réservée aux cadres. Toutes ces prestations sont totalement exonérées.
Nous arrivons ainsi au terme de l'audit fiscal des éléments du salaire qui nous donne une vue
détaillée ; pour un aperçu d'ensembles nous allons dresser un tableau récapitulatif général et
un autre spécifique aux éléments de salaire de l'entreprise A35(*).
CHAPITRE II :
Les retenues salariales sont des retenues pratiquées à la source par l'employeur sur les
salaires versés, pour le compte du fisc. « la retenue à la source est une technique de
perception de l'impôt sur le revenu, consistant à obliger le débiteur d'une somme qui est
imposable chez le contribuable (salaire, intérêts, dividendes par exemple) à opérer sur
celle-ci une retenue qu'il versera lui-même au fisc »36(*). Les retenues salariales sont à la
charge du salarié et de l'employeur. Ces retenues sont nombreuses ; il peut s'agir des
retenues syndicales, des avances sur salaire, des retenues pour crédit, ou pour mutuelle, des
retenues fiscales et sociales etc. Nous ne traiterons que des retenues fiscales (Section I) et
des retenues sociales (Section II).
Les retenues fiscales sont celles perçues pour le compte du trésor public ou pour le compte
des collectivités territoriales décentralisées. Nous y classons aussi les retenues parafiscales
qui reviennent à certains organismes publics pour leur fonctionnement. Nous avons dit tantôt
que les retenues sont à la charge du salarié et de l'employeur. Nous aurons donc d'un côté les
retenues fiscales part salariale (Paragraphe I), et de l'autre, les retenues fiscales part
patronale (Paragraphe II).
Elles sont supportées par le salarié. Il en existe quatre (04) : L'Impôt sur le Revenu des
Personnes Physiques (IRPP), la contribution au Crédit Foncier du Cameroun (CFC), la Taxe
Communale (TC), et la Redevance Audiovisuelle (RAV). Nous traiterons d'une part l'IRPP
(A), et d'autre part les autres retenues fiscales sur salaire (B).
Ce processus est utilisé lorsque le salarié bénéficie outre son salaire, d'autres revenus
imposables à l'IRPP. Mais puisque l'employeur doit pratiquer les retenues chaque mois, les
bases ci-dessus doivent être reconsidérées mensuellement. Ainsi l'abattement de 500 000F
sera divisé par 12 (mois), il sera pris en compte la pension vieillesse du mois en cause, mais
l'abattement de 30 % restera inchangé. C'est ce qui a permis l'adoption de l'algorithme
suivant pour déterminer le salaire net taxable :
2 - calculs
L'IRPP/RS est un impôt progressif. Il se calcule par application du barème annuel ci-dessous
au salaire net taxable annuel.
Plus de 5.000.000 * 35 % * *