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Doc.

9 : CE, 23 juillet 2014, Sté d’éditions et de protection route, n°


354365 .

Publié au recueil Lebon.

I. FAITS

Une association de prévention routière a engagée une procédure de licenciement


de plusieurs de ses salariés. Les juridictions judiciaires ont condamné la société
au versement de 920 606€ au profit de certains de ses salariés à la suite de
l'annulation de plusieurs procédures de licenciement. La société demande condamnation
de l’Etat sur le fondement de sa responsabilité sans faute du fait des lois d’une part et
d'autre part, sur le fondement de la méconnaissance par la France de ses engagements
internationaux. Cela au motif que les condamnations prononcées à son encontre trouvaient
leur origine dans le manque de clarté d’article du code du travail.

II. PROCÉDURE

A) Cheminement procédural

La société requérante a saisi le Tribunal administratif de Paris dans ce sens et sa


demande a été déboutée. Elle a donc interjeté appel auprès de la cour
administrative d’appel de Paris. Cette dernière a elle aussi rejeté la demande de
la société, sous couvert que les motivations de la cours étaient suffisantes.

B) Thèse des demandeurs au pourvoi

Le demandeur soutenait que ces condamnations trouvaient leur origine dans le


manque de clarté, contraire aux principes de sécurité juridique et de confiance
légitime, de l’article L. 321-1-3 du code du travail alors en vigueur, manque de
clarté qui l’aurait empêché de prévoir l’interprétation qu’en a donné la Cour de
cassation dans deux arrêts du 3 décembre 1996.

C) Thèse du défendeur

Le défenseur soutenait d’une part que la responsabilité de l’Etat du fait des lois n’était pas
susceptible d’être engagée sur le fondement de l’égalité devant les charges publiques, dans la
mesure où les dispositions de l’article L. 321-1-3 du code du travail, issues de l’article 26 de
la loi du 29 juillet 1992, s’appliquaient à l’ensemble des employeurs envisageant, dans le
cadre d’une restructuration, le licenciement de plus de dix salariés à la suite de leur refus
d’une modification substantielle de leur contrat de travail. Donc dans ces conditions, la
requérante n’était pas fondée à se prévaloir d’un préjudice spécial.

D’autre part que la responsabilité de l’Etat du fait des lois n’était pas susceptible d’être
engagée sur le fondement de la contrariété d’une loi à des engagements internationaux au
nombre desquels figure le respect des principes de sécurité juridique et de confiance légitime
invoqués par la requérante.

En effet, le Conseil d’Etat avait estimé que la requérante critiquait non pas la loi elle-même
mais en réalité la portée qui lui avait été ultérieurement conférée par la jurisprudence, celle-ci
ayant fait valoir qu’elle n’avait pas été en mesure d’anticiper l’interprétation des dispositions
litigieuses par la Cour de Cassation.

III. QUESTION DE DROIT

La responsabilité du fait de lois invoqué par le requérant peut-elle être engagée bien que ce
dernier ne puisse pas se prévaloir d’un préjudice spécial ?

La responsabilité du fait de lois invoqué par le requérant peut-elle être engagée sur le
fondement de la contrariété d’une loi à des engagements internationaux ?

IV. SOLUTION DE LA COUR DE CASSATION

Dans un arrêt du 23 juillet 2014, le CE décide que, l'arrêt de la cour administrative


d'appel de Paris du 22 septembre 2011 est annulé en tant qu'il statue sur la responsabilité de
l'Etat pour méconnaissance des engagements internationaux de la France.
Mais également que les conclusions présentées par la société d'éditions et de protection route
devant la cour administrative d'appel de Paris tendant à la mise en jeu de la responsabilité de
l'Etat pour méconnaissance des engagements internationaux de la France et le surplus des
conclusions de son pourvoi sont rejetées. Et enfin que la présente décision sera notifiée à la
société d'éditions et de protection route et au ministre du travail, de l'emploi et du dialogue
social. Aussi, le Conseil d’Etat refuse clairement d’engager la responsabilité de l’Etat du fait
des lois en raison de l’interprétation qui en serait donnée par le juge national, alors même
qu’une telle interprétation générerait un préjudice anormal et spécial, ou s’inscrirait en
violation d’un engagement international.

Doc. 10 : CE, avis, Ass., 6 juillet 2016, M. Napol et M. Thomas, n° 398234

Publié au recueil Lebon.

V. FAITS

Dans le cadre de l’Etat d’Urgence décrété a l’issu des attentats de 2015, un


groupe d’individus ont vu leurs domiciles perquisitionnés sans que cette décision
ne soit motivée. Ils demandent donc l’annulation de ces décisions prises par les
préfets du Val de Marne et de la Seine et Marne. L’un des individu, ayant déjà fait
l’objet de la perquisition, demande le paiement d’indemnisation en réparation du
préjudice résultant de celle-ci auprès de l’Etat.

VI. PROCÉDURE

D) Cheminement procédural

Ils ont donc saisit le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, ce dernier transmet


des demandes relatives au dossier au CE, pour avis.

E) Thèse des demandeurs au pourvoi


La thèse des demandeurs au pourvois n’est pas retranscrite dans l’arrêt.

F) Thèse du défendeur

La thèse du défendeur au pourvois n’est pas retranscrite dans l’arrêt.

VII. QUESTION DE DROIT

Sur les questions relatives au contrôle de la légalité des ordres de perquisition :

1°) La loi du 3 avril 1955 ne prévoit pas de régime spécifique de motivation applicable
aux mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence. Si la loi du 11 juillet 1979 prévoit
l'obligation de motiver les décisions administratives individuelles défavorables,
notamment les mesures de police, l'article 4 de cette loi précise qu'en cas d'urgence
absolue, le défaut de motivation n'entache pas d'illégalité les décisions prises dans ce
cadre. Toutefois, la décision n° 2016-536 QPC du 19 février 2016 du Conseil
constitutionnel précise que les décisions ordonnant une perquisition doivent être motivées.
Compte tenu de l'ensemble de ces éléments, les décisions ordonnant une perquisition,
prises sur le fondement de l'article 11 de la loi du 3 avril 1955, entrent-elles dans le champ
des exceptions à l'obligation de motivation prévues par l'article 4 de la loi du 11 juillet
1979, devenu l'article L. 211-6 du code des relations entre le public et l'administration '

2°) Quelle est l'intensité du contrôle qu'exerce le juge administratif sur les motifs qui ont
justifié le prononcé d'un ordre de perquisition '

3°) En cas d'illégalité de l'ordre de perquisition, la responsabilité pour faute de l'Etat


tenant à l'édiction de cette mesure peut-elle être engagée sur le fondement de la faute
lourde ou de la faute simple '

4°) L'édiction des mesures de perquisition peut-elle être de nature à engager la


responsabilité sans faute de l'Etat pour risque ou pour rupture d'égalité devant les charges
publiques '

5°) Dans quelle mesure le juge administratif contrôle-t-il les conditions matérielles dans
lesquelles s'est déroulée la perquisition ' Les conditions d'exécution de la décision
ordonnant une perquisition sont-elles susceptibles, par elles-mêmes, d'engager la
responsabilité pour faute de l'Etat ' Les résultats de cette perquisition ont-ils une incidence
sur l'engagement de cette responsabilité ' Le régime de responsabilité repose-t-il sur la
faute lourde ou sur la faute simple '

6°) La responsabilité sans faute de l'Etat pour risque ou pour rupture d'égalité devant les
charges publiques peut-elle être engagée devant le juge administratif en raison des
conditions d'exécution de l'ordre de perquisition '

Sur les questions relatives aux conditions d'engagement de la responsabilité de l'Etat :


1°) L'existence reconnue par le Conseil Constitutionnel dans sa décision n°
2016-536 QPC du 19 février 2016 de l'exercice d'un recours effectif par le
biais d'une action indemnitaire a posteriori est-elle exclusive d'une action en
excès de pouvoir dirigée contre l'ordre de perquisition édicté par le préfet '
2°) En cas de responsabilité pour faute, dans quelle mesure le juge
administratif doit-il prendre en compte les moyens tirés de l'illégalité de
l'ordre de perquisition pour apprécier l'existence d'une responsabilité de
l'administration ' Y a-t-il lieu de distinguer entre les vices propres de cet ordre
de perquisition et son bien-fondé '

3°) Dans quelle mesure le juge administratif, s'il demeure compétent, doit-il
tenir compte des résultats de la perquisition et des renseignements recueillis
sur la personne visée pour déterminer le régime de responsabilité applicable
et l'étendue de la responsabilité de l'administration

VIII. SOLUTION DU CONSEIL D’ETAT.

Le CE apporte une réponse a chacune des questions posées par le Tribunal


Administratif et l’ avis sera notifié au tribunal administratif de Cergy-Pontoise, au tribunal
administratif de Melun, aux requérants et au ministre de l'intérieur. Il sera publié au Journal
officiel de la République française.

Doc. 11 : CAA Nantes, 5 juillet 2018, N° 17NT00411, Min. int. c/ M.


Douillard

Publié au recueil Lebon.

IX. FAITS

Alors qu’il participait à une manifestation étudiante, un élève à été grièvement


blessé à l’œil par une balle provenant d’un tir d’un lanceur de balles de défense
issu d’un policier.
Il fait saisi alors le tribunal administratif de Nantes pour demander a l’Etat
réparation de son préjudice.

X. PROCÉDURE

G) Cheminement procédural

Le requérant saisit le tribunal administratif de Nantes qui par un jugement du 28


novembre 2016, retient une faute de l'Etat dans l'organisation des services de
police et une faute de la victime, exonérant partiellement l'Etat de sa
responsabilité. Elle a donc condamnée celui-ci à verser à l’élève la somme de 48
000 euros en réparation des préjudices subis du fait de cette blessure. L'Etat
relève appel de ce jugement tandis que, par la voie de l'appel incident, le
requérant demande que l'indemnité allouée soit portée à la somme de 172 000
euros.

H) Thèse des demandeurs au pourvoi


Le requerant soutient que l'Etat a commis une faute lors des opérations de
maintien de l'ordre le 27 novembre 2007 ; il n'a commis aucune faute de
nature à exonérer l'Etat de sa responsabilité ; le lien de causalité avec les
préjudices qu'il a subis est direct et certain ; ses préjudices se chiffrent à 172
000 euros
I) Thèse du défendeur

Le ministre de l’intérieur soutient que l'Etat n'a pas commis de faute dans l'organisation de ses
services de police ; le lien de causalité entre la prétendue faute dans l'organisation du service
et les préjudices subis par M. C...n'est pas établi ; le comportement de M. C...constitue une
faute de nature à l'exonérer totalement, ou à tout le moins à hauteur de 75%, de sa
responsabilité.

XI. QUESTION DE DROIT

La CAA a du se demander a quelle hauteur le préjudice de celui qui, par la faute de la Police,
avait perdu un œil, devait être élevé.

XII. SOLUTION DE LA CAA.

La CAA rejette le recours du premier Ministre. Elle condame l’Etat à payer au


requerant la somme de 86400 euros.

Plus 1 500 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.


Le surplus des conclusions du requerant est rejeté.
Le présent arrêt sera notifié au ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, et au requérant.

Doc. 12 : CE, Ass., 24 décembre 2019, req. n° 425981, Société Paris
Clichy

Publié au recueil Lebon.

XIII. FAITS

Une entreprise, après décision de la Cour de cassation, 6 juin 2000, Comité


d'entreprise de la Sarl Hôtel Frantour Paris-Berthier et Union locale CGT des
syndicats du 17e arrondissement de Paris,) qui reprécise les règles de
l’ordonnance du 21 octobre 1986 sur la participation des salarié aux résultats de
l’entreprise, l’élargissant à toute personne de droit privé exerçant une activité
commerciale « qui n'est ni une entreprise publique ni une société nationale, peu
important l'origine du capital », avait été condamnée, par un jugement du
tribunal de grande instance de Paris, à répartir entre l'ensemble des salariés
bénéficiaires le montant de la participation leur revenant au titre des exercices
allant de 1986 à 1995, augmenté des intérêts légaux au profit des salariés
requérants, a, invoquant la décision précitée du Conseil constitutionnel, du 1er
août 2013, demandé la condamnation de l'État à lui verser, à titre de réparation
du préjudice subi, une certaine somme augmentée des intérêts légaux.

XIV. PROCÉDURE

J) Cheminement procédural
La société requérante demande la condamnation de l’Etat a lui verser, à titre de
réparation et préjudice, la somme de 1 220 637,29 euros.

Son recours a été rejeté en première instance et en appel ; la société Paris Clichy s'est donc
pourvue en cassation.

K) Thèse des demandeurs au pourvoi

La société requérante, se fondant sur le fait qu'elle avait dû verser cette somme
à ses salariés et anciens salariés en exécution de ce jugement, faisait valoir que
ce versement était la conséquence de l'inconstitutionnalité du premier alinéa de
l'article 15 de l'ordonnance du 21 octobre 1986, devenu le premier alinéa de
l'article L. 442-9 du code du travail.

L) Thèse du défendeur

La thèse du défendeur n’est pas retranscrite dans l’arret.

XV. QUESTION DE DROIT

Pour se prononcer sur cette réclamation le Conseil d’État devait, à la fois, se demander
quel était le régime spécial applicable lorsque le préjudice est imputable à une loi et
comment mettre en œuvre les principes généraux d'indemnisation des préjudices.

XVI. SOLUTION DU CE.

La société Paris Clichy n'est pas fondée à demander l'annulation de l'arrêt de la cour
administrative d'appel de Paris qu'elle attaque. Ses conclusions présentées au titre des
dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ne peuvent, par suite,
qu'être également rejetées.
Le Ce décide que le pourvoi de la société Paris Clichy est rejeté et que la présente décision
sera notifiée à la société Paris Clichy, au Premier ministre, au ministre de l'économie et des
finances et à la ministre du travail.

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