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OBLIGATIONS (DROIT
DES OBLIGATIONS ET
REGIMES DES
OBLIGATIONS)
SUPPORT DE COURS
INTRODUCTION
GENERALE AU
DROIT DES
OBLIGATIONS
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Introduction Générale
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PREMIERE PARTIE : LES SOURCES DE
L’OBLIGATION
Ici, on est devenu créancier ou débiteur parce qu’on l’a voulu : on a manifesté
une volonté d a n s c e s e n s . C ’ e s t l’acte juridique, c ’ e s t l a convention
, c ’ e s t u n e ma n i f e s t a t i o n d e v o l o n t é génératrice d’effets de droit.
Mais tous les actes juridiques ne peuvent pas produire de
telse f f e t s d ’a b o r d p a r c e q u ’i l s s o nt t r è s n o mb r e u x , c e q u i n é c e s s
i t e u n e p r é s e n t a t i o n d e l e u r physionomie, ensuite parce que cela suppose
la réunion de certaines conditions de formation et c’est seulement après que les
actes juridiques produisent leurs effets. Et il arrive même souvent qu’il y ait des
difficultés d’exécution ou qu’il n’y ait pas d’exécution du tout.
I l f a u t c o m me n c e r p a r f a i r e u n e p r é c i s i o n s é ma n t i q u e , u n e p r é c i
s i o n t e r mi n o l o g iq u e relative à la distinction entre la convention et le
contrat. Le contrat est un accord de volonté générateur d’obligations, créateur
d’obligations. Il ne peut que créer des effets de droit. La convention quant à
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elle, peut non seulement créer, mais modifier ou éteindre des effets de
droit. Par conséquent, on peut dire que tout contrat est une convention, mais que
toute convention n’est pas un contrat. Cependant, par commodité de langage on
prend pour synonyme convention et contrat : le langage courant les assimile.
Sous réserve de cette précision, il existe une variété de contrats ; d’où
la nécessité d’opérer une classification pour mieux les identifier. Tous les
contrats sont cependant soumis à un principe fondamental, c’est le
Principe de l’Autonomie de la Volonté
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2 – Contrat unilatéral et contrat synallagmatique.
Le contrat est dit unilatéral lorsqu’une seule personne est tenue d’obligation.
Exemple : le contrat de prêt, le contrat de dépôt. A l’opposé, le contrat est
dit synallagmatique ou bilatéral lorsque les obliga tions des parties sont
réciproques, sont interdépendantes, chaque partie étant à la fois
créancière et débitrice de l’autre. La plupart des contrats sont des contrats
synallagmatiques.L ’i n t é r ê t d e l a d i s t in c t i o n e s t r e l a t i f à l a p r e u v e :
l e s c o n t r a t s u n i l a t é r a u x d o i v e n t respecter la formalité du « Bon Pour »
, c’est-à-dire que la personne qui s’engage doit écrire de sa main l’objet de
son obligation en toutes lettres et en tous chiffres ; par contre, s’il
s’agit d’un contrat synallagmatique, c’est la formalité du « double » qu’il faut
respecter c’est-à-dire que le contrat doit être établi en autant d’exemplaires qu’il
y a de parties intéressées afin que chaque partie puisse en établir la preuve le
cas échéant.
3 – Contrat commutatif et contrat aléatoire.
L e c o n t r a t e s t d i t commutatif lorsque dès sa conclusion chaque partie
peut apprécier objectivement les avantages que lui procure contrat.
E n r e v a n c h e , d a n s l e c o n t r a t a l é a t o i r e , l ’a p p r é c i a t i o n d e s a v a n t
a g e s g é n é r é s p a r l e contrat dépend de la survenance d’un événement
incertain : c’est l’aléa.
L ’ i n t é r ê t c ’e s t q u e d a n s l e c o n t r a t a l é a t o i r e , a u c u n e d e s p a r t i e s
n e p e u t d e ma n d e r l’annulation du contrat au motif que
les prestations respectives sont déséquilibrées : on dit que« l’aléa chasse
la lésion »
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5 – Contrat de gré à gré et contrat d’adhésion
Le contrat de gré à gré est celui dans lequel les parties ont la liberté de
discuter, de négocier tous les éléments du contrat jusqu’à arriver à un accord.
L’essentiel des contrats sont des contrats de gré à gré. En revanche, dans le
contrat d’adhésion, les termes du contrat sont généralement pré-rédigés
par l’une des parties et l’autre partie ne peut qu’y adhérer sans avoir la
possibilité de les négocier : soit elle les accepte telles quelles et le contrat est
conclu, soit elle ne les accepte pas et alors il n’y a pas de contrat.
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L e c o n t r a t i n d i v id u e l , c ’e s t l e mo d è l e , l e s t a n d a r d . En p r i n c i p e ,
l e s c o n t r a t s s o n t individuels, ils ne lient que les parties qui les ont conclus.
Mais il y a des exceptions avec les contrats collectifs, c’est -à-dire des
contrats qui peuvent s’appliquer même à des personnes qui ne les ont pas
conclus. L’exemple typique, c’est la convention collective de travail (conclue
par l’employeur et les syndicats, elle s’applique même au travailleur non
syndiqué). Il y a enfin les groupes de contrats qui sont constitués par un
ensemble de contrats concourant au même but, à la même finalité. On les
appelle aussi des chaînes de contrats ou des ensembles contractuels. L’intérêt de
cette qualification c’est de soumettre tous ces contrats à une même
réglementation. Exemple : Un individu contracte avec un architecte, celui-ci
prend un e n t r e p r e n e u r q u i p r e n d à s o n t o u r d e s o u v r i e r s , e t l e s
o u v r i e r s , d e s ma n œu v r e s . En c a s d e problème de qualité, n’importe
quel maillon de la chaîne peut saisir l’élément responsable même sans avoir
directement contracté avec lui.
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Paragraphe 2 : La Remise en Cause du Principe de l’Autonomie.
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Chapitre 2 : La Formation du Contrat.
Tous les contrats quels qu’ils soient sont soumis à quatre conditions de fond,
mais parfois il arrive que le contrat soit assujetti à une condition de forme.
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peut donc n e p a s ê t r e p e r s o n n e l . M a i s p o u r c o n s e n t i r, i l f a u t a u s s i
être capable.
La Capacité, c’est l’aptitude à avoir des droits et à pouvoir les exercer
. Le principe, c’est que toute personne est capable sauf si la loi en dispose
autrement. Précisément la Loi en dispose autrement pour les mineurs ou
pour certains majeurs déclarés incapables.
b- Comment consentir ?
Le consentement susceptible de créer un contrat doit être exprimé. Il
ne peut rester dans le fort interne de l’individu. L’expression du consentement
peut être ostensible notamment par l’écrit, par la parole ou par le geste.
C’est le Consentement Exprès.
Mais il peut aussi être tacite, implicite, c’est-à-dire se déduire des
circonstances, de l’attitude, du comportement des p a r t i e s . La q u e s t i o n e s t
c e l l e d e s a v o i r s i l e s i mp l e s i l e n c e o b s e r v é p a r u n e p e r s o n n e
p e u t équivaloir à un consentement. Contrairement au langage courant, en Droit
« Qui ne dit mot ne consent pas », c’est-à-dire que le silence n’a aucune valeur
juridique, il ne peut être considéré comme un consentement.
Tel est le principe en la matière, mais il est assorti d’exceptions c’est-à-dire des
hypothèses dans lesquelles le silence est considéré comme un consentement. Il y
en a trois :
•1èreHypothèse : C’est lorsqu’il existait entre
les parties des relations d’affaires antérieures.
•2èmeHypothèse : C’est lorsque les usages professionnels l’ont prévu.
•3èmeHypothèse : C’est lorsque l’offre de contracter a été faite dans le seul
intérêt du destinataire. Sous réserve de ces trois exceptions, le silence n’a aucune
valeur juridique.
2 – Les Eléments du Consentement.
En réalité le consentement c’est la conjonction, c’est la rencontre
entre deux éléments que sont l’offre et l’acceptation.
A-L’Offre
On l’appelle aussi Pollicitation. C’est une déclaration unilatérale de volonté par
laquelle une personne exprime son intention de conclure un contrat déterminé à
des conditions déterminées.
Cette offre de contracter doit être précise, c’est-à-
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d i r e q u ’e l l e d o i t c o mp o r t e r t o u s l e s é l é me n t s q u i p e r me t t e n t d ’i d
e n t i f i e r l e c o n t r a t e n v i s a g é . L ’o f f r e d o i t ê t r e f e r me e t n o n équivo
que. Elle peut être expresse ou tacite. Elle peut être faite à personnes
déterminées ou adressée au public. L’offre doit être assortie d’un délai exprès
ou implicite de rétraction. Tant que le délai n’est pas expiré, le pollicitant
ne peut retirer son offre. Mais en cas de décès ou d’incapacité ultérieure,
l’offre devient caduque si elle n’avait pas encore été acceptée.
b- L’Acceptation
C’est la réponse positive apportée à l’offre de contracter. Elle doit être identique
à tous points de vue à l’offre, sinon il s’agit d’une contre-proposition, d’une
contre-offre. L’acceptation doit par ailleurs être sans équivoque et sans réserve.
Elle peut être expresse ou tacite et c’est quand l’acceptation rencontre l’offre
que se conclut le contrat. En principe, cela ne pose aucune difficulté lorsque
les deux contractants sont l’un en face de l’autre. Le contrat se forme
alors dès l’échange de consentement. La difficulté provient de ce que
l’on appelle le contrat entre absents ou encore le contrat par correspondance.
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International tout comme au sein de l’OHADA d’ailleurs, on a fait une option,
un parti-pris en faveur de la théorie de la réception.
3 – L’Intégrité du Consentement
Le consentement doit non seulement exister et être exprimé, mais il faut aussi
qu’il ne soit pas altéré par un vice. Les vices qui peuvent entacher le
consentement sont l’erreur, le dol et la violence.
Il ne faut donc pas que le consentement soit donné à la suite d’une erreur, ou
qu’il soit surpris par dol, ou qu’il soit extorqué par la violence.
a- L’Erreur
C’est une fausse représentation de la réalité. Exemple on croyait
acheter de l’or alors qu’on a acheté du bronze. Donc on s’est trompé en
consentant. Mais l’erreur qui peut vicier le consentement doit avoir été
déterminante, c’est-à-dire que sans elle, on n’aurait pas consenti. Par ailleurs, il
faut que l’erreur soit entrée dans le champ contractuel, c’est-à-dire qu’elle ait pu
être connue par l’autre partie. En troisième lieu, peu importe que
l’erreur soit de fait ou de droit. Mais il ne faudrait pas qu’il s’agisse d’une
erreur inexcusable qui ne peut être commise que par un imbécile.
Nota Bene: En droit, l’imbécile est le majeur qui a l’âge d’un enfant.
b- Le Dol
Ce sont des manœuvres, des artifices et mises en scène pour amener le
contractant à consentir. Donc avec le dol, on a été trompé
contrairement à l’erreur où on s’est trompé. Il y a d a n s l e d o l d e u x
é l é me n t s : u n é l é me n t ma t é r i e l – c e s o n t l e s ma n œu v r e s
u t i l i s é e s - , e t u n é l é me n t i n t e n t i o n n e l o u p s yc h o l o g i q u e –
c ’ e s t l ’i n t e n t i o n d e t r o mp e r . M a i s a u jo u r d ’h u i o n considère que
le mensonge peut être constitutif de dol comme le simple silence gardé
sur un élément du contrat qui aurait pu influencer sur le consentement.
C’est ce que l’on appelle le Silence dolosif ou la Réticence dolosive . Il faut
cependant que le dol ait été déterminant c’est-à-dire qu’il ait poussé la personne
à consentir. Si tel est le cas, le consentement est vicié pour dol.
c- La Violence
C’est la contrainte exercée sur une personne pour l’amener à consentir malgré
elle. Il peut s’agir d’une menace physique ou morale. Il faut que cette violence
ait été déterminante, mais il ne faut pas qu’il s’agisse d’une violence
légitime comme la menace d’exercer un droit ou la simple crainte
révérencielle.
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B/ L’Objet et la Cause
1 – L’Objet
L’objet c’est ce sur quoi porte le contrat. Il doit d’abord exister même s’il est
possible de faire un contrat sur une chose future. L’objet doit en outre être
déterminé ou déterminable dans sa quotité et dans sa quantité. Il doit aussi être
possible, il doit être licite et il ne doit pas être contraire à l’ordre public et aux
bonnes mœurs. Il peut se poser une difficulté qui est relative à la lésion c’est-à-
dire le déséquilibre qui peut exister entre les prestations des parties. Mais sur ce
point, il y a une solution de principe : c’est que « la lésion en elle
même n’est pas une cause d’annulation » sauf lorsque la loi le prévoit,
notamment en matière d’incapacité ou de partage.
2 – La Cause
L a c a u s e , c ’e s t l e p o u r q u o i d u c o n t r a t . C ’ e s t l e mo t i f q u i a
d é t e r mi n é l e s p a r t i e s à c o n t r a c t e r . C e t t e c a u s e , e l l e a u s s i d o i t
e x i s t e r , ma i s e l l e n ’ a p a s b e s o i n d’ ê t r e r é v é l é e . I l appartient à celui
qui conteste son existence d’en apporter la preuve parce qu’il existe ce que l’on
appelle la « catégorie des actes abstraits ». En conclusion, tous les contrats
quels qu’ils soient, sont tenus de se conformer à ces quatre conditions
de fond, mais parfois, il arrive aussi que le contrat so it soumis à un
certain formalisme.
Lorsque l’une quelconque des conditions sus énumérées n’a pas été respectée, le
contrat n’est pas valable. Il est sanctionné par la nullité qui est une
sanction radicale en ce sens que le contrat est anéanti comme s’il n’avait
jamais existé. C’est le Principe de la Rétroactivité. Mais au préalable, faudrait-il
mettre en œuvre la nullité ?
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consentement ou objet illicite. En revanche, la nullité est relative lorsque la règle
violée au moment de la formation avait pour finalité de protéger
un intérêt privé, un intérêt particulier. Ex : L’incapacité ou le vice du
consentement. Lorsqu’il s’agit d’une nullité absolue, toute personne intéressée
peut demander l’annulation du contrat y compris le Ministère Public et le Juge
peut soulever d’office la nullité même si elle n’a pas été demandée. Par contre,
la nullité relative ne peut être invoquée que par la personne que la règle violée
avait pour but de protéger. Mais l’exercice de l’action en nullité peut rencontrer
des obstacles. Il y en a deux : C ’ e s t d ’ a b o r d l a Prescription
C’est-à-dire l’écoulement d’un délai, d’un temps au-delà duquel il n’est
plus possible d’agir en nullité. Ce délai est de deux ans pour la nullité relative et
il commence à courir à partir de la cessation du vice ou à partir de sa découverte.
P a r c o n t r e l o r s q u ’i l s ’a g i t d ’u n e n u l l i t é a b s o l u e , l e d é l a i d e
p r e s c r i p t i o n e s t d e d i x a n s e t i l commence à courir à partir de la date de
conclusion du contrat. C’est ensuite la Confirmation mais elle ne concerne
que la nullité relative. C’est le fait pour une personne qui avait le droit
d’agir en nullité d’y renoncer expressément ou tacitement. Encas de
confirmation, le contrat irrégulier est sensé être valide dès le début,
dès sa conclusion parce que la confirmation rétroagit.
Paragraphe 2 : Les Effets de la Nullité
C’est l’anéantissement total du contrat comme s’il n’avait jamais
existé. Si le contrat n’avait pas encore été exécuté, il ne le sera jamais plus et
s’il y avait déjà exécution, les parties sont tenues de restituer ce qu’elles
ont reçu. C’est ce que l’on appelle l’effet rétroactif de la nullité. Les
parties doivent être mises dans l’état où elles se trouvaient avant la
conclusion de leur contrat irrégulier. C’est ce que l’on appelle le Statu Quo
Ante. Mais la restitution n’est pas absolue. Parfois elle est atténuée ou
elle est écartée. C’est notamment le cas lorsque la nullité est prononcée
pour incapacité parce que la loi décide que l’incapable n’est tenu à restitution
que dans la limite de son enrichissement. C’est aussi le cas lorsque la
nullité a été prononcée pour immoralité du contrat. Dans ce cas en effet, on
applique la règle selon laquelle «Nul ne peut se prévaloir de sa turpitude ».
En d’autres termes, on ne peut pas invoquer sa propre immoralité pour
obtenir restitution. Finalement, il faut retenir que le contrat nul est anéanti
et entraîne des effets rétroactifs à moins que cette rétroactivité ne soit tempérée,
qu’elle ne soit atténuée ou écartée. Mais si le contrat est valable, à partir de ce
moment, il va développer ses effets.
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Chapitre 3 : Les Effets du Contrat
Lorsque le contrat est régulièrement formé, il doit être exécuté par les parties.
Mais on doit aussi envisager la situation des tiers par rapport au contrat.
Elle trouve son siège dans l’article 96 du COCC aux termes duquel « le contrat
légalement formé crée entre les parties un lien irrévocable ». Cela signifie
plusieurs choses:
En premier lieu, cela veut dire que les parties sont tenues
d e r e s p e c t e r l e u r s engagements jusqu’à leur terme. Aucune d’elle ne peut
rompre le contrat ou le modifier de façon unilatérale. « Ce que la volonté
commune a fait, seule la volonté commune peut le défaire ».Mais il y a des
atténuations à ce principe de la force obligatoire du contrat parce qu’il y a des
hypothèses dans lesquelles le contrat peut être rompu de façon unilatérale. C’est
notamment le cas dans les contrats qui sont marqués par la confiance,
des contrats qui sont généralement intuitu personae c’est-à-dire conclu en
considération de la personne du contractant. Exemple : le contrat de mandat qui
peut être rompu à tout moment, c’est ce que l’on appelle la Révocation
Ad Nutum.
La deuxième exception c’est dans les contrats à durée indéterminée parce qu’on
permet à chaque partie dans ce cas de pouvoir y mettre fin de façon unilatérale.
C’est ce que l’on appelle le Droit de Résiliation Unilatéral
parce que le droit réprouve, interdit que l’on puisse s’engager à vie, à perpétuité,
cela étant contraire à la liberté individuelle. En dehors de ces deux hypothèses,
le contrat légalement formé est « la loi des parties »qui sont tenues de respecter
leurs engagements jusqu’au bout. Mais encore faudrait-il savoir qui est partie
soumise à la force obligatoire du contrat. Il y a plusieurs catégories de
parties au contrat. Il y a d’abord les personnes qui, elles-mêmes ont
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conclu le contrat en leur nom et pour leur compte. Il existe ensuite les
personnes qui se sont fait représentées parce que le représentant agit au nom et
pour le compte du représenté. Il y a enfin les ayant cause universels et les
ayant cause à titre universel c’est-à-dire r e s p e c t i v e m e n t c e u x q u i
o n t v o c a t i o n à r e c u e i l l i r l a t o t a l i t é d u p a t r i mo i n e e t c e u x q u i
o n t vocation de recueillir une fraction de ce patrimoine. C’est à l’égard de tous
ces gens là que le contrat crée un lien irrévocable. Mais l’exécution du contrat
peut être assortie de certaines modalités.
1 – Le Terme.
Il s’agit d’un événement futur et de réalisation certaine dont on fait dépendre
l’exigibilité de l’obligation ou son exécution. Dans le premier cas, on parle
de Terme Suspensif. Ex : Je vous prête 100 000, vous me rembourserez le
12 janvier 2006 (le 12 janvier est futur et certain).
D a n s l e s e c o n d c a s , o n p a r l e d e Terme Extinctif. Ex : Vo u s l o u e z
u n e c h a mb r e d u 1 er Janvier au 31 Mars, en fin mars, le contrat est terminé
(le 31 mars est futur et extinctif).
2 – La Condition.
Il s’agit d’un événement futur mais de réalisation incertaine dont on
fait dépendre la naissance de l’obligation ou sa disparition. Dans le premier
cas, on parle de Condition Suspensive. Ex : Je vous vends mon ouvrage
si je réussis à mon examen (la réussite est un événement futur et incertain).Dans
le second cas on parle de
Condition Résolutoire
. Ex : Je vous donne ma maison si je meurs sans enfant. Le bénéficiaire
devient automatiquement propriétaire parce que l’obligation existe déjà. Si la
condition se réalise, c’est-à-dire si le donateur meurt sans enfant, le donataire
e s t d é f i n i t i v e me n t p r o p r i é t a i r e . P a r c o n t r e s i l e d o n a t e u r a u n
e n f a n t a v a n t s o n d é c è s , l a donation est annulée comme si elle n’a jamais
existé. Donc le donataire est obligé de restituer la maison. C’est la condition
résolutoire. Mais toutes les conditions ne sont pas valables. Il y a d’abord la
Condition purement Potestative, c’est celle qui dépend exclusivement de la
volonté du débiteur. Elle n’est pas valable. Ex : Je vous rembourserai le prêt que
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vous m’avez accordé quand je voudrai (cela n’a aucune valeur juridique)Il y a
ensuite la Condition Casuelle. C’est celle qui dépend du hasard et elle
est valable. Ex : Je vous donne un million si je gagne au loto. Il y a
également la Condition Mixte. Ex : Je vous vends mon véhicule si je suis
affecté à Daoukro (mon affectation dépend de ma demande mais aussi de
l’acceptation d’autrui).Il y a enfin la Condition impossible, illicite ou immorale.
Elle n’est pas valable. Ex : Je vous donne cinq millions si vous décrochez la lune
ou si vous m’apportez cinq kilogrammes de cocaïne.
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i n s i n t é r e s s é s . C e s o n t l e s Créanciers Chirographaires et les ayant
cause à titre particulier.
Les Créanciers Chirographaires : Ce sont des créanciers qui n’ont d’autre
garantie que le patrimoine de leur débiteur. Donc ils sont intéressés par
la consistance de ce patrimoine. Si le débiteur utilise des actes
frauduleux pour échapper au paiement, la loi permet au créancier
chirographaire de faire annuler de tels actes frauduleux accomplis par le
débiteur. C’est ce que l’on appelle l’Action Paulienne. De même, le créancier
chirographaire peut agir contre le débiteur de son débiteur négligeant ou passif.
C’est ce que l’on appelle l’Action Oblique .Mais il y a aussi la situation des
ayant cause à titre particulier qui, en principe devraient être soumis au
principe de la relativité des conventions. Mais la loi a prévu des
dérogations ponctuelles notamment en matière de bail lorsque l’immeuble loué
a été transmis. Dans ce cas, le nouvel acquéreur propriétaire de l’immeuble est
tenu de maintenir dans les lieux le locataire. En matière de Droit du Travail,
il en va aussi de même lorsqu’il y a cession d’entreprise. Le nouvel
acquéreur est tenu de maintenir les contrats de travail en cours conclus par son
prédécesseur.
Paragraphe 2 : Les Exceptions au Principe de la Relativité des Conventions.
En Réalité, il n’y a qu’une seule exception : c’est la Stipulation pour
Autrui parce que la Promesse de Porte-Fort est une fausse exception.
A/ La Fausse Exception : La Promesse de Porte-Fort.
C’est une convention par laquelle une personne, le Porte -Fort,
s’engage auprès de son contractant qu’un tiers ratifiera le contrat. Il y a deux
hypothèses : 1èrehypothèse : Le tiers ratifie le contrat : il n’est plus alors tiers, il
devient partie.2èmehypothèse : Le tiers refuse de ratifier le contrat : il demeure
tiers et seul le Porte-Fort reste engagé vis à vis de son contractant. Quel que soit
l’aspect sous lequel on l’étudie dans ses deux formes, la promesse de porte-fort
ne constitue en aucune façon une exception à la relativité des conventions ; ce
qui n’est pas le cas de la stipulation pour autrui.
B/ La Vraie Exception au Principe : La Stipulation pour Autrui.
La stipulation pour autrui est une convention par laquelle une
personne, le promettant, s’engage auprès de son contractant d’exécuter
une prestation déterminée au profit d’un tiers qu’on appelle Tiers
Bénéficiaire. A partir de la conclusion du contrat, le tiers bénéficiaire devientle
créancier direct du promettant. Son droit naît du contrat et ce droit devient
irrévocable dès l’instant qu’il a accepté la stipulation faite à son profit. Mais
tant qu’il n’a pas accepté, le stipulant peut révoquer la stipulation et désigner un
autre tiers bénéficiaire le cas échéant. Les droits
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dut i e r s b é n é f i c i a i r e s o n t c e n s é s l ui a p p a r t e n i r d è s l ’ o r i g i n e . P a r
v o i e d e c o n s é q u en c e , n i l e s héritiers, ni les créanciers du stipulant
ne peuvent avoir de prétention sur les droits du tiers bénéficiaire. Et il
n’est pas nécessaire que le tiers bénéficiaire soit au courant de la stipulation faite
à son profit. Il n’est pas non plus nécessaire que ce tiers bénéficiaire existe au
moment de l a c o nc l u s i o n d u c o n t r a t . M a i s l e p r o me t t a n t p e u t
o p p o s e r a u t i e r s b é n é f i c i a i r e t o u te s l e s exceptions qu’il aurait pu
opposer au stipulant. Enfin, il faut souligner que la stipulation pour
autrui est une convention. En tant que telle, elle doit respecter toutes les
conditions de validité des contrats. Sous réserve de cette précision, il
reste que le tiers bénéficiaire est devenu créancier du promettant alors qu’il
n’a pas conclu de contrat. C’est en cela que la stipulation pour autrui constitue la
seule exception à la relativité des conventions.
Nota : L’exemple type est la souscription d’une police d’assurance vie
par un parent pour son enfant déjà né ou même encore en gestation.
En conclusion, la stipulation pour autrui constitue donc
l ’ e x c e p t i o n e n c e s e n s o ù u n créancier devient créancier tout en
conservant sa qualité de tiers, ce qui n’est pas conforme à la relativité des
conventions.
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c’est le Juge, mais il n’a pas une liberté absolue dans sa mission d’interprétation.
En effet, la loi a mis à sa disposition des méthodes d’interprétation.-
L a p r e mi è r e mé t h o d e c o n s i s t e p o u r l e J u g e
à r e c h e r c h e r q u e l l e e s t l a c o mmu n e intention des parties. Pour ce faire,
le Juge doit essayer de découvrir quel est l’esprit du contrat parce que sa lettre
fait défaut, est équivoque.- La deuxième méthode, c’est celle par laquelle le Juge
va s’appuyer sur l’équité, la bonne foi et les usages pour savoir ce que le contrat
veut dire. Lorsque aucune de ces deux méthodes n’est opérationnelle, alors le
Juge va interpréter le contrat en faveur du débiteur. C’est ce que l’on appelle
l’interprétation in favorem. C’est parce que le Droit considère qu’il
appartient au créancier de veiller à ses intérêts. Si le contrat est
a mb i g u , c ’e s t q u e l e c r é a n c i e r n ’a p a s é t é v i g i l a n t . I l d o i t
supporter les
r i s q u e s d e c e t t e n é g l i g e n c e . L ’a mb i g u ï t é d u c o n t r a t p r o f i t e d o n c
a u d é b i t e u r , s i le s mé t h o d e s o b j e c t i v e s e t subjective ne permettent
pas d’interpréter le contrat. Mais la décision d’interprétation faite parle Juge est
soumise à un double contrôle par la Cour de Cassation. En premier lieu, la Cour
de Cassation va vérifier si les juges n’ont pas dénaturé le contrat en interprétant
des clauses claires et précises. La dénaturation est un motif de cassation, c’est-à-
dire que la Cour Suprême va annuler la décision qui a dénaturé le contrat. Le
second contrôle est un contrôle de qualification, c’est-à-dire que la Cour
Suprême va vérifier si les juges ont mal qualifié le contrat. La fausse
qualification est un motif de cassation.
Paragraphe 2 : Les Difficultés d’ordre économique : la théorie
de l’imprévision.
Le problème résulte du schéma suivant : après la conclusion régulière
du contrat, des circonstances imprévues surviennent avant l’exécution et
rendent cette exécution trop pénible pour l’une des parties. On s’est posé alors la
question de savoir si en l’absence d’accord entre les parties le Juge ne pouvait
pas rééquilibrer le contrat par souci d’équité, en tenant compte de ces
circonstances imprévues. A cette question, le Droit Civil a une solution qui ne
s’est pas démentie depuis
longtemps.C ’e s t q ue « l e J u g e n e p e u t mo d i f i e r u n c o n t r a t l é g a l e
me n t f o r mé q u e l l e s q u e s o i e n t
lesc i r c o n s t a n c e s é c o n o m i q u e s q u i s u r v i e n n e n t » p a r c e q u e
s e l o n l a J u r i s p r u d e n c e : « Q u o i qu’équitable que puisse être
s a d é c i s i o n , i l n ’ a p p a r t i e n t p a s a u J u g e d e mo d i f i e r u n c o n t r a t
légalement formé pour tenir compte des circonstances de lieu et de temps ».
Donc le Droit Civil rejette la Théorie de l’Imprévision contrairement au Droit
Administratif. Pour contourner la rigueur d’une telle solution, les parties ont
intérêt à insérer dans leur contrat des clauses d’adaptation ou de
renégociation, ou encore des clauses d’indexation ou d’échelle mobile.
22
La clause d’indexation, c’est celle par laquelle les parties font dépendre le
montant de la somme à payer par référence à un indice qu’elles auront librement
choisi. Mais, il faudra que cet indice soit en rapport avec l’objet du contrat ou
l’activité de l’une des parties.
Section 2 : L’inexécution du Contrat.
Lorsque le contrat n’est pas exécuté, c’est qu’il y a atteinte à sa force
obligatoire.
Laq u e s t i o n e s t a l o r s d e s a v o i r q u e l l e e s t l a r é a c t i o n
d u D r o i t f a c e à c e t t e p a t h o l o g i e contractuelle ?Il faut
distinguer selon que l’inexécution du contrat est consécutive à un cas
de force majeure ou selon que l’inexécution est imputable à l’une des parties.
Paragraphe 1 : L’Inexécution du contrat relative à un cas de force majeure
: la théorie des risques.
L’hypothèse ici, c’est celle dans laquelle le contrat ne peut plus être exécuté,
parce qu’un événement imprévisible, irrésistible et insurmontable a
empêché cette exécution qui devient impossible.
Quelle est la partie qui va supporter les risques de cette
inexécution due à un cas de force majeure ?
Exemple 1 : Un étudiant loue une chambre pour l’année académique,
l’immeuble loué est détruit par un incendie au mois de janvier. Que devient
le contrat de bail ? Exemple 2 : Une personne achète un poste téléviseur chez
son voisin, mais le poste implose avant qu’elle n’en prenne livraison alors
qu’elle avait déjà payé. Que devient le contrat de vente ? La réponse varie en
fonction des obligations qui sont contenues dans le contrat. Si le contrat
contient une obligation de faire, les risques de l’inexécution sont
supportés par le débiteur de l’obligation inexécutée ; on
d i t « R e s P e r i t Debitori ». Et le contrat est résolu en vertu de la théorie des
risques. Par contre si le contrat contient une obligation de transférer la
propriété d’une chose, c’est-à-dire obligation de donner, les risques sont
alors supportés par le propriétaire de la chose ; on dit « Res Perit Domino ».
Et le contrat est résolu le cas échéant.
Paragraphe 2 : L’inexécution du contrat imputable à l’une des parties.
Ici, l’un des contractants ne s’exécute pas. La question est de savoir ce
que peut faire l ’ a u t r e c o n t r a c t a n t . L e D r o i t a mi s à s a d i s p o s i t i o n
p l u s i e u r s mo ye n s p o u r l u t t e r c o n t r e l a défaillance de son co-
contractant. En p r e mi e r l i e u , i l e s t p o s s i b l e d ’ i n v o qu e r l’Exception
d’Inexécution, c’est-à-dire que l’autre partie refuse de s’exécuter tant que son
contractant ne s’est pas exécuté. Mais cela n’est possible que dans les contrats
23
synallagmatiques parce que l’on sait que dans ce genre de contrats,
l ’o b l i g a t i o n d e c h a q u e p a r t i e e s t d é p e n d a n t e d e c e l l e d e l ’a u t r e .
C e s o n t d e s o b l i g a t i o n s réciproques. L’exception d’inexécution est une
forme de justice privée parce qu’il n’est pas besoin d e s a i s i r l e J u g e . M a i s
c ’ e s t u n e s i t u a ti o n q u i n e p e u t ê t r e q u e p r o v i s o i r e e t q u i
e n t r a î n e l a paralysie de l’exécution du contrat. L a d e u x i è me p o s s i b i l i t é
o f f e r t e a u c o n t r a c t a n t , c ’ e s t c e q u e l ’o n a p p e l l e l’Exécution
Forcée.
L’exécution forcée sera étudiée plus tard notamment dans la deuxième partie. La
troisième possibilité, c’est de Demander des Dommages et Intérêts pour le
préjudice subi du fait de l’inexécution. C’est alors un problème de
Responsabilité Civile qui va être étudié plus tard. En f i n , l a q u a t r i è me e t
d e r n i è r e p o s s i b i l i t é , c ’ e s t d e d e ma n d e r a u J u g e d e r o mp r e l e
contrat, c’est ce que l’on appelle la Résolution Judiciaire du contrat.
Mais ce n’est pas
parceq u ’e l l e e s t d e ma n d é e q u ’e l l e v a ê t r e p r o n o n c ée , p a r c e q u e
l e J u g e b é n é f i c i e d ’u n p o u v o i r d’appréciation. Il va en effet vérifier
si le manquement, si l’inexécution justifie la rupture du contrat.
Par ailleurs, les parties peuvent prévoir que dans telles circonstances,
le contrat sera résolu de plein droit, de façon automatique. Lorsque le
contrat est résolu, il produit les mêmes effets que la nullité, c’est-à-dire
qu’il rétroagit.
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Titre 2 : L’obligation Légale
Ici, on est créancier ou débiteur sans l’avoir voulu. C’est la Loi qui en
décide ainsi. Cela concerne deux hypothèses : c’est d’une part la
Responsabilité Civile; c’est d’autre part ce que le COCC appelle les Autres
Sources d’Obligations.
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A / L’Elément Matériel de la Faute.
Il y a faute quand il y a violation d’une obligation, quand il y a manquement,
transgression d’une obligation. On peut commettre une faute en agissant, c’est la
Faute par Action. On p e u t a u s s i c o mme t t r e u n e f a u t e e n
s ’ a b s t e n a n t d ’ a g ir , o n p a r l e d e Faute par Omission ou de Faute par
Abstention.
Exemple : La Non Assistance à personne en danger. I l y a a u s s i f a u t e e n
a b u s a n t d e s o n d r o i t , c ’ e s t l a Théorie de l’Abus de Droit qui
consiste à exercer son droit à des fins autres que celles pour lesquelles
le droit est attribué. Donc, on peut commettre une faute en exerçant son droit.
La difficulté provient du fait qu’il y a des situations dans lesquelles le Droit n’a
rien prévu. La question est alors de savoir comment faire pour savoir si
une personne a commis une faute. Exemple : Le fait de traverser
l’autoroute en lisant son journal, ce n’est interdit nulle part, et pourtant
c’est une faute parce qu’un homme prudent, diligent et avisé ne se comporte pas
de la sorte. C’est le « bon père de famille » qui constitue le modèle standard
et par référence auquel le
Juge va vérifier si un comportement est anormal, donc fa
u t i f . C ’ e s t c e q u e l ’ o n a p p e l l e l’Appréciation in Abstracto.
B / L’Elément Moral ou Psychologique de la Faute.
Cela renvoie à deux aspects : c’est d’abord la
G r a v i t é d e l a F a u t e ; c ’e s t e n s u i t e l’Imputabilité de la Faute.
1 – La Gravité de la Faute
En matière de responsabilité civile, toute faute, même la plus légère (culpa
levissima), la plus vénielle est de nature à engager la responsabilité de son
auteur. Donc la gravité de la faute importe peu. Il peut s’agir d’une faute
intentionnelle, celle dont l’auteur de l’acte a recherché les effets. On l’appelle
aussi Faute Dolosive. M a i s l a f a u t e p e u t a u s s i ê t r e d ’i mp r u d e n c e
o u d e négligence, c’est la Faute Involontaire qu’on appelle aussi Quasi-délit.
Donc le principe reste que n’importe quelle faute peut engager la responsabilité,
même s’il arrive parfois qu’on puisse tenir compte de la gravité de la faute,
notamment pour aggraver la responsabilité.
2 – Le Problème de l’Imputabilité de la Faute
La question ici est de savoir si pour commettre une faute, il faut savoir
ce que l’on fait. Est-ce qu’il faut avoir un esprit de discernement, savoir
distinguer le bien du mal, parce qu’il y a des personnes qui peuvent faire mal
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sans le savoir. Ce sont les malades mentaux et les enfants à bas âge. Pendant
longtemps, on a estimé que ces personnes ne pouvaient pas commettre de faute
p a r c e q u ’e l l e s s o n t i n c o n s c i e n t e s , e l l e s n e s a v e n t p a s c e
q u ’e l l e s f o n t . Do n c o n n e p e u t l e u r imputer à faute un acte
dommageable. Par conséquent, la victime de ces personnes risque de
rester sans réparation parce qu’elle ne pourra pas engager la
responsabilité de ces personnes. Sur ce plan particulier, il y a
cependant une évolution aussi bien en Droit français qu’en Dr oit
ivoirien. D’abord en Droit français, dès 1968 on a modifié l’article 489
d u C o d e C i v i l e p o u r y a jo u t e r u n a l i n é a s e n ve r t u d u q u e l «
C e l u i q u i , e n é t a t d e t r o u b l e me n t a l c a u s e à a u t r u i u n dommage,
n’en est pas moins responsable ». Donc, en France, depuis 1968, on
peut engager la responsabilité des personnes atteintes de trouble
mental. Mais pour les enfants à bas âge, il faudra attendre 1984 pour que
la Cour de Cassation française décide qu’il n’est pas besoin,
poure n g a g e r l a r e s p o n s a b i l i t é d ’u n e n f a n t , d e r e c h e r c h e r s i l ’ e n f
a n t é t a i t d o t é d ’u n e s p r i t d e discernement. Il suffit que l’acte de
l’enfant soit objectivement illicite. On n’a pas besoin de savoir s’il
savait ou non ce qu’il faisait. C’est ce que l’on a appelé la
faute objective , c’est-à-dire sans élément d’imputabilité. Donc désormais,
il est possible d’engager la responsabilité non seulement d’un enfant, mais
aussi celle d’un malade mental. En Droit ivoirien, on est arrivé au même résultat
par un raccourci. En effet, dès 1977, le législateur a introduit dans l’article
123un troisième alinéa en vertu duquel tout acte est de nature à atténuer ou à
aggraver la responsabilité de son auteur. Comme on vise tout acte, cela veut
dire qu’on n’a pas besoin que l’enfant ou le malade mental s ache ce
qu’il faisait. C’est leur acte objectif qui est pris en compte
indépendamment de la question de savoir si oui ou non ils sont
conscients de ce qu’ils font. Donc finalement, la recherche de
l’imputabilité est inutile. Désormais, c’est sous ce double regard – élément
matériel et élément moral – qu’il faut apprécier l a f a u t e q u i d o i t ê t r e
p r o u v é e p a r l a v i c t i me . M a i s l a p e r s o n n e d o n t l a r e s p o n s a b i l i t é
e s t recherchée peut toujours invoquer, soulever des moyens de défense.
Paragraphe 2 : Les Moyens de Défense
I l y e n a p l u s i eu r s q u i p e u v e n t ê t r e s o u l e v é s p a r l a p e r s o n n e
d o n t o n r e c h e r c h e l a responsabilité. Il peut s’agir de Faits Justificatifs, de
Faute de la victime, du fait d’un Tiers ou de la Force Majeure ou encore de ce
que l’on appelle la Théorie de l’Acceptation des risques.
1 – Les Faits Justificatifs
Ils sont empruntés au Droit Pénal et ce sont essentiellement la Légitime
Défense et l’Etat de Nécessité.
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Il y a Légitime Défense lorsqu’en réaction à une agression injuste, on cause un
dommage à l’agresseur. Dans une telle hypothèse, on est couvert parce que cette
défense est légitime, mais encore faudrait-il que la riposte soit proportionnelle
par rapport à l’agression. Il y a ensuite l’état de nécessité. C’est lorsque,
pour éviter un dommage grave, on est c o n t r a i n t , o n e s t f o r c é d e
c o m me t t r e u n d o m ma g e mo i n d r e . D a n s c e c a s , o n e s t e n é t a t d e
n é c e s s i t é q u i ju s t i f i e q u e l ’o n n e p u i s s e r e c h e r c h e r l a
r e s p o n s a b i l i t é d e c e l u i q u i a c a u s é l e dommage moindre.
2- La Faute de la Victime, le Fait d’un Tiers et la Force Majeure.
D’abord la Faute de la Victime : Lorsque la victime, par
s a f a u t e a c o n t r i b u é à l a réalisation de son propre dommage, il
va y avoir ce que l’on appelle un partage de responsabilité en tenant compte
de la gravité des fautes respectives. Il en va de même aussi lorsque le fait d’un
tiers a concouru à la réalisation du dommage. En troisième lieu, c’est la Force
Majeure. La force majeure est totalement exonératoire. Dans ce cas, il n’y a pas
de responsabilité.
3 – La Théorie de l’Acceptation des Risques
Il y a des hypothèses dans lesquelles la victime a accepté de courir un risque, de
subir le dommage. Dans ce cas, elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même, c’est
comme qui dirait à ses risques et périls.
Sous-Section 2 : La Responsabilité du Fait d’autrui.
Il s’agit d’une responsabilité singulière parce qu’une per
s o n n e v a ê t r e d é c l a r é e responsable pour des agissements commis par
autrui. Il y en a trois variétés :C’est d’une part la responsabilité des père et
mère pour les dommages causés par leurs enfants mineurs. C’est d’autre
part la responsabilité des maîtres et artisans pour les dommages causés parles
élèves et apprentis. C’est enfin la responsabilité du commettant du fait de ses
préposés.
Paragraphe 1 : Les Responsabilités du fait d’autrui fondées sur une
présomption de faute : la responsabilité parentale et la responsabilité des
maîtres et artisans.
Dans ces catégories de responsabilités du fait d’autrui, on présume que
les parents ou maîtres et artisans ont commis une faute, c’est pourquoi on les
déclare responsables.
A / La Responsabilité Parentale.
Lorsqu’un enfant mineur cause à autrui un dommage, le Droit présume que c’est
parce qu’il a été mal éduqué ou mal surveillé, donc que ses parents sont
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en faute. Mais il faut qu’il s’agisse d’un enfant mineur (moins de 18 ans) et
que cet enfant cohabite avec les parents ou avec toute personne qui en a la garde.
Peu importe que cet enfant soit conscient de ce qu’il fait, il suffit
ques o n a c t e i l l i c i t e a i t c a u s é à a u t r u i u n d o m m a g e . L e s p e
r s o n n e s q u i v o n t ê t r e d é c l a r é e s responsables, ce sont les père et
mère ou tous les deux solidairement ou tout autre parent exerçant sur
l’enfant la garde. Les parents dont la responsabilité est recherchée peuvent
échapper en prouvant qu’elles n’ont pu empêché le fait dommageable.
B / La Responsabilité des Maîtres et Artisans.
Lorsqu’un élève ou un apprenti, pendant le temps où il était sous la surveillance
du maître ou de l’artisan cause à autrui un dommage, on présume que ces
derniers l’ont mal surveillé, donc ils sont en faute. Ici la Loi n’exige pas une
condition d’âge, ni pour l’élève, ni pour l’apprenti, mais il faut que l’acte
dommageable se soit produit pendant le temps où l’élève ou l’apprenti était
sousl ’ a u t o r i t é d u m a î t r e o u d e l ’ a r t i s a n . M a i s i c i , i l f a u t s i
g n a l e r q u e s ’ i l s ’ a g i t d ’ u n é l è v e d’établissement public, c’est l’Etat
qui est responsable par substitution. Sous réserve de cette précision, le maître,
comme l’artisan peut s’exonérer en prouvant qu’il n’a pu empêcher le
fait dommageable. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de la responsabilité
du commettant.
Paragraphe 2 : La Responsabilité du Commettant du Fait de ses Préposés.
I c i , i l s ’a g i t d ’u n e r e s p o n s a b i l i t é o b j e c t i v e , d e p l e i n d r o i t q u i
n e r e p o s e p a s s u r u n e présomption de faute. Le commettant en effet ne
peut pas échapper à cette responsabilité en rapportant la preuve qu’il n’a
commis ni une faute de surveillance, ni une faute de choix du préposé. Il ne peut
s’exonérer qu’en présence d’une cause étrangère, notamment un cas de force
majeure ou le fait d’un tiers. Sous réserve de cette précision, il y a
lieu d’identifier le commettant et le préposé. On peut dire que généralement,
le commettant, c’est celui qui donne des ordres et des instructions à une
autre personne qui exécute un travail pour lui. Donc il existe nécessairement un
lien de préposition dans le contrat de travail. Mais on peut aussi le
retrouver en dehors de tout contrat de travail notamment dans des rapports de
parenté ou de simples rapports amicaux voire de civilité. Il faut que l’acte ait été
commis pendant l’exécution des fonctions ou à l’occasion des fonctions. En
principe, cela ne pose pas de difficultés particulières notamment
lorsque le d o mma g e e s t i n t e r v e n u p e n d a n t l e s h e u r e s d e t r a v a i l
e t a u l i e u d e t r a v a i l . M a i s q u ’e n e s t - i l lorsque le dommage est
causé par un chauffeur qui utilise le véhicule de service un dimanche
comme transport en commun ? C’est ce que l’on appelle la Théorie de
l’Abus de Fonction Qui aurait dû recevoir une solution simple au Sénégal,
mais tel n’est pas le cas. Par contre, en Droit français, il y a eu une évolution.
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Pendant plus de trente (30) ans, il y avait une opposition entre les Chambres de
la Cour de Cassation. La Chambre Civile décidait que l’abus de fonction
exonère le commettant, tandis que la Chambre Criminelle décidait du contraire.
M a i s f i n a l e me n t, o n e s t p a r v e n u à u n e u n i f i c a t i o n d e l a
J u r i s p r u d e n c e e n F r a n c e . En e f f e t , d é s o r ma i s , l o r s q u e l e
préposé agit en dehors de ses fonctions, à des fins étrangères à
s e s fonctions et sans autorisation, le commettant n’est plus responsable. Au
Sénégal, il existe une disposition de la Loi qui envisage pratiquement dans tous
les cas la responsabilité du commettant. C’est l’article 148 d u C OC C
q u i p r é v o i t : « E n c a s d ’a b u s d e fonction, le commettant est toujours
responsable dès l’instant qu’il y a un lien de causalité ou de connexité avec la
fonction ».
Sous-Section 3 : La Responsabilité du Fait des Choses
Ici aussi, il s’agit d’une responsabilité de plein droit, automatique, qui ne repose
pas sur la faute, du moins en ce qui concerne le Principe Général
de Responsabilité du fait des Choses. C’est qu’aujourd’hui, il existe en
plus un régime spécial d’indemnisation des victimes
d’accidents de lac i r c u l a t i o n . O n a p p l i q u e a l o r s l e C o d e C I M
A ( C o n f é r e n c e I n t e r - A f r i c a i n e d e s M a r c h é s d’Assurance).
Paragraphe 1 : Le Principe Général de Responsabilité du Fait des Choses
Ici, on est déclaré responsable parce qu’une chose ou un animal dont
on a la garde ou la maîtrise a causé à autrui un dommage. Le
responsable c’est donc le gardien ou le maître de la c h o s e . I l f a u t
d ’u n e p a r t i d e n t i f i e r l e g a r d i e n , e n s u i t e l e s c h o s e s s u s c e p t i b l e s
d ’e n g a g e r l a responsabilité et enfin les causes d’exonération du gardien
ou maître de la chose.
1 – L’Identification du Gardien.
Est déclaré gardien celui qui a sur une chose un pouvoir
d ’u s a g e , d e c o n t r ô l e e t d e direction : c’est le propriétaire de la chose,
mais il n’en est pas toujours ainsi en ce sens qu’il y a d e s s i t u a t i o n s d a n s
l e s q u e l l e s l a g a r d e p e u t ê t r e t r a n s f é r é e o u é c l a t é e , c o m me i l y a
d e s situations dans lesquelles on ne peut individualiser le gardien.
C’est l’hypothèse de la garde c o l l e c t i v e o u c o mmu n e . D ’ a b o r d l a
g a r d e p e u t ê t r e t r a n s f é r é e à u n e p e r s o n n e a u t r e q u e l e propriétaire.
Soit ce transfert est volontaire – c’est le cas par exemple du prêt de véhicule ou
de la location de véhicule et dans ces deux cas ce sont respectivement
l’emprunteur ou le locataire qui était gardien pendant le temps où la chose
était à sa disposition -, soit ce transfert est involontaire et c’est
notamment le cas du vol ou de la perte. La garde peut aussi être éclatée
30
notamment lorsqu’il s’agit de chose ayant le dynamisme propre. Dans ce cas, on
distingue entre la garde de la structure et la garde du comportement, et le
gardien sera désigné en fonction de l’origine du dommage. Il y a des
hypothèses dans lesquelles il n’est pas possible d’individualiser le gardien parce
qu’il est dans un groupe déterminé mais lui n’est pas déterminé ;
2 – Les Choses Susceptibles d’engager la Responsabilité
Toutes les choses, sauf les véhicules terrestres à moteur sont de nature
à engager la responsabilité du gardien. Peu importe qu’il s’agisse
d’une chose mobile ou que la chose ait été actionnée ou non par la main de
l’homme. Peu importe aussi qu’il s’agisse d’une chose inerte, qui ne bouge pas
ou qu’il s’agisse d’une chose dangereuse ou pas. Toutes les fois où
sans la chose le dommage ne se serait pas produit et il n’est même pas besoin
qu’il y ait contact matériel entre la chose et la victime.
3 – Les Causes d’Exonération du Gardien
La responsabilité du fait des choses est une responsabilité
de plein droit, automatique. On parle de présomption de responsabilité. En
d’autres termes, cela veut dire que le gardien dont la responsabilité est
recherchée ne peut s’exonérer en apportant la preuve qu’il n’a commis
a u c u n e f a u t e . La s e u l e e x o n é r a t i o n q u i l u i e s t a c c o r d é e , c ’e s t
c e l l e q u i r é s u l t e d ’u n e c a u s e étrangère, c’est-à-dire le fait d’un
tiers, la faute de la victime ou la force majeure. Tel est le régime du
Principe Général de Responsabilité du Fait des Choses. Mais depuis quelques
années, il existe un régime spécial d’indemnisation d’accidents de la circulation.
Paragraphe 2 : L’indemnisation des Victimes d’Accidents de la Circulation
: le Code CIMA
Désormais lorsqu’un véhicule terrestre à moteur cause à autrui un dommage, ce
n’est
plusl e C O C C q u i e s t a p p l i c a b l e , ma i s l e C o d e C I M A ( C o n f é r e n c
e I n t e r a f r i c a i n e d e s M a r c h é s d’Assurance). Il s’agit d’une loi
uniforme qui s’applique dans tous les pays adhérant à la CIMA
notamment le Sénégal, le Mali, la Guinée Conakry, le Niger, le Tchad, le Bénin,
le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Cameroun. C’est la Loi qui est applicable
dans tous ces pays et qui a pour
finalitéd ’ a mé l i o r e r l ’i n d e mn i s a t i o n d e s v i c t i me s d ’a c c i d e n t n o t a
m me n t a u t o mo b i l e . I l s ’a g i t p l u s exactement des dommages
corporels parce que, pour les dommages matériels, on retrouve
lesr è g l e s c l a s s i q u e s d e r é p a r a t i o n . L e s ys t è me mi s e n p l a c e f a c i
l i t e o u a s s u r e l ’i n d e mn i s a t i o n pratiquement dans tous les cas avec
une procédure simplifiée plus rapide par opposition à
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lap r o c é d u r e ju d i c i a i r e . En e f f e t , d è s q u e l e d o m ma g e s u r v i e n t , l
a c o mp a g n i e d ’a s s u r a n c e d u véhicule impliqué doit faire l’offre
d’indemnisation qui ne peut dépasser un an. Et pendant cette p é r i o d e , s ’i l y
a u r g e n c e , l a v ic t i me p e u t b é n é f i c i e r d e p r o v i s i on s p o u r f a i r e
f a c e a u x f r a i s occasionnés par le dommage et si la compagnie d’assurance
use de moyens dilatoires dans l’offre, elle peut être frappée de pénalités.
Généralement, il y a l’accord dans ce délai d’un an sur l’offre
d ’i n d e mn i s a t i o n e t c e n ’e s t q u ’e n c a s d ’é c h e c q u ’i l e s t p o s s i b l e
d e s a i s i r l a ju s t i c e . C ’ e s t l a première innovation apportée par le
Code CIMA. La deuxième innovation apportée par le Code CIMA,
c’est qu’on ne peut opposer à la victime ni la force majeure, ni le fait
d’un tiers, ni sa propre faute sauf si c’est elle même qui a recherché le
dommage. La troisième innovation : même lorsque le véhicule n’est pas assuré
ou le conducteur du véhicule est non identifié, la victime peut o b t e n i r
r é p a r a t i o n p a r l e F o n d s d e G a r a n t i e Au t o mo b i l e q u i e s t u n
f o n d s a l i me n t é p a r u n e subvention de l’Etat, mais aussi de toutes les
compagnies
d’assurance.C e p e n d a n t , l e C o d e C I M A r e n f e r m e u n i n c o n
v é n i e n t m a j e u r p a r r a p p o r t à l a responsabilité classique. En effet,
la réparation du Code CIMA n’est pas intégrale, elle n’est pastotale. C’est une
réparation par forfait. C’est ce que l’on appelle le Système de la Barêmisation
33
L e s e f f e t s d e l a r e s p o n s a b i l i t é c i vi l e r e n v o i e n t à l a r é p a r a t i o n d
u d o mma g e s u b i . Précisément, il s’agit de relever la mise en œuvre de
l’action en réparation avant d’apprécier l’évaluation et les modalités de la
réparation.
Paragraphe 1 : La Mise en œuvre de l’Action en Réparation
Bien souvent, lorsque les parties ne transigent pas, lorsqu’elles ne
s’entendent pas à l’amiable, il faut saisir le Juge pour que le dommage soit
réparé. Celui qui demande réparation,
enp r i n c i p e c ’ e s t l a v i c t i m e e t c ’ e s t l e c r é a n c i e r o u s e s a y a
n t d r o i t s . C e l u i à q u i o n d e m a n d e réparation, c’est le responsable et
c’est le
débiteur.En p r i n c i p e , l ’ a c t i o n e n r e s p o n s a b i l i t é e s t p o r t é e d e v a n t
l e t r i b u n a l d u d omi c i l e d u d é f e n d e u r . C ’ e s t g é n é r a le me n t l e l i e u
d e s u r v e n a n c e d u d o mma g e . M a i s i l a r r i v e q u e l e f a i t générateur
du dommage soit en même temps une infraction pénale. Dans ce cas, l’action
peut être portée soit devant le Tribunal Civil, soit devant le Tribunal Répressif.
Si elle est portée devant
leT r i b u n a l R é p r e s s i f , l a d é c i s i o n d u J u g e P é n a l s ’ i m p o s e a
u J u g e C i v i l q u i n e p e u t d é c i d e r autrement. C’est ce que l’on appelle
l’Autorité de la Chose Jugée au Pénal sur le Civil. Par ailleurs, lorsque c’est la
Juridiction répressive qui est saisie en premier lieu, le Juge Civil est tenu de
surseoir à statuer jusqu’à la décision du Juge Pénal. En f i n , l o r s q u e l ’a c t i o n
en réparation est portée devant le Juge Pénal, on applique la
prescription du Droit Pénal, c’est-à-dire dix (10) ans pour les Crimes, trois(3)
ans pour les Délits Et un(1) an pour les Contraventions. En conclusion, l’action
en réparation est le premier acte vers l’indemnisation du dommage subi par la
victime. Il restera simplement au Juge de statuer sur les modalités et
l’évaluation du dommage.
Paragraphe 2 : Modalités et Evaluation du Dommage
L’évaluation du dommage se fait par le Juge qui se place au jour du
jugement, ce qui lui permet de prendre en compte l’évolution
éventuelle du dommage depuis sa survenance. Mais la dette de la
réparation elle, naît au jour de la survenance du dommage parce que, dès ce
moment, la créance existe déjà. Elle est Certaine dans son principe. C’est sa
Liquidité et son Exigibilité Qui sont différées jusqu’au jour
du jugement.S o u s r é s e r v e d e c e t t e p r é c i s i o n , i l a p p a r t i e n t a u J u g e
d e f i x e r s o u v e r a in e me n t l e montant des dommages et intérêts en
tenant compte des circonstances le cas échéant. Ces dommages
et intérêts sont constitués par une certaine somme d’argent dont
la finalité est non pas d’effacer, mais de compenser le dommage, le préjudice
subi. C’est pourquoi on les appelle
34
desdommages et intérêts compensatoires à c ô t é d e s q u e l s i l y
a d e s d o mma g e s e t i n t é r ê t s moratoires ,c’est-à-dire des dommages et
intérêts dus à cause du retard dans l’exécution de l’obligation. Les
dommages et intérêts ont donc pour fonction de réparer le dommage
subi. C’es t pourquoi on parle de Réparation par Equivalent à l’opposé de
la Réparation en Nature qui aurai tété meilleure, mais qui n’est pas possible
dans tous les cas, notamment lorsqu’il s’agit d’obligation de faire. Sous réserve
de ces précisions, la réparation doit être intégrale. On doit réparer tout le
dommage, la totalité du dommage, mais seulement le dommage. C’est le
Principe de la Réparation Intégrale
. Mais il arrive parfois qu’il y ait des réparations forfaitaires comme avec le code
CIMA- l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation. En matière
délictuelle, les clauses qui limitent ou écartent la responsabilité sont
nulles, alors que de telles clauses sont valables en matière contractuelle à
la condition cependant qu’elles n’écartent pas toute responsabilité.
Chapitre 2 : Les Autres Sources d’Obligations
Il s’agit respectivement de la Gestion d’Affaires et de l’Enrichissement
Injuste.
Section 1 : La Gestion d’Affaires
Elle peut être définie comme l’immixtion d’un tiers dans les affaires d’autrui. Et
à partir de ce moment, la Loi met à la charge de l’intervenant certaines
obligations, de même qu’à la charge de celui pour qui on intervient. Il
faut des conditions à partir desquelles se produisent certains effets.
Paragraphe 1 : Les Conditions de la Gestion d’Affaires
Il y a plusieurs séries de conditions. Certaines de ces conditions sont relatives au
gérant et au géré, d’autres aux actes de gestion.
A / Les Conditions relatives au gérant et au géré
Le gérant, c’est celui qui intervient dans les affaires d’autrui. Il n’est pas besoin
qu’il soit capable parce que ce n’est pas un contrat. Il faut cependant
que le gérant n’ait aucun intérêt dans l’affaire, ni directement, ni
indirectement. Il doit être animé par une intention altruiste, c’est-à-dire
désintéressée. L’intervention du gérant doit être spontanée. Elle ne doit pas
résulter de la Loi ou d’un contrat. Quant au géré, c’est celui dans les
affaires de qui on intervient. On l’appelle aussi le maître de l’affaire. Son
consentement n’est pas requis, mais il peut s’opposer à la gestion faite à son
profit, et dans ce cas, il n’y a pas de gestion d’affaires.
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B / Les Conditions relatives aux Actes de Gestion
L e g é r a n t p e u t a c c o mp l i r d e s a c t e s ma t é r i e l s o u d e s a c t e s
j u r i d i q u e s . I l p e u t s ’a g i r d’actes d’administration, ou de
conservation ou encore de disposition. Par contre les actes qui s o n t
a t t a c h é s à l a p e r s o n n e d u ma î t r e d e l ’a f f a i r e n e p e u v e n t f a i r e
l ’o b je t d e g e s t i o n . P a r exemple : le gérant ne peut divorcer à la place du
maître de l’affaire.
Paragraphe 2 : Les Effets de la Gestion d’Affaires
Il y a d’abord les effets qui concernent le gérant, celui qui gère les
affaires d’autrui. Celui-ci est tenu d’une série d’obligations. En réalité, il y en
a trois (3).
•
D’abord le gérant est tenu d’une obligation de persévérance, c’est-à-dire une fois
qu’il a commencé à intervenir dans les affaires d’autrui, il est tenu de
continuer jusqu’au b o u t . I l n e p e u t p a s s ’ a r r ê t e r à mi - c h e mi n .
A u x t e r me s d e l a Lo i , i l e s t t e n u d e poursuivre sa gestion jusqu’à ce
que le maître de l’ouvrage ou ses héritiers puissent y pourvoir, puissent prendre
le relais.
•La deuxième obligation, c’est l’obligation de prudence et de diligence, c’est-à-
dire que celui qui gère les affaires d’autrui doit le faire en « bon père de famille
», en homme diligent et prudent, sinon il peut engager sa responsabilité civile.
•La dernière obligation du gérant, c’est l’obligation de reddition de comptes,
c’est-à-dire que le gérant doit rendre compte au maître de l’affaire. Il doit
justifier tous les actes qu’il a accomplis et, le cas échéant, les dépenses qu’il a
effectuées. Il y a ensuite des obligations à la charge du maître de
l’affaire, celui pour qui le gérant intervenait. En effet, le maître de l’affaire
est tenu de rembourser au gérant tous ses débours, c’est-à-dire tous les frais
occasionnés par la gestion. Mais il ne rembourse que les dépenses utiles et non
les dépenses futiles. Par ailleurs, il se peut que le gérant ait conclu des contrats
pour gérer l’affaire d’autrui. Si le contrat a été conclu au nom du maître de
l’affaire, il s’agit d’un mandat. Donc c’est le maître de l’affaire qui est engagé.
Mais si le gérant a conclu le contrat en son nom, il reste seul tenu vis-à-vis de
son contractant, quitte à ce qu’il se retourne après contre le maître de l’affaire à
titre de remboursement. F i n a l e me n t , s a n s q u ’i l y a i t a u c u n a c c o r d d e
v o l o n t é s e n t r e l e g é r a n t e t l e ma î t r e d e l’affaire, il va y avoir des
obligations à leur charge par le seul effet de la Loi. C’est aussi le cas
lorsqu’il y a enrichissement injuste.
Section 2 : L’Enrichissement Injuste
36
La morale la plus élémentaire réprouve que l’on puisse s’enrichir
indûment au détriment d’autrui, le Droit aussi. C’est ce qui justifie la
Théorie de l’Enrichissement Injuste
En réalité, il y a un principe et une variété d’applications.
L e p r i n c i p e , c ’e s t l’Enrichissement Sans Cause; l a m o d a l i t é d ’a p p
l i c a t i o n , c ’e s t l a répétition de l’indu.
Paragraphe 1 : L’Enrichissement sans Cause
A u x t e r me s d e l a L o i , c e l u i q u i s ’e n r i c h i t s a n s c a u s e e s t t e n u d e
l e r e s t i t u e r , d e l e répéter. C’est ce que l’on appelle l’action In Rem Verso.
Cela suppose des conditions.
La première, c’est qu’il faut un enrichissement et un appauvrissement
corrélatifs, c’est-à-dire que l’enrichissement doit être la conséquence
de l’appauvrissement et inversement. Ils ont l’un et l’autre, les mêmes
causes. Cela suppose matériellement un déplacement d’un élément du
patrimoine de l’appauvri vers le patrimoine de l’enrichi.
L a s e c o n d e c o n di t i o n , c ’ e s t q u e c e t e n r i c h i s s e me n t n ’a p a s d e
cause, n ’a pas
d e justification. En effet, l’enrichi ne peut produire aucun titre qui peut légitime
r sonenrichissement, ni un titre légal, ni un titre conventionnel.
Il y a une troisième condition, c’est que l’action de In Rem Verso ne peut être
exercée qu’à défaut de tout autre moyen de droit à la disposition de
l’appauvri, c’est ce que l’on appelle la Subsidiarité de l’action de In Rem
Verso.
En dernier lieu, l’action ne peut pas non plus être exercée si l’appauvri
a commis une faute à la source de son appauvrissement. Si toutes ces
conditions sont réunies, alors la personne enrichie doit restituer jusqu’à due
concurrence de son enrichissement. L’enrichissement sans cause est
le principe qui est illustré par la répétition de l’indu.
Paragraphe 2 : La Répétition de l’Indu.
C’est une modalité d’application de l’enrichissement sans cause. En effet, celui
qui reçoit un paiement indu est tenu de le répéter, de le restituer. Ce peut être à
la suite d’une erreur ou d ’u n c o n t r a t a n n u l é o u e n c o r e s o u s l ’ e f f e t d e
la violence. Dans tous ces cas, il va y avoir restitution. Mais il
f a u t d i s t i n g u e r s e l o n q u e c e l u i q u i a r e ç u p a i e me n t é t a i t d e
b o n n e o u d e mauvaise foi. S’il était de bonne foi, c’est-à-dire s’il ne savait
pas qu’il recevait un indu, dans ce cas, il restitue la chose reçue sans les fruits. Si
la chose a été aliénée entre temps, il restitue la valeur de la chose. Et si la chose
37
a été détruite par cas de force majeure, il est libéré. Par contre s’il était de
mauvaise foi, c’est-à-dire s’il savait recevoir un indu, dans ce cas il restitue la
chose avec les fruits et même en cas de destruction par force majeure, il est tenu
de restituer la valeur de la chose. Finalement, c’est la Loi qui met à la charge de
l’enrichi une obligation indépendamment de sa volonté. En conclusion, on
sait maintenant que la source de l’obligation est soit volontaire, soit
légale. Mais quelle que soit l’origine de l’obligation, il existe un
ensemble de règles qui lui sont applicables. C’est ce que l’on appelle le
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LIVRE 2 :
Régime Général de
l’Obligation
39
Introduction
Le concept d'obligation tire ses origines des temps les plus anciens. Le mot obligation vient
du latin obligare (lié). Le débiteur est lié au créancier, ce qui implique une relation entre deux
personnes. L'obligation a du reste deux faces : un côté passif qui est la dette du débiteur et un
côté actif qui est le droit dont jouit le créancier.
C'est une notion beaucoup plus juridique. Elle suscite au demeurant deux questions
essentielles : à partir de quand devient-on créancier ou débiteur ? Quelle est la source de
l'obligation ? Comment peut-on en assurer l'exécution ?
L'obligation se définit comme un lien de droit en vertu duquel une personne appelée créancier
peut exiger d'une autre appelée débiteur une certaine prestation ou une abstention. Elle est
qualifiée d'active du point de vue du créancier (elle représente pour lui un droit) et de passive
du point de vue du débiteur pour s'analyser alors en une dette.
Or la dette, c’est l’obligation entendue uniquement du côté du débiteur. C'est donc le rapport
du côté de celui qui doit. Pourtant, il faut considérer les personnes aussi bien celles qui
s'obligent que celles envers qui on s'oblige, c'est-à-dire les acteurs de l'obligation.
Le principe est que l'obligation est personnelle, elle est attachée à une personne et par
conséquent, elle ne profite qu'au créancier et elle ne lie que le débiteur.
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SECTION 1 : LE CHANGEMENT DE CRÉANCIER
Mais, dans la mesure ou par essence, la théorie générale des obligations se trouve placée aux
confins du droit et de l'économie, le développement de l'activité économique a, en modifiant
les mentalités, développé le recours aux techniques classiques de transfert des créances, qu'il
s'agisse de la cession de créances ou de la subrogation.
C'est une convention par laquelle une personne le cédant transfère à une autre, le cessionnaire,
une créance qu'elle détient contre un tiers, le débiteur cédé.
Le code civil plaçant la cession de créance sous un titre consacré à la vente, met l'accent sur le
caractère onéreux de l'opération pour l'analyser juridiquement comme une vente de créance.
Concrètement, un créancier dont la créance est affectée d'un terme et qui souhaite disposer
immédiatement d'une liquidité, cède la créance à terme de 10.000 Frs par exemple qu'il
détient contre le versement immédiat de 8.500 Frs. À l'échéance, l'acquéreur de la dite
créance, le cessionnaire, pourra recouvrer auprès du débiteur (cédé) le montant nominal de la
créance à savoir 10.000 Frs.
Bien que code civil présente la cession de créance comme une opération spéculative, rien
n'interdit le titulaire de la créance qui souhaite réaliser une libéralité d'en disposer
gratuitement. Il convient de noter que certaines créance sont par nature incessibles, telles sont
entre autres le cas des créances alimentaires ou des rentes compensant une invalidité
accidentelle.
La cession de créance est une convention qui régit les rapports entre le cédant (vendeur) et le
cessionnaire (acquéreur de la créance). Il parait donc naturel d'envisager dans un premier
temps les rapports entre les contractants. Mais en obligeant un tiers (le débiteur le cédé) à
respecter un engagement auquel il n'est pas partie, la cession de créance pose avec une
particulière acuité le problème de son opposabilité aux tiers.
Certaines de ces conditions tiennent à l'objet de la cession tandis que d'autres relèvent de la
nature de la convention.
41
En pratique, les créances cédées sont dans la majorité des cas des créances de sommes
d'argent ; mais ce caractère particulier de la créance ne participe pas de l'essence même de
l'obligation. L'article 1689 Code Civil précise d'ailleurs que la créance peut avoir pour objet
un droit ou une action.
C'est ainsi qu'en matière commerciale, il demeure classique de céder un droit au bail ou
encore de disposer d'une option en transmettant par exemple le bénéfice d'une promesse de
vente à un tiers. De même, la cession peut concerner toutes sortes de créances, non seulement
les créances non échues mais également les créances non-exigibles parce qu'à termes ou
conditionnelles.
Certaines créances font cependant l'objet de restriction quant à leur transmissibilité. Ces
restrictions tiennent notamment au caractère alimentaire de la créance, la rendant incessible.
Tel est le cas des créances alimentaires classiques (pensions, subsides, contribution aux
charges du ménages, rente d'invalidité accidentelle). Mais tel est encore le cas de la créance
de salaire qui demeure incessible et insaisissable jusqu'à concurrence d'une certaine fraction.
L'article 1689 du Code Civil, en énonçant que le transport d'une créance, d'un droit ou d'une
action sur un tiers, la délivrance s'opère par la remise du titre, donne l'impression que la
cession de créance est un contrat réel supposant la remise du titre. En réalité, la cession de
créances est un contrat consensuel qui impose donc comme seule condition de validité le
consentement des parties.
Le législateur, dans l'article 1689, a seulement voulu dans une vente somme toute particulière,
mettre l'accent sur l'obligation de délivrance. En conséquence, la remise du titre n'est pas une
condition de validité de la cession. Elle en est qu'un effet nécessaire tendant à éviter des
difficultés tenant au caractère incorporel de la créance. Aucune forme n'est donc exigée pour
la cession de créance réalisée à titre onéreux. En revanche, si elle a lieu à titre gratuit, la
cession est alors soumise aux conditions de formes prévues pour les donations (devant le
notaire).
La cession de créance, dans la mesure où elle se matérialise par la substitution d'un créancier
au créancier initial, intéresse d'autres personnes que les parties à la convention. C'est la raison
pour laquelle l'article 1690 C. Civ organise des mesures de publicité tendant à informer les
tiers.
Parfaite entre le cédant et le cessionnaire dès l'échange des consentements, la cession ne sera
opposable aux tiers notamment au débiteur cédé qu'une fois accomplies les mesures de
publicité prévues à l'article 1690 précité. Celles-ci sont de deux ordres. Elles peuvent prendre
la forme soit d'une signification de la cession au débiteur, soit celle d'une acceptation par le
débiteur de la cession dans un acte authentique.
a- 1) la signification de la cession
42
La signification prendra la forme d'un exploit d'huissier délivré à la requête soit du cédant,
soit plus généralement du cessionnaire. Le caractère authentique de la signification lui confère
l'avantage de donner date certaine à la cession, ce qui permettra de trancher un éventuel
conflit entre les cessionnaires successifs. La jurisprudence a cependant admis que tout acte
authentique informant le débiteur de cession devrait être assimilé à la signification prévue à
l'article 1690 du Code civil.
La 2nde formalité prévue par l'article 1690 C.Civ consiste à accepter la cession dans un acte
authentique. L'ambigüité de la formule appelle quelques précisions. Il ne s'agit en effet en
aucun cas d'obtenir du débiteur, cédé son assentiment à la cession réalisée par le seuil échange
du consentement du cédant et du cessionnaire. L'acceptation dans un acte authentique visée à
l'article 1690 précité a donc pour unique objet d'apporter la preuve que le débiteur a
effectivement eu connaissance de la cession de créance. Il s'agit d'une mesure d'information
tendant à rendre le débiteur cédé de mauvaise foi s'il venait à payer son créancier initial c'est-
à-dire le cédant ; en conséquence de quoi son paiement serait inopposable aux tiers.
La jurisprudence atténue toutefois, dans les rapports entre le débiteur cédé et le cessionnaire,
la rigueur du formalisme de l'article 1690 puisqu'elle rend inopposable au cessionnaire le
paiement du débiteur cédé entre les mains du cédant dès lors que le débiteur cédé avait
préalablement accepté expressément ou tacitement dans un acte sous seing privé la cession.
Par ailleurs, la jurisprudence admet que l'assignation du débiteur cédé vaut signification de la
cession au sens de l'article 1690 du code civil.
b- La notion de tiers
Comme nous venons de le voir, les formalités de l'article 1690 intéressent en premier chef le
débiteur cédé puisqu'elles constituent à son égard la condition de l'opposabilité d'une
convention à laquelle il n'est pas directement partie bien qu'il y joue un rôle décisif en devant
désormais se libérer entre les mains du nouveau créancier (le cessionnaire).
Le tiers, c'est donc en premier lieu le débiteur cédé, mais les tiers, ce sont également les
ayants-cause à titre particulier du cédant ainsi que ses créanciers chirographaires dont la
situation peut être directement affectée par la cession de créance. C'est ainsi que les créanciers
du cédant pourront toujours considérer ce dernier comme titulaire de la créance tant que les
formalités de publicité prévues n'auront pas été accomplies. À ce titre, ils pourront sans
aucune restriction saisir la créance entre les mains du cédant malgré la cession.
La cession de créance produit ses effets entre le cédant et le cessionnaire dès l'échange des
consentements. Ces effets se traduisent par la transmission de la créance originaire du cédant
au cessionnaire : transmission à laquelle s'ajoute une obligation de garantie dont l'étendue
varie en fonction de la nature de la créance.
43
Au moment de la cession, le cessionnaire devient titulaire de la créance pour son montant
nominal même si elle a été acquise pour un prix moindre. C'est ainsi que le cessionnaire
dispose de tous les accessoires attachés à la créance initiale, tels que caution, privilège et
hypothèque (art. l689 C. Civ). La créance qui lui est transmise conserve la même nature civile
ou commerciale, produit éventuellement les mêmes intérêts et demeure protégée par les
mêmes actions. Seuls certains avantages purement individuels sont propres au cédant tel le
cas de la minorité qui peut avoir des répercussions sur la mise en œuvre de la prescription en
constituant une cause de suspension.
Mais l'étendue des droits du cessionnaire étant calqués sur ceux acquis antérieurement par le
cédant, le cessionnaire peut se voir opposer par le débiteur cédé toutes les exceptions et
moyens de défense que celui-ci pouvait opposer au cédant. Ainsi, lorsque la créance initiale
est entachée d'un vice du consentement (erreur, dol, violence), le débiteur pourra soulever la
nullité malgré le transfert de la créance entre les mains du cessionnaire.
Cette règle connaît toutefois deux exceptions : l'une résultant de l'art. 1295 C.Civ et l'autre
affecte les créances qui sont constatées dans un titre négociable (nominatif à ordre ou au
porteur). L'art. 1295 précité précise que si le débiteur a accepté purement et simplement la
cession, il ne peut plus opposer au cessionnaire la compensation qu'il eut pu, avant
l'acceptation, opposer au cédant.
Quant à la 2nde dérogation, elle est d'une importance capitale puisqu'elle interdit au débiteur
cédé d'une créance matérialisée dans un titre négociable d'opposer au cessionnaire les
exceptions fondées sur ses rapports personnels avec le cédant. Cette règle tend à faciliter la
circulation des titres négociables en dispensant le cessionnaire d'avoir à se renseigner sur la
qualité du rapport obligatoire antérieur. Il faut enfin noter que la cession ne porte pas toujours
sur l'intégralité de la créance.
Elle peut être partielle. Le cédant demeure dans cette hypothèse titulaire d'une fraction de la
créance. Une telle situation peut soulever des difficultés si à l'échéance le débiteur cédé n'est
pas en mesure de régler la totalité des sommes dues. Contrairement à la subrogation, le
créancier initial, le cédant, ne dispose d'aucune priorité sur le nouveau créancier cessionnaire.
Ils seront payés au marc le franc sauf volonté contraire de leur part.
2- L'obligation de garantie
Comme dans toute vente, si l'acquéreur cessionnaire est tenu de payer le prix convenu, le
vendeur, en l'espèce le cédant, doit respecter une obligation de délivrance et de garantie.
L'obligation de délivrance se réalise conformément à l'art. 1689 C.Civ par la remise du titre
constatant la créance. Quant à l'obligation de garantie, elle est régie par les 1693 et 1694 dont
les dispositions peuvent être modifiées par la convention des parties.
a- La garantie légale
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Le principe de l'article 1693 énonce que celui qui vend une créance ou un autre droit
incorporel doit en garantir l'existence. En conséquence, le cédant qui transmet une créance
imaginaire ou entachée d'une cause de nullité s'expose à payer des Dommages Intérêt au
cessionnaire. Cette garantie à laquelle est tenu le cédant affecte aussi bien la créance que ses
accessoires.
a-2) La garantie portant sur la solvabilité du débiteur
Le code civil dans l'article 1694 pose le principe que le cédant ne garantit pas au cessionnaire
la solvabilité du débiteur. La règle correspond à la logique de l'institution. En effet, le titulaire
d'une créance dont le recouvrement est aléatoire préfère parfois s'en débarrasser à un prix très
inférieur à son montant nominal plutôt que de courir le risque d'une insolvabilité définitive de
son débiteur. À l'opposé, le cessionnaire espère quant à lui, grâce à sa diligence et à son
absence de scrupule, recouvrer le montant intégral de la dite créance réalisant ainsi une
excellente affaire. Toutefois, par son caractère supplétif, l'article 1694 C.Civ laisse place à un
aménagement conventionnel de la garantie.
b- la garantie conventionnelle
L'acte de cession peut contenir des clauses relatives à la solvabilité du débiteur. Quand tel est
le cas et en l'absence de toutes autres particulières, le cédant garantit la solvabilité du débiteur
au jour de la cession non celle qui sera la sienne à l'échéance (art. 1695 C.Civ). Toutefois, la
convention des parties peut aller plus loin en garantissant au cessionnaire la solvabilité future
du débiteur. Par une clause dite de « fournir et de faire valoir » le cédant garantit alors la
solvabilité future du débiteur. Mais il ne le fait pour le prix de la cession (art. 1694 C.Civ).
La subrogation personnelle peut être définie comme la substitution d'une personne à une autre
dans le rapport d'obligation : substitution qui se produit à l'occasion du paiement. Cette
modalité de la subrogation ne doit pas être confondue avec la subrogation réelle qui se
caractérise par le remplacement d'un bien par un autre dans le patrimoine d'une même
personne : le nouveau bien étant en principe affecté du même régime juridique que celui qu'il
remplace.
C'est ainsi qu'en matière matrimoniale, lorsqu'un époux aliène un immeuble qui est propre
pour en acquérir un nouveau en remploi de l'argent obtenu, la subrogation réelle explique
pourquoi le nouveau bien suit un régime juridique identique à celui auquel il s'est substitué.
Tout en opérant une substitution de créancier la subrogation se présente dans le code civil
comme une modalité de paiement. Lorsque le paiement est fait par le débiteur lui-même, il
éteint le rapport d'obligation.
En revanche, le paiement effectué par un tiers ou par le débiteur avec les deniers empruntés à
un tiers, tout en éteignant l'obligation initiale, en transfère le bénéfice à la personne qui a
fourni les fonds. La subrogation révèle donc une nature contradictoire puisqu'elle est
cumulativement une modalité de paiement et un transfert de créance. Elle ne doit cependant
pas être confondue avec la cession de créance. À l'heure actuelle, la subrogation personnelle
joue un rôle considérable tenant à l'utilité indéniable qu'elle présente du point de vue
économique.
45
A-LES SOURCES DE LA SUBROGATION PERSONNELLE
L'article 1249 C.Civ rappelle que la subrogation ne peut se concevoir seule. Elle est en effet
toujours la conséquence d'un paiement. Seul donc celui qui paie la créance à la place du
débiteur peut se trouver subrogé dans les droits du créancier.
Autrement dit, la subrogation personnelle est le mécanisme par lequel celui qui paie la dette
d'autrui acquiert, dans la mesure de son paiement, la créance payée. Si dans des cas
exceptionnels, la subrogation a lieu de plein droit, sa véritable origine est en fait la convention
des parties.
1- La subrogation légale
Le Code civil, ayant souhaité faciliter le règlement de certaines dettes accorde parfois de plein
droit le bénéfice de la subrogation au tiers solvens. Au cas prévus par le Code civil, sont
venues s'ajouter de nouvelles hypothèses de subrogations légales dont l'intérêt pratique est
considérable.
« L'article 1251 C.Civ a prévu quatre (4) cas de subrogation dont cependant ne présentent pas
tous le même intérêt. En effet, les hypothèses n° 1 ; 2 et 4 visées par ledit article intéressent
exclusivement le droit hypothécaire et le droit successoral.
En prévoyant le sort de ceux qui sont ténus pour d'autres, le Code civil s'intéresse au devenir
de la caution qui a désintéressée le créancier en lieu et place du débiteur principal. Par son
seul paiement, la caution se trouve subrogée dans les droits du créancier afin d'obtenir du
débiteur principal le remboursement des sommes qu'elle a avancées.
46
La subrogation se présente à cet égard beaucoup plus avantageuse par la substitution du
débiteur qu'elle opère dans les droits du créancier. Ce débiteur dispose de toutes les garanties
attachées à la créance initiale.
L'hypothèse la plus remarquable est celle prévue en matière d'assurance. L'assureur qui a payé
l'indemnité d'assurance est subrogé jusqu'à concurrence de cette indemnité dans les droits et
actions de l'assuré contre les tiers qui par leur fait ont causé le dommage ayant donné lieu à la
responsabilité de l'assureur. Plus généralement encore, les caisses de la sécurité et de la
prévoyance sociale qui ont versées à la suite d'un accident des prestations à leurs assurés se
trouvent subrogés dans les droits de ceux-ci contre le tiers responsable.
2- La subrogation conventionnelle
Elle résulte le plus souvent d'une convention entre le créancier initial (le subrogeant) et le tiers
solvens (le subrogé) qui l'a désintéressé. Mais dans d'autres cas, elle peut naître d'un accord de
volonté intervenu entre le débiteur et le même tiers solvens. La subrogation consentie par le
créancier est prévue par l'art 1250 C.Civ et celle initiée par le débiteur est prévue par l'art.
1250 al 2 C.Civ.
La subrogation produit des effets analogues quelle que soit la source (légale ou
conventionnelle). Elle se caractérise par l'effet translatif limité par la nature, du paiement qui
lui est reconnu.
Le tiers subrogé acquiert la créance, objet du paiement avec tous les accessoires (privilège,
hypothèque, cautionnement). Il dispose désormais des mêmes droits que le créancier initial et
peut exercer toutes les actions que cette créance attribuait à son titulaire.
Il ne s'agit donc pas d'un simple transfert des accessoires de la créance, c'est le droit de
créance lui-même qui est transmis. En conséquence, le tiers subrogé dispose de l'action en
résolution au même titre qu'il peut exercer l'action paulienne dont était titulaire le créancier
originaire. Inversement, le débiteur peut opposer au subrogé tous les moyens de défense qu'il
pouvait opposer au créancier initial.
Conséquence d'un paiement la subrogation n'est possible que dans l'exacte mesure du
paiement. Ainsi, le tiers subrogé ne peut jamais réclamer plus que ce qu'il a effectivement
47
payé. Il arrive même parfois que le tiers subrogé dispose de droits moins étendus que ceux
reconnus au créancier initial.
Enfin, en cas de subrogation partielle, le subrogé n'ayant acquitté qu'une partie de la créance,
le créancier primitif demeure préféré et se trouve à l'échéance payé en priorité (article 1252
C.Civ). C'est la traduction de l'adage « nul n'est censé subrogé contre soi-même ».
L'art 1252 C.Civ n'est toutefois qu'une disposition supplétive de volonté que le subrogeant
peut écarter expressément dans la subrogation conventionnelle. Il faut enfin signaler que le
subrogé, en plus de l'action subrogatoire, dispose d'une action personnelle fondée sur le
mandat ou la gestion d'affaires.
Il ne se fait aucun doute que lorsque la créance primitive s'accompagne de sûreté, l'action
proprement personnelle apparaît d'une portée limitée. En revanche, en l'absence de garanties
particulières, le subrogé peut avoir avantage à revendiquer l'action personnelle qui lui
permettra d'exiger le versement des intérêts des sommes payées à dater du jour des avances
constatées.
L'étendue des droits du créancier dépend en effet très largement de la solvabilité connue ou
supposée du débiteur. Il n'est pas sans importance que le créancier conserve un rapport
obligatoire avec le débiteur qu'il s'est choisi.
Lui imposer un changement de débiteur, c'est l'exposer à toutes les fraudes en autorisant les
débiteurs solvables à céder leur engagement à des cessionnaires insolvables contre lesquels il
ne disposera d'aucun recours réel. Tirant les conséquences de ces objections, notre système
juridique n'admet pas dans son principe la cession de dette à laquelle le créancier est étranger.
Notre système juridique a une conception personnelle du lien d'obligation : chacun doit
répondre personnellement des obligations qui pèsent sur lui. Pourtant, à bien y réfléchir, rien
n'empêche d'utiliser la liberté contractuelle pour arriver à une convention de cession de dette.
Le droit ignore la cession de dettes, mais ne la prohibe pas.
En pratique, elle sera réalisée indirectement en utilisant des procédés autres qu'une cession
pure et simple.
A- LA CESSION DE CONTRAT
On peut supposer une dette attachée à un bien puis ce bien est transféré. La dette sera mise à
la charge de l'acquéreur. La cession de dette s'effectue dans le cadre d'une cession de contrat.
L’acquéreur d'une chose assurée doit continuer de payer les primes.
Il en est de même par exemple de la vente d'un immeuble loué qui entraîne la cession des
baux d'habitation (contrat de bail). Le changement de débiteur, c'est-à-dire la cession de dette
dans ce cas résulte indirectement de l'opération de cession de contrat. La cession de dette n'a
pas été organisée de façon autonome.
A- LA DÉLÉGATION
Elle est réglementée par les articles 1275 et suivants du Code civil. C'est une opération entre
trois personnes. La délégation est une opération juridique par laquelle une personne appelée le
délégant obtient d'une autre, le délégué, un engagement envers une troisième appelée le
délégataire.
Pour qu'il y ait délégation parfaite, il faut l'accord du délégataire. Avec la délégation
imparfaite, le délégataire ne manifeste pas sa volonté de décharger le délégant. Le délégataire
a une grande sécurité de paiement puisqu'il conserve son droit sur le débiteur primitif. Le
délégataire ne peut poursuivre son débiteur primitif (le délégant) que si le nouveau débiteur
(le délégué) ne paie pas ou s'avère insolvable. Cette délégation imparfaite réalise
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indirectement une cession de dette. Il est à noter que toute délégation est en principe
imparfaite.
Les règles communes attachées aux deux formes de délégation concernent le consentement
des parties, l’absence d'effet translatif de la créance et la règle de l'inopposabilité des
exceptions.
- Les règles spécifiques à la délégation parfaite : La délégation parfaite, dans la mesure où elle
constitue une des formes de la novation par changement de débiteur, emprunte à la novation
bon nombre de ses conditions et de ses effets.
On dit parfois que le rapport d'obligation est pur et simple, c'est-à-dire que l'obligation doit
être exécutée telle qu'elle. Seulement, il arrive que l'obligation soit assortie de modalités. La
modalité fixe les effets dans le temps d'une obligation, soit de les retarder, soit de les éteindre.
Elle permet à une personne de ne pas laisser passer une perspective de gain bien qu'elle n'ait
pas actuellement les moyens d'exécuter l'obligation. La volonté des parties peut aussi
déterminer la portée dans le temps de leur obligation. Certaines de ces modalités portent sur le
lien de droit entre le créancier et le débiteur ; d'autres modalités concernent les personnes
impliquées dans le rapport obligatoire.
Paragraphe 1 : LE TERME
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Le terme est un événement futur qui, à la différence de la condition, se produira certainement.
Malgré cette définition, on distingue le terme certain du terme incertain. Il se peut que la date
à laquelle l'événement se produira soit connue. Par exemple, je m'engage à payer le 30 avril
2018.
Ici, il détermine la date de l'échéance : il s'agit d'un terme certain. Il se peut aussi que l'on
ignore la date à laquelle se produira l'événement considéré. L'exemple type est le décès d'une
personne. Il se produira nécessairement, mais l'on ignore la date : c'est un terme incertain.
Le Code civil envisage le terme suspensif dans ses articles 1185 et suivants :
- Article 1186 : « ce qui n'est dû qu'à terme ne peut être exigé avant l'échéance du terme, mais
ce qui a été payé d'avance ne peut être répété ».
En ce qui concerne les effets du terme suspensif, il faut distinguer la situation avant
l'échéance, la libération anticipée et la déchéance du terme.
- Avant l'échéance du terme : tant que le terme n'est pas échu l'obligation n'est pas exigible,
par conséquent, le créancier ne peut pas réclamer le paiement ni s'engager dans des voies
d'exécution ni dans des mesures de contrainte. Même si l'obligation n'est pas exigible, le
créancier peut parfaitement défendre ses droits. Il pourra prendre des mesures conservatoires
pour éviter que le débiteur dilapide son patrimoine.
- La déchéance du terme : dans certaines hypothèses, le débiteur peut être déchu du bénéfice
du terme. S'il y a déchéance du terme, l'obligation devient exigible immédiatement. Le
créancier pourra obtenir sur-le-champ paiement. Il y a déchéance du terme dans trois séries
d'hypothèses :
+ La liquidation judiciaire ;
Il est conçu comme une cause d'extinction de l'obligation : à telle date, l'obligation prendra
fin. Ainsi, dans un bail conclu pour cinq ans, la survenance du terme implique la cessation de
toute relation entre le bailleur et le locataire (sauf l'hypothèse particulière des baux
commerciaux avec le droit au renouvellement).
B- LES SOURCES
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Le terme peut être conventionnel, légal, ou judiciaire.
Au niveau des modalités, le terme peut être express ou tacite, stipulé au profit du débiteur ou
du créancier. Le terme express est stipulé dans le contrat. Dans le terme tacite, compte tenu de
sa nature, l'obligation ne peut être exécutée immédiatement, par exemple, parce qu'elle
suppose l'accomplissement d'un travail, ou en raison de la distance.
En ce qui concerne les effets du terme, le terme extinctif est une modalité d'extinction de
l'obligation. L'obligation s'éteint sans rétroactivité à l'arrivée du terme (échéance). Dans le
terme suspensif, deux périodes sont à distinguer :
+ Avant l'arrivée du terme, l'obligation existe bien par contre son exécution est différée.
Il en va de même quand la créance est devenue exigible par anticipation notamment en cas de
renonciation au terme ou de déchéance. Le terme connaît trois causes d'extinction :
l'échéance, la renonciation au bénéfice du terme et la déchéance.
C'est un terme accordé par la loi dans des circonstances exceptionnelles (guerre, grève) et à
titre temporaire soit à une certaine catégorie de débiteurs (rapatriés), soit aux débiteurs de
certaines dettes (paiement de loyers).
Il est accordé par le juge qui tient compte de la situation du débiteur et du besoin du créancier.
Le terme de grâce suspend seulement les mesures d'exécution, mais la dette est échue et
exigible. En conséquence, les intérêts continuent à courir de plein droit et la compensation
peut se produire.
Paragraphe 2 : LA CONDITION
C'est un événement futur (comme le terme), incertain (différent du terme) dont dépend
l'existence même de l'obligation. La condition connaît deux modalités :
- soit elle concerne la création de l'obligation. Ici, l'obligation ne va naître que si la condition
se réalise. La condition est dite alors suspensive. Par exemple, une personne fait une donation
à condition que le bénéficiaire se marie ou alors une personne décide d'acheter un bien à
condition d'obtenir un prêt.
52
- soit la réalisation de la condition entraîne la disparition de l'obligation : la condition est dite
extinctive. Par exemple, une donation qui sera résolue si le bénéficiaire meurt avant le
donateur.
A- LA VALIDITÉ DE LA CONDITION
Pour que la condition soit valable, il faut qu'elle soit possible, licite et extérieure par rapport à
la volonté de l'une des parties.
La condition est un événement incertain, mais encore faut-il que sa réalisation soit possible. Si
la réalisation est impossible dès l'origine, la condition est nulle. La convention elle-même est
nulle, mais seulement lorsque la condition était la cause impulsive de l'engagement.
Si la réalisation qui était possible lors de la conclusion du contrat ne l'est plus, la condition
devient caduque et le contrat également quand la condition était la cause impulsive de
l'engagement.
La condition ne doit pas être contraire à la loi, à l'ordre public et aux bonnes mœurs. L'illicéité
ou l'immoralité entraîne la nullité soit du contrat tout entier, soit de la condition selon qu'elle a
été ou non la cause impulsive de l'engagement.
- la condition casuelle : elle dépend du hasard. Par exemple, le décès du donataire avant le
donateur. Comme elle est extérieure à la volonté des parties, elle est valable.
- la condition mixte : elle dépend à la volonté d'une partie et de celle d'un tiers. Par exemple,
don à quelqu'un s'il épouse telle personne ; achat d'un bien sous la condition de l'obtention
d'un prêt. Cette condition est valable.
- la condition potestative : elle dépend de la volonté d'une partie. Pour savoir si elle est
valable, il faut distinguer :
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* La condition simplement potestative : elle dépend non seulement de la volonté du
débiteur, mais aussi de faits extérieurs qui vont la déterminer. Exemple : Je vous vends ma
maison si je vais habiter dans une autre ville.
Cette condition est valable en ce sens qu'elle dépend de la volonté du débiteur et de faits
extérieurs.
Ces effets sont automatiques et en principe rétroactifs. Ils diffèrent selon que la condition est
suspensive ou résolutoire.
a- la situation alors que la condition est pendante : on ne sait pas encore si la condition
va se réaliser.
a-2°) Mais le droit du créancier est en germe, ce qui lui permet de prendre des mesures
conservatoires (à titre de précaution).
Le droit du créancier est censé avoir existé dès le jour du contrat. Par exemple, en cas de
vente sous condition suspensive, l'acquéreur est réputé propriétaire dès la conclusion du
contrat de vente.
c- La condition ne se réalise pas : l'obligation est réputée n'avoir jamais existé et le créancier
perd le droit conditionnel qu'il avait.
Par exemple, l'acquéreur sous condition suspensive de l'obtention d'un prêt qui refuse le prêt
qui est proposé à un coût normal.
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2°) La condition résolutoire
b- la condition se réalise : l'obligation est censée n'avoir jamais existé et le droit du créancier
disparaît rétroactivement. En conséquence, les droits qu'il aurait éventuellement consentis aux
tiers sont rétroactivement anéantis.
c- la condition ne se réalise pas : la menace qui pesait sur le droit du créancier disparaît et
l'obligation devient pure et simple. Dans tous les cas, les actes d'administration accomplis «
pendante conditione » sont maintenus nonobstant le non-accomplissement de la condition.
La rétroactivité est dangereuse pour les tiers (par exemple un acquéreur de bonne foi qui
achète un bien à un vendeur dont le droit est conditionnel).
Mais en matière immobilière, ils sont informés de la condition par publicité foncière et en
matière mobilière, le possesseur de bonne foi peut se prévaloir de l'art. 2279 C.Civ « la
possession vaut titre ».
Il arrive très fréquemment en pratique qu'un même contrat mette à la charge des
cocontractants deux ou plusieurs obligations : on les qualifie d'obligation à pluralité d'objets.
De la même manière, il arrive que l'obligation mette en présence plusieurs créanciers ou
plusieurs débiteurs donnant ainsi naissance à une obligation à pluralité de sujets.
En présence d'une obligation à pluralité d'objets, les devoirs du débiteur ne sont pas toujours
identiques. Parfois, il a l'obligation de les exécuter tous : l'obligation est alors dite cumulative
ou conjonctive. Dans d'autres hypothèses, le débiteur dispose d'un choix et peut se libérer en
exécutant l'une des obligations initialement convenues : on dit alors que l'obligation est
alternative.
Enfin, il arrive que les débiteurs doivent assumer une obligation principale dont ils peuvent
cependant se décharger en exécutant une prestation de remplacement : l'obligation est dans ce
cas qualifiée de facultative. Les obligations cumulatives (ou conjonctives), alternatives ou
facultatives représentent les trois modalités des obligations à pluralité d'objets.
55
L'obligation est conjonctive lorsque le débiteur est tenu d'exécuter deux ou plusieurs
obligations. Il ne peut se libérer par l'exécution d'une seule. Par exemple : un artisan-peintre
doit fournir le papier peint et son travail ; un testateur vous lègue un immeuble et un million.
Mais quoi qu’il en soit, les deux objets sont dus et doivent être livrés. Dans le même sens, le
contrat de bail impose au bailleur comme au preneur des obligations à pluralités d'objets.
En effet, si le bailleur doit en outre assumer les grosses réparations, le locataire se trouve tenu,
en plus du paiement des loyers, à l'obligation d'entretien et restituer la chose en fin de bail. On
observe que dans ces exemples, les parties au contrat sont tenues d'exécuter l'ensemble des
obligations prévues. C'est en cela que leurs obligations sont qualifiées de conjonctives ou de
cumulatives.
Les obligations alternatives sont celles qui permettent au débiteur d'être libéré par la
délivrance d'une des choses comprises dans l'obligation.
Aux termes de l'article 1190 C.Civ « le choix appartient au débiteur », choix qu'il manifeste
en délivrant l’une des choses promises. Mais, une fois effectué, le choix est irrévocable dans
la mesure, où le débiteur doit fournir dans son intégralité la prestation promise sans pouvoir
forcer le créancier à recevoir une partie de l’une et une partie de l’autre.
Toutefois, cette règle est supplétive de volonté et peut donc être écartée par les parties au
contrat lesquelles, par une disposition expresse, réservent le choix au créancier. Des
difficultés peuvent cependant surgir lorsque l'option n'est plus possible à la suite de la
disparition de l'une des obligations. La solution dépend alors de l'origine de cette disparition,
dans la mesure où la difficulté se résume au point de savoir qui du débiteur ou du créancier
doit supporter les risques de la perte.
L'art 1193 C.Civ prévoit que si l'une des choses promises vient à périr, l'obligation devient
alors pure et simple. La Cour de cassation a jugé le 22/02/1978, s'agissant d'une convention
saillie réservant au propriétaire de deux étalons le choix de celui qui sera accouplé avec la
jument de l'autre partie, que : « la mort de cet étalon ne rend pas impossible l'exécution de la
convention, le propriétaire étant en droit de faire saillir la jument par l'étalon suivant ». (Cass
Civ, 1ere, 22 Fev 1978, Gaz.Pal, P 78, 1ere partie, 45).
Une solution analogue doit être retenue lorsque l'une des obligations a fait l'objet d'une
annulation. Mais lorsque l'option appartient au créancier, ce dernier conserve la faculté de
demander la chose qui reste ou le prix de celle qui a péri lorsque cette disparition est due à la
faute du débiteur (art 1194 C.Civ).
Dans l'hypothèse enfin où les deux choses sont péries, les droits du créancier dépendent alors,
de la présence ou non de faute du débiteur. L'art 1195 C.Civ dispose que « si les deux choses
sont péries sans faute du débiteur et avant qu'il soit mis en demeure, l'obligation est éteinte
56
conformément à l'art 1302 ». Inversement, si le périssement des deux obligations est dû à la
faute du débiteur, la solution dépend du point de savoir à qui appartient l'option.
Si l'option appartient au débiteur, il doit, conformément à l'art 1193 al 2 C.Civ, payer le prix
de celle qui a péri la dernière ; mais si l'option appartient au créancier, celui-ci peut demander
le prix de l'une ou de l'autre à son choix.
Dans l'obligation facultative, une seule obligation est due à titre principal, mais le débiteur
peut se libérer en effectuant une prestation autre que celle qui était prévue. Ce qui distingue
fondamentalement les obligations facultatives des obligations alternatives tient au fait que
dans les premières, une seule obligation est due à titre principal, l'autre n'étant prévue qu'à
titre accessoire.
Quant au choix entre l'une et l'autre, il appartient au seul débiteur qui, de ce fait, se trouve
libérer si l'obligation disparaît à la suite d'un cas fortuit ou d'un événement de force majeure.
L'action en rescision pour cause de lésion offre un exemple d'obligation facultative d'origine
légale en autorisant l'acquéreur à échapper à l'obligation de restitution de l'immeuble qui pèse
sur lui en proposant de payer le supplément du juste prix (art 1681 C.Civ).
Une même obligation peut mettre en présence plusieurs débiteurs ou plusieurs créanciers. Il
arrive en effet qu'une même dette soit due à plusieurs créanciers, tel le banquier qui crédite un
compte ouvert à deux époux.
Plus fréquemment encore apparaît la situation dans laquelle un même créancier doit faire face
à pluralité de débiteurs. Ainsi en est-il de la victime dont le dommage a été causé par la faute
de plusieurs personnes. La situation respective des uns et des autres dépend très largement de
la nature des obligations qui les lient. Cette complexité du rapport obligatoire conduit à
distinguer l'obligation conjointe, de l'obligation indivisible et de l’obligation solidaire.
Mais dans la mesure où la solidarité ne se présume pas, lorsque deux personnes s'engagent
envers une autre, elles ne peuvent être tenues chacune que pour sa part. Cette divisibilité des
dettes et des créances présente de nombreux inconvénients puisqu'il est fait comme s’il y avait
autant de rapports obligatoires distincts qu’il y a de parties en présence.
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C'est ainsi que la mise en demeure d'un des débiteurs par le créancier ne produit aucun effet à
l'égard des autres, au même titre qu'un acte interruptif de la prescription n'aura d'incidence
qu'envers le débiteur qui en aura été l'objet.
B- L'OBLIGATION INDIVISIBLE
L'obligation indivisible est celle qui doit être exécutée intégralement parce que la nature des
choses, la loi ou la convention des parties interdit son fractionnement. Les débiteurs d'une
obligation indivisible sont donc tenus dans leur rapport avec le créancier à l'intégralité de la
dette tandis que le créancier d'une obligation indivisible peut exiger du débiteur l'exécution de
l'intégralité de la créance.
L'indivisibilité est en principe une notion objective qui résulte de la nature de l'objet de
l'obligation. Toutefois, les parties peuvent convenir de rendre indivisible une obligation dont
l'objet est complètement divisible.
a- l'indivisibilité naturelle
Aux termes de l'art 1217 C.Civ : « l'obligation est divisible ou indivisible selon qu'elle a pour
objet une chose qui dans sa livraison, ou un fait qui dans l'exécution est ou n'est pas
susceptible de division, soit matérielle, soit intellectuelle ».
C'est ainsi que l'obligation de livrer un corps certain est par nature indivisible. La vente d'un
animal par deux propriétaires oblige chaque débiteur à assumer l'intégralité de l'obligation de
délivrance par nature insusceptible de division. D'une manière générale, les obligations de
faire comme de ne pas faire sont indivisibles.
b- l'indivisibilité conventionnelle
Ici, l'objet de l'obligation, quoique parfaitement divisible, va être rendu indivisible par la
volonté des parties. Cette indivisibilité conventionnelle résulte alors d'une stipulation
expresse. Mais la jurisprudence admet que dans certaines limites l’indivisibilité peut être
tacite s'il résulte des circonstances que les cocontractants ont envisagé l'obligation comme
indivisible. Tel est le cas d'une pluralité d'entrepreneurs qui se sont engagés à construire un
même immeuble et dont on a considéré qu'il était indivisible.
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L'indivisibilité rend impossible le fractionnement de l'obligation et interdit toute exécution
partielle. Les conséquences de cette règle diffèrent cependant selon que l'on est dans une
indivisibilité active ou passive.
a- L'indivisibilité passive
A priori, elle produit des effets identiques à ceux de la solidarité en imposant à chaque
codébiteur d'exécuter l'intégralité de l'obligation. Ces effets apparaissent même plus complets
que dans la solidarité puisque si dans la solidarité la dette solidaire se divise entre les héritiers
du codébiteur décédé, rien de tel ne se produit en présence d'une obligation indivisible, le
créancier conservant la qualité d'exiger de chacun des héritiers le paiement intégral de sa
créance.
b- L'indivisibilité active
Il résulte des termes de l'article 1224 C.Civ que chaque créancier peut exiger en totalité,
l'exécution de l'obligation indivisible. Cette indivisibilité active est assez rare, car elle n'offre
guère d'intérêt pour les créanciers qui courent le risque de ne pas percevoir le paiement
intégral de celui qui aura reçu le paiement.
C- L'OBLIGATION SOLIDAIRE
Le code civil consacre deux paragraphes aux obligations solidaires. L'un traite de la solidarité
entre les créanciers tandis que l'autre de celle des débiteurs. En présence d'une pluralité de
créanciers, on parle de solidarité active pour inversement qualifier de passive, la solidarité de
la part des débiteurs. Tout comme l'indivisibilité, la solidarité, encore dénommée corréalité a
pour objet de faire obstacle à la divisibilité des créances et des dettes.
Comme l'art 1202 C.Civ prévoit que la solidarité ne se présume pas, la jurisprudence et la
doctrine se sont vues emmener à suppléer cette solidarité par une notion très voisine, la
solidarité passive imparfaite ou l'obligation in solidum.
Selon l'art 1197 du C.Civ la solidarité est active lorsqu'un créancier détient le droit de
demander au débiteur unique le paiement total de la créance. On se trouve en présence d'une
pluralité de créanciers devant un débiteur, laquelle situation permet à l'un quelconque des
créanciers d'exiger du débiteur le paiement intégral de la créance.
Nul ne saurait méconnaître les dangers d'une opération faisant dépendre le sort de l'ensemble
des créanciers de l'attitude de l'un des leurs. Bien que peu utilisée en pratique, la solidarité
active sert tout de même de fondement juridique au compte-joint dont le rôle n'est pas négligé
59
en matière bancaire. D'origine exclusivement conventionnelle, la solidarité active produit les
effets suivants :
- Tout d'abord, aux termes de l'art 1197 C.Civ, le paiement fait à l'un des créanciers libère le
débiteur à l'égard de tous les autres.
- Ensuite, tout acte interruptif de la prescription à l'égard de l'un des créanciers solidaires
profite aux autres (art 1199 C.Civ).
- Enfin, la remise de la dette faite par l'un des créanciers solidaires ne libère le débiteur que
pour la part de ce dernier (art 1198 al 2 C.Civ). Il est en outre à noter qu'en l'absence de
poursuite de l'un des créanciers, le choix de payer l'un d'eux plutôt que l'autre, appartient au
débiteur (art 1198 al 1er).
Elle met plusieurs débiteurs en présence d'un créancier unique, lequel peut exiger de l'un
quelconque des débiteurs le paiement intégral de la dette. Très utilisée en pratique, la
solidarité passive a pour avantage majeur de faire supporter aux codébiteurs l'éventuelle
insolvabilité de l’un d'eux.
L'art 1214 al 2 C.Civ énonce en effet que « si l'un d'eux se trouve insolvable, la perte
qu'occasionne son insolvabilité se répartit par contribution entre tous les autres codébiteurs
solvables et celui qui a fait le paiement ».
L'art 1202 C.Civ définit les sources de la solidarité en précisant qu'elle ne se présume pas et
qu'elle doit être expressément stipulée ; règle qui cesse dans les cas où la solidarité a lieu de
plein droit en vertu d'une disposition légale. La solidarité passive ne peut donc avoir que deux
sources : la convention et la loi.
La rigueur qui s'en suit pour les débiteurs engagés solidairement justifie qu'il n'est à assumer
une telle charge qu'avec leur consentement. Telle est la règle fondamentale exprimée par l'art
1202 C.Civ. Toutefois, la jurisprudence en cette matière considère que l’expression
“expressément stipulée “ ne doit pas être prise au pied de la lettre, c'est-à-dire dans son sens
absolu.
Plus qu'une formule absolue, c'est la véritable intention des débiteurs de s'engager
solidairement. La règle selon laquelle la solidarité ne se présume pas reçoit une exception
notoire en matière commerciale puisque la jurisprudence considère que la solidarité entre
codébiteurs d'une dette commerciale se présume.
60
Exemple : la solidarité des époux pour les dettes contractées pour l'entretien du ménage et
l'éducation des enfants (art 26 de la loi du 02 août sur le mariage).
- De même la solidarité du co-emprunteur d'une chose commune à l'égard du prêteur (art 1887
C.Civ).
- De même, l'art 2002 C.Civ qui régit celle des commandants à l'égard du mandataire
commun.
- De même, le père et la mère au décès du mari, sont responsables du dommage causé par
leurs enfants mineurs habitant avec eux (art 1384 al 3 C.Civ).
Ils conduisent à distinguer l'obligation à la dette qui régit les rapports du créancier avec les
codébiteurs de la contribution à la dette qui vise les rapports des codébiteurs entre eux.
Il est classique de distinguer les effets principaux des effets secondaires de la solidarité.
S'agissant des effets principaux : certains découlent de l'unicité d'objet tandis que d'autres
s'expliquent par l'existence d'une pluralité de liens obligatoires. L'unicité d'objet a pour
conséquence éventuelle que le créancier peut s'adresser à l'un quelconque des débiteurs pour
demander le paiement de l'intégralité de la dette. Il n'a pas, selon l'art 1203 C.Civ, à diviser
ses poursuites.
Dans l'hypothèse où la dette ne serait payée que partiellement par l'un des codébiteurs, le
créancier dispose de la faculté de poursuivre les autres pour le complément (art 1204 C.Civ).
C'est cette même idée d'unicité qui justifie que le créancier puisse voir son action paralysée
par une exception affectant l'objet de l'obligation. Tel sera le cas si l'obligation est entachée de
nullité tenant soit à l'objet, soit à la cause. Affectée dans son existence, l'obligation est éteinte
à l'égard de tous. Les mêmes effets s'attachent à l'obligation prescrite ou à celle qui a disparu à
la suite d'un événement libératoire.
Mais s'il existe une unicité d'obligation, il n'en reste pas moins vrai que le créancier doit faire
face à une pluralité de débiteurs. Cette pluralité de liens obligatoires explique que tous les
débiteurs ne sont pas toujours tenus dans les mêmes termes. L'obligation sera pure et simple
pour certains alors qu'elle peut être conditionnelle ou affectée d'un terme pour d'autres.
La multiplicité des liens obligatoires justifie qu'un débiteur, dans ses rapports avec le
créancier, puisse invoquer son exception qui lui est personnelle. Parmi ces exceptions, il
convient de distinguer celles qui, purement personnelles, ne peuvent être soulevées que par le
débiteur en question et qui n'ont aucune incidence sur la situation des autres codébiteurs ; et
celles (exceptions mixtes) qui, inversement, se répercutent sur le montant global de la dette.
C'est ainsi que l'exception de nullité pour incapacité ou vice de consentement ne peut être
soulevée que par le débiteur concerné, qui se trouvera alors seul libéré (exception purement
personnelle). En revanche, si l'un des codébiteurs peut faire part d'une diminution de sa dette à
61
la suite d'une compensation, d'une remise de dette ou de solidarité ou d'une confusion, la
diminution qui s'en suit, qu'il est seul à pouvoir invoquer, aura une incidence sur la situation
des autres codébiteurs (exception mixte).
Quant aux effets secondaires de la solidarité, ils sont fondés sur l'idée de représentation
mutuelle selon les termes de la Cour de cassation pour laquelle chacun des codébiteurs
demeure le représentant nécessaire de ses coobligés.
(Cette idée de représentation mutuelle est vigoureusement contestée par la doctrine). Mais
pour éviter que le comportement d'un des codébiteurs solidaires aggrave la situation des
autres, la Cour de cassation a été emmenée à préciser « le mandat que les codébiteurs sont
censés se donner entre eux, s'il leur permet d'améliorer la condition de tous, n'a pas pour effet
de nuire à la condition d'aucun d'eux » ( Cass Civ, 1ere, 27 octobre 1969, Gaz-Pal 1970,
P25).
Concrètement, l'art 1205 C.Civ énonce que « si la chose due a péri par la faute ou pendant la
demeure de l'un ou l'autre de plusieurs codébiteurs, les autres codébiteurs ne sont pas
décharger de l'obligation de payer le prix de la chose ». À compter de la mise en demeure, les
risques sont à la charge de tous les codébiteurs qui devront ensuite payer au créancier la
valeur de la chose qui a péri. Il est cependant une limite à cette expansion de responsabilité
puisque seul le débiteur fautif ou ceux qui auront été mis en demeure devront apporter les
dommages et intérêts compensatoires dus au créancier.
Dans ce même sens l'art 1206 C.Civ prévoit que les « poursuites faites contre l'un des
débiteurs solidaires interrompent la prescription à l'égard de tous ». C'est toujours dans l'idée
de représentation des codébiteurs entre eux que se trouve l'explication d'une telle solution.
Dans le domaine de la preuve, l’art 1365 al 2 C.Civ prévoit que « le serment déféré à un des
débiteurs solidaires profite aux autres débiteurs ». Ces textes n’ont cependant pas paru
limitatifs pour la jurisprudence qui, ayant affirmé que la solidarité reposait sur la
représentation, en a tiré des conséquences autres que celles prévues par le législateur.
Elle considère notamment que le jugement obtenu par le créancier à l'encontre de l'un des
codébiteurs à l'autorité de la chose jugée à l'égard des autres. Ce sont les mêmes raisons qui
permettent aux débiteurs de se joindre, hors délais, à une voie de recours dès lors que celle-ci
a été exercée par un débiteur dans les délais légaux prévus.
En revanche si tous les débiteurs sont parties à la procédure, la voie de recours exercée par
l'un d'entre eux demeure sans conséquence à l'égard des autres. On ne saurait, en effet, étendre
abusivement la notion de représentation qui n’a pas lieu d'être lorsque tous les codébiteurs
sont présents à la procédure.
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En l'absence de stipulation des parties, le partage se fera en principe par part virile. Et si l'un
se trouve insolvable, la perte qu’occasionne son insolvabilité se répartit par contribution entre
tous les autres codébiteurs solvables et celui qui a fait le paiement. Pour exercer son recours,
le contributeur qui a payé dispose de deux actions : l'une fondée sur le mandat ou la gestion
d'affaires et l'autre sur la subrogation.
- Quant à l'action fondée sur la subrogation, elle repose sur une application de l'art 1251 al. 3
C.Civ pour lequel la subrogation a lieu de plein droit au profit de celui qui, étant tenu avec
d'autres (le codébiteur solidaire) ou pour d'autres (la caution) au paiement de la dette, avait
intérêt à l'acquitter. Il s'agit donc d'une hypothèse de subrogation légale qui permet au
débiteur qui a désintéressé le créancier d’être subrogé dans ses droits et actions envers les
autres codébiteurs.
Cette subrogation a cependant une limite puisque le codébiteur subrogé, est obligé, dans ses
rapports avec les autres codébiteurs, de diviser ses poursuites.
D- L'OBLIGATION IN SOLIDUM
Pour contourner la règle « pas de solidarité sans texte », la jurisprudence a créé, en matière de
responsabilité civile, une obligation in solidum présentant Quasiment tous les caractères de la
solidarité, et s'expliquant à chaque fois que plusieurs personnes sont déclarées responsables
d'un même dommage, même à des titres différents, encore, faut-il qu'il s'agisse de la même
dette.
Le recours à cette fin est soumis à la règle de la division de l'art 1214 C.Civ. (Cass Civ, 3eme,
22 juin 1994, Bull Civ N°12). Dans les hypothèses seulement où la solidarité n'a pas été
prévue ou n'a pas pu être prévue, la jurisprudence reconnaît l'existence d'une solidarité passive
imparfaite qualifiée d'obligation in solidum.
Conçue initialement à Rome pour faire supporter aux codébiteurs fautifs d'un même dommage
le poids du préjudice causé par eux, l'obligation in solidum a été réinventée par la
jurisprudence moderne pour connaître aujourd'hui une existence considérable dans le domaine
de la responsabilité civile.
Il est tout d'abord avéré que lorsque deux ou plusieurs personnes sont tenues à l'égard d’un
même créancier à l'issue d'un même contrat, les tribunaux ne peuvent prononcer de
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condamnation in solidum sans trahir la volonté des parties. Le législateur, en effet, refuse au
Juge le pouvoir de refaire le contrat.
En revanche, lorsque plusieurs contractuels sont liés au créancier par des contrats différents, il
est alors possible au Juge de prononcer une condamnation in solidum pour les dommages que
les codébiteurs, par leur attitude ont engendrés.
Exemple : c'est ainsi que deux entrepreneurs, liés au maître d'ouvrage par des contrats
différents dont l'activité conjuguée lui cause un préjudice, pourront être condamnés in
solidum à réparer l'entier dommage. La même solution est envisageable pour les coauteurs
d'un même dommage dont l'un est tenu délictuellement avec la victime tandis que l'autre l'est
contractuellement.
Lorsqu'un tiers se rend complice de l'inexécution d'un contrat, le juge peut décider de
prononcer une condamnation in solidum dont l’objet est de mettre à la charge de chacun d'eux
l'entier dommage. Enfin, l'obligation in solidum peut peser sur les coauteurs d'un même
dommage dont la responsabilité est engagée délictuellement envers la victime.
Mais cette condamnation au tout n'est que le résultat d'une application de la causalité. En
effet, le droit de la responsabilité civile rejette la divisibilité de la causalité dans les rapports
entre le coauteur du dommage et la victime.
Admettre une solution contraire conduit à faire supporter l'insolvabilité éventuelle de l'un par
la seule personne dont le comportement a été parfait, à savoir, la victime, L'Idée de
représentation se trouve totalement exclue dans l'obligation in solidum.
Il n'est, en effet, pas possible de supposer une volonté de représentation des coobligés. Dès
lors, les effets secondaires de la solidarité que justifie l'idée de représentation sont inopérants
dans l'obligation in solidum.
Ces effets sont assez semblables à ceux de la solidarité avec quelques aménagements.
L'obligation in solidum, contrairement à la solidarité passive, se caractérise par l'existence de
plusieurs dettes identiques nées de sources différentes.
Exemple : lorsqu'un dommage a été causé par un préposé, ce dernier est tenu à l'égard de la
victime en raison de sa propre faute tandis que le commettant est engagé en vertu de la
responsabilité de plein droit édictée par l'art 1382 C.Civ.
Il n'existe donc pas entre les codébiteurs d'une obligation in solidum une communauté
d'intérêts, ce qui explique qu'ils ne puissent se représenter. L'obligation in solidum ne produit
que les effets principaux de la solidarité passive découlant de l'obligation au tout et du
caractère libératoire de ce paiement à l'égard de tous.
64
En revanche, les effets secondaires de la solidarité passive sont à écarter dans la mesure où
l'idée de représentation est par nature exclue dans l'obligation in solidum.
C'est ainsi que la mise en demeure de l'un ne produit aucun effet à l’égard des autres ; qu'un
acte interruptif de la prescription effectué par le créancier envers un débiteur demeure sans
incidence sur la situation des autres.
Quant au jugement obtenu à l’encontre d’un coobligé, il n’a pas autorité de la chose jugé A l’
égard des autres. Chaque débiteur est tenu pour le tout donc le créancier peut en principe
s'adresser, comme pour les solidaires, à n'importe lequel des codébiteurs et le paiement fait
par ce dernier libère les autres. Mais en ce qui concerne l'obligation in solidum, le total de ce
qui est dû n'est pas forcément le même pour chaque codébiteur.
Par exemple, chaque codébiteur d'aliments doit subvenir aux besoins du créancier dans la
mesure de ses propres ressources et son propre pain de vie. Entre codébiteurs, celui qui a payé
dispose de l'action récursoire contre les autres coobligés. Il bénéficie de la subrogation légale
en application de l'art 1251 al 3 C.Civ.
Mais le recours contre les codébiteurs in solidum se trouve parfois exclu. Par exemple,
l'assureur qui a payé l'intégralité du dommage ne peut se retourner contre l'assuré. Par ailleurs,
alors qu'entre les codébiteurs solidaires, le partage se fait par tête, entre les codébiteurs d'une
obligation in solidum, la jurisprudence le partage proportionnellement à la gravité de leur
faute ou de leur engagement respectif.
En conclusion sur la solidarité, le particularisme affiché par l'obligation in solidum par rapport
à l'obligation solidaire exclu toute confusion entre les deux. Toutefois, la Cour de cassation
française, après avoir été impitoyable en censurant les décisions des juridictions du fond qui
empruntaient une terminologie pour l'autre, se montre aujourd'hui plus conciliante en
rectifiant les éventuelles imprécisions terminologiques des juges qui auraient employé
improprement un terme pour l'autre.
Le paiement est juridiquement l'exécution de la prestation due par le débiteur. Par exemple, la
remise d'un certificat de travail par l'employeur est une obligation légale : cette remise est un
paiement.
Le paiement va dénouer le lien d'obligation. Il est libératoire. Le régime commun à tous les
paiements en fixe les conditions et la preuve puis en règle les incidents.
Les parties au paiement ne sont plus le créancier et le débiteur, qui étaient des parties à
l'obligation, mais le solvens (celui qui paie) et l'accipiens (celui qui reçoit le paiement).
Généralement, le paiement est fait par le débiteur au créancier, mais il arrive que le solvens ne
soit pas le débiteur ou que l'accipiens ne soit pas le créancier.
1°) Le solvens
Le principe est que la personnalité du solvens est indifférente. Le paiement peut donc être fait
soit par le débiteur, soit par un tiers (Art. 1236 C.Civ). Le tiers peut être un donateur (il fait
une donation directe au débiteur) ou une personne qui a intérêt à payer (par exemple une
caution, ou un tiers acquéreur d'un immeuble hypothéqué dont l'Immeuble pourrait être saisi
en exécution de la créance).
Le tiers solvens peut aussi n'avoir aucun intérêt à payer sans pour autant avoir une intention
libérale : c'est le cas du gérant d'affaires. Le paiement fait par un tiers satisfait le créancier et
libère donc le débiteur à l'égard de celui-ci, mais à l'égard du solvens, le débiteur n'est pas
nécessairement libéré. Il est exposé, suivant la cause du paiement, à un recours subrogatoire si
les conditions de la subrogation sont réunies, ou à celui de la gestion d'affaires.
2°) L'accipiens
- la procédure des offres réelles : la loi a organisé une procédure qui permet au solvens, qu'il
soit ou non-débiteur, de se libérer volontairement. Il doit faire des offres réelles suivies de
consignation par l'intermédiaire d'un officier ministériel (huissier, notaire).
66
Elles tiennent lieu, à son égard de paiement lorsqu'elles sont valablement faites et la chose
ainsi consignée demeuré au risque du créancier.
B- L’OBJET DU PAIEMENT
Le débiteur doit payer exactement ce qui est du. Quand il s’agit d’une obligation de faire ou
de ne pas faire, il n’y a en principe pas de problème. Par contre s’il s'agit d’une obligation de
donner, cela implique la détermination exacte de l’objet, en qualité et quantité.
En ce qui concerne l’objet en qualité, le créancier ne peut être contraint à recevoir une chose
autre que ce qui est du quoique la valeur de la chose offerte soit égale ou même supérieure. En
revanche, un pareil paiement est valable si le créancier consent : c’est la dation en paiement.
Ce procédé est valable, mais sa nature juridique est discutée. Certains y voient une vente plus
qu’un paiement (RTDC 1975, P 12). Le code civil précise comment doit être livré un bien,
objet de l’obligation.
- S’il s’agit d’un corps certain, il doit être livré dans l'état où il se trouve lors de la livraison et
le débiteur ne répond pas des détériorations qui y ont été faites sauf si elles l'ont été par sa
faute, ou par celle des personnes dont il est responsable (art 1245 C.Civ).
Le débiteur est également tenu de toute détérioration survenue même sans sa faute, mais après
sa mise en demeure, sauf si « la chose fut également périe chez le créancier si elle eut été
livrée ». Mais, si la chose périt sans la faute du débiteur et avant qu’il ne fut en demeure, nous
nous trouvons dans un cas particulier d’inexécution réglée par la théorie des risques dans le
contrat.
- S’il s’agit d’une chose de genre, l'art. 1246 dispose que le débiteur doit livrer une qualité
moyenne, car il n'est pas tenu de la donner de la meilleure espèce, mais il ne pourra l'offrir de
la plus mauvaise.
-S’il s’agit d’une somme d’argent, il y a des règles particulières (Explication orale : voir le
nominalisme monétaire et l’indexation monétaire).
En ce qui concerne la quantité, selon l'art 1244 C.Civ « le débiteur ne peut point forcer le
créancier à recevoir en partie le paiement d’une dette, même divisible ».
C'est ce que l'on appelle le principe de l'indivisibilité du paiement qui permet au créancier de
refuser d'être payé par fraction, de refuser de recevoir des acomptes, et de refuser le paiement
séparé du capital et des intérêts. Toutefois, ce principe connaît quelques exceptions.
Elle se divise aussi en cas de compensation si une des créances était supérieure à l’autre ou en
cas d’imputation du paiement si la somme payée est insuffisante à couvrir la créance à
laquelle on l'a imputée. Une dernière exception tenant à l'indivisibilité est judiciaire.
En effet, l'art 1244-1 C.Civ autorise le juge à accorder au débiteur, à sa demande, des délais
ou termes de grâce qui lui permettent, ou de retarder le paiement, ou de l'exécuter par fraction.
67
Quant à l’imputation des paiements, elle est soumise à des règles différentes selon qu'il existe
une seule dette ou plusieurs dettes entre le débiteur et le créancier.
Lorsqu'il n'existe qu'une seule dette, la question de l'imputation se pose en cas de paiement
partiel (en vertu de la convention ou de l'acceptation du créancier). Le paiement partiel
s'impute sur le paiement des intérêts auxquels sont assimilés les frais de recouvrement de la
créance.
Selon la Cour de cassation (Cass Civ, 1ere, 07 février 1985, D 1985), « au même titre que les
intérêts visés par l'art 1254 du Code civil, les frais de recouvrement de la créance d'une
créance constituent les accessoires de la dette ». Ainsi, le capital continue-t-il à produire des
intérêts en dépit du paiement partiel.
Lorsqu'un débiteur a plusieurs dettes envers le créancier et qu'il fait un paiement, il faut se
demander sur quelle dette celui-ci s'impute. La règle présente des intérêts pratiques lorsque
chacune des dettes a une économie différente.
Par exemple, l'une produit des intérêts et l'autre non ; l'une est garantie par une sûreté et l'autre
non. L'imputation est une prérogative du débiteur (Cass Civ, 14 novembre 1922, DP 1925, P
35), « le débiteur de plusieurs dettes a le droit de déclarer, lorsqu'il paie, quelle dette il entend
acquitter » (art 1253 C.Civ).
Cette règle est générale et doit recevoir application quelle que soit la modalité des dettes sous
la seule réserve du cas où l'imputation n'aurait pas été faite pour satisfaire un intérêt légitime,
mais avait eu pour but unique de nuire à un autre créancier.
Le débiteur a donc une liberté de choix à condition de respecter les règles légales sur le
paiement sauf consentement du créancier (par exemple, payer une dette non échue, ne pas
faire paiement partiel). La Cour de cassation admet que la volonté du débiteur peut être
implicite et résulter de son comportement.
Un tiers ne pourrait décider de cette imputation même s'il y avait intérêt. Par exemple, le
codébiteur solidaire ne peut exiger l'imputation sur sa dette du paiement effectué par son
codébiteur, également tenu d'autres dettes.
Illustration : B et C sont tenus solidairement pour 100.000 frs CFA envers A (dette n°1). B
doit à A également une autre somme de 100.000 frs CFA (dette n° 2). B paie 100.000 frs à A.
C ne peut imputer ce paiement sur la dette n°1. C'est à B de le faire ou, à défaut, à la loi. À
défaut du débiteur, c'est le créancier qui détermine l'imputation. À défaut de ces imputations
volontaires, il existe des règles légales.
L'art 1256 C.Civ prévoit que le paiement doit être imputé sur la dette que le débiteur avait le
plus d'intérêt d'acquitter, c'est-à-dire imputer le paiement sur les dettes échues, de préférence
sur la plus onéreuse (celle qui produit le plus fort intérêt et assortie de plus de garanties).
Si les dettes sont également onéreuses, sur la plus ancienne, à défaut, proportionnellement.
Ces règles ne s'appliquent pas en cas de faillite où en principe toutes les dettes sont payées au
marc le franc.
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C- LES CIRCONSTANCES DU PAIEMENT
Le législateur a laissé les parties libres de déterminer le lieu du paiement. Mais lorsque ce lieu
de paiement n'a pas été fixé conventionnellement, l'art 1247 C.Civ dispose que pour les corps
certains, non-fongibles, le paiement doit être fait dans un lieu où était, au temps de
l'obligation, la chose qui en fait l'objet.
Hors ces deux cas, le même article précise que le paiement doit se faire au domicile du
débiteur. Il s'agit de la transposition législative de la règle selon laquelle “les dettes sont
quérables et non-portables“ elle-même (ladite règle) conséquence du principe posé par l'art
1162 C.Civ selon lequel, dans le doute, la convention s'interprète contre celui qui l'a stipulée
et en faveur de celui qui a contracté l'obligation.
Tel est le cas de tous les aliments alloués en justice qui devront être versées, sauf décision
contraire du juge, au domicile ou à la résidence de celui qui doit les recevoir. Les dettes
alimentaires sont en conséquence portables.
Le paiement doit en principe intervenir le jour prévu par la convention. Si l'obligation est pure
et simple, le paiement est immédiatement exigible à moins que le juge décide, comme la loi
lui en donne pouvoir, d'octroyer des délais de grâce au débiteur (à sa demande).
Le débiteur peut cependant se libérer par anticipation lorsque le terme a été stipulé dans son
seul intérêt. Si tel n'est pas le cas, aucun paiement anticipé ne peut être effectué sans le
consentement du créancier. Dans l'hypothèse où un doute subsiste, il y a lieu de revenir au
principe posé par l'art 1187 C.Civ aux termes duquel « le terme est toujours présumé stipuler
en faveur du débiteur ». Elles deviennent exigibles dès que la créance n'est plus susceptible de
certaines voies de recours dont l'effet est suspensif.
En pratique, l'appel retarde l'exécution de la décision judiciaire rendue par la juridiction de 1er
degré. Le juge peut cependant décider d'atténuer les inconvénients d'une telle règle en
ordonnant l'exécution provisoire lorsque la créance n'est pas sérieusement contestable.
69
Une dernière difficulté apparaît lorsque le créancier refuse de recevoir un paiement qui
présente pourtant tous les caractères requis. Le débiteur en présence d'un refus illégitime
dispose de la faculté de se libérer en faisant au créancier des offres réelles suivies d'une
consignation (cf supra les incidents du paiement).
Aux termes de l'art 1315 C.Civ « celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait
qui a produit l'extinction de son obligation ». Le paiement étant considéré en droit commun
comme un acte juridique, il lui sera appliqué le droit commun de la preuve (un écrit pour une
somme supérieure à 5000 frs). Cependant, toujours selon le droit commun, les dispositions de
l'art 1341 C.Civ ne sont pas d'ordre public et les conventions relatives à la preuve sont
valables.
C’est la règle, mais, il se peut qu'il y ait présomption de paiement. Par exemple, si le créancier
a eu la maladresse de remettre au débiteur le titre constatant l’existence de la dette ; ce qui
n'est pas le cas dans l'espèce rendu par la Cour de cassation le 12 janvier 1968 (Cass Civ,
3eme, 12/01/1968, Bull Civ 3eme Partie Na21).
La Cour a estimé que « les débiteurs ne peuvent se créer un titre eux-mêmes ». En l'espèce,
les débiteurs produisent le talon de chèque (prétendument remis en paiement) et la copie de la
lettre qui, selon eux, avait accompagné le paiement.
Mais ils reconnaissent tous que leur compte en banque n'était pas débité. Le créancier prétend
ne pas avoir reçu paiement. La Cour de cassation a décidé que la preuve du paiement n’était
pas faite, le mode de preuve idéal est la quittance signée du créancier et remis au débiteur. Ces
quittances peuvent prendre diverses formes :
- la quittance pour solde de tout compte qui a un effet complètement extinctif, mais qui est
dangereuse si elle est imposée au créancier par un débiteur économiquement plus fort. Par
exemple, un employeur à l'égard du salarié.
Ici, le créancier reconnaît que le paiement a été effectué, mais il ne renonce pas à ses autres
droits. La validité de ces réserves est parfois contestée.
- la quittance subrogatoire qui produit un effet translatif et non extinctif (déplacement des
droits). Le créancier est payé, mais la dette n’est pas éteinte.
C'est un transfert de créance, du créancier originaire au créancier subrogé avec tous ses
accessoires et sûretés. Mais à la différence de la cession de créance, ce transfert s'effectue
uniquement pour le montant et non une opération aléatoire comme la cession de créance.
En dehors de la quittance signée du créancier et remise au débiteur, tout autre écrit serait
recevable. La preuve est donc celle de tous les actes juridiques à moins qu'il n'y ait
impossibilité morale de se procurer un écrit.
70
SECTION 2 : LE PAIEMENT PAR COMPENSATION
La compensation est l'extinction simultanée de deux obligations de même nature entre deux
personnes réciproquement créancière et débitrice dune de l'autre, Cette extinction a lieu en
totalité, et la compensation est dite totale, lorsque les deux obligations sont d'un même
montant. Cette compensation n'a lieu qu’en partie, et elle est dite partielle, lorsque les deux
dettes sont de montants différents.
Elle n'a alors lieu qu'à hauteur du plus faible des deux montants. En raison de l'exigence de
l'identité de nature des deux obligations. Il est rare que la compensation puisse jouer pour des
dettes autres que celles de sommes d'argent. La compensation légale est celle qui vient
naturellement à l'esprit. Cependant, la compensation peut être conventionnelle ou Judiciaire
lorsqu'il manque l'une ou l'outre des conditions exigées.
A-LES CONDITIONS
Au terme de l'article 1289 du Code lorsque deux personnes se retrouvent débitrices l'une
envers l'autre. Il s'opère entre elles une compensation qui éteint les deux dettes.
Aux termes de l'article 1291 du Code civil, la compensation n'a lieu qu'entre deux dettes qui
ont également pour objet une somme d'argent ou une certaine quantité de choses fongibles de
la même espèce et qui sont également liquides et fongibles.
La dette est liquide lorsqu'elle est évaluable en argent. Il faut qu'elle soit déterminée dans son
quantum et hors de toute contestation.
La dette est exigible lorsqu'elle est susceptible d'être payée. Il ne faut donc pas que les dettes
soient assorties d'un terme conventionnel ou légal ou d'une condition suspensive, il faut noter
que le terme de grâce n'est pas un obstacle à la compensation. Malgré la réunion des
conditions, le jeu de la compensation est tenu en échec dans certains cas :
71
- De même pour les créances de salaire, aucune compensation ne s'opère au profit des
employeurs dans le montant des salaires dus par eux-mêmes pour fournitures diverses quelle
qu'en soit la nature, à l'exception des outils et instruments nécessaires au travail, les matières
ou matériaux dont le salarié a la charge, et lorsque la compensation mettrait en péril les droits
des tiers.
- Un effet extinctif :
Cela résulte de l'article 1290 selon lequel les deux dettes s'éteignent réciproquement à l'instant
où elles se trouvent existées à la fois jusqu'à concurrence de leur quotité respective.
L'extinction a lieu entre les deux dettes et leurs accessoires. Elle arrête le cours des intérêts et
interrompt la prescription.
L'article 1290 ajoute que la compensation s'opère de plein droit par la seule force de la loi à
l'insu du débiteur. Pour autant, de plein droit ne veut pas dire automatique, sans intervention
du bénéficiaire. La compensation joue de plein droit à condition que ce soit in favorem
debitoris, c'est-à-dire en faveur de celui qui est libéré par elle.
Les parties peuvent convenir que deux dettes non exigibles seront compensées. Par exemple,
si l'une renonce au terme établi en sa faveur. De même, elles peuvent convenir de liquider à
une certaine somme, une obligation contestée.
Elle est aussi appelée compensation reconventionnelle, car elle est demandée à titre
reconventionnel par le débiteur dans un cas où les conditions requises par la compensation
légale ne sont pas réunies. Par exemple, les créances non encore liquides.
Ils sont appelés une obligation de remplacement. C'est une somme d'argent que le débiteur qui
a manqué à son obligation doit payer à son créancier. Deux principes commandent ce mode
d'exécution :
D'une part des dommages intérêt représentent une réparation par équivalence d'autre part, ils
sanctionnent l'inexécution d'une obligation.
72
Paragraphe 1 : LES DOMMAGES ET INTÉRÊTS REPRÉSENTENT UNE
RÉPARATION PAR ÉQUIVALENCE
Ici, le problème est lié à celui de la dépréciation monétaire. On peut hésiter entre deux dates :
soit la date à laquelle l'obligation aurait dû être exécutée, soit la date à laquelle les dommages-
intérêts sont accordés. Quoi qu'il en soit, les procès en dommages-intérêts sont longs. La
jurisprudence après quelques hésitations s'est prononcée en faveur des évaluations au jour de
la décision définitive. Certains auteurs pensent qu'il faut apprécier les dommages-intérêts au
jour du versement.
S'il s'agit d'une obligation de somme d'argent, il n'y a aucun problème. De même, il n'y a pas
de difficulté pour une obligation portant sur un corps certain. Car une telle obligation
s'exécute immédiatement. Le problème est donc limité aux obligations de faire ou de ne pas
faire.
En effet, on ne peut pas forcer d'exécuter. D'après l'article 1142 du Code civil « toute
obligation de faire ou de ne pas faire, se résout en dommage et intérêt en cas d'inexécution de
la part du débiteur ». Ce texte n'a cependant pas une portée absolue.
Selon ce texte de principe, les obligations de faire ou de ne pas faire en cas d'inexécution
seraient convertibles en obligations de verser des dommages-intérêts. Ce texte n'a pas une
portée absolue pour une raison logique. Il serait choquant qu'un débiteur, soit par inertie, soit
par mauvais vouloir, change par lui-même l'objet de l'obligation, car il y aurait contrariété
entre l'article 1142 du Code civil et la loi contractuelle.
73
Le principe demeure donc que le créancier conserve le droit d'exiger l'obligation pure et
simple. Par conséquent, il faut distinguer entre deux types d'obligations. Ou bien, l'obligation
de faire ou de ne pas faire peut être exécutée sans imposer au débiteur un fait personnel : dans
ce cas, l'exécution forcée en nature serait licite ; ou bien, l'exécution de l'obligation nécessite
au contraire, l'intervention personnelle du débiteur : dans ce cas, l'obligation se résoudra en
dommages-intérêts.
Elles sont prévues par le Code civil en ses articles 1143 et 1144. On s’aperçoit que ces deux
articles concernent l’une ou l’autre des hypothèses où le créancier peut se passer de
l’intervention personnelle du débiteur.
Ce cas concerne les obligations de ne pas faire. Le créancier a le droit de demander que ce qui
aurait été fait par contravention à l’engagement (de ne pas faire) soit détruit (Article 1143).
Par exemple, si une personne construit sa maison, en violation de l’obligation de ne pas faire,
le juge peur ordonner la destruction de la maison.
Le créancier peut aussi en cas d’inexécution être autorisé à faire exécuter lui-même
l’obligation au dépend du débiteur (article 1144). Cette possibilité a une très grande portée
pratique.
Par exemple, celui qui a demandé à ce qu’on répare son poste téléviseur peut se le faire
réparer par un autre réparateur.
À s’en tenir au créancier chirographaire, le principe est qu’il supporte les effets de tous les
actes passés par le débiteur. La loi a cependant pris deux mesures pour le protéger contre la
négligence et la fraude de son débiteur. Il s’agit simplement de donner au créancier les
moyens de se protéger contre un débiteur négligent ou peu scrupuleux, voire malhonnête.
Elle est prévue par l'article 1166 du Code civil : « néanmoins, les créanciers peuvent exercer
tous les droits et actions de leurs débiteurs à l’exception de ceux qui sont exclusivement
attachés à la personne ».
L’action oblique consiste pour un créancier à exercer les droits et actions de ses débiteurs à
l’encontre des débiteurs de celui-ci afin de faire entrer dans le patrimoine dudit débiteur, les
fonds relatifs à ses droits et actions.
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A- LA NATURE DE L’ACTION OBLIQUE
L’action oblique est une action individuelle qui appartient à chacun des créanciers du
débiteur. Ce n’est pas pour autant une action autonome. Parce que le créancier ne fait
qu’exercer l’action de son débiteur. Tout ce qu'il peut faire, c’est de faire entrer une richesse
dans le patrimoine de son débiteur, cela permettra dans un second temps des saisies.
- Les droits ou actions pouvant être exercés par voie oblique : il ne s'agit pas pour le
créancier de gérer le patrimoine de son débiteur. Certains droits du débiteur échappent à
l’action du créancier : ce sont les droits extra patrimoniaux. Sont exclus de l'action oblique,
les droits exclusivement attachés à la personne du débiteur.
Ces effets sont dominés par l’idée que le créancier s’est substitué au débiteur dans l’exercice
de ses droits.
Aussi, produit-elle les mêmes conséquences que si l'action avait été exercée par le débiteur ;
ce qui entraîne des conséquences :
Le tiers que poursuit le créancier peut lui opposer toutes les exceptions qu’il aurait pu évoquer
à l’égard du débiteur.
Le montant de la condamnation auquel aboutit l'action est celui du droit du débiteur contre le
sous débiteur. C'est donc le droit du débiteur contre le sous débiteur qui est pris en
considération.
Contrairement à la solution donnée pour l'action paulienne, le créancier qui agit par voie
oblique n'a pas de droit exclusif sur les biens qu'il recouvre ; ce qui pousse à dire que cette
action n’est intéressante pour le créancier que s’il n’y a pas de créancier privilégié ou s’il est
créancier unique.
C'est une autre mesure de conservation du patrimoine du débiteur, mais cette fois, il ne s'agit
pas d'un débiteur inactif, mais au contraire d'un débiteur plein d'initiative, un débiteur qui agit
et qui cherche à faire échapper ses biens à l'emprise de ses créanciers. Aux termes de l'article
1167 du Code civil « ils peuvent aussi en leur nom personnel attaquer les actes faits par leurs
débiteurs en fraude de leurs droits. »
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A- LE DOMAINE DE L’ACTION PAULIENNE
Ne peuvent être attaqués par le créancier que les actes qui posent donc préjudice à celui-ci.
C'est-à-dire les actes qui diminuent les droits du créancier et qui vont rendre difficiles les
saisies ou les actes d'exécution qu'il pourrait entreprendre. Tous les actes juridiques sont
susceptibles d'être attaqués par voie paulienne.
Cependant, on ne peut remettre en cause les paiements à moins qu'ils ne soient anormaux ou
fictifs. Cela permet de comprendre que l'acte frauduleux que le créancier va attaquer doit
réunir trois caractères :
- D'autres parts, cet acte fait par le débiteur doit rendre celui-ci insolvable ;
- Enfin, l'acte doit être postérieur à la naissance de la dette entre le débiteur et le créancier.
L'action paulienne est un préliminaire à la saisie. Aussi, les conditions générales à la saisie
doivent-elles être réunies. La créance doit exister, une créance éventuelle ne suffirait pas.
Il n'est pas nécessaire que la créance soit exigible. Une créance à terme suffit si son exercice
est menacé. Il n'est pas nécessaire non plus qu’elle soit certaine, il suffit que son principe
existe.
L'acte doit avoir été inspiré par une fraude. Cette condition de fraude est une notion
essentielle. La fraude au sens de l'article 1167 du Code civil résulte de la seule connaissance
qu'a le débiteur du préjudice qu'il cause au créancier en se rendant insolvable ou en
augmentant son insolvabilité.
- par le paiement,
- par la novation,
- par la compensation,
- par ta confusion,
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- par la perte de la chose,
- et par la prescription.
La remise volontaire est une convention par laquelle le créancier décide de remettre la dette
du débiteur. Le créancier libère ainsi le débiteur. Cette possibilité est prévue aux articles 1285
et suivants du Code civil sous le nom de remise de dette ou décharge conventionnelle.
Elles sont au nombre de trois : il faut d'une part, que les deux obligations soient valables quant
à leur existence et d’autre part que la seconde obligation soit différente de la première ; il faut
enfin qu’il existe une intention de nover de la part des parties.
Si la première obligation est nulle, celle-ci ne peut être remplacée par une autre auquel cas, il
s’agirait d’une création pure et simple d’obligation et non d’une novation.
Si la seconde obligation est nulle, l'extinction de la première est privée d'effets et celle-ci
retrouve sa force.
En général, la nouvelle obligation est à terme et c’est en ce sens que la novation procure au
créancier une satisfaction.
1) Le changement de créancier
Selon l’art. 1271 al 3 C.civ, la novation s'opère «…lorsque par l'effet d'un nouvel
engagement, un nouveau créancier est substitué à l'ancien envers lequel le débiteur se trouve
déchargé ».
La possibilité d'avoir recours à la cession de créance a marginalisé cette hypothèse et seuls les
mérites comparés de l'une ou de l'autre technique permet de faire un choix.
2) Le changement de débiteur
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Des trois manières dont s'opère la novation, l'art 1771 précise pue « lorsqu'un nouveau
débiteur est substitué à l'ancien qui est déchargé par le créancier », il faut se souvenir que dans
notre droit, il n’est pas possible de céder une dette sans l’accord du créancier.
3) Le changement d'obligation
Autrement dit, il faut que les parties soient d'accord pour transformer l'obligation. La lettre de
l'art 1273 C.Civ impose : « la novation ne se présume point, il faut que la volonté de l'opérer
résulte clairement de l'acte ». La solution est logique, le silence ne vaut point consentement et
une renonciation ne saurait se présumer. Cependant, elle se prouve par tout moyen.
- La novation éteint l'obligation ancienne et au même instant naît une obligation nouvelle ;
reste alors le problème de l'inopposabilité de l'exception.
- L'obligation nouvelle est substituée à l'obligation ancienne. Aussi, les exceptions liées à
cette dernière deviennent-elles inopposables au créancier.
- Les sûretés disparaissent également. D'après l'article 1281 C.Civ, par la novation faite entre
le créancier et l'un des débiteurs solidaires, les codébiteurs sont libérés. La novation opérée à
l'égard du débiteur principal libère la caution.
Néanmoins, si le créancier a exigé dans le 1er cas l'accession des codébiteurs ou, dans le
second, celle des cautions, l'ancienne créance subsiste si les débiteurs ou les cautions refusent
d'accéder au nouvel engagement. Quoi qu'il en soit, par convention spéciale, les différentes
sûretés peuvent être maintenues malgré la novation.
Voilà, ainsi prend fin ce cours de droit civil, sur le régime des obligations
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