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Responsabilité Civile

Semestre 3 – Professeur Nora Talbi

Programme (Plan général)


Introduction
Définition du concept responsabilité

Évolution de la responsabilité civile

Responsabilité civile et notions voisines

Titre I : La responsabilité contractuelle


Chapitre I : Conditions de la responsabilité contractuelle
Section 1 : Inexécution contractuelle
Section 2 : Dommage subi par le créancier
Section 3 : Lien de causalité

Chapitre II : Régime de la responsabilité


Section 1 : Principe du non cumul
Section 2 : Prescription des actions

Chapitre III : Conditions de mise en œuvre

Titre II : La responsabilité délictuelle ou extra-délictuelle


Chapitre I : Les fondements de la responsabilité délictuelle

Chapitre II : Les différents régimes de la responsabilité délictuelle


Section 1 : Du fait personnel
Section 2 : Du fait d'autrui
Section 3 : Du fait des choses et des animaux

Chapitre III : Cas particuliers de responsabilité délictuelle


Section 1 : Responsabilité de l'État de ses agents
Section 2 : Responsabilité du magistrat
Section 3 : Responsabilité du possesseur d'une chose

Chapitre IV : Conditions de mises en œuvre

Introduction
Définition du concept responsabilité
Obligation : Le lien de droit unissant le créancier au débiteur. Il y a obligation quand une personne (Le
créancier) peut juridiquement exiger d'une autre (Le débiteur) une prestation concrètement déterminée.

Responsabilité : C'est l'obligation qui incombe de répondre à ses actes ou de son intervention.

La responsabilité repose donc sur une obligation découlant d'un fait dommageable ou d'un acte suite à une
exécution tardive de l'obligation dont l'inexécution donne lieu à un dommage en relation directe.

Cette responsabilité peut être morale ou légale. Elle est morale lorsque la personne se trouve avec sa propre
conscience en état de culpabilité. Elle est légale ou judiciaire lorsque la personne doit répondre à ses actes
devant le juge.
La responsabilité civile englobe la responsabilité contractuelle et la responsabilité délictuelle. Elle désigne
l'ensemble des règles qui obligent l'auteur d'un dommage posé à autrui à réparer le préjudice en offrant à la
partie victime, une compensation.

La responsabilité contractuelle découle d'un contrat (Un acte juridique) Le dommage causé de l'inexécution, de
l'exécution tardive ou défectueuse de l'obligation née d'un contrat, a pour effet de faire porter sa réparation par
le débiteur.

Toutefois, et en dehors du champs contractuel, la responsabilité d'une personne est susceptible d'être engagée de
tout dommage causé par sa faute. En principe qu'elle soit intentionnelle ou non-intentionnelle (Quasi-délit) Il
s'agit ici de la responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle.

L'évolution de la responsabilité civile

Responsabilité objective :
- Obligation de sécurité.
- Obligation d'information.

La responsabilité civile et notions voisines


La responsabilité est contractuelle lorsqu'elle sanctionne entre les partis, l'inexécution du contrat. Elle découle
d'un contrat, d'une obligation contractuelle. Elle est délictuelle dans tous les autres cas, ici elle découle d'un
délit ou d'un quasi-délit.

Responsabilité civile :
> Saisine de la justice par le créancier ou ses ayants droit (Saisine obligatoire)
- Un dommage subi par le créancier ou la victime.
- Concernant la réparation du dommage subi éventuellement il peut y avoir une astreinte (Juridiction du droit
commun)
Responsabilité contractuelle Responsabilité délictuelle ou extra-délictuelle
Différence de sanction : Délit Quasi-délit
- Exécution du contrat (avec
Fait intentionnel (volontaire) Fait non-intentionnel
ou sans astreinte)
> délictuel (involontaire) > quasi-délictuel
- Annulation
- Réparation du préjudice - Réparation du préjudice
- Résolution du contrat

Responsabilité pénale :
L'auteur commet une infraction contre l'ordre public/contre une personne (Son objectif est de punir l'auteur de
l'acte)

La sanction :
- Emprisonnement ou amende, si l'infraction doit être prévue par le code pénal.
- Juridiction répressive.
- Saisine de la justice par la victime ou ses ayants droit ou tout autre personne (Ou dans le ministère public)
Titre 1 : La responsabilité contractuelle
Chapitre I : Les conditions de la responsabilité contractuelle
L'article 264 précise que le préjudice est la perte effective que le créancier a éprouvé et le gain dont il a été
privé (Ex. Perte d'une chance) La force obligatoire du contrat entraîne systématiquement en principe son
exécution. La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle suppose l'inexécution d'une obligation née du
contrat ou entrant de la champ contractuel. La responsabilité contractuelle du débiteur est limitée au préjudice
qui résulte directement de l'inexécution de l'obligation.

La simple souscription du débiteur au contrat, l'oblige de plein droit à l'exécution de son obligation à défaut il
engage sa responsabilité contractuelle et doit réparer le dommage causé par sa faute. En conséquence, l'appel en
garantie du dommage subi est subordonné à la réunion de 3 éléments : Préjudice, faute et lien de causalité.

Section 1 : Inexécution contractuelle


Formes d'inexécution, en matière du contrat consistent à :
- Exécuter en retard
- Ne pas exécuter du tout
- Exécuter partiellement
(Faute = Manquement au obligations contractuelles)
L'inexécution totale ou partielle entraîne la responsabilité contractuelle qu'impose au débiteur des dommages-
intérêts appelés dommages-intérêts compensatoires. Ceux-ci sont évalués proportionnellement à l'exécution.

Nature de l'obligation :
- Obligation de donner ; Donner une somme d'argent, saisie des biens ou donner du salaire du débiteur.
Une chose : livraison non exécutée ce qui rejoint une obligation de faire en réalité.
- Obligation de faire ou de ne pas faire

Quelles sont les déterminations des obligations contractuelles ?


I - Stipulations exprimant la volonté des parties : Obligations à exécution simultanée entre obligation de
moyens et obligations de résultats.
II - Appréciations et interprétations de la jurisprudence = naissance de nouvelles obligations (Obligation de
sécurité à côté de l'obligation de l'obligation d'information)

L'article 264 du D.O.C ; "L'appréciation des circonstances spéciales de chaque espèce est remise à la prudence
du tribunal..." Estime que la perte d'un manque à gagner hypothétique, incertain et futur ne constitue qu'une
possibilité de préjudice éventuel et ne saurait constituer le dommage actuel et certain.

Forçage du contrat :
- Obligation de sécurité (de moyen ou de résultat) et stipulation pour autrui. Une obligation par laquelle le
débiteur assure la sécurité du créancier. Elle consiste en la mise en œuvre de tous les moyens destinés à
diminuer le risque de maladie professionnelle ou encore d'accident. L'employeur a une obligation générale
d'assurer la sécurité et protéger la santé des salariés de l'entreprise. Il a à sa charge l'obligation de sécurité de
moyen ; prendre toutes les mesures nécessaires.
Cette obligation fonde les mesures de prévention au sein de l'entreprise. L'employeur doit intervenir à travers
des actions de prévention, de formation et d'information, mettre en place des moyens de protection
adaptés. Comme conséquence à ce qui précède ; interdiction à l'employeur d'adopter des mesures de travail qui
compromettraient la santé et la sécurité des employés.
L'article 120 du D.O.C stipule que lorsque l'obligation est subordonnée à une condition suspensive, et que la
chose qui fait la matière de l'obligation périt ou se détériore avant l'accomplissement de la condition, on
applique les règles suivantes :
- Si la chose a péri entièrement sans le fait ou la faute du débiteur, l'accomplissement de la condition
demeure sans objet, et l'obligation sera considérée comme non avenue.
- Si la chose s'est détériorée, le créancier doit la recevoir en l'état où elle se trouve, sans diminution de prix.

- Obligation d'information et de conseil. L'acheteur se doit d'être curieux. Selon la jurisprudence actuelle,
l'acheteur lésé dans l'utilisation d'une chose nouvellement acquise par un contrat de vente, pourra engager la
responsabilité contractuelle de son vendeur s'il démontre que c'est une insuffisance d'information et de conseil
de la part de ce dernier qui est à l'origine de son dommage.

Le préjudice
C'est le dommage matériel ou moral subi par le créancier. Il doit être certain et actuel. D'après l'article 264 du
D.O.C, chaque espèce est remise à la prudence du tribunal qui apprécierait la perte d'un manque à gagner
hypothétique, incertain et futur. Cette perte ne constitue qu'une possibilité de préjudice éventuelle et ne saurait
être considérée comme dommage actuel et certain.

Lien de causalité
Le dommage doit être la conséquence directe de l'inexécution de l'obligation et le préjudice doit être direct et
irréversible. (Ex. Le marchand de bestiaux qui va vendre une bête malade. Ce dernier devra rembourser le prix
de la bête encaissée, et aussi la valeur marchande des autres animaux contaminés)

Sanctions de l'inexécution de l'obligation :


- Exécution forcée : Il est théoriquement possible de contraindre le débiteur à exécuter son obligation.
- Exécution par équivalant : Quand l'exécution en nature n'est plus possible ou permise, le créancier se contente
de dommages-intérêts.

Section 2 : Dommage subi par le créancier


D'après l'article 264 du D.O.C, il est précisé que le préjudice est la perte effective que le créancier a éprouvé et
le gain dont il a été privé et qui sont la conséquence directe de l'inexécution de l'obligation. L'appréciation des
circonstances spéciales de chaque espèce est remise à la prudence du tribunal : Il doit évaluer différemment la
mesure des dommages-intérêts, selon qu'il s'agit de la faute du débiteur ou de son dol. Le dommage est une
notion essentielle dans le régime de la responsabilité. La notion du dommage est en principe empruntée au
système de la responsabilité délictuelle. Une nuance à signaler, en matière contractuelle, seul le dommage
prévisible peur en principe être réparé.

Fondement : Assurer la sécurité contractuelle (savoir à quoi s'exposer si l'on cause un dommage à son
cocontractant)
Principe : Pas d'indemnisation sans préjudice subi.

L'article 263 du D.O.C : Les dommages-intérêts sont dus, soit à la raison de l'inexécution de l'obligation, soit à
raison du retard dans l'exécution, et encore qu'il n'y ait aucune mauvaise foi de la part du débiteur. Le débiteur
reste redevable des dommages et intérêts prévus dans le contrat lorsque l'inexécution ne résulte pas du dol ou de
la mauvaise foi du débiteur. L'exception à la limitation des dommages-intérêts au dommage prévisible reçoit
exception seulement en cas de mauvaise foi ou de dol assimilé à la faute lourde.

Le dommage ou préjudice
Est le dommage actuel et certain qu’il soit matériel ou moral subi par le créancier. Il s'agit ici d’une condition
essentielle de la responsabilité contractuelle. Et l’on ne peut envisager une indemnisation sans préjudice subi.
L’article 264 du Doc précise que « L’appréciation des circonstances spéciales de chaque espèce et remise à la
prudence du tribunal… » Cet article estime que la perte d’un manque à gagner hypothétique incertain et futur
ne pourrait à contrario constituer qu’une possibilité du préjudice éventuelle et ne saurait être le dommage actuel
et certain. Pour ce qui concerne le dommage on note que cette notion de ce principe est emprunter à la
responsabilité délictuelle.

La faute
L’obligation du débiteur consiste à faire ou à ne pas faire ou à donner, et elle se résout en dommages et intérêts
en cas d’inexécution totale ou partielle ou d’exécution tardive d’une des obligations nées du contrat. Par
ailleurs, le législateur autorise le créancier à faire exécuter lui-même l’obligation lorsque celle-ci ne nécessite
pas l’action personnelle du débiteur et ceci au dépend de ce dernier (débiteur) L’article 261 à 264. La faute doit
être imputable au débiteur et la preuve de son existence incombe au créancier. Ce qui n’est pas toujours facile à
réaliser. En plus l’affirmation de l’existence de la faute contractuelle est en corrélation et en subordination avec
le degré de l’engagement contractuel du débiteur et donc à la nature de son obligation.
La mise en demeure
L’acte par lequel un créancier demande à son débiteur d’exécuter son obligation et rester légalement mis en
demeure par la seule échéance du terme établi par l’acte constitutif de l’obligation. En effet, l’article 55 du
DOC dispose que "Le débiteur est constitué en demeure par la seule échéance du terme établi par l’acte
constitutif de l’obligation" (Ex. Contrat de bail)

La mise en demeure a pour effet juridique de constater officiellement le retard de paiement et l’exécution
tardive de l’obligation contractuelle. Elle présente l’intérêt de faire courir les intérêts moratoires et met les
risques à la charge du débiteur lorsque la chose est perdue ou détériorée. C’est d’ailleurs aussi à la mise en
demeure que l’action en justice peut être engagée. Nonobstant, le créancier peut au préalable exprimer son
interpellation par écrit soit par lettre recommandée avec accusé de réception, soit par un télégramme voire
même par une citation en justice même devant le juge incompétent.

Pour ce qui concerne le droit Français, la mise en demeure doit être effectuée par un acte d’huissier
(Sommation) ou pour lettre recommandée pour ce qui concerne la matière commerciale. Le recours à cette
phase à la justice peut être épargné au créancier lorsque la clause résolutoire est prévue dans le contrat. Elle est
de plein droit et permet la résolution automatique du contrat à la simple volonté des parties (Résolution
conventionnelle) En l’absence de la clause résolutoire, il appartient au juge d’apprécier et d’user de son pouvoir
discrétionnaire pour prononcer ou non la résolution du contrat. Le rôle du juge serait de statuer pour l’exécution
forcée ou la résolution du contrat.
- La première situation peut entraîner l’exécution en nature par voie de la saisie et le créancier fait mettre sous
main de justice les biens de son débiteur pour procéder à la vente aux enchères publiques. De même, si
l’exécution en nature n’est plus possible ou bien le retard dans l’exécution porte préjudice au créancier, le juge
impose au débiteur de payer les dommages-intérêts.
- Dans la seconde situation, la résolution du contrat par le juge suite à la demande du cocontractant victime de
l’inexécution entraîne l’anéantissement rétroactif du contrat sauf pour les contrats à exécution successive
(Contrat de bail…)

Chapitre II : Régime de la responsabilité contractuelle


Au terme de l’article 230 du DOC, les parties ne peuvent révoquer leurs engagements contractuels que par
consentement mutuel ou conformément au cas prévus par la loi. En effet, l’entente mutuelle rappelle la force
obligatoire du contrat, cette dernière pourrait donc intervenir alors qu’aucun désaccord n’oppose les parties.

A l’inverse, l’inexécution de l’obligation contractuelle c'est-à-dire le lien de droit né à travers ce contrat et qui
se trouve non respecté par l’une ou les deux parties donnerait lieu à une responsabilité contractuelle et à
l’engagement d’action judiciaire. Dans de nombreuses situations, le demandeur serait tenté d’engager la
procédure sur la base de la responsabilité contractuelle ou délictuelle, or l’on se demande ici si le cumul est
possible et quel serait le délai d’action et de recours.

Section 1 : Principe de non cumul


Le principe est que l'option est interdite (En principe il n'y a pas de choix mais il y a des exceptions) La règle
est que le créancier ne peut opter l'ordre de responsabilité sur laquelle il veut fonder sa demande, certes et c'est
à juste titre que chaque fois qu'il y a une inexécution contractuelle, le créancier ne peut convoquer les règles
délictuelles.

S'agissant du non cumul des responsabilités, il serait mal perçu de voir le créancier se faire dédommager sur le
plan contractuel et se placer à nouveau sur le champs délictuel pour obtenir réparation sur le dommage subi
autre fois. L'option est présentée comme la possibilité octroyée par la loi ou la volonté des parties donnant à une
personne de choisir.

Il faut préciser que certaines législations ont opté pour la non-option (Ex. La France et le Maroc) où il y a eu au
départ une tendance vers l'option de deux systèmes de responsabilité. Puis une évolution par l'exigence de la
condition que l'infraction soit pénale ou bien consécutive à un dol. En revanche, pour d'autres pays l'option est
admise comme la Belgique, la Suisse ou le Canada.

La raison de l'adoption de la non-option? Pourquoi la non-option ?


Le principe avancé par la doctrine marocaine du refus de l'option réside dans la force probante du contrat qui
est en fait la loi des contractants. En d'autres termes, la responsabilité contractuelle est un prolongement du
contrat de travail qui est établi au respect de la volonté des parties et en toute liberté l'article 230 de DOC
dispose que : "Les obligations contractuelles valablement tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites, et ne
peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi."

Contenu du dualisme du droit positif marocain, la doctrine marocaine se base aussi le précepte religieux, les
sources du droit musulman pour consacrer le principe de non-option comme règle de l'ordre public.

De même, certains auteurs comme Essoubaï Choukri estime que si la doctrine essaye d'adopter le principe
d'adoption l'on se trouvait en présence d'une personne dont la demande serait rejetée dans une action
contractuelle et de se retrouver sur la base de la responsabilité contractuelle. Mr. Essoubaï se réfère aux
dispositions de l'article 468 du DOC qui prévoit : "Lorsque deux actions sont ouvertes à une personne à raison
de la même cause, le choix de l'une de ces actions ne saurait être considéré comme une renonciation à
l'autre." Toujours dans le cadre du même article, l'auteur estime que le sens de l'article 468 du DOC n'est pas
suffisamment clarifié et qu'un ensemble d'arguments pourrait justifier sa propre position comme l'exclusion de
cet article qui ne concerne que les actions contractuelles dans l'interprétation des conventions également
l'atteinte au principe juridique de la force jugée. De même, la similitude qui existe dans les conditions
d'exercice de l'action responsabilité contractuelle ou délictuelle à savoir ; la faute, le dommage et le lien de
causalité.

Qu'en est-il de la jurisprudence Marocaine ?


En principe, la jurisprudence marocaine adopte une position stable qui reflète la non-option. En effet, l'arrêt de
la cour d'appel de Casablanca du 16 Juillet 1945 décide que : "On ne peut appliquer les dispositions des articles
78 et 88 du DOC qui concernent la responsabilité délictuelle que si le responsable du dommage causé est non
lié à la victime par convention ou par un contrat. Mais il existe à ce principe des exceptions dont celle qui
découle de la stipulation pour autrui, et d'autres tiennent du fait que l'inexécution du débiteur a été causée par
une faute dolosive ou une infraction pénale. En effet, dans le cadre de la stipulation pour autrui, les proches de
la victime peuvent, soit accepter la responsabilité qui est contractuelle dans ce cas là, soit refuser et dans ce cas-
ci la responsabilité est délictuelle. En cas de dol dans la formation du contrat, la demande en nullité du contrat
n'empêche nullement l'exercice d'une action en responsabilité de nature délictuelle. Si le contrat est nul, cette
action sera soumise à la prescription de la responsabilité extra-contractuelle et non celle des actions en nullité
relative.

Section 2 : Prescription des actions


La prescription c'est un principe fondamental de droit qui désigne le délai légal au-delà duquel aucune action ne
peut être engagée ou aboutir en justice. On distingue entre la prescription acquisitive et extinctive, appelé
également libératoire. En effet, la prescription acquisitive (Usucapion) c'est le mode d'acquisition d'un droit
selon les modalités fixées par la loi, par une possession prolongée de celui-ci. Cette prescription permet
d'acquérir un droit (Ex. La propriété d'un terrain) à condition que cette possession soit continue, non
interrompue, prévisible, publique et à titre de propriétaires. La prescription extinctive c'est un mode
d'extinction d'un droit par un non usage prolongé dans le temps selon les modalités fixées par la loi. (Ex. Une
négligence, une dette, quand il y a un dommage corporel…)

Les principes de rigueur :


Les principes de base sont les suivants :

 L'interruption de prescription : L'arrêt du cours de la prescription peut être occasionné par un acte
d’interruption (Ex. Une citation en justice même en référer une saisie ou un commandement de payer
ou de livrer...) Comme qui a pour effet de faire courir un nouveau délai de prescription d'une durée
égale au délai initial de la prescription.
 La suspension de prescription : Est un arrêt temporaire au cours de la prescription à raison d'une cause.
En principe, elle est déterminée par la loi qui permet lors de la reprise du décompte un allongement du
délai de prescription correspondant à la durée de la suspension en matière civile. La minorité est en
principe une cause de suspension de la prescription.
 L'interversion de la prescription : Est un mécanisme permettant après l'interruption d'un cours délai de
prescription, fondé sur une présomption d'un paiement ou lorsqu'il s'agit d'une créance périodique de
faire courir non plus ce délai, mais le délai de prescription de droit commun.
 Autres principes de rigueur : Il n'incombe pas au juge de soulever un moyen, résultant de la prescription,
de même les parties ont toute liberté d'invoquer ou d'y renoncer et ceci à toutes les stades de la
procédure.

Titre 2 : La responsabilité délictuelle ou extra-délictuelle


Chapitre I : Les fondements de la responsabilité délictuelle
Le régime de la responsabilité extra-contractuelle (Délictuelle et quasi-délictuelle) prend naissance d'un
dommage causé à un tiers par un délit ou un quasi-délit. À ce propos, le délit est un fait dommageable
intentionnel (Ex. Le refus d'apporter assistance à une personne en danger) Par contre, le quasi-délit est un fait
dommageable non-intentionnel (Ex. Le fait de jeter une peau de banane sur le trotoire sur laquelle glisse un
passant)

Le fait dommageable dans ce cadre devient une source d'obligation et engage la responsabilité civile en dehors
de toute convention ou contrat.

Les premiers alinéas de l'article 85 et 86 du DOC mettent en évidence trois sortes de responsabilités selon que
le dommage résulte du propre fait du responsable, du fait des personnes dont on doit répondre, ou du fait des
choses dont on a la garde.

Chapitre II : Les différents régimes de la responsabilité délictuelle


Section 1 : Du fait personnel
Au terme de l'article 77 du DOC : "Tout fait quelconque de l'Homme qui, sans l'autorité de la loi, cause
consciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer le dit
dommage. Lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe, toute stipulation contraire est sans effet."

La responsabilité du fait personnel est engagée, lorsque trois éléments sont réunis à savoir :
- Le fait dommageable.
- L'intention de nuire.
- L'illicéité du fait.

Le fait dommageable :
Il doit résulter non seulement par le fait mais par la faute directe de l'auteur. En effet, seule la faute est l'élément
déterminant de l'engagement de la responsabilité au termes de l'article 78 du DOC. Le législateur précise dans
le même article, que la faute est une ommission ou commission d'un acte qu'on devrait respectivement faire ou
s'abstenir de faire sans pour autant avoir une intention à nuire à autrui.

En premier lieu, l'on peut distinguer dans le cadre de la faute ommission entre l'omission dans l'action et
l'omission dans l'inexécution d'une obligation légale d'agir. D'autre part, l'omission de l'inexécution d'une
obligation légale d'agir devient une faute civile et pénale, et la sanction prendrait la forme des dommages-
intérêts et éventuellement de l'emprisonnement. (Ex. L’abstention d'une personne de porter assistance à une
autre personne en danger)

En second lieu, la faute par commission, est le fait positif. C’est la forme la plus habituelle de l'engagement de
la responsabilité en dehors du champs contractuel (Ex. Responsabilité extra-contractuelle trouble de voisinage,
falsification de signature…)

La volonté de nuire :
L’imputabilité de la faute est conditionnée par l'existence de la volonté. La distinction des fautes d'après le
degré de la volonté. En conséquence dans le régime de la responsabilité délictuelle, en général on oppose la
faute intentionnelle à la faute non-intentionnelle, au même titre qu'on le fait dans le régime de la responsabilité
contractuelle, ou on oppose l'inexécution dolosive, ou de mauvaise foi à l'inexécution simplement fautive.
L'illicéité du fait :
L'Homme est en principe responsable du dommage qui résulte d'un acte accompli sans l'autorité de la
loi. Toutefois, les actes dommageables ne sont pas toujours des fautes et ne sont pas toujours accomplis
contrairement au droit. En effet, il arrive qu'un automobiliste sans commettre de faute renverse et blesse un
piéton, alors qu'il conduisait son véhicule à une vitesse modérée et a averti le piéton après avoir ralenti. En
principe, l'illicéité est présumée dans tout dommage intentionnellement causé à autrui , et la responsabilité du
fait personnel fait peser sur la victime la lourde charge de la preuve de la faute du responsable.

Section 2 : Du fait d'autrui


L’article 85 alinéa 1 du DOC édicte une présomption de faute à l’égard du responsable. En conséquence, la
victime est dispensée de prouver cette faute. Les parents, les artisans et les commettant sont responsables
respectivement du dommage causé par la faute des enfants, apprentis et des préposés (Parce qu’il existe un lien
de subordination > Principe de la théorie des risques)

Responsabilité des parents :


Les parents sont responsables des faits juridiques de leurs enfants car ils exercent sur eux un droit de garde et
un devoir de surveillance. Toutefois, la présomption de faute n’a lieu que sous certaines conditiones c'est-à-dire
lorsque le dommage résultant d’un acte illicite est causé par l’enfant mineur habitant chez ses parents selon
l’article 87. Cette présomption a un effet simple puisque les parents peuvent apporter la preuve qu’ils ont bien
éduqué leurs enfants et qu’ils n’ont pas pu empêcher le fait dommageable qui a donné lieu à cette
responsabilité.

Responsabilité des artisans :


Les artisans répondent des faits et actes fautifs de leurs apprentis (Pendant le temps de leur surveillance) car ils
ont un devoir de surveillance sur eux selon l’article 85, paragraphe 3 et 4 à moins qu’ils n’apportent la preuve
qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu a cette responsabilité. Le fait de la présomption est en
conséquence simple, et le fondement de cette responsabilité repose sur le fait du bénéfice de l’activité exercée
par l’artisan (Théorie des risques)

La responsabilité des commettants :


Sont responsables du dommage causé par leurs préposés car ils bénéficient de l’activité exercée par ces
préposés subordonnés et doivent en supporter les conséquences. La présomption de faute est conditionnée par
l’existence du lien de subordination et par la survenance de la faute du préposé pendant l’exercice de ses
fonctions (Article 85 et 85 bis)

En définitif, la responsabilité du fait d’autrui, repose sur l’autorité qui existe entre les deux parties concernées et
le responsable ne peut s’exonérer et dégager sa propre responsabilité qu’en établissant la rupture du lien
d’autorité.

Section 3 : Du fait des choses et des animaux


Les choses inanimées, les bâtiments et les animaux en principe sont certes les causes les plus habituelles du
dommage. L’article 88 du DOC énonce que "Chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu’il a
sous sa garde…" (Sans pour autant donner un définition de la chose ou de la garde)

Responsabilité des choses :


- La chose : Est un terme très vague de la langue française et la jurisprudence a considéré la chose et lui a
appliqué ce régime (Non seulement les véhicules à moteur mais aussi les objets les plus divers comme la
bicyclette, les arbres, la neige, le plomb de chasse…) Sont éliminés, par ailleurs, de cette classification les
parties du corps de l’Homme, sa pensée même matérialisée (Les écrits) et tous les biens inaliénables (Les
choses qui n’appartiennent à personne (La mer) Ces derniers ne peuvent donné lieu à une garde. De même sont
éliminés, les animaux (Article 86 du DOC) ainsi que les bâtiments en cas d’écroulement (Article 89 du Doc)
(Article 88 du DOC)

- La garde de la chose : Est l’usage, la direction et le contrôle de cette chose. En général, c’est le propriétaire
(Sauf s’il a transféré la garde pour une autre personne) qui est le gardien de la chose et ipso facto responsable
de tous les dommages résultant de cette chose. Cette responsabilité est présumée et trouve son fondement dans
la théorie de risque.

Responsabilité des animaux :


- Conditions : Le prioritaire de l’animal ou celui qui en a la direction, l’usage ou le contrôle est responsable du
fait dommageable causé par l’animal (Article 86 du DOC) Cette responsabilité trouve son fondement elle aussi
dans la théorie de risque et sa mise en œuvre est liée aux conditions suivants :
- Que l’animal ait un prioritaire (Pas un animal errant)
- Qu’il ait eu un rôle actif dans le dommage.

- Exonération : Le gardien ne peut s’exonérer même si l’animal est égaré ou échappé sauf en évoquant la force
majeure, le faite d’un tiers ou la faute de la victime. La responsabilité étant présumée, le fardeau de la preuve
repose au le gardien.

Responsabilité du fait d'un bâtiment en état de ruine :


Le propriétaire de l’édifice ou autre construction est présumé responsable de sa ruine, provenant d’un défaut
d’entretien ou d’un vice de construction. La chute ou la ruine partielle des accessoires du l’immeuble, engage
de même la responsabilité du propriétaire qui est également fondée sur la théorie des risques (Celui qui tire un
bénéfice de la situation donnée doit supporter le risque de cette situation)

Chapitre III : Cas particuliers de la responsabilité délictuelle


Le propriétaire de l’édifice ou autre construction est présumé responsable de sa ruine, provenant d’un défaut
d’entretien ou d’un vice de construction. La chute ou la ruine partielle des accessoires du l’immeuble, engage
de même la responsabilité du propriétaire qui est également fondée sur la théorie des risques (Celui qui tire un
bénéfice de la situation donnée doit supporter le risque de cette situation)

Section 1 : Responsabilité de l’Etat et de ses agents


Le législateur précise notamment dans les articles 79 et 80 l’étendu et la nature de la responsabilité de l’Etat et
ces dénombrements, des dommages causés par ses agents lors de l’exercice de leurs fonctions. Et aussi suite au
fonctionnement de différentes administrations de l’Etat, une responsabilité personnelle repose sur ses agents du
fait de tous les dommages résultant de leur dol ou de leur faute lourde pendant l’exercice de leur mission. La
substitution de l’Etat à ses agents, ne peut avoir lieu.

Section 2 : La responsabilité des magistrats


Selon l’article 81 du DOC, le magistrat est responsable civilement envers la partie lésée lorsqu’un forfait ne
remplit pas les devoirs de sa charge. Cette responsabilité, se trouve aggravée en cas de corruption. De même la
réforme du code pénal renforce l’immunité pour les dénonciateurs. Par ailleurs, le code pénal marocain dispose
dans son article 242, que tout magistrat, tout fonctionnaire public qui, avec l’intention de nuire ou
frauduleusement détruire ou supprimer les pièces, titres, actes ou effets mobiliers dont il était dépositaire en
cette qualité ou qui lui ont été communiqués à raison de ses fonctions est puni de la réclusion de 5 à 10 ans.

Section 3 : La responsabilité d’un possesseur de chose


Le possesseur peut être de bonne foi comme il peut être de mauvaise foi. Lorsqu’il est de bonne foi, il considère
que les fruits de la chose sont les siens et agis en conséquence.

Bonne foi :
Détenir un bien dans le cadre d’un contrat qu’il ignore valable. Dans ce cas, selon l’article 103 du DOC, ce
possesseur ne sera tenu de restituer que les fruits de cette chose.

Mauvaise foi :
Celui qui continue à détenir un bien tout en sachant qu’il appartient à autrui, le possesseur de mauvaise foi doit
restituer non seulement la chose, mais aussi tous les fruits naturels et civils. De plus, le possesseur de mauvaise
foi supportera les frais de restitution de la chose et ne sera remboursé que sur les dépenses nécessaires à la
conservation de la chose et à la perception des fruits. L’article 101 précise que ce remboursement ne peut être
réclamé par le possesseur de mauvaise foi que sur la chose elle-même. Il supporte aussi les risques de la chose
même par cas fortuit ou de force majeure et doit en cas de perte de la chose ou de sa détérioration payer sa
valeur telle qu’estimée au jour où la chose lui est parvenue.

Le possesseur qu’il soit de bonne ou de mauvaise foi :


Lorsqu’il donne une plus-value importante à une chose mobilière grâce à son effort personnel et son travail
peut garder la chose à charge pour lui de rembourser la valeur de la chose en matière initiale ainsi qu’une
indemnité que le tribunal fixera en tenant compte de l’intérêt légitime du possesseur ainsi que de la valeur
d’affection que la chose avait pour lui (Article 140)

Chapitre IV : Mise en œuvre


L’exercice de l’action :
Les parties en présence sont:
- Le demandeur ou l’appelant qui est la victime.
- Le défendeur ou l’intimé qui est l’auteur du dommage sur lequel repose une présomption de responsabilité.

Les conditions de compétence d’attributions :


- Compétences des différentes juridictions : Civile, pénale, commerciale, administrative.
- Compétences territoriales : Doivent être respectées au même titre que les questions procédurales.

La réparation du dommage :
Le calcul des indemnités et l’évaluation des dommages-intérêts s’effectuent en principe à la date du prononcé
de jugement. Le montant des indemnités est calculé en fonction du préjudice subi et il est alloué sous forme de
capital ou à vie. En dernier lieu, la charge de réparation repose sur l’assurance responsabilité civile qui se
substitue à son assuré responsable et effectue généralement à sa place les paiement.

La faute est classiquement considérée comme étant le fait générateur de la responsabilité délictuelle et la
responsabilité civile contractuelle.

De nombreuses hésitations de la jurisprudence démontrent le déclin de la responsabilité pour faute et


l’aboutissement à une responsabilité présumée sans faute, basée sur la théorie de risque. L’objectif de la
responsabilité civile étant l’indemnisation des victimes, encore faut-il motiver la raison pour laquelle l’auteur
d’un dommage sera tenu de le réparer. La responsabilité sera aggravée notamment celle des professionnels pour
une meilleure protection de la partie faible économiquement. En réalité la notion de responsabilité délictuelle
laisse souvent croire à un seul fait générateur de responsabilité qui est la faute. Certes la faute est la source
principale et originelle de responsabilité, mais qui se trouve actuellement inadaptée au contexte socio-
économique et juridique moderne. En conséquence, elle se trouve élargie et objectivée pour englober également
d’autres situations laissant la place à de nouveaux fondements de la responsabilité, et ce, pour une meilleure
intimidation (Réparation) de victime.

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