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DOIT PRIVE

La classification des infractions

Il existe plusieurs types d’infractions d’intensité variable et de nature diverse.


Dès l’instant qu’un fait troublant l’ordre social est établi, il y a infraction. Il
s’avère alors nécessaire de classer les infractions.

Alors, comment les infractions peuvent-elles être classées ?

En tout cas, la doctrine est très divisée sur les critères de classification à retenir.
Certains auteurs les classent selon leur contenu alors que d’autres vont mettre
l’accent sur le critère psychologique. Le code pénal sénégalais quant à lui va
classer les infractions en tenant compte de leur gravité et de leur nature. C’est
cette dernière classification qui sera retenu dans le cadre de notre réflexion.

Dès lors, l’articulation de notre étude va être orientée autour de deux séquences
majeures. Il s’agit de voir dans un premier temps, la classification qui découle
de la gravité des infractions et dans un second temps la classification qui est
basée sur la nature des infractions.

I – La classification fondée sur la gravité

L’article premier du code pénal sénégalais classe les infractions en fonction de


leur gravité. Il distingue ainsi les contraventions et les crimes et délits

A – Les contraventions

Aux termes de l’article premier du code pénal « l’infraction que les lois
punissent de peine de police est une contravention ». Donc, la contravention est
punie par la peine de police, c'est-à-dire un emprisonnement d’un jour à un mois
et une amende de 200 à 20000 francs. Les contraventions désignent les

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infractions les moins graves qui révèlent moins une atteinte aux normes
fondamentales de l’ordre social qu’une indiscipline à l’égard des règles de la vie
en commun, c’est la raison pour laquelle la sanction est allégée. Il en est
autrement des délits et des crimes.

B – Les délits et les crimes

Aux termes de l’article premier in fine « l’infraction que les lois punissent de
peines correctionnelles est un délit ; l’infraction que les lois punissent de peines
afflictives et infâmantes est un crime ». Les délits constituent une transgression
d’une norme sociale importante, c’est pourquoi les délits sont sanctionnés d’une
peine d’un mois sans dépasser 10 ans et d’une amende supérieure à 20000
francs. Alors que les crimes constituent les infractions les plus graves qui
révèlent une atteinte des fondements de la société. Ils sont punis par les peines
afflictives (perpétuité avec travail forcé ou emprisonnement avec ou sans travail
forcé) et infâmantes (la dégradation civique). Par ailleurs les infractions peuvent
être classées selon leur nature.

II – La classification fondée sur la nature

Selon leur nature on peut distinguer d’une l’infraction de droit commun et


l’infraction politique et d’autre part l’infraction militaire de l’infraction
terroriste.

A – L’infraction de droit commun et l’infraction politique

On entend par infraction de droit commun, les infractions d’ordre général, il


peut s’agir soit d’une action soit d’une omission. Il s’agit ici de la transgression
d’une norme sociale dans un sens général. L’infraction politique quant à elle est
celle dont l’objet est politique ou le mobile est politique. Dans le premier cas,
l’infraction doit porter atteinte à un intérêt politique, c’est le cas de la haute

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trahison, de l’atteinte à la suret é de l’Etat ou de l’espionnage. Dans le second
cas, l’infraction doit être guidée par un but politique, son mobile est politique.

B – L’infraction militaire et l’infraction terroriste

Constitue une infraction militaire, toute transgression à la discipline militaire.


Néanmoins, il faut distinguer les infractions purement militaires qui sont de la
compétence du tribunal militaire, des infractions de droit commun commis par
les militaires à l’occasion de l’exercice de leur mission qui relèvent de la
compétence des juridictions de droit qui, le cas échéant, doivent s’adjoindre des
assesseurs militaires ayant le même grade que l’accusé. L’infraction terroriste
elle, est prévue par l’article 279-1 du code pénal, elle correspond à tout acte
ayant pour but de troubler l’ordre public ou le fonctionnement normal des
institutions nationales et internationales, par l’intimidation et la terreur.

LA TENTATIVE PUNISSABLE

Le délinquant ne parvient pas toujours à ses fins, il peut échouer au cours de son
action, en ne réalisant que le commencement d’exécution d’une infraction.
Ainsi, il y a tentative punissable lorsque le crime ou le délit projeté, prévu par la
loi, s’est manifesté par un commencement d’exécution et que celle-ci n’a été
suspendue ou qu’elle n’a manqué son effet qu’en raison de circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur.

Alors, à partir de quel moment une tentative d’infraction est réprimée ?

Dans la pratique, la répression de la tentative apparait comme une mesure qui


tend à sanctionner toute personne animée d’une réelle volonté de transgresser la
loi pénale, même si cette volonté ne s’est pas matérialisée.

La structuration de notre devoir va se faire autour de deux points essentiels. Il


s’agit de voir d’abord les conditions de la tentative punissable et ensuite voir la
répression de celle-ci

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I – Les conditions de la tentative punissable

Il y a tentative punissable lorsque d’abord il ya un commencement d’exécution


d’un acte interdit par la loi et qu’ensuite son auteur s’est désisté de manière
involontaire.

A – Le commencement d’exécution

Le commencement d’exécution correspond à la quatrième phase du chemin du


crime (iter criminis). Lorsque l’agent a commencé d’accomplir l’une des
opérations matérielles figurant parmi les éléments constitutifs de l’infraction, on
estime alors qu’il y a commencement d’exécution. Ce dernier doit être assorti
d’un acte unique qui ne prête pas de confusion. A cette conception objective
s’ajoute l’intention irrévocable de commettre l’infraction. Dès lors, le
commencement d’exécution requiert deux éléments : l’un objectif qui renvoie à
la proximité de l’acte matériel d’exécution de l’acte interdit et l’autre subjectif,
qui renvoie à la ferme volonté de commettre l’infraction. Selon la jurisprudence,
il s’agit de « l’acte qui tend directement au délit avec l’intention de le
commettre »

B – Le désistement involontaire

Selon l’article 2 du code pénal, la tentative d’une infraction n’est punissable que
si elle a été suspendue par des circonstances indépendantes de la volonté de son
auteur. Donc, la loi exige que l’interruption de l’action soit la conséquence de
l’intervention de circonstances indépendantes de la volonté de l’agent. En effet,
la suspension de l’activité délictueuse doit être le fait d’une cause extérieure,
présentant les caractères de la contrainte. Il en est ainsi de l’intervention de la
police, du déclenchement d’une alarme ou de l’arrivée d’un vigile qui conduit
l’auteur a renoncé à son forfait. Alors l’absence de désistement volontaire
entraine la punition de son auteur. C’est ce qui nous conduit à voir la répression
même de la tentative infructueuse d’infraction.

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II – La répression de la tentative

Au Sénégal, le législateur a prévu que l’auteur d’une tentative d’infraction sera


sanctionné comme s’il avait atteint le but projeté. Toutefois la répression n’est
pas générale. Il convient alors de voir le domaine de la répression avant de voir
ensuite la mesure de celle-ci

A – Le domaine de la répression

Il résulte de l’interprétation des dispositions du code pénal que la tentative est


toujours punissable en matière criminelle. Alors qu’en matière correctionnelle,
elle n’est punissable que si un texte le prévoit expressément. Par exemple les
tentatives de délit d’escroquerie, de vol ou d’avortement sont punies par la loi.
D’autres délits échappent à cette répression, c’est le cas de l’abus de confiance
ou de la violation de domicile. En ce qui concerne la tentative de contravention,
elle n’est pas punissable. Par ailleurs, l’auteur de la tentative d’infraction est
sanctionné de façon énergique.

B – La mesure de la répression

L’article 2 du code pénal pose le principe de l’identité des sanctions encourues


d’une infraction consommée et pour l’auteur de la même infraction lorsqu’elle a
été simplement tentée. Partant de l’idée que le coupable a commis l’infraction
autant qu’il lui était possible, on rejette donc, toute idée d’adoucissement de
peine pour fait de tentative. Cette solution se fonde davantage sur l’état d’esprit
de l’agent que sur la réalité des actes accomplis par cet agent. Par-là, le
législateur entend défendre la société, de personnes dangereuses susceptibles de
commettre des transgressions aux normes produites par celle-ci.

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Le résultat de l’infraction

L’infraction pénale est comprise comme toute action ou omission de l’homme


prévue et punie par la loi pénale. C’est en raison de la survenance d’un résultat
prohibé que le droit pénal est amené à intervenir. Le résultat de l’infraction,
objet de notre étude, ne couvre pas seulement les effets de l’infraction, il est le
stade à partir duquel un comportement entre dans le champ répressif.

Alors, le résultat est-il toujours nécessaire pour retenir la responsabilité de


l’auteur d’un comportement interdit ?

En réalité, le droit pénal ne sanctionne pas seulement l’existence d’un résultat


prohibé car la sanction peut intervenir même si ce résultat n’est pas atteint, ceci
pour mieux préserver l’intérêt général.

Dès lors, notre étude va être orientée autour de deux séquences majeures. Il
s’agit de voir dans un premier lieu les infractions nécessitant un résultant et dans
un second lieu celles qui sont indifférentes au résultant.

I – Les infractions nécessitant un résultant

La constitution de certaines infractions est subordonnée à l’existence d’un


résultat interdit. Il en est ainsi des infractions matérielles et de la tentative
punissable.

A – L’’infraction matérielle

On parle d’infraction matérielle lorsque celle-ci nécessite un résultat concret,


physique, ou encore matériel. Ce résultat, en tant qu'élément d'extériorisation de
la volonté criminelle, est toujours requis. C’est l’exemple du meurtre qui est
établi lorsqu’il y a un résultat concret à savoir la mort d’autrui. En effet, le
résultat qui détermine la sanction pénale est le résultat légal, c'est-à-dire le
résultat interdit par la loi. Ce résultat est à rechercher dans les textes

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d'incrimination du code pénal. Les infractions matérielles exigent
obligatoirement un résultat sans lequel elles ne peuvent se constituer.

B – La tentative punissable

L'auteur de la tentative a l'intention de porter atteinte à une valeur ou un bien


juridique protégés, et le fait qu'il n'y parvienne pas matériellement avec
l’absence de résultat concret, n'empêchera pas sa répression, car le résultat
abstrait sera atteint. L'absence de désistement volontaire est la seconde condition
de la tentative après le commencement d’exécution. Il faut ainsi que l'exécution
ait été suspendue ou ait manqué son effet en raison de circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur. La tentative punissable concerne
donc l'individu qui s'est désisté en raison d'une cause extérieure. La
détermination du caractère endogène ou exogène du désistement est parfois
difficile.

II – Les infractions indifférentes au résultat

Dans certaines hypothèses, le résultat va importer, peu pour la qualification de


l’infraction. Il en est ainsi de l’infraction formelle et de l’infraction obstacle.

A – L’infraction formelle

Elle ne comporte pas, dans ses éléments constitutifs, de résultat. Elle réprime ce
qui pourrait être considéré comme un commencement d’exécution. Parfois, elle
constitue même la répression d’un acte préparatoire normalement non
punissable. C’est l’exemple du crime d’empoisonnement qui est établi par la
seule administration de substance toxique, la mort importe peu. Leur
consommation sera plus rapide que les infractions matérielles puisqu’elle
intervient au début du chemin du crime, elle est donc plus facilement réprimée,
il suffit de rapporter la preuve de la commission de l’acte réprimé.

B – L’infraction obstacle

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En droit pénal, l’infraction obstacle est celle dont la définition légale ne
sanctionne pas le résultat d’un acte dommageable mais l’accomplissement
d’actes préparatoires. Il en est ainsi de l’association de malfaiteurs qui vise à
réprimer le fait de se rassembler en vue d’organiser la commission d’un crime
ou d’un délit. On peut également citer, le délit de port d’arme prohibé,
l’infraction est constituée même si aucune victime n’est à déplorer. L’infraction
obstacle ne sanctionne pas la commission d’infraction car l’acte répréhensible se
situe en amont du chemin du crime et est indépendant de la réalisation d’un
préjudice au détriment d’autrui.

LA LEGITIME DEFENSE

Parfois un acte infractionnel n’est réalisé qu’en raison de certaines


circonstances démontrant la nécessité sociale de le commettre. C’est à cet effet
que l’article 316 du code pénal dispose, qu’« il y a ni crime, ni délit, lorsque
l’homicide, les blessures et les coups étaient commandés par la nécessité
actuelle de la légitime défense de soi-même ou d’autrui ». Ainsi, le droit affirme
l’existence d’un véritable droit de se défendre en raison de l’utilité sociale de
l’acte défensif.

Alors, quelles sont les différentes conditions relatives à la légitime défense ? Et


quels effets peut-elle produire sur l’auteur de l’infraction ?

Différentes théories ont été élaborées par la doctrine pour tenter de justifier la
légitime défense. II en est ainsi du système de la rétribution du mal par le mal,
du système des mobiles déterminants ou du système de la collision des droits.
D’où l’intérêt théorique du sujet.

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L’étude du sujet va s’articuler autour de deux séquences essentielles. II s’agit de
voir d’abord les conditions de la légitime défense et ensuite les effets relatifs à
celle-ci.

I- Les conditions de la légitime défense.

La légitime défense fait appel à des conditions relatives à l’agression d’une part
et à la riposte d’autre part.

A- Les conditions relatives à l’agression.

La nécessité de commettre un acte qui est normalement une infraction peut avoir
été créée par une agression. Celle-ci doit être réelle, actuelle et injuste. En effet,
l’agression ne doit pas être hypothétique, la réalité de l’agression ne doit pas être
contestée. Ainsi, il doit s’agir d’une agression injuste. Ne constitue pas une
agression injuste, par exemple, un agent de police qui appréhende un délinquant
pour le menotter.

A ces conditions relatives à l’agression, la légitime défense fait intervenir des


conditions relatives à la riposte.

B - Les conditions relatives à la riposte.

La légitimé de la riposte effectuée par un individu agressé repose sur le caractère


défensif de cette riposte. Se défendre est un droit et un devoir. La légitime
défense est donc une situation compatible avec le droit. Toutefois, la riposte doit
être proportionnelle, mesurée et nécessaire. L’exigence du caractère nécessaire
de l’acte de défense est indispensable à l’affirmation de sa légitimité. Et que la
riposte doit être le seul et unique moyen de défense. Une fois les conditions de la
légitime défense remplies, l’auteur de l’acte infractionnel va voir sa
responsabilité pénale complètement écartée.

II- Les effets de la légitime défense.

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La légitime défense est un fait qui justifie l’acte qui a violé la loi pénale et à ce
titre il y a une irresponsabilité pénale de l’agent pénal.

A- La justification de l’acte infractionnel.

La mesure de la nécessité de l’acte de défense est essentielle dans la nécessité de


la riposte. Celui qui se défend n’est pas à l’initiative de la violation de la loi
pénale, il répond à un instinct de se préserver ou de sauvegarder autrui. C’est
pourquoi, certains auteurs ont défendu la thèse de la rétribution du mal par le
mal. C’est le mal crée par l’agresseur qui justifie entièrement le mal crée par
l’agressé. Ce dernier, protège donc les valeurs essentielles de la société, c’est la
raison pour laquelle il est entièrement exonéré de sa responsabilité pénale.

B- L’irresponsabilité de l’auteur de l’acte infractionnel.

Lorsque toutes les conditions relatives à l’agression d’une part et à la riposte


d’autre part sont réunies l’auteur de l’acte défensif va être exonéré de sa
responsabilité pénale alors que tous les éléments constitutifs de l’infraction sont
présents. C’est-à-dire qu’il échappe à la répression même si son comportement
correspond à l’élément matériel décrit par loi et qu’il a agi en toute connaissance
de cause. Alors, la disparition de la responsabilité pénale est due à une cause
objective qui a supprimé le caractère illégal ou illicite de l’évènement obtenu, et
rend impossible la reconnaissance de la responsabilité pénale de l’auteur de
l’acte.

La responsabilité pénale du mineur

Le tribunal pour enfant, né aux Etats Unis à la fin 19 ème siècle, a été
institutionnalisé dans le souci de soustraire l’enfant, à la rigueur de la loi pénale.
Il a été adopté par la plupart des pays africains à l’instar du Sénégal. Il s’agit là
pour le législateur de mettre l’accent sur l’éducation plus que sur la répression.

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Le code pénal sénégalais distingue ainsi le mineur de moins de 13ans et le
mineur de 13 ans et plus, avec des responsabilités distinctes.

Alors quel régime de responsabilité s’applique au mineur délinquant ?

L’intérêt pratique du sujet réside dans le fait que le délinquant mineur n’est pas à
l’abri de poursuites pénales, en cas de commission d’une infraction pénale. Et
que l’engagement de sa responsabilité pénale dépendra de l’âge du mineur.

Donc, il est nécessaire d’étudier la responsabilité pénale du mineur de moins de


13 ans dans un premier temps avant d’étudier celle du mineur de plus de 13 ans.

I – La responsabilité pénale du mineur de moins de 13 ans

Lorsqu’un âgé de moins de 13 ans commet une infraction pénale, le juge le


déclare pénalement irresponsable. Cependant, certaines peuvent être prises pour
éduquer le mineur délinquant

A – L’irresponsabilité du mineur

Le mineur âgé de moins de 13 ans est déclaré pénalement irresponsable par le


juge pénal car sa capacité de discernement n’est pas établie, il ne sait pas encore
apprécier la gravité des actes qu’il pose. Et même l’article 578 alinéa 2 du code
de procédure pénale permet au tribunal de dispenser le mineur de comparaître si
son intérêt l’exige. Aussi, le juge peut ordonner que le mineur se retire
momentanément de l’audience, s’il estime de faire certaines remarques aux
parents sur l’éducation de leur enfant. Bien que le juge des mineurs ne puisse
prononcer une peine d’emprisonnement contre le mineur de moins de 13 ans, il
peut néanmoins prendre des mesures coercitives à son égard. Il faut préciser que
l’irresponsabilité de ce mineur, ne signifie pas l’irrecevabilité de la constitution
de partie civile des victimes. La faute commise par le mineur doit être réparée
par son civilement responsable.
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B – Les mesures possibles

Le code de procédure pénale est muet en ce qui concerne le mineur de moins de


13 ans. Ce silence doit être interprété comme l’impossibilité de retenir sa
responsabilité pénale. Lorsque la responsabilité de ce mineur est reconnue,
différentes mesures peuvent être prises pour favoriser sa rééducation. Il s’agit
comme première mesure de la remise à ses parents, à son tuteur, à la personne
qui en avait la garde où à une personne digne de confiance. Ensuite dans une
seconde mesure le mineur est placé dans une institution ou un établissement
public ou privé d’éducation ou de formation professionnelle habilité. La
troisième mesure possible c’est le placement dans un établissement médical ou
médicopédagogique habilité. Enfin la quatrième mesure c’est le placement dans
un internat approprié aux mineurs délinquants d’âges scolaires.

II – La responsabilité pénale du mineur de plus de 13 ans

Lorsque le mineur qui a commis l’infraction est âgé de 13 ans et plus. Alors, le
tribunal pour mineur peut engager sa responsabilité pénale. Cependant, le
législateur exige une diminution de la peine.

A – L’engagement de la responsabilité pénale

Etre responsable, c’est répondre des conséquences dommageables de son acte.


Si une infraction est commise par un enfant mineur de plus de 13 ans. Le juge
pour mineur va d’abord regarder la personnalité de cet enfant et ensuite les
circonstances qui l’ont amené à violer la loi pénale. C’est ce qui ressort de
l’article 52 du code pénal qui retient que la condamnation pénale n’est admise
que lorsque les circonstances et la personnalité du jeune délinquant l’exige.

B – L’excuse de minorité

Le législateur sénégalais a prévu deux causes de diminution de la peine. Il s’agit


de l’excuse de provocation et de l’excuse de minorité. Pour cette dernière, il

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s’agit du mineur de 13 ans et plus. En cas de transgression de la loi pénale, le
juge va donner, lorsque les circonstances et la personnalité du jeune délinquant
paraitront l’exiger, une peine égale à la moitié de la peine, normalement
encourue par le majeur capable. En effet, dans la législation pénale des mineurs,
l’éducation et la protection sont privilégiées.

La complicité
La réalisation d’une infraction pénale peut être l’œuvre de plusieurs personnes.
Toutefois, il est rare que tous les participants à une même infraction jouent un
rôle égal dans sa réalisation. L’Agent pénal participe le plus souvent à l’acte
infractionnel en qualité d’auteur ou de coauteur. Aussi, il peut n’être que le
complice de l’auteur de l’infraction, c'est-à-dire celui qui l’aide dans la
préparation ou l’exécution de l’infraction. Donc la complicité consiste à
l’entente momentanée entre deux ou plusieurs personnes dans le but d’accomplir
une infraction déterminée.

Alors, que renferme le concept de complicité ? Est-elle toujours punissable ?


Comment est-elle réprimer ?

Le sujet renferme un intérêt particulièrement pratique. En effet, même si la


complicité apparait nettement distincte d’autres formes de participation à
l’infraction, la mise en œuvre de la responsabilité pénale du complice va
dépendre de la responsabilité pénale de l’auteur de l’infraction.

Ainsi étudier la complicité reviendrait à s’interroger successivement sur les


conditions de son existence et sur sa répression.

I Les Conditions de la Complicité

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La complicité punissable met en exergue essentiellement deux conditions. Il
s’agit d’abord d’un fait principal punissable et ensuite de la participation à ce
fait principal.

A- Le fait principal punissable

La complicité n’est faite qu’accessoirement à un fait principal punissable auquel


elle est rattachée. Cela signifie, qu’elle suppose nécessairement une pluralité de
protagonistes qui vont réaliser ensemble une même action délictueuse mais avec
un degré de participation différent. De ce fait, la criminalité du complice n’est
pas une criminalité auto elle est dépendante de celle de l’auteur principal. Il faut
préciser que la complicité se rattache plus à l’infraction ou la tentative
d’infraction qu’à l’auteur. En effet, le complice peut être poursuivi alors que
l’auteur principal ne l’est pas pour deux causes légales ou personnelles.

B – La participation au fait principal

Cette participation au fait principal renvoie aux conditions matérielles et


intellectuelles nécessaires à la répression de la complicité. D’abord, les actes
matériels de la complicité sont décrits à l’article 46 du code pénal. Les actes de
complicité sont l’instigation, la fourniture de moyens et l’aide ou l’existence.
Tout acte de complicité doit revêtir certain caractères inhérents à sa nature
secondaire ou accessoire à l’activité principale de l’auteur. Ainsi, l’acte du
complice est nécessairement un acte positif et antérieur ou concomitant à la
réalisation du fait principal punissable. Ensuite, le complice ne peut participer au
fait principal punissable que volontairement et en connaissance de cause. Donc,
il doit agir intentionnellement et doit avoir aussi une conscience ou une
connaissance claire de la matérialité comme de l’illégalité du fait principal.
Lorsqu’elle est établie, la complicité est sanctionnée au titre que l’auteur du
comportement interdit.

II – la répression de la complicité

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La complicité est sanctionnée de la même peine que l’auteur principal de
l’infraction en vertu de la règle de la théorie de l’emprunt de criminalité.
Toutefois l’application de cette règle peut connaitre des variations.

A- La règle de la théorie de l’emprunt de criminalité

Cette règle est posée par l’article 45 du code pénal qui dispose « Les complices
d’un crime ou d’un délit seront punis de la même peine que les auteurs et
coauteurs ». D’où l’adage « l’auteur et le complice d’une infraction vont être
cousus dans le même sac ». En effet, l’acte de complicité se rattache plus à
l’infraction elle-même qu’à son auteur et par conséquent, leur responsabilité va
être identique. Même si les peines encourues par l’auteur de l’infraction et le
complice sont les mêmes, le juge n’a pas l’obligation de prononcer des peines
identiques pour les deux. Alors l’application de cette règle peut connaitre des
variations.

B- L’application de la règle

Le complice peut être puni d’une peine plus forte de celle de l’auteur principal et
vice versa. En présence de cause d’aggravation ou atténuation personnelles à
l’auteur, le complice ne peut voir appliquer l’aggravation ou l’atténuation. En
effet, ces circonstances modifient la responsabilité personnelle de cet auteur
mais ne modifient pas la qualification de l’acte en lui-même. C’est le cas de
récidiviste, de parricide, de mineur, d’une immunité familiale ou des causes de
non imputabilité. De ce fait, le juge dispose à l’égard du complice les mêmes
pouvoirs d’appréciation et d’individualisation qu’à l’égard d’autres participants
à l’infraction.

Les causes d’irresponsabilité pénale


Un acte infractionnel peut être commis, son auteur identifié et pourtant sa
responsabilité pénale ne sera pas retenue car des circonstances objectives ou

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subjectives ont concourues et font que cette personne va se voir dégager de toute
responsabilité pénale. C’est le cas des causes d’irresponsabilité pénale objet de
notre réflexion. Par causes d’irresponsabilité pénale on entend, des motifs ou des
considérations de fait qui viennent justifiées l’irresponsabilité pénale de l’auteur
d’un comportement social prohibé.

Alors, quelles sont les différentes causes qui peuvent exonérer la responsabilité
pénale de l’auteur d’un comportement pénalement sanctionné ?

L’étude des causes d’irresponsabilité pénale fait ressortir un intérêt très pratique.
En effet, il s’agit de circonstances qui permettent à un individu qui n’a pas agi
en toute liberté ou en connaissance de cause, de pouvoir se dégager de toute
responsabilité pénale puisqu’il n’a pas sciemment voulu le résultat produit.

Dès lors, l’étude du sujet va être articulée autour de deux axes essentiels : Il
s’agit de voir d’abord les causes subjectives d’irresponsabilité pénale et ensuite
les causes objectives de non responsabilité pénale.

I – Les causes subjectives d’irresponsabilité pénale

La disparition de la responsabilité pénale peut être due à des causes subjectives.


Certaines circonstances tenant à l’individu poursuivi, vont écarter la
responsabilité pénale de cet individu. Ces causes peuvent être soit légales soit
jurisprudentielles.

A – Les causes subjectives légales

Affectant l’existence des facultés mentales essentielles, les causes subjectives


légales de non responsabilité sont prévues à l’article 50 du code pénal
sénégalais. L’alinéa premier de cette disposition met en relief l’état de démence,
caractérisé par l’altération des facultés mentales de l’auteur du comportement
interdit au moment de la consommation de l’infraction. En effet, il faut qu’il y
ait concomitance entre le trouble mental et la survenance de l’infraction.

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L’alinéa second quant à lui, va exonérer l’auteur de l’infraction lorsque celui à
été contraint par une force à laquelle il n’a pas pu résister. La force
contraignante peut être physique ou morale, ou encore externe ou interne.

B – Les causes subjectives jurisprudentielles

Lorsqu’un enfant mineur commet une infraction à loi pénale, le juge pénal va
décider de son irresponsabilité totale si cet enfant est âgé de moins de 13 ans,
seules des mesures éducatives sont possibles. S’agissant du mineur de plus de 13
ans, le juge peut lui donner une peine égale à la moitié de celle normalement
encouru par le majeur, si la personnalité de ce mineur et les circonstances de la
réalisation de l’infraction paraîtront l’exiger. Ensuite, l’erreur peut exonérer
l’auteur d’un comportement incriminé. Cette erreur doit être déterminante, il
peut s’agir d’une erreur de droit c’est-à-dire celle qui a été induite par une
administration assermenter ou d’une erreur de fait qui porte sur une mauvaise
appréciation d’une structure donnée.

II – Les causes objectives d’irresponsabilité pénale

La disparition de la responsabilité pénale peut être due à des causes objectives.


Certaines circonstances dans lesquelles l’infraction a été accomplie font
disparaitre le caractère illégal de l’infraction et rendent impossible la
reconnaissance de la responsabilité pénale de tous les participants à l’acte. C’est
causes peuvent être légales ou jurisprudentielles

A – Les causes objectives légales

Aux termes de l’article 315 du code pénal « il n y a ni crime ni délit lorsque


l’homicide, les blessures et les coups étaient ordonnés par la loi commandés par
l’autorité légitime ». Par cette disposition, le législateur entend exonérer la
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responsabilité de toutes les personnes qui ont accompli un acte infractionnel en
exécutant un ordre qui émane de lui ou même qui découle du supérieur
hiérarchique, sauf que celle-ci ne doit pas être illégal. En outre, l’article 316 du
code pénal pose aussi une autre cause objective de non responsabilité à savoir la
légitime défense. Selon cette disposition « il n y a ni crime, ni délit lorsque
l’homicide, les blessures et les coups étaient commandés par la nécessité
actuelle de la légitime défense de soi-même ou d’autrui ». D’autres causes
objectives émanant de la jurisprudence peuvent aussi écarter la responsabilité
pénale des personnes ayant accompli un acte infractionnel.

B – Les causes objectives jurisprudentielles

La responsabilité pénale peut être écartée aussi par le juge en cas d’infraction
commis par pure nécessité ou du consentement même de la victime. Dans l’état
de nécessité il faut être en présence d’un danger pour soit même ou autrui et
l’infraction commise ait permis d’éviter le danger qui menaçait. La
jurisprudence retient comme état de nécessité la violation de domicile par des
pompiers pour éteindre un feu, dans l’immeuble voisin. En ce qui concerne le
consentement de la victime, certaines infractions supposent, pour être
constituées, de prendre en compte l’existence ou non du consentement de la
victime. Par exemple, l’infraction n’est pas constituée si par exemple la victime
accepte de participer en connaissance de cause à un sport violent, il y a pas de
coups volontaires si les règles du jeu sont respectées.

Peine et Mesure de sureté


La sanction pénale peut revêtir essentiellement deux formes. Il peut s’agir d’une
forme répressive, c’est-à-dire que la sanction vient réprimer la commission d’un

18
comportement prohibé ; il peut aussi s’agir d’une forme préventive, c’est-à-dire
que la sanction vient anticiper contre la probabilité d’une infraction future. Au
premier cas correspond la peine et au second la mesure de sureté. La peine et la
mesure de sureté, objet de notre réflexion, constituent des sanctions pénales
distinctes même si elles ont pour but de maintenir le bon ordre social et en
conséquence de lutter contre la criminalité.

Dès lors, l’on pourrait s’interroger sur ce qui distingue fondamentalement la


peine de la mesure de sûreté ?

Dans la pratique nous constatons que le prononcé de la peine ne peut intervenir


qu’après la manifestation de l’état dangereux alors que, dans la mesure de
sureté les autorités compétentes peuvent intervenir en amont dès qu’il y a
l’expression d’un état dangereux.

Etudier la peine et la mesure de sûreté reviendrait à s’interroger d’abord sur


leurs différences quant à la leur fonction et ensuite quant à leur domaine.

I – Des différences quant à leur fonction

A – La peine est répressive

B – La mesure de sûreté est préventive

II – Des différences quant à leur domaine

A – Quant à leur champ d’application

B – Quant aux acteurs intervenants

La diminution de la peine

Lorsqu’une infraction est commise et les auteurs identifiés, le juge va alors


prononcer la sanction afférente à la violation du comportement interdit.

19
Cependant, ce dernier est tenu de respecter une certaine fourchette
prédéterminée par le législateur. Le juge, en tant que juridiction de jugement,
dispose de très larges pouvoirs quant au choix de la peine mais tous ces pouvoirs
restent soumis aux limites légales. En effet, des peines illégales dans leur nature
et dans leur quantum ne peuvent pas être prononcées. Toutefois dans certaines
hypothèses, il est reconnu au juge la possibilité d’aller au-delà ou en deçà des
limites définies par la loi. Il en est ainsi des causes d’augmentation de la peine et
des causes de diminution de la peine. Ces dernières vont faire l’objet de notre
réflexion.

Dès lors, quelles sont les différentes causes qui peuvent faire amener le juge à
diminuer la sanction initialement prévue par la loi ?

La possibilité reconnue au juge de réduire la peine déterminée par la loi permet à


ce dernier de tenir compte de certaines circonstances qui ont concouru et qui ont
fortement contribué au passage de l’acte et la réalisation de l’infraction.

Il convient dès lors d’étudier dans un premier temps les causes de diminution et
ensuite dans un second temps les effets de cette diminution.

I – Les causes de diminution de la sanction

La loi a prévu des hypothèses dans lesquelles le juge va diminuer la peine, ce


sont les excuses atténuantes. Dans d’autres hypothèses c’est le juge lui-même
qui va diminuer la peine, ce sont les circonstances atténuantes.

A – Les excuses atténuantes

Il s’agit ici des excuses de provocation et de minorité. Les excuses de


provocation sont prévues aux articles 309 à 314 du code pénal sénégalais. Il en
est ainsi des meurtres et coups et blessures provoqués soit par des violences
envers des personnes soit en pourchassant l’escalade de mur, de clôture ou de
domicile ; du meurtre sur l’un des conjoints avec son complice si on les surprend

20
en flagrant délit d’adultère et de la castration provoquée par un outrage violent à
la pudeur. L’excuse de minorité quant à elle est prévue à l’article 52 du code
pénal et concerne le mineur âgé de plus de 13. Une excuse atténuante résulte
d’une circonstance qui, aux yeux de la loi, rend, soit les faits délictueux moins
graves qu’à l’accoutumée, soit la responsabilité du prévenu moins lourde que
d’ordinaire. Dans le premier cas on parle d’excuse atténuante réelle, dans le
second de circonstance atténuante personnelle.

B – Les circonstances atténuantes

Les circonstances atténuantes modifient la peine de l’infraction, dans sa nature,


dans sa durée ou dans sa quotité. Elles sont laissées à l’appréciation du juge, qui
peut les trouver dans toutes les causes qui affaiblissent soit la matérialité de
l’action, soit la culpabilité de l’agent, qui peut même les déclarer pour rectifier,
dans l’espèce qui lui est soumise, l’application d’une loi qu’il trouve trop sévère.
L’octroi d’une circonstance atténuante peut être la résultante de la mauvaise
éducation du délinquant ou de son extrême pauvreté ou encore de l’attitude
provocatrice de la victime.

II – Les effets de la diminution

La diminution de la peine permet au juge de pouvoir prononcer la sanction


pénale en allant en deçà du minimum légal pour diminuer la sanction pénale.
Mais cette diminution varie selon qu’il s’agit d’excuse atténuante ou de
circonstance atténuante.

A – Les effets des excuses atténuantes

Les excuses atténuantes sont légales. Le législateur a apporté des aménagements


aux fourchettes qu’il a prédéterminé lors du prononcé de la sanction pénale pour
ainsi permettre au juge de diminuer la peine qui devait être normalement
prononcer. En effet, lorsque le juge constate l’existence d’une excuse atténuante

21
il doit respecter les fourchettes indiquées par la loi. Ainsi, si le délinquant devait
être condamné à la perpétuité il encourt une peine de 2 à 10 ans ; s’il devait être
condamné pour crime à temps il encourt une peine de 2 à 5ans et s’il devait être
condamné pour délit il va prendre une peine inférieure à 6 mois. Cela se justifie
par le fait qu’il a été provoqué et en réponse à cette provocation il a réalisé
l’infraction donc ne résultant pas de sa propre initiative.

B – Les effets des circonstances atténuantes

Les circonstances atténuantes sont judiciaires. Elles sont l’œuvre du juge qui, au
regard des faits ayant motivé la commission de l’infraction, peut donner ou
refuser une circonstance atténuante. C’est ici l’un des pouvoirs du juge pénal qui
a la latitude d’octroyer ou non une circonstance atténuante en diminuant la peine
d’un degré ou de deux degré. Dans l’affaire du viol du Sieur Cheikh Yérim
Seck, le juge a retenu l’existence d’une circonstance atténuante compte tenu de
l’attitude provocatrice de la victime pour diminuer la peine de deux degrés.

L’augmentation de la peine

Le principe de la légalité criminelle interdit au juge de prononcer une peine


supérieure à celle édictée par le législateur. En principe, la sanction pénale est
proportionnée à la gravité de l’acte commis par le délinquant. Cependant dans
certaines circonstances légales, le juge en prononçant la peine peut aller au-delà
du maximum légal. C’est le cas des circonstances aggravantes qui vont
sensiblement augmenter la sanction initialement prévue par le législateur.
Alors, quelles sont les causes véritables qui peuvent faire augmenter la sanction
pénale ?

Dans la pratique, ces circonstances interviennent uniquement pour moduler la


hauteur de la répression de l’infraction. Lorsque surviennent certains faits
juridiques appelés circonstances aggravantes, le législateur a expressément
prévu que le délinquant sera frappé d'une peine plus élevée que la peine
22
normalement encourue pour l'infraction commise. Le but du législateur est ici
de sanctionner sévèrement certaines personnes qui devraient obéir à un devoir
particulier de respect ou de probité compte tenu de leur passé criminel.

Dès lors, l’étude de l’augmentation de la peine va être articulée autour de deux


séquences majeures. Il s’agit de voir d’abord les différentes causes
d’augmentation de la peine avant de voir ensuite les effets de celle-ci.

I – Les différentes circonstances augmentant la peine

A – Les circonstances personnelles : la récidive

B – Les circonstances réelles et mixtes

II – Les effets de ces circonstances

A – Les effets de la récidive

B – Les effets des circonstances réelles et mixtes

Le cumul d’infraction

Le droit pénal contient des notions spécifiques dont l'application peut se révéler
particulièrement technique. Il en est ainsi du cumul d’infractions objet de notre
réflexion. Le cumul ou concours d’infractions est l’existence de plusieurs
infractions pénales distinctes commises par le même auteur, successivement ou
simultanément, liées ou non entre elles et non séparées par une condamnation
pénale définitive. Cette situation peut résulter soit du fait que la personne a pu se
soustraire aux poursuites, soit qu’elle a commis les infractions successivement
dans un délai si bref qu’elle n’a pas pu être jugée.

Alors quel est le régime juridique applicable au cumul d’infractions dans le droit
positif sénégalais ?

23
Lorsqu’un individu commet plusieurs faits répréhensibles successifs, alors un
régime particulier va régir la détermination de la sanction. Le prononcé du
jugement de ces infractions va impliquer la mise en œuvre de mesures de
confusion des peines. Le condamné va bénéficier du non cumul des peines posé
par l’article 5 du code pénal.

Dès lors, il convient dans un premier temps de voir les différents types de cumul
d’infractions et ensuite voir le régime applicable dans un second temps.

I - Les différents types de cumul

Le code de procédure pénal distingue plusieurs types de cumul d’infractions. Il


convient de distinguer le cumul réel d’infractions des cumuls idéal et juridique.

A – Le cumul réel

Il y a cumul réel lorsque plusieurs infractions distinctes sont commises et ne


sont pas séparées par une condamnation définitive. Le cumul réel résulte donc
de la commission de deux ou plusieurs faits matériels constitutifs d’une
infraction à la loi pénale par une seule personne. Ici les infractions doivent être
distinctes les unes des autres et séparées dans le temps. Aussi, il doit y avoir une
absence de condamnation définitive entre les infractions. Cela veut dire que
l’ensemble des faits doit avoir été commis avant que la première condamnation
soit réputée définitive.

B – Les cumuls idéal et juridique

Dans le cumul idéal, le délinquant par un seul acte ou geste, transgresse


plusieurs dispositions de la loi pénale. C’est le cas d’un viol sur la voie publique
ou le délinquant est réputée avoir commis par son acte un viol, des coups et
blessures volontaires et un attentat à la pudeur. S’agissant du cumul juridique,
c’est la loi qui va contracter deux ou plusieurs infractions pour les donner une

24
seule qualification. C’est le cas du vol avec effraction qui suppose la
combinaison de deux infractions distinctes à savoir le vol et la violation de
domicile. Quel que soit le type de cumul, le législateur applique le même régime
juridique.

II – Les régimes applicables

Le régime juridique qui s’applique en cas de cumul d’infractions varie selon


qu’il s’agisse d’une unité de poursuite ou s’il s’agit de la pluralité des
poursuites.

A – La règle de l’unité de poursuites

Lorsqu’il y a unité de poursuite, le juge doit d’abord chercher et s’assurer que


toutes les infractions commises par le délinquant sont bien établies avant de faire
une déclaration de culpabilité pour chacune d’entre. Le juge a l’obligation dans
le cas ou plusieurs peines sont encourues, de ne prononcer qu’une seule peine
dans la limite du maximum légal de la peine la plus élevée. En d’autre terme,
chaque peine prononcée est réputée commune aux infractions en concours dans
la limite du maximum légal applicable à chacune d’entre elle.

B – La règle de la pluralité des poursuites

En cas de procédures séparées, c’est la règle de la pluralité des poursuites qui


s’applique. Ici, le juge va appliquer le principe du cumul plafonné des peines.
Ainsi les peines prononcées de même nature se cumulent. C’est le cas par
exemple si après une condamnation de deux ans pour vol survient une autre
condamnation pour abus de confiance de deux ans. Dans ce cas d’espèce les
condamnations vont se cumuler à hauteur de quatre ans qui est le maximum
légal le plus élevé. Si les deux peines n’atteignent le maximum légal, le juge va
alors faire la confusion des peines.

25
La suspension de la sanction pénale

La personnalité du délinquant ou sa conduite peut fortement influencer les


autorités compétentes à suspendre l’exécution même de la peine. En effet, cette
exécution peut être suspendue pour des motifs divers. Dans certaines
hypothèses, les cours et tribunaux peuvent prononcer le sursis avant l’exécution
même de la peine, également la peine peut être suspendue en cours d’exécution
notamment avec la libération conditionnelle à un moment ou le délinquant aurait
purgé une partie de sa peine.

Dès lors, quelles sont les différentes circonstances ou hypothèses qui peuvent
concourir et qui vont faire que le délinquant puisse voir sa peine suspendue ?

Les possibilités de suspension de la peine sont d’ordres pratiques. En effet, le


juge chargé de dire le droit prend souvent en compte la personnalité du
délinquant ou même certains raisons du passage à l’acte infractionnel pour
suspendre l’exécution de la peine, il a donc l’opportunité de tenir compte de
certaines considérations pour éventuellement suspendre la peine déjà prononcée.

Alors, l’étude du sujet va être orientée sur deux axes principaux : Il s’agit de
voir d’abord les différentes causes de suspension de la sanction pénale et ensuite
voir les effets de celle-ci.

I – Le sursis

A – Les conditions d’octroi du sursis

B – Les effets du sursis

II – La libération conditionnelle

A – Les conditions d’octroi

26
B – Les effets de la libération conditionnelle

L’extinction de la sanction pénale

Toute personne condamnée définitivement à une peine, par une juridiction


compétente, est tenue de l’exécuter jusqu’à son terme. Généralement cette peine
ne va s’éteindre qu’après son exécution complète. Cependant, certains cas
limitativement prévus par la loi permettent, l’extinction de cette dernière de
façon définitive avant son terme.

Cela nous amène à nous interroger sur les différentes causes qui peuvent
éteindre la sanction pénale.

L’intérêt pratique du sujet réside dans le fait que le législateur tient compte soit
de la personnalité du délinquant soit de certaines circonstances matérielles ou
temporelles pour faire éteindre la sanction pénale et en conséquence faire
bénéficier au délinquant de la liberté alors que sa peine prononcée par le juge
n’a pas été intégralement subie.

Il convient alors d’étudier dans un premier temps les causes automatiques


d’extinction de la sanction avant ensuite de voir dans un second temps les causes
ponctuelles d’extinction.

I – Les causes automatiques d’extinction

La peine affligée au délinquant peut s’éteindre automatiquement lorsque le


délinquant décède ou encore en cas de prescription de la peine.

A – Le décès du délinquant

Lorsque le délinquant décède, sa peine privative de liberté s’éteint


immédiatement. Cela résulte du caractère personnel de la peine, qui signifie que
seul le délinquant ayant transgressé la loi pénale va purger sa propre peine et que
27
son décès en conséquence emporte la peine. Toutefois, en ce qui concerne les
sanctions pécuniaires, les héritiers peuvent être poursuivis pour payer les
dommages produits par l’infraction.

B – La prescription de la peine

La prescription est définie comme étant l’écoulement d’un délai au-delà duquel,
le délinquant ne pourra plus purger sa peine. En d’autres termes, elle est
l’extinction du droit de faire exécuter une sanction pénale, lorsqu’un certain laps
de temps s’est écoulé depuis la condamnation, sans qu’elle ait été subie. Ici le
délinquant parvient à se soustraire de l’exécution de sa peine. Les peines
criminelles se prescrivent au bout de 20 ans, celles correctionnelles au bout de
05 ans et les peines contraventionnelles au bout de 02 ans.

II – Les causes ponctuelles

L’extinction de la peine peut aussi intervenir par une décision ponctuelle du


pouvoir exécutif ou du pouvoir législatif.

A – La grâce

La grâce est une mesure présidentielle qui vise à éteindre la peine. Il s’agit d’un
acte de clémence du Président de la République qui accorde une remise totale ou
partielle de la peine. Bien que la grâce se heurte au principe de la séparation des
pouvoirs puisque, permettant à l’exécutif de faire échec aux conséquences d’une
condamnation prononcée par le pouvoir judiciaire, elle permet de corriger une
sévérité excessive de la loi ou d’apporter une solution à une erreur judiciaire.

B – L’amnistie

L’amnistie est une mesure législative qui vise non seulement à éteindre la peine
mais aussi à effacer le casier judiciaire. Elle intervient le plus souvent après une
période de troubles pour apaiser les esprits en provoquant l’oubli qui doit
faciliter la réconciliation des citoyens. Une loi d’amnistie ne désigne pas
28
nommément les personnes qui en bénéficient, mais seulement les infractions
amnistiées ou les catégories de délinquants auxquelles elle s’applique.

La prescription de la peine

Le délinquant peut dans certains cas, se soustraire, après le prononcé de sa


condamnation, de sa peine privative de liberté soit parce qu’il s’est évadé ou il a
été jugé par contumace. Au bout d’un certain temps sa peine va être prescrite.

Alors, quelles sont les implications véritables de la prescription de la peine sur le


devenir du délinquant ?

Dans la réalité, on constate que la justice n’échappe pas à l’obsession du temps


qui passe toujours plus vite et que le temps s’impose à la justice comme une
donnée essentielle de sa légitimité.

Dès lors, notre étude s’articulera autour de deux points essentiels. Il s’agit de
voir d’abord les conditions de la prescription avant de voir ensuite ses effets.

I – Les conditions de la prescription

La prescription de la peine à des conditions liées à des délais fixés par le


législateur. Cependant ces délais peuvent être interrompus et suspendus

A – Les délais de la prescription

La prescription de la peine court à compter du jour où la condamnation est devenue


définitive ; ce jour étant indépendamment fixé selon la nature de la décision. Ce sont les
articles 721, 722 et 723 du code de procédure pénale qui fixent les délais de la prescription
pénale.
Rappelons qu’une décision définitive est celle qui est insusceptible d’un recours parce
que soit toutes les voies de recours ont été épuisées, soit aucun recours n’a été fait dans le délai

29
imparti. Les peines portées par un arrêt en matière criminelle se prescrivent par vingt années
révolues à compter de la date où cet arrêt est devenu définitif.
Les peines portées par un arrêt ou un jugement rendu en matière correctionnelle se
prescrivent par cinq années révolues, à compter de la date où cet arrêt ou jugement est devenu
définitif.
Les peines portées par un arrêt ou un jugement rendu pour contravention de police se
prescrivent par deux années révolues, à compter de la date où le jugement est devenu définitif.
En cas d’évasion cependant, la prescription de la peine commencera à courir au jour de
l’évasion. Par ailleurs, en cas de condamnation assortie d’un sursis, au jour où la condamnation
entrainant sa révocation est devenue définitive.
B - L’interruption et la suspension
L’interruption anéantit le délai de prescription acquis jusque-là. Il faudra donc pour que
la peine se prescrive, qu’un nouveau délai de prescription court entièrement à compter de
l’évènement, cause de l’interruption. Elle a donc pour effet de faire recourir un nouveau délai.
L’interruption est réalisée par des actes d’exécution : une saisie en cas d’amende, une
arrestation en cas d’emprisonnement, paiement, contrainte par corps dans le cas d’une peine
patrimoniale. L’interruption est appréhendée de manière large par la jurisprudence ; ce qui
traduit l’hostilité des autorités judiciaires à l’égard de toute prescription.

La suspension quant à elle empêche le cours de la prescription qui reprendra là où elle


s’était arrêté une fois la cause de suspension disparue. La suspension suppose un obstacle de
fait (inondation ; occupation par l’ennemi de la zone où s’est réfugié le délinquant.

Par ailleurs, à côté de ces obstacles de fait, il existe des obstacles de droit tels que
l’octroi d’un sursis, pourvoi en cassation.

II – Les effets de la prescription

Lorsque la prescription de la peine est établie, le délinquant va alors être


dispensé de l’exécution de sa peine. Toutefois, la condamnation va subsister
dans son casier judiciaire.

30
A – La dispense de l’exécution de la peine

Lorsque la prescription de la peine est acquise, la peine est réputée exécutée. Du coup, elle
s’éteint. Cette règle est d’ordre public et les condamnés par défaut ou par contumace dont la
peine est prescrite ne peuvent être admis à se présenter pour purger le défaut ou la contumace.
La prescription est d’ordre public. Elle s’impose ainsi aux magistrats du ministère public
chargés de l’exécution des peines ainsi qu’aux juridictions de jugement. Le condamné lui-
même ne saurait y renoncer. La prescription peut être invoquée pour la première fois aussi bien
en appel qu’en cassation. Il en est ainsi parce qu’en matière d’appel et de cassation seule une
règle d’ordre public peut faire l’objet d’une demande nouvelle.

B – La subsistance de la condamnation

L’inscription de la condamnation au casier judiciaire du condamné subsiste. La peine qui est


prescrite ne peut plus être exécutée. Mais la condamnation va subsister avec tous ses
accessoires. La condamnation demeure donc inscrite au casier judiciaire. Cette situation parait
évidente, la prescription signifiant que la peine est réputée exécutée et non pas anéantie ou
effacée. La condamnation demeure inscrite au casier judiciaire et compte donc pour la récidive
et met obstacle au sursis simple.

Cette règle vise à faire en sorte que le condamné ayant prescrit sa peine ne se trouve pas mieux
traitée que celui qui l’a exécutée. En outre, si la condamnation a été rendue par défaut,
l’expiration du délai de prescription rend la condamnation irrévocable, l’opposition étant
exclue.

L’effacement de la condamnation

Dans le but de favoriser le reclassement des délinquants dans la société, le


législateur a prévu des mesures de clémence et de pardon qui non seulement
constituent des causes qui peuvent à la fois éteindre et effacer la peine à l’instar
de l’amnistie, mais aussi pouvant effacer simplement la condamnation pénale

31
telle que la réhabilitation. L’effacement de la sanction pénale, objet de notre
étude, constitue une mesure qui vise à expurger du casier judiciaire, toutes les
mentions relatives à la condamnation déjà prononcée.

Quelles sont alors les différentes causes d’effacement de la condamnation


pénale ? Et quels impacts peuvent-elles produire sur l’avenir du bénéficiaire ?

L’effacement de la condamnation est une mesure qui permet de réintégrer


l’ancien délinquant dans la vie sociale et surtout celle professionnelle. En effet,
les mentions figurant dans le casier judiciaire et qui sont relatives aux
condamnations, constituent un blocage pour ce dernier qui peine à être accepté
dans les milieux professionnels.

Nous allons donc voir d’abord les différentes mesures d’effacement de la


condamnation avant de voir ensuite les effets qu’elles peuvent produire sur le
bénéficiaire.

I – Les différentes mesures d’effacement de la condamnation

L’effacement de la condamnation pénale peut intervenir dans deux


circonstances : il peut s’agir soit d’une loi d’amnistie soit d’une mesure de
réhabilitation.

A – L’amnistie

L’amnistie est une mesure législative qui éteint la peine et efface


rétroactivement le caractère délictueux des faits auxquels elle s’applique. Si la
loi d’amnistie intervient en amont de l’action publique, elle empêche la mise en
mouvement de l’action publique. Si elle intervient en phase d’instruction, le juge
prononce un non-lieu et si une condamnation est déjà prononcée alors elle
l’efface comme si elle n’a jamais existé. Toutefois, il faut préciser que l’amnistie

32
ne constitue pas la reconnaissance de l’innocence, mais seulement une mesure
d’oubli.

B – La réhabilitation

La réhabilitation est une mesure spécifique qui intervient après l’extinction de la


peine. Elle fait disparaitre les traces de la condamnation et rétablit le condamné
dans son honneur. Elle a donc pour objet de rendre à un individu la capacité
légale qu’il a perdu, à la suite d’une condamnation. La réhabilitation peut être
légale si elle remplit certaines conditions de délai sans que le délinquant ne
commette une nouvelle infraction. Elle peut aussi être judiciaire si le délinquant
remplit certaines conditions liées d’une part au délinquant lui-même et d’autre
part au délai exigé pour adresser une demande à l’autorité compétente.

II – Les effets de l’effacement de la condamnation

A – Les effets de l’amnistie

B – Les effets de la réhabilitation

Aussi, elle repose sur l’idée de pardon et conduit à la fois à l’effacement des
peines principales et complémentaires. Ainsi que des déchéances, interdictions
et incapacités résultant de la condamnation. Le casier se trouve expurgé de la
condamnation afin de permettre au délinquant de réintégrer dignement la
société.

La réhabilitation

Lorsque le délinquant a fini de purger sa peine ou que celle-ci soit éteinte par
des causes ponctuelles ou automatiques, il se pose contre lui le problème de sa
réintégration sociale, notamment son acceptation par les membres du tissu social
et surtout son adhésion au corps professionnels compte tenu de son passé
criminel matérialisé dans son casier judiciaire. C’est conscient de cet état de fait
que le législateur a prévu des mécanismes qui permettent au délinquant dans
33
certaines conditions d’être réhabilité dans tous ses droits et dans toute sa dignité
par l’effacement de son casier judiciaire.

Dès lors, quelles sont les différentes formes de réhabilitation prévue en droit
sénégalais ? Et quelles conséquences peuvent produire la réhabilitation sur la vie
de l’ancien délinquant ?

La réhabilitation est une mesure qui permet au délinquant qui a déjà terminé de
purger sa peine de voir après un certain délai légal, les traces de l’infraction
qu’il a commise complètement expurgé dès lors qu’il adopte après sa sortie de
prison un comportement socialement acceptable.

L’étude de la réhabilitation va être axée autour de deux axes majeurs. Il s’agit de


voit d’abord la réhabilitation légale et ensuite la réhabilitation judiciaire.

I – La réhabilitation légale

A – Les conditions d’application

B – Les effets

II – La réhabilitation judiciaire

A – Les conditions d’application

B – Les effets

L’exemption de la sanction pénale

S'inscrivant dans une logique d'individualisation de la peine accordant à la


réparation une place éminente, la dispense de peine et l'ajournement de son
prononcé ont en commun d'opérer une dissociation entre culpabilité et
condamnation : l'auteur de l'infraction, qui est passé du statut de prévenu à celui
de coupable, ne sera pas un condamné s'il est dispensé de peine ou ne le sera
peut-être pas s'il bénéficie d'un ajournement de son prononcé.

34
Il y a exemption de peine lorsque le jugement ayant constaté une infraction et
la responsabilité d'une personne ne prononce pas de peine.

Quelles sont les différentes causes d’exemption de la peine prévues par le


législateur sénégalais ?

Dans la réalité, le législateur a constaté que la surpopulation carcérale, les


conditions de détentions difficiles ont montré que la prison n’était pas toujours
la meilleure réponse ou la seule solution pour punir la commission d’une
infraction, c’est ce qui justifie qu’il ait envisagé des mesures d’exemption de la
peine qui constituent des alternatives à l’emprisonnement.

Dès lors notre étude va être articulée autour de deux parties essentielles : il s’agit
de voir d’abord les différentes causes d’exemption de la peine avant de voir
ensuite leurs effets.

I – Les différentes causes d’exemption de la peine

A – L’ajournement de la peine

B – La dispense de la peine

II – Les effets de l’exemption de la peine

A – Les effets de l’ajournement

B – Les effets de la dispense

L’action publique et l’action civile.


Le plus souvent, une infraction à la loi pénale, cause un dommage à autrui.
Dans cette hypothèse, l’infraction donne naissance à deux actions en justice :
c’est d’abord l’action tendant à faire appliquer à l’auteur infractionnel une
peine, c’est l’action publique. C’est ensuite l’action ayant pour but la réparation
du dommage causé à la victime, c’est l’action civile.

Alors qu’est-ce-qui distingue fondamentalement ces deux actions en justice ?

35
La mise en œuvre de ces deux types d’actions permet à la victime d’une
infraction à travers les différentes voies qui s’offrent à elle de pouvoir, le cas
échéant, priver le délinquant de sa liberté en intentant une action publique et
de bien se faire indemniser par le biais d’une action civile.

Notre réflexion va alors s’orienter autour de deux séquences majeures. Il s’agit


de voir dans un premier lieu la distinction action publique et action civile et
ensuite dans un second lieu voir la relativité de cette distinction.

I- La distinction action publique et action civile

La distinction action publique et action civile peut être observée à plusieurs


niveaux. Il en est ainsi de leur fondement et domaine d’une part et de leur
modalité d’exercice et finalité d’autre part.

A-Quant à leur fondement et domaine.

L’action publique est celle pour la répression du trouble causé à l’ordre social.
Alors que, l’action civile vise, à réparer le dommage causé par l’infraction.
Toute infraction pénale peut donner lieu à une action publique. Cependant
pour qu’il ait action civile il faut qu’il y ait d’une victime et d’autre part un
dommage. Or ces conditions ne sont pas systématiquement réalisées dans le
cadre de toute infraction. En effet, une infraction peut se concevoir en dehors
de tout dommage. Par ailleurs, une action civile est possible sans infraction
pénale, dès l’instant qu’une faute commise, la responsabilité civile peut être
engagée.
B-Quant à leur modalité d’exercice et finalité.

L’action publique est exercée par le ministère public devant une juridiction
répressive. Elle est exercée au nom de la société. Le ministère public qui exerce
l’action publique ne peut pas transiger avec le délinquant. Egalement il lui est
interdit une fois l’action publique mise en mouvement de se désister ou de
renoncer à l’exercice des voies de recours. Par contre l’action civile est exercée
par la victime ou ses héritiers devant une juridiction civile. A ce titre, la victime
peut transiger avec l’auteur de l’infraction sur le dommage qui lui a été causé.
Elle peut aussi se désister en cours d’instance ou même renoncer à cette
action.

II-La relativité de la distinction.


36
L’action publique et l’action civile ne sont pas indépendantes l’une de l’autre.
Ainsi, il y a d’abord une interférence de ces deux actions. Ensuite, l’on note la
prééminence de l’action publique sur l’action civile.

A - L’interférence entre ces deux actions.

La victime d’une infraction pénale a deux possibilités pour se faire justice. Elle
peut soit saisir les tribunaux répressifs soit saisir les tribunaux civils. Dans le
premier cas, son action a un caractère pénal. Ici, le juge répressif est tenu de se
prononcer sur l’action civile en raison des liens qui existent entre cette action
et celle pénale. Mais préalablement, il doit examiner l’action publique. Par
contre, dans le second cas, la victime peut exercer une simple action en
responsabilité civile. Toutefois il faut préciser que l’action civile ne peut se
concevoir seule devant une juridiction répressive. Il ne peut exister devant
cette juridiction que jointe à l’action publique. C’est ce qui atteste de la
primauté de l’action publique sur celle civile.

B- La prééminence de l’action publique sur l’action civile.

Cette prééminence se manifeste par la règle selon laquelle « le criminel tient le


civil en état » qui signifie que les juges qui vont statuer sur l’action civile, qu’il
s’agisse de juge répressif ou de juge civil sont obligés de considérés comme vrai
ce qui a été décidé dans le cadre de l’action publique. Cette règle cherche à
éviter d’éventuelles contradictions entre la décision du juge pénal et celle du
juge civil. Dans l’hypothèse où la victime décide de saisir le juge civile, celui-ci
ne peut statuer tant que le juge répressif n’a pas rendu sa décision sur l’action
publique de façon définitive.

La police judiciaire
Aux termes de l’article 14 du code de procédure pénale la police judiciaire est
l’organe chargé « de rechercher et de constater les infractions à la loi pénale,
d’en rassembler les preuves et d’en rechercher les auteurs tant qu’une
information n’est pas ouverte ». La police judiciaire qui est répressive doit être
distinguée de la police administrative qui est préventive. Toutefois cette

37
dernière ne fait pas l’objet de notre réflexion, dans le cadre de notre étude
l’accent sera mis essentiellement sur la police judiciaire.

Alors, l’on pourrait s’interroger sur la constitution des différents organes qui
concourent à la bonne marche de la police judiciaire ainsi que ses principales
missions dans la procédure pénale que joue la police judiciaire dans la
procédure pénale.

Le sujet fait ressortir un intérêt particulièrement pratique. En effet, la police


judiciaire est l’organe qui intervient en amont de la procédure pénale et joue
un rôle décisif dans la recherche et la découverte des auteurs à une infraction.

II convient alors de voir d’abord la composition de la police judiciaire et ensuite


les attributions connues à celle-ci.

I- La composition de la police judiciaire.

Selon les articles 15 et 19 du code de procédure pénale, la police judiciaire


comprend les officiers de police judiciaire et les agents de police judiciaire.

A- Les officiers de police judiciaire.

La qualité d’officier de police judicaire est attribuée de façon limitée par la loi. Il
s’agit des officiers de la gendarmerie, les sous-officiers de la gendarmerie
exerçant les fonctions de commandant de brigade, les commissaires de police,
les officiers de police, les élèves officiers et les sous-officiers de gendarmerie
nominativement désignés par arrêté conjoint du ministre de la justice et du
ministre des forces armés et les élèves commissaires et officiers de police
nominativement désignés par arrêté conjoint du ministre de la justice et du
ministre de l’intérieur. Les officiers de police judiciaire sont assistés dans leurs
tâches par les agents de police judiciaire.

B- Les agents de polices judiciaires.

En plus des officiers, la police judiciaire comprend les agents de police


judiciaire. Il s’agit essentiellement des militaires de la gendarmerie, les
membres des forces de police. Ces agents ont pour tâches de seconder et
d’assister les officiers de police dans leur mission. Par ailleurs, certains

38
fonctionnaires et agents peuvent se voir attribuées certains pouvoirs de police
judiciaire par des textes spéciaux .C’est le cas des administrations des eaux et
forêts, des douanes, du commerce intérieur et des services d’hygiène .Les
agents de police judiciaire ont pour mission de seconder, dans l’exercice de leur
fonction, les officiers de police judiciaire notamment dans les attributions qui
leurs sont reconnues.

II-Les attributions de la police judiciaire.

Les officiers de police judiciaire ont différentes attributions. II en est ainsi en


matière de délit flagrant mais aussi en matière d’enquête préliminaire.

A-En matière de flagrant délit.

Si l’infraction est flagrante, la police judiciaire est dotée de pouvoirs étendus


non seulement pour constater l’infraction, mais également pour rechercher
immédiatement tous les renseignements utiles et cela à l’aide des moyens
coercitifs. Par exemple, dès son arrivée sur les lieux de l’infraction, l’officier de
police judiciaire prend toutes les mesures nécessaires pour veiller à la
conservation des moyens de preuve qui permettront de parvenir à la
manifestation de la vérité. II peut aussi défendre à toute personne de s’éloigner
du lieu de l’infraction jusqu’à la clôture de ses opérations.

Par ailleurs, l’officier de police judiciaire ne dispose de ces mêmes pouvoirs en


cas d’enquête préliminaire.

B- En matière d’enquête préliminaire

L’article 67 du code de procédure pénale permet à l’officier de police judiciaire


de mener d’office des enquêtes préliminaires ou sur instruction du Procureur
de la République. Alors, les officiers de police judiciaire procèdent à des
enquêtes préliminaires pour donner suite aux plaintes et dénonciations dont ils
sont saisis par les victimes et les particuliers ayant connaissance de l’existence
d’une infraction. C’est pourquoi, dans l’accomplissement de leur mission, les
officiers de police judiciaire procèdent, aux constatations matérielles
nécessaires en se transportant sur les lieux de l’infraction, à des auditions et

39
interrogatoires, à des perquisitions et saisies et peuvent prendre une mesure
de garde à vue de la personne soupçonnée.

Le flagrant délit

Le flagrant délit est une situation infractionnelle qui entraine l’intervention


immédiate du policier. II est lié à des faits qui se déroulent ou qui viennent de
se dérouler devant le policier ou qui, en raison de certaines circonstances
permettent de les attribuer à des personnes déterminées.

Précisément, dans quelle circonstance une infraction peut-elle être qualifiée


de flagrante ?

L’étude du sujet laisse apparaitre principalement un intérêt pratique. En effet,


dans les cas d’infraction flagrante, les enquêteurs disposent de pouvoirs
étendus et peuvent user de moyens de coercition afin de réduire les marges
d’erreurs dans une enquête limitée par des délais trop courts.

De ce fait, notre réflexion va s’articuler auteur de deux axes principaux. Il s’agit


de voir d’abord la notion de flagrant(I) et ensuite l’enquête de flagrant délit (II).

I- La notion de flagrant délit.

II convient de voir ici les différentes hypothèses ou il y a flagrant délit et aussi


les principaux acteurs intervenants en cas de délit flagrant.

A- Les cas de flagrant délit.

Aux termes de l’article 45 du code de procédure pénale « est qualifié crime ou


délit flagrant le crime ou le délit qui se commet actuellement ou qui vient de se
commettre. II y a aussi crime ou délit flagrant lorsque dans un temps voisin à
l’action, la personne soupçonnée est poursuivie par la clameur publique ou est
trouvée en possession d’objets ou présente des traces et indices laissant
penser qu’elle a participé au crime ou délit ». Aussi, il y a flagrant délit, même
non commis dans les circonstances de flagrance, une infraction perpétrée dans
une maison dont le chef requiert le procureur de la république ou un officier de
police judiciaire.

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B- Les acteurs intervenants.

Lorsqu’il y a flagrant délit peuvent intervenir l’officier de police judiciaire, le


procureur de la république et le juge d’instruction. Les officiers de police
judiciaire sont des fonctionnaires de la police et de la gendarmerie. Ils
comprennent les officiers, sous-officiers de la gendarmerie nationale, les
commissaires et officiers de la police nationale. Egalement la police judiciaire
comprend les agents de police judiciaire qui sont les militaires de la
gendarmerie et les membres des forces de police. A leur tête, il y a le procureur
de la république qui est le directeur de la police judiciaire et qui dessaisit
l’officier de police dès son arrivé sur les lieux de l’infraction. Aussi comme
acteurs intervenant en matière de flagrance il y a juge d’instruction qui
dessaisit à son tour le procureur et dispose de pouvoirs et prérogatives
importants en la matière surtout dans l’enquête dite flagrant délit.

II- L’enquête de flagrance.

En cas de flagrant délit, des pouvoirs d’investigations et de contraintes étendus


sont reconnus aux officiers de police judiciaire, toutefois ces pouvoirs sont
limités pour soucis de protection des libertés individuelles.

A-Des pouvoirs d’investigations et de contraintes étendus.

Dans les cas d’infraction flagrante, les enquêteurs disposent de pouvoirs


étendus et peuvent user de moyens de coercition qui constituent autant
d’atteintes aux libertés individuelles que l’on justifie généralement par le fait
que les investigations se déroulent dans des conditions de proximité
présentant plus de sûreté par la diminution de la marge d’erreur des
enquêteurs qui évoluent dans le concret. Ainsi lorsque, l’infraction flagrante,
l’OPJ se transporte sans délai sur les lieux après avoir informé le procureur. Il
peut procéder à toutes perquisitions ou saisies même sans l’assentiment de la
personne chez qui l’opération a lieu contrairement à l’enquête à l’enquête
préliminaire. Il peut aussi retenir pour vérification d’identité toute personne
dont il apparait nécessaire d’établir et de vérifier l’identité.

B- Les limites de l’enquête de flagrance.

La période de flagrance s’achève quand disparaissent ses conditions


nécessaires d’existence à savoir : d’une part l’urgence en rapport avec les
41
exigences d’une enquête efficace et d’autre part l’évidence des faits à
constater. L’enquête de flagrance prend fin dès qu’il apparait que, le temps
aidant les auteurs de l’infraction a eu tout le loisir de faire disparaitre toute
trace de l’infraction de nature à fourvoyer les enquêteurs. La justification la
plus convaincante de l’enquête de flagrance est la certitude qui caractérise sa
conduite et qui, diminuant le risque d’erreur, rend plus acceptables les
atteintes potentielles aux libertés individuelles que suppose ce type d’enquête.

LE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE
Le ministère public est constitué de magistrats hiérarchisés dont l’un d’eux
apparait presque tout au long de la procédure pénale et notamment dans
l’activité des officiers de police judiciaire à savoir, le procureur de la république,
objet de notre réflexion. Ainsi, le procureur en tant que directeur de l’enquête
de la procédure pénale est le pivot de celle-ci puisqu’il intervient en amont et
en aval de toute cette procédure.

Ainsi, quel rôle joue réellement le procureur de la république dans la procédure


pénale ?

Le sujet a un double intérêt théorique et pratique. D’abord une doctrine


abondante conteste les nombreuses prérogatives et privilèges accordés au
procureur et qui dénotent souvent d’une atteinte au principe de la séparation
des pouvoirs puisque cette autorité judiciaire répond en partie du pouvoir
exécutif. Ensuite, la pratique judiciaire révèle le rôle déterminant que joue le
procureur dans la procédure pénale à partir du moment où il est le défenseur
des intérêts de l’Etat d’une part et de la société d’autre part.

De ce fait, notre réflexion va être orientée autour de deux points majeurs. II


s’agit de voir d’abord le statut de procureur de la république et ensuite ses
attributions.

I- Le statut du procureur de la république.

Le procureur de la république est un représentant du ministère public dans la


procédure pénale. Ainsi, il est le directeur de l’activité de la police judiciaire.

A- Un représentant du ministère public.

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L’unité du ministère public s’entend de la subordination hiérarchique de ses
membres qui implique en principe un devoir d’obéissance de l’inférieur au
supérieur. Ainsi, le ministère public est représenté auprès de chaque juridiction
répressive tel que indiqué à l’article 24 du code de procédure pénale. Aux
tribunaux de grandes instances érigées au chef-lieu de chacune des
circonscriptions territoriales, le procureur de la république en personne ou par
ses substituts représente le ministère public. Par ce biais, il est défenseur de
l’Etat et de la société à chaque fois qu’une violation des règles sociales est
établie. C’est à ce titre qu’il bénéficie de pouvoirs exorbitants.

B- Le directeur de l’activité judiciaire de la police judiciaire.

Le procureur de la république dirige les activités des officiers et agents de la


police judiciaire dans le ressort de son tribunal de rattachement tel que indiqué
à l’article 33 du code de procédure pénale. Ces derniers sont aussi tenus de
l’informer sans délai des infractions dont ils ont la connaissance. Aux termes de
l’article 34 du code de procédure civile, le procureur a le pouvoir de requérir la
force publique. Aussi, il a tous les pouvoirs de prérogatives attachés à la qualité
d’officier de police judiciaire et peut à ce titre mener toute investigation et
accomplir tous les actes nécessaires à la recherche et à la poursuite des auteurs
des infractions (article 33 alinéas 1 code de procédure pénale).

II- Les attributions du Procureur de la république.

Pour l’accomplissement de sa mission, le procureur de la république se


présente comme le point de convergence de divers circuits d’information. Il lui
appartient de mettre en mouvement et d’exercer l’action publique.

A- La mise en mouvement de l’action publique.

Le procureur de république, considéré comme la cheville ouvrière du ministère


public, est souverain dans le déclenchement des poursuites et, quand il estime
devoir mettre en mouvement l’action publique, il a le choix entre poursuivre ou
ne pas poursuivre. Cette prérogative traduit le principe de l’opportunité des
poursuites, qu’il est plus exacte de désigner comme le principe de l’opportunité
dans la mise en œuvre de l’action publique. Lorsque le procureur décide de ne
pas poursuivre, l’action publique peut alors être mise en mouvement par la
victime par le biais d’une citation directe ou d’une plainte avec constitution de

43
partie civile. Ce qui laisse dire que la mise en mouvement de l’action publique
est une prérogative partagée entre le procureur et la victime .Cependant, il en
est autrement en ce qui concerne l’exercice de l’action publique.

B- L’exercice de l’action publique.

L’exercice de l’action publique appartient exclusivement au ministère public qui


seul l’exerce même si l’action a été mise en mouvement par la victime.
L’exercice proprement dit de l’action publique suppose toute une série d’actes
depuis la mise en mouvement de l’action jusqu'à l’exercice des voies de recours
contre les décisions intervenues.

Par ailleurs, il faut préciser que certaines administrations peuvent être


habilitées à exercer l’action publique. Il en est ainsi des administrations des
eaux et forêts et chasse, du service national d’hygiène, des douanes et
l’administration fiscale.

LA GARDE A VUE.

La garde à vue est une mesure qui permet de contraindre à une personne, à
l’égard de laquelle existe, une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner
qu’elle a commis une infraction, dans les locaux de la police.

Alors, la garde à vue objet de notre étude, constitue un outil de travail mis à la
disposition de l’enquêteur pour diligenter avec efficacité l’enquête policière.

Ainsi, quelle est l’utilité et le rôle que joue la garde à vue dans la procédure
pénale ?

44
Le sujet renferme un intérêt pratique en ce sens qu’il facilite l’enquête de
l’officier de police judiciaire puisque la personne gardée à vue ne pourra plus
compromettre l’enquête en dissimulant certains preuves ou indices et par
conséquent permet de donner suite à l’enquête.

Dès lors, nous allons voir en premier lieu que la garde à vue et ensuite la durée
de celle-ci afin de démontrer que la garde à vue favorise la recherche de
preuves et ensuite en second lieu qu’elle est une mesure encadrée.

I-Une mesure favorisant la recherche de preuves.

Il convient de voir ici, le domaine de la garde à vue et ensuite la durée de celle-


ci afin de démontrer que la garde à vue favorise la recherche de preuves.

A- Le domaine de la garde à vue.

La décision de la garde à vue appartient initialement à l’officier de police


judiciaire qui mène l’enquête. A un autre niveau, le procureur de la république,
en raison de son pouvoir de direction de l’activité des officiers de police
judiciaire dans le ressort de son tribunal de rattachement peut intervenir, de
façon déterminante dans la prise de décision de la garde à vue ou quant à la
levée de la mesure.

Il doit exister des indices qui peuvent raisonnablement laisser penser que la
personne sur laquelle s’exerce la mesure de garde à vue est l’auteur de
l’infraction.

B- La durée de la garde à vue.

La durée du délai de garde à vue est de 48 heures. Après l’expiration de ce


délai, l’officier de police judiciaire doit rendre compte au parquet compétent
qui peut autoriser de prolonger la garde à vue d’une nouvelle période de 48
heures à l’issue de laquelle les personnes retenues devront être
immédiatement conduite devant le procureur de la république comme prévu à
l’article 69 du code de procédure pénale. Toutefois ces délais sont doublés en
cas de crimes ou délits contre la sureté de l’Etat, ou en période d’état de siège
ou d’état d’urgence.

II- Une mesure encadrée.

45
En raison de l’atteinte à la liberté individuelle et au principe de la présomption
d’innocence que constitue la garde à vue celle-ci est entourée de formalités en
vue de préserver l’intégrité physique et psychique de la personne garde à vue.

A- La protection des droits et libertés.

La garde à vue doit se dérouler dans les conditions matérielles acceptables


et conformément aux normes formelles édictées pour garantir les droits de
la personne privée de sa liberté. Elle doit s’exécuter dans les conditions de
nature à préserver la dignité et l’intégrité physique et psychique de la
personne. Des locaux salubres et l’alimentation des personnes interpellées
constituent le minimum compatible avec le respect dû à la personne
humaine.

B- Les garanties de la personne gardée à vue.

L’officier de police judiciaire qui informe la personne gardée à vue des


motifs de celle-ci, doit lui donner également connaissance des dispositions
de l’article 56 du code de procédure pénale à son droit de se faire examiner
par un médecin; notamment en cas de prolongation de la garde à vue.
Egalement le procureur de la république, s’il l’estime nécessaire peut
procéder à l’examen de la personne gardée à vue. Dans tous les lieux ou la
garde à vue s’applique, les officiers de police judiciaire sont astreints à la
tenue d’un registre de garde à vue. L’officier de police judiciaire doit aussi
informer la personne gardée à vue de son droit consulter un conseil.

Les actes d’instruction

Dans l’accomplissement de sa mission de recherche de la vérité, le juge


d’instruction mène des investigations de nature à permettre une lecture plus
aisée des faits au moment du jugement. De ce fait, il est parfois amené à
prendre des mesures contraignantes sur les personnes notamment l’inculpé et
aussi des mesures conservatoires sur les biens de celui-ci. L’ensemble de ces
mesures, appelé acte d’instruction va constituer l’objet de notre réflexion.

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Alors quels sont les différents types d’actes que le juge d’instruction peut
prendre en vue de la manifestation de la vérité?

Le sujet renferme un intérêt très pratique en effet, les actes d’instruction


constituent des prérogatives et techniques qui permettent au juge d’instruction
de se doter de moyens nécessaires lui permettant d’éviter certains erreurs et
errements au moment du jugement. Par ce biais, ces actes consistent à réunir des
éléments à charge et à décharge pour préparer l’audience correctionnelle ou
criminelle.

Notre réflexion va s’articuler autour de deux points essentiels. Il s’agit de voir


d’abord les actes d’investigation prises par le juge d’instruction dans sa mission
d’informer. Et ensuite voir les actes décisionnels sur l’initiative de ce dernier.

I- Les actes d’investigation

La loi a prévu un certain nombre d’actes pouvant être accomplis en cours


d’information par le juge d’instruction. Ce sont d’une part les interrogatoires et
les auditions et d’autre part les transports perquisitions, saisies et expertises.

A- Les interrogatoires et auditions

L’interrogatoire de l’inculpé revêt une place centrale dans la conduite de


l’information puisqu’il offre l’occasion de recueillir la version de l’inculpé. Ce
dernier aura ici, l’occasion de présenter sa défense, ce qui est nécessaire pour la
validité de l’information. Aussi, la personne visée au réquisitoire doit,
nécessairement être entendue. Dans le cadre de ses recherches, le juge
d’instructions peut entendre comme témoin toute personne susceptible de lui
fournir des renseignements sur les faits, objet de la poursuite. Alors l’audition
des témoins s’analyse comme un droit civique consistant pour chacun à apporter
son concours à l’administration de la justice et le souci d’efficacité de l’action

47
judiciaire impliquant des obligations sur ceux qui appelés pour témoigner
suivant des modalités particulières.

B- Les transports, perquisitions, saisies et expertises

La décision de transport sur les lieux ou sont susceptibles d’être découverts des
indices intéressant l’enquête est prise souverainement par le juge d’instruction
qui n’a pas à rendre une ordonnance de transport. Selon l’article 83 du code de
procédure pénal, le juge d’instruction peut se transporter sur les lieux pour y
effectuer toute constatation utile ou procéder à des perquisitions. Ainsi pour
découvrir les indices que n’offrent pas à la participation immédiate ou qui ne
sont pas livrés par les protagonistes de l’affaire, le juge pourra alors faire des
perquisitions dans les lieux ou peuvent se trouver les objets dont la découverte
serait utile à la manifestation de la vérité. En cas de recherches fructueuses, les
résultats doivent être conservés pour être présentés au juge du fond comme pièce
à conviction, pour servir de preuve. Enfin l’expertise se déroule sous le contrôle
et concours du juge et la participation des parties qui le désir.

II- Les actes décisionnels

Le juge d’instruction peut décerner à l’encontre des prévenus des mandats.


Egalement, il peut aller jusqu’à l’incarcération de l’inculpé à travers la
détention provisoire.

A – La délivrance des mandats

Les mandats de comparution, d’amener de dépôt en d’arrêt constituent, à des


degrés variables, des atteintes à la liberté individuelle allant de l’interpellation
impérative à la privation de la liberté en passant par la rétention temporaire de la
personne. Ils sont exécutoires sur toute l’étendue du territoire nationale. Même
au-delà des frontières, ils peuvent être exécutés conformément aux conventions

48
internationales. Ces mandats contiennent une réquisition à tout agent ou officier
de police judiciaire, de prêter main forte à leur exécution. Ils doivent préciser
l’identité de l’inculper, être datés et signés par le magistrat qui les a décernés et
être revêtus de son sceau, tel que indiqué à l’article 15 du code de procédure
pénale.

B- La détention provisoire

Par suite de la délivrance d’un mandat de dépôt ou d’arrêté par juge


d’instruction, l’inculpé est conduit et écroué dans une maison d’arrêt, pour un
temps variable. La détention provisoire est diversement apprécier. Pour
d’aucuns, elle constitue une atteinte à la présomption d’innocence et parfois
constitue une sorte de sanction anticipée, tandis que d’autres font prévaloir
l’efficacité de l’instruction en empêchant à l’inculpé de faire disparaitre les
traces de son forfait, ou de se concerter avec ses coauteurs et complices pour
échec à la manifestation de la vérité. Dans tous les cas, la détention provisoire
doit demeurer une mesure exceptionnelle.

L’extinction de l’action publique

La commission d’une infraction ouvre au ministère public ou à la victime, la


voie de poursuivre l’auteur de cette infraction. Toutefois, cette action peut se
heurter à des obstacles permanents leurs empêchant ainsi de mettre en
mouvement l’action publique. On dit alors que l’action publique est éteinte car
personne ne pourra plus légalement engager des poursuites.

Alors, quelles sont les différentes causes qui peuvent entrainer l’extinction de
l’action publique ?

Le sujet renferme un intérêt particulièrement pratique. L’extinction de l’action


publique est un mécanisme qui oblige le ministère public ou la victime d’une
infraction à tenir compte de certains délais pour se faire prévaloir d’une action
en justice. Au-delà de ces délais, cette action ne sera plus recevable, car éteinte.
C’est là, une garantie de la sécurité des personnes.

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Alors, notre étude va être articulée autour de deux points majeurs. Nous allons
d’abord voir les causes normales d’extinction de l’action publique avant de voir
ensuite les causes particulières.

I – Les causes normales d’extinction

L’article 6 du code de procédure pénale énumère principalement deux causes


normales d’extinction de l’action. Il s’agit de la chose jugée et de la prescription.

A – La chose jugée

Il y a chose jugée au pénal lorsque la décision du tribunal sur les faits reprochés
est devenue définitive. La chose jugée est un mode d’extinction de l’action
publique, par l’effet d’une décision définitive rendue par une juridiction
répressive relativement à cette à action. Elle empêche de recommencer un
nouveau procès et de juger une seconde fois à propos de la même affaire. Selon
la jurisprudence aucune poursuite pénale ne peut plus être intentée à raison des
mêmes faits, même sur une qualification différente.

B – La prescription de l’action publique

L’action publique si elle n’est pas intentée pendant un certain délai, s’éteint par
l’effet de la prescription extinctive. Elle est de 10 ans pour les crimes, 3 ans pour
les délits à l’exception des détournements de deniers publics qui se prescrivent
pour 7 ans et d’une année pour les contraventions. Le délinquant ne peut plus
être poursuivi et, de ce fait, l’infraction dont il s’est rendu coupable va rester
impunie. La prescription de l’action publique doit être distinguée de la
prescription de la peine dont l’individu poursuivi et condamné a réussi à se
soustraire à l’exécution de la peine.

II – Les causes particulières d’extinction

L’article 6 du code de procédure pénale énumère aussi d’autres causes


particulières d’extinction de l’action publique. Il s’agit du décès du délinquant,
de l’amnistie et de l’abrogation.

A – Le décès du délinquant

Lorsque le délinquant décède, l’action publique est éteinte. Elle ne peut donc
être plus exercée. Le principe de la responsabilité pénale individuelle et de la
personnalité des peines, la peine ne peut frapper que celui qui a commis
l’infraction et fait donc obstacle à ce que l’on ne poursuive et condamne

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pénalement les héritiers du délinquant. Néanmoins, la victime a la possibilité de
demander la réparation du dommage en exerçant l’action civile contre les
héritiers de l’auteur décédé.

B – L’amnistie et l’abrogation

Lorsque l’amnistie intervient avant le jugement, elle éteint l’action publique. Par
son effet, le fait amnistié perd son caractère délictueux et par suite ne peut plus
être poursuivi par l’action publique. Ainsi, les faits découverts ne sont plus
poursuivis et que les faits non encore découverts ne sont plus recherchés. Si
l’amnistie éteint l’action publique, elle n’éteint pas en principe l’action civile,
car le fait amnistié, s’il n’est plus délictueux, reste un fait dommageable.
L’abrogation comme l’amnistie enlève à l’acte son caractère délictueux et fait
disparaitre l’élément légal. Lorsque la loi pénale qui prévoyait et punissait tel
acte est abrogée, l’action publique ne peut plus être exercée contre l’auteur de
cet acte.

Les mandats de justice

Certains magistrats dans l’accomplissement de leur mission, mènent des


investigations de nature à permettre une lecture plus aisée des faits au moment
du jugement et peuvent même prendre des mesures plus ou moins coercitives,
notamment sur la personne de l’inculpé. C’est le cas des mandats de justice,
objet de notre réflexion. Les mandats de justice sont des actes judiciaires écrits
ordonnant soit la comparution soit l’arrestation ou la détention d’une personne.

Alors quels sont les différents types de mandats reconnus aux magistrats
sénégalais ?

L’exercice des mandats de justice fait l’objet de controverses au sein de la


doctrine. Certains auteurs estiment que les mandats de justice, à des degrés
variables, constituent des atteintes à la liberté individuelle alors que d’autres
vont faire prévaloir les raisons de la préservation des preuves et indices.

Il convient alors de voir en premier lieu les mandats qui tendent à une injonction
de comparaitre et ensuite voir les mandats qui privent l’inculpé de sa liberté.

I – Les mandats tendant vers une injection de comparaitre

Le juge d’instruction peut décerner à l’encontre des prévenus des mandats qui
peuvent s’analyser en une simple injonction à comparaitre. Il en est ainsi du
mandat de comparaitre et du mandat d’arrêt.
51
A – Le mandat de comparution

Le mandat de comparution a pour objet de mettre l’inculpé en demeure de se


présenter devant le juge à la date et à l’heure indiquée par ce mandat. La
personne à qui le mandat est notifié va se présenter librement et que le juge
devra alors l’interroger immédiatement. En effet, selon l’article 111 du code de
procédure pénale, il s’agit d’une convocation qui revêt un caractère
comminatoire particulier, qui est notifié à celui qui en délivre copie à l’officier
de police judiciaire qui en délivre copie à l’intéressé. Par ailleurs si la personne
ne se présente pas le juge pourra décerner un mandat d’amener.

B – Le mandat d’amener

Le mandat d’amener est beaucoup plus énergique, puisqu’il permet d’arrêter


l’individu. En effet, c’est un ordre donné par le juge à la force publique de
conduire immédiatement l’inculpé devant lui. Il doit mentionner l’inculpation
pour laquelle il est décerné et les articles de la loi applicables. Le mandat
d’amener est notifié et exécuté par un agent de la force publique. La personne
arrêtée doit être conduite sans délai devant le juge qui a décerné le mandat.
D’autres types de mandats visent l’incarcération de la personne objet du mandat.

II – Les mandats tendant vers l’incarcération

Il s’agit essentiellement des mandats qui vont privés le mis en cause de sa


liberté. C’est le mandat de dépôt et le mandat d’arrêt.

A – Le mandat de dépôt

La délivrance d’un mandat de dépôt suppose que la personne poursuivie est déjà
à la disposition de la justice par suite d’un mandat de comparution ou d’arrêt. Le
mandat de dépôt est donné par le magistrat compétent, au directeur de
l’administration pénitentiaire de recevoir et de détenir l’inculpé. Il permet de
procéder à son transfèrement s’il est déjà détenu dans un autre établissement
pénitentiaire ou de la police lorsqu’il est en garde à vue. A côté du mandat de
dépôt, il y a aussi le mandat d’arrêt qui prive l’inculpé de sa liberté.

B – Le mandat d’arrêt

Le mandat d’arrêt est l’ordre donné à la force publique de rechercher l’inculpé et


de le conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le mandat, et où il sera reçu et
détenu. Le mandat est donc particulièrement énergique. Il ne peut être employé
que si l’inculpé est en fuite ou s’il réside hors du territoire de la république.
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Aussi, l’infraction commise doit entrainer une peine d’emprisonnement
correctionnelle ou encore une peine beaucoup plus grave. Le mandat d’arrêt est
notifié et exécuté par un officier de police judiciaire ou tout autre agent public
qui doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’exécution de ce
mandat.

Les voies de recours

Une décision rendue par une juridiction répressive n’acquiert autorité de la


chose jugée que lorsqu’elle n’est plus susceptible de voie de recours. Selon la
juridiction qui a rendu la décision, plusieurs recours sont possibles et ils sont
dirigés devant diverses instances. Ainsi, les voies de recours objet de notre
étude, constituent des procédures à travers lesquelles les parties au procès
attaquent une décision rendue par un juge afin de la faire modifier ou réformer.

Alors, quelles sont les différentes voies de recours qui s’offrent à la partie
déboutée ou insatisfaite dans le procès pénal ?

Les décisions prises par le juge répressif ou le juge civil, peuvent être entachées
d’erreurs de fait ou de droit, c’est la raison pour laquelle les parties ont le droit
de demander que leur procès soit jugé à nouveau.

Il convient de voir d’abord les voies de recours ordinaires et ensuite les voies de
recours extraordinaires.

I – Les voies de recours ordinaires

Ce sont des voies de recours largement ouvertes et ont pour but de faire juger
une nouvelle fois, sous tous ses aspects, une affaire qui a été déjà jugée. Il s’agit
de l’opposition et de l’appel.

A – L’opposition

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L’opposition est une voie de recours exercée contre les décisions de jugements
des tribunaux de grandes instances et d’instances et les arrêts d’appels rendus
par défaut. Ainsi, l’opposition est une voie de recours ordinaire car elle est de
plein droit à la disposition du justiciable défaillant, et aussi elle est une voie de
rétraction, parce qu’elle fait revenir l’affaire devant la même juridiction que
celle qui l’avait déjà jugée en l’absence du prévenu. Donc l’opposition n’est
recevable que contre les décisions rendues par défaut et ne peut être formée que
par la partie qui a défaut. Il en est autrement s’agissant de l’appel.

B – L’appel

L’appel est, comme l’opposition, une voie de recours ordinaire contre les
jugements qui ont été rendus contradictoirement ou même par défaut. Mais à la
différence de l’opposition, c’est une voie de réformation qui est exercée devant
une juridiction supérieure notamment la cour d’appel. L’appel assure la règle du
double degré de juridiction. Ainsi, dans tous les cas où la loi n’a pas attribué
expressément à une juridiction le pouvoir de statuer en dernier ressort, la faculté
d’appel subsiste à l’égard de ses décisions. A côté de l’opposition et de l’appel,
il existe d’autres voies de recours moins ouvertes.

II – Les voies de recours extraordinaires

Ce sont des voies de recours qui sont limitativement énumérées par la loi et qui
sont qui sont possibles que lorsque les voies de recours ordinaires ne sont plus
possibles. Il s’agit du pourvoi et de la révision.

A – Le pourvoi en cassation

A la différence des voies de recours ordinaires qui sont possibles aussi bien pour
erreur de droit que de fait, le pourvoi en cassation est une voie de recours
extraordinaire qui ne peut être exercée que dans des cas déterminés devant la
cour suprême, notamment en cas de violation de la loi. Cette juridiction ne juge

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pas sur le fond mais vérifie seulement si la loi a été bien appliquée. Si elle
estime que la loi n’a pas été correctement appliquée, elle casse la décision
attaquée et renvoie l’affaire devant une autre juridiction du même degré ou la
même juridiction qui avait examiné l’affaire mais autrement composé. Par
ailleurs, la décision judiciaire, bien que revêtue de l’autorité de la chose jugée,
peut être entachée d’erreurs de fait d’où l’utilité du pourvoi en révision

B – Le pourvoi en révision

Si c’est une erreur de fait qui a entrainé l’acquittement du coupable, l’autorité de


la chose jugée constitue un obstacle à toute modification de la décision
d’acquittement prononcée à tort. Mais si, au contraire, par suite d’une erreur de
fait, un innocent a été injustement condamné ; il est alors possible, malgré
l’autorité de la chose jugée qui s’attache à la décision de condamnation, de faire
réparer cette erreur judiciaire. C’est à ce but que répond le pourvoi en révision.
Il est destiné à corriger une erreur judiciaire qu’il serait injuste de maintenir.

La prescription de l’action publique

L’action publique, si elle n’est pas intentée pendant un certain délai, s’éteint par
l’effet de la prescription extinctive. La prescription de l’action publique, objet de
notre étude est l’écoulement d’un délai au-delà duquel le délinquant ne peut plus
être poursuivi et de ce fait, l’infraction dont il s’est rendu coupable va rester
impunie.
Dès lors, quelles sont les différentes conditions nécessaires pour que la
prescription de l’action publique puisse jouer en faveur du délinquant ?
L’intérêt pratique du sujet réside dans le fait qu’une action exercée trop
longtemps après la commission de l’infraction risquerait de provoquer une
erreur judiciaire, alors dans l’intérêt de la justice répressive, il serait beaucoup
plus souhaitable de renoncer à exercer l’action publique.
Il convient de voir dans une première partie la notion même de prescription
avant de voir ensuite les conditions nécessaires pour son application.
I – La notion de prescription de l’action publique

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Prévue et réglementée par le code de procédure pénale, la prescription de
l’action publique est justifiée de différente manière. Elle renferme aussi
différents caractères.
A – La justification de la prescription
La prescription de l’action publique repose sur l’idée selon laquelle, au bout
d’un certain temps, dans un intérêt de paix et de tranquillité sociale, mieux vaut
oublier l’infraction qu’en raviver le souvenir. On la justifie aussi par le fait que
le coupable aussi longtemps qu’il a réussi à s’échapper à la poursuite, a dû vivre
dans l’inquiétude et dans l’angoisse. Enfin on a fait appel à l’idée de négligence.
La société perdrait son droit de punir parce qu’elle ne l’aurait pas exercé à temps
utile. Il y a aussi le dépérissement des preuves. Au fur et à mesure que le temps
s’écoule depuis que l’infraction a été commise, les preuves disparaissent ou du
moins perdent beaucoup de leur valeur.
B – Les caractères de la prescription
La prescription de l’action publique vise plus spécialement la bonne
administration de la justice pénale. Elle présente deux caractères : D’abord un
caractère général et ensuite un caractère d’ordre public. Elle constitue tout
d’abord un mode général d’extinction de l’action publique. Elle s’applique à
toutes les infractions mêmes les plus graves. La prescription est d’ordre public
car le délinquant ne peut renoncer à l’invoquer et si le délinquant ne l’invoque
pas, elle doit être constatée d’office par le juge.
II – Les conditions de la prescription
La prescription de l’action publique est subordonnée à des conditions liées à
l’écoulement d’un certain délai, toutefois ces délais peuvent être suspendus ou
interrompus ;
A – Le délai de prescription
Le délai de prescription de l’action varie avec la nature légale de l’infraction. Il
est de 10 ans pour les crimes, 3 ans pour les délits et d’un an pour les
contraventions. En général, le délai a pour le point départ, le jour est l’infraction
a été commise. Elle s’applique sans la moindre sans la moindre difficulté aux
infractions instantanées qui sont réalisées en un traits de temps. Mais pour les
infractions continues, qui suppose des actions qui se prolongent dans le temps, la
prescription ne peut commencer à courir qu’à partir du jour ou l’état délictueux
a pris fin.
B – L’interruption et la suspension

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Qu’il s’agisse d’un crime, d’un délit ou d’une contravention, les causes
d’interruption de la prescription sont les mêmes. Ce sont les actes de poursuites
qui mettent en mouvement l’action publique ou les actes d’instruction qui ont
pour but la recherche et la réunion de preuve de l’infraction. En ce qui concerne
la suspension, elle ne fait qu’arrêter le cours de la prescription et que le temps
déjà écoulé avant sa survenance entre en ligne de compte pour le calcul du délai.
Il en est ainsi des obstacles de droit qui empêchent temporairement les
poursuites ou des obstacles de fait comme les catastrophes naturelles comme
une inondation.

Le trafic d’influence

La lutte contre certaines pratiques malsaines observées au niveau de certaines


autorités publiques, souvent dépositaires de puissance publique, a amené le
législateur sénégalais a incriminé certains types de comportements nuisibles
pour tout développement économique et social. Il en est ainsi de la corruption,
de la concussion et du trafic d’influence. Ce dernier, objet de notre réflexion est
le fait d’accepter des offres ou des promesses ou encore de recevoir des dons
pour en contrepartie faire obtenir ou tenter de faire obtenir une faveur ou un
avantage quelconque de l’autorité publique.

Alors, comment le législateur sénégalais a incriminé et sanctionné le délit de


trafic d’influence ?

Le sujet renferme un intérêt pratique puisque l’incrimination du trafic


d’influence permet de lutter contre des comportements qui heurtent les
consciences collectives et bloquent tout développement économique.

Dès lors, l’articulation de notre étude va être axée autour de deux séquences
majeures. Il s’agit de voir d’abord les conditions d’existence du délit de trafic
d’influence avant de voir ensuite la répression de cette infraction.

I – Les conditions d’existence du trafic d’influence

Le délit de trafic d’influence est retenu par le juge, lorsque certaines conditions
sont réunies. Cependant celles-ci varient selon qu’il s’agit de trafic d’influence
passif ou actif.

A – Le trafic passif d’influence

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Il est prévu à l’article 160 du code pénal sénégalais. Il y a trafic passif
d’influence, lorsqu’une personne a sollicité ou accepté des dons ou promesses,
afin qu’il use de son influence réelle ou supposée pour de faire obtenir de
l’autorité publique un avantage ou une faveur au profit du remettant. Donc, la
première condition est la sollicitation ou bien l’acceptation d’offres, de
promesses ou de dons. Ensuite, la deuxième c’est l’usage d’une influence réelle
ou supposée pour faire obtenir ou tenter de faire obtenir un avantage ou une
faveur au profit du remettant.
B – Le trafic actif d’influence

Il est prévu à l’article 161 du code pénal. Il ya trafic actif d’influence lorsqu’une
personne use des menaces ou voies de fait, des offres, dons, promesses ou
présents en vue d’obtenir d’une autre personne qu’elle use de son influence
réelle ou supposée pour l’octroi d’un avantage ou d’une faveur. Donc, le trafic
actif d’influence suppose, une tierce personne qui sollicite ou qui contraint une
autre personne pour que celle-ci use de son influence envers une autre personne
souvent une autorité publique pour obtenir des avantages ou faveurs.
II – La répression du trafic d’influence

La commission du délit de trafic d’influence expose son auteur à des sanctions


proportionnées la gravité de l’acte posé. Alors il convient de voir les pénalités de
ce délit commis simplement ou de façon aggravées.

A – Les pénalités du trafic d’influence simple

Le trafic d’influence qu’il soit l’œuvre d’un fonctionnaire et d’une personne


quelconque est réprimé par l’article 160 du code pénal sénégalais. Dans son
aspect passif, comme aussi dans son aspect actif, le trafic d’influence est puni
d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende égale au double de la
valeur des choses reçues, avec un minimum de 150.000 francs. Il faut préciser
que le trafic d’influence est une infraction formelle, ainsi il est consommé non
seulement par l’acceptation des dons, présents ou promesses, mais même par la
simple sollicitation de ces dons et promesses.

B – Le trafic d’influence aggravé

Le délit de trafic d’influence comporte des circonstances aggravantes. En effet,


le trafic d’influence ayant pour objet un fait comportant une peine plus forte, tel
un crime prévu et réprimé par la loi, alors les peines prévues seront celui du
crime objet du trafic d’influence. L’article 162 du code pénal dispose que « dans

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le cas ou la corruption ou le trafic d’influence aurait pour objet un fait
comportant une peine plus forte, cette peine plus forte sera appliquée aux
coupables ». Aussi lorsqu’il est commis par une personne investi d’un mandat
électif, un fonctionnaire ou tout dépositaire de bien public ou de service public
alors la peine d’emprisonnement sera de 2 ans à 10 ans.

Le vol

Considéré comme l’une des infractions les plus fréquentes dans les sociétés
contemporaines, le vol est défini par l’article 364 du code pénal comme étant
une soustraction frauduleuse de chose d’autrui. Selon cette disposition
« quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est
coupable de vol ».

Alors, quelles sont les différentes conditions relatives au délit de vol ? Comment
le législateur l’a t-il sanctionner ?

Le sujet renferme un intérêt pratique à partir du moment où le droit permet de


réprimer tout comportement anti social qui constituerait à s’approprier
injustement et de façon frauduleuse la chose appartenant à autrui.

Alors l’étude du délit de vol va être articulée autour de deux axes essentiels. Il
s’agit de voir d’abord les conditions du vol et ensuite sa répression.

I – Les conditions du vol

Le délit de vol est subordonné à la commission de certains actes prohibés par la


loi pénale. Ces actes varient selon qu’il s’agit de vol simple ou de vol aggravé.

A – Le vol simple

Le vol simple est subordonné à différentes conditions qui ressortent de la


définition même du vol. D’abord il doit s’agir d’une soustraction. Celle-ci se
conçoit comme le déplacement matériel de l’objet. Selon la jurisprudence pour
soustraire, il faut enlever, prendre ou ravir. Ensuite, cette soustraction doit être
frauduleuse, donc à l’insu du propriétaire ou sans son consentement. Et enfin il
ya la chose objet de la soustraction. En principe le vol ne s’applique qu’aux
choses mobilières qui sont susceptibles d’être transportées d’un lieu à un autre.
Lorsque ces conditions sont accompagnées de contraintes ou de violences alors
le vol est dit aggravé.

B – Le vol aggravé
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Les circonstances aggravantes du vol sont liées à ses conditions de réalisation.
En effet, elles peuvent tenir à la personne de ses auteurs, de sa victime, aux
atteintes qui l’accompagnent, ainsi qu’au lieu de sa commission. Il en ainsi du
vol commis en réunion par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteurs ou
de complices ou encore en bande organisée, du vol précédé, accompagné ou
suivi de violence sur autrui, de l’effraction ou du vol avec usage ou menace
d’une arme réelle ou factice.

II – La répression du vol

Il convient de voir d’abord l’étendu de la répression du délit de vol avant de voir


ensuite la mesure de la répression.

A – L’étendu de la répression

Toute personne ayant frauduleusement soustrait la chose appartenant à autrui est


passible d’une sanction pénale prévue à cet effet. Toutefois, l’article 365 du
code pénal précise qu’il y a pas de poursuite pénale si le vol est commis au
préjudice d’un ascendant ou descendant ou encore du conjoint ou de la conjointe
sauf dans le cas d’une procédure de séparation de corps ou de divorce.
Cependant le receleur des biens et objets volés par ces derniers, peut être
poursuivi pénalement dès lors qu’il n’est pas couvert par cette immunité
familiale.

B – La mesure de la répression

Aux termes d’article 370 du code pénal, le vol est réprimé d’une peine
d’emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende allant 20000 francs à
200000 francs. Lorsque le vol est aggravé la peine peut aller à un
emprisonnement à temps de 5 ans à 10 ans voir de 10 ans à 20 ans de travaux
forcés. Cette peine s’applique aussi à l’auteur d’une tentative de vol. Par
application à l’article 2 du code cité, lorsque la tentative est punissable son
auteur va être sanctionné de la même fourchette de peine que l’auteur d’une
infraction consommée. De même, le complice d’un voleur est réprimé de la
même peine en raison de la théorie de l’emprunt de criminalité.

La détention provisoire au Sénégal

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Le juge d’instruction, dans sa mission de recherche de la vérité pour découvrir
les véritables auteurs de l’infraction à la loi pénale, peut être amené à prendre
des mesures contraignantes contre l’inculpé. Il en est ainsi de la mesure de
détention provisoire, objet de notre réflexion. Considérée comme une mesure
d’incarcération dans une maison d’arrêt, la détention provisoire est prise à
l’égard d’une personne mis en examen avant tout jugement.

Alors quel est l’objet de la détention provisoire ? Quelle utilité la donner ? Et


comment est-elle exercée ?

L’expression détention provisoire a soulevé beaucoup de débats au sein de la


doctrine. Pour les partisans des droits de l’homme, c’est une mesure qui va à
l’encontre de la présomption d’innocence. Pour d’autres, il s’agit d’une mesure
qui tend à préserver les preuves et indices matériels, susceptibles d’être brouillés
par le mis en cause.

L’articulation de notre étude va être orientée autour de deux phases majeures. Il


s’agit de voir d’abord le placement en détention provisoire et ensuite du
déroulement de celle-ci.

I - Le placement en détention provisoire

La détention provisoire, comme son nom l’indique, va entrainer l’incarcération


de l’inculpé. Sa mise en œuvre est subordonnée à des conditions tenant d’une
part à la personne poursuivie et d’autre part à la nature même de l’infraction.

A – Les conditions tenant à la personne

Ces conditions sont prévues à l’article 139 du code de procédure pénale et


suivant. Par suite de la délivrance d’un mandat de dépôt ou d’arrêt par le juge
d’instruction, l’inculpé est conduit et écroué dans une maison d’arrêt pour un
temps variable. La détention provisoire est en principe exclue pour les
infractions commises par les enfants mineurs âgés de moins de treize ans, les
parlementaires, les agents diplomatiques et consulaires. Il faut cependant
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préciser que si les auteurs de telles infractions sont surpris en flagrant délit, ils
peuvent être incarcérés sur décision du juge d’instruction. D’autres conditions
sont relatives à la nature même de l’infraction.

B – Les conditions tenant à l’infraction

La détention provisoire est en principe une mesure facultative qui s’applique en


matière criminelle et en matière correctionnelle. Elle ne s’applique pas aux
contraventions. Ainsi le placement en détention provisoire est laissé à la
discrétion du juge d’instruction. Il ne peut être ordonné que si l’infraction
reprochée à l’inculpé est punie d’une peine supérieure à trois mois. Ceci exclut
un certain nombre d’infractions qui pouvaient donner lieu à certaines mises en
détention préventive. Ils convient de voir par ailleurs, le déroulement de la
détention provisoire.

II – Le déroulement de la détention provisoire

A – La durée de la détention provisoire

Si la détention provisoire est bien délimitée dans le temps en matière


correctionnelle, elle reste imprécise en matière criminelle. Aux termes de
l’article 127 bis du code de procédure pénale « en matière correctionnelle le
mandat de dépôt délivré n’est valable que pour une durée maximum de six mois
non renouvelable ». En plus, lorsque le maximum de la peine prévue est
inférieur ou égal à 3 ans, l’inculpé régulièrement domicilié au Sénégal ne peut
être détenu plus de cinq jours après sa première comparution devant le juge
d’instruction. Et s’il est domicilié dans le ressort du tribunal compétent il ne peut
faire l’objet d’une détention provisoire.

B – L’exécution de la détention provisoire

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Aux termes de l’article 188 du code de procédure pénale « les inculpés,
prévenus et accusés soumis à la détention provisoire sont placés au régime de
l’emprisonnement individuel de jour et de nuit ». Ils le subissent en principe
dans une maison d’arrêt. Egalement, toutes les communications et toutes les
facilités compatibles avec les exigences de la discipline et de la sécurité de la
prison sont accordées aux inculpés, prévenus et accusés pour l’exercice de leur
défense. Le juge d’instruction et tous les magistrats compétents peuvent donner
les ordres nécessaires qui devront être exécutés dans les maisons d’arrêts tant
pour les besoins de l’instruction que pour tout autre acte de procédure.

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