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Droit

administratif
des biens
Droit
administratif
des biens
Domaine public et privé
Travaux et ouvrages publics
Expropriation
7 e édition

2016

Jean-Marie Auby†

Pierre Bon
Professeur émérite de l'Université de Pau
et des Pays de l'Adour

Jean-Bernard Auby
Professeur à Sciences Po Paris
Directeur de la chaire
« Mutations de l'action publique et du droit public »

Philippe Terneyre
Professeur à l'Université de Pau
et des Pays de l'Adour
MENTIONS LÉGALES

31-35 rue Froidevaux, 75685 Paris cedex 14

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part,
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pénalement par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
© ÉDITIONS DALLOZ – 2016
ISBN numérique : 978-2-247-16002-0
ISBN papier : 978-2-247-15238-4
Ce document numérique a été réalisé par JOUVE.
www.editions-dalloz.fr
TABLE DES MATIÈRES

ABRÉVIATIONS

PREMIÈRE PARTIE LE DOMAINE


INTRODUCTION LA QUESTION DU STATUT JURIDIQUE DES BIENS
PUBLICS
Section 1. L'ÉTENDUE DES PATRIMOINES PUBLICS
Section 2. LE PARTICULARISME DU DROIT DES PATRIMOINES
PUBLICS

TITRE 1 LE DROIT DES PROPRIÉTÉS PUBLIQUES


CHAPITRE 1 LA CONSTITUTION DES PATRIMOINES PUBLICS
Section 1. L'ACQUISITION DE BIENS PAR LES PERSONNES
PUBLIQUES
§ 1. Les procédés de droit commun
§ 2. Les procédés spécifiques
Section 2. LA RÉALISATION DE BIENS POUR LE COMPTE DE
PERSONNES PUBLIQUES
CHAPITRE 2 LE RÉGIME DES BIENS PUBLICS
Section 1. SOURCES
Section 2. RÈGLES COMMUNES
Section 3. LA DISTINCTION DU DOMAINE PUBLIC ET DU
DOMAINE PRIVÉ
Section 4. AUTRES DISTINCTIONS PERTINENTES

TITRE 2 LE DROIT DU DOMAINE PUBLIC


LIVRE 1 LA DÉTERMINATION DU DOMAINE PUBLIC
CHAPITRE 1 LES CRITÈRES DE LA DOMANIALITÉ PUBLIQUE
Section 1. LES SOURCES
§ 1. Les débats doctrinaux du passé
§ 2. La détermination essentiellement jurisprudentielle
des critères jusqu'en 2006
§ 3. La détermination actuelle par les textes
Section 2. LE CONTENU DES CRITÈRES
§ 1. La condition de propriété publique
§ 2. La condition d'affectation à l'usage du public ou au service
public
A. L'affectation à l'usage direct du public
B. L'affectation à un service public
C. La théorie de l'accessoire et la domanialité publique globale
§ 3. Application du critère d'affectation dans le temps :
la question de la domanialité publique virtuelle
CHAPITRE 2 LA COMPOSITION DU DOMAINE PUBLIC
Section 1. DOMAINE PUBLIC NATUREL ET DOMAINE PUBLIC
ARTIFICIEL
§ 1. Le domaine public naturel
A. Le domaine maritime naturel
B. Le domaine public fluvial naturel
C. Le domaine hertzien
§ 2. Le domaine public artificiel
A. Le domaine public routier
B. Le domaine public ferroviaire
C. Le domaine aéronautique
D. Le domaine maritime artificiel
E. Le domaine fluvial artificiel
F. Ouvrages divers affectés à l'usage du public
G. Biens affectés à divers services publics
H. Le domaine public mobilier
Section 2. DOMAINE PUBLIC DE L'ÉTAT, DES COLLECTIVITÉS
TERRITORIALES ET DES AUTRES PERSONNES
PUBLIQUES
§ 1. Domaine public national et domaines publics locaux
§ 2. Domaine public des établissements publics et personnes
publiques sui generis
CHAPITRE 3 L'INCORPORATION AU DOMAINE PUBLIC ET LA SORTIE
DU DOMAINE PUBLIC
Section 1. L'INCORPORATION AU DOMAINE PUBLIC
§ 1. L'incorporation au domaine public naturel
§ 2. L'incorporation au domaine public artificiel
Section 2. LA SORTIE DU DOMAINE PUBLIC
§ 1. La nécessité d'un acte de déclassement
§ 2. Le régime de l'acte de déclassement
§ 3. Les liens entre déclassement et désaffectation de fait
Section 3. LE CONTENTIEUX DE L'APPARTENANCE AU DOMAINE
PUBLIC
CHAPITRE 4 LA DÉLIMITATION DES DÉPENDANCES DU DOMAINE
PUBLIC
Section 1. LA DÉLIMITATION DU DOMAINE PUBLIC NATUREL
§ 1. Le mode de délimitation
§ 2. Les effets de la délimitation
§ 3. La réserve des droits des tiers
Section 2. LA DÉLIMITATION DU DOMAINE PUBLIC ARTIFICIEL
§ 1. La délimitation des dépendances du domaine public artificiel
autre que les voies publiques
§ 2. La délimitation des voies publiques : l'alignement

LIVRE 2 LE RÉGIME DU DOMAINE PUBLIC


CHAPITRE 1 LA GESTION DU DOMAINE PUBLIC
Section 1. LES AUTORITÉS GESTIONNAIRES DU DOMAINE
PUBLIC
§ 1. La propriété des biens domaniaux
§ 2. Propriété et gestion des dépendances domaniales
Section 2. LE RÉGIME DE LA GESTION DU DOMAINE PUBLIC
§ 1. Les orientations de la gestion domaniale
§ 2. L'entretien du domaine public
§ 3. Les affectations et désaffectations
CHAPITRE 2 L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC
Section 1. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ AUX
SERVICES PUBLICS
Section 2. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ A
L'USAGE DU PUBLIC : LES UTILISATIONS COMMUNES
OU COLLECTIVES
§ 1. La liberté d'utilisation
§ 2. La gratuité de l'utilisation
§ 3. L'égalité dans l'utilisation
Section 3. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ A
L'USAGE DU PUBLIC : LES UTILISATIONS PRIVATIVES
§ 1. Les principes communs aux utilisations privatives
§ 2. Les titres permettant l'utilisation privative
A. La distinction des utilisations fondées sur un acte unilatéral
et des utilisations fondées sur un contrat
B. La distinction des titres constitutifs et non constitutifs de droits
réels
§ 3. La délivrance et la fin du titre d'occupation
A. La délivrance du titre d'occupation
B. La fin des titres d'occupation
§ 4. Les droits et obligations de l'occupant
A. Les droits de l'occupant
B. Les obligations de l'occupant
Section 4. L'OCCUPATION SANS TITRE DU DOMAINE PUBLIC

CHAPITRE 3 LES RAPPORTS DU DOMAINE PUBLIC ET DES


PROPRIÉTÉS VOISINES
Section 1. LES CHARGES DE VOISINAGE PESANT SUR LE
DOMAINE PUBLIC
Section 2. LES CHARGES DE VOISINAGE ÉTABLIES AU PROFIT DU
DOMAINE PUBLIC
CHAPITRE 4 LA PROTECTION DU DOMAINE
Section 1. LES PRINCIPES D'INALIÉNABILITÉ ET
D'IMPRESCRIPTIBILITÉ
§ 1. Origine et fondement des principes d'inaliénabilité
et d'imprescriptibilité
§ 2. Conséquences des principes d'inaliénabilité
et d'imprescriptibilité
§ 3. Limites des principes d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité
Section 2. LA POLICE DE LA CONSERVATION
Section 3. LA PROTECTION PÉNALE DU DOMAINE PUBLIC : LE
RÉGIME DES CONTRAVENTIONS DE VOIRIE
§ 1. Les contraventions de voirie relevant de la juridiction
judiciaire
§ 2. Les contraventions de grande voirie relevant du juge
administratif

TITRE 3 LE DROIT DU DOMAINE PRIVÉ


CHAPITRE 1 LA CONSISTANCE DU DOMAINE PRIVÉ
Section 1. LA COMPOSITION DU DOMAINE PRIVÉ
Section 2. L'ENTRÉE DANS LE DOMAINE PRIVÉ
Section 3. LA DÉTERMINATION DE LA DOMANIALITÉ PRIVÉE
CHAPITRE 2 LE RÉGIME JURIDIQUE DU DOMAINE PRIVÉ
Section 1. LA GESTION DU DOMAINE PRIVÉ
§ 1. Les autorités gestionnaires
§ 2. Le régime juridique de la gestion du domaine privé :
généralités
§ 3. La responsabilité de l'administration du fait de la gestion
du domaine privé
Section 2. L'UTILISATION DU DOMAINE PRIVÉ

Section 3. L'ALIÉNATION DES DÉPENDANCES DU DOMAINE


PRIVÉ

DEUXIÈME PARTIE LES TRAVAUX ET OUVRAGES PUBLICS

TITRE 1 LES NOTIONS DE TRAVAUX ET D'OUVRAGES


PUBLICS
CHAPITRE 1 LA NOTION DE TRAVAIL PUBLIC
Section 1. L'ÉLÉMENT COMMUN AUX DEUX DÉFINITIONS :
L'EXIGENCE D'UN TRAVAIL IMMOBILIER
§ 1. Travail
§ 2. Travail immobilier
Section 2. LA DÉFINITION TRADITIONNELLE DU TRAVAIL PUBLIC
§ 1. Travail exécuté pour le compte d'une personne publique
A. Notion de personne publique
B. Sens de l'expression « pour le compte de »
1° Travail portant sur un immeuble appartenant déjà
à une personne publique ou devant lui appartenir dès
son achèvement
2° Travail portant sur un immeuble qui n'appartient pas ou qui
n'appartiendra pas à une personne publique mais qui est imposé
par elle ou qu'elle dirige, contrôle et finance
§ 2. Travail exécuté dans un but d'intérêt général
A. Intérêt général et service public
B. Intérêt général et domaine public
§ 3. Travail exécuté par une personne publique ou privée
Section 3. LA DÉFINITION NOUVELLE DU TRAVAIL PUBLIC
§ 1. Travail exécuté pour le compte d'une personne privée
§ 2. Travail exécuté dans le cadre d'une mission de service public
§ 3. Travail exécuté par une personne publique
CHAPITRE 2 LA NOTION D'OUVRAGE PUBLIC

Section 1. LES CONSTANTES DE LA NOTION D'OUVRAGE PUBLIC


§ 1. Caractère immobilier de l'ouvrage
§ 2. Nécessité d'un aménagement de l'ouvrage
§ 3. Affectation de l'ouvrage à l'intérêt général
Section 2. LES VARIABLES DE LA NOTION D'OUVRAGE PUBLIC
§ 1. Ouvrage public et travail public
A. Un travail public peut ne pas déboucher sur un ouvrage public
B. Un ouvrage public peut ne pas procéder d'un travail public
C. Un travail portant sur un ouvrage public n'est pas forcément
un travail public
§ 2. Ouvrage public et domaine public
A. Un bien peut faire partie du domaine public sans être un ouvrage
public
B. Un bien peut être un ouvrage public sans faire partie du domaine
public
1° Ouvrages publics appartenant au domaine privé des personnes
publiques
2° Ouvrages publics appartenant à des personnes privées
CHAPITRE 3 LES IMPLICATIONS DE LA NOTION DE TRAVAIL
OU D'OUVRAGE PUBLIC
Section 1. LE RÉGIME PARTICULIER DES TRAVAUX PUBLICS
§ 1. Régime juridique
§ 2. Régime contentieux
A. Compétence du juge administratif
B. Compétence du tribunal administratif
C. Procédure contentieuse
1° Pas d'obligation de susciter une décision préalable
2° Possibilité d'intenter le recours à tout moment
3° Possibilité d'agir sans ministère d'avocat devant le tribunal
administratif
D. Arbitrage
Section 2. LE CARACTÈRE ATTRACTIF DE LA NOTION DE TRAVAIL
PUBLIC

TITRE 2 LA RÉALISATION DES TRAVAUX ET OUVRAGES


PUBLICS
CHAPITRE 1 L'EXÉCUTION DIRECTE PAR LA COLLECTIVITÉ
PUBLIQUE
CHAPITRE 2 LA RÉALISATION DES TRAVAUX PUBLICS PAR UN TIERS
PAYÉ DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT PAR
L'ADMINISTRATION
Section 1. LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE CONTRATS AYANT
POUR OBJET LA RÉALISATION PAR UN TIERS DE
TRAVAUX PUBLICS
§ 1. Les critères d'identification
A. La question de la maîtrise d'ouvrage publique
B. La distinction marchés publics – concessions
§ 2. Typologie des différents contrats de travaux
de la commande publique
A. Les marchés publics de travaux
B. Les concessions de travaux
C. Les contrats publics qui ne peuvent plus être utilisés en matière
de travaux
Section 2. L'ÉXÉCUTION PAR UN MARCHÉ PUBLIC DE TRAVAUX
Sous-section 1. Les parties au contrat
§ 1. Les acheteurs publics
A. Les pouvoirs adjudicateurs de droit public
B. Les pouvoirs adjudicateurs, maîtres d'ouvrage publics
C. La délégation de maîtrise d'ouvrage
D. Les entités adjudicatrices
§ 2. Le titulaire du contrat
Sous-section 2. La passation du contrat
§ 1. Les règles de l'ordonnance de 2015 et du décret
de 2016 relatifs aux marchés publics
A. Règles générales applicables aux différentes procédures
B. Les procédures de passation
§ 2. Les règles de compétence et de forme
§ 3. Éléments du contentieux de la formation du marché public
de travaux
Sous-section 3. Le contenu du contrat
Sous-section 4. L'exécution du contrat
§ 1. L'exécution personnelle du marché
A. La cession du marché
B. La sous-traitance du marché
§ 2. Exécution technique du contrat
A. Durée et délais d'exécution du marché
B. Pouvoir de contrôle et de direction
C. Résiliation du marché pour faute de l'entrepreneur
§ 3. Exécution financière du marché
A. Le prix du marché
B. Le financement du marché
C. Les garanties financières du maître d'ouvrage public
§ 4. Les modifications du marché en cours d'exécution
A. Les modifications imputables à l'administration
B. Les modifications extérieures à l'administration
Sous-section 5. Les responsabilités des constructeurs
§ 1. Les responsabilités contractuelles
A. La responsabilité contractuelle jusqu'à la réception des travaux
B. La réception des travaux
C. Les responsabilités contractuelles postérieures à la réception
des travaux
§ 2. Les responsabilités post-contractuelles
A. La garantie biennale de bon fonctionnement des éléments
d'équipement de l'ouvrage
B. La garantie décennale des vices de construction de l'ouvrage
§ 3. Les responsabilités extra-contractuelles
A. Les recours en garantie entre constructeurs
B. Le recours en garantie du maître de l'ouvrage contre
les constructeurs en cas de dommage causé après la réception
de l'ouvrage
Section 3. L'EXÉCUTION PAR UN CONCESSIONNAIRE DE TRAVAUX
PUBLICS (ET DE SERVICE PUBLIC)
Sous-section 1. Les parties contractantes
Sous-section 2. Procédure de passation
§ 1. Principes généraux
§ 2. Éléments de la procédure d'attribution
Sous-section 3. Les principales clauses de la concession
Sous-section 4. L'exécution des concessions
Sous-section 5. La fin des concessions

TITRE 3 LES ADMINISTRÉS ET LES TRAVAUX ET OUVRAGES


PUBLICS
CHAPITRE 1 LES SUJÉTIONS DU FAIT DES TRAVAUX ET OUVRAGES
PUBLICS
Section 1. LES SERVITUDES ADMINISTRATIVES
§ 1. La servitude d'occupation temporaire
A. Étendue
B. Procédure
C. Indemnité
D. Contentieux
§ 2. Les autres servitudes
Section 2. LES CONTRAINTES FINANCIÈRES
§ 1. La récupération des plus-values
A. La récupération par compensation
B. La récupération directe
§ 2. Les taxes et prestations financières obligatoires
Section 3. L'INTANGIBILITÉ DES OUVRAGES PUBLICS
§ 1. La portée traditionnelle du principe d'intangibilité
des ouvrages publics
§ 2. La remise en cause contemporaine du principe d'intangibilité
des ouvrages publics
A. Les premières atteintes
B. La « tangibilité » sous conditions
CHAPITRE 2 LES DOMMAGES DE TRAVAUX ET OUVRAGES PUBLICS
Section 1. LA NOTION DE DOMMAGES DE TRAVAUX PUBLICS
§ 1. Nécessité d'un lien entre le dommage et un travail public
§ 2. Caractère extensif de la notion de dommages de travaux
publics
A. Dommages causés par le matériel utilisé pour des travaux publics
B. Dommages causés par des éléments naturels ou des animaux
par l'intermédiaire d'un ouvrage public
C. Dommages causés par le service public exploitant l'ouvrage
public
§ 3. Limites du caractère extensif
A. Dommages résultant d'une voie de fait
B. Dommages résultant d'un véhicule
C. Dommages subis par les usagers d'un service public industriel
et commercial
D. Dommages subis par les cocontractants
E. Dommages accessoires à une expropriation
F. Dommages accessoires à l'institution d'une servitude
G. Dommages constitutifs d'une contravention de voirie routière
§ 4. Principales catégories de dommages de travaux publics
A. Dommages résultant de l'exécution d'un travail public
ou de la construction d'un ouvrage public
B. Dommages résultant de l'existence d'un ouvrage public
C. Dommages résultant d'un vice dans la conception, d'un vice
dans l'aménagement ou d'un défaut d'entretien normal d'un
ouvrage public
D. Dommages résultant du fonctionnement d'un ouvrage public
E. Dommages résultant de l'inexécution d'un travail public
ou de l'absence d'un ouvrage public
Section 2. LE FONDEMENT DE LA RESPONSABILITÉ
§ 1. Dommages subis par les tiers : responsabilité sans faute
A. Notion de tiers
B. Responsabilité sans faute
C. Causes d'exonération
§ 2. Dommages subis par les usagers : responsabilité pour défaut
d'entretien normal
A. Notion d'usager
B. Responsabilité pour défaut d'entretien normal
C. Causes d'exonération
§ 3. Dommages subis par les participants : responsabilité
pour faute
A. Notion de participant
B. Responsabilité pour faute
C. Causes d'exonération
§ 4. Cas particuliers
A. Dommages causés par les ouvrages exceptionnellement
dangereux
B. Dommages subis par les riverains des voies publiques
C. Dommages subis par les occupants du domaine public
D. Dommages subis par les bénéficiaires des ouvrages
des associations syndicales de propriétaires
Section 3. LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITÉ
§ 1. Saisine du juge
A. Règles de compétence
B. Règles de procédure
§ 2. Patrimoine responsable
A. Débiteurs primaires de l'indemnité
B. Imputation définitive de la responsabilité
C. Cas particulier des dommages réparés par les caisses de Sécurité
sociale

TROISIÈME PARTIE L'EXPROPRIATION POUR CAUSE D'UTILITÉ


PUBLIQUE

TITRE 1 GÉNÉRALITÉS
CHAPITRE 1 L'HISTOIRE DE L'EXPROPRIATION
§ 1. Le droit romain
§ 2. L'Ancien Régime
§ 3. La Révolution
§ 4. Le Premier Empire
§ 5. La Monarchie de Juillet
§ 6. La Troisième et la Quatrième République
§ 7. La Cinquième République
CHAPITRE 2 LES SOURCES DE L'EXPROPRIATION
Section 1. LES SOURCES CONSTITUTIONNELLES
§ 1. Les règles de fond
A. L'article 17 de la Déclaration de 1789 : le droit de propriété
B. L'article 16 de la Déclaration de 1789 : la garantie des droits
§ 2. Les règles de compétence
A. La répartition des compétences entre le pouvoir législatif
et le pouvoir réglementaire
B. La répartition des compétences entre le juge administratif
et le juge judiciaire
Section 2. LES SOURCES CONVENTIONNELLES
§ 1. L'article premier du premier protocole additionnel
à la Convention européenne des droits de l'homme : le droit
au respect des biens
§ 2. L'article 6 de la Convention européenne des droits
de l'homme : le droit à un procès équitable
Section 3. LES SOURCES LÉGISLATIVES ET RÉGLEMENTAIRES
§ 1. Le Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique
§ 2. Les autres dispositions législatives et réglementaires
concernant l'expropriation
§ 3. Le principe de l'indépendance des législations
A. Expropriation et droit de l'urbanisme
B. Expropriation et droit des monuments et des sites
CHAPITRE 3 LA DÉFINITION DE L'EXPROPRIATION

Section 1. L'OBJET DE L'EXPROPRIATION


§ 1. L'expropriation : un mode de cession forcée des biens
A. Expropriation et préemption
B. Expropriation et réquisition
C. Expropriation et confiscation
D. Expropriation et nationalisation
§ 2. Les biens susceptibles d'être expropriés : les immeubles
A. Les immeubles appartenant à des personnes privées
B. Les immeubles appartenant à des personnes publiques
§ 3. Les biens susceptibles d'être expropriés : les droits réels
immobiliers
§ 4. Les biens insusceptibles d'être expropriés : les meubles
Section 2. LE BUT DE L'EXPROPRIATION
§ 1. L'extension législative de la notion d'utilité publique
§ 2. L'extension jurisprudentielle de la notion d'utilité publique
Section 3. LES ACTEURS DE L'EXPROPRIATION
§ 1. Le titulaire du pouvoir d'exproprier : l'État
A. Les moyens de contrôle de l'État
B. La pratique du contrôle de l'État
§ 2. Les initiateurs de l'expropriation
A. Les collectivités territoriales
B. Les établissements publics
C. Les personnes privées
§ 3. Les bénéficiaires de l'expropriation
A. Les personnes privées
B. Les États étrangers ou les organisations internationales
Section 4. LES GARANTIES DE L'EXPROPRIATION
§ 1. La distinction entre la phase administrative et la phase
judiciaire
§ 2. Le caractère minutieusement réglementé de la procédure
§ 3. Le caractère juste et préalable de l'indemnité

TITRE 2 LA PHASE ADMINISTRATIVE


CHAPITRE1 LA CONSULTATION SUR L'UTILITÉ PUBLIQUE :
L'ENQUÊTE PUBLIQUE ET LES AVIS
Section 1. L'ENQUÊTE PUBLIQUE
§ 1. L'enquête traditionnelle
A. Le dossier mis à l'enquête
B. Le déroulement de l'enquête
§ 2. L'enquête environnementale
A. Un dossier mis à l'enquête plus étoffé
B. Un déroulement de l'enquête protégeant mieux les intérêts
du public
Section 2. LES AVIS
§ 1. Les avis obligatoires
§ 2. Les avis non obligatoires
CHAPITRE 2 LA CONSTATATION DE L'UTILITÉ PUBLIQUE : LA
DÉCLARATION D'UTILITÉ PUBLIQUE
Section 1. LE PRONONCÉ DE LA DÉCLARATION D'UTILITÉ
PUBLIQUE
§ 1. L'autorité compétente pour déclarer l'utilité publique
A. Le principe : l'utilité publique est déclarée par arrêté ministériel
ou préfectoral
B. L'exception : l'utilité publique est déclarée par décret en Conseil
d'État
§ 2. La liberté laissée à l'autorité compétente
§ 3. Le délai pour déclarer l'utilité publique
§ 4. Le contenu de la déclaration d'utilité publique
§ 5. La nature juridique de la déclaration d'utilité publique
A. Les DUP et la distinction entre actes réglementaires et actes
individuels
B. Les DUP et la distinction entre actes créateurs de droits et actes
non créateurs de droits
§ 6. Le délai de réalisation de l'opération déclarée d'utilité
publique
A. La DUP a une durée de validité limitée
B. Les propriétaires disposent d'un droit de délaissement
§ 7. Les effets de la déclaration d'utilité publique
Section 2. LE CONTENTIEUX DE LA DÉCLARATION D'UTILITÉ
PUBLIQUE
§ 1. Le contentieux de l'excès de pouvoir
A. La compétence juridictionnelle
B. Les conditions de recevabilité
C. Les procédures d'urgence
D. Les moyens susceptibles d'être invoqués
E. Les effets de l'annulation de la déclaration d'utilité publique
§ 2. Le contentieux de la responsabilité
A. Les hypothèses de responsabilité
B. L'imputation de la responsabilité
CHAPITRE 3 LA DÉTERMINATION DES BIENS À EXPROPRIER :
L'ENQUÊTE PARCELLAIRE ET L'ARRÊTÉ DE
CESSIBILITÉ
Section 1. L'ENQUÊTE PARCELLAIRE
§ 1. Le dossier d'enquête parcellaire
A. La composition du dossier d'enquête parcellaire
B. La notification du dépôt en mairie du dossier d'enquête
parcellaire
§ 2. Le déroulement de l'enquête parcellaire
A. La désignation du commissaire enquêteur ou de la commission
d'enquête
B. L'ouverture de l'enquête
C. La formulation des observations
D. La clôture de l'enquête et l'avis du commissaire enquêteur
ou de la commission d'enquête
Section 2. L'ARRÊTÉ DE CESSIBILITÉ
§ 1. Le prononcé de l'arrête de cessibilité
A. L'autorité compétente pour prendre l'arrêté de cessibilité
B. La liberté laissée à l'autorité compétente
C. Le contenu de l'arrêté de cessibilité
D. La nature juridique de l'arrêté de cessibilité
E. Le délai de validité de l'arrêté de cessibilité
F. Les effets de l'arrêté de cessibilité
§ 2. Le contentieux de l'arrêté de cessibilité
A. Le contentieux de l'excès de pouvoir
B. Le contentieux de la responsabilité

TITRE 3 LA PHASE JUDICIAIRE


CHAPITRE 1 LE TRANSFERT DE PROPRIÉTÉ

Section 1. LE PRONONCÉ DE L'ORDONNANCE D'EXPROPRIATION


§ 1. Les règles de procédure
§ 2. Le rôle du juge
§ 3. Le contenu de l'ordonnance d'expropriation
§ 4. La notification de l'ordonnance d'expropriation
§ 5. Les effets de l'ordonnance d'expropriation
A. Les effets sur le droit de propriété
B. Les effets sur les autres droits réels et sur les droits personnels
Section 2. LE CONTENTIEUX DE L'ORDONNANCE
D'EXPROPRIATION
§ 1. Le pourvoi en cassation contre l'ordonnance d'expropriation
A. Les conditions de recevabilité du pourvoi en cassation
B. Les moyens du pourvoi en cassation
C. Les effets du pourvoi en cassation
§ 2. La demande visant à faire constater que l'ordonnance
d'expropriation est dépourvue de base légale
CHAPITRE 2 LA FIXATION DE L'INDEMNITÉ
Section 1. LES RÈGLES DE COMPÉTENCE
§ 1. Le juge de l'expropriation est compétent pour réparer
les préjudices directement causés par l'expropriation
§ 2. Le juge de l'expropriation est incompétent pour réparer
les dommages de travaux publics
§ 3. Le juge de l'expropriation est incompétent pour réparer
les dommages causés par les voies de fait ou les emprises
irrégulières
§ 4. Le juge de l'expropriation est incompétent pour connaître
des contestations sérieuses relatives au fond du droit
ou à la qualité des réclamants
Section 2. LES RÈGLES DE PROCÉDURE
§ 1. La détermination des bénéficiaires
§ 2. La notification des offres
§ 3. La saisine du juge
§ 4. Les conclusions du commissaire du gouvernement
§ 5. La visite des lieux
§ 6. L'audience et le jugement
§ 7. Les voies de recours
Section 3. LES RÈGLES DE FOND
§ 1. Les principes généraux
A. L'indemnisation doit couvrir le préjudice direct, matériel
et certain causé par l'expropriation
B. L'indemnisation doit être intégrale
C. L'indemnisation doit être effectuée en euros
§ 2. Les dispositions techniques
A. La date de détermination de la consistance des biens
B. La date d'estimation de la valeur des biens expropriés
C. La prise en compte des accords amiables et des évaluations
et déclarations fiscales
D. La règle des mutations récentes
E. La récupération des plus values

TITRE 4 LES PROCÉDURES SPÉCIALES ET LES INCIDENTS


CHAPITRE 1 LES PROCÉDURES SPÉCIALES
§ 1. La procédure d'urgence
A. Conditions
B. Conséquences
§ 2. La procédure d'extrême urgence
A. Conditions
B. Conséquences
§ 3. La procédure de résorption de l'habitat insalubre
ou menaçant ruine
A. Conditions
B. Conséquences
CHAPITRE 2 LES INCIDENTS
§ 1. Les cessions amiables
A. Cession amiable avant DUP
B. Cession amiable après DUP
§ 2. La déstructuration des exploitations agricoles
A. Conditions d'application
B. Mécanismes protecteurs
§ 3. La réquisition d'emprise totale
A. La réquisition d'emprise totale d'un immeuble
B. La réquisition d'emprise totale d'une exploitation agricole
§ 4. Le droit de rétrocession
A. Conditions du droit de rétrocession
B. Limites du droit de rétrocession
INDEX ALPHABÉTIQUE - PREMIÈRE PARTIE - LE DOMAINE
INDEX ALPHABÉTIQUE - DEUXIÈME PARTIE - LES TRAVAUX ET
OUVRAGES PUBLICS
INDEX ALPHABÉTIQUE - TROISIÈME PARTIE - L'EXPROPRIATION
POUR CAUSE D'UTILITÉ PUBLIQUE
ABRÉVIATIONS
AJ Actualité juridique
AJDA Actualité juridique de droit administratif
AJDI Actualité juridique. Droit immobilier
AJPI Actualité juridique. Propriété immobilière
ALD Actualité législative Dalloz
BJCL Bulletin juridique des collectivités locales
BJCP Bullletin juridique des contrats publics
BJDU Bulletin de jurisprudence du droit de l'urbanisme
BOAMP Bulletin officiel des annonces des marchés publics
CCAG travaux Cahier des clauses administratives applicables aux marchés publics de travaux
C. dom. Et. Code du domaine de l'État
C. dom. publ. Code du domaine public fluvial et de la navigation intérieure
fluv.
C. urb. Code de l'urbanisme
C. voirie rout. Code de la voirie routière
CAA Cour administrative d'appel
CE Conseil d'État
CGCT Code général des collectivités territoriales
CGPPP Code général de la propriété des personnes publiques
chron. chronique
CJA Code de justice administrative
Civ. Cour de cassation, chambre civile
CJEG Cahiers juridiques de l'électricité et du gaz
Cons. const. Conseil constitutionnel
CPC Code de procédure civile
D. Recueil Dalloz
DA Dalloz analytique
DC Dalloz critique
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PREMIÈRE PARTIE
LE DOMAINE

TITRE 1 LE DROIT DES PROPRIÉTÉS PUBLIQUES

TITRE 2 LE DROIT DU DOMAINE PUBLIC

TITRE 3 LE DROIT DU DOMAINE PRIVÉ


INTRODUCTION
LA QUESTION DU STATUT JURIDIQUE
DES BIENS PUBLICS

SECTION 1. L'ÉTENDUE DES PATRIMOINES PUBLICS

1 Naissance des patrimoines publics 1


◊ L'apparition des patrimoines
publics est consubstantiellement liée à la construction de l'État et des
institutions locales.
Il y eut une contribution importante à l'émergence de l'institution étatique
dans l'admission progressive d'une séparation entre les biens de la Couronne et
les biens personnels du souverain. Le droit en vint à considérer que les biens
de la Couronne, bien qu'appartenant aussi au souverain , étaient inaliénables
2

parce que rattachés à une entité, un principe – le royaume, l'État –, dont chaque
monarque particulier n'était qu'une incarnation temporaire.
La règle d'inaliénabilité, conceptualisée dès le XIV siècle, fut clairement
e

formulée au XVI siècle (édit de juin 1539, ordonnance de Moulins de


e

février 1566), et considérée comme une loi fondamentale du royaume. Elle fut
complétée au XVII siècle par un principe d'imprescriptibilité (édit d'août
e

1667).
La constitution des patrimoines publics locaux a également accompagné la
constitution historique des institutions locales. Lorsqu'à partir du XII siècle, les
e

institutions communales réussirent à s'insérer dans le système féodal, elles


purent acquérir ou édifier des biens (hôtels de ville, asiles pour les indigents
ou les malades…). Quant aux biens « communaux », c'est-à-dire ces biens
(forêts, pâturages…) sur lesquels les communautés d'habitants avaient des
droits communs d'usage, ils furent, à la Révolution, attribués aux communes,
tout en conservant un régime particulier préservant les droits collectifs des
habitants .
3

2 Développement à l'époque moderne ◊ Le développement des


patrimoines publics de l'État et des autres personnes publiques a suivi, à
l'époque contemporaine, l'accroissement de l'intervention étatique, de
l'intervention publique en général.
Le nombre croissant de missions et de responsabilités confiées aux
institutions publiques les a conduites à étendre leur emprise sur une quantité
croissante de biens, acquis par elles ou réalisés par elles. L'augmentation
historique constante des investissements publics, notamment se traduit
évidemment par une extension automatique du nombre des biens publics . 4

En certaines occasions, les patrimoines publics s'enflent de manière


soudaine. Il en va ainsi lorsque de grands projets (que l'on songe au TGV)
conduisent d'abord à l'acquisition de grandes quantités de terrains et
d'immeubles, puis conduisent à la réalisation de grandes quantités
d'équipements. Il en va ainsi également à l'occasion des nationalisations : en
1936, à la Libération, en 1982, l'État, par l'acquisition de diverses sociétés, a
agrandi son patrimoine à proportion des actifs de celles-ci.

3 Tendances actuelles ◊ À l'époque actuelle, le développement des


patrimoines publics tend à marquer le pas, dans une certaine mesure tout au
moins. Il faut ici distinguer deux aspects.
D'un côté, les personnes publiques, les collectivités locales tout
spécialement, continuent à investir de façon importante (sous réserve des
difficultés financières postérieures à la crise de 2008, toutefois), et donc à se
doter de biens supplémentaires (immeubles, équipements de transport,
patrimoine culturel, etc.) .
5

Dans certains secteurs, au contraire, les propriétés publiques, les propriétés


d'État en tous les cas, tendent à régresser. Il en va ainsi sous l'effet des
privatisations pratiquées depuis 1986.
Il en va également ainsi dans certains domaines où l'État réduit son volume
d'activité, et se trouve à la tête d'équipements surdimensionnés, qu'il va dès
lors s'efforcer soit d'externaliser en en confiant la gestion à des entreprises
6

privées, soit carrément d'aliéner : c'est ce qui se passe actuellement en ce qui


concerne le patrimoine immobilier des armées, notamment . 7

La politique de cession des actifs immobiliers dont l'État n'a pas un besoin
absolu a été d'ailleurs organisée et systématisée, avec la mise en place d'une
Mission pour la réalisation des actifs immobiliers. Il est vrai que la cohérence
et l'efficacité de cette politique sont régulièrement mises en cause .
8

Les collectivités territoriales sont parfois elles aussi conduites à céder une
partie de leur patrimoine à la fois pour faire face à leurs difficultés financières
et pour permettre la réalisation de certains projets privés qui leur paraissent
conformes à l'intérêt collectif. C'est ainsi, par exemple, que la Ville de Paris a
annoncé en septembre 2015 un programme « Réinventer Paris » dans le cadre
duquel elle prévoit de céder des immeubles à hauteur de 500 à 800 millions
d'euros .
9

Externalisation et politique de cession doivent être comprises comme


traduisant une préoccupation de valorisation des biens publics, aujourd'hui très
présente, et dont nous aurons l'occasion de reparler (notamment, v. ss 129). Les
grandes lignes de cette politique sont notamment exprimées dans une circulaire
du Premier ministre du 28 février 2007 .10

SECTION 2. LE PARTICULARISME DU DROIT DES


PATRIMOINES PUBLICS

4 Irréductible existence d'un certain particularisme du droit des


patrimoines publics ◊ Comme on va le voir, dans tous les systèmes
11

juridiques, il existe des traces, plus ou moins développées, de particularisme


du droit des biens publics : ceux-ci ne sont jamais entièrement soumis au droit
commun, même dans les systèmes où, en principe, leur régime n'est pas
spécifique.
Pourquoi en va-t-il ainsi ? Les raisons sont diverses. Elles tiennent parfois à
l'origine historique des patrimoines publics, et notamment à leurs liens
historiques avec le patrimoine personnel des monarques. Elles tiennent aussi au
fait que, fonctionnellement, certains biens publics sont d'une nature qui les
éloigne des biens privés, même de ceux qui présentent des caractéristiques
voisines : il en va ainsi de tous ceux qui sont le siège d'espaces pleinement
ouverts au public, comme les routes, les places, les fleuves, l'espace aérien, les
espaces maritimes, etc.
Certains d'entre eux correspondent à ce que la théorie économique qualifie
de biens publics, ou biens collectifs. On doit prendre garde au fait que cette
théorie économique des biens publics ne vise pas que des biens au sens
juridique du terme : elle concerne également certains services, certaines
prestations, comme la défense nationale ou la sécurité publique par exemple.
Mais elle concerne aussi des biens au sens juridique – équipements publics
divers, et démontre que leur production ne peut logiquement pas être
correctement assurée par le marché et qu'elle doit être soutenue par la
puissance publique ou prise en charge par elle . Cette théorie des « biens
12

publics », qui est une partie de la théorie économique des défaillances du


marché, éclaire la soumission de divers biens administratifs à des règles
spéciales . 13

D'autres théories économiques éclairent d'autres aspects de notre sujet,


notamment les justifications de la propriété publique, ou les logiques de son
fonctionnement, ou encore les enjeux de l'aliénation des biens publics . 14

5 Droit comparé : les systèmes dans lesquels existe la notion d'un


domaine public soumis par essence à des règles spéciales ◊ La
confirmation de ce que, dans tous les systèmes juridiques, les biens publics, ou
en tous les cas un bon nombre d'entre eux, se voient soumettre à des règles
spéciales, est d'abord apportée par les droits dans lesquels la notion d'un
domaine public est admise.
1 En vérité, cette hypothèse semble recouvrir deux situations. La première
o

est celle dans laquelle les biens de l'administration se trouvent, comme en droit
français, divisés en biens du domaine public, soumis au droit public, et biens
du domaine privé, soumis, en principe tout au moins, au droit commun. C'est ce
que l'on trouve, par exemple, dans le droit espagnol , comme dans le droit
15

belge , dans le droit grec , ou encore dans le droit marocain . C'est ce que
16 17 18

l'on trouve également dans le droit québécois, du moins en ce qui concerne les
biens des collectivités locales . Le droit italien distingue, au sein des biens
19

administratifs, ceux qui relèvent du « demanio » et ceux qui ressortissent au


« patrimonio » . 20

Mais il existe aussi des systèmes dans lesquels le concept de domaine public
s'inscrit dans une classification plus complexe des biens de l'administration.
C'est ainsi, par exemple, que le droit helvétique classe les biens publics en
trois catégories : le domaine public comprend ceux qui peuvent être utilisés par
tout un chacun (routes, espaces naturels…), le patrimoine administratif
comprend ceux qui sont affectés à la réalisation d'un intérêt public spécial,
mais ne peuvent être utilisés par les administrés qu'au travers d'une activité
administrative (hôpitaux, écoles, gares…), les autres biens (immeubles
locatifs, forêts…) constituant le patrimoine financier .
21

2 En principe, dans ces systèmes, les biens publics qui ne sont pas
o

considérés comme appartenant au domaine public sont tenus pour régis par le
droit commun. Et pourtant, on découvre que cette soumission au droit commun
n'est jamais totale. Des législations spéciales, ou des principes de droit public
non écrits, viennent très fréquemment interférer. En droit grec, les contrats
intéressant le domaine privé ne sont jamais purement et simplement régis par le
droit privé . En droit belge, l'article 537 du Code civil permet de soumettre
22

tous les biens publics à des règles spéciales .


23

En droit helvétique, si la gestion du patrimoine financier des collectivités


publiques est normalement soumise purement au droit commun, le régime des
actes correspondants se trouve en fait influencé par les règles de droit public
relatives à l'organisation et aux compétences administratives .24
6 Droit comparé : les systèmes dans lesquels il n'existe pas de
notion d'un domaine public soumis par essence à des règles
spéciales ◊ Dans un certain nombre de systèmes juridiques, on considère que
l'activité immobilière de l'État et des autres personnes publiques – la « face
immobilière » de l'administration peut-on dire –, est soumise au droit commun.
1 Deux sortes de droits, ici aussi, sont concernés. Il s'agit en premier lieu de
o

ceux qui considèrent traditionnellement qu'en principe, de façon générale,


l'administration est soumise au même droit que les particuliers : de façon
caractéristique, dans les droits de common law, le droit des biens publics n'est
nullement considéré comme spécifique, et le concept de domaine public n'est
pas connu .
25

Il s'agit en second lieu de systèmes, qui, bien que reposant sur la distinction
du droit public et du droit privé, et n'admettant pas la soumission de principe
de l'administration au droit privé, vont cependant considérer que la réalité
immobilière des personnes publiques et leurs activités immobilières, ne
diffèrent pas par nature de leur équivalent chez les particuliers, et n'ont donc en
principe pas à être soumises au droit public. Telle est la position du droit
allemand.
2 Cela dit, dans les deux cas, ces systèmes, eux aussi, confirment que les
o

biens publics ne sont jamais complètement soumis au droit commun, car on y


trouve toujours la trace de règles spéciales s'appliquant tout au moins à certains
biens publics, la trace d'un certain particularisme dû aux caractères
fonctionnels ou symboliques particuliers de ces biens.
Par exemple, en droit anglais, le principe de soumission des biens publics au
droit commun comporte une exception considérable, qui concerne les biens de
la Couronne. Ces biens, qui constituent en réalité une grande part des biens de
l'État, ne sont pas soumis au droit commun. C'est ainsi que, traditionnellement,
les monuments historiques appartenant aux ministères ne sont pas soumis aux
règles concernant les immeubles classés, les travaux faits sur les terrains
appartenant à la Couronne ne sont pas soumis à la législation d'urbanisme, etc.
En matière immobilière comme dans d'autres domaines, la Couronne n'est
soumise à la législation ordinaire que lorsque les textes le précisent
expressément . 26

En droit américain, par exemple, la Cour suprême a admis que le lit et les
rives des cours d'eau appartenaient aux États, et que ceux-ci ne pouvaient
autoriser l'utilisation privative de ces espaces sans sauvegarder les fonctions
d'intérêt général qui leur sont attachées27

Dans le droit allemand, en dépit du fait que la gestion immobilière est


normalement sur la face de droit privé du droit de l'administration, les règles
de droit public provoquent souvent des interférences. Un auteur donne
l'exemple suivant. Lorsqu'un parti politique demande à disposer d'une salle
municipale, la décision de laisser cette salle à ce parti-là a un caractère de
droit public et est régie par les principes correspondants, même si le contrat de
location doit être un contrat de droit privé .
28

7 Position du droit français : naissance de la théorie du domaine


public ◊ Comme on l'a vu, au cours de l'Ancien Régime, s'est forgé, au travers
du principe d'inaliénabilité, un régime particulier des biens de la Couronne.
Sur cette base, petit à petit, allait s'élaborer la théorie du domaine public.
Les étapes furent essentiellement les suivantes.
a) Au XVII et au XVIII siècles, certains auteurs ont formulé une théorie des
e e

choses publiques qu'ils distinguaient du domaine de la Couronne. Sur ces


choses, affectées à l'usage public, ils considéraient que le Roi n'avait pas un
droit de propriété mais seulement un droit de garde ou des pouvoirs de
police . À la fin de l'Ancien Régime, ces conceptions connaissaient un certain
29

succès, sans entamer pourtant la doctrine officielle.


b) Sous la Révolution, le problème du domaine fut un des premiers évoqués
par les Assemblées révolutionnaires et dès octobre 1789 était nommé un
Comité du domaine. Ses travaux aboutirent à l'élaboration du décret des
22 novembre et 1 décembre 1790.
er

Le domaine de la Couronne devenait le domaine national, ensemble de toutes


les propriétés foncières et droits réels ou mixtes appartenant à la Nation. Le
domaine, qui n'incluait plus les droits fiscaux, était la propriété de Nation.
Le statut des biens domaniaux était profondément modifié. Pour diverses
raisons (raisons financières : nécessité d'utiliser le domaine ; raisons
théoriques, le droit de propriété de la Nation ne pouvant être amoindri ; raisons
économiques : attachement au libéralisme), la règle d'inaliénabilité était abolie.
Dans une formule d'ailleurs maladroite, l'article 8 du décret, après avoir
déclaré le domaine inaliénable sans le concours de la Nation, indiquait qu'il
pouvait être aliéné en vertu d'un décret du Corps législatif sanctionné par le
Roi. La règle d'imprescriptibilité était également abandonnée (prescription
possible au terme d'un délai de 40 ans).
Ces changements n'affectaient pas le principe adopté sous l'Ancien Régime
de l'unité du domaine. Les diverses dépendances domaniales demeuraient
soumises au même statut.
c) Le Code civil consacra au domaine des dispositions très brèves,
empruntées à peu de chose près au décret de 1790 . Ces textes, comme du
30

reste certains articles du décret de 1790, employaient l'expression domaine


public.
À la suite de Proudhon, de nombreux auteurs du XIX siècle ont soutenu que le
e

Code civil consacrait la distinction du domaine public et du domaine privé (ou


domaine de la Nation). On estime aujourd'hui qu'il n'y avait là qu'hypothèses
d'exégètes désireux de rattacher leurs conceptions à des textes et qu'en réalité
les rédacteurs du Code civil, qui employaient indifféremment les expressions
de domaine public et de domaine de la Nation, n'avaient jamais pensé à la
distinction du domaine public et du domaine privé. Cette distinction fut du reste
ignorée de la doctrine et de la jurisprudence des premières années du
XIX siècle.
e

8 L'apparition de la distinction au XIX siècle ◊ L'idée première de la


e

distinction paraît avoir été dégagée progressivement de l'examen de


l'article 538 du Code civil. En déclarant certains biens (cours d'eau navigables,
routes, etc.) insusceptibles de propriété privée, le législateur ne les avait-il pas
rendus par là inaliénables ? Ce point de vue, exprimé de manière plus ou moins
précise par certains commentateurs du Code civil (Delvincourt, Duranton), a pu
aussi influencer certaines décisions de jurisprudence . 31

La distinction, étudiée notamment par Foucart, fut systématisée par Victor


Proudhon (Traité du domaine public, 1833), doyen de la Faculté de droit de
Dijon .32

À l'intérieur du domaine national, Proudhon met à part le domaine public


« ensemble des choses qui sont publiques comme asservies par les dispositions
de la loi civile aux usages de tous ». Ce domaine improductif (« domaine de
protection ») comprend des biens affectés à « l'utilisation publique » (Proudhon
y fait même rentrer des biens affectés à des services publics comme les
prisons). Du fait de leur consécration à l'utilité publique, ces biens sont
inaliénables et imprescriptibles, au moins tant que dure cette destination
d'intérêt général.
À ce domaine s'opposent les biens « qui appartiennent propriétairement à la
communauté qui en jouit comme les particuliers jouissent de leurs biens ». Il
s'agit du domaine privé, « domaine de profit », composé de biens productifs.
La conception dégagée par Proudhon devait très rapidement être adoptée par
la doctrine. Les auteurs qui ne faisaient aucune allusion à la distinction
(Cormenin, Gerando, etc.) y font place dans les nouvelles éditions de leurs
ouvrages et toute la doctrine ultérieure en fait un élément essentiel de l'étude
des biens publics.
Dès le milieu du XIX siècle, des décisions de jurisprudence commencent à
e

utiliser la théorie du domaine public en y attachant les conséquences proposées


par la doctrine, inaliénabilité et imprescriptibilité . À la fin du siècle, la
33
distinction est consacrée de manière constante par la jurisprudence.

9 L'existence d'un particularisme du droit du domaine privé ◊ À cette


époque, s'est donc définitivement imposée l'idée selon laquelle les biens
publics comportent un noyau important, le domaine public, qui n'est pas soumis
aux règles du droit privé des biens.
À vrai dire, on va découvrir ensuite (v. ss 26) que les biens administratifs
qui n'appartiennent pas à ce noyau, et qui constituent donc le domaine privé, ne
sont pas purement et simplement soumis au droit commun. D'abord, de très
nombreux textes spéciaux s'appliquent à diverses catégories d'entre eux (les
forêts, par exemple). Ensuite, leur régime est traversé par un certain nombre de
principes (l'insaisissabilité, par exemple) et de constructions (celle du contrat
administratif, par exemple) qui proviennent du droit public.
Le droit français confirme, comme on le verra, que c'est l'ensemble des biens
publics qui se trouve traversé par des règles spéciales, plus ou moins denses
selon les cas.
C'est la raison pour laquelle nous aurons à nous situer au niveau du droit
général des biens publics (Titre 1) avant d'examiner le droit du domaine public
(Titre 2) et celui du domaine privé (Titre 3).

10 Bibliographie générale ◊
N. BETTO, La circulation des biens entre personnes publiques, LGDJ, 2011.
S. BOUSSARD et C. LE BERRE, Droit administratif des biens, LGDJ, 2014.
Y. BRARD, Domaines public et privé des personnes publiques, Dalloz, 1994 - Domaine public-
Domaine privé – Dix ans de jurisprudence 1991-2001, Éditions du J.-Cl., 2001.
C. CHAMARD, La distinction des biens publics et des biens privés, Dalloz, 2004.
C. CHAMARD-HEIM, F. MELLERAY, R. NOGUELLOU et Ph. YOLKA, Les grandes décisions du
droit administratif des biens, Dalloz, 2e éd., 2016.
R. CHAPUS, Droit administratif général, Montchrestien, tome 2, 15e éd., 2001.
C. DEBBASCH, J. BOURDON et J.-M. PONTIER, Droit administratif des biens, PUF, coll. Thémis,
3e éd., 1999.
J. DUFAU, Le domaine public, Le Moniteur, 5e éd., 2001.
O. de DAVID BEAUREGARD-BERTHIER, Droit administratif des biens, Gualino, 5e éd., 2007.
N. FOULQUIER, Droit administratif des biens, Lexis Nexis, 2e éd., 2016.
C. GUETTIER, Droit administratif des biens, PUF, 1996.
V. INSERGUET-BRISSET, Propriété publique et envvironnement, LGDJ, 1994.
M. A. LATOURNERIE, Point de vue sur le domaine public, Montchrestien, 2004.
A. de LAUBADÈRE et Y. GAUDEMET, Traité de droit administratif, LGDJ, tome 2, 14e éd., 2014.
P. GODFRIN et M. DEGOFFE, Droit administratif des biens, Armand Colin, 8e éd., 2012.
C. LAVIALLE, Droit administratif des biens, PUF, coll. Droit fondamental, 1996.
J. MORAND-DEVILLER, Droit administratif des biens, LGDJ, 2014.
H. MOYSAN, Le droit de propriété des personnes publiques, LGDJ, 2001.
G. PEISER, Droit administratif des biens, Mémento Dalloz, 2010.
S. TRAORE, Droit des propriétés publiques, Vuibert, 2008.
P. YOLKA, La propriété publique. Éléments pour une théorie, LGDJ, 1997.
J.-Cl. Administratif, fasc. 405-10 s. – J.-Cl. Propriétés publiques.
Code général de la propriété des personnes publiques, annoté et commenté par Fabrice Melleray,
Fabrice Hourquebie et Christian Lavialle, Dalloz, 2011.
TITRE 1
LE DROIT DES PROPRIÉTÉS
PUBLIQUES

CHAPITRE 1 LA CONSTITUTION DES PATRIMOINES PUBLICS


CHAPITRE 2 LE RÉGIME DES BIENS PUBLICS

11 Intérêt d'une approche générale du droit des propriétés


publiques ◊ Dans un passé encore récent, on considérait que le droit
34

administratif n'avait à s'intéresser qu'au domaine public, qu'il n'avait rien de


spécialement intéressant à dire sur le domaine privé, supposé soumis au droit
commun, et qu'il n'y avait donc pas lieu pour lui de se donner pour objet
d'analyse l'ensemble des biens publics, des propriétés publiques.
La perspective s'est aujourd'hui modifiée. En 1986, le Conseil d'État a rendu
publiques de très intéressantes « Réflexions sur l'orientation du droit des
propriétés publiques » . Dans la foulée, un Code des propriétés publiques a
35

été mis en chantier. Des plumes autorisées ont plaidé pour cette optique large .
36

Comme on le verra, c'est en fin de compte un Code général de la « propriété


des personnes publiques » qui a été adopté en 2006 : sous cet intitulé
37

discutable – on y reviendra –, ont bien été regroupées les principales règles


concernant les biens publics, que ces biens appartiennent au domaine public ou
au domaine privé.
C'est qu'en effet, il existe bien des questions et des principes communs à
l'ensemble des propriétés publiques. Ils concernent la constitution des
patrimoines publics (Chapitre 1), et le régime des biens publics (Chapitre 2).
CHAPITRE 1
LA CONSTITUTION DES PATRIMOINES
PUBLICS

Section 1. L'ACQUISITION DE BIENS PAR LES PERSONNES PUBLIQUES


§ 1. Les procédés de droit commun
§ 2. Les procédés spécifiques
Section 2. LA RÉALISATION DE BIENS POUR LE COMPTE DE
PERSONNES PUBLIQUES

12 Modes de constitution des patrimoines publics ◊ Comment des biens


rentrent-ils dans les patrimoines publics ? Cela peut se produire tout
simplement de deux manières. Soit, ils sont acquis par les personnes publiques
(Section 1), soit ils sont réalisés par elles-mêmes ou par un tiers agissant pour
leur compte (Section 2).

SECTION 1. L'ACQUISITION DE BIENS PAR LES PERSONNES


PUBLIQUES 38

13 Le CGPPP évoque les différents modes d'acquisition des biens publics dans ses
articles L. 1111-1 s., et L. 1211-1 s. (la liste au demeurant n'est pas tout à fait
exhaustive). Il distingue les acquisitions à titre onéreux des acquisitions à titre
gratuit.
Il existe une autre façon de classer, que l'on peut juger plus parlante, car elle
donne la mesure du particularisme des règles d'acquisition des biens publics :
elle consiste à distinguer les procédés de droit commun des procédés
spécifiques.

§ 1. Les procédés de droit commun


14 Acquisitions à titre onéreux ◊ Lorsqu'elles acquièrent des biens, les
39

personnes publiques le font bien souvent selon les techniques du droit commun,
qu'infléchissent ici et là de règles spéciales.
1 Les acquisitions qu'elles font à titre onéreux sont souvent opérées selon
o

les techniques juridiques ordinaires de la vente immobilière : « suivant les


règles du droit civil » concernant ce contrat, dit l'article L. 1111-1 du CGPPP .
40

Certaines règles procédurales et formelles particulières ne s'en appliquent


pas moins. Les premières imposent notamment la consultation préalable des
services d'État chargés des domaines. Les dispositions correspondantes
résultent du décret n 86-455 pour ce qui est des acquisitions de l'État, des
o

articles L. 1311-9 et suivants du Code général des collectivités territoriales.


2 Les collectivités publiques peuvent également échanger des biens avec
o

d'autres, appartenant à des personnes privées, ou au domaine privé d'une autre


personne publique (au domaine privé, nécessairement, sinon le principe
d'inaliénabilité s'oppose à l'échange). Le CGPPP envisage cette technique aux
articles L. 1111-2 s. et à l'article L. 3112-3, qui impose que l'acte d'échange
« comporte des clauses permettant de préserver l'existence et la continuité
du service public ».

15 Dons et legs ◊ L'entrée de certains biens dans les patrimoines publics se fait
parfois par le biais de libéralités, de dons ou de legs consentis par des
personnes privées. Certaines institutions publiques reçoivent assez
fréquemment ce genre de libéralités : c'est le cas des hôpitaux, des musées, des
universités…
Les dons et legs aux personnes publiques sont régis par le Code civil, et par
certaines règles qui leur sont propres et qui concernent essentiellement les
modalités de leur acceptation (CGPPP, art. L. 1121-1 s. – des règles
particulières figurent dans le Code de la santé publique pour les dons et legs
faits aux établissements publics de santé, dans le Code général des collectivités
territoriales pour les dons et legs faits aux institutions locales).
Depuis une loi du 4 juillet 1984, le régime de la révision des conditions et
charges liées aux libéralités faites aux personnes publiques est en principe le
même que celui qui s'applique dans le cadre des libéralités faites aux
personnes privées : il est établi par les articles 900-2 s. du Code civil, et fait
intervenir le juge judiciaire 41
. Quelques règles particulières s'appliquent
42

cependant : elles figurent aux articles L. 2222-13 s. du CGPPP, et à l'article


L. 1311-17 du Code général des collectivités territoriales en ce qui concerne
les dons et legs faits à ces dernières.
§ 2. Les procédés spécifiques

16 Procédés d'acquisition forcée ◊ Le transfert de biens privés au sein des


patrimoines publics s'opère également par certains mécanismes spécifiques,
qui sont en particulier les suivants.
Certains de ces mécanismes conduisent à l'acquisition forcée de biens.
Il en va ainsi de l'expropriation, qui sera étudiée en détail par ailleurs
(v. 3 Partie).
e

Il en va ainsi également de la nationalisation, qui est d'ailleurs une forme


d'expropriation (l'art. L. 1112-1 du CGPPP la mentionne pour ordre, et renvoie
aux textes qui la régissent).
Il en va ainsi, également, du droit de préemption, dont l'administration
dispose dans le cadre de certaines législations, et notamment en matière
d'urbanisme. La législation d'urbanisme prévoit en effet que, dans certains
contextes, les collectivités publiques peuvent préempter les terrains et les
immeubles que leurs propriétaires mettent en vente, et faire arbitrer le prix par
le juge de l'expropriation . Un droit administratif de préemption existe aussi en
43

matière d'archives et d'œuvres d'art (CGPPP, art. L. 1112-7 s.).


Il en va encore ainsi du mécanisme, régi par l'article L. 318-3 du Code de
l'urbanisme, qui permet le transfert d'office à la commune des voies privées
ouvertes à la circulation publique .
44

17 Procédés ne comportant pas d'acquisition forcée ◊ D'autres


mécanismes spécifiques ne recèlent pas une acquisition forcée.
Il en va ainsi de celui, qui, sur le fondement des articles 770 et suivants du
Code civil, permet à l'État de se faire attribuer les successions en déshérence
(CGPPP, art. L. 1122-1), comme de celui qui, sur le fondement des articles 539
et 713 du Code civil attribue à l'État les biens vacants et sans maître (CGPPP,
art. L. 1123-1 s.) .
45

Il en va ainsi également de la dation en paiement, mécanisme qui permet de


s'acquitter en nature de certaines contributions fiscales – par exemple, remise
d'œuvres d'art en paiement de droits de succession –, et que rappelle l'article
L. 1111-5 du CGPPP.

SECTION 2. LA RÉALISATION DE BIENS POUR LE COMPTE


DE PERSONNES PUBLIQUES

18 Modes de réalisation de biens devant devenir propriété de


personnes publiques ◊ Il y a, naturellement, des biens qui rentrent dans le
patrimoine des personnes publiques, sans avoir été acquis auprès d'un autre
sujet de droit. Il s'agit des biens qui sont créés par l'administration ou quelqu'un
qui travaille pour son compte : biens meubles (logiciels, œuvres d'art…) créés
par l'administration ou pour son compte, immeubles construits par
l'administration ou pour son compte, etc.
Les montages juridiques au travers desquelles ces biens se trouvent rattachés
à la propriété des personnes publiques concernées ne sont pas identiques à
ceux qui prévalent en droit privé. Il en va ainsi notamment lorsqu'est en
question la réalisation d'ouvrages immobiliers.
C'est ainsi qu'il existe, comme on le verra plus loin (v. 2 partie), divers
e

contrats spécifiques au travers desquels les personnes publiques peuvent


obtenir la réalisation d'ouvrages qui leur reviendront.
C'est ainsi également que la théorie de l'accession, qui, conformément aux
dispositions des articles 552 et 553 du Code civil, postule que le propriétaire
du sol est, sauf titre contraire, propriétaire des ouvrages réalisés sur son sol,
connaît des limites particulières dans le contexte de la propriété publique : le
46

titulaire d'un titre d'occupation du domaine public peut être propriétaire des
ouvrages qu'il réalise en dépit du fait qu'il n'est pas propriétaire du domaine
sur lequel il construit (v. ss 186).
CHAPITRE 2
LE RÉGIME DES BIENS PUBLICS

Section 1. SOURCES
Section 2. RÈGLES COMMUNES
Section 3. LA DISTINCTION DU DOMAINE PUBLIC ET DU DOMAINE
PRIVÉ
Section 4. AUTRES DISTINCTIONS PERTINENTES

19 Objet du chapitre ◊ L'objet du présent chapitre est double. Il est tout d'abord
d'indiquer quelles sont les sources communes (Section 1) et les principales
règles communes du droit des biens publics (Section 2). Il est ensuite d'évoquer
les principales divisions juridiquement pertinentes au sein de la catégorie des
biens publics : la plus importante, de très loin, qui est la distinction du domaine
public et du domaine privé (Section 3), puis les autres (Section 4) .47

SECTION 1. SOURCES

20 Sources internationales et constitutionnelles ◊ Les règles qui régissent


les biens publics ont aujourd'hui une base essentiellement législative – le Code
général dont il va être question –, après avoir eu très largement leur siège dans
la jurisprudence.
Cependant, le droit légiféré – et jurisprudentiel – des biens publics est
aujourd'hui surplombé, aussi, par certaines règles internationales et
constitutionnelles. Au rang des premières figurent non seulement des règles
convenues ici et là dans des traités internationaux – le droit du domaine public
maritime, par exemple, est influencé par le droit international de la mer, qu'il
s'agisse de ses règles générales ou de celles posées par les traités particuliers,
nombreux en la matière –, mais aussi certains principes généraux issus du droit
européen . Le droit de la convention européenne protège les occupants des
48

biens publics au travers de la garantie du droit de propriété que postule


l'article 1 du protocole n 1 . Il est important de préciser, néanmoins, que la
o 49

protection ne s'étend pas aux biens publics eux-mêmes, qui ne sont pas situés
dans le champ du protocole . 50

La Constitution, elle, protège le droit de propriété des personnes publiques


au même titre que celui des personnes privées : c'est ce qu'admet le Conseil
constitutionnel sur le fondement de l'article 17 de la déclaration de 1789 .
51

21 Code général de la propriété des personnes publiques ◊ Après une 52

longue gestation – on peut situer son origine dans le rapport du Conseil d'État
sur l'orientation du droit des propriétés publiques rendu public en 1986 –, le
Code général de la propriété des personnes publiques a été édicté par
l'ordonnance n 2006-460 du 21 avril 2006 la partie réglementaire étant
o

approuvée par le décret n° 2011-1612 du 22 novembre 2011.


Entré en vigueur le 1 juillet 2006, et ratifié par une loi du 12 mai 2009 , le
er 53

CGPPP a abrogé la plus grande part du Code du domaine de l'État, dans lequel
étaient auparavant réunies un certain nombre de règles générales intéressant,
pour l'essentiel, le domaine privé de l'État.
Le champ d'application du CGPPP est précisé par son article L 1, qui prévoit
qu'il « s'applique aux biens et aux droits, à caractère mobilier ou immobilier,
appartenant à l'État, aux collectivités territoriales et à leurs groupements,
ainsi qu'aux établissements publics », et son article L 2, qui le rend applicable
« aux biens et aux droits, à caractère mobilier ou immobilier, appartenant
aux autres personnes publiques dans les conditions fixées par les textes qui
les régissent » (l'hypothèse de l'article L 2 concerne pour l'instant la Banque de
France et l'Autorité des marchés financiers : art. 3-X de l'ordonnance).
Le Code contient des dispositions intéressant aussi bien le domaine privé
que le domaine public . La distinction ne structure même pas le Code au
54

premier degré. Il est divisé en cinq parties : acquisition, gestion, cession,


autres opérations immobilières des personnes publiques, et dispositions
relatives à l'outre-mer.

SECTION 2. RÈGLES COMMUNES 55

22 Les biens publics sont objets de propriété ◊ On peut considérer qu'il


existe trois caractéristiques juridiques qui sont communes à l'ensemble des
biens publics.
La première tient au fait que les personnes publiques disposent, sur tous
leurs biens, d'un droit de propriété.
Cela est admis non seulement par les juridictions administratives et
judiciaires, mais aussi, aujourd'hui, par le Conseil constitutionnel, qui, comme
on l'a vu, place les propriétés publiques sous la protection de l'article 17 de la
déclaration de 1789.
Cela a cependant été longtemps contesté en ce qui concerne le domaine
public. À une certaine époque, on tendait à estimer que le rapport juridique
entre les collectivités publiques et les dépendances du domaine public ne
pouvait pas être décrit dans le cadre de la théorie civiliste du droit de
propriété.
On admet aujourd'hui que ce rapport juridique relève bien du droit de
propriété, que l'on soit en présence du domaine public ou du domaine privé.
Pour autant, il n'est pas niable que le droit de propriété sur les biens publics
comporte des orientations très particulières. Il en va ainsi tout spécialement
dans le cas du domaine public : certains auteurs estiment que le régime de
propriété demeure peu compatible avec la domanialité publique . 56

L'incompatibilité est particulièrement marquée s'agissant de certains biens


publics qui sont en vérité des choses communes, des choses « qui
n'appartiennent à personne » selon l'expression qu'emploie l'article 714 du
Code civil qui les évoque : l'air, la mer, les eaux courantes, l'espace hertzien.
Ces biens constituent plutôt un patrimoine collectif, et les droits que les
collectivités publiques exercent sur eux s'éloignent des standards du droit de
propriété par de nombreux aspects : et de façon croissante au fur et à mesure
que les règles – nationales et internationales – de protection de l'environnement
en garantissent la protection .
57

Même dans le cas du domaine privé, le droit de propriété comporte des


inflexions assez notables, résultant des règles qui vont être maintenant
évoquées .58

Comme on l'a vu, le nouveau Code se place sous le drapeau de la propriété


par son intitulé même. Il n'est pas sûr, pourtant, que cette option d'appellation
ait été tout à fait pertinente, car, à y bien regarder, le Code contient tout autant,
sinon davantage de règles protectrices de la destination particulière des biens
publics que de règles organisatrices des prérogatives de propriétaires des
collectivités publiques .
59

Un abord équilibré de la question conduit à admettre que le droit des biens


publics inclut le droit de propriété, ne peut pas se comprendre sans lui, mais
que le droit de propriété n'en éclaire que faiblement les dimensions
spécifiques.

23 Les biens publics sont insaisissables ◊ Un autre attribut juridique que


60

les biens publics ont en commun est le fait qu'ils sont insaisissables.
Cette insaisissabilité concerne les biens du domaine privé comme ceux du
domaine public . La Cour de cassation l'a solennellement affirmé dans un arrêt
61

Bureau de recherches géologiques et minières de 1987, dans lequel elle a


admis qu'existait un « principe général du droit suivant lequel les biens des
personnes publiques sont insaisissables » . Le principe d'insaisissabilité est
62

aujourd'hui proclamé dans l'article L. 2311-1 du CGPPP.


De cette insaisissabilité résulte le fait que les biens publics ne peuvent pas
être hypothéqués . Il en résulte aussi qu'ils ne peuvent pas faire l'objet des
63

voies d'exécution du droit commun . La résistance des personnes publiques à


64

s'acquitter de leurs dettes ne peut être vaincue que par les procédures
spécifiques du droit administratif, notamment celles qui permettent l'inscription
d'office et le mandatement d'office des dépenses obligatoires des collectivités
territoriales (CGCT, art. L. 1612-15 s.).
L'insaisissabilité des biens des personnes publiques, dont on sait qu'elle ne
s'étend pas aux biens des personnes privées gérant un service public , est 65

parfois critiquée, du moins considérée comme trop largement admise. Elle pose
en tous les cas problème au regard du droit communautaire lorsqu'elle concerne
des biens de personnes publiques se livrant à des activités économiques
concurrentielles, et notamment d'établissements publics industriels et
commerciaux. Les autorités de l'Union européenne tendent en effet à voir dans
l'avantage qu'elle constitue pour la personne publique une aide d'État en
principe incompatible avec les règles du Traité .C'est ce qui d'ailleurs a
66

motivé la transformation en sociétés de certains grands établissements publics


industriels et commerciaux comme Électricité de France.

24 Les biens publics ne doivent pas être cédés en dessous de leur


valeur ◊ Dans sa décision Privatisations de 1986, le Conseil constitutionnel a
posé une autre règle commune aux biens publics en affirmant que « la
Constitution s'oppose à ce que des biens ou des entreprises faisant partie de
patrimoines publics soient cédés à des personnes poursuivant des fins
d'intérêt privé pour des prix inférieurs à leur valeur » .
67

Le Conseil d'État, a, doit-on ajouter, assorti ce principe d'une exception


remarquable dans son arrêt Commune de Fougerolles de 1997, puisqu'il a
admis qu'il ne faisait pas obstacle à ce qu'une commune cède un terrain à une
entreprise à un prix inférieur à sa valeur « lorsque la cession est justifiée par
des motifs d'intérêt général et comporte des contreparties suffisantes » .
68

Le CGPPP lui fait toutefois écho à propos du domaine mobilier, dans des
dispositions qui, à l'article L. 3211-18, prévoient que « les opérations
d'aliénation du domaine mobilier de l'État ne peuvent être réalisées ni à titre
gratuit, ni à un prix inférieur à leur valeur vénale ».
Il l'assortit de quelques exceptions particulières, qui sont prévues aux
articles L. 3212-1 et L. 3212-2. Elles concernent notamment la possibilité pour
l'État de céder, à des États étrangers dans le cadre d'opérations de coopération,
et à des œuvres d'assistance, des biens mobiliers dont la valeur est située en
dessous de plafonds fixés par décret en Conseil d'État.
En outre, le principe ne s'applique pas aux cessions entre personnes
publiques, qui peuvent même être gratuites 69

SECTION 3. LA DISTINCTION DU DOMAINE PUBLIC ET DU


DOMAINE PRIVÉ

25 Signification de la distinction ◊ On a vu comment la distinction du


domaine public et du domaine privé s'est imposée, au XIX siècle, à partir de
e

l'idée selon laquelle certains biens publics, en raison de leur affectation à


l'usage de tous ou plus largement à l'utilité publique, devaient bénéficier d'une
protection juridique particulière.
Sur la base de ce clivage, a été progressivement élaborée la théorie de la
domanialité publique, qui organise, pour les biens classés dans le domaine
public, un régime original aussi bien en ce qui concerne leur gestion que les
rapports avec les tiers, la délimitation etc.
La distinction du domaine public et du domaine privé est, dans le même
mouvement, devenue le moyen de tracer, au sein du régime des biens publics, la
distinction du droit public et du droit privé (de même que, par exemple, la
notion de contrat administratif met en œuvre la distinction du droit public et du
droit privé au sein du régime des contrats de l'administration).
Comme toujours lorsqu'est en cause cette distinction, s'ensuivent non
seulement des conséquences de fond, mais aussi des conséquences quant au
juge compétent. Les litiges relatifs au domaine public relèvent en principe du
juge administratif, cependant que les litiges relatifs au domaine privé relèvent
en principe du juge judiciaire.

26 Critique de la distinction ◊ La distinction du domaine public et du domaine


privé a été soumise au feu de nombreuses critiques. Les principaux reproches
qui lui ont été adressés sont les suivants.
1 Elle a pour principe une discrimination entre les biens publics en fonction
o

de leur destination, ou de leur absence de destination, d'intérêt général.


Or, cette opposition de deux masses de biens publics fondée sur leur finalité
est à bien des égards contestable. Dès lors qu'un bien appartient à une personne
publique, il ne peut être considéré comme étranger à l'intérêt général et sa
gestion n'est pas exactement assimilable à celle des biens de particuliers. On
verra ainsi (v. ss 228 s.) que le domaine privé comporte dans une large mesure
une fonction d'intérêt général. Sans doute, les considérations patrimoniales n'y
sont pas absentes, mais il en va de même pour le domaine public, et de plus en
plus au fur et à mesure que s'impose l'idée de sa « valorisation » (v. ss 129). Il
n'existe donc pas entre les deux univers une opposition fonctionnelle
extrêmement tranchée.
2 On s'en convainc d'autant plus si l'on se situe sur le plan de l'application
o

de la distinction. On verra que le critère jurisprudentiel fait entrer dans le


domaine privé des biens dont la destination d'intérêt général est incontestable :
les biens affectés à un service public mais ne comportant pas le type
d'aménagement qui les ferait rentrer dans le domaine public (v. ss 46 s.).
3 En étudiant le régime de domanialité publique, on constatera que ce
o

régime n'a pas un caractère monolithique et que les règles qui le composent ne
s'appliquent pas en bloc à tous les biens domaniaux. Les différentes catégories
de biens sont soumises en quelque sorte à des régimes domaniaux particuliers
dans lesquels les règles exorbitantes du droit commun occupent une place plus
ou moins grande.
Or, il en va exactement de même du domaine privé. Les biens le composant
sont soumis à des régimes différents dans lesquels la place respective du droit
commun et des règles exorbitantes est variable.
Si l'on établit dans les deux catégories de biens des « échelles de
domanialité », selon l'expression de Léon Duguit, en classant dans chacun les
différentes catégories de biens selon l'exorbitance décroissante de leur régime,
on s'aperçoit qu'il y a finalement assez peu de différences entre la catégorie la
moins exorbitante du domaine public et la catégorie la plus exorbitante du
domaine privé .70

4 Le caractère défectueux de la distinction apparaît encore si l'on considère


o

une notion qui sera étudiée plus loin, celle d'ouvrage public (v. infra, 2 partie).
e

La théorie de l'ouvrage public conduit au fond à dépasser la distinction en


appliquant un régime juridique particulier à des ouvrages présentant un
caractère d'intérêt général et qui peuvent aussi bien faire partie du domaine
public que du domaine privé.
5 Enfin, une dernière objection que l'on peut adresser à la distinction est
o

relative à son absence d'exhaustivité. Il apparaît que certains biens y entrent


difficilement et qu'il serait préférable de les classer dans une catégorie
particulière : il en va ainsi des droits incorporels , des données publiques ou
71

encore des deniers publics.


Ces multiples objections ont conduit, à diverses époques, certains auteurs à
estimer que la distinction du domaine privé et du domaine public était inutile et
qu'elle pourrait, sans inconvénient, être supprimée . 72

27 Maintien et évolution de la distinction 73


◊ La distinction du domaine
public et du domaine privé a résisté à ces différentes vagues de critiques. Les
textes – et notamment, aujourd'hui, le Code général – et la jurisprudence
continuent à s'appuyer sur elle.
Cela ne veut pas dire que son contenu et sa portée n'aient pas évolué. Au
contraire.
À l'époque contemporaine, la théorie du domaine public a connu, sinon un
bouleversement complet, du moins une profonde transformation des
conceptions dites parfois « proudhoniennes » du XIX siècle.e

Ces conceptions partaient essentiellement de la considération selon laquelle


certains biens avaient une destination naturelle à l'usage de tous, qu'ils avaient
naturellement une fonction d'intérêt général. Pour ces biens, telles les voies de
communication, la réalisation de cette fonction exigeait (à la différence des res
communes dont l'utilisation par le public ne nécessitait aucune intervention
administrative) un minimum d'organisation publique. Ces biens étaient donc,
selon la tradition du reste, classés parmi les biens publics, mais le rôle de
l'administration était à leur égard limité. Le régime domanial, déduit de la
fonction naturelle de ces biens, ne donnait à l'administration qu'une mission de
garde et de surveillance visant à assurer la conservation du domaine et le
maintien de sa destination.
Or, ces conceptions ont été progressivement dépassées.
a) Il est apparu d'abord nécessaire dans la perspective même de la théorie
traditionnelle, d'élargir le contenu du domaine public. On s'est aperçu, en effet,
que la protection domaniale des biens à destination d'intérêt général se
justifiait, non seulement pour les biens qui tiraient ou paraissaient tirer cette
distinction de leurs caractères naturels, mais également pour ceux à qui la
puissance publique conférait une affectation d'intérêt général. Le critère de la
domanialité a donc été recherché dans cette direction : quels sont les biens qui
nécessitent la protection résultant d'un régime domanial exorbitant du droit
commun ? L'application de ce critère fonctionnel a du reste été tempérée par
une autre considération. On a voulu éviter d'étendre exagérément la domanialité
publique à laquelle s'attache un régime protecteur sans doute, mais assez lourd
et riche en sujétions gênantes pour l'administration comme pour les administrés.
b) L'extension ainsi réalisée s'est accompagnée de l'apparition d'idées
nouvelles sur le rôle de l'administration vis-à-vis du domaine. La conception
traditionnelle assignait à l'administration la mission d'assurer la conservation
des biens domaniaux et d'y maintenir l'ordre, soit une fonction de police. Cette
mission demeure sans doute toujours mais elle n'est plus qu'un des aspects de la
fonction domaniale des personnes publiques.
Le domaine est apparu aussi, en effet, comme un support des services
publics, comme un moyen d'assurer la gestion des services publics les plus
divers. La gestion domaniale s'est donc trouvée de plus en plus intimement liée
à la gestion des services publics : elle a pris un caractère plus actif que ne la
comportait la mission traditionnelle de garde et de surveillance. Le domaine est
apparu comme constituant un moyen d'intervention de l'État.
c) Une autre mutation s'est produite. Alors que l'ancienne conception
caractérisait le domaine public par son caractère improductif, il est apparu au
contraire que le domaine pouvait être pour l'administration une source non
négligeable des profits financiers (du fait notamment de la multiplication des
utilisations privatives non gratuites). Ainsi est apparue une fonction
patrimoniale du domaine public.
Jusqu'à une période récente, cette fonction patrimoniale est restée un peu
secondaire, même si sa présence expliquait bien divers aspects du régime
domanial . Elle est aujourd'hui un souci primordial des gestionnaires du
74

domaine public, dont l'une des préoccupations est devenue sa valorisation – 75

comme celle des biens du domaine privé –, notamment au travers de montages


juridiques qui facilitent les investissements sur ses dépendances .
76

Le régime domanial ne comporte donc plus la cohérence qu'il avait autrefois.


Ses règles correspondent à des finalités qui ne sont pas toujours aisément
conciliables : assurer la protection des biens et le respect de la destination qui
leur est assignée ; permettre l'exécution des services publics dont les
dépendances domaniales constituent un moyen d'action ; assurer l'exploitation
patrimoniale du domaine.
La montée de la préoccupation de valorisation économique rapproche le
domaine public du domaine privé. La distinction n'en garde pas moins sa portée
à cet égard, comme le montre a contrario la tendance actuelle à faire sortir de
la domanialité publique les biens de certaines entités publiques de manière à
leur permettre de mieux manœuvrer dans l'économie de marché : c'est ce qui a
été fait, notamment, pour les biens de La Poste et ceux d'Aéroports de Paris
(v. ss 38), ainsi que pour les immeubles à usage de bureaux de l'État qui ont été
globalement déclassés par une ordonnance du 19 août 2004.

SECTION 4. AUTRES DISTINCTIONS PERTINENTES

28 Distinctions liées à la nature physique des biens ◊ À côté de la


distinction du domaine public et du domaine privé, qui demeure fondamentale,
on peut repérer au sein de l'ensemble des biens publics, d'autres clivages, de
moindre portée, mais qui ne sont pas sans conséquences juridiques.
Certains de ces clivages tiennent à la nature physique variable des biens
publics.
Certains de ceux-ci sont des biens meubles, d'autres sont des biens
immeubles. Comme on le verra, le domaine public est constitué essentiellement
de biens immeubles (v. ss 79), et les biens publics à caractère mobilier
relèvent en majorité du domaine privé.
Certains des biens publics sont des produits de la nature, d'autres ont été
construits, ou façonnés, sont des artefacts. On verra que cette distinction joue
un rôle essentiel au sein de la domanialité publique, le domaine public naturel
et le domaine public artificiel se distinguant par des traits juridiques
importants.

29 Distinctions liées à la propriété des biens ◊ Comme on l'a vu, les biens
publics sont objets de propriété. Ce qui veut dire notamment qu'ils ne
constituent pas une sorte de patrimoine collectif de l'administration : chacun
d'eux appartient à une personne publique donnée, qui en maîtrise la gestion. À
la division des patrimoines publics entre les différentes personnes publiques
s'attache d'ailleurs une certaine différenciation de leur régime. Par exemple, le
régime des biens appartenant aux collectivités locales n'est pas tout à fait celui
des biens appartenant à l'État : comme on le verra, par exemple, les
mécanismes par lesquels peuvent être consentis des droits réels ne sont pas les
mêmes.
On doit cependant signaler que l'administration d'État détient, à l'égard de
biens appartenant à d'autres personnes publiques, dans certaines situations, des
pouvoirs qui ne sont pas sans évoquer l'idée selon laquelle elle disposerait
d'une sorte de propriété « éminente » sur l'ensemble des biens publics. Par le
mécanisme des mutations domaniales, qui sera évoqué plus loin, elle peut
transférer d'office un bien d'une collectivité à une autre. Dans un esprit
analogue, la jurisprudence a admis que, lorsqu'une collectivité territoriale ne
s'acquitte pas de ses dettes, il est possible pour les autorités de l'État qui la
contrôlent de vendre des biens de cette collectivité pour en assurer le
règlement .
77

30 Biens publics constitutifs d'ouvrages publics et non constitutifs


d'ouvrages publics ◊ Liée à l'affectation de l'équipement à l'intérêt général
(v. ss 272 s.), la notion d'ouvrage public ne coïncide ni avec celle de bien
public, ni avec celle de domaine public. Il existe des biens appartenant à des
personnes privées et qui sont constitutifs d'ouvrages publics : au-delà du cas
traditionnel des branchements particuliers d'eau, d'électricité et de gaz, le passé
récent donne l'exemple de certains ouvrages appartenant à des établissements
publics transformés en sociétés, mais qui conservent leur affectation à un
service public .
78

Certains biens relevant du domaine privé de personnes publiques sont des


ouvrages publics : il en va ainsi, par exemple, des chemins ruraux lorsqu'ils
sont affectés à la circulation générale .
79

Cela dit, les conséquences propres de la notion d'ouvrage public sont


aujourd'hui assez réduites : elles consistent simplement dans un régime
particulier de responsabilité pour les dommages causés par ce type d'ouvrages,
et dans la compétence du juge administratif pour trancher les litiges
correspondants 80

31 Autres distinctions ◊ 1°. L'affectation détermine divers autres clivages


juridiques au sein des biens publics. Notamment, des conséquences importantes
s'attachent à la distinction entre les biens affectés à l'usage du public, les biens
affectés aux services publics sans l'être à l'usage du public, et les biens qui ne
sont ni affectés à l'usage du public ni affectés à un service public : les premiers
appartiennent en principe toujours au domaine public, les seconds n'en relèvent
que s'ils sont spécialement aménagés, les troisièmes n'y appartiennent en
principe jamais.
2° Divers autres clivages porteurs de conséquences juridiques peuvent être
identifiés au sein de l'ensemble des biens publics. C'est ainsi que certains biens
publics constituent ce que le droit de la concurrence qualifie d'« infrastructures
essentielles », c'est-à-dire des ressources qui placent leur détenteur dans une
position dominante dont il est susceptible d'abuser : les biens publics ont ce
caractère, par exemple, chaque fois qu'ils sont mis à disposition d'un opérateur
économique à qui cette mise à disposition permet d'imposer sa loi tarifaire à
d'autres entreprises qui ont besoin d'utiliser le bien .
81

C'est ainsi également que certains biens domaniaux constituent des


« infrastructures critiques » au sens du droit de la sécurité civile, c'est-à-dire
des ouvrages dont le maintien en fonctionnement, même réduit, doit être assuré
en période de crise, de catastrophe naturelle, en cas d'attentat terroriste…, et
qui doivent donc faire l'objet de précautions particulières dans ce sens. Les
règles correspondantes sont pour l'essentiel prévues par la loi du 12 décembre
2005 et le décret du 23 février 2006 relatifs à la sécurité des activités
d'importance vitale. Les mesures à prendre doivent être notamment prévues
dans les plans communaux de sauvegarde, que régit un décret du 13 septembre
2008.
TITRE 2
LE DROIT DU DOMAINE PUBLIC

LIVRE 1 LA DÉTERMINATION DU DOMAINE PUBLIC

LIVRE 2 LE RÉGIME DU DOMAINE PUBLIC


LIVRE 1
LA DÉTERMINATION DU DOMAINE
PUBLIC

CHAPITRE 1 LES CRITÈRES DE LA DOMANIALITÉ PUBLIQUE


CHAPITRE 2 LA COMPOSITION DU DOMAINE PUBLIC
CHAPITRE 3 L'INCORPORATION AU DOMAINE PUBLIC ET LA SORTIE DU
DOMAINE PUBLIC
CHAPITRE 4 LA DÉLIMITATION DES DÉPENDANCES DU DOMAINE
PUBLIC

32 Plan ◊ Les questions que pose la détermination du domaine public peuvent


être classées en quatre groupes. Les premières tournent autour du point de
savoir comment on détermine, en cas de doute, qu'un bien donné appartient ou
n'appartient pas au domaine public : il s'agit du problème des critères de la
domanialité publique (Chapitre 1). Il faut ensuite se demander quelles sont les
grandes catégories de biens publics qui constituent le domaine public, quels
sous-ensembles on peut déceler au sein de celui-ci : il s'agit du problème de la
composition du domaine public (Chapitre 2). Il faut s'interroger également sur
la question de savoir comment, par quels mécanismes juridiques, un bien entre
dans le domaine public, ou au contraire en sort : il s'agit du problème de
l'incorporation au domaine public et de la sortie du domaine public (Chapitre
3). Il faut se demander enfin comment on opère la délimitation des dépendances
du domaine public (Chapitre 4).
CHAPITRE 1
LES CRITÈRES DE LA DOMANIALITÉ
PUBLIQUE

Section 1. LES SOURCES


§ 1. Les débats doctrinaux du passé
§ 2. La détermination essentiellement jurisprudentielle des critères
jusqu'en 2006
§ 3. La détermination actuelle par les textes
Section 2. LE CONTENU DES CRITÈRES
§ 1. La condition de propriété publique
§ 2. La condition d'affectation à l'usage du public ou au service public
A. L'affectation à l'usage direct du public
B. L'affectation à un service public
C. La théorie de l'accessoire et la domanialité publique globale
§ 3. Application du critère d'affectation dans le temps : la question
de la domanialité publique virtuelle

SECTION 1. LES SOURCES

§ 1. Les débats doctrinaux du passé

33 La doctrine du XIX siècle ◊ À l'époque où se forge la théorie du domaine


e

public, les positions doctrinales sont nombreuses mais, dans l'ensemble, elles
adoptent des points de vue assez semblables. Ces conceptions présentent
d'autre part, le caractère commun de demeurer très liées aux textes du Code
civil.
1 Le domaine public, sur la base de l'article 538 du Code civil, est
o

considéré comme englobant les biens à l'usage de tous et la plupart des auteurs
voient là son critère (Proudhon, Dalloz, Chauveau, Aucoc, Ducrocq, Saleilles,
De Récy, etc.). Ils en concluent dès lors que les immeubles utilisés par les
services publics et non destinés à l'usage du public ne font pas partie du
domaine : tout au plus peut-il en être autrement s'ils constituent des
dépendances de celui-ci par application de la théorie de l'accessoire.
2 Les biens affectés à l'usage du public paraissent à ces auteurs présenter un
o

caractère commun, indiqué du reste par l'article 538 et qui explique leur
attachement au domaine public. Il s'agit de biens « insusceptibles de propriété
privée ». Cette impossibilité de l'appropriation résulte de leur nature même :
ils sont des immeubles non bâtis, improductifs, analogues aux res communes
dont ils ne se distinguent que par l'existence et la nécessité d'un pouvoir de
l'administration. Cette conception « naturaliste » du domaine public a été
notamment exposée par Ducrocq.
3 Cependant, la doctrine a dû tenir compte du fait que le Code civil
o

(art. 539) fait entrer dans le domaine public des biens non affectés à l'usage
public comme les fortifications. Les auteurs voient là en général une exception
légale au principe et considèrent qu'il s'agit là d'un domaine public par
détermination de la loi.
Ce point de vue ne satisfait pourtant pas tous les commentateurs et il s'en
trouve pour considérer que le domaine doit englober non seulement les biens
qui sont par leur nature hors du commerce, mais également ceux qui ont ce
caractère du fait « de l'emploi qu'en fait le gouvernement » (Pardessus) ou du
fait « qu'ils ont été consacrés au service de la Société » (Proudhon).
Allant plus loin, une partie de la doctrine propose de voir dans le domaine
l'ensemble des biens affectés à l'utilité publique ou à l'utilité générale (Gaudry,
Gautier, Dareste, etc.). Cette position, de nature à élargir sensiblement le
contenu du domaine en y faisant rentrer des biens non affectés à l'usage de tous,
annonce les doctrines ultérieures : mais elle demeure théorique et n'influence
que faiblement la jurisprudence.

34 La doctrine du XX siècle ◊ Jusqu'à l'intervention des solutions


e

jurisprudentielles contemporaines dégageant nettement le critère du domaine


public, la doctrine va adopter des conceptions assez variées. D'une manière
générale, ces conceptions ne font plus appel aux considérations textuelles
fondées sur le Code civil. D'autre part elles tendent à élargir, par rapport aux
doctrines antérieures, le champ du domaine public.
1 Conceptions prolongeant celles du XIX siècle et recherchant le critère
o e

du domaine dans la destination à l'usage de tous. Cette vision est tout


particulièrement celle de Berthélemy . Le domaine lui paraît se caractériser,
82
sauf détermination légale, par la destination à l'usage de tous. Le fait que les
biens du domaine public soient insusceptibles de propriété privée lui paraît
avoir en fait deux origines : il peut venir de la nature (cas des fleuves) mais il
peut également tenir à la destination particulière des biens qui les « dénature »
et exclut l'appropriation (cas des routes) .
83

2 Conceptions recherchant le critère du domaine dans l'affectation à


o

l'usage du public et aux services publics. Les doctrines qui rentrent dans cette
catégorie et qui sont celles des grands publicistes du début du XX siècle ont eu
e

pour point de départ une critique des conceptions « naturalistes » antérieures.


Leurs tenants relèvent que les biens domaniaux ne sont pas nécessairement
insusceptibles de propriété privée (les biens domaniaux, tels les cours d'eau ou
les routes sont bel et bien appropriables : il existe des cours d'eau et des voies
privées). La qualité domaniale leur paraît donc être une conséquence non de la
nature, mais de la volonté de la puissance publique.
Cette volonté n'est pour autant pas arbitraire. Le régime exorbitant du droit
commun qui s'attache à la domanialité publique ne peut se justifier que par la
destination d'intérêt général que l'administration donne aux biens. C'est donc
cette destination volontaire (affectation) qui doit constituer le critère du
domaine public.
C'est ainsi que Duguit , qui adresse du reste à la distinction du domaine
84

public et du domaine privé des critiques pénétrantes, considère que le domaine


public se caractérise par l'affectation au service public (au sens large,
englobant l'affectation à l'usage du public). Barckausen 85
et Bonnard 86

préfèrent, pour éviter les confusions, employer un double critère, celui de


l'affectation à l'usage du public et celui de l'affectation au service public.
Hauriou propose quant à lui une formule unique, d'ailleurs moins précise :
87

l'affectation à l'utilité publique.


3 Conceptions fondées sur la notion d'affectation mais introduisant une
o

limite à l'application du critère. Les théories en cause sont celles de certains


auteurs qui, tout en acceptant le critère de l'affectation à l'usage du public,
estiment que le critère de l'affectation au service public est trop large et qu'il
introduit dans le domaine des biens qui ne devraient pas donner lieu à la
protection exorbitante du droit commun résultant de la domanialité publique. Ils
proposent donc de réduire l'application de ce critère.
Jèze estime carrément que les biens affectés à un service public ne font pas
88

partie du domaine public. Pour Coquet, l'idée d'utilité publique, qui est le
fondement de l'incorporation au domaine public, entraîne cette conséquence
que celui-ci ne doit englober les biens affectés à un service public que s'ils
jouent dans ce service le rôle principal : c'est le cas des biens qui ne peuvent
être remplacés, en fonction de leurs situations naturelles (rivages de la mer) ou
artificielles (fortifications).
Cette conception a été reprise et précisée par Marcel Waline . Pour celui-
89

ci, le domaine public, qui se caractérise par l'affectation à l'utilité publique, ne


doit englober que « les biens qui, soit à raison de leur configuration naturelle,
soit à raison d'un aménagement spécial, soit peut-être à raison de leur
importance historique et scientifique, sont nécessaires à un service public ou à
la satisfaction d'un besoin public et ne sauraient être remplacés par d'autres
dans ce rôle » .
90

Enfin, pour Latournerie , le domaine public ne comprend que les biens qui
91

sont l'objet même du service public (par ex. ports, fortifications), non ceux qui
sont seulement les moyens du service (bâtiments).
4 Conceptions établissant le critère du domaine public en dehors de la
o

notion d'affectation. Pour Alibert , le critère du domaine public réside dans


92

l'existence du pouvoir de police. Les dépendances du domaine public sont


celles pour lesquelles l'administration peut prendre des mesures de police
assorties de sanctions pénales. Lorsque ce pouvoir ne peut s'exercer, il n'y a
pas domaine public. Cette conception lie pratiquement la qualification
domaniale à la volonté du juge.
Une autre conception a été exposée par Jansse . Pour cet auteur, le régime et
93

donc le contenu du domaine public, ne peuvent s'expliquer que par la volonté


du législateur. C'est donc cette volonté qui doit permettre de reconnaître les
biens domaniaux. Ces biens font l'objet d'une détermination législative qui peut
être expresse mais qui peut être également implicite et résulte de divers indices
(droit d'exercer des pouvoirs de police, texte déclarant un bien imprescriptible
ou constituant en infraction pénale les atteintes à ce bien).

§ 2. La détermination essentiellement jurisprudentielle


des critères jusqu'en 2006

35 L'apparition des critères dans la jurisprudence ◊ Jusqu'au Code


général de 2006, c'est dans la jurisprudence pour l'essentiel que l'on trouvait
les clefs de l'appartenance au domaine public des biens administratifs. Ce n'est
que dans certaines hypothèses particulières (v. ss 38) que le législateur s'était
préoccupé d'en fournir à propos de biens déterminés . 94

La jurisprudence a d'abord admis la domanialité publique des biens publics


affectés à l'usage du public, puis celle des biens affectés à un service public et
dotés d'un aménagement spécial.
1 Le premier critère a été admis rapidement, et la jurisprudence,
o

conformément aux positions doctrinales dominantes du XIX siècle, a très vite


e
admis la domanialité publique des biens affectés à l'usage direct du public :
églises, cimetières, marchés… .95

2 Par contre, en ce qui concerne les biens affectés à des services publics,
o

les solutions sont restées longtemps beaucoup plus hésitantes, et c'est seulement
au milieu du XX siècle qu'il a été clairement admis que certains biens non
e

affectés à l'usage du public relevaient cependant du domaine public parce


qu'affectés à un service public : à la condition qu'ils soient spécialement
aménagés pour cette affectation.
La solution a été d'abord admise par la Cour de cassation , bientôt suivie
96

par le Conseil d'État et le Tribunal des conflits .


97 98

3 Notons que ces critères n'ont jamais concerné que l'appartenance au


o

domaine public des biens immobiliers. Comme on aura l'occasion de


l'expliquer, les conditions d'appartenance au domaine public des biens
mobiliers, et à vrai dire l'existence même d'un domaine public mobilier n'ont
pas cessé de faire l'objet de discussions (v. ss 79).

36 La critique de la jurisprudence ◊ Si l'idée d'appartenance au domaine


public des biens affectés à l'usage du public a rarement été contestée, le second
critère, en revanche, celui qui place dans le domaine public les biens affectés à
un service public et spécialement aménagés, n'a pas tardé à s'attirer des
critiques.
Il est apparu en effet que ce critère, même infléchi par la condition
d'aménagement spécial, avait pour conséquence concrète d'attirer dans la
domanialité publique un nombre considérable de biens publics, au-delà de ce
qui paraissait nécessaire sur le fond. Il en allait ainsi parce que la
jurisprudence concevait la condition d'aménagement spécial avec générosité , 99

mais aussi parce qu'elle avait assorti le jeu du critère de constructions qui en
amplifiaient le caractère intégrateur, comme la théorie de la « domanialité
globale » et celle de la « domanialité virtuelle » (v. ci-après).
Dans une certaine mesure, les auteurs du CGPPP se sont ralliés à ces
critiques : comme on va le voir, ils ont notamment resserré la condition
d'aménagement des biens affectés à un service public.

§ 3. La détermination actuelle par les textes

37 Les critères posés par le Code général 100


◊ Désormais, donc, les
101

critères de base de l'appartenance au domaine public sont fixés par la loi, dans
le CGPPP. Celui-ci, en vérité, établit deux batteries de critères, la première
concernant les biens immobiliers, la seconde les biens mobiliers.
1 En ce qui concerne les premiers, l'article L. 2111-1 du CGPPP prévoit que
o

« sous réserve de dispositions législatives spéciales, le domaine public


(immobilier) d'une personne publique… est constitué des biens lui
appartenant qui sont soit affectés à l'usage direct du public, soit affectés à
un service public pourvu qu'en ce cas ils fassent l'objet d'un aménagement
indispensable à l'exécution des missions de ce service public ».
Ces dispositions sont complétées par celles de l'article L. 2111-2, selon
lesquelles « font également partie du domaine public les biens des personnes
publiques… qui, concourant à l'utilisation d'un bien appartenant au domaine
public, en constituent un accessoire indissociable ».
2 En ce qui concerne les biens mobiliers, l'article L. 2112-1 dispose :
o

« Sans préjudice des dispositions applicables en matière de protection des


biens culturels, font partie du domaine public mobilier de la personne
publique propriétaire les biens présentant un intérêt public du point de vue
de l'histoire, de l'art, de l'archéologie, de la science ou de la technique,
notamment :
1 Un exemplaire identifié de chacun des documents dont le dépôt est
o

prescrit aux fins de constitution d'une mémoire nationale par l'article L. 131-
2 du Code du patrimoine ;
2 Les archives publiques au sens de l'article L. 211-4 du Code du
o

patrimoine ;
3 Les archives issues de fonds privés entrées dans les collections
o

publiques par acquisition à titre onéreux, don, dation ou legs ;


4 Les découvertes de caractère mobilier devenues ou demeurées propriété
o

publique en application du chapitre 3 du titre II et du chapitre 1 du titre III


er

du livre V du Code du patrimoine ;


5 Les biens culturels maritimes de nature mobilière au sens du
o

chapitre 2 du titre III du livre V du Code du patrimoine ;


6 Les objets mobiliers classés ou inscrits au titre du chapitre 2 du titre II
o

du livre VI du Code du patrimoine ou situés dans un immeuble classé ou


inscrit et concourant à la présentation au public de parties classées ou
inscrites dudit immeuble ;
7 Les objets mobiliers autres que ceux mentionnés au 6° ci-dessus,
o

présentant un intérêt historique ou artistique, devenus ou demeurés propriété


publique en application de la loi du 9 décembre 1905 concernant la
séparation des Églises et de l'État ;
8 Les collections des musées ;
o

9 Les œuvres et objets d'art contemporain acquis par le Centre national


o

des arts plastiques ainsi que les collections d'œuvres et objets d'art inscrites
sur les inventaires du Fonds national d'art contemporain dont le centre
reçoit la garde ;
10 Les collections de documents anciens, rares ou précieux des
o

bibliothèques ;
11 Les collections publiques relevant du Mobilier national et de la
o

Manufacture nationale de Sèvres ».

38 Les indications données par d'autres textes ◊ Il peut se produire que


l'appartenance au domaine public, ou au contraire, la non-appartenance au
domaine public, d'une catégorie donnée de biens publics, soit décidée par un
texte particulier, ou soit déduite par la jurisprudence d'un texte particulier.
1 C'est ainsi, par exemple, qu'ont été expressément rattachés au domaine
o

public : les routes nationales, les autoroutes, les routes départementales, les
voies communales (C. voirie rout., art. L. 123-1, L. 131-1, L. 141-1) diverses
dépendances du domaine maritime (loi du 28 nov. 1963) ou du domaine fluvial
(C. dom. publ. fluv., art. 1).
2 Un exemple classique de signe inverse concerne les chemins ruraux qui
o

ont été placés par une ordonnance du 7 janvier 1959 dans le domaine privé des
communes propriétaires.
Dans le passé récent, l'exclusion du domaine public a parfois été décidée à
propos de biens appartenant à des entreprises publiques que, sans toujours les
privatiser, l'on entendait adapter davantage aux conditions de la concurrence.
C'est ainsi que la loi du 2 juillet 1990 a procédé au déclassement des biens de
France Télécom, que la loi du 11 décembre 2001 a déclassé les biens de La
Poste, et que la loi du 20 avril 2005 a déclassé une partie des biens
d'Aéroports de Paris. Comme on l'a signalé (v. ss 27), une ordonnance du
19 août 2004 a déclassé l'ensemble des immeubles à usage de bureaux de
l'État.
C'est du régime juridique prévu pour eux par les textes que la jurisprudence
a déduit l'appartenance au domaine privé des logements HLM, qui ne relevait
pas de l'évidence . Dans le cas des biens d'Électricité de France, l'exclusion
102

du domaine public a été – tardivement, d'ailleurs – déduite du statut législatif


de l'établissement établi en 1946, le Conseil d'État ayant estimé que ce statut
fixait des règles de gestion incompatibles avec l'appartenance au domaine
public . 103

SECTION 2. LE CONTENU DES CRITÈRES

39 Généralités ◊ Dans les développements qui vont suivre, on va s'efforcer de


décrire ce que sont actuellement les critères d'appartenance au domaine public,
compte tenu de ce qu'était la jurisprudence avant le Code général de 2006, et
de l'apport de celui-ci – le résultat de l'amalgame n'est, on le verra, pas
toujours évident. Précisons deux choses.
1 D'une part, les développements qui vont suivre se concentreront sur les
o

conditions d'appartenance au domaine public immobilier. La question de la


détermination du domaine public mobilier sera évoquée plus loin (v. ss 79).
2 D'autre part, il vaut d'être signalé que certains éléments ne sont
o

classiquement pas pris en considération par la jurisprudence pour décider de


l'appartenance au domaine public d'un bien.
Il en va ainsi de l'origine de ce bien. Un bien du domaine public peut avoir
été antérieurement un bien public ou un bien privé. Il n'y a pas à considérer non
plus la nature des travaux ayant donné naissance au bien : des travaux publics
peuvent aboutir à des ouvrages appartenant au domaine privé et une
dépendance du domaine public peut résulter de travaux privés. Aucun compte
n'est à tenir du mode d'acquisition du bien ; l'expropriation peut porter sur des
biens destinés au domaine privé et d'autre part un bien du domaine public peut
avoir été acquis par des procédés de droit commun.
Les éléments formels n'interviennent pas non plus. Si l'incorporation au
domaine public suppose normalement un acte juridique d'affectation ou de
reclassement, l'existence de cet acte ne suffit pas à faire considérer le bien
comme faisant partie du domaine public. Cette appartenance n'existe que si le
bien est affecté en fait à l'usage du public, ou s'il comporte un aménagement de
nature à l'adapter au service public. En l'absence de ces éléments, l'acte
juridique n'entraîne aucune conséquence et peut même être considéré comme
illégal (sur tous ces points v. ss 87 s.).
Il n'y a enfin aucun compte à tenir de l'intention manifestée par
l'administration dans une décision ou un contrat. L'indication selon laquelle un
bien doit faire partie du domaine public est dépourvue de valeur si le bien ne
remplit pas les conditions requises .
104

§ 1. La condition de propriété publique

40 La propriété publique exclusive, condition d'appartenance au


domaine public ◊ Le domaine public comprend uniquement des biens sur
lesquels les personnes publiques ont des droits particuliers. Après de longues
controverses, ces droits sont considérés aujourd'hui comme des droits de
propriété (v. ss 22).
1 Il en résulte que des biens appartenant à une personne privée ne peuvent
o
faire partie du domaine public 105
. La jurisprudence consacre formellement
106

cette solution , qui s'applique même si le bien privé est affecté à l'utilité
107

publique .108

Les œuvres d'art spoliées pendant l'occupation, qui sont inscrites au


répertoire MNR (Musées Nationaux Récupération) et conservées par l'État
dans l'attente de pouvoir être restituées, ne sont pas propriété de l'État et ne
relèvent donc pas du domaine public . 109

2 Les biens sur lesquels l'administration a un droit autre que celui de


o

propriété ne font pas partie du domaine public. Il en va ainsi par exemple si le


droit appartenant à l'administration est un autre droit réel, usufruit ou servitude.
3 Un bien appartenant en copropriété à une personne publique et à une
o

personne privée ne peut faire partie du domaine public. Cette solution,


discutée , a été donnée par le Conseil d'État , puis confirmée par la Cour de
110 111

cassation, dans un arrêt qui considère qu'un règlement de copropriété ne peut


pas soustraire au domaine public un ouvrage préexistant à la copropriété . 112

Le juge administratif est allé jusqu'à admettre qu'un bien en copropriété ne


peut pas appartenir au domaine public alors même que tous les lots de la
copropriété appartiendraient à la même personne publique . 113

Ce qui paraît clairement exclu est qu'un bien appartenant au domaine public
vienne à être intégré dans une copropriété, mais une question non clairement
tranchée est celle de savoir si un lot d'une copropriété déjà constituée ne peut
pas entrer dans le domaine public. Les dispositions du code nouveau qui
acceptent, à certaines conditions, les servitudes conventionnelles sur le
domaine public (v. ss 216) incitent à l'admettre . 114

§ 2. La condition d'affectation à l'usage du public


ou au service public

A. L'affectation à l'usage direct du public

41 La notion d'affectation à l'usage du public ◊ En accord avec la


jurisprudence antérieure, l'article L. 2111-1 du CGPPP décrète qu'appartiennent
au domaine public les biens immobiliers « affectés à l'usage direct du
public ».
La notion de biens affectés à l'usage du public n'est pas aussi facile à
appliquer qu'il y paraît, et la jurisprudence a parfois manifesté à son égard des
hésitations.
1 Il s'agit de biens destinés à être utilisés directement et en eux-mêmes par
o
les particuliers. L'utilisation peut être le fait du public, c'est-à-dire d'une
catégorie générale d'usagers (voies publiques, fleuves), mais il peut y avoir
aussi sur ces biens des utilisations privatives (v. ss 155 s.) portant soit sur des
dépendances affectées normalement à l'usage public (permissions ou
concessions de voirie sur les voies publiques), soit sur les dépendances
affectées essentiellement à des usages privatifs (par ex. concessions
funéraires).
En revanche, il n'y a pas affectation à l'usage du public si l'usage du bien est
réservé à une partie seulement des usages potentiels . 115

2 Il n'y a pas affectation à l'usage du public lorsque le public, tout en


o

utilisant le bien, entend surtout utiliser le service public qui gère ou se sert de
ce bien. L'usager du chemin de fer vise l'utilisation du service public, non des
dépendances ferroviaires. Dans certains cas qui pouvaient prêter à hésitations,
la jurisprudence a écarté la notion d'affectation à l'usage du public. Elle a
admis par exemple que les collections des musées ou les monuments
historiques étaient affectés à un service public et non à l'usage du public .
116

3 On a parfois pensé que l'affectation à l'usage du public supposait – réserve


o

faite du cas des utilisations privatives – une utilisation libre et gratuite de la


part du public . Cette considération a peut-être influencé parfois la
117

jurisprudence , mais il est difficile de lui donner une valeur générale, la


118

liberté et la gratuité de l'utilisation comportant un assez grand nombre


d'exceptions (v. ss 145 s.).

42 La domanialité publique des biens affectés à l'usage du


public ◊ 1 Comme on l'a vu, cette domanialité publique a été admise de
o

longue date par la jurisprudence avant d'être incluse dans le critère


actuellement admis. De nombreuses applications en ont été faites (voies
publiques, cimetières, etc.) qui seront indiquées plus loin.
2 Le législateur peut écarter la domanialité résultant de l'application du
o

critère. Il en va ainsi, comme on l'a signalé, pour les chemins ruraux qui, bien
qu'affectés à l'usage du public sont classés par la loi dans le domaine privé des
communes.
3 Dans certains cas, la jurisprudence a introduit une condition
o

supplémentaire à l'exigence de l'affectation à l'usage du public.


Il s'agit d'abord des promenades publiques . Après leur avoir refusé en
119

général la qualité de dépendances du domaine public, la jurisprudence a admis


la solution contraire ; il en va cependant uniquement ainsi lorsque la
promenade a reçu un aménagement spécial .Cette restriction s'explique
120

certainement par le désir de ne pas étendre exagérément le régime de


domanialité publique. Son application est du reste d'appréciation difficile .121

Pourtant le Conseil d'État a repris la solution à propos d'une plage affectée à


l'usage du public et dont il a relevé l'aménagement spécial , à propos d'une
122

aire de stationnement pour les usagers d'une plage , ou encore à propos des
123

eaux alimentant les réseaux publics de distribution, lesquelles ne sont


considérées comme relevant du domaine public qu'à partir de leur captage . 124

B. L'affectation à un service public 125

43 Généralités 126
◊ Ainsi qu'on l'a vu, l'appartenance au domaine public des
biens affectés à un service public n'a été que tardivement admise : proposée
par les auteurs au début du XX siècle, elle n'a été admise qu'en son milieu par
e

la jurisprudence (v. ss 34).


Elle n'a, cela dit, jamais été admise sans réserve. On a bien compris, en
effet, qu'appliqué sans restriction, le critère d'affectation au service public
donnerait à la domanialité publique une extension démesurée : on sait bien que
les activités des personnes publiques sont dans leur immense majorité des
services publics.
La jurisprudence a donc toujours exigé une condition supplémentaire : c'est
que le bien ait fait l'objet d'un aménagement le rendant spécialement apte à sa
fonction dans le cadre du service public.
Avec le temps, il est apparu que cette condition supplémentaire, pour des
raisons que l'on va voir, ne jouait qu'un rôle réducteur très limité .127

Le Code général de 2006 s'est efforcé, comme on va le voir, de lui rendre de


l'efficacité.

44 Le service public auquel le bien est affecté ◊ 1°. L'expression service


public dans le critère ici examiné doit être prise au sens très large : celui d'une
activité d'intérêt général exercée sous l'autorité d'une personne publique.
Dans l'affaire Société Le Béton le Conseil d'État a reconnu le caractère
128

domanial de terrains, loués à des industriels, et dépendant d'un port fluvial


concédé à l'Office de la navigation ; il a été décidé que l'objet du service
public concédé à l'Office étant notamment l'organisation d'un port, les terrains
loués à des industriels étaient affectés à la réalisation de cet objet.
Dans l'affaire Dauphin , il a été décidé également que l'allée des Alyscans
129

appartenant à la ville d'Arles était affectée à un service public de caractère


culturel et touristique.
Le Conseil d'État a admis encore qu'un garage destiné aux usagers de la
SNCF et placé sous un hôtel localisé dans une gare contribuait à améliorer la
qualité du transport des voyageurs et se trouvait de ce fait affecté au service
public du chemin de fer .130

Dans l'affaire Sté Pardon Création la Cour administrative d'appel de


Paris a admis la domanialité publique d'ateliers relais destiné à favoriser
131

l'implantation d'entreprises artisanales. Le Conseil d'État a, il est vrai, infirmé


la solution, en considérant que ces immeubles sont destinés à être loués à des
entreprises privées qui, sauf accident, n'ont pas de mission de service public .132

2°. Il doit être clair qu'un bien peut appartenir au domaine public parce qu'il
est affecté à un service public même si celui-ci est géré par une personne
publique autre que la propriétaire du bien . Sans quoi les biens mis par une
133

personne publique à la disposition d'une autre pourraient difficilement relever


du domaine public.

45 Le cas du service public industriel ou commercial ◊ Le bien affecté à


un service industriel ou commercial peut-il faire partie du domaine public ? La
réponse est positive, mais dans les limites suivantes.
1 Un premier point à considérer est relatif à la personne propriétaire du bien
o

affecté au service public industriel ou commercial.


Cette personne est parfois une personne privée, notamment un délégataire de
service public. Dans ce cas, les biens affectés au service public et appartenant
à la personne privée ne peuvent faire partie du domaine public faute
d'accomplissement de la condition de propriété d'une personne publique (il en
va différemment des biens dits « de retour », qui appartiennent à la personne
publique délégante : v. ss 142).
2 Qu'en est-il lorsque le bien est la propriété d'une personne publique ?
o

Il semble qu'il n'y ait pas de solution générale et qu'il soit nécessaire de
distinguer selon les textes applicables à l'entreprise publique considérée.
Il peut arriver ainsi que les textes soumettent la gestion des biens à un régime
de droit privé. Ce régime, incompatible avec le régime de domanialité
publique, doit faire considérer que les biens ne font pas partie du domaine
public.
C'est, ainsi qu'on l'a indiqué, la solution que le Conseil d'État a retenue en
1998 à propos des biens d'EDF (qui de toute façon est devenue ensuite, en
2004, une société de droit privé).
Parfois au contraire, les textes ou l'interprétation qu'en donne la
jurisprudence soumettent les biens à un régime de droit public. C'est ce qui
toujours a été admis pour les chemins de fer.
La même solution (domanialité publique) est admise pour les ouvrages des
services publics de distribution d'eau ou pour certaines installations affectées à
l'Office national de la navigation (v. C. dom. publ. fluv., art. 178).
46 La condition d'aménagement spécial avant le Code de 2006 ◊ La
domanialité publique des biens affectés au service public a, donc, toujours été
subordonnée à une condition d'aménagement de ces biens. Dans la
jurisprudence antérieure, au Code de 2006, le juge posait une condition
d'« aménagement spécial » . Il fallait que le bien soit spécialement aménagé
134

pour être l'instrument du service public au fonctionnement duquel il était


affecté.
Il s'est avéré que cette condition était d'utilisation assez malaisée, et que le
juge déterminait son accomplissement au cas par cas, sans indiquer les
principes sur lesquels il se fondait.
Les principaux éléments suivants ressortaient toutefois de la jurisprudence.
L'aménagement spécial pouvait tenir d'abord à l'existence d'installations
matérielles réalisées par la main de l'homme pour adapter le bien à sa
destination. Il s'agissait par exemple, dans le cas d'un stade municipal , de135

l'aménagement du sol et de la construction des tribunes ; dans le cas de l'allée


des Alyscans de l'exécution de travaux de fouilles et de restauration et de la
136

pose d'une chaîne barrant l'allée ; dans le cas des promenades publiques , de137

la plantation d'arbres ou de fleurs, de la pose de bornes, etc.


L'aménagement spécial pouvait tenir aussi à un élément naturel, celui de la
configuration ou même du simple emplacement du bien qui l'adapte à sa
destination. Dans l'affaire Société Le Béton , le Conseil d'État a pu tenir
138

compte, outre de cet élément, de certains aménagements artificiels


(raccordement des terrains industriels aux voies de communication et aux
lignes d'électricité). Mais le simple emplacement a été jugé suffisant pour
considérer comme spécialement aménagé le logement dans une gare d'un agent
de la SNCF ou un garage placé près d'une gare et destiné aux usagers des
139

chemins de fer . Il en a été décidé de même pour un dépôt d'autobus à cause


140

de son emplacement et de ses dimensions . 141

L'aménagement spécial, décidait encore le juge, n'avait pas besoin d'être


complètement réalisé . 142

L'idée a même été émise que cette condition se trouvait écartée lorsque le
bien était l'objet même du service public et qu'elle jouait seulement pour les
biens constituant des moyens d'action du service . 143

Dans ses conclusions sur l'affaire Lecocq, Daniel Labetoulle admettait qu'il
y avait une sorte de présomption d'aménagement spécial s'appliquant au cas de
l'immeuble qui est le siège d'un service public .144

47 Le Code de 2006 : la condition d'aménagement indispensable à


l'exécution des missions de service public ◊ Les auteurs du CGPPP
étaient à l'évidence animés du désir de restreindre le champ de la domanialité
publique des immeubles affectés aux services publics. D'où, notamment,
l'établissement d'une condition qui se veut plus stricte : pour appartenir au
domaine public, le bien ne doit plus seulement être aménagé spécialement, il
doit l'être selon des modalités « indispensables » à l'exécution des missions du
service public dont il est l'instrument.
À la vérité, la jurisprudence ne confirme pas que l'appartenance au domaine
public serait appréciée de manière clairement plus stricte sur le terrain de
l'aménagement. Un arrêt admet que les ouvrages nécessaires au fonctionnement
du service public doivent être présumés dotés de l'aménagement indispensable
qui les fait entrer dans le domaine public : en réalité, il semble que, d'une
145

manière générale, l'affectation à un service public crée une présomption


d'aménagement indispensable .Un autre admet que les pistes de ski sont
146

dotées par essence de l'aménagement indispensable nécessaire au service


public industriel et commercial dont elles sont l'instrument 147

C. La théorie de l'accessoire et la domanialité publique globale

48 La théorie de l'accessoire avant et après le Code de 2006 ◊ 1 La o

jurisprudence a de longue date admis qu'un bien qui, par ses caractères propres
ne fait pas partie du domaine public, pouvait cependant y être rattaché par
application de la théorie de l'accessoire . 148

Cette intégration au domaine public par voie d'accessoire peut tenir d'abord
à la situation des biens, à l'existence d'un « lien physique étroit » , le bien 149

étant situé au-dessous 150


ou au-dessus de la dépendance domaniale. En
151

principe, cependant, cet élément ne joue que s'il existe une véritable
dépendance matérielle entre les biens . 152

La notion d'accessoire peut également jouer lorsque le lien avec le domaine


public est, non pas de solidarité physique, mais fonctionnel : le bien accessoire
sert la fonction de la dépendance domaniale dominante. Ce raisonnement
conduit à inclure dans le domaine public différents éléments qui servent à
assurer la conservation et l'utilisation d'une route , des éléments 153

complémentaires d'un canal , etc.


154

Au contraire, des parcelles servant d'assiette à une canalisation souterraine


de distribution d'eau ont été considérées comme ne constituant pas un
accessoire nécessaire des ouvrages domaniaux qui y sont enterrés . La même 155

solution a été posée à propos des locaux d'un restaurant situé au sein d'un
immeuble abritant un théâtre municipal . Un arrêt a considéré que la terrasse
156
et le chemin de ronde de l'église des Saintes-Maries de la Mer, ouverts à des
visites touristiques, étaient fonctionnellement dissociables de l'édifice cultuel
lui-même . 157

2 Le CGPPP retient, à l'article L. 2111-2, la formule suivante « font


o

également partie du domaine public les biens des personnes publiques… qui,
concourant à l'utilisation d'un bien appartenant au domaine public, en
constituent un accessoire indissociable ».
Selon Christine Maugüé, cette nouvelle rédaction limite l'appartenance au
domaine public aux biens qui sont liés à une dépendance domaniale à la fois
par une solidarité physique et par une contribution fonctionnelle . 158

3 Le critère de l'accessoire apparaît sous une forme légèrement différente


o

dans une disposition de l'article L. 2211-1 concernant les immeubles à usage de


bureaux : ceux-ci, dit le texte, appartiennent au domaine privé , « à 159

l'exclusion de ceux formant un ensemble indivisible avec des biens


immobiliers appartenant au domaine public ».
Il restera à voir si cette notion d'« ensemble indivisible » se distingue ou non
de celle d'« accessoire indissociable ».

49 Domanialité publique globale ◊ La théorie de l'accessoire s'est trouvée


160

relayée en jurisprudence par une autre théorie qui a eu elle aussi pour effet
d'accroître fortement le champ de la domanialité publique : celle de la
domanialité publique globale.
Cette notion a été retenue pour caractériser des situations dans lesquelles la
jurisprudence étend la domanialité publique à l'ensemble d'un ouvrage, y
compris à ses parties non affectées à l'usage du public ou à un service public,
parce qu'elle le considère comme constituant un ensemble fonctionnel dont le
régime juridique doit être homogène. C'est ainsi qu'un logement situé dans un
bâtiment abritant une école , ou le logement de fonction du directeur d'un
161

hôpital , ont été considérés comme relevant du régime de la domanialité


162

publique. La même logique a conduit à admettre l'appartenance au domaine


public de locaux commerciaux situés dans une gare ferroviaire . Dans le 163

même sens, la Cour administrative d'appel de Marseille a pu considérer que


toutes les parcelles se trouvant dans l'enceinte d'un aéroport ouvert à la
circulation aérienne relevaient de la domanialité publique . La notion de
164

« domanialité publique globale » conduit ainsi à traiter comme relevant


entièrement du domaine public, les ports, les établissements hospitaliers, les
campus universitaires, etc.
Doit-on considérer que la nouvelle formulation de la théorie de l'accessoire
dans le Code de 2006 conduira à l'abandon de cette ligne jurisprudentielle ?
Les rédacteurs du Code ne le pensent manifestement pas .Le confirment par
165
exemple un arrêt qui admet l'appartenance au domaine public d'un bar-
restaurant situé dans l'enceinte d'un « ensemble immobilier accueillant
l'ancienne gare d'arrivée du téléphérique de… ainsi que les locaux des services
techniques et des services de secours » et un avis qui retient l'appartenance
166

au domaine public de l'ensemble du domaine national de Chambord 167

De la notion de domanialité publique globale, on peut rapprocher celle de


domanialité publique « par contagion », qui conduit la jurisprudence à
considérer que, même s'il ne remplit pas en lui-même les conditions, un espace
qui appartient à la même unité foncière qu'une dépendance avérée du domaine
public, relève lui-même de la domanialité publique 168

50 Distinction théorie de l'accessoire, théorie de l'accession ◊ Lorsque


la théorie de l'accessoire ne conduit pas à rattacher au domaine public les biens
situés au-dessus et au-dessous de la dépendance domaniale, il s'ensuit une
superposition de biens de caractères différents (domaine public, domaine
privé, propriété privée) . En effet, l'article 552 du Code civil selon lequel la
169

propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous (accession) n'a


d'effet qu'en ce qui concerne la propriété : l'accession peut entraîner la
propriété publique, elle n'emporte pas extension de la domanialité publique.
La superposition de volumes et statuts différents a été prévue par certains
textes (p. ex. ord. 4 févr. 1959 pour la Tour Montparnasse et divers textes
concernant des gares). Elle est possible aussi lorsque l'administration déclasse
en volume une construction placée au-dessus ou au-dessous de la dépendance
domaniale (avec des servitudes au profit du domaine public v. ss 199 s.) . 170

Cette situation soulève en tout cas de nombreux problèmes juridiques.


Il ne faut pas la confondre, ceci dit, avec celle dans laquelle une construction
fondée sur un titre régulier (v. ss 186) est faite sur le domaine public.
L'occupant est alors en principe propriétaire de la construction mais c'est une
propriété fortement limitée par les règles domaniales.

§ 3. Application du critère d'affectation dans le temps :


la question de la domanialité publique virtuelle

51 L'idée de domanialité publique virtuelle ◊ En principe, tant que


l'affectation ou l'aménagement ne sont pas réalisés, le bien ne fait pas partie du
domaine public .171

Pourtant, le juge administratif a décidé de se contenter, parfois, de


l'affectation future ou virtuelle. C'est ce qui a semblé ressortir d'un arrêt de
1985 , et c'est ce qui est ressorti très clairement d'un avis et d'un arrêt de
172
1995. Dans l'avis en date du 31 janvier 1995, les sections de l'intérieur et des
travaux publics du Conseil d'État réunies ont considéré que le fait de prévoir
173

de façon certaine l'affectation à l'usage direct du public ou l'affectation à un


service public moyennant des aménagements spéciaux, impliquait, dès ce
moment, la soumission du terrain aux principes de la domanialité publique . 174

Dans l'arrêt de 1995, le Conseil d'État a jugé qu'il n'était pas possible de
déclasser un immeuble dès lors qu'il avait été prévu de l'affecter à un service
public, et cela même si les aménagements spéciaux destinés à l'adaptation de
l'immeuble au service public n'avaient pas été réalisés .
175

La théorie sous-jacente à cette jurisprudence a reçu de la doctrine – Étienne


Fatôme – l'appellation de théorie de la domanialité publique virtuelle.

52 L'avenir de la théorie ◊ La théorie de la domanialité publique virtuelle est


tout à fait discutable. On comprend le souci du juge de protéger des biens qui
devraient, dans un futur proche, entrer dans le domaine public, mais il n'en
demeure pas moins que cette théorie est source d'insécurité juridique. On peut
ainsi se demander à partir de quel moment l'entrée dans le domaine public peut
être considérée comme suffisamment certaine pour que le bien relève, par
anticipation, du régime de la domanialité publique. D'autres questions se posent
comme, notamment, celle de savoir si un bien entré par anticipation dans le
domaine public doit, s'il n'est finalement pas affecté à un service public ou à
l'usage direct du public, être déclassé pour pouvoir être aliéné. On peut donc
regretter l'extension de la domanialité publique qu'elle réalise.
La question est de savoir si elle a survécu aux modifications apportées par le
CPPP aux règles de détermination du domaine public. Le rapport accompagnant
l'ordonnance porteuse du Code suggérait que non. Le texte lui-même ne
prodigue pas de certitude.
La jurisprudence ne s'est pas clairement prononcée, mais un signe dans le
sens du maintien de la théorie a tout de même été donné par un arrêt jugeant
qu'un bien dont l'aménagement spécial était prévu de manière certaine mais n'a
jamais été réalisé, devait être considéré comme régi par la domanialité
publique .
176
CHAPITRE 2
LA COMPOSITION DU DOMAINE PUBLIC

Section 1. DOMAINE PUBLIC NATUREL ET DOMAINE PUBLIC


ARTIFICIEL
§ 1. Le domaine public naturel
A. Le domaine maritime naturel
B. Le domaine public fluvial naturel
C. Le domaine hertzien
§ 2. Le domaine public artificiel
A. Le domaine public routier
B. Le domaine public ferroviaire
C. Le domaine aéronautique
D. Le domaine maritime artificiel
E. Le domaine fluvial artificiel
F. Ouvrages divers affectés à l'usage du public
G. Biens affectés à divers services publics
H. Le domaine public mobilier
Section 2. DOMAINE PUBLIC DE L'ÉTAT, DES COLLECTIVITÉS
TERRITORIALES ET DES AUTRES PERSONNES PUBLIQUES
§ 1. Domaine public national et domaines publics locaux
§ 2. Domaine public des établissements publics et personnes publiques
sui generis

53 Généralités ◊ Les dépendances du domaine public, telles qu'elles résultent de


l'application des critères étudié ci-avant, peuvent faire l'objet de multiples
classifications.
1 Elles peuvent être classées selon les personnes publiques qui en sont
o

propriétaires (domaine de l'État, des régions, des départements, etc.


v. ss 81 s.). Cette classification présente divers intérêts au point de vue de la
gestion des biens.
2 On peut également distinguer un domaine public immobilier et un domaine
o

public mobilier (v. ss 79).


3 Une autre classification oppose le domaine public naturel et le domaine
o

public artificiel : c'est-à-dire des biens publics qui sont des produits de la
nature (fleuves, rivages de la mer…), d'autres qui sont le résultat d'un travail
humain (bâtiments, réseaux…) Bien qu'elle soit parfois discutée , cette 177

classification demeure assortie de conséquences juridiques non négligeables,


notamment au point de vue de l'incorporation des biens au domaine et de leur
sortie de celui-ci (v. ss 86 s.) ou au point de vue de la délimitation du domaine
(v. ss 104 s.).
4 On distingue encore les biens du domaine affectés à l'usage du public et
o

les biens affectés aux services publics, distinction qui présente de l'intérêt au
point de vue de l'utilisation des biens (v. ss 137 s.) ou du critère domanial
(v. ss 35 s.).
5 Enfin une autre classification distingue du point de vue physique et
o

géographique le domaine maritime, fluvial aérien et terrestre.


Sans ignorer les autres clivages, qui apparaîtront dans le développement, on
mettra l'accent, dans la présentation qui suit, sur deux de ces classifications :
celle fondée sur le caractère naturel ou artificiel des dépendances, et celle
reposant sur la personne propriétaire.

SECTION 1. DOMAINE PUBLIC NATUREL ET DOMAINE


PUBLIC ARTIFICIEL

§ 1. Le domaine public naturel

A. Le domaine maritime naturel 178

54 Composition ◊ La définition du domaine public maritime devait beaucoup à


une importante loi du 28 novembre 1963. Elle est maintenant donnée par
l'article L. 2111-4 du CGPPP, lequel précise que le domaine public maritime
naturel comprend :
« 1 Le sol et le sous-sol de la mer entre la limite extérieure de la mer
o

territoriale et, côté terre, le rivage de la mer.


Le rivage de la mer est constitué par tout ce qu'elle couvre et découvre
jusqu'où les plus hautes mers peuvent s'étendre en l'absence de perturbations
météorologiques exceptionnelles ;
2 Le sol et le sous-sol des étangs salés en communication directe,
o

naturelle et permanente avec la mer ;179

3 Les lais et relais de la mer :


o

a) Qui faisaient partie du domaine privé de l'État à la date du 1 décembre


er

1963, sous réserve des droits destiers ;


b) Constitués à compter du 1 décembre 1963.
er

Pour l'application des a et b ci-dessus dans les départements de la


Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de La Réunion, la date à
retenir est celle du 3 janvier 1986 ;
4 La zone bordant le littoral définie à l'article L. 5111-1 dans les
o

départements de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de La


Réunion ;
5 Les terrains réservés en vue de la satisfaction des besoins d'intérêt
o

public d'ordre maritime, balnéaire ou touristique et qui ont été acquis par
l'État.
Les terrains soustraits artificiellement à l'action du flot demeurent
compris dans le domaine public maritime naturel sous réserve des
dispositions contraires d'actes de concession translatifs de propriété
légalement pris et régulièrement exécutés ».

55 Le sol et le sous-sol de la mer territoriale ◊ La mer territoriale s'étend


sur une largeur qui était à l'origine de 3 milles marins et qui a été portée à
12 milles par une loi du 24 décembre 1971. L'appartenance du sol et du sous-
sol de la mer territoriale au domaine public a été affirmée par la loi du
28 novembre 1963. Auparavant on considérait que la mer territoriale ne faisait
pas partie du domaine .
180

La solution ne concerne que le sol et le sous-sol. Tout en relevant du pouvoir


de police de l'État, l'eau de la mer territoriale ne rentre pas dans le domaine
public .
181

56 Les rivages de la mer ◊ Les rivages de la mer, c'est-à-dire la partie du


rivage que la mer couvre et découvre entre ses plus hautes et plus basses eaux,
font partie traditionnellement du domaine public .
182 183

Pendant longtemps, leur délimitation obéissait à des règles différentes selon


les rivages . En Méditerranée, on appliquait une règle du droit romain faisant
184

entrer dans le domaine les zones recouvertes par le plus grand flot d'hiver .185

Pour les autres rivages, la solution inspirée de l'ordonnance de la Marine


d'août 1681, faisait entrer dans le domaine des zones recouvertes par le plus
grand « flot de Mars ».
La solution a été modifiée par le Conseil d'État en 1973 . Il a décidé d'une
186

part que l'ordonnance de 1681 devait s'appliquer à l'ensemble du littoral


français : il n'existe donc plus qu'un seul régime. Par ailleurs, modernisant la
référence au plus grand flot de Mars au regard de la technique moderne, il a
estimé que la limite devait s'établir « au point où les plus hautes mers peuvent
s'étendre en l'absence des perturbations météorologiques exceptionnelles » . 187

Comme on l'a vu, ce critère est confirmé par l'article L. 2111-4 du CGPPP . 188

57 Le sol et le sous-sol des étangs salés ◊ La jurisprudence a admis la


domanialité publique de ces étangs s'ils peuvent être considérés comme de
véritables dépendances de la mer (communication directe et permanente avec
la mer, salure, navigabilité) .
189

Le CGPPP confirme cette appartenance au domaine public, tout en précisant


qu'elle ne concerne que le sol et le sous-sol des étangs, non l'eau qu'ils
contiennent.

58 Les lais et relais 190


◊ On appelle lais des dépôts formés par la mer, soit en
dehors du rivage, soit le long du rivage et qui ne sont pas recouverts par les
plus grands flots. Les relais sont des espaces d'où la mer s'est définitivement
retirée et que ne recouvre pas le plus grand flot.
La jurisprudence avait admis la domanialité privée des lais et relais . La 191

loi du 28 novembre 1963 a formulé une solution différente. Elle a décidé que
les lais et relais futurs tomberaient de plein droit dans le domaine public , et192

que les lais et relais existants demeureraient dans le domaine privé mais193

pourraient être incorporés au domaine public par arrêté interministériel . 194

L'article L. 2111-4 parachève l'évolution en faisant entrer dans le domaine


public les lais et relais qui faisaient partie du domaine privé au 1 décembre
er

1963.

59 La zone des cinquante pas géométriques ◊ Dans les départements


d'outre-mer, la zone dite des cinquante pas géométriques (zone délimitée à
partir du rivage, et qui avait historiquement une raison d'être militaire) a été
incorporée au domaine public de l'État par la loi du 3 janvier 1986 relative à
l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral .
195

Des mécanismes variés ont été mis en place pour organiser les rapports avec
les propriétaires des édifices qui, avec le temps, se sont construits dans cette
zone . Dans leur état actuel, ces mécanismes sont prévus par les articles
196

L. 5111-1 et suivants du CGPPP.


60 Les terrains acquis par l'État et les terrains soustraits à l'action du
flot ◊ Ce sont les deux dernières catégories de dépendances du domaine
maritime naturel qu'évoque l'article L. 2111-4.
La seconde concerne des terrains pour lesquels l'administration accordait
une « concession d'endigage ». Les terrains endigués étaient soustraits à
l'emprise des eaux, sortaient du domaine public et pouvaient être ainsi aliénés
(par la concession). Cette pratique a été pratiquement interdite – pour le futur –
par des dispositions qui, à l'article 27 de la loi du 28 novembre 1963, ont
interdit de « porter atteinte à l'état naturel du rivage de la mer » (aujourd'hui,
CGPPP, art. L. 2124-1) .197

B. Le domaine public fluvial naturel 198

61 Cours d'eau et lacs 199 200


◊ En vertu de l'article L. 2111-7 du CGPPP, « le
domaine public fluvial naturel est constitué des cours d'eau et lacs appartenant
à l'État, aux collectivités territoriales ou à leurs groupements , et classés dans
201

leur domaine public fluvial ».


1 Au XIX siècle, on admettait la domanialité publique des cours d'eau, dès
o e

lors que ceux-ci étaient navigables ou flottables par « trains et radeaux » (et
non à « bûches perdues »). Cette solution confirmée par la loi du 8 avril 1898
(art. 34) liait donc la domanialité à un élément de fait .
202

La solution devait être modifiée par la loi de finances du 8 avril 1910


(art. 128). Ce texte décidait que devaient être considérés comme navigables ou
flottables les cours d'eau figurant sur une nomenclature. Dès lors,
l'incorporation au domaine public résultait uniquement de l'inscription à la
nomenclature, le juge ne pouvant plus apprécier les caractères physiques du
cours d'eau .
203

D'autre part, par la suite, certains cours d'eau ont été rayés de la
nomenclature des cours d'eau navigables ou flottables tout en demeurant dans le
domaine public (décr. du 28 déc. 1926 et 18 juin 1955).
Actuellement, les cours d'eau du domaine public (ou cours d'eaux
domaniaux) sont d'abord comme précédemment :
– les cours d'eau navigables ou flottables (c'est-à-dire figurant sur la
nomenclature),
– les cours d'eau qui, rayés de la nomenclature, ont été maintenus dans le
domaine public.
La loi du 16 décembre 1964 sur le régime et la répartition des eaux et la lutte
contre leur pollution a introduit une nouvelle catégorie : les cours d'eau et leurs
dérivations classés dans le domaine public (par décret en Conseil d'État) en
vue d'assurer l'alimentation en eau des voies navigables, les besoins en eau de
l'agriculture et de l'industrie, l'alimentation des populations ou la protection
contre les incendies. Il s'agit là d'une extension notable du domaine public
fluvial qui s'explique par l'importance croissante du problème de l'eau.
Il existe également des cours d'eau classés comme « cours d'eau mixtes »
dont le lit appartient aux riverains, le droit à l'usage de l'eau appartenant à
l'État.
Font également partie du domaine public les rivières canalisées pour assurer
la collecte des eaux fluviales .204

2 La domanialité publique des lacs navigables était également admise


o

depuis longtemps. L'article 1 du Code du domaine public fluvial place dans le


er

domaine :
– les lacs navigables ou flottables (c'est-à-dire figurant sur la nomenclature)
ainsi que les retenues établies sur les cours d'eau du domaine public à
condition que les terrains submergés aient été acquis par l'État ou par son
concessionnaire à charge de retour à l'État en fin de concession. Ces lacs sont
du reste affectés à l'usage du public ;
– les lacs rayés de la nomenclature mais maintenus dans le domaine public ;
– les lacs classés dans le domaine public en vue d'assurer l'alimentation en
eau des voies navigables, les besoins en eau de l'agriculture et de l'industrie,
l'alimentation des populations ou la protection contre les incendies.

62 Étendue de la domanialité publique ◊ Quels sont les éléments des cours


d'eau et lacs qui font partie du domaine ? Il ne s'agit pas forcément de
l'ensemble des cours d'eau. L'acte de classement détermine les parties
navigables ou flottables des cours d'eau ou lacs, ou encore, dans le cas du
classement pour les besoins de l'agriculture, de la population, etc., indique s'il
s'applique à la totalité des cours d'eau ou lacs ou à une partie .
205

Pour les cours d'eau déclarés navigables ou flottables la domanialité, qui va


du point où ils deviennent navigables ou flottables jusqu'à leur embouchure,
englobe aussi (C. dom. publ. fluv., art. 1.) :
– les bras, même non navigables ou flottables, s'ils prennent naissance au-
dessous du point où ces cours d'eau deviennent navigables ou flottables ; 206

– les noues et boires qui tirent leurs eaux des mêmes cours d'eau ;
207

– les dérivations ou prises d'eau artificielles même établies sur des


propriétés particulières à condition qu'elles aient été pratiquées par l'État dans
l'intérêt de la navigation ou du flottage ;
– les retenues établies sur les cours d'eau du domaine public à condition que
les terrains submergés aient été acquis par l'État ou par un concessionnaire à
charge de retour à l'État .
208
Pour les cours d'eau et lacs domaniaux, la domanialité s'étend non seulement
au lit mais aussi aux berges recouvertes par les eaux coulant à plein bord avant
de déborder (règle du plenissimum flumen) . Les îles et îlots des cours d'eau
209

domaniaux font partie du domaine public tant que n'est pas dépassé le niveau du
plenissimum flumen . 210

Les alluvions et atterrissements formés dans le lit sont la propriété de l'État


(domaine privé). Ceux se formant sur la rive deviennent propriété des
riverains . 211

Cependant, cette règle ne s'applique pas aux lacs domaniaux où joue la règle
de l'article 558 du Code civil . 212

En ce qui concerne les eaux, leur appartenance au domaine public semble


exclue du fait que l'État a sur elles des droits d'usage, droits réels immobiliers,
et non un droit de propriété.
Le domaine fluvial englobe aussi les dépendances des cours d'eau,
plantations sur les berges , quais , mais non les ponts (v. ss 73).
213 214 215

63 Les eaux publiques ◊ 1 Une jurisprudence ancienne admettait que les eaux
o

publiques recueillies par les personnes publiques en vue d'un besoin public
(alimentation des fontaines, lavoirs, nettoyage des rues, etc.) faisaient partie du
domaine public . 216

Le Conseil d'État a précisé cette solution en la déclarant seulement


applicable aux eaux captées au moyen d'ouvrages particuliers : ne font pas
partie du domaine les eaux seulement susceptibles d'être recueillies ou les
droits sur l'eau qu'une personne publique tient de sa qualité de riverain d'un
fleuve ou de propriétaire d'un champ de source . 217

Bien entendu, la domanialité cesse lorsque l'eau n'est plus affectée à l'usage
public .
218

2 La domanialité publique s'étend également aux ouvrages de captage et


o

d'amenée des eaux publiques . On admet aussi qu'elle s'applique aux canaux
219

d'irrigation appartenant aux personnes publiques (pour l'eau des « cours


220

d'eau mixtes », v. ss 61).

C. Le domaine hertzien

64 Reconnaissance d'un domaine public hertzien ◊ De longue date, les


auteurs ont débattu de la domanialité publique de l'espace aérien, certains
faisant rentrer dans le domaine public la part de cet espace relevant de la
souveraineté de l'État , d'autres auteurs y voyant purement et simplement une
221

res nullius . 222


Le Conseil d'État, à propos du problème des ondes radiophoniques, avait
semblé admettre cette domanialité . Mais si domaine public il y avait,
223

l'incertitude demeurait sur ses limites et la question demeurait controversée . 224

La question a été renouvelée avec l'intervention de textes sur la télévision


par voie hertzienne. Selon l'art. 20 de la loi du 30 septembre 1986 (rédaction
de la loi du 17 janvier 1989) « l'utilisation par les titulaires d'autorisation de
fréquences radioélectriques disponibles sur le territoire de la République
constitue un mode d'occupation privatif du domaine public de l'État ».
La formule consacrée par le législateur a ensuite été reprise par le juge
constitutionnel .225

Le CGPPP, quant à lui, retient que « les fréquences radioélectriques


disponibles sur le territoire de la République relèvent du domaine public de
l'État » (art. L. 2111-17).
La domanialité publique ainsi attachée à l'espace hertzien n'est du reste pas
sans soulever des difficultés pratiques . 226

§ 2. Le domaine public artificiel

A. Le domaine public routier 227

65 Les voies terrestres (routes, chemins, rues, places) ◊ La domanialité 228

publique des voies terrestres est admise traditionnellement. Il s'agit des routes
nationales et des autoroutes , des routes départementales, des voies
229

communales (C. voirie rout., art. L. 121131-1. L 141-1) et notamment des rues
ou places affectées à la circulation publique . 230

Il faut faire exception cependant pour les chemins ruraux qui, depuis
l'ordonnance du 7 janvier 1959, figurent dans le domaine privé des communes
(ce que confirme l'article L. 2212-1 du CGPPP).
Les voies privées, même ouvertes à la circulation publique, ne font pas
partie du domaine public . 231

66 Les accessoires des voies ◊ La domanialité publique des voies s'étend non
seulement au sol et au sous-sol, mais également à leurs diverses dépendances
(notamment par application de la théorie de l'accessoire, v. ss 49). Il s'agit par
exemple des ponts , trottoirs , égouts , accotements et talus , murs de
232 233 234 235

soutènement , bornes et poteaux indicateurs , colonnes d'affichage ,


236 237 238

poteaux, pylônes et candélabres , arbres et plantations en bordures des


239

voies , conduites d'eau , galeries souterraines .


240 241 242
Encore faut-il, naturellement, que ces dépendances soient la propriété de la
personne publique dont dépend la voie . Mais la jurisprudence tend à
243

présumer que la personne publique propriétaire de la voie publique l'est aussi


des éléments sous-jacents et sur-jacents.

B. Le domaine public ferroviaire 244

67 Généralités ◊ Depuis la loi du 13 février 1997, qui a créé Réseau Ferré de


France , la propriété des biens qui concourent à l'activité ferroviaire publique
245

a été divisée entre cet établissement et l'État : Réseau Ferré de France est
devenu propriétaire de l'infrastructure et des immeubles non affectés à
l'exploitation des services de transport, et l'État a conservé la propriété du
restant, qui est mis à la disposition de la SNCF . 246

Ces biens, cela dit, n'appartiennent pas tous au domaine public. Seuls en
relèvent ceux qui satisfont aux conditions habituelles d'affectation et
d'aménagement. L'article L. 2111-15 du CGPPP ne fait même rentrer dans le
domaine public ferroviaire que les biens « affectés exclusivement aux services
de transport guidés le long de leurs parcours en site propre ». La portée
exacte de cette formule, qui a notamment pour objet d'exclure du domaine
ferroviaire les lignes de tramways qui ne sont pas au site propre et d'éviter des
superpositions complexes avec le domaine routier, devra être précisée par la
jurisprudence.

68 Voies ferrées ◊ La domanialité s'applique d'abord aux voies ferrées elles-


mêmes . Cette solution a d'ailleurs été admise il y a longtemps : à la suite de
247

la loi du 15 juillet 1845 déclarant les voies ferrées dépendances de la grande


voirie.

69 Autres ouvrages ◊ Font également partie du domaine public les ouvrages


qui, comme les voies elles-mêmes, sont indispensables au fonctionnement du
service public : gares , ponts, passage à niveaux , passerelles .
248 249 250

Mais la jurisprudence, comme on l'a indiqué, a eu tendance à admettre aussi


la domanialité publique d'espaces non affectés au service public, mais situés
dans les bâtiments des gares ou dans leurs dépendances : terrains, locaux
commerciaux . 251

Comme on l'a vu, il n'est pas certain que ce type de solution, qui se rattache à
la notion de domanialité publique globale, doive être maintenu dans le cadre du
nouveau Code (v. ss 49).
C. Le domaine aéronautique 252

70 Aéroports et autres installations nécessaires à la navigation


aérienne ◊ Selon l'article L. 2111-16 du CGPPP, le domaine public
aéronautique est constitué des biens immobiliers publics « affectés aux besoins
de la circulation aérienne publique. Il comprend notamment les emprises des
aérodromes et les installations nécessaires pour les besoins de la sécurité de la
circulation aérienne situées en dehors de ces emprises ».
Rappelons cependant que, depuis la loi du 20 avril 2005 sur les aéroports,
une grande partie des biens d'Aéroports de Paris a été déclassée .253

D. Le domaine maritime artificiel

71 Ports et autres ouvrages établis dans l'intérêt de la navigation


maritime ◊ La domanialité publique des ports maritimes, déjà indiquée par
le Code civil (art. 538), a été admise de longues date. La solution a été
confirmée par divers textes (par exemple, Code des ports maritimes, art. 2 ; loi
du 29 juin 1965 sur les ports maritimes autonomes, art. 3).
La jurisprudence a admis que la domanialité s'étendait non seulement aux
eaux du port et à son sous-sol , mais également à ses diverses dépendances :
254

quais , digues, jetées, bouées et balises , phares , voies publiques


255 256 257

aménagées , outillage à caractère immobilier appartenant à une personne


258

publique . 259

L'article L. 2111-6 du CGPPP, quant à lui, indique que le domaine public


maritime artificiel est constitué :
« 1 Des ouvrages ou installations appartenant à une personne publique…,
o

qui sont destinés à assurer la sécurité et la facilité de la navigation


maritime ;
2 À l'intérieur des limites administratives des ports maritimes, des biens
o

immobiliers, situés en aval de la limite transversale de la mer, appartenant à


(une personne publique) et concourant au fonctionnement d'ensemble des
ports maritimes, y compris le sol et le sous-sol des plans d'eau lorsqu'ils sont
individualisables ».
Ces dispositions paraissent de nature à restreindre l'appartenance au
domaine public des dépendances portuaires, que la jurisprudence avait
tendance à y faire entrer très généreusement, dans une optique de « domanialité
publique globale » (v. ss 49).
E. Le domaine fluvial artificiel 260

72 Canaux de navigation et plans d'eau ◊ L'article L. 2111-10 du CGPPP,


qui décrit la composition du domaine public fluvial artificiel, mentionne tout
d'abord les canaux et plans d'eau appartenant à l'État, à une collectivité
territoriale ou à un port autonome, et classés dans son domaine public fluvial.
La domanialité s'étend aux dépendances des canaux : francs bords, chemins
de halage , digues, écluses, maisons éclusières , etc.
261 262

73 Ouvrages établis dans l'intérêt de la navigation fluviale ◊ L'article


L. 2111-10 énumère ensuite divers ouvrages établis dans l'intérêt de la
navigation fluviale :
– ouvrages ou installations destinés à assurer l'alimentation en eau des
canaux et plans d'eau ainsi que la sécurité et la facilité de la navigation, du
halage ou de l'exploitation ;
– biens immobiliers concourant au fonctionnement d'ensemble des ports
intérieurs, y compris le sol et le sous-sol des plans d'eau lorsqu'ils sont
individualisables ;
– à l'intérieur des limites administratives des ports maritimes, des biens
immobiliers situés en amont de la limite transversale de la mer et concourant au
fonctionnement d'ensemble de ces ports, y compris le sol et le sous-sol des
plans d'eau lorsqu'ils sont individualisables (les mêmes biens, lorsqu'ils sont
situés en aval de la limite mentionnée, relèvent du domaine maritime).
En ce qui concerne les biens situés dans les ports, la jurisprudence – dans
l'esprit de la notion de « domanialité globale » (v. ss 49) a eu tendance à
admettre largement l'appartenance au domaine public : elle l'a fait pour les
quais et terre-pleins , les docks et hangars , bassins , écluses et ponts
263 264 265

tournants , l'outillage immobilier appartenant à une personne publique , des


266 267

terrains loués à des industriels , etc. .


268 269

On peut penser que les dispositions du nouveau Code exerceront ici un effet
réducteur.

F. Ouvrages divers affectés à l'usage du public

74 Cimetières ◊ La doctrine du XIX siècle se refusait en général à admettre la


270 e

domanialité publique des cimetières en invoquant l'existence des cimetières


privés et le fait que les cimetières sont des biens productifs de revenus (Batbie,
Ducrocq), Ce point de vue était démenti par la jurisprudence judiciaire qui
déduisait l'appartenance au domaine public de l'affectation à l'usage du
public . Le Conseil d'État s'est rallié à cette solution dans l'arrêt Marecar de
271

1955 .
272

75 Édifices du culte ◊ Avant la loi de séparation des Églises et de l'État de


1905, la domanialité publique des édifices du culte était généralement admise,
Des hésitations s'élevèrent ensuite sur la solution dans la doctrine , mais la
273

solution d'appartenance au domaine public s'imposa bientôt en jurisprudence , 274

la jurisprudence judiciaire ayant affirmé la domanialité publique des églises 275

appartenant à des personnes publiques. Cette solution qui est logique puisque,
s'il n'existe plus de service public des cultes, les édifices du culte demeurent
affectés par la loi à l'usage du public, a été du reste confirmée par la loi du
20 février 1932 sur le réemploi des indemnités de dommages de guerre . 276

La domanialité publique s'étend au mobilier des édifices, même non


immobilier par destination et aux dépendances de l'édifice indispensables à
l'exercice du culte .
277

76 Les halles et marchés ◊ Longtemps rattachés au domaine privé, les halles et


marchés ont ensuite été considérées comme appartenant au domaine public 278

parce qu'affectées à l'usage du public . 279

77 Autres dépendances ◊ Il existe diverses autres dépendances du domaine


public qui sont affectées à l'usage du public. Outre le cas, déjà évoqué, des
promenades publiques (v. ss 42) on peut citer les lavoirs publics , les 280

bibliothèques publiques , les parkings aménagés , les installations des


281 282

stations balnéaires , les salles de fêtes , les aires de jeux .


283 284 285

G. Biens affectés à divers services publics

78 Exemples ◊ La liste des biens domaniaux affectés à des services publics et


susceptibles d'appartenir au domaine public parce que satisfaisant à la
condition d'aménagement – « spécial » naguère, « indispensable » depuis le
Code de 2006 – est évidemment fort longue et toujours susceptible de s'étendre.
Il est seulement possible de donner quelques exemples.
Le domaine public militaire 286
comprend, aux termes d'un décret du
25 février 1953 les fortifications et leurs dépendances ainsi que les routes
militaires et chemins stratégiques. Le même texte indique comme faisant partie
du domaine privé les casernes, camps, terrains de manœuvre, champs de tirs,
écoles militaires mais pour certains de ces biens la solution a paru
discutable . 287

Le domaine public hospitalier est également très important. Il comprend les


bâtiments hospitaliers et les équipements qui leur sont liés . Il en va de même
288

du domaine public universitaire, qui s'étend aux campus universitaires et aux


résidences universitaires . 289

Un stade municipal a été reconnu comme faisant partie du domaine public à


raison de son affectation au développement des activités sportives et
d'éducation physique . Par contre, la jurisprudence manifeste beaucoup plus
290

de réticence à considérer comme domaniaux les ouvrages uniquement destinés


à l'organisation des spectacles sportifs ou d'autres types de spectacles .
291 292

La domanialité publique est au contraire admise sans difficulté pour les


biens affectés à un service public d'ordre culturel et artistique : allée des
Alyscans dans l'arrêt Dauphin de 1959 , arènes romaines d'Arles …
293 294

Ont été encore considérés comme dépendances du domaine public : un hôtel


de ville , un abattoir , des ouvrages affectés aux télécommunications et,
295 296 297

plus récemment, des câbles de vidéocommunication , un dépôt d'autobus , un


298 299

garage municipal , un aérodrome , une station de métro , un Palais de


300 301 302

Justice , un chalet de montagne affecté à des installations culturelles , des


303 304

locaux d'une mairie attribués à des syndicats pour une bourse de travail . 305

Les bâtiments administratifs ne comportant pas un aménagement spécial de


nature à les adapter au service public ne font pas partie du domaine public, à
moins qu'ils n'apparaissent comme l'accessoire d'ouvrages en relevant de façon
avérée , le cas échéant, dans une conception de « domanialité publique
306

globale ». Faisant suite à une ordonnance du 19 août 2004 qui posait cette
solution à propos des seuls immeubles de l'État, l'article L. 2211-1 du CGPPP
exclut du domaine public les « biens immobiliers à usage de bureaux, à
l'exclusion de ceux formant un ensemble indivisible avec des biens
immobiliers appartenant au domaine public ».

H. Le domaine public mobilier 307

79 Les débats sur l'existence d'un domaine public mobilier ◊ Le


domaine public qui comprend un grand nombre d'immeubles peut-il comporter
des meubles ?
La question a donné lieu à de vives discussions. Au XIX siècle, la plupart
e

des auteurs n'admettaient pas la domanialité publique des meubles pour des
motifs qui paraissaient aujourd'hui discutables (parce qu'il s'agissait de biens
susceptibles de propriété privée). La doctrine du XX siècle (exception faite de
e

Berthélémy et Jèze) a admis au contraire la solution inverse tout en cherchant à


limiter la catégorie des meubles du domaine public.
La jurisprudence des tribunaux judiciaires a toujours admis l'existence d'un
domaine public mobilier . Le Conseil d'État s'est rallié à la solution de
308

manière assez récente, mais nette .309

L'existence d'un domaine public mobilier a été finalement confirmée par des
textes. Une loi du 4 janvier 2002 a indiqué expressément que les biens relevant
de musées appartenant à des personnes publiques font partie de leur domaine
public . Surtout, le Code général de 2006 consacre expressément l'existence
310

du domaine public mobilier dans son article L. 2112-1.

80 Composition du domaine public mobilier ◊ 1 En raison des hésitations


o

sur l'existence même d'un domaine public mobilier, les critères d'appartenance
à ce domaine n'étaient, avant le Code général de 2006, pas bien clarifiés.
L'opinion dominante était que les critères par lesquels l'appartenance au
domaine public était habituellement établie ne pouvaient pas bien convenir, que
le critère de l'usage du public était inapproprié, et que les meubles ne
pouvaient appartenir au domaine public que lorsque, non seulement, ils étaient
affectés à un service public, mais ils étaient l'objet même du service
C'est à cette logique que s'est rattaché un arrêt de la Cour de cassation qui a
admis qu'un tableau du musée du Louvre faisait partie du domaine public, du
seul fait que la conservation et la présentation de tels biens étaient l'objet même
du service . 311

2 Comme on l'a vu (v. ss 37) le CGPPP, dans son article L. 2112-1, ne


o

retient pas ce critère. Il cerne le domaine public mobilier par deux biais :
– un critère général : « biens présentant un intérêt public du point de vue
de l'histoire, de l'art, de l'archéologie, de la science ou de la technique »
– une énumération – non exhaustive : elle commence par « notamment » – de
biens mobiliers qui relèvent du domaine public par détermination de la loi :
archives publiques , collections des musées, vestiges archéologiques etc.
312 313

Apparemment – mais cela aura à être confirmé par la jurisprudence –, cette


définition laisse à l'écart du domaine public les biens publics immatériels :
valeurs, titres, données publiques , droits de propriété intellectuelle
314
. Ces
315 316

biens, dont l'importance est croissante aujourd'hui 317


paraissent pourtant
pouvoir relever du domaine public lorsqu'ils sont affectés à un service
public .318

Des décrets du 10 février 2009 ont aménagé la rémunération de certains


services rendus par l'État consistant en une valorisation de son patrimoine
immatériel 319
SECTION 2. DOMAINE PUBLIC DE L'ÉTAT, DES
COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DES AUTRES
PERSONNES PUBLIQUES

81 Généralités ◊ Toute dépendance du domaine public est nécessairement


rattachée à une personne publique par un lien juridique qui, ainsi qu'il a été
indiqué, résulte d'un droit de propriété. Ces dépendances peuvent
éventuellement donner lieu à d'autres droits de la part des personnes publiques
(par ex. droits résultant d'une mise à disposition. v. ss 125 s.) ; elles n'en sont
pas moins l'objet d'un droit de propriété d'une personne publique.
Il existe donc, du point de vue de la propriété, différents domaines publics.
Cette solution a parfois été contestée et on a pu soutenir une théorie de l'unité
du domaine public. Cette conception a été adoptée par les auteurs qui niaient
l'existence d'un droit de propriété sur le domaine public : celui-ci était
considéré comme faisant l'objet de pouvoirs de police ou de prérogatives
semblables exercées par l'État ou conférées par lui à d'autres personnes
publiques ; on ne pouvait donc parler de pluralité de domaines.
Cette position, qui n'est d'ailleurs même pas conforme à l'histoire dans la
mesure où une part significative des biens domaniaux d'aujourd'hui a été créée
par des personnes publiques autres que l'État, n'est plus aujourd'hui défendue.
Comme on l'a relevé, cela dit (v. ss 31, 128), certains mécanismes – dont
celui des mutations domaniales –, donnent le sentiment que, dans une certaine
mesure, l'État dispose d'une sorte de droit éminent sur l'ensemble des biens
publics. Mais cet élément, incontestable quoique limité, n'enlève rien au fait
que les collectivités publiques exercent par ailleurs sur leurs domaines toutes
les prérogatives de propriétaires, comme tous les pouvoirs particuliers que le
droit de la domanialité publique reconnaît aux organes publics. Le
fonctionnement juridique du domaine public ne peut absolument pas se
comprendre si l'on ne conçoit pas les dépendances qui le composent comme
rattachées aux différentes personnes publiques.

§ 1. Domaine public national et domaines publics locaux

82 Le domaine public de l'État ◊ Le domaine public de l'État comprend le


320

domaine maritime, une partie du domaine fluvial, les routes nationales et voies
assimilées (autoroutes) et leurs dépendances, les chemins de fer d'intérêt
général, le domaine militaire, les lignes de télécommunication, des bâtiments
administratifs et meubles divers, l'espace hertzien.
83 Les domaines publics locaux ◊ 321

1 L'existence d'un domaine public régional est indiscutable depuis que la


o

région est une collectivité locale (L. 2 mars 1982). Il comprend les immeubles
et ouvrages régionaux utilisés par les services régionaux et répondant aux
critères du domaine public. Il comprend également une partie du domaine
fluvial (certains ports fluviaux notamment), et certains aéroports (la loi du
25 août 2004 sur les responsabilités locales ayant permis le transfert de l'État
aux régions, ou à défaut aux départements). Sa gestion relève du président du
conseil régional et l'assemblée ne peut pas décider de la confier à une régie .
322

2 Le domaine public départemental englobe les routes départementales (qui


o

sont de loin la part la plus importante du réseau routier aujourd'hui), une part
du domaine public fluvial, des édifices divers (hôpitaux psychiatriques,
tribunaux, musées) et des meubles (archives, objets exposés dans des musées).
3 Le domaine public communal, dont l'existence a été admise de longue
o

date, est très varié : il comprend des biens affectés à l'usage du public (voies
communales, halles et marchés, édifices du culte, lavoirs, abattoirs, cimetières,
théâtres municipaux…) et des biens affectés à des services publics (hôpitaux,
certains aéroports, ouvrages de distribution d'eau, etc.).
4 Les établissements publics de coopération locale, et notamment les
o

intercommunalités, possèdent parfois des biens relevant de leur domaine


public : immeubles aménagés, voies, équipements de services publics divers
(traitement des ordures, distribution électrique…).

§ 2. Domaine public des établissements publics et personnes


publiques sui generis

84 Reconnaissance ◊ La question de la reconnaissance d'un domaine public des


établissements publics a fait l'objet de controverses. Une partie de la doctrine,
considérant que le domaine doit être protégé au moyen de pouvoirs de police,
estimait que les établissements publics ne devaient pas avoir de domaine
public, mais seulement des domaines privés. D'autres auteurs admettaient
l'existence de ce domaine public, tout en le considérant comme exceptionnel . 323

Cette discussion ne présente plus d'intérêt aujourd'hui. L'existence d'un


domaine public des établissements publics a été clairement consacrée par la
jurisprudence , y compris pour les établissements publics industriels et
324

commerciaux . 325

La solution vaut pour les biens des personnes publiques sui generis :
groupements d'intérêt public 326
, certaines autorités administratives
indépendantes qui sont dotées de la personnalité morale…

85 Régression ◊ À l'heure actuelle, les domaines publics appartenant à des


établissements publics tendent toutefois à régresser. Ce recul a une double
origine : il est le fait de la jurisprudence comme du législateur. Le Conseil
d'État a ainsi admis que les biens d'EDF ne relevaient pas de la domanialité
publique dans la mesure où certaines dispositions législatives régissant cet
établissement public seraient incompatibles avec le régime du domaine . De
327

son côté, le législateur, comme on l'a indiqué, est intervenu pour déclasser les
biens de certains établissements publics – La Poste, Aéroports de Paris –, de
façon à leur permettre de les aliéner.
CHAPITRE 3
L'INCORPORATION AU DOMAINE PUBLIC ET
LA SORTIE DU DOMAINE PUBLIC

Section 1. L'INCORPORATION AU DOMAINE PUBLIC


§ 1. L'incorporation au domaine public naturel
§ 2. L'incorporation au domaine public artificiel
Section 2. LA SORTIE DU DOMAINE PUBLIC
§ 1. La nécessité d'un acte de déclassement
§ 2. Le régime de l'acte de déclassement
§ 3. Les liens entre déclassement et désaffectation de fait
Section 3. LE CONTENTIEUX DE L'APPARTENANCE AU DOMAINE
PUBLIC

86 Introduction ◊ Il convient ici de rechercher comment un bien public acquiert


la qualité de dépendance du domaine public, comment il est incorporé à ce
domaine (Section 1) et comment il perd cette qualité, comment il sort du
domaine public (Section 2). On consacrera ensuite quelques développements
au contentieux de l'appartenance des biens au domaine public (Section 3).

SECTION 1. L'INCORPORATION AU DOMAINE PUBLIC

87 Généralités ◊ On entend par incorporation au domaine public l'entrée d'un


bien dans le domaine public d'une personne publique.
L'incorporation d'un bien dans le domaine public d'une personne publique se
distingue de l'acquisition du bien par cette personne publique : la propriété de
la personne publique est un préalable nécessaire, mais elle n'est pas un élément
suffisant.
Pourtant, il y a des cas dans lesquels les deux mécanismes vont se
confondre : dans lesquels l'acquisition et l'incorporation au domaine public
vont être simultanées. Comme on va le voir, c'est ce qui se produit en général
en ce qui concerne le domaine public naturel. Par exemple, lorsque les rivages
de la mer sont recouverts dans certaines conditions par les marées, ils
deviennent à la fois propriété de l'État et dépendances du domaine public
maritime.
En revanche, l'incorporation au domaine public artificiel ne se réalise en
principe jamais dans le même mouvement que l'acquisition par la personne
publique, car elle exige en général aussi un acte juridique spécial de
classement.

§ 1. L'incorporation au domaine public naturel

88 Le principe : l'incorporation de fait crée l'incorporation


juridique ◊ Pour le domaine public naturel, l'incorporation se produit en
principe dès lors que le bien présente les caractères matériels prévus par les
règles générales concernant la composition du domaine public. Cette
incorporation est donc automatique et ne nécessite aucun acte administratif . 328

Si des actes administratifs interviennent parfois pour opérer la délimitation de


dépendances du domaine naturel, ces actes se bornent à constater
l'incorporation et ne la créent pas.
Cette solution s'applique par exemple aux rivages de la mer . Les parcelles
329

recouvertes par le plus grand flot sont incorporées au domaine public sauf le
cas de tempête exceptionnelle , même si cela résulte de la destruction de
330

digues de défense contre la mer . Peu importe que le bien ait été propriété
331

privée avant d'être submergé , ou que des travaux administratifs même


332

irréguliers l'aient soustrait à la marée . 333

Bien entendu, la solution s'applique aussi à l'espace hertzien.

89 Les exceptions ◊ Il existe des exceptions au principe selon lequel l'entrée


dans le domaine public naturel n'est qu'une question de fait. Dans certains cas,
un acte juridique doit s'ajouter aux considérations de fait.
Il en va ainsi en ce qui concerne les cours d'eau – du moins ceux qui ne
relèvent pas de la catégorie des cours d'eau navigables ou flottables –, dont
l'incorporation au domaine public fluvial suppose l'intervention d'une décision
administrative de classement. Le CGPPP consacre à ce classement les
dispositions de l'article L. 2111-12. Par contre, une fois un cours d'eau
incorporé au domaine, ses limites transversales dépendent des phénomènes
naturels (v. ss 105 s.).
De la même façon, les lais et relais existants à la date d'entrée en vigueur de
la loi de 1963 n'entraient, jusqu'au Code général de 2006, dans le domaine
public maritime qu'à la suite d'une décision formelle de classement (v. ss 58).

§ 2. L'incorporation au domaine public artificiel

90 Le principe : la nécessité d'un acte juridique de classement ◊ En


principe, l'incorporation d'un bien au domaine public artificiel nécessite, outre
la propriété de ce bien par une personne publique, un acte juridique qui porte
le nom d'affectation ou de classement . Il est vrai que, selon l'article L. 2111-3
334

du CGPPP, « s'il n'en est disposé autrement par la loi, (l') acte de classement
ou d'incorporation d'un bien dans le domaine public n'a d'autre effet que de
constater l'appartenance de ce bien au domaine public ». Pour autant, un acte
spécial est bel et bien en général nécessaire pour déterminer la destination du
bien, et indiquer aussi à quelle catégorie de dépendance domaniale il
appartient.

91 Limites ◊ 1 Le principe qui vient d'être exposé connaît cependant certaines


o

exceptions.
La jurisprudence décide qu'en l'absence de tout acte juridique de classement,
les rues ou impasses et places publiques situées dans une agglomération et
335 336

affectés en fait à la circulation publique font partie du domaine public à la


condition tout au moins d'être propriété d'une personne publique . La même
337

solution s'applique aux édifices de culte affectés en fait à l'usage de culte , ou


338

encore à certaines dépendances du domaine ferroviaire . 339

2 En outre, le juge se contente parfois d'un classement tacite, résultant par


o

exemple d'une déclaration d'utilité publique , ou d'une délibération d'un


340

conseil général inscrivant l'ouverture d'une route dans son programme de


construction .
341

92 Régime juridique de l'acte d'affectation ou de classement ◊ Selon


l'article L. 2111-3 du CGPPP, « l'incorporation dans le domaine public
artificiel s'opère selon les procédures fixées par les autorités compétentes ».
L'acte d'affectation ou de classement est parfois prévu et organisé par les
textes. Par exemple, divers textes, notamment intégrés au Code de la voirie
routière, précisent quels actes sont nécessaires pour classer dans la voirie
nationale, dans la voirie départementale et dans la voirie communale.
En l'absence d'un texte donnant la solution, l'affectation résulte d'un acte de
l'autorité administrative ayant compétence pour la gestion domaniale . Il s'agit
342
généralement d'un acte administratif unilatéral, mais parfois aussi d'un contrat
(v. ss 135). Lorsqu'il s'agit d'un acte unilatéral, il n'est ni réglementaire, ni
particulier .
343

L'acte de classement ne présente pas un caractère translatif de propriété .


344

93 Nécessité d'une affectation de fait s'ajoutant à l'acte juridique


d'affectation ◊ L'acte juridique d'affectation ne suffit pas à conférer à un bien
la domanialité publique. Il faut en outre que l'affectation prévue soit
effectivement réalisée.
Ce principe s'impose en tous les cas dans les hypothèses où l'affectation
résulte de manière implicite d'un acte administratif . Mais la jurisprudence lui
345

fait porter également des conséquences dans le cas où il y a eu un acte exprès


de classement ou d'affectation ; cet acte est entaché d'illégalité s'il n'est pas
346

suivi d'une affectation effective .


347

SECTION 2. LA SORTIE DU DOMAINE PUBLIC 348 349

94 Présentation ◊ Alors que, comme on l'a vu l'incorporation au domaine public


se fait parfois sans acte formel, la sortie du domaine public est, on va le voir,
subordonnée à un acte de déclassement.
Des précisions devront être données sur le régime de l'acte de déclassement,
qui n'est pas constant, et sur les liens qu'il entretient avec la désaffectation du
fait du bien en cause.

§ 1. La nécessité d'un acte de déclassement

95 Notion de déclassement ◊ Le déclassement (on dit aussi désaffectation) est


l'acte formel par lequel la personne publique propriétaire décide qu'un bien ne
fait plus partie du domaine public. Du moins ne fait plus partie du domaine
public auquel il appartenait : il n'est pas exclu qu'il soit reclassé dans un autre
domaine public (par exemple une voie désaffectée sur laquelle on construit un
immeuble affecté à un service public et aménagé à cet effet).
Dans les cas de superposition de biens domaniaux, ou de superposition de
biens domaniaux et de propriétés privées, il pourra y avoir des déclassements
en volume : le déclassement ne concernera qu'un « niveau », qu'un volume, les
autres éléments de l'ensemble superposé conservant leur statut . 350
96 Nécessité du déclassement ◊ Selon l'article L. 2141-1 du CGPPP, « un
bien d'une personne publique (…) qui n'est plus affecté à un service public
ou à l'usage direct du public, ne fait plus partie du domaine public à compter
de l'intervention de l'acte administratif constatant son déclassement ».
Un principe général a ainsi été affiché . Il correspond aux solutions que
351 352

la jurisprudence admet depuis longtemps à propos du domaine public artificiel.


Les dépendances de ce domaine, indique-t-elle, ne peuvent en sortir que par
l'effet d'un acte formel, même lorsqu'elles y sont entrées sans décision
formelle . Le Conseil d'État en a également tiré la conséquence que, lorsqu'un
353

bien a été classé par la personne publique propriétaire dans son domaine
public, la survenance d'une jurisprudence nouvelle en vertu de laquelle ce type
de bien ne satisfait pas aux critères d'appartenance au domaine public ne l'en
fait pas sortir .
354

En ce qui concerne le domaine public naturel, on considère


traditionnellement que ses dépendances peuvent parfois sortir du domaine
public sans acte formel, par l'effet simplement d'une modification dans la
configuration des lieux : terrains découverts par la mer, ou berges d'un cours
d'eau qui cessent d'être recouvertes par les plus hautes eaux, ou lit d'un étang
qui est abandonné par les eaux . La première hypothèse, outre qu'elle est peu
355

conforme à l'actuel recul général du trait de côte, est sans doute rendue caduque
par les dispositions du CGPPP qui intègrent de manière générale les lais et
relais dans le domaine public (v. ss 58). Les deux autres doivent sans doute
être considérées comme dépassées du fait du principe général posé par l'article
L. 2141-1.

§ 2. Le régime de l'acte de déclassement

97 Modalités du déclassement ◊ Dans de nombreux cas, les textes indiquent


la nature de l'acte qui est requis, et les procédures à suivre. Le CGPPP le fait,
par exemple, aux articles L. 2142-1 et suivants, pour le domaine public fluvial.
Le déclassement des biens culturels, et notamment des objets possédés par les
musées, fait l'objet également de règles spéciales, qui ont été posées par une loi
du 4 janvier 2002 . Le déclassement d'une église où le culte se pratique
356

encore exige une loi .


357

En l'absence d'indications des textes, on admet qu'il convient d'appliquer le


principe de parallélisme des formes ; le déclassement doit donc s'opérer, en ce
qui concerne la compétence, la procédure et la nature de l'acte, de la même
manière que l'affectation ou classement du bien.
Contrairement à sa position en matière d'incorporation dans le domaine
public, la jurisprudence n'admet traditionnellement pas que le déclassement
puisse résulter implicitement d'un acte administratif ayant un autre objet .
358

L'acte de déclassement est susceptible de faire l'objet d'un recours pour


excès de pouvoir . Le contrôle du juge est cependant restreint, l'administration
359

étant considérée comme ayant pouvoir discrétionnaire pour décider la sortie du


domaine public . 360

98 Partages de compétences ◊ La décision de déclasser relève en principe de


la seule personne publique propriétaire. Des situations complexes peuvent
cependant se présenter lorsque le bien domanial est mis à disposition d'une
autre personne publique.
La jurisprudence a ainsi eu à se prononcer sur le cas des édifices scolaires –
collèges, lycées – qui, bien qu'appartenant à l'État, sont mis à la disposition des
collectivités territoriales – départements, régions. Elle a admis une compétence
partagée entre l'État propriétaire et la collectivité propriétaire pour décider la
désaffectation . 361

99 Conséquences du déclassement ◊ Le déclassement entraîne différentes


conséquences.
Le bien tombe dans le domaine privé de la personne publique qui en est
propriétaire, à moins qu'il ne soit réincorporé dans le domaine public par
reclassement, ce qui se fait parfois pour la voirie routière . 362

Il devient aliénable , prescriptible , les atteintes qui lui sont portées ne


363 364

constituent plus de contraventions de grande voirie ; les litiges le concernant


365

relèvent de la compétence judiciaire . 366

Le déclassement permet à l'administration de retirer sans indemnité les


permissions de voirie ou contrats comportant occupation du domaine en
cause . En ce qui concerne les voies publiques, cette mesure fait disparaître
367

les aisances de voirie des riverains, sauf indemnisation éventuelle


(v. ss 197) .
368

Dans certains cas, les riverains de la parcelle domaniale déclassée ont un


droit de préemption leur permettant d'acquérir ce bien. C'est le cas pour les
routes nationales (L. 24 mai 1842), les routes départementales (décr.
25 octobre 1938), les voies communales. La même solution s'applique
lorsqu'un alignement retranche de la voie publique certains terrains (L. 16 sept.
1807 et v. ss 113 s.) ou lorsqu'un cours d'eau abandonne son lit (C. dom. publ.
fluv., art. 11).
En revanche, la sortie d'un bien du domaine ne fait pas revivre les droits que
pouvaient avoir sur lui les tiers avant l'incorporation . Elle ne transforme pas
369
non plus les contrats administratifs conclus à propos du bien en contrats de
droit privé .
370

§ 3. Les liens entre déclassement et désaffectation de fait

100 Le principe : le déclassement doit être accompagné d'une


désaffectation de fait ◊ On a vu à propos de l'affectation ou classement
371

(v. ss 93) que l'acte juridique devait nécessairement être suivi d'une affectation
de fait.
L'acte juridique de déclassement doit-il, de manière inverse, être
nécessairement suivi d'une désaffectation de fait pour que le bien sorte du
domaine public ? Cela paraît effectivement nécessaire. D'un point de vue
purement théorique, on sait que la simple affectation d'un bien à un service ou à
l'usage direct du public entraîne parfois son entrée dans le domaine public : par
conséquent, tout déclassement qui ne serait pas suivi d'une désaffectation serait
privé d'effet puisque le bien rentrerait immédiatement (pour autant, d'ailleurs
qu'il en soit jamais sorti) dans le domaine public.
D'un point de vue plus pratique, la légalité d'un acte de déclassement qui ne
reposerait pas sur une réelle désaffectation semble à tout le moins douteuse. La
jurisprudence a d'ailleurs eu l'occasion de censurer de telles décisions .
372

101 Les atténuations au principe ◊ Le principe selon lequel la désaffectation


de fait doit automatiquement accompagner le déclassement s'est révélé avoir,
dans certaines circonstances, des conséquences très gênantes. Dans un arrêt
Préfet de la Meuse de 1995 , le Conseil d'État en a déduit qu'un département
373

ne pouvait pas déclasser une dépendance domaniale parce que la nouvelle


affectation qu'il comptait lui donner – hôtel du département – correspondait elle
aussi à celle d'un bien du domaine public.
Pour éviter ce type de difficultés le CGPPP prévoit, dans son article
L. 2141-2, que « le déclassement d'un immeuble appartenant au domaine
public artificiel de l'État ou de ses établissements publics et affecté à un
service public peut être prononcé dès que sa désaffectation a été décidée
alors même que les nécessités du service public justifient que cette
désaffectation ne prenne effet que dans un délai fixé par l'acte de
déclassement » (le texte précise que le délai ne peut pas excéder trois ans)
(également, v. ss 124).

SECTION 3. LE CONTENTIEUX DE L'APPARTENANCE AU


DOMAINE PUBLIC

102 Le principe : compétence de la juridiction administrative ◊ Les


374

litiges concernant l'appartenance d'un bien au domaine public relèvent de la


compétence de la juridiction administrative . 375

Cette solution qui n'est pas sans se heurter à certaines objections (le juge
administratif en tranchant la question de domanialité publique est amené à
connaître indirectement des questions de propriété privée) , n'en est pas
376

moins admise de manière constante.


Le juge administratif est également seul compétent pour déterminer les
limites d'un bien du domaine public, même si aucun acte administratif n'est
intervenu au sujet de la délimitation 377
(sur le contentieux des actes de
délimitation, v. ss 110, 114, 120).
La juridiction judiciaire est donc incompétente pour connaître de
l'appartenance d'un bien au domaine public ou de ses limites . Si la question
378

se pose à elle, elle doit la renvoyer au juge administratif .


379

À l'intérieur de la juridiction administrative, la compétence appartient, en


premier ressort au Tribunal administratif .
380

103 La compétence de la juridiction judiciaire 381


◊ La compétence
judiciaire pour déterminer l'appartenance d'un bien au domaine public peut
cependant trouver place dans un certain nombre de cas.
Il en va ainsi lorsqu'il n'y a pas de contestation sérieuse sur la qualité des
biens ou lorsque le litige peut trouver sa solution dans des titres de droit
382

privé ou dans les solutions du droit commun . 383

De même, le juge pénal, en vertu de sa plénitude de juridiction, peut statuer


sur l'exception de domanialité publique , sauf si un texte le lui interdit .
384 385
CHAPITRE 4
LA DÉLIMITATION DES DÉPENDANCES DU
DOMAINE PUBLIC

Section 1. LA DÉLIMITATION DU DOMAINE PUBLIC NATUREL


§ 1. Le mode de délimitation
§ 2. Les effets de la délimitation
§ 3. La réserve des droits des tiers
Section 2. LA DÉLIMITATION DU DOMAINE PUBLIC ARTIFICIEL
§ 1. La délimitation des dépendances du domaine public artificiel
autre que les voies publiques
§ 2. La délimitation des voies publiques : l'alignement

104 Généralités ◊ En droit privé, la délimitation de deux fonds s'opère par voie
de bornage, c'est-à-dire, à défaut d'accord des deux propriétaires, par une
décision du Tribunal d'instance statuant après procédure contradictoire.
Cette procédure de droit commun ne peut être utilisée pour délimiter une
dépendance du domaine public, et un autre immeuble public ou privé . La 386

délimitation du domaine public donne lieu à l'application de procédés


originaux, notamment en ce que l'administration n'a pas besoin de s'accorder
sur les limites avec son voisin : elle peut dans la plupart des cas procéder par
voie unilatérale . L'administration ne peut même pas renoncer à son pouvoir
387

de délimiter . D'autre part, si la délimitation donne lieu à un contentieux,


388

celui-ci est de la compétence de la juridiction administrative, qui ne peut être


saisie que sous la forme d'un recours contre un acte unilatéral .
389

L'étude des procédés de délimitation du domaine public doit être faite en


distinguant le domaine naturel et le domaine artificiel.

SECTION 1. LA DÉLIMITATION DU DOMAINE PUBLIC


NATUREL
§ 1. Le mode de délimitation

105 Caractères généraux ◊ La délimitation du domaine public naturel est


opérée par voie d'actes administratifs unilatéraux : il n'est pas possible d'y
procéder par contrat, pas possible non plus de demander au juge d'y
procéder . Elle revêt, comme on le verra ci-dessous, un caractère déclaratif.
390

Elle présente pour l'administration, un caractère obligatoire, au moins


lorsque les riverains demandent qu'il y soit procédé . De ce fait, le refus de
391

délimitation est illégal et peut être attaqué même s'il est confirmatif : il
392 393

peut entraîner la responsabilité de l'État . 394

106 Domaine public maritime ◊ 1 Jusqu'en 2004, la délimitation des rivages


o

de la mer (sur le principe de délimitation, v. ss 56) s'opérait selon une


procédure comportant deux phases : une phase préparatoire comportant une
enquête, et une phase décisoire conclue par un arrêté préfectoral ou un décret
en Conseil d'État selon que l'enquête avait ou non révélé des oppositions . 395

Un décret du 29 mars 2004 a supprimé la distinction en deux phases. Le


recours final à un décret en Conseil d'État n'est plus nécessaire que si le
commissaire-enquêteur a émis un avis défavorable .
396 397

2 En ce qui concerne les lais et relais, la délimitation côté terre est faite par
o

décret en Conseil d'État ou arrêté préfectoral si aucune opposition ne s'est


manifestée lors de l'enquête (décr. du 17 juin 1966).

107 Domaine public fluvial 398


◊ La délimitation des parties navigables ou
flottables des cours d'eau est faite par décret (C. dom. publ. fluv., art. 2) .
399

La délimitation latérale (berges), qui comme on l'a vu s'effectue selon la


règle du plenissimum flumen (v. ss 62), est opérée par arrêté du préfet après
enquête publique (v. décr. 3 déc. 1970).
Dans son rapport annuel de 2010 , le Conseil d'État a émis le souhait d'une
400

modernisation de la délimitation du domaine public fluvial, qui la


rapprocherait de celle du domaine public maritime, telle qu'elle a été modifiée
en 2004 (voir ci-dessus).

§ 2. Les effets de la délimitation

108 Le caractère déclaratif de la délimitation ◊ La délimitation du domaine


public naturel présente un caractère déclaratif, c'est-à-dire que l'administration
doit se borner à constater les limites qui résultent de l'application des règles
sur le domaine public naturel.
Comme on l'a vu, ces règles déterminent les limites du domaine en fonction
de phénomènes naturels. L'administration n'a pas le droit de méconnaître les
limites naturelles qui en résultent. Elle ne peut, comme pour les voies
publiques, ainsi qu'on le verra (v. ss 113 s.), effectuer une délimitation
attributive, ayant pour résultat d'incorporer au domaine les propriétés privées
que l'autorité administrative jugerait utile d'y annexer.
La délimitation est non seulement déclarative. Elle est aussi contingente ;
elle est modifiable en fonction du changement de la configuration physique des
lieux .
401

§ 3. La réserve des droits des tiers

109 Présentation ◊ Les textes régissant la délimitation des diverses dépendances


du domaine naturel (décr. du 21 févr. 1852, art. 2 ; décr. du 17 juin 1966,
art. 2 ; C. dom. publ. fluv., art. 2) indiquent que la délimitation est effectuée
« sous réserve des droits des tiers ». Cette formule, qui comporte en droit
administratif des significations variables, évoque ici les garanties accordées
aux titulaires de droits privés (et notamment des droits de propriété) qui
pourraient se trouver lésés par la délimitation.
La réserve des droits des tiers comporte des conséquences différentes selon
que la délimitation a été irrégulière ou régulière.

110 Délimitation irrégulière ◊ En cas de délimitation irrégulière, les


intéressés peuvent, selon une jurisprudence qui remonte au Second Empire , 402

exercer un recours pour excès de pouvoir contre l'acte administratif de


délimitation.
Le seul moyen susceptible d'être retenu par le juge est l'illégalité de fond,
403

c'est-à-dire le cas dans lequel l'administration a prétendu incorporer au


domaine des parcelles qui ne devaient pas en faire partie.
Si l'annulation est prononcée, le propriétaire recouvre son bien. Il peut
également obtenir une indemnité s'il a subi un préjudice . 404

Dans le cas où le propriétaire n'a pas exercé le recours en annulation ou ne


l'a pas exercé dans le délai, il dispose d'une autre voie de droit dont l'existence
a été admise par le Tribunal des conflits en 1873 . Il peut, par application de
405

la théorie de l'« expropriation indirecte » demander au juge judiciaire de lui


attribuer une indemnité de dépossession définitive correspondant à la perte de
son droit . Compte tenu de l'évolution qu'a connu la théorie de l'expropriation
406

indirecte (v. ss 530), il n'est pas certain que cette solution soit toujours valide.
La loi du 3 janvier 1986 a prévu que les revendications de propriété sur les
portions du rivage ayant fait l'objet d'une délimitation se prescrivaient par dix
ans.

111 Délimitation régulière ◊ En cas de délimitation régulière, c'est-à-dire


conforme aux règles domaniales sur la composition du domaine naturel, il n'y a
pas lieu à indemnité pour le propriétaire. Celui-ci ne peut se plaindre si
l'action des phénomènes naturels fait rentrer son bien dans le domaine.
Une indemnité serait due cependant si le propriétaire tenait ses droits, sur le
bien en cause, de l'administration . Elle serait due également si la
407

modification de l'état des lieux entraînant incorporation au domaine était le


résultat de travaux administratifs .
408

Il faut en outre mettre à part le cas dans lequel l'incorporation au domaine


dépend moins de phénomènes naturels que d'une appréciation de
l'administration. Il en va ainsi lorsque l'administration classe un cours d'eau,
une section de cours d'eau, ou un lac, dans la catégorie des cours d'eau
navigables ou flottables. Dans ce cas, les dommages résultant de ce classement
peuvent donner lieu à une. indemnité fixée comme en matière d'expropriation
(C. dom. publ. fluv., art. 2-1).
Il faut mettre à part aussi le cas où le propriétaire détient un droit de
propriété sur des biens qui d'après leur configuration devraient faire partie du
domaine public. Il s'agit de cas exceptionnels où le principe d'inaliénabilité ne
joue pas (v. ss 215) par exemple des aliénations consenties par l'administration
avant 1566 ou des ventes de biens nationaux sous la Révolution. Dans ce cas,
l'administration ne peut priver le propriétaire de son droit que par voie
d'expropriation.
Cette réserve des « droits fondés en titre » ne vaut que si les biens faisaient
partie du domaine public avant leur aliénation. S'ils ont été recouverts par les
plus hautes eaux après leur aliénation, le propriétaire ne peut invoquer un
droit .
409

Un autre cas est celui dans lequel le propriétaire a réalisé l'exondation des
terrains sur la base d'une concession d'endigage régulière (v. ss 60).

SECTION 2. LA DÉLIMITATION DU DOMAINE PUBLIC


ARTIFICIEL 410

§ 1. La délimitation des dépendances du domaine public


artificiel autre que les voies publiques
112 La diversité des modes de délimitation ◊ La délimitation s'opère ici de
manière extrêmement variée. Dans la plupart des cas, il y a lieu cependant à
des procédures administratives unilatérales.
Il en va ainsi des ports maritimes où la délimitation s'opère dans des
conditions analogues à celles du rivage de la mer (C. ports mar., art. 1).
Le domaine ferroviaire est délimité par des arrêtés préfectoraux ; par
411

ailleurs, les règles d'alignement, évoquées ci-après, peuvent s'appliquer aux


propriétés en bordure des voies ferrées.
Pour les fortifications et ouvrages militaires, la délimitation est opérée par
décret après procédure contradictoire ; un recours devant le juge administratif
est possible (loi du 8-10 juill. 1791, décr. du 10 avr. 1853) ; à l'intérieur des
agglomérations, la limite des fortifications donne lieu à des alignements
délivrés par l'administration de la Défense.

§ 2. La délimitation des voies publiques : l'alignement

113 Généralités 412


◊ L'alignement est défini par le Code de la voirie routière,
art. L. 112-1 comme « la détermination par l'autorité administrative de la
limite du domaine public routier au droit des propriétés riveraines ». Il s'agit
d'un procédé de délimitation unilatérale mais à cette prérogative s'en ajoute une
autre plus notable encore : l'administration n'est pas obligée de se borner à
constater les limites existantes d'une voie, elle peut modifier ces limites en
empiétant sur les propriétés riveraines. La délimitation est ou peut être
attributive.
La procédure d'alignement a été établie sous l'Ancien Régime 413
pour
permettre à l'administration de mettre fin facilement aux nombreuses
usurpations et empiétements des riverains sur la voie publique. Malgré son
caractère rigoureux, elle a subsisté à l'époque moderne, notamment à cause des
avantages qu'elle présente pour la rectification et l'élargissement des voies
publiques, qui sont un souci constant dans la gestion urbaine.
Il s'agit cependant d'une procédure exceptionnelle. Son application est
réservée non seulement au domaine public 414
mais encore à certaines
dépendances de celui-ci : voies publiques et voies ferrées. Elle ne peut être
utilisée que pour délimiter le domaine public vis-à-vis de propriétés privées,
non vis-à-vis de biens publics .
415

La procédure d'alignement comprend deux étapes. La première consiste dans


l'établissement du plan d'alignement qui détermine d'une manière générale les
limites d'une voie ou d'un ensemble de voies. C'est ce plan qui entraîne les
effets exorbitants du droit commun de la procédure d'alignement. Le caractère
draconien de ces effets a conduit à une contestation de la procédure dans le
cadre d'une procédure de question prioritaire de constitutionnalité. Le Conseil
constitutionnel en a admis la conformité à la Constitution à la condition qu'elle
ne conduise qu'à des rectifications mineures du tracé de la voie et qu'elle soit
assortie d'une indemnité qui compense la servitude de reculement dont il sera
question ci-après . Il n'est pas certain que, même assortie de cette condition,
416

la procédure respecte les règles de la convention européenne des droits de


l'homme sur le plan de l'indemnité . 417

S'il n'existe pas de plan d'alignement , ou s'il n'est pas en vigueur , ou s'il
418 419

a été fait de manière irrégulière , ces effets ne s'appliquent pas.


420

À la suite du plan d'alignement ou même en son absence interviennent des


alignements individuels qui indiquent aux riverains les limites de la voie et de
leurs propriétés. Ces alignements ne peuvent que constater les limites résultant
du plan ou à défaut les limites existantes.

114 L'établissement du plan d'alignement ◊ L'établissement du plan, qui


n'est obligatoire qu'en ce qui concerne les voies communales situées à
l'intérieur des agglomérations , donne lieu à une procédure variant selon les
421

voies en cause.
Pour les routes nationales, le plan, préparé après enquête par les services de
l'Équipement, est approuvé par arrêté préfectoral motivé (si les conclusions de
l'enquête ont été favorables) ou par décret en Conseil d'État (C. voirie rout.,
art. 123-6). L'avis du Conseil municipal doit être demandé pour les routes
situées en agglomération. Pour les routes départementales, le plan, établi par
les services vicinaux après enquête, est adopté par le Conseil général
(C. voirie rout., art. L. 131-6). Il y a lieu à avis du Conseil municipal si la route
est située en agglomération. Pour les voies communales, le plan est adopté
après enquête par le Conseil municipal (C. voirie rout., art. L. 141-5).
Les modifications des plans s'opèrent selon les mêmes procédures.
Les plans doivent faire l'objet d'une publication : ils ne sont pas opposables
aux tiers tant que cette formalité n'a pas été accomplie.
Le plan, qui n'oblige pas l'administration à effectuer les travaux de voirie
dans la perspective desquels il est établi , demeure en vigueur tant qu'il n'y est
422

pas mis fin . 423

Les intéressés peuvent le contester devant le juge administratif par voie


d'action ou d'exception . Son interprétation ne peut être demandée qu'à
424 425

l'administration ou au juge administratif . 426

Si le plan est irrégulier la servitude de reculement ne s'applique pas . 427


115 Les effets des plans d'alignement sur les immeubles compris dans
les alignements ◊ Comme on l'a indiqué, le plan d'alignement peut avoir un
contenu attributif, et non simplement déclaratif : il peut donc inclure des
fractions de propriétés privées riveraines du domaine public. Les effets du plan
varient avec la nature des parcelles en cause.
1 Terrains non bâtis. Les terrains non bâtis qui se trouvent situés entre les
o

limites de fait de la voie et les alignements indiqués par le plan, sont


incorporés à la voie publique, du moins si le plan a été régulièrement approuvé
et publié.
Les propriétaires ont droit à une indemnité qui est fixée à l'amiable, ou, à
défaut, comme en matière d'expropriation . 428

2 Terrains bâtis. Pour ce qui concerne les terrains bâtis, il n'y a pas
o

incorporation immédiate à la voie (à moins que l'administration n'ait procédé


par acquisition amiable ou expropriation).
L'attribution à la voie se produit, quel que soit le délai écoulé depuis
l'approbation du plan, lorsque les constructions se trouvant dans les limites de
l'alignement sont démolies pour quelque cause que ce soit (qu'il s'agisse d'une
démolition volontaire, ou sur l'ordre de l'administration (par exemple lorsque
l'immeuble présente un péril pour la sécurité publique, ou pour une raison
quelconque, incendie, etc.). L'incorporation à la voie se produit alors de plein
droit, sans intervention d'un jugement ou d'un acte administratif. Le propriétaire
a droit – a posteriori – à une indemnité qui est fixée à l'amiable ou comme en
matière d'expropriation.
Jusqu'à sa démolition, l'immeuble est frappé d'une servitude très lourde dite
servitude de reculement. Sur la partie comprise dans les alignements, aucune
construction nouvelle ne peut être édifiée. Le propriétaire ne peut d'autre part
effectuer sur cette partie ni des travaux de surélévation ni des travaux
susceptibles de prolonger la vie de l'immeuble – ou travaux confortatifs – 429

(C. voirie rout., art. L. 112-6) . Pour vérifier le respect de cette interdiction,
430

le propriétaire ne peut, sous peine de sanction pénale , effectuer des travaux


431

sans demander l'alignement individuel ou une autorisation.


On conçoit facilement que l'immeuble, du fait de l'interdiction de ces
travaux, donnera tôt ou tard signe de ruine. Dès qu'il apparaîtra dangereux pour
la sécurité publique, l'administration pourra imposer sa démolition partielle 432

ou même totale .433

116 Limitations apportées aux effets de la procédure


d'alignement ◊ Les règles que l'on vient de présenter constituent évidemment
pour la propriété privée une atteinte très lourde. On conçoit dès lors que la
jurisprudence ait voulu en atténuer les conséquences.
Après avoir admis, dans un avis du 3 novembre 1885, que les règles
relatives aux alignements devaient être appliquées avec une « grande réserve »
de manière à les « concilier avec le respect dû au droit de propriété », le
Conseil d'État leur a fixé diverses limites.
Il a admis tout d'abord qu'en cas d'ouverture d'une voie nouvelle , ou 434

lorsque le plan comporte un redressement ou l'élargissement important de la


voie , les différentes servitudes d'alignement ne jouent pas. L'administration
435

ne peut refuser un permis de construire en se fondant sur les dispositions du


plan . L'alignement doit être délivré aux limites de fait de la voie .
436 437

En second lieu, la jurisprudence a écarté les effets exceptionnels de la


procédure d'alignement lorsque celle-ci est susceptible d'entraîner une atteinte
excessive à un immeuble : immeuble atteint sur une trop grande profondeur 438

ou une trop grande surface , dont l'aménagement intérieur est bouleversé ,


439 440

qui est rendu insalubre , etc.


441

Dans ces hypothèses, la servitude de reculement ne joue pas et l'autorisation


d'effectuer des travaux confortatifs doit être accordée . L'administration ne
442

peut qu'acquérir l'immeuble à l'amiable ou par voie d'expropriation . 443

117 Alignement et documents d'urbanisme ◊ Dès son origine, c'est-à-dire


dès la loi du 19 juillet 1924 sur l'aménagement des villes, la législation
d'urbanisme s'est efforcée de réagir contre les efforts faits par la jurisprudence
pour atténuer les conséquences juridiques des plans d'alignement. Elle l'a fait
en fournissant aux mécanismes de l'alignement le support de ceux de
l'urbanisme, notamment des plans d'urbanisme, des documents d'urbanisme.
Le Code de l'urbanisme prévoit, dans son article L. 123-1, que les plans
locaux d'urbanisme peuvent « préciser le tracé et les caractéristiques des
voies de circulation à conserver, à modifier ou à créer, y compris les rues ou
sentiers piétonniers et les itinéraires cyclables, les voies et espaces réservés
au transport public ».
Il existe toutefois actuellement une incertitude sur les effets de cette
délimitation des tracés nouveaux des voies par le plan d'urbanisme. Jusqu'en
2001, l'article R. 123-32-1 du Code de l'urbanisme prévoyait que les
alignements nouveaux des voies et places résultant des documents locaux
d'urbanisme se substituaient aux plans généraux d'alignement. Mais cette
disposition semble avoir été abrogée par le décret du 27 mars
2001 d'application de la loi « solidarité et renouvellement urbains » du
13 décembre 2000.
De toute façon, les parcelles privées que les plans locaux d'urbanisme
délimitent afin de permettre dans le futur l'élargissement ou le redressement des
voies, sont en général érigées par ces plans en « emplacements réservés », ce
qui a des conséquences analogues à celles de l'alignement lui-même : ces
parcelles deviennent en effet inconstructibles .444

118 Les droits de préemption et de délaissement des


riverains ◊ 1 L'alignement peut faire apparaître des « délaissés », c'est-à-
445 o

dire des portions de la voie qui ne sont plus comprises dans les limites qui lui
sont assignées par l'alignement. Ces délaissés sortent du domaine public et
tombent dans le domaine privé de la collectivité propriétaire de la voie : ils
deviennent de ce fait aliénables.
Les propriétaires des immeubles riverains ont sur ces délaissés un droit de
préemption. Cette solution ancienne est actuellement prévue par le Code de
446

la voirie routière (art. L. 112-8).


Le droit de préemption porte sur les délaissés de la voie publique contigus à
la propriété riveraine et au droit de cette propriété. Il peut s'exercer à toute
447

époque .448

La préemption peut être réalisée de plusieurs manières. Si l'administration


décide l'aliénation du délaissé, elle doit inviter le riverain à faire connaître s'il
entend exercer son droit ; dans l'affirmative, il y a acquisition à l'amiable ; le
prix serait fixé en cas de désaccord comme en matière d'expropriation.
Si l'administration ne manifeste pas l'intention d'aliéner, l'intéressé peut
demander l'alignement qui est délivré à la nouvelle limite et réalise la cession :
il peut attaquer le refus devant le juge administratif . Il peut également
449

demander la cession du terrain et en cas de refus saisir la juridiction


judiciaire . 450

Dans tous les cas, le prix est fixé à l'amiable, ou comme en matière
d'expropriation.
La contrepartie de l'existence du droit de préemption est le fait que
l'administration peut mettre le propriétaire en demeure d'acquérir : s'il ne se
porte pas acquéreur dans le délai d'un mois, l'administration peut aliéner le
délaissé (C. voirie rout., art. L. 112-8). Cette solution, admise par une
jurisprudence d'ailleurs ancienne , est dans la pratique d'application fort
451

rare : on a pu dire qu'elle consacrait l'existence d'une servitude


d'avancement . 452

2 Sur les portions de leurs terrains qui ont été classés par un plan local
o

d'urbanisme en emplacement réservé, les propriétaires disposent d'un droit de


délaissement, c'est-à-dire qu'ils peuvent mettre la collectivité en demeure
d'acquérir, avec la possibilité de saisir le juge de l'expropriation en cas de
désaccord sur le prix . 453
119 L'alignement individuel. La demande d'alignement ◊ Le propriétaire
(ou même s'il y a intérêt, l'usufruitier ou locataire) peut demander l'alignement
individuel pour son immeuble bordant la voie publique.
Cette demande est obligatoire dans certains cas (C. voirie rout.,
art. L. 112.4). Il en va ainsi notamment lorsque l'intéressé a l'intention
d'effectuer des travaux de construction ou de réparations sur l'immeuble, qu'il
s'agisse du bâtiment lui-même ou même d'une clôture, haie, fossé, etc. . 454

Cette obligation, qui ne se confond pas avec celle concernant le permis de


construire (celui-ci ne peut du reste être accordé que si la construction est
conforme aux alignements et de ce fait le titulaire d'un permis n'est pas obligé
de demander l'alignement), a un caractère absolu , L'exécution de travaux sans
455

alignement ou de travaux non conformes aux mentions de celui-ci est une


contravention de voirie. Outre la condamnation à une amende , la démolition
456

des ouvrages peut parfois être ordonnée 457


; il peut y avoir également
condamnation à indemnité en cas de dommages causés à la voirie . 458

120 La délivrance de l'alignement individuel ◊ 1 La compétence pour


o

délivrer l'alignement individuel appartient au préfet pour les routes nationales,


au président du conseil général pour les routes départementales ou au maire
pour les voies communales . 459

L'alignement est délivré par arrêté . Celui-ci mentionne l'alignement de


460

l'immeuble et les travaux autorisés. Il peut formuler des conditions, comme un


délai pour l'exécution des travaux . Le demandeur doit acquitter une
461

redevance, La délivrance de l'alignement constitue pour l'administration une


obligation . 462

2 L'arrêté d'alignement ou le refus d'alignement constituent des actes


o

administratifs, susceptibles de recours. Outre le recours hiérarchique auprès du


ministre de l'Écologie lorsque la décision a été prise par le préfet, les
intéressés peuvent exercer un recours en annulation contre l'arrêté , ou le 463

refus .464

Lors d'un recours dirigé contre un arrêté d'alignement, il est d'ailleurs


possible d'invoquer, par voie d'exception, l'illégalité du plan d'alignement . 465

Le juge administratif qui connaît seul de ces recours comme de


l'interprétation des arrêtés d'alignement, peut être saisi de recours en indemnité
en cas de préjudice résultant d'un refus , d'un retard dans la délivrance ou
466 467

d'une erreur de l'arrêté , si tout au moins il y a eu préjudice.


468

L'arrêté d'alignement ne crée pas de droits et peut être retiré à tout


moment . 469
121 Les effets de l'alignement individuel ◊ L'arrêté d'alignement individuel
entraîne plusieurs conséquences :
Il constitue d'abord une autorisation d'effectuer les travaux : ceux-ci ne
peuvent être commencés avant son intervention.
L'arrêté peut d'autre part, créer des obligations ou tout au moins les rendre
applicables. Si l'immeuble est en retrait des alignements, l'arrêté peut rendre
applicable l'obligation d'avancement : si l'immeuble est en saillie sur la voie, il
rend applicable la servitude de reculement. Il constitue aussi dans ces deux cas
une source de droits pour le propriétaire : dans le cas d'avancement, il peut
suffire à réaliser la cession du délaissé : dans le cas du reculement, il ouvre le
droit à l'indemnité. En ce sens, on peut dire qu'il a effet attributif.
Par ailleurs, l'arrêté détermine les limites de la voie au droit de la propriété,
À cet égard, il est purement déclaratif et doit se borner à indiquer les limites
résultant du plan . S'il n'y a pas de plan ou s'il n'est pas en vigueur,
470

l'administration doit délivrer l'alignement en se basant sur les limites de fait de


la voie .
471

En revanche, l'arrêté n'a aucune conséquence sur les droits privés. Il ne


détermine pas le droit de propriété du riverain et n'affecte pas les droits des
472

tiers (servitude, etc.) qui sont nécessairement réservés .


473
LIVRE 2
LE RÉGIME DU DOMAINE PUBLIC

CHAPITRE 1 LA GESTION DU DOMAINE PUBLIC


CHAPITRE 2 L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC
CHAPITRE 3 LES RAPPORTS DU DOMAINE PUBLIC ET DES PROPRIÉTÉS
VOISINES
CHAPITRE 4 LA PROTECTION DU DOMAINE

122 Généralités ◊ Développé de longue date comme on a eu l'occasion de


l'indiquer, fortement brassé par la jurisprudence et par de nombreux textes, le
régime de la domanialité publique est un ensemble assez complexe de solutions
spécifiques intéressant les divers aspects de la vie juridique des biens qu'il
concerne.
Ces solutions, dont on va s'efforcer d'indiquer les grandes lignes, tournent
autour des grands axes suivants : la gestion du domaine public (Chapitre 1),
l'utilisation du domaine public (Chapitre 2), les rapports du domaine public et
des propriétés voisines (Chapitre 3), et la protection du domaine public
(Chapitre 4).
CHAPITRE 1
LA GESTION DU DOMAINE PUBLIC

Section 1. LES AUTORITÉS GESTIONNAIRES DU DOMAINE PUBLIC


§ 1. La propriété des biens domaniaux
§ 2. Propriété et gestion des dépendances domaniales
Section 2. LE RÉGIME DE LA GESTION DU DOMAINE PUBLIC
§ 1. Les orientations de la gestion domaniale
§ 2. L'entretien du domaine public
§ 3. Les affectations et désaffectations

SECTION 1. LES AUTORITÉS GESTIONNAIRES DU


DOMAINE PUBLIC 474

§ 1. La propriété des biens domaniaux 475

123 Généralités ◊ Les biens domaniaux, rappelons-le, sont tous propriétés d'une
personne publique ou d'une autre. Tout au moins (v. ss 22), sur chacun d'entre
eux, il existe une collectivité publique qui exerce les prérogatives d'un
propriétaire.
Cette personne publique propriétaire est, comme on le verra, celle qui,
normalement, assure la gestion de la dépendance.

124 Transfert de propriété entre personnes publiques 476


◊ 1°.
Normalement, une dépendance du domaine public d'une collectivité ne peut être
transférée dans le domaine public d'une autre collectivité que moyennant un
déclassement suivi d'une cession : le principe d'inaliénabilité empêche de
procéder plus directement.
Comme on a eu l'occasion de le voir (v. ss 51, 101), ce genre d'opérations
peut se heurter aux principes de cette jurisprudence récente qui tend à
considérer que, lorsqu'un bien domanial que l'on veut déclasser est voué de
façon certaine à recevoir une nouvelle affectation domaniale, son déclassement
est illégal.
Le Code général de 2006 a entendu lever cet obstacle, et de manière
générale, faciliter la circulation des biens entre personnes publiques, y compris
entre leurs domaines publics, par voie de cession amiable ou d'échange.
C'est dans cet esprit que l'article L. 3112-1 prévoit que « les biens des
personnes publiques… qui relèvent de leur domaine public, peuvent être
cédés à l'amiable, sans déclassement préalable, entre ces personnes
publiques, lorsqu'ils sont destinés à l'exercice des compétences de la
personne publique qui les acquiert et relèveront de son domaine public »,
cependant que l'article L. 3112-2 permet l'échange entre deux domaines publics
« en vue de permettre l'amélioration des conditions d'exercice d'une mission
de service public ».
2°. En outre, la loi organise ici et là de façon spéciale les successions
patrimoniales qui accompagnent la disparition de certaines personnes
publiques . 477

C'est ce que fait, par exemple, le code général des collectivités territoriales
dans les cas de suppression (art. L. 2114-1 s.) et de fusion (art. L. 2112-7 s.) de
communes, ainsi que dans le cas de dissolution d'un syndicat de communes . 478

3°. Il arrive au législateur de décider le transfert de biens d'une personne


publique à une autre indépendamment du cas précédent.
Cela a été fait dans diverses hypothèses dans le cadre de la décentralisation,
s'agissant notamment d'éléments du domaine public fluvial, ou de monuments
historiques . 479

Un autre exemple, particulier, est donné par une loi du 8 décembre 2009, qui
a transféré des ouvrages du Syndicat des Transports d'Île-de-France à la Régie
Autonome des Transports Parisiens . Le Conseil constitutionnel a indiqué que
480

ce type de mutation de propriété publique d'office ne doit pas priver de


garanties l'existence et la continuité du service public auquel le domaine est
affecté .
481

§ 2. Propriété et gestion des dépendances domaniales

125 Principe : gestion du domaine public par la personne publique


propriétaire ◊ En principe, la gestion des dépendances du domaine public
relève pleinement des organes de la collectivité publique propriétaire.
1 La gestion du domaine public de l'État incombe traditionnellement au
o

Service des domaines. Ce service, qui relève du ministère des Finances, a été
réorganisé en 2006, pour devenir « France Domaine ». Il comporte, sur le plan
local, des services départementaux. Bien que séparé du service de
l'enregistrement avec lequel il a été longtemps confondu, il conserve avec lui
divers liens organiques.
Un décret du 23 juin 2015 a, par ailleurs, créé une Agence du Patrimoine
Immatériel de l'État.
Une fonction importante est également dévolue aux départements ministériels
sous la responsabilité desquels une quantité importante de biens domaniaux est
placée : notamment le ministère de la Défense (domaine militaire) ou celui de
l'Écologie (voies publiques, cours d'eau, domaine maritime).
Certains établissements publics nationaux exercent des responsabilités
importantes à l'égard de certains patrimoines d'État. Il en va ainsi, par exemple,
du Conservatoire de l'espace littoral, ou de « Voies navigables de France »
(L. 29 déc. 1990) qui a remplacé l'Office national de la navigation dans la
gestion du domaine fluvial .
482

2 Dans la gestion du domaine public des collectivités locales , les


o 483

décisions les plus importantes sont prises par les assemblées (Conseil
régional, départemental et municipal), la gestion courante incombant à leurs
présidents et maires.
La jurisprudence a, par exemple, indiqué que le refus de vendre un terrain
communal relevait de la compétence du conseil municipal, et non du maire . 484

Dans le cas particulier des églises, le pouvoir de gestion est partagé avec
l'affectataire, qui a son mot à dire sur certaines décisions, par exemple ce qui a
trait aux visites
485

126 Conventions de gestion et mises à disposition 486


◊ Il arrive que les
pouvoirs de gestion du domaine soient partiellement confiés à une personne
publique autre que la propriétaire. Cette situation se produit dans le cadre de
deux mécanismes qui, pour l'instant tout au moins, ne concernent que le
domaine public de l'État : celui des conventions de gestion, et celui des mises à
disposition.
1 Les conventions de gestion sont régies par les dispositions de l'article
o

L. 2123-2 du CGPPP, selon lesquelles : « la gestion d'immeubles dépendant


du domaine public de l'État peut être confiée, en vue d'assurer la
conservation, la protection ou la mise en valeur du patrimoine national, à
des collectivités territoriales ou à des établissements publics, à des sociétés
d'aménagement foncier et d'établissement rural, ainsi qu'à des associations
ou fondations reconnues d'utilité publique que leurs statuts habilitent à
accomplir ces missions. Les conditions et la durée de la gestion sont
déterminées par une convention passée par l'État…. ».
2 La mise à disposition est un procédé que le législateur a utilisé, par
o

exemple, dans le cadre des réformes de décentralisation . L'article 19 de la


487

loi du 7 janvier 1983 a posé en principe que « le transfert d'une compétence


(de l'État aux collectivités territoriales) entraîne de plein droit la mise à
disposition de la collectivité bénéficiaire des biens utilisés pour l'exercice de
cette compétence à la date de ce transfert ». Ce principe a été notamment
appliqué dans le cas des collèges et des lycées, des ports fluviaux, des ports
maritimes. On a eu l'occasion d'indiquer que la répartition des compétences
entre État propriétaire et collectivité affectataire avait soulevé quelques
difficultés en matière de déclassement (v. ss 98).
De la même façon, les biens utilisés par les établissements publics
universitaires sont largement des biens qui sont mis à leur disposition par
l'État. Les textes récents ont induit à cet égard une double évolution. D'une part,
la loi du 11 août 2007 a ouvert la possibilité d'un véritable transfert de la
propriété de ces biens aux établissements. D'autre part, une loi du 13 décembre
2010 est venue élargir les pouvoirs des universités sur les biens mis à leur
disposition, en leur permettant de conclure, sur eux, des contrats conférant des
droits réels à des tiers .
488

3°. La superposition d'affectation , que prévoit l'article L. 2123-7 du


489

CGPPP est la situation dans laquelle un bien relevant du domaine public d'une
personne publique en raison d'une affectation donnée, reçoit une ou plusieurs
affectations supplémentaires – compatibles . 490

Dans cette hypothèse, une convention doit régler les rapports entre les
personnes publiques concernées, et le propriétaire ou gestionnaire de la
dépendance peut prétendre à une indemnité (CGPPP, art. L. 2123-8).

127 Transferts de gestion et gestion en commun ◊ 1°. La jurisprudence a eu


l'occasion d'indiquer que les personnes publiques ne peuvent en principe pas
déléguer la gestion de leur domaine public : la Cour administrative d'appel de
Nancy a pu juger qu'une région ne pouvait pas créer un établissement public
chargé de la gestion et de l'exploitation de son patrimoine . Il a cependant été
491

admis que la gestion du domaine public d'une collectivité publique soit


transférée à une autre collectivité publique pour accompagner un transfert de
compétences de l'une à l'autre .
492

Le CGPPP, quant à lui, pose, à l'article L. 2123-3, la règle selon laquelle


« les personnes publiques… peuvent opérer, entre elles, un transfert de
gestion des immeubles dépendant de leur domaine public, pour permettre à
la personne publique bénéficiaire de gérer ces immeubles en fonction de leur
affectation ». Le texte prévoit que la personne publique propriétaire peut
mettre fin au transfert de gestion – qui peut avoir, mais n'a pas nécessairement
une durée limitée –, le cas échéant moyennant une indemnisation de la personne
publique bénéficiaire. En sens inverse, le transfert de gestion donne lieu à
indemnisation de la collectivité propriétaire s'il en résulte pour elle des
dépenses ou des pertes de revenus.
2°. Par ailleurs, la loi organise parfois la possibilité pour des personnes
publiques de gérer des biens domaniaux en commun. C'est ainsi que des
communes membres d'un établissement public de coopération intercommunale
peuvent mettre des biens à la disposition de celui-ci, de manière à ce qu'ils
soient gérés en commun (CGCT, art. L. 5211-4-3). Il en va de même pour les
universités associées dans un pôle de recherche et d'enseignement supérieur
(C. éduc., art. L. 762-2) .
493

Un décret du 9 juin 2009 organise, de son côté, la valorisation en commun


des résultats de travaux de recherche auxquels plusieurs personnes publiques
ont contribué, grâce à la désignation d'un mandataire unique 494

128 Les transferts de gestion décidés autoritairement par l'État : les


mutations domaniales ◊ 1 En dépit du droit de propriété dont disposent
495 o

toutes les personnes publiques sur leurs domaines, la jurisprudence a admis


historiquement la possibilité pour l'État de transférer d'office la gestion d'une
dépendance domaniale, soit à lui-même, soit à une autre personne publique. Ce
mécanisme a été qualifié de mutation domaniale.
À la fin du XIX siècle, le Tribunal des conflits avait pourtant décidé que le
e

changement d'affectation ne pouvait être imposé à une commune, l'État ne


pouvant qu'obtenir l'accord de celle-ci pour une désaffectation suivie d'une
cession ou d'une expropriation . 496

Quelques années plus tard dans une série d'arrêts concernant l'installation du
chemin de fer de Sceaux, la Cour de cassation devait au contraire consacrer le
droit de l'État. Elle se fondait sur une idée d'unité du domaine public : une
vision suivant laquelle les différentes personnes publiques n'ayant pas sur le
domaine un droit de propriété, l'État disposait d'un « droit général » lui
permettant de modifier les affectations . 497

Le Conseil d'État, saisi des suites de la même affaire, devait également


consacrer le droit pour l'État de prononcer des mutations domaniales , tout en
498

précisant que la Ville de Paris à qui l'État avait imposé la mutation, conservait
son droit de propriété et qu'en cas de désaffectation, elle recouvrerait le plein
exercice de ses droits.
Cette décision s'appuyait cependant un autre fondement que celui adopté par
la Cour de cassation. Le commissaire du Gouvernement Teissier, tout en
reconnaissant que les différentes personnes publiques avaient sur leurs
domaines un droit de propriété, estimait que tous les biens domaniaux étaient
grevés d'une « servitude d'intérêt général » concernant l'affectation de ces
biens ; du fait de cette servitude, les personnes publiques propriétaires des
dépendances domaniales ne pouvaient s'opposer à ce que l'État prononce des
changements d'affectation dans l'intérêt général.
Cette explication plusieurs fois confirmée par des Commissaires du
Gouvernement au Conseil d'État , a paru à juste titre critiquable . En tout
499 500

cas, le pouvoir de mutation domaniale établit au profit de l'État un « droit


éminent » , qui n'est pas très compatible avec le droit de propriété des autres
501

personnes publiques.
2 Le CGPPP n'en consacre pas moins le droit pour l'État de prononcer des
o

mutations domaniales, et ce dans son article L. 2123-4, selon lequel


« lorsqu'un motif d'intérêt général justifie de modifier l'affectation de
dépendances du domaine public appartenant à une collectivité territoriale,
un groupement de collectivités territoriales ou un établissement public,
l'État peut, pour la durée correspondant à la nouvelle affectation, procéder à
cette modification en l'absence d'accord de cette personne publique ». La
procédure est précisée par l'article R. 2123-12.
L'article L. 2123-6 précise que la collectivité propriétaire doit être
indemnisée de ses dépenses et de ses pertes de revenus.
3 Un mécanisme voisin est prévu à l'article L. 2123-5. Il tire son existence
o

du fait que les dépendances du domaine public ne peuvent pas être expropriées
(v. ss 212). L'expropriation ne peut donc pas être utilisée par l'État pour
transférer la propriété d'un bien domanial à une autre personne publique, ni à
une personne publique quelconque d'obtenir le transfert à son profit de la
propriété d'une dépendance domaniale appartenant à une autre personne
publique. Le législateur a voulu pourtant que, par la procédure d'expropriation,
l'État puisse imposer le transfert de gestion à la collectivité – lui-même le cas
échéant – au profit de laquelle cette procédure est conduite. C'est ce que
permettent les dispositions de l'article L. 2123-5 : « Sans préjudice des
dispositions de l'article L. 2123-4, le domaine public d'une personne
publique autre que l'État peut faire l'objet d'un transfert de gestion au profit
du bénéficiaire de l'acte déclaratif d'utilité publique dans les conditions
fixées aux troisième et quatrième alinéas de l'article L. 11-8 du Code de
l'expropriation pour cause d'utilité publique ».
4 À cela s'ajoute le fait que, selon un avis du Conseil d'État, rien
o

n'empêcherait le législateur de transférer un bien d'un domaine public local


vers le domaine public de l'État sans indemnité, pourvu que l'intérêt général le
justifie et qu'il ne soit pas porté une atteinte excessive à la libre disposition de
son domaine par la collectivité en cause .502
SECTION 2. LE RÉGIME DE LA GESTION DU DOMAINE
PUBLIC 503

§ 1. Les orientations de la gestion domaniale 504

129 De la préservation du domaine à sa valorisation


économique ◊ Les considérations économiques n'ont jamais été totalement
505

absentes de la gestion domaniale. Les autorités chargées de cette gestion ont


toujours été conscientes de la valeur économique du domaine public, en tous
les cas dès lors qu'il pouvait être le support d'activités agricoles, industrielles,
commerciales… . La gestion domaniale n'en était pas moins classiquement
506

préoccupée à titre principal par la préservation du domaine : cela se traduit


dans les obligations d'entretien dont il sera question ci-après, comme dans les
prérogatives importantes dont les collectivités publiques sont dotées pour
protéger le domaine public contre les occupations illégales et les atteintes de
toutes sortes (v. ss 218 s.).
À l'époque contemporaine, comme on a déjà eu l'occasion de le souligner,
les préoccupations économiques tendent à rejoindre les soucis de protection au
premier plan des orientations de la gestion domaniale. Les autorités
gestionnaires sont aujourd'hui davantage convaincues de ce qu'il faut
rechercher la valorisation économique du domaine public, et ceci en deux sens
liés : en ceci qu'il peut procurer des ressources aux collectivités propriétaires,
notamment lorsqu'elles le mettent à disposition d'activités économiques, et en
ceci qu'il peut être le siège d'investissements privés qui concourent au
développement économique général.
Cette évolution est perceptible non seulement dans le comportement de l'État
mais aussi dans celui des collectivités territoriales .507

On ajoutera toutefois que les évaluations faites ici et là de ces politiques de


valorisation économique du domaine montrent que les collectivités restent
encore souvent maladroites dans leur conduite . 508

130 L'application du droit de la concurrence à la gestion du


domaine ◊ Une autre évolution remarquable dans les orientations actuelles
509

de la gestion domaniale est la prise en compte croissante des exigences de la


concurrence et de son droit. Cette évolution est d'ailleurs en lien avec la
précédente : plus se développe la conscience de ce que le domaine public peut
être le support d'activités économiques, plus on se rapproche naturellement des
impératifs du droit de la concurrence.
La jurisprudence a pleinement reconnu l'applicabilité du droit de la
concurrence – interne ou communautaire – aux actes de gestion domaniale : le
Conseil d'État, notamment, l'a admis dans l'important arrêt Société EDA du
26 mars 1999 .510

L'administration gestionnaire du domaine doit donc concilier les impératifs


de protection du domaine public et de son affectation avec les principes de la
liberté du commerce et de l'industrie et ceux formulés dans l'ordonnance du
1 décembre 1986. Elle ne peut pas, par exemple, accorder une autorisation
er

d'occupation domaniale lorsque la délivrance d'un tel titre aurait pour effet de
placer l'entreprise titulaire dans une position lui permettant d'abuser d'une
position dominante .511

Il y a plus. En tant que gestionnaire de dépendances domaniales, une


personne publique peut elle-même être considérée comme occupant une
position dominante : dans ce cas, elle ne doit pas, par ses actes de gestion,
abuser de sa position. C'est le raisonnement qu'a tenu le juge communautaire à
propos d'Aéroports de Paris (ADP) : après avoir estimé qu'ADP était en
position dominante sur le marché des services de gestion des aéroports
parisiens, le Tribunal de première instance des Communautés européennes a
jugé qu'ADP ne pouvait, sans abuser de cette position, imposer aux entreprises
fournissant des services d'assistance en escale, des redevances d'occupation
domaniale calculées différemment que s'il pouvait s'expliquer sur les raisons et
le bien-fondé de cette différence de traitement . 512

131 La question des procédures applicables pour la délivrance des


titres d'occupation domaniaux ◊ L'évolution qui tend à soumettre les
513

actes de gestion domaniale au droit de la concurrence n'est pas achevée. Parmi


les questions qu'elle rencontre aujourd'hui, il y a celle des procédures
applicables pour la délivrance des titres d'occupation domaniaux.
1°. Jusqu'à maintenant, sauf texte particulier, les autorisations d'occupation
du domaine ont été délivrées sans qu'aucune procédure de publicité ou de mise
en concurrence soit exigée . Cette situation est de plus en plus discutée .
514 515

Le droit communautaire paraît pousser vers une plus grande transparence


puisque la Cour de justice des Communautés européennes a jugé que la
passation de contrats qui n'étaient pas des marchés publics au sens du droit
communautaire et qui n'étaient donc pas soumis aux directives communautaires,
devait néanmoins respecter les principes généraux posés par le Traité, dont
découlait une obligation de transparence . En outre, dans son rapport consacré
516

à l'application du droit de la concurrence aux collectivités publiques , le 517

Conseil d'État a clairement laissé entendre qu'une certaine mise en concurrence


lui paraissait s'imposer.
Pourtant, dans un arrêt « Jean Bouin » du 3 décembre 2010, il a confirmé
que, pour lui, aucun principe général n'imposait la mise en concurrence .
518

2°. Il faut cependant observer que cette absence d'obligation de mise en


compétition cède, non seulement lorsqu'un texte particulier admet une solution
contraire , mais aussi lorsque le titre domanial se trouve avoir pour support
519

un contrat qui, par ailleurs, en raison de sa nature propre, doit être mis en
concurrence. Il en va ainsi lorsque l'occupation domaniale est permise par un
contrat de délégation de service public, ou par un contrat de partenariat
(v. infra n 159). Il en va ainsi également lorsque cette occupation est autorisée
o

par un marché public, ainsi que dans les hypothèses où, derrière un contrat
purement domanial, il sera possible de déceler un marché public, comme la
jurisprudence l'a fait dans le cas de certains contrats de mobilier urbain .
520

§ 2. L'entretien du domaine public 521

132 L'obligation d'entretien ◊ L'administration a-t-elle l'obligation


d'entretenir les dépendances du domaine public ? Il convient pour donner la
réponse à cette question de distinguer plusieurs cas.
1 Il y a des hypothèses dans lesquelles l'obligation découle de l'application
o

de principes jurisprudentiels.
La principale concerne les biens domaniaux ayant le caractère d'ouvrages
publics. En ce qui les concerne, une obligation d'entretien existe
incontestablement. Elle est le fondement de la responsabilité qui pèse, selon les
cas sur la personne propriétaire ou celle qui utilise l'ouvrage lorsque l'absence
ou l'insuffisance d'entretien de l'ouvrage ou encore sa mauvaise conception
522

ou construction est à l'origine d'un dommage (v. ss 568 s.).


523

2 L'obligation d'entretien découle parfois de textes qui l'imposent


o

explicitement ou implicitement.
C'est ainsi, par exemple, que le Code général des collectivités territoriales
érige l'entretien des voies communales en dépense obligatoire pour les
communes.
De même, le Code du domaine public fluvial impose aux collectivités
propriétaires une obligation de curage des cours d'eau domaniaux.
3 Y a-t-il obligation en dehors de ces cas ? On a invoqué en ce sens une
o

décision qui évoque l'obligation qu'a « l'administration d'assurer la


conservation de son domaine public » . La solution ne paraît pas cependant
524

absolument établie. Cela étant, compte tenu du caractère très extensif de la


notion (v. ss 272 s.), l'obligation d'entretien normal des ouvrages publics ne
laisse pas place à beaucoup de lacunes.

133 Exceptions ◊ Le principe de l'obligation d'entretien des ouvrages publics


connaît une exception remarquable dans le cas des ouvrages de défense contre
les eaux de la mer ou de cours d'eau.
Cette défense incombe aux riverains et l'État n'est pas obligé d'entretenir les
ouvrages qu'il a lui-même établis ; il n'est pas responsable des dommages
525

causés par le défaut d'entretien, sauf si les ouvrages ont, par leur présence,
aggravé les dommages . 526

134 Personne responsable ◊ L'entretien incombe normalement à la personne


propriétaire de la dépendance domaniale . 527

Ce principe connaît cependant quelques exceptions. L'entretien est parfois à


la charge de l'affectataire (v. ss 126), du titulaire d'une occupation privative
(v. ss 189) ou même des riverains (v. ss 201).

§ 3. Les affectations et désaffectations

135 Le régime juridique des affectations et désaffectations ◊ L'affectation


consiste, en somme, dans la détermination de la destination d'un bien domanial.
On a vu quel rôle elle joue, notamment dans l'incorporation dans le domaine
public (v. ss 87 s.).
1 L'affectation est considérée comme une prérogative attachée au droit de
o

propriété. Il en va de même de la désaffectation. La compétence pour affecter


ou désaffecter appartient donc normalement aux autorités de la personne
publique propriétaire.
Ce principe connaît cependant quelques exceptions. Les édifices du culte,
même n'appartenant pas à l'État, ne peuvent être affectés ou désaffectés que par
une loi ou un décret (loi du 9 déc. 1905, art. 13). L'établissement et la
translation des cimetières qui sont des biens communaux, exigent un arrêté
préfectoral (ord. 6 déc. 1843, art. 2).
De même, en cas de mise à disposition d'un bien, la désaffectation suppose
l'intervention de la collectivité propriétaire et de la collectivité bénéficiant de
la mise à disposition .
528

Enfin, dans le cadre du mécanisme des mutations domaniales (v. ss 128),


c'est l'État qui décide du changement d'affectation du bien dont la gestion est
transférée. En vérité, c'est la nécessité – selon les autorités de l'État – de
changer cette affectation qui justifie l'usage du mécanisme.
2 La compétence pour affecter ou désaffecter est considérée habituellement
o

comme discrétionnaire.
Cette conception ne peut cependant être acceptée sans réserve.
D'une part, les actes juridiques d'affectation ou de désaffectation peuvent
donner lieu à un contrôle juridictionnel .
529

D'autre part, cette compétence peut être paralysée dans certains cas : les
communes ne peuvent désaffecter les édifices du culte qui leur appartiennent.
Dans d'autres cas, elle peut être encadrée : il en va ainsi pour ce qui
concerne les objets culturels, et notamment ceux détenus par les musées .530

3 L'affectation s'opère généralement par voie d'acte juridique unilatéral.


o

Cependant, en ce qui concerne les affectations à des services publics, elle peut
résulter d'un acte contractuel.
4 L'affectation donne lieu souvent à un acte juridique formel. Elle peut
o

cependant être implicite et résulter d'une déclaration d'utilité publique , de 531

l'autorisation d'acquérir un bien , de la décision d'exécuter des travaux .


532 533

136 Les superpositions d'affectations ◊ II arrive parfois qu'un bien


534

domanial reçoive une affectation nouvelle tout en conservant son affectation


primitive. On parle alors de superposition d'affectation ou de gestion. Ce cas se
rencontre par exemple à propos des passages à niveau qui concernent à la fois
le domaine ferroviaire et le domaine routier.
Le Code général de 2006 a doté ce mécanisme d'une réglementation
générale, qui figure dans ses articles L. 2123-7 et 2123-8. Le principe posé par
l'article L. 2123-7 est qu'« un immeuble dépendant du domaine public en
raison de son affectation à un service public ou à l'usage du public peut,
quelle que soit la personne publique propriétaire, faire l'objet d'une ou de
plusieurs affectations supplémentaires relevant de la domanialité publique
dans la mesure où celles-ci sont compatibles avec ladite affectation. La
superposition d'affectations donne lieu à l'établissement d'une convention
pour régler les modalités techniques et financières de gestion de cet
immeuble, en fonction de la nouvelle affectation ». L'article L. 2123-8 précise
que la personne publique propriétaire peut prétendre à l'indemnisation de ses
dépenses ou pertes de revenus.
CHAPITRE 2
L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC

Section 1. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ AUX


SERVICES PUBLICS
Section 2. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ A L'USAGE
DU PUBLIC : LES UTILISATIONS COMMUNES OU
COLLECTIVES
§ 1. La liberté d'utilisation
§ 2. La gratuité de l'utilisation
§ 3. L'égalité dans l'utilisation
Section 3. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ A L'USAGE
DU PUBLIC : LES UTILISATIONS PRIVATIVES
§ 1. Les principes communs aux utilisations privatives
§ 2. Les titres permettant l'utilisation privative
A. La distinction des utilisations fondées sur un acte unilatéral
et des utilisations fondées sur un contrat
B. La distinction des titres constitutifs et non constitutifs de droits
réels
§ 3. La délivrance et la fin du titre d'occupation
A. La délivrance du titre d'occupation
B. La fin des titres d'occupation
§ 4. Les droits et obligations de l'occupant
A. Les droits de l'occupant
B. Les obligations de l'occupant
Section 4. L'OCCUPATION SANS TITRE DU DOMAINE PUBLIC

137 Sources du régime de l'utilisation du domaine public ◊ 1 Les règles o

qui régissent l'utilisation du domaine public résultent en partie de textes


législatifs.
À côté de textes épars concernant des domaines particuliers, dont certains
remontent à l'Ancien Régime, il existe un certain nombre de dispositions
législatives générales, qui, pour la plupart, se trouvent aujourd'hui regroupées
dans le CGPPP, spécialement dans ses articles L. 2121-1 s . 535

2 Le pouvoir réglementaire de l'administration s'exerce de différentes


o

manières. Il peut d'abord y avoir application d'une réglementation de police :


cette réglementation destinée à assurer l'ordre public général peut s'appliquer à
l'utilisation de diverses dépendances du domaine public . Il s'agit là d'une
536

prérogative qui n'est pas spéciale au domaine public mais qui s'y exerce avec
moins de limites que dans les autres lieux. Les règlements correspondants sont
assortis de sanctions pénales. La jurisprudence décide que cette réglementation
de police générale peut s'exercer non seulement pour des motifs d'ordre public
mais également pour des motifs concernant la meilleure utilisation du
domaine .537

À côté de la police de l'utilisation, on fait généralement place à une police


de conservation ; celle-ci qui n'a pas un caractère général et joue seulement
dans les cas prévus par les textes, vise à assurer, par des règlements assortis de
sanctions pénales, la conservation du domaine (v. ss 218 s.).
Il existe également une réglementation de gestion , non assortie de sanctions
538

pénales, qui détermine les conditions de délivrance et d'utilisation des titres


permettant les utilisations privatives.

138 Modes d'utilisation du domaine public ◊ La panoplie des modes


d'utilisation du domaine public varie selon la nature des dépendances
domaniales en cause.
Les dépendances domaniales affectées aux services publics font l'objet d'une
utilisation exclusive par le service affectataire sur la base d'un acte unilatéral
ou contractuel d'affectation.
Les dépendances domaniales affectées à l'usage du public sont susceptibles
de faire l'objet de deux catégories d'utilisations.
Les utilisations communes ou collectives sont celles effectuées par le public
en général ou par des catégories de personnes objectivement déterminées
(utilisation de voies publiques par les piétons ou les automobilistes)
(v. ss 155).
Les utilisations privatives sont effectuées par des personnes
individuellement déterminées, sur la base d'un titre délivré par l'administration
qui leur confère certains droits exclusifs sur une portion du domaine .
539

Ces deux types d'utilisation ne sont en général pas difficiles à distinguer,


mais il y a tout de même des hypothèses dans lesquelles l'hésitation est
permise. Un bon exemple en a été donné par une pratique développée
récemment par des communes, consistant à faire payer une redevance
d'occupation du domaine à certains commerces ouverts sur la voie publique et
devant lesquels les clients s'agglomèrent ou aux banques dont les distributeurs
de billets ont le même genre d'effets. La jurisprudence a dû consentir à l'idée
selon laquelle les commerçants et les banques, dans le cas d'espèce, n'étaient
pas en situation d'utilisation privative du domaine –leurs clients, quant à eux,
étant clairement dans une position d'utilisation collective .
540

139 Principes généraux régissant l'utilisation du domaine


public ◊ Deux principes essentiels sont considérés traditionnellement comme
régissant dans tous les cas l'utilisation du domaine public.
D'une part, les utilisations doivent être conformes à l'affectation du domaine
et ne pas compromettre sa conservation . Ce principe est aujourd'hui affirmé
541

par l'article L. 2121-1 du CGPPP, qui dispose : « Les biens du domaine public
sont utilisés conformément à leur affectation à l'utilité publique. Aucun droit
d'aucune nature ne peut être consenti s'il fait obstacle au respect de cette
affectation ».
D'autre part, les utilisations ne doivent pas entraver le droit qu'a
l'administration de déterminer et de modifier l'affectation du domaine. Ce
principe affecte aussi bien les utilisations privatives que les utilisations
communes. Les utilisations communes ou collectives fondées sur des règles
générales, peuvent voir leurs conditions modifiées. Les utilisations privatives,
même fondées sur un titre juridique particulier, sont soumises à un principe de
précarité : elles peuvent être toujours modifiées ou supprimées. Toutes les
utilisations, précise l'article L. 2122-2 du CGPPP, doivent conserver un
caractère temporaire.

SECTION 1. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ


AUX SERVICES PUBLICS

140 Généralités ◊ 1 L'utilisation du domaine public affecté aux services publics


o

se fonde normalement sur un acte juridique prononçant l'affectation de la


dépendance domaniale à un service public donné.
Ce service public être géré directement, en régie, par la personne publique
propriétaire du domaine.
Un bien domanial peut aussi être affecté à un service public délégué par la
personne publique propriétaire. Cette situation sera examinée ci-après.
Par ailleurs, comme on l'a vu, il n'est pas exclu qu'une dépendance
domaniale soit mise par la collectivité à la disposition d'une autre personne
publique et du service public que celle-ci gère (v. ss 126).
2 L'utilisation par le service public exclut normalement l'utilisation par le
o

public. Il convient cependant de distinguer plusieurs cas.


Parfois, le public est rigoureusement exclu des dépendances domaniales
affectées aux services publics, sous peine éventuellement de sanctions
pénales : il en va ainsi par exemple dans le cas des arsenaux ou des casernes.
Parfois le public a une possibilité d'accès à ces dépendances (par ex.
bâtiments administratifs) mais cette faculté peut être restreinte par l'autorité
administrative . Il arrive que des textes législatifs réglementent ce type
542

d'utilisation : c'est le cas, par exemple, en ce qui concerne l'utilisation de


locaux communaux par des associations, syndicats et partis politiques,
réglementée par les dispositions de l'article L. 2144-3 du Code général des
collectivités territoriales . L'organisation de réunions publiques dans les
543

locaux administratifs peut, de manière générale, être restreinte pour garantir le


bon fonctionnement du service public et le maintien de l'ordre 544

Parfois, le public est normalement admis à accéder à ces dépendances en


vue d'utiliser le service public auquel elles sont affectées ; il en va ainsi, par
exemple, des usagers du chemin de fer par rapport au domaine ferroviaire.
Dans ce cas cependant les usagers utilisent non la dépendance domaniale, mais
le service public lui-même ; ils n'ont accès au domaine que dans la mesure
rendue nécessaire par l'utilisation du service .
545

141 L'utilisation d'une dépendance du domaine public affectée à un


service public délégué ◊ Le délégataire de service public – ou le
546 547

concessionnaire de travaux publics, hypothèse voisine – peut disposer de


facultés d'utilisation du domaine public. Deux situations sont à distinguer à cet
égard.
1 Il peut être habilité à utiliser des dépendances non affectées au service
o

public délégué.
Dans ce cas, une autre distinction est à ménager. Parfois, la délégation de
service public constitue à elle seule le titre juridique d'utilisation du domaine.
Il en va ainsi dans certaines concessions de distribution d'eau, gaz ou
électricité ou de tramways qui confèrent au concessionnaire le droit d'utiliser
certaines dépendances domaniales . 548

Parfois, la délégation ne constitue pas le titre juridique permettant


l'utilisation du domaine. Le délégataire doit alors obtenir des permissions de
voirie ou conclure des contrats comportant occupation du domaine. Ces titres
d'occupation sont soumis aux conditions générales. Il faut observer cependant
que le délégataire tient le plus souvent du contrat de délégation un droit à
l'égard de ces titres. En cas de refus ou de retrait injustifié, il peut saisir le juge
de ce contrat et obtenir une indemnité ou la résiliation . 549

Parfois les textes confèrent un droit d'occupation. Selon l'article L. 113.3 du


Code de la voirie routière, les services publics des télécommunications et des
transports ou de distribution d'électricité ou de gaz peuvent occuper le domaine
public routier dans la mesure où cette occupation n'est pas incompatible avec
son affectation à la circulation terrestre.
2 La seconde hypothèse est celle dans laquelle le délégataire utilise des
o

dépendances exclusivement affectées au service public délégué. Naturellement,


dans cette hypothèse, l'utilisation de ces dépendances constitue pour lui un
droit, dont le contrat de délégation organise la jouissance. La collectivité
délégante est cependant fondée à lui faire payer une redevance . 550

Le cahier des charges du contrat de délégation doit préciser les conditions


d'occupation du domaine public (CGPPP, art. L. 2122-11).
Le délégataire peut être autorisé à délivrer à des tiers des autorisations
d'occupation du domaine, à des conditions fixées par l'autorité délégante . Il 551

s'agira le plus souvent de titres contractuels, ayant la nature de contrats


administratifs en vertu des dispositions du décret-loi du 17 juin 1938 (CGPPP,
art. L. 2331-1 : v. ss 166) .
552

La loi n 2009-179 du 17 février 2009 a prévu qu'un délégataire pouvait être


o

autorisé par le délégant à accorder des droits d'une durée excédant celle de la
délégation de service public (CGCT, art. L. 1411-2).

142 Différentes catégories de biens affectés aux services délégués ◊ Les


biens affectés au service public délégué sont traditionnellement considérés
comme relevant de trois catégories distinguées traditionnellement par le droit
de la concession . La jurisprudence récente conduit à en distinguer une
553

quatrième.
1 Les biens de retour sont ceux qui, en vertu du Cahier des charges,
o 554

doivent revenir obligatoirement, et gratuitement, à l'autorité délégante en fin de


contrat . Une indemnité peut cependant être attribuée pour la partie des biens
555

de retour qui n'aurait pas été amortie .556

À défaut d'indication dans le contrat, le juge cerne les biens de retour en y


incluant toutes les installations nécessaires à la poursuite de l'exploitation . 557

Du fait de ce retour obligatoire, ces biens sont considérés comme étant, dès
l'origine, la propriété de la personne publique délégante. Ils peuvent faire
partie du domaine public s'ils remplissent les conditions exigées à cet effet ;
sinon, ils rentrent dans le domaine privé du délégant.
Il s'agit d'ailleurs parfois de biens qui sont mis à la disposition du
délégataire, et non réalisés par lui. C'est la situation ordinaire dans le cas d'un
affermage .
558

2° Normalement, les biens indispensables au fonctionnement du service


public relèvent de la catégorie précédente . Pourtant, la jurisprudence a admis
559

que certains de ces biens pourraient, tout en étant voués à revenir gratuitement à
la collectivité concédante à la fin du contrat, demeurer la propriété du
délégataire dans l'intervalle : il pourrait en aller ainsi lorsque ces biens sont
construits sur un terrain appartenant au délégataire . On aura alors affaire à ce
560

que l'on pourrait appeler des biens de retour différé.


En dépit du fait que ces biens, n'appartenant pas à une personne publique –
sauf dans le cas où le délégataire est lui-même une personne publique - ne
peuvent pas d'emblée appartenir au domaine public, ils relèvent tout de même
des principes de la domanialité publique par anticipation sans qu'il soit besoin
de se demander s'ils ont fait l'objet de l'aménagement indispensable qui
conditionne normalement l'appartenance au domaine public des biens affectés
au service public 561

3 On appelle biens de reprise, les biens pour lesquels le contrat ne prévoit


o

qu'une reprise facultative à laquelle le délégant pourra procéder, s'il le veut,


moyennant indemnité. Ces biens, tant que la reprise n'est pas effectuée,
demeurent la propriété du délégataire ; ils ne peuvent donc faire partie du
562

domaine public .563

Si la délégation se trouve résiliée avant terme, l'indemnité est calculée en


fonction de la valeur vénale des biens de reprise . 564

4 Une dernière catégorie consiste dans les biens propres du délégataire : les
o

immeubles qu'il a acquis ou construits au moyen de ses fonds propres. Ces


biens sont sa propriété : ils ne relèvent pas du domaine public . 565

SECTION 2. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC


AFFECTÉ A L'USAGE DU PUBLIC : LES UTILISATIONS
COMMUNES OU COLLECTIVES 566

143 Généralités ◊ Les utilisations communes ou collectives du domaine public


affecté à l'usage du public sont celles réalisées par le « public » c'est-à-dire
l'ensemble des administrés, ou encore par des catégories de personnes
objectivement déterminées (par ex., utilisation des trottoirs des voies publiques
par les piétons).
Il n'y a lieu pour ces utilisations à aucun titre juridique domanial 567
particulier ; le droit d'utiliser procède de règles générales.
Il en résulte que les usagers se trouvent dans une situation juridique générale
toujours modifiable, et ne comportant aucune possibilité de droits acquis.
D'autre part, les utilisations communes, n'étant pas individualisées, ne
peuvent comporter aucun droit d'occupation privative exclusivement réservée à
certains bénéficiaires. Une utilisation à caractère privatif ne peut rentrer dans
le cadre des utilisations communes ou collectives . 568

144 Formes de l'utilisation commune ou collective ◊ Les utilisations


communes ou collectives peuvent comporter, en ce qui concerne leur objet,
plusieurs formes.
La forme la plus courante est celle qui donne lieu au droit pour l'usager
d'accéder à la dépendance domaniale et d'y circuler, ou de stationner à des fins
diverses : il en va ainsi de l'utilisation des voies publiques, des promenades,
des musées, des édifices du culte, des voies navigables, etc.
Dans d'autres cas, l'utilisation collective se traduit par le droit pour l'usager
de s'approprier certains des fruits ou produits de la dépendance domaniale.
C'est ainsi qu'il peut y avoir dans certains cas, sans nécessité d'un titre
juridique particulier, prélèvement des eaux domaniales , ou récolte des herbes
569

marines (algues, varechs, goémons) se trouvant sur le rivage de la mer .


570 571

§ 1. La liberté d'utilisation 572

145 Principe ◊ Les utilisations collectives ou communes sont, dans de nombreux


cas, en lien avec des libertés publiques. La circulation des individus sur les
voies publiques est une expression de la liberté générale d'aller et de venir, qui
est un principe constitutionnel . La circulation des marchandises sur les
573

mêmes voies se rattache à la liberté de commerce et de l'industrie . L'accès


574

aux églises et leur utilisation à des fins culturelles correspondent à la liberté du


culte, etc.
Cela dit, indépendamment de cet aspect de libertés publiques, l'affectation
d'une dépendance domaniale à l'usage du public ou de certaines catégories
objectives d'administrés confère aux bénéficiaires le droit d'utiliser librement
cette dépendance et interdit à l'administration, sauf texte particulier, ou mise
575

en œuvre de ses pouvoirs de police, d'empêcher cette utilisation . 576

Un régime d'autorisation ou même de déclaration serait en principe illégal . 577

Cependant, la liberté d'utilisation n'est pas absolue. Elle reçoit certaines


limites qu'il convient maintenant de cerner.
146 Nécessité d'une utilisation conforme ◊ La liberté n'existe d'abord que
dans la mesure où l'utilisation est conforme à l'affectation de la dépendance
domaniale. Dans les autres cas l'utilisation sera soit illicite, soit soumise à une
autorisation particulière de l'administration.
C'est ainsi par exemple que les canaux de navigation sont réservés à l'usage
de la batellerie : l'accès, dans un autre but est en principe interdit . C'est ainsi
578

encore que l'exercice d'une activité commerciale sur la voie publique n'est pas
conforme à la destination de la voie et peut être soumis à diverses restrictions.
Le stationnement des véhicules sur la voie publique a été longtemps
considéré comme un fait anormal. Avec le temps, cette conception a été
assouplie et le droit au stationnement a été reconnu , mais dans la limite où le
579

stationnement n'est pas abusif ou anormal.

147 Liberté d'utilisation et domaine public maritime ◊ La liberté a été


consacrée d'une manière expresse pour l'accès aux rivages et aux plages par la
loi du 3 janvier 1986 relative à l'aménagement, la protection et la mise en
valeur du littoral.
Ce texte a notamment inséré dans le Code de l'urbanisme un article L. 146.
3 selon lequel les opérations d'aménagement admises à proximité du rivage
doivent organiser ou préserver le libre accès du public au rivage.
L'article 30 de la loi prévoit également que l'accès des piétons aux plages est
libre, sauf si des motifs justifiés par des raisons de sécurité de défense
nationale ou de protection de l'environnement nécessitent des dispositions
particulières. Le même texte précise que l'usage libre et gratuit par le public
constitue la destination fondamentale des plages au même titre que leur
affectation aux activités de pêche et de culture maritime.
L'accès au rivage est rendu possible par des servitudes de passage, qui sont
régies par les dispositions des articles L. 60-6 s. du Code de l'urbanisme.
Le régime des concessions de plage a été modifié par un décret du 26 mai
580

2006. Ces concessions sont accordées par priorité aux communes ou à des
groupements de communes – ou à d'autres personnes suivant la procédure
581

applicable aux délégations de service public . Elles doivent préserver la libre


582

circulation sur la plage et le libre usage par le public d'un espace d'une largeur
significative tout le long de la mer (80 % de la largeur du rivage et 80 % de la
surface de la plage).

148 Réglementation ◊ Les utilisations communes s'exercent le plus souvent dans


le cadre de réglementations diverses qui encadrent les conditions d'utilisation
et rendent certaines formes d'utilisation illicite. Ces réglementations résultent
de textes législatifs ou réglementaires, nationaux ou locaux. Il s'agit des textes
qui concernent directement la police de l'utilisation ou de textes plus
583

généraux visant à assurer l'ordre public, la sécurité , la tranquillité, la


584

protection de l'environnement, ou simplement la conservation du domaine


(v. ss 218 s.).
La réglementation administrative de l'utilisation doit respecter le principe de
liberté. Elle ne peut comporter d'interdictions générales ou trop absolues. Par
contre, les interdictions limitées, même non prévues par les textes, sont
valables si elles sont fondées sur des motifs d'intérêt public. Ces règles sont
abondamment illustrées par la jurisprudence concernant les restrictions à la
circulation et au stationnement en ville. C'est en s'appuyant sur elles que le juge
a admis des restrictions aux possibilités de circulation à certaines heures ou à
certains endroits , l'interdiction du stationnement à certains emplacements ,
585 586

ou du stationnement excédant une certaine durée . C'est également en


587

considération de ces règles qu'a été admise l'interdiction (ou la limitation) de


la circulation et stationnement des véhicules transportant des marchandises à
certaines heures dans certaines zones , ainsi que l'institution des rues
588

piétonnières .
589

La réglementation doit encore respecter le principe de liberté en ce qu'elle


ne doit pas soumettre l'utilisation à un régime d'autorisation. Cependant, il n'en
va ainsi que dans la mesure où l'utilisation est conforme à la destination de la
dépendance domaniale. Dans le cas contraire, l'utilisation devient anormale, et
l'administration peut l'interdire ou la soumettre à un régime d'autorisation. Il en
va ainsi par exemple, en matière de circulation sur les voies publiques, des
essais de vitesse sur les routes , des courses automobiles ou cyclistes , ou
590 591

encore des utilisations professionnelles (v. ci-dessous). L'interdiction complète


est également possible dans ce genre d'hypothèses . 592

149 L'utilisation professionnelle du domaine public ◊ Même dans un


593

cadre d'utilisation collective, l'utilisation professionnelle du domaine public


échappe dans une certaine mesure au principe de liberté. Elle y échappe dans
la mesure où l'occupation qu'elle engendre, sans être incompatible avec
l'affectation du domaine, fait peser sur lui des contraintes particulières, par
l'encombrement qu'elle engendre, la fréquence des passages, etc.
C'est ainsi que dans certains cas au moins, l'exercice d'activités
économiques sur le domaine public peut être subordonné par l'autorité
administrative de police à une autorisation préalable, Ce principe a été admis
pour les entreprises de transport public automobile , les taxis , les 594 595

entreprises de remorquage sur le domaine fluvial , ou certaines professions


596

ambulantes comme celles de commissionnaire ou de crieur public . Il ne


597 598
vaut évidemment pas dans tous les cas. Le régime d'autorisation a été déclaré
illégal pour la profession de photographe filmeur ou les entreprises de
599

publicité sur le domaine public de même que dans le cas des vendeurs
600

ambulants sur les plages . 601

Un régime d'interdiction est en principe illégal s'il n'est pas limité dans le
temps et dans l'espace .
602

En tout état de cause, l'administration peut réglementer l'exercice de


professions sur le domaine public, notamment dans l'intérêt de l'ordre public .603

En vue d'assurer la meilleure utilisation du domaine public, l'administration


peut même, dans certains cas conférer un véritable monopole en n'accordant
l'autorisation qu'à une entreprise. Cette solution a été dégagée par le Conseil
d'État dans l'affaire des Autobus antibois , dans laquelle le Conseil d'État a
604

admis que le maire pouvait réserver l'autorisation – d'implanter des arrêts


d'autobus – au concessionnaire de transports en commun en vue de protéger le
service public. Elle a été appliquée également aux entreprises exerçant leur
activité sur le domaine fluvial . 605

§ 2. La gratuité de l'utilisation 606

150 Principe de gratuité ◊ Longtemps l'utilisation de nombreuses dépendances


du domaine public a été subordonnée au paiement de redevances (péages). La
suppression de ces conditions financières, objectif du libéralisme économique
(le « laissez-passer » des Physiocrates), a été réalisée progressivement .
607

Aujourd'hui, la gratuité de principe des utilisations communes ou collectives


est considérée comme un corollaire du principe de liberté : l'exigence d'une
redevance limiterait l'exercice de la liberté d'utilisation. Mais le principe de
gratuité, a indiqué le Conseil constitutionnel , n'a pas une valeur
608

constitutionnelle et peut être écarté par la loi.


De fait, diverses exceptions lui sont apportées. Ces exceptions
correspondent à la conception moderne du domaine qui admet de plus en plus
facilement l'utilisation économique de celui-ci.

151 Exceptions procédant de textes spéciaux ◊ Certaines exceptions au


principe de gratuité procèdent de textes particuliers concernant tel ou tel type
de dépendance, voire tel ou tel type particulier d'occupation.
1 Certains textes établissent des taxes dues à l'occasion de l'utilisation de
o

dépendances domaniales : c'est par exemple le cas pour la navigation sur les
voies fluviales (C. dom. publ. fluv., art. 217 s.) ou pour l'accès aux musées
(lois de finances du 31 déc. 1921, art. 118 et 120, et du 24 mai 1950, art. 48)
ou à la visite des objets mobiliers classés des églises . 609

2 Quelques dépendances du domaine public voient leur accès subordonné au


o

paiement d'un péage . Cette solution utilisée pour certains bacs ou canaux
610

concédés paraissait constituer une survivance. Elle a pourtant connu un certain


regain dans les dernières décennies.
La loi du 18 avril 1955 sur les autoroutes, adoptée après de vives
discussions, a décidé que si l'usage des autoroutes était en principe gratuit,
l'acte déclaratif d'utilité publique pouvait, dans des cas exceptionnels 611

décider la concession de la construction et de l'exploitation, et que le contrat de


concession pouvait autoriser le concessionnaire à percevoir des péages . 612

Une loi du 12 juillet 1979 (dont les dispositions ont été insérées dans le
C. voirie rout., aux art. L. 153-1 s.) a permis par ailleurs l'institution de péages
sur les ouvrages d'art – ponts, tunnels… – de l'État . Ces péages doivent être
613

autorisés par décret en Conseil d'État, pour une durée maximale de 25 ans. Le
mécanisme a été étendu aux ouvrages d'art des voiries départementale et
communale par la loi du 13 août 2004 sur les libertés et responsabilités
locales.
Il a été appliqué dans le cas du pont de l'île d'Oléron, et dans quelques
hypothèses d'ouvrages urbains comme le tunnel du Prado-Carénage à Marseille
et la transversale est-ouest du périphérique lyonnais.
Par ailleurs, depuis la loi « Grenelle II » du 12 juillet 2010, les
agglomérations de plus de 300 000 habitants peuvent être autorisées à
expérimenter –pendant une durée de trois ans - un système de péage urbain
comme il en existe dans certaines grandes villes étrangères (Singapour,
Stockholm, Londres), c'est-à-dire une redevance à acquitter tout simplement
pour pénétrer dans l'agglomération. Aucune expérimentation de ce type n'a
encore été décidée.
3 Une autre exception au principe de gratuité consiste dans les « subventions
o

industrielles » qui peuvent être réclamées aux entreprises dont le trafic sur les
voies publiques entraîne pour celles-ci des dégradations exceptionnelles. Cette
obligation ne peut être établie que lorsqu'elle est prévue par un texte : le Code
de la voirie routière en prévoit la possibilité sur la voirie départementale
(art. L. 131.8) et la voirie communale (art. L. 14-.9) .
614

152 Exceptions procédant des pouvoirs généraux de police locale ◊ La


jurisprudence a admis que les communes pouvaient établir des parcs de
stationnement dont l'accès est subordonné au paiement d'une redevance , ou 615

établir sur la chaussée des points de stationnement payant , tout au moins


616

lorsque le stationnement excède l'usage normal de la voie et en raison des


exigences de la circulation .617
Ces hypothèses de stationnement payant , qui sont devenues extrêmement
618

fréquentes dans les villes, s'appuient sur les pouvoirs généraux de police
municipale. La loi « solidarité et renouvellement urbain » du 13 décembre
2000 leur a apporté le renfort d'une disposition qui, à l'article L. 2333-87 du
Code général des collectivités territoriales, prévoit que le conseil municipal
peut décider d'établir une redevance de stationnement sur des voies qu'il
détermine en compatibilité avec le plan de déplacement urbain s'il en existe un.
Le non-paiement des redevances de stationnement payant était
traditionnellement érigé en infraction pénale et poursuivi en conséquence.
Récemment, il a été décidé de remplacer la répression pénale par un système
de redevances de post-stationnement qui se trouvera entre les mains des
communes. Les nouveaux mécanismes ont été établis par la loi du 27 janvier
2014 de modernisation de l'action territoriale et des métropoles, puis modifiés
par une ordonnance du 23 janvier 2015, qui a notamment créé une juridiction
spéciale, la « Commission du contentieux du stationnement payant » pour
connaître des litiges que ces nouveaux mécanismes créeront et complétés par
619

un décret du 20 mai 2015.

§ 3. L'égalité dans l'utilisation

153 Principe d'égalité dans l'utilisation ◊ Le principe général d'égalité, qui


comporte de nombreuses applications, se traduit par l'exigence de l'égalité des
personnes effectuant une même utilisation collective ou commune d'une
dépendance domaniale . 620

Cette égalité n'a évidemment pas un caractère absolu et n'implique pas que
tous les utilisateurs soient traités de la même manière quelle que soit la
situation dans laquelle ils se trouvent. Des discriminations sont valables,
lorsqu'elles correspondent à des situations de fait différentes . Au contraire,
621

en l'absence de cette différence, une réglementation établissant des mesures


différentes selon les usagers est entachée d'illégalité .
622

La jurisprudence, notamment celle de la Chambre criminelle de la Cour de


cassation, a fait à une certaine époque une application remarquable de ce
principe en déclarant illégaux, les arrêtés municipaux accordant des
stationnements réservés à certaines catégories d'usagers, y compris des
services publics . Cette solution a déclenché une réaction législative. La loi
623

du 18 juin 1966 a permis aux maires d'instituer à titre permanent ou provisoire


des stationnements réservés sur les voies publiques de l'agglomération, d'une
part pour les véhicules affectés à des services publics, d'autre part pour
faciliter la circulation des taxis et transports publics de voyageurs.
La même loi du 18 juin 1966 a également permis aux maires de réserver sur
les voies urbaines des « couloirs » de circulation et stationnement pour les
transports publics de voyageurs et les taxis.

154 Exceptions jurisprudentielles ◊ Le principe d'égalité comporte, en dehors


des cas prévus par les textes, certaines exceptions. En dehors des droits
particuliers des riverains des voies publiques, étudiés plus loin (v. ss 194 s.),
les entreprises chargées d'un service public peuvent se voir accorder – et se
voient souvent accorder – des facilités dans l'utilisation du domaine public . 624

C'est ainsi également que lorsqu'il existe un péage, le tarif peut ne pas être le
même pour tous . 625

SECTION 3. L'UTILISATION DU DOMAINE PUBLIC AFFECTÉ


A L'USAGE DU PUBLIC : LES UTILISATIONS PRIVATIVES

155 Généralités ◊ Les utilisations privatives du domaine public sont celles qui
sont effectuées par des personnes individuellement déterminées par un titre
conféré par l'administration, ce titre leur donnant droit d'occuper d'une manière
privative une portion du domaine public.
Le droit pour l'administration de consentir à ces utilisations a parfois été
discuté ; certains auteurs du XIX siècle les considéraient comme contraires à
e

l'affectation du domaine à l'usage de tous . Consacré par certains textes, ce


626

droit n'a pourtant plus été discuté par la suite . L'administration l'a mis du
627

reste de plus en plus fréquemment en œuvre pour permettre l'exécution sur le


domaine de certains services publics ou activités d'intérêt général ou parfois
pour pouvoir tirer du domaine des avantages financiers.
Comme on l'a vu en évoquant certaines utilisations collectives imposant des
contraintes particulières au domaine (taxis, transporteurs… : v. ss 149), il n'est
pas toujours parfaitement facile de faire la distinction avec les utilisations
privatives. Il arrive que les textes précisent : c'est ainsi que l'article L. 2124-26
du CGPPP indique que « l'utilisation, par les titulaires d'autorisation, de
fréquences radioélectriques disponibles sur le territoire de la République,
constitue un mode d'occupation privatif du domaine du domaine public de
l'État ».
Le régime des utilisations privatives combine une série de principes
généraux avec un grand nombre de règles spéciales intéressant tel ou tel type de
dépendances domaniales ou tel ou tel type d'occupation privative. La plupart de
ces principes et règles se trouve maintenant réuni dans le CGPPP, qu'il s'agisse
de principes généraux (CGPPP, art. L. 2121-1 s.), ou de règles spéciales,
intéressant le domaine maritime (CGPPP, art. L. 2124-1 s.), le domaine fluvial
(CGPPP, art. L. 2124-6 s.), le domaine hertzien (CGPPP, art. L. 2124-26), les
édifices du culte (CGPPP, art. L. 2124-31), les concessions de logement
(CGPPP, art. L. 2124-31 s.).

§ 1. Les principes communs aux utilisations privatives

156 La nécessité d'un titre particulier ◊ Les utilisations privatives ne sont


d'abord pas soumises à un régime de liberté. Le fait qu'elles ne sont pas
conformes à l'affectation – au moins l'affectation principale – du domaine et
leur caractère privatif justifient qu'elles soient subordonnées à une autorisation.
Elles nécessitent dans tous les cas un titre administratif ; l'occupation sans titre
constitue un fait illicite que l'administration doit réprimer et auquel elle doit
mettre fin (v. ss 190). L'article L. 2122-1 du CGPPP traduit ces principes de la
manière suivante : « Nul ne peut, sans disposer d'un titre l'y habilitant,
occuper une dépendance du domaine public… ou l'utiliser dans des limites
dépassant le droit d'usage qui appartient à tous ».
La jurisprudence exige même aujourd'hui que le titre d'utilisation soit
explicite et écrit .
628

Le fait que les utilisations privatives consistent dans l'occupation privative


d'une parcelle du domaine par des personnes déterminées réduit
corrélativement l'application à elles du principe d'égalité. Celui-ci n'a plus,
comme dans le régime des utilisations communes, pour conséquence le droit
pour tous d'utiliser la parcelle domaniale. Son impact ne concerne plus que les
règlements administratifs concernant l'octroi des autorisations d'occupation, qui
doivent naturellement traiter également les candidats à l'utilisation, sauf
différences de situation entre eux.

157 La compatibilité avec l'affectation du domaine ◊ À défaut d'être


conforme à l'affectation de la dépendance domaniale, l'occupation privative
doit au moins être compatible avec elle (les articles L. 2121-1 s. du CGPPP se
réfèrent successivement aux deux principes, sans être clairs sur leurs champs
d'application respectifs).
Les occupations privatives ne peuvent être autorisées que si elles se
concilient avec, comme l'a dit un arrêt « les usages conformes à la destination
du domaine que le public est normalement en droit d'y exercer » . Elles 629

doivent également se concilier avec l'obligation qu'a l'administration d'assurer


la conservation de son domaine public . 630
158 Le caractère temporaire et précaire ◊ L'article L. 2122-2 confirme le
631

principe selon lequel « l'occupation ou l'utilisation du domaine public ne


peut être que temporaire ». La jurisprudence précise toutefois que l'absence de
durée fixée dans un titre domanial ne l'entache pas de nullité dès lors qu'il est
possible d'y mettre fin à tout moment 632

En effet, ainsi que l'indique aujourd'hui l'article L. 2122-3 du CGPPP, les


autorisations d'utilisation privative du domaine ont un caractère « précaire et
révocable ». Il s'agit d'un principe ancien, d'où il découle que l'administration
peut mettre fin à tout moment à l'occupation, par décision unilatérale, en
l'absence même d'une faute de l'occupant, pour un motif d'intérêt général
quelconque.
Comme on le verra, ce principe n'est pas facile à concilier avec les
dispositifs récents qui confèrent parfois des droits réels à l'occupant.
Le caractère révocable des autorisations domaniales, ajouté à leur caractère
personnel et non cessible, avait traditionnellement pour conséquence qu'il ne
pouvait pas y avoir de fonds de commerce sur le domaine public . Le 633

législateur est revenu sur ce principe en 2014 (v. ss. 182).

159 Le caractère onéreux de l'utilisation ◊ 1° Le principe de gratuité, qui,


comme on l'a vu, régit les utilisations collectives du domaine, ne s'étend
aucunement aux utilisations privatives. Celles-ci sont régies par un principe
inverse qu'exprime aujourd'hui l'article L. 2125-1 du CGPPP : « Toute
occupation ou utilisation du domaine public d'une personne publique
mentionnée à l'article L. 1 donne lieu au paiement d'une redevance » . 634

2° Selon l'article L. 2125-3, la redevance due pour l'occupation ou


l'utilisation du domaine public « tient compte des avantages de toute nature
procurés au titulaire de l'autorisation ». 635

En sens inverse, le caractère d'intérêt général de l'activité de l'occupant peut


jouer en faveur d'une réduction de la redevance . 636

3° Le principe est assorti par le CGPPP de cinq exceptions. L'utilisation peut


être gratuite « lorsque l'occupation ou l'utilisation est la condition naturelle
et forcée de l'exécution de travaux ou de la présence d'un ouvrage,
intéressant un service public qui bénéficie gratuitement à tous » ainsi que
« lorsque l'occupation ou l'utilisation contribue directement à assurer la
conservation du domaine public lui-même » (CGPPP, art. L. 2125-1
637

toujours). Par ailleurs, « les communes ou leurs groupements qui gèrent eux-
mêmes leur service d'eau potable ou d'assainissement sont exonérés de toute
redevance qui serait due en raison de l'occupation du domaine public de
l'État par leurs canalisations ou réservoirs » (CGPPP, art. L. 2125-2).
La loi n 2007-1822 du 24 décembre 2007 a ajouté une quatrième hypothèse,
o

qui concerne « l'installation par l'État des équipements visant à améliorer la


sécurité routière » . La loi n 2009-526 du 12 mai 2009 a ajouté une
638 o

cinquième hypothèse, en insérant à l'article L.2125-1 une disposition selon


laquelle « l'autorisation d'occupation ou d'utilisation du domaine public peut
être délivrée gratuitement aux associations à but non lucratif qui concourent
à la satisfaction d'un intérêt général » .639 640

160 Nature et régime juridique des redevances ◊ 1 La nature juridique de


641 o

la redevance avait été jadis controversée. Si les redevances perçues par les
communes étaient considérées depuis longtemps comme des taxes indirectes , 642

celles perçues par l'État étaient parfois regardées comme le prix d'un loyer.
Le Conseil d'État a abandonné ces analyses. Il a considéré que les litiges
concernant les redevances relevaient du juge administratif, s'agissant
d'opérations de puissance publique 643
. Cette solution signifie que, dans
644

l'esprit du juge administratif, elles ne sont ni des taxes ni des redevances pour
service rendus . Cette analyse est confirmée par le juge constitutionnel .
645 646

2 Les tarifs d'occupation du domaine public doivent tenir compte du


o

principe dégagé par le Conseil constitutionnel qui exclut que « des biens
faisant partie du patrimoine de personnes publiques puissent être…
durablement grevés de droits au profit de personnes poursuivant des fins
d'intérêt privé sans contrepartie appropriée eu égard à la valeur réelle de ce
patrimoine » .647

Les articles L. 2125-3 et suivants du CGPPP posent un certain nombre de


règles générales concernant les redevances. En particulier celle selon laquelle
« la redevance due pour l'occupation ou l'utilisation du domaine public tient
compte des avantages de toute nature procurés au titulaire de
l'autorisation » : son calcul doit donc, en particulier, tenir compte des
avantages économiques que l'occupant retire de l'usage du domaine, et non pas
seulement de la surface occupée .648

L'article L. 2125-4, quant à lui, pose en principe que la redevance « est


payable d'avance et annuellement ».
3 La redevance est en principe attribuée à la personne publique propriétaire
o

de la dépendance domaniale sur laquelle l'autorisation est accordée . Dans le


649

cas des permis de stationnement, la redevance revient à la personne publique


dont dépend l'autorité qui a délivré le permis – qui n'est, comme on le verra,
pas nécessairement la personne publique propriétaire.
4 La redevance doit en principe donner lieu à l'établissement d'un tarif
o

général établi par la collectivité publique bénéficiaire . Pour le domaine des


650

collectivités locales, le tarif est voté par l'assemblée de la collectivité ; 651


cependant, pour certaines occupations (canalisations de gaz ou d'électricité),
les autorités locales sont liées par des textes .
652 653

5° L'occupant est naturellement fondé à contester la redevance s'il la tient


pour illégale, mais la jurisprudence n'est pas bien assise sur le point de savoir
dans quelle mesure les dispositions ou stipulations financières sont détachables
du reste de l'autorisation d'occupation .
654

6° La redevance peut être modifiée par le gestionnaire du domaine public,


dès lors qu'apparaît un fait nouveau, postérieur à l'établissement du titre
domanial .655

7 En dehors des redevances, l'autorité qui délivre une permission de voirie,


o

notamment pour l'exécution de travaux sur la voie publique, peut exiger le


remboursement des frais entraînés par les travaux . 656

161 Le caractère personnel et incessible des titres d'occupation ◊ Les


titres d'occupation privative du domaine constituent en principe des titres
personnels qui ne peuvent être cédés ou transmis même avec l'accord de
657

l'administration .
658

La jurisprudence a admis parfois cependant qu'une autorisation, se rattachant


à une entreprise industrielle ou commerciale, passait de plein droit à
l'acquéreur de l'entreprise .
659

Par ailleurs, il arrive que la loi permette la cession de certaines


autorisations domaniales. C'est ainsi que les textes qui ont, dans la période
récente, autorisé la constitution de droits réels au profit des occupants du
domaine, ont admis, à certaines conditions, la cession de ces droits
(v. ss 167 s.).
On peut citer également le cas particulier des autorisations d'utilisation de
fréquences hertziennes, qui peuvent être cédées, sous le contrôle de l'Autorité
de régulation des communications électroniques et des postes . 660

§ 2. Les titres permettant l'utilisation privative

A. La distinction des utilisations fondées sur un acte unilatéral


et des utilisations fondées sur un contrat 661

162 Principe de la distinction ◊ Les utilisations privatives font l'objet d'une


classification traditionnelle fondée sur la nature du titre juridique auquel elles
donnent lieu. On distingue :
– les utilisations fondées sur un acte juridique unilatéral de l'administration
qui sont aussi appelées permissions de voirie (avec, comme on le verra, une
variante importante dénommée permis de stationnement) ;
– les utilisations fondées sur un contrat passé entre l'administration et
l'occupant qui sont également dites concessions de voirie.
La possibilité pour l'administration de passer des contrats comportant
occupation du domaine public a été longtemps niée par la jurisprudence civile
attachée aux thèses domaniales qui ne reconnaissaient aux personnes
administratives sur le domaine public que des prérogatives de police sans
assimilation possible avec un droit de propriété . La validité de ces contrats,
662

consacrés par divers textes, a été admise par la jurisprudence à la fin du


XIX siècle.
e

La distinction entre les deux types d'utilisation est parfois difficile à


appliquer : la doctrine a pu relever l'existence de situations intermédiaires
d'autorisations conventionnelles d'occupation du domaine public . Par 663

ailleurs, certaines occupations du domaine supposent à la fois une autorisation


et une convention : c'est le cas de l'utilisation privative de l'espace hertzien .664

Dans la pratique, il est parfois difficile de déterminer si une occupation


privative donnée est fondée sur un contrat ou sur une décision unilatérale.
La présentation de l'acte n'est pas déterminante : souvent les contrats
d'occupation du domaine ne sont pas signés des deux parties, l'adhésion du
contractant prenant place dans une soumission antérieurement déposée. La
présence d'un cahier des charges n'est pas déterminante, les permissions de
voirie comportant parfois aussi cet élément .665

On peut alors rechercher un critère en considérant les textes qui prévoient


des occupations contractuelles du domaine. L'examen de ces textes permet de
dégager une observation générale : dans tous les cas les occupations
contractuelles comportent non seulement une réciprocité dans les obligations
des parties, mais encore pour l'occupant un minimum de sécurité juridique et
économique qui se traduit par exemple par une énumération limitative des
causes de retrait ou par un droit à indemnité en cas de retrait. Il est donc
possible d'estimer que le juge, si le problème de qualification se pose à lui,
doit rechercher si l'intention des parties a été de conférer à l'occupant une telle
sécurité. Dans l'affirmative on est en présence d'une situation contractuelle . 666

Quoi qu'il en soit, le régime des deux formes de titres s'écarte malgré tout sur
certains points importants :
– la situation de l'occupant contractuel est plus fortement garantie
(notamment, indemnisation en cas de retrait) que celle de l'occupant autorisé ;
– les droits de l'occupant contractuel sont généralement plus étendus ;
– le contentieux n'est pas le même. Dans le cas des occupations
contractuelles, il s'agit d'un contentieux contractuel ; c'est-à-dire d'un
contentieux de pleine juridiction. Au contraire, pour les permissions de voirie,
le contentieux est un contentieux de l'excès de pouvoir.
1. L'utilisation privative fondée sur une autorisation unilatérale : la permission de voirie

163 Distinction entre la permission de voirie stricto sensu et le permis


de stationnement ◊ Parmi les autorisations d'utilisation privative du
domaine, on distingue traditionnellement les permissions de voirie stricto
sensu, et les permis de stationnement : cette distinction remonte à un avis du
Conseil d'État de 1882.
On parle de permission de voirie – stricto sensu – lorsque l'occupation
autorisée est une occupation avec emprise, c'est-à-dire supposant une
pénétration dans le sous-sol à la suite de travaux portant sur l'infrastructure.
Cela concerne, par exemple, le cas d'un appareil distributeur d'essence
comportant une fosse , celui de l'installation d'un kiosque à journaux édifié sur
667

une dalle de béton placé dans le sol , celui d'une stèle ,celui des voies
668 669

ferrées, tranchées, canalisations, etc.


Le permis de stationnement lui, ne donne pas lieu à une occupation avec
emprise. Il autorise des installations placées sur le sol (étalages, chaises et
tables d'un café…), des constructions légères sans fondation , ou ne 670

comportant qu'une atteinte insignifiante au sol . Il ne s'applique pas aux


671

balcons en saillie sur la voie . 672

À côté de nombreuses règles communes, il existe quelques différences


juridiques entre les deux mécanismes, qui concernent notamment la compétence
pour accorder ou retirer l'autorisation ou le bénéficiaire de la redevance.

164 Nature juridique ◊ Le régime juridique de la permission de voirie résulte


de quelques textes, portant pour la plupart sur des points particuliers, et de
nombreuses solutions jurisprudentielles.
La détermination de ce régime a été influencée par un débat sur la nature
juridique de la permission de voirie, qui s'est présenté de la manière suivante.
Pendant longtemps, la permission de voirie a été considérée comme un acte
de police, ce qui emportait différentes conséquences juridiques : notamment le
retrait ne pouvait intervenir que pour des motifs de police. Cette qualification
s'est trouvée peu à peu démentie par la jurisprudence , et une partie de la
673

doctrine a admis que la permission de voirie constituait un acte non de police


mais de gestion domaniale. La jurisprudence a finalement confirmé cette
analyse en décidant que la permission met en œuvre les pouvoirs de gestion
domaniale . 674

Cette conception (qui ne s'applique pas au permis de stationnement toujours


considéré comme un acte de police ) entraîne des conséquences importantes.
675

Elle détermine – en l'absence de textes – l'autorité compétente pour accorder


ou retirer l'autorisation. Surtout, elle permet de décider que l'autorité
administrative n'est pas en cette matière liée par les libertés publiques –
notamment la liberté de commerce et de l'industrie – comme elle le serait en
matière de police.
676
2. L'utilisation privative fondée sur un contrat : la concession de voirie

165 Catégories de contrats comportant occupation du domaine


public ◊ Les contrats comportant occupation du domaine public, dont les
formes sont très diverses, peuvent être classés de diverses manières, et
notamment des deux suivantes.
1 Certains contrats domaniaux comportent occupation de dépendances du
o

domaine public précisément affectées à l'utilisation qu'ils permettent : ils


permettent une utilisation non seulement compatible, mais conforme à
l'affectation du domaine – ou encore une utilisation normale de celui-ci. Il s'agit
par exemple de concessions funéraires et de certaines concessions de travaux
ou de services publics, telles les concessions d'aéroports aux chambres de
commerce, ou les concessions de chemins de fer.
D'autres s'appliquent à des parcelles domaniales qui ne sont pas
spécialement affectées à l'utilisation qu'ils autorisent. Il peut s'agir :
– soit du domaine public affecté à l'usage du public : par exemple,
concessions de service public comportant une certaine occupation des voies
publiques, ou encore concession d'établissements de pêche maritime ;
– soit du domaine public affecté à une autre utilisation privative : c'est le cas
des occupations consenties par des organismes déjà concessionnaires sur le
domaine public (chambres de Commerce et d'industrie, SNCF, ports
autonomes).
L'intérêt de cette distinction n'est pas purement théorique. La première
catégorie de contrats tire de sa conformité à l'affectation domaniale des traits
originaux : leur régime comporte parfois une vocation particulière de certaines
personnes à se voir conférer la qualité d'occupant. D'autre part, l'occupant se
voit reconnaître des droits d'usage et de jouissance plus larges.
2 Certains contrats domaniaux ont pour seul objet l'occupation du domaine,
o

et là s'arrête leur caractérisation juridique. D'autres comportent un contenu


supplémentaire qui peut les attirer vers une seconde qualification, notamment
celle de délégation de service public ou de marché public jusqu'aux réformes
récentes de transposition des nouvelles directives européennes : vers la
qualification de marché ou celle de concession depuis cette transposition sera
achevée .
677

Le couplage entre délégation de service public et contrat d'occupation du


domaine a été une chose courante . D'abord, il est fréquent que les contrats de
678

délégation de service public autorisent l'utilisation par le délégataire de


dépendances du domaine public dont l'occupation lui est nécessaire pour gérer
le service : le concessionnaire d'un parc de stationnement occupe ledit parc en
vertu du contrat de concession, le fermier de la distribution d'eau utilise le
réseau en vertu du contrat. Mais il existe aussi des situations dans lesquelles un
contrat qui, à première vue, n'est que domanial, se révèle imposer à l'occupant
des obligations de service public d'une manière telle que le juge pourra
admettre qu'il constitue aussi un contrat de délégation de service public. C'est
une solution que la jurisprudence a admise, dans certaines hypothèses, à propos
de concessions de plages , de la concession d'un entrepôt et, de manière
679 680

plus générale, pour les concessions d'outillage public dans les ports . Elle a
681

été écartée, en revanche dans une affaire concernant la concession d'un


restaurant dans le bois de Boulogne . 682

De la même façon, il n'est pas exclu qu'un contrat qui se présente a priori
comme un pur et simple contrat d'occupation du domaine, se révèle recéler un
marché public. C'est ce que le Conseil d'État a admis à propos des contrats de
mobilier urbain, du moins dans les cas où le cocontractant est dispensé de
redevance et apparaît de ce fait comme indirectement rémunéré par la
collectivité .
683 684

Dans ce genre de situations, le contrat se trouvera soumis à la fois aux règles


concernant les contrats d'occupation et à celles concernant les concessions ou
les marchés publics.
3° La réforme du Code des marchés publics adoptée, en transposition de la
directive communautaire de 2014 sur les marchés, par l'ordonnance du
23 juillet 2015 s'efforce de prévenir les chevauchements entre marchés et titres
domaniaux en posant les règles suivantes, introduites à l'article L. 2122-6 du
Code général de la propriété des personnes publiques :
« Une autorisation d'occupation temporaire ne peut avoir pour objet
l'exécution de travaux, la livraison de fournitures, la prestation de services,
ou la gestion d'une mission de service public, avec une contrepartie
économique constituée par un prix ou un droit d'exploitation, pour le compte
ou pour les besoins d'un acheteur soumis (au Code des marchés) ou d'une
autorité concédante.
« Dans le cas où un titre d'occupation serait nécessaire à l'exécution d'un
contrat de la commande publique, ce contrat prévoit, dans le respect des
dispositions du présent code, les conditions de l'occupation du domaine »
166 Régime juridique et contentieux des contrats comportant
occupation du domaine public ◊ 1 Historiquement, la question s'est
685 o

posée de savoir si les contrats d'occupation du domaine présentaient un


caractère civil ou administratif. La jurisprudence avait en effet admis que les
contrats d'occupation pouvaient, comme les autres contrats de l'administration,
être soit civils, soit administratifs.
Cette solution a été condamnée par le décret-loi du 17 juin 1938 (C. dom.,
art. L. 84) qui a décidé que le contentieux des contrats comportant occupation
au domaine public relevait de la juridiction administrative. La jurisprudence a
estimé que cette attribution de compétence impliquait nécessairement que ces
contrats présentaient un caractère administratif.
Il en résulte que le domaine public ne peut pas donner lieu à des contrats
d'occupation relevant du droit privé , ceci quelle que soit leur forme, leur
686

dénomination ou leur contenu. En sens inverse, il en résulte que les contrats


d'occupation du domaine ne sont pas soumis aux règles juridiques applicables
aux contrats analogues du droit privé : il en va ainsi notamment des textes
concernant les baux civils et en particulier les loyers , les baux 687

commerciaux , ou encore le statut du fermage .


688 689

Cette solution est traditionnellement considérée comme s'arrêtant au seuil


des sous-concessions, qui sont tenues pour contrats de droit privé, sauf dans le
cas où le concessionnaire domanial est simultanément un concessionnaire de
service public . Mais la jurisprudence récente semble tentée de faire sauter
690

cette limite 691

o
2 Corrélativement, le contentieux des contrats comportant occupation du
domaine, c'est-à-dire les litiges entre les parties sur la validité, le sens,
l'exécution ou la résiliation
692 693
du contrat, relève de la juridiction
administrative conformément à l'article 1 du décret-loi du 17 juin 1938. À
er

moins que le litige (par ailleurs de compétence judiciaire) ne soit détachable


de l'occupation du domaine , ou encore qu'il concerne une atteinte aux droits
694

du concessionnaire constituant une emprise irrégulière ou une voie de fait . 695

Cette attribution légale de compétence ne s'applique pas, toutefois, aux


litiges ne concernant pas l'occupation (par ex., litiges survenus entre les tiers et
l'occupant du fait de l'activité de l'occupant) . 696

B. La distinction des titres constitutifs et non constitutifs de droits


réels 697 698

167 Le principe traditionnel de non-attribution de droits réels et son


évolution ◊ Traditionnellement, il est admis que les titres permettant
l'utilisation du domaine public n'attribuent à l'occupant aucun droit réel. Tout au
moins pas de droit réel sur le domaine lui-même, car, comme on le verra,
l'occupant peut être propriétaire des ouvrages qu'il édifie sur le domaine. Cela
est la conséquence du principe traditionnel d'inaliénabilité, qui sera évoqué
plus loin (v. ss 205 s.).
Le législateur contemporain s'est convaincu de ce qu'il était nécessaire de
changer largement cette situation. Il lui a apporté une première atténuation avec
la loi du 5 janvier 1988 permettant la conclusion de baux emphytéotiques sur le
domaine public des collectivités territoriales. Par la suite, d'autres textes sont
venus, et notamment la loi du 25 juillet 1994 instituant la possibilité de droits
réels sur le domaine public national, puis l'ordonnance du 4 septembre
2003 ouvrant la même possibilité sur les domaines hospitaliers.
Ces textes ont en commun de n'avoir autorisé la création de droits réels que
sur le domaine public artificiel.
La situation actuelle peut être décrite en distinguant le domaine public d'État,
les domaines locaux, et ceux des établissements publics de santé . 699

168 Les titres constitutifs de droits réels sur le domaine public de


l'État ◊ 1°. Les dispositions de la loi du 25 juillet 1994 sont aujourd'hui
700

reprises aux articles L. 2122-6 s. du CGPPP.


Ce texte ne s'est pas contenté de rendre possible la création de droits réels :
il a fait de cette création le principe. Comme l'indique l'article L. 2122-6 : « Le
titulaire d'une autorisation d'occupation temporaire du domaine public de
l'État a, sauf prescription contraire de son titre, un droit réel sur les
ouvrages, constructions et installations de caractère immobilier qu'il réalise
pour l'exercice d'une activité autorisée par ce titre ».
Le droit réel confère à l'occupant, pour l'exercice de l'activité autorisée par
son titre, des prérogatives qui n'appartiennent pas traditionnellement au titulaire
d'une autorisation unilatérale ou contractuelle d'occupation du domaine public.
Il lui confère en vérité carrément « les prérogatives et obligations du
propriétaire » (CGPPP, art. L. 2122-6).
Il ne peut être conféré que pour 70 ans maximum.
L'occupant peut céder son droit, moyennant un agrément de l'administration.
Les droits et ouvrages immobiliers peuvent être hypothéqués. L'hypothèque ne
peut toutefois – comme dans le cadre du bail emphytéotique qui sera évoqué ci-
après – être établie que pour garantir les emprunts contractés par le titulaire de
l'autorisation en vue de financer la réalisation, la modification ou l'extension
des ouvrages immobiliers situés sur la dépendance domaniale. En cas de
réalisation de cette sûreté, la cession forcée est possible à l'initiative des
créanciers hypothécaires ou de ceux dont la créance est née de l'exécution de
travaux de réalisation, ou d'extension.
La constitution d'un droit réel n'empêche pas l'occupation de demeurer
précaire. L'administration peut à tout instant y mettre fin, à titre de sanction
pour un manquement de l'occupant, mais aussi pour tout motif d'intérêt général.
Si le retrait a lieu à titre de sanction, les créanciers régulièrement inscrits
doivent être informés, dans un certain délai, de la mesure envisagée. La raison
en est le fait qu'ils peuvent proposer à l'administration la substitution d'un tiers
à l'occupant détaillant.
Le droit réel disparaît avec l'expiration du titre conféré à l'occupant ou en
cas de retrait anticipé.
À l'issue de l'occupation, les ouvrages immobiliers doivent être démolis sauf
si le titre l'exclut ou si l'administration renonce à cette destruction.
Les biens immobiliers redeviennent la propriété de l'administration libres de
tout privilège ou hypothèque.
En dehors des droits hypothécaires, les droits consentis par l'occupant à des
tiers disparaissent également.
1° Ce dispositif a été complété par la loi n 2009-179 du 17 février
o

2009 pour l'accélération des programmes de construction et d'investissement


public et privés, qui autorise la conclusion de baux emphytéotiques
administratifs sur le domaine de l'État et de ses établissements publics en vue
de la réalisation de logements sociaux .701

2° Plus récemment, la loi du 23 juillet 2010 relative aux réseaux consulaires,


au commerce, à l'artisanat et aux services, a autorisé la conclusion de baux
emphytéotiques administratifs en vue de la restauration, de la réparation ou de
la mise en valeur par certains établissements publics relevant de l'État, dont les
chambres de commerces et des métiers (CGPPP, art. L.2341-1) . 702

3° Par ailleurs, l'ordonnance du 17 juin 2004 qui a institué les contrats de


partenariat a prévu, dans son article 13, que, lorsqu'un tel contrat emporte
occupation du domaine public, son titulaire dispose de droits réels sur les
ouvrages et équipements qu'il réalise.

169 Les titres constitutifs de droits réels sur les domaines publics
locaux ◊
1 La possibilité pour les collectivités territoriales et leurs établissements
o

publics de consentir des droits réels a été d'abord reconnue par la loi du
5 janvier 1988 d'amélioration de la décentralisation, qui, dans son article 13
(aujourd'hui repris à l'art. L. 1311-2 du CGCT) les a autorisés à consentir sur
leurs domaines publics (ou privés) des baux emphytéotiques au sens de
l'article 451-1 du Code rural, contrats qui par nature, confèrent un droit réel au
preneur .
703 704

La faculté accordée aux collectivités locales et à leurs établissements


publics, ainsi qu'aux groupements de collectivités locales, de conclure des
baux emphytéotiques sur leur domaine public, fut, cela dit, enfermée dans des
limites assez strictes :
– le bail doit être conclu en vue de l'accomplissement d'une mission de
service public ou la réalisation d'une opération d'intérêt général ;
705 706

– il ne peut concerner une dépendance du domaine public placée dans le


champ d'application de la contravention de voirie.
La loi a précisé divers aspects du régime de ces contrats, et des droits réels
qu'ils confèrent, notamment :
– la possibilité de céder les droits résultant du bail avec l'agrément de la
collectivité, et à la condition que le cessionnaire soit subrogé au cédant dans
tous ses droits et obligations ;
– la possibilité d'hypothéquer le droit réel pour la garantie des emprunts
contractés en vue de la réalisation des ouvrages situés sur la dépendance
louée ;
– la compétence des tribunaux administratifs pour trancher les litiges
contractuels entre la collectivité et le preneur.
2 Le CGPPP, quant à lui, a reconnu aux collectivités territoriales la
o

possibilité générale d'assortir leurs autorisations d'occupation privative de


droits réels (CGPPP, art. L. 2122-20).
Les modalités suivant lesquelles elles peuvent le faire sont précisées par les
articles L. 1311-5 s. du Code général des collectivités territoriales. Elles sont
assez semblables à celles que la loi de 1994 a prévu pour l'État, mais elles ne
sont pas identiques. Par exemple, l'octroi du droit réel n'est pas de principe : il
doit être précisé par le titre. Par ailleurs, et surtout, les droits réels ne peuvent,
comme dans le cas du bail emphytéotique, être accordés qu'en vue de
l'accomplissement d'une mission de service public ou la réalisation d'une
opération d'intérêt général.
3° Pour éviter les recoupements entre bail emphytéotique administratif et
marché public, l'ordonnance du 23 juillet 2015 de réforme des marchés publics
a posé les règles suivantes, qui figurent à l'article L.1311-2 du Code général de
la propriété des personnes publiques :
« Un tel bail ne peut avoir pour objet l'exécution de travaux, la livraison
de fournitures, la prestation de services, ou la gestion d'une mission de
service public, avec une contrepartie économique constituée par un prix ou
un droit d'exploitation, pour le compte ou pour les besoins d'un acheteur
soumis (au code des marchés) ou d'une autorité concédante.
« Dans le cas où un tel bail serait nécessaire à l'exécution d'un contrat de
la commande publique, ce contrat prévoit, dans le respect des dispositions du
présent code, les conditions de l'occupation du domaine. »
4° Par ailleurs, les dispositions de l'article L. 1414-6 du Code général des
collectivités territoriales, issues de l'ordonnance du 17 juin 2004 relative aux
contrats de partenariat, ont prévu – comme c'est le cas du côté de l'État, ainsi
qu'on l'a indiqué – que, lorsque ces contrats emportent occupation du domaine
public, ils confèrent à leurs titulaires des droits réels sur les ouvrages et
équipements qu'ils réalisent.

170 Les titres constitutifs de droits réels sur les domaines publics
hospitaliers ◊ Selon des modalités voisines de celles qui ont été prévues
pour les collectivités territoriales, les établissements publics de santé ont reçu,
depuis une ordonnance du 4 septembre 2003, la possibilité de conclure des
baux emphytéotiques, dont le régime est fixé par les articles L. 6148-2 s. du
Code de la santé publique . 707

§ 3. La délivrance et la fin du titre d'occupation

A. La délivrance du titre d'occupation


1. Règles de compétence et de forme

171 Délivrance des autorisations unilatérales ◊ 1 La compétence pour


o

accorder les permissions de voirie appartient en principe 708


à l'autorité
domaniale, chargée de la gestion de la dépendance domaniale en cause.
Sur les routes nationales la compétence relève du préfet. Pour le domaine
709

communal, le pouvoir appartient au maire . Pour les routes départementales,


710

la délivrance des permissions de voirie en dehors de l'agglomération appartient


au président du Conseil général.
En ce qui concerne les permis de stationnement, la compétence appartient, au
moins en général , à l'autorité qui exerce la police de la circulation sur la
711

dépendance considérée . 712

La permission de voirie est délivrée par un acte exprès (arrêté), souvent au


terme d'une procédure fixée par les textes. L'octroi ne peut être tacite .
713

172 Passation des contrats d'occupation ◊ Le contrat est conclu par


714

l'autorité compétente de la personne publique propriétaire de la dépendance


domaniale ou ayant sur elle un droit d'utilisation conférant le droit de consentir
à des occupations par des tiers (ou par le représentant du concessionnaire de
service public habilité à passer un tel contrat).
La procédure est parfois prévue par des textes. En dehors de ce cas, aucune
formalité ne s'impose et le contrat peut être passé dans une forme
715

quelconque . 716

Lorsque les textes particuliers n'imposent pas une mise en compétition,


celle-ci n'est pas obligatoire. On a vu que cette situation suscitait quelques
discussions . 717

2. Pouvoirs de l'administration

173 Octroi de l'autorisation ◊ Le pouvoir qui appartient à l'administration


d'accorder ou de refuser la permission comporte certaines limites.
L'octroi de la permission ne constitue pas un acte discrétionnaire et le
pouvoir d'appréciation de l'administration comporte diverses limites .
718 719

La permission ne peut porter atteinte aux droits appartenant à des tiers sur la
dépendance domaniale (les permissions de voirie sont accordées sous réserve
des droits des tiers, c'est-à-dire qu'elles ne préjugent pas des droits privés –
propriété, servitudes – des tiers : ceux-ci peuvent saisir l'autorité judiciaire
pour faire reconnaître ces droits vis-à-vis des permissionnaires).
Elle est entachée d'illégalité si elle porte une atteinte excessive aux aisances
de voirie appartenant aux riverains de la voie publique . Elle peut engager la
720

responsabilité de l'administration si elle limite les droits résultant d'une autre


permission ou concession de voirie . 721

D'une manière générale, l'acte accordant la permission peut, s'il est illégal,
être annulé par le juge de l'excès de pouvoir sur recours des tiers intéressés.
L'autorisation peut être assortie de conditions diverses d'intérêt général, par
exemple à caractère environnemental . 722

174 Refus de l'autorisation ◊ Le refus de la permission ne constitue pas non


plus un acte discrétionnaire. Cependant, la compétence de l'administration est
plus ou moins liée selon que l'occupation à laquelle l'administré prétend
constitue une utilisation normale – conforme à l'affectation de la dépendance –
ou une utilisation anormale du domaine – simplement compatible avec
l'affectation de la dépendance . 723

1 En ce qui concerne les utilisations anormales, les intéressés n'ont en


o

principe aucun droit à obtenir la permission . Cependant le refus, bien qu'il


724 725

ait longtemps été considéré comme discrétionnaire , peut à l'époque actuelle


726

faire l'objet d'un contrôle juridictionnel. Le juge administratif, s'il ne peut en


contrôler l'opportunité , vérifie, outre le respect des règles de compétence et
727

de forme, la correction du but et surtout la réalité et la légalité des motifs.


Les motifs valables de refus peuvent être très variés : il s'agira par exemple
de l'intérêt de la conservation du domaine ou des nécessités de la circulation , 728

et plus largement de tous les motifs d'intérêt général. La jurisprudence admet


même le motif tiré de la crainte d'une concurrence faite à un service public . 729

Au contraire, serait illégal un motif fondé sur un intérêt privé ou destiné à


730

exercer une pression sur une personne en litige avec l'administration . 731

L'intérêt financier de l'administration peut même être considéré comme


suffisant. Ainsi l'administration peut donner à un concessionnaire d'affichage le
monopole de l'affichage sur les palissades situées sur le domaine public et 732

donc refuser l'autorisation aux autres entreprises de publicité.


2 En ce qui concerne les utilisations normales, on a parfois parlé d'un droit
o

des intéressés à obtenir l'autorisation. Cette formule est peut-être exagérée et


on peut dire simplement que les motifs de refus sont moindres que dans le cas
précédent. En principe, si tout au moins il existe des places disponibles,
l'administration doit accorder l'autorisation et son refus serait annulé . En tous
733

les cas, lorsque l'administration a indiqué les critères sur lesquels elle se
fondera pour prendre sa décision, elle doit les respecter . Cependant,
734

diverses raisons d'intérêt général peuvent motiver le refus .


735

Si l'utilisation est incompatible avec la destination de la dépendance


domaniale l'administration doit refuser l'autorisation .
736

Le refus doit être motivé, conformément aux dispositions générales sur la


motivation des actes administratifs, qui exigent de motiver les refus
d'autorisation.

175 Pouvoirs de l'administration dans la passation des contrats


d'occupation ◊ La passation du contrat portant occupation du domaine public
constitue pour l'administration une compétence discrétionnaire . Il n'y a pas
737

lieu ici à application de solutions semblables à celles rencontrées à propos du


refus des permissions de voirie. En effet, dans le contrat, l'administration
assume des obligations importantes : elle doit laisser l'occupant jouir pendant
un certain temps ou lui verser une indemnité si elle vient à interrompre cette
jouissance. Il lui appartient donc de déterminer si elle veut ou non se lier de
cette manière.
Toutefois, ce principe ne s'applique pas aux occupations de dépendances
domaniales spécialement affectées à ce genre d'occupation. Certains textes
confèrent aux administrés en mesure de procéder à ces occupations une
vocation à devenir titulaires du contrat. Il en est ainsi, selon le décret du
23 prairial an 12, des concessions funéraires : la jurisprudence, en cas de refus
d'une concession, vérifie la légalité des motifs et la correction du but de cet
acte . Ce contrôle s'exerce également en cas de refus d'une concession
738

d'emplacement dans les halles et marchés . La solution vaudrait également


739

pour les concessions de plage, les concessions d'outillage dans les ports, les
concessions de pêche, etc.
D'autre part, l'administration ne peut consentir à un contrat d'occupation sur
des dépendances du domaine affectées à l'usage du public que si l'utilisation
privative est conciliable avec les usages que le public est normalement en droit
d'y exercer .740

Enfin, les concessionnaires du service public peuvent avoir sur la base de


textes, le droit de réaliser des travaux ou implanter certains ouvrages sur la
voie publique. L'administration ne peut refuser de leur accorder les
occupations domaniales nécessaires pour réaliser ces travaux et ouvrages . 741

B. La fin des titres d'occupation


1. Les hypothèses autres que le retrait ou la résiliation

176 Dans le cas des autorisations unilatérales ◊ En dehors du cas de leur


retrait, qui sera évoqué ci-après, les autorisations d'occupation prennent fin le
plus couramment à l'expiration de leur terme : on se rappelle que, par principe,
l'occupation privative est toujours temporaire.
Elles peuvent également prendre fin à la survenance d'une condition
extinctive prévue dans leurs clauses . En revanche, en cas de procédure de
742

redressement judiciaire, les autorisations domaniales subsistent en principe . 743

Quelles sont les conséquences de la fin de la permission ?


Le permissionnaire doit évacuer immédiatement la dépendance domaniale
qu'il occupe . Il n'a en effet aucun droit à renouvellement, même si un
744

mécanisme de tacite reconduction a été introduit dans l'autorisation :


745

l'administration n'est pas tenue de l'indemniser en cas de non renouvellement . 746

Il doit démolir ses installations : cependant, si l'administration n'exige pas


747

cette démolition, elle conserve les installations qui deviennent une dépendance
du domaine public . 748

Si le permissionnaire demeure dans les lieux à l'expiration de la permission


ou du délai consenti par l'administration, il se trouve être un occupant sans titre
du domaine. Il encourt alors une condamnation pénale pour contravention de
voirie (v. ss 190 s.) et peut faire l'objet de mesures d'expulsion.
L'administration peut naturellement renouveler la permission expirée. La
jurisprudence parait considérer que ce renouvellement ne peut être tacite et 749
exige un acte exprès. Le renouvellement n'est pas un droit, mais le juge pourrait
éventuellement contrôler la réalité et la légalité des motifs de refus. Le non-
renouvellement n'ouvre pas droit à indemnité même s'il est motivé par l'intérêt
d'une dépendance domaniale autre que celle occupée . 750

177 Dans le cas des contrats d'occupation ◊ En dehors du cas de sa


résiliation unilatérale, qui sera évoqué ci-après, le contrat comportant
occupation du domaine public peut prendre fin au terme de la période de temps
pour laquelle il est normalement conclu, ou être résilié par accord mutuel.
À l'expiration du contrat, l'administration peut ou non consentir à son
renouvellement. La jurisprudence admet cependant que le refus de
renouvellement n'est pas discrétionnaire et elle en contrôle les motifs ; elle
décide que ce refus peut être valablement motivé par les manquements du
concessionnaire à ses obligations , par le souci d'une meilleure utilisation du
751

domaine 752
ou même par des raisons financières (relèvement de la
redevance) . 753

Lorsque le contrat est venu à expiration et n'a pas été renouvelé, l'occupant
ne peut se maintenir dans les lieux sans encourir des poursuites pénales pour
contravention de voirie ou des mesures d'expulsion. Le fait d'être resté en place
ne lui confère aucun droit et le juge administratif ne peut lui donner un délai
754

pour quitter les lieux . 755

2. Le retrait de l'autorisation unilatérale

178 Modalités ◊ Le domaine public ne doit pas être grevé de droits dont
l'exercice serait de nature à entraver l'administration dans ses pouvoirs de
gestion ou d'aménagement. Aussi, les droits conférés aux titulaires
d'occupations privatives sont-ils nécessairement précaires. La permission peut
toujours être retirée par l'Administration et le permissionnaire ne peut
756

invoquer aucun droit acquis à son maintien.


Cette possibilité de retrait existe y compris en ce qui concerne les
autorisations constitutives de droits réels. Cela est confirmé par l'article
L. 2122-9 du CGPPP : « en cas de retrait de l'autorisation avant le terme prévu,
pour un motif autre que l'inexécution de ses clauses et conditions… ».
La compétence pour prononcer le retrait appartient à la même autorité qu'en
ce qui concerne l'octroi de la permission . Sauf disposition d'un texte ou d'une
757

clause de la permission, il n'existe pas de procédure particulière et notamment


un préavis n'est pas indispensable . Cependant, si le retrait est prononcé à
758

titre de sanction, l'application du principe des droits de la défense impose à


l'administration de permettre à l'intéressé de présenter sa défense . 759
Lorsque l'occupation est irrégulière, l'administration a l'obligation de
prononcer le retrait . 760

L'administration ne peut prononcer le retrait pour n'importe quel motif. Sur


ce point la jurisprudence a connu une évolution notable. Alors que pendant
longtemps elle a limité les motifs valables de retrait, elle a fini par en étendre
sensiblement la liste. La « ligne de précarité » s'est trouvée ainsi déplacée au
détriment du permissionnaire.
Les motifs traditionnels de retrait, tels qu'ils se présentaient au début du
XX siècle (ces motifs sont toujours valables) étaient essentiellement les
e

suivants : intérêt de la conservation du domaine occupé , inexécution par le


761

permissionnaire des obligations résultant de règlements ou de clauses de la


permission , motifs fondés sur l'hygiène publique ou sur l'ordre public ,
762 763 764

attitude abusive de l'occupant . La jurisprudence avait admis également un peu


765

plus tard la possibilité d'un retrait lorsque le maintien de la permission allait à


l'encontre de la chose jugée ou d'un engagement contractuel de
l'administration . 766

Depuis, de nombreux autres motifs ont été reconnus valables : intérêt


esthétique , nécessités de la construction ou de l'exploitation d'un ouvrage
767

public , protection d'un service public , nécessité de la réorganisation d'un


768 769

service public . 770

Le Conseil d'État a même admis, dans un arrêt d'interprétation discutée, que


le retrait pouvait intervenir pour tous motifs d'intérêt général . 771

Il demeure cependant des motifs irréguliers qui peuvent entraîner l'annulation


du retrait : c'est le cas dans l'hypothèse du retrait pour inexécution de
conditions illégales , pour trancher un litige privé ou pour favoriser des
772 773

intérêts privés . 774

L'intérêt financier de l'administration a longtemps été considéré comme un


775

motif illicite. La jurisprudence est devenue plus souple ; ce motif est admis s'il
s'y ajoute à un motif d'intérêt général . 776

179 Conséquences financières du retrait ◊ 1 Contrairement à la résiliation


o

des contrats d'occupation, le retrait des permissions de voirie n'entraîne en


principe aucune indemnité pour le permissionnaire évincé.
Ce principe comporte cependant quelques limites classiques . 777

L'indemnisation est due lorsque le retrait a été prononcé illégalement ou 778

lorsqu'il a été motivé par des opérations de travaux publics intéressant une
dépendance domaniale autre que celle occupée (v. ss 183).
2 Le principe de non-indemnisation du retrait de l'autorisation d'occupation
o

a été carrément écarté dans l'hypothèse des autorisations constitutives de droits


réels. Pour ce qui les concerne, prévaut au contraire un principe
d'indemnisation, en l'absence de faute de l'occupant tout au moins, que pose
aujourd'hui l'article L. 2122-9 du CGPPP ; « en cas de retrait de l'autorisation
avant le terme prévu, pour un motif autre que l'inexécution de ses clauses et
conditions, le titulaire est indemnisé du préjudice direct, matériel et certain
né de l'éviction anticipée. Les règles de détermination de l'indemnité peuvent
être précisées dans le titre d'occupation. Les droits des créanciers
régulièrement inscrits à la date du retrait anticipé sont reportés sur cette
indemnité ».
3. La résiliation du contrat d'occupation

180 Existence d'un pouvoir de résiliation ◊ 1 Il est admis classiquement que


o

le contrat d'occupation du domaine peut faire l'objet d'une résiliation


unilatérale de la part de l'administration , non seulement en cas de
779

manquement du concessionnaire à ses obligations ; mais pour tout motif


780

d'intérêt public (sécurité ou liberté de la circulation, salubrité, conservation du


domaine, exécution des travaux publics, etc.) . 781

Cette solution ne s'applique cependant pas aux concessions funéraires, qui


échappent à la règle de précarité en dehors de quelques cas limitativement
énoncés par les textes (par ex. en cas de non entretien, pendant 75 ans, d'une
concession centenaire ou perpétuelle, ord. du 6 déc. 1843).
2 On s'est interrogé sur le point de savoir si le pouvoir de résilier dans
o

l'intérêt général, en dehors d'une faute de l'occupant, existait aussi dans les
contrats d'occupation attributifs de droits réels, c'est-à-dire les baux
emphytéotiques administratifs ou hospitaliers.
Une réponse positive paraît se déduire du fait que l'existence d'un pouvoir de
résiliation dans l'intérêt général constitue, selon la jurisprudence, un principe
général du droit des contrats administratifs .
782

181 Contentieux et indemnisation ◊ 1° Contrairement à la solution


traditionnelle qui veut que le juge du contrat ne puisse pas être saisi de
demandes d'annulation des décisions prises par l'administration contractante, la
jurisprudence a admis que l'occupant domanial pouvait demander au juge du
contrat d'annuler la résiliation illégale . Cette solution, il est vrai, est
783

aujourd'hui de jurisprudence générale depuis l'arrêt Commune de Béziers du


21 mars 2011 . 784

2° À la différence du permissionnaire de voirie, le titulaire d'un contrat


comportant occupation du domaine public a droit à indemnité en cas de
résiliation régulière prononcée par l'administration , à moins que la785

résiliation ait été motivée par une faute de sa part.


Ce droit pourrait cependant être écarté par des textes ou par les stipulations
du contrat. En sens inverse, si le contrat prévoit des règles d'indemnisation,
elles doivent être appliquées, à moins qu'elles ne soient anormalement
avantageuses pour l'occupant . 786

D'autre part, la jurisprudence considère que le droit à indemnisation ne


s'exerce pas si le retrait résulte d'une mesure générale, telle la désaffectation de
la dépendance domaniale . 787

§ 4. Les droits et obligations de l'occupant 788

A. Les droits de l'occupant 789

1. Le droit d'utiliser la dépendance domaniale et sa protection

182 Protection de l'occupant vis-à-vis des tiers ◊ 1° L'occupant domanial a


le droit d'utiliser privativement la dépendance domaniale dans les conditions
prévues par la permission ou par le contrat ainsi que par la réglementation de
police applicable au domaine . 790

Il peut revendiquer ce droit à l'encontre des tiers qui y portent atteinte. Il


peut exercer contre eux devant la juridiction des actions possessoires ou des 791

actions en responsabilité en cas d'atteinte portée à ses droits 792

Il peut également appeler l'administration en garantie s'il est attaqué en


justice par un permissionnaire se fondant sur un titre irrégulier , ou de nature à
793

susciter des confusions . 794

2° L'occupant domanial peut exercer une activité commerciale si le titre


n'indique pas autrement. Comme indiqué précédemment, il ne bénéficiera
cependant pas de la protection qu'apporte le régime de baux commerciaux . 795

Jusqu'à une époque récente, il était admis, dans le même esprit, que l'activité
commerciale de l'occupant domanial ne pouvait pas constituer un fonds de
commerce . Cette exclusion a été abandonnée par la loi du 18 juin
796

2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises, qui a


admis qu' « un fonds de commerce peut être exploité sur le domaine public
sous réserve de l'existence d'une clientèle propre » – nouvel article L. 2124-
32-1 du Code général de la propriété des personnes publiques. Le même texte a
reconnu au titulaire d'une autorisation domaniale dans une halle ou un marché le
droit de présenter un successeur en cas de cession de son fonds – nouvel article
L. 2224-18-1 du Code général des collectivités territoriales . 797

183 Protection de l'occupant vis-à-vis de l'administration : cas du


titulaire d'une autorisation ◊ La jurisprudence a pourtant reconnu au
titulaire d'une autorisation d'occupation une garantie précieuse dans le cas où
l'exécution de travaux publics conduit à l'administration à retirer sa permission
ou à le contraindre au déplacement de ses installations. Si les travaux en cause
sont effectués dans un intérêt autre que celui du domaine occupé (par exemple
s'il s'agit de l'intérêt d'une dépendance domaniale d'une autre espèce) , le 798

permissionnaire peut réclamer une indemnité à la personne publique dont


dépendent les travaux (et non à la personne propriétaire du domaine si elle est
différente). Dans le cas contraire, il n'y a pas lieu à indemnité .
799

D'autre part, même si les travaux ont été effectués dans l'intérêt du domaine
occupé, le permissionnaire a droit à une indemnité si les travaux : 800

– ont été exécutés de manière anormale ; 801

– ne sont pas conformes à la destination du domaine occupé . 802

184 Protection de l'occupant vis-à-vis de l'administration : cas du


titulaire d'un contrat d'occupation ◊ On a déjà relevé qu'à la différence
du permissionnaire de voirie, le titulaire d'un contrat comportant occupation du
domaine public a droit à indemnité en cas de retrait régulier prononcé par
l'administration. La protection dont il bénéficie est plus importante également
sur le terrain ici évoqué.
Le titulaire d'une utilisation contractuelle a en effet droit à indemnité dès lors
que ses facultés d'occupation se trouvent amoindries, notamment du fait de
modifications imposées par l'administration . 803

L'indemnité, accordée par le juge du contrat, couvre le dommage résultant de


l'atteinte ainsi que les avantages que l'occupant aurait pu tirer de son contrat.
Cependant, ce droit à indemnité connaît certaines limites. C'est ainsi qu'il
peut être écarté par les stipulations du contrat ou par un texte auquel le contrat
se réfère .
804

D'autre part, le contrat ou les textes peuvent réglementer les modalités de


l'indemnisation et substituer à la réparation pécuniaire une réparation en nature
ou un droit à réduction de la redevance . 805

Enfin, la jurisprudence admet qu'il n'y a pas lieu à indemnité pour les
troubles qui pouvaient normalement être envisagés lors de la passation du
contrat : il en va ainsi des conséquences dommageables des travaux effectués
dans l'intérêt du domaine occupé . Le droit à indemnité existe au contraire si
806

les travaux ont été exécutés dans un autre intérêt, notamment dans celui d'une
autre dépendance domaniale . 807

185 Le droit de réaliser des ouvrages. Le droit de recourir au crédit-


bail ◊ Dans la mesure où le titre d'occupation le lui permet, le titulaire du titre
d'occupation peut effectuer des travaux et réaliser des ouvrages.
Pour le financement de ces travaux et ouvrages, peut-il avoir recours au
crédit-bail ? On hésitait à l'admettre traditionnellement, car, dans ce système, la
propriété des ouvrages appartient au crédit-bailleur pendant toute la durée du
contrat : or, comme on le verra, on admettait souvent que l'administration était
nécessairement propriétaire des ouvrages réalisés sur son domaine.
L'usage du crédit-bail a donc été autorisé, dans certaines limites, par des
textes successifs, en partie regroupés aujourd'hui dans le CGPPP. Les règles
applicables diffèrent selon que l'on est dans le cadre du domaine d'État, du
domaine local, ou du domaine hospitalier.
1 Les dispositions autorisant le recours au crédit-bail par des occupants du
o

domaine public national figurent aux articles L. 2122-13 et suivants du CGPPP.


L'article L. 2122-13 pose en principe que, dans le cadre des autorisations
constitutives de droits réels, « la réalisation des ouvrages, constructions et
installations, à l'exclusion de ceux affectés à un service public et faisant
l'objet d'un aménagement indispensable à l'exécution des missions de ce
service ou affectés à l'usage direct du public ainsi que des travaux exécutés
pour une personne publique dans un but d'intérêt général, peut donner lieu à
la conclusion de contrats de crédit-bail par le titulaire du droit
d'occupation. »
Les articles L. 212-15 et L. 2122-16, eux, concernent l'hypothèse particulière
des titulaires d'autorisations constitutives de droits réels que l'État, depuis des
textes de 2002 , peut charger de réaliser des bâtiments « pour les besoins de
808

la justice, de la police ou de la gendarmerie nationales, de la formation des


personnels qui concourent aux missions de défense et de sécurité civiles, des
armées ou des services du ministère de la Défense » (montage dans lequel
l'État se réserve une option d'achat). Le crédit-bail peut ici être utilisé même
dans les hypothèses pour lesquelles l'article 2122-13 exclut son usage.
2 La possibilité de recourir au crédit-bail est libéralement consentie aux
o

titulaires de baux emphytéotiques ou d'autorisations constitutives de droits


réels sur les domaines publics des collectivités territoriales.
Les textes (CGCT, art. L. 1311-1 s.) exigent simplement que les contrats de
crédit-bail contiennent des clauses permettant de préserver les exigences du
service public.
3 Sous la même réserve, les titulaires de baux emphytéotiques hospitaliers
o

peuvent financer leurs travaux par crédit-bail (CSP, art. L. 6148-2).


809
2. Les droits réels
186 La question de la propriété de l'occupant sur les ouvrages qu'il
réalise ◊ La question de la propriété des ouvrages construits par l'occupant
domanial a toujours été sujette à controverses. Ces controverses ont été
renouvelées par la loi du 25 juillet 1994 : les termes de ce texte ont suscité des
interrogations puisque la loi paraissait signifier que seule la délivrance d'une
autorisation d'occupation domaniale constitutive de droits réels (v. ss 167 s.)
permettait à l'occupant de bénéficier d'un droit de propriété sur les ouvrages
construits .810

La jurisprudence semblait pourtant bien avoir consacré le principe du droit


de propriété de l'occupant sur les immeubles qu'il a édifiés . D'ailleurs, dès
811

avant la loi de 1994, les textes avaient implicitement admis la possibilité pour
l'occupant d'hypothéquer les ouvrages qu'il avait construits, ce qui suppose
d'admettre qu'il en est propriétaire. La loi du 7 juin 1977 a en effet prévu qu'en
cas de retrait d'une autorisation d'occupation du domaine public les droits des
créanciers régulièrement inscrits sur les constructions ou installations sont
reportés sur l'indemnité due éventuellement au bénéficiaire.
Il est vrai qu'en tout état de cause, le droit de l'occupant sur les ouvrages
qu'il construit supporte des limites originales. D'abord, le Conseil d'État estime
que les ouvrages construits sur la dépendance occupée qui se trouvent être
nécessaires au fonctionnement d'un service public appartiennent dès l'origine à
la personne publique propriétaire, et lui font nécessairement retour gratuitement
à l'expiration du titre : il s'agit là des principes applicables aux « biens de
retour » dans les délégations de service public, que nous avons rencontrés
(v. ss 142) . Ensuite, le droit de l'occupant sur les ouvrages qu'il construit,
812

quelle que soit sa nature, est limité dans sa durée puisqu'il a nécessairement le
même terme que le titre d'occupation domanial.

187 La nature des droits conférés par les titres constitutifs de droits
réels ◊ Comme on a eu l'occasion de l'indiquer, les réformes qui, à partir de
813

1988, ont permis de délivrer sur le domaine public des titres constitutifs de
droits réels, étaient destinées à conférer aux occupants des droits plus
consistants, qu'ils puissent donner en gage – hypothéquer – à leurs prêteurs de
manière à financer leurs investissements.
Si l'on considère que, dès avant ces réformes, les occupants domaniaux
pouvaient acquérir la propriété des ouvrages construits par eux, il n'est pas
certain que ces réformes aient apporté beaucoup de nouveautés.
L'article L. 2122-6 du CGPPP décrit le droit conféré par les autorisations
constitutives de droits réels comme un « droit réel sur les ouvrages,
constructions et installations de caractère immobilier qu'ils réalisent pour
l'exercice d'une activité autorisée par (le) titre ». Manifestement, il ne s'agit
donc pas d'un droit portant sur la dépendance domaniale elle-même, mais
seulement d'un droit sur les ouvrages réalisés. Si l'on doit considérer que la
jurisprudence admettait déjà la propriété de l'occupant sur ces ouvrages,
l'avancée est réduite : elle se limite en fait à une réglementation plus précise du
droit réel, sa durée, son retrait, sa cession…
Peut-être en va-t-il autrement, cependant, dans le cas du bail emphytéotique
administratif sur le domaine local, et dans celui du bail emphytéotique
hospitalier. Dans le bail emphytéotique, en effet, le droit réel porte bien sûr le
bien loué – ici, la dépendance domaniale –, et le preneur devient propriétaire
des ouvrages qu'il réalise par accession (C. rur., art. L. 451-10).

B. Les obligations de l'occupant

188 Obligation de s'acquitter d'une redevance d'occupation ◊ Comme on


l'a vu, l'occupation privative du domaine public n'est pas gratuite, l'occupant
est donc tenu de s'acquitter de la redevance fixée par le titre d'occupation.
Il doit supporter la modification de la redevance d'occupation dans les cas
où elle est possible (v. ss 160).

189 Obligations particulières du permissionnaire de voirie ◊ Les


obligations du permissionnaire de voirie résultent des textes généraux ou des
conditions particulières énoncées par la permission . 814

Chaque permission de voirie peut être assortie de conditions particulières


figurant dans une sorte de cahier des charges, ce qui du reste n'enlève pas à la
permission son caractère unilatéral . Ces conditions sont très diverses :
815

clauses de précarité et de révocabilité, clauses de sécurité dans l'intérêt du


public , obligation de supporter sans indemnité les gênes et frais résultant de
816

certains travaux, obligation d'entretenir en bon état les ouvrages, obligation


d'avoir obtenu un permis de construire , de réparer les dommages causés à la
817

voie, obligation d'occupation personnelle, etc.


La jurisprudence a même admis que la permission pouvait s'accompagner
d'obligations de service public (égalité entre les usagers, continuité, etc.) ;818

l'activité du permissionnaire se trouve alors transformée en « service public


virtuel ».
Si le permissionnaire ne respecte pas les conditions qui lui sont imparties, il
s'expose à des sanctions et notamment au retrait de la permission.
SECTION 4. L'OCCUPATION SANS TITRE DU DOMAINE
PUBLIC 819

190 La situation de l'occupant sans titre ◊ L'utilisation privative suppose


nécessairement un titre juridique conféré par l'administration, permission de
voirie, ou contrat comportant occupation du domaine public.
L'occupant sans titre est d'abord celui qui n'a jamais bénéficié d'une
autorisation ou d'un contrat d'occupation. Le juge administratif ne peut se
substituer à l'administration pour conférer à l'occupant qui n'a bénéficié
d'aucune permission ou contrat un droit au maintien dans les lieux . 820

Est également occupant sans titre celui dont l'occupation a donné lieu à un
titre qui, pour une raison quelconque, est expiré . Il en va ainsi même si
821

l'administration a toléré son maintien dans les lieux , ou lui a donné des
822

assurances d'établissement d'un nouveau titre . 823

L'occupation sans titre constitue une situation illicite à laquelle il doit être
mis fin sans que l'intéressé puisse prétendre à une indemnité . Au contraire,
824

l'occupation sans titre constituant toujours une faute, son auteur doit réparer les
dommages qu'il a pu causer au gestionnaire du domaine . Il peut être
825

notamment conduit à indemniser le gestionnaire de la perte des revenus que


celui-ci aurait pu percevoir d'un occupant régulier pendant la période de
l'occupation irrégulière .
826

L'administration a l'obligation de mettre fin à l'occupation sans titre . 827

Cependant, tant que l'occupation se poursuit, l'occupant doit acquitter les


redevances prévues par les textes . 828

191 Les moyens dont dispose l'administration pour mettre fin aux
occupations sans titre ◊ L'administration dispose, à cet égard, de plusieurs
moyens.
1 L'occupation sans titre constitue, dans la plupart des cas, une infraction
o

pénale, plus précisément une contravention de grande voirie ou de voirie


(v. ss 221 s.). Il appartient donc à l'administration, en présence d'une telle
situation de déclencher des poursuites pénales. Le juge répressif peut, non
seulement condamner le contrevenant à une pénalité, mais encore ordonner son
expulsion.
2 Du fait de l'existence de la sanction pénale, l'administration ne peut
o

normalement recourir à l'exécution d'office . Cependant, en cas d'urgence ou


829

encore si on ne se trouve pas dans le champ des contraventions de voirie, ou si


un texte l'y autorise, l'administration peut procéder par voie d'action d'office . 830

3 L'expulsion peut être demandée au juge . On considérait qu'elle pouvait


o 831
l'être aussi bien au juge judiciaire et que l'administration pouvait saisir la
832

juridiction judiciaire d'une action possessoire pouvant aboutir à l'expulsion.


833

Mais le Tribunal des conflits a finalement considéré que la juridiction


administrative était seule compétente pour connaître des litiges nés de
l'occupation sans titre du domaine public . La demande d'expulsion doit donc
834

être faite auprès du juge administratif. La juridiction judiciaire n'est compétente


que lorsque cela résulte d'un texte particulier : par exemple l'ordonnance du
27 décembre 1958 pour les voies publiques . 835

Le juge administratif, saisi d'une demande d'expulsion, ne peut accorder à


l'intéressé un délai pour vider les lieux . 836

S'il y a urgence, le juge des référés administratifs peut intervenir . 837

Cependant lorsqu'il existe une sanction pénale, ce juge ne peut que prendre des
mesures conservatoires . 838

En cas de refus d'exécution du jugement d'expulsion le juge peut, à la


demande de l'administration assortir sa décision d'une astreinte.
4 Le juge administratif peut condamner l'occupant sans titre à verser des
o

dommages-intérêts à la personne publique à laquelle l'occupation a causé un


dommage . 839

5 L'irrégularité de la résiliation d'une convention d'occupation et de


o

l'expulsion ne constituent pas une voie de fait entraînant la compétence de


l'autorité judiciaire, faute d'atteinte à la propriété ou à une liberté
fondamentale. Il peut cependant y avoir voie de fait en cas de destruction, sans
urgence, des biens de l'occupant .840
CHAPITRE 3
LES RAPPORTS DU DOMAINE PUBLIC ET DES
PROPRIÉTÉS VOISINES

Section 1. LES CHARGES DE VOISINAGE PESANT SUR LE DOMAINE


PUBLIC
Section 2. LES CHARGES DE VOISINAGE ÉTABLIES AU PROFIT DU
DOMAINE PUBLIC

192 Introduction ◊ Les relations de voisinage des dépendances du domaine


public et des propriétés contiguës ne sont soumises que pour une faible part au
droit privé et relèvent principalement de règles exorbitantes du droit
commun . Le régime particulier que composent ces règles concerne d'une
841 842

part les charges de voisinage pesant sur le domaine public et d'autre part les
charges de voisinage pesant sur les riverains du domaine public.

SECTION 1. LES CHARGES DE VOISINAGE PESANT SUR LE


DOMAINE PUBLIC 843

193 L'inapplication au domaine public des règles concernant les


charges de voisinage de droit commun ◊ Comme on le verra plus
amplement par la suite (v. ss 210), les servitudes de droit privé ne s'appliquent
sauf exception pas sur le domaine public. Il en va ainsi notamment des
différentes servitudes légales que le droit civil applique aux propriétés
voisines d'un immeuble (servitude de vue, de passage en cas d'enclave, etc.).
Les obligations qui pèsent sur les propriétaires et gestionnaires du domaine
public vis-à-vis des voisins de celui-ci résultent de règles spéciales. Les plus
précises et importantes sont celles qui régissent les rapports avec les riverains
des voies publiques, et qui sont relatives à ce que l'on appelle les aisances de
voirie.
194 Les droits des riverains des voies publiques ; les aisances de
voirie ◊ Les riverains des voies publiques disposent, vis-à-vis de ces
844

dépendances du domaine public, de certains droits auxquels on donne le nom


d'aisances de voirie.
1 Ces droits sont les suivants :
o 845

– droit de vue, c'est-à-dire d'ouvrir sur la voie publique des fenêtres ou


ouvertures à une distance moindre que celle prévue par le Code civil (art. 677-
678) ;
– droit d'accès, qui comporte non seulement le droit d'ouvrir une porte et
d'accéder à l'immeuble à pied ou en automobile , mais également celui de
846

desservir l'immeuble ce qui entraîne une faculté de stationnement . Ce droit


847

d'accès ne s'applique toutefois pas aux riverains des autoroutes (C. voirie rout.,
art. L. 122-2) et des routes express (idem, art. L. 151-1) ;
– droit d'égout, droit de déversement des eaux pluviales et ménagères.
L'existence de ces droits est fondée sur la considération selon laquelle la voie
publique n'est pas seulement affectée à la circulation publique mais également à
la desserte des immeubles voisins . 848

2 La nature juridique des aisances de voirie a été discutée. Alors que


o

certains auteurs du XIX siècle y voyaient de simples facultés précaires


e

(Pardessus, Duranton), on considère depuis longtemps qu'il s'agit de véritables


droits.
Certains ont aussi plaidé qu'il s'agirait de droits privés, quasi contractuels
(De Récy) ou de servitudes de droit privé (Proudhon, Demolombe). Ces
conceptions ont tourné court. Il ne fait pas de doute aujourd'hui que les aisances
de voirie constituent des droits particuliers de nature administrative, dont le
contentieux appartient d'ailleurs à la juridiction administrative.
3 Les dépendances domaniales à l'égard desquelles les aisances de voirie
o

s'appliquent sont les voies publiques (à l'exception des autoroutes et des routes
express, comme il a été mentionné), régulièrement classées comme telles et
affectées à la circulation publique. Les droits des riverains ne s'exercent pas à
l'égard des parcs et jardins , des places de marchés et plus généralement
849 850

des dépendances du domaine mises à la disposition du public dans un but autre


que la circulation publique , ainsi que les voies à destination spéciale comme
851

les avenues des gares .


852

4 Les bénéficiaires des aisances de voirie sont les riverains des voies c'est-
o

à-dire les occupants des immeubles bordant les chaussées , Le droit de


853

stationnement pour la desserte des immeubles profite cependant aussi aux non-
riverains . Les bénéficiaires des aisances en jouissent de plein droit, sans
854

nécessité d'un titre particulier , par exemple lorsqu'une voie nouvelle est
855
établie .
856

195 La situation des titulaires des aisances de voirie vis-à-vis des


tiers ◊ Les droits particuliers que détiennent les riverains des voies publiques
sont assortis d'un certain nombre de garanties,
Ces garanties consistent essentiellement dans les actions en justice que les
riverains peuvent exercer contre les tiers pour faire reconnaître leurs droits
(action confessoire ) ou pour le défendre contre les atteintes qui lui seront
857

portées (actions possessoires ), dans la possibilité de poursuites pénales


858

contre les auteurs de faits constitutifs d'infractions , dans des actions en


859

responsabilité contre les tiers même autorisés par l'administration . 860

196 La situation des titulaires des aisances de voirie vis-à-vis de


l'administration ◊ Sur ce plan également, les titulaires d'aisances de voirie
bénéficient de garanties assez substantielles. S'ils ne peuvent pas exercer
contre l'administration les actions possessoires , ils disposent cependant de
861

plusieurs protections.
1 L'exercice du pouvoir de police de l'administration sur les voies
o

publiques reçoit des limitations du fait de l'existence des aisances de voirie,


que l'administration ne peut supprimer.
C'est ainsi que si, en principe, les interdictions de circuler et de stationner
sont opposables aux riverains , la réglementation de police ne peut interdire
862

d'une manière absolue le stationnement dans une voie sans réserver la desserte
des immeubles qui la bordent , Au contraire, une interdiction limitée dans
863

l'espace et dans le temps peut être considérée comme valable si elle réserve de
manière suffisante les droits des riverains .
864

De même, lorsqu'elle institue un stationnement payant, l'administration doit


réserver les droits d'accès et de desserte des riverains .
865

2 Le riverain est en droit d'exercer un recours en annulation contre les actes


o

administratifs, particuliers ou généraux, qui portent atteinte à ses droits : refus


d'autorisation d'ouvrir un accès à la voie publique ; autorisation
866

d'établissement sur le trottoir d'une piste d'accès à un poste d'essence qui rend
le stationnement impossible ; refus du maire de faire cesser une occupation
867

irrégulière portant atteinte au droit d'accès …


868

3 Le riverain ne peut pas invoquer ses droits pour s'opposer à l'exécution de


o

travaux ou à l'établissement d'ouvrages sur la voie publique . 869

Cependant, si du fait de travaux publics, l'exercice de ses droits sur la voie


publique se trouve limité, il peut prétendre à une indemnité au titre de
dommages de travaux publics. Il le peut tout au moins s'il établit qu'il subit un
préjudice effectif , et s'il démontre que ce préjudice présente un caractère
870

anormal, c'est-à-dire excède les gênes que des riverains doivent normalement
supporter .
871

Après achèvement des travaux ou ouvrages, l'administration peut refuser le


rétablissement des accès pour tout motif d'intérêt général . 872

197 Les droits des riverains en cas de déclassement de la voie


publique ◊ 1 Lorsque la voie publique est déclassée , les riverains, qui ne
o 873

peuvent s'opposer au déclassement (sauf à exercer un recours si la décision a


été prise illégalement ), perdent de plein droit les aisances de voirie . Si
874 875

l'ancienne voie est aliénée, ils ne peuvent se prévaloir de leurs droits envers
l'acquéreur , sauf si celui-ci s'était engagé à les maintenir .
876 877

Les riverains peuvent alors réclamer une indemnité à l'administration pour le


préjudice subi par eux . 878

Le simple fait d'une modification dans l'assiette ou la direction de la voie


n'entraîne pas à lui seul droit à indemnité si un dommage n'est pas établi .
879

Si la construction d'un ouvrage interdit l'accès, l'administration peut être


obligée d'indemniser le riverain mais n'est pas obligée de rétablir l'accès .880

2 Les riverains disposent en outre dans certains cas d'un droit de préemption
o

en cas de déclassement et d'aliénation de la voie publique. Il en va ainsi en cas


de déclassement ou d'aliénation de voies communales (ord. 7 janv. 1959,
art. 6) : les riverains sont mis en demeure d'acquérir les « délaissés », et, en
cas de refus ou de soumission insuffisante, les biens peuvent être vendus à des
tiers. Ce droit de préemption s'exerce également sur les routes nationales et
départementales (C. voirie rout., art. L. 112-8) . 881

198 La situation des riverains des autres dépendances du domaine


public ◊ 1 Les riverains des dépendances domaniales autres que les voies
o

publiques ne bénéficient pas des mêmes droits que les riverains des voies
publiques. Ainsi les riverains des rivages de la mer , ou des cours d'eau
882 883

n'ont pas de droit d'accès ou de vue et ne peuvent réclamer une indemnité à


raison des travaux leur interdisant l'accès de ces dépendances du domaine (sauf
dans le cas où le travail aurait été exécuté dans des conditions
irrégulières ) . La situation est la même pour les riverains des promenades et
884 885

parcs publics ou des lignes de chemin de fer.


2 Les riverains des dépendances autres que les voies publiques ne
o

bénéficient pas davantage d'un droit de préemption en cas de sortie de ces


dépendances du domaine public . Ceci sauf exception organisée par la loi :
886

c'est ainsi qu'un droit de préemption est reconnu aux riverains des cours d'eau
domaniaux, sur les atterrissements formés à la suite de travaux légalement faits
(loi du 8 avril 1898, art. 38) ou sur les parties délaissées du lit abandonné par
le cours d'eau (C. civ., art. 563).

SECTION 2. LES CHARGES DE VOISINAGE ÉTABLIES AU


PROFIT DU DOMAINE PUBLIC 887

199 Les charges de voisinage de droit commun ◊ On va voir, ci-dessous,


que diverses servitudes administratives pèsent sur les riverains du domaine
public. Mais la question s'est également posée de savoir si le domaine public
pouvait bénéficier, vis-à-vis des propriétés voisines, des charges de voisinage
de droit commun ?
Une réponse négative avait été donnée par les auteurs qui estimaient le,
domaine public insusceptible d'appropriation : n'étant pas objet de propriété, le
domaine ne pouvait bénéficier des droits attachés à la propriété . Cette 888

conception, qui a pu inspirer certaines décisions de jurisprudence , est 889

aujourd'hui abandonnée. Le domaine, constituant un objet de propriété, doit être


assimilé à cet égard aux propriétés privées, tout au moins lorsque le bénéfice
de ses droits de voisinage n'est pas contraire à son affectation .
890

Ce point de vue, peut se réclamer de la solution jurisprudentielle selon


laquelle l'administration propriétaire d'une dépendance domaniale peut
contraindre son voisin à la cession de mitoyenneté .891

200 Les servitudes administratives au profit du domaine public ◊ De 892

nombreuses servitudes administratives très variées ont été établies par les
textes au profit des diverses dépendances du domaine public.
Elles obéissent à peu de principes communs. Elles sont nécessairement
créées par la loi, même si leur régime est souvent précisé par des textes
réglementaires. Leur indemnisation est parfois prévue, parfois non. Lorsqu'elle
n'est pas prévue, la jurisprudence judiciaire la refuse toujours . Il est arrivé,
893

en revanche, au Conseil d'État d'indemniser dans le silence de la loi . 894

201 Les servitudes pesant sur les riverains des voies publiques ◊ Ces
obligations qui font pendant aux droits particuliers reconnus aux riverains
(v. ss 194 s.) sont extrêmement nombreuses et variées. Voici les principales :
1 Obligations relatives au nettoyage des voies ou des trottoirs. Cette
o

obligation est applicable lorsqu'elle résulte d'un usage (C. pén., art. R. 26, 3 ) o

ou lorsqu'elle est établie par un règlement municipal.


2 Obligation de raccordement à l'égout (CSP, art. L. 33 s.).
o

3 Interdiction de déverser sur la voie publique des eaux insalubres (C. pén.,
o

art. R. 26, 6 ) ou compromettant la sûreté du passage (C. pén., art. R. 38, 11 ).


o o

4 Obligation de recevoir, dans les conditions prévues par l'article 640 du


o

Code civil, les eaux en provenance de la voie publique.


5 Obligations relatives aux plantations. Les règles du Code civil relatives
o

aux distances des plantations sont inapplicables : les distances sont fixées par
le préfet (routes nationales et départementales, voies communales) ou par le
maire (voies urbaines) .
895

6 Servitude de passage sur le fonds riverain d'une voie publique


o

momentanément ou accidentellement impraticable (décr. du 28 sept. 1791).


7 Servitudes de visibilité pesant sur les propriétés riveraines ou voisines
o

des voies publiques à proximité des croisements, virages et points dangereux


ou incommodes pour la circulation (C. voirie rout., art. L. 114-1 s.) ; obligation
de supprimer les murs de clôture ou de les remplacer par des grilles,
interdiction de bâtir ou planter au-dessus d'un certain niveau. Cette servitude
peut être appliquée aussi aux propriétés riveraines ou voisines du croisement à
niveau d'une voie publique et d'une voie ferrée.
8 Réserve de terrains pour la construction et l'amélioration des routes
o

nationales et autoroutes (décr. du 23 déc. 1958) ; sur les terrains réservés, des
permis de construire ne peuvent être en principe délivrés.
9 Interdiction des installations publicitaires de nature à gêner la circulation
o

sur les autoroutes (loi 18 avr. 1953 ; art. 3 ; décr. 17 déc. 1956, art. 11).
10 Obligation de supporter sur les immeubles des installations d'éclairage
o

public et de signalisation (servitude d'ancrage et d'appui, C. voirie rout.,


art. L. 171.2 s.).
11 Obligation concernant les saillies, c'est-à-dire ouvrages ou objets
o

surplombant l'assiette ou les dépendances de la voie publique : nécessité d'une


autorisation du maire (voies urbaines) ou du préfet.
12 Obligations relatives au ravalement des façades. L'obligation de ravaler
o

tous les dix ans établie pour les rues de Paris (décr. 26 mars 1852, art. 5) peut
être étendue à toute commune sur demande du Conseil municipal par arrêté
préfectoral.
13 Obligation de recevoir la terre rejetée des fossés bordant la voie
o

publique (décr. 16 déc. 1811).


14 Interdiction d'établir des carrières, puits ou mares en deçà d'une distance
o

de la voie établie par arrêté préfectoral.


15 Obligations concernant les clôtures. Le maire peut rendre obligatoires les
o

clôtures de propriété en bordure de la voie et en réglementer la hauteur.


16 Obligation de supporter sur les façades les plaques indicatrices du nom
o

des rues et du numérotage des immeubles.


17 Obligation d'éloigner les plantations gênant la construction ou le
o

fonctionnement des lignes de télécommunications.


18 Servitude d'essartement ; obligation de laisser dans la traversée des
o

forêts un certain espace libre (C. for., art. L. 322.6).

202 Les obligations des riverains des voies fluviales ◊ Des obligations
particulières pèsent également sur les riverains des voies fluviales. Les
principales sont les suivantes.
1 Les servitudes de halage et de marchepied ont été établies par une
o

ordonnance de 1669 pour permettre la circulation des attelages servant à la


batellerie et les manœuvres des bateliers et conducteurs de radeaux ou trains
de bois : elles résultent actuellement des articles 15 et suivants du Code du
domaine public fluvial.
La servitude de halage qui porte sur une rive déterminée par l'administration
(ou les deux si les besoins de la navigation l'exigent) entraîne l'obligation de
laisser un espace libre (7,80 m) en bordure du cours d'eau et l'interdiction
d'établir des constructions, plantations ou clôtures sur un espace
supplémentaire (1,95 m). La servitude de marchepied comporte l'obligation
pour les propriétaires des rives non assujetties à l'autre servitude de laisser
libre de toute clôture, construction ou plantation une certaine zone (3,25 m) .
896

Ces servitudes, garanties par des sanctions pénales (contraventions de


grande voirie) ne comportent en principe aucune indemnisation . La servitude
897

de halage pèse sur les riverains des cours d'eau inscrits sur la nomenclature des
voies navigables et fluviales (si tout au moins il existe un chemin de halage).
Dans le cas, qui est évidemment le plus fréquent aujourd'hui, où la navigation
n'utilise plus le chemin de halage, il y a lieu au maintien d'un « marche-pied »
sur les deux rives (les propriétaires des berges frappées de ces servitudes
898

doivent également laisser un espace libre au profit des pêcheurs).


La servitude de halage ne peut s'appliquer qu'aux propriétaires riveraines
des fleuves et rivières inscrits sur la nomenclature des voies navigables et
flottables, alors que l'existence de la servitude de marchepied n'est pas
subordonnée au caractère navigable du cours d'eau . 899

2 Il est interdit aux propriétaires riverains des cours d'eau domaniaux


o

d'extraire sur leurs fonds des sables et matériaux à moins de 11,70 m de la


limite du domaine public fluvial (loi 8 avr. 1898, art. 52).
Par contre, ces mêmes riverains n'ont pas l'obligation de procéder au curage
qui incombe à l'État (C. dom. publ. fluv., art. 14) .
900
3 Les riverains des cours d'eau placés dans des vallées submersibles sont
o

soumis à des obligations (contrôle des ouvrages, dépôts susceptibles de gêner


l'écoulement des eaux et de faciliter les inondations, C. dom. publ. fluv.,
art. 48 s.).

203 Les servitudes pesant sur les riverains du domaine public


maritime ◊ 1 Les propriétés riveraines du domaine public maritime sont
o

grevées d'une servitude de passage (bande de terrains de 3 m) au profit des


piétons (L. 31 déc. 1976, décr. 7 juill. 1977 ; C. urb., art. L. 160-6 s., R. 160-
8 s.) .901

D'autre part, la loi du 3 janvier 1986 a inséré dans le Code de l'Urbanisme


un article L. 160-6-1 instituant une servitude de passage des piétons
transversale au rivage. Cette servitude est destinée à relier la voie publique au
rivage de la mer ou au sentier d'accès immédiat à la mer en l'absence de voies
publiques situées à moins de 500 m et permettant l'accès au rivage . 902

2 Les terrains en bordure du rivage peuvent être réservés par arrêté


o

interministériel (sur 20 m sur les terrains clos ou bâtis, 50 m dans les autres
cas) pour des besoins d'ordre maritime ou touristique. Les propriétaires ne
peuvent construire sans autorisation ; ils peuvent demander l'acquisition du
terrain par l'État (L. 28 nov. 1963).

204 Autres hypothèses ◊ Diverses autres dépendances du domaine public sont


protégées par des servitudes pesant sur les fonds voisins. En voici simplement
quelques exemples importants.
1 Servitudes pesant sur les riverains des voies ferrées . La loi du
o 903

15 juillet 1845 (art. 3) prévoit l'application aux propriétés riveraines des voies
ferrées de certaines règles concernant la voirie routière ; il en va ainsi de
l'alignement, des règles concernant l'écoulement des eaux ou les distances à
observer pour les plantations. La servitude d'occupation temporaire et
d'extraction des matériaux est également applicable. La même loi (art. 5 s.)
prévoit diverses obligations particulières à ces riverains : interdiction de bâtir
à moins de 2 m des voies ferrées ou des dépendances du chemin de fer
sillonnées par des rails, interdiction de pratiquer sans autorisation des
excavations à une certaine distance des voies en remblai, etc. .
904

2 Servitudes dans l'intérêt des ouvrages militaires. Le décret du 10 août


o

1853 a institué des servitudes autour des places de guerre ou postes militaires :
le texte établit trois zones concentriques : dans la première, il est interdit de
construire, dans la seconde il ne peut y avoir que des constructions légères que
les propriétaires doivent démolir à la première réquisition ; dans la troisième,
certains travaux sont soumis à autorisation. Des servitudes sont établies
également autour des poudreries (L. 8 août 1929) et des champs de tir
(L. 13 juill. 1927).
3 Servitudes dans l'intérêt des cimetières. Interdiction de bâtir ou de
o

creuser un puits à moins de 100 m. (CGCT, art. L. 2223-1 s.).


4 Servitudes dans l'intérêt des postes électro-sémaphoriques (L. 18 juill.
o

1895) ou des amers et phares (L. 2 mars 1957). Interdiction des plantations et
des constructions non autorisées dans les champs de vue.
5 Servitudes dans l'intérêt des postes et des communications
o

électroniques (code des postes et communications électroniques). Notamment


servitudes d'installation et d'exploitation des réseaux (art. L.48) et servitudes
de.protection des centres radioélectriques (art. L. 54 s.).
6 Servitudes dans l'intérêt des lignes électriques (L. 15 juin 1906).
o

Servitudes de passage et d'appui des câbles.


7 Servitudes dans l'intérêt des réseaux de distribution de gaz (L. 8 avr.
o

1946, art. 35) ou d'eau (C. rur., art. L. 152.1). Passage de canalisations.
8 Servitudes dans l'intérêt des ouvrages d'irrigation (C. rur., art. 128, 7 ),
o o

des canalisations d'eau potable et d'évacuation d'eaux usées et pluviales


(L. 4 avr. 1962). Passage de canalisations.
9 Servitudes dans l'intérêt des aérodromes (décr. 3 janv. 1959 et C. de
o

l'aviation civile). Interdiction de créer ou de maintenir des obstacles dans


certaines zones, obligation de laisser établir des installations de balisage.
CHAPITRE 4
LA PROTECTION DU DOMAINE

Section 1. LES PRINCIPES D'INALIÉNABILITÉ ET


D'IMPRESCRIPTIBILITÉ
§ 1. Origine et fondement des principes d'inaliénabilité
et d'imprescriptibilité
§ 2. Conséquences des principes d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité
§ 3. Limites des principes d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité
Section 2. LA POLICE DE LA CONSERVATION
Section 3. LA PROTECTION PÉNALE DU DOMAINE PUBLIC : LE
RÉGIME DES CONTRAVENTIONS DE VOIRIE
§ 1. Les contraventions de voirie relevant de la juridiction judiciaire
§ 2. Les contraventions de grande voirie relevant du juge
administratif

SECTION 1. LES PRINCIPES D'INALIÉNABILITÉ ET


D'IMPRESCRIPTIBILITÉ 905

§ 1. Origine et fondement des principes d'inaliénabilité


et d'imprescriptibilité

205 Origine du principe d'inaliénabilité ◊ Il a été dégagé dans les conditions


suivantes. Sous l'Ancien Régime, l'ordonnance de Moulins de février 1566 et
divers autres textes, avaient, en vue d'éviter les dilapidations royales, déclaré
inaliénable le domaine de la Couronne. Sous la Révolution, le domaine de la
Couronne étant transféré à la Nation, la règle fut, sinon abandonnée, du moins
modifiée. La loi du 22 novembre, 1 décembre 1790, admit que les domaines
er

nationaux pouvaient être aliénés en vertu d'une loi.


Cependant, le Code civil n'ayant pas confirmé expressément cette règle
(v. art. 537 et 1548), des doutes subsistaient sur son application. Les
« domanistes » du début du XIX siècle et notamment Proudhon en affirmèrent
e

l'existence, qui fut ensuite confirmée formellement par la jurisprudence.


Proudhon en avait clairement dégagé le fondement en le liant à l'affectation
du domaine. Après lui, les auteurs qui voyaient dans les biens domaniaux des
biens insusceptibles de propriété privée invoquèrent la nature du domaine,
l'absence d'appropriation excluant l'aliénation.
Aujourd'hui, il est admis d'une manière générale, que l'inaliénabilité est la
conséquence de l'affectation, et qu'elle constitue une garantie de celle-ci.

206 Origine du principe d'imprescriptibilité ◊ Le principe selon lequel le


domaine public est imprescriptible trouve son origine dans les règles
domaniales de l'Ancien Régime qui les appliquait au domaine de la Couronne.
Il fut consacré par un édit d'avril 1667.
Lors de la formation de la théorie du domaine public dans la première moitié
du XIX siècle, la doctrine (notamment Proudhon) en affirma l'existence. Cette
e

position fut confirmée par la jurisprudence . Par la suite quelques textes


906

consacrèrent l'imprescriptibilité à propos de certaines catégories de biens


domaniaux .907

Le fondement du principe, dans la conception généralement admise


aujourd'hui et qui remonte à Proudhon, réside dans l'affectation des biens du
domaine, laquelle n'est pas compatible avec l'acquisition par les tiers de droits
réels sur le domaine. Il ne saurait plus être question, comme le voulaient
certains auteurs du XIX siècle, d'y voir une application de la règle selon
e

laquelle les biens hors du commerce ne peuvent être prescrits (C. civ.,
art. 2226).
Il résulte de ce fondement, qui rattache la règle au principe d'inaliénabilité,
que l'imprescriptibilité cesse avec l'affectation.

207 Proclamation actuelle par les textes ◊ Actuellement, les deux principes
ont valeur législative. Ils sont posés de façon générale par l'article L. 3111-1
du CGPPP, mais l'article L. 1311-1 du Code général des collectivités
territoriales les réitère pour le domaine public local, de même que l'article
L. 6148-1 du Code de la santé publique pour le domaine des établissements
publics de santé.
Avant l'édiction du CGPPP, ils figuraient déjà à l'article L. 52 du Code du
domaine de l'État, et la loi d'amélioration de la décentralisation du 5 janvier
1988 en avait formellement confirmé l'application au domaine public local.
§ 2. Conséquences des principes d'inaliénabilité
et d'imprescriptibilité

208 Nullité des aliénations de biens du domaine public ◊ La principale


conséquence du principe d'inaliénabilité est la nullité des aliénations de biens
du domaine public.
Le principe de cette nullité a cependant été contesté. Dans une théorie dite de
l'indisponibilité fondée sur les termes ambigus d'un arrêt du Conseil d'État , 908

certains auteurs ont soutenu que l'aliénation était valable mais que le nouveau
propriétaire devait respecter l'affectation du bien . Cette conception ne peut
909

être acceptée : la propriété ainsi reconnue à l'acquéreur serait dépourvue de


signification .910

La nullité est prononcée par la juridiction judiciaire sauf question


911

préjudicielle d'appartenance au domaine public . 912

La règle d'inaliénabilité peut être invoquée par les particuliers, acquéreurs


ou tiers, dans le cadre de litiges relatifs au transfert de la propriété d'une
dépendance domaniale . 913

On notera aussi que les tiers sont recevables à exercer un recours pour excès
de pouvoir contre les décisions détachables de la cession . 914

209 Impossibilité d'acquérir des droits sur le domaine public par


prescription ◊ La conséquence essentielle du principe d'imprescriptibilité est
l'impossibilité pour les tiers d'acquérir par voie de prescription un droit sur le
domaine public qu'il s'agisse d'un droit de propriété (usucapion), d'une
915

servitude ou de tout autre droit réel. Cette règle ne peut être du reste invoquée
que par l'administration et non par les particuliers dans les litiges qu'ils ont
entre eux .
916

210 Inapplicabilité de principe des servitudes non conventionnelles ◊ Le


principe d'inaliénabilité développe des conséquences indirectes en ce qui
concerne l'application de servitudes au domaine public.
1 Les servitudes non conventionnelles de droit privé . Il est admis de
o 917

manière traditionnelle que les servitudes non conventionnelles de droit privé ne


s'appliquent pas au domaine public . La raison principale en est le fait que la
918

servitude, démembrement du droit de propriété, porterait atteinte au principe


d'inaliénabilité du domaine.
Il en va ainsi des servitudes légales : cession de mitoyenneté qui ne peut être
exigée par le riverain du domaine , règles concernant les vues , servitude de
919 920
drainage , de bornage , d'écoulement des eaux , de passage en cas
921 922 923

d'enclave . 924

La solution est en principe la même pour les servitudes du fait de


l'homme : servitude d'aqueduc, de prise d'eau, non altius tollendi, de
925

passage en dehors du cas d'enclave.


Cependant la jurisprudence admet le maintien de celles qui ont pu être
constituées avant l'incorporation de bien au domaine, dès lors qu'elles ne sont
pas incompatibles avec l'affectation de la dépendance domaniale . 926

Dans ce cas, le juge judiciaire est compétent pour connaître du litige


concernant l'existence et l'assiette de la servitude . Il appartient en revanche
927

au juge administratif de déterminer la compatibilité de la servitude avec


l'affectation et éventuellement d'accorder une indemnité si la servitude est
déclarée incompatible.
2 Les servitudes administratives. Les servitudes administratives établies
o

par divers textes sur les propriétés voisines de certains immeubles


administratifs s'appliquent-elles aux dépendances du domaine public ? Ce
problème a donné lieu à des controverses. Certains auteurs estiment ces
servitudes inapplicables tandis que d'autres les admettent à condition qu'elles
ne soient pas incompatibles avec la destination du domaine . 928

La solution adoptée par la pratique paraît nuancée. Pour les servitudes


établies par la loi d'une manière générale et immédiate et pesant sur un nombre
indéterminé d'assujettis, le Conseil d'État exclut leur application au domaine
public même si elles sont compatibles avec sa destination . Certains arrêts ont
929

cependant suscité des doutes sur le maintien de cette solution . 930

Au contraire, pour les servitudes résultant – sur la base d'un texte – d'un acte
administratif déterminant individuellement les assujettis, la pratique
administrative semble admettre leur application au moins après entente entre
les services intéressés et dans la mesure où elles sont conformes à la
destination du domaine .931

211 Domaine public et hypothèques ◊ En raison du principe d'inaliénabilité


ainsi que de l'article 2118 du Code civil, il est admis en principe que le
domaine public est insusceptible des hypothèques légales et conventionnelles.
Certains arrêts judiciaires ont admis cependant que l'hypothèque
conventionnelle était possible pour les biens construits sur le domaine
public .
932

En tout cas, l'interdit peut être écarté par le législateur. C'est ainsi que
l'hypothèque est possible sur les droits réels conférés dans le cadre des
mécanismes qui permettent aujourd'hui la constitution de tels droits sur le
domaine (v. ss 167 s.).
212 Domaine public et expropriation ◊ Si au XIX siècle quelques arrêts ont
e

admis la possibilité d'exproprier certaines dépendances du domaine public, la


doctrine a estimé d'une manière traditionnelle que l'expropriation n'était pas
applicable au domaine. Elle a invoqué, outre le principe d'inaliénabilité, le fait
que l'État disposait d'autres procédures (mutations domaniales, v. ss 128) et
que la législation de l'expropriation visait à protéger la propriété privée, non la
propriété publique.
Depuis longtemps, la jurisprudence consacre cette solution avec certaines
atténuations .
933

Lorsque le bien domanial est désaffecté, il tombe dans le domaine privé et


peut alors être exproprié .
934

213 Domaine public et action possessoire ◊ Une autre conséquence des


principes d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité est l'impossibilité d'une
possession privée d'une dépendance du domaine public, Il en résulte que le
détenteur d'un bien domanial ou prétendu tel ne peut exercer contre
l'administration une action possessoire . Il en va autrement, cependant de
935

l'action en réintégrande dont la Cour de cassation a admis l'exercice contre une


commune qui avait interdit à un propriétaire l'accès d'une voie qu'elle
prétendait faire partie de son domaine public . 936

214 Imprescriptibilité de l'action en réparation des dommages causés


au domaine public ◊ Enfin, une dernière conséquence de
l'imprescriptibilité se rencontre dans le régime des contraventions de voirie
(v. ss 221), Elle consiste dans l'imprescriptibilité de l'action en réparation des
dommages causés au domaine public . 937

§ 3. Limites des principes d'inaliénabilité


et d'imprescriptibilité 938

215 Limites à l'interdiction des aliénations ◊ 1 D'abord, il faut observer que


o

le principe d'inaliénabilité est lié, on l'a vu, à l'affectation du domaine. Cela


détermine sa portée. Tant que le bien domanial est affecté, il ne peut être
aliéné ; il peut l'être au contraire après la désaffectation . 939

Il en résulte que la force contraignante du principe est variable. Il a des


conséquences très strictes, par exemple, lorsque les compétences pour
désaffecter et aliéner appartiennent à deux autorités différentes. Sa portée est
bien moindre lorsque la compétence appartient dans les deux cas à la même
autorité ; il s'agit alors, selon l'expression de De Récy d'une inaliénabilité
940

« potestative ».
2 En outre en dépit du principe d'interdiction, subsistent valablement les
o

aliénations des dépendances du domaine effectuées antérieurement à


l'ordonnance de Moulins en 1566 (loi du 14 ventôse an 7, art. 1) , et les 941

ventes de biens nationaux effectuées sous la Révolution : cela est confirmé


942

par l'article L. 3111-2 du CGPPP.


3° Par ailleurs, le principe peut être écarté par la loi. C'est ainsi que des lois
récentes ont permis de restituer aux pays d'origine certains biens culturels
appartenant à des musées : loi du 6 mars 2002 permettant la restitution à
l'Afrique du Sud de la « Vénus hottentote », loi du 18 mai 2010 autorisant la
restitution de têtes maories à la Nouvelle-Zélande . 943

216 L'admission actuelle des servitudes conventionnelles ◊ 1 o

Traditionnellement, la jurisprudence déduit du principe d'inaliénabilité que


l'administration ne peut consentir des servitudes conventionnelles sur le
domaine public . Elle admet cependant une limite à cette solution dans le cas
944

où la servitude existait antérieurement à l'incorporation au domaine public et


où elle n'est pas incompatible avec l'affection du bien. Il appartient au juge
judiciaire de rechercher si la servitude existait antérieurement à
l'incorporation. Le point de savoir si elle est compatible avec l'affectation
relève du juge administratif .945

2 Le principe d'exclusion des servitudes conventionnelles a été cependant


o

fréquemment écarté par des textes législatifs . Par exemple, pour permettre la
946

réalisation de l'aménagement de la gare Montparnasse à Paris, l'ordonnance du


4 février 1959 a autorisé la SNCF à consentir des servitudes au profit des
immeubles privés placés au-dessus et au-dessous du domaine ferroviaire
(v. également décr. 15 mars 1976 à propos de la gare de la Glacière Gentilly).
3 Le Code général de 2006 met fin à l'interdiction. Son article L. 2122-4
o

dispose en effet : « des servitudes établies par conventions passées entre les
propriétaires, conformément à l'article 639 du Code civil, peuvent grever des
biens des personnes publiques… qui relèvent du domaine public, dans la
mesure où leur existence est compatible avec l'affectation de ceux de ces
biens sur lesquels ces servitudes s'exercent » (l'article 639 du Code civil
prévoit tout simplement que les servitudes dérivent « de la situation naturelle
des lieux, ou des obligations imposées par la loi, ou des conventions entre les
propriétaires ») .947

217 Les évolutions récentes en matière de constitution de droits réels


sur le domaine public ◊ Le principe d'inaliénabilité était traditionnellement
considéré comme ayant pour corollaire que les titres d'occupation du domaine
public ne conféraient pas de droits réels.
Comme on l'a vu (v. ss 167 s.), depuis 1988, diverses réformes ont permis au
contraire aux autorités domaniales de délivrer des titres d'occupation
constitutifs de droits réels.

SECTION 2. LA POLICE DE LA CONSERVATION

218 Les caractères généraux et le fondement de la police de la


conservation ◊ On entend par police de la conservation du domaine public
948

les pouvoirs qui appartiennent à certaines autorités administratives de prendre


des règlements de police en vue d'assurer la conservation de certaines
dépendances du domaine.
Il s'agit de règlements de police. À la différence des règlements de gestion
déjà étudiés (v. ss 137), ces règlements sont assortis de sanctions pénales :
celles qui sont prévues en cas de contravention de voirie (v. ss 221 s.).
D'autre part, ces règlements ont un but particulier qui les distingue des
règlements pris pour la police générale de l'ordre public. Ce but consiste dans
la conservation matérielle de la dépendance domaniale.
Quel est le fondement du pouvoir de police de la conservation ? Certains
auteurs y ont vu une conséquence de la propriété administrative du domaine
public, un pouvoir exorbitant du droit commun constituant une manifestation de
cette propriété particulière . Cette conception se heurtait à des objections.
949

D'une part, elle n'expliquait pas le fait que toutes les dépendances du domaine
public ne sont pas placées dans le champ de la police de la conservation ; il en
irait autrement s'il s'agissait d'une conséquence de la propriété du domaine.
D'autre part, certains textes ont accordé des pouvoirs de police de la
conservation à des autorités autres que celles des personnes propriétaires .
950

La police de la conservation doit donc être analysée non comme un pouvoir


attaché à la propriété du domaine, mais comme un élément du régime domanial
établi par le législateur en vue d'assurer la protection de certains biens
domaniaux. Comme les exigences de cette protection ne sont pas forcément les
mêmes pour tous les biens du domaine, on comprend alors que la police de la
conservation n'ait pas un caractère général.
D'autre part, le législateur qui peut réglementer les différents domaines
publics, peut conférer ces pouvoirs de police aux autorités de son choix.
219 Le champ de la police de la conservation ◊ La police de la
conservation, qui ne concerne que le domaine public et non le domaine privé,
n'existe que dans les cas où elle est prévue par des textes.
Par exemple, elle est prévue, en ce qui concerne les voies du domaine public
routier, par le Code de la voirie routière, aux art. L. 116-1 à L. 116-7 .
951

La loi la prévoit également en ce qui concerne les voies navigables (C dom.


publ. fluv., art. 23 à 45) ou les ports maritimes (C. ports mar., art. 64 à 78).
Lorsque les textes ne la prévoient pas, la police de la conservation ne peut
pas s'exercer : il en va ainsi dans le cas des bâtiments administratifs , des 952

cimetières , ou des édifices du culte .


953 954

220 L'utilisation à des fins de conservation de la police générale de


l'ordre public ◊ Du fait de la limitation du champ d'application de la police
de la conservation, la police générale de l'ordre public qui s'exerce, elle, sur
toutes les dépendances du domaine public (ainsi du reste que sur le domaine
privé et même sur les propriétés privées) ne peut-elle être utilisée en vue
d'assurer la conservation d'une dépendance domaniale ? La question se pose
également sous une autre forme lorsque, sur une dépendance domaniale où
s'exerce la police de la conservation, les pouvoirs de police générale
appartiennent à une autorité distincte qui prétend les utiliser à des fins de
conservation.
La réponse donnée par la jurisprudence est assez nuancée. En principe, les
règlements de police générale ne peuvent être pris en vue d'assurer la
conservation du domaine : un tel but, à caractère financier ou patrimonial
entache l'acte de détournement de pouvoir . 955

Cependant, il n'en va ainsi que si le but patrimonial et financier est unique ou


en tout cas prédominant. Si le règlement poursuit par ailleurs un but relatif à
l'ordre public, la jurisprudence le considère comme valable . 956

La distinction des deux polices n'en perd pas pour autant son intérêt. Elle se
traduit notamment au plan des sanctions pénales. Mises à part les atteintes au
domaine public routier où les mêmes sanctions s'appliquent à la violation des
règlements de police de l'ordre public et des textes sur la conservation, pour
les autres dépendances, les sanctions sont distinctes. En ce qui concerne les
dépendances autres que celles du domaine routier, la police de la conservation
est sanctionnée par les contraventions de grande voirie, relevant du juge
administratif (v. ss 223) ; la police de l'ordre public donne lieu à des actions
pénales relevant du juge judiciaire.
SECTION 3. LA PROTECTION PÉNALE DU DOMAINE
PUBLIC : LE RÉGIME DES CONTRAVENTIONS DE VOIRIE

221 Généralités ◊ 1 L'origine de la répression pénale des atteintes au domaine


957 o

public réside dans des textes de l'Ancien Régime concernant les atteintes aux
voies de communication. Le contentieux en était dévolu aux Intendants. Sous la
Révolution, ce contentieux répressif fut attribué aux tribunaux judiciaires, mais
les résultats de ce transfert furent si désastreux pour le domaine que les lois du
28 Pluviôse an 8 et 29 Floréal an 10 donnèrent compétence aux Conseils de
préfecture pour connaître des contraventions de grande voirie.
La compétence du juge administratif s'étendait donc aux différentes
contraventions de grande voirie prévues par les textes, c'est-à-dire aux atteintes
à l'assiette des dépendances du domaine. Cependant, les atteintes mineures aux
voies publiques, dites contraventions de « petite voirie », relevaient du juge
répressif judiciaire qui connaissait également des infractions commises à
propos de la circulation sur les voies publiques.
La distinction, délicate à propos des voies terrestres, de la grande et petite
voirie a disparu depuis un décret-loi du 28 décembre 1926. Ce texte a confié
aux tribunaux judiciaires le contentieux des atteintes aux voies publiques.
Désormais, les contraventions de grande voirie relevant des juridictions
administratives ne concernent que les atteintes à l'assiette du domaine maritime
et fluvial, ainsi que certaines atteintes au domaine terrestre.
La compétence pour instituer une contravention de voirie appartient au
législateur dès lors que le montant de l'amende encourue dépasse le seuil prévu
pour les contraventions de police .958

2 L'administration est-elle obligée d'assurer la protection pénale du


o

domaine public ?
On admettait en général qu'elle avait à cet égard un pouvoir discrétionnaire.
Le Conseil d'État a modifié son point de vue en admettant au moins en principe
et sous réserve de motifs d'intérêt public, l'existence d'une obligation. Un arrêt
de 1979 a admis que les autorités chargées de la police et de la conservation
959

du domaine public maritime sont tenues par l'application des principes


régissant la domanialité publique de veiller à l'utilisation normale des rivages
de la mer et d'exercer à cet égard les pouvoirs qu'elles tiennent de la législation
en vigueur y compris celui de saisir le juge de contravention de grande voirie,
pour faire cesser les occupations sans titre et enlever les obstacles créés de
manière illicite qui s'opposent à l'exercice par le public de son droit à l'usage
du domaine public.
L'obligation trouve cependant sa limite dans d'éventuelles préoccupations
contraires d'intérêt général, par exemple, la volonté de favoriser l'exécution de
bonne foi d'un accord conclu avec le contrevenant, aux termes duquel celui-ci
s'engage à remettre en état la dépendance domaniale .960

§ 1. Les contraventions de voirie relevant de la juridiction


judiciaire

222 Compétence judiciaire ◊ La compétence répressive du juge judiciaire en


matière d'atteinte à l'assiette du domaine public s'exerce dans plusieurs cas. Le
juge judiciaire connaît des atteintes volontaires aux lignes de
télécommunication (décret-loi du 27 déc. 1851) ainsi que des atteintes aux
« biens destinés à l'utilité ou à la décoration publique et appartenant à une
personne publique ou chargée d'une mission de service public » (C. pén.,
art. 322-1 et 2) .
961

Le cas le plus important est celui des atteintes à l'intégrité des voies
publiques (routes, chemins et rues régulièrement classés comme voies
publiques : C. voirie rout., art. L. 116-1 s.). L'ordonnance et le décret du
27 décembre 1958 (v. aussi décr. 5 juin 1964) donnent une liste des infractions
qui comprend par exemple les dégradations, anticipations, violations de
certaines servitudes, etc. 962

Les sanctions prévues par les textes sont des amendes. Le juge judiciaire
peut ordonner l'arrêt immédiat des travaux de nature à porter atteinte à
l'intégrité des voies publiques (ord. 27 déc. 1958, art. 3). Il peut ordonner la
réparation du dommage causé au domaine et notamment l'enlèvement ou la
démolition des ouvrages établis irrégulièrement (ibid., art. 2) ainsi que des
963 964

dommages intérêts . Il peut encore ordonner l'expulsion de l'occupant.


965

Sous les réserves faites plus haut, en présence d'une contravention de voirie,
l'administration est tenue de saisir le juge judiciaire .
966

§ 2. Les contraventions de grande voirie relevant du juge


administratif 967

223 Généralités ◊ Comme il a été indiqué ci-dessus, des textes remontant au début
du XIX siècle, ont donné compétence au juge administratif (Conseil de
e

Préfecture et actuellement Tribunal administratif) pour connaître des


contraventions de grande voirie. Cette compétence, souvent discutée, s'explique
par le fait que ce régime répressif se rattache étroitement à la police et à la
conservation du domaine public.
Les contraventions de grande voirie, qui ne s'appliquent que dans les cas
prévus par les textes (loi ou décret selon le montant de l'amende encourue :
968

CGPPP, art. L. 2132-2), concernent les hypothèses suivantes :


1 Contraventions relatives au domaine fluvial (CGPPP, art. L. 2132-5 s.).
o

II s'agit notamment des infractions suivantes : dommages au domaine fluvial,


occupations sans titre, entraves à la circulation à la suite d'un accident, prises
d'eau non autorisées, etc. .969

2 Contraventions relatives au domaine maritime (CGPPP art. L. 2132-3


o

et 4). Elles consistent dans l'occupation irrégulière du domaine , l'extraction


970

de sable sans autorisation, les dommages causés par les navires dans les ports,
les infractions à la police des ports, etc. . Dans le cas des pollutions marines,
971

le régime des contraventions de voirie n'a qu'un impact limité, compte tenu de
l'existence de voies de droit spéciales, prévues par des conventions
internationales .
972

3 Contraventions relatives au domaine terrestre (CGPPP, art. L. 2132-


o

12 s.). Comme on l'a vu, les atteintes au domaine routier relèvent du juge
judiciaire. Le juge administratif demeure compétent pour les dommages causés
aux autres éléments du domaine terrestre. En particulier, il connaît des
contraventions relatives au domaine des chemins de fer : dégradations, chutes
d'arbres, travaux irréguliers , violation des servitudes, etc. En revanche,
973

depuis la loi du 26 juillet 1996 transformant France Télécom en société


anonyme, les équipements de télécommunication ne sont plus protégés par le
régime des contraventions de grande voirie . 974

224 Le régime des poursuites ◊ La procédure de répression des


975

contraventions de voirie est régie par les dispositions des articles 774-1 s. du
Code de justice administrative (auxquelles s'ajoutent les dispositions des
art. L. 2132-20 s. du CGPPP).
1 Les poursuites sont exercées contre la personne à qui est imputable le fait
o

constitutif de contravention, par exemple, celle pour le compte de laquelle ont


été effectués les travaux qui ont causé le dommage . Les poursuites peuvent
976

être exercées contre des personnes publiques sauf l'État, à qui le régime des
977

contraventions de voirie ne s'applique pas . 978

Si le dommage résulte d'une chose, la responsabilité incombe en principe au


propriétaire ou à celui qui détient la chose en vertu d'un contrat. Le Conseil
d'État décidait pour cette raison que le propriétaire d'une voiture volée était
responsable du dommage causé par la voiture, dès lors qu'il ne faisait pas la
preuve qu'il avait été dépossédé de la voiture dans des conditions assimilables
à un cas de force majeure . Cette jurisprudence – particulièrement rigoureuse
979
pour le propriétaire volé – a été abandonnée : le Conseil d'État considère
désormais que seule la personne sous la garde de laquelle se trouvait la chose
à l'origine du dommage peut être poursuivie .980

2 L'administration a l'obligation d'exercer les poursuites .


o 981

Son refus peut faire l'objet d'un recours en annulation . Son abstention et
982

son retard peuvent constituer une faute s'ils ne sont pas commandés par des
raisons d'intérêt général . 983

Les poursuites ont pour point de départ l'établissement d'un procès-verbal


par les personnes ayant qualité d'officier de police judiciaire ou par différentes
autorités (ingénieurs de l'Équipement, officiers des ports, etc.) . Ces procès-
984

verbaux font foi jusqu'à preuve contraire. Ils doivent cependant être
suffisamment précis . 985

Il appartient au préfet, ou au fonctionnaire ayant délégation de notifier le


procès-verbal au contrevenant et de le citer à comparaître devant le Tribunal
administratif . La procédure devant cette juridiction obéit dans l'ensemble aux
986

règles générales de procédure applicables aux juridictions administratives . 987

3 Les contraventions de grande voirie sont soumises à la prescription d'un


o

an prévue pour les contraventions par l'article 9 du Code de procédure pénale.


La prescription est interrompue par tout acte de poursuite ou d'instruction . 988

Seule, l'action pénale est éteinte par la prescription. Par application du


principe d'imprescriptibilité du domaine public, l'action en réparation du
préjudice causé au domaine est imprescriptible , qu'elle soit intentée à titre
989

principal ou à titre subsidiaire.

225 Les causes d'exonération ◊ 1 Il y a exonération en cas de force majeure.


o

Cependant, la juridiction administrative est assez restrictive dans l'application


de cette cause d'exonération. Une tempête n'est pas une cause d'exonération,
sauf si elle est d'une violence exceptionnelle ; de même, n'est pas un cas de
990

force majeure une panne immobilisant un camion sur un passage à niveau . 991

2 Une deuxième cause d'exonération réside dans la faute administrative


o

assimilable à un cas de force majeure. Elle n'est pas accueillie facilement non
plus . 992

La jurisprudence en a admis l'existence en cas de dommages causés à des


barrières de passage à niveau par des automobiles et alors que la barrière avait
été fermée de manière précipitée, ou était mal signalée la nuit ; d'indication
993

erronée figurant sur un panneau de signalisation ou encore en cas de


994

renseignements insuffisants donnés par les autorités d'un port au capitaine d'un
navire . 995

Une solution différente est retenue, par contre, lorsqu'un entrepreneur, au


cours de travaux, a endommagé des câbles téléphoniques par suite d'une erreur
d'un plan administratif sur la profondeur de ces câbles ou si les plans fournis
996

par l'administration manquent de précision . On relèvera toutefois que le


997

Conseil d'État a admis la force majeure pour la fourniture de plans dont


l'administration pouvait supposer qu'ils étaient erronés . 998

3 En revanche, ne sont pas considérés comme exonératoires, par exemple :


o

le fait que le dommage soit dû aux agissements d'un tiers resté inconnu , le fait 999

que l'acte délictueux ait donné lieu à une tolérance de l'administration , ou 1000

encore le fait que le contrevenant s'était conformé aux dispositions d'une


autorisation domaniale ou d'un permis de construire .
1001 1002

226 Les sanctions ◊ Les articles L. 2132-26 du CGPPP posent quelques


principes généraux en ce qui concerne les sanctions : notamment celui selon
lequel l'amende ne peut normalement pas excéder le montant prévu par
l'article 131-13-5 du Code pénal pour les contraventions de 5 classe. Le juge
o o

administratif, s'il n'a pas qualité pour apprécier les motifs pour lesquels
l'administration a exercé les poursuites , a qualité pour rechercher, même
1003

d'office, si certains faits relevés dans le procès-verbal ne constituent pas des


infractions autres que celles invoquées par l'administration . 1004

Il peut, d'autre part, en vue de prendre sa décision, apprécier le sens ou la


légalité de tous actes administratifs 1005
ou encore rechercher si la dépendance
en cause fait bien partie du domaine public . 1006

Si la culpabilité est établie, le juge peut d'abord infliger des amendes si tout
au moins celles-ci sont prévues par un texte . La circonstance que le fait
1007

délictueux ait déjà donné lieu à une amende de police ne fait pas obstacle à la
condamnation pour contravention de grande voirie . 1008

Le contrevenant est également condamné aux frais de réparation du préjudice


causé au domaine public, s'il y a un préjudice effectif . Si aucune amende 1009

n'est prévue par la loi, cette condamnation est seule prononcée. Le contrevenant
peut demander sa réduction si l'importance des frais demandés par
l'administration relève par son anormalité une faute de celle-ci . 1010

Le juge peut condamner le contrevenant à remettre lui-même le domaine en


état . Il peut également ordonner des mesures d'exécution d'office contre le
1011

contrevenant, telle que l'expulsion ou la démolition des ouvrages


irrégulièrement établis , au besoin sous astreinte .
1012 1013

On notera que depuis la loi du 8 février 1995, le jugement du Tribunal peut


être rendu par un juge unique.
TITRE 3
LE DROIT DU DOMAINE PRIVÉ

CHAPITRE 1 LA CONSISTANCE DU DOMAINE PRIVÉ


CHAPITRE 2 LE RÉGIME JURIDIQUE DU DOMAINE PRIVÉ

227 La conception traditionnelle du domaine privé ◊ Cette conception, qui


s'est imposée à l'époque où a été formulée la distinction du domaine public et
du domaine privé, peut se résumer en trois propositions.
1 Le domaine privé a une fonction patrimoniale, financière. Il est destiné
o

à procurer à l'administration des revenus ou des services et s'oppose par là au


domaine public affecté dans son ensemble à une destination d'intérêt général.
De ce fait, la gestion du domaine privé ne constitue pas un service public,
mais une « activité privée de l'administration ».
2 Le domaine privé est soumis à un régime juridique de droit privé.
o

L'administration le gère comme un propriétaire privé, dans les conditions du


droit privé.
Sans doute des règles exorbitantes se rencontrent-elles ici et là, mais elles ne
sont que des exceptions, qui ne modifient pas le principe.
3 Les litiges concernant le domaine privé relèvent de la compétence
o

judiciaire. Il en va ainsi aussi longtemps qu'un texte ne prévoit pas la


compétence de la juridiction administrative, ce qui se produit parfois.

228 La critique de la conception traditionnelle ◊ À l'époque


1014

contemporaine, la conception traditionnelle a fait l'objet de critiques, qui se


sont appuyées sur la considération de ce que la gestion de ce domaine est loin
de comporter uniquement une finalité patrimoniale et qu'elle poursuit dans une
large mesure. des objectifs d'intérêt général.
1 Le domaine privé peut d'abord être le siège d'activités administratives
o

d'intérêt général. Comme on le verra, des travaux publics peuvent s'exécuter


sur le domaine privé. D'autre part, celui-ci peut servir d'assiette à l'exécution
de services publics qui se confondent avec la gestion domaniale : il en va ainsi
par exemple des opérations de reboisement ou d'un lotissement effectué par
1015

une commune sur son domaine privé . 1016

2 Le domaine privé peut faire l'objet d'une affectation d'intérêt général.


o

Cette affectation se rencontre dans de nombreux biens utilisés par les services
publics : les immeubles affectés à un service public et ne comportant pas
d'aménagements spéciaux destinés à les approprier au service font partie du
domaine privé (v. ss 43 s.). Elle se rencontre même dans certains cas
d'ouvrages aménagés pour une affectation d'intérêt général, mais que la loi a
volontairement extrait du domaine public : cela vaut pour certains immeubles
de bureaux (v. ss 38). On trouve également des biens du domaine privé faisant
l'objet d'une affectation à l'usage du public : c'est le cas par exemple. des
chemins ruraux que l'ordonnance du 7 janvier 1959 classe dans le domaine
privé.
3 Enfin, même la gestion des biens du domaine privé non affectés à
o

l'usage du public ou à un service public est souvent dominée par des


considérations d'intérêt général. On sait, par exemple, que la gestion des
forêts domaniales est loin d'être commandée par des préoccupations strictement
financières, que la gestion du portefeuille de l'État est un des éléments de sa
politique financière, etc.
1017

À cela on peut ajouter que, même lorsque la gestion du domaine privé obéit
à des impératifs essentiellement financiers, cette fonction est uniquement
immédiate ; dans une perspective plus lointaine apparaissent nécessairement
des fins d'intérêt général. Les produits financiers du domaine privé tombent
dans les budgets publics et servent à alimenter les dépenses des services
d'intérêt général.
Le fait que la gestion du domaine privé relève de la compétence judiciaire et
qu'elle est soumise à un régime juridique de droit privé. ne démontre rien.
Outre que, comme on le verra (v. ss 236 s.) le régime du domaine privé est
largement assorti d'éléments de droit public, on peut observer qu'il existe des
services publics placés en principe sous un régime de droit privé et dont le
contentieux appartient au juge judiciaire : ce sont les services publics
industriels et commerciaux.
On peut défendre la thèse selon laquelle la gestion du domaine privé
constitue un service public de cet ordre.
CHAPITRE 1
LA CONSISTANCE DU DOMAINE PRIVÉ

Section 1. LA COMPOSITION DU DOMAINE PRIVÉ


Section 2. L'ENTRÉE DANS LE DOMAINE PRIVÉ
Section 3. LA DÉTERMINATION DE LA DOMANIALITÉ PRIVÉE

SECTION 1. LA COMPOSITION DU DOMAINE PRIVÉ 1018

229 Le problème du critère du domaine privé ◊ La définition du domaine


privé a presque toujours été donnée d'une manière négative, par prétérition : le
domaine privé peut difficilement être caractérisé autrement que comme
l'ensemble des biens publics qui ne font pas partie du domaine public.
Parfois cependant ont été proposés des critères comportant une définition
positive du domaine privé. On a voulu y voir par exemple les biens publics
susceptibles d'appropriation exclusive et pouvant être productifs de revenus . 1019

Cette conception ne saurait être acceptée car elle repose sur une opposition
dépassée du domaine public et du domaine privé : le domaine public, comme le
domaine privé, est, comme on l'a vu, lui aussi objet d'appropriation, et il est, ou
peut être, productif de revenus pour l'administration.
En définitive, il ne paraît pas possible de dégager un critère positif du
domaine privé. Hormis les cas où la qualification est donnée par un texte , le1020

domaine privé ne peut se caractériser que par opposition au domaine public.


C'est d'ailleurs de cette façon-là que l'aborde essentiellement le CGPPP,
dont l'article L. 2211-1 dispose « Font partie du domaine privé les biens des
personnes publiques… qui ne relèvent pas du domaine public par application
des dispositions du titre I du livre I .
er er

Il en va notamment ainsi des réserves foncières et des biens immobiliers à


usage de bureaux, à l'exclusion de ceux formant un ensemble indivisible avec
des biens immobiliers appartenant au domaine public ».
L'article L. 2211-2 ajoute : « Font également partie du domaine privé :
1.º Les chemins ruraux ; 2.º Les bois et forêts des personnes publiques
relevant du régime forestier » 1021
.

230 Les biens faisant partie du domaine privé : le domaine privé


immobilier ◊ Le domaine privé comprend des biens de nature très diverse et
qui peuvent être classés de différentes manières. On peut notamment distinguer
un domaine privé immobilier et un domaine privé mobilier.
À l'intérieur du domaine privé immobilier , figurent notamment les
1022

immeubles de bureaux de l'État– sous la réserve de l'appartenance à un


« ensemble indivisible », rappelée par l'article L. 2211-1 (v. ss 48), les
bâtiments affectés à un service public mais qui ne remplissent pas les
conditions d'aménagement nécessaires pour faire partie du domaine public.
Le domaine privé comprend de manière beaucoup plus exceptionnelle des
biens affectés à l'usage du public. Le cas le plus important est celui des
« communaux » , biens appartenant aux communes et qui sont affectés à la
1023

jouissance des habitants (v. ss 244).


Enfin, le domaine privé immobilier comprend des biens variés qui ne sont
affectés ni à un service public ni au public : lits délaissés des cours d'eau du
domaine public, îles, îlots, atterrissements des mêmes cours d'eau, parties
délaissées de la voirie routière, biens ruraux, exploitations industrielles ou
commerciales (sources d'eau minérale, manufactures nationales, certaines
entreprises nationalisées), réserves foncières, immeubles ou appartements
loués à des particuliers , voies affectées à l'usage exclusif d'un chantier ,
1024 1025

presbytères appartenant à une commune … 1026

231 Le domaine privé mobilier ◊ Le domaine privé mobilier comprend


d'abord des meubles corporels, comme par exemple les biens faisant partie du
mobilier national , des navires, le matériel de l'armée, etc. Il comprend
1027

encore des droits incorporels comme les droits de chasse et de pêche dans les
forêts domaniales ou les brevets d'invention et marques appartenant aux
personnes publiques. En font partie également les meubles incorporels
appartenant aux personnes publiques, c'est-à-dire notamment les actions et
obligations dont elles sont propriétaires .1028

Par contre, on considère en général que les espèces monétaires matérielles


ou scripturales appartenant aux personnes publiques ne rentrent pas dans le
domaine privé (pas plus que dans le domaine public) et se rattachent à une
catégorie spéciale .1029

SECTION 2. L'ENTRÉE DANS LE DOMAINE PRIVÉ


232 Biens sortis du domaine public ◊ L'incorporation au domaine privé peut
résulter d'abord de la désaffectation ou déclassement d'un bien du domaine
public : ce bien, s'il demeure la propriété d'une personne publique, fait partie
de son domaine privé (v. ss 99).

233 Biens acquis ou réalisés par les personnes publiques ◊ Le domaine


privé est ensuite constitué de biens que les personnes publiques acquièrent par
les procédés très variés qui ont été étudiés plus avant, ou qu'elles réalisent ou
font réaliser pour leur compte (v. ss 18).
Ces biens, tant qu'ils n'ont pas reçu une affectation susceptible de les faire
entrer dans le domaine public (ce qui peut le cas échéant se produire
immédiatement, dès leur entrée dans le patrimoine de la collectivité),
appartiennent au domaine privé.

SECTION 3. LA DÉTERMINATION DE LA DOMANIALITÉ


PRIVÉE

234 La délimitation du domaine privé ◊ On a vu que la délimitation du


domaine public, bien qu'elle s'opère dans des formes variables selon les
dépendances domaniales, est en général soumise à un régime exorbitant du
droit commun. La procédure de bornage utilisée en droit civil, est, sauf
exception, exclue (v. ss 104).
La règle est inverse pour le domaine privé. Le bornage constitue le
principe 1030
et l'administration ne peut utiliser une procédure exorbitante du
droit commun comme l'alignement . 1031

Il peut arriver cependant qu'un texte établisse pour une dépendance du


domaine privé un mode de délimitation exorbitant du droit commun : il en va
ainsi en matière forestière (C. for., art. 9 à 12 : le contentieux de la délimitation
est cependant judiciaire).

235 Les litiges concernant la domanialité privée du bien ◊ La


1032

juridiction administrative est seule compétente sur la question de savoir si un


bien fait partie du domaine public ou du domaine privé (v. ss 102 s.).
Au contraire, si le litige porte sur l'appartenance d'un bien au domaine privé
de l'une ou l'autre de deux personnes publiques ou si un particulier se
1033

prétend propriétaire d'un bien que l'administration considère comme faisant


partie de son domaine privé , la compétence est exclusivement judiciaire.
1034
CHAPITRE 2
LE RÉGIME JURIDIQUE DU DOMAINE PRIVÉ

Section 1. LA GESTION DU DOMAINE PRIVÉ


§ 1. Les autorités gestionnaires
§ 2. Le régime juridique de la gestion du domaine privé : généralités
§ 3. La responsabilité de l'administration du fait de la gestion
du domaine privé
Section 2. L'UTILISATION DU DOMAINE PRIVÉ
Section 3. L'ALIÉNATION DES DÉPENDANCES DU DOMAINE PRIVÉ

SECTION 1. LA GESTION DU DOMAINE PRIVÉ

236 Généralités ◊ 1° Les controverses concernant le droit de propriété des


personnes publiques à propos du domaine public (v. ss 22, 40) ne se sont pas
rencontrées à propos du domaine privé. Il a toujours été admis sans réserve que
toutes les personnes publiques, y compris les établissements publics, étaient ou
pouvaient être propriétaires d'un domaine privé.
Il existe donc un domaine privé de l'État , des régions, des
1035

départements , des communes et des établissements publics.


1036

Il peut y avoir entre les personnes publiques des transferts de propriété


portant sur des biens du domaine privé. Ces transferts peuvent se réaliser par
voie de contrats de vente ou d'échange : il peut y avoir également des transferts
à titre gratuit ou des expropriations.
1037

2° Les personnes publiques appliquent en général assez naturellement au


domaine privé les préoccupations de valorisation économique que nous avons
évoquées ci-avant au sujet de la gestion du domaine public (v. ss 129) .1038

À cet égard, un cas particulier est constitué par la gestion que fait l'État du
portefeuille très important d'actions qu'il détient dans diverses sociétés. L'État
actionnaire détient actuellement plus de 60 milliards d'euros de participations :
84,5 % d'EDF, 32,8 % d'Engie, 50,6 % d'ADP, etc… Ces valeurs sont
1039
gérées par l'Agence des Participations de l'État. Elles sont parfois assorties
d'un vote double . Des cessions interviennent régulièrement : par exemple,
1040

3,96 % du capital de Safran en 2015, l'aéroport de Toulouse-Blagnac en 2015


également.

§ 1. Les autorités gestionnaires

237 Les institutions de gestion du domaine privé de l'État ◊ 1 Au sein de o

l'administration d'État, l'administration principalement responsable du domaine


privé est France Domaine, déjà évoqué propos du domaine public (v. ss 125).
Ce service intervient d'abord dans les acquisitions d'immeubles. Il est
également chargé de passer les actes d'achat et les baux . Il gère les biens non
1041

affectés à des services publics (par ex. successions vacantes, séquestres) à


l'exception des forêts.
Il est aujourd'hui rattaché à la direction générale de la comptabilité publique,
et localement dirigé par le trésorier-payeur général.
2 Jusqu'en 1986, des Commissions de contrôle des opérations immobilières
o

(dites, depuis 1969, Commission des opérations immobilières et de


l'architecture), créées par un décret du 28 août 1959, exerçaient un contrôle sur
les acquisitions, amiables ou par expropriation et les baux de l'État, des
collectivités locales et établissements publics ou certains organismes privés.
Elles ont été supprimées par décret du 14 mars 1986.
3 D'autres organismes interviennent dans la gestion de secteurs particuliers
o

du domaine privé de l'État. C'est le cas par exemple de l'Office national des
forêts qui gère les forêts de l'État et des collectivités locales .
1042

238 Les organes de gestion du domaine privé des collectivités


locales ◊ Les domaines privés des collectivités locales sont gérés par les
autorités de ces collectivités. Les assemblées administratives (Conseils
régional, général et municipal) prennent les décisions les plus importantes
(acquisitions, aliénations, acceptation des libéralités, fixation des modes de
gestion) . Les autorités exécutives (président des Conseils régionaux et
1043

généraux, maires) sont chargées de l'exécution de ces décisions et de la gestion


courante.
Certaines décisions, et notamment les acquisitions et aliénations, doivent
être soumises aux services de l'État qui donnent un avis sur le prix.

§ 2. Le régime juridique de la gestion du domaine privé :


généralités

239 L'application du droit commun ◊ À bien des égards, l'administration,


dans la gestion de son domaine privé est placée dans la situation d'un
propriétaire ordinaire. La collectivité publique, propriétaire d'un bien
domanial, dispose, quant à la gestion de ce bien, des droits reconnus en droit
privé au propriétaire : elle peut en user directement, ou en conférer l'usage à un
tiers, elle peut en recueillir les profits, etc.
Inversement, les biens du domaine privé sont soumis à certaines des charges
qui pèsent sur la propriété immobilière privée. Les servitudes légales établies
par le Code civil, comme les servitudes de mitoyenneté ou de vue leur sont
1044

applicables. Il en va de même de certaines servitudes administratives comme


par exemple celles relatives au passage des conducteurs électriques . Les 1045

dépendances du domaine privé ne sont pas à l'abri d'une expropriation . 1046

Les litiges concernant la gestion du domaine privé relèvent en principe de la


juridiction judiciaire .
1047

Les principes d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité ne s'appliquent pas au


domaine privé , sauf lorsque la loi le prévoit, ce qu'elle a fait par exemple
1048

pour les biens du Conservatoire de l'espace littoral .


1049

240 L'application de règles exorbitantes du droit commun ◊ Les biens du


domaine privé ne sont pourtant pas soumis sur tous les points au même régime
que les biens privés . Ils sont fréquemment soumis à des règles exorbitantes
1050

du droit commun, se traduisant aussi bien par des privilèges que par des
sujétions exceptionnelles.
1 Dans la gestion du domaine privé, s'appliquent un certain nombre de
o

privilèges administratifs courants.


Ces privilèges concernent notamment les dettes et créances administratives.
Les dettes liées au domaine privé sont soumises comme les autres aux règles de
la prescription quadriennale . Pour le recouvrement des créances tenant au
1051

domaine privé, l'administration peut recourir aux procédés propres au droit


public, notamment aux états exécutoires . 1052

Les biens du domaine privé bénéficient, dans de nombreux cas, d'un régime
fiscal dérogatoire, au droit commun .1053

L'administration peut utiliser à propos du domaine privé son pouvoir


réglementaire. Sans doute, les autorités de police ne peuvent-elles prendre des
règlements de police pour protéger le domaine privé ou en déterminer
l'utilisation. : de tels règlements seraient annulés par le juge administratif et1054

le juge répressif leur refuserait la sanction pénale. Cependant, l'administration


peut prendre des règlements administratifs non assortis de sanctions pénales et
soumis aux règles générales des actes administratifs .
1055

2 La gestion du domaine privé comporte également des sujétions inconnues


o

en droit commun.
C'est ainsi par exemple que l'administration, du moins selon l'opinion
dominante, ne peut pas hypothéquer le domaine privé. C'est ainsi encore que
les produits financiers du domaine privé sont considérés comme des deniers
publics et soumis, comme tels, au régime particulier de ces biens .
1056

§ 3. La responsabilité de l'administration du fait


de la gestion du domaine privé

241 L'application du droit privé et de la compétence judiciaire ◊ Les


1057

dommages qui ont leur origine dans le domaine privé échappent en principe au
régime particulier de la responsabilité de la puissance publique et relèvent de
la juridiction judiciaire. Il en va ainsi, notamment, des dommages résultant
d'actes de gestion domaniale, des dommages causés par des immeubles
domaniaux ou des animaux , des accidents subis sur un terrain domanial ,
1058 1059 1060

ou du dommage résultant du défaut d'entretien d'un chemin rural .


1061

242 L'application du droit public et de la compétence


administrative ◊ Le principe qui vient d'être indiqué n'est pas sans comporter
un certain nombre de limites.
Il en va ainsi dans le cas où des immeubles domaniaux font l'objet d'une
affectation d'intérêt général. Dans cette hypothèse les travaux d'entretien
constituent des travaux publics, et la responsabilité pour les dommages qu'ils
peuvent causer relève du juge administratif .
1062

La compétence du juge administratif s'étend encore au dommage résultant de


l'exécution d'un service public (non industriel ou commercial) sur le domaine
privé .1063

SECTION 2. L'UTILISATION DU DOMAINE PRIVÉ

243 Généralités ◊ Le CGPPP pose un certain nombre de règles concernant


l'utilisation du domaine privé dans ses articles L. 2221-1 s.
L'article L. 2221-1 pose en principe que les personnes publiques « gèrent
librement leur domaine privé selon les règles qui leur sont applicables ».
244 Les utilisations collectives. L'utilisation des biens
« communaux » ◊ À la différence du domaine public, le domaine privé
1064

fait rarement l'objet d'une utilisation collective : il existe cependant un cas


notable avec l'utilisation des « communaux ».
On appelle « communaux » des biens appartenant aux communes et affectés,
en vertu d'anciennes traditions, à la jouissance des habitants. Il s'agit surtout de
forêts, marais, pâturages, landes, etc.
Le mode de jouissance est fixé par le Conseil municipal. Il peut y avoir
jouissance commune (notamment pour les pâturages) ou jouissance individuelle
(partage de lots ou encore partage de fruits). Les conditions de jouissance
varient selon la nature de l'usage (v. par ex. pour l'affouage, c'est-à-dire le droit
de recevoir du bois d'une forêt communale ; C. for., art. 106) . 1065

Les communaux ne peuvent faire l'objet d'un partage à titre gratuit entre les
habitants de la commune. Par contre, le partage à titre onéreux peut être décidé
par le Conseil municipal . Par ailleurs, une loi du 3 janvier 1967 a prévu une
1066

procédure permettant la suppression, moyennant indemnité, de leur régime


particulier pour certains « communaux ».
Le contentieux de l'utilisation et du partage des biens communaux appartient
à la juridiction administrative (L. 10 juin 1793).

245 Les utilisations privatives. Les utilisations fondées sur un acte


administratif unilatéral ◊ Certaines utilisations privatives par des
particuliers ont leur source dans un acte unilatéral.
Quelle que soit la forme donnée à ces autorisations ou permissions, la
jurisprudence considère qu'elles donnent naissance à des situations de droit
privé relevant du juge judiciaire . Celui-ci connaît également des litiges nés
1067

du refus de l'administration d'accorder de telles autorisations .1068

246 Les utilisations privatives. Les utilisations fondées sur un


contrat ◊ 1 Dans la plupart des cas, les utilisations ont leur base dans un
1069 o

contrat. Les contrats, en général de louages d'immeubles sont soumis, avec


quelques exceptions, aux règles du droit commun des baux. C'est ainsi que sont
applicables la législation des baux commerciaux (décr. 30 sept. 1953, art. 2 et
17) comme celle des baux ruraux (loi du 5 avril 1960, C. rur., art. 861) . 1070

Il existe cependant une réglementation administrative concernant certains de


ces contrats : la plupart de ces règles sont aujourd'hui portées par les articles
L. 2222-1 s. du CGPPP.
Il n'y a pas d'obligation générale de soumettre les contrats d'occupation du
domaine privé à une mise en concurrence . Mais il faut prendre garde au fait
1071

que certains de ces contrats, comme ceux qui concernent l'occupation du


domaine public peuvent se trouver avoir, en même temps, le caractère d'un
marché public ou d'une délégation de service public. Dans cette hypothèse, leur
passation doit respecter les procédures applicables aux marchés ou aux
délégations de service public . 1072

2 Le contentieux des contrats concernant l'utilisation du domaine privé


o

appartient normalement à la juridiction judiciaire . Ce principe comporte


1073

cependant des exceptions. La loi du 5 janvier 1988 (art. 13-111-4 ) prévoit la


o

compétence du juge administratif pour connaître du contentieux des baux


emphytéotiques que les collectivités locales peuvent conclure sur leur domaine
privé (v. ss 169).
D'autre part, la juridiction administrative serait compétente si le contrat
comportait des clauses exorbitantes du droit commun . Elle est également
1074

compétente à propos de certaines formes d'occupation, telles les concessions


dans les territoires d'outre-mer ou les contrats de location du domaine privé
1075

comportant un lien avec un travail public, tels les baux de sources minérales et
établissements thermaux ou les concessions de casinos .
1076 1077

Enfin, le juge administratif peut connaître des recours contre les actes
administratifs détachables des opérations contractuelles : cela concerne
notamment la décision de conclure le contrat , mais cela ne se résume pas à
1078

cette hypothèse . 1079

247 Les utilisations par des agents de l'administration : les logements


de fonction ◊ Les logements de fonction des agents publics n'appartiennent
1080

au domaine public que lorsqu'ils sont situés dans un immeuble appartenant au


domaine public ; dans les autres cas, ils relèvent du domaine privé.
1081

Le logement accordé à un agent public en service dans un immeuble


domanial donne lieu à une concession de logement. La concession peut être
gratuite (concession « pour nécessité absolue du service ») ou payante
(concession « utile pour le service »), Elle est soumise à un régime exorbitant
du droit commun comportant notamment l'exclusion de la législation des loyers
et la possibilité pour l'administration de mettre fin à tout instant à la
concession . Le juge administratif est compétent pour connaître du
1082

contentieux de ces concessions.


L'attribution de logements de fonction par les collectivités territoriales est
régie par les dispositions de l'article 21 de la loi n 90-1067 du 28 novembre
o

1990 (cela est rappelé par l'art. L. 2124-32 du CGPPP).


Un cas particulier est celui des instituteurs à qui la commune doit assurer un
logement « convenable » ou, à défaut, verser une indemnité . Le contentieux
1083

de l'attribution de ce logement et de cette indemnité relève du juge


administratif, il en va de même de la demande d'expulsion de l'occupant. Le
juge administratif connaît également des litiges entre l'administration et
l'instituteur au sujet de l'occupation (par ex. : des dégradations) . 1084

SECTION 3. L'ALIÉNATION DES DÉPENDANCES DU


DOMAINE PRIVÉ 1085

248 Généralités ◊ Les règles d'inaliénabilité et d'imprescriptibilité qui


s'appliquent, comme on l'a vu, au domaine public (v. ss 208 s.), ne sont pas
applicables au domaine privé. Les dépendances du domaine privé sont,
conformément au droit commun aliénables et prescriptibles. Elles peuvent faire
l'objet d'une expropriation 1086

Cependant, ce principe est assorti de certaines exceptions.


1 Il arrive que des textes édictent l'inaliénabilité ou l'imprescriptibilité à
o

propos de certains biens relevant du domaine privé.


C'est ainsi que les forêts publiques ne peuvent être en principe aliénées que
moyennant une autorisation législative (CGPPP, art. L. 3211-5).
C'est ainsi également que l'imprescriptibilité s'applique aux immeubles
nationaux classés monuments historiques (loi 31 déc. 1913, art. 12).
2 Il existe pour les biens du domaine privé certaines formes d'aliénation
o

interdites.
C'est ainsi, notamment que ces biens ne peuvent pas être aliénés à titre
gratuit, sauf dans certaines hypothèses particulières, prévues par l'article
L. 3212-2 du CGPPP.
Dans le même ordre d'idées, le principe selon lequel une collectivité
publique ne peut pas céder un élément de son patrimoine à un prix inférieur à sa
valeur (v. ss 24) limite la possibilité, pour les personnes publiques, de
consentir des ventes à titre symbolique. Comme on l'a vu, le Conseil d'État
n'admet la licéité de telles aliénations que lorsque la cession « est justifiée par
des motifs d'intérêt général et comporte des contreparties suffisantes » . 1087

Par ailleurs, les biens du domaine privé ne peuvent – en dehors de


l'hypothèse de leur expropriation – faire l'objet d'une aliénation forcée. Ainsi
que cela a été précisé (v. ss 23), ils sont insaisissables, comme tous les biens
publics.

249 Le régime juridique des aliénations 1088


◊ 1° Aucun principe général
n'impose que la vente de biens du domaine privé soit effectuée selon une
procédure comportant publicité et mise en concurrence . 1089

Cependant, une procédure de ce type doit être suivie lorsque le contrat ne


consiste pas seulement dans la vente d'un immeuble, mais confie aussi à
l'acquéreur la réalisation de travaux répondant aux besoins de la collectivité . 1090

2° La vente des immeubles domaniaux de l'État non affectés ou devenus


inutiles aux services affectataires est effectuée par l'administration des
domaines.
Les règles applicables à ces ventes sont notamment précisées aux articles
L. 3211-1 s. du CGPPP.
Il existe des règles particulières concernant la vente de certains biens comme
les forêts (exigence en principe d'une loi, comme cela a été mentionné).
L'action en rescision pour lésion (C. civ., art. 1674) est applicable à une
vente d'immeuble de l'État . 1091

3 Les ventes d'immeubles des collectivités locales


o
sont décidées par
1092

l'autorité délibérante (Conseil régional, général ou municipal) et réalisées par


l'autorité exécutive (président du Conseil régional ou général, maire) . Du 1093

moins en va-t-il ainsi normalement : la jurisprudence a admis cependant que le


préfet pouvait, au titre de ses pouvoirs de contrôle des collectivités
territoriales, procéder à la vente forcée de biens d'une collectivité qui refuse
de s'acquitter de certaines de ses dettes . 1094

Si la collectivité donne un mandat de vente à un professionnel, le contrat


qu'elle passe avec lui constitue un marché public . 1095

Les maires adjoints (C. pén., art. 412) et conseillers ne peuvent acheter des
biens communaux . 1096

L'aliénation des chemins ruraux obéit à des règles particulières . Ces voies 1097

ne peuvent pas être aliénées lorsqu'elles sont affectées à l'usage du public : et


cette affectation est présumée, « notamment par l'utilisation du chemin rural
comme voie de passage ou par des actes réitérés de surveillance ou de voirie
de l'autorité municipale » . Les riverains disposent d'un droit de
1098

préemption . Enfin, les chemins ruraux ne peuvent donner lieu à un


1099

échange .
1100

4 Le contentieux des aliénations du domaine privé appartient en principe à


o

la juridiction judiciaire . 1101

La jurisprudence réserve cependant le cas où la présence de clauses


exorbitantes du droit commun mettrait en présence d'un contrat administratif . 1102

En outre, en vertu de l'article 4 de la loi du 28 Pluviôse an VIII, le


contentieux de la vente des immeubles appartenant à l'État relève des tribunaux
administratifs . 1103

Enfin, conformément à une solution générale, le juge administratif peut


connaître des recours contre les actes administratifs détachables des contrats
domaniaux .1104
DEUXIÈME PARTIE
LES TRAVAUX ET OUVRAGES
PUBLICS

TITRE 1 LES NOTIONS DE TRAVAUX ET D'OUVRAGES PUBLICS

TITRE 2 LA RÉALISATION DES TRAVAUX ET OUVRAGES PUBLICS

TITRE 3 LES ADMINISTRÉS ET LES TRAVAUX ET OUVRAGES


PUBLICS

250 Bibliographie générale ◊


• Manuels ou traités de droit administratif :
S. BOUSSARD et C. LE BERRE, Droit administratif des biens, LGDJ, 2014
R. CHAPUS, Droit administratif général, Tome 2, Montchrestien, 15e éd., 2001
N. FOULQUIER, Droit administratif des biens, LexisNexis, 3e éd., 2015
Y. GAUDEMET, Traité de droit administratif – Droit administratif des biens, Tome 2, LGDJ, 15e éd.,
2014
P. GODFRIN et M. DEGOFFE, Droit administratif des biens, Sirey, 11e éd., 2015
C. GUETTIER, Droit administratif des biens, PUF, 2008
C. LAVIALLE, Droit administratif des biens, PUF, 1996
J. MORAND-DEVILLER, Droit administratif des biens, Montrchrestien, 8e éd., 2014

251 Généralités ◊ Les travaux par lesquels l'administration construit ou entretient


ses biens peuvent être de deux types : ou bien il s'agit de travaux publics, ou
bien il s'agit de travaux privés, analogues à ceux qu'un propriétaire quelconque
peut effectuer sur ses biens. Cette distinction entre les travaux publics et les
travaux privés de l'administration s'explique de la façon suivante. Les travaux
publics sont des travaux présentant un caractère accentué d'intérêt public. En
conséquence, dans leur exécution, l'administration dispose de divers privilèges
tandis que les particuliers peuvent être soumis de leur fait à des obligations
spécifiques. Un tel régime particulier, exorbitant du droit commun, ne se
justifierait pas pour tous les travaux administratifs dont certains n'ont qu'un
caractère d'intérêt général limité. C'est pourquoi ce régime particulier ne
s'applique qu'à ceux de ces travaux qui vont être qualifiés de travaux publics.
Les travaux ainsi qualifiés de travaux publics présentent plusieurs
caractéristiques générales.
En premier lieu, ils ont donné naissance à l'une des premières théories du
droit administratif. Alors que, au XIX siècle, ce dernier commençait tout juste à
e

sortir des limbes, on peut dire que la théorie des travaux publics était déjà
passablement élaborée. Dès le début du siècle, l'article 4 de la loi du
28 pluviôse an VIII (17 février 1800) a été un facteur déterminant dans sa
construction dans la mesure où, interprété extensivement par la jurisprudence,
il n'a pas tardé à être considéré comme confiant à la juridiction administrative
l'ensemble du contentieux des travaux publics. Par la suite, notamment dans la
seconde moitié du siècle lorsque l'État s'est lancé dans la politique de grands
travaux que l'on connaît, le juge administratif a dû préciser dans le détail le
régime juridique applicable aux travaux publics. En d'autres termes, au sein
d'un droit administratif en cours d'élaboration, le droit des travaux publics a
longtemps fait figure de l'une des théories les plus achevées.
En second lieu, parce qu'un juge particulier s'est spécialisé dans son
application et parce qu'il a dû découvrir les règles spécifiques les mieux à
même de concilier la satisfaction de l'intérêt général et la garantie des droits
des administrés, cette théorie des travaux publics se caractérise par un
incontestable particularisme, particularisme certes par rapport aux travaux
privés mais particularisme également au sein même du droit administratif
(même s'il s'est partiellement atténué au cours du temps). Ainsi, pour ne
prendre qu'un seul exemple, alors que régnait encore en maître le principe de
l'irresponsabilité de la puissance publique, les dommages causés par les
travaux publics donnaient lieu par exception à réparation (première originalité)
et le régime de leur réparation faisait déjà une place non négligeable à la
responsabilité sans faute (seconde originalité).
En troisième lieu, importants sur le plan juridique compte tenu notamment de
ce particularisme, les travaux publics sont également importants sur le plan
pratique à raison du poids considérable qui est le leur au sein de la dépense
publique. Chaque année, plusieurs dizaines de milliards d'euros sont en effet
dépensées par l'État, les collectivités territoriales et leurs établissements
publics pour financer les travaux publics nécessaires à un meilleur
accomplissement de leurs missions (et à la stimulation de la croissance
économique et du marché de l'emploi puisque, comme l'a démontré il y a déjà
longtemps l'économiste britannique Keynes, une politique de « grands travaux »
est censée avoir des effets positifs sur la croissance et sur l'emploi).
Après avoir précisé dans un titre 1 la notion de travail public de même que
la notion connexe d'ouvrage public, on décrira la manière dont les travaux
publics et ouvrages publics sont réalisés (titre 2) avant d'évoquer les relations
qui s'établissent entre eux et les administrés (titre 3).
TITRE 1
LES NOTIONS DE TRAVAUX ET
D'OUVRAGES PUBLICS

CHAPITRE 1 LA NOTION DE TRAVAIL PUBLIC


CHAPITRE 2 LA NOTION D'OUVRAGE PUBLIC
CHAPITRE 3 LES IMPLICATIONS DE LA NOTION DE TRAVAIL
OU D'OUVRAGE PUBLIC

252 Travaux publics et ouvrages publics ◊ Dans le langage courant, le terme


travail désigne à la fois un ouvrage à faire et un ouvrage fait. Il en va souvent
de même en matière de travail public. Entendu dans un sens large, le terme
travail public est alors utilisé pour désigner à la fois l'opération de
construction, d'entretien ou d'aménagement d'un ouvrage public (sens actif)
mais aussi l'ouvrage lui-même (sens passif). Ainsi, on qualifiera de travail
public, non seulement l'opération de construction d'un pont, c'est-à-dire un
travail public stricto sensu, mais aussi le pont lui-même qui constitue en réalité
un ouvrage public.
Une telle assimilation est contestable. En effet, si les notions de travail
public au sens strict et d'ouvrage public comportent de nombreux points
communs, il n'y a pas pour autant entre elles une coïncidence totale.
Dans ces conditions, il est préférable d'étudier séparément la notion de
travail public stricto sensu (chapitre 1) et la notion d'ouvrage public
(chapitre 2) avant d'en indiquer les principales implications (chapitre 3).
CHAPITRE 1
LA NOTION DE TRAVAIL PUBLIC 1105

Section 1. L'ÉLÉMENT COMMUN AUX DEUX DÉFINITIONS :


L'EXIGENCE D'UN TRAVAIL IMMOBILIER
§ 1. Travail
§ 2. Travail immobilier
Section 2. LA DÉFINITION TRADITIONNELLE DU TRAVAIL PUBLIC
§ 1. Travail exécuté pour le compte d'une personne publique
A. Notion de personne publique
B. Sens de l'expression « pour le compte de »
§ 2. Travail exécuté dans un but d'intérêt général
A. Intérêt général et service public
B. Intérêt général et domaine public
§ 3. Travail exécuté par une personne publique ou privée
Section 3. LA DÉFINITION NOUVELLE DU TRAVAIL PUBLIC
§ 1. Travail exécuté pour le compte d'une personne privée
§ 2. Travail exécuté dans le cadre d'une mission de service public
§ 3. Travail exécuté par une personne publique

253 Caractère jurisprudentiel de la notion de travail public ◊ On


chercherait en vain dans les textes une définition du travail public.
Certes, il est arrivé que des lois particulières qualifient certains travaux de
travaux publics (par exemple, loi du 4 avril 1882 pour les travaux de
reboisement en montagne ; loi du 16 avril 1948 pour les travaux de
reconstruction des associations syndicales de reconstruction ; loi du 7 août
1949 pour certains travaux de construction et d'exploitation de pipeline ; loi
1106

du 29 juin 1965 pour les travaux concernant les canalisations de transport de


produits chimiques ; loi du 16 juin 1966 pour les travaux de déminage de
l'État). Ces qualifications s'imposent au juge mais elles ne constituent pas
l'équivalent d'une définition générale.
Par ailleurs, l'article 4 de la loi du 28 pluviôse an VIII déjà évoqué se
bornait à attribuer le contentieux des travaux publics au juge administratif sans
définir la notion.
C'est donc au juge que ce soin est revenu.

254 Définition traditionnelle et définition nouvelle du travail


public ◊ Le juge a défini la notion de travail public par deux grands arrêts.
Traditionnellement , un travail public était un travail immobilier exécuté
1107

pour le compte d'une personne publique dans un but d'intérêt général par une
personne publique ou privée.
Par la suite, le Tribunal des conflits a admis que puisse être également un
1108

travail public un travail immobilier exécuté pour le compte d'une personne


privée dans le cadre d'une mission de service public par une personne
publique.
Il y a donc deux définitions du travail public, une définition traditionnelle et
une définition nouvelle qui s'ajoute à la première. On commentera
successivement les éléments composants de ces deux définitions en
commençant par celui qui leur est commun, à savoir l'exigence d'un travail
immobilier. Mais, auparavant, il convient de souligner que ces éléments
suffisent à la reconnaissance de la qualité de travail public, aucun autre élément
n'étant exigé.

255 Éléments indifférents ◊ Bien qu'un travail public soit un travail effectué
soit dans un but d'intérêt général (définition traditionnelle) soit dans le cadre
d'une mission de service public (définition nouvelle) et que l'édiction d'une
déclaration d'utilité publique ait pour fonction de constater justement
l'existence d'un intérêt général, il n'est pas nécessaire que le travail soit
précédé d'une DUP. Ainsi, un travail ayant donné lieu à une telle déclaration
n'est pas forcément de ce fait un travail public . Réciproquement, un travail
1109

non précédé d'une DUP peut être un travail public . 1110

De la même manière, la qualification de travail public est indépendante de la


régularité de l'opération. Souvent, l'exécution d'un travail public est
subordonnée au respect de procédures légales ou réglementaires mais le non-
respect de ces procédures ne fait pas perdre au travail sa qualité de travail
public. Ainsi, le travail exécuté sans avoir été précédé d'aucune procédure
administrative demeure un travail public . Il en va de même si l'autorisation
1111

requise n'est accordée qu'après l'accomplissement du travail . 1112


SECTION 1. L'ÉLÉMENT COMMUN AUX DEUX
DÉFINITIONS : L'EXIGENCE D'UN TRAVAIL IMMOBILIER

256 Que l'on soit dans le cadre de la notion traditionnelle ou de la notion nouvelle
du travail public, il faut, pour que la qualité de travail public soit reconnue, que
l'on ait affaire à un travail immobilier.

§ 1. Travail

257 Il n'y a travail public que si l'on a affaire à un travail, c'est-à-dire à une
opération matérielle. Il en résulte qu'une opération purement juridique, même si
elle est le préalable d'une opération matérielle, ne peut être qualifiée en elle-
même de travail public . 1113

Peuvent en revanche donner naissance à des travaux publics, non seulement


les travaux de construction d'un immeuble, mais également les travaux
suivants :
– travaux préliminaires à la construction comme par exemple des travaux de
démolition d'un bâtiment préexistant , de déblaiement et de nivellement ,
1114 1115

d'épandage de ses décombres ou encore de terrassement ;


1116

– travaux d'aménagement d'un immeuble déjà existant comme par exemple


l'installation d'un chauffage central ou la pose de stores sur des fenêtres ;
– travaux d'entretien d'un immeuble déjà existant comme par exemple des
travaux de peinture ou d'étanchéité. Il faut toutefois noter que ces travaux
d'entretien peuvent ne pas être considérés comme des travaux publics s'il s'agit
simplement de besognes ménagères comme par exemple le lavage des vitres ou
le balayage des sols d'un bâtiment. La Cour de cassation a en effet considéré
que de tels travaux n'avaient « rien de commun avec le maintien en état des
lieux et de leurs accessoires », n'ajoutant « rien à leurs conditions d'usage ou à
leur substance » . En revanche, l'arrosage et le balayage des voies
1117

publiques , l'enlèvement des ordures ménagères ou l'entretien des parcs et


1118 1119

jardins publics sont considérés par le Conseil d'État comme des travaux
1120

publics.

§ 2. Travail immobilier

258 Pour que l'on ait affaire à un travail public, il faut que le travail porte, au moins
partiellement , sur un immeuble. Le terme immeuble doit être pris ici dans le
1121

sens large qu'il a en droit civil. Il peut donc s'agir, soit d'un immeuble par
nature, soit d'un immeuble par destination.
Par immeuble par nature, le Code civil entend notamment « les fonds de terre
et les bâtiments » (article 518). C'est dire qu'il peut s'agir, soit d'immeubles
bâtis, soit d'immeubles non bâtis. Il en résulte que les travaux d'abattage ou
d'élagage des arbres des voies publiques sont des travaux publics . 1122

Par immeuble par destination, le Code civil entend, soit « les objets que le
propriétaire d'un fonds y a placés pour le service et l'exploitation de ce
fonds », soit « tous effets mobiliers que le propriétaire a attaché au fonds à
perpétuelle demeure » (article 524). Sont de ce fait des travaux publics
l'installation d'un orgue dans une église , la pose d'un câble sous-marin dont
1123

les extrémités sont fixées au rivage , la pose d'un lustre dans un immeuble
1124

administratif , l'installation d'un monte-charge ou la construction et la mise


1125 1126

en place dans un studio de télévision d'un orgue « conçu et fabriqué en fonction


des caractéristiques et notamment des dimensions » de ce studio . 1127

Le fait que l'immeuble présente un caractère provisoire n'est pas un obstacle


à la qualification de travail public .
1128

En revanche, chaque fois que le travail porte sur un élément mobilier


susceptible d'être déplacé sans qu'il soit porté atteinte à un immeuble, il ne peut
s'agir d'un travail public. Il en va ainsi de la construction d'un hangar mobile
d'aviation ou d'un navire ou encore de l'installation de tribunes ou de gradins
1129

démontables ou enfin de l'opération de livraison d'un bien mobilier sauf si


1130

elle est liée à la réalisation d'un travail public . 1131

SECTION 2. LA DÉFINITION TRADITIONNELLE


DU TRAVAIL PUBLIC

259 Selon la définition traditionnelle du travail public telle qu'elle résulte de la


jurisprudence Commune de Montségur précitée, est travail public un travail
immobilier exécuté pour le compte d'une personne publique dans un but
d'intérêt général par une personne publique ou privée. Tel est par exemple le
cas des travaux de résorption de l'habitat insalubre réalisés dans un but
d'intérêt général pour le compte d'une communauté urbaine par une société
d'économie mixte . Si on laisse de côté la notion de travail immobilier qui a
1132

déjà été précisée, cette définition repose sur trois éléments qu'il importe de
commenter tour à tour : le travail public est un travail exécuté pour le compte
d'une personne publique ; c'est un travail exécuté dans un but d'intérêt général ;
c'est un travail exécuté par une personne publique ou privée.
§ 1. Travail exécuté pour le compte d'une personne publique

A. Notion de personne publique

260 Par personne publique, il faut évidemment entendre l'État, les collectivités
territoriales (régions, départements, communes) et leurs établissements publics.
En particulier, le fait qu'un établissement public ait une activité industrielle
ou commerciale n'est pas un obstacle à ce que les travaux immobiliers exécutés
pour son compte soient qualifiés de travaux publics . 1133

La question s'est posée de savoir si ces personnes publiques devaient


nécessairement être des personnes publiques françaises. La réponse est en
principe positive. Toutefois, dans certains cas particuliers, le Conseil d'État n'a
pas écarté la qualification de travaux publics alors qu'était en cause un État
étranger ou une organisation internationale. Ainsi, il a considéré que les
travaux effectués en France par l'organisation européenne pour la recherche
nucléaire dont la France est membre étaient des travaux publics dès lors qu'ils
étaient nécessaires à sa mission telle qu'elle est définie par sa convention
constitutive ratifiée par la France .
1134

B. Sens de l'expression « pour le compte de »

261 Un travail n'est normalement considéré par le juge comme exécuté pour le
compte d'une personne publique que s'il est effectué sur un immeuble lui
appartenant déjà ou devant lui appartenir dès son achèvement. Toutefois, il
arrive parfois que le juge qualifie de travail effectué pour le compte d'une
personne publique un travail portant sur un immeuble qui ne lui appartient pas
ou qui ne lui appartiendra pas mais qui est imposé par elle ou qu'elle dirige,
contrôle et finance.

1° Travail portant sur un immeuble appartenant déjà


à une personne publique ou devant lui appartenir dès
son achèvement

262 En principe, le fait que le travail ait à être effectué « pour le compte d'une
personne publique » veut dire qu'il doit porter sur un immeuble lui appartenant
déjà ou devant lui appartenir dès l'achèvement des travaux. Cela recouvre les
trois hypothèses suivantes.
– Travail concernant un immeuble appartenant déjà à une personne
publique. C'est par exemple le cas des travaux de réparation, d'aménagement
ou d'entretien d'un immeuble appartenant à une personne publique.
– Travail concernant l'édification d'un immeuble revenant à la personne
publique dès l'achèvement des travaux. C'est par exemple le cas des travaux
de construction d'un bâtiment administratif (palais de justice, université,
caserne…) qui deviendra la propriété d'une personne publique dès qu'il aura
été procédé à la réception des travaux.
– Travail concernant les biens de retour dans le cadre de la théorie de la
concession. Les biens de retour, qui se voient généralement reconnaître cette
qualité par le cahier des charges de la concession, sont les biens qui reviennent
obligatoirement et gratuitement (en principe) à la personne publique concédante
à l'expiration de la concession. Même s'ils ont été acquis ou construits par le
concessionnaire et bien que ce dernier dispose sur eux d'un droit exclusif de
jouissance, ils sont regardés du fait de cette clause de retour obligatoire comme
étant la propriété de la personne publique concédante depuis l'origine (ce
1135

qui n'est pas loin d'être une fiction). Dans ces conditions, les travaux les
concernant peuvent être des travaux publics. Cette solution a été établie à
propos des biens de retour des concessions d'énergie hydraulique mais elle
1136

joue évidemment pour les biens de retour des autres concessions . Quant aux
1137

travaux portant sur les biens de reprise, c'est-à-dire sur des biens qui ne
reviendront à la personne publique concédante que si elle le désire (et
moyennant une indemnité), de même que ceux qui portent sur les biens privés
du concessionnaire, c'est-à-dire sur des biens destinés à demeurer dans son
patrimoine, ils ne sont évidemment pas des travaux publics. Il en va ainsi même
s'ils ont été effectués dans un but d'intérêt général .
1138

En revanche, les travaux ne sont pas considérés comme effectués pour le


compte d'une personne publique (et, par conséquent, ne peuvent pas être
considérés comme des travaux publics) s'il n'est pas certain que les immeubles
sur lesquels ils portent deviendront la propriété d'une personne publique ou 1139

s'ils ne le deviendront que bien après leur achèvement . 1140

Il en va a fortiori de même, sous réserve des nuances qui seront apportées


plus loin (V. infra, 2°), lorsqu'il s'agit de travaux effectués pour le compte d'une
personne privée, c'est-à-dire sur des immeubles qui lui appartiennent ou qui lui
appartiendront. Ainsi, alors que les travaux de construction d'un immeuble
effectués pour le compte d'un office public d'HLM (aujourd'hui office public de
l'habitat), qui, par définition, est un établissement public, peuvent être des
travaux publics , les mêmes travaux effectués pour le compte d'une société
1141

d'HLM, laquelle constitue une personne privée, sont forcément des travaux
privés (sauf, bien sur, s'il est prévu que, dès leur achèvement, les ouvrages
1142

résultant de ces travaux seront remis à la commune , auquel cas on est ramené
1143

à l'hypothèse d'un travail effectué pour le compte d'une personne publique). De


même, les travaux entrepris par une société de lotissement dans l'intérêt
collectif des acquéreurs des lots ne peuvent être que des travaux privés, qu'il
s'agisse par exemple de travaux de voirie ou de l'établissement d'un réseau
d'assainissement (sauf, ici encore, s'il est prévu que, dès leur achèvement,
1144

les ouvrages résultant de ces travaux seront remis à une personne publique ). 1145

Enfin, alors que les travaux effectués pour le compte de France Télécom alors
établissement public étaient des travaux publics s'ils étaient effectués dans un
but d'intérêt général , les mêmes travaux ne peuvent plus l'être depuis la
1146

transformation de l'établissement public en société opérée par la loi du


26 juillet 1996 , société dénommée aujourd'hui Orange. Il en va ainsi même
1147

si une personne publique a joué un rôle dans la réalisation de ces travaux, par
exemple en en assurant la maîtrise d'œuvre . 1148

2° Travail portant sur un immeuble qui n'appartient pas ou qui


n'appartiendra pas à une personne publique mais qui est imposé
par elle ou qu'elle dirige, contrôle et finance

263 Parfois, il arrive que la jurisprudence donne à l'expression « pour le compte


d'une personne publique » un sens très différent de celui qui vient d'être
évoqué. Le travail sera alors considéré comme public, bien qu'il ait été effectué
sur un immeuble qui n'appartient pas encore ou qui n'appartiendra pas à une
personne publique, s'il a été imposé par une personne publique ou encore s'il a
été dirigé, contrôlé et financé par elle, la distinction entre l'une et l'autre de ces
deux séries d'hypothèses étant parfois quelque peu artificielle.
– Travail imposé par une personne publique. Ainsi, sur le fondement de
l'article 7 de la loi du 21 juin 1898 (maintenant CGCT, art. L. 2212-4), le
maire, en cas de danger grave ou imminent tel que les incendies, les
inondations, les ruptures de digues, les éboulements de terre ou de rochers, les
avalanches ou autres accidents naturels, doit prescrire l'exécution des mesures
de sûreté exigées par les circonstances. Si, à ce titre, il ordonne que des
travaux soient effectués, ces travaux, qui doivent être exécutés par la commune
et à ses frais, sont des travaux publics alors même qu'ils sont susceptibles de
porter sur des propriétés privées car ils sont considérés comme faits pour le
compte de la commune (et dans un but d'utilité publique) . 1149

– Travail dirigé, contrôlé et financé par une personne publique. Ainsi, ont
été considérés comme des travaux publics car accomplis pour le compte d'une
personne publique les travaux de construction ou d'aménagement d'immeubles
privés exécutés, dans l'intérêt général, par une personne publique ou sous son
contrôle et aux moyens de fonds déboursés par elle . 1150

Cette jurisprudence montre que, avant même l'arrêt Effimieff, des travaux
effectués sur des propriétés privées pouvaient être qualifiés de travaux publics
mais c'était en affirmant, peut-être parfois artificiellement, qu'ils étaient
effectués pour le compte d'une personne publique, cela afin de les faire rentrer
dans le cadre de la définition traditionnelle du travail public telle qu'elle
résulte de la jurisprudence Commune de Monségur. Le fait que, depuis l'arrêt
Effimieff, des travaux expressément effectués pour le compte de personnes
privées puissent être considérés comme des travaux publics n'a pas fait
disparaître ce courant jurisprudentiel puisque, à l'occasion, des travaux
effectués sur des propriétés privées sont qualifiés de travaux publics au motif
qu'ils sont effectués pour le compte d'une personne publique car ordonnés ou
dirigés, contrôlés et financés par elle (et réalisés dans un but d'intérêt
général) . Peut-être eût-il été plus logique qu'il n'en aille plus ainsi mais, en
1151

tout état de cause, cela montre que la définition nouvelle n'a pas radicalement
chamboulé l'état du droit positif.

§ 2. Travail exécuté dans un but d'intérêt général

264 Pour qu'il y ait travail public, il fait que le travail effectué pour le compte d'une
personne publique le soit dans un but d'intérêt général, cette dernière
considération justifiant que le travail soit soumis à un régime juridique
exorbitant.
La jurisprudence entend très largement cette finalité d'intérêt général qui ne
se réduit pas à l'accomplissement d'une mission de service public ou à l'intérêt
du domaine public . 1152

A. Intérêt général et service public

265 Il faut, mais il suffit, que le but du travail soit un but d'intérêt général ou
d'intérêt public (ou, selon l'expression plus souvent utilisée autrefois, un but
d'utilité générale). Il n'est pas nécessaire que l'on ait affaire, à proprement
parler, à une mission de service public (même si, dans de très nombreux cas,
les travaux sont en réalité effectués dans un tel intérêt).
L'arrêt précité Commune de Montségur est un parfait exemple de cette
dissociation entre la notion de travail public et la notion de service public.
Depuis la séparation des églises et de l'État résultant de la loi du 9 décembre
1905, le service des cultes n'est plus un service public. Mais la loi du 2 janvier
1907 a laissé les édifices du culte, en principe propriété des communes pour
ceux d'entre eux construits avant 1905, à la disposition des fidèles et des
ministres du culte pour la pratique de leur religion. Le Conseil d'État en a
déduit que les travaux que les communes propriétaires y faisaient effectuer
l'étaient « dans un but d'utilité générale » et conservaient donc « le caractère de
travaux publics ». En d'autres termes, il peut y avoir travail public alors qu'il
n'y a pas mission de service public .1153

B. Intérêt général et domaine public

266 Si la gestion du domaine public des personnes publiques correspond à une


activité d'intérêt général (c'est même une activité de service public), la gestion
du domaine privé a toujours été considérée par la jurisprudence, malgré les
critiques de certains membres de la doctrine, comme une activité exercée dans
l'intérêt purement patrimonial de la personne publique propriétaire. Cela a une
incidence sur la nature des travaux effectués sur le domaine des personnes
publiques. Les travaux effectués sur le domaine public sont en principe des
travaux publics tandis que les travaux effectués sur le domaine privé sont en
principe des travaux privés. Toutefois, ces deux règles n'ont pas une portée
absolue.
En premier lieu, il peut arriver exceptionnellement que des travaux effectués
sur le domaine public n'aient pas la qualité de travaux publics. Il en va ainsi
lorsqu'ils sont effectués, non dans un intérêt général, mais dans un intérêt privé.
Tel est par exemple le cas des travaux effectués sur le domaine public par les
permissionnaires de voirie, non dans l'intérêt général , mais dans leur propre
1154

intérêt . Ainsi, les travaux réalisés sous les voies publiques, dans le cadre
1155

d'une permission de voirie, par les particuliers en vue de l'installation ou de la


réparation des branchements particuliers d'eau, de gaz, d'électricité ou d'égout
raccordant leurs immeubles à la canalisation principale sont considérés comme
des travaux privés car effectués dans leur seul intérêt .
1156

En second lieu, il peut également arriver que des travaux effectués sur le
domaine privé aient le caractère de travaux publics s'ils sont été effectués dans
l'intérêt général. C'est ainsi que, si les travaux de construction ou d'entretien
des routes forestières sont des travaux privés lorsque la route sert
exclusivement à l'exploitation de la forêt à des fins patrimoniales , il en va
1157

différemment lorsqu'elle dessert également deux villages ou une partie


1158

importante du territoire non forestier de la commune ou permet à la


1159

population estivale d'accéder à la côte car sont alors en cause des finalités
1160

d'intérêt général .
1161

Il arrive même que des travaux effectués sur des propriétés privées puissent
être considérés comme des travaux publics s'ils ont été accomplis dans un but
d'intérêt général pour le compte d'une personne publique en entendant alors par
là les travaux ordonnés par la personne publique ou dirigés, contrôlés et
financés par elle (v. ss 263).

§ 3. Travail exécuté par une personne publique ou privée

267 Dès lors que des travaux immobiliers sont effectués pour le compte d'une
personne publique dans un but d'intérêt général, il s'agit de travaux publics
quelles que soient les personnes qui participent matériellement à leur
exécution : personne publique bénéficiaire les effectuant en régie, autre
personne publique, concessionnaire, entrepreneur titulaire d'un marché voire
même personne privée agissant de son propre chef . En d'autres termes, les
1162

modalités matérielles d'exécution du travail sont indifférentes à sa qualification


de travail public.

SECTION 3. LA DÉFINITION NOUVELLE DU TRAVAIL


PUBLIC

268 La définition traditionnelle du travail public telle qu'elle vient d'être exposée
est toujours de mise et est fréquemment appliquée par la jurisprudence.
Cependant, depuis l'arrêt Effimieff précité de 1955, cette dernière a ajouté à la
définition traditionnelle une définition nouvelle. Elle considère en effet qu'est
également un travail public un travail immobilier exécuté pour le compte d'une
personne privée dans le cadre d'une mission de service public par une
personne publique.
La différence essentielle entre les deux définitions réside dans le fait qu'un
travail peut se voir dorénavant reconnaître la qualité de travail public alors
même qu'il est exécuté pour le compte d'une personne privée, c'est-à-dire sur
un bien lui appartenant, alors que, sous l'empire de la définition traditionnelle,
un travail exécuté pour le compte d'une personne privée était considéré comme
un travail privé.
Toutefois, des travaux effectués sur des propriétés privées dans un but
d'intérêt général pouvaient être qualifiés de travail public lorsqu'ils étaient
imposés par une personne publique ou dirigés, contrôlés et financés par elle
car ils étaient alors considérés, parfois plus ou moins artificiellement, comme
effectués pour le compte d'une personne publique, cela afin de les faire entrer
dans le cadre de la définition traditionnelle du travail public telle qu'elle
résulte de la jurisprudence Commune de Monségur (v. ss 263).
C'est cette hypothèse que la jurisprudence Effimieff généralise et explicite,
ce qui permet de comprendre pourquoi elle a donné lieu à des appréciations
contrastées : alors que, pour la majorité de la doctrine, elle constitue une
importante novation, quelques auteurs soutiennent qu'elle reste dans la ligne de
la jurisprudence Commune de Montségur . 1163

§ 1. Travail exécuté pour le compte d'une personne privée

269 En application de la jurisprudence Effimieff, pourra être travail public un


travail effectué pour le compte d'une personne privée, c'est-à-dire sur un bien
lui appartenant déjà ou devant lui revenir à l'achèvement des travaux.
C'est ainsi que, dans l'affaire qui a donné lieu à cet arrêt, les travaux avaient
pour objet la reconstruction d'immeubles privés sinistrés du fait de la guerre.
En application de la loi du 16 juin 1948, cette reconstruction pouvait être
effectuée sous la direction d'associations syndicales de reconstruction qui
avaient la qualité d'établissements publics et qui avaient pour mission de faire
exécuter les travaux pour le compte de leurs membres. Ces associations ne
pouvaient donc pas être considérées comme maîtres de l'ouvrage dans la
mesure où les travaux étaient effectués pour le compte des propriétaires privés
des immeubles détruits ou endommagés et qu'il convenait de reconstruire ou de
réparer. Elles étaient simplement maîtres d'œuvre en ce sens qu'elles avaient
pour mission de diriger et de contrôler les travaux pour le compte des maîtres
d'ouvrages propriétaires privés. Bien que les travaux soient ainsi effectués
pour le compte de personnes privées, ils ont été considérés comme des travaux
publics.
Par la suite, ont été également qualifiés de travaux publics les travaux
suivants effectués pour le compte de personnes privées : opérations de
boisement ou de reboisement entreprises par l'administration des eaux et forêts
sur des terrains privés en vertu de contrats passés par elle avec les
propriétaires de ces terrains ; travaux exécutés d'office par les communes sur
1164

les immeubles privés menaçant ruine 1165


; travaux exécutés d'office sur les
immeubles insalubres ; travaux de curage d'un cours d'eau non navigable ni
1166

flottable mis à la charge des riverains et exécutés d'office en cas de carence de


ceux-ci ; travaux exécutés d'office sur une voie privée ; construction par
1167 1168

un établissement public chargé du développement économique local d'une usine


destinée à être donnée en location-vente à une entreprise ; construction par
1169

une association syndicale d'amélioration foncière d'un lac sur un terrain


appartenant à un particulier et dont il bénéficie ; construction sur une
1170

propriété privée d'une station de pompage par une association syndicale


d'irrigation ayant le statut d'établissement public alors même que la station ne
bénéficie qu'à un particulier ; travaux de construction d'un immeuble destiné
1171

être cédé à une entreprise privée et à abriter une exploitation industrielle


réalisés par une commune dans le cadre de la mission de service public de
promotion du développement économique et de l'emploi . 1172

Bien que le Conseil d'État ne se soit pas explicitement prononcé sur ce point
alors qu'il avait l'occasion de le faire , la plupart des auteurs considèrent
1173 1174

que sont également travaux publics par application de la jurisprudence


Effimieff les travaux de réparation ou d'entretien indispensables à la
conservation des monuments classés qui sont exécutés par l'État, soit d'office,
soit à la demande du propriétaire, alors même que le monument considéré est
propriété privée .
1175

§ 2. Travail exécuté dans le cadre d'une mission de service


public

270 Les travaux dont le bénéficiaire est une personne privée ne sont des travaux
publics qu'à la condition d'avoir été effectués dans le cadre d'une mission de
service public. C'est ainsi que, dans l'arrêt Effimieff, il est relevé que le
législateur a expressément manifesté son intention d'assigner aux associations
syndicales de reconstruction, dans l'œuvre de reconstruction immobilière, une
mission de service public. De même, dans l'arrêt ministre de l'Agriculture c/
Consorts Grimouard, il est noté que le législateur a entendu créer un service
public préposé tant à la conservation, au développement et à la mise en valeur
de la forêt française qu'à l'utilisation et à l'écoulement de ses produits et que
les travaux en cause constituent l'une des modalités de l'exécution même de ce
service. Enfin, dans l'arrêt Mimouni pour s'en tenir à ces seuls trois exemples,
est qualifié de service public le fait pour une commune d'exécuter d'office, afin
d'assurer la sécurité publique, des travaux sur un immeuble menaçant ruine.

§ 3. Travail exécuté par une personne publique

271 Les travaux effectués pour le compte d'une personne privée dans le cadre d'une
mission de service public ne sont des travaux publics qu'à la condition d'avoir
été exécutés par une personne publique.
Cela ne veut pas dire qu'ils doivent avoir été obligatoirement exécutés en
régie par cette dernière.
Ils peuvent très bien avoir été effectués par un entrepreneur (ce qui, par
exemple, était le cas dans les affaires Effimieff, ministre de l'Agriculture c/
Consorts Grimouard et Mimouni) mais il faut que ce soit sous l'autorité d'une
personne publique : cette dernière doit en être le maître d'œuvre, ce qui veut
dire qu'elle doit les diriger et les contrôler. Par exemple, dans l'affaire
Effimieff, l'article 39 de la loi du 16 juin 1948 disposait que les associations
syndicales de reconstruction, qui étaient des établissements publics, étaient les
maîtres d'œuvre des travaux jusqu'à leur réception définitive. Les travaux ont
donc pu être qualifiés de travaux publics. En revanche, il se serait agi de
travaux privés si le rôle de l'administration s'était limité à une simple mission
de surveillance et de financement partiel 1176
ou à une aide ponctuelle en
personnel et en matériel .
1177

Il en aurait été a fortiori de même si aucune personne publique n'avait


participé à l'exécution du travail (et alors même qu'il présenterait un caractère
d'intérêt général). Par exemple, la loi du 16 juin 1948 avait institué deux
catégories de groupements chargés de faire exécuter les travaux de
reconstruction pour le compte de leurs membres : outre les associations
syndicales de reconstruction précitées, qui étaient des établissements publics,
elle avait institué des sociétés coopératives de reconstruction qui étaient des
personnes de droit privé. Par conséquent, si les travaux exécutés par les
associations syndicales de reconstruction ont pu être qualifiés de travaux
publics par l'arrêt Effimieff, les mêmes travaux exécutés par les sociétés
coopératives de reconstruction ont été considérés comme des travaux privés . 1178

Ainsi, que ce soit dans le cadre de la définition traditionnelle ou de la


définition nouvelle, il n'y aura travail public que si une personne publique est
présente, soit que le travail soit effectué pour son compte, c'est-à-dire sur un
bien lui appartenant, du moins en principe (définition traditionnelle), soit qu'il
soit au moins effectué sous son autorité, c'est-à-dire que, à défaut d'être maître
de l'ouvrage (puisque le maître de l'ouvrage est alors une personne privée),
elle soit au moins maître d'œuvre (définition nouvelle).
CHAPITRE 2
LA NOTION D'OUVRAGE PUBLIC 1179

Section 1. LES CONSTANTES DE LA NOTION D'OUVRAGE PUBLIC


§ 1. Caractère immobilier de l'ouvrage
§ 2. Nécessité d'un aménagement de l'ouvrage
§ 3. Affectation de l'ouvrage à l'intérêt général
Section 2. LES VARIABLES DE LA NOTION D'OUVRAGE PUBLIC
§ 1. Ouvrage public et travail public
A. Un travail public peut ne pas déboucher sur un ouvrage public
B. Un ouvrage public peut ne pas procéder d'un travail public
C. Un travail portant sur un ouvrage public n'est pas forcément un travail
public
§ 2. Ouvrage public et domaine public
A. Un bien peut faire partie du domaine public sans être un ouvrage
public
B. Un bien peut être un ouvrage public sans faire partie du domaine
public

272 Autonomie de la notion d'ouvrage public ◊ Le terme d'ouvrage public


est employé depuis longtemps par la doctrine et la jurisprudence. Toutefois,
jusqu'à une époque récente, ce terme ne comportait aucune signification
autonome par rapport à la notion de travail public stricto sensu. On y voyait le
résultat matériel de l'exécution d'un travail public et les règles juridiques
établies à propos de ce dernier paraissaient pouvoir s'étendre sans difficulté à
l'ouvrage auquel aboutissait le travail.
Des études doctrinales modernes ont cependant révélé que la jurisprudence
opérait une dissociation entre les notions de travail public stricto sensu et
d'ouvrage public. Cette dissociation est du reste conforme à la logique
s'agissant d'objets différents : le travail public est une activité, une opération,
tandis que l'ouvrage public est un bien.
Il est donc possible de dégager une notion de l'ouvrage public distincte de
celle de travail public stricto sensu encore que comportant avec elle divers
liens.
Comme la notion de travail public, cette notion d'ouvrage public n'a sa base
dans aucun texte et ne peut être dégagée qu'à partir d'un examen de l'abondante
jurisprudence intervenue en la matière même si, à la différence de ce qui se
passe en matière de travail public, il n'existe pas d'arrêts célèbres,
comparables aux arrêts Commune de Monségur et Effimieff, définissant de
façon systématique ce qu'est un ouvrage public. Néanmoins, il est certain qu'un
ouvrage public peut être défini comme un immeuble aménagé affecté à l'intérêt
général.
Il résulte des trois éléments de cette définition – caractère immobilier,
nécessité d'un aménagement et affectation à l'intérêt général – que la notion
d'ouvrage public est une notion autonome par rapport à d'autres notions
fondamentales du droit administratif : certes, le plus souvent, l'ouvrage public
est le résultat d'un travail public et constitue une dépendance du domaine public
mais il n'en va pas toujours ainsi. C'est ce qui permet à certains auteurs 1180

d'affirmer justement que le caractère immobilier de l'ouvrage, la nécessité qu'il


soit aménagé et son affectation à l'intérêt général sont des constantes de la
notion d'ouvrage public tandis que ses liens avec les notions de travail public
et de domaine public sont variables.

SECTION 1. LES CONSTANTES DE LA NOTION D'OUVRAGE


PUBLIC

§ 1. Caractère immobilier de l'ouvrage

273 Le premier élément de définition de l'ouvrage public réside dans son caractère
immobilier. Il en va de même, on l'a vu (v. ss 258), du travail public de telle
sorte que tout ce qui a été dit à ce propos vaut également ici.
On se contentera donc de signaler quelques solutions particulièrement
remarquables qui montrent que le critère déterminant d'identification d'un
immeuble (et, partant, d'un ouvrage public) est sa fixation au sol. C'est ainsi
que constitue un ouvrage public (les autres éléments de la définition étant par
ailleurs satisfaits) une cible flottante de l'armée de l'air fixée au sol du plateau
continental mais non un plongeoir flottant dépourvu d'amarre . De même,
1181 1182

constitue un ouvrage public un abri dans un marché dans la mesure où il est


ancré au sol mais non une tribune reposant sur des chevalets et sans attache
1183
avec le sol . A fortiori, ne peuvent être ouvrages publics les couloirs aériens
1184

prolongeant dans l'espace aérien les pistes des aéroports . 1185

Toutefois, lorsqu'un élément mobile, et qui, de ce fait, ne peut en principe


être considéré comme un ouvrage public, présente un lien fonctionnel avec un
bien immobilier qui, lui, est sans conteste un ouvrage public, le juge peut
appliquer à l'ensemble la qualification globale d'ouvrage public, ce qui se
traduit par une extension non négligeable de la notion d'ouvrage public. Par
exemple, un panneau mobile de signalisation d'un chantier posé simplement sur
le sol d'une voie publique sera considéré comme un élément accessoire de la
voie (sans voie, point ne serait besoin d'un panneau de signalisation) et, en
conséquence, constituera un ouvrage public . Par exemple encore, une cage
1186

de buts de football constituée de poteaux simplement posés sur le sol sera


considérée comme un élément accessoire du stade et se verra également
reconnaître la qualité d'ouvrage public . Par exemple enfin, un conteneur doit
1187

être considéré comme une dépendance de l'ouvrage public constitué par


l'immeuble au fonctionnement duquel il est affecté . Il reste cette attitude n'est
1188

pas systématique et que, de ce fait, la jurisprudence n'est pas toujours très


cohérente .
1189

§ 2. Nécessité d'un aménagement de l'ouvrage

274 Le terme même d'ouvrage implique que l'immeuble soit, selon la formule
consacrée, œuvré, c'est-à-dire qu'il soit le résultat d'un certain travail, qu'il
implique l'intervention de l'homme et pas seulement celle de la nature . 1190

L'exigence d'un aménagement minimum est donc le second élément de définition


d'un ouvrage public.
En conséquence, ne peuvent être ouvrages publics les biens qui n'ont pas été
aménagés à la suite d'une intervention humaine et qui en sont restés à l'état
naturel : cours d'eau non navigable ni flottable utilisé pour le déversement des
eaux usées dès lors qu'il n'a reçu aucun aménagement particulier ; plage non 1191

aménagée 1192
; dépôt d'ordures lorsque les ordures sont simplement déversées
dans un lieu n'ayant fait l'objet d'aucun aménagement particulier ; falaise 1193

restée à l'état naturel qui n'est en rien une dépendance nécessaire du chemin et
de divers équipements communaux qui ont été aménagés sur la corniche la
surplombant et qui, eux, sont évidemment des ouvrages publics ; délimitation
1194

d'une plate-forme d'observation d'un volcan effectuée dans le cadre d'une


opération de police administrative .1195

En revanche, dès lors qu'il y a aménagement, fut-il très rudimentaire, faisant


perdre au bien son état naturel, on a affaire à un ouvrage public : rigole
d'évacuation des eaux pluviales aménagée par la commune ; bassin aménagé
1196

dans les rochers d'une plage ; dépôt d'ordures spécialement aménagé par la
1197

commune . 1198

Le cas des pistes de ski soulève un problème particulier compte tenu de la


jurisprudence Rebora du Conseil d'État. En effet, alors que son commissaire
1199

du gouvernement considérait qu'elles pouvaient être des ouvrages publics


puisque, non seulement il s'agissait d'immeubles affectés à un intérêt général,
mais que, au surplus, la plupart d'entre elles résultaient du travail de l'homme
puisqu'il avait fallu les aménager, le Conseil d'État a considéré qu'elles ne
constituaient pas par elle-même un ouvrage public. Cette jurisprudence est
difficilement compréhensible. S'il est logique qu'une piste restée à l'état naturel
ne soit pas un ouvrage public, ce qui n'empêchera évidemment pas que le filet
de protection placé par une commune pour empêcher les skieurs d'en sortir en
soit un , dès lors que la piste a, par exemple, été arasée et débarrassée des
1200

rochers et des arbres qui s'y trouvaient, ce qui est très fréquent, il n'y a pas de
raison pour que, résultant ainsi du travail de l'homme, elle ne soit pas
considérée comme un ouvrage public. La jurisprudence Rebora devrait donc
être abandonnée . 1201

§ 3. Affectation de l'ouvrage à l'intérêt général

275 Dernier élément de définition d'un ouvrage public, son affectation à l'intérêt
général peut revêtir deux formes.
En premier lieu, il peut être affecté à l'usage direct du public. C'est le cas de
l'ensemble des voies de communication terrestre affectées à la circulation
générale.
En second lieu, il peut être affecté à un service public. Sont ainsi ouvrages
publics les ports, les aéroports, les voies ferrées et installations affectées au
service public ferroviaire, les bâtiments utilisés par les services publics sans
que le fait que le service public soit un service public industriel et commercial
soit incompatible avec la qualification d'ouvrage public . 1202

En revanche, il n'y a pas ouvrage public si un immeuble résultant du travail


de l'homme n'a jamais été affecté à l'intérêt général ou si, bien qu'il l'ait été
1203

auparavant, il est dorénavant utilisé à une fin d'intérêt privé . Plus incertaine
1204

est la qualification des ouvrages qui ne sont plus du tout utilisés ou celle des
ouvrages inachevés. S'agissant des ouvrages publics qui ne sont plus utilisés, il
est arrivé que le fait qu'ils ne soient plus affectés à l'intérêt général (sans être
pour autant affectés à une fin d'intérêt privé) soit considéré comme leur faisant
perdre la qualité d'ouvrage public mais, le plus souvent, il semble admis
1205
qu'ils conservent cette qualité , ce qui peut se discuter. S'agissant des
1206

ouvrages inachevés qui, de ce fait, n'ont pas pu être encore affectés à l'usage du
public ou à un service public, ils ne peuvent être considérés comme des
ouvrages publics stricto sensu mais, dans une affaire récente quelque peu
1207

singulière , le Conseil d'État semble y avoir vu implicitement ce que l'on


1208

pourrait qualifier d'ouvrages publics par destination puisqu'il leur a appliqué


1209

des éléments du régime juridique des ouvrages publics (compétence du juge


administratif pour connaître de conclusions tendant à la démolition des
constructions déjà réalisées).

SECTION 2. LES VARIABLES DE LA NOTION D'OUVRAGE


PUBLIC

276 Si, la plupart du temps, un ouvrage public procède d'un travail public et fait
partie du domaine public, il n'en va pas ainsi dans tous les cas de telle sorte
que l'on a affaire là à des variables (relatives) de la notion d'ouvrage public.

§ 1. Ouvrage public et travail public

277 Puisqu'un ouvrage public doit présenter un caractère immobilier, doit être
affecté à l'intérêt général et suppose nécessairement un certain aménagement,
c'est-à-dire un certain travail, on a pu se demander si ce travail n'était pas, dans
tous les cas, un travail public et, plus généralement, s'il n'y avait pas un lien
indissoluble entre les deux notions.
Certes, le plus souvent, les deux notions coïncident en pratique. Toutefois, il
n'en va pas toujours ainsi, contrairement à ce que soutenait autrefois la
doctrine, de telle sorte que, en réalité, la notion d'ouvrage public est autonome
par rapport à celle de travail public : un travail public peut ne pas déboucher
sur un ouvrage public ; réciproquement, un ouvrage public peut ne pas procéder
d'un travail public ; enfin, un travail portant sur un ouvrage public n'est pas
forcément un travail public.

A. Un travail public peut ne pas déboucher sur un ouvrage public

278 Il en va tout d'abord ainsi lorsque le travail public ne conduit à aucun ouvrage
public, ce qui est le cas s'il s'agit par exemple des travaux de démolition d'un
bâtiment ou de déblaiement, de nivellement ou d'épandage de ses décombres.
Il en va ensuite de même lorsque le travail public débouche sur un ouvrage
privé, par exemple parce que l'on se trouve dans le cadre de la jurisprudence
Effimieff (v. ss 268 s.). Réalisé pour le compte d'une personne privée dans un
but de service public par une personne publique, ce travail est en effet un
travail public. Mais l'ouvrage qui en résulte, justement parce qu'il est réalisé
pour le compte d'une personne privée dont il devient la propriété, est un
ouvrage privé (d'autant plus que l'on ne se trouve pas dans l'une des rares
hypothèses où un ouvrage appartenant à une personne privée est qualifié
d'ouvrage public – v. ss 285 s.). Ainsi, si les travaux de reconstruction des
immeubles sinistrés du fait de la guerre conduits par des personnes publiques
sont des travaux publics par application de la jurisprudence précitée, les
immeubles qui en résultent ne peuvent être rangés dans la catégorie des
ouvrages publics .1210

B. Un ouvrage public peut ne pas procéder d'un travail public

279 C'est le cas par exemple lorsque l'ouvrage a été acquis par une personne
publique et affecté à l'intérêt général postérieurement à sa construction par des
particuliers dans leur propre intérêt .1211

C. Un travail portant sur un ouvrage public n'est pas forcément


un travail public

280 L'exemple classique est celui des travaux accomplis sur la voie publique par
les permissionnaires de voirie dans leur propre intérêt : bien que la voie soit
un ouvrage public, le travail ne sera pas un travail public . 1212

§ 2. Ouvrage public et domaine public

281 La notion d'affectation à l'intérêt général, qu'il s'agisse de l'intérêt de tous ou de


l'intérêt d'un service public, entre aussi bien dans la définition de l'ouvrage
public que dans celle du domaine public. En conséquence, il n'y a rien
d'étonnant à ce que la plupart des dépendances du domaine public soient des
ouvrages publics. Toutefois, ici encore, les deux notions ne coïncident pas de
telle sorte que la notion d'ouvrage public est indépendante de celle de domaine
public : un bien peut faire en effet partie du domaine public sans être un
ouvrage public ; en sens inverse, un bien peut être un ouvrage public sans faire
partie du domaine public.
A. Un bien peut faire partie du domaine public sans être un ouvrage
public

282 Il en va ainsi de certains biens meubles : ils font partie du domaine public (v.
ss 79 s.) mais il ne s'agit jamais d'ouvrages publics dans la mesure où ils ne
présentent pas le caractère immobilier exigé par la définition de l'ouvrage
public.
Il en va de même des dépendances naturelles du domaine public comme, par
exemple, les rivages de la mer : elles ne présentent pas le caractère
d'aménagement exigé par la définition de l'ouvrage public.
Il en va enfin de même des dépendances du domaine public artificiel qui ne
sont plus affectées en fait à l'usage du public ou à un service public mais qui,
pour autant, n'ont pas fait l'objet d'un déclassement : elles continuent alors à
faire partie du domaine public (v. ss 96) mais le fait qu'elles ne soient plus
affectées à l'intérêt général leur fait perdre en principe la qualité d'ouvrage
public . La perte de la qualité de bien du domaine public nécessite en effet
1213

toujours un acte juridique de déclassement (du moins s'il s'agit du domaine


public artificiel) alors qu'il n'en va pas de même de la perte de la qualité
d'ouvrage public.

B. Un bien peut être un ouvrage public sans faire partie du domaine


public

283 Il arrive en effet que des ouvrages publics appartiennent au domaine privé
d'une personne publique ou soient tout simplement la propriété de personnes
privées.

1° Ouvrages publics appartenant au domaine privé des personnes


publiques 1214

284 Cette situation peut, de prime abord, sembler anormale voire inadmissible. En
effet, les biens faisant partie du domaine privé sont soumis en principe à un
régime juridique de droit privé et à la compétence de la juridiction judiciaire
(v. ss 239). Reconnaître à certains d'entre eux le caractère d'ouvrages publics
ne risque-t-il pas d'aboutir à des contradictions ou d'entraîner un éclatement de
la notion de domaine privé ? Aussi, certains auteurs ont pu estimer qu'un
ouvrage public ne pouvait faire partie du domaine privé.
L'inconvénient de cette solution était toutefois d'écarter, à propos de biens
affectés à l'intérêt général, le régime protecteur de l'ouvrage public.
La jurisprudence a parfois tenté d'éluder cette conséquence en faisant
simplement appel à la notion de travail public. Ainsi, à propos d'immeubles
appartenant à une personne publique et affectés à un service public mais ne
comportant pas l'aménagement indispensable de nature à les rattacher à la
domanialité publique, elle a admis que les travaux concernant ces immeubles
constituaient des travaux publics et que, par conséquent, les dommages causés
par ces immeubles pouvaient être réparés au titre de l'inexécution ou de la
mauvaise exécution de travaux publics sans pour autant qu'ils soient qualifiés
d'ouvrages publics . Le même raisonnement a été appliqué à une route
1215

forestière faisant partie du domaine privé de l'État mais affectée à la


circulation générale et ayant, en conséquence, fait l'objet d'aménagements : le
fait que cette route n'ait pas été normalement entretenue est constitutif d'un
dommage de travaux publics sans qu'elle soit qualifiée d'ouvrage public .1216

Dans un certain nombre d'autres hypothèses, la jurisprudence a toutefois été


plus loin puisqu'elle a reconnu explicitement la qualité d'ouvrages publics à
des immeubles faisant partie du domaine privé.
Par exemple, les chemins ruraux font partie, sur le fondement de l'article
L. 161-1 du Code de la voirie routière, du domaine privé de la commune, ce
qui n'empêche pas le juge, appliquant les critères de l'ouvrage public qu'il a
dégagés, d'y voir des ouvrages publics lorsqu'ils sont affectés à la circulation
générale . 1217

Par exemple encore, les immeubles dont les offices publics d'HLM (qui sont
des personnes publiques dénommées aujourd'hui offices publics de l'habitat)
sont propriétaires font partie de leur domaine privé , ce qui explique que les
1218

contrats conclus avec leurs locataires soient en principe des contrats de droit
privé relevant de la compétence judiciaire tout comme leurs contrats de
1219

vente . Pourtant, ils constituent des ouvrages publics .


1220 1221

Par exemple enfin, les ouvrages de production ou de distribution d'électricité


appartenant à EDF alors établissement public (sur les conséquences de sa
transformation en personne de droit privé, v. ss 287) étaient traditionnellement
considérés comme des ouvrages publics . Or, il a été plus récemment jugé
1222

que, si les biens appartenant à un établissement public font normalement partie,


lorsqu'ils sont affectés au service public, de son domaine public, il en va
autrement lorsqu'y font obstacle des dispositions de la loi applicable à cet
établissement, ce qui était le cas des biens d'EDF dans la mesure où la loi du
8 avril 1946 nationalisant l'électricité avait prescrit pour leur gestion des
règles dont l'application était incompatible avec celles de la domanialité
publique . Ce nouveau cas de dissociation entre les notions d'ouvrage public
1223

et de domanialité publique est susceptible d'avoir une large portée dans la


mesure où bon nombre d'établissements publics gérant un service public
industriel et commercial sont soumis de par la loi à des règles de gestion
commerciale qui empêchent que leurs biens puissent être considérés comme
relevant du domaine public . Pourtant, dès lors que ces biens sont affectés au
1224

service public, ils constituent des ouvrages publics, du moins en l'état actuel de
la définition des ouvrages publics.

2° Ouvrages publics appartenant à des personnes privées 1225

285 La qualité d'ouvrage public reconnue à des biens privés peut sembler encore
plus surprenante.
Pourtant, elle a été à l'occasion affirmée par le législateur, parfois
implicitement, parfois explicitement. C'est ainsi que la loi du 16 octobre
1919 relative à l'énergie hydraulique a été considérée comme attribuant
implicitement le caractère d'ouvrage public aux ouvrages de production
d'énergie hydraulique alors même qu'ils étaient la propriété de personnes
privées concessionnaires du service public de production de l'électricité . 1226

Plus clairement, la loi du 20 avril 2005 relative aux aéroports affirme


expressément que, nonobstant la transformation d'Aéroports de Paris en
personne morale de droit privé, ceux des ouvrages qui lui appartient et qui sont
affectés au service public aéroportuaire demeurent des ouvrages publics.
Surtout, il est arrivé également que, en l'absence de qualification textuelle, la
jurisprudence reconnaisse également la qualité d'ouvrage public à un immeuble
appartenant à une personne privée. Tel est le cas dans deux hypothèses
principales.

286 La première est celle dans laquelle l'ouvrage appartenant à la personne privée
est incorporé matériellement à un ouvrage public appartenant à une personne
publique dont il devient une dépendance. Faisant corps avec cet ouvrage
public, il sera, par application de la théorie de l'accessoire qui joue non
seulement en matière de domaine public (v. ss 48 s.) mais également en matière
d'ouvrage public, également considéré comme un ouvrage public.
Ainsi, une grille encastrée dans un trottoir aux frais d'un riverain de la voie
publique afin d'aérer sa cave constitue, du fait de son incorporation à la voie,
un ouvrage public alors même qu'elle serait restée la propriété du riverain . 1227

De même, alors que la transformation effectuée par la loi du 26 juillet


1996 de France Télécom (aujourd'hui Orange) en personne de droit privé a eu
pour conséquence que les ouvrages immobiliers qui lui appartenaient perdaient
en principe leur caractère d'ouvrage public, il n'en a pas été ainsi « pour ceux
qui sont incorporés à un ouvrage public tel qu'une voie publique et qui en
constituent une dépendance » . 1228
De même encore, un embranchement particulier d'une voie de chemin de fer
appartenant à un syndicat interprofessionnel, personne privée, a été considéré
comme un ouvrage public car incorporé dans une voie communale elle-même
ouvrage public 1229

Dans le passé, les branchements particuliers d'eau, d'électricité et de gaz qui


relient les installations intérieures des abonnés aux canalisations ou lignes
principales dont ils constituent l'accessoire étaient considérés comme des
ouvrages publics, à l'instar desdites canalisations ou lignes principales, alors
même qu'ils pouvaient être la propriété des abonnés. Cette solution avait
d'abord été limitée à la partie du branchement particulier situé sous (ou sur) la
voie publique puis elle avait été étendue à la partie du branchement située à
1230

l'intérieur des propriétés privée . Toutefois, elle avait perdu beaucoup de son
1231

intérêt dans la mesure où, sur le fondement notamment des cahiers des charges,
ces branchements particuliers ne sont plus considérés comme la propriété des
riverains (à supposer d'ailleurs qu'ils l'aient vraiment été, ce qui a parfois été
contesté ) mais comme celle de l'exploitant du service , par exemple EDF
1232 1233

ou GDF qui était alors une personne publique. Avec la transformation d'EDF et
de GDF en personnes de droit privé et l'attribution à leurs filiales de leurs
réseaux de distribution, on peut considérer que les lignes de transport
d'électricité implantées en bordure ou dans le sous sol des voies publiques de
même que les canalisations de gaz situés dans le même sous sol demeurent des
ouvrages publics par application de la théorie de l'accessoire.
La même analyse pourrait être faite à propos du « mobilier urbain » (abris à
l'intention des usagers des autobus, panneaux d'information, toilettes
publiques…), appellation en réalité incorrecte puisque ces équipements sont
scellés au sol de la voie publique ou de ses dépendances et constituent donc
des immeubles par destination : cette incorporation au sol de la voie publique
pourrait permettre de les considérer comme des ouvrages publics alors même
qu'ils sont la propriété de sociétés privées qui ont pu les installer gratuitement
en contrepartie du droit de les utiliser, le cas échéant, comme supports
publicitaires. La jurisprudence judiciaire (il ne semble pas qu'il y ait de
jurisprudence administrative sur ce point) ne va pas toutefois dans ce sens .
1234

287 Le second cas dans lequel un bien immobilier appartenant à une personne
privée (et non incorporé à un ouvrage public pour ne pas être ramené à
l'hypothèse précédente) peut être qualifié d'ouvrage public est lorsqu'il est
affecté à une destination d'intérêt général qui paraît impliquer l'application du
régime de l'ouvrage public.
Cela ne veut évidemment pas dire que tout immeuble privé comportant une
destination d'intérêt général constitue un ouvrage public. Une telle
qualification, qui entraîne du reste certaines difficultés dans l'application d'un
régime juridique qui est surtout conçu pour des biens appartenant à des
personnes publiques, concerne seulement les cas où la personne privée, avec
l'accord formel ou tacite de l'administration, participe au moyen de l'ouvrage à
l'exercice des fonctions des personnes publiques.
Tel est d'abord le cas des biens affectés à l'usage direct du public dont une
personne publique assure l'entretien, la gestion ou la surveillance : par exemple
voie privée ouverte à la circulation générale et dont la commune assure
l'entretien , par exemple encore terre-plein aménagé en parc de stationnement
1235

de véhicules dont la commune assure l'entretien, la gestion et la surveillance


alors même qu'il appartient à une société d'aménagement . 1236

Tel est ensuite le cas des biens affectés directement à un service public.
Déjà, dans le passé, avait été reconnu à une plaque tournante appartenant à la
SNCF, alors personne de droit privé, le caractère d'un ouvrage public dans la
mesure où elle était affectée au service public des chemins de fer . Tout 1237

récemment, à la suite de la transformation d'EDF en personne de droit privé qui


soulevait la question de savoir si les ouvrages lui appartenant étaient toujours
des ouvrages publics , il a été répondu par l'affirmative dès lors qu'ils étaient
1238

directement affectés au service public. Ainsi, s'agissant des postes de


transformation électrique qui appartenaient à l'établissement public EDF et qui
s'étaient vu reconnaître le caractère d'ouvrage public, le Tribunal des conflits a
jugé qu'ils conservaient cette qualité nonobstant la transformation par la loi du
9 août 2004 d'EDF en société car ils étaient directement affectés au service
public de distribution électrique dont la société Électricité Réseau distribution
de France (ERDF) a désormais la charge . De même, s'agissant maintenant
1239

des ouvrages de production d'électricité , le Conseil d'État leur a reconnu le


1240

caractère d'ouvrage public lorsqu'ils étaient directement affectés au service


public de l'électricité, ce qui est, en l'état actuel des techniques et eu égard aux
caractéristiques d'ensemble du système électrique, le cas des ouvrages d'une
puissance supérieure à 40 mégawatts qui sont installés dans les zones
interconnectées du territoire métropolitain .
1241 1242

On pourrait considérer qu'il en va de même des appartements construits par


les offices publics d'HLM (qui sont des personnes publiques dénommées
aujourd'hui offices publics de l'habitat) dans le cadre du service public du
logement qu'ils assurent et qui sont ensuite vendus aux occupants. Il a en effet
été jugé que les immeubles dont les offices publics d'HLM sont propriétaires
constituaient des ouvrages publics . Dès lors, lorsque certains appartements
1243

sont vendus à des particuliers, ces derniers pourraient être considérés comme
copropriétaires, avec l'office, d'un ouvrage public. Toutefois, une telle analyse
serait en contradiction avec l'affirmation selon laquelle il y a incompatibilité
entre les caractères des ouvrages publics et les règles de la copropriété .1244

On pourrait également considérer que les ouvrages possédés par France


Télécom devenu aujourd'hui la société Orange ou par les autres opérateurs
privés de téléphonie mobile peuvent être considérés comme des ouvrages
publics (en dehors de l'hypothèse où ils sont incorporés à un ouvrage public et
en constituent l'accessoire : v. ss 286) lorsqu'ils sont affectés directement au
service public. Le Tribunal des conflits s'est toutefois refusé à reconnaître cette
qualité aux antennes de téléphonie mobile installées par lesdits opérateurs 1245

mais sa décision, non motivée sur ce point, ne permet pas de savoir si ce refus
résulte de l'absence directe d'affectation à un service public ou de l'absence de
caractère immobilier de l'antenne qui peut être facilement enlevée de son
support.
CHAPITRE 3
LES IMPLICATIONS DE LA NOTION DE
TRAVAIL OU D'OUVRAGE PUBLIC

Section 1. LE RÉGIME PARTICULIER DES TRAVAUX PUBLICS


§ 1. Régime juridique
§ 2. Régime contentieux
A. Compétence du juge administratif
B. Compétence du tribunal administratif
C. Procédure contentieuse
D. Arbitrage
Section 2. LE CARACTÈRE ATTRACTIF DE LA NOTION DE TRAVAIL
PUBLIC

288 Dès que l'on est face à un travail public stricto sensu ou à un ouvrage public,
c'est-à-dire dès que l'on est confronté à un travail public au sens large du terme,
s'applique un régime particulier tant sur le plan proprement juridique que sur le
plan spécifiquement contentieux, régime particulier dont la portée est accentuée
par le caractère « attractif » de la notion de travail public.

SECTION 1. LE RÉGIME PARTICULIER DES TRAVAUX


PUBLICS

§ 1. Régime juridique

289 À partir du moment où le travail effectué est qualifié de travail public, il est
principalement soumis, non à un régime juridique de droit privé, mais à un
régime juridique de droit public, c'est-à-dire à un régime exorbitant du droit
commun dont on a déjà souligné le particularisme et qui sera étudié dans les
titres suivants. On verra notamment, pour ne prendre que ces trois exemples,
que les contrats concernant les travaux publics et notamment les marchés de
travaux publics sont nécessairement des contrats administratifs, du moins
lorsqu'ils sont conclus par une personne publique ou pour son compte (v.
ss 316), que l'administration dispose pour l'exécution des travaux publics de
diverses prérogatives qui sont autant de sujétions pesant sur les administrés (v.
ss 520 s.) et que la responsabilité qui peut lui incomber du fait des dommages
de travaux publics est soumise à des règles spécifiques (v. ss 534 s.).

§ 2. Régime contentieux 1246

290 Le fait que le travail soit qualifié de travail public a également un certain
nombre de conséquences sur le terrain contentieux.

A. Compétence du juge administratif

291 Si le juge judiciaire est compétent lorsque le litige a trait à un travail privé,
c'est le juge administratif qui est compétent lorsque le litige concerne un travail
public.
Il en va ainsi tout d'abord, à l'origine sur le fondement de l'article 4 de la loi
du 28 pluviôse an VIII , lorsque le litige a trait à la réparation d'un dommage
1247

causé par un travail public. Certes, cet article disposait seulement (par suite,
semble-t-il, d'une erreur de plume du législateur) que « le conseil de préfecture
(aujourd'hui le tribunal administratif) prononcera (c'est-à-dire statuera) :… sur
les réclamations des particuliers qui se plaindront des torts et dommages
procédant du fait personnel des entrepreneurs, et non du fait de
l'administration ». Dans ces conditions, on aurait pu penser qu'il excluait de la
compétence du juge administratif les recours en responsabilité dirigés contre
l'administration. Pourtant, il a été admis très vite que ce type de recours
relevait également de la compétence du juge administratif.
La compétence de ce dernier ne se limite pas d'ailleurs au seul contentieux
des dommages de travaux publics (que l'action en réparation soit dirigée contre
l'administration ou contre l'entrepreneur). Elle s'étend notamment aux autres
contentieux suivants : contentieux des contrats relatifs à la réalisation des
travaux publics (marchés de travaux publics, concessions de travaux publics,
offres de concours…) ; contentieux des servitudes relatives à l'exécution des
travaux publics (servitude d'occupation temporaire…) ; contentieux des plus-
values résultant des travaux publics…
B. Compétence du tribunal administratif

292 Au sein de la juridiction administrative, c'est le tribunal administratif, héritier


du conseil de préfecture visé par la loi du 28 pluviôse an VIII, qui est
normalement compétent en premier ressort, la compétence du Conseil d'État en
premier et dernier ressort étant exceptionnelle et ne concernant guère que les
recours contre les décrets ou les actes réglementaires des ministres. Si le litige
a trait à un contrat de travaux publics, le tribunal administratif compétent
ratione loci sera celui dans le ressort duquel le contrat est exécuté . S'il a
1248

trait à un dommage de travaux publics, c'est le tribunal administratif dans le


ressort duquel se trouve le lieu où le fait générateur du dommage s'est
produit . S'il s'agit d'un recours pour excès de pouvoir contre un acte, c'est le
1249

tribunal administratif dans le ressort duquel l'auteur de l'acte a son siège . 1250

C. Procédure contentieuse

293 Elle comporte trois particularités notables par rapport aux principes généraux
du contentieux administratif.

1° Pas d'obligation de susciter une décision préalable

294 « En matière de travaux publics » , le requérant n'a pas l'obligation, avant de


1251

saisir le juge, de susciter une décision préalable de l'administration prenant


position sur le litige et liant le contentieux . Il peut saisir directement le juge.
1252

Si, néanmoins, il saisit préalablement l'administration et obtient une décision


préalable, tout se passe comme si cette décision préalable n'existait pas. Par
exemple, s'il obtient une décision préalable en matière de dommages de travaux
publics, cette décision n'aura aucune incidence tant sur le délai de recours pour
la contester (le recours peut être intenté sans qu'il y ait de délai à respecter 1253

alors que le recours contre une décision administrative doit, en principe, être
intenté dans un délai de deux mois) que sur le tribunal territorialement
compétent (qui demeure le tribunal dans le ressort duquel se trouve le lieu où
le fait générateur du dommage s'est produit et non le tribunal dans le ressort
duquel a légalement son siège l'autorité qui a pris la décision).

2° Possibilité d'intenter le recours à tout moment

295 Toujours « en matière de travaux publics », le recours n'est subordonné à


aucune condition de délai . C'est dire qu'il n'a pas à être exercé dans le délai
1254
de principe de deux mois . Par exemple, n'est soumis à aucune condition de
1255

délai un recours pour excès de pouvoir contre une décision administrative


décidant de la réalisation d'un ouvrage public ou imposant à des tiers une
1256

participation financière à la réalisation de travaux publics et cela même si la


1257

décision en question a été notifiée au demandeur . Il en résulte que le


1258

demandeur qui n'a pas indiqué, lors de l'introduction de sa demande en matière


de travaux publics, le fondement juridique de son action, peut indiquer ce
fondement pour la première fois à tout moment au cours de la procédure sans
que lui soient opposables les dispositions de l'article R. 411-1 du Code de
justice administrative selon lesquelles la régularisation d'une requête ne
contenant l'exposé d'aucun moyen n'est possible que jusqu'à l'expiration du
délai de recours . 1259

Toutefois, dans le cas particulier des contrats relatifs aux travaux publics, les
cahiers des charges peuvent atténuer la portée de ces particularités, par
exemple en imposant au cocontractant de l'administration de ne saisir la
juridiction administrative qu'après avoir adressé à l'administration un mémoire
exposant l'objet et les motifs de sa réclamation voire en imposant un délai de
recours.
Par ailleurs, cette absence de délai ne veut quand même pas dire que la
victime puisse agir indéfiniment. Il faut en effet tenir compte des règles de
prescription, soit qu'il s'agisse des règles de prescription prévues par le Code
civil lorsque l'action est dirigée contre une personne de droit privé, soit qu'il
s'agisse de la prescription quadriennale lorsque l'action est dirigée contre une
personne de droit public . Dans le passé, la décision de l'administration
1260

opposant la prescription en matière de travaux publics était considérée en


quelque sorte comme « détachable » de ladite matière et ne pouvait donc être
contestée que dans le délai de principe de deux mois . Il n'en va plus de
1261

même aujourd'hui : considérée comme prise en matière de travaux publics, elle


peut être contestée sans condition de délai et alors même qu'elle a été notifiée
au demandeur . 1262

3° Possibilité d'agir sans ministère d'avocat devant le tribunal


administratif

296 Toujours « en matière de travaux publics », le ministère d'avocat n'est pas


obligatoire devant le tribunal administratif alors que la plupart des litiges en
1263

la matière sont des litiges de plein contentieux pour lesquels, en principe, un tel
ministère est toujours exigé. En revanche, devant la cour administrative
d'appel, il n'y a pas de dispense du ministère d'avocat. Enfin, devant le Conseil
d'État et selon une règle bien connue, il n'y aura dispense d'avocat que si le
recours est un recours pour excès de pouvoir.

D. Arbitrage

297 On notera enfin que l'arbitrage, normalement interdit à l'administration, est


parfois possible en matière de travaux publics.
Il existe en effet un principe traditionnel du droit public selon lequel il est
interdit aux personnes publiques de recourir à l'arbitrage pour résoudre leurs
litiges, principe qui, pour le Conseil d'État, est un principe général du droit 1264

et dans lequel le Conseil constitutionnel voit maintenant un principe de valeur


législative mais non constitutionnelle .
1265

Or, par exception et conformément à l'article 69 de la loi du 17 avril 1906,


l'État, les collectivités territoriales ou les établissements publics peuvent, pour
la liquidation de leurs dépenses de travaux (et de fournitures), recourir à
l'arbitrage tel qu'il est réglé par le livre IV du Code de procédure civile. Pour
l'État, ce recours doit être autorisé par un décret pris sur le rapport du ministre
compétent et du ministre chargé de l'économie.

SECTION 2. LE CARACTÈRE ATTRACTIF DE LA NOTION


DE TRAVAIL PUBLIC

298 La portée du régime particulier applicable aux travaux publics qui vient d'être
exposé est amplifiée par le caractère attractif ou encore par la force attractive
de la notion de travail public.
Ces expressions signifient que, dès lors que, dans une opération
administrative, figure un élément lié à un travail public, le juge est enclin à
soumettre l'ensemble de l'opération au régime des travaux publics.

299 Il en va ainsi en matière de contrats. Par exemple, un contrat par lequel une
entreprise s'engage à livrer à l'administration des pavés, qui n'est donc pas un
marché de travaux publics mais un marché de fourniture sera néanmoins
considéré comme un marché de travaux publics si le fournisseur s'engage à
transporter les pavés jusqu'à la route où ils doivent être placés . De la même
1266

manière, dans la mesure où ils ont un lien avec un travail public, sont
considérés comme des marchés de travaux publics les contrats suivants :
contrat chargeant le cocontractant, non seulement d'organiser le travail des
détenus, mais également de construire ou d'entretenir certains locaux de la
prison ; contrat d'engagement d'un architecte le chargeant de la direction et
1267
de la surveillance de travaux publics 1268
; protocole d'accord conclu entre les
constructeurs et répartissant entre eux les frais de réparation de désordres
apparus à la suite de la réalisation d'un travail public ; transaction destinée à
1269

régler un litige concernant l'exécution de travaux publics ; certains contrats


1270

relatifs au financement des travaux comme, par exemple, le contrat par lequel
un particulier s'engage à participer au financement d'un travail public 1271
;
contrat d'assurance couvrant la responsabilité des constructeurs . 1272

300 Il en va de même en matière de dommages. Ainsi, avant que la loi du


31 décembre 1957 n'impose la compétence du juge judiciaire en matière de
réparation des dommages causés par tous les véhicules, la jurisprudence avait
considéré que constituait un dommage de travail public l'accident causé par la
voiture d'un ingénieur des ponts et chaussées se rendant sur un chantier de
travaux publics . D'autres exemples de ce caractère attractif de la notion de
1273

travail public seront mentionnés plus loin lors de l'étude détaillée des
dommages de travaux publics (v. ss 537).
TITRE 2
LA RÉALISATION DES TRAVAUX ET
OUVRAGES PUBLICS

CHAPITRE 1 L'EXÉCUTION DIRECTE PAR LA COLLECTIVITÉ PUBLIQUE


CHAPITRE 2 LA RÉALISATION DES TRAVAUX PUBLICS PAR UN TIERS
PAYÉ DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT PAR
L'ADMINISTRATION

301 Évolution des modes de réalisation ◊ De tout temps, les travaux publics
à l'origine desquels se trouve une collectivité publique, ont été réalisés soit par
la collectivité publique elle-même (régie directe), soit par un tiers rémunéré à
cet effet. Toutefois, deux phénomènes ont récemment fait bouger les
présentations traditionnelles : d'une part, les pratiques ont évolué vers toujours
plus de « partenariat » entre le public et le privé, l'idée étant qu'une collectivité
publique n'avait pas nécessairement et « naturellement » une compétence pour
réaliser concrètement des travaux publics (alors qu'il existe des professionnels
dans le secteur privé) ; d'autre part, sous l'influence du droit communautaire,
les catégories juridiques françaises ont été à ce point bousculées qu'il n'est plus
aujourd'hui possible de faire la théorie du « marché de travaux publics »
comme avant.

302 Autorisations administratives préalables à la réalisation de


travaux publics ◊ La réalisation de travaux publics nécessite souvent, en
vertu de textes exprès, l'obtention préalable d'autorisations administratives :
ainsi, par exemple, d'un permis de construire, d'une autorisation d'occupation
du domaine public, d'une déclaration d'utilité publique ou d'une déclaration de
projet. Toutefois, même quand aucune autorisation n'est requise par des textes,
une décision administrative permettant la réalisation effective des travaux
existe implicitement comme le révèle la jurisprudence administrative en
matière de construction d'autoroutes . L'intérêt de telles décisions est de
1274

pouvoir s'assurer, en cas de recours à leur encontre, de la conformité de la


réalisation des travaux publics aux actes antérieurs les ayant permis (DUP, par
ex.), même si le principe d'indépendance des législations rend parfois ce
contrôle limité . 1275

303 Bibliographie ◊ L'ampleur limitée de ce manuel exclut que les questions


relatives à la réalisation des travaux et ouvrages publics soient traitées de
façon exhaustive. À cet effet, on renverra aux ouvrages suivants :
Ph. TERNEYRE, O. GUEZOU, F. LICHERE (dir.), Droit des marchés publics et des contrats publics,
4 tomes, éd. du Moniteur.
A. de LAUBADÈRE, F. MODERNE, P. DELVOLVÉ, Traité des contrats administratifs, 2 tomes,
LGDJ, 1983 et 1984.
Ph. MALINVAUD (dir.), Droit de la construction, coll. « Dalloz Action », Dalloz, 2011.
L. RAPP., Ph. TERNEYRE, N. SYMCHOWICZ, Droit public des affaires, Lamy, 2015.
L. RICHER, Droit des contrats administratifs, LGDJ, 9e éd., 2015.
M. UBAUD-BERGERON, Droit des contrats administratifs, Lexis Nexis, 1re éd., 2015.
JurisClasseur Contrat et marché publics.
CHAPITRE 1
L'EXÉCUTION DIRECTE PAR LA
COLLECTIVITÉ PUBLIQUE

304 L'exécution en régie ◊ Dans la régie, l'administration exécute elle-même le


travail public. Elle utilise, sous la direction de ses ingénieurs et architectes,
son personnel permanent (par exemple, ouvriers des Directions
départementales de l'équipement ou de l'agriculture, ouvriers des services
techniques du département ou de la commune), ou un personnel temporaire
recruté à cette fin. Les matériaux mis en œuvre sont achetés directement par
elle à des fournisseurs.

305 Financement des travaux ◊ Le financement direct, par la personne


publique, de ses travaux et ouvrages publics est le mode le plus courant de
financement. Il s'agit d'un financement budgétaire, transitant par la section
« investissements » du budget des collectivités publiques. À cet égard, dans les
budgets des collectivités locales, les crédits destinés à la réalisation de travaux
sont placés dans la section d'« investissement », qui est séparée de la section
de « fonctionnement ».
Les recettes des budgets publics d'investissement sont variables. Dans le cas
des collectivités territoriales, il s'agit surtout de diverses recettes fiscales
(produit de la taxe locale d'équipement notamment), et de certaines dotations de
l'État (dotation globale d'équipement, dotation générale de décentralisation et
dotation culturelle). S'ajoutent à ces deux apports des subventions spécifiques
de l'État (par exemple dans le cadre de contrats du type Contrats de Plan État-
Région), des subventions en provenance de l'Union européenne ou d'autres
collectivités territoriales , ou encore les remboursements effectués dans le
1276

cadre du Fonds de compensation pour la TVA, par le biais duquel les


collectivités locales récupèrent une partie de la TVA qu'elles paient à leurs
prestataires sans pouvoir la récupérer.

306 Fonds de compensation de la TVA ◊ De fait, comme l'indique l'article


L. 1615-1 du CGCT, les ressources du FCTVA sont destinées à permettre
progressivement le remboursement intégral de la TVA acquittée par les
collectivités territoriales et leurs groupements sur leurs dépenses réelles
d'investissement et qu'ils ne peuvent « récupérer » comme n'importe quel
opérateur économique, sous réserve au demeurant que ces dépenses n'aient pas
été affectées à la réalisation d'ouvrages « mis à disposition au profit d'un
tiers » (CGCT, art. L.1615-7). Ces critères ont donné lieu à une abondante
jurisprudence . 1277

307 Offre de concours ◊ Une autre façon de financer la réalisation de travaux ou


ouvrages publics consiste pour la collectivité publique à accepter (ou à
solliciter) les « offres de concours » que des personnes publiques ou privées
lui font à cet effet.
De fait, l'offre de concours peut se définir comme un contrat par lequel une
personne privée ou publique s'engage à fournir une prestation en argent ou en
nature à une collectivité publique en vue de la réalisation d'un travail public ou
de l'organisation d'un service public avec ou sans contrepartie au profit de
l'offrant. Il s'agit donc bien d'un moyen de financement privé d'équipements
publics .1278

Constitue ainsi une offre de concours, l'engagement d'un particulier de


prendre en charge la part communale de travaux d'électrification assurés par le
département , la proposition de riverains du domaine public maritime de
1279

construire sur le rivage des ouvrages de caractère permanent à destination de


mouillage de bateaux de plaisance ou de réaliser des travaux permettant de
1280

conforter des dunes ou la proposition d'une banque de contribuer à la


1281

construction d'un restaurant administratif départemental en contrepartie de la


faculté pour son personnel d'y accéder ou la proposition d'une entreprise de
1282

financer la partie non subventionnable des travaux d'extension d'un réseau d'eau
et d'assainissement d'une commune et dont l'entreprise pourrait bénéficier ou 1283

la réalisation d'aménagements de la voirie publique à proximité d'un bâtiment


appartenant à la personne proposant de cette réalisation .
1284

L'offre de concours est un contrat et c'est un contrat administratif dès lors


qu'il porte sur l'exécution de travaux publics . Mais il s'agit d'un contrat
1285

particulier dans la mesure où l'offrant est le seul contractant engagé par son
offre , y compris si le contrat d'offre de concours est irrégulièrement
1286

conclu alors que l'administration reste « libre de décider de l'opportunité de


1287

donner suite aux projets de travaux envisagés par la convention » , toute1288

renonciation l'obligeant néanmoins à restituer les sommes ou les biens donnés


par l'offrant . En revanche, lorsque l'offre de concours est assortie d'une
1289

condition posée par l'offrant et qu'elle est acceptée par l'administration, cette
dernière est tenue de la respecter sauf à engager sa responsabilité contractuelle
ou à rendre le contrat caduc .
1290
CHAPITRE 2
LA RÉALISATION DES TRAVAUX PUBLICS
PAR UN TIERS PAYÉ DIRECTEMENT OU
INDIRECTEMENT PAR L'ADMINISTRATION

Section 1. LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE CONTRATS AYANT


POUR OBJET LA RÉALISATION PAR UN TIERS DE TRAVAUX
PUBLICS
§ 1. Les critères d'identification
A. La question de la maîtrise d'ouvrage publique
B. La distinction marchés publics – concessions
§ 2. Typologie des différents contrats de travaux de la commande
publique
A. Les marchés publics de travaux
B. Les concessions de travaux
C. Les contrats publics qui ne peuvent plus être utilisés en matière
de travaux
Section 2. L'ÉXÉCUTION PAR UN MARCHÉ PUBLIC DE TRAVAUX
Sous-section 1. Les parties au contrat
§ 1. Les acheteurs publics
A. Les pouvoirs adjudicateurs de droit public
B. Les pouvoirs adjudicateurs, maîtres d'ouvrage publics
C. La délégation de maîtrise d'ouvrage
D. Les entités adjudicatrices
§ 2. Le titulaire du contrat
Sous-section 2. La passation du contrat
§ 1. Les règles de l'ordonnance de 2015 et du décret de 2016 relatifs
aux marchés publics
A. Règles générales applicables aux différentes procédures
B. Les procédures de passation
§ 2. Les règles de compétence et de forme
§ 3. Éléments du contentieux de la formation du marché public
de travaux
Sous-section 3. Le contenu du contrat
Sous-section 4. L'exécution du contrat
§ 1. L'exécution personnelle du marché
A. La cession du marché
B. La sous-traitance du marché
§ 2. Exécution technique du contrat
A. Durée et délais d'exécution du marché
B. Pouvoir de contrôle et de direction
C. Résiliation du marché pour faute de l'entrepreneur
§ 3. Exécution financière du marché
A. Le prix du marché
B. Le financement du marché
C. Les garanties financières du maître d'ouvrage public
§ 4. Les modifications du marché en cours d'exécution
A. Les modifications imputables à l'administration
B. Les modifications extérieures à l'administration
Sous-section 5. Les responsabilités des constructeurs
§ 1. Les responsabilités contractuelles
A. La responsabilité contractuelle jusqu'à la réception des travaux
B. La réception des travaux
C. Les responsabilités contractuelles postérieures à la réception
des travaux
§ 2. Les responsabilités post-contractuelles
A. La garantie biennale de bon fonctionnement des éléments
d'équipement de l'ouvrage
B. La garantie décennale des vices de construction de l'ouvrage
§ 3. Les responsabilités extra-contractuelles
A. Les recours en garantie entre constructeurs
B. Le recours en garantie du maître de l'ouvrage contre les constructeurs
en cas de dommage causé après la réception de l'ouvrage
Section 3. L'EXÉCUTION PAR UN CONCESSIONNAIRE DE TRAVAUX
PUBLICS (ET DE SERVICE PUBLIC)
Sous-section 1. Les parties contractantes
Sous-section 2. Procédure de passation
§ 1. Principes généraux
§ 2. Éléments de la procédure d'attribution
Sous-section 3. Les principales clauses de la concession
Sous-section 4. L'exécution des concessions
Sous-section 5. La fin des concessions

SECTION 1. LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE CONTRATS


AYANT POUR OBJET LA RÉALISATION PAR UN TIERS
DE TRAVAUX PUBLICS

308 Généralités ◊ S'il est toujours possible d'affirmer que la réalisation de


travaux publics par un tiers à la demande d'une collectivité publique prend la
forme soit d'un « contrat » ou d'un « marché » de travaux publics soit d'une
« concession » de travaux, cette division binaire est plus « littéraire » que
juridique en ce sens qu'elle recouvre une multitude de contrats aux régimes
juridiques propres et aux qualifications différentes selon que l'on se réfère au
droit interne ou au droit communautaire
À cet égard, cette « multitude » est, à compter du 1 avril 2016, beaucoup
er

plus réduite qu'auparavant. En efet, à l'occasion de la transposition des


nouvelles directives marchés publics de 2014 (sur lesquelles, v. infra), le
législateur français (par voie d'ordonnances) a pris le parti de réduire les
contrats de la commande publique à deux grandes catégories – les marchés et
les concessions – et à interdire que toute autre forme de contrat public ou
montages contractuels complexes puissent être utilisé pour l'exécution de
travaux, la livraison de fournitures, la prestation de services ou la gestion d'une
mission de service public en faveur et/ou pour la satisfaction d'un besoin d'une
personne publique.

309 Sources du droit positif ◊ De fait, le droit positif des contrats de la


commande publique repose, à compter du 1 avril 2016, sur le dispositif
er
législatif et réglementaire suivant :
– Trois directives de l'Union européenne : l'une, n 2014/24 du 26 février
o

2014 sur la passation des marchés publics et abrogeant la directive précédente


n 2004/18 ; une autre, n 2014/25 du 26 février 2014 relative à la passation de
o o

marchés par des entités opérant dans les secteurs de l'eau, de l'énergie, des
transports et des services postaux et abrogeant la directive précédente
n 2004/07 ; une dernière, enfin, n 2014/23 du 26 février 2014 sur l'attribution
o o

de contrats de concession.
– une ordonnance n 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés
o

publics et deux décrets d'application n 2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux


o

marchés publics et n 2016-361 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics de


o

défense ou de sécurité.
– une ordonnance n 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux contrats de
o

concession et un décret d'application n 2016-86 du 1 février 2016 relatif aux


o er

contrats de concession.
– L'abrogation de tous les textes législatifs et réglementaires antérieurs
relatifs aux contrats de la commande publique, notamment le code des marchés
publics, l'ordonnance n 2004-559 du 17 juin 2004 sur les contrats de
o

partenariat, l'ordonnance n 2005-649 du 6 juin 2005 relative aux marchés


o

passés par les personnes non soumises au code des marchés publics, les
articles du code de la santé publique relatifs aux baux emphytéotiques
hospitaliers, les articles 38 et s. de la loi Sapin du 29 janvier 1993,
l'ordonnance n 2009-864 du 15 juillet 2009 relative aux contrats de concession
o

de travaux publics, les dispositions correspondantes à ces textes dans le CGCT,


etc.
– La réécriture des dispositions relatives aux baux emphytéotiques
administratifs (BEA) des collectivités territoriales (art. L 1311-2 et s. du
CGCT) ou de l'État (art. L 2341-1 du CG3P), aux autorisations d'occupation
temporaires (AOT) constitutives de droits réels de l'État (art. L 2122-6 du
CG3P) ou des collectivités territoriales (art. L 1311-5 du CGCT), dans un sens
indiquant que de tels baux ou AOT ne peuvent avoir pour objet l'exécution de
travaux, la livraison de fournitures, la prestation de services ou la gestion d'une
mission de service public avec une contrepartie économique constituée par un
prix ou un droit d'exploitation, pour le compte ou les besoins d'un acheteur
public.

§ 1. Les critères d'identification

A. La question de la maîtrise d'ouvrage publique


310 L'adéquation travail public/ maîtrise d'ouvrage publique/propriété
publique. ◊ En droit administratif français, il n'y a travail public – et donc
éventuellement marché de travaux publics – que si la collectivité publique pour
laquelle l'ouvrage est construit dispose, pendant l'opération de construction, de
la qualité de maître d'ouvrage et si, après l'achèvement de l'ouvrage, elle en
devient propriétaire.

311 En revanche, si tel n'est pas le cas, c'est-à-dire si, dans l'opération entreprise,
la collectivité publique n'assure pas la direction technique des actions de
construction et ne devient pas propriétaire des ouvrages construits dès leur
achèvement, l'administration ne joue alors pas dans cette opération le rôle de
maître d'ouvrage ; dans ces conditions, l'opération en vue de laquelle a été
passé le contrat ne présente pas le caractère d'une opération de travaux publics
et ce, même si l'ouvrage répond aux besoins de la collectivité et même si celle-
ci a fourni au constructeur des éléments de programme correspondant à ses
besoins. La jurisprudence administrative est, sur ce point, constante et décide,
en conséquence, que n'est pas un contrat de travail public :
– le bail emphytéotique administratif de l'article L. 1311-2 du CGCT
consenti à un preneur .
1291

– la vente à terme par laquelle l'État achète au constructeur divers


appartements et garages dans un immeuble en construction sous réserve de son
achèvement à une date certaine ;1292

– la location avec option d'achat dans laquelle une société s'engage à


construire un bâtiment administratif (une direction départementale du travail)
pour le louer à l'État qui dispose d'une option d'achat susceptible d'être levée à
tout moment ;1293

– l'autorisation d'occupation temporaire du domaine public constitutive de


droit réel des articles L. 2122-6 du Code général de la propriété des personnes
publiques pour l'État et L. 1311-5 du CGCT pour les collectivités locales ; 1294

– la vente en l'état futur d'achèvement (VEFA) de l'article 1601-3 du Code


civil par laquelle d'administration achète à un constructeur-maître d'ouvrage, au
fur et à mesure de son exécution, tout ou partie d'un immeuble ;1295

312 Les contrats de travaux publics ◊ En droit administratif français des


travaux publics, du fait du caractère attractif de la notion de travail public
(v. ss 298), certains contrats sont considérés comme des contrats de travaux
publics – alors pourtant qu'ils n'ont pas pour objet principal de réaliser des
travaux – simplement parce qu'ils ne sont pas sans lien avec l'exécution de
travaux publics. C'est pourquoi, il ne s'agira alors pas, le plus souvent, de
marchés publics de travaux (v. ss 323 s.).
Tel est le cas des contrats dans lesquels le cocontractant est chargé
accessoirement de réaliser un travail public . Ainsi, si les contrats de
1296

fournitures de matériaux nécessaires à la réalisation de travaux publics ne sort


pas des contrats de travaux publics , ceux dans lesquels le fournisseur ou le
1297

prestataire est chargé accessoirement de réaliser un travail public sont des


contrats administratifs de travail public . 1298

Tel est également le cas des contrats dont l'objet est en rapport avec
l'exécution de travaux publics. Sont ainsi des contrats administratifs parce que
se rapportant à une opération de travaux, le contrat d'offre de concours , les
1299

contrats d'engagement d'architectes chargés de s'occuper d'une opération de


travail public – alors qu'il s'agit, par ailleurs, d'un marché public de services
1300

– le contrat par lequel les entrepreneurs mettent leurs marchés en nantissement


auprès d'une banque pour se procurer des fonds ou obtiennent le cautionnement
de leurs obligations par une banque , les contrats ayant le caractère de
1301

transactions et dont l'objet est d'assurer à l'amiable le règlement de litiges


provoqués par l'exécution des travaux , de même que les contrats d'assurance
1302

destinés à couvrir la responsabilité des entrepreneurs . En revanche, la mise


1303

en œuvre par le maître d'ouvrage public du contrat de « garantie à première


demande » conclu par le titulaire d'un marché de travaux relève de la
compétence du juge judiciaire car ce contrat n'est pas l'accessoire du marché
de travaux .
1304

313 Un marché public de travaux ne nécessite plus que le pouvoir


adjudicateur soit maître d'ouvrage de l'opération ◊ Si, pour qu'il y ait
un « travail public », il faut qu'en principe une personne publique soit maître
d'ouvrage de l'opération, il n'est plus nécessaire, en droit des marchés publics,
que le pouvoir adjudicateur public soit maître d'ouvrage pour pouvoir conclure
un marché public de travaux. Exigée par l'article 1°-III du code des marchés,
cette condition a disparu de l'article 5 de l'ordonnance précitée de 2015 qui
définit les marchés publics de travaux.
En revanche, dès lors que la loi relative à la maîtrise d'ouvrage publique
n 85-704 du 12 juillet 1985 exige que les personnes publiques assurent la
o

maîtrise d'ouvrage publique des ouvrages de bâtiments ou d'infrastructure


qu'elles commandent (art. 1°), il est nécessaire qu'une disposition législative
particulière déroge à cette exigence à chaque fois que le législateur souhaite
attribuer au cocontractant de l'administration cette qualité. Ainsi, par exemple,
de l'article 67-II de l'ordonnance de 2015 sur les marchés publics qui dispose
que « le titulaire d'un marché de partenariat assure la maîtrise d'ouvrage de
l'opération à réaliser » ou implicitement de l'article 1601-3 du code civil
lorsqu'une personne publique a recours à une VEFA.

314 Le cas particulier des concessions ◊ Dans les concessions de service


public et de travaux publics, dans les concessions de travaux ou dans les
concessions d'aménagement de l'article L 301-4 du Code de l'urbanisme, les
ouvrages sont construits par le concessionnaire sous sa maîtrise d'ouvrage.
Pourtant, s'il s'agit de « biens de retour », c'est-à-dire de biens affectés à
l'exploitation du service public ou à l'usage du public, ces ouvrages résultent
d'une opération de travaux publics, malgré le fait qu'ils ne soient pas construits
sous la maîtrise d'ouvrage de la collectivité publique concédante . À cet
1305

égard, est également une opération de travaux publics, l'édification par le


titulaire d'une concession d'endigage de digues destinées à entrer dans le
domaine public maritime et, par suite, à être la propriété de l'État . Cette
1306

apparente dérogation aux principes ci-dessus rappelés s'explique sans doute


par le fait d'une part, que les biens de retour, malgré leur financement et leur
contribution par le concessionnaire, sont considérés comme appartenant, dès
leur achèvement (ab initio), à la collectivité publique concédante et, d'autre
part, que cette dernière exerce dans les concessions un contrôle très étroit sur
le constructeur. En revanche, dès lors que dans une opération d'aménagement,
les travaux sont réalisés pour le compte de la société concessionnaire, il ne
s'agit pas de travaux publics .
1307

B. La distinction marchés publics – concessions

315 Critères du risque économique lié à l'exploitation de l'ouvrage ou


du service ◊ Selon l'article 4 de l'ordonnance n 2015-899 du 23 juillet
o

2015 relative aux marchés publics, « les marchés sont les contrats conclus à
titre onéreux par un ou plusieurs acheteurs … avec un ou plusieurs opérateurs
économiques pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de
fournitures ou de service » (v. Ph. Terneyre, « La notion de marché public :
rupture ou continuité », Contrats et marchés publics, juin 2014, n 3).
o

Selon l'article 65 de l'ordonnance n 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux


o

contrats de concession, ces derniers « sont les contrats conclus par écrit, par
lesquels une ou plusieurs autorités concédantes confient l'exécution de travaux
ou la gestion d'un service à un ou plusieurs opérateurs économiques, à qui est
transféré un risque lié à l'exploitation de l'ouvrage ou du service, en
contrepartie soit du droit d'exploiter l'ouvrage ou le service qui fait l'objet du
contrat, soit de ce droit assorti d'un prix ».
Le même article définit au demeurant le risque économique en indiquant que
« la part de risque transférée au concessionnaire implique une réelle exposition
aux aléas du marché, de sorte que toute perte potentielle supportée par le
concessionnaire ne doit pas être purement nominale ou négligeable. Le
concessionnaire assume le risque d'exploitation lorsque, dans des conditions
d'exploitation normales, il n'est pas assuré d'amortir les investissements ou les
coûts qu'il a supportés, liés à l'exploitation de l'ouvrage ou du service ».
Avant sa « codification » dans les nouvelles directives de 2014 et les
ordonnances françaises 2015/2016, le critère du « risque économique » assumé
par le concessionnaire, opposé à celui du prix attribué au titulaire d'un marché,
était déjà celui développé par la jurisprudence tant communautaire 1308
que
nationale pour distinguer les marchés des concessions ou, quant elles
1309

existaient encore, des délégations de service public.

§ 2. Typologie des différents contrats de travaux


de la commande publique

316 Contrats administratifs par détermination de la loi ◊ Dès lors qu'ils


sont « passés par des personnes morales de droit public » – y compris, donc et
c'est nouveau, par des établissements publics à caractère industriel et
commercial –, les marchés publics et les contrats de concession sont des
contrats administratifs (art. 3 de l'ordonnance du 23 juillet 2015 relative aux
marchés publics et art. 3 de l'ordonnance du 29 janvier 2016 relative aux
contrats de concession).
En revanche, les marchés publics et les concessions conclus par des
pouvoirs adjudicateurs ou des entités adjudicatrices de droit privé en
application des deux ordonnances précitées restent des contrats de droit privé
sauf si ces personnes privées sous influence publique agissent en tant que
mandataires d'une personne publique, ce que la jurisprudence admet de plus en
plus rarement (v. CE 11 mars 2011, Cté d'agglo. du Grand Toulouse,
n 330722, BJCP 2011, n 76, p. 222, concl. Boulouis ; TC 9 juill. 2012, CGE,
o o

n 3834 ; TC 16 juin 2014, Société d'exploitation de la Tour Eiffel, n 3944,


o o

BJCP 2014, n 97, p. 426, concl. Escaut).


o

A. Les marchés publics de travaux

317 Définition légale ◊ Selon le I de l'article 5 de l'ordonnance précitée du


23 juillet 2015, « les marchés publics de travaux ont pour objet :
1° Soit l'exécution, soit la conception et l'exécution de travaux dont la liste
est publiée au Journal officiel de la République française,
2° Soit la réalisation, soit la conception et la réalisation, par quelque moyen
que ce soit, d'un ouvrage répondant aux exigences fixées par l'acheteur qui
exerce une influence déterminante sur sa nature ou sa conception. Un ouvrage
est le résultat d'un ensemble de travaux de bâtiment ou de génie civil destiné à
remplir par lui-même une fonction économique ou technique ».
Selon le IV de ce même article, « lorsqu'un marché public porte sur des
travaux et sur des fournitures ou des services, il est un marché de travaux si son
objet principal est de réaliser des travaux ».

318 Objet principal ◊ Cette définition légale reprend les jurisprudences


antérieures tant de la Cour de justice de l'Union européenne que du Conseil
d'État. Elle traduit l'idée qu'un marché public de travaux est un contrat dont
l'objet principal est de satisfaire un ou plusieurs besoins en matière de travaux
d'un pouvoir adjudicateur (v. E. Fatôme et Ph. Terneyre, À propos des règles de
passation des contrats publics à objet à la fois immobilier et de travaux, AJDA
2015, p. 1577 ; F. Llorens et P. Soler-Couteaux, À la recherche de l'objet
principal du contrat, Contrats et marchés publics, mars 2015, Repères).
De fait, en droit de l'UE, est ainsi un marché public de travaux, le contrat par
lequel une ville demande à une entreprise de construire, sous sa maîtrise
d'ouvrage, quatre halles d'exposition pour ensuite les mettre à la disposition de
la Ville pendant 30 ans moyennant un loyer mensuel . En revanche, la vente à
1310

une entreprise par une autorité publique d'un terrain sur lequel l'acquéreur
envisage d'exécuter ultérieurement des travaux répondant à des objectifs de
développement urbanisme définis par la Ville n'est pas un marché public de
travaux . Inversement, la réalisation de logements sociaux imposés à des
1311

constructeurs dans le cadre d'une opération privée peut être qualifiée de


marché public de travaux de même que le contrat de location d'un ouvrage
1312

non encore construit et correspondant aux spécifications définies par la


personne publique preneuse . 1313

De même, en droit interne, les contrats à objet immobilier par lesquels une
collectivité demande au cocontractant qu'il satisfasse à ses besoins à
l'occasion, notamment, d'une vente d'un terrain public peuvent constituer des
marchés publics de travaux 1314

319 Catégories de marchés publics de travaux ◊ En s'en tenant à la


nouvelle ordonnance du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics, on peut
identifier plusieurs catégories de marchés publics de travaux :
– les marchés publics allotis (art. 32)
– les marchés publics globaux qui se subdivisent en :
• Marchés publics de conception-réalisation lorsque l'acheteur décide de
confier à un opérateur économique une mission portant à la fois sur
l'établissement d'études et l'exécution des travaux (art. 33)
• Marchés publics globaux de performance où sont associés l'exploitation
ou la maintenance à la réalisation ou à la conception-réalisation de prestations
(art. 34).
• Marchés publics globaux sectoriels qui attribuent à l'opérateur
économique une mission globale dans divers secteurs notamment de
souveraineté (défense, police, établissements pénitentiaires, incendie et
secours, etc. Voir art. 35).
Dans tous ces cas, le pouvoir adjudicateur conserve la maîtrise d'ouvrage de
l'opération.
– Les marchés de partenariat des articles 66 s. qui confient à l'opérateur
économique une mission globale ayant pour objet la construction, la
transformation, la rénovation, le démantèlement ou la destruction d'ouvrages et
tout ou partie de leur financement. Dans ce type de marché, le titulaire du
marché assure la maîtrise d'ouvrage de l'opération à réaliser.
À cette mission de base, le partenaire peut se voir également confier tout ou
partie de la conception des ouvrages et l'entretien ou la maintenance de ceux-ci,
de même que la gestion d'une mission de service public.
L'utilisation de ce type de marché n'est possible que si sa valeur est égale ou
supérieure à 10 ou 20 millions d'euros HT selon les cas.
– Les concessions d'aménagement de l'article L 300-4 du Code de
l'urbanisme lorsque celles-ci ne transfèrent pas à l'aménageur « un risque
d'exploitation ». Dans ce cas, la « concession » est assimilée à un marché
public de travaux.

B. Les concessions de travaux

320 Définition légale ◊ L'ordonnance n 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux


o

contrats de concession distingue deux catégories de concessions : les


concessions de travaux et les concessions de services (qui peuvent, pour ces
dernière, « consister à déléguer la gestion d'un service public »).
La concession de travaux est définie comme le contrat « ayant pour objet 1°
soit l'exécution, soit la conception et l'exécution de travaux dont la liste est
publiée au Journal officiel de la République française ; 2° soit la réalisation,
soit la conception et la réalisation, par quelque moyen que ce soit, d'un ouvrage
répondant aux exigences fixées par l'autorité concédante.
Un ouvrage est le résultat d'un ensemble de travaux de bâtiment ou de génie
civil destiné à remplir par lui-même une fonction économique ou technique ».
Et, « lorsqu'un contrat de concession porte sur des travaux et des services, il
est un contrat de concession de travaux si son objet principal est de réaliser des
travaux ».

321 Objet principal ◊ Cette distinction entre concession de travaux et concession


de services est moins importante qu'hier où existaient deux régimes propres à
chaque catégorie de contrat : l'ordonnance du 15 juillet 2009 pour la première
et loi Sapin du 29 janvier 1993 pour la seconde lorsqu'elle comportait une
délégation du service public au concessionnaire. Et cette dualité de régime
juridique avait provoqué une certaine confusion notamment pour les
concessions autoroutières (v. CE, avis, 16 mars 2010, n 383668, Contrats et
o

marchés publics, 2011, n 332).


o

Aujourd'hui, les deux types de concession sont soumis au même régime


juridique, qu'elles soient dans le champ du droit de l'UE ou dans celui du droit
interne (sur ces régimes juridiques respectifs, v. le décret n 2016– 86 du 1
o er

février 2016 relatif aux contrats de concession).

322 Catégories de concessions de travaux ◊ Peuvent par exemple être


qualifiées de concessions de travaux, si leur objet principal consiste en des
travaux :
– les concessions autoroutières et les concessions d'ouvrage d'art (pont,
viaduc, tunnel, etc.)
– les concessions tendant à la construction et à l'exploitation de grandes
infrastructures (port, aéroport, stade, salle de spectable, parking, etc.)
– les concessions d'aménagement de l'article L 300-4 du Code de
l'urbanisme lorsque l'aménageur assume un risque économique lié à l'opération
d'aménagement.

C. Les contrats publics qui ne peuvent plus être utilisés en matière


de travaux

323 Situation antérieure ◊ Avant l'entrée en vigueur des deux ordonnances


marchés publics et concessions le 1 avril 2016, s'étaient développées des
er

pratiques en marge du Code des marchés publics et de la loi Sapin de 1993 par
lesquelles les collectivités publiques avaient pris l'habitude d'utiliser des
catégories de contrats extérieures au droit de la commande publique mais,
détournées de leur fonction première et/ou combinées les unes avec les autres,
permettaient au total aux administrations de satisfaire à leurs besoins en
matière de travaux, avec parfois l'intérêt de ne pas obéir à des règles
préalables de publicité et de mise en concurrence, de ne pas être maître
d'ouvrage de l'opération et/ou de ne pas avoir à la financer en amont.
Étaient alors fréquemment utilisés les baux emphytéotiques administratifs de
l'article L 1311-2 du CGCT assortis d'un contrat de location de l'ouvrage
construit (BEA dits « aller-retour »), les AOT constitutives de droits réels du
CG3P, également assorties d'une location avec option d'achat (LOA), les
contrats de vente en l'état futur d'achèvement (VEFA) du Code civil ou les
concessions immobilières.
Ces types de contrats furent alors, par la jurisprudence, soit requalifiés en
marchés publics ou en DSP, soit prohibés parce que constitutifs d'un
détournement de procédure pour des collectivités publiques.

324 Prohibition fixée par l'ordonnance marchés publics ◊ Afin d'assurer


une cohérence dans la présentation désormais binaire des contrats de la
commande publique – marchés/concessions –, l'article 101 de l'ordonnance
n 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics a réécrit les
o

dispositions du CGCT et du CGPPP relatifs aux BEA et aux AOT pour indiquer
que de tels baux ou autorisations ne pouvaient « avoir pour objet l'exécution de
travaux, la livraison de fournitures, la prestation de services ou la gestion d'une
mission de service public avec une contrepartie économique constituée par un
prix ou un droit d'exploitation pour le compte ou pour les besoins d'un acheteur
public… ou d'une autorité concédante ».

SECTION 2. L'ÉXÉCUTION PAR UN MARCHÉ PUBLIC


DE TRAVAUX

325 Composantes du régime juridique ◊ Pour rendre compte du régime


juridique applicable aux marchés publics de travaux, on fera état des règles
relatives aux parties au contrat, à la passation du marché, à celles de leur
contenu et de leur exécution ainsi qu'aux différentes garanties post-
contractuelles dont bénéficie l'ouvrage une fois celui-ci construit.

Sous-section 1. Les parties au contrat


§ 1. Les acheteurs publics

326 Les catégories d'acheteurs publics ◊ Selon l'article 9 de l'ordonnance du


23 juillet 2015 relative aux marchés publics, les acheteurs publics ou privés
soumis à cette ordonnance sont les pouvoirs adjudicateurs et les entités
adjudicatrices.
En d'autres termes, alors que dans le système de droit positif précédent, les
personnes publiques étaient soumises au code des marchés publics et les
personnes privées sous influence publique (ainsi que quelques personnes
publiques) à l'ordonnance du 6 juin 2005, tous les « acheteurs », qu'ils soient
publics ou privés, sont désormais soumis au même droit.
Il reste que seuls les acheteurs publics nous intéresseront ici car, lorsqu'un
acheteur privé conclut un marché public de travaux avec un opérateur
économique privé (et même public d'ailleurs), l'opération n'est pas un « travail
public » (mais l'ouvrage qui en résulte peut-être un « ouvrage public »).

A. Les pouvoirs adjudicateurs de droit public

327 Énumération légale ◊ Selon l'article 10 de l'ordonnance de 2015, les


pouvoirs adjudicateurs sont :
1° Les personnes morale de droit public ;
2° Les personnes morales de droit privé qui ont été créées pour la
satisfaction spécifiquement des besoins d'intérêt général ayant un caractère
autre qu'industriel ou commercial, dont :
a) Soit l'activité est financée majoritairement par un pouvoir adjudicateur ;
b) Soit la gestion est soumise à un contrôle par un pouvoir adjudicateur ;
c) Soit l'organe d'administration, de direction ou de surveillance est
composé de membres dont plus de la moitié sont désignés par un pouvoir
adjudicateur ;
3° Les organismes de droit privé dotés de la personnalité juridique
constitués par des pouvoirs adjudicateurs en vue de réaliser certaines activités
en commun.
S'agissant des personnes morales de droit public, toutes sont désormais
concernées. Il s'agit de :
– « l'État », auquel il faut rattacher toutes les entités de l'État non dotées de
la personnalité juridique (ministères, directions déconcentrées, tribunaux,
autorités administratives indépendantes, assemblées parlementaires, etc.) ;
– les établissements publics de l'État y compris ceux ayant un caractère
industriel et commercial, c'est-à-dire, d'une part, les établissements publics
administratifs, les hôpitaux, les GIP, les universités, ceux ayant un « double
visage », comme les CCI (Chambres de commerce et d'industrie), les chambres
d'agriculture ou de métiers, les grands ports maritimes et ports autonomes, les
offices agricoles, etc. et, d'autre part, les EPIC de l'État (SNCF, RATP) ;
1315

– les collectivités territoriales (communes, départements et régions) et les


établissements publics locaux (EPCI, syndicats de communes, syndicats mixtes,
offices publics de l'habitat, CCAS, etc.), qu'ils soient administratifs ou
industriels et commerciaux.

B. Les pouvoirs adjudicateurs, maîtres d'ouvrage publics

328 Loi maîtrise d'ouvrage publique (loi MOP) ◊ Les personnes publiques,
amenés à passer des marchés de travaux publics sont par ailleurs soumises à la
loi n 85-704 du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d'ouvrage publique et à
o

ses rapports avec la maîtrise d'œuvre privée.


Cette loi s'applique « à la réalisation de tous ouvrages de bâtiments et
d'infrastructure ainsi qu'aux équipements industriels destinés à leur
exploitation » .
1316

La loi a pour objet de déterminer quelle est l'étendue de la mission d'un


maître d'ouvrage public – mission dont il ne peut se démettre – à l'égard d'une
opération de construction publique, de préciser comment ce dernier peut
déléguer ses compétences à un mandataire et d'organiser les relations entre les
maîtres d'ouvrage publics et les maîtres d'œuvre privés.
Du fait de sa non-conformité partielle au droit communautaire, la loi de
1985 a été profondément remaniée par une ordonnance n 2004-566 du 17 juin
o

2004 . 1317

329 Étendue de la mission d'une personne publique assumant les


fonctions de maître d'ouvrage public ◊ Selon l'article 2. I de la loi MOP
« Le maître de l'ouvrage est la personne morale pour laquelle l'ouvrage est
construit. Responsable principal de l'ouvrage, il remplit dans ce rôle une
fonction d'intérêt général dont il ne peut se démettre. »
« Il lui appartient, après s'être assuré de la faisabilité et de l'opportunité de
l'opération envisagée, d'en déterminer la localisation, d'en définir le
programme, d'en arrêter l'enveloppe financière prévisionnelle, d'en assurer le
financement, de choisir le processus selon lequel l'ouvrage sera réalisé et de
conclure, avec les maîtres d'œuvre et entrepreneurs qu'il choisit, les contrats
ayant pour objet les études et l'exécution des travaux… »
« Le maître de l'ouvrage définit dans le programme les objectifs de
l'opération et les besoins qu'elle doit satisfaire ainsi que les contraintes et
exigences de qualité sociale, urbanistique, architecturale, fonctionnelle,
technique et économique, d'insertion dans le paysage et de protection de
l'environnement, relatives à la réalisation et à l'utilisation de l'ouvrage. »
« Le programme et l'enveloppe financière prévisionnelle, définis avant tout
commencement des avant-projets, pourront toutefois être précisés par le maître
de l'ouvrage avant tout commencement des études de projet… »
« Le maître de l'ouvrage peut confier les études nécessaires à l'élaboration
du programme et à la détermination de l'enveloppe financière prévisionnelle à
une personne publique ou privée ».

330 Maîtrise d'ouvrage publique partagée ◊ Selon le nouvel article 2. II de


la MOP, « lorsque la réalisation, la réutilisation ou la réhabilitation d'un
ouvrage ou d'un ensemble d'ouvrages relèvent simultanément de la compétence
de plusieurs maîtres d'ouvrage, ces derniers peuvent désigner, par convention,
celui d'entre eux qui assurera la maîtrise d'ouvrage de l'opération. Cette
convention précise les conditions d'organisation de la maîtrise d'ouvrage
exercée et en fixe le terme. »
Cette disposition est destinée à résoudre une difficulté récurrente résultant de
ce que la réalisation de certains ouvrages relève parfois simultanément de la
compétence de plusieurs maîtres d'ouvrage publics ou de ce que cette
réalisation implique à titre principal un maître d'ouvrage mais conduit à
affecter également des ouvrages appartenant à d'autres maîtres d'ouvrage
publics. De nombreux exemples existent : la réalisation d'ouvrages routiers ou
d'ouvrages d'art reliant différents types de voiries (cas d'un embranchement
routier reliant des réseaux routiers nationaux et locaux) ; la réalisation
d'ouvrages en volume faisant intervenir plusieurs maîtres d'ouvrage (cas d'une
gare intermodale impliquant à la fois la SNCF, la RATP, la commune, l'État et
d'autres collectivités publiques) ; la réalisation de travaux de réparation ou
d'extension d'un ouvrage appartenant à une commune et mis à disposition d'une
structure intercommunale et dans lequel continue à s'exercer une double
compétence (les investissements pour l'EPCI et le fonctionnement pour la
commune) ; la réalisation de travaux de déviation de réseaux par une autorité
organisatrice de transport sur la voirie communale ou intercommunale à
l'occasion desquels le propriétaire de cette dernière demande des
embellissements allant au-delà de la simple remise à neuf.
Pour faire face à ces situations, la loi MOP ou le Code des marchés n'offrait
aucune solution pertinente (délégation de maîtrise d'ouvrage, groupement de
commandes) et prohibait tout aménagement contractuel ou toute « comaîtrise »
d'ouvrage. L'intérêt du nouveau dispositif est dès lors de permettre dans les cas
précités d'opérer par voie contractuelle un véritable transfert de la mission de
maîtrise d'ouvrage à l'un des maîtres d'ouvrage concernés le temps de la
réalisation des travaux. À cet égard, la convention que signent les maîtres
d'ouvrage publics concernés devra toujours comporter certaines indications.
Parce que le système imaginé n'organise pas un copilotage de l'opération, le
contrat doit désigner un seul maître d'ouvrage à qui sont transférées les
compétences du ou des autres collectivités publiques.
Par ailleurs, la convention doit préciser les conditions d'organisation de la
maîtrise d'ouvrage exercée. Compte tenu de la liberté contractuelle des parties,
ce transfert ne devrait pas toujours avoir la même étendue en ce qui concerne,
par exemple, la définition du programme, la détermination de l'enveloppe
financière, le choix du processus selon lequel l'ouvrage sera réalisé et reçu ou
la personne habilitée à agir en justice une fois l'ouvrage remis à ses différents
propriétaires, toutes missions qui devront donc être très clairement précisées
dans la convention.
En outre, le contrat devra organiser les modalités de financement des
travaux, payés aux entreprises par le maître d'ouvrage désigné, mais auxquels
les autres maîtres d'ouvrage publics devront évidemment contribuer selon une
clé de répartition à arrêter d'un commun accord. De ce point de vue, la formule
du fonds de concours nous paraît exclue dans la mesure où celle-ci est réservée
à l'hypothèse dans laquelle une personne privée ou publique contribue au
financement d'un ouvrage qui n'est pas destiné à devenir sa propriété (totale ou
partielle), ce qui ne correspond pas aux situations envisagées au nouvel
article 2. II de la loi MOP. Pourquoi alors ne pas tout simplement prévoir, au
prorata des engagements réciproques, le versement au maître d'ouvrage
désigné, et sur présentation de sa part de factures, de sommes équivalentes aux
prix payés aux entreprises, ce qui aurait l'immense mérite de rendre, le cas
échéant, ces sommes éligibles au FCTVA et/ou de montrer qu'elles tendent au
paiement d'investissements concourant aux immobilisations de la collectivité.
En outre, encore, comme l'indique le nouvel article 2. II de la loi MOP, la
convention conclue entre les différents maîtres d'ouvrage publics doit « en fixer
le terme ». Si cette disposition signifie clairement que le transfert de la mission
de maîtrise d'ouvrage ne peut être que temporaire – le temps de la phase de
réalisation des travaux et non après la réception de l'ouvrage –, cette rédaction
exclut-elle un transfert sur une certaine durée (deux, trois, quatre ans ?) pour un
même type d'opérations déterminées (par exemple, les travaux de rénovation
d'une école relevant de plusieurs collectivités locales ou d'une gare
intermodale) ?
A priori, la réponse semble négative au regard de l'esprit du texte mais une
réponse positive n'est pas formellement exclue par la lettre de la loi MOP et
pourrait s'avérer très utile dans certaines circonstances pour des travaux
répétitifs et programmables.
Enfin, l'exercice de cette mission de maîtrise d'ouvrage par un des maîtres
d'ouvrage compétent doit-il être rémunéré par les autres ? Si rien ne l'indique
ni ne l'interdit dans la loi, il nous semble préférable que l'exercice de cette
mission se fasse à titre gratuit pour éviter tout risque de requalification de la
convention en marché public de prestations de services pour lequel la question
de son mode de passation (publicité et mise en concurrence ?) et de sa fiscalité
(éligible à la TVA ?) se poserait inéluctablement.

331 L'hypothèse des établissements publics de l'État chargés de la


réalisation d'ouvrages de l'État ◊ Depuis plusieurs années, l'État a pris
l'habitude de confier à certains de ses établissements publics, voire à des
collectivités territoriales, la maîtrise d'ouvrage publique d'immeubles devant
revenir en pleine propriété à l'État. Ainsi, par exemple :
– de l'article 20 de la loi n 89-486 du 10 juillet 1989 pour les
o

établissements publics d'enseignement supérieur en matière de constructions


universitaires ;
– de l'article 18 de la loi n 90-587 du 4 juillet 1990 pour les collectivités
o

territoriales et leurs groupements, toujours en matière de constructions


universitaires, y compris agricoles ;
– de l'article 19 de la loi MOP elle-même et du décret n 2002-381 du
o

19 mars 2002 qui permettent à l'État de confier aux régions d'outre-mer, si elles
en font la demande, une partie des attributions de la maîtrise d'ouvrage des
opérations d'aménagement du réseau routier national ;
– des décrets n 98-387 du 19 mai 1988 et n 2006-208 du 22 février
o o

2006 portant création respectivement de l'établissement public de maîtrise


d'ouvrage des travaux culturels et de l'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux
du ministère de la Justice qui leur impose le recours au mandat pour exercer
tout ou partie des attributions définies aux articles 3 et 6 de la loi MOP.
Parce que ce mécanisme du mandat a paru insuffisant et pour unifier ces
différents régimes en leur donnant une base législative, l'ordonnance du 17 juin
2004 crée un nouvel article 2. III dans la loi MOP aux termes duquel il est
précisé que « lorsque l'État confie à l'un de ses établissements publics la
réalisation d'ouvrages ou de programmes d'investissement, il peut décider que
cet établissement exercera la totalité des attributions de la maîtrise d'ouvrage ».
Ainsi, par ce mécanisme, un établissement public de l'État – on peut regretter
qu'il n'ait pas été étendu aux établissements publics des collectivités
territoriales, peut-être non-demanderesses – devient provisoirement
juridiquement responsable, y compris en cas de dommages, de biens ayant
vocation à entrer dans le patrimoine de l'État.

C. La délégation de maîtrise d'ouvrage

332 Dérogation au principe de non-aliénation ◊ Malgré les dispositions de


l'article 2 de la loi MOP qui disposent que le maître d'ouvrage public,
responsable principal de l'ouvrage, remplit dans ce rôle une fonction d'intérêt
général « dont il ne peut se démettre », l'article 3 de la loi indique que, « dans
la limite du programme et de l'enveloppe financière prévisionnelle qu'il a
arrêtés, le maître de l'ouvrage peut confier à un mandataire, dans les conditions
définies par la convention mentionnée à l'article 5, l'exercice, en son nom et
pour son compte de tout ou partie des attributions suivantes de la maîtrise
d'ouvrage… ».
Et de fait, ces attributions sont fort vastes puisqu'elles vont de l'étude de
l'ouvrage à son achèvement . Si la collectivité publique confie à son
1318

cocontractant une mission globale consistant en réalité à construire l'ouvrage et


à l'exploiter pendant toute la durée du contrat, le juge n'hésite pas à disqualifier
le contrat de mandat de maîtrise d'ouvrage déléguée et à le qualifier par
exemple de concession de travaux . 1319

Avant l'intervention de l'ordonnance précitée de 2004, les délégataires ne


pouvaient être qu'une série de personnes limitativement énumérées par la loi
(essentiellement des personnes publiques et des personnes privées sous
influence publique). Dans la mesure où cette limitation était frontalement
contraire du traité sur le fonctionnement de l'UE, (libre circulation des
services, prohibition de toute discrimination selon la nationalité), l'ordonnance
de 2004 l'a supprimée : désormais, toute personne publique ou privée, quel que
soit son statut et quelle que soit sa nationalité, peut se voir attribuer des
missions de maîtrise d'ouvrage déléguée. Il reste que la loi nouvelle indique
que le mandat prévu au présent titre, exercé par une personne publique ou
privée, est incompatible avec toute mission de maîtrise d'œuvre, de réalisation
de travaux ou de contrôle technique portant sur le ou les ouvrages auxquels se
rapporte le mandat, exercée par cette personne directement ou par une
entreprise liée. Par ailleurs, selon le nouvel article 4. II de la loi MOP, « le
mandataire est soumis à l'obligation d'exécution personnelle du contrat de
mandat ». L'ordonnance déroge donc sur ce point à la loi n 75-1334 duo

31 décembre 1975 sur la sous-traitance : bien que le contrat de maîtrise


d'ouvrage déléguée soit le plus souvent un contrat d'entreprise, son titulaire ne
pourra en sous-traiter une partie de l'exécution.
333 Contrat de mandat ◊ Les rapports entre le maître de l'ouvrage et le
mandataire sont définis par un contrat écrit qui prévoit, à peine de nullité, une
série de stipulations obligatoires (6 items prévus à l'article 5 de la loi MOP).
En conséquence, un contrat de mandat loi MOP doit être écrit et ne peut être
tacite et doit comporter toutes les stipulations prévues . La loi est muette
1320 1321

sur la procédure applicable à la passation de ce « contrat écrit ». Ceci n'est pas


le fruit du hasard. En effet, il est aujourd'hui acquis et non contesté que
l'attribution par une collectivité publique à une autre personne d'une mission de
maîtrise d'ouvrage déléguée correspond à un marché public de prestations de
services soumis au droit des marchés publics , dont les dispositions
1322

applicables seront le plus souvent celles de droit commun.

334 Application par le mandataire du droit public applicable au


mandant ◊ Comme l'indique l'article 4. IV de la loi MOP, « les règles de
passation et d'exécution des contrats signés par le mandataire sont celles
applicables au maître de l'ouvrage. » En conséquence, lorsque le maître de
l'ouvrage est une personne soumise à l'ordonnance de 2015 sur les marchés
publics, les marchés de travaux passés par son délégataire doivent l'être
conformément à ladite ordonnance et à son décret d'application, alors même
que ce dernier n'y serait pas soumis en raison de son statut , et la commission
1323

d'appel d'offres compétente est celle de la collectivité publique mandante .1324

Au demeurant, un avis de la Section des finances du Conseil d'État en date


du 22 janvier 1998 1325
s'était interrogé sur le droit applicable aux actes du
maître d'ouvrage délégué. L'avis énonce qu'il ressort des dispositions des
articles 3 et 4 de la loi de 1985 que le législateur a entendu faire produire au
mandat institué et réglementé par la loi MOP tous les effets du principe de
représentation du mandat par le mandataire, dans l'exercice et dans la limite
des attributions confiées à ce dernier par la convention de mandat. C'est de ce
principe que l'avis déduit que les contrôles applicables aux actes pris par le
maître d'ouvrage sont applicables aux actes pris par le mandataire : s'agissant
des contrôles, les règles à appliquer sont celles auxquelles est soumis le
mandant, et non le mandataire.

D. Les entités adjudicatrices

335 Notion « d'entité adjudicatrice » : pouvoir adjudicateur exerçant


une activité d'opérateur de réseaux ◊ Pour des raisons politiques et de
spécificité des activités en cause, les marchés de travaux (mais aussi de
fournitures et de services) passés par les pouvoirs adjudicateurs pour satisfaire
à leurs besoins correspondant à des activités « d'opérateurs de réseaux » sont
soumis à une réglementation spéciale (Directive 2014/25) qui, pour les
personnes publiques soumises à l'ordonnance marchés publics de 2015 se situe
dans le décret n 2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics.
o

Lorsqu'ils exercent alors une activité d'opérateur de réseaux, les pouvoirs


adjudicateurs publics sont qualifiés « d'entités adjudicatrices ».

336 Activités concernées ◊ Sont soumises à ces règles particulières, les activités
d'opérateurs de réseaux suivantes :
– Dans le domaine de l'énergie, l'exploitation de réseaux fixes destinés à
fournir un service au public dans le domaine de la production, du transport ou
de la distribution d'électricité, de gaz ou de chaleur, la mise à la disposition
d'un exploitant de ces réseaux, ou l'alimentation de ces réseaux en électricité,
en gaz, ou en chaleur.
– Dans le domaine de l'eau potable, l'exploitation de réseaux fixes destinés
à fournir un service au public dans le domaine de la production, du transport ou
de la distribution d'eau potable, la mise à la disposition d'un exploitant de ces
réseaux, ou l'alimentation de ces réseaux en eau potable. Son également soumis
aux dispositions de la seconde partie du Code les marchés passés par les
entités adjudicatrices exerçant une des activités précédentes qui sont liées soit
à des projets de génie hydraulique, d'irrigation ou de drainage, pour autant que
le volume d'eau utilisé pour l'alimentation en eau potable représente plus de
20 % du volume total d'eau utilisé pour ces projets.
– Dans le domaine des transports, les activités relatives à l'exploitation
d'une aire géographique permettant d'organiser et de mettre à disposition des
transporteurs, des aéroports, des ports fluviaux, ou d'autres terminaux de
transport et les activités d'exploitation de réseaux destinés à fournir un service
au public dans le domaine du transport par chemin de fer, tramways, trolleybus,
autobus, autocar, câble ou tout système automatique, ou la mise à disposition
d'un exploitant de ces réseaux.
– Dans le domaine postal, les activités visant à fournir des services postaux
et assimilés.
Ces activités sont interprétées largement par la jurisprudence en ce sens
qu'une personne publique reste opérateur de réseaux lorsqu'elle conclut un
marché public alors pourtant qu'elle ne va pas elle-même exploiter le réseau 1326

ou que la prestation en cause est nécessaire au bon fonctionnement du réseau . 1327

En revanche, l'article 135 du Code des marchés ne s'applique pas aux actes
par lesquels une personne publique confie à un tiers l'exploitation d'un des
réseaux fixes qu'il mentionne . En conséquence, une administration n'est pas
1328
une entité adjudicatrice lorsqu'elle délègue l'exploitation d'un des services
publics mentionnés à l'article 134.

§ 2. Le titulaire du contrat

337 Règles applicables à tous les titulaires de marchés publics de


travaux ◊ Conformément à l'ordonnance du 23 juillet 2015 relative aux
marchés publics, les titulaires de marchés publics de travaux doivent :
– avoir satisfait à leurs obligations en matière fiscale et de cotisations
sociales,
– avoir satisfait à leurs obligations en matière d'emploi de salariés en
situation régulière et de personnes handicapées,
– ne pas être sous le coup d'une condamnation pénale les interdisant de
participer à un marché public.
En revanche, si une entreprise en état de liquidation judiciaire ne peut être
titulaire d'un marché public, celle en redressement judiciaire peut candidater à
l'attribution d'un tel marché.
Les opérateurs économiques peuvent se porter candidat à un marché public
soit individuellement soit sous forme de groupement conjoint lorsque chacun
des membres s'engage à exécuter la prestation qui lui est attribuée ou solidaire
lorsque chacun des membres est engagé financièrement pour la totalité du
marché.

338 Personnes privées et personnes publiques ◊ Comme l'indique


l'article 13 de l'ordonnance de 2015, un marché public (de travaux) est un
contrat conclu à titre onéreux entre un pouvoir adjudicateur et un « opérateur
économique » qui est « toute personne physique ou morale, publique ou
privée ».
De fait, bien que la plupart des marchés de travaux soient conclus entre une
collectivité publique et un opérateur économique privé, il n'est plus aujourd'hui
contesté que les personnes morales de droit public puissent être candidates et
attributaires d'un marché public.
Comme l'indique, en effet, le Conseil d'État, « aucun texte ni aucun principe
n'interdit, en raison de sa nature, à une personne publique, de se porter
candidate à l'attribution d'un marché public » . Mais, dans ce cas, pour que
1329

soient respectés tant les exigences de l'égal accès aux marchés publics que le
principe de liberté de concurrence, l'attribution d'un marché public ou d'une
délégation de service public à un établissement administratif suppose, d'une
part, que le prix proposé par cet établissement administratif soit déterminé en
prenant en compte l'ensemble des coûts directs et indirects concourant à la
formation du prix de la prestation objet du contrat, d'autre part, que cet
établissement public n'ait pas bénéficié, pour déterminer le prix qu'il a
proposé, d'un avantage découlant des ressources ou des moyens qui lui sont
attribués au titre de sa mission de service public et enfin qu'il puisse, si
nécessaire, en justifier par ses documents comptables ou tout autre moyen
d'information approprié (ibid.).
Par ailleurs, une personne publique ne peut légalement se porter candidate à
l'attribution d'un marché public « que si la candidature répond à un intérêt
public, c'est-à-dire si elle constitue le prolongement d'une mission de service
public dont la collectivité ou l'établissement public de coopération a la charge,
dans le but notamment d'amortir des équipements, de valoriser les moyens dont
dispose le service ou d'assurer son équilibre financier, et sous réserve qu'elle
ne compromette pas l'exercice de cette mission » (CE 30 déc. 2014, Société
Armor SNC, n 355563, BJCP 2015, n 99, p. 92, concl. Dacosta).
o o

339 Maître d'œuvre ◊ L'article 7 de la loi MOP du 12 juillet 1985 définit les
maîtres d'œuvre comme des « personnes de droit privé » ou des « groupements
de personnes de droit privé » qui se voient confier par contrat la mission
« d'apporter une réponse architecturale, technique et économique au
programme » défini par le maître d'ouvrage. Le maître d'œuvre a ainsi pour
rôle de concevoir, de coordonner et de contrôler la bonne exécution des
travaux. Avant leur réalisation, le maître d'œuvre remplit une mission de
« conception de l'ouvrage » ; pendant et après la réalisation des travaux, il
remplit une mission « d'assistance » au maître de l'ouvrage consistant à
surveiller, à coordonner et à s'assurer du parfait achèvement des ouvrages, ces
deux missions pouvant au demeurant être confiées à des personnes distinctes.
Fondamentalement, il s'agit là de missions assumées par des professions
intellectuelles dont toutes les législations indiquent que ces fonctions doivent
être indépendantes de celles assumées, pour la même construction, par le
maître de l'ouvrage – qui est la personne pour laquelle l'ouvrage est construit et
qui en sera propriétaire – et par l'entrepreneur – qui est la personne qui réalise
matériellement l'ouvrage.
Si la loi MOP ne vise que la maîtrise d'œuvre privée (V. décrets
d'application du 29 nov. 1993, n 93-1268, n 93-1269 et n 93-1270), rien
o o o

n'empêche le maître d'ouvrage public de choisir, après publicité et mise en


concurrence, un maître d'œuvre public (DDE, DDA, services techniques des
grandes agglomérations…) dont l'intervention est aujourd'hui réglementée par
un décret n 2000-257 du 15 mars 2000, l'article 1 de la loi « Murcef » du
o er

11 déc. 2001 et un décret d'application du 27 septembre 2002 . 1330


Juridiquement, les contrats passés par les pouvoirs adjudicateurs avec des
maîtres d'œuvre sont, au sens du droit des marchés publics, des marchés de
services et, au sens du droit des travaux publics, des contrats de travaux
publics .
1331

340 Autres professionnels de la construction publique ◊ Sont également


associés à la construction d'ouvrages publics par les maîtres d'ouvrages
publics, les géologues, les géomètres-experts, les métreurs-vérificateurs, les
urbanistes, les économistes de la construction, les décorateurs, les bureaux
d'études techniques, les contrôleurs techniques, les conducteurs d'opération
(pour une assistance générale à caractère administratif, financier et technique,
art. 6 de la loi MOP), ou, nouvelle profession, les coordonnateurs de la
sécurité.
Si, légalement, la qualité de maître d'œuvre semble réservée dans les
constructions publiques aux seuls architectes et ingénieurs, toutes les
professions précitées se voient reconnaître la qualité de « constructeurs »
soumis aux garanties contractuelles et post-contractuelles dont bénéficient les
constructions publiques (v. infra).

Sous-section 2. La passation du contrat

§ 1. Les règles de l'ordonnance de 2015 et du décret


de 2016 relatifs aux marchés publics

A. Règles générales applicables aux différentes procédures

341 Principes de la commande publique ◊ Comme l'indique l'article 1 de er

l'ordonnance n 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics tous


o

les marchés publics, quel que soit leur seuil, « respectent les principes de
liberté d'accès à la commande publique, d'égalité de traitement des candidats et
de transparence des procédures. Ces principes permettent d'assurer l'efficacité
de la commande publique et la bonne utilisation des deniers publics. ». Pour le
juge constitutionnel, il s'agit là d'objectifs à valeur constitutionnelle qu'il
1332

sanctionne lorsque le législateur accorde une situation par trop privilégiée à


une catégorie d'entreprises (PME, entreprises locales…) dans l'accès à la
commande publique . 1333
342 Non application du droit des marchés publics aux marchés « in
house » et aux marchés organisant une coopération « public-
public ». ◊ Selon l'article 17 de l'ordonnance de 2015, celle-ci ne s'applique
pas « aux marchés publics attribués par un pouvoir adjudicateur, y compris
lorsqu'il agit en qualité d'entité adjudicatrice, à une personne morale de droit
public ou de droit privé lorsque les conditions suivantes sont réunies :
1° Le pouvoir adjudicateur exerce sur la personne morale concernée un
contrôle analogue à celui qu'il exerce sur ses propres services ;
2° La personne morale contrôlée réalise plus de 80 % de son activité dans le
cadre des tâches qui lui sont confiées par le pouvoir adjudicateur qui la
contrôle ou par d'autres personnes morales qu'il contrôle ;
3° La personne morale contrôlée ne comporte pas de participation directe de
capitaux privés, à l'exception des formes de participation de capitaux privés
sans capacité de contrôle ou de blocage requises par la loi qui ne permettent
pas d'exercer une influence décisive sur la personne morale contrôlée.
Un pouvoir adjudicateur est réputé exercer sur une personne morale un
contrôle analogue à celui qu'il exerce sur ses propres services, s'il exerce une
influence décisive à la fois sur les objectifs stratégiques et sur les décisions
importantes de la personne morale contrôlée. Ce contrôle peut également être
exercé par une autre personne morale, qui est elle-même contrôlée de la même
manière par le pouvoir adjudicateur ».
De même, l'article 18 de la même ordonnance précise qu'elle « n'est pas
applicable aux marchés publics par lesquels les pouvoirs adjudicateurs, y
compris lorsqu'ils agissent en qualité d'entité adjudicatrice, établissent ou
mettent en œuvre une coopération dans le but de garantir que les services
publics dont ils ont la responsabilité sont réalisés en vue d'atteindre les
objectifs qu'ils ont en commun, lorsque les conditions suivantes sont réunies :
1° La mise en œuvre de cette coopération n'obéit qu'à des considérations
d'intérêt général ;
2° Les pouvoirs adjudicateurs concernés réalisent sur le marché
concurrentiel moins de 20 % des activités concernées par cette coopération. Ce
pourcentage d'activités est déterminé dans les conditions fixées au IV de
l'article 17 ».

343 Division en lots du marché ◊ Selon l'article 32 de l'ordonnance de 2015,


et afin de susciter la plus large concurrence, et sauf si l'objet du marché ne
permet pas l'identification de prestations distinctes, le pouvoir adjudicateur
passe le marché en lots séparés. À cette fin, il choisit librement le nombre de
lots, en tenant notamment compte des caractéristiques techniques des
prestations demandées, de la structure du secteur économique en cause et, le
cas échéant, des règles applicables à certaines professions. Le pouvoir
adjudicateur peut toutefois passer un marché global, avec ou sans identification
de prestations distinctes, s'il estime que la dévolution en lots séparés est de
nature, dans le cas particulier, à restreindre la concurrence, ou qu'elle risque de
rendre techniquement difficile ou financièrement coûteuse l'exécution des
prestations ou encore qu'il n'est pas en mesure d'assurer par lui-même les
missions d'organisation, de pilotage et de coordination .1334

344 Prise en compte de considérations sociales ou


environnementales ◊ Selon l'article 38 de l'ordonnance de 2015 sur les
marchés, les conditions d'exécution d'un marché public peuvent comporter des
éléments à caractère social ou environnemental qui prennent en compte les
objectifs de développement durable en conciliant développement économique,
protection et mise en valeur de l'environnement et progrès social. Toutefois, ces
conditions d'exécution doivent être liées à l'objet du marché et ne peuvent pas
avoir d'effet discriminatoire à l'égard des candidats potentiels. Elles sont
indiquées dans l'avis d'appel public à la concurrence ou dans les documents de
la consultation (v. infra, sélection des offres).

345 Commission d'appel d'offres ◊ Alors que les directives communautaires


n'exigent pas que le choix des titulaires de marchés publics soit le fait d'un
organe collégial élu ou désigné, le droit français des marchés a de tout temps
fait une place de choix aux commissions d'appel d'offres même si elles ne sont
désormais plus nécessaires pour les marchés de l'État et de ses établissements
publics.
S'agissant plus particulièrement des collectivités territoriales et de leurs
groupements (v. les nouveaux articles L 1414-1 s. du CGCT), la CAO est un
organe politique dans la mesure où elle est composée d'élus issus de
l'assemblée délibérante (entre 4 à 6 selon la taille de la collectivité), eux-
mêmes élus à la représentation proportionnelle au plus fort reste pour faire une
place à l'opposition. C'est, par ailleurs, un organe décisoire dans la mesure où,
en principe, c'est la CAO qui choisit le titulaire du marché après la mise en
concurrence (ce n'est qu'en cas « d'urgence impérieuse » que le marché peut
être attribué sans réunion préalable de la CAO)
Aujourd'hui, la CAO peut comprendre divers membres à voix consultative :
un représentant des services techniques, une ou des personnalités désignées par
le président de la commission en raison de ses compétences dans la matière et,
lorsqu'il y sont invités (alors qu'avant 2004, cette présence était obligatoire),
deux représentants de l'État en la personne du DDCCRF et du comptable
public.
Chaque membre titulaire doit avoir un suppléant. Les convocations aux
réunions de la commission sont adressées à tous les membres au moins cinq
jours francs avant la date prévue pour la réunion. Le quorum est atteint lorsque
plus de la moitié des membres ayant voix délibérative sont présents. Si, après
une première convocation, ce quorum n'est pas atteint, la commission d'appel
d'offres est à nouveau convoquée. Elle se réunit alors valablement sans
condition de quorum.

346 Seuils ◊ À compter du 1 janvier 2016 et pour deux ans, les seuils
er

communautaires et nationaux tels que fixés par un règlement de la Commission


et un décret n 2015-1904 du 30 décembre 2015 sont, respectivement, les
o

suivants :
– Marchés de fournitures et de services de l'État et de ses établissements
publics : 135 000 € HT,
– Marchés de fournitures et de services des collectivités territoriales et de
leurs établissements publics : 209 000 € HT,
– Marchés de fournitures et de services des opérateurs de réseaux :
418 000 € HT,
– Marchés de travaux de tous les pouvoirs adjudicateurs : 5 225 000 € HT.

347 Méthodes de calcul de la valeur estimée d'un marché de


travaux ◊ Pour déterminer la valeur d'un marché de travaux, l'article 20 du
décret de 2016 sur les marchés publics indique que sont « prises en compte la
valeur globale des travaux se rapportant à une opération portant sur un ou
plusieurs ouvrages ainsi que la valeur des fournitures nécessaires à leur
réalisation que le pouvoir adjudicateur met à disposition des opérateurs ». À
cet égard, « il y a opération de travaux lorsque le pouvoir adjudicateur prend la
décision de mettre en œuvre, dans une période de temps et un périmètre limités,
un ensemble de travaux caractérisé par son unité fonctionnelle, technique ou
économique. » .1335

348 Avis d'appel public à la concurrence ◊ La passation d'un marché public


de travaux est toujours précédée d'une publicité permettant aux opérateurs
économiques d'être informés des besoins du pouvoir adjudicateur.
A priori, l'organisation de cette publicité préalable est obligatoire dès le
premier euro d'achat public afin de satisfaire à l'obligation communautaire de
transparence des contrats publics qui découlent du principe communautaire de
non-discrimination selon la nationalité . En pratique, comme il doit s'agir
1336

d'une publicité « adéquate » à l'objet et au montant du marché, il va de soi que


les marchés d'un montant très faible n'ont pas à obéir à un formalisme strict. Et,
de fait :
– L'ordonnance de 2015 et le décret de 2016 n'exigent aucune publicité
préalable pour les marchés d'un montant inférieur à 25 000 € ;
– pour les achats de travaux entre 25 000 € et 90 000 € HT, le pouvoir
adjudicateur choisit librement, sous le contrôle du juge , les modalités de
1337

publicité adaptée en fonction des caractéristiques du marché, notamment le


montant et la nature des travaux en cause ;
– pour les achats de travaux d'un montant compris entre 90 000 € HT et
5 225 000 € HT, le pouvoir adjudicateur est tenu de publier un avis d'appel
public à la concurrence soit dans le Bulletin officiel des annonces des
marchés publics, soit dans un journal habilité à recevoir des annonces légales.
Le pouvoir adjudicateur apprécie de plus si, compte tenu de la nature ou du
montant des travaux en cause, une publication dans un journal spécialisé
correspondant au secteur économique concerné est par ailleurs nécessaire pour
assurer une publicité conforme aux principes mentionnés à l'article 1 de er

l'ordonnance ;
– pour les achats de travaux d'un montant égal ou supérieur à 5 225 000 €
HT, le pouvoir adjudicateur est tenu de publier un avis d'appel public à la
concurrence dans le Bulletin officiel des annonces des marchés publics et au
Journal officiel de l'Union européenne.
Les avis d'appel à la concurrence sont établis, pour ceux publiés dans le
JOUE, conformément à un modèle fixé par le règlement communautaire
n 2015/1986 du 11 novembre 2015. À cet égard, les AAPC doivent être
o

intégralement renseignés, s'agissant notamment des modalités de financement du


marché ou de leur soumission à l'accord marché public de l'OMC , sans qu'il
1338

soit toutefois nécessaire d'indiquer le montant prévisionnel du marché . Au1339

cas où le marché est soumis à une publicité tant nationale que communautaire,
le contenu de l'AAPC doit être le même . Il reste que ces exigences ne soit
1340

juridiquement sanctionnées devant le juge du référé précontractuel que si elles


ont réellement lésé le requérant.

349 Règlement de la consultation ◊ Les marchés font l'objet d'un règlement de


la consultation qui est un des documents de la consultation. Ce règlement est
facultatif si les mentions qui doivent y être portées figurent dans l'avis d'appel
public à la concurrence. Pour les marchés passés selon une procédure adaptée,
le règlement de la consultation peut se limiter aux caractéristiques principales
de la procédure et du choix de l'offre, de même qu'il doit informer les candidats
des critères d'attribution du marché.
Le règlement de la consultation est obligatoire dans toutes ses mentions.
L'administration ne peut en conséquence attribuer un marché de travaux à un
candidat qui ne respecterait pas ou ne répondrait pas à une des prescriptions
imposées par le règlement . 1341

350 Sélection des candidats ◊ Selonles articles 44 s. du décret de 2016 relatifs


aux marchés publics, avant de procéder à l'examen des candidatures, le pouvoir
adjudicateur qui constate que des pièces dont la production était réclamée sont
absentes ou incomplètes peut demander à tous les candidats concernés de
compléter leur dossier de candidature dans un délai identique pour tous et qui
ne saurait être supérieur à dix jours. Il en informe les autres candidats qui ont la
possibilité de compléter leur candidature dans le même délai.
Les candidats qui ne peuvent soumissionner à un marché ou qui, le cas
échéant après mise en œuvre de candidature ne comportant pas les pièces
mentionnées aux articles 44 et 45, ne sont pas admis à participer à la suite de la
procédure de passation du marché.
Les candidatures qui n'ont pas été écartées en application des dispositions
précédentes sont examinées au regard des niveaux de capacités
professionnelles, techniques et financières, mentionnées dans l'avis d'appel
public à la concurrence ou, s'il s'agit d'une procédure dispensée de l'envoi d'un
tel avis, dans le règlement de la consultation. Les candidatures qui ne satisfont
pas à ces niveaux de capacité sont éliminées.
L'absence de références relatives à l'exécution de marchés de même nature
ne peut justifier l'élimination d'un candidat et ne dispense pas le pouvoir
adjudicateur d'examiner les capacités professionnelles, techniques et
financières des candidats. À cet égard, l'appréciation des capacités
professionnelles, techniques et financières d'un groupement est globale. Il n'est
pas exigé que chaque membre du groupement ait la totalité des compétences
techniques requises pour l'exécution du marché.
Lorsque le pouvoir adjudicateur décide de limiter le nombre de candidats
admis à présenter une offre, il procède à la sélection de ces candidats en
appliquant aux candidatures des critères de sélection non discriminatoires et
liés à l'objet du marché relatifs à leurs capacités professionnelles, techniques et
financières. Ces critères sont mentionnés dans l'avis d'appel public à la
concurrence ou, s'il s'agit d'une procédure dispensée de l'envoi d'un tel avis,
dans le règlement de la consultation.

351 Variantes ◊ Selon l'article 55 du décret de 2016 relatifs aux marchés publics,
lorsque le pouvoir adjudicateur se fonde sur plusieurs critères pour attribuer le
marché, il peut autoriser les candidats à présenter des variantes. Le pouvoir
adjudicateur indique dans l'avis d'appel public à la concurrence ou dans les
documents de la consultation s'il autorise ou non les variantes ; à défaut
d'indication, les variantes ne sont pas admises. En toute hypothèse, les
variantes sont proposées avec l'offre de base . 1342

352 Sélection des offres ◊ En vertu de l'article 59 du décret de 2016 relatifs aux
marchés publics, pour attribuer le marché au candidat qui a présenté l'offre
économiquement la plus avantageuse, le pouvoir adjudicateur se fonde :
1 Soit sur une pluralité de critères non discriminatoires et liés à l'objet du
o

marché, notamment la qualité, le prix, la valeur technique, le caractère


esthétique et fonctionnel, les performances en matière de protection de
l'environnement, les performances, en matière d'insertion professionnelle des
publics en difficulté, le coût global d'utilisation, la rentabilité, le caractère
innovant, le service après-vente et l'assistance technique, la date de livraison,
le délai de livraison ou d'exécution. D'autres critères peuvent être pris en
compte s'ils sont justifiés par l'objet du marché ;
2 Soit, compte tenu de l'objet du marché, sur un seul critère, qui est celui du
o

prix.
À cet égard, les critères qui sont les plus discutés – car de nature à créer des
discriminations entre candidats – sont ceux relatifs à la localisation des
entreprises candidates (a priori toujours illégaux) ou à leur taille économique
(aussi illégaux, en particulier ceux qui privilégient les PME) ; en revanche, à
1343

condition d'être en rapport avec l'objet du marché, les critères dits « sociaux »
(emplois de travailleurs handicapés ou en situation d'exclusion) ou
« environnementaux » peuvent être admis . 1344

Pour les marchés passés selon une procédure formalisée et lorsque plusieurs
critères sont prévus, le pouvoir adjudicateur précise leur pondération. Le
pouvoir adjudicateur qui estime pouvoir démontrer que la pondération n'est pas
possible notamment du fait de la complexité du marché, indique les critères par
ordre décroissant d'importance. Les critères ainsi que leur pondération ou leur
hiérarchisation, de même que les sous-critères de chacun des critères sont
indiqués dans l'avis d'appel public à la concurrence ou dans les documents de
la consultation.
Les offres inappropriées, irrégulières et inacceptables sont éliminées de
même que les offres anormalement basses après que le candidat a été invité à
expliquer ses prix. Les autres offres sont classées par ordre décroissant. L'offre
la mieux classée est retenue.
B. Les procédures de passation

353 Procédures formalisées et procédures adaptées ◊ Indépendamment du


mode de publicité préalable (v. supra), le choix des procédures de passation,
sauf application volontaire par le pouvoir adjudicateur d'une procédure plus
contraignante que l'y oblige la loi, est fonction du montant du marché.
– Pour les marchés de travaux d'un montant inférieur à 5 225 000 € HT, le
marché peut être passé selon une procédure adaptée.
– Pour les marchés de travaux d'un montant supérieur à ce seuil de
5 225 000 € HT, le marché peut être passé indifféremment selon :
une procédure d'appel d'offes, ouvert ou restreint ;
une procédure concurrentielle avec négociation ;
une procédure de dialogue compétitif.
– Pour les marchés de travaux d'un montant supérieur à ce seuil passé par les
entités adjudicatrices, le marché peut être conclu selon une procédure négociée
avec mise en concurrence.

354 Procédure adaptée ◊ Selon l'article 27 du décret de 2016 relatif aux


marchés publics, les marchés passés selon une procédure adaptée sont des
marchés dont les modalités sont librement fixées par le pouvoir adjudicateur en
fonction de la nature et des caractéristiques du besoin à satisfaire, du nombre
ou de la localisation des opérateurs économiques susceptibles d'y répondre
ainsi que des circonstances de l'achat.
Pour la détermination de ces modalités, le pouvoir adjudicateur peut
s'inspirer des procédures formalisées, sans pour autant que les marchés en
cause ne soient alors soumis aux règles formelles applicables à ces procédures.
En revanche, s'il se réfère expressément à l'une des procédures formalisées, le
pouvoir adjudicateur est tenu d'appliquer ces modalités.
Quel que soit son choix, le pouvoir adjudicateur ne peut exiger des
opérateurs économiques plus de renseignements ou de documents que ceux
prévus pour les procédures formalisées.
Le pouvoir adjudicateur peut décider que le marché sera passé sans publicité
ni mise en concurrence préalables si les circonstances le justifient, ou si son
montant estimé est inférieur à 25 000 € HT, ou dans les situations décrites à
l'article 30 du décret de 2016.
En pratique, on rappellera que, dans la procédure adaptée, le montant du
marché n'est pas toujours le seul élément à prendre en compte pour déterminer
l'ampleur de la publicité préalable et que, dès l'AAPC, les critères de choix
1345

des candidats doivent être indiqués de même que leurs conditions de mise en
œuvre, sans que cela n'oblige toutefois le pouvoir adjudicateur à indiquer la
méthode de notation de chaque critère . Par ailleurs, les marchés des
1346

collectivités territoriales passés sur procédure adaptée n'ont pas à être transmis
au contrôle de légalité.

355 Appel d'offres ◊ Comme l'indique les articles 63 et s. du décret de


2016 relatif aux marchés publics, l'appel d'offres est la procédure par laquelle
le pouvoir adjudicateur choisit l'attributaire, sans négociation, sur la base de
critères objectifs préalablement portés à la connaissance des candidats. L'appel
d'offres peut être ouvert ou restreint. L'appel d'offres est dit ouvert lorsque tout
opérateur économique peut remettre une offre. L'appel d'offres est dit restreint
lorsque seuls peuvent remettre des offres les opérateurs économiques qui ont
été autorisés après sélection. Le choix entre les deux formes d'appel d'offres est
libre.
– Schématiquement, dans un appel d'offres ouvert, le délai de réception des
offres ne peut être inférieur à 35 jours à compter de la date d'envoi de l'AAPC
(ce délai peut être réduit dans certaines circonstances et/ou à certaines
conditions : avis de pré-information, urgence, utilisation de procédés
électroniques…).
L'ouverture des plis n'est pas publique ; les candidats n'y sont pas admis.
Avant l'ouverture des enveloppes contenant les offres et au vu des seuls
renseignements relatifs aux candidatures, celles qui ne peuvent être admises
sont éliminées. Les offres inappropriées ainsi que les offres irrégulières ou
inacceptables sont aussi éliminées. Il ne peut y avoir de négociation avec les
candidats. Il est seulement possible de demander aux candidats de préciser ou
de compléter la teneur de leur offre. Après classement des offres, l'offre
économiquement la plus avantageuse est choisie par la commission d'appel
d'offres.
Lorsqu'aucune candidature ou aucune offre n'a été remise ou lorsqu'il n'a été
proposé que des offres inappropriées ou des offres irrégulières ou
inacceptables, l'appel d'offres est déclaré sans suite ou infructueux. Lorsque
l'appel d'offres est déclaré infructueux, il est possible de mettre en œuvre un
nouvel appel d'offres ou, si les conditions initiales du marché ne sont pas
substantiellement modifiées, un marché négocié. À tout moment, la procédure
peut être déclarée sans suite pour motifs d'intérêt général.
– Dans un appel d'offres restreint, le pouvoir adjudicateur peut décider de
limiter le nombre de candidats qui seront admis à présenter une offre (pas
moins de cinq). Le délai minimal de réception des candidatures, en réponse à
un AAPC, est de 30 jours à compter de la date d'envoi de l'avis. Au vu des
seuls renseignements relatifs aux candidatures, la liste des candidats autorisés à
présenter une offre est établie par la commission d'appel d'offres et une lettre
de consultation est envoyée simultanément à tous les candidats sélectionnés. Le
délai de réception des offres (sauf dérogation) ne peut être inférieur à trente
jours à compter de l'envoi de la lettre de consultation. L'examen des offres
obéit ensuite à la même procédure que l'appel d'offres ouvert.

356 Dialogue compétitif ◊ Selon l'article 72 du décret de 2016 relatif aux


marchés publics, la procédure de dialogue compétitif, qui a succédé à « l'appel
d'offres sur performances », est une procédure dans laquelle le pouvoir
adjudicateur conduit un dialogue avec les candidats admis à y participer en vue
de définir ou de développer une ou plusieurs solutions de nature à répondre à
ses besoins et sur la base de laquelle ou desquelles les participants au dialogue
seront invités à remettre une offre.
Pour la réalisation des ouvrages pour lesquels la loi MOP du 12 juillet
1985 s'applique, le pouvoir adjudicateur peut recourir à la procédure de
dialogue compétitif à condition de ne pas confier à l'opérateur économique,
outre l'exécution, l'intégralité de la conception de l'ouvrage.
Sous réserve que les conditions du recours à cette procédure soient remplies
(et il faut souhaiter que la jurisprudence soit compréhensive à cet égard, même
s'il s'agit d'une exception à la procédure de droit commun de l'appel d'offres),
le dialogue compétitif est une procédure moderne et séduisante de passation
des marchés de travaux qui allie négociation et mise en concurrence et qui
permet au pouvoir adjudicateur de définir au mieux ses besoins.
La procédure est organisée par l'article 73 du décret de 2016 relatif aux
marchés publics. Elle prévoit, ou peut prévoir, un nombre maximum de
candidats admis à participer au dialogue (minimum trois), un délai minimum de
30 jours pour présenter sa candidature après l'envoi de l'AAPC et un dialogue
avec les candidats sélectionnés.
À cet égard, l'objet du dialogue est l'identification et la définition des
moyens propres à satisfaire au mieux les besoins de la collectivité publique.
Tous les aspects du marché peuvent être discutés avec les candidats
sélectionnés. La procédure peut se dérouler en phases successives de manière à
réduire le nombre de solutions à discuter pendant la phase du dialogue. Celui-
ci se poursuit jusqu'à ce que soient identifiées, éventuellement après les avoir
comparées, la ou les solutions qui sont susceptibles de répondre aux besoins,
pour autant qu'il y ait un nombre suffisant de solutions appropriées. Au cours du
dialogue, chaque candidat est entendu dans des conditions d'égalité. Le pouvoir
adjudicateur ne peut donner à certains candidats des informations susceptibles
de les avantager par rapport à d'autres. Il ne peut révéler aux autres candidats
des solutions proposées ou des informations confidentielles communiquées par
un candidat dans le cadre de la discussion, sans l'accord de celui-ci.
Lorsqu'il estime que la discussion est arrivée à son terme, le pouvoir
adjudicateur en informe les candidats qui ont participé à toutes les phases de la
consultation. Il les invite à remettre leur offre finale sur la base de la ou les
solutions qu'ils ont présentées et spécifiées au cours du dialogue, dans un délai
qui ne peut être inférieur à quinze jours (il n'y a donc plus de cahier des
charges final établi par le pouvoir adjudicateur, auquel les offres finales
devaient répondre).
Après classement des offres finales, l'offre économiquement la plus
avantageuse est choisie, en application du ou des critères annoncés dans l'avis
d'appel public à la concurrence ou dans le règlement de la consultation par la
commission d'appel d'offres.

357 Procédure pour les marchés de conception-réalisation ◊ Selon


l'article 33 de l'ordonnance 2015 sur les marchés publics, un marché de
conception-réalisation est un marché de travaux qui permet au pouvoir
adjudicateur de confier à un groupement d'opérateurs économiques ou, pour les
seuls ouvrages d'infrastructure, à un seul opérateur économique, une mission
portant à la fois sur l'établissement des études et l'exécution des travaux.
Les pouvoirs adjudicateurs soumis aux dispositions de la loi MOP du
12 juillet 1985 ne peuvent recourir à un marché de conception-réalisation, quel
qu'en soit le montant, que si des motifs d'ordre technique rendent nécessaire
l'association de l'entrepreneur aux études de l'ouvrage. Ces motifs sont liés à la
destination ou à la mise en œuvre technique de l'ouvrage. Sont concernées des
opérations dont la finalité majeure est une production dont le processus
conditionne la conception, la réalisation et la mise en œuvre ainsi que des
opérations dont les caractéristiques, telles que des dimensions exceptionnelles
ou des difficultés techniques particulières, exigent de faire appel aux moyens et
à la technicité propres des opérateurs économiques.
La procédure applicable à ce type de marché de travaux est prévue à
l'article 88 du décret de 2016 relatif aux marchés publics qui dispose qu'elle
obéit à la procédure de l'appel d'offres restreint avec une CAO à laquelle sont
adjoints des maîtres d'œuvre indépendants des candidats et du pouvoir
adjudicateur et compétents au regard de l'ouvrage à concevoir et de la nature
des prestations à fournir pour sa conception. Ils représentent au moins un tiers
du jury. Ce dernier ne fait qu'émettre des avis, les décisions (liste des candidats
admis à réaliser une prestation, offre retenue) appartenant au seul pouvoir
adjudicateur.
358 Procédure négociée ◊ Une procédure négociée est une procédure dans
laquelle le pouvoir adjudicateur négocie les conditions du marché avec un ou
plusieurs opérateurs économiques. Dans la mesure où le recours à cette
procédure est dérogatoire à l'appel d'offres, le juge administratif n'en admet
l'utilisation que de façon très restrictive. Deux hypothèses sont envisageables.
Peuvent, tout d'abord, être négociés après publicité préalable et mise en
concurrence les marchés pour lesquels, après appel d'offres ou dialogue
compétitif, il n'a été proposé que des offres irrégulières ou inacceptables que
le pouvoir adjudicateur est tenu de rejeter. Une offre irrégulière est une offre
qui, tout en apportant une réponse au besoin du pouvoir adjudicateur, est
incomplète ou ne respecte pas les exigences formulées dans l'avis d'appel
public à la concurrence ou dans les documents de la consultation. Une offre est
inacceptable si les conditions qui sont prévues pour son exécution
méconnaissent la législation en vigueur, ou si les crédits budgétaires alloués au
marché après évaluation du besoin à satisfaire ne permettent pas au pouvoir
adjudicateur de la financer.
Peuvent, ensuite, être négociés, sans publicité préalable et sans mise en
concurrence, les marchés conclus pour faire face à une urgence impérieuse
résultant de circonstances imprévisibles pour le pouvoir adjudicateur et n'étant
pas de son fait, notamment les marchés conclus pour faire face à une
catastrophe technologique ou naturelle ou les marchés rendus nécessaire pour
l'exécution d'office, en urgence, de travaux pour remédier à des dangers
imminents pour la santé publique, à des bâtiments menaçants ruine, etc. Peuvent
par ailleurs être directement négociés, les marchés passés selon la procédure
de l'appel d'offres, pour lesquels aucune candidature ou aucune offre n'a été
déposée ou pour lesquels seules des offres inappropriées ont été déposées,
pour autant que les conditions initiales du marché ne soient pas
substantiellement modifiées. Est inappropriée une offre qui apporte une
réponse sans rapport avec le besoin du pouvoir adjudicateur et qui peut en
conséquence être assimilée à une absence d'offre. Peuvent également être
négociés, les marchés complémentaires de travaux qui consistent en des
prestations qui ne figurent pas dans le marché initialement conclu mais qui sont
devenues nécessaires, à la suite d'une circonstance imprévue, à la réalisation
de l'ouvrage tel qu'il est décrit dans le marché initial, à condition que
l'attribution soit faite à l'opérateur économique qui a réalisé cet ouvrage.
Lorsque ces travaux complémentaires ne peuvent être techniquement ou
économiquement séparés du marché principal sans inconvénient majeur pour le
pouvoir adjudicateur ou lorsque ces travaux, quoiqu'ils soient séparables de
l'exécution du marché initial, sont strictement nécessaires à son parfait
achèvement. Le montant cumulé de ces marchés complémentaires ne doit alors
pas dépasser 50 % du montant du marché principal.

§ 2. Les règles de compétence et de forme

359 Autorisations administratives préalables ◊ L'autorité compétente pour


conclure un marché de travaux n'a pas besoin d'une autorisation préalable pour
lancer et mener à terme une procédure de marché . De même, les
1347

« décisions » des commissions d'appel d'offres de collectivités locales n'ont


pas à être approuvées par l'assemblée délibérante . 1348

En revanche, pour les collectivités territoriales et leurs établissements


publics, les marchés ne peuvent être légalement conclus par l'exécutif qu'autant
qu'en amont et/ou en aval de la procédure, l'assemblée délibérante a donné son
autorisation à la signature du contrat, l'autorisation devant porter sur tous les
éléments essentiels du contrat à intervenir, au nombre desquels figurent
notamment l'objet précis de celui-ci, tel qu'il ressort des pièces constitutives du
marché, mais aussi son montant exact et l'identité de son attributaire . Si la
1349

délibération est incomplète, la décision de signer le marché est illégale et ce


dernier dont être déclaré nul par le juge du contrat .
1350

Cette jurisprudence a fait l'objet d'une traduction législative (ord. n 2005-


o

645 du 6 juin 2005 et loi n 2009-179 du 17 février 2009) aux termes de


o

laquelle divers articles du CGCT (art. L. 2122-21-1, art. L. 3221-11-1,


art. L. 4231-8-1) disposent désormais que, à l'exception des marchés pour
lesquels l'exécutif a reçu une délégation permanente du conseil élu, la
délibération de l'assemblée délibérante chargeant l'exécutif de souscrire un
marché déterminé peut être prise avant l'engagement de la procédure de
passation de ce marché. Elle comporte alors obligatoirement la définition de
l'étendue du besoin à satisfaire et le montant prévisionnel du marché.

360 Autorités compétentes pour engager la collectivité publique ◊ Au


niveau de l'État et de ses établissements publics, il s'agit du ministre ou du
président de l'établissement (le président de l'université, par exemple). À cet
égard, on notera que le décret n 2005-850 du 27 juillet 2005 a pour objet
o

d'attribuer de plein droit la délégation de signature des membres du


gouvernement aux principaux responsables de l'administration centrale, dans
les cas et les limites qu'il prévoit.
Au niveau des collectivités territoriales et de leurs établissements publics, la
compétence pour engager la collectivité publique appartient à l'exécutif.

361
Information des candidats non retenus ◊ Selon les articles 55 de
l'ordonnance de 2015 et 95 et s. du décret de 2016 relatifs aux marchés publics,
pour les marchés passés selon une des procédures formalisées, le pouvoir
adjudicateur avise tous les autres candidats du rejet de leurs candidatures ou de
leurs offres, en indiquant les motifs de ce rejet. La notification précise le nom
de l'attributaire et les motifs qui ont conduit au choix de son offre. Un délai d'au
moins 16 jours doit être respecté entre la date d'envoi de la notification et la
date de conclusion du marché (délai réduit à au moins 11 jours en cas de
transmission électronique de ces informations). Pendant ce délai, les candidats
évincés peuvent alors former un référé précontractuel en application de l'article
L 551-1 du CJA.
De ce point de vue, notamment si la procédure est interrompue du fait d'un
référé précontractuel recevable 1351
, le pouvoir adjudicateur ne peut
communiquer au candidat évincé des renseignements dont la divulgation serait
contraire à la loi, en particulier violerait le secret industriel et commercial ou
serait contraire à l'intérêt public ou pourrait nuire à une concurrence loyale
entre les opérateurs économiques (art. 44 et 46 de l'ordonnance de
2015 relative aux marchés publics). D'ailleurs, le fait pour un fonctionnaire de
communiquer des informations portant préjudice aux intérêts commerciaux
légitimes des entreprises constitue une atteinte à l'obligation de discrétion
professionnelle prévue par l'article 26 du statut de la fonction publique .1352

362 Transmission au contrôle de légalité ◊ Sauf les marchés conclus sur


procédure adaptée, les marchés de travaux des collectivités territoriales
doivent être transmis au représentant de l'État avant leur notification au titulaire
du marché, assortis des pièces nécessaires à l'exercice de son contrôle. À cet
égard, pour les marchés locaux, leur signature ne peut valablement intervenir
qu'après que la délibération autorisant leur conclusion a été transmise à
l'autorité de contrôle et a ainsi acquis force exécutoire , mais cette exigence
1353

n'est, une fois le contrat conclu, pas une cause d'invalidité du contrat devant le
juge du contrat . Par ailleurs, le marché doit fixer le début de son exécution à
1354

une date postérieure à sa conclusion, à sa notification et, le cas échéant, à sa


transmission au préfet.

363 Notification du marché ◊ Comme l'indique l'article 99 du décret de


2016 relatif aux marchés publics, les marchés d'un montant supérieur à
25 000 € HT sont notifiés avant tout commencement d'exécution. Pour les
marchés passés selon une procédure formalisée, la notification consiste en un
envoi d'une copie du marché signé au titulaire. La date de notification est la
date de réception de cette copie par le titulaire. Le marché prend effet à cette
date.

364 Avis d'attribution ◊ Le pouvoir adjudicateur doit, dans les quarante-huit


jours de la notification du marché, envoyer un avis d'attribution pour
publication. Comme en matière d'information des candidats évincés, certaines
informations relatives à la passation du marché peuvent ne pas être publiées
lorsque leur divulgation ferait obstacle à l'application des lois, serait contraire
à l'intérêt public ou porterait préjudice aux intérêts commerciaux légitimes des
candidats ou pourrait nuire à une concurrence loyale entre ceux-ci.

§ 3. Éléments du contentieux de la formation du marché


public de travaux

365 Généralités ◊ On ne traitera de façon cursive de la question qu'à des fins


pédagogiques afin de permettre aux étudiants de la mettre en perspective avec
la problématique générale des marchés de travaux . 1355

366 Recours en contestation de validité du contrat ◊ Selon la jurisprudence


« Tarn-et-Garonne » (CE 4 avr. 2014, n 358994, Lebon, p. 70, concl. Dacosta),
o

qui a abandonné la théorie de l'acte détachable que pouvait attaquer les


personnes ayant « intérêt à agir », « tout tiers à un contrat administratif
susceptible d'être lésé dans ses intérêts de façon suffisamment directe et
certaine par sa passation ou ses clauses est recevable à former devant le juge
du contrat un recours de pleine juridiction contestant la validité du contrat ou
de certaines de ses clauses non réglementaires qui en sont divisibles ; cette
action devant le juge du contrat est également ouverte aux membres de l'organe
délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités
territoriales concerné ainsi qu'au représentant de l'État dans le département
dans l'exercice du contrôle de légalité ; les requérants peuvent éventuellement
assortir leur recours d'une demande tendant, sur le fondement de l'article
L. 521-1 du code de justice administrative, à la suspension de l'exécution du
contrat ; ce recours doit être exercé, y compris si le contrat contesté est relatif à
des travaux publics, dans un délai de deux mois à compter de
l'accomplissement des mesures de publicité appropriées, notamment au moyen
d'un avis mentionnant à la fois la conclusion du contrat et les modalités de sa
consultation dans le respect des secrets protégés par la loi ; la légalité du choix
du cocontractant, de la délibération autorisant la conclusion du contrat et de la
décision de le signer, ne peut être contestée qu'à l'occasion du recours ainsi
défini ; toutefois, dans le cadre du contrôle de légalité, le représentant de l'État
dans le département est recevable à contester la légalité de ces actes devant le
juge de l'excès de pouvoir jusqu'à la conclusion du contrat, date à laquelle les
recours déjà engagés et non encore jugés perdent leur objet.
Le représentant de l'État dans le département et les membres de l'organe
délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités
territoriales concerné, compte tenu des intérêts dont ils ont la charge, peuvent
invoquer tout moyen à l'appui du recours ainsi défini ; les autres tiers ne
peuvent invoquer que des vices en rapport direct avec l'intérêt lésé dont ils se
prévalent ou ceux d'une gravité telle que le juge devrait les relever d'office ;
Saisi ainsi par un tiers dans les conditions définies ci-dessus, de conclusions
contestant la validité du contrat ou de certaines de ses clauses, il appartient au
juge du contrat, après avoir vérifié que l'auteur du recours autre que le
représentant de l'État dans le département ou qu'un membre de l'organe
délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de collectivités
territoriales concerné se prévaut d'un intérêt susceptible d'être lésé de façon
suffisamment directe et certaine et que les irrégularités qu'il critique sont de
celles qu'il peut utilement invoquer, lorsqu'il constate l'existence de vices
entachant la validité du contrat, d'en apprécier l'importance et les
conséquences ; ainsi, il lui revient, après avoir pris en considération la nature
de ces vices, soit de décider que la poursuite de l'exécution du contrat est
possible, soit d'inviter les parties à prendre des mesures de régularisation dans
un délai qu'il fixe, sauf à résilier ou résoudre le contrat ; en présence
d'irrégularités qui ne peuvent être couvertes par une mesure de régularisation et
qui ne permettent pas la poursuite de l'exécution du contrat, il lui revient de
prononcer, le cas échéant avec un effet différé, après avoir vérifié que sa
décision ne portera pas une atteinte excessive à l'intérêt général, soit la
résiliation du contrat, soit, si le contrat a un contenu illicite ou s'il se trouve
affecté d'un vice de consentement ou de tout autre vice d'une particulière
gravité que le juge doit ainsi relever d'office, l'annulation totale ou partielle de
celui-ci ; il peut enfin, s'il en est saisi, faire droit, y compris lorsqu'il invite les
parties à prendre des mesures de régularisation, à des conclusions tendant à
l'indemnisation du préjudice découlant de l'atteinte à des droits lésés ;
Il appartient en principe au juge d'appliquer les règles définies ci-dessus qui,
prises dans leur ensemble, n'apportent pas de limitation au droit fondamental
qu'est le droit au recours ; toutefois, eu égard à l'impératif de sécurité juridique
tenant à ce qu'il ne soit pas porté une atteinte excessive aux relations
contractuelles en cours, le recours ci-dessus défini ne pourra être exercé par
les tiers qui n'en bénéficiaient pas et selon les modalités précitées qu'à
l'encontre des contrats signés à compter de la lecture de la présente décision ;
l'existence d'un recours contre le contrat, qui, hormis le déféré préfectoral,
n'était ouvert avant la présente décision qu'aux seuls concurrents évincés, ne
prive pas d'objet les recours pour excès de pouvoir déposés par d'autres tiers
contre les actes détachables de contrats signés jusqu'à la date de lecture de la
présente décision ; il en résulte que le présent litige a conservé son objet ;

367 Référé précontractuel ◊ Il est formé sur la base de l'article L. 551-1 du


Code de justice administrative (art. L. 551-2 pour les marchés des opérateurs
de réseaux). Il permet à toute personne ayant intérêt à conclure le marché, avant
la signature de celui-ci (ce dont il a été en principe prévenu dix jours avant), de
saisir le juge des référés afin que celui-ci, dans un délai de 20 jours après
avoir constaté que la procédure de passation du marché a violé une obligation
de publicité et de mise en concurrence, prononce la suspension ou l'annulation
de la procédure de passation du marché, ordonne de la reprendre à un certain
stade ou annule l'une des stipulations du contrat (le juge du référé ne peut en
revanche jamais ordonner le paiement de dommages et intérêts).

368 Recours en dommages et intérêts ◊ Les personnes ayant participé à la


passation d'un marché de travaux peuvent demander à l'administration des
dommages et intérêts au cas où la procédure leur aurait causé un préjudice. Il
s'agira d'une action soit en responsabilité quasi-contractuelle du fait de
l'enrichissement sans cause de l'administration ayant bénéficié sans contrat des
prestations du requérant, soit en responsabilité quasi-délictuelle du fait d'une
faute commise par cette dernière à l'égard du requérant. Il peut en aller ainsi :
– lorsque la collectivité publique les a incités à réaliser des prestations
avant la signature du contrat qui ne sera finalement jamais signé,
– lorsque le marché s'avère nul et de nul effet (pour objet illicite ou vice du
consentement…),
– lorsque le requérant est irrégulièrement évincé de la procédure de
passation du marché. Dans ce cas , si le candidat évincé n'avait aucune
1356

chance sérieuse d'obtenir le marché ou si son offre était de toute façon


irrecevable, il se verra dénier tout droit à indemnité ; s'il n'était pas dépourvu
de toute chance d'obtenir le marché, il a droit à une indemnité correspondant
aux frais qu'il a inutilement exposés pour participer à la consultation ; enfin,
lorsque le requérant avait une chance sérieuse d'emporter le marché, il a droit
non seulement au remboursement des frais inutilement exposés, mais également
à une partie (fixée de manière forfaitaire) du bénéfice dont il a été privé,
l'indemnisation du bénéfice manqué étant intégrale lorsque le candidat avait
toutes les chances de se voir attribuer le marché.

Sous-section 3. Le contenu du contrat

369 Pièces constitutives du marché ◊ Comme l'indique l'article 14 du décret


de 2016 relatifs aux marchés publics, les marchés d'un montant égal ou
supérieur à 25 000 € HT sont passés sous forme écrite. Pour les marchés
passés selon les procédures formalisées, l'acte d'engagement et, le cas échéant,
les cahiers des charges en sont les pièces constitutives.

370 Acte d'engagement ◊ L'acte d'engagement est la pièce signée par un


candidat à un marché public dans laquelle le candidat présente son offre ou sa
proposition dans le respect des clauses du cahier des charges qui déterminent
les conditions dans lesquelles le marché est exécuté. Cet acte d'engagement est
ensuite signé par le pouvoir adjudicateur. La signature de l'acte d'engagement
est une formalité substantielle. En l'absence de signature, l'autorité compétente
doit rejeter l'offre et n'a pas l'obligation d'inviter l'entreprise à la
régulariser . Le marché est nul si l'acte d'engagement est signé
1357

ultérieurement .1358

371 Cahier des charges ◊ Selon l'article 14 du décret de 2016 relatif aux
marchés publics, les cahiers des charges des marchés publics passés selon une
procédure formalisée déterminent les conditions dans lesquelles les marchés
sont exécutés. Ils comprennent des documents généraux et des documents
particuliers.
Les documents généraux sont :
1 les cahiers des clauses administratives générales, qui fixent les
o

dispositions administratives applicables à une catégorie de marchés ;


2 les cahiers des clauses techniques générales, qui fixent les dispositions
o

techniques applicables à toutes les prestations d'une même nature.


Ces documents sont approuvés par un arrêté du ministre chargé de
l'économie et des ministres intéressés (ils sont en cours de refonte). La
référence à ces documents n'est pas obligatoire.
Les documents particuliers sont :
1 les cahiers des clauses administratives particulières, qui fixent les
o

dispositions administratives propres à chaque marché ;


2 les cahiers des clauses techniques particulières, qui fixent les dispositions
o

techniques nécessaires à l'exécution des prestations de chaque marché.


Si le pouvoir adjudicateur décide de faire référence aux documents
généraux, les documents particuliers comportent, le cas échéant, l'indication
des articles des documents généraux auxquels ils dérogent. Cette obligation
n'est pas prescrite à peine de nullité de la dérogation . En outre, lorsque les
1359

parties contractantes entendent déroger aux cahiers généraux, alors que l'article
du CCAG concerné ne prévoit pas expressément cette possibilité, la dérogation
doit faire l'objet d'une stipulation différente dans le CCAP ou le CCTP
clairement définie et figurer dans la liste récapitulative des dérogations aux
cahiers généraux . Même s'ils sont systématiquement utilisés, les cahiers des
1360

charges sont de simples modèles dépourvus de toute force obligatoire. Ils ne


s'appliquent que dans la mesure où les parties en ont expressément décidé
ainsi . Et rien n'empêche les parties de les écarter pour soumettre leurs
1361

relations à un cahier des charges privé .


1362

372 Hiérarchie des pièces constitutives ◊ En l'absence de hiérarchie arrêtée


contractuellement, l'ordre de priorité est toujours le même. L'acte d'engagement
l'emporte sur toutes les autres pièces du marché 1363
de même que le CCAP
l'emporte sur le CCAG . Sauf lorsqu'il s'agit de prix, le devis descriptif
1364

prime le détail estimatif .


1365

Sous-section 4. L'exécution du contrat

§ 1. L'exécution personnelle du marché

A. La cession du marché

373 Problématique de l'intuitu personae ◊ Comme l'indique l'assemblée


générale du Conseil d'État dans un avis important du 8 juin 2000 , le juge
1366

administratif a posé depuis fort longtemps le principe selon lequel les marchés
publics et les conventions de délégation de service public sont conclus en
raison de considérations propres à chaque cocontractant (intuitus personae). Il
en a tiré la conséquence que la cession d'un marché ou d'une concession ne
pouvait avoir lieu, même en l'absence de toute clause spéciale du contrat en ce
sens, qu'avec l'assentiment préalable de la collectivité cocontractante. Il a
précisé les cas dans lesquels cette autorisation pouvait légalement être refusée,
au regard notamment des nécessités du service public, les conditions dans
lesquelles, en cas de cession non autorisée, la collectivité pouvait exiger la
poursuite du contrat initial ou le résilier et, enfin, les droits à indemnité du
titulaire du marché ou du concessionnaire, en cas de refus illégal d'autorisation
de cession ou de résiliation illégale du contrat. Lorsque l'autorisation de
cession peut être légalement accordée, le Conseil d'État statuant au contentieux
a toujours jugé que le choix du nouveau titulaire par le précédent cocontractant
de l'administration n'était soumis à aucune procédure publique de mise en
concurrence. Cette approche est, dans une certaine mesure, contestée par la
jurisprudence de la CJUE qui voit dans la substitution du cocontractant par un
autre, si elle n'est pas prévue à l'origine, une modification substantielle du
contrat de nature à obliger le pouvoir adjudicateur à réorganiser une procédure
de mise en concurrence . Il n'est pas certain que les deux approches soient
1367

radicalement incompatibles . 1368

374 Notion de cession d'un marché ◊ Toujours selon l'avis précité du 8 juin
2000, « d'une part, la cession d'un marché ou d'une délégation de service public
doit s'entendre de la reprise pure et simple, par le cessionnaire qui constitue
son nouveau titulaire, de l'ensemble des droits et obligations résultant du
précédent contrat. Elle ne saurait être assortie d'une remise en cause des
éléments essentiels de ce contrat, tels que la durée, le prix, la nature des
prestations et, s'agissant de concessions, le prix demandé aux usagers. Lorsque
la modification substantielle de l'un de ces éléments implique nécessairement
la conclusion d'un nouveau contrat, ce contrat, même conclu sous forme d'un
avenant, doit être soumis aux procédures de publicité et de mise en concurrence
préalables.
D'autre part, la notion de tiers auquel le contrat est cédé doit s'entendre d'une
personne morale distincte du titulaire initial dudit contrat. Tel n'est pas le cas,
(…) en cas de transformation régulière d'une société en une société d'une autre
forme, ou en cas de prorogation ou de toute autre modification statutaire. Tel
n'est pas non plus le cas, selon la jurisprudence, lorsqu'il est procédé à un
changement de propriétaire des actions composant le capital social, même dans
une proportion très largement majoritaire. En revanche, il y a bien cession à un
tiers lors de la réalisation d'opérations de scission et de fusion, lorsque ces
opérations aboutissent à la création de sociétés nouvelles, (…) ou lorsque, à la
suite d'autres formes de transmissions de patrimoines ou de cessions d'actifs,
une société nouvelle se voit attribuer, en qualité de cessionnaire, un marché
public ou un contrat de délégation de service public ».

375 Formalités nécessaires à la cession du marché ◊ La cession d'un


marché public par son titulaire à un tiers suppose donc, tout d'abord, non pas
l'organisation d'une procédure de publicité et de mise en concurrence pour
désigner le cessionnaire, mais une autorisation préalable donnée par
l'administration « cédée » au titulaire « cédant » de vendre le marché au tiers
« cessionnaire ». A priori, cette autorisation doit être expresse mais, eu égard
aux comportements du cédant et du cessionnaire et à celui sans ambiguïté de
l'administration (qui pourrait par exemple adresser des ordres de services au
cessionnaire), l'autorisation administrative peut légalement être tacite .
1369

Au fond, l'autorisation de cession peut être refusée au vu de l'appréciation


des garanties professionnelles et financières que peut présenter le nouveau
titulaire du contrat pour assurer la bonne fin du contrat. Par ailleurs, si la
cession à un nouveau titulaire ou la disparition du titulaire initial, à la suite
d'opérations de restructuration, aboutissant à la création de sociétés nouvelles,
lui paraît de nature soit à remettre en cause les éléments essentiels relatifs au
choix du titulaire initial du contrat, soit à modifier substantiellement l'économie
dudit contrat, la collectivité publique est en droit de refuser son autorisation de
cession. Si le cédant ne croit pas devoir en poursuivre l'exécution ou s'il a
disparu, le marché ou la délégation peut, ou même doit, être résilié.

B. La sous-traitance du marché

376 Droit applicable ◊ Le droit applicable à la sous-traitance des marchés


publics de travaux trouve sa source tout à la fois dans la loi modifiée n 75- o

1334 du 31 décembre 1975 et aux articles 62 de l'ordonnance de 2015 relative


aux marchés publics et 128 s. du décret de 2016 relatif aux marchés publics.
Comme l'indique l'article 15 de la loi de 1975, sont nuls et de nul effet,
quelle qu'en soit la forme, les clauses, stipulations et arrangements qui auraient
pour effet de faire échec aux dispositions de la présente loi. En conséquence,
par exemple, les stipulations du CACG-travaux, qui imposent de transmettre la
demande de paiement direct du sous-traitant au maître d'œuvre alors que la loi
n'exige que sa transmission à l'entrepreneur principal sont nulles et de nul
effet . La loi de 1975 est une loi de police au sens de la convention de Rome
1370

sur la loi applicable aux obligations contractuelles .


1371

377 Notion et champ d'application ◊ Au sens de la loi de 1975, « la sous-


traitance est l'opération par laquelle un entrepreneur confie par un sous-traité,
et sous sa responsabilité, à une autre personne appelée sous-traitant,
l'exécution… d'une partie du marché public conclu avec le maître de
l'ouvrage ». De cette définition, il en résulte donc que :
– en cas de sous-traitance, le titulaire demeure personnellement responsable
de l'exécution de toutes les obligations résultant du marché ;
– en droit des marchés publics de travaux, la sous-traitance totale du marché
de travaux par l'entrepreneur est interdite ; 1372

– le prestataire de l'entreprise principale doit être un vrai sous-traitant, c'est-


à-dire qu'il doit réaliser un travail immobilier pour satisfaire aux besoins du
maître d'ouvrage. De ce point de vue, si la pose d'échafaudage entre dans le
champ d'application de la loi de 1975 , le fournisseur de canalisations ,
1373 1374

d'équipements de menuiserie ou d'une charpente d'un ouvrage public qui n'est


1375

pas chargé de sa pose n'est pas un sous-traitant .


1376 1377

378 Obligation pour l'entrepreneur de faire accepter ses sous-traitants


par le maître de l'ouvrage ◊ Comme l'indique expressément l'article 3 de
la loi du 31 décembre 1975, « l'entrepreneur qui entend exécuter un marché en
recourant à un ou plusieurs sous-traitants, doit, au moment de la conclusion et
pendant toute la durée du marché, faire accepter chaque sous-traitant et agréer
les conditions de paiement de chaque contrat de sous-traitance par le maître de
l'ouvrage ; l'entrepreneur principal est tenu de communiquer le ou les contrats
de sous-traitance au maître de l'ouvrage lorsque celui-ci en fait la demande. ».
Par ailleurs, l'article 5 de la loi précise que « sans préjudice de l'acceptation
prévue à l'article 3, l'entrepreneur principal doit, lors de la soumission,
indiquer au maître de l'ouvrage la nature et le montant de chacune des
prestations qu'il envisage de sous-traiter ainsi que les sous-traitants auxquels il
envisage de faire appel. En cours d'exécution du marché, l'entrepreneur
principal peut faire appel à de nouveaux sous-traitants, à la condition de les
avoir déclarés préalablement au maître de l'ouvrage. »
Formellement, cela se traduit par une demande faite au maître d'ouvrage par
l'entrepreneur conformément aux dispositions de l'article 130 du décret de
2016 relatif aux marchés publics – qui exige tout une série d'informations sur le
sous-traitant lui-même et l'ampleur de la sous-traitance – article qui envisage
trois hypothèses, à savoir :
– lorsque la demande de sous-traitance intervient au moment du dépôt de
l'offre. Dans ce cas, la notification du marché emporte acceptation du sous-
traitant et agrément des conditions de paiement ;
– lorsque la demande de sous-traitance intervient après le dépôt de l'offre.
Dans ce cas, l'acceptation du sous-traitant et l'agrément des conditions de
paiement sont alors constatés par un acte spécial signé des deux parties. Seul
cet acte spécial peut définir et agréer les conditions du paiement direct d'un
sous-traitant par le maître d'ouvrage et non le contrat de sous-traitance auquel
le maître d'ouvrage n'est pas partie ;1378

– lorsque la demande de sous-traitance intervient après la notification du


marché. Dans ce cas, le pouvoir adjudicateur ne peut pas accepter un sous-
traitant ni agréer ses conditions de paiement si l'exemplaire unique du marché
ou le certificat de cessibilité n'a pas été modifié ou si la justification que la
sous-traitance est possible ne lui a pas été remise par le titulaire du marché.
Le silence du pouvoir adjudicateur gardé pendant vingt et un jours à compter
de la réception des documents mentionnés aux 2 et 3 vaut acceptation du sous-
traitant et agrément des conditions de paiement.
De ces dispositions, il en résulte donc que la sous-traitance dans un marché
public n'est régulière que pour autant, d'une part, que son recours a été
formellement demandé par l'entrepreneur 1379
et que, d'autre part, les deux
conditions du recours à la sous-traitance ont cumulativement été acceptées par
le maître de l'ouvrage, à savoir le nom du sous-traitant et les conditions de
paiement .1380

379 Droit du sous-traitant au paiement direct de ses prestations ◊ Selon


l'article 6 de la loi de 1975, le sous-traitant direct du titulaire du marché qui a
été accepté et dont les conditions de paiement ont été agréées par le maître de
l'ouvrage, est payé directement par lui pour la part du marché dont il assure
l'exécution (le sous-traitant de « second rang » n'a donc plus droit au paiement
direct). De ce point de vue, afin de protéger les sous-traitants qui pourraient
être en situation de faiblesse à l'égard de l'entreprise principale, l'article 7 de
la loi de 1975 indique que « toute renonciation au paiement direct est réputée
non écrite. » Le mécanisme s'applique aux marchés passés par l'État, les
collectivités locales, les établissements et entreprises publics .
1381

Il implique de la part du sous-traitant le respect d'un formalisme assez strict


n'empêchant pas l'entrepreneur principal de faire preuve d'inertie. De fait,
comme l'indique l'article 8 de la loi de 1975, l'entrepreneur principal dispose
d'un délai de quinze jours, comptés à partir de la réception des pièces
justificatives servant de base au paiement direct, pour les revêtir de son
acceptation ou pour signaler au sous-traitant son refus motivé d'acceptation.
Passé ce délai, l'entrepreneur principal est réputé avoir accepté celles des
pièces justificatives ou des parties de pièces justificatives qu'il n'a pas
expressément acceptées ou refusées.
Par ailleurs, l'article 132 du décret de 2016 relatif aux marchés indique que
le sous-traitant adresse sa demande de paiement au pouvoir adjudicateur
accompagnée des factures et de l'accusé de réception ou du récépissé attestant
que le titulaire a bien reçu la demande ou de l'avis postal attestant que le pli a
été refusé ou n'a pas été réclamé .
1382

À partir de là, le pouvoir adjudicateur procède au paiement du sous-traitant


dans un délai de 30 jours. Ce délai court à compter de la réception par le
pouvoir adjudicateur de l'accord, total ou partiel, du titulaire sur le paiement
demandé ou de l'expiration du délai mentionné au deuxième alinéa (15 jours).
Si, pendant ce délai, le titulaire n'a notifié aucun accord ni aucun refus, ou
encore de la réception par le pouvoir adjudicateur de l'avis postal mentionné
au troisième alinéa. Le pouvoir adjudicateur informe le titulaire des paiements
qu'il effectue au sous-traitant.
Concrètement, la demande de paiement direct présentée par le sous-traitant
au maître de l'ouvrage doit être dénuée de toute ambiguïté et doit avoir
clairement cet objet , mais elle peut être mise en œuvre postérieurement à la
1383

résiliation du contrat de sous-traitance pour des travaux réalisés avant cette


résiliation . De son côté, le maître d'ouvrage dispose toujours de la faculté de
1384

contrôler le montant de la créance du sous-traitant (en contrôlant la réalité des


prestations) avant de procéder au paiement direct . 1385

Au titre du paiement direct, le sous-traitant a droit au paiement des sujétions


imprévues qu'il a subies de même qu'aux travaux supplémentaires ordonnés
1386

par l'administration dès lors que l'entrepreneur ne s'y est pas opposé .
1387

380 Contentieux du droit au paiement direct ◊ Les litiges qui surgissent


entre l'entrepreneur principal et son sous-traitant relèvent de la compétence de
la juridiction judiciaire, eu égard à la nature de droit privé du contrat qui les
unit. En revanche, le contentieux du droit au paiement direct relève de la
juridiction administrative . Quant aux actions en responsabilité exercées par
1388

le maître de l'ouvrage contre un sous-traitant de l'entrepreneur, la compétence


est en relation avec le fondement de l'action : elle est judiciaire ou
administrative, selon qu'elle met en cause ou non un manquement du sous-
traitant aux obligations résultant pour lui de son contrat de sous-traitance,
contrat de droit privé .
1389

381 Droits indemnitaires en cas de sous-traitance occulte ◊ En l'absence


d'acceptation du sous-traitant et de ses conditions de paiement, la sous-
traitance est occulte et le paiement direct est impossible ; le sous-traitant ne
peut alors être payé que par l'entrepreneur principal. Toutefois, dans
l'hypothèse (fréquente) où ce dernier est défaillant, de quelle façon le sous-
traitant peut-il alors récupérer les sommes qu'il a engagées pour réaliser ces
travaux et les bénéfices qu'il comptait réaliser ? En pratique, il lui faut engager
la responsabilité quasi délictuelle du maître de l'ouvrage au terme d'une course
d'obstacles à handicap.
– Le sous-traitant occulte doit tout d'abord faire la preuve de la faute –
simple – du maître de l'ouvrage ; mais, au regard des critères de cette faute
posés par le Conseil d'État, on peut presque dire qu'il devra s'agir ici de la
preuve d'une faute lourde. Le sous-traitant doit en effet démontrer
préalablement que le maître de l'ouvrage a eu connaissance pendant l'exécution
du marché de sa présence sur le chantier. C'est pourquoi, si la collectivité
publique n'a jamais connu la participation de l'entreprise sous-traitante aux
travaux fixés par le marché ou n'en a connu l'existence qu'au moment ou
1390

après la mise en règlement judiciaire de l'entreprise principale ou bien encore


après que les travaux ont été entièrement exécutés , le maître de l'ouvrage ne
1391

commet aucune faute, dit le Conseil d'État dans l'arrêt Commune d'Hérin , en1392

n'invitant pas les entreprises concernées à régulariser leur situation ou en


effectuant au profit de l'entreprise principale, sous peine d'engager sa
responsabilité contractuelle, le paiement du solde des sommes dues à celle-ci,
alors même qu'une partie de ces travaux aurait été exécutée par le sous-traitant.
Mais le sous-traitant ne peut se contenter de démontrer qu'à un moment donné
le maître de l'ouvrage a eu connaissance de sa présence sur le chantier : il doit
en outre faire la preuve que les services de l'administration ont, à l'occasion de
ce chantier, « collaboré de façon effective avec lui et entretenu des relations
directes et caractérisées » . Or, tel n'est pas le cas lorsque le requérant est
1393

seulement présent à quelques rendez-vous de chantier. Tel est en revanche le


cas lorsque le maître d'ouvrage est en toute connaissance de cause au courant
de l'intervention du sous-traitant, soit parce qu'il a reçu une lettre de
l'entreprise principale l'en avertissant , soit parce qu'il l'a accepté sans
1394

agréer ses conditions de paiement . 1395

– La preuve de la faute du maître de l'ouvrage rapportée, le sous-traitant


occulte ne doit pas ensuite espérer récupérer de l'administration la totalité des
sommes qu'il a engagées. En effet, à la lecture de la jurisprudence précitée que
confirme l'arrêt Ville de Denain , la responsabilité du maître de l'ouvrage est
1396

systématiquement atténuée par le juge administratif au tiers du préjudice subi en


raison des fautes commises tant par l'entreprise principale que par le sous-
traitant en commençant les travaux avant de s'assurer de son acceptation par le
maître de l'ouvrage (encore que dans l'arrêt Ville de Denain, on voit mal quelle
a pu être la faute de l'entreprise principale qui, en apparence, a rempli toutes
ses obligations légales). Dès lors, en pratique, le sous-traitant devra supporter
les deux tiers des sommes engagées car il lui sera dans la plupart des cas
impossible de récupérer le tiers mis à la charge de l'entreprise principale
fautive défaillante .
1397

§ 2. Exécution technique du contrat


A. Durée et délais d'exécution du marché

382 Durée ◊ En vertu de l'article 15 du décret de 2016 relatif aux marchés


publics, la durée d'un marché ainsi que, le cas échéant, le nombre de ses
reconductions, sont fixés en tenant compte de la nature des prestations et de la
nécessité d'une remise en concurrence périodique. Un marché peut prévoir une
ou plusieurs reconductions à condition que ses caractéristiques restent
inchangées et que la mise en concurrence ait été réalisée en prenant en compte
la durée totale du marché, périodes de reconduction comprises. Si tel n'est pas
le cas, les clauses de tacite reconduction dans les marchés publics sont
illicites .
1398

383 Délais d'exécution ◊ Les délais d'exécution des travaux sont en principe
fixés par le marché ou le cas échéant, par des calendriers « convenus
ultérieurement entre les parties » . À défaut, il convient de se reporter à la
1399

commune intention des parties . L'article 19 du CACG-travaux fixe le point


1400

de départ du délai d'exécution du marché à la date de sa notification. Le marché


peut prévoir un délai global ou des délais partiels ou encore les deux à la fois
(CACG-travaux, art. 19.12). Mais seul le CCAP peut prévoir des pénalités en
cas de non-respect des délais partiels . L'administration engage sa
1401

responsabilité si elle reporte indéfiniment le début de l'exécution d'un


marché .1402

Le marché peut prévoir des causes de prolongation des délais. (V. l'art. 19-
21 du CACG-travaux). Le juge admet également, en dehors des stipulations du
contrat, que le dépassement des délais par l'entrepreneur n'est pas fautif s'il est
imputable au maître de l'ouvrage , à des circonstances imprévisibles
1403
ou
1404

encore au fait d'un autre constructeur, entrepreneur ou maître d'œuvre . Cet


1405

allongement des délais peut engager la responsabilité de l'administration . 1406

384 Clauses pénales (pénalités de retard) ◊ Les marchés de travaux


comportent presque toujours des clauses pénales tendant à sanctionner les
retards d'exécution du marché par le constructeur. Il s'agit de sommes
forfaitaires indépendantes d'éventuels dommages et intérêts dus par ce dernier.
Les pénalités n'existent que dans la mesure où, d'une part, elles sont prévues
par le marché et où, d'autre part, le contrat permet de déterminer la date à
1407

compter de laquelle elles commencent à courir. Même au cas de clause


contraire du contrat , l'application des pénalités de retard doit être précédée
1408

d'une mise en demeure . Mais les retards doivent avoir été dûment constatés
1409

par le maître d'œuvre et sur la base d'un décompte précis du nombre de jours
de retard, compte tenu des prolongations de délais accordées et déduction faite
des jours d'intempéries . La personne publique ne satisfait pas à cette
1410

obligation en établissant des pénalités sur la base d'un calcul global et


forfaitaire sans l'étayer par des documents . 1411

Sauf clause différente du marché (V. CCAG-travaux, art. 20.1), les pénalités
commencent à courir à compter de l'expiration du délai contractuel et ne
1412

cessent de s'appliquer qu'au complet achèvement des travaux, lequel est en


général fixé à leur réception . En cas de résiliation du marché, c'est la
1413

résiliation (quelle qu'en soit la cause) qui marque le terme des pénalités
contractuelles . 1414

Toujours en raison de leur caractère forfaitaire, les pénalités sont censées


réparer l'intégralité du préjudice résultant du retard. Le maître de l'ouvrage ne
saurait donc réclamer des dommages et intérêts supplémentaires au motif que
ce préjudice serait supérieur au montant des pénalités . Cette exclusion des
1415

dommages et intérêts se limite cependant aux seuls préjudices résultant du


retard. Elle n'interdit pas au maître de l'ouvrage de réclamer la réparation de
préjudices distincts de celui-ci mais causés par le retard , voire du préjudice
1416

résultant du retard lui-même lorsqu'il s'est privé du droit d'infliger les pénalités
contractuelles en accordant à l'entreprise des délais supplémentaires . 1417

En cas d'entreprises groupées, « Les pénalités […] sont [alors] réparties


entre les cotraitants conformément aux indications données par le mandataire,
sauf stipulation différente du CCAG. Dans l'attente de ces indications […] les
pénalités sont retenues en totalité au mandataire » (CCAG-travaux, art. 20.7).
Cela signifie que si le mandataire commun n'a pas donné la clef de répartition,
il devra les supporter seul . L'application des pénalités n'est pas
1418

obligatoire . L'administration peut y renoncer sans que cette renonciation


1419

l'autorise pour autant à réclamer une réparation supérieure à celle que lui
auraient procuré les pénalités . 1420

Enfin, encore à ce jour, les dispositions de l'article 1152 du Code civil sont
inapplicables aux pénalités de retard dues en vertu d'un marché de travaux
publics 1421
Selon cet article, « lorsque la convention porte que celui qui
manquera de l'exécuter payera une certaine somme à titre de dommages et
intérêts, il ne peut être alloué à l'autre partie une somme plus forte ni moindre.
Néanmoins, le juge peut, même d'office, modérer ou augmenter la peine qui
avait été convenue, si elle est manifestement excessive ou dérisoire. Toute
stipulation contraire sera réputée non écrite ». La CAA de Paris s'est séparée
de cette jurisprudence et décide, en s'inspirant du principe posé par le Code
civil que, lorsque l'application des stipulations d'un contrat administratif
prévoyant des pénalités de retard fait apparaître un montant de pénalités
manifestement excessif ou dérisoire, le juge du contrat, saisi de conclusions en
ce sens, peut modérer ou augmenter les pénalités qui avaient été convenues
entre les parties . Peu de temps après, le Conseil d'État a confirmé sa
1422

jurisprudence .
1423

385 Résiliation avant terme du marché pour motif d'intérêt


général ◊ Conformément à une « règle générale » du droit des contrats
administratifs , le maître de l'ouvrage dispose du pouvoir de résilier avant
1424

terme le marché, en dehors de toute faute du constructeur, si un motif d'intérêt


général le justifie (V. aussi art. 46.1 du CCAG-travaux).
En principe, la résiliation du marché n'est valable que si elle se fonde sur un
motif d'intérêt général : abandon du projet, inadéquation de ceux-ci aux besoins
de l'Administration… . En revanche, ne constitue pas un motif d'intérêt
1425

général la résiliation unilatérale à la suite d'un désaccord entre le maître de


l'ouvrage et l'entreprise titulaire du marché sur le matériel à utiliser pour mener
à bien le chantier . 1426

À la différence de la résiliation d'une concession de service public,


l'interruption par l'administration d'un marché de travaux ne peut être annulée
par le juge administratif ; la résiliation ne peut alors faire l'objet que d'une
indemnisation du cocontractant.
De ce point de vue, sauf clause contraire (sur laquelle, v. CE 4 mai 2011,
CCI de Nîmes, n 334280), la résiliation du marché pour motif d'intérêt général
o

oblige le maître de l'ouvrage à réparer l'intégralité du préjudice que cette


mesure cause à l'entrepreneur. Outre le prix des travaux déjà exécutés, ce
préjudice inclut notamment les dépenses engagées en vue de la poursuite du
marché qui sont devenues inutiles et le manque à gagner . 1427

Plus précisément, aucune disposition législative ou réglementaire, ni aucun


principe général du droit, n'interdit à l'administration de conclure un contrat
comportant des stipulations prévoyant, en cas d'exercice de résiliation pour
motif d'intérêt général, le versement au cocontractant d'une indemnité pouvant
excéder le montant de ce préjudice. En présence de telles stipulations
contractuelles, il appartient au juge du contrat, dès lors que les personnes de
droit public ne peuvent jamais être condamnées à payer une somme qu'elles ne
doivent pas, de contrôler s'il n'existe pas une disproportion manifeste entre
l'indemnité ainsi fixée et l'indemnisation du préjudice résultant pour le
cocontractant des dépenses qu'il a réalisées et du gain qu'il a manqué. Dit
autrement, le montant de cette indemnité ne doit pas être fixé à un montant tel
qu'il devienne dissuasif pour l'administration et mette en cause l'exercice de
son pouvoir de résiliation pour motif d'intérêt général. Dans ce cas, une telle
clause est incompatible avec les nécessités de fonctionnement du service
public et doit être regardée comme entachée de nullité 1428
.

B. Pouvoir de contrôle et de direction

386 Conditions d'existence et d'exercice ◊ Le pouvoir de contrôle et de


direction existe de plein droit, même dans le silence du contrat . Le pouvoir
1429

de contrôle et de direction appartient au maître de l'ouvrage. Toutefois, celui-ci


peut en confier l'exercice à un maître d'œuvre que le Cahier des clauses
administratives générales Travaux définit d'ailleurs comme la personne
chargée, en raison de sa compétence technique, « de diriger ou de contrôler
l'exécution des travaux » (CCAG-travaux, art. 21). Le pouvoir de contrôle et de
direction s'exprime par l'émission d'ordres de service qui doivent être écrits et
signés par l'autorité compétente . Même s'il doit émettre des réserves pour
1430

préserver ses droits (CCAG-travaux, art. 25), l'entrepreneur a l'obligation de


s'y conformer strictement. La désobéissance aux ordres de service constitue de
sa part une faute grave susceptible de l'exposer aux sanctions les plus sévères
(mise en régie ou résiliation du marché) . La responsabilité du maître de
1431

l'ouvrage dans l'exercice de sa mission de contrôle et de surveillance n'est


engagée qu'en cas de faute lourde de sa part , sauf à ce qu'il assume lui-même
1432

la fonction de maître d'œuvre .


1433

387 Droits limités de l'entrepreneur à l'égard d'ordres de service


irréguliers de l'administration ◊ L'entrepreneur ne saurait interrompre
l'exécution de son marché, quelle que soit la gravité des fautes commises par le
maître de l'ouvrage ou la lourdeur de leurs conséquences , sous peine de
1434

perdre tout droit à indemnité . Il en irait autrement que si la poursuite des


1435

travaux présentait un risque majeur soit pour les intérêts de l'entreprise elle-
même , soit pour la bonne réalisation de l'ouvrage . Par ailleurs, le juge du
1436 1437

contrat, saisi par l'entrepreneur, s'estime incompétent pour annuler les ordres
de service irréguliers de l'administration, seule une action en dommages et
intérêts étant recevable. Par voie de conséquence, toute requête en référé-
suspension à l'encontre d'un ordre de service est également irrecevable.

C. Résiliation du marché pour faute de l'entrepreneur

388 Définition et conditions d'existence ◊ La résiliation-sanction se définit


comme la mesure par laquelle le maître de l'ouvrage met fin au contrat en
raison des fautes commises par l'entrepreneur. Contrairement à la nullité, elle
n'est pas rétroactive et ne vaut que pour l'avenir. Même si elles sont
généralement prévues par le contrat (V. CCAG-travaux, art. 49), les sanctions
coercitives existent de plein droit en l'absence de toute stipulation
contractuelle .
1438

389 Autorités compétentes ◊ En ce qui concerne les marchés des collectivités


locales ou des établissements publics, l'exécutif de ces personnes publiques est
compétent pour décider des mesures d'exécution de ces marchés , par 1439

exemple la mise en régie mais, dès l'instant où il s'agit de mettre un terme au


contrat, seule l'assemblée délibérante peut l'autoriser, l'exécutif devant ensuite
néanmoins nécessairement prendre un acte formel de résiliation . Par ailleurs,
1440

le maître de l'ouvrage peut prononcer lui-même les sanctions coercitives sans


autorisation préalable du juge .
1441

390 Motifs de la résiliation pour faute ◊ Les fautes susceptibles d'entraîner


l'application des sanctions coercitives sont nombreuses et diverses :
– refus de déférer aux ordres de service ; 1442

– retards importants dans l'exécution des travaux ; 1443

– interruption injustifiée des travaux ; 1444

– incapacité de l'entrepreneur à faire face à ses obligations pour des raisons


financières notamment ;1445

– situation grave pour la salubrité et la sécurité publiques à laquelle


l'entrepreneur s'avère incapable de remédier ; 1446

– sous-traitance totale du marché .1447

391 Formalités préalables ◊ La résiliation du marché doit toujours être


précédée d'une mise en demeure. Pour être valable, cette mise en demeure doit
préciser les manquements reprochés à l'entrepreneur, mentionner la sanction
envisagée et être signée par la personne. Elle doit également fixer à
l'entrepreneur un délai raisonnable pour remplir ses obligations. De fait,
l'entreprise doit être mise à même de présenter sa défense. Il s'agit là d'une
formalité substantielle qui conditionne la régularité de la sanction . Par 1448

ailleurs, en application de la loi du 11 juillet 1979 aujourd'hui codifiée au


Code des relations entre le public et l'administration, la résiliation doit être
motivée.
En cas de méconnaissance par le maître de l'ouvrage de ces formalités et
quand bien même la résiliation serait justifiée au fond, l'administration ne
pourrait en faire supporter les conséquences onéreuses à l'entrepreneur . 1449
392 Formes de la résiliation ◊ La résiliation est pure et simple lorsqu'elle ne
précise pas qu'elle est prononcée aux frais et risques de l'entrepreneur . Dans
1450

le cas contraire, elle a pour effet de faire supporter à l'entrepreneur défaillant


le coût supplémentaire induit par l'achèvement des travaux, notamment dans le
cadre d'un marché de substitution .
1451

Le juge s'assure que le montant du nouveau marché n'est pas excessif, qu'il a
le même objet que le marché initial et qu'il a été passé et exécuté dans des
1452

conditions non fautives . De plus, s'il émet un ordre de recettes en vue du


1453

remboursement du surcoût du nouveau marché, le maître de l'ouvrage doit


indiquer ses bases de liquidation . Le maître de l'ouvrage n'est pas obligé de
1454

passer un nouveau marché de substitution . 1455

§ 3. Exécution financière du marché

A. Le prix du marché
1. Catégories de prix

393 Prix unitaires ou prix forfaitaires ◊ Selon l'article 16 du décret de


2016 relatif aux marchés publics, les prix des prestations faisant l'objet d'un
marché sont soit des prix unitaires appliqués aux quantités réellement livrées
ou exécutées, soit des prix forfaitaires appliqués à tout ou partie du marché,
quelles que soient les quantités livrées ou exécutées.

394 Clauses incitatives ◊ Des clauses incitatives peuvent être insérées dans les
marchés aux fins d'améliorer les délais d'exécution (primes d'avance), de
rechercher une meilleure qualité des prestations (intéressement au bon
fonctionnement) et de réduire les coûts de production.

395 En principe, un marché est conclu à prix définitif, ce prix étant


alors ferme ou révisable ◊
– Un prix ferme est un prix invariable pendant la durée du marché.
Toutefois, il est actualisable. De fait, un marché est conclu à prix ferme dans le
cas où cette forme de prix n'est pas de nature à exposer à des aléas majeurs les
parties au marché du fait de l'évolution raisonnablement prévisible des
conditions économiques pendant la période d'exécution des prestations. Mais,
lorsqu'un marché est conclu à prix ferme pour des fournitures ou services autres
que courants ou pour des travaux, il prévoit les modalités d'actualisation de son
prix.
– Un prix révisable est un prix qui peut être modifié pour tenir compte des
variations économiques dans les conditions fixées ci-dessous. Lorsque le prix
est révisable, le marché fixe la date d'établissement du prix initial, les
modalités de calcul de la révision ainsi que la périodicité de sa mise en œuvre.
Les modalités de calcul de la révision du prix sont fixées :
1 soit en fonction d'une référence à partir de laquelle on procède à
o

l'ajustement du prix de la prestation,


2 soit par application d'une formule représentative de l'évolution du coût de
o

la prestation. Dans ce cas, la formule de révision ne prend en compte que les


différents éléments du coût de la prestation et peut inclure un terme fixe.

396 Actualisation pour tenir compte des fluctuations des cours


mondiaux ◊ Selon l'article 17 du décret de 2016 relatif aux marchés de
travaux d'une durée d'exécution supérieure à trois mois qui nécessitent, pour
leur réalisation, le recours à une part importante de fournitures dont le prix est
directement affecté par les fluctuations de cours mondiaux, comportent une
clause de révision de prix incluant une référence aux indices officiels de
fixation de ces cours.

397 Par exception, un marché peut être conclu à prix provisoire ◊ Il est
possible de conclure des marchés à prix provisoire, à titre exceptionnel,
notamment lorsque, pour des prestations complexes ou faisant appel à une
technique nouvelle et présentant soit un caractère d'urgence impérieuse, soit
des aléas techniques importants, l'exécution du marché doit commencer alors
que la détermination d'un prix initial définitif n'est pas encore possible. Par
ailleurs, pour la réalisation des ouvrages soumis à la loi MOP, les marchés de
maîtrise d'œuvre sont toujours passés à prix provisoires conformément au
décret n 93-1268 du 29 novembre 1993 relatif aux missions de maîtrise
o

d'œuvre confiées par des maîtres d'ouvrage publics à des prestataires de droit
privé.
Les marchés conclus à prix provisoires précisent :
1 les conditions dans lesquelles sera déterminé le prix définitif,
o

éventuellement dans la limite d'un prix plafond,


2 l'échéance à laquelle devra intervenir un avenant pour fixer le prix
o

définitif,
3 les règles comptables auxquelles le titulaire devra se conformer,
o

4 les vérifications sur pièces et sur place que le pouvoir adjudicateur se


o

réserve d'effectuer sur les éléments techniques et comptables du coût de


revient.
2. Établissement du prix (décompte du marché)

398 Établissement du décompte ◊ Il appartient à l'entrepreneur après


l'achèvement des travaux, de dresser un projet de décompte final établissant le
montant total des sommes auxquelles il peut prétendre. Le projet de décompte
final est remis au maître d'œuvre dans le délai de quarante-cinq jours à
compter de la date de notification de la décision de réception des travaux
(CCAG-travaux, art. 13.32). Si, après mise en demeure , l'entrepreneur ne
1456

s'est pas conformé à ce délai, il reviendra au maître d'œuvre d'établir le


décompte final (CCAG-travaux, art. 13.4). Le maître d'œuvre accepte alors ou
corrige le projet qui lui est remis, lequel devient le décompte final. Ce
décompte doit alors impérativement être signé par le maître de l'ouvrage et 1457

être notifié dans les 45 jours suivant la remise du décompte final à


l'entrepreneur. Mais, en l'absence de notification à l'entrepreneur, la signature
du décompte par le maître de l'ouvrage ne peut, à elle seule, l'engager . Par 1458

ailleurs, le délai de notification ne peut être suspendu ou prolongé du fait de


l'introduction d'une action contentieuse par l'une des parties au contrat .
1459

L'entrepreneur dispose alors d'un délai de 45 jours (ou de 30 jours si le


délai d'exécution du marché n'excède pas six mois) pour faire connaître ses
réserves ou son refus du décompte (CCAG-travaux, art. 13.44) D'ailleurs,
seule la signature de l'entrepreneur donnée postérieurement à celle du maître de
l'ouvrage après notification par ce dernier est susceptible de conférer à ce
décompte un caractère définitif . Passé ce délai, il est réputé l'avoir accepté.
1460

Le décompte devient alors général et définitif. Il est également réputé l'avoir


accepté s'il y a répondu dans le délai de 45 jours ou 30 jours pour exprimer son
refus ou ses réserves mais sans motiver celles-ci ou celui-là (CCAG-travaux,
art. 13.45). Le délai est de 30 jours quand le marché a une durée d'exécution
inférieure à six mois, 45 jours si le délai est supérieur à six mois.
Pendant ce délai, l'entrepreneur peut également refuser de signer le décompte
général ou le signer sous réserves. Les motifs de ce refus ou de ces réserves
doivent être exposés par l'entrepreneur dans un mémoire de réclamation qui
précise le montant des sommes dont il revendique le paiement et qui fournit les
justifications nécessaires en reprenant, sous peine de forclusion, les
réclamations déjà formulées antérieurement et qui n'ont pas fait l'objet d'un
règlement définitif ; ce mémoire doit être remis au maître d'œuvre dans le délai
sus-indiqué. Le règlement du différend intervient alors suivant les modalités
indiquées à l'article 50 (CCAG-travaux art. 13.44). Si, après mise en demeure,
le maître de l'ouvrage refuse d'établir le décompte, l'entrepreneur peut saisir le
juge à cette fin 1461
.

399 Effets du décompte ◊ Selon un standard jurisprudentiel constant,


« l'ensemble des opérations auxquelles donne lieu l'exécution d'un marché de
travaux publics est compris dans un compte dont aucun élément ne peut être
isolé et dont seul le solde arrêté lors de l'établissement du décompte définitif
détermine les droits et obligations définitifs des parties » . En conséquence,
1462

toute réclamation ultérieure est interdite en cas d'approbation du décompte final


sans réserves ou avec des réserves insuffisamment précises. Ainsi, les intérêts
moratoires afférents à des acomptes compris dans le décompte général ne
peuvent plus être discutés après acceptation du décompte . Mais, le principe
1463

d'intangibilité du décompte n'est pas un moyen d'ordre public ; il doit être


soulevé devant le juge . 1464

L'indivisibilité a pour effet essentiel « que les principes qui régissent la


compensation sont inapplicables (au décompte) » . Cela ne signifie pas
1465

qu'aucune compensation ne joue au sein du décompte, mais bien au contraire


que la contraction qui s'opère entre ses différents éléments n'est pas soumise
aux conditions de liquidité et d'exigibilité auxquelles se trouve subordonnée la
compensation en droit commun. Il en résulte notamment que cette contraction se
réalise alors même que l'entrepreneur serait en état de liquidation judiciaire1466

et, par exemple, que le principe d'indivisibilité du décompte est opposable au


cessionnaire d'une créance . Par ailleurs, le principe d'indivisibilité du
1467

décompte du mandat de maîtrise d'ouvrage délégué et du marché de maîtrise


d'œuvre ne fait pas obstacle à ce que la personne publique, condamnée à payer
à un entrepreneur des travaux supplémentaires, puisse introduire un appel en
garantie contre le maître de l'ouvrage délégué et le maître d'œuvre .1468

400 Contestation du décompte ◊ La contestation du décompte s'opère selon les


modalités prévues par le CCAG-travaux qui opère une distinction entre la
phase administrative obligatoire de règlement des litiges (CCAG-travaux,
art. 50.1 et 50.2) et la phase contentieuse en cas d'échec du règlement amiable
(CCAG-travaux, art. 50.3). Cette procédure fait l'objet aujourd'hui d'une très
(trop) abondante jurisprudence, illustration de son caractère par trop
formaliste .1469

B. Le financement du marché
1. Le paiement du prix par le maître de l'ouvrage
401 Paiement après service fait et interdiction des clauses de paiement
différé ◊ Selon une règle fondamentale de la comptabilité publique, le
prestataire d'une personne publique ne peut obtenir le paiement de ses
prestations qu'après service fait. Inversement, l'article 60 de l'ordonnance de
2015 aux marchés publics interdit l'insertion dans un marché de toute clause de
paiement différé permettant, par exemple, que le paiement de travaux ne soit
effectué pendant une longue période postérieurement à leur réalisation. Cette
disposition est d'ordre public 1470
et condamne le mécanisme des anciens
« marchés d'entreprise de travaux publics » (METP) sur lequel il était fondé.

402 Avances ◊ Malgré la règle du service fait et afin d'assurer une forme de
préfinancement administratif du marché, les titulaires de marchés de travaux
peuvent bénéficier d'avances avant le début des travaux. Le Code des marchés
de 2006 a fait disparaître la distinction entre avances forfaitaires et avances
facultatives. Désormais, une avance est accordée de droit au titulaire d'un
marché (mais il peut la refuser) lorsque le montant initial du marché ou de la
tranche affermie est supérieur à 50 000 € HT et dans la mesure où le délai
d'exécution est supérieur à deux mois. Cette avance n'est due au titulaire du
marché que sur la part du marché qui ne fait pas l'objet de sous-traitance
(art. 106 du décret de 2016 relatif aux marchés publics). Le montant de cette
avance est fixé à 5 % du montant initial, toutes taxes comprises, du marché.
En sus de cette avance de droit, le marché peut prévoir que l'avance dépasse
ces 5 % sans pour autant excéder 30 % (sauf si le titulaire du marché constitue
une garantie à première demande, auquel cas l'avance peut être portée à 60 %).
Lorsque le montant de l'avance est inférieur ou égal à 30 % du montant du
marché, les collectivités territoriales peuvent conditionner son versement à la
constitution d'une garantie à première demande portant sur tout ou partie du
remboursement de l'avance. Lorsque le montant de l'avance est supérieur à
30 % du montant du marché, le titulaire du marché ne peut recevoir cette
avance qu'après avoir constitué une garantie à première demande.
Enfin, le remboursement de l'avance s'impute sur les sommes dues au
titulaire, selon un rythme et des modalités fixés par le marché par précompte
sur les sommes dues à titre d'acomptes ou de règlement partiel définitif ou de
solde. Il doit, en tout état de cause, être terminé lorsque le montant des
prestations exécutées par le titulaire atteint 80 % du montant toutes taxes
comprises des prestations qui lui sont confiées au titre du marché.

403 Acomptes ◊ Les prestations qui ont donné lieu à un commencement


d'exécution du marché ouvrent droit à des acomptes. Le montant d'un acompte
ne peut excéder la valeur des prestations auxquelles il se rapporte
(art. 110 décret de 2016 relatif aux marchés publics). La périodicité du
versement des acomptes est fixée au maximum à trois mois. Lorsque le titulaire
est une petite ou moyenne entreprise au sens de l'article 48, une société
coopérative ouvrière de production, un groupement de producteurs agricoles,
un artisan, une société coopérative d'artisans, une société coopérative d'artistes
ou une entreprise adaptée, ce maximum est ramené à un mois pour les marchés
de travaux.

404 Délais de règlement ◊ La réglementation des délais de paiement dans les


marchés publics (et les concessions) trouve sa source aux articles 37 à 46 de la
loi n 2013-100 du 28 janvier 2013 et dans le décret n 2013-100 du 29 mars
o o

2013 relatif à la lutte contre les retards de paiement dans les contrats de la
commande publique.
Schématiquement, les délais de paiement sont les suivants :
– 30 jours pour les pouvoirs adjudicateurs, y compris lorsqu'ils agissent en
tant qu'entité adjudicatrice ;
– 50 jours pour les établissements de santé ;
– 60 jours pour les entreprises publiques nationales.

405 Intérêts moratoires ◊ Selon l'article 7 du décret précité de 2013, le


dépassement du délai de paiement ouvre de plein droit et sans autre formalité,
pour le titulaire du marché ou le sous-traitant, le bénéfice d'intérêt moratoires,
à compter du jour suivant l'expiration du délai et jusqu'au jour du paiement
inclus.
Est réputée non écrite toute renonciation au paiement des intérêts moratoires
exigibles en raison du défaut, dans les délais prévus, soit du mandatement des
sommes dues, soit de l'autorisation d'émettre une lettre de change-relevé, soit
du paiement de celle-ci à son échéance. Une transaction conclue entre une
personne publique et le titulaire d'un marché doit être interprétée à la lumière
de cette disposition. Une cour administrative dénature donc une transaction en
l'interprétant comme signifiant que l'entreprise, en déclarant accepter la
conciliation pour solde de tout compte et la renonciation à toute réclamation
ultérieure relative au marché litigieux, devait être regardée comme ayant
entendu renoncer au paiement des intérêts moratoires sur les sommes en
cause . En revanche, la réglementation relative au point de départ et au taux
1471

des intérêts moratoires n'est pas d'ordre public et peut être aménagée
contractuellement .
1472

La loi peut rétroactivement modifier le taux des intérêts moratoires sans


1473
pour cela violer les dispositions de l'article 6-1 de la Conv. EDH, des motifs
impérieux d'intérêt général pouvant justifier l'intervention rétroactive de la
loi .
1474

Le taux des intérêts moratoires est ou non prévu dans le marché :


– s'il est prévu dans le marché, il est celui de l'intérêt légal en vigueur à la
date à laquelle les intérêts moratoires ont commencé à courir, augmenté de deux
points,
– s'il n'est pas prévu dans le marché, le taux applicable est égal au taux
d'intérêt de la principale facilité de refinancement appliquée par la Banque
centrale européenne à son opération de refinancement principal la plus récente
effectuée avant le premier jour de calendrier du semestre de l'année civile au
cours duquel les intérêts moratoires ont commencé à courir, majoré de sept
points (c'est pourquoi il vaut mieux que ce taux soit prévu par le marché).
Si la personne publique ne s'acquitte pas de ces intérêts moratoires, elle
s'expose à des intérêts moratoires complémentaires : ce sera le cas s'il y a
« défaut d'ordonnancement ou de mandatement de tout ou partie des intérêts
moratoires dans un délai de 30 jours à compter du jour suivant la date de mise
en paiement du principal ».
L'indemnité perçue par le créancier du fait du retard apporté au paiement de
la somme due au titre de l'exécution du marché n'est pas la contrepartie d'une
prestation mais constitue la réparation d'un préjudice qui est dissociable de la
prestation fournie par l'entreprise bénéficiaire du versement. Elle n'est donc
pas soumise à la TVA puisque la base d'imposition de celle-ci est constituée
pour les livraisons de biens et les prestations de services, par toutes les
sommes, valeurs, biens ou services reçus ou à recevoir par le fournisseur ou le
prestataire en contrepartie de ces opérations . 1475

2. Le financement bancaire du marché : la cession de créance

406 Droit applicable ◊ Pour assurer le financement de la réalisation des travaux


jusqu'à leur achèvement, l'entrepreneur peut solliciter de sa banque l'ouverture
d'une ligne de crédit ou souscrire un emprunt dont le coût sera de nature à
renchérir le montant de son offre et donc, éventuellement, à ne pas le faire
apparaître comme le moins-disant.
Toutefois, parce que dès la signature d'un marché public, son titulaire détient
sur le patrimoine du maître d'ouvrage public une créance, l'entrepreneur est a
priori à même soit de céder (avec transfert de propriété) soit de donner en
nantissement (remise en gage sans transfert de propriété) cette créance à un
établissement de crédit afin que ce dernier lui en donne, dès le transfert,
l'équivalent monétaire.
Depuis que le décret n 85-1285 du 3 décembre 1985 a rendu applicable aux
o

marchés publics (aujourd'hui, articles 106 à 110), les mécanismes de la loi


« Dailly » du 2 janvier 1981 sur les cessions de créances contractuelles
(codifiée aux articles L 313-23 s. du Code monétaire et financier) et parce que
le mécanisme du nantissement présente l'inconvénient, en cas de déclenchement
d'une procédure collective à l'encontre du titulaire du marché, de ne pas
protéger l'établissement de crédit des autres créanciers de l'entrepreneur, la
technique de la cession de créance a supplanté celle du nantissement pour le
financement des marchés publics. Elle n'en demeure pas moins relativement
complexe par l'extrême formalisme qu'elle implique et par la combinaison
entre le droit bancaire et le droit des marchés publics qu'elle suppose .
1476

407 Mécanisme ◊ Schématiquement, la cession de créance dans les marchés


publics crée un rapport triangulaire que l'on peut résumer selon le tableau
suivant :

C. Les garanties financières du maître d'ouvrage public

408 Bibliographie ◊
V., S. BRACONNIER, « La sécurisation financière des relations entre maîtres d'ouvrage et entreprises
dans les contrats publics », RDI 2005. 371.

409 Retenue de garantie ◊ La retenue de garantie a pour seul objet de couvrir


les réserves à la réception des travaux, ainsi que celles formulées, le cas
échéant, pendant le délai de garantie. Le délai de garantie est le délai, qui peut
être prévu par le marché, pendant lequel le pouvoir adjudicateur peut formuler
des réserves sur des malfaçons qui n'étaient pas identifiables au moment de la
réception (art. 118 décret de 2016 relatif aux marchés publics). Le montant de
la retenue de garantie ne peut pas être supérieur à 5 % de la valeur du marché
augmentée, le cas échéant, des avenants.
La retenue de garantie doit être remboursée un mois au plus tard après
l'expiration du délai de garantie, sauf à ce qu'avant l'expiration de ce délai, le
maître de l'ouvrage ait notifié à l'entrepreneur que son marché n'a pas été
correctement exécuté. Des désordres empêchant la réception définitive des
travaux justifient le refus de restitution de la garantie . En revanche, ni le
1477

défaut de souscription par l'entrepreneur d'une assurance couvrant sa


responsabilité décennale, ni des désordres nécessitant des travaux de réfection
de faible importance ne peuvent fonder une telle mesure . 1478

410 Garantie à première demande et caution personnelle et


solidaire ◊ La retenue de garantie peut être remplacée au gré du titulaire par
une garantie à première demande ou, si le pouvoir adjudicateur ne s'y oppose
pas, par une caution personnelle et solidaire. Le montant de la garantie à
première demande ou de la caution personnelle et solidaire ne peut être
supérieur à celui de la retenue de garantie qu'elles remplacent. Leur objet est
identique à celui de la retenue de garantie qu'elles remplacent. La garantie à
première demande ou la caution personnelle et solidaire est établie selon un
modèle fixé par un arrêté du ministre chargé de l'économie.
L'organisme apportant sa garantie est choisi parmi les tiers agréés par le
comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement
mentionné à l'article L. 612-1 du Code monétaire et financier.
Dans la mesure où ces garanties sont autonomes, indépendantes du marché,
elles sont susceptibles d'être mises en jeu sans que l'établissement de crédit qui
l'a fournie puisse opposer au maître de l'ouvrage des exceptions tirées du
marché de travaux. Eu égard à leur autonomie, elles constituent des contrats de
droit privé dont les litiges relèvent du juge judiciaire . 1479

§ 4. Les modifications du marché en cours d'exécution


A. Les modifications imputables à l'administration

1. L'avenant au marché

411 Définition et procédure de passation ◊ Un avenant est une modification


de celui-ci qui procède de la commune intention des parties ayant conclu le
marché. Sa passation est donc soumise, conformément à la règle du
parallélisme des formes et de compétences, aux mêmes règles que celles ayant
présidé à la conclusion du marché sauf que par nature, l'avenant n'a pas à être
précédé d'une procédure de publicité et de mise en concurrence.
Tout au plus, précisera-t-on que, s'agissant des avenants augmentant de plus
de 5 % le montant du marché, ceux-ci doivent être, sous peine de nullité,
soumis pour avis à la commission d'appel d'offres (CGCT, art. L 1414-4).

412 Conditions du recours à un avenant ◊ Afin d'éviter que les conditions


initiales de la mise en concurrence du marché ne soient remises en cause et/ou
que le marché lui-même ne soit dénaturé par une modification par trop
profonde révélant la passation d'un nouveau contrat, la licéité de la conclusion
d'un avenant est subordonnée à plusieurs exigences.
L'article 65 de l'ordonnance du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics
dispose que « Les conditions dans lesquelles un marché public peut être
modifié en cours d'exécution sont fixées par voie réglementaire. Ces
modifications ne peuvent changer la nature globale du marché public.
Lorsque l'exécution du marché public ne peut être poursuivie sans une
modification contraire aux dispositions prévues par la présente ordonnance, le
marché public peut être résilié par l'acheteur ».
Les dispositions réglementaires précitées sont été fixées à l'article 134 du
décret de 2016 d'application de l'ordonnance. Il prévoit six cas possibles de
modification. Les marchés publics peuvent être modifiés dans les cas suivants :
1° Lorsque les modifications, quel qu'en soit le montant, ont été prévues dans
les documents contractuels initiaux sous la forme de clauses de réexamen, dont
des clauses de variation du prix ou d'options claires, précises et sans
équivoque.
Ces clauses indiquent le champ d'application et la nature des éventuelles
modifications ou options ainsi que les conditions dans lesquelles il peut en être
fait usage.
2° Pour les travaux, fournitures ou services supplémentaires, quel qu'en soit
le montant, qui sont devenus nécessaires et qui ne figuraient pas dans le marché
public initial, lorsqu'un changement de contractant remplirait les conditions
cumulatives suivantes.
Il est impossible pour des raisons économiques ou techniques telles que
l'obligation d'interchangeabilité ou d'interopérabilité avec les équipements,
logiciels, services ou installations existants achetés dans le cadre du marché
public initial.
Il présenterait un inconvénient majeur ou entraînerait une augmentation
substantielle des coûts pour l'acheteur.
Toutefois, lorsque l'acheteur est un pouvoir adjudicateur, l'augmentation de
prix ne peut pas être supérieure à 50 % de la valeur du marché public initial.
Lorsque plusieurs modifications successives sont effectuées, cette limite
s'applique au montant de chaque modification. Les modifications successives
ne peuvent avoir pour effet de contourner les dispositions du présent article.
3° Lorsque la modification est rendue nécessaire par des circonstances qu'un
acheteur diligent ne pouvait pas prévoir.
Toutefois, lorsque l'acheteur est un pouvoir adjudicateur, l'augmentation de
prix ne peut pas être supérieure à 50 % du montant du marché public initial.
Lorsque plusieurs modifications successives sont effectuées, cette limite
s'applique au montant de chaque modification. Les modifications successives
ne peuvent avoir pour effet de contourner les dispositions du présent article.
4° Lorsqu'un nouveau contractant remplace le titulaire du marché public,
dans l'un des cas suivants :
En application d'une clause de réexamen ou d'une option conformément au
1°.
À la suite d'une succession universelle ou partielle du titulaire assurée par
un autre opérateur économique qui remplit les conditions de participation à la
procédure de passation du marché public, à condition que cela n'entraîne pas
d'autres modifications substantielles.
5° Lorsque les modifications, quel qu'en soit le montant, ne sont pas
substantielles.
Une modification est considérée comme substantielle lorsqu'au moins une
des conditions suivantes est remplie :
a) Elle introduit des conditions qui, si elles avaient été incluses dans la
procédure initiale de passation, auraient permis l'admission d'autres opérateurs
économiques que ceux retenus initialement ou l'acceptation d'une offre autre
que celle initialement acceptée ou auraient attiré davantage d'opérateurs
économiques à la procédure ;
b) Elle modifie l'équilibre économique du marché public en faveur du
titulaire d'une manière qui n'était pas prévue dans le marché public initial ;
c) Elle élargit considérablement le champ d'application du marché public ;
d) Elle a pour effet de remplacer le titulaire initial par un nouveau titulaire
en dehors des hypothèses prévues au 4° du I.
6° Lorsque le montant de la modification est inférieure aux seuils européens
mentionnés à l'article 42 de l'ordonnance du 23 juillet 2015 susvisée et à 10 %
du montant du marché initial pour les marchés publics de services et de
fournitures ou 15 % du montant du marché initial pour les marchés publics de
travaux.
Lorsque plusieurs modifications successives sont effectuées, l'acheteur prend
en compte le montant cumulé de ces modifications.
– Pour les marchés publics passés selon une procédure formalisée, les
acheteurs qui ont modifié un marché public dans les cas mentionnés aux 2° ou
3° du I publient au Journal officiel de l'Union européenne un avis de
modification d'un marché en cours conforme au modèle fixé par le règlement de
la Commission européenne établissant les formulaires standard pour la
publication d'avis en matière de marchés publics.
La jurisprudence s'appuyait jusqu'à ces textes nouveaux sur les mêmes
standards. D'une part, les avenants étrangers à l'objet du marché sont illicites.
Ainsi, ceux qui portent sur des prestations dissociables du marché initial . 1480

D'autre part, sont aussi illégaux. Les avenants ayant pour effet de bouleverser
l'économie initiale du marché , en particulier s'il s'agit de dépasser des seuils
1481

qui n'obligeaient pas initialement à une procédure de publicité et de mise en


concurrence préalable . 1482

2. Les modifications unilatérales du marché par le maître de l'ouvrage

413 Existence et limites du pouvoir de modification unilatérale ◊ Le


maître d'ouvrage dispose, en vertu des règles générales applicables aux
contrats administratifs, d'un pouvoir de modification unilatérale du contrat .1483

Ce pouvoir existe en dehors des textes, même si le contrat ne l'a pas spécifié.
Les modifications ordonnées par le maître de l'ouvrage peuvent concerner tant
les aspects techniques de la construction (tels les plans de l'ouvrage, son lieu
d'implantation, ses dimensions, son mode de fondation…) que ses modalités
d'exécution . 1484

Le juge administratif a cependant posé des limites à ce pouvoir de


modification unilatérale. Tout d'abord, la personne publique ne peut pas porter
atteinte aux clauses financières du marché . Elle proscrit ensuite les
1485

modifications qui aboutiraient à mettre à la charge de l'entrepreneur l'exécution


d'ouvrages étrangers à l'objet du marché , qui porteraient atteinte à la
1486

substance même de celui-ci ou impliqueraient un changement essentiel de ses


1487

conditions . Le juge interdit également au maître de l'ouvrage d'imposer des


1488

modifications qui auraient pour effet de « bouleverser l'économie du


contrat » ou excéderaient « ce qui pouvait être envisagé lors de la passation
1489
du contrat eu égard à la nature de l'ouvrage à exécuter » 1490
.

414 Organisation conventionnelle du pouvoir de modification


unilatérale ◊ Le CCAG-travaux permet à l'administration de décider
unilatéralement soit une augmentation soit une diminution de la masse des
travaux prévus au contrat (art. 15) soit une modification de l'importance de
certaines « natures d'ouvrages » . Le titulaire du marché ne peut refuser
1491

d'exécuter ces modifications si celles-ci sont limitées dans leur ampleur. Au-
delà de certains seuils contractuels, l'entrepreneur peut refuser de se conformer
aux ordres de services modificatifs que lui adresse le maître de l'ouvrage sans
commettre de faute, ni encourir de sanction et réclamer valablement la
1492

résiliation de son marché . Par ailleurs, l'entrepreneur a droit à


1493

l'indemnisation intégrale du préjudice que lui cause la modification du marché.


Son droit à indemnité peut cependant être aménagé, voir limité par le contrat.
Ainsi le CCAG-travaux ne prévoit-il l'indemnisation de l'entrepreneur que dans
la mesure où les modifications apportées aux travaux dépassent certains
seuils . Ces limites ne s'appliquent toutefois plus lorsque le maître de
1494

l'ouvrage impose une modification profonde à l'objet du marché ou lorsqu'il


1495

s'agit d'obtenir l'indemnisation des travaux indispensables qu'il a réalisés sans


ordre de service . 1496

B. Les modifications extérieures à l'administration


1. Les travaux supplémentaires exécutés par l'entrepreneur

415 Notion de travaux supplémentaires ◊ Pour que les travaux


supplémentaires soient rémunérés en sus du prix du marché, encore faut-il qu'il
s'agisse bien de travaux supplémentaires, c'est-à-dire de prestations non
prévues dans les stipulations contractuelles. À cet égard, si la tâche du juge
n'est pas toujours techniquement aisée, ce dernier refuse tout droit à indemnité à
l'entrepreneur qui ne s'est pas suffisamment « assuré, avant de signer le marché,
de l'étendue des obligations qu'il devait assumer »… et des aléas qu'il pouvait
rencontrer . 1497

416 Les travaux supplémentaires exécutés sur la base d'un ordre de


service irrégulier en la forme ◊ Lorsque les travaux supplémentaires
résultent d'un ordre de service irrégulier en la forme, c'est-à-dire, le plus
souvent, verbal au lieu d'être écrit comme l'exigent les cahiers des charges, ou
non signé ou contresigné par le maître de l'ouvrage lorsque l'ordre émane de
l'architecte, l'entrepreneur peut prétendre être indemnisé « sur la base des prix
prévus au marché » des travaux qui se sont « révélés indispensables à
l'exécution de l'ouvrage suivant les règles de l'art à l'exclusion de tout
bénéfice » ; mais il peut également – et c'est là l'originalité de cette
1498

hypothèse au regard de celle qui va suivre – prétendre être indemnisé sur un


fondement extra-contractuel : sur une base quasi-contractuelle tout d'abord, si
les travaux supplémentaires ont été « utiles » au maître de l'ouvrage ; le
cocontractant a alors droit au remboursement des dépenses utiles, déduction
faite du bénéfice et de ses propres fautes 1499
; sur une base quasi-délictuelle
ensuite pour le préjudice que lui a causé l'administration en lui commandant
des travaux par un procédé irrégulier : une telle responsabilité sera toutefois
systématiquement atténuée par la faute de l'entrepreneur qui ne pouvait pas
ignorer les règles de passation et d'exécution du marché . Cette théorie
1500

bénéficie également au sous-traitant .


1501

417 Les travaux supplémentaires exécutés spontanément par


l'entrepreneur ◊ Les prestations supplémentaires peuvent être exécutées
spontanément par l'entrepreneur ou, ce qui revient au même, sur la base d'un
ordre de service de l'administration dont l'existence n'est pas prouvée. Dans
cette hypothèse, dont les contours ont été fixés par l'arrêt Commune de
Canari , les droits indemnitaires de l'entrepreneur sont beaucoup plus
1502

réduits. Si les travaux se révèlent « indispensables à la réalisation de l'ouvrage


selon les règles de l'art », le constructeur pourra prétendre à leur rémunération
sur la base des prix du marché sans qu'il soit besoin de rechercher si ces
travaux supplémentaires ont ou non, par leur importance, bouleversé
l'économie du marché . 1503

2. Les sujétions imprévues

418 Notions ◊ Les sujétions techniques qui surviennent en cours d'exécution d'un
marché public de travaux et qui renchérissent le coût des travaux de manière
importante sont indemnisées par l'administration contractante si elles se sont
avérées être imprévues. Selon un standard récent du Conseil d'État, « ne
peuvent être regardées comme des sujétions techniques imprévues au sens de
ces dispositions, que des difficultés matérielles rencontrées lors de l'exécution
d'un marché, présentant un caractère exceptionnel, imprévisibles lors de la
conclusion du contrat et dont la cause est extérieure aux parties » . 1504

Relativement simple dans son énoncé, la théorie des sujétions imprévues est
toutefois d'un maniement difficile lorsqu'il s'agit de l'appliquer à un cas
d'espèce car chaque solution jurisprudentielle repose sur des circonstances
propres à chaque affaire – que les juges du fond apprécient souverainement –
qu'il est dès lors toujours aléatoire de transposer à un cas apparemment
semblable.
Concrètement, les sujétions de nature à provoquer des travaux
supplémentaires plus onéreux que ceux prévus au marché et indispensables à la
réalisation de l'ouvrage sont le plus souvent des sujétions naturelles. Ainsi,
notamment, des sujétions liées à l'état du sous-sol (roches dures, poches de
sable, nappes d'eau, ouvrages souterrains…).

419 Conditions ◊ Tout d'abord, le marché ne doit pas pouvoir être interprété
comme ayant entendu laisser à la charge de l'entrepreneur les difficultés liées à
la maîtrise des sujétions rencontrées. Toutefois, de la même manière que
l'article 10.11, alinéa 2 du CCAG-travaux indique que le prix du marché est
réputé tenir compte de toutes les sujétions résultant de phénomènes naturels si
celles-ci « sont normalement prévisibles dans les conditions de temps et de
lieu où s'exécutent ces travaux », le juge administratif a plutôt tendance à ne pas
opposer aux entrepreneurs les clauses par lesquelles ceux-ci sont tenus de
prendre en charge financièrement tous les aléas lorsque les contraintes qui en
résultent sont de nature à « bouleverser l'économie du marché » . 1505

Ensuite, pour pouvoir être indemnisées, les difficultés exceptionnelles


doivent être extérieures à la volonté des parties ; tel n'est pas le cas
lorsqu'elles trouvent leur origine dans des choix technologiques originaux
proposés par l'entreprise et acceptés par le maître de l'ouvrage et tel n'est
1506

pas le cas lorsque, à propos de la construction d'un stade de football pour la


coupe du monde, le maître de l'ouvrage ordonne de nouveaux travaux de
sécurisation à la demande du comité d'organisation de la compétition . 1507

Par ailleurs, les difficultés exceptionnelles rencontrées dans l'exécution d'un


ouvrage n'ouvrent pas droit à l'application de la théorie des sujétions
imprévues si elles étaient prévisibles lors de la conclusion du marché. Tel est
le cas, même lorsque le caractère novateur des choix technologiques retenus
rend la prévision plus difficile , lorsque les difficultés rencontrées ne
1508

pouvaient pas ne pas être « prévues » par une entreprise aux capacités
techniques normales et connaissant la composition géologique du sol de la
région , ou disposant d'études techniques complètes, en matière géologique
1509

notamment , ou disposant d'études techniques incertaines et ayant eu le temps


1510

de faire elle-même des vérifications complémentaires . 1511

Toutefois, comme la prévisibilité des sujétions est une question de fait que le
juge apprécie cas par cas, ce dernier tient compte, malgré le caractère
« normalement prévisible », des difficultés rencontrées, eu égard aux
compétences et aux informations dont disposait l'entreprise, de paramètres lui
permettant malgré tout d'accorder à cette dernière une indemnité pour sujétions
imprévues. Ainsi lorsque :
– le maître de l'ouvrage public ne fait procéder qu'à des études préalables
insuffisantes et que, par sa brièveté, le délai imparti aux candidats pour
formuler leurs offres ne leur permet pas d'effectuer des études complémentaires
sérieuses ;1512

– il ne peut être reproché à l'entrepreneur de n'avoir pas procédé lui-même à


des sondages préalables afin de vérifier les études de l'administration en ce qui
concerne la consistance des travaux ; 1513

– les difficultés étaient prévisibles dans leur consistance mais pas dans leur
ampleur .1514

Enfin, dernière condition, les difficultés rencontrées par l'entrepreneur


n'ouvrent droit à indemnité que si elles dépassent, par leur importance, le
niveau ordinaire des difficultés imprévisibles, c'est-à-dire « l'aléa normal du
marché ». Au demeurant, dans les marchés à forfait, ce caractère exceptionnel
des sujétions rencontrées exige qu'elles « bouleversent l'économie du marché ».
En fait, il apparaît que le surcoût engendré par les sujétions doit, lui aussi, être
exceptionnel en ce sens que, pour que les charges supplémentaires supportées
par l'entrepreneur n'aient pas été envisagées par la volonté commune des
parties, elles doivent atteindre une certaine ampleur .1515

420 Étendue du droit à indemnité ◊ Lorsque l'ensemble de ces conditions est


réuni, les difficultés rencontrées par l'entrepreneur dans l'exécution du contrat
consistant, par exemple, dans une diminution sensible du rendement et une
augmentation considérable de certaines charges (immobilisations d'installation
de chantier et de personnels…) ouvrent à ce dernier un droit à indemnité pour
sujétions imprévues.
Pour calculer cette indemnité, il est souvent affirmé que la théorie des
sujétions imprévues permet à l'entrepreneur d'obtenir l'indemnisation intégrale
des suppléments de prix dont il a dû faire l'avance En réalité, si l'on examine
attentivement les décisions qui ont admis un droit à indemnité au bénéfice de
l'entrepreneur pour les sujétions imprévues rencontrées, on se rend compte que,
dans tous les cas, le calcul de l'indemnité a plus procédé, de la part du juge,
« d'une juste appréciation » que d'une évaluation précise du coût des travaux
supplémentaires réellement exécutés.
On en veut pour preuve l'arrêt Département de la Vendée et autres qui
1516

minore de moitié l'indemnité due à l'entrepreneur pour les dépenses


supplémentaires exposées du fait des difficultés rencontrées dans la réalisation
des fondations d'un pont au motif que, l'administration ayant fait état dans
l'étude fournie de l'existence d'une certaine structure géologique du sol,
l'entreprise avait sous-estimé les difficultés de « fonçage » qui étaient à
attendre de cette structure. On en veut également pour preuve l'arrêt Société des
autoroutes Paris-Rhin-Rhône 1517
dans lequel le Conseil d'État objecte au
maître de l'ouvrage condamné par un tribunal administratif à payer à une
entreprise une indemnité pour sujétions imprévues qu'il n'établit que ce
« tribunal aurait fait une appréciation exagérée de ce chef de la demande ». On
en veut enfin pour preuve l'arrêt Société générale d'entreprises, Saintrapt et
Brice 1518
dans lequel une entreprise demandait 7,50 MF d'indemnité pour
diverses sujétions imprévues et où le Conseil d'État n'a reconnu celles-ci que
pour « l'accroissement imprévisible du volume des terrassements en terrain
rocheux » ayant eu directement pour conséquence la prolongation de
l'immobilisation des installations de chantier et du maintien sur le site du
barrage en construction d'un personnel d'encadrement : « dans les circonstances
de l'espèce », décide alors la Haute assemblée, « il sera fait une juste
appréciation de l'indemnité à laquelle l'entreprise peut prétendre à ce titre en
condamnant la ville à loi verser une indemnité de 0,50 MF. »
En d'autres termes, c'est donc bien à une appréciation globale à laquelle se
livre le juge administratif des sujétions imprévues – en tenant compte des
« circonstances de l'espèce » et des comportements, carences et imprudences
des parties au contrat – pour déterminer le montant de l'indemnité due et non
pas à une évaluation rigoureuse et mal hématique (par calcul du prix unitaire,
par exemple) des travaux supplémentaires que l'entreprise a dû réaliser pour
surmonter ces sujétions imprévues.
3. Imprévision

421 Généralités ◊ La théorie de l'imprévision est l'une de ces théories, longtemps


spécifique au droit public des contrats, dont l'importance doctrinale et
« symbolique » est inversement proportionnelle à son application concrète par
les juges et les administrations. En clair, la théorie est très fréquemment
invoquée par les titulaires de contrats publics mais elle ne joue concrètement
qu'exceptionnellement à leur profit . 1519

Schématiquement, cette théorie est née avec un « Grand arrêt » du Conseil


d'État – l'arrêt Compagnie générale d'éclairage de Bordeaux – rendu à
1520

propos de difficultés liées à l'exécution d'une concession d'éclairage public


pendant la première guerre mondiale où le prix de la tonne de charbon
nécessaire à la production de gaz était passé de 35 F en janvier 1915 à 117 F
en mars 1916. En principe, dit la Haute assemblée (et ce principe est toujours
valable aujourd'hui), un contrat de concession règle d'une façon définitive,
jusqu'à son expiration, les obligations respectives du concessionnaire et du
concédant ; le concessionnaire est tenu d'exécuter le service prévu dans les
conditions précisées au traité… et la variation du prix des matières premières à
raison des circonstances économiques constitue un aléa du marché…, chaque
partie étant réputée avoir tenu compte de cet aléa dans les calculs et prévisions
qu'elle a faits avant de s'engager. Toutefois, par exception à ce principe,
poursuit le Conseil d'État, lorsque, par suite de circonstances imprévisibles
(les hausses « prévisibles » du charbon étaient comprises au moment de la
signature du contrat entre 23 et 28 F), l'économie du contrat se trouve
« absolument bouleversée », le titulaire de la convention a droit de la part de
l'administration, à une « indemnité » afin que soit préservée la continuité du
service public. Comme tel était le cas en l'espèce, le concessionnaire avait
droit à une indemnité à raison des circonstances « extra-contractuelles » dans
lesquelles il avait à assurer le service public pendant la période envisagée.
Cette jurisprudence ne sera, par la suite, jamais remise en cause :
– Elle sera étendue à toutes les catégories de contrats publics nécessaires,
directement ou indirectement, à l'exécution du service public comme les
marchés publics y compris ceux conclus « à forfait » .1521

– Elle s'applique quelle que soit la nature des événements affectant


l'exécution du contrat, du moment qu'ils sont extérieurs aux parties : ainsi des
guerres (sur le sol français ou sur des théâtres extérieurs d'opérations), des
troubles à l'ordre public, des émeutes ou des grèves, des catastrophes
naturelles ou des mesures législatives ou réglementaires de nature à avoir des
répercussions sur les salaires de l'entreprise cocontractante de l'administration,
sur ses charges sociales et fiscales, la durée du travail ou le prix de ses
matières premières . 1522

– La théorie de l'imprévision est par ailleurs subordonnée à ce que le


cocontractant, malgré le bouleversement de l'économie du contrat et les
difficultés financières rencontrées, continue d'exécuter ses obligations
contractuelles , l'indemnité d'imprévision pouvant toutefois être demandée
1523

postérieurement à la fin du contrat .


1524

– En outre, elle s'apprécie par rapport à un contrat déterminé. En


conséquence, une entreprise ou un groupe d'entreprises peut être titulaire de
plusieurs contrats avec l'administration, dont certains sont bénéficiaires, sans
que cela l'empêche d'avoir droit à une indemnité d'imprévision pour un contrat.
Ainsi, le fait pour une société d'avoir distribué des dividendes ne fait pas
obstacle à l'indemnisation pour imprévision .1525

– Elle ne repose que sur des critères jurisprudentiels, les circulaires ayant
tenté de faire une théorie de l'imprévision étant à cet égard dépourvues de
1526

tout caractère réglementaire .


1527

– Enfin, lorsque le fait générateur du bouleversement de l'économie du


contrat est amené à perdurer, l'indemnité d'imprévision qui est en principe
provisoire – ne peut être assurée au cocontractant jusqu'à l'échéance de la
convention. En conséquence, il faut considérer que ce fait imprévisible est
équivalent à un cas de force majeure et fonde un droit pour chacune des parties
à demander, soit la conclusion d'un avenant à la convention pour rétablir
l'équilibre contractuel, soit la résiliation du contrat . 1528

Si les parties conviennent de conclure un avenant, il y a alors dérogation


licite à l'article 20 du Code des marchés publics – qui exclut tout avenant en
cas de bouleversement de l'économie du marché – sans que pour autant les
parties soient dispensées du respect des règles de formes en matière de
passation des avenants .1529

422 Conditions d'application de la théorie ◊ Selon le Conseil d'État, les


titulaires de contrats publics doivent assumer les aléas normaux de la vie
économique pouvant avoir des répercussions sur le cours de l'exécution du
contrat. En conséquence, pour que puisse s'appliquer la théorie de
l'imprévision, les faits générateurs du bouleversement de l'économie du contrat
doivent déjouer toutes les prévisions qu'avaient raisonnablement pu faire les
parties lors de la conclusion du contrat. Et, comme le relève le commissaire du
gouvernement M. Franc devant la Haute assemblée, « votre jurisprudence est
sur ce point assez rigoureuse et vous recherchez si, au moment de la conclusion
du contrat, il n'y avait pas des signes avant-coureurs de la crise » ou si « l'aléa
était imprévisible pour un entrepreneur averti » . 1530

C'est la raison pour laquelle la théorie de l'imprévision ne peut jouer lorsque


la hausse des prix ne dépasse pas la hausse due aux variations saisonnières , 1531

lorsqu'à l'époque à laquelle a été conclu le marché, la variation des prix était
prévisible , lorsque la hausse générale du prix des matériaux et des salaires
1532

due notamment à l'abaissement de la durée légale du travail et à la diminution


du pouvoir d'achat de la monnaie s'était déjà manifestée de façon sensible entre
la date de la passation et la date de l'approbation du marché , lorsqu'à la date
1533

de conclusion d'une concession de remonte-pente, la désaffection du public


pour le secteur où se trouvait cette remontée mécanique était prévisible , 1534

lorsqu'à la date de conclusion d'un contrat de livraison de fioul un conflit au


Proche-Orient s'annonçait déjà 1535
, lorsqu'une augmentation des charges
salariales qui serait due selon le requérant à la difficulté de recruter de la
main-d'œuvre dans la région ne peut être regardée comme imputable à des
circonstances économiques imprévisibles 1536
ou parce que le prix du pétrole
étant soumis régulièrement à de fortes variations se répercutant sur le coût de
produits à forte teneur en bitume comme ceux utilisés pour la réalisation des
prestations du marché en cause, les entreprises requérantes, spécialisées dans
les travaux de revêtement des chaussées, ne sauraient soutenir que de telles
variations des prix des produits utilisés présentaient un caractère
imprévisible .
1537

Par ailleurs, il faut que l'économie du contrat se trouve « absolument


bouleversée ». À cet égard, d'une part, cette évaluation se fait toujours au cas
par cas en fonction, non pas de paramètres économiques affectés par ces
circonstances (la durée du travail, les salaires, le prix des matières premières,
etc.), mais du montant total du marché et de sa durée, ces derniers révélant un
équilibre économique global du contrat. D'autre part, cette évaluation tient
compte des clauses de variation de prix qui, s'il est vrai qu'elles n'empêchent
pas l'allocation d'une indemnité d'imprévision lorsque, même après qu'elles ont
joué, l'économie du contrat apparaît toujours bouleversée , ont largement
1538

vidé la théorie de l'imprévision de ses effets propres lorsque les circonstances


imprévisibles font jouer mécaniquement et normalement ces clauses . 1539

S'agissant à présent des seuils à partir desquels le juge administratif estime


que le montant total d'un contrat public est bouleversé sur toute sa durée, on ne
peut ici faire état que de jurisprudences particulières qui, juxtaposées, révèlent
cependant certaines tendances de la part du juge. Ainsi :
– « Pour une hausse prétendument imprévisible des salaires qui aurait
entraîné le bouleversement de l'économie de chacun des marchés, en admettant
que l'existence de clause de variation des prix n'ait pas été de nature à
permettre de couvrir l'intégralité des hausses de salaires, l'économie des
marchés litigieux ne peut être regardée comme ayant été modifiée dans une
proportion suffisante, alors surtout que l'entreprise intéressée n'allègue aucune
absence de bénéfice au titre des années antérieures » .
1540

– « Même en admettant que la hausse des prix intervenue pendant la période


d'exécution du marché ait excédé les limites qui pouvaient entrer à cette date
dans les prévisions des parties, il ne résulte pas des pièces du dossier que cette
hausse ait entraîné un bouleversement de l'économie du contrat de nature à
ouvrir droit à une indemnité » . 1541

– L'augmentation de diverses charges sociales spécifiques à la Martinique


représentant une charge supplémentaire de l'ordre de 2 % du montant définitif
d'un marché ne « saurait être regardée comme ayant entraîné un bouleversement
de l'équilibre financier du marché qui, seul, aurait pu ouvrir droit à indemnité
au profit de l'entreprise » .
1542

– Si la société affirme que les conditions d'exécution des travaux se sont


révélées plus coûteuses et moins rentables que ce qui était prévisible au
moment de la passation du marché, il ne résulte pas de l'instruction que
l'économie du contrat ait été bouleversée .
1543

– Les travaux se sont étendus sur une période allant de 1967 à 1973 ;
cependant, à la suite de deux accords conclus entre organisations syndicales
patronales et de salariés, l'hôpital de la Timone s'est trouvé inclus, à compter
du 1 janvier 1971, dans la zone où est due une indemnité de petits
er

déplacements ou de panier aux travailleurs salariés du bâtiment et des travaux


publics ; il n'est pas contesté que la société requérante a subi de ce chef une
charge supplémentaire qui n'a pu être compensée par le jeu de la clause de la
révision de prix du marché ; mais l'entreprise requérante n'établit pas que la
charge supplémentaire qu'elle a été ainsi amenée à supporter a provoqué un
bouleversement de l'économie du marché de nature à lui ouvrir droit à
l'allocation d'une indemnité pour charges extra-contractuelles . 1544

– « L'entreprise affirme avoir dû supporter des charges extra-contractuelles


imprévisibles résultant d'une part de l'intervention de la loi du 16 juillet
1976 ramenant de 48 heures à 44 heures la durée hebdomadaire du travail dans
le secteur du bâtiment et d'autre part de la sécheresse de l'été 1976 ; qu'elle
évalue les incidences économiques de ces événements respectivement à
537 622 F et à 101 787 F ; que cette charge supplémentaire ne représente que
3 % environ du montant définitif du marché et ne saurait dès lors être regardée
comme ayant entraîné un bouleversement de l'équilibre financier du marché qui,
seul, aurait pu ouvrir droit à indemnité au profit de la société » .1545

– « La requérante soutient que les mesures qui lui ont été imposées par
l'administration en cours d'exécution du marché (et consistant en diverses
mesures de police pour prévenir des troubles à l'ordre public) ont eu pour
conséquence de lui faire supporter un surcoût qu'elle évalue à 7 % du montant
du marché ; qu'un tel surcoût ne saurait dans les circonstances de l'espèce être
regardé comme ayant entraîné un bouleversement de l'économie du marché qui,
seul, aurait pu ouvrir droit à indemnité au profit de l'entreprise » . 1546

– En revanche, dans les (rares) cas où le Conseil d'État reconnaît l'existence


d'une situation d'imprévision, il ne fait – hélas pour la doctrine et les praticiens
– que constater le bouleversement de l'économie générale du contrat sans
indiquer le niveau de celui-ci au regard du montant initial du marché . 1547

4. Force majeure

423 Définition ◊ La force majeure se définit, comme en droit privé, comme un


événement imprévisible, irrésistible, extérieur aux parties contractantes, de
nature à empêcher radicalement l'exécution des obligations contractuelles.

424 Distinction du cas fortuit ◊ La force majeure se différencie du cas fortuit


par le caractère connu de son origine 1548
.
425 Événements constitutifs de force majeure ◊ Ces événements sont très
divers. Généralement, ils prennent la forme de phénomènes naturels, mais il
peut s'agir également d'événements juridiques, économiques, sociaux (grève,
par ex.), voire de faits particuliers imputables à des tiers.
S'agissant des phénomènes naturels, le juge tient compte de différents
paramètres spatiaux et temporels comme la saison, la situation géographique et
climatique de la région en cause, la fréquence du phénomène à cet endroit, etc.
On comprend alors pourquoi, sur ces bases, deux phénomènes objectivement
identiques peuvent constituer tantôt un cas de force majeure, tantôt un
événement « normal » à l'endroit en question.
Ainsi le vent est-il en France très rarement considéré comme un événement
de force majeure , de même que les avalanches en montagne ou la neige en
1549 1550

hiver . En revanche, il arrive que la foudre puisse constituer un cas de force


1551

majeure , de même que des mouvements de terrain . S'agissant des pluies et


1552 1553

des crues et inondations qui en sont la conséquence, on peut dire


schématiquement que, pour que de tels phénomènes soient considérés comme
des cas de force majeure par le juge, il faut qu'ils n'aient pas été observés dans
la région depuis au moins « cent ans » 1554
; en revanche, si de telles
constatations ne peuvent être faites, alors les pluies et les inondations ne sont
pas exonératoires . 1555

Le Conseil d'État tempère parfois ces solutions très sévères. Dans l'arrêt Sté
GTM, la Haute assemblée relève, à propos d'une inondation, qu'elle « est
exclusivement imputable à la conjonction exceptionnelle d'une pluviosité d'une
extrême intensité, d'une crue importante de la Garonne et d'une marée
particulièrement forte, conjonction qui doit être assimilée à un cas de force
majeure ». En d'autres termes, pris en eux-mêmes, chacun de ces phénomènes
n'était pas imprévisible mais, « conjugués », ils devaient être assimilés à un cas
de force majeure puisqu'au demeurant – même si le juge ne le dit pas – la
probabilité de survenance d'un tel concours de circonstances est d'ordre
centenaire . 1556

426 Effet de la force majeure sur l'exécution du contrat par


l'entrepreneur ◊ La force majeure a pour effet de dispenser (au moins
temporairement) l'entrepreneur de l'exécution du contrat devenue impossible . 1557

Elle a également pour conséquence de l'exonérer des sanctions qu'il pourrait


encourir du fait des manquements qu'elle a provoqués . 1558

427 Résiliation du marché ◊ La force majeure autorise le maître de l'ouvrage à


résilier le marché (le cas échéant à la demande du titulaire du marché) s'il
s'avère que l'intervention du marché est devenue définitive 1559
.

Sous-section 5. Les responsabilités des constructeurs

428 Généralités ◊ L'exécution du marché de travaux publics est susceptible


d'engager la responsabilité des constructeurs, parties à ce marché, selon des
formes diverses. Une responsabilité de nature contractuelle jusqu'à la réception
des ouvrages, diverses responsabilités post-contractuelles afin de garantir le
maître d'ouvrage public des « vices » que pourrait comporter la construction,
voire une responsabilité extra-contractuelle (de nature quasi délictuelle) entre
les constructeurs ou à l'égard des tiers au marché, victimes de son exécution .
1560

§ 1. Les responsabilités contractuelles

429 Principes ◊ Comme le marché de travaux publics est un contrat générateur


d'obligations contractuelles à la charge des deux parties contractantes, tout
manquement de l'une des parties à ses obligations est de nature à engager sa
responsabilité contractuelle envers l'autre. Tel est le cas jusqu'à la réception
des travaux qui marque la fin des rapports contractuels nés du marché mais tel
est également le cas pour certaines catégories de dommages postérieurement à
la réception.

A. La responsabilité contractuelle jusqu'à la réception des travaux

430 Généralités ◊ La responsabilité contractuelle des constructeurs à l'égard du


maître de l'ouvrage n'est pas fondamentalement différente des autres formes de
responsabilité nées d'un contrat administratif, en particulier celle du maître
d'ouvrage à leur égard .
1561

431 Fautes des constructeurs ◊ Dès l'instant où l'un des constructeurs commet
une faute dans l'exécution des obligations qu'il a souscrites dans le marché, il
s'expose à voir sa responsabilité contractuelle engagée par le maître d'ouvrage.
Ainsi, le maître d'œuvre peut se voir reprocher une étude insuffisante des
sols, une défaillance dans l'établissement des plans et des devis, une faute dans
la direction ou la surveillance des travaux ou dans son obligation de conseil
envers le maître d'ouvrage jusqu'à la réception des travaux.
L'entrepreneur peut se voir reprocher l'utilisation d'un procédé ou d'un
matériau défectueux, le refus d'obéir à un ordre de service, l'absence de
réserves avant d'exécuter un ordre du maître d'œuvre et les fautes de ses
ouvriers et préposés.

432 Causes exonératoires ◊ Outre la force majeure (V. supra), la faute du


maître de l'ouvrage (ou de son maître d'ouvrage délégué) est de nature à
atténuer la responsabilité du constructeur. Ainsi de l'obligation qui lui est faite
d'utiliser un matériau défectueux, de retards imputables à l'administration ou
d'une hâte excessive, de défaut de surveillance et de coordination du chantier,
etc.
Par ailleurs, le constructeur est en droit de se prévaloir de la faute d'un autre
constructeur ou d'un tiers pour tenter de réduire ou de supprimer sa propre
responsabilité. Il n'y parviendra que si la faute qu'il a lui-même commise dans
l'accomplissement de ses obligations contractuelles n'est pas à l'origine de la
totalité du dommage . 1562

433 Qualité et moment pour la mettre en jeu ◊ Seul le maître d'ouvrage lié
par contrat au constructeur est titulaire de l'action en responsabilité
contractuelle. Le locataire ou l'affectataire de l'immeuble construit ne peut se
substituer au maître de l'ouvrage pour engager la responsabilité contractuelle
des constructeurs .
1563

Dans la mesure où les rapports contractuels prennent fin avec la réception


des travaux (V. infra), la responsabilité contractuelle des constructeurs ne
saurait être recherchée pour des dommages postérieurs à la réception . 1564

434 Principe de la réparation intégrale ◊ L'indemnité doit réparer l'ensemble


des préjudices subis sous réserve du jeu des causes d'exonération habituelles.
Il appartient au juge d'accorder le cas échéant des dommages-intérêts tenant
compte des travaux de réfection de l'ouvrage, s'ils sont nécessaires ou des
1565

troubles de jouissance . 1566

B. La réception des travaux

435 Définition ◊ La réception des travaux est l'acte par lequel le maître de
l'ouvrage déclare accepter l'ouvrage avec ou sans réserves (C. civ., art. 1792-
6, al. 1). Par la réception, l'administration constate et vérifie ainsi que le
constructeur a exécuté toutes ses prestations conformément aux stipulations du
marché et, plus généralement, aux règles de l'art. La réception est un « élément
clé de l'opération juridique de construction », une « institution centrale » dans
le processus d'exécution d'un marché de travaux public eu égard notamment aux
effets qu'elle produit, tant en ce qui concerne le point de départ des garanties
post-contractuelles que du paiement des travaux (même si, de ce dernier point
de vue, il faut considérer le décompte général comme l'acte financier extinctif
équivalent à l'acte technique de réception).
Pour l'essentiel, le droit positif applicable à l'acte de réception des travaux
dans les marchés publics trouve sa source, d'une part dans l'article 1792-6 du
Code civil tel qu'il résulte de la loi n 78-12 du 4 janvier 1978 et, d'autre part,
o

dans le nouveau CCAG-travaux.


1. Modalités de la réception

436 Obligation contractuelle de recevoir les travaux ◊ La décision du


maître de l'ouvrage de recevoir les travaux n'est pas discrétionnaire. Afin de ne
pas laisser peser indéfiniment sur le constructeur une responsabilité
contractuelle plus lourde que les garanties post-contractuelles, la réception des
travaux constitue une obligation contractuelle pour le maître de l'ouvrage et le
constructeur est en droit d'exiger qu'il y soit procédé.
Pour éviter une prolongation indéfinie de leur responsabilité contractuelle
alors que l'ouvrage peut être reçu, les constructeurs peuvent demander au juge
du contrat qu'il fixe lui-même la date de réception de l'ouvrage. Reconnue de
façon peu claire par le législateur de 1978 – la réception est prononcée « à la
demande de la partie la plus diligente, soit à l'amiable, soit à défaut
judiciairement » (C. civ., art. 1792-6) –, cette faculté de demander la réception
judiciaire est expressément admise par la jurisprudence administrative . 1567

437 Achèvement des travaux ◊ La réception des travaux est nécessairement


subordonnée à leur achèvement ; les travaux doivent être « en état d'être
reçus », sauf résiliation avant terme du marché ou abandon du chantier par
l'entrepreneur, auquel cas la réception peut intervenir avant l'achèvement des
travaux. La notion de malfaçons « de trop peu d'importance » pour empêcher
une réception définitive s'apprécie compte tenu des réparations nécessaires et
du montant total du décompte. Par exemple, s'agissant de malfaçons
nombreuses mais peu importantes, et le montant des réparations ne dépassant
pas 1 % du montant du marché, la réception définitive doit être prononcée . 1568

438 Réception expresse et réception tacite ◊ La réception expresse est


minutieusement organisée par le CCAG-travaux. Son initiative appartient à
l'entrepreneur, relayé ensuite par le maître d'œuvre. Elle fait l'objet d'un
procès-verbal signé par le maître de l'ouvrage qui a seul qualité pour
prononcer la réception. L'architecte est incompétent pour ce faire . 1569

Comme l'affirme l'article 41-3, alinéa 1 du CCAG-travaux, « au vu du


procès-verbal des opérations préalables à la réception et des propositions du
maître d'œuvre, la personne responsable du marché décide si la réception est
ou non prononcée ou si elle est prononcée avec réserves ». « Si elle prononce
la réception, elle fixe la date qu'elle retient pour l'achèvement des travaux » ;
cette date peut être modifiée par avenant au contrat . « La décision ainsi prise
1570

est notifiée à l'entrepreneur dans les quarante-cinq jours suivant la date du


procès-verbal » (CCAG, art. 41-3, al. 1).
À défaut de réception expresse, la prise de possession de l'ouvrage achevé
peut valoir réception et point de départ des garanties post-contractuelles ou1571

qui exigeront une réception expresse.


La réception tacite n'est pas de droit : elle peut être écartée par des
stipulations expresses du contrat qui fixeront une autre date . Toutefois, rien
1572

n'empêche les parties d'indiquer au moment de la réception expresse que cette


dernière aura un effet rétroactif à la date où il a été pris possession de
l'ouvrage . En outre, le juge administratif ne recherche pas d'office si le point
1573

de départ de la garantie décennale peut, en vertu des stipulations du contrat,


être fixé à une date autre que la prise de possession des ouvrages achevés . 1574

Au moment de la prise de possession de l'ouvrage – pouvant notamment se


manifester par l'inauguration de celui-ci ou son occupation physique –, les
travaux doivent être achevés et en état d'être reçus , l'analyse de la commune
1575

intention des parties s'avérant parfois nécessaire pour savoir si des réserves
n'ont pas été émises au moment de la prise de possession de l'ouvrage. À cet
égard, la date qui doit être retenue comme point de départ du délai des
garanties est celle où l'ouvrage est effectivement mis en service plutôt que
1576

celle où il est inauguré .


1577

439 Réception avec réserves ◊ Selon les articles 1792-6 du Code civil et 41-6
du CCAG-travaux, le maître de l'ouvrage peut déclarer accepter l'ouvrage avec
réserves, c'est-à-dire après avoir constaté l'existence d'imperfections et de
malfaçons.
« Lorsque la réception est assortie de réserves, l'entrepreneur doit remédier
aux imperfections et malfaçons correspondantes dans le délai fixé par la
personne responsable du marché ou, en l'absence d'un tel délai, trois mois
avant l'expiration du délai de garantie défini au 1 de l'article 44-11 » (CCAG,
art. 41-6, al. 1). Au cas où ces travaux ne seraient pas faits dans le délai
prescrit, la personne responsable du marché peut les faire exécuter aux frais et
risques de l'entrepreneur et le délai de garantie peut être prolongé par
1578
décision du maître de l'ouvrage jusqu'à leur exécution complète, y compris
ceux qui sont entrepris d'office (CCAG, art. 44-2).
Tant que les réserves ne sont pas levées par le maître de l'ouvrage, les
obligations contractuelles du constructeur relatives à ces parties d'ouvrage
réservées sont maintenues, sauf si elles portent sur des points mineurs .1579

440 Réception en cas de résiliation du marché ◊ En cas de résiliation du


marché, notamment parce que le titulaire est en redressement ou liquidation
judiciaire, la résiliation vaut réception et met fin aux obligations contractuelles
de l'entrepreneur . 1580

2. Effets de la réception

441 Établissement du décompte final ◊ Selon l'article 13-3-2, alinéa 1 du


CCAG-travaux, « le projet de décompte final est soumis au maître d'œuvre
dans un délai de quarante-cinq jours à compter de la date de notification de la
décision de réception des travaux telle qu'elle est prévue au 3 de l'article 41,
ce délai étant réduit à quinze jours pour les marchés dont le délai d'exécution
n'excède pas trois mois ».

442 Extinction des rapports contractuels ◊ Selon des expressions


couramment employées, la réception sans réserves des travaux a « pour effet de
mettre fin aux rapports contractuels qui étaient nés du marché » .1581

Inversement, en cas d'absence de réception, de refus de réception ou de


réception avec réserves, les rapports contractuels entre le maître de l'ouvrage
et le constructeur ne sont pas éteints, et seule la responsabilité contractuelle de
ce dernier peut être mise en jeu et ce, même au-delà de l'expiration du délai
1582

de garantie de parfait achèvement . Par ailleurs, la levée des réserves avec


1583

effet rétroactif à la date de réception des travaux interdit au maître de l'ouvrage


de se réclamer ultérieurement de la responsabilité contractuelle des
constructeurs . 1584

La cessation de la responsabilité contractuelle des constructeurs à compter


de la réception sans réserve des travaux et de l'établissement du décompte
général constitue un moyen d'ordre public . 1585

La réception des travaux prononcée sans réserve ne met fin aux rapports
contractuels entre le maître de l'ouvrage et les constructeurs « qu'en ce qui
concerne la réalisation de l'ouvrage » (v. infra). En conséquence, la réception
ne fait pas obstacle à ce que la responsabilité contractuelle des constructeurs
soit, après la réception, recherchée à raison des fautes contractuelles que les
constructeurs ont commises dans l'exécution d'obligations contractuelles non
directement liées à cette réalisation, comme par exemple la faute pour un
architecte de signer des situations de travaux ne correspondant pas aux travaux
réellement exécutés et ayant servi au calcul des acomptes à verser aux
entreprises . De même, la réception sans réserve n'empêche pas le maître
1586

d'ouvrage d'engager la responsabilité contractuelle du constructeur en raison de


retards ou de surcoûts engendrés par des travaux supplémentaires, sous réserve
que le décompte définitif n'ait pas été établi .1587

443 Point de départ des garanties post-contractuelles ◊ La réception


marque le point de départ de :
– la garantie de parfait achèvement : aux termes de l'article 44-1 « Le délai
de garantie est d'un an à compter de la date d'effet de la réception, ou de six
mois à compter de cette date si le marché ne concerne que des travaux
d'entretien ou de terrassements » ; 1588

– la garantie biennale de bon fonctionnement ; 1589

444 Transfert des risques au maître de l'ouvrage ◊ À compter de la


réception de l'ouvrage, les risques sont transférés au maître de l'ouvrage et
l'entrepreneur n'a pas à supporter la perte résultant de ce que l'ouvrage a été
détruit ou endommagé après son achèvement et sa réception, si la destruction
ou les dommages ne sont pas imputables à son fait . 1590

C. Les responsabilités contractuelles postérieures à la réception


des travaux
1. La garantie annuelle de parfait achèvement

445 Définition ◊ Aux termes de l'article 1792-6, alinéa 2, du Code civil, « la


garantie de parfait achèvement à laquelle l'entrepreneur est tenu pendant un
délai d'un an, à compter de la réception, s'étend à la réparation de tous les
désordres signalés par le maître de l'ouvrage, soit au moyen de réserves
mentionnées au procès-verbal de réception, soit par voie de notification écrite,
pour ceux révélés postérieurement à la réception ».
Dans un arrêt de section en date du 28 février 1986 , le Conseil d'État –
1591

qui n'applique pas littéralement les articles 1792 et suivants du Code civil mais
seulement les principes dont s'inspirent ces articles – a clairement indiqué que
la durée d'un an du délai de garantie prévue par l'article 1792-6 du Code civil
ne prévalait pas sur la durée plus brève (six mois) stipulée dans le marché en
cause qui faisait référence au CCAG-travaux. En clair, les parties à un marché
public peuvent déroger aux dispositions légales de l'article 1792-6 du Code
civil.

446 Nature de la garantie ◊ A priori, le juge administratif assimile la garantie


contractuelle à une responsabilité contractuelle pour faute prouvée par le
maître de l'ouvrage. Tel est le sens d'un arrêt 1592
selon lequel les stipulations
contractuelles de la garantie « n'avaient pour effet de mettre à la charge de
l'entreprise pendant la période de garantie de parfait achèvement […] d'autres
obligations que celles de réparer les conséquences des « manquements » à ses
engagements contractuels ».
La garantie de parfait achèvement s'appliquant à « tous les désordres »,
quelles qu'en soient la nature et les caractéristiques, la question s'est posée de
savoir si elle n'absorbait pas, pendant la première année, la responsabilité
décennale à laquelle il ne pourrait être recouru qu'après épuisement de la
garantie ou si, au contraire, il existait un droit d'option du maître de l'ouvrage.
Comme la Cour de cassation, le Conseil d'État a consacré ici le droit d'option
du maître de l'ouvrage en considérant que, après la réception, toutes les
garanties post-contractuelles coexistaient pendant le délai de garantie de parfait
achèvement et que la collectivité publique pouvait, pour des raisons
d'opportunité ou de procédures, opter pour la garantie de son choix . 1593

447 Délai ◊ Le point de départ du délai de garantie de parfait achèvement est « la


date d'effet de la réception » (CACG-travaux, art. 44-1, C. civ. art. 1792-6,
al. 2). Il reste que seuls les désordres apparus postérieurement à la date à
laquelle la réception a été prononcée et qui ont pour origine un vice de
conception ou sont imputables aux conditions d'exécution des travaux sont de
nature à engager la garantie de parfait achèvement due par les entreprises
titulaires d'un marché de travaux.
La durée de la garantie est d'un an sauf dérogation contractuelle. Comme
l'indique l'article 44-2 du CCAG-travaux, « si, à l'expiration du délai de
garantie, l'entrepreneur n'a pas procédé à l'exécution des travaux et prestations
énoncés au 1 du présent article, le délai de garantie peut être prolongé par
décision de la personne responsable du marché jusqu'à l'exécution complète
des travaux et prestations, que celle-ci soit assurée par l'entrepreneur ou qu'elle
le soit d'office conformément aux stipulations du 6 de l'article 41 ».
En cas de défaut de décision expresse du maître de l'ouvrage de prolonger le
délai de garantie contractuelle jusqu'à l'expiration complète des travaux ayant
fait l'objet des réserves, cette carence n'empêche pas le maître de l'ouvrage de
rechercher la responsabilité contractuelle de l'entrepreneur à raison de ces
réserves, même après l'expiration du délai de la garantie, jusqu'à la levée des
réserves .1594

448 Débiteur de la garantie ◊ Aux termes des articles 1792-6 du Code civil et
44-1 du CCAG-travaux, seul « l'entrepreneur » est tenu à une obligation dite
« obligation de parfait achèvement ». En conséquence, les autres constructeurs
– architectes, ingénieurs-conseils, bureaux d'étude, etc. – ne sont pas soumis à
cette obligation postérieure à la réception . 1595

449 Mise en œuvre de la garantie ◊ La garantie de parfait achèvement s'étend


à la reprise, d'une part, des désordres ayant fait l'objet de réserves dans le
procès-verbal de réception, d'autre part de ceux qui apparaissent et sont
signalés dans l'année suivant la date de réception . 1596

Si « tous les désordres » relèvent de la garantie de parfait achèvement,


encore faut-il qu'ils aient été « signalés » à l'entrepreneur par le maître de
l'ouvrage ou le maître d'œuvre dans le délai de la garantie (C. civ., art. 1792-6,
CCAG-travaux, art. 44-1). En conséquence, lorsque des désordres sont
apparents à la date de réception des ouvrages mais ne font pas l'objet de
réserves, ils ne peuvent plus être couverts par la GPA . 1597

Pour que la responsabilité d'un entrepreneur soit retenue au titre de la


garantie de parfait achèvement, il faut que les désordres lui soient imputables
au moins pour partie. Le fait qu'ils le soient également à d'autres constructeurs,
n'est de nature ni à écarter, ni même à limiter sa responsabilité. À cet égard,
l'entrepreneur dont la garantie de parfait achèvement est recherchée a la faculté
de former un « appel en garantie » de l'architecte pour faute caractérisée et
d'une gravité suffisante en matière de surveillance des travaux ou pour
manquement à son devoir de conseil au moment de la réception des travaux . 1598

De façon générale, « si un vice de construction est constaté, les dépenses


correspondant au rétablissement de l'intégrité de l'ouvrage ou à sa mise en
conformité avec les règles de l'art et les stipulations du marché, ainsi que les
dépenses résultant des opérations éventuelles ayant permis de mettre le vice en
évidence, sont à la charge de l'entrepreneur sans préjudice de l'indemnité à
laquelle le maître de l'ouvrage peut alors prétendre » (CCAG-travaux, art. 39-
2). Il en va de même pour tous les autres désordres ou défauts de conformité
s'ils sont imputables à l'entrepreneur (CCAG-travaux, art. 44-1).
2. La garantie trentenaire pour fraude ou dol (désormais garantie quinquennale)

450 Principe ◊ Conformément à une formule jurisprudentielle désormais


constante, « l'expiration du délai de l'action en garantie décennale ne décharge
pas les constructeurs de la responsabilité qu'ils peuvent encourir, en cas de
fraude ou de dol, dans l'exécution de leur contrat et qui n'est soumise qu'à la
prescription trentenaire édictée à l'article 2262 du Code civil » .
1599

451 Une faute contractuelle d'une extrême gravité ◊ La prescription


trentenaire ne joue qu'en cas de faute d'une extrême gravité consistant soit en
une manœuvre frauduleuse soit en une faute volontaire du constructeur. La
première suppose l'intention de tromper le maître de l'ouvrage, de lui nuire. La
seconde correspond à l'hypothèse où le constructeur a volontairement commis
une malfaçon – en violant de façon consciente, délibérée ses obligations
contractuelles – indépendamment de toute intention de nuire pour « seulement »
faire un plus grand profit ou gagner du temps tout en ayant parfaitement
conscience du fait que ses agissements ne pourraient manquer d'entraîner un
désordre à plus ou moins long terme.
La faute volontaire du constructeur ne sera acquise dans l'esprit du juge que
si elle a eu des conséquences désastreuses ; inversement, si des désordres
apparaissent sur un ouvrage, de nature à le rendre impropre à sa destination
sans toutefois aboutir à sa destruction ou à son inutilisation presque totale, il
est vraisemblable que le juge n'aura pas « le sentiment » d'avoir affaire à une
faute dolosive. Pour la pureté du raisonnement juridique, on peut regretter cet
amalgame entre deux conditions d'existence d'une créance de réparation ; mais
s'agissant de l'application d'une prescription aussi longue, on ne peut que
l'approuver. Ainsi, un arrêt de Cour administrative d'appel décide que la faute
tenant en un dosage insuffisant du béton ne pouvait être regardée en l'espèce,
« compte tenu de ses conséquences limitées, comme constitutive d'une faute
assimilable à une fraude ou à un dol » .
1600

452 Passage à une garantie quinquennale ◊ La loi n 2008-561 du 17 juin


o

2008 portant réforme de la prescription en matière civile a supprimé la


prescription trentenaire de droit commun de l'article 2262 du code civil pour
lui substituer désormais l'article 2224 du Code civil. Une prescription
quinquennale de droit commun lui est substituée dont il est écrit qu'elle joue « à
compter du jour où le titulaire du droit a connu ou aurait du connaître les faits
lui permettant d'exercer » son action personnelle ou mobilière.
Ce changement de durée ne fait pas disparaître cette forme de garantie des
constructions dans la mesure où, si la fraude ou le dol intervient pendant le
délai décennal, le maître de l'ouvrage pourra toujours mettre en œuvre la
garantie décennale et, si ces manœuvre frauduleuses sont révélées après
l'expiration du délai décennal, le juge devrait continuer à estimer que, dans ce
cas, la forclusion décennale ne joue pas et que le fait dolosif peut être
poursuivi pendant un délai de cinq ans à compter de sa révélation . 1601

3. La responsabilité contractuelle des maîtres d'œuvre (postérieurement à la réception


des travaux) pour manquement à leur devoir de conseil lors des opérations de réception
et de contrôle des situations de travaux

453 Principe ◊ Selon un standard jurisprudentiel constant, la réception des


travaux, à l'exception de ses réserves, « ne met fin aux rapports contractuels
entre le maître de l'ouvrage et les maîtres d'œuvre qu'en ce qui concerne la
réalisation de l'ouvrage et ne fait pas obstacle à ce que la responsabilité
contractuelle des maîtres d'œuvre soit recherchée à raison des manquements à
leurs obligations de conseil du maître de l'ouvrage au moment de la réception
des travaux ou des fautes commises dans le contrôle de travaux servant au
calcul des comptes des entreprises […] » . Et il importe peu que les vices en
1602

cause aient ou non présenté un caractère apparent lors de la réception des


travaux dès lors que le maître d'œuvre en avait eu connaissance en cours de
chantier 1603

§ 2. Les responsabilités post-contractuelles

454 Présentation générale ◊ Les responsabilités dites « post-contractuelles »


présentent des caractéristiques communes : elles ne peuvent être recherchées
qu'après la réception des travaux, laquelle met fin aux rapports contractuels au
moins en ce qui concerne les obligations techniques des constructeurs et
s'apparentent plus à des garanties légales qu'à des systèmes de responsabilité.
Les principales garanties sont la garantie biennale de bon fonctionnement des
éléments d'équipement et la garantie décennale des vices de construction de
l'ouvrage.

A. La garantie biennale de bon fonctionnement des éléments


d'équipement de l'ouvrage

455 Notion ◊ La loi n 78-12 du 4 janvier 1978 a institué une garantie post-
o

contractuelle de deux ans de bon fonctionnement au bénéfice de certains


éléments d'équipement du bâtiment, codifiée aux articles 1792-3 et 2270 du
Code civil (art. 1792-3 : « les autres éléments d'équipement du bâtiment font
l'objet d'une garantie de bon fonctionnement d'une durée minimale de deux ans
à compter de la réception de l'ouvrage »).
Dans l'état antérieur à 1978, le Conseil d'État avait admis clairement que
certains désordres, « en raison de leur nature », pouvaient donner lieu à la
garantie dont s'inspirent les articles 1792 et 2270 du Code civil modifiés par la
loi n 67-3 du 3 janvier 1967 et engager au titre de la responsabilité biennale la
o

responsabilité des entrepreneurs . Sous l'empire de la loi de 1978, la Haute


1604

Assemblée décide aussi qu'un dommage affectant un ouvrage peut, au vu des


faits de l'espèce, engager la responsabilité du constructeur « sur la base des
principes dont s'inspire l'article 1792-3 du Code civil, dans sa rédaction issue
de la loi du 4 janvier 1978 » .
1605

La garantie biennale est-elle une présomption de responsabilité, comme la


garantie décennale, ou bien une responsabilité pour faute prouvée ? Bien que le
maître de l'ouvrage soit obligé de faire la preuve d'un « mauvais
fonctionnement d'un élément d'équipement », il ne semble pas que le juge
administratif exige de ce dernier qu'il apporte la preuve d'un manquement du
constructeur à ses obligations contractuelles : sa responsabilité est engagée dès
lors que le fonctionnement de l'élément d'équipement se révèle défectueux.
D'ailleurs, dans l'arrêt OPHDLM d'Ille-et-Vilaine, la Cour administrative
d'appel de Nantes décide que la garantie biennale est une responsabilité sans
faute qui est présumée du seul fait de la participation des
constructeurs mis en cause à la réalisation de la partie des ouvrages atteinte
de désordres . Telle est également l'opinion de M Prada-Bordenave dans
1606 me

ses conclusions sur l'affaire Société Groupama Bretagne . 1607

456 Champ d'application ◊ Les éléments d'équipement couverts par la garantie


biennale sont définis négativement par l'article 1792-3 du Code civil : il s'agit
des « autres éléments d'équipement du bâtiment » non visés aux articles 1792
et 1792-2 du Code civil, c'est-à-dire autres que ceux qui « font
indissociablement corps avec les ouvrages de viabilité, de fondation,
d'ossature, de clos ou de couvert », étant entendu qu'un « élément d'équipement
est considéré comme formant indissociablement corps avec l'un des ouvrages
mentionnés à l'alinéa précédent lorsque sa dépose, son démontage ou son
remplacement ne peut s'effectuer sans détérioration ou enlèvement de matière
de cet ouvrage ».
Concrètement, sont des éléments d'équipement de l'ouvrage, les portes en
glace d'un bâtiment , les panneaux de revêtement plastique des murs d'un
1608

hôpital , le tableau électrique « basse terre » d'un centre hospitalier ,


1609 1610

l'installation de chauffage d'une piscine , le jeu d'orgues de sonorisation et


1611

d'éclairage d'un Palais des congrès ou les peintures murales d'un ouvrage .
1612 1613

La garantie biennale de bon fonctionnement couvre les vices susceptibles de


compromettre le « bon fonctionnement » des éléments d'équipements précités.
Les vices affectant ces éléments n'ont pas à présenter une certaine gravité : il
suffit d'établir un « mauvais fonctionnement » de l'élément d'équipement selon
les termes de l'arrêt Sté CGEE Alsthom. Il « suffit » ainsi que les portes en
glaces soient « brisées », que les revêtements muraux se « décollent », que les
vitrages isolants « s'embuent » de façon importante ou que des « incidents de
fonctionnement répétés » se produisent dans un jeu d'orgues (jurisprudence
administrative précitée).

457 Mise en œuvre ◊ Le point de départ de la garantie est fixé à la date d'effet de
la réception – soit expresse, soit tacite – de l'ouvrage achevé, c'est-à-dire à
condition que l'élément d'équipement concerné n'ait pas fait l'objet de réserves
ou à partir du moment où les réserves ont été réparées . 1614

La garantie « biennale » de bon fonctionnement est d'une durée « minimale »


de deux ans : elle peut donc être prolongée par la volonté expresse des parties,
de même que, contrairement au droit privé, elle peut être réduite à un an. Tel est
le sens d'une décision du Conseil d'État qui admet la licéité d'une clause
ramenant à douze mois dans un marché de travaux le délai de la garantie de bon
fonctionnement sans que cette clause puisse viser, dans l'intention des parties,
la garantie décennale .1615

La garantie biennale doit être mise en œuvre par son bénéficiaire dans le
délai de cette garantie ; elle ne peut l'être après l'expiration du délai quand bien
même le désordre aurait été constaté pendant le délai biennal.
Contrairement à la garantie de parfait achèvement, tous les constructeurs
(C. civ., art. 2270) ainsi que le fabricant (C. civ., art. 1792-4 qui renvoie à
l'art. 1792-3), – sous réserve d'être lié à l'administration par un contrat – sont
tenus à la garantie biennale de bon fonctionnement.
Sur son fondement, le maître d'ouvrage a droit, non seulement à la réparation
du préjudice résultant des désordres apparus avant l'expiration du délai de la
garantie, mais encore à celle du préjudice résultant des désordres qui se sont
manifestés ultérieurement, à la seule condition qu'ils aient la même origine.
Garantie biennale et garantie décennale peuvent coexister. En effet, il résulte
des principes dont s'inspirent les articles 1792, 1792-2 et 2270 du Code civil
que la garantie décennale peut être recherchée pour des désordres qui rendent
l'ouvrage impropre à sa destination, alors même qu'ils concernent des éléments
dissociables d'un bâtiment . Autrement dit, si un élément dissociable ne peut
1616

donner lieu à responsabilité décennale s'il est considéré isolément, il en va


différemment lorsque les désordres l'affectant ont un effet plus large s'étendant,
en le rendant impropre à sa destination, à l'ouvrage global. Tel est notamment le
cas de désordres affectant les portes coupe feu, de nature à compromettre la
sécurité du bâtiment .
1617
Toutefois, si la garantie décennale et la garantie de bon fonctionnement ont
l'une et l'autre un fondement dans la loi, chacun de ces chefs de responsabilité
obéit à un régime juridique différent quant à son délai de mise en jeu et aux
conditions exigées pour recevoir application. Il suit de là que le moyen tiré de
la garantie de bon fonctionnement est fondé sur une cause juridique distincte de
l'engagement de la garantie décennale . 1618

B. La garantie décennale des vices de construction de l'ouvrage


1. Principes de la garantie décennale

458 Définition ◊ La garantie décennale a pour objet de « garantir » pendant dix


ans, après la réception des ouvrages achevés, le maître de l'ouvrage
propriétaire contre les conséquences des désordres qui pourraient résulter des
vices de construction, non apparents au moment de la réception, en mettant la
réparation de ces désordres à la charge des constructeurs, cocontractants du
maître de l'ouvrage.
Elle trouve sa source aux articles 1792 et 2270 du Code civil, à
l'article 45 du CCAG-travaux et dans le marché lui-même. À cet égard, le juge
administratif, qui appliquait seulement « les principes dont s'inspirent les
articles 1792 et 2270 du Code civil », se réfère désormais aux seuls
« principes régissant la garantie décennale des constructeurs » (CE 15 avr.
2015, Cmne de Saint-Michel-sur-Orge, n 376229).o

459 Garantie légale ◊ La garantie décennale est-elle une responsabilité


contractuelle ou une responsabilité statutaire d'origine légale ? On peut, en
effet, se poser la question eu égard aux sources multiples et mixtes, ci-dessus
évoquées, de cette garantie. À cette question, la jurisprudence s'est bien gardée
de donner une quelconque réponse définitive dans un sens ou dans l'autre
(même si le juge distingue parfois l'action mettant en jeu « la responsabilité
contractuelle » et l'action exercée sur « le terrain de la responsabilité
décennale », s'il décide que les moyens respectivement tirés de l'une et de
l'autre sont des moyens distincts, procédant de causes juridiques différentes et
que les sommes dues au maître de l'ouvrage, au titre de la garantie décennale,
portent intérêts au taux légal et non pas à celui prévue par le contrat). Peut-être
parce que le débat n'a qu'un intérêt pratique relatif ; sûrement parce qu'il
permet au juge toutes les combinaisons contentieuses possibles sans être inhibé
par quelque théorie définitive. C'est pourquoi, après d'autres (voir Traité des
contrats administratifs, n 1573), nous dirons seulement que la garantie
o
décennale est contractuelle par son origine – parce qu'elle trouve sa source
dans le contrat liant le maître de l'ouvrage au constructeur – et légale et
jurisprudentielle par son régime.
En toute hypothèse, la garantie décennale est un système de présomption de
responsabilité dans lequel le bénéficiaire de l'action est dispensé de prouver la
faute du constructeur qu'il poursuit ; c'est un système dans lequel il doit
seulement prouver que le dommage dont il demande réparation est imputable à
ce constructeur (que l'ouvrage relève de sa « sphère d'intervention » en vertu
du marché). En conséquence, le constructeur ne peut s'exonérer qu'en prouvant,
soit que le vice de constructeur ne lui est pas imputable, soit qu'il résulte d'un
cas de force majeure ou d'un fait du maître d'ouvrage. Le fait du tiers n'est pas
exonératoire et les constructeurs sont responsables, solidairement des
condamnations pécuniaires ; mais, si cela lui est demandé, le juge administratif
peut opérer un partage de responsabilité entre constructeurs. Ce principe a été
posé par le juge administratif dans l'arrêt Trannoy .
1619

460 Caractère partiellement d'ordre public ◊ En droit privé, l'article 1792-5


du Code civil dispose que « toute clause d'un contrat qui a pour objet soit
d'exclure ou de limiter la responsabilité prévue aux articles 1792, 1792-1 et
1792-2 […] est réputée non écrite ». Pour le Tribunal des conflits, la clause
d'exonération de la garantie décennale souscrite par un maître de l'ouvrage
privé au profit de l'État est « réputée non écrite » . Le Tribunal des conflits a
1620

confirmé sa jurisprudence CAMB en décidant que la renonciation d'un maître


d'ouvrage à se prévaloir, dans le cadre d'un contrat de maîtrise d'œuvre, du
bénéfice de la garantie décennale devait être réputée non écrite et, dès lors, ne
pouvait constituer une clause exorbitante du droit commun . 1621

Pour le Conseil d'État, les solutions sont moins nettes. Même si la Haute
assemblée n'a pas eu récemment à trancher la question, il est vraisemblable
qu'une clause exonérant totalement les constructeurs de leur garantie décennale
serait considérée comme nulle et non avenue, comme elles le sont déjà dans les
marchés publics locaux en vertu de l'article L. 2131-1 du CGCT . 1622

En revanche, pour le juge administratif, sont licites les clauses limitatives


de responsabilité, qu'elles soient favorables ou défavorables au maître
d'ouvrage public .
1623

C'est pourquoi, sont licites, mais interprétées restrictivement, les clauses


transférant la responsabilité décennale d'un constructeur (l'architecte, en
général) à un autre (l'entrepreneur) , les clauses réduisant le délai de la
1624

garantie , à condition qu'il n'y ait aucune ambiguïté sur le sens de la


1625

stipulation et qu'elle traduise la volonté expresse des parties : les clauses


1626

limitant la garantie décennale à certaines catégories d'ouvrages ou de


malfaçons , les clauses substituant à la garantie décennale une garantie
1627

contractuelle de deux ans sur certaines parties de l'ouvrage . 1628

Enfin, parce que la garantie décennale n'est pas complètement d'ordre public,
même s'il appartient au juge de soulever d'office le moyen d'ordre public selon
lequel la garantie contractuelle ne peut être invoquée après la réception des
travaux 1629
et si le moyen tiré du champ d'application des articles 1792
et 2270 du Code civil (qualité de constructeur) est un moyen d'ordre public , 1630

le moyen tiré de l'expiration du délai décennal n'est pas d'ordre public et le


1631

juge administratif n'a pas à rechercher d'office si le point de départ de la


garantie décennale peut, en vertu des stipulations du contrat, être fixé à une date
autre que la prise de possession des ouvrages achevés . 1632

2. Contenu de la garantie

461 Ouvrages garantis ◊ Dès l'origine, le juge administratif s'est référé à une
conception large des ouvrages garantis en considérant que la responsabilité
décennale ne concernait pas que les bâtiments mais s'appliquait aussi aux
ouvrages de génie civil . De même, il peut s'agir de la construction d'un
1633

ouvrage neuf ou de travaux de modification ou de réfection d'un ouvrage ancien


(mais les travaux de ravalement d'un immeuble ne constituent pas, en principe,
une construction au sens de l'article 1792 du Code civil).
Par ailleurs, le juge administratif estime, comme le juge civil, qu'il résulte
des principes dont s'inspirent les articles 1792 à 1972-6 et 2270 du Code civil
que la responsabilité décennale du constructeur peut être recherchée pour des
dommages survenus sur des éléments d'équipement dissociables de l'ouvrage
s'ils rendent celui-ci impropres à sa destination .
1634

462 Désordres réparables ◊ La garantie décennale des constructions ne joue


pas pour tous les désordres survenus à l'ouvrage après la réception des
travaux : elle suppose que les vices de construction revêtent une certaine
gravité – soit de nature à compromettre la solidité de l'ouvrage, soit de nature à
le rendre impropre à sa destination – et qu'ils n'aient pas été apparents au
moment de la réception de l'ouvrage.
S'agissant des premiers types de désordres, ce sont ceux qui font courir un
danger potentiel pour la sécurité des personnes et qui, à terme, pourraient
provoquer la ruine de l'ouvrage (rarement identifiés). S'agissant des seconds,
ils sont d'une extrême variété (défauts d'étanchéité, déformation des sols,
défauts des canalisations, fissures, défauts d'isolation phonique ou thermique,
etc.). Il reste que les désordres de peu d'importance ou d'une faible gravité, ne
compromettant pas la solidité de l'ouvrage ou ne le rendant pas impropre à sa
destination, ne sont pas susceptibles d'entraîner la garantie décennale du
constructeur. Il en va de même des désordres dits, en jurisprudence judiciaire,
« intermédiaires ».

463 Désordres non apparents (« cachés ») au moment de la


réception ◊ Les désordres connus et apparents lors de la réception des
travaux ne peuvent engager la responsabilité décennale des constructeurs après
cette réception lorsque celle-ci n'a été assortie par le maître d'ouvrage d'aucune
réserve. « C'est à la date de l'établissement du procès-verbal de réception que
doit être apprécié l'existence de malfaçons apparentes, cause de désordres » et
ce, quand bien même le point de départ du délai de garantie décennale aurait
été fixé, d'un commun accord, à une date antérieure . Lorsque des désordres
1635

sont constatés, par le maître de l'ouvrage et le maître d'œuvre, « avant » la


réception, qu'ils font l'objet d'ordres de service au constructeur et que, malgré
tout, la réception est prononcée sans réserves, le juge administratif sanctionne
« l'extrême légèreté du maître de l'ouvrage » en rejetant ses demandes en
garantie décennale motif que les désordres étaient apparents au moment de la
réception . 1636

En revanche, la garantie décennale est engagée pour des vices apparents au


moment de la réception lorsque les conséquences et la gravité qui devaient en
résulter (solidité de l'ouvrage, impropriété de l'ouvrage à sa destination)
n'étaient pas décelables à ce moment . De même, le Conseil d'État considère,
1637

comme la Cour de cassation, que la garantie décennale doit s'étendre aux


désordres qui ont la même origine que d'autres désordres de nature décennale
et dont la réalisation est prévisible à moyen terme, et ce, alors même que, dans
le délai d'épreuve de dix ans, ils n'auraient pas (encore) rendu les immeubles
concernés impropres à leur destination . 1638

3. Délai de la garantie

464 Délai d'épreuve – Délai d'action ◊ Pour pouvoir engager la


responsabilité des constructeurs, les désordres doivent apparaître
postérieurement à la réception mais avant l'expiration du délai de garantie de
dix ans (délai d'épreuve). En revanche, l'action en garantie décennale peut être
différée dans le temps par les parties au marché et, surtout, son délai peut être
interrompu, ce qui fait que le délai d'action peut avoir au total une durée
supérieure à dix ans.
Au demeurant, si les constructeurs sont poursuivis après l'expiration du délai
sans relever eux-mêmes ce moyen, le juge ne déclare pas d'office l'action
irrecevable . Toutefois, les constructeurs pourraient invoquer ce moyen à tout
1639
moment de la procédure, notamment pour la première fois en appel 1640
.

465 Point de départ du délai ◊ Le délai décennal court à compter de la


réception des travaux (C. civ. art. 2270).
En cas de réception expresse, il s'agira en général du jour de la signature du
procès-verbal contradictoire de réception. En cas de prise de possession d'un
ouvrage en état d'être reçu, antérieure à la réception formelle, le point de
départ du délai de garantie sera fixé à la date de mise en service ou
d'utilisation de l'ouvrage . En cas d'inertie du maître de l'ouvrage à remplir
1641

son obligation contractuelle de réception de l'ouvrage, le juge est habilité à


fixer lui-même rétroactivement la date de réception et, par voie de
conséquence, le point de départ des garanties post-contractuelles.
Lorsque la réception est prononcée avec réserves, le délai de garantie
décennale court, en ce qui concerne les travaux sur lesquels portent les
réserves, à compter du jour où, les travaux correspondants à ces réserves ayant
été exécutés, la personne responsable du marché en constate l'achèvement . 1642

466 Interruption du délai ◊ Le délai d'action peut être interrompu pour trois
raisons. Tout d'abord, la reconnaissance par un constructeur (ou par son avocat
ou son assureur bénéficiaire d'un mandat) de sa responsabilité dans la
production d'un désordre interrompt, au profit du propriétaire de l'ouvrage, le
cours du délai de la garantie décennale. Cette reconnaissance, si elle peut être
expresse ou implicite, doit en toute hypothèse être certaine, non équivoque et
exempte de toute ambiguïté.
Ensuite, l'assignation en justice du constructeur par le propriétaire de
l'ouvrage dans le délai décennal interrompt le cours du délai. Il en va ainsi, que
l'action soit portée devant la juridiction compétente pour statuer sur la garantie
décennale du constructeur – y compris si la requête est irrecevable pour un
motif de procédure – ou, surtout, qu'elle soit portée devant une juridiction
1643

incompétente . Encore faut-il, cependant, qu'il s'agisse d'une citation


1644

contenant des conclusions tendant à la garantie « décennale » des constructeurs


et spécifiant de façon très précise les désordres pour lesquels la garantie est
invoquée.
De même, une demande en référé présentée par une collectivité publique,
tendant à la désignation d'un expert aux fins de constater des désordres imputés
à des constructeurs ou d'en rechercher les causes, a pour effet d'interrompre le
délai de dix ans à l'expiration duquel la responsabilité de ces constructeurs ne
peut plus être recherchée devant le juge administratif à raison desdits
désordres .
1645
Enfin, la notification d'un état exécutoire ayant pour objet d'autoriser le
receveur d'une collectivité publique à recouvrer auprès de l'entrepreneur les
sommes destinées à rembourser, au titre de la garantie décennale, une partie
des frais supportés par celle-ci pour la remise en état de l'ouvrage, a pour effet,
à l'égard de l'entrepreneur, d'interrompre le délai de garantie non encore
expiré .
1646

À partir de l'acte interruptif, un nouveau délai de dix ans s'ouvre au bénéfice


du propriétaire de l'ouvrage pour les désordres expressément désignés ou
reconnus et à l'égard des seuls constructeurs assignés ou ayant reconnu leur
responsabilité. En outre, les travaux destinés à remédier aux désordres sont
eux-mêmes soumis à garantie décennale sauf stipulation contractuelle contraire.
4. Bénéficiaires de la garantie décennale

467 Maître d'ouvrage propriétaire ◊ En vertu de l'article 1792 du Code civil,


la garantie décennale bénéficie au maître de l'ouvrage ou à l'acquéreur de
l'ouvrage.
C'est pourquoi, les tiers au marché de travaux publics conclu entre la
personne publique, maître de l'ouvrage, et le constructeur ne peuvent agir en
responsabilité décennale à l'encontre de ce dernier au lieu et place du maître de
l'ouvrage. Ainsi :
– des voisins qui ont pu subir des dommages lors des travaux et qui
disposent au demeurant de l'action en responsabilité pour dommages de travaux
publics, beaucoup plus simple à mettre en œuvre ;
– des locataires d'un ouvrage d'habitation ou d'un bâtiment industriel ;
1647 1648

– des collectivités publiques ou privées auxquelles l'ouvrage public est


affecté par la collectivité publique propriétaire pour les besoins du service ; 1649

– des collectivités publiques participant financièrement (subventions) à la


construction d'un ouvrage public sous la direction d'une autre collectivité ou
d'une personne privée . 1650

468 Personnes subrogées dans les droits du propriétaire de


l'ouvrage ◊ Les personnes subrogées dans les droits du propriétaire de
l'ouvrage peuvent exercer l'action en garantie décennale à l'encontre des
constructeurs. Ainsi en va-t-il des personnes subrogées légalement (comme
l'assureur) ou contractuellement. À cet égard, si le concessionnaire d'un
ouvrage public n'a aucun titre à exercer l'action en responsabilité décennale,
rien n'empêche le maître d'ouvrage de régulariser cette action irrecevable par
un acte le subrogeant dans tous ses droits et obligations à concurrence des
sommes exposées pour exécuter les travaux de réparation . 1651
De même, s'agissant d'un entrepreneur chargé de réaliser des travaux et ayant
accepté, à la suite d'une transaction avec le maître d'ouvrage, de réparer les
malfaçons affectant l'ouvrage, celui-ci exerce une action directe en garantie
décennale à l'encontre des autres constructeurs dans la mesure où la convention
de transaction passée entre le maître d'ouvrage et l'entrepreneur a subrogé ce
dernier dans les droits du maître de l'ouvrage à l'égard des constructeurs . 1652

469 Cession contractuelle du droit d'action ◊ Le maître de l'ouvrage peut


céder par contrat à l'exploitant ou à l'occupant de l'ouvrage « la créance
éventuelle » qu'il peut détenir à l'encontre des constructeurs sur le fondement
de la garantie décennale. En effet, aucune disposition d'ordre public n'interdit à
la personne pour le compte de laquelle un ouvrage est édifié de céder
contractuellement à l'exploitant d'installations de cet ouvrage le droit d'exercer
l'action en garantie décennale afférente aux dites installations .
1653

470 Acquéreur de l'ouvrage ◊ Comme l'indique l'article 1792 du Code civil,


l'acquéreur de l'ouvrage est recevable, au même titre que le maître de l'ouvrage
initial, à exercer l'action en responsabilité décennale qui est une protection
attachée par la loi à la propriété et qui suit celle-ci en quelques mains qu'elle
passe . Il reste que, même si l'action en garantie décennale se transmet avec
1654

la propriété de l'immeuble aux acquéreurs, le maître de l'ouvrage ne perd pas


la faculté de l'exercer s'il démontre qu'elle présente pour lui un intérêt direct et
certain, en particulier lorsque sa responsabilité, comme vendeur, est engagée
envers les acquéreurs ou lorsqu'il a supporté effectivement et personnellement
les dépenses de remise en état de l'immeuble. Tel est le sens d'une
jurisprudence commune du juge judiciaire et administratif : « si l'action en
garantie décennale se transmet aux acquéreurs avec la propriété de l'immeuble,
le maître de l'ouvrage ne perd cependant pas la faculté d'exercer cette action
dans la mesure où elle présente pour lui un intérêt direct et certain » .
1655

5. Débiteurs de la garantie décennale

471 Tout constructeur ◊ L'article 1792 du Code civil soumet à la garantie


décennale « tout constructeur ». Aux termes de l'article 1792-1, « est réputé
constructeur de l'ouvrage tout architecte, entrepreneur, technicien ou autre
personne liée au maître de l'ouvrage par un contrat de louage d'ouvrage… ». En
outre, l'article 1792-4 du Code civil indique que les fabricants peuvent être
déclarés solidairement responsables des entrepreneurs. Enfin, l'article L. 111-
24 du Code de la construction et de l'habitation soumet le contrôleur technique
à cette forme de responsabilité . 1656
Parce que la détermination du champ d'application de la loi à un litige est un
moyen d'ordre public, il appartient au juge de rechercher d'office, au regard des
articles 1792 et 2270 du Code civil, si un participant à une opération de travail
public peut bien être qualifié de constructeur et voir sa responsabilité
décennale engagée .1657

472 Nécessité d'avoir un lien contractuel avec le maître d'ouvrage ◊ Les


personnes qui participent à l'opération de construction et qui ne sont pas liées
par contrat au maître de l'ouvrage ne peuvent voir leur garantie décennale mise
en œuvre par ce dernier. Ne sont ainsi pas tenus à la garantie décennale les
sous-traitants de l'entrepreneur ou les bureaux d'études travaillant pour
l'architecte.
En revanche, le constructeur qui succède au titulaire du marché, en cas de
reprise de l'entreprise, est tenu à la garantie décennale à l'égard du maître de
l'ouvrage pour des désordres imputables au titulaire initial .
1658

De même, selon l'article 1792-1 du Code civil, « est réputé constructeur de


l'ouvrage toute personne qui vend, après achèvement, un ouvrage qu'elle a
construit ou fait construire ». Parce que les collectivités publiques vendent
rarement leurs immeubles à des personnes privées, la question de savoir si
cette disposition du Code civil était applicable en droit administratif ne s'était
jamais posée en jurisprudence. Un arrêt SARL Constructions Mécaniques du
Bas-Poitou tranche le débat et décide qu'une collectivité publique qui vend
1659

un ouvrage qu'elle a fait construire est réputée constructeur et peut donc voir sa
garantie décennale engagée par l'acheteur si l'action est formée dans le délai de
dix ans qui suit la réception de l'ouvrage.
En revanche, la question se pose de savoir si le maître de l'ouvrage peut,
devant le juge administratif, mettre directement en cause la garantie décennale
du fabricant, lié par un contrat de droit privé à l'entrepreneur mais sans rapport
contractuel avec la collectivité publique, dans la mesure où l'article 1792-4 du
Code civil dispose que « le fabricant d'un ouvrage, d'une partie d'ouvrage ou
d'un élément d'équipement conçu et produit pour satisfaire, en état de service, à
des exigences précises et déterminées à l'avance est solidairement responsable
des obligations mises par les articles 1792, 1792-2 et 1792-3 à la charge du
locateur d'ouvrage qui a mis en œuvre sans modification et conformément aux
règles édictées par le fabricant, l'ouvrage, la partie d'ouvrage ou l'élément
d'équipement considéré ».
À cette question, le Conseil d'État répond que, « conformément aux principes
régissant la responsabilité décennale des constructeurs, la personne publique
maître de l'ouvrage peut rechercher devant le juge administratif la
responsabilité des constructeurs pendant le délai d'épreuve de dix ans, ainsi
que, sur le fondement de l'article 1792-4 du Code civil (…), la responsabilité
solidaire du fabricant d'un ouvrage, d'une partie d'ouvrage ou d'un élément
d'équipement conçu et produit pour satisfaire, en état de service, à des
exigences précises et déterminées à l'avance » (CE 21 oct. 2015, Cmne de
Tracy-sur-Loire, n 385779).
o

6. Causes d'exonération de la garantie décennale

473 Principes ◊ Selon les termes de l'arrêt Trannoy , les constructeurs peuvent
1660

être exonérés de leur responsabilité décennale « en cas de force majeure ou de


faute du maître de l'ouvrage ». Ainsi, la force de la présomption de
responsabilité implique que le fait du tiers au contrat de construction unissant
le maître de l'ouvrage et le constructeur n'est pas exonératoire de la garantie
décennale de ce dernier.
Toutefois, en vertu d'une jurisprudence aux termes constants , lorsqu'un
1661

constructeur voit sa responsabilité décennale recherchée, celui-ci « est fondé à


se prévaloir vis-à-vis du maître de l'ouvrage de l'imputabilité à l'architecte ou
à un autre constructeur cocontractant du maître de l'ouvrage de tout ou partie
des désordres en litige, et à demander en conséquence que sa responsabilité
soit écartée ou limitée, dans la mesure où ces désordres, ou cette partie des
désordres, ne lui sont pas également imputables ». En d'autres termes, pour
briser la présomption de responsabilité qui pèse sur un constructeur ayant
participé à la construction d'un ouvrage présentant des désordres, celui-ci doit
démontrer que les désordres ne lui sont pas « imputables » . 1662

474 Faute ou fait du maître de l'ouvrage ◊ Comme dans tout système de


responsabilité, la faute ou « le fait » de la victime est de nature à exonérer
totalement ou partiellement (le plus souvent) la responsabilité décennale du
constructeur. Pour apprécier ce fait exonératoire, le juge tient compte de
plusieurs considérations.
Si les désordres sont exclusivement imputables aux défauts d'utilisation,
d'entretien ou de surveillance des ouvrages construits, la responsabilité
décennale du constructeur ne devrait pas être engagée.
Par ailleurs, le juge se montre particulièrement exigeant à l'égard des
collectivités publiques, maîtres d'ouvrage, qui disposent de services techniques
importants leur permettant d'apprécier la conception des ouvrages, le
déroulement des travaux et leur réception. Toute abstention caractérisée du
maître de l'ouvrage qualifié, face à des comportements fautifs de constructeurs,
est de nature à atténuer la responsabilité de ces derniers .
1663
7. Modalités de la réparation

475 Principe de la réparation intégrale ◊ Le maître de l'ouvrage ayant subi un


dommage a droit à la réparation intégrale des conséquences des désordres dont
la responsabilité incombe aux constructeurs. Le préjudice subi, qui est presque
toujours un dommage aux biens et non aux personnes, consiste à titre principal
en une atteinte à l'intégrité de l'ouvrage appelant des travaux de réfection, et,
éventuellement, en d'autres éléments annexes du préjudice qui sont les
conséquences des désordres subis et des travaux qu'ils nécessitent.
Le préjudice principal correspond au coût des travaux de réparation
nécessaires pour faire disparaître définitivement les désordres et non pas
seulement pour améliorer l'aspect extérieur de l'ouvrage . 1664

Par ailleurs, selon la motivation souvent citée de l'arrêt Congrégation de


Marie-Joseph, « lorsque la responsabilité décennale de l'entrepreneur a été
retenue […], la réparation du dommage n'est pas limitée au seul remboursement
du montant des travaux nécessaires à la remise en ordre des vices de
construction constatés, mais s'étend à l'indemnisation des préjudices de toute
nature que la victime du dommage a effectivement subis, à la condition
toutefois que ces préjudices soient en liaison directe avec les désordres de
l'ouvrage » . Les préjudices annexes constituent en effet des préjudices
1665

distincts dont le dédommagement « ne fait pas double emploi » avec la


réparation des préjudices principaux. S'ils sont de nature très diverse, la plus
grande difficulté est d'établir le lien de cause à effet entre ceux-ci et le
désordre constaté. Appartiennent à cette catégorie les troubles de jouissance
subis par le propriétaire pendant les travaux de réfection ou du fait de
l'impropriété de destination de l'ouvrage, les pertes de loyer de logement restés
vides d'occupants du fait de l'apparition de désordres les ayant rendus
inhabitables ou les frais de police d'assurance.

476 Montant de la réparation ◊ Conformément à la jurisprudence Compagnie


générale des eaux , l'évaluation des dommages subis par l'ouvrage du fait
1666

des malfaçons imputables aux constructeurs doit être faite « à la date où, leur
cause ayant pris fin et leur étendue étant connue, il pouvait être procédé aux
travaux destinés à les réparer » . Dans la plupart des cas, cette date est celle
1667

du dépôt du dernier rapport d'expertise.


L'indemnité doit être minorée d'office par le juge , éventuellement après
1668

expertise , pour tenir compte de la plus-value apportée aux ouvrages du fait


1669

de la réalisation des travaux de réparation qui ne peuvent se faire qu'en


employant des procédés ou des matériaux de meilleure qualité et plus onéreux
que ceux prévue au contrat initial.
En revanche, comme le relève l'arrêt de cassation Société Sera, il n'y a lieu
d'opérer un abattement sur les indemnités que si les travaux de réparation
apportent à l'ouvrage une plus-value par rapport à la valeur des ouvrages et
installation prévus au contrat . Or, tel n'est pas le cas, dit le Conseil d'État,
1670

« lorsque le montant d'un marché est inférieur à son coût réel de réalisation et
que les constructeurs n'ont pas exécuté le marché conformément à ses
stipulations » : dans ce cas, en effet, « les travaux nécessaires pour rendre
l'ouvrage conforme à ses caractéristiques contractuelles ne peuvent être
regardés comme lui conférant une plus-value dont bénéficierait le maître de
l'ouvrage ». En d'autres termes, il n'y a pas lieu à abattement lorsque les
travaux auxquels les constructeurs sont condamnés ont pour seul objet de
rendre l'ouvrage conforme à ses caractéristiques contractuelles, et cela alors
même que le coût réel de réalisation de l'ouvrage s'avérerait supérieur au
montant du marché ; l'entrepreneur doit un ouvrage conforme aux stipulations du
marché et ne peut s'exonérer de cette obligation en invoquant une sous-
évaluation du montant de ses prestations.
L'indemnité peut être minorée en second lieu d'un certain pourcentage afin de
tenir compte de la vétusté de l'ouvrage sur lequel les réparations sont
effectuées. De ce point de vue, la vétusté d'un ouvrage doit s'apprécier non à la
date du jugement mais à celle de l'apparition des désordres . 1671

477 Inclusion de la TVA ◊ Depuis l'arrêt de section du 29 janvier 1982 , dans 1672

le souci de n'indemniser que le préjudice réellement subi, il est dit que le


montant de l'indemnisation doit, « lorsque la victime relève d'un régime fiscal
qui lui permet normalement de déduire tout ou partie de la TVA de celle qu'elle
a perçue à raison de ses propres opérations, être diminué du montant de la taxe
ainsi déductible ou remboursable ».
Il reste que, comme l'alinéa premier de l'article 256 B du Code général des
impôts dispose que « les personnes morales de droit public ne sont pas
assujetties à la TVA pour l'activité de leurs services administratifs, sociaux,
éducatifs, culturels et sportifs », les collectivités publiques seront la plupart du
temps fondées à demander que la TVA soit incluse dans le préjudice qui résulte
pour elles de désordres affectant les immeubles abritant ces services . 1673

478 Droit aux intérêts ◊ Les sommes allouées au maître de l'ouvrage par des
constructeurs condamnés sur le fondement de la garantie décennale portent
intérêts et intérêts des intérêts (capitalisation). Il peut même être accordé au
maître de l'ouvrage des dommages-intérêts compensatoires en cas de mauvais
vouloir manifeste du constructeur à réparer les dommages . 1674
Comme il s'agit d'une garantie post-contractuelle, l'indemnité due au titre de
la garantie décennale ne peut être assortie que d'intérêts au taux légal et non pas
d'intérêts au taux prévu par le Code des marchés publics . 1675

§ 3. Les responsabilités extra-contractuelles

A. Les recours en garantie entre constructeurs

479 Généralités ◊ Lorsqu'un constructeur voit sa responsabilité contractuelle ou


post-contractuelle engagée à la demande du maître de l'ouvrage ou d'un tiers, il
est tenu de réparer l'intégralité du dommage. Mais, soit pendant le procès où
cette responsabilité est discutée, soit ultérieurement, ce constructeur a toujours
la possibilité d'appeler en garantie ou de former une action récursoire à
l'encontre de tous les autres coresponsables du dommage.

480 Problèmes de compétence juridictionnelle ◊ Selon que le constructeur,


personne privée, cherche à mettre en cause la responsabilité d'une autre
personne privée avec qui il entretient des relations contractuelles ou non, la
compétence juridictionnelle sera différente pour connaître de l'appel en
garantie .
1676

En décidant « que le litige né de l'exécution d'un marché de travaux publics


et opposant des participants à l'exécution de ces travaux publics relève de la
compétence de la juridiction administrative, sauf si les parties en cause sont
unies par un contrat de droit privé », le Tribunal des conflits tranche par la
1677

négative, la question de savoir si, lorsque des participants à l'exécution d'un


marché de travaux publics cherchent à mettre en cause la responsabilité
d'autres participants, la compétence de la juridiction administrative est
subordonnée à ce que chacun de ces participants soit lié au maître d'ouvrage
par un contrat de droit public.
À la lecture du considérant précité, il est clair que lorsque n'importe quels
participants (maîtres d'œuvre, entrepreneurs, fabricants, sous-traitants…) à
l'exécution d'un marché de travaux publics cherchent à mettre en cause la
responsabilité d'un autre de ces participants :
– la compétence pour connaître de cette action est judiciaire lorsque les deux
participants sont unis par un contrat de droit privé (la solution s'explique alors
par le principe de primauté de l'action en responsabilité contractuelle sur toutes
les autres formes d'action en responsabilité) ;
– la compétence pour connaître de cette action est administrative lorsque les
deux participants ne sont pas liés par un contrat de droit privé (ce qui est le cas
le plus fréquent dans les marchés de travaux publics où les relations sont
verticales entre le maître de l'ouvrage et le constructeur), la rédaction de l'arrêt
du Tribunal des conflits n'exigeant même pas qu'au moins un des participants
soit lié au maître de l'ouvrage par un marché de droit public (il suffit qu'ils
aient participé à l'exécution des travaux du marché principal), ce qui pourrait
ainsi par exemple attraire dans le champ de la compétence du juge administratif
l'action d'un sous-traitant d'une entreprise titulaire d'un marché public de
travaux à l'encontre d'un autre de ses sous-traitants ou d'un sous-traitant.

481 Responsabilité pour faute ◊ Que l'appelant en garantie et les appelés


soient liés ou non par contrat, la répartition définitive de la charge indemnitaire
est appréciée en fonction des « fautes » contractuelles ou quasi délictuelles de
chacun. En d'autres termes, l'action récursoire ouverte aux constructeurs est un
système de responsabilité pour faute et non pour présomption de responsabilité
comme l'action principale en garantie sur laquelle elle se greffe. Par ailleurs,
même lorsqu'il s'agit d'une action en responsabilité quasi délictuelle entre deux
constructeurs ayant participé à la réalisation d'un ouvrage public, le Conseil
d'État, pour apprécier « les fautes », se réfère à la mauvaise exécution « des
stipulations du contrat » avec le maître de l'ouvrage ou à des manquements
« aux normes techniques contractuellement applicables et aux règles de
l'art » .
1678

B. Le recours en garantie du maître de l'ouvrage contre


les constructeurs en cas de dommage causé après la réception
de l'ouvrage

482 Problématique ◊ Dans l'hypothèse où un tiers au marché de travaux est


victime d'un dommage subi après la réception de l'ouvrage, celui-ci est
recevable à assigner en responsabilité extra-contractuelle devant le juge
administratif soit le maître de l'ouvrage soit les constructeurs, y compris les
sous-traitants, soit l'un et les autres solidairement .
1679

483 Quasi-irrecevabilité du recours en garantie du maître de


l'ouvrage ◊ Selon une jurisprudence constante du Conseil d'État, dans
l'hypothèse la plus fréquente où le tiers a attaqué le maître de l'ouvrage, ce
dernier est irrecevable à appeler en garantie les divers constructeurs sauf si le
dommage est de nature à engager leur responsabilité décennale, ce qui n'arrive
presque jamais car cela suppose que le désordre, cause du dommage au tiers,
n'ait pas été apparent au moment de la réception et qu'il ait affecté la solidité de
l'ouvrage ou l'ait rendu impropre à sa destination . Cette jurisprudence, très
1680

critiquée car opposée à celle de la Cour de cassation – qui considère alors que
le maître de l'ouvrage est subrogé dans les droits du tiers – a été confirmée
solennellement par un arrêt de section qui a très légèrement tempéré son
1681

caractère radical : « la fin des rapports contractuels entre la maître de


l'ouvrage et l'entrepreneur, consécutive à la réception sans réserve d'un marché
de travaux publics, fait obstacle à ce que, sauf clause contractuelle contraire,
l'entrepreneur soit ultérieurement appelé en garantie par le maître de l'ouvrage
pour des dommages dont un tiers demande réparation à ce dernier alors que ces
dommages n'étaient ni apparents ni connus à la date de la réception ; […] Il
n'en irait autrement – réserve étant faite par ailleurs de l'hypothèse où le
dommage subi par le tiers trouverait directement son origine dans des
désordres affectant l'ouvrage objet du marché et qui seraient de nature à
entraîner la mise en jeu de la responsabilité des constructeurs envers le maître
d'ouvrage sur le fondement des principes dont s'inspirent les articles 1792
et 2270 du Code civil – que dans le cas où la réception n'aurait été acquise à
l'entrepreneur qu'à la suite de manœuvres frauduleuses ou dolosives de sa
part ».
De même, un arrêt de section indique que la réception demeure, par elle-
même, sans effet sur les droits et obligations financiers nés de l'exécution du
marché, à raison notamment de retards ou de travaux supplémentaires, dont la
détermination intervient définitivement lors de l'établissement du solde du
décompte définitif. Seule l'intervention du décompte général et définitif du
marché a pour conséquence d'interdire au maître de l'ouvrage toute réclamation
à cet égard .
1682

484 Recevabilité du recours en garantie du constructeur ◊ En revanche,


dans le même cas de figure, lorsque ce sont les constructeurs qui sont mis en
cause par les tiers après la réception de l'ouvrage, ces professionnels peuvent
appeler en garantie les autres constructeurs et le maître de l'ouvrage , ce qui
1683

confirme l'absence de logique de la jurisprudence SA Forrer.

SECTION 3. L'EXÉCUTION PAR UN CONCESSIONNAIRE


DE TRAVAUX PUBLICS (ET DE SERVICE PUBLIC)

485 Définition ◊ On a vu plus haut (v. ss 308 s.) que l'exécution de travaux
publics pouvait être le fait, non pas d'un prestataire de travaux payé par
l'administration au travers d'un marché public, mais d'un « concessionnaire »,
auparavant appelé en droit interne « délégataire ». Comme on l'a vu aussi, un
concessionnaire de travaux – dont le contrat qui le lie à la collectivité publique
a pour objet de lui confier la conception et la construction d'un ouvrage public
sous sa maîtrise d'ouvrage – est également, le plus souvent, chargé de
l'exploitation du service public dont l'ouvrage est le siège (si le cocontractant
n'est chargé que de l'exécution du service public au sein d'un ouvrage public
que lui a remis l'administration, il n'est pas alors un concessionnaire de travaux
mais un concessionnaire de service ou, selon la terminologie ancienne
française, un « fermier »). Enfin, en toute hypothèse, un concessionnaire est
rémunéré, non par un prix versé par l'administration, mais par des redevances
versées par les usagers du service et/ou de l'ouvrage.

486 Historique ◊ Ce contrat est d'origine ancienne. L'Ancien Régime connaissait


un procédé juridique qui en était assez voisin et qui a été utilisé notamment
pour la construction de canaux et de ponts à péage ; à cette époque cependant,
la concession était souvent perpétuelle et le concessionnaire acquérait sur
l'ouvrage un droit proche d'un droit de propriété.
Cette dernière situation a disparu au XIX siècle où la concession a connu un
e

essor remarquable. Les administrations publiques n'étant alors guère disposées


à effectuer elles-mêmes les grands travaux d'équipement en ont confié
l'exécution à des concessionnaires. C'est dans ce cadre qu'ont été en très grande
partie réalisés l'équipement ferroviaire, les distributions d'eau et de gaz, plus
tard l'équipement électrique et hydroélectrique. Dans les concessions conclues
à cet égard, le concessionnaire avait non seulement à construire un ouvrage
mais encore à exploiter celui-ci : cette exploitation est apparue, au moins dans
un certain nombre de cas, comme constituant un service public. La concession
de travaux publics s'est donc trouvée liée à une concession de service public.
Elle a conservé cependant longtemps son titre traditionnel, l'accent étant mis
sur le travail.
Le phénomène inverse, l'absorption de la concession de travaux publics par
la concession de service public s'est produit au XX siècle. On s'est aperçu
e

d'abord qu'il pouvait exister une concession de service public en l'absence de


tout lien avec un travail public ou ouvrage public. D'autre part, l'élément
essentiel du contrat a été recherché dans le service public et non dans le travail
public.
C'est ainsi que la doctrine et la jurisprudence ont édifié une théorie générale
de la concession de service public, applicable également à la concession de
travaux publics. Cette théorie a été dégagée à propos des concessions de
chemins de fer, de distribution d'eau, gaz, électricité ou d'énergie
hydroélectrique ainsi qu'à propos de formes moins importantes (concessions de
câbles sous-marins, de stations radioélectriques, de casinos, établissements
thermaux et balnéaires, etc.).

487 Droit applicable ◊ Depuis, le 1 avril 2016, le droit applicable aux


er

concessions de travaux est le suivant :


– Une ordonnance n 2016-65 du 29 janvier 2016 relative aux contrats de
o

concession, transposant en droit interne la directive 2014/13 UE du 26 février


2014 sur l'attribution des contrats de concession et abrogeant l'ordonnance
n 2009-864 du 15 juillet 2009 relative aux contrat de concession de travaux
o

publics ainsi que les dispositions de la loi Sapin du 29 janvier 1993 relatives
aux délégations de service public.
– Un décret n 2016-86 du 1 février 2016 relatif aux concessions.
o er

488 Définition ◊ On rappellera ici ce qu'est, tout à la fois en droit de l'UE et en


droit interne, une concession de travaux et une concession de services :
– Les contrats de concession sont les contrats conclus par écrit, par lesquels
une ou plusieurs autorités concédantes soumises à la présente ordonnance
confient l'exécution de travaux ou la gestion d'un service à un ou plusieurs
opérateurs économiques, à qui est transféré un risque lié à l'exploitation de
l'ouvrage ou du service, en contrepartie soit du droit d'exploiter l'ouvrage ou le
service qui fait l'objet du contrat, soit de ce droit assorti d'un prix.
La part de risque transférée au concessionnaire implique une réelle
exposition aux aléas du marché, de sorte que toute perte potentielle supportée
par le concessionnaire ne doit pas être purement nominale ou négligeable. Le
concessionnaire assume le risque d'exploitation lorsque, dans des conditions
d'exploitation normales, il n'est pas assuré d'amortir les investissements ou les
coûts qu'il a supportés, liés à l'exploitation de l'ouvrage ou du service.
– Les contrats de concession de travaux ont pour objet :
1° Soit l'exécution, soit la conception et l'exécution de travaux dont la liste
est publiée au Journal officiel de la République française.
2° Soit la réalisation, soit la conception et la réalisation, par quelque moyen
que ce soit, d'un ouvrae répondant aux exigences fixées par l'acheteur qui
exerce une influence déterminante sur sa nature ou sa conception.
Un ouvrage est le résultat d'un ensemble de travaux de bâtiment ou de génie
civil destiné à remplir par lui-même une fonction économique ou technique ».
– Les contrats de concession de services ont pour objet la gestion d'un
service. Ils peuvent consister à déléguer la gestion d'un service public.
Le concessionnaire peut être chargé de construire un ouvrage ou d'acquérir
des biens nécessaires au service.
– Lorsqu'un contrat de concession porte sur des travaux et des services, il est
un contrat des concession de travaux si son objet principal est de réaliser des
travaux.

Sous-section 1. Les parties contractantes

489 Autorités concédantes ◊ Les autorités concédantes soumises à l'ordonnance


concession sont les pouvoirs adjudicateurs et les entités adjudicatrices définis
respectivement aux articles 8 et 9 de l'ordonnance.
Les pouvoirs adjudicateurs sont :
1° Les personnes morales de droit public ;
2° Les personnes morales de droit privé qui ont été créées pour satisfaire
spécifiquement des besoins d'intérêt général ayant un caractère autre
qu'industriel et commercial, dont :
a) Soit l'activité est financée majoritairement par un pouvoir adjudicateur ;
b) Soit la gestion est soumise à un contrôle par un pouvoir adjudicateur ;
c) Soit l'organe d'administration, de direction ou de surveillance est
composé de membres dont plus de la moitié sont désignés par un pouvoir
adjudicateur ;
3° Les organismes de droit privé dotés de la personnalité juridique
constitués par des pouvoirs adjudicateurs en vue de réaliser certaines activités
en commun.
Les entités adjudicatrices sont :
1° Les pouvoirs adjudicateurs qui exercent une des activités d'opérateurs de
réseaux définies à l'article 12 (eau potable, énergie, transport et services
postaux) ;
2° Lorsqu'elles ne sont pas des pouvoirs adjudicateurs, les entreprises
publiques qui exercent une des activités d'opérateur de réseaux définies à
l'article 12.
3° Lorsqu'ils ne sont pas des pouvoirs adjudicateurs ou des entreprises
publiques, les organismes de droit privé qui bénéficient, en vertu d'une
disposition légalement prise, de droits spéciaux ou exclusifs.

490 Concessionnaires ◊ Ce sont des « opérateurs économiques ». Au sens de


l'ordonnance relative aux concessions, « Est opérateur économique toute
personne physique ou morale, publique ou privée, ou tout groupement de
personnes doté ou non de la personnalité morale, qui offre sur le marché la
réalisation de travaux ou d'ouvrages, la fourniture de produits ou la prestation
de services ».
Par ailleurs, il est des cas où, par détermination de la loi applicable,
l'autorité publique concédante n'a pas le choix de son concessionnaire (ainsi
des concessions locales de distribution d'électricité à EDF ou des concessions
régionales de transport ferroviaire à la SNCF) ou ne peut choisir qu'un
concessionnaire privé (ainsi des concessions de casinos).

Sous-section 2. Procédure de passation

§ 1. Principes généraux

491 Publicité préalable ◊ Comme l'indique l'ordonnance de 2016, afin de


susciter la plus large concurrence, les autorités concédantes procèdent à une
publicité dans les conditions et sous réserve des exceptions définies par voie
réglementaire, selon l'objet du contrat de concession ou sa valeur estimée hors
taxe (ord. concession, art. 35).

492 Principe de la procédure négociée ◊ Comme l'indique l'ordonnance de


2016, l'autorité concédante organise librement la procédure qui conduit au
choix du concessionnaire, dans le respect de garanties procédurales fixées par
voie réglementaire, afin de permettre une mise en concurrence effective des
opérateurs économiques. Ces garanties procédurales peuvent varier en fonction
de la valeur estimée [hors taxe du besoin] ou de l'objet du contrat.
Les hypothèses dans lesquelles un contrat de concession peut être passé sans
publicité ni mise en concurrence préalables, en raison des résultats d'une
première procédure ou lorsque le contrat ne peut être confié qu'à un opérateur
économique déterminé, sont déterminées par voie réglementaire (décret
concession, art. 11).
Les autorités concédantes peuvent organiser librement une négociation avec
un ou plusieurs soumissionnaires dans des conditions prévues par voie
réglementaire. La négociation ne peut porter sur l'objet de la concession, les
critères d'attribution ou les conditions et caractéristiques minimales indiquées
dans les documents de la consultation.

§ 2. Éléments de la procédure d'attribution


493 Garanties procédurales communes et particulières ◊ Les nouveaux
textes décrivent des règles procédurales applicables à l'attribution de toutes les
concessions, quelle que soit leur valeur et des règles particulières, moins
contraignantes, pour les concessions dont la valeur estimée HT est inférieure au
seuil de 5 225 000 € HT (concessions dite de l'article 10). Par ailleurs, des
règles spécifiques sont applicables aux concessions des collectivités
territoriales et de leurs établissements publics encore parfois qualifiées de
délégations de service public (v. les articles L. 1410-1 s. du CGCT.
La valeur estimée du contrat de concession est calculée selon une méthode
objective, précisée dans les documents de la consultation. Elle correspond au
chiffre d'affaires total hors taxes du concessionaire pendant la durée du contrat,
eu égard à la nature des prestations qui font l'objet de la concession.

494 Documents de la consultation ◊ Les documents de la consultation sont


constitués de l'ensemble des documents fournis par l'autorité concédante ou
auxquels elle se réfère, pour définir l'objet, les spécifications techniques et
fonctionnelles, les conditions de passation et d'exécution du contrat de
concession, ainsi que le délai de remise des candidatures ou des offres et, s'il y
a lieu, les conditions de tarification du service rendu à l'usager. Ils
comprennent notamment l'avis de concession, le cahier des charges de la
concession et, le cas échéant, l'invitation à présenter une offre.
Toute modification des documents de la consultation est communiquée à
l'ensemble des opérateurs économiques, aux candidats admis à présenter une
offre ou à tous les soumissionnaires, dans des conditions garantissant leur
égalité et leur permettant de disposer d'un délai suffisant pour remettre leurs
candidatures ou leurs offres.

495 Avis de publicité ◊ L'autorité concédante apprécie si, compte tenu de la


nature ou du montant des services ou des travaux en cause, une publication dans
une revue spécialisée correspondant au secteur économique concerné ou au
Journal officiel de l'Union européenne est, en outre, nécessaire pour garantir
l'information des opérateurs économiques raisonnablement vigilants pouvant
être intéressés par le contrat de concession (c'est-à-dire celles d'une valeur
supérieure au seuil européen).
Pour les contrats de concession qui relèvent du 1° de l'article 9 (c'est-à-dire
celles d'une valeur supérieure au seuil européen), l'autorité concédante publie
l'avis au Journal officiel de l'Union européenne, au Bulletin officiel des
annonces des marchés publics ou dans un journal d'annonces légales ainsi que
dans une publication spécialisée correspondant au secteur économique
concerné.

496 Absence de publicité et de mise en concurrence ◊ Les contrats de


concession peuvent être conclus sans publicité ni mise en concurrence
préalables dans les cas suivants :
1° Le contrat de concession ne peut être confié qu'à un opérateur économique
déterminé pour des raisons techniques, artistiques ou tenant à la protection de
droits d'exclusivité ;
2° Lorsque aucune candidature ou aucune offre n'a été reçue ou lorsque
seules des candidatures irrecevables ou des offres inappropriées ont été
déposées, pour autant que les conditions initiales du contrat ne soient pas
substantiellement modifiées (décret concession, art. 11).
Par ailleurs, l'ordonnance relative aux concessions n'est pas applicable :
– aux concessions attribuées à des entités « in house » (art. 16 de
l'ordonnance)
– aux concessions attribuées à des entités publiques et révélant une
« coopération » entre pouvoirs adjudicateurs (art. 17 de l'ordonnance)
– aux concessions de services attribués à un opérateur économique
bénéficiant d'un droit exclusif compatible avec le droit de l'UE (ordonnance
concession, art. 14).

497 Délais de réception des offres et des candidatures ◊ Pour les contrats
de concession qui relèvent du 1° de l'article 9, ces délais ne peuvent être
inférieurs aux délais minimaux suivants :
1° Le délai de réception des candidatures, accompagnées le cas échéant des
offres, ne peut être inférieur à trente jours à compter de la date d'envoi de l'avis
de concession ;
2° Le délai de réception des offres ne peut être inférieur à vingt-deux jours à
compter de la date d'envoi de l'invitation à présenter une offre (art. 18 du
décret).

498 Sélection des candidats ◊ Selon l'ordonnance de 2016 (art. 42) les
autorités concédantes ne peuvent imposer aux candidats que des conditions de
participation à la procédure de passation propres à garantir qu'ils disposent de
l'aptitude à exercer l'activité professionnelle, de la capacité économique et
financière ou des capacités techniques et professionnelles nécessaires à
l'exécution du contrat de concession. Lorsque la gestion d'un service public est
déléguée, ces conditions de participation peuvent notamment porter sur
l'aptitude des candidats à assurer la continuité du service public et l'égalité des
usagers devant le service public.
Ces conditions sont liées et proportionnées à l'objet du contrat de concession
ou à ses conditions d'exécution.
Après examen de leurs capacités et de leurs aptitudes, l'autorité concédante
dresse la liste des candidats admis à participer à la suite de la procédure de
passation du contrat de concession. Lorsque l'autorité concédante fait usage de
la possibilité de négocier, elle peut décider de limiter le nombre de
soumissionnaires admis à participer à la négociation (art. 25 du décret).

499 Sélection des offres ◊ Les offres inappropriées ou qui ne respectent pas les
conditions et caractéristiques minimales indiquées dans les documents de la
consultation sont éliminées.
Est inappropriée, l'offre qui est sans rapport avec l'objet de la concession
parce qu'elle n'est manifestement pas en mesure, sans modifications
substantielles, de répondre aux besoins et aux exigences de l'autorité
concédante spécifiés dans les documents de la consultation (art. 24 du décret).
Le contrat de concession est attribué au soumissionnaire qui a présenté la
meilleure offre au regard de l'avantage économique global pour l'autorité
concédante sur la base de plusieurs critères objectifs, précis et liés à l'objet du
contrat de concession ou à ses conditions d'exécution. Les critères d'attribution
n'ont pas pour effet de conférer une liberté de choix illimitée à l'autorité
concédante et garantissent une concurrence effective (art. 44 de l'ordonnance).
Pour attribuer le contrat de concession, l'autorité concédante se fonde donc
sur une pluralité de critères non discriminatoires. Au nombre de ces critères,
peuvent figurer notamment des critères environnementaux, sociaux, relatifs à
l'innovation. S'il y a lieu, l'autorité concédante se fonde également sur la qualité
du service rendu aux usagers. Les critères et leur description sont indiqués dans
l'avis de concession, dans l'invitation à présenter une offre ou dans tout autre
document de la consultation. Pour les contrats de concession qui relèvent du 1°
de l'article 9, l'autorité concédante fixe les critères d'attribution par ordre
décroissant d'importance. Leur hiérarchisation est indiquée dans l'avis de
concession, dans l'invitation à présenter une offre ou dans tout autre document
de la consultation (art. 26 du décret).
Les offres qui n'ont pas été éliminées en application de l'article 24 sont
classées par ordre décroissant sur la base des critères prévus à l'article
26. L'offre la mieux classée est retenue (art. 27 du décret).

500 Achèvement de la procédure ◊ Le choix des autorités concédantes à


l'issue de la procédure de passation est communiqué aux candidats et aux
soumissionnaires dont la candidature ou l'offre n'a pas été retenue, dans les
conditions et sous réserve des exceptions prévues par voie réglementaire. Les
autorités concédantes rendent public le choix de l'offre retenue dans les
conditions et sous réserve des exceptions prévues par voie réglementaire
(art. 45 de l'ordonnance).
À cet égard, pour les contrats de concession dont la valeur est égale ou
supérieure au seuil visé à l'article 9, à l'exception des contrats de concession
relevant du a) et du b) du 2° de l'article 10, l'autorité concédante, dès qu'elle a
fait son choix pour une candidature ou une offre, notifie à tous les autres
candidats et soumissionnaires le rejet de leur candidature ou de leur offre.
Cette notification précise les motifs de ce rejet et, pour les soumissionnaires, le
nom du ou des attributaires ainsi que les motifs qui ont conduit au choix de
l'offre.
Un délai d'au moins seize jours est respecté entre la date d'envoi de la
notification et la date de conclusion du contrat de concession. Ce délai est
réduit à au moins onze jours en cas de transmission électronique de cette
notification à l'ensemble des candidats et soumissionnaires intéressés
(art. 28 du décret).
Enfin, la plupart des concessions doivent faire l'objet d'un avis d'attribution
publié au JO de l'UE.

501 Règles particulières pour les concessions des collectivités


territoriales et celles de ces collectivités territoriales et celles de ces
collectivités délégant la gestion d'un service public ◊ L'article 64 de
l'ordonnance de 2016 relative aux contrats de concession réécrit les articles L
1410-1 s. du CGCT (auparavant consacrés aux délégations de service public)
en organisant les règles procédurales propres à ces pouvoirs adjudicateurs
(rôle de l'assemblée délibérante, intervention d'une commission ad hoc de
sélection des candidatures et des offres) (CGCT, art. L. 1411-1 à L. 1411-7) et
celles, particulières, lorsque la concession attribue à un tiers la gestion d'un
service public (avis préalable sur le principe d'une telle délégation, délais,
etc.) (CGCT, art. L. 1411-8 à L. 1411-18).

Sous-section 3. Les principales clauses de la concession

502 Nature juridique des clauses d'une concession ◊ Contrairement à ce


qui est parfois avancé, les clauses d'une concession sont toujours intégralement
contractuelles entre les parties. En revanche, afin d'ouvrir à l'usager du service
ou de l'ouvrage une voie de recours en annulation, le juge administratif
identifie, au seul profit du tiers, au sein des concessions, des clauses
« réglementaires » qu'il peut attaquer en excès de pouvoir au cas où celles-ci
seraient nulles ou violées par les parties contractantes . Se sont, par exemple,
1684

vu reconnaître par le juge administratif un caractère réglementaire les clauses


contractuelles suivantes : clauses relatives aux horaires ; celle établissant le
1685

tarif des redevances dues par les usagers , ou celle imposant l'utilisation par
1686

les collectivités de sacs ou containers particuliers pour les ramassages des


ordures ménagères , celle d'un cahier des charges confiant l'exploitation du
1687

service à des sous-traitants . Devraient également se voir reconnaître un tel


1688

caractère réglementaire dans les conventions relatives à l'organisation d'un


service public, les stipulations relatives à la durée de la convention, aux
modalités de son éventuelle prorogation, ou celle prévoyant que le
concessionnaire est responsable de la police de la circulation dans un tunnel . 1689

En revanche, n'ont pas, semble-t-il, un caractère réglementaire, les clauses


d'exclusivité stipulées au bénéfice des délégataires de service public ou celles
relatives au « droit d'entrée » que ces derniers doivent à l'autorité délégante et,
plus généralement, toutes les clauses intéressant les rapports financiers entre
les cocontractants, comme les clauses prévoyant des redevances pour
occupation du domaine public . 1690

503 Durée ◊ Selon l'article 34 de l'ordonnance de 2016 relative aux contrats de


concession, les contrats de concession sont limités dans leur durée. Cette durée
est déterminée par l'autorité concédante en fonction de la nature et du montant
des prestations ou des investissements demandés au concessionnaire, dans les
conditions prévues par voie réglementaire. Dans le domaine de l'eau potable,
de l'assainissement, des ordures ménagères et autres déchets, les contrats de
concession ne peuvent avoir une durée supérieure à vingt ans sauf examen
préalable par l'autorité compétente de l'État, à l'initiative de l'autorité
concédante, des justificatifs de dépassement de cette durée. Les conclusions de
cet examen sont communiquées aux membres de l'organe délibérant compétent,
avant toute délibération de celui-ci.
Pour l'application de cet article, l'article 6 du décret relatif aux contrats de
concession indique que les investissements s'entendent comme les
investissements initiaux ainsi que ceux réalisés pendant la durée du contrat de
concession, nécessaires pour l'exploitation des travaux ou des services
concédés. Sont notamment considérés comme tels les travaux de
renouvellement, les dépenses liées aux infrastructures, aux droits d'auteur, aux
brevets, aux équipements, à la logistique, au recrutement et à la formation du
personnel. Pour les contrats de concession d'une durée supérieure à cinq ans, la
durée du contrat n'excède pas le temps raisonnablement escompté par le
concessionnaire pour qu'il amortisse les investissements réalisés pour
l'exploitation des ouvrages ou services avec un retour sur les capitaux investis,
compte tenu des investissements nécessaires pour réaliser les objectifs
contractuels.

504 Clauses abusives ◊ Selon l'article L. 132-1 du Code de la consommation,


« dans les contrats conclus entre professionnels et non professionnels ou
consommateurs, sont abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de
créer, au détriment du non professionnel ou du consommateur, un déséquilibre
significatif entre les droits et obligations des parties au contrat […] Les clauses
abusives sont réputées non écrites. » Pour le juge administratif, ces
dispositions s'appliquent aux contrats conclus par le SPIC – gérés en
particulier par un concessionnaire – et leurs usagers.
De ce point de vue, le caractère abusif d'une clause s'apprécie non seulement
au regard de la clause elle-même mais aussi compte tenu de l'ensemble des
stipulations du contrat et, lorsque celui-ci a pour objet l'exécution d'un service
public, des caractéristiques particulières de ce service. Sont alors illégales les
dispositions d'un règlement de service d'eau pouvant conduire à faire supporter
par un usager les conséquences de dommages qui ne lui seraient pas imputables
sans pour autant qu'il lui soit possible d'établir une faute de l'exploitant ou
1691

les dispositions du règlement mettant à la charge exclusive de l'usager tout cas


fortuit et imposant la signature de contrats avec les seuls propriétaires, à
l'exclusion des locataires .
1692

505 Clauses de cession et de subdélégation ◊ Sauf clause contractuelle


contraire obligeant à une publicité et une mise en concurrence préalables, le
concessionnaire peut librement céder son contrat de concession à un tiers avec
l'autorisation préalable de l'autorité concédante .
1693

De même, sauf si le concessionnaire est un pouvoir adjudicateur au sens du


droit communautaire, ce dernier peut librement subdéléguer à un tiers
l'exécution d'une partie de ses obligations contractuelles sous réserve, ici aussi,
de l'autorisation préalable de l'autorité publique concédante .
1694

506 Clauses financières ◊ L'ordonnance de 2016 rappelle certaines règles


précédemment applicables :
Le contrat de concession ne peut contenir de clauses par lesquelles le
concessionnaire prend à sa charge l'exécution de services, de travaux ou de
paiements étrangers à l'objet de la concession (art. 30).
Les montants et les modes de calcul des droits d'entrée et des redevances
versées par le concessionnaire à l'autorité concédante doivent être justifiés
dans les contrats de concession.
Le versement par le concessionnaire de droits d'entrée à l'autorité
concédante est interdit quand la concession concerne l'eau potable,
l'assainissement ou les ordures ménagères et autres déchets. (art. 31).
Le contrat détermine les tarifs à la charge des usagers et précise l'incidence
sur ces tarifs des paramètres ou indices qui déterminent leur évolution (art. 32).

507 Clauses relatives aux biens de la concession ◊ En matière de


concession, la pratique contractuelle et la jurisprudence ont défini le régime
des biens en distinguant les biens de retour, les biens de reprise et les biens
propres dont on rappelle qu'ils ont tous a priori été édifiés par le
concessionnaire sous sa maîtrise d'ouvrage et avec ses fonds propres.
– Les biens dits « de retour » sont ceux dont le contrat prévoit qu'ils feront
retour obligatoirement et automatiquement à la collectivité, de manière gratuite
la plupart du temps. Ils sont alors réputés être la propriété du concédant dès le
début (« ab initio ») de la concession, même s'ils ont été financés par
l'exploitant. Les travaux nécessaires à leur exécution sont des travaux publics, y
compris s'ils sont réalisés par une personne privée à la demande du
concessionnaire privé .1695

– Les biens dits « de reprise » sont ceux qui, en fin de concession, peuvent
être repris par la collectivité à la condition que cette dernière exerce cette
prérogative moyennant un prix à déterminer, sans que le concessionnaire puisse
s'opposer à cette reprise. En ce cas, du fait du caractère facultatif du droit de
reprise pour la collectivité publique, le concessionnaire en est propriétaire
pendant toute la durée de la concession.
– Les biens propres sont tous les biens dont l'opérateur va se servir tout au
long de sa mission pour faciliter le bon accomplissement de celle-ci, sans que
ces biens puissent pour autant être regardés comme affectés au service public,
ou indispensables à sa poursuite en cas de rupture du contrat. De ce fait, les
biens propres peuvent être librement repris par l'exploitant sans que la
collectivité puisse en revendiquer l'appropriation.
C'est le contrat de concession qui, au sein d'une annexe spéciale, répartit les
ouvrages construits par le concessionnaire dans chacune des catégories. En
principe, les biens affectés au service public appartiennent à la catégorie des
biens de retour. Toutefois, la question se pose de savoir si les parties
contractantes peuvent librement répartir les ouvrages dans chacune des
catégories et, en particulier, décider que les biens affectés au service public,
soient rangés dans la catégorie des biens de reprise (afin qu'ils appartiennent
pendant toute la durée de la concession au concessionnaire et puissent ainsi,
par exemple, être cédés à un crédit-bailleur).
À cette question, le Conseil d'État a répondu positivement de la façon
suivante dans l'arrêt d'Assemblée, Commune de Douai (CE 21 déc. 2012,
n 342788, BJCP 2013, n 1, p. 136, concl. Dacosta) de la façon suivante : « En
o o

premier lieu, que, dans le cadre d'une délégation de service public ou d'une
concession de travaux mettant à la charge du cocontractant les investissements
correspondant à la création ou à l'acquisition des biens nécessaires au
fonctionnement du service public, l'ensemble de ces biens, meubles ou
immeubles, appartient, dans le silence de la convention, dès leur réalisation ou
leur acquisition à la personne publique ».
En revanche, « le contrat peut attribuer au délégataire ou au concessionnaire,
pour la durée de la convention, la propriété des ouvrages qui, bien que
nécessaires au fonctionnement du service public, ne sont pas établis sur la
propriété d'une personne publique, ou des droits réels sur ces biens, sous
réserve de comporter les garanties propres à assurer la continuité du service
public, notamment la faculté pour la personne publique de s'opposer à la
cession, en cours de délégation, de ces ouvrages ou des droits détenus par la
personne privée ».

Sous-section 4. L'exécution des concessions

508 Obligations de protection du concédant à l'égard de son


concessionnaire ◊ Contrairement à la thèse émise par plusieurs cours
administratives d'appel qui estimaient qu'il existait à la charge du délégant,
1696

même en l'absence de stipulation contractuelle, un principe de protection qui


oblige ce dernier à s'assurer que l'exclusivité consentie au concessionnaire est
bien respectée par les tiers et un principe de loyauté qui empêcherait le
délégant de concurrencer l'activité confiée au délégataire, le Conseil d'État
juge que, sauf clause contractuelle expresse, il n'existe pas un principe général
de protection du concessionnaire par l'autorité concédante contre la
concurrence , le concédant ne pouvant au demeurant adresser d'injonction à
1697

des tiers de ne pas empiéter sur les missions confiées à la société


concessionnaire . 1698

509 Modification de la concession par avenant ◊ Comme l'indique l'article


55 de l'ordonnance de 2016 relative aux contrats de concessiions « Les
conditions dans lesquelles un contrat de concession peut être modifié en cours
d'exécution sans nouvelle procédure de mise en concurrence sont fixées par
voie réglementaire. Ces modifications ne peuvent changer la nature globale du
contrat de concession.
Ces dispositions réglementaires sont les suivantes (art. 36 du décret de
2016).
Le contrat de concession peut être modifié dans les cas suivants :
1° Lorsque les modifications, quel que soit leur montant, ont été prévues
dans les documents contractuels initiaux, sous la forme de clauses de réexamen
ou d'options claires, précises et sans équivoque.
Ces clauses indiquent le champ d'application et la nature des modifications
ou options envisageables, ainsi que les conditions dans lesquelles il peut en
être fait usage.
2° Lorsque, sous réserve de la limite fixée au I de l'article 35, des travaux ou
services supplémentaires sont devenus nécessaires et ne figuraient pas dans le
contrat de concession initial, à la double condition qu'un changement de
concessionnaire :
a) Soit impossible pour des raisons économiques ou techniques tenant
notamment aux exigences d'interchangeabilité ou d'interopérabilité avec les
équipements, services ou installations existants acquis dans le cadre de la
concession initiale ;
b) Présenterait pour l'autorité concédante un inconvénient majeur ou
entraînerait pour lui une augmentation substantielle des coûts ;
3° Lorsque, sous réserve de la limite fixée au I de l'article 35, la
modification est rendue nécessaire par des circonstances qu'une autorité
concédante diligente ne pouvait pas prévoir.
4° Lorsqu'un nouveau concessionnaire se substitue à celui auquel l'autorité
concédante a initialement attribué le contrat de concession, dans l'un des cas
suivants :
a) En application d'une clause de réexamen ou d'une option définie au 1° ;
b) Dans le cas d'une cession du contrat de concession, à la suite d'une
opération de restructuration du concessionnaire initial. Le nouveau
concessionnaire justifie des capacités économiques, financières, techniques et
professionnelles fixées initialement par l'autorité concédante. Cette cession ne
peut être effectuée dans le but de soustraire le contrat de concession aux
obligations de publicité et de mise en concurrence.
5° Lorsque les modifications, quel qu'en soit le montant, ne sont pas
substantielles.
Une modification est considérée comme substantielle lorsqu'elle change la
nature globale du contrat de concession. En tout état de cause, une modification
est substantielle lorsque au moins une des conditions suivantes est remplie :
a) Elle introduit des conditions qui, si elles avaient figurées dans la
procédure de passation initiale, auraient attiré davantage de participants ou
permis l'admission de candidats ou soumissionnaires autres que ceux
initialement admis ou le choix d'une offre autre que celle initialement retenue ;
b) Elle modifie l'équilibre économique de la concession en faveur du
concessionnaire d'une manière qui n'était pas prévue dans le contrat de
concession initial ;
c) Elle étend considérablement le champ d'application du contrat de
concession ;
d) Elle a pour effet de remplacer le concessionnaire auquel l'autorité
concédante a initialement attribué le contrat de concession par un nouveau
concessionnaire, en dehors des hypothèses visées au 4°.
6° Lorsque le montant de la modification est inférieur au seuil visé à l'article
9 et à 10 % du montant du contrat de concession initial, sans qu'il soit
nécessaire de vérifier si les conditions énoncées au 5° sont remplies.

510 Contrats des concessionnaires ◊ Renversant une jurisprudence assez


ancienne du Tribunal des conflits, ce même tribunal décide aujourd'hui que les
marchés de travaux conclus par les concessionnaires (privés) avec des
constructeurs sont des contrats de droit privé (et non pas des marchés de
travaux publics). Ainsi en va-t-il :
– des marchés de travaux passés par les concessionnaires d'autoroutes qui
n'agissent pas pour le compte de l'État (T. confl. 9 mars 2015, Mme Rispal,
n 3984, BJCP 2015, n 101, p. 309, concl. Escaut) ;
o o

– des marchés de travaux passés par les concessionnaires de personnes


publiques (T. confl. 17 déc. 2001, Soc. Rue impériale de Lyon, n 3262, BJCP
o

2002, n 20, p. 127, concl. Bacheliler ; T. confl. 9 juill. 2012, CGE n 3834) ;
o o

– des marchés de travaux passés par les personnes privées chargées


d'exploiter un ouvrage public (TC 16 juin 2014, Soc. d'exploitation de la Tour
Eiffel, n 3944, BJCP 2014, n 97, p. 426, concl. Escaut) ;
o o

– des machés de travaux passés par les titulaires de concessions


d'aménagement (CE 11 mars 2011, Cté d'agglomération du Grand Toulouse,
n 330722, BJCP 2011, n 76, p. 222, concl. Boulouis).
o o

511 Occupation du domaine public ◊ Selon l'article 50 de l'ordonnance de


2016 relative aux contrats de concessions, « Lorsque le contrat de concession
emporte occupation du domaine public, il vaut autorisation d'occupation de ce
domaine pour sa durée. Si le contrat le prévoit, le concessionnaire a des droits
réels sur les ouvrages et équipements qu'il réalise. Ces droits lui confèrent les
prérogatives et obligations du propriétaire, dans les conditions et les limites
définies par les clauses du contrat ayant pour objet de garantir l'intégrité et
l'affectation du domaine public ».

512 Modification de la concession unilatéralement par


l'administration concédante ◊ Aux termes d'un arrêt sans ambiguïté en
date du 2 février 1983, Union des transports publics , le Conseil d'État
1699

affirme, à propos de la légalité d'un décret autorisant l'administration, en cours


de contrat, à apporter unilatéralement des modifications à la consistance de
services de transport de personnes et à leurs modalités d'exploitation, que les
auteurs de décret attaqué « se sont bornés à faire application des règles
générales applicables aux contrats administratifs ».
Le pouvoir de modification unilatérale des contrats administratifs existe
donc bien dans son principe au bénéfice de l'administration contractante. Son
existence va tellement de soi qu'elle a même été reconnue par la Cour
européenne des droits de l'homme qui relève au bénéfice de l'État l'existence
d'un « pouvoir souverain pour modifier, voire résilier, moyennant
compensation, un contrat conclu avec des particuliers, ainsi que le veulent la
prééminence des intérêts supérieurs de l'État sur les obligations contractuelles
et la nécessité de sauvegarder l'équilibre du contrat » .
1700

Incontestablement dans son existence, l'exercice du pouvoir de modification


unilatérale du contrat n'est toutefois pas inconditionné.
– En premier lieu, il ne permet pas à l'administration d'ordonner au
cocontractant la réalisation de prestations étrangères à l'objet du contrat ni
d'exiger des modifications de nature à bouleverser l'économie de celui-ci. En
clair, une modification trop importante ou trop profonde est fautive et peut
ouvrir droit à la résiliation du contrat aux torts de l'administration .
1701

– En deuxième lieu, le pouvoir de modification peut s'exercer à l'égard de


toutes les stipulations du contrat, en particulier les clauses financières . 1702

– En troisième lieu, le cocontractant a droit, en compensation de l'éventuel


préjudice que lui cause la modification unilatérale, à une indemnité calculée,
lorsque cela est possible, par référence aux prix du contrat ou aux avantages de
toutes natures que lui procure l'exécution de celui-ci .
1703

513 Travaux supplémentaires hors contrat ◊ Les travaux que le


concessionnaire effectue pendant la durée de la concession sans qu'ils soient
prévus au contrat n'ouvrent droit à indemnisation sur la base de la théorie de
l'enrichissement sans cause que s'ils ont été réalisés à la demande (verbale ou
écrite) du concédant et s'ils présentent un caractère indispensable pour ce
dernier .
1704
514 Dommages causés aux tiers ◊ Lorsque les travaux que réalise le
concessionnaire causent des dommages aux tiers au contrat de concession, c'est
la responsabilité du concessionnaire que ces derniers doivent engager, la
responsabilité du concédant n'intervenant qu'à titre subsidiaire en cas
d'insolvabilité du concessionnaire . 1705

Par ailleurs, la clause d'une convention de DSP qui prévoit que la commune
propriétaire sera garante vis-à-vis du délégataire des vices de construction ou
de conception de l'ouvrage, sauf le recours de celle-ci les constructeurs, permet
au concessionnaire, que la commune ait ou non exercé un recours contre les
entrepreneurs et le maître d'œuvre, d'obtenir l'indemnisation de tous les
préjudices d'exploitation imputables à l'état de l'ouvrage résultant d'une
malfaçon d'exécution ou d'un vice de conception, mais ne saurait avoir pour
effet de l'autoriser à faire exécuter les travaux de remise en état de l'ouvrage et,
en tout état de cause, d'en obtenir le remboursement de la commune . 1706

Sous-section 5. La fin des concessions

515 Résiliation pour faute du concessionnaire : la déchéance ◊ En cas


de faute d'une particulière gravité du concessionnaire dans l'exécution de la
concession, ce dernier peut être « déchu » de ses droits contractuels.
Lorsqu'une clause du contrat de concession prévoit expressément cette
sanction exceptionnelle au bénéfice de l'autorité concédante, cette dernière ne
peut saisir le juge du contrat pour qu'il prononce à sa place la déchéance . En
1707

revanche, si le contrat ne comporte pas une telle clause, seul le juge a


compétence pour prononcer la déchéance . 1708

Compte tenu de ses conséquences, la déchéance ne peut être prononcée que


pour faute grave du concessionnaire – faute sur laquelle le juge exerce un
contrôle de proportionnalité 1709
– et après qu'a été mis en demeure le
concessionnaire de remplir ses obligations . 1710

En outre, le contrat de concession peut soumettre à des conditions de fond le


prononcé de la déchéance, en particulier le respect par l'administration de
certaines conditions financières et la limitation du nombre des hypothèses où la
rupture du contrat peut intervenir aux torts et risques exclusifs du
concessionnaire . C'est pourquoi, une déchéance peut néanmoins permettre
1711

l'attribution d'une indemnité au concessionnaire , de même qu'elle n'exclut


1712

pas tout droit à dommages et intérêts en faveur du concédant . 1713

516 Résiliation en cas de force majeure ◊ Au cas où des circonstances


imprévisibles ont eu pour effet de bouleverser le contrat et que les conditions
économiques nouvelles ont en outre créé une situation définitive qui ne permet
plus au concessionnaire d'équilibrer ses dépenses avec les ressources dont il
dispose, la situation nouvelle ainsi créée constitue un cas de force majeure et
autorise à ce titre le concessionnaire, comme d'ailleurs le concédant, à défaut
d'un accord amiable sur une orientation nouvelle à donner à l'exploitation, à
demander au juge la résiliation de la concession, avec indemnité s'il y a lieu, et
en tenant compte tant des stipulations du contrat que de toutes les circonstances
de l'affaire. Ainsi de la pollution pour plus de deux siècles d'un site de captage
pour une concession de fourniture d'eau en gros .1714

517 Résiliation pour motifs d'intérêt général ◊ En vertu d'une jurisprudence


constante, « s'il appartient à l'autorité concédante, en vertu des règles générales
et sous réserve des droits d'indemnisation du concessionnaire, de mettre fin
avant son terme à un contrat de concession, elle ne peut ainsi rompre
unilatéralement ses engagements que pour des motifs d'intérêt général justifiant
à la date à laquelle elle prend la décision, que l'exploitation du service
concédé doit être abandonnée ou établie sur des bases nouvelles » . Cette1715

faculté existe, poursuit la jurisprudence Sté des téléphériques du Massif du


Mont-Blanc, « alors même qu'aucune stipulation législative ou réglementaire,
non plus qu'aucune stipulation contractuelle, n'en a organisé l'exercice ». Parce
que ce pouvoir est lié à des considérations d'intérêt général, l'administration ne
peut y renoncer dans une clause du contrat de DSP . 1716

En vertu d'un autre standard jurisprudentiel tout aussi constant, « en l'absence


de toute faute de sa part, le délégataire de service public a droit à la réparation
intégrale du préjudice résultant pour lui de la résiliation anticipée de la
convention et compensant tant la perte subie (damnum emergens) que le gain
manqué (lucrum cessans) ». Cela est si vrai que le Conseil d'État a cassé un
arrêt de Cour administrative d'appel qui, après avoir relevé que les faits ayant
motivé la résiliation d'une concession n'étaient pas constitutifs d'une faute du
concessionnaire, avait, sans déduire cette solution d'une stipulation expresse en
ce sens, limité le droit à indemnité de ce dernier à la seule valeur des actifs
qu'il devait céder au concédant (simple rachat) sans prévoir l'indemnisation du
damnum emergens ni lucrum cessans . 1717
TITRE 3
LES ADMINISTRÉS ET LES TRAVAUX
ET OUVRAGES PUBLICS

CHAPITRE 1 LES SUJÉTIONS DU FAIT DES TRAVAUX ET OUVRAGES


PUBLICS
CHAPITRE 2 LES DOMMAGES DE TRAVAUX ET OUVRAGES PUBLICS

518 Atteintes portées par les administrés aux travaux et ouvrages


publics ◊ Parfois, il peut arriver qu'un administré porte atteinte à un travail ou
à un ouvrage public. Il peut alors être sanctionné pénalement et sa
responsabilité civile peut être engagée.
1 o Répression pénale

Un article du Code pénal vise de façon expresse le fait de s'opposer à


l'exécution de travaux publics (ou d'utilité publique). Il s'agit de l'article 433-
11 selon lequel est puni d'un an d'emprisonnement et d'une amende de
15 000 euros « le fait de s'opposer, par voies de fait ou violences, à l'exécution
de travaux publics ou d'utilité publique ». Des peines complémentaires
énumérées par l'article 433-22 (interdiction des droits civiques, interdiction
d'exercer une fonction publique…) sont également encourues. Les personnes
morales peuvent aussi être déclarées responsables dans les conditions prévues
par l'article 433-25. Ces dispositions sont applicables chaque fois que
l'opposition est intentionnelle et prend la forme d'une voie de fait, c'est-à-dire
d'un acte matériel de violence contre les personnes ou les biens comme, par
exemple, le fait d'empêcher, sous la menace, le travail d'ouvriers chargés par
l'administration de déplacer une conduite d'eau .1718

En revanche, aucun texte répressif ne fait expressis verbis de l'atteinte portée


à un ouvrage public une infraction spéciale. Toutefois, lorsque l'ouvrage public
rentre dans certaines catégories, il reçoit la protection pénale applicable à ces
catégories.
Il en va ainsi lorsque l'ouvrage public constitue une dépendance du domaine
public et que les atteintes à l'intégrité matérielle de ladite dépendance sont
punies de contraventions de voirie (v. ss 221 s.), qu'il s'agisse des
contraventions de voirie routière ou de contraventions de grande voirie : la
protection ainsi accordée au domaine public protège ipso facto l'ouvrage
public constitué par la dépendance domaniale. Tel est par exemple le cas pour
les voies publiques, les passages à niveau, les pistes d'aéroports, les
installations portuaires… Cependant, il arrive que cette répression s'applique à
des biens qui ne constituent pas des ouvrages publics. Par exemple, elle permet
de sanctionner les dégradations du domaine public maritime naturel (ou du
domaine fluvial naturel) alors que lesdites dépendances domaniales, justement
parce qu'elles relèvent du domaine public naturel, ne constituent pas des
ouvrages publics puisqu'elles ne sont pas le fait de l'homme. Réciproquement,
elle ne joue pas pour certains biens qui constituent pourtant des ouvrages
publics : ceux qui font partie de dépendances du domaine public non protégées
par les contraventions de voirie comme par exemple les immeubles affectés au
service public ; ceux qui ne font pas partie du domaine public parce qu'ils
appartiennent au domaine privé de personnes publiques ou à des personnes
privées.
Une autre hypothèse est celle dans laquelle l'atteinte à l'intégrité matérielle
d'un ouvrage public rentre dans les prévisions de l'article 322-3 du Code pénal
qui punit par exemple d'une peine d'emprisonnement de cinq ans et d'une
amende de 75 000 euros la destruction, la dégradation ou la détérioration de
biens destinés à l'utilité ou à la décoration publique et appartenant à une
personne publique ou chargée d'une mission de service public. Si cette
disposition est susceptible de punir la dégradation de biens qui ne sont pas des
ouvrages publics comme par exemple des meubles ou des autobus, elle a eu
souvent l'occasion d'être appliquée à des dégradations visant des biens qui
constituaient des ouvrages publics, par exemple école publique , ligne 1719

d'énergie électrique , établissement universitaire


1720
ou encore établissement
1721

pénitentiaire . 1722

2 o Réparation civile

Lorsqu'une personne privée cause un dommage à un ouvrage public à


l'occasion d'une atteinte qui est passible d'une contravention de voirie, le juge
compétent (juge judiciaire au cas de contravention de voirie routière ou juge
administratif au cas de contravention de grande voirie), non seulement la
condamnera à amende, mais la condamnera également à réparer le dommage
causé puisque l'une des caractéristiques des contraventions de voirie est de
remplir à la fois une fonction de répression et une fonction de réparation (v.
ss 226).
Lorsqu'il n'y a pas contravention de voirie, l'administration doit exercer
contre l'auteur du dommage une action en réparation ou émettre contre lui un
état exécutoire que l'intéressé pourra contester. Dans les deux cas, le juge
compétent est le juge judiciaire .
1723

519 Atteintes portées par les travaux et ouvrages publics aux


administrés ◊ S'il arrive parfois qu'un administré porte atteinte à un travail
public, l'hypothèse inverse est beaucoup plus fréquente. Il arrive souvent en
effet qu'un travail public fasse subir aux administrés diverses sujétions
(chapitre 1) voire cause à leur personne ou à leurs biens des dommages dont ils
demandent réparation (chapitre 2).
CHAPITRE 1
LES SUJÉTIONS DU FAIT DES TRAVAUX ET
OUVRAGES PUBLICS

Section 1. LES SERVITUDES ADMINISTRATIVES


§ 1. La servitude d'occupation temporaire
A. Étendue
B. Procédure
C. Indemnité
D. Contentieux
§ 2. Les autres servitudes
Section 2. LES CONTRAINTES FINANCIÈRES
§ 1. La récupération des plus-values
A. La récupération par compensation
B. La récupération directe
§ 2. Les taxes et prestations financières obligatoires
Section 3. L'INTANGIBILITÉ DES OUVRAGES PUBLICS
§ 1. La portée traditionnelle du principe d'intangibilité des ouvrages
publics
§ 2. La remise en cause contemporaine du principe d'intangibilité
des ouvrages publics
A. Les premières atteintes
B. La « tangibilité » sous conditions

SECTION 1. LES SERVITUDES ADMINISTRATIVES

§ 1. La servitude d'occupation temporaire 1724


520 Sur le fondement d'une loi du 29 décembre 1892 qui fait suite à des textes plus
anciens, l'administration dispose du droit d'utiliser temporairement les
propriétés privées pour tout objet relatif à l'exécution de projets de travaux
publics . En d'autres termes, elle bénéficie, pour la réalisation des travaux
1725

publics, d'une servitude qui pèse sur les administrés et qui est généralement
qualifiée de servitude d'occupation temporaire et d'extraction de matériaux. La
constitutionnalité de cette prérogative exorbitante du droit commun a été
discutée mais le Conseil constitutionnel 1726
a considéré qu'elle n'allait pas à
l'encontre du droit de propriété car les atteintes qu'elle apportait à son exercice
étaient justifiées par un motif d'intérêt général – faciliter la réalisation de
travaux publics, c'est-dire de travaux effectués dans un but d'intérêt général – et
étaient proportionnées à l'objectif poursuivi – compte tenu des garanties que
comporte son régime et qu'il s'agit maintenant d'étudier.

A. Étendue

521 La servitude n'existe qu'en vue de faciliter l'exécution de travaux publics. Si la


réalisation d'un travail public n'est pas en cause, la servitude ne peut jouer. Si
la réalisation d'un travail public est en cause, la servitude peut jouer sans qu'il
soit nécessaire de se demander s'il existait d'autres moyens permettant à
l'administration de faciliter l'exécution du travail public .
1727

La servitude permet de faciliter la réalisation d'un travail public quelle que


soit la qualité de celui qui réalise le travail public, qu'il s'agisse de
l'administration elle-même ou de son concessionnaire ou encore d'un
entrepreneur. D'ailleurs, l'article premier de la loi de 1892 précise bien que la
servitude joue tant au profit des agents de l'administration que des personnes
auxquelles elle délègue ses droits.
Les uns et les autres pourront imposer aux propriétaires privés des sujétions
dont les objets sont extrêmement divers. La loi de 1892 en énumère
expressément un certain nombre : droit de pénétrer « dans les propriétés
privées pour y exécuter les opérations nécessaires à l'étude des projets de
travaux publics », ce qui comprend par exemple les opérations de lever de
plans ou de sondages ; droit d'occuper un terrain « soit pour en extraire ou
1728

ramasser des matériaux soit pour y fouiller ou y faire des dépôts de terre ».
Mais comme, de façon plus générale, elle fait référence également à « tout autre
objet relatif à l'exécution des projets de travaux publics », la jurisprudence a
admis qu'elle puisse jouer également pour les objets suivants : dépôt de
n'importe quel type de matériel ; établissement d'abris ou de voies d'accès au
chantier ; abattage d'arbres nécessaire au chantier …
1729
Ces objets doivent être toutefois compatibles avec la finalité de la servitude
qui est de faciliter l'exécution d'un travail public. Par conséquent, la servitude
ne peut pas permettre de faciliter l'exploitation d'un ouvrage qui a déjà été
construit .
1730

Ces objets doivent également être compatibles avec le caractère provisoire


de la servitude qui ne donne lieu qu'à une occupation limitée dans le temps. En
effet, l'article 9 de la loi de 1892 précise que l'occupation des terrains ne peut
être ordonnée pour un délai supérieur à cinq années ; si l'occupation doit se
1731

prolonger au-delà de ce délai, et à défaut d'accord amiable, l'administration


doit procéder à l'expropriation qui peut être également réclamée par le
propriétaire . Par conséquent, la servitude ne peut « conférer à
1732

l'administration le droit d'exécuter sur un terrain dont elle n'a pas acquis la
propriété des travaux devant subsister à titre permanent » . Pour qualifier un
1733

ouvrage de permanent ou non, le juge recherche avant tout quelle a été


l'intention de l'administration : ainsi, un dépôt de déblais limité dans le temps
et que l'administration entend ensuite enlever peut être effectué sur le
fondement de la loi de 1892 tandis qu'un dépôt d'ordures ménagères dont
1734

l'enlèvement n'a jamais été envisagé et qu'il était prévu de recouvrir de terre à
la fin de son exploitation ne le peut pas . Il reste qu'une telle recherche est
1735

parfois délicate . Par conséquent également, la servitude ne peut être utilisée,


1736

sous peine de détournement de procédure, pour permettre à l'administration


d'occuper immédiatement des terrains qui sont en cours d'expropriation . 1737

Enfin, la servitude ne s'applique pas à toutes les propriétés. Les maisons


d'habitation y échappent totalement. Y échappent également les propriétés
attenantes aux habitations à la condition qu'elles soient closes par des murs ou
par des clôtures équivalentes selon les usages du pays. Des parcelles séparées
de la maison d'habitation par le mur d'enceinte du domaine et par une falaise à
pic et qui lui sont reliées seulement par un escalier creusé dans le rocher ne
peuvent être considérées comme des parcelles attenantes . Des parcelles
1738

attenantes ne sont pas considérées comme closes si le mur est en ruine . Dès1739

lors, les unes et les autres pourront être soumises à la servitude.

B. Procédure

522 L'occupation temporaire doit d'abord être autorisée par un arrêté du préfet
indiquant le nom de la commune où le terrain est situé, ses références
cadastrales et le nom du propriétaire. Cet arrêté doit également indiquer de
façon précise les travaux pour lesquels l'occupation est ordonnée, la nature et
la durée de l'occupation . Un plan parcellaire désignant par une teinte les
1740
terrains à occuper est annexé à l'arrêté, à moins que l'occupation n'ait pour but
exclusif le ramassage de matériaux.
Sauf dans l'hypothèse où les parties se sont mises d'accord, par voie de
convention amiable, sur l'indemnisation de l'occupation, un constat des lieux
doit ensuite être effectué afin de permettre le calcul de l'indemnité. À cette fin,
l'administration ou la personne à laquelle elle a délégué ses droits adresse au
propriétaire du terrain une lettre recommandée indiquant le jour et l'heure où
elle se rendra sur les lieux et l'invitant à s'y trouver ou à s'y faire représenter
pour procéder contradictoirement à la constatation de l'état des lieux. Si le
propriétaire refuse, le maire lui désigne d'office un représentant pour effectuer
l'état des lieux contradictoirement avec celui de l'administration. Si le
propriétaire (ou son représentant) refuse de signer l'état des lieux, ce dernier
peut être dressé d'urgence par un expert désigné par le président du tribunal
administratif (qui n'a à respecter aucune formalité particulière à l'égard du
propriétaire en cause ) à la condition que ce dernier ait été saisi par le préfet
1741

et par lui seul .


1742

C. Indemnité

523 L'indemnité couvre les différents préjudices causés par l'occupation :


dépréciation subie par la propriété qui ne peut être supérieure à la valeur
vénale des terrains occupés , valeur des matériaux extraits qui est estimée
1743

d'après les prix courants sur place et qui est donc indépendante de la valeur
vénale de telle sorte qu'elle peut lui être supérieure , destruction de
1744

plantations ou de récoltes, privation de jouissance des terrains occupés… Son


montant peut toutefois être réduit pour tenir compte de la plus-value des
terrains provoquée, le cas échéant, par le travail public dont la réalisation a été
facilitée par l'occupation (v. ss 526 s.).
Elle est due au propriétaire et (ou) à tous ceux qui ont été lésés dans leurs
droits par l'occupation (locataires, fermiers, usufruitiers, titulaires de
servitudes…). Le propriétaire a d'ailleurs l'obligation de les faire connaître au
débiteur de l'indemnité sous peine de rester seul chargé envers eux des
indemnités qu'ils pourraient réclamer.
Elle est due par le bénéficiaire de l'occupation temporaire désigné par
l'arrêté d'autorisation qui est généralement l'administration mais cette dernière
a le droit, par un acte en bonne et due forme, de transférer l'autorisation à un
concessionnaire ou un entrepreneur qui est alors le redevable de l'indemnité . 1745

Elle ne fait pas l'objet d'un paiement préalable. Toutefois, si l'occupation


doit durer plusieurs années, une indemnité doit être versée à la fin de chaque
année civile.

D. Contentieux

524 Le recours en annulation contre l'arrêté préfectoral autorisant l'occupation


relève de la compétence du juge administratif. Il relève d'ailleurs du
contentieux de pleine juridiction . Il en va de même de l'action en indemnité.
1746

Le juge administratif est également compétent alors même que les parties se
sont mises d'accord sur une convention d'indemnisation mais que des difficultés
apparaissent dès lors que l'occupation a été effectuée sur le fondement de la loi
de 1892 suite à une autorisation préfectorale et non sur le fondement d'un
accord amiable . 1747

La compétence était toutefois judiciaire si l'occupation était constitutive


d'une voie de fait. Traditionnellement, une occupation sans arrêté d'autorisation
était considérée comme telle mais il arrivait qu'elle soit analysée comme une
1748

simple emprise irrégulière . La réduction sensible du champ d'application de


1749

la voie de fait opérée par la jurisprudence récente rend improbable une telle
1750

qualification et, partant, la compétence du juge judiciaire.


Les règles de procédure sont les règles habituelles du contentieux
administratif (ou, le cas échéant, du contentieux judiciaire) à quelques
exceptions près. Ainsi, l'article 17 de la loi de 1892 dispose que l'action en
indemnité se prescrit par deux ans à compter du moment où cesse
l'occupation . Tant que ce délai n'est pas expiré, l'action est recevable alors
1751

même que le demandeur a laissé s'écouler plus de deux mois à compter d'une
décision expresse de rejet de sa demande d'indemnité . Si ce délai est expiré,
1752

le demandeur est forclos . Il est vraisemblable que la règle ainsi posée par le
1753

législateur va à l'encontre de la jurisprudence du Conseil constitutionnel selon


laquelle, lorsque le législateur institue un délai de prescription, il doit en fixer
le point de départ, non au jour où les travaux ont pris fin, mais au jour
d'apparition des dommages sous peine de méconnaître le principe d'égalité
devant les charges publiques en interdisant la réparation de préjudices pouvant
se révéler tardivement . 1754

§ 2. Les autres servitudes

525 À côté de la servitude d'occupation temporaire qui concerne n'importe quel


type de travaux publics, il existe des servitudes administratives très diverses
destinées à assurer l'exécution de tels ou tels travaux particuliers.
Il en va ainsi notamment des servitudes d'appui, de surplomb et
d'implantation dont bénéficient les concessionnaires de distribution
d'électricité (loi du 15 juin 1906 ; voir aujourd'hui C. énergie, art. L. 323-5 s.),
des servitudes d'aqueduc, de submersion et d'occupation temporaire dont
bénéficient les concessionnaires de forces hydrauliques (loi du 16 octobre
1919 ; voir aujourd'hui C. énergie, art. L. 521-8 s.), de la servitude
d'occupation des propriétés privées pour la réalisation de fouilles
archéologiques (loi du 27 septembre 1941 ; voir aujourd'hui les articles
L. 531-9 s. du Code du patrimoine), de la servitude d'implantation de signaux,
bornes et repères pour l'exécution de travaux géodésiques et cadastraux (loi du
6 juillet 1943), des servitudes relatives à la construction et à l'exploitation de
pipelines d'intérêt général (loi du 29 mars 1958 ; voir aujourd'hui C. envir., art.
L. 555-27) , des servitudes grevant les terrains nécessaires aux routes
1755

nationales et aux autoroutes (ordonnance et décret du 23 décembre 1958) ou


encore de la servitude de passage des canalisations souterraines d'eau potable
ou d'eaux usées (loi du 4 août 1962 ; voir aujourd'hui C. rur., art. L. 152-1 s.).
De nombreux ouvrages publics bénéficient d'ailleurs de servitudes
administratives qui, dans l'intérêt de la conservation de l'ouvrage ou de son bon
fonctionnement, imposent à des tiers (généralement voisins de l'ouvrage) des
obligations in patiendo (obligations de supporter), des obligations in non
faciendo (obligations de ne pas faire) et parfois des obligations in faciendo
(obligations de faire). L'une des catégories les plus anciennes était celle des
servitudes relatives aux fortifications, places fortes et ouvrages militaires
institués en application des lois des 8-10 juillet 1791 et du 10 juillet 1851 et du
décret des 10 août-23 septembre 1853 mais elle a été supprimée par une loi du
18 juillet 1985. En revanche, on peut continuer à mentionner, car elles sont
toujours en vigueur, les servitudes applicables aux lignes de chemin de fer qui
résultent de la loi du 15 juillet 1845 sur la police des chemins de fer (voir
aujourd'hui l'article L. 2231-3 du Code des transports). D'une manière
générale, ces servitudes ne sont pas spécifiques aux ouvrages publics en ce
sens qu'elles protègent tout autant la dépendance domaniale en cause ou le
service qui y fonctionne. Par ailleurs, certains ouvrages publics peuvent ne
bénéficier d'aucune servitude.

SECTION 2. LES CONTRAINTES FINANCIÈRES

§ 1. La récupération des plus-values

526 L'exécution de travaux publics a parfois pour résultat d'augmenter la valeur des
propriétés voisines, c'est-à-dire de leur apporter des plus-values, dans la
mesure où, par exemple, elles sont dorénavant mieux desservies ou se trouvent
dans un environnement plus agréable.
Si, normalement, cette plus-value bénéficie au propriétaire, plusieurs raisons
conduisent à admettre que la collectivité publique en profite également, c'est-à-
dire la récupère en tout ou partie. En premier lieu, puisque la moins-value
provoquée par un travail public est indemnisée par l'administration (v.
ss 534 s. les développements consacrés aux dommages de travaux publics), il
paraît logique que, au cas de plus-value, elle puisse en bénéficier. En second
lieu, il a été soutenu que la récupération des plus-values faciliterait l'exécution
des travaux publics dont elle allégerait la charge financière. Enfin, elle peut
sembler conforme aux doctrines qui prônent la confiscation des plus-values non
gagnées.
Quoi qu'il en soit, il existe, depuis le début du XIX siècle, des textes ou des
e

jurisprudences qui tentent d'organiser, non sans difficultés, la récupération des


plus-values induites par les travaux publics, que ce soit par compensation ou
directement.

A. La récupération par compensation

527 La récupération par compensation n'est susceptible de jouer que dans les seules
hypothèses où le propriétaire bénéficiaire de la plus-value dispose par ailleurs
d'un droit de créance sur l'administration à raison justement des travaux qui
sont à l'origine de la plus-value. Dans de tels cas, le montant de l'indemnité à
laquelle il a droit sera réduit pour tenir compte de la plus-value.
Une telle compensation est d'abord prévue par les textes à propos de
l'indemnité d'expropriation. Ce principe avait déjà été posé par la loi du 3 mai
1841 sur l'expropriation (article 51). Il avait été aménagé de manière plus
précise par un décret-loi du 8 avril 1935. Il est actuellement posé par l'article
L. 321-5 du Code de l'expropriation. Lorsqu'un immeuble n'est exproprié que
partiellement pour la réalisation de travaux publics et que l'exécution desdits
travaux provoque une augmentation de valeur immédiate du reste de la
propriété, le juge de l'expropriation doit déduire le montant de cette plus-value
du montant de l'indemnité d'expropriation .1756

La compensation est ensuite prévue par les textes à propos de l'indemnité


d'occupation temporaire (v. ss 520 s.). Aux termes de l'article 14 de la loi du
29 décembre 1892, si l'exécution des travaux publics pour lesquels une
occupation temporaire a été autorisée procure à la propriété une augmentation
de valeur immédiate et spéciale, cette augmentation est prise en compte dans
l'évaluation du montant de l'indemnité d'occupation temporaire. En d'autres
termes, le juge (cette fois-ci le juge administratif) réduira le montant de cette
indemnité du montant de la plus-value.
La compensation est enfin possible avec l'indemnité pour dommages de
travaux publics. En effet, la jurisprudence, puisqu'il n'y a pas ici de texte,
admet depuis le XIX siècle
e
que le juge (ici encore le juge administratif)
1757

déduise de l'indemnité pour dommage de travaux publics le montant de la plus


value procurée par les travaux publics en question. Ainsi, les préjudices subis
par les exploitants d'un hôtel-restaurant du fait de la construction d'un parc de
stationnement (par exemple intensité des bruits émanant du chantier qui s'est
prolongé pendant plusieurs mois et qui a provoqué une baisse sensible de la
clientèle) ont été considérés comme en partie compensés par l'avantage procuré
à l'établissement par la mise en service du parc . De la même manière, les
1758

nuisances, notamment sonores, provoquées par la réalisation des travaux d'une


ligne de métro à proximité du domicile des requérants ont été considérées
comme intégralement compensées par les avantages retirés par ces derniers de
la proximité du métro . Il faut toutefois que la plus-value soit directe
1759
et
1760

spéciale .
1761

B. La récupération
527_1 Des mécanismesdirectede récupération directe, en dehors de toute
compensation, ont plusieurs fois été institués mais ils n'ont jamais été
véritablement appliqués.
La récupération avait d'abord été prévue par une loi du 16 septembre
1807 qui décidait que, après expertise, l'administration pourrait récupérer par
voie de rôles exécutoires les plus-values « acquises et notables » réalisées par
les propriétaires à la suite de travaux publics. Mais, compte tenu de la
procédure particulièrement complexe prévue pour aboutir à ce résultat, elle n'a
jamais été pratiquement mise en œuvre.
Par la suite, une nouvelle forme de récupération des plus-values avait été
instituée par un décret-loi du 30 octobre 1935 modifiant la loi du
1762

16 septembre 1807 : l'administration pouvait demander, dans un délai de deux


ans à compter de la réception des travaux, une indemnité dès lors que la plus-
value dépassait 15 % ; elle organisait alors une enquête pour déterminer les
propriétés avantagées par l'exécution des travaux publics à laquelle était jointe
une expertise portant sur la valeur des propriétés avant et après les travaux ; à
son issue, un décret en Conseil d'État autorisait, s'il y a lieu, l'administration à
poursuivre la fixation et le paiement des indemnités de plus-values ; si les
propriétaires n'étaient pas d'accord sur le montant de l'indemnité, ils pouvaient
le contester comme en matière d'expropriation ; le recouvrement de l'indemnité
était effectué comme en matière de contributions directes. Le moins que l'on
puisse dire est que ce régime n'a pas connu, en pratique, un meilleur sort que
celui mis en place par la loi de 1807.
Enfin, l'article 55 de l'ordonnance du 23 octobre 1958 (devenu l'article L 16-
4 de l'ancien Code de l'expropriation), destiné à se substituer aux dispositions
du décret-loi du 30 octobre 1935, disposait que, « lorsque, par suite de
l'exécution de travaux publics, des propriétés privées auront acquis une
augmentation de valeur distincte de celle visée à l'article L. 13-12 , la plus-
1763

value pourra être récupérée sur les intéressés dans les conditions fixées par un
règlement d'administration publique ». Toutefois, ledit règlement n'est jamais
intervenu 1764
et cette possibilité n'a pas été reprise par le nouveau Code de
l'expropriation.

§ 2. Les taxes et prestations financières obligatoires

528 Diverses lois ont institué des taxes ou des prestations financières obligatoires
affectées à l'exécution des travaux publics les plus divers. Trois séries
d'exemples, parmi bien d'autres, peuvent être citées à ce titre.
En premier lieu, sur le fondement du Code général des collectivités
territoriales, si la commune est notamment une commune touristique, une station
classée, une commune littorale ou une commune de montagne, elle peut instituer
une taxe de séjour qui est affectée à la couverture des dépenses destinées à
favoriser sa fréquentation touristique, ce qui peut comprendre évidemment la
réalisation de travaux publics .
1765

En second lieu, toute une section du Code de l'urbanisme prévoit que les
bénéficiaires d'autorisations de construire pourront être tenus de participer
financièrement à la réalisation d'équipements publics comme, par exemple, des
parcs publics de stationnement ou des voies nouvelles ou encore des réseaux
d'eau potable, d'électricité, de gaz et d'assainissement .
1766

En dernier lieu, en application du Code général de la propriété des


personnes publiques, si le curage des cours d'eau domaniaux et de leurs
dépendances faisant partie du domaine public est en principe à la charge de la
personne publique qui en est propriétaire, peuvent être appelés à contribuer au
financement de leur entretien les personnes qui ont rendu les travaux
nécessaires ou qui y trouvent intérêt. De la même manière, les propriétaires de
moulins ou d'usines qui ont rendu les travaux nécessaires ou qui trouvent intérêt
aux travaux d'entretien ou de réparation des ouvrages de navigation, de levées,
barrages, pertuis et écluses peuvent être appelés à contribuer à leur
financement . 1767
SECTION 3. L'INTANGIBILITÉ DES OUVRAGES PUBLICS

529 Le principe d'intangibilité des ouvrages publics a été sans conteste pendant
longtemps l'instrument le plus efficace de leur protection et, partant, l'une des
sujétions les plus fortes pesant de leur fait sur les administrés. En effet, si un
ouvrage public était irrégulièrement édifié sur la propriété d'un administré, ce
dernier ne pouvait en obtenir la démolition. Toutefois, la remise en cause de ce
principe à laquelle on assiste aujourd'hui en a sensiblement atténué les
conséquences dans la mesure où, dans certaines circonstances, un ouvrage
public peut maintenant être tangible, ce qui était inconcevable autrefois.

§ 1. La portée traditionnelle du principe d'intangibilité


des ouvrages publics 1768

530 En vertu d'un principe jurisprudentiel dont l'origine remonte, semble-t-il, à un


arrêt du Conseil d'État du 7 juillet 1853 , il était interdit au juge de prendre
1769

des décisions susceptibles de porter atteinte à l'intégrité ou au fonctionnement


d'un ouvrage public. Même si l'ouvrage avait été irrégulièrement implanté, par
exemple s'il avait été implanté sans titre sur une propriété privée, il
n'appartenait pas au juge d'y porter atteinte, par exemple en enjoignant à
l'administration de le détruire ou de le déplacer. Seule l'administration était en
droit de le faire. L'unique chose que pouvait faire le juge, c'était de réparer le
dommage causé par l'implantation irrégulière. En d'autres termes et selon ce
qui était devenu un adage, « ouvrage mal planté ne se détruit pas ».
Ce principe reposait sur trois fondements principaux. Le premier avait trait
aux finalités de l'action administrative. Si un ouvrage public a été édifié, c'est
pour satisfaire une finalité d'ordre général. À supposer qu'il ait été
irrégulièrement implanté, sa destruction porterait atteinte inéluctablement à la
satisfaction dudit intérêt général. Il devait donc être intangible. En d'autres
termes, le principe d'intangibilité marquait la primauté de la destination
d'intérêt général de l'ouvrage sur toute considération de régularité juridique. Le
second fondement procédait de l'étendue des pouvoirs du juge. Selon un
principe classique, le juge ne pouvait adresser des injonctions à
l'administration. Il aurait donc été à l'encontre de ce principe s'il avait accepté
d'accueillir un recours lui demandant d'ordonner à l'administration de déplacer
ou de détruire un ouvrage. Le troisième fondement était d'ordre pratique. Si le
juge acceptait d'ordonner la destruction ou le déplacement d'un ouvrage
irrégulièrement implanté sur une propriété privée, l'administration n'aurait pas
été pour autant désarmée puisqu'elle pouvait toujours avoir légalement recours
à une expropriation pour régulariser l'implantation de l'ouvrage . Dans ces
1770

conditions, il était plus simple d'indemniser immédiatement le propriétaire


plutôt que d'ordonner une destruction ou un déplacement de l'ouvrage qui,
finalement, n'aurait procuré au propriétaire qu'une satisfaction provisoire.
Le principe d'intangibilité s'appliquait d'abord à la juridiction
administrative. Pas plus que le juge administratif n'acceptait d'ordonner la
cessation de travaux publics , il ne consentait à ordonner l'enlèvement ou la
1771

destruction d'un ouvrage public ou à autoriser un particulier à porter atteinte


1772

à un ouvrage public en vue d'y faire exécuter des travaux . 1773

L'interdiction valait également pour la juridiction judiciaire. Le Tribunal des


conflits indiquait par exemple qu'« il n'appartient, en aucun cas, à l'autorité
judiciaire de prescrire aucune mesure de nature à porter atteinte, sous quelque
forme que ce soit, à l'intégrité ou au fonctionnement d'un ouvrage public » . 1774

Ainsi, le juge judiciaire ne pouvait notamment ordonner la modification de


l'ouvrage ou à sa destruction ou encore ordonner l'expulsion du service qui
1775

l'occupait.
Le principe d'intangibilité valait quelle que soit l'irrégularité qui justifiait
l'intervention du juge. Il s'appliquait donc même lorsque l'administration avait
effectué une emprise irrégulière sur la propriété immobilière privée. Il
s'appliquait également alors même qu'elle avait commis une voie de fait . 1776

Cela était d'autant plus remarquable que, en cas de voie de fait, le juge
judiciaire peut adresser des injonctions à l'administration de telle sorte que,
dans ce cas particulier, au moins l'un des trois fondements du principe
d'intangibilité faisait défaut, ce qui aurait pu inciter le juge à plus de
hardiesse .
1777

La principale conséquence du principe consistait en ce que le juge, quelle


que soit l'irrégularité commise, ne pouvait accorder aux victimes que des
dommages-intérêts. Ainsi, si l'ouvrage avait été implanté irrégulièrement sur
une propriété privée, le juge judiciaire, qui était compétent au titre de la théorie
de l'emprise, allouait à la victime une indemnité de dépossession définitive
représentant la valeur du bien et constatait même parfois le transfert de
propriété . On avait alors affaire à ce qu'il était convenu d'appeler une
1778

« expropriation indirecte » ou encore une « expropriation de fait » puisqu'elle


était effectuée en dehors des prescriptions du Code de l'expropriation (v.
ss 819).
Le principe d'intangibilité était assorti de certaines exceptions. La plus
importante concernait les ouvrages publics de distribution d'électricité.
Lorsque ces ouvrages étaient implantés par le concessionnaire dans des
conditions constitutives d'une voie de fait, le juge judiciaire avait tendance
traditionnellement à se reconnaître le pouvoir d'en ordonner l'enlèvement . 1779
Mais, par la suite, il semblait être revenu sur cette exception au principe
d'intangibilité des ouvrages publics . La remise en cause contemporaine de ce
1780

principe rend caduque ce mouvement en retour comme, plus généralement,


1781

elle rend également caduque l'essentiel des développements qui précèdent.

§ 2. La remise en cause contemporaine du principe


d'intangibilité des ouvrages publics 1782

531 Sans être à proprement parler abandonné de façon expresse, le principe


d'intangibilité des ouvrages publics a d'abord subi, à partir du début des années
1990, un certain nombre d'atteintes avant d'être carrément renversé en 2003 :
dorénavant, il y a, non plus un principe d'intangibilité des ouvrages publics,
mais un principe de « tangibilité » qui, toutefois, est soumis à conditions.

A. Les premières atteintes

532 Une première atteinte est venue du Conseil d'État qui, dans un arrêt
remarqué , a accepté de contrôler le refus de l'administration de procéder à
1783

la destruction d'un ouvrage public. Certes, ce contrôle n'est qu'un contrôle


restreint en ce sens que, en matière de contrôle des motifs, il se limite à
censurer l'erreur de droit, l'inexactitude matérielle des faits et l'erreur
manifeste d'appréciation. Par ailleurs, au cas d'espèce, le juge a estimé que le
refus était légal. Mais, a contrario, s'il avait relevé une illégalité, il aurait
annulé le refus de détruire l'ouvrage de telle sorte que l'administration, tenue de
respecter l'autorité de chose jugée, aurait été dans l'obligation de le détruire.
En d'autres termes, si le juge avait voulu maintenir dans toute sa force le
principe d'intangibilité des ouvrages publics, il aurait dû se refuser de
procéder à un quelconque contrôle du refus de destruction. Le fait qu'il le
contrôle, fût-ce dans le cadre d'un contrôle restreint, doit être interprété comme
une première remise en cause du principe.
Une seconde atteinte est venue de la Cour de cassation qui, dans un arrêt
également remarqué , a abandonné la théorie de l'expropriation indirecte qui
1784

permettait au juge judiciaire, lorsqu'un ouvrage public avait été irrégulièrement


implanté sur une propriété privée, d'indemniser le propriétaire et de constater,
sans autre formalité, le transfert de propriété. Dorénavant, le transfert de
propriété, s'il n'y a pas d'accord amiable, ne peut intervenir qu'à la suite d'une
procédure régulière d'expropriation. Certes, en raisonnant de la sorte, la Cour
de cassation ne remet pas en cause frontalement le principe de l'intangibilité de
l'ouvrage public. Mais elle le prive de l'un de ses effets les plus intéressants
pour l'administration (mais aussi de l'un des plus critiquables du point de vue
des intérêts des justiciables), celui de permettre un transfert forcé de propriété
sans avoir à respecter la longue et minutieuse procédure d'expropriation.
Une troisième atteinte est venue du législateur qui, dans la loi du 8 février
1995 sur la réforme des procédures d'urgence, codifiée sur ce point à l'article
L. 911-1 du Code de justice administrative, a donné au juge administratif le
pouvoir d'adresser des injonctions à l'administration lorsque la chose jugée
implique nécessairement qu'elle prenne une mesure d'exécution dans un sens
déterminé. Non seulement le législateur ne réserve pas à ce propos l'hypothèse
où l'injonction aurait pour conséquence de porter atteinte à l'intangibilité d'un
ouvrage public mais, en donnant au juge un pouvoir général d'injonction, il fait
disparaître l'un des fondements du principe qui découlait justement, on l'a vu
plus haut, de la prohibition du pouvoir d'injonction. En tout état de cause, s'il
arrivait dorénavant que le juge annule un refus de destruction d'un ouvrage
public irrégulièrement implanté, il pourrait maintenant enjoindre à
l'administration de procéder à sa destruction car la destruction est la mesure
d'exécution qu'implique nécessairement l'exécution de la décision d'annulation.
Une quatrième atteinte est venue du Tribunal des conflits 1785
pour qui « des
conclusions contre le refus de supprimer ou de déplacer un ouvrage public, et
le cas échéant à ce que soit ordonné ce déplacement ou cette suppression,
relèvent par nature de la compétence du juge administratif » . Certes, la haute
1786

instance se prononce seulement sur la compétence et non sur le fond et poursuit


d'ailleurs que, par conséquent , « l'autorité judiciaire ne saurait, sans
1787

s'immiscer dans les opérations administratives et empiéter ainsi sur la


compétence du juge administratif, prescrire aucune mesure de nature à porter
atteinte, sous quelque forme que ce soit, à l'intégrité ou au fonctionnement d'un
ouvrage public ». Il n'empêche qu'il y a là une incitation à ce que, à la première
occasion, le juge administratif précise les conditions dans lesquelles peut être
ordonnée la suppression ou le déplacement d'un ouvrage public.

B. La « tangibilité » sous conditions

533 C'est ce qui va être fait par le Conseil d'État dans un arrêt de section de 2003
Syndicat départemental de l'électricité et du gaz des Alpes-maritimes et
commune de Clans . La haute juridiction précise en effet que, lorsque le juge
1788

administratif est saisi d'une demande d'exécution d'une décision juridictionnelle


dont il résulte qu'un ouvrage public a été implanté de façon irrégulière, il lui
appartient, pour déterminer si l'exécution de cette décision implique qu'il
ordonne la démolition de l'ouvrage, d'opérer un voire deux contrôles, contrôles
qui doivent être exercées en fonction de la situation de droit et de fait existant à
la date à laquelle il statue.
En premier lieu, il doit vérifier si, eu égard notamment aux motifs de la
décision, une régularisation appropriée est possible. Si la réponse est
affirmative, il n'y a pas lieu d'ordonner la démolition de l'ouvrage. Par
exemple, dans l'affaire qui a donné lieu à l'arrêt de 2003, les juges du fond
avaient annulé l'arrêté préfectoral approuvant le tracé d'une ligne électrique
construite par la suite au motif que cette ligne était destinée à desservir une
seule habitation, au demeurant déjà desservie en électricité, de telle sorte
qu'elle était dépourvu d'utilité publique, d'où la demande de destruction de la
ligne en question. Si, par la suite, de nouvelles habitations ont été implantées
ou des permis de construire déposés dans la zone desservie par la ligne
contestée, il y a là un élément nouveau permettant de conclure que l'utilité
publique de la ligne, initialement absente, est maintenant avérée, ce qui a pour
conséquence de permettre la régularisation de l'ouvrage litigieux . 1789

En second lieu, si aucune régularisation n'est possible, le juge doit, à l'instar


de ce qu'il fait dans d'autres domaines et notamment en matière d'expropriation
(v. ss 746), dresser le bilan des avantages et des inconvénients qu'il y a à
ordonner la démolition de l'ouvrage ou, ce qui revient au même, des
inconvénients et des avantages qu'il y a à le laisser en l'état : d'une part,
inconvénients que l'existence de l'ouvrage entraîne pour les divers intérêts
publics ou privés en présence et, notamment, le cas échéant, pour le
propriétaire du terrain d'assiette ; d'autre part, conséquences de la démolition
pour l'intérêt général. Ce n'est que si les premiers l'emportent sur les seconds,
c'est-à-dire si la démolition n'entraîne pas une atteinte excessive à l'intérêt
général, qu'il est possible de l'ordonner. Par exemple, s'agissant d'une autre
ligne électrique destinée à desservir un lotissement et construite cette fois-ci
dans un paysage protégé par la loi et de ce fait illégale, le Conseil d'État
considère que sa démolition n'entraîne pas d'atteinte excessive à l'intérêt
général compte tenu, d'une part, de l'intérêt public de la protection des
paysages et, d'autre part, de la faible longueur de la ligne et de l'existence de
possibilités techniques alternatives permettant de maintenir la desserte du
lotissement en électricité . Par exemple encore, s'agissant d'un aménagement
1790

portuaire et touristique important dans un espace protégé où ne sont possibles


que des aménagements légers, le juge estime que, compte tenu de l'intérêt
public qui s'attache à la protection de l'environnement, la suppression de
l'ouvrage, même si son installation a représenté un coût financier, ne porte pas
une atteinte excessive à l'intérêt général d'autant plus qu'il n'est pas
indispensable à l'exercice de la navigation de plaisance . En sens inverse,
1791

s'agissant d'une cale d'accès à la mer construite illégalement dans un espace


remarquable du littoral, il a été considéré que l'utilité de cet aménagement pour
l'économie locale et la sécurité des conchyliculteurs l'emportaient sur les
inconvénients écologiques ou esthétiques résultant de sa présence, d'où le refus
d'en ordonner la démolition . En tout état de cause, le juge de cassation
1792

exerce sur le bilan effectué par le juge du fond entre les avantages et les
inconvénients de la démolition un contrôle de la qualification juridique des
faits .
1793

Au total, un ouvrage public mal planté est maintenant « tangible » pour le


juge administratif lorsqu'aucune régularisation appropriée n'est possible ou
lorsque les inconvénients de son implantation irrégulière l'emportent sur les
avantages pour l'intérêt général qu'il y aurait à le maintenir en l'état .
1794
CHAPITRE 2
LES DOMMAGES DE TRAVAUX ET
OUVRAGES PUBLICS 1795

Section 1. LA NOTION DE DOMMAGES DE TRAVAUX PUBLICS


§ 1. Nécessité d'un lien entre le dommage et un travail public
§ 2. Caractère extensif de la notion de dommages de travaux publics
A. Dommages causés par le matériel utilisé pour des travaux publics
B. Dommages causés par des éléments naturels ou des animaux
par l'intermédiaire d'un ouvrage public
C. Dommages causés par le service public exploitant l'ouvrage public
§ 3. Limites du caractère extensif
A. Dommages résultant d'une voie de fait
B. Dommages résultant d'un véhicule
C. Dommages subis par les usagers d'un service public industriel
et commercial
D. Dommages subis par les cocontractants
E. Dommages accessoires à une expropriation
F. Dommages accessoires à l'institution d'une servitude
G. Dommages constitutifs d'une contravention de voirie routière
§ 4. Principales catégories de dommages de travaux publics
A. Dommages résultant de l'exécution d'un travail public
ou de la construction d'un ouvrage public
B. Dommages résultant de l'existence d'un ouvrage public
C. Dommages résultant d'un vice dans la conception, d'un vice
dans l'aménagement ou d'un défaut d'entretien normal d'un ouvrage
public
D. Dommages résultant du fonctionnement d'un ouvrage public
E. Dommages résultant de l'inexécution d'un travail public ou de l'absence
d'un ouvrage public

Section 2. LE FONDEMENT DE LA RESPONSABILITÉ


§ 1. Dommages subis par les tiers : responsabilité sans faute
A. Notion de tiers
B. Responsabilité sans faute
C. Causes d'exonération
§ 2. Dommages subis par les usagers : responsabilité pour défaut
d'entretien normal
A. Notion d'usager
B. Responsabilité pour défaut d'entretien normal
C. Causes d'exonération
§ 3. Dommages subis par les participants : responsabilité pour faute
A. Notion de participant
B. Responsabilité pour faute
C. Causes d'exonération
§ 4. Cas particuliers
A. Dommages causés par les ouvrages exceptionnellement dangereux
B. Dommages subis par les riverains des voies publiques
C. Dommages subis par les occupants du domaine public
D. Dommages subis par les bénéficiaires des ouvrages des associations
syndicales de propriétaires
Section 3. LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITÉ
§ 1. Saisine du juge
A. Règles de compétence
B. Règles de procédure
§ 2. Patrimoine responsable
A. Débiteurs primaires de l'indemnité
B. Imputation définitive de la responsabilité
C. Cas particulier des dommages réparés par les caisses de Sécurité
sociale

534 L'exécution des travaux publics ou la réalisation d'ouvrages publics ne donne


pas seulement naissance à des litiges opposant les constructeurs au maître de
l'ouvrage ou opposant les constructeurs entre eux (notamment v. ss 428 s.),
litiges qui, pour partie, sont des litiges de nature contractuelle. Elle peut
provoquer également des dommages dont les administrés sont les victimes et
qu'il revient au maître de l'ouvrage ou (et) aux constructeurs de réparer. Ces
dommages sont qualifiés de dommages de travaux publics bien qu'il soit
d'usage d'appliquer aussi cette expression aux dommages résultant des
ouvrages publics. En effet, que le dommage soit causé par un travail public ou
par un ouvrage public, c'est pour l'essentiel le même régime de responsabilité
qui s'applique.
Ce contentieux des dommages de travaux publics présente quatre
caractéristiques générales.
En premier lieu, il relève de la compétence du juge administratif et, plus
précisément, en première instance, du tribunal administratif dans le ressort
duquel se trouve le lieu où le fait générateur du dommage s'est produit . C'est
1796

l'article 4 de la loi du 28 pluviôse an VIII qui est à l'origine de cette règle.


Certes, comme on l'a déjà indiqué, ce texte disposait seulement que « le conseil
de préfecture (aujourd'hui le tribunal administratif) prononcera (c'est-à-dire
statuera)… sur les réclamations des particuliers qui se plaindront des torts et
dommages procédant du fait personnel des entrepreneurs, et non du fait de
l'administration ». Dès lors, la responsabilité de l'administration aurait dû, elle,
relever à l'époque de la compétence directe du ministre (théorie du ministre
juge) puis, après l'arrêt Cadot , de celle du Conseil d'État. Mais, considérant
1797

qu'il était artificiel de séparer les recours intentés contre les entrepreneurs de
ceux dirigés contre l'administration, le juge ne s'en est pas tenu à la lettre du
texte et a considéré que les conseils de préfecture (aujourd'hui les tribunaux
administratifs) étaient compétents que le recours soit dirigé contre un
entrepreneur privé ou contre l'administration publique. Certes, également, et
comme on l'a déjà aussi indiqué, cet article a été abrogé par l'article 7-IV 11°
de l'ordonnance du 21 avril 2006 ratifiée par l'article 138-I 18° de la loi
n 2009-526 du 12 mai 2009 mais cette abrogation, dont il n'est pas exclu
o

qu'elle résulte d'une erreur, n'a pas eu de conséquence puisque le juge


administratif continue à se reconnaître compétent en matière de dommages de
travaux publics 1798

En second lieu, le contentieux des dommages de travaux publics est


largement d'origine jurisprudentielle. Si l'article 4 de la loi du 28 pluviôse
an VIII déterminait le juge compétent, il était muet sur les règles de fond
applicables. Pour l'essentiel, ces dernières sont des règles d'origine
jurisprudentielle, à l'instar de la plupart des règles qui gouvernent la
responsabilité publique.
En troisième lieu, il s'agit d'une responsabilité extra-contractuelle ou, ce qui
revient au même, d'une responsabilité quasi-délictuelle (alors que, comme on
l'a déjà indiqué, la responsabilité des constructeurs est pour partie une
responsabilité contractuelle). Il en résulte que la théorie des dommages de
travaux publics ne joue pas lorsque la victime est liée par contrat à la personne
responsable du dommage compte tenu du principe selon lequel la
responsabilité contractuelle prime la responsabilité extra-contractuelle.
En dernier lieu, la responsabilité du fait des dommages de travaux publics
est sensiblement distincte de la responsabilité publique extra-contractuelle de
droit commun. Certes, un certain nombre de règles qui gouvernent la réparation
des dommages de travaux publics sont purement et simplement les règles de la
responsabilité publique de droit commun telles qu'elles ont été dégagées par le
juge administratif, parfois en s'inspirant de la jurisprudence du juge judiciaire :
par exemple, le dommage doit être certain ; par exemple encore, il doit être
évaluable en argent. Mais, sur un certain nombre de points importants, le juge
administratif applique, en matière de dommages de travaux publics, des règles
spécifiques distinctes, non seulement des règles de la responsabilité privée,
mais également de celles de la responsabilité publique extra-contractuelle de
droit commun. Par exemple, le régime de responsabilité applicable varie selon
la qualité de la victime, c'est-à-dire selon qu'elle est un participant, un usager
ou un tiers par rapport au travail public ou à l'ouvrage public, distinction que
l'on ne retrouve pas dans le droit commun de la responsabilité publique.
On étudiera successivement la notion de dommages de travaux publics
(puisque c'est elle qui conditionne l'application de ce régime de responsabilité
spécifique) puis le fondement de la responsabilité avant d'en voir la mise en
œuvre.

SECTION 1. LA NOTION DE DOMMAGES DE TRAVAUX


PUBLICS

535 Les dommages de travaux publics sont évidemment les dommages qui
présentent un lien avec un travail ou un ouvrage public. Cela dit, ce lien est
généralement entendu de façon souple, ce qui contribue à donner à la notion de
dommages de travaux publics un caractère extensif. Néanmoins, ce caractère
extensif n'est pas sans limites. En tout état de cause, il existe différentes
catégories de dommages de travaux publics.

§ 1. Nécessité d'un lien entre le dommage et un travail public


536 Pour que l'on ait affaire à des dommages de travaux publics, c'est-à-dire pour
que s'appliquent les règles spécifiques de réparation qui seront étudiées plus
loin, les dommages doivent avoir nécessairement un lien avec un travail public
ou avec un ouvrage public.
Par conséquent, il n'y a pas de dommage de travaux publics si le dommage se
rattache à une activité administrative sans rapport avec l'exécution d'un travail
public.
Il n'y a pas non plus de dommage de travaux publics si le dommage est lié à
un ouvrage ou à un bien de l'administration qui ne constitue pas un ouvrage
public.

§ 2. Caractère extensif de la notion de dommages de travaux


publics

537 Il reste que la notion de dommages de travaux publics est quand même entendue
de façon largement extensive par la jurisprudence sous l'influence conjuguée de
deux facteurs.
En premier lieu, les notions mêmes de travaux publics et d'ouvrages publics
sont entendues de façon compréhensive. Pour ne donner ici qu'un seul exemple
de cette tendance, on rappellera que le juge a doublé la définition traditionnelle
du travail public par une définition nouvelle (v. ss 268 s.).
En second lieu, il a également attribué à la notion de travail public un
caractère attractif ou encore une force attractive (v. ss 298) en ce sens que, dès
lors que, dans une opération administrative, figure un élément lié à un travail
public, il est enclin à soumettre l'ensemble de l'opération au régime des travaux
publics. Appliqué au droit de la responsabilité extra-contractuelle, cela veut
dire que, dès lors que le dommage a un certain lien avec un travail public, il
pourra être considéré comme un dommage de travaux publics avec les
conséquences que cela emporte (compétence du juge administratif, application
d'un régime de responsabilité publique spécifique) et cela même si ce lien est
relativement ténu. Plusieurs exemples permettent d'illustrer le caractère
extensif qu'a ainsi la notion de dommages de travaux publics du fait de cette
conception souple du lien avec un travail ou un ouvrage public.

A. Dommages causés par le matériel utilisé pour des travaux publics

538 Lorsqu'un dommage est causé par du matériel destiné à la réalisation d'un
travail public et alors même que, au moment de la réalisation du dommage, le
matériel ne servait pas à cette fin, ce dommage sera néanmoins considéré
comme un dommage de travaux publics. Par exemple, un incendie prend
naissance pendant la nuit dans un hangar où se trouvaient entreposés divers
matériels de l'administration des ponts et chaussées (aujourd'hui services des
l'équipement). Bien qu'aucun travail public ne soit effectué au moment de la
survenance du dommage, ce dernier a été considéré comme un dommage de
travaux publics . Par exemple encore, est dommage de travaux publics
1799

l'accident subi par un enfant blessé par une échelle utilisée pour des travaux
publics et dont d'autres enfants s'étaient emparés pour jouer .
1800

Avant que la loi du 31 décembre 1957 ne transfère au juge judiciaire le


contentieux des dommages causés par les véhicules (v. ss 547), étaient
également considérés comme des dommages de travaux publics les accidents
causés par des véhicules qui transportaient du personnel ou du matériel utilisé
pour des travaux publics . En revanche, si la circulation du véhicule n'avait
1801

rien à voir avec l'exécution d'un travail public, par exemple s'il transportait un
personnel dont le déplacement n'avait pas de lien avec la réalisation d'un
travail public déterminé, il ne pouvait y avoir application de la théorie des
dommages de travaux publics . 1802

B. Dommages causés par des éléments naturels ou des animaux


par l'intermédiaire d'un ouvrage public

539 Même si le dommage ne résulte pas directement de l'existence ou du


fonctionnement d'un ouvrage public mais d'un élément naturel ou d'un animal, il
est considéré comme un dommage de travaux publics dès lors que c'est par
l'intermédiaire d'un ouvrage public qu'il a été causé. Il en va ainsi des
dommages causés par la chute de la foudre sur les lignes électriques ou par
1803

la chute de neige provenant du toit d'un ouvrage public ou encore par la


1804

présence d'un troupeau de bovins sur la piste d'un aéroport ou enfin par la
1805

divagation sur les autoroutes de gros gibiers provenant des forêts voisines . 1806

C. Dommages causés par le service public exploitant l'ouvrage


public

540 Sont assimilés à des dommages de travaux publics les dommages qui sont
imputables, non à l'ouvrage public, mais au service public l'exploitant du
moment qu'ils ont un lien avec l'ouvrage. Selon la formule consacrée, les
dommages imputables au « fait d'exploitation » de l'ouvrage sont assimilés à
des dommages causés par le « fait de l'ouvrage » de telle sorte qu'ils sont
considérés comme des dommages de travaux publics.
1° Position initiale de la jurisprudence

541 Il convient de rappeler qu'il n'en a pas toujours été ainsi, la jurisprudence
distinguant à l'origine entre les dommages liés au fait d'exploitation et les
dommages liés au fait de l'ouvrage. Les premiers étaient réparés par le juge
administratif appliquant les règles générales de la responsabilité publique si
était en cause un service public administratif et par le juge judiciaire si était en
cause un service public industriel et commercial. Les seconds étaient réparés
par le juge administratif appliquant les règles spécifiques de la responsabilité
du fait des dommages de travaux publics. Par exemple, les dommages résultant
d'une collision entre un train et une automobile à un passage à niveau étaient
réparés par le juge administratif lorsqu'ils avaient été provoqués par une
défaillance des mécanismes permettant la fermeture de la barrière – application
de la théorie du fait de l'ouvrage – tandis qu'ils étaient réparés par le juge
judiciaire lorsqu'ils avaient été provoqués par une erreur du garde-barrière –
application de la théorie du fait d'exploitation d'un service public industriel et
commercial . Comme on l'imagine, cette distinction était surtout source de
1807

difficultés lorsqu'était en cause un service public industriel et commercial


puisque, pour déterminer le juge compétent pour réparer le dommage, il fallait
avoir une idée très précise de la cause exacte du dommage, ce qui n'était pas
toujours évident.
2° Évolution concernant les services publics administratifs

542 Cette distinction a été abandonnée dans les années 1930 en ce qui concerne les
services publics administratifs. Ainsi, l'inondation causée par le
fonctionnement d'une pompe destinée à prévenir ce type de sinistre a été
considérée comme un dommage de travaux publics alors même que la pompe
était en parfait état de marche et que le dommage avait en réalité été causé par
une faute commise par l'agent communal chargé de la manœuvrer . De la 1808

même manière, une collision de navires a été considérée comme un dommage


de travaux publics alors même qu'elle n'était pas directement imputable à
l'ouvrage public portuaire mais aux instructions données par l'officier de
port .
1809

3° Évolution concernant les services publics industriels et commerciaux

543 L'absorption du fait d'exploitation par le fait de l'ouvrage s'est faite plus
récemment et plus difficilement dans le cas des services publics industriels et
commerciaux. Il est vrai qu'elle impliquait un changement de l'ordre
juridictionnel compétent pour réparer le dommage.
L'évolution est d'abord venue du Conseil d'État : un ouvrier agricole avait
été victime d'une électrocution mortelle alors qu'il débranchait le câble reliant
une batteuse au réseau électrique, le maire ayant brusquement rétabli le courant
sans prévenir les personnes qui travaillaient aux battages ; la haute juridiction
administrative s'est reconnue compétente pour réparer le dommage, le
dommage résultant du fait d'exploitation étant considéré comme imputable aux
conditions de fonctionnement de l'ouvrage public . 1810

Après une longue période de réticences, la Cour de cassation s'est ralliée à


cette analyse : un dommage avait été causé par l'exploitation d'une station de
dégazage des pétroliers installée dans un port ; la haute juridiction judiciaire se
déclare incompétente alors même que le service en cause serait un service
public industriel et commercial . 1811

Cette analyse a, enfin, été explicitement confirmée par le Tribunal des


conflits : un automobiliste avait été accidenté par suite du dérapage de son
véhicule sur une plaque de verglas qui recouvrait la chaussée et dont il
attribuait l'origine aux embruns dégagés par la chute d'eau d'un barrage dont les
vannes avaient été, selon lui, imprudemment ouvertes par le personnel
d'exploitation ; le juge administratif est déclaré compétent pour connaître de
l'action en réparation qu'il avait intentée contre EDF, « que le dommage
invoqué résulte de l'existence même de l'ouvrage ou qu'il ait pour cause les
conditions dans lesquelles le fonctionnement de cet ouvrage a été assuré par les
agents du maître de l'ouvrage pour l'exploitation du service confié à celui-
ci » .
1812

4° Cas particulier où la victime est un usager d'un service public industriel et commercial

544 Compte tenu toutefois du bloc de compétence judiciaire existant en matière de


litiges impliquant les usagers des services publics industriels et commerciaux
(v. ss 551), il n'y a absorption du fait d'exploitation d'un service public
industriel et commercial par le fait de l'ouvrage et, partant, dommages de
travaux publics et compétence administrative que si la victime est un
participant ou un tiers par rapport au service. Si elle est un usager, il n'y a pas
dommages de travaux publics et le juge compétent est le juge judiciaire (en
revanche, il y a absorption du fait d'exploitation d'un service public
administratif par le fait de l'ouvrage que la victime soit un participant, un tiers
ou un usager). C'est là l'une des limites au caractère extensif de la notion de
dommages de travaux publics.
§ 3. Limites du caractère extensif

545 Certains dommages, bien que liés à un travail public, ne sont pas toutefois
considérés comme des dommages de travaux publics. Ils relèvent alors, selon
les cas, soit (le plus souvent) de la compétence du juge judiciaire, soit (plus
exceptionnellement) de la compétence du juge administratif mais sans que ce
dernier puisse appliquer le système particulier de réparation des dommages de
travaux publics.

A. Dommages résultant d'une voie de fait 1813

546 Lorsque le dommage, bien que présentant toutes les caractéristiques d'un
dommage de travaux publics, résulte d'une voie de fait, il ne sera pas réparé
par le juge administratif appliquant les principes qui régissent la responsabilité
du fait des travaux publics mais par le juge judiciaire appliquant les règles de
la responsabilité de droit privé et disposant des pouvoirs spécifiques que lui
confère la théorie de la voie de fait (droit de constater lui-même l'irrégularité
du comportement de l'administration, droit d'adresser des ordres à
l'administration et de les assortir d'astreintes…).
Traditionnellement, il y avait notamment voie de fait lorsque, à l'occasion
d'une activité matérielle d'exécution, l'administration commettait un acte
manifestement insusceptible de se rattacher à un pouvoir dont elle disposait et
qui portait une atteinte grave à une liberté fondamentale ou au droit de
propriété. Par exemple, un département exécutait des travaux sur une digue
appartenant à un particulier et qui devait être expropriée mais avant que la
procédure d'expropriation n'ait abouti . Par exemple encore, des agents d'un
1814

syndicat intercommunal chargés des travaux de curage d'une rivière pénétraient


de force dans une propriété privée en brisant la clôture malgré l'opposition de
son propriétaire et sans recourir à la procédure prévue lorsqu'une telle
opposition se manifeste .1815

Aujourd'hui, le champ d'application de la voie de fait est plus réduit


puisqu'il ne concerne plus que l'hypothèse d'atteinte grave à la seule liberté
individuelle ou (ce qui concerne plus directement la matière des travaux
publics) d'extinction du droit de propriété , condition plus restrictive que
1816

celle d'atteinte grave au droit de propriété. Il en résulte que beaucoup moins


d'atteintes à la propriété privée du fait de travaux publics sont susceptibles
dorénavant d'être qualifiées de voie de fait, cette qualification ayant d'ailleurs
été déjà refusée à l'implantation, même sans titre, d'un ouvrage sur le terrain
d'une propriété privée . La théorie de la voie de fait risque donc de n'être
1817
plus qu'une limite théorique au caractère extensif de la notion de dommages de
travaux publics . 1818

B. Dommages résultant d'un véhicule

547 La loi du 31 décembre 1957 a, on le sait, attribué au juge judiciaire la


réparation des dommages causés « par un véhicule quelconque » . En 1819

conséquence, les dommages causés par les véhicules de l'administration


affectés à la réalisation d'un travail public ne sont plus considérés comme des
dommages de travaux publics susceptibles d'être réparés par le juge
administratif. Dorénavant, ils sont réparés par le juge judiciaire nonobstant le
fait que, au moment où l'accident s'est produit, le véhicule participait à
l'exécution d'un travail public. Compte tenu du rôle pratique important que
jouent les véhicules dans la réalisation des travaux publics et des multiples
accidents qui peuvent en découler, il y a là une limite de taille à la théorie des
dommages de travaux publics. Cette limite est d'ailleurs d'autant plus
significative que le juge et notamment le Tribunal des conflits a donné de la loi
de 1957 une interprétation particulièrement extensive tant de la notion même de
véhicule que de la notion de dommage causé par un véhicule même si cette
interprétation extensive connaît un certain nombre de tempéraments.
1° Conception extensive de la notion de véhicule

548 La notion de véhicule est entendue de façon particulièrement large puisque sera
considéré comme un véhicule tout engin susceptible de se mouvoir par le
moyen d'un dispositif propre. Cela recouvre, non seulement les moyens de
transport de personnes et de biens par voie de terre, de fer, d'air ou d'eau, que
leur mode de traction soit mécanique, animal voire humain (à la condition
toutefois que, à l'instar des ascenseurs ou monte-charge , ils ne soient pas
1820

incorporés dans un immeuble), mais aussi les dragues automotrices , les 1821

grues mobiles , les pelleteuses mécaniques


1822
, les vibreurs
1823
, les
1824

rotofaucheuses voire même, ce qui peut paraître plus surprenant, les


1825

charrettes à bras des services de voirie . 1826

2° Conception extensive de la notion de dommage causé par un véhicule

549 La notion de dommage causé par un véhicule est également entendue de façon
particulièrement large. Par exemple, point n'est besoin que le dommage résulte
d'un contact direct entre le véhicule et la personne ou le bien qui l'a subi. Ainsi,
la réparation des dommages causés par des vibrations provoquées par la
circulation de camions utilisés pour la construction d'un ouvrage public ou1827

par des projections de poussières sur des vergers dus à des passages de
camions participant à l'exécution d'un travail public entre dans le champ
1828

d'application de la loi de 1957. Par exemple encore, est considéré comme un


dommage causé par un véhicule le dommage causé par un bien qui, en lui-
même, n'est pas un véhicule mais qui, au moment où le dommage s'est produit,
était solidaire d'un véhicule . Par exemple enfin, point n'est besoin que le
1829

véhicule soit en mouvement au moment où le dommage se produit . 1830

3° Tempéraments

550 Toutefois, en dépit de cette interprétation extensive de la loi de 1957, la théorie


des dommages de travaux publics est susceptible de réapparaître, soit
partiellement, soit totalement, dans un certain nombre d'hypothèses.
La théorie des dommages de travaux publics réapparaît partiellement lorsque
la victime excipe et de dommages causés par des véhicules et de dommages
étrangers à des véhicules et imputables à des travaux publics : elle doit
demander réparation des premiers au juge judiciaire et réparation des seconds
au juge administratif .
1831

La théorie des dommages de travaux publics réapparaît totalement lorsque,


quel que soit le rôle joué par un véhicule dans la réalisation du dommage, la
victime fonde son action en réparation, non sur la loi de 1957, mais sur un
défaut d'entretien normal d'un ouvrage public 1832
ou sur une faute dans
l'organisation, l'exécution et la surveillance d'un chantier de travaux publics .1833

La théorie des dommages de travaux publics réapparaît également totalement


lorsque le dommage trouve sa cause déterminante, non dans l'action d'un
véhicule, mais dans la conception ou l'exécution d'une opération de travaux
publics prise dans son ensemble. En effet, depuis un arrêt du Tribunal des
conflits en date de 2001 qui traduit incontestablement une volonté d'entendre
1834

de façon plus restrictive que par le passé l'attribution de compétence donnée


aux tribunaux de l'ordre judiciaire par la loi de 1957, cette dernière n'est
susceptible de recevoir application que pour autant que le dommage invoqué
trouve sa cause déterminante dans l'action d'un véhicule. S'il trouve sa cause
déterminante dans la conception ou l'exécution d'une opération de travaux
publics, c'est la théorie des dommages de travaux publics qui s'applique alors
même qu'un véhicule est intervenu dans sa réalisation (mais sans en être la
cause déterminante). En d'autres termes, le juge a l'obligation de ne pas s'en
tenir à la seule présence d'un véhicule et doit rechercher à chaque fois quelle a
été la cause déterminante du dommage . Ainsi, lorsque les dommages dont il
1835

est demandé réparation trouvent leur origine dans la réalisation de travaux


publics effectués sans étude préalable du sous-sol et dans l'adoption de
mesures techniques inappropriées au site géotechnique et alors même qu'un
véhicule (en l'espèce un vibreur) a été utilisé pour la mise en œuvre de
certaines de ces mesures techniques, c'est le juge administratif qui est
compétent car ils se rattachent à une opération d'ensemble consistant en
l'exécution de travaux publics et non à la seule intervention d'un véhicule . De
1836

la même manière, le juge administratif est compétent pour réparer le dommage


né de fissures causées à un immeuble par des vibrations liées au passage de
camions intervenant sur un chantier de travaux publics dès lors qu'elles
résultent de l'absence de désolidarisation de la chaussée et des bâtiments et
trouvent donc leur cause déterminante dans les conditions défectueuses
d'exécution d'opérations de travaux publics et non dans l'action d'un
véhicule . De la même manière encore, le juge administratif est compétent
1837

pour réparer les dommages causés à des vergers par les poussières soulevées
par la circulation de véhicules de chantier des sociétés concourant à la
construction d'une ligne ferroviaire dès lors que ces dommages découlent de
l'absence de mesures prises pour prévenir ou supprimer les nuisances dues au
passage des camions à proximité de l'exploitation, c'est-à-dire des conditions
défectueuses d'organisation et d'exécution des travaux publics et n'ont pas leur
cause déterminante dans l'action d'un véhicule . Il en va de même lorsque le
1838

dommage trouve sa cause déterminante dans l'existence, l'organisation et les


conditions de fonctionnement d'un ouvrage public . En revanche, si le
1839

dommage trouve sa cause déterminante dans l'action d'un véhicule et non dans
la conception ou l'exécution d'une opération de travaux publics prise dans son
ensemble ou dans l'existence, l'organisation et les conditions de fonctionnement
d'un ouvrage public, il relève de la compétence judiciaire . 1840

Au surplus, compte tenu du fait que la loi du 31 décembre 1957 est un texte
dérogatoire au régime des dommages de travaux publics issu de la loi du
28 pluviôse an VIII, le juge administratif ne doit décliner sa compétence que
s'il est établi que le dommage a, en réalité, été causé par l'intervention d'un
véhicule. En l'absence de toute certitude en la matière, il faut faire prévaloir
une présomption inverse impliquant la compétence administrative et
l'application de la théorie des dommages de travaux publics . 1841

D'autres théories peuvent d'ailleurs mettre en échec l'application de la loi du


31 décembre 1957. Il en va ainsi de la théorie de la responsabilité
contractuelle qui, non seulement prime la théorie de la responsabilité extra-
contractuelle (et, de ce fait, la théorie des dommages de travaux publics qui
correspond à une responsabilité extra-contractuelle), mais aussi la
responsabilité du fait des véhicules. Il en résulte que, si la victime d'un
dommage causé par un véhicule affecté à la réalisation d'un travail public est
dans une relation contractuelle avec la personne à laquelle appartient ce
véhicule, c'est le juge du contrat, juge judiciaire s'il s'agit d'un contrat de droit
privé, juge administratif s'il s'agit d'un contrat de droit administratif, qui
connaîtra de l'action en réparation et non, systématiquement, le juge judiciaire
par application de la loi de 1957 . 1842

C. Dommages subis par les usagers d'un service public industriel


et commercial

551 Comme on l'a vu (v. ss 540), le fait d'exploitation est en principe absorbé par
le fait de l'ouvrage de telle sorte que sont assimilés à des dommages de travaux
publics les dommages qui sont imputables, non à l'ouvrage public, mais au
service public l'exploitant du moment qu'ils ont un lien avec l'ouvrage.
Toutefois, il n'en va pas ainsi dans le cas particulier où la victime du
dommage est un usager d'un service public industriel et commercial. Dans une
telle hypothèse, c'est l'inverse qui se produit : le fait de l'ouvrage est absorbé
par le fait d'exploitation et, compte tenu du fait que le contentieux des relations
entre les services publics industriels et commerciaux et leurs usagers constitue
un bloc de compétence judiciaire, c'est le juge judiciaire qui sera compétent
pour réparer le dommage. En d'autres termes, le bloc de compétence judiciaire
des relations entre les services publics industriels et commerciaux et leurs
usagers est plus « attractif » (vers la compétence judiciaire) que ne l'est la
notion de dommages de travaux publics (vers la compétence administrative).
Cette solution, qui trouve son origine dans la jurisprudence du Conseil
d'État , a été très clairement confirmée par le Tribunal des conflits dans les
1843

années cinquante et a été, depuis, constamment réaffirmée . Par exemple,


1844 1845

dans l'affaire Galland , l'incendie d'une maison avait été provoqué par la
1846

chute de la foudre sur les lignes électriques qui étaient dépourvues de


dispositifs de protection. Le dommage était donc imputable à un vice du réseau
de distribution électrique de telle sorte qu'il aurait dû être considéré comme un
dommage de travaux publics. Pourtant, du fait que la victime était un usager
d'un service public industriel et commercial, le Tribunal des conflits a attribué
le litige au juge judiciaire . 1847

Il importe d'indiquer de quelle manière a été justifiée la compétence du juge


judiciaire en matière de dommages subis par les usagers des services publics
industriels et commerciaux avant de préciser ce que l'on entend par un usager
d'un tel service puisque c'est cette qualité qui va impliquer la compétence
judiciaire.
1° Justifications de la compétence judiciaire
552 Dans un premier temps, la compétence judiciaire a été justifiée par référence à
la notion de contrat d'abonnement. Alors que l'usager d'un service public
administratif est dans une situation légale et réglementaire, l'usager d'un service
public industriel et commercial est en principe dans une situation
contractuelle : il a passé un contrat (d'abonnement à l'électricité dans l'affaire
Galland) avec le service public industriel et commercial. Or, il est de principe
que la responsabilité contractuelle absorbe la responsabilité extra-
contractuelle (v. ss 554). Cela veut dire que l'usager du service public
industriel et commercial n'a d'autre action contre son cocontractant que celle
qui résulte du contrat lui-même quelle que soit l'origine du dommage. Or, le
contrat en cause est un contrat de droit privé même s'il contient des clauses
exorbitantes de droit commun . Dès lors, c'est le juge judiciaire qui est
1848

compétent pour connaître de l'action en réparation même si le dommage a pour


origine un travail public.
Par la suite, le juge n'a plus fait référence à la notion de contrat
d'abonnement et a retenu un fondement plus large de la compétence judiciaire :
« la nature juridique des liens existant entre les services publics industriels et
commerciaux et leurs usagers, lesquels sont des liens de droit privé » .1849

2° Notion d'usager

553 Dès lors qu'un dommage a été subi par un usager d'un service public industriel
et commercial à l'occasion de la fourniture des prestations du service , sa 1850

réparation relèvera de la compétence du juge judiciaire, ce qui implique de


préciser la notion d'usager.
L'usager est d'abord celui qui a conclu un contrat avec le service (voir
l'affaire Galland précitée) de même que ceux qui vivent habituellement sous
son toit (conjoint, enfants…), ce qui exclut les personnes se trouvant
occasionnellement là au moment de l'accident , ce qui exclut aussi les
1851

propriétaires d'un immeuble loué n'habitant pas sur place et n'ayant conclu
aucun contrat d'abonnement . Dans le cas particulier où l'usager est une
1852

personne morale, seule cette dernière est considérée comme un usager, ce qui
exclut également ses représentants ou ses préposés qui sont considérés comme
des tiers . Il en va d'ailleurs de mêmes des préposés d'un usager personne
1853

physique.
L'usager est ensuite celui qui a l'intention de conclure un contrat mais qui
n'en a pas encore eu le temps ou l'opportunité . 1854

L'usager est enfin celui qui a effectivement utilisé le service sans avoir eu
forcément l'intention de conclure un contrat .
1855

En revanche, n'a pas la qualité d'usager du service celui qui se limite à


utiliser un ouvrage grâce auquel le service est assuré mais sans pour autant
utiliser ledit service : il est alors un usager de l'ouvrage mais non du service de
telle sorte que, en cas de dommage, s'applique la responsabilité du fait des
dommages de travaux publics. Tel est par exemple le cas de la personne qui se
rend dans une gare, non pour y prendre le train, mais pour y assister à une fête
célébrant le centenaire de la création d'une ligne de chemin de fer : si elle est
blessée par l'effondrement d'une marquise sur laquelle s'étaient juchés des
spectateurs, il y a là un dommage de travaux publics subi par un usager de
l'ouvrage (alors que la victime est un tiers par rapport au service public des
transports ferroviaires) relevant, pour sa réparation, de la compétence du juge
administratif .
1856

Dans le cas particulier du service public de distribution de l'électricité (ou


du gaz ou encore de l'eau) et dans la mesure où l'immense majorité des
administrés sont abonnés à l'électricité, la jurisprudence avait été conduite,
dans un souci de simplification, à poser le principe suivant : si le dommage
provient du branchement particulier qui, partant de la ligne (ou de la
canalisation) principale, dessert le compteur de l'administré, ce dernier sera
considéré comme un usager du service de telle sorte que l'action en réparation
relèvera de la compétence du juge judiciaire 1857
; à l'inverse, si le dommage
provient de la ligne (ou de la canalisation) principale ou d'un branchement
particulier autre que le sien, la victime sera considérée comme un tiers par
rapport au service de telle sorte que le dommage sera qualifié de dommage de
travaux publics et le juge administratif compétent pour le réparer . La 1858

jurisprudence récente semble toutefois brouiller cette distinction simple, du


moins à propos du service public de distribution de l'eau. Certes, ce service
étant un service public industriel et commercial et compte tenu des rapports de
droit privé qui le lient à ses usagers, il a été jugé qu'il n'appartenait qu'à la
juridiction judiciaire de connaître des dommages causés à ces derniers, à
l'occasion de la fourniture de la prestation due par le service, du fait de la
rupture du branchement particulier desservant l'usager, peu important que la
cause des dommages réside dans un vice de conception, l'exécution de travaux
publics ou l'entretien d'ouvrages publics . Mais il a été jugé aussi que le juge
1859

judiciaire était également compétent alors même que l'élément à l'origine du


dommage était situé dans les canalisations du réseau situées en amont du
branchement particulier .1860

D. Dommages subis par les cocontractants

554 En dehors du cas particulier des dommages subis par les usagers des services
publics industriels et commerciaux, il peut arriver que le dommage qui présente
en théorie toutes les caractéristiques d'un dommage de travaux publics soit subi
par quelqu'un qui se trouve en relation contractuelle avec l'auteur de ce
dommage et soit lié à l'exécution du contrat. Conformément au principe selon
lequel la responsabilité contractuelle prime la responsabilité extra-
contractuelle, la responsabilité de l'auteur du dommage envers son
cocontractant sera, non une responsabilité du fait des dommages de travaux
publics (qui est une responsabilité de nature extra-contractuelle), mais une
responsabilité de nature contractuelle de telle sorte que le juge administratif
commet une erreur de droit s'il règle néanmoins le litige sur le terrain de la
responsabilité des dommages de travaux publics . Le litige relèvera alors,
1861

soit de la compétence du juge judiciaire s'il s'agit d'un contrat de droit privé,
soit de celle du juge administratif s'il s'agit d'un contrat de droit public mais
sans que ce dernier puisse appliquer les règles propres à la réparation des
dommages de travaux publics.
1° Contrat de droit privé

555 Si le contrat est un contrat de droit privé, l'action en réparation sera connue du
juge judiciaire . Par exemple, lorsqu'un fournisseur, lié par un contrat de droit
1862

privé à un entrepreneur de travaux publics, est victime d'un dommage à


l'occasion de l'exécution de ce contrat, il ne peut exercer contre l'entrepreneur
d'autre action que celle qui procède du contrat dont s'agit, alors même que la
cause du dommage se rattacherait à l'exécution de travaux publics . Par 1863

exemple encore, lorsque le locataire d'un office public d'HLM (aujourd'hui


office public de l'habitat) subit un dommage du fait d'un défaut d'entretien
normal d'un ouvrage public incombant à l'office et constituant une dépendance
des locaux donnés à bail, c'est le juge judiciaire qui est compétent compte tenu
de la nature privée du bail de location .
1864

2° Contrat de droit public

556 Si le contrat est un contrat de droit public, le juge compétent sera certes le juge
administratif mais il ne pourra pas appliquer les règles de fond (et les règles de
procédure) spécifiques à la responsabilité du fait des dommages de travaux
publics (qui sont souvent particulièrement favorables pour la victime) mais
seulement les règles de la responsabilité contractuelle de droit public. Par
exemple, à l'occasion de travaux publics de reboisement menés sur des terrains
privés en exécution de contrats passés par leurs propriétaires avec l'État, un
incendie causé par l'entrepreneur chargé de ces travaux se déclare et ravage
aussi bien les terrains des cocontractants de l'État que d'autres terrains
appartenant à des propriétaires qui n'étaient pas en relation contractuelle avec
la puissance publique. La réparation des dommages subis par les premiers sera
effectuée par le juge administratif sur le terrain de la responsabilité
contractuelle (responsabilité pour faute) tandis que la réparation des dommages
subis par les autres sera effectuée par le juge administratif sur le terrain de la
responsabilité du fait des dommages de travaux publics (responsabilité sans
faute dans la mesure où ces propriétaires-là étaient des tiers par rapport aux
travaux publics – v. ss 568) .
1865

De la même manière d'ailleurs et comme on l'a déjà indiqué (v. ss 550, in


fine), la responsabilité contractuelle prime la responsabilité du fait des
véhicules.

E. Dommages accessoires à une expropriation

557 La réalisation de travaux publics s'effectue très souvent sur des terrains qui ont
été expropriés à cette fin. Or, le juge judiciaire (plus précisément, non le juge
judiciaire de droit commun, mais un juge spécifique, le juge de l'expropriation
– v. ss 772) dispose d'une compétence étendue en matière d'expropriation : non
seulement il indemnise le propriétaire du bien exproprié du préjudice que lui a
causé la dépossession de ce bien mais il répare également tous les dommages
qui sont regardés comme accessoires à l'expropriation. Il importe dès lors de
bien distinguer entre les dommages de travaux publics qui sont la conséquence
des travaux effectués sur les terrains expropriés et qui seront réparés par le
juge administratif et les dommages accessoires à l'expropriation qui, parce
qu'ils en sont la conséquence directe, sont réparés par le juge de l'expropriation
(v. ss 790 aussi).
Sont ainsi considérés comme des dommages de travaux publics, alors même
que ces travaux ont été réalisés sur des biens expropriés et que le demandeur
est le propriétaire exproprié, les bruits et odeurs provenant d'une autoroute .1866

En revanche, sont des dommages accessoires à une expropriation destinée à la


construction d'un chemin départemental les préjudices nés du fait que ce chemin
coupe en deux la propriété d'un propriétaire exproprié . 1867

Comme on peut l'imaginer, la question de savoir si le dommage procède des


travaux publics qu'une expropriation a permis d'effectuer ou est accessoire à
cette expropriation est parfois délicate à trancher .
1868

F. Dommages accessoires à l'institution d'une servitude

558 À l'instar de ce qui se passe en matière de dommages accessoires à une


expropriation, il est fréquent que le juge judiciaire (plus précisément le juge de
l'expropriation) soit compétent pour réparer les dommages résultant de
l'institution de servitudes diverses (servitudes de passage des lignes
électriques issues de la loi du 15 juin 1906, servitudes d'aménagement des
ouvrages hydroélectriques issues de la loi du 16 octobre 1919) alors que ces
servitudes bénéficient à des ouvrages publics ou à des travaux publics dont le
contentieux relève de la compétence du juge administratif. Ici encore, il faut
donc faire la différence – souvent délicate – entre les dommages qui sont la
conséquence certaine, directe et immédiate de l'institution de la servitude et qui
seront réparés par le juge judiciaire et les dommages qui sont intimement liés
aux travaux publics ou aux ouvrages publics pour la réalisation ou le
fonctionnement desquels la servitude a été instituée et qui seront réparés par le
juge administratif. Au titre des premiers, figurent la dépréciation de l'immeuble
affecté par la servitude, les troubles de jouissance qui en résulte et la gêne
occasionnée par le passage des préposés à la surveillance et à l'entretien des
installations tandis qu'au titre des seconds figurent notamment les dommages
purement accidentels causés par les travaux de construction, de réparation et
d'entretien des ouvrages .
1869

G. Dommages constitutifs d'une contravention de voirie routière

559 L'article L. 116-1 du Code de la voirie routière attribue compétence au juge


judiciaire pour connaître des infractions à la police de la conservation du
domaine public routier, c'est-à-dire des contraventions de voirie routière (v.
ss 222). C'est dire qu'il connaît, non seulement de l'aspect répressif de la
contravention de voirie qui se matérialise notamment par une condamnation à
amende, mais également de son aspect civil en ce sens que c'est lui qui est
compétent pour condamner l'auteur d'un dommage causé au domaine public
routier à réparer ledit dommage. Le fait que ce dommage causé au domaine
public routier et constitutif d'une contravention de voirie routière l'ait été à
l'occasion d'un travail public ou que sa réparation donne lieu à un travail
public ne change pas les règles de compétence : c'est toujours le juge judiciaire
qui sera compétent pour le réparer du moment qu'une contravention de voirie
est constituée , qu'elle ait été ou non poursuivie .
1870 1871

En revanche, l'action introduite pour contester un commandement à payer


émis par une collectivité publique et ayant pour objet la réparation d'un
dommage causé à la voie à la suite de travaux publics exécutés par une
entreprise sans qu'aucune contravention de voirie ne soit constituée ne se
rattache pas au contentieux de la répression de telles infractions et relève de la
compétence du juge administratif . Il en va de même de l'action introduite par
1872

une collectivité publique pour la réparation de son préjudice consécutif à


l'exécution défectueuse d'un ouvrage public pour le compte d'une autre
personne de droit public car elle n'entre pas dans le champ des infractions à la
police de la conservation du domaine routier . 1873

§ 4. Principales catégories de dommages de travaux publics

560 Il existe de nombreuses classifications des dommages de travaux publics. On


étudiera plus loin la classification fondamentale qui repose sur la qualité de la
victime (tiers, usager, participant, v. ss 568 s.) ou celle entre les dommages
permanents et accidentels (v. ss 567). Cependant, dans cette étude de la notion
de dommages de travaux publics, c'est sans conteste la classification qui repose
sur les différentes formes de dommages qui est la plus utile. On peut distinguer
à cet égard cinq catégories principales de dommages de travaux publics.

A. Dommages résultant de l'exécution d'un travail public


ou de la construction d'un ouvrage public

561 C'est l'hypothèse dans laquelle, à l'occasion d'une opération matérielle


d'exécution d'un travail public ou de construction d'un ouvrage public, un
dommage est causé soit aux personnes soit à leurs biens. Les préjudices de ce
type peuvent être de nature extrêmement diverse. On se contentera de quelques
exemples : incinération d'ordures ménagères dans une décharge communale
aménagée provoquant un incendie détruisant partiellement des propriétés
plantées en bois situées à proximité ; travaux de construction d'un parking
1874

ayant entraîné pendant un an des difficultés d'accès au magasin d'une


commerçante et ayant provoqué une perte de recette anormale ; fissures et
1875

fractures affectant les murs et les planchers d'un immeuble dues à une
décompression du sous-sol liée au prolongement d'une ligne du RER et à la
construction d'une gare souterraine .1876

B. Dommages résultant de l'existence d'un ouvrage public

562 La simple existence d'un ouvrage public, sans qu'elle présente forcément
quoique ce soit d'anormal, peut donner naissance à des dommages de travaux
publics. On mentionnera par exemple les troubles de jouissance de nature
diverse provoqués par l'implantation, à proximité immédiate de l'habitation des
requérants, d'une antenne d'émission de radio et de télévision , d'un collège
1877

d'enseignement technique , d'un abri pour les usagers d'une ligne d'autobus
1878 1879

ou encore d'une cabine téléphonique . 1880

C. Dommages résultant d'un vice dans la conception, d'un vice


dans l'aménagement ou d'un défaut d'entretien normal d'un ouvrage
public

563 Est ainsi considéré comme un vice dans la conception d'un ouvrage public
l'étroitesse du palier d'un escalier dans un restaurant universitaire favorisant
les chutes . Est un vice dans l'aménagement d'un ouvrage public l'insuffisance
1881

de la rambarde installée sur la plate-forme d'un toboggan favorisant également


les chutes . Est un défaut d'entretien normal d'un ouvrage public le fait que
1882

l'exploitant d'une autoroute n'ait pas remédié en temps utile à la formation de


givre sur la chaussée .
1883

D. Dommages résultant du fonctionnement d'un ouvrage public

564 Au titre des dommages résultant du fonctionnement d'un ouvrage public, on peut
citer les bruits engendrés par une centrale nucléaire ou encore la pollution
1884

d'une rivière par le déversement d'affluents toxiques en provenance des


égouts .
1885

Peu importe que le dommage résulte du fonctionnement normal de l'ouvrage


(premier exemple) ou de son fonctionnement anormal (second exemple).
La solution est la même lorsque le dommage, tout en se rattachant aux
conditions de fonctionnement de l'ouvrage, trouve son origine dans le fait d'une
personne faisant partie du personnel de l'administration (ou de la personne, par
exemple le concessionnaire, qui exploite l'ouvrage pour le compte de
l'administration) : par exemple inondation provoquée par le fait qu'une pompe,
pourtant en parfait état de marche, n'a pas été actionnée en temps utile , par
1886

exemple encore collision de navires provoquée par une manœuvre d'accostage


ordonnée par un officier du port . 1887

Comme on l'a déjà indiqué (v. ss 541), traditionnellement, il n'y avait pas
toutefois dommages de travaux publics lorsque le préjudice trouvait son
origine, non dans le fonctionnement de l'ouvrage, mais dans le fonctionnement
du service public implanté dans l'ouvrage. S'il s'agissait d'un service public
administratif, le dommage était certes réparé par le juge administratif mais ce
dernier appliquait, non le système particulier de responsabilité du fait des
dommages de travaux publics, mais les règles générales de la responsabilité
publique. S'il s'agissait d'un service public industriel et commercial, le juge
compétent était le juge judiciaire. Mais cette distinction entre le fait de
l'ouvrage et le fait d'exploitation, souvent délicate à opérer, a été abandonnée,
d'abord en ce qui concerne les services publics administratifs, ensuite en ce qui
concerne les services publics industriels et commerciaux. Dorénavant, sont
assimilés à des dommages de travaux publics les dommages qui sont
imputables, non à l'ouvrage proprement dit, mais au service l'exploitant du
moment qu'ils ont un lien avec l'ouvrage, le fait d'exploitation étant en quelque
sorte absorbé par le fait de l'ouvrage. Il en va toutefois différemment dans le
cas particulier où le dommage a été subi par un usager d'un service public
industriel et commercial. Dans une telle hypothèse, c'est l'inverse qui se
produit : le fait de l'ouvrage est absorbé par le fait d'exploitation et, compte
tenu du fait que le contentieux des relations entre les services publics
industriels et commerciaux et leurs usagers constitue un bloc de compétence
judiciaire, c'est le juge judiciaire qui sera compétent pour réparer le dommage.

E. Dommages résultant de l'inexécution d'un travail public


ou de l'absence d'un ouvrage public

565 Si le travail qui n'a pas été effectué concerne un ouvrage déjà existant, il
constitue généralement un défaut d'entretien normal de l'ouvrage permettant
sans difficultés l'application de la théorie des dommages de travaux publics :
par exemple, si la plaque de protection d'une bouche d'égout est soulevée par la
poussée des eaux, provoquant la mort d'un piéton, l'absence d'un dispositif
destiné à empêcher le déplacement de la plaque est constitutive d'un défaut
d'entretien normal de la voie publique .
1888

En revanche, si le dommage résulte de l'absence totale de tout ouvrage, les


solutions sont plus controversées.
Pour certains auteurs, il s'agit quand même s'agir d'un dommage de travaux
publics. Est souvent cité à ce propos un arrêt de 1931 qui qualifie de
1889

dommages de travaux publics les dommages causés par l'absence de balisage


d'un rocher dans une voie navigable. Toutefois, on peut soutenir que, en
l'espèce, compte tenu de son aménagement pour la navigation, la voie navigable
était un ouvrage public de telle sorte que l'on était ramené à l'hypothèse
précédente, c'est-à-dire à un banal défaut d'entretien normal d'un ouvrage
public.
Plus vraisemblablement, il convient de distinguer selon qu'une disposition
législative ou réglementaire n'impose pas ou impose à l'administration
l'exécution de travaux publics ou la construction d'ouvrages publics.
En l'absence d'obligation, on ne peut avoir affaire à des dommages de
travaux publics (ce qui ne veut pas dire que la responsabilité de
l'administration ne pourra pas être engagée, mais ce ne sera pas au titre de la
responsabilité du fait des dommages de travaux publics, ce sera à un autre titre,
par exemple au titre de la responsabilité du fait des activités de police). Ainsi,
lorsqu'il est reproché à l'administration de ne pas avoir construit des ouvrages
publics protégeant les propriétés privées riveraines de la mer contre l'action
naturelle des flots, la théorie des dommages de travaux publics n'est pas
applicable car aucune obligation d'édifier de tels ouvrages ne pèse sur la
puissance publique . De la même manière, l'administration n'a pas
1890

l'obligation d'assurer la protection des propriétés riveraines des cours d'eau


navigables ou non navigables contre l'action naturelle des eaux, au besoin en
construisant les ouvrages publics adéquats, car aucune disposition législative
ou réglementaire ne l'y contraint .
1891

En revanche, si une telle obligation existe, l'absence de travaux ou


d'ouvrages constitue bien un dommage de travaux publics.
En tout état de cause, dans un cas comme dans l'autre, c'est le juge
administratif qui est compétent pour statuer .
1892

SECTION 2. LE FONDEMENT DE LA RESPONSABILITÉ

566 Large application de la responsabilité sans faute ◊ Comme on le sait,


il y a, en droit administratif général, trois grands systèmes de responsabilité
concevables : la responsabilité pour faute prouvée, la responsabilité pour faute
présumée et la responsabilité sans faute. On sait également que c'est le système
de la responsabilité pour faute prouvée qui est le système prédominant, les
systèmes de responsabilité sans faute et de présomption de faute n'étant utilisés
que dans un certain nombre de cas particuliers. Or, il n'en va pas de même en
matière de dommages de travaux publics où la responsabilité sans faute occupe
une large place.
En effet, le contentieux des dommages de travaux publics n'est pas seulement
un contentieux relevant traditionnellement de la compétence du juge
administratif. C'est également un contentieux dans lequel la responsabilité sans
faute a toujours tenu une place particulièrement importante pour trois raisons
1893

principales. En premier lieu, il s'agissait d'une contrepartie aux prérogatives


exorbitantes du droit commun qui étaient reconnues à l'administration pour lui
permettre d'accomplir les travaux publics qui lui sont nécessaires. En second
lieu, il s'agissait également d'une contrepartie aux multiples risques que ces
travaux faisaient courir aux administrés. En dernier lieu, elle était justifiée par
le principe d'égalité des citoyens devant les charges publiques : tous les
citoyens tirent profit de l'exécution des travaux publics ; l'égalité serait rompue
si certains d'entre eux subissaient un préjudice du fait de ces travaux ; il
convient donc de rétablir l'égalité par l'octroi automatique d'une indemnité.
À l'origine, cette application d'un régime de responsabilité sans faute était
même exclusive de toute autre forme de responsabilité et c'est l'apparition
postérieure d'une responsabilité pour faute prouvée et d'une responsabilité
intermédiaire entre la responsabilité sans faute et la responsabilité pour faute
prouvée, la responsabilité pour défaut d'entretien normal, qui ont été
considérées comme une novation alors que l'évolution a été exactement inverse
en ce qui concerne la responsabilité publique de droit commun (d'abord,
application exclusive d'un régime de responsabilité pour faute prouvée ; par la
suite, apparition d'hypothèses dans lesquelles la responsabilité sans faute et la
présomption de faute sont admises).

567 Controverses doctrinales ◊ Puisque les dommages de travaux publics sont


maintenant réparés tantôt par application d'un système de responsabilité sans
faute, tantôt par application d'un système de responsabilité pour faute, tantôt par
application d'un système de responsabilité intermédiaire, la responsabilité pour
défaut d'entretien normal, se pose la question de savoir dans quelles hypothèses
l'un ou l'autre de ces trois systèmes est susceptible d'intervenir. Cette
interrogation a donné lieu à une importante controverse doctrinale.
Pour une fraction de la doctrine conduite notamment par le professeur
Chapus , il conviendrait d'appliquer en la matière un critère tiré de la nature
1894

du dommage de travaux publics, celui de la distinction entre les dommages


accidentels et les dommages permanents. Par dommage accidentel, on entend un
dommage qui, normalement, n'aurait pas dû se produire, qui aurait pu être
évité : par exemple, un cycliste tombe la nuit dans une tranchée ouverte dans la
voie publique qui ne faisait pas l'objet d'une signalisation appropriée. Par
dommage permanent, on entend un dommage qui est la conséquence nécessaire,
inévitable, inéluctable d'un travail public : par exemple, les travaux de
réfection de la voie publique gênent toujours plus ou moins les riverains de
cette voie. L'expression de dommage non accidentel serait d'ailleurs préférable
à celle de dommage permanent puisqu'un dommage qualifié de permanent peut
en réalité avoir un caractère temporaire – la gêne causée aux riverains de la
voie en réfection cessera avec la fin des travaux – alors qu'un dommage
accidentel peut être permanent – l'accident subi par le cycliste tombé dans la
tranchée peut avoir provoqué une incapacité de travail définitive. Quoi qu'il en
soit, le jeu du critère de distinction entre les dommages permanents et les
dommages accidentels serait le suivant : les dommages permanents seraient
réparés par application de la responsabilité sans faute ; les dommages
accidentels seraient réparés tantôt par application de la responsabilité sans
faute tantôt par application de la responsabilité pour faute tantôt par application
d'un régime de responsabilité intermédiaire en prenant en considération un
critère supplémentaire, celui de la situation de la victime par rapport à
l'ouvrage : si la victime est un tiers, la responsabilité serait une responsabilité
sans faute ; si elle est un usager, il s'agirait d'un système intermédiaire ; si elle
est un participant, il s'agirait d'une responsabilité pour faute.
Pour la majorité de la doctrine à l'inverse, il n'y a pas lieu de distinguer
entre les dommages accidentels et les dommages permanents. Quelle que soit la
nature du dommage, qu'il s'agisse d'un dommage accidentel ou d'un dommage
permanent, le fondement de la responsabilité dépend de la situation de la
victime par rapport à l'ouvrage, c'est-à-dire de la question de savoir s'il s'agit
d'un tiers, d'un usager ou d'un participant à l'opération de travail public , seul
1895

critère à appliquer. S'il s'agit d'un tiers, la responsabilité est une responsabilité
sans faute. Il est en effet logique que bénéficie du système de responsabilité le
plus favorable celui qui ne tire du travail public aucun avantage. S'il s'agit d'un
usager, la responsabilité est une responsabilité de type intermédiaire, c'est-à-
dire une responsabilité déjà moins favorable que la responsabilité sans faute,
car l'usager est censé retirer un certain nombre d'avantages du travail public.
S'il s'agit d'un participant, la responsabilité est une responsabilité pour faute,
c'est-à-dire le régime de responsabilité le plus rigoureux, ce qui est également
compréhensible car le participant, à la différence de l'usager, est un
professionnel censé connaître les risques du métier et, à la différence du tiers,
quelqu'un qui tire un avantage du travail public puisque ce dernier lui procure
une rémunération.
Cette dernière présentation correspond à l'état du droit jurisprudentiel. Elle
sera donc reprise ici avant que ne soient exposés un certain nombre de cas
particuliers dans lesquels le système appliqué n'est pas celui qui devrait l'être
compte tenu de la distinction entre le tiers, l'usager et le participant ou dans
lesquels cette distinction s'avère inopérante.

§ 1. Dommages subis par les tiers : responsabilité sans faute

568 La solution adoptée au début du XIX siècle en matière de dommages de travaux


e

publics, c'est-à-dire l'admission d'une responsabilité sans faute, s'est maintenue


dans le cas des dommages subis par les tiers.

A. Notion de tiers
569 La définition du tiers est particulièrement délicate et il est même parfois
soutenu qu'il s'agit d'une catégorie purement résiduelle, le tiers étant celui qui
n'a ni la qualité d'usager ni la qualité de participant. On peut néanmoins
avancer que le tiers est celui qui n'utilise pas l'ouvrage au moment où il subit le
dommage alors même que ce dommage résulte de l'existence ou du
fonctionnement de l'ouvrage (ou de l'exécution d'un travail public). Par
exemple, ont été considérés comme des tiers un brigadier de police électrocuté
à l'intérieur d'un chantier de travaux publics où il menait une enquête , le 1896

propriétaire d'un véhicule en stationnement endommagé par la chute d'une


couche de neige et de glace provenant du toit du bureau de poste , les 1897

propriétaires d'un immeuble sis à proximité d'une station d'épuration , un 1898

marinier électrocuté à la suite d'un contact entre l'antenne de télévision qu'il


avait dépliée au-dessus de sa péniche et une ligne électrique à haute tension
implantée le long d'un canal , le propriétaire riverain d'une rivière qui subit
1899

un dommage du fait de travaux effectués sur la rive opposée afin d'assurer le


drainage des terrains situés sur cette rive , le skieur qui heurte un poteau
1900

métallique supportant deux haut-parleurs destinés à la sonorisation d'un stade


de slalom jouxtant la piste de ski sur laquelle il évoluait , le propriétaire
1901

d'une maison incendiée par un arc électrique provoqué par des désordres
affectant un pylône, l'accident étant dépourvu de lien avec la fourniture
d'électricité à un usager ou enfin le piéton blessé par un panneau électoral
1902

envolé à raison de forts vents qui est un ouvrage distinct de la voie publique
dont il était l'usager . 1903

Dans certains cas particuliers, il peut arriver que la même victime soit à la
fois tiers et usager selon la nature du dommage dont il est demandé
réparation ou selon les ouvrages qui sont à l'origine de ce dommage .
1904 1905

En tout état de cause, l'appréciation de la qualité de tiers par rapport à


l'ouvrage relève du contrôle de qualification juridique du juge de cassation . 1906

B. Responsabilité sans faute

570 Selon la formule consacrée par la jurisprudence, « même sans faute,


l'administration est responsable des dommages causés aux tiers par l'exécution
de travaux publics » ou encore « le maître de l'ouvrage est responsable,
1907

même en l'absence de faute, des dommages que les ouvrages publics dont il a la
garde peuvent causer aux tiers tant en raison de leur existence que de leur
fonctionnement » .1908

Il en résulte que le tiers victime d'un dommage de travaux publics n'a pas à
apporter la preuve que l'administration a commis une faute quelconque. Il doit
simplement démontrer que le dommage dont il se plaint trouve son origine dans
un travail ou dans un ouvrage public, c'est-à-dire qu'il y a un lien de cause à
effet entre ce travail ou ouvrage et le dommage.
Cette solution particulièrement favorable est, comme on l'a déjà indiqué (v.
ss 566), justifiée par trois idées principales. Elle est une contrepartie aux
prérogatives exorbitantes du droit commun qui sont reconnues à
l'administration pour lui permettre de mener à bien les travaux publics dont elle
a besoin. Elle est également une contrepartie aux multiples risques que ces
travaux publics font courir aux tiers. Elle est enfin confortée par le principe
d'égalité des citoyens devant les charges publiques : les travaux publics sont
censés profiter à l'ensemble de la collectivité ; lorsqu'ils causent un dommage à
un tiers, ce dernier subit, dans l'intérêt de tous, une charge particulière de telle
sorte qu'il y a une rupture de l'égalité des citoyens devant les charges
publiques ; il convient donc que ce dommage soit systématiquement réparé.
Puisque s'applique un régime de responsabilité sans faute, le dommage doit,
non seulement être direct, certain et évaluable en argent, mais il doit de plus
présenter les deux caractères spécifiques de ce type de responsabilité que sont
la spécialité et l'anormalité du préjudice, le juge de cassation contrôlant
d'ailleurs, au titre de la qualification juridique des faits, l'appréciation que
portent en la matière les juges du fond .
1909

1° Spécialité du préjudice

571 Il faut que le dommage ait été subi, soit par un seul individu, soit par un groupe
restreint de victimes. Cette condition est presque toujours satisfaite dans la
mesure où les dommages de travaux publics sont en général de dommages de
proximité : le tiers est souvent un voisin du travail public ou de l'ouvrage
public et ces voisins sont en nombre limité.
Toutefois, il peut arriver à titre exceptionnel que le juge considère que le
dommage touche une catégorie trop étendue de victimes pour pouvoir est
considéré comme spécial. Ainsi en a-t-il été du comblement du rivage de la
mer pour aménager la chaussée d'une route nationale et créer une vaste aire de
stationnement : le Conseil d'État a estimé que l'altération des vues dont
disposait la propriété des requérants n'avait pas, compte tenu de l'implantation
de l'ouvrage public, revêtu un caractère spécial seul de nature à ouvrir droit à
indemnité . 1910

1911
2° Anormalité du préjudice

572 Un certain nombre de dommages sont, par définition, considérés comme des
dommages anormaux. C'est le cas des dommages corporels, quelle que soit leur
gravité. C'est également le cas des destructions et des détériorations de la
propriété immobilière ou mobilière. C'est enfin le cas des atteintes à un droit.
Quant aux autres dommages, ils ne seront considérés comme anormaux que
s'ils ont une certaine gravité, que s'ils dépassent un certain seuil, que s'ils
excèdent le minimum de gêne que chaque administré doit supporter du fait de la
vie en société.
Il en va ainsi pour les troubles de jouissance comme, par exemple, les bruits,
les odeurs, les vibrations, les poussières et les fumées provenant d'un travail
public ou d'un ouvrage public .
1912

Il en va de même pour les préjudices commerciaux qu'ils ont pu causer ou 1913

pour les dépréciations de la valeur vénale des immeubles qu'ils ont pu


provoquer . 1914

S'agissant de ces préjudices qui, le plus souvent, sont des inconvénients de


voisinage (appelés également fréquemment troubles de voisinage ), le juge
1915

décide cas par cas s'ils présentent ou non le caractère de préjudices anormaux
et, de ce fait, il n'est guère facile de théoriser sa démarche. Néanmoins, il
semble qu'il fonde sa conviction à partir des principaux éléments suivants (liste
non limitative).
– Indications chiffrées permettant de mesurer la gravité du préjudice :
ainsi, la construction d'un barrage provoquant la submersion de plusieurs
villages cause à un boulanger un préjudice anormal si elle provoque une
réduction importante de son activité 1916
mais ne cause pas à un vétérinaire un
préjudice anormal si son activité professionnelle n'a été réduite que de
8,5 % .
1917

– Nature de la zone où est édifié l'ouvrage : les préjudices causés par la


construction d'un ouvrage public seront plus facilement considérés comme
anormaux si l'ouvrage est édifié dans un environnement jusque-là préservé que
s'il est édifié en zone urbaine ; ainsi, la construction d'une centrale nucléaire
dans une zone où il n'y avait qu'une seule résidence habitée, la propriété
d'agrément des requérants, cause à ces derniers un préjudice anormal ; en
1918

revanche, n'est pas anormal le préjudice subi par un propriétaire du fait de la


construction sur la parcelle voisine d'un immeuble d'HLM de six étages compte
tenu de la localisation de ces biens en zone urbaine et du risque inhérent à une
telle zone de voir des immeubles collectifs édifiés sur les parcelles
voisines . 1919

– Nature de l'activité à laquelle il est porté atteinte : ainsi, les bruits,


trépidations, poussières et odeurs occasionnés, parfois tard dans la soirée, par
le prolongement d'une ligne de RER causent à un hôtel un préjudice anormal
mais non à un restaurant, les activités d'un commerce d'hôtellerie étant de
nature différente de celles d'un commerce de restauration .
1920
– Règle de l'antériorité : si la construction, la mise en fonctionnement ou la
modification des conditions de fonctionnement de l'ouvrage public source du
dommage est antérieure à l'acquisition, la construction ou la location du bien
qui subit le dommage, ce dommage ne sera pas en principe considéré comme
anormal car la victime savait à quoi elle s'exposait ; en revanche, si la
1921

construction, la mise en fonctionnement ou la modification des conditions de


fonctionnement de l'ouvrage public source du dommage est postérieure à
l'acquisition, la construction ou la location du bien, le dommage pourra être
considéré comme anormal . 1922

C. Causes d'exonération

573 Puisque la responsabilité des dommages subis par les tiers est une
responsabilité sans faute, et conformément aux principes généraux, il n'y a que
deux causes d'exonération (ou de limitation) de la responsabilité : la force
majeure ou la faute de la victime . Dans le cas d'un dommage causé à un
1923 1924

immeuble, la fragilité ou la vulnérabilité de celui-ci ne peuvent être pris en


compte pour atténuer la responsabilité du maître de l'ouvrage sauf lorsqu'elles
sont elles-mêmes imputables à une faute de la victime .1925

En revanche, le fait (ou la faute) du tiers n'est pas exonératoire : la victime


peut demander à la personne contre laquelle elle a dirigé son action la
réparation de l'intégralité du préjudice subi alors même que le fait d'un tiers a
partiellement concouru à sa réalisation, la personne dont la responsabilité est
mise en jeu pouvant seulement se retourner contre le tiers auteur ou coauteur du
dommage par la voie de l'appel en garantie ou de l'action récursoire . Il n'en
1926

va différemment que lorsqu'une disposition légale prive justement la personne


dont la responsabilité est recherchée de la possibilité de se retourner contre le
tiers, qu'il s'agisse de l'application de la législation du travail ou de la règle
1927

du forfait de pension alors applicable . Quant au cas fortuit, c'est-à-dire à la


1928

cause inconnue mais interne à l'ouvrage (alors que, par définition, la force
majeure résulte d'un fait extérieur à l'ouvrage), il n'est pas non plus une cause
d'exonération.

§ 2. Dommages subis par les usagers : responsabilité


pour défaut d'entretien normal

A. Notion d'usager
574 La notion d'usager est assez délicate à déterminer.
En premier lieu, il ne faut pas confondre l'usager de l'ouvrage public avec
l'usager du service public implanté dans l'ouvrage car cela a une incidence sur
le fondement de la responsabilité (par exemple, application d'une
responsabilité pour défaut d'entretien normal en cas de dommage subi par
l'usager d'un ouvrage public alors que la responsabilité applicable aux usagers
des services publics est généralement fondée sur la faute) voire même sur
l'ordre de juridiction compétent dans l'hypothèse où le dommage est subi par un
usager d'un service public industriel et commercial. Par exemple et pour
reprendre là une affaire déjà évoquée, si une personne se rend dans une gare,
non pour y prendre le train, mais pour y assister à une fête célébrant le
centenaire de la création d'une ligne de chemin de fer et si elle est blessée par
l'effondrement d'une marquise sur laquelle s'étaient juchés des spectateurs, elle
subit un dommage, non en la qualité d'usager du service public industriel et
commercial (n'étant pas à la gare pour prendre le train, elle est en quelque sorte
un tiers par rapport au service), mais en la qualité d'usager de l'ouvrage public
de telle sorte que l'action en réparation relève de la compétence du juge
administratif (et que le système de responsabilité est une responsabilité pour
défaut d'entretien normal) . En revanche, si elle avait été à la gare pour
1929

prendre le train et qu'elle ait été blessée de la même manière, elle aurait été
atteinte en la qualité d'usager d'un service public industriel et commercial et
l'action en réparation aurait relevé de la compétence du juge judiciaire.
En second lieu et comme on l'a déjà également souligné, il peut arriver que,
dans certains cas particuliers, la même personne soit à la fois tiers et usager
selon la nature du dommage dont il est demandé réparation 1930
ou selon les
ouvrages qui sont à l'origine de ce dommage . 1931

En troisième lieu, la jurisprudence n'a jamais nettement précisé les critères


dont elle faisait usage pour identifier un usager.
Une définition semble, toutefois, pouvoir être avancée : l'usager est celui
qui, au moment du dommage, utilisait effectivement l'ouvrage public ou le
travail public qui est à son origine. Trois conditions doivent donc être
simultanément réunies : une utilisation de l'ouvrage qui résulte d'ailleurs de
simples éléments de fait et non d'éléments de droit ; une utilisation effective au
moment même où le dommage se produit ; une utilisation de l'ouvrage qui est à
l'origine du dommage. Sera par exemple un usager le piéton, le cycliste ou
l'automobiliste accidenté alors qu'il circulait sur la voie publique 1932
ou la
personne convoquée comme témoin par un juge d'instruction et qui se blesse à
l'intérieur du Palais de justice ou encore un enfant blessé par une balançoire
1933

installée sur l'aire de jeux d'un square ou enfin un avion entré en collision, au
1934

moment où il s'apprêtait à décoller d'un aérodrome, avec des oiseaux qui l'ont
endommagé … 1935

Il reste que les conditions qui viennent d'être évoquées sont entendues de
façon souple par la jurisprudence à telle enseigne que l'on a pu parler de
conception extensive de la notion d'usager ou encore de son caractère attractif.
Par exemple, sont considérés comme des dommages subis par des usagers
les dommages causés aux piétons, aux cyclistes ou aux automobilistes par des
ouvrages incorporés aux voies publiques alors même que les piétons, les
cyclistes ou les automobilistes ne sont pas des usagers de ces ouvrages qui sont
à l'origine directe du dommage mais seulement des tiers : du seul fait que ces
ouvrages sont incorporés à la voie publique, les dommages qu'ils causent
seront considérés comme des dommages de travaux publics subis par des
usagers de la voie, la qualité de tiers par rapport aux ouvrages incorporés dans
la voie publique étant, en quelque sorte, absorbée par la qualité d'usager de la
voie. Sera ainsi considéré comme ayant subi un dommage de travaux publics en
la qualité d'usager de la voie le cyclomotoriste qui fait une chute mortelle à
raison d'un affaissement de la chaussée à l'endroit même où des agents d'EDF
avaient creusé une tranchée pour réparer une canalisation ou le piéton qui
1936

chute sur une plaque métallique incorporée dans la voie publique et recouvrant
une boîte de branchement d'EDF ou encore le piéton qui tombe dans une
1937

tranchée creusée pour l'extension du réseau de distribution d'eau 1938


ou enfin
l'automobiliste qui heurte un regard de canalisation appartenant à une commune
et installé sur l'accotement d'une voie départementale . En revanche, la
1939

victime du dommage sera considérée comme un tiers si l'ouvrage qui est à son
origine n'est pas incorporé à la voie publique, soit parce qu'il la surplombe ,
1940

soit parce qu'il est extérieur à la voie . 1941

Par exemple encore, sont également considérés comme des dommages subis
par des usagers les dommages résultant d'une utilisation anormale ou
irrégulière de l'ouvrage. Il n'en a pas été toujours ainsi. À l'origine, les
« usagers irréguliers » d'un ouvrage étaient considérés comme des tiers par
rapport à ce dernier. Une telle solution avait été notamment donnée dans le cas
de l'accident subi par un enfant alors qu'il utilisait sans surveillance et en
dehors des heures de classe un portique de gymnastique d'un terrain de sport
dans lequel il s'était introduit . Elle avait pour conséquence paradoxale de
1942

faire bénéficier les « usagers irréguliers » d'un régime de réparation plus


favorable que celui applicable aux usagers « réguliers » de l'ouvrage
(responsabilité sans faute et non pas responsabilité pour défaut d'entretien
normal). Aussi a-t-elle été abandonnée : est maintenant considéré comme un
1943

usager de l'ouvrage public celui qui l'utilise en fait quelles que soient les
conditions de cette utilisation et alors même qu'il s'agit d'une utilisation
anormale ou irrégulière (cette dernière n'ayant plus d'incidence que sur le
terrain des causes exonératoires puisqu'elle pourra conduire à retenir la faute
de la victime). C'est ainsi que les enfants qui s'aventurent pour jouer à
l'intérieur d'un chantier de travaux publics ou sur une voie de chemin de
1944

fer ou qui pénètrent dans la cellule d'alimentation en électricité d'une station


1945

de pompage sont considérés comme des usagers de ce chantier ou de la voie


1946

ou encore de la station de pompage.


En tout état de cause, la notion d'usager d'un ouvrage public est contrôlée par
le juge de cassation au titre de la qualification juridique des faits .1947

B. Responsabilité pour défaut d'entretien normal

575 Pour obtenir réparation du dommage subi, l'usager n'a, comme le tiers, qu'à
prouver l'existence d'un lien de causalité entre le travail public ou l'ouvrage
public et ce dommage.
En revanche, à la différence de ce qui se passe pour les dommages subis par
les tiers, la personne dont la responsabilité est mise en cause peut s'exonérer de
sa responsabilité en prouvant, selon l'expression consacrée et dont on précisera
le sens plus loin, qu'elle n'a commis aucun défaut d'entretien normal. Le
système de responsabilité appliqué est donc plus défavorable pour la victime
que celui qui régit la réparation des dommages subis par les tiers, ce qui est
généralement expliqué par le fait que l'usager, à la différence du tiers, tire un
avantage de l'utilisation de l'ouvrage, par le fait, également, qu'en utilisant
l'ouvrage, il accepte les risque qui peuvent découler de cette utilisation. Ces
deux explications ne sont pas sans valeur mais il est vraisemblable que le juge
a pris aussi en compte des considérations pratiques : réduire la charge pesant
sur les finances publiques du fait des dommages de travaux publics.
En tout état de cause, deux questions principales se posent à propos de la
responsabilité pour défaut d'entretien normal : quelle est la nature de cette
responsabilité ? À quoi correspond la notion de défaut d'entretien normal ?
1° Nature de la responsabilité pour défaut d'entretien normal

576 La responsabilité pour défaut d'entretien normal est-elle une responsabilité


pour faute ou une responsabilité sans faute ?
La doctrine est divisée sur ce point. Néanmoins, la majorité des auteurs
tranche en faveur d'un régime de responsabilité pour faute même si le juge
1948

n'utilise presque jamais l'expression de faute et préfère utiliser le terme de


défaut d'entretien normal (d'ailleurs, les membres du Conseil d'État qui ont
écrit sur la question prennent généralement position en faveur de la thèse de la
responsabilité sans faute tout en reconnaissant qu'elle s'applique ici de façon
1949
particulière).
Toutefois, il ne s'agit pas d'une responsabilité pour faute prouvée comme
dans le cas des dommages subis par les participants car, ici, la victime n'a pas
à prouver l'existence d'une faute. C'est une responsabilité pour faute présumée
mais cette présomption n'est pas irréfragable en ce sens qu'elle peut être
renversée si la personne dont la responsabilité a été mise en cause prouve
l'absence de défaut d'entretien normal. En d'autres termes, il y a, par rapport au
régime de la faute prouvée, renversement de la charge de la preuve : la victime
n'a pas à prouver l'existence d'une faute ; c'est la personne dont la
responsabilité est mise en cause qui doit prouver qu'elle n'a commis aucune
faute, c'est-à-dire qui doit prouver qu'elle a entretenu normalement l'ouvrage.
2° Notion de défaut d'entretien normal

577 L'expression « défaut d'entretien normal » ne doit pas être comprise dans son
seul sens littéral. Certes, elle recouvre les hypothèses dans lesquelles le maître
de l'ouvrage n'a pas correctement entretenu un ouvrage qui, à l'état neuf, ne
présentait aucun défaut . Mais elle recouvre également d'autres hypothèses
1950

qui vont au-delà de l'entretien normal de l'ouvrage entendu au sens strict : vice
de conception de l'ouvrage , vice dans l'aménagement de l'ouvrage ,
1951 1952

fonctionnement défectueux de l'ouvrage , exécution défectueuse d'un travail


1953

public , signalisation insuffisante d'un danger …


1954 1955

Comme on l'imagine et à l'instar de ce qui se passe à propos de la notion de


risque anormal de voisinage subi par les tiers (v. ss 572), la question de savoir
s'il y a ou non défaut d'entretien normal est une question résolue cas par cas par
le juge (et plus précisément par les juges du fond puisque le Conseil d'État a
considéré que la question de savoir s'il y avait ou non défaut d'entretien normal
n'était pas susceptible d'être discutée devant le juge de cassation alors que,
1956

normalement, la question de savoir si un fait présente ou non un caractère fautif


est une question de qualification juridique des faits relevant de la compétence
du juge de cassation ). Il est donc souvent délicat de théoriser ses positions.
1957

Il n'empêche qu'il n'y a pas en principe de défaut d'entretien normal dans les
hypothèses suivantes illustrées, pour la plupart, par des exemples tirés
d'accidents survenus sur les voies publiques . 1958

– Défaut mineur : par exemple, selon un standard arrêté depuis longtemps


par le juge, les excavations ou les saillies dans les voies publiques ne sont pas
constitutives d'un défaut d'entretien normal lorsqu'elles ont une profondeur ou
un relief de moins de 5 centimètres . 1959

– Défaut signalé : ainsi, l'accident survenu sur une voie présentant des
virages dangereux ne peut être imputé à un défaut d'entretien normal de la voie
compte tenu du fait que ce passage dangereux était dûment signalé . Il ne 1960

faudrait cependant pas croire que la signalisation du danger suffit, dans tous les
cas, à exonérer l'administration de toute responsabilité. Ainsi, lorsqu'une route
est recouverte depuis plusieurs jours d'une couche de boue la rendant
particulièrement glissante, l'administration ne saurait se prévaloir de
l'installation de panneaux signalant une chaussée glissante et limitant la vitesse
pour soutenir que l'ouvrage était normalement entretenu : elle doit évidemment
faire exécuter les travaux d'entretien nécessaires sous peine d'engager sa
responsabilité . 1961

– Défaut évident : par exemple, le fait qu'un camion soit endommagé alors
que son conducteur tentait de lui faire franchir l'ancienne porte de la ville ne
procède pas d'un défaut d'entretien normal de la voie nonobstant le fait
qu'aucun panneau de signalisation n'avertissait de l'étroitesse du passage, le
rétrécissement de la rue et la faible hauteur de la voûte étant parfaitement
visible de tous les usagers de la voie publique . 1962

– Défaut que l'administration n'a pu ni prévoir ni connaître : ainsi, selon


un autre standard posé depuis longtemps par le juge, la chute d'arbres sur la
voie publique n'est pas constitutive d'un défaut d'entretien normal dès lors
qu'aucun indice ne révélait l'état de pourrissement interne de l'arbre et que
l'accident s'est produit sans que l'administration n'ait eu connaissance de la
chute .
1963

– Défaut dont l'administration vient d'avoir connaissance : par exemple, la


présence sur la chaussée d'une autoroute de galets provenant de son accotement
n'est pas constitutive d'un défaut d'entretien normal de la voie dès lors que
l'accident provoqué par ces galets s'est produit quelques minutes après que le
poste de péage a été avisé du problème ; en revanche, la présence sur la voie
1964

publique d'une importante nappe d'eau non signalée est constitutive d'un défaut
d'entretien normal dès lors que ce danger avait provoqué, trois heures
auparavant, un autre accident .1965

C. Causes d'exonération

578 En théorie, les causes d'exonération dans un régime de présomption de faute


sont identiques à celles qui jouent dans un régime de faute prouvée : il s'agit de
la force majeure, de la faute de la victime, du fait du tiers et du cas fortuit.
Dans le cadre particulier de la théorie du défaut d'entretien normal, la force
majeure est effectivement exonératoire . Il en va de même de la faute de la
1966

victime . 1967

En revanche, le fait du tiers n'est pas exonératoire 1968


sauf s'il n'est pas
possible à la personne dont la responsabilité est engagée de se retourner contre
ce dernier. Il en va de même du cas fortuit .1969

§ 3. Dommages subis par les participants : responsabilité


pour faute 1970

A. Notion de participant

579 Si la distinction entre l'usager et le tiers peut s'avérer, assez souvent, délicate à
faire, il n'en va pas de même du concept de participant qui, en règle générale,
ne soulève aucun problème particulier. La victime d'un dommage de travail
public sera considérée comme un participant à ce travail public si elle
apportait son concours à l'exécution du travail au moment où le dommage s'est
produit. Ce sera par exemple l'entrepreneur chargé de l'exécution des
travaux , l'un de ses préposés , l'architecte chargé d'assurer la surveillance
1971 1972

des travaux , un agent de l'administration participant aux travaux


1973 1974
ou un
transporteur de matériaux destinés au chantier . 1975

Il faut toutefois que cette participation ne soit pas désintéressée, c'est-à-dire


que le participant tire un avantage de l'exécution du travail public, par exemple
parce qu'il s'agit d'un professionnel rémunéré pour l'exécution de ce travail. En
revanche, s'il participe au travail public de façon désintéressée, il sera
considéré comme un collaborateur bénévole de l'administration avec, pour
corollaire, l'application du régime de responsabilité sans faute propre à ce type
de collaboration . 1976

B. Responsabilité pour faute

580 Les dommages subis par le participant à un travail public, qu'il s'agisse de
dommages causés à sa personne ou à ses biens, ne seront réparés que s'il
prouve que le maître de l'ouvrage ou l'entrepreneur a commis une faute . 1977

Comme on l'a déjà indiqué, la rigueur de cette solution par rapport au régime
de responsabilité applicable au tiers ou à l'usager peut être justifiée par deux
arguments : d'une part, le participant, à la différence du tiers, tire un avantage
de l'opération de travail public puisque, en principe, il est rémunéré pour sa
participation ; d'autre part, le participant, à la différence de l'usager, est un
professionnel censé connaître les risques auxquels il s'expose.
Toutefois, la rigueur de cette solution peut être limitée par l'application de la
législation sur les accidents du travail ou sur les pensions civiles et militaires
de retraite.
1° Législation sur les accidents du travail

581 Lorsque le participant victime d'un dommage de travaux publics est par
exemple le préposé d'un entrepreneur chargé par le maître de l'ouvrage de la
réalisation de ce travail, il bénéficie de la législation sur les accidents de
travail, c'est-à-dire qu'il a droit, par application des dispositions du Code de la
Sécurité sociale, à un régime de responsabilité sans faute débouchant sur une
réparation automatique et forfaitaire.
La réparation est automatique en ce sens qu'il n'a pas à prouver l'existence
d'une faute et en ce sens que la caisse de Sécurité sociale ne peut s'exonérer de
son obligation de réparer en prouvant qu'il n'y a pas eu de faute.
La réparation est forfaitaire dans la mesure où la victime ne peut percevoir
que les seules indemnités prévues par la loi. Toutefois, si la victime estime que
cette réparation ne couvre pas l'intégralité du préjudice subi, elle n'est pas
totalement dépourvue de moyens d'action. En premier lieu, dans l'hypothèse où
l'accident est dû à une faute inexcusable de l'employeur, la victime a droit, en
application de l'article L. 452-1 du Code de la sécurité sociale, à une
indemnisation complémentaire dans les conditions définies par les articles qui
suivent, le juge judiciaire étant compétent en cas de litige. En second lieu, en
cas de faute intentionnelle de l'employeur, elle peut, en application de l'article
L. 452-5, demander à ce dernier la réparation du préjudice causé conformément
aux règles du droit commun dans l'hypothèse où il n'aurait pas été déjà réparé
par les organismes de sécurité sociale. En troisième lieu et comme le confirme
l'article L. 454-1, elle peut se retourner contre le maître de l'ouvrage ou un
autre entrepreneur (c'est-à-dire un entrepreneur qui n'est pas son employeur)
qui participait également au travail public si elle considère que leur
comportement a concouru à la réalisation du dommage. On retrouve alors le
régime de réparation des dommages de travaux publics subis par un
participant : le juge compétent est le juge administratif ; la victime doit
1978

prouver que le maître de l'ouvrage ou l'autre entrepreneur a commis une faute


qui a contribué à la réalisation du dommage . Évidemment, la responsabilité
1979

du tiers auteur du dommage est alors limitée à la part du préjudice non réparée
par les prestations des organismes de sécurité sociale et imputable à ce dernier.
2° Législation sur les pensions civiles et militaires de retraite

582 Dans le cas particulier où le participant victime d'un dommage de travaux


publics est par exemple un agent public au service du maître de l'ouvrage qui
collabore avec un entrepreneur privé à la réalisation du travail, il bénéficie de
la législation sur les pensions civiles et militaires de retraite qui lui garantit
une réparation forfaitaire et automatique .
1980

Dans le passé, s'il estimait que cette réparation ne couvrait pas l'intégralité
du préjudice subi, il ne pouvait se retourner contre son administration par
application de la règle dite du forfait de pension (sauf, par exemple, si le
dommage subi était un dommage causé aux biens et non à la personne dans la
mesure où on était alors en dehors du champ d'application de la règle du forfait
de pension qui ne concernait que les dommages corporels et non les dommages
matériels). En revanche, il pouvait, devant le juge administratif, se retourner
contre l'entrepreneur lorsqu'une faute de ce dernier avait concouru à la
réalisation du dommage.
Si cette possibilité d'action contre l'entrepreneur demeure, il n'en va plus de
même de l'impossibilité de principe d'agir contre l'administration dans la
mesure où la règle du forfait de pension a été, sinon abandonnée, du moins
considérablement assouplie . 1981

C. Causes d'exonération

583 Puisque la responsabilité des dommages subis par les participants est une
responsabilité pour faute, et conformément aux principes généraux, il devrait y
avoir quatre causes d'exonération, la force majeure, la faute de la victime, le
fait du tiers et le cas fortuit.
Effectivement, il ne fait pas de doute que la faute de la victime, c'est-à-dire
du participant, présente un caractère exonératoire. Il en va de même de la force
majeure ou du cas fortuit. Toutefois, si le participant bénéficie de la législation
sur les accidents du travail ou sur les pensions civiles et militaires de retraite,
il peut exiger l'indemnité forfaitaire prévue par la loi car, en matière
d'application de la législation sur les accidents du travail ou sur les pensions
civiles et militaires, l'indemnité est due dès lors que le dommage a été subi
durant le travail ou durant le service.
En revanche, et contrairement aux principes généraux, le fait du tiers n'est
pas ici en principe exonératoire et le maître de l'ouvrage, seul mis en cause, ne
peut se dégager de sa responsabilité en invoquant par exemple la faute de
l'entrepreneur ou la faute de l'architecte . Il peut seulement se retourner contre
1982

eux. Toutefois, le fait du tiers est, par exception, exonératoire lorsqu'une


disposition légale interdit au maître de l'ouvrage de se retourner contre le
tiers .
1983

§ 4. Cas particuliers
584 Si, pour l'essentiel, le système de responsabilité appliqué dépend de la qualité
de la victime, c'est-à-dire de la question de savoir s'il s'agit d'un tiers, d'un
usager ou d'un participant au travail ou à l'ouvrage public, il n'en va pas ainsi
dans quelques cas particuliers où le système appliqué n'est pas celui qui
devrait l'être compte tenu de la distinction entre le tiers, l'usager et le
participant ou dans lesquels cette distinction s'avère inopérante.

A. Dommages causés par les ouvrages exceptionnellement


dangereux 1984

585 Contrairement à la règle selon laquelle les usagers d'un ouvrage public sont
indemnisés des dommages subis par application de la théorie du défaut
d'entretien normal (qui permet à la personne poursuivie de s'exonérer de toute
responsabilité en prouvant qu'elle n'a commis aucune faute), le Conseil d'État a
admis que, à l'instar des tiers, ils bénéficient d'un régime de responsabilité plus
favorable (puisque la preuve de l'absence de faute n'exonère pas de sa
responsabilité la personne poursuivie), la responsabilité sans faute, lorsque le
dommage a été causé par un ouvrage exceptionnellement dangereux . 1985

En l'espèce, il s'agissait d'une portion d'une route côtière à la Réunion


particulièrement exposée à des éboulements de rochers mais, d'importants
travaux ayant été par la suite effectués sur ce tronçon, le Conseil d'État a fini
par considérer qu'il ne s'agissait plus d'un ouvrage exceptionnellement
dangereux et que les dommages causés aux usagers de la voie par les
éboulements de rochers (qui, néanmoins, continuaient de se produire) devaient
dorénavant être réparés par application des règles de droit commun, c'est-à-
dire par application de la théorie du défaut d'entretien normal . 1986

Le caractère d'ouvrage exceptionnellement dangereux a également été refusé


à une route de Haute-Savoie exposée aux avalanches , à une route de
1987

l'Aveyron exposée aux chutes de pierre , à une route de la Réunion autre que
1988

celle précédemment évoquée mais exposée comme elle aux chutes de


rochers , à une route des Alpes-de-Haute-Provence exposée aux chutes de
1989

pierre , à une route des Alpes maritimes exposée aux mêmes risques ou à
1990 1991

un passage à niveau de telle sorte qu'il ne semble plus qu'il y ait, à l'heure
1992

actuelle, d'exemples d'ouvrages considérés par le juge comme


exceptionnellement dangereux.
En tout état de cause, la question de savoir si un ouvrage est ou non
exceptionnellement dangereux est une question relative à la qualification
juridique des faits qui peut être soumise au contrôle du juge de cassation . 1993
B. Dommages subis par les riverains des voies publiques 1994

586 Les riverains des voies publiques, c'est-à-dire les propriétaires et locataires
des immeubles situés en bordure de ces voies, sont soumis, en matière de
dommages de travaux publics, à un régime de responsabilité dans lequel la
distinction entre le tiers et l'usager ne joue qu'un rôle limité d'autant plus qu'il
n'est pas toujours facile de les classer dans l'une ou l'autre de ces deux
catégories .1995

Certes, si, par exemple, ils heurtent, alors qu'ils circulaient sur une voie
publique, un arbre tombé de l'accotement de la voie, ils seront considérés
comme des usagers de la voie (d'où une responsabilité pour défaut d'entretien
normal) tandis que, si cet arbre tombe sur leur propriété et les blesse, ils seront
considérés comme des tiers (d'où une responsabilité sans faute) . 1996

Mais, dans d'autres hypothèses, le juge applique systématiquement un régime


de responsabilité sans faute sans se poser la question de savoir si les riverains
sont atteints en la qualité de tiers ou d'usagers ou alors même qu'il les a
qualifiés d'usagers. Il en va ainsi pour les trois types de dommages suivants :
dommages résultant d'atteintes au droit d'accès, dommages résultant
d'allongements de parcours et dommages résultant de modifications apportées
aux conditions de la circulation générale (trois situations qui, en pratique,
peuvent se recouper partiellement).
Il en résulte que les riverains n'auront droit à une indemnisation que si, en
particulier, ils ont subi un dommage anormal. Dans l'appréciation de
l'anormalité du préjudice, le juge fait preuve de plus ou moins de sévérité selon
le type de dommages considéré.
1° Dommages résultant d'atteintes au droit d'accès

587 Les riverains de la voie publique bénéficient d'un certain nombre d'avantages,
dénommés « aisances de voirie » (v. ss 194), au premier rang desquels figure
le droit d'accéder à la voie (sauf s'il s'agit d'une voie à statut particulier comme
une autoroute ou une route express). Lorsque ce droit est supprimé, ils ont
toujours droit à réparation. Comme le note en effet le Conseil d'État, « la
qualité de riverain d'une voie publique confère à celui-ci le droit d'accéder à
cette voie ; (que) ce droit est au nombre des aisances de voirie dont la
suppression donne lieu à réparation au profit de la personne qui en est
privée » .
1997

Il en va ainsi tout particulièrement lorsque la privation du droit d'accès est le


résultat de travaux publics, qu'il s'agisse d'une privation définitive 1998
ou
temporaire ou que l'on ait affaire à des difficultés d'accès d'une ampleur telle
1999
qu'elles sont équivalentes à une suppression . En principe, le juge souligne,
2000

pour fonder l'indemnisation, que de telles situations sont à l'origine d'un


préjudice spécial et anormal . Toutefois, certains arrêts ne font pas
2001

expressément référence à cette exigence , ce qui ne veut pas dire pour autant
2002

qu'elle ne soit pas de mise dans la mesure où l'on peut considérer que la
suppression de l'accès est par nature constitutive d'un préjudice spécial et
anormal de telle sorte qu'il n'est pas nécessaire d'y faire explicitement
référence.
En revanche, si l'accès est restreint sans pour autant que cette restriction
puise être considérée comme équivalente à une suppression, il n'y a pas
indemnisation car le préjudice n'est pas alors considéré comme excédant les
simples inconvénients ou gênes que les riverains doivent normalement
supporter sans indemnité . Pour la même raison, il n'y a pas également
2003

indemnisation si un accès déterminé est supprimé mais que l'immeuble demeure


néanmoins accessible depuis la voie publique par un autre accès même si ce
dernier s'avère moins commode que celui qui a été supprimé . 2004

Bien évidemment, il n'y a pas non plus indemnisation si l'accès qui est
supprimé n'est pas un accès à une voie publique mais à une autre dépendance
domaniale. Il n'y a en effet de droit d'accès du riverain qu'à la voie publique.
Par conséquent, la suppression d'un accès à une autre dépendance domaniale
(ou sa restriction) ne donne jamais lieu à indemnisation . 2005

2° Dommages résultant d'allongements de parcours

588 Le préjudice causé par un allongement de parcours ne sera indemnisé que s'il
excède les sujétions qui doivent normalement être supportées par les
administrés du fait de la vie en société, c'est-à-dire que s'il est anormal.
Il sera d'autant plus facilement considéré comme tel que l'allongement est
d'une longueur significative . 2006

Si c'est le cas, il sera également d'autant plus facilement considéré comme


anormal qu'il est définitif et non temporaire . 2007

Il semble également que le préjudice sera d'autant plus facilement considéré


comme anormal qu'il est subi par un riverain ayant la qualité de tiers que par un
riverain ayant la qualité d'usager. Un riverain de la voie publique est considéré
comme ayant la qualité de tiers lorsque les travaux publics à l'origine de
l'allongement de parcours ne sont pas liés à la conservation ou à la
modernisation de la voie tandis qu'il est considéré comme un usager lorsqu'il
s'agit de travaux de voirie. Le préjudice sera plus aisément considéré comme
anormal dans le premier cas que dans le second dans la mesure où, dans le
premier cas, le riverain ne bénéficie pas directement de ces travaux alors qu'il
en bénéficie dans le second . On remarquera que le fait que la victime soit un
2008

tiers ou un usager ne commande pas l'application, dans le premier cas, d'un


régime de responsabilité sans faute et, dans le second, d'un régime de
responsabilité pour faute présumée, contrairement au droit commun de la
responsabilité pour dommages de travaux publics. Ici, il y a responsabilité sans
faute dans les deux cas de telle sorte qu'un préjudice anormal est exigé dans les
deux hypothèses et la distinction entre le tiers et l'usager intervient seulement
au niveau de l'appréciation de l'anormalité du préjudice : le préjudice sera plus
facilement considéré comme anormal si la victime est un tiers qu'un usager.
3° Dommages résultant des modifications apportées aux conditions de la circulation générale

589 Selon la formule consacrée par le juge, « les modifications affectant la


circulation générale et résultant de changements effectués dans l'assiette ou la
direction des voies publiques ne sont pas de nature à donner droit au versement
d'une indemnité » . Il y a également absence d'indemnité lorsque le dommage
2009

dont il est demandé réparation résulte « de la création de voies nouvelles » . 2010

Il n'en va différemment que lorsque l'accès aux riverains n'est plus assuré 2011

ou est rendu excessivement difficile , ce qui nous ramène à une hypothèse


2012

précédemment évoquée (v. ss 587).


Le rejet de principe de toute indemnisation, hormis cette exception, est
vraisemblablement motivé par le souci de ménager les finances publiques. Il
semble néanmoins particulièrement rigoureux d'autant plus que, si le juge se
refuse en conséquence à indemniser les pertes de clientèle provenant de
modifications affectant la circulation générale et résultant soit de changements
effectués dans l'assiette ou dans la direction des voies publiques soit de la
création de voies nouvelles, il accepte à l'inverse d'indemniser les pertes de
clientèle résultant de la création d'une zone industrielle ou de mesures de
2013

police .
2014

C. Dommages subis par les occupants du domaine public

590 Comme on l'a déjà indiqué (v. ss 183 s.), l'exécution de travaux publics peut
causer des dommages aux occupants du domaine public, soit parce qu'elle
implique un retrait de leur titre d'occupation, soit parce qu'elle provoque une
modification, temporaire ou définitive, des modalités de cette occupation. Ces
dommages donnent lieu à réparation dans tous les cas où ils ont été entrepris
dans un intérêt autre que celui du domaine occupé et dans certains des cas où
ils ont été entrepris dans l'intérêt du domaine occupé.
Si les travaux ont été entrepris dans un intérêt autre que celui du domaine
occupé, l'occupant a toujours droit à être indemnisé de leurs conséquences
dommageables. Par exemple, a droit à une indemnité une personne exploitant un
bateau-lavoir qu'elle a été autorisée à amarrer à la berge d'un fleuve en vertu
d'une autorisation d'occuper le domaine fluvial et qu'elle est dans l'obligation
de déplacer pour des travaux entrepris, non dans l'intérêt du domaine public
fluvial, mais pour permettre l'aménagement d'une voie publique le long du
fleuve .
2015

Si, à l'inverse, les travaux ont été entrepris dans l'intérêt du domaine occupé,
il n'y a pas en principe indemnisation. Ainsi, un exploitant d'une station-service
établie sur la voie publique dont l'activité a été gênée par des travaux de
réfection de la chaussée n'a droit à aucune indemnisation car de tels travaux
sont, à l'évidence, entrepris dans l'intérêt de la dépendance domaniale
considérée . De la même manière, des sociétés qui exploitent des restaurants
2016

sur une place publique ne peuvent demander réparation des préjudices


commerciaux qu'elles auraient subis du fait de travaux d'assainissement et
d'aménagement effectués pendant plusieurs mois sur cette place . Il en va
2017

toutefois différemment dans deux hypothèses particulières.


La première est celle dans laquelle les travaux, bien qu'entrepris dans
l'intérêt du domaine occupé, ont été conduits dans des conditions anormales.
Par exemple, le juge a considéré que les péripéties qui ont affecté la
reconstruction d'un pont et qui ont conduit GDF a déplacer trois fois les
canalisations de gaz que l'entreprise publique avait implantées dans le tablier
du pont étaient constitutives d'une exécution anormale des travaux lui
permettant d'obtenir une indemnisation alors même que les travaux étaient
effectués dans l'intérêt de la dépendance domaniale occupée puisqu'il s'agissait
de reconstruire le pont traversé par les canalisations .
2018

La seconde hypothèse particulière est celle dans laquelle les travaux, bien
qu'entrepris dans l'intérêt du domaine occupé, ne sont pas conformes à sa
destination . Tel est le cas de travaux qui n'ont pas pour objet la conservation
2019

ou l'amélioration de voies existantes mais la création, sur une emprise plus


importante et en partie différente, d'une voie autoroutière et d'une voie locale
nouvelle . En revanche, on a affaire à des travaux conformes à la destination
2020

du domaine occupé, et, en conséquence, il n'y a pas d'indemnisation, lorsqu'il


s'agit de la construction sur une voie fluviale d'une nouvelle écluse et de ses
bassins d'accès , de la construction d'un nouveau bassin dans un port , de la
2021 2022

création d'une voie nouvelle et du remplacement d'un pont , de la 2023

transformation d'une route nationale en section d'autoroute 2024


et de la
construction d'une ligne de tramway en site propre . Le juge semble donc
2025

avoir une conception très restrictive de la notion de travaux non conformes à la


destination du domaine et de nature, de ce fait, à engager la responsabilité de
l'administration.

D. Dommages subis par les bénéficiaires des ouvrages


des associations syndicales de propriétaires

591 Les dommages subis par les bénéficiaires des canaux d'irrigation et
d'assainissement des associations syndicales de propriétaires relèvent d'un 2026

régime de réparation particulier. Ces bénéficiaires auraient pu être considérés


comme des usagers de l'ouvrage public qu'est le canal, ce qui aurait impliqué
que les dommages subis soient réparés par les associations syndicales par
application de la théorie du défaut d'entretien normal. Pourtant, le Conseil
d'État, selon une jurisprudence traditionnelle qu'il n'est pas très facile
d'expliquer , soumet la responsabilité des associations syndicales à un
2027

régime de responsabilité pour faute, par exemple inondation résultant d'un


mauvais fonctionnement de l'ouvrage , insuffisance d'irrigation
2028
ou 2029

pénétration d'eau salée entraînant l'intoxication du bétail . 2030

De la même manière, il faut une faute pour engager la responsabilité d'une


association syndicale de propriétaires en charge de canaux d'assèchement de
marais lorsque l'insuffisance de ces canaux provoque l'inondation des
propriétés riveraines . 2031

De la même manière encore, il faut une faute pour engager la responsabilité


d'une association syndicale de propriétaires chargée de la réfection d'une
avenue du fait de désordre affectant un immeuble la bordant . 2032

Enfin, si est mise en jeu par la victime la responsabilité, non de l'association


syndicale pour le compte de laquelle les travaux ont été exécutés, mais celle du
maitre d'œuvre ou des entrepreneurs chargés de les effectuer, elle ne sera
également engagée que s'ils ont commis une faute dans l'accomplissement de
leur mission . 2033

SECTION 3. LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITÉ

§ 1. Saisine du juge

A. Règles de compétence
1° Compétence du tribunal administratif dans le ressort duquel se trouve le lieu où le fait
générateur du dommage s'est produit
592 Sous réserve des limites signalées plus haut (v. ss 545 s.) et qui concernent les
dommages résultant d'une voie de fait, les dommages résultant d'un véhicule,
les dommages subis par les usagers d'un service public industriel et
commercial, les dommages subis par les cocontractants lorsque le contrat est
un contrat de droit privé, les dommages accessoires à une expropriation, les
dommages accessoires à l'institution d'une servitude et les dommages
constitutifs d'une contravention de voirie, le contentieux des dommages de
travaux publics relève de la compétence du juge administratif et, plus
précisément, en premier ressort et sur le fondement de l'article R. 312-14 2 du o

Code de justice administrative, de celle « du tribunal administratif dans le


ressort duquel se trouve le lieu où le fait générateur du dommage s'est
produit ».
Dans le cas particulier où le dommage s'est produit hors du ressort de tout
tribunal administratif, le recours relève en premier et dernier ressort de la
compétence du Conseil d'État . 2034

2° Appel et cassation

593 Depuis la réforme du contentieux administratif résultant de la loi du


31 décembre 1987, l'appel relève de la compétence de la cour administrative
d'appel dans le ressort de laquelle se trouve le tribunal administratif qui a
statué en première instance.
Un recours en cassation est ouvert devant le Conseil d'État contre les arrêts
rendus par la cour administrative d'appel.
La question de savoir s'il y a ou non défaut d'entretien normal est une
question qui relève de l'appréciation souveraine des juges du fond et qui n'est
donc pas susceptible d'être discutée devant le juge de cassation . Il en va de
2035

même de l'imputation à la faute commise par l'usager d'un ouvrage public de la


totalité des conséquences dommageables de l'accident dont cet usager a été
victime .
2036

En revanche, le juge de cassation contrôle, au titre de la qualification


juridique des faits, l'appréciation par les juges du fond du caractère anormal et
spécial du préjudice . De même, la question de savoir si l'on a affaire ou non
2037

à un ouvrage exceptionnellement dangereux est une question de qualification


juridique des faits susceptible d'être soumise au contrôle du juge de
cassation . Ce dernier contrôle également à ce titre la qualité d'usager ou
2038 2039

de tiers par rapport à un ouvrage public de même que le caractère


2040

exonératoire de la faute de la victime . 2041

3° Compétence du juge administratif concernant tant les actions contre la personne publique
maître de l'ouvrage que contre les personnes privées qui ont concouru à sa réalisation
594 Comme on l'a déjà indiqué, l'article 4 de la loi du 28 pluviôse an VIII disposait
seulement (par suite, semble-t-il, d'une erreur de plume du législateur) que « le
conseil de préfecture (aujourd'hui le tribunal administratif) prononcera (c'est-à-
dire statuera)… sur les réclamations des particuliers qui se plaindront des torts
et dommages procédant du fait personnel des entrepreneurs, et non du fait de
l'administration ». Dans ces conditions, on aurait pu penser qu'il excluait de la
compétence du juge administratif les recours en responsabilité dirigés contre
l'administration, c'est-à-dire, plus précisément, contre l'administration maître
de l'ouvrage. Pourtant, considérant qu'il était artificiel de séparer les recours
intentés contre les entrepreneurs de ceux dirigés contre l'administration, le juge
administratif ne s'en est pas tenu à la lettre du texte et a considéré qu'il était
compétent que le recours soit dirigé contre un entrepreneur privé ou contre
l'administration publique . 2042

L'article 4 de la loi du 28 pluviôse an VIII n'évoquait également que les


réclamations émanant des particuliers. Mais, évidemment, le juge administratif
est compétent quelle que soit la qualité de la personne victime d'un dommage
de travaux publics, qu'il s'agisse par exemple d'un entrepreneur 2043
ou d'une
personne publique . 2044

En réalité, ce qui est remarquable dans la loi de l'an VIII, c'est qu'elle
attribuait au juge administratif la connaissance des actions intentées par des
particuliers contre des entrepreneurs, c'est-à-dire d'actions entre personnes de
droit privé, cela contrairement au principe général selon lequel un litige ne peut
relever de la juridiction administrative que si au moins une personne publique
est partie au litige.
La notion d'entrepreneur est d'ailleurs entendue au sens large puisque,
finalement, le juge administratif pourra connaître de toutes les actions intentées
par la victime du dommage de travail public contre tous ceux qui ont participé
à la réalisation du travail et concouru de ce fait à la réalisation du dommage,
l'entrepreneur bien sûr mais aussi le concessionnaire qui sera assimilé à
l'entrepreneur , l'architecte , le sous-traitant , le préposé de l'entreprise
2045 2046 2047

qui a effectué les travaux … 2048

Le juge administratif sera également compétent pour connaître de l'action


contre un particulier qui, en dehors des cas précédents, exécute des travaux
publics pour le compte de l'administration, par exemple un permissionnaire de
voirie qui, exceptionnellement, effectue un travail public pour le compte de
l'administration .2049

En revanche, si le particulier ne participe pas à la réalisation d'un travail


public ou s'il n'est pas lié à un ouvrage public, par exemple s'il s'agit
simplement du propriétaire d'un immeuble bordant une voie publique qui ne
peut être regardé comme une dépendance ou un accessoire de l'ouvrage public
constitué par cette voie, l'action intentée contre lui relève bien évidemment de
la compétence judiciaire . 2050

En un mot, et pour reprendre une formule classique que l'on trouve souvent
sous la plume du Tribunal des conflits , « les juridictions administratives sont
2051

compétentes pour statuer sur les demandes d'indemnité formées à raison de


dommages subis par suite d'une opération de travail public dès lors que les
personnes dont la responsabilité est recherchée participent au travail public et
ont la qualité de tiers par rapport à la victime ».
4° Cas particulier des appels en garantie et actions récursoires

595 Comme on le verra (v. ss 607), la personne dont la responsabilité est mise en
cause par la victime devant le juge administratif peut, au cours de l'instance,
appeler en garantie une autre personne qui, selon elle, a concouru à la
réalisation du dommage ou, une fois condamnée à payer, intenter contre elle une
action récursoire.
L'appel en garantie ou l'action récursoire relève de la compétence du juge
administratif lorsque l'auteur de l'appel ou de l'action dirige son action contre
une personne à laquelle il est lié par un contrat de droit public, par exemple
action du maître de l'ouvrage contre l'un des constructeurs . 2052

En revanche, c'est le juge judiciaire qui est compétent lorsque le litige


oppose deux personnes liées par un contrat de droit privé, par exemple
entrepreneur et sous-traitant ou entrepreneur et architecte . 2053

5° Cas particulier de l'action dirigée contre l'assureur de l'auteur du dommage de travail public

596 L'article 53 de la loi du 13 juillet 1930 (aujourd'hui, C. assur., art. L. 124-3)


autorise la victime d'un dommage à former un recours direct contre l'assureur
de l'auteur de ce dommage. Dès lors, il est possible que la victime d'un
dommage de travail public, au lieu de mettre en jeu (devant le juge
administratif) la responsabilité du maître de l'ouvrage ou de l'entrepreneur,
dirige son action contre son assureur. Dans la mesure où cette action a pour
objet de forcer l'assureur à honorer l'obligation stipulée dans le contrat
d'assurance qui est un contrat de droit privé , cette action relève de la
2054

compétence du juge judiciaire . En d'autres termes, selon que l'action de la


2055

victime d'un dommage de travaux publics est dirigée contre l'entrepreneur (ou
l'architecte ou le sous-traitant) ou selon qu'elle est dirigée contre son assureur,
elle relève soit de la compétence du juge administratif soit de la compétence du
juge judiciaire .2056

Relève également de la compétence du juge judiciaire l'action exercée par


l'assureur de l'auteur d'un dommage de travaux publics qui, après avoir
indemnisé la victime, se retourne contre l'assureur d'un coauteur du
dommage . 2057

En revanche, il va de soi que l'action de l'assureur subrogé dans les droits de


la victime d'un dommage de travail public contre l'auteur de ce dommage et non
contre son assureur relève de la compétence du juge administratif . 2058

6° Cas particulier du dommage de travail public constitutif d'une infraction pénale

597 Lorsque le dommage de travail public est constitutif d'une infraction pénale,
par exemple infraction pénale commise par un entrepreneur de travaux publics
ou par un de ses préposés, la victime peut certes, devant le juge administratif,
intenter une action en responsabilité contre le maître de l'ouvrage,
l'entrepreneur ou son préposé mais peut-elle aussi joindre son action civile à
l'action publique intentée contre l'auteur de l'infraction devant le juge pénal ?
La jurisprudence a longtemps hésité sur la réponse à apporter à cette
interrogation . Finalement, le Tribunal des conflits a répondu par l'affirmative
2059

en considérant que la victime qui a saisi le juge administratif peut également


demander réparation au juge répressif . En d'autres termes, le dommage de
2060

travail public est susceptible, dans ce cas particulier, d'être réparé et par le
juge administratif et par le juge pénal . 2061

B. Règles de procédure

598 Comme on l'a déjà signalé (v. ss 293 s.), ces règles de procédure présentent
trois particularités notables par rapport à la procédure administrative
contentieuse de droit commun : il n'y a pas pour la victime d'un dommage de
travaux publics d'obligation de susciter une décision préalable avant de saisir
le juge ; elle a la possibilité de saisir le juge à tout moment, ce qui revient à
dire que son action n'est pas soumise à des délais autres que les règles qui
découlent de la déchéance quadriennale ; elle a la possibilité d'agir sans
ministère d'avocat devant le tribunal administratif . 2062

§ 2. Patrimoine responsable 2063

599 Dans le souci de favoriser l'indemnisation de la victime, la jurisprudence lui


permet souvent de diriger son action contre les personnes les plus variées. Il en
résulte que la personne ou les personnes contre lesquelles la victime a dirigé
son action peuvent en réalité ne pas être ou n'être que partiellement à l'origine
du préjudice subi. C'est pourquoi ce ou ces débiteurs primaires peuvent se
retourner contre la ou les personnes qui ont totalement ou partiellement
concouru à la réalisation du dommage. C'est le problème de l'imputation
définitive de la responsabilité. Bien évidemment, le problème des débiteurs
primaires de l'indemnité et de l'imputation définitive de la responsabilité se
pose en termes spécifiques lorsque la victime du dommage de travail public est
un assuré social et que ce dommage est un dommage corporel pris en charge
par les caisses de Sécurité sociale.

A. Débiteurs primaires de l'indemnité

Plusieurs hypothèses doivent être distinguées.


1° Dommages résultant de l'exécution d'un travail public

a) Travail public exécuté par une personne publique

600 Lorsque le travail public est exécuté par la personne publique elle-même en
régie, c'est-à-dire avec son propre personnel et son propre matériel, la victime
ne peut évidemment diriger son action que contre cette personne publique.
Plus complexe est l'hypothèse dans laquelle les travaux sont exécutés en
régie par la personne publique pour le compte d'une autre personne publique.
Deux cas doivent alors être distingués.
En premier lieu, lorsque la personne publique prête son concours à une autre
personne publique sur le fondement d'un texte spécial qui donne à cette
dernière autorité sur le personnel de la première (ce qui est souvent le cas
lorsque ce texte spécial impose à la seconde de recourir au concours de la
première pour réaliser une opération déterminée), la victime doit alors
rechercher la responsabilité de la personne publique qui a autorité sur le
déroulement des travaux et non celle de la personne publique qui les exécute.
Par exemple, lorsque les services techniques de l'État (dénommés à l'origine
services des ponts et chaussées puis services de l'équipement) entretenaient la
voirie locale (voirie communale, voirie départementale) en étant placés sous
l'autorité du maire ou du président du conseil général , c'est la responsabilité
2064

de la commune ou du département et non celle de l'État qui devait être engagée


par la victime de dommages causés par ces travaux . 2065

En second lieu, si la personne publique prête son concours à une autre


personne publique sans que son personnel ne soit placé sous l'autorité de cette
dernière (ce qui est généralement le cas lorsque cette dernière fait
volontairement appel au concours de la première en concluant avec elle une
convention semblable à celle qui peut être conclue avec un entrepreneur), la
victime peut demander réparation à la personne publique qui exécute les
travaux mais elle peut se tourner aussi vers la personne publique pour le
compte de laquelle ils sont effectués voire demander la condamnation solidaire
des deux personnes publiques . 2066

b) Travail public exécuté par un concessionnaire de travaux publics

601 Lorsque le travail public a été confié à un concessionnaire, ce dernier, et non la


personne publique concédante, est responsable des dommages causés alors
même que ceux-ci ont été exécutés sous la surveillance du concédant. Il est en
effet de règle, en matière de concession de travaux publics comme d'ailleurs de
concession ou de délégation de service public, que la responsabilité du
concessionnaire soit, à l'égard de la victime d'un dommage, substituée à celle
de la personne publique concédante.
Il n'en va différemment que dans le cas particulier où le concessionnaire
s'avère insolvable : la victime peut alors, après que son insolvabilité a été
constatée (par exemple à la suite de l'action diligentée contre lui), se retourner
contre la personne publique concédante.
c) Travail public exécuté par un entrepreneur

602 Dans une telle hypothèse, la victime dispose d'une pluralité d'options. Elle peut
demander réparation de l'intégralité du dommage subi, soit à la personne
publique maître de l'ouvrage, soit à l'entrepreneur qui a exécuté les travaux,
soit à l'un et à l'autre en demandant leur condamnation solidaire . 2067

Peuvent être également mises en jeu, dans les mêmes conditions, la


responsabilité du sous-traitant , celle de l'architecte , celle de maître
2068 2069

d'œuvre ou encore celle du concepteur .


2070 2071

Il en va ainsi même si une convention conclue entre tel ou tel débiteur


primaire de l'indemnité écarte la responsabilité de l'un d'entre eux, la victime
du dommage étant un tiers par rapport à cette convention qui, dès lors, ne lui est
pas opposable . 2072

Il en va également ainsi même si le dommage survient après la réception


définitive des travaux, cette réception n'étant pas opposable à la victime qui
n'est pas partie au marché de travaux publics . 2073

d) Travail public exécuté par un collaborateur bénévole

603 Si, comme on vient de le voir, la victime peut mettre en jeu, séparément ou
concurremment, la responsabilité du maître de l'ouvrage ou de l'entrepreneur
(et des autres constructeurs), il n'en va ainsi que dans le cas où le travail public
est effectué par un entrepreneur agissant à titre professionnel ou, à tout le
moins, par une personne physique ou morale agissant dans des conditions
permettant de l'assimiler, notamment du fait de l'intérêt direct ou indirect
qu'elle tire de l'exécution du travail, à un entrepreneur. En revanche, lorsque le
travail public est effectué par un collaborateur bénévole qui ne tire aucun
avantage direct ou indirect de sa réalisation, la victime ne peut mettre en jeu la
responsabilité de ce dernier : elle ne peut diriger son action que contre le
maître de l'ouvrage . 2074

2° Dommages résultant de l'existence, de l'état ou du fonctionnement d'un ouvrage public

a) Ouvrage public concédé

604 Si le dommage est causé par un ouvrage dépendant d'une concession, seule la
responsabilité du concessionnaire peut être engagée par la victime et cela alors
même que l'autorité concédante avait la surveillance de l'ouvrage.
Toutefois, tout comme pour les dommages causés par l'exécution d'un travail
public, la responsabilité de l'autorité concédante peut être engagée dans le cas
particulier où le concessionnaire s'avère insolvable . 2075

b) Ouvrage public affermé

605 L'affermage se distingue de la concession en ce sens que, alors que, dans le


cadre d'un ouvrage public concédé, le concédant se voit confier par
l'administration délégante tant la construction de l'ouvrage que son exploitation,
dans le cadre d'un ouvrage public affermé, le fermier se voit simplement
confier l'exploitation de l'ouvrage, ce dernier ayant déjà été réalisé . 2076

En conséquence, alors que, dans le cas d'un ouvrage public concédé, la


victime d'un dommage de travaux publics doit toujours, comme on vient de le
voir, engager la responsabilité du concessionaire (sauf insolvabilité de celui-
ci) et cela que le dommage résulte de l'existence de l'ouvrage ou de son
fonctionnement, dans le cas d'un ouvrage affermé, la victime ne doit engager la
responsabilité du fermier que si le dommage est imputable au fonctionnement
de l'ouvrage. Si le dommage est imputable à l'existence de l'ouvrage, à sa
nature ou à ses dimensions, c'est exclusivement la responsabilité de l'affermant,
c'est-à-dire de la personne publique maître de l'ouvrage, qui doit être
recherchée .2077

c) Ouvrage public non concédé ou affermé

606 Deux hypothèses doivent alors être distinguées.


Si le dommage résulte de la simple existence de l'ouvrage, de sa simple
présence, indépendamment de son état d'entretien ou d'un éventuel vice de
construction ou encore de ses conditions de fonctionnement, la victime ne peut
demander réparation qu'au seul maître de l'ouvrage 2078
et non à l'entrepreneur
qui l'a construit ou au maître d'œuvre qui a dirigé les travaux . 2079

Si, à l'inverse, le dommage résulte d'un défaut d'entretien de l'ouvrage ou


d'un vice dans sa construction ou encore de ses conditions de fonctionnement,
la victime peut mettre en jeu, soit la responsabilité du maître de l'ouvrage, soit
celle de l'entrepreneur (ou des autres constructeurs ou encore de l'utilisateur de
l'ouvrage), soit les deux solidairement . Il en va ainsi alors même qu'une
2080

convention a été signée entre le maître de l'ouvrage et l'entrepreneur (ou


l'utilisateur) mettant à la charge de ce dernier le poids de la réparation ou alors
même que le dommage est postérieur à la réception définitive de l'ouvrage.
Dans le cas particulier où une personne publique distincte de la personne
publique propriétaire de l'ouvrage est chargée de son entretien, la victime peut,
de la même manière, mettre en jeu, soit la responsabilité de la personne
publique propriétaire, soit celle de la personne publique en charge de
l'entretien, soit les deux solidairement .
2081

B. Imputation définitive de la responsabilité

607 Le ou les débiteurs primaires poursuivis par la victime peuvent se retourner


contre la ou les personnes publiques ou privées auteurs ou coauteurs du
dommage en demandant qu'elles supportent en tout ou partie le poids définitif
de la réparation. Ce règlement définitif de la charge indemnitaire s'effectue,
soit par la voie d'un appel en garantie formé par le ou les débiteurs primaires
de l'indemnité lors de l'action principale intentée contre lui ou eux par la
victime , soit par la voie d'une action récursoire formée par le ou les
2082

débiteurs primaires une fois qu'ils ont été condamnés .2083

Les règles de fond applicables à ces actions n'ont rien à voir avec celles qui
régissent la réparation du dommage subi par la victime et sont les mêmes
2084

que la victime ait vu son préjudice réparé par application d'un régime de
responsabilité sans faute, d'un régime de présomption de faute ou d'un régime
de responsabilité pour faute : le juge statue en se fondant, soit sur les
stipulations des contrats conclus entre les coauteurs du dommage, soit sur les
dispositions législatives ou réglementaires applicables en l'espèce, soit, à
défaut, en fonction des fautes qui peuvent être imputées aux coauteurs, la
réception des travaux sans réserve pouvant toutefois empêcher la mise en
œuvre de ses actions.
1° Stipulations contractuelles
608 Il arrive très souvent que les contrats conclus entre le maître de l'ouvrage et les
constructeurs contiennent des clauses relatives à la détermination du patrimoine
responsable en cas de dommage. Par exemple, il est stipulé que l'entrepreneur
sera responsable de tous les dommages consécutifs à l'exécution des travaux. Si
de telles clauses n'ont aucun effet à l'égard de la victime du dommage, elles
régissent en revanche le poids définitif de la réparation. Ainsi, si la victime a
seulement mis en jeu la responsabilité du maître de l'ouvrage, ce dernier peut
se retourner, conformément aux stipulations de la convention, contre
l'entrepreneur.
Toutefois, il ne faudrait pas exagérer la portée de ces clauses de garantie
dans la mesure où elles ne jouent pas dans un certain nombre d'hypothèses : cas
de force majeure ou faute lourde commise par le maître de l'ouvrage , par 2085

exemple dans la conception des travaux ou leur direction , voire même vice
2086

de conception de l'ouvrage imputable aux services du maître de l'ouvrage et


non expressément qualifié de faute lourde . 2087

2° Dispositions législatives ou réglementaires

609 L'imputation définitive de la responsabilité peut parfois être aussi régie par une
disposition législative ou réglementaire que le juge se borne à appliquer. Par
exemple, plusieurs textes mettent à la charge des communes, des départements
ou des régions l'entretien des bâtiments mis à la disposition de plusieurs
services publics de l'État. Si la victime a dirigé son action contre l'État alors
que le dommage subi est imputable à un défaut d'entretien, le juge fera
supporter le poids final de la réparation à la collectivité locale qui, de par les
textes, a l'obligation d'entretenir l'ouvrage . 2088

3° Fautes imputables aux coauteurs du dommage

610 À défaut de stipulations contractuelles ou de dispositions légales ou


réglementaires réglant le problème du patrimoine responsable, la répartition
définitive des responsabilités est effectuée par le juge en prenant en
considération les fautes respectives commises par les coauteurs du dommage.
Par exemple, si l'accident subi par un piéton du fait de l'effondrement sous
son poids d'une dalle fermant un regard de visite d'égout est imputable à la fois
à un entrepreneur chargé d'un travail public dont le préposé avait endommagé
le regard sans que le danger en résultant ne soit signalé et à la commune qui,
finalement avisée des dégâts causés à l'ouvrage, s'était abstenue de pallier la
négligence de son entrepreneur, le juge partagera le poids définitif de la
responsabilité entre l'entrepreneur et la commune alors même la victime n'avait
mis en jeu que la responsabilité de la commune du moment que cette dernière a
appelé l'entrepreneur en garantie . 2089

Par exemple encore, si un incendie ayant pour origine l'utilisation d'un


chalumeau par les préposés d'un entrepreneur chargé par EDF de la réalisation
d'un travail public est exclusivement imputable à la faute des préposés, EDF
n'ayant pour sa part commise aucune faute, cette dernière pourra faire supporter
à l'entreprise le poids total de la réparation alors même que c'est contre elle
que la victime du dommage avait dirigé son action . 2090

4° Incidence de la réception définitive des travaux sans réserve

611 Le maître de l'ouvrage dont la responsabilité est engagée par la victime d'un
dommage de travaux publics ne peut en principe appeler en garantie
l'entrepreneur (ou intenter contre lui une action récursoire) que pour autant que
la réception des travaux n'a pas eu lieu (ou que pour autant qu'elle a eu lieu et
qu'elle a donné lieu à des réserves).
Si elle a eu lieu et qu'il s'est agi d'une réception sans réserve et dans la
mesure où il est mis fin alors aux rapports contractuels entre le maître de
l'ouvrage et l'entrepreneur, le premier ne peut plus appeler en garantie le
second alors même que les dommages dont la victime demande réparation
n'étaient ni apparents ni connus à la date de la réception. Il existe toutefois trois
exceptions, apparues au fil de l'évolution de la jurisprudence , à cette2091

impossibilité pour le maître de l'ouvrage d'appeler en garantie l'entrepreneur :


en premier lieu, lorsqu'il existe une stipulation contractuelle contraire qui
prolonge l'engagement contractuel pour les dommages causés aux tiers au-delà
de la réception des travaux ; en second lieu, lorsque la réception des travaux
n'a été acquise à l'entrepreneur qu'à la suite de manœuvres frauduleuses ou
dolosives de sa part ; en troisième lieu, lorsque les dommages dont il est
demandé réparation entrent dans le champ d'application de la responsabilité
décennale.
On aurait pu s'attendre à ce que les mêmes règles régissent l'appel en
garantie de l'entrepreneur contre le maître de l'ouvrage. Or, il n'en est rien : elle
est toujours possible qu'il n'y ait pas eu ou qu'il y ait eu une réception définitive
des travaux sans réserve . 2092

C. Cas particulier des dommages réparés par les caisses de Sécurité


sociale 2093

612 Lorsque la victime est un assuré social, ce qui est généralement le cas, et que le
dommage de travail public qu'elle a subi est notamment une atteinte à son
intégrité physique, ce dommage sera automatiquement réparé par les prestations
versées par les caisses de Sécurité sociale, soit au titre du régime de droit
commun de l'assurance-maladie, soit au titre du régime spécifique de la
réparation des accidents du travail. La victime peut toutefois, si elle estime que
les prestations versées par les caisses ne couvrent pas l'intégralité du préjudice
subi, se retourner contre l'auteur du dommage. De son côté, la caisse de
Sécurité sociale qui a indemnisé la victime peut également se retourner contre
l'auteur du dommage.
1° Recours de la victime

613 En application des articles L. 376-1 (régime des assurances sociales) et


L. 454-1 (régime des accidents du travail), premier alinéa, du Code de la
Sécurité sociale, la victime a la possibilité de poursuivre directement le tiers
responsable de l'accident (sauf s'il s'agit de son employeur hormis le cas d'une
faute inexcusable ou intentionnelle de ce dernier ou d'un de ses préposés :
articles L. 452-1 et ss. du Code de la Sécurité sociale) afin d'être indemnisée
de l'intégralité du préjudice subi dans l'hypothèse, au demeurant fréquente, où
ce préjudice n'aurait pas été entièrement réparé par les indemnités forfaitaires
versées par la Sécurité sociale qui, on le sait, ne couvrent pas par exemple les
souffrances physiques ou morales endurées ou le préjudice esthétique ou
d'agrément subi (ni, a fortiori, les dommages causés aux biens). En d'autres
termes, la victime peut demander au tiers responsable une indemnité égale à la
différence entre le montant total du préjudice subi du fait du dommage de
travail public et le montant des prestations versées par la caisse de la Sécurité
sociale compétente.
Le droit applicable à cette action est le droit des dommages de travaux
publics : outre le fait que le juge compétent est le juge du contentieux des
travaux publics, c'est-à-dire le juge administratif (sauf si l'action est dirigée
contre l'employeur de la victime parce que ce dernier a commis une faute
inexcusable ou intentionnelle à l'origine du préjudice, auquel cas elle relève de
la compétence de la juridiction de la Sécurité sociale), les règles de fond
dépendront de la situation de la victime, application d'un régime de
responsabilité sans faute si elle est un tiers par rapport à l'ouvrage, application
d'un régime de présomption de faute si elle en est un usager…
2° Recours de la caisse de Sécurité sociale

614 De son côté, la caisse de Sécurité sociale qui a indemnisé la victime peut
demander au tiers responsable de l'accident le remboursement des sommes
qu'elle a versées (ou qu'elle devra verser) à la victime, cette dernière devant
d'ailleurs, si elle a intenté une action contre le tiers responsable, appeler la
caisse en déclaration de jugement commun. L'action de la caisse est régie par
les articles L. 376-1 (régime de l'assurance-maladie) et L. 454-1 (régime des
accidents du travail), troisième alinéa, du Code de la Sécurité sociale.
TROISIÈME PARTIE
L'EXPROPRIATION POUR CAUSE
D'UTILITÉ PUBLIQUE

TITRE 1 GÉNÉRALITÉS

TITRE 2 LA PHASE ADMINISTRATIVE

TITRE 3 LA PHASE JUDICIAIRE

TITRE 4 LES PROCÉDURES SPÉCIALES ET LES INCIDENTS

615 Bibliographie récente


• Manuels ou traités de droit administratif :
S. BOUSSARD et C. LE BERRE, Droit administratif des biens, LGDJ, 2014
R. CHAPUS, Droit administratif général, Tome 2, Montchrestien, 15e éd., 2001.
N. FOULQUIER, Droit administratif des biens, LexisNexis, 2e éd., 2013
Y. GAUDEMET, Traité de droit administratif – Droit administratif des biens, Tome 2, LGDJ, 15e éd.,
2014
P. GODFRIN et M. DEGOFFE, Droit administratif des biens, Sirey, 11e éd., 2015
C. GUETTIER, Droit administratif des biens, PUF, 2008
C. LAVIALLE, Droit administratif des biens, PUF, 1996
J. MORAND-DEVILLER, Droit administratif des biens, Montchrestien, 8e éd., 2014

• Ouvrages spécialisés :
A. BERNARD, Mémento de l'expropriation, Le Moniteur, 1994.
A. BERNARD et M. HUYGHE, Expropriation des biens, Le Moniteur, 11e éd., 2006.
P. BON et P. CARRIAS, Dictionnaire juridique – Expropriation, Dalloz, 1993.
G. GANEZ-LOPEZ, L'expropriation pour cause d'utilité publique, L'Harmattan, 2003.
R. HOSTIOU et J.-F. STRUILLOU, Expropriation et préemption, Litec, 4e éd., 2011.
J. LEMASURIER, Le droit de l'expropriation, Économica, 3e éd., 2005.
D. MUSSO, Le régime juridique de l'expropriation, J. Delmas et Cie, 4e éd., 1984.

• J.-Cl. administratif :
P. TIFINE, « Expropriation – Régime général et objet de la procédure », J.-Cl. adm., fasc. 400-10.
P. TIFINE, « Expropriation – Phase administrative », J.-Cl. adm., fasc. 400-12.
M. SOUSSE, « Expropriation pour cause d'utilité publique – Transfert de propriété », J.-Cl. adm., fasc.
400-14.
M. SOUSSE, « Expropriation pour cause d'utilité publique – Indemnisation », J.-Cl. adm., fasc. 400-16.
P. BILLET et P. TIFINE, « Expropriation – Régimes spéciaux », J.-Cl. adm., fasc. 400-18.

• J.-Cl. rural :
P. TIFINE, « Expropriation pour cause d'utilité publique – Régime général et objet de la procédure », J.-
C. rural, fasc. 101.
P. TIFINE, « Expropriation – Phase administrative », J.-C. rural, fasc. 102.
P. TIFINE, « Aménagement du territoire et structures rurales – Expropriation pour cause d'utilité publique
– Phase judiciaire – Transfert de propriété », J.-C. rural, fasc. 103.
Y. JÉGOUZO et P. TIFINE, « Aménagement du territoire et structures rurales – Expropriation pour cause
d'utilité publique – Phase judicaire – Indemnisation – Règles de procédure », J.-C. rural, fasc. 104.
P. TIFINE, « Aménagement du territoire et structures rurales – Expropriation pour cause d'utilité publique
– Phase judiciaire – Indemnisation – Préjudice réparable », J.-C. rural, fasc. 105.
P. TIFINE, « Aménagement du territoire et structures rurales – Expropriation pour cause d'utilité publique
– Phase judiciaire – Indemnisation – Règles d'évaluation du préjudice », J.-C. rural, fasc. 106.
P. TIFINE, « Aménagement du territoire et structures rurales – Expropriation pour cause d'utilité publique
– Procédures spéciales », J.-C. rural, fasc. 107.

• J.-Cl. collectivités territoriales et J.-Cl. propriétés publiques :


R. HOSTIOU, « Expropriation pour cause d'utilité publique – Conditions générales de mise en œuvre », J.-
Cl. Coll. territoriales, fasc. 1212 et J.-Cl. Propriétés publiques, fasc. 24.
R. HOSTIOU, « Expropriation pour cause d'utilité publique – Enquête préalable à la déclaration d'utilité
publique », J.-Cl. Coll. territoriales, fasc. 1213 et J.-Cl. Propriétés publiques, fasc. 24-10.
R. HOSTIOU, « Expropriation pour cause d'utilité publique – Déclaration d'utilité publique », J.-Cl. Coll.
territoriales, fasc. 1214 et J.-Cl. Propriétés publiques, fasc. 24-20.
R. HOSTIOU, « Procédure de cessibilité », J.-Cl. Coll. territoriales, fasc. 1215 et J.-Cl. Propriétés
publiques, fasc. 24-30.
R. HOSTIOU, « Transfert de propriété », J.-Cl. Coll. territoriales, fasc. 1216 et J.-Cl. Propriétés
publiques, fasc. 24-40.
R. HOSTIOU, « Évaluation et indemnisation du bien exproprié », J.-Cl. Coll. territoriales, fasc. 1217 et
J.-Cl. Propriétés publiques, fasc. 25.
R. HOSTIOU, « Règlement de l'indemnité », J.-Cl. Coll. territoriales, fasc. 1218 et J.-Cl. Propriétés
publiques, fasc. 25-10.

• Répertoire de droit civil Dalloz et Répertoire de droit immobilier Dalloz :


C. MOREL, « Expropriation pour cause d'utilité publique ».

• Code de l'expropriation commenté et annoté :


P. BON, Dalloz, 1re éd., 2015.
R. HOSTIOU, Litec, 15e éd., 2015.

• Chroniques de jurisprudence :
M. HUYGHE, JCP.
S. GILBERT, R. HOSTIOU, A. LÉVY et C. MOREL, AJDI.
R. HOSTIOU et C. MOREL, RDI.

Bibliographie plus ancienne


R. ALLARD, Le droit administratif de l'expropriation et des marchés publics, Eyrolles, 1974.
J.-M. AUBY, R. DUCOS-ADER et J.-C. GONTHIER, L'expropriation – Régime juridique, méthode
d'évaluation, formulaire, Sirey, 1968.
J.-M. AUBY et R. DUCOS-ADER, Droit administratif – L'expropriation pour cause d'utilité publique,
L'aménagement du territoire, L'urbanisme et la construction, Dalloz, 1980, 4e éd.
F. BARNIER, L'expropriation – Traité pratique, Librairie du journal des notaires et des avocats, 2 tomes,
sans date.
G. BAUDRY, L'expropriation pour cause d'utilité publique, 3e éd. par M. Rousselet, M. Patin et M. Ancel,
Sirey, 1953.
M. BLANC-PATTIN, J. CHEVALLIER et F. D'ARCY, L'expropriation en question, CNRS, 1977.
D. CHAMPIGNY, L'expropriation et la rénovation urbaine – Les personnes et les biens expropriés,
Reconstitution des biens, LGDJ 1968, mise à jour 1971.
G. FERRIÈRE, Le droit de l'expropriation pour cause d'utilité publique – Principes et technique, leur
évolution, Delmas, 1943.
A. HOMONT, L'expropriation pour cause d'utilité publique, Litec, 1975.
P.-L. JOSSE, Travaux publics, expropriation, Sirey, 1958, mise à jour 1960.
P.-L. JOSSE, « Expropriation pour cause d'utilité publique », Répertoire de droit public et administratif
Dalloz.
M. A. LATOURNERIE, Urbanisme et expropriation – Jurisprudence administrative, La documentation
française, 1974.
A. LE TARNEC, Manuel de l'expropriation, Dalloz, 1960.
F. MODERNE, « Regards sur l'expropriation en matière d'urbanisme », RDI 1979. 148.
Y. NICOLAS, Le nouveau régime de l'expropriation, Berger-Levrault, 5e éd., 1982. Expropriation, Colloque
de Marly des 19 et 20 avril 1977 ; Expropriation, Colloque de Marly des 13 et 14 juin 1978 ; Les
entreprises face à l'expropriation, Litec, 1977.

Après un titre 1 consacré à une présentation générale de l'expropriation pour


cause d'utilité publique, on abordera successivement la phase administrative
(titre 2) et la phase judiciaire (titre 3) de la procédure normale d'expropriation
avant d'envisager pour terminer les procédures spéciales qui y dérogent de
même que les incidents qui peuvent affecter tant ces dernières que la procédure
de droit commun (titre 4).
TITRE 1
GÉNÉRALITÉS

CHAPITRE 1 L'HISTOIRE DE L'EXPROPRIATION


CHAPITRE 2 LES SOURCES DE L'EXPROPRIATION
CHAPITRE 3 LA DÉFINITION DE L'EXPROPRIATION
Avant de définir l'expropriation comme la prérogative de l'État permettant, à
l'initiative d'une personne publique ou privée, dans un but d'utilité publique et
moyennant le respect d'un certain nombre de garanties de procédure et de fond,
de contraindre une personne publique ou privée à céder la propriété d'un
immeuble ou d'un droit réel immobilier à une personne publique ou privée, il
convient de situer l'institution dans l'histoire et le droit. D'où les trois chapitres
suivants : l'histoire de l'expropriation pour cause d'utilité publique, ses sources
et sa définition.
CHAPITRE 1
L'HISTOIRE DE L'EXPROPRIATION

§ 1. Le droit romain
§ 2. L'Ancien Régime
§ 3. La Révolution
§ 4. Le Premier Empire
§ 5. La Monarchie de Juillet
§ 6. La Troisième et la Quatrième République
§ 7. La Cinquième République
On s'en tiendra ici à des développements extrêmement sommaires. Pour plus
de détails, le lecteur pourra se reporter à la bibliographie indiquée en note .
2094

§ 1. Le droit romain 2095

616 La propriété avait en théorie à Rome un caractère illimité. Elle s'analysait


comme un pouvoir absolu de domination sur la chose, comme un dominium. En
conséquence, « aucun principe général n'imposait au propriétaire quiritaire
l'abandon de sa chose en vue de l'accomplissement de travaux publics » . 2096

Dans ces conditions, on comprend que Tite-Live ait pu rapporter que, en l'an
179 avant l'ère chrétienne, Licinius Crassus ait pu empêcher par sa résistance
la construction d'aqueducs qui auraient traversé ses propriétés 2097
et que, aux
dires de Suétone, Auguste n'ait pas osé s'approprier des maisons dont la
destruction eût été opportune afin de donner à une place nouvellement créée
une dimension suffisante .
2098

Toutefois, les grands travaux ne pouvaient se faire, en pratique, sans


empiétement sur les propriétés privées et plusieurs textes ne tardèrent pas à
autoriser, dans certains cas, des dépossessions forcées. Par exemple, les
curateurs des eaux de la ville avaient le droit de poursuivre l'expropriation des
terrains nécessaires au passage des conduits et aqueducs et les propriétaires
concernés avaient même la possibilité de contraindre l'État à acquérir la
totalité de leurs terrains . Par exemple encore, dans une constitution de
2099
Théodose, Honorius et Arcadius de 393, il est stipulé que le préfet de la ville
pourra prescrire, en vue de travaux ordonnés par l'État impérial, la démolition
des maisons d'une valeur inférieure à 50 livres et, avec l'autorisation de
l'Empereur, celle des bâtiments d'une valeur supérieure, cette démolition ayant
lieu contre une indemnité correspondant à la valeur des immeubles . 2100

§ 2. L'Ancien Régime 2101

617 Le régime seigneurial n'ignorait pas la technique de l'expropriation. Tout


d'abord, les seigneurs avaient généralement la faculté de s'emparer des
immeubles de leurs sujets pour des raisons d'ordre militaire, par exemple pour
y construire à la place, moyennant dédommagement, une forteresse. Mais de
nombreuses coutumes leur donnaient aussi le droit de forcer leurs sujets à leur
céder, non sans contrepartie il est vrai, leurs terres pour y établir par exemple
étangs, moulins et chemins. Parfois c'était dans leur propre intérêt. Parfois
c'était aussi dans l'intérêt de la population.
Cette possibilité de satisfaire ainsi l'intérêt collectif explique que les
autorités municipales aient, elles aussi, revendiqué de telles prérogatives à
partir du moment où elles se sont émancipées de la tutelle seigneuriale.
Quant au roi, si, au départ, il a sur son domaine les mêmes droits que les
seigneurs sur le leur, au fur et à mesure que s'affirme son autorité, va se
renforcer le droit particulier qu'il a sur les biens du royaume, le jus eminens.
Partant de l'idée que, antérieurement au partage des propriétés entre les
hommes, il existait primitivement une communauté de biens, communauté de
biens qui doit revivre en cas de nécessité, il est soutenu que le monarque
dispose sur les biens des particuliers d'un « droit éminent » qui lui permet
notamment de s'en emparer pour satisfaire le bien commun. Et l'on finit par
soutenir que le roi est, en théorie, le maître du sol de son royaume sur lequel il
possède ce « droit éminent », d'où l'expression de « domaine éminent », les
particuliers n'ayant que le « domaine utile », c'est-à-dire l'utilisation des terres.
Il lui est alors toujours loisible de reprendre un bien à l'un de ses sujets, ce qui
revient à réunir entre ses mains le « domaine éminent », et le « domaine utile ».
Il lui suffit d'exercer pour ce faire par « lettres patentes » ce que l'on appelle
son droit de « retrait ».
Bien évidemment, les jurisconsultes, notamment ceux du siècle des
Lumières, vont insister sur les conditions qui doivent entourer l'exercice de ce
droit. D'une part, il ne doit pas être utilisé par le monarque au gré de son
caprice mais simplement s'il y a « nécessité publique » – formule utilisée par
les uns – ou « utilité publique » – formule utilisée par les autres. D'autre part, il
doit donner lieu à dédommagement complet. Comme on peut s'en douter, ces
règles seront inégalement respectées. Par exemple, en Provence, l'exproprié
recevait souvent, outre la valeur soigneusement évaluée du bien dont il était
privé, une majoration d'un cinquième, le « quint en sus », pour compenser le
préjudice « d'affection », mais le paiement était souvent tardif. En revanche, en
1783, six généralités assuraient qu'elles ne disposaient pas de ressources
suffisantes pour indemniser pleinement les expropriés et neuf affirmaient
qu'elles n'en avaient aucune. Tout cela ne manquera pas de nourrir les cahiers
de doléances.

§ 3. La Révolution

618 Dans ces conditions, on comprend que la législation révolutionnaire ait voulu
affirmer le caractère fondamental du droit de propriété, droit qui appartient à
tout homme et qui est opposable au pouvoir. On comprend également que, dans
la ligne des jurisconsultes de l'Ancien régime, elle ait entendu limiter
strictement les hypothèses où il est possible de lui porter atteinte.
Tel est l'objet de l'article 17 de la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen du 26 août 1789 selon lequel, « la propriété étant un droit inviolable et
sacré, nul ne peut en être privé si ce n'est lorsque la nécessité publique,
légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et
préalable indemnité » .2102

Ce texte soumet le droit d'exproprier à trois conditions. En premier lieu, il


ne peut y avoir expropriation que lorsque la nécessité publique l'exige
évidemment. On relèvera que, des deux formules utilisées alternativement sous
l'Ancien régime pour justifier les dépossessions – « nécessité publique » et
« utilité publique » –, les révolutionnaires de 1789 ont retenu la plus
restrictive : il ne suffit pas que la dépossession soit utile ; il faut qu'elle soit
nécessaire. En second lieu, il faut que cette nécessité publique soit légalement
constatée, ce qui conduira, sous la Révolution, à faire voter par le législateur
tous les projets d'expropriation. En troisième lieu, au cas de dépossession, le
propriétaire a droit à une indemnité « juste et préalable ». Mais, compte tenu du
principe de la séparation des autorités administratives et judiciaires posé par
la loi des 16 au 24 août 1790, cette indemnité est, à l'époque, évaluée par
l'administration elle-même sous l'autorité des Directoires de département. Or,
ces derniers se montrent fort peu favorables aux propriétaires dépouillés.

§ 4. Le Premier Empire
619 Sur tous ces points, la législation impériale allait susciter des évolutions,
parfois déjà en germe sous le Consulat .2103

Tout d'abord, l'article 545 du Code civil (1804) reprend les formulations de
l'article 17 de la Déclaration de 1789 à ceci près qu'il remplace le terme
« nécessité publique » par la formule plus souple d'« utilité publique ». Il
dispose en effet que « nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce
n'est pour cause d'utilité publique, et moyennant une juste et préalable
indemnité ».
Ensuite, le recours au législateur n'est plus systématique pour décider de
chaque expropriation. La plupart du temps, on se contente d'un acte
administratif.
Enfin, c'est de cette époque que date la partition de la procédure
d'expropriation en deux phases, la phase administrative et la phase judiciaire.
Estimant les garanties du droit de propriété insuffisantes nonobstant
l'intervention de la loi du 28 pluviôse an VIII qui confie aux Conseils de
préfecture le soin d'évaluer, en cas de litige, la valeur des biens expropriés –
mais il est vrai que leurs évaluations étaient souvent peu favorables pour les
expropriés –, Napoléon, dès le 29 septembre 1809, dans une note datée de
Schönbrunn, énumère les nouveaux garde-fous qu'il convient d'instituer : les
propriétaires doivent être appelés à faire connaître, devant une commission de
notables, leurs observations sur l'implantation des ouvrages projetés ; seul le
Chef de l'État doit avoir le pouvoir de déclarer l'utilité publique des travaux ;
surtout, le transfert de propriété et l'évaluation des indemnités doivent être
confiés au juge judiciaire. Ces principes ne furent pas acceptés sans peine.
Napoléon dut faire pression sur ses ministres et sur le Conseil d'État à qui il
renvoya cinq fois le projet de réforme envisagé avant d'obtenir un texte lui
donnant satisfaction. Ce texte devait être la loi du 8 mars 1810 , loi unique
2104

sur l'expropriation puisqu'applicable à toutes les personnes publiques et à tous


les travaux, loi fondant en particulier la compétence du juge judiciaire pour
procéder au transfert de propriété des biens expropriés et, en cas de litige, pour
évaluer le montant de l'indemnité d'expropriation. C'est donc de 1810 que date
l'une des spécificités les plus remarquables du droit de l'expropriation, le fait
que, à une phase administrative – l'ensemble des différents actes administratifs
qui concourent à la constatation de l'utilité publique de l'opération envisagée et
à la détermination des parcelles qu'il est nécessaire d'exproprier pour la
réaliser –, succède une phase judiciaire – l'intervention du juge judiciaire en
matière de transfert de propriété et d'indemnisation.

§ 5. La Monarchie de Juillet
620 L'intervention du juge judiciaire en matière d'évaluation des biens expropriés
ne tarda pas à poser problème. D'une part, la procédure judiciaire était trop
lente, tous les incidents propres aux procès civils venant retarder la décision
du juge qui, parfois, se faisait attendre quatre ou cinq ans. D'autre part, les
tribunaux semblaient enclins à fixer des indemnités trop favorables aux
expropriés. Aussi, la loi du 7 juillet 1833, tout en maintenant l'intervention du
juge judiciaire en matière de transfert de la propriété, confie la fixation de la
valeur des biens expropriés à un jury d'expropriation composé de propriétaires
– dont les décisions, il est vrai, étaient susceptibles de pourvoi en cassation.
On espérait que ces propriétaires, étant en même temps contribuables,
apprécieraient objectivement la valeur des biens expropriés. En fait, cet espoir
fut déçu, les membres du jury réagissant plus en propriétaires qu'en
contribuables et ne se montrant guère économes des deniers publics. Par
ailleurs, la loi de 1833 prévoit une enquête préalable à la déclaration d'utilité
publique. Elle partage également la compétence pour déclarer l'utilité publique
entre le Parlement – pour les grands travaux publics – et l'administration.
Apparemment, cette loi du 7 juillet 1833 ne dura guère. Elle fut en effet
abrogée et remplacée par une loi du 3 mai 1841. Mais, en réalité, ce nouveau
texte législatif se borne à modifier, sur des points de détails, la loi antérieure
dont l'essentiel demeure, en particulier le système du jury de propriétaires.

§ 6. La Troisième et la Quatrième République

621 La loi du 3 mai 1841 resta en vigueur, sans modification importante, jusqu'en
1935. Mais, durant cette période, se produisit un double phénomène. D'une
part, des lois spéciales vinrent, au gré des circonstances, résoudre des
problèmes ponctuels, soit en autorisant expressément le recours à la procédure
d'expropriation pour tel ou tel type de travaux, soit en imposant à la déclaration
d'utilité publique telle ou telle forme spécifique pour certaines catégories
d'opérations, soit même en créant des procédures particulières dérogatoires à
la procédure générale prévue par la loi de 1841. D'autre part, la jurisprudence
donna à la notion d'utilité publique un sens constamment élargi .
2105

En 1935, est réalisée, par le décret-loi du 8 août 1935, complété par un


décret-loi du 30 octobre 1935, une profonde réorganisation du régime de
l'expropriation . La procédure de droit commun est simplifiée et accélérée.
2106

Les procédures d'urgence et d'extrême urgence voient leurs conditions


précisées. Le système des jurys de propriétaires, considéré comme aboutissant
à des évaluations trop onéreuses pour l'administration, est supprimé et
remplacé par des « commissions arbitrales d'évaluation » présidées par un
magistrat et composées à parité par des représentants des propriétaires et par
des représentants de l'administration, leurs décisions étant susceptibles d'appel
devant le tribunal civil. Bien évidemment, on attendait de ce dernier aspect de
la réforme des évaluations plus conformes aux intérêts financiers de
l'administration.
Par la suite, le droit de l'expropriation n'a cessé d'évoluer, sous l'empire des
textes de 1935, comme il avait évolué sous l'empire de la loi de 1841. Non
seulement la jurisprudence a continué à entendre la notion d'utilité publique de
façon de plus en plus large, mais le législateur n'a pas économisé ses
interventions, multipliant notamment les régimes spéciaux dérogeant à la
procédure de droit commun, à telle enseigne que l'on en recensait 163 à la fin
de la IV République . On devine les conséquences de cette situation :
e 2107

l'enchevêtrement des procédures dites « exceptionnelles » – mais qui, en fait,


ne le sont pas – avec la procédure de droit commun des textes de 1935 – qui,
elle, est utilisée de moins en moins souvent – suscite de très sérieuses
difficultés juridiques.
D'où la nécessité de plus en plus urgente de procéder à une réécriture, des
textes relatifs à l'expropriation. Tel est l'objet de l'article 38 de la loi du 7 août
1957 qui autorise le gouvernement à procéder, dans un délai de dix-huit mois,
par décret en Conseil des ministres, sur le rapport d'une commission spéciale
composée pour moitié de parlementaires, après avis du Conseil d'État et dans
le respect d'un certain nombre de principes qu'il pose, à une refonte totale des
règles relatives à l'expropriation pour cause d'utilité publique. Mais, à la fin de
la IV République, la commission spéciale ne s'était pas encore réunie.
e

§ 7. La Cinquième République

622 Le nouveau gouvernement, plutôt que d'utiliser l'habilitation de la loi de


1957 qui imposait, comme on l'a indiqué, le respect d'un certain nombre de
principes, a préféré agir sur le fondement beaucoup plus souple du troisième
alinéa de l'ancien article 92 de la Constitution du 4 octobre 1958 l'habilitant
2108

à prendre, dans un délai de quatre mois à compter de la promulgation de la


Constitution, par ordonnance ayant force de loi prise en Conseil des ministres
après avis du Conseil d'État, « les mesures qu'il jugera nécessaires à la vie de
la nation, à la protection des citoyens ou à la sauvegarde des libertés ».
Il en est résulté l'ordonnance n 58-997 du 23 octobre 1958 portant réforme
o

des règles relatives à l'expropriation pour cause d'utilité publique. Cette


réforme se caractérise essentiellement par les points suivants. En premier lieu,
la plupart des procédures spéciales qui étaient apparues progressivement sont
supprimées. Il ne reste guère plus, à côté de la procédure de droit commun, que
deux procédures spéciales : la procédure d'urgence et la procédure d'extrême
urgence. En second lieu, de multiples mesures sont prises en vue de simplifier
et d'accélérer la procédure. La plus importante, de ce dernier point de vue, est
sans conteste la possibilité de déclencher simultanément la phase
administrative et la phase judiciaire de la procédure. En troisième lieu, les
commissions arbitrales, compétentes en matière d'indemnisation, sont
supprimées. Dorénavant, c'est le juge judiciaire lui-même qui, comme on le
verra, fixe, en l'absence d'accord amiable, le montant des indemnités. C'est là
un retour aux principes de la loi de 1810.
Par la suite, l'ordonnance a été, à plusieurs reprises, modifiée par le
législateur, notamment par la loi du 10 juillet 1965 . 2109

Elle a été également complétée par plusieurs décrets, notamment le décret


n 59-701 du 6 juin 1959 portant règlement d'administration publique relatif à
o

l'enquête préalable et à la déclaration d'utilité publique, à la détermination des


parcelles à exproprier et à l'arrêté de cessibilité et le décret n 59-1335 du
o

20 novembre 1959 portant règlement d'administration publique relatif à


l'organisation et au fonctionnement des juridictions de l'ordre judiciaire
compétentes en matière d'expropriation et à la procédure suivie devant lesdites
juridictions ainsi qu'à la fixation des indemnités.
En 1977, l'ordonnance, ces décrets et les textes qui les ont modifiés ou
complétés ont été codifiés dans un Code de l'expropriation pour cause d'utilité
publique qui constitue ainsi la première codification du droit de
l'expropriation.
Bien que ce Code présenta un certain nombre d'imperfection qui ne se sont
pas atténues avec le temps, c'est le moins que l'on puisse dire, la doctrine et les
praticiens semblaient s'en satisfaire et ne demandaient pas qu'un nouveau Code
soit mis sur le chantier. Il est vrai qu'il s'agissait d'un Code de petite taille au
sein duquel il était, le plus souvent, facile de se retrouver.
Pourtant, dès 2004, la Chancellerie mit en chantier l'élaboration d'un
nouveau Code qui mit dix ans pour voir le jour. Ce n'est en effet qu'à la fin de
l'année 2014 qu'a été publiée l'ordonnance n 2014-1345 du 6 novembre
o

2014 relative à la partie législative du nouveau Code de l'expropriation et le


2110

décret n 2014-1635 du 26 décembre 2014 relatif à sa partie réglementaire. Ce


o

nouveau Code (v. ss 635), qui est entré en vigueur le 1 janvier 2015, constitue
er

à n'en pas douter une source majeure du droit contemporain de l'expropriation


qui, sans avoir connu de modifications substantielles depuis l'ordonnance de
1958, a subi de multiples retouches .2111
CHAPITRE 2
LES SOURCES DE L'EXPROPRIATION

Section 1. LES SOURCES CONSTITUTIONNELLES


§ 1. Les règles de fond
A. L'article 17 de la Déclaration de 1789 : le droit de propriété
B. L'article 16 de la Déclaration de 1789 : la garantie des droits
§ 2. Les règles de compétence
A. La répartition des compétences entre le pouvoir législatif et le pouvoir
réglementaire
B. La répartition des compétences entre le juge administratif et le juge
judiciaire
Section 2. LES SOURCES CONVENTIONNELLES
§ 1. L'article premier du premier protocole additionnel
à la Convention européenne des droits de l'homme : le droit
au respect des biens
§ 2. L'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme :
le droit à un procès équitable
Section 3. LES SOURCES LÉGISLATIVES ET RÉGLEMENTAIRES
§ 1. Le Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique
§ 2. Les autres dispositions législatives et réglementaires concernant
l'expropriation
§ 3. Le principe de l'indépendance des législations
A. Expropriation et droit de l'urbanisme
B. Expropriation et droit des monuments et des sites

623 Les sources du droit contemporain de l'expropriation sont évidemment pour


partie des sources jurisprudentielles. En particulier, c'est le juge administratif
qui, en dernier ressort, juge si une opération projetée par l'administration
présente un caractère d'utilité publique et peut, en conséquence, être réalisée
par la voie de l'expropriation. C'est dire que la notion d'utilité publique a un
contenu concret largement jurisprudentiel, le juge administratif s'étant d'ailleurs
doté, comme on le verra, de techniques lui permettant de mieux apprécier si,
oui ou non, dans tel cas d'espèce, il y a bien utilité publique. Mais, le droit de
l'expropriation connaît également, à côté de ces inévitables sources
jurisprudentielles, des sources écrites. On peut même affirmer que l'abondance
de ces dernières est l'une des caractéristiques du droit de l'expropriation.
L'explication en est simple : parce qu'un droit fondamental est en cause, le droit
de propriété, l'autorité normative a entendu régir, dans les moindres détails, le
déroulement de l'opération d'expropriation pour cause d'utilité publique. Plus
exactement, ces sources sont, soit des sources constitutionnelles, soit des
sources conventionnelles, soit des sources législatives et réglementaires, étant
entendu qu'elles ont pu être précisées voire même mises en évidence par la
jurisprudence.

SECTION 1. LES SOURCES CONSTITUTIONNELLES 2112

624 Il y a, dans la Constitution, des dispositions qui intéressent le droit de


l'expropriation tant du point de vue des règles de fond que du point de vue des
règles de compétence.

§ 1. Les règles de fond

625 Elles résultent essentiellement de la Déclaration des droits de l'homme et du


citoyen de 1789 et, plus précisément, de son article 17 relatif au droit de
propriété et de son article 16 consacré à la garantie des droits.

A. L'article 17 de la Déclaration de 1789 : le droit de propriété

626 La Déclaration de 1789, après avoir classé dans son article 2 la propriété
parmi les « droits naturels et imprescriptibles de l'homme », affirme, dans son
article 17, que, « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en
être privé si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige
évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité ». Il ne fait
pas de doute que, cette dernière disposition a été élaborée à l'origine pour
préciser justement les conditions dans lesquelles une expropriation pouvait
porter atteinte au droit de propriété mais elle a servi, depuis, à limiter d'autres
atteintes au droit de propriété auxquelles on ne pensait pas en 1789 comme par
exemple les nationalisations.
Cet article 17 a donné lieu jusqu'ici à plusieurs dizaines de décisions de la
part du juge constitutionnel.
La plupart d'entre elles sont certes étrangères au droit de l'expropriation. Tel
est par exemple le cas des deux décisions rendues en 1982 à propos de la loi
de nationalisation , technique de dépossession qui, sur certains points, se
2113

distingue de l'expropriation . Mais ces décisions n'en sont pas moins


2114

intéressantes dans la mesure où elles ont permis au Conseil constitutionnel de


préciser le statut constitutionnel du droit de propriété, statut constitutionnel qui
gouverne notamment le droit de l'expropriation. Par exemple, pour le Conseil
constitutionnel, le droit de propriété demeure un droit fondamental même si ses
finalités et ses conditions d'exercice ont subi une évolution caractérisée, certes
par une extension de son champ d'application à des domaines nouveaux, mais
aussi par des limitations exigées au nom de l'intérêt général. Par exemple
encore, pour juger de la constitutionnalité de ces limitations, il convient, selon
le Conseil, de mettre en balance, d'une part leur ampleur, d'autre part
l'importance des garanties de fond et de procédure prévues au profit du
propriétaire dépossédé.
C'est justement sur la plus importante de ces garanties que portent l'essentiel
des décisions rendues jusqu'ici par le Conseil constitutionnel à propos de
dispositions législatives concernant directement le droit de l'expropriation et
dont la conformité à l'article 17 de la Déclaration de 1789 était contestée.
Toute privation du droit de propriété légitimée par l'intérêt général est en effet
subordonnée, selon les termes mêmes de l'article 17, à une indemnité juste et
préalable (à telle enseigne que l'on a pu se demander si, en définitive, le droit
de propriété n'était pas seulement un droit à indemnité ).
2115

L'exigence constitutionnelle d'une juste indemnisation a ainsi conduit le


Conseil constitutionnel à se prononcer sur le point de savoir si elle n'était pas
méconnue par le fait que, en matière d'expropriation, le préjudice moral n'était
pas réparé (v. ss 804) ou par les règles qui président à la détermination de
l'indemnité principale en cas de mutation récente (v. ss 814) ou encore par
l'obligation faite au juge de déterminer le montant de l'indemnité
d'expropriation nonobstant l'existence de contestations ou difficultés (v. ss
792).
Quant à l'exigence d'une indemnisation préalable à la privation de propriété,
elle a conduit le juge constitutionnel à examiner sous cet angle la procédure
d'expropriation d'urgence (v. ss 822), la procédure d'extrême urgence (v. ss
825), la procédure de résorption de l'habitat insalubre ou menaçant ruine (v. ss
828) voire même les conditions de la prise de possession dans le cadre de la
procédure normale (v. ss 817).
B. L'article 16 de la Déclaration de 1789 : la garantie des droits

627 Si l'article 17 de la Déclaration de 1789 concerne directement le droit de


l'expropriation, l'importance de l'article 16, selon lequel « toute société dans
laquelle la garantie des droits n'est pas assurée… n'a point de Constitution »,
ne doit pas être négligée. On sait en effet que le Conseil constitutionnel n'a pas
hésité à déduire de la référence générale ainsi faite à la « garantie des droits »
un certain nombre de droits précis qui, ailleurs, sont proclamés explicitement
dans des textes constitutionnels (ou conventionnels) : le droit à un recours
juridictionnel effectif, les droits de la défense et le principe du contradictoire,
le droit à un juge indépendant et impartial…
Il en résulte que la procédure d'expropriation doit se dérouler dans le
respect de ces droits, ce qui a conduit par exemple le Conseil constitutionnel à
se demander si le fait que l'ordonnance d'expropriation soit rendue par le juge
dans son cabinet sans intervention des parties était conforme au principe du
contradictoire (v. ss 776) ou si l'obligation, déjà évoquée dans le paragraphe
précédent, selon laquelle il doit déterminer le montant de l'indemnité
d'expropriation nonobstant l'existence de contestations ou difficultés n'allait pas
à l'encontre du droit à un recours juridictionnel effectif (v. ss 792).

§ 2. Les règles de compétence

628 La Constitution prend position, soit de façon directe, soit de façon indirecte,
sur deux problèmes de répartition des compétences susceptibles de concerner
le droit de l'expropriation. Le premier concerne la répartition des compétences
entre le pouvoir législatif et le pouvoir réglementaire. Le second a trait à la
répartition des compétences, au cas de litige, entre le juge administratif et le
juge judiciaire.

A. La répartition des compétences entre le pouvoir législatif


et le pouvoir réglementaire

629 Le premier titre de compétence législative auquel on pense en matière de droit


de l'expropriation est bien évidemment l'article 34, 3 alinéa, 5 tiret, de la
e e

Constitution selon lequel « la loi détermine les principes fondamentaux… du


régime de la propriété, des droits réels et des obligations civiles… ». C'est
l'idée que le législateur doit intervenir dès lors que les principes fondamentaux
du droit de propriété sont en cause mais que l'autorité réglementaire est
compétente lorsqu'ils ne sont plus en question. Le Conseil constitutionnel, dans
le cadre de la compétence qu'il tire de l'article 37, 2 alinéa de la Constitution,
e

a été conduit plusieurs fois à préciser ce qui, dans le droit de l'expropriation,


avait trait aux principes fondamentaux du régime de la propriété et ce qui y
était étranger. Font ainsi partie desdits principes fondamentaux et relèvent en
conséquence de la compétence législative les dispositions donnant qualité à un
magistrat de l'ordre judiciaire pour prononcer, par voie d'ordonnance, le
transfert de la propriété des immeubles expropriés ou celles qui exigent que
2116

le jugement d'expropriation distingue, dans la somme allouée à chaque


intéressé, l'indemnité principale et, le cas échéant, les indemnités accessoires
en précisant les bases sur lesquelles ces diverses indemnités sont calculées . 2117

En revanche, sont étrangères aux principes fondamentaux du régime de la


propriété et relèvent donc de la compétence réglementaire les dispositions
suivantes : dispositions désignant l'organisme dont l'avis doit être recueilli
préalablement à certaines expropriations , dispositions désignant l'autorité
2118

compétente pour prononcer la déclaration d'utilité publique d'une


expropriation .2119

Mais, en dehors de l'intervention du législateur pour déterminer les principes


fondamentaux du régime de la propriété, d'autres titres de compétence
législative sont également concevables en matière d'expropriation. Par
exemple, il y a la formule, contenue à l'article 34, 1 alinéa, 3 tiret, de la
er e

Constitution selon laquelle « la loi fixe les règles concernant… la création des
nouveaux ordres de juridiction ». En application de cette disposition, le
Conseil constitutionnel a considéré que les chambres de l'expropriation alors
instituées par l'article 18 de la loi du 26 juillet 1962 constituaient un nouvel
ordre de juridiction distinct de celui que forment les tribunaux de droit commun
et que, en conséquence, le législateur était seul compétent pour déterminer leurs
règles de création étant entendu qu'au nombre de ces dernières figurent, non
seulement les règles relatives à leurs compétences, mais également les règles
relatives à leur composition .2120

B. La répartition des compétences entre le juge administratif


et le juge judiciaire

630 Si la répartition des compétences entre le pouvoir législatif et le pouvoir


réglementaire est directement abordée par le texte constitutionnel de 1958, il
n'en va pas de même, loin s'en faut, de la répartition des compétences, au cas
de litiges, entre le juge administratif et le juge judiciaire. Bien plus, si un titre
de la Constitution est consacré au juge judiciaire , la loi fondamentale semble
2121

largement ignorer le juge administratif.


Pourtant, le juge constitutionnel a reconnu valeur constitutionnelle à la
juridiction administrative en se fondant sur une formule contenue dans le
Préambule de la Constitution de 1946 – auquel le Préambule de la Constitution
de 1958 fait référence –, formule selon laquelle le peuple français réaffirme
solennellement « les principes fondamentaux reconnus par les lois de la
République ». En effet, il a d'abord estimé que, depuis la loi du 24 mai 1872, il
existait un principe fondamental reconnu par les lois de la République
d'indépendance de la juridiction administrative . Par la suite, il a également
2122

affirmé que « figure au nombre des “principes fondamentaux reconnus par les
lois de la République” celui selon lequel, à l'exception des matières réservées
par nature à l'autorité judiciaire, relèvent en dernier ressort de la compétence
de la juridiction administrative l'annulation et la réformation des décisions
prises, dans l'exercice des prérogatives de puissance publique, par les autorités
exerçant le pouvoir exécutif, leurs agents, les collectivités territoriales de la
République ou les organismes placés sous leur autorité ou leur contrôle » . 2123

L'expropriation étant l'exemple même d'une prérogative de puissance


publique, il en résulte que le contentieux de l'annulation de sa phase
administrative et, en particulier, les recours en annulation intentés contre la
déclaration d'utilité publique ou l'arrêté de cessibilité doivent impérativement
relever, compte tenu des dispositions constitutionnelles telles qu'elles sont
interprétées par le Conseil constitutionnel, de la compétence du juge
administratif . 2124

Mais on sait que, à côté de la phase administrative, existe, depuis 1810, une
phase judiciaire. Or, cette dernière a également valeur constitutionnelle. Le
Conseil constitutionnel a en effet souligné, à propos d'une loi relative justement
au droit de l'expropriation, « l'importance des attributions conférées à l'autorité
judiciaire en matière de protection de la propriété immobilière par les
principes fondamentaux reconnus par les lois de la République » . La formule
2125

ainsi utilisée n'est pas exactement la même que la formule traditionnelle selon
laquelle le juge judiciaire est le gardien de la propriété privée, formule
employée par les juges judiciaires eux-mêmes à partir du début du
XX siècle
e
, reprise à son compte par le Tribunal des conflits à partir de
2126

1940 2127
et dans laquelle le Conseil d'État avait vu finalement, non sans une
certaine réticence au départ, un principe général du droit . Au surplus, sa
2128

signification demeure, pour le moment, relativement incertaine. Elle n'implique


peut-être pas que ce soit le juge judiciaire qui, comme il est de principe à
l'heure actuelle, procède lui-même au transfert de propriété du bien exproprié.
Mais elle impose à tout le moins que, au cas de litige en la matière, ce soit lui
qui tranche. Elle implique également qu'il soit compétent pour statuer sur les
litiges en matière d'indemnisation du bien exproprié.
En d'autres termes, la Constitution, telle qu'elle est interprétée par le juge
constitutionnel, implique que le droit de l'expropriation relève pour partie de la
compétence du juge administratif et pour partie de la compétence du juge
judiciaire. La distinction opérée depuis 1810 entre la phase administrative et la
phase judiciaire de l'expropriation a ainsi, en quelque sorte, valeur
constitutionnelle de principe même si elle peut être aménagée sur des points de
détail.

SECTION 2. LES SOURCES CONVENTIONNELLES

631 Puisque, sur le fondement de l'article 55 de la Constitution, les traités ou


accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une
autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité,
de son application par l'autre partie, le droit français de l'expropriation doit,
non seulement être conforme aux exigences constitutionnelles, mais également
aux exigences conventionnelles régissant la matière.
En ce qui concerne le droit de propriété, il n'est pas pertinent d'évoquer
l'article 17 de la Déclaration universelle des droits de l'homme du
10 décembre 1948 selon lequel « 1. Toute personne, aussi bien seule qu'en
collectivité, a droit à la propriété. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa
propriété ». En effet, ne s'agissant pas d'une convention internationale mais
d'une simple résolution de l'assemblée générale des Nations unies non ratifiée,
elle ne s'impose pas en droit français bien qu'elle ait été publiée au Journal
officiel . Par contre, si la France a bien ratifié les deux conventions
2129

internationales que sont le pacte international relatif aux droits civils et


politiques et le pacte international relatif aux droits économiques et sociaux
adoptés par l'Assemblée générale des Nations unies le 16 décembre 1966,
aucun d'entre eux ne fait référence au droit de propriété. La constatation est
identique s'agissant de la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l'homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950 : aucun de ses
articles ne traite du droit de propriété. Ce dernier n'est en réalité abordé que
dans un des protocoles additionnels à la Convention européenne, plus
précisément à l'article premier de son premier protocole additionnel qui date
du 20 mars 1952.
Cela ne veut pas dire pour autant que le texte même de la Convention
européenne soit dépourvu de tout intérêt pour notre propos : s'il n'aborde pas la
question du droit de propriété, il proclame, dans un de ses articles les plus
connus, l'article 6, un autre droit, le droit à une protection juridictionnelle
effective, dont la méconnaissance est souvent été invoquée en matière
d'expropriation comme ailleurs.

§ 1. L'article premier du premier protocole additionnel


à la Convention européenne des droits de l'homme : le droit
au respect des biens

632 Cet article premier dispose, dans un premier alinéa, que « toute personne
physique ou morale a droit au respect de ses biens. Nul ne peut être privé de sa
propriété que pour cause d'utilité publique et dans les conditions prévues par la
loi et les principes généraux du droit international ». Quant à son second alinéa,
il est ainsi rédigé : « les dispositions précédentes ne portent pas atteinte au
droit que possèdent les États de mettre en vigueur les lois qu'ils jugent
nécessaires pour réglementer l'usage des biens conformément à l'intérêt général
ou pour assurer le paiement des impôts ou d'autres contributions ou des
amendes ».
Cet article a donné lieu à une jurisprudence relativement abondante de la
Commission européenne des droits de l'homme (supprimée en 1998) et de la
Cour européenne des droits de l'homme qui, ce faisant, ont apporté d'utiles
précisions sur le statut conventionnel du droit de propriété.
Ainsi, au cas d'expropriation, c'est évidemment la seconde phrase du
premier alinéa de l'article premier qui est applicable puisqu'elle vise les
privations de propriété, sa première phrase posant le principe général du
respect du droit de propriété et le second alinéa concernant la simple
réglementation de l'usage des biens n'aboutissant pas à une dépossession . 2130

Dès lors, il ne peut y avoir expropriation « que pour cause d'utilité publique et
dans les conditions prévues par la loi et les principes généraux du droit
international ».
Trois conditions et trois conditions seulement semblent ainsi posées. En
premier lieu, l'expropriation doit être justifiée par l'utilité publique, condition
que l'on trouve également en droit interne et que le juge européen entend de
façon très bienveillante puisqu'il ne censure que les comportements de
l'autorité publique « manifestement dépourvu(s) de base raisonnable » . En 2131

second lieu, elle doit avoir lieu dans les conditions prévues par la loi, c'est-à-
dire qu'elle doit être effectuée conformément aux règles de droit interne, règles
qui doivent être, non seulement conformes à l'ensemble des dispositions de la
Convention, mais aussi suffisamment précises et accessibles . En troisième
2132

lieu, elle doit être conforme aux principes généraux du droit international. Ces
derniers imposent notamment que l'indemnisation soit prompte, adéquate et
effective. Mais, comme l'a rappelé la Cour, selon le droit international, ces
principes s'appliquent exclusivement aux étrangers et ne régissent pas la
manière dont chaque État traite ses nationaux . 2133

Est-ce à dire alors que, pour ces derniers, aucune règle n'impose une
indemnisation ? La réponse est négative car, au-delà des textes, la Cour a
dégagé une quatrième condition selon laquelle « l'article 1 exige implicitement,
en règle générale, le versement d'une compensation pour priver de sa propriété
quiconque relève de la juridiction d'un État contractant » . Ici encore, les
2134

exigences de la cour demeurent limitées, l'article premier n'impliquant pas,


selon elle, un « droit à une compensation intégrale » mais, simplement, le
« versement d'une somme raisonnablement en rapport avec la valeur du
bien » , versement qui, lui-même, doit intervenir dans un délai raisonnable.
2135

Dans un premier temps, il a semblé que ces exigences n'étaient pas de nature
à remettre substantiellement en cause les solutions du droit français de
l'expropriation d'autant plus que les risques les plus évidents de contrariété
entre l'ordre juridique national et l'ordre juridique européen avaient été
sensiblement réduits . D'ailleurs, ni le Conseil d'État ni la Cour de cassation
2136

n'avaient relevé de discordances entre le droit français de l'expropriation et le


droit conventionnel au respect de ses biens bien que l'analyse de la doctrine
soit parfois plus nuancée . 2137

Cette analyse n'est plus de mise aujourd'hui et, s'il est arrivé que la Cour
européenne des droits de l'homme ne trouve rien à redire sur tel ou tel aspect
du droit français de l'expropriation , les arrêts de la Cour condamnant la
2138

France pour violation de l'article premier du premier protocole lors d'une


procédure d'expropriation se sont multipliés. Déjà, à la fin des années 1990,
dans l'affaire Guillemain c/ France , elle avait estimé que l'indemnisation du
2139

préjudice subi du fait d'une expropriation ne respectait pas l'article premier car
elle n'avait pas eu lieu dans un délai raisonnable, ce qui constituait également
une violation du droit à un jugement rendu dans un délai raisonnable proclamé
par l'article 6 de la Convention elle-même (v. ss 633). Plus récemment, elle a
considéré par exemple, dans l'affaire Lallement c/ France , que l'indemnité
2140

d'expropriation allouée ne couvrait pas la totalité du préjudice subi et, dans


l'affaire Motais de Narbonne c/ France , que le maintien d'un bien durant une
2141

longue période dans une réserve foncière constituée par voie d'expropriation
pouvait engendrer une plus value appréciable dont les anciens propriétaires se
trouveraient alors indûment privés.

§ 2. L'article 6 de la Convention européenne des droits


de l'homme : le droit à un procès équitable
633 Aux termes de l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme,
« toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement,
publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et
impartial, établi par la loi… ».
Pendant longtemps, le juge interne a considéré que la procédure
d'expropriation respectait cette exigence, qu'il s'agisse par exemple des
modalités de publicité de la déclaration d'utilité publique (v. ss 723), du délai
dans lequel un recours contentieux peut être intenté contre cet acte (v. ss 733)
ou du fait que l'ordonnance d'expropriation est rendue sans respect du principe
du contradictoire (v. ss 776), même si, ici encore, des appréciations plus
réservées ont pu être portées par la doctrine sur cette question .
2142

En revanche, la Cour européenne des droits de l'homme a été plusieurs fois


d'un avis inverse.
Déjà, dans l'affaire Guillemin c/ France précitée, la Cour avait relevé, non
seulement une violation du droit au respect des biens, mais également une
violation du droit à un procès équitable. Les circonstances de l'affaire étaient,
en substance, les suivantes. La requérante, dont les biens avaient été expropriés
pour permettre la réalisation d'un lotissement communal, avait obtenu
l'annulation de la phase administrative de la procédure d'expropriation puis
l'annulation de la phase judiciaire. Elle avait alors demandé à être indemnisée
du préjudice que lui avait causé l'emprise irrégulière ainsi commise par
l'administration. Or, quinze ans après le début de la procédure d'expropriation,
elle n'avait pas toujours obtenu l'indemnité demandée. Pour la Cour, il y a là
une violation du droit de toute personne à ce que sa cause soit jugée dans un
délai raisonnable, le retard étant d'ailleurs pour partie imputable aux
« difficultés structurelles » du contentieux de l'expropriation, c'est-à-dire à
2143

la succession d'une phase administrative et d'une phase judiciaire dont on a dit


plus haut qu'elle répondait à une exigence constitutionnelle. En d'autres
2144

termes, la structuration en deux phases de la procédure d'expropriation exigée


par la Constitution est l'une des causes du retard que sanctionne la Cour
Plus récemment, c'est le rôle du commissaire du gouvernement dans la
procédure de fixation des indemnités (v. ss 797 s.) qui a provoqué sa censure,
d'abord dans un arrêt Yvon c/ France , ensuite dans un arrêt Roux c/
2145

France . Elle a en effet considéré que, bénéficiant d'avantages notables dans


2146

l'accès aux informations pertinentes contenues dans le fichier immobilier, étant


à la fois expert et partie au procès, occupant une place dominante dans la
procédure et exerçant une influence importante sur le pouvoir d'appréciation du
juge, il était à l'origine d'un déséquilibre des forces en présence incompatible
avec le principe d'égalité des armes garanti par l'article 6.
Le juge judiciaire qui, jusqu'alors, n'avait pas été sensible à ces
considérations a changé d'attitude et, de son côté, le pouvoir réglementaire est
intervenu pour modifier le rôle du commissaire du gouvernement.

SECTION 3. LES SOURCES LÉGISLATIVES


ET RÉGLEMENTAIRES

634 La source législative et réglementaire la plus importante est évidemment le


Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique. Mais ce dernier ne
contient pas toutes les dispositions applicables en matière d'expropriation. Il
convient donc d'énumérer les autres dispositions législatives et réglementaires
susceptibles de concerner le droit de l'expropriation, ce qui pose en particulier
le problème complexe de l'indépendance des législations.

§ 1. Le Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique

635 Un premier Code de l'expropriation avait été édicté en 1977.


Un nouveau Code est entré en vigueur le 1 janvier 2015 . Sa partie
er 2147

législative résulte de l'ordonnance n 2014-1345 du 6 novembre 2014 prise, en


o

application de l'article 38 de la Constitution, sur le fondement de l'article 5 de


la loi n 2013-1005 du 12 novembre 2013 habilitant le gouvernement à adopter
o

par ordonnance un nouveau Code de l'expropriation . Sa partie réglementaire


2148

procède du décret n 2014-1635 du 26 décembre 2014. Par rapport au Code de


o

1977, ce nouveau Code présente trois caractéristiques générales . 2149

En premier lieu, son périmètre est pratiquement inchangé en ce sens que la


plupart de ses dispositions procèdent de dispositions de l'ancien Code. Il a
connu toutefois deux extensions. D'une part, les dispositions relatives à
l'expropriation des immeubles insalubres et menaçant ruine qui, jusqu'ici,
figuraient au titre II de la loi n 70-612 du 10 juillet 1970 modifiée, dite loi
o

Vivien, ont été codifiées dans un titre du nouveau Code (titre I du livre V, v. ss
er

826). D'autre part, le droit de l'expropriation outre mer qui, jusqu'ici, figurait
dans des textes épars est également codifié dans un livre spécifique du nouveau
Code (livre VI), du moins en ce qui concerne Mayotte, Saint-Barthélémy, Saint-
Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon.
En second lieu, son plan est sensiblement amélioré en ce sens qu'il comprend
plus de subdivisions agencées plus logiquement et au sein duquel l'utilisateur
n'a pas de difficultés majeures à se retrouver. En particulier, alors que la partie
législative et la partie réglementaire du Code de 1977 n'étaient divisées qu'en
titres (au nombre de deux), chapitres, sections et sous-sections, le Code de
2015 comprend un niveau supplémentaire de subdivisions puisqu'il est d'abord
divisé en livres (au nombre de six) eux-mêmes divisés en titres, chapitres,
sections et sous-sections en nombre plus élevés que dans le Code de 1977. Le
premier livre, intitulé « Utilité publique », correspond à ce qu'il est convenu
d'appeler la phase administrative de l'expropriation avec, notamment, un
premier titre consacré à l'enquête préalable, un second à la déclaration d'utilité
publique et un troisième à l'identification de propriétaires et à la détermination
des parcelles à exproprier. Le second livre traite de questions qui sont liées à
la phase judiciaire (notamment la juridiction de l'expropriation et le transfert
de propriété) exception faite de la question cruciale de la détermination du
montant de l'indemnité à laquelle est consacré l'intégralité d'un livre spécifique,
le livre III. Enfin, le livre IV est consacré aux suites de l'expropriation (cession
des immeubles expropriés, droit de rétrocession, droit de priorité, droit de
relogement), le livre V aux procédures spéciales (expropriation des immeubles
insalubres ou menaçant ruine, procédure d'extrême urgence) et le livre VI,
comme on l'a déjà indiqué, à l'outre-mer.
En troisième lieu, les articles, bien que procédant pour la plupart d'entre eux
de l'ancien Code, ont été systématiquement travaillés. Ainsi, ils ont été scindés
chaque fois que cela s'avérait nécessaire, c'est-à-dire chaque fois qu'ils
contenaient des règles d'objet différent, l'objectif étant que, dans chaque article,
il n'y ait que des règles qui portent sur la même institution juridique. En
conséquence, leur nombre a sensiblement augmenté (alors que, comme on l'a
déjà souligné, le périmètre du Code est resté pratiquement constant) puisque le
nombre d'articles de la partie législative a doublé et celui de la partie
réglementaire a augmenté de vingt cinq pour cent. Les articles, éventuellement
scindés, ont été également réordonnés pour tenir compte de la logique du
nouveau plan. Ils ont été aussi actualisés pour tenir compte de l'évolution des
textes et de la jurisprudence.
Au total, ce nouveau Code de l'expropriation constitue, à n'en pas douter, la
source législative et réglementaire majeure du droit contemporain de
l'expropriation.

§ 2. Les autres dispositions législatives et réglementaires


concernant l'expropriation

636 Si le Code de l'expropriation rassemble la plupart des dispositions législatives


et réglementaires concernant les opérations d'expropriation, d'autres
dispositions les intéressant également figurent dans d'autres codes. Il s'agit de
dispositions propres à l'expropriation de biens spécifiques qui relèvent de tel
ou tel code particulier et pour lesquelles le choix a été fait de les laisser figurer
dans le code en question plutôt que de les regrouper, plus ou moins
artificiellement, dans le Code de l'expropriation. C'est ainsi que des règles
relatives à l'expropriation des biens exposés à des risques naturels majeurs et à
des risques technologiques figurent dans le Code de l'environnement
(respectivement art. L. 561-1 à L. 561-5 et R. 561-1 à R. 561-5 et art. L. 515-
15 à L. 515-20), celles relatives à l'expropriation des biens exposés à des
risques miniers dans le Code des mines (art. L. 174-6 à L. 174-12), celles
relatives à l'expropriation des biens en état d'abandon manifeste dans le Code
général des collectivités territoriales (art. L. 2243-1 à L. 2243-4), celles
relatives à l'expropriation des biens en état de carence dans le Code de la
construction et de l'habitation (art. L. 615-6 à L. 615-8 et L. 615-10)…
Tout au plus peut-on regretter que ne figure pas dans le nouveau Code de
l'expropriation des articles inspirés des articles L. 24-1 et R. 24-1 de l'ancien
Code aux termes desquels « des dispositions particulières concernant
l'expropriation figurent notamment : aux articles… » (suivait une liste de renvoi
à d'autres textes). Certes, cette liste était incomplète. Au surplus, elle n'avait
pas tardé à devenir partiellement obsolète. Mais, au moins, elle avait le mérite
d'exister.
Quoi qu'il en soit, si une opération d'expropriation a ainsi à respecter les
dispositions législatives et réglementaires qui figurent dans le Code de
l'expropriation de même que dans d'autres codes du moment que, dans cette
dernière hypothèse, elles concernent l'expropriation, elle n'a pas à respecter
n'importe quelle disposition législative et réglementaire compte tenu du
principe de l'indépendance des législations.

§ 3. Le principe de l'indépendance des législations

637 Selon ce principe , lorsqu'une même opération nécessite une autorisation (ou
2150

une déclaration ou un avis) au titre d'une législation A et une autorisation (ou


une déclaration ou un avis) au titre d'une législation B, l'autorisation accordée
au titre de la législation B (ou A) ne vaut pas autorisation au titre de la
législation A (ou B) et, corrélativement, l'illégalité de l'autorisation accordée
au titre de la législation B (ou A) n'a pas en principe d'incidences sur la
légalité de l'autorisation accordée au titre de la législation A (ou B). En
d'autres termes, l'autorisation accordée au titre de la législation A n'est soumise
qu'à cette dernière, la législation B n'étant pas invocable à son égard.
Appliqué au droit de l'expropriation, cela veut dire que le principe de
l'indépendance des législations s'oppose, par exemple, à ce que soit invoqué, à
l'appui d'un recours contre le principal acte de la phase administrative d'une
expropriation, à savoir la déclaration d'utilité publique (DUP), le non-respect
de la législation sur les installations classées alors même que l'opération
2151

déclarée d'utilité publique est une installation classée, de la législation sur les
centrales nucléaires 2152
alors même que l'expropriation a pour objet la
construction d'une telle centrale ou encore, pour s'en tenir là, de la législation
relative au défrichement des bois alors que l'opération déclarée d'utilité
publique implique un tel défrichement ou de la législation sur la protection
2153

des installations d'importance vitale alors que l'opération déclarée d'utilité


publique concerne de telles installations .2154

Il n'en va différemment que lorsqu'un texte écarte expressément le principe


de l'indépendance des législations. Tel est partiellement le cas dans les
rapports qu'entretient le droit de l'expropriation avec le droit de l'urbanisme et
avec le droit des monuments et des sites et qui, de ce fait, méritent quelques
explications supplémentaires.

A. Expropriation et droit de l'urbanisme 2155

638 Pendant longtemps, le juge a considéré que le moyen tiré de ce qu'une DUP
était en contradiction avec un plan d'urbanisme était un moyen inopérant, seul le
permis de construire ayant pour objet d'assurer la conformité des constructions
projetées avec la réglementation sur l'urbanisme . 2156

Il a fallu attendre l'intervention de l'article 26 du décret du 31 décembre


1958 relatif aux plans d'urbanisme, selon lequel tout travail public ou privé ne
pouvait être réalisé dans le périmètre dans lequel s'appliquait un plan
d'urbanisme que s'il était compatible avec ce plan, pour que cette jurisprudence
se modifie .
2157

Aujourd'hui, des dispositions précises du Code de l'urbanisme relient le


droit de l'expropriation au droit de l'urbanisme sur un point principal : elles
imposent implicitement mais clairement que les DUP aient un objet qui soit
compatible avec les documents d'urbanisme. En effet, si tel n'est pas le cas, il
faut modifier le document d'urbanisme à la suite d'une enquête qui porte à la
fois sur l'utilité publique de l'opération envisagée et sur la modification du
document d'urbanisme que sa réalisation implique, la DUP emportant alors
approbation des nouvelles dispositions du document d'urbanisme. Si cette
procédure n'est pas suivie, c'est-à-dire si le document d'urbanisme n'est pas
modifié, la DUP est illégale.
C'est à ces mécanismes que fait référence l'article L. 122-5 du Code de
l'expropriation lorsqu'il dispose que « la déclaration d'utilité publique d'une
opération qui n'est pas compatible avec les prescriptions d'un schéma de
cohérence territoriale, d'un plan local d'urbanisme, d'un plan d'occupation des
sols, du schéma directeur de la région d'Ile de France, d'un plan d'aménagement
de zone applicable dans une zone d'aménagement concerté, ou avec les
dispositions à caractère réglementaire régissant un lotissement approuvé,
s'effectue dans les conditions prévues par les dispositions du Code de
l'urbanisme ».
On évoquera rapidement les dispositions du Code de l'urbanisme permettant
d'assurer la mise en compatibilité des DUP avec les schémas de cohérence
territoriale (SCOT) et les plans locaux d'urbanisme (PLU) . 2158

1° Compatibilité des DUP avec les schémas de cohérence territoriale

639 L'article L. 143-44 du Code de l'urbanisme dispose qu'une opération faisant


l'objet d'une DUP qui n'est pas compatible avec les dispositions d'un SCOT ne
peut intervenir que si les deux conditions suivantes sont remplies.
D'une part, l'enquête publique doit porter à la fois sur l'utilité publique de
l'opération et sur la mise en compatibilité du schéma qui en est la conséquence.
D'autre part, les dispositions proposées pour assurer la mise en
compatibilité du schéma doivent avoir fait l'objet d'un examen conjoint par
l'État, par l'établissement prévu à l'article L. 143-16 (par exemple
l'établissement public de coopération intercommunale compétent) et par les
personnes publiques mentionnées aux articles L. 132-7 et L. 132-8 (par
exemple les chambres de commerce et les chambres d'agriculture) ; ces
dispositions sont soumises par le préfet à enquête publique
« environnementale », c'est-à-dire à l'enquête réalisée conformément au
chapitre III du titre II du livre I du Code de l'environnement, enquête qui,
er

comme on vient de l'indiquer, doit porter également sur l'utilité de l'opération ;


à l'issue de l'enquête, l'établissement prévu à l'article L. 143-16 émet un avis
qui est réputé favorable s'il n'est pas émis dans un délai de deux mois ; la
proposition de mise en compatibilité du schéma, éventuellement modifiée pour
tenir compte des avis qui ont été joints au dossier, des observations du public
et du rapport du commissaire enquêteur ou de la commission d'enquête, est
alors approuvée par la DUP de concert avec la constatation de l'utilité publique
du projet.
2° Compatibilité des DUP avec les plans locaux d'urbanisme

640 C'est l'article L. 153-54 du Code de l'urbanisme qui transpose aux PLU les
règles qui viennent d'être évoquées à propos des SCOT, article L. 153-54 qui,
lui-même, transposait aux PLU les règles posées par l'ancien article L. 123-8 à
propos des POS. Il dispose en effet qu'une opération faisant l'objet d'une DUP
qui n'est pas compatible avec les dispositions d'un PLU ne peut intervenir que
si les deux conditions suivantes sont remplies.
D'une part, l'enquête publique doit porter à la fois sur l'utilité publique de
l'opération et sur la mise en compatibilité du PLU qui en est la conséquence.
D'autre part, la DUP ne peut intervenir qu'au terme d'une procédure dont les
principales caractéristiques sont proches de celles qui viennent d'être évoquées
à propos des SCOT : examen conjoint par l'État, par l'établissement public de
coopération intercommunale compétent ou la commune et par les personnes
publiques associées mentionnées aux articles L. 132-7 et L. 132-8 (par
exemple les chambres de commerce et les chambres d'agriculture), enquête
« environnementale », avis de l'établissement public de coopération
intercommunale ou de la commune, approbation de la mise en compatibilité par
la DUP.

641 On remarquera que ces dispositions n'imposent pas aux DUP d'être strictement
conformes aux schémas de cohérence territoriale ou aux plans locaux
d'urbanisme. Les DUP ont simplement à être compatibles avec eux, ce qui est
censé laisser à l'administration une plus grande marge de manœuvre . 2159

On remarquera également que, réserve faite de l'application des dispositions


qui viennent d'être évoquées et de quelques autres, droit de l'expropriation et
droit de l'urbanisme demeurent des droits indépendants. Si l'on a affaire par
exemple à une expropriation destinée à la constitution d'une ZAC, tout vice tiré
de la méconnaissance de la législation sur les ZAC est insusceptible d'avoir
une influence sur la légalité de la DUP . C'est ainsi qu'il n'est pas possible
2160

d'exciper, à l'appui d'un recours contre la DUP, de griefs concernant l'acte de


création de la ZAC ou l'acte approuvant le PAZ (aujourd'hui supprimé) .
2161 2162

De la même manière, est sans incidence sur la légalité de la DUP le fait que, à
la date de cette dernière, l'acte de création de la ZAC n'avait pas encore été
édicté et cela alors même que la DUP a pour seul objet de dégager les terrains
nécessaires à la ZAC .2163

B. Expropriation et droit des monuments et des sites

642 Ici encore, des dispositions expresses écartent, sur certains points mais sur
certains points seulement, le principe de l'indépendance entre la législation de
l'expropriation et la législation sur les monuments et les sites.
C'est ainsi que, aux termes de l'article L. 621-20 du Code du patrimoine
(art. 11 de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques), « aucun
immeuble classé au titre des monuments historiques ou proposé pour le
classement ne peut être compris dans une enquête aux fins d'expropriation pour
cause d'utilité publique qu'après que l'autorité administrative aura été appelée à
présenter ses observations ».
L'article L. 341-14, premier alinéa, du Code de l'environnement
(article 13 de la loi du 2 mai 1930 sur les monuments naturels et les sites) pose
la même règle à propos des monuments naturels ou sites classés ou proposés
pour le classement.
D'ailleurs, les articles R. 122-1 (pour les monuments historiques) et R. 122-
2 (pour les monuments naturels et les sites) du Code de l'expropriation
rappellent que l'avis du ministre chargé de la culture (pour les monuments
historiques) ou du ministre chargé des sites (pour les monuments naturels et
sites) doit être recueilli préalablement à la DUP de toutes les opérations
nécessitant l'expropriation de monuments historiques, de monuments naturels ou
de sites classés ou proposés pour le classement, avis qui est réputé favorable à
défaut de réponse dans un délai de deux mois suivant sa demande.
Dans de telles hypothèses, les choses sont relativement simples : si l'avis du
ministre chargé de la culture ou des sites n'a pas été sollicité, cela entache la
DUP d'irrégularité car, justement, il y a ici un lien textuel entre le droit de
2164

l'expropriation et le droit des monuments et des sites .


2165

En revanche, réserve faite de ces hypothèses, le droit de l'expropriation et le


droit des monuments et des sites sont indépendants. En conséquence, lorsque
l'article L. 621-9 du Code du patrimoine (art. 9 de la loi de 1913) dispose que
« l'immeuble classé au titre des monuments historiques ne peut être détruit ou
déplacé, même en partie, ni être l'objet d'un travail de restauration, de
réparation ou de modification quelconque, sans autorisation de l'autorité
administrative », cet accord n'a pas à être donné avant la DUP . De même,
2166

lorsque l'article L. 621-31 du Code du patrimoine (art. 13 bis de la loi de


1913) exige, à propos des immeubles situés dans le champ de visibilité d'un
édifice classé ou inscrit, une autorisation préalable pour toute construction
nouvelle, toute démolition, tout déboisement, toute transformation ou
modification de nature à en affecter l'aspect, cette autorisation n'a pas à être
obtenue avant la DUP 2167
ou avant l'arrêté de cessibilité . Enfin, lorsque
2168

l'article L. 341-10 du Code de l'environnement (art. 12 de la loi de 1930)


soumet à autorisation spéciale toute destruction ou modification de l'état ou de
l'aspect des monuments naturels ou des sites classés, cette autorisation n'a pas à
être donnée préalablement à la DUP . 2169

Au total, si des dispositions expresses peuvent, dans tel ou tel cas


particulier, tracer un lien entre le droit de l'expropriation et d'autres
réglementations, il ne s'agit là que d'exceptions limitées au principe général de
l'indépendance des législations, principe qui, selon certains , « en élevant une
2170

cloison entre les diverses réglementations, méconnaît le sens profond du


principe de légalité ».
CHAPITRE 3
LA DÉFINITION DE L'EXPROPRIATION

Section 1. L'OBJET DE L'EXPROPRIATION


§ 1. L'expropriation : un mode de cession forcée des biens
A. Expropriation et préemption
B. Expropriation et réquisition
C. Expropriation et confiscation
D. Expropriation et nationalisation
§ 2. Les biens susceptibles d'être expropriés : les immeubles
A. Les immeubles appartenant à des personnes privées
B. Les immeubles appartenant à des personnes publiques
§ 3. Les biens susceptibles d'être expropriés : les droits réels
immobiliers
§ 4. Les biens insusceptibles d'être expropriés : les meubles
Section 2. LE BUT DE L'EXPROPRIATION
§ 1. L'extension législative de la notion d'utilité publique
§ 2. L'extension jurisprudentielle de la notion d'utilité publique
Section 3. LES ACTEURS DE L'EXPROPRIATION
§ 1. Le titulaire du pouvoir d'exproprier : l'État
A. Les moyens de contrôle de l'État
B. La pratique du contrôle de l'État
§ 2. Les initiateurs de l'expropriation
A. Les collectivités territoriales

B. Les établissements publics


C. Les personnes privées
§ 3. Les bénéficiaires de l'expropriation
A. Les personnes privées
B. Les États étrangers ou les organisations internationales
Section 4. LES GARANTIES DE L'EXPROPRIATION
§ 1. La distinction entre la phase administrative et la phase judiciaire
§ 2. Le caractère minutieusement réglementé de la procédure
§ 3. Le caractère juste et préalable de l'indemnité

643 En toute première analyse, on peut définir l'expropriation comme la prérogative


de l'État lui permettant, à l'initiative d'une personne publique ou privée, dans un
but d'utilité publique et moyennant le respect d'un certain nombre de garanties
de procédure et de fond, de contraindre une personne publique ou privée à
céder la propriété d'un immeuble ou d'un droit réel immobilier à une personne
publique ou privée.
Cette définition repose sur quatre éléments principaux qu'il s'agit de
commenter successivement : l'objet de l'expropriation, le but de
l'expropriation, les acteurs de l'expropriation et les garanties de
l'expropriation.

SECTION 1. L'OBJET DE L'EXPROPRIATION

644 L'expropriation se définit tout d'abord par son objet : la cession forcée d'un
bien qui peut être un immeuble ou un droit réel immobilier mais non un meuble.

§ 1. L'expropriation : un mode de cession forcée des biens

645 Pour se procurer des biens, les collectivités publiques peuvent certes les
acheter aux particuliers qui les détiennent. La cession, qui est alors volontaire,
prend la forme d'un contrat, le plus souvent de droit privé, mais qui peut être
également un contrat de droit public si les critères d'identification d'un contrat
administratif sont satisfaits.
Mais les collectivités publiques disposent également du pouvoir exorbitant
du droit commun de contraindre les particuliers à céder leurs biens en les
expropriant.
L'expropriation correspond donc à un mode de cession forcée des biens, à
une dépossession consentie par la force. A contrario, si une opération
envisagée par l'administration ne se traduit par aucune dépossession parce que,
par exemple, l'administration est déjà propriétaire de tous les immeubles
concernés par l'opération, cette dernière ne peut être qualifiée, à l'évidence,
d'expropriation et, par conséquent, elle ne peut être déclarée d'utilité publique
sur le fondement du Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique . 2171

Le fait que l'expropriation soit par définition un mode de cession forcée des
biens permet de la comparer aux autres atteintes à la propriété que sont par
exemple la préemption, la réquisition, la confiscation et la nationalisation .
2172

A. Expropriation et préemption

646 La technique du droit de préemption existe, on le sait, en droit privé,


notamment en matière de baux ruraux au profit du preneur en place. Mais on la
trouve également en droit public. C'est ainsi que l'État tire de l'article L. 123-1
du Code du patrimoine (art. 37 de la loi de finances du 31 décembre 1921) le
pouvoir d'exercer, à l'occasion de toute vente publique d'œuvres d'art ou de
toute vente de gré à gré d'œuvres d'art réalisée dans les conditions prévues par
l'article L. 321-9 du Code de commerce, un droit de préemption par l'effet
duquel il se trouve subrogé à l'adjudicataire ou à l'acheteur. De même, pour
permettre par exemple l'amélioration des exploitations déjà existantes,
l'installation de nouveaux agriculteurs ou la lutte contre la spéculation foncière,
la loi du 8 août 1962 (maintenant art. L. 143-1 et suiv. du Code rural et de la
pêche maritime) autorise les SAFER, sous certaines conditions, à préempter
les biens agricoles mis en vente dans leur zone d'action. Mais c'est surtout dans
le domaine de l'urbanisme que le droit de préemption a, ces dernières années,
connu le développement le plus important, les collectivités publiques pouvant
maintenant préempter les immeubles mis en vente notamment dans toutes les
zones urbaines ou d'urbanisation future dans lesquelles le conseil municipal,
par délibération, a institué un droit de préemption urbain – art. L. 211-1 du
Code de l'urbanisme – dans les zones d'aménagement différé – art. L. 212-2 du
Code de l'urbanisme – et dans les espaces naturels sensibles – article L. 215-1
du Code de l'urbanisme.
Une différence essentielle distingue le droit de préemption de la technique
de l'expropriation. Pour que le droit de préemption puisse trouver à s'exercer,
il faut, en tout état de cause, que, au départ, le bien ait été spontanément mis en
vente par son propriétaire. On n'a donc pas affaire à un véritable mode de
cession forcée, à la différence de l'expropriation qui ne présuppose aucune
intention de vente.

B. Expropriation et réquisition

647 De multiples textes attribuent à l'administration le droit de procéder à des


réquisitions : réquisitions dites militaires de la loi du 3 juillet 1877 codifiée
aux articles L. 2221-1 s. du Code de la défense, réquisitions dites civiles de la
loi du 11 juillet 1938 modifiée et complétée par l'ordonnance n 59-63 du
o

6 janvier 1959 et codifiée aux articles L. 2211-1 et ss. du même Code,


réquisitions de logement instituées par l'ordonnance du 11 octobre
1945 codifiée aux articles L. 641-1 s. du Code de la construction et de
l'habitation, réquisitions de police fondées sur l'article 97, 6 , de la loi du
o

5 avril 1884 codifié à l'article L. 2212-2 5 du Code général des collectivités


o

territoriales ou sur l'article 3 de la loi n 2003-239 du 18 mars 2003 codifiée à


o

l'article L. 2215-1, 4°, du même Code… Si on laisse de côté les réquisitions de


personnes auxquelles certaines de ces dispositions permettent de procéder 2173

pour s'en tenir aux seules réquisitions de biens, on est conduit à opérer une
distinction entre les réquisitions portant sur des immeubles et les réquisitions
portant sur des meubles. Les réquisitions portant sur des immeubles ne peuvent
concerner que leur usage et en aucun cas leur propriété . Elles ne peuvent
2174

donc être que temporaires, toute réquisition destinée à durer indéfiniment étant
irrégulière . À l'inverse, les réquisitions portant sur des meubles peuvent
2175

porter soit sur l'usage du meuble soit sur sa propriété. En d'autres termes, la
réquisition peut être un mode de cession forcée des meubles ; elle ne peut être
un mode de cession forcée des immeubles.
C'est ce qui la distingue de l'expropriation où les solutions sont radicalement
inverses. En effet et comme on le verra plus loin, l'expropriation permet la
cession forcée des immeubles et des droits réels immobiliers mais non des
biens meubles.

C. Expropriation et confiscation

648 La confiscation des biens n'est pas à proprement parler une institution
comportant un régime cohérent mais plutôt une sorte de sanction « in rem » dont
la trace apparaît surtout dans le droit pénal et dans le droit douanier. Par
exemple, en cas de crime de trahison ou d'espionnage ou de crime tendant à
troubler l'État par le massacre ou la dévastation, l'article 37 de l'ancien Code
pénal autorisait les juridictions compétentes à « prononcer la confiscation au
profit de la nation de tous les biens présents du condamné de quelque nature
qu'ils soient, meubles, immeubles, divis on indivis ». Par exemple encore, sur
le fondement de l'article 412 du Code des douanes toujours en vigueur, sont
passibles de la confiscation des marchandises litigieuses notamment « tout fait
de contrebande ainsi que tout fait d'importation ou d'exportation sans
déclaration ».
Ici, on a bien affaire à une cession forcée de biens qui, au surplus, peuvent
être parfois des biens immobiliers. Toutefois, les différences avec
l'expropriation sont manifestes. En premier lieu, les confiscations constituent
des sanctions alors que la finalité de l'expropriation n'est en aucun cas
répressive : le bien est exproprié, non pas afin de punir son propriétaire, mais
afin de permettre la réalisation d'une opération d'intérêt public. En second lieu
et corrélativement, les confiscations ne donnent jamais lieu à indemnisation, à
la différence des expropriations.

D. Expropriation et nationalisation

649 C'est certainement la distinction la plus délicate à faire car les deux notions
entretiennent des rapports très étroits. Dans les deux cas en effet, on a affaire à
un mode de cession forcée des biens qui s'opère dans le respect de la même
disposition constitutionnelle de fond, l'article 17 de la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen de 1789 précédemment évoqué. Certes, il existe dans
le Préambule de la Constitution de 1946 une autre disposition de fond
spécifique aux nationalisations. Il s'agit de son alinéa 9 selon lequel « tout bien,
toute entreprise dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service
publie national ou d'un monopole de fait doit devenir la propriété de la
collectivité ». Mais, comme l'a relevé le Conseil constitutionnel dans sa
décision 81-132 DC sur la loi de nationalisation , « cette disposition n'a ni
2176

pour objet ni pour effet de rendre inapplicables aux opérations de


nationalisation les principes sus-rappelés de la Déclaration de 1789 ». Il en
résulte que l'article 17 de la Déclaration de 1789, élaboré à l'époque en
pensant aux expropriations, joue également à l'époque contemporaine à propos
des nationalisations. Dans les deux cas, il ne peut donc y avoir cession forcée
que lorsque « la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment,
et sous la condition d'une juste et préalable indemnité ».
Mais, en dépit de ces ressemblances, il existe plusieurs différences entre
expropriation et nationalisation.
C'est ainsi qu'il est parfois soutenu qu'expropriation et nationalisation se
distingueraient du point de vue des règles de compétence : une expropriation
pourrait être décidée par un acte administratif ; la nationalisation exigerait une
loi. Toutefois, cette opposition est, nous semble-t-il, trop tranchée. Certes,
l'article 34 de la Constitution dispose que la loi fixe les règles concernant « les
nationalisations d'entreprises ». Mais cela ne veut pas dire que le législateur
doive décider de chaque nationalisation. Il peut le faire – comme cela a été le
cas en 1982 – mais il peut aussi confier ce soin à l'autorité administrative à la
condition de ne pas lui laisser un pouvoir purement discrétionnaire et de lui
fixer des directives précises. De la même manière, compte tenu de la formule
de l'article 34 de la Constitution selon laquelle la loi détermine les principes
fondamentaux « du régime de la propriété », la loi a défini les principes de
base du droit de l'expropriation – cf. par exemple la partie législative du Code
de l'expropriation précédemment évoqué –, à charge pour l'autorité
administrative de décider, au coup par coup et dans le respect de ces
dispositions, des expropriations nécessaires.
En réalité, les différences essentielles entre expropriation et nationalisation
concernent d'une part les biens susceptibles d'être expropriés ou nationalisés et
d'autre part les raisons de ce faire – étant entendu que, dans les deux cas, il
s'agit de raisons d'intérêt général ou d'utilité publique. Les nationalisations
portent sur des entreprises et, dans la mesure où ces entreprises sont le plus
souvent des sociétés par actions, ce sont généralement les actions qui sont
transférées à la puissance publique ; les nationalisations portent donc au
premier chef sur des biens meubles même si, en pratique, la nationalisation des
actions emporte indirectement le transfert à la puissance publique des
immeubles possédés par les sociétés nationalisées. Au surplus, les entreprises,
une fois nationalisées, continuent bien évidemment à exercer leur activité
commerciale et industrielle mais, cette fois-ci, non plus au service d'intérêts
privés, mais au service de l'intérêt général. En revanche et comme on le verra
dans un instant, les expropriations correspondent, non à des cessions forcées de
meubles, mais à des cessions forcées qui portent directement sur des
immeubles – ou sur des droits réels immobiliers –, lesquels ne sont que très
exceptionnellement des immeubles d'entreprises. Par ailleurs, une fois
l'immeuble cédé, il change le plus souvent radicalement d'affectation, un
équipement d'utilité publique étant par exemple construit sur son emprise .2177

§ 2. Les biens susceptibles d'être expropriés : les immeubles

650 Les immeubles peuvent être l'objet d'une expropriation encore que les règles ne
soient pas toujours exactement les mêmes selon que l'immeuble appartient à une
personne privée ou à une personne publique.

A. Les immeubles appartenant à des personnes privées

651 La solution est certaine en ce qui concerne tous les immeubles par nature, que
l'on ait affaire par exemple, en application de l'article 518 du Code civil, à des
fonds de terre ou à des bâtiments. Ils peuvent toujours en effet faire l'objet
d'une expropriation, même s'il s'agit de biens spécialement protégés à raison de
la situation de leur propriétaire (absent, mineur, incapable…), de biens sous
séquestre ou de biens appartenant à une personne privée étrangère du
2178

moment qu'ils sont situés en France.


La question de savoir si les immeubles par destination peuvent être
expropriés est plus controversée. Le problème ne se pose concrètement que
lorsqu'il s'agit de savoir si l'expropriation d'un immeuble par nature entraîne
ipso facto l'expropriation des immeubles par destination qui lui sont liés. Les
solutions jurisprudentielles semblent incertaines sauf lorsque l'on a affaire à
des objets à perpétuelle demeure au sens de l'article 525 du Code civil. Ces
derniers suivent en effet toujours le sort de l'immeuble par nature dont ils sont
partie intégrante.
Quoi qu'il en soit, selon les termes mêmes de l'article L. 1 du Code de
l'expropriation, l'expropriation peut concerner l'immeuble « en tout ou partie ».
Si elle concerne l'immeuble en entier, la cession du sol entraînera,
conformément à l'article 552 du Code civil, la cession de la propriété du
dessous et la cession de la propriété du dessus sans que, dans cette dernière
hypothèse, il y ait évidemment cession de l'espace aérien . 2179

Quant aux expropriations qui ne concernent qu'une partie seulement d'un


immeuble, la jurisprudence en offre plusieurs exemples. Tel est le cas lorsque
l'administration exproprie le seul tréfonds et non la surface afin de construire
2180

un tunnel , des canalisations


2181
ou un anneau de collision à électrons et
2182

positons . Tel est également le cas lorsqu'elle exproprie des lots déterminés
2183

d'un immeuble en copropriété , une telle expropriation l'amenant à partager la


2184

copropriété des parties communes de l'immeuble avec les autres


copropriétaires . 2185

Bien évidemment, le fait que l'immeuble soit loué n'est pas un obstacle à son
expropriation, aucune disposition législative ou réglementaire n'empêchant
d'exproprier un immeuble donné à bail . 2186

B. Les immeubles appartenant à des personnes publiques 2187 2188

1° Immeubles appartenant au domaine privé

652 Les immeubles appartenant au domaine privé des personnes publiques peuvent
faire l'objet d'une expropriation . Cela présente l'avantage de permettre de
2189

passer outre aux règles contraignantes qui régissent l'aliénation des biens du
domaine privé (v. ss 248), par exemple le principe posé par le premier alinéa
de l'article L. 3211-5 du CGPPP selon lequel « les bois et forêts domaniaux ne
peuvent être aliénés qu'en vertu d'une loi » . 2190
2° Immeubles appartenant au domaine public

653 En revanche et comme on l'a déjà indiqué (v. ss 212), il n'est pas possible
d'exproprier des immeubles faisant partie du domaine public. Cette règle, qui
découle notamment du principe d'inaliénabilité du domaine public, a été
affirmée depuis longtemps tant par la Cour de cassation que par le Conseil
2191

d'État .
2192

Ses effets pratiques sont toutefois limités (ce qui explique peut-être qu'elle
ait été remise en cause par la section du rapport et des études du Conseil
d'État ). En effet, si un bien faisant partie du domaine public est inclus dans le
2193

périmètre d'une DUP, le juge ne verra pas forcément là une illégalité dès lors
que la réalisation de l'opération déclarée d'utilité publique n'implique pas
nécessairement son expropriation, c'est-à-dire son changement de
propriétaire , mais, simplement, son changement d'affectation, le propriétaire
2194

restant inchangé. Plus précisément, trois hypothèses peuvent être distinguées.


La première est celle dans laquelle un bien appartenant au domaine public de
l'État est inclus dans le périmètre d'une DUP au profit de l'État. Il n'y a dès lors
aucun changement de propriétaire, tout au plus un changement d'affectation. En
conséquence, la DUP sera légale si l'autorité compétente pour prononcer la
DUP est également compétente pour changer l'affectation de l'immeuble en
question . 2195

La seconde hypothèse est celle dans laquelle un bien appartenant au domaine


public d'une personne publique autre que l'État est inclus dans le périmètre
d'une DUP au profit de l'État ou d'une autre personne publique. Il n'y a pas non
plus illégalité car joue alors la théorie des mutations domaniales (v. ss 128) , 2196

appelée encore théorie des transferts de gestion. Rappelons que, selon cette
théorie, les dépendances domaniales constituent certes un objet de propriété
pour les collectivités publiques dont elles relèvent mais elles sont néanmoins
grevées d'une servitude d'intérêt général au profit de l'État qui peut
unilatéralement en changer l'affectation. En d'autres termes, si une collectivité
secondaire s'oppose à la réalisation sur une dépendance de son domaine public
d'un projet voulu ou accepté par l'État, ce dernier peut changer l'affectation de
la dépendance concernée et, dès lors, réaliser ou autoriser la réalisation du
projet, la collectivité secondaire restant néanmoins propriétaire du bien de
telle sorte qu'il n'y a pas expropriation stricto sensu mais simplement
changement d'affectation. Bien que cette théorie ait été contestée, elle a été
reprise par les troisième et quatrième aliénas de l'article L. 11-8 de l'ancien
Code de l'expropriation, issus de l'article 145 III de la loi n 2002-276 du
o

27 février 2002 relative à la démocratie de proximité, et devenus les articles


L. 132-3 et L. 132-4 du nouveau Code. En particulier, l'article L. 132-3 dispose
que l'arrêté de cessibilité « emporte transfert de gestion des dépendances du
domaine public de la personne publique propriétaire autre que l'État au profit
du bénéficiaire de l'acte déclaratif d'utilité publique » . Ainsi, le transfert de
2197

gestion peut être décidé maintenant par un simple arrêté de cessibilité alors
que, traditionnellement, il avait été considéré que le changement d'affectation
sans transfert de propriété et sans déclassement préalable devait être prononcé
« par décision conjointe des ministres intéressés ou par décision du Premier
ministre » , pouvoir traditionnel qui ne disparaît pas pour autant mais qui
2198

coexiste avec celui reconnu au préfet par le biais de l'arrêté de cessibilité . 2199

Sans doute aurait-il été d'ailleurs préférable que la loi relative à la démocratie
de proximité exige que le transfert de gestion résulte au moins, non pas de
l'arrêté de cessibilité, mais de la DUP comme l'avait proposé le Conseil d'État
dans un autre de ses rapports . La théorie des mutations domaniales a
2200

également été reprise par les articles L. 2123-3 et suiv. du Code général de la
propriété des personnes publiques , l'article L. 2123-5 disposant notamment
2201

que « le domaine public d'une personne publique autre que l'État peut faire
l'objet d'un transfert de gestion au profit du bénéficiaire de l'acte déclaratif
d'utilité publique dans les conditions fixées aux articles L. 132-3 et L. 132-4 du
Code de l'expropriation ».
La troisième hypothèse est celle dans laquelle un bien appartenant à l'État est
inclus dans le périmètre d'une DUP au profit d'une autre personne publique. La
DUP est alors illégale si le bien en question n'a pas été déclassé au préalable
par l'autorité compétente .2202

§ 3. Les biens susceptibles d'être expropriés : les droits réels


immobiliers

654 L'article L. 1 du Code de l'expropriation, issu de l'article L. 11-1 de l'ancien


Code, lui-même issu de l'article 1 de l'ordonnance du 23 octobre 1958,
er

dispose que les droits réels immobiliers peuvent être expropriés. Sont donc
notamment en cause le droit d'usufruit et les droits d'usage et d'habitation
(C. civ., art. 578 s.), le droit d'emphytéose (C. rur., art. L. 451-1 s.), le droit du
titulaire d'une concession de mine (C. minier, art. L. 132-8) et les servitudes
prévues par le Code civil (C. civ., art. 637 s.) .2203

Telle était déjà, avant 1958, la position de la doctrine s'agissant des droits
d'usufruit, d'usage et d'habitation. Elle admettait en effet que, dans l'hypothèse
où une personne publique était déjà nu-propriétaire d'un immeuble donné, elle
avait le droit d'en exproprier l'usufruit ou les droits d'usage et d'habitation .
2204

En revanche, on estimait traditionnellement qu'il n'était pas possible


d'exproprier simplement une servitude. Par exemple, l'article 682 du Code
civil prévoit une servitude de passage au profit du propriétaire d'un fonds
enclavé. Si une telle servitude grevait un bien appartenant au domaine privé
d'une personne publique (fonds servant), il n'était pas possible d'en poursuivre
l'expropriation. La seule solution, pour la faire disparaître, était de prononcer
l'expropriation du terrain enclavé (fonds dominant). On verra en effet (v.
ss 781) que l'expropriation d'un immeuble a pour conséquence d'éteindre les
droits que les tiers pouvaient avoir sur l'immeuble en question, qu'il s'agisse de
droits réels ou de droits personnels, et les transforme en droits à indemnité.
Tel n'est plus le cas depuis l'ordonnance de 1958. Dorénavant, il est possible
d'exproprier une servitude grevant un fonds servant sans pour autant exproprier
le fonds dominant .2205

Cette règle nouvelle appelle deux précisions.


En premier lieu, l'expropriation d'une servitude rendue ainsi possible n'a pas
pour effet de transférer le bénéfice de la servitude à la collectivité expropriante
(alors que l'expropriation d'un immeuble en transfère en principe la propriété à
la collectivité expropriante). Elle la fait purement et simplement disparaître.
En second lieu, s'il est maintenant possible d'exproprier les servitudes, c'est-
à-dire d'utiliser l'expropriation pour faire disparaître une servitude, l'opération
inverse n'est pas possible : l'expropriation ne peut servir à constituer une
servitude 2206
sauf lorsque la loi en dispose autrement et sous les conditions
prévues par la loi en question . 2207

§ 4. Les biens insusceptibles d'être expropriés : les meubles

655 Les biens meubles ne peuvent en principe être expropriés (tout comme, on peut
le rappeler, les immeubles faisant partie du domaine public des personnes
publiques). Leur cession forcée s'effectue, comme on l'a vu, par la réquisition
ou par la nationalisation.
Toutefois, la loi en dispose parfois autrement.
Il en va ainsi pour les inventions intéressant la défense nationale, qu'elles
soient brevetées ou non . Ces meubles incorporels peuvent en effet être
2208

expropriés par décret pris sur le rapport du ministre chargé de la propriété


industrielle et du ministre chargé de la défense nationale. En cas de recours
contre le décret, l'arrêt est rendu par le Conseil d'État en séance non publique.
Il ne doit contenir aucune analyse de l'invention de nature à en entraîner la
divulgation.
Par ailleurs, la loi du 11 août 1936 sur la nationalisation des usines de
guerre a permis d'exproprier les meubles ou approvisionnements nécessaires à
ces établissements .
2209

Enfin, la loi du 1 décembre 1989 relative aux biens culturels maritimes


er

habilite le ministre de la Culture à déclarer d'utilité publique l'acquisition par


l'État des biens culturels maritimes situés dans le domaine public maritime,
qu'il s'agisse d'immeubles ou de meubles .2210

SECTION 2. LE BUT DE L'EXPROPRIATION

656 L'article 17 de la Déclaration de 1789 indique qu'une expropriation ne peut être


prononcée que si la « nécessité publique » l'exige évidemment. Le Code civil
(1804) et toute la législation postérieure utilisent une notion apparemment plus
large, du moins dans le langage courant, celle d'« utilité publique ».
Mais reste à savoir ce que recouvrent concrètement ces expressions de
« nécessité publique » ou d'« utilité publique ».
Aux alentours de 1850, les solutions sont claires : il n'y a nécessité publique
ou utilité publique et dès lors possibilité d'exproprier que lorsque la cession
forcée a pour but soit la constitution du domaine public soit la construction
2211

d'ouvrages publics. Les notions de nécessité publique ou d'utilité publique sont


donc entendues à l'époque dans un sens nettement restrictif.
Dans les dernières années du XIX siècle et au début du XX siècle, c'est-à-
e e

dire à une époque qui voit le triomphe de la notion de service public, l'idée de
service public prend la relève. Elle implique déjà un premier élargissement de
la notion d'utilité publique puisqu'une expropriation est légale dès lors qu'elle
est décidée pour les besoins du fonctionnement des services publics.
Puis, second élargissement, on passe de la notion de service public,
relativement précise à l'époque, à la notion beaucoup plus floue d'intérêt
général. Comme le relève le Président Josse dans ses conclusions sur l'arrêt
Cambieri , « inutile, pour justifier l'expropriation en vue de la création d'une
2212

vraie auberge de jeunesse, d'aller jusqu'à la notion de service public : l'utilité


générale suffit ». Dès lors, on admet qu'une expropriation est légale du moment
qu'elle est justifiée par un intérêt général quel qu'il soit. Il y a là un
incontestable élargissement du but de l'expropriation, élargissement qui sera
amplifié par la suite par la conception de plus en plus compréhensive que le
législateur et la jurisprudence semblent avoir de la notion d'intérêt général.

§ 1. L'extension législative de la notion d'utilité publique

657 De multiples lois ont autorisé le recours à l'expropriation dans des domaines
extrêmement divers, montrant ainsi une conception de plus en plus large de la
notion d'utilité publique. Par exemple, le Président Josse rappelle que, aux
2213

termes de la loi, l'expropriation est possible pour assurer le reboisement et la


conservation des forêts nécessaires au maintien des terrains en montagne (loi
du 4 avril 1882), pour des raisons d'hygiène (loi du 15 février 1902), pour
l'embellissement et l'assainissement des stations hydrominérales, climatiques et
de tourisme (loi du 13 avril 1910), pour des raisons d'esthétique ou de
conservation des monuments historiques, des monuments naturels et des sites de
caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque (lois du
31 décembre 1913 et du 2 mai 1930), pour des raisons d'urbanisme (loi du
14 mars 1919), pour permettre le développement du sport et de l'éducation
physique (loi du 25 mars 1925), pour favoriser le logement des familles
nombreuses et nécessiteuses (décret du 30 octobre 1935), pour le
remembrement de la propriété foncière (loi du 9 mars 1941), pour
l'exploitation des terres abandonnées (lois du 12 mars et du 23 mai 1944)…
Il n'est évidemment pas possible de dresser ici un inventaire complet de
toutes les lois prévoyant le recours à l'expropriation. Au surplus, l'intérêt d'un
tel inventaire semble doublement limité.
D'une part, certains de ces textes ne font que confirmer des solutions déjà
admises par la jurisprudence. Tel est par exemple le cas pour les réserves
foncières constituées par l'administration lorsqu'elle a l'intention de réaliser à
terme une grande opération d'aménagement et qu'elle acquiert préventivement
les terrains nécessaires, cela afin de les soustraire aux initiatives privées et de
freiner la spéculation que ne manquerait pas d'entraîner la connaissance précise
de ses intentions. Le juge a en effet admis que l'expropriation pour cause
d'utilité puisse servir à acquérir les terrains nécessaires à la constitution d'une
réserve foncière avant que cette possibilité ne soit expressément prévue par
2214

la loi foncière n 67-1253 du 30 décembre 1967 . Par la suite, le droit des


o 2215

réserves foncières a été fréquemment modifié et se trouve aujourd'hui codifié


aux articles L. 221-1 à L. 221-3 du Code de l'urbanisme . 2216

D'autre part et réciproquement, bon nombre de ces lois autorisent le recours


à l'expropriation dans des hypothèses où il serait maintenant admis par la
jurisprudence, même en l'absence de textes exprès, compte tenu de la
conception également extensive qu'a le juge de la notion d'utilité publique.
Exceptionnellement toutefois, il peut arriver que le législateur intervienne
pour permettre le recours à l'expropriation dans une hypothèse où ce recours
risquait d'être contesté par le juge. Il en va ainsi des expropriations destinées à
prévenir les risques naturels prévisibles. Lorsque des personnes habitent dans
une zone exposée à des risques naturels prévisibles mettant en cause leur vie,
est-il possible de les exproprier, c'est-à-dire d'obtenir leur départ effectif tout
en les relogeant dans des conditions similaires et sans qu'elles subissent un
préjudice financier ? Interrogé par les ministres concernés, le Conseil d'État,
statuant dans le cadre de ses attributions consultatives, avait répondu par la
négative compte tenu de l'état actuel de la législation . D'où l'intervention du
2217

législateur aux termes de laquelle, « lorsqu'un risque prévisible de mouvements


de terrain ou d'affaissements de terrains dus à une cavité souterraine ou à une
marnière, d'avalanches, de crues torrentielles ou à montée rapide ou de
submersion marine menace gravement des vies humaines, l'État peut déclarer
d'utilité publique l'expropriation par lui-même, les communes ou leurs
groupements des biens exposés à ce risque dans les conditions prévues par le
Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique et sous réserve que les
moyens de sauvegarde et de protection des populations s'avèrent plus coûteux
que les indemnités d'expropriation » . 2218

§ 2. L'extension jurisprudentielle de la notion d'utilité


publique

658 Le juge administratif, confronté à une notion aussi abstraite que celle de
l'« utilité publique », n'a pas longtemps hésité à lui donner les contours les plus
larges en l'assimilant en pratique au concept d'« intérêt général » et en se
faisant juge de ce dernier. En conséquence, il peut maintenant y avoir
expropriation alors même que l'opération poursuivie n'a pas pour but la
constitution du domaine public , la construction d'un ouvrage public ou le
2219 2220

fonctionnement d'un service public du moment qu'est en jeu un intérêt général


2221

que le juge n'hésite pas à entendre de façon compréhensive . 2222

Il serait évidemment fastidieux de dresser ici une liste complète de tous les
cas où le juge administratif a admis la légalité du recours à l'expropriation . 2223

Ce qui est plus intéressant, c'est de préciser les instruments forgés par le juge
pour apprécier l'utilité publique d'une opération donnée, point qui sera abordé
ultérieurement car il est directement lié au problème du contrôle exercé par le
juge sur la déclaration d'utilité publique (v. ss 741 s.). On verra alors que,
compte tenu du contrôle in concreto exercé par le juge sur l'utilité publique
d'une opération, telle opération jugée légale ici ne l'est pas forcément là , 2224

d'où l'intérêt très relatif au surplus qu'il y a à énumérer in abstracto les


opérations reconnues d'utilité publique.

SECTION 3. LES ACTEURS DE L'EXPROPRIATION


659 Seul l'État est titulaire du pouvoir d'exproprier. En revanche, les initiateurs
d'une expropriation peuvent être aussi bien une personne publique qu'une
personne privée. Il en va de même des bénéficiaires de l'expropriation.

§ 1. Le titulaire du pouvoir d'exproprier : l'État

660 Seul l'État est titulaire du pouvoir d'exproprier , du moins en France


2225

métropolitaine et dans les départements et régions d'outre mer . Par exemple,


2226

comme on le verra ultérieurement, tous les actes importants de la phase


administrative d'expropriation – ouverture de l'enquête d'utilité publique,
déclaration d'utilité publique, arrêté de cessibilité – relèvent de la compétence
d'autorités de l'État : l'ouverture de l'enquête d'utilité publique est faite par
arrêté préfectoral ; la déclaration d'utilité publique est soit un arrêté préfectoral
soit un arrêté ministériel soit un décret en Conseil d'État ; l'arrêté de cessibilité
est un arrêté préfectoral.
En d'autres termes, le pouvoir d'expropriation n'a jamais été décentralisé,
contrairement à ce qui avait été envisagé un temps en 1981 au début du
processus de décentralisation alors engagé. C'est là une différence essentielle
(et nouvelle) entre le droit de l'expropriation et le droit de l'urbanisme.
Traditionnellement, l'urbanisme était, comme l'expropriation, affaire d'État. Les
documents d'urbanisme et notamment les plans d'occupation des sols
(aujourd'hui plans locaux d'urbanisme) étaient certes établis après que les
communes aient été consultées mais c'étaient les représentants de l'État qui
conduisaient la procédure et disposaient du pouvoir final de décision. Les
autorisations d'urbanisme et notamment les permis de construire étaient certes
en principe délivrés par le maire mais il agissait au nom de l'État et, au cas de
désaccord entre lui et le directeur départemental de l'équipement, le pouvoir de
décision était transféré au préfet. Enfin, les opérations d'urbanisme ne
pouvaient être décidées que par une autorité étatique. On sait que la loi du
7 janvier 1983 a transféré aux communes la responsabilité de l'établissement
des documents d'urbanisme et de la délivrance des autorisations d'urbanisme
tandis que la loi du 18 juillet 1985 étendait ces règles aux opérations
d'urbanisme. En revanche, le droit de l'expropriation n'a en rien été affecté par
le processus de décentralisation : après 1981 comme avant 1981, il demeure
une compétence de l'État.
Ce maintien du statu quo a été justifié par des raisons constitutionnelles :
c'est l'idée que le respect du droit constitutionnel de propriété impliquerait le
maintien de l'intervention de l'État, toute autre solution étant d'une
constitutionnalité incertaine .
2227
On peut toutefois ne pas être convaincu par cette justification et
2228

considérer que ce maintien du statu quo s'explique en réalité, non pas par des
raisons juridiques, mais par des raisons pratiques et par des raisons
d'opportunité : raisons pratiques en ce sens que, compte tenu de la multiplicité
des personnes juridiques, publiques et privées, qui peuvent demander le
déclenchement d'une procédure d'expropriation (v. ss 663), il n'est sans doute
pas inutile de conférer les pouvoirs de décision en la matière à une personne
administrative unique qui ne peut être que l'État ; raisons d'opportunité résultant
de la très ferme volonté des autorités de l'État de conserver le contrôle d'une
procédure éminemment régalienne et d'écarter à son propos tout risque de
dérive provenant notamment d'initiatives locales intempestives.
2229

Toutefois, à ce dernier propos, on peut éprouver quelques doutes sur


l'effectivité du contrôle exercé par l'État : si les moyens de contrôle ne
manquent pas, il n'est pas certain qu'il les exerce fréquemment . 2230

A. Les moyens de contrôle de l'État

661 Les autorités administratives de l'État ont toujours le droit de refuser de


prendre les actes administratifs nécessaires à la réalisation d'une expropriation.
En premier lieu, le préfet a le droit de refuser de prendre l'arrêté ouvrant
l'enquête d'utilité publique. L'initiateur de l'expropriation ou son bénéficiaire
peut attaquer son refus devant le juge administratif . Le contrôle qu'exerce
2231

alors le juge administratif est un contrôle restreint car il considère que le préfet
exerce en la matière une compétence discrétionnaire. C'est ainsi que, en
refusant d'ouvrir une enquête d'utilité publique au motif qu'une commune ne
disposait pas des ressources suffisantes pour réaliser l'opération projetée, le
préfet ne s'est pas fondé, en l'espèce, sur des faits matériellement inexacts et n'a
pas commis une erreur manifeste d'appréciation . En revanche, s'il refuse à
2232

une commune d'ouvrir l'enquête au motif qu'elle n'est pas compétente pour
réaliser l'opération projetée et que tel ne soit pas le cas, il commet une erreur
de droit .
2233

En second lieu, l'autorité administrative a le droit et même le devoir de


refuser de prendre une déclaration d'utilité publique s'il lui apparaît qu'un motif
de droit ou même d'opportunité s'y oppose : par exemple irrégularité dans la
2234

composition du dossier mis à l'enquête ; par exemple encore doute sérieux sur
l'utilité publique de l'opération. Depuis 2002, son refus doit être motivé et
comporter l'énoncé des considérations de droit et de fait le justifiant . Ici2235

encore, le contrôle exercé par le juge est un contrôle restreint .2236

En troisième lieu, le préfet a le droit de refuser de prendre l'arrêté ouvrant


l'enquête parcellaire alors même qu'il avait été d'accord pour ouvrir l'enquête
d'utilité publique et pour prendre la DUP, son refus étant toujours soumis à un
contrôle restreint .
2237

En dernier lieu, même si le juge ne semble pas s'être prononcé sur cette
question, il est vraisemblable que le préfet dispose du pouvoir discrétionnaire
de refuser de prendre l'arrêté de cessibilité alors même que la DUP a été prise
et que l'enquête parcellaire s'est déroulée, son refus n'étant soumis qu'à un
contrôle restreint.
Au total, le pouvoir de contrôle qui est ainsi reconnu aux autorités
administratives de l'État est double, Il s'agit d'abord d'un contrôle de légalité,
ce qui est parfaitement logique. Il semble s'agir ensuite d'un contrôle
d'opportunité, ce qui est plus original. Mais, reste à savoir si ce contrôle est
concrètement exercé.

B. La pratique du contrôle de l'État

662 Tel ne semble pas être toujours le cas en pratique. Par exemple, lorsque la
déclaration d'utilité publique relève de la seule compétence préfectorale et que,
en conséquence, tous les actes de la procédure administrative impliquent le
bureau des expropriations de la préfecture, si ce dernier se livre généralement
à un contrôle systématique du respect des règles de procédure, il ne semble pas
qu'il en aille toujours de même du contrôle du respect des règles de fond (mais
il est vrai que, à ce dernier propos, il n'est pas toujours facile d'apprécier
l'utilité publique d'un projet donné). Il en résulte que, souvent, l'autorité de
l'État se borne à endosser une décision qui, en réalité, a été prise par l'initiateur
de l'expropriation. Le pouvoir d'exproprier reconnu par les textes à l'État
correspond donc parfois, en pratique, plus à un simple pouvoir
d'enregistrement qu'à un véritable pouvoir de décision.

§ 2. Les initiateurs de l'expropriation

663 Ce sont donc les initiateurs de l'expropriation qui, souvent, jouent le rôle
décisif. Mais qui peut susciter une procédure d'expropriation ? La liste des
« expropriants », expression qui désigne souvent ceux qui ont le pouvoir de
prendre l'initiative de la procédure, n'a cessé de s'allonger au cours du temps.
À l'origine, outre l'État, il s'agissait exclusivement des collectivités
territoriales. Puis il a été admis qu'il puisse s'agir d'établissements publics
avant que cette possibilité ne soit également ouverte à certaines personnes
privées.
A. Les collectivités territoriales

664 Outre l'État, c'est d'abord aux seules collectivités territoriales – départements,
communes et, plus récemment, régions puis collectivités à statut particulier de
l'article 72 de la Constitution et collectivités d'outre-mer de l'article 74 – que
le pouvoir de déclencher une expropriation a été reconnu. On précisera d'abord
les opérations pour lesquelles elles peuvent demander le déclenchement d'une
procédure d'expropriation puis le régime contentieux des délibérations par
lesquelles elles font une telle demande.
1° Opérations pour lesquelles les collectivités territoriales peuvent demander
le déclenchement d'une procédure d'expropriation

665 Le principe général de spécialité des personnes publiques, qui n'est pas propre
aux seules personnes spéciales ou établissements publics mais concerne
également les personnes générales ou collectivités territoriales, implique en
principe que ces dernières ne puissent susciter une expropriation que pour
satisfaire les intérêts propres qui leur sont confiés. C'est l'idée que, par
exemple, une commune ne peut exproprier que pour satisfaire un intérêt public
local. Mais, reste évidemment à distinguer cet intérêt-là des autres formes
d'intérêt public. Le problème est délicat mais semble être résolu par le Conseil
d'État de façon plus extensive que par le passé.
C'est ainsi que la haute juridiction administrative, non sans avoir hésité,
avait fini par conclure que les expropriations communales destinées à
permettre l'implantation d'un service public n'étaient légales que lorsqu'il
s'agissait d'un service public communal. En revanche, une commune ne pouvait
pas déclencher une procédure d'expropriation pour favoriser l'installation d'une
perception car il s'agissait là essentiellement d'un service public de l'État,
c'est-à-dire d'une opération d'intérêt national pour la réalisation de laquelle la
commune est incompétente . 2238

Plus récemment, le juge a assoupli sa jurisprudence. Il admet maintenant la


légalité d'une opération du même type (en l'espèce, la construction d'un bureau
de poste) « dès lors qu'elle a pour objet direct de répondre aux besoins de la
population de la commune expropriante » . En d'autres termes, la notion
2239

d'intérêt public local semble entendue de façon plus large que par le passé.
Par ailleurs, toujours si la satisfaction des besoins de sa population l'exige,
il est également possible à une commune de susciter l'expropriation de terrains
situés sur le territoire d'une autre commune à la condition, bien évidemment,
qu'elle n'ait pu trouver sur son propre territoire les terrains nécessaires . 2240

2° Régime contentieux des délibérations des collectivités territoriales demandant


le déclenchement d'une procédure d'expropriation

666 En premier lieu, la délibération par laquelle une collectivité territoriale


demande le déclenchement d'une procédure d'expropriation étant une simple
mesure préparatoire , elle ne peut faire l'objet d'un recours direct pour excès
2241

de pouvoir. Il n'en a pas toujours été ainsi. Par exception à cette règle classique
du contentieux selon laquelle les mesures préparatoires ne peuvent faire l'objet
d'un recours pour excès de pouvoir, les textes permettaient traditionnellement
aux administrés d'attaquer les délibérations des conseils municipaux dites
nulles de droit alors même qu'elles ne faisaient pas grief par elles-mêmes.
Cette solution avait été confirmée sous l'empire des lois de décentralisation de
1982 (loi du 2 mars 1982 modifiée par la loi du 22 juillet 1982) alors même
que la notion de délibération nulle de droit avait disparu à la condition que le
recours ne soit fondé que sur un vice propre à la délibération (moyen de
légalité externe comme incompétence ou vice de forme) . Elle est maintenant
2242

abandonnée de telle sorte que les délibérations du conseil municipal qui ne font
pas grief par elles-mêmes, ce qui est le cas d'une mesure préparatoire comme
la délibération demandant l'ouverture d'une procédure d'expropriation, ne sont
plus susceptibles de recours pour excès de pouvoir intentés par les administrés
mais seulement de déférés formés par le préfet . 2243

En second lieu, puisque la délibération par laquelle une collectivité


territoriale demande le déclenchement d'une procédure d'expropriation est une
mesure préparatoire de la déclaration d'utilité publique et de l'arrêté de
cessibilité, les requérants, à défaut de pouvoir l'attaquer directement devant le
juge de l'excès de pouvoir, peuvent exciper de son illégalité à l'appui d'un
recours intenté contre la déclaration d'utilité publique ou l'arrêté de
cessibilité .
2244

B. Les établissements publics

667 À l'origine, on estimait que seules les collectivités territoriales pouvaient


recourir à l'expropriation, cette possibilité étant refusée aux établissements
publics. Certes, une collectivité territoriale pouvait toujours poursuivre une
expropriation pour le compte d'un établissement public dépendant d'elle, le
bien exproprié devenant la propriété de la collectivité territoriale mais étant
mis à la disposition de l'établissement public. En revanche, ce dernier ne
pouvait, directement, avoir recours à l'expropriation. Ces solutions
s'expliquaient vraisemblablement par le fait que, à l'époque, l'expropriation ne
pouvait servir, comme on l'a vu, qu'à la constitution du domaine public ; or, on
estimait parallèlement que seules les collectivités territoriales, et non les
établissements publics, pouvaient disposer d'un domaine public (v. ss 84). Il
n'en allait différemment que lorsqu'un texte spécial avait expressément attribué
à un établissement public la possibilité d'exproprier . 2245

Par la suite, les conceptions ont évolué. D'abord, le Conseil d'État, siégeant
en formation administrative, a reconnu aux établissements publics le droit de
recourir, même en l'absence de loi, à l'expropriation . Ensuite, la haute
2246

juridiction, siégeant au contentieux, a affirmé de façon générale « que les


établissements publics peuvent, en leur qualité de personnes morales de droit
public, recourir à l'expropriation pour cause d'utilité publique » . En d'autres 2247

termes, le droit d'exproprier est l'une des conséquences de la reconnaissance


de la personnalité administrative sans qu'il y ait lieu de distinguer entre les
collectivités territoriales et les établissements publics ou entre établissements
publics administratifs et établissements publics industriels et commerciaux.
Ici encore, le principe de spécialité implique qu'un établissement public ne
puisse exproprier qu'en vue d'un but correspondant à sa mission. Par exemple,
une caisse des écoles ne peut exproprier des immeubles en vue d'y organiser
des fêtes et des bals publics et d'y installer une salle de réunion car de tels
objectifs sont étrangers à la mission de la caisse qui, aux termes de
l'article 15 de la loi du 10 avril 1867 alors en vigueur , est seulement 2248

d'encourager, par des secours ou des récompenses, la fréquentation de


l'école .
2249

Par ailleurs, les délibérations des établissements publics qui demandent le


déclenchement d'une procédure d'expropriation doivent être analysées comme
des mesures préparatoires insusceptibles de faire l'objet d'un recours direct en
annulation mais dont la légalité peut être mise en cause à l'occasion d'un
recours intenté contre les actes décisoires édictés ultérieurement par
l'administration, qu'il s'agisse de la déclaration d'utilité publique ou de l'arrêté
de cessibilité.

C. Les personnes privées

668 Depuis longtemps, des textes spéciaux ont attribué à telle ou telle catégorie de
personnes privées la qualité d'expropriant. Cela a d'abord été le cas des
personnes privées concessionnaires de la puissance publique, que l'on ait
affaire à des concessionnaires de mines , à des concessionnaires
2250

d'entreprises de distribution d'énergie électrique , à des concessionnaires


2251

d'entreprises hydroélectriques , à des concessionnaires de travaux publics


2252 2253

ou, plus généralement, à des concessionnaires d'opérations d'aménagement . 2254

Mais, en dehors même du cadre de la concession, d'autres textes ont également


reconnu la qualité d'expropriant à d'autres personnes privées, par exemple des
entreprises exerçant sur le sol national une activité d'intérêt européen en
matière d'électricité . 2255

Reste à savoir si, lorsqu'il n'existe aucun texte spécial, une personne privée
peut être à l'origine d'une procédure d'expropriation. Le Conseil d'État l'a
admis implicitement mais clairement à propos des personnes privées gérant un
service public .2256

En tout état de cause, l'acte par lequel une personne privée chargée d'une
mission de service public et ayant reçu délégation à cette fin en matière
d'expropriation demande au préfet l'expropriation d'un immeuble pour cause
d'utilité publique traduit l'usage de prérogatives de puissance publique et
constitue ainsi une décision administrative dont la juridiction administrative
peut connaître. Constituant un acte préparatoire aux arrêtés portant DUP et
cessibilité, son illégalité peut, par suite, être utilement invoquée à l'appui d'un
recours contre la DUP d'acquisition de cet immeuble et contre l'arrêté qui le
déclare cessible . 2257

§ 3. Les bénéficiaires de l'expropriation

669 Souvent, l'expropriant, c'est-à-dire la personne qui a le droit de mettre en


œuvre la procédure d'expropriation et dont on vient de dresser la liste, est le
bénéficiaire de l'expropriation en question. C'est dire que le bien exproprié
entre alors dans le patrimoine de la personne publique ou de la personne privée
expropriante .
2258

Mais il n'en va pas toujours ainsi. Il arrive en effet que l'expropriant


exproprie pour le compte d'autrui, le bien exproprié devant entrer dans le
patrimoine d'autres personnes. Il arrive même que ces dernières n'aient pas la
qualité d'expropriant. Cette dernière hypothèse, qui est la plus intéressante,
concerne essentiellement certaines personnes privées et les États étrangers ou
les organisations internationales.

A. Les personnes privées

670 Compte tenu de ce qui a été vu au point précédent, les personnes privées
auxquelles les textes n'ont pas accordé la qualité d'expropriant ou qui ne gèrent
pas un service public ne peuvent poursuivre directement une expropriation.
Mais il est souvent loisible à une personne juridique qui, elle, a la qualité
d'expropriant de poursuivre une expropriation à leur profit.
C'est ainsi qu'un décret du 9 novembre 1933 avait autorisé les colonies – qui
avaient le statut de collectivités territoriales – à acquérir, au besoin par la voie
de l'expropriation, les immeubles nécessaires au fonctionnement des sociétés
de prévoyance, de secours et de prêts mutuels agricoles. Saisi d'un recours
contre ce décret, le Conseil d'État devait, conformément aux conclusions de son
Commissaire du gouvernement, conclure à sa légalité au motif que le caractère
d'intérêt public qui s'attache à ces sociétés légitimait qu'elles puissent
bénéficier d'une expropriation . C'est l'idée que ces sociétés, sans gérer pour
2259

autant un service public – tel est du moins l'analyse qui en est faite à l'époque,
analyse qui ne tardera pas par la suite à être abandonnée – sont des
2260

« services d'intérêt public » ou des « entreprises d'intérêt général » de telle


sorte qu'elles peuvent être les bénéficiaires d'une expropriation.
Par la suite, le Conseil n'a pas hésité, plusieurs fois, à affirmer que, bien que
le bien exproprié soit destiné à être utilisé par un organisme privé, cela
n'entachait pas l'expropriation d'illégalité du moment que l'utilisation qui en
serait faite aurait un but d'utilité publique .
2261

Enfin, le législateur permet, dans certains cas, l'expropriation en vue de la


cession des terrains expropriés à des personnes de droit privé (ou de droit
public).
C'est ainsi que l'article L. 411-1 du Code de l'expropriation, issu pour
l'essentiel de la loi foncière n 53-683 du 6 août 1953, énumère dix cas dans
o

lesquels il peut y avoir expropriation en vue d'une cession, par exemple


« immeubles expropriés en vue de la construction d'ensembles immobiliers à
usage d'habitation avec leurs installations annexes ou en vue de la création de
lotissements destinés à l'habitation ou à l'industrie », par exemple encore
immeubles expropriés dans le cadre de la réalisation de certaines opérations
d'aménagement. La liste des bénéficiaires de la cession 2262
doit être établie
compte tenu du droit de priorité qui est reconnu par les textes aux anciens
propriétaires . À l'acte de cession est annexé un cahier des charges qui
2263

précise notamment les conditions selon lesquelles la cession est consentie et


résolue en cas d'inexécution des charges, cahier des charges qui, sauf
dérogation expresse accordée par décret en Conseil d'État, doit reprendre les
clauses types figurant dans celle des annexes à la partie réglementaire du Code
de l'expropriation relative à l'opération concernée . 2264

De la même manière, les articles L. 621-13 et L. 621-21 du Code du


patrimoine (articles 9-1 et 9-2 de la loi du 31 décembre 1913 sur les
monuments historiques issus de la loi n 66-1042 du 30 décembre 1966)
o

prévoient, non seulement que l'État a le droit d'exproprier les monuments


historiques dont la conservation est compromise par l'inexécution de travaux de
réparation ou d'entretien, mais aussi qu'il a le droit de les céder ensuite à des
personnes privées (ou publiques), à charge pour elles de les utiliser aux fins et
dans les conditions prévues au cahier des charges annexé à l'acte de cession.

B. Les États étrangers ou les organisations internationales

671 Les États étrangers ou les organisations internationales n'ont évidemment


jamais en France la qualité d'expropriant. En revanche, il leur est possible,
sous certaines conditions, de bénéficier d'expropriations diligentées à leur
profit par l'État.
Cette solution a d'abord été dégagée par le Conseil d'État à propos des
organisations internationales. Il a en effet admis la légalité d'expropriations
destinées aux opérations suivantes : construction et aménagement de bâtiments
destinés à une organisation internationale dont la France est membre et qui a
fixé son siège à Paris 2265
; construction d'un dépôt d'hydrocarbures destiné au
stockage de l'essence dans le cadre du Traité de l'Atlantique-Nord et dans
l'intérêt de la défense commune des États signataires de ce pacte au nombre
desquels est l'État français ; exécution du programme de recherche nucléaire
2266

fondamentale mis en œuvre par le CERN (Organisation européenne pour la


recherche nucléaire) dont la France est membre . On remarquera que, à
2267

chaque fois, le juge souligne que la France est membre de l'organisation


internationale en question, de telle sorte que l'intérêt international de
l'opération se confond en quelque sorte avec un intérêt national.
Par la suite, le juge a admis également l'utilité publique d'une opération
destinée à bénéficier à un État étranger du moment qu'elle se situait dans le
cadre des échanges économiques internationaux . 2268

SECTION 4. LES GARANTIES DE L'EXPROPRIATION

672 Dans la mesure où toute expropriation porte atteinte au droit de propriété, la


règle de droit s'est efforcée au maximum d'en garantir le bon déroulement.
Certaines de ces garanties découlent d'autres éléments de la définition de
l'expropriation qui ont déjà été abordés dans les trois sections précédentes. Par
exemple, le fait qu'il ne puisse y avoir expropriation que pour cause d'utilité
publique. Par exemple encore, le fait que seul l'État détienne le pouvoir de
décider si oui ou non il y aura expropriation.
En revanche, d'autres garanties n'ont pas encore été abordées de front dans
ce chapitre. Elles sont essentiellement au nombre de trois : la distinction entre
la phase administrative et la phase judiciaire de la procédure d'expropriation ;
le caractère minutieusement réglementé de la procédure d'expropriation ; le
caractère juste et préalable de l'indemnité d'expropriation.

§ 1. La distinction entre la phase administrative et la phase


judiciaire

673 Une expropriation ne nécessite pas simplement l'édiction d'actes administratifs


– déclaration d'utilité publique et arrêté de cessibilité – relevant, en cas de
litige, de la compétence du juge administratif. Elle implique également
l'intervention du juge judiciaire. D'une part, c'est le juge judiciaire qui, à défaut
d'accord amiable entre les parties, prononce le transfert de propriété. D'autre
part, c'est le juge judiciaire qui, toujours à défaut d'accord amiable, évalue lui-
même la valeur des biens expropriés.
Cette intervention du juge judiciaire, qui remonte à 1810 (v. ss 619), se
justifiait facilement au début du XIX siècle. Compte tenu de la sacralisation du
e

droit de propriété, il paraissait peu opportun de laisser toute la procédure


d'expropriation entre les mains de l'administration et du juge administratif, ce
dernier étant d'ailleurs, à l'époque, pour le moins dépendant de l'administration.
En revanche, ces compétences du juge judiciaire sont maintenant considérées
parfois comme anachroniques , notamment la compétence relative au transfert
2269

de propriété.
Au surplus, cette intervention de l'autorité judiciaire en matière de transfert
de propriété est, comme on le verra (v. ss 748 s.), source de complications. En
effet, compte tenu de l'indépendance totale qui a longtemps prévalu entre la
phase administrative et la phase judiciaire de l'expropriation, si, par exemple,
le juge administratif annulait la déclaration d'utilité publique alors que
l'ordonnance du juge judiciaire prononçant le transfert de propriété était
devenue définitive, le transfert de propriété ne pouvait plus être remis en cause
de telle sorte que l'annulation de la déclaration d'utilité publique était
dépourvue d'effets concrets .2270

Deux solutions radicales sont alors envisageables. La première – la plus


radicale – consiste tout simplement à confier le transfert de propriété, sous le
contrôle du juge, directement à une autorité administrative. Tel est le cas en
Grande-Bretagne et en Allemagne fédérale. Telle est également la solution qui
avait été envisagée par le gouvernement au moment de l'élaboration de la loi
foncière de 1967, le droit de prononcer le transfert de propriété étant attribué
aux préfets après que les conservateurs des hypothèques (aujourd'hui
supprimés) aient vérifié l'accomplissement des formalités requises. Mais,
finalement, le gouvernement avait dû renoncer à son projet devant l'opposition
résolue du Parlement. La seconde solution est moins radicale. Elle consiste à
2271
attribuer le droit de prononcer le transfert de propriété, non au juge judiciaire,
mais au juge administratif qui seul est à même de contrôler la régularité des
formalités préalables à l'expropriation et l'existence d'une utilité publique.
Il n'empêche que, à tort ou à raison, l'intervention du juge judiciaire demeure
généralement considérée comme une garantie solidement ancrée dans la
conscience juridique française – cf. par exemple les réactions hostiles à la
suppression de son intervention qui se sont manifestées au Parlement en 1967.
Le statu quo devrait donc prévaloir d'autant plus que, comme on l'a vu (v.
ss 630), le Conseil constitutionnel a estimé que l'importance des attributions
conférées à l'autorité judiciaire en matière de protection de la propriété privée
immobilière était un principe à valeur constitutionnelle.

§ 2. Le caractère minutieusement réglementé


de la procédure

674 De toutes les prérogatives de puissance publique, l'expropriation pour cause


d'utilité publique est certainement l'une de celles dont la procédure est
réglementée avec le plus de minutie. Tel est notamment l'objet des trois cent
cinquante articles du Code de l'expropriation précédemment évoqués. Ils
traitent d'abord dans le détail de la procédure administrative non contentieuse
de l'expropriation, c'est-à-dire de la procédure d'élaboration des différents
actes administratifs qui concourent à la réalisation d'une expropriation –
essentiellement la déclaration d'utilité publique et l'arrêté de cessibilité. Ces
actes ne peuvent en effet être pris que dans le respect d'un nombre important de
règles de procédure qui, souvent, ont pour fonction de permettre de recueillir
des avis tant à l'intérieur de l'administration qu'auprès du public. C'est dire que
l'on a affaire, en la matière, à une procédure largement consultative. Mais le
Code de l'expropriation ne s'en tient pas là. Il contient également de multiples
règles de procédure contentieuse concernant notamment l'intervention du juge
judiciaire en matière d'expropriation.
Tout cela se justifie sans doute par le fait qu'est en cause le droit de
propriété. Dans la mesure où toute expropriation porte atteinte à un droit
qualifié d'« inviolable et sacré » par la Déclaration de 1789, on a jugé utile que
ces atteintes soient encadrées par des règles de procédure très strictes qui
s'efforcent en particulier de garantir l'utilité publique de l'opération projetée .
2272

§ 3. Le caractère juste et préalable de l'indemnité


675 Le droit de l'expropriation ne se limite bien évidemment pas à un catalogue de
règles de procédure protectrices. Il comprend également des garanties de fond
au premier rang desquelles figure, depuis 1789, le principe selon lequel
l'indemnité d'expropriation doit être juste et préalable (v. ss 626).
C'est d'ailleurs pour garantir le caractère juste de l'indemnité que Napoléon
avait confié sa détermination au juge judiciaire. Il en va toujours de même à
l'époque contemporaine non sans que, entre-temps, la règle ait connu un certain
nombre d'avatars . Au surplus, le juge judiciaire, lorsqu'il fixe le montant de
2273

l'indemnité, est tenu de respecter un certain nombre de règles de fond posées


par les articles L. 321-1 et suivants du Code de l'expropriation et sur lesquelles
nous reviendrons longuement (v. ss 802 s.), règles qui, pour la plupart d'entre
elles, s'efforcent de garantir le caractère équitable de l'indemnisation.
Toutefois, tel n'est pas toujours le cas.
Quant au caractère préalable de l'indemnité, il signifie bien sûr que
l'administration ne peut prendre possession du bien exproprié qu'après
règlement de l'indemnité d'expropriation. C'est ainsi que l'article L. 222-1 du
Code de l'expropriation précise que l'ordonnance d'expropriation n'envoie
l'expropriant en possession que « sous réserve » qu'il ait procédé au paiement
de l'indemnité d'expropriation ou, en cas d'obstacle au paiement ou de refus de
la recevoir, à sa consignation.
Toutefois, cette règle ne joue que dans le cadre de la procédure normale.
C'est ainsi que, par exemple, dans le cadre de la procédure d'extrême urgence,
le paiement d'une simple provision suffit sans que le Conseil constitutionnel y
ait trouvé à redire (v. ss 825).
Quoi qu'il en soit, ce sont ces garanties qu'il importe maintenant d'étudier
dans le détail en commençant par celles qui concernent la phase administrative
de la procédure d'expropriation.
TITRE 2
LA PHASE ADMINISTRATIVE

CHAPITRE1 LA CONSULTATION SUR L'UTILITÉ PUBLIQUE : L'ENQUÊTE


PUBLIQUE ET LES AVIS
CHAPITRE 2 LA CONSTATATION DE L'UTILITÉ PUBLIQUE : LA
DÉCLARATION D'UTILITÉ PUBLIQUE
CHAPITRE 3 LA DÉTERMINATION DES BIENS À EXPROPRIER :
L'ENQUÊTE PARCELLAIRE ET L'ARRÊTÉ DE CESSIBILITÉ

676 La demande de l'expropriant ◊ Le point de départ de la phase


administrative est l'acte par lequel l'expropriant exprime son intention de
réaliser telle opération en recourant à une expropriation et, en conséquence,
2274

demande au préfet de déclencher la procédure correspondante . 2275

Cet acte peut revêtir les formes les plus variées compte tenu de la qualité de
l'expropriant : lettre d'un ministre, délibération d'un conseil municipal,
délibération du conseil d'administration d'un établissement public, délibération
du conseil d'administration d'une caisse régionale de Sécurité sociale…
Comme on peut s'en douter, plusieurs règles, précédemment évoquées (v.
ss 663 s.), conditionnent la régularité de cette demande. En premier lieu, elle
doit émaner d'une personne juridique qui a bien la qualité d'expropriant, c'est-
à-dire qui est bien habilitée à susciter une expropriation, par exemple une
commune. En second lieu, elle doit concerner une opération qui entre bien dans
la compétence de la personne juridique en question, qui ne va pas à l'encontre
du principe de spécialité qui régit son activité, ce qui pose en particulier le
problème de la conception étroite ou large qu'il convient d'avoir du principe de
spécialité des collectivités territoriales. En troisième lieu, elle ne doit être
entachée d'aucun autre vice propre, par exemple présence, lors de la
délibération d'un conseil municipal demandant le déclenchement d'une
procédure d'expropriation pour réaliser une opération donnée, d'un conseiller
municipal intéressé personnellement, au sens de l'article L. 2131-11 du Code
général des collectivités territoriales, à la réalisation de cette opération. Si de
tels vices existent, ils peuvent provoquer l'annulation des actes ultérieurs de
l'expropriation – déclaration d'utilité publique et arrêté de cessibilité – par
application de la théorie des actes préparatoires.

677 Les trois étapes de la phase administrative ◊ Si la demande de


l'expropriant rencontre un accueil favorable, la phase administrative de la
procédure va alors se dérouler en trois étapes. Il va y avoir d'abord une
consultation portant sur l'utilité publique de l'opération, consultation du public
au cours d'une enquête publique mais aussi consultation d'autorités
administratives ou d'organismes divers dont l'avis est recueilli. Il va y avoir
ensuite la constatation officielle de l'existence de cette utilité publique. Telle
est la fonction de la déclaration d'utilité publique. Il va y avoir enfin la
détermination précise des biens à exproprier et de leurs propriétaires. C'est le
rôle de l'arrêté de cessibilité rendu après enquête parcellaire.
Ces trois étapes appellent plusieurs observations.
On relèvera tout d'abord que, dans les deux premières, c'est avant tout le but
de l'expropriation qui est pris en considération. Il s'agit de savoir si, oui ou
non, l'opération demandée par l'expropriant présente un caractère d'utilité
publique. En revanche, la troisième étape concerne, non pas le but de
l'expropriation, mais son objet puisqu'il s'agit d'identifier avec précision les
biens qu'il convient d'exproprier pour réaliser l'opération d'utilité publique et
les ayants droit des indemnités dues.
On soulignera ensuite que la succession de ces trois étapes n'est pas toujours
obligatoire. D'une part, il peut exceptionnellement y avoir déclaration d'utilité
publique sans enquête préalable. Tel est par exemple le cas des opérations
secrètes intéressant la défense nationale. L'article L. 122-4 du Code de
l'expropriation dispose en effet que, « par dérogation aux principes du présent
Code, l'utilité publique des opérations intéressant la défense nationale peut, eu
égard aux impératifs de la défense nationale, être régulièrement déclarée sans
enquête préalable, sur l'avis conforme d'une commission » . Tel est aussi le
2276

cas en matière d'expropriations destinées à faciliter la suppression de l'habitat


insalubre . Tel est enfin le cas en matière d'expropriation des biens culturels
2277

maritimes mais le propriétaire concerné doit quand même être mis en demeure
de présenter ses observations . D'autre part, afin d'accélérer la procédure, le
2278

Code de l'expropriation permet que la troisième étape puisse se fondre avec les
deux premières. C'est ainsi que, lorsque l'expropriant est en mesure, avant la
déclaration d'utilité publique, de déterminer les parcelles à exproprier et de
dresser le plan parcellaire ainsi que la liste des propriétaires, l'enquête
parcellaire peut être faite en même temps que l'enquête publique préalable à la
DUP . Cela ne veut pas dire que les deux enquêtes soient fusionnées. Elles
2279
sont simplement organisées simultanément, chacune d'entre elles demeurant
régies par ses propres règles qui ne subissent aucune modification . Par 2280

ailleurs, la déclaration d'utilité publique, si elle est prise après l'enquête


parcellaire et si elle contient toutes les précisions nécessaires à la désignation
des propriétés expropriées et à l'identification de leurs propriétaires, vaut
arrêté de cessibilité de telle sorte qu'il est alors statué par le même acte sur
2281

le but de l'opération et sur son objet.


On remarquera enfin que ces trois étapes se caractérisent par l'édiction
d'actes administratifs – par exemple l'arrêté ouvrant l'enquête préalable pour la
première étape, la déclaration d'utilité publique pour la seconde étape, l'arrêté
de cessibilité pour la troisième étape –, ce qui justifie l'appellation « phase
administrative ». Cette phase administrative correspond d'ailleurs à une
opération complexe avec les conséquences contentieuses que cela implique.
Par exemple, une irrégularité concernant la déclaration d'utilité publique peut
être invoquée à l'appui d'un recours contre l'arrêté de cessibilité car
déclaration d'utilité publique et arrêté de cessibilité constituent une opération
complexe. Par ailleurs, l'arrêté ouvrant l'enquête publique (comme la demande
de l'expropriant ou encore le déroulement de l'enquête) constitue une mesure
préparatoire de la déclaration d'utilité publique de telle sorte que sa légalité
peut être mise en cause à l'appui d'un recours contre cet acte voire, compte tenu
de ce qui vient d'être dit, contre l'arrêté de cessibilité. Au total, tout acte de la
phase administrative peut nourrir un recours contre tout acte postérieur de cette
dernière qui constitue ainsi, en quelque sorte, un véritable bloc contentieux.
CHAPITRE1
LA CONSULTATION SUR L'UTILITÉ
PUBLIQUE : L'ENQUÊTE PUBLIQUE ET LES
AVIS

Section 1. L'ENQUÊTE PUBLIQUE


§ 1. L'enquête traditionnelle
A. Le dossier mis à l'enquête
B. Le déroulement de l'enquête
§ 2. L'enquête environnementale
A. Un dossier mis à l'enquête plus étoffé
B. Un déroulement de l'enquête protégeant mieux les intérêts du public
Section 2. LES AVIS
§ 1. Les avis obligatoires
§ 2. Les avis non obligatoires

678 C'est au premier chef le public qui va être consulté sur l'utilité publique de
l'opération lors d'une « enquête » dite enquête publique (section 1).
Mais la consultation ne se limite pas au public. En effet, un certain nombre
d'autorités administratives ou d'organismes divers vont aussi devoir ou pouvoir
exprimer leur avis (section 2).

SECTION 1. L'ENQUÊTE PUBLIQUE

679 Les deux types d'enquête publique ◊ Compte tenu de l'atteinte à la


propriété privée qui résulte d'une expropriation, il est admis depuis longtemps
qu'elle ne peut avoir lieu qu'après que le public ait été informé, au cours d'une
enquête publique préalable à la DUP, du projet que l'expropriant entend mener
à bien et ait été mis en mesure de faire connaître son sentiment à ce sujet.
Ainsi, sous l'empire de l'ordonnance du 23 octobre 1958, le droit des
enquêtes préalables aux DUP avait d'abord été défini par le décret n 59-701 du
o

6 juin 1959 . Mais, devant les reproches d'inefficacité faits aux enquêtes ainsi
2282

organisées, un nouveau texte, le décret n 76-432 du 14 mai 1976, devait en


o

modifier assez sensiblement l'économie tant en ce qui concerne la composition


du dossier mis à l'enquête qu'en ce qui concerne le déroulement proprement dit
de l'enquête . Ce dispositif, plusieurs fois modifié par la suite, figure
2283

aujourd'hui dans le titre I du livre I du Code de l'expropriation (C. expr., art.


er

R. 111-1, R. 111-5 et R. 112-1 à R. 112-24).


Toutefois, lorsque l'on a affaire à une opération susceptible d'affecter
l'environnement et depuis la loi n 83-630 du 12 juillet 1983 relative à la
o

démocratisation des enquêtes et à la protection de l'environnement , ce n'est


2284

pas ce dispositif qui s'applique mais un dispositif censé permettre une


consultation du public plus approfondie. Modifié notamment par la loi n 93-24 o

du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages et


modifiant certaines dispositions législatives en matière d'enquêtes publiques 2285

et par la loi n 2010-7889 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour


o

l'environnement , il résulte du chapitre III du titre II du livre I du Code de


2286 er

l'environnement (C. envir., art. L. 123-1 à L. 123-19 et R. 123-1 à R. 123-46)


auquel renvoie l'article L. 110-1, second alinéa, du Code de l'expropriation.
Ainsi, l'enquête publique préalable à une DUP peut être soit l'enquête
publique « traditionnelle » régie par le Code de l'expropriation si l'opération
n'est pas susceptible d'affecter l'environnement soit l'enquête publique
« environnementale » régie par le Code de l'environnement si l'opération est
susceptible d'affecter l'environnement . 2287

Il convient donc d'étudier successivement ces deux enquêtes mais,


auparavant, il convient de préciser leur champ d'application respectif et
d'indiquer leurs principales différences.
Sur le premier point, il y a lieu à enquête traditionnelle sauf « lorsque la
DUP porte sur une opération susceptible d'affecter l'environnement relevant de
l'article L. 123-2 du Code de l'environnement » (C. expr., art. L. 110-1, second
alinéa), c'est-à-dire, avant tout et si l'on se rapporte à son I-1°, lorsque l'on a
affaire à des projets de travaux, d'ouvrages ou d'aménagements devant
comporter une étude d'impact en application de l'article L. 122-1. Cet article
L. 122-1 se bornant à renvoyer à des « critères » et à des « seuils » définis par
voie réglementaire, c'est en définitive le tableau annexé à à l'article R. 122-2
du Code de l'environnement qui dresse la liste des opérations soumis à étude
d'impact et, par voie de conséquence, à enquête environnementale.
Sur le second point, les différences entre les deux enquêtes se sont atténués
avec le temps. En particulier, lorsque, en 1983, apparaît, à côté de l'enquête
traditionnelle, la catégorie nouvelle des enquêtes environnementales, il y a
entre les deux types d'enquête une différence majeure : alors que, dans l'enquête
traditionnelle, le commissaire enquêteur (ou les membres de la commission
d'enquête) était désigné par le préfet, il l'était par le président du tribunal
administratif lorsque l'on avait affaire à une enquête environnementale, ce qui
était censé renforcer son indépendance par rapport à l'administration et,
partant, son impartialité. Mais, l'article 139 de la loi n 2002-276 du 27 février
o

2002 relative à la démocratie a décidé que, même au cas d'enquête


traditionnelle, le commissaire enquêteur devait être désigné par le président du
tribunal administratif. Pour autant et comme on le verra, le régime des enquêtes
environnementales est censé permettre une consultation du public plus
approfondie que celui des enquêtes classiques (mais, corrélativement, les
premières sont plus lourdes à organiser que les secondes).

§ 1. L'enquête traditionnelle

680 C'est donc l'enquête qui est organisée lorsque l'expropriation envisagée n'est
pas susceptible d'affecter l'environnement au sens de l'article L. 123-2 du Code
de l'environnement, c'est-à-dire n'est pas soumise à une étude d'impact
préalable. Elle est régie par les articles R. 111-1 à R. 111-2 et R. 112-1 à
R. 112-24 du Code de l'expropriation. Destinée à permettre au public d'être
consulté sur l'utilité publique de l'opération envisagée, elle implique qu'il ait
connaissance de ses grandes lignes. Aussi l'expropriant doit-il d'abord
constituer un dossier qui est ensuite porté à la connaissance du public lors de
l'enquête qui se déroule de façon à lui permettre de s'exprimer sur le projet
prévu et notamment sur son utilité publique.

A. Le dossier mis à l'enquête

681 Constitué par l'expropriant, le dossier mis à l'enquête publique doit


évidemment être relatif à l'opération pour laquelle il a été décidé de recourir à
l'expropriation. Il y aurait en effet irrégularité si, par exemple, il concernait un
projet sensiblement différent de celui évoqué dans la délibération du conseil
municipal demandant l'ouverture d'une procédure d'expropriation . Sa 2288

composition varie selon le but de l'expropriation envisagée, ce qui conduit à


distinguer deux types de dossiers, le dossier normal ou complet et le dossier
simplifié ou allégé.
1° Le dossier normal
682 Un dossier normal doit être constitué « lorsque la déclaration d'utilité publique
est demandée en vue de la réalisation de travaux ou d'ouvrages » (article
R. 112-4).Dans une telle hypothèse, l'expropriant adresse au préfet du
département où l'opération doit être réalisée, pour qu'il soit soumis à l'enquête,
un dossier qui comprend au moins les cinq pièces ou précisions suivantes : une
notice explicative, un plan de situation, un plan général des travaux, les
caractéristiques principales des ouvrages les plus importants et l'appréciation
sommaire des dépenses.
a) La notice explicative

683 C'est la « pièce maîtresse du dossier » . Elle doit donner au public une
2289

information précise sur la nature et la portée exacte de l'opération envisagée.


Toutefois, s'il y a des discordances entre son contenu et les projets connus à
l'époque ou finalement réalisés, cela n'entache pas la procédure d'irrégularité
dès lors que ces discordances sont minimes . Par ailleurs, elle n'a pas à
2290

définir les modalités juridiques de réalisation et d'exploitation des ouvrages


prévus .2291

En application de l'article R. 112-6 , la notice explicative devait en


2292

particulier indiquer, outre l'objet de l'opération, « les raisons pour lesquelles,


notamment du point de vue de l'insertion dans l'environnement, parmi les partis
envisagés, le projet soumis à l'enquête a été retenu », ce qui avait pour objet de
forcer l'expropriant à s'expliquer sur son choix . Le Conseil d'État avait été
2293

conduit plusieurs fois à préciser le contenu de cette dernière obligation et, 2294

bien qu'il lui ait été reproché d'en avoir parfois assoupli la portée, elle n'était
pas pour autant totalement dépourvue d'intérêt. Pourtant, cet article R. 112-6 a
été abrogé par l'article 4 du décret n° 2015-1342 du 23 octobre 2015 relatif
aux dispositions réglementaires du Code des relations entre le public et
l'administration. Sans doute cette abrogation se justifie-t-elle par le fait que, si
l'expropriation envisagée est de nature à soulever des questions du point de vue
de son insertion dans l'environnement, l'enquête n'est plus soumises aux
dispositions du Code de l'expropriation mais à celles du Code de
l'environnement.
b) Le plan de situation et le plan général des travaux

684 Le plan de situation a pour objet de permettre de localiser l'implantation de


l'opération tandis que le plan général des travaux doit permettre d'apprécier la
distribution de ses différents éléments.
Le principal problème qui se pose en la matière est celui du degré de
précision des plans. Le Conseil d'État part de l'idée – logique – selon laquelle,
« au stade de l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique, les
documents soumis à l'enquête n'ont pas pour objet de déterminer avec précision
les parcelles éventuellement soumises à l'expropriation mais de permettre aux
intéressés de connaître la nature et la localisation des travaux envisagés » . Il 2295

en résulte qu'il n'est pas très exigeant et se satisfait par exemple d'un plan
général des travaux de construction d'une autoroute au 1/50 000 où le trajet de e

la voie projetée est représenté par un trait de 2 millimètres, où les échangeurs


sont représentés par des flèches et où ne figurent pas les parties en viaduc et en
tunnel du moment qu'elles sont décrites avec une précision suffisante dans la
notice explicative . 2296

c) Les caractéristiques principales des ouvrages les plus importants

685 La jurisprudence offre des exemples d'ouvrages importants dont les


caractéristiques principales doivent être précisées sous peine d'irrégularité. Tel
est le cas, par exemple, s'agissant d'une expropriation en vue de la construction
d'une autoroute, d'une aire de repos et de service d'une superficie étendue 2297

mais non d'une aire de service ne nécessitant pas une emprise particulièrement
importante .2298

En tout état de cause, le Conseil d'État ne fait pas preuve, ici encore, d'un
très grand formalisme. C'est ainsi que, si le franchissement d'une colline en
tunnel ne figure pas dans la notice explicative parmi les ouvrages les plus
importants d'une autoroute, les caractéristiques principales des ouvrages les
plus importants sont néanmoins suffisamment précisées si, sur le plan, un tracé
de l'autoroute en pointillés fins succède, à l'emplacement de la colline, à un
tracé au trait plein, indiquant ainsi que l'ouvrage sera construit en souterrain . 2299

d) L'appréciation sommaire des dépenses

686 L'obligation faite à l'expropriant d'indiquer au dossier mis à enquête


l'appréciation sommaire des dépenses « a pour objet de permettre à tous les
intéressés de s'assurer que ces travaux ou ouvrages, compte tenu de leur coût
réel total, tel qu'il peut être raisonnablement apprécié à l'époque de l'enquête,
ont un caractère d'utilité publique » . En conséquence, l'omission d'une
2300

dépense (ou sa sous-évaluation) est de nature à entacher la régularité de la


composition du dossier même si la dépense omise est supportée par une
collectivité publique autre que la collectivité expropriante , même si elle ne
2301

concerne qu'un ouvrage qui sera édifié ultérieurement du moment que sa


construction est évoquée dans la demande de l'expropriant , même si elle 2302

concerne des acquisitions ou des travaux qui ont déjà été réalisés pour partie à
la date de constitution du dossier . C'est l'idée que le public doit avoir une
2303
connaissance du coût global de l'opération, quel que soit son montage financier
ou son calendrier de réalisation, pour pouvoir juger de son utilité publique .2304

Toutefois, il y a plusieurs cas dans lesquels, fort logiquement, l'omission


d'une dépense (ou sa sous-évaluation) est sans incidence sur la régularité du
dossier : lorsque la dépense omise concerne un ouvrage distinct de celui qui
fait l'objet de la procédure d'expropriation ; lorsque la dépense omise, bien
2305

que concernant un ouvrage directement prévu par le projet en cause, est de


faible importance de telle sorte que le coût total du projet n'est pas
sensiblement altéré 2306
; lorsque la dépense omise ne présente qu'un caractère
éventuel ou incertain . Au surplus, l'appréciation sommaire des dépenses
2307

étant une simple prévision, le fait que l'estimation initiale ait été dépassée lors
de la réalisation concrète de l'opération n'entache pas la procédure
d'irrégularité du moment que, lorsque cette appréciation avait été effectuée, elle
semblait raisonnable . 2308

687 Dans le cas particulier de l'appréciation sommaire de la valeur des immeubles


dont l'acquisition est nécessaire à la réalisation de l'opération projetée,
l'expropriant a l'obligation de demander au préalable l'avis du directeur
départemental des finances publiques sous l'autorité duquel se trouve le service
des domaines . C'est ce que l'on appelait traditionnellement l'avis du service
2309

des domaines.
Lorsque l'expropriant est l'État ou un de ses établissements publics, cette
obligation résulte du décret n 86-455 du 14 mars 1986 portant suppression des
o

commissions des opérations immobilières et de l'architecture et fixant les


modalités de consultation du service des domaines : son article 6 impose à
2310

l'expropriant de demander l'avis du service des domaines « pour produire, au


dossier de l'enquête…, l'estimation sommaire et globale des biens dont
l'acquisition est nécessaire » ; son article 7 précise que cet avis « porte sur les
conditions financières de l'opération ». Ces dispositions ont été respectivement
codifiées aux articles R. 1211-3 et R. 1211-4 du Code général de la propriété
des personnes publiques.
Lorsque l'expropriant est une collectivité territoriale, un groupement de
collectivités territoriales ou un de leurs établissements publics, cette obligation
ne peut résulter du décret de 1986 compte tenu des dispositions de
l'article 34 de la Constitution de 1958 qui range dans le domaine de la loi les
principes fondamentaux de la libre administration des collectivités territoriales
mais de la seule loi : autrefois la loi du 1 décembre 1942 (art. 3) puis la loi
2311 er

du 11 décembre 2001 portant mesures urgentes de réformes à caractère


économique et financier (art. 23) ; aujourd'hui les articles L. 1211-1 du Code
2312

général de la propriétés des personnes publiques et L. 1311-9 et L. 1311-9 et


suivants du Code général des collectivités territoriales appliqués notamment
par l'article R. 1211-3 du même Code.
En tout état de cause, cet avis n'a pas à figurer dans le dossier , à la
2313

différence de l'estimation sommaire des dépenses arrêtée par l'expropriant


après qu'il a été donné.
2° Le dossier simplifié

688 Un dossier simplifié suffit dans deux hypothèses radicalement opposées


définies par l'article R. 112-5.
La première est celle dans laquelle « la déclaration d'utilité publique est
demandée en vue de l'acquisition d'immeubles » . Il en va ainsi chaque fois
2314

que les immeubles expropriés, qu'ils soient bâtis ou non bâtis, peuvent être
utilisés tels quels, sans que la construction d'ouvrages ou la réalisation de
travaux ne soit nécessaire. Le Conseil d'État n'est pas toutefois très formaliste
en la matière. Il admet en effet le recours au dossier simplifié alors même que
des travaux sont envisagés du moment qu'il s'agit de simples travaux de
réparation et d'aménagement intérieur , de travaux de plantations liés à la
2315

gestion et à la conservation des terrains ou encore de travaux d'aménagement


2316

mineurs comme la création d'espaces naturels de loisirs . 2317

La seconde hypothèse a trait, à l'inverse, à des travaux d'une tout autre


ampleur. Le recours au dossier simplifié est en effet également possible lorsque
deux conditions sont cumulativement remplies : en premier lieu, la déclaration
d'utilité publique « est demandée en vue de la réalisation d'une opération
d'aménagement ou d'urbanisme importante » ; en second lieu, il « est nécessaire
de procéder à l'acquisition des immeubles avant que le projet n'ait pu être
établi » . Tel est par exemple le cas lorsque la déclaration d'utilité publique a
2318

trait à l'aménagement d'une zone touristique autour d'un lac . Il en va de même


2319

lorsque la déclaration d'utilité publique a pour but la constitution d'une réserve


foncière en vue de la réalisation d'une opération de grande envergure dont
toutes les caractéristiques ne sont pas arrêtées . En revanche, dans d'autres
2320

espèces, le recours au dossier simplifié a été considéré comme illégal, soit


qu'il ne s'agissait pas d'une opération importante, soit que, alors même qu'il
s'agissait d'une opération importante, le projet était déjà suffisamment avancé
pour qu'il soit possible à l'administration de satisfaire aux exigences du dossier
normal .2321

689 Lorsque l'on se trouve dans l'une de ces deux hypothèses et que, dès lors, le
recours au dossier simplifié est possible, l'expropriant adresse au préfet du
département où sont situés les immeubles un dossier qui comprend au moins les
quatre pièces ou précisions suivantes :
1 La notice explicative ;
o

2 Le plan de situation ;
o

3 Le périmètre délimitant les immeubles à exproprier ;


o

4 L'estimation sommaire des acquisitions à réaliser.


o

Tout ce qui a été dit à propos des pièces du dossier normal vaut mutatis
mutandis à propos des pièces du dossier allégé. La notice explicative doit
indiquer l'objet de l'opération et les raisons pour lesquelles, notamment du
point de vue de l'insertion dans l'environnement, parmi les partis envisagés, le
projet soumis à l'enquête a été retenu. Le plan de situation et le périmètre
délimitant les immeubles à exproprier n'ont pas à avoir une précision absolue.
L'estimation sommaire des acquisitions à réaliser, effectuée à partir de l'avis du
service des domaines, n'est pas irrégulière du seul fait de l'omission du coût
d'une acquisition si cette omission n'est pas de nature à modifier sensiblement
le coût total des acquisitions.

B. Le déroulement de l'enquête

1 o La désignation du commissaire enquêteur ou de la commission d'enquête

690 L'enquête auprès du public va être menée par un commissaire enquêteur ou,
pour les opérations importantes, par une commission d'enquête, commissaire
enquêteur ou commission d'enquête dont le rôle est déterminant. Dans ces
conditions, on conçoit qu'il soit vital qu'il s'agisse de personnes indépendantes
de l'expropriant et tout particulièrement impartiales . C'est pourquoi il a été
2322

jugé préférable en 2002 (article 139 de la loi n 2002-276 du 27 février


o

2002 relative à la démocratie de proximité) qu'elles ne soient plus désignées,


comme auparavant, par le préfet mais par le président du tribunal administratif
comme lorsque l'on a affaire à une enquête environnementale.
C'est la règle qui figure aujourd'hui à l'article R. 111-1 du Code de
l'expropriation puisqu'il dispose que « le commissaire enquêteur ou la
commission d'enquête sont désignés dans les conditions prévues à l'article
R. 123-5 du Code de l'environnement ». Or ledit article R. 123-5 dispose que
l'autorité compétente pour saisir et organiser l'enquête (en l'espèce le préfet)
saisit, en vue de la désignation du commissaire enquêteur ou de la commission
d'enquête, le président du tribunal administratif dans le ressort duquel se situe
le siège de cette autorité. Ce dernier, ou le magistrat délégué par lui à cette fin,
dispose d'un délai de quinze jours pour désigner le commissaire enquêteur ou
les membres de la commission d'enquête dont le nombre doit être impair et
dont il désigne également le président. Un ou plusieurs suppléants doivent être
également désignés dans les mêmes conditions pour remplacer les titulaires en
cas d'empêchement de ces derniers. Ils exercent alors leurs fonctions jusqu'au
terme de la procédure.
On remarquera que l'article R. 111-1 du Code de l'expropriation ne renvoie
qu'à l'article R. 123-5 du Code de l'environnement alors que l'article R. 11-4
de l'ancien code renvoyait « aux articles R. 123-5 et suivants ». En
conséquence, s'appliquaient notamment en la matière les articles R. 123-34 à
R. 123-43 concernant l'établissement des listes d'aptitude aux fonctions de
commissaire enquêteur prévues par l'article L. 123-4 du Code de
l'environnement. Il en résultait que le président du tribunal administratif (ou le
magistrat délégué par lui) ne disposait pas d'un pouvoir discrétionnaire et
devait désigner le commissaire enquêteur (ou les membres de la commission
d'enquête) sur l'une des listes d'aptitude aux fonction de commissaire enquêteur
établie, dans chaque département, par une commission départementale dont
l'article R. 123-34 précisait la composition. Le fait que l'article R. 111-1 ne
renvoie pas à ce dispositif est critiquable et résulte peut-être d'une erreur du
codificateur de 2014 qui devrait être corrigé le plus rapidement possible.
Autre erreur, autre oubli, l'absence de renvoi de l'article R. 111-1 du Code
de l'expropriation à l'article R. 123-4 du Code de l'environnement qui dispose
que « ne peuvent être désignés comme commissaire enquêteur, membre d'une
commission d'enquête ou suppléant les personnes intéressées au projet, plan ou
programme soit à titre personnel, soit à raison des fonctions qu'elles exercent
ou ont exercées depuis moins de cinq ans, notamment au sens de la collectivité,
de l'organisme ou du service similaire qui assure la maîtrise de l'ouvrage ou le
contrôle du projet, plan ou programme soumis à enquête, ou au sein
d'associations ou organismes directement concernés par cette opération ». Une
règle partiellement similaire figurait à l'article R. 11-5 de l'ancien Code de
l'expropriation. Elle ne figure plus dans le nouveau Code à propos des enquêtes
non environnementales préalables à une DUP.

691 On notera enfin que les fonctions de commissaires enquêteurs ou de membres


des commissions d'enquête donnent lieu à indemnisation dans les mêmes
conditions que celles applicables aux commissaires enquêteurs ou membres
des commissions d'enquêtes des enquêtes environnementales puisque l'article
R. 111-2 du Code de l'expropriation dispose que cette indemnisation est
assurée dans les conditions prévues aux articles R. 123-25 à R. 123-27 du
Code de l'environnement. C'est dire que cette indemnisation est déterminée par
le président du tribunal administratif qui a désigné le commissaire enquêteur ou
les membres de la commission d'enquête ou le membre du tribunal délégué par
lui. Elle comprend, d'une part, le remboursement, sur justificatifs, des frais
engagés pour l'accomplissement de la mission et, d'autre part, des vacations. Le
nombre de vacations est calculé sur la base du nombre d'heures que le
commissaire enquêteur déclare avoir consacrées à l'enquête en tenant compte
des difficultés de celle-ci ainsi que de la nature et de la qualité du travail
fourni par le commissaire enquêteur. Leur taux unitaire est fixé par arrêté.
Lorsque l'indemnisation était fixée par le préfet (à l'époque où le commissaire
enquêteur était désigné par ce dernier), il avait été jugé que le juge
administratif effectuait un contrôle normal sur la manière dont le représentant
de l'État exerçait son pouvoir de détermination des indemnités dues 2323
et
pouvait conclure au caractère insuffisant d'une indemnisation eu égard aux
difficultés de l'enquête . Aujourd'hui où elle est déterminée par le président
2324

du tribunal administratif, l'ordonnance rendue par ce dernier peut être contestée


dans les quinze jours suivant sa notification devant le président du tribunal
administratif par le biais d'un recours gracieux qui constitue un préalable
obligatoire au recours contentieux qui relève de la compétence d'un tribunal
administratif déterminé par un tableau d'attribution arrêté par le président de la
section du contentieux du Conseil d'État.
2 o L'ouverture de l'enquête

692 L'autorité compétente pour ouvrir (et organiser) l'enquête est le préfet de
département où doit se dérouler l'opération en vue de laquelle elle est
demandée. Si cette opération se déroule sur le territoire d'un ou de plusieurs
autres départements ou d'une autre région, elle est ouverte par un arrêté
conjoint des préfets compétents, arrêté conjoint qui peut désigner le préfet
chargé d'en coordonner l'organisation et d'en centraliser les résultats.
Le lieu d'ouverture de l'enquête est soit la préfecture du département soit la
mairie de l'une des communes où doit être réalisée l'opération en vue de
laquelle elle est demandée. Si l'opération doit être réalisée sur le territoire et
pour le compte d'une seule commune, elle est ouverte à la mairie de cette
commune. Si l'opération doit être réalisée sur le territoire d'une seule commune
mais que l'enquête n'est pas ouverte à la mairie de cette commune, un double du
dossier est transmis au maire de cette commune afin qu'il soit tenu à la
disposition du public. Si l'opération doit être réalisée sur le territoire de
plusieurs départements mais qu'elle concerne principalement l'un d'eux,
l'enquête est ouverte à la préfecture du département sur le territoire duquel la
plus grande partie de l'opération doit être réalisée .
2325

L'arrêté du préfet ouvrant l'enquête et en déterminant les modalités


d'organisation est pris après consultation du commissaire enquêteur ou de la
commission d'enquête. Il va de soi que le préfet peut déléguer sa compétence
en la matière au secrétaire général de la préfecture ou au sous-préfet .
2326 2327

Cet arrêté est considéré par le juge comme une simple mesure préparatoire
de la procédure d'expropriation, c'est-à-dire comme un acte ne faisant pas
grief. Il est donc insusceptible de faire l'objet d'un recours direct devant le juge
de l'excès de pouvoir . Mais les vices qui l'affectent, de même d'ailleurs que
2328

ceux qui concernent la composition du dossier mis à l'enquête ou le


déroulement concret de l'enquête, peuvent être invoqués, comme on le verra, à
l'appui d'un recours pour excès de pouvoir contre la déclaration d'utilité
publique ou l'arrêté de cessibilité.
L'édiction d'un tel arrêté n'est jamais obligatoire. Le préfet a toujours le droit
de refuser à l'expropriant l'ouverture d'une enquête préalable à une
expropriation. Son refus peut être déféré par ce dernier au juge administratif
car il s'agit, cette fois-ci, d'une mesure faisant grief. Le contrôle qu'exerce sur
ce refus le juge de l'excès de pouvoir est un contrôle restreint car il considère
que le préfet dispose ici d'un pouvoir discrétionnaire . En matière de contrôle
2329

des motifs, il ne censurera donc que l'erreur de droit, l'inexactitude matérielle


des faits ou l'erreur manifeste d'appréciation .2330

Si le préfet décide de prendre un tel arrêté, ce dernier doit contenir les


précisions suivantes : objet de l'enquête ; date de l'enquête ; durée de
l'enquête ; lieu et heures durant lesquelles le public pourra prendre
connaissance du dossier et formuler ses observations ; lieu où siégera le
commissaire enquêteur ou la commission d'enquête ; s'il en existe un, site
internet sur lequel les informations relatives à l'enquête peuvent être consultées
et, le cas échéant, moyens offerts aux personnes intéressées afin qu'elles
puissent communiquer leurs observations par voie électronique.

693 Mais, avant de revenir sur certains de ces différents points – et d'en aborder
d'autres –, il convient d'insister sur la publicité particulière qui doit être
donnée à l'ouverture de l'enquête . L'existence même de l'enquête doit en effet
2331

être portée à la connaissance du plus grand nombre si l'on veut qu'il s'agisse
d'un authentique mode de consultation du public. Dès lors, il serait totalement
inadéquat de s'en tenir à la publication de l'arrêté ouvrant l'enquête dans le
recueil des actes administratifs du département. C'est pourquoi les article
R. 112-14 et R. 112-15 prévoient deux modalités particulières de publicité de
l'ouverture de l'enquête, la publicité par voie de presse et la publicité par voie
d'affichage, qui, si elles ne sont pas effectuées dans les conditions prescrites,
peuvent entacher la procédure d'enquête d'irrégularité . 2332

En premier lieu, huit jours au moins avant le début de l'enquête, un avis au


public faisant connaître l'ouverture de l'enquête est, par les soins du préfet,
publié en caractères apparents dans deux journaux régionaux ou locaux diffusés
dans tout le département ou dans tous les départements . Cet avis est rappelé,
2333

de la même manière, dans les huit premiers jours de l'enquête. Si ces délais ne
sont pas respectés, il y avait là, en principe, une irrégularité de nature à vicier
la procédure . Il en allait de même si le contenu de l'avis induisait en erreur
2334

le public sur la localisation du projet envisagé . En revanche, si la durée de


2335

l'enquête était indiquée de façon erronée, cela n'entraînait pas l'annulation de la


déclaration d'utilité publique s'il n'était pas établi que des personnes
intéressées avaient été empêchées de faire connaître leurs observations . La 2336

jurisprudence la plus récente va encore plus loin dans cette voie puisqu'elle
2337

considère que la publication dans un seul journal régional ou local et non dans
deux comme l'exige les textes n'est de nature à vicier la procédure que si elle a
pu avoir pour effet de nuire à l'information de l'ensemble des personnes
intéressées par l'opération ou si elle a été de nature à exercer une influence sur
les résultats de l'enquête . 2338

Par ailleurs, si l'on a affaire à une opération d'importance nationale , ledit


2339

avis est, en outre, publié dans deux journaux à diffusion nationale huit jours au
moins avant le début de l'enquête.
En second lieu, huit jours au moins avant l'ouverture de l'enquête et durant
toute la durée de celle-ci, l'avis est publié par voie d'affiche et, éventuellement,
par tous autres procédés dans au moins toutes les communes sur le territoire
desquelles l'opération projetée doit avoir lieu. Cette mesure de publicité peut
être étendue à d'autres communes. Son accomplissement incombe au maire qui
doit le certifier . 2340

3 o L'objet de l'enquête

694 Indiqué dans l'arrêté ouvrant l'enquête, il doit évidemment correspondre au


projet pour lequel l'expropriant a demandé le recours à la procédure
d'expropriation et qui est dépeint dans le dossier qu'il a constitué . Par 2341

ailleurs, il ne saurait être fractionné afin de ne donner au public qu'une vision


partielle des intentions de l'administration et de faciliter ainsi son adhésion . 2342

Enfin, si une déclaration d'utilité publique est ultérieurement prise, elle ne


pourra concerner que le projet en question. Toute modification substantielle de
ce dernier nécessite en effet, comme on le verra (v. ss 717), une nouvelle
enquête.
4 o La durée de l'enquête

695 Déterminée par l'arrêté ouvrant l'enquête, la durée de l'enquête ne peut être
inférieure à quinze jours. Comment, dès lors, est calculée cette durée minimale
de quinze jours ? Le moins qu'on puisse dire est que le juge administratif ne fait
pas preuve d'une grande sévérité en la matière.
Il a d'abord indiqué que les dimanches et jours fériés compris dans le délai
comptaient au même titre que les autres jours . Toutefois, lorsque l'enquête a
2343

la durée minimale de quinze jours, il y a illégalité si le premier jour de


l'enquête tombe un dimanche, un jour férié ou un autre jour de fermeture . Si 2344

tel est le cas du dernier jour de l'enquête, sa durée doit être prolongée jusqu'au
premier jour ouvrable suivant . 2345

Le juge administratif a ensuite précisé que comptaient également les autres


jours normaux de fermeture de la mairie, qu'il s'agisse par exemple du
samedi ou du lundi .
2346 2347

Plus récemment, le Conseil d'État semble avoir été encore plus loin puisqu'il
n'a vu aucune illégalité dans le fait que l'enquête ait eu, en fait, une durée
effective inférieure à la durée minimale de quinze jours compte tenu de la
fermeture de la mairie au début de l'enquête. Il est vrai que le projet en
question ne concernait que la propriété des requérants, que ceux-ci avaient pu
présenter leurs observations et qu'aucun habitant de la commune n'alléguait
avoir été empêché de ce faire . 2348

Enfin, s'agissant non pas de la durée de l'enquête mais de son époque, il a été
jugé que la circonstance que l'enquête se soit déroulée durant les vacances d'été
était sans incidence sur sa régularité nonobstant la circonstance que de
nombreuses personnes auraient été en vacances à cette époque de l'année et,
par suite, dans l'impossibilité de faire connaître leurs observations . Certes,
2349

la directive du Premier ministre en date du 14 mai 1976 relative à l'information


du public et à l'organisation des enquêtes publiques 2350
affirmait que l'enquête
« ne doit pas coïncider avec la période des vacances d'été ou d'hiver, à moins
que l'opération intéresse les touristes. Dans ce dernier cas, il convient
d'étendre la durée de l'enquête de manière à permettre à la population résidente
de s'exprimer au retour des vacances ». Mais, cette directive a été considérée
par le Conseil d'État comme dépourvue de valeur réglementaire . 2351

5 o Le lieu et les horaires d'enquête

696 L'arrêté ouvrant l'enquête fixe également le lieu où le public pourra prendre
connaissance du dossier et formuler ses observations sur un registre ouvert à
2352

cette fin (v. ss 697). Il peut également ordonner, pendant le délai et à partir de
la date qu'il fixe, le dépôt d'un dossier sommaire donnant les caractéristiques
principales des ouvrages les plus importants et d'un registre subsidiaire dans
chacune des mairies qu'il désigne à cet effet. Lorsque certaines de ces
communes sont situées dans un autre département que celui où l'opération doit
avoir lieu ou lorsque l'opération doit se dérouler sur plusieurs départements,
c'est le préfet du département concerné (ou le préfet coordonnateur
précédemment évoqué si un tel préfet a été désigné) qui fait assurer le dépôt
des dossiers d'enquête ou des registres subsidiaires.
L'arrêté ouvrant l'enquête fixe aussi les horaires de consultation du dossier
d'enquête et de formulation des observations sur le registre. Si, toutefois, il est
muet en la matière, ce défaut d'indications expresses signifie de façon évidente
qu'il s'agit des heures normales d'ouverture du service . En tout état de cause,
2353

le juge n'est pas non plus ici très formaliste : par exemple, l'ouverture tardive
de la mairie un matin n'est pas de nature à entacher la régularité de l'enquête
dès lors qu'il n'est pas allégué qu'une ou plusieurs personnes ont, de ce fait, été
empêchées de présenter leurs observations . 2354

6 o La formulation des observations

697 Les observations du public sur l'utilité publique de l'opération peuvent, durant
le délai De l'enquête, être formulées de trois manières.
En premier lieu, elles peuvent être consignées directement par les intéressés
sur un registre d'enquête à feuillets non mobiles , coté et paraphé par le
2355

commissaire enquêteur, le président de la commission d'enquête ou l'un des


membres de celle-ci . Cette exigence de feuillets non mobiles cotés et
2356

paraphés a bien sûr pour but de garantir l'authenticité de la consultation du


public en évitant que l'administration ne puisse soustraire du registre des
observations qui seraient défavorables à son projet ou, à l'inverse, n'y ajoute
des observations qui vont dans son sens. Son non-respect correspond
maintenant à un vice de procédure substantiel , le Conseil d'État ayant
2357

abandonné la jurisprudence plus libérale qui était la sienne auparavant.


En second lieu, les observations du public peuvent être adressées par
correspondance, au lieu fixé par l'arrêté ouvrant l'enquête, au commissaire
enquêteur ou au président de la commission. Si l'arrêté ouvrant l'enquête l'a
prévu, elles peuvent également être adressées par voie électronique à l'adresse
électronique qu'il indique. Les observations reçues par la voie postale ou
électronique sont annexées au registre d'enquête. Si tel n'est pas le cas, il y a
également vice de procédure substantiel . En revanche, il n'y a pas
2358

d'irrégularité si certaines des réactions du public ont été suscitées par le maire
et transmises directement par ce dernier au commissaire enquêteur . 2359

En dernier lieu, si l'arrêté ouvrant l'enquête a prévu cette possibilité, les


observations peuvent aussi être reçues par le commissaire enquêteur ou par un
des membres de la commission d'enquête qu'il a délégué à cette fin, aux lieu,
jours et heures annoncés par ledit arrêté. Le fait que le commissaire enquêteur
soit arrivé en retard lors d'une de ces permanences n'est pas de nature à
entacher d'irrégularité l'enquête dès lors que les intéressés ont pu transcrire
leurs observations sur le registre . 2360

7 o La clôture de l'enquête et les conclusions du commissaire enquêteur ou de la commission


d'enquête

698 À l'expiration du délai d'enquête, le ou les registres d'enquête sont, selon les
lieux où ils ont été déposés, clos et signés soit par le maire soit par le préfet
soit par le préfet coordinateur . Ils sont alors transmis, dans les vingt-quatre
2361

heures, avec le dossier d'enquête, au commissaire enquêteur ou au président de


la commission d'enquête.
Le commissaire enquêteur ou le président de la commission d'enquête
examine les observations recueillies et entend toute personne qu'il paraît
2362

utile de consulter ainsi que l'expropriant s'il le demande.


Le commissaire enquêteur ou le président de la commission d'enquête rédige
ensuite un rapport énonçant ses conclusions qui doivent être motivées, qui sont
ses conclusions personnelles et qui doivent indiquer si elles sont favorables ou
non au projet envisagé.
En premier lieu, ses conclusions doivent être motivées. Si cette obligation de
motivation ne lui impose pas de répondre à chacune des observations
présentées lors de l'enquête, il doit indiquer, au moins sommairement, en
donnant son avis, les raisons qui déterminent le sens de cet avis . 2363

En second lieu, ces conclusions sont les conclusions personnelles du


commissaire enquêteur ou du président de la commission d'enquête de telle
sorte que leur sens n'est pas forcément le même que celui de la majorité des
observations qui leur ont été soumises . Elles peuvent mêmes être contraires
2364

à l'avis unanime exprimé par le public . 2365

En troisième lieu, ces conclusions doivent indiquer si elles sont favorables


ou non au projet envisagé.
Dans le passé, le fait que les conclusions soient favorables ou défavorables
avait une incidence sur l'autorité compétente pour prendre la DUP puisque, si
elles étaient défavorables, la DUP ne pouvait être prononcée que par décret en
Conseil d'État et non par simple arrêté préfectoral ou ministériel (v. ss 716). Il
était donc nécessaire de distinguer clairement les conclusions défavorables des
conclusions favorables, le problème se posant concrètement lorsque les
conclusions émises par le commissaire enquêteur étaient assorties d'un vœu,
d'une suggestion, d'une observation, d'une réserve ou d'une condition.
Si elles étaient simplement assorties d'un vœu ou d'une suggestion ou d'une
observation, le juge ne voyait jamais là un élément de nature à modifier leur
caractère favorable . 2366

Si elles étaient assorties de réserves, le juge s'efforçait de rechercher


l'importance exacte de celles-ci et vérifiait dans quelle mesure il en avait été
tenu compte. Par exemple, si les réserves formulées étaient relatives à la
nécessité d'assurer avec une grande rigueur l'exploitation d'une station
d'épuration déclarée d'utilité publique, cela ne modifiait en rien le caractère
favorable de l'avis émis . En revanche, si l'avis formulé par le commissaire
2367

enquêteur était donné sous réserve de la mise en place d'un système de


protection contre les diverses nuisances devant résulter du projet et s'il n'était
pas satisfait à cette réserve, il n'était pas possible de considérer l'avis comme
favorable .2368

Si les conclusions étaient assorties d'une condition, le juge vérifiait


systématiquement s'il en avait été tenu compte et, dans la négative, considérait
les conclusions comme défavorables . 2369

Bien évidemment, compte tenu des conséquences contraignantes de


conclusions défavorables, il était tentant pour l'administration d'essayer
d'obtenir des conclusions favorables. Aussi, le juge avait-il toujours fait preuve
d'une vigilance particulière en la matière.
C'est ainsi que, si un commissaire enquêteur avait rendu un premier avis
défavorable qu'il avait, par la suite, transformé, à la demande de
l'administration, en avis favorable, ce second avis était entaché d'irrégularité
sauf s'il était prouvé qu'une erreur viciait le premier avis ou qu'une mesure
d'instruction complémentaire avait été ordonnée à raison d'une insuffisance de
l'enquête . Il en allait également de la sorte même s'il n'était pas établi que le
2370

second avis ait été rendu sur la demande expresse de l'administration mais
seulement au vu de précisions apportées par elle . 2371

De la même manière, si, à la suite d'une première enquête ayant débouché sur
un avis défavorable, avait lieu une seconde enquête aboutissant cette fois-ci à
un avis favorable, il n'était pas en principe possible de tenir compte des
résultats de cette seconde enquête sauf si la première enquête était entachée
d'une irrégularité ou si le projet déclaré d'utilité publique avait subi, à la suite
de la première enquête, des modifications d'une ampleur telle qu'une seconde
enquête était nécessaire 2372
ou encore si la première enquête était devenue
caduque en application de l'article L. 121-2 du Code de l'expropriation . 2373

La loi du 27 février 2002 a rendu largement vaines ces différentes stratégies


puisque, dorénavant, le caractère favorable ou non des conclusions est sans
incidence sur l'autorité compétente pour prendre la DUP. Pour autant, il a
encore une incidence tant sur le plan symbolique que sur le plan juridique.
Sur le plan symbolique, le fait que les conclusions du commissaire enquêteur
soient défavorables au projet envisagé, s'il n'empêche pas qu'il soit poursuivi,
jette quand même un doute sur sa pertinence qui pourra inciter l'administration
à le modifier ou le juge administratif à le censurer si, ultérieurement, il est saisi
d'un recours.
Sur le plan juridique, le fait que les conclusions soient défavorables impose,
au cas où l'opération projetée doit être réalisée sur le territoire et pour le
compte d'une seule commune, que son conseil municipal soit appelé à donner
son avis par une délibération motivée qui est jointe au dossier (v. ss 706).
Une fois l'enquête clôturée et les conclusions émises, il en est dressé procès-
verbal par le préfet. Lorsqu'il n'est pas compétent pour prendre la DUP
correspondante, il doit émettre un avis sur l'opération projetée lorsqu'il
transmet le dossier à l'autorité compétente pour la prendre.
Une copie du rapport dans lequel le commissaire enquêteur énonce ses
conclusions motivées est déposée à la mairie de la commune où s'est déroulée
l'enquête ainsi que dans tous les autres communes désignées dans l'arrêté
ouvrant l'enquête de même qu'à la préfecture ou aux préfectures des
départements où sont situées ces communes. Toutes les personnes intéressées
peuvent demander à ce que ces conclusions leur soient communiquées. Elles
doivent adresser leur demande au préfet qui peut soit les inviter à en prendre
connaissance dans l'une des mairies où elles ont été déposées, soit leur en
adresser une copie, soit en assurer la publication. .
2374

§ 2. L'enquête environnementale

699 Lorsque la DUP porte sur une opération susceptible d'affecter l'environnement
au sens de l'article L. 123-2 du Code de l'environnement, c'est-à-dire lorsque
l'on a affaire à des projets de travaux, d'ouvrages ou d'aménagements devant
comporter une étude d'impact en application du tableau annexé à l'article
R. 122-2 du même Code, l'enquête, dite alors enquête environnementale, est
régie, aux termes de l'article L. 110-1, second alinéa du Code de
l'expropriation, par les dispositions du chapitre III du titre II du livre I du
er

Code de l'environnement (C. envir., art. L. 123-1 à L. 123-19 et R. 123-1 à


R. 123-46). C'est dire qu'elle est soumise à un régime qui n'est pas spécifique
au droit de l'expropriation comme celui des enquêtes traditionnelles mais qui a
une portée beaucoup plus générale puisqu'il concerne tous les projets soumis à
étude d'impact alors mêmes qu'ils n'impliquent pas la cession forcée de la
propriété d'autrui, régime qui est décrit en détail dans les ouvrages de droit de
l'environnement. On se bornera dès lors ici à ne décrire ce régime que dans ses
grandes lignes, d'abord en évoquant la composition du dossier mis à l'enquête
qui est plus étoffé qu'au cas d'enquête traditionnelle, ensuite en traitant de son
déroulement qui est censé mieux protéger les intérêts du public.
A. Un dossier mis à l'enquête plus étoffé

700 C'est l'article L. 123-12 du Code de l'environnement, précisé par l'article


R. 123-8, qui détermine la composition du dossier mis à l'enquête
environnementale. Il doit comprendre, non seulement les pièces précédemment
évoquées à propos du dossier mis à l'enquête traditionnelle, mais également un
certain nombre de pièces supplémentaires dont le nombre varie selon la nature
de l'opération en cause. C'est ainsi qu'il doit toujours comprendre une étude
d'impact voire le bilan du débat public qui a pu être organisé au préalable ou,
s'il s'agit d'un grand projet d'infrastructure de transport, l'évaluation socio-
économique qui a été réalisé.
1°L'étude d'impact

701 Puisqu'il y a lieu à enquête environnementale chaque fois que le projet que
l'administration entend réaliser par la voie de l'expropriation est soumis à
étude d'impact (v. ss 679), il est évidemment logique que ladite étude d'impact
ait toujours à figurer dans le dossier d'enquête.
Aux termes de l'article L. 122-3 du Code de l'environnement , cette étude
2375

d'impact doit comprendre au minimum une description du projet, une analyse de


l'état initial de la zone susceptible d'être affectée et de son environnement,
l'étude des effets du projet sur l'environnement ou la santé humaine y compris
les effets cumulés avec d'autres projets connus, les mesures proportionnées
envisagées pour éviter, réduire et, lorsque c'est possible, compenser les effets
négatifs notables du projet sur l'environnement ou la santé humaine ainsi qu'une
présentation des principales modalités de suivi de ces mesures et du suivi de
leurs effets sur l'environnement ou la santé humaine. Elle doit contenir
également une esquisse des principales solutions de substitution qui ont été
examinées par le maître de l'ouvrage et une indication des principales raisons
de son choix eu égard aux effets sur l'environnement ou la santé humaine .2376

S'il n'y a pas eu étude d'impact alors qu'elle était obligatoire et que le juge
soit saisi d'une demande de référé suspension de la DUP, il a en principe
l'obligation, sur le fondement de l'article L. 123-16 du Code de l'environnement
auquel renvoient les articles L. 554-11 et L. 554-12 du Code de justice
administrative, d'y faire droit. Cette obligation a été étendue par la
jurisprudence à l'hypothèse où il y a bien un document baptisé « étude
d'impact » mais où son contenu est notoirement insuffisant .2377

De la même manière, l'absence ou l'insuffisance de l'étude d'impact entraîne


l'annulation sur le fond de la DUP.
2° Le bilan du débat public
702 Il a souvent été reproché à l'enquête de se dérouler (et aux avis de n'être
sollicités ou donnés) qu'alors que les options principales du projet ont déjà été
arrêtées et que ce dernier ne peut plus être modifié que sur des points de détails
ou rejeté en bloc – ce qui est exceptionnel. C'est pourquoi la loi n 2002-276 du
o

27 février 2002 relative à la démocratie de proximité a institué une procédure


permettant d'associer, avant même le stade de l'enquête (ou des avis), le public
à l'élaboration de certains projets : la procédure du débat public . Certes,
2378

cette procédure n'est pas spécifique au droit de l'expropriation dans la mesure


où elle est mise en place que le projet envisagé nécessite ou non une
expropriation. Elle n'a donc pas à être traitée ici en détail. Mais il importe
quand même de l'évoquer brièvement car elle a une incidence sur l'enquête.
Cette procédure est placée sous l'autorité d'une nouvelle autorité
administrative indépendante, la Commission nationale du débat public, qui a
pour mission d'assurer la participation du public à l'élaboration de certains
projets d'aménagement ou d'équipement ayant une incidence importante sur
l'environnement ou l'aménagement du territoire et dont la liste est dressée par
décret en Conseil d'État . Dans un délai de deux mois après avoir été saisie,
2379

la commission peut en particulier décider l'organisation d'un débat public selon


les modalités qu'elle fixe.
L'enquête ne peut alors être ouverte qu'à compter, soit de la date à partir de
laquelle un débat public ne peut plus être organisé (deux mois après la saisine
de la commission si elle n'a pas décidé de l'organisation d'un tel débat), soit de
la date de la publication, par le président de la commission, du bilan du débat
public si un tel débat a été organisé, soit à l'expiration du délai de deux mois à
compter de la clôture du débat public imparti au président de la commission
pour procéder à cette publication.
Par ailleurs, si un débat public a été organisé et si l'enquête est l'enquête
environnementale, ce qui est généralement le cas, son bilan doit figurer parmi
les éléments du dossier mis à l'enquête.
Si le projet n'a pas fait l'objet de la procédure du débat public mais de la
concertation telle que définie à l'article L. 121-16 du Code de l'environnement
ou de toute autre procédure prévue par les textes permettant au public de
participer effectivement au processus de décision, le dossier de l'enquête
environnementale doit comporter le bilan de cette procédure.
Lorsqu'aucune concertation préalable n'a eu lieu, le dossier de l'enquête
environnementale doit le mentionner.
3° L'évaluation des grands projets d'infrastructure de transport

703 Dans le cas particulier où l'on a affaire à un grand projet d'infrastructure de


transport, il doit donner lieu, sur le fondement de l'article 14 de la loi n 82-
o

1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs (v. C. transp.,


art. L. 1511-2 s.), à une évaluation. La liste de ces grands projets est dressée
par les articles R. 1511-1 et R. 1511-2 du Code des transports : il s'agit par
exemple de la création de voies rapides à deux fois deux voies de plus de
25 km de long, d'aéroports de catégorie A ou d'infrastructures ferroviaires
d'intérêt général. Aux termes des articles R. 1511-4 et R. 1511-5, cette
évaluation doit contenir les précisions suivantes : analyse des conditions et des
coûts de construction, d'entretien, d'exploitation et de renouvellement de
l'infrastructure projetée ; analyse des conditions de financement ; motifs pour
lesquels, parmi les partis envisagés par le maître de l'ouvrage, le projet
présenté a été retenu ; analyse des incidences de ce choix sur les équipements
de transport existants ou en cours de réalisation ; analyse des différentes
données de nature à permettre de dégager un bilan prévisionnel tant des
avantages que des inconvénients entraînés, directement ou non, par la mise en
service de ces infrastructures dans les zones intéressés que des avantages et
inconvénients résultant de leur utilisation par les usagers.
Le dossier de cette évaluation doit obligatoirement être joint au dossier de
l'enquête publique qui est toujours une enquête environnementale .2380

B. Un déroulement de l'enquête protégeant mieux les intérêts


du public

704 Le commissaire enquêteur (ou les membres de la commission d'enquête) sont


désignés par le président du tribunal administratif, règle qui, comme on l'a déjà
indiqué (v. ss 690) s'applique également depuis 2002 au commissaire enquêteur
des enquêtes traditionnelles. Mais alors que, s'agissant de ce dernier, l'article
R. 111-1 du nouveau Code de l'expropriation, en ne renvoyant qu'à l'article
R. 123-5 du Code de l'environnement, se borne de façon surprenante à ne poser
que cette règle, le système applicable au commissaire enquêteur des enquêtes
environnementales est plus protecteur : en particulier, en application des
articles R. 123-34 à R. 123-43 du Code de l'environnement, le président du
tribunal administratif ne dispose pas d'un pouvoir discrétionnaire mais doit
choisir le commissaire enquêteur sur l'une des listes d'aptitude aux fonctions de
commissaire enquêteur établie, dans chaque département, par une commission
départementale que lui ou l'un de ses homologues préside et dont l'article
R. 123-34 précise la composition, commission dont le rôle est de ne retenir que
des personnes particulièrement qualifiées pour cette fonction ; par ailleurs, sur
le fondement de l'article R. 123-4 du Code de l'environnement, il ne peut
désigner comme commissaire enquêteur « les personnes intéressées au projet,
plan ou programme soit à titre personnel, soit à raison des fonctions qu'elles
exercent ou ont exercées depuis moins de cinq ans, notamment au sein de la
collectivité, de l'organisme ou du service similaire qui assure la maîtrise de
l'ouvrage ou le contrôle du projet, plan ou programme soumis à enquête, ou au
sein d'associations ou organismes directement concernés par cette
opération » .
2381

L'arrêté ouvrant l'enquête doit contenir plus de précisions que dans le cadre
de l'enquête traditionelle et, en particulier, a l'obligation de fixer des lieux,
jours et heures où le commissaire enquêteur (ou l'un ou plusieurs membres de
la commission d'enquête) se tiendra à la disposition du public pour enregistrer
ses observations alors qu'il ne s'agit là que d'une faculté dans le cadre d'un
enquête traditionnelle .
2382

L'information du public sur l'ouverture de l'enquête est améliorée en cas


d'enquête environnementale : l'avis informant le public de l'ouverture de
l'enquête doit être publié dans la presse, non pas huit jours avant son début,
mais quinze jours ; de la même manière, l'affichage en commune doit
commencer quinze jours avant l'enquête et non pas huit ; enfin, sauf
impossibilité, l'avis doit être, dans les mêmes conditions de délai, affiché sur
les lieux prévus pour la réalisation du projet et visible ou lisible de la voie
publique si l'on a affaire à une enquête environnementale alors qu'une telle
obligation n'existe pas en cas d'enquête traditionnelle .
2383

La durée de l'enquête est allongée : alors que la durée minimale de l'enquête


traditionnelle est de quinze jours, elle est de trente jours dans le cadre de
l'enquête environnementale et, possibilité qui n'existe pas dans le cas d'une
enquête traditionnelle, elle peut être prorogée pour une durée maximale de
trente jours par décision motivée du commissaire enquêteur, notamment
lorsqu'il décide d'organiser une réunion d'information et d'échange avec le
public durant cette période de prolongation de l'enquête . 2384

Les pouvoirs du commissaire enquêteur sont renforcés : en cas d'enquête


environnementale, il dispose de pouvoirs inconnus dans le cadre d'une enquête
traditionnelle puisqu'il peut demander au maître de l'ouvrage de communiquer
au public tous les documents qu'il estime nécessaire à la bonne information de
ce dernier, visiter les lieux concernés, à l'exception des lieux d'habitation,
après en avoir informé au préalable les propriétaires et les occupants, entendre
toutes les personnes concernées par le projet et convoquer toutes celles dont il
juge l'audition utile et, enfin, organiser sous sa présidence toute réunion
d'information et d'échange avec le public en présence du maître de l'ouvrage.
Le fait que les conclusions du commissaire enquêteur soient défavorables
impose que la collectivité territoriale ou l'établissement public de coopération
intercommunale à l'origine du projet délibère à nouveau sur ce dernier pour
réitérer (ou non) la demande de DUP alors qu'une exigence similaire n'existe à
propos des enquêtes traditionnelles que dans le cas où le projet doit être
réalisé sur une seule commune et pour son compte (v. ss 706). Par ailleurs, le
fait que les conclusions du commissaire enquêteur soient défavorables
assouplit le régime du référé suspension de la DUP (v. ss. 737) alors qu'un tel
assouplissement n'existe pas au cas de conclusions défavorables à l'issue d'une
enquête traditionnelle.

SECTION 2. LES AVIS

705 Outre l'avis du directeur départemental des finances publiques (v. ss 687) et les
conclusions du commissaire enquêteur (v. ss 698), directement liés à la
procédure d'enquête publique, d'autres avis, émanant d'autorités
administratives, doivent être recueillis ou peuvent être exprimés.

§ 1. Les avis obligatoires


1 o L'avis des collectivités territoriales

706 Aux termes de l'article R. 112-23 du Code de l'expropriation applicable donc


aux enquêtes traditionnelles, l'avis du conseil municipal est obligatoire lorsque
l'opération projetée doit être exécutée sur le territoire d'une seule commune et
pour son compte et lorsque les conclusions du commissaire enquêteur ou de la
commission d'enquête sont défavorables à la DUP de l'opération envisagée. Cet
avis doit avoir la forme d'une délibération motivée. Il est joint au dossier
transmis au préfet. Faute de délibération dans un délai de trois mois à compter
de la transmission du dossier au maire, le conseil municipal est regardé comme
ayant renoncé à l'opération. Aucune règle similaire n'existe dans le Code de
l'expropriation pour cause d'utilité publique à propos des projets des autres
collectivités territoriales. Toutefois, le Conseil d'État a estimé, dans un de ses
avis, que, en application de l'article 46 de la loi du 10 août 1871 modifiée
relative aux conseils généraux (CGCT, art. L. 3211-1 s.), il appartenait au
conseil général, ou éventuellement à son bureau, de décider s'il y a lieu de
poursuivre la procédure d'expropriation malgré les conclusions défavorables
du commissaire enquêteur . 2385

De la même manière, aux termes de l'article L. 123-16 in fine du Code de


l'environnement applicable donc aux enquêtes environnementales, « tout projet
d'une collectivité territoriale ou d'un établissement public de coopération
intercommunale ayant donné lieu à des conclusions défavorables du
commissaire enquêteur ou de la commission d'enquête doit faire l'objet d'une
délibération motivée réitérant la demande… de DUP de l'organe délibérant de
la collectivité ou de l'établissement de coopération concerné ».
On notera que l'obligation qui pèse dorénavant sur les collectivités
territoriales de prendre, dans certains cas et à l'issue de l'enquête publique, un
acte spécial dénommé « déclaration de projet » (v. ss 713) fait perdre, dans ces
hypothèses-là, tout intérêt aux avis qui viennent d'être évoqués dans la mesure
où ils font double emploi avec la déclaration de projet.
2 o L'avis des autorités préfectorales

707 L'avis du préfet qui a pris l'arrêté ouvrant l'enquête ou qui est chargé d'en
centraliser les résultats (v. ss 692) doit être donné chaque fois que ce n'est pas
lui qui est compétent pour prendre la DUP, du moins lorsque l'on a affaire à une
enquête traditionnelle. En effet, l'article R. 112-20 du Code de l'expropriation
dispose que, dans une telle hypothèse, il doit émettre un avis sur l'opération
projetée lorsqu'il transmet l'entier dossier (dossier mis à l'enquête publique et
conclusions du commissaire en quêteur) à l'autorité compétente pour prendre la
DUP.
3 o L'avis du ministre chargé des monuments historiques ou des sites 2386

708 Aux termes de l'article 11 de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments
historiques (C. patr., art. L. 621-20), « aucun immeuble classé au titre des
monuments historiques ou proposé pour le classement ne peut être compris
dans une enquête aux fins d'expropriation pour cause d'utilité publique qu'après
que l'autorité administrative aura été appelée à présenter ses observations ».
De façon similaire, l'article 13 de la loi du 2 mai 1930 (C. envir.,
art. L. 341-14) dispose qu'« aucun monument naturel ou site classé ou proposé
pour le classement ne peut être compris dans une enquête aux fins
d'expropriation pour cause d'utilité publique qu'après que le ministre chargé
des sites a été appelé à présenter ses observations ».
Aussi, l'article R. 122-1 du Code de l'expropriation dispose-t-il que « l'avis
du ministre chargé de la culture est recueilli… préalablement à la déclaration
d'utilité publique de toutes les opérations nécessitant l'expropriation de
monuments historiques classés ou proposés pour le classement au titre des
monuments historiques. Faute de réponse dans un délai de deux mois suivant la
demande, cet avis est réputé favorable ». Une disposition similaire figure à
l'article R. 122-2, à propos de l'avis du ministre chargé des sites, s'agissant des
expropriations de monuments naturels ou sites classés ou proposé pour le
classement.
Il en résulte que l'absence de l'avis ainsi exigé est de nature à entacher la
légalité de la DUP , du moins lorsque l'on a affaire à un monument ou à un
2387

site effectivement classé ou proposé pour le classement et non pas seulement


inscrit à l'inventaire supplémentaire . 2388

4 o L'avis du ministre de l'Agriculture

709 L'article R. 122-3 du Code de l'expropriation dispose que « l'avis du ministre


de l'Agriculture est recueilli (…) préalablement à la déclaration d'utilité
publique chaque fois que l'expropriation pourrait atteindre des parcelles
plantées de vignes soumises au régime des appellations d'origine ».
Sous l'empire de l'ancien Code, il n'était pas précisé que cet avis devait être
donné préalablement à la DUP. Aussi le Conseil d'État avait-il considéré que la
circonstance que l'avis du ministre de l'Agriculture n'ait été donné qu'après la
déclaration d'utilité publique ne pouvait être regardé comme constituant un vice
de forme substantiel de nature à entacher la régularité de l'ensemble de la
procédure . Il est possible qu'une telle jurisprudence ne soit plus de mise
2389

aujourd'hui.
5 o L'avis de la commission départementale compétente en matière de nature, de paysages
et de sites

710 La loi n 86-2 du 3 janvier 1986 relative à l'aménagement, la protection et la


o

mise en valeur du littoral a notamment introduit dans le Code de l'urbanisme un


article L. 146-7 (aujourd'hui article L. 121-6) relatif aux conditions dans
lesquelles de nouvelles routes peuvent être construites en zone littorale. En
premier lieu, les nouvelles routes de transit doivent être localisées à une
distance minimale de 2 000 mètres du rivage. En second lieu, la création de
nouvelles routes sur les plages, cordons lagunaires, dunes ou en corniche est
interdite. En troisième lieu, les nouvelles routes de desserte locale ne peuvent
être établies sur le rivage ni le longer. Toutefois, et la limite est de taille, ces
règles « ne s'appliquent pas en cas de contraintes liées à la configuration des
lieux ou, le cas échéant, à l'insularité. La commission départementale
compétente en matière de nature, de paysages et de sites est alors consultée sur
l'impact de l'implantation de ces nouvelles routes sur la nature ».
Pour le Conseil d'État, l'absence d'un tel avis est de nature à entacher
d'illégalité la déclaration d'utilité publique relative à la construction d'une
route nouvelle de desserte longeant le rivage . 2390
§ 2. Les avis non obligatoires

711 En premier lieu, l'autorité administrative compétente pour édicter la


déclaration d'utilité publique a toujours le droit de susciter l'avis de tel ou tel
organisme lorsqu'elle estime qu'une telle consultation est de nature à l'aider
dans l'exercice de son pouvoir de décision. En second lieu, tel ou tel organisme
peut toujours lui faire parvenir spontanément son avis.
Conformément aux règles contentieuses qui gouvernent la procédure
consultative, une irrégularité affectant un avis non obligatoire n'est de nature à
vicier la régularité de la déclaration d'utilité publique intervenue ensuite que
dans la mesure où cette irrégularité a exercé, en fait, une influence sur la
décision prise .
2391
CHAPITRE 2
LA CONSTATATION DE L'UTILITÉ
PUBLIQUE : LA DÉCLARATION D'UTILITÉ
PUBLIQUE

Section 1. LE PRONONCÉ DE LA DÉCLARATION D'UTILITÉ PUBLIQUE


§ 1. L'autorité compétente pour déclarer l'utilité publique
A. Le principe : l'utilité publique est déclarée par arrêté ministériel
ou préfectoral
B. L'exception : l'utilité publique est déclarée par décret en Conseil d'État
§ 2. La liberté laissée à l'autorité compétente
§ 3. Le délai pour déclarer l'utilité publique
§ 4. Le contenu de la déclaration d'utilité publique
§ 5. La nature juridique de la déclaration d'utilité publique
A. Les DUP et la distinction entre actes réglementaires et actes
individuels
B. Les DUP et la distinction entre actes créateurs de droits et actes non
créateurs de droits
§ 6. Le délai de réalisation de l'opération déclarée d'utilité publique
A. La DUP a une durée de validité limitée
B. Les propriétaires disposent d'un droit de délaissement
§ 7. Les effets de la déclaration d'utilité publique
Section 2. LE CONTENTIEUX DE LA DÉCLARATION D'UTILITÉ
PUBLIQUE
§ 1. Le contentieux de l'excès de pouvoir

A. La compétence juridictionnelle
B. Les conditions de recevabilité
C. Les procédures d'urgence
D. Les moyens susceptibles d'être invoqués
E. Les effets de l'annulation de la déclaration d'utilité publique
§ 2. Le contentieux de la responsabilité
A. Les hypothèses de responsabilité
B. L'imputation de la responsabilité

712 Une fois la phase de consultation terminée, l'ensemble du dossier est transmis à
l'autorité de l'État compétente pour constater expressément l'utilité publique de
l'opération, c'est-à-dire pour prendre un acte dénommé « déclaration d'utilité
publique » (en abrégé DUP). On étudiera successivement les règles qui
conditionnent l'édiction de cet acte (section 1) et le contrôle contentieux auquel
il est soumis (section 2). Mais, auparavant, il importe de dire quelques mots
d'un autre acte qui a pour partie la même fonction et qui, dans certaines
hypothèses, s'insère entre la phase de consultation et la DUP. Il s'agit de la
nouvelle « déclaration de projet » dont il importe de préciser les rapports avec
la DUP.

713 Déclaration de projet et déclaration d'utilité publique ◊ Instaurée


2392

par l'article 144 de la loi n 2002-276 du 27 février 2002 relative à la


o

démocratie de proximité qui a introduit à cet effet un nouvel article dans le


Code de l'environnement, l'article L. 126-1 (applicable depuis l'entrée en
vigueur du décret n 2006-629 du 30 mai 2006 ), modifié par l'article 238 de
o 2393

la loi n 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national sur


o

l'environnement, la déclaration de projet a pour fonction de permettre au


responsable du projet considéré, une fois la consultation du public achevée et
compte tenu de ses enseignements, d'en affirmer expressément et formellement
l'intérêt général s'il entend le poursuivre, ce qui sera généralement le cas, tout
en indiquant les infléchissements que, le cas échéant, il lui apporte par rapport
à ses intentions initiales. Elle doit être édictée lorsque l'on a affaire à un projet
public de travaux, d'aménagements ou d'ouvrages qui est susceptible de porter
atteinte à l'environnement de telle sorte qu'il a donné lieu à l'enquête
environnementale régie par les articles L. 123-1 s. du Code de l'environnement,
que sa réalisation implique ou non le recours à l'expropriation car l'exigence de
la déclaration de projet est indépendante de l'existence d'une procédure
d'expropriation (ce qui explique qu'il ne soit pas question d'étudier ici en détail
le régime de la déclaration de projet puisqu'il s'agit d'une institution juridique
qui appartient au droit de l'environnement et non au droit de l'expropriation).
Elle relève de la compétence de l'autorité de l'État ou de l'organe délibérant de
la collectivité territoriale ou de l'établissement public « responsable du
projet ».
Compte tenu de sa finalité, on pourrait penser que, lorsque la poursuite de
l'opération nécessite le recours à l'expropriation, la déclaration de projet fait
double emploi avec la DUP qui a également pour fonction, entre autres choses,
de constater explicitement l'utilité publique qu'il y a à réaliser un projet donné.
Tel n'est pas toutefois toujours le cas. En effet, la DUP et, par conséquent, la
constatation solennelle de l'utilité publique qu'il y a à réaliser le projet sur
lequel elle porte est faite exclusivement par l'État puisque, en l'état actuel de
notre droit et contrairement à ce qui avait été envisagé un moment au début des
années 1980 (v. ss 660), le droit de l'expropriation n'a pas été décentralisé. En
revanche, la déclaration de projet relève de la compétence du responsable du
projet qui certes pourra être l'État mais qui pourra également être une autre
personne de droit et notamment une collectivité territoriale. Dans ces
conditions, on comprend que l'article 145 de la loi relative à la démocratie de
proximité, introduisant dans le Code de l'expropriation un nouvel article L. 11-
1-1 (modifié par la loi précitée de 2010) et qui est devenu aujourd'hui l'article
L. 122-1 du nouveau Code de l'expropriation, distingue deux hypothèses.
La première hypothèse est celle dans laquelle l'expropriation est poursuivie
au profit d'une collectivité territoriale, d'un de ses établissements publics ou de
tout autre établissement public (extension opérée par l'article L. 122-1 du
nouveau Code mais qui ne saurait concerner les établissements publics de l'État
qui relèvent de la seconde hypothèse). Dans un tel cas, une fois l'enquête
effectuée (qui est alors l'enquête environnementale évoquée v. ss 699),
l'autorité compétente de l'État demande à la collectivité ou à l'établissement de
se prononcer, dans un délai qui ne peut excéder six moins, sur l'intérêt général
de l'opération envisagée en édictant une déclaration de projet et ce n'est qu'une
fois en possession de cette déclaration de projet ou à l'expiration du délai de
six mois qu'elle peut prendre la DUP. En d'autres termes, il y a successivement
une déclaration de projet (de la compétence de la collectivité territoriale ou de
l'établissement public) et une déclaration d'utilité publique (de la compétence
de l'État). Pour éviter que cette succession de deux actes aux finalités largement
identiques mais aux auteurs distincts ne soit un facteur de multiplication des
contentieux, le législateur a posé deux règles. En premier lieu, la déclaration de
projet ne peut faire l'objet d'un recours direct en excès de pouvoir, sa légalité
pouvant simplement être contestée par voie d'exception à l'occasion d'un
recours direct contre la DUP (alors que, si la réalisation du projet envisagé
n'implique pas le recours à l'expropriation de telle sorte qu'il n'y a pas alors de
DUP suivant la déclaration de projet, il peut y avoir un recours pour excès de
pouvoir direct contre ladite déclaration de projet). En second lieu, si un
recours contre la DUP est effectivement intenté, la légalité de cette dernière ne
peut être affectée par les vices de légalité externe susceptibles de concerner la
déclaration de projet (incompétence, vice de forme ou de procédure) mais
seulement par les vices de légalité interne de cettte dernière (détournement de
pouvoir, violation de la loi, vice des motifs) outre, évidemment, ses vices
propres (externes et internes).
La seconde hypothèse est celle dans laquelle l'expropriation est poursuivie
au profit de l'État ou d'un de ses établissements publics . Lorsqu'elle est
2394

poursuivie au profit de l'État, la déclaration de projet fait totalement double


emploi avec la DUP dans la mesure où, non seulement les deux actes ont pour
fonction de constater l'intérêt général du projet, mais émanent au surplus
d'autorités de la même personne juridique, l'État. Dans ces conditions, il est
logique que l'article L. 122-1 du Code de l'expropriation dispose que la DUP
tient lieu de déclaration de projet. La même règle est posée lorsque
l'expropriation est poursuivie au profit d'un établissement public de l'État. Il n'y
a pas alors non plus de déclaration de projet spécifique. Pourtant, cette
dernière aurait, dans cette hypothèse, émané d'une personne autre que celle dont
émane la DUP puisque l'État et ses établissements publics sont des personnes
administratives différentes. Dès lors, il y a là une solution qui n'est pas très
favorable à l'autonomie des établissements publics mais il est vrai que,
souvent, cette autonomie est plus formelle que réelle.
Dans l'une et l'autre des deux hypothèses, la déclaration de projet mentionne
l'objet de l'opération tel qu'il figure dans le dossier soumis à l'enquête et
comporte les motifs et considérations qui justifient son caractère d'intérêt
général. Elle prend en considération l'étude d'impact, l'avis de l'autorité
administrative de l'État compétente en matière d'environnement et le résultat de
la consultation du public. Elle indique, le cas échéant, la nature et les motifs
des principales modifications qui, sans en altérer l'économie générale, sont
apportées au projet au vu des résultats de l'enquête publique.

SECTION 1. LE PRONONCÉ DE LA DÉCLARATION


D'UTILITÉ PUBLIQUE

§ 1. L'autorité compétente pour déclarer l'utilité publique 2395

714 Depuis l'ordonnance du 23 octobre 1958, il n'y a plus de déclaration d'utilité


publique prononcée par le législateur . Dorénavant, la DUP entre toujours
2396

dans la compétence des autorités administratives. Reste à préciser lesquelles.


Tel était l'objet de l'article 2 de l'ordonnance de 1958, codifié à l'article
L. 11-2 de l'ancien Code de l'expropriation et précisé notamment par deux
décrets : en principe, l'utilité publique était déclarée par décret en Conseil
2397

d'État mais, dans un certain nombre d'hypothèses, elle pouvait l'être par décret
simple ou arrêté . 2398

La nouvelle rédaction de l'article L. 11-2 de l'ancien Code telle qu'elle


résulte de l'article 143 de la loi n 2002-276 du 27 février 2002 relative à la
o

démocratie de proximité et telle qu'elle a été reprise à peu de choses près par
l'article L. 121-1 du nouveau Code a renversé le principe : dorénavant, l'utilité
publique est en principe déclarée par arrêté ministériel ou préfectoral sauf dans
un certain nombre d'hypothèses particulières où un décret en Conseil d'État est
nécessaire . 2399

A. Le principe : l'utilité publique est déclarée par arrêté ministériel


ou préfectoral

715 Lorsque l'on n'a pas affaire à l'un des cas spécifiques dans lesquels le recours
au décret en Conseil d'État est obligatoire, l'utilité publique est déclarée par
arrêté ministériel ou préfectoral.
C'est l'article R. 121-1 qui détermine quand il y a lieu à arrêté ministériel, à
arrêté interpréfectoral ou à arrêté préfectoral.
Il faut un arrêté ministériel (ou éventuellement interministériel) pour les
opérations poursuivies en vue de l'installation des administrations centrales , 2400

des services centraux de l'État et des services à compétence nationale.


Il faut un arrêté conjoint des préfets concernés lorsque l'opération porte sur
des immeubles situés sur le territoire de plusieurs départements.
Il faut un arrêté du préfet du lieu où se trouve les immeubles faisant l'objet
de l'opération lorsqu'ils sont situés sur le territoire d'un seul département. Si,
néanmoins, l'utilité publique est déclarée par arrêté ministériel, il y a
illégalité .
2401

Dans le cas particulier des travaux de création d'une route express , ils2402

sont déclarés d'utilité publique soit par arrêté du ministre chargé de la voirie
routière nationale lorsque la voie appartient au domaine public de l'État soit
par arrêté du préfet de département concerné dans les autres cas (ou par arrêté
conjoint des préfets concernés si les travaux projetés s'étendent sur le territoire
de plusieurs départements).

B. L'exception : l'utilité publique est déclarée par décret en Conseil


d'État 2403
716 Dans un certain nombre de cas particuliers, les règles de compétence sont
beaucoup plus contraignantes et constituent, de ce fait, une garantie
supplémentaire accordée aux citoyens : il faut d'abord recueillir l'avis de l'une
des sections administratives du Conseil d'État, en principe la section des
travaux publics 2404
; il faut ensuite recueillir la signature et donc l'accord du
Premier ministre ; il faut enfin recueillir le contreseing des ministres chargés
2405

de l'exécution de la DUP .2406

Traditionnellement, ces cas particuliers relevaient de deux hypothèses


différentes : d'une part, il y avait lieu à décret en Conseil d'État dans tous les
cas où le commissaire enquêteur ou la commission d'enquête avait rendu des
conclusions défavorables ; d'autre part, il y avait également lieu à décret en
Conseil d'État pour certaines opérations spécifiques compte tenu de leur nature
ou de leur importance.
La première hypothèse a été supprimée par l'article 140 de la loi du
27 février 2002 relative à la démocratie de proximité. C'est évidemment
paradoxal dans la mesure où le système traditionnel valorisait sensiblement le
rôle du commissaire enquêteur ou de la commission d'enquête et, partant, de la
consultation du public : en fonction du sens favorable ou défavorable des
conclusions, l'administration pouvait se contenter d'un simple arrêté (sens
favorable) ou devait au contraire obtenir l'accord du Premier ministre (voire du
président de la République) et recueillir l'avis du Conseil d'État (sens
défavorable), ce qui était évidemment beaucoup plus contraignant pour elle et
pouvait l'inciter à faire évoluer son projet pour qu'il ne suscite pas des
conclusions défavorables.
La seconde hypothèse a été maintenue. Sur le fondement du second alinéa de
l'article L. 121-1 aux termes duquel « un décret en Conseil d'État détermine les
catégories de travaux ou d'opérations qui ne peuvent, en raison de leur nature
ou de leur importance, être déclarées d'utilité publique que par décret en
Conseil d'État », l'article R. 121-2 énumère six catégories d'opérations qui sont
soumises à cette exigence : « 1 les travaux de création d'autoroutes , à
o 2407

l'exclusion, sur les autoroutes existantes, des travaux de réalisation d'ouvrages


annexes, d'élargissement et de raccordement à d'autres voies publiques ; 2 les
o

travaux de création d'aérodromes de catégorie A ; 3 les travaux de création


2408 o

de canaux de navigation d'une longueur supérieure à 5 km accessibles aux


bateaux de plus de 1 500 tonnes de port en lourd ; 4 les travaux de création ou
o

de prolongement de lignes du réseau ferré national d'une longueur supérieure à


20 km à l'exclusion des travaux d'aménagement et de réalisation d'ouvrages
annexes sur le réseau existant 2409
; 5 les travaux de création de centrales
o

électriques d'une puissance égale ou supérieure à 100 mégawatts, d'usines


utilisant l'énergie des mers ainsi que d'aménagements hydroélectriques d'une
puissance maximale brute égale ou supérieure à 100 mégawatts et
d'installations liées à la production et au développement de l'énergie nucléaire ;
6 les travaux de transfert d'eau de bassin fluvial à bassin fluvial (hors voies
o

navigables) dont le débit est supérieur ou égal à 1 mètre cube par seconde ».

§ 2. La liberté laissée à l'autorité compétente

717 L'autorité compétente pour déclarer l'utilité publique a, de façon certaine, le


droit de refuser d'édicter la DUP. Comme l'affirme le Conseil d'État, l'autorité
administrative a le droit et même le devoir de refuser de prendre une
déclaration d'utilité publique s'il lui apparaît qu'un motif de droit ou même
d'opportunité s'y oppose , par exemple irrégularité dans la composition du
2410

dossier mis à l'enquête, par exemple encore doute sur l'utilité publique de
l'opération. Le contrôle qu'exerce le juge administratif sur ce refus est un
contrôle restreint , à l'instar du contrôle exercé sur le refus du préfet de
2411

prendre l'arrêté ouvrant l'enquête préalable (v. ss 692). C'est dire que, en
matière de contrôle des motifs, le juge contrôlera seulement l'erreur de droit,
l'inexactitude matérielle des faits et l'erreur manifeste d'appréciation.
Innovation de la loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité,
le refus de déclarer l'utilité publique d'une opération doit être motivé et doit
2412

intervenir au plus tard un an après la clôture de l'enquête préalable, ce délai


étant majoré de six mois lorsque la DUP ne peut être prononcée que par décret
en Conseil d'État .
2413

Plus délicate est la question de savoir si, sans aller jusqu'à refuser de
prendre la DUP, l'autorité compétente a le droit de déclarer d'utilité publique
un projet différent de celui mis à l'enquête. Dans le passé, il avait été jugé que
l'autorité administrative pouvait réduire l'emprise de l'opération projetée s'il
lui apparaissait qu'un motif de droit ou même d'opportunité justifiait cette
réduction, l'appréciation des conséquences de cette réduction soulevant à
l'époque une question d'opportunité échappant au contrôle du juge de l'excès de
pouvoir . Aujourd'hui, la jurisprudence semble plutôt s'inspirer des principes
2414

suivants. L'autorité administrative a la possibilité de déclarer d'utilité publique


la réalisation d'une opération qui ne correspond pas exactement à celle
demandée par l'expropriant et qui a fait l'objet de l'enquête d'utilité publique du
moment qu'il n'y a entre les deux opérations que des différences non
substantielles qui ne dénaturent pas le projet initial en ne portant pas atteinte à
son économie générale . En revanche, il y a illégalité si le projet déclaré
2415

d'utilité publique diffère sensiblement de celui dépeint par l'expropriant dans le


dossier mis à l'enquête publique . Le public a en effet été consulté sur un
2416
projet qui ne correspond pas à celui faisant finalement l'objet de la DUP. Ce
dernier ne peut être déclaré d'utilité publique qu'à la suite d'une nouvelle
enquête le concernant directement, à peine de priver la consultation du public
de toute signification.
De son côté, l'expropriant a le droit d'abandonner l'opération alors même
qu'elle a déjà été soumise à enquête préalable. Il a également le droit de
demander à ce que lui soient apportées des modifications du moment qu'il s'agit
de modifications mineures ne provoquant pas la péremption de l'enquête.

§ 3. Le délai pour déclarer l'utilité publique

718 Jusqu'à l'intervention de la loi n 75-1328 du 31 décembre 1975, aucun délai


o

n'était imparti, après la clôture de l'enquête, pour le prononcé de la DUP. Cette


dernière pouvait donc intervenir plusieurs années après l'enquête du moment
qu'il n'y avait pas eu, entre-temps, un changement dans les circonstances de fait
ou dans les circonstances de droit de nature à provoquer la péremption de
l'enquête préalable .
2417

Tel n'est plus le cas depuis la promulgation de la loi du 31 décembre 1975.


Aujourd'hui, l'article L. 121-2 du Code de l'expropriation, qui reprend pour
l'essentiel son article 34, dispose que « l'acte déclarant l'utilité publique (…)
intervient au plus tard un an après la clôture de l'enquête préalable . Ce délai
2418

est augmenté de six mois lorsque la déclaration d'utilité publique ne peut être
prononcée que par décret en Conseil d'État ». En d'autres termes, l'enquête est
présumée caduque passé ce délai de douze ou dix-huit mois de telle sorte que
la DUP doit obligatoirement intervenir avant son expiration .2419

Cela ne veut pas dire, a contrario, que l'enquête ne puisse pas être
considérée comme caduque alors même qu'elle date de moins de douze ou dix-
huit mois. Si, entre sa clôture et l'édiction, dans le délai de douze ou dix-huit
mois, de la DUP, un changement important dans les circonstances de fait se
produit, il provoque la péremption de l'enquête de telle sorte que la DUP prise
à son issue est irrégulière . Il en irait de même d'un changement dans les
2420

circonstances de droit.

§ 4. Le contenu de la déclaration d'utilité publique

719 La déclaration d'utilité publique doit tout d'abord indiquer le but de l'opération
poursuivie et, le cas échéant, les travaux nécessaires à sa réalisation. Il doit
s'agir de l'opération mise à l'enquête publique ou, du moins, d'une opération qui
ne présente avec elle que des différences non substantielles qui ne dénaturent
pas le projet initial en ne portant pas atteinte à son économie générale (v.
ss 717). D'autres travaux que ceux évoqués par la DUP pourront néanmoins être
réalisés s'il s'agit d'ouvrages qui sont la conséquence nécessaire et directe
d'ouvrages principaux mentionnés dans la DUP (v. ss 765).
La déclaration d'utilité publique doit ensuite préciser quel est le bénéficiaire
de l'opération déclarée d'utilité publique. Si elle est muette sur ce point, il
convient de considérer qu'il s'agit de l'État . Si l'arrêté ouvrant l'enquête
2421

précisait qu'il s'agissait d'une commune, il est loisible à la DUP d'indiquer


comme bénéficiaire un concessionnaire , fut-il non encore désigné .
2422 2423

La déclaration d'utilité publique doit également indiquer le délai de


réalisation de l'opération déclarée d'utilité publique étant entendu que, si elle
omet de ce faire, il n'y a pas pour autant violation d'une formalité substantielle
(v. ss 729).
Dans le cas particulier où l'expropriation est susceptible de compromettre la
structure d'une exploitation agricole, s'appliquent les dispositions de
l'article 10 de la loi n 62-933 du 8 août 1962, codifiées aux articles L. 123-24
o

et suivants du Code rural et rappelées par l'article L. 122-3 du Code de


l'expropriation, selon lesquelles la DUP doit, sous peine d'illégalité, faire
obligation au maître de l'ouvrage de remédier aux dommages causés en
participant financièrement à plusieurs séries d'opérations (v. ss 832).
Par ailleurs, « dans les cas où les atteintes à l'environnement ou au
patrimoine culturel que risque de provoquer un projet de travaux, d'ouvrages ou
d'aménagements le justifient, la DUP comporte, le cas échéant les mesures
prévues au deuxième alinéa de l'article L. 122-1 du Code de
l'environnement » , c'est-à-dire qu'elle peut imposer au pétitionnaire ou au
2424

maître d'ouvrage les mesures destinées à éviter, réduire et, lorsque c'est
possible, compenser les effets négatifs notables du projet sur l'environnement
ou la santé humaine ainsi que les modalités de leur suivi.
Enfin, lorsque l'on a affaire à une opération susceptible d'affecter
l'environnement au sens de l'article L. 123-1 du Code de l'environnement et qui
a donc donné lieu à l'enquête spécifique à ce type d'opération (v. ss 679,
699 s.), la DUP doit être accompagnée d'un document qui expose les motifs et
considérations justifiant le caractère d'utilité publique de l'opération . 2425

L'exigence est nouvelle. N'étant pas des décisions réglementaires sans être pour
autant des décisions individuelles, les DUP n'avaient pas à être motivées en
application de la loi du 11 juillet 1979 sur la motivation des décisions
administratives (v. ss 722). Or le public ne comprenait pas qu'elles échappent à
la motivation alors que des décisions administratives moins importantes y
étaient soumises. Par ailleurs, tant le droit communautaire 2426
que le droit
international plaidaient pour que les projets sensibles pour l'environnement
2427

le soient. Finalement, le législateur est intervenu pour imposer la motivation


2428

des opérations susceptibles d'affecter l'environnement. Toutefois, cette


motivation n'a pas à figurer dans la DUP elle-même mais dans un document
2429

annexe. Cette précision s'explique vraisemblablement par la volonté de ne pas


fragiliser la DUP par des contentieux qui naîtraient de l'insuffisance de la
motivation. D'ailleurs, le Conseil d'État a considéré que cette nouvelle
exigence ne concernait pas la forme de la DUP de telle sorte qu'elle était sans
influence sur sa légalité .2430

§ 5. La nature juridique de la déclaration d'utilité publique

720 La nature juridique de la DUP peut être précisée tant par rapport à la
distinction entre les actes réglementaires et les actes individuels que par
rapport à la distinction entre les actes créateurs de droits et les actes non
créateurs de droits.

A. Les DUP et la distinction entre actes réglementaires et actes


individuels

721 Après quelques hésitations, le juge a finalement conclu que les DUP n'étaient
pas des actes réglementaires . Elles ne sont pas non plus des actes
2431

individuels . Elles font partie d'une troisième catégorie, celle des actes
2432

particuliers 2433
appelés également décisions d'espèce 2434
, actes non
réglementaires ou encore actes intermédiaires .
2435 2436

Il en résulte que leur régime juridique est hybride en ce sens qu'il mélange et
des règles applicables aux décisions réglementaires et des règles qui ne jouent
pas pour les décisions réglementaires. Il suffit pour s'en convaincre d'examiner
les règles relatives à leur motivation, à leur publicité et à leur confrontation aux
directives communautaires.
1° Motivation des DUP

722 À l'instar des décisions réglementaires, les DUP n'ont pas à être motivées en
application des articles 1 et 2 de la loi n 79-587 du 11 juillet 1979 devenus
o 2437

les articles L. 221-2 et L. 211-3 du Code des relations entre le public et


l'administration.
Toutefois, lorsque l'on a affaire à une opération susceptible d'affecter
l'environnement au sens de l'article L. 123-1 du Code de l'environnement,
l'article L. 122-1 in fine du Code de l'expropriation, issu de l'article 145 de la
loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité, impose, comme
on l'a vu (v. ss 719), que la DUP soit accompagnée d'un document qui expose
les motifs et considérations justifiant le caractère d'utilité publique de
l'opération.
2° Publicité des DUP

723 Toujours à l'instar des décisions réglementaires, les DUP n'ont pas à être
notifiées mais doivent, à l'inverse, être soumises à publication et cela même 2438

si elles ne concernent qu'une seule personne . Si elles ont la forme d'un


2439

décret, elles devront être publiées au Journal officiel conformément à la règle


posée autrefois par le décret du 5 novembre 1870 puis par l'ordonnance
2440

n 2004-164 du 20 février 2004 et aujourd'hui par l'article L. 221-9 du code des


o

relations entre le public et l'administration. Si elles ont la forme d'un arrêté,


c'est généralement la publicité par voie d'affichage voire par voie de presse qui
sera retenue et qui ouvrira le délai de recours contentieux . En revanche, la
2441

publication de l'arrêté dans le recueil des actes administratifs du département


ne suffit pas pour faire courir le délai de recours . 2442

La question s'est posée de savoir si le fait que les DUP n'aient pas à être
notifiées ne méconnaissait pas les articles 6-1 et 13 de la Convention
européenne des droits de l'homme. Pour le Conseil d'État, la réponse est
négative car, après l'intervention de la DUP, la procédure est poursuivie par un
arrêté de cessibilité ayant pour but d'identifier précisément les parcelles
concernées et qui est notifié individuellement à chaque propriétaire, lesquels
peuvent invoquer, par voie d'exception, à l'occasion d'un recours dirigé contre
lui, l'illégalité de la DUP. Par conséquent, ceux-ci disposent, toujours selon la
haute juridiction, d'une possibilité claire, concrète et effective de contester
l'ensemble de la procédure administrative préalable à l'expropriation . 2443

3° Confrontation des DUP aux directives communautaires

724 À la différence des décisions réglementaires, les DUP ne pouvaient pas être
confrontées aux directives communautaires puisque, en application de la
2444

jurisprudence ministre de l'Intérieur c/ Cohn Bendit , il n'était pas possible


2445

de se prévaloir de la méconnaissance d'une directive communautaire par une


décision non réglementaire . 2446

On sait toutefois que la jurisprudence Ministre de l'Intérieur c/ Cohn Bendit


a été, depuis, pour l'essentiel abandonnée puisque tout justiciable peut
maintenant se prévaloir, à l'appui d'un recours dirigé contre un acte non
réglementaire, des dispositions précises et inconditionnelles d'une directive
lorsque l'État n'a pas pris, dans les délais impartis par celle-ci, les mesures de
transposition nécessaires . Si tel est le cas, il est alors possible de confronter
2447

une DUP à une directive communautaire. En revanche, si ces conditions ne sont


pas remplies, par exemple si les dispositions de la directive sont imprécises, la
solution traditionnelle demeure : il n'est pas possible de les opposer à une
DUP .2448

B. Les DUP et la distinction entre actes créateurs de droits et actes


non créateurs de droits

725 Les DUP ne sont pas considérées par le juge comme des décisions créatrices
de droits, que ce soit à l'égard des propriétaires dont les biens sont visés par
les opérations projetées ou que ce soit à l'égard des expropriants . Cette
2449

solution se justifie de la façon suivante 2450


: les DUP ne sont qu'une étape au
cours de laquelle la puissance publique constate l'intérêt général que présentent
les opérations projetées ; ce n'est qu'ultérieurement que ces opérations se
solderont par l'acquisition des biens nécessaires et par la réalisation des
travaux envisagés ; elles ne comportent donc pas leur fin en elles-mêmes. Il en
résulte qu'elles peuvent toujours être modifiées ou encore abrogées ou retirées.
1° Modification des DUP

726 Puisqu'une DUP n'est pas un acte créateur de droits, une DUP nouvelle peut
toujours modifier une DUP antérieure (sans nouvelle enquête si elle ne lui
apporte que des modifications mineures, après enquête au cas de modifications
substantielles) sans que les administrés puissent exciper de droits qu'ils
auraient tirés de la première DUP. Ainsi, une DUP nouvelle peut toujours
modifier le tracé d'une autoroute nonobstant l'existence d'une DUP antérieure
retenant un tracé différent, les expropriés éventuels ne tirant aucun droit de
cette dernière .
2451

2° Abrogation et retrait des DUP

727 Pour la même raison, l'administration peut toujours abroger une DUP . Elle2452

était même tenue de faire droit à une demande d'abrogation d'une DUP si,
postérieurement à son adoption, l'opération concernée avait, par suite d'un
changement dans les circonstances de fait, perdu son caractère d'utilité
publique ou si, en raison de l'évolution du droit applicable, cette opération
n'était plus susceptible d'être légalement réalisée . La règle actuelle, telle
2453

qu'elle résulte de l'article L. 243-2, second alinéa, du Code des relations entre
le public et l'administration, est un tout petit peu différente puisque
« l'administration est tenue d'abroger expressément un acte non réglementaire
non créateur de droit devenu illégal ou sans objet en raison de circonstances de
droit ou de fait postérieures à son édiction, sauf à ce que l'illégalité ait cessé.
L'administration peut également retirer une DUP. Dans le passé, ce retrait
n'était assorti d'aucune condition . Aujourd'hui, l'article. 243-3 du Code des
2454

relations entre le public et l'administration ne permet le retrait d'un acte non


réglementaire non créateur de droits que s'il est illégal et si le retrait intervient
dans le délai de quatre mois suivant son édiction . En tout état de cause, ce
2455

retrait n'étant pas lui-même un acte créateur de droits, il peut à son tour faire
l'objet d'une abrogation, ce qui revient à remettre en vigueur la DUP initiale
« sans qu'il soit besoin de recommencer la procédure au terme de laquelle cette
déclaration avait été prononcée, à condition que, compte tenu notamment du
laps de temps écoulé, aucun changement dans la situation de droit ou dans les
circonstances de fait ne se soit produit depuis la décision initiale » .
2456

§ 6. Le délai de réalisation de l'opération déclarée d'utilité


publique

728 De même que la conclusion favorable d'une enquête publique n'implique pas,
on l'a vu, que l'autorité compétente prenne la déclaration d'utilité publique, de
même le prononcé d'une déclaration d'utilité publique ne rend pas obligatoire
la dépossession. Elle devient simplement possible et nécessite, pour aboutir,
que soit poursuivie la phase administrative et entamée la phase judiciaire . 2457

Comme son nom l'indique, il s'agit donc d'une simple « déclaration » ou, plus
exactement, d'une « déclaration d'intention ».
En conséquence, l'administration peut toujours renoncer à son projet ou
tarder dans sa réalisation. Il n'y a bien sûr aucune difficulté lorsque
l'administration renonce explicitement et rapidement à son projet en retirant la
DUP, ce qui est toujours possible puisqu'il s'agit d'un acte non créateur de
droits. En revanche, un problème se pose lorsque l'administration ne retire pas
la DUP mais ne poursuit pas pour autant la procédure : a-t-elle abandonné son
projet ? A-t-il seulement du retard ? Il n'est pas possible de laisser les
propriétaires menacés de dépossession trop longtemps dans l'expectative. C'est
pourquoi la DUP n'a qu'une durée de validité limitée et, en tout état de cause,
les propriétaires disposent d'un droit de délaissement, c'est-à-dire de la
possibilité de forcer l'administration, passé un certain délai, à s'exécuter.

A. La DUP a une durée de validité limitée


729 L'article 3 de l'ordonnance du 23 octobre 1958 autrefois, aujourd'hui l'article
L. 121-4 du Code de l'expropriation, dispose que l'acte déclarant l'utilité
publique précise le délai accordé pour réaliser l'expropriation . Si elle ne
2458

l'est pas dans ce délai, la DUP cesse d'avoir des effets juridiques et ne peut
recevoir application de telle sorte qu'il convient de considérer qu'elle est
caduque. C'est dire qu'elle n'a qu'une durée de validité limitée.
Toutefois, une considérable marge de manœuvre est laissée à
l'administration tant par les textes que par la jurisprudence au point de faire
perdre l'essentiel de son intérêt à la règle selon laquelle la DUP n'a qu'une
durée de validité limitée.
En premier lieu, lorsque la DUP est prononcée par décret en Conseil d'État,
l'administration peut retenir la durée qu'elle souhaite, par exemple cinq ans ou
dix ans ou plus, puisque le Code ne fixe de limite audit délai que lorsque la
DUP n'est pas prononcée par décret en Conseil d'État.
En second lieu, lorsque, justement, la DUP n'est pas prononcée par décret en
Conseil d'État, la durée du délai ne peut certes dépasser une durée maximale
fixée par l'article L. 121-4. Mais cette durée maximale est loin d'être
rigoureuse puisqu'elle est en principe de cinq ans et est même portée à dix ans
dans le cas particulier où les opérations déclarées d'utilité publique sont
prévues par des plans d'occupation des sols, des plans locaux d'urbanisme ou
des documents d'urbanisme en tenant lieu.
En troisième lieu, la durée de la DUP peut être prorogée, ce qui postule
évidemment que l'acte de prorogation intervienne avant l'expiration de la DUP
puisqu'on ne peut proroger un acte devenu caduc. L'autorité compétente est
celle qui, à la date de la prorogation, est compétente pour statuer sur l'utilité
publique de l'opération . Cette prorogation peut avoir lieu sans qu'une
2459

nouvelle enquête publique ne soit organisée s'il n'y a pas de circonstances


nouvelles, par exemple si le projet n'a pas subi de modifications substantielles
ou si son coût n'excède pas sensiblement le montant initial actualisé de
l'opération envisagée . Lorsque la durée initiale de la DUP n'est pas
2460

supérieure à cinq ans, elle ne peut être prorogée qu'une seule fois et pour une
durée au plus égale à sa durée initiale par un acte pris dans les mêmes formes
que la DUP initiale. Toute autre prorogation ne peut être prononcée que par
décret en Conseil d'État et peut concerner par exemple la prorogation des effets
d'une DUP ayant déjà fait l'objet d'une première prorogation pour une durée de
cinq ans prononcée par arrêté préfectoral . Le juge exerce un contrôle normal
2461

sur la durée de prorogation retenue par l'autorité administrative . La 2462

prorogation n'a pas en principe le caractère d'une nouvelle déclaration d'utilité


publique de telle sorte qu'elle ne saurait ouvrir aux intéressés un nouveau délai
pour discuter de l'utilité publique de l'opération. Il n'en va différemment que
lorsque, à l'occasion de la prorogation, l'administration modifie sensiblement
le projet ou si, par l'effet d'une modification des dispositions législatives ou
réglementaires applicables ou d'un changement dans les circonstances de fait,
le projet a perdu, postérieurement à la date de l'acte déclaratif, le caractère
d'utilité publique qu'il pouvait présenter à cette date .
2463

En quatrième lieu, si la DUP n'est prorogée qu'après l'expiration de la durée


de validité de la DUP initiale, le juge ne voit plus, comme par le passé , une
2464

illégalité dans cette prorogation d'un acte qui n'existe plus. La prorogation
d'une DUP intervenue hors délai est maintenant analysée comme une DUP
nouvelle pouvant valablement intervenir sans nouvelle enquête s'il n'y a pas eu,
depuis l'enquête primitive, de changement dans les circonstances de droit ou de
fait . Cette assimilation, qui a pour conséquence de transformer des décisions
2465

de prorogation illégales en des décisions nouvelles légales, a fait l'objet de


vives critiques de la part de la doctrine . Elle est toutefois mise partiellement
2466

en échec par l'article 34 précité de la loi du 31 décembre 1975 – art. L. 121-2


du Code de l'expropriation – qui, comme on l'a vu, limite heureusement à douze
mois ou à dix-huit mois la durée de validité d'une enquête.
En dernier lieu, si la DUP ne précise pas le délai durant lequel
l'expropriation devra être réalisée, le Conseil d'État ne voit pas là la violation
d'une formalité substantielle . Cette solution peut surprendre. D'une part,
2467

l'article L. 121-4 du Code exige que la DUP précise le délai accordé pour la
réalisation de l'opération envisagée. D'autre part, cette exigence a été instituée
dans l'intérêt des administrés puisqu'il s'agit, comme on l'a indiqué plus haut,
d'éviter que les DUP ne se transforment en épées de Damoclès suspendues en
permanence au-dessus de leur tête. Toutefois, la haute juridiction précise que,
si la DUP est prise par arrêté, la durée de réalisation de l'opération devra être
réputée égale à cinq ans . En effet, si l'arrêté portant DUP avait fixé un délai,
2468

ce dernier n'aurait pu, comme on l'a également indiqué plus haut, être supérieur
à cinq ans. Mais cette solution ne saurait être transposable à l'hypothèse dans
laquelle la DUP est prise par décret en Conseil d'État puisque, comme on l'a
vu, l'administration peut alors retenir n'importe quel délai de réalisation. La
solution nous semble alors de considérer que, au moins lorsque la DUP est
prise par décret, le défaut de délai constitue une illégalité.

B. Les propriétaires disposent d'un droit de délaissement

730 Par ailleurs, l'article 41 de la loi du 31 décembre 1975 – aujourd'hui les


articles L. 241-1 et L. 241-2 du Code de l'expropriation précisés par l'article
R. 241-1 – prévoit que, lorsqu'un délai d'un an s'est écoulé à compter de la
publication d'un acte portant déclaration d'utilité publique d'une opération, les
propriétaires des biens à acquérir compris dans cette opération peuvent, à la
condition que cette opération ne tende pas à la conservation des forêts, mettre
en demeure l'expropriant au bénéfice duquel la déclaration d'utilité publique est
intervenue de procéder à l'acquisition de leur bien.
Cette mise en demeure est adressée par pli recommandé avec demande
d'avis de réception postal à l'expropriant avec copie au préfet. L'acquisition
doit avoir lieu dans un délai de deux ans à compter de la date de l'avis de
réception. Ce délai peut être prorogé une fois pour une durée d'un an sauf dans
le cas où une décision de sursis à statuer a été opposée antérieurement à
l'intéressé en application des dispositions du Code de l'urbanisme. Le
propriétaire doit être averti de l'intention de l'expropriant d'user de cette
faculté de prorogation au moins six mois avant l'expiration du délai de deux
ans. À défaut d'accord amiable à l'expiration du délai de deux ans
éventuellement prorogé d'un an, le juge de l'expropriation, saisi par le
propriétaire, prononce le transfert de propriété comme en matière
d'expropriation, l'acte ou la décision portant transfert de propriété éteignant par
lui-même et à sa date tous droits réels ou personnels existant sur l'immeuble
cédé. De la même manière, il fixe le prix du terrain comme en matière
d'expropriation.
C'est ce que l'on appelle le droit de délaissement . Le délai de validité de
2469

la DUP n'est pas expiré mais, afin de garantir les droits des propriétaires
menacés de dépossession pendant plusieurs années, il leur est offert la
possibilité, s'ils le souhaitent, de hâter la dépossession en en prenant eux-
mêmes l'initiative sans attendre le bon vouloir de l'administration.

§ 7. Les effets de la déclaration d'utilité publique

731 La déclaration d'utilité publique se borne à constater que les acquisitions et les
travaux éventuellement envisagés sont d'utilité publique et que, par conséquent,
la procédure d'expropriation peut 2470
se poursuivre afin d'en permettre la
réalisation.
Ainsi, s'agissant des acquisitions et en l'absence d'accord amiable,
l'intervention ultérieure du juge judiciaire permettra seule d'y procéder (v.
ss 775 s.).
Quant aux travaux, ils donnent lieu à une autorisation postérieure (au besoin
implicite, c'est-à-dire résultant de l'exécution même des travaux ) qui est
2471

distincte de la déclaration d'utilité publique mais qui doit être pour l'essentiel
conforme à cette dernière. D'ailleurs, un moyen tiré de la méconnaissance d'une
DUP peut maintenant être utilement invoqué à l'appui d'un recours dirigé contre
la décision autorisant la réalisation des travaux . En d'autres termes, il n'y a
2472

pas violation de la DUP si les travaux effectivement autorisés sont exactement


conformes à ceux déclarés d'utilité publique ou ne leur apporte que des
modifications mineures tandis qu'il y a violation de la DUP si la décision
autorisant les travaux modifie les caractéristiques essentielles de l'opération
déclarée d'utilité publique . Dans cette dernière hypothèse, l'autorisation des
2473

travaux doit alors être annulée sauf si, entre-temps, une nouvelle DUP est
intervenue, nouvelle DUP qui peut éventuellement ne porter que sur la partie du
projet concernée par les modifications . 2474

SECTION 2. LE CONTENTIEUX DE LA DÉCLARATION


D'UTILITÉ PUBLIQUE 2475

Les déclarations d'utilité publique peuvent donner naissance à des recours


pour excès de pouvoir et à des actions en responsabilité.

§ 1. Le contentieux de l'excès de pouvoir

A. La compétence juridictionnelle

732 Le juge administratif est évidemment compétent pour connaître des recours en
annulation intentés contre les DUP puisqu'il s'agit du type même de
prérogatives de puissance publique. Mais reste à préciser quel est le juge
administratif compétent.
Lorsque la DUP est prise par décret, il s'agit du Conseil d'État statuant en
premier et dernier ressort .
2476

Lorsque la DUP est prise par arrêté ministériel, le recours pour excès de
pouvoir relève, en premier ressort, de la compétence du tribunal administratif.
Il s'agit en effet, comme on l'a vu, d'un arrêté ministériel non réglementaire de
telle sorte qu'il échappe à la compétence en premier et dernier ressort du
Conseil d'État en matière d'actes réglementaires des ministres . De la même
2477

manière, c'est le tribunal administratif qui est compétent, en premier ressort,


pour connaître des recours pour excès de pouvoir intentés contre des DUP en la
forme d'arrêté préfectoral. Le tribunal administratif territorialement compétent
est celui dans le ressort duquel se trouvent les immeubles faisant l'objet du
litige . Le juge d'appel est, depuis le 1 septembre 1992, la Cour
2478 er

administrative d'appel. Enfin, les arrêts des Cours administratives d'appel sont
susceptibles de pourvois en cassation devant le Conseil d'État. Considérant
qu'il s'agit d'appréciations souveraines des juges du fond, ce dernier se refuse à
contrôler en tant que juge de cassation l'existence ou non d'un détournement de
pouvoir au cours de la procédure d'expropriation , le caractère manifestement
2479

insuffisant de l'estimation sommaire des acquisitions à réaliser , le sens


2480

favorable ou non des conclusions du commissaire enquêteur ou de la


commission d'enquête ou encore la question de l'équivalence de superficie
2481

entre les terrains déjà en possession de l'expropriant et ceux qu'il se propose


d'exproprier . En revanche, la haute instance accepte de contrôler, au titre de
2482

la qualification juridique des faits, la question de savoir si le commissaire


enquêteur doit être regardé comme ayant intérêt à la réalisation de
l'opération ou le caractère d'utilité publique que présente ou non l'opération
2483

projetée . Elle censure également, pour erreur de droit, les juges du fond s'ils
2484

estiment qu'une opération d'expropriation est dépourvue d'utilité publique du


seul fait que son bénéficiaire disposait déjà de terrains sans rechercher si ces
derniers, par leur localisation, permettaient de réaliser l'opération dans des
conditions équivalentes . 2485

B. Les conditions de recevabilité

1 o Le délai de recours

733 Le délai de recours est le délai de droit commun de deux mois.


Il court à compter de la publication de la DUP puisque, comme on l'a indiqué
plus haut (v. ss 723), les DUP sont soumises à publication. Selon le juge
administratif, il n'y a pas là violation des articles 6-1 et 13 de la Convention
européenne des droits de l'homme garantissant respectivement le droit à un
procès équitable et le droit de former un recours contentieux puisque, après
l'intervention de la DUP, la procédure doit être poursuivie par un arrêté de
cessibilité qui est notifié individuellement à chaque propriétaire et que ces
derniers peuvent attaquer par le biais d'un recours pour excès de pouvoir à
l'occasion duquel ils peuvent invoquer, par voie d'exception, l'illégalité de la
DUP .2486

Toutefois, dans l'hypothèse où l'administration, bien qu'elle n'en ait pas


l'obligation, a notifié la DUP à un particulier, le point de départ du délai de
recours de ce dernier est alors cette notification, du moins si elle est antérieure
à la publication. En revanche, si elle est postérieure à la publication, elle ne
prolonge pas le délai de deux mois ouvert par la publication . 2487

Une fois le délai de deux mois expiré, la DUP ne peut plus en principe voir
sa légalité mise en cause. Toutefois, cette règle connaît plusieurs exceptions.
En premier lieu, le délai de recours peut être rouvert dans le cas particulier
où l'administration proroge la DUP en la modifiant sensiblement et dans celui
où une modification des dispositions législatives ou réglementaires applicables
ou un changement dans les circonstances de fait met en cause l'utilité publique
de l'opération . 2488

En second lieu, il est toujours possible, à l'appui d'un recours pour excès de
pouvoir contre l'arrêté de cessibilité, de remettre en cause la légalité de la
DUP. Certes, la DUP n'est pas un acte réglementaire de telle sorte que
l'exception d'illégalité n'est pas perpétuelle à son égard. Mais le juge fait jouer
ici la théorie des opérations complexes, considérant que la DUP est un
préalable nécessaire au prononcé de l'arrêté de cessibilité et qu'elle est
spécialement édictée à cette fin. En conséquence, l'illégalité d'une DUP
devenue définitive peut être invoquée à l'appui d'un recours contre l'arrêté de
cessibilité et pourra provoquer l'annulation de ce dernier alors même qu'il est
exempt de tout vice propre (v. ss 770).
2 o L'intérêt à agir

734 Le recours peut être intenté par toute personne justifiant d'un intérêt à agir. Le
plus souvent, il s'agit des particuliers directement concernés par l'opération
déclarée d'utilité publique, qu'ils agissent individuellement ou par le biais
d'une association de défense. Mais le juge, dont la jurisprudence est ici
libérale, admet bien d'autres catégories de requérants, par exemple les
collectivités territoriales s'agissant de projets prévus sur leur territoire ou à
proximité, les chambres de commerce s'agissant de travaux ayant une incidence
sur le développement économique, les associations de défense de
l'environnement… Plus délicate est la question de l'intérêt à agir des
contribuables des collectivités territoriales s'agissant des expropriations
qu'elles diligent. Elle vient d'être résolue négativement par le Conseil d'État ,
2489

sans doute au motif que la DUP n'emporte pas, par elle-même, aucun
engagement de dépenses de la part de la collectivité puisqu'il s'agit d'une
simple déclaration d'intention sur laquelle elle peut revenir. Pourtant, les
aspects financiers sont un élément important de l'appréciation de l'utilité
publique de l'opération (v. ss 746).

C. Les procédures d'urgence 2490

735 Au recours pour excès de pouvoir, peuvent être jointes des conclusions
demandant au juge administratif des référés, dans l'attente de la décision qui
sera rendue plus tard sur le fond, de prendre des mesures d'urgence au premier
rang desquelles figure la suspension de la DUP.
De telles conclusions sont évidemment recevables alors même que le juge
judiciaire a déjà rendu son ordonnance portant transfert de propriété du moment
que cette dernière n'est pas encore définitive compte tenu d'un pourvoi en
cassation pendant . De façon plus originale, elles sont maintenant également
2491

recevables alors même que l'ordonnance portant transfert de propriété est


devenue définitive faute de pourvoi en cassation ou du fait du rejet du pourvoi
en cassation formé puisque l'article L. 223-2 du Code de l'expropriation (v.
ss 786), issu de la loi n 95-101 du 2 février 1995, ouvre à l'exproprié la
o

possibilité nouvelle de faire constater par le juge de l'expropriation qu'elle est


dépourvue de base légale si, postérieurement, le juge administratif annule la
DUP par une décision devenue définitive . En tout état de cause, pour que la
2492

suspension soit effectivement accordée, il faut que soient réunies les conditions
posées par le Code de justice administrative et qui sont plus contraignantes
lorsque l'on se trouve dans le cadre du régime de droit commun que lorsque
s'appliquent les divers régimes spéciaux mis en place par le législateur.
1 o Le régime de droit commun

736 Aux termes de l'article L. 521-1 du Code de justice administrative, deux


conditions doivent être simultanément remplies pour que le juge puisse
accorder en référé la suspension d'une DUP.
En premier lieu, il faut qu'il y ait urgence. On sait que, sous l'empire des
anciens textes (on ne parlait pas alors de référé suspension mais de sursis à
exécution), il fallait, pour que le sursis à exécution soit accordé, que
l'exécution de la DUP soit de nature à causer un préjudice difficilement
réparable. Or, le juge n'admettait presque jamais qu'une DUP puisse causer un
tel préjudice . On pouvait craindre qu'il continue à faire preuve de la même
2493

rigueur et qu'il ait tendance à considérer encore aujourd'hui que, le plus


souvent, il n'y a pas urgence à suspendre une DUP compte tenu de sa nature et
de ses effets : elle n'est qu'une étape dans une longue procédure qui nécessite
au moins encore, pour aboutir, l'édiction d'un arrêté de cessibilité et
l'intervention du juge judiciaire. De fait, le Conseil d'État estime que, en
principe, les conséquences qui s'attachent à une DUP ne sont pas, par elles-
mêmes, de nature à constituer une situation d'urgence . Ainsi, s'il s'agit d'une
2494

DUP en vue de la réalisation de travaux, elle n'a pas par elle-même pour effet
d'autoriser lesdits travaux. Toutefois, s'il s'avère que ces travaux sont
effectivement sur le point de commencer, la demande de suspension de la DUP
est alors justifiée par l'urgence . 2495

En second lieu, il doit être fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de
l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la DUP .2496

Si ces deux conditions sont remplies, le juge n'a pas l'obligation d'accorder
la suspension. Il en a simplement la possibilité . Toutefois, en pratique, il est
2497

exceptionnel qu'il ne l'accorde pas.


2 o Les régimes spéciaux

737 Dans un certain nombre de cas particuliers, le législateur (loi n 76-629 du


o

10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, loi n 83-630 du 12 juillet


o

1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de


l'environnement, loi n 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la
o

protection de l'environnement) avait été conduit à assouplir sensiblement les


conditions du référé suspension. Ces hypothèses sont maintenant rassemblées
dans une section du Code de justice administrative qui traite de la suspension
en matière d'urbanisme et de protection de la nature ou de l'environnement et 2498

qui s'applique notamment aux déclarations d'utilité publique à la condition


qu'elles concernent des opérations susceptibles d'affecter l'environnement au
sens de l'article L. 123-2 du Code de l'environnement et soumises de ce fait à
l'enquête environnementale précédemment étudiée (v. ss 679, 699 s.).
Dorénavant, leur suspension obéit aux règles spécifiques définies par l'article
L. 123-16 du Code de l'environnement dans sa nouvelle rédaction issue de la
loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement.
En premier lieu, si le juge administratif des référés est saisi d'une demande
de suspension d'une DUP prise après des conclusions défavorables du
commissaire enquêteur ou de la commission d'enquête, il a l'obligation de faire
droit à cette demande si elle comporte un moyen propre à créer, en l'état de
l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de celle-ci . Il y a donc deux
2499

différences par rapport au régime de droit commun : en premier lieu, le juge


des référés a l'obligation d'accorder la suspension et non pas simplement la
possibilité ; en second lieu, il n'y a pas de condition d'urgence de telle sorte
2500

qu'il commettrait une erreur de droit s'il soumettait la suspension à une telle
condition .2501

En second lieu, il a également l'obligation d'accorder la suspension si la


DUP a été prise sans que l'enquête spécifique aux opérations susceptibles
d'avoir une incidence sur l'environnement ait été organisée alors qu'elle devait
l'être.
En troisième lieu, il doit agir de même si n'a pas été mise à la disposition du
public dans le dossier à soumis à enquête l'étude d'impact alors qu'elle aurait
dû l'être . Est assimilé à une absence d'étude d'impact le fait que, bien qu'une
2502

étude dite d'impact figure au dossier, elle ait un contenu insuffisant .


2503
D. Les moyens susceptibles d'être invoqués

738 Les moyens d'annulation susceptibles d'être invoqués à l'appui d'un recours
contre une DUP ne présentent en eux-mêmes aucune originalité. Ils
correspondent, à l'évidence, aux cas d'ouverture du recours pour excès de
pouvoir. Toutefois, il convient d'insister sur quelques points particuliers.
1 o Les moyens invoqués sont conditionnés par le principe de l'indépendance des législations

739 Rappelons tout d'abord que les moyens articulés à l'appui d'un recours contre
une DUP sont conditionnés par le principe de l'indépendance des législations.
Comme on l'a déjà indiqué (v. ss 637), ce principe s'oppose par exemple à ce
que soit invoqué, à l'appui d'un tel recours, le non-respect de la législation sur
les installations classées alors même que l'opération déclarée d'utilité publique
est une installation classée, de la législation sur les centrales nucléaires alors
même que l'expropriation a pour objet la construction d'une telle centrale, de la
législation relative au défrichement des bois ou de la législation sur la
protection des installations d'importance vitale.
Il n'en va différemment que lorsqu'un texte écarte expressément le principe
de l'indépendance des législations, ce qui est partiellement le cas dans les
rapports qu'entretient le droit de l'expropriation avec le droit de l'urbanisme –
nécessité que les DUP ne soient pas incompatibles avec le plan local
d'urbanisme ou avec le schéma de cohérence territoriale – ou avec le droit des
monuments et des sites – nécessité de demander l'avis du ministre en charge
des monuments historiques ou de la protection des sites pour toutes les
opérations impliquant l'expropriation d'immeubles, monuments naturels ou sites
classés ou proposés par le classement, l'absence d'avis entachant la légalité de
l'expropriation.
2 o Les moyens invoqués peuvent concerner d'autres actes que la DUP

740 Les moyens invoqués par le requérant peuvent certes concerner directement la
DUP. Mais ils peuvent également concerner d'autres actes ou d'autres
opérations liés à la DUP, soit qu'il s'agisse d'actes ou d'opérations
préparatoires de la DUP, soit qu'il s'agisse d'actes ou d'opérations formant avec
la DUP une opération complexe. Certes, la théorie des mesures préparatoires et
la théorie des opérations complexes sont deux théories distinctes du contentieux
administratif : la théorie des mesures préparatoires permet d'exciper de
2504

l'illégalité desdites mesures, lesquelles ne peuvent faire l'objet d'un recours


direct pour excès de pouvoir, à l'appui d'un recours intenté contre la décision
ultérieure qu'elles préparent ; la théorie des opérations complexes permet
d'exciper de l'illégalité d'une mesure, qui, elle, est susceptible de faire l'objet
d'un recours direct pour excès de pouvoir, à l'appui d'un recours intenté contre
une autre mesure avec laquelle elle constitue une opération complexe et alors
même que le délai de recours contre la première mesure est expiré. Mais ces
deux théories ont un résultat identique : elles permettent d'exciper d'illégalités
qui ne concernent pas directement l'acte attaqué, lequel peut être exempt de tout
vice propre.
C'est ainsi qu'il est possible, à l'appui d'un recours pour excès de pouvoir
contre une DUP, d'exciper de l'illégalité de la délibération du conseil municipal
demandant le déclenchement de la procédure d'expropriation (v. ss 666) ou
donnant son avis sur une procédure d'expropriation demandée par un autre
personne juridique . 2505

Peuvent également être invoqués tous les griefs concernant l'enquête


publique, qu'ils concernent la composition du dossier mis à l'enquête, l'arrêté
ouvrant l'enquête ou le déroulement de l'enquête.
De la même manière, lorsqu'est mis en œuvre le régime particulier de
l'expropriation pour cause d'insalubrité publique prévu autrefois par la loi
n 70-612 du 10 juillet 1970 et aujourd'hui par les articles L. 511-1 s. du Code
o

de l'expropriation (v. ss 826), l'illégalité de l'arrêté préfectoral déclarant


l'insalubrité d'un immeuble et conditionnant son expropriation peut être
invoquée, alors même que cet arrêté préfectoral est devenu définitif, à l'appui
d'un recours contre la DUP, arrêté et DUP étant considérés par le juge comme
les éléments d'une opération complexe . 2506

En revanche, la simple délibération d'un conseil municipal décidant la


création d'un équipement public sans pour autant demander au préfet le
déclenchement d'une procédure d'expropriation à cette fin (ce qui sera fait par
une délibération postérieure) ne peut pas voir sa légalité mise en cause à
l'occasion d'un recours intenté contre la DUP car, pour le juge, il n'y a pas
opération complexe entre elle et la DUP (mais simplement entre la seconde
délibération et la DUP) . 2507

Comme on peut s'en douter, la question de savoir si l'on a affaire ou non à


une opération complexe – voire à une mesure préparatoire – est assez souvent
délicate à résoudre.
3 o Les moyens invoqués soulèvent fréquemment la délicate question du défaut d'utilité
publique de l'opération envisagée 2508

741 Si les requérants évoquent souvent des vices de légalité externe compte tenu de
la multiplicité des règles de compétence, de forme et surtout de procédure qui
gouvernent le droit de l'expropriation, ils soutiennent tout aussi fréquemment
que la DUP est illégale parce que concernant une opération dépourvue d'utilité
publique. Cela amène le juge administratif à devoir statuer sur le point de
savoir si l'opération projetée a ou non un caractère d'utilité publique. Comme
on peut s'en douter, il s'agit là de la question la plus délicate du droit de
l'expropriation dans la mesure où il s'agit largement d'une question
d'appréciation. La problématique à laquelle est confronté le juge varie
d'ailleurs sensiblement selon que le défaut d'utilité publique naît de l'existence
d'un détournement de pouvoir ou est étranger à tout détournement de pouvoir.
Dans la première hypothèse, le juge est confronté aux difficultés classiques de
toute censure du détournement du pouvoir. Dans la seconde hypothèse, il a dû
se forger des instruments d'appréciation largement originaux.
a) Le défaut d'utilité publique pour détournement de pouvoir 2509

742 Une expropriation peut être dépourvue d'utilité publique parce que l'autorité
administrative a, en réalité, entendu poursuivre un but étranger à l'intérêt
public. C'est par exemple le cas lorsque l'opération déclarée d'utilité publique
a pour seul objectif de lui permettre de réaliser des profits immobiliers
importants , de favoriser un particulier ou, à l'inverse, de nuire à un autre
2510 2511

particulier .
2512

La censure de telles illégalités est doublement délicate pour le juge.


Elle l'est en premier lieu parce qu'elle postule que le juge ait pu identifier
les intentions réelles de l'auteur de l'acte. Il n'y a en effet détournement de
pouvoir que si les mobiles véritables qui ont incité l'administration à agir sont
étrangers à l'intérêt public. Il faut que l'autorité administrative, quelles que
soient les justifications formellement avancées, ait en réalité « une volonté
consciente et délibérée… d'utiliser ses prérogatives dans un but autre que celui
voulu par le législateur, c'est-à-dire de tourner la loi » . Si une telle intention
2513

n'existe pas, si l'administration s'est simplement trompée dans l'identification


d'un intérêt public, il n'y a pas détournement de pouvoir mais vice des motifs
alors même que l'erreur commise, involontairement cette fois, a pu favoriser un
intérêt privé . Une expropriation peut même ici être entachée de détournement
2514

de pouvoir alors que la même expropriation ne l'est pas là, les intentions de
l'administration n'étant pas les mêmes dans les deux cas . Reposant ainsi sur
2515

la mise à nu des intentions profondes de l'administration, c'est-à-dire sur


quelque chose de difficile à mettre en évidence, le détournement de pouvoir est
bien pour le juge d'usage délicat, ce qui explique l'existence en la matière de
jugements rendus sur tierce opposition . 2516

Le détournement de pouvoir est, en second lieu, d'usage délicat compte tenu


de l'évolution contemporaine de la notion d'utilité publique. Comme le note un
auteur, « à un raisonnement juridique traditionnellement fondé sur l'opposition
intérêt général – intérêt privé, se substitue désormais une nouvelle logique
fondée explicitement sur l'incorporation de certains intérêts privés à la notion
d'intérêt général, rendant de ce fait particulièrement flous les contours du
détournement de pouvoir » . En d'autres termes, le fait qu'une expropriation
2517

permette de satisfaire certains intérêts privés n'est pas de nature à l'entacher


automatiquement de détournement de pouvoir si la satisfaction de ces intérêts
privés permet en réalité de satisfaire l'intérêt général . De cette dialectique
2518

délicate entre l'utilité publique et l'utilité privée découle bien sûr l'idée
2519

qu'une expropriation bénéficiant à l'intérêt général tout en permettant de


satisfaire des intérêts privés ne sera pas entachée de détournement de pouvoir
tant que la satisfaction des intérêts privés n'est pas le but déterminant de
l'opération. Il en va de même des expropriations bénéficiant à l'intérêt général
tout en ayant un intérêt financier pour l'administration : il n'y a pas
détournement de pouvoir tant que l'intérêt financier de l'administration n'est pas
le but principal de l'opération . 2520

b) Le défaut d'utilité publique sans détournement de pouvoir

743 Alors même qu'une DUP n'a pas été prise à la seule fin de satisfaire un intérêt
privé, elle est néanmoins susceptible d'être tout autant illégale si elle est tout
simplement dépourvue d'utilité publique. Pour appréhender l'existence ou
l'absence de cette utilité publique, le juge a été conduit, depuis une quarantaine
d'années, à se doter de techniques qui vont très au-delà de ses techniques
traditionnelles de contrôle puisqu'elles lui permettent d'exercer un contrôle
2521

qui est toujours un contrôle in concreto de l'utilité publique et non plus


seulement, comme par le passé, un contrôle largement in abstracto. Plus
précisément, le juge vérifie maintenant dans l'ordre « 1 si l'opération présente
o

une utilité publique en ce qui est de son but et compte tenu des besoins qu'elle
entend satisfaire ; 2 s'il était bien nécessaire, pour réaliser cette opération, de
o

recourir à l'expropriation envisagée ; 3 enfin, cette nécessité admise, si le


o

projet ne comporte pas, en termes de bilan, des inconvénients excessifs, quant à


ses résultats, par rapport à l'intérêt qu'il présente » . En d'autres termes, le
2522

juge peut être amené à se poser successivement trois questions : l'opération


projetée satisfait-elle concrètement un besoin d'intérêt public ? Dans
l'affirmative, est-elle bien nécessaire, ce qui revient à se demander s'il n'existe
pas d'autres solutions que l'expropriation permettant à l'administration de
satisfaire le besoin d'intérêt public considéré ? Dans l'affirmative, les
avantages de l'opération du point de vue de l'intérêt général excèdent-ils les
inconvénients qu'elle présente ? 2523

• L'opération envisagée satisfait-elle concrètement un besoin d'intérêt général ?


744 Soit par exemple une DUP déclarant d'utilité publique la réalisation d'un
lotissement communal d'une vingtaine de lots. Si l'instruction fait apparaître
qu'il n'y a aucun problème de logement dans la commune qui est une petite
commune de 370 habitants comportant au surplus une quinzaine de logements
vides, le juge conclura que l'opération projetée ne répond à aucun besoin
exprimé de logements et ne peut donc, dans ces conditions, être regardée
comme présentant un caractère d'utilité publique . De la même manière, le
2524

juge estimera que la création, par la voie de l'expropriation, d'une nouvelle aire
de stationnement dans une petite commune est dépourvue d'intérêt public car
non justifiée en l'espèce par les nécessités de la circulation et du
stationnement . Comme on peut s'en douter, le juge sera d'autant plus tenté de
2525

conclure de la sorte que l'expropriant se sera engagé à laisser les propriétaires


des biens expropriés jouir gratuitement, leur vie durant, de ces derniers . Il y 2526

a là en effet une forte présomption d'absence d'utilité publique et donc


d'illégalité.

• L'opération envisagée est-elle nécessaire compte tenu des autres solutions à la disposition
de l'administration ?

745 Si, à l'inverse, le juge estime que l'expropriation satisfait concrètement un


besoin d'intérêt public, elle n'est pas pour autant forcément légale. En effet, sa
légalité est également subordonnée à sa nécessité, c'est-à-dire à la question de
savoir s'il n'existe pas à la disposition de l'administration d'autres moyens que
l'expropriation lui permettant de satisfaire dans des conditions équivalentes le
besoin d'intérêt public considéré.
Au premier rang de ces moyens, il y a le patrimoine déjà possédé par
l'expropriant : n'inclut-il pas des immeubles lui permettant de réaliser dans des
conditions équivalentes l'opération envisagée sans recourir à l'expropriation ?
Dans un premier temps, le juge avait accepté de se poser une telle question . 2527

Puis, par la suite, sa jurisprudence était devenue plus incertaine. Ainsi, dans
quelques arrêts, il avait affirmé que la légalité d'une DUP ne saurait être
subordonnée à la preuve que l'expropriation ne possédait pas déjà des
immeubles lui permettant de mener à bien l'opération prévue . D'autres arrêts
2528

étaient rédigés de façon ambiguë . Mais, maintenant, tous les doutes sont
2529

dissipés, le juge n'hésitant plus à affirmer qu'il lui appartient de rechercher si


les immeubles dont dispose déjà l'expropriant lui permettent de réaliser dans
des conditions équivalentes l'opération envisagée . C'est ainsi qu'une
2530

expropriation destinée à permettre l'installation d'un centre de secours – qui


correspondait en l'espèce à un incontestable besoin d'intérêt public de telle
sorte que le premier contrôle opéré par le juge ne l'avait pas conduit à annuler
la DUP – est, au terme du second contrôle, déclarée illégale car la commune
était propriétaire de plusieurs parcelles et notamment d'une parcelle d'une
superficie suffisante jouxtant les immeubles expropriés et pour laquelle aucun
projet précis d'utilisation n'était envisagé . En revanche, il n'y a pas illégalité
2531

si les immeubles possédés par l'expropriant sont moins bien adaptés au projet
envisagé que les immeubles expropriés ou sont déjà prévus pour une autre
2532

utilisation . En tout état de cause, la question de l'équivalence de superficie


2533

entre les terrains déjà en possession de l'expropriant et ceux qu'il se propose


d'exproprier est une question qui relève de l'appréciation souveraine des juges
du fond .
2534

Ce contrôle de la nécessité de l'expropriation est-il susceptible d'être étendu


à des moyens à la disposition de l'administration autres que la possession
d'immeubles sans affectation et permettant de réaliser l'opération envisagée
dans des conditions équivalentes ? En théorie, rien ne s'y oppose mais, en
réalité, le Conseil d'État y semble peu favorable. C'est ainsi que, pour
maintenir une île à l'état naturel, il n'est peut-être pas dans tous les cas utile
d'en exproprier les propriétaires au profit du Conservatoire du littoral et des
rivages lacustres compte tenu des autres techniques de protection à la
disposition de l'administration : par exemple son inscription comme site classé,
son inclusion dans une zone de préemption des espaces naturels sensibles et
son classement par le PLU en zone naturelle à protéger. Telle avait été du moins
l'analyse d'un tribunal administratif . Mais elle n'a pas été reprise par le
2535

Conseil d'État pour qui il résulte des pièces du dossier que l'expropriation de
l'île présente un caractère d'utilité publique eu égard aux objectifs poursuivis
par le Conservatoire et nonobstant les mesures de protection résultant de la
législation sur la protection des sites et du Code de l'urbanisme . Sans doute
2536

la haute instance a-t-elle considéré que seule l'expropriation au profit du


Conservatoire permettait en l'espèce de satisfaire pleinement l'objectif
poursuivi . De la même manière, pour implanter à titre temporaire des dépôts
2537

et installations annexes à la construction d'une autoroute, il n'est peut-être pas


nécessaire d'exproprier leurs terrains d'assise puisque la loi du 29 décembre
1892 (v. ss 520) institue une servitude d'occupation temporaire destinée à
faciliter l'exécution des travaux publics. Pourtant, le Conseil d'État a considéré
que la loi de 1892 n'avait pas pour effet de priver l'administration de la
possibilité de procéder, dans les conditions fixées par le Code de
l'expropriation, à l'expropriation des terrains en question et cela même à des
fins d'occupation temporaire . 2538

• Les avantages de l'opération envisagée l'emportent-ils sur ses inconvénients ?


746 Alors même qu'aucune autre solution n'est à la disposition de l'expropriant pour
lui permettre de réaliser l'opération envisagée, la légalité de l'expropriation
n'est pas pour autant encore avérée. Il faut en effet que, au surplus, les
inconvénients qu'elle présente ne soient pas excessifs par rapport à ses
avantages, c'est-à-dire que l'on ne paye pas trop cher la réalisation de
l'opération projetée. C'est ce que l'on appelle le contrôle du bilan coût-
avantages 2539
inauguré par le juge en 1971 , dont la formulation avait été
2540

quelque peu modifiée en 1972 2541


et qui aujourd'hui, avec la reconnaissance
constitutionnelle de la protection de l'environnement, est formulé de la façon
suivante : « une opération ne peut être légalement déclarée d'utilité publique
que si les atteintes à la propriété privée, le coût financier, les inconvénients
d'ordre social, la mise en cause de la protection et de la valorisation de
l'environnement et l'atteinte éventuelle à d'autres intérêts publics qu'elle
comporte ne sont pas excessifs eu égard à l'intérêt qu'elle présente » .
2542

Par exemple, une expropriation destinée à permettre la construction d'une


bretelle de raccordement d'une autoroute à la voirie ordinaire présente un
incontestable intérêt public de telle sorte que, jusqu'en 1971, le juge
administratif eût conclu quasi automatiquement à sa légalité. Tel n'est plus le
cas sous l'empire de la jurisprudence du bilan si cette expropriation perturbe
gravement le fonctionnement d'un hôpital et le prive du seul espace vert dont il
était pourvu. Il y a en effet alors conflit entre deux intérêts publics, l'intérêt
public de la rapidité et de la sécurité de la circulation routière d'une part,
l'intérêt de la santé publique d'autre part. Si le juge estime que la satisfaction
du premier est trop chère payée compte tenu de l'atteinte subie par le second, il
annulera la DUP pour bilan négatif de l'opération . 2543

Cette jurisprudence du bilan appelle quatre remarques principales.


En premier lieu, elle n'aboutit que rarement à une annulation. Alors que,
comme on peut s'en douter, les requérants soutiennent presque toujours que le
bilan de l'opération, au sens de la jurisprudence Ville nouvelle est, est négatif,
ils n'arrivent pas souvent à emporter la conviction du juge. Par exemple, dans
les trente-cinq années qui ont suivies l'adoption de cette nouvelle
jurisprudence, on ne trouve que vingt-cinq arrêts environ du Conseil d'État
publiés ou mentionnés au Lebon et annulant des DUP pour bilan négatif . Au 2544

surplus, il s'agit, le plus souvent, de projets locaux. En revanche, lorsqu'est en


cause un projet d'intérêt national comme par exemple l'extension d'un camp
militaire, la construction d'une ligne de TGV, l'édification d'une centrale
nucléaire ou l'implantation d'un accélérateur de particules nucléaires, entre
alors en jeu ce qu'un auteur a appelé un intérêt « valorisé » , c'est-à-dire un
2545

intérêt considéré comme éminent par nature – l'intérêt de la défense nationale,


l'intérêt de la rapidité de la circulation ferroviaire, l'intérêt de l'indépendance
énergétique de la France ou l'intérêt de la recherche fondamentale – de telle
sorte que le bilan de l'opération est presque automatiquement positif quels que
puissent être les inconvénients présentés par l'opération envisagée . Il en va
2546

de même des expropriations destinées à la construction d'une autoroute :2547

l'intérêt majeur de la rapidité et de la sécurité de la circulation routière rendent


très hypothétique la possibilité d'un bilan négatif . Il n'empêche que, de temps
2548

en temps, quelques grands projets donnent lieu à bilan négatif comme, par
exemple, la création d'une station touristique de 4 500 lits située en bordure de
plage et sur 67 ha de forêt domaniale dans un site inscrit 2549
ou encore la
construction d'une ligne de 400 000 volts entre Nice et Manosque dans un site
classé .
2550

En second lieu, le contrôle du bilan peut paraître assez semblable à un


contrôle de l'erreur manifeste d'appréciation. En effet, le juge n'annule une DUP
pour bilan négatif que lorsqu'il a le sentiment que les inconvénients de
l'opération l'emportent très largement sur ses avantages, c'est-à-dire lorsqu'il
est confronté à un projet manifestement déraisonnable de l'administration : par
exemple, dans l'affaire Société civile Sainte-Marie de l'Assomption précitée,
la bretelle de raccordement de l'autoroute à la voirie ordinaire obérait
gravement le fonctionnement et le devenir de l'unique hôpital psychiatrique du
département ; par exemple encore, dans l'affaire Grassin précitée, la création
par une commune d'un aérodrome ne paraissait pas devoir exercer une
influence notable sur le développement économique local alors que le coût
financier de l'opération était hors de proportion avec les moyens financiers
communaux. En d'autres termes, le contrôle du bilan a pour objet de permettre
« de censurer les décisions arbitraires, déraisonnables ou mal étudiées » . 2551

Dans ces conditions, on comprend que certains ne voient pas « de différence


pratique sensible entre le contrôle du bilan et celui de l'erreur manifeste » . 2552

En troisième lieu, le contrôle du bilan confine parfois à un contrôle


d'opportunité, c'est-à-dire à un contrôle subjectif . C'est ainsi qu'il a été
2553

reproché à l'arrêt Grassin précité de n'exprimer que « l'opinion de la section


du contentieux sur l'opportunité de créer un aérodrome dans la région » 2554

considérée. De la même manière, dans ses conclusions sur l'arrêt précité


Premier ministre c/ Veuve Beau de Loménie, le commissaire du gouvernement,
confronté à une DUP relative à la création d'une station touristique en bordure
de mer et dans la forêt domaniale, est très vite conduit par la logique de la
méthode du bilan à évacuer tout raisonnement proprement juridique pour se
poser en définitive une seule question : l'administration a-t-elle raison de
sacrifier les intérêts de l'environnement à ceux du tourisme ? Cet
2555

affranchissement du juge par rapport aux principes traditionnels qui fondent son
contrôle – le juge de l'excès de pouvoir est le juge de la légalité et non celui de
l'opportunité – est, en quelque sorte, le prix qu'il a dû payer pour pouvoir
contrôler plus efficacement l'utilité in concreto des expropriations déclenchées
par l'administration.
En dernier lieu, justement pour éviter de basculer trop franchement dans le
contrôle de l'opportunité, le juge ne dresse le bilan qu'au regard du seul projet
retenu par l'administration et se refuse à vérifier si d'autres projets n'auraient
pas permis d'aboutir à un bilan plus favorable. Par exemple, s'agissant d'une
DUP relative à la construction d'une voie routière ou d'une voie de chemin de
fer nouvelle, lorsque des requérants soutiennent que d'autres tracés que celui
retenu par l'administration auraient offert de meilleurs avantages et présenté
des inconvénients moindres, il rétorque qu'il ne lui appartient pas, statuant au
contentieux, d'apprécier l'opportunité du tracé choisi . Cette attitude a été
2556

contestée par la doctrine . Il ne semble pas toutefois que le Conseil d'État soit
2557

prêt à s'en départir.

E. Les effets de l'annulation de la déclaration d'utilité publique

747 Les effets de l'annulation de la DUP varient selon les actes considérés.
Ils n'ont jamais soulevé de difficultés majeures concernant les autres actes
administratifs. En effet, l'annulation de la DUP a pour conséquence de priver de
base légale tous les actes administratifs pris pour son application et notamment
l'arrêté de cessibilité . Toutefois, si l'administration poursuit les travaux
2558

déclarés d'utilité publique malgré l'annulation de la DUP, elle ne commet pas


une voie de fait . 2559

En revanche, les effets de l'annulation de la DUP par le juge administratif sur


les actes judiciaires et notamment sur l'ordonnance du juge de l'expropriation
portant transfert de propriété (v. ss 775 s.) ont, pendant longtemps, été
beaucoup plus problématiques compte tenu du principe de l'autonomie de la
phase administrative et de la phase judiciaire de l'expropriation. C'est à cette
situation qu'a voulu mettre fin la réforme opérée par la loi du 2 février 1995.
1 o La position traditionnelle du problème

748 À vrai dire, le problème ne se posait pas dans les mêmes termes selon que
l'ordonnance d'expropriation n'avait pas encore été rendue ou n'était pas encore
définitive ou selon qu'elle était définitive.
a) Annulation de la DUP alors que l'ordonnance d'expropriation n'a pas encore été rendue
ou n'est pas encore définitive
749 La première hypothèse était celle dans laquelle le juge administratif avait
annulé la DUP alors que le juge judiciaire n'avait pas encore rendu
l'ordonnance d'expropriation ou avait rendu une ordonnance d'expropriation qui
n'était pas définitive car frappée d'un pourvoi en cassation pendant. Dans une
telle hypothèse, les choses étaient relativement simples . 2560

Si l'ordonnance d'expropriation n'avait pas encore été rendue, elle ne pouvait


plus l'être.
Si elle avait été rendue mais était frappée d'un pourvoi en cassation pendant,
le juge de l'expropriation statuant en référé avait fini par se reconnaître le
pouvoir d'ordonner la suspension de la prise de possession du bien exproprié
dans l'attente de l'arrêt de la Cour de cassation . Quant à cette dernière, elle
2561

prenait acte de la position du juge administratif et annulait en conséquence sans


renvoi l'ordonnance en question. C'est l'idée que, « en l'absence de déclaration
d'utilité publique, le jugement qui a prononcé l'expropriation se trouve entaché
d'excès de pouvoir et doit être annulé » par la Cour de cassation . La 2562

cassation de l'ordonnance d'expropriation entraînait l'annulation de la décision


du juge de l'expropriation fixant le montant des indemnités d'expropriation dues
sans qu'il soit besoin de distinguer selon que cette décision était postérieure 2563

ou antérieure à l'ordonnance d'expropriation cassée. Elle rendait également


2564

irrégulière la prise de possession de l'immeuble exproprié si cette dernière


avait déjà eu lieu ou, dans l'hypothèse inverse, la rendait impossible. Elle
2565

permettait enfin au juge judiciaire de droit commun de retrouver sa pleine


compétence « pour tirer toute conséquence en termes de dommages et intérêts
de l'occupation irrégulière » . 2566

2567
b) Annulation de la DUP alors que l'ordonnance d'expropriation est définitive

750 La seconde hypothèse était celle dans laquelle le juge administratif annulait la
DUP alors que l'ordonnance d'expropriation était devenue définitive – soit
parce qu'elle n'avait pas été frappée d'un pourvoi en cassation, soit parce que
le pourvoi en cassation avait été jugé irrecevable ou non fondé –
l'administration ayant, le plus souvent, pris possession du bien exproprié en
réglant l'indemnité d'expropriation. Une hypothèse de ce type n'était pas une
hypothèse d'école compte tenu d'une part du principe de l'effet non suspensif du
recours pour excès de pouvoir et du caractère exceptionnel des sursis à
exécution (aujourd'hui référés suspension) de DUP, compte tenu d'autre part de
la lenteur de la justice administrative. Si l'on se trouvait dans une telle
hypothèse, l'annulation de la DUP n'ouvrait aucune possibilité nouvelle de
contestation de l'ordonnance d'expropriation ni du jugement procédant à la
2568

fixation des indemnités ni, partant, de la prise de possession . Ces


2569 2570
différents actes ne pouvaient plus être remis en cause de telle sorte que le
transfert de la propriété expropriée au bénéficiaire de l'expropriation était
définitif. C'était là l'un des effets pervers et anciens du principe traditionnel
2571

d'indépendance de la phase administrative et de la phase judiciaire


d'expropriation .
2572

Certes, on s'était demandé si, dans une telle hypothèse, pouvaient s'appliquer
les dispositions de l'article L. 12-6 (aujourd'hui C. expr., art. L. 421-1 s.) du
Code de l'expropriation relatives au droit de rétrocession (v. ss 838) selon
lesquelles les anciens propriétaires, dans un délai de trente ans à compter de
l'ordonnance d'expropriation, peuvent demander la rétrocession des biens
expropriés si les immeubles expropriés n'ont pas reçu, dans un délai de cinq
ans, la destination prévue ou ont cessé de recevoir cette destination. C'était
l'idée que l'annulation de la DUP privait les immeubles expropriés de toute
destination d'utilité publique. Mais le juge judiciaire n'avait admis
2573

qu'exceptionnellement que le droit de rétrocession puisse jouer en la


matière . Au surplus, à supposer qu'il l'ait admis, sa mise en œuvre était
2574

susceptible de se heurter à de multiples obstacles qui le rendaient très


largement théorique. Par exemple, l'administration pouvait toujours, pour faire
échec au droit de rétrocession, requérir une nouvelle DUP comme l'article
L. 12-6 (aujourd'hui C. expr., art. L. 421-1) l'y autorise expressément. Par
exemple encore, si les parcelles expropriées avaient donné lieu à la
construction d'un ouvrage public, ce qui était extrêmement fréquent, la mise en
œuvre du droit de rétrocession se heurtait au principe de l'intangibilité des
ouvrages publics (v. ss 530) .
2575

Le droit de rétrocession ne fondant ici qu'un recours des plus aléatoires, le


propriétaire qui avait déjà été indemnisé par le juge de l'expropriation de la
valeur du bien exproprié avait-il au moins la possibilité d'intenter une action en
dommages et intérêts en réparation du préjudice spécifique causé par
l'illégalité de la dépossession et notamment en réparation du préjudice moral
2576

que le juge de l'expropriation ne répare pas (v. ss 804) ou en réparation du


préjudice matériel susceptible de résulter de l'application des règles relatives à
l'évaluation des biens qui pèsent sur le juge de l'expropriation et qui, dans
certains cas, peuvent lui imposer de fixer l'indemnité d'expropriation à un
niveau inférieur à ce que donnerait l'application des lois du marché ? Pour le
juge administratif, la réponse ne faisait aucun doute : l'annulation de la DUP
prive en fait l'ordonnance d'expropriation de base légale de telle sorte que l'on
a affaire à une emprise irrégulière dont il revenait alors au juge judiciaire de
2577

droit commun de réparer toutes les conséquences dommageables . Tel avait 2578

été également le raisonnement de certaines Cours d'appel . Mais cette analyse


2579

n'avait pas été confirmée par la Cour de cassation. Bien au contraire, cette
dernière considérait que, l'ordonnance d'expropriation devenue définitive
constituant un titre juridique parfaitement valable nonobstant l'annulation de la
DUP ou de l'arrêté de cessibilité, il n'y avait pas d'emprise irrégulière ni, a
fortiori, de voie de fait de telle sorte que le juge judiciaire de droit commun ne
pouvait accorder aucune réparation à ces titres . Restait la possibilité,
2580

reconnue plus récemment par le Tribunal des conflits , d'intenter l'action en


2581

dommages et intérêts du fait de l'illégalité de la dépossession, non devant le


juge judiciaire de droit commun, mais devant le juge de l'expropriation . 2582

Mais, pour que cette voie de droit ne soit pas illusoire, il fallait que le juge de
l'expropriation accepte alors de réparer les préjudices spécifiques nés de
l'illégalité de la dépossession, par exemple préjudice moral ou encore
préjudice matériel né de l'application des règles relatives à la détermination
des biens expropriés, ce qui était loin d'être évident.
Dès lors, il n'était pas exagéré de conclure que les annulations de DUP
étaient dépourvues de toute efficacité lorsqu'elles intervenaient alors que
l'ordonnance d'expropriation était définitive.
Pour éviter ce « déni de justice » qui confinait au « scandale » , il fallait
2583 2584

donc, en l'état traditionnel du droit, que le requérant qui avait intenté un recours
pour excès de pouvoir contre la DUP devant le juge administratif intente
systématiquement un pourvoi en cassation contre l'ordonnance d'expropriation,
même si elle n'était entachée d'aucun vice propre, afin que cette dernière ne
puisse devenir définitive faute de pourvoi. Il fallait ensuite qu'il informe la
Cour de cassation de l'existence d'un recours pour excès de pouvoir pendant
devant le juge administratif. Il fallait enfin que cette dernière ne statue pas sur
le pourvoi en cassation tant que le juge administratif n'avait pas statué sur le
recours pour excès de pouvoir contre la DUP. Certes, l'expérience prouvait que
tel était généralement le cas. Jusqu'en 1989, la Cour « sursoyait à statuer
jusqu'à la décision définitive des juridictions administratives et le service
spécialisé du greffe de la Cour gérait ces dossiers avec plus ou moins de
difficultés selon la durée des procédures et le nombre de lettres de rappel des
justiciables. Depuis 1989, ces dossiers font l'objet d'une ordonnance de retrait
du rôle, signée par le président de la 3 chambre civile. Les dossiers sont
e

conservés au greffe des arrêts et il appartient aux intéressés eux-mêmes de


demander le rétablissement au rôle de l'affaire lorsqu'une décision
administrative définitive est intervenue » . Mais tout cela n'était dû qu'à la
2585

bienveillance de la Cour et, en tout état de cause, n'évitait le déni de justice que
si un pourvoi en cassation contre l'ordonnance d'expropriation avait été formé.
2 o La réforme opérée par la loi du 2 février 1995
751 Dans ces conditions, on comprend qu'une réflexion d'ensemble se soit
développée au début des années 1990 au sein de la Cour de cassation sur les
moyens permettant de tirer rapidement toutes les conséquences de l'annulation
d'une DUP et, notamment, d'éviter que cette annulation ne soit pas dépourvue de
conséquences sur l'ordonnance d'expropriation correspondante dès lors que
cette dernière est définitive, absence de conséquences qui, un jour ou l'autre,
était susceptible de provoquer la condamnation de la France par la Cour
européenne des droits de l'homme pour violation de l'article 6-1 de la
Convention européenne des droits de l'homme qui garantit, du moins dans
l'interprétation qu'en donne la Cour, un droit effectif d'accès à un tribunal. Pour
la Cour, la conclusion est claire : une réforme législative s'impose, réforme
2586

législative qui peut revêtir deux formes. Ou bien la loi dispose que l'annulation,
par une décision définitive du juge administratif, de la DUP (ou de l'arrêté de
cessibilité) prive automatiquement l'ordonnance d'expropriation de tout effet
sans que les expropriés aient à le faire constater. Ou bien la loi subordonne la
perte d'effets de l'ordonnance à une demande expresse des expropriés dans la
mesure où, dans certaines hypothèses, il peut arriver que les propriétaires
expropriés préfèrent ne pas remettre finalement en cause un transfert de biens
qui a donné lieu à une indemnisation qu'ils estiment satisfaisante.
C'est cette dernière solution qu'a finalement choisie le législateur.
L'article 4-I de la loi n 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la
o

protection de l'environnement complète en effet l'article L. 12-5 de l'ancien


Code de l'expropriation par un nouvel alinéa qui, à peine modifié, est devenu
l'article L. 223-2 du nouveau Code ainsi rédigé : « en cas d'annulation par une
décision définitive du juge administratif de la déclaration d'utilité publique ou
de l'arrêté de cessibilité, tout exproprié peut faire constater par le juge que
l'ordonnance portant transfert de propriété est dépourvue de base légale et
demander son annulation » . 2587

La réforme, sur laquelle on reviendra plus loin (v. ss 786), est de toute
première importance et on peut s'étonner qu'il ait fallu tant de temps pour
qu'elle soit menée à bien. Dès lors que la décision du juge administratif
annulant la DUP (ou l'arrêté de cessibilité) est définitive, tout exproprié peut
saisir, non la Cour de cassation, mais, ce qui est plus simple, le juge de
l'expropriation qui a rendu l'ordonnance d'expropriation correspondante d'un
recours en perte de base légale et cela même si l'ordonnance est définitive. Le
rôle du juge est partiellement mécanique : après avoir vérifié que la DUP a
bien été définitivement annulée et après avoir constaté que l'ordonnance
d'expropriation attaquée est bien l'ordonnance correspondante, il a compétence
liée pour constater que cette ordonnance est dépourvue de base légale mais
retrouve une certaine marge de manœuvre lorsqu'il détermine les conséquences
de son annulation.

§ 2. Le contentieux de la responsabilité

A. Les hypothèses de responsabilité

752 La phase administrative de l'expropriation et notamment la DUP peuvent


susciter des actions en responsabilité dans trois hypothèses principales .
2588 2589

1 o La renonciation à poursuivre la procédure

753 Comme on l'a déjà indiqué, il est loisible, à plusieurs moments de la phase
administrative, de renoncer à poursuivre la procédure d'expropriation, par
exemple en ne prenant pas la DUP alors même que l'enquête s'est déjà
déroulée. Or, de tels comportements peuvent causer des préjudices aux tiers :
par exemple, du fait du déclenchement de la procédure d'expropriation, le
propriétaire renonce à faire des travaux sur ses biens qu'il doit ensuite réaliser,
une fois la procédure d'expropriation abandonnée, à des conditions plus
onéreuses ; par exemple encore, la menace d'expropriation l'empêche de louer
ou de vendre ses biens.
Dans de telles hypothèses, l'action en responsabilité relève évidemment de
la compétence du juge administratif puisque le préjudice naît de la non-
2590

poursuite de la phase administrative. Quant à son fondement, il peut s'agir soit


d'une responsabilité pour faute soit d'une responsabilité sans faute encore que
la première hypothèse soit assez largement théorique.
En effet, compte tenu du pouvoir largement discrétionnaire reconnu à
l'administration dans la poursuite de la phase administrative de l'expropriation,
le juge n'a, jusqu'ici, jamais estimé que l'administration avait commis une faute
en renonçant à exproprier.
En revanche, si le préjudice causé par la renonciation est spécial et anormal,
la victime, qui a supporté dans l'intérêt général une charge ne lui incombant pas
normalement, a droit à en être indemnisée sur le fondement de l'égalité de tous
devant les charges publiques, c'est-à-dire dans le cadre d'un régime de
responsabilité sans faute . 2591

2 o La lenteur de la procédure

754 Il n'est pas rare que la DUP voire l'arrêté de cessibilité, s'ils sont édictés, le
soient plusieurs années après le déclenchement de la procédure
d'expropriation, causant ainsi aux particuliers des préjudices qui sont souvent
de la même nature que ceux évoqués au point précédent.
L'action en responsabilité qu'ils peuvent alors intenter soulève d'abord le
problème de la juridiction compétente pour en connaître. Alors que, dans
l'hypothèse précédente, la compétence du juge judiciaire n'est pas envisageable
puisqu'il y a renonciation à l'expropriation, il en va différemment ici. C'est
pourquoi, dans un premier temps, le juge administratif a considéré que la
réparation des préjudices causés par la lenteur de la procédure d'expropriation
échappait à sa compétence dans la mesure où il s'agissait d'« un dommage
accessoire de l'expropriation dont le contentieux pécuniaire relève de la
compétence du juge judiciaire » . Mais il est revenu par la suite sur cette
2592

jurisprudence, du moins lorsqu'est en cause la lenteur de la phase


administrative , solution confirmée par la Cour de cassation . En revanche,
2593 2594

la phase administrative s'achevant par la saisine du juge de l'expropriation, le


juge administratif devient incompétent pour statuer sur l'éventuelle
responsabilité de l'État du fait de la lenteur de la phase judiciaire . 2595

Quant au fondement de l'action en responsabilité, il peut s'agir aussi bien


d'une responsabilité pour faute que d'une responsabilité sans faute. Mais, ici
encore, la responsabilité pour faute semble largement théorique . En 2596

revanche, on peut citer au moins un cas d'engagement de la responsabilité sans


faute de l'administration . 2597

3 o L'illégalité de la DUP

755 La réparation des préjudices causés aux propriétaires expropriés par


l'illégalité de la DUP relève en principe de la compétence du juge administratif
qui les répare sur le fondement de la théorie de la responsabilité pour faute . 2598

Toutefois, un problème spécifique se pose lorsque, à la date où le juge


administratif annule la DUP, l'expropriant a déjà pris possession du bien et,
bien sûr, ce problème a été pendant longtemps particulièrement aigu si
l'ordonnance d'expropriation rendue par le juge judiciaire et l'autorisant à ce
faire était définitive à la date de l'annulation de la DUP. Comme on l'a déjà
indiqué (v. ss 750), le juge administratif estimait certes que l'on avait affaire à
une emprise irrégulière de telle sorte que les propriétaires qui en étaient les
victimes pouvaient intenter une action en dommages et intérêts devant le juge
judiciaire . En revanche, pour le juge judiciaire, l'existence d'une emprise
2599

irrégulière n'était pas systématique. Si l'ordonnance d'expropriation n'était pas


définitive à la date d'annulation de la DUP, l'annulation postérieure de cette
dernière la privait de base légale de telle sorte que l'on avait affaire
effectivement à une emprise irrégulière susceptible de voir ses conséquences
dommageables réparées. Mais si l'ordonnance d'expropriation était définitive,
le juge judiciaire considérait que, nonobstant l'annulation de la DUP, la prise
de possession avait eu lieu en exécution d'un titre de propriété régulier –
l'ordonnance d'expropriation – de telle sorte qu'il n'y avait pas emprise
irrégulière et, partant, possibilité pour le juge judiciaire de droit commun
d'accorder une réparation à ce titre. Ne restait alors qu'une hypothétique
possibilité de réparation devant le juge de l'expropriation. Tel n'est plus le cas
aujourd'hui compte tenu des dispositions de l'article L. 223-2 du Code de
l'expropriation qui trouvent leur origine dans l'article 4 I de la loi n 95-101 du
o

2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement (v.


ss 751). Dorénavant, tout exproprié, au cas d'annulation définitive de la DUP
par le juge administratif, peut faire constater par le juge de l'expropriation que
l'ordonnance d'expropriation correspondante, fut-elle définitive, est dépourvue
de base légale et obtenir des dommages et intérêts si le bien exproprié n'est pas
en état d'être restitué.

B. L'imputation de la responsabilité

756 Il n'y a aucun problème lorsque le comportement qui se trouve à l'origine du


préjudice est le fait d'une seule personne publique. Par exemple, dans l'affaire
Électricité de France c/ Farsat précitée, c'est EDF, alors personne publique,
qui, après avoir demandé au préfet de prendre un arrêté ouvrant une enquête
préalable à la construction d'un barrage, a, près de cinq ans après, à la suite de
nouvelles études, abouti à la conclusion que le site était impropre et a en
conséquence abandonné son projet de telle sorte que la DUP n'a pas été
finalement prise. C'est donc sa seule responsabilité qui se trouve être
engagée . 2600

Mais il arrive souvent que plusieurs personnes juridiques soient à l'origine


du dommage. Le juge est alors conduit à partager entre elles le poids de la
responsabilité. Tel est par exemple le cas de l'affaire Boucher précitée, une
action en responsabilité du fait d'une DUP illégale. Le Conseil d'État va
considérer que la commune, en suscitant une expropriation non nécessitée par
l'utilité publique car entachée de détournement de pouvoir, a commis une faute.
Mais il va également considérer que le préfet, en prenant la DUP alors qu'il
aurait dû s'y refuser compte tenu du détournement de pouvoir, est également
fautif. En conséquence, il partage le poids de la réparation entre la commune et
l'État .
2601
CHAPITRE 3
LA DÉTERMINATION DES BIENS À
EXPROPRIER : L'ENQUÊTE PARCELLAIRE ET
L'ARRÊTÉ DE CESSIBILITÉ

Section 1.L'ENQUÊTE PARCELLAIRE


§ 1. Le dossier d'enquête parcellaire
A. La composition du dossier d'enquête parcellaire
B. La notification du dépôt en mairie du dossier d'enquête parcellaire
§ 2. Le déroulement de l'enquête parcellaire
A. La désignation du commissaire enquêteur ou de la commission
d'enquête
B. L'ouverture de l'enquête
C. La formulation des observations
D. La clôture de l'enquête et l'avis du commissaire enquêteur
ou de la commission d'enquête
Section 2. L'ARRÊTÉ DE CESSIBILITÉ
§ 1. Le prononcé de l'arrête de cessibilité
A. L'autorité compétente pour prendre l'arrêté de cessibilité
B. La liberté laissée à l'autorité compétente
C. Le contenu de l'arrêté de cessibilité
D. La nature juridique de l'arrêté de cessibilité
E. Le délai de validité de l'arrêté de cessibilité
F. Les effets de l'arrêté de cessibilité
§ 2. Le contentieux de l'arrêté de cessibilité
A. Le contentieux de l'excès de pouvoir
B. Le contentieux de la responsabilité
Cette troisième étape de la phase administrative, qui peut d'ailleurs se fondre
avec les deux précédentes , a un objet différent : il ne s'agit plus de prendre
2602
position sur l'utilité publique de l'opération ; celle-ci est avérée, sous le
contrôle du juge, par la DUP ; il s'agit de déterminer avec précision les biens à
exproprier et les ayants droit des indemnités dues par l'expropriant. Telle est la
fonction de l'arrêté de cessibilité prononcé après qu'ait été organisée une
enquête parcellaire.

SECTION 1. L'ENQUÊTE PARCELLAIRE

757 L'enquête parcellaire a pour objet de permettre au public, et notamment aux


propriétaires concernés, de constater voire de contester que l'exécution des
travaux prévus ou la réalisation de l'opération projetée nécessite
l'expropriation de tel ou tel immeuble. Elle permet également de vérifier
l'exactitude des indications en la possession de l'administration quant à
l'identité des propriétaires et autres titulaires de droits sur les biens concernés
par l'expropriation. Comme on peut s'en douter, l'enquête parcellaire se déroule
à partir d'un dossier mis à la disposition du public .
2603

§ 1. Le dossier d'enquête parcellaire

A. La composition du dossier d'enquête parcellaire

758 Aux termes de l'article R. 131-3 du Code de l'expropriation, l'expropriant


adresse au préfet, pour être soumis à enquête dans chacune des communes où
sont situés les immeubles à exproprier, un plan parcellaire et la liste des
propriétaires concernés par l'expropriation.
Le plan parcellaire doit permettre de déterminer, sans risque de confusion
possible, la consistance des biens à exproprier . Dans les communes à
2604

cadastre rénové, il s'agit généralement d'un extrait du nouveau plan cadastral


sur lequel a été reportée l'emprise de l'expropriation. Mais un ancien plan
cadastral peut très bien être utilisé à la place du plan rénové s'il permet
d'identifier sans erreur les biens concernés par l'expropriation .
2605

Quant à la liste des propriétaires, elle est établie à l'aide d'extraits des
documents cadastraux délivrés par le service du cadastre ou à l'aide des
renseignements délivrés par le directeur départemental ou, le cas échéant,
régional des finances publiques au vu du fichier immobilier ou par tous autres
moyens, comme par exemple des renseignements donnés par le maire ou par le
percepteur.
B. La notification du dépôt en mairie du dossier d'enquête parcellaire

759 L'article R. 131-6 du Code de l'expropriation impose à l'expropriant de


notifier, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception , le dépôt 2606

en mairie du dossier d'enquête parcellaire aux propriétaires figurant sur la liste


contenue dans le dossier lui-même ou à leurs mandataires, gérants,
administrateurs ou syndics . Si les propriétaires sont deux époux non séparés
2607

en droit ou en fait, le dépôt en mairie peut n'être notifié qu'à l'un d'entre eux, du
moins selon la jurisprudence administrative . En cas d'indivision, la
2608

notification doit être faite à chacun des co-indivisaires . En cas de 2609

copropriété, elle doit être faite à chacun des copropriétaires et non au seul
syndic . En cas d'usufruit, elle doit être faite tant à l'usufruitier qu'au nu-
2610

propriétaire . 2611

Cette notification constitue une formalité substantielle dont la


méconnaissance entraîne l'irrégularité de la procédure sauf si la théorie de la
connaissance acquise est susceptible de jouer , c'est-à-dire s'il est prouvé
2612

que, nonobstant l'absence de notification, les propriétaires ont été informés du


dépôt du dossier en mairie, par exemple parce qu'ils l'ont consulté. Dans la
mesure où cette notification a notamment pour objet de permettre aux
propriétaires de faire connaître leurs observations au cours de l'enquête
parcellaire , la Cour de cassation estime qu'elle doit avoir lieu à une date
2613

telle que les propriétaires disposent du délai d'au moins quinze jours imposé
par l'article R. 131-4 (v. ss 761) pour fournir leurs observations éventuelles. Il
en résulte que, si l'enquête parcellaire a la durée minimale de quinze jours, une
notification du dépôt du dossier en mairie postérieure à l'ouverture de l'enquête
parcellaire est irrégulière . En revanche, une notification postérieure à
2614

l'ouverture de l'enquête est régulière si la durée de l'enquête est supérieure à


quinze jours et si la date de notification a laissé au propriétaire un délai de
quinze jours avant sa clôture pour présenter ses observations . 2615

§ 2. Le déroulement de l'enquête parcellaire

A. La désignation du commissaire enquêteur ou de la commission


d'enquête

760 À la différence du commissaire enquêteur (ou des membres de la commission


d'enquête) sous l'autorité duquel se déroule l'enquête préalable à la DUP qui,
maintenant, est désigné par le président du tribunal administratif que l'on ait
affaire à l'enquête publique traditionnelle ou à l'enquête environnementale (v.
ss 690, 704), le commissaire enquêteur (ou les membres de la commission
d'enquête qui doivent alors être en nombre impair) en charge de l'enquête
parcellaire est désigné par le préfet parmi les personnes figurant sur l'une
quelconque des listes d'aptitude prévues à l'article L. 123-4, du Code de
l'environnement .2616

En revanche, il est indemnisé dans les mêmes conditions que le commissaire


enquêteur d'une enquête publique préalable à une DUP (v. ss 691) . 2617

B. L'ouverture de l'enquête

761 Comme l'enquête préalable à la DUP, l'enquête parcellaire est ouverte par
arrêté préfectoral, arrêté préfectoral qui est considéré par le juge comme une
simple mesure préparatoire de l'arrêté de cessibilité insusceptible de faire
l'objet d'un recours direct pour excès de pouvoir . Mais les vices affectant cet
2618

arrêté, de même que ceux relatifs à la composition du dossier mis à l'enquête


parcellaire ou au déroulement de l'enquête parcellaire, sont susceptibles d'être
invoqués à l'appui d'un recours pour excès de pouvoir intenté contre l'arrêté de
cessibilité.
L'édiction d'un arrêté ouvrant l'enquête parcellaire n'est jamais obligatoire.
L'autorité administrative a en effet toujours le droit de refuser d'ouvrir l'enquête
si, postérieurement à l'édiction de la DUP, il apparaît que des éléments de droit
ou de fait sont susceptibles de s'opposer à ce que la procédure d'expropriation
soit poursuivie. Son refus peut être déféré au juge administratif car il s'agit,
cette fois-ci, d'une mesure faisant grief et le contrôle qu'exerce alors le juge est
un contrôle restreint car il estime que le préfet dispose en la matière d'une
compétence discrétionnaire . 2619

Si le préfet décide de prendre l'arrêté ouvrant l'enquête, cet arrêté doit, selon
les prescriptions de l'article R. 131-4, contenir les précisions suivantes :
– objet de l'enquête ; doivent être indiqués les immeubles que
l'administration entend exproprier afin d'exécuter les travaux prévus ou de
réaliser l'opération projetée ; au cours de l'enquête, il sera alors loisible au
public, et notamment aux propriétaires concernés, de vérifier si oui ou non les
travaux ou l'opération en question exigent bien l'expropriation de tel ou tel
parcelle ;
– date et durée de l'enquête ; la durée de l'enquête ne peut être inférieure à
quinze jours ; elle commence à courir à compter de la réception du courrier
recommandé adressé par l'autorité expropriante notifiant le dépôt en mairie du
dossier d'enquête parcellaire ; elle est décomptée en appliquant les mêmes
2620

règles que celles évoquées à propos de l'enquête préalable à la DUP (v.


ss 695) ; c'est ainsi que les dimanches et jours fériés sont compris dans le délai
fixé pour la durée de l'enquête alors même que les bureaux de la mairie où se
déroule l'enquête seraient fermés ces jours-là .
2621

– jours et heures où les dossiers pourront être consultés à la mairie et les


observations recueillies sur des registres ouverts à cet effet ; à défaut d'être
précisés expressément par l'arrêté, il s'agit des heures normales d'ouverture de
la mairie ;
– lieu où siégera le commissaire enquêteur ou la commission d'enquête ;
– délai à l'issue duquel le commissaire enquêteur ou la commission
d'enquête devra donner son avis ; ce délai ne peut excéder un mois ; il s'agit
toutefois d'un délai qui n'est pas prescrit à peine de nullité .
2622

Cet arrêté ouvrant l'enquête donne lieu à une double publicité inspirée de la
publicité de l'arrêté ouvrant l'enquête publique préalable à la DUP (v. ss 693).
En premier lieu, un avis portant à la connaissance du public l'existence et le
contenu de l'arrêté ouvrant l'enquête est inséré en caractères apparents dans un
des journaux diffusés dans le département. En second lieu, cet avis doit être
publié par voie d'affiches, et éventuellement par tous autres procédés, dans
chacune des communes désignées par le préfet, cette désignation portant au
minimum sur toutes les communes sur le territoire desquelles l'opération doit
avoir lieu. Bien que l'article R. 131-5 ne le précise pas expressément, il
semble aller de soi que l'avis dans la presse ait à être antérieur à l'ouverture de
l'enquête . De la même manière, l'affichage doit être antérieur à l'ouverture de
2623

l'enquête et durer tant qu'elle n'est pas close.

C. La formulation des observations

762 Pendant la durée de l'enquête, le public peut formuler de deux manières ses
observations sur les limites des biens qu'il convient d'exproprier pour réaliser
l'opération déclarée d'utilité publique.
En premier lieu, il peut les consigner directement lui-même sur le registre
d'enquête parcellaire qui comprend des feuillets non mobiles, côtés et
paraphés.
En second lieu, il peut les adresser par écrit au maire qui les joint au
registre, au commissaire enquêteur ou au président de la commission d'enquête.
La procédure est donc exclusivement écrite, à la différence de la procédure
d'enquête préalable à la DUP dans le cadre de laquelle le public peut (enquête
de droit commun) ou doit (enquête spécifique aux opérations susceptibles de
porter atteinte à l'environnement) être autorisé à présenter oralement ses
observations. Il en résulte que le fait que le commissaire enquêteur ait refusé de
recevoir des propriétaires pour entendre leurs observations n'entache pas la
procédure d'enquête parcellaire d'irrégularité .2624

D. La clôture de l'enquête et l'avis du commissaire enquêteur


ou de la commission d'enquête

763 À l'expiration du délai d'enquête, les registres d'enquête sont clos et signés par
le maire et transmis dans les vingt-quatre heures, avec le dossier d'enquête, au
commissaire enquêteur ou au président de la commission d'enquête.
Dans le délai fixé par l'arrêté ouvrant l'enquête – qui ne peut excéder, on l'a
vu, un mois – et après avoir entendu toutes personnes susceptibles de l'éclairer,
le commissaire enquêteur ou le président de la commission d'enquête donne son
avis sur l'emprise des ouvrages projetés 2625
et dresse le procès-verbal de
l'opération.
S'il propose, en accord avec l'expropriant , une modification du tracé et
2626

que ce changement rende nécessaire l'expropriation de nouvelles surfaces de


terrains bâtis ou non bâtis, une enquête complémentaire a lieu : les
propriétaires intéressés en sont avisés collectivement et individuellement dans
les conditions fixées aux articles R. 131-5 et R. 131-6 et ils doivent donner
2627

tous renseignements concernant leur identité ; pendant huit jours à compter de


cet avertissement, le procès-verbal et le dossier restent déposés à la mairie et
les intéressés peuvent formuler leurs observations comme précédemment ; à
l'expiration de ce délai, le commissaire enquêteur ou le président de la
commission d'enquête fait connaître à nouveau, dans un délai maximum de huit
jours, ses conclusions.
Une fois l'avis donné, il transmet le dossier et les registres assortis du
procès-verbal et de son avis au préfet. L'autorité administrative est alors à
même de prendre l'arrêté de cessibilité.

SECTION 2. L'ARRÊTÉ DE CESSIBILITÉ

§ 1. Le prononcé de l'arrête de cessibilité

A. L'autorité compétente pour prendre l'arrêté de cessibilité

764 Les règles sont ici beaucoup plus simples qu'en matière de DUP : c'est toujours
le préfet du département où sont situés les propriétés ou parties de propriétés
dont la cession est nécessaire qui, par arrêté et sur le fondement de l'article
R. 132-1 du Code de l'expropriation, les déclare cessibles.
Dans le cas particulier où ces propriétés ou parties de propriétés sont
situées sur le territoire de plusieurs départements, leur cessibilité est déclarée
par arrêté conjoint des préfets concernés.

B. La liberté laissée à l'autorité compétente

765 Même si le juge ne semble pas s'être encore prononcé sur ce point, il est
vraisemblable que le préfet dispose du pouvoir discrétionnaire de refuser de
prendre l'arrêté de cessibilité alors même que la DUP a été édictée et que
l'enquête parcellaire s'est déroulée, son refus n'étant soumis qu'à un contrôle
restreint de la part du juge de l'excès de pouvoir .
2628

S'il décide de prendre l'arrêté de cessibilité, il dispose également d'une


certaine marge de manœuvre. En premier lieu, il n'est pas tenu de déclarer
cessibles toutes les parcelles mentionnées sur le plan soumis à l'enquête
parcellaire dès lors que seules certaines d'entre elles sont nécessaires à la
réalisation du projet envisagé . En second lieu et en sens inverse, il peut
2629

augmenter l'emprise de l'opération projetée à la condition que cela soit dans


une mesure limitée . En troisième lieu, il a le droit de déclarer cessibles les
2630

parcelles nécessaires à la réalisation d'ouvrages non directement évoqués dans


la DUP s'il s'agit d'ouvrages accessoires qui sont la conséquence nécessaire et
directe d'ouvrages principaux expressément mentionnés dans la DUP . Mais,2631

si l'arrêté de cessibilité vise les parcelles nécessaires à la réalisation


d'ouvrages qui ne peuvent être considérés comme l'accessoire d'ouvrages
évoqués dans la DUP, l'arrêté de cessibilité est illégal car excédant alors la
portée de la DUP . Il en va a fortiori de même lorsque l'arrêté de cessibilité
2632

déclare cessibles des terrains afin de réaliser une opération différente de celle
mise à l'enquête préalable ou déclarée d'utilité publique .
2633 2634

C. Le contenu de l'arrêté de cessibilité

766 L'arrêté de cessibilité, qui doit être bien sûr édicté dans le délai de réalisation
de l'opération déclarée d'utilité publique (v. ss 729), doit obligatoirement
contenir deux types de précisions.
En premier lieu, il doit désigner les propriétés ou parties de propriétés dont
la cession est nécessaire en respectant les dispositions de l'article 7 du décret
n 55-22 du 4 janvier 1955 portant réforme de la publicité foncière .
o 2635

Autrement dit, il doit indiquer, « pour chacun des immeubles qu'il concerne, la
nature, la situation, la contenance et la désignation cadastrale (section, numéro
du plan et lieu-dit)… » . Dans le cas particulier de l'expropriation du seul
2636

tréfonds d'une parcelle, il doit indiquer « avec précision la partie du sous-sol


sur laquelle porte l'expropriation » . Toutefois, l'omission de l'une ou de
2637

l'autre de ces précisions ne vicie pas l'arrêté de cessibilité s'il est possible
d'identifier avec certitude les immeubles concernés . 2638

En second lieu, l'arrêté de cessibilité doit préciser l'identité des


propriétaires des parcelles concernées conformément aux dispositions de
l'article 5 du même décret du 4 janvier 1955 relatif à la publicité foncière . 2639

Par exemple, s'il s'agit d'une personne physique, l'arrêté doit en principe
contenir les précisions suivantes : nom, prénoms dans l'ordre de l'état civil,
domicile, date et lieu de naissance, profession, nom du conjoint. Ici encore,
l'omission de l'une de ces précisions n'entraîne pas, ipso facto, l'annulation de
l'arrêté de cessibilité si le propriétaire peut, néanmoins, être identifié avec
certitude . 2640

Par ailleurs, lorsque, parmi les parcelles concernées par l'opération


déclarée d'utilité publique, figurent des parcelles appartenant au domaine
public d'une personne publique autre que l'État et qui, de ce fait, ne peuvent
être expropriées (v. ss 653), l'arrêté de cessibilité peut, en application de
l'article L. 132-3 , emporter transfert de gestion des parcelles en cause au
2641

profit du bénéficiaire de la DUP . 2642

D. La nature juridique de l'arrêté de cessibilité

767 D'une part, l'arrêté de cessibilité est un acte qui, selon la formule du Conseil
d'État , contient des décisions individuelles. Il en résulte qu'il doit être
2643

obligatoirement notifié aux propriétaires intéressés, ce qui est une différence


par rapport au régime juridique applicable à la DUP qui, compte tenu de sa
nature spécifique, doit donner lieu, comme on l'a vu (v. ss 723), à publication.
Bien évidemment, un problème se pose lorsque, dans le même acte et comme
elle en a le droit, l'autorité administrative déclare à la fois d'utilité publique la
réalisation d'une opération donnée et cessibles les parcelles nécessaires à cette
réalisation. L'acte doit alors être et soumis à publication et notifié aux
propriétaires intéressés. Décision individuelle, l'arrêté de cessibilité n'a pas
pour autant à être motivé car il n'entre, selon la haute juridiction administrative,
dans aucune des catégories de décisions individuelles qui doivent être
motivées en vertu des articles 1 et 2 de la loi du 11 juillet 1979 aujourd'hui
2644

codifiés aux articles L. 211-2 et L. 211-3 du code des relations entre le public
et l'administration.
D'autre part, l'arrêté de cessibilité est un acte non créateur de droit au profit
des propriétaires qu'il vise . Il peut, par suite, être légalement modifié par un
2645

autre arrêté .
2646

E. Le délai de validité de l'arrêté de cessibilité

768 Aux termes de l'article R. 221-1 du Code de l'expropriation, « le préfet


transmet au greffe de la juridiction du ressort dans lequel sont situés les biens à
exproprier un dossier qui comprend les copies :… 6 de l'arrêté de
o

cessibilité… pris depuis moins de six mois avant l'envoi du dossier au greffe ».
Si l'arrêté de cessibilité transmis au greffe du juge de l'expropriation a plus
de six mois, il est considéré comme caduc . 2647

Dans une telle hypothèse, le juge administratif, saisi d'un recours en


annulation contre un tel arrêté, considérera que le recours est irrecevable si la
caducité est intervenue antérieurement à l'introduction du recours ou rendra
2648

une décision de non-lieu si elle est intervenue postérieurement . 2649

Quant au juge de l'expropriation, il a l'obligation, rappelée par l'article


R. 221-5 du Code de l'expropriation, de refuser de prendre l'ordonnance
d'expropriation. S'il passe outre, son ordonnance est passible de cassation . 2650

Bien évidemment, la caducité de l'arrêté de cessibilité n'empêche pas l'autorité


administrative d'en édicter un autre si la durée de validité de la DUP n'est pas
expirée, ce qui peut être fait sans enquête parcellaire nouvelle si aucun
changement dans les circonstances de fait n'en rend nécessaire l'ouverture . 2651

F. Les effets de l'arrêté de cessibilité

769 L'arrêté de cessibilité, qui clôt la phase administrative, déclare cessibles les
parcelles qu'il vise mais ne prononce évidemment pas leur cession puisque seul
le juge judiciaire peut, en l'absence d'accord amiable, procéder au transfert de
propriété (v. ss 775 s.).
Comme on l'a déjà rappelé (v. ss 766), dans le cas particulier où, parmi ces
parcelles, certaines d'entre elles appartiennent au domaine public de personnes
publiques autres que l'État, il peut emporter transfert de gestion de ces
parcelles au profit du bénéficiaire de l'acte déclaratif d'utilité publique. En cas
de désaccord entre le bénéficiaire de cet acte et la personne publique
propriétaire sur les modalités de répartition des charges de gestion entre eux de
même que sur la réparation du préjudice éventuellement subi par le
propriétaire, il reviendra au juge de l'expropriation de déterminer ces
modalités de répartition et de fixer le montant de l'indemnité .
2652
§ 2. Le contentieux de l'arrêté de cessibilité

A. Le contentieux de l'excès de pouvoir

770 La plupart des règles applicables n'appellent aucun commentaire particulier car
elles sont identiques à celles applicables au recours pour excès de pouvoir
contre la DUP (v. ss 732 s.).
Le juge compétent pour connaître du recours est évidemment le juge
administratif et, plus précisément, le tribunal administratif dans le ressort
duquel se trouvent les biens concernés par l'expropriation , le juge d'appel
2653

étant la Cour administrative d'appel et le juge de cassation le Conseil d'État.


Le délai de recours est le délai de droit commun de deux mois. Dans la
mesure où l'arrêté de cessibilité doit être notifié aux propriétaires intéressés, le
délai de recours de ces derniers ne court qu'à compter de la date de notification
de l'arrêté et cela même si l'arrêté a préalablement fait l'objet d'une mesure de
publication . Si la notification est incomplète au point de ne pas permettre à
2654

son destinataire de connaître la portée de la décision notifiée, elle ne peut être


regardée comme régulière et ne fait pas courir à l'encontre de son destinataire
le délai de recours contentieux . Quant à l'hypothèse précédemment évoquée
2655

où le même acte emporte DUP et arrêté de cessibilité, elle est analysée par le
Conseil d'État comme donnant naissance à un acte divisible. Il en résulte que le
délai de recours contre la partie de l'acte valant DUP court à compter de sa
publication tandis que le délai de recours des propriétaires contre la partie de
l'acte valant arrêté de cessibilité court à compter de sa notification . 2656

Le recours est généralement intenté par le propriétaire de l'immeuble déclaré


cessible mais le locataire de l'immeuble en question a également intérêt et
qualité pour contester la légalité de l'arrêté de cessibilité .
2657

Au recours peuvent être jointes des conclusions aux fins de suspension. Sous
l'empire des anciens textes (régime du sursis à exécution), le juge semblait
n'admettre qu'exceptionnellement que l'exécution d'un arrêté de cessibilité
puisse causer un préjudice difficilement réparable à un particulier . En 2658

revanche, il semblait admettre plus facilement l'existence d'un préjudice


difficilement réparable lorsque l'exécution de l'arrêté était de nature à porter
atteinte à un autre intérêt général . Dorénavant (régime du référé-suspension),
2659

la condition du préjudice difficilement réparable est remplacée par la condition


de l'urgence, condition d'urgence qui, elle, est considérée plus facilement
comme remplie . Par ailleurs, les régimes spéciaux de suspension qui existent
2660

à propos des DUP (v. ss 737) et qui ont pour but d'en rendre plus facile la
suspension ne s'appliquent pas forcément aux arrêtés de cessibilité. Par
exemple, les arrêtés de cessibilité n'ayant jamais à être précédés d'une étude
d'impact, la procédure spéciale de suspension pour absence d'étude d'impact
prévue par l'article L. 123-16 du Code de l'environnement ne leur est pas
applicable . En tout état de cause, si le juge de l'expropriation a, par voie
2661

d'ordonnance, prononcé le transfert de propriété des parcelles déclarées


cessibles et que son ordonnance a acquis un caractère définitif, l'arrêté de
cessibilité doit être considéré comme ayant reçu toute l'exécution qu'il était
susceptible de recevoir de telle sorte que sa suspension ne peut être ordonnée.
En revanche, si l'ordonnance d'expropriation n'a pas encore été rendue ou que,
bien que rendue, elle ne soit pas définitive compte tenu d'un pourvoi en
cassation pendant, la requête tendant à la suspension de l'arrêté de cessibilité
n'est pas dépourvue d'objet .2662

Les moyens susceptibles d'être invoqués à l'appui d'un recours pour excès de
pouvoir contre l'arrêté de cessibilité sont entendus de façon très
compréhensive. Les requérants peuvent évidemment mettre en avant des griefs
concernant directement l'arrêté de cessibilité ou l'enquête parcellaire qui l'a
précédé. Mais ils peuvent également, à l'appui de leur recours, développer des
griefs concernant la DUP et cela alors même que cette dernière est devenue
définitive du fait de l'expiration du délai de recours contentieux contre elle . 2663

La solution est remarquable. En effet, l'exception d'illégalité n'est perpétuelle


qu'à l'égard des règlements. Or, on a vu plus haut que les DUP ne sont pas des
décisions réglementaires (v. ss 721). Dans ces conditions, l'exception
d'illégalité devrait être irrecevable. Mais tel n'est pas le cas, le juge appliquant
ici la théorie des opérations complexes . C'est l'idée que l'arrêté de
2664

cessibilité est une décision finale qui ne peut intervenir qu'après qu'a été prise
la DUP de telle sorte qu'il y a entre les deux actes un lien extrêmement étroit. Il
en résulte que les requérants, à l'appui de leur recours contre l'arrêté de
cessibilité, peuvent par exemple discuter l'utilité publique de l'opération telle
qu'elle est constatée par la DUP, contester la procédure d'enquête préalable qui
a précédé cette dernière voire mettre en jeu la légalité d'actes qui, telle la
délibération d'un conseil municipal demandant le déclenchement d'une
procédure d'expropriation, constituent une mesure préparatoire de la DUP et,
partant, de l'arrêté de cessibilité.
Quant aux effets de l'annulation de l'arrêté de cessibilité, ils reposaient
traditionnellement sur la même distinction que celle effectuée plus haut à
propos des effets de l'annulation de la DUP (v. ss 748 s.). Si l'arrêté de
cessibilité était annulé alors que l'ordonnance d'expropriation n'avait pas
encore été rendue ou n'était pas encore définitive, il n'y avait aucun problème :
si l'ordonnance d'expropriation n'avait pas encore été rendue, elle ne pouvait
plus l'être ; si elle avait été rendue mais n'était pas encore définitive compte
tenu de l'existence d'un pourvoi en cassation pendant, elle serait annulée par la
Cour de cassation . En revanche, si l'arrêté de cessibilité était annulé alors
2665

que l'ordonnance d'expropriation était définitive, cette dernière ne pouvait plus


être remise en cause et le transfert de propriété était définitif . Cela était
2666

d'autant plus certain qu'il n'était pas possible de faire jouer dans cette
hypothèse, comme il avait été parfois envisagé de le faire dans l'hypothèse de
l'annulation de la DUP, la théorie de la rétrocession : en effet, ici, seul l'arrêté
de cessibilité était annulé, la DUP, quant à elle, demeurant ; en conséquence,
2667

un texte – la DUP – prévoyait bien pour les terrains expropriés une destination
d'utilité publique . L'article L. 223-2 du Code de l'expropriation, issu de
2668

l'article 4 I de la loi n 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de là


o

protection de l'environnement, a mis fin à cette situation choquante en disposant


que l'annulation définitive de l'arrêté de cessibilité permettait à tout exproprié
de faire constater par le juge de l'expropriation que l'ordonnance portant
transfert de propriété était dépourvue de base légale (v. ss 786). Dès lors, au
cas d'annulation définitive de l'arrêté de cessibilité, les choses sont
relativement simples : ou bien l'ordonnance d'expropriation n'a pas été rendue
et elle ne peut plus l'être ; ou bien elle a été rendue et le juge de l'expropriation,
saisi par un exproprié, constate qu'elle est dorénavant dépourvue de base
légale, qu'elle soit ou non définitive.

B. Le contentieux de la responsabilité

771 On retrouve, ici encore, les mêmes solutions que celles déjà évoquées à propos
de la DUP (v. ss 752). Les comportements suivants sont de nature à engager la
responsabilité de l'administration devant le juge administratif s'ils causent un
préjudice : renonciation à poursuivre la procédure en ne prenant pas l'arrêté de
cessibilité alors que la DUP a été édictée ; lenteur excessive à prendre l'arrêté
de cessibilité ; illégalité de l'arrêté de cessibilité.
Toutefois, dans cette dernière hypothèse, si l'arrêté de cessibilité est annulé
alors que l'expropriant a déjà pris possession des lieux, le juge administratif
estimait traditionnellement que l'on avait affaire à une emprise irrégulière dont
les conséquences dommageables devaient être réparées par le juge judiciaire
de droit commun . Quant au juge judiciaire justement, son attitude dépendait
2669

du point de savoir si l'ordonnance d'expropriation était définitive ou non. Si


elle n'était pas définitive, l'annulation de l'arrêté de cessibilité la privait de
base légale de telle sorte qu'il y avait emprise irrégulière dont les
conséquences dommageables pouvaient être indemnisées effectivement par le
juge judiciaire de droit commun. En revanche, si elle était définitive, le juge
judiciaire de droit commun considérait qu'il n'y avait pas d'emprise irrégulière
et de possibilités d'indemnisation spécifiques, la prise de possession s'étant
effectuée en exécution d'un titre de propriété régulier – l'ordonnance
d'expropriation – nonobstant l'annulation de l'arrêté de cessibilité. Ne restait
alors qu'un hypothétique recours en dommages et intérêts devant le juge de
l'expropriation. Tel n'est plus le cas depuis la loi précitée du 2 février 1995.
Dorénavant, une fois que le juge de l'expropriation aura déclaré que
l'ordonnance d'expropriation, fut-elle définitive, est dépourvue de base légale,
il pourra en réparer les conséquences dommageables.
TITRE 3
LA PHASE JUDICIAIRE

CHAPITRE 1 LE TRANSFERT DE PROPRIÉTÉ


CHAPITRE 2 LA FIXATION DE L'INDEMNITÉ
C'est un juge judiciaire spécialisé, le juge de l'expropriation, qui, outre
l'exercice d'un certain nombre d'autres compétences, va prendre les deux actes
majeurs de la phase judiciaire que sont l'ordonnance d'expropriation portant
transfert de propriété et le jugement fixant le montant de l'indemnité due.

772 Le juge de l'expropriation, acteur de la phase judiciaire ◊ Les


2670

actes majeurs de la phase judiciaire entrent dans la compétence, non de la


juridiction judiciaire de droit commun, mais d'une juridiction judiciaire
spécialisée, la juridiction de l'expropriation. Il s'agit là de l'une des
innovations les plus remarquables de l'ordonnance du 23 octobre 1958 qui se
justifie par le souci de mettre sur pied un corps de magistrats ayant une
connaissance particulière du marché foncier même si, comme on va le voir, la
portée de cette innovation a été depuis réduite.
C'est ainsi que, sur le fondement de l'article L. 211-1 et des articles R. 211-1
et suivants du Code de l'expropriation, il existe dans chaque département au
moins un juge de l'expropriation 2671
qui siège auprès du tribunal de grande
instance du chef-lieu de département (ou, à défaut, du tribunal de grande
instance désigné dans ce département par arrêté du garde des Sceaux ). Il est 2672

désigné (de même que les magistrats appelés à le suppléer en cas


d'empêchement) pour trois ans renouvelables par le premier président de la
cour d'appel parmi les magistrats du tribunal de grande instance près lequel il
siège après avis de l'assemblée des magistrats du siège dudit tribunal. À défaut
de remplacement à l'expiration du délai de trois ans, il est présumé que les
pouvoirs du juge de l'expropriation ont été renouvelés . Mais cette
2673

présomption n'est pas irréfragable : les jugements rendus par un magistrat dont
il est établi que la désignation était caduque encourent l'annulation . Le greffe
2674

de la juridiction de l'expropriation est le greffe du tribunal de grande instance


auprès duquel cette juridiction a son siège.
Au niveau de la cour d'appel, il existait, sous l'empire de l'ordonnance de
1958, au moins une chambre dite des expropriations et composée de façon
2675

spécifique. Présidée par un président de chambre de la cour d'appel désigné,


pour trois ans renouvelables, par ordonnance du premier président après avis
de l'assemblée des magistrats du siège de la cour d'appel, elle comprenait en
effet deux assesseurs choisis par le président de la chambre parmi les juges de
l'expropriation du ressort étant entendu, bien sûr, que ces derniers ne pouvaient
connaître d'affaires dont ils avaient été chargés en première instance. Le
nouveau Code de l'expropriation a mis fin à ce système conformément aux
dispositions de la loi d'habilitation du 13 novembre 2013 aux termes de
laquelle le gouvernement était autorisé à donner, par ordonnance, « compétence
en appel à la juridiction de droit commun ». Dorénavant, lorsqu'un appel est
possible en matière d'expropriation, il relève de la compétence d'une chambre
de la cour d'appel composée comme toutes les autres, c'est-à-dire par un
président de chambre et deux assesseurs qui ne sont pas, comme sous l'empire
de l'ancien Code, des juges de l'expropriation du ressort, c'est-à-dire des pairs
de celui qui a rendu la décision en première instance, mais des conseillers à la
cour d'appel, c'est-à-dire des magistrats d'un rang plus élevé (mais qui n'ont
pas forcément la même connaissance du marché foncier).
Enfin, au niveau de la Cour de cassation, il existe une chambre spécialisée
en matière d'expropriation. Le décret du 6 août 1964 avait institué une chambre
spéciale, la chambre des expropriations. Depuis le 1 janvier 1968, date
er

d'application de la réforme de la Cour de cassation opérée par la loi n 67- o

5243 du 3 juillet 1967, c'est la troisième chambre civile qui a été désignée par
le premier président de la Cour de cassation pour connaître des pourvois en
cassation en la matière.
Reste à savoir si l'organisation de cette juridiction de l'expropriation relève
de la compétence législative ou de la compétence réglementaire. Le Conseil
constitutionnel a eu l'occasion d'affirmer que la juridiction de l'expropriation
constituait, au sens des dispositions de l'article 34, 1 alinéa, 3 tiret, de la
o o

Constitution de 1958 , un ordre nouveau de juridiction distinct de celui que


2676

forment les tribunaux de droit commun de telle sorte que la détermination de


ses règles constitutives entrait dans la compétence du législateur .
2677

Compte tenu de ces évolutions, c'est essentiellement au niveau du juge du


premier degré – le juge de l'expropriation – que la juridiction de
l'expropriation présente une véritable spécificité.

773 Les deux actes majeurs de la phase judiciaire ◊ C'est le juge de


l'expropriation qui va prendre les deux actes majeurs de la phase judiciaire.
En premier lieu, c'est lui qui, à défaut d'accord amiable et par une
ordonnance dite ordonnance d'expropriation, va procéder au transfert de
propriété.
En second lieu, c'est lui qui, toujours à défaut d'accord amiable et par
jugement, va fixer le montant de l'indemnité due.
Le transfert de propriété ne peut avoir lieu qu'après l'achèvement de la phase
administrative.
Il en allait de même autrefois de la fixation des indemnités qui, au surplus, ne
pouvait intervenir qu'après le transfert de propriété. Dans le souci d'accélérer
la procédure d'expropriation, ces règles ont été abandonnées par l'ordonnance
du 23 octobre 1958. Dorénavant, la procédure de fixation de l'indemnité peut
débuter dès l'ouverture de l'enquête préalable à la d'utilité publique si
l'expropriant est en mesure de déterminer les parcelles concernées par
l'expropriation . Il en résulte que les deux actes de la phase judiciaire sont
2678

devenus autonomes. Certes, il arrive souvent que le jugement fixant les


indemnités intervienne, comme par le passé, après l'ordonnance
d'expropriation . Mais les deux procédures peuvent se dérouler
2679

parallèlement. La fixation des indemnités peut même intervenir avant


l'ordonnance d'expropriation voire avant l'achèvement de la phase
administrative. Le fait d'étudier successivement, comme nous allons le faire, le
transfert de propriété et la fixation des indemnités ne signifie donc pas que l'on
a affaire à deux opérations qui se déroulent obligatoirement dans cet ordre.
Mais, il va de soi que la phase judiciaire ne sera parfaite et la prise de
possession ne pourra avoir lieu que lorsque l'ordonnance d'expropriation et le
jugement fixant le montant de l'indemnité auront été rendus.

774 Les autres compétences du juge de l'expropriation ◊ Mais, avant


d'étudier les deux compétences majeures du juge de l'expropriation que sont le
transfert de propriété et la fixation des indemnités, il convient de préciser qu'il
tire des textes d'autres compétences.
Certaines d'entre elles sont également liées aux opérations d'expropriation et
on aura l'occasion de les évoquer en détail plus loin. Aux termes de l'article
L. 223-2 du Code de l'expropriation issu de la loi du 2 février 1995, c'est le
juge de l'expropriation qui, au cas d'annulation définitive de la DUP ou de
l'arrêté de cessibilité, constate que l'ordonnance d'expropriation
correspondante est dépourvue de base légale (v. ss 786). Sur le fondement de
l'article L. 323-4, il procède à la revalorisation de l'indemnité d'expropriation
lorsqu'elle n'a pas été payée ni consignée dans un délai d'un an (v. ss 817). En
application des articles L. 242-1 s., il statue sur les demandes d'emprise totale
et fixe le prix correspondant (v. ss 835). L'article L. 321-5 l'habilite également
à déterminer, s'il y a lieu, l'augmentation de la valeur immédiate du reste d'une
propriété du fait de l'exécution de travaux sur la partie expropriée, montant de
la plus-value qui se compense en tout ou partie avec l'indemnité
d'expropriation (v. ss 815). Les articles L. 322-12 et L. 423-3 l'autorisent aussi
à trancher les problèmes relatifs aux locaux qui peuvent être offerts ou
proposés aux propriétaires ou locataires touchés par une expropriation en
remplacement des locaux expropriés (v. ss 810). Conformément aux
dispositions de l'article L. 421-2, c'est lui qui fixe le prix des rétrocessions (v.
ss 838). Enfin, l'article R. 311-23 le charge de statuer sur les difficultés
relatives à l'exécution de ses décisions en matière d'indemnisation (v. ss 789).
D'autres compétences du juge de l'expropriation sont, elles, étrangères au
droit de l'expropriation. Elles se justifient par le fait que leur exercice
nécessite une bonne connaissance des problèmes fonciers, ce qui est la
caractéristique des juges de l'expropriation, de telle sorte que l'on a jugé
expédient de les confier à ces derniers. On se bornera à en donner deux
exemples, parmi bien d'autres, empruntés successivement au droit du domaine
public et au droit des servitudes administratives. C'est ainsi que c'est le juge de
l'expropriation qui est compétent pour fixer les indemnités dues aux
propriétaires de terrains situés en bordure des voies publiques et frappés
d'alignement (v. ss 115). C'est également lui qui est compétent pour déterminer
l'indemnité due du fait de l'institution d'un certain nombre de servitudes
administratives comme, par exemple, les servitudes liées à la distribution
d'électricité et de gaz.
CHAPITRE 1
LE TRANSFERT DE PROPRIÉTÉ

Section 1. LE PRONONCÉ DE L'ORDONNANCE D'EXPROPRIATION


§ 1. Les règles de procédure
§ 2. Le rôle du juge
§ 3. Le contenu de l'ordonnance d'expropriation
§ 4. La notification de l'ordonnance d'expropriation
§ 5. Les effets de l'ordonnance d'expropriation
A. Les effets sur le droit de propriété
B. Les effets sur les autres droits réels et sur les droits personnels
Section 2. LE CONTENTIEUX DE L'ORDONNANCE D'EXPROPRIATION
§ 1. Le pourvoi en cassation contre l'ordonnance d'expropriation
A. Les conditions de recevabilité du pourvoi en cassation
B. Les moyens du pourvoi en cassation
C. Les effets du pourvoi en cassation
§ 2. La demande visant à faire constater que l'ordonnance
d'expropriation est dépourvue de base légale

775 C'est le juge judiciaire qui, depuis la loi du 8 mars 1810, procède au transfert
de propriété. Plus précisément, ce transfert de propriété prend la forme d'une
ordonnance d'expropriation prononcée par le juge de l'expropriation et
susceptible évidemment de donner lieu à contentieux.

SECTION 1. LE PRONONCÉ DE L'ORDONNANCE


D'EXPROPRIATION

§ 1. Les règles de procédure


776 Une fois la phase administrative achevée et si l'expropriant n'a pas abandonné
son projet , le préfet ou le fonctionnaire auquel il a donné délégation à cet
2680

effet et exclusivement ce fonctionnaire-là transmet au greffe de la juridiction


2681

de l'expropriation du ressort dans lequel sont situés les biens à exproprier un


dossier qui doit comprendre obligatoirement, aux termes de l'article R. 221-1
du Code de l'expropriation, les copies des pièces suivantes : déclaration
d'utilité publique et, éventuellement, acte la prorogeant ; plan parcellaire des
terrains et bâtiments ; arrêté préfectoral ouvrant l'enquête parcellaire ; pièces
justifiant de l'accomplissement des formalités de publicité de l'arrêté ouvrant
l'enquête parcellaire et de la formalité de notification du dépôt en mairie du
dossier d'enquête parcellaire ; procès-verbal établi par le commissaire
enquêteur ou la commission d'enquête à la suite de l'enquête parcellaire ; arrêté
de cessibilité ayant moins de six mois de date. Dans le passé, il avait été jugé
que, si ce dossier était irrégulièrement composé et que, néanmoins, le préfet le
transmettait au juge de l'expropriation, il commettait une faute de nature à
engager la responsabilité de l'État . Il est possible que cette jurisprudence ne
2682

soit plus de mise aujourd'hui puisque le dernier alinéa de l'article R. 221-1,


issu de l'article 19, 3 , du décret n 2005-467 du 13 mai 2005, impose au juge
o o

de l'expropriation, dans l'hypothèse d'un dossier incomplet, de demander au


préfet de lui faire parvenir les pièces manquantes dans un délai d'un mois
Le juge a quinze jours pour statuer à compter de la réception du dossier
complet au greffe de la juridiction . Sa décision prend la forme d'une
2683

ordonnance qui est rendue dans son cabinet, c'est-à-dire sans intervention des
parties , sans que pour autant il y ait là violation de la Déclaration des droits
2684

de l'homme de 1789 ou de l'article 6-1 de la Convention européenne des droits


de l'homme . 2685

Dans le cas particulier où la DUP ou l'arrêté de cessibilité a fait l'objet d'une


suspension dans le cadre d'une procédure de référé, le préfet doit, dès qu'il a
reçu notification de la suspension, en informer le juge de l'expropriation. Ce
dernier doit alors surseoir à statuer au prononcé de l'ordonnance
d'expropriation dans l'attente de la décision de la juridiction administrative sur
le fond de la demande . 2686

§ 2. Le rôle du juge

777 Le juge de l'expropriation a l'obligation, par ordonnance motivée, de refuser de


prononcer l'expropriation si l'on se trouve dans l'une des trois hypothèses
suivantes : le dossier qui lui est transmis par le préfet n'est pas constitué
conformément aux prescriptions de l'article R. 221-1 précité (v. ss 776) ; la
déclaration d'utilité publique ou l'arrêté de cessibilité est caduc (sur la caducité
de la DUP v. ss 729 ; sur celle de l'arrêté de cessibilité v. ss 768) ; la
déclaration d'utilité publique ou l'arrêté de cessibilité a été annulé par une
décision définitive du juge administratif .2687

En revanche, si l'on n'est dans aucune de ces trois hypothèses, il a


l'obligation de prendre l'ordonnance d'expropriation . 2688

Il a donc une compétence totalement liée : obligation de refuser de prononcer


le transfert de propriété si l'on se trouve dans l'une des trois hypothèses
précitées ; obligation de prononcer le transfert de propriété si tel n'est pas le
cas.
Au surplus, il ne peut évidemment pas, dans l'exercice de cette compétence
liée, apprécier la légalité des différents actes de la phase administrative,
appréciation qui ne relève que de la compétence du juge administratif . C'est
2689

ainsi que, s'agissant de la DUP, il doit vérifier qu'elle a été prise et qu'elle n'est
pas caduque mais il ne saurait apprécier par exemple la compétence de son
auteur ou l'utilité publique de l'opération . De la même manière, s'agissant de
2690

l'arrêté de cessibilité, il a exclusivement à vérifier qu'il en existe bien un et


qu'il n'est pas caduc mais il ne peut en contrôler la légalité . De la même
2691

manière également, s'agissant des autres pièces qui doivent figurer dans le
dossier qui lui est transmis en application de l'article R. 221-1, le juge de
l'expropriation doit s'assurer de leur existence sans pouvoir apprécier leur
validité : par exemple, il doit constater la présence d'un état parcellaire mais
ne peut vérifier sa régularité .
2692

§ 3. Le contenu de l'ordonnance d'expropriation

778 Aux termes de l'article L. 221-1 du Code de l'expropriation, « l'ordonnance


portant transfert de propriété est rendue sur le vu des pièces constatant que les
formalités prescrites… ont été accomplies ». Il en résulte qu'elle débute par le
visa des différentes pièces devant obligatoirement figurer dans le dossier
transmis par le préfet au juge de l'expropriation. Dans le passé, le défaut de
visa d'une telle pièce constituait un motif de cassation de l'ordonnance. La Cour
de cassation estimait en effet que cela prouvait que le juge de l'expropriation ne
s'était pas assuré de son existence, manquant ainsi à la mission de vérification
de l'accomplissement des formalités prescrites que lui confie l'article L. 221-1
précité. Mais, une telle jurisprudence ne manquait pas, parfois, de conduire à
des cassations purement formelles, la pièce non visée figurant en fait dans le
dossier et la formalité correspondante ayant bien été effectuée. C'est pourquoi
l'article 119-I du décret n 72-684 du 20 juillet 1972, codifié au dernier alinéa
o
de l'article R. 12-4 du Code de l'expropriation alors en vigueur, avait-il
disposé que « l'omission ou l'inexactitude d'une mention destinée à établir la
régularité de l'ordonnance ne peut entraîner la nullité de celle-ci s'il est établi
par les pièces du dossier ou par tout autre moyen que les prescriptions légales
ont été, en fait, observées ». L'article 22 du décret n 2005-467 du 13 mai
o

2005 a supprimé cette disposition considérée comme inutile compte tenu de la


règle générale posée par l'article. 459 du nouveau Code de procédure civile
qui va dans le même sens. En tout état de cause, le défaut de visa d'une pièce
obligatoire n'entraîne plus automatiquement aujourd'hui la cassation de
l'ordonnance.
L'ordonnance doit ensuite contenir trois types de précisions . En premier
2693

lieu, elle doit désigner chaque immeuble ou fraction d'immeuble exproprié en


respectant les mêmes règles que celles que doit respecter en la matière l'arrêté
de cessibilité (v. ss 766) et elle peut d'ailleurs se borner à reproduire les
mentions de l'arrêté de cessibilité sans avoir à les vérifier . En second lieu,
2694

elle doit préciser l'identité des personnes expropriées, là encore de la même


manière que doit le faire l'arrêté de cessibilité. En troisième lieu, elle doit
désigner le bénéficiaire exact de l'expropriation, une désignation alternative ou
cumulative étant irrégulière .
2695

§ 4. La notification de l'ordonnance d'expropriation

779 Une fois rendue, l'ordonnance d'expropriation doit être notifiée par
l'expropriant à chacun des intéressés . 2696

Cette notification doit reproduire les termes des articles 612 (délai du
pourvoi en cassation fixé à deux mois) et 973 (obligation pour les parties
devant la Cour de cassation de constituer un avocat au Conseil d'État ou à la
Cour de cassation) du nouveau Code de procédure civile et de l'article L. 223-
1 du Code de l'expropriation (« L'ordonnance d'expropriation ne peut être
attaquée que par pourvoi en cassation et pour incompétence, excès de pouvoir
ou vice de forme » ; v. ss 784) . 2697

Si cette notification n'a pas eu lieu, « l'ordonnance ne peut être exécutée à


l'encontre de chacun des intéressés » . Cela veut dire par exemple que
2698

l'expropriant ne peut pas prendre possession du bien exproprié alors même


qu'il a payé ou consigné l'indemnité d'expropriation.
En revanche, le défaut de notification est sans influence sur le transfert de
propriété : dès que l'ordonnance a été rendue et alors même qu'elle n'a pas
encore été notifiée, l'expropriant doit être regardé comme le propriétaire des
biens en cause , tout en ne pouvant pas en prendre possession.
2699
§ 5. Les effets de l'ordonnance d'expropriation

A. Les effets sur le droit de propriété

780 Le premier effet de l'ordonnance d'expropriation est de transférer à


l'expropriant la propriété de l'immeuble exproprié . C'est ainsi que l'ancien
2700

propriétaire dont le droit de propriété se trouve de ce fait éteint ne peut plus


2701

l'aliéner, que ce soit à titre gratuit ou à titre onéreux. Il ne peut pas non plus le
grever de droits réels ou personnels. Comme on l'a déjà indiqué, ce transfert de
propriété intervient à la date de l'ordonnance d'expropriation sans que le fait
qu'elle n'ait pas été encore notifiée ait d'incidence sur ce point.
L'ordonnance d'expropriation « envoie » également « l'expropriant en
possession » . Toutefois, cet envoi en possession est subordonné au fait que
2702

l'indemnité d'expropriation ait été payée ou, en cas d'obstacle au paiement ou


de refus de le recevoir, consignée . Il en résulte que, tant que cela n'a pas été
2703

fait, non seulement l'expropriant ne peut pas prendre concrètement possession


des lieux, mais le propriétaire exproprié conserve la jouissance de son bien et
en perçoit les fruits . Il exerce, en quelque sorte, un droit de rétention .
2704 2705

B. Les effets sur les autres droits réels et sur les droits personnels

781 Aux termes de l'article L. 222-2, premier alinéa, du Code de l'expropriation,


« l'ordonnance d'expropriation éteint, par elle-même et à sa date, tous droits
réels et personnels existant sur les immeubles expropriés ». Comme l'a
souligné le Conseil constitutionnel , c'est là une conséquence de
2706

l'expropriation qui ne méconnaît pas les exigences de l'article 17 de la


Déclaration de 1789.
C'est ainsi que l'ordonnance d'expropriation fait disparaître les droits réels
suivants (outre de droit de propriété de l'exproprié) : usufruit, usage,
habitation, emphytéose, servitude, privilèges et hypothèques. La plupart du
temps, les titulaires de ces droits sont indemnisés directement et de façon
distincte . Tel est le cas par exemple pour les titulaires de droits d'usage, de
2707

droits d'habitation et de servitudes. Mais quelques règles particulières existent.


C'est ainsi que, « dans le cas d'usufruit, une seule indemnité est fixée, le nu-
propriétaire et l'usufruitier exerçant leurs droits sur le montant de l'indemnité
au lieu de les exercer sur la chose » . Par ailleurs, les droits des créanciers
2708

régulièrement inscrits sur les immeubles avant la publication au fichier


immobilier de l'ordonnance d'expropriation sont reportés sur l'indemnité
d'expropriation due au propriétaire . Tous les litiges en la matière relèvent,
2709
on s'en doute, de la compétence du juge de l'expropriation . 2710

Quant aux droits personnels, ils sont également éteints. C'est ainsi que
l'ordonnance d'expropriation entraîne par exemple automatiquement et à sa date
la résiliation des baux de location y compris s'il s'agit de baux à ferme .
2711 2712

L'ancien locataire n'a plus de liens de droit avec l'ancien propriétaire. S'il se
maintient dans les lieux alors que l'expropriant n'a pas versé ou consigné
l'indemnité d'expropriation et n'a pas pu, en conséquence, prendre possession
des lieux, il n'est plus qu'un simple occupant. Il en résulte qu'il ne lui doit plus
un loyer mais reste redevable à son encontre d'une indemnité d'occupation à
compter de la date de l'ordonnance d'expropriation qui a mis fin au bail . S'il
2713

continue à se maintenir dans les lieux alors que l'expropriant a versé ou


consigné l'indemnité d'expropriation, c'est à ce dernier qu'il doit l'indemnité
d'occupation . Dans un cas comme dans l'autre, il peut quitter librement les
2714

lieux.

SECTION 2. LE CONTENTIEUX DE L'ORDONNANCE


D'EXPROPRIATION

782 L'ordonnance d'expropriation n'est pas susceptible d'appel. En effet, bien que la
loi d'habilitation du 13 novembre 2013 autorisait le gouvernement à donner, par
ordonnance, « compétence en appel à la juridiction de droit commun », le
nouveau Code de l'expropriation n'a pas utilisé cette possibilité à propos de
l'ordonnance d'expropriation qui, comme par le passé, demeure exclusivement
susceptible d'un pourvoi en cassation devant la troisième chambre civile , 2715

réserve faite, dans le cas particulier de l'annulation définitive de la DUP ou de


l'arrêté de cessibilité par le juge administratif, de la possibilité spécifique
ouverte en 1995 de demander au juge de l'expropriation lui-même d'en
constater la perte de base légale.

§ 1. Le pourvoi en cassation contre l'ordonnance


d'expropriation

A. Les conditions de recevabilité du pourvoi en cassation 2716

783 Le pourvoi n'est ouvert qu'à un nombre limité de personnes : l'expropriant si


l'ordonnance d'expropriation ne lui donne pas satisfaction ; les personnes
désignées par l'ordonnance comme étant propriétaires des biens expropriés ;
les personnes contre lesquelles l'ordonnance d'expropriation aurait dû être
rendue parce qu'elles sont les propriétaires véritables de l'immeuble
exproprié ; les titulaires d'un droit réel immobilier exproprié lorsque
l'expropriation a directement pour objet ce droit. En revanche, ne sont pas
habilités à former un pourvoi contre l'ordonnance d'expropriation les locataires
de même que les titulaires d'un droit réel immobilier exproprié lorsque cette
expropriation n'est que la conséquence de l'expropriation de l'immeuble
correspondant.
Avant l'intervention des décrets n 2004-836 du 20 août 2004 et n 2004-
o o

1420 du 23 déc. 2004 et par dérogation aux règles de droit commun de la


procédure civile, le pourvoi devait être formé dans les quinze jours à dater de
la notification de l'ordonnance d'expropriation. Il pouvait être déposé
indifféremment au greffe de la Cour de cassation ou au greffe du tribunal de
grande instance auprès duquel siégeait le juge de l'expropriation. Il pouvait être
signé par un avocat qui n'avait pas à être un avocat au Conseil d'État et à la
Cour de cassation. Sous peine de déchéance, il devait être notifié par son
auteur à la partie adverse dans un délai de huit jours.
Dorénavant, ce sont les règles de droit commun de la procédure civile qui
s'appliquent, ce qui est un incontestable facteur de simplification. Le pourvoi
doit maintenant être formé dans le délai de droit commun de deux mois fixé par
l'article 612 du nouveau Code de procédure civile. Il doit être formé par
déclaration au secrétariat-greffe de la Cour de cassation (art. 974). Les parties
sont tenues de constituer un avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation
(art. 973). C'est au greffe de la Cour de cassation d'adresser aussitôt au
défendeur par lettre simple un exemplaire de la déclaration de pourvoi
(art. 977).

B. Les moyens du pourvoi en cassation

784 L'article L. 223-1 du Code de l'expropriation dispose que l'ordonnance


d'expropriation ne peut être attaquée que pour incompétence, vice de forme ou
excès de pouvoir, termes qui n'ont évidemment pas ici la même signification
que celle qu'ils ont dans le cadre du recours pour excès de pouvoir intenté
contre un acte administratif devant le juge administratif.
Il y a incompétence lorsque le juge qui a rendu l'ordonnance d'expropriation
n'était pas compétent pour ce faire, par exemple parce qu'il s'agissait du juge
ordinaire et non du juge de l'expropriation, par exemple encore parce qu'il ne
s'agissait pas du juge de l'expropriation dans le ressort territorial duquel étaient
situés les biens expropriés, par exemple enfin parce qu'il s'agissait du juge dont
une précédente ordonnance concernant le même terrain avait été cassée car il
n'est plus alors compétent pour intervenir, fût-ce à la suite d'une nouvelle
déclaration d'utilité publique . 2717

Il y a vice de forme lorsque le juge de l'expropriation rend l'ordonnance


alors qu'une des formalités prescrites par les textes n'a pas été effectuée. Par
exemple, n'a pas été justifié le fait que tous les propriétaires intéressés aient
reçu la notification du dépôt en mairie du dossier d'enquête parcellaire . 2718

Il y a enfin excès de pouvoir lorsque le juge de l'expropriation a commis une


irrégularité particulièrement grave : par exemple, il rend l'ordonnance
d'expropriation alors que la DUP était caduque , alors qu'un copropriétaire a
2719

été ignoré ou omis tout au long de la procédure ou alors que l'arrêté de


2720

cessibilité a été annulé par une décision irrévocable du juge administratif . 2721

De tous ces moyens, c'est le vice de forme qui est le plus fréquemment
invoqué par les requérants .2722

C. Les effets du pourvoi en cassation

785 Le pourvoi en cassation n'a pas d'effet suspensif.


S'il est rejeté, l'ordonnance d'expropriation devient définitive.
Si, à l'inverse, le pourvoi est considéré comme fondé par la troisième
chambre civile de la Cour de cassation, cette dernière annule l'ordonnance
d'expropriation. Trois remarques doivent être faites à ce propos.
En premier lieu, l'annulation de l'ordonnance d'expropriation affecte la
légalité de tous les actes qui sont liés à elle par un lien d'indivisibilité . Ce2723

n'est évidemment pas le cas des actes de la phase administrative et notamment


de l'arrêté de cessibilité : l'annulation de l'ordonnance n'a aucune incidence sur
leur légalité . C'est en revanche le cas des autres actes de la phase judiciaire.
2724

Ainsi, la décision du juge judiciaire qui fixe le montant des indemnités dues
devient nulle, et cela même si cette décision est antérieure à l'ordonnance
d'expropriation . De la même manière, la prise de possession par
2725

l'expropriant de l'immeuble exproprié devient irrégulière de telle sorte que le


bien exproprié doit en principe être restitué à son ancien propriétaire . Mais
2726

l'application de cette règle logique se heurte, dans certains cas, à des difficultés
spécifiques. Il en va ainsi tout d'abord si un ouvrage public a, entre-temps, été
construit sur le bien en cause. Dans le passé, la règle traditionnelle de
l'intangibilité de l'ouvrage public (v. ss 530 s.) interdisait qu'il soit détruit.
Aujourd'hui, tout dépend de l'appréciation de la situation effectuée par le juge
administratif et notamment de la mise en balance des inconvénients que la
présence de l'ouvrage entraîne, notamment pour le propriétaire du terrain
d'assiette irrégulièrement exproprié, et des inconvénients que sa destruction
présente pour l'intérêt général. S'il estime que les premiers l'emporte sur les
second, il pourra ordonner la destruction de l'ouvrage et le propriétaire pourra
alors reprendre possession de son bien ; s'il estime que l'intérêt général
s'oppose à la destruction de l'ouvrage, le propriétaire irrégulièrement
exproprié ne pourra récupérer son bien et devra se contenter d'une
indemnisation du préjudice spécifique éventuellement subi. Des difficultés plus
difficilement surmontables encore apparaissent lorsque le bien exproprié a,
entre-temps, été vendu. Compte tenu de l'absence de droit de suite à l'égard des
tiers, le propriétaire irrégulièrement exproprié ne peut jamais ici récupérer son
bien et ne dispose que d'un droit à indemnité .
2727

En second lieu, l'annulation de l'ordonnance d'expropriation n'a pas d'effets


erga omnes mais seulement à l'égard des parties au litige. C'est ainsi que, si
plusieurs personnes sont expropriées à l'occasion d'une même opération et que
seulement l'une d'entre elles ait formé un pourvoi en cassation contre
l'ordonnance d'expropriation, l'annulation de cette dernière n'a d'effet qu'à
l'égard de celui qui a formé le pourvoi. L'ordonnance d'expropriation demeure
valable à l'égard des autres expropriés.
En dernier lieu, l'annulation de l'ordonnance provoque, sauf lorsqu'elle
n'implique pas qu'il soit à nouveau statué sur le fond , le renvoi de l'affaire
2728

devant un autre juge de l'expropriation désigné par la Cour de cassation. Ce


dernier doit être saisi, non par la partie la plus diligente, mais par le préfet à
l'instar de la règle posée par l'article R. 221-1 du Code de l'expropriation à
propos de la saisine du juge de l'expropriation initial . Le juge de 2729

l'expropriation qui statue sur renvoi après cassation connaît de l'affaire dans
l'état où elle se trouvait avant que n'intervienne l'ordonnance annulée et, en
particulier, apprécie l'ancienneté de l'arrêté de cessibilité en se plaçant à la
date à laquelle le dossier avait été transmis par le préfet au greffe du juge de
l'expropriation initialement saisi .
2730

§ 2. La demande visant à faire constater que l'ordonnance


d'expropriation est dépourvue de base légale 2731

786 Jusqu'à l'intervention de la loi de 2 février 1995 relative au renforcement de la


protection de l'environnement, le pourvoi en cassation était le seul moyen
permettant de remettre en cause une ordonnance d'expropriation et encore
n'était-il possible que si l'ordonnance d'expropriation n'était pas définitive.
Depuis cette loi, il existe une autre voie de droit permettant de remettre en
cause une ordonnance d'expropriation et cela même si elle est définitive.
Dorénavant, « en cas d'annulation par une décision définitive du juge
administratif de la déclaration d'utilité publique ou de l'arrêté de cessibilité,
tout exproprié peut faire constater par le juge que l'ordonnance portant transfert
de propriété est dépourvue de base légale et demander son annulation » . 2732

Cette possibilité, ouverte pour mettre fin au déni de justice qui pouvait
résulter de la situation antérieure (v. ss 748 s.), n'existe donc que dans un cas
particulier : l'annulation de la DUP ou de l'arrêté de cessibilité par une
décision définitive du juge administratif.
Elle est mise en œuvre de la façon suivante.
Elle n'est ouverte qu'à l'exproprié et non, par exemple, à la personne
bénéficiaire de l'expropriation .
2733

L'exproprié qui entend faire constater par le juge le manque de base légale
de l'ordonnance d'expropriation portant transfert de sa propriété transmet au
greffe du juge de l'expropriation qui a prononcé l'expropriation, dans un délai
de deux mois à compter soit de la notification de la décision définitive du
2734

juge administratif annulant la DUP ou l'arrêté de cessibilité soit, s'il n'a pas été
partie à la procédure devant le juge administratif, de la réception d'une lettre
que doit obligatoirement lui envoyer l'expropriation pour l'informer de cette
annulation, un dossier qui comprend les copies des pièces suivantes : décision
d'annulation du juge administratif, ordonnance d'expropriation, le cas échéant,
convention ou décision fixant le montant des indemnités d'expropriation.
Sa demande est formée, instruite et jugée conformément aux dispositions des
articles R. 311-10 à R. 322-6 qui concernent la procédure de fixation de
l'indemnité et qui seront évoquées à ce propos.
Le juge de l'expropriation a compétence liée pour constater, par jugement,
l'absence de base légale de l'ordonnance dès lors qu'il a vérifié l'annulation
définitive de la DUP ou de l'arrêté de cessibilité et sa correspondance avec
l'ordonnance d'expropriation. Il lui revient également de préciser les
conséquences de cette perte de base légale. Si le bien exproprié n'est pas en
état d'être restitué, l'action de l'exproprié se résout en dommages et intérêts . 2735

S'il peut l'être, le juge désigne chaque immeuble ou fraction d'immeuble dont la
propriété est restituée. Il détermine également les indemnités à restituer à
l'expropriant et statue sur la demande de l'exproprié en réparation du préjudice
causé par l'opération irrégulière . Lorsque des ouvrages ou des plantations
2736

ont été réalisés et sous réserve des exigences de l'intérêt général ou de


l'impossibilité tenant à la nature de l'ouvrage , il peut aussi décider, à la
demande de l'exproprié, soit leur suppression aux frais de l'expropriant, soit
leur maintien et leur remboursement par l'exproprié à l'expropriant.
Dans le silence des textes, la Cour de cassation avait considéré que le
jugement constatant l'absence de base légale d'une ordonnance d'expropriation
n'était susceptible, lui-même, que d'un pourvoi en cassation . Mais l'article
2737

R. 223-8 prévoit maintenant qu'un appel peut être interjeté dans un délai d'un
mois à compter de la notification du jugement.
On précisera enfin que le fait pour un exproprié de saisir le juge de
l'expropriation d'une demande de constatation de l'absence de base légale de
l'ordonnance d'expropriation ne l'empêche pas de former, avant l'annulation de
la DUP ou de l'arrêté de cessibilité, un pourvoi contre ladite ordonnance pour
en demander la cassation par voie de conséquence de l'annulation à venir . 2738

Plus généralement d'ailleurs, l'article L. 223-2 du nouveau Code de


l'expropriation dispose que la possibilité pour l'exproprié de demander la
constatation de l'absence de base légale de l'ordonnance d'expropriation
s'exerce « sans préjudice de l'article L. 223-1 », c'est-à-dire sans préjudice de
la possibilité d'intenter un pourvoi en cassation contre l'ordonnance
d'expropriation.
CHAPITRE 2
LA FIXATION DE L'INDEMNITÉ

Section 1. LES RÈGLES DE COMPÉTENCE


§ 1. Le juge de l'expropriation est compétent pour réparer
les préjudices directement causés par l'expropriation
§ 2. Le juge de l'expropriation est incompétent pour réparer
les dommages de travaux publics
§ 3. Le juge de l'expropriation est incompétent pour réparer
les dommages causés par les voies de fait ou les emprises
irrégulières
§ 4. Le juge de l'expropriation est incompétent pour connaître
des contestations sérieuses relatives au fond du droit
ou à la qualité des réclamants
Section 2. LES RÈGLES DE PROCÉDURE
§ 1. La détermination des bénéficiaires
§ 2. La notification des offres
§ 3. La saisine du juge
§ 4. Les conclusions du commissaire du gouvernement
§ 5. La visite des lieux
§ 6. L'audience et le jugement
§ 7. Les voies de recours
Section 3. LES RÈGLES DE FOND
§ 1. Les principes généraux
A. L'indemnisation doit couvrir le préjudice direct, matériel et certain
causé par l'expropriation
B. L'indemnisation doit être intégrale
C. L'indemnisation doit être effectuée en euros
§ 2.Les dispositions techniques
A.La date de détermination de la consistance des biens
B.La date d'estimation de la valeur des biens expropriés
C.La prise en compte des accords amiables et des évaluations
et déclarations fiscales
D. La règle des mutations récentes
E. La récupération des plus values

787 Alors que la compétence du juge judiciaire pour procéder au transfert de


propriété est constante depuis la loi du 8 mars 1810, il n'en a pas été toujours
de même de sa compétence en matière de fixation de l'indemnité. Comme on l'a
déjà indiqué (v. ss 619 s.), alors que la loi du 8 mars 1810 lui avait également
confié le soin de déterminer directement, en l'absence d'accord amiable, le
montant des indemnités dues du fait d'une expropriation, cette compétence lui a
été enlevée par la loi du 7 juillet 1833 pour être confiée à un jury de
propriétaires, lui-même remplacé, en 1935, par une commission arbitrale
d'évaluation . En définitive, il faudra attendre l'ordonnance du 23 octobre
2739

1958 pour que l'on en revienne à la solution de 1810 : faute d'accord, les
indemnités d'expropriation sont déterminées par le juge judiciaire lui-même et,
plus précisément, par le juge de l'expropriation. On examinera successivement
les règles de compétence, de procédure et de fond qui conditionnent
l'intervention du juge de l'expropriation en la matière.

SECTION 1. LES RÈGLES DE COMPÉTENCE

788 Le juge de l'expropriation n'est compétent que pour réparer les préjudices
directement causés par l'expropriation. En revanche, il n'est pas compétent pour
réparer les dommages de travaux publics, pour réparer les dommages causés
par les voies de fait ou les emprises irrégulières ou pour connaître des
contestations sérieuses concernant le fond du droit ou la qualité des réclamants
alors même que ces dommages ou contestations ont un lien avec
l'expropriation.

§ 1. Le juge de l'expropriation est compétent pour réparer


les préjudices directement causés par l'expropriation

789 Le juge de l'expropriation n'a qu'une compétence d'attribution limitativement


définie par la règle de droit. Outre le transfert de propriété (v. ss 775 s.) et les
compétences ponctuelles qu'a pu lui attribuer tel ou tel texte déterminé (v.
ss 774), il n'est compétent que pour réparer les préjudices directement causés
par l'expropriation.
Sa mission essentielle sera donc de déterminer le montant des indemnités
d'expropriation. À ce propos, l'article L. 321-1 du Code de l'expropriation
dispose que les indemnités d'expropriation « doivent couvrir l'intégralité du
préjudice direct… causé par l'expropriation ». Aussi sera-t-il compétent pour
fixer le montant, non seulement de l'indemnité principale représentant la valeur
patrimoniale du bien exproprié, mais aussi, le cas échéant, des indemnités
accessoires correspondant aux divers chefs de préjudices subis par l'exproprié
et sur lesquels on reviendra ultérieurement (v. ss 808) : par exemple indemnité
de remploi destinée à couvrir les frais de tous ordres exposés par le
propriétaire exproprié pour l'acquisition d'un bien de même nature que celui
dont il est dépossédé, par exemple encore indemnité de dépréciation du surplus
dont l'objet est de couvrir la moins-value causée au reste d'une propriété par
une expropriation qui ne porte que sur une de ses parties.
Par ailleurs, dans la mesure où la réparation des préjudices causés peut
prendre parfois la forme d'une réparation en nature (v. ss 810), il est également
compétent pour avaliser ou déterminer cette dernière.
Enfin, il est également compétent pour connaître des litiges que soulève
l'exécution de ses décisions en la matière . À ce titre, il est compétent pour
2740

connaître de toute contestation relative à la mise en œuvre des dispositions


relatives à la consignation des indemnités d'expropriation (v. ss 817), pour
statuer sur les demandes d'intérêts de retard (v. ss 817), pour décider de
l'expulsion des propriétaires expropriés se maintenant dans les lieux une fois
l'indemnité d'expropriation payée ou consignée (v. ss 818) ou pour juger des
litiges relatifs à la réparation en nature des préjudices causés par
l'expropriation .
2741

§ 2. Le juge de l'expropriation est incompétent pour réparer


les dommages de travaux publics

790 Comme on l'a déjà indiqué (v. ss. 557), la jurisprudence considère que les
dommages causés par les ouvrages publics construits ou par les travaux publics
effectués sur le bien exproprié ne sont provoqués qu'indirectement par
l'expropriation de telle sorte que leur réparation échappe à la compétence du
juge de l'expropriation pour relever de la compétence du juge administratif.
C'est ainsi que le juge administratif est seul compétent pour réparer les
dommages suivants causés par des travaux publics alors même qu'ils ont pu
être effectués sur un bien exproprié et que le demandeur peut être l'ancien
propriétaire du bien exproprié : bruits et odeurs provenant d'une autoroute , 2742

préjudice subi du fait de l'aménagement d'un nouveau carrefour ou d'une


nouvelle rocade , perte de trois accès sur la voie publique et allongement de
2743

parcours ou encore nuisances causés par une voie à grande circulation.


2744 2745

Comme on peut s'en douter, la question de savoir si le dommage est


imputable directement à la dépossession ou procède des travaux publics qu'elle
a permis de réaliser peut s'avérer, dans certains cas, particulièrement délicate à
trancher, d'où l'intervention du Tribunal des conflits .
2746

§ 3. Le juge de l'expropriation est incompétent pour réparer


les dommages causés par les voies de fait ou les emprises
irrégulières

791 Lorsque l'administration commet une voie de fait, la réparation de ses


conséquences dommageables échappera à la compétence du juge de
l'expropriation, même si la voie de fait trouve sa source dans une opération
d'expropriation, pour relever de celle du juge judiciaire de droit commun . 2747

Les dommages en cause ne sont plus en effet considérés comme directement


causés par l'expropriation puisque, du fait de la voie de fait, il y a, en quelque
sorte, dénaturation de l'opération en cause. Ainsi, relève du juge judiciaire de
droit commun l'action intentée contre une commune par un commerçant qu'elle
avait obligé à quitter les lieux sans qu'il ait été encore statué sur ses droits à
indemnité et sans que, a fortiori, cette dernière ait été payée ou consignée de
telle sorte qu'il y avait voie de fait .
2748

De la même manière, le juge de l'expropriation est en principe incompétent


pour réparer le préjudice résultant d'une emprise irrégulière. Dans le passé,
cette réparation relevait de la compétence du juge judiciaire de droit
commun . Dorénavant, elle relève de la compétence du juge administratif, du
2749

moins lorsque l'atteinte à la propriété privée résulte d'une décision


administrative . En revanche, lorsque l'emprise irrégulière résulte d'une prise
2750

de possession par l'expropriant d'un bien sur le fondement d'une ordonnance


d'expropriation qui est ensuite cassée ou jugée dépourvue de base légale du fait
de l'annulation postérieure de la DUP ou de l'arrêté de cessibilité, c'est le juge
judiciaire qui demeure compétent pour accorder des dommages et intérêts –
juge judiciaire de droit commun dans l'hypothèse de la cassation de
l'ordonnance par application des règles de droit commun, juge de
l'expropriation dans l'hypothèse de la constatation de son défaut de base légale
sur le fondement des dispositions spécifiques de l'article R. 223-6 du Code de
l'expropriation.

§ 4. Le juge de l'expropriation est incompétent


pour connaître des contestations sérieuses relatives au fond
du droit ou à la qualité des réclamants

792 De la même manière, le juge de l'expropriation n'est pas compétent pour


connaître des contestations sérieuses relatives au fond du droit ou à la qualité
des réclamants : par exemple contestation sérieuse sur la superficie du terrain
exproprié , sur la qualité de propriétaire
2751 2752
ou sur l'existence d'un droit au
bail . Ces contestations relèvent, dans les cas qui viennent d'être mentionnés,
2753

de la compétence du juge judiciaire ordinaire.


Dans la mesure où leur règlement conditionne le jugement fixant les
indemnités dues, c'est-à-dire dans la mesure où l'on a affaire à des questions
préjudicielles, les règles traditionnelles de procédure voudraient que le juge de
l'expropriation sursoie à statuer jusqu'à ce qu'elles soient résolues par le juge
de droit commun. Mais, afin d'éviter que l'intervention de ce dernier ne retarde
la fixation de l'indemnité par le juge de l'expropriation et, partant, la prise de
possession par l'expropriant, l'article L. 13-8 de l'ancien Code de
l'expropriation imposait au juge de l'expropriation de statuer immédiatement
sur les questions indemnitaires « indépendamment de ces contestations et
difficultés sur lesquelles les parties sont renvoyées à se pourvoir devant qui de
droit ».
Pour que les intérêts des réclamants ne soient pas toutefois frontalement
lésés, le juge de l'expropriation avait alors pris l'habitude de procéder de la
façon suivante : si c'est la superficie du bien exproprié qui faisait l'objet de la
contestation, il fixait le montant de l'indemnité au mètre carré à charge ensuite
que ce montant soit multiplié par le nombre de mètres carrés une fois résolu le
litige sur la superficie du bien exproprié ; si c'est la qualité de propriétaire d'un
réclamant qui était contestée, il fixait des indemnités alternatives selon qu'il
serait reconnu ou non qu'il avait un droit de propriété sur le bien en cause ; de
la même manière, il déterminait une indemnité hypothétique lorsque le litige
portait sur l'existence d'un droit au bail.
Considérant toutefois que l'article L. 13-8 de l'ancien Code pouvait être
contraire tant à l'article 16 de la Déclaration de 1789 qui garantit le droit à un
recours effectif qu'à l'article 17 relatif au droit de propriété, il a été soumis au
Conseil constitutionnel par le biais d'une question prioritaire de
constitutionnalité. Dans sa décision , la haute instance ne relève aucune
2754
inconstitutionnalité car, lorsque le juge de l'expropriation renvoie les parties à
se pourvoir devant le juge compétent si celles-ci soulèvent des contestations ou
difficultés, « il doit tenir compte de l'existence de celles-ci lorsqu'il fixe le
montant de l'indemnité et au besoin prévoir plusieurs indemnités correspondant
aux différentes hypothèses envisagées » . Comme on vient de l'indiquer, c'est
2755

très exactement ce que faisait le juge de l'expropriation sans que, pour autant,
l'article L. 13-8 de l'ancien Code ne le lui impose.
Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que le nouveau Code de
l'expropriation ait repris expressément à son compte cette exigence. Son article
L. 311-8 dispose en effet que, « lorsqu'il existe une contestation sérieuse sur le
fond du droit ou sur la qualité des réclamants et toutes les fois qu'il s'élève des
difficultés étrangères à la fixation du montant de l'indemnité, le juge fixe,
indépendamment de ces contestations et difficultés, autant d'indemnités
alternatives qu'il y a d'hypothèses envisageables et renvoie les parties à se
pourvoir devant qui de droit ».

SECTION 2. LES RÈGLES DE PROCÉDURE

793 La procédure de fixation de l'indemnité d'expropriation, du moins pour celles


de ses règles qui relèvent de la compétence réglementaire, a été assez
sensiblement modifiée par le décret n 2005-467 du 13 mai 2005
o
qui vise
2756

notamment, comme on le verra, à rendre cette procédure plus conforme aux


exigences de la Convention européenne des droits de l'homme. Elle a été aussi
modifiée à la marge lors de l'édiction du nouveau Code de l'expropriation.

§ 1. La détermination des bénéficiaires

794 Aux termes de l'article L. 311-1 du Code de l'expropriation, l'expropriant


notifie aux propriétaires et usufruitiers intéressés, soit l'avis d'ouverture de
l'enquête, soit l'acte déclarant l'utilité publique, soit l'arrêté de cessibilité, soit
l'ordonnance d'expropriation.
Les propriétaires et usufruitiers sont alors tenus de lui faire connaître, dans
le délai d'un mois, les fermiers, les locataires, ceux qui ont des droits
d'emphytéose, d'habitation ou d'usage et ceux qui peuvent réclamer des
servitudes. S'ils ne le font pas, ces derniers sont privés de tout droit à
indemnité 2757
(sauf si l'expropriant n'ignore pas leur existence parce que, par
exemple, ils se sont fait connaître directement à lui). En revanche, ils peuvent
intenter une action en dommages et intérêts contre le propriétaire négligeant
devant le juge judiciaire de droit commun . 2758

Par ailleurs, aux termes de l'article L. 311-3 précisés par l'article R. 311-2,
l'expropriant doit, par voie d'affichage (et éventuellement par tous autres
procédés) dans chacune des communes désignées par le préfet et par voie
d'insertion dans un des journaux diffusés dans le département, publier un avis
invitant les autres intéressés (c'est-à-dire ceux qui n'ont pas la qualité de
propriétaire, d'usufruitier, de fermier, de locataire, de titulaire de droits
d'emphytéose, d'habitation ou d'usage et de bénéficiaire de servitudes) à se
faire connaître dans le même délai d'un mois faute de quoi ils seront déchus de
tous droits à indemnité.
Cette notification et cette publication peuvent être faites en même temps que
les formalités de publicité prévues pour l'enquête publique préalable à la
déclaration d'utilité publique ou pour l'enquête parcellaire .2759

§ 2. La notification des offres

795 À partir de l'ouverture de l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique,


l'expropriant doit, dès qu'il est en mesure de déterminer les parcelles qu'il
envisage d'exproprier et après avoir recueilli l'avis du directeur départemental
des finances publiques , notifier le montant de ses offres à chacun des
2760

intéressés susceptibles d'obtenir une indemnisation , et cela même s'il estime


2761

que tel ou tel d'entre eux est, en réalité, dépourvu de droit à indemnité . 2762

Chacune offre doit distinguer l'indemnité principale et, le cas échéant, les
offres en nature et chacune des indemnités accessoires ainsi que, si
l'expropriant est tenu au relogement, la commune dans laquelle est situé le local
offert.
Les intéressés ont alors un délai d'un mois pour faire connaître leur réponse
par écrit. S'ils acceptent les offres de l'expropriant, il n'y a aucun problème. En
revanche, s'ils les rejettent, ils doivent porter à sa connaissance le montant
détaillé de leurs demandes à la suite de quoi la phase contentieuse débute.

§ 3. La saisine du juge

796 À défaut d'accord dans le délai d'un mois à partir de la notification des offres
de l'expropriant, le juge de l'expropriation dans le ressort duquel se trouvent
les biens en cause peut être saisi par la partie la plus diligente à la condition, si
la saisine émane de l'expropriant, que l'enquête publique préalable à la
déclaration d'utilité publique ait déjà été ouverte ou, si la saisine émane de
l'exproprié, que l'ordonnance d'expropriation ait déjà été rendue . 2763

Le demandeur joint à sa saisine un mémoire qu'il notifie simultanément à


2764

la partie adverse. Le défendeur dispose d'un délai de six semaines à compter


de la notification du mémoire du demandeur pour adresser son mémoire en
réponse. Les mémoires indiquent le montant offert ou demandé pour l'indemnité
principale et, le cas échéant, pour chacune des indemnités accessoires et
donnent éventuellement toutes précisions utiles au sujet des offres en nature.
Peuvent y être joints tous documents ou pièces que les parties entendent
produire .
2765

§ 4. Les conclusions du commissaire du gouvernement

797 C'est le directeur des finances publiques du département dans lequel la


juridiction de l'expropriation a son siège qui exerce auprès d'elle les fonctions
de commissaire du gouvernement mais il peut désigner des fonctionnaires de
l'administration des domaines pour le suppléer. Tant lui que ces agents ne
peuvent avoir donné, pour le compte de l'expropriant, l'avis d'estimation
préalable aux offres d'indemnités .2766

De tout temps, il s'est agi d'une institution contestée . Déjà, lorsque le


2767

Conseil d'État avait été saisi d'un recours contre la disposition du décret du
20 novembre 1959 qui disposait alors que, le commissaire du gouvernement
une fois entendu, aucune partie ne pouvait obtenir la parole mais seulement
remettre de simples notes énonciatives des faits sur lesquels elles prétendraient
que des inexactitudes ont été avancées au cours des débats, il l'avait annulé en
considérant que, « compte tenu du rôle de partie à l'instance qu'assume le
commissaire du gouvernement, la procédure instituée par le décret attaqué n'est
pas contradictoire dans les rapports du commissaire du gouvernement et des
autres parties » . La doctrine, d'ailleurs, avait à cette occasion qualifié le
2768

commissaire du gouvernement de « monstre juridique » . Pourtant, par la


2769

suite, les juridictions de l'ordre judiciaire, Cour de cassation en tête, s'étaient


dans leur ensemble refusées à voir dans le commissaire du gouvernement une
partie. Il était pour elles un simple conseiller technique de la juridiction de
l'expropriation se bornant à lui apporter un certain nombre d'informations sans
que ce rôle ne viole les principes posés par la Convention européenne des
droits de l'homme car il ne participait pas à la décision .
2770

Telle n'a pas été toutefois l'analyse de la Cour européenne des droits de
l'homme dans son arrêt Yvon c/ France rendu en 2003 au vu du droit alors
2771

applicable. Elle relève en premier lieu que le commissaire du gouvernement a


un accès général au fichier immobilier sur lequel sont répertoriées toutes les
mutations alors que l'exproprié ne dispose que d'un accès restreint à ce fichier.
Elle relève en deuxième lieu qu'aucun texte ne l'oblige, contrairement aux
autres parties, à notifier ses conclusions (même si la jurisprudence et la
pratique avaient quelque peu comblé cette lacune). En troisième lieu et surtout,
ses conclusions prennent un poids particulier lorsqu'elles tendent à une
évaluation inférieure à celle proposée par l'expropriant dans la mesure où elles
lient dans une large mesure le juge de l'expropriation. Il en résulte, conclut la
Cour, un déséquilibre incompatible avec le principe de l'égalité des armes,
d'où l'inconventionnalité des règles qui régissent son intervention.
La Cour de cassation s'est immédiatement alignée sur cette analyse. Dès un
arrêt du 2 juillet 2003 , elle considère que violent en effet l'article 6-l de la
2772

Convention les dispositions réglementaires du Code de l'expropriation


relatives au rôle tenu par le commissaire du gouvernement dans la fixation des
indemnités dès lors que leur application entraîne un déséquilibre incompatible
avec le principe de l'égalité des armes.
Il revenait donc au pouvoir réglementaire de les modifier afin de faire
disparaître leur inconventionnalité, ce qui a été fait, au moins partiellement, par
le décret précité n 2005-467 du 13 mai 2005 qui dispose notamment que « le
o

commissaire du gouvernement exerce ses missions dans le respect de la


contradiction guidant le procès civil » .
2773

S'agissant ainsi des conclusions du commissaire du gouvernement, l'article


R. 311-16 dont la rédaction est largement issue du décret de 2005 pose trois
règles qui tranchent largement avec l'état du droit antérieur à 2005, la première
relative à la notification des conclusions, la seconde à leur contenu et la
troisième à la possibilité pour les parties d'y répondre. En premier lieu, sous
peine d'irrecevabilité, le commissaire du gouvernement a l'obligation de
notifier ses conclusions aux parties à l'instance au moins huit jours avant la
visite des lieux. En second lieu, ses conclusions contiennent les éléments
nécessaires à l'information de la juridiction. Elles comportent notamment les
références à tous les termes de la comparaison issus des actes de mutation
sélectionnés sur lesquels il s'est fondé pour retenir l'évaluation qu'il propose
ainsi que toute indication sur les raisons pour lesquelles les éléments pertinents
ont été écartés. Elles comportent également une évaluation motivée des
indemnités principales et, le cas échéant, des indemnités accessoires. En
troisième lieu, les parties peuvent répondre aux conclusions du commissaire du
gouvernement par note écrite recevable jusqu'au jour de l'audience. Même si la
doctrine a pu trouver que ces nouvelles règles n'allaient pas assez loin, elles
ont semblé suffisante tant au Conseil d'État qu'à la Cour de cassation pour
2774 2775

garantir le principe du respect des armes.


§ 5. La visite des lieux 2776

798 Le juge de l'expropriation fixe, par ordonnance, la date de la visite des lieux.
Elle doit se tenir dans les deux mois suivant cette ordonnance mais
postérieurement à l'expiration du délai de six semaines à compter de la
notification au défendeur du mémoire du demandeur et qui est laissé au
défendeur pour lui permettre de présenter son mémoire en réponse . Elle se
2777

déroule en présence des parties qui doivent être avisées, au moins quinze jours
à l'avance, de sa date . Elle se déroule également en présence du
2778

commissaire du gouvernement qui doit être prévenu de sa date dans les mêmes
délais .
2779

Dans le passé, le juge de l'expropriation ne pouvait pas se faire assister d'un


expert puisque la raison d'être de la création, par l'ordonnance du 23 octobre
2780

1958, de la juridiction de l'expropriation était la mise sur pied d'un corps de


magistrats spécialisés dans la connaissance des problèmes fonciers et n'ayant
pas, de ce fait, à s'en remettre à autrui. Toutefois, il est vite apparu que
l'intervention d'un expert pouvait être utile dans certaines situations
particulières. Aussi, l'article R. 322-1, issu de l'article 33 du décret n 2005-o

467 du 13 mai 2005 , dispose-t-il que, en vue de la détermination de la


2781

valeur d'immeubles et d'éléments immobiliers non transférables présentant des


difficultés particulières d'évaluation, le juge de l'expropriation peut désigner un
expert par décision motivée ou se faire assister, lors de la visite des lieux, par
un notaire ou un notaire honoraire désigné sur une liste établie pour l'ensemble
du ressort de la cour d'appel par le premier président sur proposition du
conseil régional des notaires.
De la même manière, mais cette possibilité existait depuis longtemps , il 2782

peut aussi, à titre exceptionnel, désigner une personne qui lui paraît qualifiée en
cas de difficultés d'ordre technique portant sur la détermination du montant des
indemnités autres que celles qui viennent d'être mentionnées.
À la suite de la visite des lieux, il est établi un procès-verbal des
opérations . 2783

§ 6. L'audience et le jugement

799 En application de l'article R. 311-18 du Code de l'expropriation, l'audience se


tient à l'issue du transport sur les lieux. Au plus tard au cours de ce transport, le
juge fait connaître aux parties et au commissaire du gouvernement les lieu et
heure de l'audience qui peut se tenir hors des locaux où siège le tribunal . À 2784

l'audience, le juge entend obligatoirement les parties qui peuvent se faire


assister ou représenter par un avocat ou par un parent ou allié jusqu'au sixième
degré . Elles ne peuvent développer que des éléments des mémoires qu'elles
2785

ont présentés . Dans le passé, le juge devait également entendre les


2786

observations et conclusions du commissaire du gouvernement. Aujourd'hui, ce


dernier n'intervient plus à l'audience que s'il le demande . L'expert ou le
2787

notaire qui a pu assister le juge lors de la visite des lieux peut également être
entendu . 2788

Si, à l'expiration d'un délai de huit jours à compter du transport sur les lieux,
l'expropriant et l'exproprié sont toujours en désaccord sur les conditions de
l'indemnisation, le juge statue . D'une façon qui n'est peut-être pas très
2789

logique, il a été considéré que ce juge pouvait très bien ne pas être le juge qui
avait procédé à la visite des lieux . Le juge statue dans la limite des
2790

prétentions des parties, telles qu'elles résultent de leurs mémoires et des


conclusions du commissaire du gouvernement si celui-ci propose une
évaluation inférieure à celle de l'expropriant . Il ne peut donc fixer une valeur
2791

supérieure à celle demandée par les expropriés ni une valeur inférieure à celle
offerte par l'expropriant ou proposée par le commissaire du gouvernement. S'il
écarte les conclusions du commissaire du gouvernement proposant une
évaluation inférieure à celle de l'expropriant, il devait, dans le passé, indiquer
spécialement, dans son jugement, les motifs du rejet mais cette règle, qui
accordait une position privilégiée au commissaire du gouvernement, a été
supprimée par le décret de 2005 . Dans la somme allouée à chaque intéressé,
2792

son jugement doit distinguer l'indemnité principale et, le cas échéant, les
indemnités accessoires – indemnité de remploi, indemnité de dépréciation du
surplus… – en précisant les bases sur lesquelles ces diverses indemnités sont
calculées . Si les parties demandent des indemnités à des titres différents –
2793

propriétaires, locataires, titulaires d'un droit d'usage, bénéficiaires d'une


servitude –, il doit prononcer des indemnités distinctes . Le fait qu'un recours
2794

ait été intenté contre l'arrêté de cessibilité ou l'ordonnance d'expropriation ne


saurait permettre au juge de l'expropriation de surseoir à statuer sur la fixation
du montant des indemnités, la procédure devant en tout état de cause se
poursuivre . 2795

§ 7. Les voies de recours

800 Si l'ordonnance d'expropriation ne peut, réserve faite du recours spécifique


devant le juge de l'expropriation lui-même introduit par la loi du 2 février
1995, donner lieu qu'à un pourvoi en cassation, il n'en va pas de même du
jugement de fixation de l'indemnité. Ici, appel et pourvoi en cassation sont
successivement possibles.
L'appel , qui n'est pas suspensif, est interjeté par les parties ou par le
2796

commissaire du gouvernement. Il doit intervenir dans un délai d'un mois à


compter de la notification du jugement du juge de l'expropriation. À peine de
caducité de la déclaration d'appel, relevée d'office, l'appelant doit déposer ou
adresser au greffe de la cour ses conclusions et les documents qu'il entend
produire dans un délai de trois mois à compter de la déclaration d'appel. À
peine d'irrecevabilité, relevée d'office, l'intimé doit déposer ou adresser au
greffe de la cour ses conclusions et les documents qu'il entend produire dans un
délai de deux mois à compter de la notification des conclusions de l'appelant.
Le commissaire du gouvernement doit, sous la même sanction et dans le même
délai, déposer ou adresser ses conclusions et l'ensemble des pièces sur
lesquelles il fonde son évaluation. Les parties et le commissaire du
gouvernement sont convoqués à l'audience. La cour d'appel statue sur
mémoires. Toutefois, les parties et le commissaire du gouvernement peuvent
développer lors de l'audience les éléments des mémoires ou des conclusions
qu'ils ont présentés. Le juge d'appel doit respecter sensiblement les mêmes
règles que celles qui gouvernent le comportement du juge de première instance.
C'est ainsi qu'il a l'obligation de statuer dans les limites des prétentions des
parties ou des conclusions du commissaire du gouvernement si celui-ci propose
une évaluation inférieure à celle de l'expropriant, qu'il doit indiquer les motifs
de droit ou de fait en raison desquels chacune des indemnités est allouée…
Le jugement rendu en appel est susceptible d'un pourvoi en cassation. Le
Code de l'expropriation ne contenant aucune disposition spécifique à ce
propos, c'est le droit commun tel qu'il résulte notamment du Code de procédure
civile qui s'applique. Ainsi, le pourvoi en cassation, qui n'est pas, non plus,
suspensif, ne peut être formé que par les parties présentes dans la procédure
d'appel, expropriant et expropriés. En revanche, le commissaire du
gouvernement, n'étant pas, selon le juge judiciaire, « partie principale à la
procédure d'expropriation, n'a aucun intérêt direct et inséparable de celui d'une
des parties » de telle sorte qu'il n'a pas qualité pour se pourvoir 2797
ni pour
intervenir dans un pourvoi déjà formé en déposant un mémoire devant la Cour
de cassation (alors que, on vient de le voir, il peut faire appel du jugement
2798

fixant le montant de l'indemnité sur le fondement de l'article R. 311-24 du Code


de l'expropriation) . Le délai du pourvoi est de deux mois à compter de la
2799

signification du jugement d'appel. À la différence du pourvoi en cassation


contre l'ordonnance d'expropriation, le pourvoi en cassation contre le jugement
d'appel fixant l'indemnité peut invoquer tous les moyens d'un pourvoi en
cassation ordinaire. Les débats ont lieu selon la procédure habituelle à la Cour
de cassation. Si la Cour de cassation rend un arrêt de rejet, l'arrêt de la cour
d'appel devient définitif. Si, à l'inverse, la Cour admet le pourvoi, l'arrêt de la
cour d'appel est alors annulé et l'affaire est renvoyée à une chambre de la cour
d'appel composée différemment (ou à une autre cour d'appel) qui, sous peine
d'irrecevabilité relevée d'office, doit être saisie par la partie la plus diligente
dans un délai de quatre mois à compter de la notification aux parties de l'arrêt
de cassation . 2800

SECTION 3. LES RÈGLES DE FOND

801 Les juges de l'expropriation sont loin d'avoir une liberté totale dans la
détermination du montant de l'indemnité d'expropriation. Bien au contraire, le
Code de l'expropriation pose un certain nombre de principes généraux destinés
à les guider dans l'exercice de leur mission d'évaluation des biens expropriés
et qui sont prolongés par plusieurs dispositions à caractère technique . 2801

§ 1. Les principes généraux

A. L'indemnisation doit couvrir le préjudice direct, matériel


et certain causé par l'expropriation

802 Si l'expropriation s'analyse en une vente forcée, l'exproprié ne reçoit pas un


prix de vente mais des indemnités qui doivent réparer le préjudice subi du
2802

fait de l'expropriation. À ce propos, l'article L. 321-1 du Code de


l'expropriation dispose que les indemnités allouées ne peuvent couvrir que
2803

le préjudice direct, matériel et certain causé par l'expropriation .


2804

1 o Préjudice direct

803 Le préjudice indemnisable doit d'abord être un préjudice direct , c'est-à-dire


2805

un préjudice né de l'expropriation, qui puise sa source dans cette dernière, qui


se rattache à cette dernière par un lien étroit de causalité.
C'est ainsi que les préjudices suivants ont été considérés comme des
préjudices directs : obligation pour un automobiliste qui garait gratuitement sa
voiture dans l'immeuble exproprié de louer un nouveau garage ; préjudice
2806

résultant de l'interruption temporaire d'une activité commerciale s'exerçant


dans des locaux expropriés jusqu'à sa réinstallation dans de nouveaux
locaux ; perte de loyers ou de fermages subis par le propriétaire exproprié
2807

du fait de la rupture anticipée du bail de location provoquée par


l'expropriation ; indemnités de licenciement versées par le propriétaire d'une
2808

entreprise expropriée à ceux de ses salariés qui ont refusé de le suivre dans ses
nouveaux locaux . 2809

En revanche, ne sont pas considérés comme des préjudices directs, non


seulement les préjudices causés par les ouvrages publics ou travaux publics
construits ou effectués sur les immeubles expropriés (v. ss 790), mais aussi le
préjudice fiscal subi par une société bénéficiant d'un régime fiscal
particulièrement favorable qui ne s'étendra pas à l'indemnité d'expropriation 2810

ou encore le préjudice résultant du coût du crédit obtenu par le propriétaire


exproprié pour l'achat du bien en cause . 2811

2 o Préjudice matériel

804 Le préjudice indemnisable doit ensuite être un préjudice matériel.


Il en résulte que le Code de l'expropriation n'autorise pas la réparation du
dommage moral , qu'il s'agisse par exemple de la rupture des liens existant
2812

entre les membres d'une même famille habitant des immeubles contigus dont
l'un est exproprié , du fait que l'exproprié, personne âgée, habitait les lieux
2813

depuis 50 ans ou encore de la perte d'agrément ou d'esthétique d'une


2814

propriété .2815

Il n'était pas certain que cette exclusion du préjudice moral opérée


implicitement par l'article L. 321-1 du Code de l'expropriation soit conforme à
la règle constitutionnelle précitée selon laquelle l'indemnisation doit être
« juste ». Aussi la Cour de cassation a-t-elle posé sur ce point une question
prioritaire de constitutionnalité . La réponse du Conseil constitutionnel a pu
2816

décevoir. Il affirme en effet qu'aucune règle constitutionnelle n'impose que la


collectivité expropriante, poursuivant un but d'utilité publique, soit tenue de
réparer la douleur morale éprouvée par le propriétaire à raison de la perte des
biens expropriés. Par suite, poursuit-il, l'exclusion de la réparation du
préjudice moral ne méconnaît pas la règle du caractère juste de l'indemnisation
de l'expropriation pour cause d'utilité publique . 2817

En conséquence, la Cour de cassation a maintenu sa position en affirmant,


quelques semaines après la décision du Conseil constitutionnel, que le trouble
moral causé aux expropriés par la perte de leur bien fondé sur la durée vécue
dans les lieux, l'âge de l'un d'entre eux et son état de santé n'était pas
indemnisable . 2818

3 o Préjudice certain

805 Le préjudice indemnisable doit enfin être certain. Les préjudices éventuels,
c'est-à-dire ceux dont la manifestation est liée à la réalisation de certains
événements ou à la réunion de certaines conditions, ne sont pas indemnisables,
qu'il s'agisse par exemple de l'impossibilité de réaliser dans l'avenir un projet
de construction qui en était à l'état de simple intention , de la privation d'une
2819

chance de plus-value susceptible d'être offerte par la propriété expropriée 2820

ou encore d'une indemnisation pour perte de décharge alors que la carrière


expropriée n'était pas exploitée à la date de référence .
2821

B. L'indemnisation doit être intégrale

806 Lorsque l'on a affaire à un préjudice qui présente les trois caractères
précédemment évoqués – direct, matériel et certain –, l'article L. 321-1 du
Code de l'expropriation impose qu'il soit réparé intégralement par l'indemnité
allouée par le juge de l'expropriation. C'est ce qui pourra conduire ce dernier à
allouer, non seulement une indemnité principale couvrant la valeur du bien
exproprié, mais également des indemnités accessoires . 2822

1 o Indemnité principale

807 L'indemnité principale couvre, non la valeur du bien qui sera acquis en
2823

remplacement du bien exproprié, mais la valeur vénale du bien exproprié. Elle


est déterminée en tenant compte du point de savoir s'il est occupé ou non . Le
2824

juge de l'expropriation tient également compte des accessoires naturels,


physiques ou juridiques du bien en question, comme par exemple les droits de
pêche, les sources et les droits d'usage d'eau, les droits de chasse ou les
gisements contenus dans le sous-sol . Il applique enfin les dispositions à
2825

caractère technique contenues dans le Code de l'expropriation et qui seront


exposées ultérieurement (v. ss 811 s.).
2 o Indemnités accessoires

808 Il y a d'abord l'indemnité de remploi . Elle est destinée à couvrir les frais de
2826

tous ordres – par exemple droits d'hypothèque ou d'enregistrement ou encore


émoluments du notaire – que l'exproprié aurait normalement à supporter pour
l'achat d'un bien de même nature que celui dont il a été privé du fait de
l'expropriation et qui est destiné à le remplacer. Elle est due même si le
propriétaire exproprié décide de ne pas remployer, ce dernier n'ayant jamais à
justifier des frais de remplacement . Elle est déterminée par le juge en
2827

pourcentage de l'indemnité principale, le pourcentage le plus fréquemment


retenu étant 25 %. L'article R. 322-5 du Code de l'expropriation dispose qu''il
peut ne pas être prévu d'indemnité de remploi dans l'une des deux hypothèses
suivantes : le bien exproprié était notoirement destiné à la vente ; il avait été
2828

mis effectivement en vente par son propriétaire dans les six mois précédant la
déclaration d'utilité publique .
2829

L'indemnité de dépréciation du surplus concerne, elle, l'hypothèse dans


laquelle on a affaire à une expropriation partielle qui provoque une moins-
value du restant de la propriété. Tel est par exemple le cas si l'expropriation
provoque la division en deux parties d'une propriété d'un seul tenant ou la 2830

suppression du jardin d'une propriété portant atteinte à l'harmonie du


domaine . 2831

Le juge peut également accorder une indemnité de clôture destinée par


exemple, au cas d'expropriation partielle, à permettre à l'exproprié de
construire une clôture le long de la nouvelle limite de sa propriété . Cette2832

indemnité de clôture n'est évidemment due que si l'expropriant ne s'est pas


engagé à effectuer lui-même en nature les travaux de clôture.
Une indemnité de déménagement est aussi concevable, que le propriétaire
exproprié demande à être relogé ou pas, du moment que son départ est rendu
obligatoire par l'expropriation.
Les locataires évincés peuvent aussi demander à bénéficier de cette
indemnité de déménagement de même que des indemnités suivantes : indemnité
d'éviction, indemnité de réinstallation prenant en compte le montant des travaux
que le locataire doit effectuer lorsque les nouveaux locaux qui lui sont offerts
ne sont pas en état complet d'habitabilité, indemnité pour travaux non amortis
effectués dans le local dont le locataire est évincé du fait de l'expropriation,
indemnité de privation de jouissance prévue par l'article L. 423-3 du Code de
l'expropriation et qui est accordée lorsque le nouveau local n'offre pas les
mêmes avantages que le local exproprié.
La liste qui vient d'être dressée n'est pas exhaustive. Tout autre préjudice
devra également être indemnisé par le juge de l'expropriation au nom du
principe de la réparation intégrale du moment qu'il s'agit d'un préjudice
matériel, certain et se rattachant directement à l'expropriation .
2833

C. L'indemnisation doit être effectuée en euros

1 o Principe

809 Le principe en est posé par l'article L. 322-12, premier alinéa, du Code de
l'expropriation : « les indemnités sont fixées en euros ». Le juge de
l'expropriation n'a donc pas en principe le droit de décider que tel élément du
préjudice sera réparé en nature . 2834
2 o Exceptions

810 Outre le fait que les parties peuvent toujours prévoir, de façon conventionnelle,
une réparation en nature partielle ou totale, deux exceptions notamment sont
prévues par le Code . 2835

La première concerne les commerçants, artisans ou industriels évincés du


fait de l'expropriation. L'article L. 322-12, deuxième alinéa, du Code de
l'expropriation dispose que « l'expropriant peut, en lieu et place du paiement de
l'indemnité, offrir au commerçant, à l'artisan ou à l'industriel évincé un local
équivalent situé dans la même agglomération ». L'offre d'un tel local est
facultative. Mais, si cette offre est faite par l'expropriant, l'exproprié ne peut la
refuser lorsque le local offert, non seulement est situé dans la même
agglomération que celui qu'il occupait précédemment, mais est aussi équivalent
à ce dernier . C'est le juge de l'expropriation qui est compétent pour statuer
2836

sur les différends relatifs à l'équivalence des locaux .2837

La seconde exception concerne les terrains exploités comme jardins


familiaux et qui se trouvent expropriés. L'article L. 322-13 du Code de
2838

l'expropriation renvoie à leur propos à l'article L. 563-1 du Code rural et de la


pêche maritime aux termes duquel les associations et les exploitants évincés
membres de ces associations « pourront, s'ils le souhaitent, obtenir de
l'expropriant qu'il mette à leur disposition des terrains équivalents en surface et
en équipements, sans préjudice des indemnités dues pour frais de
déménagement ». À la différence de l'hypothèse précédente, ce n'est pas
l'expropriant qui l'a l'initiative de la réparation en nature mais les expropriés et
l'expropriant est dans l'obligation de s'incliner.

§ 2. Les dispositions techniques

A. La date de détermination de la consistance des biens 2839

811 Aux termes de l'article L. 322-1, premier alinéa, du Code de l'expropriation,


« le juge fixe le montant des indemnités d'après la consistance des biens à la
date de l'ordonnance portant transfert de propriété » étant entendu que, par
2840

« consistance », il faut entendre tous les éléments matériels – sous-sol, sol,


construction – et juridiques – baux à usage d'habitation, baux commerciaux –
qui composent le bien exproprié.
Il en résulte que, par exemple, les améliorations apportées au bien
postérieurement à ladite ordonnance ne sont pas indemnisables.
En revanche, les améliorations apportées au bien antérieurement à
l'ordonnance d'expropriation sont en principe indemnisables.
Toutefois, il ne s'agirait pas que les propriétaires procèdent à des
améliorations spéculatives à la seule fin d'obtenir une indemnisation plus
élevée. C'est pourquoi le second alinéa de l'article L. 322-1 poursuit que « les
améliorations de toute nature, telles que constructions, plantations, installations
diverses, acquisitions de marchandises, qui auraient été faites à l'immeuble, à
l'industrie ou au fonds de commerce, même antérieurement à l'ordonnance
d'expropriation, ne donnent lieu à aucune indemnité si, en raison de l'époque à
laquelle ces améliorations ont eu lieu, ou de toutes autres circonstances, il
apparaît qu'elles ont été faites dans le but d'obtenir une indemnité plus élevée.
Sont présumées faites dans ce but, sauf preuve contraire, les améliorations
postérieures à l'ouverture de l'enquête » publique préalable à la DUP. En
d'autres termes, le juge a le droit de ne pas tenir compte des améliorations
effectuées antérieurement à l'ordonnance qui lui semblent faites dans le seul but
d'obtenir une indemnité plus élevée. Si elles ont été faites après l'ouverture de
l'enquête préalable, elles sont présumées être frauduleuses mais il s'agit là
d'une présomption simple dont la preuve contraire peut être apportée par
l'exproprié par tous moyens .2841

Il va de soi que, si un propriétaire s'abstient de faire des travaux à compter


de l'ouverture de l'enquête publique afin de ne pas tomber sous le coup de cette
présomption légale et que, ensuite, la procédure d'expropriation ayant été
abandonnée, il ne puisse les effectuer qu'à des conditions plus onéreuses, il a le
droit de demander réparation du préjudice ainsi subi au juge administratif par
application de la jurisprudence Farsat (v. ss 753).

B. La date d'estimation de la valeur des biens expropriés 2842

812 Une fois la consistance des biens arrêtée, il convient de déterminer la date à
laquelle leur valeur sera appréciée.
À ce propos, le premier alinéa de l'article L. 322-2 pose comme principe
que « les biens sont estimés à la date de la décision de première instance ».
Lorsque la décision rendue par le juge de l'expropriation est frappée d'appel, le
recours ainsi formé est sans incidence sur la date d'évaluation des biens
expropriés si la cour d'appel confirme le jugement de première instance : ces
derniers sont toujours évalués par elle à la date du jugement rendu par le juge
de l'expropriation et cela même si la procédure a duré longtemps . En 2843

revanche, si la cour d'appel annule la décision de première instance, elle doit


se placer à la date à laquelle elle statue pour déterminer la valeur des biens
expropriés .
2844
Toutefois, cette règle de principe selon laquelle les biens sont estimés à la
date de la décision de première instance connaît un tempérament afin de
permettre au juge de ne pas tenir compte des variations de la valeur des biens,
spéculatives ou non, suscitées par les projets ou les comportements de
l'administration. En effet, il arrive que le juge soit dans l'obligation de se
placer plus tôt, à une date dite de référence, qui est normalement un an avant
l'ouverture de l'enquête publique préalable à la DUP . Cette obligation de se
2845

placer à la date de référence ainsi définie joue à propos des questions


suivantes.
– Détermination de l'usage effectif des immeubles et droits réels
immobiliers . Seul est pris en considération l'usage effectif à cette date. Par
2846

exemple, si un bien est situé dans une zone industrielle mais est utilisé à des
fins agricoles à la date de référence, il sera considéré, au moment de son
expropriation, comme un terrain agricole, quel que soit alors son usage
effectif étant entendu que le juge de l'expropriation appréciera sa valeur – en
2847

tant que terrain agricole – à la date de son jugement.


– Prise en compte des servitudes et des restrictions administratives
affectant de façon permanente l'utilisation ou l'exploitation des biens
concernés par l'expropriation . Seules seront prises en compte dans
2848

l'évaluation à laquelle procède le juge au jour de son jugement les servitudes et


restrictions existant à la date de référence sauf si leur institution révèle de la
part de l'expropriant une intention dolosive , par exemple la volonté de faire
2849

baisser les prix le temps de la procédure d'expropriation . 2850

– Prise en compte des changements de valeur provoqués par les projets ou


les réalisation de l'administration. Quelle que soit la nature des biens, il est
interdit au juge de tenir compte des changements de valeur constatées depuis la
date de référence s'ils sont provoqués, soit par l'annonce des travaux ou
opérations dont la DUP est demandée, soit par la perspective de modifications
des règles d'utilisation des sols, soit par la réalisation, dans les trois années
précédant l'enquête publique, de travaux publics dans l'agglomération où est
situé l'immeuble . 2851

– Qualification et évaluation des terrains à bâtir. C'est une question


importante s'il en est puisque les terrains à bâtir sont les terrains dont la valeur
est la plus élevée. La qualité de terrain à bâtir est appréciée par le juge à la
date de référence mais sans tenir compte, contrairement à la règle
2852

précédemment exposée, de leur usage effectif à cette date. Il existe en effet une
définition légale des terrains à bâtir, souvent modifiée au cours des temps , et
2853

qui résulte actuellement de l'article 3 de la loi n 85-729 du 18 juillet


o

1985 relative à la définition et à la mise en œuvre des principes


d'aménagement repris, réserve faite de quelques modifications de forme, à
2854
l'article L. 322-3 du Code de l'expropriation. Selon cette définition, sont
terrains à bâtir les terrains qui, à cette date, sont, quel que soit leur usage
effectif, à la fois : 1 situés dans un secteur désigné comme constructible par un
o

document d'urbanisme (ou, en l'absence d'un tel document, situés dans la partie
actuellement urbanisée d'une commune) ; 2° effectivement desservis par une
voie d'accès, un réseau électrique, un réseau d'eau potable et, si les textes
l'exigent, un réseau d'assainissement à condition que ces divers réseaux soient
situés à proximité immédiate des terrains en cause et soient de dimension
adaptée à la capacité de construction de ces terrains. Si tel est le cas, on a
affaire à un terrain à bâtir qui est évalué comme tel à la date du jugement en
tenant compte des possibilités légales et effectives de construction qui
existaient à la date de référence, de la capacité des équipements précités, des
servitudes affectant l'utilisation des sols, y compris les restrictions
administratives au droit de construire, sauf si leur institution relève, de la part
de l'expropriant, une intention dolosive . Si tel n'est pas le cas, le terrain est
2855

évalué conformément à la règle précédemment évoquée selon laquelle il est


tenu compte de son usage effectif à la date de référence et de la valeur que lui
donne cet usage effectif au jour du jugement . 2856

C. La prise en compte des accords amiables et des évaluations


et déclarations fiscales 2857

813 Dans le souci louable d'éviter qu'il n'y ait des différences trop sensibles entre
les évaluations du juge de l'expropriation et la loi du marché telle qu'elle
résulte des ventes volontaires, l'article L. 322-8 du Code de l'expropriation
impose au juge de l'expropriation de prendre en considération les accords
2858

amiables qui présentent les deux caractéristiques suivantes : d'une part, ils
2859

doivent avoir été conclus entre l'expropriant et les divers titulaires de droits ;
d'autre part, ils doivent avoir été conclus à l'intérieur du périmètre des
opérations faisant l'objet de la déclaration d'utilité publique. Et le juge a ajouté
logiquement qu'ils devaient concerner des biens identiques à ceux faisant
l'objet de son évaluation . Si ces conditions sont remplies, le juge de
2860

l'expropriation, qui doit en préciser la date dans son jugement et vérifier qu'ils
ne sont pas antérieurs à la DUP , « doit tenir compte » de ces accords : cela
2861

ne veut pas dire qu'il soit lié par eux et perde de ce fait tout pouvoir
d'appréciation ; il est simplement tenu de les examiner 2862
mais peut leur
préférer d'autres éléments de comparaison plus pertinents . En d'autres2863

termes, il s'agit d'éléments de comparaison privilégiés mais non exclusifs.


Toutefois, la portée de ces accords amiables semble plus contraignante lorsque
l'on a affaire à des accords amiables assez généralisés car conclus avec au
moins la moitié des propriétaires intéressés et portant sur les deux tiers au
moins des superficies concernées ou car conclus avec les deux tiers au moins
des propriétaires et portant sur la moitié au moins des superficies. Dans un tel
cas, le juge doit, non plus tenir compte de ces accords amiables, mais les
« prendre pour base ». Son pouvoir d'appréciation semble alors plus réduit
sans pour autant disparaître .
2864

Par ailleurs, le juge doit également tenir compte des accords amiables
conclus à l'intérieur des zones d'aménagement différé et des périmètres
provisoires.
Enfin, afin d'éviter qu'il n'y ait des discordances trop fortes entre les
évaluations du juge de l'expropriation et la valeur des biens telle qu'elle a été
constatée par l'administration fiscale ou déclarée à cette dernière, le même
article L. 322-8 impose au juge de l'expropriation de tenir également compte,
dans l'évaluation des indemnités allouées aux propriétaires, commerçants,
industriels et artisans, de la valeur des biens résultant des évaluations
administratives rendues définitives en vertu des lois fiscales ou des
déclarations faites par les contribuables avant l'ouverture de l'enquête . Ici
2865

encore, le juge de l'expropriation n'est pas lié par ces déclarations et


évaluations qui ne sont pour lui qu'un simple élément d'appréciation.

D. La règle des mutations récentes 2866

814 La règle dite des mutations récentes est posée par l'article L. 322-9 du Code de
l'expropriation . Elle limite, dans un cas bien déterminé, le pouvoir
2867

d'appréciation du juge de l'expropriation dans la mesure où elle pose comme


principe que « le montant de l'indemnité principale ne peut excéder l'estimation
faite par l'autorité administrative compétente si une mutation à titre gratuit ou
onéreux, antérieure de moins de cinq ans à la date de la décision portant
transfert de propriété, a donné lieu à une évaluation administrative rendue
définitive en vertu des lois fiscales ou à une déclaration d'un montant inférieur
à cette estimation ». Ainsi, si les biens expropriés ont été transmis par voie
successorale, si cette transmission est intervenue moins de cinq ans avant
l'ordonnance d'expropriation et si la déclaration de succession a attribué à ces
parcelles une valeur inférieure à l'estimation du directeur des finances
publiques (service des domaines) , l'estimation faite par ce dernier
2868 2869
est
alors une estimation plafond que le juge de l'expropriation ne peut pas
dépasser. Certes, il est libre en théorie de fixer l'indemnité d'expropriation à un
montant inférieur à cette estimation voire à un montant inférieur à celui de la
mutation récente . Mais, en pratique, il s'en tient le plus souvent à l'estimation
2870

du service des domaines.


La finalité d'un tel système est simple et judicieuse : il s'agit de dissuader les
propriétaires de sous-évaluer leurs biens lors des mutations auxquelles ils
procèdent puisque la valeur qu'ils déclarent alors est susceptible d'avoir une
influence sur le montant de l'indemnité principale qui leur est versée si le bien
en question fait par la suite l'objet d'une procédure d'expropriation.
Pour autant, un tel système est-il conforme aux exigences conventionnelles et
constitutionnelles ? Sur le premier point, la Cour de cassation a considéré qu'il
ne violait ni l'article premier du premier protocole additionnel à la Convention
européenne des droits de l'homme ni l'article 6 de cette dernière . Sur le
2871 2872

second point, elle a plus récemment éprouvé des doutes et saisi le Conseil
constitutionnel d'une question prioritaire de constitutionnalité portant sur
l'article L. 13-17 de l'ancien Code dont est issu l'article L. 322-9 du nouveau.
Dans sa décision , la haute instance, après avoir souligné qu'un tel système
2873

était bien justifié par la poursuite de l'objectif de valeur constitutionnelle de


lutte contre la fraude fiscale, estime qu'il ne porte pas atteinte à l'exigence
constitutionnelle d'une juste indemnité sous la réserve que l'exproprié ne soit
pas privé de la possibilité de prouver que « l'estimation de l'administration ne
prend pas correctement en compte l'évaluation du marché immobilier ». C'est
pourquoi le nouveau Code de l'expropriation assortit le principe précédemment
évoqué d'un tempérament : le montant de l'indemnité principale ne peut excéder
l'estimation faite par l'autorité administrative compétente « sauf à ce que
l'exproprié apporte la preuve que l'estimation de l'administration ne prend pas
en compte l'évolution du marché de l'immobilier » . 2874

E. La récupération des plus values

815 Lorsque l'on a affaire à une expropriation partielle, il peut arriver que la
réalisation des travaux pour lesquels l'expropriation est demandée provoque
une plus-value du reste de la propriété : par exemple, un terrain enclavé est
partiellement exproprié pour la création d'une voie publique, ce qui entraîne le
désenclavement de sa partie restante qui dispose même d'une façade sur la
nouvelle voie. Dans de telles hypothèses, l'article L. 321-5 du Code de
l'expropriation, qui fait partie des diverses dispositions permettant la
récupération des plus-values causées par les travaux publics (v. ss 526), charge
le juge de l'expropriation de l'évaluation de cette plus-value qui doit faire
l'objet d'une mention particulière dans son jugement et qui se compense en
partie ou en tout avec l'indemnité d'expropriation. Cette solution est
2875
remarquable car elle permet au juge judiciaire d'apprécier la plus-value causée
par des travaux qui sont le plus souvent des travaux publics alors que, dans
l'hypothèse inverse, celle où les travaux publics effectués sur les parcelles
expropriées provoquent une moins-value du restant de la propriété, l'évaluation
de cette moins-value relève de la compétence exclusive du juge administratif
puisque l'on a affaire à un dommage de travaux publics (v. ss 790).

*
**

816 La fin de la procédure d'expropriation ◊ Lorsque le juge judiciaire a


pris l'ordonnance d'expropriation portant transfert de propriété et rendu le
jugement fixant le montant des indemnités , la phase judiciaire est
2876

pratiquement terminée mais non pas la procédure d'expropriation proprement


dite puisqu'il reste à l'expropriant à payer les indemnités avant de pouvoir
prendre possession du bien exproprié. On a déjà indiqué en effet (v. ss 780)
que, si l'ordonnance d'expropriation envoie l'expropriant en possession, ce
dernier ne peut prendre concrètement possession du bien qu'après avoir réglé
les indemnités d'expropriation compte tenu du principe constitutionnel selon
lequel l'indemnisation doit être « préalable ».
A. Le paiement de l'indemnité

817 Le propriétaire ou tout autre titulaire de droit réel exproprié à titre principal,
identifié dans l'ordonnance d'expropriation, peut obtenir le paiement de
l'indemnité sans avoir à justifier de son droit lorsque l'état hypothécaire requis
de son chef par l'expropriant ne révèle, depuis la transcription ou la publication
du titre établissant le droit de l'exproprié, aucun acte translatif ou extinctif
portant sur ce droit . Quant aux fermiers, locataires, usagers ou autres ayants
2877

droit, ils doivent, pour obtenir le paiement de l'indemnité, justifier auprès de


l'expropriant de leur droit à indemnité, par exemple en produisant le bail ou la
convention de location . En tout état de cause, l'expropriant est seul qualifié
2878

pour recevoir et examiner les justifications établissant les droits à indemnité de


l'exproprié .
2879

Trois précisions supplémentaires doivent être apportées.


En premier lieu, au cas d'appel contre le jugement fixant le montant de
l'indemnité et compte tenu du fait que ce dernier n'est pas suspensif, l'article
L. 331-3 du Code de l'expropriation autorise l'expropriant à prendre
possession du bien exproprié moyennant versement d'une indemnité au moins
égale aux propositions faites par lui et consignation du surplus de l'indemnité
fixée par le juge mais, pour ce faire, il faut que des conditions tant de fond que
de procédure soient remplies. Du point de vue du fond, il faut « qu'il existe des
indices sérieux laissant présumer que… l'expropriant ne pourrait recouvrir tout
ou partie des sommes qui lui seraient dues en restitution » dans l'hypothèse où
le juge d'appel évaluerait à la baisse le montant de l'indemnité d'expropriation.
Du point de vue de la procédure, il faut que l'autorisation en soit donnée par le
premier président de la cour d'appel (statuant en référé ). Si, finalement,
2880

« l'indemnité définitivement fixée excède la fraction de l'indemnité fixée par le


juge de première instance qui a été versé à l'exproprié lors de la prise de
possession du bien, l'exproprié doit pouvoir obtenir la réparation de
l‘intégralité du préjudice résultant de l'absence de perception de l'intégralité de
l'indemnité d'expropriation lors de la prise de possession » .2881

En second lieu, en cas d'obstacle au paiement, ce dernier peut être remplacé


par une consignation des fonds correspondant, cette fois-ci, à l'intégralité de
l'indemnité fixée par le juge, consignation des fonds qui a le même effet que le
paiement en ce sens qu'elle permet à l'expropriant de prendre possession des
biens expropriés. L'article R. 323-8 du Code de l'expropriation dresse une liste
(non limitative) des « cas d'obstacle au paiement » dans lesquels le recours à la
consignation est légitime et, partant, la prise de possession possible : par
exemple lorsque les locataires n'ont pas produit les justifications
précédemment évoquées ou lorsqu'elles sont jugées insuffisantes par
l'expropriant, par exemple encore lorsque le droit du réclamant est contesté par
des tiers ou par l'expropriant, par exemple aussi lorsque l'indemnité a été fixée
de façon hypothétique (v. ss 792), par exemple enfin lorsque sont révélées des
inscriptions de privilèges, d'hypothèques ou d'un nantissement grevant le bien
exproprié du chef du propriétaire. Les litiges en matière de consignation
relèvent de la compétence du juge de l'expropriation dans la mesure où il s'agit
là de litiges accessoires à l'indemnisation . 2882

La troisième précision a trait aux retards susceptibles d'affecter le paiement


de l'indemnité . Si, dans un délai de deux mois à partir de la notification de la
2883

décision définitive fixant le montant de l'indemnité, celle ci n'a pas été payée
ou consignée, le préfet est en droit de procéder à son mandatement d'office en
application de l'article 1 de la loi n 80-539 du 16 juillet 1980 relative aux
er o

astreintes en matière administrative et à l'exécution des décision de justice car


on a affaire à une décision juridictionnelle condamnant une personne publique
au paiement d'une somme d'argent au sens des dispositions précitées . Si, 2884

dans un délai de trois mois à partir de la signification, elle n'a toujours pas été
intégralement payée ou consignée, l'exproprié a droit au paiement d'intérêts
moratoires calculés au taux légal . Si, dans un délai d'un an, le règlement de
2885

l'indemnité est toujours pendant, l'exproprié peut demander qu'il soit à nouveau
statué sur son montant , cette réévaluation pouvant se cumuler avec les
2886

intérêts moratoires . En tout état de cause, le préjudice causé par un retard


2887

dans le paiement de l'indemnité donne lieu à réparation, le juge compétent


2888

étant alors en principe le juge administratif car il y a le plus souvent mauvais


fonctionnement des services chargés de l'ordonnancement et du paiement des
dettes des collectivités publiques . 2889

B. La prise de possession 2890

1° Prise de possession après paiement ou consignation de l'indemnité

818 Une fois que l'ordonnance d'expropriation a été prononcée et notifiée aux
intéressés , une fois que le jugement fixant le montant des indemnités dues a
2891

été rendu et une fois que ces dernières ont été payées ou consignées,
l'expropriant peut concrètement prendre possession des biens expropriés.
L'article L. 231-1 du Code de l'expropriation dispose d'ailleurs que, dans le
délai d'un mois à compter du paiement ou, en cas d'obstacle au paiement, de la
consignation de l'indemnité, les détenteurs sont tenus de quitter les lieux. Passé
ce délai qui ne peut, en aucun cas, être modifié, même par autorité de justice ,
2892

il peut être procédé à leur expulsion, le juge de l'expropriation statuant dans la


forme des référés étant compétent pour la prononcer et pour condamner
2893

l'occupant à une indemnité pour privation de jouissance car il s'agit là d'une


2894

difficulté d'exécution d'une de ses décisions . 2895

Si, alors même que toutes les conditions préalables à la prise de possession
ont été remplies, l'exproprié se plaint de ses conditions concrètes de
déroulement, par exemple des conditions dans lesquelles ont été enlevés et
entreposés par l'expropriant des matériels laissés dans l'immeuble exproprié
par son ancien propriétaire, le litige, qui n'est pas détachable de la phase
judiciaire de l'expropriation, relève également de la compétence du juge
judiciaire .2896

2° Prise de possession sans paiement ou consignation de l'indemnité

819 Bien évidemment, il est toujours loisible à l'expropriant et au propriétaire de


décider, par accord amiable, d'une prise de possession anticipée, cette dernière
donnant généralement lieu à une indemnité spécifique.
Mais, si, en l'absence d'un tel accord amiable, l'administration prend
possession des lieux avant le paiement ou la consignation des indemnités, elle
commet une irrégularité. Cette irrégularité n'est pas en principe qualifiée de
voie de fait car l'on n'a pas affaire à un acte manifestement insusceptible
2897

d'être rattaché à l'exercice d'un pouvoir appartenant à l'administration. On est


confronté plus vraisemblablement, même si la jurisprudence est parfois
hésitante en la matière, à une simple emprise irrégulière . 2898

En revanche, il y a en principe voie de fait si l'administration occupe les


lieux sans qu'une procédure d'expropriation ait été déclenchée ou alors que
2899

cette dernière n'en est qu'à ses débuts , la seule constatation de la voie de fait
2900

ouvrant droit à réparation indépendamment des préjudices particuliers qu'il


appartient au demandeur de justifier . Dans l'hypothèse, au demeurant
2901

fréquente, où l'administration construit un ouvrage public sur le bien ainsi


indûment occupé, le juge judiciaire, du moins dans l'état traditionnel de la
jurisprudence, ne pouvait lui enjoindre de détruire cet ouvrage compte tenu de
la règle de l'intangibilité de l'ouvrage public (v. ss 530). Mais il pouvait
réparer les conséquences dommageables résultant de l'occupation. Autrefois,
on considérait même qu'il pouvait, par la même décision, transférer la
propriété du bien à l'occupant par application de la théorie de
l'« expropriation » indirecte , appelée également théorie de
2902

l'« expropriation » de fait et qui n'avait d'expropriation que le nom


puisqu'effectuée en dehors du cadre du Code de l'expropriation. Craignant peut-
être une condamnation par la Cour européenne des droits de l'homme, la Cour
de cassation a par la suite abandonné cette théorie en posant comme principe
2903

que le transfert de propriété non demandé par le propriétaire ne peut intervenir


qu'à la suite d'une procédure régulière d'expropriation. Dès lors, au cas de
construction d'un ouvrage public sur un bien indûment occupé, il n'est possible
à l'administration de se l'approprier qu'en déclenchant une procédure régulière
d'expropriation, la DUP ou l'arrêté de cessibilité qu'elle édicte afin de couvrir
l'irrégularité ainsi commise n'étant pas de ce seul fait entaché de détournement
de pouvoir .
2904
TITRE 4
LES PROCÉDURES SPÉCIALES ET LES
INCIDENTS

CHAPITRE 1 LES PROCÉDURES SPÉCIALES


CHAPITRE 2 LES INCIDENTS
À côté de la procédure normale qui vient d'être étudiée, il existe un certain
nombre de procédures spéciales qui dérogent, sur tel ou tel point, à la
procédure de droit commun. Par ailleurs, tant la procédure normale que les
procédures spéciales peuvent voir leur déroulement affecté par plusieurs types
d'incidents.
CHAPITRE 1
LES PROCÉDURES SPÉCIALES

§ 1. La procédure d'urgence
A. Conditions
B. Conséquences
§ 2. La procédure d'extrême urgence
A. Conditions
B. Conséquences
§ 3. La procédure de résorption de l'habitat insalubre ou menaçant
ruine
A. Conditions
B. Conséquences
Nous avons déjà vu, dans les développements qui précèdent, que le
déroulement de la procédure normale d'expropriation n'était pas toujours
uniforme. Par exemple, pour les opérations intéressant la défense nationale, il
n'y a pas lieu à enquête d'utilité publique (v. ss 677). Par exemple encore, pour
les opérations susceptibles d'avoir une incidence sur l'environnement, il y a
bien sûr une enquête mais, afin que cette dernière se déroule de manière encore
plus satisfaisante compte tenu du danger pour l'environnement présenté par les
opérations en question, elle est soumise à des dispositions particulières même
si ces spécificités se sont, ces dernières années, sensiblement atténuées (v.
ss 699 s.). Mais, dans l'une ou l'autre de ces deux hypothèses, on reste dans le
cadre de la procédure d'expropriation de droit commun.
En revanche, il existe, à côté de cette procédure normale, des procédures
spéciales . Avant l'ordonnance de 1958, leur nombre était extrêmement élevé
2905

puisqu'il en avait été dénombré jusqu'à 163 . Il en résultait que les cas
2906

d'application de la procédure normale devenaient paradoxalement de plus en


plus exceptionnels. L'ordonnance de 1958 a mis un frein à cette tendance en
réduisant drastiquement le nombre des procédures spéciales. Mais, depuis, de
nouvelles procédures particulières sont apparues sans que, toutefois, leur
nombre ne soit aussi élevé que par le passé. On s'en tiendra ici aux trois
procédures spéciales les plus importantes, la procédure d'urgence, la
procédure d'extrême urgence et la procédure de résorption de l'habitat
insalubre ou menaçant ruine, qui ont en commun d'accélérer le déroulement de
la procédure d'expropriation.

§ 1. La procédure d'urgence

820 Elle est prévue par les articles L. 232-1 et L. 232-2 du Code de l'expropriation
développés par les articles R. 232-1 à R. 232-8 Elle est sans incidence sur le
déroulement de la phase administrative de l'expropriation. En revanche, elle a
pour conséquence d'accélérer, dans des proportions il est vrai modestes, le
déroulement de la phase judiciaire. Mais, avant d'examiner ces conséquences,
il convient de préciser les conditions qui doivent être remplies pour que la
procédure d'urgence puisse être utilisée.

A. Conditions

821 Deux conditions doivent être cumulativement remplies.


La première est une condition de forme : l'urgence doit être constatée « par
l'acte déclarant l'utilité publique ou par un acte postérieur de même nature » . 2907

C'est ainsi que, si le préfet est compétent pour prononcer par arrêté la DUP, il
l'est également pour déclarer l'urgence par l'arrêté de cessibilité qui, eu égard
tant à son objet qu'à son auteur, doit être regardé comme un acte de la même
nature que la DUP , cette solution ne présentant aucun inconvénient puisque la
2908

procédure d'urgence n'affecte pas le déroulement de la phase administrative


mais exclusivement celui de la phase judiciaire.
La seconde condition est une condition de fond : il doit y avoir « urgence à
prendre possession des biens expropriés » . Cette urgence est appréciée par
2909

l'autorité administrative sous le contrôle du juge administratif. Ce dernier


exerce en principe en la matière un contrôle normal . Toutefois, il ne faudrait
2910

pas pour autant en déduire qu'il est aisé pour les requérants de convaincre le
juge que, contrairement à ce qu'affirme l'administration, il n'y a pas urgence à
prendre possession des biens expropriés. Il est rarissime que le Conseil d'État
conclue à l'absence d'urgence. Il est rare qu'il prenne la peine d'expliquer
pourquoi il y a urgence et encore, lorsqu'il tente de le faire, il s'agit toujours de
projets de mineure importance comme des lotissements communaux . Il est 2911

très fréquent que, confronté à des opérations de portée nationale, il se borne à


affirmer laconiquement que les travaux projetés justifient la mise en œuvre de
la procédure d'urgence 2912
et cela même si la DUP a prévu un temps
relativement long de réalisation de l'opération car, « eu égard à l'ampleur de
l'opération projetée, le délai imposé pour la réalisation des expropriations
éventuellement nécessaires n'est pas incompatible avec l'urgence de cette prise
de possession » . 2913

B. Conséquences

822 La déclaration d'urgence n'a aucune conséquence sur le déroulement de la


phase administrative. En revanche, elle accélère, dans des proportions
modestes , le déroulement de la phase judiciaire et, plus précisément, de la
2914

fixation des indemnités.


C'est ainsi que le délai minimum pour saisir le juge de l'expropriation est de
quinze jours et non plus d'un mois à compter de la notification des offres de
l'expropriant et que le délai du transport sur les lieux est d'un mois et non de
2915

deux mois 2916

Mais la particularité la plus importante a trait aux modalités de fixation des


indemnités. Le juge de l'expropriation peut en effet, s'il ne s'estime pas
suffisamment éclairé, fixer, à l'issue de l'audience et par un jugement qui ne
peut être attaqué que par la voie d'un pourvoi en cassation , « le montant
2917

d'indemnités provisionnelles et autoriser l'expropriant à prendre possession


moyennant le paiement ou, en cas d'obstacle au paiement, la consignation des
indemnités fixées » . Il n'a donc pas à attendre d'avoir toutes les données
2918

nécessaires pour fixer le montant des indemnités. Il peut, à la condition d'avoir


respecté le principe du contradictoire et alors même qu'il lui reviendra de
2919

fixer ultérieurement les indemnités définitives , arrêter des indemnités


2920

provisionnelles qui peuvent être inférieures aux offres de l'expropriant et la


2921

prise de possession peut avoir lieu dès le paiement ou, en cas d'obstacle au
paiement, la consignation de ces indemnités provisionnelles. Se pose alors
évidemment la question de savoir si ce système respecte l'exigence
constitutionnelle d'une indemnisation préalable. On sait que, pour le Conseil
constitutionnel, si la prise de possession doit, en principe, être subordonnée au
versement préalable de l'indemnisation, l'octroi d'une provision n'est pas
incompatible avec les exigences constitutionnelles si plusieurs conditions sont
remplies : il faut que ce soit justifié par un motif impérieux d'intérêt général ; il
faut que les droits des propriétaires soient garantis ; il faut que le champ
d'application de la dérogation au principe du caractère préalable soit
étroitement circonscrit . Dès lors, on aurait pu s'attendre à ce que le Conseil
2922

constitutionnel vérifie le respect de ces exigences lorsqu'il a été conduit à


statuer sur la constitutionnalité de la procédure d'urgence. Pourtant, dans sa
décision , s'il vérifie bien que les droits des propriétaires expropriés sont
2923
garantis, on ne trouve aucune référence explicite au motif impérieux d'intérêt
général ni au caractère étroitement circonscrit de la dérogation. Cela traduit
sans doute de la part du Conseil un certain assouplissement, en l'espèce, de
l'exigence d'une indemnisation préalable à la prise de possession qui s'explique
vraisemblablement par le fait que, dans la procédure d'urgence, les indemnités
provisionnelles sont fixées par le juge et non pas, comme par exemple dans la
procédure d'extrême urgence, par l'administration elle-même.
En tout état de cause, dans le délai d'un mois à compter du jugement fixant
les indemnités prévisionnelles et quinze jours au moins à l'avance, les parties,
le commissaire du gouvernement et, le cas échéant, l'expert, le notaire ou
l'homme de l'art désigné pour éclairer le juge, sont convoqués par le greffier à
l'audience en vue de la fixation des indemnités définitives .
2924

§ 2. La procédure d'extrême urgence 2925

823 Son régime est organisé par les articles L. 521-1 à L. 522-4 du Code de
l'expropriation développés par les articles R. 521-1 à R. 522-1. Elle a pour
conséquence d'accélérer assez sensiblement la prise de possession par
l'administration des biens concernés par l'expropriation. Mais, ici encore,
avant d'étudier cette conséquence, il convient d'énumérer les conditions qui
doivent être remplies pour que la procédure d'extrême urgence puisse jouer.

A. Conditions

824 En premier lieu, la procédure d'extrême urgence ne peut concerner que


certaines opérations. Alors que la procédure d'urgence peut s'appliquer à
n'importe quel type d'opération du moment qu'il y a urgence à prendre
possession des biens concernés, la procédure d'extrême urgence ne peut être
utilisée que pour certaines opérations limitativement énumérées. À l'origine, il
s'agissait exclusivement de travaux intéressant la défense nationale . Par la
2926

suite, la loi n 70-1263 du 23 décembre 1970 a prévu qu'une procédure


o

sensiblement identique pourrait concerner également les travaux de


construction de routes nationales, de sections nouvelles de routes nationales et
d'oléoducs puis la loi n 89-413 du 11 juin 1989 a ajouté à cette liste les
o

travaux de construction d'autoroutes et de routes express tandis que la loi n 89-


o

550 du 2 août 1989 visait les voies de chemin de fer et la loi n 2010-788 du
o

12 juillet 2010 les voies de tramways ou de transport en commun en site


propre . Par ailleurs, certains textes particuliers ont prévu également, à titre
2927

temporaire, le recours à la procédure d'extrême urgence pour certaines


opérations spécifiques .
2928

En second lieu, la procédure d'extrême urgence ne peut concerner que


certains immeubles. Alors que, ici encore, la procédure d'urgence peut
concerner n'importe quel bien, la procédure d'extrême urgence ne peut
concerner que des terrains non bâtis .2929

En troisième lieu, la procédure d'extrême urgence n'est possible que si


l'extrême urgence rend nécessaire l'exécution immédiate de travaux intéressant
la défense nationale 2930
ou, dans le cas des autres travaux, qu'à titre
exceptionnel si leur exécution risque d'être retardée par des difficultés tenant à
la prise de possession d'un ou plusieurs immeubles situés sur les emprises de
l'ouvrage .
2931

L'extrême urgence est généralement déclarée par la DUP Mais elle peut
également être déclarée par un acte postérieur .
2932

B. Conséquences

825 La procédure d'extrême urgence permet une prise de possession doublement


accélérée.
Tout d'abord, la prise de possession des terrains concernés par les travaux
peut intervenir dès que la DUP a été prise à la condition d'avoir été autorisée
par décret pris sur avis conforme du Conseil d'État . Si ce décret ne fait pas
2933

l'objet d'une exécution immédiate, c'est-à-dire s'il n'y a pas une prise de
possession effective, il n'est pas pour autant entaché d'excès de pouvoir . En 2934

tout état de cause, les agents du maître de l'ouvrage peuvent alors pénétrer dans
les lieux en se conformant à la procédure des articles 1 , 4, 5 et 7 de la loi du
er

29 décembre 1892 sur les dommages causés à la propriété privée par


l'exécution des travaux publics (v. ss 520 s.) , les arrêtés autorisant
2935

l'occupation et les agents de l'administration peuvent alors pénétrer dans les


lieux.
Ensuite, la prise de possession ne donne lieu qu'au paiement – ou, en cas
d'obstacle au paiement, à la consignation – d'indemnités provisionnelles. Dans
le cas des travaux intéressant la défense nationale, ces indemnités
provisionnelles doivent être égales à l'évaluation du directeur des finances
publiques et doivent être réglées dans la quinzaine si la demande en est
présentée par les propriétaires ou par les autres personnes intéressées . Dans
2936

le cas des autres travaux, ces indemnités provisionnelles sont égales à


l'évaluation du directeur des finances publiques ou à l'offre de l'autorité
expropriante si celle-ci est supérieure et doivent être obligatoirement réglées
avant la prise de possession . 2937
À défaut pour l'administration de payer ou de consigner cette provision,
« l'autorisation d'occuper les terrains cesse d'être valable » .
2938

Dans le mois qui suit la prise de possession, l'administration est tenue de


poursuivre la procédure d'expropriation et le juge de l'expropriation attribue, le
cas échéant, une indemnité spéciale aux intéressés qui justifient d'un préjudice
causé par la rapidité de la procédure .
2939

On mesure les différences par rapport à la procédure normale et par rapport


à la procédure d'urgence. Comme dans la procédure d'urgence et à la différence
de la procédure normale, la prise de possession est en principe liée au
versement d'indemnités qui sont simplement provisionnelles. Mais ces
dernières sont évaluées, non par le juge comme en matière d'expropriation
d'urgence, mais par l'administration elle-même. La différence est de taille. Au
surplus, cette prise de possession peut avoir lieu dès que la DUP a été prise du
moment que l'autorisation en a été donnée par décret pris sur avis conforme du
Conseil d'État. Elle peut donc avoir lieu alors même que la phase
administrative ne s'est pas achevée et que la phase judiciaire n'a pas encore
débuté alors que, tant dans le cadre de la procédure normale que dans celui de
la procédure d'urgence, il ne peut y avoir prise de possession qu'après
achèvement de la phase administrative, qu'après que l'ordonnance
d'expropriation ait été rendue par le juge de l'expropriation et qu'après que ce
dernier ait fixé le montant des indemnités définitives ou provisionnelles dues.
Dans ces conditions, on comprend que le régime de l'expropriation d'extrême
urgence ait pu voir sa constitutionnalité doublement contestée : d'une part, le
fait que la prise de possession puisse avoir lieu sans que des indemnités
définitives soient versées méconnaîtrait l'article 17 de la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen qui prévoit que l'indemnisation doit être
« préalable » ; d'autre part, le fait que ces indemnités provisionnelles soient
fixées par l'administration elle-même et que la prise de possession soit
autorisée par décret méconnaîtrait le principe constitutionnel selon lequel le
juge judiciaire est le gardien de la propriété privée immobilière. L'un et l'autre
de ces deux griefs ont toutefois été rejetés par le Conseil constitutionnel dans
une affaire qui concernait la construction d'une nouvelle ligne de TGV . Sur
2940

le premier point, il a considéré que la possibilité de prendre possession des


biens dès le versement d'une simple provision n'était pas incompatible avec les
exigences constitutionnelles si cela répondait à des motifs impérieux d'intérêt
général, était assorti de la garantie des droits des propriétaires intéressés et
correspondait à des hypothèses étroitement circonscrites, ce qui était le cas
d'espèce. Sur le second point, il a estimé que, s'il existait bien un principe
fondamental reconnu par les lois de la République relatif à l'importance des
attributions conférées à l'autorité judiciaire en matière de protection de la
propriété privée immobilière, ce principe n'était nullement méconnu par la
procédure d'extrême urgence puisque le juge de l'expropriation intervenait en
tout état de cause pour fixer le montant des indemnités définitives .2941

§ 3. La procédure de résorption de l'habitat insalubre


ou menaçant ruine

826 La loi n 64-1229 du 14 décembre 1964, modifiée par la loi n 66-507 du


o o

12 juillet 1966, avait institué pour une durée de dix ans une procédure spéciale
d'expropriation des terrains sur lesquels étaient édifiés des « bidonvilles » . 2942

Elle a été remplacée par la loi n 70-612 du 10 juillet 1970 tendant à faciliter la
o

suppression de l'habitat insalubre et dont le titre II contenait neuf articles


2943 2944

organisant une procédure spéciale d'expropriation destinée à permettre la


résorption de l'habitat insalubre. Depuis, plusieurs de ses articles avaient été
abrogés et les autres sensiblement modifiés par l'ordonnance n 2005-1566
2945 o

du 15 décembre 2005 ou par la loi n 2006-872 du 13 juillet 2006 qui avait


o

élargi son champ d'application à certains immeubles menaçant ruine.


Aujourd'hui, l'ensemble de ces dispositions ont été codifiées et figurent aux
articles L. 511-1 à L. 511-9 du nouveau Code de l'expropriation précisés par
les articles R. 511-1 à R. 511-3.

A. Conditions

827 Cette procédure ne peut jouer que si sont en cause trois types d'immeubles : en
premier lieu, les immeubles déclarés insalubres à titre irrémédiable par le
préfet en application de l'article L. 1331-28 du Code de la santé publique ; en
second lieu, les immeubles à usage total ou partiel d'habitation ayant fait l'objet
d'un arrêté de péril pris en application de l'article L. 511-2 du Code de la
construction et de l'habitation et assorti d'une ordonnance de démolition ou
d'interdiction définitive d'habiter ; en troisième lieu et à titre exceptionnel, les
immeubles qui ne sont eux-mêmes ni insalubres ni impropres à l'habitation
lorsque leur expropriation est indispensable à la démolition d'immeubles
insalubres ou d'immeubles menaçant ruine ainsi que les terrains où sont situés
les immeubles déclarés insalubres ou menaçant ruine lorsque leur acquisition
est nécessaire à la résorption de l'habitat insalubre ou menaçant ruine alors
même qu'y seraient également implantés des bâtiments non insalubres ou ne
menaçant pas ruine.
Sous l'empire du texte initial de la loi de 1970, l'expropriation de ces
immeubles en application de ladite loi n'était possible que dans des buts
limitativement énumérés : il devait s'agir exclusivement, soit de la construction
de logements, soit de tout objet d'intérêt collectif relevant d'une opération
d'urbanisme , notamment la création d'une réserve foncière
2946
. Ces
2947

restrictions ayant disparu du texte actuel de la loi de 1970, il y a lieu de


considérer que tout but d'intérêt général suffit.

B. Conséquences

828 L'application de cette procédure dérogatoire va permettre à l'expropriation de


se dérouler de façon accélérée. En effet, le préfet va, par le même arrêté,
déclarer d'utilité publique sans enquête préalable l'expropriation des
immeubles concernés, indiquer la collectivité publique ou l'organisme au profit
de qui est poursuivie l'expropriation, lequel est tenu à une obligation de
relogement y compris des propriétaires, déclarer cessibles sans enquête
parcellaire lesdits immeubles, fixer le montant des indemnités provisionnelles
allouées aux propriétaires ainsi qu'aux titulaires de baux commerciaux,
lesquelles ne peuvent être inférieures aux évaluations du directeur des finances
publiques, et fixer la date à laquelle, après paiement ou, en cas d'obstacle au
paiement, consignation de ces indemnités provisionnelles, il pourra être pris
possession des immeubles en question . Évidemment, à l'appui d'un recours
2948

pour excès de pouvoir contre un tel arrêté, les requérants peuvent, en


application de la jurisprudence sur les opérations complexes, exciper de
l'illégalité de l'arrêté déclarant insalubres à titre irrémédiable les immeubles
concernés sur le fondement de l'article L. 1331-28 du Code de la santé
publique ou de l'arrêté de péril pris sur le fondement de l'article L. 511-2 du
2949

Code de la construction .
2950

Dans le mois qui suit la prise de possession, le préfet est tenu de poursuivre
la procédure d'expropriation dans les conditions prévues par le Code de
l'expropriation, c'est-à-dire de susciter, à défaut d'accord amiable, une
ordonnance d'expropriation et un jugement fixant les indemnités définitives
dues. Ces dernières sont calculées en appliquant les règles de fond propres au
droit de l'expropriation (v. ss 801 s.) sous réserve d'une spécificité de taille :
« la valeur des biens est appréciée, compte tenu du caractère impropre à
l'habitation des locaux et installations expropriées, à la valeur du terrain nu,
déduction faite des frais entraînés par leur démolition » . Toutefois,
2951

assouplissement non négligeable, cette restriction ne joue pas dans le cas


particulier où l'indemnité est due à des propriétaires qui occupaient eux-mêmes
les immeubles déclarés insalubres ou frappés d'un arrêté de péril au moins
deux ans avant la notification de l'arrêté préfectoral précédemment évoqué ou
lorsque les immeubles ne sont ni insalubres, ni impropres à l'habitation ni
frappés d'un arrêté de péril .
2952

Le fait que la procédure qui vient d'être décrite permette, d'une part, que la
prise de possession puisse avoir lieu après paiement ou, en cas d'obstacle au
paiement, consignation d'une indemnité provisionnelle et, d'autre part, que le
montant de l'indemnité définitive soit fixé à la valeur du terrain nu (déduction
faite des frais entraînés par la démolition des immeubles qui y ont été édifiés) a
suscité des doutes sur sa conformité à l'article 17 de la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen qui impose « une juste et préalable indemnité ». Ces
doutes ont paru au Conseil d'État suffisamment sérieux pour qu'il saisisse le
Conseil constitutionnel d'une question prioritaire de constitutionnalité . 2953

Reprenant notamment la jurisprudence qu'il avait inauguré à propos de


l'expropriation d'extrême urgence (v. ss 825), ce dernier a estimé que la
question n'était pas fondée en relevant explicitement que ce régime dérogatoire
répondait à des motifs impérieux d'intérêt général et garantissait les droits des
propriétaires intéressés et en soulignant implicitement qu'il avait un champ
d'application étroitement circonscrit. .
2954
CHAPITRE 2
LES INCIDENTS

§ 1. Les cessions amiables


A. Cession amiable avant DUP
B. Cession amiable après DUP
§ 2. La déstructuration des exploitations agricoles
A. Conditions d'application
B. Mécanismes protecteurs
§ 3. La réquisition d'emprise totale
A. La réquisition d'emprise totale d'un immeuble
B. La réquisition d'emprise totale d'une exploitation agricole
§ 4. Le droit de rétrocession
A. Conditions du droit de rétrocession
B. Limites du droit de rétrocession
La procédure d'expropriation de droit commun, de même que les procédures
spéciales, peuvent voir leur déroulement affecté par un certain nombre
d'incidents. Il s'agit notamment des cessions amiables, de la déstructuration des
exploitations agricoles, des demandes de réquisition d'emprise totale et des
demandes de rétrocession.

§ 1. Les cessions amiables 2955

829 Les collectivités publiques peuvent acquérir des biens par la voie de
l'expropriation. Mais elles peuvent également en acquérir par des cessions
amiables. Enfin, il peut arriver que, alors qu'une procédure d'expropriation a
été déclenchée, les parties arrivent à un accord débouchant sur une cession
amiable. Dans un cas comme dans l'autre, ces cessions amiables peuvent
s'effectuer, soit par acte notarié, soit par acte administratif . En tout état de
2956

cause, ces acquisitions sont dispensées de droits de mutation versés au


Trésor .
2957
Lorsqu'il y a cession amiable, ses effets ne sont pas exactement les mêmes
selon qu'elle intervient avant ou après le prononcé d'une DUP . 2958

A. Cession amiable avant DUP

830 Lorsque la cession amiable intervient avant qu'une DUP ne soit prononcée, elle
s'analyse en principe comme une vente immobilière ordinaire. En conséquence,
à la différence de l'ordonnance d'expropriation (v. ss 781), elle n'éteint pas les
droits réels ou personnels existant sur l'immeuble en cause .2959

Toutefois, si le juge de l'expropriation, saisi par l'expropriant ou le


propriétaire, et une fois la DUP intervenue , donne acte de cette cession
2960

amiable, ses effets seront identiques à ceux qu'aurait provoqués l'ordonnance


d'expropriation : il y aura extinction de tous droits réels et personnels.
Lorsqu'il rend cette ordonnance de donné acte, le juge de l'expropriation a
seulement à vérifier l'existence de l'accord amiable et de la DUP . Cette 2961

ordonnance, comme l'ordonnance d'expropriation, ne peut être attaquée que par


la voie du recours en cassation et seulement pour incompétence, excès de
pouvoir ou vice de forme . 2962

B. Cession amiable après DUP

831 Lorsque, à l'inverse, la cession amiable intervient après le prononcé d'une


DUP, elle éteint d'office les droits réels ou personnels existant sur
l'immeuble 2963
sans qu'une ordonnance de donné acte ne soit nécessaire. Si
l'ordonnance d'expropriation n'a pas encore été rendue et si le montant des
indemnités n'a pas encore été fixé, l'accord amiable portera et sur le transfert
de propriété et sur le prix de l'acquisition. Si l'ordonnance d'expropriation a
déjà été rendue mais que le montant des indemnités n'ait pas encore été fixé,
l'accord amiable ne portera plus que sur le prix de cession et portera le nom de
« traité d'adhésion » ou « acte d'adhésion ». Dans un cas comme dans l'autre et
s'agissant du prix, il devra être distingué entre l'indemnité principale et, le cas
échéant, les indemnités accessoires en précisant les bases sur lesquelles ces
différentes indemnités sont calculées .
2964

§ 2. La déstructuration des exploitations agricoles 2965

832 Bon nombre d'expropriations, lorsqu'elles se produisent en milieu rural, sont


susceptibles de porter gravement atteinte à la structure des exploitations
agricoles. Aussi le législateur a-t-il mis sur pied des correctifs spécifiques. Tel
est notamment l'objet de l'article 10 de la loi n 62-933 du 8 août
o

1962 complémentaire à la loi d'orientation agricole, plusieurs fois modifiée par


la suite, et dont les dispositions ont été codifiées aux articles L. 123-24 à
L. 123-26 et L. 352-1 du Code rural et de la pêche maritime, reprises à l'article
L. 122-3 du Code de l'expropriation et précisées par plusieurs décrets codifiés
aujourd'hui aux articles R. 123-30 à R. 123-39 et R. 352-1 à R. 352-14 du
Code rural.

A. Conditions d'application

833 Les mécanismes protecteurs mis en place ne peuvent jouer que si deux
conditions, énumérées à l'article L. 123-24 du Code rural et reprises à l'article
L. 352-1, sont remplies.
En premier lieu, il faut que l'on ait affaire à des expropriations en vue de la
réalisation des aménagements ou ouvrages qui doivent être précédés d'une
étude d'impact en application de l'article L. 122-1 du Code de
l'environnement , en vue de la création de zones industrielles ou à urbaniser
2966

ou en vue de la constitution de réserves foncières.


En second lieu, il faut que ces expropriations soient susceptibles de
compromettre la structure des exploitations agricoles dans une zone
déterminée. Tant la lettre que l'esprit de cette disposition paraissaient laisser
entendre que la mise en œuvre de l'article 10 était limitée aux opérations
mettant en cause les structures agricoles sur une grande échelle. Toutefois, le
Conseil d'État a admis que l'article 10 était applicable alors même que la
structure d'une seule exploitation agricole était compromise par
l'expropriation , interprétation largement favorable aux agriculteurs.
2967

B. Mécanismes protecteurs

834 Si les conditions qui viennent d'être énumérées sont remplies, l'autorité
administrative qui prononce la DUP doit, dans cette dernière, faire obligation
au maître de l'ouvrage de remédier aux dommages causés en participant
financièrement à trois séries d'opérations qui sont autant de correctifs des effets
négatifs causés aux exploitations agricoles par l'expropriation . Si elle ne le
2968

fait, cela entache d'irrégularité la DUP sans qu'un acte complémentaire


postérieur puisse régulariser cette omission .
2969

Première obligation, le maître de l'ouvrage doit participer financièrement à


l'exécution des opérations d'aménagement foncier agricole et forestier , 2970
nouvelle appellation de ce que l'on appelait traditionnellement les opérations
de remembrement.
Seconde obligation, le maître de l'ouvrage doit participer financièrement « à
l'installation, sur des exploitations nouvelles comparables, des agriculteurs
dont l'exploitation aurait disparu ou serait gravement déséquilibrée » .
2971

Troisième obligation, si l'agriculteur dont l'exploitation disparaît ou est


gravement déséquilibrée souhaite bénéficier d'une reconversion, le maître de
l'ouvrage a également l'obligation de participer financièrement à cette
reconversion .
2972

§ 3. La réquisition d'emprise totale 2973

835 Il peut arriver que l'expropriation ne porte que sur une portion d'immeuble ou
une fraction d'exploitation agricole et que la partie restante soit trop exiguë
pour être utilisée dans des conditions normales. Le Code de l'expropriation
autorise alors l'exproprié à demander au juge le transfert de propriété de la
totalité de l'immeuble ou de l'exploitation. C'est ce que l'on appelle la
réquisition d'emprise totale.

A. La réquisition d'emprise totale d'un immeuble

836 Elle est prévue par l'article L. 242-1 du Code de l'expropriation.


Elle est possible dans l'une des trois hypothèses suivantes : l'expropriation
ne porte que sur une portion d'immeuble bâti et la partie restante n'est plus
utilisable dans des conditions normales ; l'expropriation porte sur une portion
d'un terrain nu qui, par suite du morcellement, se trouve réduit au quart de sa
contenance totale alors que le propriétaire ne possède aucun terrain
immédiatement contigu et que la parcelle ainsi réduite est inférieure à 10 ares ;
l'expropriation porte sur une fraction d'une parcelle dont la partie (ou les
parties restantes) n'est plus susceptible d'être exploitée agricolement dans des
conditions normales soit à raison de sa dimension, soit à raison de sa
configuration, soit à raison de ses conditions d'accès.
Si tel est le cas, le propriétaire, dans un délai d'un mois à compter de la
notification des offres de l'expropriant , peut demander au juge de
2974

l'expropriation l'emprise totale de l'immeuble. Si sa demande est admise, le


juge fixe, d'une part le montant de l'indemnité d'expropriation pour la fraction
de l'immeuble qui est expropriée, d'autre part le prix d'achat de la portion
acquise en sus de la partie expropriée par suite de la réquisition d'emprise
totale. Pour l'évaluation de l'indemnité d'expropriation, il est tenu évidemment
d'appliquer les dispositions du Code de l'expropriation précédemment
évoquées et relatives, par exemple, à l'indemnisation intégrale du préjudice
direct, matériel et certain causé par l'expropriation (v. ss 802-808), à la non-
indemnisation de certaines améliorations (v. ss 811), à la prise en compte des
accords amiables et des déclarations et évaluations fiscales (v. ss 813) ou à la
règle des mutations récentes (v. ss 814). En revanche, il est libéré du respect de
ces règles s'agissant de la détermination de la valeur de la partie non
expropriée. Il a simplement à fixer un prix d'acquisition compte tenu des lois du
marché. C'est ce qui explique qu'il n'ait pas à majorer ce dernier d'une
indemnité de remploi. Sa décision emporte transfert de propriété de la partie
non expropriée dans les conditions de droit commun. C'est dire que ce transfert
se trouve privé des effets extinctifs prévus, pour la partie expropriée, par
l'article L. 222-2 du Code de l'expropriation (v. ss 781) et que l'expropriant
pourra, le cas échéant, se voir opposer des droits réels ou personnels.

B. La réquisition d'emprise totale d'une exploitation agricole

837 Elle est prévue par l'article L. 242-4 du Code de l'expropriation .2975

Elle est possible lorsque l'emprise partielle résultant de l'expropriation


compromet la structure d'une exploitation agricole de telle manière qu'elle est
de nature à provoquer sa disparition ou à lui occasionner un grave
déséquilibre .
2976

Elle peut être demandée par le propriétaire.


Si ce dernier n'est pas lui-même l'exploitant, il en informe le ou les
exploitants. Le versement par l'expropriant du prix d'acquisition de la portion
acquise en sus de la partie expropriée entraîne de plein droit la résiliation du
bail sans indemnité à la charge du bailleur nonobstant toute clause contraire
mais l'exploitant peut demander à l'expropriant les indemnités auxquelles il
aurait pu prétendre dans le cas où la totalité de l'exploitation aurait été
expropriée.

§ 4. Le droit de rétrocession 2977

838 Lorsque la procédure d'expropriation est terminée, il peut arriver que


l'expropriant n'affecte pas finalement le bien exproprié à la destination qui était
prévue. L'article L. 421-1 2978
du Code de l'expropriation reconnaît alors à
l'ancien propriétaire ou à ses ayants droit à titre universel un droit de
« rétrocession » . 2979
A. Conditions du droit de rétrocession

839 Lorsque les immeubles expropriés n'ont pas reçu, dans un délai de cinq ans , 2980

la destination prévue ou ont cessé de recevoir cette destination, les anciens


propriétaires ou leurs ayants droit à titre universel peuvent en demander la
rétrocession pendant un délai de trente ans à compter de l'ordonnance
d'expropriation à moins que ne soit requise une nouvelle déclaration d'utilité
publique.
Cette rétrocession, « n'étant pas une résolution de l'expropriation, mais une
cession consentie à l'ancien propriétaire, n'a pas pour effet la restitution de
l'indemnité d'expropriation, mais le paiement du prix de l'immeuble
racheté » . Il en résulte qu'il s'agit d'une vente ordinaire dont le prix est
2981

déterminé dans les conditions de droit commun, sans qu'interviennent les règles
particulières qui déterminent la fixation de l'indemnité d'expropriation.
Les litiges relatifs aux demandes de rétrocession relèvent en principe de la
compétence du juge judiciaire . Le juge judiciaire est également compétent
2982

pour apprécier si la rétrocession est devenue impossible et, dans l'affirmative,


pour condamner, le cas échéant, la collectivité au profit de laquelle a été
prononcée la DUP au paiement d'une indemnité compensatrice au propriétaire
initial . Il appartient également au juge judiciaire d'apprécier si les biens
2983

expropriés ont effectivement reçu une affectation conforme à celle définie dans
l'acte déclaratif d'utilité publique . Il lui appartient aussi de condamner, le
2984

cas échéant, la collectivité publique au profit de laquelle a été prononcée la


DUP au paiement d'une indemnité compensant la perte de plus-value subie par
le propriétaire initial
2985

Toutefois, le juge administratif est seul compétent pour connaître des


questions préjudicielles touchant à l'interprétation ou à la validité des
décisions administratives relatives à l'affectation des biens expropriés . Il ne
2986

peut alors être saisi que sur renvoi ordonné par l'autorité judiciaire et non
directement par la personne expropriée . Ainsi, sur question préjudicielle du
2987

juge judiciaire, il peut interpréter la DUP afin de permettre à ce dernier de


déterminer si les terrains expropriés ont reçu une destination conforme à celle
prévue par la DUP ainsi interprétée. Mais il excède sa compétence en se
prononçant lui-même sur le point de savoir si les terrains dont la rétrocession
est demandée ont reçu une destination conforme . 2988

B. Limites du droit de rétrocession

840 Le droit de rétrocession n'est toutefois pas absolu mais au contraire assez facile
à mettre en échec même si les exigences européennes semblent de nature à faire
évoluer les choses.
En premier lieu, et comme le précise explicitement l'article L. 421-1, il est
paralysé lorsqu'est « requise une nouvelle déclaration d'utilité publique ».
Cela veut dire tout d'abord qu'il suffit que soit prise une nouvelle DUP pour
que le droit de rétrocession ne soit plus possible et cela même si cette DUP est
postérieure à la demande de rétrocession . Cette possibilité peut même être
2989

utilisée plusieurs fois, une nouvelle demande de rétrocession intervenue après


une DUP qui faisait échec à la première pouvant être à son tour mise en échec
par une nouvelle DUP . Toutefois, il a été jugé qu'il y aurait détournement de
2990

pouvoir si cette ou ces nouvelles DUP avait pour seul but de faire échec au
droit de rétrocession . Par ailleurs, sous peine de violer l'article 1 du
2991 er

Protocole additionnel n 1 à la Convention européenne des droits de l'homme,


o

le juge ne peut maintenant débouter des expropriés de leur demande de


rétrocession au motif qu'il existe une nouvelle DUP sans rechercher si les
expropriés n'ont pas été indûment privés d'une plus value engendrée par le bien
exproprié et n'ont pas, en conséquence, subi une charge excessive du fait de
l'expropriation .
2992

Mais cela veut dire aussi que, même si une nouvelle DUP n'a pas été édictée,
le seul fait qu'elle ait été demandée par l'expropriant – l'article L. 421-1 se
borne en effet à utiliser le terme « requise » – suffit à faire échec au droit de
rétrocession. Aussi la Cour de cassation avait-elle transmise au Conseil
constitutionnel une QPC portant sur ce point, considérant que cela pouvait
porter une atteinte excessive au droit de propriété . La réponse du Conseil
2993

constitutionnel est particulièrement décevante . Il considère en effet qu'en


2994

prévoyant que le droit de rétrocession peut être mis en échec par la réquisition
d'une nouvelle DUP, le législateur a entendu fixer des limites à l'exercice de ce
droit afin que sa mise en œuvre ne puisse pas faire obstacle soit à la réalisation
d'un projet d'utilité publique qui a été retardé, soit à un nouveau projet d'utilité
publique se substituant à celui en vue duquel l'expropriation avait été ordonnée.
On pourrait comprendre ce raisonnement s'il fallait obligatoirement l'édiction
d'une nouvelle DUP pour mettre en échec le droit de rétrocession. Mais se
contenter d'une simple réquisition, c'est-à-dire d'une simple demande de
l'expropriant, nous semble fait la part trop belle aux intérêts de l'expropriant
par rapport à ceux de l'exproprié, ce que, cette fois-ci sur le terrain non plus de
la constitutionnalité mais de la conventionnalité, la Cour européenne des droits
de l'homme risque de ne pas admettre.
En second lieu, il ne peut y avoir non plus droit de rétrocession lorsque
l'expropriant a cédé l'immeuble exproprié dans la mesure où le droit de
rétrocession ne comporte pas de droit de suite . 2995
En troisième lieu, le droit de rétrocession est, sinon impossible, du moins
partiellement limité lorsqu'un ouvrage public a été édifié sur le terrain
exproprié . En vertu du principe traditionnel de l'intangibilité des ouvrages
2996

publics (v. ss 530), la destruction de l'ouvrage ne pouvait, en principe, être


ordonnée mais, contrairement à ce qui était jugé dans le passé , il n'est pas
2997

inconcevable aujourd'hui que le propriétaire exproprié retrouve la propriété de


son bien avec cette particularité qu'un ouvrage public y est dorénavant
édifié . Au surplus, il ne faut pas oublier que, maintenant, le juge
2998

administratif se reconnaît le pouvoir, sous certaines conditions, d'ordonner la


destruction de l'ouvrage public (v. ss 533).
Dans ces hypothèses de mise en échec ou de limitation du droit de
rétrocession, l'ancien propriétaire peut demander à être indemnisé du préjudice
spécifique que lui cause l'impossibilité ou la difficulté de la rétrocession.
L'action relève ici encore de la compétence du juge judiciaire 2999
qui pourra
accorder par exemple une indemnité pour perte de plus-value et une indemnité
pour perte de jouissance .
3000
INDEX ALPHABÉTIQUE
PREMIÈRE PARTIE
LE DOMAINE
(Les chiffres renvoient aux numéros de paragraphe)

A B C D E F G H I J K L M

N O P Q R S T U V W X Y Z

A
Accession, 50.
Accessoire, 48 s.
Acquisition (de biens par les personnes publiques), 15 s.
Action possessoire, 213.
Actions (parts sociales), 231.
Affectation, 41 s.
Agence des participations de l'État, 125, 222.
Aisances de voirie, 194 s.
Alignement, 113 s.
Aménagement spécial, 46 s.

B
Bail emphytéotique administratif, 169.
Biens
- communaux, 244.
Bornage, 104, 234.

C
Cession (des biens publics), 26, 248 s.
Chemins ruraux, 42, 65.
Cimetières, 74.
Classement, 90 s.
Communes (domaine public des), 83.
Concession (de voirie), 162 s.
Concurrence (droit de la), 130 s.
Conservation, 218 s.
Contraventions
- de grande voirie, 223 s.
- de voirie, 222.
Convention européenne des droits de l'homme, 20.
Crédit-bail, 185.
Critères (de la domanialité publique), 33 s.

D
Déclassement, 95 s.
Délaissés (voirie routière), 118.
Délimitation (domaine public), 104 s.
Départements (domaine publics des), 83.
Désaffectation, 100.
Domaine privé
- aliénation, 248 s.
- composition, 229 s.
- délimitation, 234.
- entrée, 232.
- et ouvrage public, 16.
- régime juridique, 236 s.
- responsabilité, 241 s.
- utilisation, 243 s.
Domaine public fluvial, 61 s., 72 s., 202, 223.
Domaine public hertzien, 64.
Domaine public maritime, 54 s., 71, 88, 203, 223.
Domaine public routier, 65 s.
Domaine public virtuel, 51 s.
Domanialité publique globale, 49.
Domanialité publique virtuelle, 51 s.
Dons et legs, 15.
Droit comparé, 5.
Droits réels, 167 s.

E
EDF, 38.
Égalité, 153 s.
Églises, 75.
Entretien (du domaine public), 132 s.
Établissement public, 84 s.
État (domaine public de l'), 82.
Expropriation, 212.
Expulsion (occupant sans titre), 191.

F
Fonds de commerce, 182.
France Domaine, 125, 237.

G
Gestion (du domaine public), 125 s.
Gratuité, 150 s.

H
Halage et marchepied (servitude de), 202.
Halles, 76.
HLM, 38.
Hypothèques, 25, 211.

I
Imprescriptibilité, 206 s.
Inaliénabilité, 205 s.
Incorporation (au domaine public), 87 s.
Insaisissabilité, 23.

L
Lacs, 61 s., 107.
Lais et relais, 58, 89, 106.
Liberté d'utilisation, 145 s.
Logements de fonction, 247.

M
Mer territoriale, 55.
Meubles, 79 s., 231.
Mise à disposition, 126.
Musées, 78, 79.
Mutations domaniales, 128.

O
Occupant sans titre, 190 s.
Œuvres d'art, 40.

P
Patrimoines publics
- constitution, 12 s.
Péage urbain, 151.
Péages, 151 s.
Permission de voirie, 158 s.
Plages, 42, 56.
Poste (La), 38.
Précarité, 139, 155, 176 s.
Promenades publiques, 42.
Propriété (de l'occupant), 186 s.
Propriété publique, 11 s., 24, 40.
Protection pénale, 221 s.

R
Redevance, 159 s, 188.
Régions (domaine public des), 83.
Rivages, 56, 88, 106.

S
Service public (affectation à un), 43 s., 140 s.
Service public industriel et commercial, 45.
Servitude de reculement, 115.
Servitudes, 210 s.
Servitudes administratives, 200 s., 210.
Sortie (du domaine public), 94 s.
Stationnement, 152.
U
Utilisation (du domaine public), 137 s.

V
Valorisation économique, 129.
INDEX ALPHABÉTIQUE
DEUXIÈME PARTIE
LES TRAVAUX ET OUVRAGES PUBLICS
(Les chiffres renvoient aux numéros de paragraphe)

A B C D E F G H I J K L M

N O P Q R S T U V W X Y Z

A
Absence d'ouvrage public (dommage causé par l'), 565.
Accessoire d'un ouvrage public, 286.
Accidents du travail, 573, 581, 583.
Acomptes, 403.
Acte d'engagement, 370.
Action récursoire, 595, 607.
Allongements de parcours (dommages résultant d'), 588.
Allotissement, 343.
Animaux (dommages causés par les), 539.
Anormalité du préjudice, 572.
Appel, 593.
Appel d'offres, 355.
Appel en garantie, 595, 607.
Arbitrage, 297.
Associations syndicales de propriétaires (dommages subis par les membres des), 591.
Assureur (de l'auteur d'un dommage de travail public), 596.
Atteintes portées par les admi​nistrés aux travaux et ouvrages publics, 518.
Attractif (caractère – de la notion de travail public), 298.
Autorisation d'occupation temporaire constitutive de droits réels, 311.
Autorisation de travaux, 302.
Autorités compétentes pour conclure le marché, 359.
Avances, 402.
Avenant au marché, 411.
Avis d'appel public à la concurrence, 348.
Avis d'attribution, 364.
Avocat (possibilité d'agir sans ministère d'), 296.
B
Bail emphytéotique administratif, 311.
Biens
- propres du concessionnaires (tra​vaux sur les), 262.
- de reprise (travaux sur les), 262.
- de retour (travaux sur les), 262.
Branchements particuliers d'eau, de gaz et d'électricité
- dommages causés par les, 553.
- et ouvrages publics, 286.
- et travaux publics, 266.

C
Cahiers des charges, 371.
Cassation, 593.
Causes d'exonération
- responsabilité pour défaut d'entretien normal, 578.
- responsabilité pour faute, 583.
- responsabilité sans faute, 573.
Caution personnelle et solidaire, 410.
Cession, 505.
Cession de créances, 406.
Cession de marché, 373.
Chemins ruraux (caractère d'ouvrage public des), 284.
Clause de paiement différé, 401.
Clauses abusives, 504.
Clauses de la concession, 502.
Clauses financières, 506.
Cocontractants (dommages subis par les), 554.
Collaborateur bénévole (d'un travail public)
- dommage causé par un, 603.
- dommage subi par un, 579.
Commission d'appel d'offres, 345.
Compétence contentieuse (en matière de dommages de travaux publics), 592.
Concessions de travaux publics et de service public
- Définition, 485.
- Historique, 486.
- Maîtrise d'ouvrage publique, 314.
Contentieux des dommages de travaux publics, 592.
- règles de compétence, 592.
- règles de procédure, 598.
Contentieux des travaux publics (généralités), 290.
Contrats de partenariat, 311.
Contravention de voirie routière (dommage constitutif d'une), 559.
Contrôle de légalité des marchés, 362.
Critère d'identification d'un travail public, 310.
- loi MOP (comme –), 328.
- mission (comme –), 329.
Critères environnementaux et sociaux, 344.

D
Décision préalable (pas d'obligation de susciter une), 294.
Décompte du marché, 398.
Défaut d'entretien normal, 574.
Délai de recours (pas de), 295.
Délais d'exécution, 383.
Délais de règlement, 404.
Dialogue compétitif, 356.
Domaine privé
- et ouvrage public, 284.
- travaux effectués sur le, 266.
Domaine public
- travaux effectués sur le, 266.
Dommages causés aux tiers, 514.
Dommages de travaux et ouvrages publics, 534 s.
Droit d'accès des riverains des voies publiques (dommage résultant d'une atteinte au), 587.
Durée, 503.

E
Éléments naturels (dommages causés par les), 539.
Emprise irrégulière (dommages résultant d'une), 546.
Entités adjudicatrices, 335.
Expropriation
- dommages accessoires à une, 557.
- de fait, 530.
- indirecte, 530.

F
Fait d'exploitation et fait de l'ouvrage, 540.
FCTVA, 306.
Force majeure, 423.

G
Garantie à première demande, 410.
Garantie annuelle de parfait achèvement, 445.
Garantie biennale des éléments d'équipement de l'ouvrage, 455.
Garantie décennale
- Bénéficiaires, 467.
- Causes d'exonération, 473.
- Débiteur, 471.
- Définition, 458.
- Délai, 464.
- Désordres réparables, 462.
- Modalités de réparation, 475.
- Ouvrages garantis, 461.
Garantie trentenaire pour fraude ou dol, 450.

I
Immeuble (notion d'), 258, 273.
Imprévision, 421.
Inconvénients de voisinage, 572.
Incorporation à un ouvrage public, 286.
Information des candidats non retenus, 361.
Infraction pénale
- pour atteinte à un ouvrage ou untravail public, 518.
- dommage de travail public constitutif d'une, 597.
Intangibilité des ouvrages publics, 529 s.
Intérêts moratoires, 405.

M
Maître d'oeuvre, 339.
Maîtrise d'ouvrage publique déléguée, 332.
Mandataires, 316.
Marchés de travaux publics
- Contrats de travaux publics, 312.
- Marché de conception-réalisation,357.
- Titulaires du contrat, 337.
Marchés négociés, 358.
Matériel (dommages causés par le – utilisé pour le travail public), 538.
Mobilier urbain et ouvrage public, 286.
Modifications apportées aux conditions de la circulation générale (dommages résultant de), 589.

N
Notification du marché, 363.

O
Occupants du domaine public (dommages subis par les), 590.
Occupation temporaire (servitude d'), 520.
Offices publics d'HLM
- caractère d'ouvrage public des immeubles appartenant aux, 284, 287.
- travaux effectués pour le compte des, 262.
Offre de concours, 307.
Ouvrage public
- et domaine privé, 284.
- et domaine public, 281.
- notion d', 272 s.
- et propriété privé, 285.
- et travail public, 277.
Ouvrages de production et de distribution d'électricité (caractère d'ouvrages publics des), 284,
287.
Ouvrages exceptionnellement dangereux, 585.

P
Participant à un travail public (dommage subi par un), 579.
Patrimoine responsable, 599.
Pénalités de retard, 384.
Pensions civiles et militaires, 573, 582, 583.
Piste de ski, 316.
Plus-values (récupération des – occasionnées par les travaux ou ouvrages publics), 526.
Pourvoi en cassation, 593.
Pouvoir adjudicateur, 327.
Pouvoir de contrôle et de direction, 386.
Pouvoir de modification unilatérale
- de la concession, 512.
- du marché, 413.
Prestations financières obligatoires liées à la réalisation de travaux ou ouvrages publics, 528.
Prix du marché, 393.
Procédure adaptée, 354.
Procédure contentieuse (en matière de dommages de travaux publics), 598.
Procédure de passation, 491.
Protection des concessionnaires par le concédant, 508.

R
Réception des travaux
- Effets, 441.
- Modalités, 436.
Recours en dommages et intérêts, 368.
Recours en garantie du maître de l'ouvrage contre le constructeur, 482.
Recours en garantie entre constructeurs, 479.
Recours pour excès de pouvoir, 366.
Référé précontractuel, 367.
Règlement de la consultation, 349.
Résiliation de la concession
- en cas de force majeure, 516.
- pour faute du concessionnaire, 515.
- pour motif d'intérêt général, 517.
Résiliation du marché
- pour faute de l'entrepreneur, 388.
- pour motif d'intérêt général, 385.
Responsabilité
- pour défaut d'entretien normal,574.
- pour faute, 579.
- sans faute, 568.
Responsabilité contractuelle
- des constructeurs, 429.
- des maîtres d'oeuvre, 453.
Retenue de garantie, 409.
Riverains des voies publiques (dommages subis par les), 586.
Routes forestières (travaux de construction ou d'entretien des), 266.

S
Sécurité sociale (dommages réparés par les caisses de), 612.
Sélection des candidats, 350.
Sélection des offres, 352.
Service public (dommage causé par le – exploitant l'ouvrage public), 540.
- Service public administratif, 542.
- Service public industriel et commercial, 543.
Servitude
- d'occupation temporaire, 520.
- dommage accessoire à l'institutiond'une, 558.
- du fait des travaux et ouvragespublics, 520 s.
Seuils, 346.
Sociétés d'HLM (travaux effectués pour le compte des), 262.
Sous-traitance, 376.
Spécialité du préjudice, 571.
Subventions, 305.
Sujétions imprévues, 418.
T
Taxes affectées à la réalisation de travaux ou ouvrages publics, 528.
Tiers par rapport à un travail public (dommage subi par un), 568.
Travail (notion de), 257.
Travail immobilier (notion de), 258.
Travail public
- notion de, 253 s.
- et ouvrage public, 277.
Travaux en régie, 304.
Travaux supplémentaires, 415.
Troubles de voisinage, 572.

U
Usager
- d'un ouvrage public (dommage subipar un), 574.
- d'un service public industriel etcommercial (dommage subi par un), 544, 551.

V
Variantes, 351.
Véhicule (dommages résultant d'un), 547.
Vente en l'état futur d'achèvement, 311.
Voie de fait (dommage résultant d'une), 546.
INDEX ALPHABÉTIQUE
TROISIÈME PARTIE
L'EXPROPRIATION POUR CAUSE D'UTILITÉ
PUBLIQUE
(Les chiffres renvoient aux numéros de paragraphe)

A B C D E F G H I J K L M

N O P Q R S T U V W X Y Z

A
Abrogation de la DUP, 727.
Accords amiables, 813, 829.
Acte d'adhésion, 831.
- préparatoire, 666, 770.
Acteurs de l'expropriation, 659 s.
Améliorations apportées aux biens expropriés, 811.
Ancien régime, 617.
Appel du jugement de fixation des indemnités, 800, 817.
Appréciation sommaire des dépenses, 686, 687.
Arrêté de cessibilité, 764 s.
Audience de fixation des indemnités, 799.
Autorité compétente
- pour déclarer l'utilité publique, 714.
- pour prendre l'arrêté de cessibilité,764.
Avis de la commission départementale des sites, 710.
Avis des autorités préfectorales, 707.
- des collectivités territoriales, 706.
Avis du ministre de l'Agriculture, 709.
- chargé des monuments historiques et des sites naturels, 708.
Avis du service des domaines, 687.
Avis non obligatoires, 711.

B
Bénéficiaires de l'expropriation, 669 s.
Biens susceptibles d'être expropriés, 650 s.
Bilan coût-avantages, 746.
But de l'expropriation, 656 s.

C
Caractéristiques principales des ouvrages les plus importants, 685.
Cession amiable, 813, 829.
Cinquième République, 622.
Clôture de l'enquête parcellaire, 763.
Clôture de l'enquête publique, 698.
Code civil (article 545), 619.
Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique, 635.
Collectivités territoriales (qualité d'expropriant des), 664.
Commissaire du gouvernement, 797.
- enquêteur ou commission d'enquête, 690, 691, 704, 760.
Commission arbitrale d'évaluation, 621.
Compétence du juge administratif et du juge judiciaire, 630.
- du juge de l'expropriation, 773 s.,788 s.
- juridictionnelle (arrêté de cessibilité), 770.
- juridictionnelle (DUP), 732.
- du pouvoir législatif et du pouvoir réglementaire, 629.
Conditions de recevabilité
- du pourvoi en cassation (ordonnance d'expropriation), 783.
- du recours pour excès de pouvoir (arrêté de cessibilité), 770.
- du recours pour excès de pouvoir (DUP), 733 s.
Confiscation (et expropriation), 648.
Consignation de l'indemnité d'expropriation, 817.
Consistance des biens expropriés, 811.
Constitution de 1958, 622, 624 s.
Contentieux de la responsabilité (arrêté de cessibilité), 771.
- du jugement de fixation de l'indemnité d'expropriation, 800.
- de l'excès de pouvoir (arrêté de cessibilité), 770.
- de l'excès de pouvoir (DUP), 732 s.
- de l'ordonnance d'expropriation, 782 s.
- de la responsabilité (DUP), 752 s.
Contenu de l'arrêté de cessibilité, 766.
- de l'ordonnance d'expropriation,778.
- de la DUP, 719.
Contestation sérieuse relative au fond du droit ou à la qualité des réclamants, 792.
Convention européenne des droits de l'homme
- article 1 du premier protocole additionnel, 632.
- article 6, 633.
Copropriété (expropriation des immeubles en), 651.
D
Date d'estimation de la valeur des biens expropriés, 812.
- de détermination de la consistance des biens expropriés, 811.
- de référence, 612.
Débat public, 702.
Déclaration d'utilité publique, 714 s.
Déclaration de projet, 713.
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
- article 16, 627.
- article 17, 618, 626.
Déclaration fiscale, 813.
Décret-loi du 8 août 1935, 621.
Définition de l'expropriation, 643 s.
Délai pour déclarer l'utilité publique, 718.
- de réalisation d'une opération déclarée d'utilité publique, 728.
- de recours contre l'arrêté de cessibilité, 770.
- de recours contre la DUP, 733.
- de validité de l'arrêté de cessibilité, 768.
Délaissement, 730.
Dépossession illégale, 750, 770, 785, 786.
Déroulement de l'enquête
- environnementale, 704.
- parcellaire, 760 s.
- publique, 690 s.
Déstructuration des exploitations agricoles, 832 s.
Détermination des bénéficiaires de l'expropriation, 794.
Détournement de pouvoir, 741 s.
Difficultés relatives à l'exécution des décisions du juge de l'expropriation, 789.
Directives communautaires, 724.
Domaine privé (expropriation du), 652.
- public (expropriation du), 653.
Dommages de travaux publics, 790.
Dossier
- mis à l'enquête parcellaire, 758.
- mis à l'enquête environnementale, 700 s.
- normal (enquête publique), 682 s.
- simplifié (enquête publique), 688 s.
- transmis au juge de l'expropriation, 776.
Droit réel immobilier (expropriation d'un), 654.
Durée de l'enquête parcellaire, 761.
- de l'enquête publique, 695.

E
Effets de l'annulation de l'arrêté de cessibilité, 770.
- de l'annulation de l'ordonnance d'expropriation, 785, 786.
- de l'annulation de la DUP, 747 s.
- de l'arrêté de cessibilité, 769.
- de la DUP, 731.
Emprise irrégulière, 750, 755, 771, 791, 818.
Enquête parcellaire, 757 s.
- publique traditionnelle, 680 s.
- publique spécifique aux opérations susceptibles de porter atteinte à l'environnement, 699 s.
Envoi en possession, 780.
Établissements publics (qualité d'expropriant des), 667.
État seul titulaire du pouvoir d'exproprier, 660.
- étranger bénéficiaire de l'expropriation, 671.
Étude ou notice d'impact, 701.
Évaluation fiscale, 813.
- des grands projets d'infrastructure de transport, 703.
Exception d'illégalité, 740, 770.
Exploitation agricole, 832 s.
Expropriant, 663 s.
Expropriation de fait, 819.
Expropriation indirecte, 819.
Expulsion des propriétaires expropriés se maintenant dans les lieux, 818

F
Fixation de l'indemnité d'expropriation, 787 s.

G
Garanties de l'expropriation, 672 s.

H
Habitat insalubre, 826 s.
Habitat menaçant ruine, 826 s.
Histoire de l'expropriation, 616 s.
Horaires de l'enquête parcellaire, 761.
- de l'enquête publique, 695.

I
Illégalité de la DUP, 747 s., 755.
- de l'arrêté de cessibilité, 770.
Imputation de la responsabilité, 756.
Incidents, 829 s.
Indemnité de clôture, 808.
- d'expropriation, 778 s.
- de déménagement, 808.
- de dépréciation du surplus, 808.
- de remploi, 808.
- juste, 675.
- préalable, 675, 820 s.
- principale, 807.
Indemnités accessoires, 808.
Initiateurs de l'expropriation, 663 s.
Intérêt à agir contre l'arrêté de cessibilité, 770.
- contre une DUP, 734.
Intérêts moratoires, 817.

J
Juge de l'expropriation, 772 s.
Jugement de fixation des indemnités, 799.
Jury d'expropriation, 620.

L
Lenteur de la procédure d'expropriation (responsabilité du fait de la), 754, 771.
Liberté de l'autorité compétente pour prendre l'arrêté de cessibilité, 765.
- pour prononcer la DUP, 717.
Lieu de l'enquête parcellaire, 761.
- publique, 696.
Loi du 8 mars 1810, 619.
- 10 juillet 1965, 622.
- 10 juillet 1970, 826.
- 2 février 1995, 751.
- 7 juillet 1833, 620.
- 8 août 1962, 832.

M
Mesures préparatoires, 666, 740.
Meubles (expropriation des), 655.
Modification de l'arrêté de cessibilité, 767.
- de la DUP, 726.
Monarchie de Juillet, 620.
Monuments historiques et sites naturels, 642, 708.
Motivation de la DUP, 719, 722.
Moyens du pourvoi en cassation contre l'ordonnance d'expropriation, 784.
- du recours pour excès de pouvoircontre l'arrêté de cessibilité, 770.
- du recours pour excès de pouvoir contre la DUP, 738 s.
Mutations récentes, 814.

N
Nationalisation (et expropriation), 649.
Nature juridique de l'arrêté de cessibilité, 767.
- de la DUP, 720.
Nécessité de l'expropriation, 745.
Notice explicative, 683.
Notification de l'ordonnance d'expropriation, 795.
- des offres de l'expropriant, 795.
- du dépôt en mairie du dossier d'enquête parcellaire, 759.

O
Objet de l'enquête parcellaire, 761.
- de l'enquête publique, 694.
- de l'expropriation, 644 s.
Observations lors de l'enquête parcellaire, 762.
- lors de l'enquête publique, 697.
Opérations complexes, 740, 770.
Opérations secrètes intéressant la défense nationale, 677.
Ordonnance d'expropriation, 775 s.
- du 23 octobre 1958, 622.
- du 6 novembre 2014, 622.
- de donné acte, 830.
Organisation internationale bénéficiaire de l'expropriation, 671.
Ouverture de l'enquête parcellaire, 761.
- de l'enquête publique, 692.

P
Paiement de l'indemnité d'expropriation, 817.
Personnes privées
bénéficiaires de l'expropriation, 670.
- qualité d'expropriant des, 668.
Perte de base légale de l'ordonnance d'expropriation, 786.
Phase administrative, 676 s.
- judiciaire, 772 s.
- et phase judiciaire, 630, 673.
Plan de situation, 684.
- général des travaux, 684.
Pourvoi en cassation contre le jugement de fixation des indemnités, 800.
- contre l'ordonnance d'expropriation, 783 s.
Préemption (et expropriation), 646.
Préjudice certain, 805.
- direct, 803.
- matériel, 804.
- moral, 804.
Premier empire, 619.
Premier protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l'homme, 632.
Principe de l'indépendance des législations, 637, 739.
Prise de possession, 818.
Procédure d'extrême urgence, 823 s.
- d'urgence, 820 s.
Procédures spéciales d'expropriation, 820 s.
Prorogation de la DUP, 729.
Publicité de l'arrêté de cessibilité, 767.
- de l'enquête parcellaire, 761.
- de l'enquête publique, 693.
- de la DUP, 723.

Q
Quatrième République, 621.

R
Recours spécifique devant le juge de l'expropriation, 786.
Récupération des plus-values, 815.
Référé suspension
- de l'arrêté de cessibilité, 770.
- de la DUP, 735 s.
Relogement des propriétaires et locataires expropriés, 810.
Remembrement, 834.
Renonciation à poursuivre la procédure d'expropriation, 753, 771.
Réparation
- en espèces, 809.
- intégrale, 806.
- en nature, 810.
Réquisition (et expropriation), 647.
- d'emprise totale, 835 s.
Réserves foncières, 657, 688, 839.
Retard dans le paiement de l'indemnité d'expropriation, 817.
Retrait de la DUP, 727.
Rétrocession (droit de), 838 s.
Revalorisation de l'indemnité d'expropriation, 817.
Révolution, 618.

S
Saisine du juge de l'expropriation (fixation de l'indemnité), 796.
- (transfert de propriété), 776.
Servitudes, 654, 812.
Sources constitutionnelle de l'expropriation, 624 s.
- conventionnelles de l'expropriation, 631 s.
- législatives et réglementaires de l'expropriation, 634 s.
Sous-sols (expropriation du), 651.

T
Terrain à bâtir, 812.
Titulaire du pouvoir d'exproprier (État), 660.
Traité d'adhésion, 831.
Transfert de propriété, 775 s.
Tréfonds (expropriation du), 651.
Troisième République, 621.

U
Urbanisme (et expropriation), 638.
Usage effectif des biens expropriés, 812.
Utilité publique, 656 s., 741 s.

V
Vigne, 709.
Visite des lieux, 798.
Voie de fait, 791, 819.

Z
ZAC (et expropriation), 641.
1. G. Leyte, Domaine et domanialité publique dans la France médiévale (XIIe-XVe siècles), PUF,
1996.
10. JO, 3 mars 2007.
100. C. Lavialle, « Remarques sur la définition législative du domaine public », préc.
1000. CE 21 juin 1944, Bonnichon, Lebon 179.
1001. CE 15 mars 1961. Société anonyme des dragages St-Georges, Lebon 184.
1002. CE 29 mai 1996 Gaggioli, RDI 1997. 221, obs. J.-B. Auby et Ch. Maugüé.
1003. CE 5 févr. 1965, Duhart, AJDA 1965. 400. note P.L. ; 21 oct. 1977, Société conflannaise de
manutention.
1004. CE 21 févr. 1947, Ministre des Communications, Lebon 68.
1005. CE 9 janv. 1957, Desaveines, Lebon 21.
1006. CE 9 mai 1957, Ministre des Travaux publics, Lebon 294 ; 29 mai 1974, Muscinesi,
Lebon 524 ; 8 juill. 1988, Bellay.
1007. CE 7 févr. 1867, Angot, Lebon 158 ; 20 janv. 1960 Ministre des Travaux publics, Lebon 45.
1008. CE 15 juin 1964, Guigan, RD publ. 1965. 85, note Waline.
1009. CE 21 févr. 1957, Ministre des Communications, Lebon 68. V. sur le cas des dommages
causés par les navires, Auby, « La limitation de responsabilité en cas de dommage causé par un navire à un
ouvrage public portuaire », AJDA 1975. 156.
101. Sur l'entrée en application de ces critères, voir : G. Eveillard, « L'application dans le temps des
nouveaux critères de définition du domaine public », Dr. adm., nov. 2010, p. 16. La jurisprudence s'est dans
l'ensemble refusée à appliquer les nouveaux critères à des situations antérieures,.Par exemple un arrêt de
la Cour Administrative d'Appel de Lyon du 29 avr. 2008 (Sté Boucheries André, AJDA 2008. 2338, note
J. Andréani ; RDI 2008. 552, note O. Févrot) a notamment admis que les dispositions du nouveau code « ne
pouva(ie)nt avoir pour effet de faire sortir du domaine public des biens qui en faisaient partie avant leur
entrée en vigueur ». Le Conseil d'État a confirmé cette position (3 oct. 2012, Commune de Port-Vendres).
On n'en a pas moins noté une tendance des juges à appliquer de manière plus stricte la notion
d'aménagement spécial, en accord avec le texte nouveau (par exemple : T. confl. 22 oct. 2007,
Doucedame, AJDA 2008. 1145, note M. Canedo-Paris).
1010. CE 22 mars 1974, Sté Forézienne de Travaux publics, Lebon 1197 ; 20 avr. 1984, Min. de la
Mer c/ Grangier, RFDA 1984. 67 note A.A.
1011. Par ex. CE 8 mars 1968, Sté industrielle communale, Lebon 177 ; 5 janv. 1980, Richaud ;
Lebon 57, AJDA 1980. 426, note J. Lemasurier, D. 1980. IR 500, note Delvolvé.
1012. CE 14 mai 1954. Malnis, Lebon 915. Conformément à la jurisprudence générale qui sera
évoquée plus loin – v. ss XX ​ , s'il s'agit d'un ouvrage public, le juge peut en ordonner la démolition, mais il
peut aussi ne pas l'ordonner si quelque motif d'intérêt général postule pour son maintien : CE 23 déc. 2010,
Min. Écologie, Rec. p. 528, JCP A 2011, comm. 2044, note Ph. Yolka.
1013. CAA Paris 18 mai 2000, Nguyen Van Qui, AJDA 2000. 1068.
1014. J.-M. Auby, Contribution à l'étude du domaine privé de l'administration, EDCE 1958. 35 ;
R. Chapus, Droit administratif général, tome 2, Montchrestien, 15e éd., 2001, p. 375.
1015. V., concl. Long, CE 20 avr. 1956, Ministre de l'Agriculture, Lebon 168 ; T. confl. 9 juin 1986,
Cne Kintzheim, RD publ. 1987. 492 ; Civ. 2e, 29 avr. 1998, Ville Strasbourg, D. 2000. 232, note
T. Schmitt.
1016. V., concl. Fournier, CE 5 mars 1965, Buber, RD publ. 1965. 993.
1017. V. par exemple CE, sect., 10 mai 1995, Cne de Digne, RFDA 1996. 429, concl. H. Savoie : une
commune peut légalement refuser de vendre une parcelle de son domaine privé à un opérateur qui voudrait
l'utiliser pour construire un supermarché parce qu'elle estime qu'il existe suffisamment d'équipements
commerciaux de ce type sur son territoire.
1018. V. not., 97e congrès des notaires de France, « Les collectivités locales, le renouveau contractuel
– Les propriétés publiques », ACNF 2001. 458 s.
1019. V. par exemple H. Dementhon, Traité du domaine de l'État, Dalloz, 1964.
102. CE 26 avr.1968, OPHLM de Boulogne-sur-Mer, Rec. 261.
1020. Par ex. l'article 173 du Code minier déclare que les mines domaniales de potasse d'Alsace font
partie du domaine privé. V. aussi pour les chemins ruraux : ord. 7 janv. 1959, C. rur., art. L. 161 s.
1021. Sur l'appartenance au domaine privé des forêts domaniales, même comportant un certain
aménagement pour l'utilisation par le public : CE 28 nov. 1975, Abamonte, Lebon 602. RD publ. 1976.
1051, note Waline, D. 1976. 355, note Auby, AJDA 1976. II. 148, note Julien Laferrière, Dr. adm. 1976. 36,
note Moderne, JCP 1976. II. 18467, note Plouvin, RJ envir. 1976. 66, note Mescheriakoff. V. aussi
Decencière Ferrandière, « Le domaine privé forestier », Rev. du Trésor 1978, p. 261. La forêt et le droit,
no spécial AJDA mai 1979.
1022. Hurand, L'État propriétaire immobilier, Dr. adm. 1992, no 3, 749.
1023. Sur l'appartenance de ces biens au domaine privé. V. par ex. Civ. 1re, 18 avr. 1981, JCP 1961.
IV. 81.
1024. CE 23 févr. 1979, Vildart (immeubles des HLM).
1025. CE 16 févr. 1979, Ville de Houilles, Lebon 665.
1026. L. 9 déc. 1905. art. 14 et L. 2 janv. 1907, art. 1 ; T. confl. 14 mai 1990, Commune de Bouyon,
p. 769.
1027. Wolkowitsch, « Le mobilier national », Ét. docum. 1978, no 4472. Foulon, « Le mobilier national »,
Dr. adm. 1992. 101.
1028. L'appartenance au domaine privé des parts sociales détenues par les collectivités publiques est
pourtant discutée : v. N. Foulquier, Droit administratif des biens, LexisNexis, 2013, p. 77.
1029. C. Lavialle, « La condition juridique de la monnaie fiduciaire », RFDA, juillet-août 2009. 669
103. CE, ass., 23 oct. 1998, EDF, Rec. p. 364, AJDA 1998. 1017, concl. J. Arrighi de Casanova, Dr.
adm. 1998, no 368, note A. Taillefait, RFDA 1999. 578, note C. Lavialle.
1030. Note Blaevoet, D. 1956. 210.
1031. CE 18 avr. 1956. Auffret, Lebon 784.
1032. A. Alonso Garcia, « Contentieux domaniaux et compétence juridictionnelle », in Réflexions sur
le Code général de la propriété des personnes publiques (sous la direction de S. Guérard), Litec, 2007,
p. 121.
1033. CE 2 déc. 1910, Commune de St-Sorlin, Lebon 865.
1034. T. confl. 12 févr. 1955, Ralison, Lebon 579 ; CE 18 oct. 1950, Maud, Lebon 501.
1035. Depuis le XIXe siècle ont été établis plusieurs tableaux généraux des propriétés immobilières de
l'État. L'administration des domaines établit et révise un inventaire de ces propriétés (C. dom., art. A. 7 et
8.). Pour les biens mobiliers il n'existe pas d'inventaire général mais seulement des inventaires particuliers
établis par chaque administration sous le contrôle des domaines (C. dom., art. R. 111). V. aussi sur
l'utilisation de l'informatique. Rev. adm. 1974. 564.
1036. Oliva, « Contribution à l'étude du domaine : les biens départementaux domaniaux », RRJ 1992,
no 5. p. 658.
1037. C'est le cas par exemple de dotations d'immeubles à un établissement public en vertu de textes
spéciaux (C. dom., art. R. 81) ou de certaines successions (en réalité aliénations) à des collectivités
publiques.
1038. C. Malwe, « La valorisation du patrimoine immatériel de l'État », Dr. adm. 2009, comm. 52.
1039. Voir Les Échos, 30-31 oct. 2015, p. 14.
104. Civ. 7 nov. 1950, S. 1952. 1. 173, note Tixier ; CE 9 oct. 1957, Société Vertusienne d'exploitation
de garages, AJDA 1958. 11 ; 12 déc. 1979, commune de Labastide – Cezeracq, Lebon 732.
1040. T. com. Paris, 19 juin 2015, JCP E 25 juin 2015, note A.Couret et B. Dondero.
1041. Un décret du 12 juillet 1967 institue dans certains départements une Direction départementale
des Impôts chargée du domaine, seule habilitée à poursuivre les acquisitions ou expropriations d'immeubles
pour le compte des services de l'État.
1042. R. Souchon, L'Office national des forêts, Dr. adm. 1992. 80. L'Office gère un service public de
caractère administratif (T. confl. 9 juin 1986, Commune de Kintzheim). Cependant son activité de gestion
du domaine et d'équipement des forêts est industrielle et commerciale (CE 29 avr. 1994. Groupetudebois,
Dr. adm. n o 395). Il existe également un établissement public « Inventaire forestier national ». (Décr.
6 sept. 1993).
1043. CE 5 déc. 2005, Cne de Pontoy, BJCL 2006, no 2, p. 96, concl. E. Glaser ; 16 déc. 2005, Cne
d'Arpajon, AJDA 2006. 12.
1044. CE 9 nov. 1957. Buneau, Lebon 703 (T. confl. 22 juin 1960, Borel, Lebon 858).
1045. Civ. 1er juin 1932, D. 1932. 1.102.
1046. CE 8 avr. 1990, Ville de Paris, CJEG 1991. 15, concl. P. Frydman, note P. Sablière.
1047. Par ex. CE 13 nov. 1987 Secret. d'État charge de la mer c/ M. Amiot, Dr. adm. 1987, no 640 ;
T. confl. 18 juin 2001 Lelaidier, Dr. adm. 2001, no 214 ; CE 14 oct. 2005, Cne de Chantonnay, BJCL
2005. 789, concl. L.Olléon : à propos de l'expulsion d'un occupant sans titre ; T. confl. 22 nov. 2010,
Brasserie du Théâtre, Dr. adm. 2011, comm. 20, note F. Melleray : à propos du refus de renouvellement
d'un titre d'occupation.
1048. Sophie Comellas, « Interrogations sur le principe de prescriptibilité du domaine privé des
personnes publiques », JCP A 8 juin 2015, p. 19.
1049. Élise Langelier, « Dune du Pilat : le sable (fin) et les épines juridiques », JCP A 15 juin 2015, p. 3.
105. V., Travaux de la commission de révision du Code civil, 1946-1947, p. 803 s. ; Michel, concl. 8.
CE 13 janv. 1933. Chemins de fer P.O., RD publ. 1933. 454 ; Civ. 29 mai 1963, D. 1964. 93. note Juret.
S'il y a difficulté sérieuse sur ce point, il y a question préjudicielle soumise au juge judiciaire (CE 22 juin
1977, Ferré).
1050. On notera que l'article 537 du Code civil prévoit des règles particulières d'administration pour les
biens qui n'appartiennent pas à des particuliers.
1051. T. confl. 6 juill. 1957, Saiac, Lebon 819, D. 1958. 310, note Quermonne.
1052. S'agissant de créances de droit privé, le juge judiciaire serait compétent pour connaître du
contentieux de l'État exécutoire (CE 12 févr. 1954, Simon, Lebon 97).
1053. Par ex. il y a exonération de l'impôt foncier pour les propriétés de l'État affectées à un service
public ou d'utilité générale et non productives de revenus (CGI, art. 1400.2o).
1054. CE 28 mars 1949, Dame Beaulac, Lebon 233.
1055. V. par ex. à propos de règlements municipaux concernant l'utilisation par des groupements locaux
d'immeubles commerciaux : CE 26 oct. 1956, Association des combattants, AJDA 1956. 11. 484. Dans
certains cas cependant, il peut y avoir règlement de police : par ex. baignade municipale ouverte au public,
CE 28 nov. 1980, Commune d'Ardres, Lebon 449. V. aussi CE 12 juin 1963, Rimoux, Lebon 356 ;
CE 3 mars 1975, Courière, Lebon 165.
1056. Le maniement de ces derniers par une personne n'ayant pas la qualité de comptable entraîne
l'application des règles de la comptabilité de fait : v. note Lavigne, note S. 1947. III. 33.
1057. Antoine Alonso Garcia, « Contentieux domaniaux et compétence juridictionnelle », in Réflexions
sur le Code général de la propriété des personnes publiques (sous la direction de Stéphane Guérard),
Litec, 2007, p. 121.
1058. T. confl. 18 mars 1991, Bartoli, req. no 2639.
1059. T. confl. 29 mai 1967, Serrurier, Lebon 654 ; CE 20 juill. 1971. Bolusset, Lebon 543.
106. Sur la gestion des biens des associations transparentes : N. Foulquier, « Le domaine public
transparent », in Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011, p. 141.
1060. Req. 15 janv. 1947, S. 1947. 1. 29, note Lavigne ; Civ. 1re, 11 juill. 1965 JCP 1962. IV. 122 ;
T. confl. 29 mai 1967, Serurier, Lebon 654 ; CE 20 juill. 1971, Bolusse, AJDA 1971. 527, note Labetoulle
et Cabanes ; T. confl. 6 janv. 1975, Consorts Apap., AJDA 1975. 241, note Moderne.
1061. T. confl. 10 nov. 1984, Menoret.
1062. T. confl. 24 oct. 1942, Préfet des Bouches-du-Rhône, S. 1945. III. 10.
1063. CE 3 nov. 1950, Giudicelli, Lebon 554 ; 5 mars 1975, Courrière, Lebon 165, AJDA 1975.
252 259 ; T. confl. 9 juin 1980, Commune de Kintzheim, Dr. adm. n o 505.
1064. Marillia et Beyssac, Biens des communes et sections soumises au régime forestier :
l'affouage, 1982 ; M. Bourjol, « Biens communaux », in J.-Cl. Collectivités territoriales, fasc. 130 s. –
CGCT, art. L. 2411-1 s. – CC 8 avr. 2011, no 2011-118 QPC, Dr. adm. 2011, comm. 56, note F. Hoffmann
– CE, 1° juin 2011, Angonin, AJDA 2011-2351, note M. Verpeaux.
1065. Lorsqu'un texte fixe les conditions de jouissance, le Conseil municipal ne peut établir une
condition supplémentaire : CE 19 févr. 1956, Commune de Montperreux, AJDA 1956. II. 595 ; 21 mai
1989, M. Mazaurin, AJDA 1989. 714, concl. Guillaume.
1066. T. confl. 24 oct. 1987, Surdel, RFDA 1988. 506, concl. Charbonnier, note Pacteau.
1067. CE 30 mai 1951, Semé, Lebon 29 ; 14 févr. 1963, Chauss, AJDA 1963. 11.413 ; 21 janv. 1984,
Sté civile du domaine du Bemet ; 27 mai 1991, M. et M me Campagne, Dr. adm. n o 282.
1068. CE 5 juin 1932, Dulaurens Pretecille, S. 1934.111.43, concl. Detton ; 13 nov. 1987, Sté chargé
de la mer, Lebon 358. Cependant la compétence est administrative pour les redevances d'occupation des
logements universitaires (dans les Offices d'HLM) relevant du CROUS (CAA Paris, 3 mars 1992, CROUS
de Créteil, Dr. adm. 238).
1069. La conclusion d'un bail emphytéotique aboutissant à la mise en disposition d'un bien communal
pour un loyer très inférieur au prix du marché peut être considérée comme constituant une subvention
illégale à une association cultuelle : TA Marseille, 17 avr. 2007, M. Savon, AJDA 2007. 1476, note
M. Dreifuss.
107. CE 27 mai 1964, Chervet, Lebon 300 ; 6 nov. 1970, Consorts Bertrand, Lebon 655.
1070. La compétence judiciaire s'applique à un bail rural même si celui-ci comporte des clauses
exorbitantes du droit commun : T. confl. 22 nov. 1965, Calmette, D. 1966. 258, note Lenoir, JCP 1966.
11.14483, concl. Lindon. La solution est différente si le contrat ne peut apparaître comme un bail rural
(T. confl. 17 nov. 1975, Leclert, D. 1976. 340, note Roche, JCP 1977. II. 18539, note Truchet).
1071. TA Montpellier, 17 mai 2011, M me Dunleavy.
1072. CAA Lyon, 21 mai 2015, Sté Broche et fils, Contrats Marchés Publics, juill. 2015, comm. 183,
note G. Eckert.
1073. V. par ex. CE 8 juill. 1955, Prade, Lebon 555 ; T. confl. 21 oct. 1974. Rodolphe Lambourdière,
Lebon 902 ; CE 19 oct. 1990, Association St Pie V, JCP 1991. 11 note Davignon, AJDA 1991. 46, concl.
Vulpillère.
1074. Par ex. T. confl. 20 avr. 1959, Société nouvelle d'exploitation des plages, piscines et
patinoires, Lebon 866 ; 22 nov. 1965. Calmette. Lebon 818, D. 1968. 258, note Lenoir ; JCP 1965. 11.
14427, note Sandevoir ; CE 9 nov. 1979, Leclert, Lebon 409. D. 1976. 340 note Roche ; JCP 1977.
II. 18539. note Truchet ; 20 janv. 1988, Ville de Paris, p. 55 ; TA Paris 15 déc. 1998, Sté Collège Ste-
Barbe, Dr. adm. 1999, no 102 ; CE 19 nov. 2010, Office national des forêts, Dr. adm. 2011, comm. 19,
note F. Brenet, AJDA 2011. 281, note J.-D. Dreyfus. Cette solution ne paraît s'appliquer que si ces clauses
impriment nettement un caractère administratif au contrat (V. Brard, note JCP 1980. 11. 19153, 8, T. confl.
15 janv. 1979, Payan). Elle est d'autre part écartée si un texte donne compétence à l'autorité judiciaire. Le
contrat est également administratif, s'il confie au contractant l'exécution de service public, CE 4 juill. 1969,
Trouvé, Lebon 360.
1075. CE 17 déc. 1954. Grosy, D. 1950. 526, note Rougevin-Baville.
1076. Req. 14 janv. 1935, D. 1935. 1.81, rapport Pilon.
1077. Civ. 30 mai 1956, JCP 1956. II. 9362, rapport Jacquillard.
1078. CE 25 oct. 1952, Société d'Aubigny-Plage, Lebon 479. Les actes concernant l'exécution du
contrat ne sont normalement pas détachables et relèvent du juge judiciaire : CE 17 fév. 1965, Société des
établissements Mausmer. Le juge administratif peut connaître tous les moyens de légalité, y compris ceux
concernant le droit de propriété de la commune, CE 26 avr. 1985, Commune de Larrau, AJDA 1985. 451,
concl. Jeanneney.
1079. CE 5 déc. 2005, Cne de Pontoy, BJCL 2006-96, obs. B. Poujade.
108. V. pour les canaux concédés à perpétuité avant 1789 ; Req. 8 nov. 1909, S. 1912. 1. 581, note
Mestre ; CE 30 mars 1928, Ministre des Travaux publics, D. 1929. 111.13. Pour le siège de l'Agence
France Presse : Ce ; avis, 10 juin 2004, no 370252.
1080. Le Pavel, « Les concessions de logement », AJDA éd. Propriété immob., 1955. 103 ; Ducos-
Ader « Le logement des agents publics », AJDA 1956. 1.69. ; J-B. Auby, « Logements de fonction », Dr.
adm. nov. 2005, p. 3.
1081. CE 11 mars 1987, Nivose, AJDA 1987. 548, note X. Prétot, CJEG 1988. 322, note P. Sablière.
V. ss 49.
1082. CAA Paris 18 mai 1995, Ghidaglia, req. no 94PA00526.
1083. V., G. Bachelier, « Le logement des instituteurs », AJDA 1988. 569.
1084. T. confl. 26 nov. 1990, Compagnie d'assurances GAN, Lebon 401.
1085. Entre 2005 et 2009, France Domaine, qui est en charge des cessions immobilières de l'État, a
réalisé de telles cessions à hauteur de 3 milliards d'euros (Le Monde, 19 janv. 2001, p. 18). Le patrimoine
immobilier de l'État est évalué à 60 milliards d'euros (Les Échos, 11 oct. 2010, p. 6)
1086. CE 27 nov. 1970, Bizière, Rec. p. 1070 ; CAA Paris, 22 nov. 1994, Conservatoire de l'espace
littoral, Rec. p. 931, RDI 1995. 302 ; CAA Marseille, 24 juin 2003, Ville de Nice, no 98MA00426.
1087. CE 3 nov. 1997, Cne Fougerolles, Dr. adm. 1997, no 387, note L. T. ; RFDA 1998. 12, concl.
L. Touvet ; CAA Bordeaux, 18 mai 1998, Cne Castelsarrasin, Dr. adm. 1998, no 248 ; CAA Versailles,
2 déc. 2010, M. Caen, AJDA 2011. 525.
1088. C. Lavialle, « Le prix de vente des biens du domaine privé », Dr. adm. avr. 1991, p. 1. Renaud-
Jean Chaussade et Aldo Sevino, « L'accession sociale à la propriété et les collectivités territoriales : un
dispositif encore en construction », AJDA 2008. 1177. Y. Gaudemet et al.,Vente immobilière, personnes
publiques et droit de l'Union européenne, JCP A 21 nov. 2011, Sur les problèmes que soulève l'aliénation
des objets culturels et cultuels, v. ss 97.
1089. CAA Versailles, 2 déc. 2010, M. Caen, no 09VE02711.
109. CE, ass., 30 juillet 2014, M mes D et B, no 349789.
1090. CAA Marseille, 25 fév. 2010, Cne de Rognes, AJDA 2010-1200 concl. F. Dieu– CAA Douai,
25 oct. 2012, Sté Immobilière Carrefour, JCP A 2013, comm. 2101, note F. Linditch. R. Noguellou, « Les
ventes par les personnes publiques liées à des opérations de travaux », JCP A 2011. Étude 1303 ;
E. Colson, « Cessions immobilières avec charges : les droits de la commande publique et de la concurrence
en embuscade », La Lettre du cadre territorial, nov. 2014, p. 68.
1091. T. confl. 26 juin 1992, Lepage Huglo, Dr. adm. n o 356.
1092. Pour une présentation particulièrement précise et concrète des modalités de ventes des
immeubles du domaine privé des collectivités locales, v. 97e congrès des notaires de France, « Les
collectivités locales, le renouveau contractuel – Les propriétés publiques », ACNF 2001. 539 s.
1093. CGCT, art. L. 2241-1 – CAA Versailles, 2 déc. 2010, M. Caen, no 09VE02711, AJDA 2011.
525 ; CE 11 mai 2011, Société Lyonnaise des Eaux France, no 331153, AJDA 2011. 989.
1094. CE 18 nov. 2005, Sté fermière de Campoloro, BJCL 2006. 43, concl. N. Boulouis.
1095. T. confl. 14 mai 2012, Cne d'Ergy, AJDA 2012-1746, note J.D. Dreyfus.
1096. CE 25 mars 1987, Delarue, Lebon 106.
1097. V., B. Busson, « L'aliénation des chemins ruraux : évolutions récentes », AJDA 2002. 612.
1098. C. rur., art. L. 161-2, rédaction issue de la loi du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et
le développement durable du territoire.
1099. V., CE 24 mai 2000, Comité départ. de tourisme équestre de la Mayenne, req. no 195657.
11. C. Chamard, La distinction des biens publics et des biens privés. Contribution à la définition
de la notion de biens publics, Dalloz, Nouvelle bibliothèque de thèses, 2004.
110. V. par ex. ; Yves Gaudemet, Copropriété v/ Domaine public, RJEP, avr. 2012. 1.
1100. CE 23 mai 1986, Consort Richard ; CE 11 sept. 1995, Cne Rilly-Ste-Syre, req. no 129596.
1101. Par ex. pour la vente d'un bateau : CE 22 juill. 1977, Sté Cantieri Navali Santa Maria.
1102. CE 8 juill. 1955, De Marne, Lebon 402 ; T. confl. 22 nov. 1965, Calmette, D. 1966. 258, note
Lenoir ; 17 nov. 1975, Leclert, D. 1976. 340. note Roche, JCP 1977. 18539, note Truchet ; T. confl. 15 nov.
1999 Cne Bourisp, Dr. adm. 2000, no 29.
1103. La jurisprudence interprète strictement cette règle. v. note C.G., D. 1958. 365. Par ex.
CE 15 févr. 1989, Albert Vandal.
1104. Par ex. les délibérations des assemblées administratives relatives à l'aliénation : CE 22 janv. 1954,
Malzat, Lebon 42 ; 17 oct. 1980, Gaillard, AJDA 1981. 312, concl. Labetoulle ; 26 avr. 1985, Commune
de Larrau, AJDA 1985. 431, concl. Jeanneney ; 15 févr. 1989, Albert Vandal (refus de vente : contrôle de
l'erreur manifeste). Lebon 46, LPA 1990. 16 juin, note Llorens ; CE 8 févr. 1999, Ville de Lourdes, req.
no 168043. L'administration, en cas d'annulation de l'acte décidant l'aliénation, peut être condamné sous
astreinte à saisir le juge civil pour faire annuler la vente (CE 7 oct. 1994, Lopez, RFDA 1994. 1090, concl.
Schwartz, note Pouyaud, AJDA 1994. 867, comm. Touvet et Stahl).
1105. G. P. Bloch, La notion de travail public, Librairies techniques 1965 ; R. Capitant, « La double
notion de travail public », RD publ. 1929. 507 ; M. Combarnous et J.-M. Galabert, « La notion de travail
public », AJDA 1960. 92 ; J. Dufau, « À propos de l'arrêt Effimieff et de la notion de travail public », CJEG
1983. 1 ; J. Fournier et G. Braibant, « L'extension de la notion de travail public », AJDA 1957. II. 272 ;
G. Liet-Veaux, « Une jurisprudence ad hoc sur la notion de travail public », Rev. adm. 1955. 285 ; G. Liet-
Veaux, « Progrès ou décadence de la notion de travail public », Rev. adm. 1960. 605 ; J.-P. Maublanc, « De
l'unité de la notion de travail public », in Mélanges J.-M. Auby, Dalloz, 1990, p. 227 ; N. Questiaux,
Récents développements de la notion de travaux publics en tant que critère de compétence du juge
administratif, EDCE 1962. 73.
1106. CE 23 juill. 2003, Consorts Zedda, Lebon T. 1021.
1107. CE 10 juin 1921, Cne de Monségur, Lebon 573 ; RD publ. 1921. 361, concl. Corneille, note
G. Jèze ; S. 1921.3.49, concl. Corneille, note M. Hauriou ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et
B. Genevois, GAJA, Dalloz, 20e éd., 2015, no 36.
1108. T. confl. 28 mars 1955, Effimieff, Lebon 82 ; JCP 1955. II. 8786, note C. Blaevoet ; Rev. adm.
1955. 285, note G. Liet-Veaux ; AJDA 1955. II. 332, note J. A. ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé
et B. Genevois, GAJA, préc., no 67.
1109. T. confl. 24 déc. 1943, Moktar Ben Moussa, Lebon 305.
111. CE 11 févr. 1994, Cie d'assurance Préservatrice Foncière, Lebon 65, JCP 1994. II. 22388, note
M. C. Rouault, AJDA 1994. 548 note Dufau.
1110. CE 26 févr. 1936, Cne d'Appremont-la-Forêt, Lebon 255.
1111. T. confl. 21 mars 1966, Cne de Soultz c/ Société J. Althoffer et Cie, Lebon 828 ; CJEG 1966.
195, concl. A. Dutheillet de Lamothe ; JCP 1966. II. 14687, note J. Dufau ; AJDA 1966. II. 306, note J.-
C. Gautron.
1112. CE 7 déc. 1912, Bonis, Lebon 1173.
1113. CE 11 janv. 1957, Sté Le Palace, Lebon 30 ; AJDA 1958. II. 62, concl. F. Gazier : n'est pas
assimilé à un dommage de travail public le préjudice causé par le refus d'une autorisation de reconstruire
opposé à un administré du fait d'une opération matérielle de remembrement en cours (laquelle est
constitutive d'un travail public : CE 3 déc. 1955, Min. de l'Agriculture c/ Delétoile et Dame de Kergolay,
veuve de Montholon, Lebon 572 ; CE 8 févr. 1956, Préfet d'Eure-et-Loir, Lebon 60 ; CE 10 févr. 1958,
Min. de l'Agriculture c/ Aubert, Lebon 91). Toutefois, les opérations de réfection du cadastre ont été
considérées comme des travaux publics : CE 26 févr. 1988, Cne d'Heiligenberg, Lebon T. 1059.
1114. CE 22 mai 1958, Compagnie centrale de travaux publics et autres, Lebon 290.
1115. CE 1er juill. 1959, Min. des Affaires économiques c/ Beaudoin, Lebon 417.
1116. CE 7 nov. 1962, Époux Bonnisson et Delle Lacroix, Lebon 595.
1117. Civ. 3e, 9 janv. 1958, OPHLM c/ SARL La construction standardisée, Bull. civ. III, no 27,
p. 22.
1118. CE 9 févr. 1934, Mabille, Lebon 201 ; D. 1934. 3, concl. Latournerie, note M. Waline ;
S. 1934.3.33, note R. Alibert.
1119. CE 9 déc. 1970, Syndicat intercommunal pour l'utilisation des décharges contrôlées de la
région de Montmorency et Entreprise J. Fayolle et fils, Lebon 741.
112. Civ. 1re, 25 févr. 2009, Commune de Sospel, RDI 2009. 359, note O. Févrot.
1120. CE 7 janv. 1970, Ville de Cassis, Lebon 10 ; D. 1970. 744, note M. Prieur.
1121. T. confl. 23 févr. 1981, Préfet des Hauts-de-Seine, Lebon T. 952 : travaux de rénovation du
bureau du maire dans les locaux de la mairie.
1122. CE 28 mars 1952, David, Lebon 201.
1123. Civ. 4 mai 1926, Mutin c/ Ville de Dinan et autres, D. 1927. I. 125, note C. Blaevoet.
1124. CE 4 juin 1937, Compagnie française des câbles télégraphiques, Lebon 557.
1125. CE 19 déc. 1962, Louye, Lebon 695.
1126. CE 23 mars 1966, Société Otis-Pifre, Lebon 231.
1127. CE 10 févr. 1978, Société Muller, Lebon 65 ; RD publ. 1979. 543, note M. Waline ; D. 1978.
IR 224, obs. P. Delvolvé.
1128. CE 30 juin 1893, Cauvin Yvose, Lebon 548, à propos de la construction de bâtiments d'une
exposition temporaire.
1129. CE 17 juin 1938, Le Tournir, Lebon 548.
113. CAA Douai, 8 juill. 2003, Sté MC Arthur, no 00DA00376.
1130. CE 21 avr. 1982, M me Daunes et autres, Lebon T. 774 ; D. 1983. IR 316, obs. F. Moderne et
P. Bon ; CE 14 déc. 1984, Association « Les amis du puits aux images », Lebon T. 767. Il en va
toutefois différemment si la conception de la tribune est adaptée à un stade et si des aménagements
spéciaux ont été pratiqués sur celui-ci pour la recevoir (CE 11 déc. 1970, Ville de Saint-Nazaire ;
Lebon 764).
1131. Ainsi, la fourniture de cloches constitue un travail public si le fournisseur doit aussi procéder au
démontage et à l'enlèvement des anciennes cloches (CE 13 juin 1960, Cne de Rigny-la-Salle, Lebon 464).
1132. T. confl. 24 fév. 2003, M me Viviande-Lejeune c/ SEM Ville renouvelée, Lebon 571 ; BJCL,
no 5/03, p. 355, concl. R. Schwartz ; Coll. terr., juin 2003, no 124, obs. R.S.
1133. V. par exemple, à propos de travaux immobiliers exécutés pour le compte d'EDF ou de GDF
alors établissement public industriel et commercial, CE 19 févr. 1969, EDF c/ Entreprise « Pignatta et
Repetti », Lebon 107 ; JCP 1970. II. 16314, note A. Carron ; T. confl. 10 mars 1975, Sté havraise de
matériaux c/ Sté « Électro-entreprise », Lebon 794 ; T. confl. 23 oct. 2000, Sté Solyclaf c/ EDF-GDF,
Lebon 772.
1134. CE 18 déc. 1981, min. des Relations extérieures c/ Pelaz et autres, Lebon 481 ; AJDA 1982.
264, concl. D. Labetoulle ; CJEG 1982. 153, concl. D. Labetoulle ; RD publ. 1982. 1124, note J. de Soto.
V. également, à propos de travaux effectués en France pour le compte de l'Organisation de coopération et
de développement économique dont la France est membre, Civ. 1re, 22 juill. 1968, Sté Dumont et Besson
et autre c/ Association de la Muette et autres, Bull. civ. I, no 220, p. 165 ; RGDIP 1969. 213, obs.
C. Rousseau ; AFDI 1969. 864, chron. J.-F. Lachaume.
1135. CE 9 déc. 1898, Compagnie du gaz de Castelsarrazin, S. 1901. 3. 40.
1136. CE 22 juin 1928, De Sigalas, Lebon 785 ; RD publ. 1928. 525, concl. P.-L. Josse ; D. 1928.
3.49, concl. P.-L. Josse, note A. Pépy ; S. 1928. III. 113, note M. Hauriou.
1137. V. par ex., à propos de la construction, par le titulaire d'une concession d'endigage, de digues
devant, une fois construites, appartenir au domaine public de l'État, CE 18 mars 1988, Société civile des
Néo-Polders, Lebon 129 ; RD publ. 1989. 505, note F. Llorens ; D. 1989. Somm. 17, obs. P. Terneyre ;
AJDA 1988. 549, obs. J.-B. Auby ; à propos de travaux effectués par le concessionnaire du service public
d'eau potable ou par le titulaire d'un marché passé par ledit concessionnaire sur des ouvrages destinés à
faire retour dans le patrimoine de la personne publique concédante, CE 7 août 2008, Sté anonyme de
gestion des eaux de Paris, Lebon T. 956 ; RLCT, oct. 2008, no 1107, obs. E. Glaser ; Dr. adm. 2009,
no 77, obs. E. Glaser.
1138. CE 18 mars 1988, Société civile des Néo-Polders, préc., à propos de travaux d'intérêt général
effectués par le concessionnaire d'endigage dans le cadre du contrat d'endigage sur des terrains destinés à
lui revenir après qu'ils aient été soustraits dans leur totalité à l'action des eaux.
1139. CE 12 oct. 1988, Min. des Affaires sociales et de l'Emploi c/ Sté d'études, de réalisations, de
gestion immobilière et de construction, Lebon 338 ; LPA du 19 juill. 1989, p. 10, note F. Llorens ; CJEG
1990. 119, note E. Fatôme, à propos de la construction de locaux simplement loués à l'État, ce dernier se
bornant à se réserver la possibilité éventuelle de les acheter ultérieurement.
114. P. Yolka, « L'accès des personnes publiques à la copropriété », Dr. et patr. mars 2009, p. 80.
1140. CE 25 févr. 1994, SA SOFAP-Marignan Immobilier, Lebon 94 ; RFDA 1994. 510, concl.
J. Arrighi de Casanova ; AJDA 1994. 550, note H. Périnet-Marquet ; D. 1994. 536, note M. Lombard ;
JCP 1994. IV. 1014, obs. M.-C. Rouault ; JCP (éd. N.) 1994. II. 168, note C. Daval et F. Roussel ; CJEG
1990. 569, chron. E. Fatôme et P. Terneyre, à propos d'un bail emphytéotique mettant, pendant soixante-
cinq ans, des terrains dont la commune est propriétaire à la disposition d'une société à charge pour cette
dernière d'y réaliser un bâtiment destiné pour partie à l'extension de l'hôtel de ville et pour partie à abriter
des bureaux privés, la société s'engageant à donner à la ville les surfaces répondant à ses besoins et
l'ensemble du bâtiment devant en fin de bail revenir à la ville.
1141. V. par exemple T. confl. 28 févr. 1977, Époux Girot-Costy c/ OPHLM de Roanne, Gouyon et
Clément, Lebon T. 741 ; Civ. 1re, 20 févr. 2008, Sté Advico c/ Sté Service Pro, JCP Adm. 2008, no 2174,
note O. Renard-Payen. Sur l'ensemble du problème, v. S. Chatain et S. Deliancourt, « La responsabilité
administrative et civile des offices publics de l'habitat », BJCL, no 3/09, p. 161.
1142. CE 7 nov. 1958, SARL Entreprise Eugène Revert, Lebon 541 ; RD publ. 1959. 596, concl.
C. Heumann ; AJDA 1959. 196, note J. Gardiès ; JCP 1959. II. 11020, note C. Blaevoet ; T. confl. 14 déc.
2009, Sté d'HLM pour Paris et sa région c/ Sté Dumez Ile-de-France, Lebon 592.
1143. Civ. 1re, 19 sept. 2007, Sté Axa corporates assurances c/ Sté Habitat 62/59, JCP Adm. 2007,
no 2321, note O. Renaud-Payen ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB,
2e éd., 2015, no 10.
1144. T. confl. 6 nov. 1967, Sté coopérative d'HLM « Notre cottage » c/ Dechet et Morel,
Lebon 657 ; AJDA 1968. 262, note P. Laporte.
1145. T. confl. 16 mars 1998, SA d'HLM CARPI, Lebon 535 ; RD publ. 1999. 249, concl. J. Arrighi de
Casanova.
1146. T. confl. 21 juin 2004, GAEC des Hayettes et Cie d'assurances Les abeilles, Lebon T. 902.
1147. T. confl. 6 avr. 2009, Pragnère et Sté Garage du Faucygny c/ Sté Constructions de lignes
téléphoniques, Lebon 592. Il en va toutefois différemment, en application de la jurisprudence Adelée sur
laquelle on reviendra plus loin (CE 11 juill. 2001, Lebon 372 ; AJDA 2002. 266, note J. Dufau ; Dr. adm.
2002, no 36, note C. Lavialle).
1148. T. confl. 2 mai 1988, Caisse d'assurance mutuelle du bâtiment, Lebon T. 1060 ; LPA du 7 sept.
1988, note F. Moderne ; D. 1988. Somm. 17, obs. P. Terneyre.
1149. CE 24 janv. 1936, Mure, Lebon 105 ; S. 1936.3.25, note P. L. ; CE 29 avr. 1949, Consorts
Dastrevigne, Lebon 185 ; CE 16 oct. 1964, Ville de Tulle c/ Roume, Lebon 476 ; AJDA 1965. II. 180,
obs. J. Moreau ; CE 6 févr. 1970, Préfet de police c/ Sieur Kerguélen, Lebon 87, concl. M. Bertrand ;
RD publ. 1970. 1226, note M. Waline ; CE 5 mars 1971, SNCF, Lebon 184 ; AJDA 1971. I. 283, chron.
D. Labetoulle et P. Cabannes.
115. CE, sect., 19 oct. 1990, Association Saint Pie V, no 90346 : cas d'une église que la commune,
propriétaire, avait mise à la disposition d'une association catholique traditionaliste.
1150. CE 18 déc. 1953, Sté coopérative de reconstruction « Liberté », Lebon 567 ; Rev. adm. 1954.
53, note G. Liet-Veaux.
1151. Travaux d'entretien exécutés par une commune sur une voie privée ouverte à la circulation
publique (CE 16 nov. 1957, Ville de Marseille c/ Dame Poro, Lebon T. 1041 ; AJDA 1957. II. 458, note
J. G. ; Rev. adm. 1958. 396, note G. Liet-Veaux ; CE 18 mai 1973, Ville de Paris c/ Dijan, Lebon 361 ;
T. confl. 16 mai 1994, Consorts Allard c/ Cne de Malemort-sur-Corrèze et autres, Lebon 599, a
contrario) ; construction par l'État, dans l'intérêt de la navigation, d'une arche mobile sur un pont
appartenant à un particulier (CE 27 mai 1964, Chervet, Lebon 300 ; JCP 1964. II. 13936, concl.
J. Rigaud ; AJDA 1964. II. 620, note P. Laporte) ; arrachage, par les soins d'une commune, d'une haie
implantée sur une propriété privée et gênant la visibilité à un carrefour (CE 19 févr. 1965, Demoiselle
Desamy, Lebon 119 ; AJDA 1965. II. 416, note P. Laporte) ; travaux de voirie exécutés par une commune
sur un trottoir et un terre-plein demeurés propriétés des riverains de la voie (CE 9 juill. 1969, Ville
d'Ajaccio, Lebon 366) ; réalisation, sur des terrains privés, de travaux de construction de banquettes
paravalanches entrepris par une commune (CE 29 janv. 1971, Association « Jeunesse et
reconstruction », Lebon 81 ; AJDA 1971. 279, chron. D. Labetoulle et P. Cabanne ; RD publ. 1971. 1473,
note M. Waline ; Rev. adm. 1971. 279, note F. Moderne) ; travaux de surélévation et d'élargissement, sur
une propriété privée, d'un chemin menant à une digue qu'il convenait de rénover (CE 16 mai 2012, Verrier,
Lebon T. 1014).
1152. Et qui varie d'ailleurs en fonction de l'évolution des mentalités. L'exemple classique en la matière
est celui des travaux entrepris par les concessionnaires privés de casinos municipaux. À l'origine, leurs
travaux n'étaient que des travaux privés car ils ne correspondaient pas à un objet d'utilité publique
(CE 12 mai 1922, Ville de Saint-Malo, Lebon 413). Par la suite, ils ont pu être considérés comme des
travaux publics compte tenu de leur intérêt pour le développement du tourisme dans la commune
(CE 1er mai 1931, Giacomi c/ Ville de Chamonix, Lebon 463). Maintenant, les concessions de casinos
sont même susceptibles d'être considérées comme des concessions de service public (CE 25 mars 1966,
Ville de Royan et Sté anonyme de Royan et Couzinet, Lebon 237).
1153. Réciproquement, il a été jugé qu'un travail sur un immeuble utilisé par un service public pouvait
ne pas être un travail public (CE 13 févr. 1942, Ville de Sarlat, Lebon 49 ; RD publ. 1943. 349, concl.
M. Léonard, note R. Bonnard ; D. 1942. 167, note P. L. J. ; JCP 1943. II. 2419, note R. Charlier) mais la
solution est contestable, du moins au cas d'espèce (il s'agissait en effet d'une ancienne église appartenant à
une commune, classée monument historique, mais qui n'était plus affectée au service du culte de telle sorte
qu'elle avait été louée à l'administration des postes qui y avait installé un bureau de poste ; le Conseil d'État
estime que le fait que la commune ait tardé à effectuer les travaux de réfection de la toiture de l'immeuble
en question ne se rattache pas à l'exécution ou à l'inexécution d'un travail public ; il eut sans doute été plus
logique de juger le contraire : compte tenu à la fois du fait que le bâtiment était classé monument historique
et qu'il était affecté au service public des postes, la restauration de sa toiture présentait à l'évidence un
caractère d'intérêt général).
1154. CE 19 nov. 1958, Zagouatti, Lebon 569 ; AJDA 1958. I. 123, concl. A. Bernard ; CE 15 févr.
1989, Mignot, Lebon 53 ; AJDA 1989. 403, obs. J. Dufau.
1155. CE 23 nov. 1921, Cosson, Lebon 964 ; CE 30 mars 1938, Compagnie des polders de l'Ouest,
Lebon 497 ; CE 2 oct. 1970, Dame Blasco, Lebon 548.
1156. CE 11 mai 1962, Dame Ymain, Lebon 315 ; D. 1962. 556, concl. M. Combar-nous ;
S. 1962. 243, concl. M. Combarnous ; AJDA 1962. I. 424, chron. M. Galabert et M. Gentot ; T. confl.
10 juin 1963, Cauvin, Lebon 785 ; D. 1963. 736, note C. Blaevoet ; JCP 1964. II. 13540, note J. Dufau ;
CE 26 févr. 1975, Caisse primaire d'assurance maladie d'Indre-et-Loire et sieur Bougeon, Lebon 156 ;
T. confl. 7 oct. 1991, Caisse primaire d'assurance maladie du Loiret, Lebon T. 1239. En revanche, les
mêmes travaux sont considérés comme des travaux publics lorsqu'ils sont effectués par la personne
publique qui exploite le service ou par son concessionnaire (CE 22 déc. 1967, Sté coopérative ouvrière
« Les terrassiers paveurs versaillais », Lebon 533 ; CE 19 mai 1972, Renard, Lebon T. 1244 ; T. confl.
3 juill. 1995, SCI du 138 rue Victor Hugo à Clamart c/ EDF et Sté urbaine des travaux, Lebon 498 ;
JCP 1995. IV. 2331, obs. M.-C. Rouault) car ils sont alors réputés être exécutés dans l'intérêt général. Il va
de soi qu'il y a dans cette différence de nature entre les travaux entrepris par le particulier permissionnaire
(travaux privés) et ceux entrepris par la personne publique ou son concessionnaire (travaux publics) une
bonne dose d'artifice.
1157. T. confl. 10 juin 1963, Sté Lombardi et Morello c/ Cne de Laruns et SNCF, Lebon 786 ;
T. confl. 25 juin 1973, ONF c/ Béraud et Entreprise Machari, Lebon 847 ; AJDA 1974. 29, note
F. Moderne ; D. 1975. 350, note P. Comte ; CJEG 1973. 229, note J. V.
1158. T. confl. 8 févr. 1965, Martin c/ Sauvadet et autres, Lebon 811.
1159. CE 5 nov. 1975, Pélissier, Lebon 537.
116. V. ss 80.
1160. CE 28 sept. 1988, ONF c/ M elle Dupouy, Lebon 317 ; AJDA 1989. 47, obs. J.-B. Auby.
1161. De la même manière, des travaux de construction d'une digue, exécutés pour le compte de la
commune dans un but d'intérêt général, constituent des travaux publics alors même que leur terrain
d'assiette fait partie du domaine privé de la commune : T. confl. 8 déc. 2014, Consorts Chabod c/
Commune de Grésy-sur-Isère, AJDA 2015. 1326, note N. Font.
1162. CE 18 févr. 1983, Cne de Coubon c/ de Vinols, Lebon 76, à propos de l'élargissement et de
l'empierrement d'un chemin communal destiné à en améliorer la viabilité et effectué sans l'accord exprès de
la commune.
1163. V. par exemple G.-P. Bloch, La notion de travail public, Librairies techniques, 1965.
1164. CE 20 avr. 1956, Min. de l'Agriculture c/ Consorts Grimouard, Lebon 168 ; AJDA 1956. 187,
concl. M. Long et p. 221, chron. J. Fournier et G. Braibant ; D. 1956. 429, concl. M. Long et note P. L. J. ;
RD publ. 1956. 1058, concl. M. Long et note M. Waline ; Rev. adm. 1955. 285, note G. Liet-Veaux ;
M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, Dalloz, 20e édition, 2015, no 68.
1165. CE 12 avr. 1957, Mimouni, Lebon 262 ; D. 1957. 413, concl. B. Tricot, note P. L. J. ; S. 1957,
p. 284, concl. B. Tricot ; AJDA 1957. 272, chron. J. Fournier et G. Braibant ; Rev. adm. 1957. 369, note
R. Brichet ; CE 21 déc. 1962, Ville de Thiais, Lebon 701 ; AJDA 1963. 89, chron. M. Gentot et
M. Fourré.
1166. CE 30 mai 1962, Poplin, Lebon 359.
1167. CE 1er oct. 1966, Bachimont, Lebon 510.
1168. CE 6 mars 1970, Ville de Paris et Association syndicale des copropriétaires et de la rue
André-Antoine c/ Sieur Marmuse, Lebon 164.
1169. T. confl. 26 oct. 1987, Gibert, Lebon 454. V. également CE 22 juin 2001, SARL. « Construction
mécanique du Bas-Poitou », CJEG 2001. 488, concl. C. Bergeal : construction par une commune d'un
bâtiment à usage industriel destiné à être cédé à une entreprise privée. Dans le passé, il avait déjà été jugé
que la construction d'une usine destinée à être livrée à une personne privée constituait un travail public dès
lors qu'elle prenait place dans le cadre d'une opération de décentralisation industrielle (CE 3 déc. 1970, Cne
d'Aunay-sur-Odon c/ Entreprise Gobitto, Lebon T. 972) ou visait au développement industriel de la
commune (CE 16 févr. 1973, Barre c/ Ville de Chateau-du-Loir, Lebon T. 927) mais la solution était
implicite (dans les deux espèces) et pouvait être rattachée à la jurisprudence Cne de Montségur (puisque,
dans la seconde espèce, il était souligné que la construction de l'usine était entreprise pour le compte de la
commune). Maintenant, la solution est explicite et est clairement fondée sur la jurisprudence Effimieff
puisqu'il est souligné que la construction de l'usine est effectuée pour le compte d'une entreprise privée
dans le cadre d'une mission de service public tendant à promouvoir le développement économique et
l'emploi.
117. V., CE 11 mai 1950, Dauphin, infra, no 48.
1170. T. confl. 20 juin 1994, M elle Mazzocco c/ Compagnie d'aménagement des coteaux de
Gascogne et entreprise Moncade, Lebon T. 1223.
1171. T. confl. 28 sept. 1998, Ribeiro c/ Association syndicale autorisée pour le développement de
l'irrigation des coteaux du Vaucluse, Lebon 543. V. toutefois CE 26 juill. 1991, Association
départementale de rénovation agricole des Deux-Sèvres, Lebon 301 (travaux réalisés par une
association syndicale autorisée de propriétaires dans le seul intérêt d'un propriétaire ; travaux privés).
1172. T. confl. 17 nov. 2003, Préfet du nord et Caisse régionale d'assurances mutuelles agricoles
du nord-est c/ Agent judiciaire du trésor, Lebon T. 1022 ; T. confl. 23 nov. 2009, Association syndicale
autorisée de Saint-Omer c/ Soc. coop. SIPEMA, Bull. 2009, T. confl. no 28.
1173. CE 27 févr. 1981, de Vaivre, Lebon T. 953 ; CE 5 mars 1982, Guetre et autre c/ Cne des
Ponts-de-Cé, Lebon 100 ; Gaz. Pal. 1982. 2.651, concl. B. Genevois ; D. 1983. IR 135, obs. F. Moderne
et P. Bon.
1174. V. par exemple les auteurs cités par F. Moderne dans sa note sous T. confl. 28 avr. 1980, Prunet
c/ Le Bras, AJDA 1980. 605.
1175. Opinion doctrinale qui, si elle était confirmée par le juge, rendrait caduque la contestable
jurisprudence Cne de Sarlat évoquée supra, v. ss 265, à propos de travaux sur un monument historique
appartenant au domaine privé d'une commune.
1176. T. confl. 28 avr. 1980, Prunet c/ Le Bras, Lebon 507 ; AJDA 1980. 605, note F. Moderne.
1177. CE 21 déc. 1983, Cne de Lège, Dr. adm. 1984, no 40.
1178. CE 18 mai 1960, Époux Grenet, Lebon 340.
1179. J.-M. Auby, « L'ouvrage public », CJEG 1961. 529 et 1962. 1 ; R. Capitant, « La double notion
de travail public », RD publ. 1929. 507 ; C. Cerutti-Maori, L'ouvrage public, th. Paris 1968 ; M. Douence,
« La notion d'ouvrage public est-elle toujours nécessaire ? Nouvelle contribution à l'étude des incertitudes
pesant sur la notion d'ouvrage public », Long cours – Mélanges en l'honneur de P. Bon, Dalloz, 2014,
p. 817 ; G. Liet-Veaux, « Travail public et ouvrage public », Rev. adm. 1960. 133 ; L. Luccini, « Le
fonctionnement de l'ouvrage public », AJDA 1964. 357 ; F. Melleray, « Incertitudes sur la notion d'ouvrage
public », AJDA 2005. 1376 ; J. Petit et G. Eveillard, L'ouvrage public, LexisNexis, 2009 ; S. Pierré-Caps,
« La notion d'ouvrage public – tendances de la jurisprudence récente », RD publ. 1988. 1671.
118. TA Clermont-Ferrand, 30 oct. 1959, Lebon 842 : n'est pas affectée à l'usage du public une salle
des fêtes d'une commune, dans laquelle l'accès du public n'est pas libre ni gratuit.
1180. Notamment R. Chapus, Dr. adm. général, t. 2, Montchrestien, 15e éd., 2001, p. 557.
1181. CE 4 déc. 1970, Min. d'État chargé de la Défense nationale et ministre de l'Équipement et
du Logement c/ Sieur Starr et British Commonwealth Insurance Company Limited, Lebon 733 ;
RGDIP 1971. 114, concl. G. Guillaume ; RD publ. 1971. 1219, note M. Waline ; AJDA 1971. 112, note
F. Moderne ; JCP 1971. II. 16764, note D. Ruzié ; D. 1971. 253, note P. Tedeschi.
1182. CE 12 oct. 1973, Cne de Saint-Brévin-les-Pins, Lebon 567 ; RD publ. 1974. 1137, note
M. Waline.
1183. T. confl. 12 janv. 1987, M me Derouet c/ Sté Les fils de M me Géraud, Lebon 441 ; AJDA 1987.
367, obs. J.-B. Auby.
1184. CE 11 juin 1931, Cne de Fourques, Lebon 621.
1185. CE 2 déc. 1987, Compagnie Air-Inter, Lebon 393 ; RD publ. 1988. 278, concl. J. Massot, et
p. 551, note F. Llorens ; AJDA 1988. 156, chron. M. Azibert et M. de Boisdeffre ; JCP 1988. II. 21034,
note J.-F. Davignon ; D. 1988. Somm. 367, obs. F. Moderne et P. Bon. V. également P. Rodier,
« Remarques sur la condition juridique des approches aériennes aéroportuaires », RFDA 2014. 901. En
revanche, tant que l'avion est encore sur la piste, il utilise un ouvrage public (CE 28 juin 1989, Société Uni-
Air et Compagnie d'assurances L'Europe, Lebon T. 976 ; RFD aérien 1989, p. 560, concl.
G. Guillaume).
1186. CE 29 mai 1987, Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône, Lebon T. 996.
1187. CE 15 févr. 1989, Dechaume, Lebon T. 975 ; RFDA 1990. 231, concl. B. Stirn.
1188. CE 7 juin 1999, OPHLM d'Arcueil-Gentilly, req. no 181605 ; confirmation de CAA Paris 6 juin
1996, OPHLM d'Arcueil-Gentilly c/ Bougabrine, Lebon T. 1199.
1189. Par exemple, un banc placé dans la cour d'un collège n'a pas été considéré comme un accessoire
de l'ouvrage public que constitue le collège mais comme un simple bien mobilier insusceptible de constituer
un ouvrage public : CE 26 sept. 2001, Dpt du Bas-Rhin, JCP 2002. II. 10029, concl. G. Bachelier ; AJDA
2002. 549, note H. Arbousset.
119. V. Henry, concl. RD publ. 1960. 1. 1123 ; Mayras concl., S. 1959. 117 ; Combarnous et
Galabert, AJDA 1960. 1. 78 ; Waline, RD publ. 1962. 524 ; Vergnaud, AJDA 1960. 1. 140.
1190. C'est ce qui explique que, dans certains cas, un ouvrage public puisse être, en même temps, une
œuvre au sens que ce terme a en droit de la propriété intellectuelle avec toutes les conséquences qui en
découlent, notamment quant à l'impossibilité pour le maître de l'ouvrage d'apporter des modifications à
l'ouvrage si ce n'est dans la seule mesure où elles seraient rendues strictement indispensables par des
impératifs esthétiques, techniques ou de sécurité publique légitimés par les nécessités du service public et
notamment la destination de l'ouvrage ou son adaptation à des besoins nouveaux (CE 14 juin 1999, Conseil
de fabrique de la cathédrale de Strasbourg, Lebon 199 ; JCP 1999. II. 10209, concl. J.-
D. Combrexelle ; BJCP 1999, no 7, p. 583, concl. J.-D. Combrexelle et obs. P. Terneyre ; AJDA 1999. 938,
note G. Guilheux ; RFDA 2000. 600, note Y.G., à propos de l'orgue de la cathédrale de Strasbourg ;
CE 11 sept. 2006, Agopyan, BJCP 2006, no 49, p. 432, concl. D. Cassas ; AJDA 2006. 2189, note J.-
D. Dreyfus ; D. 2007. 129, note J. Charret, à propos du stade de la Beaujoire à Nantes). Sur l'ensemble du
problème, v. S. Trigon, « L'ouvrage public, une œuvre à respecter », AJDA 2007. 889.
1191. CE 2 déc. 1955, Cne de Salies-du-Salat, Lebon 571.
1192. CE 5 avr. 1974, Allieu, Lebon 216.
1193. CE 28 oct. 1977, Cne de Merfy, Lebon 406.
1194. CE 14 janv. 2005, Soltes, Lebon T. 1129 ; BJCL, no 5/05, p. 315, concl. I. de Silva.
1195. CAA Bordeaux, 1er avril 2008, Thiault et autres, AJDA 2008. 1438, note J.-M. Vié ; Dr. adm.
2008, no 88, note N. Exposta : les aménagements réalisés, consistant seulement dans la mise en place d'un
balisage rudimentaire au moyen de peinture et de rubans de chantiers ainsi que de panneaux rappelant aux
visiteurs les consignes de sécurité, qui n'ont pas modifiés l'état naturel du site, ont été considérés comme
n'ayant pu conférer à la plate-forme, dans les circonstances de l'espèce, le caractère d'un ouvrage public.
1196. CE 9 juill. 1975, Cne de Simiade-la-Rotonde, Lebon T. 1302.
1197. CE 6 mars 1968, Huet, Lebon 166.
1198. CE 3 juill. 1970, Cne de Dourgne, Lebon 462.
1199. CE 12 déc. 1986, Rebora, Lebon 281 ; AJDA 1987. 354, concl. J.-C. Bonichot ; CJEG 1987.
601, concl. J.-C. Bonichot et note L. Richer ; LPA du 6 mars 1987, p. 4, note F. Moderne ; Rev. adm. 1987.
35, note P. Terneyre ; D. 1987. Somm. 343, obs. F. Moderne et P. Bon.
12. V. par exemple, X. Greffe, Économie des politiques publiques, Dalloz, 1997, p. 126 ; R. Cooter et
T. Ulen, Law & Economics, Addison-Wesley, 2000, p. 42 et 106 s. ; E. Mackaay et S. Rousseau, Analyse
économique du droit, Dalloz, 2e éd., 2008.
120. CE 22 avr. 1960, Berthier, RD publ. 1960. 1223, concl. Henry, CJEG, J. 163, note Carron, AJDA
1960. 1. 78 note Combarnous et Galabert ; 13 juill. 1961, Dame Lauriau, Cie fermière du casino de
Constantine, RD publ. 1961. 1087, concl. A. Bernard, RD publ. 1961. note Waline ; 3 déc. 1965, Ville de
Nice, Lebon 941 ; 14 juin 1972, Eidel, Lebon 442. AJDA 1973. II. 95, note Dufau ; 27 avr. 1973,
Beranger, Lebon 930 ; 23 févr. 1979. Gourdain Lebon 78. D. 1979. IR 263, note Delvolvé ; 25 mars
1988, Sté Les Ibis ; 6 juin 1989, Sté Le Pavillon Royal. L'application aux promenades publiques du critère
de l'aménagement spécial connaît toutefois des limites. Dans un arrêt peu motivé, le Conseil d'État a
considéré comme ne faisant pas partie du domaine public une forêt domaniale qui avait cependant reçu des
aménagements pour l'usage du public : CE 28 nov. 1975, Office national des forêts c/ Abamonte,
Lebon 602, D. 1976. 355, note Auby, AJDA 1976. II. 148, note J. Laferrière, JCP 1976. II. 18467, note
Plouvin, Rev. jurid. env. 1976, p. 66, note Mescheriakoff.
1200. CE 13 févr. 1987, Vieville, Lebon 59 ; AJDA 1987. 487, obs. J.-B. Auby. V. également, à propos
d'un tunnel construit pour assurer la continuité d'une piste de ski, CE 27 juin 1986, Grospiron c/ Cne de
Val-d'Isère, D. 1987. 113, note M. Excoffier.
1201. On notera d'ailleurs que, à propos de la question de savoir si les pistes sont, non pas des ouvrages
publics, mais des dépendances du domaine public dès lors qu'elles sont la propriété d'une personne publique,
le Conseil d'État vient de répondre affirmativement dès lors qu'elles ont fait l'objet d'un aménagement
indispensable à leur affectation au service public de l'exploitation des pistes de ski. En revanche, elles font
partie du domaine privé si elles n'ont pas fait l'objet des aménagements indispensables à l'exécution de
ladite mission de service public et bien que les skieurs les empruntent pour se rendre aux remontées
mécaniques situées à proximité (CE 28 avr. 2014, Commune de Val-d'Isère, Lebon 107 ; BJCL 2014. 413,
concl. E. Lallet ; RJEP 2014, comm. 40 ; AJDA 2014. 1258, chron. A. Bretonneau et J. Lessi ; Dr. Immob.
2014, 571, note N. Foulquier ; Dr. adm. 2014, comm. 50, note E. Eveillard ; JCP Adm. 2014, no 2235, note
M. Cornille ; annulation de CAA Lyon 7 mars 2011, Syndicat des copropriétaires de la résidence Le
rond-point des pistes I et autre, BJCL 2011. 444, concl. T. Besson).
1202. V., CE 30 sept. 1955, Caisse régionale de Sécurité sociale de Nantes, Lebon 459 ; AJDA
1955. 456, note C. Rossillion, à propos d'ouvrages affectés à la SNCF, ou CE 7 nov. 1962, Consorts
Jacquet, AJDA 1963. 182, note A. de Laubadère, à propos d'ouvrages affectés à EDF alors établissement
public.
1203. CE 1er oct. 1971, Société nouvelle foncière du Cap-Ferret, Lebon 576 ; RD publ. 1972. 687,
note M. Waline, à propos d'une piste en ciment qui faisait partie du « Mur de l'Atlantique » construit par les
Allemands et qui n'a jamais été affectée au service public de la défense nationale.
1204. CE 27 mars 2015, Société Titaua limited company, Lebon 124 avec concl. N. Escaut ;
JCP Adm. 2015, no 2101, concl. N. Escaut et note P.S. Hansen ; RDI 2015. 418, obs. C. Otero ; AJDA
2016. 113, note A. Camus, à propos du hangar d'un port maritime ayant faite l'objet d'une convention
d'occupation au profit d'une société commerciale afin qu'elle y vende et répare des bateaux de plaisance.
1205. CE 17 oct. 1952, Ville d'Arras, Lebon 453, à propos d'une galerie souterraine creusée par
l'armée durant le premier conflit mondial mais abandonnée par la suite. Toutefois, la jurisprudence écarte
parfois ce principe en reconnaissant la qualité d'ouvrage public à des ouvrages qui ne sont plus utilisés ().
1206. CE 30 janv. 1930, Commune Espaly-Saint-Marcel c/ Sieurs Teysonneyre et autres, Lebon 97,
à propos d'un égout qui n'est plus utiisé depuis plusieurs années ; CE 19 mars 1969, Vernier, Lebon T. 977,
à propos d'un fort militaire abandonné ; CE 9 déc. 2011, M me Lahiton, Lebon T. 1186, sol. impl. ; RJEP
2012, no 21, concl. N. Boulouis ; Droit administratif 2012, no 41, note S. Deliancourt, à propos du socle
d'un ancien transformateur et de deux poteaux de distribution électrique inutilisés.
1207. En revanche, leurs travaux de construction, puisqu'ils sont effectués dans un but d'intérêt général,
sont des travaux publics.
1208. CE 14 octobre 2011, Commune de Valmeinier et Syndicat mixte des Islettes, Lebon 490 ;
RJEP 2012, no 20, conclusions C. Legras ; BJDU 2012. 139, concl. C. Legras et obs. J.-T. ; AJDA 2011.
2226, chron. J.-H. Stahl et X. Domino ; RD publ. 2013. 79, note J. Petit ; Droit administratif 2011, no 100,
note G. Eveillard ; JCA A 2011, no 2365, note C. Manson, à propos d'un parking en cours de construction
dont le permis de construire a été annulé.
1209. L'arrêt est d'ailleurs fiché au Lebon sous ces termes.
121. V. les critiques de Sandevoir, « La notion d'aménagement spécial dans la détermination du domaine
public », AJDA 1966. 84.
1210. T. confl. 22 févr. 1960, Borel, Lebon 858 ; Rev. adm. 1960. 133, note G. Liet-Veaux. Il en va de
même, dans le cadre de la jurisprudence Cne de Montségur, lorsque le travail « effectué pour le compte
d'une personne publique » est un travail effectué sur un immeuble privé sous sa direction, son contrôle voire
avec son financement : le travail est alors un travail public (voir supra, no 263) mais l'ouvrage est un
ouvrage privé (CE 27 mai 1964, Chervet, préc. : la construction par l'État, dans l'intérêt de la navigation,
d'une arche mobile sur un pont appartenant à un particulier et dans l'intérêt général est un travail public
mais l'ouvrage qui en est résulté ni, à plus forte raison, le pont dans son ensemble ne peuvent être rangés
dans la catégorie des ouvrages publics).
1211. T. confl. 10 févr. 1949, Roubeaud, Lebon 591, à propos d'ouvrages destinés à l'alimentation en
eau potable d'un lotissement construit par le lotisseur et cédés ensuite à une régie départementale qui les a
incorporés dans son réseau. V. également, CE 15 mars 1961, Ville de Lavaur, Lebon T. 1200 (ancien
barrage privé utilisé maintenant pour la production de courant destiné à l'éclairage public) ou CE 16 févr.
1977, Cne de Montreuil, Lebon 94 (voie créée par un lotisseur privé puis incorporée à la voirie
communale).
1212. CE 11 mai 1962, Dame veuve Ymain c/ Secrétaire d'État aux Travaux publics, aux
transports et au tourisme, Lebon 315, concl. M. Combarnous ; D. 1962. 556, concl. M. Combarnous ;
S. 1962. 243, concl. M. Combarnous ; AJDA 1962. I. 424, chron. M. Galabert et M. Gentot ; T. confl.
10 juin 1963, Cauvin, Lebon 785 ; D. 1963. 736, note C. Blaevoet ; JCP 1964. II. 13540, note J. Dufau ;
CE 26 févr. 1975, Caisse primaire d'assurance maladie d'Indre-et-Loire et sieur Bougeon, Lebon 156 ;
T. confl. 7 oct. 1991, Caisse primaire d'assurance maladie du Loiret, Lebon T. 1239, à propos des
travaux réalisés sous les voies publiques, dans le cadre d'une permission de voirie, par les particuliers en
vue de l'installation ou de la réparation des branchements particuliers d'eau, de gaz, d'électricité ou d'égout
raccordant leurs immeubles à la canalisation principale. V. également, CE 30 mars 1987, Société civile
pour l'équipement du littoral de Saint-Cyprien, Lebon 113.
1213. CE 27 mars 2015, Société Titaua limited company, préc. : hangar d'un port maritime mis à la
disposition d'une société commerciale à des fins d'intérêt privé ; perte de ce fait de la qualité d'ouvrage
public alors que, n'ayant pas fait l'objet d'une procédure de déclassement, il continue à faire partie du
domaine public.
1214. On vise ici les ouvrages publics qui sont eux-mêmes des dépendances du domaine privé et non
pas les ouvrages publics qui sont simplement implantés sur le domaine privé, ce qui revient à dire que l'on
considère ici le statut de l'ouvrage et non celui du terrain sur lequel il est édifié. En effet, il a toujours été
admis sans difficulté que des ouvrages publics puissent être construits sur des parcelles appartenant au
domaine privé. Ce qui pose problème, c'est qu'ils soient considérés eux-mêmes comme des dépendances du
domaine privé.
1215. T. confl. 24 oct. 1942, Préfet des Bouches-du-Rhône, S. 1945. III. 10 ; T. confl. 26 févr. 1948,
Garçon et autres c/ Cne de Fauillet, Lebon 509.
1216. CE 28 sept. 1988, ONF c/ M elle Dupouy, Lebon 317 ; AJDA 1989. 47, obs. J.-B. Auby.
1217. CE 16 mars 1955, Ville de Grasse, Lebon 16 ; CE 20 nov. 1964, Ville de Carcasonne,
Lebon 573 ; AJDA 1965. II. 183, concl. M. Bertrand ; JCP 1965. II. 14178, note C. Blaevoet ; CE 5 janv.
1977, Cne de Jumièges, Lebon T. 1012 ; D. 1977. IR 143, obs. F. Moderne ; CE 18 févr. 1983, Cne de
Coubon c/ de Vinols, Lebon 76 ; CE 2 oct. 1987, Cne de Labastide-Clairence, Lebon T. 991.
1218. CE 23 févr. 1979, Vildart, Dr. adm. 1979, no 121.
1219. T. confl. 15 déc. 1980, Jaouen c/ OPHLM Ville de Paris, Lebon 513.
122. CE 30 mai 1975, Dame Gozzoli. Lebon 325, AJDA 1975. 348 et 350. Note Franc et Boyon.
V. également 17 déc. 1984, Delapierre.
1220. CE 23 févr. 1979, Vildart, préc.
1221. CE 10 mars 1978, OPHLM de Nancy, Lebon 121 ; AJDA 1978. II. 401, concl. D. Labetoulle ;
CE 21 mars 1980, OPHLM des Bouches-du-Rhône, Lebon 165 ; D. 1980. IR 249, obs. F. Moderne.
1222. V. par ex. CE 16 nov. 1962, Ville de Grenoble, Lebon 611 ; AJDA 1963. 182, obs. A. de
Laubadère ; CE 16 nov. 1962, EDF c/ Faivre et autres, Lebon T. 1138 ; AJDA 1963. 182, obs. A de
Laubadère précitées ; CE 19 juin 1963, EDF c/ Dame Géraud, AJDA 1963. 715, note P. Laporte.
1223. CE 23 oct. 1998, EDF, Lebon 364 ; AJDA 1998. 1017, concl. J. Arrighi de Casanova ; CJEG
1998. 490, concl. J. Arrighi de Casanova et note D. Delpirou ; D. 1999. 484, note J.-P. Amadei ; RFDA
1999. 578, note C. Lavialle ; Dr. adm. 1998, no 368, note A. Taillevait.
1224. Tel n'était pas toutefois le cas des biens de l'établissement public industriel et commercial
« Réseau ferré de France » alors existant. Bien que la loi du 13 févr. 1997 ait soumis, pour l'essentiel,
l'établissement aux règles de la gestion commerciale, son article 11 précisait que les biens qui lui
appartiennent, qui sont affectés au transport ferroviaire et qui sont aménagés spécialement à cet effet font
partie du domaine public (voir aujourd'hui l'article L. 2111-15 du CGPPP). En revanche, l'article 22 de la loi
du 11 décembre 2001 portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier (loi
MURCEF) a déclassé les biens immobiliers de La Poste (qui demeurait pourtant à l'époque un
établissement public) faisant partie jusqu'alors de son domaine public.
1225. K. Grabarczyk, « L'ouvrage public appartenant à une personne privée – La continuité
jurisprudentielle des critères de définition d'un ouvrage public », AJDA 2011. 2269.
1226. T. confl. 12 déc. 1955, Ané c/ EDF, Lebon 628 ; CE 29 avr. 2010, M. et M me Béligaud,
Lebon 126 ; RFDA 2010. 557, concl. M. Guyomar et note F. Melleray ; RJEP 2010. 24, concl.
M. Guyomar et note Y. Gaudemet ; AJDA 2010. 1642, chron. S.-J. Liéber et D. Bottegi ; AJDA 2010.
1916, chron. P.-A. Jeanneney ; Dr. adm. 2010, no 132, note J.-L. Pissaloux ; C. Chamard-Heim,
F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, no 11.
1227. CE 2 mars 1938, Guarino, Lebon 227.
1228. CE 11 juill. 2001, Adelee, Lebon 372 ; AJDA 2002. 266, note J. Dufau ; Dr. adm. 2002, no 36,
note C. Lavialle (couvercle d'un ouvrage de télécommunication en saillie sur un trottoir) ; T. confl. 5 mars
2012, Société Generali assurances IARD et autres c/ Société France Telecom, Lebon T. 889 ; AJDA
2012. 1964, note A. Cartier-Bresson (ligne téléphonique non incorporée à une route qu'elle traverse et dont
elle ne constitue pas une dépendance).
1229. CE 26 sept. 2007, M. et M me Chanal, BJCL, no 11/07, p. 853, concl. E. Prada Bordenave et
obs. M. G. ; JCP Adm. 2007, no 2326, obs. J. Moreau.
123. CE 14 oct. 1977, Defforge.
1230. CE 13 mars 1959, Sté Lyonnaise des Eaux, Lebon 182 ; AJDA 1959. I. 138, chron.
M. Combarnous et J.-M. Galabert.
1231. CE 22 janv. 1960, Gladieu, Lebon 52 ; RD publ. 1960. 686, concl. J. Fournier ; CJEG 1960. 92,
concl. J. Fournier et note A. Carron ; JCP 1962. II. 12443, note C. Blaevoet.
1232. P. Sablière, Les branchements électriques, CJEG 2000. 265, spéc. p. 274-277.
1233. V. par exemple T. confl. 3 juill. 1995, SCI du 138 Rue Victor Hugo à Clamart c/ EDF et Sté
urbaine de travaux, Lebon 495, pour qui les branchements particuliers constituent des dépendances des
canalisations principales auxquelles ils sont reliés et font partie de la concession de l'exploitant public.
1234. Civ. 1re, 24 juin 1980 (deux espèces), Sté Avenir Publicité c/ Société J.-C. Decaux et Sté
Avenir Publicité c/ SOMUPI, Bull. civ. I, no 194, p. 157 ; JCP 1980. II. 19478 et 19479, concl.
M. Gulphe ; Civ. 1re, 25 mai 1982, Sté J.-C. Decaux Paris c/ Sté Avenir publicité, Bull. civ. I, no 193,
p. 168 ; Civ. 1re, 4 janv. 1983, Sté J.-C. Decaux c/ Affichage publicité Hude, Bull. civ. I, no 7, p. 5 ;
Quot. jur. du 5 mai 1984, p. 3, note F. Moderne. La Cour de cassation fonde toutefois son analyse sur le
fait que ces mobiliers urbains ne sont pas la propriété d'une personne publique, ce qui ne suffit évidemment
pas à exclure la qualification d'ouvrage public.
1235. CE 30 mai 1947, Ville de Rueil, Lebon 234 ; CE 30 nov. 1979, Ville de Jœuf, Lebon T. 909. En
revanche, la qualification d'ouvrage public sera refusée s'il n'y a pas d'affectation à la circulation générale,
par exemple si l'on a affaire à un pont privé sur lequel l'administration a certes effectué des travaux mais
qui ne sert qu'à la desserte d'une exploitation privée (CE 27 mai 1964, Chervet, Lebon 300 ; JCP 1964.
II. 13936, concl. J. Rigaud).
1236. CE 19 oct. 1979, Société « Difamelec-au Roy de la télévision », Lebon T. 909.
1237. CE 30 sept. 1955, Caisse régionale de Sécurité sociale de Nantes, Lebon 459 ; AJDA 1956.
II. 456, note C. Rossillion.
1238. P. Sablière, « Les ouvrages de production, de transport et de distribution d'électricité sont-ils
encore des ouvrages publics et faut-il qu'ils le soient ? – Contribution à l'étude des incertitudes pesant sur la
notion d'ouvrage public », AJDA 2005. 2324.
1239. T. confl. 12 avr. 2010, Sté ERDF c/ M. et M me Michel, RFDA 2010. 551, concl. M. Guyomar et
note F. Melleray ; AJDA 2010. 1642, chron. S.-J. Liéber et D. Bottegi ; JCP Adm. 2010, no 2173, note
J. Moreau.
124. CE 16 nov. 1962 Ville de Grenoble, JCP 1963. II. 13395 ; CAA Lyon 24 oct. 1995, Cne de
Saint-Ours-des-Roches, req. no 94LY01080, RDI 1996. 356, chron. J.-B. Auby et Ch. Maugüé ; T. confl.
18 mars 2013, Consorts Orcière, Revue Lamy des coll. terr., mai 2013, p. 47, note M.C.Rouault.
1240. Autres que les ouvrages de production d'énergie hydroélectrique concédés auxquels, comme on
l'a déjà indiqué plus haut, la loi attribue la qualité d'ouvrage public.
1241. CE 29 avr. 2010, M. et M me Béligaud, Lebon 126 ; RFDA 2010. 557, concl. M. Guyomar et
note F. Melleray ; RJEP 2010. 24, concl. M. Guyomar et note Y. Gaudemet ; AJDA 2010. 1642, chron. S.-
J. Liéber et D. Bottegi ; AJDA 2010. 1916, chron. P.-A. Jeanneney ; Dr. adm. 2010, no 132, note J.-
L. Pissaloux.
1242. Sur le cas, non encore tranché par la jurisprudence, des ouvrages de production d'électricité à
fonctionnement intermittent tels que les parcs éoliens ou photovoltaïque et qui peuvent avoir une puissance
supérieure à 40 mégawatts, v. P. Sablière, « Production d'électricité, ouvrage public et intermittence »,
AJDA 2015. 1454.
1243. CE 10 mars 1978, OPHLM de Nancy, préc. ; CE 21 mars 1980, OPHLM des Bouches-du-
Rhône, préc.
1244. CE 11 févr. 1994, Compagnie d'assurances Préservatrice foncière, Lebon 64 ; RFDA 1994.
502, concl. H. Toutée ; CJEG 1994. 197, note P. Sablière et concl. H. Toutée ; AJDA 1994. 548, note
J. Dufau ; D. 1994. 493, note J.-F. Duvigon ; JCP 1994. II. 22338, note M.-C. Rouault.
1245. T. confl. 14 mai 2012, M me Girardeau et autres c/ Société Orange France et autres,
Lebon 509 ; JCP 2012. 819, concl. J.-D. Sarcelet ; RD publ. 2013. 287, note B. Delaunay ; Dr. envir.
2012. 302, note J.-V. Borel ; D. 2012. 2978, note S. Moreil ; v. également les cinq autres décisions du
Tribunal des conflits du même jour.
1246. N. Boulouis, Vo Travaux public (contentieux des), Répertoire Dalloz de contentieux
administratif.
1247. Cet article a été abrogé par l'article 7-IV 11° de l'ordonnance no 2006-460 du 21 avril
2006 ratifiée par l'article 138-I 18° de la loi no 2009-526 du 12 mai 2009. Il n'est pas impossible que cette
abrogation résulte d'une erreur. En tout état de cause, elle n'a pas eu de conséquence puisque le juge
administratif continue à se reconnaître compétent en matière de dommages de travaux publics. V., P. Yolka,
« Pavane pour une étoile éteinte : la loi du 28 pluviôse an VIII », JCP Adm. 2009, Libre propos no 859.
1248. Article R. 312-11 du CJA qui poursuit que, si son exécution s'étend au-delà du ressort d'un seul
tribunal administratif ou si le lieu de cette exécution n'est pas désigné par le contrat, le tribunal administratif
compétent est celui dans le ressort duquel l'autorité publique contractante a signé le contrat.
1249. Article R. 312-14 2o du même Code.
125. C. Lavialle, « Que reste-t-il de la jurisprudence Société Le Béton ? », RFDA 2010. 533.
1250. Article R. 312-1.
1251. La demande d'indemnisation du préjudice personnel du dirigeant d'une entreprise résultant du
refus de l'administration d'acquitter des factures pour des travaux réalisés par cette entreprise n'est pas
relative à la « matière des travaux publics » de telle sorte qu'il y a obligation de susciter une décision
administrative préalable : CE 17 nov. 2008, Entreprise Aubelec et Ahmed, Lebon T. 957.
1252. Article R. 421-1.
1253. CE 6 févr. 1970, Préfet de police c/ Sieur Kerguélen, Lebon 87, concl. M. Bertrand ; RD
publ. 1970. 1226, note M. Waline.
1254. Même article.
1255. Pour plus de détails, voir R. Chapus, Droit du contentieux administratif, Montchrestien,
13e éd., 2008, pp. 624-627.
1256. CE 15 févr. 1989, Mignot, Lebon 53 ; AJDA 1989. 403, obs. J. Dufau.
1257. CE 6 févr. 1970, Préfet de police c/ Kerguelen, précit. ; CE 22 oct. 1976, Sté « Compagnie
française Thomson-Houston-Hotchkiss-Brandt », Lebon 437 ; AJDA 1976. 558, chron. M. Nauwalaers
et L. Fabius ; CE 13 nov. 1981, Plunian, Lebon 413, concl. D. Labetoulle ; AJDA 1982. 108, chron.
F. Tiberghien et B. Lasserre ; JCP 1982. II. 19849, note F. Bouyssou. Toutefois, il a été jugé que dérogeait
à l'article R. 421-1 le 2° de l'art. L. 1617-5 du CGCT selon lequel le recours formé contre un titre
exécutoire émis par une colletivité territoriale ou un établissement public local, y compris qu'il est émis pour
assurer le recouvrement des sommes nécessaires au financement de travaux publics, doit être présenté, à
peine de forclusion, dans un délai de deux mois suivant la réception du titre exécutoire : CE 11 oct. 2012,
Sgerri, Lebon T. 1015.
1258. Mêmes arrêts.
1259. CAA Versailles 29 sept. 2006, M me Maillard, Lebon T. 1094.
126. J.-M. Auby, « Le problème de la domanialité publique des immeubles affectés à un service
public », Mélanges Laborde – Lacoste, 1963.
1260. Article premier de la loi du 31 déc. 1968 : « sont prescrites, au profit de l'État, des départements
et des communes…, toutes créances qui n'ont pas été payées dans un délai de quatre ans à partir du
premier jour de l'année au cours de laquelle les droits ont été acquis ». V. par exemple CE 17 mai 1963,
Min. de la Construction c/ Époux Gonzalez, Lebon 306 ou CE 14 juin 1968, min. de l'Équipement et du
Logement c/ Belleville, Lebon 372.
1261. CE 13 juill. 1961, Société des entreprises Monod, Lebon T. 966 ; CE 31 mai 1972, Sieur
Pécaud, Lebon 397.
1262. CE 6 déc. 2013, Commune d'Étampes, Lebon 304 ; AJDA 2014. 993, note C. Froger ; Dr. adm.
2014, comm. 20 par G. Eveilard.
1263. CJA, art. R. 431-3.
1264. CE, avis, du 6 mars 1986, EDCE 1987, no 38, p. 178 ; Y. Gaudemet, B. Stirn, T. Dal Farra et
F. Rollin, Les grands avis du Conseil d'État, Dalloz, 2e éd. 2002, p. 175, commentaire D. Labetoulle.
1265. Décision no 2004-506 DC du 2 décembre 2004, Rec. Cons. const. 211.
1266. CE 4 août 1927, Sté des établissements Charmasson, Lebon 948. En revanche, un contrat
concernant la simple fourniture de pavés sera un marché de fourniture relevant de la compétence du juge
judiciaire dès lors qu'il ne comporte aucune clause exorbitante (CE 31 juill. 1912, Société des granits
porphyroïdes des Vosges, Lebon 909, concl. L. Blum ; D. 1916. 35, concl. L. Blum ; S. 1917. 15, concl.
L. Blum ; RD publ. 1914. 145, note G. Jèze ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois,
GAJA, Dalloz, 20e éd., 2015, no 24).
1267. CE 7 janv. 1927, Sultana, Lebon 9.
1268. CE 4 déc. 1974, Hôpital-hospice de Longjumeau, Lebon T. 1052.
1269. CE 23 oct. 1970, Sieur Clot et Sté Oréfice, Société Herbert c/ Dame Tourmente, Lebon 616.
127. F. Melleray, « La recherche d'un critère réducteur de la domanialité publique », AJDA 2004. 400 ;
P. Godfrin, Droit administratif des biens, Sirey, 2007, p. 14 (« L'échec de l'aménagement spécial comme
critère de domanialité »).
1270. CE 5 mai 1971, Ville de Carpentras c/ Sieur Delhomme, Lebon 326 ; AJDA 1971. 403, chron.
D. Labetoulle et P. Cabannes ; CE 11 déc. 1987, Boulached et Khelfa, Lebon 416 ; D. 1988. 209, concl.
G. Guillaume ; CE 21 janv. 1994, SA Stefal, Lebon T. 853 ; Civ. 1re, 26 juin 2001, EDF c/ SCI Le
Magnolia, Bull. civ. I, no 185, p. 117 ; Rev. jur. entr. publ. 2002, p. 180, note O. Renard Payen.
1271. CE 13 nov. 1981, Plunian, Lebon 413, concl. D. Labetoulle.
1272. CE 23 juin 1986, Sté centrale immobilière de la Caisse des dépôts c/ SA Campenon-Bernard,
Lebon 169 ; D. 1987. Somm. 281, obs. P. Terneyre.
1273. CE 30 janv. 1948, Chevalier, Lebon 52.
1274. CE 2 juill. 2001, Cne de la Courneuve, Lebon 327 ; CJEG 2001. 439, concl. I. de Silva, RFDA
2001. 1236, obs. Hostiou ; CE 3 juill. 2002, Cne de Beauregard-de-Terrasson c/ ASF, Lebon 258 ; AJDA
2002. 751, concl. D. Chauvaux.
1275. Sur l'ensemble de la question, v. M. Douence, « Quand le juge découvre des décisions
administratives autorisant la réalisation de travaux », RFDA 2004. 1137 ; A. Bourrel, « Contribution à
l'étude du principe d'indépendance des législations en droit administratif français », CJEG 2005. 455.
1276. L'attribution de ces subventions est aujourd'hui réglementée par l'article L. 1111-10 du CGCT. De
ce point de vue, un département ne peut, sans méconnaître le principe de libre administration des
collectivités locales, attribuer à des communes une subvention représentant 80 % du montant des
prestations d'assistance à maîtrise d'ouvrage sous réserve que ces prestations soient réalisées par des
personnes privées. V., CAA Versailles, 9 mars 2006, Département des Yvelynes, BJCP 2006, no 48,
p. 337, concl. Le Montaguer.
1277. V. par ex. CE 29 juill. 1998, Cne de Flamanville, AJDA 1998. 943 ; CE 27 juill. 2005, Min.
intérieur c/ Département du Lot-et-Garonne, BJCL 2006, no 1, p. 35, concl. S. Verclytte, à propos d'un
BEA ; CE 7 nov. 2005, Min. de l'intérieur c/ Cne d'Orange, BJCP 2006, no 44, p. 39, concl. E. Glaser ;
AJDA 2006. 608, note L. Levoyer, à propos d'un METP ; CE 28 avr. 2006, Min. de l'intérieur c/ Cne de
Fertrans, BJCP 2006 no 6, p. 437, concl. F. Séners, à propos de la construction de logements locatifs à
destination de tiers ; CE 24 mai 2006, Min. de l'intérieur c/ Cne de Mons-en-Barœul, BJCL 2006, no 7,
p. 521, concl. E. Glaser, à propos d'un réseau câblé municipal, que le législateur a essayé d'éclaircir
récemment (art. 42 de la loi de finances pour 2006, v. L. Levoyer AJDA 2006. 920 ; L. Renouard, BJCL
2006, no 8, p. 556) ; CAA Bordeaux, 16 décembre 2010, Syndicat départemental d'électricité et de gaz
de la Charente, no 08 Bx 03183, AJDA 2011. 1478, obs. J.-M. Vié ; CE 23 déc. 2011, Min. de l'intérieur,
no 330013 ; CE 26 avr. 2013, Min. de l'intérieur, no 346849 ; CE 10 déc. 2014, Min. de l'intérieur,
no 365577.
1278. V., B. Poujade, « L'offre de concours », BJCP 2006, no 44, p. 2 – B. Poujade, « Retour sur
l'offre de concours », Mélanges L. Richer, LGDJ 2013, p. 283.
1279. CE 25 nov. 1992, Paulet, Dr. adm. 1993, no 36.
128. CE 19 oct. 1956, Société Le Béton, RD publ. 957. 316, concl. Long, Rev. adm. 1956. 617, Liet
Veaux ; Rev. adm. 1957. 131, note Morice, JCP 1957. 11. 9765, note Blaevoet, AJDA 1956. II. 472, chron.
Fournier Braibant. V., dans le même sens, 20 mars 1957, Cie industrielle des bois, RPDA 1957, no 143.
1280. CAA Lyon, 20 mai 1992, Torre, Rec., tables, p. 1103.
1281. TA Amiens, 9 nov. 1993, Assoc. Espace Littoral, Rec., tables, p. 885.
1282. CAA Nantes, 18 févr. 1993, Départ. du Finistère, Rec. p. 428 ; D. 1994. 472, M-C. Vigneux.
1283. TA Lyon, 8 mars 2007, La Manufacture du raccourci, AJDA 2007. 1038.
1284. CAA Versailles, 4 oct. 2012, Cmne de Corbeil-Essonnes no 10VE02568.
1285. CE 12 oct. 1979, Touchard, Lebon T. 713.
1286. CE 12 oct. 1979, Touchard, préc.
1287. TA Lyon, 8 mars 2007, La Manufacture du raccourci, préc.
1288. CE 17 juin 1960, Langellier-Bellevue, Lebon 405.
1289. CE 25 juill. 1986, M me Piquemal-Escaing, Dr. adm. 1986, no 533.
129. CE 11 mai 1959, S. 1959.117, concl. Mayras, AJDA 1959. II. 228, note Dufau, JCP 1959. II. 69,
note de Lanversin. Non sans quelques hésitations, le Conseil d'État a également admis qu'un stade
municipal avait été édifié pour permettre le développement d'activités sportives et d'éducation physique
présentant un caractère d'intérêt général et qu'il était donc affecté à un service public (13 juill. 1967, Ville
de Toulouse, AJDA 1961. 1.467, chron. Galabert Gentot, CJEG 1962. J. 25, note A.C).
1290. CE 24 juill. 1981, Sec. d'État aux universités c/ Ville de Saint Denis, Lebon 324 ; CAA Paris,
18 avr. 1989, Ville d'Aulnay-sous-Bois, Rec., CE T., p. 776.
1291. CE 25 févr. 1994, SA Sofap Marignan immobilier, Lebon 94 ; RFDA 1994. 510, concl.
J. Arrighi de Casanova ; D. 1994. 536, note M. Lombard ; CJEG 1994. 569, étude E. Fatôme et Ph.
Terneyre.
1292. CE 4 août 1967, Trani, Lebon 352.
1293. CE 12 oct. 1988, Min. affaires sociales c/ SERGIC, Lebon 338 ; CJEG 1990. 119, note
E. Fatôme.
1294. CE, avis, 31 janv. 1995, AJDA 1997. 126, étude E. Fatôme et Ph. Terneyre.
1295. CE 8 févr. 1991, Région Midi-Pyrénées, Lebon 451 ; RFDA 1992. 48, concl. M. Pochard ;
CJEG 1991. 251, étude F. Llorens ; D. 1991. Somm. 373, obs. Ph. Terneyre ; CE, avis, préc., 31 janv.
1995.
1296. V. par ex. CE 7 janv. 1927, Sultana, Lebon 9 : marché relatif à l'organisation du travail de
détenus mais prévoyant au préalable un aménagement des locaux pénitentiaires ; CE 6 nov. 1959, Auguste,
Lebon 582 ; T. confl. 12 janv. 1987, Synd. de la copropriété sis à Ministrol s/ Loire, Rec. p. 444.
1297. Célèbre arrêt, CE 31 juill. 1912, Sté des granits porphyroïdes des Vosges, Lebon 909 ;
T. confl. 2 mars 1987, Corep du Tarn-et-Garonne, Rec. p. 445.
1298. CE 28 août 1942, Sté des autocars rouges, Lebon 263 ; CE 9 févr. 1951, Min. des armées,
Lebon 81.
1299. V. supra ; CE 13 nov. 1981, M. et M me Plunian, Lebon 413, concl. D. Labetoulle.
13. Maxim Boul, « Les “public goods” : traduction juridique d'une notion économique », RFDA 2013-
557.
130. CE 5 fév. 1965, Société lyonnaise de transports, RD publ. 1965. 493. concl. Galmot.
1300. CE 4 déc. 1974, Hôpital-hospice de Longjumeau, Lebon T. 1052.
1301. CE 13 avr. 1956, Banque franco-portugaise d'outre-mer, Lebon 155 ; CE 13 oct. 1972, SA de
banque Le Crédit du Nord, Lebon 630.
1302. CE 5 mai 1971, Ville de Carpentras, Lebon 326.
1303. CE 23 juin 1986, Sté centrale immob. de la Caisse des dépôts, Lebon 169 ; D. 1987.
Somm. 281, obs. Ph. Terneyre.
1304. CAA Versailles, 19 déc. 2006, Sté Étoile commerciale, AJDA 2007. 549.
1305. CE 22 juin 1928, Épx. de Sigalas, Lebon p. ; 785 ; D. 1928-3. 49, concl. Josse, CE 21 déc.
2012, Cmne de Douai, no 342788, Lebon 477 ; AJDA 2013. 724, Étude Fatôme et Terneyre ; BJCP 2013,
no 1, p. 136, concl. Dacosta, pour les concessions ; TA Amiens, 9 avr. 1996, SEDIC, Dr. adm. 1997, no 39,
pour les concessions d'aménagement ; toutes choses égales, l'édification de la voirie d'un lotissement privé,
destinée à entrer dans le domaine public de la commune, est une opération de travail public ; T. confl.
16 mars 1998, Sté d'HLM CARPI, Rec. p. 535 – alors que sont des travaux privés des travaux
d'assainissement et de voirie pour le compte d'une société de lotissement ; T. confl. 6 nov. 1967, Sté coop.
d'HLM Notre Cottage, Rec. p. 657.
1306. CE 18 mars 1988, Sté civ. des Néo-Polders, Lebon 129 ; D. 1989. Somm. 17, obs. Ph.
Terneyre.
1307. CE 20 mars 1981, Sté Entreprise Auclair, Lebon 154.
1308. CJCE 18 juillet 2007, aff. C-382/05 ; CJCE 13 nov. 2008, aff. C-437/07 ; CJCE 10 sept. 2009,
aff. C-206/08 ; CJUE, 9 sept. 2010, aff. C-64/08 ; CJUE 10 mars 2011, aff. C-274/09 ; CJUE 10 nov. 2011,
aff. C-348/10 ; CJUE 21 mai 2015, aff. C-269/14.
1309. CE 7 nov. 2008, Département de la Vendée, no 291797, BJCP 2009, no 55, p. 55, concl.
Boulouis ; CE 5 juin 2009, Société Avenance-Enseignement Santé, no 298641, BJCP 2009, no 66, p. 393,
concl. Dacosta ; CE 19 nov. 2010, M. Dingreville, no 320169, BJCP 2011, no 75, p. 95, concl. Dacosta.
131. 7 nov. 1989 Dr. adm. 1990 no 28.
1310. CJUE 29 oct. 2009, Commission c/RFA, aff. C-536/07, BJCP 2010, n° 68, p. 23.
1311. CJUE 25 mars 2010, Helmut Müller, aff. C-451/08, BJCP 2010, n° 71, p. 234.
1312. CJUE, 8 mai 2013, M. Libert ; aff. C-203/11, BJCP 2013, n° 91, p. 399.
1313. CJUE, 10 juill. 2014, Impresa Pizzarotti, aff. C-213/12 ; BJCP 2014, n° 98, p. 28.
1314. CE 2 juin 2009, Cmne de Saint-Germain-en-Laye, BJCP 2009, n° 66, p. 365, concl.
B. Dacosta ; TC Montpellier, 26 juin 2009, Sarran, Contrats Marchés publ. 2009, n° 347 ; CE 11 août
2009, Cmne de Les Vans, BJCP 2009, n° 67, p. 456, concl. B. Dacosta ; CAA Marseille, 25 févr. 2010,
Cmne de Rognes, AJDA 2010.1201, concl. F. Dieu ; CAA Douai, 25 oct. 2012, Soc. immobilière
Carrefour, n° 11DA01951).
1316. Art. 1er de la loi qui exclut néanmoins de son champ d'application divers ouvrages particuliers,
dont la liste est fixée par le décret no 86-520 du 14 mars 1986 ; parmi cette liste, figurent notamment les
centrales de production d'énergie et de chauffage urbain et les unités de traitement des déchets, ce qui
n'exclut pas que les parties décident d'appliquer spontanément la loi MOP alors qu'elles n'y sont pas
obligées, v. CE 8 avr. 1998, Préfet de l'Aube, Lebon T. 1020.
1317. Sur laquelle, v. Ph. Terneyre, « Modifications de la loi MOP : adaptation et mise en conformité
avec le droit communautaire », BJCP 2004, no 37, p. 424.
1318. V. les six missions possibles énumérées à l'art. 3 de la loi MOP.
1319. CE 17 juin 2009, SAEMN, Contrats Marchés publ. 2009, no 284 ; CAA Marseille, 10 juin 2010,
Cne d'Ales-en-Cevennes, Contrats Marchés publ. 2010, no 345).
132. CE 11 juin 2004, Cne de Mantes la Jolie, Dr. adm. 2004, no 144, BJCL 2004-636, concl.
E. Glaser.
1320. CAA Nancy, 4 mai 2000, Cne de St-Lupicin, BJCP 2000, no 12 p. 326, concl. P. Vincent.
1321. CAA Lyon, 29 juin 2006, M. Faloci, BJCP 2006, no 49, p. 477.
1322. V., CJCE 20 oct. 2005, Commission c/ France, aff. C-264/03, BJCP 2006, no 44, p. 21.
1323. V. impl. CE 4 nov. 1996, Dpt de la Dordogne, AJDA 1997. 185, concl. Ch Maugüé.
1324. CAA Paris, 17 oct. 2006, Sté Soprema et autres, Contrats Marchés publ. 2006 no 321.
1325. BJCP no 2, 1999, p. 137, obs. Ph. Terneyre.
1326. CE 19 oct. 2001, Sté Alstom, BJCP 2002, no 20, p. 39, concl. Piveteau ; CJCE 17 sept. 2002,
Concordia bus Finland, aff. C-513/99.
1327. CJCE 11 juill. 1991, Commission c/ Portugal, aff. C-247/89 ; D. 1992. Somm. 187, obs. Ph.
Terneyre, pour un central téléphonique d'un aéroport.
1328. CE 9 juill. 2007, Synd. EGF-BTP et autres, req. no 297711 ; BJCP 2007, no 54, p. 366 concl.
N. Boulouis ; CE 14 déc. 2009, Département du Cher, no 330052 ; BJCP 2010 no 69 concl. B. Da Costa ;
CE 24 juin 2011, Communauté d'agglomération de Rennes métropole, no 346529.
1329. CE 8 nov. 2000, Sté J-L. Bernard Consultants, Lebon 492 ; BJCP 2001, no 15, p. 105, concl.
C. Bergeal ; AJDA 2000. 987.
133. CE 19 déc. 2007, Commune de Mercy-le-Bas, RDI 2008. 100 : à propos d'un terrain appartenant
à une commune mais mis à disposition du service de distribution d'eau géré par un syndicat de communes.
1330. Sur la maîtrise d'œuvre publique, v. Ph. Terneyre, « Maîtrise d'œuvre, constructions publiques »,
in Droit de la Construction, coll. « Dalloz Action », Dalloz 2016 (à paraître).
1331. V., CE 15 déc. 1950, Mathiot, Lebon 812.
1332. Décis. no 2003-473 DC du 26 juin 2003, Rec. p. 382.
1333. Décis. no 2001-452 du 6 déc. 2001, Rec. p. 156.
1334. Sur l'application de cet article du code des marchés, v. CE 11 août 2009, Cté urbaine de Nantes
Métropole, BJCP 2009, no 67, p. 451, concl. B. Dacosta ; CE 9 décembre 2009, Département de l'Eure,
BJCP 2010, no 69, p. 78, concl. N. Boulouis ; CE 21 mai 2010, Cne d'Ajaccio, Contrats Marchés publ.
2010, no 110 ; CE 23 juill. 2010, Conseil Régional de La Réunion, Contrats Marchés publ. 2010,
no 320).
1335. Sur la notion « d'opération de travaux », v. : CJCE 5 oct. 2000, Synd. d'électrification de la
Vendée, BJCP 2001, no 14, p. 76 ; CE 16 mai 2003, Min. de l'intérieur c/ Département des Hautes-
Pyrénées, req. no 251085 ; TA Melun, 4 févr. 2003, Préfet de Seine-et-Marne, BJCP 2003, no 28, p. 241.
1336. V. pour les concessions de service public qui ne sont pourtant pas concernées par le droit
communautaire, CJCE 7 déc. 2000, Telaustria Verlag, aff. C-324/98, BJCP 2001, no 15, p. 132, concl.
N. Fennelly ; et, pour les marchés publics d'un montant inférieur aux seuils communautaires, CJCE 3 déc.
2001, Bent Mousten Vestergaard, aff. C-59/00, BJCP 2002, no 24, p. 345.
1337. V., CE 7 oct. 2005, Région Nord Pas-de-Calais, BJCP 2006, no 44, p. 10, concl. D. Casas.
1338. V., CE 14 mai 2003, Cté d'agglomération de Lens-Liévin, BJCP 2003, no 31, p. 435, concl.
G. Le Chatelier ; CE 10 mars 2004, Cté d'agglomération de Limoges Métropole, Contrats Marchés
publ. 2004, no 115 ; CE 2 juin 2004, Ville de Paris, BJCP 2004, no 36, p. 380 ; CE 17 nov. 2006, ANPE,
Contrats Marchés publ. 2007, no 23.
1339. CE 1er juin 2005, Département de la Loire, BJCP 2005, no 42, p. 366, concl. D. Casas.
134. V. Sandevoir, « La notion d'aménagement spécial dans la détermination du domaine public »,
AJDA 1966. 84 ; Long, concl. 8., CE 19 oct. 1956, Société Le Béton, préc. ; Jouvin, concl. s. CE 4 oct.
1957, Ministre des Travaux publics, Lebon 510 ; Dufau, note 8. CE 11 mai 1959, AJDA 1959. 11. 228,
Hervouet, « L'utilité de la notion d'aménagement spécial dans la théorie du domaine public », RD publ.
1983. 135.
1340. CE 10 mai 2006, Synd. intercom. des services de l'agglomération valentinoise, BJCP 2006,
no 49, p. 427.
1341. CE 10 févr. 1997, Sté Revillon, Lebon T. 927 ; CE 23 nov. 2005, Sté Axiologic, Lebon T. 966.
1342. Sur la notion de variante, v. CE 5 janv. 2011, Sté technologique Alpine sécurité, no 343206.
1343. V. en dernier lieu, CE 9 juill. 2007, Syndicat EGF-BTP et autres, req. no 297711 : en autorisant
les pouvoirs adjudicateurs, dans le cadre des procédures d'appel d'offres restreint, de marché négocié et de
dialogue compétitif, à fixer un nombre minimal de petites et moyennes entreprises admises à présenter une
offre, les dispositions des articles 60, 65 et 67 du Code des marchés publics, applicables respectivement aux
trois procédures précitées, conduisent nécessairement à faire de la taille des entreprises un critère de
sélection des candidatures ; un tel critère qui n'est pas toujours lié à l'objet du marché revêt un caractère
discriminatoire et méconnaît le principe d'égal accès à la commande publique.
1344. V. par ex. pour ces derniers : CJCE 17 déc. 2002, Concordia Bus Finland, aff. C-513/99, BJCP
2003, no 14, p. 26, concl. J. Mischo ; CJCE 4 déc. 2003, EVN AG, aff. C-448-01, BJCP 2004, no 34,
p. 201.
1345. CE 7 oct. 2005, Région Nord-Pas-de-Calais, BJCP 2006, no 44, p. 10, concl. D. Casas.
1346. CE 30 janv. 2009, ANPE, BJCP 2009, no 64, p. 201, concl. B. Dacosta ; CE 24 févr. 2010, Cté
de cnes de l'Enclave des Papes, BJCP 2010, no 70, p. 203, concl. N. Boulouis ; CE 31 mars 2010,
Collec. Territ. de Corse, BJCP 2010, no 71, p. 241, concl. N. Boulouis.
1347. CE 4 avr. 1997, Préfet du Puy-de-Dôme, Lebon 132 ; D. 1998. Somm. 228 obs. Ph. Terneyre.
1348. CE 9 juin 1997, M. Marcilly, req. no 147524.
1349. CE 13 oct. 2004, Cne de Montélimar, BJCP 2005, no 38, p. 42, concl. D. Casas.
135. CE 13 juill. 1961, Ville de Toulouse, préc.
1350. TA Châlons-en-Champagne, 17 oct. 2006, Sté Vauche SA, AJDA 2007. 374.
1351. V., CE 20 oct. 2006, Synd. des eaux de Charente-maritime, BJCP 2007, no 50, p. 28, concl.
D. Casas complété par CE 12 oct. 2009, Région Réunion, BJCP 2010, no 68, p. 15, concl. N. Boulouis.
1352. CE 4 juill. 2005, Cillaire, Contrats Marchés publ. 2005, no 271.
1353. CE 10 juin 1996, préfet de la Côte d'Or, Lebon 189.
1354. CE 28 déc. 2009, Cne de Béziers, BJCP 2010, no 69, p. 138, concl. E. Glaser.
1355. Pour des développements substantiels, v. S. Braconnier, « Dossier 416 : Marchés publics de
travaux : contentieux de la formation », in Droit de la Construction, coll. « Dalloz Action », préc. ;
L. Rapp., Ph. Terneyre et V. Symchowicz, Lamy, Droit public des affaires, chapitres consacrés aux
référés administratifs, au déféré préfectoral et au recours en annulation en matière contractuelle.
1356. V. nos obs. in D. 1995. Somm. 124, et CE 27 janv. 2006, Cne d'Amiens, BJCP 2006, no 45,
p. 97 concl. Boulouis ; CE 8 févr. 2010, Cne de La Rochelle, BJCP no 70, 2010, p. 16, concl. B. Dacosta ;
CE 27 oct. 2010, Soc Radeau et Mozin, no 318023.
1357. CE 10 déc. 1993, Sté Lopez Entreprise, D. 1994. Somm. 225, obs. Ph. Terneyre.
1358. CE 3 nov. 1997, Préfet de la Marne c/ Cne de Francheville, D. 1998. Somm. 359, obs. Ph.
Terneyre.
1359. CE 31 juill. 1996, Canac, Lebon 333 ; D. 1997. 293, obs. Ph. Terneyre.
136. CE 11 mai 1959, Dauphin, préc.
1360. CAA Douai, 31 oct. 2006, Cne d'Armentières, Contrats Marchés publ. 2007, no 40.
1361. CE, sect., 27 mars 1998, Sté d'assurances La Nantaise et l'Angevine réunies, RFDA 1998.
732, concl. C. Bergeal, note A. Bourrel ; RDI 1998. 363, obs. F. Llorens et Ph. Terneyre.
1362. V. à propos de la référence à la norme NFP 03-001, CE 14 déc. 1998, SARL Levaux, BJCP
4/1999, p. 332, concl. H. Savoie.
1363. V. par ex., CE 10 juin 1932, Synd. mixte pour la géothermie à la Courneuve, Lebon T. 1124,
v. aussi CAA Bordeaux, 11 mars 2008, AGF, BJCP 2008, no 59, p. 240, concl. Viard.
1364. CE 22 juill. 1933, Vincent, Lebon 851.
1365. CE 21 mai 1948, Sté coopérative ouvrière, Lebon 641.
1366. V., E. Glaser, BJCP 2001, no 15, p. 94 ; F. Llorens, Contrats Marchés publ. nov. 2000 ;
C. Maugüé et L. Deruy, CJEG 2001. 103 ; L. Richer, AJDA 2000. 758.
1367. CJCE 19 juin 2008, Presstext, aff. C-454/06 ; BJCP 2008. 360 ; CJCE 13 avr. 2010, Wall AG,
aff. C91/08, Contrats Marchés publ. 2010, no 222.
1368. V. article F. Llorens, in Mélanges Fatôme, Dalloz 2011, p. 269.
1369. CE 28 mai 2001, Territoire des Îles Wallis et Futuna, BJCP 2001, no 18, p. 396, concl.
D. Piveteau.
137. V. ss 42.
1370. CE 17 déc. 1999, Sté d'aménagement de Lot-et-Garonne, Lebon T. 882 ; BJCP 2000, no 9,
p. 131, concl. H. Savoie ; CE 17 déc. 2003, Sté Laser, BJCP 2004, no 33, p. 123, concl. G. Le Châtelier ;
CE 3 juin 2005, Sté Jacquin, Contrats Marchés publ. 2005, no 215.
1371. Cass., ch. mixte, 30 nov. 2007, BJCP 2008, no 58, p. 213.
1372. Confirmée par l'article 112 du Code, « le titulaire peut sous-traiter l'exécution de certaines parties
de son marché » et par la CJCE qui décide qu'un marché peut interdire le recours à la sous-traitance pour
la réalisation de parties substantielles des prestations, CJCE 18 mars 2004, Siemens, aff. C-314/01,
Contrats Marchés publ. 2004, no 85.
1373. CAA Lyon, 11 mai 2006, Sté Qualia, BJCP 2006, no 48, p. 349, concl. D. Besle.
1374. CAA Nantes, 30 déc. 1999, Sté Biwater, BJCP 2000. 281.
1375. CAA Douai, 3 juin 2002, Sté Isolan, BJCP 2003. 325.
1376. CAA Bordeaux, 31 juill. 2003, SA Charles et Louysset, Contrats Marchés publ. 2003. 207.
1377. V. aussi, CE 26 sept. 2007, Département du Gard, BJCP 2007, no 55, p. 457, concl.
N. Boulouis.
1378. CE 17 déc. 1999, Sté d'aménagement de Lot-et-Garonne, préc.
1379. V., CE 3 avr. 1991, Synd. d'assainissement d'Autrans, D. 1991. Somm. 375, obs. Ph. Terneyre.
Il ne peut y avoir acceptation par l'administration de la sous-traitance du seul fait de la connaissance qu'elle
a de la présence sur un chantier de sous-traitants : CE 7 nov. 1980, SA Schmid-Valenciennes, Lebon 416 ;
CE 17 mars 1982, Sté Périgourdine d'étanchéité et de construction, Lebon 123, AJDA 1982. 727, concl.
M. Boyon.
138. CE 19 oct. 1956, préc.
1380. CE 13 juin 1986, OP HLM du Pas-de-Calais, Lebon 612 ; D. 1986. Somm. 424, obs. Ph.
Terneyre.
1381. Ainsi des SEM concessionnaires d'autoroutes à capital public : CE 19 nov. 2004, Sté National
Westimster Bank, Contrats Marchés publ. 2005 no 13.
1382. Sur une critique de ces dispositions, v. J.E. Caro, BJCP 2006, no 49, p. 416 ; sur la nécessité de
saisir le maître d'ouvrage, v. CE 10 déc. 2003, Étab. Cabrol Frères, Contrats Marchés publ. 2004, no 49.
1383. CE 3 juin 2005, Jacquin, Contrats Marchés publ. 2005, no 215 : invocation insuffisante par le
sous-traitant du « privilège de pluviose ».
1384. CE 11 oct. 1999, APHP de Paris, BJCP 2000, no 9, p. 100, concl. H. Savoie.
1385. CE 28 avr. 2000, Sté Peinture Normandie, BJCP 2000, no 11, p. 240, concl. H. Savoie.
1386. CE 3 mars 2010, Soc. Presspali SPA, BJCP 2010, no 72, p. 314, chron. Cars et Sablier.
1387. CE 21 févr. 2011, Cté urb. Cherbourg, Contrats Marchés publ. 2011, no 108.
1388. T. confl. 10 juill. 1990, SEM d'aménagement de Levallois-Perret, Rec. p. 398 ; D. 1991, Somm.
comm., p. 190, obs. Ph. Terneyre.
1389. T. confl. 10 juill. 1990, SEM d'aménagement de Levallois-Perret, Rec. p. 398 ; D. 1991.
Somm. 190, obs. Ph. Terneyre, T. confl. 18 juin 2007, Syndicat des copropriétaire à la Varenne Saint-
Hilaire, AJDA 2007. 2125 ; CE 7 déc. 2015, cmne de Bihorle, no 380419.
139. CE 21 déc. 1956, SNCF, AJDA 1967. 11, p. 55, concl. Heumann.
1390. CE 20 avr. 1984, Roulliaud, 4e espèce, CJEG 1984. 303.
1391. CE 23 oct. 1985, Ville de Créteil, req. no 53696.
1392. CE 6 mai 1988, Lebon T. 896 ; D. 1989. Somm. 18, obs. Ph. Terneyre.
1393. CE 7 nov. 1980, SA Schmid-Valenciennes, Lebon 416.
1394. CE 9 mars 1984, Havé, Lebon T. 669.
1395. CE 13 juin 1986, OP HLM du Pas-de-Calais, Lebon T. 612 ; D. 1986. IR 424, obs. Ph.
Terneyre.
1396. CE 6 mai 1988, D. 1989. Somm. 18, obs. Ph. Terneyre.
1397. V. aussi CAA Marseille, 2 mai 2000, Sté d'activité métallière, Contrats Marchés publ. nov.
2000, no 12 ; CE 28 mai 2001, SA Bernard travaux Polynésie, Contrats Marchés publ. 2001, no 139.
1398. CE 29 nov. 2000, Cne de Païta, Contrats Marchés publ. 2001, no 37.
1399. CE 4 oct. 1989, CH de Vitré c/ Pouteau, D. 1990. Somm. 245, obs. Ph. Terneyre.
14. G. Napolitano, « Les biens publics et les tragédies de l'intérêt commun », Dr. adm. janv. 2007, p. 5.
140. CE 7 févr. 1965, Société Lyonnaise de Transports, préc.
1400. CE 12 janv. 2011, Soc. Léon Grosse, Contrats Marchés publ. 2011, no 106.
1401. CE 23 févr. 2004, Région Réunion, BJCP 2004, no 33, p. 269, concl. G. Le Chatelier.
1402. TA Cergy-Pontoise, 17 nov. 2005, Soc Teixagol SARL, BJCL no 5, 2006, p. 326, concl. Ph.
Blanc.
1403. CE 29 juin 1951, Debernady, Lebon 385.
1404. CE 13 déc. 1961, Min. des Travaux publics c/ Sté nationale de construction, Lebon 707.
1405. CE 12 déc. 1973, Cts Stym-Popper, Lebon 1039.
1406. CE 27 oct. 2010, Cne de la Seyne-sur-Mer, Contrats Marchés publ. 2010, no 405.
1407. CAA Nancy, 4 oct. 1994, Keller, Lebon T. 1039 : à propos de l'application des pénalités au
retard enregistré dans la réalisation d'une partie seulement des travaux.
1408. Prévue en l'occurrence par le CCAG Travaux, art. 20.1, v. CAA Paris, 23 nov. 2004, Sté Bati
Renov, Contrats Marchés publ. 2005, no 84.
1409. CE 4 juin 1976, Sté toulousaine immobilière, Lebon 303.
141. CE 6 mai 1963, Ville de St-Ouen, CJEG 1964. 551.
1410. Sur lesquelles, v. CE 13 oct. 2004, Sté générale des entreprises Quillery Bâtiment, Contrats
Marchés publ. 2004, no 255.
1411. CAA Paris, 24 févr. 2005, Sté Alufer, Contrats Marchés publ. 2005, no 119.
1412. CE 17 mars 1976, Vilemin, p. 164.
1413. CE 13 mai 1987, Sté Citra France c/ min. des Transports, D. 1987. Somm. 433, obs. Ph.
Terneyre.
1414. CE 21 mars 1986, Meyrignac c/ Cne de Vaux-le-Pénil, Lebon T. 611 ; D. 1986. Somm. 425,
obs. Ph. Terneyre.
1415. V., CE 14 avr. 1995, Sté d'aménagement de la région de Rouen, no 75330, RDI 1995. 744, obs.
F. Llorens et Ph. Terneyre.
1416. CE 24 mai 1968, Sté chimique et routière de la Gironde, Lebon 334 ; CE 28 janv. 1976, Sté
des Ateliers Delestrade et Ramser Comte réunis, Lebon 68 ; TA Nancy, 20 févr. 2001, SA Ronzat et Cie,
Contrats Marchés publ. 2001, no 135.
1417. CAA Nancy, 31 déc. 1992, CCI de Lille-Roubaix-Tourcoing, Lebon 608.
1418. CAA Paris, 22 déc. 1994, Synd. Eau et assainissement de Pointe-à-Pitre, no 92PA00091.
1419. CE 15 mars 1999, M. Jarnac, no 190720, RDI 1999. 398, obs. F. Llorens et P. Soler-Couteaux.
142. CE 1er oct. 1959, Hild, Lebon 463.
1420. CE 10 déc. 1965, Sté des grands travaux de l'Est et Entreprise E. Revert, Lebon 681.
1421. CE 13 mai 1987, Sté Citra France c/ min. des Transports, D. 1987. Somm. 433, obs. Ph.
Terneyre.
1422. CAA Paris, 23 juin 2006, SARL Serbois, BJCP 2006, no 48, p. 364, concl. P. Trouilly.
1423. CE 24 nov. 2006, Sté Group 4. Falck Securite, Contrats Marchés publ. 2007, no 6, mais ce
n'était pas le moyen principal de la requête.
1424. CE 2 mai 1958, Distillerie de Magnac-Laval, Lebon 246.
1425. V. par ex., en ce sens, CE 16 févr. 1996, Sitomap, RDI 1996, obs. F. Llorens et Ph. Terneyre ;
CAA Bordeaux, 7 avr. 2005, Dpt de la Réunion, no 00BX01922 : résiliation par le département d'un
marché tendant à la réalisation par le département d'un marché tendant à la réalisation de gîtes. La
résiliation est fondée sur un motif d'intérêt général dès lors qu'elle est justifiée par la volonté du
département de développer plutôt des petites structures contrairement à l'inspiration initiale.
1426. CE 27 juin 1986, Synd. intercommunal du bassin d'Arcachon, no 47775.
1427. V. par ex., CE 5 mars 1969, Sté nouvelle de bâtiments et de travaux publics, p. 133 ; CE
5 janv. 1979, Quinault et autres, Lebon 3, CE 9 nov. 2007, Soc Gaz technique de France, no 264422.
1428. CAA 7 mars 2006, Cne de Draveil c/ Sté Via Net Works, AJDA 2006. 1044, concl. Besle ;
BJCP 2006, no 46, p. 188.
1429. CE 22 févr. 1952, Sté pour l'exploitation des procédés Ingrand, Lebon 130.
143. En ce sens concl. Jouvin s. CE 4 oct. 1957, Ministère des Travaux publics, Lebon 510 ; Dufau,
note AJDA 1963. 486.
1430. CE 25 juin 1975, Ville de Joigny, Lebon 389.
1431. V. par ex. CE 25 juin 1971, Sté des Ets Marius Series, Lebon 482.
1432. CE 20 janv. 1982, Jugla, Lebon T. 676 ; CJEG 1982. 281, concl. D. Labetoulle.
1433. CE 30 janv. 1995, SARL Epojet Societa generale immobiliare Sogen, RDI 1995. 321, obs.
F. Llorens et Ph. Terneyre.
1434. V. par ex., CE 5 déc. 1947, Min. du commerce c/ Petit Maire, Lebon T. 645.
1435. CE 15 avr. 1959, Sté entreprises Carret et Cie, Lebon T. 1034.
1436. CE 30 mars 1906, Samaran c/ Cne de Bégole, Lebon 290.
1437. CE 8 nov. 1940, Cne de Maussane, Lebon 205.
1438. V. par ex., CE 30 sept. 1983, SARL Comexp, Lebon 493.
1439. CE 2 févr. 2004, Sté Local Atlantique, Contrats Marchés publ. 2004, no 71.
144. Concl. s. CE 3 mars 1978, Lecocq, préc. (« … lorsqu'un immeuble propriété d'une personne
publique, est le siège d'un service public, cette affectation présume l'aménagement spécial, présume la
domanialité publique »).
1440. CE 7 juill. 2000, SICTOM de la région d'Issoudun, BJCP 2000, no 13, p. 456.
1441. Sur la validité de la clause prévoyant un tel pouvoir, CE 31 oct. 1962, Sté de construction de
l'Ouest, Lebon 583.
1442. CE 16 févr. 1966, Bernard, Lebon 113 ; CAA Nantes, 31 mars 2006, Gpt d'entreprises GTM et
autres, Contrats Marchés publ. 2006, no 291.
1443. CE 21 mars 1986, Meyrignac c/ Cne de Vaux-le-Pénil, Lebon T. 611 ; D. 1986. Somm. 425,
obs. Ph. Terneyre ; CE 7 oct. 1998, CIC Paris, BJCP 2/1999, p. 211.
1444. CE 17 mars 1972, Dame Figaroli, Lebon 224.
1445. CE 5 janv. 1973, OPHLM de la ville de Paris, Lebon 12.
1446. CE 30 sept. 1983, SARL Comexp, Lebon 393.
1447. CAA Bordeaux, 15 déc. 1997, SA Termotique c/ Ville de Nîmes, Lebon 81.
1448. CE 21 mars 1986, Meyrignac c/ Cne de Vaux-le-Pénil, Lebon T. 611 ; D. 1986. Somm. 425,
obs. Ph. Terneyre.
1449. CE 8 nov. 1985, Entreprise Ozilou, Lebon 317 ; CE 29 déc. 2004, Sté Sogéa Construction,
BJCP 2005, no 40, p. 236.
145. CE, ass., 21 déc. 2012, Commune de Douai, Contrats et marchés publics, févr. 2013, p. comm.
F. Llorens et P. Soler-Couteaux.
1450. CE 10 juin 1992, SA Gentilini et Berthon, no 37115, Lebon T. 1110.
1451. CCAG-travaux, art. 49.6 ; V. parmi une jurisprudence constante, CE 17 mars 1972, Dame
Figaroli, Lebon 224.
1452. CE 20 mars 1957, Ruiz, Lebon 184.
1453. CE 29 mai 1981, SA Roussey, Lebon T. 813.
1454. CE 7 avr. 1999, Sté d'études et entreprise d'équipement, BJCP 5/1999, p. 476.
1455. CE 24 nov. 2010, SIAEP, BJCP 2011, no 74, p. 22, concl. N. Boulouis.
1456. CE 9 oct. 1989, CIC, Lebon T. 781 ; D. 1990. Somm. 246, obs. Ph. Terneyre.
1457. CE 28 sept. 2001, Sté Quillery, BJCP 2002, no 20, p. 32, concl. C. Bergeal : « dans le cas où le
décompte final n'a pas été signé par le maître de l'ouvrage, et alors même que le projet de décompte a été
signé par le maître d'œuvre et accepté par l'entreprise, aucun décompte définitif n'a été valablement établi
pour le marché considéré et l'entrepreneur ne peut se voir opposer le caractère intangible du décompte
général ».
1458. CE 22 févr. 2002, Sté générale de travaux publics bâtiments, BJCP 2002, no 22, p. 196, concl.
D. Piveteau.
1459. CE 26 mars 2003, Sté Deniau, req. no 23/344.
146. CAA Marseille, 9 avr. 2013, Malignon : à propos d'installations sportives ; CAA Nancy, 28 mars
2013, Mazy : à propos d'un hopital ; CAA Lyon, 18 oct. 2011, Centre hippique des Alpes, Contrats
Marchés publ. 2011, comm. 355, note F. Llorens.
1460. CE 2 oct. 2002, M. Gross, BJCP 2003, no 26, p. 27, concl. D. Piveteau.
1461. CE 20 déc. 1989, Gabrion, Lebon T. 784 ; D. 1990. Somm. 246, obs. Ph. Terneyre.
1462. CE 8 déc. 1961, Sté nouvelle Cie générale de travaux, Lebon 701 ; CE 28 sept. 2001, Sté
Quillery, préc.
1463. CE 28 sept. 2001, Entreprise de construction et de prestation de services, Lebon 442 ; BJCP
2002, no 20, p. 27, concl. C. Bergeal ; CE 26 janv. 2007, Sté Baudin-Châteauneuf, Contrats Marchés
publ. 2007, no 68.
1464. CE 6 juill. 1992, SARL Entreprise Rabadan, Lebon T. 1113 ; CE 29 sept. 2000, Sté Dezellus,
Lebon 381, contra, v. CAA Lyon, 27 déc. 2000, M. Ponceblanc, BJCP 2001, no 17, p. 311, concl.
F. Bourrachot.
1465. CE 8 déc. 1961, Sté nouvelle Cie générale de travaux, préc.
1466. V., CE 8 déc. 1961, Sté nouvelle Cie générale de travaux, préc.
1467. V., CAA Lyon, 13 juill. 1993, Banque populaire Bretagne-Atlantique, Lebon T. 878.
1468. CE 17 mars 2010, no 319563, Cne Saint-Rémy-sur-Durolle ; BJCP 2010, no 70, p. 223, concl.
B. Dacosta.
1469. V. par ex., CE 6 nov. 1998, Sté Quillery, RDI 1999. 88 ; CE 28 avr. 2000, Sté Parisienne
d'entreprise, Lebon T. 1101 ; CE 22 févr. 2002, Sté Reithler, BJCP 2002, no 22, p. 225, concl.
D. Piveteau ; CE 25 juin 2004, Me Hervouet, Contrats et marchés publics 2004, no 199 ; CE 5 oct. 2005,
SNC Quillery Centre, Contrats Marchés publ. 2005, no 299 ; CE 27 sept. 2006, Sté Pertuy
Constructions, Contrats Marchés publ. 2006, no 289 ; CE 8 août 2008, Soc Bleu Azur, BJCP 2009,
no 62, p. 21, concl. B. Dacosta.
147. CE, sect., 28 avr. 2014, Cne de Val d'Isère, no 349420, RLCT, juill.-août 2014, p. 43, note
E. Glaser.
1470. CE 8 févr. 1989, Préfet des Bouches-du-Rhône, AJDA 1999. 364, concl. C. Bergeal.
1471. CE 10 nov. 2004, Entreprise Paul Millet, no 256031, Contrats Marchés publ. 2005, no 14.
1472. CAA Paris, 19 déc. 2002, Sté Bernard Semro, BJCP 2003, no 29, p. 263, concl. V. Haïm.
1473. CE 30 déc. 1998, SA Entreprise Chagnaud, Lebon T. 721.
1474. CE 5 juill. 2004, Sté Sud parisienne de construction, BJCP 2005, no 38, p. 27, concl. D. Casas.
1475. CGI, art. 266, 1 ; CE 25 juin 2004, Sté Philippe Filipini et Cie, BJCP 2004, no 37, p. 441, concl.
D. Piveteau.
1476. Sur la question, v. Droit de la construction, coll. « Dalloz Action ».
1477. CE 6 févr. 1981, Sté Lorang, Lebon T. 815.
1478. V., CE 2 juin 1989, Ville de Boissy-Saint-Léger, Lebon T. 785 ; D. 1990. Somm. 22, obs. Ph.
Terneyre.
1479. V., CE 3 nov. 2004, M me Tulier, Contrats Marchés publ. 2005, no 12 ; CAA Versailles, 19 déc.
2006, Sté Étoile commerciale, AJDA 2007. 549.
148. V. concl. Long. RD publ. 1956. 578 ; concl. Kahn, AJDA 1963. 688 ; concl. Galmot, RD publ.
1965. 497 ; Galabert et Gentot, chron. AJDA 1961. 1. 469 ; Charles, « Accessoire et domaine public »,
Mélanges Stassinopoulos, p. 18 ; Gastines, D. 1978. Chron. 249 ; Alline, « Domanialité publique et
ouvrages complexe », AJDA 1977. 523 ; Meng, Urbanisme et superposition des propriétés publiques
ou privées, 1978 ; Meng et Danan, Ét. foncières 1969, no 4 ; Cherot, RRJ 1981. 213, Terneyre, Dr. adm.
1987. 549.
1480. CE 28 juill. 1995, Préfet de la région d'Ile-de-France c/ Sté de gérance Jeanne d'Arc,
p. 321 ; RD publ. 1996. 569, concl. S, Fratacci ; D. 1996. Somm. 319, obs. ; Ph. Terneyre ; CE 13 mars
1998, Dpt du Pas-de-Calais, RDI 1998. 360, obs. F. Llorens et Ph. Terneyre.
1481. V. par ex., CE 30 janv. 1995, Sté Viafrance no 151099, RDI 1995. 318, obs. F. Llorens et Ph.
Terneyre : augmentation d'environ 50 % ; CE 8 mars 1996, Cne de Petit-Bourg, RDI 1996. 370, obs.
F. Llorens et Ph. Terneyre : augmentation de 43 %.
1482. CE 23 mai 1979, Cne Le Fleury, Lebon 226.
1483. CE 2 févr. 1983, Union des transports publics urbains et régionaux, Lebon p. ; 33 ; RFDA
1984. 45, note F. Llorens.
1484. V. par ex., à propos de l'interdiction du travail de nuit : CE 16 janv. 1970, ville de Marseille c/
Cie de travaux hydrauliques et d'entreprises générales, RD publ. 1971. 263.
1485. CE 7 déc. 1973, Le Couter et Sloan, Lebon 705 ; CAA Bordeaux, 29 mai 2000, Sté Cerbere-
Sovarec, no 96BX01712 ; mutatis mutandis, dans les DSP, TA Châlon, 10 mai 2005, Sté Vivendi, BJCP
2005, no 46, p. 191, concl. Monbrun.
1486. CE 25 juin 1971, Sté des Ets Marius Séries, Lebon 482.
1487. CE 1er juill. 1914, Monin, Lebon 801.
1488. V. a contrario, CE 17 févr. 1978, Sté Cie française d'entreprises, Lebon 88.
1489. CE 14 févr. 1934, Sté d'entreprise coopérative française, Lebon 222
149. Dufau, Domaine public, op. cit., p. 71.
1490. CE 17 mars 1932, Mourier, Lebon 340.
1491. Art. 17-1 du CCAG-travaux ; sur cette notion, v. CE 10 janv. 2007, Sté Routière Perez et Sté
Mastellotto, req. no 280314, BJCP 2007. 101, concl. D. Casas.
1492. CE 22 nov. 1967, Sieur Merculiali, RD publ. 1968. 941 ; a contrario : CE 17 févr. 1978, Sté
Cie française d'entreprises, Lebon 88.
1493. CE 27 févr. 1925, Sieur Dolfini, Lebon 219.
1494. V., CCAG-travaux art. 15.3, 16.1 et 17.1 sur ce dernier article, v. CE 10 janv. 2007, Sté Routière
Perez et autre, Contrats Marchés publ. 2007, no 76.
1495. CE 20 janv. 1978, CH de Lisieux, Lebon T. 872 ; CE 14 mars 1980, SA Cie industrielle de
travaux électriques et mécaniques, Lebon T. 790 ; D. 1980. 495, note J-P. Théron.
1496. CE 14 juin 2002, ville d'Angers, no 219874.
1497. CE 18 mars 1981, Entreprise Bazzani, RD publ. 1981. 1730 ; 30 nov. 1982, SCOP
« L'hirondelle », Revue marchés publics 1984, no 205, p. 18 ; 23 sept. 1983, Les électriciens de France
Jules Verger Delporte, ibid. p. 19 ; CE 7 juin 1985, M. Paul Lepage, RD publ. 1703.
1498. V. par ex. CE 3 oct. 1979, Sté Entrasudo, AJDA 1980. 434 ; 16 déc. 1981, SA des Ets Jédelé,
RD publ. 1983. 235 ; 15 févr. 1984, Cne d'Alsting, RD publ. 1985. 224 ; CE 27 sept. 2006, Sté GTM
Construction, no 269925.
1499. CAA Douai, 18 déc. 2003, Sté Colas c/ Cne d'Abbeville, Contrats Marchés publ. 2004, no 67.
15. Julio Gonzalez, Garcia et al., Derecho de los bienes publicos, Tirant lo Blanch, 2009.
150. II en va ainsi de galeries sous la voie publique (CE 25 avr. 1951, Pepie, Lebon 221), de
canalisations d'eau ou de gaz (2 déc. 1970, Sté des eaux de Manille, AJDA 1971. 11. 245, note Moderne),
des locaux commerciaux sous les arcades d'un hôtel de ville (17 mars 1965, Lebon 151) d'une
champignonnière sous une voie de chemin de fer (T. confl. 5 déc. 1983, Époux Babin et SNCF).
1500. V., CE 5 nov. 1980, SARL Parachini, RD publ. 1981. 524 ; 19 mars 1982, Conjonde, Lebon
T. 671 ; 27 juill. 1984, SEEE, RD publ. 1985. 223.
1501. CE 24 juin 2002, Dpt Seine-Maritime, Contrats Marchés publ. 2002, no 212.
1502. CE 17 oct. 1975, Lebon 516.
1503. CE 26 mai 1982, Ville de Chamonix c/ Faillibert, RD publ. 1983. 1420 ; 4 nov. 1988,
Administration générale de l'Assistance publique à Paris c/ Entreprise Bertrand, Dr. adm. 1989,
no 637 ; 28 juill. 1989, Ville de Menton c/ M. Ivaldi et autres, RD publ. 1991. 291 ; l'indemnisation ne
sera que partielle s'il est établi qu'il aurait dû prendre certaines mesures qui auraient évité d'avoir à les
accomplir : CE 19 avr. 1991, Sté Construction, restauration, bâtiments industriels, Dr. adm. 1991,
no 341. En revanche, les travaux qui ne sont pas indispensables à l'édification de l'ouvrage – et alors même
qu'ils seraient utiles à l'administration – ne sont pas susceptibles d'indemnisation : jurisprudence constante,
V., par ex., CE 2 juill. 1982, Sté Routière Colas, Lebon 261 ; 26 sept. 1986, ville de Tignes c/ Sté
anonyme Pegaz et Pugeat Sud-Est travaux constructions, D. 1987. Somm. 280, obs. Ph. Terneyre.
1504. CE 30 juill. 2003, Cne de Lens, BJCP 2003, no 31, p. 462, concl. D. Piveteau.
1505. CE 30 juin 1976, SEM d'équipement de la Ville d'Aix-en-Provence, Lebon T. 993 ; 13 oct.
1978, Département de la Vendée, Lebon T. 871 ; CE 12 mai 1982, Sté des autoroutes Paris-Rhin-
Rhône, Lebon 175.
1506. Absence de droit à indemnisation dans ce cas : CE 31 janv. 1997, Sté Campenon-Bernard
CETRA, no 1l9430, Lebon T. 933.
1507. CE 3 juill. 2003, Cne de Lens, préc.
1508. CE 31 janv. 1997, Sté Campenon-Bernard CETRA, préc.
1509. CE 23 mai 1962, Sté Havraise de constructions, AJDA 1963. 34 ; CE 5 déc. 1990, Rapetto,
RDI 1991. 52 ; CAA Paris 21 mars 1996, SARL Citra-Pacifique, Dr. adm. 1996, no 309.
151. V. par ex., pour un pavillon situé sur une promenade publique et loué pour l'exploitation d'un café
(CE 13 juill. 1961, Dame Lauriau, AJDA 1961. 11. 1492 ; V. aussi, 14 juin 1972, Eidel, AJDA 1973. 11.495,
note Dufau) ; pour des colonnes d'affichages situées sur la voie publique (CE 20 avr. 1956, Ville de Nice,
RD publ. 1965. 578, concl. Long) ; pour un café situé sous la voûte d'un canal servant d'égout (TA
Marseille, 10 juill. 1968, Commune d'Avignon, AJDA 1968. 585, note Laubadère ; CE 29 janv. 1970,
Philippe Bissinger, Lebon 58, AJDA 1970. 349, chron. Denoix de Saint-Marc et Labetoulle, D. 1970, note
Lachaume, Rev. adm. 1970. 297, note Liet Veaux).
1510. CE 22 juill. 1977, Sté. Truchot, Lebon T. 890 ; CE 13 mai 1987, Soc. Citra France, Lebon
T. 706 ; D. 1987. Somm. 433, obs. Ph. Terneyre ; inversement, si les renseignements donnés par
l'administration sont inexacts et/ou sous-estiment les difficultés que l'entreprise va rencontrer, ils sont de
nature à permettre une indemnisation du cocontractant. CE 13 oct. 1978, Dpt de la Vendée, Lebon T. 871.
1511. CE 27 mai 1981, SIVOM de l'Anse de Moidrey, RD publ. 1982. 53 ; CAA Paris, 21 mars 1996,
SARL Citra-Pacifique, préc.
1512. CE 12 mai 1982, Sté des autoroutes Paris-Rhin-Rhône, Lebon 175 ; CE 3 juill. 1987, SA
Robert Pottier et Fils, RD publ. 1988. 1426.
1513. CE 28 févr. 1979, Voisin, Lebon T. 795.
1514. CE 8 juin 1977, Ville de Marseille, RD publ. 1978. 1485 ; CE 17 févr. 1992, Soc. Gén.
d'entreprises Saintrapt et Brice, D. 1992. Somm. 411, obs. Ph. Terneyre : le volume des fouilles a été plus
de cinq fois supérieur à celui qui était prévu par les pièces du marché la différence de volume ainsi
constatée doit être regardée comme ayant été imprévisible.
1515. CE 4 déc. 1957, Ville de Rouen, Lebon 652.
1516. CE 13 oct. 1978, Lebon T. 871.
1517. CE 12 mai 1982, Lebon 175.
1518. CE 17 févr. 1992, D. 1992. Somm. 411, obs. Ph. Terneyre.
1519. On ne trouve récemment en jurisprudence qu'un seul cas de reconnaissance du bénéfice de cette
théorie envers un titulaire de marché public, v. CE 29 mai 1991, EPA de la Ville nouvelle de Saint-
Quentin-en-Yvelines, D. l99l. 376, obs. Ph. Terneyre.
152. Par ex. pour des galeries situées profondément sous la voie publique, CE 17 déc. 1971, Vericel,
Lebon 782, AJDA 1972. 96, note Labetoulle et Cabanes ; des terrains aux abords d'un phare, CE 13 nov.
1987, Secrétaire d'État chargé de la mer, Rev. adm. 1987. 549, 1 note Terneyre ; un mur situé à l'aplomb
d'une voie publique et dont la présence évite la chute de matériaux : CE 15 avr. 2015, AJDA, 13 juill. 2015,
p. 1369, note N. Foulquier
1520. CE 30 mars 1916, Lebon 125.
1521. CE 19 févr. 1992, SA Dragages et T.P., Lebon T. 1109 ; D. 1992. Somm. 411, obs. Ph.
Terneyre.
1522. V., CE 10 mars 1948, Hospice de Vienne, AJDA 1948. 331 ; CE 4 mai 1949, Ville de Toulon,
Lebon 196 ; CE 15 juill. 1949, Ville d'Elbœuf, Lebon 358 ; CE 22 févr. 1963, Ville d'Avignon, Lebon 115 ;
CE 29 mai 1991, EPA de la Ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, D. 1991. Somm. 376 : forte
augmentation des salaires et des charges pesant sur l'entreprise.
1523. L'interruption aurait pour effet de le priver du droit d'obtenir une indemnisation au titre de
l'imprévision, CE 5 nov. 1982, Soc. Propetrol, Lebon 380.
1524. CE 12 mars 1976, Département des Hautes-Pyrénées, Lebon 155, CE 10 févr.2010, Soc
Prest'action, BJCP 2010 no 70, p. 197, concl. N. Boulouis.
1525. CE 22 févr. 1963, Ville d'Avignon, Lebon 115.
1526. Notamment, celle du 20 nov. 1974 consécutive à la crise du pétrole et celle du 18 août
1990 consécutive à la guerre du Golfe, Mon. T.P. 26 oct. 1990, textes off., p. 356.
1527. CE 24 juill. 1981, Soc. générale d'entreprise, RD publ. 1982. 533 ; CE 8 janv. 1982, Soc.
Entreprise Quillery-Saint-Maur, RD publ. 1983. 237.
1528. CE 9 mai 1962, Ville de Bastia, Lebon 307 ; CE 14 juin 2000, Cne de Staffellden, BJCP 2000,
no 13, p. 434, concl. C. Bergeal.
1529. Consultation de la commission d'appel d'offres, autorisation de l'assemblée délibérante, contrôle
de légalité, v. CE 8 janv. 1982, Soc. Entreprise Quillery-Saint-Maur, préc.
153. Par ex. les murs de soutènement de la voie : CE 28 mars 1969, Février et Gatelet, Rec. 189 ;
CAA Bordeaux 28 nov. 1994 Cne Encourtiech, req. no 91BX00801.
1530. Concl. sur CE 29 avr. 1981, Bernard, CJEG 1982. 9.
1531. CE 1er févr. 1939, Leostic, Lebon 53.
1532. CE 10 févr. 1943, Aurran, Lebon 36.
1533. CE 27 déc. 1947, Min. des Armées c/ Soc. Force et Lumière, Lebon 643.
1534. CE 23 janv. 1959, Commune d'Huez, Lebon 67.
1535. CE 29 avr. 1981, Bernard, préc.
1536. CE 13 févr. 1985, Soc. générale d'entreprise Sainrapt et Brice, RD publ. 1985. 1702.
1537. TA Nice, 20 oct. 2006, Sté Eurovia méditerranée, AJDA 2007. 424, concl. F. Dieu.
1538. CE 29 mai 1991, EPA de la Ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, D. 1991. Somm. 376.
1539. CE 20 oct. 1983, Soc. auxiliaire d'entreprises et autres, Lebon T. 780 ; CE 19 févr. 1992, Soc.
Dragages et TP, Lebon T. 1109 ; D. 1992. Somm. 411, obs. Ph. Terneyre.
154. Par ex. pour une maison cantonnière, CE 3 mars 1958, Delle Pitié, Lebon 142.
1540. TA Rennes, 11 avr. 1973, Établissement Marius Series, Lebon 780.
1541. CE 6 nov. 1981, Entreprise Lanfranchi, RD publ. 1983. 237.
1542. CE 2 juill. 1982, Société routière Colas, Lebon 261.
1543. CE 5 oct. 1983, Soc. Ledo-Chalonnaise, RD publ. 1985. 222.
1544. CE 10 oct. 1984, Entreprise Cottin Jonneaux, RD publ. 1985. 223.
1545. CE 30 nov. 1990, Sté Coignet entreprise, Lebon T. 875.
1546. CAA Paris, 26 mai 1998, SA Sipie Batignoles, req. no 95 PA 04036
1547. CE 5 févr. 1947, Commune de Villeparisis, Lebon 643 ; CE 29 mai 1991, EPA de la Ville
nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, D. 1991. Somm. 376, obs. Ph. Terneyre.
1548. CE 5 févr. 1988, min. des PTT c/ Épx. Le Baot, Lebon 51 ; D. 1989. Somm. 23, obs. Ph.
Terneyre ; RFDA 1988. 862, concl. O. Schrameck ; CE 11 déc. 1991, Sonexa, no 81588, Lebon 430 ;
D. 1992. Somm. 189, obs. Ph. Terneyre.
1549. CE 4 févr. 1910, Jaubert, Lebon 95 ; 18 déc. 1959, Épx. Blanc, ibid., p. 699 ; 30 avr. 1964.
Serfati, ibid. p. 272 ; 28 oct. 1970. Auffret, ibid., p. 699 ; TA Bordeaux, 28 déc. 1973, ibid., p. 839.
155. CE 8 août 1990, Ministère de l'Urbanisme et du Logement, CJEG 1991. 15 note Sablière, concl.
Frydman, JCP 1991. II. 21064, AJDA 1990. 909 note Téboul.
1550. CE 14 mars 1986, Cne de Val d'Isère, JCP 1986. II. 20670, concl. M. Lasserre, note
F. Moderne. D. 1986. IR 463, obs. MM. Moderne et Bon.
1551. CE 15 mai 1953, Cne de Nogent-sur-Marne, Lebon 235 ; 3 mai 1967, port autonome
du Havre, ibid. p. 181.
1552. TA Clermont-Ferrand 12 avr. 1984, Roussin, Lebon T. 768, contra : CE 28 févr. 1973, Cne de
Lagos, ibid. p. 180.
1553. CE 19 mai 1965, Dame Lenfant, Lebon 290 ; TA Saint-Denis de la Réunion, 13 avr. 1983, Cts
Grimaud, Lebon T. 896 ; contra CE 30 mars 1984, OPHLM de Paris c/ Mikol, RD publ. 1985. 225 ;
V. aussi CE 11 déc. 1991, SARL Sonexa, req. no 81588, Lebon 430, D. 1992. Somm. 191, obs. Ph.
Terneyre.
1554. CE 26 juin 1963, Clakus, Lebon 401 ; 19 févr. 1975, Min. Défense nationale c/ Campenon-
Bernard, ibid. p. 143 ; 23 janv. 1981, Ville de Vierzon, ibid. p. 28 ; 27 avr. 1984, Cie générale des Eaux,
Lebon T. 768 ; 14 févr. 1986, Synd. interdépartemental d'assainissement de l'agglomération
parisienne, Dr. adm. 1986, no 181 ; TA Lyon, 11 févr. 1987, Macif et Fonsomacif, CJEG 1987. 648, note
V. Hétier.
1555. CE 4 avr. 1962, Min. des TP c/ Sté Chais d'Armagnac, Lebon 245 : crue constatée soixante-dix
ans plus tôt ; 22 fév ; 1967, Ville de Royan, Lebon T. 951 : vingt-quatre ans plus tôt ; 6 nov. 1968, Cne de
Licq-Atherey, ibid., p. 546 : eu égard aux conditions météo « propres à la région » ; 18 janv. 1984, Sté
provençale d'équipement, RD publ. 1985. 225 : un an plus tôt.
1556. CE 27 mars 1987, D. 1987. Somm. 434, obs. Ph. Terneyre.
1557. CE 27 sept. 1985, Cie française d'irrigation, Lebon T. 686.
1558. V. par ex., en matière de pénalités de retard, CE 9 avr. 1975, Dpt du Rhône, Lebon 127.
1559. CE 14 juin 2000, Cne de Staffelfelden, BJCP 2000. 434, concl. C. Bergeal.
156. CE 28 déc. 2009, Sté Brasserie du Théâtre, BJCP 2010. 125, concl. L. Olléon, AJDA 2010. 841,
note O. Févrot.
1560. Sur l'ensemble de la question, v. F. Moderne, Dossiers no 480 à 483 in Droit de la
Construction, coll. « Dalloz Action », Dalloz 2011 ; Ph. Terneyre, in Droit des marchés publics et
contrats publics, T III, Éditions du Moniteur, 6e partie.
1561. V., Ph. Terneyre, « Responsabilité contractuelle » in Rép. resp. puiss. publ., et, du même auteur,
La responsabilité contractuelle des personnes publiques en droit administratif, Économica, 1989.
1562. CE 29 juill. 1983, Bouget, Lebon 340 ; CJEG 1983. 11, concl. D. Labetoulle.
1563. CE 10 juill. 1987, Bureau d'aide sociale de la ville de Paris, Lebon 265 ; CAA Nantes, 25 mai
1993, Sté Transformation agro-alimentaire, Lebon T. 880.
1564. CE 11 mars 1989, Cne du Chesnay, Lebon T. 796.
1565. CE 10 mars 1971, Ass. Syndicale de drainage d'Herminal-les-Vaux, Lebon 204.
1566. CE 24 juin 1970, Hummel et Libergé, Lebon 452 ; CE 2 déc. 1970, Bernadis, Lebon 1060.
1567. Cf. CE 17 oct. 1986, Commune de Mareuil-sur-Arnon, Lebon T. 614 ; D. 1987. Somm. 309,
obs. Ph. Terneyre.
1568. CE 19 nov. 1971, Sté nationale de construction c/ OPHLM de la Ville du Havre, Lebon 696.
1569. Cf. CE, ass., 20 juill. 1968, Cottages de Clayes, Lebon T. 690.
157. CE 20 juin 2012, Cne des Saintes Maries de la Mer, RLCT, oct. 2012, p. 33, note M.C. Rouault.
1570. CE 7 mars 1969, Ets Charvy et Cie, Lebon 144.
1571. Cf. CE 11 févr. 1991, Département des Ardennes, Lebon T. 1051 ; D. 1991. Somm. 377, obs.
Ph. Terneyre.
1572. CE 14 déc. 1988, Assistance publique à Marseille, D. 1989. Somm. 223, obs. Ph. Terneyre ;
CE 5 févr. 1982, Hébrard et autres, Lebon T. 675.
1573. Cf. CE 27 juill. 1984, Ministre des Transports c/ Billiard, RD publ. 1985. 238.
1574. CE 20 févr. 1989, SOBEA, Lebon T. 789 ; D. 1990. Somm. 66, obs. Ph. Terneyre, solution
implicite.
1575. CE 26 nov. 1975, Ville de Joinville, Lebon T. 1139 ; CE 5 févr. 1982, Dondel et autres,
Lebon 53 ; CAA Nantes, 10 janv. 1990, Louise c/ CCI de Caen, Lebon T. 867.
1576. CE 11 juill. 1986, Ville de Castres, Lebon T. 617 ; D. 1987. Somm. 310, obs. Ph. Terneyre.
1577. Cf. CE 24 juill. 1981, Commune de Paillet, Lebon T. 818.
1578. CCAG, art. 41-6, al. 2, CE 14 oct. 1966, Sté Entreprise de l'Ile-de-France, Lebon 543.
1579. CE 21 janv. 1983, Ville de Riom, RD publ. 1983. 1430.
158. Frontières de la domanialité publique, JCP 23 oct. 2006, p. 1367.
1580. Cf. CE 20 avr. 1984, CHR de Bordeaux c/ Sté Schaudel, Lebon T. 668.
1581. CE 4 juill. 1980, SA Forrer et Cie, Lebon 307 ; CE 25 juill. 1980, Ville de Saint-Ouen-
L'Aumône, Lebon 342 ; CE 20 mai 1994, Commune de Condom, Lebon T. 1041.
1582. CE 27 janv. 1978, Sté 3 M France et autres, Lebon 35 ; CE 5 févr. 1982, Dondel et autres,
Lebon 52.
1583. CE, sect., 27 mars 1998, Sté d'assurances La Nantaise et l'Angevine réunies, Lebon 109 ;
RFDA 1998. 732, concl. C. Bergeal, note A. Bourrel ; CE 26 janv. 2007, Sté MAS Entreprise générale,
req. no 264306.
1584. CE 17 mars 2004, Cne de Beaulieu-sur-Loire, Sté Groupama-Loire-Bourgogne, no 267559,
Contrats Marchés publ. 2004, no 89.
1585. CE 31 mars 1989, Commune du Chesnay, Lebon T. 796 ; D. 1990. Somm. 66, obs. Ph.
Terneyre.
1586. Cf. CE 1er oct. 1993, Vergnaud et autre, Lebon T. 880 ; D. 1994. Somm. 228, obs. Ph.
Terneyre.
1587. CE 6 avr. 2007, CHG de Boulogne-sur-Mer, BJCP 2007, no 52, p. 215, concl. N. Boulouis.
1588. CE 26 juill. 1985, SARL Bâtiment Moderne, Lebon T. 688.
1589. CE 21 févr. 1986, Sté Peinture et reconstruction c/ AAP de Marseille, Lebon 44 ; D. 1986.
IR 429, obs. Ph. Terneyre ; CE 14 mai 1990, CGEE Alsthom, Lebon 124 ; D. 1990. Somm. 109, obs. Ph.
Terneyre.
159. Rappelons l'ordonnance du 19 août 2004, qui a déclassé les immeubles à usage de bureaux de
l'État, v. ss 29.
1590. CE 25 juin 1971, Sté Étab. Marius Séries, Lebon 482.
1591. CE 28 févr. 1986, Entreprise Blondet et autres, Lebon 55 ; RFDA 1986. 604 concl. R. Denoix
de Saint-Marc ; D. 1986. IR 427, obs. Ph. Terneyre.
1592. CE 14 mai 1990, Sté CGCE Alsthom c/ Centre hospitalier d'Avignon, Lebon 124 ; D. 1991.
Somm. 105, obs. Ph. Terneyre.
1593. Cf. CE 9 juin 1989, SIVOM de la région havraise c/ Jalicon, Lebon 140 ; RFDA 1989. 611,
concl. J.-P. Faugère ; D. 1990. Somm. 64, obs. Ph. Terneyre.
1594. CE 26 janv. 2007, Sté Mas et autres, Contrats Marchés publ. 2007, no 70 ; BJCP 2007, no 52,
p. 199, concl. N. Boulouis.
1595. CE 8 juin 2005, Ville de Caen c/ M. Dubois, BJCP 2005, no 42, concl. N. Boulouis.
1596. Cf. CE 17 mars 2004, Commune de Beaulieu-sur-Mer, Contrats Marchés publ. 2004, no 89 ;
BJCP 2004, no 35, p. 318.
1597. Cf. CE 17 mars 2004, Commune de Beaulieu-sur-Mer, préc.
1598. Cf. CE 8 juin 2005, Ville de Caen c/ M. Dubois, BJCP 2005, no 42, concl. N. Boulouis.
1599. CE 24 mai 1974, Sté Paul Millet et Cie, Lebon 310, concl. G. Vught ; v. aussi CE 3 avr. 1991,
Sté Smac-Aciéroïd, no 84626, Lebon 118 ; CJEG 1991. 393, étude Ph. Terneyre.
16. V. par exemple, Jacques Dembour, Droit administratif, Faculté de droit de l'Université de Liège,
1980, no 245 s.
160. F. Melleray, « De quelques incertitudes relatives à la “théorie” de la domanialité publique globale »,
in Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011, p. 231.
1600. CAA Lyon, 25 avr. 2002, Commune de Chamonix, BJCP 2002, no 25, p. 494.
1601. Sur cette réforme, voir Ph. Malinvaud, RDI 2008. 368 ; B. Plessix, RFDA 2008. 1219.
1602. CE 1er oct. 1993, MM. Vergnaud et Gaillard, Lebon T. 880 ; D. 1994. Somm. 228, obs. Ph.
Terneyre ; CE 27 sept. 2006, Sté GTM Construction, req. no 269925 ; Contrats Marchés publ. 2006,
no 298.
1603. CE 28 janv. 2011, Soc d'études M. Merlin, BJCP 201, no 75, p. 90, concl. N. Boulouis.
1604. CE 17 déc. 1980, Ministre des Universités c/ Sloan et autres, Lebon 478 ; CE 21 févr. 1986,
Sté Peinture et reconstruction, Lebon 44, D. 1986. IR 427, obs. Ph. Terneyre.
1605. CE 14 mai 1990, Sté CGEE-Alsthom, Lebon 124 ; D. 1990. Somm. 105, obs. Ph. Terneyre.
1606. CAA Nantes, 6 déc. 1995, OPDHLM d'Ille-et-Vilaine, Lebon T. 905.
1607. Cf. CE 14 févr. 2001, Société Groupama Bretagne, CJEG 2001. 215.
1608. CE 17 déc. 1980, Ministre des Universités c/ Sloan, préc.
1609. CE 21 févr. 1986, Sté Peinture et reconstruction, préc.
161. CAA Bordeaux 20 févr. 1995, Ollier, req. no 94BX01284.
1610. CE 14 mai 1990, Sté CGEE-Alsthom, préc.
1611. CAA Bordeaux, 5 juill. 1990, Gravière, req. no 89BX01013.
1612. Cf. CAA Nantes 15 nov. 1990, Sté Sieme-phone, Lebon 483 ; CJEG 1992. 234, obs. J.-Y.P.
1613. CAA Paris, 9 juill. 1991, AAAP, Lebon T. 1052 ; CAA Nantes, 6 déc. 1995, OPHLM d'Ille-et-
Vilaine, Lebon T. 905.
1614. CE 21 févr. 1986, Sté Peinture et reconstruction, Lebon 44.
1615. CE 8 déc. 1999, Sté Borg Warner, BJCP 2000, no 9, p. 116, concl. C. Bergeal.
1616. CAA Paris, 23 avr. 1992, Sté d'assurances La Commerciale Union et SA Cofreth, Lebon 521,
en l'espèce une pompe d'une installation géothermique ; CE 8 déc. 1999, Sté Borg Warner, BJCP 2000,
no 9, p. 116, concl. C. Bergeal : « il résulte des principes dont s'inspirent les articles 1792, 1792-6 et 2270 du
Code civil que la responsabilité décennale peut être recherchée pour des éléments d'équipement
dissociables de l'ouvrage s'ils rendent celui-ci impropre à sa destination ».
1617. CAA Paris, 24 janv. 2002, Julien et Cts Saubot, Contrats Marchés publ. 2002, no 142, obs.
V. Haïm.
1618. CE 14 févr. 2001, Société Groupama Bretagne, CJEG 2001. 215, concl. Mme Prada-
Bordenave.
1619. CE 2 févr. 1973, Lebon 95, concl. Rougevin-Baville.
162. CAA Marseille 28 déc. 1998, Pelletier, req. no 98MA00296.
1620. T. confl. 2 mai 1988, CAMB c/ État, Lebon T. 890 ; D. 1989. Somm. 17, obs. Ph. Terneyre.
1621. T. confl. 11 oct. 1993, Préfet de la Moselle, Lebon 405.
1622. Sur lequel v. CE 18 févr. 1983, Ministre de l'Agriculture c/ Commune d'Aumagne, Lebon
T. 785 ; CE 3 déc. 1986, Ville de Béziers, Lebon T. 616 ; D. 1987. Somm. 307, obs. Ph. Terneyre.
1623. V., CE 28 janv. 1998, Sté Bord Warner, Lebon 20 ; CJEG 1998. 269, étude F. Moderne : qui, à
propos de l'article L. 2131-1 du CGCT, indique que l'interdiction des clauses d'exonération doit être
interprétée strictement, en tant qu'elle déroge au principe de la liberté contractuelle et qu'elle ne s'applique
donc pas aux clauses qui se bornent à prévoir un simple aménagement ou une simple limitation de la
responsabilité du cocontractant, sauf à ce que ceux-ci produisent un effet voisin d'une véritable
renonciation.
1624. CE 17 déc. 1954, Sté Deloffre, Lebon 675 ; CE 2 déc. 1970, Bernardis, Lebon 729 ; CE
16 déc. 1970, Commune de Périers, Lebon 594 ; CE 2 juill. 1971, Entreprise Villemaine, Lebon 508.
1625. Cf. CE 21 janv. 1927, Cie générale des eaux, Lebon 94 ; CE 18 mai 1962, Bernard, AJDA
1963. 32.
1626. Cf. CE 23 févr. 1977, Faugeron, Lebon T. 816.
1627. CE 6 févr. 1903, Gilbert, Lebon 105 : qualité des matériaux ; CE 19 nov. 1918, Ville d'Orléans,
Lebon 831 : une partie d'ouvrage.
1628. CE 3 mars 1982, Syndicat intercommunal Lyon Saint-Fons Vénissieux et autres, Lebon 97.
1629. CE 31 mars 1989, Commune de Chesnay, Lebon T. 788 ; D. 1990. Somm. 66, obs. Ph.
Terneyre.
163. CE 29 janv. 1964, Sté Montparnasse Actualité, AJDA 1964. 377.
1630. CE 13 nov. 1987, Synd. intercommunal pour la création et le fonctionnement de l'école des
Clos, Lebon 365 ; D. 1988. Somm. 254, obs. Ph. Terneyre.
1631. Il ne peut l'être que par les parties à l'instance y compris pour la première fois en appel : CE
5 nov. 1965, Ministre de la Construction c/ Sté Ducassou, Lebon 589 ; CE 5 juill. 1974, Ville de
Montreuil-sous-Bois, Lebon T. 1060.
1632. CE 20 févr. 1989, SA Socea-Balency c/ Ville de Toulon, Lebon T. 789 ; D. 1980. Somm. 66,
obs. Ph. Terneyre.
1633. CE 4 mai 1984, Sté Pomagalski, Lebon T. 617, pour un pont ; v. la liste établie par F. Moderne
in Droit de la Construction 2007-2008, coll. « Dalloz Action », Dalloz 2007, no 482-70.
1634. CAA Paris, 25 avr. 1991, OPHLM de la Haute-Loire, Lebon T. 1053 ; CAA Nantes, 20 févr.
1992, Centre de cure médicale Lejeune, Lebon T. 1117 ; CE 22 mars 1991, Syndicat mixte du parc
naturel des volcans d'Auvergne, Lebon 104 ; D. 1991. Somm. 376, obs. Ph. Terneyre ; CE 8 déc. 1999,
Sté Borg Warner, BJCP 2000, no 9, p. 116, concl. C. Bergeal, arrêt de principe.
1635. CE 23 juin 1986, Consorts Levert, Lebon 175 ; D. 1987. Somm. 310, obs. Ph. Terneyre.
1636. Cf. CE 8 mai 1968, ASR de Dunkerque, Lebon 286 ; CE 25 oct. 1985, Ville de Toulon, Lebon
T. 689 ; CE 21 févr. 1986, OPHLM de la Ville d'Avignon, Lebon T. 617 ; D. 1986. IR 430, obs. Ph.
Terneyre.
1637. CE 31 mai 1968, Sté Sainrapt et Brice, Lebon T. 1012 ; CE 13 juill. 1968, OPHLM de Saint-
Quentin, Lebon 462 ; CE 27 janv. 1978, Sté 3M France, Lebon 35 ; CE 19 juin 1981, Sté Dumez TP,
Lebon T. 280.
1638. Cf. CE 30 déc. 1998, Andrault, Parat et Carré, BJCP 1999, no 4, p. 336, concl. C. Bergeal.
1639. CE 15 mai 1953, Commune de Nogent-sur-Marne, Lebon 235.
164. CAA Marseille 16 mai 2000, CCI de Marseille, Dr. adm. 2001, no 113.
1640. CE 5 nov. 1965, Min. de la Construction c/ Sté H. Ducassou et Cie, Lebon 589.
1641. Cf. CE 4 janv. 1995, MM. Willerval et Spinder, RDI 1995. 322, obs. F. Llorens et Ph. Terneyre.
1642. CE 21 févr. 1986, Sté Peinture et reconstruction, Lebon 44 ; D. 1986. IR 429, obs. Ph.
Terneyre.
1643. Cf. CE 7 juill. 1982, OPHLM de Béziers, Lebon T. 675.
1644. CE 12 mai 1965, Dame veuve Michel et Dame Macé, Lebon 275 : jurisprudence constante.
1645. CE 22 juill. 1992, Commune de Marcilly-sur-Eure ; CJEG 1993. 174, note F. Moderne ;
D. 1993. Somm. 201, obs. Ph. Terneyre.
1646. Cf. CE 24 janv. 1986, M me Lepine c/ Ville de Nantes, Lebon T. 617 ; D. 1986. IR 429, obs. Ph.
Terneyre.
1647. CE 7 avr. 1976, SA Robert Touzet, Lebon T. 1005.
1648. Cf. CE 30 déc. 1998, Sté Laitière de Bellevue, RDI 1999. 246.
1649. CE 6 févr. 1981, Ministre des Universités c/ Douat et autres, Lebon 67 ; CE 10 juill. 1987,
BAS de la Ville de Paris, D. 1988. Somm. 253, obs. Ph. Terneyre.
165. C. Maugüé, « Frontières de la domanialité publique », préc.
1650. CE 12 juill. 1989, Ville de Chaumont, Lebon T. 776 et 787 ; D. 1990. Somm. 243, obs. Ph.
Terneyre.
1651. CE 18 déc. 1987, Binoux et autres, Lebon T. 827 ; D. 1988. Somm. 257, obs. Ph. Terneyre.
1652. Cf. CAA Nantes, 24 mars 1999, Sté Quille, BJCP 1999, no 7, p. 637 ; v. aussi, CAA Douai,
31 oct. 2002, SA Quille, BJCP 2003, no 27, p. 159.
1653. CE 3 oct. 1986, Sté Tunzini-Nessi entreprises, Lebon T. 616 ; D. 1987. Somm. 308, obs. Ph.
Terneyre.
1654. Cf. CE 6 janv. 1961, Sté Mobil-Oil française, Lebon 9 ; CE 22 juin 2001, SARL Constructions
mécanique du Bas-Poitou, RDI 2002. 99.
1655. CE 7 oct. 1998, Sté OTH Méditerranées, Lebon T. 1026 ; BJCP no 3, mars 1999, p. 258, concl.
C. Bergeal.
1656. Sur les reproches pouvant être imputés aux architectes, aux entrepreneurs, aux contrôleurs
techniques, etc., v. F. Moderne, in Droit de la Construction 2007-2008, coll. « Dalloz Action », Dalloz
2007, no 482-70 et s, et Ph. Terneyre, Droit des marchés publics, Éditions du Moniteur, VI, 330.2 s.
1657. Cf. CE 13 nov. 1987, Syndicat intercommunal pour la création et le fonctionnement de
l'école des Clos, Lebon 365 ; D. 1988. Somm. 255, obs. Ph. Terneyre.
1658. Cf. CE 24 mai 1974, Sté Paul Millet, Lebon 310 avec concl. Vught.
1659. CE 22 juin 2001, BJCP 2001, no 18, p. 402, concl. C. Bergeal.
166. CE 19 nov. 2014, Régie municipale « Espaces Cauterets », AJDA, 22 juin 2015, p. 1227, note
N. Foulquier.
1660. CE 2 févr. 1973, Trannoy.
1661. CE 10 juill. 1974, Descottes-Genon, Lebon 423.
1662. Cf. CE 17 mars 1999, Ville du Havre, RDI 1999.
1663. Cf. CE 21 avr. 1971, Bernard-Bernadac et Dame veuve Serpuy, Lebon 284.
1664. CE 24 févr. 1971, Jacquinot et Jolliton, Lebon T. 1116.
1665. Cf. CE 9 déc. 1968, Congrégation de Marie-Joseph, Dr. adm. 1968, no 89.
1666. Cf. CE 21 mars 1947, Cie Générale des Eaux, Lebon 122.
1667. Cf. CE 10 mars 1971, Association syndicale de drainage d'Herminal-les-Vaux, Lebon 204.
1668. CAA Lyon, 31 juill. 1989, Département de la Savoie, Lebon T. 793.
1669. Cf. CE 9 nov. 1979, Besnard, Lebon T. 799.
167. CE, ass., 19 juill. 2012, no 386.715 – Fabrice Melleray, Précisions sur le périmètre du domaine
public, AJDA 2013-1789.
1670. CE 12 avr. 1995, Sté Sera, RDI 1995. 545 ; D. 1996. Somm. 145, obs. Ph. Terneyre.
1671. CE 5 nov. 1982, Ville de Dôle, Lebon 375, concl. D. Labetoulle.
1672. Cf. CE, sect., 29 janv. 1982, SA des Docks lorrains, Lebon 44.
1673. CE 19 avr. 1991, SARL Cartigny, Lebon 164 ; D. 1991. Somm. 379, obs. Ph. Terneyre, pour un
immeuble à usage de perception et de logement de fonction.
1674. Cf. CE 23 oct. 1968, Dame Février, Lebon 512.
1675. CE 19 mai 1988, Socotec, Lebon T. 901 ; D. 1989. Somm. 24, obs. Ph. Terneyre.
1676. Ph. Terneyre, « Contentieux de l'exécution des marchés de travaux publics et répartition des
compétences juridictionnelles », in Mélanges R. Chapus, Montchrestien, 1992, p. 599.
1677. Cf. T. confl. 24 nov. 1997, SA de Castro c/ Bourcy, CJEG 1998. 100, concl. R. Abraham ;
confirmé T. confl. 25 mai 1998, SARL Benetière, Lebon 539.
1678. CE 22 nov. 1991, SA Asseco, Lebon 404 ; D. 1991. Somm. 192, obs. Ph. Terneyre ; CE 30 juill.
2003, Société Setec Bâtiment, req. no 233172.
1679. CE 14 févr. 1958, Sté Thorrand, Lebon 104 ; AJDA 1958. 13, concl. M. Long. CE 27 nov. 1987,
Sté provençale d'équipement, Lebon 383 ; RFDA 1988. 384, concl. Fornacciari et p. 397, note
F. Moderne ; D. 1988. Somm. 255, obs. Ph. Terneyre.
168. CAA Douai, 25 mai 2004, Cne d'Hersin-Coupigny – CA, 19 juin 2006, Ville de Lyon –
CAA Nancy, 23 janvier 2024, AJDA, 4 mai 2015, p. 884, note N. Foulquier.
1680. Cf. CE 4 juill. 1980, SA Forrer, Lebon 307 ; CE 22 févr. 1984, CGTH SADE, AJDA 1985. 16,
étude P. Subra ; CE 23 févr. 1990, Duchon, Lebon T. 873 ; CJEG 1990. 401, étude F. Moderne ; D. 1991.
Somm. 105, obs. Ph. Terneyre ; CE 20 mai 1994, Commune de Condom, D. 1995. Somm. 126, obs. Ph.
Terneyre.
1681. Cf. CE 15 juill. 2004, Syndicat intercommunal d'alimentation en eau des communes de la
Seyne et de la région Est de Toulon, BJCP 2005, no 38, p. 32, concl. I. de Silva.
1682. CE 6 avr. 2007, CHG Boulogne-sur-Mer, BJCP 2007, no 52, p. 215, concl. N. Boulouis.
1683. V. par ex. CE 19 nov. 2004, SIVOM de Benfeld, Contrats Marchés publ. 2005, no 15.
1684. CE 10 juill. 1996, Cayzeele, Lebon 274 ; CJEG 1996. 382, étude Ph. Terneyre.
1685. CE 21 déc. 1906, Synd. des propriétaires du quartier croix de Seguey-Tivoli.
1686. Civ. 22 oct. 2002, Sté Suez Lyonnaise des eaux, Contrats Marchés publ. 2003, no 10.
1687. Cayzeele, préc.
1688. CE 29 avr. 1981, Étab. Fine Frères, Lebon 201.
1689. CE 28 avr. 2004, Assoc. pour le respect du site du Mont-Blanc, Contrats Marchés publ.
2004, no 151.
169. V. Alline, cité ci-dessus ; Y. Gaudemet, « La superposition de propriétés privées et du domaine
public », D. 1978. Chron. 295.
1690. CE 29 déc. 1997, M me Bessis, Lebon T. 939.
1691. CE 11 juill. 2001, Sté des eaux du Nord, BJCP 2001, no 19, p. 519, concl. C. Bergeal.
1692. TA Nice, 28 avr. 2006, M. Buti, BJCP 2006, no 49, p. 438, concl. F. Dieu.
1693. CE, avis, 8 juin 2000, BJCP 2001, no 15, p. 99.
1694. CE, avis, Nice, 16 mai 2002, BJCP 2003, no 28, p. 235.
1695. CE 7 août 2008, Soc de gestion des eaux de Paris, BJCP 2009, no 62, p. 40, concl. E. Glaser.
1696. V., CAA Paris, 4 juin 1992, SA Tahiti Moorera Service, Lebon 535 ; CAA Marseille, 7 déc.
1999, Sté Var Expansion, BJCP 2000, no 11, p. 245, concl. Duchon-Doris.
1697. CE 25 juill. 2001, Ville de Toulon, Dr. adm. 2001, no 211, CE 10 oct 2007, Soc SPS Tarbes,
BJCP 2007, no 55, p. 487, concl. D. Casas.
1698. CAA Versailles, 21 avr. 2005, Sté Sablaise des eaux, BJCP 2006, no 44, concl. G. Pélissier.
1699. Lebon 33 ; RFDA 1984. 45, note F. Llorens.
17. V., Spyridon Flogaïtis, Les contrats administratifs, Bibliothèque de droit public européen,
London, Esperia Publications Ltd., 1998, p. 216.
170. V., Y. Gaudemet, « Les constructions en volume sur le domaine public » CJEG oct. 1991, p. 298.
V. avec la même référence les exposés présents au colloque de St-Maur en 1990. Yves Gaudemet montre
que le déclassement en volume est impossible si le bien en cause conserve une affectation de caractère
domanial et qu'elle est inutile si le bien n'a jamais contribué à l'affectation. V. aussi M.J. Aglae, « Division
en volume et propriété privé sur le domaine public », RDI 1993. 313.
1700. CEDH, 9 déc. 1994, Affaire des raffineries grecques Stran c/ Grèce, Rec. vol. 301, p. 65.
1701. CE 12 mars 1999, SA Meribel 92, BJCP 1999, no 5, p. 444, concl. C. Bergeal.
1702. CE 27 oct. 2010, Synd. intercom. des transports publics de Cannes, BJCP 2010, no 73 ;
p. 417, concl. B. Dacosta.
1703. CE 27 oct. 1978, Ville de Saint-Malo, Lebon 401 ; D. 1979. 366, note D. Joly ; CAA Paris,
6 déc. 2005, Sapin c/ Cne de Tremblay-en-France, Contrats Marchés publ. 2006, no 86.
1704. CAA Marseille, 29 mars 2004, SIVOM pour la promotion du quartier de l'Abadie, Contrats
Marchés publ. 2004 no 126.
1705. CE 10 févr. 1961, Ville de Béziers, Lebon 113 ; CAA Nancy, 22 déc. 2005, Sté Les Belles
Choses, Contrats Marchés publ. 2006, no 117.
1706. CE 24 sept. 1990, Cne de Tignes, D. 1991. Somm. 186, obs. Ph. Terneyre.
1707. CE 25 mars 1991, Copel, Lebon T. 1045.
1708. CAA Marseille, 13 déc. 2001, Sté Thermale d'Aix-en-provence, Contrats Marchés publ. 2002,
no 89.
1709. CAA Douai, 18 oct. 2005, Cne de Cardy, AJDA 2006. 1221.
171. T. confl. 17 janv. 1979, Payan, JCP 1980. 11. 19453, note Brard.
1710. CE 8 févr. 1999, Ville de Montélimar, BJCP 1999, no 4, p. 365, concl. C. Bergeal.
1711. CE 19 oct. 2001, Synd. intercom. de Guzet-Neige, BJCP 2002, no 21, p. 115, concl.
D. Piveteau.
1712. CE 24 nov. 2003, Sté Le Cadoret, BJCP 2004, no 33, p. 131, concl. E. Glaser.
1713. CE 17 mars 2004, Ville d'Aix-en-Provence, BJCP 2004, no 35, p. 280, concl. G. Le Chatelier.
1714. CE 14 juin 2000, Cne de Staffelfelden, BJCP 2000, no 13, p. 434, concl. C. Bergeal.
1715. CE 2 févr. 1987, Sté TV6, Lebon 29 ; Montgenèvre, RFDA 1987. 191, note F. M. ; CE 16 févr.
1996, Synd. Intercom. de l'arrondissement de Pithiviers, req. no 82880 ; CE 31 juill. 1996, Sté des
téléphériques du Massif du Mont-Blanc, Lebon 334 ; JCP 1997. II. 22 790, concl. J.-M. Delarue.
1716. CE 6 mai 1985, Assoc. Eurolat, Lebon 141 ; RFDA 1986. 21, concl. B. Genevois.
1717. CE 31 juill. 1996, STMB, préc.
1718. Crim. 5 avr. 1949, Bull. crim. no 143.
1719. Crim. 23 juin 1953, Bull. crim. no 220.
172. V., CE 6 mai 1985, Association Eurolat, Lebon 141, concl. B. Genevois.
1720. Crim. 16 mars 1959, Bull. crim. no 187, p. 175.
1721. Crim. 23 févr. 1972, Bull. crim. no 74, p. 175 ; D. 1973. 333, note M.-T. Littmann.
1722. Crim. 9 nov. 1988, Bull. crim. no 385, p. 1018.
1723. CE 30 oct. 1964, Cne d'Ussel, Lebon 501 ; AJDA 1964. 706, concl. M. Fournier ; T. confl. 6 juin
2011, Société Fraikin Assets c/ Département du Val-de-Marne, JCP Adm. 2011, no 2385, note X. Haïlit.
1724. G. Advenier, « Des modalités d'application de la loi du 29 déc. 1982 sur l'occupation
temporaire », CJEG 1957. 71 ; F. Graziani, L'occupation temporaire, th. Paris 1928 ; G. Liet-Veaux,
Occupation temporaire, J.-Cl. adm., fasc. 394 ; J. Regnis, « L'évolution du droit relatif à l'occupation
temporaire », Vie communale et départementale 1960, p. 213 ; P. Sablière, « L'occupation précaire et
révocable des propriétés privées », CJEG 1980. 1.
1725. Droit exorbitant dont la constitutionnalité a été discutée. V. à ce sujet la question prioritaire de
constitutionnalité posée par le Conseil d'État (CE 1er juill. 2011, M. et M me Lignon) au Conseil
constitutionnel et encore pendante à l'heure où ces lignes sont écrites.
1726. Cons. const. 23 sept. 2011, décision no 2011-172 QPC, Époux L. et autres (accès aux
propriétés privées pour l'étude de travaux publics), Rec. Cons. const. 464 ; AJDA 2014. 2525, note
N. Foulquier ; Constitutions 2012. 80, note O. Le Bot.
1727. CE 15 déc. 2000, Garzaro, Lebon 614 : occupation temporaire destinée à permettre à
l'administration de se procurer des matériaux nécessaires à la réalisation de travaux publics ; mise en
œuvre non tributaire de la question de savoir si l'administration pouvait, par d'autres voies, se procurer les
matériaux nécessaires.
1728. CE 24 avr. 1974, Sieur Foulquier et Dame Bosc-Foulquier, Lebon T. 1206 ; CE 18 déc. 1974,
Consorts Maurel, Lebon T. 1206.
1729. CE 30 juin 1944, Pazery, Lebon 185 ; D. 1946. 398, note C. Blaevoet.
173. Avis, 31 janv. 1995, AJDA 1997. 126, commentaire Ph. Terneyre et E. Fatôme.
1730. CE 11 févr. 1878, Chemins de fer du nord, Lebon 153.
1731. Sauf dans le cas particulier où l'occupation a pour but de permettre les travaux de dépollution ou
de remise en état exécutés dans le cadre des articles L. 514-1 ou L. 541-3 du Code de l'environnement
ainsi que des travaux de réparation des dommages à l'environnement exécutés en application des articles
L. 160-1 s. du même code auquel cas l'occupation pourra être renouvelée pour une durée n'excédant pas
vingt ans.
1732. La circonstance que le propriétaire se trouve, de ce fait, privé d'une indemnité de remise en état
n'entachant pas pour autant l'expropriation de détournement de pouvoir : CE 11 janv. 1957 ; Dame Tétaud,
Lebon 29 ; CJEG 1957. 124, concl. M. Guionin.
1733. CE 2 nov. 1927, Charbonneaux, Lebon 990 ; D. 1928. III. 1, note M. Hauriou.
1734. CE 11 oct. 1961, Cne de Laruns, Lebon 561 ; AJDA 1962. II. 96, note J. V.
1735. CE 9 déc. 1970, Syndicat intercommunal pour l'utilisation des décharges contrôlées dans la
région de Montmorency et Entreprise Fayolle et fils, Lebon 266. V. également, CE 14 mai 1975,
Consorts Chodron de Courcel, Lebon 304 ; TA Rennes 31 mars 2005, Tual, Coll. terr. 2005, no 140,
obs. J. Moreau.
1736. CE 18 déc. 1981, Min. des Relations extérieures c/ M. Pelaz et autres, Lebon 480 ; AJDA
1982. 264, concl. D. Labetoulle ; CJEG 1982. 153, concl. D. Labetoulle ; RD publ. 1982. 1124, note J. de
Soto : percement d'une galerie de reconnaissance de 4 km de longueur pour la réalisation d'études
préparatoires à l'exécution d'un projet d'installations scientifiques exigeant le creusement d'un tunnel
circulaire de 10 km environ de diamètre ; si cette galerie est susceptible, moyennant de nouveaux
aménagements, d'être incorporée dans les ouvrages de desserte du tunnel au cas où celui-ci serait construit
après acquisition des terrains nécessaires, l'administration doit, si le tunnel n'est pas construit, remettre les
terrains en l'état ; par conséquent, la galerie ne présente pas, par elle-même et quelle que soit son
importance, le caractère d'un ouvrage permanent ; légalité de l'application de la loi de 1892.
1737. CE 4 avr. 1973, Sté civile immobilière Rollino, Lebon 277. Il reste que le juge semble faire
parfois preuve de plus de mansuétude : CE 27 janv. 1971, Préfet du Val de Marne et min. des Transports
c/ Sieur Hottinguer et Régie autonome des transports parisiens c/ Sieur Hottinguer, Lebon 76 ;
CE 14 juin 1978, Geerssen-Fievez, Lebon 247.
1738. CE 20 juin 1956, Dame veuve Zappa, Lebon 254 ; AJDA 1956. II. 330, note P. Sillard.
1739. CE 31 mars 1954, Dpt de l'Allier c/ Dame Debiesse, Lebon 204 ; AJDA 1954. II. 245, note
M. Copper-Royer.
174. Le même raisonnement est tenu dans un avis du 18 mai 2004 relatif à la Cinémathèque.
1740. Ainsi, si l'arrêté se borne à indiquer que l'occupation a pour but de permettre « l'exécution de
travaux divers », il méconnaît cette obligation de précision et est illégal (CE 13 oct. 1967, Préfet de la
Corrèze et min. de l'Intérieur c/ Consorts Maldelmont et autres, Lebon 370).
1741. CE 14 janv. 1976, Min. de l'Agriculture c/ Dospital et Association syndicale d'amélioration
rurale de Labenne, Lebon 30.
1742. CAA Nantes 8 nov. 2005, Société Réseau de transport d'électricité, AJDA 2006. 1164, concl.
D. Artus.
1743. CE 21 févr. 1975, Min. de l'Aménagement du territoire, de l'Équipement, du Territoire et du
Tourisme c/ Consorts Nougarède, Lebon 150 ; AJDA 1975. II. 370, note F. Julien-Laferrière.
1744. Même arrêt.
1745. CE 21 févr. 1975, Min. de l'Aménagement du territoire, de l'Équipement, du Territoire et du
Tourisme c/ Consorts Nougarède, préc. ; CE 17 mars 1978, SA « Entreprise Renaudin », Lebon 140,
concl. J.-M. Galabert ; AJDA 1979, no 4, p. 41, note F. Chevallier.
1746. CE 13 oct. 1967, Préfet de la Corrèze et min. de l'Intérieur c/ Consorts Madelmont et autres,
Lebon 370 ; CE 10 juin 1994, SARL Fabrimaco, Lebon T. 1110.
1747. T. confl. 5 juill. 1999, Sté des autoroutes Paris-Rhin-Rhône et Scetauroute c/ Blanchet, AJDA
2000. 154, concl. J. Sainte-Rose.
1748. T. confl. 11 mai 1964, Lajugie c/ Compagnie générale d'entreprises électriques, Lebon 791 ;
AJDA 1964. 566, note P. Laporte.
1749. T. confl. 15 janv. 1990, Le Bihan c/ Syndicat intercommunal pour l'aménagement
hydraulique des cours d'eau de la région de Séglien et autres, Lebon T. 645.
175. CE 1er févr. 1995, Préfet de la Meuse, Dr. adm. 1995, no 261.
1750. T. confl. 17 juin 2013, M. Bergoend c/ Société ERDF Annecy Léman, Lebon 370 ; AJDA 2013.
1568, Chronique X. Domino et A. Bretonneau ; RFDA 2013. 1041, note P. Delvolvé ; RJEP oct. 2013,
p. 17, note B. Seiller ; JCP Adm. 2013, no 2301, note C.-A. Dubreuil ; LPA 2 sept. 2013. 6, note J. de
Gliniasty ; JCP 2013, no 1057, note S. Biagini-Girard ; Dr. Adm., déc. 2013, comm. 86 par S. Gilbert ;
M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd., 2015, no 115 : il n'y a plus voie
de fait (outre l'hypothèse de l'atteinte à la liberté individuelle) qu'au cas d'« extinction du droit de propriété »
et non plus seulement d'atteinte grave audit droit.
1751. Le Conseil d'État a d'ailleurs précisé à ce propos que ce délai de deux ans courrait à partir de la
date à laquelle la cessation effective de l'occupation a été notifiée au propriétaire (CE 11 oct. 1985,
Consorts Le Roy et autres, Lebon 283) ou constatée par procès-verbal revêtu de sa signature (alors
même qu'il comporterait des réserves) dans l'hypothèse où l'occupation temporaire prendrait fin avec
l'expiration du délai fixé par l'arrêté préfectoral ou, dans l'hypothèse inverse, à l'expiration de ce délai
(CE 28 nov. 2007, Blanchet, Lebon T. 1114).
1752. CE 17 avr. 1959, Giraud, Lebon 243 ; RD publ. 1960. 123, note M. Waline.
1753. CE 13 févr. 1974, Demoiselle Cauvy, Lebon 106.
1754. V. sur ce point les développements de J. Dufau, Droit des travaux publics, PUF, 1998, p. 415-
416.
1755. M. O. Avril, « Servitudes imposées aux propriétaires de terrains traversés par des pipe-lines »,
Ann. voirie 1999, no 5, p. 14.
1756. V. par ex. Civ. 3e, 29 oct. 1979, Consorts Robineau c/ Cne d'Orléans, Bull. civ. III, no 192,
p. 149, à propos de travaux de démolition par l'expropriant de constructions qui encombraient la totalité
d'une parcelle dont une partie seulement est expropriée, ou encore Civ. 3e, 21 mai 2003, Association
syndicale de défense contre la mer de Jullouville nord, AJDI 2003. 684, obs. A. Bernard, à propos de
l'expropriation de terrains côtiers en vue de la construction d'un digue procurant aux parcelles formant avec
ces terrains une même unité foncière une augmentation de leur valeur immédiate bien supérieure au
montant de l'indemnité d'expropriation qui se trouve réduite à néant.
1757. CE 27 déc. 1884, Min. des Travaux publics, Lebon 693.
1758. CE 5 déc. 1973, Vidal et Jenkins et Entreprise générale Léon Grosse, Lebon 696 ;
CE 28 févr. 1986, Entreprise Blondet, Lebon 55 ; RFDA 1986. 604, concl. R. Denoix de Saint-Marc ; RD
publ. 1986. 1153, note J.-M. Auby ; AJDA 1986. II. 399, note L. Richer ; D. 1986. IR 427, obs.
P. Terneyre.
1759. CE 21 janv. 2008, M. A et M me E, BJCL, no 3/08, p. 203, concl. E. Glaser et observations
anonymes.
176. CE 8 avr. 2013, Association ATLALR, no 363738.
1760. CE 27 mai 1960, EDF c/ Ané, Lebon 376 : pas de lien direct entre les dommages liés à la
modification des conditions de fonctionnement d'un ouvrage public plusieurs années après sa construction et
la plus-value résultant de l'existence même de l'ouvrage.
1761. CE 22 janv. 1969, Ville de Libourne c/ Magne, Lebon 37 ; CE 23 avr. 1971, Cne de
Wittenheim, Lebon 301 ; CE 8 déc. 1971, Germain c/ Cne de Villers-sur-mer, Lebon 752 : travaux de
voirie causant des dommages de travaux publics à l'immeuble du requérant mais ne lui apportant pas une
plus-value spéciale indépendamment de la plus-value générale procurée aux autres immeubles riverains.
V. également, CE 11 mai 1962, min. des Travaux publics et des Transports c/ Consorts Duboul de
Malafosse, Lebon 321 ; AJDA 1962. II. 588, concl. M. Combarnous : travaux de construction d'une digue
causant des dommages de travaux publics à la propriété du requérant mais ne lui apportant pas une plus-
value spéciale indépendante de la plus-value générale résultant pour les propriétaires riverains du fleuve de
la protection contre les inondations résultant de la digue.
1762. Un décret-loi du 8 août 1935 prévoyait également que, en cas de plus-value future mais certaine
dépassant de 15 % la valeur des immeubles concernés, le propriétaire disposait d'une option : ou bien il
réglait à l'administration le montant de ladite plus-value ; ou bien il s'exposait à être exproprié, son immeuble
étant évalué à sa valeur actuelle (c'est-à-dire sans tenir compte de la plus-value) mais l'administration
pouvant ensuite le revendre, une fois les travaux effectués, en tenant compte de la plus-value qu'ils auraient
procurés. Cette expropriation « pour cause de plus value » a été supprimée par l'ordonnance du 23 oct.
1958 réformant le droit de l'expropriation.
1763. Aujourd'hui article L. 321-5 du nouveau Code permettant, comme on vient de le voir (v. ss. 527),
de déduire la plus-value de l'indemnité d'expropriation.
1764. J. Sylvestre, « La récupération directe des plus-values foncières. L'introuvable article L. 16-4 du
Code de l'expropriation », RRJ 2001. 337.
1765. CGCT, art. L. 2333-26 à L. 2233-47.
1766. C. urb, art. L. 332-6 à L. 332-14. À noter que le e) du 2° de l'art. L. 332-6-1 permettant d'exiger
des bénéficiaires d'autorisation de construire la cession gratuite de terrains destinés à être affectés à
certains usages publics (dans la limite de 10 % de la superficie du terrain auquel s'applique la demande) a
été considéré par le Conseil constitutionnel comme contraire à la Constitution, le législateur ayant laissé à la
collectivité publique le plus large pouvoir d'appréciation et n'ayant pas défini les usages publics auxquels
devaient être affectés les terrains ainsi cédés de telle sorte qu'il a méconnu l'étendue de sa compétence :
décision no 2010-33 QPC du 22 sept. 2010, Soc. Esso SAF (cession gratuite de terrains).
1767. Art. L. 2124-11 du CGPP issus des art. 14 et 39 de l'ancien Code du domaine public fluvial. et de
la navigation intérieure.
1768. C. Blavoet, « De l'intangibilité des ouvrages publics », D. 1965. Chron. 241 ; L. Di Qual, Une
manifestation de la désagrégation du droit de propriété : la règle « ouvrage mal planté ne se détruit pas »,
JCP 1964. I. 1852 ; C. Le Berre, « Les pouvoirs d'injonction et d'astreinte du juge judiciaire à l'égard de
l'administration », AJDA 1979, no 2, p. 14, spéc. p. 17-18.
1769. CE (sur conflit) 7 juill. 1853, Robin de la Griaudière, S. 1854. II. 113.
177. C. Lavialle, « Existe-t-il un domaine public naturel ? », CJEG mai 1987, p. 627. Dans cet
intéressant article, Christian Lavialle conteste la légitimité et l'intérêt du recours à la notion de domaine
public naturel. Il montre que le domaine public est en réalité une notion juridique construite par le législateur
et non le résultat de situations naturelles. Si les textes peuvent dans certains cas tenir compte de
phénomènes naturels à propos de l'incorporation au domaine public ou de sa sortie, ces situations sont le
résultat de la règle de droit et non de ces phénomènes. Christian Lavialle estime également que la
distinction classique, non confortée par les origines de la théorie domaniale ou par les textes, a servi surtout
à maintenir à la fin du XXe siècle des règles qui ne correspondaient plus aux mutations fondamentales de la
domanialité publique. V. aussi René Hostiou. « La notion de domaine public naturel », CJEG 1993. 306.
1770. En effet, il a été toujours admis que le fait que des ouvrages publics aient été irrégulièrement
implantés sur des terrains privés ne privait pas l'administration de la possibilité d'acquérir, par la voie de
l'expropriation, ces terrains et n'était donc pas de nature par lui-même à faire regarder l'expropriation
comme entachée de détournement de pouvoir (CE 3 avr. 1968, Dame veuve Lepage et Sté des
briqueteries Lepage, Lebon T. 971 ; CE 3 mai 1972, Sté des établissements Charles Testut, Lebon 337 ;
AJDA 1973. 143, obs. A. Homont ; CE 23 sept. 1993, M. et M me Saulnier, Lebon T. 754 ; D. 1984.
IR 452, obs. P. Bon).
1771. CE 29 oct. 1954, Prudot, Lebon T. 567.
1772. CE 30 janv. 1957, Dame d'Heureux, Lebon 75 ; CE 3 mai 1963, Dame veuve Briand,
Lebon 266.
1773. CE 11 mai 1979, M me Ripert, Lebon 214 ; AJDA 1980. 106, concl. J.-F. Théry ; Gaz. Pal.
1980.I.407, note F. Moderne ; D. 1979. IR 393, obs. P. Delvolvé.
1774. T. confl. 6 févr. 1956, Consorts Sauvy, Lebon 586 ; T. confl. 22 févr. 1960, Borel c/ MRL,
Lebon 857 ; Rev. adm. 1960. 133, note G. Liet-Veaux.
1775. T. confl. 10 févr. 1949, Roubaud, Lebon 591.
1776. Civ. 1re, 17 févr. 1965, Cne de Manosque, Bull. civ. I, no 137, p. 101 ; RD publ. 1965. 984,
note M. Waline.
1777. D'ailleurs, si le juge judiciaire ne se reconnaissait pas compétent, en cas de voie de fait, pour
ordonner la destruction d'un ouvrage public, il se reconnaissait quand même compétent pour prescrire
l'interruption de travaux publics (Civ. 3e, 30 nov. 1994, Cne de Saint Ferréol d'Auroure c/ Bonnet,
D. 1996. Somm. 297, obs. P. Carrias) de telle sorte que le principe d'intangibilité des ouvrages publics ne
concernait que les ouvrages achevés.
1778. CE 29 avr. 1949, Dastrevigne, Lebon 185 ; CE 17 oct. 1986, Épx Weibel, Lebon T. 535 ; Quot.
jur. du 5 mars 1987, no 27, p. 13, concl. J.-C. Bonichot ; D. 1987. Somm. 397, obs. P. Bon.
1779. V. par exemple, Civ. 27 févr. 1950, Maire c/ Philis, Bull. civ., no 58, p. 41 ; JCP 1950. II. 5517,
note R. Cavarroc.
178. J.-M. Becet et D. Le Morvan, Le droit du littoral et de la mer côtière, Economica 1991 ;
Coulombie et Redon, Le droit du littoral, Litec 1993 ; N. Calderaro, Le droit du littoral, éd. Moniteur
1998 ; J. Caillosse, « Plaidoyer pour le domaine maritime naturel », RRJ 1990. 549. V. aussi le no spécial de
l'AJDA de décembre 1978.
1780. V. par exemple, Civ. 1re, 9 févr. 1972, SA des travaux et entreprises électriques c/ Dame
Gauban de Saint-Amand, Bull. civ. I, no 42, p. 38. Sur l'ensemble de la question, y compris sur ses
derniers développements liés à la remise en cause contemporaine du principe d'intangibilité des ouvrages
publics, voir P. Sablière, « Le juge judiciaire peut-il, en cas de voie de fait, ordonner l'enlèvement d'une ligne
électrique ? », CJEG 2000. 73.
1781. V. d'ailleurs Civ. 1re, 25 mars 1997, Société Provelec c/ Dame de Couey, Bull. civ. I, no 110,
p. 72 ; CJEG 2000. 82 avec article P. Sablière préc. : cet arrêt renoue avec la jurisprudence initiale en
admettant que, au cas de voie de fait, le juge judiciaire puisse ordonner l'enlèvement d'une ligne électrique
irrégulièrement implantée.
1782. N. Ach, « L'intangibilité de l'ouvrage public, un principe ébranlé mais loin d'être enterré », RD
publ. 2003. 1633 ; C. Boutayeb, « L'irrésistible mutation d'un principe : l'intangibilité de l'ouvrage public »,
RD publ. 1999. 1449 ; S. Brondel, « Le principe d'intangibilité des ouvrages publics : réflexions sur une
évolution jurisprudentielle », AJDA 2003. 761 ; Y. Gaudemet, « Que reste-t-il de l'intangibilité de l'ouvrage
public ? » Bien public, bien commun, Mélanges en l'honneur d'E. Fatôme, Dalloz, 2011, p. 155 ; M.-
P. Maître, « Le principe de l'intangibilité de l'ouvrage public », LPA 22 nov. 1999, no 232, p. 5. V. également
C. Boutayeb, « L'expropriation, la protection de l'ouvrage public et la Conv. EDH ; une influence
européenne au déploiement inégal », JCP Adm. 2008, no 2146.
1783. CE 19 avr. 1991, Époux Denard et Martin, Lebon 148 ; CJEG 1992. 75, concl. H. Toutée ;
RFDA 1192. 59, concl. H. Toutée et note J.-P. Maublanc ; AJDA 1991. 563, note G. Teboul ; Quot. jur. du
20 juin 1991, no 74, p. 9, note J.-M. D. ; LPA du 26 juin 1992, no 77, p. 34, note C. Boutin ; JCP 1992.
II. 21804, note M.-C. Rouault.
1784. Civ. ass. plén., 6 janv. 1994, Consorts Baudon de Mony c/ EDF et autre, Bull. ass. plén.,
no 1 ; D. 1994. J. 153, concl. M. Jéol ; JCP 1994. II. 2207, concl. M. Jéol ; AJDA 1994. 339, note
R. Hostiou ; CJEG 1994. 413, avant-propos P. Sablière, rapport O. Renard-Payen, concl. M. Jéol et note
D. T. ; RFDA 1994. 1121, note C. Boiteau ; Dr. adm., juill. 1994, p. 1, note D. T. V. également P. Carrias,
« La nouvelle expropriation indirecte », D. 1994. Chron. 327 ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou
et P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, no 30.
1785. T. confl. 6 mai 2002, M. et M me Binet c/ EDF, Lebon 544 ; JCP 2002. II. 10170, concl.
J. Duplat ; CJEG 2002. 646, note B. Genevois ; JCP Adm. 2002, no 1163, note J. Dufau ; AJDA 2002.
1229, note P. Sablière ; Lamy droit public des affaires, 2002, no 60, p. 1, note P. Zavoli. V., par la suite,
T. confl. 21 juin 2010, Arriat c/ Commune de Nevers, Lebon 584 ; T. confl. 17 déce. 2012, Vidal c/
Société Électricité Réseau Distribution de France, Lebon T. 1014 ; AJDA 2013. 1281, note S. Traoré.
1786. La compétence du juge administratif connaissait toutefois, selon le Tribunal des conflits, une
exception lorsque « la réalisation de l'ouvrage procède d'un acte qui est manifestement insusceptible de se
rattacher à un pouvoir dont dispose l'autorité administrative et qu'aucune procédure de régularisation
appropriée n'a été engagée ». Dans une telle hypothèse qui correspondait par exemple à l'implantation sans
titre d'un ouvrage public sur une propriété privée, on avait donc affaire à une voie de fait que le juge
judiciaire, par exception, pouvait faire cesser en ordonnant la démolition de l'ouvrage s'il n'y avait pas de
régularisation possible (Civ. 3e, 30 avr. 2003, M me Mourareau c/ Commune de Verdun-sur-Ariège, Bull.
civ. III, no 92, p. 84 ; D. 2003. 1932, note S. Petit ; Civ. 3e, 28 juin 2005, Bartoli c/ Commune de Palneca,
BJCL 2005. 609, concl. J. Sainte-Rose et obs. L. Janicot ; Civ. 1re, 28 juin 2005, Consorts Dabeedin c/
Commune de Cayenne, JCP Adm. 2007, no 2143, note O. Renard-Payen). Cette exception n'est plus de
mise aujourd'hui compte tenu de la restriction du champ d'application de la voie de fait opérée récemment
par le Tribunal des conflits (T. confl. 17 juin 2013, M. Bergoend c/ Société ERDF Annecy Léman,
Lebon 370 ; AJDA 2013. 1568, chron. X. Domino et A. Bretonneau ; RFDA 2013. 1041, note P. Delvolvé ;
RJEP oct. 2013, p. 17, note B. Seiller ; JCP Adm. 2013, no 2301, note C.-A. Dubreuil ; LPA du
2 septembre 2013, p. 6, note J. de Gliniasty ; JCP 2013, no 1057, note S. Biagini-Girard ; Dr. adm. déc.
2013, comm. 86 par S. Gilbert ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd.,
2015, no 115). Puisque, dorénavant, il ne peut plus y avoir voie de fait (outre l'hypothèse de l'atteinte à la
liberté individuelle) qu'au cas d'« extinction du droit de propriété » et non plus seulement d'atteinte grave
audit droit, l'implantation, même sans titre, d'un ouvrage public sur le terrain d'une personne privée, qui
n'aboutit pas à l'extinction du droit de propriété, ne peut plus être qualifiée de voie de fait de sorte que les
conclusions tendant à ce que soit ordonné son déplacement relèvent exclusivement de la juridiction
administrative. Il y a donc bien une résurgence du caractère absolu de l'intangibilité de l'ouvrage public vi-à-
vis du juge judiciaire (S. Traoré, « La redéfinition de la voie de fait et la résurgence du caractère absolu de
l'intangibilité de l'ouvrage public », Droit adm. 2015. Étude 4).
1787. Et hormis l'exception alors admise d'une voie de fait.
1788. CE 29 janv. 2003, Syndicat départemental de l'électricité et du gaz des Alpes-maritimes et
commune de Clans, Lebon 21 avec concl. C. Maugüé ; RFDA 2003. 477, concl. C. Maugüé et note
C. Lavialle ; BJCL 2003. 419, concl. C. Maugüé et obs. J. Morand-Deviller ; CJEG 2003. 243, concl.
C. Maugüé ; AJDA 2003. 784, note P. Sablière ; JCP 2003. II. 10118, note G. Noël ; JCP Adm. 2003,
no 1342, note J. Dufau ; Dr. adm. 2003, no 92, note C.M. ; Coll. terr. 2003, no 79, obs. J. Moreau ; LPA du
21 mai 2003, no 101, p. 4, note J. Bougrab ; LPA du 6 juin 2003, no 113, p. 20, note J. Charret et
S. Deliancourt ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, n° 88 ;
confirmation de CAA Marseille 2002, M me Gasiglia, BJCL 2002. 347, concl. L. Benoit.
1789. C. Maugüé, concl. précit., Lebon 27.
179. Sur le cas des étangs salés, voir : Civ. 1re, 29 févr. 1968, SCI They de Roustan.
1790. CE 9 juin 2004, Commune de Peille, Lebon 244 ; CJEG 2004. 494, concl. F. Donnat ; Dr. adm.
2004, no 167, obs. F.D. ; Environnement 2004, no 113, obs. L. Benoit.
1791. CE 20 mai 2011, Communauté d'agglomération du lac du Bourget, Lebon 248 ; BJCL 2011.
484, concl. M. Guyomar ; BJDU 2011. 362, concl. M. Guyomar ; AJDA 2011. 1891, note G. Eveillard ;
JCP Adm. 2011, no 2297, not F. Dunyach et A. Izembard ; Droit adm. 2011, no 80, obs. C. Roux.
1792. CE 13 févr. 2009, Communauté de communes du canton de Saint-Malo de la Lande, Lebon
T. 906 ; BJDU, no 1/2009, p. 31, concl. E. Geffray et obs. anonymes ; RJEP, juill. 2009, p. 20, concl.
E. Geffray ; RDI 2009. 350, note R. Hostiou ; AJDA 2009. 1057, note D. Bailleul ; RLCT, mai 2009, p. 45,
note N. Ach ; JCP Adm. 2009, no 2208, note D. Maherzi ; confirmation de TA Caen 20 janv. 2004,
Association Manche nature, AJDA 2004. 1176, note X. Braud.
1793. CE 20 mai 2011, Communauté d'agglomération du lac du Bourget, préc.
1794. Tel est du moins l'état du droit lorsque l'ouvrage mal planté l'est sur une propriété privée voire sur
le domaine privé d'une personne publique. Lorsqu'il l'est sur le domaine public et que cette occupation
irrégulière est susceptible de constituer une contravention de grande voirie (sur cette notion, v. ss 223 s.), le
juge administratif n'a pas la même marge de manœuvre. En effet, le Conseil d'État (CE 23 déc. 2010,
Ministre d'État, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, AJDA 2011.
730, note J. Le Gars ; JCP Adm. 2011, no 2044, note P. Yolka ; RLCT 2011, no 1896, note P. Caille)
considère alors que seul le préfet peut apprécier si une régularisation de la situation de l'ouvrage public
demeure possible et si sa démolition entraînerait, au regard de la balance des intérêts en présence, une
atteinte excessive à l'intérêt général, soit avant d'engager la procédure de contravention de grande voirie en
transmettant au juge le procès-verbal, soit après l'engagement de la procédure dont il peut se désister.
L'explication de cette solution particulière réside dans le fait que, lorsqu'il est saisi par le préfet d'un procès-
verbal constatant une occupation irrégulière du domaine public, et alors même que la transmission n'est
assortie ni suivie de la présentation de conclusions tendant à faire cesser l'occupation irrégulière et à
remettre le domaine public en l'état, le juge de la contravention de grande voirie est tenu d'y faire droit sous
la seule réserve que des intérêts généraux, tenant notamment aux nécessités de l'ordre public, n'y fassent
obstacle. Il ne nous semble guère faire de doute que le contrôle que le juge peut exercer sur l'appréciation
portée par le préfet sur la possibilité de régularisation et sur la balance des intérêts en présence se limite à
un contrôle de l'erreur manifeste d'appréciation.
1795. N. Albert, « Responsabilité du fait des travaux et ouvrages publics », J.-Cl. coll. terr., fasc. 930 ;
P. Bandet, Les responsabilités encourues en matière de dommages de travaux et d'ouvrages publics,
Berger-Levrault, 2002 ; J.-P. Dubois, Vo Travaux publics (Dommages de), Encyclopédie Dalloz –
Responsabilité de la puissance publique ; A. Mathiot, Les accidents causés par les travaux publics,
th. Paris 1934 ; O. Renard-Payen, « Responsabilité du fait des travaux et ouvrages publics », J.-Cl. adm.,
fasc. 930 (Mise en œuvre de la responsabilité), 932 (Dommages subis par les usagers) et 934 (Dommages
subis par les tiers) ; F. Sabiani, Vo Dommages de travaux publics, Droit de la construction, Dalloz, 2014-
2015, no 280 (Identification), 281 (Conditions d'indemnisation) et 282 (Mise en œuvre de l'indemnisation).
1796. CJA, art. R. 312-14 2o.
1797. CE 13 déc. 1889, Cadot, Lebon 1148, concl. M. Jagerschmidt ; D. 1891. 3.41, concl.
M. Jagerschmidt ; S. 1892.3.17, note M. Hauriou ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et
B. Genevois, GAJA, Dalloz, 20e éd., 2015, no 5.
1798. P. Yolka, « Pavane pour une étoile éteinte : la loi du 28 pluviôse an VIII », JCP Adm. 2009, Libre
propos, no 859.
1799. CE 4 oct. 1957, Min. des Travaux publics c/ Beaufils, Lebon 510, concl. B. Jouvin.
18. M. Rousset, Driss Basri, Ahmed Belhaj et Jean Garagnon, Droit administratif marocain, Rabat,
Imprimerie Royale, 1984, p. 451.
180. V. not. CE 24 mai 1935, Thibeault, S. 1936. III. 1, note Rousseau.
1800. CE 26 juin 1963, Seguinot, Lebon 400 ; AJDA 1964. 90, note H. A.
1801. CE 27 mai 1955, Rotrou, Lebon T. 817 ; CE 4 janv. 1956, Noguès, Lebon T. 767.
1802. CE 30 janv. 1948, Consorts Chevalier, Lebon 52.
1803. CE 21 janv. 1949, Sté grandcolombienne d'éclairage et d'énergie, Lebon 32.
1804. CE 4 févr. 1972, Min. des Postes et Télécommunications c/ Trifaro, Lebon 117.
1805. CE 23 oct. 1957, Société transatlantique aérienne, Lebon 550. En revanche, les dommages
causés par des oiseaux dès que l'appareil a décollé, c'est-à-dire lorsqu'il se trouve dans un couloir aérien,
n'est pas un dommage de travail public dans la mesure où les couloirs aériens, à la différence des pistes, ne
sont pas considérés par le juge comme des ouvrages publics : CE 2 déc. 1987, Compagnie Air-Inter,
Lebon 393 ; RD publ. 1988. 278, concl. J. Massot, et p. 551, note F. Llorens ; AJDA 1988. 156, chron.
M. Azibert et M. de Boisdeffre ; JCP 1988. II. 21034, note J.-F. Davignon ; D. 1988. Somm. 367, obs.
F. Moderne et P. Bon. V. également P. Rodier, « Remarques sur la condition juridique des approches
aériennes aéroportuaires », RFDA 2014. 901.
1806. CE 19 mars 1976, Société des autoroutes Paris-Lyon, Lebon 172 ; AJDA 1976. 528, concl.
M. Franc.
1807. CE 21 mai 1954, SNCF, Lebon 293, concl. M. Letourneur.
1808. CE 26 juill. 1929, Cne de Chailly-en-Bière, Lebon 888 ; D. 1930. 3.1., note J. Appleton.
1809. CE 27 nov. 1931, Lemaire, Lebon 1049 ; S. 1932.3.41, note R. Bonnard.
181. V. note Rousseau, S. 1936. 11. S. Caudal, « L'eau de mer. Réflexions sur son statut juridique et sa
protection », in Mélanges Langavant, Lharmattan, 1999, p. 72.
1810. CE 25 avr. 1958, Barbaza, Lebon 228 ; AJDA 1958. 220, chron. J. Fournier et M. Combarnous ;
D. 1960. 62, note C. Blaevoet ; JCP 1958. II. 10810, note C. Blaevoet ; CJEG 1959. 27, note A. Carron.
1811. Civ. 1re, 23 juin 1981, Association du comité de défense des intérêts du quartier de
Maurepiane c/ Société Tanker service et Port autonome de Marseille, Bull. civ. I, no 230, p. 187 ;
CJEG 1982. J. 285, note D. Delpirou.
1812. T. confl. 16 mai 1983, Préfet, commissaire de la République du dpt de la Loire c/ Tribunal de
grande instance de Montbrison, Lebon 538 ; CJEG 1983. 285, note D. Delpirou.
1813. J.-Y. Plouvin, Du travail public constitutif d'une voie de fait, CJEG 1986. 427.
1814. CE 20 nov. 1974, Dame Manrot Le Goarnic née Mireille Lier, Lebon 572.
1815. Civ. 1re, 3 nov. 1982, Le nouveau syndicat intercommunal pour l'aménagement de la vallée
de l'Orge, Bull. civ. I, no 314, p. 270.
1816. T. confl. 17 juin 2013, M. Bergoend c/ Société ERDF Annecy Léman, Lebon 370 ; AJDA 2013.
1568, chron. X. Domino et A. Bretonneau ; RFDA 2013. 1041, note P. Delvolvé ; RJEP, octobre 2013,
p. 17, note B. Seiller ; JCP A 2013, no 2301, note C.-A. Dubreuil ; LPA 2 sept. 2013, p. 6, note J. de
Gliniasty ; JCP 2013, no 1057, note S. Biagini-Girard ; Dr. adm. déc. 2013, comm. 86 par S. Gilbert ;
M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd., 2015, no 115.
1817. Même arrêt.
1818. Quant à la théorie de l'emprise irrégulière qui constituait également une limite au caractère
attractif de la notion de dommages de travaux publics, elle a perdu toute originalité quelques mois après que
le Tribunal des conflits ait réduit le champ d'application de la voie de fait (T. confl. 9 déc. 2013, M. et
M me Panizzon c/ Commune de Saint-Palais-sur-Mer, Lebon 376 ; AJDA 2014. 216, chron.
A. Bretonneau et J. Lessi ; RFDA 2014. 61, note P. Delvolvé ; JCP 2014. 1335, étude M. Martin ; Droit
adm. 2014. 25, comm. S. Gilbert ; RJEP 2014, comm. 19 par J. Lebon). Rappelons que, selon cette théorie,
lorsque le dommage, bien que présentant toutes les caractéristiques d'un dommage de travaux publics,
résultait d'une emprise irrégulière, c'est-à-dire d'une prise de possession irrégulière d'une propriété
immobilière par l'administration, c'était le juge judiciaire qui était compétent pour réparer les conséquences
de la dépossession sans pour autant disposer des pouvoirs spécifiques qui sont les siens au cas de voie de
fait (T. confl. 17 mars 1949, Société Hôtel du Vieux Beffroi, Lebon 592 ; D. 1949. 209, concl.
J. Delvolvé ; D. 1950. 3. 1, note A. Mathiot). Avaient par exemple été considérées comme des emprises
irrégulières dont la réparation relevait en conséquence de la compétence du juge judiciaire le fait qu'une
entreprise chargée de la réfection d'un chemin rural pour le compte de deux communes occupe
temporairement une parcelle privée et y abatte ou élague des arbres sans l'accord de son propriétaire
(T. confl. 2 juill. 1979, SCI du domaine de Margon c/ Entreprise Guttierez et autres, Lebon T. 673) ou
encore le fait qu'un concessionnaire d'un syndicat intercommunal d'adduction d'eau exécute sur des
propriétés privées des travaux dépossédant de manière définitive leurs propriétaires d'éléments de leur droit
de propriété sans expropriation ni accord amiable ni institution des servitudes prévues en la matière
(T. confl. 2 juill. 1979, Consorts Brachanet c/ Compagnie nationale d'aménagement du Bas-Rhône
Languedoc et Syndicat intercommunal d'adduction d'eau du littoral Sud Audois, Lebon T. 673). La
distinction entre la voie de fait et l'emprise irrégulière n'était d'ailleurs pas toujours évidente puisque, comme
le montrent les exemples ci-dessus, l'occupation indue d'une propriété privée pouvait aussi bien être
qualifiée de voie de fait que d'emprise irrégulière. En principe, c'était la gravité de l'illégalité commise par
l'administration qui permettait de distinguer les deux théories : illégalité simple au cas d'emprise irrégulière,
irrégularité grossière au cas de voie de fait. Mais il arrivait parfois que des hypothèses de fait pourtant fort
proches soient qualifiées différemment par le juge. En tout état de cause, depuis l'arrêt M. et
M me Panizzon, au cas d'emprise irrégulière, c'est le juge administratif et non plus le juge judiciaire qui est
compétent, du moins lorsque l'emprise résulte d'une décision administrative, le juge judiciaire n'étant
compétent que lorsque l'atteinte à la propriété privée est telle qu'elle aboutit à l'extinction du droit de
propriété de telle sorte que, conformément à la jurisprudence Bergoend précitée, on a affaire à une voie de
fait.
1819. Sauf dans l'hypothèse où il s'agirait « de dommages occasionnés au domaine public » (dernier al.
de son art. 1er). Voir à ce propos CAA Nancy 18 juin 2009, SNCF c/ Sté Eurovia Lorraine, JCP Adm.
2010, no 2136, comm. 10 par G. Lazzarin.
182. S. 1944.1.53, concl. Guillaume, RGDIP 1970. 1114.
1820. CE 23 mars 1966, Société Otis-Pifre, Lebon 231.
1821. En revanche, si la drague ne possède aucun moyen de se déplacer dans une direction
déterminée, elle n'est pas considérée comme un véhicule : T. confl. 24 mai 1965, Préfet de la Seine-
Maritime c/ Tribunal de grande instance du Havre, Lebon 815 ; AJDA 1965. 608, note J. M. ; D. 1965.
606, note C. Blaevoet ; T. confl. 11 déc. 1972, Spathis, Lebon 950 ; CJEG 1973. 209, note J. Virole ; JCP
1974. II. 17669, note F. Moderne.
1822. T. confl. 21 mars 1966, Compagnie d'assurance « La Mutuelle générale française » c/ État,
Lebon 829.
1823. T. confl. 2 déc. 1968, EDF c/ Dame veuve Faucher et cne de Port-Louis, Lebon 803 ; AJDA
1969. 487, note J. Dufau ; CJEG 1968. 462, note A. Carron.
1824. T. confl. 12 févr. 2001, Cne de Courdimanche et compagnie Groupama Ile-de-France
c/ Agent judiciaire du Trésor, Lebon 735.
1825. T. confl. 30 avr. 2001, Caisse primaire d'assurance maladie de Seine-et-Marne, req. no 3245.
1826. CE 25 juin 1986, M me Curtol, Lebon 177 ; LPA du 19 déc. 1986, p. 22, concl. B. Lasserre ;
AJDA 1986. 653, obs. J. Moreau.
1827. CE 20 avr. 1966, Loncq, Lebon 268 ; CE 16 nov. 1992, SA « Entreprise Razel frères »,
Lebon 407 ; Dr. adm. janv. 1993, p. 1, concl. M. de Saint-Pulgent ; RD publ. 1993. 818, note J.-M. Auby.
1828. CE 2 oct. 1970, Sté Entreprise Muller frères, Lebon 547.
1829. CE 29 oct. 1975, Compagnie d'assurance « Le secours » et Castells, Lebon T. 915 : obusier
remorqué par un camion militaire mais la solution vaudrait tout autant pour une bétonnière remorquée par
un camion de travaux publics.
183. Les plages naturelles ne font pas partie du domaine maritime au-delà de la limite des hautes eaux,
mais leur gestion obéit à des règles voisines : J. Morand-Deviller, « Les concessions de plages naturelles.
Réflexions sur la délivrance des titres d'occupation domaniale », AJDA 2002. 481 s.
1830. T. confl. 15 janv. 1968, Delezenne c/ Société Fayat, Lebon 791 : automobiliste ayant heurté de
nuit un tracteur laissé à l'arrêt en travers de la chaussée sur un chantier de travaux publics.
1831. CE 25 juin 1975, Société L'entreprise industrielle, Lebon 386 : dommages subis par des vergers
et causés par des nuages de poussières provoqués à la fois par la circulation de camions et engins sur le
chantier de construction d'une autoroute et par des opérations de malaxage et de broyage de matériaux
nécessaires au chantier ; réparation des dommages causés par la circulation des camions relevant de la
compétence du juge judiciaire ; réparation des dommages causés par les opérations de malaxage et de
broyage relevant de la compétence du juge administratif ; CE 16 nov. 1992, SA « Entreprise Razel
frères », préc. : désordres affectant un immeuble imputables d'une part aux vibrations provoquées par les
engins de chantiers et d'autre part à des tirs de mines ; compétence du juge judiciaire pour réparer les
dommages causés par les vibrations ; compétence du juge administratif pour réparer les dommages causés
par les tirs de mines.
1832. CE 1er juill. 1988, Caisse primaire d'assurance maladie de Saône-et-Loire, Lebon 269 :
collision entre deux véhicules imputée à l'existence sur la voie publique d'une importante nappe d'eau ;
T. confl. 2 juin 2008, M me Dergam c/ SNCF, Lebon T. 650 : accident causé par un train mais imputé à un
défaut d'entretien normal de la voie ferrée.
1833. T. confl. 2 déc. 1991, Préfet de la Haute-Loire c/ Tribunal correctionnel du Puy-en-Velay,
Lebon 481 : collision entre deux véhicules à la vue d'un chantier mobile de goudronnage imputée à une
faute dans l'organisation et la surveillance du chantier ; T. confl. 2 mars 2009, M me X et autre c/ SAHP et
autre, Bull. T. confl. no 4, p. 4 : collision entre deux véhicules imputée à une absence de signalisation
adéquate d'un chantier.
1834. T. confl. 12 févr. 2001, Cne de Courdimanche et compagnie Groupama Ile-de-France
c/ Agent judiciaire du Trésor, préc.
1835. Civ. 1re, 13 mars 2007, Société J. Lefebvre c/ P.G. et autres, BJCL, no 7/07, p. 513, obs.
L. Janicot.
1836. T. confl. 12 févr. 2001, Cne de Courdimanche et compagnie Groupama Ile-de-France
c/ Agent judiciaire du Trésor, préc.
1837. T. confl. 20 juin 2005, M me Dufraisse c/ OPAC d'Indre-et-Loire et autres, Lebon 661.
1838. T. confl. 26 juin 2006, GAEC de Campoussin c/ SNCF et autres, Lebon 631.
1839. Civ. 1re, 23 févr. 2012, Agent judiciaire du Trésor c/ M. X et autres ; Bull. civ. I, no 38,p. 33 ;
RJEP 2012, no 38, note C. Broyelle et rapport Mme Canas ; Droit adm. 2012, no 51, note F. Melleray ;
BJCL 2012. 243, obs. L. Janicot à propos de nuisance sonores causées par des hélicoptères appartenant à
une base aéronautique navale et qu'il n'appartient pas au juge judiciaire de réparer car le préjudice invoqué
trouve « sa cause déterminante dans l'existence et le fonctionnement de l'ouvrage ».
184. Cette solution indiquée par le Code civil (art. 538) avait été adoptée par la jurisprudence au XIXe
siècle (CE 30 avr. 1863, Bourgeois, Lebon 405 ; Civ. 7 juill. 1869, S. 1869. 1. 410).
1840. T. confl. 12 déc. 2005, France Télécom c/ Société Travaux publics électricité, Lebon 665 ;
T. confl. 12 déc. 2005, GDF c/ Société Jean Lefebvre Picardie, Lebon 665.
1841. T. confl. 17 févr. 1997, Sté Groupe immobilier de la vallée de l'Oise c/ Cne de Brignancourt
et autres, Lebon 524 ; LPA du 7 juill. 1997, no 81, p. 13, concl. J. Arrighi de Casanova ; LPA du 26 déc.
1997, no 155, p. 6, note S. Alberelli-Francfort ; CJEG 1997. 215, obs. O. Renard Payen.
1842. CE 11 janv. 1978, Compagnie « Union et Le Phénix espagnol », Lebon 6, concl. B. Genevois ;
CJEG 1978. 67, note P. Sablière ; T. confl. 12 févr. 2001, Cne de Courdimanche et compagnie
Groupama Ile-de-France c/ Agent judiciaire du Trésor, préc.
1843. V. par exemple CE 14 mai 1937, Société des forces motrices de la Tarde, Lebon 503.
1844. T. confl. 24 juin 1954, Galland c/ EDF, Minodier c/ EDF et Salel c/ Sté lozérienne d'énergie
électrique, trois espèces, Lebon 717 ; D. 1955. 544, note J.-M. Auby ; JCP 1954. II. 8355, note J. Dufau ;
CJEG 1954. 151, note A. Carron.
1845. V. tout récemment T. confl. 18 mai 2015, M. et M me M. c/ SELARL François Carlo
mandataire liquidateur de la société Eparco Assainissement, Lebon T. à paraître.
1846. T. confl. 24 juin 1954, Galland c/ EDF, préc.
1847. Il n'en va toutefois ainsi que si le dommage est lié à l'activité industrielle et commerciale
proprement dite et non à l'exercice de prérogatives de puissances publiques dont le service peut-être, par
ailleurs, doté (par exemple mission de réglementation, de police et de contrôle). Par exemple, le juge
judiciaire est compétent pour réparer les dommages causés aux usagers par l'activité d'exploitation et
d'entretien des voies navigables par VNF (Voies navigables de France, établissement public qualifié
d'industriel et commercial par la loi), alors même que le dommage est imputable à un travail ou à un
ouvrage public, dès lors que l'activité en cause ne ressort pas à une prérogative de puissance publique.
C'est donc le juge judiciaire qui réparera le préjudice causé à un usager d'une voie navigable du fait de
l'effondrement d'un pont dont VNF a l'entretien (T. confl. 12 déc. 2005, EURL Croisières lorraines « La
Bergamotte » c/ VNF, Lebon 670 ; Dr. adm. 2006, no 65, note F. Nicoud) ou du fait de la collision avec un
obstacle dans la voie dont VNF n'avait pas signalé l'existence (T. confl. 20 mars 2006, Calatayud c/ VNF,
Lebon 626 ; RFDA 2006. 1142, note G. Delaloy) car n'est pas en cause l'exercice d'une prérogative de
puissance publique.
1848. CE 13 oct. 1961, Établissements Campanon-Rey, Lebon 567 ; AJDA 1962. 98, concl.
C. Heumann et note A. de Laubadère ; D. 1962. 506, note J. Vergnaud ; CJEG 1963. 17, note A. C.
1849. CE 13 janv. 1961, Dpt du Bas-Rhin, Lebon 38 ; AJDA 1961. 235, concl. J. Fournier. En
l'espèce, l'abonné d'un service communal de distribution d'eau dont l'immeuble avait été endommagé par
une fuite d'eau provenant de son branchement particulier avait mis en jeu la responsabilité du département
qui, en application d'une convention conclue avec la commune, participait à l'entretien du réseau. Il n'y avait
donc pas de contrat passé entre la victime et le département dont la responsabilité était mise en jeu.
Pourtant, le juge administratif se déclare incompétent compte tenu de la nature juridique des liens existant
entre les services publics industriels et commerciaux et leurs usagers.
185. V. Juret, Le domaine public maritime, 1964, Launay, Les rivages de la mer, th. Paris, 1968.
1850. Tel n'est pas le cas par exemple lorsque des passagers qui s'apprêtent à prendre l'avion d'une
compagnie aérienne qui exerce sans conteste une activité industrielle et commerciale font une chute en
empruntant un escalier roulant de l'aéroport : dans la mesure où l'aéroport gère des installations ayant le
caractère d'ouvrages publics et que les installations utilisées pour se rendre à l'embarquement ne sont pas
des services à caractère industriel ou commercial mais des services administratifs, leur action en
responsabilité contre l'aéroport relève de la compétence du juge administratif : T. confl. 13 déc. 1976,
Époux Zaoui c/ Aéroport de Paris, Lebon 706 ; AJDA 1977. 438, note J. Dufau ; D. 1977. 434, note
F. Moderne ; JCP 1978. II. 18786, note J.-Y. Plouvin. V. dans le même sens T. confl. 15 mars 1999,
M me Pristupa c/ Aéroports de Paris, req. no 03027.
1851. CE 14 juin 1961, Bayer, Lebon 406.
1852. T. confl. 2 mars 1987, Compagnie « La Lutèce » c/ EDF, Lebon 444 ; AJDA 1987. 774, obs.
J.-B. Auby ; CJEG 1987. 685, note P. Sablière ; LPA du 26 sept. 1987, p. 20, note J. Morand-Deviller.
V. toutefois Civ. 1re, EDF c/ Larquey et autres, JCP Adm. 2006, no 1266, note O. Renard-Payen.
1853. CE 22 juin 1956, EDF c/ Consorts Depery, Lebon 264 ; CE 10 févr. 1984, Caisse primaire
d'assurance maladie de Valenciennes, Lebon T. 768 ; CJEG 1984. 339, note D. Delpirou.
1854. T. confl. 17 oct. 1966, Dame Canasse c/ SNCF, Lebon 834 ; JCP 1966. II. 14899, concl.
A. Dutheillet de Lamothe ; D. 1967. 252, note M. Durupty : commerçant se rendant dans une gare pour y
expédier un colis et faisant une chute mortelle en montant l'escalier qui conduisait au service, cet escalier
étant dépourvu de rampe ; CE 30 juin 1976, EDF c/ Dame veuve Pichon, CJEG, p. 170, concl. M. Franc
et note A. C. : personne se trouvant sur le toit de sa maison récemment acquise pour y effectuer des
travaux et électrocutée par suite d'une défectuosité du branchement particulier alors même que, semble-t-il,
le contrat d'abonnement à l'électricité conclu par les précédents propriétaires n'avait pas encore été
transféré à son profit.
1855. T. confl. 5 déc. 1983, Niddam c/ SNCF, Lebon 541 : voyageur dépourvu de billet se blessant
alors qu'il tentait d'échapper aux contrôleurs de la SNCF.
1856. CE 24 nov. 1967, Ministre des Travaux publics et des transports c/ Delle Labat, Lebon 544 ;
RD publ. 1968. 648, note M. Waline et p. 659 concl. J. Baudouin ; AJDA 1968. 100, chron. J. Massot et J.-
L. Dewost ; CJEG 1969. 199, article F. Moderne ; AJDA 2014. 93, témoignage J.-L. Dewost. V. aussi
CE 5 mars 1980, SNCF c/ Mauro et Caisse primaire d'assurance maladie du Var, Lebon T. 918 : enfant
se blessant en jouant sur une voie ferrée ; CE 14 mars 1990, M me Declerck, Lebon T. 965 ; CJEG 1990,
concl. S. Daël et note D. D. : cycliste blessé par l'abaissement de la barrière d'un passage à niveau. Sur
l'ensemble du problème, voir A. Benkais-Benbrahim, La notion d'usager dans le contentieux du chemin de
fer : usager du service, usager de l'ouvrage public, LPA du 11 août 1995, no 96, p. 11.
1857. CE 22 janv. 1960, Gladieu, Lebon 52 ; RD publ. 1960. 686, concl. J. Fournier ; CJEG 1960. 92,
concl. J. Fournier et note A. C. ; JCP 1962. II. 12443, note C. Blaevoet.
1858. CE 25 juin 1954, EDF c/ Dame Anro, Lebon 390. V. récemment, à propos d'un ouvrage distinct
du branchement particulier de l'abonné (en l'espèce un joint d'isolation d'une conduite de gaz), T. confl.
1e juill. 2002, M elle Labrosse c/ GDF, Lebon 549 ; AJDA 2002. 689, note C. Biget ; T. confl. 19 oct. 2009,
GDF c/ Époux X, Bull. T. confl. no 25, p. 35 : victime considérée comme un tiers à l'ouvrage ;
compétence du juge administratif ; application de la théorie des dommages de travaux publics.
1859. T. confl. 20 janv. 2003, Époux Fernandez c/ Syndicat intercommunal d'adduction d'eau
potable de Montrichard et autres communes, Lebon 567 ; Dr. adm. 2003, no 71, obs. A. Ménémésis ;
T. confl. 20 janv. 2003, Société ISOMIR c/ Compagnie AXA, Lebon 568.
186. CE 12 oct. 1973, Kreitman, Lebon 563, RD publ. 1974. 1150, concl. Gentot, AJDA 1974. 586,
note Franc et Boyon, CJEG 194. 21, note Pleven, D. 1975. 164, note Distel. V. aussi Querrien, « Le rivage
de la mer ou la difficulté d'être légiste », EDCE 1972. 75 ; Detragiache Dorlencourt, « L'extension des
rivages de la mer en Méditerranée » AJDA 1974. 468.
1860. T. confl. 21 juin 2004, Syndicat des copropriétaires de l'ensemble immobilier « Grande
Boucle » c/ Ville de Briançon et SAUR, Lebon T. 631 ; T. confl. 18 juin 2007, Soc. SNVB et Cie.
D'assurances GAN c/ Soc. SCREG Est et Nord Est TP, Lebon 597.
1861. CE 11 juill. 2001, Sté des eaux du nord, Lebon 348.
1862. V. par ex. T. confl. 4 mars 2002, Société SACMAT c/ Société Cardon, Société La Concorde,
Société ABLB, Lebon 541.
1863. T. confl. 5 mars 1962, Marcadet c/ Sté « Routes et bâtiments », Lebon T. 919.
1864. T. confl. 24 mai 2004, Consorts Garcia c/ OPHLM de l'Aude, Lebon T. 628 ; BJCL 2005. 57,
concl. J. Duplat et note F. Nicoud ; AJDA 2005. 34, note M. Deguergue ; Coll. terr. 2004, no 135, obs.
J. Moreau. En revanche, si le dommage est subi, non par un locataire de l'office, mais par quelqu'un qui
vient lui rendre visite, ce dernier, n'étant pas lié à l'office par des liens contractuels de droit privé et étant un
usager d'un ouvrage public, verra le dommage subi réparé par le juge administratif en application de la
théorie des dommages de travaux publics (CE 21 mars 1980, OPHLM du département des Bouches du
Rhône, Lebon 165). De la même manière, si le dommage est subi par quelqu'un qui occupe un
appartement de l'office en vertu d'un arrêté portant concession par nécessité absolue de service et sans
qu'un contrat de droit privé ait été conclu entre l'office et lui, le domage sera réparé par le juge administratif
(T. confl. 14 oct. 2013, M. Benaissa c/ OPHLM de Saint-Dizier, Lebon T. 872).
1865. CE 20 avr. 1956, min. de l'Agriculture c/ Consorts Grimouard, Lebon 168 ; AJDA 1956. 187,
concl. M. Long et p. 221, chron. J. Fournier et G. Braibant ; D. 1956. 429, concl. M. Long et note P. L. J. ;
RD publ. 1956. 1058, concl. M. Long et note M. Waline ; Rev. adm. 1955. 285, note G. Liet-Veaux ;
M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, Dalloz, 20e éd., 2015, no 68.
1866. Civ. 3e, 27 juin 1973, SCI Les Clozeaux c/ min. de l'Équipement et du Logement, Bull. civ. III,
no 450, p. 327.
1867. T. confl. 5 déc. 1977, Selo c/ Dpt du Morbihan, Lebon 669 ; AJPI 1978. 734, note
P. Chateaureynaud.
1868. Comparer par ex. T. confl. 5 déc. 1977, Selo c/ Dpt du Morbihan, préc., compétence du juge
de l'expropriation et T. confl. 15 janv. 1979, Outters c/ min. de l'Équipement, Lebon 560 ; CJEG 1979. 35,
note P. Sablière ; RD rur. 1979. 249, chron. Y. Jegouzo, compétence du juge administratif. Voir également
CE 7 juill. 2006, Bossuyt, Lebon T. 1095.
1869. CE 7 nov. 1986, EDF c/ Époux Aujoulat, Lebon 254.
187. Peu importe que la parcelle ait donné lieu à un droit fondé en titre (par ex. vente antérieure à
l'ordonnance de Moulins). La submersion postérieure à ce titre fait rentrer le terrain dans le domaine public
(CE 10 oct. 1980, Armand Bessière, AJDA 1981. 259, note J.-L.).
1870. T. confl. 25 avr. 1994, Morelli, Lebon 595 ; T. confl. 3 juin 1996, Cne de Villevieille c/ Société
Irgelec, Lebon T. 1201 ; T. confl. 13 avril 2015, SNC Worex c/ Communauté urbaine de Lyon et société
Thierry Chefneux assainissement, Lebon T. à paraître.
1871. T. confl. 24 avr. 2006, Société Bouygues bâtiment c/ Ville de Paris, Lebon 627 ; T. confl.
13 avril 2015, SNC Worex c/ Communauté urbaine de Lyon et société Thierry Chefneux
assainissement, préc.
1872. T. confl. 24 avr. 2006, Société Bouygues bâtiment c/ Ville de Paris, précit.
1873. T. confl. 20 févr. 2006, Commune d'Ormesson-sur-Marne c/ Conseil général du Val-de-
Marne, Lebon 623.
1874. CE 29 janv. 1969, Ville de Saint-Tropez, Lebon T. 978.
1875. CE 6 mai 1977, Sté des grands travaux de Marseille, Lebon T. 995.
1876. CE 29 déc. 1989, Syndicat des copropriétaires de l'immeuble 17 quai Saint-Michel (Paris V)
et autres, Lebon T. 981.
1877. CE 10 janv. 1969, Office de radiotélévision française c/ Consorts Villars-Rebeyrat,
Lebon 19.
1878. CE 10 janv. 1973, Min. de l'Équipement et du Logement c/ Époux Derbey, Lebon 32 ; JCP
1973. II. 17576, note J.-M. Marchand.
1879. CE 21 janv. 1976, Cne de Margon, Lebon T. 1166.
188. Voir Cons. const. QPC, 24 mai 2013, SCI Pascal.
1880. CE 3 mars 1978, Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications, Lebon T. 963.
1881. CE 15 déc. 1978, Min. de l'Éducation c/ Dame Gardy, Lebon T. 964.
1882. CE 3 oct. 1978, Ville de Cabourg c/ Époux Vigan, Lebon 361.
1883. CE 25 mars 1988, Sté des autoroutes du sud de la France, Lebon T. 1062.
1884. CE 2 oct. 1987, EDF c/ M me Spire, Lebon 302 ; CJEG 1987. 898, concl. G. Guillaume, note
G. Delpirou ; AJDA 1988. 239, obs. X. Prétot.
1885. CE 12 juill. 1969, Ville de Saint-Quentin et autres, deux espèces, Lebon 383.
1886. CE 26 juill. 1929, Cne de Chailly-en-Bière, Lebon 888 ; D. 1930. III. 1, note J. Appleton.
1887. CE 27 nov. 1931, Lemaire, Lebon 1049 ; S. 1932. III. 41, note R. Bonnard.
1888. CE 28 avr. 1978, Ville de Marseille c/ Dame veuve Ballester et autres, Lebon T. 963.
1889. CE 18 déc. 1931, Robin, Lebon 1137 ; S. 1932. III. 41, concl. M. Ettori, note R. Bonnard.
189. V., C. Saujot, « La propriété privée des étangs salés », JCP 1964. 1. 1848. Si l'étang est incorporé
dans le domaine public du fait de la rupture du cordon littoral, le phénomène inverse rétablit le propriétaire
dans ses droits (Cass., ass. plén., 23 juin 1972. JCP 1973. 11. 17331, note Boubeaux et Jegouzo, Gaz. Pal.
1972. 11.579, note Cabanac, Rev. adm. 1972. 383, note Liet-Veaux, D. 1972. 705, concl. Lindon.
1890. CE 17 mai 1946, Ministre des Travaux publics c/ Comune de Vieux Boucau, Lebon 135 ;
S. 1947. III. 9, note H.B. ; CE 6 janv. 1971, Louvet, Lebon 6 ; RD publ. 1971. 1468, note M. Waline ;
AJDA 1971. 678, note F. Moderne.
1891. CE 6 mars 1964, Dumons, Lebon 164 ; AJDA 1965. 27, concl. M. Henry ; CJEG 1965. J. 44,
note P. Magnier ; CE 23 févr. 1973, Ministre de l'équipement et du logement c/ Soc. Entreprise Tomine,
Lebon 168 ; CE 2 mars 1984, Syndicat intercommunal de l'Huveaune et autre, Lebon 93 ; LPA du
24 oct. 1984, p. 7, note F. Moderne ; D. 1986. IR 27, obs. F. Moderne et P. Bon ; CE 19 oct. 1988, Min. du
Redéploiement industriel et du commerce extérieur et min. de l'Environnement c/ Époux Veillard,
Lebon 347 ; CJEG 1989. 55, concl. C. de la Verpillière ; D. 1989. Somm. 346, obs. F. Moderne et P. Bon.
1892. CE 8 juin 2015, M. B., Lebon T. à paraître : la demande d'un habitant d'une commune tendant à
la condamnation de cette dernière à effectuer les travaux d'extension du réseau d'assainissement collectif
vers son habitation et à l'indemniser de ses préjudices résultant des frais qu'il a dû engager dans l'attente de
ces travaux doit être regardée comme se rattachant à un refus d'exécution de travaux publics et non à un
litige opposant un service public industriel et commercial à un usager de telle sorte qu'il relève de la
compétence du juge administratif.
1893. R. Latournerie, « De la faute et du risque à propos des dommages causés par les travaux
publics », RD publ. 1945. 5, 133 et 292.
1894. V. son article Structure de la responsabilité pour dommages de travaux publics, Mélanges
offerts à Marcel Waline, tome 2, LGDJ 1974, p. 307 ou son ouvrage Droit administratif général, tome 2,
15e éd., Montchrestien, 2001, p. 650.
1895. A. Bockel, « Sur le rôle de la distinction du tiers et de l'usager dans le droit de la responsabilité
publique », AJDA 1968. 437 ; F. Moderne, La distinction du tiers et de l'usager dans le contentieux des
dommages de travaux publics, CJEG 1964. 153 et p. 179 ; J. Moreau, L'influence de la situation et du
comportement de la victime sur la responsabilité administrative, LGDJ, 1957.
1896. CE 13 juill. 1967, Min. de l'Intérieur c/ Entreprise Varnier et Compagnie d'assurance
Winterthur, Lebon T. 950.
1897. CE 4 févr. 1972, Min. des Postes et Télécommunications c/ Trifaro, Lebon 117.
1898. CE 17 mai 1974, Cne de Bonnieux, Lebon 295.
1899. CE 23 mai 1986, EDF c/ Brenot, Lebon 149. De la même manière, est considéré comme un
tiers le pêcheur à la ligne électrocuté par une ligne à haute tension qu'il heurte accidentellement avec sa
canne (CAA Nancy, 30 janv. 2003, EDF et Legay, JCP Adm. no 1465, note J. Moreau) ou l'enfant victime
de graves blessures causés par le contact d'une perche en acier qu'il utilisait pour récupérer son ballon avec
une ligne électrique surplombant le toit de l'immeuble où il habitait (Civ. 1re, 20 sept. 2012, EDF, JCP A
2013, no 2139, note O. Renard-Payen).
19. V., J. L'Heureux, Droit municipal québécois, Montréal, Éditions Wilson & Lafleur, Tome II, 1984,
no 639 s. Le droit québecois, qui, comme on sait, est un droit mixte, empruntant à la fois à la tradition de
common law et à la tradition romano-germanique, reconnaît également un statut particulier aux biens de la
Couronne : v. Patrice Garant, Droit administratif, Les Éditions Yvon Blais Inc., vol. 1, 3e éd., 1991, p. 53.
190. N. Calderaro et al., Les lais et relais de la mer, Études Foncières, 2005, no 117, p. 17. V.
également CE 13 juill. 2011, SNC Defour.
1900. CE 22 avr. 1992, Association syndicale autorisée des irriguants de la vallée de la Lèze et
Syndicat intercommunal d'aménagement de la Lèze c/ Gaillard, Lebon T. 1356.
1901. CE 24 mai 2000, EDF et Consorts Anotaux, Lebon T. 1222.
1902. T. confl. 17 déc. 2007, EDF c/ Assurances Pacifica, Lebon T. 1113 ; RJEP oct. 2008, no 44,
p. 29, note B. Bourgeois-Machureau et J. Boucher.
1903. CAA Lyon 10 avr. 2014, M me B. A., AJDA 2014. 1865.
1904. CE 22 oct. 1971, Ville de Fréjus, Lebon 630 ; RD publ. 1972. 695, note M. Waline : le fait
qu'une ville ait la qualité d'usager d'un barrage en ce qui concerne les dommages subis par son réseau de
distribution d'eau du fait de la rupture de ce barrage n'a pas pour conséquence de lui donner cette qualité
pour les dommages encourus sur ses biens autres que ce réseau de distribution, tels que voies urbaines,
monuments publics, plages et installations d'assainissement, dommages pour lesquels elle a la qualité de
tiers par rapport au barrage.
1905. CE 24 mars 1978, Cne de Saint-Brévin-les-Pins, Lebon T. 961 : fonctionnement défectueux
des vannes et du clapet de retenue d'un canal d'irrigation provoquant l'inondation d'une prairie voisine d'un
dépôt d'ordure communal par des eaux saumâtres et polluées qui ont endommagé la végétation et provoqué
plusieurs cas de septicémie dans le troupeau du propriétaire de cette prairie ; propriétaire ayant la qualité
d'usager du canal d'irrigation et de tiers par rapport au dépôt d'ordures. V. égal. CE 31 mai 1989,
Établissements Soufflet, Lebon T. 976.
1906. CE 22 juin 1998, Ville de Saint-Étienne, Lebon T. 1209.
1907. Par ex. CE 4 oct. 1957, min. des Travaux publics c/ Beaufils, Lebon 510.
1908. Par ex. CE 28 mai 1971, Dpt du Var c/ Entreprise Bec frères, Lebon 419 ; CJEG 1971. 235,
concl. J. Théry ; JCP 1972. II. 17133, note P. Verrier. V. égal., J. Lamarque et F. Moderne, L'affaire de
Malpasset devant la justice administrative, AJDA 1972. 316.
1909. CE 10 mars 1997, Cne de Lormont c/ Consorts Raynal, Lebon 74 ; D. 1998. 85, note J.-
J. Thouroude ; D. 1999. Somm. 54, obs. P. Bon et D. de Béchillon.
191. Par ex. CE 23 juill. 1931, Dame Grand d'Esmon, Lebon 487.
1910. CE 28 avr. 1976, min. de l'Équipement c/ Dame Audibert et autres, Lebon 220.
1911. C. Blaevoet, De la notion d'anormalité en matière de travaux publics, CJEG, nov. 1957,
p. 57.
1912. V. par ex. CE 2 oct. 1987, EDF c/ M me Spire, Lebon 302 ; CJEG 1987. 898, concl.
G. Guillaume, note G. Delpirou ; AJDA 1988. 239, obs. X. Prétot : sont considérés comme anormaux les
bruits engendrés par une centrale nucléaire mais non les désagréments provoqués par la vue de cette usine,
par son éclairage permanent et par les panaches de vapeur formés au-dessus des tours de refroidissement.
Pour d'autres exemples de bruits considérés comme anormaux, voir CE 11 juill. 1960, SNCF c/ Goncet,
Lebon 476 (installations ferroviaires) ; CE 22 oct. 1971, min. de l'Équipement et du Logement c/ Époux
Blandin, Lebon 631 ; JCP 1973. II. 17301, concl. G. Guillaume ; AJDA 1971. 657, chron. D. Labetoulle et
P. Cabanes (voie à grand trafic construite en surplomb) ; CE 9 nov. 1984, Sté concessionnaire française
pour la construction et l'exploitation du tunnel routier sous le Mont-Blanc, AJDA 1984. 677, chron. J.-
E. Schoettl et S. Hubac (autoroute) ; CE 6 févr. 1987, Compagne nationale Air France, Lebon 37 ; RFD
aérien 1987, p. 56, concl. G. Guillaume ; JCP 1987. II. 20886, note J. Dufau ; RFDA 1988. 315, note
P. Terneyre ; RJ envir. 1988. 31, note R. Goy (aérodromes) ; CE 20 nov. 1992, Cne de Saint-Victoret,
Lebon 418 ; CJEG 1993. 183, concl. G. Le Chatelier ; D. 1994. 67, obs. P. Bon et P. Terneyre
(aérodromes) ; CAA Lyon, 16 mars 2000, Commune de Saint-Laurent-du-Pont, Lebon 690 (salle des
fêtes) ; CAA Bordeaux, 16 nov. 2006, M me X, Environnement 2007, no 19, obs. D. Cilig (nouvelle voie
routière) ; CAA Paris, 4 juillet 2013, Le Picart, JCP Adm. 2014, no 2030, note J.-M. Pontier (crissement
des roues du metro) ; CE 16 déc. 2013, M. A. B., AJDA 2014. 1133 (bruits et nuisances permanents ou
quasi-permanents liés à la présence de joueurs et parfois du public sur des courts de tennis communaux).
Sur l'ensemble de la question, V., J. Lamarque, Le droit contre le bruit, LGDJ 1975 ; E.-P. Luce, « Les
dommages de travaux publics provenant d'odeurs ou de bruits désagréables », D. 1964. 65 ; F. Moderne,
« Les dommages causés aux tiers en droit public et en droit privé par les nuisances sonores urbaines »,
Droit et ville 1980, p. 107.
1913. V. par ex. CE 24 mars 1978, Institution interdépartementale des barrages réservoirs du
bassin de la Seine c/ Brussol, Lebon T. 963, à propos de la perte de clientèle subie par un boulanger-
pâtissier du fait de la construction d'un barrage réservoir ayant entraîné la disparition de plusieurs
agglomérations et le déplacement de leur population.
1914. V. par ex. CE 5 avr. 1991, Épx Docquet-Chassaing, RD publ. 1991. 1444, à propos de la perte
de valeur vénale d'une propriété d'agrément du fait de l'implantation à proximité d'une centrale nucléaire.
V. en sens inverse, CE 20 janv. 1989, EDF c/ Époux Vacher-Desvernais, Lebon T. 979 ; CJEG 1989.
129, concl. C. de la Verpillière : la perte de la valeur vénale d'une propriété ne constitue pas un préjudice
anormal car elle est imputable tant à l'implantation à proximité d'une centrale nucléaire qu'à la baisse
générale du marché immobilier.
1915. J.-P. Théron, « Responsabilité pour trouble anormal de voisinage en droit public et en droit
privé », JCP 1976. I. 2802 ; J. Delgorgue, « Troubles de voisinage et juge administratif : l'impossible
équilibre entre intérêts divergents ? », LPA du 23 janv. 2004, p. 3.
1916. CE 24 mars 1978, Institution interdépartementale des barrages réservoirs du bassin de la
Seine c/ Brussol, préc.
1917. CE 24 mars 1978, Institution interdépartementale des barrages réservoirs du bassin de la
Seine c/ Advenier, Lebon T. 963.
1918. CE 5 avr. 1991, Docquet-Chassaing, préc.
1919. CE 10 mars 1976, OPHLM de la ville de Nancy, Lebon 121. V. dans le même sens CE 13 mai
1988, Office public communal d'habitations de Toulon c/ Époux Mercier, Lebon T. 1063.
192. Par ex. CE 23 nov. 1978, Salle.
1920. CE 14 mars 1986, RATP c/ Société « Hôtel Paris-Liège », Dr. adm. 1986, no 242.
1921. CE 4 juill. 1980, SEITA et épx Lecourt, Lebon T. 924 : les propriétaires d'une maison d'habitation
implantée sur un terrain contigu à une manufacture de tabacs ne pouvaient ignorer, à la date de leur
acquisition, les inconvénients résultant de la proximité de cette entreprise industrielle de telle sorte qu'ils ne
peuvent prétendre à aucune indemnité du fait des troubles de jouissance qu'ils invoquent.
1922. CE 3 mars 1978, Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications c/ Acam, Lebon T. 963 :
l'installation et le fonctionnement d'une cabine téléphonique près d'une maison ont entraîné, dans les
circonstances de l'espèce et compte tenu de l'extrême proximité de cette cabine qui se trouvait à quelques
centimètres des fenêtres de la maison, un préjudice anormal.
1923. CE 23 janv. 1981, Ville de Vierzon, Lebon 28, à propos de pluies d'orage d'une intensité
exceptionnelle inondant les sous-sols d'un entrepôt situé à proximité de la voie publique et dont les effets
dommageables n'ont pas été aggravés par l'absence ou l'insuffisance des dispositifs de collecte et
d'évacuation des eaux pluviales de la voie. Par contre, s'il est dénié à de fortes précipitations le caractère
d'un cas de force majeure, leur survenance ne peut constituer un cas d'exonération ou d'atténuation de la
responsabilité publique : CE 14 févr. 2007, M. Dedies, BJCL no 4/07, p. 267, concl. E. Prada Bordenave et
obs. M.G. ; CE 10 avr. 2009, Communauté d'agglomération de Bayonne, RLCT, mai 2009, no 1339,
p. 30, obs. R. Deau ; CE 13 nov. 2009, Cne des Bordes, AJDA 2010. 1440, note A. Fuchs-Cessot ; RLCT,
avr. 2010, no 1606, p. 20, note O. Guillaumont.
1924. CE 2 mai 1980, M me Martinet et autres, Lebon 210, à propos d'un accident d'avion causé par
un heurt avec une ligne à haute tension d'EDF et qui est exclusivement imputable à l'imprudence du pilote.
Evidemment, un comportement postérieur à la constitution du dommage ne peut être regardé comme une
faute exonératoire de la victime : CE 4 mars 2009, M. et M me Bordères et M. et M me Haye (deux
espèces), BJCL, no 4/09, p. 278, concl. M. Guyomar.
1925. CE 10 févr. 2014, M me Chavent, Lebon 28 ; AJDA 2014. 1221, note N. Foulquier ; JCP A 2014,
no 2317, note H. Pauliat. Lorsque la fragilité et la vulnérabilité de l'immeuble ne sont pas imputables à une
telle faute, ils ne peuvent être retenus que pour évaluer le montant du préjudice indemnisable (même arrêt).
1926. CE 15 oct. 1976, District urbain de Reims, Lebon 420 ; AJDA 1976. 562, chron.
M. Nauwelaers et L. Fabius : si la pollution des eaux traversant la propriété du requérant est imputable à
l'insuffisance de la capacité d'une station d'épuration, elle est aussi imputable à des effluents industriels, au
défaut de curage et au détournement d'eau à des fins d'irrigation par d'autres propriétaires riverains ; ces
circonstances ne sont pas de nature à atténuer la responsabilité encourue par la collective publique en
charge de la station d'épuration ; elle peut seulement, si elle s'y croit fondée, exercer devant les juridictions
compétentes tel recours que de droit contre les tiers responsables des faits invoqués. V. égal. CE 26 mars
1965, Société des eaux de Marseille, Lebon 212 ; CE 13 juill. 1967, min. de l'Intérieur c/ Entreprise
Varnier et Compagnie d'assurance Winterthur, Lebon T. 951 ; CE 24 mai 1968, Sté chimique et
routière de la Gironde, Lebon 334 ; CE 21 juill. 1970, Picot, Lebon T. 1229.
1927. CE 15 juill. 1959, EDF c/ Dame veuve Cornut et Caisse régionale de Sécurité sociale du
Sud-Est, Lebon 471 ; RPDA 1960. 41, concl. J. Kahn : salarié d'un entrepreneur exécutant des travaux de
surélévation d'une route nationale à l'aplomb d'une ligne électrique et électrocuté ; action en responsabilité
dirigée contre EDF ; EDF soutenant que l'accident a été causé notamment par la faute de l'employeur de la
victime ; possibilité pour EDF d'invoquer à titre exceptionnel le fait du tiers lorsque le dommage de travail
public a le caractère d'un accident du travail, la législation interdisant qu'un recours soit dirigé contre
l'employeur hors le cas de faute intentionnelle de sa part ou de celle d'un de ses préposés.
1928. CE 21 oct. 1970, GDF c/ min. des Postes et Télécommunications, Lebon 614 : intoxication
d'agents des postes et télécommunications provoquée par la rupture d'une canalisation de gaz ; mise en jeu
par les victimes de la responsabilité de GDF ; fautes éventuellement commises par l'administration des
postes et télécommunications ; possibilité pour GDF d'invoquer, à titre exceptionnel, la responsabilité du fait
du tiers qu'est l'administration des postes et télécommunications puisqu'une action récursoire contre cette
dernière se heurterait à la règle du forfait de pension selon laquelle le versement aux agents publics
victimes d'un accident de service d'une pension forfaitaire d'invalidité libère la personne publique qui les
emploie de toute autre responsabilité.
1929. CE 24 nov. 1967, Demoiselle Labat, Lebon 100 ; RD publ. 1968. 648, note M. Waline et
p. 659 concl. J. Baudouin ; AJDA 1968. 100, chron. J. Massot et J.-L. Dewost ; CJEG 1969. 199, article
F. Moderne. V. aussi CE 5 mars 1980, SNCF c/ Mauro et Caisse primaire d'assurance maladie du Var,
Lebon T. 918 : enfant se blessant en jouant sur une voie ferrée ; CE 10 févr. 1984, Caisse primaire
d'assurance maladie des travailleurs salariés de Valenciennes c/ SNCF, Lebon T. 767 : préposé d'une
société électrocuté alors qu'il effectuait une réparation sur un wagon de cette société stationné en gare ;
CE 14 mars 1990, M me Declerck, Lebon T. 965 ; CJEG 1990, concl. S. Daël et note D. D. : cycliste
blessé par l'abaissement de la barrière d'un passage à niveau ; T. confl. 2 juin 2008, M me Dergam c/
SNCF, Lebon T. 957 : usager non autorisé de l'ouvrage public constitué par la voie ferrée.
193. CE 19 févr. 1985, Ministre de l'Urbanisme c/ Moratia et M me Coulon, RD publ. 1986. 442 ;
CAA Bordaux 1er août 1995, Lalande, req. no 94BX00495 ; CAA Marseille 10 févr. 1998 Sinigaglia,
AJDA 1998. 279 et 225, chron. L. Benoît.
1930. CE 22 oct. 1971, Ville de Fréjus, Lebon 630 ; RD publ. 1972. 695, note M. Waline : le fait
qu'une ville ait la qualité d'usager d'un barrage en ce qui concerne les dommages subis par son réseau de
distribution d'eau du fait de la rupture de ce barrage n'a pas pour conséquence de lui donner cette qualité
pour les dommages encourus sur ses biens autres que ce réseau de distribution, tels que voies urbaines,
monuments publics, plages et installations d'assainissement, dommages pour lesquels elle a la qualité de
tiers par rapport au barrage.
1931. CE 24 mars 1978, Cne de Saint-Brévin-les-Pins, Lebon T. 961 : fonctionnement défectueux
des vannes et du clapet de retenue d'un canal d'irrigation provoquant l'inon-dation d'une prairie voisine d'un
dépôt d'ordure communal par des eaux saumâtres et polluées qui ont endommagé la végétation et provoqué
plusieurs cas de septicémie dans le troupeau du propriétaire de cette prairie ; propriétaire ayant la qualité
d'usager du canal d'irrigation et de tiers par rapport au dépôt d'ordures.
1932. CE 28 mai 1971, Ville de Saint-Jean-de-Maurienne, Lebon 403 ; AJDA 1971. 533, chron.
D. Labetoulle et P. Cabannes ; JCP 1971. II. 16874, note F. Moderne ; CJEG 1973. 33, note M.B.
1933. CE 12 mars 1975, Dpt du Rhône c/ Dame Mazeaud, Lebon T. 1302.
1934. CE 28 mai 1982, Royer, Lebon T. 774.
1935. CE 28 juin 1989, Sté Uni-Air et Compagnie d'assurances L'Europe, Lebon T. 976 ; RFD
aérien 1989, p. 560, concl. G. Guillaume.
1936. CE 12 janv. 1962, EDF c/ Consorts Allamargot, Lebon 29.
1937. CE 16 oct. 1963, Époux Pommier, Lebon T. 1005 ; JCP 1964. II. 13637, note J. Dufau ;
CE 25 mai 1970, Dame Pinson, Lebon T. 1226.
1938. CE 17 mars 1972, Gavard, Lebon T. 1245.
1939. CE 5 nov. 1975, Leguem et Société Leguem, Lebon 544.
194. Il faut au préalable une délimitation côté terre (CE 3 mars 1989 Sté Continentale de gestion,
p. 81, AJDA 1989. 412 note J.-B. Auby).
1940. CE 12 oct. 1962, Sidore-Trotta, Lebon 537, concl. M. Gand : piéton blessé sur un trottoir par la
chute d'un isolateur que des ouvriers avaient laissé tomber alors qu'ils réparaient une ligne électrique
surplombant la voie.
1941. CE 20 mars 1959, Compagnie L'Urbaine et La Seine, Lebon 207 : inondation d'une route
provoquée par l'engorgement d'un canal d'irrigation la bordant ; CE 26 mars 1965, Sté des eaux de
Marseille, Lebon 212 ; AJDA 1965. 226, chron. M. Puybasset et J.-P. Puissochet : plaque de verglas sur la
chaussée résultant du débordement d'une rigole d'arrosage faisant partie du réseau de distribution d'eau et
non incorporée à la voirie.
1942. CE 20 nov. 1959, Cne de Montaigut-en-Combrailles, Lebon T. 1126 ; AJDA 1960. 26, concl.
J. Fournier.
1943. CE 30 oct. 1964, min. des Travaux publics c/ Picquet, Lebon 505, concl. J. Fournier ; AJDA
1964. 693, chron. M. Puybasset et J.-P. Puissochet : est usager un médecin qui, pour donner des soins à un
noyé, utilise pour circuler, sans y avoir été autorisé, le chemin de halage d'un canal.
1944. CE 2 févr. 1977, Giacomi, Lebon T. 991 ; CJEG 1977. 83, note anonyme ; CE 10 mars 1978,
Ville de Paris c/ Villanueva et Caisse primaire centrale d'assurance maladie de la région parisienne,
Lebon T. 961.
1945. CE 5 mars 1980, SNCF c/ Mauro et Caisse primaire d'assurance maladie du Var, Lebon
T. 918.
1946. CE 12 juin 1998, Masse, Lebon T. 1157 ; CJEG 1999. 36, note R. Savignat.
1947. CE 12 juin 1998, Masse, préc.
1948. V. par exemple R. Chapus, Droit administratif général, tome 2, Montchrestien, 15e éd., 2001,
p. 658.
1949. V. par exemple R. Odent, Contentieux administratif, fasc. IV, p. 1474.
195. J. Dufau « La zone des 50 pas géométriques dans les DOM » AJDA 1990. 444.
1950. CE 24 févr. 1975, Époux Lineau, Lebon T. 1307 : présence, sur un chemin vicinal, d'ornières
atteignant 18,80 mètres de long et 6 centimètres de profondeur.
1951. CE 15 déc. 1978, min. de l'Éducation nationale c/ Dame Gardy, Lebon T. 963 : étroitesse d'un
palier dans un restaurant universitaire favorisant les chutes.
1952. CE 4 nov. 1987, Société des autoroutes du sud de la France c/ de Lauzon, Lebon 995 :
absence de tout aménagement particulier destiné à empêcher l'accès des grands animeaux sauvages à une
autoroute dans les massifs forestiers qui abritent du gros gibier ou dans les zones où le passage de grands
animaux est habituel ; CE 12 mai 2003, Caisse régionale des assurances mutuelles agricoles d'Ile-de-
France, Lebon T. 1022 : absende d'une clôture de protection pour empêcher l'accès des animaux sauvages
ou domestiques aux autoroutes lorsque la situation des lieux, à proximité des zones de résidence ou de
passage de ces animaux, est susceptible de créer un risque particulier pour les usagers.
1953. CE 25 juill. 1980, Moussa Ben Ali Lemouchi, Lebon T. 922 : fonctionnement défectueux des
feux de signalisation à l'intersection de deux voies, les uns étant éteints et les autres allumés au vert.
1954. CE 29 mai 1987, Sté des autoroutes Paris-Rhin-Rhône, Lebon T. 996 : panneau de
signalisation mal fixé ayant roulé sur une autoroute.
1955. CE 3 déc. 1976, Dutto, Lebon T. 1165 : absence de signalisation particulière d'un obstacle sur la
voie publique ; CE 19 févr. 2007, Clément, BJCL, no 5/07, p. 360, conc. M. Guyomar ; JCP Adm. 2007,
no 2193, note J. Moreau ; AJDA 2007. 1766, note U. Ngampio-Obélé-Bélé ; RLCT, avr. 2007, p. 23, obs.
E. Glaser : absence de signalisation d'un vide sanitaure situé dans l'obscurité et dont un agent avait ouvert la
trappe pour réparer une fuite d'eau.
1956. CE 26 juin 1992, Cne de Béthoncourt c/ Consorts Barbier, Lebon 268, concl. G. Le Chatelier ;
RFDA 1993. 71, concl. G. Le Chatelier ; AJDA 1992. 650, chron. C. Maugüé et R. Schwartz ; CJEG 1993.
519, note M. Degoffe ; D. 1993. Somm. 151, obs. P. Bon et P. Terneyre ; C. Chamard-Heim, F. Melleray,
R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, no 616.
1957. CE 28 juill. 1993, SARL. « Bau-Rouge », Lebon 249 ; AJDA 1993. 685, chron. C. Maugüé et
L. Touvet ; RFDA 1994. 323, note R. Hostiou ; D. 1994. Somm. 365, obs. P. Bon et P. Terneyre.
1958. Sur l'ensemble de la question, v. M. Guillerm, « La responsabilité pour défaut normal d'entretien
de la voie », JCP A 2013, no 2320.
1959. CE 12 nov. 1971, Dame veuve Baron, Lebon 678. V. également CAA Lyon 12 déc. 2013,
M. A., AJCT 2014. 212, à propos d'une excavation d'une profondeur qui ne dépasse pas 5 cm et d'une
superficie très limitée.
196. V., par exemple Civ. 1re, 16 nov. 2005, Dr. adm. 2006, no 43 ; Civ. 3e, 14 nov. 2012, Segard,
no 11-14.184.
1960. CE 27 janv. 1971, Compagnie d'assurances « La Nationale », Lebon T. 849.
1961. CE 1er avr. 1981, Dpt du Calvados, RD publ. 1982. 208.
1962. CE 26 janv. 1973, Dame Beinat, Lebon 79. V. également CE 18 nov. 2011, Commune de
Gruissan, AJCT 2012. 159, à propos de buttes hautes de 80 cm érigées en vue d'empêcher la circulation
automobile sur un chemin de randonnée et ayant provoqué la chute d'un cycliste alors qu'elles étaient
parfaitement visibles.
1963. CE 8 nov. 1968, Min. de l'Équipement et du Logement c/ Connac, Lebon 566.
1964. CE 1er mars 1967, Delle Ruban c/ Société de l'autoroute de l'Estérel-Côte d'Azur, Lebon 104.
1965. CE 1er juill. 1988, Caisse primaire d'assurance maladie de Saône-et-Loire, Lebon 269.
1966. CE 21 juill. 1972, Consorts Brocas, Lebon 390 ; JCP 1972. I. 17205, note anonyme, a
contrario, à propos d'un accident causé par la présence sur la chaussée d'une nappe d'eau de 10 à
15 centimètres 1972. II qui provenait de pluies d'orage qui, si elles avaient été violentes, n'avaient pas eu
une intensité exceptionnelle permettant d'invoquer la force majeure.
1967. CE 23 juin 1976, Dame Duffau, Lebon 335 : accident de la circulation imputé à l'affaissement
non signalé de la chaussée d'un chemin rural mais imprudence et manque d'attention de la victime ; TA
Saint-Denis de la Réunion, 22 juill. 2005, M. Gérard Thibault et autres, RGCT 2005. 433, note
F. Lemaire : touriste qui s'éloigne de la plate-forme d'observation d'un volcan et tombe dans une cavité
profonde ; CAA Marseille 21 avr. 2010, Otten, JCP Adm. 2010, no 2339, note P. Billet ; JCP Adm. 2011,
no 2187, comm. 10 par S. Deliancourt : déjections canines sur un trottoir provoquant la chute d'un piéton
mais pouvant être évitées s'il avait été plus attentif d'où réduction de la responsabilité de la communauté
urbaine d'un tiers ; CE 31 mai 2013, Schlesser c/ Commune de Cires-lès-Mello, RLCT 2013, no 2502, note
O. Carton : imprudence d'un usager d'un skate parc qui n'a pas adapté son comportement aux risques
courus, notamment en portant des protections ou en utilisant un vélo adapté à la pratique du vélo-
acrobatique.
1968. CE 26 avr. 1968, Ville de Cannes, Lebon 268 ; JCP 1969. II. 15870, concl. Y. Galmot ; AJDA
1968. 658, note J. Moreau : la faute commise par la belle-fille de la victime, usager d'un ouvrage public, et
qui serait à l'origine de l'accident ne peut être invoquée par la collectivité gardienne de l'ouvrage s'agissant
du fait d'un tiers. V. également CE 5 oct. 1966, Del Carlo, Lebon 522 ; CE 5 févr. 1969, Entreprise
Sturno c/ Morin et GDF, Lebon T. 978 ; CE 31 juill. 1996, Fonds de garantie automobile, Lebon 337 ;
infirmation de CAA Lyon 20 juin 1991, Fonds de garantie automobile c/ Gaz de France, Lebon T. 1242.
1969. CE 2 déc. 1970, Société des eaux de Marseille c/ Sieur Del Corso, AJDA 1971. II. 245, note
F. Moderne : cyclomotoriste chutant dans une excavation formée dans la voie publique par la rupture d'une
canalisation d'eau incorporée à la voie et indemnisé par l'exploitant de la canalisation par application de la
théorie du défaut d'entretien normal alors que la cause de la rupture de la canalisation est inconnue.
197. CE 30 déc. 1996, Sté de protection de la nature Sète-Frontignan-Balaruc, Dr. adm. 1997,
no 112. F.F. Lissouck, La rénovation du régime des concessions d'utilisation du domaine public maritime,
AJDA 2005-365.
1970. C. Lavialle, « Le dommage causé au participant à l'opération de travail public », AJDA 1975.
540.
1971. CE 16 févr. 1966, Dame veuve Loor, Lebon 117.
1972. CE 2 juill. 1971, Sté nationale des chemins de fer français c/ époux Le Piver, Lebon 504.
1973. CE 16 déc. 1970, Teppe, Lebon 774.
1974. CE 1er oct. 1969, Min. de l'Équipement et du Logement c/ Guillaume et Compagnie
d'assurances « L'Union », Lebon 412 ; CE 17 déc. 1975, Entreprise Carpentier, Lebon 649 ; T. confl.
19 nov. 2007, Consorts Doit c/ EDF, Lebon 610 ; RJEP, mars 2008, p. 25, concl. E. Prada-Bordenave.
1975. CE 24 avr. 1981, Sté des autoroutes du Nord et de l'Est de la France, Lebon T. 953 ; D. 1982.
IR 112, obs. F. Moderne.
1976. CE 26 juin 1968, Caisse primaire de Sécurité sociale du Calvados, Lebon 403 : un habitant
d'une commune qui dresse bénévolement un poteau destiné à l'éclairage d'une voie publique est un
collaborateur bénévole du service public et non un participant à l'exécution d'un travail public ; CE 27 nov.
1970, Appert-Collin, Lebon 708 ; AJDA 1970. 37, chron. D. Labetoulle et P. Cabanes ; D. 1971. 270, note
F. Moderne : le maire d'une commune qui effectue bénévolement sur un terrain communal des travaux de
nivellement destinés à aménager ce terrain en terrain de sport est un collaborateur bénévole du service
public.
1977. CE 1er déc. 1937, Société des établissements Jean-François, Lebon 986 ; CE 15 déc. 1937,
Préfet de la Gironde, Lebon 1047.
1978. T. confl. 14 oct. 2013, Consorts Dala et M me Bascou c/ Société EDF, AJDA 2013. 2412.
1979. V. par ex., pour des cas de responsabilité du maître de l'ouvrage, CE 2 juill. 1971, SNCF c/
Époux Le Piver et autres, Lebon 504 ; CE 26 juin 1974, Association des industriels de France et EDF,
Lebon 368.
198. G. Arzul, Le renouveau du droit du domaine public fluvial, éd. Johanet, 2008 – Sur la
constitution du domaine public fluvial, voir « L'eau et son droit », rapport du Conseil d'État, Doc. Fr., 2010,
annexe 6, p. 287 : « Le domaine public fluvial : d'un domaine public par nature à un domaine public par
l'usage ».
1980. V. par ex., pour les agents de l'État, les articles L. 27 à L. 37 du C. pens. retr.
1981. CE 4 juill. 2003, Moya-Caville, Lebon 323 ; RFDA 2003. 991, concl. D. Chauvaux et note
P. Bon ; AJDA 2003. 1598, chronique F. Donnat et D. Cassas ; RD publ. 2003. 1237, note X. Prétot ; JCP
2003. II. 10168, note C. Moniolle ; AJFP, nov.-déc. 2003, p. 25, étude S. Deliancourt. Le système,
passablement complexe, tel qu'il résulte de la jurisprudence Moya-Caville, est en substance le suivant : en
premier lieu, les dispositions du Code des pensions civiles et militaires de retraite ou de textes similaires
déterminent forfaitairement la réparation à laquelle un fonctionnaire victime d'un accident de service peut
prétendre ; en second lieu, ces dispositions ne font pas obstacle à ce que le fonctionnaire qui a enduré, du
fait de l'accident, des souffrance physiques ou morales et des préjudices esthétiques ou d'agrément
obtienne de la collectivité qui l'emploie, même en l'absence de faute de celle-ci, une indemnité
complémentaire réparant ces chefs de préjudice, distincts de l'atteinte à l'intégrité physique ; en troisième
lieu, elles ne font pas non plus obstacle à ce qu'une action de droit commun pouvant aboutir à la réparation
de l'ensemble du dommage soit engagée contre la collectivité dans le cas notamment où l'accident serait
imputable à une faute de nature à engager la responsabilité de cette collectivité ou à l'état d'un ouvrage
public dont l'entretien lui incombait.
1982. CE 14 nov. 1973, EDF c/ Leynaert, Lebon 646 ; CE 21 juin 1991, Min. de l'Urbanisme, du
Logement et des Transports c/ Consorts Brusson, Lebon T. 1240 ; Quot. jur. du 31 oct. 1991, no 131,
p. 5, note M.-C. Rouault.
1983. CE 4 oct. 1967, SEITA c/ Luciani, Lebon T. 949 ; AJDA 1968. 50, concl. A. Dutheillet de
Lamothe : accident survenu à un ouvrier d'une entreprise chargée de travaux de chauffage dans une
manufacture de tabacs ; responsabilité du maître de l'ouvrage engagée sur le terrain de la faute mais
atténuée par la faute de l'employeur de la victime dès lors que, s'agissant d'un accident du travail, le Code
de la sécurité sociale interdit au maître de l'ouvrage d'intenter un recours contre l'employeur hors le cas de
faute intentionnelle de celui-ci ou de son préposé.
1984. T. Tifine, « La place des ouvrages publics exceptionnellement dangereux dans la structure de la
responsabilité du fait des ouvrages publics », RD publ. 1996. 1405.
1985. CE 6 juill. 1973, Min. de l'Équipement c/ Dalleau, Lebon 482 ; AJDA 1973. 588, chron.
M. Franc et M. Boyon ; D. 1973. 740, note F. Moderne ; JCP 1974. II. 17625, note P. Tedeschi ;
confirmation de TA Réunion 9 déc. 1970, Dalleau, Lebon 875 ; AJDA 1971. 558, note F. Moderne.
1986. CE 3 nov. 1982, min. des Transports c/ Payet et autres, Lebon 367 ; infirmation de TA
Réunion, 13 juin 1979, Payet et autres c/ min. des Transports, AJDA 1980. 199, note F. Flottes ;
CE 11 juill. 1983, min. des Transports c/ Kichenin, Lebon T. 898 ; RD publ. 1983. 1389, note J. Waline.
1987. CE 11 avr. 1975, Dpt de la Haute-Savoie, Lebon 230 ; AJDA 1975. 528, concl. D. Labetoulle ;
JCP 1976. II. 18244, note F. Moderne ; D. 1976. 178, note C. Horrut.
1988. CE 25 févr. 1983, min. des Transports c/ M elle Baumevielle et autres, Lebon T. 851 ; RD
publ. 1983. 1389, note précitée J. Waline ; Rev. adm. 1983. 579, note B. Pacteau. V. également, pour une
autre route exposée aux chutes de pierre pendant certaines périodes de l'année, CE 3 mars 1976, min. de
l'Équipement c/ Tassan, Lebon T. 1161.
1989. CE 11 juill. 1983, min. des Transports c/ SARL Balbolia-autos, Lebon T. 898 ; Quot. jur. du
21 sept. 1983, p. 3, note F. Moderne ; RD publ. 1983. 1389, note précitée J. Waline ; Rev. adm. 1983. 579,
note précitée B. Pacteau.
199. J.-F. Davignon, « La condition juridique des lacs », AJDA nov. 1979, p. 3.
1990. CE 20 mars 1987, Consorts Garzino, Lebon 101.
1991. CE 5 juin 1992, min. de l'Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer c/ Époux
Cala, Lebon 224 ; RFDA 1993. 67, concl. G. Chatelier ; AJDA 1992. 650, chron. C. Maugüé et
R. Schwartz ; infirmation de CAA Lyon 18 janv. 1990, Époux Cayla, Lebon 410.
1992. CE 8 août 2008, M. Choteau, AJDA 2008. 1965, concl. J.-P. Thiellay.
1993. CE 5 juin 1992, min. de l'Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer c/ Époux
Cala, préc.
1994. M. Auffret et J. Caillosse, « La responsabilité administrative du fait des dommages commerciaux
résultant de l'aménagement du réseau routier », AJPI 1977. 16 ; P. Juen, « Les aménagements de voirie
face aux préjudices commerciaux des riverains », note sous TA Dijon 7 juin 2013, M. et M me M. (deux
espèces), AJDA 2013. 1926 ; C. Lavialle, « Les dommages causés aux riverains du domaine public
routier », RFDA 2011. 301.
1995. V. sur ce point J.-M. Dufau, Droit des travaux publics, PUF, 1998, p. 608.
1996. F.-P. Bénoit, « La réparation des accidents causés par la chute des arbres situés sur l'accotement
des voies publiques », RPDA 1956. 163.
1997. CE 19 janv. 2001, Dpt du Tarn-et-Garonne, Lebon 30 ; CJEG 2002. 303, note P. Bon.
1998. CE 29 mai 1974, Sieur Reyboz et min. de l'Aménagement du territoire, de l'Équipement, du
Logement et du Tourisme c/ sieur Reyboz, Lebon 326 : transformation d'une route nationale en autoroute
entraînant, conformément au droit applicable aux autoroutes, suppression du droit d'accès du requérant qui
exploitait une station service et un garage.
1999. CE févr. 1966, Dpt du Rhône, Lebon T. 1131 ; AJDA 1966. 411, obs. A. de L. : impossibilité
d'accéder à un restaurant durant le temps des travaux visant à substituer un passage souterrain à un
passage à niveau existant.
2. À la fin de l'Ancien Régime, toutefois, le droit de propriété du souverain sur les biens de la Couronne
fut contesté, par des auteurs (Dumoulin, Loyseau, notamment) qui plaidèrent que le monarque n'avait sur
ces biens qu'un droit de garde.
20. Giacinto della Cananea, I beni, in Sabino Cassese (dir.), Istituzioni di diritto amministrativo, Giuffrè,
2006.
200. Sur le cas des cours d'eau des DOM : Civ. 3e, 3 mai 2007, Marraud des Grottes, AJDA 2007-
1756, note.
2000. CE 14 nov. 1957, EDF, Lebon T. 1047 ; CE 8 févr. 1967, Ville de Marseille c/ sieur Cabal,
Lebon T. 955 ; CE 8 févr. 1967, Ville de Marseille c/ sieur Paban, AJDA 1967. 311, obs. A. de L. ;
CE 6 mars 1970, Ville de Paris et Association syndicale des copropriétaires de la rue André Antoine
c/ sieur Marmuse, Lebon 165 ; CE 27 nov. 1974, Sieur Amouzegh, Lebon 595 ; CE 6 mai 1977, Société
des grands travaux de Marseille, Lebon T. 996 ; CE 27 juin 1979, Dpt des Hauts-de-Seine c/ Société
Arts et décors, Lebon T. 911 ; AJDA 1980. 109, obs. J. L. ; CE 18 nov. 1998, Société Les maisons de
Sophie et époux Demirdjian, Lebon 427 ; CE 11 févr. 2015, Mme V., Lebon T. à paraître.
2001. V. par ex., CE 9 févr. 1966, Dpt du Rhône, préc. Ici comme ailleurs, il arrive toutefois que le
juge évoque parfois un préjudice spécial et grave : v. par ex., CE 11 janv. 2008, Cne de Sucé-sur-Erdre,
BJCL, no 3/08, p. 222, concl. F. Lénica, ou CE 11 févr. 2015, Mme V. préc.
2002. V. par ex., CE 2 juill. 1969, min. de l'Équipement c/ sieur Leveel, Lebon 356.
2003. CE 22 nov. 1968, Dame Anicet, Lebon T. 1138 ; CE 8 janv. 1969, Dame Armanet, Lebon
T. 982 ; CE 1er oct. 1976, Min. de l'Équipement c/ Dame Momenceau, Lebon T. 1168 ; CE 14 déc. 1979,
SA Unic, Lebon T. 915 ; CAA Nancy 24 oct. 1989, Grandel, Lebon T. 981 ; CE 16 mai 2003, Duboc,
JCP Adm. 2003, no 1745, obs. J. Moreau ; CE 6 nov. 2006, SARL Relais Saint-Martin, JCP 2007.
II. 10002, concl. Y. Aguila.
2004. CE 10 nov. 1989, Wecker c/ Cne de Moulin-les-Metz, Lebon T. 1012.
2005. CE 11 mai 1962, Duboul de Malafosse, Lebon 321 ; AJDA 1962. 588, concl. M. Combarnous :
construction d'une digue entre un fleuve et la propriété des requérants restreignant leurs facilités d'accès au
fleuve ; pas d'indemnisation.
2006. CE 16 juin 2008, M. et M me Gras, Lebon T. 957 ; BJCL, no 10/08, p. 763, concl. L. Derepas et
obs. M. D. ; RJEP, nov. 2008, p. 30, note F. Brenet ; RLCT, sept. 2008, no 1079, p. 25, obs. E. G. :
allongement de parcours de 1500 mètres qui, dans ces conditions, n'excède pas les sujétions susceptibles
d'être imposées aux riverains et usagers des voies publiques dans un but d'intérêt général.
2007. CE 25 oct. 1961, Min. des Armées c/ Société Louis Vogel, Lebon T. 1208 : travaux d'extension
d'un aérodrome provoquant la fermeture définitive d'un chemin et, par conséquent, imposant un allongement
de parcours de 3 kilomètres entre une carrière exploitée par une société et son usine de fabrication de
ciment ; préjudice anormal ; CE 19 nov. 1958, Société des produits réfractaires de Bollène, Lebon 570 :
société ayant dû subir pendant deux ans un allongement de parcours de 2,6 kilomètres à la suite de la
construction d'un barrage ; absence de préjudice anormal.
2008. CE 22 févr. 1961, Société Fabriques françaises Honnorat, Lebon 140 : aménagement d'un
port ayant pour conséquence de porter de 50 mètres à un kilomètre la distance entre une usine de conserve
de poissons et le port où elle s'approvisionnait ; victime ayant la qualité de tiers ; indemnisation ; 20 févr.
1970, Min. de l'Équipement c/ Sté anonyme « Burin des Roziers et Cie », Lebon 130 ; AJDA 1970. 633,
concl. G. Braibant : scierie ayant dû faire emprunter à ses camions, pendant près d'un an, un itinéraire
détourné de 20 kilomètres environ durant les travaux de consolidation d'un pont ; victime ayant la qualité
d'usager ; absence d'indemnisation.
2009. CE 26 mai 1965, Min. des Travaux publics, des Transports et du Tourisme c/ époux
Tebaldini, Lebon 304, concl. G. Braibant ; AJDA 1965. 340, chron. M. Puybasset et J.-P. Puis-sochet :
restaurateur réclamant une indemnité compensant la perte de la quasi totalité de sa clientèle à la suite
d'interdiction et de déviation temporaires de la circulation en raison de travaux d'aménagement de la voie ;
absence de droit à indemnité.
201. Après que des cours d'eau aient été mis à la disposition de collectivités territoriales par les lois de
décentralisation des années 1982-1983, de véritables transferts de propriété ont été opérés en application de
la loi du 13 août 2004 sur les libertés et les responsabilités locales.
2010. CE 2 juin 1972, Société des bateaux de la côte d'Émeraude dite « Les vedettes blanches »,
Lebon 414 ; D. 1974. 260, concl. M. Rougevin-Baville ; AJDA 1972. 347, chron. D. Labetoulle et
P. Cabanes ; RD publ. 1972. 497, note M. Waline ; JCP 1972. II. 17150, note anonyme : construction d'une
voie nouvelle sur la partie supérieure du barrage d'une usine marémotrice diminuant sensiblement la
clientèle d'un service de vedettes et de bacs qui, jusqu'alors, était le seul moyen pour traverser l'estuaire ;
absence de droit à indemnité.
2011. CE 26 mai 1965, Min. des Travaux publics, des Transports et du Tourisme c/ époux
Tebaldini, préc.
2012. CE 11 févr. 2015, M me V., préc.
2013. CE 31 janv. 1968, Société d'économie mixte pour l'aménagement et l'équipement de la
Bretagne et ville de Brest, Lebon 83 : comblement d'une anse éloignant d'un café-restaurant la clientèle de
pêcheurs et de baigneurs qu'attirait la situation de l'établissement au bord de la mer ; préjudice résultant,
non de modifications à la circulation générale, mais de la création d'une zone industrielle ; préjudice
anormal.
2014. CE 13 mai 1987, Aldebert, Lebon T. 923 ; JCP 1988. II. 20960, note B. Pacteau ; RFDA 1988.
950, note H. Rihal : arrêté de police du maire interdisant à certains véhicules poids lourds et aux véhicules
transportant des matières dangereuses de traverser la commune ; tarissement de la quasi-totalité de la
clientèle d'un relais routier ; préjudice résultant, non de modifications à la circulation générale, mais d'une
mesure de police ; préjudice anormal.
2015. CE 18 mars 1959, Veuve Hoppé, Lebon 184.
2016. CE 14 nov. 1957, Ministère des Travaux publics c/ Delle Boulay, Lebon 607.
2017. CE 16 juin 2008, SARL Le Gourmandin et autres, Lebon T. 736 ; RJEP, déc. 2008, no 54, p. 21,
note F. Brenet ; RLCT, nov. 2008, no 1139, p. 18, note C. Mondou.
2018. CE 13 juill. 1962, GDF, Lebon 508.
2019. Cette formule, qui résulte d'un arrêt de 1981 (CE 6 févr. 1981, min. de l'Équipement et de
l'Aménagement du territoire c/ Compagnie française de raffinage, Lebon 62 ; CJEG 1981. 63, concl.
P. Dondoux et note P. Lombart), est moins claire que celle qui résultait de la jurisprudence antérieure selon
laquelle il y avait indemnisation dès lors que les travaux entrepris dans l'intérêt de la dépendance domaniale
considérée aboutissaient à la création d'un ouvrage nouveau.
202. CE 13 août 1910, Beaucart-Doue, Lebon 744.
2020. CE 9 mars 1983, GDF, Lebon 103 ; CJEG 1983. 288, concl. B. Stirn ; JCP 1988. II. 20376, note
P. Lombart.
2021. CE 6 févr. 1981, Min. de l'Équipement et de l'Aménagement du territoire c/ Compagnie
française de raffinage, préc.
2022. CE 18 mars 1981, Soc. Elf-France, Lebon T. 909.
2023. CE 6 déc. 1985, GDF et autres, Lebon 361.
2024. CE 2 juin 1995, Syndicat intercommunal à vocation multiple de la région d'Issoire et de la
banlieue sud-clermontoise, Lebon 225.
2025. CE 23 févr. 2000, Sté de distribution de chaleur de Saint-Denis, Lebon 79.
2026. Rappelons que les associations syndicales de propriétaires autorisées sont des établissements
publics (T. confl. 9 déc. 1899, Association syndicale du canal de Gignac, Lebon 731 ; S. 1900. 3. 49, note
M. Hauriou ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd., 2015, no 7).
2027. Pour une tentative, v. chron. de D. Léger et M. Boyon à l'AJDA 1973. 355.
2028. CE 17 nov. 1905, Syndicat de l'île de la Barthelasse, Lebon 845.
2029. CE 5 avr. 1937, Association syndicale du canal du Japon, Lebon 447.
203. CE 13 déc. 1922, Bidaut, Lebon 921.
2030. CE 19 oct. 1983, Lahoutte et autres, Lebon 418.
2031. CE 27 avr. 1973, Syndicat association de dessèchement des marais d'Arles et autres,
Lebon 304 ; AJDA 1973. 355, chron. D. Léger et M. Boyon préc.
2032. CE 3 nov. 1976, Association syndicale autorisée des propriétaires du parc de Maisons-
Lafitte, Lebon T. 778.
2033. CE 3 mars 1995, M me Sterlin et autres, Lebon T. 670.
2034. CE 4 déc. 1970, min. d'État chargé de la défense nationale et min. de l'Équipement et du
Logement c/ Sieur Starr et British Commonwealth Insurance Company Limited, Lebon 733 ; RGDIP
1971. 114, concl. G. Guillaume ; RD publ. 1971. 1219, note M. Waline ; AJDA 1971. 112, note
F. Moderne ; JCP 1971. II. 16764, note D. Ruzié ; D. 1971. 253, note P. Tedeschi : naufrage d'un yacht par
suite de sa collision avec une cible flottante de l'armée de l'air mouillée en haute mer. V. également, pour un
autre cas particulier où le fait générateur du dommage s'était produit à la limite même de deux
départements relevant du ressort de deux tribunaux administratifs distincts, CE 23 juill. 1993, Le
Scouarnec, Lebon T. 1077.
2035. CE 26 juin 1992, Cne de Béthoncourt c/ Consorts Barbier, Lebon 268, concl. G. Le Chatelier ;
RFDA 1993. 71, concl. G. Le Chatelier ; AJDA 1992. 650, chron. C. Maugüé et R. Schwartz ; CJEG 1993.
519, note M. Degoffe ; D. 1993. Somm. 151, obs. P. Bon et P. Terneyre.
2036. CE 12 juin 1998, Masse, Lebon T. 1157 ; CJEG 1999. 36, note R. Savignat.
2037. CE 10 mars 1997, Cne de Lormont c/ Consorts Raynal, Lebon 74 ; D. 1998. 85, note J.-
J. Thouroude ; D. 1999. Somm. 54, obs. P. Bon et D. de Béchillon.
2038. CE 5 juin 1992, min. de l'Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer c/ Époux
Cala, Lebon 224 ; RFDA 1993. 67, concl. G. Chatelier ; AJDA 1992. 650, chron. C. Maugüé et
R. Schwartz.
2039. CE 12 juin 1998, Masse, préc.
204. TA Bordeaux, 23 mars 1989, Société Lyonnaise des eaux, Gaz. Pal. 10 août 1990.
2040. CE 22 juin 1998, Ville de Saint-Étienne, Lebon T. 1137.
2041. CE 20 juin 2007, Boutin, Lebon T. 1113 ; AJDA 2007. 1769, note M.-F. Delhoste.
2042. CE 19 juin 1856, Tonnelier, Lebon 434.
2043. CE 16 déc. 1932, Sté des eaux de Deauville, Lebon 1099.
2044. CE 25 janv. 1929, Sous-secrétaire d'État aux PTT, Lebon 93.
2045. CE 17 mai 1934, Société Sud-Lumière, Lebon 578 ; S. 1934. III. 81, note A. Mathiot.
2046. CE 11 oct. 1968, Allard, Lebon 486. V. égal. F. Moderne, La responsabilité directe des
architectes à l'égard des victimes de dommages de travaux publics, AJDA 1969. 212.
2047. CE 18 oct. 1935, Chemins de fer du Nord, Lebon 153.
2048. T. confl. 28 févr. 1977, Guiguen et Caisse primaire d'assurance maladie du Morbihan c/ Le
Renard, Lebon 663 ; D. 1977. 295, note R. Moulin ; Rev. adm. 1977. 275, obs. G. Darcy.
2049. CE 19 nov. 1958, Zagouatti et autres, Lebon 569 ; AJDA 1958. I. 123, concl. A. Bernard.
205. V. Circ. DCE no 2008/25 6 févr. 2008 relative au classement des cours d'eau au titre de l'article
L. 214-17-1 du Code de l'environnement et aux obligations qui en découlent pour les ouvrages – Circ.
15 sept. 2008 relative à l'étude de l'impact des classements des cours d'eau sur les différents usages de
l'eau.
2050. T. confl. 18 juin 2001, Sté La Grioni française c/ Congrégation des sœurs de Saint-Joseph,
Lebon T. 1144.
2051. V. par ex. T. confl. 28 févr. 1977, Guigen et Caisse primaire d'assurance maladie du
Morbihan c/ Le Renard, préc.
2052. CE 31 mars 1922, Lays, Lebon 487.
2053. CE 18 oct. 1935, Chemins de fer du Nord, préc. ; CE 5 juill. 1961, Entreprise Leclerc,
Lebon 463 ; T. confl. 15 janv. 1973, Sté Quillery-Goumy c/ Sté chimique routière et d'entreprise
générale et Sté bretonne de travaux publics, Lebon 844 ; RD publ. 1973. 1048, note M. Waline ; CJEG
1973. 103, note R. Savignat.
2054. Par exception toutefois, le contrat d'assurance peut être un contrat administratif. Il en va ainsi
des contrats d'assurance passés par une personne publique et donc en particulier par le maître de l'ouvrage
(article 3 de l'ordonnance no 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics). Il en résulte que
l'action de la victime d'un dommage de travaux publics contre l'assureur du maître de l'ouvrage relève alors
de la compétence du juge administratif. Dans le cas particulier où la victime du dommage de travail public
causé par une personne publique est elle-même une personne publique et que, en conséquence, elle dispose
de la faculté d'émettre un titre exécutoire, elle peut néanmoins actionner directement devant le juge
administratif l'assureur de la personne publique auteur du dommage bien qu'elle ne soit pas partie au contrat
administratif d'assurance (CE 15 mai 2013, Communauté de communes d'Epinal-Golbey, Lebon 148 ;
JCP A 2013, no 2323, concl. B. Dacosta ; RJEP 2013, no 43, note G. Eckert).
2055. T. confl. 3 mars 1969, Sieur Esposito c/ Compagnie La foncière, Lebon 681 ; JCP 1969.
II. 16037, note J. Chevallier ; T. confl. 1er oct. 1969, Min. de l'Équipement et du Logement c/ Guillaume
et Compagnie d'assurances « L'Union », Lebon 412 ; T. confl. 26 nov. 1973, Société d'assurances
MACL « Minerve » c/ Compagnie « L'Union des assurances de Paris » L'Urbaine IARD, Lebon
T. 1143 ; T. confl. 11 oct. 1976, Collewaert c/ Sté mutuelle d'assurance des chambres syndicales du
bâtiment et des travaux publics, Lebon T. 1169.
2056. En revanche, elle relève toujours de la compétence du juge administratif quelle soit dirigée contre
le maître de l'ouvrage ou contre son assureur puisque, dans cette hypothèse, le contrat d'assurance est un
contrat administratif.
2057. T. confl. 4 mars 2002, Cie d'assurances AGF c/ Cie UAP et Cie La Providence, Lebon 539 :
Droit administratif, 2002, no 116, note C. Moniolle.
2058. V. par exemple CE 12 nov. 1987, Caisse régionale des assurances-mutuelles agricoles d'Ile-
de-France, Lebon 417.
2059. V. par ex. J.-M. Auby et R. Drago, Traité de contentieux administratif, 3e éd., 1984, tome 1,
p. 565.
206. CE 2 mars 1925, Jobez, Lebon 214 ; CE 20 juin 1997, Consort Rouzaud, RDI 1998. 222, chron.
J.-B. Auby et Ch. Maugüé.
2060. T. confl. 13 juin 1960, Douieb c/ Stockos, Lebon 864 ; D. 1960. 576, concl. J. Chardeau et note
P. L. J. ; JCP 1960. II. 11727, note A. Pépy ; Rev. adm. 1960. 276, note G. Liet-Veaux. V. aussi Crim.
13 mars 1968, Bull. crim. no 89, p. 213 ; D. 1968. 506, note R. Drago ; JCP 1968. II. 15968, note
C. Blaevoet ; Crim. 5 févr. 1974, Bull. crim. no 54, p. 128 ; CJEG 1975. 35, note J. Virole.
2061. Voire même par le juge civil si, une fois l'instance pénale terminée, la victime saisit le juge civil :
Civ. 1re, 20 mai 1990, Société Via assurances Nord et Monde c/ Lefèvre et autres, Bull. civ. I, no 127,
p. 90.
2062. Mais non devant la cour administrative d'appel ou devant le Conseil d'État.
2063. F. Moderne, La détermination du patrimoine responsable dans le contentieux des travaux publics,
CJEG 1966. 43 et p. 67 et CJEG 1967. 1 ; P. Delvolvé, La détermination du patrimoine responsable dans le
contentieux de la construction entre le maître de l'ouvrage personne publique et les constructeurs, Droit et
ville 1977, p. 123 ; F. Moderne, « La répartition des charges indemnitaires entre maître d'œuvre et
entrepreneurs dans le contentieux des dommages de travaux publics », CJEG 1968. 77 et p. 93 ; M. Regis,
« Le partage de la responsabilité en matière de dommages causés par les travaux publics », Vie
communale et départementale 1957, p. 169.
2064. Sur l'ensemble du problème, v. F. Moderne, « L'État prestataire de service des communes »,
AJDA 1976. 478 ; F. Moderne, Les conventions de prestations de service entre l'État et les collectivités
locales, Litec, 1996 ; F. Moderne, « Les contrats de prestation de services techniques entre l'État et les
collectivités locales après la loi MURCEF : vers de nouvelles relations ? », in Les collectivités locales,
Mélanges en l'honneur de J. Moreau, Economica, 2003, p. 291 ; L. Richer, « L'assistance technique de
l'État aux communes peut-elle réellement s'affranchir de la concurrence ? », AJDA 2002. 1056.
2065. CE 28 oct. 1960, Cne de la Ricamarie, Lebon 576 ; AJDA 1960. 363, concl. C. Heumann ;
CE 21 déc. 1966, Min. des Travaux publics c/ Compagnie La Providence, Lebon 683, concl. J.-
M. Galabert ; JCP 1968. II. 15336, note F. Moderne ; CE 14 janv. 1994, min. de l'Équipement, du
Logement, des Transports et de l'Espace c/ Savine, Lebon 13. Bien évidemment, la personne publique
qui a autorité sur les travaux peut se retourner contre la personne publique qui les exécute. Autrefois, ce
n'était possible que dans l'hypothèse où un membre du personnel de cette dernière avait négligé ou refusé
d'exécuter une instruction émanant de la personne publique ayant autorité sur le déroulement des travaux
(CE 28 mai 1971, Ville de Saint-Jean-de-Maurienne, Lebon 403 ; AJDA 1971. 533, chron. D. Labetoulle
et P. Cabanes ; JCP 1971. II. 16874, note F. Moderne ; CJEG 1973. 33, note M. B. ; CE 11 juill. 1984,
Ministre de l'Urbanisme et du logement c/ Commune de Vaucresson et autre, Lebon T. 523).
Maintenant, il suffit qu'il y ait de sa part inexécution ou mauvaise exécution de la convention qui la lie à la
personne publique ayant autorité (CE 14 mars 1997, Hôpital départemental des Petits-prés et min. de
l'Équipement, du Logement, des Transports et de l'Espace, Lebon 85 ; RFDA 1998. 1, note
F. Moderne ; AJDA 1997. 899, note F. Rolin ; D. 1998. Somm. 231, obs. P. Terneyre ; CE 12 mai 2004,
Commune de la Ferté-Milon, Lebon 226 ; RFDA 2004. 1183, concl. E. Glaser et note F. Moderne ; BJCL
no 07/04, p. 505, concl. E. Glaser ; CJEG 2004. 339, concl. E. Glaser ; AJDA 2004. 1378, note J.-
D. Dreyfus ; JCP Adm. 2004, no 1421, note J. Moreau ; JCP Adm. 2004, no 1532, note. E. Glaser et
F. Séners ; Droit administratif 2004, no 138, obs. E.G.).
2066. CE 29 juin 1973, Min. de l'Équipement et du Logement c/ Sté parisienne pour l'industrie
électrique et autres, Lebon 456 ; AJDA 1974. 109, note F. Moderne : lorsqu'un syndicat de communes et
l'État conviennent de confier au service de l'équipement des travaux de direction et de surveillance de
projets intercommunaux pour lesquels l'intervention de ce service n'est pas obligatoire, l'État est
responsable solidairement avec le syndicat de commune et l'entrepreneur des dommages causés par
l'exécution du travail public. Ici encore, si la victime s'est tournée vers la personne publique pour le compte
de laquelle les travaux publics sont effectués, cette dernière peut se retourner contre la personne publique
qui les a effectués au cas d'inexécution ou de mauvaise exécution de la convention qui les lie (CE 2 oct.
1968, min. de l'Équipement et du Logement c/ Cne de Chapelle-Vieille-Fôret et Sté auxiliaire de génie
civil, Lebon 470 ; JCP 1969. II. 15809, note F. Moderne ; AJDA 1969. 583, obs. J. Montmerle).
2067. V. par exemple CE 6 janv. 1971, Sté Entreprise Cracco, Lebon T. 1226.
2068. CE 18 oct. 1935, Compagnie des chemins de fer du Nord, Lebon 153.
2069. CE 11 oct. 1968, Sieur Allard, Lebon 486 ; D. 1969. 142, note C. Leclecq ; JCP 1969.
II. 15702, note G. Liet-Veaux. V. également, F. Moderne, « La responsabilité directe des architectes à
l'égard des victimes de dommages de travaux publics », AJDA 1969. 212.
207. Les noues et boires sont les dépressions dans lesquelles séjournent les eaux provenant des cours
d'eau ; par ex. CE 25 mai 1907, Aumont, Lebon 485.
2070. CE 4 mai 1973, Entreprise Matiere, Lebon 324 ; AJDA 1974. 44, note M. N.
2071. CE 27 nov. 1987, Sté provençale d'équipement, Lebon 383 ; RFDA 1988. 384, concl.
M. Fornacciari ; AJDA 1987. 716, chron. M. Azibert et M. de Boisdeffre ; RFDA 1988. 397, obs.
F. Moderne ; D. 1988. Somm. 255, obs. P. Terneyre ; D. 1989. 261, note B. Thomas-Tual.
2072. CE 26 juin 1959, Lahaye, Lebon 407, à propos d'une clause de garantie contenue dans un
marché de travaux publics stipulant que l'entrepreneur supportera seul la responsabilité des dommages que
l'exécution des travaux risque de causer aux tiers. V. également CE 4 mars 1966, Dpt du Puy-de-Dôme,
Lebon T. 1128 ; CE 10 déc. 1971, Faculté de médecine de Strasbourg, Lebon T. 1225 ; CE 29 juin 1973,
min. de l'Équipement et du Logement c/ Sté parisienne pour l'industrie électrique et autres, précit.
2073. CE 14 févr. 1958, Sté Thorrand et Cie, Lebon 104 ; AJDA 1958. 13, concl. M. Long ; AJDA
1958. 224, chron. J. Fournier et M. Combarnous ; CE 2 déc. 1964, Sté Entreprise Louis Chaigne,
Lebon 611 ; CE 9 juill. 1975, Min. de l'Économie et des Finances c/ Société Ascinter-Otis, Lebon 413 ;
AJDA 1975. 586, note F. Moderne ; CE 27 nov. 1987, Sté provençale d'équipement, préc.
2074. CE 29 janv. 1971, Association « Jeunesse et reconstruction », Lebon 81 ; AJDA 1971. 279,
chron. D. Labetoulle et P. Cabanes ; RD publ. 1971. 1473, note M. Waline ; Rev. adm. 1971. 279, note
F. Moderne.
2075. CE 2 déc. 1955, Cne de Salies-du-Salat, Lebon 571 ; CE 18 juin 1958, Ville de Decazeville,
Lebon 362 ; CE 10 févr. 1961, Ville de Béziers, Lebon 113 ; CE 19 nov. 1975, Min. de l'Équipement c/
Eblinger, Lebon T. 1304 ; CE 18 mai 1979, Association « Urbanisme Judaïque Saint-Seurin »,
Lebon 218 ; RD publ. 1979. 1481, concl. M.-A. Latournerie ; CE 5 mai 1982, Dame Fauresse, CJEG
1982. 314, note J.-P. Papin ; CE 7 juin 1985, Min. des Transports c/ Époux Dupré et autres, Lebon
T. 770 ; LPA du 8 oct. 1986, p. 7, note F. Moderne.
2076. CE 29 avril 1987, Cne d'Elancourt, Lebon 153 ; RFDA 1987. 525, concl. Y. Robineau ; AJDA
1987. 543, note X. Prétot ; CJEG 1987. 855, note P.S.
2077. CE 26 nov. 2007, Migliore, Lebon T. 1413 ; BJCP, avr. 2008, p. 113, concl. D. Casas et obs.
R.S. ; AJDA 2008. 210, note J.-D. Dreyfus ; RJEP avr. 2008, p. 17, note N. Foulquier ; RLCT, mars 2008,
p. 30, obs. E. Glaser : dommages causés à un tiers par l'insuffisante capacité d'un réseau d'assainissement ;
responsabilité de la communauté urbaine maître de l'ouvrage et non de la société fermière qui n'a reçu
délégation que de la seule exploitation de l'ouvrage.
2078. CE 22 janv. 1964, Établissements Houdry, Lebon 32 ; AJDA 1964. 452, note P. Laporte ;
CE 25 oct. 1967, Sté « Les travaux souterrains », Lebon T. 951 ; CE 19 avr. 1989, Époux Lapeyre et
SARL Armatures éléments standards c/ Sté les autoroutes Rhône-Alpes, Droit administratif 1989,
no 306.
2079. CE 25 janv. 1980, SA Minoterie Grésillon, Lebon T. 921 ; D. 1980. IR 254, obs. F. Moderne.
208. CE 18 janv. 1985, Cie nationale du Rhône, CJEG 1985. 501.
2080. CE 27 nov. 1987, Sté provençale d'équipement, préc.
2081. Ainsi, des horticulteurs victimes de perturbations apportées au cycle végétal par l'éclairage public
de forte puissance installé le long d'une route nationale peuvent mettre en cause à la fois la responsabilité
de l'État en tant que maître d'ouvrage de la route et celle de la commune chargée de l'entretien et du
fonctionnement de l'éclairage public le long de la route (CE 10 mars 1997, Commune de Lormont c/
Consorts Raynals, Lebon 74 ; D. 1998. 85, note J.-J. Thouroude ; D. 1999. Somm. 54, obs. P. Bon et D.
de Béchillon).

Toutefois, dans une autre espèce où un agriculteur riverain d'une voie ferrée se plaignait des dommages
causés à ses cultures par la prolifération des lapins dans les talus d'une voie de chemin de fer et que se
posait la question de savoir s'il devait intenter son action en responsabilité contre RFF (Réseau ferré de
France) qui est le maître de l'ouvrage ou contre la SNCF qui est chargée de son entretien ou s'il pouvait
agir indifféremment contre l'un ou l'autre ou contre les deux à la fois et alors que les premiers juges
s'étaient divisés sur la question (CAA Nantes, 20 déc. 2001, M. Breton, AJDA 2002. 270, note J.-F. Millet :
obligation de diriger l'action contre RFF maître de l'ouvrage ; CAA Paris, 21 mai 2002, SNCF c/ EARL
Haquin, AJDA 2002. 714, obs. M.-C. de Montecler : possibilité d'engager la responsabilité du maître de
l'ouvrage et celle de son gestionnaire), le Conseil d'État (CE 26 févr. 2003, avis, M. Courson, Lebon
T. 991 ; CJEG 2003. 404, concl. C. Maugüé ; Droit administratif 2003, no 138, note C.M. ; JCP Adm.
2003, no 1339, obs. J. Moreau) a considéré que la responsabilité de RFF, maître de l'ouvrage, était
susceptible d'être engagée pour les dommages permanents causés par celui-ci, qu'ils résultent de son
implantation, de son fonctionnement ou de son entretien tandis que la SNCF, chargée de l'entretien des
voies comme prestataire de RFF, ne pouvait voir sa responsabilité engagée que si les dommages étaient
directement imputables aux modalités d'entretien de l'ouvrage. Au cas d'espèce, il a finalement été
considéré que les dommages causés aux cultures agricoles par les proliférations de lapins dans la voie
étaient directement causés par les conditions de leur entretien par la SNCF de telle sorte que c'est la
responsabilité de cette dernière qui devait être engagée (CE 27 juill. 2005, Courson, Lebon T. 1094 ;
CJEG 2006. 168, note G. Delaloy). En revanche, c'est la responsabilité de RFF qui est susceptible d'être
engagée du fait de la perte de valeur vénale d'une propriété consécutive à l'implantation à proximité d'une
ligne de TGV (CE 31 mars 2008, SNCF et M. et M me Goncalves Da Cruz, Lebon T. 908) ou du fait de
divers préjudices occasionnés à un domaine viticole par la présence et le fonctionnement d'un viaduc
construit pour le passage d'une ligne TGV (CE 31 mars 2008, EARL Georges de Blanquet, Lebon T. 908 ;
RD publ. 2009. 548, chron. C. Guettier). Quant à un accident survenu à un passage à niveau, il n'est pas
susceptible d'engager la responsabilité de la SNCF dès lors qu'il est établi que les systèmes de signalisation
fonctionnaient normalement (CE 8 août 2008, M. Choteau, AJDA 2008. 1965, concl. J.-P. Thiellay).
2082. M. Basset, « La nature juridique de l'action en garantie du maître de l'ouvrage contre les
constructeurs en cas de dommages causés aux tiers », CJEG 1974. 61 ; B. Flamand-Lévy, « L'appel en
garantie du maître de l'ouvrage contre le constructeur en cas de dommage de travaux publics à un tiers :
une voie de droit illusoire maintenue par le Conseil d'État », RDI 2004. 409. F. Moderne, « Variations sur
une jurisprudence controversée : le fondement juridique du recours en garantie exercé par le maître de
l'ouvrage contre l'entrepreneur après la réception des travaux », CJEG 1990. 401 ; P. Subra de Bieusse,
« La réparation des dommages de travaux publics : le recours en garantie exercé par le maître de l'ouvrage
contre l'entrepreneur après réception du travail public », AJDA 1985. 17.
2083. J. Chevalier, « La technique de l'action récursoire dans le droit de la responsabilité
administrative », JCP 1970. I. 2323.
2084. V. par exemple CE 26 févr. 2001, Compagnie d'assurances Winterthur, Lebon T. 1180 : si, en
cas de dommage causé à des tiers par un ouvrage public, la victime peut en demander la réparation, même
en l'absence de faute, aussi bien au maître de l'ouvrage, au maître de l'ouvrage délégué, à l'entrepreneur ou
au maître d'œuvre, il ne n'ensuit pas que, en cas de condamnation de l'une ou l'autre de ces personnes
intervenues à la demande d'un tiers, la ou les personnes condamnées qui entendent mettre en cause la
responsabilité de l'une ou de l'autre de celles ayant concouru à la réalisation de l'ouvrage puissent utilement
se prévaloir, dans leurs rapports réciproques, d'un régime de responsabilité sans faute.
2085. CE 12 oct. 1973, SEITA, Lebon 565, concl. M. Gentot ; AJDA 1974. 77, chron. M. Franc et
M. Boyon ; Dr. soc. 1974. 163, note F. Moderne.
2086. CE 25 juill. 1980, Société Solétanche, Lebon 344 ; CE 18 mars 1982, Société chimique
routière et entreprise générale (SCREG) et autre, Lebon T. 896.
2087. CE 3 févr. 1967, Ville de Bordeaux, Lebon T. 952 ; CE 17 févr. 1971, Faillite de la société
anonyme Ussel frères, Lebon T. 1225.
2088. CE 18 mars 1963, min. de la Justice c/ dame Martin, Lebon 180.
2089. CE 12 juin 1970, Sieur Roba, Lebon 394.
209. CE 11 juin 1909, Servois, S. 1910.111.115 ; 14 mai 1924, Malnis, Lebon 1041 ; 14 déc. 1984,
Min. de l'Environnement c/ Curmier ; 25 juin 1986, Montagne ; 8 janv. 1986, Pierre Richard. Civ.
29 févr. 1968, AJDA 1968. 525, note Dufau.
2090. CE 25 mai 1973, EDF c/ SCI « Au confortable », Lebon 372.
2091. CE 2 nov. 1977, Sté nouvelle « Électric-Flux », Lebon 415 ; CE 4 juill. 1980, SA Forrer et Cie,
Lebon 307 ; CE 21 oct. 1983, Sté Viafrance, Lebon T. 897 ; CE 29 avr. 1987, Syndicat intercommunal
d'études et de programmation pour l'aménagement de la région grenobloise, Lebon 162 ; AJDA 1987.
530, concl. M. Roux ; Marchés publics, juin 1987, p. 11, note P. Subra de Bieusse ; D. 1987. Somm. 436,
obs. P. Terneyre ; CE 27 nov. 1987, Société provençale d'équipement, préc. ; CE 20 mai 1994, Cne de
Condom, Lebon T. 1224 ; D. 1995 ; somm.126, obs. P. Terneyre ; CE 15 juill. 2004, Syndicat
intercommunal d'alimentation en eau des communs de la Seyne et de la région est de Toulon,
Lebon 345 ; RFDA 2004. 895, concl. I. de Silva ; BJCP 2005, no 38, p. 32, concl. I. de Silva ; AJDA 2004.
1698, chron. C. Landais et F. Lenica ; JCP Adm. 2004, no 1532, note E. Glaser et F. Séners ; RD publ.
2005. 564, note C. Guettier ; CE 6 avr. 2007, Centre hospitalier général de Boulogne-sur-Mer, BJCP
2007, no 53, concl. N. Boulouis ; AJDA 2007. 1011, chronique F. Lenica et J. Boucher.
2092. V. par exemple CE 19 nov. 2004, SIVOM de Benfeld, Contrats et marchés publics 2005, no 15,
note F. Olivier.
2093. G. Darcy, « Pluralité de coauteurs d'un dommage de travaux publics et étendue de l'action
récursoire des caisses de Sécurité sociale », Rev. adm. 1978. 41 ; N. Questiaux, « Les actions récursoires
exercées par les caisses de sécurité sociale contre le tiers responsable d'un dommage subi par un assuré
social selon la jurisprudence du Conseil d'État », AJDA 1962. 1 ; F. Moderne, « Accidents du travail et
dommages de travaux publics », Dr. soc. 1972. 322.
2094. V., outre les références citées dans les notes qui suivent, L.T. Georges et L.L. Sleiman, « L'utilité
publique de l'expropriation : genèse, étendue, limites », LPA du 7 août 1991, p. 10 ; J.-L. Harouel, Histoire
de l'expropriation, PUF, Que sais-je ?, 2000, no 3580 ; R. Hostiou, « Deux siècles d'évolution de la notion
d'utilité publique », in Un droit inviolable et sacré : la propriété, ADEF 1991. 30 ; L. Lacché,
L'espropriazione per pubblica utilità – Amministrazione e proprietari nella Francia dell'Ottocento,
Milan, Guiffrè, 1995 ; D. Ulrich, « L'indemnisation pour cause d'expropriation a-t-elle toujours existé ? »,
LPA du 9 mars 1998, p. 20 ; « Histoire de l'expropriation du XVIIIe siècle à nos jours », Rev. jur. Centre-
Ouest 1997, no 19, p. 3.
2095. R. de Fresquet, « Principes de l'expropriation pour cause d'utilité publique à Rome et à
Constantinople », Revue historique de droit français et étranger, 1860, p. 97 ; R. de Recy, « De
l'expropriation pour cause d'utilité publique en droit romain », ibid., 1870-1871, p. 385.
2096. R. Monier, Manuel élémentaire de droit romain, tome 1, 2e éd., 1938, p. 469.
2097. Tite-Live, livre XL, chapitre LI.
2098. Suétone, Octavus, Augustus, chapitre LVI.
2099. Frontinus, De aquaeductibus urbis Romae, chapitre CXXVII.
21. V., P. Moor, Droit administratif, Berne, Éditions Staempfli & Cie SA Berne, vol. 1, 1994, p. 12.
210. T. confl. 12 déc. 1942, Préfet de l'Ain, S. 1944. II. 45 ; CE 21 avr. 1971, Crouzel, Lebon 1050.
2100. Code justinien, loi 9, De operibus publicis.
2101. V. notamment les recherches de J.-L. Mestre, en particulier Un droit administratif à la fin de
l'Ancien Régime : le contentieux des Communautés de Provence, LGDJ 1976, p. 297 s. ; « Les origines
seigneuriales de l'expropriation », Recueil de mémoires et travaux publié par la société d'histoire du
droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, fascicule XI, Montpellier 1980, p. 71 ; « Du
régime seigneurial au droit administratif : l'expropriation dans le droit français », Wissenschaft und Recht
der Venwaltung seit dem, Ancien Régime, Francfort-sur-le-Main 1984, p. 29 ; « L'expropriation face à la
propriété (du Moyen Âge au Code civil) », Droits, no 1, 1985, p. 51.
2102. Sur les débats de l'Assemblée nationale constituante relatifs au vote de ce texte, V., J.-L Mestre,
« Le Conseil constitutionnel, la liberté d'entreprendre et la propriété, », D. 1984. Chron. 4-7. et « La
propriété, liberté fondamentale pour les constituants de 1789 », RFDA 2004. 1. V. égal. M. Suel, « La
déclaration des droits de l'homme et du citoyen : L'énigme de l'article 17 sur le droit de propriété – La
grammaire et le pouvoir », RD publ. 1974. 1295.
2103. C. Durand, « Le régime juridique de l'expropriation pour cause d'utilité publique sous le Consulat
et le Premier Empire », Annales de la Faculté de droit d'Aix-en-Provence, 1948, p. 1 ; J.-L. Mestre,
« La construction du modèle napoléonien », JCP Adm. 2011, no 2070.
2104. Dont le bicentenaire a été récemment célébré. Voir le colloque Le bicentenaire de la loi de
1810 sur l'expropriation dont les actes ont été publiés au JCP Adm. 2011 du 21 février 2011 et dont
l'article de J.-L. Mestre cité à la note précédente constitue l'un des rapports.
2105. V. par ex. L. Rolland, « Les nouvelles tendances en matière d'expropriation », RD publ. 1912.
330.
2106. P. Duez, « Les récentes modifications apportées au régime de l'expropriation pour cause d'utilité
publique (décret-loi du 8 août 1935) », RD publ. 1935. 635 ; M. Debré, « La nouvelle procédure
d'expropriation pour cause d'utilité publique d'après le décret du 8 août 1935 », D. 1955. Chron. 69 ;
M. Debré, « Les nouvelles procédures spéciales d'expropriation d'après les décrets des 8 août et 30 oct.
1935 », D. 1936. Chron. 33 ; M. Chrétien, « L'indemnité d'expropriation », RD publ. 1937. 409. V. égal.
G. Tixier, « Les limites de la compétence de l'autorité judiciaire en matière d'expropriation pour cause
d'utilité publique », D. 1956. Doctr. 103.
2107. J.-M. Auby, R. Ducos-Ader et J.-C. Gonthier, L'expropriation – régime juridique, méthode
d'évaluation, formulaire, Sirey, 1968, p. 7.
2108. Abrogé par la loi constitutionnelle no 95-880 du 4 août 1995.
2109. Sur cette loi et ses décrets d'application, cf. J. Mourgeon, « Les modifications apportées par la loi
du 10 juill. 1965 au régime de l'expropriation pour cause d'utilité publique », AJDA 1965. 506 ; P.R. « La
réforme des règles d'évaluation en matière d'expropriation », AJPI 1965. 668 ; C. Sirat, « Les modifications
récentes du régime de l'expropriation (loi du 10 juill. 1965) », JCP 1965. I. 1958 ; J. Feffer, « Expropriation
pour cause d'utilité publique – Commentaire des décrets du 11 octobre 1966 », AJPI 1966. 990.
211. Civ. 3e, 30 juin 1999, RDI 1999. 628, chron. Ch. Lavialle. Sauf s'ils sont le résultat de travaux
exécutés par l'État : ils rentrent alors dans le domaine privé (CE 11 avr. 1986, Min. des Transports c/
Daney, RFDA 1987. 44, note Terneyre, Quot. jur., 22 déc. 1987, p. 2, note Rezenthel). L'alluvion profite
au propriétaire de la rive découverte (CE 9 nov. 1990 M. Barlet).
2110. Ordonnance de l'article 38 de la Constitution prise en application de l'article 5 de la loi no 2013-
1005 du 12 nov. 2013 habilitant le gouvernement à simplifier les relations entre l'administration et les
citoyens.
2111. Pour un bilan dressé à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'ordonnance de 1958,
v. F. Bouyssou et C. Teisseyre, « Cinquante ans après l'ordonnance du 23 octobre 1958 – Les
transformations du droit de l'expropriation », AJDI 2008. 823.
2112. P. Bon, « Vingt-cinq ans de contentieux constitutionnel de l'expropriation », RFDC 2014. 803.
2113. Décision no 81-132 DC du 16 janv. 1982, Rec. Cons. const. 18 ; décision no 82139 DC du
11 févr. 1982, ibid., p. 31 ; P. Gaïa et autres, Les grandes décisions du Conseil constitutionnel, Dalloz,
17e éd., 2013, p. 366.
2114. Sur la distinction entre nationalisation et expropriation, v. ss 649.
2115. L. Favoreu, « La jurisprudence du Conseil constitutionnel et le droit de propriété proclamé par la
Déclaration de 1789 », La Déclaration des droits de l'homme et la jurisprudence, PUF, 1989, p. 141.
2116. Décis. no 65-33 L du 9 févr. 1965, Rec. Cons. const. 73 ; D. 1967.J.405, note L. Hamon.
2117. Décis. no 77-101 L du 3 nov. 1977, Rec. Cons. const. 70 ; décision no 88-157 L du 10 mai 1988,
ibid., p. 56 ; LPA du 3 oct. 1988, p. 19, chron. P. Terneyre ; RD publ. 1989. 442 et 444, chron. L. Favoreu.
2118. Décis. no 69-53 L du 27 févr. 1969, Rec. Cons. const. 23.
2119. Décis. no 70-60 L du 23 févr. 1970, Rec. Cons. const. 35.
212. Les riverains du lac ne profitent pas de l'alluvion ; les limites sont donc invariables (CE 23 févr.
1979, Guyon et Biolley, Lebon 84).
2120. Décis. no 65-33 L du 9 févr. 1965, préc.
2121. Titre VIII intitulé « De l'autorité judiciaire ».
2122. Décis. no 80-119 DC du 22 juill. 1980, Rec. Cons. const. 46 ; P. Gaïa et autres, op. cit., p. 73.
2123. Décis. no 86-224 DC du 23 janv. 1987, Rec. Cons. const. 8 ; P. Gaïa et autres, op. cit., p. 57.
2124. De la même manière, le contentieux de pleine juridiction de la phase administrative relève, on
s'en doute, en l'état actuel de notre droit, de la compétence du juge administratif mais, ici, la solution n'est
pas imposée par la Constitution de telle sorte qu'elle pourrait être différente.
2125. Décis. no 89-256 DC du 25 juill. 1989, Rec. Cons. const. 53 ; RFDA 1989. 1009, note P. Bon ;
CJEG 1990. 1, note B. Genevois. Cette analyse était déjà en germe dans deux décisions antérieures du
Conseil, la décision no 85-189 DC du 17 juill. 1985 (Rec. Cons. const. 49 ; RD publ. 1986. 474, chron.
L. Favoreu ; LPA du 8 août 1986, p. 40, note L. Fernandez) rendue à propos de la nouvelle définition des
terrains à bâtir donnée par l'article L. 13-15 du Code de l'expropriation alors en vigueur et la décision no 85-
198 DC du 13 déc. 1985 (Rec. Cons. const. 78 ; Rev. adm. 1985. 572, note R. Etien ; AJDA 1986. 171,
note J. Boulouis ; CJEG 1986. 110, note P. Sablière ; D. 1986. J. 345, note F. Luchaire ; JCP 1986. 1. 3237,
article J. Dufau) étrangère, elle, au droit de l'expropriation.
2126. V. les arrêts cités par J.-M. Auby et R. Drago, Traité de contentieux administratif, LGDJ,
1984, 3e éd., tome 1, p. 643.
2127. T. confl. 4 juin 1940, Société Schneider et Cie, Lebon 248.
2128. CE 19 janv. 1960, Fédération algérienne des syndicats de défense des irrigants, Lebon 129.
2129. CE 18 avr. 1951, Élections de Nolay, Lebon 189 ; 11 mai 1960, Car, ibid., p. 319 ; JDI 1961.
404, note R. Pinto ; 23 nov. 1984, Roujansky et autres, Lebon 383 ; AJDA 1985. 216, concl.
D. Labetoulle.
213. CE mars 1952, Toumi, Lebon 168.
2130. CEDH 23 sept. 1982, Sporrong et Lönnroth, série A, vol. 52, § 61.
2131. CEDH 21 févr. 1986, James et autres, série A, vol. 86, § 46.
2132. CEDH 8 juill. 1986, Lithgow et autres, série A, vol. 102, § 110.
2133. CEDH 21 févr. 1986, James et autres, préc., § 61 : 8 juill. 1986, Lithgow et autres, préc., § 114.
2134. CEDH 8 juill. 1986, Lithgow et autres, préc., § 120.
2135. CEDH 21 févr. 1986, James et autres, préc., § 54.
2136. La Cour de cassation abandonnant sa théorie contestable de l'expropriation de fait (v. ss 819) et
le législateur disposant que l'annulation définitive d'une DUP ou d'un arrêté de cessibilité permet de faire
constater par le juge de l'expropriation que l'ordonnance d'expropriation est dépourvue de base légale. (v.
ss 751).
2137. Sur le problème général de la conformité du droit français de l'expropriation à la Convention
européenne des droits de l'homme, que soit d'ailleurs en cause le droit au respect des biens ou le droit à un
procès équitable, voir P. Bon, « Les questions posées par la Cour européenne des droits de l'homme »,
AJDI 2005. 538 ; E. Dubois, « Le droit français de l'expropriation peut-il rester longtemps
inconventionnel ? », JCP Adm. 2003, no 1721 ; R. Hostiou, « Le droit français de l'expropriation et la
Convention européenne des droits de l'homme », AJDA 2000. 290 ; R. Hostiou, « La conventionnalité du
Code de l'expropriation au regard du principe du droit à un procès équitable (Réflexions à partir du rapport
de la Cour de cassation pour l'année 2000) », RDI 2002. 175 ; R. Hostiou, « Le droit de l'expropriation au
regard du droit au procès équitable », AJDA 2003. 2123 ; R. Hostiou et J.-F. Struillou, Expropriation et
préemption, Litec, 2e éd., 2004, p. 351 s. ; M. Guyomar, « Le droit au respect des biens au sens de la
CEDH ne déstabilise pas le droit administratif des biens », AJDA 2003. 2142 ; P. Olive et E. Bon-Julien,
« Droit de l'expropriation : le temps de la réforme est venu ! », Gaz. Pal. 8-10 févr. 2004, p. 227 ; S. Papi,
« Le droit français de l'expropriation à l'épreuve de la Cour européenne des droits de l'homme », AJDI
2005. 12 ; J.-F. Struillou, Protection de la propriété privée immobilière et prérogatives de puissance
publique – Contribution à l'étude de l'évolution récente du droit français au regard des principes
dégagés par le Conseil constitutionnel et par la Cour européenne des droits de l'homme,
L'Harmattan, 1996 ; Droit administratif des biens et droits de l'homme, Les cahiers du GRIDAUH,
no 14, 2005.
2138. CEDH 19 sept. 2006, Maupas c/ France, AJDA 2007. 180, note R. Hostiou ; CEDH 4 nov.
2010, Dervaux c/ France, AJDA 2010. 2493, note R. Hostiou.
2139. CEDH 21 févr. 1997, Guillemin c/ France, vol. 29, p. 149 ; AJDA 1997. 399, note R. Hostiou ;
C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, no 28 ; CEDH 2 sept.
1998, Guillemin c/ France, vol. 89, p. 2544 ; Gaz. Pal. 1999. II. J. 487, note M. Puéchavy.
214. CE 19 juin 1964, Meneret, Lebon 905.
2140. CEDH 11 avr. 2002, Lallement c/ France, AJDA 2002. 504, chron. J.-F. Flauss ; AJDA 2002.
686, note R. Hostiou ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015,
no 28.
2141. CEDH 2 juill. 2002, Motais de Narbonne c France, AJDA 2002. 1226, note R. Hostiou ;
Études foncières 2003, no 104, p. 8, note R. Hostiou ; JCP Adm. 2003, no 1027, note F. Bouyssou ; BJDU
2002, no 6, p. 410, note E. Carpentier ; Droit et ville 2002, no 54, p. 137, art. D. Blanchard.
2142. V. la bibliographie citée plus haut.
2143. § 43 de l'arrêt du 21 févr. 1997.
2144. V. ss 630.
2145. CEDH 24 avr. 2003, Yvon c/ France, D. 2003. 2456, note R. Hostiou ; Annales des loyers
2004, no 3, p. 473, note R. Martin ; JCP Adm. 2003, no 1523, obs. R. Noguellou ; AJDI 2003. 330,
art. D. Musso ; RDI 2003. 425, art. J.-F. Struillou.
2146. CEDH 25 avr. 2006, Roux c/ France, AJDA 2006. 1441, note R. Hostiou.
2147. Sous réserve de trois dispositions transitoires qui résultent de l'article 7 de l'ordonnance no 2014-
1315 du 6 nov. 2014 et de l'article 6 du décret no 2014-1635 du 26 déc. 2014.
2148. Ordonnance du 6 nov. 2014 dont le projet de loi de ratification a été déposé au Sénat le 28 janv.
2015.
2149. P. Bon, « D'un Code de l'expropriation à l'autre », RFDA 2015. 293 ; S. Gilbert, « Réforme du
Code de l'expropriation – une codification “à droit constant” », JCP 2015, no 178 ; R. Hostiou, « Le Code
de l'expropriation pour cause d'utilité publique version 2015, un coup (presque) pour rien ? », AJDA 2015.
689 ; P. Tifine, « Le nouveau Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique : une réforme cosmétique
plutôt qu'une réforme de fond », RDI 2015. 281.
215. CE 27 mai 1964, Chervet, AJDA 1964. 620, note Laporte. À l'exception, semble-t-il, des ponts
tournants et basculants : v. J.-G. Mahinga, « La condition juridique des ponts en droit administratif », Dr.
adm. juill. 2002, p. 10.
2150. A. Bourrel, « Contribution à l'étude du principe de l'indépendance des législations en droit
administratif français », RJEP/CJEP 2005, p. 455 ; H.-C. Crucis, Les combinaisons de normes dans la
jurisprudence administrative française – Contribution à l'étude du pouvoir normatif du juge de
l'excès de pouvoir, LGDJ, 1991 ; M.-F. Delhoste, Les polices administratives spéciales et le principe
d'indépendance des législations, LGDJ, 2001 ; G. Guiavarc'h, « Le montage d'une opération immobilière :
le principe de l'indépendance des législations », AJDI 1999. 582 ; J. Kissangoula, « À propos du principe
d'indépendance des législations et des procédures dans le contentieux administratif », Revue de droit
prospectif 2004, p. 261 ; A. Laquièze, « Remarques sur une notion multiforme et fonctionnelle :
l'indépendance des législations et des procédures dans la jurisprudence administrative », Rev. adm. 1999.
150 et p. 262 ; P. Sablière, « Indépendance, complémentarité, connexité, fusion ou équivalence des
procédures administratives concernant une même opération », CJEG 1989. 145.
2151. CE 15 mars 1968, Commune de Cassis et Bodin et autres, Lebon 189 ; CJEG 1968. 318, note
M. Magnier ; CE 13 oct. 1976, Min. d'État, min. de l'aménagement du territoire, de l'équipement et des
transports c/ Tarit et Cognet, Lebon 412.
2152. CE 28 févr. 1975, Sieurs Herr et autres, Lebon 162 ; CJEG 1975. 80, concl. R. Denoix de
Saint-marc et note A. Carron ; RD publ. 1975. 1424, note J. de Soto ; RTD eur. 1975. 747, note J. Hébert.
2153. CE 10 mars 1976, Association des amis du « Home Plein Espoir », Lebon T. 947 ; CE 21 juill.
1989, Assoc. de défense c/ Astérix-Land et SCI de la grande mare, Lebon T. 729 ; D. 1990. Somm. 317,
obs. P. Bon.
2154. CE 4 mai 1979, Département de la Savoie et autres, Lebon 196 ; AJDA 1979, no 12, p. 38,
note A. Bockel ; RJ envir. 1979. 188, note P. Colson ; CJEG 1979. 118, note P. Girod ; Rev. adm. 1979.
502, note J. Lemasurier.
2155. Sur l'ensemble du problème, V. par ex. P. Louis-Lucas, « Expropriation et urbanisme », Droit et
ville 1981, no 12, p. 7. V. aussi J.-P. Lebreton, « L'urbanisme et les législations réputées indépendantes »,
AJDA 1993, numéro spécial, p. 20 ; J. Stillmunkes, Recherche sur l'application du principe de
l'indépendance des législations dans le contentieux de l'urbanisme, Thèse Orléans, 1996.
2156. CE 7 déc. 1960, Groupement des habitants de Saint-Jacques-Nord, Lebon 674 ; 12 juin 1968,
Époux Eck et société anonyme Eckfrères, ibid., p. 359 ; 12 déc. 1969, Ministre de l'Équipement et du
Logement c/ Compagnie des sablières de la Seine, ibid., tables, p. 857.
2157. CE 11 janv. 1974, Dame veuve Barbero, Lebon 22 ; AJDA 1974. 197, chron. MM Franc et
Boyon ; AJPI 1974. 430, note R. Hostiou et P. Girod ; CJEG 1974. 211, note M. Virole ; D. 1974. J. 400,
note J.-P. Gilli.
2158. S'agissant des plans d'occupation des sols (POS), ils ont été remplacés par les PLU mais, dans la
mesure où il y a encore des POS en vigueur, l'article L. 122-5 y fait référence. Il fait également référence
aux plans d'aménagement de zone (PAZ) dans les zones d'aménagement concerté (ZAC) bien qu'ils aient
été supprimés pour le futur dans la mesure où les anciens PAZ continuent à s'appliquer tant qu'ils n'ont pas
été intégrés dans un PLU. Sur la mise en compatibilité des DUP avec le schéma directeur de la région Ile
de France (SDRIF), v. C. urb., art. L. 123-22. Sur la mise en compatibilité des DUP avec les dispositions à
caractère réglementaire régissant un lotissement approuvé, v. C. urb., art L. 442-13.
2159. Pour autant, une opération faisant l'objet d'une DUP ne sera compatible avec un PLU qu'à la
double condition qu'elle ne soit pas de nature à compromettre le parti d'aménagement retenu au travers de
ce plan et qu'elle ne méconnaisse pas les dispositions du règlement de la zone du plan dans laquelle sa
réalisation est prévue : CE 27 juill. 2015, Département du Gard : RDI 2015. 493, note P. Soler-Couteaux.
216. Par ex. Civ. 30 avr. 1889, D. 1889. I. 373 ; 14 févr. 1900, D. 1900. I. 593. TA Bordeaux, 23 mars
1989 Société Lyonnaise des Eaux, Gaz. Pal. 1990. 10 août (ruisseau canalisé collectant les eaux
pluviales).
2160. Sauf, dans le passé et sur le fondement de l'ancien article R. 311-33 du Code de l'urbanisme,
lorsque la DUP était incompatible avec le PAZ (aujourd'hui supprimé). Sur l'ensemble du problème, voir
P. Bon, « Acquisitions et cessions des terrains dans les ZAC – Aspects liés au droit de l'expropriation »,
Droit et ville 1993, no 36, p. 255.
2161. CE 10 mars 1976, Valentini, Lebon T. 947 ; 14 mars 1979, Denu, Droit et ville 1979, no 8,
p. 244, note F. Bouyssou ; 28 oct. 1987, Association pour la défense des sites et paysages, Lebon 327 ;
AJDA 1988. 298, obs. X. Prétot ; D. 1990. Somm. 20, obs. P. Bon.
2162. CE 28 oct. 1987, Association pour la défense des sites et paysages, préc.
2163. CE 8 mars 1974, Consorts Challe, Lebon T. 1010 ; 28 oct. 1983, M me Cocaud, Lebon 435 ;
AJDA 1984. 173, concl. O. Dutheillet de Lamothe ; D. 1984. IR 128, obs. H. Charles ; D. 1984. IR 454,
obs. P. Bon.
2164. CE 19 févr. 1982, Ville d'Aix-en-Provence, Lebon T. 783 ; D. 1982. IR 350, obs. P. Bon :
« cette formalité (prévue par l'article 13 de la loi du 2 mai 1930) n'ayant pas été respectée, l'arrêté
préfectoral du 28 déc. 1971 (portant DUP) est irrégulier en tant qu'il concerne la partie de la zone
comprenant le site classé dont il s'agit ».
2165. Quelques questions demeurent toutefois en suspend. Les dispositions précitées exigent qu'il ne
puisse y avoir d'enquête préalable sans que l'autorité administrative ait été appelé à présenter ses
observations. Cela veut dire que l'avis de l'autorité administrative doit être demandé avant l'ouverture de
l'enquête. Mais doit-il avoir été donné avant cette ouverture ? La réponse nous semble négative, cet avis
n'étant pas, en l'état actuel des textes, destiné au public (c'est pourquoi aucun texte n'impose qu'il soit inséré
dans le dossier soumis à enquête publique) mais seulement à l'autorité compétente pour prendre la DUP
Doit-il, en revanche, être donné avant la DUP ? Pour certains, la réponse est, ici encore, négative (V. par
ex. M. Sanson, concl. sur CE 3 mars 1993, Commune de Saint-Germain-en-Laye et autres, CJEG 1993.
367). Mais cette analyse a été contestée (V. par ex. P. Bon, observations précitées sur CE 3 mars 1993,
Commune de Saint-Germain-en-Laye et autres, préc., D. 1994. Somm. 270).
2166. CE 15 févr. 1981, Association pour la protection de l'eau et des ressources naturelles du
bassin inférieur dit Doubs et autres, Lebon 88 ; RJ envir. 1981. 270, concl. Y. Robi-neau ; D. 1981.
IR 327, obs. P. Bon.
2167. CE 21 oct. 1970, Mansillon, Lebon 608 ; 9 juill. 1982, ministre de l'Industrie et autre c/ Comité
départemental de défense contre les couloirs de ligne à très haute tension et autres, ibid., p. 277.
2168. CE 26 juin 1974, Consorts Gaubert et époux Margail, Lebon 374.
2169. CE 13 févr. 1981, Association pour la protection de l'eau et des ressources naturelles du
bassin inférieur du Doubs et autres, préc. ; 9 juill. 1982, ministre de l'Industrie et autre c/ Comité
départemental de défense contre les couloirs de ligne à très haute tension et autres, préc. ; 3 mars
1993, Commune de Saint-germain-en-Laye et autres, préc.
217. CE 16 nov. 1962, Ville de Grenoble, AJDA 1963. II. 13395, note Dufau. V. égal. CAA Lyon
24 oct. 1995, Cne de Saint-Ours-des-Roches, RDI 1996. 356, note J.-B. Auby et Ch. Maugüé. V. ss 42.
2170. P. Louis Lucas, art. cit., p. 34.
2171. CE 4 mars 1991, M me Palanque, Lebon T. 976 ; D. 1992. Somm. 379, obs. P. Bon ; 3 déc.
1993, Commune de Villeneuve-sur-Lot, Lebon 344 ; CJEG 1994. 139, concl. J. Arrighi de Casanova ;
D. 1994. J. 295, note G.J. Gugliemi ; D. 1994. Somm. 274, obs. P. Bon ; 29 déc. 1993, Ville de Royan,
Lebon T. 820 ; CE 16 janv. 1998, Syndicat intercommunal à vocation multiple du Canton d'Accous,
Lebon T. 964. Toutefois, il convient de noter qu'il n'y pas que le Code de l'expropriation pour cause d'utilité
publique qui prévoit l'existence de DUP. D'autres dispositions habilitent également l'administration à
déclarer d'utilité publique telle ou telle opération sans que, ici, il y ait forcément dépossession. L'un des
exemples les plus connus concerne les ouvrages de distribution d'électricité ou de gaz qui n'impliquent pas
le recours à la procédure d'expropriation car ils ne nécessitent que l'institution de servitudes
administratives ; néanmoins, ils doivent être déclarés d'utilité publique, en vue justement de l'institution de la
servitude, par application du décret no 70-492 du 11 juin 1970 modifié pris pour l'application de la loi du
8 avril 1946 sur la nationalisation de l'électricité. De même, par application des articles L. 133-3 et suivants
du Code forestier, certains travaux effectués sur des propriétés privées dans certains massifs forestiers
doivent être déclarés d'utilité publique alors même qu'ils ne s'accompagnent d'aucune dépossession. Plus
récemment, l'article 27 de la loi no 86-2 du 3 janv. 1986 relative au littoral (maintenant article L. 2124-2 du
CGPPP auquel renvoie l'article L. 321-6 du Code de l'environnement) pose le principe que, en dehors des
zones portuaires et industrialo-portuaires il ne peut être porté atteinte à l'état naturel du rivage de la mer
« sauf pour des ouvrages ou installations liés à l'exercice d'un service public ou l'exécution d'un travail
public dont la localisation au bord de mer s'impose pour des raisons topographiques ou techniques
impératives et qui ont donné lieu à une déclaration d'utilité publique ». Mais, à défaut de dispositions de ce
type, il ne peut y avoir de DUP qu'au cas de dépossession et dans le respect des dispositions du Code de
l'expropriation.
2172. Sur l'ensemble du problème, v. F. Priet, « Expropriation et mécanismes voisins », JCP Adm. 2011,
no 2071.
2173. Par ex. réquisition du personnel en grève ou collaborateurs requis de la police municipale.
2174. V. par ex. l'article L. 2213-3 du Code de la défense (article 2 de l'ordonnance précitée du 6 janv.
1959) selon lequel peut notamment être requis « la propriété ou l'usage de tous les biens à l'exception de la
propriété des immeubles par nature dont l'acquisition ne peut être réalisée que par voie de cession amiable
ou d'expropriation ».
2175. CE 4 juill. 1947, Consorts Navello, Lebon 299, à propos d'une réquisition destinée à
l'établissement d'un aérodrome ; 21 déc. 1947, Sieur Carpon, ibid., p. 474, à propos d'une réquisition
destinée à la construction de « maisons d'État ».
2176. Cons. const. 16 janv. 1982, Rec. Cons. const. 18 ; P. Gaïa et autres, Les grandes décisions du
Conseil constitutionnel, Dalloz, 2013, 17e éd., p. 366.
2177. C'est ce qui explique d'ailleurs que le juge soit très réticent à l'égard des expropriations affectant
un immeuble qui est le siège d'une entreprise. Dans la mesure où l'expropriation provoque le plus souvent la
cessation de l'activité en question, ce qui est difficilement admissible en période de crise économique, le
juge sera tenté de conclure à l'absence d'utilité publique : CE 4 mars 1983, Falchetto et autres, Lebon
T. 753 ; D. 1984. IR 193, obs. P. Bon ; 27 mai 1987, Ville de Villeneuve-Tolosane, Lebon T. 770 ;
D. 1990. Somm. 20, obs. P. Bon.
2178. CE 3 juin 1949, de Rotschild, Lebon 263.
2179. C. Lavialle, « La condition juridique de l'espace aérien français », RFDA 1986. 848, spécialement
p. 849-851, Contra J. Ferbos, « L'expropriation de l'espace aérien », AJPI 1975. 944.
218. Par ex. lorsque les eaux d'un lavoir sortent de celui-ci, CE 13 févr. 1953, Susini, Lebon 67.
2180. Sous-sol, cf. J.-F. Le Petit, « L'expropriation du tréfonds parisien », Gaz. Pal. 1972. 2.
Doctr. 691.
2181. TGI Seine, chambre des expropriations, 19 janv. 1966, JCP 1967. 11.15069, note A. Homont ;
CE 17 déc. 1971, Vericel et autres, Lebon 782 ; AJDA 1972. 97, chron. MM. Labetoulle et Cabanes.
2182. V. a contrario, T. confl. 17 oct. 1966, Époux Lebas-Queru c/ Association syndicale des
propriétaires de l'esplanade de Riva-Bella à Ouistreham, AJDA 1967. II. 290 ; CE 28 juin 1972,
Syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable de la région de Lagny c/ Sieur Gallois,
Lebon 495.
2183. CE 29 juill. 1994, M me Hannouz, Lebon T. 983 ; AJPI 1995. 317, obs. C.M. ; D. 1995.
Somm. 384, obs. P. Bon.
2184. Cf. A. Bernard, « L'expropriation d'un immeuble en copropriété », AJDI 2000. 193 ; P. Biasca,
« Expropriation et copropriété », Gaz. Pal. 1976. 1. Doctr. 81.
2185. CE 18 janv. 1963, Sieur Truffaut et autres, Lebon 32 ; Civ. 3e, 31 janv. 2007, JCP N 2007, act.
no 218. Voir également Civ. 3e, 31 janv. 2007, Soc. MRS Maia, Bull. civ. III, no 14 : un lot de
copropriété étant constitué d'une partie privative et d'une quote-part de parties communes, le juge de
l'expropriation ne peut pas prononcer l'expropriation d'un lot de copropriété à l'exception des parties
communes.
2186. CE 18 janv. 1963, Sieur Truffaut et autres, préc.
2187. R. Hostiou, « Déclaration d'utilité publique et théorie de la domanialité », Annuaire français du
droit de l'urbanisme et de l'habitat 1999, p. 85 ; P. Yolka, « L'expropriation des collectivités territoriales »,
JCP Adm. 2008, no 2028.
2188. On n'évoquera ici que les immeubles appartenant à des personnes publiques françaises.
S'agissant des immeubles appartenant à des personnes publiques étrangères, on indiquera simplement que
les immeubles qui constituent le siège de l'ambassade en France d'un État étranger ne peuvent être
expropriés, ces immeubles étant en effet, par la fiction de l'exterritorialité, réputés construits en pays
étranger. Pour la même raison. il n'est pas non plus possible d'exproprier les immeubles qui sont le siège
d'une organisation internationale.
2189. CE 6 août 1910, de Maraumont, Lebon 718 ; 27 nov. 1970, Bizière, ibid., tables, p. 1070 ;
D. 1972. J. 25, note J.-P. Taugourdeau ; 8 août 1990, Ministre de l'Urbanisme, du Logement et des
Transports c/ Ville de Paris, Lebon 247 ; CJEG 1991. 15, concl. P. Frydman, note P. Sablière ; AJDA
1990. 909, obs. G. Teboul ; JCP 1991. II. 21604, obs. A. Bernard ; CAA Nancy, 29 sept. 2005, Syndicat
intercommunal des eaux de Piennes, AJDI 2006. 212, obs. R. Hostiou. L'arrêt Bizière est
particulièrement intéressant puisqu'il admet qu'une voie ferrée désaffectée faisant partie du domaine privé
de l'État puisse être expropriée afin de permettre à une commune d'aménager sur son emprise un chemin
rural, l'aménagement du chemin rural présentant un caractère d'utilité publique nonobstant le fait qu'il fasse
partie, sur le fondement de l'article L. 161-1 du Code de la voirie routière, du domaine privé de la
commune.
219. Par ex. CE 16 nov. 1962, Ville de Grenoble, préc.
2190. CE 9 nov. 1979, Ministre de l'Agriculture et Société d'aménagement de la côte de Monts c/
Association pour la défense de l'environnement en Vendée et autres, Lebon 406 ; AJDA 1980. 362,
concl. D. Labetoulle ; Rev. adm. 1980. 274, note J. Lemasurier ; D. 1980. IR 354, obs. P. Bon ; avant
dernier alinéa de l'article L. 3211-5 du CGPPP dérogeant à la règle posée par son premier alinéa et
renvoyant à l'article L. 222-4 du Code de l'expropriation.
2191. Civ. 20 déc. 1897, Chemin de fer d'Orléans et État c/ Ville de Paris, D. 1899. 1.257,
note L. S. ; 29 oct. 1900, Chemin de fer du Nord et Commune de Loos, DP 1901.1.183 ; 11 mai 1909,
Chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée c/ Ville de Valence, S. 1910.1.151 ; 18 janv. 1916, Chemin
de fer du Midi c/ Compagnie des chemins de fer à voie étroite et tramways à vapeur du Tarn,
D. 1916. 1.178.
2192. CE 21 nov. 1884, Conseil de fabrique de l'église Saint-Nicolas-des-champs, Lebon 804 ;
D. 1886. 3.49, concl. M. Marguerie ; 2 juill. 1930, Kersaho, Lebon 679.
2193. Cf. son rapport sur le droit des propriétés publiques adopté en juin 1986, EDCE 1987, no 37,
p. 17 ; RDI 1987. 317.
2194. CE 22 déc. 1976, Consorts Roux et Pelenc, Lebon T. 950.
2195. CE 6 juill. 1973, Michelin et Veyret, Lebon 481 ; AJDA 1973. 587, chron. MM. Franc et Boyon ;
D. 1974. 370, note A. Homont, a contrario : illégalité d'une DUP signée du seul ministre de l'Agriculture,
celui-ci étant incompétent pour se prononcer sur l'affectation d'un terrain visé par cette déclaration qui était
affecté au ministère des Armées et dont l'exclusion ôterait à l'opération contestée son caractère d'utilité
publique.
2196. D. Capitant, « Les mutations domaniales et les superspositions d'affectation », Réflexions sur le
Code général de la propriété des personnes publiques (sous la direction de S. Guérard), Litec, 2007,
p. 33 ; B. Tardivel, « L'indépassable théorie des mutations domaniales », AJDA 2003. 1209 ; A. Vidal-
Naquet, « L'irréductible théorie des mutations domaniales », RFDA 2005. 1106.
2197. Quant à l'article L. 132-4, il précise que, « en cas de désaccord entre le bénéficiaire de cet acte
et la personne propriétaire, le juge de l'expropriation fixe les modalités de répartition des charges de gestion
entre ces personnes ainsi que la répartition du préjudice éventuellement subi par le propriétaire ».
2198. CE 13 janv. 1984, Commune de Thiais, Lebon 6 ; D. 1984.J.605, note P. Bon.
2199. Le Conseil d'État a en effet jugé que le fait que l'article L. 11-8 du Code de l'expropriation
(aujourd'hui article L. 132-3) dispose dorénavant que l'arrêté de cessibilité emporte transfert de gestion n'a
pas eu ni pour objet ni pour effet de priver le Premier ministre ou les ministres intéressés du pouvoir qu'ils
tiennent des principes généraux qui régissent le domaine public de décider pour un motif d'intérêt général de
procéder à un changement d'affectation d'une dépendance du domaine public d'une collectivité territoriale
et de remettre par suite sans formalité cette dépendance à la collectivité publique chargée de la
conservation du domaine correspondant à sa nouvelle affectation (CE 23 juin 2004, Commune de Proville,
Lebon 259 ; RJEP/CJEG 2005, p. 75, concl. M. Guyomard ; BJCL 2005. 103, concl. M. Guyomard et obs.
S. Ferrari ; AJDA 2004. 2148, chron. C. Landais et F. Lenica ; AJDI 2005. 228, obs. R. Hostiou).
22. V., S. Flogaïtis, Les contrats administratifs, préc., p. 218.
220. V., Req. 22 oct. 1930, DH 1930.522.
2200. L'utilité publique aujourd'hui, La documentation française, 1999, p. 69.
2201. V. à ce sujet C. Maugüé et G. Bachelier, « Génèse et présentation du Code général des
personnes publiques », AJDA 2006. 1079-1080.
2202. CE 3 déc. 1993, Ville de Paris c/ Parent et autres, Lebon 340 ; RFDA 1994. 583, concl. J.-
C. Bonichot ; D. 1994. Somm. 274, obs. P. Bon : est illégal un arrêté préfectoral portant déclaration d'utilité
publique et autorisant une commune à acquérir notamment des terrains faisant partie du domaine public
ferroviaire propriété de l'État dès lors que ces terrains n'ont pas été déclassés par le ministre chargé des
transports. V. égal. CE 19 déc. 2007, Commune de Mercy-le-Bas, Lebon T. 841 ; RDI 2008. 100, obs.
N. Foulquier.
2203. Mais non les autorisations d'occupation du domaine public qui ne constituent en rien des droits
réels immobiliers. En conséquence, si l'autorité chargée de la gestion et de la conservation du domaine peut,
si elle s'y croit fondée, retirer des autorisations en cours, elle ne saurait utiliser la procédure de
l'expropriation pour les disparaître : CE 4 mars 1991, M me Palanque, préc.
2204. G. Baudry, L'expropriation pour cause d'utilité publique, 3e éd. revue et commentée par
MM. Rousselet, Patin et Ancel, Sirey 1953, p. 11.
2205. CE 27 mars 1987, M elle Raphael, Lebon T. 771 ; D. 1990. Somm. 24, obs. P. Bon ; 20 janv.
1988, Bouvard, Lebon T. 83l ; D. 1990. Somm. 24, obs. P. Bon.
2206. Com. 17 mai 1960, Veuve Chifflet c/ Commune de Lamastre et autre, Bull. civ. III, no 182,
p. 169 ; RD publ. 1961. 316, note M. Waline.
2207. CE 22 avr. 1988, Société civile particulière de la montagne de Blaitières, Lebon 155 ;
D. 1990. Somm. 24, obs. P. Bon : la loi du 8 juill. 1941 dispose que la déclaration d'utilité publique d'un
téléphérique confère à l'exploitant un droit à l'établissement d'une servitude de libre survol au-dessus des
terrains privés non bâtis et non clos à partir d'une hauteur de 50 mètres au-dessus du niveau du sol ; une
déclaration d'utilité publique qui confère à l'exploitant une servitude de survol à une hauteur supérieure à
50 mètres est légale ; elle est illégale si elle lui confère ladite servitude à une hauteur inférieure à
50 mètres.
2208. Décret-loi du 30 oct. 1955 ; loi du 2 janv. 1968 ; aujourd'hui, art. L. 613-20 du Code de la
propriété intellectuelle ; R. Plaisant, « La loi sur les brevets d'invention et ses textes d'application ».
D. 1969. Chron. 199.
2209. CE 10 mars 1939, Sté des Éts E. Brandt, Lebon 155.
221. André de Laubadère, « Réflexion d'un publiciste sur la propriété du dessus », Mélanges
G. Marty, 1979. 762.
2210. V. maintenant l'art. L. 532-11 du Code du patrimoine.
2211. Du moins du domaine public affecté à l'usage de tous comme par exemple la voirie à laquelle on
pense essentiellement. S'agissant du domaine public affecté aux services publics, la doctrine est partagée et
la jurisprudence incertaine.
2212. CE 20 déc. 1938, D. 1939. III. 15.
2213. P.-L. Josse, Travaux publics, Expropriation, Sirey, 1958, p. 271.
2214. CE 4 nov. 1970, SCI « Les hériliers A. Caubrière », Lebon 646 ; AJDA 1971. 361, note
A. Homont.
2215. Non applicable à l'affaire SCI « Les héritiers A. Caubrière » qui avait trait à une expropriation
antérieure à 1967.
2216. V. par ex. l'article L. 221-1 selon lequel « l'État, les collectivités locales ou leurs groupements y
ayant vocation, les syndicats mixtes, les établissements publics mentionnés aux articles L. 321-1 et L. 324-1
et les grands ports maritimes sont habilités à acquérir des immeubles, au besoin par voie d'expropriation,
pour constituer des réserves foncières en vue de permettre la réalisation d'une action ou d'une opération
d'aménagement répondant aux objets définis à l'article L. 300-1 ».
2217. Avis de la section des travaux publics, no 355785 du 8 mars 1994, EDCE 1994, no 94, p. 402.
2218. Article 11 de la loi no 95-101 du 2 févr. 1995 relative au renforcement de la protection de
l'environnement ; aujourd'hui, article L. 561-1 du Code de l'environnement. Par la suite, l'article 5 de la loi
no 2003-699 du 30 juiillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la
prévention des dommages (aujourd'hui, article L. 515-16 III. du Code de l'environnement) a permis
également l'expropriation des immeubles et droits réels immobiliers situés dans certaines secteurs délimités
par les plans de prévention des risques technologiques et exposés à des risques importants d'accidents à
cinétique rapide présentant un danger très grave pour la vie humaine.
2219. Une expropriation peut ainsi être légale alors même que les biens expropriés sont destinés à
devenir des dépendances du domaine privé (CE 27 nov. 1970, Bizière, préc.) ou des propriétés privées (v.
ss 670).
222. M. Waline, Droit administratif, 8e éd., no 1524.
2220. Il en va ainsi par exemple lorsque le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres
exproprie des terrains situés en bordure du littoral sans y réaliser des travaux publics à la seule fin d'en
assurer la conservation en l'état naturel et de faciliter l'accès du public au littoral : CE 24 juill. 1981, SA
« L'immobilière de l'étang de Berre et de la Méditerranée », Poudou et autres, req. no 15144 et 15129,
cité par B. Poujade in « Le contentieux du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres », LPA
du 6 nov. 1987, p. 11.
2221. CE 10 janv. 1958, Bô et autres, Lebon T. 918 : légalité d'une expropriation destinée à la
construction d'un hippodrome à Cagnes-sur-mer. Il est plus que douteux que l'hippodrome corresponde à un
service public mais l'opération est reconnue d'utilité publique car elle a pour but de contribuer au
développement économique et touristique des communes de Nice et de Cagnes.
2222. Cf. par ex. l'arrêt Bô précédemment évoqué. Cf. aussi, parmi bien d'autres, CE 12 avr. 1967,
Société nouvelle des entreprises d'hôtels et autres, Lebon 154 ; JCP 1968. II. 15606, note A. Homont :
légalité d'une expropriation destinée à la construction d'un hôtel – l'hôtel Méridien – et d'un casino – le
casino Ruhl – à raison de l'intérêt général qu'il y a, d'une part, à maintenir la capacité hôtelière de la ville de
Nice dans la catégorie des établissements de luxe et, d'autre part (motivation plus classique), à permettre le
transfert du casino sur l'emplacement duquel doit être construit le nouvel hôtel de ville.
2223. On pourra consulter à ce propos les tables du Recueil des décisions du Conseil d'État à la
rubrique « Expropriation pour cause d'utilité publique – Notions générales – Notion d'utilité publique –
Existence ».
2224. Comparer par ex., en matière d'expropriation destinée à désenclaver une propriété, CE 4 oct.
1974, Grimaldi et autres, Lebon 465 et 21 nov. 1990, Labit et époux Lassalle-Carrère, ibid., p. 333 ;
D. 1991. Somm. 400, obs. P. Bon.
2225. C.-S. Marchiani, Le monopole de l'État sur l'expropriation, LGDJ, 2008.
2226. En revanche, s'agissant des anciens territoires d'outre mer que sont la Polynésie Française ou la
Nouvelle-Calédonie, la déclaration d'utilité publique et l'arrêté de cessibilité peuvent relever d'autres
autorités que les autorités de l'État, organe désigné par l'assemblée délibérante de la collectivité territoriale
de Nouvelle-Calédonie concernée par l'expropriation ou conseil des ministres de la Polynésie française. Par
exemple, en Polynésie française et en application de l'article 21 de la loi no 93-1 du 4 janvier 1993, si
l'expropriation est poursuivie pour le compte de l'État, l'utilité publique est certes déclarée par arrêté du
représentant de l'État dans le territoire mais si elle est poursuivie pour le compte du territoire, de ses
établissements publics et des sociétés d'économie mixte dans lesquelles le territoire participe, elle est
déclarée par arrêté en conseil des ministres du territoire.
2227. Voir par exemple le rapport précité du Conseil d'État, L'utilité publique aujourd'hui, pp. 57-58.
La jurisprudence constante du Conseil constitutionnel faisant obstacle à ce que les conditions essentielles de
mise en œuvre des libertés publiques dépendent des décisions des collectivités locales et puissent ne pas
être les mêmes sur l'ensemble du territoire, il serait possible d'en déduire que la protection particulière dont
doit bénéficier le droit de propriété s'oppose à ce que la mise en œuvre des garanties que la Constitution lui
reconnaît puisse différer d'une partie du territoire à l'autre, ce qui impliquerait que seul l'État puisse
contraindre un propriétaire à céder son bien.
2228. Outre que l'argument pourrait également s'appliquer au droit de l'urbanisme qui est aussi
susceptible de porter à la propriété privée de sérieuses atteintes, on relèvera que, si effectivement la
jurisprudence du Conseil constitutionnel impose que le juge judiciaire, c'est-à-dire une autorité de l'État,
dispose d'attributions importantes en matière de protection de la propriété immobilière (v. ss 630), il est
douteux qu'il résulte de sa jurisprudence l'obligation pour l'État de diligenter tous les actes de la phase
administrative.
2229. V. dans ce sens J.-C. Hélin et R. Hostiou, « Participation, décentralisation et déconcentration :
une nouvelle donne en matière de grands projets », AJDA 2002. 298-299.
223. CE 6 févr. 1948, Sté Radio Atlantique, RD publ. 1948-244, concl. Chenot.
2230. Sur l'ensemble du problème, cf. Y. Jégouzo, « Le contrôle de l'utilité publique par l'autorité
administrative et par le juge judiciaire », LPA du 20 juill. 1992, p. 17.
2231. C'est là une solution différente de celle retenue dans l'hypothèse inverse ou le préfet prend
effectivement l'arrêté ouvrant I'enquête. Un tel arrêté est en effet, comme on le verra, considéré, par la
jurisprudence comme une simple mesure préparatoire insusceptible de faire l'objet d'un recours pour excès
de pouvoir, sa légalité ne pouvant être qu'ultérieurement mise en cause à l'occasion d'un recours pour excès
de pouvoir contre la déclaration d'utilité publique. Une telle différence de régime est parfaitement logique
puisque la décision de refus n'est suivie, et pour cause, d'aucun acte ultérieur. D'une manière générale
d'ailleurs, les refus peuvent être considérés comme des décisions faisant grief alors même que la mesure
positive correspondante n'est pas considérée comme une décision.
2232. CE 7 mars 1979, Commune de Vestric-et-Candiac, Lebon 102 ; D. 1979. IR 513, obs. P. Bon.
2233. CE 4 mai 1984, ministre d'État, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation c/ Commune
des Aubiers, Lebon T. 646 ; Gaz. Pal. 1984. 2. Somm. 410, note F. Moderne ; RFDA 1984, no 0, p. 66,
obs. A. A. ; D. 1985. IR 411, obs. P. Bon.
2234. CE 4 juin 1954, Commune de Thérouanne, Lebon 359 ; 13 oct. 1976, ministre de l'Intérieur c/
Boucher, RD publ. 1977. 1049, note J.-M. Auby.
2235. C. expr., art. L. 121-3.
2236. CE 20 mars 1991, Commune du Port, Lebon 95 ; AJDA 1991. 651, obs. G. Teboul ; D. 1992.
Somm. 382, obs. P. Bon.
2237. CE 14 janv. 1998, Département de la Vendée, Lebon 968 ; AJDA 1998. 537, obs. R. Hostiou ;
confirmation de TA de Nantes, 14 mars 1991, Département de la Vendée, Lebon T. 979 ; Rev. jur. de
l'ouest 1991, p. 540, chron. R. Hostiou.
2238. CE 4 juin 1954, Commune de Thérouanne, Lebon 339.
2239. CE 1er avr. 1977, Dame Grignard, Lebon 174 ; AJPI 1977. 819, concl. M. Galabert ; AJDA
1977. 360, chron. M. Nauwelaers et L. Fabius.
224. V., Roland Drago, « Nature juridique de l'espace hertzien », in Aspects du droit privé à la fin du
XXe siècle, 1986, p. 365 ; Christian Lavialle, « La condition juridique de l'espace aérien », RFDA 1986. 848.
2240. CE 27 oct. 1948, Commune de Livry-Gargan, Lebon 391, à propos d'un cimetière ; 28 juin
1950, Commune de Choignes et société immobilière de la Croix, ibid., p. 392, à propos d'un cimetière ;
10 févr. 1954, Miot, ibid., tables, p. 808, à propos d'une école de plein air ; 6 mars 1981, Association de
défense des habitants du quartier de Chèvre-morte et autres, ibid., p. 125 ; Rev. adm. 1981. 600, concl.
D. Labetoulle ; AJDA 1981. 250, chron. M.-A. Feffer et M. Pinault ; RD publ. 1981. 1695, note J.-
M. Auby ; D. 1981. IR 281, obs. P. Delvolvé ; D. 1981. IR 535, obs. P. Bon, à propos d'une voie
communale.
2241. Mais non celle qui décide, par ex., la création d'un cimetière sans pour autant demander le
déclenchement d'une expropriation afin de permettre la réalisation d'une telle opération : CE 23 déc. 1988,
Association de la qualité de la vie, de la nature, de l'environnement et de l'éducation du secteur nord
des Bouches-du-Rhône et Villemon, Lebon 462 ; CJEG 1989. 273, concl. C. de la Verpillière et note
P. Sablière ; RFDA 1990. 27, concl. C. de la Verpillère ; D. 1990. Somm. 13, obs. P. Bon.
2242. CE 21 févr. 1986, Gilles, Lebon 42 ; 22 mai 1987, Tete, ibid., p. 179 ; AJDA 1987. 664, concl.
C. Vigouroux ; 25 nov. 1988, Commune de Plessis-Feu-Aussous c/ Époux Pérez, AJDA 1989. 191, obs.
J.-B. Auby.
2243. CE 15 avr. 1996, Syndicat CGT des hospitaliers de Bédarieux, Lebon 130 ; RFDA 1996.
1169, concl. J.-D. Combrexelle ; AJDA 1996. 366, chron. J.-H. Stahl et D. Chauvaux.
2244. V. par ex. CE 24 oct. 1979, Desquerré, Lebon T. 761 ; 25 juill. 1980, M me Courtet, req.
no 12021 ; 15 mai 1981, Virey et autres, Lebon 223 ; D. 1981. IR 536, obs. P. Bon ; 27 mars 1987,
M elle Raphaël, Lebon T. 774 ; D. 1990. Somm. 23, obs. P. Bon ; 20 janv. 1988, de Bouvier de Cachard,
Quotidien juridique des 24 et 26 mai 1988, p. 3, note R. Romi et E. Tête.
2245. V. par ex. les lois des 21 juin 1865 et 22 déc. 1888 attribuant aux associations syndicales la
qualité d'expropriant.
2246. Avis du 4 juin 1946 de la section sociale et de la section des travaux publics réunies à propos de
la Caisse nationale de sécurité sociale ; avis du 18 janv. 1949 de la section des travaux publics à propos des
Houillères de bassin.
2247. CE 17 mars 1972, Ministre de la Santé publique et de la Sécurité sociale c/ Sieur Levesque,
Lebon 230 ; RD publ. 1972. 705, concl. A. Bernard ; D. 1972. 722, note A. Homont ; AJDA 1973. 329,
note A. Heymann. La solution était d'ailleurs déjà implicite dans des arrêts antérieurs : V. par ex. CE
27 oct. 1948, Cazaubon, Lebon 394 ou 27 avr. 1933, Lepage, ibid., p. 197.
2248. V. C. éduc., art. L. 212-1.
2249. CE 15 mai 1959, Veuve Duchemin, Lebon 311. Cet arrêt concerne, à vrai dire, une hypothèse où
l'expropriant était la commune et où la caisse des écoles était seulement le bénéficiaire de l'expropriation.
Mais la solution dégagée par le Conseil d'État joue évidemment a fortiori si la caisse des écoles avait été,
elle-même, l'expropriant.
225. Décision no 2000-442 DC, 28 déc. 2000, Loi de finances pour 2001.
2250. Loi du 21 avr. 1810, article 44. V. maintenant C. minier, art. L. 153-14 qui attribue la qualité
d'expropriant à tout détenteur d'un titre minier.
2251. Loi du 15 juin 1906, article 12.
2252. Loi du 16 oct. 1919, article 5.
2253. Décret-loi du 8 août 1935, article 56.
2254. Code de l'urbanisme, article L. 300-4 : le concessionnaire d'une opération d'aménagement peut
être chargé par le concédant d'acquérir les biens nécessaires à la réalisation de l'opération y compris, le cas
échéant, par la voie de l'expropriation.
2255. Loi du 23 déc. 1972, article 6. V. par ex. CE 4 mai 1979, Département de la Savoie et autres,
Lebon 196 ; AJDA 1979, no 12, p. 38, note A. Bockel ; RJ envir. 1979. 188, note J.-P. Colson ; CJEG
1979. 118, note P. Girod.
2256. CE 17 janv. 1973, Ancelle et autres, Lebon 38 ; AJDA 1973. 130, chron. MM. Cabanes et
Leger. Le litige concernait une expropriation poursuivie directement par une Caisse régionale de sécurité
sociale qui, à la différence de la Caisse nationale, n'est pas un établissement public mais une personne de
droit privé. À l'initiative de son Commissaire du gouvernement, le Conseil d'État a soulevé d'office la
question préliminaire de savoir si la Caisse régionale pouvait avoir la qualité d'expropriant puisqu'il s'agissait
d'une question relative au champ d'application de la loi. Il a conclu implicitement par l'affirmative (puisqu'il a
examiné – et rejeté – les moyens articulés par le requérant), confirmant ainsi un avis du 13 janv. 1953 de
ses sections sociale et des travaux publics réunies et suivant en cela son Commissaire du gouvernement
(les sections et le Commissaire du gouvernement estimant que, du moment que la Caisse était chargée
d'une mission de service public, elle pouvait poursuivre directement l'expropriation des terrains nécessaires
à sa mission). Dégagée à propos des Caisses régionales de sécurité sociale, cette décision nous semble
avoir une portée générale et concerner toutes les personnes privées gérant un service public.
2257. CE 30 déc. 2013, Sté immobilière d'économie mixte de la ville de Paris et ville de Paris,
Lebon 340 ; RJEP juin 2014, p. 22, concl. A. Lallet ; RDI 2014. 156, note R. Hostiou ; AJDA 2014. 2189,
note D. Costa ; JCP A 2014, no 2245, note E. Langelier.
2258. Étant entendu que, en l'absence de précision donnée dans la DUP sur le bénéficiaire de
l'expropriation, il convient de considérer qu'il s'agit de l'État (CE 23 févr. 1977, Fédération des organismes
de défense du bassin de Naussac, Lebon T. 859 ; 10 mai 1985, Chambre de commerce et d'industrie
d'Annecy et de la Haute-Savoie, ibid., tables, p. 659 ; RFDA 1986. 61, note B. Pacteau ; Quotidien
juridique 31 mai 1986, no 62, p. 2, chron. H. Moussa ; D. 1986. IR 409, obs. P. Bon). Étant entendu
également que, si l'arrêté ouvrant l'enquête précise que le bénéficiaire d'une expropriation est une
commune, il est possible à la DUP d'indiquer comme bénéficiaire un concessionnaire (CE 17 févr. 1967,
Ville de Cherbourg et société d'économie mixte immobilière de la ville de Cherbourg, Lebon 77 ;
22 mars 1978, Groupement foncier agricole des Cinq ponts, ibid., tables, p. 843), fût-il non encore
désigné (CE 30 nov. 1966, Ministre de la Construction c/ Société d'études et de constructions
immobilières et d'expansion industrielle de la Haute-Savoie, Lebon 632).
2259. CE 20 déc. 1935, Établissement Vezia, Lebon 1212 ; RD publ. 1936. 119, concl.
M. Latournerie.
226. J.-Ph. Brouant, « L'usage des fréquences de communication audiovisuelle et la domanialité
publique », AJDA 1997. 215, D.Truchet et B. Delcros, « Controverse : les ondes appartiennent-elles au
domaine public ? », RFDA 1998. 251.
2260. CE 13 mai 1938, Caisse primaire « Aide et protection », Lebon 417 ; D. 1939. 3.65, concl.
R. Latournerie, note M. Pépy ; RD publ. 1938. 830, concl. R. Latournerie ; M. Long, P. Weil, G. Braibant,
P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, Dalloz, 20e éd., 2015, no 48.
2261. V. par ex. CE 14 janv. 1955, Gissinger, Lebon 24 (locaux destinés à être mis à la disposition
d'une bourse du travail) ou 6 juill. 1956, Giraud et de Brettes de Boyer d'Équilles, ibid., tables, p. 680
(terrains destinés à la création d'une usine privée d'hydravions devant assurer le service des lignes
aériennes transcontinentales).
2262. Qui constitue un acte administratif dont il appartient à la juridiction administrative de connaître :
CE 21 déc. 1973, SCI « Île Saint-Pierre », Lebon 740.
2263. Articles L. 422-1 et L. 422-2.
2264. Articles L. 411-2 et R. 411-2. Ces annexes résultent du décret no 55-216 du 3 février 1955 qui
distinguait cinq hypothèses en fonction de l'opération faisant l'objet de la cession et, pour chacune d'entre
elles, indiquait les clauses types devant figurer dans le cahier des charges joint à l'acte de cession
correspondant : le bénéficiaire de la cession du terrain est une collectivité publique ou un établissement
public (annexe 1) ; le terrain cédé est destiné à la construction d'un seul bâtiment à usage d'habitation
lorsque le cessionnaire n'est pas une collectivité publique ou un établissement public (annexe 2) ; le terrain
cédé est destiné à la construction d'un seul bâtiment à usage principal autre que l'habitation ou à
l'installation d'un établissement industriel ou commercial comportant un ou plusieurs bâtiments lorsque le
cessionnaire n'est pas une collectivité publique ou un établissement public (annexe 3) ; le terrain cédé est
destiné à la création d'un groupe de constructions lorsque le bénéficiaire de la cession n'est pas une
collectivité publique ou un établissement public (annexe 4) ; le terrain cédé est destiné à être loti dans un
but non lucratif par le bénéficiaire de la cession lorsque ce dernier n'est pas une collectivité publique ou un
établissement public (annexe 5). Ces annexes au décret de 1955 sont, dorénavant, des annexes à la partie
réglementaire du nouveau Code de l'expropriation.
2265. CE 28 juin 1957, Société Oribus et autres, Lebon 428.
2266. CE 13 mai 1959, Sieurs Defossez, Constancien et autres, Lebon 306.
2267. CE 25 juill. 1986, Girod de l'Ain, Lebon T. 567 ; RFDA 1986. 956, obs. D. Ruzié ; D. 1987.
Somm. 400, obs. P. Bon.
2268. CE 3 févr. 1971, Association pour la sauvegarde des sites corses, Lebon 98, à propos d'une
déclaration d'utilité publique des travaux de construction, en Corse, d'une ligne électrique reliant la
Sardaigne à l'Italie péninsulaire. V. égal., à propos de la même affaire, la note de P. Weil sous TA de Nice
17 févr. 1965, Département de la Corse, AJDA 1965. 305 et les concl. de M. Bertrand sur CE 13 juill.
1965, Département de la Corse, Lebon 469.
2269. V. par ex. R. Chapus, Droit administratif général, Montchrestien, tome 2, 15e éd., 2001, p. 703.
227. J.-Cl. Administratif, fasc. 410-10, par Ph. Juen.
2270. Si ce n'est, bien sûr, la mise en jeu de la responsabilité de la puissance publique à la condition
qu'un préjudice puisse être prouvé.
2271. Qui a la préférence du professeur Chapus.
2272. On relèvera toutefois qu'il n'en va pas de même de toutes les procédures susceptibles de porter
atteinte au droit de propriété. C'est ainsi que la procédure des réquisitions est pour le moins expéditive et
contraste de ce fait singulièrement avec la procédure d'expropriation.
2273. V. ss 620 s. et en particulier le jury d'expropriation de la loi du 7 juill. 1833 et les commissions
arbitrales d'évaluation du décret-loi du 8 août 1935.
2274. Il y a évidemment illégalité si sa demande ne contient aucune précision sur l'opération qu'il entend
réaliser par la voie de l'expropriation. Cf. TA d'Orléans, 23 juin 1992, M. Sirnon et M elle Colladant, Rev.
jur. du Centre-Ouest, no 11, janv. 1995, note C. Buron : demande de l'expropriant ne précisant pas l'objet
en vue duquel les expropriations étaient demandées : annulation de la DUP et de l'arrêté de cessibilité.
2275. Procédure qui doit concerner l'opération faisant l'objet de la demande de l'expropriant et non une
opération sensiblement différente. Cf. CE 26 oct. 1990, ministre de l'Intérieur, Lebon T. 818 ; D. 1991.
Somm. 599, obs. P. Bon : dossier mis à l'enquête relatif un projet différent notablement du projet évoqué
dans la demande de l'expropriant ; annulation de la DUP prise, dès lors, selon une procédure irrégulière.
2276. Il est ainsi légal de recourir à cette procédure pour l'acquisition de terrains en vue de la
construction d'un dépôt d'hydrocarbures de l'OTAN (CE 13 mai 1959, Defossez, Constancien et autres,
Lebon 306) ou en vue de la réinstallation de la Société nationale d'étude et de construction de moteurs
d'avions (CE 3 déc. 1965, Pastre, Lebon 655). L'utilité publique de telles opérations est déclarée par décret
(article R. 122-4). La composition et le fonctionnement de la commission ad hoc prévue par l'article
L. 112-4, dénommée commission d'examen des opérations immobilières présentant un caractère secret,
sont régis par les articles R. 122-5 s. Son avis conforme doit évidemment intervenir avant la signature de
l'acte prononçant la DUP (CE 14 nov. 1957, Bodin, Lebon 609).
2277. Article L. 511-2. v. ss 826.
2278. C. patr., art. L. 532-11 (art. 11 de la loi no 89-874 du 1er déc. 1989 relative aux biens culturels
maritimes).
2279. C. expr., art. R. 131-14.
228. V., C. voirie rout., L. 22 juin 1989 et décr. 4 sept. 1989. M.-O. Avril. Le droit et la route, 1992 –
P. Cassia, « Le droit de la rue », Pouvoirs, no 116, 2006, p. 65.
2280. Toutefois leur déroulement concomitant a les principales conséquences suivantes. Les deux
enquêtes pourront être ouvertes par un même arrêté préfectoral à la condition que cet arrêté contienne
toutes les précisions qui doivent normalement figurer et dans l'arrêté ouvrant l'enquête préalable et dans
l'arrêté ouvrant l'enquête parcellaire. Un seul avis informant le public de l'ouverture des enquêtes pourra
être publié mais il devra contenir toutes les informations concernant l'une et l'autre (CE 21 juill. 1970,
Époux Courbey, Lebon T. 1071). Le même commissaire enquêteur ou la même commission d'enquête
pourra être désigné pour les deux enquêtes. Le commissaire enquêteur – ou la commission d'enquête – n'a
pas à tenir deux registres d'enquête et peut consigner les observations des citoyens sur un même registre
(CE 1er juill. 1977, Sieur Gloeckler et Dame Gloeckler, AJDA 1978. 392, note P. Chateaureynaud).
2281. C. expr., art. R. 132-4. Sur le caractère divisible de l'acte ainsi édicté, V., CE 21 juill. 1972,
Ministre de l'Intérieur c/ Consorts Chabrol, Lebon 583 ; 1er avr. 1994, Commune de Celles-sur-Belle
et ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique, ibid., tables, p. 987.
2282. P.-L. Josse, « L'intérêt de l'enquête publique préalable en matière d'expropriation », D. 1972.
Chron. 453 ; G. Ricoux, « L'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique », AJPI 1974. 792.
2283. M.D. Hagelsteen, « La réforme de la procédure d'enquête préalable à la déclaration d'utilité
publique », CJEG 1976. Chron. 38 ; A. Holleaux, « La nouvelle réglementation des enquêtes d'utilité
publique », LPA 28 juin 1976, p. 3 ; A. Homont, « La réforme des enquêtes publiques préalables à la
déclaration d'utilité publique », JCP 1976. I. 2806 ; A. de Laubadère, « Réforme de l'enquête d'utilité
publique », AJDA 1976. 363 ; B. Toulemonde, « La réforme de l'enquête d'utilité publique », AJPI 1976.
765. V. égal. J.-P. Papin, L'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique, Thèse Tours 1980.
2284. J. Ferbos, « Loi du 12 juillet 1983 sur l'enquête publique », AJPI 1983. 617 ; P. Février, « La
réforme de l'enquête publique », Rev. adm. 1983. 388 ; L. Fougère, « La réforme de l'enquête publique »,
EDCE 1983-1984, no 35, p. 93 ; J.-C. Hélin, R. Hostiou, Y. Jegouzo, J. Thomas (sous la direction de), Les
nouvelles procédures d'enquête publique, Economica, 1986 ; R. Hostiou, « Enquêtes publiques : loi
no 83-630 du 12 juillet 1983 », AJDA 1983. 606 ; R. Hostiou, « Démocratisation des enquêtes publiques et
protection de l'environnement : analyse des décrets du 23 avr. 1985 », RJ envir. 1986. 5 ; H.-G. Hubrecht
et G. Melleray, « La démocratisation des enquêtes publiques et la protection de l'environnement », LPA
9 déc. 1983, p. 13 ; Y. Jegouzo, « La réforme de l'enquête publique », D. 1985. Chron. 223 ; J.-P. Papin.
« La réforme des enquêtes publiques », CJEG 1983. 335 ; H. Lena. « La réforme des enquêtes
publiques », Urbanisme, no 199, 1983, p. 85.
2285. J.-P. Colson, « La réforme des enquêtes publiques en France », RJ envir. 1993. 223 ; J.-
C. Hélin, « La loi paysage et le droit des enquêtes publiques », AJDA 1993. 776 ; J.-C. Hélin, « L'évolution
récente du droit des enquêtes publiques », RDI 1994. 179.
2286. J.-C. Hélin, « La loi du 12 juill. 2010 portant engagement national pour l'environnement et la
réforme des enquêtes publiques », RJE 2010, no spécial sur la loi portant engagement national pour
l'environnement, p. 201 ; « Une utile rénovation de l'enquête publique environnementale », AJDA 2012.
255 ; R. Hostiou, « La loi du 12 juill. 2010 portant engagement national pour l'environnement : les
modifications apportées au droit des enquêtes publiques », Dr. admin. 2010, étude no 25 ; « L'enquête
publique après les textes d'application du Grenelle II : quoi de neuf ? », JCP A 2012, no 2066 ; Y. Jégouzo,
« La réforme des enquêtes publiques et la mise en œuvre du principe de participation », AJDA 2010. 1812.
2287. Y. Goutal, P. Peynet et A. Peyronne, Droit des enquêtes publiques, Lamy, 2012 : J.-C. Hélin et
R. Hostiou, Traité de droit des enquêtes publiques, Le Moniteur, 2e éd., 2014.
2288. CE 26 oct. 1990, Ministre de l'Intérieur, Lebon T. 818 ; D. 1991. Somm. 399, obs. P. Bon.
2289. Circulaire du 26 mars 1993 émanant du ministre de l'Intérieur et relative à la composition du
dossier et à la procédure de déclaration d'utilité publique, Mon. TP du 7 mai 1993, textes officiels, p. 260.
229. Des décrets de février et mars 2006 ont autorisé la privatisation de trois sociétés d'autoroutes :
Autoroutes du Sud de la France, Autoroutes du Nord et de l'Est et Autoroutes Paris-Rhin-Rhône. Le
Conseil d'État a rejeté un recours dirigé contre ces décrets : CE, sect., 27 sept. 2006, Bayrou, no 290716.
2290. CE 10 mars 1964, Époux Tihay, sieur Martin, Vinot et autres, Lebon 198 ; AJDA 1964. 712,
note P. L. ; 15 mars 1978, Association de défense des riverains de l'aérodrome de Toussus-le-Noble,
Lebon 128.
2291. CE 13 févr. 1981, Association pour la protection de l'eau et des ressources naturelles du
bassin inférieur du Doubs et autres, Lebon 88 ; RJ envir. 1981. 270, concl. Y. Robineau ; D. 1981.
IR 327, obs. P. Bon.
2292. Résultant du décret no 76-432 du 14 mai 1976.
2293. L'enquête doit en effet porter sur le choix finalement effectué par l'expropriant même si le
dossier doit évoquer les autres possibilités envisagées. Elle ne saurait porter sur deux projets alternatifs sur
lesquels le public serait simultanément consulté, par exemple deux tracés sensiblement distincts pour une
même autoroute (avis no 355 587 de la section des travaux publics du Conseil d'État, EDCE 1994, no 46,
p. 361) ou une même ligne de TGV (avis no 355 895 du 5 avr. 1994 de la section des travaux publics, ibid.,
p. 406).
2294. En premier lieu, elle ne jouait pas lorsque le projet avait déjà été réalisé et que l'expropriation
n'avait d'autre but que d'en régulariser l'existence (CE 24 oct. 1984, Ministre du Temps libre c/ SCI du
Domaine de Sermaize, Lebon 336 ; D. 1985. IR 415, obs. P. Bon : expropriation annulée pour vice de
forme alors que le projet était déjà achevé ; seconde expropriation déclenchée afin d'en régulariser
l'existence ; absence d'autre parti du fait de la réalisation du projet). En second lieu, elle ne jouait pas non
plus lorsque le projet concernait une opération expressément prévue par un schéma d'aménagement et
d'urbanisme approuvé (maintenant schémas de cohérence territoriale)(CE 10 déc. 1982, Vasseur, Lebon
T. 642 ; D. 1983. IR 287, obs. P. Bon). En troisième lieu, elle ne jouait que lorsque l'on avait affaire à des
partis clairement distincts, c'est-à-dire à des partis entre lesquels il existait des différences significatives.
C'est ainsi que, lorsque plusieurs tracés d'une déviation étaient situés à faible distance les uns des autres, on
n'avait pas affaire à des partis au sens de la disposition précitée (CE 7 déc. 1979, Association fédérative
régionale pour la protection de la nature, Lebon 457 ; CJEG 1980. 15, note J.-P. Papin ; D. 1980.
IR 357, obs. P. Bon). Il en allait différemment si deux tracés, bien que partant du même point, étaient
ensuite distants de plusieurs kilomètres et ne comportaient pas le même point d'aboutissement (CE 24 nov.
1982, M. et Mme Colcombet et autres, Lebon 404 ; CJEG 1983. 172, concl. M. Laroque, note J.-
P. Papin ; AJDA 1983. 413, chron. B. Lasserre et J.-M. Delarue ; D. 1983. IR 289, obs. P. Bon). De la
même manière, constituaint trois partis distincts pour supprimer un passage à niveau la réalisation d'un
passage routier souterrain, la réalisation d'un pont-route au-dessus de la voie ferrée et l'enterrement de
cette dernière (CE 3 oct. 1990, Hello et autres, Lebon T. 819 ; JCP 1991. II. 21605, chron. A. Bernard ;
D. 1991. Somm. 402, obs. P. Bon). Constituaient également des partis distincts à propos de la construction
d'une ligne électrique l'utilisation du couloir existant et celle d'un tracé entièrement nouveau (CE 14 nov.
1997, Groupement des riverains, agriculteurs propriétaires et particuliers, CJEG 1998. 206, note
F. Martin). En quatrième lieu, elle ne jouait que si ces partis distincts avaient été élaborés, soit par
l'expropriant lui-même mais alors à la condition qu'il ne les ait pas abandonnés depuis longtemps (CE
28 juill. 2000, Consorts Cerise et autres, Lebon T. 1050), soit en dehors de lui – par exemple par une
association de défense de l'environnement – mais alors à la condition qu'il ait accepté de les examiner (CE
17 juin 1983, Commune de Montfort et autres, Lebon 264 ; AJDA 1983. 413, chron. B. Lasserre et J.-
M. Delarue ; RJ envir. 1984. 53, concl. M. Pinault ; D. 1984. IR 196, obs. P. Bon). L'expropriant était
donc le maître du jeu, un projet élaboré par des tiers et qu'il s'était refusé d'envisager n'ayant pas à être
évoqué dans la notice explicative. En dernier lieu, elle n'imposait pas à l'administration de faire mention, à
propos de l'estimation sommaire des dépenses (v. ss. 686), du coût des différents partis envisagés (CE
4 févr. 1981, Commune de Nozay, Lebon T. 773).
2295. CE 23 juill. 1974, Sieur Gaulier et autres, Lebon 453 ; AJPI 1975. 306, concl. M. Morisot ;
AJDA 1975. 30, chron. MM. Franc et Boyon ; 21 janv. 1977, Peron Magnan et autres, Lebon 30 ; Rev.
adm. 1979. 502, note J. Lemasurier ; 30 mai 1979, Association départementale de défense autoroute A
71 (section Loiret) et autres, Lebon 243.
2296. Affaire Gaulier préc.
2297. CE 19 nov. 1986, Époux Molard, Lebon T. 568 ; JCP 1987. II. 20778, concl. B. Lassere ; LPA
du 27 mars 1987, p. 4, concl. B. Lassere ; D. 1987. Somm. 401, obs. P. Bon.
2298. CE 9 oct. 1996, Commune de Vraignes-les-Hormoy et autres, Lebon T. 950.
2299. CE 23 juin 1976, Commune de Guéthary, Lebon 326 ; RD publ. 1977. 857, note M. Waline.
23. V., J. Dembour, Droit administratif, préc., no 248.
230. Sur l'incorporation de ces voies au domaine public qui peut résulter d'une affectation de fait,
v. ss 91. V. cependant pour le cas où il s'agit d'une simple tolérance, CE 7 nov. 1979, M me Pinaud.
Lebon 955.
2300. CE 23 janv. 1970, Époux Neel, Lebon 44, concl. M. Baudouin ; AJPI 1970. 338, concl.
M. Baudouin ; AJDA 1970. II. 298, obs. A. Homont.
2301. CE 25 févr. 1985, Ville de Rodez, Lebon 57 ; RFDA 1985. 509, concl. B. Genevois ; AJDA
1985. 296, obs. L. Richer ; D. 1986. IR 413, obs. P. Bon.
2302. CE 22 janv. 1988, Association de défense des propriétaires concernés par un projet de
lotissement communal, Lebon T. 831 ; D. 1990. Somm. 16, obs. P. Bon.
2303. CE 5 janv. 1977, Ministre de l'Intérieur c/ Dame veuve Planeix-Ribeyrolle, Lebon 3
(acquisitions) ; 23 févr. 1979, Desmaizières et autres, Lebon T. 762 (travaux) ; 19 oct. 2012, Commune de
Levallois-Perret, Lebon T. 800 ; BJCL 2012. 815, concl. S. Von Coester ; RJEP 2013, no 17, concl. S. von
Coester (acquisitions).
2304. En particulier, si l'estimation du coût total des travaux portée à la connaissance du public a été
effectuée six ans auparavant, préalablement à une première DUP de ces travaux annulée ensuite par le
juge administratif, il y a irrégularité faute pour l'administration d'avoir indiqué quelle était l'évolution du coût
prévisible des travaux, d'avoir mentionné le montant effectif, aux conditions économiques applicables à la
date de la nouvelle enquête, des travaux déjà réalisés ou, le cas échant, d'avoir justifié que l'estimation
initiale restait pertinente (CE 3 nov. 2004, Ministre de l'équipement, des transports, du logement, du
tourisme et de la mer c/ Comité de défense des coteaux de Moirans, Lebon T. 729).
2305. CE 20 janv. 1971, Consorts Bolleli, Lebon 56 ; 13 oct. 1976, Ministre d'État, ministre de
l'Aménagement du territoire, de l'Équipement et des Transports c/ Tarit et Colnet, ibid., p. 412 ;
13 déc. 1978, Syndicat intercommunal de distribution d'eau de la corniche des Maures, ibid., p. 506 ;
D. 1979. J. 497, note G. Quiot ; D. 1979. IR 322, obs. P. Bon ; 30 mars 1981, Ministre de l'Intérieur c/
Ducros et autres, Lebon 172 ; D. 1981. IR 537, obs. P. Bon.
2306. CE 21 oct. 1970, Jorioz, Lebon 609 ; 13 oct. 1976, Ministre d'État, ministre de l'Aménagement
du territoire, de l'Équipement et des Transports c/ Tarit et Cognet, préc. ; 30 mars 1981, Ministre de
l'Intérieur c/ Ducros et autres, préc., concernant une sous-évaluation d'environ 6 %. En revanche, il y a
irrégularité dès lors que l'on a affaire à « une sous-évaluation manifeste » des dépenses (CE 29 janv. 1992,
M. Bergerioux, Lebon T. 1034 ; 1er déc. 1993, Association « Meylan démocratie » et Association
« Les amis des verts de Meylan », JCP 1994. II. 22236, concl. J. Arrighi de Casanova ; 30 déc. 1998,
Association pour la conservation du site de Bollène, Lebon T. 967).
2307. CE 30 juin 1986, Époux Monnier, Lebon 182 ; D. 1987. Somm. 398, obs. P. Bon : à propos des
dépenses incombant au maître de l'ouvrage à raison de l'obligation dans laquelle il se trouve, du fait de la loi
no 62-933 du 8 août 1962 complémentaire à la loi d'orientation agricole, de remédier aux dommages causés
aux exploitations agricoles, v. ss 832.
2308. CE 3 déc. 1990, Ville d'Amiens et autres, Lebon 344 ; LPA du 19 juin 1991, p. 8, note
J. Morand-Deviller ; D. 1991. Somm. 402, obs. P. Bon.
2309. P. Brun et S. Deliancourt, « Propriétés publiques – services gestionnaires », J.-Cl. Adm. fasc.
406-14.
231. T. confl. 16 mai 1994. Consorts Allart. V. Singer, « La propriété des dépendances des voies
publiques », AJDA 1965. 657.
2310. Sur ce décret, cf. J. Ferbos, « Le contrôle des opérations immobilières – Décret no 86-455 du
14 mars 1986 », AJPI 1986. 63.
2311. CE 24 févr. 1992, Ministre du Budget et ministre de l'Intérieur c/ Darmuzey, Lebon T. 1031 ;
Gaz. Pal. 1993. I. 47, concl. R. Abraham ; D. 1993. Somm. 371, obs. P. Bon ; 21 mars 1994, Mainguy,
Lebon T. 985.
2312. C. Bosgiraud et C. Pisani, « Acquisitions par les collectivités locales : la réforme de l'avis des
domaines par l'article 23 de la loi MURCEF », BJCL 2002. 151 ; Coll. terr. 2002, no 6, p. 4 ; V.,
D. Dutrieux, « Les acquisitions immobilières des collectivités locales : les apports de la loi MURCEF », LPA
du 15 févr. 2002, p. 13.
2313. CE 24 févr. 1992, Ministre du Budget et ministre de l'Intérieur c/ Darmuzey, préc.
2314. Art. R. 11-3 II.
2315. CE 8 janv. 1971, Époux Faivre, Lebon 23 ; 11 févr. 1983, Syndicat des copropriétaires du 35,
avenue Gabriel-Péri – 15, rue de Fontenay à Vincennes, Dr. adm. 1983, no 114.
2316. CE 10 déc. 1982, Vasseur, Lebon T. 642 ; D. 1983. IR 287, obs. P. Bon.
2317. CE 13 févr. 1987, Société civile urbaine et rurale d'exploitation et d'aménagement, Lebon
T. 772 ; D. 1990. Somm. 15, obs. P. Bon.
2318. Cette formule, contenue également à l'article R. 112-5, résulte du décret no 76-432 du 14 mai
1976. Mais, avant même ce texte, le Conseil d'État avait admis, d'abord très largement (CE 26 nov. 1965,
Compagnie industrielle de textiles artificiels et synthétiques, Lebon 642), ensuite plus restrictivement
(CE 24 janv. 1975, Époux Ellia, Lebon 54 ; AJDA 1975. 128, chron. MM. Franc et Boyon ; CJEG 1975.
45, note anonyme), le recours au dossier simplifié pour des opérations de grande importance.
2319. CE 7 févr. 1986, Padilla, Lebon T. 568 ; D. 1987. Somm. 399, obs. P. Bon.
232. CE 27 mai 1964, Chervet, Lebon 500 ; CE 26 sept. 2001 Département de la Somme, Dr. adm.
2001, no 235. 23 juillet 2012, Département de la Marne, no 341932.
2320. CE 3 avr. 1991, M me Fabre, Lebon 117 ; D. 1992. Somm. 384, obs. P. Bon ; 31 janv. 1994,
Association de défense des propriétaires du bois de Caprice et autres, Lebon 48 ; CAA Paris, 21 mars
1996, Mutuelle générale de l'éducation nationale, ibid., tables, p. 950.
2321. ZAC de Port d'Albret : CE 3 avr. 1981, Ministre de l'Équipement et de l'Aménagement du
territoire c/ Association des propriétaires de la région soustonnaise, Lebon T. 773 ; habitation à loyer
modéré : 5 juin 1981, M me Moreau, ibid., tables, p. 773 ; lotissement et mairie : 22 janv. 1988, Association
de défense des propriétaires concernés par un projet de lotissement communal, ibid., p. 831 ;
D. 1990. Somm. 15, obs. P. Bon ; création d'un nouveau quartier et construction d'un port de plaisance :
27 juill. 1990, Ville de Fréjus, JCP 1991. II. 21603, chron. A. Bernard.
2322. J.-P. Papin, « L'impartialité du commissaire enquêteur », CJEG 1983. 165.
2323. TA de Clermont-Ferrand 7 nov. 1989, Monier, Lebon 399.
2324. CE 8 mars 1991, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé de l'environnement c/
Bodié, Lebon 86 ; AJDA 1991. 463, concl. M. Fornacciari ; RFDA 1991. 786, note R. Beyssac ; Rev.
adm. 1991. 786, note H. Ruiz-Fabri ; Quotidien juridique du 12 oct. 1990, p. 8, note M.-C. Rouault ;
D. 1992. Somm. 381, obs. P. Bon ; confirmation de TA de Nantes, 4 mai 1988, Bodié, Lebon T. 832 ; Rev.
jur. de l'ouest 1989, p. 611, note R. Hostiou.
2325. Sur le sens de l'expression « plus grande partie de l'opération », cf. CE 21 janv. 1977, Perron-
Magnan et autres, Lebon 30 ; Rev. adm. 1979. 502, note J. Lemasurier ; 23 janv. 1985, Comité de
défense opposé à toutes lignes nouvelles de train à grande vitesse et autres, Lebon 16 ; CJEG 1985.
504, concl. M. Latournerie ; LPA 24 juill. 1987, p. 7, note J. Morand-Deviller ; D. 1986. IR 412, obs.
P. Bon.
2326. CE 16 oct. 1963, Arnaud, Lebon T. 904 ; AJDA 1964. 93, obs. P. L. ; 20 déc. 1963, Dlle du
Halgouet, AJDA 1964. 383, obs. P. Laporte ; 25 janv. 1967, Devlieger, AJDA 1967. 478, obs. P. Laporte ;
20 mars 1968, Veuve Guillaume, Lebon T. 824 ; 12 oct. 1979, Syndicat intercommunal de défense des
habitants, propriétaires, exploitants agricoles et industriels de l'étang de Berre et autres, ibid., tables,
p. 760 ; D. 1980. IR 356, obs. P. Bon.
2327. CE 1er oct. 1982, Buffard, Lebon T. 642 ; CJEG 1983. 11, note M. K. ; D. 1983. IR 287, obs.
P. Bon.
2328. CE 10 avr. 1946, Delle Anthoinoz, Lebon 111 ; 27 oct. 1948, Cazaubon et caisse d'allocation
familiale de la Gironde, ibid., p. 393 ; 27 janv. 1967, Époux Binet et association de défense des
intérêts communs des expropriés et délogés de Maisons-Lafitte, ibid., p. 46 ; 23 janv. 1970, Époux
Neel, préc.
2329. Il en va d'ailleurs de même si le préfet, après avoir pris un arrêté ouvrant l'enquête, décide de le
retirer : la décision de retrait constitue un acte administratif susceptible de recours mais qui n'est soumis
qu'à un contrôle restreint de la part du juge de l'excès de pouvoir : CE 20 mars 2000, Commune de Gap et
Département de l'Isère, Lebon T. 1049 ; AJDI 2000. 1038, obs. R. Hostiou.
233. CE 28 janv. 1910, Robert, Lebon 84 ; 9 janv. 1969, Ville d'Ajaccio. Lebon 565.
2330. CE 7 mars 1979, Commune de Vestric-et-Candiac, Lebon 102 ; D. 1979. IR 513, obs. P. Bon ;
en refusant d'ouvrir une enquête d'utilité publique au motif qu'une commune ne disposerait pas des
ressources suffisantes pour réaliser l'opération projetée, le préfet ne s'est pas fondé, en l'espèce, sur des
faits matériellement inexacts et n'a pas commis une erreur manifeste d'appréciation ; 4 mai 1984, ministre
de l'Intérieur et de la Décentralisation c/ Commune des Aubiers, Lebon 646 ; Gaz. Pal. 1984. 2.
Somm. 410, note F. Moderne ; RFDA 1984, no 0, p. 66, obs. A. A. ; D. 1985. IR 411, obs. P. Bon : en
refusant à une commune d'ouvrir l'enquête au motif qu'elle n'était pas compétente pour réaliser l'opération
projetée alors que tel n'est pas le cas, le préfet a commis une erreur de droit.
2331. S. Deliancourt, « La publicité de l'avis d'ouverture de l'enquête publique », BJCL 2008. 791.
2332. CE 16 mai 2008, Commune de Cambon d'Albi, Lebon T. 776 ; BJCL 2008. 505, concl.
F. Séners et obs. B. P. ; RDI 2008. 436, note R. Hostiou.
2333. Si de tels journaux n'existent pas, il incombe logiquement au préfet, pour satisfaire à l'exigence de
publicité posée par les textes, d'assurer la publication de l'avis d'enquête dans des journaux nationaux ou
dans des éditions régionales de journaux nationaux diffusés dans l'ensemble des communes du ou des
départements : CE 15 mai 1987, Ville de Levallois-Perret c/ M mes Lévy et Caen, Lebon T. 772 ;
D. 1990. Somm. 17, obs. P. Bon.
2334. CE 22 févr. 1984, Comité de défense des intérêts et de la sauvegarde de la qualité de la vie
et de l'environnement du quartier de Bourdès-le-Rudel, Fonlabour et autres, Lebon 80 ; D. 1984.
IR 452, obs. P. Bon.
2335. CE 22 avr. 1988, Commune de Saint-Jean de Védas, Lebon T. 831 ; D. 1990. Somm. 17, obs.
P. Bon.
2336. CE 19 mai 1983, Bertrand, Lebon 206 ; AJDA 1983. 488, note B. Hostiou ; D. 1984. IR 156,
obs. P. Bon.
2337. Et cela dans la ligne de la jurisprudence Danthony (CE 23 déc. 2011, Danthony et autres,
Lebon 649 ; RFDA 2012. 284, concl. G. Dumortier et note P. Cassia et 423, étude R. Hostiou ; AJDA
2012. 195, chron. X. Domino et A. Bretonneau ; Droit administratif 2012, no 22, note F. Melleray ; AJDA
2012. 1484, étude C. Mialot ; JCP A 2012, no 2089, note C. Broyelle ; M. Long, P. Weil, G. Braibant,
P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd., 2015, no 114). Sur l'ensemble du problème, v. R. Hostiou, « Au
sujet de la “Danthonysation” du droit des enquêtes publiques ou comment faire du neuf avec du vieux »,
Long cours – Mélanges en l'honneur de P. Bon, Dalloz, 2014, p. 897.
2338. CE 3 juin 2013, Commune de Noisy-le-Grand, Lebon T. 640 ; BJCL 2013. 796, concl.
M. Vialettes ; RDI 2013. 423, note R. Hostiou ; AJDA 2014. 515, note N. Ach ; Dr. rur. nov. 2015. 50,
note P. Tifine.
2339. Le Conseil d'État semble avoir une conception bien restrictive de la notion d'opération
d'importance nationale. Pour lui, il convient de prendre en compte la vocation de l'ouvrage en cause et non
son régime juridique ou les modalités de son financement. Ainsi, une autoroute ayant pour fonction
essentielle de relier entre eux les divers centres économiques et urbains de la banlieue parisienne et de
diffuser le trafic routier de la région est une opération d'intéret régional pouvant régulièrement donner lieu à
enquête sans publication de l'avis d'enquête dans des journaux de diffusion nationale (13 janv. 1984,
Commune de Thiais, Lebon 6 ; D. 1984. J. 605, note P. Bon). Il en va de même d'un poste de
transformation d'énergie électrique (14 oct. 1988, Commune de Saint-Vrain et autres, Lebon T. 831 ;
CJEG 1989. 189, concl. B. Stirn ; D. 1990. Somm. 17, obs. P. Bon) ou encore d'une station de radar alors
même qu'elle constitue un élément d'un réseau destiné à couvrir l'ensemble du territoire (6 mars 2000,
Société Parcheminer Carrières et M. Parcheminer, Lebon T. 1049). N'est pas non plus une opération
d'importance nationale compte tenu des caractéristiques du projet et notamment de son objet et de la
surface qu'il concerne une réserve naturelle concernant treize communes et s'étendant sur 26 km le long
d'un fleuve et comportant une superficie totale de quelque 17 km2 (CE 9 nov. 2015, Association
« Sauvegarde de notre patrimoine rural du Haut-Rhône », M. D., Lebon T. à paraître).
234. CE 16 mai 1902, Regnaudin, Lebon 575 ; 28 janv. 1970, Philip Bissinger, Lebon 59, Rev. adm.
1970. 97, note Liet-Veaux, D. 1970. 572. note Lachaume, AJDA 1970. 541, note Denoix de St-Marc et
Labetoulle ; 28 mai 1971, Dame Gautheron, Gaz, Pal., 2 janv. 1972, note Moderne, AJDA 1972. 97, note
Labetoulle et Cabanes.
2340. Pour des contentieux en la matière, cf. CE 9 avr. 1975, Sieur Meyer, Lebon T. 1085 ; JCP 1976.
II. 18226, note A. Homont ; 28 nov. 1980, Ville de Chamonix et autres c/ Association de défense contre
la rocade et autres, Lebon 452 ; D. 1981. IR 329, obs. P. Bon.
2341. CE 26 oct. 1990, ministre de l'Intérieur, Lebon T. 818 ; D. 1991. Somm. 399, obs. P. Bon.
2342. CE 30 déc. 1998, Association « SOS Arbois », Lebon T. 966.
2343. CE 5 janv. 1955, Vincent, Lebon T. 717 ; 12 juill. 1955, Veuve Laidet, ibid., tables, p. 717 ;
AJDA 1956. 156, note J. A. ; 6 déc. 1967, Exblayat et autres, CJEG 1969. 288, note P. Magnier ; 6 nov.
1968, SA Olida, Lebon 550 ; 21 juill. 1970, Époux Courbey, ibid., tables, p. 1071 ; 3 oct. 1973, Consorts
Pougny, ibid., tables, p. 1005 ; 5 mars 1976, Tarlier, ibid., p. 132 ; AJDA 1976. 198, chron. M. Boyon et
B. Nauwelaers, et p. 253, note P. Colson ; JCP 1977. 11. 18650, note D. Truchet ; 13 oct. 1976, Ministre
de l'Aménagement du territoire c/ Cognet et autres, Lebon 412 ; 29 avr. 1977, Consorts Lebrun et
autres, Dr. adm. 1977, no 185 ; 11 oct. 1982, Buffard, Lebon T. 642 ; CJEG 1983. 11, note M. K. ;
D. 1983. IR 287, obs. P. Bon.
2344. CE 6 juill. 1977, Commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux, Lebon T. 860.
2345. CE 12 juill. 1955, Dame veuve Laidet, préc. ; 6 nov. 1968, SA Olida, préc. Contra 7 avr. 1965,
Dlle d'Achon et autres, ibid., p. 228 ; AJDA 1965. 525, obs. P. L.
2346. CE 3 oct. 1973, Consorts Pougny, préc.
2347. CE 1er oct. 1982, Buffard, préc.
2348. CE 29 juin 1990, M me Poncin et autres, Lebon T. 818 ; JCP 1991. II. 21602, chron.
A. Bernard ; Quotidien juridique du 20 nov. 1990, p. 5, chron. M.-C. Rouault ; D. 1991. Somm. 401, obs.
P. Bon.
2349. CE 27 févr. 1970, Chenu et autres, Lebon 148.
235. CE 29 oct. 1951, De Chilloz, D. 1957.III.28. note Monsarrat ; 19 mai 1961, Société civile de la
Bergerie, AJDA 1961, no 550 ; 6 févr. 1981, Barateau, Lebon 659.
2350. JO Lois et décrets 1976, p. 2986.
2351. CE 16 févr. 1981, Assoc. Pour la protection de l'eau et des ressources naturelles du bassin
inférieur du Doubs et autres, Lebon 88 ; RJ envir. 1981. 270, concl. Y. Robineau ; D. 1981. IR 327, obs.
P. Bon.
2352. Ce qui n'emporte pas le droit de le photocopier : CE 7 oct. 1983, Poisson, Lebon 399 ; D. 1984.
IR 454, obs. P. Bon.
2353. CE 21 juill. 1970, Époux Courbey, Lebon T. 1071.
2354. CE 7 oct. 1983, Poisson, préc.
2355. Ce qui est le cas lorsque le registre est composé d'une feuille double d'un seul tenant : CE
1er oct. 1982, Buffard, préc.
2356. Ou sur un registre subsidiaire, également à feuillets non mobiles, coté et paraphé par le maire si
l'arrêté ouvrant l'enquête a prévu que, à côté du registre principal, seraient ouverts dans telle ou telle
commune des registres subsidiaires.
2357. CE 20 mai 1988, Segeat, Lebon 196 ; AJDA 1988. 620, obs. J.-B. Auby ; D. 1990. Somm. 15,
obs. P. Bon.
2358. CE 14 nov. 1980, ministre de l'Intérieur c/ Collombon et autres, Lebon 430 ; D. 1981. IR 326,
obs. P. Bon.
2359. CE 22 déc. 1978, Darne Leydet, Lebon T. 843 ; D. 1979. IR 324, obs. P. Bon.
236. CE 16 nov. 1960, Commune du Bugue, AJDA 1960. 11. 184 ; 25 mai 1980, Ville de Falaise ;
5 févr. 1988, Commune d'Auvers sur Oise. Comp. 11 mai 1977, Commune de Domgermain.
2360. CE 11 juill. 1979, Époux Nédélec, Dr. adm. 1979, no 287.
2361. Voire par le commissaire enquêteur ou le président de la commission d'enquête dans le cas
particulier où l'opération projetée est réalisée sur le territoire d'une seule commune et pour le compte de
cette dernière.
2362. Du moment que le commissaire enquêteur a examiné les observations faites, il a satisfait à ses
obligations, la circonstance qu'il ait commis une erreur de droit sur leur portée étant sans incidence sur la
régularité de la procédure suivie : CE 13 janv. 2006, Commune de Polliat, Lebon T. 907 ; BJCL 2006. 253,
concl. M. Verclytte et obs. anonymes ; JCP Adm. 2006, no 1155, note E. Carpentier (annulation de
CAA Lyon, 8 juill. 2004, Commune de Polliat, AJDA 2005. 555, note Carpentier).
2363. CE 20 mars 1985, Commune de Morigny-Champigny, Lebon T. 660 ; RFDA 1985. 704, obs.
B. Pacteau ; D. 1986. IR 411, obs. P. Bon : en se bornant à indiquer qu'il donnait un avis favorable « tenant
compte de documents matériels en sa possession et des observations recueillies pendant le déroulement de
l'enquête » alors qu'il était saisi d'une pétition développant de manière détaillée les motifs de l'opposition de
ses multiples signataires au projet envisagé, le commissaire enquêteur a insuffisamment motivé son avis. Si
le commissaire enquêteur n'a pas à répondre à chacune des observations présentées lors de l'enquête, il a
été jugé par une cour administrative d'appel qu'il devait au moins les examiner (CAA Lyon, 8 juill. 2004,
Cne de Polliat, AJDA 2005. 555, note E. Carpentier) d'où, pour la cour, l'irrégularité de l'enquête pour non
examen d'une solution alternative proposée par l'un des propriétaires concernés. Mais, le Conseil d'État
(CE 13 janv. 2006, Cne de Polliat, BJCL, no 4/06, p. 253, concl. S. Verclytte et obs. annonymes ;
JCP Adm. 2006, no 1155, note E. Carpentier), considérant que cet examen avait été effectué, a cassé
l'arrêt de la cour pour dénaturation des pièces du dossier sans qu'il soit possible de déduire plus de sa
décision.
2364. CE 13 juill. 1967, Syndicat des propriétaires et habitants du quartier de la Charité et autres,
CJEG 1968. 129, note M. Magnier ; 21 févr. 1975, Ministre de l'Intérieur s'appropriant une requête du
préfet du nord c/ Sieur Mamet, Deryng et autres, Lebon 149.
2365. CE 10 juill. 1968, Consorts Troussier et société d'achat de terrains et constructions, AJDA
1969. 109, note A. Homont ; 27 févr. 1970, Chenu et autres, Lebon 148.
2366. CE 8 mai 1964, Chaussé, Dr. adm. 1964, no 215 : souhait que de nouvelles discussions soient
ouvertes en vue d'obtenir un échange de terrains entre la commune et le requérant et suggestion qu'une
autre parcelle soit également expropriée ; 1er déc. 1971, Sieurs Gaudin (Paul et Jean-Paul), Lebon
T. 1072 : souhait qu'une solution amiable soit recherchée aux difficultés que la réalisation de l'opération
envisagée pouvait occasionner aux requérants ; 13 déc. 1978, Syndicat intercommunal de distribution
d'eau de la corniche des Maures, ibid., p. 506 ; D. 1979. J. 497, note G. Quiot ; D. 1979. IR 322, obs.
P. Bon : souhait qu'une autre solution soit trouvée afin d'éviter les difficultés que la réalisation de l'opération
projetée pouvait occasionner ; 9 janv. 1981, Rullmann et autres, Lebon 11 ; D. 1981. IR 327, obs. P. Bon :
souhait que les propriétaires obtiennent un dédommagement équitable et que certaines retouches soient
apportées au projet afin d'éviter les difficultés que la réalisation de l'opération projetée pouvait occasionner.
2367. CE 13 oct. 1976, Ministre d'État, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Équipement et
des Transports c/ Tarit et Cognet, Lebon 412.
2368. CE 20 avr. 1977, Syndicat intercommunal pour l'organisation des centres aérés et de loisirs
pour la jeunesse, Lebon 182.
2369. CE 29 janv. 1964, Sieur Perot et SARL « Jardins d'oiseaux et pisciculture île aux fées »,
Lebon 61 ; AJDA 1964. 384, obs. P. L. : le commissaire enquêteur ayant émis un avis favorable aux
travaux destinés à permettre le captage d'une source à la condition qu'un débit d'au moins trente litres par
seconde soit réservé à une commune et l'arrêté préfectoral ayant fait droit à cette condition, le préfet était
parfaitement à même de prononcer lui-même la DUP ; 17 déc. 1965, Chambre de commerce et
d'industrie de Saint-Omer, Lebon 697 ; Gaz. Pal. 1966. 2.115 ; AJDA 1966. 235, obs. P. L. : le
commissaire enquêteur ayant émis un avis favorable aux travaux destinés à permettre la dérivation d'un
canal à condition que les industriels qui avaient un besoin vital de l'ancien tracé ne puissent être gênés dans
leur activité et l'administration ayant, en conséquence, modifié son projet, le ministre pouvait prendre lui-
même la DUP ; 6 févr. 1974, Société du Moulin de Giboudet, Lebon T. 1012 : le commissaire enquêteur
ayant émis un avis favorable sous condition que l'expropriation soit limitée au quart environ de la superficie
initialement prévue et la puissance publique ayant, en conséquence, ramené à cette proportion la superficie
des terrains expropriés, la DUP pouvait résulter d'un arrêté préfectoral ; 28 nov. 1980, Ville de Chamonix
et autres c/ Association de défense contre la rocade et autres, Lebon 452 ; D. 1981. IR 329, obs.
P. Bon : le commissaire enquêteur ayant assorti son avis favorable à la construction d'une rocade de
plusieurs conditions dont l'une portait sur l'importance de l'emprise de la voie et cette condition n'ayant pas
été remplie, le préfet n'était pas compétent pour prendre la DUP.
237. Poitiers, 29 juin 1951, D. 1952. 11.65, tout au moins s'ils sont fixes, CE 18 déc. 1959, Époux
Blanc, Lebon 699, AJDA 1960. 1.18.
2370. CE 25 févr. 1966, Ministre de la Construction c/ Veuve Henry et autres, Lebon 149 ;
Gaz. Pal. 1967. 1.84.
2371. CE 2 mai 1980, Ministre des Transports et de l'Aménagement du territoire c/ Miribel, Lebon
T. 758 ; D. 1980. IR 540, obs. P. Bon.
2372. CE 18 mai 1962, Ministre de la Construction c/ Dame Loisel, Lebon 333 ; AJDA 1962. I. 551,
chron. MM. Gentot et Fourré ; Gaz. Pal. 1962. 2. 275 ; 28 nov. 1980, Ville de Chamonix et autres c/
Association de défense contre la rocade et autres, préc. ; 16 nov. 1983, SCI des Dunes du Pouldu,
Lebon T. 756 ; D. 1984. IR 453, obs. P. Bon ; 18 avr. 1984, Préfet de l'Ain c/ époux Corsin, CJEG 1984.
413, note J.-P. Papin ; 10 juin 1992, Département des Pyrénées-atlantiques, Lebon T. 1034.
2373. CE 28 avr. 1989, Terray, Basire, Cordroch et Guyomard, Lebon T. 727 ; D. 1990. Somm. 317,
obs. P. Bon. Sur les dispositions de l'article L. 121-2, v. ss 718.
2374. Sur la communication des correspondances échangées par le commissaire enquêteur avec des
tiers à l'occasion de l'exercice de sa mission, cf. CE 21 mai 1986, Bertin, Lebon T. 569 ; D. 1987.
Somm. 399, obs. P. Bon.
2375. V. aussi C. envir., art. R. 122-5.
2376. Au surplus, lorsqu'est en cause une infrastructure de transport, l'étude d'impact doit comprendre
une analyse des coûts collectifs des pollutions et nuisances et des avantages induits pour la collectivité ainsi
qu'une évaluation des consommations énergétiques résultant de l'exploitation du projet, notamment du fait
des déplacements qu'elle entraîne ou permet d'éviter. V. C. envir., art. R. 122-5 III.
2377. V. par ex., en matière d'expropriation, CE 29 juill. 1983, Commune de Roquevaire, Lebon 553 ;
AJDA 1983. 537, chron. B. Lasserre et J.-M. Delarue ; D. 1984. J. 195, note G. Parnbou-Tchivouna ;
D. 1984. IR 197, obs. P. Bon.
2378. V. C. envir., art. L. 121-1 à L. 121-15. V. aussi B. Delaunay, « De l'enquête publique au débat
public – La consultation des personnes intéressées », JCP A 2011, no 2073.
2379. V. C. envir., art. R. 121-1 s.
238. CE 20 avr. 1956, Ville de Nice, RD publ. 1956. 578, concl. Long.
2380. C. transp., art. L. 1511-4. Pour les premiers contentieux en matière d'expropriation relatifs à
l'évaluation des grands projets d'infrastructure de transports, cf. par ex. CE 3 déc. 1990, Ville d'Amiens et
autres, Lebon 344 ; LPA du 19 juin 1991, p. 8, note J. Morand-Deviller ; D. 1991. Somm. 402, obs. P. Bon ;
10 juin 1992, Association indépendante pour un réseau de circulation libre (circule) et autres, Lebon
T. 1032 ; D. 1993. Somm. 372, obs. P. Bon.
2381. Quant aux modalités d'indemnisation des commissaires enquêteurs, elles ont déjà été évoquées
plus haut à propos des commissaires enquêteurs des enquêtes traditionnelles (v. ss 691) puisque le système
applicable à ces derniers est celui-là même applicable aux commissaires enquêteurs des enquêtes
environnementales.
2382. Comparer C. envir., art. R. 123-11 et C. expr., art. R. 112-14 et R. 112-15.
2383. Comparer C. envir., art. R. 123-11 et C. expr., art. R. 112-15.
2384. Comparer C. envir., art. L. 123-9 s. ; 123-6 et C. expr., art. R. 112-12.
2385. Avis mentionné dans la circulaire du 21 mars 1990 relative à l'expropriation par les collectivités
locales, AJPI 1990. 521.
2386. V. également ss. 642.
2387. V. par ex. CE 19 févr. 1982, Ville d'Aix-en-Provence, Lebon T. 783 ; D. 1982. IR 350, obs.
P. Bon.
2388. CE 21 oct. 1970, Mansillon, Lebon 608, à propos de l'inventaire supplémentaire des monuments
historiques ; 23 juill. 1974, Gaulier et autres, ibid., p. 453 ; AJPI 1974. 306, concl. M. Morisot ; AJDA
1975. 29, chron. M. Franc et M. Boyon.
2389. CE 7 mars 1975, Association des amis de l'abbaye de Fontevraud et groupement de défense
interdépartemental de la forêt de Fontevraud, Lebon 179 ; AJDA 1976. 208, note R. Hostiou.
239. CE 18 janv. 1961, Dussaix, Lebon 44.
2390. CE 14 oct. 1991, Assocation interdépartementale et intercommunale pour la protection du
lac de Sainte-Croix, Lebon 335 ; D. 1992. Somm. 382, obs. P. Bon ; arrêt frappé de tierce opposition mais
confirmé sur le fond par CE 15 juin 1992, Société du Canal de Provence, Lebon 235.
2391. CE 30 oct. 1996, Centre de perfectionnement et de voltige aérienne et autres, Lebon T. 952.
2392. P. Bon, « Déclaration de projet d'intérêt général et déclaration d'utilité publique », RDI 2002.
287 ; F. Duval, « Enquête publique », Les annales de la voirie 2002, no 65, p. 58 ; J.-C. Hélin et
R. Hostiou, « Participation, décentralisation et déconcentration : une nouvelle donne en matière de grands
projets », AJDA 2002. 291 ; J.-P. Lebreton, « Histoire de la déclaration de projet », Bien public, bien
commun, Mélanges E. Fatôme, Dalloz, p. 229 ; B. Ménelet, « Les réalités de la démocratie participative
dans l'aménagement et l'équipement du territoire : les apports de la loi démocratie et proximité », RD publ.
2004. 715 ; S. Traoré, « La nouvelle procédure de déclaration de projet », BJDU, no 4/2002, p. 242.
2393. Les premiers contentieux relatifs à la déclaration de projet ont en effet porté que la question de
savoir si le nouveau système était applicable nonobstant l'absence, pendant plus de quatre ans, de décret
d'application. Le Conseil d'État a tranché par la négative (CE 27 juin 2005, Goislard de Monsabert,
Lebon T. 922), mettant fin à des décisions discordantes des juges du fond (TA Nice, 6 janv. 2004, Comité
de défense de la baie des anges et du pays niçois, JCP Adm. 2004, no 1118, note A. Fouchet ; TA Paris,
18 juin 21004, Assoc. Environnement XVe, Assoc. Orbital et autres, AJDA 2005. 159, note P. Bon ;
CAA Paris, 31 déc. 2004, Ville de Paris c/ Assoc. Orbital et autres, AJDA 2005. 945, concl. B. Bachini
et note P. Bon). Le décret ayant été finalement édicté le 30 mai 2006, le nouveau système est enfin entré
en vigueur.
2394. Pour une des premières applications contentieuses, voir CE, 27 juin 2005, Goislard de
Monsabert, préc.
2395. P. Bon, « L'autorité compétente pour édicter une déclaration d'utilité publique », RFDA 2004.
243 ; P. Thierry, « La nouvelle répartition des compétences en matière de déclaration d'utilité publique »,
AJDA 2004. 658.
2396. Il en va ainsi même si le bien exproprié est un bois ou une forêt appartenant au domaine privé de
l'État. En effet, alors que l'article L. 62 du Code du domaine de l'État (aujourd'hui CGPPP, art. L. 3211-5)
disposait que les bois et forêts domaniaux ne peuvent être aliénés qu'en vertu d'une loi, le Conseil d'État
avait estimé que l'article 9 in fine de l'ordonnance du 23 oct. 1958 – devenu l'article L. 12-4 in fine de
l'ancien Code de l'expropriation dont s'inspire l'article L. 222-4 du nouveau Code – qui traite des modalités
de cession des immeubles faisant partie du domaine privé de l'État dérogeait à cette disposition : CE 9 nov.
1979, Ministre de l'Agriculture et société d'aménagement de la Côte de Monts c/ Association de
défense de l'environnement en Vendée, Lebon 406 ; AJDA 1980. 362, concl. D. Labetoulle ; Rev. adm.
1980. 274, note J. Lemasurier ; D. 1980. IR 354, obs. P. Bon. Conformément à cette jurisprudence, l'avant
dernier al. de l'art. L. 3211-5 CGPPP prévoit aujourd'hui que, par dérogation aux dispositions de son
premier al. selon lesquelles les bois et forêts de l'État ne peuvent être aliénés qu'en vertu d'une loi, ces
derniers, lorsqu'ils sont compris dans le périmètre d'une DUP, sont cédés conformément aux dispositions de
l'art. L. 222-4 du Code de l'expropriation.
2397. Articles 1er et 2e du décret no 72-195 du 29 février 1972 (A. de Laubadère, « Modification des
règles de compétence pour prononcer la déclaration d'utilité publique », AJDA 1972. 291 ; B.-
F. Boussageon, « Les différentes formes de la DUP », AJPI 1972. 325) ; article 1er du décret du 9 mars
1987 jugé conforme à l'article L. 11-2 du Code de l'expropriation par CE 23 nov. 1990, Fournier,
Lebon 336 ; D. 1992. Somm. 399, obs. P. Bon.
2398. Cela dit, comme le principe était que l'utilité publique était déclarée par décret en Conseil d'État,
le fait d'avoir recours à un tel décret alors même l'on se trouvait dans l'un des cas particuliers où un arrêté
ministériel ou préfectoral suffisait n'était pas considéré comme une illégalité : CE 12 avr. 1967, Société
nouvelle des entreprises d'hôtel et autres, Lebon 154 ; JCP 1968. II. 15606, note A. Homont.
2399. Du moins en France métropolitaine ou dans les départements et régions d'outre mer. S'agissant
des anciens territoires d'outre mer que sont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, l'autorité
compétente peut être, comme on l'a déjà indiqué, l'organe désigné par l'assemblée délibérante de la
Nouvelle-Calédonie ou le conseil des ministres de la Polynésie française.
24. V., P. Moor, Droit administratif, préc., p. 136 : l'auteur évoque, par exemple, la soumission d'une
acquisition immobilière au référendum.
240. T. confl. 16 mai 1950, Ministre des Travaux publics, S. 1950. III. 75. note Rousseau.
2400. L'extension d'un camp de manœuvres militaires ne présente pas, par ex., le caractère
d'« installation d'une administration centrale ». Par conséquent, le préfet est compétent pour édicter la DUP
correspondante : CE 5 mars 1976, Tarlier et autres, Lebon 132 ; AJDA 1976. 198, chron. B. Nauwelaers
et M. Boyon ; AJDA 1976. 253, note J.-P. Colson ; JCP 1977. II. 18650, note D. Truchet.
2401. CE 25 févr. 1976, Ministre des Transports c/ Commune de Pluguffan et autres, Lebon 112.
2402. Les routes express sont définies matériellement et formellement. Matériellement en ce sens qu'il
s'agit de routes appartenant au domaine public de l'État, des départements ou des communes accessibles
seulement en des points aménagés à cet effet et qui peuvent être interdites à certaines catégories d'usagers
et de véhicules (C. voirie rout., art. L. 151-1). Formellement en ce sens que la voie doit se voir conférer
expressément le caractère de route express selon les modalités déterminées par l'article L. 151-2.
2403. Toutefois, un décret simple suffit lorsque l'on a affaire à une opération secrète intéressant la
défense nationale : sur ces opérations qui peuvent être dispensées d'enquête, v. ss 677.
2404. Dans l'hypothèse où le décret (en Conseil d'État) prononçant ainsi la DUP fait ensuite l'objet d'un
recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d'État statuant au contentieux, il ne saurait y avoir pour
autant d'atteinte au droit à un juge impartial dès lors que, notamment, ceux des membres du Conseil d'État
qui ont participé à l'avis ne participent pas au jugement du recours : CE 16 avr. 2010, Association Alcaly,
RDI 2010. 370, obs. R. Hostiou ; Constitutions 2010, p. 433, obs. Y. Aguila ; Nouv. Cah. Cons. const.
2010. 268, obs. A. Vidal-Naquet. V. égal., CE 27 févr. 2006, Association Alacaly, Lebon T. 871 ; AJDI
2006. 655, note R. Hostiou ; RDI 2006. 290, obs. L. Marion.
2405. Voire du Président de la République s'il est décidé, ce qui est toujours possible, mais extrêmement
exceptionnel, que le décret portant DUP est délibéré en Conseil des ministres.
2406. Article 22 de la Constitution de 1958. Pour le Conseil d'État, les ministres chargés de l'exécution
d'un décret sont exclusivement ceux qui ont compétence pour signer ou contresigner les mesures
réglementaires ou individuelles que comporte nécessairement l'exécution du décret (CE 22 avr. 1962,
Syndicat national des élèves-conseillers et conseillers au travail et à la législation sociale et autres,
Lebon 276 ; 22 avr. 1962, Sicard et autres, ibid., p. 279 ; AJDA 1962. 283, chron. M. Galabert et
M. Gentot). S'agissant d'un décret portant DUP d'une autoroute ou d'une voie express, ce sera par ex. le
cas du ministre en charge des transports. En revanche, le Conseil d'État a jugé que tel n'était pas le cas du
ministre en charge de l'environnement (V. par ex. CE 14 déc. 1992, Commune de Frichemesnil et autres,
Lebon T. 673) et cela même si le décret définissant ses attributions le charge de participer « aux décisions
déclarant d'utilité publique les grands équipements d'infrastructure » (CE 8 juill. 1994, M. Tête, Lebon 353 ;
AJDA 1994. 747, chron. L. Touvet et J.-H. Stahl ; JCP 1994. IV. 2095, obs. M.-C. Rouault ; D. 1995.
Somm. 378, obs. P. Bon).
2407. Les autoroutes sont également définies à la fois matériellement et formellement. Matériellement
en ce sens qu'il doit s'agir de routes sans croisement, accessibles seulement en des points aménagés à cet
effet et réservées aux véhicules à propulsion mécanique (C. voirie rout., art. L. 122-1). Formellement en ce
sens que la voie doit être expressément classée dans la catégorie des autoroutes selon les modalités
définies par l'article R. 122-1 du Code de la voirie routière. En conséquence, point n'est besoin d'un décret
en Conseil d'État pour déclarer d'utilité publique les travaux de construction d'une voie qui, bien que
présentant les caractéristiques matérielles d'une autoroute, n'a pas été formellement classée dans cette
catégorie et cela alors même qu'un tel classement a été effectué par la suite (CE 19 févr. 1993,
Association de défense de l'avenue Duvergier de Hauranne, Lebon T. 82S ; D. 1994. Somm. 267, obs.
P. Bon).
2408. Si les travaux ont trait à la création d'un aérodrome de catégorie A, ils doivent être déclarés
d'utilité publique par décret en Conseil d'État de telle sorte que le recours à un décret simple ne suffit pas
(CE 11 févr. 1955, Dame veuve Bonnet, Lebon 84). En revanche, s'il s'agit simplement d'étendre
l'extension d'un aérodrome déjà existant, un arrêté préfectoral peut suffire (CE 16 avr. 1975, Sté
alsacienne de sables et de graviers, Lebon 238).
2409. La référence aux lignes du réseau ferré national résulte du décret no 2002-152 du 7 févr. 2002.
Auparavant, l'article R. 11-2 de l'ancien Code de l'expropriation visait les chemins de fer d'intérêt général
par opposition aux chemins de fer d'intérêt local. Les premiers étaient les chemins de fer de l'État ou de
l'un de ses établissements publics, SNCF, RFF ou RATP par ex. ; les seconds étaient les chemins de fer
des collectivités territoriales ou de leurs groupements. En conséquence, seuls les premiers devaient, au cas
d'expropriation, donner lieu à un décret en Conseil d'État. Tel était en particulier le cas d'Orlyval dans la
mesure oû il s'agit d'une voie ferrée concédée par un établissement public de l'État, le Syndicat des
transports parisiens (CE 2 juill. 1993, Louvrier et autres et Association de défense des droits mobiliers
et immobiliers d'Antony, Lebon 207 ; AJDA 1993. 535, chron. C. Maugué et L. Touvet ; D. 1994.
Somm. 267, obs. P. Bon).
241. V. Georgel, AJDA 1965. 607.
2410. CE 4 juin 1954, Commune de Thérouanne, Lebon 339 ; 13 oct. 1976, Ministre de l'Intérieur c/
Boucher, RD publ. 1977. 1060, note J.-M. Auby.
2411. CE 20 mars 1991, Commune du Port, Lebon 95 ; AJDA 1991. 651, obs. G. Teboul ; D. 1992.
Somm. 382, obs. P. Bon.
2412. C. expr., art. L. 121-3. En revanche et de façon peu logique, il n'est pas imposé que le refus du
préfet de prendre l'arrêté ouvrant l'enquête publique soit lui aussi motivé.
2413. C expr., art. L. 121-2.
2414. CE 11 févr. 1970, Ville de Bagneux c/ Préfet de la Seine, Lebon T. 1072 ; AJDA 1970. 363,
obs. A. Homont.
2415. CE 25 juin 1980, Cne de Saint-Alban-de-Roche et autres, Lebon 290 ; D. 1980. IR 537, obs.
P. Bon ; CE 3 nov. 1997, Comité intercommunal de défense du site du pont-du-Gard, Lebon 387 ;.
V. égal. l'avis no 355.587 du 10 févr. 1994 rendu par l'assemblée générale (section des travaux publics) du
Conseil d'État, EDCE 1994, no 46, p. 361. Il a même été admis que l'administration ne puisse déclarer
d'utilité publique qu'une partie du projet soumis à enquête dès lors que les travaux envisagés étaient
divisibles et que les résultats de l'enquête publique avaient fait apparaître la nécessité d'étudier de nouvelles
variantes pour les autres parties de l'ouvrage (CE 17 juin 1998, Époux Bracqbien, Lebon 235 ; AJDI
1999. 529, obs. R. Hostiou).
2416. V. par ex. CE 21 juin 1967, Dame Pinel et autres, Lebon T. 827 ; 16 nov. 1977, Consorts
Déprez, ibid., tables, p. 859 ; 8 mars 1989, Département de la Charente-Maritime, Lebon 84 ; AJDA
1989. 487, obs. J.-B. Auby ; RFDA 1990. 198, concl. A.-M. Leroy ; D. 1990. Somm. 318, obs. P. Bon ;
confirmation de TA de Poitiers, 3 juin 1987, Association pour l'amélioration et la conservation de
l'environnement actuel de Ré et autres c/ Préfet, commissaire de la République de Charente-Maritime
et autres, AJDA 1987. 669, concl. J.-P. Denizet. V. aussi J. Morand-Deviller, « Le pont de l'île de Ré et le
juge », LPA du 23 sept. 1988, p. 5 ; R. Hostiou, « Le droit vu du pont », Rev. jur. de l'ouest 1988, numéro
spécial sur La protection de l'environnement littoral au sein des procédures d'urbanisation, p. 78.
2417. CE 11 juill. 1960, De la Rochette, Lebon T. 1019-1159.
2418. Dans le cas particulier où l'autorité compétente pour prendre la DUP refuse de ce faire et où son
refus est annulé par le juge administratif, ce délai d'un an recommence à courir à compter de la date à
laquelle la décision d'annulation a été notifiée à l'autorité compétente (CE 12 mars 2014, Ministre de
l'Intérieur, Lebon T. 706).
2419. Il suffit d'ailleurs qu'elle ait été édictée avant son expiration même si elle n'est publiée que
postérieurement (CE 29 avr. 1994, M me Cellier, Lebon T. 985 ; D. 1995. Somm. 379, obs. P. Bon).
242. Au moins si elles ont un intérêt pour la voie : par ex. évacuation des eaux fluviales, CE 17 déc.
1971, Vericel, AJDA 1972. 97, chron. Labetoulle et Cabanes.
2420. CE 20 juin 1984, Époux Demelon, Lebon T. 646 ; RFDA 1985. 224, note B. Pacteau ; D. 1985.
IR 413, obs. P. Bon : enquête préalable en vue de la construction d'un pont rendue nécessaire par la vétusté
d'un autre pont désormais affecté à la circulation piétonnière ; mais remise en état de l'ancien pont et
maintien de son affectation à la circulation automobile ; changement important dans les circonstances de
fait de nature à provoquer l'annulation de la DUP.
2421. CE 23 févr. 1977, Fédération des organismes de défense du bassin de Naussac, Lebon
T. 859 ; 10 mai 1985, Chambre de commerce et d'industrie d'Annecy et de la Haute-Savoie, ibid.,
tables, p. 659 ; RFDA 1986. 61, note B. Pacteau ; Quotidien juridique, 31 mai 1986, no 62, p. 2, chron.
H. Moussa ; D. 1986. IR 409, obs. P. Bon.
2422. CE 17 févr. 1976, Ville de Cherbourg et société d'économie mixte immobilière de la ville de
Cherbourg, Lebon 77 ; 22 mars 1978, Groupement foncier agricole des Cinq-Ponts, ibid., tables,
p. 843.
2423. CE 30 nov. 1966, Ministre de la Construction c/ Société d'études et de constructions
immobilières et d'expansion industrielle de la Haute-Savoie, Lebon 632.
2424. Art. L. 122-2 du Code de l'expropriation issu de l'article 4-II de la loi no 95-101 du 2 févr.
1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement modifié par l'article 239 4° de la loi
no 2010-788 du 12 juillet 2010.
2425. M. Gaonac'h, « La motivation de la DUP après la loi démocratie de proximité », Les annales de
la voirie 2004, no 85, p. 69 ; L. Molinero, « La "pseudo-motivation" de la déclaration d'utilité publique »,
Études offertes au professeur René Hostiou, Litec, 2008, p. 401.
2426. Dir. no 97/11 CE du 3 mars 1997, art. 9.
2427. Convention sur l'accès à l'information et la participation du public au processsus décisionnel et
l'accès à la justice en matière d'environnement dite Convention d'Aarhus, art. 6, par. 9.
2428. Art. 145-I de la loi du 27 févr. 2002 relative à la démocratie de proximité ; voir aujourd'hui
l'article L. 122-1, dernier alinéa, du Code de l'expropriation.
2429. Ce que le Conseil d'État a admis puisqu'il a considéré qu'il n'y avait pas lieu de transmettre au
Conseil constitutionnel une QPC fondée sur le fait que les DUP n'avaient pas à être motivées : CE 17 oct.
2012, Sté Parismall Ulis 2, Lebon T. 966 sur un autre point ; RDI 2013. 143, note R. Hostiou ; 26 déc.
2013, Pernet c/ Min. écologie, développement durable et énergie, RDI 2014. 154, note R. Hostiou.
243. CE 29 juin 1990, Consort. Marquesuesuzzal, LPA 9 nov. 1990, note Pacteau.
2430. CE 15 nov. 2006, Sté Placoplâtre et Cne de Vandières, Lebon T. 908 ; BJCL, no 11/06, p. 810,
concl. M. Guyomar et obs. anonymes ; CE 25 avr. 2007, Commune de Beauregard-de-Terrasson, Lebon
T. 895 ; BJCL 2007. 569, E. Prada-Bordenave et obs. M. G. ; AJDA 2007. 2314, note M. Canedo-Paris.
Cette analyse est conforme à la lecture que le Conseil d'État fait de la directive 97/11 CE du 3 mars
1997 précitée puisqu'il considère qu'elle exige seulement de l'auteur de la DUP que, une fois cette dernière
prise, il porte à la connaissance du public une information supplémentaire explicitant les motifs et les
considérations qui l'ont fondée sans que cela impose une motivation en la forme de la DUP qui serait une
condition de sa légalité (CE 2 juin 2003, Union fédérale des consommateurs « Que choisir ? » de Côte
d'or, Lebon T. 817 ; CJEG 2003. 630, concl. C. Maugüé ; AJDA 2003. 1978, note R. Hostiou ; Dr. adm.
2003, no 2003, obs. C.M. ; JCP Adm. 2003, no 2106, note P. Billet ; Coll. terr. 2003, no 1859, obs.
L. Erstein).
2431. CE 20 déc. 1963, Dlle du Halgouet, AJDA 1964. 383, note P. Laporte ; 20 mars 1968, Dame
veuve Guillaume et autres, Lebon T. 972 ; 10 mai 1968, Commune de Brovès, ibid., p. 297, concl.
M. Dutheillet de Lamothe ; RD publ. 1968. 1079, note M. Waline ; CJEG 1968. 151, note M. Magnier ;
AJDA 1968. 455, chron. MM. Massot et Dewost ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et
P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, no 25 ; 14 févr. 1975, Époux Merlin et Association de défense des
habitants des quartiers de Super-La-Ciotat et de Ceyreste, Lebon 109 ; RD publ. 1975. 1705, note
M. Waline ; D. 1976. 144, note J.-P. Boivin ; CJEG 1975. 128, note J. Virole ; AJDA 1975. 229, chron.
MM. Franc et Boyon. Il en va toutefois différemment lorsque, par application des dispositions de l'article
L. 153-58 du Code de l'urbanisme (v. ss 640), l'acte déclaratif d'utilité publique emporte approbation de
nouvelles dispositions d'un PLU : l'acte approuvant un PLU étant un acte réglementaire, la DUP portant
approbation de nouvelles dispositions d'un PLU revêt, dans cette mesure, un caractère réglementaire : CE
28 avr. 1993, Ville de Royan, Lebon 139 ; RFDA 1994. 230, concl. C. Vigouroux et note D. Pouyaud ;
LPA du 15 déc. 1993, no 150, p. 22, note M.-C. Rouault ; D. 1994. Somm. 271, obs. P. Bon.
2432. CE 11 févr. 1983, Commune de Guidel, Lebon 54 ; AJDA 1983. 296, chron. B. Lasserre et J.-
M. Delarue ; D. 1984. IR 194, obs. P. Bon.
2433. G. Vedel et P. Delvolvé, Droit administratif, tome 1, 1992, 12e éd., p. 269.
2434. R. Chapus, Droit administratif général, tome 1, 2001, 15e éd., p. 527.
2435. M.-C. Bergerés, « Les actes non réglementaires », AJDA 1980. 3.
2436. B. Lasserre et J.-M. Delarue, chron. préc.
2437. CE 11 févr. 1983, Commune de Guidel, préc.
2438. CE 29 juin 1951, Lavandier, Lebon 380 ; 30 juin 1961, Groupement de défense des riverains
de la route de l'intérieur, ibid., p. 452 ; D. 1961. 663, concl. J. Kahn et note P.-L. Josse ; 18 nov. 1964,
Marchand, Lebon 557 ; AJDA 1965. 147, note P. Laporte.
2439. CE 31 janv. 1964, Dame veuve Caffort et autres, Lebon 62 ; AJDA 1964. 385, note P. L. ;
21 juill. 1972, Ministre de l'Intérieur c/ Consorts Chabrol, Lebon 583.
244. V. J.-Cl. adm., Fasc. 408-1. X. Braud, « L'insuffisante protection du domaine public ferroviaire »,
Études foncières, no 97, mai-juin 2002, p. 24 ; J.-L. Rohou, « La renaissance du transport ferroviaire »,
Études foncières, no 97, mai-juin 2002, p. 32 ; Anne Florette, « Les gestionnaires de propriétés publiques :
le point de vue de réseau ferré de France », LPA, 23 juill. 2004, p. 30.
2440. CE 23 févr. 1955, Sieur Poirier, Lebon 114 ; RPDA mars 1956, p. 45, note M. Gaudemet ;
30 juin 1961, Groupement de défense des riverains de la route de l'intérieur, préc.
2441. Comme l'affirme par exemple le Conseil d'État à propos de l'affichage, « si divers actes à
intervenir dans la procédure de DUP doivent faire l'objet, soit de notifications individuelles, soit d'insertions
dans la presse, il suffit, pour les actes prononçant la DUP elle-même, qu'ils soient affichés pour que soit
ouvert le délai de recours contentieux » (CE 18 nov. 1964, Sieur Marchand, préc. ; 15 déc. 1976, Dame
Raynaud, Dr. adm. 1977, no 18 ; 23 déc. 1988, M. Laureillard, RD publ. 1989. 1530). V. égal., pour une
formulation partiellement différente, 29 juin 1951, Sieur Lavandier, préc.
2442. CE 18 déc. 1991, M elle Chane Tou Ky, Lebon T. 1115 ; JCP 1993. II. 22050, note A. Bernard ;
D. 1992. Somm. 385, obs. P. Bon. Contra 29 janv. 1964, Dame veuve Caffort et autres, préc.
2443. CE 6 oct. 1999, Époux Demonteix, Lebon T. 835 ; 9 févr. 2000, Chevalier et autre, ibid.,
p. 45 ; AJDI 2000. 714, obs. R. Hostiou ; RDI 2000. 319, note F. Donnat.
2444. CE 7 mars 1994, Association pour le tracé ouest du contournement routier de Carling,
Lebon 114 ; D. 1995. Somm. 379, obs. P. Bon.
2445. CE 22 déc. 1978, Lebon 524.
2446. Il en allait toutefois différemment dans le cas particulier où, en application de l'article L. 153-58
du Code de l'urbanisme, la DUP emportait modification d'un plan local d'urbanisme et était considérée alors
comme présentant un caractère réglementaire (CE 28 avr. 1993, Commune de Royan, précité) : le juge
acceptait d'examiner si elle portait atteinte aux objectifs définis par une directive communautaire puisque
l'on se trouvait hors du champ d'application de la jurisprudence Ministre de l'Intérieur c/ Cohn Bendit.
Mais, par la suite, il avait précisé qu'un tel moyen était inopérant dès lors que les requérants se bornaient à
contester la légalité de la DUP : par exemple, si l'on a affaire à un décret déclarant d'utilité publique les
travaux de prolongement d'une ligne de TGV et emportant modification d'un plan d'urbanisme et si le
requérant se borne à contester la légalité des dispositions du décret qui portent DUP, lesquelles ne
constituent pas un acte réglementaire, il ne peut utilement invoquer un moyen tiré de la méconnaissance des
objectifs fixés par une directive (CE 17 nov. 1995, Union juridique Rhône-Méditerranée, Lebon 412).
2447. CE 30 oct. 2009, M me Perreux, Lebon 407 avec concl. M. Guyomar ; M. Long, P. Weil,
G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, Dalloz, 20e éd., 2015, no 111 et les références citées
2448. CE 17 mars 2010, Association Alsace nature et autres, BJCL 2010. 170, concl. C. Roger-
Lacan et obs. M. G. ; RJ envir. 2010. 485, note R. Hostiou ; Constitutions 2010, p. 433, obs. Y. Aguila ;
Nouv. Cah. Cons. const. 2010. 268, obs. A. Vidal-Naquet : les dispositions invoquées à l'encontre d'une
DUP – en l'espèce l'art. 6 § 1 de la directive no 85/337/CEE du 17 juin 1985 modifiée – sont, en raison de
leur imprécision, dépourvues d'effet direct.
2449. CE 10 mai 1968, Commune de Brovès, préc. ; 22 févr. 1974, Adam et autres, Communes de
Bernolsheim et Mommenheim, Lebon 145 ; AJDA 1974. 197, chron. MM. Franc et Boyon ; D. 1974. 430,
note J-P. Gilli ; RD publ. 1974. 1780, note M. Waline ; AJPI 1974. 428, note R. Hostiou ; CJEG 1974. 209,
note J. Virole ; RD publ. 1975. 486, concl. M. Gentot ; JCP 1975. II. 18064, note B. Odent ; 29 juin 1979,
Ministre de l'Intérieur c/ Malardel, Lebon 294, concl. P. Dondoux ; AJDA 1979, no 10, p. 20, chron.
Y. Robineau et M.-A. Feffer ; CJEG 1981. 4, note P. L. ; RD publ. 1980. 967, note M. Waline ; D. 1979.
IR 516, obs. P. Bon ; TA de Rennes, 9 juill. 1980, Commune de Plougasnou, Lebon T. 759.
245. C. Lavialle, « La loi du 13 février 1997 créant “Réseau ferré de France” et le nouveau
régime des domaines et transports ferroviaires », RFDA 1997-768.
2450. V. les conclusions précitées de M. Dutheillet de Lamothe, Lebon 1968, p. 302.
2451. CE 22 févr. 1974, Adam et autres, préc.
2452. CE 10 mai 1968, Commune de Brovès, préc.
2453. CE 19 mars 2003, M me Mestre, BJCL 2003, no 5, p. 342, concl. M. Guyomar et obs. M.D. ;
AJDI 2003. 864, obs. R. Hostiou ; RDI 2003. 332, obs. F. Donnat ; Dr. adm. 2003, no 110, obs. M.G. :
Coll. terr. 2003, no 146, obs. L. Erstein.
2454. Alors que, si la DUP avait été un acte créateur de droits, le retrait n'aurait été possible que dans
le respect des conditions posées par la célèbre jurisprudence Dame Cachet (CE 3 nov. 1922, Lebon 790 ;
RD publ. 1922. 552, concl. M. Rivet ; S. 1925.3.9., note M. Hauriou) partiellement modifiées par la
jurisprudence Ternon (CE 26 oct. 2001, RFDA 2002. 77, concl. F. Séners et note P. Delvolvé ; AJDA 2001.
1034, chron. M. Guyomar et P. Collin et 2002, p. 738, note Y. Gaudemet ; RD publ. 2002. 718, chron.
C. Guettier ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd., 2015, no 102),
c'est-à-dire à la condition que l'acte soit illégal et dans un délai de quatre mois suivant la prise de décision.
2455. Ce qui est donc le même régime que pour le retrait des actes créateurs de droit tels qu'il résultait
des jurisprudences précitées Dame Cachet – Ternon et aujourd'hui de l'article L. 242-1 du Code des
relations entre le public et l'administration.
2456. CE 29 avr. 1994, Association Unimate 65 et autres, Lebon 203 ; CJEG 1994. 443, concl.
P. Frydman ; AJDA 1994. 367, chron. C. Maugué et L. Touvet ; D. 1995. Somm. 382, obs. P. Bon. Certes,
cet arrêt ne concerne pas une DUP relative à une expropriation mais une DUP relative à la constitution
d'une servitude de passage d'une ligne électrique. Toutefois, les règles qu'il pose sont transposables à la
matière des expropriations.
2457. Le propriétaire conservant, dans cette attente, la libre disposition de sa chose sous réserve du fait
que, comme on le verra (v. ss 811), les améliorations qu'il est susceptible de lui apporter pourront être
suspectées d'être entreprises dans le seul but d'obtenir une indemnité d'expropriation plus élevée.
2458. Sous l'empire des textes antérieurs, il n'existait aucune obligation de préciser dans la DUP le délai
de réalisation de l'opération. Mais il était assez fréquent, en pratique, que la DUP contienne une telle
précision et, lorsque tel était le cas, le délai fixé était considéré comme impératif (CE 23 oct. 1931, Société
La gerbe, Lebon 903). Par ailleurs, dans l'hypothèse où la DUP était muette en la matière, le juge s'était
efforcé de fixer des bornes à la validité de la DUP (V., P.-L. Josse, Travaux publics, expropriation, Sirey,
1958, p. 282-283).
2459. CE 25 mai 1979, Mme. Bayret, Lebon 239 ; JCP 1980. 11.19277, concl. B. Genevois ; AJDA
1979, no 10, p. 22, chron. Y. Robineau et M.-A. Feffer ; D. 1979. IR 514, obs. P. Bon ; 14 déc. 1984,
Groupement de défense au sujet du projet de déviation de la RN 6, Lebon T. 648 ; D. 1985. IR 413,
obs. P. Bon.
246. Les modalités d'application de ces principes sont précisées par le décret no 97-445 du 5 mai 1997.
2460. Cette possibilité, depuis longtemps admise par la jurisprudence (CE 26 juin 1974, Consorts
Gaubert et époux Margail, Lebon 374 ; 21 janv. 1976, Époux Boittin, ibid., tables, p. 950 ; 5 mai 1976,
Dame veuve Adolphe et consorts Arcidiacono, ibid., p. 241 ; RD publ. 1977. 857, note M. Waline ;
8 oct. 1980, Lamouille et autre, Lebon 357 ; CJEG 1981. 20, note anonyme ; D. 1981. IR 328, obs.
P. Bon ; 12 mai 1989, Astier et Tiradon, Lebon T. 728 ; CJEG 1990. 57, concl. M. Frydman ; D. 1990.
Somm. 319, obs. P. Bon ; 26 sept. 2001, Maupas et autres, Lebon T. 1001 ; AJDA 2002. 47, obs.
R. Hostiou ; RDI 2002. 41, obs. F. Donnat), est désormais explicitement prévue par l'article L. 121-5 du
nouveau Code.
2461. CE 30 juin 1989, Tacher et groupement de défense au sujet du projet de déviation de la RN
6, Rec. CET., p. 728 ; D. 1990. Somm. 319, obs. P. Bon.
2462. CE 24 nov. 2004, Commune de Veigne, Lebon T. 730 ; BJCL 2005, no 1, p. 21, concl.
D. Chauvaux ; RDI 2005. 110, obs. F. Donnat ; Environnement 2005, no 16, obs. L. Benoit.
2463. CE 25 mai 1979, M me Bayret, préc. ; 14 nov. 1984, Groupement de défense au sujet du projet
de déviation de la RN 6, préc. ; 27 juin 2005, Féd. des syndicats agricoles du Béarn et Lassalle, Lebon
T. 924.
2464. CE 6 juin 1958, Chambre de commerce d'Orléans et autres, Lebon 315 ; AJDA 1958. 261,
concl. M. Long ; 3 juill. 1959, Laidet et dame Poumailloux, Lebon 426 ; 18 nov. 1959, de Lanet, ibid.,
tables, p. 1003.
2465. CE 17 avr. 1970, Dame Fusy et autres, Lebon 255 ; AJDA 1970. 434, note A. Homont ; AJDA
1970. 603, concl. M. Bertrand ; 17 mars 1971, Ministre de l'Équipement et du Logement c/ Dame Fusy,
Lebon 224 ; RD publ. 1972. 219, note M. Waline ; 15 oct. 1971, Demoiselles Ferrasse, Lebon 611 ;
3 nov. 1972, Consorts Marquer et époux Lefevre, ibid., tables, p. 1121 ; 23 juin 1976, Commune de
Guéthary, ibid., p. 326 ; RD publ. 1977. 857, note M. Waline. Pour un jugement relevant un changement
dans les circonstances de fait, V. par ex. TA de Strasbourg, 6 juin 1975, Époux Ott Hubert et autres c/
Préfet du Bas-Rhin, RJ envir. 1976. 46, note M. Prieur.
2466. V. par ex. les commentaires précités de la jurisprudence Fusy.
2467. CE 18 déc. 1991, M elle Chane Touky, préc.
2468. Même arrêt.
2469. F. Bouyssou, « Une garantie méconnue du droit de la propriété : le droit de délaissement en
matière d'urbanisme et d'expropriation », JCP N 1978, p. 299. V. égal. sur le droit de délaissement en
matière d'urbanisme, Y. Brochen et L. Dejoie, « Le droit de délaissement », LPA du 5 juill. 1993, no 80,
p. 4 ; J.-P. Cordelier, « L'expropriation provoquée (C. urb., art. L. 123-9) », Gaz. Pal. 1982. 2. Doctr. 373 ;
« Réflexions prospectives sur le délaissement », Gaz. Pal. 1996. I, doctr. 269 ; A. Levy, « Les incidences
de la loi SRU sur les droits de préemption et les droits de délaissement », AJDI 2001. 679 ; C. Morel, « Les
procédures de délaissement », Gaz. Pal. 1996. 1. Doctr. 273 ; S. Pérignon, « Le nouveau droit de
délaissement », AJDA 2002. 1116.
247. Les voies ferrées minières ne font pas partie du domaine public (CE 21 mars 1907, Ministre des
Finances, Lebon 319) sauf si elles sont ouvertes au public (CE 1er août 1914, Ministre des Travaux
publics, Lebon 438). Comm. 2217
2470. Peut et non doit puisqu'il est toujours loisible à l'autorité administrative de ne pas donner de suite
à la DUP. Ainsi, il a été jugé que la DUP n'a ni pour objet ni pour effet d'imposer à son bénéficiaire la
réalisation des travaux déclarés d'utilité publique et que, eu égard au pouvoir d'appréciation dont dispose le
maître de l'ouvrage, il n'appartient pas au juge administratif de se prononcer sur les inconvénients allégués
de la décision par laquelle l'autorité administrative, saisie par un tiers d'une demande tendant à ce qu'ils
soient engagés, n'a pas fait droit à cette demande (CE 29 oct. 2003, Cté de défense des riverains du
tronc commun A4-A86, Lebon 420 ; BJCL 2004, no 2, p. 85, concl. G. Le Chatelier ; AJDA 2004. 818,
note C. Car ; AJDI 2004. 303, obs. R. Hostiou ; RDI 2004. 86, obs. F. Donnat ; JCP Adm. 2003, no 2107,
obs. P. Billet ; Dr. adm. 2004, no 8, obs. G.L.C. ; Mon. T.P. 16 avr. 2004, p. 76, obs. G. Le Chatelier).
2471. M. Douence, « Quand le juge découvre des décisions administratives autorisant la réalisation de
travaux », RFDA 2004. 1137.
2472. CE 2 juill. 2001, Commune de la Courneuve, Lebon 327 ; CJEG 2001. 439, concl. Y. de Silva ;
RFDA 2001. 1236, note R. Hostiou ; RDI 2001. 294, obs. F. Donnat.
2473. Même arrêt. V. égal. CE 3 juill. 2002, Commune de Beauregard-de-Terrasson, Association
Alerte A 89 et autres c/ Société Autoroutes du sud de la France, Lebon 258 ; AJDA 2002. 751, concl.
D. Chauvaux.
2474. CE 18 févr. 1998, Association pour la sauvegarde de la région de Langeais et autres, Lebon
T. 966.
2475. P. Chateaureynaud, Le contentieux administratif de l'expropriation, Thèse Paris I, 1977 ;
P. Biasca, « La notion d'utilité publique et son contrôle », Gaz. Pal. 1972. 2. Doctr. 497 ; P. Biasca, « Le
contrôle des opérations d'utilité publique », Gaz. Pal. 1975. 1. Doctr. 23 ; J. Ferbos, « Recours contre l'acte
déclaratif d'utilité publique », AJPI 1985. 330 ; R. Hostiou, « Nature et portée du contrôle exercé par le
juge administratif sur la légalité des décisions administratives complexes : le contentieux de la DUP en droit
français », LPA du 27 juin 2001, p. 8.
2476. Art. R. 311-1, 1o, du CJA.
2477. Art. R. 311-1, 2o, du CJA.
2478. Art. R. 312-7 du CJA.
2479. CE 3 juill. 1998, M me Salva-Couderc, Lebon 297 ; RFDA 1999. 112, concl. P. Hubert et note
A. Bourrel ; AJDA 1998. 792, chron. F. Raynaud et P. Fombeur ; D. 1999. 101, note R. Hostiou.
248. CE 13 juin 1938, Pétard, Lebon 553 – P. Idoux et R. Romi, Sur la « propriété » des gares,
JCP Adm. 2011-2160. P. Idoux, À la recherche d'une gestion impartiale et équitable des gares. À propos du
décret no 2012-70 du 20 janvier 2012 relatif aux gares de voyageurs et aux autres infrastructures du
service du réseau ferroviaire, JCP A 2012, c.
2480. CE 7 juin 1999, Ville de Neuilly-sur-Seine, AJDI 2000. 52, obs. R. Hostiou.
2481. CE 11 juin 1999, Département de la Savoie, req. no 172897.
2482. CE 16 janv. 2008, Cté d'agglomération de Maubeuge Val de Sambre, Lebon T. 777 ; RDI
2008. 149, obs. R. Hostiou ; RLCT 2008, avr. 2008, p. 39, obs. E. Glaser.
2483. CE 3 juill. 1998, M me Salva-Couderc, préc.
2484. CE 3 juill. 1998, M me Salva-Couderc, préc. ; 15 mars 1999, M me Canonne, RJ envir. 1999.
477.
2485. CE 2 juill. 1999, Commune de Volvic, Lebon 238 ; RFDA 1999. 1185, note R. Hostiou.
2486. CAA Lyon 26 nov. 1996, M me Bouchet, Lebon T. 954 ; D. 1998. 339, note R. Hostiou ; CE
8 juin 1998, Groupement foncier agricole du domaine de la Cabanne, Lebon T. 968 ; AJDI 1998. 1079,
obs. R. Hostiou ; JCP 1999. II. 10026, note A. Bernard ; CE 9 févr. 2000, Chevalier et autre, Lebon 45 ;
AJDI 2000. 714, obs. R. Hostiou.
2487. CE 22 oct. 1969, Consorts Tencere, 1re espèce, AJDA 1970. II. 49, obs. A. Homont ; CJEG
1970. J. 183, note J. Virole.
2488. CE 25 mai 1979, M me Bayret, préc. ; 14 nov. 1984, Groupement de défense au sujet du projet
de déviation de la RN 6, préc.
2489. CE 23 déc. 2014, Communauté d'agglomération du grand Besançon, Lebon T. 783 ; BJCL
2015. 143, concl. S. Von Coester : la qualité de contribuable municipal ou intercommunal ne donne pas
intérêt à attaquer l'acte déclarant d'utilité publique un projet communal ou intercommunal.
249. CE 8 déc. 1950, Cie Générale des eaux, S. 1951. III. 53, note A.-P.
2490. J.-F. Struillou, « Expropriation et théorie de l'urgence : remarques sur le référé suspension »,
Études offertes au professeur René Hostiou, Litec, 2008, p. 499.
2491. CE 6 juill. 1962, Consorts Letot, Lebon 461 ; 25 avr. 1969, Consorts Maurel, AJDA 1969. 363,
obs. A. Homont ; 31 juill. 1992, Danson, Lebon T. 1035.
2492. CE 3 nov. 2006, Syndicat intercommunal d'assainissement du Nord, Lebon T. 906 ; RDI 2007.
263, obs. L. Marion. Avant la réforme de 1995, la solution était évidemment différente puisque, en
l'absence de pourvoi en cassation ou au cas de rejet du pourvoi, l'ordonnance portant transfert de propriété
était définitive et la DUP considérée comme exécutée de telle sorte qu'il n'était pas possible d'en demander
la suspension (CE 6 juill. 1966, Sieur Garand et société « Régimes et traitements médicaux »,
Lebon 448 ; 13 juill. 1967, Commune de Cassis, ibid., tables, p. 890).
2493. V. toutefois CE 27 déc. 1938, Richepin, Lebon 985 ; TA Lyon 18 déc. 1968, Sieur Pupier,
AJDA 1969. 262, obs. D. C. ; CE 16 mars 1969, Pupier, RD publ. 1970. 440.
2494. CE 26 déc. 2002, Assoc. pour la protection des intérêts de Cazaubon-Barbotan, AJDA 2003.
674, note R. Hostiou.
2495. CE 30 mai 2002, Assoc. pour le respect des intérêts de chacun et de défense du cadre de vie
sur le territoire de la commune du Garric et autres, AJDI 2002. 869, note R. Hostiou ; CE 3 mai 2004,
Département de la Dordogne, AJDA 2004. 1374, concl. D. Chauvaux.
2496. Par exemple, le moyen tiré de ce que, en déclarant d'utilité publique l'expropriation d'un immeuble
pour insalubrité en application de la loi de 1970 (v. ss 826) en une circonstance où la dégradation de
l'immeuble en cause résultait principalement du refus de l'État d'accorder le concours de la force publique
pour en expulser des personnes qui l'occupaient sans titre, le préfet aurait commis un détournement de
procédure a été considéré comme propre, en l'état de l'instruction, à créer un doute sérieux sur la légalité
de la DUP justifiant sa suspension : CE 25 mai 2005, Sté Résimmo, Lebon 210 ; BJCL, no 7/05, p. 443,
concl. T. Olson et obs. J.-C. B. ; AJDA 2005. 2125, note F. Bouyssou ; AJDI 2006. 40, note R. Hostiou ;
RDI 2005. 272, obs. F. Donat.
2497. CE 13 févr. 1976, Association de sauvegarde du quartier Notre-Dame, Lebon 100 ; RA 1976.
380, concl. M. Morisot ; AJDA 1976. 302, chron. M. Nauwelaers et L. Fabius ; D. 1977. 115, note
A. Pellet ; RD publ. 1976. 903, note R. Drago.
2498. CJA, art. L. 554-10 à R. 554-12.
2499. Sous l'empire de la loi de 1983, v. M. Prieur (dir.), « Les enquêtes publiques : quel avenir ? »,
Notes et études documentaires, n o 4910, 1990, p. 109. V. aussi par ex. CE 30 avr. 1990, Association
Lindenkuppel, M. Meier et M me Brunner, LPA du 20 févr. 1991, p. 9, note B. Pacteau.
25. Dans le cas des États-Unis : D. Lange, Recognizing the Public Domain, Law & Contemporary
Problems, 1981, no 44, p. 147.
250. Les passerelles surplombant les voies ferrées relèvent du domaine public ferroviaire si elles ne
sont affectées qu'au service public ferroviaire, et de la voirie routière si elles relient des voies routières et
sont ouvertes aux piétons qui les empruntent : CE 21 juin 1944, Compagnie de l'Ouest Africain ; 7 juin
1985, SNCF c. Ville de Drancy.
2500. Toutefois, en dépit de la lettre de l'article L. 123-16 du Code de l'environnement, le Conseil d'État
a considéré qu'elle ne faisait pas obstacle à ce que, à titre exceptionnel, la suspension ne soit pas accordée
si elle portait à l'intérêt général une atteinte d'une particulière gravité : CE 16 avr. 2012, Commune de
Conflans-Sainte-Honorine et autres, Lebon 153 avec concl. D. Botteghi : RFDA 2012. 719, concl.
D. Botteghi ; AJDA 2012. 943, chron. A. Bretonneau et X. Domino ; RDI 2012. 415, obs. P. Soler-
Couteaux ; AJCT 2012. 440, obs. M. Moliner-Dubost ; Dr. adm. 2012, no 59, obs. F. Melleray ; JCP A
2012, no 2295, note R. hostiou ; Envir. 2012, no 74, obs. P. Billet.
2501. CE 29 mars 2004, Cnes de Soignolles-en-Brie, Lissy et Solers, Lebon T. 809. AJDA 2004.
1262, note S. Hul ; RDI 2004. 262, note L. Fonbaustier ; JCP Adm. 2004, no 1433, note P. Billet.
2502. Sous l'empire de la loi de 1976, v. R. Babadji, « Le sursis à exécution pour absence d'étude
d'impact – évolution et perspectives », RJ envir. 1992. 313. V. aussi par ex. CE 21 janv. 1983, Bayle et
autres, Lebon T. 755 ; D. 1984. IR 197, obs. P. Bon ou CE 14 mars 2001, Commune de Goutrens, RFDA
2001. 832, concl. D. Chauvaux.
2503. CE 29 juill. 1983, Commune de Roquevaire, Lebon 353 ; AJDA 1983. 537, chron. B. Lasserre
et J.-M. Delarue ; D. 1984.J.195, note G. Pambou-Tchivouna ; D. 1984. IR 197, obs. P. Bon.
2504. V. par ex. R. Chapus, Droit du contentieux administratif, Montchrestien, 2003, 13e éd.,
respectivement p. 600 et p. 692.
2505. CE 20 janv. 1989, Époux Thiolier et autres, Lebon T. 729 ; D. 1990. Somm. 319, obs. P. Bon.
2506. CE 6 nov. 1981, Richefeu, Lebon 402 ; D. 1982. IR 347, obs. P. Bon ; 21 févr. 1986.
Vanderschelden, req. no 37531, Lebon T. 724 ; D. 1987. Somm. 404, 1re espèce, obs. P. Bon.
2507. CE 23 déc. 1988, Association de la qualité de la vie, de la nature, de l'environnement et de
l'éducation du secteur nord des Bouches-du-Rhône, Lebon 462 ; CJEG 1989. 273, concl. C. de la
Verpillière et note P. Sablière ; RFDA 1990. 27, concl. C. de la Verpillière ; D. 1990. Somm. 13, obs.
P. Bon.
2508. C. Boutayeb, « Le contrôle de l'utilité publique par le juge administratif en matière
d'expropriation », RD publ. 1997. 1385 ; R. Hostiou, « De l'utilité publique à l'utilité privée », JCP Adm.
2011, no 2072.
2509. P. Bocquet, L'expropriation pour cause d'utilité privée, Thèse Lille II 1983 ; A. Cheynet de
Beaupré, « L'expropriation pour cause d'utilité privée », JCP 2005, no 144 ; M.-J. Domestici-Met, « Utilité
publique et utilité privée dans le droit de l'expropriation », D. 1981. 231 ; R. Hostiou, « Détournement de
pouvoir en matière d'expropriation », Études foncières, no 47, juin 1990, p. 6 ; « Utilisation publique du
projet et utilisation privée du bien exproprié », LPA du 20 juill. 1992, no 87, p. 21.
251. Par ex. cours et avenues des gares, stands placés dans les cours des gares (CE 8 janv. 1960,
Lafon, AJDA 1960. 11.183) ; emplacement à usage commercial dans une galerie de la gare Montparnasse
(CE 25 avr. 1951, Baud, Lebon 265) ; logement d'un employé dans la gare (V. concl. Heumann.
CE 21 déc. 1956, SNCF, AJDA 1957. 11, p. 55) ; local sous une gare (CE 2 oct. 1987, Sté le Sully
d'Auteuil).
2510. CE 20 oct. 1961, Consorts White, Lebon T. 1063 : expropriation d'un terrain justifiée par la
création d'un square ; délibération du conseil municipal demandant le déclenchement de cette expropriation
ne faisant pas expressément mention de l'affectation du terrain à la création du square et soulignant
presque exclusivement les profits importants que la commune pourrait retirer de la revente d'une partie de
ce terrain.
2511. CE 4 mars 1964, Dame veuve Borderie, Lebon 157 ; AJDA 1964. 624, note P. Laporte :
création d'un centre hippique municipal ayant eu en réalité pour unique motif de permettre l'installation d'un
cercle hippique privé ; 3 oct. 1980, Schwartz et autres, Lebon 353 ; AJDA 1981. 205, obs. J. Lemasurier ;
D. 1981. IR 330, obs. P. Bon : expropriation destinée à faciliter l'exploitation par une société privée d'une
gravière ; 5 juin 1985, Commune de Condat-en-Feniers, Lebon T. 658 : expropriation destinée
uniquement à faciliter l'accès de l'installation industrielle d'un particulier dans les conditions où celui-ci a
entendu organiser sa production et alors que cette entreprise est déjà desservie par un autre chemin
communal ; 17 sept. 1999, M elle Nasica et autres, AJDA 2000. 131, obs. R. Hostiou : expropriation
destinée à faciliter l'accès à une maison d'habitation.
2512. CE 6 janv. 1967, ministre de l'Intérieur c/ Boucher, Lebon T. 827 ; JCP 1967. II. 15121, note
A. Homont : expropriation d'une propriété ayant eu pour but déterminant de faire échec à l'acquisition de
ladite propriété par une personne étrangère à la région ; 16 févr. 1972, Ministre de l'Équipement et du
Logement c/ Baron, Lebon 139 : expropriation d'un terrain ayant pour seul objet de faire échec à un projet
de construction de son propriétaire.
2513. J.-M. Auby et R. Drago, Traité de contentieux administratif, tome 2, LGDJ 1984, 3e éd.,
p. 406.
2514. CE 11 juin 1982, Ministre de l'Intérieur c/ Hottier, Lebon T. 641 ; D. 1983. IR 290, obs. P. Bon.
2515. Comparer par exemple, en matière d'expropriations destinées à désenclaver une propriété privée,
CE 22 oct. 1958, Moreau, Lebon T. 918 (détournement de pouvoir) et 21 nov. 1990, Labit et époux
Lassalte-Carrère, ibid., p. 333, D. 1991. Somm. 400, obs. P. Bon (absence de détournement de pouvoir)
et, en matière d'expropriations permettant à l'administration de s'affranchir des clauses d'un bail, 20 mars
1953, Bluteau, Lebon T. 690 (détournement de pouvoir) et 10 juin 1991, Consorts Piollet, ibid., p. 227,
D. 1992. Somm. 383, obs. P. Bon (absence de détournement de pouvoir).
2516. Si, par ex., l'initiateur de l'expropriation ou son bénéficiaire n'a pas été appelé à l'instance par
suite d'une carence du greffe et que l'État défende mollement l'utilité publique d'un projet qui, après tout,
n'est pas directement le sien, il peut arriver que le juge conclue alors à l'existence d'un détournement de
pouvoir. Mais si l'initiateur ou le bénéficiaire forme contre son jugement une tierce opposition en donnant
des explications précises sur ses intentions, il n'est pas impossible que le juge se déjuge, déclare le premier
jugement non avenu et conclue à la poursuite d'un but d'utilité publique. Cf. CE 7 déc. 1983, Commune de
Lauterbourg, Lebon 491 ; Rev. adm. 1984. 154, chron. B. Pacteau ; D. 1984.J.583, note R. Hostiou ;
D. 1984. IR 451 obs. P. Bon ; décision déclarant non avenue CE 3 oct. 1980, Schwartz et autres, préc.
2517. R. Hostiou, chron. à l'AJPI 1976. 190.
2518. CE 20 juill. 1971, Ville de Sochaux, Lebon 561 ; AJDA 1972. 227, note A. Homont : « si la
déviation de la route en question procure à la société « Automobiles Peugeot » un avantage direct et
certain, il est conforme à l'intérêt général de satisfaire à la fois les besoins de la circulation publique et les
exigences du développement d'un ensemble industriel qui joue un rôle important dans l'économie locale ;
26 juin 1974, Consorts Weyl, sieur Weyl et Delle Schneider, Lebon T. 1008 : projet de création d'une zone
industrielle ayant pour objectif de permettre l'extension d'une usine mais permettant l'implantation d'autres
entreprises et présentant des avantages économiques et sociaux correspondant à un intérêt général.
V. également, à propos d'expropriations destinées à permettre des opérations de rénovation immobilière
dans le centre des villes qui, si elles sont sources de profits pour les promoteurs, peuvent être considérées
par le juge comme permettant de satisfaire aussi l'intérêt public, CE 21 févr. 1975, Ministre de l'Intérieur
c/ Mamet, Deryng et autres, Lebon 149 ; P. Loquet, « La Communauté urbaine, le promoteur et le
Diplodocus ou de l'utilité publique d'une opération privée », Mélanges J. Teneur, Lille, 1977, tome 2,
p. 515 ; 22 déc. 1978, Dame Leydet, Lebon T. 843 ; D. 1979. IR 324, obs. P. Bon ; 7 nov. 1979, ministre
de l'Équipement et de l'Aménagement du territoire c/ Association « La renaissance du vieux Metz »,
Lebon T. 760 ; D. 1980. IR 358, obs. P. Bon.
2519. M.-J. Domestici-Met, « Utilité publique et utilité privée dans le droit de l'expropriation », préc. ;
P. Bocquet, L'expropriation pour cause d'utilité privée, préc.
252. S. Braconnier, « Consistance et valorisation du domaine aéroportuaire », in L'avenir des
aéroports : entre décentralisation et concurrence, Litec, 2007, p. 75.
2520. CE 14 janv. 1955, Bessinger, Lebon 24 ; 11 janv. 1957, Louvard, ibid., p. 27 ; 4 déc. 1957,
Julienne, ibid., tables, p. 926 ; 4 déc. 1959, Dame veuve Bos, ibid., tables, p. 1002.
2521. On trouvera un exposé particulièrement synthétique du contrôle traditionnellement exercé par le
juge sur l'utilité publique d'une opération – de même, bien sûr, qu'une présentation des nouvelles voies du
contrôle juridictionnel – in R. Chapus, Droit administratif général, tome 2, Montchrestien, 15e éd., 2001,
p. 742-744. V. aussi J. Raux, « L'examen des faits par le juge administratif dans le contrôle de la légalité
interne de la procédure d'ex-propriation », AJDA 1967. 197.
2522. P. Dondoux, concl. sur CE 29 juin 1979, ministre de l'Intérieur c/ Malardel, Lebon 299. Ce
contrôle en trois temps, qui est ainsi exercé depuis une quarantaine d'année, a été synthétisé récemment
par le Conseil d'État lui-même dans des termes très proches puisqu'il a indiqué qu'il appartient au juge,
lorsqu'il doit se prononcer sur le caractère d'utilité publique d'une opération nécessitant l'expropriation
d'immeubles et de droits réels immobiliers, de contrôler successivement qu'elle répond à une finalité
d'intérêt général, que l'expropriant n'était pas en mesure de réaliser l'opération dans des conditions
équivalentes sans recourir à l'expropriation, notamment en utilisant des biens se trouvant dans son
patrimoine et, enfin, que les atteintes portées à la propriété privée, le coût financier et, le cas échéant, les
inconvénients d'ordre social ou économique que comporte l'opération ne sont pas excessifs eu égard à
l'intérêt qu'elle présente (CE 19 oct. 2012, Cne de Levallois-Perret, Lebon T. 800 ; BJCL 2012. 865,
concl. S. Von Coester ; RJEP 2013, no 16, concl. Von Coster ; RDI 2012. 617, obs. R. Hostiou ; AJCT
2013. 102, obs. R. Grand ; JCP Adm. 2013, no 2063, note J.-F. Struillou).
2523. Il a parfois été soutenu qu'il convenait également de se poser une autre question, celle de savoir
si l'opération envisagée comblait une carence de l'initiative privée. Par exemple, une expropriation destinée
à permettre la réalisation d'un lotissement communal ne serait légale que si l'initiative privée était
défaillante ; à l'inverse, elle serait illégale si un propriétaire avait déjà demandé l'autorisation de faire un
lotissement correspondant aux besoins de la commune. Bien qu'une telle analyse ait parfois été reprise par
des tribunaux administratifs (TA Rennes, 16 mars 1977, Baudet, Lebon 563) ou par des commissaires du
gouvernement devant le Conseil d'État, la haute juridiction semble écarter totalement la condition de la
carence de l'initiative privée : CE 30 nov. 1966, Ménager, Lebon T. 994 ; 27 oct. 1971, Delle Degraix,
ibid., p. 632 ; 11 oct. 1972, Delle Lallemand, Dr. adm. 1972, no 368. Sur cette question, on pourra
consulter également G. Liet-Veaux, note sous CE 23 oct. 1963, Dame veuve Musy, Rev. adm. 1963. 461 ;
F. Bouyssou, « Expropriation et lotissements communaux », Droit et ville, n o 5, p. 255, spécialement
p. 259-261 ; P. Bon, obs. au D. 1979. IR 321 et au D. 1981. IR 327 ; A. Bonnet, concl. sur TA de
Clermont-Ferrand 20 nov. 1986, Coudeyrette et Dame Vassias c/ Commissaire de la République du Puy-
de-Dôme, D. 1987.J.153. ; J.-F. Gipoulon, chron. sous CAA de Paris, 16 juin 1994, ministre de l'Intérieur
et de la Sécurité publique c/ Époux Néri, AJDA 1994. 808.
2524. CE 24 juill. 1987, Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation c/ Époux Denis,
Lebon 281 ; D. 1990. Somm. 23, obs. P. Bon. V. égal., pour un projet de lotissement de trois maisons
individuelles d'habitation, 17 déc. 1980, Préfet de Saône-et-Loire, Lebon T. 756, ou, pour un projet de
lotissement de quatre lots, 8 nov. 1993, ministre de l'Intérieur c/ M mes Roche et Béraud, Bulletin de
jurisprudence de droit de l'urbanisme 1994, no 1, p. 81, concl. J.-C. Bonichot.
2525. CE 11 mars 1981, Dame Vincent, Lebon T. 770 ; D. 1981. IR 539, obs. P. Bon. V. également,
pour un projet de création d'un parc de stationnement, 16 janv. 1976, Guillet, Lebon T. 946.
2526. CE 5 oct. 1983, Commune de Montrichard, Lebon 397 ; D. 1984. IR 456, obs. P. Bon.
Confirmation de TA d'Orléans, 10 mars 1981, Denis et autres, Lebon T. 770.
2527. CE 20 nov. 1974, Époux Thony et Époux Hartmann-Six, Lebon T. 1009-1010 ; Rev. adm.
1975. 373, concl. D. Labetoulle.
2528. V. par ex. CE 19 janv. 1979, Leclert, Lebon T. 758 ; D. 1979. IR 323, obs. P. Bon.
2529. CE 29 juin 1979, Malardel, Lebon 294, concl. P. Dondoux précitées ; AJDA 1979, no 10, p. 20,
chron. Y. Robineau et M-A. Feffer ; CJEG 1981. 4, note P. L. ; RD publ. 1980. 1167, note M. Waline ;
D. 1979. IR 516, obs. P. Bon ; 11 févr. 1983, Commune de Guidel, Lebon 54 ; AJDA 1983. 296, chron.
B. Lasserre et J-M. Delarue ; D. 1984. IR 194, obs. P. Bon.
253. J.-F. Brisson, « L'incidence de la loi du 20 avril 2005 sur le régime des infrastructures
aéroportuaires », AJDA 2005-1835 s.
2530. CE 16 avr. 1980, Sieur Maliar, Lebon T. 756 ; D. 1980. IR 541, obs. P. Bon ; 4 juill. 1980,
Masuelle, Lebon 306 ; D. 1980. IR 537, obs. P. Bon ; 19 mai 1983, M me Barronet et autres, Lebon 207 ;
AJDA 1983. 488, note R. Hostiou ; D. 1984. IR 156, obs. P. Bon ; 3 avr. 1987, Consorts Métayer et
époux Lacour, Lebon 121 ; CJEG 1987. 790, concl. C. Vigouroux ; RFDA 1987. 531, note B. Pacteau ;
AJDA 1987. 549, obs. X. Prétot ; D. 1990. Somm. 22, obs. P. Bon ; 7 févr. 1992, M elle Decuers, Lebon
T. 1031 ; 18 déc. 1992, Époux Perez, LPA du 23 févr. 1994, p. 7, concl. O. Fouquet ; 28 juill. 1993,
Commune d'Auzielle, Lebon T. 821 ; 7 oct. 1994, Ministre de l'Intérieur c/ M me Odoit et autres, ibid.,
tables, p. 982 ; 5 mars 1997, Consorts Zanatta, ibid., p. 73 ; 16 janv. 2008, Communauté de
l'agglomération de Maubeuge Val de Sambre, Lebon T. 777 ; RDI 2008. 149, note R. Hostiou ; RLCT
2008, avril 2008, p. 39, obs. E. Glaser (confirmation de CAA Douai 26 mai 2005, Communauté de
l'agglomération de Maubeuge Val de Sambre, AJDA 2006. 136, note R. Hostiou). D'ailleurs, le juge du
fond doit désigner les immeubles déjà possédés par l'expropriant offrant des conditions de réalisation
équivalentes afin de mettre à même le juge de cassation d'exercer le contrôle de légalité qui lui incombe
(CE 23 déc. 2010, Commune de Levallois-Perret, RDI 2011. 156, note R. Hostiou).
2531. CE 16 avr. 1980, Sieur Maliar, préc.
2532. CE 18 déc. 1992, Époux Perez, préc.
2533. CE 7 oct. 1994, Ministre de l'Intérieur c/ M me Odoit et autres, préc.
2534. CE 16 janv. 2008, Communauté de l'agglomération de Maubeuge Val de Sambre, préc.
2535. TA Rennes 5 mars 1992, M. Richepin, RJ envir. 1992. 257, concl. J.-C. Bernard et note
V. Brisset.
2536. CE 12 avr. 1995, Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres, LPA du 19 juill.
1995, no 86, p. 31, note F. Rouvillois.
2537. V. dans le même sens mais à propos d'une autre île, CAA Paris, 22 nov. 1994, Conservatoire de
l'espace littoral et des rivages lacustres, Lebon T. 983. V. égal. CE 29 juill. 1994, Commune d'Auris-en-
Oisans et autres, ibid., tables, p. 983 : une expropriation au bénéfice d'EDF de terrains sur lesquels cet
établissement public était déjà titulaire de baux emphytéotiques n'est pas dépourvue de nécessité en dépit
de l'existence de ces baux dès lors notamment qu'ils expiraient à des dates très antérieures à la date
d'expiration de la concession pour l'exécution de laquelle EDF se servaient des terrains en question.
2538. CE 26 juill. 2006, Ministre des Transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer c/
Consorts Revillard, Lebon 373 ; RFDA 2007. 304, concl. I. de Silva et note R. Hostiou ; RJEP/CJEG
2007, p. 21, concl. I. de Silva ; AJDA 2006. 1527, obs. J. Jegouzo ; JCP Adm. 2006, no 1313, note
J. Moreau ; JCP Adm. 2007, no 2057, note E. Carpentier ; AJDI 2007. 819, note S. Traoré.
2539. G. Braibant, « Le principe de proportionnalité », Mélanges M. Waline, LGDJ, 1974, tome 2,
p. 297 ; V. Brisset, « Le bilan coût-avantages et la protection de l'environnement », LPA du 8 mars 1993,
no 29, p. 4 ; J. Caillosse, « La jurisprudence Ville nouvelle est – Théorie et pratique de l'utilité publique »,
Droit et ville 1978, p. 221 et 273 ; J.-P. Gilli, « Le rôle du juge administratif en matière d'expropriation »,
AJDA 1973. 13 ; J.-P. Gilli, « L'étendue du contrôle juridictionnel de l'utilité publique », AJPI 1975. 786 ;
A. Holleaux, « La jurisprudence du bilan », Rev. adm. 1980. 593 ; R. Hostiou, « L'évolution du contrôle
juridictionnel de la notion d'utilité publique en matière d'expropriation », AJPI 1973. 877 ; J. de Lanversin,
« Le contrôle juridictionnel de l'utilité publique – Tentative d'explication d'un renouvellement
jurisprudentiel », AJPI 1974. 790 ; J. Lemasurier, « Vers un nouveau principe général du droit ? Le principe
« bilan coût-avantages » », Mélanges M. Waline, préc., tome 2, p. 551 ; J. Lemasurier, « Bilan coût-
avantages et nécessité publique », Rev. adm. 1979. 502 ; M. Savarit, Tentative d'évaluation de l'efficacité
d'une technique juridictionnelle de contrôle : l'exemple du bilan coût-avantages, thèse Poitiers 1995 ;
A. Van Lang, « De l'usage du bilan dans l'après jugement », Mélanges J.-F. Lachaume, Dalloz, 2007,
p. 1053 ; J. Waline, « Le rôle du juge administratif dans la détermination de l'utilité publique justifiant
l'expropriation », Mélanges M. Waline, préc., tome 2, p. 811 ; P. Wachsmann, « Un bilan du bilan en
matière d'expropriation : la jurisprudence Ville nouvelle est trente ans après », Liber amicorum J. Waline,
Dalloz, 2002, p. 733.
254. CE 18 févr. 1955, Société de découage, RPDA 1955. 92.
2540. CE 28 mai 1971, Ministre de l'Équipement et du Logement c/ Fédération de défense des
personnes concernées par le projet actuellement dénommé « Ville nouvelle est », Lebon 409, concl.
G. Braibant ; D. 1972. 194, note J. Lemasurier ; RD publ. 1972. 454, note M. Waline ; AJDA 1971. 404,
chron. MM. Labetoulle et Cabanes ; AJDA 1971. 463, concl. G. Braibant ; Rev. adm. 1971. 422, concl.
G. Braibant ; JCP 1971. II. 16873, note A. Homont ; CJEG 1972. J. 38, note J. Virole ; M. Long, P. Weil,
G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd., 2015, no 81.
2541. CE 20 oct. 1972, Société civile Sainte-Marie de l'Assomption, Lebon 657, concl. M. Morisot ;
RD publ. 1973. 843, concl. M. Morisot ; AJDA 1972. 576, chron. MM. Cabanes et Léger ; JCP 1973.
II. 17470, note B. Odent ; CJEG 1973. 60, note J. Virole.
2542. CE 17 mars 2010, Alsace nature environnement, BJCL 2010. 170, concl. C. Roger-Lacan et
obs. M. G. ; RJ envir. 2010. 485, note R. Hostiou ; Constitutions 2010. 433, obs. Y. Aguila ; Nouv. Cah.
Cons. const. 2010. 268, obs. A. Vidal-Naquet. L'intégration des inconvénents d'ordre environnemental
dans le bilan permet d'ailleurs au Conseil d'État d'affirmer que, par ce biais, il est satisfait aux exigences de
l'article 6 de la Charte de l'environnement de 2004 selon lequel les politiques publiques « concilient la
protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social », le
respect de ces exigences constitutionnelles étant vérifié dans le cadre du bilan opéré sur l'utilité publique du
projet envisagé (implicitement CE 17 mars 2010, Alsace nature environnement, préc. ; explicitement CE
16 avril 2010, Association Alcaly et autres, RDI 2010. 370, obs. R. Hostiou ; Constitutions 2010. 433,
obs. Y. Aguila ; Nouv. Cah. Cons. const. 2010. 268, obs. A. Vidal-Naquet). À propos, non pas de l'article
6 de la Charte de l'environnement mais de son article 5 relatif au principe de précaution et de la manière
dont son respect se combine avec la méthode du bilan, v. d'ailleurs CE 12 avr. 2013, Assoc. coordination
interrégionale stop THT et a., Lebon 60 ; RFDA 2013. 610, concl. E. Lallet ; RJEP 2013, no 23, concl.
E. Lallet ; BJCL 2013. 408, concl. E. Lallet et obs. E. Carpentier ; AJDA 2013. 1046, chron. X. Domino et
A. Bretonneau ; AJCT 2013. 421, obs. M. Moliner-Dubost ; Dr. adm. 2013, no 60, note O. Le Bot ; RFDA
2013. 1061, note M. Canedo-Paris ; AJDI 2013. 531, note S. Gilbert ; RJE 2013. 589, obs. E. Naim-
Gesbert ; RJE 2013. 679, note F. Cadet ; Dr. envir. 2013. 344, note D. Deharbe et L. Deldique ;
JCP Adm. 2013, n o 2273, note N. Charmeil ; Constr.-Urb. 2013, no 83.
2543. CE 20 oct. 1972, Société civile Sainte-Marie de l'Assomption, préc.
2544. CE 20 oct. 1972, Société civile Sainte-Marie de l'Assomption, préc. ; 26 oct. 1973, Grassin,
Lebon 598 ; AJDA 1973. 586, chron. MM. Franc et Boyon ; ibid., 1974, p. 34, concl. M. Bernard, note
J. K. : création par une commune d'un aérodrome de catégorie D n'apparaissant pas comme devant
exercer une influence notable sur le développement économique de ladite commune alors que son coût est
hors de proportion avec les moyens financiers de la commune ; 4 oct. 1974, Grimaldi et autres,
Lebon 465 : création d'un chemin communal destiné à désenclaver deux maisons qu'il ne dessert que de
façon insuffisante alors qu'il vient couper en deux une propriété voisine en passant au ras de la façade
principale de la maison qui y était implantée ; 18 mai 1977, Comité central d'entreprise de la BNP,
Lebon 228 : expropriation d'une colonie de vacances aux fins d'y transférer les services municipaux et d'y
aménager un jardin public ; 9 déc. 1977, ministre de l'Équipement c/ Weber et autres, ibid., p. 497 ; RJ
envir. 1978. 181, note J.-F. Flauss : projet de lotissement communal nuisant gravement au caractère
pittoresque des lieux ; 27 juill. 1979, M elle Drexel-Dahlgren, Lebon 349 ; D. 1979. 538, note L. Richer ;
AJDA 1980. 97, obs. J.-L. ; D. 1979. IR 517, obs. P. Bon : expropriation à grands frais d'un hôtel particulier
afin de permettre l'extension provisoire de l'école des ponts et chaussées avant son transfert définitif dans
un autre lieu ; 7 déc. 1979, Consorts Lepelley, Lebon T. 759 ; D. 1980. IR 358, obs. P. Bon : rectification
du tracé d'un chemin rural privant un propriétaire de la plus grande partie de la cour située devant sa
maison sans apporter aux utilisateurs du chemin un avantage très appréciable ; 26 mars 1980, Premier
ministre c/ Veuve Beau de Loménie et autres, Lebon 171 ; D. 1980. IR 542, obs. P. Bon : création d'une
station touristique portant une grave atteinte au caractère pittoresque des lieux ; 3 févr. 1982, ministre de
l'Environnement et du cadre de vie c/ De Bernis, Lebon T. 641 : ouverture d'une voie amputant le parc
d'un château inscrit à l'inventaire des monuments historiques ; 4 mars 1983, Falchetto et autres, ibid.,
tables, p. 753 ; D. 1984. IR 193, obs. P. Bon : création dans un quartier peu dense d'un espace vert
entraînant la disparition d'une exploitation horticole ; 20 févr. 1987, Commune de Lozanne, Lebon 67 ;
D. 1989. 126, note C. Stéfanski ; RFDA 1987. 533, note B. Pacteau ; JCP 1988.II.20982, note
F. Hervouet ; CJEG 1987. 690, note R. Couin ; D. 1990. Somm. 20, obs. P. Bon ; confirmant TA de Lyon
17 juin 1982, Époux Fischnaller c/ ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, D. 1982.J.603, note
D. Chabanol : construction de logements sociaux empêchant l'extension d'un hôtel présentant pour la
commune un intérêt économique et touristique ; 27 mai 1987, Ville de Villeneuve-Tolosane, Lebon T. 770 ;
D. l990. Somm. 20, obs. P. Bon : piste cyclable coupant en deux une exploitation agricole ; 25 nov. 1988,
Époux Perez, Lebon 428 ; D. 1990.J.258, note X. Philippe ; LPA du 2 juin 1989, p. 28, note J.-
P. Maublanc ; AJDA 1989. 198, obs. J.-B. Auby ; D. 1990. Somm. 20, obs. P. Bon : création d'une place
plantée d'arbres dans une commune riche en espaces verts supprimant presque totalement un jardin privé ;
22 févr. 1993, Ville de Courbevoie c/ Consorts Sanse, Lebon T. 821 ; D. 1994. Somm. 268, obs. P. Bon :
rectification du périmètre d'un parc public et aménagement plus rationnel des aires de jeux entraînant la
démolition d'une maison d'habitation ; 12 juill. 1993, Époux Patrice, Lebon T. 821 ; D. 1994. Somm. 268,
obs. P. Bon : réalisation d'une aire de stationnement entre l'habitation des requérants et le rivage de la mer ;
7 oct. 1994, Commune de Saint-Étienne, Lebon T. 982 ; D. 1995. Somm. 383, obs. P. Bon : élargissement
d'une rue pour poser un collecteur et faciliter l'accès à une impasse ; 11 mars 1996, ministre de
l'Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer c/ M me Rossi, Lebon 72 : rocade de
contournement d'une agglomération présentant des nuisances acoustiques excessives et un danger pour les
riverains et les usagers ; 28 mars 1997, Association contre le projet de l'autoroute transchablaisienne
et autres, Lebon 120 ; RFDA 1997. 740, concl. M. Denis-Linton et note F. Rouvillois ; AJDA 1997. 545,
note P. Chrestia ; RJ envir. 1997. 397, concl. M. Denis-Linton ; RD publ. 1997. 1433, note J. Waline ; JCP
1997.II.22909, note G. Iacono ; LPA du 2 juill. 1997, no 79, p. 33, note Nguyen Van Tuong ; LPA du 19 déc.
1997, no 152, p. 14, note P. Thierry ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB,
2e éd., 2015, no 26 : tronçon d'autoroute présentant un intérêt limité compte tenu des liaisons existantes et
de la faible probabilité de son prolongement jusqu'à la frontière alors que son coût est élevé ; 15 mars 1999,
M me Canonne, RJ envir. 1999. 477 : aménagement d'une route amputant le parc d'un château d'une
partie de son terrain d'assiette et portant une atteinte disproportionnée à un site doté d'un intérêt historique
et esthétique certain ; 19 mars 2003, M. Ferrand et autres, Lebon T. 816 ; BJCL 2003, no 5, p. 339, concl.
M. Guyomar ; RDI 2003. 333, obs. F. Donnat ; Dr. adm. 2003, no 111, obs. M.G. : aménagement d'une
route nationale transférant un trafic routier important à proximité d'une école maternelle et de divers
commerces et services situés dans le centre de plusieurs bourgs ; 22 oct. 2003, Assoc. « SOS rivières et
environnement » et autres, Lebon 417 ; AJDA 2004. 1193, note R. Hostiou ; JCP Adm. 2003, no 2108,
note P. Billet ; Coll. terr. 2004, no 5, obs. L. Erstein : barrage ayant pour objectif de favoriser la production
d'huitres et de soutenir le débit d'étiage de deux rivières alors que son coût est élevé et que l'eau retenue
dans le plan d'eau principal sera de mauvaise qualité ; 10 juillet 2006, Assoc. interdépartementale et
intercommunale pour la protection du lac de Sainte-Croix, des lacs et sites du Verdon et autres,
Lebon 332 ; RJEP/CJEG 2006, p. 456, concl. C. Vérot et note J.-M. Pilate ; Environnement 2007, no 2,
concl. C. Vérot ; RFDA 2006. 990, note M.-F. Delhoste ; RDI 2006. 370, note L. Fonbaustier : ligne
électrique de 400 000 volts dans un site classé et abritant des espèces animales et végétales protégées ; CE
2 oct. 2006, SCI Les Fournels, Lebon T. 907 ; AJDA 2006. 2123, concl. Y. Aguila ; AJDI 2007. 144, note
R. Hostiou : exigences de la sécurité contre l'incendie dans une entreprise ne justifiant pas l'acquisition à
son bénéfice de parcelles importantes situées à proximité d'autant plus que son développement n'est pas
avéré et que l'opération litigieuse est de nature à faire obstacle à un autre projet de développement
économique.
2545. R. Hostiou, « L'expropriation pour cause d'utilité publique – année 1975 », AJPI 1976. 192.
2546. V. par ex. CE 5 mars 1976, Tarlier, Lebon 132 ; AJDA 1976. 198, chron. Mme Nauwelaers et
M. Boyon ; ibid. 1976, p. 253, note J.-P. Colson ; JCP 1977. II. 18650, note D. Truchet (extension d'un
camp militaire) ; 21 janv. 1977, Perron-Magnan et autres, Lebon 30 ; Rev. adm. 1979. 502, note
J. Lemasurier (construction d'une ligne de TGV) ; 4 mai 1979, Département de la Savoie, Lebon 185 ;
AJDA 1979, no 12, p. 38, note A. Bockel ; RJ envir. 1979. 188, note J-P. Colson ; CJEG 1979. 118, note
P. Girod (édification d'une centrale nucléaire) ; 25 juill. 1986, Girod de l'Ain et autres, Lebon T. 566 ;
RFDA 1986. 956, note D. Ruzié ; D. 1987. Somm. 400, obs. P. Bon (implantation d'un accélérateur de
particules nucléaires).
2547. V. par ex. CE 22 févr. 1974, Adam et autre, Lebon 145 ; RD publ. 1974. 1780, note M. Waline ;
ibid., 1975, p. 486, concl. M. Gentot ; D. 1974. 430, note J.-P. Gilli ; AJDA 1974. 197, chron. MM. Franc et
Boyon ; AJPI 1974. 430, note R. Hostiou et P. Girod ; CJEG 1974. 209, note J. Virole ; JCP 1975.
II. 18064, note B. Odent.
2548. Cette affirmation n'est en rien contredite, bien au contraire, par l'arrêt Société civile Sainte-
Marie de l'Assomption préc. Certes, comme on l'a indiqué, le Conseil d'État annule la déclaration d'utilité
publique en tant qu'elle concerne la construction de la bretelle de raccordement de l'autoroute à la voirie
ordinaire compte tenu du fait que la bretelle en question perturbe gravement le fonctionnement d'un hôpital
et le prive du seul espace vert dont il était pourvu. En revanche, la haute juridiction n'annule pas la DUP en
tant qu'elle concerne la construction de l'autoroute proprement dite. Le bilan de l'opération est alors
considéré comme positif alors même qu'elle entraîne l'expropriation de terrains dépendant du même hôpital
et la suppression d'un de ses bâtiments. Cette affirmation ne nous semble pas non plus contredite par la
jurisprudence Association contre le projet de l'autoroute transchablaisienne précitée : en effet,
l'autoroute ne présentait pratiquement aucun intérêt compte tenu des liaisons existantes et du fait qu'il était
très peu probable qu'elle soit prolongée jusqu'à la frontière suisse de telle sorte que le juge aurait pu
conclure d'emblée au fait qu'elle ne satisfaisait pas concrètement un besoin d'intérêt général sans aller
jusqu'à en dresser le bilan (V. dans ce sens la note précitée de F. Rouvillois).
2549. CE 26 mars 1980, Premier ministre c/ VeuveBeau de Loménie et autres, préc.
255. CE 15 juill. 1931, Ministre des Travaux publics, Lebon 773.
2550. CE 10 juill. 2006, Assoc. interdépartementale et intercommunale pour la protection du lac de
Sainte-Croix et autres, préc.
2551. G. Braibant, concl. sur l'arrêt précité Ville nouvelle est, Lebon 422.
2552. M. Rougevin-Baville, concl. sur CE 19 oct. 1979, Association pour la sauvegarde du Pays de
Rhuys, AJDA 1980. 111.
2553. Ce qui explique que, comme le contrôle du détournement de pouvoir, il puisse donner lieu à des
déjugements sur tierce opposition : CE 10 mai 1985, Chambre de commerce et d'industrie d'Annecy et de
la Haute-Savoie, Lebon T. 659 ; RFDA 1986. 60, note B. Pacteau ; Quotidien juridique du 31 mai 1986,
p. 2, chron. H. Moussa ; D. 1986. IR 409, obs. P. Bon.
2554. J. K., note précitée AJDA 1974. 38.
2555. P. Bon, obs. précitées au D. 1980. IR 542.
2556. CE 7 oct. 1977, Syndicat des paludiers et autres, Lebon 380 ; 3 déc. 1990, Ville d'Amiens et
autres, ibid., p. 344 ; LPA du 19 juin 1991, no 73, p. 8, note J. Morand-Deviller ; D. 1991. Somm. 402, obs.
P. Bon ; 6 juillet 1992, Assoc. pour la protection et la mise en valeur des sites sur des bords de Loire et
autres, Lebon T. 1036 ; 28 mars 1997, Fédération des comités de défense contre le tracé de
l'autoroute A 28, ibid., p. 123 ; RFDA 1997. 754, concl. J.-M. Delarue ; RD publ. 1997. 1433, note
J. Waline ; 28 mars 1997, de Malafosse et autres, RFDA 1997. 754, concl. J.-M. Delarue ; RD publ.
1997. 1433, note J. Waline.
2557. B. Seiler, « Pour un contrôle de la légalité extrinsèque des déclarations d'utilité publique », AJDA
2003. 1472.
2558. C'est la raison pour laquelle l'administration peut être tentée de faire valider par le législateur les
étapes ultérieures de la procédure d'expropriation nonobstant l'annulation de la DUP par le juge
administratif mais encore faut-il que le Conseil constitutionnel n'y trouve rien à redire. Voir à ce propos
l'affaire dite du tramway de Strasbourg : annulation de la DUP par TA Strasbourg, 19 oct. 2004, Assoc. des
résidents du secteur Orbey-Kurgaten et autre, JCP Adm. 2005, no 1126, note P. Billet ; Dr. adm. 2005,
no 18, note C. Urlacher ; art. 139 du projet de loi de programmation pour la cohésion sociale ; déclaration
de son inconstitutionnalité par Cons. const. 13 janv. 2005, no 2004-509 DC, RFDA 2005. 2879, note
R. Hostiou.
2559. T. confl. 25 janv. 1988, Fondation Cousteau, Lebon 484 ; Gaz. Pal. 1988. 1. Jur.503, note
B. Poujade ; D. 1988. J. 205, note P. Didier ; RFDA 1990. 191, concl. M. Laroque. V. aussi J. Morand-
Deviller, « Le pont de l'île de Ré et le juge », LPA du 23 sept. 1988, p. 5. L'analyse ainsi faite par le Tribunal
des conflits est sans doute conforme à la définition jurisprudentielle de la voie de fait alors en vigueur. Il
n'empêche qu'elle laisse un certain sentiment de malaise quant aux effets concrets de l'annulation des DUP,
sentiment de malaise renforcé, jusqu'à la réforme opérée par la loi du 2 févr. 1995, par les développements
qui suivent.
256. CE 22 juill. 1910, Ministre des Travaux publics, Lebon 627.
2560. V. par ex. la note précitée de R. Hostiou au D. 1988. 199.
2561. TGI Bobigny (ch. expr. réf.) 14 mai 1992, Société des brocanteurs du marché Jules-Vallès et
divers c/ Ville de Saint-Ouen, AJPI 1992. 786, obs. A. Bernard ; Paris 22 janv. 1993, Commune de
Saint-Ouen c/ Astord et autres, AJPI 1993. 619, obs. A. Bernard ; Gaz. Pal. 1993. 2, Somm., p. 379, note
A. Bernard ; D. 1994. Somm. 70, obs. P. Carrias. V. égal. H. Fabre-Luce, « Expropriation – Un transfert
de propriété révocable », Études foncières, juin 1993, p. 51.
2562. Civ. 6 juill. 1938, Consorts Soubirou-Pouey c/ Ville de Dax, D. 1939. 1.18, note M. Waline ;
Civ. 3e, 10 juill. 1978, Dame Latapie c/ Commune de Castanet-Tolosan, Bull. civ. III, no 292, p. 224 ;
7 mars 1984, M me Sanse c/ Commune de Courbevoie et autre, ibid. III, no 64, p. 51 ; 4 févr. 1987,
Somekh c/ Commune d'Atlauch, ibid. III, no 18, p. 12.
2563. Civ. 6 juill. 1938, Consorts Soubirou-Pouey c/ Ville de Dax, préc. ; Civ. 3e, 3 nov. 1977,
Commune de Fontenay-le-Fteury c/ S.C.I. Résidence de la Lucasserie, Bull. civ. III, no 364, p. 278.
2564. Civ. 3e, 20 juin 1978, Consorts Maurel c /EDF, Bull. civ. III, no 254, p. 195.
2565. Civ. 3e, 19 oct. 1977, Commune de Garges-les-Conesse c/ Dame Daviaud et autre, Bull.
civ. III, no 349, p. 263 ; 30 nov. 1977, Consorts Geerssen c/ Agent judiciaire du Trésor, ibid. III, no 419,
p. 317.
2566. TGI Millau 7 juill. 1994, Bivière, LPA du 26 mai 1995, no 63, p. 14, note G. Durand ; AJPI 1995.
302, étude G. Durand.
2567. J. Degrond, « La poursuite d'une opération d'expropriation malgré l'annulation de sa phase
administrative », AJPI 1974. 798 ; A. Homont, « L'illégalité des déclarations d'utilité publique et les
garanties du droit de propriété », JCP 1971. 1. 2393 ; R. Hostiou, « Illégalité de la phase administrative et
dualisme juridictionnel : du déni de justice en matière d'expropriation pour cause d'utilité publique », note
sous TA de Rennes 16 févr. 1984 et cour d'appel de Rennes 18 mars 1987, D. 1988. 197 ; J. Lemasurier,
« La sanction des expropriations illégales », RD publ. 1971. 793 ; D. Maillot, « Sur un imbroglio juridique :
le problème de l'efficacité de l'annulation des actes administratifs dans le contentieux de l'expropriation »,
D. 1971. Chron. 103 ; M. Tourdias, « L'efficacité des recours pour excès de pouvoir en matière
d'expropriation », JCP 1961. I. 1634.
2568. Civ. 3e, 14 déc. 1982, M me Travers c/ Ville de Laval, Bull. civ. III, no 250, p. 187 ; 5 oct. 1983,
Ville de Laval c/ M me Travers, ibid., n o 180, p. 139. De la même manière et comme on le verra (v.
ss 770), l'annulation de l'arrêté de cessibilité n'affectait en aucune manière l'ordonnance d'expropriation
lorsque cette dernière était devenue définitive.
2569. Civ. 3e, 18 mai 1989, Époux Attenville c/ État français, D. 1990. Somm. 41, obs. P. Carrias ;
6 nov. 1991, M. Martinais c/ Société des autoroutes Rhône-Alpes, Bull. civ. III, no 266, p. 157 ; 17 mai
1995, Époux Eymeriat c/ Commune de Varambon et autres, Bull. civ. III, no 124, p. 84.
257. CE 24 févr. 1934, Ministre des Travaux publics, Lebon 183.
2570. Civ. 3e, 28 juin 1995, Commune de Saint-Ouen c/ Société des brocardeurs du marché Jules
Vallès, Bull. civ. III, no 161, p. 108 ; JCP 1999. II. 22531, note A. Bernard.
2571. V. par ex. Civ. 27 janv. 1909, Buet c/ Commune de Massy, DP 1909. 1. 386, 2e espèce.
2572. Principe qui, en sens inverse, explique que les décisions de fixation des indemnités perdent
l'autorité de chose jugée lorsque l'ordonnance d'expropriation est annulée et cela alors même qu'elles sont
antérieures à l'ordonnance d'expropriation (Civ. 3e, 20 juin 1978, Consorts Maurel c/ EDF, Bull. civ. III,
no 254, p. 195) car n'est alors en cause que le déroulement de la phase judiciaire.
2573. Qui est seul compétent pour connaître des litiges relatifs aux demandes de rétro-cession.
2574. Cour d'appel d'Angers, 7 févr. 1962, Launay c/ Commune de Saint-Osvin, JCP 1963. II. 13328,
note M. Tourdias ; Rev. adm. 1963. 144, note A. Homont.
2575. Tel était d'ailleurs le cas dans l'affaire précitée Launay c/ Commune de Saint-Osvin. La cour
d'appel d'Angers avait alors accordé aux propriétaires expropriés une indemnisation en réparation du
préjudice causé par l'impossibilité de la rétrocession.
2576. G. Benoit-Lévy, « Les caractères particuliers de l'indemnisation en cas d'expropriation
irrégulière », AJPI 1967. 582.
2577. Mais non, évidemment, à une voie de fait puisque la prise de possession, qui a eu lieu sur le
fondement de l'ordonnance d'expropriation, n'est pas manifestement insusceptible d'être rattachée à
l'exercice d'un pouvoir appartenant à l'administration.
2578. CE 4 janv. 1956, Société Stella, Lebon 1 ; 6 janv. 1956, Consorts Mathiot, ibid., tables p. 748 ;
26 juill. 1985, M me Jobert, RD publ. 1986. 1489. V. aussi, à propos des conséquences dommageables, non
de l'annulation de la DUP, mais de la délibération du conseil municipal demandant le déclenchement de la
procédure d'expropriation, T. Confl. 30 nov. 1953, Consorts Merlin, Lebon 595 ; CE 8 nov. 1963,
Consorts Merlin, ibid., p. 536 ; JCP 1964. II. 13483, note A. Homont.
2579. V. par ex. CA Orléans, 15 juin 1966, Merlin c/ Ville d'Orléans, Gaz. Pal. 1966. 2.206, note
C. Blaevoet.
258. CE 25 avr. 1934, Cie Havraise péninsulaire, Lebon 480 ; 7 nov. 1973. Pauli.
2580. Civ. 3e, 3 juill. 1969, Veuve Ledru c/ Commune de Genevilliers, Bull. civ. III, no 546, p. 409 ;
2 mars 1988, Ville de Saint-Denis c/ Consorts Plouin et autres, D. 1989. Somm. 102, obs. P. Carrias ;
27 nov. 1990, Commune d'Aubière c/ Époux Béguet, Bull. civ. III, no 252, p. 142 ; AJPI 1991. 426, obs.
A. B.
2581. T. confl. 26 juin 1989, M me Plouin et autres, Lebon 294 ; CJEG 1990. 213, note C. Lavialle ;
Quotidien juridique du 2 août 1990, p. 4, note M-C. Rouault ; D. 1991. J. 57, note P. Carrias ; JCP 1991.
ll. 21606, obs. A. Bernard.
2582. Sur la compétence respective du juge judiciaire de droit commun et du juge de l'expropriation, v.
ss 788 s.
2583. L. Favoreu, Du déni de justice en droit public, p. 353-356.
2584. Lemasurier, art. cit., p. 793.
2585. L. Corbert, « La Cour de cassation et l'expropriation », AJPI 1992. 438.
2586. V. son Rapport 1991, La documentation française, 1992, p. 30-31.
2587. Sur cette réforme, V., M. Bénoît, « Les conséquences de l'annulation d'un acte déclaratif d'utilité
publique et la validité de l'ordonnance d'expropriation », Rev. Gén. Coll. Terr. 1998, no 2, p. 137 ;
P. Carrias, « La fin d'un deni de justice », D. 1995. 217 ; F. Cruz, « L'article L. 12-5, al. 2, du Code de
l'expropriation : bilan de son application », Rev. jur. entr. publ. 2002, p. 159 ; M. Deville, « Une réforme
commandée par le droit européen », Gaz. Pal. 1996. 1. Doctr. 255 ; J. Lemasurier, « La loi Barnier du
2 févr. 1995 et le nouvel article L. 12-5 du Code de l'expropriation », LPA du 13 mars 1996, no 32, p. 15 ;
C. Morel, « Une brèche dans la séparation du pouvoir judiciaire et du pouvoir administratif », AJPI 1995.
299 ; S. Traoré, « Les conséquences de l'annulation de l'expropriation », Dr. adm. 2005, no 139.
2588. J.-M. Auby, « La juridiction administrative et le contentieux de la responsabilité en matière
d'expropriation pour cause d'utilité publique », note sous CE 13 oct. 1976, Ministre de l'Intérieur c/
Boucher, RD publ. 1977. 1049 ; R. Hostiou, « La juridiction administative et le contentieux de la
responsabilité de la puissance publique en matière d'expropriation pour cause d'utilité publique »,
Mouvement du droit public, Mélanges en l'honneur de F. Moderne, Dalloz, 2004, p. 219.
2589. Auxquelles on pourrait ajouter une quatrième hypothèse si ses liens avec l'expropriation n'étaient
pas quand même trop lâches : celle dans laquelle l'administration, pour éviter qu'un citoyen ne loue ou ne
vende un de ses biens, le menace – ou menace les éventuels locataires ou acquéreurs – d'une
expropriation. Le juge administratif voit généralement là une pression abusive de nature à engager la
responsabilité pour faute de l'administration : CE 21 janv. 1972, Ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Population c/ Cortet, Lebon 71 ; 26 févr. 1988, Époux Le Breton, ibid., tables, p. 835 ; D. 1989.
Somm. 127, obs. F. Moderne et P. Bon. En revanche, le juge pénal n'y voit pas une entrave à la liberté de
vente susceptible d'être pénalement sanctionnée : Crim. 22 nov. 1988, Le Breton, Bull. crim. no 396,
p. 1046 ; D. 1990. Somm. 46, obs. P. Carrias.
259. CE 4 déc. 1970, Ministre d'État chargé de la Défense nationale, Lebon 734, 8 mars 1993
Villedieu.
2590. CE 3 mars 1976, Girouard, Lebon 118 ; JCP 1977. II. 18698, note A. Homont.
2591. CE 23 déc. 1970, EDF c/ Farsat, Lebon 790 ; AJDA 1971. 96, concl. J. Kahn ; JCP 1971.
II. 16820, note G. Beaufrère ; CJEG 1971. 155, note anonyme ; 2 mai 1973, Meyer et Société Garage
Meyer, Lebon 316 ; 3 mars 1976, Girouard, préc.
2592. CE 17 nov. 1965, Société civile immobilière Gérard de Nerval, Lebon T. 877.
2593. CE 15 mars 1975, SCI de la Vallée de Chevreuse, Lebon 197, concl. P. Dondoux ; AJDA 1975.
224, chron. MM. Franc et Boyon ; JCP 1975. II. 18077, note A. Homont ; CJEG 1976. 54, note anonyme.
2594. Civ. 3e, 20 juin 1978, Dame Bonnet c/ Commune de Toulouse, Bull. civ. III, no 255, p. 195.
2595. CE 3 mars 1976, Girouard, préc.
2596. CE 15 mars 1975, SCI de la Vallée de Chevreuse, préc. : phase administrative ayant duré près
de sept ans ; absence de faute compte tenu des circonstances de l'espèce et, notamment, de la complexité
de l'opération ; 3 mars 1976, Girouard, préc. : phase administrative ayant duré près de cinq ans (après que
l'administration soit revenue sur sa décision d'abandonner le projet) ; absence de faute compte tenu des
circonstances de l'espèce et bien que l'expropriation ne concernât qu'un seul immeuble. V. toutefois CAA
de Nancy 12 déc. 1991, Rizki, Lebon T. 976 : maire demandant l'arrêt de la procédure de vente d'un local
commercial au motif que la commune avait l'intention de l'exproprier mais ayant mis sept ans pour
transmettre le dossier en vue du déclenchement de la procédure d'expropriation ; faute. Voir également,
même s'il s'agit plus d'une responsabilité pour faute de l'État du fait du fonctionnement de la justice
administrative que d'une responsabilité du fait de la phase administrative de l'expropriation, CE 14 avr. 2010,
M. Durand, RDI 2010. 445, obs. R. Hostiou.
2597. CE 6 oct. 1982, Commune de Toulouse, Lebon T. 644 ; D. 1984. IR 107, obs. F. Moderne et
P. Bon.
2598. CE 13 oct. 1976, Ministre de l'Intérieur c/ Boucher, RD publ. 1977. 1049, note J.-M. Auby
préc. : propriétaire d'un immeuble faisant l'objet d'une DUP et ne pouvant de ce fait, compte tenu des
dispositions de l'article L. 13-14 du Code de l'expropriation alors en vigueur (aujourd'hui v. C. expr., art.
L. 322-1. V. ss 811), l'entretenir ; annulation de la DUP faisant disparaître cette interdiction ; mais, entre
temps, l'immeuble s'est dégradé et le coût des réparations a augmenté ; condamnation de la puissance
publique à réparer ces préjudices.
2599. Comme il est logique, cette action doit être dirigée contre l'occupant. Si ce dernier est condamné
par le juge judiciaire alors que ce n'est pas lui qui est à l'origine de l'illégalité commise mais que c'est par
exemple l'État, il lui est loisible de se retourner contre l'État, son action récursoire relevant alors de la
compétence du juge administratif (CE 14 juin 1963, Ville de Carpentras, Lebon 373 ; JCP 1964. II. 13566,
note A. Homont ; AJDA 1964. 46, note P. Laporte).
26. V. par exemple A.W. Bradley and K.D. Ewing, Constitutional and Administrative Law, London,
Longman, 12e éd., 1998, p. 851.
260. G. Arzul, Le renouveau du droit du domaine public fluvial, préc.
2600. Solution intéressante d'ailleurs du point de vue de l'application des règles de compétence puisque
le juge administratif se reconnaît ainsi compétent pour condamner ce qui était alors un établissement public
industriel et commercial alors que le régime juridique des EPIC est très largement un régime juridique de
droit privé. Mais la compétence administrative se justifie ici par le fait que le préjudice résulte de la mise en
œuvre d'une prérogative de puissance publique.
2601. Partage rendu possible par le fait que la commune, contre qui l'action en responsabilité avait été
intentée, avait appelé en garantie l'État. Bien évidemment, si elle n'avait pas appelé en garantie l'État, il lui
était de toute façon loisible, une fois condamnée par le juge administratif, d'intenter contre l'État une action
récursoire.
2602. V. ss 677. D'une part, si l'expropriant est en mesure, avant la déclaration d'utilité publique, de
déterminer les parcelles à exproprier et de dresser le plan parcellaire et la liste des propriétaires, l'enquête
parcellaire peut être faite en même temps que l'enquête préalable (C. expr., art. R. 131-14) et sous
l'autorité du même commissaire enquêteur ou de la même commission d'enquête (C. expr., art. R. 131-1.
D'autre part, lorsque la déclaration d'utilité publique est prise postérieurement à l'enquête parcellaire et
contient toutes les mentions nécessaires à la désignation des biens expropriés et à l'identification de leurs
propriétaires, elle vaut arrêté de cessibilité (C. expr., art. R. 132-4).
2603. Telle est du moins la procédure de droit commun. Lorsque, dans une commune, tous les
propriétaires des biens concernés par l'expropriation sont connus dès le début de la procédure, le préfet
peut, pour cette commune, et sur le fondement de l'article R. 131-12 du Code de l'expropriation, dispenser
l'expropriant du dépôt du dossier à la mairie et de la publicité collective prévue à l'article R. 131-5 et à
laquelle il sera fait allusion plus loin. Dans ce cas, un extrait du plan parcellaire est joint à la notification
prévue à l'article R. 131-6 et les intéressés sont invités à faire connaître directement leurs observations au
commissaire enquêteur ou à la commission d'enquête. Par ailleurs, lorsque l'expropriation concerne un droit
réel immobilier sans qu'il soit besoin d'exproprier l'immeuble grevé, l'expropriant procède à la recherche du
titulaire de ce droit à l'aide des renseignements délivrés par le service de la publicité foncière ou par tous
autres moyens et dresse le plan de la propriété grevée et, s'il y a lieu, de la propriété à laquelle ce droit
profite sauf dans les communes à cadastre rénové ou un extrait du plan cadastral délivré par le service du
cadastre suffit ; en application de l'article R. 131-13, ce sont ces pièces qui sont déposées à la mairie où
sont situés les biens pour permettre l'ouverture de l'enquête.
2604. CE 25 janv. 1967, Sieur Deulieger, AJDA 1967. II. 478, obs. P. Laporte.
2605. CE 1er juill. 1977, Gloeclcler et Dame Gloeckler, AJDA 1978. 392, note P. Chateaureynaud.
2606. Si la lettre recommandée adressée aux propriétaires dont le liste figure dans le dossier d'enquête
parcellaire revient avec la mention « non réclamée » ou avec la mention « n'habite pas à l'adresse
indiquée », l'expropriant n'est pas tenu de procéder à de nouvelles recherches : dans la première hypothèse,
la notification est réputée avoir été régulièrement faite au domicile ; dans la seconde, l'affichage en mairie
se substitue régulièrement à la formalité de la notification (CE 13 févr. 2013, Bongue et autres, Lebon
T. 640. Par ailleurs, la notification par voie d'huissier est maintenant également admise par la Cour de
cassation compte tenu des dispositions de l'article 651, alinéa 3, du nouveau Code de procédure civile
(Civ. 3e, 20 janv. 1988, SCI Chaveaux c/ Commune de Vaux-le-Pénil, Bull. civ. III, no 17, p. 8 ; D. l988.
Somm. 307, obs. P. Carrias ; JCP 1989. II. 21164, note A. Bernard ; Civ. 3e, 23 mars 1988, Artufel c/
Société provençale d'équipement, JCP 1989. II. 21164, note A. Bernard préc.).
2607. Étant entendu que, si le domicile du propriétaire est inconnu, la notification est faite en double
copie au maire qui en fait afficher une et, le cas échéant, aux locataires et preneurs à bail rural.
2608. CE 14 nov. 1962, Dame Roche, Lebon 605 ; 29 nov. 1978, Époux Hielle, ibid., tables, p. 844 ;
30 mai 1980, M me Ludger, ibid., p. 255 ; AJDA 1981. 99, concl. M. Morisot ; D. 1980. IR 538, obs.
P. Bon. La jurisprudence judiciaire, autrefois plus rigoureuse puisqu'exigeant la notification aux deux époux
(Civ. 3e, 15 déc. 1982, Époux Roullier c/ Commune de Draveil, Bull. civ. III, no 255, p. 191), s'était par
la suite alignée sur la jurisprudence du Conseil d'État (Civ. 3e, 24 juin 1987, Primeon c/ Ville de Basse-
Terre, Bull. civ. III, no 131, p. 76 ; D. 1988. Somm. 43, obs. P. Carrias), du moins lorsque l'on avait affaire
à un bien de communauté. Mais, par la suite, le juge judiciaire est revenu à sa jurisprudence initiale en
exigeant une notification individuelle à chacun des deux époux alors même que le bien concerné par
l'expropriation est un bien de communauté (Civ. 3e, 12 oct. 1994, Consorts Monin et autres c/ État
français, Bull. civ. III, no 179, p. 114 ; AJPI 1995. 218, obs. C. M.). S'il s'agit d'un bien propre, c'est à
celui des deux époux qui en est le propriétaire que la notification doit être adressée (Civ. 3e, 24 févr. 1993,
M me Griffon c/ Société d'économie mixte pour le développement de l'Aunis et de la Saintonge, Bull.
civ. III, no 24, p. 15).
2609. Civ. 3e, 3 juin 1987, Consorts Carton c/ Commune de Boulogne, Bull. civ. III, no 116, p. 69.
261. CE 27 juill. 1932, Pellerin-Ballot, Lebon 790.
2610. TA de Nice 16 avr. 1987, Syndicat de copropriété de l'immeuble sis 63 rue de France, Lebon
T. 773.
2611. Cass., chambre expropriation, 1er déc. 1967, Consorts Le Loup de la Biliais c/ Commune de
Machecou, Bull. civ. V, no 92, p. 72.
2612. CE 5 nov. 1971, Consorts Le Saulnier, Dr. adm. 1971, n o 335. Civ. 3e, 10 avr. 1986,
M me Pluyer, veuve Hellier du Verneuil, c/ Commune de Saint Pierre de Colle, JCP 1987. II. 20871,
obs. A. Bernard ; Civ. 3e, 1er avr. 1987, Dame Vigneron c/ Commune de Milleau, D. 1988. Somm. 43,
obs. P. Carrias.
2613. Propriétaires qui, dès que le dépôt du dossier en mairie leur a été notifié, ont également
l'obligation, sur le fondement de l'article R. 131-7 du Code de l'expropriation, de fournir toutes indications
relatives à leur identité ou, à défaut, tous renseignements en leur possession sur l'identité du ou des
propriétaires actuels.
2614. Civ. 3e, 30 oct. 1972, Consorts Jadeau c/ Préfet des Deux-Sévres, Bull. civ. III, no 573,
p. 420.
2615. Civ. 3e, 1er avr. 1987, Consorts Vandaele c/ Communauté urbaine de Dunkerque, Bull.
civ. III, no 76, p. 45 ; D. 1988. Somm. 43, obs. P. Carrias.
2616. Article R. 131-1, premier alinéa, du Code de l'expropriation. Toutefois, lorsque l'enquête
parcellaire peut être faite en même temps que l'enquête publique préalable à la DUP, le second alinéa du
même article dispose que le commissaire enquêteur (ou les membres de la commission d'enquête) est
désigné conformément aux dispositions de l'article R. 123-5 du Code de l'environnement, c'est-à-dire par le
président du tribunal administratif comme pour l'enquête publique préalable à la DUP.
2617. Article R. 131-2 du Code de l'expropriation renvoyant à l'article R. 111-2.
2618. CE 26 févr. 1965, Guy, Lebon 137 ; 27 janv. 1967, Époux Binet et Association de défense des
intérêts communs des expropriés et délogés de Maisons-Laffite, ibid., p. 46.
2619. CE 14 janv. 1998, Département de la Vendée, Lebon T. 968 ; AJDA 1998. 537, obs.
R. Hostiou ; confirmation de TA de Nantes, 14 mars 1991, Département de la Vendée c/ Préfet de la
Vendée, Lebon T. 979 ; Rev. jur. de l'ouest 1991, p. 540, chron. R. Hostiou : refus du préfet d'ouvrir
l'enquête parcellaire ; en l'espèce, le préfet n'a pas fondé sa décision sur des faits matériellement inexacts
et n'a commis ni erreur de droit ni erreur manifeste d'appréciation.
262. CE 29 nov. 1961, Nicolean, Lebon 790.
2620. Civ. 3e, 2 juill. 2008, M me Carlina c/ Commune de Levallois-Perret, Bull. civ. III, no 119,
p. 111 ; AJDI 2009. 215, obs. A. Lévy ; RDI 2008. 544, obs. C. Morel.
2621. CE 21 juill. 1970, Époux Courbey, Lebon T. 1071 ; 25 juill. 1975, Syndicat CFDT des marins
pécheurs de la rade de Brest et autres, ibid., tables, p. 1087.
2622. CE 21 juill. 1970, Époux Courbey, préc. ; Civ. 3e, 4 mai 1984, Époux Daniel c/ Commune de
Forbach, Bull. civ. III, no 95, p. 76 ; CE 17 oct. 1986, Époux de Khovrine, Lebon T. 569 ; D. 1988.
Somm. 401. obs. P. Bon ; Civ. 3e, 1er avr. 1987, Consorts Vandaele c/ Communauté urbaine de
Dunkerque, Bull. civ. III, no 76, p. 45 ; D. 1988. Somm. 43, obs. P. Carrias.
2623. Civ. 3e, 25 mai 1981, M elle Poilpré c/ Commune de Lumio, Bull. civ. III, no 105, p. 75.
2624. CE 6 oct. 1978, Consorts Vachon, Lebon T. 844 ; D. 1979. IR 321, obs. P. Bon.
2625. Ou, dans le cas particulier où l'expropriation a été demandée en vue de la réalisation d'une
opération d'aménagement ou d'urbanisme, sur le périmètre des acquisitions d'immeubles nécessaires à la
réalisation de cette opération : CE 28 nov. 2014, Sté GIAT Industries, Lebon T. 706 ; RDI 2015. 60, note
R. Hostiou.
2626. Si ces conditions ne sont pas remplies, une nouvelle enquête parcellaire est nécessaire : CE
22 oct. 1969, Padtrige, AJDA 1970. 112, obs. A. Homont.
2627. Sur l'article R. 131-5 relatif à la publication de l'arrêté ouvrant l'enquête parcellaire, v. ss 761. Sur
l'article R. 131-6 relatif à la notification du dépôt en mairie du dossier d'enquête parcellaire, v. ss 759.
2628. Par analogie avec ce qui se passe en matière de refus de prendre l'arrêté ouvrant l'enquête
préalable (v. ss 692), de refus de prendre la DUP (v. ss 717) ou de refus de prendre l'arrêté ouvrant
l'enquête parcellaire (v. ss 761).
2629. CE 10 nov. 1978, Fourel, Dr. adm. 1998, no 378.
263. CE 20 oct. 1937, Le Lyonnais, Lebon 834.
2630. CE 8 mars 1957, Martin, Lebon T. 926 ; 26 mai 1976, Calvez, ibid., tables, p. 950 ; 23 juin
1995, Soulie, ibid., tables, p. 844.
2631. CE 24 janv. 1964, Société Fayeton, Lebon 39 : parking situé devant un groupe d'immeubles
HLM ; 26 févr. 1965, Guy, ibid., p. 137 : ouvrages d'alimentation en eau potable liés à un réseau
d'irrigation ; 21 avr. 1967, Société civile du Mas de Béaud et Arnette de la Charlonie, ibid., p. 169 :
ouvrages de surface d'un réseau d'irrigation ; 17 oct. 1986, Époux de Khovrine, D. 1987. Somm. 401, obs.
P. Bon : rétablissement des communications interrompues par l'aménagement en voie express d'un chemin
départemental ; 4 mars 1994, M me Jonchère, Lebon T. 986 ; D. 1995. Somm. 381, obs. P. Bon : merlon
antibruit, dénivellation d'un boulevard et échangeur qui sont la conséquence nécessaire et directe des
travaux de construction d'une autoroute déclarés d'utilité publique ; 14 nov. 2011, Gibeaud, Lebon T. 967 ;
AJDI 2012. 210, obs. R. Hostiou : nivellement et aménagement paysager d'une parcelle desinée à améliorer
la visibilité d'un échangeur sur une autoroute déclarée d'utilité publique.
2632. CE 17 mars 1971, ministre de l'Équipement et du Logement c/ Dame Fusy, Lebon 224 ; RD
publ. 1972. 219, note M. Waline : travaux d'extractions de matériaux à usage de remblais liés à la
construction d'une autoroute ; 17 mars 1971, Ministre de l'Équipement c/ Vidal, Lebon 226 : nouvelle
route destinée à éviter un léger allongement de parcours alors que la DUP visait une bretelle de
raccordement à une autoroute ; 12 janv. 1972, Geerssen, ibid., p. 50 ; D. 1972. 722, note A. Homont :
création d'un bassin de décantation et de déviation de fossés situé à proximité d'une voie navigable alors
que la DUP visait l'aménagement au grand gabarit de la voie en question ; 7 mai 1975, Tronel-Peyroz,
Lebon 293 ; JCP 1976. II. 18230, note A. Homont : parc de stationnement alors que la DUP concernait
l'élargissement d'une route nationale ; 6 juill. 1979, Dame Boutin, Dr. adm. 1979, no 285 : déviation d'un
chemin départemental coupé par le tracé d'une nouvelle section d'autoroute ; 20 avr. 1984, ministre des
Transports c/ Dame Aubry de Maromont, RFDA 1984, no 0, p. 66, obs. A. A. ; Gaz. Pal. 1984. 2.
Somm. 409, chron. F. Moderne ; D. 1985. IR 411, obs. P. Bon : élargissement d'un chemin alors que la
DUP avait trait aux travaux de déviation d'une route nationale ; 11 févr. 1991, M mes Hourcade et
Minaberry, Lebon T. 980 ; D. 1992. Somm. 383, obs. P. Bon : bretelle d'accès à un futur échangeur et
zone de dépôt et de fabrication de matériaux alors que la DUP avait trait à la construction d'une section
d'autoroute.
2633. CE 16 oct. 1963, Commune de Tautavel, Lebon 491 ; AJDA 1964. 213, note P. Laporte.
2634. CE 8 juill. 1988, Époux Jeannin, Lebon T. 834 ; D. 1990. Somm. 13, obs. P. Bon : réalisation
d'un échangeur entre deux routes nationales alors que la DUP avait trait à la réalisation d'une autoroute et
de ses échangeurs et que, entre temps, le projet d'autoroute avait été abandonné.
2635. C. expr., art. R. 132-2.
2636. Décr. préc. du 4 janv. 1955.
2637. CE 22 juill. 1994, M me Hannouz, Lebon T. 986 ; AJPI 1995. 317, obs. C. M. ; D. 1995.
Somm. 384, obs. P. Bon.
2638. CE 1er août 1977, Dame Grignard, Lebon 174 ; AJDA 1977. 360, chron. M. Nauwelaers et
L. Fabius ; 8 juin 1988, Ville d'Amiens c/ M. Crépin et autres, Lebon T. 834 ; D. 1990. Somm. 13, obs.
P. Bon.
2639. Réserve faite des cas exceptionnels prévus par l'article 82 de son décret d'application no 55-1350
du 14 oct. 1955 et qui concernent les hypothèses où l'administration n'a pu identifier avec certitude certains
propriétaires. Sur ce problème, cf. A. Homont, « L'expropriation contre inconnu », JCP 1969. I. 2219.
264. CE 29 mars 1933, Wonns, Lebon 377.
2640. CE 3 mars 1971, Épx Jacquier, Lebon 180 ; 10 janv. 1973, Épx Richard, ibid., p. 31.
2641. Issu de l'art. 145 III de la loi no 2002-276 du 27 févr. 2002 relative à la démocratie de proximité.
2642. A noter que cette possibilité ouverte par la loi de 2002 n'a pas eu ni pour objet ni pour effet de
priver le Premier ministre ou les ministres intéressés du pouvoir qu'ils tiennent des principes généraux qui
régissent le domaine public de décider pour un motif d'intérêt général de procéder à un changement
d'affectation d'une dépendance du domaine public d'une collectivité territoriale et de remettre par suite sans
formalité cette dépendance à la collectivité publique chargée de la conservation du domaine correspondant
à sa nouvelle affectation (CE 23 juin 2004, Commune de Proville, Lebon 259 ; RJEP/CJEG 2005, p. 75,
concl. M. Guyomard ; BJCL 2005. 103, concl. M. Guyomard et obs. S. Ferrari ; AJDA 2004. 2148, chron.
C. Landais et F. Lenica ; AJDI 2005. 228, obs. R. Hostiou).
2643. CE 29 juin 1951, Sieur Lavandier et autres, Lebon 380 ; 14 juill. 1964, ministre de la
Construction c/ Consorts Lefrançois, ibid., p. 425.
2644. CE 4 mars 1994, M me Jonchère, Lebon T. 986 ; D. 1995. Somm. 381, obs. P. Bon.
2645. CE 22 janv. 1982, Consorts Barbary, Lebon T. 643 ; D. 1982. IR 351, obs. P. Bon.
2646. Même arrêt.
2647. CE 20 mars 1964, Époux Tihay, sieur Martin, sieur Vinot et autres, Lebon 198 ; AJDA 1964.
712, note P. L. Il peut en aller toutefois différemment dans le cas particulier où l'arrêté de cessibilité a été
suspendu par le juge administratif, la durée de suspension n'étant pas prise en compte pour le calcul du délai
de validité de six mois : CE 23 mars 1979, Conchon, Lebon T. 763.
2648. CE 21 juill. 1972, ministre de l'Intérieur c/ Consorts Chabrol, Lebon 583.
2649. CE 23 mars 1979, Conchon, préc.
265. CE 8 mars 1903, Ministre des Travaux publics, Lebon 242.
2650. Étant entendu qu'il n'y a caducité que si l'arrêté de cessibilité a plus de six mois de date au jour
de l'envoi par le préfet du dossier précité au greffe du juge de l'expropriation (Civ. 3e, 2 juill. 1974, Évesque
c/ Commune de Saint-Martin de Valgalgues, JCP 1975. II. 18147, note A. Homont ; Civ. 3e, 16 mai
1979, Bertauld, JCP 1979. IV. 236 ; Civ. 3e, 22 nov. 1983. M me Ruelle c/ Commune de Villemanoche,
Bull. civ. III, no 236, p. 180 ; AJPI 1985. 144, chron. R. Hostiou ; Civ. 3e, 13 mars 1996, Consorts Cabrol
c/ Commune d'Agen-d'Aveyron, Bull. civ. III, no 68, p. 45 ; D. 1997. Somm. 151, obs. F. Catalano ;
Civ. 3e, 13 juill. 1999, Époux Massonie c/ État français et autre, Bull. civ. III, no 176, p. 121 ; Civ. 3e,
15 mars 2006, M me Jaumet épouse Le Lay c/ Commune de Ruca, Bull. civ. III, no 67, p. 57 ; RDI 2006.
198, obs. C. Morel ; AJDI 2006. 754, obs. A. Lévy ; Civ. 3e, 5 déc. 2007, Consorts Bouarat c/ Commune
de Saint-Lary-Soulan, Bull. civ. III, no 224 ; AJDI 2008. 688, note R. Hostiou ; RDI 2008. 30, obs.
C. Morel) et non pas, comme l'a jugé un temps la Cour de cassation en méconnaissance des dispositions de
l'article R. 12-1 alors en vigueur de l'ancien Code de l'expropriation, au jour où l'ordonnance d'expropriation
est rendue (Cass., chambre expropriation, 18 déc. 1965, Consorts Ferrantini c/ Office de rénovation
urbaine de Metz, Bull. civ. V, no 151, p. 124). Dans le cas particulier où le juge de l'expropriation statue
sur renvoi après cassation, l'ancienneté de l'arrêté de cessibilité doit être appréciée à la date à laquelle le
dossier avait été transmis par le préfet au greffe de la juridiction initialement saisie (Civ. 3e, 8 oct. 2003,
M me Tartinville c/ Maire de la commune d'Ousson-sur-Loire, Bull. civ. III, no 171, p. 151 ; AJDI 2004.
301, obs. A. Lévy).
2651. CE 15 avr. 1988, Commune de Chécy, Lebon T. 833 ; D. 1990. Somm. 13, obs. P. Bon.
2652. C. expr., art. L. 132-4.
2653. Il en va toutefois différemment dans le cas particulier où la demande tendant à l'annulation d'un
arrêté de cessibilité est fondée, pour l'essentiel, sur l'illégalité dont serait entaché un décret déclaratif
d'utilité publique faisant l'objet d'un recours devant le Conseil d'État. Par application des règles relatives à la
connexité (CJA, art. R. 341-1), c'est le Conseil d'État et non le tribunal administratif qui est alors
compétent : CE 12 avr. 1967, Société nouvelle des entreprises d'hôtels et autres, Lebon 153 ; CAA
Nantes 7 févr. 1996, Ville d'Angers et ministre de l'Équipement, du Logement, des Transports et du
Tourisme, ibid., tables, p. 954. Pour la même raison, c'est le juge des référés du Conseil d'État qui est seul
habilité à examiner une requête aux fins de suspension d'un arrêté de cessibilité dans l'hypothèse où la DUP
correspondante a été prise par décret (CE 3 avr. 2006, SA Placoplâtre, Lebon 181 ; AJDI 2006. 755, note
R. Hostiou).
2654. CE 29 juin 1951, Sieur Lavandier et autres, Lebon 380.
2655. CE 8 juin 1988, Ville d'Amiens c/ Crépin, Lebon T. 833 ; D. 1990. Somm. 13, obs. P. Bon.
2656. CE 21 juill. 1972, Ministre de l'Intérieur c/ Consorts Chabrol, Lebon 583 ; 1er avr. 1994,
Commune de Celles-sur-Belle et ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique, ibid., tables, p. 987.
2657. CE 2 juin 1965, Fagoo, Lebon T. 958.
2658. V. par ex. TA Paris, 2 juill. 1992, Cahart, Quotidien juridique du 3 nov. 1992, no 88, p. 6, note
J. Morand-Deviller.
2659. V. par ex. CE 31 janv. 1964, Dame veuve Caffort et autres, Lebon 62 ; AJDA 1964. 385, note
P. L. (travaux de nature à compromettre gravement la salubrité publique) ; 9 juill. 1976, Comité central
d'entreprise de la BNP, Lebon 356 (expropriation provoquant la fermeture d'une colonie de vacances).
266. CE 25 juin 1931, Cie générale transatlantique, Lebon 351.
2660. CE 5 déc. 2014, Consorts Le Breton, Lebon T. 792 sur un autre point ; RDI 2015. 65, obs.
R. Hostiou ; AJDA 2015. 583, note F. Priet ; Dr. adm. 2015, comm. 26 par G. Eveillard : eu égard à l'objet
d'un arrêté de cessibilité, à ses effets pour les propriétaires concernés et à la brièveté du délai susceptible
de s'écouler entre sa transmission au juge de l'expropriation, pouvant intervenir à tout moment, et
l'ordonnance de ce dernier envoyant l'expropriant en possession, la condition d'urgence doit être regardée
en principe comme remplie ; il peut toutefois en aller autrement dans le cas particulier où l'expropriant
justifie de circonstances particulières, en particulier si un intérêt public s'attache à la réalisation rapide du
projet en cause.
2661. CE 9 oct. 1991, M mes Crespel et Pinsault, Lebon T. 1061.
2662. CE 3 avr. 2006, SA Placoplâtre, préc. ; 20 févr. 2009, Darenne, Ministre de l'Intérieur, de
l'outre-mer et des collectivités territoriales, RDI 2009. 293, note R. Hostiou.
2663. CE 29 juin 1951, Lavandier, préc. ; 16 oct. 1963, Commune de Tautavel, Lebon 491 ; AJPI
1964. 213, note P. Laporte ; 15 juill. 1964, ministre de la Construction c/ Consorts Lefrançois,
Lebon 425 ; 24 mars 1971, Dame Fenie, ibid., p. 247 ; 26 janv. 1977, Dame Manrot Le Goarnic, AJDA
1977. 513, note P. Chateaureynaud ; 6 juill. 1977, Consorts Girard, RD publ. 1977. 1323, note M. Waline.
Il va de soi que la mise en cause de la légalité de la DUP après l'expiration du délai de recours contentieux
contre elle ne peut provoquer que l'annulation de l'arrêté de cessibilité pris sur son fondement et non celle
de la DUP elle-même puisqu'elle est devenue définitive.
2664. F. Chevallier, « La fonction contentieuse de la théorie des opérations administratives
complexes », AJDA 1981. 331 ; P. Chrétien, « De la belle carrière promise à la notion d'opé-ration
complexe (suite à un constat de décès prématuré ?) », AJDA 1982. 20 ; M. Distel, « La notion d'opération
administrative complexe », Rev. adm. 1981. 370.
2665. Civ. 3e, 12 déc. 1972, Mammi c/ Commune de Carpentras, Bull. civ. III, no 675, p. 499 ;
Civ. 3e, 30 nov. 2004, Clomes c/ Établissement public foncier de Lorraine, AJDI 2005. 493, obs.
R. Hostiou.
2666. Civ. 3e, 3 juill. 1969, Veuve Ledru c/ Commune de Genevilliers, Bull. civ. III, no 546, p. 409
(arrêt rejetant le pourvoi formé contre cour d'appel de Paris 4 nov. 1967, Époux Ledru et Ventadoux c/
Commune de Genevilliers, JCP 1969. II. 15848, note N. Albala) ; Civ. 3e, 15 déc. 1975, Torris c/
Département du nord, Bull. civ. III, no 375, p. 284.
2667. Même si c'est son illégalité, invoquée par le biais de l'exception d'illégalité, qui pouvait fonder
l'annulation de l'arrêté de cessibilité.
2668. Cour d'appel de Rennes 18 mars 1988, Époux Martin c/ Commune de Saint-Thelo, D. 1988.
J. 197, 2e espèce, note R. Hostiou.
2669. CE 14 janv. 1981, M me Manrot Le Goarnic, RD publ. 1981. 1468.
267. CE 6 févr., 1935, Ministre des Travaux publics, Lebon 162.
2670. P. L. Josse, « Le nouveau juge de l'expropriation », D. 1960. 67 ; J. de Lanversin, « Où il faut
faire confiance au juge (Remarques sur les aspects juridictionnels de la procédure d'expropriation) », JCP
1960. I. 1565 ; A. C., « Politique foncière et réforme de la juridiction d'expropriation », AJPI 1962. 569 ;
G. Ganez-Lopez, « Le juge de l'expropriation entre la puissance publique et le propriétaire », in Un droit
inviolable et sacré la propriété, ADEF 1991. 170.
2671. C'est le Garde des Sceaux qui, par arrêté, fixe le nombre des juges de l'expropriation dans
chaque département étant entendu qu'il doit y en avoir au moins un. Lorsqu'il y en a plusieurs, ils statuent
chacun de leur côté et non en formation collégiale. En effet, le juge de l'expropriation est un juge unique.
Certes, la loi du 26 juill. 1962 avait décidé d'abandonner ce système du juge unique et d'instituer, dans
chaque département, une « chambre d'expropriation ». Mais le décret d'application de la loi en question n'a
jamais été publié et la loi du 10 juill. 1965 est revenue au système du juge unique. Toutefois, l'art. R. 211-3
dispose que, lorsqu'il est désigné au moins trois juges de l'expropriation auprès du tribunal de grande
instance, l'un d'eux, obligatoirement choisi parmi les vice-présidents de ce tribunal, assure la coordination
des tâches entre les différents juges.
2672. Compte tenu de la réforme de la carte judiciaire, il est en effet possible qu'il n'y ait plus de
tribunal de grande instance au chef-lieu du département.
2673. Civ. 3e, 2 févr. 1977, Société d'exploitation de la Montagne pelée c/ Commune de Saint
Pierre, Bull. civ. III, no 60, p. 46 ; Civ. 3e, 12 déc. 1984, M elle Lacaze c/ Ville de Pau, ibid., III, no 215,
p. 169 ; Civ. 3e, 24 juin 1987, M. Primeon c/ Ville de Basse-Terre, ibid., III, no 131, p. 76 ; D. 1988.
Somm. 43, obs. P. Carrias.
2674. Civ. 3e, 11 mars 1987, De Scey Montbéliard de Brun c/ ministre de l'Urbanisme, JCP 1987.
II. 20898, note A. Bernard ; D. 1987. Somm. 425, obs. P. Carrias ; Civ. 3e, 10 nov. 1992, M elle Popoff c/
Ville de Chelles, Bull. civ. III, no 290, p. 178 ; Civ. 3e, 10 oct. 1995, Époux Doyen c/ Cne d'Eaubonne,
D. 1997. Somm. 151, obs. F. Catalano.
2675. S'il était nécessaire d'en constituer plusieurs, c'était le Garde des Sceaux qui, par arrêté, en
déterminait le nombre.
2676. Art. 34, 2e alinéa, 3e tiret : « La loi fixe les règles concernant… la création de nouveaux ordres
de juridiction ».
2677. Décis. no 65-33 L du 9 févr. 1965, Rec. Cons. const. 73 ; D. 1967. J. 405, note L. Hamon.
2678. Art. R. 311-4.
2679. Le fait que le juge de l'expropriation puisse procéder au transfert de propriété avant qu'une
indemnité ait été fixée ou versée ne viole pas l'article 6, § 1, de la Convention européenne des droits de
l'homme, l'article 1er de son premier protocole additionnel et l'article 17 de la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789 dans la mesure où l'expropriant ne peut prendre possession des biens
expropriés qu'un mois après le paiement ou la consignation de l'indemnité d'expropriation et que le retard
dans le paiement ou la consignation de cette indemnité donne droit au paiement d'intérêts ou à une nouvelle
fixation de l'indemnité dans les conditions prévues à l'article R. 13-78 – aujourd'hui article R. 323-14 – et
L. 13-9 – aujourd'hui article L. 323-4 – du Code (Civ. 3e, 29 mai 2002, Consorts Fieujan c/ Commune de
Polliat, Bull. civ. III, no 117, p. 103 ; AJDI 2002. 702, note R. Hostiou ; RDI 2002. 375, note C.M.).
268. CE 19 oct. 1956, Société Le Béton. v. ss 163.
2680. L'expropriant a en effet le droit d'abandonner son projet déclaré d'utilité publique tant que le juge
de l'expropriation n'a pas été saisi d'une demande de transfert de propriété et qu'aucun accord n'a été
conclu entre les parties sur ce transfert : Civ. 3e, 3 mars 1999, Époux Coudry c/ Société des autoroutes
du sud de la France et autre, Bull. civ. III, no 59, p. 40 ; AJDI 2000. 937, obs. A. Lévy.
2681. Civ. 3e, 7 mars 1978, Consorts Ducos-Fonfrède Vaudière de Vitrac c/ État français, Bull.
civ. III, no 106, p. 83 ; Civ. 3e, 1er avr. 1987, Consorts Vandaele c/ Communauté urbaine de
Dunkerque, ibid., n o 76, p. 45 ; D. 1988. Somm. 43, obs. P. Carrias.
2682. CE 6 oct. 2000, Commune de Meylan, Lebon 416 ; AJDI 2001. 262, note R. Hostiou ; D. 2001.
Somm. 901, obs. P. Carrias ; LPA du 4 juill. 2001, chron. C. Guettier ; Collectivités territoriales-
Intercommunalité 2000, no 297, obs. T. Célérier ; RDI 2001. 140, obs. F. Donnat ; D. 2002. Somm. 530,
obs. P. Bon et D. de Béchillon. Annulation de CAA Lyon, 20 oct. 1998, Cne de Meylan c/ Ministre de
l'Intérieur, AJDA 1999. 455, note R. Hostiou.
2683. Délai de quinze jours (alors huit jours) qui n'est pas prescrit à peine de nullité (Civ. 3e, 12 nov.
1980, Desbiaux c/ Commune de Lourdes, Bull. civ. III, no 175, p. 131) et qui, dans l'hypothèse où le
dossier déposé est incomplet, ne court qu'à compter du moment où il a été complété par le préfet.
2684. Civ. 3e, 26 nov. 1980, Bourdron c/ Commune de Marennes, Bull. civ. III, no 185, p. 138 ;
Civ. 3e, 29 juin 1992, M. Venet c/ Commune de Mionnay, ibid. III, no 225, p. 137 ; AJDI 1993. 180, obs.
C.M.
2685. Civ. 3e, 12 déc. 2001, M. Hain c/ État français, Bull. civ. III, no 152, p. 119 ; Bull. inf. Cour
de cassation 15 févr. 2002, no 146, p. 44 avec obs. anonymes p. 45 ; AJDI 2002. 144, obs. R. Hostiou ;
JCP 2002. II. 10126, note A. Bernard ; Gaz. Pal. des 31 mai et 1er juin 2002, p. 13, obs. S. Petit ; Civ. 3e,
29 mai 2002, Consorts Fieujan c/ Commune de Polliat, Bull. civ. III, no 117, p. 103 ; AJDI 2002. 702,
note R. Hostiou ; RDI 2002. 375, obs. C.M. ; Civ. 3e, 3 juill. 2007, Consorts Eby c/ Commune de
Blotzheim, AJDI 2008. 494, obs. C. Morel ; Civ. 3e, 10 mars 2009, SCI du Pont aux Fleurs c/ Société
immobilière d'économie mixte de la Ville de Paris, RDI 2009. 349, obs. C. Morel ; AJDI 2009. 641, note
R. Hostiou ; Civ. 3e, 26 mai 2011, M. X…, et autres contre Établissement public foncier des Hauts-de-
Seine, Bull. civ. III, no 87, p. 83 ; AJDA 2011. 1504, note R. Hostiou ; Cons. const. 16 mai 2012, Consorts
L., décis. no 2012-247 QPC 237 (ordonnance d'expropriation pour cause d'utilité publique), Rec. Cons.
const. 267 ; RDI 2012. 393, obs. Hostiou ; AJDI 2012. 767, note Gilbert ; RJEP juill. 2012. Étude 10, note
Bon ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, no 27. En
substance, l'argumentation de la Cour de cassation, développée par le Conseil constitutionnel, est la
suivante : le juge de l'expropriation ne rend l'ordonnance portant transfert de propriété qu'après que l'utilité
publique a été légalement constatée ; la déclaration d'utilité publique et l'arrêté de cessibilité peuvent être
contestés devant la juridiction administrative ; le juge de l'expropriation se borne à vérifier que le dossier
que lui a transmis l'autorité expropriante est constitué conformément aux prescriptions du Code de
l'expropriation ; l'ordonnance d'expropriation peut être attaquée par la voie du recours en cassation ; son
absence de base légale peut être constatée par le juge de l'expropriation en cas d'annulation définitive de la
DUP et de l'arrêté de cessibilité ; l'ordonnance par laquelle le juge de l'expropriation fixe les indemnités
d'expropriation survient au terme d'une procédure contradictoire et peut faire l'objet de recours ;
l'ordonnance envoie l'expropriant en possession sous réserve qu'il se conforme aux dispositions législatives
relatives à la fixation et au paiement des indemnités et aux conditions de la prise de possession.
2686. C. expr., art. R. 221-3 issu de l'article 21 du décret no 2005-467 du 13 mai 2005.
2687. C. expr., art. R. 221-5.
2688. Civ. 3e, 23 janv. 1991, Commune de Mitry-Nory c/ Consorts Piot et autres, Bull. civ. III,
no 34, p. 20.
2689. Civ. 3e, 5 mars 1986, Société agricole du Petit Poscros, Bull. civ. III, no 21, p. 15.
269. Par ex. pour les caves du port de Bercy : CE 17 janv. 1962, Société Thierry, AJDA 1962. 11. 241.
2690. Civ. 3e, 12 nov. 1980, Desbiaux c/ Commune de Lourdes, Bull. civ. III, no 175, p. 131 ; Civ. 3e,
2 févr. 1983, M me Jaguillard c/ Commune de La Brigue, Bull. civ. III, no 33, p. 26.
2691. Civ. 3e, 4 mai 1973, Préfet de Paris c/ Maire de Joinville, Bull. civ. III, no 315, p. 229 ;
Civ. 3e, 1er avr. 1987, Consorts Vandaele c/ Communauté urbaine de Dunkerque, Bull. civ. III, no 76,
p. 45.
2692. Civ. 3e, 12 déc. 1972, Consorts Ollivier c/ ministre de l'Équipement et du Logement, Bull.
civ. III, no 676, p. 499.
2693. Art. R. 221-4, premier alinéa.
2694. Civ. 3e, 4 avr. 1978, Dame Caire c/ Établissement public de l'aménagement des rives de
l'Étang de Berre, Bull. civ. III, no 148, p. 116 ; Civ. 3e, 25 févr. 1981, Dame Bordier-Lelandais c/
Commune d'Oisseau-le-Grand, Bull. civ. III, no 41, p. 30.
2695. Civ. 3e, 25 févr. 1976, Bourille c/ Ville d'Albertville et autres, Bull. civ. III, no 94, p. 72 ;
Civ. 3e, 14 déc. 1977, Consorts Henry et autres c/ Société d'équipement des Deux Marnes et autres,
ibid., III, no 449, p. 343.
2696. C. expr., art. R. 221-8.
2697. Même article. Il aurait été logique que cet article, à l'instar de l'article R. 12-5 de l'ancien Code,
impose également à l'ordonnance d'expropriation de reproduire les termes de l'article L. 223-2 aux termes
duquel, sans préjudice des dispositions de l'article L. 223-1, tout exproprié peut faire constater par le juge de
l'expropriation que l'ordonnance d'expropriation est dépourvue de base légale dans le cas particulier où la
DUP ou l'arrêté de cessibilité est annulé par une décision définitive du juge administratif ; v. ss. 786).
2698. Même article et Civ. 3e, 10 avr. 1991, Commune de Créteil c/ Société Pompadour, Bull. civ.
111, no 117, p. 67 ; AJPI 1991. 838, obs. A. B.
2699. CE 19 nov. 1993, M me Scherrer, Lebon 319 ; CJEG 1994. 227, concl. M. Denis-Lindon ; AJDA
1994. 252, note R. Houstiou ; Répertoire du notariat Defrenois 1994, p. 640, chron. S. Pérignon ;
D. 1994. Somm. 273, obs. P. Bon.
27. 1842, Martin v. Waddell'Lessee – 1892, Illinois Central R Co v. Illinois.
270. M.-T. Viel, Droit funéraire et gestion des cimetières, Berger-Levrault, 1991.
2700. C. expr., art. L. 220-1.
2701. C. expr., art. L. 222-2.
2702. C. expr., art. L. 222-1. C. Lavialle, « Expropriation et dépossession », RFDA 2001. 1228.
2703. Même article.
2704. Civ. 3e, 19 oct. 1988, M. Bogicevic c/ SCI Bellevilloise et autre, Bull. civ. III, no 142, p. 77 ;
D. 1989. Somm. 105, obs. P. Carrias. De la même manière, l'ancien propriétaire peut y entreposer des
gravats sans être forcément condamné à verser des dommages et intérêts à l'expropriant devenu
propriétaire (Civ. 3e, 8 nov. 2000, Consorts Filloux c/ Syndicat des eaux d'Ile-de-France, Bull. civ. III,
no 167, p. 117 ; AJDI 2001. 535, obs. C. Morel).
2705. J. Mande-Djapoux, « La notion étroite du droit de rétention », JCP 1976. I. 2760.
2706. Cons. const. 20 sept. 2013, SCI de la Perrière Neuve et autre, no 2013-342 QPC, Rec. Cons.
const. 935 ; RDI 2013. 532, note R. Hostiou ; AJDA 2013. 2495, note S. Gilbert.
2707. V. l'article L. 321-2, premier alinéa, du Code de l'expropriation selon lequel « le juge prononce
des indemnités distinctes en faveur des parties qui les demandent à des titres différents ».
2708. C. expr., art. L. 321-2, second alinéa.
2709. C. expr., art. L. 222-3. Il en va de même pour les privilèges conservés suivant les prescriptions
des articles 2379 et 2380 du Code civil alors même qu'ils ont été inscrits postérieurement à la publication de
l'ordonnance d'expropriation au fichier immobilier.
271. Par ex. Lyon, 7 juill. 1885, D. 1885. 11.54 ; Riom, 27 nov. 1928, D. 1951. 11.54.
2710. V. par ex. T. confl. 27 juin 1988, Société des tuileries de Marseille, Lebon 490 ; D. 1989.
Somm. 102, obs. P. Carrias : demande en indemnisation de la suppression, du fait de l'expropriation, d'une
servitude de passage grevant la propriété expropriée ; compétence du juge judiciaire.
2711. Civ. 3e, 13 déc. 1995, Société Répliqua c/ M. Barbier, Bull. civ. III, no 259, p. 175 ; D. 1996.
Somm. 302, obs. P. Carrias.
2712. Civ. 3e, 21 janv. 2009, M. X c/ époux X, Bull. civ. III, no 19, p. 15.
2713. Civ. 3e, 19 juin 1968, Époux Barlly-Royer c/ Motton, Bull. civ. III, no 286. p. 220 ; Civ. 3e,
19 oct. 1988, Bogicevic c/ SCI Bellevilloise et autre, ibid., n o 142. p. 77 ; D. 1989. Somm. 105, obs.
P. Carrias.
2714. Civ. 3e, 20 mai 2015, AJDI 2015. 61, note Hostiou.
2715. L. Cobert, « La Cour de cassation et l'expropriation », AJPI 1992. 439.
2716. P. Magnier, « Les conditions de recevabilité du pourvoi en cassation contre l'ordonnance
d'expropriation », CJEG 1963. 1.
2717. Civ. 3e, 18 nov. 1981, M. Marque c/ Comune de Beaumont-de-Lomagne, Bull. civ. III, no 192,
p. 138. Il est toutefois arrivé, dans une telle hypothèse, soit relevé, non une incompétence mais un excès de
pouvoir : Civ. 3e, 8 mars 1977, Dame Noury c/ Commune d'Andouillé, Bull. civ. III, no 111, p. 87.
2718. Civ. 3e, 13 oct. 1982, M. Bouvet c/ Société d'équipement de la région de Nimes, Bull. civ.,
no 202, p. 151.
2719. Civ. 3e, Il mars l980, Pichon c/ SERNI, Bull. civ. III, no 56, p. 40.
272. CE 28 juin 1955, Marecar, Rec. CE754, S. 1957.III.45. concl. Latournerie, D. 1936. III.203 ;
21oct. 1955, Delle Meline, D. 1956. 545, concl. Guionin, RPDA 1965. 65, comment. Auby. Cependant, ne
fait pas partie du domaine public un cimetière propriété d'une personne privée (CE 15 mai 1964,
Delle Eberstarck, Lebon 288).
2720. Civ. 3e, 13 avr. 1988, SCI Les peupliers c/ Commune de Meylan, Bull. civ. III, no 74, p. 43 ;
D. 1988. Somm. 307, obs. P. Carrias.
2721. Civ. 3e, 6 oct. 2009, Association syndicale du domaine de Montpins c/ Commune d'Espira de
l'Agly, AJDI 2010. 482, obs. C. Morel.
2722. Pour un inventaire systématique des moyens de cassation présentés avec succès ou sans succès,
V. par ex. P. Bon et P. Carrias, Dictionnaire juridique – Expropriation, Dalloz, 1993, p. 297-305.
2723. Civ. 3e, 3 nov. 1977, Commune de Fontenay-le-Fleury c/ SCI Résidence de la Lucasserie,
Bull. civ. III, no 364, p. 278.
2724. CE 21 juill. 1970, Époux Courbey, Lebon T. 1074 ; 19 oct. 1973, Époux Ligny, ibid., p. 580 ;
10 mars 1976, Fourel et Consorts Fourel, ibid., tables, p. 951.
2725. Civ. 3e, 20 juin 1978, Consorts Maurel c/ EDF, Bull. civ. III, no 254, p. 195.
2726. R. Hostiou, « Questions autour du droit pour l'ancien propriétaire à la restitution d'un bien
exproprié dans des conditions irrégulières. Quel juge ? Quel préjudice ? », RFDA 2015. 483.
2727. V. par ex., à ce dernier propos, la note de E. S. de la Marnierre sous Civ. 3e, 21 mars 1984,
Consorts Ferrandis c/ Consorts Géri et Civ. 3e, 13 nov. 1984, Mme veuve X c/ Association de défense
Fabien et autres, JCP 1986.II. 20640.
2728. Par exemple parce qu'elle est fondée sur la caducité de la DUP.
2729. Civ. 3e, 18 nov. 1992, Commune de Mitry-Mory c/ Consorts Piot et autres, Bull. civ. III,
no 301, p. 185.
273. V. dans le sens de la domanialité Marcel Waline, note D. 1954. 11.101.
2730. Civ. 3e, 8 oct. 2003, Tartincille c/ Cne d'Ousson-sur-Loire, AJDI 2004. 301, obs. A. Lévy.
2731. C. Bénoit, « Les conséquences de l'annulation d'un acte déclaratif d'utilité publique et la validité
de l'ordonnance d'expropriation », Rev. gén. coll. terr. 1998, no 2, p. 137 ; P. Carrias, « La fin d'un déni de
justice », D. 1995. 217 ; F. Cruz, « L'article L. 12-5, alinéa 2, du Code de l'expropriation : bilan de son
application », CJEG/RJEP 2002, p. 159 ; G. Deville, « Une réforme commandée par le droit européen »,
Gaz. Pal. 1996. Doctr. 255 ; J. Lemasurier, « La loi Barnier du 2 févr. 1995 et le nouvel article L. 12-5 du
Code de l'expropriation », LPA du 13 mars 1996, no 32, p. 15 ; C. Morel, « Une brèche dans la séparation
du pouvoir judiciaire et du pouvoir administratif », AJPI 1995. 299 ; S. Traoré, Les conséquences de
l'annulation de l'expropriation », Dr. adm. 2005. 129.
2732. C. expr., art. L. 223-2 (issu de l'art. 4 I de la loi préc. de 1995) et dont les dispositions sont
précisées par les art. R. 223-1 à R. 223-8 issus de l'art. 24 du décr. no 2005-467 du 13 mai 2005 (édicté
donc plus de dix ans après l'adoption de la loi de 1995…).
2733. CE 5 juill. 2010, Commune d'Angerville, BJCL 2010. 695, concl. E. Cortot-Boucher et obs.
M. D. ; RDI 2010. 441, note R. Hostiou ; AJDA 2011. 168, note P. Caille ; AJCT 2010. 88, note J.-
F. Struillou.
2734. Ce délai est un délai pour agir dont le non-respect est sanctionné par la forclusion de l'action qu'il
concerne : Civ. 3e, 17 mars 2010, Département du Puy-de-Dome c/ Groupement foncier agricole de
Chazal et autres, Bull. civ. III, no 64 ; RDI 2010. 262, note R. Hostiou ; AJDI 2010. 651, obs. C. Morel.
2735. Dommages et intérêts qui correspondent à la valeur actuelle du bien sous la seule déduction de
l'indemnité principale de dépossession perçue au moment de l'expropriation majorée des intérêts depuis son
versement : Civ. 3e, 17 nov. 2010, M. et M me Cheilan c/ Departement du Var, BICC 2011, no 353 ; RDI
2011. 96, obs. R. Hostiou. Sur l'ensemble du problème, v. R. Hostiou, « Questions autour du droit pour
l‘ancien propriétaire à la restitution d'un bien exproprié dans des conditions irrégulières. Quel juge ? Quel
préjudice ? », RFDA 2015. 483.
2736. Et cela même si l'administration n'a pas pris possession du bien en cause : Civ. 3e, 16 déc. 2009,
Consorts Taffoureau c/ Syndicat intercommunal pour l'aménagement hydraulique des vallées du
Croult et du Petit Rosne, Bull. civ. III, no 284 ; RDI 2010. 199, note R. Hostiou.
2737. Civ. 3e, 12 mai 1999, M. Moschenross c/ Commune d'Haguenau et autre, Bull. civ. III,
no 112, p. 75.
2738. Civ. 3e, 31 mars 1999, M. Parcheminer c/ État français, Bull. civ. III, no 84, p. 57 ; Civ. 3e,
12 oct. 2005, M. Soler c/ Commune de Saint-Mitre-les-Remparts, Bull. civ. III, no 192, p. 175 ; AJDI
2006. 292, note R. Hostiou ; Civ. 3e, 17 déc. 2008, Consorts X c/ Commune de Saint-Martin d'Hères,
Bull. civ. III, no 208, p. 195.
2739. Leurs évaluations étant toutefois soumises à son contrôle par la voie de la cassation – système
du jury des propriétaires – ou par la voie de l'appel – système de la commission arbitrale d'évaluation.
274. Le Conseil d'État a évité de trancher la question V., CE 17 févr. 1952, Commune de Barran,
D. 1955. III. 49. Il parle sans doute de domaine public dans l'arrêt Carlier (18 nov. 1949, RD publ. 1950.
48) mais il s'agissait d'un monument historique (Cathédrale de Chartres). La domanialité publique a
cependant été admise par certains tribunaux administratifs (TA Lille, juill. 1954, D. 1954. 501, TA Paris,
8 juin 1971, Ville de Paris, AJDA 1972. 169, note Laubadère).
2740. V. C. expr., art. R. 311-23. Il dispose que, lorsqu'il s'agit de statuer sur des difficultés relatives à
l'exécution d'une décision rendue en matière d'indemnisation des préjudices causés par une expropriation, la
demande est portée à une audience tenue à cet effet par le juge de l'expropriation ; il est statué comme en
matière de référé (ce qui n'empêche pas que le juge de l'expropriation se prononce sur le fond du droit et
que sa décision ait, au principal, l'autorité de la chose jugée : Civ. 3e, 10 déc. 2003, Société La Mélusine c/
Département des Hauts-de-Seine et autre, Bull. civ. III, no 228, p. 202 ; AJDI 2004. 396, obs. A. Lévy).
Sur l'ensemble du problème, voir P. Mignucci et J.-P. Seignolle, « Des difficultés d'exécution des décisions
rendues en matière d'expropriation », JCP 1973. I. 2542.
2741. Non-respect par l'expropriant d'engagements souscrits devant le juge de l'expropriation comme
par exemple de rétablir l'arrivée d'eau nécessaire à l'alimentation d'une fontaine (CE 22 mai 1974,
Consorts Barral, Lebon T. 1013) ou de reconstruire, à la limite nouvelle de la propriété partiellement
expropriée, un canal d'irrigation (T. confl. 9 juin 1986, de Durand-Chamayou, Lebon T. 570 ; D. 1987.
Somm. 240, obs. P. Carrias).
2742. Civ. 3e, 27 juin 1973, SCI Les Clozeaux c/ ministre de l'Équipement et du Logement, Bull.
civ. III, no-450, p. 327 ; TA de Paris, 14 mai 1975, Société Gevelot, JCP 1976. II. 18405, note A. Homont.
2743. Civ. 3e, 14 mars 1979, Ministre de l'Équipement c/ époux Mathieu, JCP 1979. IV. 177 ; TA de
Rennes, 18 juin 1980, Consorts Darris c/ Ville de Rennes, Gaz. Pal. 1982. 1.J.37, note R. de Silguy,
J. Cadiou et J. Druais ; Civ. 3e, 19 avr. 1983, Cayrel c/ État français, JCP 1984. II. 20252, note
A. Bernard.
2744. Civ. 3e, 5 juillet 1989, M me Glaudy c/ État français, Bull. civ. III, no 157, p. 86 ; AJPI 1990.
94, obs. A.B.
2745. CE 4 oct. 2002, Département de la Haute-Garonne, AJDI 2001. 451, obs. R. Hostiou.
2746. Comparer par ex. T. confl. 5 déc. 1977, Selo c/ Département du Morbihan, Lebon 669 ; AJPI
1978. 734. note P. Chateaureynaud et T. confl. 15 janv. 1979, Outters c/ ministre de l'Équipement,
Lebon 560 ; CJEG 1979. J. 35, note P. Sablière ; RD rur. 1979. 249, chron. Y. Jegouzo. Dans la première
affaire (de laquelle peut être rapproché CE 19 janv. 1986, M. Jean Moreau, CJEG 1986. 315, note V. B.),
il était demandé réparation du préjudice causé par la coupure d'une propriété en deux par suite d'une
expropriation destinée à la construction d'un chemin départemental. Le Tribunal des conflits a estimé que
ce préjudice résultait directement de l'expropriation de telle sorte qu'il devait être réparé par le juge
judiciaire. Dans la seconde affaire, un propriétaire, qui avait la jouissance de terrains expropriés pour la
construction d'une autoroute, se plaignait d'allongements de parcours imputables à l'autoroute et affectant
l'exploitation de ses terres. Le tribunal relève que, dans les circonstances de l'espèce, le préjudice trouvait
son origine, non dans la coupure de la propriété en deux du fait de l'expropriation, mais dans l'incorporation
d'un chemin rural dans l'emprise de l'autoroute, d'où l'existence d'un dommage de travaux publics relevant
de la compétence du juge administratif.
2747. Civ. 3e, 2 févr. 1983, M me Jaquillard c/ Commune de La Brigue, Bull. civ. III, no 33, p. 26.
2748. Civ. 3e, 1er déc. 1976, Commune de Biarritz c/ Consorts Garrigue, Bull. civ. III, no 44l,
p. 334. On sait toutefois que, récemment, le Tribunal des conflits a donné de la voie de fait une définition
plus restrictive que celle qui était de mise dans le passé puisque, aujourd'hui, il ne peut plus y avoir voie de
fait (outre l'hypothèse de l'atteinte à la liberté individuelle) qu'au cas d'« extinction du droit de propriété » et
non plus seulement d'atteinte grave audit droit : T. confl. 17 juin 2013, M. Bergoend c/ Société ERDF
Annecy Léman, Lebon 370 ; AJDA 2013. 1568, chron. X. Domino et A. Bretonneau ; RFDA 2013. 1041,
note P. Delvolvé ; RJEP oct. 2013, p. 17, note B. Seiller ; JCP A 2013, no 2301, note C.-A. Dubreuil ; LPA
du 2 septembre 2013, p. 6, note J. de Gliniasty ; JCP 2013, no 1057, note S. Biagini-Girard ; Dr. Adm., déc.
2013, comm. 86 par S. Gilbert ; M. Long, P. Weil, G. Braibant, P. Delvolvé et B. Genevois, GAJA, 20e éd.,
2015, no 115.
2749. Civ. 3e, 13 mars 1973, Agent judiciaire du Trésor c/ Molliens, Bull. civ. III, no 198, p. 143 ;
TGI de Boissy-Saint-Léger, 4 mars 1982, OPHLM de la Ville de Paris c/ Commune de Limeil-Brévannes
et SA Ballot, Gaz. Pal. 1982.J.358, note J.-P. Cordelier ; Civ. 3e, 30 avril 2002, M. Vayaboury c/ Société
immobilière du département de la Réunion et autres, Bull. civ. III, no 88 ; AJDI 2002. 540, note
R. Hostiou ; RDI 2002. 315, note C. Morel.
275. Paris, 13 mai 1955, D. 1954.III.101, note Waline.
2750. T. confl. 9 déc. 2013, M. et M me Panizzon c/ Commune de Saint-Palais-sur-Mer, Lebon 376 ;
AJDA 2014. 216, chron. A. Bretonneau et J. Lessi ; RFDA 2014. 61, note P. Delvolvé ; JCP 2014. 1335,
étude M. Martin ; Droit adm. 2014. 25, comm. S. Gilbert ; RJEP 2014, comm. 19 par J. Lebon.
2751. Civ. 3e, 30 oct. 1984, Dame Baraquet c/ Département de l'Isère, D. 1986. IR 76, obs.
P. Carrias ; Civ. 3e, 24 févr. 1993, Agence foncière et technique de la région parisienne c/
M. Menayas, Bull. civ. III, no 23, p. 14 ; D. 1993. Somm. 196, obs. P. Carrias.
2752. Cour d'appel de Paris, chambre des expropriations, 21 janv. 1983, Consorts Aigue-parses et
autres c/ AFTRP, JCP 1983. IV. 195.
2753. Civ. 3e, 23 janv. 1979, Société FAMA c/ Commune de Nice, Bull. civ. III, no 22, p. 16 ; Civ. 3e,
12 mars 2003, Commune de Persan c/ Consorts de Smet, Bull. civ. III, no 60, p. 56.
2754. Cons. const. 28 sept. 2012, Consorts J., décis. no 2012-275 QPC, Rec. Cons. const. 498 ; RDI
2012. 556, note R. Hostiou.
2755. Considérant 6.
2756. Sur ce décret, voir le dossier publié par l'AJDI 2005, p. 537, et comprenant les contributions
suivantes : Y. Jégouzo, « Présentation de la réforme », p. 537 ; P. Bon, « Les questions posées par la
CEDH », p. 538 ; D. Musso, « Expropriation : une réforme en trompe-l'œil », p. 543 ; G. Ganez-Lopez,
« Le décret du 13 mai 2005 et la pratique », p. 551. V. égal. R. Hostiou, « Une tentative de
conventionnalisation du Code de l'expropriation », AJDA 2005. 1382 ; M. Huyghe, « Les dernières
modifications apportées au Code de l'expropriation », JCP Adm. 2005, no 1248 ; F. Lévy, « Propos critiques
sur un texte inachevé : le décret du 13 mai 2005 réformant le Code de l'expropriation », LPA du 16 déc.
2005, no 250, p. 8.
2757. Civ. 3e, 1er juin 1977, Bekka c/ Office public d'HLM de la Ville de Saint-Ouen, Bull. civ. III,
no 233, p. 178 ; 27 juin 1979, Consorts Oltra c/ État français, ibid., n o 144, p. 110 ; Civ. 3e, 2 juill. 2003,
Levallois c/ Département de la Manche, AJDI 2004. 300, obs. A. Lévy ; RDI 2004. 536, obs. C. Morel.
2758. CA Dijon, chambre sociale paritaire, 22 févr. 1994, Pacaud c/ Époux Josselin, AJPI 1995. 133,
obs. C. M.
2759. C. expr., art. R. 311-3.
276. Il faut mettre à part les édifices du culte appartenant à des particuliers, et même, a décidé le
Conseil d'État, ceux mis à la disposition d'une association par convention conclue par la commune pour
l'exercice du culte (traditionaliste) : CE 19 oct. 1990, Association St Pie V, CJEG 1991. 179 note Mestre,
AJDA 1991. 46 concl. Vulpillière, JCP 1991. II. 21649, note Davignon. RD publ. 1991. 1874 cond.
Vulpillière.
2760. Article R. 1211-3 du CGPPP applicable non seulement à l'État et à ses établissements publics
mais aussi aux collectivités locales et à leurs établissements publics sur renvoi de l'article R. 1311-5 du
CGCT.
2761. C. expr., art. L. 311-4 et R. 311-5. S'il ne le fait pas, l'article R. 311-7 du Code de l'expropriation
permet à tout intéressé, une fois intervenu l'arrêté de cessibilité, de le mettre en demeure d'y procéder.
2762. Civ. 3e, 7 déc. 1976, Société d'équipement de l'Auvergne c/ Époux Sauzede et autres, Bull.
civ. III, no 445, p. 337.
2763. C. expr., art. L. 311-6 et R. 311-9.
2764. A. Homont, « Le dépôt des mémoires dans la phase indemnitaire de la procédure judiciaire de
l'expropriation pour cause d'utilité publique », D. 1969. Chron. 19.
2765. C. expr., art. R. 311-9 à R. 311-13.
2766. Article R. 212-1, troisième alinéa, issu du décret no 2005-467 du 13 mai 2005. Pour le Conseil
d'État, il y a là un élément qui permet de considérer que le principe de l'égalité des armes protégé par les
stipulations de l'article 6 § 1 de la Convention européenne des droits de l'homme n'est pas méconnu : CE
3 sept. 2007, Association de sauvegarde du droit de propriété et autres, Lebon 405 ; JCP Adm. 2007,
no 2274, concl. D. Chauvaux ; RFDA 2007. 1175, note R. Hostiou ; AJDI 2007. 849, note D. Musso.
2767. D. Blanchard, « Le comissaire du gouvernement auprès des juridictions de l'expropriation et
l'article 6-1 de la Convention européenne des droits de l'homme », Droit et ville 2002, p. 137 ; S. Cazet,
« Le commissaire du gouvernement dans la phase judiciaire de l'expropriation : une institution à la croisée
des chemins », RFDA 2010. 345 ; J.-P. Cordelier, « Le rôle du commissaire du gouvernement devant les
juridictions de l'expropriation », AJPI 1969. 196 ; M. Gheza, « La lente et difficile " conventionnalisation" du
commisaire du gouvernement près la juridiction de l'expropriation », JCP Adm. 2008, no 2156 ; R. Hostiou,
« Le commissaire du gouvernement et le droit à un procès équitable », Études foncières 2003, no 104,
p. 8 ; R. Hostiou, « Le commissaire enquêteur et le commissaire du gouvernement », AJDI 2006. 443 ;
D. Musso, « Présence du commissaire du gouvernement dans la procédure d'expropriation et respect du
principe de l'égalité des armes », AJDI 2003. 330 ; G. Pignarre, « Le commissaire du gouvernement devant
les juridictions de l'expropriation – Une institution à la recherche de son identité », AJPI 1987. 518 ; J.-
F. Struillou, « Le commissaire du gouvernement auprès de la juridiction de l'expropriation et le droit à un
procès équitable », RDI 2003. 425.
2768. CE 13 déc. 1968, Association syndicale des propriétaires de Champigny-sur-Marne, Comité
de défense des intérêts menacés par l'autoroute D 6 et Musso, Lebon 645 ; RD publ. 1969. 512, concl.
N. Questiaux et note M. Waline ; AJPI 1969. 226, concl. N. Questiaux ; JCP 1969. II. 15793, note J.-
P. Seignolle ; AJDA 1969. 179, note A. Homont.
2769. M. Waline, note précitée, p. 520.
277. Mais le presbytère ne fait pas partie du domaine public (T. confl. 14 mai 1990, Commune de
Bouyon).
2770. Voir par exemple Civ. 3e, 7 juin 2001, Époux Di Gregorio-Zitella c/ Département de la
Moselle, JCP 2001. II. 10629, note A. Bernard.
2771. CEDH 24 avr. 2003, Yvon c/ France, D. 2003. 2456, note R. Hostiou ; Annales des loyers
2004, no 3, p. 473, note R. Martin ; JCP Adm. 2003, no 1523, obs. R. Noguellou ; AJDI 2003. 330,
art. D. Musso ; RDI 2003. 425, art. J.-F. Struillou. V. égal. CEDH 25 avr. 2006, Roux c/ France, AJDA
2006. 1441, note R. Hostiou.
2772. Civ. 3e, 2 juill. 2003, Consorts Monzerian c/ Département de la Drôme, Bull. civ. III, no 140,
p. 125 ; AJDI 2003. 553, chron. D. Musso ; AJDI 2003. 600, note R. Hostiou ; RDI 2003. 425, art. J.-
F. Struillou.
2773. Aujourd'hui, article R. 212-1 in fine du Code de l'expropriation.
2774. V. par ex. CE 3 sept. 2007, Association de sauvegarde du droit de propriété et autres, préc.
2775. V. par ex. Civ. 3e, 9 avr. 2008, SCI Saint-Martin de Seignanx c/ Commune de Bayonne, Bull.
civ. III, no 65, p. 61 ; Dr. adm. 2008, no 110, note R. Hostiou.
2776. F. Catton-Gouezel, « Pour la limitation de l'obligation de visiter les lieux faite au juge de
l'expropriation », AJDI 2015. 397 ; A. Lévy, « Faut-il limiter ou même supprimer l'obligation faite au juge de
l'expropriation de visiter les lieux ? », AJDI 2015. 813.
2777. C. expr., art. R. 311-14.
2778. C. expr., art. R. 311-15.
2779. Même article.
278. C. préf. Lille, 13 juill. 1950, D. 1950. 588, note Waline, Rev. adm. 1950. 574 ; CE 4 janv. 1954,
Leroy, Lebon 2, D. 1954. 647. note F. M.
2780. Cf. alors la règle posée par le premier alinéa de l'article R. 13-28 alors en vigueur selon lequel
« le juge ne peut pas désigner d'expert ». Cf. égal. Civ. 3e, 1er déc. 1993, Société Le Soleil d'Or c/ région
Midi-Pyrénées, Bull. civ. III, no 157, p. 105 ; AJPI 1994. 461, obs. C. M. ; D. 1995. Somm. 158, obs.
F. Catalano.
2781. H. Heugas-Darraspen « Elargissement du domaine de l'expertise judiciaire par le décret du
13 mai 2005 », AJDI 2006. 447.
2782. Deuxième alinéa de l'article R. 322-1 issu de l'article 33 du décret du 20 novembre 1959.
2783. C. expr., art. R. 311-15 in fine.
2784. Par exemple à la mairie de la commune où sont situés les biens expropriés lorsque cette
commune est éloignée du Palais de justice et que l'audience se déroule le jour même du transport sur les
lieux.
2785. C. Morel, « La représentation des parties dans la procédure d'expropriation », AJPI 1996. 192.
2786. C. expr., art. R. 311-20.
2787. Même article dans sa rédaction issue, sur ce point, du décret de 2005.
2788. Même article.
2789. C. expr., art. R. 311-21.
279. Cependant un arrêt a admis que la domanialité publique d'une halle tenait à son affectation à un
service public (CE 18 mai 1977, Michaud, AJDA 1977. 441, concl. Franc. Rev. adm. 1977. 476, note
Darcy.
2790. Civ. 3e, 1er déc. 1993, Société Le Soleil d'Or c/ région Midi-Pyrénées, préc.
2791. C. expr., art. R. 311-22.
2792. Nouvelle rédaction de l'article R. 13-36 alors en vigueur (aujourd'hui article R. 311-22) du Code
de l'expropriation.
2793. C. expr., art. L. 321-2.
2794. Article L. 321-2 du Code de l'expropriation qui réserve toutefois le cas de l'usufruit : dans une
telle hypothèse, le juge n'a pas à distinguer entre l'indemnité revenant au nu-propriétaire et celle revenant à
l'usufruitier ; l'indemnité est fixée globalement pour l'immeuble, nu-propriétaire et usufruitier exercant leurs
droits sur le montant de l'indemnité au lieu de les exercer sur la chose.
2795. Civ. 3e, 21 mai 2008, Commune de Marseille c/ Société Les grands batins, Bull. civ. III,
no 95, p. 87 ; AJDI 2009. 214, note A. Lévy ; Civ. 3e, 22 octobre 2008, M me Y veuve X et autre c/
Communauté d'agglomération de Reimes et autre, Bull. civ. III, no 159, p. 150.
2796. Articles L. 311-9 et R. 311-24 à R. 311-29 du Code de l'expropriation.
2797. Civ. 3e, 18 déc. 1972, Commissaire du gouvernement près la chambre des expropriations de
la Bordeaux c/ Dame Boillon, Bull. civ. III, no 684, p. 504.
2798. Civ. 3e, 21 janv. 1975, Commune de Saint-Maximin c/ SARL Carrières Ouachée et
Corpechot, Bull. civ. III, no 21, p. 16.
2799. Il en va toutefois différemment lorsque, à titre exceptionnel, l'arrêt rendu en appel lui fait grief,
par exemple en le condamnant aux dépens (Civ. 3e, 8 janv. 1992, Directeur général des impôts c/
M me Dognas, Bull. civ. III, no 2, p. 1).
28. H. Maurer, Droit administratif allemand, LGDJ, 1994, p. 53.
280. Req. 14 janv. 1900, D. 1901. 1.593, note de Loynes.
2800. Si elle n'est saisie dans ce délai, le jugement qui avait été rendu en premier ressort et qui avait
fait l'objet, en appel, du jugement cassé par la Cour de cassation devient définitif.
2801. Principes généraux et dispositions techniques qui, parfois, ne semblent pas parfaitement
conformes à l'impératif constitutionnel selon lequel l'indemnité doit être « juste ».
2802. Auxquelles s'applique la règle de la déchéance quadriennale : Civ. 3e, 13 mai 1987, Commune de
Thiais c/ Consorts Giannandrea, Bull. civ. III, no 101, p. 60 ; AJPI 1987. 599, note F. Urbino Soulier ;
D. 1988. Somm. 44, obs. P. Carrias.
2803. Issu de l'article 11, alinéa 2, de l'ordonnance de 1958. Cf. A Homont, « La réparation du
préjudice causé par l'expropriation pour cause d'utilité publique (faut-il réviser l'article 11, al. 2, de
l'ordonnance du 23 oct. 1958 ?) », D. 1970. Chron. 149.
2804. Et la jurisprudence a ajouté que les indemnités allouées ne pouvaient réparer que les atteintes à
un intérêt légitime et non les atteintes à des situations illicites ou précaires : Civ. 3e, 22 nov. 1983, Époux
Champeau c/ État français, Bull. civ. III, no 237, p. 180 ; D. 1985. IR 56, obs. P. Carrias ; Civ. 3e, 20 juin
1984, M me Jeanjean et autres c/ Syndicat intercommunal du parc d'activités de Spay-Allones, Bull.
civ. III, no 121, p. 95 ; Paris, première chambre, B, 19 sept. 1985, Duclos c/ L'œuvre des vacances
populaires et enfantines, D. 1987. Somm. 244, obs. P. Carrias.
2805. P. Seignolle, C. Morel et M. Laroque, « L'évolution de la notion de préjudice direct en matière
d'expropriation », RDI 1982. 67.
2806. Civ., chambre de l'expropriation, 27 nov. 1964, Établissement public pour l'aménagement de la
défense, Bull. civ. V, no 12, p. 9.
2807. Civ. 3e, 26 juin 1970, Commune de Noisy-le-Sec c/ Époux Bonnet, Bull. civ. III, no 453, p. 327.
2808. Civ. 3e, 22 avr. 1976, Dame d'Halluin c/ Chambre de commerce et d'industrie d'Elbeuf-sur-
Seine, Bull. civ. III, no 159, p. 124.
2809. Civ. 3e, 8 mai 1978, Société immobilière d'économie mixte de la ville de Paris c/
Établissements Paulard-Schweitzer, Bull. civ. III, no 192, p. 149. Lorsqu'il y a contestation sur leur
montant, le juge de l'expropriation doit surseoir à statuer sur ce chef de préjudice jusqu'à ce que leur
montant ait été définitivement fixé dans le cadre de la législation du travail : Civ. 3e, 10 oct. 1984, OPHLM
d'Ivry-sur-Seine c/ Époux Merthet, D. 1986. IR 73, obs. P. Carrias.
281. Lyon, 10 juill. 1894, S. 1895. II. 185 ; Req. 17 juin 1896, D. 1897. 1. 257. On peut du reste
considérer aussi que les bibliothèques sont affectées à un service public et dotées de l'aménagement
indispensable pour cette fonction.
2810. Civ., chambre des expropriations, 29 oct. 1965, Société « Le Porzou immobilier » c/ Ville de
Concarneau, Bull. civ. V, no 117, p. 95.
2811. Civ. 3e, 18 mars 1970, Nedelec c/ Ville de Brest, Bull. civ. III, no 215, p. 518.
2812. G. Forest, « Regards prospectifs sur le refus de réparer le préjudice moral de l'exproprié »,
D. 2011. 2127 ; H. Vray, « Deux particularités contradictoires du régime de l'indemnisation en matière
d'expropriation pour cause d'utilité publique : le refus de réparer le préjudice moral et la consécration de
l'enrichissement sans cause en matière de terrain à bâtir », Gaz. Pal. 1970. 1. Doctr. 239.
2813. Civ., chambre des expropriations, 29 oct. 1965, Dame Scart c/ Ville de Paris, Bull. civ. V,
no 118, p. 96.
2814. Civ. 3e, 30 mai 1972, Consorts Bourgeois c/ Ville de Lyon, Bull. civ. III, no 355, p. 256.
2815. Paris 8 mai 1980, Dame Sarniguet épouse Hucher c/ Commune de Crécy-La-Chapelle, AJPI
1980. 579.
2816. Visant l'article L. 13-13 de l'ancien Code dont est issu l'article L. 321-1 du nouveau.
2817. Cons. const. 21 janv. 2011, décis. no 2010-87 QPC, (Réparation du préjudice résultant de
l'expropriation), AJDA 2011. 447, note R. Hostiou ; Dr. adm. 2011, no 32, note H. Hoepffner ; Gaz. Pal. du
24 févr. 2011, p. 9, note S. Fiat.
2818. Civ. 3e, 16 mars 2011, Consorts X. c/ Commune de Saint-Martin d'Hères, Bull. civ. III, no 39,
p. 35 ; RDI 2011. 325, note R. Hostiou ; AJCT 2011. 365, obs. J.-F. Struillou ; D. 2011. 948, obs. G. Forest.
2819. Civ. 3e, 17 oct. 1972, Caurier c/ SOBERMER, Bull. civ. III, no 524, p. 382.
282. CE 25 janv. 1985, Ville de Grasse, D. 85. 466, note Gilli, JCP 1985. 11.20515, note Chenevoy.
2820. Civ. 3e, 4 mai 1973, SEMAAD c/ Consorts Bidu, Bull. civ. III, no 314, p. 229.
2821. Civ. 3e, 29 avr. 1981, État français c/ SAMC, Bull. civ. III, no 87, p. 62 ; D. 1982.J.639, note J.-
P. Gilli ; JCP 1982. II. 19738, note A. H. B.
2822. Rappelons à ce propos que l'article L. 321-3 du Code de l'expropriation impose impérativement
au juge de l'expropriation de distinguer, dans son jugement, l'indemnité principale allouée à chaque intéressé
et, le cas échéant, les indemnités accessoires. Si le juge fixe l'indemnité globalement, sa décision encourt
l'annulation ou la cassation (Civ. 3e, 14 déc. 1983, M. Regnard et autre c/ Société Collot frères et autres,
Bull. civ. III, no 262, p. 199).
2823. P. Magnier, « L'évaluation de l'indemnité principale d'expropriation », CJEG 1964. 25.
2824. L'expérience du marché immobilier prouvant qu'un immeuble occupé a une valeur moindre que le
même immeuble libre, le juge de l'expropriation applique en effet un abattement forfaitaire au cas
d'occupation pour tenir compte de la moins value qui en résulte. Sur les modalités de calcul de cet
abattement, V. par ex. Civ. 3e, 19 janv. 1984, Société d'investissement et de réalisations immobilières IRI
c/ Commune de Saint-Ouen et Reims, chambre des expropriations, 24 oct. 1984, Dame Lagarde et autre
c/ District urbain d'Épernay, D. 1986. IR 73, obs. P. Carrias.
2825. V. par ex. les obs. de P. Carrias au D. 1986. IR 76 sous Civ. 3e, 21 nov. 1984, Époux Brugère c/
Syndicat mixte du barrage de Chamboux (droit de pêche) et sous Civ. 3e, 6 févr. 1985, SARL Moulin de
Thalamas c/ EDF (sources et droits d'eau) ou au D. 1987. IR 242 et 243 sous Poitiers, chambre des
expropriations, 15 févr. 1985, Gaveau c/ Secrétariat d'État chargé de l'environnement et de la qualité
de la vie (droit de chasse) et Civ. 3e, 8 oct. 1986, Ville de Paris c/ SARRY (gisements contenus dans le
sous-sol).
2826. D. Hervy, « Le rôle de l'indemnité de remploi en matière d'expropriation », AJPI 1984. 391.
2827. Civ. 3e, 21 nov. 1974, Malfatto c/ État français, Bull. civ. III, no 434, p. 334 ; Civ. 3e, 5 juill.
1977, Dame Manrot Le Goarnic c/ Département du Finistère, Bull. civ. III, no 303, p. 230.
2828. V. par ex. Civ. 3e, 25 févr. 1981, Époux Amprou c/ Commune de Chateaubriand, Bull. civ. III,
no 40, p. 30 : les juges du fond qui relèvent qu'à la date de l'ordonnance d'expropriation les biens expropriés
faisaient l'objet d'une saisie immobilière régulièrement publiée à la conservation des hypothèques peuvent
en déduire que les biens étaient notoirement destinés à la vente.
2829. V. par ex. Civ. 3e, 31 mars 1993, M me Courty c/ Société d'équipement du Limousin, Bull.
civ. III, no 50, p. 32 ; AJPI 1993. 45, obs. A.B. ; AJPI 1993. 791, obs. C.M. : justifie légalement sa
décision la cour d'appel qui refuse d'accorder une indemnité de remploi en retenant que la parcelle
expropriée a été mise en vente dans le délai de six mois précédant la DUP.
283. CE 30 mai 1975, Dame Gozzoli, AJDA p. 348 et 360, chron. Franc et Boyon.
2830. Civ. 3e, 3 juill. 1974, Compagnie financière et industrielle des autoroutes c/ Louis de Saint-
Pol, Bull. civ. III, no 288, p. 218.
2831. Civ. 3e, 3 juin 1975, Dame Carcassonne c/ État français, Bull. civ. III, no 188, p. 145.
2832. Civ. 3e, 21 nov. 1978, Consorts Barnel c/ État français, Bull. civ. III, no 349, p. 267.
2833. V. ss 803 d'autres exemples de préjudices réparables.
2834. Civ. 3e, 19 févr. 1980, Société des carrières de la Vallée heureuse et du Haut blanc c/ SNCF,
Bull. civ. III, no 42, p. 30.
2835. Sur l'obligation au relogement auquel, par ailleurs, peut être tenu l'expropriant, voir les articles
L. 423-1 à L. 423-5 et R. 423-1 à R. 423-10.
2836. Civ. 3e, 28 févr. 1996, Commune de Malakoff c/ Époux Girbal, Bull. civ. III, no 59, p. 39 ;
D. 1998. Somm. 92, obs. P. Carrias ; AJPI 1996. 800, obs. C.M. ; AJPI 1996. 902, obs. A. Lévy.
2837. C. expr., art. L. 13-322-12, al. 4. T. confl. 9 juin 1986, de Durand-Chamayou, Lebon T. 570 ;
D. 1987. Somm. 240, obs. P. Carrias.
2838. Anciennement dénommés jardins ouvriers, parfois appelés également jardins collectifs, il s'agit de
terrains divisés en parcelles affectés par des collectivités territoriales ou des associations à des particuliers
y pratiquant le jardinage pour leurs propres besoins et ceux de leur famille à l'exclusion de tout usage
commercial. V. C. rur., art. L. 561-1.
2839. J.-P. Gilli, « La consistance du bien exproprié », AJPI 1971. 565.
284. CE 25 nov. 1981, Commune de la Roche-de-Noron ; 4 déc. 1981, Association Foyer laïque
d'ATUR ; 17 janv. 1986, Sté de Casino de Salies du Salat ; 6 juin 1986, M me Roger Simeon.
2840. Dans le cas particulier, qui n'est pas si exceptionnel en pratique, où l'ordonnance d'expropriation
n'a pas encore été rendu au moment où le juge rend son jugement sur le montant de l'indemnité, c'est à la
date du jugement de première instance sur l'indemnité que la consistance des biens doit être appréciée :
Civ. 3e, 11 oct. 1977, Époux Soulard c/ Société d'équipement du département de Maine-et-Loire, Bull.
civ. III, no 336 ; p. 255 ; Civ. 3e, 18 déc. 1991, Époux Barrier c/ Office public d'aménagement et de
construction du Val-de-Marne, Bull. civ., no 325, p. 191 ; AJPI 1992. 448, obs. A. B.
2841. V. par ex. la note d'A. Bernard sous Civ. 3e, 14 janv. 1987, Mariotti c/ Commune de
Coussance et Civ. 3e, 28 janv. 1987, Trannin et autres c/ Ville de Lens, JCP 1988. II. 21008.
2842. H. Charles, « Le problème des changements de valeur depuis la date de référence », AJPI 1971.
570 ; A. Bernard, note sous Civ. 3e, 21 févr. 1984, M me Plos c/ Commune d'Espirat, Civ. 3e, 6 mars 1984,
SERL c/ Consorts Marche, Civ. 3e, 28 mars 1984, Consorts Neuveux c/ Ville de Soissons, Civ. 3e,
28 nov. 1984, Époux Minery c/ Département du Lot-et-Garonne, Civ. 3e, 12 déc. 1984, Société des
autoroutes Paris-Rhin-Rhône c/ Consorts Gaillard et Civ. 3e, 13 mars 1985, SEDRE c/
M me Lacassagne, JCP 1986. II. 20596 ; P. Carrias, obs. sous Civ. 3e, 1er avr. 1987, EDF c/ Époux
Lechevallier et Civ. 3e, 8 avr. 1987, Ville de Digne c/ Dames Armando, D. 1987. Somm. 426 ; G. Ganez-
Lopez, « La recherche des dates de référence », AJPI 1990. 263.
2843. V. par ex. Civ. 3e, 21 févr. 1984, M me Plos c/ Commune d'Espirat, JCP 1986.II.20596, note
A. Bernard.
2844. V. par ex. Civ. 3e, 19 nov. 2008, Époux X c/ SEMDO et autre, Bull. civ. III, no 179, p. 166.
2845. Sauf lorsqu'il n'y a pas eu d'enquête parce que l'on a affaire à une opération secrète intéressant
la défense nationale (v. ss 677) auquel cas la date de référence est un an avant la DUP ou lorsque l'on a
affaire à des projets ou programmes soumis au débat public prévu par l'article L. 121-8 du Code de
l'environnement (v. ss 702) auquel cas la date de référence est le jour de la mise à disposition du public du
dossier de ce débat.
2846. Article L. 322-2, second alinéa. M. de Schacken, « La pratique de la référence à la notion
d'usage effectif », AJPI 1971. 568.
2847. Civ. 3e, 11 juill. 1977, Communauté urbaine de Bordeaux c/ Dame Micau, Bull. civ. III,
no 309, p. 233 ; 19 mai 1982, M me Harfaut c/ Commune de Proville, ibid., n o 125, p. 89.
2848. Article L. 322-2, troisième alinéa. R. Arrago, « L'indemnisation des propriétaires de terrains
frappés de servitudes et de réserves en matière d'expropriation », AJPI 1971. 636 ; J. Ferbos, « Les
incidences de la réglementation d'urbanisme sur les indemnités d'expropriation », AJPI 1978. 635 ; M. de
Schaken, « Incidence des servitudes publiques », AJPI 1972. 928 ; H. Vidal, « Servitudes d'urbanisme et
expropriation », D. 1976. Chron. 111.
2849. R. Hostiou, « De l'expropriation, entre détournement de pouvoir et abus de droit : l'exception
d'intention dolosive », Mélanges en l'honneur d'Henri Jacquot, Presses universitaires d'Orléans, 2006,
p. 299 ; J.-C. Laurent, « Expropriation et intention dolosive », Gaz. Pal. 1976.I, doctr. 368 ; G. Liet-Veaux,
« Urbanisme, expropriation et dol », D. 1981. Chron. 249 ; J.-M. Marconnet, observations sous Versailles,
7 nov. 1989, Consorts Le Bellego c/ Ville d'Antony, AJPI 1990. 864 ; P. Carrias, obs. sous Civ. 3e, 22 mai
1990, Ville de Méricourt c/ M me Magnier-Deprez et Versailles, 7 nov. 1989, Consorts Dupecher c/
Commune d'Antony, D. 1991. Somm. 57 ; A.-Bernard, observations sous le même arrêt de la troisième
chambre civile, JCP 1991. II. 21610. Cette possibilité pour l'exproprié de se prévaloir du dol de
l'expropriant, de même que les différents recours à sa disposition lui permettant de contester l'institution de
ces servitudes et restrictions administratives, a permis à la Cour de cassation de considérer que l'article
L. 13-15 I (aujourd'hui L. 322-2), en disposant que le juge de l'expropriation doit tenir compte de ces
servitudes et restrictions pour évaluer le bien, ne violait ni l'article 6 de la Convention européenne des droits
de l'homme ni l'article premier de son premier protocole additionnel (Civ. 3e, 17 juill. 1991, Époux
Digonnet c/ Directeur des services fiscaux à Saint-Étienne, Bull. civ. III, no 215, p. 126 ; Études
foncières, sept. 1992, p. 34, note J.-F. Strouillou ; Civ. 3e, 22 juill. 1992, M. Girardin c/ Département du
Finistère, Bull. civ. III, no 260, p. 159).
285. CAA Bordeaux, 20 avr. 1999, Sté. d'Hillroc, Dr. adm. 1999, no 389.
2850. Civ. 3e, 9 juill. 2003, Commune de Quérénaing c/ Consorts Danhiez, Bull. civ. III, no 154,
p. 137 ; AJDI 2004. 132, obs. R. Hostiou ; RDI 2004. 535, obs. C. Morel.
2851. Article L. 322-2, quatrième alinéa.
2852. Il convient de noter que l'article L. 322-3 consacré à la qualification de terrain à bâtir donne de la
date de référence une définition partiellement différente de celle évoquée précédemment et qui résulte de
l'article L. 322-2, deuxième alinéa, puisqu'il ne vise que deux hypothèses : ou bien il y a eu enquête publique
et la date de référence est un an avant son ouverture ; ou bien il n'y a pas eu d'enquête publique parce que
l'on a affaire à une opération secrète intéressant la défense nationale et la date de référence est un an
avant la DUP ; n'est pas évoqué le cas où le projet ou le programme a été soumis à débat public.
2853. L. no 65-559 du 10 juill. 1965, article 3 ; loi no 72-650 du 11 juill. 1972, article 16 ; loi no 75-1328
du 31 déc. 1975, article 38.
2854. Sur la conformité à la Constitution de la définition des terrains à bâtir donnée par la loi de 1985,
cf. la décision du Conseil constitutionnel no 85-189 DC du 18 juill. 1985, Rec. Cons. const. 49 ; LPA du
8 août 1985, p. 40, note L. Fernandez ; RD publ. 1986. 474, chron. L. Favoreu. Sur cette définition,
cf. P. Carrias, « Le droit de propriété au point de non-retour ? À propos de la loi no 85-729 du 18 juill.
1985 », D. 1985. Chron. 293 ; J.-F. Le Petit, « La loi du 18 juill. 1985 et la nouvelle définition du terrain à
bâtir », Gaz. Pal. 1986. 1. Doctr. 56 ; J-F. Le Petit, « La qualification de terrain à bâtir dans le contentieux
de l'expropriation », Administrer, mars 1989, p. 9.
2855. Article L. 322-4.
2856. Sur le système spécifique à l'expropriation des terrains réservés aux opérations d'intérêt général
par un document d'urbanisme, v. l'article L. 322-6.
2857. Prise en compte des accords amiables : P. Carrias, « L'incidence des accords amiables », AJPI
1972. 922 ; J. Lemasurier, « Les accords amiables et le droit de l'expropriation », Le rôle de la volonté
dans les actes juridiques – Études à la mémoire du professeur Rieg, Bruylant, 2000, p. 565 ; P. Loquet,
« L'accord amiable dans la procédure d'expropriation », AJPI 1976. 278. Prise en compte des évaluations
et déclarations fiscales : J.-M. Rainaud et R. Cristini, « Droit fiscal et expropriation », AJPI 1982. 923 ; J.-
F. Talon, « Expropriation : l'opposabilité des documents fiscaux », Études foncières, n o 7, hiver 1980, p. 9.
2858. Sous réserve des dispositions de l'article L. 322-9 relatives à la règle des mutations récentes qui
sera exposée au paragraphe suivant.
2859. À dire vrai, l'article L. 322-8 du nouveau Code, à la différence de l'article L. 13-16 de l'ancien
Code dont il est issu, ne fait plus référence aux « accords amiables » mais simplement aux « accords »,
sans doute pour éviter ce qui lui a semblé être une redondance.
286. V. Bertout, Le domaine militaire, th. Paris, 1909 ; Coutant, « Le domaine militaire », Rev. adm.
1954. 282.
2860. V. par ex. la note de A. Bernard sous Civ. 3e, 18 févr. 1987, Beguery c/ Directeur des services
fiscaux, Civ. 3e, 25 févr. 1987, Michaud c/ District de Poitiers et Civ. 3e, 11 mars 1987, Chane Tou Ky
c/ Commune de Saint-Denis-de-la-Réunion, JCP 1987. II. 20902.
2861. Civ. 3e, 8 févr. 2011, Consorts Marjolin c/ Communauté de communes du pays du
Grésivaudan, RDI 2011. 217, note R. Hostiou.
2862. Et cela alors même que les parties n'en faisaient pas expressément état dans leurs écritures :
Civ. 3e, 3 oct. 1991, M. Chane Tou Ky c/ Commune de Saint-Denis-de-la-Réunion, Bull. civ. III,
no 225, p. 132.
2863. Civ. 3e, 11 févr. 1971, Ville de Brest c/ Époux Raoul, Bull. civ. III, no 105, p. 75 ; Civ. 3e,
13 févr. 1974, Commune de Villiers-Saint-Paul c/ Sordet et autres, ibid, n o 77, p. 58.
2864. V. par ex. les observations de P. Carrias sous Civ. 3e, 18 févr. 1987, Beguery c/ ministre des
Transports, D. 1987. Somm. 426.
2865. D'ailleurs, l'article L. 322-10, dernier alinéa, du Code de l'expropriation dispose que « le juge peut
obtenir de l'autorité administrative tous les renseignements fiscaux nécessaires à la fixation des indemnités
d'expropriation conformément aux dispositions de l'article L. 144 » du livre des procédures fiscales (article
L. 144 aux termes duquel « les juridictions de l'expropriation peuvent recevoir des administrations
financières communication de tous les renseignements sur les déclarations et évaluations fiscales
nécessaires à la fixation des indemnuités d'expropriation »).
2866. M. Dubernet, « L'estimation des domaines et les mutations antérieures », AJPI 1972. 926 ;
P. Magnier, « L'évaluation de l'indemnité principale d'expropriation dans le cas où le bien exproprié a fait
l'objet d'une mutation récente antérieurement au transfert de propriété », AJPI 1970. 630 ; A. Bernard,
note sous Civ. 3e, 14 avr. 1982, Consorts Guillon c/ SEAU et Civ. 3e, 9 mars 1982, Senes c/ Ville
d'Hyères et autres, JCP 1983. II. 20031.
2867. V. égal. ses articles R. 322-2 à R. 322-4.
2868. Civ. 3e, 8 oct. 2003, Consorts Corpelet c/ Chambre de commerce et d'industrie de Reims et
d'Epernay, Bull. civ. III, no 172, p. 151 ; JCP 2004. II. 10061, note M. Huygue ; AJDI 2004. 218, obs.
A. Lévy ; RDI 2004. 177, obs. C. Morel.
2869. Que le juge de l'expropriation a l'obligation de demander si elle ne lui est pas spontanément
fournie : Civ. 3e, 10 nov. 1987, Commune de Foecy c/ Consorts de Bizemon, JCP 1988. II. 21126, obs.
A. Bernard.
287. V., dans le sens de la domanialité publique des casernes. concl. Heumann s. CE 14 avr. 1961,
Société Sud Aviation, RD publ. 1961. 643.
2870. Civ. 3e, 27 juin 1973, Dame Challet c/ ministre de l'Équipement, Bull. civ. III, no 449, p. 326.
2871. Civ. 3e, 12 mars 2008, M me Marro épouse Drevon et autres c/ Commune de Nice et autre,
Bull. civ. III, no 46, p. 43 ; RDI 2009. 466, note R. Hostiou ; AJDI 2009. 43, note D. Lévy.
2872. Civ. 3e, 13 janv. 2009, M me Mérrau et M me Guillou c/ SEM pour le développement
orléanais, RDI 2009. 466, note R. Hostiou.
2873. Cons. const. 20 avr. 2012, M me Marie-Christine J., décision no 2012-236 QPC, Rec. Cons.
constit., p. 211 ; RJEP, juill. 2012, Étude no 5, note Bon ; RDI 2012. 336, note R. Hostiou ; AJDA 2012.
1517, note S. Gilbert.
2874. Tempérament qui s'ajoute au tempérament traditionnel figurant déjà à l'article L. 13-17 de
l'ancien Code et repris à l'article L. 322-9, second alinéa, du nouveau selon laquelle, lorsque les biens ont
subi, depuis la mutation récente, « des modifications justifiées dans leur consistance matérielle ou juridique,
leur état ou leur situation d'occupation, l'estimation qui en est faite… en tient compte ».
2875. Ainsi, l'expropriation de terrains côtiers en vue de la construction d'une digue de protection contre
l'érosion marine peut procurer aux parcelles formant avec ces terrains une même unité foncière une
augmentation de valeur immédiate bien supérieure au montant de l'indemnité d'expropriation qui se trouve
alors réduite à néant : Civ. 3e, 21 mai 2003, X c/ Association syndicale de défense contre la mer de
Jullouville Nord, AJDI 2003. 684, obs. A. Bernard.
2876. Bien évidemment, tous les litiges relatifs à l'exercice de ces compétences relèvent de la
compétence du juge judiciaire lui-même. Ainsi en est-il par exemple du retard mis par ce dernier à fixer le
montant de l'indemnité d'expropriation (CE 9 juill. 1947, Époux Vacher, Lebon T. 616 ; 13 nov. 1959, Dame
veuve Obadia, ibid., p. 597). Les dommages éventuels causés par ce retard sont alors réparés par
application des règles spécifiques qui régissent la responsabilité du fait du fonctionnement du service public
de la justice judiciaire et qui figurent aujourd'hui à l'article L. 141-1 du Code de l'organisation judiciaire
(Civ. 3e, 25 mai 2004, Clérissi c/ Agent judiciaire du Trésor, AJDI 2005. 46, obs. R. Hostiou).
2877. C. expr., art. R. 323-1.
2878. C. expr., art. R. 323-2.
2879. C. expr., art. R. 323-3.
288. TA Marseille, 19 nov. 1954, Blanc, D. 1955. 624, concl. Heurté. V. Conde, Le domaine public
hospitalier, th. Rennes, 1982 ; Jean-Bernard Auby, « Le patrimoine hospitalier et le droit des propriétés
publiques », D. 1993. Chron. 296.
2880. C. expr., art. R. 231-2.
2881. Const. Const. 13 févr. 2015, Société ferme Larrea EARL, no 2014-451 QPC, consid. 8 ; RDI
2015. 172, note R. Hostiou. Cette décision a été rendue, postérieurement à l'entrée en vigueur du nouveau
code, à propos de l'article L. 15-2 de l'ancien code, dans sa version issue de l'article 42 de la loi no 2013-
431 du 28 mai 2013 et qui a été reprise à l'article L. 331-3 du nouveau, de telle sorte qu'il n'a pas pu être
tenu compte dans ce dernier de la réserve ainsi exprimée. À noter que la loi précitée du 28 mai 2013 visait
à modifier le texte initial de l'article L. 15-2 de l'ancien code déclaré quelques mois auparavant
inconstitutionnel par le Conseil constitutionnel (Cons. const. 6 avr. 2012, Consorts T., no 2012-226 QPC,
Rec. Cons. const. 183 ; RJEP 2012. Étude 5, note P. Bon ; RDI 2012. 333, note R. Hostiou ; JCP A 2012,
no 2210, note H. Pauliat ; AJDI 2011. 527, obs. A. Lévy).
2882. CE 18 juin 1969, Ministre des Affaires étrangères c/ David, Lebon T. 857 ; 31 janv. 1969,
Cohen, ibid., tables, p. 774 ; 1er oct. 1971, Cano, ibid., tables, p. 1076 ; 22 févr. 1978, Duclos, ibid.,
tables, p. 845 ; 22 févr. 1980, Richard et M me Richard, ibid., tables, p. 645 ; Civ. 3e, 27 nov. 1984,
Établissement public d'aménagement des rives de l'étang de Berre c/ Consorts Dor, Bull. civ. III,
no 201, p. 155 ; D. 1986. IR 75, obs. P. Carrias ; AJPI 1985. 335, obs. J. Doucède ; Civ. 3e, 11 mars 1987,
Courtet c/ Commune de Guidel, Bull. civ. III, no 46 ; D. 1988. Somm. 46, obs. P. Carrias ; JCP 1988.
II. 21210, note A. Bernard ; AJPI 1989. 799, note A. Vidal-Naquet ; T. confl. 30 juin 2008, Commune de
Villepinte c/ Banque populaire Rives de Paris, Lebon T. 777 ; RJEP 2009. 9. 4, note G. Pellissier.
2883. D. Chapigny, « Les retards de paiement des indemnités d'expropriation – Paiements d'intérêts,
nouvelle fixation d'indemnités », Gaz. Pal. 1973. 1. Doctr. 171 ; J.-P. Cordelier, « La demande de
l'exproprié en nouvelle fixation du montant de l'indemnité – Conditions d'application de l'article 26 de
l'ordonnance du 23 oct. 1958 », AJPI 1972. 12 ; D. Musso, « Les droits des expropriés en cas de retard
dans le paiement des indemnités », Revue d'économie et de droit immobilier 1980, no 88, p. 34.
2884. CE 5 juill. 2010, Commune d'Angerville, BJCL 2010. 695, concl. E. Cortot-Boucher et obs.
M. D. ; RDI 2010. 441, note R. Hostiou ; AJDA 2011. 168, note P. Caille ; AJCT 2010. 88, note J.-
F. Struillou (confirmation de CAA Versailles 10 juiillet 2007, M me Mercier, AJDI 2008. 305, note
R. Hostiou).
2885. C. expr., art. R. 323-14.
2886. C. expr., art. L. 323-4. V. égal. l'article R. 323-13.
2887. Civ. 3e, 18 nov. 1980, Poesy c/ Commune de Plan-de-Cuques, JCP 1982. II. 19710, note A.-
H. B.
2888. Préjudice que ne réparent pas les intérêts moratoires : cf. l'art. 1153 du Code civil.
2889. CE 15 mars 1955, Feraud, Lebon 262. Voir toutefois TA Paris, 21 mai 1974, Sieur Vincent,
Lebon 703.
289. CAA Nantes, 31 déc. 1992, Recteur de Rennes, Dr. adm. 165 – Jean-David Dreyfus,
« Immobilier universitaire et stimulation du partenariat public-privé », AJDA 2008. 974.
2890. C. Lavialle, « Expropriation et dépossession », RFDA 2001. 1228.
2891. Cf. l'article R. 221-8 du Code de l'expropriation selon lequel « l'ordonnance d'expropriation ne
peut être exécutée à l'encontre de chacun des intéressés que si elle lui a été préalablement notifiée par
l'expropriant ».
2892. Ce qui est une exception au principe général posé par le Code civil selon lequel le juge peut
toujours accorder un délai de grâce : Civ. 3e, 17 déc. 1980, Époux Aruanitaki c/ SETOMIP, Bull. civ. III,
no 196, p. 146.
2893. Civ. 3e, 11 mars 1971, Abner c/ État français, Bull. civ. III, no 180, p. 132 ; Civ. 3e, 17 juill.
1974, Sieurs Brolin et Claude c/ Préfet de la Haute-Savoie, AJPI 1975. 121, note J.-P. Cordelier ;
Civ. 3e, 17 déc. 1980, Époux Aruanitaki c/ SETOMIP, préc. Pourtant, il a été soutenu que, pour le Conseil
d'État, l'ordonnance d'expropriation valait automatiquement expulsion des occupants se maintenant dans les
lieux de telle sorte que, si tel est le cas, il n'est point besoin de saisir à nouveau le juge de l'expropriation
d'une demande d'expulsion, l'ordonnance d'expropriation suffisant (chron. E. Honorat et E. Baptiste sous
CE 18 mai 1990, Ville de Nice, AJDA 1990. 524 ; sur cet arrêt, V. égal. RFDA 1991. 271, concl.
M. Fornacciari et obs. P. Bon). Mais la solution n'était, en tout état de cause, qu'implicite et il n'était pas
certain qu'elle reflétait exactement la position de la haute juridiction administrative. Par la suite, l'article
R. 15-1 de l'ancien Code de l'expropriation, dans sa rédaction issue de l'article 50, 2o, du décret no 2005-
467 du 13 mai 2005, reprise à l'article R. 231-1 du nouveau, dispose que, « sauf dans les cas où cette
décision relève de la compétence du juge administratif, l'expulsion prévue à l'article L. 231-1 est ordonnée
par le juge de l'expropriation statuant dans la forme des référés ».
2894. Civ. 3e, 29 janv. 1985, Société d'économie mixte d'aménagement et de rénovation de la ville
de Bobigny, D. 1987. Somm. 246, obs. P. Carrias.
2895. Cf. l'article R. 311-23 précité du Code de l'expropriation qui charge justement le juge de
l'expropriation de statuer sur les difficultés relatives à l'exécution de ses décisions.
2896. T. confl. 14 mai 1984, M me Aquilina, Lebon 448.
2897. CE 8 mai 1968, Thorel, Lebon 285 ; Civ. 3e, 7 juin 1974, Grillot c/ Commune de Nolay, JCP
1975. II. 17980, note A. Homont ; Versailles 20 déc. 1978, Ville de Garches c/ Cantin Albert et SA
Cantin et fils, Gaz. Pal. 1979. 2.358, note A. B. ; Civ. 3e, 22 mars 1995, Société d'économie mixte
d'aménagement, de rénovation et d'équipement de Lavallois-Perret c/ M. Zaccheo, Bull. civ. III,
no 89, p. 59.
2898. T. confl. 29 oct. 1990, Préfet de Saône-et-Loire, Lebon 399 ; CJEG 1991. 103, concl. B. Stirn
et note D. D ; Civ. 3e, 30 avr. 2002, M. Vayaboury c/ Société immobilière du département de la
Réunion et autres, Bull. civ. III, no 88, p. 77 ; AJDI 2002. 540, note R. Hostiou ; RDI 2002. 315, obs.
C. Morel.
2899. T. confl. 6 nov. 1967, Dougy c/ Société de l'autoroute Paris-Lyon et autres, Lebon 656.
29. Cette théorie des choses publiques se fondait sur des solutions du droit romain mais visait surtout à
affirmer les droits du public sur ces biens en supprimant toutes entraves (péages) et en interdisant
absolument les aliénations. Exposée par Loyseau elle fut développée par Domat et Lefèvre de la Planche
qui faisaient rentrer dans les choses publiques les cours d'eau, les rivages, les routes, etc. V., Y. Gaudemet,
« Du domaine de la Couronne au domaine public. Histoire des doctrines », in Mélanges Lachaume, Dalloz,
2007, p. 526.
290. CE 13 juill. 1961, Ville de Toulouse, A. D. 1961. 11, p. 492. V. aussi dans le sens de la domanialité
publique des piscines municipales, note C. Lalumière s. CE 14 juin 1963, époux Hebert, D. 1964. 328.
2900. CE 20 nov. 1974, Dame Manrot Le Goarnic, Lebon 572.
2901. Civ. 3e, 9 sept. 2009, Consorts X-Y c/ Commune de La Possession et autres, Bull. civ. III,
no 185, p. 175 ; BJCL 2009. 725, obs. L. Janicot ; AJDI 2010. 329, note R. Hostiou.
2902. Sur cette théorie, voir la célèbre note d'A. Mestre sous Req. 2 févr. 1909, Préfet de la Corse c/
Casanova, S. 1912. 1. 577. Pour une application récente, cf. CE 17 oct. 1986, Époux Weibel, Lebon
T. 535 ; Quotidien juridique du 5 mars 1987, p. 13, concl. J.-C. Bonichot ; D. 1987. Somm. 397, obs.
P. Bon.
2903. Civ. ass. plén., 6 janv. 1994, Consorts Baudon de Mony c/ EDF et autre, Bull. ass. plén.,
no 1 ; D. 1994.J.153, concl. M. Jéol ; JCP 1994. II. 22207, concl. M. Jéol ; BICC, 15 févr. 1994, no 382,
p. 1, concl. M. Jéol et note O. Renard-Payen ; AJDA 1994. 339, note R. Hostiou ; CJEG 1994. 413, avant-
propos, P. Sablière, rapport O. Renard-Payen, concl. M. Jéol et note D. T. ; RFDA 1994. 1121, note
C. Boiteau ; Dr. adm., juill. 1994, p. 1, note D. T. ; AJPI 1994. 757, obs. Bernard. V. égal. P. Carrias, « La
nouvelle expropriation indirecte », D. 1994. Chron. 327 et R. Noguellou, « L'expropriation indirecte », Dr.
adm., avr. 2007, no 10, p. 3 ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et P. Yolka, GDDAB, 2e éd.,
2015, no 30.
2904. CE 3 avr. 1968, Dame veuve Lepage et Sté des briqueteries Lepage, Lebon T. 971 ; 3 mai
1972, Société des établissements Charles Testut, Lebon 337 ; AJDA 1973. II. 143, obs. A. Homont ;
3 avr. 1968, Veuve Lepage et Société des briqueteries Lepage, ibid., p. 971 ; 23 sept. 1983, M. et
M me Saulnier, ibid., tables, p. 7S4 ; D. 1984. IR 4S2, obs. P. Bon.
2905. J.-P. Jacqué, « Les procédures spéciales d'expropriation », RD publ. 1972. 1019.
2906. J.-M. Auby, R. Ducos-Ader et J.-C. Gonthier, L'expropriation – régime juridique, méthode
d'évaluation, formulaire, Sirey, 1968, p. 7.
2907. C. expr., art. R. 232-1.
2908. CE 22 avr. 1988, Société civile particuliére de la montagne de Blaitière, Lebon 155 ;
D. 1990. Somm. 24, obs. P. Bon.
2909. C. expr., art. 232-1.
291. V., CE 26 févr. 1965, Société du vélodrome du Parc-des-Princes, RD publ. 1965. 506, concl.
Bertrand, CJEG 1966. 1. 12, note A.-C.
2910. CE 23 sept. 1991, Fournier et Association de sauvegarde des sites d'Èze, Lebon T. 981 ;
Quotidien juridique du 16 nov. 1991, note J. M. D. ; D. 1992. Somm. 386, obs. P. Bon.
2911. CE 22 avr. 1977, Dame Brazier, Lebon 187 ; AJDA 1977. 362, chron. B. Nauvelaers et
L. Fabius ; D. 1977. IR 338, obs. H. Charles.
2912. CE 30 mai 1979, Association départementale de défense autoroute A 71 (section Loiret) et
autres, Lebon 243 : construction d'une autoroute ; 23 sept. 1991, Fournier et Association de sauvegarde
des sites d'Eze, préc. : construction d'une autoroute.
2913. CE 21 janv. 1977, Peron Magnan et autres, Lebon 30 ; Rev. adm. 1979. 502, note
J. Lemasurier : construction d'une ligne de TGV ; 17 juin 1983, Comité de défense des abords de
l'autoroute d'Avrillé, Lebon T. 756 ; AJDA 1984. 677, chron. J.-E. Schoettl et S. Hubac ; D. 1984.
IR 157, obs. P. Bon : construction d'une autoroute.
2914. Alors que, en moyenne, une procédure normale d'expropriation dure dix-huit mois, une procédure
d'urgence nécessite seize mois : cf. la déclaration du ministre de l'équipement à l'Assemblée nationale, JO
Déb. AN 1970, p. 6394, citée par J.-P. Jacqué, art. cit., p. 1026.
2915. C. expr., art. R. 232-2.
2916. C. expr., art. R. 232-4.
2917. C. expr., art. L. 232-2.
2918. C. expr., art. L. 232-1.
2919. Civ. 3e, 6 juin 1972, Dame Coffin c/ État Français, Bull. civ. III, no 367, p. 265.
292. Ont été considérés comme ne faisant pas partie du domaine public : un théâtre de verdure établi
par une commune (Civ. 12 mars 1956, AJDA 1956. 11.233) ; une salle des fêtes communale (TA Clermont-
Ferrand, 30 oct. 1959, Roussel, Lebon 842).
2920. Civ. 3e, 16 juill. 1987, Époux Retaillaud c/ Commune de Mortagne-sur-Sèvre, Bull. civ. III,
no 144, p. 84 ; AJPI 1988, no 77, p. 379, obs. C. H.
2921. En revanche, il ne peut pas se borner à ordonner une expertise sans fixer d'indemnités
provisionnelles : Civ. 3e, 13 mars 1985, État Français c/ M. Bourdicaud, Bull. civ. III, no 56, p. 42.
2922. V. ss 825.
2923. Cons. Const. 13 sept. 2013, Sté Invest Hôtels Saint-Dizier Rennes et autres, no 2013-338/339
QPC, Rec. Cons. const. 927 ; RDI 2013. 529, note R. Hostiou ; JCP 2013, no 1114, note M. Amilhat ;
AJDA 2013. 2317, note J.-P. Grandemange ; AJDI 2013. 820, note S. Gilbert.
2924. Art. 232-8.
2925. M. Girard, « Procédure d'extrême urgence et réquisition temporaire », AJPI 1988. 144.
2926. Art. 58 de l'ordonnance no 58-997 du 23 oct. 1958 modifié par la loi no 62-898 du 4 août 1962 ;
aujourd'hui articles L. 521-1 à L. 521-8 du Code de l'expropriation figurant dans un chapitre intitulé
« travaux intéressant la défense nationale ».
2927. Aujourd'hui articles L. 522-1 à L. 522-4 figurant dans un chapitre intitulé « autres travaux ».
2928. Acquisition des immeubles nécessaires au logement des services administratifs résultant de la
création de nouveaux départements dans la région parisienne (loi 23 déc. 1964), exécution des travaux
nécessaires à l'organisation des jeux olympiques de Grenoble (loi 29 juin 1965), construction de la ligne
expérimentale de l'aérotrain (loi 31 déc. 1966), réalisation d'un grand accélérateur de particules (loi 15 juill.
1971), exécution des travaux nécessaires à l'organisation des jeux olympiques d'Albertville (loi 31 déc.
1987 ; P. Gérard, « Les jeux olympiques de 1992 en Savoie – Expropriation : procédure d'extrême urgence
et réquisition temporaire », AJPI 1988. 144) ; réalisation d'un itinéraire à très grand gabarit entre le port de
Bordeaux et Toulouse destiné à facilier le transports des Airbus (loi 29 mai 2001) ; opérations de
construction ou d'extension d'établissements pénitentiaires (loi 9 sept. 2002) ; itinéraire routier destiné à
desservir le projet international ITER (loi 18 avr. 2006) ; réseau de transport public du Grand Paris (loi
3 juin 2010) ; nouvelle branche du tram-train en Île de France (loi 12 juill. 2010).
2929. Dans le cas des travaux intéressant la défense nationale, la procédure d'extrême urgence est
applicable à tous les terrains non bâtis sous la réserve qu'ils ne soient pas situés « à l'intérieur des propriétés
attenantes aux habitations et closes par des murs ou des clôtures équivalentes selon les usages du pays »
(article 2 de la loi du 29 déc. 1892 sur l'occupation temporaire en matière d'exécution de travaux publics –
v. ss 521 – auquel renvoie l'article L. 521-1 ; sur la notion de parcelle attenante à une propriété, cf. par ex.
CE 4 févr. 1953, Département de l'Allier c/ Guetton, Lebon T. 795 ; 20 juin 1956, Veuve Zappa, ibid.,
p. 254 ; AJDA 1956. II. 320, note P. Sillard, sur la notion de parcelle close, cf. par ex. CE 31 mars 1954,
Département de l'Allier c/ Dame Debriesse, Lebon 204 ; AJDA 1954. II. 245, note M. Copper-Royer ;
M. Le Galcher-Baron, « La notion de terrain clos », CJEG 1972. 365). Dans le cas des autres travaux
(travaux de construction d'autoroutes, de routes express, de routes nationales ou de sections nouvelles de
routes nationales, de voies de chemin de fer, de voies de tramways ou de transport en commun en site
propre et d'oléoducs), la procédure est applicable sans restriction à tous les terrains non bâtis du moment
qu'ils sont situés dans l'emprise de l'ouvrage (article L. 522-1).
293. CE 11 mai 1959, Dauphin, S. 1959.127, concl. Mayras AJDA 1959. 11, p. 228, note Dufau.
V. aussi pour le château de Bonaguil, CE 11 mai 1977, Costes, Rev. adm. 1977. 487.
2930. C. expr., art. L. 521-1.
2931. C. expr., art. L. 522-1
2932. CE 17 avr. 1970, Dame Fusy et autres, Lebon 255 ; AJDA 1970. 434, note A. Homont ; ibid.,
p. 603, concl. M. Bertrand.
2933. On soulignera que ce décret n'est pas simplement un décret en Conseil d'État mais un décret pris
sur avis conforme du Conseil d'État et plus précisément de sa section administrative des travaux publics.
L'article R. 521-1 précise d'ailleurs que le ministre compétent soumet au Conseil d'État un projet de décret
motivé accompagné d'un plan indiquant les communes où sont situés les terrains que le maître de l'ouvrage
se propose d'occuper et la description générale des ouvrages projetés.
2934. CE 3 déc. 1965, Pastre, Lebon 655.
2935. C. expr., art. L. 521-2.
2936. C. expr., art. L. 521-3.
2937. C. expr., art. L. 522-3.
2938. C. expr., art. L. 521-3, in fine.
2939. C. expr., art. L. 521-5.
294. Civ. 1re, 15 oct. 1963, D. 1964. Somm. 37.
2940. Décis. no 89-256 DC du 25 juill. 1989, Rec. Cons. const. 53 ; RFDA 1989. 1009, note P. Bon ;
CJEG 1990. 1, note B. Genevois.
2941. Et pour prendre l'ordonnance d'expropriation si elle ne l'a pas encore été.
2942. P. R., « La procédure accélérée d'expropriation des bidonvilles », AJPI 1966. 686.
2943. J. Baschwitz, « La loi du 10 juill. 1970 sur l'habitat insalubre », Répertoire Defrénois 1970,
no 29672 ; J.-P. Brunel, D. Chabanol et C.-S. Lopez, Le maire et les immeubles dangereux, insalubres et
classés, Berger-Levrault, 1978, p. 126 s. ; E. Cadeau, « Protection générale de la santé publique », J.-Cl.
adm., fasc. 220, nos 219-278 ; Y. Chaigneau et J. Decaudaveine, « La résorption de l'habitat insalubre »,
Droit social 1974, numéro spécial sur l'exclusion sociale, p. 130 ; D. Lecat, « La résorption de l'habitat
insalubre et les insuffisances de la loi du 10 juill. 1970 », AJPI 1974. 681 ; J.-F. Le Petit, « La loi Vivien du
10 juill. 1970 et la suppression des îlots insalubres », Gaz. Pal. 1974. 1. Doctr. 228 ; « Résorption de
l'habitat insalubre », Mon. TP du 11 sept. 1971, p. 31.
2944. Art. 13 à 21.
2945. Au moment de l'édiction du nouveau Code de l'expropriation, ne restaient plus en vigueur que les
articles 13, 14, 15, 17, 18 et 19.
2946. En conséquence, il y avait détournement de procédure si l'expropriation de locaux insalubres
menée en application des dispositions de la loi de 1970 avait pour but réel le prolongement d'une ligne de
métro : TA de Paris, 16 mars 1977, Consorts Plouin, Lebon 561.
2947. CE 8 juin 1994, Planque, Lebon T. 987.
2948. Date qui doit être postérieure d'au moins un mois à la publication de l'arrêté déclaratif d'utilité
publique, ce délai étant toutefois porté à deux mois lorsque sont en cause des immeubles qui ne sont eux-
mêmes ni insalubres ni impropres à l'habitation.
2949. CE 6 nov. 1981, Richefeu, Lebon 402 ; D. 1982. IR 347, obs. P. Bon ; 21 févr. 1986,
Vanderschelden, req. no 37531, Lebon T. 724 ; D. 1987. Somm. 404, obs. P. Bon. La réciproque ne joue
pas : si des requérants attaquent les déclarations d'insalubrité à titre irrémédiable prises sur le fondement du
Code de la santé, ils ne peuvent invoquer la méconnaissance des dispositions de la loi de 1970 alors en
vigueur relative à l'expropriation des immeubles insalubres car il ne s'agit là que d'une phase ultérieure de la
procédure (CE 8 oct. 1975, Époux Podeur, Ribourdouille et Dame Pitois, Lebon 499).
295. CE 17 mars 1967, Ranchon, Lebon 131, AJDA 1967. 415 note Dufau, RD publ. 1968. 180. note
Waline, D. 1968. 247, note Leclercq. V. aussi 9 janv. 1974, Noebes, Lebon 15.
2950. Étant entendu qu'il incombe au juge, non de se placer à la date de cet arrêté, mais de déterminer
si la DUP était légalement justifiée par la situation de fait existant à la date à laquelle elle a été prise
s'agissant, en particulier, des coûts comparés des travaux de réhabilitation ou d'une reconstruction : CE
20 mars 2015, Société Urbanis aménagement : RDI 2015. 291, note R. Hostiou ; AJDI 2015. 449, note
C. Otero.
2951. Article L. 511-6. Viole ainsi cette disposition la cour d'appel qui alloue aux propriétaires d'un
appartement en copropriété exproprié en application de la loi de 1970 alors en vigueur une indemnité
accessoire pour des travaux non amortis exécutés dans cet appartement dès lors que cette indemnité est
fondée sur des éléments afférents à la construction déclarée insalubre (Civ. 3e, 20 oct. 2004, Ville de Paris
c/ Époux Jankovic, Bull. civ. III, no 174, p. 159 ; JCP 2005. II. 10009, note M. Huyghe ; AJDI 2005. 849,
obs. C. Morel). En revanche, si l'expropriation d'un immeuble déclaré insalubre est effectuée, non pas en
application de la loi de 1970, mais des dispositions de droit commun, il n'y a pas lieu de tenir compte des
dérogations aux règles d'évaluation des biens expropriés instituées par la loi de 1970 (Civ. 3e, 14 nov. 1990,
Société d'économie mixte d'aménagement d'Argenteuil c/ M me Richard, Bull. civ. III, no 231, p. 132).
2952. Article L. 511-6, in fine.
2953. CE 18 juin 2010, SARL L'office central d'accession au logement.
2954. Cons. const. 17 sept. 2010, décis. no 2010-26 QPC, SARL L'office central d'accession au
logement (Immeubles insalubres), RDI 2010. 600, note R. Hostiou ; Dr. adm. 2010, no 156, note J.-
L. Pissaloux.
2955. P. Carrias, « L'incidence des accords amiables », AJPI 1972. 922 ; J. Lemasurier, « Les accords
amiables et le droit de l'expropriation », Le rôle de la volonté dans les actes juridiques – Études à la
mémoire du professeur Rieg, Bruylant, 2000, p. 565 ; P. Loquet, « L'accord amiable dans la procédure
d'expropriation », AJPI 1976. 278.
2956. Une collectivité publique a en effet toujours le droit, lorsqu'elle désire passer un acte de vente, de
ne pas recourir au ministère d'un notaire, mais de conclure la vente par un acte administratif préparé par
ses soins, ce qui lui fait faire l'économie des émoluments du notaire. V. les articles L. 141-1, L. 251-1,
L. 331-5, L. 441-1 et L. 531-1 aux termes desquels les contrats de vente, quittances et autres actes dressés
en application du livre en cause peuvent être passés dans la forme des actes administratifs.
2957. V. l'article 1042 du Code général des impôts, dans la rédaction qu'en a donné l'article 21 de la loi
de finances pour 1983 no 82-1126 du 29 déc. 1982 et les lois ultérieures qui l'ont modifié, selon lequel toutes
les acquisitions amiables au profit des personnes publiques ne donnent lieu en principe à aucune perception
au bénéfice du Trésor. La solution était partiellement différente avant 1983. Les acquisitions amiables au
profit de l'État étaient certes dispensées de droits de mutation. En revanche, les acquisitions amiables au
profit des collectivités territoriales et de leurs établissements publics donnaient lieu en principe à la
perception de droits de mutation sauf lorsque les trois conditions suivantes étaient remplies (conditions
prévues par l'article L. 311-4 du Code des communes reprenant les dispositions alors en vigueur de
l'article 1042 du Code général des impôts) : ces acquisitions amiables étaient destinées à l'enseignement
public, à l'assistance et à l'hygiène sociale ainsi qu'aux travaux d'urbanisme et de construction ; elles étaient
urgentes ; elles étaient déclarées d'utilité publique. Cette déclaration d'utilité publique, qui n'avait d'autre but
que de permettre l'exonération des droits de mutation, était appelée DUP fiscale. Elle intervenait sans
enquête préalable. Elle pouvait intervenir postérieurement à l'acquisition amiable (CE 8 févr. 1957,
Lauberge et autres, Lebon 97).
2958. V. l'article L. 222-2, deuxième alinéa, du Code de l'expropriation.
2959. Elle ne permet pas non plus au cédant de bénéficier du droit de rétroccession prévu par l'art.
L. 421-1 (v. ss 838) : Civ. 3e, 24 sept. 2008, M. X c/ Commune de Chatuzange-Le-Goubet, Bull. civ. III,
no 138, p. 129.
296. CE 2 nov. 1956, Biberon, Lebon 570, concl. Mosset ; 5 juill. 1967 Faillite Paret, Lebon 719.
2960. Il est en effet de jurisprudence constante qu'une DUP peut légalement intervenir alors même que
l'administration et l'exproprié sont déjà d'accord sur le principe de la cession et sur son prix (CE 16 juin
1965, Delle Deffaud, Lebon 354 ; 3 nov. 1971, Dame Bardonnenche, ibid., p. 649 ; 29 juin 1983,
Commune de Tréflaouénan, ibid., tables, p. 754 ; D. 1984. IR 155, obs. P. Bon), ne serait-ce que pour
permettre le prononcé de l'ordonnance de donné acte avec les effets qui s'y attachent et qui vont être
évoqués dans un instant.
2961. Si l'acte de vente ou la déclaration commune des parties a distingué, dans la somme allouée à
chaque intéressé, l'indemnité principale et, le cas échéant, les indemnités accessoires, l'ordonnance de
donné acte doit toutefois faire la même distinction (C. expr., art. L. 321-3, 3e al.).
2962. Civ. 3e, 2 déc. 1981, Consorts Chapuis c/ Commune de Baume-les-Dames, Bull. civ. III,
no 198, p. 144.
2963. Du moins si la DUP n'a pas été annulée. Si elle a été annulée, cette annulation est évidemment
sans influence sur la validité de la cession amiable (CE 2 juill. 1975, Bizière, Lebon 397 ; D. 1972. J. 25,
note J.-P. Taugourdeau) mais cette dernière n'a que les effets de droit commun (Civ. 3e, 4 juin 1980, Époux
Capellano c/ Ville de Nice, Bull. civ. III, no 112, p. 83).
2964. C. expr., art. L. 321-3, 2e al.
2965. F. Bellanger, « La notion de grand ouvrage public : commentaire de l'article 10 de la loi du 8 août
1962 », Gaz. Pal. 1967. 1. 1 ; P. Bon, « Expropriation en milieu rural et environnement », in Agriculture et
environnement, PPS 1981. 239 ; J. Cadiou et R. de Silguy, « Expropriation et remembrement », Gaz. Pal.
1971. 2. 607 ; A. Dumas, « Expropriation et remembrement rural », D. 1968. Chron. 697 ; P. Gaudin,
« Expropriation pour grands travaux routiers en agriculture », RD rur. 1982. 363 ; Y. Jegouzo,
« L'expropriation pour grands travaux et l'agriculture », RD rur. 1982. 354 ; J. Megret, « Expropriation des
biens fonciers agricoles », AJPI 1980. 299 ; R. de Silguy, « Les exploitations agricoles et la création
d'autoroutes », Gaz. Pal. 1973. 2. 653.
2966. Le texte initial de la loi de 1962 se bornait à viser « les expropriations en vue de la réalisation de
grands ouvrages publics ». Cette formule visait certainement les autoroutes et autres grands ouvrages
publics linéaires comme par exemple les routes ordinaires ou les voies de chemin de fer. En revanche, la
question de savoir quels autres équipements étaient visés par cette formule avait donné lieu à un
contentieux relativement abondant (v. par ex. P. Bon, obs. sous CE 30 juin 1986, Époux Monnier, D. 1987.
Somm. 398). En tout état de cause, l'article 78-I de la loi d'orientation agricole no 80-502 du 4 juill. 1980 a
remplacé la formule « grands ouvrages publics » par une référence aux « aménagements et ouvrages
mentionnés à l'article 2 de la loi no 76-629 du 10 juill. 1976 » (maintenant C. envir., art. L. 122-1 s.), c'est–
à-dire aux aménagements et ouvrages qui, par ailleurs, doivent donner lieu à étude d'impact et sont donc
soumis à l'enquête environnementale précédement évoquée (v. ss 699). Cette modification se traduit en
principe par un élargissement du champ d'application de la loi de 1962 (V. par ex. P. Bon, obs. sous CE
25 sept. 1987, Association pour la promotion et la défense du site du « Cul du Loup », D. 1990.
Somm. 21).
2967. CE 11 mai 1979, ministre de l'Intérieur et ministre de l'Équipement c/ Association de défense
des propriétaires fonciers et exploitants agricoles contre l'extension du Grand Vesoul, Lebon 207 ;
D. 1979. IR 515, obs. P. Bon ; arrêt confirmant TA de Besançon, 30 nov. 1977, Association de défense
contre l'extension du Grand Vesoul, Lebon 647 ; Droit et ville, no 5, 1978, p. 262, obs. F. Bouyssou.
2968. À noter que le rôle de l'autorité compétente pour prendre la DUP est limité : il consiste seulement
à inscrire dans la DUP la triple obligation de participation financière pesant sur le maître de l'ouvrage (CE
11 mai 1979, Ministre de l'Intérieur et ministre de l'Équipement c/ Association de défense des
propriétaires fonciers et exploitants agricoles contre l'extension du Grand Vesoul, préc.). L'auteur de
la DUP commettrait en effet une illégalité s'il allait au-delà, par exemple en recherchant si une ou plusieurs
exploitations agricoles disparaîtraient ou seraient gravement déséquilibrées par l'exécution des travaux
envisagés et seraient dès lors en droit d'obtenir les aides financières prévues (TA Besançon, 30 nov. 1977,
Assocation de défense contre l'extension du Grand Vesoul, préc. ; CE 25 janv. 1993, Commune de
Millau c/ Association de défense du Cap de Crès, JCP N 1993, p. 365, note G. Durand ; LPA du 26 mai
1995, no 63, p. 14, note G. Durand). À noter également que le montant des dépenses incombant de ce fait
au maître de l'ouvrage n'a pas à figurer dans le dossier mis à l'enquête préalable car il s'agit de dépenses
dont le montant demeure incertain à la date de constitution du dossier (CE 30 juin 1986, Époux Monnier,
Lebon 182 ; D. 1987. Somm. 398, obs. P. Bon préc.).
2969. CE 30 déc. 2009, M. et M me Bigeard, Lebon T. 793.
297. CE 16 nov. 1934, Ministre des Travaux publics, Lebon 1078.
2970. C. rur., art. L. 123-24. Sur les modalités de ces opérations d'aménagement foncier qu'il est hors
de propos d'évoquer ici, voir ses articles L. 123-25, L. 123-26 et R. 123-30 à R. 123-39.
2971. Cette obligation posée par le législateur de 1962 figure maintenant à l'article L. 352-1 du Code
rural et est explicitée par ses articles R. 352-1 à R. 352-14. Ainsi, l'article R. 352-2 définit les conditions qui
permettent de conclure à l'existence d'un grave déséquilibre frappant une exploitation agricole. Les articles
R. 352-4 s. déterminent les modalités de calcul de la participation financière du maître de l'ouvrage. Enfin,
l'article L. 352-10 énumère les conditions dans lesquelles le maître de l'ouvrage participe financièrement à
l'intervention des SAFER et des sociétés d'aménagement régional lorsque ce sont ces dernières qui
assurent l'installation des agriculteurs sur de nouvelles exploitations.
2972. Même article L. 352-1 du Code rural. Sur les modalités de reconversion en dehors de
l'agriculture, voir l'article R. 352-11 du Code rural.
2973. J.-P. Cordelier, « La réforme de l'emprise totale : loi du 4 juill. 1980 », AJPI 1981. 270 ;
Y. Pittard, « La réquisition d'emprise totale », RD rur. 1982. 367.
2974. C. expr., art. R. 241-1 issu de l'article 38 du décret no 2005-467 du 13 mai 2005.
2975. V. égal. le système, moins intéressant, prévu par l'article 8 du décret précité no 68-333 du 5 avr.
1968 (C. rur., art. R. 352-13) appliquant l'article 10 de la loi no 62-933 du 8 août 1962 (C. rur., art. L. 352-
1) selon lequel, « si l'exploitant est propriétaire et si son exploitation est gravement déséquilibrée du fait de
l'expropriation, le maître de l'ouvrage peut, si la demande lui en est faite, acquérir à un prix fixé à l'amiable
la partie restante de l'exploitation » : il ne joue que si l'expropriation est destinée à la réalisation
d'aménagements ou ouvrages mentionnés à l'article 2 de la loi de 1976 relative à la protection de la nature
(C. envir., art. L. 122-1 s.) ; il ne met aucune obligation d'emprise totale à la charge du maître de l'ouvrage,
ce dernier pouvant toujours la refuser ; le prix d'achat ne peut être fixé qu'à l'amiable.
2976. Sur cette notion de grave déséquilibre occasionné à une exploitation agricole, cf. l'article R. 352-2
précité du Code rural (v. ss. 834).
2977. J.-M. Auby, « Les fonctions de la rétrocession aux anciens propriétaires des immeubles
expropriés », Dr. adm., févr. 1991, p. 1 ; M.-P. Deswarte-Jullien, « La rétrocession en droit public », AJDA
1975. 325 ; D. Dutrieux, « Expropriation et rétrocession », JCA 2012, no 2273 ; F.-F. Farhat, « La
rétrocession ou l'histoire d'un coma juridique », LPA 28 nov. 1997, no 143, p. 4 ; S. Gilbert, « La
responsabilité de l'expropriant dans le cadre de la violation du droit de rétrocession de l'article L. 12-6 du
Code de l'expropriation », Droit et ville 2000, no 49, p. 141 ; R. Hostiou, « Le droit de rétrocession de
l'article L. 12-6 du Code de l'expropriation à l'épreuve du principe de séparation des autorités
administratives et judiciaires », Études en l'honneur de G. Dupuis, LGDJ, 1997, p. 175 ; R. Hostiou,
« Affectation du bien exproprié et effectivité du droit de rétrocession : analyse de la situation de la France
au regard de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme », Terres du droit – Mélanges
en l'honneur d'Y. Jégouzo, Dalloz, 2009, p. 71 ; R. Hostiou, « Questions autour du droit pour l'ancien
propriétaire à la restitution d'un bien exproprié dans des conditions irrégulières Quel juge ? Quel
préjudice ? », RFDA 2015. 483 ; P. Laporte, « La rétrocession de l'immeuble exproprié », Annales de la
Faculté de droit de Clermont-Ferrand 1968, p. 182 ; A. Lévy, « La rétrocession des biens expropriés et
des biens préemptés », AJPI 1997. 1054 ; P. Magnier, « Les conditions d'ouverture du droit de rétrocession
en matière d'expropriation pour cause d'utilité publique », CJEG 1963. 27 ; C. Morel, « Complexité de la
procédure de rétrocession d'un bien qui n'a pas reçu la destination prévues », AJPI 1997. 546 ; J. Singer,
« Destination des terrains expropriés », Départements et communes, juill.-août 1980, p. 27.
2978. V. égal. les articles R. 12-6 à R. 12-11.
2979. Droit de rétrocession qui, aux termes de l'article L. 421-4, ne concerne que les terrains
expropriés et non ceux qui ont été acquis à la suite d'une demande de réquisition d'emprise totale (v. ss 835)
et qui restent disponibles après l'exécution des travaux.
298. CE 9 juill. 1997, Sté immob. Meaux Jaurès, RDI 1998. 222.
2980. Ce délai de cinq ans court à compter de l'ordonnance d'expropriation comme l'avait jugé
initialement la Cour de cassation (Civ. 3e, 5 juill. 1978, Époux Colson c/ SEDMA, Bull. civ. III, no 280,
p. 215 ; RD rur. 1979. 254, obs. Y. Jegouzo) et comme le confirme aujourd'hui le nouveau Code de
l'expropriation (v. le début de l'article L. 421-1). Toutefois, le droit de rétrocession peut être exercé alors
même que le délai de cinq ans n'est pas expiré dans le cas particulier où il a été donné à l'immeuble
exproprié une destination qui n'était pas celle prévue dans la DUP et qui ne peut plus être modifiée (Civ. 3e,
19 févr. 1992, Office public d'HLM de la ville de Pantin c/ Société Duninvest, Bull. civ. III, no 48,
p. 29. ; AJPI 1992. 785, obs. C. M. : DUP en vue de la réalisation d'un programme de logements locatifs ;
logements vendus dans le cadre d'une opération d'accession à la propriété). Par ailleurs, un problème
particulier se pose dans le cas des expropriéations destinées à la constitution de réserves foncières. Il avait
été jugé par la Cour de cassation qu'aucune disposition légale ou réglementaire n'imposait à l'expropriant
d'affecter, dans le délai de cinq ans de l'article L. 421-1, la réserve foncière au but pour laquelle elle avait
été constituée (Civ. 3e, 31 janv. 1996, M me Catouaria Touneji et autres c/ Société d'équipement du
département de la Réunion et autres, Bull. civ. III, no 31, p. 20 ; D. 1996. 514, note J.-F. Davigon ; AJPI
1996. 900, obs. C.M.) et que cela ne violait pas l'article 1er du Premier protocole additionnel à la
Convention européenne des droits de l'homme (Civ. 3e, 30 sept. 1998, Consorts Motais de Narbonne c/
Departement de la Réunion, JCP 1999. II. 10056, note A. Bernard). Mais l'analyse de la CEDH a été
différente. Elle a en effet considéré qu'il y avait violation de l'article précité dans l'hypothèse où une
collectivité territoriale avait procédé à la constitution, par voie de l'expropriation, d'une reserve foncière en
vue de la réalisation d'un habitat social alors que, plus de quinze ans après, cet objectif n'avait pas été
rempli, les expropriés ayant, de ce fait, été indûments privés de la plus-value acquise par ces terrains
(CEDH 2 juill. 2002, Motais de Narbonne c/ France, AJDA 2002. 1226, note R. Hostiou ; BJDU 2002.
410, note E. Carpentier).
2981. Civ. 3e, 30 oct. 1972, Maire de Vichy c/ Consorts Ferrand, Bull. civ. III, no 574, p. 421 ;
Gaz. Pal. 1973. 1. 196, note J.-P. Cordelier ; JCP 1973. II. 17333, note A. Homont.
2982. CE 10 janv. 1968, Coutin et autres, Lebon 25 ; 3 mai 1968, Merle, ibid., tables, p. 973 ;
T. confl. 19 mars 1979, Dame veuve Tribier, ibid., p. 565 ; CE 23 avr. 1982, Combaz et autres, ibid.,
p. 157 ; D. 1983. IR 315, obs. F. Moderne et P. Bon ; T. confl. 12 janv. 1987, Époux Fatras c/ État, AJDA
1987. 423, obs. J.-B. Auby ; D. 1988. Somm. 46, obs. P. Carrias.
2983. T. confl. 19 mars 1979, Dame veuve Tribier, préc.
2984. T. confl. 23 févr. 2004, Commune d'Auribeau-sur-Siagne c/ Consorts Lagarrigue,
Lebon 512 ; BJCL 2004. 424, concl. Mme Commaret ; AJDA 2004. 566, obs. R. Hostiou ; RDI 2004. 266,
obs. C. Morel ; Coll. terr. 2004, no 80, obs. L. Erstein ; C. Chamard-Heim, F. Melleray, R. Noguellou et
P. Yolka, GDDAB, 2e éd., 2015, no 29 ; CE 18 oct. 2006, SCI Les Tamaris, Lebon T. 908 ; RDI 2007. 76,
obs. L. Marion.
2985. T. confl. 8 déc. 2014, Soc. immo. du Ceinturon c/ Cne d'Hyères-les-Palmiers, Lebon 477 ;
RDI 2015. 69, obs. R. Hostiou ; AJDI 2015. 369, note C. Braud ; AJDA 2016. 58, note S. Gilbert.
2986. T. confl. 19 mars 1979, Dame veuve Tribier, préc. ; CE 18 oct. 2006, SCI Les Tamaris, préc.
2987. CE 25 oct. 1972, Tabard, Lebon 680 ; 28 oct. 1994, Pouilhes, ibid., p. 474 ; D. 1995. J. 149,
note R. Hostiou.
2988. CE 16 juin 2000, Commune d'Auribeau-sur-Siagne, Lebon 232 ; D. 2001. Somm. 898, obs.
P. Carrias ; AJDI 2001. 42, obs. R. Hostiou ; CAA de Nancy 23 nov. 2000, Commune de Vitry-le-
François, AJDI 2001. 621 ; CE 16 févr. 2005, Basset, AJDI 2005. 849, note R. Hostiou ; RDI 2005. 201,
obs. F. Donnat ; T. confl. 23 févr. 2004, Commune d'Auribeau-sur-Siagne c/ Consorts Lagarrigue, préc.
La jurisprudence antérieure allait en sens inverse puisqu'elle admettait que la juridiction administrative
puisse déclarer elle-même, sur renvoi ordonné par le juge judiciaire, que les biens litigieux avaient reçu ou
n'avaient pas reçu la destination en vue de laquelle ils avaient été expropriés (CE 9 déc. 1955, Veuve
Briffault, Lebon 581 ; 16 déc. 1960, Ville de Brest, ibid., p. 712 ; 25 oct. 1972, Tabard, préc. ; 7 juill.
1978, Ville d'Hyères, ibid., tables, p. 844 ; Droit et ville, n o 7, 1979, p. 327, note F. Bouyssou ; 28 oct.
1994, Pouilhes, préc.).
2989. Civ., chambre des expropriations, 26 nov. 1965, Consorts Chenitvesse et autres c/ Ministre des
Armées et autres, Bull. civ. V, no 135, p. 113 ; Civ. 3e, 26 oct. 1983, Directeur général des impôts c/
BPGF, Bull. civ. III, no 203, p. 155 ; JCP 1985. II. 20350, note A. Bernard.
299. CE 6 mars 1963, Ville de St-Ouen, CJEG 1964. 1. 51.
2990. Civ. 3e, 15 janv. 1976, Fayard c/ Ville de Lyon, Bull. civ. III, no 20, p. 15.
2991. CE 12 mai 2004, Département des Alpes-maritimes et Ministre de l'équipement,

des transports, du logement, du tourisme et de la mer, Lebon T. 730 ; AJDI 2004. 894, obs.
R. Hostiou. Voir, en sens inverse, CE 28 avr. 1976, Consorts Jouve, Lebon 212.
2992. Civ. 3e, 19 nov. 2008, Consorts X c/ Commune du Tampon et autre, Bull. civ. III, no 176,
p. 164 ; AJDI 2009. 312, note R. Hostiou ; RDI 2009. 166, obs. Morel.
2993. Civ. 3e, 27 nov. 2012, M me Prat-Audemar c/ Cne de Quillan, AJDA 2012. 2401, tribune
R. Hostiou.
2994. Cons. const. 15 févr. 2013, M me Suzanne P.-A., Rec. Cons. const. 262 ; RFDA 2013. 259, note
R. Hostiou ; AJDA 2013. 932, note S. Gilbert ; D. 2013. 1048, note J.-P. Grandemange.
2995. Civ. 3e, 12 oct. 1971, Consorts Darasse c/ OPHLM de la Ville de Paris, Bull. civ. III, no 485,
p. 346 ; Civ. 3e, 12 déc. 1984, Commune de Plats c/ Traversier et autres, ibid. III, no 214, p. 168 ;
D. 1986. IR 78, obs. P. Carrias.
2996. Ouvrage public qui, par hypothèse, ne correspond pas à ce qui était envisagé par la DUP.
2997. Civ. 3e, 11 janv. 1972, Maire de Vichy c/ Consorts Ferrand, Bull. civ. III, no 26, p. 19.
2998. Et avec la possibilité pour l'administration d'en poursuivre l'expropriation dans le cadre d'une
nouvelle procédure (v. ss 819).
2999. T. confl. 19 mars 1979, Dame veuve Tribier, préc.
3. V., G. D. Marillia, « Les communaux », in F. P. Bénoit, Collectivités locales, Dalloz, p. 5153-1.
30. Art. 538. – « Les chemins, routes et rues, à la charge de l'État, les fleuves, les rivières navigables
ou flottables, les rivages, lais et relais et la mer, les ports, les havres, les rades, et généralement toutes les
portions de territoire français qui ne sont pas susceptibles d'une propriété privée sont considérés comme
des dépendances du domaine public ». Art. 539. – « Tous les biens vacants et sans maître et ceux de
personnes qui décèdent sans héritiers ou dont les successions sont abandonnées appartiennent au domaine
public. » Art. 540. – Les portes, murs, fossés, remparts des places de guerre et des forteresses font aussi
partie du domaine public ». Art. 541. – « Il en est de même des terrains, des fortifications et des remparts
des places qui ne sont plus places de guerre : ils appartiennent à l'État s'ils n'ont pas été valablement aliénés
ou si la propriété n'a pas été prescrite contre lui ».
300. TA Paris, 9 mai 1961, AJDA 1962. 11, p. 178.
3000. Civ. 3e, 30 oct. 1972, Maire de Vichy c/ Consorts Ferrand, préc. ; cour d'appel de Rennes
11 juin 1986, Berrée et autres c/ Commune de Monfort, D. 1987. Somm. 246, obs. P. Carrias.
301. CE 8 mars 1956 Cne de Dugny, S. 1956. III. 78 ; CE 14 juin 1972 Bollecker, Lebon 445.
302. TA Paris, 17 mai 1961, RATP, AJDA 1962. 11. 239, note J. D.
303. CE 23 oct. 1968, Époux Brun, Lebon 503.
304. CE 12 déc. 1986, Association « Le Centre d'accueil Turini » Lebon 524.
305. CE 30 oct. 1987, Commune de Levallois Perret, p. 335, AJDA 1986. 43 concl. Hubac ; Rev.
adm. 1987. 545, note Terneyre.
306. Par exemple : logement d'une institutrice dans l'école (Civ. 1re, 10 mai 1983, JCP 1983. IV. 222),
logement de fonction dans une mairie (CE 11 mars 1987, Nivose, p. 91).
307. H. Bastien, « A quoi sert le domaine public mobilier ? » AJDA 1993. 675 ; F. Hourquebie, « Le
domaine public mobilier », RD publ. 2005. 635 ; P. Yolka, « Les meubles de l'administration », AJDA 2007.
964 ; J.-G. Sorbara, « Le domaine public mobilier au regard du Code général de la propriété des personnes
publiques », AJDA 2007. 619 ; C. Lavialle, « La condition et la fonction des meubles en droit administratif
des biens », RFDA 2013-251.
308. Paris, 3 janv. 1846, D. 1846. 1.1212 (ouvrages de la Bibliothèque royale) ; Paris, 12 juill. 1879,
D. 1800. 11.201 (tapisseries d'une église) ; Lyon, 10 juill. 1894, S. 1895. 11. 185, note Saleilles (miniatures
d'une bibliothèque) ; Nancy, 16 mai 1896, 1896.11.411 (archives de l'État) ; TGI Rouen, 13 nov. 1961,
Gaz. Pal. 1962. 1.99 (meubles d'une église) ; T. corr. Montluçon, 29 sept. 1965, D. 1965. 774, note
Delpech (collections d'un musée municipal) ; Civ. 2e, avr. 1963, AJDA 1963. 486, note Dufau (tableau du
musée du Louvre). Au contraire des chevaux de l'armée ne font pas partie du domaine public (Nîmes,
4 déc. 1944, D. 1946. 29, note Waline).
309. CE 29 nov. 1996, Synd. gén. Affaires culturelles CFDT, Lebon T. 866, Dr. adm. 1997, no 90 : il
s'agissait, en l'espèce, d'instruments de musique ; 8 mai 2004, Aéroports de paris, BJCL 2004-629, concl.
G. Bachelier.
31. Ces décisions concernent du reste le domaine communal : par ex. Req. 13 févr. 1828, S. 1828. 1.
283.
310. Loi no 2002-5 du 4 janv. 2002, Musées de France, JO 5 janv. 2002, p. 305. V. également la loi du
31 déc. 1966 sur les communautés urbaines qui fait allusion à des meubles faisant partie du domaine public
(art. 21).
311. Civ. 1re, 2 avr. 1963, AJDA 1963. 486, note Dufau. V., J. et F. Chatelain, Objets de collection et
œuvres d'art en droit français, 1990. Wolkowitsch, Archives, bibliothèques, musées, 1986.
312. J.-M. Bruguière, « L'accès aux archives publiques : existe-t-il un domaine public
"informationnel" », in Archives et recherches. Aspects juridiques et pratiques administratives, ;
L'Harmattan, 2003, p. 56 – Amanda Dezallai, « Les archives du pouvoir exécutif français : illustration
d'exceptions à de grands principes du droit public », RD publ. 2011. 1255. CE 9 nov. 2011, Min. défense,
Dr. adm. 2012, comm. 12, note S. Gilbert.
313. C. Saujot, « La domanialité publique des vestiges archéologiques mobiliers », AJDA 2008. 446.
314. J.-B. Auby, « La commercialisation des données publiques », Dr. adm. nov. 2002, p. 1.
315. Danielle Da Palma et al., « La protection des martques et des noms de domaine des collectivités
publiques », JCP A 2015, comm. 2250. Il a été jugé que des logiciels n'appartenaient pas au domaine
public : CE 28 mai 2004, Aéroports de Paris, Dr. adm. 2004, no 129.
316. Sur la question des droits sur des photographies exposées dans les musées : TA Toulouse, 13 févr.
2006, Bonsirven, Dr. adm. 2006, no 96 et Repère, juin 2006, p. 1.
317. J.-B. Auby, « L'immatériel dans l'État », Dr. adm. juin 2007, p. 1 – F.-X. Fort et A. Robin,
« Remarques sur le régime de gestion de la propriété industrielle entre personnes publiques », AJDA 2010.
2292.
318. T. Soleilhac, « Les bibliothèques numériques, un domaine public immatériel », AJDA 2008. 1133 –
R. Léonetti, « La protection de l'affectation au service public des biens incorporels », AJDA 2009. 1689. O.
de David Beauregard-Berthier, « Le patrimoine immatériel de l'État », in Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011,
p. 23.
319. J.-D. Dreyfus, « La valorisation par l'État de son patrimoine immatériel », AJDA 2009. 696.
32. M. Verpeaux, Proudhon et la théorie du domaine public, 109e congrès des Sociétés savantes,
Dijon, 1984.
320. A. Eyrignoux, « Que reste-t-il de la spécificité de l'État en matière domaniale après le Code
général de la propriété des personnes publiques », Droit et ville 2008, no 65.
321. Jean-Marie Pontier (dir.), Le domaine et les collectivités territoriales, PU Marseille, 2004.
322. CAA Nancy, 16 avr. 1998, no 95NC01673.
323. C'était la position de Marcel Waline.
324. V. à propos d'un tableau du Musée du Louvre : Civ. 2e, avr. 1963, AJDA 1963. 486, note Dufau,
D. 1955. 624, concl. Heurté. V. aussi T. confl. 24 mai 1965, Époux Ponce, D. 1966. Somm. 33 qui fait
allusion au domaine privé d'un hôpital. V. aussi à propos des voies et parkings dans l'enceinte d'un
établissement hospitalier, avis du CE 28 avr. 1977, EDCE 1977. 244 ; à propos de biens d'un syndicat de
communes : CE 6 févr. 1981, EPPR, Lebon 745. V. Moderne, « Les établissements publics peuvent-ils
disposer d'un domaine public propre ? » Rev. adm. 1982. 36 ; P. Sabliere, CJEG 1984. 258.
325. CE 21 mars 1984, Mansuy, CJEG 1984. 274, concl. Dondoux, RD publ. 1984. 1059, note
Y. Gaudenet, JCP 1985. 11. 20394, note Heidsick. V., P. Sabliere, CJEG1984, 407, J.A.A., RFDA 1984.
V. aussi, CE 23 juin 1986, Thomas, AJDA 1986. 550. chron. Alibert et De Boisdeffre, RFDA 1987.
194 concl. Stirn, LPA 17 déc. 1986, note Terneyre (Muséum national d'histoire naturelle). Sur les
inconvénients de cette solution pour le ou les biens destinés à des occupations privatives (pièces
d'immeubles HLM, par exemple) v. J. Arrighi de Casanova, « Établissements publics et domanialité
publique, réflexion sur la célébration discrète d'un mariage de raison », AJDA 1985. 347.
326. J.-P. Brouant, « Sur le régime juridique des biens gérés par des groupements d'intérêt public », in
Mélanges Fatôme, 2011, p. 79.
327. CE 23 oct. 1998, EDF, Dr. adm. 1998, no 368, note A. Taillefait ; Dr. adm. 1999, chron. no 9 par
J. Dufau ; AJDA 1998. 1017, concl. J. Arrighi de Casanova ; RFDA 1999. 578, article Ch. Lavialle.
328. V., Crim. 31 mars 1955. Bull. crim. no 134.
329. Cons. const. QPC, 24 mai 2013, SCI Pasacal.
33. V. par ex. Douai, 24 déc. 1844. S. 1845. 11. 47 ; Paris, 3 janv. 1846. S. 1847. II. 77.
330. V., sur cette limite : CE 16 oct. 1971, Sté nouvelle foncière de Cap Ferret, Lebon 576 ; 29 nov.
1978, Bessière.
331. CE 18 juin 1976, Menard et Pujol, Lebon 22. Cependant, dans le cas de la concession d'endigage
(v. ss 60), le concessionnaire peut reconstruire les digues détruites (Req. 29 mai 1963, D. 1963. 493 note
Juret).
332. CE 17 oct. 1934, Dupont, Lebon 927 ; 18 nov. 1977, Bazin de Jessey, Lebon 451.
333. CE 18 juin 1976, Menard c/ Dame Pujol, p. 322, concl. Genevois. L'irrégularité peut engager la
responsabilité de l'administration : 23 févr. 1983, Le Bozec. Les riverains peuvent établir des ouvrages de
protection, mais sur leur propriété (CAA Nancy, 19 mars 1992, Sté des dunes frontières, Dr. adm.
n o 329 ; LPA 29 nov. 1953, p. 5, note Holleaux).
334. L'entrée dans le domaine public ne s'en fait pas moins au moment où le bien reçoit l'affectation qui
le place sous l'empire de la domanialité publique : s'agissant des biens affectés à un service public, elle se
fait même au moment où l'aménagement indispensable est achevé : CE, avis, 18 mai 2004, à propos de la
Cinémathèque.
335. Par ex. 30 mai 1947, Commune de Rueil-Malmaison, Lebon 234 ; 9 mai 1958, Delort, AJDA
1959. 331, concl. Long ; 14 juin 1972, Chabrol, p. 441 ; 11 mai 1984, Arribey.
336. CE 12 févr. 1947, Guillaume, R 60 ; 8 juin 1966, Lamonin, Lebon 377 ; 19 mai 1976 ; Sté La
Léonarde.
337. Il a été jugé, cependant, que l'entrée d'un chemin rural dans le domaine public supposait une
décision de classement : Civ. 3e, 19 déc. 2001, Cne de Cannes, Dr. adm. 2002, no 66.
338. Par ex. CE 18 juin 1937, Abbé Bernard, D. 1939.III.1, note Waline.
339. CE 28 juin 1961, Soulat, Lebon 442.
34. J. Caillosse, « Le “droit administratif des biens” constitue-t-il un champ juridique spécifique ? », in
Études offertes au professeur René Hostiou, Litec, 2008.
340. CE 1er oct. 1958, Hild, Lebon 463.
341. CE 20 avr. 1956, Département des Hautes-Alpes, Lebon 170.
342. Cet organe peut ne pas relever de la personne publique propriétaire, mais d'une collectivité
distincte, à qui la gestion du bien a été confiée : CE 19 déc. 2007, Cne de Mercy-le-Bas, Dr. adm. 2008.
30, note N. Foulquier.
343. CE 4 févr. 2008, Peretti, Rec. 735, BJCL 2008. 303, concl. N.Escaut, 25 sept.2009, Cne de
Coulomby, AJDA 2009-1746.
344. Civ. 3e, 7 janv. 2009, Cne de Mirande, Bull. civ., 2009, III, no 7.
345. CE 30 mai 1951, Sempé, Lebon 297.
346. CE 20 déc. 1961, Coulomb, Lebon 725, AJDA 1962. 11, p. 246, note J. D ; CAA Paris, 27 sept.
2001, Institut de France, Dr. adm. 2002, no 28, note V. H.
347. CE 15 janv. 1979, SNCF, Lebon 492 ; T. confl. 15 janv. 1979, Payan, Lebon 371, JCP 1980.
II. 453, note Y. Brard.
348. S. Duroy, « La sortie des biens du domaine public : le déclassement », AJDA 1997. 26 ; O. Blin,
« La désaffectation domaniale », RDI 1999. 49 ; H. Sarazin et E. Fatôme, « Désaffectation et
déclassement », JCP Adm. 23 oct. 2006, p. 1369.
349. Selon le Conseil constitutionnel, la Constitution n'exige pas que les biens affectés à un service
public restent dans le domaine public, mais elle ne saurait accepter que leur soumission au droit privé ait
pour effet de priver de garanties légales les exigences constitutionnelles qui résultent de l'existence et de la
continuité du service public concerné : Cons. const. 14 avr. 2005, Loi relative aux aéroports, Dr. adm. juin
2005, no 86, note R. Fraisse.
35. Études et Documents du Conseil d'État, 1987, p. 13.
350. Y. Gaudemet, « Les constructions en volume sur le domaine public », CJEG oct. 1991, p. 297.
351. CE 30 déc. 2002, Cne de Pont-Audemer, Rec. 876 ; CAA Lyon, 17 août 2010, Fédération
nationale des usagers des transports, no 09LY02254.
352. Il connaît une exception particulière dans le cas où l'acte qui a rendu la personne publique
propriétaire est déclaré nul. Dans cette hypothèse, la disparition de la propriété publique fait disparaitre ipso
facto l'appartenance au domaine public. Versailles 7 janv. 1987, Réunion des Musées nationaux (à propos
de l'annulation de la vente au Louvre d'un tableau qui se révèle être de Poussin).
353. CE 12 juin 1963, Turbet, AJDA 1964. 6 juin 1986, Dame Simon, Dr. adm. no 24 ; 15 janv. 1988,
Cie d'entreprise de garage, Dr. adm. no 104.
354. CE 26 mars 2008, Commune de Saint-Denis de la Réunion, RDI 2008. 443, note Norbert
Foulquier : à propos d'un atelier-relais communal.
355. Cass., ass. plén., 23 juin 1972, Rev. adm. 1972. 383, note G. Liet-Veaux.
356. S. Duroy, « Le déclassement des biens meubles culturels et cultuels », RD publ. 2011. 55 –
X. Bioy, « Le statut des restes humains archéologiques », RD publ. 2011. 89 – J.-D. Dreyfus, « La
respiration des collections publiques », AJDA 2008. 680.
357. Loi 9 déc. 1905, art. 13.
358. La délibération d'un Conseil municipal décidant l'aliénation d'un bien du domaine public ne vaut pas
implicitement désaffectation de ce bien : CE 9 mai 1958, Delort, AJDA 1958. ll. 51, concl. Long.
359. Par ex. CE 6 févr. 1981, Dame Dore, Lebon 1965 ; CE 6 nov. 2000, Cté d'opposition à
l'autoroute Caen-Rennes, Dr. adm. 2001, no 42 ; AJDA 2001. 574, note X. Braud : déclassement de
lignes ferroviaires.
36. Y. Gaudemet, « L'avenir du droit des propriétés publiques », in Mélanges Terré, Dalloz, 1999,
p. 667.
360. CE 9 nov. 1956, Société des Forges d'Hennebont, Lebon 667. V., pour la responsabilité du fait
d'un déclassement illégal, CE 24 mai 1972, Delort, Lebon 257.
361. CE, ass., 2 déc. 1994, Département de la Seine Saint-Denis, Lebon 533, AJDA 1995. 40, concl.
R. Schwartz, RFDA 1995. 655, note C. Lavialle.
362. Civ. 1re, 14 déc. 1964, JCP 1965. II. 14411.
363. Cass. 17 févr. 1909, D. 1911. I. 420.
364. Cass. 1er déc. 1874, D. 1875. 1. 323.
365. CE 29 mars 1901, Roumy, Lebon 557.
366. Cass. 28 déc. 1885, D. 1886. 1. 415.
367. Si le contrat n'est pas dénoncé par l'administration. il subsiste mais le droit de l'occupant demeure
précaire (Cass. 16 juin 1959, Bull. crim. 1, p. 256).
368. CE 15 nov. 1963, Ministre de l'Intérieur ; 25 juin 1971, Marboise, Lebon 957.
369. Lyon, 17 juin 1915, D. 1915. II. 45.
37. Dans la suite du développement, ce code sera désigné comme le CGPPP.
370. CE 24 juin 2009, Sté centre parisien de recyclage – Civ. 1re, 17 oct. 2012, SA West
Restauration, JCP A 2013, comm. 2011, note Ph. Yolka – Ph. Dupuis, « Pas de baux privés automatiques
an cas de déclassement », La Lettre du Cadre Territorial, 1er avr. 2013, p. 58.
371. V., O. Blin, La désaffectation domaniale, préc.
372. V., TA Nice 6 fév. 1997 Assoc. régionale des œuvres éducatives de l'Académie de Versailles,
RFDA 1997. 1182, concl. A. Poujade.
373. CE 1er févr. 1995, LPA, 26 janv. 1996, p. 4, concl. G. Bachelier.
374. V., Boitard, note JCP 1945. 11. 8311 ; Vedel, note JCP 1952. 11. 7312 ; Dufau, note JCP 1957.
II. 9916 ; Tixier, note S. 1952. 1. 173 ; A. C., note CJEG 1962. 1. 24 ; Homont, note AJDA 1973. 490.
375. Par ex. T. confl. 12 déc. 1972, Delle De Murand, Rec., 1943. 319 ; CE 9 mars 1956, Cabot,
Lebon 113 ; CE 11 avr. 1985, Min. de la Mer c/ Couach.
376. Si le litige soulève une difficulté sérieuse d'appréciation de titres privés, le juge administratif doit
renvoyer la question à l'autorité judiciaire : CE 16 nov. 1960, Commune Bugue, D. 1961. 173, concl. Henry,
CJEG 1962. 1.24, note A. C., AJDA 1960. 1.184, note Galabert et Gentot ; 8 mai 1974, Giraud et
Truchefaud, AJDA 1974.II.379, concl. Rougevin-Baville ; 7 oct. 1987, Époux Detrun, p. 728 ; T. confl.
28 avr. 1980, SCI Résidence des Perriers, Lebon 506.
377. CE 22 févr. 1961, Département du Cantal, Lebon 1045.
378. Civ.7 oct. 1959, Bull. crim. 1959.1, no 325.
379. Tout au moins si la contestation est sérieuse : T. confl. 28 avr. 1980, Résidence des Tiers,
Lebon 506.
38. V., « Les collectivités locales. Le renouveau contractuel », Actes du 97e Congrès des notaires de
France, 2001, p. 492 s.
380. Même s'il est intervenu un décret de délimitation (CE 26 juill. 1991 Lescuyer, AJDA 1992. 92.
note Téboul).
381. V., sur l'ensemble du problème C. Lavialle, « La compétence de la juridiction judiciaire dans la
détermination de la domanialité publique », Mélanges offerts à Max Cluseau, Toulouse, 1985, p. 341.
382. T. confl. 17 déc. 1962. Société civile du domaine de Conteville, Lebon 850 ; Civ. 1re, 2 avr.
1963, JCP 1965. IV. 65.
383. Civ. 1re, 16 mars 1960, JCP 1960. IV. 61.
384. Crim. 14 janv. 1959, Bull. crim. p. 59 ; Christian Lavialle, « L'affaire des “paillottes” et la
domanialité publique », RFDA 2005. 105.
385. C'est le cas en matière de contraventions de voirie (ord. 27 déc. 1958).
386. V., Civ., 13 juill. 1854, S. 1856. 1. 431 ; TA Pau, 5 juin 1979, Galin, p. 520.
387. V., concl. David s. T. confl. 11 janv. 1873 (Rec., 1er suppl., p. 26) ; Civ. 11 juill. 1933, DH 1933.
507.
388. CE 10 déc. 1982, Époux Pagotta, Lebon 415.
389. Idem.
39. V., Albouy et Lafond, « Les acquisitions immobilières des communes », JCP N 1986. I. 225.
390. CAA Marseille 30 mai 2000, Ferraud, Dr. adm. 2001, no 9.
391. En revanche, la délimitation ne peut pas être exigée par une association de défense de
l'environnement : CE 13 févr. 2002, Association pour la défense du Golfe-Juan-Valauris.
392. CE 5 janv. 1955, Decloitre, Lebon 1, concl. Grevisse ; 13 oct. 1972, Ministre de l'Équipement c/
époux Loze, Lebon 1087.
393. CE 6 févr. 1976, Secrét. d'État aux transports c/ Société Villa Miramar, AJDA 1976. 202 ;
28 févr. 1976, Société civile Cap-Rochers.
394. TA Clermont-Ferrand, 15 janv. 1956, Decloitre, AJDA 1956. 11.370.
395. Sur les modalités de l'opposition des propriétaires : CE 8 fév. 2012, Cassentini, no 342365.
396. D. Burguburu et Y. Jegouzo, « Les nouvelles procédures de délimitation du domaine public
maritime naturel », AJDA 2005. 360. Sur l'absence d'effet rétroactif des nouvelles procédures : CE 8 fév.
2012, Cassentini, précité.
397. Sur les méthodes de fond de la délimitation : CE 20 mai 2011, Cne du Lavandou.
398. C. Lavialle, « Domaine public fluvial », Le trait d'union, 2012, no 2.
399. Sanlaville, « La délimitation du domaine public fluvial », Revue gén. d'adm., 1889, t. 3, p. 395.
4. En 2007, on évalue les actifs civils de l'État français à 550 milliards d'euros, cependant que le
patrimoine militaire équivaut à environ 125 milliards d'euros : Le Monde, 27 mars 2007.
40. Le contrat est en principe de droit privé, mais il peut en aller autrement dans certaines hypothèses,
notamment s'il contient des clauses exorbitantes du droit commun : TC, 30 juin 1930, Boyer, Rec. 930 –
9 déc. 1996, M me Duhamel, CJEG 1997. 147, note O. Renard-Payen.
400. L'eau et son droit, Doc. Fr., 2010.
401. Par ex. 18 juin 1976, Ménard et M me Pujol, Lebon 322, concl. Genevois ; 26 juill. 1991, Lecuyer,
CJEG 1992. 113. concl. Stirn.
402. CE 23 mai 1861, Coquart, D. 1862. 111.11 ; 27 mai 1863, Drillet de Lanigou, D. 1863. 111. 63.
V. aussi 28 févr. 1976, S.E. aux Transports c/ Société civile « Cap-Rochers ».
403. En effet, les moyens concernant la compétence. la forme et le but seraient inopérants,
l'administration ayant compétence liée (CE 25 juin 1937, De la Raudière. S. 1937. 111. 121, note P.L.).
404. CE 2 févr. 1903, Zimmermann, Lebon 178.
405. T. confl. 11 janv. 1873, Paris Labrosse, Lebon 26, D. 1873. 111.70, concl. David ; 1er mars 1873,
Ouille, Lebon 80 ; Civ. 12 déc. 1894, D. 1895. 1.285.
406. Rien n'empêche ce juge de renvoyer au juge administratif la question de légalité de l'acte de
délimitation : Civ. 3e, févr. 1942, Dr. adm. 1942. Somm. 7.
407. Il en est ainsi lorsque le propriétaire a bénéficié d'une vente domaniale (CE 11 juin 1900, Servois,
S. 1910.III.113, note Hauriou) ou d'une concession de lais et relais (CE 7 juin 1910, Freway, Lebon 9).
408. Si la modification résultait accidentellement de travaux publics, il y aurait lieu à indemnité de
travaux publics (CE 28 avr. 1893, De Pontgibaud, D. 1894. V. 600). S'il s'agissait d'une opération
volontaire, l'administration devrait normalement utiliser l'expropriation ; sinon il y aurait emprise de
compétence judiciaire.
409. CE 29 nov. 1978, Bessière et Salle, Lebon 478. JCP 1980. II. 19374, note Rezenthel et Caubert,
AJDA 1981. 259. note J. L.
41. V., CE 19 févr. 1990, Dr. adm. 1990, no 214, AJDA 1990. 554, note J.-B.Auby, JCP 1990.
II. 21535, note F. Boulanger ; Civ. 1re, 6 avr. 1994, JCP 1995. II. 22387.
410. V. le no 2037 (mai 2007) de la revue Géomètre.
411. V., Soc. 21 nov. 1946, S. 1947.89.
412. M.O. Avril, J.-Cl. adm., Fasc. 410-30 ; V. Bourguet-Chassagnon, « La procédure d'alignement »,
BJCL 2006. 241 ; sur la procédure particulière de délimitation des autoroutes concédées : T. Sportouche,
« La délimitation du domaine public autoroutier concédé : de l'utilité d'une frontière intérieure », Annales de
la voirie, déc. 1995, p. 14.
413. Édit du 16 décembre 1607, déclaration royale du 16 juin 1693, arrêt du Conseil du Roi du 27 févr.
1765, maintenus en vigueur par la loi des 19-22 juillet 1791.
414. Le domaine privé ne peut en bénéficier : Civ. 11 avr. 1902, D. 1904. 1. 234.
415. La procédure d'alignement ne peut entraîner d'effets attributifs pour les biens du domaine public
(par ex. clôture d'un cimetière : CE 28 juin 1935, Mongamadoubadaguetoullah, Lebon 784) ou privé en
bordure de la voie.
416. Cons. const. 2 déc. 2011, Consorts Vergne, AJDA 2012-573, note C. Lavialle.
417. N. Foulquier, « La procédure d'alignement à l'épreuve de la convention européenne des droits de
l'homme », JCP A 2006. Chron. 1311.
418. Par ex. CE 28 janv. 1948, Prudot, Lebon 707.
419. Ainsi. lorsque le plan n'est pas encore approuvé (CE 21 déc. 1932, Cie des Salins du Midi,
Lebon 1118) ou n'est pas publié (CE 18 févr. 1931, Époux St-Rémy, Lebon 194).
42. Le juge administratif peut annuler un acte administratif pour le non-respect d'une condition
accompagnant un don ou un legs sous réserve de ce que cette condition soit claire : CE, ass., 23 févr. 2001,
de Polignac, Rec. 79 – 29 mars 2006, Paillard, Rec. 177.
420. CE 24 févr. 1973, Delle Faure, Lebon 63 ; 4 mars 1977, Dame Peron, Lebon 125.
421. La commune qui ne respecte pas cette obligation court un risque : l'alignement sera établi en
fonction des limites réelles de la voie, même si elles résultent d'empiétements des riverains (CE 13 juin
1984, Fiedos).
422. CE 24 déc. 1920, Fimbel, Annales ch. vicinaux, 1921. II. 172.
423. Le plan même ancien ne tombe pas en désuétude : CE 5 juin 1955, Lapouge, Lebon n 5.
424. Par ex. CE 14 févr. 1902, Lalaque, S. 1902. IV. 97, note Hauriou ; 13 mars 1981, Housset,
Annales de la voirie. 1932. II. 47.
425. CE 16 oct. 1935, Cateux, Lebon 942 ; 18 juin 1975, Dme Koenig, Lebon 1215.
426. Le juge judiciaire est incompétent : Crim. 10 févr. 1877, D. 1878. 1. 236.
427. CE 15 juin 1956, Montarnal, p. 780.
428. Avec quelques particularités.
429. L'autorisation de travaux confortatifs peut cependant être accordée quand l'élargissement de la
voie ne doit pas être réalisé dans les 5 ans. L'article L. 112.6 C. voirie routière excepte les immeubles
classés monuments historiques.
43. V., J.-B. Auby et H. Perinet-Marquet, Droit de l'urbanisme et de la construction, Montchrestien,
10e éd., 2015, no 328 s.
430. Exemples de travaux confortatifs : travaux de crépissage des murs en mauvais état (CE 28 nov.
1886, Sarineau, D. 1886. 11.45) ; pose de colonnes de fonte à la place de piles en pierre (CE 4 juin 1920,
Bigot, Lebon 501). Exemples de travaux non confortatifs : badigeonnage (CE 27 juill. 1872, Barri,
D. 1872. 1.239) ; élargissement d'ouvertures (CE 3 avr. 1914, Alllilsier, Lebon 452). L'appréciation du
caractère des travaux appartient à l'administration ou au juge administratif (CE 1er avr. 1914, Poussin,
Lebon 985) non au juge judiciaire (Crim. 14 juill. 1860, D. 1860. 1. 370).
431. Crim. 2 août 1907, D. 1910. 1. 433.
432. CE 31 janv. 1934, Delle Duviguet, Lebon 144.
433. CE 14 oct. 1955, Delle Heury, Lebon 479. On ne peut se contenter de réparations (8 mars 1957,
Préfet de police, Lebon 151).
434. Le plan est alors un simple projet qui ne crée pas d'obligation pour l'administration ou les riverains
(CE 50 mars 1928, Delle Lebot, Lebon 485 ; Civ. 11 mars 1912, D. 1914. 1.106).
435. Par ex. si le plan déplace sensiblement l'axe de la voie (CE 22 oct. 1958, Pesquerel, Lebon 853)
ou ne porte que sur un côté de la voie (CE 14 sept. 1945, Vidal, Lebon 194 ; comp. 26 févr. 1975, Dame
Moaty, Lebon 850) ou lorsque l'élargissement est considérable (CE 9 mars 1952, Delle Valiton,
Lebon 1452 ; 24 juill. 1987, Commune de Sannat) ; 9 déc. 1987, Commune d'Auberval, Dr. adm. n o 89.
436. CE 14 juin 1939, Cie Française des voitures de place, Lebon 404.
437. CE 29 oct. 1914, Maire de Loudun, Lebon 1022.
438. CE 24 mai 1953, Le Plaedec, Lebon 516 ; 17 déc. 1971, Houdement, Lebon 955 ; 8 mars 1974,
Ville de Rennes ; 3 févr. 1978, Ville de Limoges.
439. CE 24 juill. 1908, Verques, Lebon 807.
44. Le Conseil constitutionnel a admis que ce mécanisme n'était pas incompatible avec la protection
constitutionnelle du droit de propriété : Cons. const. no 2010-43 QPC, 6 oct. 2010, AJDA 2011. 223, note
J. Trémeau.
440. CE 51 mai 1928, Desortes, Lebon 502 ; 29 nov. 1955, Lassa, Lebon 1118 ; 16 nov. 1985, Tribier,
p. 45.
441. CE 15 déc. 1905, Ministre des Travaux publics, Lebon 952 ; 29 nov. 1955, Lossa, Lebon 1118.
442. CE 15 févr. 1956, Montsarrat, Lebon 180 ; CE 51 mai 1958, Desortes, Lebon 502.
443. CE 31 mai 1938, Desortes, Lebon 502 ; CE 31 mai 1958, Société Reocreux, Lebon 503.
444. J.-B. Auby, H. Perinet-Marquet et R. Noguellou, Droit de l'urbanisme et de la construction,
Montchrestien, 8e éd. 2015, no 445.
445. V., M. S « Le droit de préemption des riverains des voies publiques communales ». AJDA, éd.
travaux, 1953. 226 ; Singer, « La réforme de la voirie communale », AJDA 1961. 69.
446. CE 21 juill. 1916, Beauvais, Lebon 511 ; 4 juin 1927, Raymond, D. 1950. II. 69, note Monsarrat.
Cependant l'administration peut refuser de céder la parcelle pour des motifs d'intérêt public (par ex.
installation d'un parc de stationnement, Civ. 28 mai 1968, BJCL, p. 119). Le contentieux appartient au juge
judiciaire (CE 15 févr. 1980, M elle Lacombe).
447. Ce n'est pas le cas si entre les délaissés et l'immeuble se place un terrain communal (CE 17 févr.
1922, Paris, Annales des ch. vicinaux, 1922. 520).
448. Il en serait autrement s'il apparaissait que l'intéressé a renoncé à l'exercice de son droit (Req.
9 mai 1955, DH 1955. 515).
449. T. confl. 24 nov. 1888, St-Cyr-du-Doret, D. 1890. III. 2.
45. V., J.-Cl. notarial, Formulaire, Vo Successions, Fasc. 210 – Ph. Dupuis, « Des biens sans maître,
mais pas sans règles », La Lettre du cadre territorial, 15 oct. 2011, p. 60.
450. CE 5 févr. 1945, Commune de Focelle, Lebon 50. Le contentieux de la préemption relève des
juridictions judiciaires, sauf question préjudicielle d'appréciation de la légalité d'actes administratifs. La
compétence judiciaire s'applique au recours contre le refus d'aliéner le délaissé (CE 15 févr. 1980,
Delle Lacombe, Lebon 655).
451. Cass., 18 déc. 1860, D. 1860. V. 420.
452. L'article 55 de la loi du 16 décembre 1807 indiquait que si le propriétaire ne pouvait ou voulait
acquérir, l'administration pouvait le déposséder de l'ensemble de la propriété en lui payant la valeur de celle-
ci telle qu'elle était avant le début des travaux. L'ordonnance du 25 octobre 1958 a fait disparaître cette
règle.
453. D. Musso, « Les délaissements », RDI 1994. 193.
454. De quels travaux s'agit-il ? Il faut distinguer deux cas : – l'immeuble est en saillie sur les
alignements du plan. L'alignement doit être demandé non seulement pour les travaux sur la partie en saillie
mais également pour ceux portant sur le reste de l'immeuble s'ils ont pour effet de renforcer l'autre partie
(CE 7 févr. 1902, Renard, D. 1903. III. 84) ; – l'immeuble est en arrière des alignements du plan.
L'alignement doit être demandé pour la réparation ou construction du mur de façade.
455. Cass., 10 mars 1922, D. 1923. 1.191.
456. Crim. 30 mars 1943, Dr. adm. 1943. 42.
457. La démolition peut être ordonnée par l'administration en cas d'urgence (CE 23 févr. 1945, Veuve
Renard, Lebon 362) ou par le juge judiciaire si l'ouvrage empiétant sur la voie publique met obstacle à
l'exécution d'un plan d'alignement en vigueur (Civ. 24 juin 1935, D. 1936. 1. 57, note Monsarrat).
458. Crim. 12 nov. 1937, D. 1940. 1.61, note Monsarrat.
459. Dans les agglomérations si le maire n'est pas compétent pour délivrer l'alignement, il doit être
consulté. Pour les rues traverses des routes nationales ou départementales, la compétence appartient au
maire si la route emprunte une rue ou place plus large. Si elle emprunte toute la voie, le préfet est
compétent mais il doit demander l'avis du maire (C. communes, art. L. 131.5).
46. V., Y. Gaudemet, « Les constructions en volume sur le domaine public », CJEG, 1991-297 ; M.-
J. Aglae, « Divisions en volume et propriétés privées sur le domaine public », RDI 1993. 313.
460. Une autorisation verbale (Crim. 11 juill. 1896, D. 1897. 1.83) ou tacite (Crim. 27 janv. 1877,
D. 1878. 1.233) ne suffit pas.
461. Sous réserve que ces conditions ne conduisent pas à trancher des questions de droit privé
(CE 17 janv. 1890, Dufrénois, Lebon 42).
462. Le refus serait cependant possible dans certains cas : si l'immeuble était en cours d'expropriation,
si l'alignement avait été déjà accordé la situation demeurant la même (CE 16 nov. 1977, Ep. Tronchon,
Lebon 1012) ou si le demandeur n'était pas riverain de la voie (par ex. CE 28 janv. 1948, Pirudot,
Lebon 706).
463. Le requérant peut invoquer une illégalité propre à l'arrêté (CE 18 févr. 1931, Pinot, Lebon 146) ou
une illégalité du plan mais non un moyen relatif à la propriété de l'immeuble (8 juin 1990, Commune du
Vigen, Dr. adm. no 391).
464. CE 21 déc. 1932, Cie des Salins du Midi, Lebon 1118.
465. CE 2 fév. 1996, M. et M me Bresson, RDI 1996. 356.
466. CE 21 juill. 1912, Delle Manrot, Lebon 742. La commune est responsable si l'alignement est de la
compétence du maire (CE 26 févr. 1975. Dame Moaty, Lebon 850).
467. CE 7 nov. 1934, Pelabo, Lebon 95.
468. CE 20 févr. 1957, Aubel, Lebon 111.
469. CE 19 nov. 1980, M me Giraud, Lebon 592.
47. Sur les problèmes de droit administratif « transnational » que posent les propriétés publiques
étrangères en France et les propriétés publiques françaises à l'étranger, voir la chronique de M. Audit, Dr.
adm., déc. 2010, p. 24 et S. Braconnier, « Le régime des biens publics situés à l'étranger », in Mélanges
Fatôme, Dalloz, 2011, p. 63.
470. CE 18 juin 1975, Dame Koenig, Lebon 1215.
471. V. par ex. CE 30 mars 1962, De Lambilly, Lebon 1154 ; 17 déc. 1965, Commune de Bonson,
Lebon 1340 ; 13 juin 1984, Fiedus Igwaol ; 18 mai 1988, Époux De Carlo, Dr. adm. n o 401. Si l'arrêté
donnait à l'immeuble un alignement en saillie sur les limites fixées par le plan, le propriétaire n'en acquerrait
aucun droit et pourrait être condamné à démolir (Crim 14 mars 1870, D. 1870. 1.251).
472. Civ. 12 mai 1942, Dr. adm. 1942. 126.
473. CE 17 janv. 1890, Defrénois, Lebon 42.
474. Rozen Noguellou, « Les rapports domaniaux entre personnes publiques », RFDA 2006. 957.
475. P. Yolka, « Personnalité publique et patrimoine », in La personnalité publique, Litec, 2007, p. 35.
476. N. Bettio, La circulation des biens entre personnes publiques, LGDJ, 2011– C. Bosgiraud et
G. Bachelier, « Les transferts de propriété entre personnes publiques », JCP Adm. 23 oct. 2006, p. 1375 ;
François Benchendikh, « Le transfert de propriété des biens entre personnes publiques, consécration de la
valorisation du patrimoine public de l'administration », in Réflexions sur le Code général de la propriété
des personnes publiques (dir. S. Guérard), Litec, 2007, p. 61.
477. S. Carpi-Petit, Les successions en droit administratif, PUF, 2006.
478. H. Berrah, « Réforme des collectivités locales : le devenir du patrimoine immobilier des
établisssments publics dissous », JCP Adm. 2011. 2220.
479. J.-M. Pontier, « Quel transfert de monuments historiques aux collectivités territoriales ?, AJDA
2004. 12 – M. Le Roux, « Le transfert de propriété de monuments historiques aux collectivités
territoriales », AJDA 2007. 2117.
48. C. Gauthier, « Les incidences du droit communautaire sur le droit des propriétés publiques »,
Cahiers de droit européen, 2007-381 – N. Foulquier, « L'influence du droit européen sur le droit des
propriétés publiques », in L'influence du droit européen sur les catégories du droit public (sous la direction
de J.-B. Auby), Dalloz, 2010 – CEDH 29 mars 2010, Depalle c. France, RFDA 2010, no 543, note René
Hostiou.
480. C. Barthelemy et A.-E. Rubio, « Le transfert, par la loi du 8 décembre 2009, des ouvrages du
STIF à la RATP », RFDA, janv.-févr. 2010, p. 63.
481. Cons. const. no 2009-594 DC, 3 déc. 2009.
482. L'État, qui passe un contrat de plan avec l'établissement public, lui attribue en outre en pleine
propriété les biens meubles nécessaires à l'accomplissement de ses missions, de même que ses
compétences de police pour la répression des atteintes à l'intégrité du domaine public qui lui est confié.
(L. 31 déc. 1991).
483. S'agissant de la gestion des biens de l'ancien domaine colonial immobilier de la Réunion,
v. CE 2 avr. 1997 Département de la Réunion, req. no 132113, RDI 1997. 416, note J.-B. Auby et Ch.
Maugüé.
484. CE 10 mars 1995, Ville de Digne, Dr. adm. 1995, no 577.
485. CGPPP, art. L.2124-31 – Circ. 25 mai 2009 relative aux édifices du culte, BOMI no 2009/5, p. 1 –
TA Marseille, 22 avr. 2008, Association diocésaine de l'archidiocèse d'Aix-en-Provence, AJDA 2008.
1378, note.
486. Sur les superpositions d'affectations, qui aboutissent elles aussi à un partage des pouvoirs de
gestion, v. ss 136.
487. Mais on la rencontre dans d'autres hypothèses, comme celle par exemple d'immeubles mis à la
disposition de La Poste par des communes : TA Orléans, 9 mai 2007, La Poste, AJDA 2007. 1405, note.
488. G. Cottereau, « Activités immobilières et coopération universitaire. L'autonomie patrimoniale sous
l'aiguillon des pôles », AJDA 2011. 499
489. D. Capitant, « Les mutations domaniales et les superpositions d'affectations », in Réflexions sur
le code général de la propriété des personnes publiques (dir. S. Guérard), Litec, 2007, p. 33.
49. CEDH 9 déc. 1994, RDI 1996-359 ; J.-P. Brouant, « Occupations domaniales et convention
européenne des droits de l'homme », AJDI 2002-512 ; « Droit administratif des biens et droits de
l'homme », Les Cahiers du Gridauh, no 14, 2005. Jean-Philippe Orlandini, « Le vent de Strasbourg souffle
sur le domaine public maritime », RD publ. 2015, no 3.
490. C'est le cas d'un passage à niveau, par exemple, qui est principalement affecté au service public
ferroviaire, mais est aussi affecté à la circulation routière : CE 8 déc. 1950, Compagnie générale des
eaux.
491. CAA Nancy, 16 avr. 1998, Région Nord-Pas-de-Calais, Dr. adm. 1998, no 308.
492. V. par ex. CE 4 déc. 1995, Cne d'Hyères, Dr. adm. 1996, no 18 ; CE 15 oct. 1999, Cne Lattès,
Dr. adm. 1999, no 302, RFDA 1999. 1284.
493. G. Cottereau, « Activités immobilières et coopération universitaire. L'autonomie patrimoniale sous
l'aiguillon des pôles », préc.
494. F.-X. Fort et A. Robin, « Remarques sur le régime de gestion de la propriété industrielle enntre
personnes publiques », AJDA 2010. 2292.
495. D. Capitant, « Les mutations domaniales et superpositions d'affectations », in Réflexions sur le
Code général de la propriété des personnes publiques, op. cit., p. 33.
496. T. confl. 28 janv. 1899, Ville de Périgueux, D. 1899. 41, note L.S.
497. Civ. 20 déc. 1897, D. 1899. 1.257 ; 29 oct. 1900. D. 1901. 1.183 ; 18 janv. 1916, D. 1916. 1.178.
498. CE 16 juill. 1909, Ville de Paris et chemins de fer d'Orléans, Lebon 707, concl. Teissier,
S. 1909. III. 97. V. aussi 13 janv. 1984, Commune de Thiais, Lebon 6, D. 1984. 605, note Bon. La solution
de l'arrêt Commune de Thiais ne peut jouer qu'au profit de l'État. Si l'expropriation est prononcée au
bénéfice d'une autre collectivité, les dépendances du domaine public doivent faire l'objet d'un déclassement
préalable (CE 3 déc. 1993, Ville de Paris, AJDA 1993. 1, p. 856, note Mauguë et Touvet).
499. V., concl. Rivet, s. 13 mars 1925, Ville de Paris, Lebon 266, S. 1925.III.63 ; concl. Michel s.
13 janv. 1933, Cie du Chemin de Fer d'Orléans, D. 1934.III, note Belin.
5. Une étude réalisée en 2015 par la Banque Postale a établi que la valeur du patrimoine des
collectivités locales a triplé en 30 ans, pour dépasser les 130 milliards d'euros : Les Échos, 8 juin 2015, p. 4.
50. CE 23 mai 2007, Département de la Vendée, Rec. 996, JCP A 2007, comm. 2168, concl. I. de
Silva.
500. V., par ex. Hauriou, note précitée ; Duverger, op. cit., p. 306.
501. Hauriou, op. cit.
502. Section de l'intérieur, 26 juill. 2005, Dr. adm. 2006, no 76.
503. Sur la fiscalité du domaine public, v. : G. Melleray, « Domaine public et fiscalité », AJDA 1980. 323
– L. Ayrault, « Domaine public et taxes foncières », Dr. adm. mars 2005, p. 7 – CE 18 janv. 2008, ministre
de l'économie c/ Région Ile-de-France, RDI 2008. 98, note N. Foulquier : à propos de la non-application
aux dépendances du domaine public de la taxe sur les logements vacants.
504. J.-F. Boudet, « Les propriétés publiques et la comptabilité publique », in Réflexions sur le Code
général de la propriété des personnes publiques, op. cit., p. 49 ; D. Dutrieux, « Les nouvelles modalités
juridiques de gestion du patrimoine public », ibid. p. 87 – J.-P. Duprat, « L'évolution des logiques de gestion
du domaine de l'État », AJDA 2005. 578 – P.-E. Spitz, « Les nouvelles méthodes de gestion des biens
publics », AJDA 2007. 954.
505. A. Tessier, « La politique immobilière des opérateurs de l'État », in Mélanges Fatôme, Dalloz,
2011, p. 435.
506. La gestion par l'État de son parc immobilier a cependant fait l'objet de vives critiques dans le passé
récent : v. Rapport d'information de M. Tron, député, Dr. adm. nov. 2005, p. 4.
507. J.-Fr. Auby, « Valoriser et gérer le patrimoine local ? », Éditions Territorial 2015 – O. Ortega,
« Comment faire fructifier le patrimoine public », Les Échos 8 juill. 2015, p. 5.
508. H. de Gaudemar, « La valorisation des patrimoines publics : quelle action pour les collectivités ? »,
JCP A 2013, comm. 2294.
509. V., G. Gonzalez, « Domaine public et droit de la concurrence », AJDA 1999. 387 ; J.-Cl. Adm.,
Fasc. 406-22. A. Louvaris, « Biens publics et concurrence : bref inventaire d'une union de raison », in
Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011, p. 287.
51. Cons. const. no 86-207 DC, Privatisations, JO, 27 juin 1986 ; 18 sep. 1986, Liberté de
communication, Rec. p. 141 ; no 94-346 DC, 21 juill. 1994, RDI 1994. 427 ; no 2003-473 DC, 26 juin
2003 ; no 2008-567 DC, 24 juillet 2008, AJDA 2008-1664, note Jean-David Dreyfus ; no 2010-67 QPC,
17 déc. 2010, Dr. adm. 2011, comm. 38, note J. Marchand ; E. Fatôme, « À propos des bases
constitutionnelles du droit du domaine public », AJDA 2003. 1192 et 1404.
510. CE 26 mars 1999, Sté EDA, Dr. adm. 1999, no 130 ; AJDA 1999. 427, concl. J.-H.Stahl et
p. 435 note M. Bazex ; RD publ. 1999. 1545, note S. Manson.
511. V., CE 26 mars 1999 Sté EDA, préc.– Autorité de la Concurrence, avis no 04-A-19 21 oct.
2004 relatif à l'occupation du domaine public pour la distribution de journaux gratuits – D. Roskis et
B. Martor, « L'entrée en gare(s) de la concurrence », JCP E 15 déc. 2011, p. 23 – Autorité de la
Concurrence, déc. no 15-D-10 du 11 juin 2015 relative à des pratiques mises en eœuvre par TDF sur le site
de la Tour Eiffel.
512. TPICE 12 déc. 2000, Aéroports de Paris, Dr. adm. 2001, no 87.
513. C. Vautrot-Schwarz, « La publicité et la mise en concurrence dans la délivrance des titres
d'occupation domaniale », AJDA 2009. 568. S. Nicinski, « Faut-il soumettre la délivrance des titres
d'occupation du domaine à une procédure de mise en concurrence », in Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011,
p. 373.
514. Les concessions domaniales ne sont pas des marchés publics, et ne sont pas, en tant que telles,
des délégations de service public (même si un contrat d'occupation domaniale peut accompagner un
marché ou une délégation de service public) : elles échappent donc aux formalités applicables pour la
passation de tels contrats.
515. J.-B. Auby, « Propriété et gestion domaniale », D. adm., juin 2011. Repère 1.
516. CJCE 7 déc. 2000, Telaustria Verlags GmbH, aff. C-324/98, AJDA 2001. 106, note L. Richer.
V. égal. : CJCE 3 déc. 2001, Bent Mousten Vestergaard, aff. C-59/00.Un jugement en a déduit que les
conventions domaniales devaient être mises en compétition : TA Nîmes, 24 janv. 2008, Sté des trains
touristiques G. Eisenreich, AJDA 2008. 2172.
517. Doc. fr., 2001.
518. CE, sect., 3 déc. 2010, Ville de Paris et Association Paris Jean Bouin, Dr. adm. 2011, comm.
17, note F. Brenet et F. Melleray, AJDA 2011. 18, note S. Nicinski, RDI 2011. 162, note S. Braconnier et
R. Noguellou.
519. Pour le cas des concessions hydrauliques : P. Sablière, « La mise en concurrence des concessions
de force hydraulique », AJDA 2007. 2012.
52. H.-G. Hubrecht et F. Melleray, « Le Code général de la propriété des personnes publiques », Dr.
adm. août-sept. 2006, p. 4 ; P. Delvolvé, « Regard extérieur sur le Code », RFDA 2006. 899 ; F. Melleray,
« Définitions et critères du domaine public », RFDA 2006. 906 ; C. Pisani et C. Bosgiraud, « Premières
réflexions sur le Code général des propriétés publiques », AJDA 2006. 1098 ; P. Yolka, « Naissance d'un
code : la réforme du droit des propriétés publiques », JCP 2006, no 23, p. 1091 ; C. Maugüé et
G. Bachelier, « Genèse et présentation du Code », AJDA 2006. 1073 ; D. Labetoulle, « Présentation
générale du Code général de la propriété des personnes publiques », JCP Adm. 23 oct. 2006, p. 1359 ;
S. Guérard (dir.), Réflexions sur le Code général de la propriété des personnes publiques, Litec, 2007.
P. Chrétien, « Public et privé dans le code général de la propriété des personnes publiques », in Études en
l'honneur du professeur Jen-Arnaud Mazères, Litec, 2009, p. 137. G. Bachelier et al., « Le CGPPP, sept
ans après », AJDA, 20 mai 2013, p. 960.
520. CE 4 nov. 2005, Sté Jean-Claude Decaux : le caractère de marché est déduit du fait qu'en
contrepartie des services qu'elle rend à la collectivité – en abritant les personnes qui attendent bus ou
tramways, en affichant des annonces municipales – , l'entreprise bénéficie d'une réduction, voire d'une
dispense, de redevance d'occupation du domaine.
521. Voisine de la question de l'entretien est celle de la surveillance des dépendances domaniales
ouvertes au public : J.-F. Brisson, « La surveillance des espaces publics », Dr. adm. déc. 2005, p. 7 ; Sur la
question de la dénomination des espaces publics : TA Nice, 24 mars 2006, Préfet des Alpes-Maritimes, Dr.
adm. 2006, no 75.
522. V. par ex. pour le nettoyage des voies publiques (CAA Nancy, 15 oct. 1992, Bailly Cowel).
523. CE 24 févr. 1984, Ville de Hyères.
524. CE 3 mai 1963, Commune de St-Brévin-les-Pins, Lebon 259, RD publ. 1963. 1174, note Waline,
CJEG 1964. J. 186, note Virolle.
525. CE 11 mai 1946, Ministre des Travaux publics, S. 1947. III. 9, note P.H.B. ; 6 mars 1964,
Dumons, Lebon 165 ; 6 janv. 1971, Dame Louvel, RD publ. 1971. 1467, note Waline, AJDA 1971. 678,
note Moderne ; 23 févr. 1973, Ministre de l'Équipement. Il existe cependant quelques exceptions à ce
principe (V. par ex. CE 4 avr. 1962, Ministre des Travaux publics, Lebon 245).
526. CE 6 mars 1964, Dumons, Lebon 165. V. également à propos d'une faute dans l'entretien de la
partie de cours d'eau non domaniaux : CE 2 mars 1984, Syndicat intercommunal de l'Huveaunne ;
31 oct. 1986, Ministre de l'Urbanisme c/ Sté EMCO.
527. CE 4 avr. 1962, Ministre des Travaux publics, AJDA 1962. 592, concl. Braibant.
528. V., pour les établissements scolaires, CE 2 déc. 1994 Département Seine-Saint-Denis, RFDA
1995. 655, note Ch. Lavialle. Également, A. Taillefait, Gestion du patrimoine scolaire, Berger-Levrault,
2e éd., 2002.
529. Par ex. le Conseil d'État a annulé une délibération d'un Conseil général déclassant tous les
chemins vicinaux du département, cet acte faisant disparaître une catégorie de dépendances domaniales
(CE 19 nov. 1913, Ville de Blois, Lebon 1270).
53. C. Maugüé et G. Bachelier, « La ratification du code général de la propriété des personnes
publiques, enfin ! », AJDA 2009. 1177.
530. V. ss 97.
531. Par ex. CE 1er oct. 1958, Hild, Lebon 463 : 20 déc. 1961, Coulomb, AJDA 1962. II. 240, note
J. D.
532. CE 21 déc. 1956, SNCF, AJDA 1957. II. 55, concl. Heumann.
533. CE 20 avr. 1956, Département des Hautes-Alpes, Lebon 170., AJDA 1956. II. 181.
534. D. Capitant, « Les mutations domaniales et les superpositions d'affectations », in Réflexions sur
le code général de la propriété des personnes publiques, op. cit., p. 33.
535. O. de David Beauregard-Berthier, « L'utilisation du domaine public après l'adoption de la partie
législative du Code général de la propriété des personnes publiques. Brèves remarques sur une réforme
inachevée », in Réflexions sur le Code général de la propriété des personnes publiques, op.cit., p. 21.
536. J. Mourgeon, « De quelques rapports entre les libertés et la domanialité publique », Mélanges
Couzinet, 1975. 605.
537. CE 18 nov. 1966, Dame Clément, RD publ. 1967. 545, note Waline, ibid., 988, concl. Galabert,
JCP 1967. 1.15065, note Mourgeon, AJDA 1967. 45, note Laubadère.
538. V. Guldner, concl. s. CE 20 déc. 1957, Société nouvelle d'éditions cinématographiques.
539. Sur les limites de la distinction, v. CE 6 mai 1996 Venderhaeghen, RDI 1997. 219, note J.-
B. Auby et Ch. Maugüé.
54. Il contient aussi des dispositions concernant la situation des administrations locataires (de biens qui
en général ne seront pas des propriétés publiques) : art. L. 4121-1 s.
540. TA Grenoble, 15 déc. 2009, Sté lyonnaise de banque, JCP A 2010, comm. 205, note Ph. Yolka –
CAA Marseille, 26 juin 2012, Chaippinelli, AJDA 2012-2309, note S. Deliancourt.
541. V. la formule CE 3 mai 1963, Ministère des Travaux publics, RD publ. 1963. 1176. note Waline.
542. V., CE 7 févr. 1936, Jamart, Lebon 172, S. 1937.1II.113, note Rivero.
543. P. Collière, « La mise à disposition de locaux communaux au profit d'associations, de syndicats et
de partis politiques, » AJDA 2006. 1817.
544. Dans les établissements d'enseignement supérieur, l'autorité responsable doit également veiller « à
l'exercice des libertés d'expression et de réunion des usagers du service… comme à l'indépendance
intellectuelle et scientifique de l'établissement, dans une perspective d'expression du pluralisme des
opinions » : CE, ord., 7 mars 2011, École Normale Supérieure, no 347171.
545. CE 3 juin 1910, Pouvreyron, Lebon 441.
546. V., Christian Lavialle, « Délégation de service public et domanialité publique. État de la question »,
Dr. adm. fév. 1998, p. 4 ; Nil Symchowicz et Philippe Proot, « L'avis du 19 avril 2005 : d'utiles précisions
sur le contenu et le régime juridique d'exécution des conventions de délégation de service public », AJDA
2006. 1371.
547. Concédé selon l'appelation générique qui résulte aujourd'hui.
548. Il existe souvent des textes en cette matière. V. pour les concessions de tramways, loi du 19 juin
1979 ; pour les concessionnaires de distribution d'électricité. loi du 15 févr. 1906 et 1er avril 1953.
549. CE 20 juin 1913, Anderson, Lebon 771 ; 17 mai 1918, Tricoche, Lebon 486.
55. La gestion des biens publics doit obéir à diverses règles du droit public financier, et notamment aux
règles de la comptabilité publique. Le non-respect de ces règles peut notamment entraîner la responsabilité
des comptables, ainsi que celle des ordonnateurs dans les hypothèses où elle peut être mise en jeu devant la
Cour de discipline budgétaire et financière : v. J.-Cl. Adm., fasc.1270, par C. Desschemaeker, no 105 s.
550. CE 8 avr. 1911, Cie des chemins de fer du Nord, Lebon 486 – 28 juillet 1999, Cofiroute, RFDA
1999. 1115.
551. CE 10 juin 2010, Sté autoroute Estérel Côte d'Azur, no 305136.
552. T. confl. 18 oct. 1999, Aéroports de Paris, Dr. adm. 2000, comm.9– Civ. 3e, 20 décembre 2000,
Bull. civ. III, no 194.
553. V. Laubadère, Moderne et Delvolvé, Traité des contrats administratifs, LGDJ, 2e éd., II,
no 1506.
554. G. Mollion, « Vers l'érosion de la théorie des biens de retour ? », AJDA 2011. 363.
555. Par ex. CE 20 janv. 1938, Société du gaz franco-belge, Lebon 1 ; 8 mai 1939, Société
d'électricité et du gaz des Pyrénées, Lebon 293.
556. Par ailleurs, le délégataire peut pratiquer un amortissement de caducité : CE 22 oct. 1990, Sté
parisienne de chauffage urbain, no 46600 – 14 janv. 2008, Sté Sogeparc France, no 297541 – 11 déc.
2008, Min. Budget, RJEP, 2009, no 663, Jur. 17, p. 3, note Collet.
557. CE 11 mai 1956, Cie transports en commun région de Douai, AJDA 1956, concl. Laurent.
558. CGPPP, art.L.2111-1 et L.2111-2 – Sur les conséquences fiscales : CAA Bordeaux, 22 oct. 2009,
Sté BP 2000, no BX01619, Juris-data, no 2009-016587.
559. CE, avis, no 371234, 19 avr. 2005, Rapport public 2005, Doc. Fr. 2006, p. 197, commentaires
H. Hoepffner, Contrats Marchés Publics 2006, no 12, Étude 19, p. 6, et N. Symchowicz et Ph.Proot,
AJDA 2006. 1371.
56. V., H. Moysan, Le droit de propriété des personnes publiques, LGDJ, Bibliothèque de droit
public, 2001.
560. CE, ass., 21 déc. 2012, Sté ERDF, RFDA 2013-25, concl. B. Dacosta – Ass., 21 déc. 2013,
Commune de Douai, Contrats Marchés Publics, févr. 2013, comm. G. Eckert.
561. Ass., 21 déc. 2013, Commune de Douai, préc.
562. Par ex. CE 10 janv. 1938, Cie industrielle maritime, Lebon 1.
563. À moins que le délégataire ne soit lui-même une personne publique.
564. CE 5 juill. 1967, Commune de Donville-les-Bains, Rec. p. 297.
565. CE 21 avr. 1997, Sté Sagifa, no 147602 – 7 juin 2010, Montravers, Dr. adm. 2010, comm. 140,
note F. Brenet. Sauf si le délégataire est une personne publique – et si les biens en cause satisfont aux
autres conditions d'appartenance au domaine public.
566. P.O. Caille, Domaine public et libertés publiques, Gaz. Communes, 2012, no 19/2125.
567. Certaines utilisations exigent cependant, comme on le verra, une autorisation administrative
(v. ss 148-149) ; il s'agit cependant d'une autorisation de police, non d'un titre domanial.
568. Certains auteurs ont soutenu l'existence d'utilisations à la fois communes et privatives ; par ex. le
stationnement des taxis sur des emplacements particuliers ou le stationnement des bateaux dans les ports.
En réalité, il s'agit bien là d'utilisations privatives.
569. Ce prélèvement ne nécessite aucune autorisation lorsqu'il est opéré sans l'emploi de machines et
lorsqu'il ne nécessite aucun autre ouvrage que ceux éventuellement établis par l'administration (fontaines,
lavoirs, etc.) pour permettre ces utilisations.
57. J. Morand-Deviller, « La crise du domaine public. À la recherche d'une institution perdue », in
Mélanges Lachaume, Dalloz, 2007, p. 737. Anne Danis-Fatôme, « Biens publics, choses communes ou
biens communs », in Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011, p. 99.
570. V., Décr. 9 août 1990 : selon les cas, le droit de récolter les herbes appartient à toutes personnes
ou est réservé aux inscrits maritimes ou aux habitants des communes.
571. La chasse sur le domaine public maritime n'est en revanche pas libre : elle fait l'objet de locations
ou concessions (L. 24 oct. 1968). Il en va de même pour la chasse sur le domaine public fluvial (décr.
18 oct. 1968, mod. décr. 25 oct. 1993).
572. C. Boutayeb, « Liberté d'utilisation du domaine public et affectation domaniale », RD publ. 2001.
221.
573. Cons. const. 12 juill. 1979, Ponts à péage, AJDA 1979. 46 ; 19-20 janv. 1981, État d'urgence en
Nouvelle-Calédonie, Rec. p. 15.
574. V., CE 5 févr. 1911, Legros, Lebon 155 ; 17 mars 1922, Société fermière de la voirie de Paris,
Lebon 240.
575. V. par ex. à propos de l'accès aux monuments historiques : CE 18 nov. 1949, Carlier, Lebon 490.
576. Par ex. l'administration ne peut fermer une église affectée au culte (CE 8 févr. 1908, Abbé
Deliard, S. 1908. III. 52, note Hauriou) ou réserver à une commune le droit exclusif de stationner sur une
plage (CE 50 avr. 1863, Bourgeois, v., 1863. III. 63).
577. V. par ex. des ascensions en montagne : CE 15 mai 1927, Carrier, Lebon 538.
578. CE 11 mars 1955, Gascard, Lebon 300 ; 5 nov. 1935, Ministre des Travaux publics,
Lebon 1007.
579. Crim. 21 févr. 1957. S. 1957.138 : « Le stationnement des véhicules sur la voie publique est libre ».
58. V., J.-P. Amadei, « Sur la nature du droit de propriété du domaine privé », RD publ. 1998. 505.
580. Sur cette question, v. J. Morand-Deviller, « Les concessions de plage naturelle », AJDA 2002.
481.F. Linditch, « Droit du sable et droit au sable ? À propos du décret relatif aux concession de plages »,
JCP A 2006, no 26, comm. 1145, p. 876. C. Maugüé, « La réaffirmation du caractère exceptionnel de
l'occupation privative des plages », AJDA 2006-1496.
581. CE 22 mai 2013, Assoc. Synd. Libre du port de Mandelieu-la-Napoule, Contrats Marchés
Publics, 2013, comm. 193, obs. G. Eckert.
582. CE 27 janv. 2011, Cne de Ramatuelle, Rec. 923.
583. C'est le cas par exemple de la police de la route (ord. et décr. 15 déc. 1958), de la police de
l'utilisation des voies navigables (décr. 6 févr. 1932 et 2 mai 1956), de la police de l'utilisation des musées
(décr. 29 juin 1922 et 11 févr. 1926), de la police de l'utilisation des ports maritimes (C. ports mar., art. 45 s.
79 s.), etc.
584. Dans l'intérêt de la sécurité, la circulation des navires dans un port peut être subordonnée à la
possession d'un brevet spécial par le capitaine ou à l'appel au service public de pilotage (CE 2 juin 1972,
Fédération des syndicats de pilotes maritimes, Lebon 407).
585. CE 9 juin 1976, Ville de Menton, Lebon 791 ; Un maire peut encore dans une commune
touristique de montagne réserver certaines voies aux montures et les autres aux piétons : CE 22 févr. 1963,
Commune de Gavarnie, Lebon 113. V. aussi, pour l'interdiction de la circulation automobile afin de
protéger la « richesse floristique et faunistique d'une commune » : art. L. 2213-4 CGCT, CE 12 déc. 1997,
Assoc. des crapahuteurs de la Colombière, RDI 1998. 223, note J.-B. Auby et Ch. Maugüé.
586. CE 29 mars 1957, Société des autocars Orlandi, Lebon 229.
587. CE 28 mai 1928, Ast, Lebon 511.
588. CE 22 févr. 1961, Lagoutte et Robin, Lebon 135, D. 29 févr. 1969.
589. CE 8 déc. 1972, Ville de Dieppe, Lebon 794, Gaz. Pal. 25 janv. 1974, note Moderne ; 14 mars
1973, Almela, Lebon 213.
59. V. les remarques d'H.-G. Hubrecht et F. Melleray dans l'article cité supra no 21, en note. J.-
B. Auby, « Propriété et gestion domaniale », Dr. adm., juin 2011, p. 1 ; J. Dufau, « Propriété publique et
domanialité publique », AJDA 2012-1381
590. CE 27 juill. 1928, Renault, Lebon 6 avr. 1951, Vila, Lebon 180.
591. C. route. art. R. 411-30.
592. V. pour l'interdiction des ventes sur voitures automobiles : CE 10 févr. 1937, Grands magasins
économiques, Lebon 173. Également 14 mars 1973, Almela, Lebon 213.
593. V., J.-J. Israel, « L'activité commerciale sur le domaine public », CJEG, oct. 1991, p. 83.
594. Par ex. pour les points d'arrêt des autobus : V., CE 24 juin 1966, Union nationale des transports
routiers du Var, Lebon 413.
595. Par ex. CE 21 oct. 1955, Daquembronne, Lebon 489. L'activité est réglementée aujourd'hui par
les dispositions d'une loi du 20 janvier 1995 et d'un décret du 17 août 1995. V., D. Broussole, « Une réforme
pour les rentiers », JCP E 1995. 231 ; J.-B. Auby, « Réguler les taxis », Dr. adm. oct. 2006, p. 1.
596. CE 5 mai 1944, Cie maritime de l'Afrique Orientale, Lebon 129.
597. CE 8 juin 1917, Rabé. S. 1920.111.1.
598. CE 22 mai 1908, Commune de Caylus, Lebon 542.
599. CE 22 juin 1951, Daudignac, Lebon 362. D. 1951. 589, concl. Gazier.
6. E. Fatôme, « Externalisation et protection des biens affectés au service public », AJDA 2007. 959 ;
P. Leufflen, « Externalisation du domaine et protection du service public », AJDA 2007. 962.
60. Y. Gaudemet, « L'entreprise publique à l'épreuve du droit public (domanialité publique,
insaisissabilité, inarbitrabilité) », in Mélanges Drago, Economica, 1996, p. 259 ; F. Blanc,
« L'insaisissabilité des biens des établissements publics industriels et commerciaux, éléments pour une
évolution », RD publ. 2009, no 6, p. 1553 ; J.-Cl. Propriétés publiques, fasc. 60, « Protection des
propriétés publiques. Régime général », par Ph. Yolka. ; Ph. Yolka, « L'insaisissabilité des biens publics à
l'épreuve de l'internationalisation du droit », JCP A 2012, act. 104.
600. CE 2 avr. 1954, Petronelli, Lebon 208 ; 15 déc. 1961, Chiaretta, Lebon 709.
601. CAA Marseille, 9 avr. 2013, Cne de Lavandou, JCP A 2013, comm. 2181, concl. S. Deliancourt.
602. V. à propos de vente ambulante : CE 25 janv. 1980, Gadiaga. Lebon 44. AJDA 1980. 283, chron.
Robineau et Feffer, D. 1980. 270 note Peiser, Rev. adm. 1980. 609, note Bienvenu et Rials.
603. Il existe à cet égard une abondante jurisprudence concernant les transports en communs, les taxis,
les professions ambulantes. V. par ex. à propos des auto-écoles : CE 5 janv. 1968. Préfet de police,
Lebon 14, RD publ. 1968. 916. concl. Fournier : cet arrêt va même jusqu'à permettre à l'administration
d'imposer à l'exploitant d'avoir un parc de stationnement privé. Cependant ce pouvoir connaît des limites :
par ex. illégalité de l'arrêté municipal fixant une limite d'âge pour les chauffeurs de taxis : CE 16 juin 1978,
Ville de Clermont, Lebon 260.
604. CE 29 janv. 1932, Société des Autobus Antibois, Lebon 117, S. 1932.111.65, note P. L., D. 1932.
111.60, concl. Latournerie, note Blaevoet. ; V. également CE 30 juin 2004, Département de la Vendée,
BJCL 2004. 629, concl. P.Collin, Dr. adm. 2004, comm. 261, note M. Bazex et S. Blazy.
605. CE 16 nov. 1956, Société Desaveines, Lebon 440, RD publ. 1957. 529, note Waline, RD publ.
A., 1957.1, concl. Laurent ; 2 juin 1972, Fédération française des syndicats professionnels de pilotes
maritimes, AJDA 1972. 11.646, concl. Rougevin-Baville.
606. Y. Gaudemet, « La gratuité du domaine public », Mélanges Paul-Marie Gaudemet, 1984,
p. 1023 ; C. Teitgen-Colly, « Le principe de gratuité de la circulation », RD publ. 1982. 1081 ; P. Yolka,
« Requiem pour la gratuité ? », JCP Adm. 2007, Act. 170.
607. V. par ex. la loi du 30 juill. 1880 supprimant les ponts à péage sur les routes nationales et
départementales.
608. Cons. const. 12 juill. 1979, AJDA sept. 1979, p. 46.
609. CE 4 nov. 1994, Abbé Chalumey, Dr. adm. 1994, no 665, note R.S. ; LPA 25 janv. 1995, note
Rouault.
61. Il semble qu'elle s'applique y compris aux droits incorporels des personnes publiques (brevets,
marques) : Paris, 29 nov. 2012, Département de Saône et Loire, AJDA 2013-522, note G. Eveillard.
610. Cossalter, Le péage, thèse Paris II, 1975.
611. Le juge administratif se refuse pourtant à vérifier l'existence des circonstances exceptionnelles
justifiant le recours à cette solution (CE 30 juin 1960, Groupement de défense des riverains de la route
de l'intérieur, D. 1961. 663, concl. Kahn, note Josse) ; V. Touret, « Le régime juridique des concessions
d'autoroutes », AJDA 1972. 372.
612. Sur le montant des péages, v. CE 28 févr. 1996, Assoc. FO consommateurs, Dr. adm. 1996,
no 259.
613. Après que le Conseil d'État, faisant application de la loi de 1880 mentionnée plus haut (no 168 en
note), ait déclaré illégal le péage du pont reliant la côte à l'île d'Oléron (CE 16 févr. 1979, Comité d'action
et de défense des intérêts de l'île d'Oléron, AJDA 1979. 54, note Milord Texier, D. 1984. 210, note
Duprat). V. aussi sur le pont d'Oléron, J.-F. Lachaume, RFDA 1990. 433.
614. CE 3 mai 1974, Société des travaux industriels Trindel, Lebon 260 ; 30 oct. 1974, Tuilerie des
Mureaux, Lebon 522 ; 16 nov. 1979, Perrot. Lebon 419 ; 29 oct. 1980, Établissement Heintz,
Lebon 393 ; TA Bordeaux 26 nov. 1987, Commune de Maubiac, LPA, 25 avr. 1988, note Pacteau.CAA
Nancy, 20 nov. 2014, GAEC Ferme de la Malva, no 13NC01928.
615. CE 18 mai 1928, Laurens, Lebon 645, D. 1928. III. 65, concl. Rivet, note Waline ; 10 janv. 1930,
Despujol, Lebon 30, S. 1930. III. 41, note Alibert ; 11 déc. 1931, Ligue pour la défense du commerce
parisien, RD publ. 1932. 366, concl. Rivet ; 20 oct. 1950, Fédération parisienne du bâtiment, S. 1951.
III. 13, note Letourneur.
616. Sur la tarification applicable, v. CE 2 avr. 1997, Cne de Montgeron, RDI 1997. 417, note J.-
B. Auby et Ch. Maugüé ; sur le système de paiement par carte « moneo » : Juge proximité Boulogne-
Billancourt, 10 mars 2005, Dr. adm. 2005, no 137, note V. Lewandowski.
617. CE 26 févr. 1969, Chabrot, Lebon 121 ; 22 févr. 1974. Lebon 141, Gaz. Pal. 1975. 11.454 note
Moderne ; Crim. 18 févr. 1971, D. 1971. 723, note Gilli, Gaz. Pal. 1971. 11, p. 640, note Doucet.
618. V., Pascal Laurent, « Le stationnement des résidents », Dr. adm. mars 1998, chron. no 6.
R. Tachon, « Les abonnements en matière de stationnement payant », Dr. adm. janv. 1999, chron. no 1.
619. J. Petit, « La dépénalisation du stationnement payant », AJDA 2014-1134 – M. Dreifuss, « Genèse
de la commission du contentieux du stationnement payant », JCP A 205, comm. 2051 – C. Lavialle, « Les
métamorphoses du stationnement payant sur voirie et l'évolution de la domanialité publique », RFDA 2015.
305.
62. Civ. 1re, 21 déc. 1987, RFDA 1988. 771, concl. L. Charbonnier, note B. Pacteau, CJEG, 1988-107,
note L. Richer ; V. également CE, avis, 30 janv. 1992, EDCE, 1993, no 44, p. 401, Les grands avis du
Conseil d'État, Dalloz, 1997, p. 339, note Y. Claisse.
620. Sur la cas de la non-signalisation d'un hôtel dans une enceinte aéroportuaire : TA Paris, 7 juin 2004,
Sté Amelot Roissy Hotel, Dr. adm. 2005, no 8, note M. Bazex et S. Blazy.
621. Par ex. les véhicules poids lourds peuvent se voir interdire la circulation sur certaines voies ou à
certaines heures. V. aussi à propos de l'occupation de la voie par les véhicules de transport en commun.
distinction des points d'arrêt et des terminus : CE 24 juin 1966, Union nationale des transports publics
du Var, Lebon 413 : à propos des mesures d'interdiction alternée de la circulation en fonction du numéro de
la plaque minéralogique : CE 28 févr. 2000, Petit-Perrin, AJDA 2000. 661, concl. D. Chauvaux.
622. Par ex. illégalité d'un arrêté municipal limitant la durée de stationnement et faisant exception pour
les médecins et voyageurs de commerce (T. pol. Grenoble, 21 févr. 1958, S. 1958.251. note A.M.).
623. Par ex. Crim., 25 oct. 1961. D. 1962. 258 ; 9 nov. 1961. D. 1962. 258.
624. CE 30 juin 2005, Département de la Vendée, Dr. adm. 2004, no 161, note M. Bazex et S. Blazy.
625. Par ex. en ce qui concerne le pont reliant le continent à l'île d'Oléron, les habitants de l'île peuvent
bénéficier d'un tarif réduit (CE 10 mai 1974, Dénoyez et Chorques, Lebon 274, AJDA 1977. 511, note
Franc et Boyon, RD publ. 1974. 467, note M. Waline, Rev. adm. 1975. 440, note Moderne).
626. V. Pelloux, op. cit., p. 155. Certaines solutions jurisprudentielles se rattachaient à cette conception
(par ex. illégalité des locations de plages : CE 19 mars 1858, Vernes, Lebon 599).
627. La loi du 20 déc. 1872 a prévu pour la première fois des redevances pour occupation privative du
domaine public maritime. La loi du 20 juillet 1881 a prévu des redevances pour occupation du domaine
public fluvial, maritime et terrestre.
628. CE, sect., 19 juin 2015, Sté immobilière du port de Boulogne, AJDA 2015-1413, Contrats
Marchés Publics, août-sept. 2015, p. 37, note G. Eckert. F. Llorens et P. Soler-Couteaux, « La
condamnation des conventions tacites d'occupation du domaine public », Contrats Marchés Publics, juill.
2015, p. 1. Ph. Hansen, « L'occupation du domaine public ne peut (toujours) pas donner lieu à autorisation
tacite », JCP A 12 janv. 2015, comm. 2003.
629. CE 3 mai 1963, Commune de St Brévin-les-Pins, Lebon 259, RD publ. 1965. 1117, note Waline ;
AJDA 1963. 343, note Gentot et Fourre ; CJEG 1964, J, 186, note Virole : à propos de l'installation de
bouchots à moules sur une plage ; 22 janv. 2007, Assoc. Les Amis des Tuileries, Dr. adm. 2007, no 40 : à
propos d'une autorisation concernant des fêtes foraines dans le jardin des Tuileries. CE 14 nov. 2011,
« Amicale pour la défense des intérêtsmoraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de
l'Algérie française », AJDA 2012-159, concl. J.P. Thiellay : à propos de l'installation dans un cimetière d'une
stèle commémorant des anciens de l'Algérie française coupables d'assassinats ou de tentatives
d'assassinats.
63. J.P. Gautier, Hypothèque et domaine public, Droit et patrimoine, mai 2001, p. 52.
630. TA Paris, 30 juin 1994, Association Défense des Tuileries, LPA 7 avr. 1994. L'autorité domaniale
doit de manière générale s'informer sur l'utilisation exacte qui sera faite de la dépendance accordée :
CAA Marseille, 23 avr. 2010, Association ADIMAD, AJDA 2010. 1882, note J.-M. Pontier (à propos d'un
emplacement concédé dans un cimetière à une association qui y installera une stèle à la mémoire des
partisans de l'Algérie française exécutés pour assassinat).
631. Ces principes ne sont pas en soi contraires à la convention européenne des droits de l'homme :
CEDH 29 mars 2010, Brosset-Triboulet, et Depalle c. France, RDI 2010. 389, note N. Foulquier–
S. Manson, « De Pen er men à Strasbourg : le domaine public maritime français au miroir du droit européen
des biens », RD publ. 2010, no 5, p. 1451
632. CE 5 févr. 2009, Association Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'acclimatation
de Nice et des Alpes-Maritimes, RDI 2009. 250, note O. Févrot.
633. CE 31 juill. 2009, Société Jonathan Loisirs, RDI 2010. 158, note P. Caille.
634. Il en résulte par exemple qu'une société à qui un département a confié un service public de
transport par autobus ne peut pas se réclamer du marché qui lui a confié ce service pour éviter de verser
des redevances à une ville, dont elle utilise les quais de la gare routière : CAA Marseille, 10 janv. 2011,
Société Autocars GRV, AJDA 2011. 680, concl. S. Deliancourt. Dans un registre différent, le Tribunal
Administratif de Nîmes a admis la légalité d'une délibération de conseil municipal instituant une redevance
mise à la charge des commerçants dont l'activité n'est rendue possible que par l'utilisation du domaine
public par leur clientèle – sont visés les commerces avec comptoirs ouvrants et les distributeurs
automatiques – : TA Nîmes, 3 mars 2011, M me Lagrange, AJDA 2011. 1022, concl. Fl. Héry.
635. CAA Lyon, 28 fév. 2013, Cté d'agglomération de Grenoble, no 12LY00820 : illégalité d'un titre
domanial permettant l'occupation d'un stade de football et ne tenant pas compte nd'avantages tels que la
vente de produits dérivés ou la possibilité de louer des emplacements publicitaires.
636. CAA Marseille, 25 juin 2012, Pelletier, no 10MA00114 : activité d'enseignement.
637. Cette deuxième hypothèse peut concerner par exemple les installations d'évacuation des eaux sous
les voies publiques : H.-G. Hubrecht et F. Melleray, « Le Code général de la propriété des personnes
publiques », Dr. adm. août-sept. 2006, p. 4.
638. Etaient visés les radars installés par l'État sur les routes départementales. L'intervention du
législateur n'était en fin de compte pas utile, car le Conseil d'État, peu de jours après, a considéré qu'il n'y
avait en l'espèce pas d'occupation du domaine : CE 31 oct. 2007, Ministre de l'Intérieur, AJDA 2008. 882,
note J. Bon.
639. La solution avait été anticipée par la Cour Administrative d'Appel de Marseille dans le cas d'un
occupant se livrant à des activités caritatives : CAA Marseille, 6 déc. 2004, Cne de Nice, AJDA 2005. 831,
note S. Deliancourt.
64. Il semble en revanche qu'ils puissent être réquisitionnés : TA Nantes, 8 oct. 1987, SNCF, Rec. 486.
640. Par ailleurs, un jugement a admis qu'une commune mettant des locaux à la disposition de La Poste
ne pouvait pas substituer à la convention de mise à disposition une autorisation unilatérale d'occupation
assortie d'une nouvelle redevance d'occupation : TA Orléans, 9 mai 2007, La Poste c. Commune de
Veigné, AJDA 2007. 1405, note J.-D. Dreyfus
641. Conseil d'État, Redevances pour service rendu et redevances pour occupation du domaine
public, Doc. fr., 2002 ; A. Taillefait, « Redevances pour occupation privative du domaine public : actualité
et ambiguïtés », Actualité de la commande et des contrats publics, avr. 2006, p. 60 ; J.-F. Boudet, « Les
propriétés publiques et la comptabilité publique », in Réflexions sur le Code général de la propriété des
personnes publiques (sous la direction de Stéphane Guérard), Litec, 2007, p. 49 ; T. Lamulle, « Les
redevances et les produits domaniaux », ibid. p. 77 – C. Goulay, « Qui peut fixer les redevances
d'occupation domaniale sur un aéroport ? », AJDA 2011. 1003.
642. Civ. 8 mai 1889. S. 1889.1.107 ; CE 23 mai 1930, Société Métropole Voiture, Lebon 548.
643. CE 22 déc. 1989, Chambre de commerce du Var, RFDA 1990. 649, concl. Fouquet, LPA 15 juin
1992, note Boudine. S'agissant des redevance nées de l'exécution d'une concession domaniale, la
compétence administrative tient au fait que, d'après la règle fixée par le décret du 17 juin 1938, la
redevance a le caractère d'une clause prévue par un contrat administratif : CE 7 mai 1980, Sté Les
Marines de Cogolin, Lebon 215 ; 11 avr. 1986 Ministre du Budget, Lebon 86 ; concl. Fouquet ;
CE 22 déc. 1989, Chambre de commerce du Var, RFDA 1990. 650.
644. Cette solution ne s'applique pas à la compétence judiciaire pour les redevances assimilées par des
textes à des contributions indirectes : c'est le cas des droits et place dans les halles et marchés
(CE 26 mars 1990, Comptoir lyonnais des viandes, Dr. adm. 1990 no 275), comme des redevances
d'équipement des ports de plaisance (T. confl. 28 avr. 2003, M. Debaurain, Dr. adm. 2003, no 172, note
R.S.
645. J. Boudine, « La nature juridique de la redevance d'occupation du domaine public », LPA, 1992-21 ;
Y. Brard, « Redevance pour occupation du domaine public : certitudes et incertitudes de la jurisprudence »,
D. 1999. 19. V. Dufau, « À propos de la notion de redevance », Dr. adm. 2000, chron. no 12 ; CE 29 nov.
2002, Cne du Barcarès, Dr. adm. 2003, no 36.
646. Cons. const. no 2000-444 DC, 28 déc. 2000 – 2001-448, 25 juill. 2001.
647. Cons. const. no 2010-67/86 QPC, 17 déc. 2010, Région Centre, Dr. adm. 2011, comm. 30, note
Jeannine Marchand.
648. CE 21 mars 2003, SIPPEREC, Dr. adm. 2003, no 127, CJEG, 2003-341, concl. S. Austry.
649. En cas de double affectation d'une dépendance domaniale (par ex. passage à niveau) on
recherche l'affectation prédominante, CE 8 déc. 1950, Cie générale des eaux, S. 1951. III. 33, note A.P.
65. Civ. 2e, 15 nov. 1995, Cusset c. Cravam ; H. Moysan, « Les biens des personnes privées gérant un
service public sont saisissables », Dr. adm. août-sept. 1996, p. 1.
650. CE 22 mai 1929, Société de construction d'embranchements industriels, D. 1930. III. 5. note
L. J. ; CE 28 juin 1935, Commune de Cormeilles-en-Parisis, Lebon 735.
651. Le conseil municipal peut déléguer cette compétence au maire, à la condition de fixer des limites :
TA Strasbourg, 27 oct. 2010, SARL Train's, AJDA 2011. 275, note Emeline d'Hayer.
652. Sur le problème de l'assujettissement à la TVA : TA Rennes, 29 janv. 2004, Cne de Quimper, Dr.
adm. 2004, no 114, qui écarte cet assujettissement pour les redevances de stationnement payant.
653. Le tarif de renouvellement d'une concession funéraire est celui qui s'applique au moment du
renouvellement de la concession : CE 21 mai 2007, P.A., Dr. adm. 2007, no 102.
654. P. Hansen, L'instabilité jurisprudentielle en matière d'occupation privative du domaine public, AJDA
2009. 1078.
655. CE, sect., 12 oct. 1994, Visconti, Rec. p. 442 – 5 mai 2010, Bernard, BJCL, 2010-226, concl.
N. Escaut.
656. Sur le principe et les limites de ce remboursement, v. CE 28 sept. 1984, Ville de Marseille.
657. CE 21 nov. 1969, André, AJDA 1970. 160, note Godfrin ; 10 mai 1989, Claude Munoz, Dr. adm.
no 336. ; 26 mai 2004, Sté Paloma, BJCL, 2004-554, concl. P.Collin, obs. M. Degoffe.
658. CE 10 mai 1989, Munoz, RD publ. 1989. 1805.
659. CE 22 oct. 1937, Gerzenberg, Lebon 854 ; 8 juin 1958, Toussounian, Lebon 307.
66. Décision de la Commission no 2003/145/CE § 65 ; S. Clamens, « Vers la remise en cause du
principe d'insaisissabilité des biens des personnes publiques », AJDA 2000. 767.
660. D. Rapone, « La patrimonialité des actes administratifs en matière de communications
électroniques », RFDA, janvier-février 2009, p. 39.
661. A. Mamontoff, « Le rapprochement des régimes de l'autorisation et du contrat d'occupation du
domaine public », in Mélanges Guibal, Université de Montpellier, 2006, vol.1, p. 517.
662. Par ex. Civ. 7 juill. 1869, D. 1870. 1.9.
663. V., C. Brechon Moulenes, « Une technique juridique explosive, l'autorisation conventionnelle
d'occupation du domaine public », Mélanges Burdeau, 1971. Cette catégorie concerne le cas dans lequel
l'État (ou la collectivité gestionnaire ou bénéficiaire du domaine) accepte expressément l'édification, par le
bénéficiaire de l'autorisation, de constructions ou installations, eu égard au caractère d'intérêt général de
ces ouvrages. Dans ce cas, le retrait de l'autorisation pour un motif d'intérêt général peut donner lieu à
indemnité si cette possibilité a été prévue dans l'acte d'autorisation, alors que, comme on le verra, le retrait
des autorisations unilatérales ne donne normalement pas lieu à indemnisation.
664. V. loi du 17 janv. 1989 (modifiant la loi du 30 sept. 1986), RFDA 1989. 251, étude B. Delpech et
p. 255, étude D. Truchet.
665. CE 7 juill. 1944, Ministre des Finances, Lebon 194 ; 4 mai 1941, Société Énergie du littoral
méditerranéen, Lebon 19.
666. V. par ex. CE 21 oct. 1988, Sté Cetra, Lebon 364, Dr. adm. 1989. 529 note Terneyre.
667. CE 20 nov. 1937, Chambre syndicale de l'industrie du pétrole, DH 1938.103.
668. CE 15 juill. 1954, Longuefosse, Lebon 123.
669. CAA Marseille, 23 avr. 2010, Association ADIMAD, AJDA 2010-1882, note J.M. Pontier.
67. Cons. const. 25-26 juin 1986, AJDA 1986. 575, note J.Rivero ; RD publ. 1989. 399, note
L. Favoreu ; également : 18 sept. 1986, « Liberté de communication », AJDA 1987. 102, note
P. Wachsmann.
670. CE 17 mars 1911, Ville de Lyon, Lebon 352 ; 14 juin 1972, Elkoubi, Lebon 436.
671. CE 29 mars 1928, Labœuf, Lebon 474.
672. CE 5 mai 1993, Commune de Montrouge.
673. Notamment par l'arrêt Taillandier (CE 6 mai 1952, S. 1952. III. 65) qui a admis le retrait des
permissions pour tous motifs d'intérêt général.
674. V., CE 20 déc. 1957, Société d'éditions cinématographiques, S. 1958.75, concl. Guldner ; 3 mai
1963, Ministre des Travaux publics, RD publ. 1965. 1176, note Waline, AJDA 1963. 343, note Gentot et
Fourre, CJEG 1964. 1.186, note Virole ; CE 29 avr. 1966, Société affichage Giraudy, JCP 1966.
II. 14746, note Klein.
675. V. en ce sens C. const. 82.125L., 25 juin 1982, JO 24 juin. V. cependant Jean Dufau, Le domaine
public, Le Moniteur, 2001, p. 391, qui observe que dans certains cas, les permis de stationnement ne sont
pas délivrés par l'autorité de police et apparaissent donc alors comme des actes de gestion.
676. M. Bardin et al., « Propriétés publiques : quels contrats pour quels projets ? », actes du
109e Congrès des Notaires de France, JCP A 10 juin 2013.
677. La nouvelle architecture des textes devrait, selon certains, imposer une approche plus rigoureuse
de l'objet de l'autorisation domaniale pour décider de la qualification : M. Didierlaurent, « La remise en
ordre inachevée de l'occupation contractuelle du domaine public », AJDA 2015-1519.
678. V. ss 133, 140 s. P. Lignières, M. Mbouhou, F. Bilong, « Convention domaniale ou délégation de
service public : comment choisir ? », Dr. adm. avr. 2003, p. 40.
679. CE 21 juin 2000, SARL Plage « Chez Joseph », RFDA 2000. 797, concl. C. Bergeal. En sens
contraire : TA Poitiers, 2 mai 2002, Préfet de Charente-Maritime, Dr. adm. 2002, no 175, note R. Hostiou.
68. CE 3 nov. 1997, AJDA 1997. 1010, obs. L. Richer ; également : TA Nantes, 28 avr. 1998, Préfet de
la Vendée, Dr. adm. 1998, no 243 ; CE 25 nov. 2009, Commune de Mer, RDI 2010. 212, note D. Fonseca,
AJDA 2009. 51, note P. Yolka ; CAA Marseille, 22 nov. 2010, Ville de Marseille, AJDA 2011. 171, concl.
S. Deliancourt : légalité de la cession gratuite d'une dépendance du domaine privé en contrepartie du
désistement des acquéreurs d'une action en rétrocession d'un immeuble afin que la commune puisse y
réaliser des équipements publics.
680. CE 21 déc. 2000, M me Agofroy, AJDA 2001. 193, note M. Raunet et O. Rousset.
681. CE 20 déc. 2000, Chambre de commerce et d'industrie du Var, Dr. adm. 2001, no 161.
682. CE 12 mars 1999, Ville de Paris, AJDA 1999. 439, note M. Raunet et O. Rousset.
683. CE 4 nov. 2005, Sté Jean-Claude Decaux, RFDA 2005. 1083, concl. D. Casas, AJDA 2006. 120,
note A. Ménéménis ; François Brenet, « Les contrats de mobilier urbain sont des marchés publics », Dr.
adm. mars 2006, p. 9.15 mai 2013, Ville de Paris, Contrats Marchés Publics, 2013, comm. 199, note
G. Eckert.
684. Depuis que la directive communautaire du 26 février 2014 sur les concessions est transposée, il
semble que les contrats de mobilier urbain doivent se rapprocher davantage de ce type de contrat que du
marché : F. Llorens et P. Soler-Couteaux, « Les marchés de mobilier urbain peuvent-ils devenir des
concessions ? », Contrats Marchés Publics, juin 2015, p. 1.
685. Sur le régime fiscal des contrats d'occupation du domaine, voir entre autres : CJCE 25 oct. 2007,
Ministero delle Finanze, RDI 2008. 277, note N. Foulquier.
686. CE 21 févr. 1949, Cie générale frigorifique, Lebon 27, 28 juin 1951, Cie générale
transatlantique, Lebon 178 ; 20 janv. 1965, Courvoisier, Lebon 59 ; CE 6 mai 1985, Association Eurolat,
RDSS 1986. 296, note Alfandari, LPA, 25 oct. 1985, note Terneyre, AJDA 1985. 620 note Fatôme et
Moreau. En concluant sur son domaine public un bail commercial qu'elle savait illicite, une ville a pu
engager sa responsabilité quasi-délictuelle, CE 6 nov. 1985, M elle Bouin Favre, RFDA 1986. 582, note
Terneyre.
687. Civ. 1re, 26 mai 1954. JCP 1954. IV. p. 97.
688. Décret du 30 sept. 1953 : CE 19 juin 1963, Georges et Émile Turbet, AJDA 1964. 44, note
Laporte ; 6 janv. 1967, Époux Berthot, AJDA 1967. 417. note J.D. ; T. confl. 3 déc. 1979, Ville de Paris,
Lebon 578.
689. CE 15 nov. 1950, Durel, Lebon 557.
69. Cons. const. 3 déc. 2009, Loi relative à la régulation des transports ferroviaires, RJEP, 2010, comm.
33, note C. Chamard-Heim.
690. T. confl. 10 juill. 1956, Société des steeple-chases de France, Rec. p. 487, RD publ. 1957. 522,
note M. Waline – 23 févr. 1981, Société Socamex, Rec.p.501 – 15 mars 1999, Schmitt, Rec.p.443– 18 oct.
1999, Préfet de Corse, Rec.p.468, RDI 2000. 30, note C. Lavialle.
691. Civ. 1re, 5 mars 2008, Société navale de Cap d'Ail, RDI 2008. 220, note N. Foulquier.
692. C'est le cas, par ex., du litige concernant le paiement de frais occasionnés par l'occupation :
T. confl. 14 mai 1984, Rutman.
693. Certaines juridictions judiciaires avaient admis leur compétence pour les litiges concernant
l'occupation après exécution du contrat. Cette solution a été condamnée par la Cour de cassation (Civ. sec.
comm., 1er juill. 1952, JCP 1953. II. 7369, note G. M.). V. égal. CE 6 janv. 1967, Époux Berthot, Lebon 3.
694. V. à propos d'un service public industriel et commercial exploité sur le domaine public : T. confl.
17 nov. 1975, Gamba, AJDA 1976. 82 et 91.
695. Par ex. T. confl. 6 juill. 1981, Jacquot, Gaz. Pal. 23 mai 1981, note Melin ; CE 22 avr. 1983,
Lasporte, Dr. adm. 1983. 255, note Pacteau, concl. Labetoulle ; T. confl. 4 juill. 1983, François, JCP
1985. II. 2033.
696. Par ex. T. confl. 17 nov. 1975, Gamba, AJDA 1976. 82 chron. Boyon et Nauwelaers.
697. P. Delvolvé, « Les dispositions relatives aux droits réels sur le domaine des personnes publiques :
l'incohérence », RDFA 2010. 1125.
698. Dans le cas des autorisations constitutives de droits réels, les redevables des taxes foncières sont
les titulaires de ces autorisations : L. Ayrault, « Domaine public et taxes foncières », Dr. adm. mars 2005,
p. 7.
699. Une commission du Club des juristes a proposé la création d'un bail réel immobilier administratif :
Ph. Malinvaud, « Bail réel immobilier et bail réel immobilier administratif », RFDA 2013-755.
7. J. Morand-Deviller, « La crise du domaine public. À la recherche d'une institution perdue », in
Mélanges Lachaume, Dalloz, 2007, p. 737.
70. J.-M. Auby, « Le problème de la domanialité publique des immeubles affectés à un service public »,
Mélanges Laborde-Lacoste, 1963 ; Fabrice Melleray, « L'échelle de domanialité », in Mélanges
Moderne, Dalloz, 2004, p. 287.
700. Soumise au Conseil constitutionnel, elle a été partiellement censurée : Cons. const. no 94-346. DC
du 21 juill. 1994, AJDA 1994. note G. Gondouin, RFDC 1994. 814. note Bon.
701. RDI 2009. 541, note N. Foulquier.
702. P. Yolka, « Reconversion de l'hôtel de la Marine. Le Bateau ivre ? », AJDA 2011. 429.
703. V., J. B. Auby, « Le bail emphytéotique sur le domaine public », Colloque « Domaine public et
activités économiques » 1990, CJEG 1991. 67. Fatôme et Terneyre, « Bail emphytéotique, domanialité
publique et financement privé d'un ouvrage public » CJEG 1991. 569.
704. Lequel peut être une autre personne publique : TA Toulouse, 22 nov. 2011, SAS Icade promotion,
Contrats Marchés Publics, 2012, comm. 97, note G.Eckert.
705. CE 25 févr. 1994, Sté Sofap Marignan immobilier, AJDA 1994. 550 note Perinet-Marquet,
D. 1994. 556, note M. Lombard. Cet arrêt indique que le juge administratif peut vérifier si le bail se
conforme aux dispositions de la loi de 1988 et s'il ne s'éloigne pas de la notion de bail emphytéotique.
L'arrêt indique également que ce bail peut comporter un pouvoir de résiliation unilatérale par l'administration
et qu'il peut imposer au preneur des obligations quant à l'utilisation du bail. Si contrairement à l'article
L 451-1 du Code rural le bailleur se voit reconnaître un droit de résiliation unilatérale, cette stipulation
exorbitante du droit commun peut être insérée dans le bail souscrit à l'application de la loi de 1988 sans que
le contrat perde sa qualité de bail emphytéotique (CE 25 févr. 1994, Sté Sofap, D. 1994. IR 71) – TA
Grenoble, 1° oct. 2010, Préfet de la Drôme, AJDA 2011. 510, note P.-A. Rohan et R. Leonetti.
706. Condition qui n'est en principe pas remplie lorsque l'objet du bail est de permettre la création d'un
bar-restaurant discothèque : CAA Lyon, 7 mars 2011, Synd. des copropriétaires de la résidence Le
rond-point des pistes.
707. V., J.-Cl. Adm., fasc. 670, « Partenariats public-privé », par Philippe Delelis. Sur les possibilités qui
leur étaient offertes avant l'ordonnance de 2003 : Avis CE 16 juin 1994, EDCE 1994. 567.
708. Il y a quelques exceptions : par ex. pour le domaine ferroviaire les autorisations sont accordées par
le préfet.
709. Un avis du maire est indispensable lorsqu'il s'agit des traverses des routes nationales dans les
agglomérations (CE 1er juill. 1936, Amouroux, Lebon 720).
71. J.-M. Auby, « Contribution à l'étude du domaine privé », EDCE 1958-35, infra no 86.
710. Si la commune fait partie d'une communauté urbaine, la compétence appartient à celle-ci
(C. communes, art. L. 165.1. V., CE 7 janv. 1987, Ville de Bordeaux).
711. Le maire est compétent pour les voies communales et les dépendances du domaine public fluvial
(C. dom. publ. fluv., art. 38 : ceci alors qu'il n'a pas la police de ces dépendances). Le préfet (ou plutôt le
directeur départemental de l'Équipement qui dispose d'une délégation permanente) intervient pour les routes
nationales en dehors des agglomérations, CE 14 juin 1972, Elkoubi, Lebon 436.
712. Il s'agit normalement du maire dans le cas des voies communales : CE 9 avr. 2014, Établissement
public du Domaine national de Chambord, RLCT, juill.-août 2014, p. 47, note M.C. Rouault.
713. CE 21 mars 2003, Synd. intercomm. de la périphérie de Paris pour l'électricité et les réseaux,
Dr. adm. 2003, no 127. Voir également supra no 174.
714. R. Rouquette, « La passation des conventions domaniales », Dr. adm. mars 2003, p. 6. – A. Poli et
G. Querrien, « Occupation du domaine public et concurrence », BJCL, 2010, no 1, p. 3 – « Le régime de
passation des concessions domaniales à la croisée des chemins », RFDA, mai-juin 2009, p. 483.
715. Par ex. inutilité de l'adjudication : CE 26 avr. 1944, Dejean, Lebon 386.
716. V. sur la validité d'un contrat verbal : CE 9 mars 1956, Cie industrielle des bois, RPDA 1957.
157. Encore faut-il qu'il n'y ait pas de doutes sur l'accord des parties (CE 16 nov. 1984, Association
Biarritz Aquatic Scaphand Club).
717. V. ss 131.
718. Sur le contrôle par le juge de la légalité des règlements fixant les conditions de délivrance des
permis de stationnement : CE 14 déc. 1985, Legendre, AJDA 1986. 112, concl. Bonichot.
719. Sur les critères qui peuvent être pris en compte dans la réponse à une demande de concession
funéraire : CE 25 juin 2008, M me Schocchet, AJDA 2008. 2229.
72. V., M.-A. Latournerie, Point de vue sur le domaine public, Montchrestien, 2004.
720. Par ex. CE 28 avr. 1961, Leron, Lebon 271.
721. CE 5 juin, Établissements Bresson, S. 1954. III. 21.
722. CE 2 mai 1969, Sté d'affichage Giraudy – 6 nov. 1998, Association amicale des bouquinistes
des quais de Paris, D. 1999. 6 – TA Strasbourg, 27 oct. 2010, SARL Train's, AJDA 2011. 275, note
E. d'Hayer.
723. Sur cette distinction Dufau, note CJEG 1961.J.172 et J.-Cl. adm., Fasc. 406.2, no 57. L'utilisation
anormale peut donner lieu à une redevance plus élevée (CE 24 juin 1966, Union des transports publics
routiers du Var).
724. Il peut y avoir cependant un droit contractuel résultant d'un autre contrat, par exemple d'une
délégation de service public.
725. V. par ex. pour un commerçant riverain d'une rue demandant une permission pour l'occupation des
trottoirs (CE 28 nov. 1958, Ville de Marseille, Annales des loyers 1960.622. V. aussi CE 2 nov. 1956,
Biberon, Lebon 403, concl. Mosset).
726. Par ex. CE 26 déc. 1891, Cie générale du gaz, Lebon 826.
727. TA Paris, 23 déc. 1950, Zerbib, AJDA 1962. 11.177.
728. CE 7 oct. 1961, Hamon, AJDA 1962. 11. 78, note Dufau.
729. CE 16 juin 1933, Ramel, S. 1933. III. 113, note Laroque.
73. G. Bachelier, « Le concept du “domaine public” : un concept toujours pertinent », in Mélanges
Labetoulle, Dalloz, 2007, p. 35. P. Chretien, « Public et privé dans le code général de la propriété des
personnes publiques », in Études en l'honneur du professeur Jean-Arnaud Mazères, Litec, 2009, p. 137
– S. Nicinski, « Le domaine public : de la crise à la reconstruction », in Mélanges Jacqueline Morand-
Deviller, Montchrestien, 2007, p. 659 – G. Quiot, « Considérations sur une curiosité juridique : l'existence
en droit français d'un domaine privé des personnes publiques », Mélanges Rainaud, L'Harmattan, 2009,
p. 339.
730. CE 14 juill. 1913, Dame Heuze, Lebon 1095.
731. CE 1er mars 1929, Transports en commun de la région toulousaine, S. 1929.III.73, note
Mestre.
732. CE 2 mai 1969, Sté affichage Giraudy, Lebon 293, JCP 1966. 11.14746, note Klein. V. aussi
18 mars 1963, Celier, p. 189, AJDA 1963. 484, note Dufau ; 23 juin 1986, Thomas, p. 167, RFDA 1987.
194, concl. Stirn, AJDA 1986. 550, chron. Azibert et De Boideffre.
733. V. pour une autorisation de halage : CE 16 nov. 1956, Desaveine, RD publ. 1956. 536, note
Waline, RPDA 1957. 1, concl. Laurent ; pour les autorisations d'abattage dans un abattoir : 15 janv. 1932,
Mathieu, Lebon 44 ; 27 mars 1936, Association culturelle israélite de Valenciennes, Lebon 383. Dans
le cas d'un refus de renouvellement, l'autorité peut se fonder sur l'attitude de l'intéressé, p. ex. le fait qu'il ait
été dans le passé occupant sans titre : cf. 7 janv. 1983, Min. de l'Industrie c/ Cie sablières de la Tille.
734. CE 6 nov. 1995, Ville de Paris, Dr. adm. no 755.
735. V. pour le motif fondé sur la protection d'un service public : CE 16 nov. 1956, Desaveine,
préc.CE 23 mai 2012, RATP, RDI, 2012-566, chron. N. Foulquier.
736. CE 19 juin 1931, Ville de Sarreguemines, Lebon 657 ; 18 oct. 1978, Loyer, Lebon 377.
737. CE 21 oct. 1983, Jacques Bricard, Lebon 673.
738. V., CE 25 nov. 1921, Niveleau, D. 1922. III. 7, concl. Corneille ; 28 janv. 1925, Valès, DH 1925.
184 ; 26 oct. 1994, Arii, Dr. adm. 1994, no 657. Le refus peut également engager la responsabilité de
l'administration. CE 25 juin 1948, Dame Plisson, Lebon 294.
739. CE 14 nov. 1924, Witschitz, D. 1925. III. 9.
74. V., Lebreton, Les occupations du domaine public, th. Paris II, 1976 ; Denoyer, L'exploitation du
domaine public, 1969 ; C. Teitgen-Colly, La légalité de l'intérêt financier dans l'action administrative,
1981, p. 223 s.
740. V. à propos d'une concession d'endigage : CE 18 oct. 1978, Min. Équipement c/ Association
« Les amis des chemins de ronde », Lebon 378.
741. Sinon, elle engage sa responsabilité : par ex. CE 17 mai 1918, Tricoche, Lebon 486.
742. CE 28 janv. 1914, Médard, Lebon 98 ; 20 juill. 1930, Despujols, Lebon 828.
743. V., Mattei Dawance, CJEG oct. 1991, p. 88.
744. CE 23 avr. 1913, Caillonel, Lebon 447 ; 29 avr. 1932, Revel Chiraux, Lebon 435.
745. CAA Bordeaux, 4 mars 2010, Cne de Toulouse, Contrats Marchés Publics, 2010, comm. 2229,
obs. F. Llorens.
746. CE 29 juin 1973, Hutinet ; 23 nov. 1973, Cazaux, Lebon 666.
747. CE 13 juill. 1946, Société Jetée-promenade de Nice, Lebon 404 ; 2 févr. 1955, Batisse, AJDA
1955. II. 118.
748. CE 20 mai 1927, Fabre, Lebon 581 ; 23 juin 1993, Société industrielle de construction et
réparation.
749. CE 18 avr. 1944, Haramboure, Lebon 238 ; 19 mars 1943, Cie des Sablières de la Seine,
Lebon 74 ; 21 oct. 1964, Somaga, AJDA 1965. 281, note P.L.
75. V., « La gestion patrimoniale du domaine public », rapport de l'Institut de la Gestion Déléguée, 2001,
et les débats du colloque sur « La réforme du droit des propriétés publiques » (Paris, 28 janv. 2004), LPA,
23 juill. 2004, v. ss 129.
750. CE 29 mars 1968, Ville de Bordeaux, AJDA 1968. II. 348 ; 9 déc. 1988, Sté La Bouillabaisse.
751. TA Paris, 17 mai 1961, Régie publicitaire des transports parisiens, AJDA 1962. 239, note J. D.
752. CE 29 janv. 1965, Caillon et Société Montparnasse Actualités, AJDA 1964. 377, note Lapone ;
CJEG 1964. 291 ; 17 déc. 1971, Association des embranchés particuliers gare – État, Lebon 785.
753. CE 8 janv. 1960, Lofon, AJDA 1960. 11.183, note Gardies ; 18 mars 1963, Cellin, AJDA 1963.
484, note Dufau.
754. CE 17 juin 1953, Liguori, Lebon 288 ; même en cas de paiement de redevances : 11 juin 1971,
Dame Chauvel, Lebon 439.
755. CE 27 nov. 1963, Meillier, Lebon 590.
756. Certains auteurs considèrent qu'Il peut y avoir obligation de retrait notamment lorsque la
permission est inconciliable avec les droits d'usage du public. V., Waline, RD publ. 1963. 1174. V. aussi
CE 29 avr. 1963, Rapin, AJDA 1963. II. 559.
757. CE 15 juill. 1964, Longuefosse, Lebon 123.
758. TA Lille, 16 avr. 1961, Dame Lemire, D. 1962. Somm. 65.
759. CE 5 mai 1944, Dame Trompier Gravier, RD publ. 1944. 256, concl. Chenot, note Jèze.
76. C. Mamontoff, Domaine public et entreprises privées, L'Harmattan, 2003 – P.-E. Spitz, « Les
nouvelles méthodes de gestion des biens publics : l'exemple de Paris », AJDA 2007. 954.
760. CE 26 juin 1979, Dame Cadet.
761. CE 4 avr. 1919, Despres, Lebon 348 ; 21 févr. 1934, Soustre, Lebon 257.
762. CE 12 juill. 1929, Du Hays, D. 1930. 111.21, note Waline ; 21 juin 1939, Thorrand, Lebon 421.
763. CE 30 nov. 1888, Société Bordelaise de Vidanges, Lebon 872.
764. Par ex. gêne pour la circulation, cf. 25 juin 1982, Ville de St-Jean-de-Luz.
765. CE 6 mai 1932, Lalogue, D. 1934. 111.23, concl. Michel.
766. La jurisprudence a ainsi autorisé des communes à retirer des permissions accordées à des
compagnies de distributions d'électricité en violation du privilège exclusif conféré par elles à des entreprises
gazières : CE 27 déc. 1901, Pecard, S. 1902. 111. 33, note Hauriou ; 6 juin 1902, Goret, S. 1903.
III. 65 note Hauriou.
767. CE 13 juill. 1951, Société La Nouvelle Jetée, Lebon 404 ; 18 mai 1960, Société les dragues
blésoises, RPDA 1960, no 227. CAA Nancy, 30 avr. 1992, Amoros, Dr. adm. 371.
768. CE 11 juin 1952, Seillier, Lebon 25. V. aussi pour l'élargissement d'une voie : 8 févr. 1980, S té
française de pétrole BP, Lebon 722.
769. CE 26 juin 1931, Chambre syndicale, Lebon 707.
77. CE, sect., 18 nov. 2005, Sté fermière de Campoloro, Rec. p. 515, Dr. adm. 2006, comm.33, note
C. Guettier, AJDA 2006. 137, chron. C. Landais et F. Lenica.
770. CE 30 oct. 1942, Cie générale des eaux, DC 1943. J. 63, note M.M.
771. CE 6 mai 1932, Delle Taillandier, S. 1932. 111.68, note Laroque, D. 1934. III. 23, note Duclos,
concl. Rousselier.
772. CE 8 mars 1929, Bonneton, Lebon 267.
773. CE 8 févr. 1889, Thorrand, Lebon 163.
774. CE 18 mars 1886. Dumur, Lebon 316.
775. CE 30 janv. 1914, Magnare, Lebon 111 ; 30 nov. 1917, Eaux thermales de Bourbonne-les-
Bains, Lebon 775.
776. CE 5 juill. 1939, Planes, Lebon 457 ; 30 oct. 1942, Cie générale des eaux, DC 1932.1.63, note
M.M. CE 23 mai 2011, EPAD, Rec. p. 924.
777. L'indemnisation peut avoir un fondement contractuel. Il en va ainsi dans le cas du concessionnaire
de service public à qui la concession donne droit à obtenir des permissions de voirie (CE 17 mai 1918,
Tricoche, Lebon 484).
778. CE 19 déc. 1952, Sauret, Lebon 593.
779. Cette résiliation constitue même semble-t-il, une obligation pour l'administration si l'exécution du
contrat compromet la conservation du domaine, ou met obstacle aux droits d'usage du public. V., T. com.
Nantes, 13 juin 1958, Commune de Saint-Brévin-les-Pins, Lebon 741. V. aussi Waline, RD publ. 1963.
1174.
78. Cas des ouvrages de production d'EDF (CE, avis, 29 avr. 2010, AJDA 2010. 926, obs. S. Brondel,
RDI 2010. 390, note O. Févrot), et de ses postes de transformation (T. confl. 12 avril 2010, Sté ERDF,
AJDA 2010. 1642).
780. C. pr. Seine, 24 déc. 1940, DC 142.111, note de Soto ; CE 10 mai 1963, Dame Porcher ; 27 nov.
1974, Sté intercontinentale commerciale et industrielle ; il n'y a lieu, évidemment, dans ce cas à aucune
indemnité.
781. Par ex. CE 8 déc. 1971, Dame Marjansky ; 4 mars 1991, Département de la Haute-Loire ;
CAA Paris, 22 mai 1994, Meynier. V. aussi pour le cas où la redevance parait insuffisante, 31 mai 1989,
Sté Ducueur et Boissac, RD publ. 1989. 1814. Le retrait n'est soumis à des formes déterminées que
lorsqu'un texte l'exige (CE 6 juin 1952, Dame Prea). L'intention de soumettre le futur exploitant d'un
complexe hôtelier dans un golf municipal à des obligations de service public tenant notamment aux horaires
et jours d'ouverture constitue un motif d'intérêt général suffisant pour décider la réisiliation de la convention
existante : CE 19 janv. 2011, Commune de Limoges, AJDA 2011. 616, note J.-D. Dreyfus.
782. V., L. Richer, Droit des contrats administratifs, LGDJ, 2004, p. 227 s.
783. CE 13 juillet 1968, Sté Serfati, Lebon 540, AJDA 1968. 582, concl. Bertrand.
784. Pour une application de cette jurisprudence dans le cadre d'un contrat domanial : CE 21 oct. 2012,
Sté Orange France.
785. CE 27 nov. 1946, Société de chaux et ciments d'Algérie, Lebon 281 ; CE 31 juill. 2009, Société
Jonathan Loisirs, RDI 2010. 158, note P. Caille.
786. CE 4 mai 2011, Chambre de commerce et d'industrie de Nîmes, Dr. adm. 2011, comm. 67, note
F. Brenet.
787. CE 4 janv. 1954, Leroy, RPDA 1954. 39.
788. Ces droits et obligations peuvent subir des inflexions si l'occupant est une personne publique. On a
fait remarquer, par exemple,que, dans cette hypothèse, le principe de précarité de l'occupation pourrait se
heurter à celui de continuité du service public : Ph. Yolka, « Le partenariat domanial public / public :
quelques zones d'ombre », AJDA 2014-1441.
789. S. Fourmond, « L'obligation réelle et le domaine public », in Perspectives du droit public,
Mélanges offerts à Jean-Claude Hélin, Litec, 2004, p. 287.
79. CE 2 oct. 1987, Commune de Labastide-Clairence, Rec. p. 991.
790. V. par ex. pour les cimetières : CE 4 févr. 1949, Veuve Moulis, Lebon 52. Si le concessionnaire
utilise le domaine au-delà des limites fixées, les tiers peuvent attaquer le refus de l'administration de l'obliger
à respecter ces limites (TA Nantes, 13 juin 1958, Commune de Saint-Brévin-les-Pins, Lebon 741).
791. Req. 15 juin 1881. 1. 411 ; 15 juill. 1887, S. 1890. 1. 399.
792. Toulouse, 26 nov. 1908, S. 1911. 11. 209, note Mestre ; Rouen, 25 janv. 1953, S. 1963. 211, note
Hardy.
793. CE 12 déc. 1943, Moreau, Lebon 288.
794. CE 8 oct. 1956, EDF, Lebon 528.
795. O. de David Beauregard-Berthier, « Le statut du commerçant installé sur le domaine public »,
AJDI 2005. 633. P. Hansen, « L'instabilité jurisprudentielle en matière d'occupation privative du domaine
public », AJDA 2009. 1078.
796. Ph. Yolka, « Propriété commerciale des occupants du domaine public : crever l'abcès », JCP A
25 juin 2012, p. 11.
797. Ève Derouesné et Anna Stefanini-Coste, « Fonds de commerce sur le domaine public. La
reconnaissance législative », JCP E 9 oct. 2014, p. 44.
798. V. par ex. CE 18 mars 1959, Hoppe, AJDA 1959. 11. 134 ; 19 juin 1964, Monteil, Lebon 903 ;
2 oct. 1964, Durand, CJEG, 1965. J. 253, note L.R. ; 30 janv. 1970, Société Bateaux de la Côte
d'Émeraude, JCP 1971. II. 16641, note Dufau ; 8 févr. 1980, Delphin ; 10 oct. 1986, Port autonome de
Marseille, JCP 1987. 11. 20771, note Pacteau. Cette solution ne vaut pas pour le refus de renouvellement
de la permission (CE 24 mai 1968, Ville de Bordeaux, AJDA 1968. 11, p. 348).
799. CE 22 févr. 1961, EDF, CJEG 1961. 1.169, note Dufau ; CE 7 févr. 1973, Sté Antar, Lebon 116 ;
CE 23 févr. 2000, Sté de distribution de chaleur de Saint-Denis, Dr. adm. 2000, no 57 ; CAA Paris,
24 fév. 2004, EPAD, Dr. adm. 2004, no 110. Si les travaux ne sont exécutés qu'en partie dans l'intérêt du
domaine occupé, l'indemnisation n'est possible qu'en ce qui concerne les travaux effectués dans un autre
intérêt (CE 23 avr. 1974, SNCF, Lebon 261).
8. L. Levoyer, « L'imparfaite connaissance du patrimoine immobilier de l'État », RDI 2009. 531.
80. J.-B. Auby, « La faible densité de la notion de travail public », Dr. adm., mai 2009, p. 11.
800. Il n'y a pas à tenir compte comme le faisait antérieurement la jurisprudence, du fait qu'il y a ou non
une construction d'un ouvrage nouveau (CE 6 déc. 1985 EDF-GDF, Lebon 361, LPA 10 oct. 1986 note
Moderne, CJEG 1986. 385 note Bileau).
801. CE 13 juill. 1962, Gaz de France, RD publ. 1963. 107 ; 30 janv. 1970, EDF, Lebon 72, JCP
1971. II. 16641, note Dufau ; 23 avr. 1975, SNCF c/ EDF, Lebon 261 ; 8 févr. 1980, Delphin.
802. CE 6 févr. 1981, Ministère de l'Équipement et de l'Aménagement du territoire, Lebon 62,
CJEG, mai 1981, note P.L. ; 9 mars 1983, Gaz de France, JCP 1985. II. 20376, note Boccara, CJEG
1983. 289, concl. Stirn ; 6 déc. 1985, GDF c/ EDF.
803. CE 10 juill. 1922, Gischia, Lebon 630 ; 6 déc. 1946 Ville de Paris, Lebon 293 ; ou encore en cas
de dommage imputable à l'administration (CE 19 juin 1992, Combette).
804. V. par ex. pour les concessions d'établissements de pêche : décret du 21 déc. 1915, art. 13.
805. Ainsi en cas de translation d'un cimetière, les concessionnaires ne peuvent prétendre qu'à un
emplacement dans le nouveau cimetière et au transport des restes et des matériaux des monuments.
806. CE 4 févr. 1927, Cie générale des eaux, Lebon 166 ; 27 juill. 1935, Électricité de Strasbourg,
Lebon 920 ; 9 déc. 1959, Gaz de France, Lebon 1143 ; 5 janv. 1962, Électricité de Strasbourg, RD
publ. 1962. 1166, note Waline ; 10 oct. 1986, Port autonome de Marseille, JCP 1987. II. 20771, note
Pacteau ; 7 nov. 1989, SNCF, Dr. adm. n o 29. V. Fenet, « L'indemnisation du concessionnaire de service
public pour le déplacement de ses ouvrages implantés sur le domaine public », AJDA 1974. 121.
807. CE 7 déc. 1928, Cie des Tramways de Sète, S. 1930. III. 1, note Alibert ; 8 sept. 1944, Société
Lyonnaise des eaux, Lebon 249 ; 10 avr. 1947, CJEG 101 ; 23 juill. 1974, Commune St-Gaudens.
808. Loi d'orientation sur la justice du 9 sept. 2002. Loi d'orientation sur la police et la sécurité
intérieure du 29 août 2002. V., J.-Cl. administratif, fasc. 670, « Partenariats public-privé », par Philippe
Delelis.
809. C. Combe, « Les droits réels sur le domaine public. Ambiguités et limites », Dr. adm. déc. 2001,
p. 4. P. Delvolvé, « Les dispositions relatives aux droits réels sur le domaine des personnes publiques :
l'incohérence », RFDA 2010. 1125. M. Raunet et B. Cheuvreux, « Droits réels et personnes publiques », in
Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011, p. 403.
81. S. Nicinski, « Règles de concurrence et exploitation des ressources essentielles », JCP Adm. 2007.
2287. Par exemple, à propos de l'héliport de Narbonne : Paris, 9 sept. 1997 – Com. 25 janv. 2000
810. V., Y. Gaudemet, « L'occupant domanial à l'épreuve de la loi », Mélanges Braibant, Dalloz, 1996.
811. Pour la jurisprudence la plus récente, v. CE 27 févr. 1995, Secrétaire d'État à la Mer c/ M. Torre,
Dr. adm. 1995, no 262, RFDA 1996. 1127, concl. G. Bachelier ; CE 21 avr. 1997, Min. budget c/ Sté
Sagifa, Dr. adm. 1997 no 316, note Ch. Lavialle, RFDA 1997. 940, note E. Fatôme et Ph. Terneyre –
7 juin 2010, Montravers, Dr. adm. 2010, comm. 140, note 140.
812. CE 21 avr. 1997, Min. budget c/ Sté Sagifa, préc. ; Avis 19 avr. 2005, EDCE 2006. 197.
813. P. Cuche, « Domanialité publique, service public et partenariats public-privé », Dr. adm. oct. 2003,
p. 5.
814. L'administration doit faire respecter celles des obligations qui intéressent les tiers notamment le
respect des limites de la permission : son refus serait annulé par le juge : CE 29 avr. 1963, Rapin,
Lebon 801.
815. CE 4 mai 1945, Société Énergie électrique du littoral méditerranéen, Lebon 91.
816. CE 1er juill. 1898, Brillouin, Lebon 498.
817. CE 20 mai 1994, Comité d'intérêt local de Champagne.
818. V., CE 5 mai 1944, Cie Maritime de l'Afrique Orientale, RD publ. 1944. 236, note Jèze, concl.
Chenot ; 6 févr. 948, Radio Atlantique, RD publ. 1948. 244, concl. Chenot.
819. C. Lavialle, « L'occupation sans titre du domaine public », AJDA 1981. 563 ; M. Douence,
« L'expulsion de l'occupant sans titre du domaine public », Dr. adm. fév. 2004, p. 8.
82. Droit administratif, 11e éd. p. 475 ; 12e éd., p. 478.
820. CE 9 févr. 1956, Commune de Saint-Pierre, Lebon 94.
821. C'est le cas, par ex. du fonctionnaire disposant dans un immeuble du domaine public, d'une
concession de logement. Lorsque prennent fin ses fonctions, il n'y a plus de titre lui permettant de rester
dans les lieux (CE 7 déc. 1985, Min. de la Culture ; 18 mai 1984, M me Laulaney).
822. CE 19 mars 1945, Société des Sablières de la Seine, Lebon 74 ; 17 juin 1955, Liguori,
Lebon 288 ; 21 oct. 1964, Somaga, AJDA 1967. 281, note P.L.
823. CE 18 avr. 1944, Consorts Haramboure, Lebon 258.
824. CE 22 févr. 1961, Société fabriques françaises Honnorat, Lebon 140. L'intéressé ne peut
invoquer pour se maintenir dans les lieux, le fait qu'il a consenti des sous-locations (CE 30 mars 1984, St-
Marsenco).
825. CE 15 avr. 2011, SNCF, no 308014
826. CE 16 mai 2011, Cne de Moulins, Dr. adm. 2011, comm., note F. Melleray, JCP Adm. 2011.
2224, note P. Yolha.
827. CE 11 mars 1984, M. et M me Arribey.
828. Civ. 21 janv. 1992, Port autonome de la Guadeloupe, Dr. adm. no 144. L'administration ne peut
cependant prévoir un tarif spécial à caractère de pénalité (Nancy 28 nov. 1991. Dr. adm. 1992, no 145).
829. CE 29 avr. 1952, Revel-Chiraux et 10 mars 1955, Ruasse, D. 1954. III. 18, note Duclos ; 12 nov.
1955, Cazauvan, Lebon 557.
83. On a fait observer (Duverger. op. cit. p. 212) que cette idée de destination particulière élargit
sensiblement la conception de Berthélémy par rapport à celle de Ducrocq et elle aboutit au fond à des
résultats analogues à ceux de la théorie de l'affectation.
830. CE 8 avr. 1961, Dame Klein, D. 1961. 587, concl. Henry.
831. Le fait que l'occupant, exploite une officine pharmaceutique, et soit doté de la licence adéquate,
n'empêche pas le juge de la prononcer : CE 2 juin 2006, CCI de Marseille, AJDA 2006. 1559.
832. V. à propos de l'occupation d'une église par des prêtres et des fidèles intégristes. : Paris,
15 juill. 1977, D. 1977. 749, note Géraldy ; Civ., 17 oct. 1978, Bull. civ. 1508. V. aussi Civ. 1re. 7 oct. 1980,
Association des modélistes ferroviaires.
833. Civ. 10 oct. et 20 nov. 1956, AJDA 1957. 41.
834. T. confl. 24 sept. 2001, Sté B.E. Diffusion c/ RATP et Sté Promo Métro, Contrats Marchés
publ. 2001, no 242, note G. Eckert.
835. T. confl. 17 oct. 1988, Commune de Ste Geneviève des Bois, D. 1989. 173, note Prétot ; TGI
Paris 11 janv. 2002 Ville de Paris c/ SARL La Grande Roue de Paris, AJDA 2002. 445, note J. Dufau.
836. CE 23 juin 1986, Muséum d'histoire naturelle, AJDA 1986. 550 ; 26 juin 1987, Lefèvre, Dr. adm.
1987 no 642.
837. CE 25 janv. 1980, p. 617, concl. Rougevin Baville ; 16 mai 2003, SARL Icomatex, Dr. adm. 2003,
no 149, 3 févr. 2010, Commune de Cannes, AJDA 2010. 1591, note Pascal Caille ; le référé est exclu s'il y
a contestation sérieuse (CAA Lyon, 20 oct. 1992, Sté Garage de l'Autoroute, Dr. adm. no 63 – 23 juillet
2010, RATP et SA Promo Metro, Dr. adm. 2010, comm.141, note A. Claeys) ; mais la certitude de
l'appartenance au domaine public n'est pas requise (CE 22 oct. 2010, Pustwo, AJDA 2011. 562, note
P. Caille). La possibilité du recours au référé-liberté parait improbable : CE 6 févr. 2004, Sté Yacht Club
International de Saint-Laurent du Var.
838. TA Montpellier 22 oct. 1986, Maire de Narbonne, JCP 1987. II. 20781. note Rapp. et Terneyre.
Sinon il y aurait voie de fait (T. confl. 24 févr. 1992, Couach).
839. CE 13 févr. 1991 Thomas, Dr. adm. 1991 no 178 ; 8 mars 1991, Union sidérurgique du Nord.
84. Droit constitutionnel, t. 3. p. 349. V. aussi Reglade. La coutume en droit public interne. th.
Bordeaux, 1919. p. 233.
840. T. confl. 4 juill. 1991, Association Maison des jeunes et de la culture Boris Vian.
841. Gaston Jèze pensait même que les règles du droit privé étaient totalement inapplicables :
« Indépendance respective des immeubles riverains et du domaine public », RD publ. 1918. 695.
842. D. Roman, « Le voisinage en droit adminuistratif des biens », Mélanges en l'honneur de
Jacqueline Morand-Deviller, Montchrestien, 2008, p. 47.
843. Sur la réparation des dommages causés aux riverains par les travaux effectués sur les
dépendances domaniales, ou par la présence même de celles-ci, voir la théorie des dommages de travaux
publics, v. ss 534 s.– Et, par exemple : Christian Lavialle, « Les dommages causés aux riverains du
domaine public routier », RFDA 2011. 301.
844. P. Subra de Bieusses, « Le statut des aisances et des servitudes », AJDA 1992. 391. J.-Cl. adm.
Fasc. 410.2 ; Georges Liet-Veaux, « À propos de l'accès aux voies publiques : règles d'urbanisme et droit
de propriété », Dr. adm. nov. 2002, p. 9.
845. Certains auteurs font rentrer également dans les aisances de voirie le droit de préemption des
riverains (v. ss 197), le droit de bâtir ou réparer à l'alignement ou celui de prendre possession des eaux
pluviales venant de la voie publique. On notera que le riverain n'a pas le droit d'obtenir par voie
préférentielle une permission de voirie (CE 20 oct. 1961, Hamon, AJDA 1962. II. 178, note J.D.).
846. V., concl. Rivet, CE 11 déc. 1931, Ligue pour la défense du commerce parisien, D. 1933.
III. 57.
847. Le droit d'accès constitue une liberté fondamentale au sens des règles qui régissent le référé-
liberté et cette procédure peut donc être mobilisée pour sa protection : CE 14 mars 2011, Cne de Galluis,
Rec. p. 940, AJDA 2011-1562, note O. Févrot.
848. V., concl. Rivet, CE 18 mai 1928, Laurens D. 1928. III. 67.
849. CE 9 mai 1902, Descat, Lebon 359.
85. « Étude sur la théorie générale du domaine public », RD publ. 1902. 401 et 1903.31.
850. CE 3 déc. 1959, Commune de Bezons, RPDA 1955, no 52.
851. CE 22 avr. 1960, Berthier, RD publ. 1960. 1223 ; CE 21 mars 1984, Commune de La Barben.
852. CE 3 juin 1910, Pourreyron, Lebon 442.
853. N'est pas riverain de la voie publique le riverain d'un talus remblai non affecté à la circulation ;
CE 18 mars 1928, Wenger et Remy, Lebon 378.
854. CE 2 mars 1966, Société Lyon Marée, Lebon 155.
855. Civ. 19 oct. 1887, D. 1888. I. 458.
856. Cass., 17 mars 1891. D. 1892. I. 125.
857. Civ. 19 oct. 1887, D. 1895. 1. 458.
858. Civ. 15 juin 1895, D. 1895. 1. 506 ; 1er avr. 1902, S. 1902.1.505 ; Colmar, 5 janv. 1961, Gaz. Pal.
1961. 1.273.
859. Crim. 14 déc. 1908, S. 1909.1.421 ; 4 févr. 1910, S. 1911.1.289.
86. Précis, 4e éd., p. 539.
860. Toulouse, 26 nov. 1908, S. 1911. II. 209, note Mestre ; Req., 1er mai 1912, S. 1913.1.31.
861. Civ. 16 mai 1877, D. 1877. 1.431 ; 25 févr. 1880, D. 1880. 1.255.
862. Par ex. CE 4 déc. 1974, Barruis, Lebon 607.
863. CE 7 nov. 1934, Paillas, Lebon 1016. V., J.-M. Auby, « La réglementation administrative du
stationnement des véhicules automobiles sur la voie publique », D. 1962. Chron. 82.
864. Par ex. CE 22 févr. 1961, Lagoutte et Ruin, Lebon 135. Sur le cas où le maire réserve
temporairement une rue aux piétons, CE 8 déc. 1972, Ville de Dieppe, Lebon 794, Gaz. Pal. 25 janv.
1974, note Moderne.
865. CE 26 févr. 1969, Fédération nationale des clubs automobiles, Lebon 121 ; TA Versailles,
20 oct. 1998, Marescaux, Dr. adm. 1999, no 69.
866. CE 20 avr. 1888, Folichon, D. 1889. 111.78.
867. CE 28 avr. 1961, Leron, Lebon 271 ; 29 mai 1963, Dame Denante, p. 3330, AJDA 1963. 487,
note Dufau.
868. CE 29 avr. 1963, Dame Rapin, p. 895.
869. CE 24 avr. 1953, Gastambide, Lebon 191.
87. Traité, 12e éd., p. 789.
870. CE 22 janv. 1964, Bousin, CJEG 1965. J. 42.
871. L'indemnité est accordée par exemple en cas d'atteinte au droit d'accès résultant de l'installation
d'ouvrages (CE 22 févr. 1957, Coutant, Lebon 125) ou de travaux, au moins si ces travaux présentent un
caractère exceptionnel par leur durée ou leur importance (CE 22 mars 1960, Établissement Deverrière,
RD publ. 1960. 1246). Il n'y a pas d'indemnisation en cas de simple gêne dans l'accès (CE 2 févr. 1921,
Boulay, Lebon 123 ; 6 oct. 1972, Établ. Vescio ; 3 avr. 1981, Senequier.) V. aussi 11 févr. 1981, Ville de
St-Étienne. Si l'accès étant maintenu, l'aménagement nouveau entraîne un allongement du trajet,
l'indemnisation est possible (V., Auffret et Caillosse, « La responsabilité administrative du fait des
dommages commerciaux résultant de l'aménagement du réseau routier », AJPI 1977. 8).L'atteinte au droit
de vue était considérée en général comme un dommage normal n'entraînant pas droit à indemnité
(CE 5 févr. 1958, Ville de Marseille, Lebon 72). La jurisprudence semble avoir renoncé à cette limitation
(CE 2 juin 1967, Min. Équipement, AJDA 1968. l. 185, note P.L.).
872. CE 20 oct. 1971, Dame Francoul.
873. La situation est la même si la voie reçoit un nouveau statut qui supprime les aisances de voirie, par
ex. si elle devient autoroute (V., CE 30 juin 1976, Société Martinet Frère, Lebon 345).
874. CE 8 déc. 1916, Dasse, Lebon 283 ; 23 juin 1971, Établissement Marboise, Lebon 957.
875. Civ. 4 août 1880, D. 1880. 1.447.
876. Req. 7 mai 1894, S. 1895.1.140 ; CE 3 mai 1911, Brucker, D. 1913. III. 88.
877. Cass., 15 juin 1879, D. 1879. I. 342.
878. CE 4 déc. 1891, Ville de Chaumont, S. 1893. III. 119 ; Req. 7 mai 1894, S. 1895.1.140 ; 23 juin
1971, Ets Marboise, Lebon 957.
879. CE 6 oct. 1962, Époux Vescio.
88. Définition du domaine public, RD publ. 1931. 762. V. aussi RD publ. 1910. 695 ; 1911. 307 ; 1921.
361 et Principes généraux, 2e éd. 1. 245.
880. CE 20 oct. 1961, Dame Francoul.
881. Les propriétaires doivent être mis en demeure d'acquérir : un propriétaire omis peut faire
prononcer la nullité de la vente consentie à son voisin : Civ. 3e, 5 mai 2004, M. Bertinaria, Dr. adm. 2004,
no 112.
882. CE 4 déc. 1921, Préfet des Côtes-du-Nord, Lebon 1055.
883. CE 21 déc. 1932, Ministre des Travaux publics, Lebon 1116 ; 14 mai 1962, Consorts Duboul,
Lebon 321.
884. CE 26 oct. 1979, Delbos.
885. Sur l'absence de droit à être protégé contre la progression des eaux, v. ss 88.
886. CE 5 févr. 1971, Ganache, Lebon 108.
887. Il faut ajouter à ces charges celles résultant de la délimitation du domaine public, déjà étudiée
(v. ss 104 s.).
888. V., concl. Levasseur de Precourt s. CE 22 mai 1885, Ministre des Finances, Lebon 559.
889. V., Paris, 13 mai 1933, D. 1934. II. 101, note Waline ; inapplication aux fonds voisins du domaine
public des servitudes de vue de l'article 678 du Code civil.
89. Les mutations domaniales. th. Paris., 1925, p. 45.
890. Waline, note précitée. Concl. Kahn, s. CE 28 juin 1963, Mousset, A.J. 1963. 688.
891. Paris, 11 nov. 1897, D. 1900. I. 593, note Deloynes, S. 1900. 11. 105, note Wahl ; Req. 14 févr.
1900, D. 1900. 1. 593. V. égal. CE 13 juill. 1965, Gue, CJEG, 1966. J. 42.
892. V. pour une étude d'ensemble. J.-Cl. adm. Fasc. 392.
893. Civ. 8 mai 1976, Baraduc, S.1876. I. 339.
894. CE, sect., 14 mars 1986, Cne de Gap-Romette, AJDA 19860. 31, concl. P.A. Jeanneney, JCP
1987. I. 29759, note J.F. Davignon.
895. J. Singer, « Les plantations sur le sol des voies publiques », Rev. adm. 1985. 280.
896. Les propriétaires conservent la propriété du sol, le droit d'accès et le droit aux fruits et produits
(herbes). V. sur l'application de la servitude : CE 29 juin 1989, Susset, Dr. adm. no 477.
897. Il n'y a lieu à indemnité que lorsqu'un cours d'eau est rendu navigable par des travaux publics ou
lorsque la servitude de halage est reportée d'une rive à une autre où elle n'existait pas (C. dom. publ. fluv.,
art. 20). On admet en outre qu'il y a lieu à expropriation si l'établissement de la servitude suppose la
démolition des constructions.
898. CE 13 mai 1943, Ministre des Travaux publics, Lebon 523.
899. CE 13 févr. 2002, Voies navigables de France, Dr. adm. avr. 2002, Actu. no 15.
9. Les Échos, 22 sept. 2015, p. 6 .
90. Traité, 7e éd., p. 87.
900. Une contribution aux frais de curage peut être demandée aux communes, usiniers,
concessionnaires de prise d'eau ou propriétaires qui auraient rendu ces frais plus considérables par un
usage exceptionnel du cours d'eau (C. dom. publ. fluv., art. 14).
901. V. Genevois, « La servitude de passage des piétons sur le littoral », AJDA 1978. 628 ; Huon de
Kermadec, JCP 1979. 1.2957 ; Charles, RFDA 1985. 913. J.B. Auby, H. Perinet Marquet et R. Noguellou,
Droit de l'urbanisme et de la construction, Montchrestien, 2015, no 339. Sur le contrôle par les juges de
la modification du tracé de la servitude. V., CE 7 mai 1986, Min. de l'Urbanisme c/ Noël ; 18 déc. 1987,
Loyer. Sur l'indemnisation, v. TA Rennes 28 nov. 1984, RFDA 1985. 913, note H. Charles ; 31 mars 1989.
Époux Guyon, Dr. adm. n o 273. CE 30 sept. 2011, Lenoël, RDI, 2012-351, note N. Foulquier.
902. CE 28 déc. 2012, Association U Levante, no 349059.
903. V. Gay, Servitudes et obligations imposées aux fonds riverains des chemins de fer, Revue
d'économie et de droit immobilier, 1964.585.
904. V., TA Lyon, 15 oct. 1985. Comm. Républ. de l'Ain, AJDA 1984. 168. note Richer.
905. C. Lavialle, « L'imprescriptibilité du domaine public », RFDA 1985. 27 ; H. Simonian Gineste,
« L'avenir du principe de l'inaliénabilité du domaine public », RDI 1989. 169 ; P. Kintz, « Le domaine public
est inaliénable et imprescriptible », Droit et ville, no 61, 2006, p. 217 ; Aurélien Camus, Le domaine public
et le temps, Gaz. Pal. 21 mai 2011, p. 9 ; D. Costa, « L'inaliénabilité et l'imprecriptibilité du domaine
public », in Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011, p. 87.
906. Par ex. Paris, 3 janv. 1846, S. 1847.11.77 ; CE 7 déc. 1854, De Matha, Lebon 951 ; 18 juill. 1866,
Dora, Lebon 854.
907. V. pour les chemins vicinaux : L. 21 mai 1836, art. 10 ; pour les chemins ruraux reconnus :
L. 20 avr. 1881, art. 6 ; pour les objets mobiliers classés de l'État : L. 30 mars 1887.
908. V., CE 17 févr. 1952, Commune de Barran, Lebon 189, D. 1955. III. 49, note Capitant. À propos
de la vente à un antiquaire de stalles d'une église, le Conseil d'État se borne à relever que l'affectation des
stalles n'a pu être modifiée. Le Commissaire du Gouvernement Rouchon Mazerat n'avait pas pris parti sur
la question de la propriété.
909. Capitant, note précitée.
91. Concl. CE 28 juin 1935, Marecar, RD publ. 1935. 590.
910. V., Waline, note D. 1934. II. 101 ; Duverger, op. cit., p. 327.
911. V. par ex. TGI Rouen, 13 nov. 1961. Gaz. Pal. 1962. 1.99 ; Civ. 2e, avr. 1962, AJDA 1963. 486,
note Dufau.
912. Le juge administratif serait également compétent pour connaître du recours en annulation contre
les actes détachables de l'aliénation : CE 22 avr. 1904, Veuve Natan, Lebon 333 ; CE 11 oct. 1995 Tête,
Dr. adm. 1995, no 676.
913. CE 13 oct. 1967, Cazeaux, Dr. adm. 1967, no 354 ; Civ. 3e, 3 mai 1988, Cts Renault et EDF,
JCP 1988. II. 21203, note F. Hervouet ; TA Besançon 21 mars 1996, Di Filippo c/ Préfet du Jura, Dr.
adm. 1996, no 258.
914. CE 9 mai 1958, Delort, AJDA 1958. II. 331, concl. Long ; 26 janv. 1985, Ville de Grasse, JCP
1985. II. 20515, note Chenevoy.
915. Par ex. Paris, 12 juill. 1879, D. 1880. 11.97 ; Dijon, 5 mars 1886, S. 1890. 11. 74 ; Req. 17 juin
1896, S. 1896. 1. 108. ; CAA Paris, 4 févr. 2006, Mercier, Dr. adm. 2006, no 116 : des fragments de la
colonne Vendôme ayant échoué dans des mains privées n'ont pas quitté le domaine public pour
autant.CE 9 nov. 2011, Min.Défense : récupération d'archives du Premier Empire.
916. Lyon, 5 mars 1905, D. 1905. II. 455 ; Req. 21 juin 1909, S. 1915. V. 54.
917. P. Sablière, « Les servitudes sur le domaine public », CJEG 1991. 149 – P. Yolka, « Les servitudes
sur le domaine public », JCP Adm. 12 avr. 2010, act.279.
918. V. sur le principe, T. confl. 28 avril 1980, SCIF Résidence de Perriers, p. 506.
919. CE 9 nov. 1917, Bruneau, Lebon 730.
92. Note sous CE 7 déc. 1928, Tramways de Sète, S. 1930. 111. 1.
920. Paris, 13 mai 1933, D. 1934. II. 101, note Waline.
921. CE 8 mars 1960, Sille, Lebon 196.
922. Civ. 13 juill. 1854, S. 1856. I. 431.
923. CE 10 déc., 1954, Commune de Champigny, Lebon 657.
924. T. confl. 9 mars 1914, Marnez, Lebon 573 ; CE 3 nov. 1933, Porte, S. 1934. III. 41, note P. L.
925. T. confl. 9 mai 1914, Marnez, Lebon 573.
926. CE 11 mai 1959, Dauphin, D. 1959. 317, concl. Mayras, AJDA 1959. II. 228, note Dufau ;
22 avril 1960, Berthier, RD publ. 1960. 1223, concl. Henry ; 13 juill. 1965, Gue, Lebon 445 ; Civ. 19 mai
1926, S. 1926.1.130 ; 27 juin 1959, Bull. crim. no 154 ; T. confl. 28 avr. 1980, Préfet de Seine Saint-
Denis, AJDA 1980. 607. V. aussi Travaux de la Commission de révision du Code civil, 1946-1947, p. 930.
927. CE 3 nov. 1933, Ministre des Travaux publics, D. 1934. III. 41, note P. L. et les arrêts Dauphin
et Berthier, préc. ; CE 13 juill. 1965, Gue, Lebon 445 ; AJDA 1968, note J.D.
928. V., J.-Cl. Adm., Fasc. 390 ; Subra de Bieusses, Les servitudes administratives, 1976, p. 120.
929. CE 27 déc. 1911, Boucheron, Lebon 1247.
93. Les traits principaux du régime des biens du domaine public, 1938, p. 99 s. ; v. également
Maroger, L'affectation à l'usage public des biens des patrimoines administratifs, 1942, p. 415. V. aussi
Klein, La police du domaine public, th. Strasbourg, 1966, p. 7 s.
930. V. à propos des servitudes d'urbanisme, CE 30 mars 1973, Schwetzoff, Lebon 644, AJDA 1973.
366, note Dufau, Rev. adm. 1973. 511, concl. Guillaume, JCP 1973. II. 17528, note Brechon Moulenes.
Cependant la portée de cet arrêt a été discutée. V. aussi Rezenthal et Caubert, « De l'application des
documents d'urbanisme sur le domaine public naturel », D. 1982. Chron. 99.
931. V., Melle Bergouniou, Les investissements sur le domaine public, th. Toulouse, 1978, p. 296.
932. Req. 10 avr. 1967, D. 1967. 397.
933. Par ex. Civ. 11 mai 1909, S. 1910. 1. 151 ; 11 janv. 1916, D. 1916. I. 178 ; CE 2 juill. 1930.
Kersahol, Lebon 630. V. aussi 3 déc. 1993, Ville de Paris, AJDA 1993. 893, chron. Maugué et Touvet –
3 déc. 1993, Commune de Villeneuve sur Lot, Dr. adm. 1994, comm.38– 19 déc. 2007, Commune de
Mercy-le-Bas, Dr. adm. 2008, comm. 37, note N. Foulquier.
934. CE 6 juill. 1973, Michelin et Veyret, Lebon 481. D. 1974. 370, note Homont ; 13 janv. 1984,
Commune de Thiais, p. 6, D. 1984. 605, note Bon.
935. Civ. 1re, avr. 1890, D. 1891. 1.921 ; 22 oct. 1900, S. 1904.1.167 ; Cass. 15 févr. 1926,
S. 1926.1.62.
936. Civ. 1re, 6 avr. 1960, D. 1960. 457 ; 9 oct. 1974 ; JCP 1976. IV. 575. L'action en réintégrande ne
doit toutefois pas conduire à la destruction d'ouvrages publics : Civ. 3e, 6 déc. 1995, Lambert, RDI 1996.
359, note J.-B. Auby et Ch. Maugüé.
937. B. Plessix, « La prescription extinctive en droit administratif », RFDA 2006-375.
938. La Cour Européenne des Droits de l'Homme semble déduire de la convention européenne des
conséquences qui pourraient induire dans notre droit des limites au principe d'imprescriptibilité : CEDH
30 nov. 2004, Öneryildiz c/ Turquie, JCP Adm. 2005.1, note Ph.Yolka – 22 juill. 2008, Köktepe c/ Turquie,
RDI 2008. 505, note N. Foulquier
939. V. par ex. CE 13 févr. 1953, Susini, AJDA 1953. 11, p. 402. L'eau d'un lavoir public fait partie du
domaine public. Cependant, lorsque, sortant du lavoir elle cesse d'être affectée à l'usage public, elle peut
être aliénée
94. C. Lavialle, « Remarques sur la définition législative du domaine public », RFDA, mai-juin 2008,
p. 491.
940. Il en allait d'autant plus ainsi lorsque la jurisprudence admettait que la décision d'aliéner valait
implicitement désaffectation (CE 5 mai 1922, Agier, Lebon 320). Actuellement, la jurisprudence exige une
dés affectation expresse (CE 9 mai 1958, Delort, AJDA 1958. 11.331, concl. Long).
941. V. par ex. Civ. 3e, févr. 1942, S. 1942.1.54 ; CE 10 juill. 1970, Société du domaine du Suroit,
Lebon 480 ; J.-L. Mestre, Introduction historique au droit administratif, 1985, no 88.
942. V., CE 24 juill. 1925, Commune de Ville Auzon, Lebon 732 ; 9 mars 1984, Ministère du Budget
et Cie des Salins du Midi.
943. V. « Anthropologie : quel avenir pour les restes humains ? », Le Monde, 14 oct. 2015, p. 4.
944. Par ex., CE 10 déc. 1954, Commune de Champigny-sur-Yonne, Lebon 658 ; T. confl. 28 avr.
1980, SCIF Résidence Bobigny-Perriers, Lebon 506. De ce fait une action possessoire destinée à
protéger la servitude est exclue (Civ. 1re, 6 mars 1968, D. 1968. Somm. 93).
945. CE 11 mai 1959, Dauphin, Lebon 294 ; 29 nov. 1967, DGIE, Lebon 453, AJDA 1968. 470, note
J.D.
946. V., P. Sablière, « Les servitudes sur le domaine public », CJEG 1991. 149.
947. J.-L. Tixier, « Les servitudes de l'article L. 2122-4 du Code général de la propriété des personnes
publiques : quel emprunt au droit privé ? », in Mélanges Fatôme, Dalloz, 2011, p. 443.
948. V. une critique de la théorie de la police de la conservation dans Klein, La police du domaine
public, th. Strasbourg, 1966.
949. J. Laferrière, Le droit de propriété et le pouvoir de police, th. Paris, 1908, p. 57.
95. Par ex. Lyon. 19 juill. 1894, S. 1895. 11. 185, note Saleilles (miniature d'une bibliothèque) ; Paris,
13 mai 1933, D. 1934. 11.101 (églises) ; CE 14 déc. 1910, commune de la Brosse-Monceaux, Lebon 944
(terrains affectés à la circulation du public) ; CE 28 juin 1935, Marecar, Lebon 734 (cimetière) ; Conseil
Préf. Lille, 13 juill. 1950, Leray, D. 1950. 588, note Waline (marché couvert).
950. Par ex. certains pouvoirs de police de conservation appartenaient aux préfets sur les chemins
ruraux (L. 29 avr. 1881) ou vicinaux (L. 21 mai 1856, art. 21), propriétés communales.
951. Sur la répartition des rôles entre autorité domaniale et autorité détenant la police de la circulation,
lorsqu'elles sont distinctes : CE, avis, 3 nov. 2006, Cne du Mont-Dore, Dr. adm. 2007, no 24 : à propos de
la mise en place de dispositifs de ralentissement.
952. CE 9 janv. 1955, Voortsmann, Lebon 22.
953. CE 6 févr. 1914, Dame Barbarin, Lebon 157 ; 19 avr. 1907, Dame de Suremain, Lebon 345.
954. CE 4 avril 1916, Abbé Prudhommeaux, S. 1925. III. 5.
955. Par ex. illégalité d'un règlement interdisant la circulation automobile sur certaines en vue d'éviter
les frais de réparation ou d'entretien (CE 27 juill. 1927, Société des ateliers Turcat-Méry, Lebon 969 ;
12 nov. 1927, De Bellescize, D. 1928. III. 48.
956. Par ex. validité de l'interdiction de la circulation sur certaines voies de poids lourds.en vue d'éviter
des dégradations susceptibles de provoquer des accidents : CE 29 juill. 1931, Syndicat général des
transports automobiles, Lebon 791 ; 6 janv. 1933 : Ratto, Lebon 13. V. aussi CE 29 janv. 1926,
Platrières de Bagnolet, Lebon 97 ; 3 févr. 1926, Exploitations re ! de Paimpont, Lebon 114 ; Crim.
9 mars 1929, D. 1930. I. 27 ; 30 mai 1962. Denegri. AJDA 1963. 488 ; 1er mars 1957, Fédération des
associations de pèche et pisciculture de la Charente. Lebon 140.
957. J.M. Perret, Les contraventions de grande voirie, PUF, coll. Que sais-je ?, 1994 ; J.-Cl. adm.,
fasc. 1170 ; Mathieu Disant, « La codification des contraventions de grande voirie dans le Code général de
la propriété des personnes publiques », in Réflexions sur le Code général de la propriété des personnes
publiques (dir. Stéphane Guérard), op. cit., p. 97.
958. Cons. const. 23 sept. 1987, RFDA 1988. 273 s., note Genevois.
959. CE 23 févr. 1979, Association des amis du chemin de ronde, Lebon 75, concl. Bacquet, AJDA
1979. 23, chron. Dutheilet de Lamothe et Robineau. Égal. : CE 6 févr. 1981, Comité de défense des sites
de la forêt de Fouesnant, p. 746. JCP 1981. II. 19698 note Davignon.
96. Civ. 7 nov. 1952.1.173, note Tixier.
960. CE 30 sept. 2005, Cacheux, AJDA 2005. 2469, concl. P. Collin.
961. La jurisprudence applique par exemple ce texte aux dégradations infligées au pare-brise d'un
autobus (Paris, 23 oct. 1989, Juris-Data no 26498), ou aux banquettes des rames de la RATP (Paris,
14 déc. 1989, Juris-Data n o 002768)
962. Sur les déjections canines : P. Cassia, « Le chien dans l'espace public municipal », LPA, 2003,
no 160 et 161.
963. Crim. 20 juill. 1960, JCP 1960. IV. 143 ; 5 oct. 1961. D. 1962. Somm. 23.
964. Sauf s'il s'agit d'ordonner la destruction d'un ouvrage public, auquel cas la compétence revient au
juge administratif : TC, 17 févr. 2012, Cne de Le Revest-les-Eaux, Dr. adm. 2012, comm. 29, note
F. Blanc.
965. V., T. confl. 4 juill. 1977, Époux Baume, Lebon 738 ; 19 avr. 1982, Ville de la Roche-s-Yon ;
CE 29 mai 1979, Époux Blin Dyeul, Lebon 664 ; Crim. 18 oct. 1983, D. 1984. IR 41. ; Jean-Marie Auby,
L'action domaniale, AJDA 1983. 503.
966. CE 21 nov. 2011, Cne de Ploneour-Lanvern, Rec. p. 578, AJDA 2012-551, note N. Ach, RDI,
2012-349, chron. N.Foulquier.
967. M. Le Roux, « De Colbert à Nelly Olin : la contravention de grande voirie promue instrument de
sauvegarde des espaces naturels », in Études offertes au professeur René Hostiou, Litec, 2008, p. 339.
968. CE 2 juin 2010, Min. Écologie, Rec. p. 179.
969. En ce qui concerne la navigation sur le Rhin, la compétence appartient aux juridictions spéciales
Internationales compétentes à propos de ce fleuve (CE 16 déc. 1983, Ministère des Transports).
97. CE 30 oct. 1953. SNCF, Lebon 463 ; 19 oct. 1956, Société Le Béton, Lebon 373 ; 21 déc. 1956,
SNCF, AJDA 1957. 55, concl. Heumann.
970. CE 9 nov. 2011, M et M me Victor Duval, Rec. p. 925, RDI, 2012-99, note N. Foulquier :
enrochement sur le domaine public maritime.
971. T. confl. 17 oct. 1988, Commune de Ste-Geneviève des Bois, D. 1989. 173, note Prétot ; TA
Nice 11 avr. 1995 Préfet Var, Dr. adm. 1997, no 202, note Ch. Lancelle.
972. CE 30 sept. 2005, M.X., Dr. adm. 2005, no 156.
973. CE 30 déc. 1996 Goudeau, RDI 1997. 221.
974. En raison du principe d'application de la loi pénale la plus douce, le juge administratif, saisi, avant
l'entrée en vigueur de la loi de 1996, d'une infraction au réseaux de télécommunications constitutif d'une
contravention de grande voirie, ne peut plus, après l'entrée en vigueur de cette loi, condamner à une
amende. Il peut simplement accorder des dommages et intérêts pour réparer les dommages causés au
domaine public (CE, avis, 23 avr. 1997, Préfet Manche, Dr. adm. 1997, no 201, note Ch. Lavialle).
975. L. Moreau, « Contraventions de grande voirie et procédure équitable », in Mélanges Colson,
PUG, 2004, p. 559.
976. CE 1er juill. 1964, Verdier, Lebon 371.
977. Par ex. une commune : CE 2 nov. 1956, Commune de Poizat, Lebon 413 – 23 déc. 2010, Min.de
l'écologie c. Cne de Fréjus, Dr. adm. 2011, comm. 34, note Fabrice Melleray, AJDA 2011. 730, note J. Le
Gars.
978. En cas de dommage causé par un service de l'État au domaine d'une autre personne publique,
l'État peut être condamné par le juge administratif à une indemnité (CE 16 juill. 1950, Ville de Belfort,
Lebon 378) mais il ne s'agit pas d'une responsabilité pénale.
979. CE 12 juin 1965, Chotard-Chavanon, RD publ. 1965. 488, note Waline, D. 1966. 212, note
Blaevoet ; 24 oct. 1984, Ministère des Postes c/ Ancelin ; 15 mai 1987, Raymond Delval, Dr. adm.
n o 414.
98. T. confl. 10 juill. 1955, Société des Steeple Chase de France, D. 1956. 684.
980. CE 5 juill. 2000, Min. Équipement, des Transports et du Logement c./ M. Chevallier, AJDA
2000. 857 ; Dr. adm. 2000, no 209.
981. A. Kouévi, « L'obligation de poursuite en matière de contravention de grande voirie », AJDA 2000.
393.
982. CE 23 févr. 1979, Ministère de l'Équipement c ! association des amis du chemin de ronde,
Lebon 75, RD publ. 1979. 1157, note Waline, D. 1979. 405, note Lombard.
983. CE 27 mai 1977, Sté Victor Delforge, Lebon 252 (impossibilité de circuler sur un canal obstrué
par des bateaux du fait d'une grève des mariniers).
984. À propos du délai de notification du procès-verbal : CAA Marseille, 2 oct. 2012, Sté Total
raffinage marketing, AJDA 2012-2383, concl. S. Deliancourt.
985. CE 4 juill. 1986, Rotela, CE 20 mars 1991, Sté Sablières du pont de l'Allier, p. 92.
986. Ph. Yolka, « Un archaïsme : le monopole préfectoral pour poursuivre les contraventions de grande
voirie », JCP A 2009, comm. 2152.
987. Pour le domaine fluvial les poursuites sont exercés par l'établissement public Voies Navigables de
France.
988. Mais la prescription s'applique si les poursuites ont été engagées et aucun acte de procédure n'a
été fait pendant un an : TA Nancy, 29 nov. 2011, Voies navigables de France, AJDA 2012-565.
989. CE 22 déc. 1965, Commune de Thyl, AJDA 1966. 1. 231, note Laporte.
99. Pour un exemple récent, CE 25 janv. 2006, Cne de la Souche, Dr. adm. 2006, no 42, qui a
considéré un gîte rural communal comme appartenant au domaine public.
990. CE 19 nov. 1954, Société d'armement Gautier, Lebon 610 ; 8 juin 1966, Worms, JCP 1967.
II. 1498, concl. Galmot.
991. CE 5 avr. 1957, Ministre des Travaux publics, Lebon 247.
992. CE 19 juin 1974, Havan, Lebon 352.
993. CE 27 mai 1959, Secrétaire d'État aux Travaux publics, Lebon 359.
994. CE 9 oct. 1981, Nerguissan.
995. CE 19 juin 1974, Havan ; 15 juill. 1959, Ministre des Travaux publics, Lebon 414 ; 27 nov. 1985,
Sec. d'État auprès du Min. des Transports, RFDA 1986. 198, note Pacteau.
996. CE 8 mars 1965, Ministre des Postes et Télécommunications, Lebon 158 ; 25 juin 1982, Min.
des P. et T. c/ Sté-Sade ; CAA Lyon, 19 juin 1991, Sté Colas Sud Ouest, Dr. adm. n o 228.
997. CE 25 juin 1986, Min. chargé des P. et T., RDI 1986. 446.
998. CE 28 févr. 1997, France Télécom, RDI 1997. 221, obs. J.-B. Auby et Ch. Maugüé.
999. CE 4 nov. 1955, EDF, Lebon 254.

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