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CHAPITRE INTRODUCTIF
Section 1 : Objet du droit administratif
§1. Définition
Le droit administratif est la branche du droit public interne qui comprend les
règles juridiques spéciales relatives à :
a) l’organisation de l’administration ;
b) l’activité des autorités chargées de pouvoir à la satisfaction des
intérêts publics ;
c) la manière de mettre fin aux litiges suscités par cette activité 1.
§2. Développement de la définition
A. Le droit administratif est une branche du droit
public interne
Comme l’un de deux succès de l’Ecole du droit naturel 2 qui fait reconnaître que
le Droit devait s’étendre à la sphère des relations entre gouvernants et
gouvernés, entre l’administration et les particuliers, le droit public représente
l’ensemble des règles juridiques qui déterminent les droit et les devoirs de
l’Etat et des organismes subordonnés à celui-ci envisagé comme corps politique
et souverain et ceux de ses membres considérés soit comme sujets, soit
comme bénéficiaires de l’activité publique3.
Le droit public est naturellement opposé au droit privé, mais la distinction n’est
ni la conséquence d’un principe juridique fondamental préalablement établi, ni
le fruit d’une réflexion juridique ordonnée. Elle est le résultat contingent d’une
série de faits dont la réunion a donné consistance à une classification devenue
désormais traditionnelle4.
Au demeurant, la distinction est faite de plusieurs éléments qui se superposent
sans toujours se recouvrir. Ces éléments sont notamment d’ordre matériel,
formel et fonctionnel.
1
L. Moreau, notes de cours de droit administratif, Liège, Dever, 1944, cité par Jaques Dembour, dans Droit
administratif, 3è édition, Liège, 1978.
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a) Sur le plan matériel, la distinction du droit public et du droit privé
repose sur une idée simple : le droit public étant le droit applicable à l’Etat et
aux personnes administratives, le critère de distinction sera l’intervention de
l’Etat dans les rapports juridiques. Dès que cette intervention sera réalisée, le
droit applicable aura le caractère de droit public5.
b) D’un point de vue formel, on peut distinguer le droit public et le droit
privé par leur technique. Il y a droit public, en ce sens, dès que sont
utilisés des concepts et des techniques étrangers au droit commun des
rapports privés6.
c) Sur le plan des actes, le droit public utilise aussi le contrat, qui est un
accord de volontés égales, mais, il utilise surtout l’acte unilatéral, qui est
une manifestation d’autorité permettant à une volonté de s’imposer à
une autre. Et si même le contrat est utilisé comme technique juridique
de droit public, il se transforme et devient un accord de volontés
illégales, l’une des parties – Etat – ayant une situation privilégiée par
rapport à son cocontractant.
Le terme de « droit semi-public », bien que n’ayant aucune portée précise, est
pourvu de signification. Il met, en effet, en lumière toute la relativité sur la
distinction fondée sur la notion d’Etat-gendarme et dont le fondement
disparaît à mesure que l’Etat se fait industriel et que les particuliers participent
à l’exécution des tâches de l’Etat.
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B. Le droit administratif comprend des règles juridiques
destinées à la satisfaction des intérêts publics
En effet :
Par exemple :
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- Les dispositions légales relatives à la passation des marchés
publics.
Le droit administratif, branche du droit public interne, est distinct des autres
branches de ce droit, et notamment du droit constitutionnel avec lequel il
partage un certain nombre de similitudes d’objet.
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A. Buttgnbach, Manuel de droit administratif, 3è éd., Bruxelles, Larcier, 1966, cité par J. Denbour, op. cit.
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En réalité, la raison d’être de l’administration et du droit spécial qui la régit se
rattache au but propre qui leur est assigné : la réalisation du bien public.9
1° les règles relatives à l’organisation des services publics sont d’une grande
importance en droit administratif. C’est ainsi que ce dernier étudie le cadre
institutionnel dans lequel se déroule l’activité administrative. De même qu’il
existe des instructions politiques (parlement, Gouvernement qui sont étudiées
par le droit constitutionnel), de même il existe des institutions administratives
(services de l’Etat, de provinces ou régions, des villes, des communes, des
territoires, des établissements publics, etc. qui composent l’organisation
administrative).
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deux formes : « les activités de réglementation », « police administrative », et
« les activités de présentation » ou de services publics.
3° Mais le droit administratif proprement dit est constitué par les règles
juridiques qui s’appliquent à la vie interne de l’administration et aux rapports
de l’administration avec les administrés. C’est la fonction normative de
l’administration. Par cette fonction, l’administration établit des décisions
générales et abstraites, entourées de formes de publicité et fixant les
conditions moyennant lesquelles se créent, se transforment ou s’éteignent les
droits et obligations des particuliers.
5° Enfin, toute action implique des mécanismes de contrôle. Ceux-ci ont été
largement développés depuis le XIXè Siècle, qu’il s’agisse des conditions
internes, organisées par l’administration elle-même, ou des contrôles
juridictionnels, œuvres des juridictions dites administratives ainsi que des
contrôles politiques, œuvre des assemblées délibératives de la presse ou des
ombudsmans.
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réparer un dommage. Il se fonde sur des moyens juridiques et exclut, en
principe, tout contrôle de l’opportunité.
Tout exposé scientifique d’une branche du droit suppose que l’on prenne
position sur la définition et sur ses concepts de base qui constituent ce que l’on
appelle la technique juridique12.
La règle de droit est donc définie par son caractère abstrait et impersonnel ;
elle consiste en une prescription de portée générale ; c’est du moins cette
conception qu’on retiendra.
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On appelle situation juridique l’ensemble de droits et obligations dont une
personne peut être titulaire p. ex. Situation d’un propriétaire, d’un enfant
mineur, d’un créancier ou d’un fonctionnaire public, etc.
Par exemple, dans la situation issue d’un contrat, qui est le type le plus
caractéristique de la situation individuelle subjective, le régime des voies de
droit qui sanctionnent l’obligation (action en justice, voies d’exécution) est
déterminé par la loi elle-même par voie générale et impersonnelle ; il est le
même pour tous les créanciers et tous les débiteurs.
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Mais cette fréquence des situations mixtes n’enlève aucunement son intérêt à
la distinction de deux types de situations car, à l’intérieur de la situation mixe,
les caractères et conséquences de chacun de deux types s’appliquent
distinctement.
5. Intérêt de la distinction
Par contre, les situations individuelles ne sont pas touchées par les
modifications des lois ou règlement parce que leur contenu n’a pas été
déterminé par ceux-ci. Elles sont, dit-on parfois, « intangibles ».
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stipulations particulières au moment où une telle situation est
attribuée à un titulaire, etc.
L’acte juridique est une manifestation de volonté ayant pour but et pour effet
d’apporter une modification à l’ordonnancement juridique. Les actes juridiques
peuvent ainsi être classés soit d’après leurs effets, c’est-à-dire le genre de
modification juridique qu’ils entraînent ; c’est la classification matérielle, soit
d’après le mode de manifestation de volonté qu’ils empruntent ; c’est la
classification formelle.
La classification matérielle des actes juridiques est en rapport avec celle des
situations juridiques. On distingue à ce point de vue trois catégories d’actes.
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public sont des actes-conditions, ils déclenchent l’attribution aux
intéressés du statut légal, objectif, de l’homme marié, du
fonctionnaire.
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Enfin, l’acte-condition peut être lui-même un acte unilatéral ou collectif
(autorisation donnée par un agent administratif ou une assemblée) ou une
convention.
On entend par source du droit les procédés par lesquels s’élaborent les règles
de droit. Il existe en effet, pour « fabriquer du droit », divers techniques,
d’ailleurs en nombre limité : l’élaboration spontanée, qui aboutit à la règle
coutumière ; l’élaboration par l’autorité politique, qui aboutit à la règle écrite
dont la loi est le prototype ; enfin l’élaboration par le juge, qui aboutit à la règle
jurisprudentielle13.
I. La Constitution
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Pendant la période coloniale, l’article 7 de la « loi sur le Gouvernement du
Congo-Belge ». Connue aussi sous le nom de « Charte coloniale » disposait que
« la loi intervient souverainement en toute matière »14.
Deux catégories d’organes ont, dans l’Etat, compétence pour poser des règles
générales ; d’une part le législateur, d’autre part certaines autorités relevant du
pouvoir exécutif, à l’échelon national ou local. C’est cette différence d’origine
qui fonde la distinction de la loi et du règlement est l’acte à portée générale
élaborée par une autorité administrative. La distinction tient donc à l’autorité
dont l’acte émane ; elle n’est pas d’ordre matériel, puisque dans les deux cas, il
s’agit d’actes qui ont en principe, la même nature de règle générale.
Les rapports entre loi et règlement varient nécessairement avec les rapports
établis par le régime constitutionnel entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif.
La primauté constitutionnelle du parlement par rapport au Gouvernement a
pour corollaire la subordination rigoureuse de la règle posée par celui-ci à la
règle votée par celui-là.
2. La distinction classique
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possède des attributions propres, demeure à son égard dans une certaine
subordination.
A. Force juridique
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législateur peut nécessairement se saisir de n’importe quelle matière et poser
les règles qu’elle lui parait appelé.
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ces besoins accrus. De plus, la situation économique et politique posait des
problèmes urgents, qui exigeaient des solutions rapides ; or, l’action du
législateur est lente. Enfin, les mesures à prendre imposaient souvent des
sacrifices qui risquaient d’exposer leurs auteurs à l’impopularité ; les
parlementaires étaient peu désireux d’en assumer la responsabilité.
C’est ainsi que, dès lors, on a vu apparaître, à des intervalles qui se font de plus
en plus brefs, une technique nouvelle, celle des lois de pleins pouvoirs, par
lesquelles, le parlement conférait à un mouvement, pendant un laps de temps
donné, le pouvoir de réaliser par voie réglementaire toutes les modifications
aux lois en vigueur que pouvait exiger le rétablissement de la situation. Cette
extension de compétence, outre qu’elle était enfermée dans un délai
relativement bref, était assortie de conditions qui visaient soit le but à
atteindre, soit la procédure à suivre.
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République que le Gouvernement, ce dernier détermine et conduit la politique
de la Nation sous la direction du Premier Ministre, face un à parlement.
Il est à noter que les autres Constitutions qui ont suivi celle du 24 Juin 1967 ont
hérité de cette distinction du domaine de la loi de celui du règlement.
a) La loi
Nous avons noté qu’en vertu des textes antérieurs, la loi pouvait intervenir en
toute matière. Désormais elle est enfermée dans un domaine délimité par
l’article 46 du texte initial, lequel a changé de numérotation en fonction de
plusieurs amendements intervenus jusqu’en 1990. Ce texte énumère
limitativement les matières pour lesquelles le législateur est compétent. Il
distingue, d’une part, celle dont la loi « fixe les règles » (p. ex. les droits
civiques, la nationalité, la détermination des infractions, etc.) et, d’autre part,
celles dont elle ne peut que déterminer les principes fondamentaux (p. ex.
l’organisation de la défense nationale, le régime de propriété, etc.)
b) Le règlement
Quelle est donc l’autorité compétente pour statuer par voie générale dans les
matières ainsi interdites au législateur ?
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déduit donc, a contrario de l’énumération des matières législatives données ; il
n’est limité que par cette énumération. Il en résulte :
c) Sanctions de la délimitation
- Pour le passé, les lois ayant statué sur des matières désormais
règlementaires perdent leur force propre ; elles peuvent être
modifiées par décret pris après arrêt de la cour constitutionnel
(art. 128 alinéa 2, Constitution du 18 Février 2006) ;
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nécessairement à la force législative ; pour qu’une règle ait
l’autorité de la loi, il faut, non seulement qu’elle ait été votée par
ce parlement, mais encore qu’elle statue en matière législative ;
Elle soulève une difficulté. En effet, l’énumération des articles 122 et 123 n’est
pas précise au point de permettre, à coup sûr, de dire qu’une matière relève ou
non du domaine législatif. La difficulté est particulièrement aigue en ce qui
concerne les matières dont la loi fixe seulement les principes fondamentaux.
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écrite : la Constitution. Mais sa décision reste un acte du pouvoir
exécutif, soumis comme tel à la censure du juge, qui peut en
sanctionner l’irrégularité, et qui, par cette voie, pourra l’assujettir
au respect des principes généraux du droit.
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des ministres après avis de Conseil d’Etat17, les ordonnances-lois ne sont que
soumises seulement au mécanisme de délibération en Conseil des ministres
(articles 129 alinéa 2 de la constitution du 18 Février 2006).
b) Effets de l’habilitation
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A l’expiration du délai ouvert par la loi d’habilitation, le gouvernement est
dessaisi : les ordonnances-lois ne peuvent plus être modifiées que par des lois.
A. Définition et fondement
C’est le pouvoir de statuer par voie générale, accordé à des autorités autres
que le parlement, soit nationales, soit locales.
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- Le projet de Constitution pour la 3 ème République (CNS) révservait
ce pouvoir au Premier Ministre (art. 21) ;
B. Titulaires
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Les ordonnances-lois n°82-006 et 82-008 du 25 février 1982 portant
respectivement organisation territoriale, politique et administrative de la
République et statut de la ville de Kinshasa attribuaient ce pouvoir surtout aux
organes délibérants et subsidiairement, en cas d’urgence, notamment pendant
les intercessions, aux Gouverneurs de Régions, aux Commissaires urbains, aux
Commissaires de Zone et aux Chefs de collectivités. Selon la loi n°08/012 du 31
Juillet 2008 portant Principes fondamentaux relatifs à la libre administration
des Provinces, le Gouverneur dispose du pouvoir règlementaire en province
qu’il exerce par voie d’arrêté provincial (article 28) tandis que l’article 29
reconnait ce pouvoir règlementaire du Ministre provincial qui exerce sur base
de l’article 29 de la même loi.
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Cependant, étant donné que le texte de l’O-L n°82-006 du 25 Février 1982
attribue le pouvoir réglementaire aux organes délibérants, leurs décisions
s’appellent « Délibérations ». il en est de même de la loi n°08/016 précitée qui
donne le nom de décision aux actes du conseil Urbain, du Conseil Communal,
du conseil de Chefferie ou de Secteur.
3°Du point de vue du contenu, il faut mettre à part les règlements de police,
qui ont pour objet d’imposer à la liberté des citoyens les limitations exigées par
les nécessités de l’ordre public ; ils bénéficient automatiquement d’une
sanction pénale : la désobéissance à leurs prescriptions constitue une infraction
dont le code pénal prévoit la répression.
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- D’autre part, même si la loi expressément prévu, la
mission d’assurer l’exécution des lois » qui continue
d’incomber au gouvernement l’habilite à prendre
spontanément les dispositions réglementaires que peut
exiger l’application d’une loi, dans ce cas, la conformité à
la loi conditionne la validité du règlement.
A. La coutume
Mais, pour que la coutume occupe une place effective au sein des sources de la
légalité en droit administratif, encore faudrait-il que la collectivité fasse
réellement passer certaines pratiques habitudes de leur rang de simples usages
à celui de coutume.
18
Jacques DAMBOUR, Droit administratif, op. cit., n°24, p.58 et S.
(21)
A. BUTTGEBAUR, Droit administratif, op. cit., n°27, p.24
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- L’usage vaut à tout le moins comme source d’interprétation des
textes légaux ou réglementaires, car il éclaire sur la façon dont ces
textes sont compris par l’administration ;
d)L’autorité de la jurisprudentielle
Du point de vue formel, on a déjà vue qu’aucun texte n’habilite le juge à créer
du droit chaque arrêt ne statue que pour l’espèce dans laquelle il intervient.
1° Que le juge n’est que juridiquement lié par la règle qu’il pose comme il l’est
par la règle écrite. A la différence de ce qui se passe dans les pays où l’autorité
du précédent oblige à ne pas s’écarter de la jurisprudence antérieure, le juge
administratif peut toujours statuer dans un sens différent. Mais en pratique,
lorsqu’il énonce une règle, c’est qu’il la croit bonne, et qu’il entend désormais
s’y tenir : l’esprit de suite qui caractérise les grands corps de l’Etat, le souci de
la sécurité juridique des particuliers, imposent au juge cette fidélité à sa propre
pensée. Sans doute, elle n’exclut pas le revirement de jurisprudence ; il arrive
que le juge décide de changer la règle qu’il appliquait jusque là ; mais la
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possibilité de modifier une règle reconnue à l’autorité dont elle émane, n’altère
en rien le caractère obligatoire de cette règle.
2° Si le juge en théorie, n’est pas lié par sa propre règle d’administration et les
particuliers, eux, sont tenus de s’y conformer ; lorsqu’ils l’enfreignent, le juge
applique à cette violation les mêmes sanctions que celle des règles écrites ;
peut être même se montre-t-il plus rigoureux lorsque la règle méconnue
émane de lui, car c’est alors son autorité qui est en jeu. Il en résulte, chez les
administrés et les administrateurs, le même sentiment d’obligation, à l’égard
de la règle jurisprudentielle, qu’à l’égard écrite, liée à l’identité de la sanction.
Ainsi, la règle jurisprudentielle, au double point de vue objectif (existence
d’une sanction) et subjectif (sentiment d’obligation pesant sur les assujettis)
présente tous les caractères de la règle de droit.
1°Définition
2° Caractères juridiques
b) Cette force ne leur vient pas de leur rattachement à une source écrite. Le
juge les déclare « applicables même en l’absence de texte » leur autorité est
indépendante de tout élément formel ;
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d) S’agit-il de règles jurisprudentielles ? le juge paraît exclure : il présente les
principes comme s’ils existaient en dehors de lui, son rôle étant non de les
créer, mais de les constater. Les principes généraux se rattachent à un
certain fondement éthique. La constatation opérée par le juge est en réalité,
largement créatrice ; en affirmant l’existence d’un principe, le juge attache la
sanction dont il était dépourvu, et l’insère par là dans le droit positif.
Les principes généraux ont valeur constitutionnelle. D’ailleurs, dans notre pays,
la plupart de ces principes sont repris par la constitution, notamment chapitre
réservé aux droits et libertés des citoyens. Il en résulte, dès lors, que ces
principes s’imposent à tous les actes soumis à la censure du juge.
Au surplus, une décision de juge qui ne se situe pas exactement dans la ligne
d’un prince précédemment admis n’implique pas, à coup sûr, la reconnaissance
d’une exception ou d’un fléchissement de la règle, mais oblige souvent de
revoir la formule du principe peut-être trop hâtivement posé.
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CH Perelman, Méthodes du Droit, logique, nouvelle rhétorique, Dalloz, 2 ème édition, 1989.
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PREMIERE PARTIE
ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION
Ecrit avec une minuscule, le mot désigne une activité. On dit le Bourgmestre est
chargé de l’administration de la Commune. Ecrit avec une majuscule, il désigne
l’ensemble du personnel chargé de l’activité administrative. C’est en ce sens
que l’on dira ‘’l’Administration de la santé ne fonctionne pas bien’’. Lorsqu’on
parle de ‘’l’administration’’ tout court, avec une majuscule, on entend désigner
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« l’ensemble d’organes par lesquels sont conduites et exécutées les tâches
publiques »20.
Elle est épisodique, limitée dans le temps. Elle est directe car les décisions du
législateur, abstraites par nature, ne sont pas susceptibles d’une application
immédiate.
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c) La fonction exécutive consiste en l’exécution des lois. C’est une
fonction permanente qui nécessite pour son exercice l’emploi des moyens
conséquents. Et c’est l’Administration qui remplit cette mission. En effet, la
fonction administrative est celle qui touche à la conduite ainsi qu’à l’exécution
des tâches publiques qui sont, de part leur nature, multiples et variées.
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Puisque l’activité administrative relève de la fonction exécutive, il est normal
que l’organisation chargée de cette activité se trouve placées sous la direction
des organes exécutifs de l’Etat.
Pour que l’Administration puisse mener à bien la mission qui lui est confiée, la
Constitution la place sous l’autorité du chef du Gouvernement (art. 91
constitution. Du 18/02/2006).
En effet,
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Les particuliers dirigent leur action en vue de la recherche d’un avantage
matériel ou moral, parfois même désintéressé, mais toujours d’ordre
essentiellement personnel.
L’intérêt général est cependant une notion vague que chacun applique à ses
propres objectifs en fonction de sa conception personnelle du rôle des pouvoirs
publics et de l’avenir de la collectivité nationale.
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peuple est un monde d’abondance, où il y aura augmentation du
bien-être et l’élévation de la culture.
Pour eux l’intérêt général réside dans le maintien de certaines valeurs, telles
que l’unité de la nation, l’ordre, la souveraineté de l’Etat, etc. que menacerait
le triomphe des intérêts particuliers. L’Etat doit être avant tout un arbitre. Il
doit éliminer l’emploi de la violence dans les relations entre individus et entre
groupes ; prévenir et réduire les conflits en amenant les adversaires à
composer et accepter l’arbitrage des pouvoirs publics, évité que les nécessaires
mutations économiques et sociales ne se fassent dans le désordre : maintenir
l’Etat au-dessus de la mêlée afin de lui garder le prestige sans lequel il ne
pourrait exercer sa fonction régulatrice : tels sont les soucis principaux de ces
grands fonctionnaires.
Elles ont un trait commun : l’apolitisme. « Cet apolitisme est moins une
hostilité de principe à l’égard des hommes politiques et des partis, de leurs
passions et de leurs jeux négligeables ».
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CHAPITRE II : PERSONNES PUBLIQUES
On verra :
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Deux problèmes dominent la théorie de la personnalité morale :
A. Théorie de la fiction22
22
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- Qu’une association, un établissement, une fondation, lorsqu’ils ont
fonctionné pendant un certain temps, prennent aux yeux de tous une
personnalité de fait (…) il ne faut pas dire qu’ils sont devenus des êtres
abstraits ou fictifs, car ils sont une réalité concrète, ils ont un local, un mobilier,
un budget, un patrimoine, ils existent dans la pensée de tous ceux qui les
connaissent ou qui y collaborent ». On note que si cette citation insiste sur
l’idée de « réalité concrète » du groupe, elle donne aussi à la personnalité
morale un caractère « fictionnel ».
C. La portée du débat
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Tout dépend alors du contexte historique et des valeurs dominantes de l’ordre
social. L’ancien régime connaissant les « corps » ou « communautés »,
« considérés dans l’Etat comme lieu de personnes »24. Après la parenthèse
révolutionnaire et jusqu’à l’avènement de l’Etat industriel, la personnalité
morale présente un caractère à la fois patrimonial 25, sociologique et politique
(par ex. la liberté d’association, le droit syndical la démocratisation de
l’Administration locale ou de l’Etat par la décentralisation territoriale ou par
service). La notion de personne morale de droit privé est implicitement de
« personne civile » est employé très tôt par la Cour de cassation (de France).
Une réalité d’intérêts unissant les membres d’un groupe humain possédant
une certaine homogénéité (intérêt des habitants d’une Commune ou des
actionnaires d’une société), ou bien n’impliquant pas forcément l’existence
24
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d’une communauté homogène mais une réalité objective d’intérêts à un seul
centre (la personne morale), lui donne une permanence et institue des organes
au nom de cette personne.
1) Permanence
3) Objet
4) Capacité
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXX
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a) Les organes des personnes morales
On doit distinguer aussi entre les différents organes d’une même personne
morale. Les actes d’un organe sont opposables aux autres organes de la même
personne morale.
Enfin, les intérêts des personnes morales peuvent diverger et deux personnes
morales peuvent agir en justice l’une contre l’autre.
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c) Le principe de la spécialité
A but non lucratif, apparues plus tardivement leur régime fut dans l’ensemble
plus sévère, pour deux raison essentielles ; sur le plan politique, la philosophie
individualiste de la révolution, s’opposait à la reconstitution des « corps
intermédiaire ; sur le plan économique, le libéralisme s’oppose à la mise hors
du circuit économique et commercial d’une des masses de biens trop
importantes qui pourrait leur appartenir (notamment grâce aux dons),
reconstituant ainsi des « biens de mainmorte ».
1. Association
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L’évolution démocratique a conduit, pendant l’ère classique, à la
reconnaissance du droit d’association, fondement des démocraties pluralistes.
Celles-ci regroupent les individus désireux de poursuivre ensemble un but légal
d’une part, non lucratif d’autre part. On distingue trois types d’associations ;
déclarées licites, mais dépourvues de la personnalité morale ; déclarées dotées
d’une capacité restreinte, elles disposent d’une capacité de la personnalité
morale : déclarées d’utilité publique par les pouvoirs publics, elles disposent
d’une capacité plus étendue. Sont soumises à des régimes particuliers : les
congrégations religieuses, les associations entre étrangers (régime restrictif),
les sociétés mutualistes et les coopératives (régime plus libéral).
2. Fondation
3. Syndicats professionnels
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a) Les collectivités territoriales : l’Etat qui personnifie la
communauté nationale ; les villes et les communes, etc. qui
personnifient des intérêts moins larges mais généraux, etc.
A. Les critères
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c) Adhésion. La liberté d’appartenance ou non à un groupe privé est
totale. Les particuliers par contre, n’ont pas de liberté d’adhésion
à une personne morale de droit public ;
En effet, aucun des critères évoqués plus haut ne suffit, à lui seul, pour
distinguer une personne morale de droit public d’une personne morale de droit
privé.
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4. Certaines personnes morales, parce qu’elles sont d’intérêt public,
peuvent cependant disposer de prérogatives de puissance
publique, sans être pour autant des personnes publiques ;
1. Les ordres professionnels. Nous avons noté plus haut que ces
personnes morales sont « inclassables » ;
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d’assurances nationalisées, dans d’autres, la part de l’Etat est
moins grande ; parfois l’Etat participe à ces sociétés par
l’intermédiaire d’un organisme spécial ;
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J.M. AUBY et R. DUCOS Ader, Cours élémentaire-droit-économie, éd. Sirey, Paris, 1984, p.194.
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3. Elle donne à la collectivité le moyen de défense de ses droits en
justice et aux particuliers la possibilité de s’adresser également à
la justice pour obtenir que la collectivité respecte ses obligations à
son égard ;
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J.M. AUBY et R. DUCOS Ader, op, cit., p. 197 et s.
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1° On attend par compétence, l’aptitude des autorités administratives à agir au
nom des personnes administratives pour exercer les droits et accomplir les
obligations qui leur ont été dévolus par les lois et les règlements.
Ces autorités administratives sont désignées dans les formes qui ont été
prévues par les textes qui les ont instituées :
4° ces compétences doivent en principe être exercées par celui qui en est
investi. Toutefois, il peut exceptionnellement les déléguer si la loi le permet.
- Par les objectifs (fonction des attributions qui leur ont été confiées
par la loi) (compétence rationne materiae) ;
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1
CHAPITRE III : LES EQUILIBRES DE L’ORGANISATION
ADMINISTRATIVE : CENTRALISATION, DECENTRALISATION
ET LE REGIONNALISME CONSTITUTIONNEL
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transfert de pouvoirs, des organes centraux vers les agents du gouvernement
installés dans les circonscriptions territoriales ; la décentralisation connaît aussi
des degrés, dont l’étape ultime, le fédéralisme, met en cause l’idée même de
l’Etat unitaire.
§1. La centralisation
Elle implique une centralisation des tâches administratives entre les mains de
l’Etat : les décisions sont prises par les organes centraux de l’Etat à partir de la
capitale.
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1. Elle repose sur la concentration des pouvoirs de décision entre les
mains des ministres placés au sommet de la hiérarchie
administrative.
Cette concentration est facilitée par une division du travail qui décharge les
administrateurs – les ministres – des tâches de préparation et d’exécution de la
décision. En effet, au niveau central, les tâches d’exécution sont confiées aux
services techniques assistés éventuellement de conseils consultatifs ; les tâches
d’exécution, d’impulsion et d’information, sont confiées à ces services qui
« répercutent » alors les ordres vers les agents placés aux différents niveaux
territoriaux et en suive l’exécution.
B. La hiérarchie
[Texte] Page 53
4
Un régime centralisé repose sur la hiérarchie. Les ordres du pouvoir central
doivent parvenir, comme un fluide, jusqu’au plus petit village. La notion de
hiérarchie repose sur le triptyque suivant : pouvoir hiérarchique (a), contrôle
hiérarchique (b) et le recours hiérarchique (c)
a) Le pouvoir hiérarchique
Celui-ci s’analyse en une autorité absolue du chef sur ses subordonnés et, par
suite, en une responsabilité politique entière du chef de la hiérarchie (le
ministre).
L’Etat centralisé forme ainsi une pyramide au sommet de laquelle se placent les
autorités administratives suprêmes. Aux différents degrés de la hiérarchie, se
trouvent les agents inférieurs qui n’ont pas pour obligation unique et directe
d’observer la loi, mais d’obéir au chef qui s’interpose entre eux et la loi. Ceci ne
va pas, dans certaines périodes troublées, sans poser délicats problèmes :
système de « l’obéissance passive » ou « des baïonnettes intelligentes ».
b) Le contrôle hiérarchique
Le contrôle hiérarchique s’exerce en principe, sur les actes de tous les agents
de l’Etat de quelque espèce qu’ils soient, par échelons, en remontant les
degrés de la hiérarchie, depuis l’agent qui a fait l’acte jusqu’au ministre. Ces
degrés ne sont constitués que par les agents qui ont la qualité d’autorité
administrative (Chef de Secteur, Chef de Chefferie, Bourgmestre, Maire,
Gouverneur de Province, Ministre).
[Texte] Page 54
5
Il comporte des prescriptions ou instructions adressées par le supérieur à
l’inférieur ; des autorisations ou approbations d’actes ; des annulations ou des
réformations d’actes ; des substitutions d’action ; des confirmations d’actes ;
des ordres donnés d’avoir à réparer les conséquences d’un acte.
Excepté les cas où une décision porterait atteinte à son statut ou à ses intérêts
de carrière, le subordonné ne peut attaquer les décisions de contrôle de son
supérieur. Le jeu du recours pour excès de pouvoir est paralysé, en effet, par
l’absence d’intérêt.
c) Le recours hiérarchique
[Texte] Page 55
6
Celui-ci est mis en mouvement par l’administré. Les recours hiérarchiques sont
des recours administratifs. Ils ont constitué la première forme de recours à
l’époque de la « justice retenue » et ont un caractère non contentieux.
- Le recours hiérarchique est formé contre tous les actes de tous les
agents devant l’autorité administrative qui leur est
immédiatement supérieure. Nous en verrons les caractéristiques
plus tard. Disons, pour l’instant, qu’il a pour objet de mettre en
mouvement la hiérarchie administrative et aboutit aux
conséquences indiquées plus haut (annulation, réformation etc.).
Les relations entre le pouvoir central et les agents installés dans ces
circonscriptions reposent sur les principes hiérarchiques :
[Texte] Page 56
7
- Celle-ci est transmise, par un mouvement descendant, vers
l’échelon territorial qui n’a plus qu’à exécuter.
[Texte] Page 57
8
D. Avantages et inconvénients de la centralisation28
L’Administration du pays est alors dirigée en totalité par les instructions qui
sont directement adressées de la capitale par le gouvernement. La
centralisation est généralement le fait des Etats autoritaires ou totalitaires.
[Texte] Page 58
9
c) Il est inutile d’insister sur les inconvénients de ce système qui rend
la solution des affaires administratives inévitablement lente et
rigide et qui risque d’encombrer les administrations centrales,
tout en les empêchant d’adapter leurs décisions aux circonstances
locales. On concevra également la difficulté que présente une
semblable technique administrative en raison de la multiplicité
des tâches auxquelles doit faire face l’administration d’un Etat
moderne et ce, dans toutes les parties du territoire national.
§2. La décentralisation
29
G. Ve*EDEL, op. cit., p. 561.
[Texte] Page 59
0
Nous verrons d’une part, la décentralisation territoriale (A) avec ses
prolongements actuels. Puis, nous aborderons la décentralisation par service
en limitant notre propos au procédé de l’établissement public (B). Nous verrons
ensuite en quoi la décentralisation territoriale et la décentralisation par service
se distinguent et se rapprochent (C). Nous examinons, enfin, avantages et
inconvénients de la décentralisation (D).
A. La décentralisation territoriale
Il existe entre les habitants d’une même collectivité territoriale une solidarité
d’intérêts consacrée dans le droit sous la dénomination d’affaires locales. Cette
solidarité apparaît d’abord au niveau territorial le plus bas, celui de la
collectivité. Groupement naturel d’habitants ayant une vie collective (assez
développés) et de nombreux intérêts communs, la collectivité est une réalité
sociologique très ancienne. L& « communauté » villageoise se forme autour de
biens agricoles (terre) et autour des liens ancestraux. Cette solidarité est
apparue, plus tardivement, au niveau du territoire ou zone, sur une base
patrimoniale également.
[Texte] Page 60
1
dans les services publics nationaux) et public (la collectivité ne
peut intervenir, en principe, dans le domaine industriel et
commercial) ;
[Texte] Page 61
2
c) Contrôle exercé par le pouvoir central
Dans un Etat unitaire, la puissance est mise en œuvre par les pouvoirs locaux
du pouvoir central qui en concède et en surveille l’emploi. Cette surveillance
est assurée par les procédés de tutelle. On verra maintenant la notion de
tutelle (1), ses buts et ses procédés (2).
1° La notion tutelle
En droit civil, ce terme désigne un mode de gestion des biens des personnes
incapables. L’autonomie des entités décentralisées repose, à l’origine, sur un
patrimoine. Ce terme désigne alors, le contrôle qu’exerçait le pouvoir central
sur ces entités, alors assimilées à des incapables. La tutelle présente
aujourd’hui un autre caractère : l’entité décentralisée peut ester librement en
justice ; elle peut agir contre l’Etat ; le rôle de la tutelle consiste seulement à
sauvegarder l’intérêt général contre les excès possibles des autorités
décentralisées.
Le contrôle hiérarchique est « de droit commun », il est celui qu’exerce un chef
sur ses subordonnés, il est inconditionné et s’exerce même sans texte ; pouvoir
conditionner, la tutelle est constituée par une somme de compétence
particulières définies par la loi. Elle n’existe que dans la mesure et les limites de
la loi qui l’organise.
[Texte] Page 62
3
autorités décentralisées à respecter les lois et les règlements, elle ne peut
ajouter de prescriptions supplémentaires.
On verra comment le contrôle de tutelle exercé sur les autorités locales est
cependant susceptible de degrés qui la rapprochent parfois du pouvoir
hiérarchique.
[Texte] Page 63
4
enfin, si le pouvoir central peut révoquer un agent décentralisé, il ne peut le
remplacer par un autre ou même surseoir à son remplacement, mais il doit
convoquer, dans les délais stricts, le collège électoral.
[Texte] Page 64
5
a) Dans l’ensemble, la décentralisation par service se rapproche de la
décentralisation territoriale par certains traits :
- Compétences spécialisées ;
- Ressources propres ;
Pour comparer et rapprocher ces deux notions, il faut, à notre sens, partir de
trois éléments : le dénominateur commun qui est l’idée de « décentralisation »
et les notions de « territoire » et de « service » qui les différencient.
[Texte] Page 65
6
nombre important de services. La décentralisation par service vise
simplement à personnaliser un ou plusieurs services nettement
définis dans l’acte Constitutif ;
[Texte] Page 66
7
Section 3 : les degrés dans la centralisation et la décentralisation
administrative
[Texte] Page 67
8
§2. Les degrés de la décentralisation administrative
[Texte] Page 68
9
2) Entre l’Etat fédéral et les Etats qu’il fédère, la répartition des
compétences s’opère à l’intérieur des trois pouvoirs « législatif, exécutif
et judiciaire ». dans certaines matières l’Etat fédéral dispose de la
plénitude des pouvoirs, exécutif et judiciaire. Les collectivités
décentralisées ne possèdent pas – sauf exceptions historiques – de
pouvoirs politiques ressortissant au pouvoir central, mais administrent
des intérêts strictement locaux, subordonnés à l’intérêt général dont
l’Etat est le gardien.
b) Le faisceau d’indices
[Texte] Page 69
0
c) Le régionalisme constitutionnel
Dans l’Etat régional, l’autonomie accordée aux Provinces va plus loin qu’une
simple décentralisation. La régionalisation politique débouche sur une dualité
de sources normatives, sur la reconnaissance d’un pouvoir législatif régional.
Cette autonomie régionale se trouve garantie par la Constitution qui organise le
contrôle de constitutionnalité.
L’Etat régional reste indivisible. Les provinces ne possèdent pas des attributs
d’un Etat fédéral ; leur pouvoir d’auto organisation est encadré et leur
participation à l’exercice du pouvoir étatique national est très limitée.
Elle assure au peuple une participation active aux affaires publiques par
l’élection de représentants qui demeurent sous son contrôle immédiat. On a
ainsi pu dire de la décentralisation qu’elle était «la démocratie appliquée à
l’Administration ».
[Texte] Page 70
1
§2. Les inconvénients
A vrai dire, la décentralisation n’existe jamais à l’état pur, car elle conduirait
alors à la dissociation de l’Etat, c’est-à-dire l’anarchie, ce qui arriverait si l’Etat
remettait l’ensemble de ses pouvoirs aux autres personnes administratives. On
admet donc qu’il conserve une fraction de ceux-ci et qu’il puisse contrôler les
personnes décentralisées.
[Texte] Page 71
2
Les personnes administratives locales décentralisées n’en conservent pas
moins leur autonomie : elles s’administrent elles-mêmes avec leurs propres
autorités ; on dit qu’elles sont « compétence générale », ce qui veut dire qu’en
règle générale, elles conservent leurs pouvoirs sous la réserve et dans les
limites du contrôle apporté par la tutelle.
[Texte] Page 72
3
Définition : le principe de légalité exprime l’obligation dans laquelle se trouve
l’Administration d’agir conformément à l’ensemble des règles de droit qui lui
sont applicables et non pas seulement à la loi stricto sensu.
Un tel principe a de solides raison d’être :
- Il réalise certains des objectifs fondamentaux de l’Etat de droit et des
régimes de démocratie libérale imposant le respect des décisions
prises par les organes d’un pouvoir politique élu et donc légitime, il
est un instrument fondamental de protection du citoyen ;
- Quelle que soit la nature du régime politique, il remplit une fonction
régulatrice essentielle. En assurant la transmission de ses directives, il
est un des principaux moyens d’action du pouvoir.
A. La légalité écrite
a) Les règles constitutionnelles
[Texte] Page 73
4
130 à 142 de la Constitution du 18 Février 2006), elle s’impose à
l’administration.
Il en va de même de texte que l’on peut dire assimilés aux lois par l’autorité
qu’ils acquièrent : les ordonnances-lois.
N.B : le système juridique de la transition sous l’ACT ne connaissait pas la
pratique des ordonnances-lois. Les autres Constitutions ont institué cette
pratique, y compris la Constitution du 18 Février 2006 en son article 129.
[Texte] Page 74
5
toute mesure prenant en considération la personne ou le comportement,
etc. leur valeur juridique est aujourd’hui précisée de la façon suivante :
Certains principes fondamentaux « reconnus par les lois de la République et
solennellement réaffirmés par la constitution » ont valeur constitutionnelle et
s’imposent au législateur lui-même.
Les principes généraux du droit ont valeur « infra-législative » mais « supra-
décrétale » (R. Chapus). Ils peuvent être tenus en échec par la loi, à condition
que celle-ci soit expresse.
En revanche, ils s’imposent à l’autorité administrative qui ne peut pas y
déroger :
- Ni dans l’exercice du pouvoir réglementaire « ordinaire », c’est-à-dire en
application ;
- Ni, surtout dans l’exercice du pouvoir réglementaire autonome (de
l’article 128 de la Constitution du 18 Février 2006).
Certaines règles, parfois appelées « principes » et applicables
même sans texte (règles générales de procédure par exemple),
n’ont qu’une portée interprétative ou supplétive. Elles s’inclinent
devant un texte contraire et, à ce titre, ne méritent pas de label
« principes généraux du droit ».
§2. La hiérarchie des normes de référence
[Texte] Page 75
6
1° La conformité de l’acte administratif aux actes de valeur supérieure
(constitution, lois, traités, principes généraux, etc.) ;
2° La conformité de l’acte administratif aux actes émanant d’une autorité
administrative supérieure (le décret du 1 er ministre à l’arrêté ministériel par
exemple) ;
3° La conformité de l’acte particulier au règlement. Toute l’autorité
administrative est notamment tenue de respecter dans ses actes individuels, la
règle générale qu’elle-même posée (« tu pater legem quam fecisti).
[Texte] Page 76
7
- Les deux formes essentielles du contrôle peuvent pratiquement être
opposées terme à terme. Elles ne sont cependant pas exclusives l’une
de l’autre ; elles ne sont cependant pas exclusives l’une de l’autre ; elles
peuvent certes jouer alternativement mais aussi successivement.
[Texte] Page 77
8
L’existence du pouvoir discrétionnaire ne correspond pas l’institutionnalisation
de l’arbitraire administratif. En application du principe de légalité, il n’ya pas
(hormis le cas particulier des actes de gouvernement) d’activités
administratives totalement soustraites à la règle de droit et au contrôle du
juge. Il n’y a que des attributions légales de compétences comportant plus ou
moins de pouvoir discrétionnaire.
1. Variabilité
Le pouvoir discrétionnaire n’est pas une donnée intangible. Un texte peut
toujours intervenir pour lier (ou délier, mais c’est plus rare) une compétence.
Mais les manifestations pouvoir discrétionnaire varient surtout en fonction de
l’attitude du juge, et de l’intensité, elle-même variable, du contrôle que celui-ci
exerce. Le juge peut créer des nouveaux cas de compétence liée.
2. Concomitance
Les activités administratives se caractérisent par l’association constante de la
compétence liée et du pouvoir discrétionnaire. Dans chaque acte coexistent
une certaine dose de pouvoir discrétionnaire et une certaine dose de
compétence liée. Le dosage est à proportions variables selon le degré de
précision de la règle de droit et l’intensité du contrôle juridictionnel.
a) Signification
[Texte] Page 78
9
1. Variable
2. Considérables
A. Problématique
[Texte] Page 79
0
[Texte] Page 80
1
extraordinaire ; clôture des sessions ; dissolution de l’Assemblée
nationale, etc.) ;
- Des décisions du Président de la République affectant les relations
entre les pouvoirs publics constitutionnels ; décision de recourir
aux circonstances exceptionnelles ; nomination du Premier
ministre et des membres du gouvernement, etc.
Ceux-ci concernant notamment les votes d’assemblée sur les motions, sur
l’élection de membres du gouvernement, en l’occurrence l’élection de Premier
ministre, les avis sollicités par l’Exécutif, etc.
En droit congolais, l’article 87 alinéa 2 de l’Ordonnance-loi 82-017 du 31 Mars
1982 portant Procédure devant la C.S.J. donne au juge la compétence
discrétionnaire de déterminer la catégorie d’actes qui échappent à son
contrôle.
Dans certaines périodes d’exception, qui ont pour commun dénominateur une
indisponibilité du Parlement, ou au moins le bouleversement profond du
fonctionnement des institutions constitutionnelles, le pouvoir législatif est
remis au gouvernement. Celui-ci est habilité à prendre des mesures revêtues
de l’immunité juridictionnelle habituellement réservée aux actes du Parlement.
Ses décisions échappent donc à tout contrôle effectif de légalité.
Il en fut ainsi des « lois » du gouvernement français de Vichy, des ordonnances
du gouvernement provisoire de la libération, et des ordonnances de l’article 92
de la Constitution française de 1958, permettant au gouvernement de prendre,
[Texte] Page 81
2
pendant un délai de quatre mois, les mesures « nécessaires ». Il en va de même
des décisions prises par le Président de la République dans le cadre de l’article
16 de la Constitution lorsqu’elles interviennent dans le domaine
habituellement réservé à la loi par l’article 34.
Introduction
[Texte] Page 82
3
Lorsqu’elles sont illégales et fautives, les mesures de police peuvent engager la
responsabilité de l’Administration. Une faute simple suffit en général mais
étant donné que l’exercice de l’activité de police est particulièrement délicat,
une faute lourde peut être exigée.
Cette notion repose sur la défense de certaines finalités fixées par les textes.
Contingent et évolutif, son contenu varie en fonction d’un certain consensus
social mais ne saurait être rapproché ou confondu avec la notion d’ordre social
ou d’ordre moral.
Traditionnellement protéger les citoyens contre les désordres engendrés par le
tapage, les manifestations dégénérant en violences, les épidémies, les
maladies, la pollution, etc. certains y ajoutent d’autres finalistes plus modernes
sous l’appellation « bon ordre » comprenant notamment l’esthétique, la
défense de l’environnement architectural et naturel (écologique).
[Texte] Page 83
4
Par ailleurs, certaines opérations ont un caractère mixte connaissant à la fois
des phases de prévention et de répression et il convient de situer le moment
où s’effectue la transformation.
Cette première approche a besoin d’être complétée par l’analyse des règles
spécifiques nées de l’existence de police spéciale et des récentes réformes
décentralisatrices.
1. Au niveau national
2. Au niveau provincial
[Texte] Page 84
5
Les autorités compétentes sont différentes de celles de la police générale.
Ainsi, c’est le ministre des transports qui exerce la police des chemins de fer, le
ministre de l’intérieur, celles des étrangers, le ministre de la culture, la police
du cinéma etc.
Ces limites sont imposées par les libertés publiques et les droits humains. En
effet, parce que le pouvoir de police porte atteinte aux libertés et qu’il est
admis que la liberté est la règle et la restriction de police, l’exception, le juge
administratif exerce un contrôle étendu sur l’exercice de ce pouvoir.
C’est ainsi qu’il existe des cas de responsabilité de l’Administration du fait du
service ou du fait de l’agent, préposé de l’Administration. Sur ce point, il est à
signaler qu’il existe des cas de la responsabilité du fait des mesures de la police
administrative bien connus sous le nom de la responsabilité extracontractuelle
de l’Administration.
L’expression « service public » est ambiguë, car elle est prise dans des sens
différents : le juriste, l’homme politique, l’homme de la rue lui donnent des
contenus variables. Il est donc nécessaire de faire plusieurs distinctions pour
répondre à la question « qu’est-ce qu’un service public » ?
Couramment la notion de service public est utilisée dans deux sens différents :
[Texte] Page 85
6
1. D’une part, le service public est l’organisation, c’est-à-dire l’ensemble
des bureaux, des personnels et des moyens, chargée de fournir certaines
prestations à la population. C’est le service public au sens organique. On
parlera ainsi de service de l’éducation nationale pour signifier les
bureaux du ministère de l’éducation nationale, ceux des proved et sous-
proved des établissements d’enseignement, etc. ;
2. D’autre part, au sens matériel, le service public est la prestation elle-
même fournie à la population pour satisfaire un besoin d’intérêt général.
Exemple :
Le service de l’enseignement est l’activité qui consiste à fournir un
enseignement à la population scolaire et universitaire.
Le plus souvent, c’est en ce sens que l’on prendra ici l’expression service public.
Dès lors, la définition la plus couramment admise par la doctrine est formulée
de la façon suivante : un service public est une activité prise en charge par
l’Administration pour satisfaire un besoin d’intérêt général.
[Texte] Page 86
7
Toutefois, cet élément organique n’a pas perdu toute signification ; il constitue
toujours une présomption de l’existence ou de l’absence d’un service public :
- Une activité d’intérêt général prise par une personne publique est
présumée constituer un service public ;
- Par contre, une activité d’intérêt général prise une charge par une
personne privée est présumée ne pas être un service public, sous
réserve d’autres éléments qui détruiront la présomption, par
exemple, la présence de règles juridiques de droit public ;
- Mais, lorsque la gestion d’un service public est confiée à une
personne privée, l’Administration conserve toujours un droit et
même un devoir de contrôle et de surveillance. Certes, elle n’est
plus le gestionnaire, mais elle n’est pas déchargée de sa
responsabilité en ce qui concerne la bonne marche de service.
a) Absence de critère qualitatif : l’intérêt général est une notion plus large
que celle de service public. En effet, il existe des activités d’intérêt
général qui, bien que for utiles à la population, n’ont pas droit à la
qualité de service publique. Il en est ainsi :
- Soit pour des activités privées de l’administration
Exemple : la gestion du domaine privé ;
- Soit pour des activités privées de personnes privées ;
Exemple : la fourniture de pain à la population.
b) Absence de critère juridique : il n’existe pas de critère juridique pour
déterminer parmi les activités d’intérêt général celles qui ont la qualité
de service public.
[Texte] Page 87
8
- Octroi de prérogatives de puissance publique ; exemple : octroi de
pouvoir d’expropriation, du pouvoir de taxation ou de perception
de cotisations obligatoires, etc. ;
- Conditions dans lesquelles le service a été créé ;
- Qui contrôle la marche du service ?
- Etc.
Mais l’on voit combien cette méthode de raisonnement est difficile à utiliser.
Ces différents éléments, notamment les règles dérogatoires au droit privé ou
les prérogatives de puissance publique, sont à la fois des indices permettant,
comme ici, de qualifier une activité de service public, et une conséquence de
cette qualification.
En définitive, il n’y a pas de critère net et précis de l’existence d’un service
public. Il faut s’en remettre soit à la tradition (c’est le cas pour la grande
majorité des services de l’Etat), soit à l’autorité qui a créé le service lorsqu’elle
a elle-même précise de façon formelle la nature du service, soit au juge qui doit
chercher les éléments susceptibles de faire d’une simple activité d’intérêt
général un service public.
Cette absence de critère juridique explique que, dans les cas marginaux, les
opinions soient parfois opposées.
1. Donnée sociale
A un moment donné un besoin est ressenti par la population comme étant
d’intérêt général. Mais, comme toute donnée sociale, celle-ci dépend de l’état
de la société (degré d’évolution de la population, carence des initiatives
privées, etc.). Ceci explique que, selon les pays et selon les époques, les
services publics ne soient pas les mêmes (exemple : la protection de la nature
et de l’environnement n’est devenue un « besoin d’intérêt général » et n’a
donné naissance à des services publics que récemment).
2. Choix politique
En outre, l’existence d’un service public (qui implique la prise en charge par
l’Administration de ce besoin collectivement ressenti) résulte d’un choix
nécessairement politique. C’est le Parlement, le gouvernement ou les autorités
[Texte] Page 88
9
locales qui, prenant conscience de ce besoin collectif décident de charger
l’Administration de cette activité nouvelle en lui donnant les moyens
correspondants : moyens matériels et moyens juridiques. Ainsi, l’existence d’un
service public et les règles applicables à ce service résultent de choix politique.
On comprend dès lors pourquoi le champ d’application des services publics est
plus étendu lorsqu’il est défini par des gouvernements favorables à une gestion
collective de la société et moins étendu lorsqu’il est défini par des
gouvernements favorables à l’initiative privée. Au surplus, les règles applicables
ne sont pas les mêmes selon que l’on se place dans une optique socialiste ou
dans une optique libérale.
Depuis deux cents ans la société a évolué ; il en est de même des idées
concernant le champ d’intervention de l’Etat et des autres collectivités
publiques.
a) Idée : Pendant des années, il fut admis que l’Etat n’avait pas à prendre
en charge des activités économiques, industrielles ou commerciales.
D’une part, parce que ces interventions auraient fait concurrence aux
particuliers. D’autre part, parce qu’elles auraient fait déchoir l’Etat des
nobles missions de souveraineté qui lui sont propres (armée, police,
politique étrangère, justice, etc.) ;
b) Bases juridiques : la constitution pose le principe de la liberté du
commerce et de l’industrie (art. 35 de la Constitution du 18 Février
2006).
[Texte] Page 89
0
De ces règles ont déduit que seuls les particuliers ont le droit de créer des
activités industrielles et commerciales. L’Etat et les collectivités publiques ne le
peuvent pas.
Dès lors tout concourrait à favoriser la prise en charge par l’Etat et les autres
collectivités publiques de services publics nouveaux dans le domaine
économique. Ce sont ces services que l’on a nommé en France « Services
publics économiques de l’Etat ».
[Texte] Page 90
1
Directement (services publics en régie) ou indirectement (services publics
confiés à un organisme autonome, par exemple les entreprises nationalisées),
l’Etat a pris en charge des services industriels et commerciaux.
Exemples :
- Services publics industriels et commerciaux ;
- Services publics industriels et commerciaux e règle en France
comme les arsenaux, poudreries, l’imprimerie nationale, les
monnaies et Médailles, etc.
-
Cette tentative pour faire coïncider l’existence d’un service public avec un
régime juridique de droit public était conforme à l’esprit cartésien des Français.
En outre, elle manifesterait la volonté politique de soustraire tous les services
publics au droit privé et aux tribunaux judiciaires.
Mais elle s’est vite heurtée à des difficultés : des exceptions ont été publiques,
règles de droit public= juridiction administrative. De sorte que désormais il est
impossible de parler d’un régime juridique unique applicable à tous les services
publics qui répondent à la définition vue plus haut (section 1, 1). Au mieux,
constate-t-on des principes généraux communs à l’ensemble des services
publics, mais qui donnent lieu à des modalités concrètes différentes selon les
services.
A. Création et suppression
[Texte] Page 91
2
B. Organisation
Dès lors que les services publics sont des activités d’intérêt général, il paraît
normal qu’ils fonctionnent de façon régulière et continue.
[Texte] Page 92
3
B. Le principe d’égalité
Le principe d’égalité devant les services publics est une extension au domaine
des services publics du principe d’égalité devant la loi et les règlements posé
par la Constitution.
Il implique que toutes les personnes qui sont, à un titre ou à un autre, en
contact avec le service, soient traitées de la même manière, sans discrimination
ni arbitraire.
[Texte] Page 93
4
i. La jurisprudence admet que les usages sont traités
différemment dès lors qu’ils sont dans des situations de
fait objectivement différentes (exemple : tarifs
différenciés). Ceci permet aux services publics industriels
et commerciaux d’avoir une politique commerciale plus
souple ;
ii. Les agents des services publics industriels et
commerciaux n’ont toujours pas les mêmes droits que
ceux des services publics administratifs.
C. Le principe d’adaptation
[Texte] Page 94
5
[Texte] Page 95
6
2. Exceptions
Très tôt, la jurisprudence a admis la possibilité pour les services publics
administratifs d’agir dans les mêmes conditions qu’un simple particulier, par
exemple pour passer un contrat de fourniture ou pour recruter des agents.
Ainsi, à la « gestion administrative » on oppose la « gestion privée ». Dans ce
cas le droit privé s’applique et les litiges sont de la compétence des tribunaux
judiciaires.
- Le personnel ;
- Les contrats avec les fournisseurs, avec les usagers ;
- Les responsabilités tant à l’égard des usagers que des tiers ;
- Les droits de l’usager sont différents des droits d’un usager de
service public administratif.
2. Exceptions
Le droit public est l’exception. Certes, cette exception porte sur des points
importants qui touchent à l’organisation et au fonctionnement du service
public.
Au fur et à mesure que le champ des services s’étendait, la variété des régimes
juridiques croisait, mêlant, à dose variable, droit public et droit privé.
[Texte] Page 96
7
b) Par contre, les services sociaux de type nouveau posent
davantage de problèmes.
§1. Les services publics gérés directement par les collectivités territoriales :
les régies
A. Définition
La régie est la gestion directe d’un service public par une collectivité publique
territoriale (Etat, province, ville, Commune, Territoire).
Les exemples sont nombreux : les principaux services de l’Etat et ceux des
collectivités locales sont gérés en régie : la perception des impôts, la défense
nationale, la police, les postes et télécommunication, l’éducation nationale, etc.
Ainsi, tous les ministères gèrent des services publics en régie, bien que
l’expression soit rarement utilisée.
Le régime juridique des services en régie est typiquement un régime de droit
administratif qui s’applique tant en ce qui concerne les autorités
administratives, le personnel, les actes juridiques que le contentieux.
B. Cas particuliers
[Texte] Page 97
8
elle le fait par l’intermédiaire d’un régisseur. Celui-ci a un salaire ; il est
intéressé aux bénéfices, mais ne supporte pas les pertes ;
3. Une confusion doit être évitée : certains organismes sont appelés des
régies, alors qu’ils ne correspondent en rien à cette catégorie juridique
mais sont au contraire des établissements autonomes. En utilisant le
mot. Exemple : Regideso, etc.
1) Historique
Bien que l’existence d’un service public et la gestion par un simple particulier
soient à première vue contradictoires, l’idée de la concession est ancienne. Dès
le XIXè siècle, il apparut que certains services (en particulier les services publics
industriels et commerciaux de l’époque : réseaux ferrés, services de
distribution des eaux, du gaz, de l’électricité, etc.) ne devraient pas être gérés
directement par une collectivité territoriale. Ils devaient être « concédés » à
une personne privée. Après une certaine défaveur, la formule a de nouveau eu
un grand succès.
De plus en plus des activités sont ainsi concédées (exemple les autoroutes, les
ponts à péage, etc.). C’est une des formes prises par la « privation » des
services publics.
2) Définition
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9
La concession est un contrat par lequel une collectivité publique, l’autorité
concédante, confie à une personne privée, appelée concessionnaire, la gestion
d’un service public, moyennant le droit de se rémunérer sur les usages du
service.
Il est à noter qu’à côté de la concession de service public proprement dite, il
existe d’autres concessions : concession d’ouvrage public, concession de
travaux publics, concession portant sur le domaine public.
3) Idée générale
4) Remarque
II. Les services publics gérés par des organismes privés sans qu’il y ait
concession
Désormais cette attribution peut se faire selon des modalités très variées :
- Dans certains cas des textes précis (lois ou règlements) confient
expressément la gestion du service à un organisme privé ;
- Dans d’autres cas, la jurisprudence reconnaît dans les
circonstances de l’affaire qu’un organisme privé assure « une
mission de service public » ;
- Enfin, il existe des conventions différentes du contrat de
concession, qui permettent à l’Administration de confier la gestion
d’un service public à un organisme privé.
-
B. Le régime juridique
Le régime juridique des services publics gérés par des organismes privés n’est
pas homogène :
[Texte] Page 99
00
- En général, l’existence d’un organisme privé entraîne l’application
du droit privé et la compétence judiciaire pour ce qui concerne
l’organisation et le fonctionnement du service, les relations avec
le personnel, les contrats conclus avec une personne privée et les
litiges avec une autre personne privée sont de la compétence
judiciaire ;
- Par contre, la présence du service public entraîne l’application du
droit public et la compétence administrative pour tout ce qui
concerne les décisions unilatérales, réglementaires ou
individuelles (ex. Me Muyi-Mbiye déjà cité).
C. Les organismes
Les organismes de statut privé à qui est confiée la gestion d’un service public
ou une mission de service public sont variés : sociétés d’économie mixte,
associations, syndicats professionnels, sociétés mutualistes et autres
« établissements privés » (cette dernière expression est utilisée parfois par la
jurisprudence, bien qu’elle ne corresponde à aucune catégorie juridique
précise), etc.
La question se pose de savoir si les différents organismes privés qui font partie
de l’organisation administrative gèrent nécessairement un service public (les
sociétés dont la totalité des actions est propriété de l’Etat, les sociétés
d’économies mixtes, les sociétés mutualistes, les associations créées par
l’Administration).
Dès lors, la présence ou l’absence d’un service public perd de son intérêt. Il en
est de même de la qualification publique ou privée de l’organisme. Désormais,
la jurisprudence s’attache moins aux critères formels (présence ou absence
d’un service public ; organisme privé ou public) qu’à une analyse « au coup par
coup » des actes ou des opérations effectuées par l’organisme privé en cause.
Exemple :
- Les travaux effectués par des organismes privés peuvent avoir la
qualité de travaux publics (il en est ainsi pour des travaux
routiers) ;
- De même, les marchés passés pour l’exécution de ces travaux
peuvent être qualifiés de marchés de travaux publics soumis au
juge administratif, dès lors que l’organisme privé agit « pour le
compte de l’Etat »).
A. Définition
En droit congolais, les établissements publics sont régis par la loi n°08/099 du
07 Juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux Etablissements
publics. Cette loi a prévu un organe de tutelle auquel est rattaché
l’Etablissement public.
L’étude des biens de l’Administration ainsi que des moyens financiers de cette
dernière a déjà été réalisée respectivement dans les cours de Droit Civil des
Ainsi, dans cette partie du cours, nous examinerons principalement les moyens
juridiques à la portée de l’Administration
Définition : est une décision qui modifié l’ordre juridique existant, qui confère
des prérogatives aux particuliers, ou met des obligations à leur charge, c’est un
acte créateur des droits.
A. Critère juridique
a) La distinction classique repose sur cette idée : un acte revêt le
caractère de décision exécutoire lorsqu’il possède la double qualité
de décision et d’exécution
1) Le caractère décisoire de l’acte pose divers problèmes notamment
celui de sa forme (des circulaires que nous verrons plus lois dans
cette section) ;
2) Par contre, la qualification exécutoire de l’acte a évolué. A
l’origine, on associait la qualité exécutoire d’une décision à ses
modes d’exécution (forcée ou non). « la décision exécutoire est
toute déclaration de volonté en vue de produire un effet de droit
vis-à-vis des administrés, émise par une autorité administrative
dans une forme exécutoire, c’est-à-dire dans une forme qui
entraîne l’exécution d’office »31.
Puis, on dissociait la qualité exécutoire d’une décision de son mode
d’exécution32. Suivant Rivero : « la décision exécutoire est l’acte par lequel
31
Hauriou, Op. Cit.
32
G. Vedel, J. Rivero,
B. Critères fonctionnels
33
Idem, p. 89
34
HAURIOU,
Il reste à savoir d’une part, sous quelles conditions et dans quelles limites, le
Ministre dispose, en l’absence d’un texte spécial, du pouvoir réglementaire et,
d’autre part, si le Ministre seul dispose de ce pouvoir.
On distingue :
Comme on l’a dit, ces actes assimilés par certains auteurs aux mesures d’ordre
intérieur, visent l’organisation des services. Certains pourtant produisent des
effets à l’égard des particuliers.
La classification repose, à titre principal, sur l’organe qui prend la décision et, à
titre accessoire, sur la procédure d’élaboration.
- Ordonnance : celle-ci émane du Président de la République ;
- Décret : Premier Ministre ;
- Décisions des ministres : prennent la forme d’arrêts (formes
solennels), d’inscription, de circulaire, dépêche, lettre ou note.
Attention, il existe des arrêtés interministériels ;
- Décisions des autres autorités administratives ;
- Le Gouverneur de province : Arrêté provincial ;
- Le Maire : arrêté urbain ;
- Le bourgmestre : arrêté communal ;
- Le chef de chefferie et le chef de secteur : arrêté de chefferie et
arrêté de secteur ;
- Les collégiales : Décision.
Malgré l’existence d’un domaine où la loi fixe les règles (art. 122 de la
Constitution du 18 Février 2006, le gouvernement peut être amené, sur
l’habilitation de la loi ou spontanément à préciser, par des règlements, les
modalités d’application des lois. Ceux-ci ne peuvent contredire la loi ; ne
peuvent imposer aux citoyens d’obligations supplémentaires nécessitant une
intervention législative ; en cas d’habilitation pure, ils peuvent ajouter les
compléments indispensables, mais ne peuvent dépasser les termes de
l’habilitation.
On verra l’élaboration (§1), les effets (§2) et la fin des effets de la décision (§3).
§1. Elaboration de la décision exécutoire
a) Règles de compétence
1. Ratione materiae
Effets
Les effets sont différents suivant qu’il s’agit d’une délégation de pouvoir ou
d’une délégation de signature.
La délégation de pouvoir :
a) Dessaisit l’autorité délégante, qui ne peut évoquer une affaire
comprise dans la délégation ;
b) Vise le titulaire du poste « in abstracto » (le changement de
titulaire laisse subsister la délégation) ;
c) Fait du délégué l’auteur réel de l’acte.
La délégation de signature :
a) Ne fait pas perdre au délégant l’exercice de sa compétence
(possibilité d’évocation d’une affaire particulière) ;
b) Est personnelle et tombe s’il se produit un changement dans la
personne du délégant ;
c) Fait garder à l’autorité délégante le rôle d’auteur réel de l’acte.
2. Ratione loci
3. Ratione temporis
Dans deux hypothèses les actes faits par un agent incompétent, ou même par
un simple administré, peuvent être considérés comme valides (théorie de la
fonction de fait).
Ces règles sont fixées par les lois, les règlements et la jurisprudence (règles
jurisprudentielles et principes généraux de droit).
a) Formes
1. L’acte est le plus souvent écrit, mais il peut être oral, il peut
consister en un geste (agent de police réglant la circulation) ; il
peut consister dans le silence de l’Administration (le silence de
l’Administration à l’égard d’une demande d’un administré
équivaut, au bout de quelque temps fixé par les textes, à une
décision implicite de rejet) ;
2. Motif : la motivation doit s’entendre comme l’explication par
l’Administration des raisons de sa décision. A la différence de la
procédure contentieuse, la procédure administrative n’importe
pas à l’Administration de motiver ses décisions. Cependant, celle-
ci peut être explicitement imposée par un texte (voir p.ex. l’art.
206 de l’O-L n°82-006 du 25 Février 1982 portant organisation
territoriale, politique et administrative de la République qui
b) Procédure
A partir de quel moment la décision exécutoire produit-elle ses effets (A), quels
sont ces effets sur l’ordre juridique (B) ?
a) Emission
b) Publication et notification
La décision exécutoire n’est donc opposable aux particuliers que si elle a fait
l’objet d’une publication ou d’une notification.
a) Le privilège du préalable
Cette expression est du Doyen G. Vedel (op. cit., p. 179). Elle définit la force
juridique de la décision exécutoire par opposition à la décision de justice ou à
l’acte unilatéral des particuliers.
En effet :
- Un particulier ne peut imposer des obligations aux tiers sans leur
consentement ;
- Le recours contre un acte privé a un caractère suspensif ;
- L’exécution par la force des privés exige un jugement.
A. Sanction pénale
1. Le refus d’exécution n’est pénalement réprimé que dans les cas prévus
par la loi (nulla poena sine lege)
a. Exécution des règlements ; il s’agit, en particulier, des règlements de
police ;
b. Exécution des actes individuels. Certaines lois assortissant parfois les
actes administratifs individuels de sanctions pénales.
Actes civils : l’Administration peut-elle, comme un particulier, engager une
action civile à l’encontre d’un administré récalcitrant.
B. Sanction administrative
a) Domaine
c) Exécution forcée
Il s’agit d’un « problème limite » (G. Vedel) qui se pose en ces termes :
l’Administration est-elle endroit d’user de la force publique dont elle est
détentrice pour exécuter ses décisions à l’encontre des administrés
récalcitrants ?
On verra les conditions de l’exécution d’office (a), puis les sanctions de l’emploi
illégal de l’exécution d’office (b).
a) Conditions
Autres situations : hors ces deux hypothèses, l’exécution d’office est licite
lorsque quatre conditions sont réunies :
Tout ceci veut dire que « l’exécution administrative n’est justifiée, en principe,
que pour la nécessité d’assurer l’obéissance à la loi et l’impossibilité de
l’assurer par tout autre procédé juridique ».
Il faut entendre par sanction légale, la sanction pénale, mais aussi la possibilité
d’user de voies de droit spéciales pour ramener le récalcitrant à l’obéissance.
b) Sanction
I. Généralité et définition
II. Le retrait
L’acte peut être retiré à tout moment, que cet acte soit :
- Régulier, c’est ainsi que la décision d’ouvrir un concours ne fait
pas naître des droits au profit des actes de candidature ;
l’Administration peut rapporter une sanction légalement infligée,
sous réserve ; cependant que ce retrait ne porte pas préjudice à
un tiers ;
- Irrégulier ; peut être retiré à toute époque : l’acte constant « une
situation de fait », l’acte conditionnel est un acte inexistant.
III. L’abrogation
Les contrats conclus par les personnes publiques se divisent en deux grandes
catégories ; celle des contrats administratifs proprement dits, et celle des
contrats de droit commun. Cette distinction commande, d’une part, les règles
de droit applicables – droit civil pour les contrats de droits commun, droit
public pour les contrats administratifs – et, d’autre part, le juge compétent
pour connaître des litiges nés de leur application – juge judiciaire pour les
premiers tribunaux administratifs pour les seconds.
Il s’agit des contrats qui ont acquis la qualité de contrats publics en raison de la
volonté du législateur. On distingue huit catégories :
Même solution aurait été donnée dans le silence des textes, car les règles de
formation et d’exécution de ce contrat sont largement exorbitantes du droit
commun.
2) Le marché de fourniture (ou de transport)
Est le contrat par lequel un particulier cède volontairement à l’administration,
moyennant un prix convenu, un ou plusieurs objets mobiliers. Le marché de
transport consiste à effectuer un transport pour le compte d’une personne
administrative ou à mettre à sa disposition un moyen de transport ;
Est le contrat par lequel un particulier s’engage à édifier à ses frais et à ses
risques un ouvrage et à en assurer l’exploitation pendant un certain temps : en
contrepartie, l’Administration lui donne le droit de percevoir des taxes sur les
usagers.
4) La concession de service
Est une forme assez voisine de la précédente. C’est l’acte par lequel une
personne administrative charge un particulier (ou dans certains cas
exceptionnels une autre personne administrative) de faire fonctionner, en
partie à ses risques et moyennant des avantages convenus, un de services
publics.
La concession de service public est souvent est liée à une concession de travaux
publics (p. ex. distribution d’électricité), mais il en va parfois autrement
(concession de transports publics). La jurisprudence reconnaît sans difficulté à
ces contrats le caractère administratif, car ils sont par excellence ceux qui
contiennent le plus de clauses exorbitantes du droit commun.
5) L’offre de concours
6) L’emprunt public
Est l’acte par lequel l’Etat s’endette. Il est considéré comme un contrat
administratif. La solution aurait été donnée sans texte, ce contrat comportant
de nombreuses règles exorbitantes du droit commun (insaisissabilité, immunité
fiscale, etc.) ;
Il s’agit d’une étape essentielle dans la passation du contrat. Elle associe deux
préoccupations contradictoires : la liberté de choix de l’Administration et la
nécessaire égalité entre les concurrents. Il existe en fait trois procédures
principales laissant plus ou moins d’autonomie à l’Administration dans son
choix.
Aussi a-t-on prévu des formes particulières d’adjudication qui corrigent dans
une certaine mesure cet inconvénient, et notamment l’adjudication restreinte
qui permet à l’Administration, avant l’ouverture des soumissions, d’écarter à
Pour les contrats de l’Etat ce sont, en principe, les ministres qui sont qualifiés
pour conclure les marchés de l’Etat (un contrat non approuvé par le ministre ne
lie pas l’Etat).
De toute façon, les modifications ne peuvent porter que sur les clauses
financières, car l’Administration est tenue d’assurer l’équilibre financier du
contrat.
L’Administration peut mettre fin à tout instant au contrat qu’elle a passé (alors
qu’en droit privé, cette possibilité est toujours exclue dans les contrats à durée
déterminée). Le fondement de ce pouvoir de résiliation donnée à
l’Administration est toujours le même : l’intérêt du service public. En dehors de
toute faute grave du cocontractant, en l’absence même de dispositions dans le
contrat, l’autorité administrative peut en effet toujours mettre fin à un contrat
dans le l’intérêt du service. Cette compétence discrétionnaire et d’ordre public
entraîne pour le cocontractant de l’Administration un droit à indemnisation.
Concrètement, l’Administration peut résilier unilatéralement dans trois cas :
- Le contrat prévoit les conditions de résiliation ;
- La résiliation est dans l’intérêt du service. Dans ce cas, il n’ya
aucun caractère de sanction, car les contrats administratifs étant
conclus pour satisfaire un besoin d’intérêt général, cet intérêt
peut à tout moment exiger une résiliation. En procédant ainsi,
l’Administration ne commet pas de faute, quoi qu’elle soit tenue
d’indemniser le cocontractant en vertu du principe de l’équilibre
financier du contrat ;
- Le contrat peut même être résilié à titre de sanction par
l’Administration lorsqu’il y a faute grave ou défaillance complète
du cocontractant. Toutefois l’inverse n’est pas possible, et si
l’Administration a manqué à ses obligations, le particulier doit
s’adresser au juge du contrat pour faire prononcer la résiliation
aux trois tors de l’Administration (de même il devra s’adresser au
juge en cas de résiliation abusive par l’Administration, mais le juge
ne pourra qu’accorder des dommages-intérêts et ne pourra pas
annuler la résiliation).
Cependant, une telle solution ultime peut être évitée, notamment par le
recours à un comité consultatif de règlement amiable institué en 1981 auprès
du Premier Ministre.
4. Enfin, l’Administration dispose d’une dernière prérogative : sanctionner
le cocontractant. Elle peut tout d’abord imposer des sanctions
pécuniaires lorsqu’elle considère que les prestations sont de médiocre
qualité (prestations d’un niveau insuffisant, délais non respectés). Celles-
ci prennent la forme soit de dommages-intérêts soit de pénalités. Il
s’agit, dans les deux cas, de mettre une somme d’argent à la charge du
cocontractant.
Lorsque ces sanctions ne sont pas suffisantes, l’Administration peut aller plus
loin en prenant des sanctions coercitives. Il s’agit de sanctions destinées à
assurer, en dépit de grandes difficultés, l’exécution du contrat, l’Administration
dispose ici de toute une série de mesures telles que la mise sous séquestre, la
mise en régie, l’exécution par défaut… autant d’opérations contraignantes qui
visent à substituer au cocontractant défaillant soit l’Administration elle-même,
soit un tiers qu’elle choisit.
Il est évident que, dans les deux cas (sanctions coercitives, sanctions
résolutoires), les sanctions ne peuvent intervenir que pour des manquements
graves au contrat.
A noter enfin que, dans certains cas, des sanctions pénales peuvent être
appliquées au cocontractant. Cependant le contrat ne peut instituer lui-même
de telles sanctions qui ne trouvent leur fondement que dans la loi (principe de
la légalité des « délits er des peines ») et ces sanctions pénales sont donc
exceptionnellement appliquées aux manquements à des obligations
contractuelles. On peut citer le cas dans certaines concessions de services
publics, de manquements du concessionnaire placé sous le régime régressif des
Toute entière élaborée par la jurisprudence du Conseil d’Etat, elle a pour but
de régler l’incidence de faits nouveaux, extérieurs aux parties, anormaux,
imprévisibles qui bouleversent l’économie générale du contrat et en rendent
l’exécution particulièrement difficile. Cet élément nouveau crée, au sein même
de l’exécution du contrat, une situation « extracontractuelles ». Et
l’Administration va devoir partager avec le cocontractant l’accroissement des
charges dû à l’imprévision.
Pour qu’il y ait imprévision, il faut donc deux conditions soient réunies :
En droit congolais, la question est bel et bien tranchée, ainsi, nous avons :
Sur la question, le droit français est plus explicité que le droit congolais. En
effet ; en vertu de l’article 136 du Code de procédure pénale française, les
tribunaux judiciaires sont toujours exclusivement compétents pour statuer sur
les actions en dommages et intérêts exercées contre les fonctionnaires
personnellement ou contre les collectivités publiques dont ils relèvent, en
raison d’atteintes à la liberté individuelle (arrestations et détentions arbitraires,
violation de domicile ou de sépulture, assignations à résidence). Le conflit ne
peut alors jamais être élevé. Cet article, qui déroge au principe de séparation
des pouvoirs, est d’interprétation stricte. Seul le juge administratif peut en
conséquence se prononcer sur la légalité d’un acte administratif ou interpréter
un tel acte, à l’origine de l’atteinte à la liberté d’une action visant à paralyser
les effets d’un acte administratif contre lequel elle est dirigée ; ceci n’entre pas
dans le champ d’application de l’article 136 (T. confl., 12 Mai 1997, Préfet de
police). Un principe constitutionnel interdit au juge judiciaire d’annuler, de
reformer ou de priver de leur caractère exécutoire les actes de la puissance
publique. Cette compétence n’appartient au juge judiciaire qu’en cas de voie
de fait. Les instances civiles visées par l’article 136 sont les actions en
dommages et intérêts exercées par les victimes d’atteintes à la liberté
individuelle et fondées sur l’illégalité des actes dommageables. Le juge
administratif conserve la compétence pour connaître des actes administratifs
qui touchent à la liberté individuelle, sans constituer une voie de fait ni une
infraction sanctionnée par le Code pénal.
a) L’emprise
b) La voie de fait
1. LE CONSEIL D’ETAT
1° Organisation et fonctionnement
C’est la plus haute juridiction d’ordre administratif. Elle comporte une Section
consultative et une Section d u contentieux.
Les fonctions contentieuses du Conseil d’Etat, exercées au sein de la section du
contentieux, dont le président est assisté de trois présidents adjoints, peuvent
être remplies par plusieurs formations.
Le Conseil d’Etat comprend un Premier Président, des Présidents et des
Conseillers.
Le Conseil d’Etat est juge d’appel des jugements rendus par les tribunaux
administratifs ou les Cours Administratives d’Appel.
Le Conseil d’Etat connaît des recours en cassation dirigés contre les décisions
rendues en dernier ressort par toutes les juridictions administratives.
a. Le Conflit positif
Les deux ordres de juridictions saisis du même litige se déclarent tous deux
incompétents. Le plaideur saisit le Conseil d’Etat, qui annule le jugement
d’incompétence rendu à tort.
c. Le déni de justice
Des juridictions des deux ordres ont rendu au fond, sur le même litige, des
décisions inconciliables, privant le plaideur d’une satisfaction à laquelle il a le
droit. Il saisit le Conseil d’Etat qui juge au fond.
Les affaires sont jugées, comme dans les cours, dans des conditions similaires à
celles du Conseil d’Etat, malgré la diversification, beaucoup moins grande des
formations de jugement. Les affaires sont jugées par une chambre ; à titre
exceptionnel, en formation plénière.
a) Compétence matérielle
b) Compétence territoriale
Chaque tribunal dispose d’un ressort territorial, déterminé par la loi organique.
En principe, le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel a légalement
son siège l’autorité auteur de la décision attaquée ou signataire du contrat
litigieux. En fait, le principe ne s’applique que si aucune exception ne peut
jouer. Le tribunal compétent est soit celui du lieu où se trouve le requérant
(mesure de police, litige concernant les agents publics, ou relatif à la
reconnaissance d’une qualité), soit celui du lieu d’exercice de l’activité litigieuse
(litige relatif à l’exercice d’une profession, à une élection, contrat), soit celui du
lieu de situation des biens en cause (dommage des travaux publics, permis de
construire ou de démolir, litige relatif aux monuments, sites ou déclarations
d’utilité publique).
Ils visent à contester devant le juge un acte, dont ils tendent à obtenir
l’annulation. Le recours pour excès de pouvoir est l’action par laquelle tout
intéressé peut demander au juge administratif l’annulation d’un acte
administratif unilatéral qu’il estime illégal. Ouvert contre tous les actes
administratifs unilatéraux, même si aucun texte ne le prévoit et même si un
texte exclu tout recours contre l’acte (CE, 17 Févr. 1950, D me Lamotte), il
constitue le recours en annulation par excellence.
En sont exclus les actes législatifs, les actes de gouvernement, les traités
internationaux et les actes émanant de l’administration mais ne constituant pas
des décisions exécutoires (mesures d’ordre intérieur ; circulaires…), ainsi que
les contrats, sauf ceux des collectivités territoriales portant engagement
d’agents contractuels, attaquables par les tiers) et les dispositions
réglementaires des contrats.
Le requérant doit justifier d’un intérêt à agir, résultant d’une qualité ou d’un
titre particulier (contribuable local, usager d’un service public, électeur…). La
qualité résulte parfois de l’intérêt (intérêt d’un campeur à faire annuler une
réglementation du camping, d’un hôtelier un arrêté fixant les dates de
vacances scolaires…). Mais un lien suffisamment direct doit exister entre l’acte
attaqué et la situation du requérant, ce qui explique notamment les conditions
de recevabilité plus restrictives mises aux recours des groupements.
Le rejet intervient soit parce que les conditions de recevabilité ne sont pas
remplies, soit parce qu’aucun des moyens invoqués par le requérant et aucun
moyen d’ordre public ne justifie l’annulation. La décision est revêtue de
L’annulation est prononcée lorsque le juge constate l’illégalité de l’acte. Elle est
partielle si l’illégalité n’affecte qu’un aspect, divisible du reste de l’acte ; totale
si l’acte est entièrement illégal ou si un de ses aspects, indivisibles du reste,
l’est.
L’annulation d’un acte administratif implique en principe que cet acte est
réputé n’être jamais intervenu. Toutefois, s’il apparaît que cet effet rétroactif
de l’annulation est de nature à emporter des situations qui ont pu se constituer
lorsqu’il était en vigueur que ce l’intérêt général pouvant s’attacher à un
maintien temporaire de ses effets, il appartient au juge administratif de
prendre en considération, d’une part, les conséquences de la rétroactivité de
l’annulation pour les divers intérêts publics ou privés en présence et, d’autre
part, les inconvénients que présenterait, au regard du principe de légalité et du
droit des justiciables à un recours effectif, une limitation dans le temps des
effets de l’annulation.
Lorsqu’une personne est liée à l’administration par contrat, les litiges qui
l’opposent à celle-ci sont en principe réglés dans le cadre du plein contentieux.
En général, le cocontractant ne peut qu’obtenir la condamnation de
l’Administration à lui verser des indemnités. Le contentieux contractuel permet
aussi la constatation de la nullité et la résiliation du contrat par le juge.
A. La saisine du juge
a) La décision préalable
Dans le plein contentieux, le requérant n’est forclos qu’à l’expiration d’un délai
de trois mois courant de la notification d’une décision expresse de rejet, ou
lorsqu’il y a prescription quadriennale. Dans tous les cas où est demandée
l’indemnisation du préjudice résultant de l’illégalité d’une décision
administrative, le fait générateur de la créance doit être rattaché à l’exercice au
cours duquel la décision a été régulièrement notifiée.
Les délais de recours ne sont opposables aux administrés qui ont adressé une
demande a l’Administration que si la notification de la décision envoyée en
réponse indique les voies de recours et délais contre celle-ci.
c) La présentation de la requête
Le référé injonction ou référé liberté permet au juge, saisi par tout intéressé,
d’ordonner, dans un délai de 48 heures, toutes mesures nécessaires à la
sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle une personne publique ou
privée gestionnaire d’un service public aurait porté une atteinte grave et
manifestement illégale. Il doit y avoir urgence.
L’appel n’est possible que contre les ordonnances rendues sur référé liberté ;
dans les autres cas, seul le pourvoi en cassation est ouvert.
- L’instruction
Le juge clôt l’instruction. L’audience doit être publique et peut donner lieu à
des plaidoiries, de portée limitée en raison du caractère écrit de la procédure.
Les conclusions, oracles, du commissaire du gouvernement ont souvent un
aspect déterminant. Le juge ne peut statuer au-delà des conclusions du
requérant, sauf à soulever d’office un moyen d’ordre public, dont il doit
auparavant informer les parties. Les pouvoirs du juge varient selon la nature du
contentieux. La décision juridictionnelle bénéfice, sous certaines conditions, de
l’autorité de la chose jugée. Seul l’exercice des voies de recours permet sa
remise en cause.
a) L’appel
b) Le pourvoi en cassation
Il peut être formé devant le Conseil d’Etat contre toutes les décisions rendues
en dernier ressort par des juridictions administratives, même si aucun texte ne
l’a prévu. Il porte essentiellement sur les arrêts des cours administratives
d’appel. Le pourvoi doit être formé dans le délai de deux mois de la notification
de la décision et n’a pas d’effet suspensif – le sursis à exécution peut être
demandé, dans des conditions semblables à celles des jugements frappés
d’appel. S’il prospère, l’affaire est renvoyée aux juridictions normalement
compétentes, mais le Conseil d’Etat peut régler lui-même l’affaire au fond « si
l’intérêt d’une bonne administration de la justice ». Cette solution s’impose si
l’affaire donne lieu à un second pouvoir en cassation. Le contrôle du juge de
cassation porte sur l’incompétence, le vice de forme, la violation de la loi, la
matérialité et la qualification juridique des faits, mais non sur l’appréciation des
faits et le détournement de pouvoir.
L’administration doit, dans certaines conditions, réparer les dommages que son
activité peut causer. L’arrêt Blanco pose le principe de l’autonomie de la
responsabilité administrative par rapport au droit privé. S’il existe plusieurs
régimes de responsabilité, celle-ci ne saurait être engagée que dans le respect
des conditions communes.
Cette responsabilité est autonome par rapport au Code civil. Aujourd’hui les
régimes spéciaux de responsabilité d’origine législative se sont multipliés. De
plus, nombreux sont les services publics soumis au droit privé ; la
responsabilité personnelle des fonctionnaires en relève également. La
responsabilité est partagée entre l’Administration et ses agents.
Dans tous les cas, le préjudice, pour être indemnisé, doit être certain et
évaluable en argent. Une relation de cause à effet doit être démontrée entre le
fait dommageable et le préjudice. La faute de la victime, le fait d’un tiers, la
force majeure et parfois le cas fortuit, constituent des causes étrangères,
exonérant totalement ou partiellement l’administration de sa responsabilité.
L’Etat n’est pas responsable de l’application d’une décision communautaire.
Certains préjudices ne peuvent ouvrir droit à indemnisation ; le fait qu’un
médecin ou un hôpital ait tenté de sauver la vie d’un patient.
Le cumul de faute suppose que deux fautes distinctes aient été commises :
plusieurs fautes, les unes personnelles et les autres de service, peuvent être
décelées à l’origine d’un seul et même dommage. La théorie est utilisée
lorsqu’une faute de service (souvent un défaut de surveillance) a donné à
l’agent l’occasion de commettre une faute personnelle (CE, 3 Févr. 1911,
Aguet). Engage, outre la responsabilité personnelle de l’intéressé, celle de l’Etat
en raison des actes et agissement illégaux, et donc fautifs, de l’administration
de Vichy ayant permis et facilité, indépendamment de l’action de l’intéressé,
les opérations qui ont été le prélude à la déportation de certaines personnes
(CE, ass., 12 Avr. 2002, Papon). La victime peut, à sa convenance, demander
réparation intégrale à l’administration devant le juge administratif ou à l’agent
responsable devant le juge judiciaire.
Mais dans les domaines ou situations délitas, une faute lourde est exigée :
police administrative, à l’égard de tiers, pour défaut de surveillance (CE, 23
Mars 1946, Caisse adaptable d’ass. Soc. De Meurthe-et-Moselle), services
fiscaux, en matière de surveillance et de contrôle des établissements de crédit
par la Commission bancaire (CE, ass., 30 Nov. 2001, Kechichian). Si le préfet
s’abstient d’utiliser ses pouvoirs de tutelle sur une collectivité territoriale pour
assurer l’exécution d’une décision juridictionnelle passée en force de chose
jugée, le créancier peut se retourner contre l’Etat en cas de faute lourde (CE,
27 Déc. 1948, Cne de Champiny-sur-Maene ; 6 Oct. 2000, Cne de Saint-Florent).
Si le préfet a légalement refusé de prendre les mesures nécessaires, la
responsabilité de la puissance publique peut être engagée sans faute si le
préjudice revêt un caractère anormal et spécial (CE, sect., 18 Nov. 2005, Sté
fermière de Camploro).