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LICENCE 1
Dr Oswald KPENGLA-S.
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LA METHODOLOGIE DU DROIT
La méthodologie juridique est un instrument, un moyen et non une fin en soi. Elle
est enseignée pour accompagner les étudiants durant la première année de droit en
licence, afin d’organiser son travail, d’apprendre à construire un raisonnement
juridique et de réaliser les exercices juridiques. À la différence de ce que l’on
appelle le « savoir-savant », la méthodologie juridique vous permet d’acquérir un
« savoir-faire » qui vous suivra tout au long de votre cursus universitaire et dans la
vie professionnelle.
L’objectif pour tout juriste est de démontrer une solution juridique. Comme le
médecin qui est face à un patient qui lui expose ses symptômes, il va poser un
diagnostic afin de trouver le traitement adéquat pour obtenir la guérison. Le
juriste, de la même façon, doit être capable de qualifier juridiquement des faits qui
seraient relatés par un non-juriste et la qualification lui permettra ensuite de
trouver la règle qui s’applique et la solution au problème juridique qui lui est posé.
La qualité d’un raisonnement juridique obéit à des règles propres à la discipline.
On peut résumer les qualités essentielles d’un juriste par l’astuce mnémotechnique
suivante, que nous appelons « la technique des PROS » :
Dans les facultés de droit, les étudiants seront soumis à différents exercices que
sont le cas pratique, la dissertation, le commentaire (de décision, de texte de
doctrine ou de loi), la fiche de synthèse, et dans une certaine mesure, l’exposé.
Pour des raisons d’efficacité, ce cours qui constate le premier contact des étudiants
avec les études juridiques, se limitera à la méthodologie du cas pratique ( Chapitre
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III) et de la dissertation (Chapitre IV), qui sont les exercices les plus courants,
après avoir précisé les notions de méthode e de méthodologie dans les facultés de
droit (Chapitre I) et élucider les techniques de la recherche documentaire (Chapitre
II).
Le droit est animé par des méthodes spécifiques qui le particularisent au sein de
l’ensemble des activités sociales. Cela justifie l’existence d’une méthodologie
juridique, science dont l’objet est d’étudier ces méthodes originales.
de les appliquer, ont certainement été largement étudiés, mais d’autres sont
longtemps restés ignorés.
En outre, la méthodologie juridique est purement formelle et n’a aucun égard pour
le fond du droit. Sa fonction est d’observer et d’expliquer la « mécanique du droit
», quels que soient les résultats que celle-ci produit. Ce qui importe d’un point de
vue méthodologique n’est pas le contenu de la norme mais les modes d’édiction,
d’application et de sanction de la norme.
- Traités
- Manuels ou précis
- Cours
- Encyclopédies ou répertoires
- Articles de doctrine
- La référence d’un texte officiel, d’une décision de justice, d’un ouvrage, d’un
article ou d’un commentaire
Il faut également hiérarchiser ce qui a été trouvé, car tous les documents n’ont pas
la même « valeur » : certains sont fiables, d’autres moins, d’autres pas du tout. Il
faut savoir faire cette distinction.
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Le cas pratique est un exercice juridique qui, à l’instar d’une personne se trouvant
en situation de litige avec autrui, demande conseil à l’étudiant. C’est un exercice
qui se dédouble. Soit il s’agit du cas pratique stricto sensu, c’est-à-dire, un
exercice composé de problèmes juridiques que l’étudiant doit résoudre en toute
neutralité ; Soit il s’agit d’une consultation juridique, c’est-à-dire que l’étudiant est
à la place de l’avocat recevant un client et doit envisager toutes les situations pour
en retenir une seule. L’énoncé se présente donc sous la forme de faits qu’il s’agira
de trier afin de tirer les conclusions juridiques qui s’imposent.
I. LA LOGIQUE DU DROIT
La logique juridique ou logique du droit est la science qui étudie les raisonnements
juridiques. Elle est différente de la logique juridique générale et de la logique
judiciaire dont l’objet est le raisonnement du juge. Elle se différencie aussi de la
logique scientifique ou de la logique formelle qui s'applique à des certitudes et
aboutit à des conclusions certaines. Or en droit, il y a rarement des certitudes et
des conclusions certaines.
Habituellement, la logique juridique ne débouche pas sur des certitudes parce qu’il
s'agit de concilier le raisonnement et la justice pour aboutir à une solution
acceptable. Et une solution considérée comme juste à un moment donné peut
devenir plus tard erronée.
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Il est une opération intellectuelle par laquelle, du rapport de deux termes avec un
même troisième appelé moyen terme, on conclut à leur rapport mutuel.
a) Tout étudiant doit venir à l’heure au cours. (Tous les enfants de la maison
mangeront de la sauce gouagouasso)
c) Donc Norbert doit venir à l’heure. (Donc Jacqueline doit manger la sauce
gouagouasso)
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Nous nouds limiterons au cas pratique dirigé ou cas pratique stricto sensu
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La majeure:
La mineure:
"Or X a ..."
La conclusion:
"Donc, X doit..."
1. La majeure
La règle est fournie par les sources de droit reconnues par l'ordre juridique.
Et qui veut appliquer le droit, doit d'abord rechercher cette règle.
2. La mineure
a) L'hypothèse légale est donnée par la règle de droit, telle qu'elle a été
analysée dans la majeure.
Qui veut appliquer le droit, doit d'abord constater les faits (pour aboutir à
un jugement de fait qui affirme que choses se présentent de telle ou telle manière)
= version que retiendra juge pour appliquer le droit.
3. La conclusion
La dissertation est, au sein des facultés de droit, l’un des exercices les plus
anciens et les plus classiques. À travers lui, l’enseignant cherche à évaluer non les
connaissances de l’étudiant mais sa capacité à comprendre, à penser et à
synthétiser le droit. Surtout, parce que, en droit, la forme compte autant que le
fond, l’enseignant cherche à mesurer l’acceptation et la compréhension par
l’étudiant de certains canons en vigueur dans les facultés de droit.
Les sujets des dissertations peuvent être de toutes sortes, des plus théoriques aux
plus attachés au droit positif. Mais, quel que soit le sujet, l’étudiant ne doit
en aucun cas se borner à présenter l’état du droit positif, à l’instar d’un manuel.
La bonne dissertation est celle qui consiste en une réflexion ou, mieux, en
une démonstration. Et son rédacteur doit, notamment à travers le plan et les
intitulés, exprimer une position personnelle, sans toutefois verser par trop dans
les jugements de valeur ou, pis, dans les considérations politiques.
Tout d’abord, il convient de prendre connaissance du sujet et, sur papier libre, de
noter la définition de ses termes ainsi que toutes les idées (ou pistes d’idées)
venant à l’esprit en séparant celles qui pourraient constituer des parties ou des
sous-parties et celles qui pourraient seulement servir le propos au sein des sous-
parties. Même si le sujet est court concernant les dissertations, il convient de
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Une fois qu’il apparaît que les recherches autour du sujet ne peuvent plus être
productives (ou du moins seulement marginalement), reste à reprendre toutes
les notes du brouillon et à les ordonner sur un nouveau papier libre en
séparant cette fois ce qui sera l’introduction, ce que seront le plan et les
intitulés et ce que sera le propos tenu en chaque sous-partie. Éventuellement,
mais non-nécessairement, quelques éléments peuvent être conservés en vue de la
rédaction d’une conclusion. Il s’agit à cet instant de regrouper par affinités les
idées et informations qui se complètent, qui s’opposent, également celles qui
doivent finalement être exclues de la démonstration, afin de concevoir
progressivement ce qui sera le plan (sans alors chercher à affiner les intitulés, ce
qui est un exercice d’abord formel et intervenant en dernier lieu).
Annonce du plan
[Conclusion éventuelle]
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Reste que l’étudiant est entièrement libre de traiter le sujet dans le sens qu’il juge
le plus pertinent, à condition néanmoins de rester dans le cadre du droit, de la
science du droit, de la théorie du droit et, éventuellement, de la philosophie du
droit. Ce n’est que dans le cadre juridique qu’il est autorisé d’adopter une posture
critique ou même polémique.
Il est également impératif de toujours citer ses sources dès lors qu’une
idée ou une information n’a pas été trouvée directement par l’auteur mais est
empruntée à autrui. Une dissertation sans notes de bas de page est inimaginable
car nul étudiant en droit ne possède a priori un savoir et une intelligence tels
qu’il puisse rédiger une dissertation sans procéder à aucune recherche,
simplement en se reposant sur ses acquis.
I. — L’INTRODUCTION DE LA DISSERTATION
L’introduction de la dissertation est à rédiger avec le plus grand soin.
Généralement, un écrit (dissertation, mémoire, thèse…) étant une démonstration
suivant une logique particulière, sa rédaction se fait dans l’ordre des parties, en
commençant par l’introduction et en terminant par la conclusion. Procéder
autrement risquerait de nuire à la cohérence du propos puisque le lecteur, lui, lit le
texte de la première à la dernière page et non dans le désordre.
L’introduction est centrale bien que située au début de l’œuvre. Elle occupe
entre un cinquième et un dixième de la totalité du devoir et est longue d’au
moins une page. Introduisant la dissertation, elle a pour fonction de présenter le
sujet, la problématique, ainsi que la méthode et l’angle d’approche retenus par
l’auteur. Surtout, elle doit inviter le lecteur à poursuivre la lecture plus avant et,
partant, s’avérer stimulante et dynamique. C’est pourquoi, surtout au moment de
rédiger l’introduction, il convient de s’attacher au style, au choix des mots etc.
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Le contexte historique
L’introduction re-situe le sujet (nécessairement juridique) dans son contexte, le
met en perspective avec ses dimensions et implications non-juridiques
(historiques, géographiques, économiques, sociales…) ou juridiques (droit
comparé, histoire du droit), étant entendu que le corps de la dissertation ne porte
fatalement que sur les dimensions et implications juridiques du sujet (quoiqu’une
approche interdisciplinaire n’est pas entièrement proscrite, mais elle implique, le
cas échéant, de précisément l’expliquer au sein, justement, de l’introduction).
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L’intérêt du sujet
Une fois le sujet bien délimité, il faut montrer son intérêt. L’intérêt du sujet peut
être purement juridique ou politique, historique, d’actualité.
La problématique
Soit une assertion sous forme interrogative (comportant explicitement un point
d’interrogation) isolée par des sauts de ligne du reste de l’introduction. Cette
problématique doit elle-même être précédée du questionnement y menant, donc de
quelques explications justifiant le choix de cette problématique. Par suite, le plan
et les intitulés doivent traduire très directement la réponse à cette problématique.
Exemple : Mais, si les principes fondamentaux sont d’un usage récent, sont-ils
désormais la source principale du droit ? Un devoir ne comportant pas de pareille
problématique ne saurait permettre à son auteur d’obtenir une bonne note.
; seuls doivent apparaître, entre parenthèses, les numéros des parties (« (I) ; (II) »)
Une dissertation, dans les facultés de droit, comporte toujours deux parties et
quatre sous- parties (ou, dit autrement, deux parties qui chacune se divise
en deux sous-parties : I. A./B. ; II. A./B.). Le plan bipartite sur deux niveaux
est un usage qu’il est strictement interdit de bafouer pour quelque raison que ce
soit. Aussi n’est -il que possible de conseiller à l’étudiant de ne surtout jamais se
risquer à proposer quelque plan tripartite ou quadripartite ; il serait certainement
sanctionné à travers la notation pour cette bravade. Il est fort probable qu’un bon
plan en trois parties ne permettra guère d’obtenir une meilleure not e qu’un
mauvais plan en deux parties…
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Le plan en deux parties est, dans les facultés de droit (…), un usage irrationnel
qu’il est rationnel de respecter (Cf. B. Barraud, « L’usage du plan en deux
parties dans les facultés de droit (…) », RTD civ. 2015, n° 4, p. 807-825).
Il n’est pas rare que l’intitulé même du sujet paraisse contenir un plan
(par exemple « avantages et inconvénients du recours… »). Il ne faut jamais
suivre cette articulation et proposer un plan du type « I. Les avantages du
recours… ; II. Les inconvénients du recours… ». Il faut aboutir à une
articulation dont les deux parties portent sur l’ensemble du sujet (« I. Des
avantages du recours quantitativement supérieurs aux inconvénients ; II. Des
inconvénients du recours qualitativement supérieurs aux avantages »).
Une autre règle à respecter est de ne jamais choisir un plan tel qu’il oblige à
reprendre dans la seconde partie ce qui a été développé dans la première ou
inversement.
Surtout, les titres doivent se répondre, comme les membres d’une même
famille, se ressemblant sans se confondre. Il s’agit clairement alors d’un
exercice de style empruntant bien davantage à la poésie qu’à la science. En un
mot : les couples d’intitulés (les I et II et les A et B) doivent se répondre, se
ressembler, être symétriques (voir les exemples ci-dessous). Une fois les idées
qui constitueront les différentes parties et sous-parties choisies, il importe donc
de les mettre en forme. Dans l’idéal — mais ce n’est heureusement pas
une obligation —, les mots des intitulés doivent rimer et comporter le même
nombre de syllabes.
Il est, en outre, vivement déconseillé de faire des titres avec une phrase débutant
en I ou A et finissant en II ou B du type « I. Un régime historique… II. …mais
perfectible ».
Par ailleurs, la dissertation doit être autant que possible équilibrée en termes de
masses, c’est- à-dire que les longueurs des deux parties et des quatre sous-parties
doivent être proches. Une dissertation dont la première partie serait longue de
trois pages et la seconde longue d’une page ne saurait être une bonne
dissertation.
Enfin, bien que cela ne soit en revanche pas un usage clairement en vigueur, il est
préférable que la dissertation comporte un titre général confectionné par
l’étudiant duquel découlent logiquement les deux parties principales, parties
principales desquelles découlent logiquement les quatre sous-parties.
Il est important que les intitulés ne soient pas descriptifs et comportent une prise
de position. Ils doivent donc comporter des qualificatifs. Peuvent également
être employées des appositions, soit la juxtaposition de deux groupes de mots
séparés par une virgule ou deux points, le second qualifiant le premier. Par
exemple, le titre « L’extradition de l’enfant, un choix contestable à l’aune du
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Par exemple :
Peuvent devenir
Bien sûr, le plan doit être apparent (gras, italique, sauts de lignes…).