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COURS DE METHODOLGIE DU DROIT

LICENCE 1
Dr Oswald KPENGLA-S.
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LA METHODOLOGIE DU DROIT

La méthodologie juridique est un instrument, un moyen et non une fin en soi. Elle
est enseignée pour accompagner les étudiants durant la première année de droit en
licence, afin d’organiser son travail, d’apprendre à construire un raisonnement
juridique et de réaliser les exercices juridiques. À la différence de ce que l’on
appelle le « savoir-savant », la méthodologie juridique vous permet d’acquérir un
« savoir-faire » qui vous suivra tout au long de votre cursus universitaire et dans la
vie professionnelle.

L’objectif pour tout juriste est de démontrer une solution juridique. Comme le
médecin qui est face à un patient qui lui expose ses symptômes, il va poser un
diagnostic afin de trouver le traitement adéquat pour obtenir la guérison. Le
juriste, de la même façon, doit être capable de qualifier juridiquement des faits qui
seraient relatés par un non-juriste et la qualification lui permettra ensuite de
trouver la règle qui s’applique et la solution au problème juridique qui lui est posé.
La qualité d’un raisonnement juridique obéit à des règles propres à la discipline.
On peut résumer les qualités essentielles d’un juriste par l’astuce mnémotechnique
suivante, que nous appelons « la technique des PROS » :

Pertinence des idées, Rigueur, Objectivité et esprit de Synthèse. Il en existe bien


d’autres encore telles que la logique, la cohérence ou encore la maîtrise de la
langue mais ce sont des qualités universelles que l’on doit rencontrer dans tout
raisonnement d’un niveau universitaire, peu importe la discipline.

La méthodologie juridique c’est donc l’enseignement d’un savoir-faire en droit.

Dans les facultés de droit, les étudiants seront soumis à différents exercices que
sont le cas pratique, la dissertation, le commentaire (de décision, de texte de
doctrine ou de loi), la fiche de synthèse, et dans une certaine mesure, l’exposé.

Pour des raisons d’efficacité, ce cours qui constate le premier contact des étudiants
avec les études juridiques, se limitera à la méthodologie du cas pratique ( Chapitre
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III) et de la dissertation (Chapitre IV), qui sont les exercices les plus courants,
après avoir précisé les notions de méthode e de méthodologie dans les facultés de
droit (Chapitre I) et élucider les techniques de la recherche documentaire (Chapitre
II).

NB. LIRE L’ENSEMBLE DES DOCUMENTS ASSOCIES A CELUI-CI POUR


UNE MEILLEURE COMPREHENSION
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CHAPITRE I. METHODE ET METHODOLOGIE

Le droit est animé par des méthodes spécifiques qui le particularisent au sein de
l’ensemble des activités sociales. Cela justifie l’existence d’une méthodologie
juridique, science dont l’objet est d’étudier ces méthodes originales.

La méthodologie ne doit pas être confondue avec la méthode et les dictionnaires


de la langue française définissent cette première en tant qu’ « étude systématique,
par observation de la pratique, des principes qui la fondent et des méthodes
utilisées », tandis qu’ils voient dans la méthode un « ensemble ordonné de
principes, de règles, d’étapes, qui constitue un moyen pour parvenir à un résultat »,
ou encore un « ensemble de règles qui permettent l’apprentissage d’une technique,
d’une science ». La méthodologie est littéralement la « science de la méthode » ou
le « discours sur la méthode », le grec ancien « logos » signifiant « discours ».
Comme la sociologie n’est pas la société mais le discours sur la société, la science
de la société, la méthodologie n’est pas la méthode mais le discours sur la
méthode, la science de la méthode.

LE DEVELOPPEMENT RELATIF DE LA METHODOLOGIE


JURIDIQUE

La méthodologie juridique a, jusqu’à présent, été principalement abordée, de


façon ad hoc, dans le cadre du laboratoire de théorie du droit.

Si la méthodologie juridique a connu de grands précurseurs tels que Ihering ou


Portalis, elle n’a été approfondie par des professeurs tels que François Gény ou
René Demogue qu’indirectement et partiellement. Des pans importants de la
méthodologie juridique, comme l’interprétation des règles par les organes chargés
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de les appliquer, ont certainement été largement étudiés, mais d’autres sont
longtemps restés ignorés.

Il importe néanmoins de faire de la méthodologie juridique une branche à part


entière de la recherche juridique, spécialement dès lors qu’elle s’attache à un objet
d’étude précisément identifié : les savoir-faire des juristes.

LA SCIENCE DES METHODES DES JURISTES

La méthodologie juridique part du constat selon lequel la connaissance du droit ne


se réduit pas à la connaissance des textes de loi et des jurisprudences et suppose la
maîtrise de méthodes et techniques spécifiques, impliquant des logiques, des
raisonnements, des instruments, des classifications, des qualifications ou encore
des modes d’expression adéquats. La méthodologie juridique a pour objet
d’étudier ces moyens qu’utilisent les juristes afin de faire vivre concrètement et
quotidiennement le droit. Elle est donc « la science des méthodes du droit » ou «
l’étude des savoir-faire des juristes » ; et elle n’est possible qu’à la condition que
le droit ne soit pas irrationnel ni improvisé, ce qu’il n’est pas.

En outre, la méthodologie juridique est purement formelle et n’a aucun égard pour
le fond du droit. Sa fonction est d’observer et d’expliquer la « mécanique du droit
», quels que soient les résultats que celle-ci produit. Ce qui importe d’un point de
vue méthodologique n’est pas le contenu de la norme mais les modes d’édiction,
d’application et de sanction de la norme.

La méthodologie juridique s’intéresse notamment aux habitudes et aux règles


phraséologiques et stylistiques qui gouvernent la confection des discours
juridiques, spécialement ceux du législateur et ceux du juge.

LA SCIENTIFICITE DE LA METHODOLOGIE JURIDIQUE


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Il importe de souligner le caractère scientifique de la méthodologie juridique, qui a


vocation à étudier objectivement et empiriquement les méthodes des juristes.

On a pu inscrire dans la méthodologie juridique des travaux d’ordre prescriptif,


entendant affirmer ce que devraient être les méthodes des juristes8. Il faut gager
qu’il ne s’agit pas là de méthodologie juridique mais plutôt d’une forme spéciale
de politique juridique. La méthodologie juridique compte au nombre des sciences
du droit. Elle n’a pas à rechercher comment les méthodes des juristes devraient
évoluer ; il lui appartient seulement de rechercher et d’analyser ce que sont les
méthodes des juristes. Cela constitue une différence importante avec la légistique ;
la méthodologie juridique peut étudier la légistique, mais elle ne peut pas faire de
légistique.

La méthodologie juridique doit encore être précisément séparée de la science du


droit positif puisque son intention n’est pas de résoudre diverses difficultés
spécifiques et ponctuelles, en descendant dans le détail des multiples matières
juridiques spécialisées, mais plutôt, en tant que science des méthodes, de
distinguer, au terme d’observations rigoureuses, les principes gouvernant
l’élaboration, l’application et la sanction du droit. À partir de l’analyse de ces
règles fondamentales, elle peut tenter d’expliquer comment le système juridique
fonctionne. Elle s’approche alors de la théorie du droit. Mais, si le professeur Jean-
Louis Bergel estime que la méthodologie juridique serait une branche de la théorie
générale du droit, elle semble présenter suffisamment de traits caractéristiques
pour pouvoir constituer une branche de la recherche juridique à part entière,
d’autant plus qu’elle est avant tout une science, avant tout une discipline consistant
à étudier le droit tel qu’il existe et tel qu’il fonctionne concrètement.

Et le professeur Jean-Louis Bergel d’assigner à la méthodologie juridique la


mission d’identifier les modèles, les techniques et les instruments universels du
droit, se retrouvant « chez tous les juristes de toutes les époques et de tous les
horizons ».
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CHAPITRE II. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE


DOCUMENTAIRE

Trois thèmes seront abordés :

- Les sources d’information juridique


- Le vocabulaire juridique de recherche et la typologie des revues juridiques

- Les techniques de recherche documentaire

I. Les sources d’information juridique

Il s’agit ici d’apprendre à reconnaître, rechercher, trouver et utiliser les matériaux


indispensables au juriste :

- Dictionnaires, recueil d’adages ou de locutions latines

- Traités

- Manuels ou précis

- Cours

- Mémentos ou présentations synthétiques de cours

- Encyclopédies ou répertoires

- Recueils de textes (notamment les codes et les lois)

- Recueils de jurisprudence (notamment les « grands arrêts », le bulletin civil )

- Articles de doctrine

- Revues juridiques officielles

- Autres revues juridiques (trimestrielles, mensuelles, hebdomadaires,


quotidiennes)

- Sites Internet spécialisés


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II. Le vocabulaire juridique de recherche et la typologie des revues juridiques

Il faut savoir lire :

- La référence d’un texte officiel, d’une décision de justice, d’un ouvrage, d’un
article ou d’un commentaire

- Les principales abréviations couramment utilisées Il faut savoir distinguer :

- Le texte (lato sensu) de son commentaire

- Les différents articles et alinéas d’un texte officiel

- Les différentes parties d’un code (notamment la partie législative et la partie


réglementaire, quand les deux existent)

- Un sommaire, résumé ou abstract, un titre, un sous-titre, un mot-clé, une note de


bas de page, un index, une table des matières, une table chronologique, un numéro
de page et un numéro de paragraphe etc.

III. Les techniques de recherche documentaire

Savoir chercher, c'est-à-dire savoir réunir la documentation nécessaire pour étudier


un sujet ou trancher une question, est une nécessité pour un juriste.

Réunir une documentation suppose deux étapes : recherche et dépouillement. Il


faut d’abord découvrir les textes, les décisions de jurisprudence, les ouvrages, les
articles qui traitent du sujet, en dressant une liste, c’est la phase de la recherche.
Mais il ne suffit pas de savoir où l’on peut trouver des indications sur le sujet, il
faut aussi les connaître et les relever, c’est la phase du dépouillement.

Il faut également hiérarchiser ce qui a été trouvé, car tous les documents n’ont pas
la même « valeur » : certains sont fiables, d’autres moins, d’autres pas du tout. Il
faut savoir faire cette distinction.
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À partir de mots-clés, références ou autres indications, vous serez amené à vous


exercer à la recherche documentaire en droit.
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CHAPITRE III. METHODOLOGIE DU CAS PRATIQUE

Le cas pratique est un exercice juridique qui, à l’instar d’une personne se trouvant
en situation de litige avec autrui, demande conseil à l’étudiant. C’est un exercice
qui se dédouble. Soit il s’agit du cas pratique stricto sensu, c’est-à-dire, un
exercice composé de problèmes juridiques que l’étudiant doit résoudre en toute
neutralité ; Soit il s’agit d’une consultation juridique, c’est-à-dire que l’étudiant est
à la place de l’avocat recevant un client et doit envisager toutes les situations pour
en retenir une seule. L’énoncé se présente donc sous la forme de faits qu’il s’agira
de trier afin de tirer les conclusions juridiques qui s’imposent.

Après avoir reprécisé la logique juridique, il sera présenté le syllogisme juridique


appliqué au cas pratique stricto sensu.

I. LA LOGIQUE DU DROIT

La logique juridique ou logique du droit est la science qui étudie les raisonnements
juridiques. Elle est différente de la logique juridique générale et de la logique
judiciaire dont l’objet est le raisonnement du juge. Elle se différencie aussi de la
logique scientifique ou de la logique formelle qui s'applique à des certitudes et
aboutit à des conclusions certaines. Or en droit, il y a rarement des certitudes et
des conclusions certaines.

Habituellement, la logique juridique ne débouche pas sur des certitudes parce qu’il
s'agit de concilier le raisonnement et la justice pour aboutir à une solution
acceptable. Et une solution considérée comme juste à un moment donné peut
devenir plus tard erronée.
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II- LE SYLLOGISME APPLIQUE AU CAS PRATIQUE1

Il est une opération intellectuelle par laquelle, du rapport de deux termes avec un
même troisième appelé moyen terme, on conclut à leur rapport mutuel.

Si A = B et que B=C alors A = C

A. Le syllogisme juridique appliqué au cas pratique

L’opération permettant d'appliquer à une situation de fait la solution prévue par


une règle de droit. Comme cette situation de fait remplit ces conditions
d'application de la règle de droit, on lui applique la solution dictée par la règle.

Illustration du syllogisme juridique

a) Tout étudiant doit venir à l’heure au cours. (Tous les enfants de la maison
mangeront de la sauce gouagouasso)

b) Or Norbert est étudiant, (Jacqueline est un enfant de la maison)

c) Donc Norbert doit venir à l’heure. (Donc Jacqueline doit manger la sauce
gouagouasso)

• Le syllogisme, quelle que soit sa formulation, est toujours de type


conditionnel.

Il faut donc lire:

a) Si une personne est étudiante, elle devra venir à l’heure.

b) Or Norbert est étudiant,

c) Donc Norbert doit venir à l’heure.

B. Les éléments de l'articulation du syllogisme juridique

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Nous nouds limiterons au cas pratique dirigé ou cas pratique stricto sensu
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Trois éléments caractérisent le syllogisme

La majeure:

"Si une personne est...,

alors elle doit..."

La mineure:

"Or X a ..."

La conclusion:

"Donc, X doit..."

1. La majeure

• Elle énonce la règle de droit

• Elle affirme de manière générale et abstraite que, si telle hypothèse est


réalisée, telle conséquence s'en suivra.

La règle est fournie par les sources de droit reconnues par l'ordre juridique.
Et qui veut appliquer le droit, doit d'abord rechercher cette règle.

2. La mineure

Elle consiste dans la confrontation de la situation de fait avec l'hypothèse abstraite


de la règle.

Cette confrontation suppose la connaissance du fait et du droit pour établir


le rapport de l'un avec l'autre (on passage du général au particulier).
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a) L'hypothèse légale est donnée par la règle de droit, telle qu'elle a été
analysée dans la majeure.

b) Le fait, le cas concret, est donné par la réalité!

Qui veut appliquer le droit, doit d'abord constater les faits (pour aboutir à
un jugement de fait qui affirme que choses se présentent de telle ou telle manière)
= version que retiendra juge pour appliquer le droit.

c) La confrontation entre la situation de fait et la règle de droit. On peut


alors affirmer si le cas concret remplit les conditions d'application de la règle de
droit.

- Le fait (inclus dans hypothèse de règle) reçoit sa qualification juridique ,


c’est ce qu’on appelle la subsomption.

3. La conclusion

Suivant le résultat de la confrontation, la conclusion attribue ou n'attribue pas, à la


situation de fait la conséquence prévue par la règle de droit.

C’est la particularisation de la règle générale: on attache au cas visé la


conséquence générale.
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CHAPITRE IV. METHODOLOGIE DE LA DISSERTATION JURIDIQUE

La dissertation est, au sein des facultés de droit, l’un des exercices les plus
anciens et les plus classiques. À travers lui, l’enseignant cherche à évaluer non les
connaissances de l’étudiant mais sa capacité à comprendre, à penser et à
synthétiser le droit. Surtout, parce que, en droit, la forme compte autant que le
fond, l’enseignant cherche à mesurer l’acceptation et la compréhension par
l’étudiant de certains canons en vigueur dans les facultés de droit.

L’objectif de la dissertation est, à partir d’un sujet donné, d’isoler une


problématique (non la problématique qui n’existe pas) dans une introduction et
d’y répondre dans un plan et dans des développements objectifs mais aussi
personnels. Cet exercice fait appel à certaines qualités qu’il faut cultiver :
capacité d’analyser le sujet, esprit de synthèse, capacité de communication
des connaissances, habileté de présentation et d’exposition de celles-ci.

Les sujets des dissertations peuvent être de toutes sortes, des plus théoriques aux
plus attachés au droit positif. Mais, quel que soit le sujet, l’étudiant ne doit
en aucun cas se borner à présenter l’état du droit positif, à l’instar d’un manuel.
La bonne dissertation est celle qui consiste en une réflexion ou, mieux, en
une démonstration. Et son rédacteur doit, notamment à travers le plan et les
intitulés, exprimer une position personnelle, sans toutefois verser par trop dans
les jugements de valeur ou, pis, dans les considérations politiques.

Tout d’abord, il convient de prendre connaissance du sujet et, sur papier libre, de
noter la définition de ses termes ainsi que toutes les idées (ou pistes d’idées)
venant à l’esprit en séparant celles qui pourraient constituer des parties ou des
sous-parties et celles qui pourraient seulement servir le propos au sein des sous-
parties. Même si le sujet est court concernant les dissertations, il convient de
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le lire à plusieurs reprises et de s’assurer de la bonne compréhension de ses


termes afin d’éviter le hors-sujet, lequel emporte toujours des conséquences
très dommageables. Parfois, la ponctuation ou certains mots de liaison sont
décisifs en ce qu’ils influencent le sens du sujet et donc la problématique et les
réponses qu’il est possible d’en tirer.

Une fois un premier point autour du sujet effectué, il s’agit de rechercher, en


consultant manuels, ouvrages et revues juridiques, mais aussi toute source
offerte par le Web (à condition que sa fiabilité soit avérée et de pouvoir
ensuite la citer en note de bas de page), d’autres idées et informations, toujours
en notant au brouillon les parties et sous-parties potentielles et les autres
données non-exploitables en termes de plan.

Une fois qu’il apparaît que les recherches autour du sujet ne peuvent plus être
productives (ou du moins seulement marginalement), reste à reprendre toutes
les notes du brouillon et à les ordonner sur un nouveau papier libre en
séparant cette fois ce qui sera l’introduction, ce que seront le plan et les
intitulés et ce que sera le propos tenu en chaque sous-partie. Éventuellement,
mais non-nécessairement, quelques éléments peuvent être conservés en vue de la
rédaction d’une conclusion. Il s’agit à cet instant de regrouper par affinités les
idées et informations qui se complètent, qui s’opposent, également celles qui
doivent finalement être exclues de la démonstration, afin de concevoir
progressivement ce qui sera le plan (sans alors chercher à affiner les intitulés, ce
qui est un exercice d’abord formel et intervenant en dernier lieu).

Il importe de ne surtout pas s’engager trop vite dans la rédaction et dans


la conception du plan. Tout cela ne vient qu’à la fin, validant le travail en
quelque sorte. Le plan, notamment, est le fruit naturel des recherches et des
réflexions ; il serait désastreux de vouloir ab initio concevoir un plan pour
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ensuite rechercher quelques éléments susceptibles de la garnir


substantiellement.

Deux éléments sont centraux dans la dissertation : son introduction (1) et


son plan (2). Il n’est pas davantage à dire du contenu de chaque sous-partie.
Simplement faut-il préciser que, systématiquement, des annonces de sous-plans
(des chapeaux introductifs) doivent précéder et annoncer les A et B et des phrases
de transition doivent permettre le passage de I à II et de A à B. Tant les chapeaux
que les transitions permettent de renforcer et de traduire la logique du
raisonnement. Quant au contenu, simplement faut-il inviter l’étudiant à ne
pas se borner à exposer de manière excessivement descriptive les données et,
sans néanmoins bannir toute description, à adopter également une approche
critique, si ce n’est polémique à propos des éléments en cause.

Rapidement esquissée, la dissertation se présente sous la forme suivante :


Introduction

Annonce du plan

I. Intitulé de la première partie

Chapeau (annonce des sous-parties)

A. Intitulé de la première sous-partie

Transition entre les sous-parties

B. Intitulé de la seconde sous-partie


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Transition entre les parties

II. Intitulé de la seconde partie

Chapeau (annonce des sous-parties)

A. Intitulé de la première sous-partie

Transition entre les sous-parties

B. Intitulé de la seconde sous-partie

[Conclusion éventuelle]
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Reste que l’étudiant est entièrement libre de traiter le sujet dans le sens qu’il juge
le plus pertinent, à condition néanmoins de rester dans le cadre du droit, de la
science du droit, de la théorie du droit et, éventuellement, de la philosophie du
droit. Ce n’est que dans le cadre juridique qu’il est autorisé d’adopter une posture
critique ou même polémique.

Il est également impératif de toujours citer ses sources dès lors qu’une
idée ou une information n’a pas été trouvée directement par l’auteur mais est
empruntée à autrui. Une dissertation sans notes de bas de page est inimaginable
car nul étudiant en droit ne possède a priori un savoir et une intelligence tels
qu’il puisse rédiger une dissertation sans procéder à aucune recherche,
simplement en se reposant sur ses acquis.

I. — L’INTRODUCTION DE LA DISSERTATION
L’introduction de la dissertation est à rédiger avec le plus grand soin.
Généralement, un écrit (dissertation, mémoire, thèse…) étant une démonstration
suivant une logique particulière, sa rédaction se fait dans l’ordre des parties, en
commençant par l’introduction et en terminant par la conclusion. Procéder
autrement risquerait de nuire à la cohérence du propos puisque le lecteur, lui, lit le
texte de la première à la dernière page et non dans le désordre.

L’introduction est centrale bien que située au début de l’œuvre. Elle occupe
entre un cinquième et un dixième de la totalité du devoir et est longue d’au
moins une page. Introduisant la dissertation, elle a pour fonction de présenter le
sujet, la problématique, ainsi que la méthode et l’angle d’approche retenus par
l’auteur. Surtout, elle doit inviter le lecteur à poursuivre la lecture plus avant et,
partant, s’avérer stimulante et dynamique. C’est pourquoi, surtout au moment de
rédiger l’introduction, il convient de s’attacher au style, au choix des mots etc.
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L’introduction est le moment d’expliquer de quoi on parle (quel est le sujet),


pourquoi on en parle (quel est l’intérêt du sujet) et comment on en parle
(quelles sont la méthode et la problématique retenues).

Elle se construit autour des points suivants :


L’accroche
Encore appelé chapeau introductif comportant une citation, un mot d’esprit ou
bien encore une référence à quelque évènement ou phénomène extra-juridique et
résumant brièvement le contenu de la démonstration. Une citation ou allusion
littéraire, parfois grandiloquente ou lyrique, d’essence juridique comme non-
juridique, est souvent la bienvenue, à condition qu’elle possède un lien clair avec
le sujet abordé. Les expressions « passe-partout », ici comme ailleurs, ne
présentent guère d’intérêt.

La définition des termes du sujet


Il s’agit d’une définition précise des termes du sujet, même lorsqu’ils peuvent
sembler aller de soi (le sens de « loi » va-t-il vraiment de soi ?). Cette étape est
indispensable et permet d’éviter les contresens ou les hors sujet. Il s’agit
d’apporter la définition juridique des termes. Les définitions des termes doivent
permettre de mettre en avant les liens existants entre ceux-ci.

Le contexte historique
L’introduction re-situe le sujet (nécessairement juridique) dans son contexte, le
met en perspective avec ses dimensions et implications non-juridiques
(historiques, géographiques, économiques, sociales…) ou juridiques (droit
comparé, histoire du droit), étant entendu que le corps de la dissertation ne porte
fatalement que sur les dimensions et implications juridiques du sujet (quoiqu’une
approche interdisciplinaire n’est pas entièrement proscrite, mais elle implique, le
cas échéant, de précisément l’expliquer au sein, justement, de l’introduction).
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L’introduction permet au lecteur de situer juridiquement et factuellement le sujet


traité.
L’historique peut aussi permettre de mettre en exergue l’intérêt du sujet : pourquoi
ces évolutions ont-elles eu lieu ? Comment ont émergé les textes ou la pratique
actuelle ?

L’intérêt du sujet
Une fois le sujet bien délimité, il faut montrer son intérêt. L’intérêt du sujet peut
être purement juridique ou politique, historique, d’actualité.

Vous pouvez faire référence à la place qu’occupe la question dans la doctrine,


dans le débat politique, dans la jurisprudence, si le sujet s’y prête.

La problématique
Soit une assertion sous forme interrogative (comportant explicitement un point
d’interrogation) isolée par des sauts de ligne du reste de l’introduction. Cette
problématique doit elle-même être précédée du questionnement y menant, donc de
quelques explications justifiant le choix de cette problématique. Par suite, le plan
et les intitulés doivent traduire très directement la réponse à cette problématique.
Exemple : Mais, si les principes fondamentaux sont d’un usage récent, sont-ils
désormais la source principale du droit ? Un devoir ne comportant pas de pareille
problématique ne saurait permettre à son auteur d’obtenir une bonne note.

L’annonce et la justification du plan


Il est préférable que cette annonce soit contenue en une phrase, évoquant la
première partie puis rebondissant sur la seconde (ou inversement), et non en deux
phrases disjointes correspondant aux deux parties. Éventuellement, deux phrases
peuvent être utilisées si un lien logique les uni (« ainsi, en conséquent,
néanmoins… »). En outre, les titres choisis ne doivent pas être recopiés in extenso
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; seuls doivent apparaître, entre parenthèses, les numéros des parties (« (I) ; (II) »)

II. LE PLAN ET LES INTITULES DE LA DISSERTATION

La conception du plan est le moment le plus important dans le travail qu’est la


dissertation. Généralement, le correcteur s’attache en tout premier lieu aux
intitulés et au plan dans son ensemble et, une fois qu’il en a pris connaissance,
une bonne part de la note finale de la copie est déjà décidée. Il est donc
impérieux de prendre tout le temps nécessaire à la confection du plan et des
intitulés.

Le plan est la carte et la boussole de la dissertation. Le propos tenu doit pouvoir


quasi- entièrement se résumer dans les intitulés et la démonstration doit
transparaître à travers eux.

Il doit se caractériser par la cohérence, la logique et la limpidité : les parties et


sous-parties ne sont pas indépendantes les unes des autres mais au contraire se
suivent dans un ordre logique permettant de traduire une réflexion, un
raisonnement, une démonstration.

Une dissertation, dans les facultés de droit, comporte toujours deux parties et
quatre sous- parties (ou, dit autrement, deux parties qui chacune se divise
en deux sous-parties : I. A./B. ; II. A./B.). Le plan bipartite sur deux niveaux
est un usage qu’il est strictement interdit de bafouer pour quelque raison que ce
soit. Aussi n’est -il que possible de conseiller à l’étudiant de ne surtout jamais se
risquer à proposer quelque plan tripartite ou quadripartite ; il serait certainement
sanctionné à travers la notation pour cette bravade. Il est fort probable qu’un bon
plan en trois parties ne permettra guère d’obtenir une meilleure not e qu’un
mauvais plan en deux parties…
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Le plan en deux parties est, dans les facultés de droit (…), un usage irrationnel
qu’il est rationnel de respecter (Cf. B. Barraud, « L’usage du plan en deux
parties dans les facultés de droit (…) », RTD civ. 2015, n° 4, p. 807-825).

Si, au terme des recherches ou de la réflexion personnelle, il s’avère que le sujet


conduit à traiter trois éléments ou trois orientations principales, il n’empêche que
le plan doit toujours être bipartite et, en conséquence, qu’il faut élaborer une
construction binaire au départ de ces données ternaires (en regroupant certaines
sous une étiquette commune, en trouvant à certaines des points communs, en
éliminant l’un des trois aspects…). L’exercice est évidemment très artificiel et
fort peu scientifique ; il n’empêche qu’il en va ainsi de la dissertation dans
les facultés de droit.

Il n’est pas rare que l’intitulé même du sujet paraisse contenir un plan
(par exemple « avantages et inconvénients du recours… »). Il ne faut jamais
suivre cette articulation et proposer un plan du type « I. Les avantages du
recours… ; II. Les inconvénients du recours… ». Il faut aboutir à une
articulation dont les deux parties portent sur l’ensemble du sujet (« I. Des
avantages du recours quantitativement supérieurs aux inconvénients ; II. Des
inconvénients du recours qualitativement supérieurs aux avantages »).

Si le sujet invite à comparer deux institutions, il serait périlleux de vouloir


consacrer la première partie à l’une et la seconde à l’autre pour se contenter dans
la conclusion de relever les ressemblances et les différences. Chaque partie doit
traiter tant de l’une que de l’autre institution. Il faut donc rechercher les idées
générales qui gouvernent la comparaison ou les points principaux sur lesquels le
rapprochement des deux institutions présente un intérêt, et bâtir là-dessus le plan.
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Une autre règle à respecter est de ne jamais choisir un plan tel qu’il oblige à
reprendre dans la seconde partie ce qui a été développé dans la première ou
inversement.

Ensuite, les intitulés ne doivent en aucun cas comporter de verbes conjugués.


Ils ne doivent pas non plus supporter de points d’exclamation ou d’interrogation ;
les titres servent à exposer l’articulation des idées et ne doivent pas contenir de
questionnements ou autres expressions rhétoriques. Et un intitulé ne doit pas être
plus long qu’une ligne et demie.

Surtout, les titres doivent se répondre, comme les membres d’une même
famille, se ressemblant sans se confondre. Il s’agit clairement alors d’un
exercice de style empruntant bien davantage à la poésie qu’à la science. En un
mot : les couples d’intitulés (les I et II et les A et B) doivent se répondre, se
ressembler, être symétriques (voir les exemples ci-dessous). Une fois les idées
qui constitueront les différentes parties et sous-parties choisies, il importe donc
de les mettre en forme. Dans l’idéal — mais ce n’est heureusement pas
une obligation —, les mots des intitulés doivent rimer et comporter le même
nombre de syllabes.

Le nombre de mots doit être identique ou au moins proche, plusieurs doivent


être communs aux deux titres et leur ordre doit être équivalent ; plus le
nombre de mots communs est important, meilleur est le titre. Et les mots qui
diffèrent doivent entretenir un rapport d’opposition, de complémentarité, de
cause à effet ou autre. Par exemple, lorsqu’un adjectif est employé, son
antonyme pourra se retrouver dans l’intitulé de la seconde partie.

Bien entendu, il s’agit là d’exigences esthétiques qui ne doivent pas nuire


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au sens ; le signifiant ne doit pas porter atteinte au signifié. Autant le plan


bipartite est une règle impérative, autant la symétrie des intitulés est un luxe. Elle
est néanmoins attendue par le correcteur et une dissertation comportant de tels
intitulés symétriques obtiendra une meilleure note qu’une dissertation exprimant
les mêmes idées mais au moyen d’intitulés non- symétriques (par exemple parce
que le I est long et le II court, parce que le I comporte un participe présent quand
le II comporte un participe passé, ou encore parce que le I début par un pronom
indéfini tandis que le II débute par un pronom défini).

Il est, en outre, vivement déconseillé de faire des titres avec une phrase débutant
en I ou A et finissant en II ou B du type « I. Un régime historique… II. …mais
perfectible ».

Par ailleurs, la dissertation doit être autant que possible équilibrée en termes de
masses, c’est- à-dire que les longueurs des deux parties et des quatre sous-parties
doivent être proches. Une dissertation dont la première partie serait longue de
trois pages et la seconde longue d’une page ne saurait être une bonne
dissertation.

Enfin, bien que cela ne soit en revanche pas un usage clairement en vigueur, il est
préférable que la dissertation comporte un titre général confectionné par
l’étudiant duquel découlent logiquement les deux parties principales, parties
principales desquelles découlent logiquement les quatre sous-parties.

Il est important que les intitulés ne soient pas descriptifs et comportent une prise
de position. Ils doivent donc comporter des qualificatifs. Peuvent également
être employées des appositions, soit la juxtaposition de deux groupes de mots
séparés par une virgule ou deux points, le second qualifiant le premier. Par
exemple, le titre « L’extradition de l’enfant, un choix contestable à l’aune du
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principe d’égalité des chances » recourt à pareil outil grammatical. Ensuite,


encore faut-il justifier cette prise de position dans le corps de la dissertation.

Par exemple :

I. Les principes fondamentaux comme source secondaire du droit

II. Les principes fondamentaux comme source en expansion du droit

Peuvent devenir

I. Les principes fondamentaux comme source injustement secondaire du droit

II. Les principes fondamentaux comme source heureusement en expansion du droit

Bien sûr, le plan doit être apparent (gras, italique, sauts de lignes…).

Éventuellement, faute d’idées originales, il existe des « articulations-types » qu’il


n’est pas inutile de connaître — mais encore faut-il savoir les utiliser
pertinemment — :

I) Notion ; II) Mise en œuvre

I) Conditions ; II) Effets

I) Notion ; II) Régime

I) Fondement ; II) Portée


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I) Création ; II) Fonctionnement

I) Principes ; II) Exceptions

I) Statut ; II) Rôle

I) Causes ; II) Conséquences

I) Causes du problème ; II) Solutions au problème

I) Passé ; II) Présent

I) Présent ; II) Avenir

I) Oui ; II) Mais

I) Non ; II) Mais

I) Sous un premier angle ; II) Sous un second angle

NB. Continuez les recherches personnelles.

Des documents de méthodologie sont disponibles sur mon site :


www.oswaldkpengla-s.pro

Pour vos questions sans réponse 66963160, au besoin.

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