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DROIT PUBLIC/ LIII.

Année académique 2021-2022

Cours de droit de la fonction publique / UGB

Dr. Tapsirou Bocar BA

INTRODUCTON

Le droit de la fonction publique constitue une branche du droit administratif dédiée à l’étude
de la relation professionnelle entre l’administration et son personnel.

La notion de fonction publique, est une notion polysémique pouvant être perçue tant du point
de vue organique, formel que matériel :
- Du point de vue organique, elle désigne l’ensemble de structures, des services et de
personnels agissant au nom et pour le pour le compte de l’administration.
- Du point de vue formel, elle correspond à un régime juridique spécifique applicable,
soit, à l’ensemble des agents de l’État, soit, à une catégorie d’agents déterminés.
- Du point de vue matériel, la fonction publique est conçue comme une activité de nature
particulière par rapport à d’autres activités.

Ces différentes approches se ramènent aux deux principales conceptions de la fonction


publique :
1-Une conception étroite selon laquelle, la fonction publique comprend les seuls
fonctionnaires régis par les statuts généraux.
2-Une conception large qui considère que la fonction publique est constituée de
l’ensemble des agents publics de l’administration, et des régimes juridiques qui leurs sont
applicables.
Quelle qu’en soit la conception, la fonction est soumise à des règles spécifiques, et dérogatoires
qui correspondent au droit de la fonction publique.
Par droit de la fonction publique, on peut alors entendre l’ensemble des règles et
principes qui régissent l’ensemble des personnels de l’administration.
L’étude de la fonction publique passe par l’analyse de deux systèmes qui rappellent l’opposition
classique entre la tradition romano-germanique et le modèle anglo-saxon. Il s’agit d’une
part, du système de la fonction publique fermée ou « système de la carrière » et d’autre part,
du système de la fonction publique ouverte ou « système de l’emploi » ;

L’apposition entre ces deux systèmes rappelle la dualité de régime juridique applicable à
l’administration à savoir d’une part, le droit administratif de la fonction publique un
observatoire de privilèges, une incarnation de la puissance publique (stabilité, carrière) et
d’autre part, le droit commun qui perçoit celle-ci comme une entreprise ordinaire soumise aux
règles de gestion privée ( la performance, la mobilité).

-Le système de la carrière : La « fonction Publique fermée ».

Le système de la carrière est traditionnellement défini comme étant celui dans lequel les
agents administratifs sont recrutés pour travailler dans l’administration de façon
permanente et à y faire carrière. Ce système repose sur la spécificité de l’administration
publique, qui appelle un personnel doté de capacités particulières, et qui consacre toute sa vie
professionnelle au service de la collectivité.

Le système de la carrière traduit bien la conception absolutiste et centralisatrice de


Napoléon, selon laquelle la fonction publique est une hiérarchie où règnent le loyalisme,
le conformisme, l’obéissance et la discipline. ( distinction entre la tutelle et du pouvoir
hiérarchique).

C’est le système consacré par le statut sénégalais de 1961, selon lequel, le fonctionnaire est
nommé dans un emploi permanent, et titularisé dans un grade de la hiérarchie des corps.
C’est celui des pays de l’Union européenne à l’exception des Pays Bas. Le système de la
carrière entraîne un certain nombre de conséquences :

1-Le fonctionnaire n’est pas recruté en fonction des caractéristiques propres à


chaque emploi précis, mais en fonction d’une aptitude générale disposant le futur agent à
exercer les différentes attributions qui lui seront confiées au cours de sa carrière. Le
fonctionnaire n’est donc pas recruté pour un emploi déterminé, il n’occupe pas un emploi
précis. Il est recruté dans un corps ou cadre d’emploi, et il va passer une vie professionnelle
complète au sein de la fonction publique dans laquelle il peut occuper plusieurs emplois
successifs ou variés.

2-Le fonctionnaire n’est pas placé dans une situation juridique contractuelle mais
dans une situation générale, légale et réglementaire. Cela signifie que le recrutement ne se
concrétise pas par un contrat, mais par une nomination et une titularisation c’est-à-dire par
des actes administratifs unilatéraux.

3-La situation du fonctionnaire n’est pas statique. Elle est dynamique, c’est-à-dire
qu’elle ne sera pas la même chose tout au long de sa carrière. Le fonctionnaire bénéficie en
principe d’avancements qui vont effectivement améliorer sa situation financière.

4- Le fonctionnaire restera dans l’administration jusqu’à la retraite, autrement dit,


ni les changements politiques, ni même la suppression de l’emploi qu’il occupe n’entraîneront
son licenciement, ou son départ de l’administration.

Le système de l’emploi : La « fonction Publique ouverte »

Le système de l’emploi est fondé sur une conception privatiste, ouverte, et pragmatique
de l’administration. Dans ce système, on considère l’administration comme une entreprise
qui recrute et gère son personnel comme toute entreprise privée. Les emplois de
l’administration sont analysés comme dans le secteur privé.

Dans le système de l’emploi, le fonctionnaire est recruté pour un emploi déterminé, et n’a
pas droit à une carrière, autrement dit, l’agent n’a pas forcément la volonté de faire carrière
dans la fonction publique. Dans ce système, l’accent est mis sur l’emploi.

C’est un système dit ouvert, en ce sens que l’agent peut quitter son emploi public pour
passer sur un emploi privé et réciproquement. L’outil juridique est le contrat. IL est pratiqué
dans des pays comme les États-Unis d’Amérique, le Canada et la Finlande. Ce système
comporte aussi des conséquences :

1-L’agent est recruté en fonction des caractéristiques propres de l’emploi. Il est recruté
pour occuper un emploi déterminé. Il n’est pas appelé à changer d’emploi.

2-Un seul emploi étant à pourvoir, la procédure normale de recrutement est le


contrat.

L’agent restera dans l’administration que pour la durée fixée par le contrat, sauf
renouvellement ou passation d’un nouveau contrat.
3- La situation du fonctionnaire ne va pas se modifier tant qu’il exerce l’emploi occupé.
Le contrat peut certes prévoir un avancement d’ordre financier, mais il ne saurait y avoir un
avancement d’ordre fonctionnel, c’est-à-dire, l’attribution de nouvelles fonctions plus
importantes.

Cependant, aujourd’hui l’évolution de la fonction publique va dans le sens du


rapprochement pour ne pas confusion entre les deux systèmes :

D’une part, le système de carrière intègre de plus en plus des techniques de gestion privée
qui s’appuient sur des critères comme l’efficacité, l’efficience et la performance)

D’autre part, le système de l’emploi s’imprègne de plus en plus du mouvement de


socialisation et de stabilisation qui accompagne le droit du travail ( renforcement des
droits des travailleurs, carrière…).

Ces deux tendances contradictoires aboutissent au développement des systèmes mixtes.


IL en est ainsi des modèles français et sénégalais qui illustrent une mixité aussi bien au plan
organique qu’au plan formel.

En France non seulement, il existe

D’une part, des agents de droit public qui sont, soit des agents contractuels de droit public liés
au service, par un contrat administratif, soit des agents statutaires qui sont nommés dans un
emploi permanent et titularisés dans un grade.

-D’autre part, des agents de droit privé liés à l’administration par un contrat de droit privé.

Cependant, bien que mixte, le système sénégalais est plus beaucoup homogène et simplifié que
la France, les fonctionnaires sont vis-à-vis de l’État dans une situation statutaire et
réglementaire régie par le droit public, alors que les agents non fonctionnaires sont aux termes
de l’article 1er du décret de 1974 régis par le Code du travail.

Partant de ces aspects introductifs, il convient d’articuler ce cours autour de deux grandes
parties : Il sera question d’étudier dans la première partie l’accès à la fonction publique
(première partie) et dans la deuxième partie il s’agira de traiter de la carrière du
fonctionnaire (Deuxième partie).
Première partie: L’accès à la fonction publique
La fonction publique est un ensemble d’agents qui participent à la gestion des services
publics.

Le choix de ces agents doit concilier deux exigences majeures : Le respect du principe
d’égalité et la performance des services publics. L’accès à la fonction publique pose deux
questions fondamentales : Comment accéder à la fonction publique ? et qui peut accéder à la
fonction publique ?

C’est la raison pour laquelle, le recrutement dans la fonction publique est subordonné au respect
non seulement d’un certain nombre de modalités (Chapitre 1) mais aussi permet
l’identification des agents qui y sont (Chapitre 2).

CHAPITRE I : LES MODALITES DE RECRUTEMENT DES


FONCTIONNAIRES

Le recrutement est d’abord soumis au principe général de l’égale admissibilité à la fonction


publique. Le principe d’égal accès aux emplois publics interdit la discrimination de quelle que
nature ou forme que ce soit en raison des opinions politiques, des croyances ou des opinions
religieuses. Ce principe est reconnu dans le préambule de la Constitution sénégalaise ainsi
que par la jurisprudence administrative à travers notamment l’arrêt l’association nationale des
handicapés moteurs de 2000. En France, Le CC a aussi reconnu la valeur constitutionnelle
de ce principe dans ses de ses décisions du 14 janvier 1983 (troisième voie d’accès à l’ENA)
du 30 aout 1984 (Nouvelle Calédonie) du 12 décembre 1984 (limite d’âge des fonctionnaires)
En dehors de ce principe, le recrutement est soumis à un certain nombre de conditions
(section 1) et à des procédés bien déterminés (section 2).
Section 1 : Les conditions de recrutement dans la fonction publique

Les conditions de recrutement peuvent être classées en deux catégories. Il s’agit d’un côté des
conditions générales (para 1) et de l’autre des conditions particulières (para 2).

Paragraphe 1 : Les conditions générales d’accès à la fonction publique

Le statut général prévoit en ses articles 11, 20, 21 les conditions générales pour l’entrée dans
la fonction publique. On peut citer :

A : La condition liée à la nationalité :

Il y’a un alignement de principe entre l’accès à la fonction publique et la condition de la


nationalité. Cela veut dire que pour être recruté, il faut être de nationalité sénégalaise.

La liberté de résidence prévue par le droit communautaire à travers le protocole de la CEDEAO


du 1er juillet 1986 ( article 4) et le traité de l’UEMOA en ses articles 91(liberté de résidence)
et 92 ( liberté d’établissement) ne s’appliquent pas aux emplois de la fonction publique. En
France, l’accès à la fonction publique est ouvert aussi bien aux citoyens français qu’européens
à l’exception des postes de souveraineté.

Cependant, des dérogations à la condition de la nationalité sont prévues. Il en est ainsi de


la législation sur l’enseignement supérieur qui permet le recrutement des enseignants
ressortissant d’un État africain francophone.

B : La condition relative à la moralité.

Il est attendu du fonctionnaire qu’il présente des vertus et des qualités qui fondent sa crédibilité
et sa capacité d’être au service de la nation, et de l’intérêt général. Il doit en effet être de bonne
moralité pour mériter le statut de fonctionnaire. Le statut emploie l’expression bonne moralité
sans la préciser. Toutefois, on dit d’un agent qu’il est de bonne moralité si sa moralité
n’est pas douteuse. Pour cela, une enquête de moralité est possible avant l’accès à la fonction
publique.

L’administration peut écarter un candidat si la moralité du candidat est incompatible avec


l’exercice de la fonction publique (CE, 22 février 2002, Mutualité M et M , CE, 10 juin 1991,
Garde des Sceaux C/ Vizier)
C : La condition relative aux droits civiques :

Le fonctionnaire doit aussi jouir de ses droits civiques, c’est-à-dire avoir le droit de voter, le
droit d’être élu. Le futur fonctionnaire ne doit pas avoir été frappé d’une peine assortie de
privation de droits civiques. Cela veut dire qu’une simple condamnation ne suffit pas encore
faudrait-il la peine renferme expressément la privation des droits civiques :

D’où l’exigence d’un casier judiciaire avant de passer les concours de la fonction publique.

D: La condition relative à la capacité du future fonctionnaire :

La notion de capacité s’apprécie à deux niveaux : capacité physique, capacité intellectuelle et


l’âge.

1) La capacité physique qui signifie que le candidat doit physiquement être apte pour
l’exercice des fonctions, et reconnu indemne de toute maladie pouvant entraîner un
congé de longue durée.

Sur ce point, le juge sénégalais a décidé dans l’affaire Association nationale des handicapés
moteur du Sénégal, C E 29 juin 2000, que le fait pour le sieur Fadiya qui a souffert de
poliomyélite de boiter et d’utiliser des béquilles pour se déplacer, ne constitue pas une
infirmité avérée incompatible avec la fonction d’enseignant.

2) La capacité intellectuelle et technique du candidat :

Paragraphe 2 : Les conditions particulières :

Les conditions particulières sont entre autres : les diplômes (A), l’âge (B) et les aptitudes
physiques (C) :

A : Les diplômes

Chaque corps exige un diplôme précis pour recruter ses agents, qui est souvent calqué sur la
hiérarchie.

*A l’ENA pour le cycle A direct, un diplôme de master ou un diplôme supérieur accepté et


reconnu par le ministère de la FP pour le concours direct est exigé.

-Pour le cycle A professionnel, il faut être dans une des conditions suivantes :
Avoir le diplôme du cycle B de l’ENA du Sénégal et être titulaire dans un corps de la
hiérarchie B depuis 5 ans au moins.

Avoir un diplôme de 2nd cycle de l’université au moins équivalent à la licence et avoir été
titularisé au moins depuis 5ans dans un corps de la hiérarchie B.

-Pour le cycle B :

Direct : il faut avoir le baccalauréat ou un diplôme supérieur reconnu par le ministère de la FP

Professionnel : il faut avoir le baccalauréat au moins et/ ou être titulaire dans un corps de
l’administration depuis 5 ans au moins.

*Pour l’accès au centre de formation judicaire (CFJ)

Le Master est exigé et doit être en droit.

*Pour l’enseignement supérieur :

Au minimum, il faut un diplôme de 3ème cycle c’est-à-dire le DEA (diplôme d’étude


approfondie),un Master 2 ou de doctorat. La loi 81-59 du 09 novembre 1981 portant statut du
personnel enseignant des universités prévoyait que : « les assistants devaient avoir un 2ème
diplôme équivalent au DEA, au doctorant du 3ème cycle pour être titularisé ».

B: L’âge :

L’âge symbolisant la maturité et la responsabilité est une condition non négligeable dans l’accès
à la fonction publique. Il y’a un âge minimal et un âge maximal pour être admis dans la fonction
publique.

L’art 20 de la loi 61-33 du 15-juin-1961 relative au statut général des fonctionnaires, révisé
en 2005 précise que : « nul ne peut être nommé à un emploi dans un cadre de
l’administration de la république du Sénégal, s’il n’est âgé de 18 ans au moins et de 35 ans
au plus ».
-En application de ses dispositions pour l’école nationale d’administration (ENA) du Sénégal,
le concours d’accès direct est ouvert aux agents âgés de 18 ans à 33 ans dans les cycles A
et B.

-En revanche, le concours professionnel de cycle A est ouvert à tout professionnel âgé de 53
ans au plus sous réserve d’être titulaire dans un corps de la hiérarchie B pour le cycle A, ou
titulaire dans un corps de la hiérarchie B ou C pour le cycle B :

-Pour le centre de formation judiciaire :

La limite d’âge est de 40 ans au plus au plus tard au premier janvier de l’année du
concours pour l’accès direct au concours. Pour les agents de l’État, cependant, la limite d’âge
est de 53 du premier janvier de l’année du concours et titulaires de maitrise, master II ou
tout diplôme admis en équivalence.

D’autres statuts retiennent d’autres seuils par exemple la police. L’art 10 de la loi 2009-18 du
19-03-2009 relative au statut du personnel de la police nationale dispose que la police recrute
les personnes âgées de :

- 21 au moins et de 30 ans au plus pour le corps des agents de police

- 35 ans au plus pour le corps des commissaires de police, le corps des officiers de police,
le corps de sous-officiers de police :

C:Les aptitudes physiques :

Les aptitudes physiques constituent aussi une exigence dans l’accès à la fonction publique pour
s’assurer que les fonctionnaires sont dans les dispositions physiques d’exercer les fonctions
pour lesquelles ils ont été recrutés. C’est ce qui justifie l’exigence du bulletin médical, des
visites et contre visites préalablement à certains concours d’entrée à la FP.

L’art 20 de la loi 61-33 du 15-juin-1961 relative au statut général des fonctionnaires


dispose que « nul ne peut être nommé à un emploi dans un cadre de l’administration de
la république du Sénégal, s’il ne remplit pas les conditions d’aptitudes physiques exigées
pour l’exercice de la fonction et s’il n’est reconnu indemne de toute affection ouvrant droit
à un congé de longue durée ».

Pour certains corps, des dispositions spéciales sont prévues, il en est ainsi des corps militaires
(gendarme, soldats) et paramilitaires (police etc.). Pour accéder à ces corps, le candidat doit
remplir des conditions d’aptitudes physiques particulières déterminées par décret. Néanmoins,
toute inaptitude n’est cause d’exclusion de la FP.

L’inaptitude doit être avérée et réellement handicapante.

Section II : Les procédés de recrutement.

Le recrutement vise à pourvoir à des emplois budgétaires vacants, ou à des emplois


nouvellement créés. Le recrutement peut être interne ou externe. Il est interne lorsqu’il
s’attache à promouvoir des agents qui sont déjà dans la fonction publique. Il est externe,
lorsqu’il vise à intégrer des agents en dehors de la fonction publique. Le concours constitue le
procédé privilégié de recrutement dans la fonction publique (para I) même s’il cohabite avec
d’autres modes d’accès (para II).

Para I: Le recrutement par voie de concours

Le concours est considéré comme le procédé le plus approprié pour prévenir contre l’arbitraire
et le favoritisme. Il permet d’opérer une sélection par ordre de mérite pour pourvoir un
nombre limité de places.. En France, le procédé du concours a été utilisé dès le 18è siècle,
puis a été généralisé par Napoléon Bonaparte. Au Sénégal, le concours est un mode de
recrutement parmi tant d’autres. Il est dominé par le principe d’égalité

Le concours est une opération complexe dont l’organisation (A) peut donner naissance à
un abondant contentieux ( B).

A: L’organisation du concours.
L’organisation du concours comporte différentes étapes prévues par le décret n° 63-293 du 11
mai 1963 qui fixe le régime commun des concours. J. O. du 1er juin 1963.
-L’ouverture du concours :
Elle constitue la première étape permettant à l’administration d’apprécier librement
l’opportunité d’ouvrir un concours. Elle a un pouvoir discrétionnaire qui lui permet de
décider librement d’organiser ou non un concours. L’arrêté portant ouverture d’un concours
doit être publié au moins quatre mois avant la date prévue pour le concours.
-Le dépôt des candidatures :
C’est la deuxième étape. Les candidats doivent remplir les conditions prévues par le statut
général et le statut particulier du corps de fonctionnaires auquel le concours donne accès. Le
dossier de candidature doit être déposé avant la clôture des inscriptions. L’administration
procède à la vérification de toutes les pièces des dossiers de candidature. Le dépôt des dossiers
aboutit à la liste des candidats autorisés à concourir.
Les candidats dont les dossiers sont incomplets ou qui ne remplissent pas les conditions
statutaires sont écartés. Pour savoir si une candidature est recevable, l’administration vérifie
l’aptitude générale du candidat à occuper un emploi et sa capacité à exercer les fonctions
concernées. Après vérification d’usage, l’administration établit la liste des candidats autorisés
à concourir. Il n’appartient pas à l’administration d’apprécier les compétences des
candidats. Ce travail relève de la compétence du jury.
- Le déroulement des épreuves et classement des candidats.
C’est la troisième et dernière étape.
Le jury, organe collégial dont les membres doivent présenter des garanties d’impartialité doit
procéder à la supervision des épreuves du concours, et de proclamer les résultats.
Le déroulement du concours est gouverné par cinq principes :

-Les membres du jury désignés par l’autorité de nominative doivent être présents jusqu’à la fin
des épreuves. Le jury apprécie de façon souveraine la valeur des candidats.

-Après le début des épreuves l’administration n’a pas la possibilité de modifier les modalités
d’un concours. Autrement dit, l’organisation du concours devient intangible sauf si un texte
prévoit le contraire.

-L’administration ne peut non plus exclure un candidat après l’ouverture du concours, sauf en
cas de renseignements nouveaux ou d’intentions frauduleuses de la part des candidats.

-Le jury n’est pas obligé de pourvoir tous les postes en compétition. (C. E. français 29 juillet
1973 Siban,).
- Le jury met la liste des candidats admis à la disposition de l’administration qui est tenue de
respecter le classement par ordre de mérite effectué. Cela signifie que les nominations devront
suivre l’ordre de classement effectué par le jury.

B: Le contentieux du concours
Les actes pris par l’administration ou par le jury sont des actes administratifs et donc
susceptibles de faire l’objet de recours administratifs ou recours contentieux (REP, plein
contentieux, référés administratifs).
Le REP constitue le type de recours le plus utilisé en matière de recours :
Le juge de l’excès de pouvoir peut par exemple être saisi par un candidat dont la
candidature a été rejetée ou alors par un candidat qui conteste la composition du jury ou qui
met en cause l’impartialité d’un membre du jury.
Un candidat qui a participé au concours peut en demander l’annulation en invoquant l’illégalité
d’une décision prise dans le cadre de ce concours.

Deux questions sont posées dans le cadre du contentieux :

Quelle la portée du contrôle du juge ?

-L’étendue du contrôle :

Sur la légalité interne :


-Erreur de droit du jury CE, 25 mars 1994, Préfet de l’Indre et de Loire)
-Discrimination entre les candidats ( CE, 2000 Association des handicapés moteurs du Sénégal)
-Détournement de pouvoir…
- si le jury se fonde sur les qualités étrangères aux mérites du candidat (CE, 21 juin 1991
Demoiselle X)

-Si le choix du sujet n’est pas conforme au règlement intérieur du concours, rupture d’égalité
devant le service public (CE, 26 septembre 2018 n° 405473)

Sur la légalité externe :

Incompétence : Incompétence du jury ou de l’administration


Ex : Dans l’arrêt Bouré Diouf et autres 2015, la Cour suprême avait jugé que le ministre de
l’éducation nationale, en procédant à l’annulation des admissions des élèves-maitres, n’avait
pas compétence pour intervenir à la place du jury.

De même, le jury ne peut prendre des actes qui relèvent de la compétence de l’administration.

Vice de forme ou vice de procédure :

Composition irrégulière du jury (CE, 17 octobre 2016, Université de Nice Sophia Antipolis,
CS, 12 janvier 1977, Magette Thiam).

Ou encore toute irrégularité affectant la procédure de délibération du jury.

-Limites du contrôle :

Le juge ne peut pas contrôler les appréciations du jury sur les mérites des candidats qui relèvent
de la compétence exclusive et souveraine du jury.

2) Quelles sont les conséquences tirées de l’irrégularité dans le cadre du concours

Deux approches sont possibles :

-Approche globale du juge :

Ici, le juge s’intéresse à l’ensemble du concours et peut considérer que toute irrégularité est de
nature à entrainer l’annulation du concours :

Dans l’affaire Meissa diouf du 6 juillet 1979, le juge avait considéré qu’une requête contestant
la liste des candidats était dirigée contre l’ensemble du concours y compris ses résultats
définitifs.

De même, dans l’affaire Magatte Thiam du 12 janvier 1977, la cour suprême avait décidé de
procéder à l’annulation de l’ensemble des opérations du concours en raison des irrégularités
constatées.

-Approche casuistique :
Ici, le juge s’intéresse à la situation individuelle des candidats ou à l’opération mise en cause en
considérant que toute irrégularité n’est pas de nature à entrainer l’annulation du concours (CS,
28 avril 1971, Issaga Keita).

L’irrégularité doit avoir une influence suffisante sur les résultats du concours. En cas
d’annulation d’un concours, l’exécution de la décision de justice s’avère complexe pour ne pas
dire impossible. Différentes hypothèses peuvent se proposer à l’administration :

Avant les nominations :

-L’administration peut, dans le respect du délai contentieux, procéder au retrait de l’acte portant
publication des résultats ( CS , arrêt n° 51 du 26 septembre 2013 Abdou khafor diop et
Tabouré Agne) qui admet la légalité d’un arrêté du ministre procédant au retrait de l’arrêté
portant publication des résultats intervenu dans le délai contentieux).

-L’administration peut refuser la nomination en cas de candidatures irrégulières ou de fraudes


constatées après l’expiration du délai contentieux (CE, 24 juillet 1981, Ministre de l’intérieur
contre X, CS, Yoro Kandé, 15 septembre 1973, Mandickou Kassé juillet 1987,

-Après les nominations

Deux situations sont possibles :

Première situation :la validation législative :

Si le concours fait l’objet d’une annulation après les nominations, le législateur peut intervenir
au nom du principe de la sécurité juridique, à travers une loi de validation pour valider
rétroactivement les irrégularités ayant conduit à l’annulation.

Deuxième situation : réparation du préjudice pour perte de chance

En l’absence de validation législative, les candidats évincés peuvent saisir le juge du plein
contentieux pour réparation du préjudice du à une perte de chance à condition de prouver qu’ils
avaient de sérieuses chances de réussir au concours annulé.

L’annulation d’un concours entraine en principe la caducité des nominations y relatives.


Cependant, il faut distinguer deux périodes en France :

Avant l’arrêt 23 octobre 1997 Lugan : L’annulation d’un concours pouvait entrainer celle
des nominations
Depuis Lugan : Pour obtenir l’annulation d’un concours, les requérants doivent formuler
une requête spéciale dans ce sens.

Para 1: Les autres modes de recrutement.

En dehors du concours, l’administration peut utiliser d’autres procédés conformément au statut


général. Mais ces procédés n’aboutissent pas forcément à l’obtention du statut de fonctionnaire.
Aux termes de l’article 24 alinéa 1, il peut être dérogé dans le cadre d’un recrutement, aux
conditions normales de recrutement précitées. Ces dérogations se matérialisent par les procédés
suivants :

A- Le recrutement sur titre

L’art 22 du statut général précise l’idée de recrutement sur titre, dans ce procédé la présentation
d’un titre c’est-à-dire d’un diplôme ou d’un certificat suffit pour être recruté, on a utilisé dans
les universités les candidats recrutés sur titre sont nommés stagiaires, leur rémunération est
calquée sur l’indice stagiaire.

B-Le tour extérieur :

C’est un procédé d’accès direct à la fonction publique pour lequel l’administration recrute
directement dans certains corps, de hauts fonctionnaires, ou des personnalités issues de la
société civile, sous réserve que ceux-ci remplissent les conditions minimales d’accès aux
emplois publics. Le gouvernement dispose ici d’un pouvoir d’appréciation assez étendu.
L’article 25 de la loi n° 87-18 du 3 août 1987 portant statut des inspecteurs généraux d’État
dispose en effet que le recrutement par tour extérieur s’effectue par décision du Président
de la République qui, dans la limite des 2/5 de l’effectif du corps, peut nommer dans le
corps des inspecteurs généraux, des fonctionnaires, des magistrats ou officiers
supérieurs des armées.

C- Des emplois à la décision ou la discrétion du gouvernement.

Ces emplois permettent le recrutement de personnes à des postes sur la base d’un pouvoir
discrétionnaire de l’autorité de nomination. Les emplois dont il est question ont un régime
juridique spécifique. Il s’agit d’emplois sans grade ou statut. La nomination à ces emplois est
laissée à la discrétion de l’autorité compétente qui peut se fonder sur des critères politiques.
Ces emplois sont déterminés par décret.

IL s’‘agit généralement des postes les plus prestigieux dans la haute administration publique
(directeurs de ministères, recteur préfet ambassadeurs D G des entreprises publiques et
des sociétés nationales). Ces emplois imposent une obligation de loyalisme à l’égard du
pouvoir. Dans l’arrêt Amadou Lamine Diallo du 4 mai 1976, la C. S. avait considéré que
les fonctions d’ambassadeur ne constituent pas un grade d’un cadre de la fonction
publique, mais un emploi à la nomination discrétionnaire du Président de la République.

D-Le procédé des emplois réservés

Ce procédé permet de réserver des emplois à certaines catégories sociales qui auront une
priorité ou qui bénéficient d’une priorité de recrutement. Il en est ainsi des emplois réservés
aux anciens militaires, aux anciens combattants ou aux personnes en situation de
handicap

Chapitre 2: Les agents de la fonction publique:

La diversité des procédés d’accès à la fonction n’est pas sans influer sur le statut des
agents de l’administration. Si les agents recrutés par concours et intégrés par des actes
unilatéraux correspondent à la catégorie d’agents fonctionnaires ( Section 1), ceux qui
sont admis uniquement par voie contractuelle renvoient à des agents non fonctionnaires
( Section 2)

Section I : Les fonctionnaires

Le fonctionnaire se définit d’abord par rapport à son statut d’agent public. Mais il faut
préciser que tout agent public n’est pas fonctionnaire. C’est l’article 1er du statut
général dégage les critères de définition du fonctionnaire (para 1), lesquels le placent
dans une situation juridique particulière (para 2).

Paragraphe 1 : Les critères de définition du fonctionnaire :

La nomination dans un emploi permanent (A) et la titularisation dans un grade de la


hiérarchie des corps (B) constituent les critères de définition du fonctionnaire.
A) La nomination dans un emploi permanent :

Le destin du fonctionnaire est lié aux actes administratifs unilatéraux. Il est d’abord
une personne recrutée par un acte de nomination. Autrement dit, l’agent recruté par
contrat n’est pas un fonctionnaire. L’emploi occupé par le fonctionnaire doit être un
emploi permanent. Le statut de la fonction publique française précise que le
fonctionnaire est nommé dans un emploi permanent à temps complet. On peut dire que
le critère de la permanence est un critère essentiel retenu par le juge français (C E 17
février 1995 Hardouin).

1) Qui peut nommer ?

Aux termes des articles 44 et 45 de la constitution, le Président de la République nomme


aux emplois civils et militaires.

Avant la suppression du poste de premier ministre, celui-ci n’avait qu’un pouvoir de


nomination limité aux seuls emplois déterminés par la loi contrairement à son
homologue qui nomme aussi aux emplois civils et militaires.

Toutefois, le Président de la République peut déléguer ses pouvoirs au ministre de la


fonction publique.

2) Quelles sont les conditions qui entourent l’acte de nomination ?

a) Conditions de forme

- Certaines nominations sont soumises à l’avis préalable d’un organe consultatif (


conseil supérieur de la fonction publique, conseil supérieur de la magistrature…)

Dans ce cas, l’autorité de nomination est tenue de recueillir l’avis sous peine
d’irrégularité pour vice procédure ;

- Une nomination doit être explicite :

Une nomination tacite est considérée comme irrégulière (CE, 27 juin 1956, commune de
houilles)

b) Conditions de fond :

Une nomination ne peut porter sur un poste vacant budgétisé. Les nominations
anticipées, rétroactives ou promesses de nominations sont irrégulières. La nomination
faite avant que le poste ne soit vacant est illégale.
De même, l’autorité de nomination ne peut retarder le point de départ d’une nomination
et empiéter ainsi sur les pouvoirs de son successeur. Il est admis cependant que
l’administration peut procéder à une nomination quelque temps avant le moment ou le
poste est déclaré vacant car il est dans l’intérêt du service que l’exercice de la fonction
ne soit pas interrompu.

3) Qu’en est-il d’une nomination irrégulière ?

Une nomination qui ne respecte pas ses conditions évoquées est entachée d’irrégularité
et plonge l’intéressé dans une situation de fait à laquelle l’administration est tenue de
mettre un terme. Elle peut dès lors faire l’objet d’un retrait par l’administration dans
les conditions de retrait des actes administratifs unilatéraux ou d’une annulation par le
juge. L’annulation a un effet rétroactif. Cependant, le juge peut moduler les effets de
l’annulation dans le temps pour sauvegarder les impératifs de la sécurité juridique ( CS,
26 septembre 2013, Cheikh tidiane Sy).

4) Quels sont les effets de la nomination ?

- L’attribution de la qualité d’agent public

La nomination confère la qualité d’agent public à son bénéficiaire s’il ne l’a pas déjà dès
la signature de l’acte administratif.

- L’affectation à un emploi

La nomination s’accompagne de l’affectation en fonction de la situation juridique de


l’agent. Le bénéficiaire a le droit de recevoir une affectation correspondant à son grade.
Pour l’affecter à un emploi ne correspondant aux missions prévues par le statut
particulier, l’administration est tenue de recueillir l’accord du fonctionnaire intéressé.

- L’installation

C’est un acte matériel qui constate que la personne nommée a rejoint son poste.
L’installation peut se matérialiser par un serment professionnel (magistrats, les
comptables publics…).

B) La titularisation :

Aux termes de l’article 1er du statut général, le fonctionnaire est non seulement une
personne nommée, mais titularisée dans un grade de la hiérarchie des corps de
l’administration. La titularisation est l’acte juridique (décret ou arrêté) qui attribue un
grade à un fonctionnaire. Elle confirme l’aptitude du fonctionnaire à occuper l’emploi.
Elle permet au fonctionnaire d’intégrer un corps de la fonction publique.

La titularisation est ainsi l’acte juridique qui permet de distinguer nettement le


fonctionnaire des autres agents publics non fonctionnaires. C’est l’intégration dans la
hiérarchie d’un corps par la titularisation qui confère la qualité de fonctionnaire.

Après la titularisation, le fonctionnaire est alors automatiquement soumis aux règles


applicables à ce corps.

Si l’emploi appartient à l’administration, le grade est une propriété du fonctionnaire.

La titularisation est précédée d’une période de stage dont la durée varie en fonction des
statuts particuliers mais la durée est généralement d’1 an renouvelable à durée égale. Le
stagiaire est rémunéré dans la même proportion que les agents qui occupent des postes.
L’issue normale du stage est la titularisation du fonctionnaire stagiaire par l’autorité́ de
nomination. Cependant, la titularisation ne constitue en aucun cas un droit (CE, 13 mai
1932, Sieur de Paul, Rec. ; CE, 15 février 1963, Dlle Turin, Rec. ; CE, 13 juillet 1966,
Dame veuve Sendra, T.)

A fin du stage, trois options s’offrent à l’administration : soit elle titularis le stagiaire,
soit elle le licencie, soit prolonge son stage. Il peut aussi arriver que le stagiaire n’ait pas
pu finir son stage parce ’que licencié en cours de stage. Si dans la première situation,
l’administration peut procéder au licenciement sans difficultés particuliers, dans la
seconde, elle est tenue au respect d’un certain nombre d’obligations.

1) Le licenciement du fonctionnaire en cours de stage :

Le stagiaire bénéficie du droit d’accomplir l’intégralité́ de sa période probatoire (CE,


1er février 2012, Commune d’Incarville, n° 336362, Rec.) C’est pourquoi, le
licenciement avant la fin de la période de stage est soumis à certaines conditions :

-Il doit donc entre motivé

-Il ne peut intervenir avant l’accomplissement de la moitié de la durée du stage

- Le stagiaire a droit à la communication de son dossier

Le juge administratif exerce un contrôle rigoureux et veille au respect de ces conditions


(CE, 16 octobre 1987, Hôpital Saint- Jacques de Dieuze, n° 60173, T.).

2) Le licenciement du fonctionnaire en fin de stage :

Ce licenciement est susceptible d’intervenir pour incapacité physique ou pour


insuffisance professionnelle.

Dans tous les cas, ce type de licenciement n’est pas considéré comme une sanction
disciplinaire. Le juge administratif français a considéré que le licenciement en fin de
stage d’un agent justifié par son incapacité physique ou professionnelle ne présente
aucun caractère disciplinaire. C’est la raison pour laquelle l’administration n’est pas
tenue à un certain nombre d’obligations.

-L’administration n’est pas tenue de motiver sa décision

- L’administration n’est pas tenue à la communication du dossier au stagiaire

3) Quel est le sort du fonctionnaire titularisé tardivement ?

En principe, la durée du stage est de 1 an renouvelable une fois à durée égale dans les
conditions prévues par les statuts particuliers. Cependant, la décision de renouveler le
stage doit être prise avant l’expiration de la première année de stage sous peine de
placer le stagiaire dans une situation irrégulière. Cette situation est illustrée par l’affaire
de la CS du 6 juin 1973 Dame Yaye Katy Dieng et autres à l’occasion de laquelle, le juge
administratif sénégalais a estimé que l’intervention tardive de la titularisation justifiée
par la participation des intéressés à une grève, était entachée d’illégalité pour
détournement de pouvoir.

4) Quel est le sort du fonctionnaire devant le silence gardé par l’administration à


l’issue de sa période de stage ?

Le stagiaire peut faire un recours administratif pour provoquer une décision explicite de
l’administration ou à défaut attendre l’expiration du délai de quatre mois au bout
duquel le silence vaut refus pour intenter un recours pour excès de pouvoir. Avec la loi
organique de 2017 instituant les référés administratifs au Sénégal, le stagiaire peut
introduire en même temps un référé mesures-utiles et demander au juge de l’urgence de
faire cesser l’illégalité dans laquelle il se retrouve.

Paragraphe 2 : : La situation juridique du fonctionnaire :

Au Sénégal, le fonctionnaire est à l’égard de l’administration dans une situation


statutaire, légale et réglementaire. Principe posé par la jurisprudence française ; C E
22 octobre 1937 Demioiselle Minaire, à l’occasion duquel le CE abandonna la notion de
contrat de fonction publique. La situation juridique du fonctionnaire entraîne un
certain nombre de conséquences.

- : D’abord, le statut s’applique d’autorité à l’agent fonctionnaire, il ne se discute pas.


Le statut est uniforme pour tous les agents occupant le même emploi. On ne peut y
déroger, ni par des mesures individuelles, ni avec le consentement de l’intéressé.

- : Ensuite le statut peut être modifié unilatéralement à tout moment. Il n’y a pas de
droits acquis à son maintien. Le fonctionnaire est intégré dans la fonction publique par
l’acte de nomination, sans qu’il n’ait à l’accepter, il peut seulement refuser la
nomination.

- : Enfin, le manquement aux obligations statutaires entraîne des mesures disciplinaires


à l’égard du fonctionnaire, qui peut le cas échéant, intenter un recours pour excès de
pouvoir. Cette situation relativement contraignante, est quelque peu assouplie par ce
qu’on appelle aujourd’hui la contractualisation de la fonction publique qui favorise la
participation des syndicats dans la gestion de certains problèmes relatifs notamment à la
carrière et à la rémunération.

Section II : Les agents non fonctionnaires.

Il convient de rappeler que tous les agents publics ne sont pas fonctionnaires. Ces
derniers cohabitent avec des agents dits non-fonctionnaires auxquels l’administration a
recourt pour deux raisons :

- Soit l’administration se trouve dans une situation dans laquelle les seuls agents
fonctionnaires ne parviennent pas à faire fonctionner le service

- Soit l’administration se trouve en face de personnes qui ne remplissent pas les


conditions exigées pour entrer dans la fonction publique.

Paragraphe I : Les principales catégories d’agents publics non fonctionnaires.

L’État emploie plusieurs catégories d’agents non fonctionnaires régis par le décret du
12 avril 1974 qui se ramènent à deux situations : Ces agents non fonctionnaires sont soit
recrutés par un acte administratif unilatéral c’est-à-dire par une décision du ministère
de la fonction publique, soit par un contrat.

A) Les agents non fonctionnaires recrutés par acte administratif unilatéral

-Les agents recrutés par référence à un corps de fonctionnaire :

Ces agents doivent remplir les mêmes conditions que celles requises pour accéder au
corps de référence et sont destinés aux mêmes fonctions.

Les agents sont engagés en principe au grade et à l’échelon de début du corps de


référence.

La rémunération servie aux agents non fonctionnaires est celle afférente à l’indice
correspondant au grade et à l’échelon du corps de référence.

-Le personnel de secrétariat :


Les secrétaires dactylographes, sténodactylographes, sténodactylographes
correspondanciers sténotypistes, secrétaires de direction appelés aujourd’hui assistants
de direction.

B) Les agents fonctionnaires recrutés par contrat

Il s’agit des maitres contractuels régis par le décret de 99-908 modifié par un décret
n°2004-1650

- Les professeurs contractuels régis par le décret de 2002-78 modifié par celui du
2004-165

- Les journalistes et les techniciens de la communication sociale

Para 2 : La situation juridique des non- fonctionnaires :

Au Sénégal, les agents non fonctionnaires sont, aux termes de l’article 1er du décret de
1974 dans une situation contractuelle et régis par le Code du travail, qu’ils soient
recrutés par contrat ou par acte administratif unilatéral. Autrement dit, leur situation
juridique est celle de n’importe quel salarié vis-à-vis de son employeur. Ils sont liés à
l’État ou à leur collectivité d’appartenance par un contrat de travail, qui se traduit
comme par un engagement d’une personne, le salarié à travailler sous l’autorité d’une
autre personne, l’employeur, en contrepartie d’une rémunération. C’est le droit du
travail qui est alors applicable à de tels rapports du travail. C’est pourquoi, les litiges
pouvant les opposer à leur employeur, relèvent en principe des tribunaux du travail. Ce
statut présente ainsi quelques différences fondamentales par rapport à celui du
fonctionnaire.

- D’abord, les conditions de recrutement sont plus souples.

- Ensuite, la rémunération est un peu moins intéressante pour les avantages


familiaux et la retraite.

- Enfin, la stabilité de l’emploi n’est pas garantie.

Après avoir étudié dans un premier temps l’accès à la fonction dans ses différentes
modalités, il convient de s’intéresser dans un second temps à la carrière du
fonctionnaire.

Deuxième partie : La carrière du fonctionnaire


Une fois nommé et titularisé dans la fonction publique, le fonctionnaire est censé mettre toute
sa vie professionnelle au service de la fonction publique. Il est donc soumis à une carrière qui
repose sur une structure fonctionnelle axée seulement sur la distinction emploi et grade mais
aussi sur les modalités de regroupement des fonctionnaires. La carrière du fonctionnaire est
surtout évolutive ce qui le place dans un cadre dynamique. Des lors, le cadre structurel doit être
étudié ( Chapitre 1) et le cadre dynamique élucidé ( Chapitre 2).

Chapitre 1 : Le cadre structurel de la carrière

L’article 22 du S. G. évoque un certain nombre de notions sur lesquelles repose la structure


interne de la fonction publique. Il s’agit notamment des notions d’emploi, de cadre, de corps,
de grade et de hiérarchie. . L’emploi est la notion de base en matière de gestion de la fonction
publique, tandis que le grade est un titre juridique attribué au fonctionnaire, et qui lui donne
vocation à occuper l’emploi correspondant.

Partant, il convient de procéder à la distinction entre les notions de grade et d’emploi (section
1) avant de s’intéresser au regroupement des fonctionnaires (section 2).

Section I : Distinction entre les notions emploi et de grade

La distinction entre ces différentes notions commande une clarification conceptuelle de chacune
de ces notions (para 1) afin d’en cerner les éléments distinctifs (para 2).

Para 1 : Définition conceptuelle :

La notion d’emploi qui n’est pas propre à fonction publique, n’a pas fait l’objet de définition
dans le statut général.. La doctrine a néanmoins essayé de définir l’emploi comme une fonction
administrative exercée par le fonctionnaire. Autrement dit, l’emploi est un poste de travail
qui est à la disposition de l’autorité administrative. L’emploi qui appartient à
l’administration, se traduit par des crédits ouverts par le budget et correspond à l’attribution
d’un poste de travail. Étant une propriété de l’administration, celle-ci peut, dans l’intérêt du
service, attribuer tout emploi au fonctionnaire à condition qu’il corresponde à son grade, le
fonctionnaire n’ayant aucun droit au maintien dans son emploi.

Quant au grade, il est défini par le statut général en son article 32 comme le titre qui confère
à ses titulaires vocation à occuper l’un des emplois qui leurs sont réservés. Le fonctionnaire
se voit attribuer un grade à titre personnel. C’est le grade qui définit la position dans la
hiérarchie.
Les grades sont subdivisés en échelons. L’échelon sert à déterminer l’ancienneté du
fonctionnaire dans son grade, ainsi que son niveau de rémunération. Il correspond donc
à une différence de rémunération. Dans un corps de fonctionnaires, il y a autant de grades
qu’il est possible de procéder à une différenciation hiérarchique.

Para 2 : La portée de la distinction

Le grade ne se confond pas avec l’emploi. Cette situation comporte trois implications :

-Le fonctionnaire peut occuper un emploi supérieur ou inférieur tout en restant dans son grade.
-Il peut aussi conserver son grade et voir son emploi supprimer.

-Il peut changer de grade sans changer d’emploi.

En définitive, si l’emploi appartient à l’administration, le grade est une propriété du


fonctionnaire.

Un des avantages de la distinction du grade et l’emploi , c’est justement d’instaurer ou de


favoriser la mobilité dans la fonction publique dans la mesure où, d’une part, l’administration
peut imposer des mutations dans l’intérêt du service, et d’autre part, le fonctionnaire est protégé
par la propriété de son grade.

Section II : Le regroupement des fonctionnaires.

Le regroupement des fonctionnaires peut prendre deux formes. Il peut s’intéresser à la


distinction entre les notions de cadres et de corps (para 1) ou renvoyer à la distinction entre les
différentes hiérarchies ( para 2).

Para 1 : La distinction entre le cadre et le corps :

Le cadre est défini par le statut général comme l’ensemble des emplois concourant au
fonctionnement d’un même service administratif, ou relevant d’une même technique
administrative, allant de l’emploi le plus bas au plus élevé, article 22. Constituent alors des
cadres : le cadre des fonctionnaires de l’administration générale, le cadre des
fonctionnaires des impôts et domaine, le cadre des fonctionnaires des affaires étrangères,
le cadre des fonctionnaires du trésor, le cadre des fonctionnaires de l’enseignement
technique et de la formation professionnelle. Le cadre d’emplois regroupe donc des
fonctionnaires soumis au même statut particulier.

Les cadres d’emplois sont subdivisés en corps. Selon l’article 22 du statut général, le
corps est l’ensemble des emplois qui sont réservés par les textes à des agents soumis aux
mêmes conditions de recrutement et ayant vocation au même grade.

A titre d’exemple, on peut citer le cadre des fonctionnaires du trésor qui est constitué du corps
des inspecteurs, du corps des inspecteurs adjoints ; du corps des contrôleurs, et du corps des
agents de recouvrement.

Les corps sont soumis à différentes hiérarchies.

Para 2 : Les hiérarchies :

Les fonctionnaires appartenant à un corps sont répartis en hiérarchies suivantes : A, B, C, D


et E. Mais cette hiérarchisation n’est plus d’actualité, car depuis 1983, les corps des hiérarchies
D et E étaient érigés en corps d’extinction, c’est-à-dire que l’administration ne devait plus
recruter dans ces corps.

On définit la hiérarchie par le niveau de recrutement ou le degré de qualification des


emplois concernés. Autrement dit par la corrélation entre le niveau de recrutement et le
degré de responsabilité dans les fonctions exercées.

Ainsi depuis le décret n° 92-1196 du 19 août 1992 relatif au classement et aux indices
correspondant aux grades et échelons des corps de fonctionnaires, les corps de la
hiérarchie A recrutent parmi les titulaires d’une maîtrise de l’enseignement supérieur ou d’un
diplôme équivalent.

-L’emploi correspondant à cette hiérarchie est une fonction de direction et de conception,


d’encadrement.

-Les corps de la hiérarchie B recrutés parmi les titulaires du baccalauréat qui sont appelés à
des fonctions d’exécution, c’est -à -dire des fonctions d’application ou de rédaction.

-Les corps de la hiérarchie C parmi les titulaires du Brevet de fin d’études moyennes (B F
EM) assurent les fonctions d’exécution moyenne.

-Les corps de la hiérarchie D niveau CFE sont appelés à des tâches d’exécution simples.
- Les corps de la hiérarchie E correspondent à des taches nécessitant aucun diplôme. Une
qualification professionnelle suffit.

CHAPITRE II : Le cadre dynamique de la carrière

La vie du fonctionnaire est une évolution et sa carriere apparait « comme un long fleuve
tranquille». Après avoir été nommé à un emploi, et titularisé dans un grade, l’agent public
intègre définitivement la fonction publique marquée d’un côté par le déroulement de la carrière
(Section 1) et de l’autre par la fin de carrière (section 2).

Section I : Le déroulement de la carrière

La carrière se déroule suivant le principe d’avancement (para 1), les positions statutaires ( para
2) ainsi que les droits et obligations ( para 3).

Para 1 : L’avancement des fonctionnaires.

L’avancement est un avantage qui permet au fonctionnaire de progresser dans sa carrière et


d’améliorer sa situation à l’intérieur d’un corps. Le fonctionnaire est appelé à gravir les
différents degrés de la hiérarchie. C’est grâce à leur évaluation que l’administration apprécie la
valeur des fonctionnaires (A). C’est sur la base de cette appréciation que s’appuie l’avancement
(Paragraphe B).

A : L’évaluation du fonctionnaire :

L’article 29 du statut général répartit les fonctionnaires en trois groupes pour leur évaluation.

-Il y a le groupe des personnels assurant des fonctions de direction ou de supervision,

-le groupe des personnels exerçant des fonctions d’étude, de conseil ou de contrôle

-celui des personnels aux fonctions opérationnelles.

Cette répartition repose sur la nature des fonctions des agents. La note chiffrée est déterminée
sur la base d’un certain nombre de critères qui sont communs aux trois groupes :
Les critères relatifs aux qualités professionnelles, au comportement au travail, et au
rendement sont exigés des trois groupes de personnels.

Les critères propres à chaque groupe

-Concernant le premier groupe, il faut ajouter le critère tenant à l’aptitude à diriger.

-Pour le deuxième groupe, le critère de la créativité

-Pour le troisième groupe, le critère de la capacité d’initiative.

L’évaluation de chaque agent est effectuée par son chef de service. La note et l’appréciation
générale sont communiquées à l’agent par le chef de service direct. L’article 3 du décret n098-
286 du 26 mars 1998 fixant les modalités d’évaluation des agents de l’Etat, J.0 du 2 mai
1998 prévoit que le fonctionnaire dispose de son droit de recours auprès du chef de
service.

IL ressort de la jurisprudence administrative française depuis l’arrêt Camara du C. E. 23


novembre 1962 que le fonctionnaire a la possibilité de contester la notation devant le juge
de l’excès de pouvoir, mais il doit le faire dans les deux mois suivant sa notification..

L’administration ayant un pouvoir discrétionnaire en la matière, le juge ne peut exercer qu'un


contrôle minimum qui exclue la qualification juridique des faits .

Si la notation devient définitive ( faute de recours dans un délai de 2 mois ) , son


illégalité́ ne peut être invoquée que par l'illégalité́ d'une décision subséquente ( ex : refus

d'avancement ) CE 18 mai 79 "Menonville".

B: Les différents modes d’avancement.

L’avancement équivaut à une promotion qui permet aux fonctionnaires d’améliorer


constamment leur situation financière. Selon l’article 31 du statut général, l’avancement
comprend l’avancement d’échelon et l’avancement de grade.

1 :L’avancement d’échelon.
L’avancement d’échelon qui se traduit par une augmentation de traitement est fonction de
l’ancienneté du fonctionnaire. Au Sénégal, l’avancement d’échelon est automatique. C’est
dans les statuts que sont précisés le nombre d’échelons dans chaque grade et le nombre d’années
à passer dans chaque échelon. L’avancement d’échelon est constaté par l’autorité administrative
qui a pouvoir de nomination.

2 : L’avancement de grade.

L’avancement de grade implique une progression plus importante que l’avancement


d’échelon. Le fonctionnaire bénéficie certes d’une augmentation de son traitement, mais le
passage d’un grade au grade supérieur lui donne vocation à un emploi, à des responsabilités
plus grandes et à changer d’emploi.

L’avancement de grade n’est pas considéré comme un droit. A la différence de


l’avancement d’échelon, l’avancement de grade se fait après sélection. Plusieurs techniques
peuvent être utilisées, mais dans tous les cas l’administration doit tenir compte du mérite des
agents.

Au Sénégal, c’est la procédure du tableau d’avancement qui permet de procéder aux


avancements de grade. Cette technique introduit des mécanismes de garantie dans la
promotion des fonctionnaires en faisant participer les représentants des fonctionnaires dans
le cadre des commissions administratives paritaires appelées à siéger comme commission
d’avancement.

-L’avancement de grade n’est possible que pour les fonctionnaires inscrits au tableau
d’avancement.

-Ce tableau doit être établi avant le 15 décembre de chaque année après avis de la
commission administrative paritaire siégeant en commission d’avancement.

- Le tableau qui est arrêté par l’autorité de nomination prend effet à partir du 1er janvier de
l’année suivant et n’est plus valable à la fin de l’année.

L’établissement du tableau d’avancement suppose un examen approfondi de la valeur


professionnelle des agents susceptibles d’être proposés compte tenu des notes obtenues et des
propositions émanant de l’autorité de nomination.
Le classement des fonctionnaires se fait par ordre de mérite. La promotion doit suivre
l’ordre du tableau. L’épuisement du tableau d’avancement avant la fin de l’année entraîne
l’établissement d’un tableau supplémentaire.

Le fonctionnaire qui bénéficie d’un avancement de grade et qui refuse le nouvel emploi
qui lui est proposé peut-être radié du tableau d’avancement.

Si le fonctionnaire peut ainsi bénéficier d’avancement durant sa carrière, il peut être aussi placé
dans différentes positions conformément au statut général.

Para 2 : : Les positions statutaires.

La position est une situation qui permet de caractériser le lien existant entre l’administration et
le fonctionnaire. Le statut prévoit quatre principales positions. IL s’agit selon l’article 55 de
la position en activité, en service détaché, en disponibilité, et sous les drapeaux. Le
fonctionnaire est obligatoirement placé dans une position donnée, c’est-à-dire dans une
situation juridique précise.

A: La position d’activité.

C’est la position de principe, c’est-à-dire la position normale ou celle occupée


habituellement par le fonctionnaire. Le statut général définit la position d’activité en son
article 56 comme la position du fonctionnaire qui régulièrement titulaire d’un grade
exerce effectivement les fonctions de l’un des emplois correspondants, soit qu’il soit affecté
dans un service relevant de l’autorité ayant pouvoir de nomination, soit qu’il soit mis à la
disposition d’une autre autorité administrative.

En droit sénégalais, le fonctionnaire en activité concerne aussi bien le fonctionnaire affecté au


service placé sous l’autorité de nomination que celui mis à la disposition d’une autre autorité
administrative.

La mise à disposition n’est pas donc considérée comme une position statutaire mais
comme une simple modalité de la position d’activité.
Elle se distingue du détachement. La distinction réside dans l’organisme qui gère la
rémunération du fonctionnaire. Un agent mis à disposition est rémunéré par son administration
d’origine alors qu’un agent détaché est rémunéré par l’organisme de détachement.

En droit français, avant la loi du2 février 2007, la mise à disposition n’était pas considérée
comme une position particulière mais une modalité de la position d’activité. Elle est justifiée
par les besoins du service. En effet, l’administration qui a besoin du fonctionnaire peut par
exemple manquer d’emploi budgétaire correspondant à la fonction confiée à l’agent.

La mise à disposition consiste alors pour le fonctionnaire à demeurer dans son corps d’origine
ou cadre d’emploi dans lequel il est réputé occuper un emploi et continue à percevoir la
rémunération correspondante, tout en effectuant son service dans une autre administration que
la sienne .

Le fonctionnaire en activité peut faire l’objet de mutation en fonction des besoins du service.
La mutation peut être définie comme étant un changement d’affectation, c’est- à-dire de
poste de travail ou d’emploi sans changement de qualification et généralement sans
répercussion sur le traitement de l’agent. La mutation est considérée comme un outil de
mobilité. Elle est généralement considérée comme une mesure d’ordre intérieure. Ainsi dans
l’arrêt Tidiane Dramé du 30 juillet 1997, un recours pour excès de pouvoir avait été introduit
contre une note de service d’une autorité administrative portant affectation d’agents. Le C. E.
a rappelé que la mesure prise dans le cadre de l’organisation générale du service portant
affectation de cent seize (116) agents dont le requérant est un acte non susceptible de
recours pour excès de pouvoir.

Le fonctionnaire dans le cadre de sa position d’activité, a droit à des congés. L’article 58 du


statut général assimile les congés ainsi que certaines situations à la position d’activité. C’est le
décret n° 63-116 du 19 février 1963 J o n° 3591 du 30 mars 1963, modifié par le décret n°
65-346 du 20 mai 1965 qui fixe le régime des congés des fonctionnaires.

1) Les congés avec rémunération sont :

-Le congé annuel de trente jours

Le fonctionnaire en activité a droit à un congé annuel de 30 jours après 11 mois de services


effectifs.
Une dérogation est prévue pour le personnel d’enseignement qui a droit chaque année au
bénéfice des grandes vacances dans les conditions suivantes :

-90 jours pour le personnel enseignant

-60 jours pour le personnel de direction, de contrôle et de surveillance.

Le fonctionnaire en congé annuel perçoit l’intégralité de son salaire.

-Le congé de maternité

Le congé de maternité est de quatorze semaine répartis comme suit : 6 semaines avant
l’accouchement et 8 semaines après l’accouchement. Pendant toute la durée du congé de
maternité, la rémunération est maintenue. En outre, la femme fonctionnaire a droit au repos
pour allaitement d’une période de 15 mois à raison d’une heure par jour de travail. A
l’expiration du congé de maternité, si la femme fonctionnaire n’est pas en mesure de reprendre,
elle pourra obtenir, sur présentation d’un certificat médical, droit à un congé maladie.

-Le congé de maladie

La durée du congés maladie est de 6 mois. Trois mois avec traitement entier et trois avec demi
traitement auquel vient s’ajouter le supplément pour charges familiales. A l’expiration du congé
maladie si le fonctionnaire, sur avis du conseil de santé, est reconnu définitivement inapte, il
est soit mis en disponibilité d’office soit admis à la retraite anticipée.

-Le congé de longue durée,

La durée du congé de longue est de cinq ans en règle générale. Un fonctionnaire peut y avoir
droit s’il est atteint d’une des maladies suivantes :

-tuberculose

-maladie mentale

-cancers etc.

-affections nerveuses, lépreuse etc…

Pendant la durée du congé de maladie, le fonctionnaire conserve l’intégralité de son traitement


pendant les trois premières années et le demi traitement pendant les deux dernières années sans
compter les avantages familiaux.
- Le congé pour examen

Tout fonctionnaire a droit à un congé pour examen dont la durée ne peut excéder deux mois.
Ce congé permet au fonctionnaire de préparer certains examens universitaires ou
professionnels. Durant ce congé, l’intégralité du traitement est maintenue.

2) Les cas de congé sans rémunération sont:

-Le congé de viduité :

La femme fonctionnaire qui perd son conjoint peut bénéficier, sur sa demande, d’un congé de
viduité de quatre mois et 10 jours. Durant ce congé, la femme perd sa solde mais conserve son
supplément pour charges familiales.

- Le congés pour affaires personnelles

Le fonctionnaire peut avoir droit aussi à un congé pour affaires personnelles dont la durée ne
peut dépasser 6 mois. Le fonctionnaire perd son traitement mais garde son supplément pour
charges familiales.

A ces congés, il faut ajouter :

- Les autorisations spéciales d’absence

Elles sont accordées avec solde aux élus ou représentants syndicaux à l’occasion des sessions
des assemblées dont ils sont membres lorsqu’ils ne sont pas placés en position détachement.
Ces autorisations accordées avec solde ne peuvent dépasser 15 jours par an avec des possibilités
de prorogation en fonction des situations.

Ces autorisations sont accordées sans solde aux candidats aux élections politiques lorsqu’ils se
trouvent dans l’impossibilité d’assurer leurs fonctions pendant la campagne électorale. Elles
durent de la date de dépôt des candidatures à la clôture des élections.

- Les permissions exceptionnelles d’absence


Des permissions exceptionnelles d’absence peuvent être accordées au fonctionnaire qui
souhaiterait s’absenter en raison des évènements familiaux (mariage, baptême, décès d’un
conjoint…) dans la limite de 15 jours au total par an.

B : La position sous les drapeaux :

Le fonctionnaire incorporé dans une formation militaire pour le temps de service légal est
placé dans la position dite sous les drapeaux. Il perd son traitement d’activité́ et ne perçoit
plus que sa solde militaire.

C: Le détachement :

L’article 62 du statut général qui définit le détachement comme la position du fonctionnaire


placé hors de son cadre d’origine, mais continuant à bénéficier dans ce cadre de ses droits à
l’avancement et à la retraite.

Dans cette position, le fonctionnaire n’est plus réputé occuper son emploi dans son
administration d’origine.

1) Dans quels services le fonctionnaire peut-il être détaché ?

Un fonctionnaire peut selon l’article 64 du statut général être détaché :

- auprès d’un établissement public ou semi public de l’État,

-auprès d’une collectivité locale,

-auprès d’une autre administration pour exercer des fonctions différentes de celles qu’il exerçait
dans son cadre d’origine,

- auprès du gouvernement, parlement, d’une organisation internationale, d’un État étranger, ou


bien encore pour exercer une activité syndicale :

2) Quels sont les cas de détachement qui existent ?

Soit le détachement est prononcé sur demande du fonctionnaire, soit il est prononcé d’office
par l’autorité administrative compétente.
Le détachement peut être un détachement de courte durée, ou de longue durée. Le détachement
de courte durée ne peut dépasser un an, et n’est pas renouvelable.

Le détachement de longue durée ne peut dépasser cinq ans. Il est indéfiniment


renouvelable s’il est prononcé à l’initiative de l’administration.

3) Quelles sont les règles applicables au détaché ?

-Le fonctionnaire qui est placé en position de détachement est soumis aux dispositions
législatives et réglementaires qui régissent l’emploi du détachement.

- Il est rémunéré par l’organisme qui gère le nouvel emploi.

-Le détachement est accordé au fonctionnaire qui a déjà effectué au moins cinq (5) années de
service effectif dans son corps.

Échappe à cette dernière condition le fonctionnaire détaché pour être membre du gouvernement,
député ou ambassadeur.

4-) Quel est le sort du fonctionnaire après son détachement ?

Dans le cas du détachement de courte durée, le fonctionnaire sera réintégré dans son emploi
d’origine à la fin du détachement. S’il avait déjà été remplacé, il sera affecté à un emploi
similaire.

En cas de détachement de longue durée, le fonctionnaire sera réintégré dans son administration
d’origine dès la première vacance de poste. Le fonctionnaire dont le détachement est révoqué
est intégré immédiatement à condition de n’avoir commis une faute entraînant la fin anticipée
de son détachement.

D: La disponibilité.

La disponibilité est définie par l’article 76 du statut général de la fonction publique comme la
position du fonctionnaire qui, placé hors cadre de son administration d’origine cesse de
bénéficier dans cette position de ses droits à l’avancement et à la retraite. Il existe différents cas
de disponibilité.

1) Quels sont les cas de disponibilité ?

Il existe deux cas de disponibilité : d’office ou sur demande du fonctionnaire :


-Dans quelle situation le fonctionnaire peut-il être mis en disponibilité d’office ?

Le statut général a prévu un seul cas de disponibilité d’office pour le fonctionnaire qui, à la
suite d’un congé de maladie de longue durée, n’est pas en mesure de reprendre son service à la
fin de son congé. Il est mis d’office en disponibilité.

-Dans quelles situations le fonctionnaire peut-il bénéficier d’une disponibilité sur


demande ?

Un fonctionnaire peut demander une disponibilité s’il se trouve dans une des situations
suivantes

-en cas d’accident ou de maladie grave de son conjoint, ou de son enfant

-pour entreprendre, poursuivre des études, des recherches dont l’intérêt général est reconnu

- pour s’engager dans une formation militaire,

-pour exercer une activité dans une entreprise publique ou privée

-pour toute raison jugée valable par l’administration à condition que le fonctionnaire respecte
les motifs qui ont fondé sa mise en disponibilité

-Qu’en est -il de la situation du fonctionnaire qui veut exercer dans une entreprise
publique ou privée ?

Cette disponibilité est soumise à un certain nombre de conditions :

- la disponibilité doit être compatible avec les nécessités du service,

- l’activité doit présenter un caractère d’intérêt général,

- le fonctionnaire doit avoir accompli au moins cinq années de service effectif.

- le fonctionnaire doit n’avoir pas, au cours des cinq dernières années, exercé un contrôle sur
l’entreprise ou passer des marchés avec cette entreprise dans le cadre de ses fonctions.

2) Quels sont les cas de disponibilité spéciale ?

Une femme fonctionnaire peut demander une disponibilité spéciale si elle est dans une des trois
situations suivantes :
- si elle souhaite suivre son époux dont la profession s’exerce ailleurs.

- Si elle a au moins deux enfants dont l’un est atteint d’infirmité et l’autre a moins de cinq ans.

- Si elle souhaite s’occuper d’un de ses ascendants ou d’un des ascendants de son mari de plus
70 ans

3) Quelle est la durée de la disponibilité ?

La durée de la disponibilité est variable selon qu’elle est d’office ou sur demande.

-Aux termes de l’article 79 du statut général des fonctionnaires :

« La durée de la disponibilité́ prononcée d’office ne peut excéder une année. Elle peut être
renouvelée à deux reprises pour une durée égale, soit 3 ans au total.

-La durée de la dispo sur demande ne peut excéder 3 ans mais peut être renouvelée une
fois, deux fois et 3 fois suivant les cas listés par l’article 80 du statut.

4) Quel est le sort du fonctionnaire à la fin de sa période de disponibilité ?

A l’expiration de cette durée, le fonctionnaire doit être, soit réintègré dans les cadres de son
administration ou service d’origine, soit mis à la retraite, soit s’il n’a pas droit à pension,
rayé des cadres par licenciement.

Le fonctionnaire en position de disponibilité doit demander sa réintégration deux mois au


moins avant la fin de la disponibilité. S’il ne respecte pas cette condition, il sera considéré
comme démissionnaire. Le fonctionnaire en disponibilité pour raison de santé sera
licencié ou mis à la retraite s’il n’est pas en mesure d’être réintégré à la fin de sa
disponibilité.

NB : Le fonctionnaire mis en disponibilité d’office pour raison de santé continue à


percevoir la moitié de son traitement pendant six mois. Après cette période, il n’aura droit
qu’au supplément pour charges familiales

Para 3: Les droits et obligations des fonctionnaires

Il convient de traiter tour à tour les droits (A) et les obligations des fonctionnaires :
A : Les droits des fonctionnaires

Le fonctionnaire en tant que citoyen, bénéficie des droits et libertés publiques reconnus et,
certains d’entre eux, compte tenu de leur importante et de leur particularité, méritent qu’on s’y
attarde :

1 : Le droit syndical.

La liberté syndicale ou le droit syndical peut se définir comme étant le droit reconnu à des
personnes qui travaillent, de se regrouper afin de défendre collectivement leurs intérêts
professionnels. La Constitution permet ainsi au travailleur d’adhérer à un syndicat et de
défendre ses droits par l’action syndicale. C’est l’article 7 du statut général qui vient préciser
la réglementation du droit syndical.

Aux termes du deuxième alinéa de l’article 7 du statut général, les syndicats de


fonctionnaires sont tenus de déposer dans les deux mois de leur création leurs statuts ainsi
que la liste de leurs administrateurs auprès de l’autorité qui dispose du pouvoir de
nomination sur les fonctionnaires concernés.

Les organisations syndicales qui doivent faire une déclaration préalable doivent respecter la
même procédure en cas de modification de leurs statuts, ou de la composition de leurs bureaux.
Le ministre de la fonction publique peut se voir communiquer les statuts et la liste des
administrateurs.

Une fois reconnu, un syndicat de fonctionnaires peut intervenir de deux manières pour défendre
les intérêts professionnels de ses membres

D’une part, à travers les recours contentieux

- Le syndicat peut former des recours contentieux contre de actes réglementaires portant
atteinte au statut de ses membres.

-Un syndicat de fonctionnaire peut former des recours contentieux contre les actes
individuels portant violation des intérêts collectifs pris en charge par l’association.

En France, le C. E. a posé le principe depuis 1906 dans l’arrêt syndicat des patrons
coiffeurs de Limoges du 28 décembre 1906.
Le C. E. admet la recevabilité de l’action collective à condition qu’elle soit intentée dans un
intérêt professionnel

Mais un syndicat de fonctionnaires n’a pas intérêt à attaquer un acte qui ne porterait atteinte
qu’aux intérêts de l’un de ses membres. Le syndicat ne pourrait agir que s’il reçoit mandat
dans ce sens ; C. S. 25 mai 1981, S.U.D.E.S, CE 30 mars 1994, Fatima diouf keita

D’autre part, à travers la participation à la gestion de la fonction publique :

Les syndicats de fonctionnaires jouent un rôle sur un autre plan. Ils participent à la gestion de
la fonction publique :

-En envoyant des représentants au sein des organismes administratifs à caractère paritaire.

- Les syndicats négocient avec les autorités. Ils peuvent décider d’un mouvement de grève.

2 : Le droit de grève.

La notion de grève est intimement liée au mouvement syndical. C’est pour cela qu’elle a
toujours suscité beaucoup d’appréhensions et de controverses.

Définie comme une interruption collective et concertée du travail en vue de satisfaire des
revendications professionnelles, la grève a pendant longtemps été considérée comme illicite
( L’arrêt Winkell du 7 août 1909, dans cet arret, le C.E. affirme que le fonctionnaire
gréviste ne commet pas seulement une faute individuelle, mais il prend l’initiative de se
mettre hors – la – loi administrative, de rompre le contrat de droit public qui le lie à
l’administration ) parce que contraire au principe de continuité du service public, et à la
hiérarchie administrative.

-Une évolution avait eté notée dans l’arrêt Demoiselle Minaire du 22 août 1937 le C .E. a
supprimé toute référence à la rupture d’un pseudo contrat.

Par la suite le droit a été reconnu par la Constitution de 1946 mais il a fallu attendre l’arrêt du
7 juillet 1950 Dehaéne pour que le droit de grève soit considéré comme un PGD.

Au Sénégal c’est l’article 25 de la Constitution du 22 janvier 2001 qui consacre le droit de


grève tout en précisant qu’il ne peut en aucun cas porter atteinte à la liberté du travail’’. Il
ajoute qu’il appartient au législateur de prendre les dispositions destinées à régir le droit
de grève.
C’est l’article 7 du statut général qui réglemente le droit de grève.

La réglementation du droit de grève telle que fixée par l’article 7 du statut général tourne
autour de différents points.

-Certaines catégories de fonctionnaires sont privées du droit de grève par leur statut.

Il s’agit entre autres des magistrats, des personnels du parc national, des personnels d’hygiène,
des éléments des forces de l’ordre. Voir à ce propos la décision du CC sénégalais du 6
décembre 2012 exception d’inconstitutionnalité de l’article 8 du 30 octobre 1969 portant
statut des douaniers, qui déclare l’article mis en cause conforme à la constitution.

-D’autres ont droit à la grève dans des conditions prévues par la loi et cet encadrement
concerne les éléments suivants :

-L’interdiction de l’occupation des lieux de travail ou de leurs abords en cas de grève.

-La grève ne peut avoir lieu que pour des motifs professionnels, jamais pour des motifs
politiques.

-La grève n’est possible qu’à l’expiration du délai d’un mois après notification d’un préavis
à l’autorité compétente. Les fonctionnaires qui vont en grève sans préavis s’exposent à des
sanctions disciplinaires.

Le préavis doit être écrit et motivé. La motivation doit préciser la durée de la grève envisagée.
Le non-respect du délai de préavis peut faire l’objet de sanction, tout comme l’absence de
préavis. Le préavis permet en réalité à l’administration d’ouvrir des négociations avec les
fonctionnaires concernés, et de prendre les dispositions nécessaires pour éviter toute
perturbation préjudiciable au fonctionnement du service public.

-La réglementation porte enfin sur la possibilité qu’à l’administration d’utiliser son droit de
réquisition. L’article 7 du statut général prévoit que les fonctionnaires dont les fonctions
sont indispensables à la sécurité des personnes et des biens à la continuité des services
publics ou au maintien de l’ordre public peuvent faire l’objet de réquisition. C’est le décret
du 11 janvier 1972 qui fixe la liste des fonctionnaires pouvant être réquisitionnés.

La réquisition participe du souci du principe de la continuité considéré dans un premier temps


comme un PGD puis comme un principe à valeur constitutionnelle.

-Principe de continuité comme PGD CE, 1979, Secrétariat d’État aux universités)
- Principe de continuité comme un principe à valeur constitutionnelle (CC, 1979, droit de grève à
la radio et à la télévision

La réquisition doit être notifiée aux intéressés par un ordre de service. Tout agent réquisitionné
qui ne se présente pas sur le lieu de travail s’expose à des sanctions disciplinaires et pénales.

3 : Le droit à une rémunération.

Le droit à une rémunération après service fait est un droit fondamental. La rémunération est
considérée comme un avantage matériel pour le fonctionnaire. Il s’agit d’un ensemble complexe
qui obéit à un certain régime juridique.

Les éléments constitutifs de la rémunération :

L’article 27 du statut général énumère les différents éléments qui constituent la rémunération
du fonctionnaire. Il s’agit :

- du traitement indiciaire,

- de l’indemnité de résidence,

- des suppléments pour charges familiales.

On peut ajouter au traitement des indemnités justifiées par des sujétions ou risques liés à
l’emploi, des indemnités différentielles selon la fonction occupée. Le législateur précise que le
régime de la rémunération ainsi que celui des indemnités est fixé par décret.

4 : Le droit à une protection juridique

Si on tient compte des fonctions qu’il exerce et de son rôle dans la société, le fonctionnaire
peut être considéré comme un citoyen spécial. Il bénéficie de ce fait d’une protection que n’ont
pas les autres citoyens. Le fonctionnaire a besoin d’être protégé dans ses rapports avec
l’administration, ainsi que dans ses rapports avec les administrés.

Si un fonctionnaire est poursuivi dans le cadre de ses services par un tiers, l’administration doit
le couvrir des condamnations civiles financières sauf dans l’hypothèse d’une faute personnelle
détachable.
B : Les obligations des fonctionnaires :

Le fonctionnaire bénéficie d’un certain nombre de droits auxquels sont attachés des obligations
prévues pour assurer le bon fonctionnement du service. Les obligations qui figurent dans le
statut général sont des obligations professionnelles générales pour l’ensemble des
fonctionnaires. Il existe par ailleurs des obligations spéciales pouvant découler de la nature de
certaines fonctions. La violation des obligations professionnelles des fonctionnaires peut être
sanctionnée sur le plan disciplinaire.

1) Les obligations attachées au service

Ce sont les articles 9 et suivants du statut général qui énumèrent les obligations des
fonctionnaires. Certaines de ces obligations sont relatives au fonctionnement du service,
d’autres touchent la déontologie du fonctionnaire.

a) L’obligation de servir

Le fonctionnaire n’étant pas dans une situation contractuelle, l’obligation de servir n’est pas la
contrepartie de sa rémunération, autrement dit il ne peut cesser de servir si son employeur
ne remplit pas ses obligations à son égard. Cette obligation est justifiée par l’intérêt
général et la continuité du service.

L’obligation de servir est prévue par l’article 12 du statut général. Le fonctionnaire doit
concourir au fonctionnement de l’administration. Il est responsable de l’exécution des tâches
qui lui sont confiées quelle que soit sa place dans la hiérarchie.

L’obligation de service signifie deux choses.

-Elle signifie dans un premier temps que le fonctionnaire doit remplir personnellement
ses fonctions, et qu’il doit les remplir de façon continue dans un second temps. Le fonctionnaire
ne peut par conséquent confier l’exécution des tâches qui lui sont dévolues à un autre agent en
dehors d’une délégation de compétence régulière.
-Dans un second temps, le fonctionnaire est astreint au respect de la continuité du service
public. C’est cela qui explique l’obligation de résider dans un endroit qui lui permet d’assurer
sa mission dans de meilleures conditions.

2) L’obligation d’obéir.

Cette obligation est prévue par l’article 13 du statut général. Le fonctionnaire est responsable
à l’égard de ses chefs de l’autorité qui va lui être conférée… et de l’exécution des ordres qu’il
a donnés. L’article 13 poursuit en précisant que le fonctionnaire n’est dégagé d’aucune des
responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés.

L’obligation d’obéir est une obligation qui permet d’assurer le respect de la hiérarchie,
puisque l’administration est organisée de bas en haut, et des ordres sont donnés à tous les
niveaux. L’obligation d’obéissance hiérarchique impose aux fonctionnaires le respect des
ordres individuels ou des instructions générales émanant de son supérieur.

Mais s’il s’agit d’un ordre manifestement illégal, pouvant compromettre l’ordre public, le
fonctionnaire doit refuser d’obéir selon la jurisprudence …Langueur C. E. 10 novembre
1944, D. 1945. IL commet même une faute s’il obéit. CE, 3novembre 1961 Pouzelgues.

3) L’obligation de se consacrer exclusivement à la fonction

Selon l’article 9 du statut général, il est interdit au fonctionnaire d’exercer à titre professionnel
une activité privée lucrative de quelque nature que ce soit. L’obligation de se consacrer
exclusivement à la fonction est une interdiction du cumul d’activités. En effet, l’intégralité de
l’activité professionnelle du fonctionnaire doit consister à exécuter les tâches de sa fonction.

Le décret n° 73-737 du 7 août 1973 portant application de l’article 9 du statut général


modifié par le décret n° 75-373 du 7 avril 1975, J. O. du 25 août 1975 et J. O. du 10 mai
1975 admet quelques dérogations à l’interdiction du cumul d’activités.

-Le décret précise que l’interdiction du cumul d’activités n’est pas applicable aux œuvres
scientifiques, littéraires ou artistiques :

-Un fonctionnaire peut aussi exercer certaines fonctions publiques à titre secondaire sur
autorisation de son chef de service :

-Le décret de 1973 prévoit que pour les expertises ou consultations demandées par une autorité
administrative ou judiciaire aucune autorisation n’est exigée :
2) Les obligations liées au comportement du fonctionnaire

Le fonctionnaire doit en effet avoir un comportement conforme aux besoins du service et doit
être doté d’une morale professionnelle certaine.

Parmi les obligations déontologiques les plus essentielles, on peut citer les obligations de
désintéressement, de discrétion et de neutralité professionnelle,

1) L’obligation de désintéressement.

Elle est prévue par l’article 10 du statut général qui interdit au fonctionnaire de détenir des
intérêts pouvant mettre en cause son indépendance dans une entreprise qui est en relation avec
son service et qui est placée sous le contrôle de son service. Il est également interdit aux
fonctionnaires d’accepter ou de demander une récompense pour service rendu. Le
fonctionnaire ne peut accepter des cadeaux en promettant d’accomplir ou de ne pas
accomplir un acte relevant de ses fonctions. Le fonctionnaire coupable de corruption passive
ou de trafic d’influence peut être sanctionné sur le plan pénal ainsi que sur le plan disciplinaire.

2) L’obligation de discrétion professionnelle

L’obligation de discrétion professionnelle concerne les documents, les faits, et les


informations dont le fonctionnaire a connaissance dans le cadre de ses fonctions ( article
14). Le fonctionnaire ne peut échapper à cette obligation que dans des cas exceptionnels prévus
par la réglementation ou sur l’autorisation de son supérieur hiérarchique. La violation de
l’obligation de discrétion professionnelle n’entraîne pas de sanctions pénales, mais peut
entraîner une sanction disciplinaire. Cette obligation vise à protéger l’administration contre la
divulgation des informations internes. L’obligation de discrétion doit être distinguée de
l’obligation de réserve qui n’est pas prévue par les textes mais développée par la jurisprudence.
Conformément à l’obligation de réserve, le fonctionnaire doit veiller à l’intérieur comme à
l’extérieur, à toujours exprimer ses opinions personnelles avec modération et retenue. Ses
opinions ne doivent être exprimées de manière outrancière, injurieuse ou bien de manière à jeter
le discrédit sur l’administration.

3) L’obligation de neutralité professionnelle

Cette obligation est liée au principe d’égalité. Par conséquent, le fonctionnaire ne doit pas
afficher ses convictions (religieuses ou autres) dans l’exercice de ses fonctions. Le
fonctionnaire doit faire preuve d’impartialité et de neutralité dans l’exercice de ses fonctions.
Toutes ces obligations professionnelles du fonctionnaire peuvent faire l’objet de violation.

4) L’obligation de secret professionnel :

Cette obligation est prévue par le code pénal et vise à protéger les usagers contre la divulgation
des informations les concernant au nom de la protection de la vie privée et la dignité humaine.

A) La sanction des obligations

La responsabilité du fonctionnaire peut être recherchée en suivant les procédures de droit


commun. Il s’agit de la responsabilité pénale ou de la responsabilité civile ou en suivant une
procédure disciplinaire

Selon l’article 15 du statut général, toute faute commise par un fonctionnaire dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, l’expose à une sanction disciplinaire, sans
préjudice le cas échéant des peines prévues par la loi pénale.

Dans cette disposition, le législateur emploie les notions de faute et de sanction disciplinaire.
Il est évident qu’il s’agit de faute professionnelle ou disciplinaire applicables aux
fonctionnaires.

1) Les contours de la faute disciplinaire :

La faute disciplinaire est autonome par rapport à la faute pénale, même s’il est vrai que
dans certains cas un même fait peut-être constitutif de faute disciplinaire et de faute pénale
(corruption, détournement de deniers publics, etc.) Un fonctionnaire peut faire l’objet de
poursuites sur le plan pénal et disciplinaire. Mais il faut préciser que les deux procédures sont
distinctes.

La faute disciplinaire est plus large que la notion de faute pénale du fait de l’absence de
définition de la faute disciplinaire contrairement à la faute pénale.

S’il y a deux procédures distinctes, des interactions peuvent cependant exister entre l’action
disciplinaire et l’action pénale. L’autorité administrative est liée par la constatation des
faits effectuée par le juge pénal, mais elle n’est pas liée par l’appréciation du juge pénal
sur la qualification juridique des faits. Ainsi l’administration n’est pas obligée de prendre
une sanction disciplinaire à l’égard de la personne qui a fait l’objet d’une sanction pénale.

Suivant cette interaction, Il faut distinguer deux situations :

-La première situation est celle ou le juge pénal se prononce avant l’autorité administrative,
cette dernière est soumise à une obligation de non contradiction.

-La deuxième situation est celle ou le juge pénal se prononce après l’autorité administrative.
Dans ce cas, la décision administrative peut être modifiée en cas d’absence de faute.

2) La procédure disciplinaire.

Elle composée de différentes étapes.

- la suspension du fonctionnaire ;

- la communication du dossier ;

- la convocation devant le conseil de discipline ;

- et enfin la prise de la décision portant sanction.

Article 43 : Les sanctions disciplinaires sont :

- Pour le premier degré́ :


a) l’avertissement ;
b) le blâme.

- Pour le deuxième degré́ :


La réduction d’ancienneté́ ne pouvant excéder 2 ans ;

- Pour le troisième degré́ :


a) la radiation du tableau d’avancement pour 2 ans ;

b) la rétrogradation ;

c) l’exclusion temporaire de fonction pour une durée maximale de 6 mois ;

d) la révocation sans suspension des droits à pension :


e) la révocation avec suspension des droits à pension.

L’exclusion temporaire quelle qu’en soit la durée reste privative de toute rémunération à
l’exclusion des allocations à caractère familial.

Le fonctionnaire révoqué́ , ou ses ayants cause, s’il ne peut faire valoir ses droits à pension,
peut prétendre, dans les conditions fixées par le régime de retraite du fonctionnaire, au
remboursement des retenues pour la retraite opérée sur son traitement.

Le pouvoir disciplinaire appartient à l’autorité́ investie du pouvoir de nomination. Toutefois

pour les sanctions du 1er et du 2 e degré, il peut faire l’objet de délégation à d’autres autorités
dans les conditions fixées par décret.

Les sanctions du premier et du deuxième degré́ sont prononcées sans consultation du conseil
de discipline mais, auparavant, le fonctionnaire est tenu, sauf cas de force majeure, de
présenter par écrit ses explications sur les faits qui lui sont reprochés. Le refus de présenter les
explications demandées entraine automatiquement l’application d’une sanction du premier ou
du deuxième degré́ .

Article 46 : Les autres sanctions disciplinaires sont prononcées après avis du conseil de
discipline.

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