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Introduction
« On a démoli l’idée de service public. Les fonctionnaires sont sommés d’être de plus en plus productif. L’usage est
devenu client. Nos « mandarins » de l’Etat ont voulu « singer » le management du secteur privé. Mais dans une société
d’hommes, le libéralisme ne peut tout expliquer » Pierre Bourdieu.
Aujourd’hui le foisonnement de questions sur l’Etat en termes de moins : moins de service public, moins de gestion
publique, moins de dépenses, moins de réglementation, etc., en somme moins d’Etat, traduit non seulement une logique
de l’économie du marché et son « exploitation mondiale », mais aussi le malaise d’un service public aux prises avec ses
propres excès et ses propres limites. Et surtout, du rôle de l’Etat dans la société, non pas entant qu’instance puissance
publique, mais entant qu’Etat régulateur social, et particulièrement dans sa fonction de veiller à la satisfaction de certains
besoins collectifs.
Autrement dit aujourd’hui, au nom de quoi administrer les affaires publiques ? Au nom de l’utilité publique (comme le
disent les anglo-saxons) ? Au nom de l’intérêt général (cher à la doctrine française) ?
Il serait utile pour mieux appréhender la complexité de la notion de service public, de rappeler brièvement sa genèse et sa
doctrine telle qu’elle a été construite, il y a un siècle.
On sait que l’expression est consacré par la jurisprudence en France dans l’Arrêt Blanco en 1873, mais le juge français,
probablement conscient de son rôle qui est de transformer en droit ce qui de nature politique, se gardera bien d’en
donner une définition et se limitera d’en vérifier l’existence au détour des affaires qui lui sont soumises. C’est la doctrine
française et « l’Ecole du service public », avec à sa tête Léon Duguit, qui s’est évertuée à élaborer toute une théorie
juridique du service public et de son utilité dans l’application du droit administratif.
Léon Duguit nous précise que est « le service public est le fondement et la limite du pouvoir gouvernemental. Et par là
même la théorie de l’Etat se trouve achevée ».
A la fin du XIXe siècle avec le développement des idées sur le libéralisme politique et l’émergence d’idéologie solidaristes,
la préoccupation des juristes est de jeter les bases d’une limitation « objective » de l’Etat par le droit ; au centre de cette
réflexion, il y a l’idée de service public : le rôle des gouvernants est de travailler à la réalisation de la solidarité sociale
(influence du contrat social de J.J.Rousseau) en prenant en charge les activités d’intérêt général. En corollaire, les
prérogatives exorbitantes que détient l’administration ne se légitiment que par le service public et pour le service public.
Aujourd’hui, le service public est amené à s’adapter à certain nombre de modifications de comportements sociaux et
d’évaluations dans les domaines politique, économique, et administratif, ayant notamment pour effet d’imposer la
reconstruction du service public.
Dans quelle mesure le service public peut-il assurer sa mission primordiale d’intérêt général ou bien souffrant d’une
crise et heurtant à des défis est-il dans l’incapacité d’assumer ces responsabilités ?
Développement
Chapitre 1 : Le service public : critères d’identification et régime juridique
Avant de passer en crible le régime juridique du service public il nous est parât judicieux de définir cette notion à travers
ces critères d’identification. Pour ce faire nous allons aborder dans la première section : Les critères d’identification du
service public, et dans deuxième section : les modes de gestions du service public.
Paragraphe 1 : Le service public relève d’une personne publique : Critère concret ou organique
Tout service public relève, en dernier ressort, d’une autorité publique. Alors que celle-ci ne possède sur l’activité privée,
au maximum qu’un certain pouvoir de contrôle, le service public, en dernier analyse, relève d’elle ; elle en assume la
responsabilité devant l’opinion. C’est pourquoi tous les services publics, même lorsqu’ils possèdent eux-mêmes la
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personnalité morale, sont rattachés à l’Etat ou à une collectivité territoriale dont les représentants exercent sur eux un
certain pouvoir.
Dans un but de tracer les frontières entre service public administratif (SPA) et service public industriel et commercial
(SPIC) car elles donnent lieu à confusion. Nous allons dans un premier temps nous présenterons le service public
administratif (Paragraphe 1) : critères d’identification et droit applicable, pour étudier dans un deuxième lieu le service
public industriel et commercial ( Paragraphe 2) : critères d’identification et droit applicable.
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Ce régime juridique se définit par l’application exclusive et intégrale des règles du droit administratif, les autorités
agissent par la voie de la décision unilatérale ; elles passent en principe des contrats administratifs ; les biens affectés au
service public sont soumis à la domanialité publique ; elles peuvent utiliser les prérogatives de l’expropriation et les
personnels sont normalement soumis au droit de la fonction publique.
Le principe d’égalité a donc de multiples implications : respect par le service public de l’égalité dans la passation des
contrats, ou dans le recrutement et la carrière des agents publics (article 6 DDHC) ; droit des usagers à un traitement égal
tant pour l’accès même au service que dans sa gestion même.
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Mais une fois ces principes généraux affirmés, se posent de très nombreuses questions qui font l’objet de nouvelles
approches. Doit-il s’agir d’une égalité en droits, qui traite de la même façon des personnes se trouvant, en fait, dans des
situations différentes ? Faut-il, au contraire, pour aller vers l’égalité des chances corriger les inégalités de fait en opérant
des discriminations positives, comme cela a été fait pour la parité hommes femmes ? Ainsi, dans le fonctionnement des
services publics, doit-on – au nom de l’équité – prendre en compte, entre autres, des critères sociaux pour prévoir des
tarifs modulés afin de corriger les inégalités de fortune ?
2-1 : Le principe
Le service public répond, par définition, à un besoin d’intérêt général ; or la satisfaction de l’intérêt général ne saurait être
discontinue ; toute interruption risque d’entrainer, dans la vie de la collectivité les troubles les plus graves. La
jurisprudence a donc posé le principe de la continuité du service public ; en vertu duquel le fonctionnement du service
public ne peut tolérer d’interruption. Ce qui nous conduit a posé la question suivante : Ce principe de continuité de
service public n’est-il pas en contradiction absolu avec un autre principe aussi de valeur constitutionnel le droit de grève ?
Ou on doit assurer le fonctionnement du service public quelles que soient les circonstances même dans l’état
d’exception ?
Paragraphe 5 : Le contrat de partenariat public-privé : loi du 24 décembre 2014 et décret du 13 mai 2015
Il s’agit d’un contrat par lequel « une personne publique confie à un partenaire privé la responsabilité de réaliser une
mission globale de conception, de financement de tout ou partie, de construction ou de réhabilitation, de maintenance
et/ou d’exploitation d’un ouvrage ou infrastructure ou de prestation de services à la fourniture d’un service public ».
( article 1 du loi du 24 décembre 2014. Le contrat doit faire l’objet d’une évaluation préalable afin d’en faire apparaître la
justification et l’importance ; sa passation obéit « aux principes de liberté d’accès, d’égalité de traitement, d’objectivité,
de concurrence, de transparence et de respect de règles de la bonne gouvernance ». En outre elle doit être précédée
d’une publicité préalable et faire l’objet de l’élaboration d’un règlement d’appel à la concurrence.
Les modes passation outre l’appel d’offres et la procédure négociée, comportent le recours au dialogue compétitif qui
permet à la personne publique d’identifier la ou les meilleures propositions capables de répondre à ses besoins à partir
d’une discussion avec des candidats sur la base d’un programme fonctionnel et du règlement d’appel à la concurrence.
1-6 : Définition
Selon l’article 2 du Dahir n° 1-06-15 du 15 moharrem 1427 (14 février 20 06) portant promulgation de la loi n° 54-05
relative à la gestion déléguée des services publics, La gestion déléguée est un contrat par lequel une personne morale de
droit public, dénommée
"délégant" délègue, pour une durée limitée, la gestion d'un service public dont elle a la responsabilité
à une personne morale de droit public ou privé, dénommée "délégataire" en lui reconnaissant le droit
de percevoir une rémunération sur les usagers et/ou de réaliser des bénéfices sur ladite gestion.
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C’est un contrat « intuitu personnae», tel que le défini l’article 11 de ladite loi : Il est conclu à raison des qualités
personnelles du délégataire.
Le délégataire assume la responsabilité du service public en respectant les principes d'égalité des usagers, de continuité
du service et de son adaptation aux évolutions technologiques, économiques et sociales. Il est dans l’obligation d’assurer
ses prestations au moindre coût et dans les meilleures conditions de sécurité, de qualité et de protection de
l'environnement.