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Avant les années 1980, le principe de centralisation n’avait jamais été remis
en cause en France. En effet, il était une conséquence historique directe issue de
l’ancien régime et personne ne voyait d’intérêt à abroger ce principe. Mais la fin de la
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décolonisation remet tout cela en question. En effet, les territoires d’Outre-mer
appartenant toujours à la France n’acceptent pas toujours d’obéir aux mêmes règles
et aux mêmes principes que la métropole. De plus l’éloignement géographique rend
parfois difficile la gestion de ces territoires par la métropole. Malgré cela, la
constitution voulait que leur statut soit le même que celui des départements de
métropole, avec pour seule concession la possibilité de faire l’objet de mesures
spécifiques à condition que celles-ci soient « nécessaires à leur condition
particulière ». Concrètement, les DROM (départements et régions d’outre-mer) sont
très proches juridiquement des départements métropolitains. Cependant la loi prévoit
de leur donner des compétences plus étendues et les lois nationales peuvent être
adaptées, on parle d’adaptation législative, comme indiqué par l’article 13 de la
constitution. Les COM (communautés d’outre-mer) quant à elles ont un statut très
différent avec une plus forte autonomie et davantage d’indépendance, l’adaptation
législative est beaucoup plus libre en ce qui les concerne. Ils sont finalement à mi-
chemin entre une entité administrative française et un état indépendant.
Finalement c’est à partir d’un seul territoire d’outre-mer que le caractère
centralisé de la république commence véritablement à être remis en cause : la
Nouvelle-Calédonie. En effet en 1981, peu de temps après l’élection de François
Mitterrand à la présidence de la république, la population canaque commence à
manifester violemment pour demander l’indépendance, ce qui à priori ne pose pas
problème au gouvernement français qui envisage de la lui donner. Mais la population
canaque est minoritaire sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie, les colons, qui eux
sont majoritaires, souhaitent rester français. En 1985 le gouvernement français
propose un referendum populaire au sujet de l’indépendance mais celui-ci n’a pas le
succès escompté. Il donne aussi la possibilité aux canaques de devenir majoritaires
au sein de l’assemblée territoriale. Tout cela donne lieu à une recrudescence de la
violence jusqu’aux décisions de Rocard en 1988 qui rendent aux anti-
indépendantistes la majorité tout en accordant une importante autonomie aux
territoires canaques. Un référendum portant sur l’indépendance définitive de la
Nouvelle-Calédonie était prévu pour 1998 et a été repoussé à 2014. Les
compétences de ce territoire ont été extrêmement élargies puisqu’il dispose d’un
gouvernement qui lui est propre (hors juridiquement parlant seul un Etat peut avoir
une souveraineté) et a des compétences très étendues (il peut par exemple négocier
des traités avec les pays voisins sans intervention de la métropole). De façon à ce
que le cas de la Nouvelle-Calédonie ne puisse pas être désigné comme
anticonstitutionnel, la constitution a té modifiée, consacrant l’intégralité de son titre
XIII au territoire en question.
Ces évènements outre-mer amènent donc les premières législations en faveur
d’une décentralisation, comme le montre l’exemple de la Nouvelle-Calédonie et les
lois Defferre de 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements
et des régions, première ébauche sérieuse du processus de décentralisation.
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Depuis la fin des années quatre-vingt, l’Etat s’est livré à une décentralisation
progressive de ses prérogatives. En effet elle a été l’occasion pour lui de transférer
des compétences aux différentes collectivités territoriales.
D’abord, un certain nombre de compétences ont été transmises aux régions, il s’agit
notamment de tout ce qui concerne le développement économique et
l’aménagement du territoire. Par exemple la région aquitaine a augmenté le soutien
financier à la rénovation des quartiers urbains sensibles et cherche à développer le
plus possible les lignes de chemin de fer. Les décisions que le conseil régional prend
dans ces domaines ne dépendent que d’eux et ne sont pas soumises à l’approbation
de l’autorité centrale.
Ensuite, l’Etat a transmis des compétences aux départements qui ont désormais le
monopole de l’aide sociale puisque c’est à eux que revient de développer des
politiques dans ce domaine. Ainsi les deux tiers du conseil général des Deux-Sèvres
est consacré à l’aide sociale.
Enfin, des compétences ont été transmises aux communes pour tout ce qui concerne
les politiques de proximité, elles sont par exemple les seules à avoir la possibilité de
délivrer un permis de conduire.
Or toutes les personnes qui gèrent les collectivités territoriales ne dépendent
aucunement de l’Etat, elles gèrent librement les affaires locales qui relèvent de leurs
compétences. Une affaire locale est une affaire que la collectivité en question
considère comme telle. Elle peut intervenir sur toute question dont elle estime qu’elle
présente un intérêt locale. On parle de la clause générale de compétences pour
justifier cela. Les collectivités, de par leur indépendance, peuvent prendre des
décisions seules, et ce même si elles posent des problèmes à l’Etat. Ainsi les
collectivités territoriales se sont récemment engagées dans un processus de
recrutement massif qui pèse énormément sur les dépenses publiques mais l’Etat ne
peut les en empêcher.
La loi du 23 mars 2003 explique que « les collectivités territoriales ont vocation à
prendre les décisions pour l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être
mise en œuvre à leur échelon. » Il y est ajouté qu’il sera possible de déroger à
certaines lois à titre expérimentale, ce qui laisse une importante liberté aux
collectivités territoriales.
Le 1er janvier 2005 marque également une avancée dans le processus de
régionalisation puisqu’il permet à la région de gérer l’organisation de l’accueil, de la
restauration, de l’hébergement et de l’entretien général et technique dans les lycées,
pour le financement de la formation et pour les aides aux étudiants des formations
sanitaires et sociales, et pour l’organisation de l’inventaire général du patrimoine
culturel régional.
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transferts de compétences (A) mais également l’autonomie et l’indépendance des
collectivités territoriales (B).
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Par ailleurs elles sont soumises à un contrôle. En effet il est inscrit dans la loi que les
représentants de l’Etat dans les départements se doivent de transmettre au tribunal
administratif, dans un délai de deux mois après réception, les actes qu’il estime ne
pas être légaux. De même un contrôle budgétaire très fort est exercé. Les
collectivités territoriales doivent respecter quatre points : ils doivent respecter un
calendrier précis, le budget consacré à l’investissement et celui consacré au
fonctionnement doivent être équilibrés, les documents budgétaires doivent être
sincères, les dépenses obligatoires doivent être inscrites, sous peine de réformation
de l’acte en cause. Enfin les contrôles internes sont de plus en plus fréquents.
Des difficultés d’ordre moral ensuite. En effet, le principe de libre
administration des collectivités territoriales va à l’encontre des trois principes
constitutionnels fondamentaux.
Il s’oppose d’abord au principe d’égalité puisque les différentes régions n’ont pas les
mêmes moyens financiers et humains de mener les politiques dont elles ont la
responsabilité. De même pour les départements ou les communes. Ainsi certains
départements auront davantage de possibilités d’offrir des aides sociales à leurs
habitants.
Il est par ailleurs contraire au principe d’unité qui veut que tout l’ensemble formant
l’Etat soit solidaire et uni.
Enfin et surtout, il est contraire au principe d’indivisibilité puisque poussée à
l’extrême l’autonomie des collectivités territoriales leur permet peu à peu de se
détacher de l’Etat.
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BIBLIOGRAPHIE