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Le contrat administratif

Le contrat administratif peut se définir comme un contrat mis à la disposition d'une personne publique qui lui
confère des prérogatives exorbitantes de droit commun.

Le contrat administratif est avant tout un contrat, c’est-à-dire un accord de volontés créant des obligations entre
les parties. Il est, en principe, conclu par une personne publique afin de satisfaire l’intérêt général. Dans cette
perspective, il tend à se rapprocher du service public et porte en lui une certaine exorbitance du droit commun.

I-Les critères pour qualifier un contrat comme administrative

L’intérêt de cette distinction relève de deux buts d’une part, les règles du droit applicables, et d’autre pat le juge
compétent pour connaître des litiges nés de leur application.

A-Les contrats administratifs par détermination de la loi : critère légal

Il s’agit de contrats qui ont acquis la qualité de contrat publics en raison de la volonté du législateur. Ce dernier
qualifie expressément un contrat d’administratif ce qui rend impossible aux parties de modifier la nature du
contrat, quelles que soient les clauses insérées dans celui-ci.

B-Les contrats par détermination du juge : critère jurisprudentiel


Dans de nombreux cas, la nature administrative d’un contrat n’est pas expressément prévue par les textes. C’est
alors au juge qu’il revient de lui conférer ou non cette qualité. Pour ce faire deux critères complémentaires sont
retenus.

1-Le critère organique


Ce critère est relatif à la personne qui signe le contrat. Un contrat pour être administratif soit obligatoirement
faire intervenir une personne publique : Etat, commune, préfecture, régions, ou établissement public
décentralisés. C’est-à- dire, a contario, qu’un contrat passé entre deux personnes privées ne peut être
administratif. Toutefois, il y a une exception à ce critère : c’est le cas d’un contrat qualifié par le juge comme
contrat administratif même s’il est conclu par deux personnes privées ( c’est la théorie du mandat).
Théorie du mandat : lorsqu’une personne publique donne mandat à une personne privée pour conclure en son
nom et pour son compte un contrat, le critère organique est rempli.
Deux cas sont tirés par la jurisprudence : Les personnes privées investies d’une mission de service public et Les
contrats passés par une entreprise privée mandataire d’une personne publique.

2-Le critère matériel


Pour être considéré comme administratif, le contrat doit en outre :
 soit comprendre des clauses exorbitantes du droit commun, L’exorbitance : le caractère exorbitant du droit
commun du contrat est la marque de la puissance publique, elle entraîne donc l’administrativité du contrat.
une clause qui déséquilibre le contrat en faveur de l’administration, justifiée par l’existence de dispositions
prises dans l’intérêt général, et qui est interdite dans les contrats de droit privé. Par exemple, le pouvoir de
modification unilatérale du contrat. Exemple de dévolution. Le tribunal de Meknès qui, le 7 mars 1996, dans
l’arrêt Boukbir, a avancé que : « Attendu que ces dispositions sont considérées comme clauses exorbitantes
de droit commun, le contrat litigieux est administratif, et relève par conséquent de la juridiction
administrative. »
 soit avoir pour objet l’exécution même du service public. Lorsque le cocontractant participe à l’exécution
d’un service public.
II-Typologie
A-Les marchés publics
Les marchés publics : D’après l’article 4 du décret, le marché public est défini comme «tout contrat à titre
onéreux conclu entre, d’une part, un maître d’ouvrage, et d’autre part, une personne physique ou morale
appelée entrepreneur, fournisseur ou prestataire de services ayant pour objet l’exécution de travaux, la
livraison de fournitures ou la prestation de service ».
1- Les marchés de travaux
Leur contenu réside dans l'exécution de tous travaux liés à la construction d'ouvrages, d’infrastructure ou de
biens immobiliers dans lesquels la livraison de fournitures ou la réalisation de services ne sont qu'accessoires.
Exemple la construction de routes, d’écoles, université etc
2- Les marchés de fournitures
Contrats ayant pour objet l'achat ou la location avec option d’achat de produits ou de matériels. Ces marchés
englobent également à titre accessoire des travaux de pose et d'installation nécessaires à la réalisation de la
prestation. Exemple fournitures de bureaux…
3- Les marchés de services
Ils sont des contrats ayant pour objet la réalisation d'un service par un prestataire de service à l’administration.
Exemple les prestations d'entretien, de maintenance et installation des équipements informatiques, de
nettoyage, de gardiennage et jardinage des locaux administratifs.
Les principales innovations de la règlementation des contrats de marchés publics Consécration de l’unicité de
réglementation en matière de marchés publics.
4-Les cahiers de charge Article 13
Les cahiers des charges sont des documents contractuels qui « déterminent les conditions dans lesquelles les
marchés sont exécutés ». Ils comprennent des documents généraux qui réunissent les clauses applicables à toute
une catégorie de marchés et des documents particuliers qui contiennent les clauses propres au marché.
a-Les cahiers des clauses administratives générales : (CCAG) Les cahiers des clauses administratives générales
fixent les dispositions administratives applicables à tous les marchés de travaux, fournitures ou services ou à une
catégorie particulière de ces marchés. Ces cahiers sont approuvés par décret.
b-Le cahier des prescriptions commune ( CPC) Les cahiers des prescriptions communes fixent essentiellement les
dispositions techniques applicables à tous les marchés portant sur une même nature de travaux, de fournitures
ou de services ou à tous les marchés passés par un même département ministériel ou par un même service
spécialisé ou par un établissement public.
c-Le cahier des prescriptions spéciales (CPS) fixe les clauses contractuelles particulières applicables à chaque
marché fixent et comportent la référence aux textes généraux applicables.

B- Les contrats de gestion déléguée


Définition généralement, c’est un contrat par lequel l’administration ( délégant) confie a un délégataire public ou
privé le soin de prendre en charge de l’exécution même du service public et non de fournir simplement une
prestation. La délégation est caractérisée par son objet (exécution d’un SP) et par le mode de rémunération:
l’administration ne verse pas un prix mais le cocontractant est rémunéré par les résultats de l’exploitation. Le
délégataire d'une Service Public assume donc une part du risque de l'exploitation. « La gestion déléguée est un
contrat par lequel une personne morale de droit public, dénommée "délégant" délègue, pour une durée limitée,
la gestion d'un service public dont elle a la responsabilité à une personne morale de droit public ou privé,
dénommée "délégataire" en lui reconnaissant le droit de percevoir une rémunération sur les usagers et/ou de
réaliser des bénéfices sur ladite gestion. La gestion déléguée peut également porter sur la réalisation et/ou la
gestion d'un ouvrage public concourant à l'exercice du service public délégué. » Article 2 de loi n° 54-05 relative à
la gestion déléguée des services publics.
Les caractéristiques du C.G.D
 Intuitu personae: Le contrat est conclu à raison des qualités personnelles du délégataire.
 Un contrat qui oblige le délégataire d’assumer la responsabilité du service public en respectant les principes
d'égalité des usagers, de continuité du service et de son adaptation aux évolutions technologiques,
économiques et sociales
 Le délégataire assure ses prestations au moindre coût et dans les meilleures conditions de sécurité, de
qualité et de protection de l'environnement
Les conditions de passation du C.G.D
 Equilibre du contrat de gestion déléguée Les parties contractantes veillent au maintien de l'équilibre
financier du contrat de gestion déléguée en tenant compte des impératifs de service public et de la juste
rémunération du délégataire Les conditions de passation du C.G.D.
 Appel à la concurrence :
• Pour le choix du délégataire, le délégant est tenu de faire appel à la concurrence en vue d'assurer l'égalité
des candidats, l'objectivité des critères de sélection, la transparence des opérations et l'impartialité des
décisions.
• La procédure de passation du contrat de gestion déléguée doit faire l'objet d'une publicité préalable
Exception à la règle de concurrence !! Le délégataire peut être sélectionné par voie de négociation directe
dans les cas exceptionnels suivants :
 lorsqu'il y a urgence à assurer la continuité du service public
 pour des raisons de défense nationale ou de sécurité publique
 pour les activités dont l'exploitation est exclusivement réservée à des porteurs de brevets d'invention ou
pour les prestations dont l'exécution ne peut être confiée qu'à un délégataire déterminé.
Les conditions de passation du C.G.D
3. Société délégataire • Tout délégataire doit se constituer en société régie par le droit marocain.
C-Les contrats de partenariat public-privé • Le recours au contrat de Partenariat Public– Privé permet de
bénéficier des capacités d’innovation du secteur privé et de garantir contractuellement l’effectivité des services,
leurs fournitures dans les délais et avec la qualité requise et leurs paiements partiellement ou totalement par les
autorités publiques en fonction des critères de performance prédéfinis.
Définition La Loi n° 86-12 relative aux contrats de partenariat public-privé définit dans son article premier le
contrat PPP comme : « un contrat, de durée déterminée, par lequel une personne publique confie à un partenaire
privé la responsabilité de réaliser une mission globale de conception, de financement de tout ou partie, de
construction ou de réhabilitation, de maintenance et/ou d'exploitation d'un ouvrage ou infrastructure ou de
prestation de services nécessaires à la fourniture d'un service public ».
Sont exclues de ces contrats les CT: Personne publique tel l’Etat et partenaire privé
Mode de passation du contrat de PPP
Les principes généraux auxquels doivent satisfaire les CPPP : - liberté d’accès, - égalité de traitement, objectivité, -
la concurrence, la transparence et du respect des règles de bonne gouvernancectionnaires peuvent être des
personnes physiques ou morales de droit public ou privé.
D-Le contrat de concession :
C’est le contrat par lequel une personne publique charge une personne privée, un individu ou une société,
d’exploiter  un service public économique moyennant les taxes prélevées sur les usagers.  Ce contrat contient
deux catégories de clauses. Une première est liée au contrat lui-même, plus précisément aux droits du
cocontractant, elle est assujettie au principe général « le contrat fait office de loi ». L’administration ne peut pas
les changer à sa guise, ceci requiert l’accord du partenaire de celle-ci. La deuxième catégorie par contre se
rapporte à l’organisation et la gestion  du service public. Là, l’administration se réserve le droit d’intervenir à tout
moment, sous réserve d’indemniser le cocontractant en cas d’atteinte à l’équilibre financier du contrat en
conséquence de son intervention. Ceci un régime exorbitant du droit commun.

III-Le régime du contrat administratif


A-La formation du contrat administratif
1-La compétence
Pour qu’une personne publique puisse valablement conclure un contrat, elle doit être représentée par l’ autorité
compétente pour agir en son nom. Exemples :
 Pour l’Etat, c’est le ministre qui doit signer le contrat (ou les personnes qui ont reçu délégation de la part du
ministre).
 Au niveau des collectivités territoriales, la conclusion du contrat est autorisée par l’assemblée délibérante.

2-Le choix du cocontractant


Il faut distinguer selon que le contrat administratif est un marché public ou un contrat de concession.
Les marchés publics sont les contrats conclus à titre onéreux par un ou plusieurs acheteurs publics avec un ou
plusieurs opérateurs économiques, pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de
services. Ils doivent respecter les principes suivants :
 le principe de liberté d’accès à la commande publique : toute personne doit avoir librement accès aux besoins
des acheteurs.
 le principe d’égalité de traitement des candidats : toute discrimination est interdite et la rédaction du cahier
des charges doit être objective et ne pas orienter de choix.
 le principe de transparence des procédures : tout soumissionnaire dont l’offre est rejetée doit pouvoir obtenir
une réponse expliquant les motifs du rejet.
Les contrats de concession sont les contrats conclus par écrit, par lesquels une ou plusieurs autorités
concédantes confient l’exécution de travaux ou la gestion d’un service à un ou plusieurs opérateurs économiques,
à qui est transféré un risque lié à l’exploitation de l’ouvrage ou du service, en contrepartie soit du droit d’exploiter
l’ouvrage ou le service qui fait l’objet du contrat, soit de ce droit assorti d’un prix. Le critère de distinction entre le
marché et la concession est donc le transfert du risque d’exploitation.
Aujourd’hui, les concessions sont soumises à des règles de passation équivalentes à celles qui s’appliquent en
matière de marchés publics.
 
B-L’exécution du contrat administratif
1-Les obligations du cocontractant
 Les contrats administratifs sont toujours réputés inttuitu personneae. Le cocontractant est, de ce fait, tenu
de l’obligation d’exécution personnelle : la cession du contrat, par laquelle l’entrepreneur ou fournisseur
se substitue un tiers, ne peut avoir lieu qu’avec l’acceptation de l’administration.
 Le cocontractant doit exécuter correctement. Pour le marché de travaux public, la malfaçon constatée
entraine le droit pour l’administration à des dommages-intérêts.
2-Les droits du cocontractant
Le paiement : Le cocontractant a droit au paiement du prix en contrepartie de sa prestation.
A noter qu’en plus du prix figurant initialement dans le contrat, le cocontractant a également droit au paiement
des prestations supplémentaires demandées par l’administration.
Le droit à l’équilibre financier du contrat : Ce droit à l’équilibre financier du contrat se matérialise à travers
la théorie du fait du prince et la théorie de l’imprévision.
La théorie du fait du prince joue lorsque l’exécution du contrat est impactée par une mesure prise par
l’administration contractante mais agissant à un autre titre que celui de partie au contrat. Dans un tel cas, le
cocontractant a droit à une indemnité si la mesure le touche spécifiquement, ou si la mesure a une portée
générale mais remet substantiellement en cause l’économie du contrat.
Quant à la théorie de l’imprévision, elle joue lorsque l’exécution du contrat se trouve totalement bouleversée par
un événement imprévisible et étranger à la volonté des parties. Le cocontractant peut alors obtenir
une indemnité de la part de l’administration (CE, 30 mars 1916, Compagnie générale d’éclairage de Bordeaux).

3-Les pouvoirs exorbitants de l’administration


Le particularisme de la théorie des contrats administratifs se traduit surtout par des pouvoirs exorbitants de
l’administration. Trois pouvoirs sont reconnus à l’Administration.
 Un pouvoir de contrôle lui permet tout d’abord de s’assurer que son cocontractant assume ses obligations.
Elle peut adresser à l’Administration des instructions et des « ordres de services ».
 L’Administration dispose également d’un pouvoir de sanction en cas de manquement à une obligation
contractuelle.
Les sanctions pécuniaires sont les moins graves. Il peut s’agir de pénalités de retard ou d’amendes
sanctionnant des fautes légères.
 L’Administration dispose enfin d’un pouvoir de modification unilatérale. Le droit commun soumet les
contrats privés au principe d’immutabilité, ce qui signifie qu’ils ne peuvent être modifiés qu’avec l’accord des
parties.
Par dérogation, les contrats administratifs peuvent être modifiés unilatéralement par l’Administration en
cours d’exécution lorsque l’intérêt général le justifie (principe de mutabilité). Toutefois, l’Administration ne
peut pas modifier les éléments fondamentaux du contrat, ni les éléments financiers du contrat.

IV-Le contentieux du contrat administratif


A-Les recours ouverts aux concurrents évincés
1-Le référé précontractuel
Le juge administratif peut être saisi par une personne ayant vocation à conclure un contrat administratif en cas
de manquement aux obligations de publicité et de mise en concurrence (article L. 551-1 du Code de justice
administrative).
2-Le référé contractuel
Après la conclusion du contrat, le juge administratif peut être saisi par une personne qui avait un intérêt à
conclure le contrat, pour les mêmes motifs que dans le cas du référé précontractuel (articles L. 551-13 et
suivants du Code de justice administrative).
3-Les recours ouverts aux tiers
Un tiers pouvant être lésé de manière directe et certaine par un contrat administratif peut exercer devant le juge
un recours de plein contentieux pour contester la validité du contrat ou de certaines de ses clauses (CE, Ass., 4
avril 2014, Département du Tarn et Garonne). Un tel recours doit être exercé dans un délai de 2 mois à compter
des mesures de publicité.
En outre, un tiers qui s’est vu refuser sa demande de mettre fin à l’exécution du contrat peut former devant le
juge un recours de plein contentieux afin qu’il soit mis fin à l’exécution du contrat (CE, Sect., 30 juin 2017,
Syndicat mixte de promotion de l’activité trans-manche).
B-Les recours ouverts aux parties
Les parties à un contrat administratif peuvent former devant le juge un recours de plein contentieux pour
contester la validité du contrat (CE, 28 décembre 2009, Béziers I).
Par ailleurs, l’une des parties au contrat peut former devant le juge un recours de plein contentieux contestant la
validité de la résiliation de ce contrat prise par l’administration et tendant à la reprise des relations
contractuelles (CE, 21 mars 2011, Béziers II). La partie concernée doit exercer ce recours dans un délai de 2 mois à
compter de la date à laquelle elle a été informée de la mesure de résiliation.
 

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