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Introduction
J’aimerai tout d’abord introduire cette présentation par une citation de Pierre Bourdieu parue dans Le Globe du 6
juillet au 13 en 1993 « On a démoli l’idée de service public. Les fonctionnaires sont sommés d’être de plus en plus
productif. L’usager est devenu client. Nos « mandarins » de l’Etat ont voulu « singer » le management du secteur
privé. Mais dans une société d’hommes, le libéralisme ne peut tout expliquer » Pierre Bourdieu1.
Aujourd’hui le foisonnement de questions sur l’Etat en termes de moins : moins de service public, moins de gestion
publique, moins de dépenses, moins de réglementation, etc., en somme moins d’Etat, traduit non seulement une
logique de l’économie du marché et son « exploitation mondiale », mais aussi le malaise d’un service public aux
prises avec ses propres excès et ses propres limites. 2
Un service public est une activité exercée directement par l'autorité publique (Etat, collectivité territoriale ) ou sous
son contrôle, dans le but de satisfaire un besoin d'intérêt général.
Par extension, le service public désigne aussi l'organisme qui a en charge la réalisation de ce service. Il peut être
une administration, une collectivité territoriale, un établissement public ou une entreprise du droit privé qui s'est vu
confier une mission de service public.
Section 1 : Le service public relève d’une personne publique : Critère concret ou organique
Au sens concret ou organique, l’expression désigne un ensemble d’agents et de moyens qu’une personne publique
affecte à une même tâche. Il ne suffit pas que l’activité en cause soit reconnue d’intérêt général pour qu’il y ait
service public. Encore faut-il qu’elle soit rattachée organiquement à une personne publique, qui est toujours
responsable de la création et de l’organisation du service public. Cette prise en charge peut être directe, quand celle-
là assure le service en régie ou dans le cadre d’un organisme spécialisé de droit public. Elle est indirecte si la
personne publique l’assume, en contrôlant étroitement l’activité des organismes privés qui interviennent.4
1
Pierre Bourdieu, interview dans le Glibe du 6 au 13 juillet 1993
2
L. Dinia-Mouddani, Le devenir du service public comparaison France-Maroc, L’Harmattan, 1997, P 30
3
M.Rousset,M.A.Benabdallah, Editions la Porte, 1994, page 346.
4
P-L Frier, Jacques Petit droit administratif,2019 Editeur : L.G.D.J Collection : Précis Domat Sous-collection : Public 12e édition P
284
5
Ibid 389
Paragraphe 2 : Conséquence
La satisfaction de l’intérêt général exclut souvent, pour le service public, toute possibilité d’autofinancement. Le
service public, contrairement à l’entreprise privée, peut fort bien fonctionner à perte. L’autofinancement ne peut
être assuré que par des redevances demandées aux usagers du service. Elles sont exclu des services correspondants
aux missions inhérents à la souveraineté de l’Etat (défense, police, etc .) ; La gratuité est donc la règle pour eux. La
même où contrepartie financière est demandée à l’usager, elle peut être inférieur eu prix de revient. C’est seulement
dans le cas du service industriel et commercial que la nature même de l’activité assumée exclut la gratuité, et que la
gestion tend au minimum, à l’équilibre, voire à un bénéfice permettant l’auto-financement de l’entreprise.6
A ces deux acceptions, on en ajoute une troisième : Le régime juridique
Ainsi apparaît désormais au premier plan une distinction fondamentale entre la gestion publique et la gestion privée
du service public. En principe, les services publics administratifs sont soumis à un régime de gestion publique. Alors
que les services publics industriels et commerciaux sont soumis à un régime de gestion privée. 7
6
J.Rivero et J.Waline, Droit administratif, 15 e édition, Dalloz, 1994, P389
7
M. Rousset et M Benabdallah,.. Editions la Porte, 1994, page 61
8
M. ROUSSET et M. A Benabdallah,.Editions la Porte, 1994, page 62
administratifs ; les biens affectés au service public sont soumis à la domanialité publique ; elle peuvent utiliser les
prérogatives de l’expropriation et leurs travaux sont soumis au régime des travaux publics ; les ressources du service
peuvent éventuellement être recouvrées par voie d’autorité ( état exécutoire) ; les personnels sont normalement
soumis au droit de la fonction publique et les usagers du service se trouvent à l’égard de celui-ci dans une situation
légale et réglementaire, c’est-à-dire statutaire.
9
M. Rousset et A Benabdallah,.. Editions la Porte, 1994, page 170
10
Ibid
11
Pierre-Laurent Frier, Jacques Petit droit administratif,2019 Editeur : L.G.D.J Collection : Précis Domat Sous-collection : Public
12e édition P 333
Malgré ces diversifications dans le régime juridique applicable, subsiste un socle commun. L’organisation du service
public relève toujours du droit public, et dans ce cadre sont mises en œuvre des « lois » qui sont sa raison d’être car
elles garantissent que l’institution est réellement un service du public.
Ces « lois » souvent appelées lois de Rolland – du nom du juriste qui les a systématisées dans les années 1930 – sont
censées s’appliquer uniformément à l’ensemble des services publics (et à eux seuls), qu’ils soient assurés par une
personne publique ou privée, qu’ils relèvent de la gestion publique ou privée.
Mais le droit de gréve est un principe constitutionnel qui figure dans l’article l’article 29 de la Constitution dispose
que « le droit de grève est garanti. Une loi organique fixe les conditions et les modalités de son exercice ».
Cependant, l’exercice de ce droit, comme celui de tout droit, doit être concilié avec les nécessités de l’ordre public et
du fonctionnement des services publics. Pour ce faire la Constitution a prévu que c’est au législateur qu’il appartient
normalement d’effectuer cette conciliation par une loi organique. Mais dans le silence du législateur, l’autorité
investie du pouvoir réglementaire conserve le droit d’aménager l’exercice de la grève avec les exigences d’un bon
fonctionnement du service.13
12
Pierre-Laurent Frier, Jacques Petit droit administratif,2019 Editeur : L.G.D.J Collection : Précis Domat Sous-collection : Public
12e édition P 343
13
M.A Benabdallah et Michel Rousset, Droit administratif marocain, REMALD : Revue Marocaine d'Administration Locale et de
Développement P .37
Possibilité d’adaptation du service : Dans un premier sens, ce principe autorise l’adaptation constante du service aux
nécessités de l’intérêt général, aux circonstances nouvelles. Fondement également de la conception spécifique du
contrat administratif, il permet à l’administration de toujours faire évoluer les modes d’organisation et le champ
d’intervention d’un service public. Cependant l’autorité administrative ne doit pas modifier d’elle-même les règles
législatives, voire constitutionnelles relatives au service.
Obligation d’adaptation du service. – Dans un autre sens, le principe de mutabilité autorise-t-il l’usager à exiger que
l’administration améliore le service, l’adapte à la meilleure exploitation possible ? Tout dépend des nouvelles
circonstances : permettent-elles ou non que le service public continu à fonctionner selon sa charte constitutive ? Si
tel n’est pas le cas, l’administration, pour les services publics facultatifs institués par elle, peut refuser de les adapter,
en les supprimant. À l’inverse, pour les services qui subsistent, l’administration doit, en raison de changements de
circonstances, prendre les mesures d’adaptation nécessaires, tout en disposant évidemment pour ce faire d’une
importante marge de manœuvre dans le choix des moyens. L’Éducation nationale faillirait à sa mission si elle
n’évoluait pas pour tenir compte de la révolution informatique, mais le nombre d’ordinateurs à implanter dans les
établissements scolaires ne lui est pas fixé par le droit !
Compte tenu de cette précision, les procédés traditionnels et théoriquement utilisables sont la régie directe,
l’établissement public et la concession. Le recours à des organismes privés qui est essentiel dans le domaine du
contrôle des activités économiques d’intérêt général, ne joue qu’un rôle limité dans la gestion des services publics,
du fait de l’élimination de la plupart des entreprises concessionnaires. Mais on a vu reparaître une forme voisine
avec la délégation de service public et les contrats de partenariat public privé (PPP).