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Département de droit public Faculté des Sciences Juridiques

Economiques et Sociales
Master Finances Publiques
AGDAL-RABAT-
et Fiscalité

2015/2017

Travaux de recherches soumis dans


le cadre du contrôle continu

MODULE :
Réalisé Par :
FINANCES TERRITORIALES
ISSAM YADANE
PROFESSEUR
Yadane.issam@gmail.com
MR MOHAMED SBIHI
SOMMAIRE

- Les relations financières entre l’Etat et les CT

- L’établissement du budget des CT

- La programmation budgétaire au niveau territorial

- Le processus d’exécution du budget des CT

- Le contrôle des finances territoriales

- Les sources de financement des CT

- La gestion de la fiscalité locale

- Rôle des finances locales dans le développement


territorial

- L’emprunt aux CT

- La gouvernance financière territoriale


« Les relations financières entre l’Etat et les
CT »

PLAN

- Introduction

I. Etat des lieux des relations financières entre


l’Etat et les CT

1- Un cadre juridique plombant les moyens de financement


des CT

2- Des budgets des CT subordonnés aux transferts de l’Etat

II. Mesures à prendre en faveur de


l’autonomisation financière des CT

1- Optimisation de la fiscalité locale

2- Evaluation et fructification du patrimoine des CT

- Conclusion
- Introduction

On pensait que la mondialisation allait marquer la fin de la géographie et le déclin du


territoire. Et bien c’est le contraire qui s’est produit. Le rôle des Etats s’affaiblit en
faveur de celui des territoires, et partout l’Etat territorial se substitue à l’Etat-nation.
Si auparavant, les pays avaient besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour ce faire,
maintenant, ils ont besoin d’un pouvoir réellement décentralisé pour ne pas se défaire.
François Mitterrand l’avait bel et bien dit il y a plus de 30 ans « la France a besoin d’un
pouvoir réellement décentralisé pour ne pas se défaire ». Au Maroc, il y a que quelques
années et précisément en 2011 que le législateur marocain a manifesté une réelle
volonté de faire de la décentralisation un moyen de développement économique et
social (afin de renforcer sa démocratie locale) à travers une régionalisation avancée.
Ce processus s’est concrétisé dernièrement avec les 3 lois organiques sur les
collectivités territoriales.
A cet égard, les relations entre l’Etat et les CT ont été reconsidéré. Ce renouvellement
a porté sur trois point :
- L’abandon de la vision verticale de l’organisation territoriale et son
remplacement par une vision horizontale dans laquelle les collectivités locales
sont considérées comme des partenaires à part entière.
- Un cadre juridique garantissant une définition claire et nette des compétences
dont disposent les CT chose qui s’est concrétisée par l’article 140 de la
Constitution et les 3 lois Organiques sur les CT par le principe de la subsidiarité.
(Les CT disposent de façon claire et nette des compétences propres, des
compétences partagées avec l’Etat et de compétences qui leurs sont
transférables par ce dernier.)
- Garantir une réelle autonomie financière aux CT pour qu’elles puissent
honorer leurs engagements.
Le cadre de cette étude va porter sur le 3ième point qui porte sur les relations
financières entre l’Etat et les CT et qui est très important si ce n’est le plus important
car, sans financement, point de projet et sans projet le territoire n’a aucune utilité.
Ainsi il convient de nous demander : Est-ce que la récente réforme répond-t-elle aux
exigences financières dont doit être dotées les CT pour une réelle régionalisation
avancée ? dans quelle mesure les relations financières entre l’Etat et les CT répondent
aux exigences de la décentralisation ? dans quelle mesure les relations entre l’Etat et
les CT garantissent l’autonomie financière des CT ?
I- Etat des lieux des relations financières entre l’Etat et
les CT
Les relations financières entre l’Etat et les CT sont basées sur le principe de l’autonomie
financière qui doit faire bénéficier les collectivités locales de ressources nécessaires
pour remplir les exigences que la loi leurs a attribué. On n’a jamais assez cessé de
répéter qu’il constitue l’épine dorsale de toute véritable décentralisation et pourtant
le financement des CT constitue le point d’achoppement du nouveau schéma
territorial.

1- Un cadre juridique plombant les moyens de financement


des CT

S’agissant du cadre fiscal, les CT ne sont pas dotées du pouvoir de création d’impôt, car
ce pouvoir reste du ressort de l’organe législatif. Les collectivités décentralisées ne
peuvent que fixer dans le cadre des lois et règlement en vigueur le mode d’assiette, les
tarifs et les règles de perception de divers taxes, redevances et droit divers qu’elles
perçoivent. Or, c’est les CT qui devrait en principe créer les impôts locaux en
connaissances de la spécificité du territoire.
D’une autre part, s’agissant de l’approbation des budgets, des plans de développement
régional et des plans d’aménagement du territoire ; et qui comportent les programmes
d’investissements et par conséquent, qui ouvrent possibilité de génération de
richesses. Elles sont soumises à un système de visa à priori des Walis ou Gouverneurs
et qui ressemble fort à un contrôle d’opportunité. Par exemple, pour les communes,
les provinces et préfectures, les budgets votés par les conseils doivent être approuvés
par l'autorité de tutelle. Ils doivent être dans le cas normal soumis au visa du
gouverneur avant le 20 novembre. Au niveau des régions, on constate un retour de la
tutelle du ministère des Finances qui doit recevoir le projet du budget régional avant
le 10 novembre pour approbation dans un délai de 10 jours. Le budget régional doit
ainsi être respectivement approuvé par les deux autorités des Finances et de l'Intérieur
avant le 25 décembre, délai de rigueur. De plus l’exécution des projets de la région sera
placée entre les mains de l’AREP qui son directeur sera nommé par le président après
approbation de l'autorité de tutelle
Et enfin en ce qui concerne le droit de recours à l’emprunt, le Fonds d'Equipement
Communal constitue le seul établissement habilité à prêter aux collectivités
territoriales. De plus l'accès des conseils locaux au produit de l'emprunt reste limité,
voire réservé aux conseils présentant des budgets sains et équilibrés et des garanties
fiables de remboursement. Les taux d'intérêt appliqués restent en outre élevés par
rapport à ceux en cours dans les banques du secteur privé.
On conclut que l’Etat a considéré la décentralisation comme un concurrent ou une
menace venant la substituer plutôt qu’un moyen de partage ou, plus précisément, une
division des rôles. Il en résulte de cela des budgets des CT qui assurent à peine leurs
charges de fonctionnements et d’équipements ce qui remet en cause l’existence même
des CT conformément à la théorie budgétaire qui dispose que le budget de
fonctionnement n’est là que pour assurer l’investissement.
(Par définition, la décentralisation doit se traduit par un désengagement de l’Etat.
L’illustration expressive de cet engagement se décline dans le transfert des
compétences financière originairement de l’Etat vers les collectivités locales. Ce qui
suppose non point un retrait ou une démission de l’un au bénéfice des autres, mais un
partage ou, plus précisément, une division des rôles.)

2- Des budgets des CT subordonnés aux transferts de l’Etat

Devant la croissance des besoins locaux et l'insuffisance des ressources propres, l'État
a dû renforcer les budgets des collectivités territoriales par des ressources
additionnelles. II s'agit d'un transfert de parts d'impôts appartenant à l'État au profit
des collectivités territoriales. Le transfert le plus important est celui de la TVA dont une
part de 30% est annuellement attribuée aux conseils locaux à l'exception des régions.
Celles-ci ont droit à d'autres transferts provenant du produit de l'impôt sur le revenu
(5%), de l'impôt sur les sociétés (5 %) et de la taxe sur les contrats d'assurance (20 %).
En réalité, l’essentiel des recettes des CT est basé sur la fiscalité et plus précisément,
sur les transferts de l’Etat. Selon le rapport de la Cour des Comptes de 2014, le produit
de TVA transféré aux CT a été estimé à 24 MMDH soit 60.1% des recettes des CT. De
plus les recettes des CT gérées par l’Etat (TP, TH, TSC) ont constitué 18.7%. Il en résulte
que les ressources transférées ou gérées par l’Etat au profit des CT représentent en
moyenne 79% contre 21% des ressources gérées par les CT, ce qui montre la forte
dépendance des collectivités territoriales vis-à-vis de l’Etat et constitue un indicateur
significatif du niveau d’autonomie fiscale. Autrement dit, les budgets des CT reste
tributaire des transferts de l’Etat ce qui constitue une autre tutelle financière.
En fait, cette situation est le résultat de 3 problèmes majeurs :
- D’abord, les dotations de l’Etat qui se sont transformer en un droit de tirage
simple des CT sur le Budget de l’Etat suppléer à l’absence d’un système de
motivation claire et net incitant les CT de faire un effort de recouvrement de
leurs créances. Bien que ce mécanisme existe à travers le système de
péréquation mais ses mécanismes souffrent d’opacité dû à l’absence d’un cadre
juridique claire définissant les modalités de cette répartition.

- Ensuite, à la multiplicité et complexité de la fiscalité locale. En réalité, la fiscalité


locale est partie en diversification et en éclatement de la matière imposable
avec plus de 20 taxes. Ceci n’est certes pas du choix des entités locales puisque
l’Etat monopolise les 3 grands impôts à savoir TVA, IS, IR.

- Et enfin, à la mauvaise gouvernance locale expliquée par le déficit de l’élite


locale et par des insuffisances liées à la spatialisation des ressources humaines,
trouvant leur origine dans l’inégale répartition des personnels des collectivités
territoriales.
Ainsi, les CT se trouvent confronté à leur sort, et il devient à eux d’assurer leur
autonomie financière

II- Mesures à prendre en faveur de l’autonomisation


financière des CT

1- Optimisation de la fiscalité locale et son adaptation au


spécificités régionales

L’évolution de la fiscalité d’Etat n’a pas eu d’écho sur la fiscalité locale. Alors que la 1 ère
a enregistré des avancés important en matière d’assiette et de recouvrement, la
fiscalité locale est restée complexe et, est partie en diversification et en éclatement de
la matière imposable avec plus de 20 taxes ce qui nécessite effort de recouvrement
élevé et dont les CT n’en disposent pas.
Ainsi il est important de procéder d’abord, à la simplification de la fiscalité locale et ce
à travers :
-
La réduction du nombre d’impôt car la multiplicité ne garantit guère la
rentabilité. Bien au contraire, elle peut occasionner des coûts élevés et
engendrer des efforts inutiles.
-
La synthétisation de certains prélèvements ; cette synthétisation pourrait
prendre la forme de fusion de prélèvements portant sur la même matière
imposable pour mettre fin à la surimposition.
D’une autre part, il est nécessaire d’adapter la fiscalité locale aux spécificités locales.
SA MAJESTE LE ROI avait précisé « Nous nous apprêtons à mettre en place la
régionalisation avancée dans les différentes régions du Royaume, avec, en tête, nos
provinces du Sud, étant donné qu'elle permet de respecter les spécificités régionales
et favorise une gestion démocratique, par les populations de la région, de leurs affaires
locales, dans le cadre du Maroc unifié des régions » lors du discours à l’occasion du
15ième anniversaire de son intronisation. L’adaptation de la fiscalité locale aux réalités
locales passe certes par sa simplification comme cité ci-dessus mais aussi à travers
l’évaluation du potentiel fiscale de chaque CT afin de lui coller un cadre fiscale adapté
à ses spécificités ce qui remet en cause la non dotation des CT du pouvoir de création
d’impôts. Ce faisant, ne serait-il pas envisageable de revoir ou d’alléger cette mesure
en autorisant aux collectivités territoriales de proposer au pouvoir central la création
d’un impôt adaptés à leurs spécifiés à condition que cet impôt n’engendre pas une
discrimination entre les régions ce qui accentuerait les disparités inter-régionales.
Par ailleurs, une autre problématique auquel doivent remédier les CT et qui est liée à
l’effort de recouvrement de leurs créances. Selon le rapport de la Cour des Comptes
de 2014, les restes à recouvrés ont été estimé en 2013 à 16,8MMDH soit l’équivalent
de 40% du budget annuel des CT.

2- Evaluation et Fructification du patrimoine des CT

D’un autre côté, si les administrations sont nombreuses et si les strates de leurs
représentations sont multiples, le contribuable qui les finance par l’impôt est par
contre unique et sa capacité contributive n’est pas extensible à volonté. Ainsi, le
citoyen marocain contribuable national et aussi locale risque d’atteindre ses limites et
d’éteindre par conséquent la matière fiscale. Ainsi les CT doivent chercher d’autre
sources génératrices de richesses. Parmi ces alternatifs, comme les autres personnes
publiques, les CT disposent de biens qui leur permettent d'assurer leur mission. C'est
d'ailleurs souvent à travers l'importance du patrimoine immobilier et foncier de la
collectivité locale qu'on apprécie son degré d'évolution ; cependant rentrent en
considération également les mesures que cette collectivité préconise quant à la
gestion, la prestation, le développement et la capacité de ce patrimoine à contribuer
efficacement à son essor économique et social.
En réalité, s’agissant des recettes patrimoine des CT, la loi distingue pour le patrimoine
des CT entre les « domaines publics » et les « domaine privés » qui sont régit par le
dahir du 19 octobre1921, et par l'arrêté Viziriel du 31 décembre 1921 s’agissant des
biens des communes urbaines et, par le dahir du 28 juin 1954 est par le décret du 4
février 1958 pour les communes rurales, et qui nécessitent plusieurs clarifications.
En l'espèce et de la lecture de ces lois, on peut détecter une supériorité économique
des communes dans le système de décentralisation marocain : à l'exception des
communes, les autres collectivités locales ne disposent pas de véritables produits
domaniaux : c'est ainsi que , aussi bien les théoriciens que les praticiens de la
décentralisation sont d'accord sur le fait que le bilan de la décentralisation provinciale
est maigre voire foncièrement négatif, la décentralisation provinciale ou préfectorale
est prédominés par l'aspect administratif au détriment des préoccupations
économique et sociales. C' est le cas aussi pour la région qui demeure malgré tout une
collectivité locale sans moyen structurels et biens patrimoniaux1.
La situation est encore plus grave si l’on s’aperçoit que les recettes de patrimoine des
communes représentent moins de 4% des recettes des CT. Ainsi, pour une meilleur
fructification et valorisation des biens patrimoniaux des CT, il est nécessaire de
procéder d’abord à une évaluation du patrimoine des CT. Ensuite à une rationalisation
de leurs recettes et enfin à une réforme du cadre juridique qui régit les biens
patrimoniaux des CT qui remonte à l’époque du protectorat et au lendemain de
l’Independence.

- Conclusion

Sur le plan financier la décentralisation et loin d’être avancée.


Nécessité de L’abandon de la vision verticale de l’organisation territoriale et son
remplacement par une vision horizontale dans laquelle les collectivités locales sont
considérées comme des partenaires à part entière.

1
http://www.memoireonline.com/04/10/3251/m_Les-biens-des-collectivites-locales-et-la-
decentralisation4.html
« L’établissement du budget des CT »

PLAN

I- Un cadre juridique d’élaboration du budget à


revoir

1- Un processus d’élaboration du budget aboutissant à un


budget de moyen

2- Un processus d’élaboration du budget non participatif

II- Pistes d’amélioration du processus d’élaboration


du budget des CT

1- Cadrer et améliorer le processus d’élaboration du


budget

2- L’adéquation des prévisions budgétaires avec les


besoins de développement socio-économique
- Introduction

L’élaboration du budget est un acte fondamental de la gestion des


collectivités territoriales, car il détermine chaque année l’ensemble des
actions qui seront entreprises, leur affecte les ressources et définit leurs
dépenses. C’est l’instrument principal pour atteindre les objectifs de
développement de la collectivité. Il traduit fidèlement les choix politiques,
les orientations économiques et sociales et les priorités de développement.
L’élaboration du budget suit une procédure définie par la loi. Il est :
 Élaboré et préparé par les services financiers communaux (sous
l’ordre du président de la commune) ;
 Soumis à l’étude de la commission financière ;
 Présenté à l’examen et au vote du conseil communal ;
 Et transmis à l’autorité de tutelle pour approbation (Ministère de
l’intérieur- Direction des Finances Locales pour les Communes
Urbaines et Provinces et la Division des Collectivités Locales pour les
Communes rurales).
En réalité le budget traduit la politique chiffrée de chaque collectivité
territoriale. C’est la traduction financière de la prise en charge par la
collectivité des projets économiques et des demandes sociales locales. Il
en résulte de cela que « la phase de l’établissement du budget des CT »
constitue l’épine dorsale de toute politique territoriale. Cependant, pour
mieux répondre aux besoins locaux, il est important que la phase
d’établissement du budget réponde aux normes de bonne gouvernance et
soit faite avec une démarche participative. Ainsi, il convient de nous
demander, dans quelle mesure le processus d’élaboration du budget des
CT est en adéquation avec les besoins de développement socio-
économiques ? dans quelle mesure le processus d’élaboration du budget
des CT traduit une image fidèle des actions qui seront entreprises en cours
de l’année budgétaire ?
I- UN CADRE JURIDIQUE D’ELABORATION DU
BUDGET A REVOIR

1- Un processus d’élaboration du budget aboutissant


à un budget de moyen

La préparation du budget prévisionnel repose principalement sur l’analyse


rétrospective des comptes des derniers exercices. La tutelle a mis en place
depuis le 1er janvier 2000, de nouvelles règles de prévision budgétaire qui
servent beaucoup plus comme des repères et des référents que comme des
principes rigides à appliquer à tout prix. Ces règles renvoient au calcul de la
moyenne des recettes réalisées durant les trois derniers exercices. Cette
moyenne servira de garde-fou pour se rendre compte si les prévisions de
recettes établies ne s’éloignent pas trop de cette moyenne.
Le calcul de la moyenne n’a pas une grande signification pour les dépenses,
puisque les recettes constituent une contrainte pour les choix budgétaires
des conseillers, et les arbitrages qu’ils sont appelés à effectuer entre telle
ou telle dépense
Ainsi, avec la règle de la moyenne, on se retrouve face à un budget moyen,
puisque les choix des actions qui seront entreprises par les CT restent
tributaire de la moyenne des recettes des 3 dernières année avec une
tendance haussière ou baissière le cas échéant, et ne prennent pas en
considération les besoins effectifs de la collectivité. Cette mesure qui ne
corrige certes pas l’érosion monétaire subie par les recettes de la
collectivité territoriale, mais qui permet une certaine prudence.

2- Un processus d’élaboration du budget non


participatif
Le budget de la collectivité territoriale est souvent un assemblage d’actions
et de projets d’aménagement qui intègre souvent les orientations centrales
et les stratégies sectorielles sous la pression du ministère de tutelle. Il
intègre peu ou pas les engagements de la programmation du PAC et les
principes d’équité et de solidarité sociale.
Par ailleurs, le processus d’élaboration du budget ne suit pas une procédure
qui lui assure la participation pleine et entière de toutes les parties
prenantes. Le fait est que, dans la pratique, l’élaboration du budget suit un
cheminement fermé.
Ainsi, la phase d’élaboration du budget requiert une attention particulière,
des données précises, une intelligence collective à travers la participation
des différentes parties prenantes même les citoyens et la société civile à
travers l’exercice du droit de pétition que leur attribue la Constitution dans
son article 139 pour bien prendre en considération les besoins locaux.

II- PISTES D’AMELIORATION DU PROCESSUS


D’ELABORATION DU BUDGET DES CT

1- Cadrer et améliorer le processus d’élaboration du


budget

D’une part, les modalités de planification territoriales doivent être


améliorées. En réalité, les règles et les procédures budgétaires des
collectivités territoriales n’ont pas évolué suffisamment pour s’adapter à
l’environnement institutionnel (informatisation, simplification de
procédure…etc.). L’élaboration du budget reste très approximative, peu
lisible, et difficilement exploitable pour le suivi et le contrôle.
Cependant, il est nécessaire de prendre en compte les difficultés identifiées
par les communes lors de l’élaboration de leur budget dans les réformes
budgétaires en cours (gestion axée sur les résultats, contractualisation, la
budgétisation sensible au genre etc.). Et d’accompagner le personnel
communal par l’organisation de formations et par l’élaboration d’outils de
gestion budgétaire plus adaptés (guides et des manuels de procédures).
D’autre part, il faut Cadrer le processus d’élaboration du budget.
Autrement dit, il faut élaborer et veiller à l’application d’un manuel de
procédures spécifique au processus d’élaboration du budget complétant
celui des PAC et qui devrait faire un rapide descriptif du contexte
économique (inflation attendue, croissance prévue...), des orientations
budgétaires de l’Etat (rigueur , relance...), préciser les principes à respecter
(exemple : équité, solidarité, transparence, participation…), le processus à
suivre, les étapes à respecter, les critères de choix des priorités et les
arbitrages éventuels. Ce manuel devrait être également illustré par des
estimations approximatives des dépenses et des recettes et des projets
d’investissement.

2- L’adéquation des prévisions budgétaires avec les


besoins de développement socio-économique

Le budget communal doit répondre aux demandes identifiées et ne pas


consister seulement en une offre standardisée ne prenant pas en
considération les priorités de développement, notamment celles des
personnes à besoins spécifiques ou encore de catégories minoritaires de
population. Le premier pas d’un budget maitrisé commence par
l’identification, le recensement, le chiffrage et l’estimation des besoins.
Pour être au plus près de la réalité de ces besoins, la participation des
acteurs locaux et des habitants est indispensable. A noter que dans ce sens,
l’élaboration de bases de données, comme c’est le cas des SIC et SIG
(Système d’Information Géographique) entreprise dans le cadre de l’appui
apporté aux collectivités territoriales est d’un apport significatif car elles
contribuent à une connaissance améliorée et précisée des besoins
existants.
« La programmation budgétaire pluriannuelle »

PLAN

- Introduction

I- La programmation budgétaire pluriannuelle : un outil


de renforcement de l’efficacité et l’efficience de la
dépense publique

1- Un moyen pour établir un lien entre les stratégies de


moyen et long terme et le budget annuel
2- Une caractéristique du cadre glissant permettant
l’actualisation des données

II- Complexités de mise en œuvre de la programmation


budgétaire pluriannuelle

1- Difficulté d’élaboration de prévisions par les


départements concernés
2- Possibilité de prévisions subjectives portant sur des
aspiration politiques
- Introduction

La réforme budgétaire n’est pas toute la réforme de l’État, mais elle en constitue
un levier. La rénovation des procédures budgétaires constitue un véritable levier
de la réforme de l’État, surtout dans un contexte marqué par la rareté des
ressources, où la simplification des procédures budgétaires, la déconcentration
des crédits et l’octroi de plus de flexibilité et d’autonomie aux gestionnaires
budgétaires s’impose.
Vu que l’établissement du budget constitue l’acte fondamental de la vie de l’État,
la préparation d’un tel document doit se faire avec soin. Elle doit s’inscrire dans
un processus transparent visant à allouer les ressources aux priorités
stratégiques en assurant une discipline budgétaire d’ensemble. Les mécanismes
de reddition des comptes dépendent de la qualité fondamentale des
informations disponibles et des incitations offertes aux responsables du choix
des politiques et de leur mise en œuvre. Dans ce sens, des informations
constamment de haute qualité permettent à l’administration publique de
toujours faire de meilleurs choix en matière d’orientations. Des informations de
haute qualité sont également une composante essentielle de tout mécanisme
de responsabilité.
Ainsi, la programmation budgétaire pluriannuelle est un outil qui permet de
renforcer l’efficacité et l’efficience de la dépense publique, assurant une bonne
visibilité des politiques publiques, une meilleure articulation entre les
programmes sectoriels à travers une programmation appropriée des crédits. Si
le renforcement de l’efficacité et l’efficience de la dépense publique est l’un des
soucis majeurs des gestionnaires, ces derniers ne peuvent plus se limiter à un
horizon budgétaire annuel même si les autorisations budgétaires données par le
pouvoir politique ne peuvent l’être que dans le cadre annuel. Tous les
programmes sectoriels pris en charge par les budgets publics revêtent une
dimension pluriannuelle dès lors qu’ils traduisent une vision ministérielle sur
plusieurs années. La pluri-annualité apparaît donc comme un élément de
modernisation des administrations publiques et de conduite concrète des
réformes structurelles qu’appelle un redressement pérenne des comptes
publics.
Cependant, il convient de nous demander, dans quelle mesure la
programmation budgétaire pluriannuelle pourrait renforcer l’efficacité et
l’efficience de la dépense publique ?
I- La programmation budgétaire pluriannuelle : un outil de
renforcement de l’efficacité et l’efficience de la dépense
publique

1- Un moyen pour établir un lien entre les stratégies de moyen


et long terme et le budget annuel

En l’absence de processus de prise de décision efficace, l’élaboration des


politiques et la planification sont déconnectés les uns des autres et du budget,
et ils ne sont pas limités par les ressources disponibles ou par les priorités
stratégiques. Cette situation conduit à un décalage conséquent entre ce qui est
promis à travers les politiques publiques et ce qui est réalisable. Le processus de
budgétisation annuel devient donc plus axé sur le maintien d’un certain
équilibre, plutôt que sur l’allocation des ressources sur la base de choix
politiques clairs pour atteindre les objectifs stratégiques.
La programmation pluriannuelle vise à établir ce lien indispensable entre les
stratégies à moyen ou long terme et le budget annuel en définissant le
cheminement pour atteindre les objectifs des plans ou stratégies, et en
encadrant les adaptations du budget, nécessaires à leur mise en œuvre. Il
ambitionne d’atteindre trois objectifs majeurs.
Le premier objectif consiste à renforcer la discipline budgétaire dans sa globalité,
incluant la pérennité des politiques budgétaires et sectorielles, tout en
s’assurant de la compatibilité de l’impact des politiques budgétaires avec les
ressources financières de l’État et le cadre macroéconomique.
Le deuxième objectif est de consolider l’efficacité de la répartition
intersectorielle des ressources par le développement de méthodes et d’outils qui
assurent la relation entre les stratégies des politiques publiques et leur
traduction concrète à travers le budget. Le périmètre de réalisation progressive
des objectifs impliquant différents secteurs et nécessitant souvent un effort
continu sur plusieurs années devient ainsi possible en plaçant le budget dans une
perspective pluriannuelle.
Le troisième objectif est d’améliorer la performance opérationnelle, en
renforçant l’efficacité et l’efficience dans les prestations de services publics, en
donnant aux gestionnaires une plus longue perspective pour gérer leurs projets
et en leur offrant un cadre de suivi de la performance.

2- Une caractéristique du cadre glissant permettant


l’actualisation des données

En réalité, la programmation budgétaire pluriannuelle a été concrétisée au


Maroc à travers le CDMT. Au fait, il existe deux cadres de dépenses à moyen
terme, le CDMT global, établi au niveau central, et les CDMT sectoriels établis
par chaque ministère (ou institution).
Le CDMT préparé annuellement met en place des projections concernant les
dépenses de l’État s’étalant sur une durée trois ans. Les dépenses relatives à la
première année doivent être conformes à celles du budget. Les priorités du
gouvernement ainsi que l’estimation des besoins de financement des
programmes d’action qui en découlent sont inscrites à travers les données des
deux années suivantes.
La caractéristique de cadre glissant permet au CDMT d’être ajustable en fonction
de l’actualisation des données tant au niveau des besoins de financement qu’au
niveau des ressources. De ce fait, l’analyse de la viabilité financière des
estimations en besoins financiers, l’introduction de la dimension régionale dans
l’estimation des besoins du secteur, l’identification des dépenses et ressources
non étatiques en faveur du secteur et l’intégration de ce CDMT sous-sectoriel
dans un cadre macroéconomique réaliste sont autant d’éléments qui pourront
donner lieu à une actualisation du CDMT chaque année.
En 2011, la pluri-annualité budgétaire a été introduite dans la constitution.
L’article 75 de cette dernière dispose que “les dépenses d’investissement
nécessaires à la réalisation des plans de développement stratégiques ou des
programmes pluriannuels, ne sont votées qu’une seule fois, lors de l’approbation
de ces derniers par le Parlement et sont reconduites automatiquement pendant
leur durée”. Cette pluri-annualité est déclinée au niveau du projet de loi
organique des finances afin de favoriser une bonne exécution des politiques
publiques.
II- Complexités de mise en œuvre de la programmation
budgétaire pluriannuelle

1- Difficulté d’élaboration de prévisions par les départements


concernés

La préparation du budget prévisionnel repose principalement sur l’analyse


rétrospective des comptes des derniers exercices. La tutelle a mis en place
depuis le 1er janvier 2000, de nouvelles règles de prévision budgétaire qui
servent beaucoup plus comme des repères et des référents que comme des
principes rigides à appliquer à tout prix. Ces règles renvoient au calcul de la
moyenne des recettes réalisées durant les trois derniers exercices. Cette
moyenne servira de garde-fou pour se rendre compte si les prévisions de
recettes établies ne s’éloignent pas trop de cette moyenne.
Le calcul de la moyenne n’a pas une grande signification pour les dépenses,
puisque les recettes constituent une contrainte pour les choix budgétaires des
conseillers, et les arbitrages qu’ils sont appelés à effectuer entre telle ou telle
dépense
Ainsi, avec la règle de la moyenne, on se retrouve face à un budget moyen, qui
ne corrige certes pas l’érosion monétaire subie par les recettes de la collectivité
territoriale, mais qui permet une certaine prudence.

2- Possibilité de prévisions subjectives portant sur des aspiration


politiques

Si la programmation pluriannuelle peut être considérée comme une étape finale


dans le rapprochement des systèmes fonctionnels de planification macro-
économique, de planification stratégique de budgétisation annuelle robuste, elle
n’est pas sans poser un certain nombre de difficultés. Dans les années 60 et 70,
le Royaume-Uni, pionnier en matière de prévisions budgétaires pluriannuelles,
s’est heurté à de nombreuses difficultés. Plusieurs des pays de l’OCDE qui se sont
engagés sur la voie de la programmation budgétaire pluriannuelle n’y ont pas
échappé.
L’une de ces difficultés résidait dans la tentation des gouvernements de fonder
les plans à moyen terme sur des prévisions macro-économiques qui reflètent
non pas sur une analyse objective mais plutôt leurs aspirations politiques. Le
potentiel de croissance économique peut être généralement surestimé dans les
prévisions budgétaires pluriannuelles, d’où une surévaluation des ressources
disponibles sur la période de prévision et une augmentation des dépenses
publiques. En outre, les ajustements et surtout les révisions à la baisse des
dépenses s’avéraient difficiles dans la mesure où les ministères considéraient
comme acquises les ressources qui leur étaient affectées sur la période de
prévision. Par ailleurs, les prévisions budgétaires pluriannuelles sont faites
généralement en valeur réelle et non pas en valeur nominale négligeant ainsi,
un fléchissement de la croissance économique et une accélération de l’inflation,
d’où une pression accrue sur les finances publiques. Cependant, il est nécessaire
que les prévisions se basent de plus en plus sur des hypothèses économiques
plus prudentes et définissent désormais le cadre budgétaire à moyen terme en
valeur nominale et non plus en valeur réelle.
« Le processus d’exécution du budget local »

PLAN

- Introduction

I- Des prévisions budgétaires inadéquates qui


retombent sur l’exécution du budget des CT

1- Une tutelle ne favorisant pas l’efficacité de la dépense

2- Faible capacité à lancer les marchés publics

II- Un système de suivi-évaluation : outil d’amélioration de


l’exécution du budget des collectivités territoriales

1- Mise en place d’un suivi de l’exécution du budget

2- Conditions à mettre en œuvre pour le suivi-évaluation


budgétaire
- Introduction

Suite à l’élaboration du budget des collectivités territoriales, qui détermine


l’ensemble des actions qui seront entreprises dans l’année budgétaire et qui
constitue un instrument principal pour atteindre les objectifs de développement
de la collectivité, vient le moment de l’exécution du budget des collectivités
territoriales.
Cette étape d’exécution du budget des collectivités territoriales rappelle
étroitement celle du budget national. Ainsi, celle-ci se fait sur la base des règles
de la comptabilité publique en faisant intervenir tant des ordonnateurs que des
comptables publics, dont les fonctions sont, ici aussi, séparées. Les premiers
décident des opérations de recettes et de dépenses, tandis que les seconds sont
les seules personnes habilitées à manier les deniers publics.
En réalité, l’exécution du budget s’effectue en deux étapes fondamentales :
- La mise à disposition des crédits au profit des CT (avec deux niveaux,
l’ouverture des crédits et la préparation à l’utilisation effective des crédits
(projets, marché…)).
- L’utilisation effective des crédits2.
Ainsi, l’exécution du budget des CT constitue les moyens financiers qui
permettent à la collectivité de réaliser ses prévisions budgétaires. Il s’agit du
moyen de mise en œuvre de la politique chiffrée de chaque collectivité
territoriale afin de répondre aux demandes sociales locales.
Ce faisant, la maitrise de ce processus de matérialisation de toute politiques
locales est nécessaire pour la réalisation des prévisions budgétaires d’une part
et répondre aux besoins locaux des citoyens.
Or, au Maroc, l’exécution du budget des CT est inefficace et mal maitrisé. Elle se
caractérise par une faible exécution des prévisions budgétaires ce qui se traduit
par une faible croissance économique des collectivités territoriales. Ainsi, il
convient de nous demander : quelles sont les lacunes qui intervertissent le
processus d’exécution du budget des collectivités territoriales ? dans quelle
mesure le processus EB des CT permet la réalisation du budget prévisionnel ?

2
Guide sur les pratiques de bonne gouvernance économiques et financière des collectivités territoriales au
Maroc, British Embassy-Rabat, 1er adition septembre 2013.
I- Des prévisions budgétaires inadéquates qui
retombent sur l’exécution du budget local

En réalité, les prévisions budgétaires des CT sont souvent mal planifiées et


portent sur des prévisions subjectives portant sur des aspirations politiques. Par
ailleurs, les prévisions budgétaires, surtout ceux s’inscrivant dans le budget
d’investissement sont faiblement exécutés et représentent un taux d’exécution
alarmant. Ceci est dû à plusieurs facteurs que nous traiterons ci-dessous.

1- Une tutelle ne favorisant pas l’efficacité de la dépense

Il est vrai que les textes ne parlent plus de tutelle mais de « contrôle
administratif » sur la légalité des arrêtés du président et les délibérations du
conseil. A première vue, on pourrait croire que le contrôle d’opportunité de
décision a disparu au profit du contrôle de légalité. Or, en réalité, le contrôle
d’opportunité n’a pas disparu, les décisions des conseils relatives au budget, le
plan de développement régional et le plan régional d’aménagement du territoire
sont soumises à un système de visa qui ressemble fort à un contrôle
d’opportunité à priori.
De plus, alors que la CT devait être une entreprise territoriale capable
d’introduire des innovations importantes et des améliorer les outils de gestion
et de décision. Nous avons gardé l’atomisation institutionnelle des structures
territoriales de manière à ce qu’elle reste sous la coupole d’Etat à travers la
formulation claire du contrôle à travers ses 3 aspects : à priori (système de visa),
en cours d’exécution (contrôle comptable) et a postériori (ministère de
l’intérieur, IGF, Cours régionale des Comptes…). De ce point de vue, nous
sommes face à une recentralisation des pouvoirs entre les mains de l’Etat.
Il semble que les 3 lois organiques ne s’inspirent pas de la philosophie générale
de la Gouvernance. La lourdeur du contrôle de la tutelle ne favorise pas
l’efficacité de la procédure des dépenses et l’engagement de la totalité des
crédits d’ailleurs c’est ce qui explique les reports de crédit important.
Cependant, la tutelle de l’autorité doit être optimisée et rendre exécutoire les
décisions du conseil3. Elle doit se limiter au respect des principes budgétaires et
comptables et à la précision des responsabilités et des rôles des ordonnateurs et
comptables.

2- Faible capacité à lancer les marchés publics

L’exécution du budget des collectivités territoriales se caractérise par une faible


exécution des prévisions budgétaires : généralement les dépenses de
fonctionnement (puisqu’elles sont obligatoires) sont engagées et réalisées dans
leur totalité. Les difficultés résident dans les dépenses d’investissement qui ne
sont généralement réalisés qu’à un faible pourcentage et qui constituent le
moteur de la croissance économique à côté de l’investissement privé. Dans cette
réalité, on trouve une faible capacité à préparer, lancer exécuter et contrôler les
marchés publics objet de ce type de dépenses.
Le retard dans la réalisation des projets, voir même leur non réalisation, entame
la crédibilité de la collectivité, notamment celle des élus, et ralentit le processus
du développement et de la croissance économique.
Ainsi, il est nécessaire d’améliorer la passation et l’exécution des marchés publics
à travers :
- La formation des fonctionnaires locaux ;
- L’élaboration de manuels de procédures simples et accessibles ;
- Le recours à des achats collectifs par le groupement des collectivités
territoriales ;
- L’adoption de la dématérialisation de la procédure d’appel d’offre ;
- La systématisation des procédures de contrôle et de suivi de lancement et
de l’exécution des marchés et l’évaluation de leurs résultats ;
- L’allégement et l’optimisation du contrôle de la tutelle (organiser la
traçabilité et définir les délais)4.

3
Guide sur les pratiques de bonne gouvernance économiques et financière des collectivités territoriales au
Maroc, British Embassy-Rabat, 1er adition septembre 2013.
4
Guide sur les pratiques de bonne gouvernance économiques et financière des collectivités territoriales au
Maroc, British Embassy-Rabat, 1er adition septembre 2013.
II- Un système de suivi-évaluation : outil d’amélioration
de l’exécution du budget des collectivités territoriales

1- Mise en place d’un suivi de l’exécution du budget

Dans un premier temps, le suivi ne doit pas être utilisé uniquement pour
apprécier le niveau de consommation du budget (engagement, liquidation,
contrôle paiement), ce qui revient à la régularité comptable, mais également
pour analyser ces opérations, c’est-à-dire, déterminer les causes des écarts
constatés entre les prévisions et les réalisations.
On vient ici de toucher à l’une des faiblesses de l’exécution budgétaire des
collectivités constatée régulièrement, à savoir les exécutions budgétaires
dégagés et les reports des crédits, malgré la croissance des besoins et qui, en fin
de compte exprime plus un déficit de management qu’une rationalisation du
fonctionnement d’où la nécessité de mettre en place une cellule de contrôle de
gestion dans chaque administration.
Dans un second temps, le budget doit être mis en perspective avec les activités
supportées par les différentes lignes budgétaires. C’est-à-dire faire le lien entre
les lignes budgétaires analysées et les activités (mieux affiner la nature, le
processus des activités, les ressources affectées « coût » et les résultats). Or,
l’articulation du budget actuelle ne permet pas de relier les articles, les résultats
et les activités à réaliser.

2- Conditions à mettre en œuvre pour le suivi-évaluation


budgétaire

L’amélioration de l’exécution budgétaire des collectivités territoriales ne peut


réussir sans la mise en place d’un suivi-évaluation de cette dernière et dont
l’importance n’est pas à démontrer. En réalité, le suivi-évaluation de l’exécution
budgétaire tel que défini dans la section ci-dessus permettra même de
déterminer le degré d’engagement envers les priorités de développement.
Or, le suivi-évaluation du budget des collectivités territoriales est tributaire de
certains préalables à satisfaire :
- Avoir un système de suivi et une structure chargée du suivi avec des
prérogatives claires, une procédure bien définie, des indicateurs
prédéfinis…
- Intégrer dans la conception des plans de développement et des projets qui
les concrétisent des processus de suivi. Ce processus doit être planifié,
bien définir les objectifs, les responsabilités et les responsables, les délais,
les résultats et les indicateurs de vérification.
- Disposer de bases de données comptables exploitables, lisibles, fiables et
évitant la parcimonie.
- Disposer au niveau du personnel de compétences dans le domaine du
suivi évaluation5.

5
Guide sur les pratiques de bonne gouvernance économiques et financière des collectivités territoriales au
Maroc, British Embassy-Rabat, 1er adition septembre 2013.
« Le contrôle des finances territoriales »

PLAN

- Introduction

I- Un contrôle des finances territoriales loin de


répondre à la logique de performance

1- Une multiplicité des intervenants avec le manque


d’une vision intégrée

2- Le maintien du système de visa qui ressemble fort


à un contrôle d’opportunité

II- Nécessité de la modernisation du contrôle des


CT

1- Un contrôle administratif appelé à être modulé en


fonction des capacités de gestion des élus locaux

2- La mise en place d’un contrôle axé sur l’évaluation


des résultats et performances
- Introduction

Tout le monde est d’accord pour définir globalement la décentralisation comme


un système ou l’Etat reconnait l’existence juridique de collectivités secondaires,
qui dotées, de la personnalité juridique ont vocation à gérer leurs propres
affaires par l’intermédiaire s’autorités et d’organes issus d’elles-mêmes souls le
contrôle du pouvoir central.
Cependant, pour que l’on puisse soutenir l’existence de la décentralisation, trois
conditions doivent être réunies : une gestion autonome, une autonomie
financière, et un contrôle sur l’activité des collectivités territoriales. Si les 2
premières conditions pourraient être considérées comme des éléments
préalables indispensables à la réalisation de la décentralisation, le dernier
constitue une garantie de taille quant à sa réussite et sa mise en marche dans les
faits, c’est à travers l’ampleur de ce contrôle que toute la portée de la politique
de décentralisation peut être évaluée.
En 2015, l’importance et le poids des collectivités territoriales au Maroc
représentent un enjeu financier de plus de 60 Milliards de DH. Une telle logique
suppose indéniablement l’existence d’un système de contrôle des finances
locales qui soit performant, juste et équitable. Autrement dit, les règles des
finances des collectivités territoriales seraient lettre morte s’il n’existait pas de
contrôle permettant de s’assurer de leur stricte application par les différents
acteurs concernés.
Durant ces dernières années, le contrôle des finances publiques dans le monde
a connu d’importante évolutions. L’objectif du contrôle, dans sa nouvelle
conception, ne s’agit nullement d’améliorer la sanction qui s’est avérée contre-
productive, mais, il s’agit surtout d’améliorer la gestion
Mais dès qu’on approfondie l’analyse, il s’avère que le système de contrôle
adopté au Maroc n’est pas dans la logique de la décentralisation sur le plan
pratique car la décentralisation se veut moins de contrôle à priori qui est à
l’encontre de la libre administration et plus de contrôle à postériori qui est en
adéquation avec la logique de performance et de reddition des comptes. Ainsi,
il est légitime de se poser la question suivante : les contrôles subis par les CT au
Maroc, ne constituent-ils pas un frein à leur décentralisation ? dans quelle
mesure le contrôle des finances locales entravent le principe de la libre
administration / la gestion autonome des CT ?
I- Un contrôle des finances locales à revoir

1- Une multiplicité des intervenants avec le manque


d’une vision intégrée

Le contrôle subis par les CT au Maroc se caractérise par un ensemble


d’intervenants. Ces contrôles peuvent être classé en contrôle à priori (Contrôle
administrative et contrôle politique) et le contrôle à posteriori (contrôle de l’IGF,
IGAT et CRC)
Le contrôle administratif : Ce contrôle s’exerce par deux acteurs représentant les
administrations des finances et de l’intérieur. Il s’agit du comptable public, en ce
qui concerne le contrôle budgétaire et comptable, et également du Wali ou du
gouverneur auquel est dévolu le contrôle de légalité des actes desdites
collectivités en plus d’un contrôle exercé par visa, et ce en vertu des dispositions
du 2ème alinéa de l’article 145 de la Constitution adoptée le 1er juillet 2011.Ce
contrôle porte sur la légalité des décisions et arrêtés pris par les organes
exécutifs et délibérants desdites collectivités.
Le contrôle de l’organe délibérant ou le contrôle politique : Le contrôle de
l’organe délibérant des collectivités territoriales revêt une signification
importante. Il est l'expression du rapport de forces au sein du Conseil et
renseigne sur le degré d'influence de l'opinion publique, et du degré de
démocratisation de la société au niveau local. En principe, ce contrôle devrait
occuper le devant de la scène du contrôle des finances des collectivités
territoriales en raison de la particularité de la légitimité représentative des élus
locaux. C’est dire qu’il gagnerait à être plus performant en termes d’amélioration
de la maîtrise de la gestion des finances locales. C’est la raison pour laquelle
différentes dispositions législatives 7 et règlementaires ont été adoptées
récemment, en l’occurrence les lois organiques régissant les régions, les
préfectures, les provinces et les communes, à même d’optimiser le processus de
contrôle à travers notamment, la révision du nombre de sessions ordinaires et la
création d’un nombre minimal de commissions au sein de chaque organe
délibérant.
Le contrôle exercé par les inspections générales : les opérations financières et
comptables des collectivités territoriales sont soumises à un contrôle à posteriori
exercé essentiellement par deux organes supérieurs de contrôle relevant de
deux départements ministériels différents à savoir l’Inspection Générale des
Finances placée sous l’autorité du Ministre de l’économie et des finances et
l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale qui relève
hiérarchiquement de l’autorité gouvernementale chargée de l’Intérieur.
Contrôle des cours régionales des comptes : Conformément à la constitution les
opérations financières et comptables des collectivités territoriales sont soumises
au contrôle des cours régionales des comptes. Leur implantation et leur
organisation sont fixées par la loi n° 62-99 formant Code des Juridictions
financières.
En réalité, cette multiplicité d’intervenant ne garantit guère l’efficacité des
finances locales. Bien au contraire, elle peut être à l’origine des retards et de la
défaillance de la gestion locale. De plus les contrôles exercés par ces différents
intervenant manquent souvent de coordination suite à l’inexistence d’une vision
intégrée de contrôle au niveau territorial.

2- Le maintien du système de visa qui ressemble fort


à un contrôle d’opportunité

Pour la doctrine, le contrôle de légalité en particulier et la tutelle en tout terme


est la contrepartie logique de la décentralisation dans un Etat unitaire. Ses
justifications peuvent se résumer comme suit : la liberté entière des agents
décentralisés risquerait de conduire à l’anarchie, il faut unifier la gestion dans
l’ensemble de l’Etat. D’une autre part, la décentralisation pourrait engendrer
une mauvaise gestion de ces services surtout que l’ensemble des élus ne sont
pas des techniciens ni des professionnels de l’administration, ils sont même
parfois illettrés. Ainsi leurs activités risquent de ne pas incomber dans l’intérêt
des citoyens et la satisfaction de l’intérêt général.
Jusqu’à l’instant, contrairement au contrôle de l’opportunité, le contrôle de
légalité semble être respectueux à l’idée de l’autonomie locale dans la mesure
où il s’agit d’un contrôle objectif. L’autorité de tutelle fait un peu prêt le même
travail du juge administratif, elle vérifie si la décision est conforme ou non aux
dispositions législatives et règlementaires.
Or, au contrôle de légalité s’ajoute le contrôle d’opportunité qui est davantage
contraignant à l’autonomie locale. La tutelle de l’opportunité suppose que les
actes juridiques de l’autorité décentralisée ne pourront être mis à exécution que
s’ils reçoivent l’approbation de l’autorité centralisée. Cet attribue de la tutelle
administrative s’analyse en un veto possible de l’autorité de tutelle à l’exécution
de l’acte.
Ce système de contrôle d’opportunité se manifeste par l’autorisation ou le visa
préalable qui est adoptée par le législateur marocain à tous les niveaux
territoriaux de la décentralisation. En réalité, contrairement à l’approbation qui
intervient après la décision et ne concerne en fin de compte que la phase de son
exécution. L’autorisation de l’autorité de tutelle est un acte qui intervient avant
la prise de décision. C’est-à-dire, certaines décisions notamment les décisions,
ayant une incidence financière, le vote du budget, de plan d’action communal
(article 118 de la LO sur les communes) ... ne peuvent être prise qu’après le visa
de l’autorité de tutelle.
En réalité ce type de contrôle est à l’encontre de la démocratie participative et
de la philosophie de gouvernance et de décentralisation. Bien au contraire, le
contrôle d’opportunité exprime directement l’existence d’une hiérarchie entre
la collectivité nationale et les collectivités territoriales et par voie de
conséquence un effacement des intérêts locaux devant les intérêts étatiques.
Ainsi, comme conclusion de ce premier chapitre, le contrôle subis par les CT
constitue un frein pour leur décentralisation. Cependant il est appelé à être
moduler.

II- Nécessité de la modernisation du contrôle des


CT

1- Un contrôle administratif appelé à être modulé en


fonction des capacités de gestion des élus locaux

Au fond, le contrôle d’opportunité se trouve justifié jusqu’à l’instant à cause des


élus mal formés et mal préparés à la gestion administrative. Mais, avec
l’approche de performance développée par les nouvelles lois organiques
relatives au CT qui viennent d’être adoptées au Maroc, le contrôle administratif
des actes financiers des collectivités territoriales, qui se trouve désormais déjà
un peu limité, sera appelé davantage, dans un avenir proche, à être modulé en
fonction des enjeux financiers des actes et des capacités de gestion des
ordonnateurs locaux.
Ainsi, avec une telle approche, le contrôle a posteriori sera appeler à jouer un
plus grand rôle. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard qu’en France, la loi de
décentralisation relative aux droits et libertés des communes, des départements
et des régions, dite loi Defferre a aboli depuis le 2 mars 1982 le contrôle a priori
du budget des collectivités locales par l’autorité préfectorale et a renforcé le
contrôle à posteriori. Auparavant, un président d’exécutif local était en effet
tenu de présenter son budget au Préfet et ne pouvait le soumettre à la discussion
qu’après acceptation de ce dernier. Désormais, le Préfet n’exerce plus ni tutelle,
ni contrôle d’opportunité, ni contrôle a priori sur les actes des collectivités
locales.

2- Mise en place d’un contrôle axé sur l’évaluation des


résultats et des performances

Le contrôle des Finances locales est orienté vers un contrôle de régularité et de


conformité que sur un contrôle axé sur l’évaluation des résultats et des
performances. Or, le contrôle est bien plus qu’une fonction c’est une culture qui
doit aider et servir à l’atteinte des objectifs assignés au budget public
Ce faisant, dans un premier temps, le suivi ne doit pas être utilisé uniquement
pour apprécier le niveau de consommation du budget (engagement, liquidation,
contrôle paiement), ce qui revient à la régularité comptable, mais également
pour analyser ces opérations, c’est-à-dire, déterminer les causes des écarts
constatés entre les prévisions et les réalisations d’où la nécessité de mettre en
place une structure de contrôle de gestion.
On vient ici de toucher à l’une des faiblesses de l’exécution budgétaire des
collectivités constatée régulièrement, à savoir les exécutions budgétaires
dégagés et les reports des crédits, malgré la croissance des besoins et qui, en fin
de compte exprime plus un déficit de management qu’une rationalisation du
fonctionnement.
Dans un second temps, le budget doit être mis en perspective avec les activités
supportées par les différentes lignes budgétaires. C’est-à-dire faire le lien entre
les lignes budgétaires analysées et les activités (mieux affiner la nature, le
processus des activités, les ressources affectées « coût » et les résultats). Or,
l’articulation du budget actuelle ne permet pas de relier les articles, les résultats
et les activités à réaliser.
Or, le suivi-évaluation de l’action des collectivités territoriales est tributaire de
certains préalables à satisfaire :
- Avoir un système de suivi et une structure chargée du suivi avec des
prérogatives claires, une procédure bien définie, des indicateurs
prédéfinis…
- Intégrer dans la conception des plans de développement et des projets qui
les concrétisent des processus de suivi. Ce processus doit être planifié,
bien définir les objectifs, les responsabilités et les responsables, les délais,
les résultats et les indicateurs de vérification.
- Disposer de bases de données comptables exploitables, lisibles, fiables et
évitant la parcimonie.
- Disposer au niveau du personnel de compétences dans le domaine du
suivi évaluation.
« LES SOURCES DE FINANCEMENT DES CT »

PLAN

- Introduction

I- Inadéquation entre les compétences prévues par la


décentralisation et les moyens financiers consacrés

1- Un cadre juridique limitant les sources de financement


des CT

2- Un recourt à l’emprunt limité par le FEC

3- Des sources de financement des CT subordonnées au


transfert de l’Etat

II- Les sources de financement des CT : une réforme


inachevée

1- Optimisation de la fiscalité locale et son adaptation aux


spécificités régionales

2- Prévoir un système de compensation en faveur des CT


pour les exonérations fiscales étatiques

3- Evaluation et revalorisation du patrimoine des CT

- Conclusion
Introduction

On pensait que la mondialisation allait marquer la fin de la géographie et le déclin du


territoire. Et bien c’est le contraire qui s’est produit. Le rôle des Etats s’affaiblit en
faveur de celui des territoires, et partout l’Etat territorial se substitue à l’Etat-nation.
Si auparavant, les pays avaient besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour ce faire,
maintenant, ils ont besoin d’un pouvoir réellement décentralisé pour ne pas se défaire.
François Mitterrand l’avait bel et bien dit il y a plus de 30 ans « la France a besoin d’un
pouvoir réellement décentralisé pour ne pas se défaire ». Au Maroc, il y a que quelques
années et précisément en 2011 que le législateur marocain a manifesté une réelle
volonté de faire de la décentralisation un moyen de développement économique et
social. Ce processus s’est concrétisé dernièrement avec les 3 lois organiques sur les
collectivités territoriales.
Conformément à l’article 136 de la constitution, l’organisation régionale et territoriale
des CT repose sur le principe de la libre administration. Or cette libre administration
n’a de sens que si les CT disposent de l’autonomie financière. Autrement dit, ce
principe n’aura de sens que si les CT disposent et maitrisent les ressources nécessaires
au financement du développement.

Les ressources financières des collectivités locales peuvent se regrouper autour de


quatre pôles : les ressources propres qui proviennent du patrimoine, de la fiscalité et
des taxes et redevances, les ressources de transfert constituées par la part des
collectivités locales dans le produit de la TVA, les ressources d'emprunt et Enfin les
ressources extrabudgétaires tirées des comptes spéciaux.

Au-delà de la multiplicité des ressources dont sont dotées les CT, c’est sur le terrain de
l’autonomie financière que l’on juge réellement leur place. Si la décentralisation
implique une mutation profonde et complète de l’Etat, de sa puissance, de son
autorité, de ses ressources et de sa manière de gérer ses territoires et ses populations,
la démocratie locale et la réussite du processus de décentralisation restent tributaires
de l’existence d’un réel pouvoir financier local et de la mobilisation des ressources
fiscales, en parfaite cohérence et synergie avec le pouvoir financier et fiscal de l’Etat.
Ainsi il convient de nous demander : dans quelle mesure les sources de
financement des CT répondent aux exigences de la décentralisation ? /
garantissent l’autonomie financière des CT ?
I- Inadéquation entre les compétences prévues par la
décentralisation et les moyens financiers consacrés

Les relations financières entre l’Etat et les CT sont basées sur le principe de l’autonomie
financière qui doit faire bénéficier les collectivités locales de ressources nécessaires
pour remplir les exigences que la loi leurs a attribué. On n’a jamais assez cessé de
répéter qu’il constitue l’épine dorsale de toute véritable décentralisation et pourtant
le financement des CT constitue le point d’achoppement du nouveau schéma
territorial.

1- Un cadre juridique limitant les sources de financement


des CT

S’agissant du cadre fiscal, la fiscalité des CT est très maigre et reste sous l’emprise du
pouvoir central. Elle se caractérise par un ensemble de taxes complexes et peu
efficients. D’une autre part, les CT ne sont pas dotées du pouvoir de création d’impôt,
car ce pouvoir reste du ressort de l’organe législatif. Les collectivités décentralisées ne
peuvent que fixer dans le cadre des lois et règlement en vigueur le mode d’assiette, les
tarifs et les règles de perception de divers taxes, redevances et droit divers qu’elles
perçoivent. Or, c’est les CT qui devraient en principe créer les impôts locaux en
connaissances de la spécificité du territoire.
D’une autre part, s’agissant de l’approbation des budgets, des plans de développement
régional et des plans d’aménagement du territoire ; et qui comportent les programmes
d’investissements et par conséquent, qui ouvrent possibilité de génération de
richesses. Elles sont soumises à un système de visa à priori des Walis ou Gouverneurs
et qui ressemble fort à un contrôle d’opportunité. Par exemple, pour les communes,
les provinces et préfectures, les budgets votés par les conseils doivent être approuvés
par l'autorité de tutelle. Ils doivent être dans le cas normal soumis au visa du
gouverneur avant le 20 novembre. Au niveau des régions, on constate un retour de la
tutelle du ministère des Finances qui doit recevoir le projet du budget régional avant
le 10 novembre pour approbation dans un délai de 10 jours. Le budget régional doit
ainsi être respectivement approuvé par les deux autorités des Finances et de l'Intérieur
avant le 25 décembre, délai de rigueur. De plus l’exécution des projets de la région sera
placée entre les mains de l’AREP qui son directeur sera nommé par le président après
approbation de l'autorité de tutelle
Par ailleurs, s’agissant du patrimoine des CT, le cadre juridique régissant ce patrimoine
remonte à la période du protectorat. Ainsi, la majorité des biens des CT, surtout ceux
à vocation économique, culturelle et récréative ne sont pas valorisés et ne jouissent
pas d’une priorité dans les conseils des CT.
Et enfin en ce qui concerne le droit de recours à l’emprunt, le Fonds d'Equipement
Communal constitue le seul établissement habilité à prêter aux collectivités
territoriales. De plus l'accès des conseils locaux au produit de l'emprunt reste limité,
voire réservé aux conseils présentant des budgets sains et équilibrés et des garanties
fiables de remboursement. Les taux d'intérêt appliqués restent en outre élevés par
rapport à ceux en cours dans les banques du secteur privé.
On conclut que l’Etat a considéré la décentralisation comme un concurrent ou une
menace venant la substituer plutôt qu’un moyen de partage ou, plus précisément, une
division des rôles. Il en résulte de cela des budgets des CT qui assurent à peine leurs
charges de fonctionnements et d’équipements ce qui remet en cause l’existence même
des CT conformément à la théorie budgétaire qui dispose que le budget de
fonctionnement n’est là que pour assurer la bonne marche de l’investissement.

2- Des sources de financement des CT subordonnées aux


transferts de l’Etat

Devant la croissance des besoins locaux et l'insuffisance des ressources propres, l'État
a dû renforcer les budgets des collectivités territoriales par des ressources
additionnelles. II s'agit d'un transfert de parts d'impôts appartenant à l'État au profit
des collectivités territoriales. Le transfert le plus important est celui de la TVA dont une
part de 30% est annuellement attribuée aux conseils locaux à l'exception des régions.
Celles-ci ont droit à d'autres transferts provenant du produit de l'impôt sur le revenu
(5%), de l'impôt sur les sociétés (5 %) et de la taxe sur les contrats d'assurance (20 %).
En réalité, l’essentiel des recettes des CT est basé sur la fiscalité et plus précisément,
sur les transferts de l’Etat. Selon le rapport de la Cour des Comptes de 2014, le produit
de TVA transféré aux CT a été estimé à 24 MMDH soit 60.1% des recettes des CT. De
plus les recettes des CT gérées par l’Etat (TP, TH, TSC) ont constitué 18.7%. Il en résulte
que les ressources transférées ou gérées par l’Etat au profit des CT représentent en
moyenne 79% contre 21% des ressources gérées par les CT, ce qui montre la forte
dépendance des collectivités territoriales vis-à-vis de l’Etat et constitue un indicateur
significatif du niveau d’autonomie fiscale. Autrement dit, les budgets des CT reste
tributaire des transferts de l’Etat ce qui constitue une autre tutelle financière.
En fait, cette situation est le résultat de 3 problèmes majeurs :
- D’abord, les dotations de l’Etat qui se sont transformer en un droit de tirage
simple des CT sur le Budget de l’Etat suppléer à l’absence d’un système de
motivation claire et net incitant les CT de faire un effort de recouvrement de
leurs créances. Bien que ce mécanisme existe à travers le système de
péréquation mais ses mécanismes souffrent d’opacité dû à l’absence d’un cadre
juridique claire définissant les modalités de cette répartition.

- Ensuite, à la multiplicité et complexité de la fiscalité locale. En réalité, l’évolution


de la fiscalité d’Etat n’a pas eu d’écho sur la fiscalité locale. Au moment où la
première à fait d’importantes avancées en matière de simplification, la fiscalité
locale est partie en diversification et en éclatement de la matière imposable
avec plus de 20 taxes. Ceci n’est certes pas du choix des entités locales puisque
l’Etat monopolise les 3 grands impôts à savoir TVA, IS, IR.

- Et enfin, à la mauvaise gouvernance locale expliquée par le déficit de l’élite


locale et par des insuffisances liées à la spatialisation des ressources humaines,
trouvant leur origine dans l’inégale répartition des personnels des collectivités
territoriales.
Ainsi, les CT se trouvent confronté à leur sort, et il devient à eux d’assurer leur
autonomie financière

II- Nécessité de compléter la réforme par la restauration


des sources de financement des CT

1- Optimisation de la fiscalité locale et son adaptation aux


spécificités régionales

L’évolution de la fiscalité d’Etat n’a pas eu d’écho sur la fiscalité locale. Alors que la 1 ère
a enregistré des avancés important en matière d’assiette et de recouvrement, la
fiscalité locale est restée complexe et, est partie en diversification et en éclatement de
la matière imposable avec plus de 20 taxes ce qui nécessite un effort de recouvrement
élevé et dont les CT n’en disposent pas.
Ainsi il est important de procéder d’abord, à la simplification de la fiscalité locale et ce
à travers :
-
La réduction du nombre d’impôt car la multiplicité ne garantit guère la
rentabilité. Bien au contraire, elle peut occasionner des coûts élevés et
engendrer des efforts inutiles.
-
La synthétisation de certains prélèvements ; cette synthétisation pourrait
prendre la forme de fusion de prélèvements portant sur la même matière
imposable pour mettre fin à la surimposition.
D’une autre part, il est nécessaire d’adapter la fiscalité locale aux spécificités locales.
SA MAJESTE LE ROI avait précisé « Nous nous apprêtons à mettre en place la
régionalisation avancée dans les différentes régions du Royaume, avec, en tête, nos
provinces du Sud, étant donné qu'elle permet de respecter les spécificités régionales
et favorise une gestion démocratique, par les populations de la région, de leurs affaires
locales, dans le cadre du Maroc unifié des régions » lors du discours à l’occasion du
15ième anniversaire de son intronisation. L’adaptation de la fiscalité locale aux réalités
locales passe certes par sa simplification comme cité ci-dessus mais aussi à travers
l’évaluation du potentiel fiscale de chaque CT afin de lui coller un cadre fiscale adapté
à ses spécificités ce qui remet en cause la non dotation des CT du pouvoir de création
d’impôts. Ce faisant, ne serait-il pas envisageable de prévoir un cadre légal qui permet
l’assouplissement de cette mesure en autorisant aux collectivités territoriales de
proposer au pouvoir central la création d’un impôt adaptés à leurs spécificités à
condition que cet impôt n’engendre pas une discrimination entre les régions ce qui
accentuerait les disparités interrégionales.
Par ailleurs, une autre problématique auquel doivent remédier les CT et qui est liée à
l’effort de recouvrement de leurs créances. Selon le rapport de la Cour des Comptes
de 2014, les restes à recouvrés ont été estimé en 2013 à 16,8MMDH soit l’équivalent
de40% du budget annuel des CT.

2- Evaluation et Fructification du patrimoine des CT

D’un autre côté, si les administrations sont nombreuses et si les strates de leurs
représentations sont multiples, le contribuable qui les finance par l’impôt est par
contre unique et sa capacité contributive n’est pas extensible à volonté. Ainsi, le
citoyen marocain contribuable national et aussi locale risque d’atteindre ses limites et
d’éteindre par conséquent la matière fiscale. Ainsi les CT doivent chercher d’autre
sources génératrices de richesses. Parmi ces alternatifs, comme les autres personnes
publiques, les CT disposent de biens qui leur permettent d'assurer leur mission. C'est
d'ailleurs souvent à travers l'importance du patrimoine immobilier et foncier de la
collectivité locale qu'on apprécie son degré d'évolution ; cependant rentrent en
considération également les mesures que cette collectivité préconise quant à la
gestion, la prestation, le développement et la capacité de ce patrimoine à contribuer
efficacement à son essor économique et social.
En réalité, s’agissant des recettes patrimoine des CT, la loi distingue pour le patrimoine
des CT entre les « domaines publics » et les « domaines privés » qui sont régit par le
dahir du 19 octobre1921, et par l'arrêté Viziriel du 31 décembre 1921s’agissant des
biens des communes urbaines et, par le dahir du 28 juin 1954 est par le décret du 4
février 1958 pour les communes rurales, et qui nécessitent plusieurs clarifications.
En l'espèce et de la lecture de ces lois, on peut détecter une supériorité économique
des communes dans le système de décentralisation marocain : à l'exception des
communes, les autres collectivités locales ne disposent pas de véritables produits
domaniaux : c'est ainsi que , aussi bien les théoriciens que les praticiens de la
décentralisation sont d'accord sur le fait que le bilan de la décentralisation provinciale
est maigre voire foncièrement négatif, la décentralisation provinciale ou préfectorale
est prédominés par l'aspect administratif au détriment des préoccupations
économique et sociales. C’est le cas aussi pour la région qui demeure malgré tout une
collectivité locale sans moyen structurels et biens patrimoniaux6.
La situation est encore plus grave si l’on s’aperçoit que les recettes de patrimoine des
communes représentent moins de 4% des recettes des CT. Ainsi, pour une meilleur
fructification et valorisation des biens patrimoniaux des CT, il est nécessaire de
procéder d’abord à une évaluation du patrimoine des CT. Ensuite à une rationalisation
de leurs recettes et enfin à une réforme du cadre juridique qui régit les biens
patrimoniaux des CT qui remonte à l’époque du protectorat et au lendemain de
l’Independence.

- Conclusion

Sur le plan financier la décentralisation et loin d’être avancée.


Nécessité de L’abandon de la vision verticale de l’organisation territoriale et son
remplacement par une vision horizontale dans laquelle les collectivités locales sont
considérées comme des partenaires à part entière.

6
http://www.memoireonline.com/04/10/3251/m_Les-biens-des-collectivites-locales-et-la-
decentralisation4.html
« Gestion de la fiscalité territoriale »

PLAN

I- Réalité de la décentralisation fiscale / une fiscalité loin


de répondre aux exigences de l’autonomie financière

1- Multiplicité des acteurs intervenant dans la gestion de la


fiscalité locale

2- Un ensemble de taxes complexes et peu efficient

3- Une fiscalité subordonnée aux transferts de TVA

II- La fiscalité territoriale : une réforme inachevée

1- Optimisation de la fiscalité locale et son adaptation aux


spécificités territoriales

2- Moderniser l’administration territoriale pour maitriser le


recouvrement des recettes fiscales

3- Introduction de la culture de civisme fiscale


- Introduction

On pensait que la mondialisation allait marquer la fin de la géographie et le déclin


du territoire. Et bien c’est le contraire qui s’est produit. Le rôle des Etats
s’affaiblit en faveur de celui des territoires, et partout l’Etat territorial se
substitue à l’Etat-nation.
Si auparavant, les pays avaient besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour ce
faire, maintenant, ils ont besoin d’un pouvoir réellement décentralisé pour ne
pas se défaire. François Mitterrand l’avait bel et bien dit il y a plus de 30 ans « la
France a besoin d’un pouvoir réellement décentralisé pour ne pas se défaire ».
Au Maroc, il y a que quelques années et précisément en 2011 que le législateur
marocain a manifesté une réelle volonté de faire de la décentralisation un moyen
de développement économique et social. Ce processus s’est concrétisé
dernièrement avec les 3 lois organiques sur les collectivités territoriales.
Conformément à l’article 136 de la constitution, l’organisation régionale et
territoriale des CT repose sur le principe de la libre administration. Cette libre
administration n’a de sens que si les CT disposent de l’autonomie financière.
Autrement dit, ce principe n’aura de sens que si les CT disposent et maitrisent
les ressources nécessaires au financement du développement. Or, dans un Etat
fiscaliste par excellence ou la fiscalité constitue la recette la plus importante de
notre pays, l’autonomie financière des CT reste tributaire de la mobilisation des
ressources fiscales nécessaires. Elle est étroitement liée au succès de la
décentralisation fiscale.
Dans ce sillage, différentes réformes ont été entretenues, la plus récente fut
celle de 2008 appuyer par les assises fiscales de 2013. Cependant, il convient de
nous demander, dans quelle mesure la fiscalité locale contribue à l’autonomie
financière des CT ?
I- Réalité de la décentralisation fiscale

1- Multiplicité des acteurs intervenant dans la gestion de la


fiscalité locale

La gestion de la fiscalité locale interpelle 3organismes, les CT, la DGI et la TGR en tant
qu’acteurs principaux dans le processus fiscal local. S’y ajoute le ministère de l’intérieur
en tant que tutelle. Si le cadre institutionnel fixant l’organisation et les attributions de
chacune de ces entités est relativement bien définit, une vision globale intégré ou une
gouvernance intégrée fait encore défaut ce qui ne permet pas d’appréhender la
fiscalité locale dans sa globalité.
Par ailleurs, on distingue entre 2 administration au niveau de la gestion et le
recouvrement de la fiscalité locale : d’une part, des administrations déconcentrées
relevant de la DGI qui relève aussi du MF qui assure la gestion des 3 taxes locales les
plus importantes (TP, TH, TSC) en plus des impôts d’Etat. Celle-ci considère la fiscalité
locale comme une activité accessoire et ne fait pas autant d’efforts de recouvrement
de cette fiscalité comme est le cas pour la fiscalité d’Etat. De l’autre part, une
administration décentralisée chargé de la gestion et du recouvrement de plus de 10
impôts locaux et ne disposant que d’un service embryonnaire dont la gestion est
assurée par le receveur communale, non doté de moyens humains ni matériels
nécessaires. Ainsi, elle rencontre plusieurs difficultés aussi bien au niveau de
l’identification, le recensement, la liquidation que le recouvrement de la matière
imposable ce qui explique des restes à recouvrer estimés à 16.8MM en 2013 selon le
rapport de la CC.

2- Une fiscalité locale subordonné aux transfert de TVA

Devant la croissance des besoins locaux et l'insuffisance des ressources propres, l'État
a dû renforcer les budgets des collectivités territoriales par des ressources
additionnelles. II s'agit d'un transfert de parts d'impôts appartenant à l'État au profit
des collectivités territoriales. Le transfert le plus important est celui de la TVA dont une
part de 30% est annuellement attribuée aux conseils locaux à l'exception des régions.
Celles-ci ont droit à d'autres transferts provenant du produit de l'impôt sur le revenu
(5%), de l'impôt sur les sociétés (5 %) et de la taxe sur les contrats d'assurance (20 %).
En réalité, l’essentiel des recettes des CT est basé sur la fiscalité et plus précisément,
sur les transferts de l’Etat. Selon le rapport de la Cour des Comptes de 2014, le produit
de TVA transféré aux CT a été estimé à 24 MMDH soit 60.1% des recettes des CT. De
plus les recettes des CT gérées par l’Etat (TP, TH, TSC) ont constitué 18.7%. Il en résulte
que les ressources transférées ou gérées par l’Etat au profit des CT représentent en
moyenne 79% contre 21% des ressources gérées par les CT, ce qui montre la forte
dépendance des collectivités territoriales vis-à-vis de l’Etat et constitue un indicateur
significatif du niveau d’autonomie fiscale. Autrement dit, les budgets des CT reste
tributaire des transferts de l’Etat ce qui constitue une autre tutelle financière.

3- La FL : un ensemble de taxes complexes et peu efficient :

En réalité, l’évolution de la fiscalité d’Etat n’a pas eu d’écho sur la fiscalité locale. Au
moment où la première à fait d’importantes avancées en matière de simplification, la
fiscalité locale est partie en diversification et en éclatement de la matière imposable
avec plus de 10 taxes. En fait, cette situation est le résultat de 3 problèmes majeurs :
- D’abord, les dotations de l’Etat qui se sont transformer en un droit de tirage
simple des CT sur le Budget de l’Etat suppléer à l’absence d’un système de
motivation claire et net incitant les CT de faire un effort de recouvrement de
leurs créances. Bien que ce mécanisme existe à travers le système de
péréquation mais ses mécanismes souffrent d’opacité dû à l’absence d’un cadre
juridique claire définissant les modalités de cette répartition.

- Ensuite, à la multiplicité et complexité de la fiscalité locale.

- Et enfin, à la mauvaise gouvernance locale expliquée par le déficit en


compétence des gestionnaire et élites locaux et par des insuffisances liées à la
spatialisation des ressources humaines, trouvant leur origine dans l’inégale
répartition des personnels des collectivités territoriales.

II- La fiscalité locale : une réforme inachevée

1- Optimisation de la fiscalité locale et son adaptation aux


spécificités territoriales
Pour satisfaire aux exigences de rentabilité et équité, il est souhaitable de moderniser
les bases d’impositions qui doivent être évolutives fondées sur des éléments
révélateurs de la capacité de production et de procéder à l’évaluation de certaines
taxes en termes de « cout/rendement » afin de détecter les impôts dont l’exploitation
du potentiel fiscale ne permet pas de mobiliser un apport bénéficiaire significatif.
D’une autre part, le meilleur service que puissent rendre la fiscalité à l’efficacité
économiques, c’est la simplicité et la transparence. Ce faisant, il est important de
procéder aussi, à la simplification de la fiscalité locale et ce à travers :
-
La réduction du nombre d’impôt car la multiplicité ne garantit guère la
rentabilité. Bien au contraire, elle peut occasionner des coûts élevés et
engendrer des efforts inutiles.
-
La synthétisation de certains prélèvements ; cette synthétisation pourrait
prendre la forme de fusion de prélèvements portant sur la même matière
imposable pour mettre fin à la surimposition.

Par ailleurs, il est nécessaire d’adapter la fiscalité locale aux spécificités locales comme
la préciser sa Majesté le ROI M6 dans plusieurs discours. L’adaptation de la fiscalité
locale aux réalités locales passe certes par sa simplification comme cité ci-dessus mais
aussi à travers l’évaluation du potentiel fiscale de chaque CT afin de lui coller un cadre
fiscale adapté à ses spécificités ce qui remet en cause la non dotation des CT du pouvoir
de création d’impôts. Ce faisant, ne serait-il pas envisageable de prévoir un cadre légal
qui permet l’assouplissement de cette mesure en autorisant aux collectivités
territoriales de proposer au pouvoir central la création d’un impôt adaptés à leurs
spécificités à condition que cet impôt n’engendre pas une discrimination entre les
régions ce qui accentuerait les disparités interrégionales.

2- Moderniser l’administration territoriale pour maitriser le


recouvrement des recettes fiscales

Une autre problématique auquel doivent remédier les CT qui est liée à l’effort de
recouvrement de leurs créances. Selon le rapport de la Cour des Comptes de 2014, les
restes à recouvrés ont été estimé en 2013 à 16,8MMDH soit l’équivalent de40% du
budget annuel des CT.
En réalité, l‘administration fiscale territoriales souffre de plusieurs problèmes. Elle se
caractérise par manque fréquent en terme de matériels et moyens financier
nécessaires et par un déficit alarmant en compétences des gestionnaires et élites
locaux, même si l’on peut nuancer pour ce qui concerne le volet ressources humaines
et moyens financiers. Ici, c’est davantage la non utilisation des ressources qualifiées et
la mauvaise utilisation des ressources disponibles qui font défaut. Cependant, il est
nécessaire de former les gestionnaires et les personnels locaux, redéployer le
personnel en sureffectif pour l’optimisation des charges des CT.
D’une autre part, l’administration fiscale territoriale se caractérise par des contrôles
mous et un quasi-absence de recensement et d’évaluation du potentiel fiscal, ce qui
lui impose de lutter efficacement contre la tolérance administrative sous toutes ses
formes.
Et l’autre effort qui n’est pas le moindre que la CT doit consentir est celui de
l’adaptation de leurs administrations fiscales au développement technologique afin
d’améliorer et optimiser leurs systèmes d’information.

3- Introduction de la culture du civisme fiscal

La notion du civisme fiscal est une notion émergente dans notre système. Elle consiste
à l’accomplissement volontaire par les contribuables de leurs obligations fiscales.
L’incivisme se manifeste à travers la fraude, l’évasion fiscale et la corruption.
Ainsi pour renforcer cette notion, il est nécessaire de sensibiliser les contribuables sur
le bienfondé de l’impôt et d’améliorer la relation entre l’administration fiscale et le
contribuable. Or, cela ne peut se conclure que si le citoyen ressent au quotidien la
contrepartie de sa contribution. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que dans les pays
scandinaves, le citoyen s’acquitte spontanément et avec fierté de son vis-à-vis à la
collectivité.
« Rôle des finances locales dans le développement
économique »

Plan

- Introduction

I- Rôle économiques des collectivités territoriales

1- Animation de l’économie locale

2- Moyen d’agir sur l’économie avec une logique de


proximité

II- Faiblesse de la contribution des collectivités territoriales


du Maroc au développement économique

1- Carence des ressources des collectivités territoriales

2- Faible capacité à lance des marchés publics


- Introduction

On pensait que la mondialisation allait marquer la fin de la géographie et le déclin


du territoire. Et bien c’est le contraire qui s’est produit. Le rôle des Etats
s’affaiblit en faveur du territoire et partout dans le monde, l’Etat territorial se
substitue à l’Etat nation. On voit en effet émerger, face aux Etats et aux acteurs
privés, les collectivités locales comme des acteurs de développement.
Aujourd’hui, il est unanimement approuvé pour qu’une politique publique
réponde aux attentes citoyennes, celle-ci doit être inscrite dans un territoire et
gérée par lui. La gouvernance comme entendue convoque une série de principes
dont : l’intégration, la participation, la négociation, la cohésion, l’équité, la
transparence et la croissance pérenne. Ce sont là aussi les vertus présumées du
développement local.
De la multiplicité de ses définitions se dégagent des constantes considérant que
le développement local est une élaboration et une mise en œuvre des stratégies
de développement intégré ; Il est également une démarche d’apprentissage de
la concertation et de la solidarité qui sont les fondements de ses actions7.
Ainsi, ces facteurs expliquent l’intérêt porté aux collectivités territoriales. Les
pays avaient besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour ce faire, maintenant, ils
ont besoin d’un pouvoir réellement décentralisé pour ne pas se défaire. François
Mitterrand l’avait bel et bien dit il y a plus de 30 ans « la France a besoin d’un
pouvoir réellement décentralisé pour ne pas se défaire ». Au Maroc, il y a que
quelques années et précisément en 2011 que le législateur marocain a manifesté
une réelle volonté de faire de la décentralisation un moyen de développement
économique et social. Par ailleurs, cette prise de conscience à été déclinée avec
force dans n0ombre de discours royaux et de dans la déclaration de politique
générale du gouvernement.
Cependant, suite à l’intérêt porté aux collectivités territoriales, il apparait
légitime de se demander : quel est le rôle des collectivités territoriale dans le
développement économique ? dans quelle mesure les CT contribuent au
développement économique et social ?

7
Les collectivités locales au Maroc, le 16 avril 2006 par Belkhiri, voir : http://belkhiri.over-blog.org/article-
2458092.html
I- Rôle économiques des collectivités territoriales

1- Animation de l’économie locale

Les collectivités territoriales ont pour premier avantage est multiplier les agents
économiques publics, ce qui permet de substituer à la politique unidirectionnelle
et centraliste, une stratégie plus éclatée, plus proche du besoin, plus adaptée à
la réalité diverse du territoire et sacrifiant aux impératifs d'équilibre spatial et
d'aménagement du territoire.
D’une autre part, les collectivités territoriales ont pour fonction de produire les
équipements de proximité, les investissements d'infrastructure de base et les
équipements collectifs urbains qui sont considérés comme des éléments
moteurs du développement économique.
En réalité, La plupart des infrastructures et des équipements de base relèvent de
la compétence des collectivités territoriales et plus précisément de la commune:
réseau de distribution d'eau, d'électricité, d'assainissement de voirie, d'éclairage
public etc.
Par ailleurs, la collectivité locale a l'avantage de constituer un espace unique à la
fois économique, social et culturel. Elle fournit de ce fait à l'action économique
des dimensions essentielles et des opportunités d'intégration des actions de
développement, qui ne sont pas possibles dans le cadre des actions verticales de
l'Etat8.
En outre, l’organisation et la fourniture de services publics locaux est également
créatrice de valeur, d’emplois, tout en étant un instrument déterminant et direct
de réduction des inégalités : elle structure de façon pérenne les territoires. Il
peut s’agir des transports publics locaux ou de la gestion des infrastructures
locales, des services en réseau (eau, NTIC par exemple), de la gestion des
déchets…
Enfin, la décentralisation est susceptible de dynamiser l'économie en créant un
cadre favorable à l'investissement privé et à la promotion de l'emploi. Les
fonctions des collectivités locales de production des équipements de proximité

8
Les collectivités locales au Maroc, le 16 avril 2006 par Belkhiri, voir : http://belkhiri.over-blog.org/article-
2458092.html
et d'organisation des services publics notamment, produisent un impact direct
sur l'environnement de l'entreprise.

2- Moyen d’agir sur l’économie avec une logique de


proximité

La doctrine de gouvernance se fonde sur le postulat que les pratiques classiques


de gouvernement fondées sur les Etats nations ne peuvent résoudre les
problèmes issus de la mondialisation. Les acteurs voient dans la territorialisation
un moyen de faire face à la déshumanisation des économies mondialisées. Le
passage à des échelons plus petits, plus proches des préoccupations des acteurs
est générateur de développement local dans la mesure ou un réel changement
des règles de jeu et des pratiques s’opère.
La décentralisation marocaine a été motivée à l’origine par des raisons
politiques, elle était et continue à être un instrument propulsant le processus
démocratique. Elle est justifiée par les économistes en ce sens qu’elle donne lieu
à une redistribution plus économique et plus efficace et permet de répondre aux
attentes citoyennes : les décisions relatives aux dépenses publiques sont prises
à un niveau plus sensible aux besoins et plus près des destinataires, ont plus de
chance de refléter la demande de services locaux, que les décisions prises par un
niveau central lointain. Ainsi, la décentralisation est aussi un moyen de
délocalisation du pouvoir économique ce qui constitue le meilleur moyen
d'associer les citoyens à la définition et au contrôle de l'exécution des choix
économiques.
Par ailleurs, l'administration de proximité accroît la transparence de l'action
publique, améliore la communication avec les citoyens, réduit les retards et les
conflits et permet un contrôle plus efficace des populations. La collectivité locale
est aussi le lieu approprié pour la mobilisation et la participation des citoyens,
souvent bénévole, à des projets qui les intéressent directement.

II- Faiblesse de la contribution des collectivités territoriales


du Maroc au développement économique
1- Carence des ressources des collectivités territoriales

En réalité, le cadre juridique des collectivités territoriales limite leurs moyens de


financement ce qui nuit à leur objectif de développement économique.
S’agissant du cadre fiscal, les CT ne sont pas dotées du pouvoir de création
d’impôt, car ce pouvoir reste du ressort de l’organe législatif. Les collectivités
décentralisées ne peuvent que fixer dans le cadre des lois et règlement en
vigueur le mode d’assiette, les tarifs et les règles de perception de divers taxes,
redevances et droit divers qu’elles perçoivent. Or, c’est les CT qui devrait en
principe créer les impôts locaux en connaissances de la spécificité du territoire.
D’une autre part, s’agissant de l’approbation des budgets, des plans de
développement régional et des plans d’aménagement du territoire ; et qui
comportent les programmes d’investissements et par conséquent, qui ouvrent
possibilité de génération de richesses. Elles sont soumises à un système de visa
à priori des Walis ou Gouverneurs et qui ressemble fort à un contrôle
d’opportunité.
Et enfin en ce qui concerne le droit de recours à l’emprunt, le Fonds
d'Equipement Communal constitue le seul établissement habilité à prêter aux
collectivités territoriales. De plus l'accès des conseils locaux au produit de
l'emprunt reste limité, voire réservé aux conseils présentant des budgets sains
et équilibrés et des garanties fiables de remboursement. Les taux d'intérêt
appliqués restent en outre élevés par rapport à ceux en cours dans les banques
du secteur privé.
Le financement constitue le point d’achoppement au schéma territorial. Sans
financement point de projet et sans projet il n’y a pas de développement
économique et donc le territoire n’a aucune utilité.

2- Faible capacité à lancer les marchés publics

L’exécution du budget des collectivités territoriales se caractérise par une faible


exécution des prévisions budgétaires : généralement les dépenses de
fonctionnement (puisqu’elles sont obligatoires) sont engagées et réalisées dans
leur totalité. Les difficultés résident dans les dépenses d’investissement qui ne
sont généralement réalisés qu’à un faible pourcentage et qui constituent le
moteur de la croissance économique à côté de l’investissement privé. Dans cette
réalité, on trouve une faible capacité à préparer, lancer exécuter et contrôler les
marchés publics objet de ce type de dépenses.
Le retard dans la réalisation des projets, voir même leur non réalisation, entame
la crédibilité de la collectivité, notamment celle des élus, et ralentit le processus
du développement et de la croissance économique.
Ainsi, il est nécessaire d’améliorer la passation et l’exécution des marchés publics
à travers :
- La formation des fonctionnaires locaux ;
- L’élaboration de manuels de procédures simples et accessibles ;
- Le recours à des achats collectifs par le groupement des collectivités
territoriales ;
- L’adoption de la dématérialisation de la procédure d’appel d’offre ;
- La systématisation des procédures de contrôle et de suivi de lancement et
de l’exécution des marchés et l’évaluation de leurs résultats ;
- L’allégement et l’optimisation du contrôle de la tutelle (organiser la
traçabilité et définir les délais)9.

9
Guide sur les pratiques de bonne gouvernance économiques et financière des collectivités territoriales au
Maroc, British Embassy-Rabat, 1er adition septembre 2013.
L’emprunt des collectivités territoriales

Plan

- Introduction

I- Rôle de l’emprunt public dans le développement


territorial

1- Moyen de drainer l’épargne vers le développement


territorial

2- Des ressources d’emprunts exclusivement dédiés à


l’investissement

II- Faible recours à l’emprunt des collectivités


territoriales

1- Recours à l’emprunt limité au Fond d’Equipement


Communal

2- Nécessité de développement des compétences locales


- Introduction

Au cours de ces dernières décennies, la décentralisation des pouvoirs publics a


suscité l’intérêt de nombreux pays dans le monde. Dans le monde occidental, la
décentralisation constitue un outil efficace de réorganisation et de
développement économique du pays. François Mitterrand l’avait bel et bien dit
il y a plus de 30 ans, si auparavant, les pays avaient besoin d’un pouvoir fort et
centralisé pour ce faire, maintenant, ils ont besoin d’un pouvoir réellement
décentralisé pour ne pas se défaire. François Mitterrand l’avait bel et bien dit il
y a plus de 30 ans.
Pour le Maroc, il y a que quelques années et précisément en 2011 que le
législateur marocain a manifesté une réelle volonté de se tourner vers la
décentralisation pour échapper aux écueils d’une gestion inefficace et
inefficiente, de l’instabilité macro-économique et d’une croissance économique
inadéquate donnant naissance d’un Maroc à deux vitesse.
Cependant, ces facteurs expliquent l’intérêt croissant porté à la décentralisation.
Or, le succès de cette dernière reste étroitement liée au succès de la
décentralisation financière ou plus exactement à l’autonomie financière des
collectivités territoriales. Cette dernière traduit la capacité des collectivités
territoriales à disposer des ressources financières suffisantes et à les administrer
en toute liberté de manière à faire face à ses besoins, c’est une véritable mesure
de la décentralisation.
A cet égard, les relations entre l’Etat et les CT ont été reconsidéré et les
ressources financières des collectivités locales se sont vues consolidés. Elles
peuvent être regroupées autour de trois pôles :
- Les ressources propres qui proviennent du patrimoine, de la fiscalité et
des taxes et redevances.
- Les ressources de transfert constituées par la part des collectivités locales
dans le produit de la TVA.
- Les ressources d'emprunt des collectivités territoriales.
Le cadre de cette étude va porter sur le 3ième point qui porte sur l’emprunt des
collectivités territoriales, et qui constitue un moyen de financement important
mais qui semble être négligé par les collectivités territoriales. Ce faisant, il
convient de nous demander : Quelle est l’importance de l’emprunt pour
l’autonomisation financière des CT / ou quelles sont les raisons qui entravent
le recours des collectivités territoriales à l’emprunt ?
I- Rôle de l’emprunt public dans le développement
territorial

1- Moyen de drainer l’épargne vers le développement


territorial

Au Maroc, la fiscalité locale demeure considérablement pénalisée par l’absence


de structures spécialisées et dédiées au niveau des collectivités territoriales.
L’autre grief est relatif à l’absence de diversification des ressources des CT qui
découlent essentiellement des recettes foncières. Puis comme troisième
recours, on retrouve l’emprunt.
Longtemps considéré comme un procédé nocif auquel les pouvoirs publics ne
devaient avoir recours qu'exceptionnellement, l'emprunt occupe, aujourd'hui,
une place importante, aux côtés du prélèvement fiscal, parmi les recettes
publiques. Traditionnellement défini comme une prestation pécuniaire versée,
en principe, à titre volontaire, en vertu d'un contrat et moyennant une
contrepartie (remboursement, service d'intérêts) en vue de couvrir les charges
publiques, l'emprunt est devenu un instrument de politique économique10.
En effet, l'emprunt public peut être utilisé par les collectivités territoriales pour
drainer l'épargne des particuliers vers certains investissements jugés prioritaires
pour la collectivité.

2- Des ressources d’emprunts exclusivement dédiés à


l’investissement

Aux termes des articles 189 de la loi n° 111-14, 167 de la loi n° 112-14 et 174 de
la loi n° 113-14, les collectivités territoriales peuvent recourir à l’emprunt comme
ressources budgétaires.
Néanmoins, ces emprunts sont exclusivement destinés à financer des
investissements, qu'il s'agisse d'un équipement spécifique, d'un ensemble de
travaux relatifs à cet équipement ou encore d'acquisitions de biens durables

10
http://www.universalis.fr/encyclopedie/emprunt-public/
considérés comme des immobilisations. Les emprunts n'ont pas à être affectés
explicitement à une ou plusieurs opérations d'investissement précisément
désignées au contrat. Ils peuvent être globalisés et correspondre à l'ensemble
du besoin de financement de la section d'investissement.
En aucun cas l'emprunt ne doit combler un déficit de la section de
fonctionnement ou une insuffisance des ressources propres pour assurer
l'amortissement de la dette11.
Il en résulte de cela que le recours à l’emprunt permettra aux collectivités
territoriales marocaines d’engager des dépenses en investissement chose qui
leurs fait défaut beaucoup. Par exemple, la France affiche un ratio de dette des
collectivités territoriales/population estimé à 912 euro, d’après le rapport sur les
CT en France de 2013. Au Maroc, ce ratio se contraste à 49 DH. L’autre constat
est que le montant global de la dette des collectivités territoriales a reculé lors
de ces dernières années. Il est passé de 1.7MM de DH en 2012 à 1.6MM de DH
en 201512. A la lecture de ces chiffres, nous pouvons envisager que les CT ont
une capacité d’autofinancement qui leur permet de remplir à bien les missions
qui leurs sont assignées. Or, nous savons d’avance qu’elles arrivent à peine
d’assurer leur budget de fonctionnement. Ce faisant, il convient de nous
demander sur les causes d’aversion de recours à l’emprunts.

II- Faible recours à l’emprunt des collectivités


territoriales

1- Recours à l’emprunt limité au Fond d’Equipement


Communal FEC

En ce qui concerne le droit de recours à l’emprunt, le Fonds d'Equipement


Communal constitue le seul établissement habilité à prêter aux collectivités
territoriales. Ce FEC créé en 1959 et qui a obtenu le statut de Banque en 1996 lui
a permis d’effectuer toutes les opérations communément pratiquées par les
banques et lui a ouvert des possibilités de financement plus larges et plus

11
http://www.collectivites-locales.gouv.fr/principes-recours-a-lemprunt
12
http://www.financenews.press.ma/site/bourse-finances/12989-il-est-temps-que-les-collectivites-locales-
explorent-le-levier-de-l-emprunt
compétitives afin de jouer pleinement son rôle d’intermédiaire financier entre le
secteur local et le marché financier.
En réalité, le FEC, au lieu de facilité la tâche aux CT en leur offrant des emprunts
avec des intérêts adéquats, il a plus plombé le recours à l’emprunt des CT. Les
taux d'intérêt appliqués par celui-ci restent relativement élevés par rapport à
ceux en cours dans les banques du secteur privé. De plus, l’obtention d’un prêt
auprès d’un FEC est systématiquement tributaire de la capacité de l’emprunteur
à dégager des excédents qui lui permettront de faire face au service de la dette.
Ce faisant, seules les Collectivités Territoriales pouvant dégager une épargne
suffisante grâce à une amélioration de leurs recettes et une maîtrise de leurs
dépenses peuvent recourir à l’emprunt et honorer le remboursement de leurs
dettes. D’ailleurs c’est ce qui explique cette part de recours à l’emprunt par les
CT qui est relativement modeste dans leurs ressources de financement soit 5,3%
des ressources globales en 201313.
Au fond, le recours à l’emprunt reste en effet très encadré à cause de la
compétence faible des gestionnaires locaux, car toute faille ou tout dérapage à
ce niveau mettrait à contribution le budget de l’Etat en tant qu’assureur en
dernier recours.

2- Nécessité de développement des compétences locales

La décentralisation ne peut réussir sans une valorisation des ressources


humaines surtout en matière de gestion des finances locales dont la complexité
et la technicité ne sont pas à démontré.
Ainsi, des actions de développement des compétences doivent être déployées
en direction des collectivités territoriales ayant pour objectif général de soutenir
ces dernières dans l’exercice des responsabilités dont elles sont investies14. Ces
actions doivent visées à la fois le renforcement des capacités des élus en matière
de délibération, de prise de décision, de management, de reddition des comptes
et de déontologie, et le renforcement des capacités des administrations en
matière d’exécution et de mise en œuvre des politiques décidées par les élus.

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L’Autonomie Financière des Collectivités Territoriales au Maroc : entre Acquis et Défis de la Libre
Administration, Najat Zarrouk, Membre du Comité des Experts de l’Administration Publique de l’ONU - Maroc
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Rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental 2013, La gestion et le développement des
compétences humaines : Levier fondamental de réussite de la régionalisation avancée
« La gouvernance financière territoriale »

PLAN

I- Le système GID-CT : pour une meilleure gouvernance


des finances des CT

1- Edification d’un système financier et comptable

2- Outil d’amélioration de l’efficacité, l’efficience et la


transparence de la dépense des CT

3- Un système permettant la mise en place d’un dispositif


de contrôle interne au sein des CT

II- Pratiques pour améliorer la Gouvernance financière


et économique des CT

1- Améliorer l’identification des besoins et la planification


territoriale

2- Assouplissement du contrôle de la tutelle administrative

3- Améliorer la gestion des ressources humaines


- Introduction

Il est évident que face à un Etat qui se désengage de jour en jour, les acteurs
territoriaux s'efforcent de créer un environnement de gouvernance qui permet
de gérer, dans le cadre du processus de la prise de décision territoriale des
acteurs socio-économiques, des relations multiples, des réseaux diversifiés, des
conflits et de négociations, des objectifs, ... Bref, des actions de développement
de l'espace territorial.

Dans ce sens, la gouvernance territoriale a constitué un élément unificateur de


composantes locales, de nature hétérogènes. Des relations d'autorité,
d'influence, de domination, de conflits, de coopération, de négociation,
d'intérêts, vont inéluctablement surgir lors de la gestion du développement du
territoire. Et, c'est de la confrontation des acteurs en présence qu'émergent le
territoire et son propre développement ainsi que des valeurs communes à se
faire partager, telles que la démocratie, la responsabilité et l’efficacité.

Partant de cette idée fondamentale, il convient de nous demander : la


gouvernance territoriale au Maroc, arrive-t-elle à créer un climat adéquat
permettant au CT d’atteindre leurs objectifs ?

En réponse à cette problématique, il est nécessaire d’abord d’évoquer les


mécanismes introduit par notre pays pour renforces la gouvernance des finances
des CT et, en deuxième lieu, de s’attarder sur les points à améliorer qui seraient
à la cause de, ce qu’on pourrait appeler, « l’ingouvernabilité » des CT.
I- Système GID-CT : pour une bonne gouvernance des
finances des collectivités territoriales

1- Edification d’un système financier et comptable

Suite à la généralisation du système GID-Etat, à l’ensemble des acteurs de la dépense


publique de l’Etat (ordonnateurs, sous ordonnateurs, direction du budget, trésoreries
ministérielles et trésoreries préfectorales et provinciales), la Trésorerie Générale du
Royaume a étendu ce système, à partir du 1er janvier 2014, en concertation avec la
Direction Générale des collectivités locales, à l’ensemble des collectivités territoriales,
sous la dénomination GID-CT.
Dans un contexte marqué par une évolution progressive des compétences dévolues
aux collectivités territoriales et dans le cadre de la rationalisation de la gestion de leurs
finances, la Trésorerie Générale du Royaume s’est engagée dans un processus de
renforcement de leurs capacités de gestion, se projetant vers une bonne gouvernance
budgétaire, financière et comptable.
De ce fait, édifier un système d’information financière et comptable constitue un
véritable levier de modernisation de la gestion des finances locales. Il concerne, en plus
des services de la Trésorerie Générale du Royaume, plus de 1700 collectivités
territoriales de différentes catégories, à savoir les régions, les provinces et préfectures,
les communes urbaines et rurales et les groupements de collectivités territoriales.

2- Outil d’amélioration de l’efficacité, de l’efficience et de la


transparence de la dépense des CT

En termes d’économie d’échelle et de limitation des coûts, cette réforme de la gestion


des finances locales a des retombées positives sur les charges des collectivités
territoriales nécessaires à la mise en œuvre d’un système de gestion de la dépense
locale et ce, à travers :
• la mutualisation des plateformes logicielles et des infrastructures techniques de
déploiement des systèmes GID-Etat et GID-CT ;
• le bénéfice de l’expertise interne de la Trésorerie Générale du Royaume en matière
de systèmes d’information ;
• le faible coût des prérequis techniques au niveau de l'ensemble des collectivités
territoriales (ordinateurs et ligne internet) ;
• la gratuité du système GID-CT déployé auprès de l’ensemble des collectivités
territoriales ;
• la réduction du nombre d’agents mobilisés au sein des collectivités territoriales à la
gestion de la dépense suite à l’automatisation et à la fluidification des processus liés à
la chaîne de la dépense.
A réglementation constante, l’objectif recherché derrière la mise en place d’un
système partagé par tous les acteurs de la dépense locale, ne se limite pas seulement
à concevoir un outil d’accélération de l’exécution du budget, mais surtout à
l'amélioration de tout le processus de la dépense en termes d'efficacité, d'efficience et
de transparence. C’est ainsi qu’il permettra aux différents acteurs impliqués de :
• garantir un service de qualité ;
• réduire les délais et les coûts de réalisation de la commande locale ;
• simplifier les procédures de la dépense locale ;
• harmoniser et d’unifier les circuits d’exécution de la dépense locale et de la dépense
publique ;
• disposer en temps réel des informations relatives au rythme d’exécution des budgets
permettant la prise de décision au moment opportun ;
• tenir une comptabilité budgétaire partagée par l’ensemble des acteurs ;
• contribuer à l’amélioration de la qualité et des délais d’élaboration des comptes
administratifs.

3- Un système permettant la mise en place des bases d’un


dispositif de contrôle interne au sein des CT

En outre, la prise en compte par le système des organisations intra acteur, des
processus des activités (Workflow), du principe de séparation des responsabilités
(rôles), de l’accès sécurisé au système (http) et de l’authentification forte (compte
d’accès et certificat SSL) contribuent efficacement à la mise en place des bases d’un
dispositif de contrôle interne embarqué dans le système de la gestion de la dépense
des collectivités territoriales.
Le maintien dans le temps d’un tel dispositif de contrôle interne est assuré par une
bonne gouvernance du système à travers la maîtrise des risques techniques (mise à
niveau des règles de sécurité et de traçabilité) et des risques métiers (mise à niveau
des référentiels de règles gestion métiers garantissant la conformité aux lois et
règlements).
En somme, l’agilité du système GID-CT, reconnue par sa capacité à intégrer facilement
les évolutions futures réglementaires, organisationnelles et fonctionnelles de manière
contrôlée, tant sur le plan des coûts que des délais, permet aujourd’hui aux
collectivités territoriales de disposer d’un outil de gestion de la dépense répondant aux
problématiques posées de bonne gouvernance des finances locales et ouvrant de
nouvelles perspectives pour la poursuite de la dynamique des chantiers de réformes,
notamment la réingénierie des procédures budgétaires et de dépenses, la
dématérialisation des actes, l’intégration de nouveaux périmètres métiers
(notamment la programmation budgétaire) et l’ouverture du système à d’autres
acteurs.

II- Pratiques pour améliorer la gouvernance financière et


économique des CT

1- Améliorer l’identification des besoins et la planification


territoriale

La préparation du budget prévisionnel repose principalement sur l’analyse


rétrospective des comptes des derniers exercices. La tutelle a mis en place depuis le
1er janvier 2000, de nouvelles règles de prévision budgétaire qui servent beaucoup
plus comme des repères et des référents que comme des principes rigides à appliquer
à tout prix. Ces règles renvoient au calcul de la moyenne des recettes réalisées durant
les trois derniers exercices. Cette moyenne servira de garde-fou pour se rendre compte
si les prévisions de recettes établies ne s’éloignent pas trop de cette moyenne.

Le calcul de la moyenne n’a pas une grande signification pour les dépenses, puisque
les recettes constituent une contrainte pour les choix budgétaires des conseillers, et
les arbitrages qu’ils sont appelés à effectuer entre telle ou telle dépense

Ainsi, avec la règle de la moyenne, on se retrouve face à un budget moyen, qui ne


corrige certes pas l’érosion monétaire subie par les recettes de la collectivité
territoriale, mais qui permet une certaine prudence.
De plus, le processus d’élaboration du budget ne suit pas une procédure qui lui assure
la participation pleine et entière de toutes les parties prenantes. Le fait est que, dans
la pratique, l’élaboration du budget suit un cheminement fermé.

Ce faisant, la phase d’élaboration du budget requiert une attention particulière, des


données précises, une intelligence collective à travers la participation des différentes
parties prenantes même les citoyens à travers l’exercice du droit de pétition que leur
attribue la Constitution dans son article 139 pour bien prendre en considération les
besoins locaux.

2- Assouplissement du contrôle de la tutelle administrative

Le contrôle de légalité en particulier et la tutelle en tout terme est la contrepartie


logique de la décentralisation dans un Etat unitaire. Ses justifications peuvent se
résumer comme suit : la liberté entière des agents décentralisés risquerait de conduire
à l’anarchie, il faut unifier la gestion dans l’ensemble de l’Etat. D’une autre part, la
décentralisation pourrait engendrer une mauvaise gestion de ces services surtout que
l’ensemble des élus ne sont pas des techniciens ni des professionnels de
l’administration, ils sont même parfois illettrés. Ainsi leurs activités risquent de ne pas
incomber dans l’intérêt des citoyens et la satisfaction de l’intérêt général.
Mais, avec l’approche de performance développée parles nouvelles lois organiques
relatives au CT qui viennent d’être adoptées au Maroc, le contrôle administratif des
actes financiers des collectivités territoriales, qui se trouve désormais déjà un peu
limité, sera appelé davantage, dans un avenir proche, à être modulé en fonction des
enjeux financiers des actes et des capacités de gestion des ordonnateurs locaux. Ainsi,
avec une telle approche, le contrôle a posteriori sera appeler à jouer un plus grand
rôle.

3- Améliorer la gestion des ressources humaines

L’administration locale s’appuie, au-delà des élus qui ont une fonction politique, sur le
personnel qui assure au quotidien la gestion administrative et technique des affaires
locales. Or les règles et les procédures de gestion de ressources humaines n’ont pas
évolué pour accompagner l’accroissement de la demande en compétences. De plus le
sureffectif dû, en partie, à l’embauche « sociale » renforce l’inadéquation entre les
missions de la commune et les qualifications du personnel et alourdit le budget de
fonctionnement des CT.
Cependant, il est nécessaire de former les gestionnaires et les personnels locaux,
redéployer le personnel en sureffectif pour l’optimisation des charges des CT et
combattre le problème d’absentéisme du personnel qui coute chère à l’Etat dans un
contexte de raréfaction des moyens.
- Bibliographie

 L’Autonomie Financière des Collectivités Territoriales au Maroc : entre Acquis


et Défis de la Libre Administration, Najat Zarrouk, Membre du Comité des
Experts de l’Administration Publique de l’ONU – Maroc

 Rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental 2013, La gestion et


le développement des compétences humaines : Levier fondamental de réussite
de la régionalisation avancée

 Les 3 lois Organiques sur les CT

 Revue Quadrimestrielle du ministère de l’économie et des Finances 2016


AlMaliya N°59

 L’apport de la programmation budgétaire pluriannuelle dans la modernisation


de l’Etat, revue DERSA, Amal Larhild

 Le concept de décentralisation fiscale et survol mondial, ROBERT D. EBEL et


SERDAR YILMAZ

 http://www.memoireonline.com/04/10/3251/m_Les-biens-des-collectivites-
locales-et-la-decentralisation4.html

 Guide sur les pratiques de bonne gouvernance économiques et financière des


collectivités territoriales au Maroc, British Embassy-Rabat, 1er adition
septembre 2013.

 Les collectivités locales au Maroc, le 16 avril 2006 par Belkhiri, voir :


http://belkhiri.over-blog.org/article-2458092.html

 Cours « la décentralisation au Maroc » Professeur Ali Sedjari

 http://www.universalis.fr/encyclopedie/emprunt-public/

 http://www.collectivites-locales.gouv.fr/principes-recours-a-lemprunt

 http://www.financenews.press.ma/site/bourse-finances/12989-il-est-temps-
que-les-collectivites-locales-explorent-le-levier-de-l-emprunt

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