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Le Modè le autoré gressif à retards

é chelonné s ou distribué s (ARDL)


Application macroéconométrique via logiciel Eviews

Année universitaire : 2017/2018


Avant-propos

L’objectif de ce travail consiste à démystifier l’économétrie et à aider


les chercheurs de tout bord (universitaires et praticiens) à se familiariser
avec les techniques économétriques les plus utilisées grâce à l’usage du
logiciel économétrique le plus répandu, tel que EViews. Pour cela, il est
utile de rappeler que l’économétrie reste un outil d’aide à la décision et non
pas une finalité. Par conséquent, la maitrise de la théorie économique, le
développement de l’analyse économique sont autant d’atouts pour pouvoir
profiter davantage de l’outil économétrique. Il ne faut pas tomber dans les
pièges de l’attitude facile des ‘’presse-boutons’’, aidée par la multiplicité
des logiciels économétriques qui nous offrent aujourd’hui des procédures
d’estimation complexes à partir des boîtes de dialogues de plus en plus
conviviales, mais qui ne peuvent en aucun cas remplacer ni l’intuition
économique ni la rigueur scientifique du chercheur.
Ce travail peut aussi aider les chercheurs qui auront dans leur
recherche à utiliser les techniques économétriques notamment VAR et
VECM afin de réussir leur partie empirique qui constitue une barrière pour
plusieurs chercheurs confrontés à la mise en pratique de leurs
connaissances qui restent très souvent théoriques. Il s’agit là, d’une
réflexion qui permet, un tant soit peu, d’orienter le chercheur vers le choix
approprié des méthodes économétriques à utiliser, compte tenu de la nature
de l’information statistique disponible, tout en gardant à l’esprit que tout
travail de recherche demeure perfectible.

1
Introduction
Depuis très longtemps, les modèles économétriques se développent, ils se mettent à l’épreuve
confrontés aux faits, et sont sujets à des critiques qui les améliorent. La littérature récente sur
le paramétrage de nouveau modèle ARDL à l’ECM est devenue la solution pour déterminer la
longue relation entre les séries avec un ordre différent d’intégration.

L’apparition de la modélisation ARDL est un avantage pour l’étude de la relation d’équilibre


de long terme entre les variables, ainsi qu’une alternative au modèle ECM, du fait que ce
dernier ne prend pas en considération les séries intégrées en niveau. En effet, le modèle
ARDL a été développé la première fois par Pesaran et Shin (1990), ensuite il a connu une
extension grâce à Pesaran et al (2001). Le recours à ce modèle se justifie par le fait qu’il
prend en compte à la fois les relations à court terme et celles de long terme des variables
testées, et il permet d’estimer la relation entre les séries avec des niveaux d’intégration
différents (I(0) et I(1).
Dans ce contexte, l’objectif de ce chapitre est d’examiner les conditions qui nécessitent
l’application de la technique de cointégration autorégressive à décalage échelonné, puis nous
effectuons une étude économétrique sur le thème « Mesure et analyse des déterminants de la
demande de monnaie au Maroc » pour éclaircir la démarche relative à la modélisation ARDL.

Section I : Les éléments théoriques du modèle ARDL


La présente section a pour objectif de présenter les éléments théoriques du modèle. Il s’agit de
l’ensemble des hypothèses et outils techniques à caractères théoriques développés par Pesaran
et Shin.

1. Les hypothèses sur le modèle ARDL


Un modèle ARDL est caractérisé par les points suivants :
 Les tests de cointégration (Engle-Granger et Johansen) sur les séries chronologiques
nécessitent que les variables ne doivent pas être stationnaires en niveau, mais
stationnaires en premier différence I(1). Les limites de l’utilisation de ces tests font
apparaître un nouveau modèle alternatif « ARDL ». Ce dernier peut être utilisé lorsque le
degré d'intégration des variables est égal 0 et 1. En revanche, le modèle ARDL n’est pas
appliqué lorsque l’ordre d’intégration est égal à 2.

 Il est appliqué efficacement dans les séries chronologiques où la taille de l'échantillon est
petite.

 Le modèle ARDL fournit des estimations non biaisées dans le court et le long terme.

 Contrairement au modèle VAR, le Modèle ARDL propose un retard optimal pour chaque
variable (dépendante ou indépendante). Autrement dit, il estime ( p+1)k régressions afin
d’obtenir le retard optimal par le biais des critères d’informations (AIC, SIC, HQC…),
avec p : le retard maximal et k : le nombre de variables dans le modèle.

 Contrairement au modèle VAR qui stipule à priori le statut de l'endogénéité des variables,
le modèle ARDL différencie les variables dépendantes et les variables explicatives ce qui
permet de lutter contre le problème de l'endogénéité.

2
2. Le modèle ARDL
Les modèles autorégressifs à retards échelonnés ou distribués « ARRE », sont des modèles
dynamiques. Ces derniers ont la particularité de prendre en compte la dynamique temporelle
(délai d’ajustement, les changements structurelles, etc.) dans l’explication d’une variable,
améliorant ainsi les prévisions et efficacité des politiques en termes de décisions.

Soit l’écriture d’un modèle autorégressif :

Y t =β 0 + β 1 Y t −1 + β 2 Y t−2 +…+ β P Y t −P + ε t (1)

En outre, s’ajoute Les modèles à retards échelonnés ou distributed lag : c’est des modèles
dynamiques qui ont pour variables explicatives ses valeurs passées ou décalées. Le terme «
retards échelonnés » montre que les effets à court terme de X t sur Y t sont différents de ceux à
long terme. D’un point de temps à un autre, les échelles de réaction de Y t au changement de
X t diffèrent. Soit l’écriture d’un modèle à retard échelonné :

Y t =α 0 +α 1 X t −1+ α 2 X t −2+ …+α P X t −q +ut (2)

Les modèles autorégressifs à retards échelonnés (ARDL) : ces modèles combinent les
caractéristiques de deux modèles précédents ; on y trouve, parmi les variables explicatives ( X t
), la variable dépendante décalée ( Y t −P) et les valeurs passées de la variable indépendante (
X t −q). Ils ont la forme générale suivante :

Y t =φ+ β 1 Y t−1 + β 2 Y t −2+ …+ β P Y t −P +α 1 X t−1 +α 2 X t −2+ …+α P X t −P +V t (3)

Cette équation représente le modèle ARDL « modèles autorégressifs à retards échelonnés ».

Avec :
Y t : La variable dépendante
Y t −P: Les variables retardées de la variable dépendante
X t −P : Les variables retardées de la variable indépendante X t
P : Le nombre de retards de la variable dépendante Y t
q : Le nombre de retards de la variable indépendante X t
φ : La constante du modèle ARDL
V t : La variable aléatoire

Soit la forme réduite du modèle ARDL (p,q) :


p q
Y t =φ+ ∑ βi Y t −i + ∑ α j X t− j +V t (4)
i=1 j=0

Ces modèles dynamiques souffrent généralement de problèmes d’autocorrélation d’erreurs,


avec la présence de la variable endogène décalée comme explicative (modèles AR), et de
multi-colinéarité (modèles à retard échelonné), ce qui complique l’estimation des paramètres
par les Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Il tient de recourir aux techniques d’estimation
robuste (méthode GLS, etc.) pour pallier à ces problèmes. Aussi, l’on retiendra que les
variables considérées dans ces modèles se doivent d’être stationnaires pour éviter des
régressions fallacieuses.

3
Le modèle ARDL au format du modèle à correction d’erreur « Unrestricted Error Correction
(UECM) », s’écrit comme suit :

ARDL (p,q 1, q 2,…..q k ¿ :

p q1 q2 qk
∆ Y t =c + ∑ β 1 i ∆ Y t−i + ∑ β 2 i ∆ X 1 t−i + ∑ β 3 i ∆ X 2 t−i +…+ ∑ βki ∆ X kt −i+ α 1 Y t−1 +α 2 X 1t −1+ α 3 X 2 t −1 +…+ α k X kt
i=1 i=0 i=0 i=0
(5)
Avec :
c : La constante du modèle
∆ : L’opérateur de différenciation
K : Le nombre de variables explicatives
q 1, q 2,…..q k  : Le nombre de retards des variables explicatives
β 1 , β 2 ,… .. β k : Les coefficients de la relation de court terme
α 1 , α 2 ,… .. α k: Les coefficients de la relation de long terme
ε t: La variable aléatoire

3. Test de relation de cointégration (Test de Bonds)


L’impossibilité des tests traditionnels de cointégration (test de Engel et Granger (1987), celui
de Stock et Watson (1988), ceux de Johansen (1988, 1991, 1996b) et Johansen et Juselius
(1990)) à s’appliquer sur des séries intégrées à des ordres différents va obliger Pesaran et al.
(1996), Pesaran et Shin (1995) et Pesaran et al. (2001) à proposer une procédure de test de
cointégration adaptée à ce cas, appelé « test de cointégration aux bornes » ou « bounds test to
cointegration » ou encore « test de cointégration par les retards échelonnés ». Ce test de
cointégration aux bornes est appliqué sur fond d’un modèle qui lui sert de base, c’est la
spécification ARDL cointégrée qui prend la forme d’un modèle à correction d’erreur.

Il y a deux étapes à suivre pour appliquer le test de cointégration de Pesaran sur l’équation
(5) :

1) Détermination du décalage optimal avant tout (AIC, SIC) ;


2) Recourir au test de Fisher pour vérifier les hypothèses.

H 0 :α 1 =α 2 =α 3 =α k =0
H 1 : α1 ≠ α2 ≠ α3 ≠ αk ≠ 0

H 0 :Absence d’une relation de cointégration (relation de long terme)


H 1 : Existence d’une relation de cointégration (relation de long terme)

La procédure du test est telle que l’on devra comparer les valeurs de Fisher obtenues aux
valeurs critiques (bornes) simulées pour plusieurs cas et différents seuils par Pesaran et al.
L’on notera des valeurs critiques que la borne supérieure (2ème ensemble) reprend les valeurs
pour lesquelles les variables sont intégrées d’ordre 1 I(1) et la borne inférieure (1 er ensemble)
concernent les variables I(0). Ainsi :

 Si Fisher > borne supérieure : Cointégration existe


 Si Fisher < borne inférieure : Cointégration n’existe pas
 Si borne inférieure <Fisher< borne supérieure : Pas de conclusion

4. Test de causalité au sens de Toda et Yamamoto

4
A côté de la cointégration, le problème de « causalité » a aussi attiré l’attention de plusieurs
chercheurs, entre autres Granger (1980) qui va en proposer une définition simple : selon
Granger, l’on dira d’une variable X qu’elle cause Y si la seule connaissance du passé de X
améliore les prévisions sur Y que ne le ferait le passé de Y. Ainsi, l’on a su distinguer la
corrélation1 de la causalité, et avons compris que la causalité implique la corrélation, mais non
l’inverse. Granger (1980, 1988) va proposer un test de causalité qui va porter sur des séries
stationnaires intégrées de même ordre, et ainsi ne s’applique pas aux séries intégrées à des
ordres différents. Pour y remédier, Toda et Yamamoto (1995) vont proposer une procédure
non séquentielle de test de causalité adaptée aux séries intégrées à des ordres différents. Pour
ces deux auteurs, les tests préliminaires de stationnarité et cointégration (procédures
séquentielles de Granger) importent peu pour l’économiste qui doit se soucier à tester plutôt
les restrictions théoriques (elles sécurisent l’information en niveau). Toda et Yamamoto vont
proposer d’estimer un VAR en niveau corrigé (sur-paramétré), devant servir de base au test de
causalité, sous l’hypothèse d’une potentielle cointégration probable entre séries qu’ils
intègrent dans le modèle sans l’étudier explicitement.

En effet, (Navrotas еt kеlly, 2001) еxpliquеnt quе la méthodе dе tеst dе causalité au sеns dе
Grangеr a dеs inconvéniеnts à savoir :

 lе tеst dе Grangеr еst basé sur dеs hypothèsеs nullеs formuléеs sans aucunе rеstriction sur
lеs coеfficiеnts du rеtard d'un sous-еnsеmblе dе variablеs ;

 Lе tеst dе causalité dе Grangеr offrе unе statistiquе dе Fishеr traditionnеllе pеrmеttant dе


vérifiеr sous l'hypothèsе nullе qu'un еnsеmblе dе paramètrеs du modèlе VAR еst nul ;

 Le test de Granger ne s’applique que sur des séries stationnaires, ce qui rend
indispensable les tests préliminaires de cointégration des séries ou l’analyse de leur
stationnarité avant de vérifier une éventuelle causalité entre elles. Pourtant, les tests de
racine unitaire sont moins efficaces sur des petits échantillons et ne sont pas toujours sans
biais. Aussi, en procédant à la transformation des séries par la différence première, par
souci de stationnarisation ou de cointégration, l’on obtient des bonnes propriétés
statistiques tout en perdant de l’information sur le niveau des séries, laquelle information
en niveau ne devrait pas être supprimée vu qu’elle est enrichissante pour expliquer la
dynamique du modèle étudié. Cette faiblesse des résultats de cointégration, couplée au
caractère biaisé de tests de racine unitaire, réduisent l’efficacité du test de causalité de
Granger et poussent Toda et Yamamoto (1995) à proposer des procédures non
séquentielles pour tester la causalité entre séries :

 Cе tеst еst fondé dans l'univеrs dеs variablеs stationnairеs (la théoriе asymptotiquеment
еst compatiblе qu'avеc lеs variablеs stationnairеs) ;

 Еn présеncе dе plusieurs relations de cointégration, l'analysе dе la causalité sеlon


l'approchе еmployéе dе Grangеr2 n'еst plus valablе commе démontré par Phillips еt Toda
(1993) еt (Damodar N. Gujarati, 1988).

L’approchе du test dе causalité dévеloppéе par Toda еt Yamamoto (1995) s’inscrit dans le
cadrе dе l’amélioration du tеst dе Grangеr par la construction dе procédurеs altеrnativеs.
Sеlon lе tеst dе Toda еt Yamamoto, l'objеctif n'еst pas d'étudiеr la cointégration, mais plutôt
dе vérifiеr lеs hypothèsеs théoriquеs. Lеur procédurе consistе à étudiеr la causalité à partir
d'un VAR d'ordrе (p + dmax) (où p еst lе nombrе dе rеtards optimal еt dmax еst l'ordrе
1
Existence d’un lien positif ou négatif entre deux séries.
Voir l’annexe 2 : Nombre de retard optimal des variables
2
Le test de causalité au sens de Granger est valide lorsqu’il s’agit d’une seule relation de cointégration.

5
d'intégration maximal) еn appliquant lеs tеsts dе rеstriction uniquеmеnt sur lеs k prеmiеrs
coеfficiеnts sans tеnir comptе dе la cointégration.

La démarchе du tеst dе causalité de long terme dе Toda еt Yamamoto impliquе l'utilisation


d'unе statistiquе dе WALD modifiéе dе l'hypothèsе dе non-causalité du tеst classiquе dе
Grangеr (1969).

La nouvеauté еst quе la statistiquе WALD modifiéе prеnd unе distribution dе Khi-dеux à
dеgré dе libеrté (p) corrеspondant au nombrе dе rеstrictions dans lе modèlе contraint,
indépеndammеnt dе l'ordrе d'intégration dеs sériеs еt dе lеur cointégration.

Lе tеst dе Toda еt Yamamoto a amélioré cеlui dе Grangеr еn s'assurant quе la statistiquе du


tеst suit unе loi asymptotiquе. Dans cе sеns, cе qui garantirait la loi asymptotiquе dе la
statistiquе WALD еst l'еstimation d'un V AR (p+dmax) optimal, tеl quе p soit lе nombrе
optimal dеs rеtards еt dmax soit l'ordrе maximum d'intégration еt c'еst еxactеmеnt cе qui fait
la différеncе avеc lе tеst dе Grangеr.

Exemple :

Dans un modèle VAR(p) :


P
Y t = α 0 + ∑ α i Y t −i+ ε t
i=1

L’hypothèse de non-causalité des variables est caractérisée par la nullité des paramètres des
variables αi.

Supposant que nous avons 3 variables : Y1t, Y2t et Y3t pour lesquelles on souhaite valider
l’existence d’une relation causale et ayant respectivement I(1), I(1) et I(0).

Le VAR (k + dmax) est donné par :

[ ][ ] [ ][ ] [ ][ ] [ ]
Y 1t δ 10 k δ 11, i δ 12, i δ 13 ,i Y 1 t −t d δ 11 ,k + j δ12 , k+ j δ 13, k+ j Y 1 t−k− j ε 1
max

Y 2 t = δ 20 + ∑ δ 21 ,i δ 22 ,i δ 23 ,i Y 2 t −t + ∑ δ 21 , k+ j δ22 , k+ j δ 23, k+ j Y 2 t−k− j + ε 2


Y 3t δ 30 i=1 δ 31, i δ 32, i δ 34 ,i Y 3 t −t j=1 δ 31 ,k + j δ32 , k+ j δ 34 ,k+ j Y 3 t−k− j ε 3

La prеmièrе étapе consistе à détеrminеr k, l’ordrе autorégrеssif optimal du VAR. Pour cеla on
rеcourt au critèrе d’information Akaikе

La dеuxièmе étapе rеviеnt à еstimеr lе VAR (p = k + dmax) où dmax еst l’ordrе d’intégration
maximal dеs sériеs du systèmе V AR. Cеttе surparamétrisation pеrmеt dе captеr au nivеau dе
l’inférеncе causalе lеs еffеts d’unе évеntuеllе cointégration еntrе lеs variablеs.

La dеrnièrе étapе consistе à tеstеr la causalité via unе statistiquе dе Wald modifiéе où
l’hypothèsе еst la nullité dеs paramètrеs dе la variablе supposéе causalе dans l’équation
еxplicativе dе la sériе causéе, еn nе s’attachant qu’aux k prеmiеrs rеtards.

A titre illustratif, si l’on veut tester la causalité entre deux séries « et » au sens de Toda et
Yamamoto, l’on devra estimer le VAR augmenté comme suit :

6
{
k k+d max k k +dmax

ht =a0 + ∑ a1 i h t−i + ∑ a2 j ht − j + ∑ a1 i mt −i + ∑ a 2 j mt − j +U 1 t
i=1 j=k +1 i=1 j=k+1
k k+d max k k+dmax

mt=b 0 + ∑ b1 i mt−i + ∑ b2 j mt− j+ ∑ β 1i ht −i+ ∑ β 2 j ht − j +U 1 t


i=1 j=k +1 i=1 j=k+1

Le test de causalité sur un tel VAR augmenté ou volontairement sur-paramétré va consister à


tester des restrictions sur les « k » premiers coefficients, les autres paramètres étant nuls (ils
traduisent une cointégration probable entre les séries dans le VAR). Ainsi, au sens de Toda et
Yamamoto, les hypothèses de test sont (le test est basé sur la statistique W de wald qui est
distribuée suivant χ 2 un degré de liberté n= nombre de restrictions ; cette statistique est
indépendante de l’ordre d’intégration des séries et leur cointégration) :

H 0=α 1 i=0 ( χ c < χ t ; P−value χ >5 % ) :mt ne cause pas ht


2 2 2

H 0= β1 i=0 ( χ 2c < χ 2t ; P−value χ 2 >5 % ) : ht ne cause pas mt

La figure suivante résume toutes les étapes à suivre afin de mener le test de causalité selon la
méthode de (Toda et Yamamoto, Giles, 2011) :

Figure 1 : Etape du test de causalité (la méthode de Toda et Yamamoto)

Source : Shakya, S. (2015) “The Toda–Yamamoto Approach to Granger Causality Test”

NB :

On veillera à ce que l’ordre d’intégration maximale « dmax» ne dépasse pas le lag optimal
«K» du polynôme AR du VAR pour appliquer ce test.

5. Les étapes de la modélisation ARDL


Pour mener une étude économétrique à l’aide du modèle ARDL, il faut procéder aux étapes
préliminaires suivantes :
 Étape 1 : Stationnarité des variables
Il faut s’assurer que toutes les séries chronologiques sont intégrées de la classe 0 ou de la
classe 1 (c’est-à-dire qu’il n’existe aucune série intégrée de la classe 2). Sur la base des tests
de racine unitaire tels que le test (ADF), Philips Peron (PP) et KPSS.
 Étape 2 : Détermination des retards optimaux des variables

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Il s’agit de déterminer le nombre de retard optimal pour chaque variable par le biais des
critères d’information (AIC, SHC, BIC,….)
 Étape 3 : Test de cointégration : Test de Bounds
Dans cette étape, il faut s’assurer de la présence de la relation de cointégartion entre les
variables par le biais du test de Pesaran.
 Étape 4 : Validation du modèle ARDL
Nous procédons aux tests de violation des hypothèses d’un modèle linéaire pour s’assurer de
l’absence d’autocorrélation et l’hétéroscédasticité des erreurs, ainsi qu’une normalité des
erreurs est souhaitable pour que ces dernières seront qualifiées de bruit blanc gaussien.
 Étape 5 : Estimation du modèle ARDL
Nous utilisons le modèle ARDL pour estimer la relation de court et long terme (relation
d’équilibre ou de cointégration entre les variables)
 Étape 6 : Étude de stabilité structurelle
Dans cette étape, il faut s’assurer de l’absence des caractéristiques structurelles au niveau des
variables étudiées par le biais du test de CUSUM.

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Section II : Mesure et analyse des déterminants de la demande
de monnaie dans l'économie marocaine

Le degré de développement que connaissent les économies développées et certaines


économies en développement n'aura sans doute été possible sans une profonde mutation de
leurs structures monétaires et financières. La monnaie, en exerçant un effet sur les
transformations réelles de l'économie, facilite la communication entre les différentes unités de
production et de commercialisation. Dès lors, la monnaie constitue l'une des préoccupations
fondamentales de politiques économiques. Chaque pays doit alors contrôler avec rigueur
l'offre et la demande de monnaie de son économie.
La demande de monnaie, objet central de la présente étude est à l'origine de nombreux débats
dans la littérature économique (Riccardo, Fisher 1911, Keynes 1936, Baumol, Tchundjang
1981, ...). Au cœur de ces analyses se trouvent le problème de la détermination de la vitesse
de circulation de la monnaie ainsi que les facteurs qui déterminent la détention de monnaie
par des agents économiques.
La monnaie est au cœur des stratégies de politique économique visant à assurer et réaliser des
objectifs tels qu’une croissance soutenue, la stabilité des prix et la lutte contre l'inflation, le
plein emploi et l'équilibre extérieur. La monnaie y joue soit le rôle d'objectif intermédiaire,
soit celui de variable informationnelle. La pertinence de cette place, notamment dans le cadre
de stratégie de ciblage monétaire, suppose l'existence d'une fonction de demande de monnaie
stable, du moins à long terme.
Dans ce cadre, la fonction de la demande de monnaie joue un rôle indispensable est très
important dans le choix d'une politique monétaire approprié, elle permet aux autorités
monétaires de prévoir l'effet ou l'impact d'une variation éventuelle de la masse monétaire sur
les variables réelles de l'économie. Donc l'estimation d'une fonction de demande de monnaie
est au centre des préoccupations des autorités monétaires marocaines.
En revanche, si dans les pays développés dotés de structures financières modernes, les
facteurs explicatifs de la demande de monnaie peuvent être cernés avec pertinence, le
problème reste entier dans les pays en développement eut égard à un système financier
embryonnaire doublé de politiques monétaires inappropriées pour propulser le développement
économique. A cet effet, nous cherchons de mieux apprécier la contribution et l'intégration de
la monnaie dans l’économie marocaine, et surtout de trouver les moyens d'étendre son usage
aux divers secteurs de l'économie nationale.
L’objectif de cette étude est d’estimer les déterminants de la demande de monnaie marocaine.
Les hypothèses sont les suivantes :

H1 : Le revenu impact positivement la demande de monnaie.


H2 : L’inflation exerce un effet négatif sur la quantité de monnaie en circulation.
H3 : La croissance démographique influence négativement la demande de monnaie.

Notre section sera subdivisée à quatre niveaux. Tout d’abord, il s’agit de présenter une revue
de littérature associée à la fonction de demande de monnaie, ensuite la spécification du

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modèle. La méthodologie empirique est décrite à la section 3. Enfin, dans la dernière partie
sera accordée aux résultats et discussions.

1. Fondements théoriques de la demande de monnaie


La structure économique de la plupart des pays en développement étant encore dominée par
l'agriculture, la monétisation de l'économie est encore partielle. En d'autres termes, dans ces
pays, la monnaie n'est pas encore totalement intégrée dans les habitudes de transactions des
agents économiques.
Si le " rôle d'intermédiaire" des échanges de la monnaie est reconnu dans la plupart des
secteurs économiques des PVD, son effectivité reste limitée à cause des contraintes de
développement et de distorsions économiques que connaissent ces pays. L'amélioration du
niveau de développement de ces pays entraînera nul doute un progrès au niveau des
différentes institutions monétaires et financières. Par contre dans les pays du nord, de telles
mutations ont eu des effets divers tant sur le niveau économique que sur les institutions. Les
théories relatives à la demande de monnaie ont été approfondies au fur et à mesure que ces
sociétés subissaient des mutations. De ce fait, nous identifierons à travers les différentes
théories qui sont à l'origine de la demande de monnaie, celles qui représentent des
caractéristiques proches du niveau de développement des PVD. Aussi pourra- t-on identifier
des variables économiques pertinentes pour expliquer la demande de monnaie dans un pays en
développement comme le Maroc.
1.1. Revue de littérature théorique de la demande de monnaie
Les théories de la demande de monnaie sont abordées selon deux approches : L'approche
Keynésienne qui s'attache à expliquer les motifs de détention de la monnaie et l'approche
monétariste qui applique la théorie l'équilibre général à la demande de monnaie.
 La Théorie Classique de la Demande de Monnaie

Avant l'apparition des idées de Keynes3 dans les années 1930 et 1940, le rôle joué par la
monnaie dans l'analyse macro-économique était dominé par la théorie quantitative de la
monnaie (TQM). Dans sa formulation initiale, la TQM n'est pas une théorie de la demande de
monnaie, mais les interprétations qui en sont faites ont permis de l'assimiler à celle-ci. Selon
son auteur principal Irving Fisher4, cette théorie repose fondamentalement sur l'idée selon
laquelle la monnaie est un moyen d'échange et la vitesse de circulation de la monnaie fut mise
en exergue. L'auteur commence son analyse par une identité qui lui permet d'établir que pour
l'ensemble d’une économie, le montant des ventes est égal au nombre de transactions réalisées
au cours d'une période donnée, multiplié par le prix moyen des transactions. D'autre part, la
valeur des achats est égale à la quantité de monnaie en circulation multipliée par le nombre de
fois qu'elle change de main pendant la même période. Cette formulation qui est qualifiée de
théorie quantitative pure (TQP) a pour objectif principal d'indiquer que le niveau de prix
absolu (P) est déterminé par l'offre nominale de monnaie (Mo). Cette proposition est
symbolisée par :
Ms .V= PY (6)
3
John Maynard Keynes: The General Theory of Employment, Interest and Money. (NewYork : Harcourt
World), Traduction française, La théorie générale (Paris: Payot, 1969).
4
Irving Fisher, « The purchaising power of money". New York, 1911. Bien avant I. Fisher, des auteurs
précapitalistes: W. Petty, Jacob Venderlini, John Law, entre 1650 et 1776 ont abordé le rôle de la monnaie dans
l'économie sous l'angle des intermédiaires des échanges. Dans le courant des 17ième et 18ième siècles, R.
Cantillon participa à l'élaboration de la TQM et la version généralement attribuée à I. Fisher fut initialement
élaborée et exposée par David Hume.

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Dans cette formulation fischerienne de la TQP, la quantité de monnaie en circulation dans
l'économie (Ms) est déterminée indépendamment des trois autres variables. V est la vitesse de
circulation de la monnaie ou le nombre de fois que la monnaie change de main pendant une
période de référence. P est le niveau général des prix et Y est le volume des transactions.
Fischer considérant l'hypothèse que l'économie est en équilibre de plein-emploi, il en déduit
un rapport constant entre le volume des transactions (T) et le niveau d'output (Y). Aussi
considère-t-il la vitesse de circulation (V) comme une variable indépendante mais constante.
L'équation des échanges devient donc :
MV= PT (7)
V et T étant constants, le niveau général des prix est déterminé uniquement par la quantité de
monnaie (M). Par suite, l'équation des échanges devient la théorie de la détermination du
niveau général des prix soit :
M V =P T (8)
Cette théorie transférée sur le marché de la monnaie a permis d'interpréter ses composantes en
termes de demande et d'offre de monnaie à l'équilibre. De ce fait, la demande de monnaie
dépend du nombre de transactions réalisées dans l'économie, laquelle n'est égale qu'à une
fraction (K) de ces transactions. La TQP devient alors :

M = KPT (9)
A l'équilibre sur le marché de la monnaie, on a l’égalité entre l'offre (Mo) et la demande
(Md) :

Mo = Md (10)
A partir de l'équation (9) on obtient l'expression de la constante K comme l'inverse de la
vitesse de circulation de monnaie soit :
M 1 1
K= = ou V = (11)
PT V K

Cette équation a permis de mettre en relief le cadre institutionnel qui définit les modes de
paiements et donc le nombre de fois qu'une monnaie change de main.
Une économie où la plupart des transactions sont financées par le "cash", nécessitera un
volume important de monnaie manuelle5. Ce d’autant plus que l'octroi du crédit à la
consommation et à l'achat de biens d'équipement est soumis à des conditions contraignantes,
et l'utilisation de cartes de crédit réduite à une échelle minimale. Ce type d'économie est
caractéristique des PVD où les secteurs monétaires et financiers sont à l'état naissant. Par
contre, dans les pays développés c'est la monnaie scripturale qui est très sollicitée dans les
échanges et l'octroi de crédits soumis à des conditions plus souples. La TQM de Fisher fut
pour suivie par l'Ecole de Cambridge à partir des mêmes hypothèses mais les interprétations
sont quelque peu différentes. Les théoriciens de cette Ecole ont apporté des modifications à la
spécification de l'équation des échanges qui devient :

Md= KPY, et (12)


M
=MsV =PY (13)
K

K et Y étant constants, une variation de l'offre nominale de monnaie entraîne une variation
proportionnelle du niveau de prix absolu. On aboutit à la même conclusion que Fisher à savoir
5
Monnaie manuelle: quantité de cash qu'on a sur soi pour financer ses transactions immédiates

11
que la TQP est une théorie du niveau de prix absolu. Mais, l'offre de monnaie, considérée
exogène ne dépend pas des activités du secteur privé. Celle-ci est fixée de façon
discrétionnaire par les autorités monétaires. Une autre particularité de l'Ecole de Cambridge
est qu'elle n'est pas concernée par la détermination de la masse monétaire sous un aspect
macro-économique comme le fit Fisher, mais plutôt en terme micro-économique, en mettant
l'accent sur le comportement des agents économiques pris individuellement. Plus l'agent
économique effectue des transactions, plus il souhaiterait détenir de la monnaie. Selon David
Laidler, la différence entre la théorie monétaire de Cambridge et la TQM de Fisher est que
dans le premier cas, l'accent est mis sur la volonté des agents économiques de détenir de la
monnaie alors que la seconde théorie insiste sur la nécessité des agents économiques de
détenir la monnaie. D' autre part, le terme V dans l'expression (8) ne représente plus la vites se
de circulation de la monnaie par rapport aux tr ans actions mais la vitesse-revenu de la
monnaie.
Dans l'analyse de Fisher, les transactions (ou le revenu nominal) sont un facteur explicatif de
la demande de monnaie et le taux d'intérêt n'est pas pris en compte alors que dans la
formulation cambridgienne, le taux d'intérêt devient de façon implicite un facteur déterminant
de la demande de monnaie. Ces théories préliminaires seront davantage développées avec "la
théorie générale". La demande de monnaie ne se limitera plus aux transactions, mais s'étendra
aux secteurs financiers, voire même aux agents économiques pris individuellement.
 La Théorie Keynésienne de la Demande de Monnaie

Au-delà de l'idée que la monnaie est essentiellement un moyen de paiement qui ne rapporte
pas d'intérêt, Keynes développa la thèse selon laquelle la monnaie représente aussi un actif
faisant partie du patrimoine des agents économiques. Initialement, Keynes a défini quatre
motifs de demande de monnaie qu'il a appelé : " motifs psychologiques et commerciaux".
Ceux-ci sont spécifiés en trois motifs depuis l’origine des temps par le philosophe grec
Aristote: transaction, précaution et spéculation (ou la TPS keynésienne). Les motifs de
transaction et de précaution ayant le même déterminant à savoir, le revenu national, la théorie
keynésienne résume deux motifs : la transaction et la précaution dont la somme détermine la
demande totale de monnaie (la demande transactionnelle). Les agents économiques
demandent la monnaie transactionnelle pour combler l’intervalle entre la perception de
revenus et leurs dépenses courantes. Quant à la demande de monnaie spéculative est liée à la
gestion du patrimoine des agents c'est- à-dire l’arbitrage de celui-ci entre la monnaie et les
actifs financiers notamment les obligations6. Ainsi la monnaie spéculative se résume à
l'arbitrage monnaie-obligation à travers le taux d'intérêt.
Le taux d'intérêt et le cours des titres à revenu fixe (obligations) varient en sens inverse et
selon Laidler7, ce rapport négatif entre la demande de monnaie et le taux d'intérêt provient du
fait que les individus font des prévisions différentes sur les fluctuations futures du taux
d'intérêt à différents niveaux de celui-ci. L'effectivité de la monnaie spéculative nécessite
l'existence d'un marché boursier fonctionnant pleinement : plus le taux d'intérêt est bas, plus
les agents anticipent une hausse future et plus ils cherchent à détenir de la monnaie au lieu des
obligations. Le mécanisme inverse se produisant lorsque le taux d'intérêt est élevé. Dans les
PVD où la monétisation n'est pas encore totale et où les institutions monétaires et financières
performantes font défaut, la monnaie spéculative n'est avancée que dans le langage de
quelques rares opérateurs économiques. Nous pouvons donc en déduire que le taux d'intérêt
n'aura qu'un rôle marginal sur la demande totale de monnaie dans ces pays. La demande de
monnaie sera par conséquent dominée par la monnaie transactionnelle. William E. Baumol et
le prix N obel James Tobin approfondiront par la suite, l'analyse keynésienne de la demande
de monnaie pour les transactions et les spéculations.
6
Les obligations au sens keynésien excluent ici les actifs réels et liquides.
7
David Laidler, La demande de monnaie: théories et vérifications empiriques (Paris: Dunod, 1974)

12
 Prolongement de la théorie keynésienne

Bien que la "Théorie Générale" ait révolutionné la théorie macro-économique, la théorie


monétaire et financière de Keynes a été reprise par Baumol et Tobin8 dans le sens d'une
appréciation, mais aussi de critiques. Considérant l'analyse keynésienne des motifs de
transaction et de spéculation conçus dans un cadre macro-économique, ils innovent en
adoptant une approche micro-économique de l'explication de ces deux motifs de demande de
monnaie. Ensemble ils développèrent l'approche par le stock de la demande de monnaie pour
les transactions. Dans son article intitulé "La préférence pour la liquidité et le modèle de la
diversification du portefeuille", James Tobin présente le modèle des "Anticipations
Régressives". Dans ce modèle, l'agent anticipe un taux d'intérêt (i a) qui correspond à une
moyenne normale des taux d’intérêt de long terme. Lors que le taux d'intérêt observé s'élève
au-dess us de cette moyenne, l'agent prévoit une bais se future du taux d’intérêt et vice versa.
Ses anticipations sont donc progressives. Le taux d’intérêt anticipé (i a) et le taux d'intérêt
observé de marché (i m) déterminent le gain anticipé (g) de l'agent. En déterminant le taux
d'intérêt critique (i c ) c’est-à-dire un taux qui annule le rendement anticipé (r)9, l'agent peut
alors décider d'investir ou non dans les obligations dans les cas ci- après:
- Lors que im > ic, l’agent investit tout son patrimoine dans les obligations ;
- Lors que im < ic, l’agent détient tout son patrimoine sous forme de monnaie.

A partir de la demande de monnaie ainsi définie, on peut obtenir une fonction de demande
globale de monnaie dans le modèle de Tobin. On définit un taux d'intérêt critique maximum (
i c M ax ) et un taux d'intérêt critique minimum ( i c M ¿). Au fur et à mesure que le taux d'intérêt
de marché (im) baisse, l'agent transforme progressivement tout son patrimoine en monnaie. Et
lors que le taux d'intérêt de marché (i m) atteint (i c M ¿) tout le patrimoine est détenu sous forme
de monnaie et la demande globale de monnaie est égale au patrimoine. La différence entre
cette approche et celle par la " Diversification du portefeuille" est que la première développe
la demande de monnaie sans la notion du ris que, alors que la seconde l’intègre. Dans ce cas
au lieu d'un gain anticipé fixe, on suppose que l'agent dis pose d'un ensemble de gains en
capitaux anticipés ; chaque gain ayant sa probabilité de se produire. Une autre particularité de
cette approche est qu'elle suppose que le revenu est donné et donc la demande de monnaie
spéculative10. Enfin, l'approche par le "stock" de Baumol et Tobin, inspirée du modèle des
anticipations régressives, consiste essentiellement à mettre en évidence la relation implicite
entre le motif de transaction et le taux d'intérêt à travers les obligations et donc la monnaie
spéculative. Le montant total des transactions est égal à la somme des obligations et de la
monnaie. Lors que le taux d'intérêt s’élève, il y a une certaine quantité de monnaie spéculative
qui est libérée. Celle-ci est abs or bée par l'accroissement de la demande de monnaie dû à
l'accroissement des transactions. De ce modèle un accroissement de flux de revenu réel ou de
l'output, entraîne un accroissement de la demande de monnaie pour les transactions. La
demande totale de monnaie en terme réel est alors:
M (Y ,i )
m (Y , i )= =L1 ( Y ) + L2 (i) (14)
P
Par rapport au taux d’intérêt (i) et au revenu réel (Y), les signes des dérivées partielles de
m(Y, i) établis entre la monnaie spéculative et la monnaie transactionnelle sont:

8
William E. Baumol: "The Transactions Demand for Cash: An Inventory Theoretic Approach". Quarterly
Journal of Economics, nov. 1952.
9
James Tobin: "Liquidity preference as behavior toward risk" Review of Economic Studies, feb. 1958
10
W.H. Beason, Macroeconomic Theory and Policy, 2ième éd. 1979 pp. 243-266.

13
∆m ∆m
> 0 et <0 (15)
∆Y ∆i

"L'approche par le stock" de la demande de monnaie permet de dire que le taux d'intérêt
intervient à tous les niveaux des secteurs économiques, quelle que soit la nature des
opérations impliquées. Or, dans les économies en voie de développement où les taux d'intérêt
sont déterminés de façon discrétionnaire et où la notion de taux d'intérêt n'est prise en compte
dans les décisions économiques que par une petite fraction de la population, le taux d’intérêt
joue un rôle implicite au niveau macro-économique. La quantité de monnaie injectée dans
l'économie par les autorités monétaires tient compte des gains en capitaux réalisables par
celle-ci; ne serait-ce que dans les secteurs clés de l'économie. Partant de la théorie quantitative
de la monnaie des classiques, une autre contribution fondamentale à la théorie de la demande
de monnaie est celle de Milton FRIEDMAN. Il développa une version dite moderne de la
TQM qui considère la monnaie comme un bien de consommation et de production.
 Approche Friedmanienne de la demande de Monnaie

Encore connue sous le nom d'approche micro-économique de la demande de monnaie dans les
années 1960, la TQM connut un regain d’intérêt avec les travaux de Milton Friedman 11. Dans
son analyse, il affirme que "la TQM est essentiellement une théorie de la demande de
monnaie". Et partant, sa contribution fondamentale a consisté à développer la demande de
monnaie dans le cadre des théories micro-économiques de comportement du consommateur et
de la demande de facteurs de production. Les consommateurs détiennent la monnaie par ce
qu'elle produit l'utilité. Leur demande de monnaie est une demande d'encaisses réelles qui
dépend du revenu réel. Quant aux producteurs, ils détiennent de la monnaie en tant qu'actif
productif qui concilie les paiements et les flux de dépenses. On peut donc dire que pour les
entreprises, la monnaie est un input qui entre dans leur fonction de production. Dans une
approche micro-économique, les facteurs explicatifs de la demande de monnaie retenus par
Milton Friedman sont: le niveau général des prix (p), le taux d’intérêt (i), le patrimoine ou la
richesse (W) et le rapport capital humain capital physique (h). L'expression de la demande de
monnaie (Md) nominale est donc :
Md=f ¿ (16)

Les signes en dessous de chaque variable indiquent le sens de variation de la demande de


monnaie suite à une variation unitaire de chacune de ces variables. Préoccupé par le fait que la
relation fonctionnelle qui lie la quantité de monnaie demandée et les variables qui la
déterminent doit être stable. Friedman accordera tant d'intérêt à deux fonctions de la
monnaie : la fonction de moyen de paiement (ou motif de transaction) et la fonction de
réserve de la valeur (ou monnaie comme un bien de consommation durable ou de production).
Finalement, l'auteur retient le revenu comme variable explicative cruciale de la demande de
monnaie: lequel revenu remplace le patrimoine qui à son tour est substitué par le revenu
permanent (Y p ¿ . En éliminant de façon implicite les autres variables (taux d’intérêt, prix),
Friedman veut prouver que le revenu permanent est la seule variable qui explique de façon
significative les variations de la demande de monnaie. Les variations de prix et de taux
d'intérêt n'étant pas dans la plupart des cas substantielles, et le revenu permanent étant lié au
patrimoine (W) par le taux d’intérêt, il vient Y p = iW. Il s’ensuit que le patrimoine est égal au
revenu permanent actualisé en considérant comme taux d’actualisation le taux d'intérêt (i),
c’est- à-dire e : W =Y p /i. La hausse du taux d’intérêt va diminuer la valeur du patrimoine et la
demande de monnaie (ceteris paribus). Ce qui est l'effet de richesse qui établit une relation
positive entre le patrimoine et la demande de monnaie. Ainsi, lorsque le patrimoine baisse, la
demande de monnaie baisse également. De même, lorsque le niveau général des prix varie, la

11
Milton Friedman "The Quantity Theory of Money: A Restatement" in M. Friedman, (Ed.), Studies in Tthe
Quantity Theory of Money, Chicago: The University of Chicago Press, 1956 a) pp. 3-21 et b).

14
demande d'encaisses réelles subit des variations proportionnelles. Par conséquent dans la
théorie friedmanienne, la demande de monnaie est linéairement homogène par rapport au
patrimoine et au prix. La fonction de demande de monnaie développée par l'auteur dépend
donc essentiellement du revenu permanent (Y p ) et il propose une forme plus synthétique de
l'expression (1) soit,
Md=P p (Y D , Z) (17)

Où, Z représente toutes les autres variables indépendantes à l'exception du revenu (Y) et du
niveau général des prix (P) et P p le niveau des prix permanents. Mais dans sa version de la
TQM, Friedman retiendra que le revenu permanent et l'expression (2) devient :
Md=P p f (Y p ) (18)

Puisque les variables permanentes Yp et Pp de cette formulation ne sont pas observables, il


est impossible de les évaluer quantitativement. L'auteur propose alors de les remplacer par les
¿ ¿
variables anticipées Y t , Pt à la période t de l'équation (1) soit :

Y t =β ∑ (1−β ) Y t −1; Pt =∑ β (1−β ) Pt −i


A i A i
(19)

Où Y t et Pt représentent respectivement le revenu et le prix courants. La forme finale de la


fonction de demande nominale de monnaie que l'on peut estimer devient:
¿ ¿
Md=P t f (Y t ) (20)

 Perspective sur la Théorie

Depuis les économistes classiques jusqu'à Milton Friedman via J.M. Keynes, la théorie de la
demande de monnaie a connu une évolution remarquable. Cette évolution est caractéristique
des mutations subies par les différents secteurs économiques des pays développés les quelles
ont inspiré les différents auteurs. Partant d'une analyse conçue dans un cadre macro-
économique, la théorie classique de la demande de monnaie a mis en évidence le motif de
transaction comme principal déterminant de la demande de monnaie et le revenu réel devient
la principale variable explicative de la monnaie-transaction. Dans une analyse plus
approfondie, J .M. Keynes définit trois motifs principaux de la demande de monnaie (la TPS
keynésienne: Transaction - Précaution - Spéculation) qui permettent de définir la demande de
monnaie par rapport à deux principales variables : le revenu et le taux d’intérêt.
Dans une optique micro-économique, et partant de la théorie keynésienne, W.E Baumol et J.
Tobin développent le modèle des anticipations régressives, la diversification du portefeuille et
l'approche par le stock de la demande de monnaie. Le revenu et les taux d'intérêt sont encore
les principales variables explicatives de la demande de monnaie; dans l'approche par la
diversification du portefeuille, le risque devient un critère de décision dans l'arbitrage
monnaie/ actifs financier s. Quant à l'approche par le stock, elle a consisté à établir de façon
explicite la relation entre la monnaie spéculative et la monnaie transactionnelle qui était
implicite dans l'arbitrage monnaie -obligation des modèles précédents.
Enfin Friedman s’inspirant de la TQM des économistes classiques, propose une version dite
moderne dans laquelle la monnaie est un bien de consommation et de production. Cette
approche micro-économique lui a permis d'introduire dans la demande de monnaie une
nouvelle variable : le revenu permanent. Les variables de rendement notamment les taux
d'intérêt sur les actions et les obligations deviennent implicites et dans la forme finale, le
revenu permanent est remplacé par le revenu actualisé (c’est-à-dire le revenu courant).
De ces différentes théories il ressort que les motifs de demande de monnaie sont les
transactions et les spéculations. Les variables déterminantes sont le revenu et les taux d'intérêt

15
dans une économie donnée notamment les économies développées où tous les secteurs
économiques sont monétisés et où existent différentes structures monétaires et financières
pour véhiculer la monnaie dans ces secteurs. Qu'en est- il de la demande de monnaie dans un
PVD comme le Maroc ?
1.2. Revue de littérature empirique
La plupart des modèles théoriques de la demande de monnaie ont fait l'objet d'une évaluation
empirique tant dans les pays développés que sous-développés. Dans le cas des pays
développés, il ressort de divers travaux empiriques que le revenu est la variable fondamentale
pour l'explication du comportement de la demande de monnaie, les taux d’intérêt et le niveau
de prix jouant un rôle secondaire12.
Dans les PVD, les études empiriques sont généralement effectuées en procédant à des
adaptations par rapport aux structures économiques de ces pays. Ainsi, Mohsin S. Khan13
élaborant un modèle pour le Venezuela, stipule que la demande globale de monnaie ( M dt ) est
une relation linéaire entre le revenu permanent (Y pt ) et le taux d'intérêt (r t ), soit:
d p
M t =K 0 +k 1 r t + k 2 Y t avec k 1 <0 et k 2 >0 (21)

En exprimant cette expression en termes du taux d’intérêt, M .S. Khan obtient une autre
équation qu'il teste :
d p
r t =a 0+ a1 M t +a2 Y t +ε t (22)

Les résultats obtenus de la régression de cette équation permettent de confirmer les relations
théoriques entre la demande de monnaie, le taux d'intérêt et le revenu permanent. Selon
l’auteur, ces deux variables sont respectivement négativement et positivement liées à la
demande de monnaie mais, le coefficient de détermination (R_) n'est pas très élevé. Il en
conclut que le pouvoir explicatif des variables indépendantes est assez faible.

Charles Schotta, Jr14. entreprit une autre étude empirique à un autre pays en voie de
développement : le Mexique. L'auteur teste la fonction de la demande de monnaie élaborée
par S.J. PRAIS15. Les résultats obtenus indiquent que la demande de monnaie (Md) est liée au
revenu national (Y) par une constante (k) :

Md=KY (23)

L’objectif du test empirique étant de déterminer l'influence de la variation du revenu national


(DY) sur la variation de la demande de monnaie (DMd), l'expression ci- dessus devient alors :

∆ Md =a+b ∆ Y +ε t (24)

Les résultats statistiques de cette équation montrent que le coefficient de détermination (R2)
s'élève à 31% et seulement 8% de la variation du revenu national sont consacrés à la variation
de la demande de monnaie. Par suite, en terme de variation, le revenu n’explique pas de façon
significative la demande de monnaie dans l'économie mexicaine.

12
Yp comprend le patrimoine humain, réel et financier, et le revenu obtenu d'un stock d'actifs. Il est donc lié au
patrimoine (W) au sens large par la relation Yp = iW où i est la moyenne pondérée des taux d'intérêt financiers.
13
Milton Friedman
14
Mohsin S. Khan, Experiments with a Monetary Model for the Venezuelan Economy.IMF Staff Papers.
15
Charles Schotta Jr.: "The money supply, Exports and Income in an open economy: Mexico, 1939-63". in
Economic Development and Cultural Change (14). 1965-66 october-july.

16
Quant aux économies africaines proprement dites, on peut retenir comme référence en la
matière, les travaux de Adekunle J .O. (1968) menés sur la demande de monnaie dans le
cadre du Nigéria. L'auteur commence l'étude en s’interrogeant sur un certain nombre de points
dont deux nous semblent fondamentaux :
- La forme de la fonction de la demande de monnaie dans les pays sous - développés diffère-
t-elle de celle des économies développées ?
- Les relations théoriques développées pour expliquer le comportement monétaire et les
conclusions relatives à l'expérience monétaire dans les économies développées sont- elles
applicables à un autre type d'environnement?
Partant de l'assertion que les anticipations jouent un rôle essentiel dans le secteur monétaire,
l'auteur utilise dans son étude empirique une fonction de demande de monnaie dont les
variables explicatives sont des variables anticipées (c'est- à-dire des valeurs passées observées
e
des variables). La demande d'encaisses réelles désirées ( M t ) spécifiée est fonction de deux
variables anticipées: le revenu anticipé (Y at ), le taux d'inflation anticipée (i at ) et d'une variable
courante : le taux d'intérêt (r t ) :
e a a
M t =b 0+ b1 Y t + b2 i t +b 3 r t +ε t (25)

b 1>0 ,b 2< 0 et b 3< 0

b1 = élasticité - revenu de la demande de monnaie ;


b2 = coefficient du taux de variation des prix ;
b3 = élasticité - taux d'intérêt de la demande de monnaie.

En supposant que les encaisses réelles désirées s’ajustent à la demande courante effective (
M t ¿, on peut poser M et =M t . En outre, Adekunle fait remarquer que moins l'environnement
économique est développé, plus le décalage dans la formation des anticipations est court.
Ainsi, tenant compte du motif de transaction, les anticipations du revenu étant statiques dans
les PVD, les encaisses monétaires doivent être reliées au revenu réel courant. En plus, les
variables anticipées n'étant pas observables, la demande de monnaie ( M dt ) soumise à l'étude
empirique est définie en fonction du revenu réel courant et du taux d'inflation courant.
De cette étude, trois conclusions principales peuvent être dégagées :

a. Il existe une demande de monnaie aussi bien dans les économies en développement que
dans les économies développées. La fonction de demande de monnaie diffère donc pour les
deux groupes de pays ;

b. Une plus grande préférence pour la liquidité fait que l'élasticité - revenu de la demande de
monnaie est plus élevée dans les PVD ;

c. Enfin, le coût d'opportunité de la détention de la monnaie est plus élevé dans les PVD.

De l’exposé ci-dessus, il ressort que les principales variables explicatives de la demande de


monnaie dans les PVD sont celles définies dans les théories traditionnelles de la demande de
monnaie. Cependant le motif de transaction apparaît comme le motif prédominant de la
demande totale de monnaie dans les économies en développement.

17
2. Spécification du modèle
Rappelons qu’une fonction de demande de monnaie sert à déterminer quelle quantité de
monnaie souhaitent détenir, à un moment donné, les agents économiques lors qu’ils
connaissent (ou anticipent) le volume de leurs échanges.

Les fondements théoriques de la demande de monnaie ainsi que la revue de littérature relative
aux travaux empiriques identifient traditionnellement le revenu réel et le taux d'intérêt comme
les principales variables qui expliquent de façon robuste la demande de monnaie dans une
économie donnée. Une autre variable non moins pertinente généralement prise en compte
dans les études empiriques est le taux d’inflation domestique.

La fonction de demande retenue est la suivante :

Md i
=f (PIB ; r ; F ;V ; Ps ; EX ) (26)
p
Avec :

Md t :La masse monétaire au sens étroit (M1) et / ou au sens large (M2)


PIBt :Le produit intérieur brut (variable proxy du revenu)
r t :Le taux d’intérêt réel
F t :Le taux d’inflation
V t :La vitesse de circulation de la monnaie au sens étroit (V1) et ou au sens large (V2)
Pst :Le nombre de la population
EX t :Taux de change

Soit les des modèles à estimer suivants :

 Modèle 1 : la masse monétaire au sens large (M2)


log ( )
Md 2
p
=β 0+ β1 PIBt + β 2 V 2t + β 3 r t + β 4 F t + β 5 Pst + β 6 EX t

 Modèle 2 : la masse monétaire au sens étroit (M1)


log ( )
Md 1
p
=β 0+ β1 PIBt + β 2 V 1t + β3 r t + β 4 F t + β 5 Ps t + β 6 EX t

3. Cadre méthodologie
L’objectif poursuivi est de mettre en évidence à travers un modèle économétrique les facteurs
explicatifs de la demande de monnaie au Maroc pour la période 1985- 2015. Avant de nous y
consacrer, nous nous pencherons d’abord sur une présentation brève du modèle ARDL et
l’écriture de ce dernier tout en l’associant aux variables traitées précédemment.

Deux étapes marqueront donc l'analyse quantitative de la demande de monnaie dans la


présente étude. La première consiste à estimer une équation statique de la demande de
monnaie. L'estimation de cette équation statique est généralement interprétée comme une
équation de long terme qui permet d'établir une liaison d'équilibre entre les variables
explicatives retenues. La deuxième se caractérise par l'estimation d’une équation dynamique.

18
On peut rendre dynamique une équation statique de la première étape en y introduisant une
variable résiduelle retardée comme variable explicative. Le coefficient de la variable retardée
peut entre autres être intégré comme une mesure d'ajustement en réponse aux déviations de la
liaison d'équilibre entre les variables explicatives.
Spécification du modèle ARDL associé aux variables :

 Spécification 1 : demande de monnaie au sens large (M2)

( ) ( )
P
Md 2 Md 1
∆ ln =β 0 + β 1 ln + β 2 ln V 2t−1 + β 3 lnGDP t−1 + β 4 ln EX t−1+ β5 ln Pst −1+ β 6 Ft −1+ β7 r t −1+ ∑ α 1 ∆ l
P P t−1 i=1

 Spécification 2 : demande de monnaie au sens étroit (M1)

( ) ( )
P
Md 1 Md 1
∆ ln =β 0 + β 1 ln + β 2 ln V 1t−1 + β 3 lnGDP t−1+ β 4 ln EX t −1+ β5 ln Pst −1+ β 6 Ft −1+ β7 r t −1+ ∑ α 1 ∆ ln
P P t−1 i =1
Avec :

∆ : L’opérateur de différenciation
Ln : Le logarithme népérien
P : le retard de la variable endogène ; q : Le retard maximal des variables exogènes
β 0 β 1 β 2 β 3 β 4 β 5 β 6 β 7: Les paramètres de la relation de long terme
α 1 α 2 α 3 α 4 α 5 α 6 α 7 : Les paramètres de la relation de court terme
ε t: La variable aléatoire.

4. Résultats et discussions
Pour estimer les déterminants de la demande de monnaie au Maroc, nous avons opté pour
l’application de la méthode économétrique de Pesaran. Cette méthode nécessite l’étude des
caractéristiques stochastiques16. Ci-dessous un tableau qui résume le résultat du test de la
stationnarité (ADF et PP) de toutes les séries étudiées.

4.1. Étude de stationnarité des variables

 Le choix du bon modèle pour ce test est fait selon la stratégie du test ADF
 Le nombre retenu de retard pour faire le test est donne automatiquement par Eviews.
 Les valeurs critiques correspondent aux valeurs tabulées par Mackinnon (1996) au
seuil de 5%.

Tableau 1 : Résultats du test ADF

16
S.J. Prais Some mathematical notes on the quantity theory of the money in an open economy..

19
Source : Elaboration d’auteur

Tableau 2 : Résultats du test PP

Source : Elaboration d’auteur

20
D’après les deux tableaux, nous constatons l’existence des variables qui sont stationnaires en
niveau, il s’agit de la variable taux d’inflation et taux d’intérêt réel. En outre, les tests de
racine unitaire montrent que les autres variables sont non stationnaires en niveau mais
stationnaires en première différence. D’où la modélisation ARDL.
4.2. Le nombre de retard optimal
Avant de passer à la modélisation de la fonction de demande de monnaie via le modèle
ARDL, il faut déterminer le nombre de retard optimal pour chaque variable. Pour ce faire,
nous disposons des critères d’information (LR, FPE, AIC, SC, HQ).
Tableau 3 : Nombre de retard optimal

Variable LnMd1/p LnMd2/ LnV1 LnV2 LnEx LnGD LnPS F r


s p P
Nombre 1 1 1 1 2 2 2 1 1
de retard
optimal
Source : Elaboration d’auteur

Nous remarquons d’après le tableau que le nombre de retard optimal se situe entre 1 et 2. En
effet, cette constatation vient après l’utilisation des critères d’information17.
Ainsi, le tableau suivant présente pour chaque spécification le nombre de retard optimal à
estimer dans le modèle ARDL :
Tableau 4 : Nombre de retard optimal selon la spécification du modèle

Modèle Nombre de retard selon la spécification du modèle


1 LnMd2/p LnV2 LnGDP LnEX LnPS F r
p q1 q2 q3 q4 q5 q6
1 1 2 2 2 1 1
2 LnMd1/p LnV1 LnGDP LnEX LnPS F r
p q1 q2 q3 q4 q5 q6
1 1 2 2 2 1 1
Source : Elaboration d’auteur

4.3. Estimation et validation du modèle ARDL

Nous allons nous servir des critères d’information de AIC et (SIC) pour sélectionner le
modèle ARDL optimal, celui qui offre des résultats statistiquement significatifs avec les
moins des paramètres. Ci-dessous les résultats d’estimation du modèle ARDL avec des retards
optimaux retenus :

17
L’étude à priori de la stationnarité est nécessaire. Les résultats fournis par logiciel « Eviews » en annexe 1

21
 Modélisation N°1 : demande de monnaie au sens large (M2)
Tableau 5 : Modélisation ARDL (spécification 1)

Source : Elaboration d’auteur

Figure 2 : Les critères d’informations-Sélection du modèle optimal

Source : Elaboration d’auteur

22
Comme on peut le voir, le modèle ARDL (1,2,0,0,2,1,1) est le plus optimal parmi les 19
autres présentés, car il offre la plus petite valeur du AIC. Par ailleurs, au regard des tests qui
aident à diagnostiquer le modèle ARDL estimé, l’on note l’absence d’autocorrélation des
erreurs, il n’y a pas d’hétéroscédasticité, il y a normalité des erreurs, et le modèle a été bien
spécifié.
Tableau 6 : Test d’autocorrélation des erreurs Ljung-Box

Source : Elaboration d’auteur

Nous remarquons que les résidus sont non autocorrélés. La probabilité critique de la
statistique Q est toujours supérieur à 0.05 et tous les termes du corrélogramme situés dans
l’intervalle de confiance.
Tableau 7 : Test d’homoscédasticité des erreurs ARCH

Source : Elaboration d’auteur

D’après le tableau du test d’ARCH, nous constatons que la probabilité associée au test est
supérieure à 5%, cela veut dire que le modèle est homoscédastique. Autrement dit, les erreurs
ne varient pas en fonction des valeurs prises par les variables explicatives.
Tableau 8 : Test normalité des erreurs Jarque Bera

Source : Elaboration d’auteur


La probabilité associée à la statistique de Jarque-Bera 0,80 est supérieure à 5%, donc les
résidus associés à l’estimation suivent la loi normale. Les résidus sont gaussiens, par
conséquent, les estimateurs sont qualifiés de robuste, et le modèle fera l’objet d’une
interprétation économique.
 Modélisation N° 2 : demande de monnaie au sens étroit (M1)

23
Tableau 9 : Modélisation ARDL (spécification 2)

Source : Elaboration d’auteur

Figure 3 : Les critères d’informations-Sélection du modèle optimal

Source : Elaboration d’auteur

Le modèle sélectionné est ARDL (1,2,1,1,2,1,1), c’est le plus optimal parmi les 19 autres
présentés, car il offre la plus faible valeur du critère d’information. Ce modèle respect les
principales hypothèses d’un modèle linéaire : Absence d’autocorrélation, l’homoscédasticité
des erreurs, et la normalité des erreurs. Les tableaux suivants fournissent les différents tests
associés aux hypothèses.

24
Tableau 10 : Test d’autocorrélation des erreurs Ljung-Box

Source : Elaboration d’auteur

Le tableau affiche des p-value supérieures à 5% pour l’ensemble des retards allant de 1 à 12.
Nous pouvons donc affirmer l’absence d’autocorrélation entre les résidus.
Tableau 11 : Test d’homoscédasticité des erreurs ARCH

Source : Elaboration d’auteur

D’après ce tableau nous remarquons que la p-value (0,15) correspondante à la statistique de


LM est supérieure à 5%. Donc l’hypothèse nulle d’homoscédasticité est acceptée ce qui veut
dire que les résidus du modèle sont bien homogènes.
Tableau 12 : Test normalité des erreurs Jarque Bera

Source : Elaboration d’auteur

Il ressort de ce tableau que la p-value (0,96) correspondante au test d’hypothèse de normalité


des résidus est largement inférieure à 5% ce qui nous amène à accepter cette hypothèse : les
résidus suivent une loi normale. Les résultats de ces trois tests nous permettent d’affirmer que
les résidus sont des bruits blancs gaussiens.
4.4. Test de cointégration aux bornes : Pesaran et al. (2001)
25
Pour tester l’existence d’une relation d’équilibre de long terme (relation de cointégration)
entre la demande de monnaie au sens étroit ou large et les variables explicatives, nous
utilisons le test de Pesaran. L’hypothèse du test est la suivante :
H 0 :α 1 =α 2 =α 3 =α 4=α 4 =α 4=α 4=0
H 0 :α 1 ≠ α 2 ≠ α 3 ≠ α k ≠ α 4 ≠ α 4 ≠ α 4 ≠ 0

H 0 :Il n’y a pas de relation à long terme entre les variables


H 1 : Il existe une relation à long terme entre les variables

Rappelons que :

 Si Fisher > borne supérieure : Cointégration existe


 Si Fisher < borne inférieure : Cointégration n’existe pas
 Si borne inférieure <Fisher< borne supérieure : Pas de conclusion

Tableau 13 : Résultats du test de cointégration de Pesaran (spécification 1)

Source : Elaboration d’auteur

Tableau 14 : Résultats du test de cointégration de Pesaran (spécification 2)

Source : Elaboration d’auteur


Les résultats du test de cointégration aux bornes confirment l’existence d’une relation de
cointégration (on rejette H0) entre les séries pour les deux spécifications. Sous étude (la

26
valeur de F-stat=3,91 est > à celle de la borne supérieure=3,61 au seuil de 5% et 10%),
ainsi, (la valeur de F-stat=4,55 est > à celle de la borne supérieure de tous les seuils), ce qui
donne la possibilité d’estimer les effets de long terme des variables exogènes sur la demande
de monnaie au sens étroit et large. Avant tout, l’on essaye de jeter un coup d’œil sur la
causalité entre variables au sens de Toda-Yamamoto.
4.5. Test de causalité de long terme : Toda-Yamamoto

Lorsque les variables non stationnaires ne sont pas cointégrées ou sont intégrées à des ordres
différents, le test de causalité de Granger traditionnel devient inefficace. Dans ce cas, l’on
recourt au test de causalité au sens de Toda-Yamamoto (1995) qui est basé sur la statistique
«W» de Wald, celle-ci est distribuée suivant un khi-deux. L’hypothèse nulle stipule l’absence
de causalité entre variables.
Tableau 15 : Résultats Tests de Causalité de Toda-Yamamoto (spécification1)

Source : Elaboration d’auteur

De ce tableau, nous déduisons les causalités suivantes au sens de Toda-Yamamoto :


Des causalités unidirectionnelles : la dynamique de la demande de monnaie au sens large
(M2) est causée par le nombre de la population, le taux d’inflation et le taux d’intérêt.

Tableau 16 : Résultats Tests de Causalité de Toda-Yamamoto (spécification2)

Source : Elaboration d’auteur

Les résultats de la causalité au sens de Toda-Yamamoto ont pu montrer l’existence d’une


relation causale unidirectionnelle des variables exogènes vers la demande de monnaie au sens
étroit, sauf la variable taux de change qui affiche une probabilité supérieure à 5% (relation
non causale avec la demande de monnaie).
4.6. Estimation de la fonction de demande de monnaie
27
Après avoir détecté la relation de cointégration entre les variables des modèles. Cette étape
consiste a estimé les paramètres de la fonction de la demande de monnaie en utilisant le
modèle ARDL. Cette méthodologie consiste a utiliser la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO) afin de cerner la relation de court et long terme entre les variables. Les
tableaux suivants fournissent les résultats :

 Modélisation N°1 : demande de monnaie au sens large (M2)

Tableau 17 : Estimation de court et long terme de la demande de monnaie au sens large


(M2)

Source : Elaboration d’auteur

Les variables différenciées représentent l’estimation dynamique du modèle dans le court


terme décalée selon le retard optimal de chaque variable. Tandis que, les variables estimées en
niveau et retardées par rapport à une seule période représentent la dynamique des variables
dans le long terme.

Tableau 18 : Estimation de court terme de la demande de monnaie au sens large (M2)

28
Source : Elaboration d’auteur

Tableau 19 : Estimation de long terme de la demande de monnaie au sens large (M2)

Source : Elaboration d’auteur

Comme on peut le lire sur le tableau 17 ci-dessus, le coefficient d’ajustement ou force de


rappel est statistiquement significatif, il est négatif [CointEq= -0,97 ; P-value=0,0000], ce
qui garantit un mécanisme de correction d’erreur, et donc l’existence d’une relation de long
terme (cointégration) entre variables. Aussi, l’on note ce qui suit :
 Le PIB (variable proxy du revenu) exerce un effet positif et significatif sur la demande de
monnaie à court et long terme, néanmoins l’effet demeure moins que proportionnel : un
accroissement du produit intérieur brut de 1% engendre une hausse de la demande de
monnaie de 0.94% à CT et 0,96% à LT. Ce résultat confirme le postulat classique de la
demande de monnaie pour lequel le revenu réel est la principale variable explicative de la
monnaie.
 La variable vitesse de circulation de la monnaie engendre un impact négatif et significatif
sur la quantité de monnaie au sens large, dans la mesure où une hausse de cette dernière
réduit la demande de monnaie de 0,92% à CT et 0,99% à LT. Ce constat confirme la
théorie économique, parce que, plus le désir des ménages est faible en termes de

29
conservation de l’argent, plus leur vitesse de circulation est rapide, que ce soit à des fins de
charges ou de réserves, ou à des fins spéculatives.
 La variable nombre de population influence négativement et significativement la quantité
de monnaie en circulation. Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse de la
démographie engendre une baisse de 18,55% la demande de monnaie à court terme. cette
baisse est due à l’accroissement du niveau de la consommation finale des ménages.
Cependant, à long terme la variable explicative nombre de population n’est pas
significative, cela est lié en partie avec la structure démographique du pays, ainsi que le
style de vie des citoyens.
 Le taux d’inflation engendre un effet négatif est significatif à court terme. soit une
élasticité faible de 0,005%. En effet, plus le niveau général des prix augmente, plus les
ménages ont tendance vers le motif de précaution (Keynes). Tandis qu’à long terme la
variable est négativement non significative.
 Le taux d’intérêt réel exerce une influence négative et significative sur la demande de
monnaie. Soit une élasticité faible de 0,004% à CT. Certes, le rapport négatif entre la
demande de monnaie et le taux d'intérêt provient du fait que les individus font des
prévisions différentes sur les fluctuations futures du taux d'intérêt à différents niveaux de
celui-ci : plus le taux d'intérêt est bas, plus les agents anticipent une hausse future et plus
ils cherchent à détenir de la monnaie au lieu des obligations.

 Modélisation N°2 : demande de monnaie au sens étroit (M1)

Tableau 20 : Estimation de court et long terme de la demande de monnaie au sens étroit


(M1)

Source : Elaboration d’auteur

30
Les variables sélectionnées en bleu représentent l’estimation statique du modèle dans le long
terme décalée par une seule période. Tandis que, le reste des variables non sélectionnées
représentent la dynamique des variables dans le court terme. Pour bien éclaircir cette
dynamique temporelle, Les tableaux ci-dessous identifiant les variables explicatives de la
demande de monnaie au Maroc selon le retard optimal de chaque grandeur économique.
Tableau 21 : Estimation de court terme de la demande de monnaie au sens étroit (M1)

Source : Elaboration d’auteur

Tableau 22 : Estimation de long terme de la demande de monnaie au sens étroit (M1)

Source : Elaboration d’auteur

Nous constatons qu’il existe une relation stable de long terme (relation d’équilibre) entre la
demande de monnaie et les différentes variables exogènes, car la force de rappel vers
l’équilibre est significativement négative [CointEq= -0,64 ; P-value=0,02].

Cela signifie que 64,94% des chocs à court terme est automatiquement corrigée dans le temps
pour atteindre l'équilibre à long terme, autrement dit, la demande réelle de monnaie au sens
étroit nécessite plus d'un an, environ une année et 5 mois (1/0,64=1,56), ainsi qu'une réponse
lente pour atteindre sa valeur d'équilibre à long terme.

31
En termes de résultat, l’estimation de la fonction de la demande de monnaie au sens étroit
(M1) conduit aux mêmes conclusions précédentes, sauf pour les deux variables inflation et le
taux d’intérêt ne sont pas significatives.

4.7. Test de changement structurel de CUSUM

Après voir estimé le modèle ARDL et la relation de correction d’erreur, il est nécessaire de
faire un test de changement structurel pour les estimateurs de la fonction de demande de
monnaie. L’objectif est de s’assurer de l’absence des caractéristiques structurelles au niveau
des séries étudiées. Pour ce faire, nous utilisons le test de CUSUM : Cumulative Sum of
Recursive Residual (CUSUM) et Cumulative Sum of Squares Recursive Residual (CUSUM
SQ)
Le test du CUSUM carré est usuellement représenté sous une forme graphique. La valeur de
la statistique doit alors évoluer, sous l’hypothèse nulle de stabilité de la relation, entre deux
droites représentant les bornes de l’intervalle. Ce test CUSUM est donc réalisé pour tester
l’hypothèse de stabilité des relations de long terme estimées entre les séries
Les graphiques suivantes représentent l’évolution des estimateurs associés à la fonction de
demande de monnaie :

Figure 4 : La stabilité structurelle des estimateurs de la fonction de demande de


monnaie au sens large (M2)

Source : Elaboration d’auteur

Le graphique montre que l’hypothèse de stabilité de la relation de long terme est acceptée au
seuil de 5%. Autrement dit, cette figure souligne la stabilité de la relation au cours des
dernières années de l’observation. Ainsi, la figure à droite (test CUSUM-carré) a pu éclaircir
une stabilité entre la demande de monnaie au sens large et l’ensemble des variables exogènes.

Figure 5 : La stabilité structurelle des estimateurs de la fonction de demande de


monnaie au sens étroit (M1)
32
Source : Elaboration d’auteur

Statistiquement, nous remarquons que, la statistique de CUSUM des résidus récursifs situe à
l’intérieur des valeurs critiques de l’intervalle défini par les deux droites parallèles. Cela
signifie que, les estimateurs associés à la fonction de la demande de monnaie au sens étroit
sont stables, et par conséquent, aucun changement structurel durant la période d’étude.

4.8. Qualité de prévision

Après nous être assuré que les données utilisées dans l'étude ne présentaient aucun
changement structurel, nous avons utilisé la statistique de Theil pour nous assurer que le
modèle dispose d'une bonne capacité de prévision au cours de la période d'étude, ce qui peut
être illustré comme suit:

Figure 6 : Les valeurs réelles et prévues de la demande de monnaie au sens large

Source : Elaboration d’auteur

Le chiffre ci-dessus indique que le coefficient de Theil est égal à 0,000593, ce qui est
inférieur à 1 et proche de zéro, tandis que la valeur de biais (BP) est égale à 0,000001,
également inférieure à 1 et proche de 0. Ainsi la valeur de la variance égale à 0,000032 est
proche de Zéro, alors que la covariance (0,99) est proche de 1, ce qui signifie que le modèle a
une bonne prévisibilité au cours de la période d'étude. Par conséquent, les résultats de ce
modèle peuvent être utilisés dans les analyses et l’évaluation des politiques futures et atteindre
les objectifs fixés.

33
Figure 7 : Les valeurs réelles et prévues de la demande de monnaie au sens étroit

Source : Elaboration d’auteur

D’après la figure nous pouvons constater que la statistique de Theil est proche de zéro, ainsi
les mêmes conclusions par rapport à l’autre modèle. Par conséquent, une meilleure qualité de
prévision associée à la fonction de la demande au sens étroit.

Conclusion et recommandations
Les problèmes pratiques, auxquels sont confrontés aujourd'hui les autorités et les décideurs
économiques reposent sur le choix d'une politique économique appropriée et efficace, afin de
faire face aux différents déséquilibres macroéconomiques. Les faits économiques s'imposent à
l'économiste, et il doit trouver une explication avec l'appui de la théorie économique. Ainsi les
modèles macroéconomiques doivent être utilisés pour éclairer les décideurs dans leurs choix
et dans la prise de leurs décisions.

Parmi les canaux de transmission qui permettent d’assurer une stabilité macroéconomique la
masse monétaire. En effet, La monnaie est au cœur des stratégies de politique monétaire
visant à assurer la stabilité des prix et la lutte contre l'inflation.

Les recherches empiriques sur la demande de monnaie ont fait l’objet d’une abondante
littérature. Ces recherches ont été motivées à la fois par les besoins des politiques monétaires
ainsi que les différents changements économiques et financiers intervenus au fil des années.

L’objectif majeur de cette étude était d’estimer les déterminants de la demande de monnaie
au Maroc pour la période 1985-2015 sur la base des statistiques de la banque centrale pour en
dégager les variables significatives. Nous nous sommes d’abord appesantis sur une revue de
la littérature qui nous a permis de présenter les principales théories de la demande de monnaie
depuis les économistes classiques jusqu'aux contemporains ( John Maynard Keynes, James
Tobin, Milton Friedman,...).

En termes de résultat, l’estimation de la fonction de la demande de monnaie par le biais du


modèle ARDL a pu montrer que le PIB (variable proxy du revenu) constitue le déterminant
principal de la demande de monnaie (significativement positif).
En revanche, l’hypothèse de la relation négative entre la vitesse de circulation de la monnaie
et la demande de monnaie est vérifiée, car plus les ménages ont tendance à consommer, plus
la demande de monnaie augmente, et plus la vitesse de circulation est très rapide.

34
En outre, la structure démographique du pays exerce un effet négatif sur la demande de
monnaie à court terme, suite à l’accroissement de la consommation finale des ménages.
Tandis que, à long terme cette variable exogène n’influence pas la quantité demandée de
monnaie du fait du changement du comportement de consommation des citoyens.
Finalement, les deux variables taux d’inflation et taux d’intérêt exercent un impact négatif sur
la demande de monnaie au sens large, alors qu’elles ne sont pas significatives pour la
demande de monnaie au sens étroit.
Au Maroc, malgré les efforts entrepris par les autorités monétaires pour ajuster l’équilibre
macroéconomique, ils existent des enjeux qu’entravent le processus de stabilisation de la
demande de monnaie, principalement le passage au taux de change flexible. Cette politique de
change permet au système financier du pays d’être exposé aux chocs externes. C’est pour
cela, le gouvernement doit intervenir par certaines mesures, parmi elles :
 Mettre le système de change dans un régime fixe, ce qui permet de garantir un taux
élevé de devises chez la banque centrale ;
 Soutenir l’offre productive par la mise en œuvre des stratégies sectorielles, parce que
le passage au taux de change flexible nécessite une production très élevée, et par
conséquent une offre exportable compétitive ;
 Diversifier les instruments et les produits financiers, cela permet d’améliorer
l’attractivité du pays en termes des IDE.
 Développer les marchés financiers marocains, en développant ainsi les opportunités
d'échange d'argent et d'actifs financiers afin d'encourager les investissements
marocains.
 Développer les services bancaires.
 Subventionner les produits de première nécessité afin d’encourager le niveau de la
consommation.

Annexe :
Annexe 1 : Les tests de racine unitaire ADF et PP

35
Annexe 2 : Nombre de retard optimal des variables

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