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Calcul des Structures

Structures hyperstatiques
Méthode des forces

Abdelkader KRICHEN
Professeur en Génie Mécanique, ENI Sfax
Unité de Recherche de Génie de Production Mécanique et Matériaux, ENI Sfax
Principe de la méthode des forces
La méthode des forces (ou méthode des coupures) est basée sur le théorème de
Castigliano. Elle s’applique aux structures hyperstatiques dont les liaisons sont
rigides et parfaites et les équations de la statique sont insuffisantes pour déterminer
à la fois les réactions aux liaisons et les efforts intérieurs en tout point de la
structure. Elle s’appuie principalement sur la validité du principe de superposition.
Pour cette méthode les inconnues sont des forces (définies dans un sens général :
réactions d’appui, moments, efforts,…). La résolution bénéficie des conditions de
compatibilité cinématique.
L’exigence de la compatibilité des déplacements de la structure (déplacement et
rotations) est satisfaite en écrivant les équations qui spécifient que les déformées
sont compatibles avec les liaisons de la structure et qu’il n’y a aucune discontinuité
intérieure. Ces équations fournissent des équations additionnelles de compatibilité
nécessaire pour déterminer les inconnues hyperstatiques.
Bien que la méthode des forces est préférée pour sa simplicité et sa souplesse de
développement, les calculs deviennent laborieux dés que le nombre d’inconnues
hyperstatiques dépasse 2.
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Etapes du calcul par la méthode des forces
1) Attacher un système d’axes local à chaque élément de poutre de la structure (S) :
un élément de poutre ne peut jamais être une courbe fermée et ne doit pas contenir
une liaison interne.
2) Etablir le degré d’hyperstaticité k : les propriétés de symétrie et d’anti-symétrie
peuvent être prises en compte pour abaisser éventuellement le degré d’hyperstaticité.
3) Choisir les k inconnues hyperstatique Ri : ce choix n’est pas toujours unique.
4) Définir une structure de référence (S’) : (S’) est isostatique équivalente associée à
la structure (S) sur la base des inconnues choisies.
5) Décomposer le chargement de la structure isostatique (S’) en (k+1) états : (état)0
avec la charge réelle initialement agissant sur la structure sans les liaisons qui rendent
le problème hyperstatique et k (état)i élémentaires dont chacun est chargé uniquement
par l’un des inconnues hyperstatique Ri.
6) Calculer les efforts intérieurs pour chacun des états.
7) Appliquer le principe des travaux virtuels à chacun des k (état)i pour obtenir un
système de k équations linéaires à k inconnues.
8) Déterminer les inconnues Ri en calculant les intégrales de Mohr du système.
9) Construire les diagrammes des efforts intérieurs de la structure hyperstatiques sur
la base de la superposition. 3
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Degré d’hyperstatisme ou d’hyperstaticité
Le degré d’hyperstatisme (noté k) d’une structure (ensemble des éléments de poutres)
est une grandeur qui traduit la redondance (répétition) mécanique de ce système. Cette
grandeur influe non seulement sur le comportement structurel, mais aussi sur la
procédure de calcul des inconnues du problème. Pour une structure plane constitué de n
éléments de poutre :
K = a + 2 r + 3e - 3n

a : nb d’appuis simple, r : nb d’articulations (pivot), e : nb d’encastrements


k < 0 : structure libre ou mécanisme
k > 0 : structure hyperstatique globalement
k = 0 : structure isostatique globalement
Le degré d’hyperstaticité est global, il se peut que localement il y ait des mécanismes
et/ou des hyperstaticités.
Une structure est isostatique si et seulement si on peut déterminer toutes les inconnues
statiques (réactions aux liaisons, efforts intérieurs) en utilisant exclusivement les
conditions d’équilibre. Dans ce cas, l’ajout d’un degré de liberté mène à un mécanisme
mobile. En pratique les structures isostatiques ont l’avantage d’être plus facile à
assembler. Le degré d’hyperstatisme d’une structure est le nombre de degrés de liberté
supplémentaires à introduire pour obtenir une structure isotrope.
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Définition de la structure de référence (S’)
La structure de référence ou isostatique équivalente (S’) associée à la structure
hyperstatique (S) est obtenue en supprimant k liaisons et en appliquant aux endroits des
liaisons supprimées des forces de liaisons notées Ri (i=1….k) qui sont les inconnues
hyperstatiques du problème. Sur cette base, on peut associer à la structure (S) plusieurs
structures isostatiques selon le choix des inconnues hyperstatiques adoptées.
La suppression des forces de liaisons peut aboutir à l’élimination complète de la liaison ou
l’introduction d’un degré de liberté supplémentaire. Il est vital toutefois de ne pas
transformer la structure en un mécanisme.
La structure (S’) est donc soumise au chargement réels (charge agissant initialement sur
la structure hyperstatique (S)) et les inconnues hyperstatiques Ri (i=1….k) dont on ne
connaît pas les valeurs.

La structure (S’) doit avoir le même état d’équilibre que la structure (S), cela implique que :
*) les efforts intérieurs sont les mêmes en tout point des deux structures.
*) les déplacements (déplacements et rotations) de (S’) au niveau des liaisons supprimées
sont égaux aux déplacements initialement imposés sur (S) :
( i =0 ou i  0) 5
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Décomposition de la charge de la structure (S’)
On note (Pb’) le problème de la structure isostatique (S’). Le problème (Pb’) peut se
décomposer en :
1) Un problème isostatique obtenu à partir du problème initial, en enlevant les liaisons
qui rendent le problème hyperstatique et en conservant uniquement la charge réelle
initialement agissant sur la structure. Ce problème est noté Pb0.
2) k problèmes correspondant aux inconnues hyperstatiques Ri (i=1,…k) obtenus à
partir du problème isostatique chargé uniquement avec les inconnues hyperstatiques.
A chaque Ri , on associe un problème, noté Pbi , dont la charge est uniquement Ri.
On peut donc écrire : k
Pb' = Pb0 +  Pbi
i =1
Si on considère à chaque Ri un (état)i correspondant au problème Pbi mais avec une
charge unitaire (Ri=1) et on note Pb0 = (état)0, on peut écrire :
k
Pb' = (état ) 0 +  (état ) i Ri
i =1

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Efforts intérieurs

La pratique du principe de la superposition des différents états permet donc


d’exprimer les différents efforts intérieurs par les relations suivantes :
k k k
N = N 0 +  N i Ri , T = T0 +  Ti Ri et M = M 0 +  M i Ri
j =1 j =1 j =1

avec
*) (N,T et M) : les efforts intérieurs en tout point de la structure isostatique (S’), et par suite
en tout point de la structure hyperstatique (S) en considérant l’équivalence entre (S’) et (S).
*) (N0, T0 et M0) : efforts intérieurs engendrés en tout point de (état)0
*) (Ni, Ti et Mi) (i=1,…, k) : efforts intérieurs engendrés en tout point de (S’) soumise
uniquement à l’inconnue hyperstatique Ri égale à l’unité (Ri=1).

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Déplacements aux points d’application des Ri
D’après le théorème de superposition, le déplacement du point d’application de Ri
dans le sens de Ri dû au chargement global (charge initiale + réactions Ri) est
donné par la sommation des déplacements :
k
i = i 0 + d
j =1
i j Rj pour i = 1,...., k
avec
i0 : déplacement du point d’application de Ri dans le sens de Ri dû uniquement à la
charge réelle initialement agissant sur la structure.
di j : déplacement du point d’application de Ri dans le sens de Ri dû à la réaction Rj
égale à l’unité (Rj =1)
Si on pratique la condition de compatibilité cinématique aux points d’applications de
Ri , on obtient alors : k
i =  i =  i 0 + 
di j R j
j =1
pour i = 1....., k

On rappelle que  i est le déplacement imposé initialement au point d’application


de Ri dans le sens de Ri.
La détermination des déplacements i0 et di j permet alors de déterminer les inconnues Ri
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Déplacements aux points d’application des Ri
On obtient donc un système de k équations à k inconnues qui sont les Ri :

d11 R1 + d12 R2 +  + d1k Rk = 1 − 10



d 21 R1 + d 22 R2 +  + d 2 k Rk =  2 −  20


d R + d R +  + d R =  − 
 k1 1 k1 2 kk k k k0

Ce système peut être écrit en écriture matricielle AR=


 R1   1 − 10 
 
A = di i

, R =   et  =  


 Rk   −  
 k k0 

avec A : matrice de souplesse, elle ne dépend que de la structure (S’) c-à-d des
coupures effectuées. D’après le théorème de réciprocité de Maxwelle Betti, la
matrice de souplesse A est symétrique (di j = dj i ).
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Détermination des déplacements i0 et dij
La détermination des déplacements i 0 et di j est basée sur l’application du théorème des
travaux virtuels qui exprime l’énergie des efforts extérieurs en fonction de l’énergie des
efforts intérieurs par la relation suivante :
We + Wi = 0

i0 =  ( Ni N0
ES
)
+ TGi TS0r + MEi MI 0 dx
S'

di j =  ( Ni N j
ES + Gi S rj +
T T Mi M j
EI
) dx
S'

Si on adopte l’hypothèse d’une structure à flexion dominante (c-à-d des déformations


dues aux efforts normaux et tranchant sont négligeables) on obtient donc :

 i 0 =  MEi MI 0 dx
S'

di j = 
Mi M j
EI dx
S' 10
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Détermination des déplacements i0 et dij
avec
E : module d’Young
E
G : module de cisaillement G =
2 (1 +  )
S : section initiale
I : Moment quadratique suivant Z
S r : Section réduite de la poutre. La déformation de la poutre et le gauchissement de la
section S (c-à-d violation de l’hypothèse de Navier Bernoulli) fait que la section réellement
cisaillée est la section réduite S r . A titre d’exemples, on donne la section réduite pour une
section pleine
Rectangulaire circulaire

S r = 56 S S r = 109 S

En pratique les déformations dues à l’effort tranchant sont faibles, en outre la section
réduite S r diffère peu de S. On pourra donc remplacer en première approximation S r
par S.
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Cas des appuis élastiques
L’analyse des structures avec des appuis élastiques (ressort linéaire, ressort spiral,…) fait
apparaître un terme additionnel dans les expressions des déplacements i 0 et di j . Ce
terme est le résultat de la considération du travail des efforts et des couples au niveau
des éléments élastiques lors de la pratique du théorème des travaux virtuels :

( ) dx + 
f
Xi m X0m
i0 =  Ni N0
ES + Ti T0
G Sr + Mi M0
EI
S' m =1 Km

( ) dx + 
f
Xi m X j m
di j =  + +
Ni N j Ti T j Mi M j
ES G Sr EI
S' m =1 Km
avec
f : nombre des éléments élastiques non libérés pour le cas considéré
Km : raideur du mème élément élastique
X : force (effort ou couple) appliquée sur l’élément élastique pour le cas
considéré (valeur au point d’application de l’élément élastique)
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