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Département de Droit Public

Master : Finances Publiques & Fiscalité

Matière : Législation financière

Thème : Le Droit d’amendement parlementaire en


matière financier .

Réalisé par : Encadré par : Pr. AHMED


NARACH

- AWA DIOP
- AYOUB FOULAL
- AMADAYE SOULEYMAN Mahamat kher

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2022-2023


PLAN DU TRAVAIL :

 INTRODUCTION

Partie I : le droit d’amendement et son exercice

A. la notion du droit d’amendement


B. la procédure d’exercice du droit d’amendement.

Partie II : Les limites du droit d’amendement

A. Les limites d’ordre juridique


B. Les limites d’ordre technique

 CONCLUSION
INTRODUCTION
Consacré par la loi fondamentale, le droit d'amendement figure au cœur des
prérogatives partagées entre le parlement et le gouvernement. Conscient de la
position qu'occupe le parlement en tant que représentant du peuple, le
constituant a instauré ce mécanisme afin de renforcer les soubassements de la
démocratie et assurer plus d'efficacité et de transparence en matière financière.
Par ailleurs, s'il est établi que ce droit demeure partagé entre les deux pouvoirs à
savoir l'exécutif et le législatif, en matière financière, son exercice par l'un ou
l'autre n'en est pas pour autant équilibrer, et le premier semble être dans une
position beaucoup plus favorable à tel point que certains se doutent même de la
détention de ce pouvoir par le parlement. Sur ce, il nous semble pertinent de
nous poser les questions suivantes: comment le parlement exerce-t-il le droit
d'amendement en matière Financière ? Quelles sont les restrictions pesant sur le
parlement dans le cadre de l'exercice de ce droit ? Pour répondre à ces questions,
nous étudierons de prime abord la notion du Droit d'amendement et son exercice
avant de pencher sur ses limites en matière financière

I- Le droit d’amendement et son


exercice.
A-La notion du droit d’amendement

Partagé entre le parlement et le gouvernement, le Droit amendement est une


prérogative garantie par la constitution. L’article 83 constitution de 2011 nous
dit expressément que :(les membres de chaque chambre du parlement et le
gouvernement ont le droit d’amendement),  mais ce texte n'établit pas de
définition permettant de contourner cette notion.
Si on se réfère à la jurisprudence et la doctrine, on peut définir le droit
d’amendement comme un droit reconnu aux membres du parlement et du
gouvernement et qui consiste à modifier, supprimer, corriger ou compléter un
projet ou proposition de loi en discussion. Pour les parlementaires, ce droit
constitue une deuxième alternative  à côté de leur droit d’initiative législative,
particulièrement en matière financière.
L’une des particularités du droit d'amendement est qu'il peut être exercé de
façon individuelle ou collective.
Compte tenu de son apport au texte initial, l'exercice de ce droit requiert le
respect d'un certain nombre de critères. D'abord, l'amendement doit être écrit, ce
qui exclut les amendements présentés uniquement  à l'oral. Ceci permet de faire
la distinction entre le texte initial et celui amendé. 
Il doit être signé: soit par son auteur (individuel) ou par les co-auteurs
(collectifs), la signature de l’amendement par l’auteur assure l'authenticité de
l’amendement.
Il doit être motivé: il doit avoir des précisions claires sur son contenu, des
raisons valables afin de mesurer l’importance de l’amendement. En plus la
motivation permet d'apprécier la portée de la modification qu’il propose et
augmente à la fois les chances de son approbation.
De par leur diversité, les amendements peuvent avoir trois objets : la création, la
suppression ou l'addition d'une disposition nouvelle.
De par leurs structures, les amendements peuvent viser soit la modification du
fond du texte, ce qui est d'ailleurs le plus fréquent, soit cibler la forme du texte
afin d'améliorer sa rédaction.

B- la procédure d’exercice du droit d’amendement .

Dans chacune de deux chambres il existe une commission des finances


composée des parlementaires et chargée de l’analyse du projet de loi finances
sous l’autorité de leur président. La commission des finances est  l’interlocuteur
efficace  entre le gouvernement et le parlement en matière du processus
budgétaire. Elle a pour mission d’abord, de préparer la discussion en séance du
projet de loi de finance (préparer un rapport général sur l’ensemble de la
politique économique du gouvernement), ensuite assurer un contrôle sur
l’exécution de la loi de finance au nom du parlement1. Une fois le projet de loi
de finance déposé auprès du parlement, la commission chargée de finance
procède à l’examen du projet de loi de finance et aussi des amendements.

 La commission de finance occupe un rôle très important dans le processus


budgétaire. C'est le lieu où s’exprime pleinement le rapport entre le
gouvernement et le législatif en matière financière. Au Maroc cette
commission des finances près du chambre de représentant est dénommée la
commission des finances et développement économique et ceci d’après
l’article 81 du règlement intérieur de la chambre de représentant qui fixe  le
nombre de ses membres (44 membres) ainsi que les domaines de
1
Finance publiques et droit budgétaire, Mohammed HARAKAT, premier édition, 2002.
compétences. Tandis Que celle auprès du chambre de conseiller est
intitulée  Commission des finances, de l’équipement, du plan et du
développement régional (22 membres) article 93 du règlement intérieur.

 Selon l’article 62 alinéas 3 de la constitution, le président et les membres sont


élus au début de la période législative et à la session d'Avril de la troisième
année de cette période. Les commissions sont composées d’un président, des
vice-présidents, un rapporteur, vice-rapporteur, des secrétaires.

  Ainsi dans le cadre de ses compétences la commission reçoit les amendements


des parlementaires relatifs au projet de loi de finance préparé par le
gouvernement.

 Le droit d’amendement parlementaire une prérogative garantie par la


constitution au profit des représentants  du peuple. Le droit d’amendement
parlementaire est aujourd’hui une forme d’expression du droit d’initiative
législative.

D’après les dispositions de l’article 83 de la constitution le droit d’amendement


est garanti pour les membres de deux chambres du parlement. Pour exercer leur
droit d’amendement, les parlementaires doivent formuler leurs amendements en
respectant les conditions précitées, et les déposer auprès de la commission des
finances. Cette dernière va d’abord procéder à un contrôle a priori en vérifiant
les conditions d’exigence.

La loi organique de relative à la loi de finance dispose dans son article 48 que le
projet de la loi de finance doit être déposé par priorité  sur le bureau de la
chambre de représentants, il est soumis à l’examen de la commission des
finances qui analyse le projet en détail et sera le sujet d’une discussion en
présence du ministre de finance. Après la discussion, elle fixe une séance qui
sera consacrée à l’analyse des amendements et sera sujet d’une discussion en
présence du ministre des finances et des rapporteurs des autres commissions.
Les discussions et l’analyse des amendements ne doivent pas dépasser un délai
de 5 jours ouvrable au maximum  art 213 RI. Ainsi après l’analyse et l’examen
des amendements le parlement procèdera au vote des ces derniers.

 Le vote des amendements se fait selon la nature du vote projet de la loi des
finances comme le précise l’article 52 LOLF, d’abord les amendements
portant sur la première partie de la loi des finances ensuite celle portant sur la
deuxième partie.

Lorsque plusieurs amendements viennent en concurrence, ils sont mis en


discussion dans l'ordre ci-après : D’abord les amendements de suppression et
ensuite les autres amendements, en commençant par ceux qui s'écartent le plus
du texte proposé.
Dans les cas où des amendements, partiellement ou totalement opposés, sont en
concurrence, le Président peut les soumettre à une discussion commune dans
laquelle les auteurs obtiennent successivement la parole avant la mise aux voix,
successive de leurs amendements.

Les Parlementaires concernés peuvent présenter leurs amendements au texte mis


en discussion en une seule fois.

II- les limites du Droit d’amendement  


Pour intervenir dans la matière financière, le droit d’amendement constitue
certainement un outil important à la disposition du parlement dans la mesure où
il lui permet de prendre des initiatives en la matière. Toutefois, l’exercice de ce
droit se trouve sensiblement limité tantôt par des restrictions de la loi (A) et
tantôt par la nature technique du jargon financier(B)

A. Les limites d’ordre juridique :


De prime abord, le doit d’amendement peut paraitre comme une contrebalance
de la prédominance de l’exécutif dans le domaine financier, mais
paradoxalement son encadrement juridique strict met en cause la rigueur de
l’exercice d’un tel droit. En effet son exercice est limité par différents
mécanismes :

- La question de l’irrecevabilité financière :


L’une des restrictions essentielles du droit d’amendement est prévue par l’article
77-2 de la constitution marocaine de 2011 qui stipule que : « le gouvernement
peut s’opposer de manière motivée, l’irrecevabilité de toute proposition ou
amendement formulés par les membres du parlement lorsque leur adoption
aurait pour conséquence, par rapport à la loi de finance, soit la une diminution
des ressources publiques soit la création ou l’aggravation d’une charge
publique »

Au regard de cet article, sont irrecevables les amendements dont le but est la
création ou l’aggravation d’une charge ainsi que ceux qui visent à diminuer les
ressources publiques.

- Interdiction de la pratique des cavaliers budgétaires :


Le contenu que doit comporter la loi de finance est déterminé par l’article
premier de la LOLF. Sur ce, il est interdit aux parlementaires d'introduire des
amendements ne représentant pas de caractère financier, ce qui est appelé sous
l’expression de « cavaliers budgétaires ». Cette interdiction est prévue par
l’article 56 de la LOLF qui stipule que « Conformément au 2éme alinéa de l'article
77 de la Constitution, le Gouvernement peut opposer, de manière motivée,
l'irrecevabilité à des articles additionnels ou amendements ayant pour objet
soit une diminution de ressources publiques, soit la création ou l'aggravation
d'une charge publique. »

Cet article s’inscrit dans la logique de l’article 77 de la constitution mais mieux


encore il intensifie la limitation du Droit d’amendement dans la mesure où il
interdit de façon générale tout amendement dépourvu de caractère financier.

- L’interdiction des amendements non soumis au préalable à l’examen en


commission des finances :
Les amendements proposés par les parlementaires doivent faire l’objet
d’examen par la commission des finances, avant l’ouverture des débats, sous
peine d’irrecevabilité. En ce sens, L’article 83 de la constitution stipule que « les
membres de chaque chambre du parlement et le gouvernement ont le droit
d’amendement. Le gouvernement peut s’opposer à l’examen de tout
amendement qui n’a pas été antérieurement soumis à la commission
intéressée ».

- Le mécanisme du vote bloqué :


A travers ce procédé, le gouvernement enlève au parlement la possibilité
d’examiner et de voter le texte Article par article, et l’éventualité d’y introduire
des amendements. Le gouvernement contraint ainsi les parlementaires à se
prononcer sur tout ou partie du texte en discussion, sans possibilités d’y apporter
des modifications. A ce propos, L’article 83-2 de la constitution stipule que :
« si le gouvernement le demande, la chambre saisie du texte en discussion se
prononce par un seul vote sur tout ou partie de celui-ci, en ne retenant que les
amendements proposés par le gouvernement. »

A côté des limites juridiques, on trouve d’autres limites d’une autre nature
B. Les limites d’ordre technique :

La technicité du jargon financier et l’analyse des documents économiques et


financiers qui accompagnent le projet de loi de finances (Note de présentation
du projet, rapport économique et financier, rapport sur la dépense fiscale,
rapport sur la dette publique etc…) Imposent le développement d’une certaine
capacité d’expertise en la matière. En effet, Pour que le parlement puisse exercer
activement son droit d’amendement, la maitrise du cadre des finances publiques
ainsi que ses alentours est primordiale surtout devant les brefs délais impartis
par la loi pour l’adoption du projet. Cet obstacle entrave gravement la discussion
du projet et constitue à la fois une limite technique pour la pratique des
amendements. A titre d’exemple, Dans le cadre de la discussion du projet de loi
de finances 2023 au niveau de la commission des finances et du développement
économique à la chambre des représentants, un phénomène d’absentéisme à un
taux de 55% a été constaté. Parmi les explications apportées par un
parlementaire, figure ces propos : « pour s’impliquer activement dans les
discussions portant sur les dispositions du projet de loi de finances, il faut avoir
un minimum de savoir-faire. Une partie des parlementaires membre de la
commission des finances et du développement économique se retrouve ainsi à la
marge de la discussion et préfère s’absenter »2.

Il convient aussi de souligner que le parlement marocain n’est pas le seul au


monde qui souffre de ces obstacles. En effet, Ces problèmes techniques sont
récurrents au niveau des parlements de beaucoup de pays et ils ont été pointés du
doigt à différentes occasions.

Pour consolider ces propos, Dans un séminaire régional pour les parlements
francophones d’Afrique organisé à Bamako, Des débats ont été animés par des
experts en vue de chercher des moyens pour l’amélioration de la contribution du
parlement dans le processus budgétaire. Parmi les mesures proposées, la
nécessité d’instauration d’une assistance technique au profit du parlement à
travers des mécanismes tels que la mise en place d’une fonction publique
parlementaire compétente et apolitique, régie par un statut garantissant sa
stabilité et le recours à des experts extérieurs (universitaires, économistes,
juristes …) afin de venir à l’assistance du parlement dans l’exercice de ses
missions particulièrement en matière financière.

2
Le 360.ma
CONCLUSION

En somme, nous pouvons dire que le droit d’amendement est une notion très
large garantie pour le gouvernement et le parlement. S’agissant du droit
d’amendement parlementaire c’est une prérogative importante au profit du
parlementaire qui leur permet d’exercer leur fonction législative. Ce qui
explique le fait que cette notion est bien structurée et encadrée par la loi. Le
droit d’amendement permet au parlementaire de modifier, supprimer, rédiger ou
compléter le projet de la loi des finances préparé par le parlement, mais avant
cela il est encadré par des caractères et des conditions bien déterminé et soumis
à un processus d’examen et d’analyse par la commission des finances. Afin
d'éviter que ce droit soit une entrave d'obstruction parlementaire, il est limité par
des  limites juridiques d’une part et techniques d'autre part.
En effet, la réforme effectuée par le Maroc en matière budgétaire notamment la
nouvelle LOLF a-t-il permis d’installer un équilibre de force entre le parlement
et gouvernement ou bien cet objectif demeure inatteignable jusqu’ à l’heure
actuelle ?

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