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Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales- Souissi

Professeur : Taoufik RABHI


Filière Droit privé en langue française
Année Universitaire 2011-2012

La procédure législative

On entend par procédure législative les différentes étapes par lesquelles passent
l’élaboration et la mise en œuvre des lois. Avec l’institution du bicaméralisme1
ou bicamérisme (contrairement au Monocamérisme ou monocaméralisme) par la
Constitution révisée de septembre 1996. Confirmé par l’article 60 de la nouvelle
constitution de 2011.

De cela, l’élaboration de la « loi » est soumise à une procédure spéciale


comportant quatre étapes : la proposition, le vôte, la promulgation et la
publication :

A : La proposition :

Au cours de cette étape, on assiste à la conception et à la préparation d’un projet


de texte comprenant les différentes dispositions juridiques que l’on veut
appliquer.

Selon l’article 78 de la constitution « l’initiative appartient concurremment au


Chef du Gouvernement et aux membres du Parlement »

Il y a lieu de distinguer à cet égard entre les projets de loi et les propositions de
lois :

- Les projets de lois2 :

Sont les textes présentés par le gouvernement, selon 78 susvisé. Les projets de
lois doivent être délibérés et adoptés en conseil des ministres avant leur dépôt
sur le bureau de l’une des Chambres du Parlement.
En pratique, les projets de lois sont examinés et adoptés en Conseil de
gouvernement et en Conseil des ministres.3
1
Le monocamérisme ou monocaméralisme est un système politique dans lequel le Parlement est composé d’une
seule Chambre.
Il est pratiqué par les démocraties nordiques, telles que le Danemark, la Finlande et la Suède.
2
http://recueil.apf-francophonie.org/IMG/pdf/Maroc_chap6-10.pdf
3
Le Conseil de gouvernement réunit l’ensemble des membres du gouvernement et présidé par le Chef du
gouvernement (ancien Premier ministre). Le conseil des ministres, quant à lui, réunit également l’ensemble des
ministres-y compris le Chef du gouvernement- mais présidé par le Roi.
Les propositions de lois :

Sont des textes proposés par les membres du Parlement, soit à titre individuel,
soit à titre collectif dans le cadre notamment des activités des groupes
parlementaires.

B : L’examen et le vote de la loi par le parlement :

Les projets et les propositions de loi sont soumis à l’examen et vote du


parlement. Ils doivent d’abord être déposés sur le Bureau d’une des deux
chambres du Parlement.
Le Bureau enregistre les projets et propositions et les transmet pour examen
devant les commissions parlementaires dont l’activité se poursuit entre les
sessions4 du parlement.

La répartition des projets et propositions sur les différentes commissions se fait


sur la base de leur spécialisation5, et ce, en fonction des projets et proposition.

Les commissions peuvent inviter les ministres pour assister à leurs travaux et
peuvent demander à entendre tout membre du gouvernement. Les ministres
peuvent d’ailleurs se faire assister par des commissaires désignés par eux.6

4
Le Parlement marocain siège pendant deux sessions ordinaires par an. La première session s’ouvre le deuxième
vendredi d’Octobre et elle est présidée par le Roi, la seconde session s’ouvre le deuxième vendredi d’Avril. Le
Parement peut être réuni en en sessions extraordinaires, soit à la demande de la majorité absolue des membres de
l’une des deux Chambres, soit par décret. Les sessions extraordinaires se tiennent sur la base d’un ordre du jour
déterminé et lorsque cet ordre du jour est épuisé, la session est close par décret. (Article 65 et 66 de la
Constitution)
5
Le Règlement intérieur de la Chambre des Représentants (Août 2013) dans la section VIII, détermine le nombre
de commissions permanentes, sa composition, ses attributions. Le nombre de commissions parlementaires
permanentes, dans le mandat législatif actuel, est neuf (article 55), leurs présidents sont élu au début de la
période législative et à la session Avril de la troisième année de cette période (article 58).
-Commission des affaires étrangères, des affaires islamiques et des marocains résidant à l’étranger
-Commission de l’intérieur des collectivités territoriales et de la politique de la ville
-Commission de justice, de législation et des droits de l’homme
-Commission de finances et du développement économique
-Commission des secteurs sociaux
-Commission secteurs productifs
-Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement
-Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication
-Commission de contrôle des finances publiques.

6
Article 67 de la constitution.
Les membres de chaque chambre ainsi que le gouvernement ont le droit de
présenter des amendements. Toutefois après l’ouverture du débat, le
gouvernement peut s’opposer à l’examen de tout amendement qui n’a pas été
antérieurement soumis à la commission intéressée7 , de même qu’il peut opposer
l’irrecevabilité à tout amendement qui n’entrerait pas dans le domaine de la loi.8

Lorsqu’il s’agit de la loi de finances, les amendements formulés par les


membres du parlement peuvent être irrecevables au cas où leur adoption aurait
pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création
ou l’aggravation d’une charge publique.9

Les projets de lois ou les propositions de lois ne deviennent lois que s’ils sont
adoptés dans les mêmes termes par les deux chambres. Toutefois, l’article 84 de
la constitution dispose que tout projet ou proposition de loi est examiné
successivement par les deux chambres du parlement pour parvenir à l’adoption
d’un texte identique.

Un système de navette entre les deux chambres est prévu afin d’aboutir à cette
fin. Ainsi la Chambre saisie la première examine le texte du projet ou de
proposition de loi ; une chambre saisie d’un texte voté par l’autre Chambre
délibère sur le texte qui lui est transmis.10

Lorsqu’un projet ou une proposition de loi n’a pu être adopté après deux lectures
par chaque Chambre, ou si le gouvernement a déclaré l’urgence, après une seule
lecture par chaque Chambre, le gouvernement peut provoquer la réunion d’une
commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions
faisant l’objet d’un désaccord ou restant en discussion. Le texte soumis par la
Commission mixte paritaire peut être soumis par le gouvernement aux deux
Chambres pour adoption : aucun amendement n’est alors recevable sans accord
du gouvernement.
Au cas ou la commission mixte ne parvient pas à l’adoption d’un texte commun
si celui-ci n’est pas adopté par les deux Chambres, le gouvernement peut
demander à la seule Chambre des représentants de statuer définitivement sur le
projet de texte, modifié le cas échéant par les amendements résultant de la
discussion parlementaire et repris par le gouvernement. (ce n’est plus le cas dans
la constitution de 2011)

Toutefois, la Chambre des représentants ne peut adopter le texte qu’a la majorité


absolue des membres la composant.11
7
Article 83 alinéa 1 de la constitution.
8
Article 79 de la constitution.
9
Article 77 de la constitution.
10
Article 84 de la constitution.
11
Paragraphe 2 de l’Article 84 de la constitution.
Forces et de rappeler que le vote des membres du Parlement est strictement
personnel et ne peut faire l’objet d’une délégation.
Aucune rectification de vote n’est admise après la clôture du scrutin.

Ces lois adoptées par le Parlement doivent être soumis à la procédure de


promulgation.

C : La promulgation

Le vote de la loi par le Parlement ne suffit pas à la rendre obligatoire et


exécutoire. En effet, à l’inverse des autres textes juridiques (Dahirs, décrets,
arrêtés, etc) dont l’entrée en vigueur est conditionnée par la simple signature de
l’autorité compétente correspondante, et éventuellement par la publication par la
publication, les lois doivent être promulguées.

La promulgation est l’acte par lequel le Roi atteste l’existence et la régularité de


la loi votée par le parlement et en ordonne l’exécution. La promulgation se fait
par un Dahir de promulgation qui doit être contresigné par le Chef du
gouvernement.12

Depuis la révision constitutionnelle de 1992, la promulgation doit en principe


intervenir dans les trente jours13 qui suivent la transmission au gouvernement de
la loi définitivement adoptée.
Avant la révision de 1992, la Constitution ne prévoyait aucun délai de
promulgation.

Toutefois, avant de promulguer, le Roi peut demander aux Chambres une


nouvelle lecture de la loi. La demande d’une nouvelle lecture est formulée par
un message royal, et les Chambres ne peuvent la refuser.14
Après cette nouvelle lecture, le Roi peut soumettre, par Dahir, au référendum
tout projet ou proposition de loi. Le recours au référendum n’est toutefois pas
possible, au cas où le texte du projet ou de la proposition soumis à la nouvelle
lecture aurait été adoptée ou rejeté par chacune des deux Chambres à la majorité
des deux tiers des membres la composant.

En fait, la notion de promulgation est intimement liée à la notion de publication.


D’ailleurs, comme on peut le remarquer à travers les formules de promulgation
susvisées. Le Roi en promulguant ordonne en même temps l’exécution et la
publication de la loi.15

12
Article 50 de la Constitution
13
A titre de comparaison, notons que ce délai est de 15 jours en France.
14
Article 95 de la constitution.
15
Alinéa 2 de l’Article 50 de la Constitution

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